1
t, grâce à leur culture, et quelles contributions
elles
peuvent apporter de la sorte à l’Europe une et diverse. Ma première i
2
ervention relevait quelque peu de la provocation.
Elle
risquait en effet de vider d’avance un tel colloque de son contenu :
3
interlocuteurs ? C’est la première question. Or,
il
faut dialoguer, j’en suis convaincu depuis une cinquantaine d’années
4
sur des questions européennes. Pourquoi est-ce qu’
il
nous faut à tout prix un dialogue ? C’est parce que la condition de s
5
dération, sur la base même de ses différences. Si
elle
n’arrive pas à se fédérer, c’est-à-dire à dépasser le tabou des États
6
e tabou des États-nations à souveraineté absolue,
elle
reste incapable, par définition, de s’unir : on ne base pas une union
7
on peut les dire, on ne peut pas les faire. Donc,
il
nous faut établir le dialogue sur nos différences, et pour que ce dia
8
différences, et pour que ce dialogue soit utile,
il
faut qu’il y ait un langage commun. Ce langage commun, nous ne le tro
9
ssion de culture nationale : l’Europe a existé et
elle
a été cultivée bien avant l’existence de nos premiers États. Il ne fa
10
vée bien avant l’existence de nos premiers États.
Il
ne faut pas voir la culture européenne comme l’addition de vingt-quat
11
confond avec l’identité nationale. Et plus tard,
il
faut sauter jusqu’au xiiie siècle pour voir se former les premiers É
12
il y a la source hébraïque et le christianisme —,
il
faut ajouter les populations préexistantes en Europe, c’est-à-dire le
13
s de Galles ! Cet héritage est tellement varié qu’
il
va créer des variantes importantes dans le dosage des éléments. Ce so
14
toriques. La Suisse n’a pas de culture nationale.
Elle
a pourtant vécu sans faille, depuis le xiiie siècle. La culture n’a
15
dire. Il y a aussi la Pologne et la Roumanie, qu’
il
faut citer parmi les anciens États. Là, je vois de nouveau deux cas i
16
e une phrase souvent répétée par Michel Debré, qu’
il
a encore utilisée dernièrement dans Le Monde, et selon laquelle l’éco
17
former des citoyens français. C’est tout juste s’
il
n’a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de c
18
ulture différente de toutes les autres en ceci qu’
elle
est entièrement politisée, comme nous l’a très bien montré hier Stanl
19
culture française est nationale dans la mesure où
elle
est politisée, à tel point qu’on a l’impression quelquefois, à entend
20
nous avons le cas de l’Espagne. Nous avons vu qu’
elle
a eu plusieurs monarchies, que la « monarchie espagnole » est multipl
21
gnole » est multiple, pluraliste, c’est-à-dire qu’
elle
comporte déjà les bases d’un fédéralisme possible, depuis ses origine
22
ssible, depuis ses origines, depuis le Moyen Âge.
Il
n’y a jamais eu volonté d’effacer les différences. Et encore plus di
23
a bonne raison, comme on l’a rappelé ce matin, qu’
il
réunissait douze nationalités. Qu’aurait-il fallu choisir comme cultu
24
n, qu’il réunissait douze nationalités. Qu’aurait-
il
fallu choisir comme culture nationale à imposer à toutes les autres ?
25
ion et de la culture européennes de ce moment-là.
Il
suffit de mentionner l’école des logiciens de Wittgenstein, Hilbert,
26
remarquable exposé de M. Romano sur l’Italie, où
il
nous a fait remarquer que la culture en Italie, quand l’Italie a fait
27
reconquérir l’unité culturelle du pays, alors qu’
ils
ne faisaient que reproduire une unité, restaurée, certes, mais au sen
28
rraient être développés, nuancés, complétés, mais
ils
donnent l’impression tout de suite, quand on pense à l’Europe comme c
29
t s’exprimer que par des instruments différents.
Il
s’agit maintenant de les composer pour qu’ils ne jouent pas faux, pou
30
ts. Il s’agit maintenant de les composer pour qu’
ils
ne jouent pas faux, pour qu’ils ne jouent pas les uns contre les autr
31
composer pour qu’ils ne jouent pas faux, pour qu’
ils
ne jouent pas les uns contre les autres, mais ensemble, chacun tenant
32
s, mais ensemble, chacun tenant sa partie propre.
Il
s’agit de cette harmonie dont parlait ce que j’oserai appeler le prem
33
rs diversités, c’est la reconnaissance du fait qu’
elles
ne pourront s’unir que sur une base véritablement commune, la culture
34
omiques étaient secondaires : comme l’intendance,
ils
devaient suivre. Suivre quoi ? Je réponds : les finalités les plus ha
35
tte contre les nationalismes fauteurs de guerres.
Il
me semble que c’est un terrain sur lequel la responsabilité de la cul
36
té de la culture est la plus engagée aujourd’hui.
Il
nous faut une culture pour la paix, donc une culture de dialogue, et
37
nts. Comment lutter contre le nationalisme tel qu’
il
est enseigné, plus ou moins délibérément, dans toutes nos écoles ? —
38
ns tous en commun, à nos valeurs de base, d’où qu’
elles
viennent. Voilà simplement quelques pistes. Pourquoi pas un colloque
39
es pistes. Pourquoi pas un colloque sur chacune d’
elles
? a. Rougemont Denis de, « [Commentaires] L’Europe une et diverse
40
un chemin unique et sans précédent, un sentier qu’
il
doit inventer et qui n’a été foulé par personne avant lui. Il doit y
41
nter et qui n’a été foulé par personne avant lui.
Il
doit y avancer par la foi, dans la nuit, sans savoir à l’avance si so
42
me à la fois libre et responsable, libre parce qu’
il
est responsable et responsable dans la mesure où il est libre. Mais c
43
est responsable et responsable dans la mesure où
il
est libre. Mais comment passe-t-on de la personne à la fédération ? O
44
onc de résoudre chaque problème au niveau même où
il
se pose ? Oui, le fédéralisme part d’en bas, c’est-à-dire des plus pe
45
ynihan formulait naguère à propos des USA mais qu’
il
est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
46
ement de l’État est devenu tellement démentiel qu’
il
ne fonctionne plus. On ne peut pas faire marcher un pays en décidant
47
endrait la Suisse inhabitable pour des décennies.
Il
existe pourtant une menace bien plus importante avec les SS20 soviéti
48
me disant que la probabilité était faible, et qu’
il
existait une menace bien plus dangereuse : les fusées des 26 silos du
49
liberté et du fédéralisme. Depuis cinquante ans,
il
nous rappelle que l’État-nation vient de la guerre et va vers elle. E
50
e que l’État-nation vient de la guerre et va vers
elle
. En 1934, dans un de ses premiers livres, il lance le mot d’ordre de
51
rs elle. En 1934, dans un de ses premiers livres,
il
lance le mot d’ordre de “l’engagement de l’écrivain”. Dans le dernier
52
de “l’engagement de l’écrivain”. Dans le dernier,
il
nous rappelle que L’Avenir est notre affaire , parce que “la décaden
53
plusieurs mois, se sont glissées deux erreurs qu’
il
me paraît absolument nécessaire de rectifier : 1. Dans la présentatio
54
ai dit et souvent écrit. Voici la phrase telle qu’
elle
doit être lue : « La décadence d’une société commence quand l’homme s
55
té commence quand l’homme se demande : « Que va-t-
il
arriver ? » au lieu de se demander : « Que puis-je faire ? » » Les di
56
ue constitue le surgénérateur de Creys-Malville :
il
est exact que j’ai mentionné le refus de réponse que m’ont opposé les
57
probabilité d’accident était trop faible pour qu’
ils
en tiennent compte. Mais ce ne sont pas les mêmes qui m’ont opposé le
58
et ancien haut-commissaire à l’énergie atomique.
Il
m’a paru important de préciser qu’une révélation aussi sensationnelle
59
mois ? À en croire certains journaux occidentaux,
il
s’agit simplement d’une réussite de la propagande et de la manipulati
60
s — serait constitué par les pacifistes, parce qu’
ils
érodent la volonté de défense de l’Occident. À tout cela, j’ai envie
61
ues, on dissimule ainsi des réalités économiques.
Il
existe en fait, sur ce plan-là, une profonde complicité entre les Éta
62
e complicité entre les États-Unis et l’URSS. Faut-
il
parler d’un complot des grands, des puissants contre les peuples ? Je
63
nts contre les peuples ? Je ne dirai jamais cela.
Il
n’existe pas de complot conscient, cynique. Je suis persuadé que les
64
ndre leur peuple et leur idée de la civilisation.
Ils
ne se rendent même pas compte de la contradiction démentielle dans la
65
pte de la contradiction démentielle dans laquelle
ils
vivent. Leur action réelle est parfaitement définie par leurs intérêt
66
nté pour anéantir toute l’humanité. Sans parade ?
Il
n’y a aucune espèce de parade possible à la guerre nucléaire. Ce qu’i
67
on a trouvé récemment les bombes dites tactiques.
Il
s’agit de l’idée, qui a l’air raisonnable au premier abord mais qui e
68
r, d’informations sur la réalité de la situation.
Il
existe malheureusement [sic] plusieurs institutions capables de nous
69
s pacifistes représentent une force gigantesque :
elles
témoignent d’une profonde et croissante conviction des populations. I
70
rofonde et croissante conviction des populations.
Il
faudrait qu’elles deviennent encore plus grandes, plus puissantes. Je
71
ssante conviction des populations. Il faudrait qu’
elles
deviennent encore plus grandes, plus puissantes. Je ne nie pas qu’il
72
es pacifistes de mon espèce sont conscients et qu’
ils
dénoncent, mais l’idée que ces manifestations sont uniquement le frui
73
s ne tient pas — en particulier devant le fait qu’
elles
apparaissent maintenant dans les pays communistes comme l’Allemagne d
74
conomie fondée sur la production d’armements dont
il
n’est guère imaginable qu’on se serve jamais, c’est la multiplication
75
us dangereux que le pacifisme. Alors, que faire ?
Il
n’y a qu’un moyen d’éviter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens
76
étiques étaient jamais tentés d’occuper l’Europe,
ils
n’auraient pas intérêt à se faire précéder par leurs bombes atomiques
77
nétrer beaucoup mieux que toutes nos armées. Donc
ils
n’utiliseraient pas l’arme nucléaire les premiers, sans l’existence d
78
ns les fusées de l’OTAN. Les peuples parviendront-
ils
à obtenir le retrait des armes atomiques d’Europe ? Ils l’obtiendront
79
obtenir le retrait des armes atomiques d’Europe ?
Ils
l’obtiendront sûrement, s’ils prennent conscience de l’ampleur du dan
80
tomiques d’Europe ? Ils l’obtiendront sûrement, s’
ils
prennent conscience de l’ampleur du danger. On ne peut plus se leurre
81
propageraient ainsi. Quant à l’Union soviétique,
elle
subirait des pertes très lourdes, mais pas définitives, car sa popula
82
défense, proche de la guérilla, ne suffisait pas,
il
faudrait aussi recourir à la défense civile. J’ai fait naguère une pr
83
ne proposition qui est peut-être moins comique qu’
il
n’y paraît à première vue : au lieu de dépenser des sommes énormes po
84
us puissions causer avec eux, leur demander ce qu’
ils
font là, si loin de chez eux, les démoraliser par l’amitié… Bien d’au
85
seule réponse vraiment humaine à la guerre. Faut-
il
dès lors renoncer à l’armée suisse ? Non, parce que je ne pense pas q
86
tre considérée comme un danger par un autre pays.
Il
n’empêche que devant le risque d’une guerre nucléaire, devant cette p
87
re, devant cette possibilité parfaitement réelle,
il
me semble que seule l’attitude radicalement contraire, la non-violenc
88
echniquement cette défense non violente. Parce qu’
il
ne faut pas que ce soit une démission. Vous voudriez donc qu’on organ
89
et « Réponds à l’insensé selon sa folie, afin qu’
il
ne se regarde pas comme sage ». Alors, il faut répondre à la défense
90
afin qu’il ne se regarde pas comme sage ». Alors,
il
faut répondre à la défense militaire et en même temps par la non-viol
91
fait n’était donc pas celui « des années 1930 ».
Il
portait sur mon action personnelle en juin 1940. Juin 1940, c’est « p
92
ix solide dans le monde de la fin du xxe siècle.
Il
faut donc dépasser cette formule, inventée voici près de deux-cents a
93
(à la seule exception, peut-être, de la Suisse),
elle
consiste en fait dans la mainmise d’un lourd appareil étatique — fonc
94
régionale. 3. L’État-nation est en crise partout.
Il
se voit incapable d’assurer les fonctions qu’il s’était arrogées : dé
95
. Il se voit incapable d’assurer les fonctions qu’
il
s’était arrogées : défense du territoire et des libertés populaires,
96
le répète depuis un peu plus d’un demi-siècle. 4.
Il
existe une demi-douzaine de définitions de la région : ethnique (Bret
97
t d’une communauté réelle et capable d’autonomie.
Elle
ne doit pas être un mini-État-nation, ni revendiquer toutes les compé
98
qui correspondent à la dimension des problèmes qu’
elle
est le mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamais à une plus grand
99
u, ou en tout cas variable selon les fonctions qu’
elle
assure. Elle doit être « à la taille de l’homme », de telle manière q
100
cas variable selon les fonctions qu’elle assure.
Elle
doit être « à la taille de l’homme », de telle manière que chaque cit
101
e sa population. « Une région ne se délimite pas,
elle
se reconnaît », écrivait au xixe siècle le géographe français Vidal
102
du monde. Œuvre de longue haleine, direz-vous ? —
Il
n’y a donc pas une seule minute à perdre. m. Rougemont Denis de, «
103
» et nous sommes devenus les « personnalistes ».
Il
en est sorti deux revues : Esprit , qui dure encore, et L’Ordre nou
104
i nous a été volé par qui vous savez ! Pour nous,
il
s’agissait de « l’ordre véritable » par rapport au désordre établi. U
105
la rupture avec le désordre établi ». Pour nous,
il
s’agissait aussi d’une vraie « révolution » partant de l’homme consid
106
s à long terme car ça ne correspond pas à la vie.
Il
n’y a pas deux individus qui se ressemblent : Albert Jacquard l’a dém
107
ur chacun. On ne sait pas toujours ce que c’est ;
il
faut le découvrir. Le but est très loin en avant, dans l’infini, l’Ab
108
puisque chacun part d’un endroit qui est unique.
Il
faut trouver son sentier : il n’y a pas de route nationale ! Il faut
109
oit qui est unique. Il faut trouver son sentier :
il
n’y a pas de route nationale ! Il faut donc avoir une certaine foi po
110
r son sentier : il n’y a pas de route nationale !
Il
faut donc avoir une certaine foi pour poser le pied là où nul autre n
111
n sentier. » Cette vocation doit se manifester et
elle
se manifeste parmi les autres ; c’est cela qui crée des liens communa
112
et ne se fait que par les liens interpersonnels.
Il
n’existe pas de communautés d’individus. Une communauté se distingue
113
e. Toutefois, pour que la communauté soit réelle,
elle
ne doit pas être trop grande mais de dimension « médiocre », disait R
114
éunissent pour faire ensemble certaines choses qu’
elles
ne peuvent pas faire toutes seules. Vous en avez une vision tout à fa
115
frontière est une chose complètement condamnable.
Elle
n’a pas une seule utilité : les frontières empêchent de passer tout c
116
ui devrait passer : les hommes, les vivres ; mais
elles
n’interdisent pas le passage de ce qu’il faudrait arrêter : les épidé
117
mais elles n’interdisent pas le passage de ce qu’
il
faudrait arrêter : les épidémies, les maladies, les pollutions… On en
118
ever. Mais cela, c’est ma femme qui s’en occupe !
Il
me semble, parfois, que cette frontière franco-suisse autour de Genèv
119
es idéologies, ou des mythes, qui s’affrontent. S’
il
doit y avoir des « fermetures », ce devrait être comme des membranes
120
en que leurs rapports puissent être très proches.
Il
faut distinguer deux choses : la fonction écologique et la fonction c
121
venait me dire : tout cela ne peut pas continuer,
il
faut donner la même frontière à toutes ces activités, là, je crierai
122
rique n’est plus vraiment une fédération parce qu’
elle
est beaucoup trop grande. Toutefois, les Américains ont gardé un plus
123
e pays qui divisent des familles entières qui, si
elles
ne parlent plus la langue originelle, ont du mal à communiquer entre
124
langue originelle, ont du mal à communiquer entre
elles
parce que la colonisation leur a imposé l’anglais ou le français… Ou
125
j’en parlais avec un ministre de la Haute-Volta,
il
me dit : Vous ne connaissez pas le pire. Quand la décolonisation s’e
126
à eux », le symbole de leur libération. Pourtant,
elle
tranchait pile deux empires traditionnels, trois ou quatre royaumes e
127
, est la cause de toutes les guerres aujourd’hui.
Il
s’y est ajouté la divinisation de l’État avec sa « souveraineté absol
128
contraire, comme les régions divisent le pouvoir,
elles
empêchent la création de puissances, de superpuissances. Les régions
129
Au contraire, les individualistes s’imaginent qu’
ils
seront libres s’ils n’ont pas de responsabilités. Malheureusement, ce
130
ndividualistes s’imaginent qu’ils seront libres s’
ils
n’ont pas de responsabilités. Malheureusement, cette idée est d’un de
131
mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce qu’
il
a nommé « le libéralisme ». Pour lui, la politique devait être faite
132
ersonne, impossible d’en faire du ciment ! Alors,
il
est très clair qu’à partir de la notion de personne, on peut tout rec
133
de l’individu, sans doute, et pas de la personne.
Il
se traduit donc aussi directement par un esprit de compétition entre
134
lève de ce qui n’est pas la vocation. À ce sujet,
il
ne faut pas s’imaginer la vocation comme une force qui vient vers nou
135
», mais « aimés ». C’est complètement différent.
Il
n’y a pas déterminisme, mais responsabilité. Cette notion d’amour est
136
es criminels à l’échelle mondiale, des gangsters…
Il
n’y a pas d’amour là-dedans. Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-
137
eux, France et Allemagne, la maltraitent parce qu’
elle
se trouve à leurs confins. En réalité, c’est même le cœur géographiqu
138
ité, c’est même le cœur géographique de l’Europe.
Ils
veulent se mettre ensemble car ils ont l’impression d’une centralité
139
e de l’Europe. Ils veulent se mettre ensemble car
ils
ont l’impression d’une centralité continentale, ce qui est vrai à tou
140
s points de vue. Dans votre livre, vous disiez qu’
il
faut aller à la fois vite et lentement pour constituer cette Europe d
141
peu partout. Spontanément, c’est très important.
Elles
ont envie de se connaître. Elles nomment des délégués pour un congrès
142
très important. Elles ont envie de se connaître.
Elles
nomment des délégués pour un congrès annuel des régions : régions éco
143
ançais ! Vous avez dit à un journaliste suisse qu’
il
faudrait au moins trois générations à la France pour se relever du ce
144
Dans L’Avenir est notre affaire (Stock, 1977),
il
brossait un bilan des crises actuelles et en cherchait les causes dan
145
s petites communautés et les régions. Depuis 1947
il
habite une ferme du pays de Gex, avec sa femme qui s’occupe activemen
146
même géographiques mais linguistiques — encore qu’
elle
englobât deux cantons mixtes et que le petit dernier ne fût pas encor
147
, dans quelles circonstances votre vocation s’est-
elle
décidée ? Je crois qu’il faut remonter, pour distinguer l’appel que s
148
s votre vocation s’est-elle décidée ? Je crois qu’
il
faut remonter, pour distinguer l’appel que signifie toute vocation —
149
dinand de Saussure. Ainsi, cinquante ans avant qu’
elle
n’arrive à la Sorbonne, nous découvrions la linguistique nouvelle. En
150
surréalisme figurait en bonne place, estimant qu’
il
était du devoir des écrivains d’affronter les problèmes de la crise n
151
Les Méfaits de l’instruction publique . Quoi ou
il
en soit, il me semblait important d’en venir à une littérature fondée
152
s de l’instruction publique . Quoi ou il en soit,
il
me semblait important d’en venir à une littérature fondée spirituelle
153
Dans la tradition des grands moralistes suisses,
il
est parvenu, en témoin clairvoyant de son époque aux intuitions souve
154
usement d’avoir flirté avec le fascisme, alors qu’
il
fut, et ses livres en témoignent clairement, un antinazi de la premiè
155
ux exhortations stimulantes. Le premier, ainsi qu’
il
le rappelle avec une insistance frisant la coquetterie, il fonda les
156
pelle avec une insistance frisant la coquetterie,
il
fonda les notions d’engagement et d’homme libre et responsable, que S
157
cité d’amitié. Croyez-vous au hasard ? Oui, quand
il
fait bien les choses. Croyez-vous, comme Rousseau, que l’homme naît b
158
l’homme ? Sa liberté, c’est-à-dire le pouvoir qu’
il
prend non sur autrui mais sur soi-même. La réforme que vous admirez l
159
historique préféré ? Je dirais Guillaume Tell, s’
il
était « historique ». Vos musiciens préférés ? Monteverdi, Bach, Moza
160
bombe atomique, arme totalitaire par excellence.
Elle
les domine depuis lors et les soumet à la même sophistique de dissuas
161
nce. L’équilibre de la terreur, tel est le nom qu’
ils
ont inventé pour la paix. Nous disons que cet équilibre ne saurait êt
162
au poker » la survie de l’humanité. En attendant,
il
devient chaque jour plus évident qu’à « l’équilibre de la terreur » c
163
ujours fut tenue pour responsable des malheurs qu’
elle
annonçait. Ainsi va-t-il de ceux qui tentent encore de prévenir cette
164
nsable des malheurs qu’elle annonçait. Ainsi va-t-
il
de ceux qui tentent encore de prévenir cette « solution finale » que
165
r, de la droite traditionnelle à la gauche dès qu’
elle
est au pouvoir. Il est donc entendu que ceux qui mettent en garde co
166
ionnelle à la gauche dès qu’elle est au pouvoir.
Il
est donc entendu que ceux qui mettent en garde contre le nucléaire, s
167
u désarmement nucléaire intégral, dont je suis. —
Ils
ont été traumatisés par la bombe d’Hiroshima. Vous non, sans doute ?
168
une manière anormale à la cause de son angoisse :
il
tente de nier sa réalité, ou de passer avec elle « un compromis dont
169
: il tente de nier sa réalité, ou de passer avec
elle
« un compromis dont il tire, dans sa position névrotique, un certain
170
alité, ou de passer avec elle « un compromis dont
il
tire, dans sa position névrotique, un certain profit2 ». On a reconnu
171
n général, et de la dissuasion en particulier. —
Ils
sont manipulés par Moscou. Cette hypothèse suppose que les « pacifist
172
s finirions par être à la fois rouges et morts. »
Il
est clair que Moscou ne saurait favoriser les antinucléaires qu’à l’O
173
ussi bien, ces derniers ne s’y sont pas trompés :
ils
favorisent les mouvements pacifistes en RDA, en Pologne, en URSS même
174
s pacifistes en RDA, en Pologne, en URSS même, où
ils
sont encore clandestins. Ils sont seuls à pouvoir le faire dans notre
175
ne, en URSS même, où ils sont encore clandestins.
Ils
sont seuls à pouvoir le faire dans notre camp, où ils sont seuls auss
176
sont seuls à pouvoir le faire dans notre camp, où
ils
sont seuls aussi à n’être pas manipulés par Washington. — Ils sont ma
177
ls aussi à n’être pas manipulés par Washington. —
Ils
sont mal informés. Ce livre suffit pour répondre. (La désinformation
178
lus des millions de chômeurs. Votre devise serait-
elle
: « plutôt la fin de l’Humanité que la ruine de ma société » ? Ou sim
179
ur tous les continents et les humains étant ce qu’
ils
sont, les chances d’éviter dans les années qui viennent accidents et
180
l’Histoire peut encore continuer. Cela suffira-t-
il
à faire admettre la seule solution raisonnable ? Tendance suicidair
181
ucléaire est évitable, et nous faisons tout ce qu’
il
faut pour qu’elle arrive. Les calculs imbéciles de « l’overkill »
182
table, et nous faisons tout ce qu’il faut pour qu’
elle
arrive. Les calculs imbéciles de « l’overkill » Vouloir compare
183
es totaux perdent toute signification à mesure qu’
ils
grandissent, puisque les premiers tirs peuvent être décisifs. Mettons
184
Mais comme les Soviétiques en seraient à 38 000,
il
est clair, me dit-on, qu’un effort gigantesque doit être demandé aux
185
ns l’incommensurable et le non-sens. Que faudra-t-
il
encore pour que les Grands comprennent cette évidence arithmétique :
186
e convenait sans doute, j’avais cru comprendre qu’
il
s’agirait du problème global de la Suisse et de l’union de l’Europe.
187
dire, sinon que son énoncé me paraissait boiteux.
Il
invite en effet à mettre en relation, il pose en face à face deux réa
188
boiteux. Il invite en effet à mettre en relation,
il
pose en face à face deux réalités non comparables, car : 1° la Suisse
189
comparables, car : 1° la Suisse est autre chose —
elle
est beaucoup plus — que l’économie suisse ; 2° la Communauté économiq
190
que européenne — même élargie — est autre chose —
elle
est beaucoup moins — que l’Europe unie. Les deux titres qui me semble
191
à observer ceci : que les réalités économiques qu’
il
désigne dépendent — quant à leur évaluation tout au moins — des défin
192
1. Quelle Suisse et quelle union de l’Europe ?
Il
ne s’agit nullement dans tout cela de « simples questions de mots »,
193
sans qualificatif, répond l’illusion politique :
elle
explique que l’on puisse nommer « Parlement européen » l’assemblée él
194
ir — à quel type d’Europe unie la Suisse pourrait-
elle
se joindre ? — et cela non seulement sans y perdre son identité, mais
195
interdire d’innover dans ce domaine aussi, comme
il
est si bien vu de le faire dans le domaine des sciences physiques, da
196
gie, en biologie et même en génétique, mais comme
il
semble à peu près exclu de le proposer dans le domaine des formes pol
197
L’Europe de Bruxelles ou la Communauté élargie. S’
il
s’agit d’un élargissement des accords économiques à d’autres pays eur
198
dres strictement délimités par le traité de Rome,
il
ne me semble pas que des obstacles de principe s’opposent à une parti
199
able tant à la CEE qu’à l’économie suisse. Mais s’
il
s’agit d’élargir la Communauté économique à d’autres secteurs, jusqu’
200
, le problème change de nature, radicalement. Car
il
serait dangereux de prétendre fonder et développer l’union sociale, é
201
é. Mais le Conseil de l’Europe est sans pouvoirs.
Il
ne réunit que des ministres, en fin de compte, non des peuples par le
202
pte, non des peuples par leurs élus. C’est lui qu’
il
eût fallu élire au suffrage universel. Et doter de pouvoirs élargis j
203
le de super-État européen, dont personne ne veut (
il
ne sert que de punching-ball pour Michel Debré) et sur le modèle de l
204
de la Ligue défensive des nations souveraines, où
il
n’y aurait de sérieux que les USA d’une part, l’URSS de l’autre. Rest
205
ormulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’
il
est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
206
ropéens ne feraient qu’égratigner la Russie, mais
elles
dévasteraient les villes de l’Allemagne envahie sans faire beaucoup d
207
e, et l’adjectif « dissuasive » n’y change rien.
Il
me paraît que la Suisse, au lieu de mener un combat en retraite, et d
208
n retraite, et d’accepter l’idée que, finalement,
elle
sera contrainte de céder, c’est-à-dire d’adhérer à la CEE, doit prend
209
ecte que « la Suisse ne fait pas le poids », « qu’
elle
est trop petite », etc. Mais dans ma longue carrière d’historien des
210
l’a écrit (notamment l’historien E. Gagliardi) :
elle
est demeurée jusqu’en notre siècle le seul témoin du mouvement des co
211
s que jamais nécessaire à l’Europe à condition qu’
elle
reste suisse, qu’elle garde son identité de fédération fondée sur l’a
212
e à l’Europe à condition qu’elle reste suisse, qu’
elle
garde son identité de fédération fondée sur l’autonomie des communaut
213
se, communes et plus tard cantons. Voilà pourquoi
il
ne serait pas du tout anormal, et peut-être même bénéfique, qu’elle s
214
du tout anormal, et peut-être même bénéfique, qu’
elle
soit la dernière à rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont
215
rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont
elle
aura été, dans le même temps, la première figuration et la promesse.
216
aos et d’un fils du Chaos. C’est donc d’Hitler qu’
il
faut parler. Individu quelconque et quasi nul en soi, phénomène d’env
217
as, à l’analyse, la moindre trace de sa personne.
Il
fut ces effets, et rien d’autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serai
218
Il fut ces effets, et rien d’autre. Démontrer qu’
il
n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, cadavre disparu, témoign
219
h, a écrit : « Le prophète n’a pas de biographie.
Il
se lève et tombe avec sa mission. » Ainsi d’Hitler, l’antiprophète de
220
e, d’un passé mort, d’une catastrophe totale dont
il
allait devenir l’agent. Avec son insondable vulgarité, sa mégalomanie
221
tragique a été le prophète du Néant collectif, où
il
a presque réussi à entraîner toute sa génération. C’est ainsi que je
222
rophétisé : « Le 15 juin j’entrerai dans Paris ».
Il
y entre en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle est sa défaite i
223
jourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde :
il
ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades… La confr
224
émouvantes du monde : il ne les connaîtra jamais.
Il
ne verra que d’aveugles façades… La confrontation stupéfiante de cet
225
cessaire pour faire comprendre au monde entier qu’
il
est des victoires impossibles… Enfin, on peut lire dans La Part du d
226
ns avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme
il
était petit ! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grand
227
faction mêlée de honte : « Comme il était petit !
Il
n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misère
228
N à Dantzig, est reçu en audience par le Führer :
il
s’agit d’une ultime tentative pour sauver la paix. Hitler ouvre l’alb
229
tive pour sauver la paix. Hitler ouvre l’album où
il
fait coller chaque jour les articles parus sur lui à l’étranger. Il d
230
que jour les articles parus sur lui à l’étranger.
Il
désigne une coupure du Courrier de Saint-Étienne intitulée : « Le Füh
231
ulée : « Le Führer a perdu la guerre des nerfs. »
Il
entre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-il, il faut bien que
232
l entre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-
il
, il faut bien que je fasse la guerre à la Pologne puisqu’on écrit des
233
tre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-il,
il
faut bien que je fasse la guerre à la Pologne puisqu’on écrit des cho
234
sur moi. » C. J. Burckhardt lui demande pourquoi
il
attache tant d’importance aux propos d’une feuille de province : « Po
235
t et empesé autour d’un Führer silencieux, non qu’
il
veuille garder secrets ses grands desseins, mais parce qu’il ne sait
236
garder secrets ses grands desseins, mais parce qu’
il
ne sait pas de quoi parler. Ce vide du personnage est essentiel : il
237
uoi parler. Ce vide du personnage est essentiel :
il
est la condition de sa « mission » satanique. Certes, Hitler n’était
238
n sa présence par un frisson d’horreur sacrée, qu’
il
était le siège d’une « domination », d’un « trône », d’un « génie » o
239
les Ravaillac, parce que ma mission me protège. »
Il
faut croire un homme qui dit cela… D’où lui vient le pouvoir surhumai
240
dit cela… D’où lui vient le pouvoir surhumain qu’
il
développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent
241
Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’
elle
ne saurait se manifester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’e
242
ppe à nos psychologies… On me demande sottement s’
il
est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, si cela comp
243
lligent, si cela compte en lui le moins du monde,
il
ne vaut rien pour un destin pareil. En ce sens démoniaque du terme, u
244
» n’est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent.
Il
ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vert
245
me de compte en banque, et à peine un état civil.
Il
est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces
246
nds de langue et de race. Pour recréer ces liens,
il
faudra faire appel aux forces irrationnelles de l’inconscient. Pour r
247
Serpent de la Genèse. Dans Mein Kampf, dès 1923,
il
décrit avec une surprenante précision le réveil des puissances souter
248
récision le réveil des puissances souterraines qu’
il
se propose d’opérer : Tous les grands mouvements de l’Histoire sont
249
le regard de ces milliers d’yeux » (Mein Kampf),
il
supprime le Juge, et la faute. En fondant tout un peuple dans une mas
250
fondant tout un peuple dans une masse passionnée,
il
le rend à l’état d’innocence première : pas de responsables dans une
251
manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’
ils
célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie
252
us ces corps horriblement tendus. Je suis seul et
ils
sont tous ensemble. Un désastre mondial Dès avant la guerre de
253
Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà le point qu’
il
faut élucider. Replaçons-nous dans la situation de l’Europe à la veil
254
bservateurs était la suivante : « Comment se peut-
il
que des individus ‟normaux” deviennent subitement nazis ? Que des pop
255
énéralement perdu la Foi, l’Espérance et l’Amour,
il
a fondé le culte de la masse déifiée, animée par les trois antivertus
256
sser un théologien anonyme dont j’ignore encore s’
il
était chrétien ou juif, dévoilait le mystère profond de l’hitlérisme,
257
mystère profond de l’hitlérisme, en même temps qu’
il
annonçait les hautes tours des crématoires d’Auschwitz et l’Holocaust
258
de la critique tant libérale que marxiste, dès qu’
elle
essaie d’analyser le phénomène nazi, provient de l’obsession économis
259
de l’aventure hitlérienne. Fondée sur le Malheur,
elle
allait au Néant. « Das Nichts nichtet (le néant néantit) », venait d’
260
me ne pouvait aboutir qu’à la guerre, dès lors qu’
il
ne donnait à la communauté d’autre contenu que la haine commune, d’au
261
aire est à jamais inapplicable : une idée de fou.
Il
ne saurait y avoir toute-puissance d’une partie sur un tout humain. I
262
toute-puissance d’une partie sur un tout humain.
Il
n’y a en fait que la puissance d’un parti sur sa propre nation, systé
263
ialisme. L’Occident n’a pas eu de pire ennemi, et
il
est loin d’être certain qu’il ait été vaincu ailleurs que dans les ru
264
de pire ennemi, et il est loin d’être certain qu’
il
ait été vaincu ailleurs que dans les ruines de Berlin. Hitler donnait
265
e ce que j’ai connu jusqu’ici. Vous savez comment
il
est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’une circulaire exp
266
lement de son initiative, mais de la manière dont
elle
l’a réalisée, dans une atmosphère à la fois détendue et attentive, da
267
vais bien connu dans le mouvement personnaliste :
ils
m’ont jeté bon gré mal gré dans l’action fédéraliste européenne, en m
268
ence européenne de la culture à Lausanne en 1949,
il
a fallu mettre sur pied un certain nombre d’institutions, dont le Cen
269
s mouvements fédéralistes se sont mis à décliner.
Ils
n’avaient au fond plus grand-chose à se mettre sous la dent. Ils cont
270
u fond plus grand-chose à se mettre sous la dent.
Ils
continuaient de répéter : « Unissons-nous, unissons-nous ! » Mais ce
271
printemps et qui vient de se réunir à Strasbourg.
Elle
n’est ni un parlement, ni européenne au sens plein du terme : c’est u
272
as le dire comme cela chaque fois qu’on en parle,
il
est plus simple de dire : le Parlement européen. Mais c’est une usurp
273
n de terme, et qui peut être dangereuse, parce qu’
elle
laisse entendre que cette assemblée, à partir de ses prérogatives trè
274
à la fonction de noyau de l’Europe future, puisqu’
il
compte 22 pays de l’Europe de l’Ouest. (Seule la Finlande, pour des r
275
otre affaire . Au cours de la dernière décennie,
il
s’est passé deux choses : d’une part, la décadence accélérée du mouve
276
ui, car un combat, cela peut se perdre, tandis qu’
il
est évident que ni l’écologie, ni les régions, ni la fédération europ
277
lus qu’aujourd’hui — détenus par les Arabes et qu’
ils
pouvaient jeter sur le marché occidental — de telle manière que toute
278
une tempête : roulant d’un bastingage à l’autre,
elle
détruit absolument tout. C’était ce qui risquait de se passer. Je l’a
279
e. À cause de ce délai imposé par les événements,
il
s’est trouvé que mon livre, pour une fois, n’arrivait pas trop tôt !
280
l’opinion, et mon livre en a bénéficié, parce qu’
il
a paru deux mois après. L’éditeur m’a dit : « S’il avait paru en juin
281
l a paru deux mois après. L’éditeur m’a dit : « S’
il
avait paru en juin, peut-être que cela n’aurait pas marché ! » Pour u
282
erre. J’entends la guerre nucléaire. Aujourd’hui,
il
n’est pas question d’autre chose. Tous nos États-nations préparent la
283
États-nations préparent la guerre. Non seulement
ils
sont nés de la guerre, il y a soixante ans (les traités de « banlieue
284
t-cinquante ans, ou deux-cents ans (1789 !), mais
ils
sont entretenus par la guerre ; tous leurs rapports avec l’économie s
285
irons pas plus ! » Mais cette guerre, à quoi peut-
elle
servir ? Ce sont les États-nations seuls qui auront le droit de peser
286
t 3,5 milliards d’humains) : « Que pensez-vous qu’
il
resterait de l’humanité en cas de guerre atomique ? » Il m’a dit : «
287
erait de l’humanité en cas de guerre atomique ? »
Il
m’a dit : « Eh bien, d’après mes calculs, environ 20 millions de gens
288
abri des radiations ! » Mais, vous imaginez ce qu’
ils
seraient ? De pauvres hères, qui chercheraient à se nourrir de choses
289
vient de nous le rappeler M. Birre. À tout cela,
il
faut opposer d’urgence une logique du vivant, des cellules, de ce qui
290
surer des rochers, qui est irrésistible, parce qu’
elle
sort de partout, et non d’un centre que l’on pourrait détruire avec u
291
l de Jacques Juillet, qui n’a pu être des nôtres.
Il
s’agit de l’opposition entre ce qui vient d’en haut, de l’État, qui d
292
mais des régions, le moyen de restaurer la paix.
Elle
serait aussi le seul moyen de lutter contre les menaces de guerre qui
293
fera que le danger s’éloignera probablement. Mais
il
nous faut travailler vite, il nous faut créer vite cette Europe en ta
294
probablement. Mais il nous faut travailler vite,
il
nous faut créer vite cette Europe en tant que facteur de paix qui emp
295
ouver par la guerre au-dehors, la tranquillité qu’
il
n’a plus au-dedans ». L’Europe, unie — j’insiste — est impossible à c
296
ces misanthropes veulent une amicale, mais alors
ils
ne sont plus misanthropes, ou bien ils restent misanthropes, mais alo
297
mais alors ils ne sont plus misanthropes, ou bien
ils
restent misanthropes, mais alors ils n’ont pas l’idée de faire une am
298
pes, ou bien ils restent misanthropes, mais alors
ils
n’ont pas l’idée de faire une amicale, ou seulement pour tromper le m
299
avons pas, j’insiste, à le renverser. Je crois qu’
il
serait tout à fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s’e
300
e s’emparer du pouvoir des États-nations parce qu’
elle
s’emparerait de très peu de choses : de bureaux, de téléphones, d’uni
301
Révolution de 1917 ont très vite changé de mains.
Il
nous faut au contraire construire, créer le pouvoir. Là encore, c’est
302
veut dire d’abord que c’est petit, car autrement
il
n’y a pas de participation possible, qu’elle soit civique, économique
303
rement il n’y a pas de participation possible, qu’
elle
soit civique, économique ou politique. Il ne faut donc pas vouloir im
304
e, qu’elle soit civique, économique ou politique.
Il
ne faut donc pas vouloir imposer un modèle de régions qui serait le m
305
rsuadé que la région, c’est une bonne chose, mais
il
se pose des questions auxquelles il n’a pas trouvé de réponses quant
306
e chose, mais il se pose des questions auxquelles
il
n’a pas trouvé de réponses quant à la réalisation de ces « régions à
307
ter hier et dont l’avis m’importait beaucoup, car
il
est l’un des responsables de la planification et de l’aménagement du
308
! Je constate, après ces deux jours de débats, qu’
ils
m’ont obligé à me poser des questions plus précises, plus concrètes s
309
ses, plus concrètes sur bien des cas ; mais ce qu’
il
faut que je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométrie
310
z des ensembles topologiques en intersections, et
il
s’agit de voir quel est le plus dense ensemble d’intersections, qui s
311
je ne dis pas encore des réponses — peut-être qu’
il
ne faut pas tout résoudre… J’entrevois des solutions possibles dans t
312
ément celui de mon canton et de la Suisse, puisqu’
il
comprend, outre la Romandie, les trois quarts de la France, une moiti
313
tre, ou celles dont je vais démissionner parce qu’
elles
ne m’intéressent plus ! Mais alors, si maintenant un jacobin, un Robe
314
, c’est ce que l’État-nation exige de nous, quand
il
va jusqu’au bout de sa logique. Je pars donc de cette idée de la plur
315
soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre.
Il
existe en France, des syndicats intercommunaux à vocations multiples,
316
on. Tout à l’heure, en entendant parler M. Birre,
il
m’est venu une autre idée. Dans la grande discussion sur les régions
317
, comme on l’a dit ce matin, les villes, au fond,
elles
sont « nulle part », elles ont détruit souvent leur relief, et toujou
318
, les villes, au fond, elles sont « nulle part »,
elles
ont détruit souvent leur relief, et toujours leur humus. Elles sont d
319
ruit souvent leur relief, et toujours leur humus.
Elles
sont donc dans l’utopie. Il faut fonder des régions sur la réalité. A
320
ujours leur humus. Elles sont donc dans l’utopie.
Il
faut fonder des régions sur la réalité. Alors, je pense en écoutant M
321
ème direction dans laquelle nous pourrions aller.
Elle
ferait passer le centre régional de la ville, c’est-à-dire de l’indus
322
udrais d’apporter des réponses toutes faites, car
elles
tomberaient sous ma propre critique de l’utopie. Toute fédération, to
323
fédérative est et doit rester complexe, parce qu’
elle
veut coller à la réalité physique, humaine, économique et culturelle.
324
ion s’applique naturellement aux États-Unis, mais
elle
est très facile à transposer en termes européens, voire suisses. La v
325
par la fédération européenne, et pour celles-là,
il
faut des agences mondiales. Je rappellerai notamment le problème de l
326
demain. Il y a aussi le problème des eaux douces.
Il
faut donc un certain minimum d’agences fédérales mondiales, qui ne fe
327
spécificités locales, les différences quelles qu’
elles
soient, et la volonté de se fédérer en ensembles toujours plus vastes
328
oup de gens voient là une contradiction. C’est qu’
ils
ont l’esprit mal formé par Descartes ! Il n’y a aucune contradiction
329
est qu’ils ont l’esprit mal formé par Descartes !
Il
n’y a aucune contradiction entre le pouvoir des petites autonomies et
330
re de s’autogérer malgré les menaces extérieures.
Elles
ont créé un pouvoir commun de défense qui était réel mais limité à ce
331
ité à cela, et les laissait libres pour le reste.
Il
s’agissait des communes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait
332
iculier. Donc, s’occuper des communes, vouloir qu’
elles
soient libres et responsables d’elles-mêmes, ce n’est pas du tout s’e
333
ion personnaliste et communautaire. Dès le début,
il
n’était pas question de séparer la personne de la communauté, c’est-à
334
amne à l’immobilité ! » Si un homme veut marcher,
il
ne peut pas avoir plus d’un pied à la fois sur la terre ! Et s’il fai
335
voir plus d’un pied à la fois sur la terre ! Et s’
il
fait un grand bond, il n’a plus aucun pied sur la terre, mais il va t
336
a fois sur la terre ! Et s’il fait un grand bond,
il
n’a plus aucun pied sur la terre, mais il va très loin ! Je vais con
337
d bond, il n’a plus aucun pied sur la terre, mais
il
va très loin ! Je vais conclure sur l’Europe. Il me paraît significa
338
il va très loin ! Je vais conclure sur l’Europe.
Il
me paraît significatif que dans ce colloque, il se soit trouvé que le
339
. Il me paraît significatif que dans ce colloque,
il
se soit trouvé que le premier rapport, celui de M. Hell, portait sur
340
que de la cité, Écritures judéo-chrétiennes. Mais
il
faut y ajouter les valeurs germaniques et les valeurs celtiques, qui
341
culture européenne tellement créatrice, c’est qu’
elle
est tissée d’antinomies. La foi qui sauve, c’est chrétien, mais la ra
342
à la fois à la langue d’oc et à la langue d’oïl.
Il
en reste des traces dans nos patois. Les mots de patois neuchâtelois,
343
le « Tu n’as pas peur de t’encoubler ? » Eh bien,
ils
savent très bien que cela veut dire « trébucher », sur des racines ou
344
t collectif. Il y a donc des rythmes millénaires,
il
y en a d’autres comme la mobilité de nos frontières, qui sont à peine
345
y compris les huit États de l’Est : c’est 89 ans.
Il
y en a un qui fait beaucoup monter la moyenne à lui seul, c’est le Po
346
grandie par annexions et conquêtes jusqu’en 1861.
Elle
a très peu varié au xxe siècle. Mais on est étonné de voir que ce ry
347
ques. Quant au rythme des variations économiques,
il
n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans. Il suffit que vous imp
348
il n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans.
Il
suffit que vous implantiez une usine dans une région pour changer com
349
son potentiel et ses relations économiques. Donc,
il
serait faux de baser l’Europe, cette immense construction, sur ce qu’
350
us variable, et qui peut être ruiné : l’économie.
Il
faut la fonder sur l’humus, l’humus de l’histoire, au sens symbolique
351
à mon sens, de M. et Mme André Birre, avec ce qu’
ils
nous ont appris sur l’humus, qui donne vraiment et symboliquement une
352
sommes tous d’accord là-dessus. Je crois aussi qu’
il
faudrait élargir les applications de ce principe, et je vois là la po
353
ndo Strassoldo insiste amicalement sur le fait qu’
il
concorde à 95 % avec moi. Si vous ne gardez pas cela à l’esprit, vous
354
n inverse qu’évoque la lecture de son texte et qu’
il
n’est d’accord avec moi sur à peu près rien ! En réalité, je le conna
355
, sans je crois lui faire tort, que tout d’abord,
il
est italien et qu’il aime s’amuser ; que son papier, comme il le dit,
356
aire tort, que tout d’abord, il est italien et qu’
il
aime s’amuser ; que son papier, comme il le dit, ne pourra pas apport
357
en et qu’il aime s’amuser ; que son papier, comme
il
le dit, ne pourra pas apporter uniquement des louanges et des applaud
358
ritiques que l’on pourrait faire, de manière, dit-
il
, à approfondir et clarifier la pensée de l’auteur sur quelques points
359
ons qui pourraient venir sur tel ou tel point, qu’
il
se forme à lui-même avec une imperturbable intelligence, et que souve
360
astucieux et tenter de clarifier ma pensée, comme
il
m’y invite. I. Des causes de la nocivité de l’État Selon R. Stra
361
antes, car c’est tout le système international qu’
il
faudrait réformer en même temps. L’Europe est trop petite pour que l’
362
L’Europe est trop petite pour que l’on s’arrête à
elle
seule. Bien entendu, il a parfaitement raison, on peut toujours dire
363
our que l’on s’arrête à elle seule. Bien entendu,
il
a parfaitement raison, on peut toujours dire cela, seulement on ne ré
364
t entreprendre une réforme que si l’on est sûr qu’
elle
est réalisable partout ! C’est la première démarche de l’utopisme. Je
365
logiques de la « petite échelle » des sociétés
Il
pose au départ que les grands systèmes permettent seuls le haut nivea
366
er ici le problème des régions. S’il y a crise, s’
il
faut absolument trouver une autre formule que celle de l’État-nation,
367
n n’est justement plus capable de maintenir ce qu’
il
promettait : ces hauts niveaux de vie, cet emploi général, ce maintie
368
naie, cette défense indépendante du territoire. S’
il
était capable de faire tout cela, on lui dirait : « Bon, continue, ce
369
égions éliminerait tous les conflits. À mon sens,
il
consiste plutôt à maintenir les conflits dans des dimensions assez pe
370
onflits dans des dimensions assez petites pour qu’
elles
soient maîtrisables et que les conflits puissent devenir productifs a
371
lieu d’être tout simplement anéantissants, comme
ils
le sont à l’échelle des grands États-nations. IV. De la nécessité
372
. IV. De la nécessité des fondements sacrés
Il
a raison : ni le personnalisme, ni les régions, ni même le fédéralism
373
sement des masses immenses, aussi ne le demandent-
ils
pas, ils s’en gardent bien ! C’est précisément contre ces entraînemen
374
s masses immenses, aussi ne le demandent-ils pas,
ils
s’en gardent bien ! C’est précisément contre ces entraînements religi
375
hrases de Strassoldo me paraissent fort ambiguës.
Il
laisse entendre quelque part que le personnalisme aboutirait à l’excl
376
ocation bel et bien transcendante à l’individu. S’
il
nous fallait absolument un mythe, s’il fallait définir en un mot l’am
377
ndividu. S’il nous fallait absolument un mythe, s’
il
fallait définir en un mot l’ambition, l’idéal, les visées du fédérali
378
on à la guerre. Chaque fois qu’il y a une guerre,
il
augmente ses prérogatives : on arrive à l’État totalitaire par la gue
379
R. Strassoldo voit des contradictions, ou plutôt
il
imagine que l’on pourrait en voir, entre les régions économiques comp
380
st heureusement un pur et simple jeu de l’esprit.
Il
n’y a aucune espèce d’incompatibilité entre les deux choses, à moins
381
qu’on les « absolutise », après quoi, évidemment,
il
ne reste plus aucun moyen de les articuler. VI. De la participatio
382
n de les articuler. VI. De la participation
Il
demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce que la participation co
383
orrespond à un besoin réel des citoyens ? » Non !
Elle
correspond à une nécessité absolue, sans laquelle il n’y a aucune soc
384
correspond à une nécessité absolue, sans laquelle
il
n’y a aucune société possible. On ne va pas demander à chacun s’il a
385
ociété possible. On ne va pas demander à chacun s’
il
a besoin de participer. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’il
386
iciper. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’
il
n’y a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en
387
x : s’il n’y a pas de participation des citoyens,
il
n’y a pas de société, en tout cas pas démocratique. VII. Du choix
388
ique. VII. Du choix électronucléaire « Faut-
il
être aussi radicalement opposé au nucléaire ? » demande-t-il avec un
389
si radicalement opposé au nucléaire ? » demande-t-
il
avec un peu d’ironie dans le ton. D’une manière que je crois être pur
390
que je crois être purement provocante de sa part,
il
répète cette phrase : « Vivre, c’est prendre des risques ! » Il s’agi
391
e phrase : « Vivre, c’est prendre des risques ! »
Il
s’agit de savoir quels risques on prend. Nous ne prendrions pas le ri
392
s-risques ! » Certains sont tout à fait inutiles.
Il
dit aussi par exemple, que les vastes surfaces de panneaux producteur
393
ui disait : « Mais savez-vous que les surfaces qu’
il
faudrait pour créer l’équivalent en énergie solaire d’une grande cent
394
L’intérêt de l’énergie solaire c’est justement qu’
elle
nous dispense des grandes centrales et qu’elle peut être dispersée ch
395
qu’elle nous dispense des grandes centrales et qu’
elle
peut être dispersée chez tout le monde, même jusqu’aux maisons, jusqu
396
re couvrirait 3 départements français. Lesquels ?
Ils
sont très inégaux. VIII. Des communautés écologiques de jeunes
397
qui est juste, que c’est un phénomène important.
Il
cite Longo Maï que j’ai cité dans mon livre. Il ajoute : « Mais je ne
398
. Il cite Longo Maï que j’ai cité dans mon livre.
Il
ajoute : « Mais je ne crois pas qu’il y ait là une solution définitiv
399
s à tous les problèmes de l’humanité ! » Ensuite,
il
commet une erreur en disant qu’une communauté comme celle de Longo Ma
400
e de Longo Maï n’ont parlé de retour à la nature,
ils
disent simplement : « Nourrir l’humanité va être le grand problème da
401
pensé une seconde au modèle yougoslave — si même
il
y en a un ! — en écrivant mon livre. Je me suis inspiré du modèle sui
402
e je parle de région et de participation civique,
il
est bien entendu qu’il ne s’agit de rien de comparable aux cantons su
403
de participation civique, il est bien entendu qu’
il
ne s’agit de rien de comparable aux cantons suisses, qui sont les cré
404
e n’est pas la technocratie, mais la politique. »
Il
m’est arrivé un jour, au cours d’une conversation avec Louis Armand,
405
philosophie personnaliste plus les ordinateurs. »
Il
m’a répondu : « Ah, celle-là, je vous en veux de l’avoir dite avant m
406
voir toujours dit et décrit le contraire de ce qu’
il
m’est ici reproché d’avoir défendu ou attaqué. Je crois que Strassold
407
début du siècle, dans une abondante littérature,
elle
n’oubliait qu’une chose : c’est que l’homme est un animal et non pas
408
que l’homme est un animal et non pas un légume !
Il
existe d’ailleurs un légume qui est presque entièrement racine ; c’es
409
st un animal caractérisé par sa mobilité, et plus
il
s’élève dans l’ordre spirituel, plus il se reconnaît « errant et voya
410
, et plus il s’élève dans l’ordre spirituel, plus
il
se reconnaît « errant et voyageur sur la terre ». aa. Rougemont D
411
très brièvement formulées. 1. La communauté, dit-
il
, ne peut être fondée sur une base libertaire. Je suis d’accord. « Lib
412
rein, qui pour moi n’est pas vraie liberté puisqu’
elle
se dissocie de toute responsabilité. Je crois que l’homme n’est libre
413
est libre (dans une communauté) qu’à la mesure où
il
est en fait responsable, et vice versa (tous les juristes le savent).
414
« l’individu ». La famille kibboutzique, nous dit-
il
, s’oppose à la mobilité et favorise l’enracinement. Le kibboutz serai
415
lequel Ortega y Gasset a écrit de belles choses.
Il
est un temps pour vivre de ses racines dans le milieu natal, et un te
416
on d’Israël, et c’est très bien ainsi. Cependant,
il
faut bien imaginer d’autres modèles de communauté pour le 97 % restan
417
cident. Mais Pierre-Arnold ne s’en tient pas là :
il
nous signale avec sobriété qu’à la trente-troisième génération, il y
418
tants, et l’Europe, moins de quinze millions. Or,
il
est sûr que nos ancêtres furent tous des Européens, non des nègres ni
419
rope. Comment quinze millions d’Européens eussent-
ils
pu nous fournir plus de 2 milliards d’ancêtres ? La seule explication
420
ion qui compte 32 ancêtres d’Henri de Rougemont :
elle
se compose de 14 Neuchâtelois, de 2 Genevois et de 16 étrangers. Or,
421
rire un Flamand d’avant Napoléon en lui disant qu’
il
serait « Belge » et l’on eût scandalisé un Bavarois ou un Saxon en le
422
tuels que j’ai interrogés jusqu’ici sur l’idée qu’
ils
se font de l’Europe, vous êtes celui qui s’affirme le plus comme « Eu
423
devenu et restez-vous un « Européen militant » ?
Il
me semble que tout m’y a conduit, à commencer par ma naissance. Dès m
424
hilippe le peintre de la Cour de Suède… L’Europe,
elle
allait de soi comme la famille, et ce n’était pas un cas exceptionnel
425
tre la terre des pères et le continent des rêves,
il
n’y avait aucune opposition : je l’ai écrit dans un petit ouvrage int
426
s invisibles, on nous dit que tout les oppose, qu’
il
faut choisir l’un contre l’autre, et qu’entre ces amours il n’est que
427
oisir l’un contre l’autre, et qu’entre ces amours
il
n’est que de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me se
428
st que de la haine. Comment un Suisse le croirait-
il
? Si je me sens presque partout chez moi dans l’Europe franco-germani
429
ais la famille, c’est générique et général. Après
elle
, et souvent contre elle, il y a eu la littérature, beaucoup plus préc
430
nérique et général. Après elle, et souvent contre
elle
, il y a eu la littérature, beaucoup plus précisément déterminante dan
431
différent de celui que lui donnait Valéry, quand
il
affirmait qu’est européen tout ce qui a été marqué par Athènes, Rome
432
etiens surtout la grecque et l’évangélique — mais
il
faut leur ajouter deux autres sources : la germanique et la celtique,
433
vous avez découvert l’Europe. Comment cela s’est-
il
passé ? De deux manières. D’une part, j’ai retrouvé à New York beauc
434
science et votre engagement européen ne remontent-
ils
pas, avant les États-Unis, aux années 1930, au mouvement personnalist
435
es étant indissociables. La liberté était vide si
elle
ne comportait pas de responsabilités civiques concrètes, et la respon
436
n qui prétend parler de son époque est engagé, qu’
il
le sache ou non. Tel était le sujet des premiers chapitres de mon pre
437
Esprit une rubrique de la « Pensée engagée », où
il
rendit compte de mon livre, et dont j’assumais la responsabilité. Tou
438
leur sympathie européenne, et sur la méfiance qu’
ils
ont ressentie après la guerre à l’égard d’une Europe qui leur semblai
439
er le congrès, et dont j’avais exigé et obtenu qu’
il
fût rédigé par moi au nom de ma commission. J’étais embarqué. Avez-vo
440
, Ignazio Silone ayant décliné cet honneur — mais
il
devait être par la suite l’un des intellectuels les plus « engagés »
441
stivals du continent, de l’Est comme de l’Ouest —
il
vaut la peine de souligner ce cas que je crois unique ; l’Association
442
vous avez cités. Est-ce à vos yeux décourageant ?
Il
est certain que les écrivains, les philosophes et les sociologues — s
443
ion successives de J.-P. Sartre. Dans le texte qu’
il
m’avait envoyé pour la conférence de Lausanne, Sartre expliquait que
444
erait sauvée qu’avec la culture européenne et par
elle
, mais que la culture européenne ne serait sauvée, à son tour, que par
445
qu’en fabriquant des esclaves et des monstres ».
Il
va jusqu’à dire que les Européens n’ont édifié leurs cathédrales (sic
446
ens solidaire, a relancé le combat pour l’avenir.
Elle
fait sienne, dans sa majorité, le mot d’ordre que je lui ai proposé :
447
n 1949 à Genève le Centre européen de la culture.
Il
en a été le directeur de 1949 à 1978 et en reste le président. Il a é
448
irecteur de 1949 à 1978 et en reste le président.
Il
a également présidé le Congrès pour la liberté de la culture (1952-19
449
d’ordres très différents : tout d’abord parce qu’
il
s’est trompé quant à deux événements de première importance. Il nous
450
é quant à deux événements de première importance.
Il
nous apprend en effet, page 223 de l’édition française, qu’au moment
451
tique et la Grande-Bretagne par les Amériques. Et
il
écrit en novembre 1939 que « la guerre qui vient de commencer va marq
452
aliser. Orwell écrit son livre en 1948. Que s’est-
il
passé cette année-là ? Au moment même où, sans le moindre commentaire
453
? Au moment même où, sans le moindre commentaire,
il
abandonne l’Europe tout entière à Staline, en mai 1948 se tient à La
454
pe sacrifiée sans combat par Orwell. Et qu’en est-
il
du christianisme, de cette « culture chrétienne libérale » qu’il aban
455
isme, de cette « culture chrétienne libérale » qu’
il
abandonne elle aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est elle,
456
e « culture chrétienne libérale » qu’il abandonne
elle
aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est elle, et c’est elle
457
aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est
elle
, et c’est elle seule, qui s’est dressée contre la grande puissance to
458
plus de regrets apparents ? C’est elle, et c’est
elle
seule, qui s’est dressée contre la grande puissance totalitaire de l’
459
euple des voies qui conduisent au désastre. Ce qu’
il
prêche, c’est la voie nouvelle du salut, la conversion, qui est le re
460
e la démission de l’esprit, devant des menaces qu’
il
contribuerait à rendre fatales en les décrivant telles. Chez Orwell,
461
de l’âme, un masochisme irrépressible. Et jamais
il
ne tente de réveiller en nous le courage de réagir, jamais il n’a mon
462
de réveiller en nous le courage de réagir, jamais
il
n’a montré les buts d’une action libératrice, ni les finalités de l’e
463
e je porte à la prescience de George Orwell quand
il
s’agit de nous faire sentir les forces clandestines qui vont détermin
464
sociétés occidentales, dans la mesure précise où
elles
tentent d’organiser les exigences de leur vocation de liberté. Orwel
465
hysiques et de leurs technologies de pointe, dont
il
n’a pu connaître en 1948 que les balbutiements : je veux parler des a
466
ère moins que dans les régimes totalitaires3, car
il
faut être deux pour jouer à ce jeu-là, celui de l’Équilibre de la ter
467
sée indépendante ». Pour réaliser le premier but,
il
faut trouver « le moyen de tuer plusieurs centaines de millions de ge
468
sible, en 1984, par l’accumulation, dûment prévue
elle
aussi par Orwell, de « fusées chargées de bombes atomiques amoncelées
469
s amoncelées à tous les points stratégiques ». Si
elles
étaient toutes allumées simultanément, dit-il, « leurs effets seraien
470
elles étaient toutes allumées simultanément, dit-
il
, « leurs effets seraient si dévastateurs qu’ils rendraient impossible
471
it-il, « leurs effets seraient si dévastateurs qu’
ils
rendraient impossibles toutes représailles ». Mais il est entendu — c
472
endraient impossibles toutes représailles ». Mais
il
est entendu — c’est même la convention fondamentale de toute l’affair
473
a convention fondamentale de toute l’affaire — qu’
il
est « impossible que cette guerre soit jamais décisive ». À cette fin
474
Pouvoir, soit contre lui, mais sur les thèmes qu’
il
a choisis. Il y a là, beaucoup plus qu’on ne le croit, une entreprise
475
t on accuse l’ordinateur d’être l’agent, alors qu’
il
n’en est que l’outil. Soyons bien clairs. Le simple fait de mettre e
476
litaire d’un gouvernement, si « démocratique » qu’
il
se prétende par ailleurs. C’est là que réside le vrai danger, non dan
477
s, mais que les Pouvoirs seuls ont établi et dont
ils
sont seuls responsables. Ce qui me fait peur, — c’est moins le stocka
478
ulnérabilité du secret des réseaux d’information.
Il
ne se passe pas de semaine sans que les journaux nous apprennent que
479
vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille,
elle
ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra bien coite dans sa caisse.
480
Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair.
Elle
se tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas
481
Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’
il
nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une correction me paraît auj
482
mploi bénéfique pour l’homme, ni pour sa liberté.
Il
n’en va pas de même de l’ordinateur qui, lui, peut être employé pour
483
bien autant que pour le mal. On a beaucoup dit qu’
il
favoriserait non seulement la surveillance policière des opinions pri
484
veillance policière des opinions privées, mais qu’
il
serait l’outil idéal de la centralisation étatique, économique autant
485
ogrès technique crée au moins autant d’emplois qu’
il
en supprime et ceux qui le nient sont des faibles d’esprit. Or le chô
486
cessé d’augmenter depuis ce temps-là. Qu’en est-
il
aujourd’hui de ce problème crucial des progrès indissociables de la t
487
quera pas de créer « au moins autant d’emplois qu’
elle
en touchera ». — On dit « toucher » ou « affecter », mais jamais « su
488
ec plusieurs fondations suisses et européennes. ⁂
Il
me reste à vous présenter, avant de conclure, quelques remarques sur
489
nateur : tout y concourt, y compris la crainte qu’
il
inspire et les espoirs insensés qu’il éveille : libération des travai
490
crainte qu’il inspire et les espoirs insensés qu’
il
éveille : libération des travailleurs industriels, éducation pour tou
491
us lyrique de tous sur l’avenir des ordinateurs :
il
s’agit de Seymour Papert, professeur au Laboratoire d’intelligence ar
492
ormatiques pour étudier la psychologie humaine ».
Il
va jusqu’à suggérer que la machine pourrait avoir quelques rapports a
493
demande si la machine peut éprouver des émotions,
il
répond qu’il travaille au MIT à réaliser « un inconscient artificiel
494
machine peut éprouver des émotions, il répond qu’
il
travaille au MIT à réaliser « un inconscient artificiel ». Ce qui ne
495
scientifiques ». Et comme on lui fait observer qu’
il
remet ainsi en question la nature humaine, il répond qu’en effet, « c
496
qu’il remet ainsi en question la nature humaine,
il
répond qu’en effet, « comme l’a fait la religion dans le passé, l’ord
497
ppliquer à l’ordinateur et prouver de la sorte qu’
il
possède une affectivité, il oublie que le mécanisme du refoulement, p
498
rouver de la sorte qu’il possède une affectivité,
il
oublie que le mécanisme du refoulement, pourtant fondamental pour Fre
499
’on peut parler de la « mémoire » d’une machine :
il
ne s’agit en réalité que d’un stockage de données chiffrées, nullemen
500
actuels de l’informatique, Joseph Welzenbaum : «
Il
est difficile d’imaginer ce que cela pourrait signifier de dire qu’un
501
nal ? à qui ? et dans quelle intention ? » À quoi
il
serait bon d’ajouter : « au bénéfice de qui ? et pour quel but final
502
hure, pendant une fraction de seconde j’ai cru qu’
il
s’agissait de la répartition des centrales nucléaires, et la similitu
503
ité pour se détruire elle-même, et toute vie avec
elle
. ⁂ II. Du point de vue qu’on appelle réaliste aujourd’hui Le pr
504
n’est pas technologique, n’est pas économique, et
il
est encore moins énergétique, car à ces trois niveaux la cause est en
505
, car à ces trois niveaux la cause est entendue :
elle
est perdue, comme le font voir les pages qui suivent. ⁂ III. Du po
506
ent les choses allaient se dérouler. Peut-être qu’
il
le feignait, peut-être non : ce qui est certain, c’est qu’il peut se
507
ait, peut-être non : ce qui est certain, c’est qu’
il
peut se féliciter des résultats atteints ! Car en laissant les choses
508
tats atteints ! Car en laissant les choses aller,
il
les a livrées à une logique qui s’est imposée à nous tous, celle du c
509
st pour mieux voir vers quoi nous allons et ce qu’
il
nous faut faire pour éviter le pire, confrontés que nous sommes — mêm
510
remarques sur ce trajet géographico-historique :
il
me semble avoir curieusement contourné l’Empire romain, et par là mêm
511
de l’Europe. Tout au long de ces trois journées,
il
me semble que nous avons fourni un effort unanime et, je crois, réuss
512
gonisme entre le centralisme démocratique, tel qu’
il
se nomme à l’Est, et les démocraties libérales telles qu’elles se veu
513
e à l’Est, et les démocraties libérales telles qu’
elles
se veulent à l’Ouest. ⁂ Resserrons-nous maintenant sur ce que j’ai ap
514
out autre chose que de le transformer en routine.
Il
s’agit de retrouver constamment, par des voies et moyens qui apparais
515
e que nous serons tous d’accord pour constater qu’
il
s’agit là d’un processus dialectique, dont le principe m’apparaît êtr
516
leurs oppositions, contradictions, antinomies qu’
il
s’agit de rendre créatrices. « Tenir ensemble les deux bouts de la ch
517
ble les deux bouts de la chaîne », disait Pascal.
Il
y voyait la condition d’une pensée réaliste, tout englobante. Cela pe
518
dans un milieu naturel et humain où l’on dit « qu’
il
a ses racines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un a
519
me n’est pas un légume, c’est un animal, et quand
il
devient adulte, ce n’est plus l’enracinement mais la mobilité qui le
520
bien et le mal, le second des Papiers posthumes.
Il
me semble que ces phrases caractérisent assez bien l’effort qui est f
521
e fois devenus vieux, aux heures de faiblesse, qu’
ils
retombèrent dans l’étroitesse nationale et devinrent patriotes. Niet
522
nale et devinrent patriotes. Nietzsche ajoute qu’
il
pense ici à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, S
523
de plus en plus nationalistes en vieillissant, et
il
y voit un signe de sénilité. ⁂ Ma seconde remarque générale va porter
524
ter sur l’avenir de ce colloque, dont je pense qu’
il
devra se modeler sur l’avenir européen. Cet avenir se fait aujourd’hu
525
s cultures les moins faites pour l’accueillir, qu’
elle
a profondément déstabilisées, et dont le désarroi peut être exploité
526
Toute pensée désormais doit devenir action, sinon
elle
court le risque de n’être bientôt plus qu’une note en bas de page d’u
527
te en bas de page d’une chronique de ce temps, qu’
il
n’y aura plus personne pour lire. Nous avons rappelé et défini les p
528
t aux problèmes économiques presque insolubles qu’
elle
est en train de créer dans toutes les sociétés qu’elle touche. Nous a
529
est en train de créer dans toutes les sociétés qu’
elle
touche. Nous avons fait beaucoup pour nous connaître mieux, nous les
530
ail, chômage, loisirs. Comment ces réalités sont-
elles
vues et vécues dans les grandes cultures qui se partagent notre monde
531
sé par le succès même de nos techniques ? Serait-
il
raisonnable de proposer à ce colloque qu’il prenne en compte cette ap
532
erait-il raisonnable de proposer à ce colloque qu’
il
prenne en compte cette approche multiple, contribuant ainsi à l’exerc
533
osition matière à examen, et s’en souvienne quand
il
établira les thèmes de nos prochaines rencontres. Je terminerai en le
534
l’un des plus fructueux et encourageants auxquels
il
m’ait été donné de prendre part au cours de ces dernières années. a
535
gions, qui entendent tout simplement et autant qu’
ils
le peuvent, rester maîtres de leur propre destin. Or, parmi ceux qui
536
nne n’est jamais ni tout l’un ni tout l’autre. Et
il
n’existe pas non plus de liberté réelle sans nulle puissance, ni de p
537
e plus large du mot, est le choix d’une finalité.
Il
désigne l’aménagement des relations humaines dans la communauté et l’
538
et si dangereuses que nos pays, tout en jurant qu’
elles
sont inoffensives, ne les bâtissent qu’aussi loin que possible de leu
539
ues, trop chères et trop dangereuses, ignorent qu’
ils
dénoncent là les raisons mêmes qui font que nos États les adoptent. C
540
reintes de déclencher et d’entretenir une guerre.
Il
est clair comme le jour que le choix des centrales nucléaires et des
541
ue, c’est-à-dire de la fin de l’histoire humaine.
Il
est non moins clair que le choix solaire est la condition même de la
542
ix solaire est la condition même de la paix : car
il
signifie du même coup la fin de la centralisation autoritaire et mili
543
e nécessité, la confiance dans le prochain. Ce qu’
il
faut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assurer
544
n’est pas technologique, même pas économique, et
il
est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est en
545
car à ces trois niveaux, la cause est entendue :
elle
est perdue. Quand les centrales nucléaires ne représenteraient aucun
546
ucléaires ne représenteraient aucun danger, quand
elles
s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que
547
anger, quand elles s’avéreraient rentables, quand
il
serait réellement « impératif » que la consommation d’énergie double
548
uble tous les dix ans, je serais contre, parce qu’
elles
sont les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’em
549
risques de guerre. Pluton est maître des Enfers,
il
est aveugle comme les taupes. Mais le soleil vient du ciel, vient de
550
ont à tous ses membres et sympathisants, texte qu’
il
nous a semblé utile de reproduire ici. Par ailleurs, le même Club-Éne
551
er le dira si bien quelques années plus tard — qu’
elle
ne serait que la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et une de
552
mphaient à l’Est, nous refusions tous de choisir.
Il
nous restait à inventer un ordre humain, et à refaire une vraie commu
553
d’hui plus fécondantes et plus urgentes encore qu’
elles
ne pouvaient l’être dans les années 1932 à 1939. Et là-dessus, deux p
554
le seul programme constructif des années 1930. Et
il
l’est encore plus aujourd’hui. Mais dans le cas des régimes totalitai
555
s leur suppression totale, dans la mesure même où
ils
étaient totalitaires. 2. On a dit que nous étions « fascinés » par le
556
acité de résistance de l’Ouest et des libertés qu’
il
était censé défendre. (C’est ainsi que nous fûmes tous contre Munich.
557
st ainsi que nous fûmes tous contre Munich.) Mais
il
est ridicule de parler à ce propos de complexe d’infériorité, au sens
558
nt inopérantes dans le cas des trois dictatures :
il
faut rappeler ici, tout de même ! que l’expression d’« État totalitai
559
t de créer un mouvement socialiste-national et qu’
il
ne cesserait pas de se qualifier lui-même de « prolétaire » ennemi de
560
us avons vécu notre époque, dans les années 1930.
Il
me semble que nous étions d’à peu près cinquante ans en avance sur l’
561
du début d’Esprit. On vient de nous dire comment
il
avait été perçu. Si les notes que j’ai prises pendant qu’il parlait s
562
té perçu. Si les notes que j’ai prises pendant qu’
il
parlait sont exactes, John Hellman voit dans le personnalisme, dans c
563
était « perçu » dans les années 1932 à 1940. Mais
il
ne faudrait tout de même pas confondre le « perçu » et la réalité ! L
564
, mal-vu, mal-senti, et par suite mal-interprété.
Il
peut être aussi un acte de mauvaise foi délibéré, comme le montrent c
565
tifasciste ». L’erreur de lecture est évidente et
elle
est aussi grave que possible. J’ai souvent mis en garde, en effet, co
566
propter vitam, etc.) Le problème est très vieux.
Il
est traité déjà dans le livre biblique des Proverbes 6 en deux verset
567
ême. Réponds à l’insensé selon sa folie Afin qu’
il
ne se regarde pas comme sage. Inutile de dire qu’en fait j’avais cho
568
de Nizan, que je citais tout à l’heure, parce qu’
il
est le plus éclairant et le plus pathétique sans nul doute. Quand j’a
569
aient sinon « perçu », du moins avaient décidé qu’
il
fallait me percevoir. Cette phrase se trouve préfigurée, presque lit
570
nir les garanties nécessaires à sa collaboration.
Il
vint chez moi, rue Saint-Placide, dans l’appartement que me louait Ge
571
e demanda la liste exacte des auteurs sollicités.
Il
sortit son agenda et j’allais lui donner les noms quand il y eut à l’
572
y eut à l’instant précis une panne d’électricité.
Il
nous fallut sortir sur le balcon, seul éclairé par un réverbère proch
573
ouchait fortement, écrire sur son petit carnet qu’
il
tenait de côté, comme cela, à gauche, les douze noms, suivis de l’ind
574
ne semaine après cette visite, Nizan m’écrivit qu’
il
avait remis son papier à Paulhan, et qu’il allait nous envoyer des «
575
vit qu’il avait remis son papier à Paulhan, et qu’
il
allait nous envoyer des « propositions de lutte commune sur des objec
576
re 1932, dans la NRF , et fait pas mal de bruit.
Il
constitue en quelque sorte l’acte de naissance d’une nouvelle générat
577
e extrême violence : je l’avais trompé, affirme-t-
il
, en lui cachant l’identité des participants non communistes à mon enq
578
des participants non communistes à mon enquête. S’
il
avait su, il n’eût jamais accepté de collaborer. Et il me traite de «
579
nts non communistes à mon enquête. S’il avait su,
il
n’eût jamais accepté de collaborer. Et il me traite de « sergent recr
580
ait su, il n’eût jamais accepté de collaborer. Et
il
me traite de « sergent recruteur du fascisme français ». Le mensonge
581
Je voudrais dire à John Hellman, en terminant, qu’
il
est faux d’écrire aujourd’hui que Paul Nizan a « perçu » le personnal
582
connaissance de cause, par un mensonge délibéré,
il
nous a dénoncés comme fascistes sur ordre du Parti. Le totalitaire, c
583
enté de l’opposer à celle du vécu, — ce vécu dont
il
nous appartient d’être encore aujourd’hui les témoins au sens le plus
584
i qui mène au bureau de la NRF — Henri Michaux.
Il
m’arrête d’un geste : « Est-ce que vous sentez toujours des battement
585
bureau en bas, non, vraiment… » — « Eh bien, fait-
il
, le jour où je ne sentirai plus mon cœur battre avant de passer ce se
586
me ferai honte. » Malices de Jean Paulhan
Il
est vrai que « le bureau de Paulhan » était un lieu sacré de ma mytho
587
user, en dépit des malices de Paulhan, ou grâce à
elles
. Le bureau où se composait la Nouvelle Revue française (Gide, Claud
588
euble à tiroirs derrière lequel siégeait Paulhan.
Il
déployait sa stature haute et large à chaque entrée d’un visiteur, qu
589
haute et large à chaque entrée d’un visiteur, qu’
il
accueillait avec des gentillesses parfois un rien perfides. Ainsi, un
590
suis responsable depuis un an. Une autre fois : «
Il
vient de m’arriver quelque chose de bien décevant. J’ai essayé de rel
591
andis que je les salue : « Ah ! Rougemont, me dit-
il
, justement nous parlions de Commerce 9. On m’a dit que la revue allai
592
sont pas seulement assommants (depuis qq. temps).
Ils
ont je ne sais quoi d’empêché, de contraint. Pourquoi ? Je voudrais b
593
brillante. Le visage convulsé, la bouche tordue,
il
articule difficilement en grinçant des dents : « Lequel… des deux… es
594
st très mince… » Je lui prends le bras doucement.
Il
est haletant, sa bouche écume. « Comment allez-vous faire ? Lancer le
595
e, à l’automne de 1946. C’était au Café de Flore.
Il
était assis seul sur la banquette à droite du tourniquet d’entrée. Me
596
itté, j’ai été m’asseoir à son côté. Je le salue.
Il
me prend la main. Moment de silence. Puis il dit, devant lui, sur un
597
lue. Il me prend la main. Moment de silence. Puis
il
dit, devant lui, sur un ton crispé : « Excusez-moi… Je ne peux pas vo
598
1, et pour ajouter à l’incongruité de l’occasion,
elle
eut lieu dans les bureaux de l’Office of War Information, où il avait
599
ns les bureaux de l’Office of War Information, où
il
avait un job, et où j’en cherchais un. On nous présente. « Dire que n
600
années à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t-
il
, et il ajoute, théâtral : « Ce sont de ces conneries… (haussant le to
601
à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t-il, et
il
ajoute, théâtral : « Ce sont de ces conneries… (haussant le ton)… et
602
nneries… (haussant le ton)… et que l’on expie ! »
Il
dit ensuite que nous devrions trouver « un moyen presque mécanique de
603
e de vénération de la part d’André. Mais un jour…
Il
vient vers moi l’air sombre et me dit d’entrée de jeu : « Votre derni
604
ar les réactions d’Elisa ! » (sa nouvelle femme).
Il
s’agit évidemment des Personnes du Drame , que Schiffrin vient de pu
605
ques allemands. Des propos quelque peu obscurs qu’
il
me tient ensuite, il apparaît que l’approche théologique des auteurs
606
ropos quelque peu obscurs qu’il me tient ensuite,
il
apparaît que l’approche théologique des auteurs dont je parle est tro
607
ent… Son désir de ne pas rompre est évident, mais
il
faut bien sauver la face… L’athéisme flamboyant a toujours été l’un d
608
s dogmes de la secte surréaliste. Tout d’un coup,
il
a trouvé la solution : « Nous allons demander à Marcel de trancher le
609
rrasse, « toujours un peu plus qu’exact », me dit-
il
, comme pour s’excuser. Aussitôt assis : « Il semble que Breton soit t
610
dit-il, comme pour s’excuser. Aussitôt assis : «
Il
semble que Breton soit très gêné par votre dernier livre. Trop chréti
611
’est-ce que cela peut bien lui faire ? Avec ça qu’
il
n’a pas fait une religion de son surréalisme ! » Ce sera tout. Comman
612
rs 20 h 15 arrive Breton, avec un retard calculé.
Il
voit que tout se passe le mieux du monde entre Duchamp, arbitre désig
613
du monde entre Duchamp, arbitre désigné, et moi.
Il
ne reviendra pas sur le litige. Je lui ferai même un brin de conduite
614
te en daim, flottante, visage levé… C’est Breton.
Il
s’arrête devant moi et me dit : « Je pensais à une religion qu’il s’a
615
nt moi et me dit : « Je pensais à une religion qu’
il
s’agirait de fonder sur le culte d’une pierre bleue… » Puis il poursu
616
de fonder sur le culte d’une pierre bleue… » Puis
il
poursuit sa route, et moi la mienne. Curieux croisement. Mots de L
617
nt paraître Léon-Paul Fargue. Depuis une semaine,
il
se plaint chez Paulhan de n’être pas sur la liste des nouveaux comman
618
est pas pour moi, c’est pour ma mère ! La pauvre,
elle
est morte il y a douze ans…” » Ce matin même, j’ai lu dans un journal
619
ans…” » Ce matin même, j’ai lu dans un journal qu’
il
l’avait enfin, sa cravate ! Et le voilà. Je lui dis : « Léon-Paul, je
620
in ! J’ai peur d’être Don Juan au dernier acte… »
Il
s’arrête. « June homme ! Moi, je vais vous en dire une ! Avant, j’ava
621
ent, j’ai la candeur de la Comment-ça-vat !… » Et
il
ajoute, après avoir enregistré ma réaction : « Hein ! Comme contrepèt
622
la table. On le relève après quelques minutes et
il
dit : « Ça ira pour cette fois. Mais la mort a fait un nœud à son mou
623
r cause, et si de la correspondance m’y parvient,
elle
sera probablement exterminée. C’est moi qui vous écrirai plutôt dans
624
la gare de Berne, où nous avons pris rendez-vous.
Il
arrive, lentement, poussant son vélo à la main, louvoyant dans la fou
625
, et nous allons dîner au Buffet. « Voilà, me dit-
il
dès que nous sommes installés, l’explication de ma dernière lettre. C
626
me vous le savez, j’habitais à Cully, chez Budry.
Il
estimait que j’abusais de son téléphone. J’attendais un appel de Pari
627
rche. Je vois un fil sur le parquet, je le suis !
Il
aboutit dans une valise ! Fermée à clé ! Le téléphone sonne toujours,
628
xclusive des revues littéraires de ces années-là.
Elle
portait sur la page de garde : « Cahiers trimestriels publiés par les
629
it de décider d’interrompre son financement. 10.
Il
s’agit de la chronique « L’ère des religions » (sur l’hitlérisme), pa
630
tais-je vraiment l’homme de la circonstance ? Car
il
me semblait, tout d’un coup, que de tous mes amis, celui que nous all
631
’expression, et moi contestateur par indignation.
Il
est prudent et circonspect en tous domaines, je ne l’ai jamais été, h
632
maines, je ne l’ai jamais été, hélas, dans aucun.
Il
est analytique et méthodique, moi plutôt polémique et passionné. Auta
633
odique, moi plutôt polémique et passionné. Autant
il
a su préserver l’irénisme du philosophe dans ses écrits et son compor
634
sophe dans ses écrits et son comportement, autant
il
m’est arrivé de céder à la rabies theologica, ou simplement à mes hum
635
a rabies theologica, ou simplement à mes humeurs.
Il
se veut équitable en tout, soucieux de ne pas manquer ni du devoir so
636
r des causes, et tant pis pour moi. Ceci encore :
il
a tout lu et se souvient de tout, à l’instant où il le faut ; moi j’e
637
a tout lu et se souvient de tout, à l’instant où
il
le faut ; moi j’essaie de masquer des lacunes trop certaines. Enfin,
638
voyez heureux, tous scrupules apaisés : Que s’est-
il
donc passé dans l’entretemps ? Deux choses. D’abord, comme chaque foi
639
ngrate, mais sans conteste utile à la cité — dont
elle
illustre et renouvelle en notre temps la vocation. Enfin, au choix du
640
que doit pouvoir être rigoureuse sans être aride,
elle
peut satisfaire aux exigences de la science sans offenser la clarté.
641
core classique, mais déjà proche du baroque, dont
elle
épouse, telle une souple chlamyde, les formes et mouvements les plus
642
ouvements les plus subtils du complexe d’idées qu’
elle
crée. C’est peut-être dans la rencontre de l’essayiste avec le phénom
643
: qu’on lise à cet égard l’importante préface qu’
il
a donnée aux Noces et à Sueur de sang de Pierre-Jean Jouve ; mais aus
644
grands albums de Skira, ces images du xviiie qu’
il
a choisies pour illustrer L’Invention de la liberté. On n’a pas mieux
645
n comme peu d’autres, ici et aujourd’hui, quoi qu’
il
publie et sur quelque sujet qu’il ait choisi. C’est ici l’occasion de
646
rd’hui, quoi qu’il publie et sur quelque sujet qu’
il
ait choisi. C’est ici l’occasion de lui adresser un éloge accessoire
647
adresser un éloge accessoire sans doute, mais qu’
il
est aujourd’hui l’un des très rares à mériter : il n’a jamais cédé à
648
l est aujourd’hui l’un des très rares à mériter :
il
n’a jamais cédé à la mode jargonnante qui tyrannise nos soi-disant sc
649
revues de linguistique et de psychanalyse ! Mais
il
est temps d’en venir au grand essai sur l’inventeur des Essais qui co
650
ous invite à l’anticiper… Ce thème central, comme
il
l’indique lui-même, n’est autre que l’antithèse traditionnelle de l’ê
651
retrouve dans tous les livres de Starobinski, qu’
il
s’agisse de littérature, d’esthétique, ou d’analyse des maladies de l
652
soir. L’essentiel en est annoncé dans le titre.
Il
ne s’agit nullement de biographie ni de critique proprement littérair
653
biographie ni de critique proprement littéraire.
Il
s’agit du mouvement créateur de la personne d’un écrivain, mouvement
654
té moi-même à moi, pour argument et pour sujet. »
Il
s’agit d’un réflexe de défense : il se sent menacé dans son identité
655
pour sujet. » Il s’agit d’un réflexe de défense :
il
se sent menacé dans son identité par les désordres de l’époque. Oyez
656
es de l’époque. Oyez plutôt, en vous souvenant qu’
il
s’agit du xvie siècle, et non du nôtre ! « Tournons les yeux partout
657
es yeux partout ; tout croule autour de nous. […]
Il
semble que les astres mêmes ordonnent que nous avons assez duré… Le p
658
asse entière… mais sa dissipation »… On dirait qu’
il
décrit l’ère atomique ! Que se passe-t-il en réalité en cette fin du
659
rait qu’il décrit l’ère atomique ! Que se passe-t-
il
en réalité en cette fin du xvie siècle ? Il se passe, et je cite ici
660
se-t-il en réalité en cette fin du xvie siècle ?
Il
se passe, et je cite ici Starobinski : « des luttes de princes pour l
661
dire, cours légal… Le mensonge se cache si peu qu’
il
prend figure de convention universellement reçue ». Dans une telle cr
662
cière aux prises avec le mensonge universel. Mais
il
ne la connaît d’abord que par la force du refus instinctif des menson
663
s mensonges officiels, du « paraître ». Pourtant,
il
a bien vu l’insuffisance d’une attitude de refus pur et simple et de
664
long des « essais » qui couvrent son expérience,
il
va redécouvrir la vertu décisive de la « relation à autruy ». Il va r
665
ir la vertu décisive de la « relation à autruy ».
Il
va redécouvrir les vertus du paraître, en tant que manifestation sinc
666
rui, le langage et la chose publique, c’est ce qu’
il
nomme la dialectique ternaire de Montaigne : premier temps, le refus
667
ielle, dirions-nous, mais dans la seule mesure où
elles
sont maîtrisées, soumises à l’être, à la personne libre et responsabl
668
itico-religieux n’est pas de son ressort, mais qu’
il
doit néanmoins avoir lieu. » Suivent des pages où il dénonce le proje
669
doit néanmoins avoir lieu. » Suivent des pages où
il
dénonce le projet scientiste hérité du xixe siècle : « L’illusion, n
670
e hérité du xixe siècle : « L’illusion, nous dit-
il
, consiste à croire que l’on a quitté le domaine incertain de la décis
671
ui de l’application infaillible d’un savoir. » Et
il
dénonce la perversité de nos prévisions sur l’avenir. Je cite encore
672
un futur dont le triomphe est de faire oublier qu’
il
est exercé à partir du présent par des hommes qui se trouvent enchaîn
673
es projets ou du bonheur à réaliser. » Ainsi, dit-
il
plus loin, « l’impératif de la croissance subordonne la vie actuelle
674
vie actuelle aux calculs de résultats futurs ».
Il
nous montre par là le « paraître » mensonger d’un avenir-robot qui no
675
e dissimule de la sorte pour nous faire croire qu’
elle
nous est extérieure, pour n’avoir pas à s’avouer nôtre… Tout cela pro
676
air de ressemblance, qui est le sien. Ainsi va-t-
il
de Montaigne copiant les Anciens, de Starobinski interprétant Montaig
677
se veloutée, dans lequel nous parlant du monde qu’
il
vit, et non plus d’un auteur-prétexte, il nous ferait voir son vrai m
678
onde qu’il vit, et non plus d’un auteur-prétexte,
il
nous ferait voir son vrai moi. Ce serait, j’en suis sûr, son chef-d’œ
679
ues et des idéaux communs. Pour former un groupe,
il
ne faut pas être trop ni trop peu. Il y a un optimum à trouver. Trop
680
citoyens peuvent échanger leurs vues, dialoguer.
Elle
est donc le fondement historique de la démocratie à l’européenne, en
681
ses responsabilités, d’abord en paroles, puis, s’
il
convainc, si un groupe le choisit pour le représenter, par l’action p
682
dispensable de l’agora dans la vie d’une cité, et
il
a décrit les dispositions architecturales typiques de la place publiq
683
leurs liens jurés, leurs « foederationes »5, puis
ils
ont poursuivi leur voyage vers le nord, appelés par les villes rhénan
684
mension, que nous avons signalée tout à l’heure :
il
s’agit de trouver un optimum entre trop petit et trop grand. La dimen
685
chelle nationale, n’ayant que sa voix naturelle ?
Il
est évident qu’un Mussolini en 1922 ou surtout un Hitler dix ans plus
686
auraient jamais pu prendre ou garder le pouvoir s’
ils
n’avaient pas disposé — et eux seuls — des haut-parleurs, c’est-à-dir
687
gne et aussi dans son Gouvernement de la Pologne,
il
ne cesse de rappeler l’idéal politique que représente pour lui le peu
688
ssemblé dans le « Temple de Saint-Pierre », comme
il
appelle la cathédrale jouant le rôle d’agora. Il ne cesse de désigner
689
il appelle la cathédrale jouant le rôle d’agora.
Il
ne cesse de désigner comme l’origine de la plupart des maux publics e
690
n’est assurée que par les petites dimensions, car
elles
seules permettent au citoyen de se faire entendre et de jouer un rôle
691
t aux hommes d’être libres dans la mesure même où
ils
peuvent assumer leur responsabilité civique. Voilà qui est simple et
692
is bien. Les vraies difficultés commencent lorsqu’
il
s’agit d’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’elles sont
693
’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’
elles
sont devenues : démesurées en fait, qu’on le veuille ou non, par les
694
lus en plus vastes, lourdes et dispendieuses dont
elles
se sont chargées et dont elles abandonnent la responsabilité à l’État
695
dispendieuses dont elles se sont chargées et dont
elles
abandonnent la responsabilité à l’État, c’est-à-dire aux corps des te
696
régional, proportionné à la taille du groupe dont
il
veut être le lieu de rencontre. Un substitut écrit aux échanges vocau
697
ald, et que c’est par le mot « universitates » qu’
elles
y sont désignées ? 5. L’historien E. Gagliardi estime que la Suisse
698
n radicale, par là même peut-être exemplaire : I.
Elle
est le modèle encore inégalé d’une communauté politique née de la lib
699
développement et ses institutions actuelles. II.
Elle
est aussi le seul pays d’Europe qui n’a pas de culture nationale — et
700
tiquité », écrit Ramuz. À quoi s’ajoute — si même
il
n’en résulte pas — le fait paradoxal aux yeux des modernes, que non p
701
ulturelle de l’Europe : du Moyen Âge à nos jours,
elle
n’a cessé d’illustrer la structure spécifiquement européenne de la fo
702
ce à d’autres foyers proches ou lointains — comme
il
advint à l’échelle de l’Europe. Dès le haut Moyen Âge et jusqu’au xxe
703
baroque dans l’Europe du Nord. Au xviiie siècle,
il
semble que de grands coups de vent européens raniment simultanément t
704
sur toute la littérature de langue germanique, qu’
elle
va dominer sans conteste jusqu’à la fin du siècle, et qu’elle a contr
705
ner sans conteste jusqu’à la fin du siècle, et qu’
elle
a contribué plus que toute autre circonstance à faire entrer dans la
706
rselle : Herder et Goethe vont découvrir, grâce à
elle
, Homère, Dante et Shakespeare — d’où les traductions de Lessing — tan
707
are — d’où les traductions de Lessing — tandis qu’
elle
révélera aux romantiques les Nibelungen, les minnesänger et leurs maî
708
ur époque. Et Genève, oubliée depuis la Réforme ?
Elle
assiste aux combats homériques entre celui qui signe ses lettres « le
709
gne ses livres : « Rousseau, citoyen de Genève ».
Elle
fait des sciences physiques et naturelles, invente avec H. B. de Saus
710
ctable selon lui, de l’Europe des États-nations :
il
annonce la montée au pouvoir des « terribles simplificateurs » et déc
711
la pensée sereine et dominatrice de celui auquel
il
adressera, déjà en proie à sa démence inguérissable, un ultime appel
712
pas faute de le dire et de le répéter. Mais quand
ils
réussissent à se dégager de leur canton — alors pas de milieu, ils at
713
se dégager de leur canton — alors pas de milieu,
ils
atteignent l’universel. Au fond de son trou l’homme de Disentis, de G
714
ège, entre les hautes parois de sa prison. Mais s’
il
monte sur la montagne… Alors cette ivresse des sommets. L’intuition d
715
vant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques.
Il
s’appelle Germaine de Staël. Il s’appelle Jakob Burckhardt ou, dans u
716
lle Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël.
Il
s’appelle Jakob Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son
717
omaine, Karl Barth. Son canton — ou l’Europe. Et
il
est vrai que nos meilleurs esprits, hors du compartiment natal, iront
718
es : quelle que soit leur petite patrie locale, s’
ils
la dépassent c’est pour rejoindre immédiatement les grands courants c
719
e en quelque sorte ? Non, bien plutôt libres pour
elle
… 12. Selon le tableau établi par le sociologue belge Léo Moulin (Ca
720
gemont est un écrivain personnaliste et chrétien.
Il
n’est sans doute pas inutile de le rappeler, car l’immense succès de
721
pagnait, l’erreur des doctrines révolutionnaires.
Il
rejetait en bloc fascisme et communisme, mais s’en prenait aussi aux
722
’en prenait aussi aux démocraties occidentales qu’
il
jugeait rongées de l’intérieur par un individualisme délétère et dont
723
ividualisme délétère et dont la faiblesse, disait-
il
, les rendait impuissantes à résister aux tendances totalitaires. Cont
724
totalitaires. Contre cet individualisme négatif,
il
proclamait l’urgence d’un retour à la « commune mesure »17, par le bi
725
souvent prophétique et indiscutablement actuel20.
Il
n’était donc pas inopportun de demander à Denis de Rougemont de préci
726
onnaliste à créer. Quant à mes « condamnations »,
elles
portaient beaucoup moins sur le marxisme que sur le stalinisme totali
727
, que nous avait révélés Arnaud Dandieu, alors qu’
ils
n’étaient qu’à peine connus et pas encore traduits en français : il s
728
peine connus et pas encore traduits en français :
il
s’agit des écrits de 1842 à 1844 qui sont souvent admirables, surtout
729
de droite » contre les communistes. Au contraire,
ils
s’étaient beaucoup inspirés du bolchévisme et ils étaient expressémen
730
ils s’étaient beaucoup inspirés du bolchévisme et
ils
étaient expressément socialistes à l’origine. Ensuite il a pu y avoir
731
ent expressément socialistes à l’origine. Ensuite
il
a pu y avoir des conflits entre Hitler, Mussolini et Staline, mais ce
732
mais ce n’étaient pas des conflits fondamentaux.
Ils
étaient tous pour l’État d’abord, unitaire et centralisé : « Ein Volk
733
e prononcer continuellement, pas seulement lorsqu’
il
vote, sur des choses qu’il connaît, qui intéressent directement sa vi
734
, pas seulement lorsqu’il vote, sur des choses qu’
il
connaît, qui intéressent directement sa vie, celle de sa famille et,
735
ultra centralisée, modèle de l’État centraliste,
il
se développe des « syndicats intercommunaux à vocation multiple » (j’
736
que l’on voit tout le temps revenir en France : «
Il
a été un grand serviteur de l’État ». C’est l’État qui est un service
737
munauté est une vérité vivante : les gens tels qu’
ils
sont, en chair, en os et en esprit, qui doivent normalement partager
738
enance (cela commence déjà dans le règne animal).
Ils
sont du même pays, ils sont de la même langue, ils ont des liens de p
739
éjà dans le règne animal). Ils sont du même pays,
ils
sont de la même langue, ils ont des liens de parenté, ils ont des tra
740
ls sont du même pays, ils sont de la même langue,
ils
ont des liens de parenté, ils ont des traditions communes et des idéa
741
de la même langue, ils ont des liens de parenté,
ils
ont des traditions communes et des idéaux communs, ils forment un tis
742
nt des traditions communes et des idéaux communs,
ils
forment un tissu social, donc une communauté. Ils ne sont plus des in
743
ils forment un tissu social, donc une communauté.
Ils
ne sont plus des individus isolés, séparés. Ils sont « reliés ». Ils
744
. Ils ne sont plus des individus isolés, séparés.
Ils
sont « reliés ». Ils ont des prochains, non plus seulement des « vois
745
s individus isolés, séparés. Ils sont « reliés ».
Ils
ont des prochains, non plus seulement des « voisins inévitables », co
746
é beaucoup plus sur les éléments de communauté qu’
il
présentait, des éléments pris par malheur au plus bas, par exemple da
747
comme on disait à l’époque. Cela voulait dire qu’
ils
se réclamaient de la tradition de critique nietzschéenne, d’une criti
748
mun se trouve dans Par-delà le bien et le mal, où
il
est dit que tout va vers l’union de l’Europe, que les meilleurs espri
749
’idéal des grands esprits : c’est seulement quand
ils
deviennent vieux et gâteux qu’ils deviennent nationalistes21. Parce q
750
seulement quand ils deviennent vieux et gâteux qu’
ils
deviennent nationalistes21. Parce que nietzschéens, certains étaient
751
ue je considérais comme la meilleure de l’époque.
Elle
était dirigée par Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud. Po
752
ce qui était traduit de Kierkegaard en français :
il
n’y avait à peu près rien. Mais j’ai trouvé une belle anthologie en a
753
ne lettre (je donne ce détail en passant parce qu’
il
est amusant) de Georg Brandes, un philosophe danois, grand interprète
754
parler de Kierkegaard, professeur à Copenhague où
il
avait été le premier à donner des cours sur lui. Il écrivait souvent
755
avait été le premier à donner des cours sur lui.
Il
écrivait souvent à Nietzsche, et il lui dit dans une lettre qu’il y a
756
ours sur lui. Il écrivait souvent à Nietzsche, et
il
lui dit dans une lettre qu’il y avait deux hommes qu’il devait absolu
757
dit dans une lettre qu’il y avait deux hommes qu’
il
devait absolument lire, l’un était Dostoïevski, l’autre Kierkegaard.
758
tait Dostoïevski, l’autre Kierkegaard. Que serait-
il
arrivé si Nietzsche n’était pas devenu fou juste un mois après avoir
759
onc avec Kierkegaard le protestantisme dans ce qu’
il
avait de plus radical et révolutionnaire, tandis qu’en revenant à Cal
760
aut en couleur, qui s’appelait l’abbé Plaquevent.
Il
avait publié deux ou trois articles sensationnels dans Esprit dans
761
rticles sensationnels dans Esprit dans lesquels
il
montrait comment le mot personne a été conçu, a été imaginé, pour dés
762
Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit.
Il
n’y avait pas de terme grec qui convenait. Le Père, le Fils et le Sai
763
s et le Saint-Esprit étaient de même nature, mais
il
fallait les distinguer. Ils étaient un en trois. Comment dire cela ?
764
t de même nature, mais il fallait les distinguer.
Ils
étaient un en trois. Comment dire cela ? Ce fut le grand problème des
765
ngt-cinq ans plus tard au concile de Chalcédoine.
Ils
ont adopté le mot latin persona, qui désignait d’abord le rôle d’un a
766
sonne. L’esclave ne peut être une personne puisqu’
il
n’est pas autonome. Cela indiquait très bien ce que nous cherchions,
767
s disions que, dans la démocratie individualiste,
il
n’y a plus rien pour résister aux tendances totalitaires, parce que l
768
prestidigitation. Un magicien hypnotise les gens.
Il
est sur la scène et il les appelle dans la salle. Il leur ordonne de
769
gicien hypnotise les gens. Il est sur la scène et
il
les appelle dans la salle. Il leur ordonne de faire des choses extrav
770
est sur la scène et il les appelle dans la salle.
Il
leur ordonne de faire des choses extravagantes, et ils les font devan
771
eur ordonne de faire des choses extravagantes, et
ils
les font devant tout le monde. Mais quelqu’un se lève dans la salle e
772
e. Mais quelqu’un se lève dans la salle et dit qu’
il
est scandalisé de voir qu’on prive les hommes de leur volonté. Lui, o
773
s hommes de leur volonté. Lui, on ne l’aura pas !
Il
dira non jusqu’au bout. Mais il est hypnotisé comme les autres. Le na
774
n ne l’aura pas ! Il dira non jusqu’au bout. Mais
il
est hypnotisé comme les autres. Le narrateur donne alors l’explicatio
775
l’explication : l’homme n’a pu résister parce qu’
il
n’avait pas d’autre idée en tête que de dire non, ce qui fait qu’il n
776
utre idée en tête que de dire non, ce qui fait qu’
il
n’avait plus aucune volonté, ou une volonté purement négative, une «
777
te en 1945-1946, mais qui n’a jamais été publiée.
Elle
n’a que 120 pages, et depuis lors j’ai accumulé au moins 400 pages de
778
t : la fin justifie les moyens, dans la mesure où
elle
crée les moyens qui sont déterminés pour la rejoindre, elle seule. On
779
les moyens qui sont déterminés pour la rejoindre,
elle
seule. On a toujours triché avec cette phrase. On l’a appliquée à Rav
780
plus grande gloire de Dieu ». C’était mentir, car
il
tuait, en fait, pour la plus grande gloire des Guises. Mais cela n’at
781
pendant la guerre, qui évitait de parler de Dieu.
Il
avait peur de tomber dans le langage pieux et il parlait plutôt de l’
782
Il avait peur de tomber dans le langage pieux et
il
parlait plutôt de l’Absolu, ce qui l’avait rendu très populaire. L’Ab
783
. Moi, ça m’allait très bien d’appeler cela Dieu.
Il
n’y a qu’un Dieu pour tous les hommes. Qu’on le connaisse ou non, il
784
pour tous les hommes. Qu’on le connaisse ou non,
il
est là. Et il m’appelle. C’est cet appel qui crée la personne. Alors
785
hommes. Qu’on le connaisse ou non, il est là. Et
il
m’appelle. C’est cet appel qui crée la personne. Alors je dis qu’il f
786
t cet appel qui crée la personne. Alors je dis qu’
il
faut aller vers l’Absolu, répondre à son appel, aller vers la fin qui
787
ans ce sens oui : radicalement anticollectiviste.
Il
n’existe pas deux hommes qui doivent faire le même chemin pour aller
788
ns la mesure où j’ai le courage d’avancer, puisqu’
elle
est comme attachée à mon pied : elle n’éclaire rien, sauf si j’avance
789
ncer, puisqu’elle est comme attachée à mon pied :
elle
n’éclaire rien, sauf si j’avance. J’avance par la foi, et voilà le rô
790
’une fin qui est encore indicible, mais qui agit.
Il
est bon qu’elle agisse, sans ça qu’est-ce qui me donnerait le courage
791
st encore indicible, mais qui agit. Il est bon qu’
elle
agisse, sans ça qu’est-ce qui me donnerait le courage d’inventer mon
792
vide, je la réalise donc parmi les hommes, puisqu’
elle
doit être tout acte. La personne est prise dans le mouvement même de
793
s, mon milieu… C’est téléologique pour chacun, qu’
il
le sache ou non. Mais il vaut mieux le savoir, parce qu’alors on devi
794
ologique pour chacun, qu’il le sache ou non. Mais
il
vaut mieux le savoir, parce qu’alors on devient responsable, non seul
795
uée à l’échec structurellement et systémiquement.
Elle
ne peut pas réussir, puisque la seule révolution valable serait une r
796
rqué est Paul Valéry, que j’ai à peine rencontré.
Il
y en a d’autres que j’ai beaucoup mieux connus. Georges Bataille ? Ba
797
fait. Je l’ai connu au Collège de sociologie, qu’
il
avait fondé avec Roger Caillois. On y faisait des communications auto
798
rapport avec certains écrivains personnalistes ?
Il
se trouve qu’à mon âge — j’aurai 78 ans dans un mois — eh bien, je ne
799
istian Jambet, qui se disent métaphysiciens. 20.
Il
convient pourtant de signaler les attaques de Bernard-Henri Lévy dans
800
21. Le passage de Par-delà le bien et le mal dont
il
est question est intégralement cité dans Vingt-huit siècles d’Europe
801
des grands esprits du siècle Nietzsche dit : « S’
ils
appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par les régions super
802
ce, ou aux heures de défaillance, ou l’âge venu :
ils
se reposaient d’eux-mêmes en devenant “patriotes”. Je songe à des hom
803
séjourna aux États-Unis de 1940 à 1946. Alors qu’
il
était lieutenant dans l’armée suisse, il écrivit un article jugé inju
804
Alors qu’il était lieutenant dans l’armée suisse,
il
écrivit un article jugé injurieux par les autorités allemandes sur l’
805
torités allemandes sur l’entrée d’Hitler à Paris (
il
parut le 17 juin 1940 dans La Gazette de Lausanne ). Cela suscita de
806
mais on préféra alors l’envoyer aux États-Unis où
il
travailla pour « La Voix de l’Amérique » en 1942 et 1943, enseigna à
807
ols : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais
il
se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes
808
oup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-
il
tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu,
809
e dictu, de pacifisme ? Je passe donc aux aveux :
ils
ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de
810
ute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.
Ils
allaient lancer des revues comme Esprit , L’Ordre nouveau et Hic
811
ien, pour les raisons tout intérieures auxquelles
il
est temps que je vienne. Vers ma vingt-quatrième année, j’avais décou
812
Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote, qu’
il
décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèl
813
là pour la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’
elle
a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ?
814
séquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-
elles
« perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon action eur
815
l’existence du Centre européen de la culture. Or
il
se trouve que ces deux petits écrits sont ceux dont, en les relisant,
816
ais aussi de la décolonisation au milieu du xxe ,
ils
courent le risque d’être occupés demain, non seulement militairement,
817
l’Europe, qui a répandu sur toute la Terre ce qu’
elle
nomme le Progrès, c’est-à-dire une civilisation technico-industrielle
818
ssons de côté les plus probables, qui sont, comme
il
est trop facile de l’imaginer, l’aggravation universelle des conflits
819
tériel. Et quelles sont les issues souhaitables ?
Il
en est une au moins — la seule peut-être — qui dépend de l’Europe et
820
gme de la souveraineté absolue des États-nations.
Il
est devenu parfaitement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’E
821
s a été responsable de deux guerres mondialisées.
Elle
a été aussi l’agent mondialisant d’une forme de culture technico-scie
822
vec le génie propre des cultures non européennes.
Il
appartient donc à l’Europe de proposer le modèle d’une société respec
823
ste et dont le mieux qu’on puisse attendre est qu’
elle
ne serve jamais à rien : nous sommes fous. Pourquoi notre avenir vaud
824
nous sommes fous. Pourquoi notre avenir vaudrait-
il
mieux que ce que nous sommes, nous qui le laissons faire, nous qui le
825
rise de conscience dont dépend notre avenir : car
il
sera ce que nous voulons au fond de nous-mêmes. Ce n’est qu’en chacun
826
d de nous-mêmes. Ce n’est qu’en chacun de nous qu’
il
peut être sauvé. Denis de Rougemont 26 octobre 1982 ar. Rougemont
827
de Rougemont nous a quittés le 6 décembre 1985 ;
il
avait 79 ans. Pour saluer sa mémoire, voici le texte inédit de l’allo
828
mémoire, voici le texte inédit de l’allocution qu’
il
prononça à Genève en octobre 1982, après qu’on lui eut remis le Grand
829
citoyens puissent échanger leurs vues, dialoguer.
Elle
est donc le fondement historique de la démocratie à l’européenne, en
830
ses responsabilités, d’abord en paroles, puis, s’
il
convainc, si un groupe le choisit pour le représenter, par l’action p
831
dispensable de l’agora dans la vie d’une cité, et
il
a décrit les dispositions architecturales typiques de la place publiq
832
imer leurs liens jurés, leurs foederationes, puis
ils
ont poursuivi leur voyage vers le Nord, appelés par les villes rhénan
833
que. La première règle est celle de la dimension.
Il
s’agit de trouver un optimum entre trop petit et trop grand. La dimen
834
t aux hommes d’être libres dans la mesure même où
ils
peuvent assumer leur responsabilité civique. Les vraies difficultés c
835
civique. Les vraies difficultés commencent lorsqu’
il
s’agit d’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’elles sont
836
’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’
elles
sont devenues : démesurées en fait, qu’on le veuille ou non, par les
837
lus en plus vastes, lourdes et dispendieuses dont
elles
se sont chargées et dont elles abandonnent la responsabilité à l’État
838
dispendieuses dont elles se sont chargées et dont
elles
abandonnent la responsabilité à l’État, c’est-à-dire aux corps des te
839
se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qu’
il
manquerait d’humainement essentiel à de tels assemblages de reflets,
840
essément prévue « pour une période transitoire ».
Elle
veut « établir sous forme d’un gouvernement fort, la dictature des tr
841
». Inversant l’ordre des étapes prévues par Marx,
elle
donne la primauté à la révolution politique sur l’économique. Elle or
842
mauté à la révolution politique sur l’économique.
Elle
organise « la République des soviets de députés ouvriers, paysans et
843
résidant à Moscou. La Constitution de 1924
Elle
traduit la formation de l’Union des républiques socialistes soviétiqu
844
ialistes soviétiques, ou URSS, proclamée en 1922.
Elle
définit l’État soviétique comme un régime de « libre fédération de pe
845
es républiques soviétiques qui pourront naître ».
Elle
est formée au départ de quatre républiques : Russie, Ukraine, Biéloru
846
comprend l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Géorgie).
Elle
comptera 6 républiques en 1924, 7 en 1929, 12 en 1936 et 15 ensuite.
847
t couramment appelée « Constitution de Staline ».
Elle
va durer quarante-et-un ans. Elle résulte d’une ambiguïté d’intention
848
n de Staline ». Elle va durer quarante-et-un ans.
Elle
résulte d’une ambiguïté d’intentions soigneusement maintenue tout au
849
ratique, observé sans réserve », et d’autre part,
il
dit « considérer comme son mérite de maintenir le régime de dictature
850
le fait voir l’analyse des principaux chapitres (
il
y en a XIII) du texte officiel. Le chapitre Ier sur l’Organisation so
851
terrain [attenant à la maison] et sur ce terrain
il
possède en propre une maison d’habitation, le bétail productif, la vo
852
intervalles des sessions, devant le Présidium. »
Il
s’agit en fait du Conseil des ministres qui exerce (art. 77) toutes l
853
vailleurs, tant sociales que d’État » (art. 126).
Il
paraît évident que ce privilège de noyau dirigeant accordé au Parti r
854
e le moins, les autres droits. Quant aux devoirs,
ils
se ramènent à celui de « service militaire général » qui est une loi
855
ne révision de la Constitution « de Staline », qu’
elle
modifie sur une centaine de points d’importance très inégale. Les pri
856
aines de millions de travailleurs, et quant au PC
il
a organisé 180 000 meetings de ses adhérents. Il est intéressant de r
857
il a organisé 180 000 meetings de ses adhérents.
Il
est intéressant de relever qu’au cours de ces débats, selon la presse
858
ctionnaire pour la tâche qui leur est assignée ».
Il
est certain — sinon clairement dit — que l’équilibre entre centralisa
859
mais tout comme les droits garantis aux citoyens,
il
est soumis à la restriction fondamentale posée par l’art. 39 : « L’ex
860
crises dont tout le monde parle sont notre fait.
Elles
ne sont pas tombées du ciel. Mais voilà, l’homme aujourd’hui a une cu
861
vant tout ce qui arrive de mauvais dans le monde,
il
dit : « qu’est-ce qu’ils ont encore fait ? » « Ils » ou l’État ou les
862
de mauvais dans le monde, il dit : « qu’est-ce qu’
ils
ont encore fait ? » « Ils » ou l’État ou les lois économiques, tout n
863
il dit : « qu’est-ce qu’ils ont encore fait ? » «
Ils
» ou l’État ou les lois économiques, tout nous est bon. Qu’est-ce qui
864
ns des citoyens. C’est une très vieille histoire.
Elle
est déjà racontée au chapitre III de la Genèse. Ève a mangé la pomme
865
gé la pomme et en a donné à Adam. Yahvé se fâche.
Il
vient en Eden, vers le soir, et appelle l’homme : « où es-tu ? » Adam
866
e sont cachés dans les arbres. C’est tout juste s’
ils
ne disent pas : « je ne suis pas là ! » Yahvé les trouve et demande à
867
éduite ». Et le serpent, bien sûr, n’est plus là.
Il
n’est pas vrai de dire, aujourd’hui, que les centrales nucléaires « q
868
ment simplement les contradictions de nos désirs.
Ils
ne viennent que de là, que de nous ! Nous n’osons pas avouer nos vrai
869
te à s’en plaindre sans arrêt, avoir un roi — fût-
il
de Gaulle — quitte à lui couper la tête quand cela se présente. Je ne
870
e ne crois pas avec Rousseau que l’homme est bon.
Il
est bête et méchant, c’est dans ses chromosomes. Tout le problème pol
871
monde, je vais dans le sens de mon désir profond.
Il
se trouve que c’est le désir de la liberté, non de la puissance. Qu’a
872
e réaliser soi-même, pouvoir obéir à sa vocation.
Il
n’y a pas deux hommes semblables. Chaque homme doit se réaliser comme
873
ique, la bombe H et les États-nations souverains.
Il
va pouvoir faire avec cela de gigantesques folies. Un seul moyen de l
874
s communautés ont tous les avantages des grands :
il
suffit de voir les statistiques des Nations unies. Ils sont les premi
875
uffit de voir les statistiques des Nations unies.
Ils
sont les premiers pour le revenu par tête, le nombre de téléphones, d
876
ains, d’hôpitaux, d’écoles. Le seul désavantage :
ils
ne peuvent pas faire de grandes bêtises, donc de grandes guerres. Les
877
erres. Les hommes y sont plus heureux. Et surtout
ils
peuvent s’occuper de leurs affaires, prendre en main leur destin, ce
878
i est exclu dans les grands États. Autrement dit,
ils
peuvent faire de la politique, c’est-à-dire aménager eux-mêmes les re
879
Mon système fédéraliste est en somme très simple.
Il
consiste à faire correspondre la taille des tâches à accomplir avec c
880
i proposée aux mouvements écologiques français et
il
semble bien qu’ils l’aient adoptée. Si mon livre a apporté quelque ch
881
vements écologiques français et il semble bien qu’
ils
l’aient adoptée. Si mon livre a apporté quelque chose de nouveau au d
882
e Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce qu’
il
aime, c’est aimer, être aimé, être intoxiqué de la passion d’amour. L
883
Auden. Certains jeunes écrivains m’ont confié qu’
ils
avaient renoncé à écrire tel roman déjà commencé, parce que m’ayant l
884
re tel roman déjà commencé, parce que m’ayant lu,
ils
savaient trop bien ce qu’ils faisaient. Dois-je me le reprocher ? Tou
885
arce que m’ayant lu, ils savaient trop bien ce qu’
ils
faisaient. Dois-je me le reprocher ? Toute prise de conscience n’est-
886
me le reprocher ? Toute prise de conscience n’est-
elle
pas un progrès ? Ainsi le cas d’André Gide. Apprenant que je cherchai
887
s de toute urgence un studio et ne trouvais rien,
il
m’avait offert à l’improviste d’habiter avec ma femme, pour quelques
888
tibétain. Au milieu de la pièce pend un trapèze,
il
s’y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises et dit
889
habitez chez moi, qu’est-ce qu’on va dire ? » Et
il
répète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce qu’on va dire ? » Je
890
rde bien de répondre, je m’amuse trop. Finalement
il
jette en riant : « on va dire que c’est un complot protestant ! » Cha
891
n complot protestant ! » Chaque matin qui suivit,
il
vint entrouvrir la porte capitonnée me demandant de passer chez lui p
892
nnée me demandant de passer chez lui pour causer.
Il
s’annonçait d’un profond « allô allô ». Il me dit un jour ces phrases
893
auser. Il s’annonçait d’un profond « allô allô ».
Il
me dit un jour ces phrases qui m’émurent profondément : « C’est dans
894
ent l’avoir été que cela n’a rien de surprenant :
ils
mettaient la femme, la Dame sur un piédestal, ils la voulaient inacce
895
ils mettaient la femme, la Dame sur un piédestal,
ils
la voulaient inaccessible, intouchable, divine ! Voilà un trait assez
896
e père est le maître qui interdit de la posséder.
Il
ne reste qu’à la diviniser. Mais on risque par la suite d’assimiler t
897
ormulons nos finalités et jugeons tout à partir d’
elles
. En ce qui concerne les centrales nucléaires, je me suis exprimé on n
898
démontrait — ce qui est rigoureusement exclu — qu’
elles
sont inoffensives, rentables et nécessaires, je serais contre parce q
899
ntables et nécessaires, je serais contre parce qu’
elles
impliquent un État de plus en plus centralisé et policier. D’ailleurs
900
rs, je doute qu’on continue à en construire et qu’
elles
fonctionnent. Je lutte surtout pour qu’on cherche autre chose, qu’on
901
ts freinent la recherche dans ce domaine. Tant qu’
ils
n’auront pas trouvé le moyen d’intercaler un compteur entre le soleil
902
aler un compteur entre le soleil et les citoyens,
ils
nous répéteront — et c’est un mensonge — qu’il faut vingt ans encore
903
, ils nous répéteront — et c’est un mensonge — qu’
il
faut vingt ans encore pour que l’énergie solaire soit compétitive. Pe
904
veugle comme une taupe et s’ennuyait tellement qu’
il
voulait voir mourir les hommes afin de lui tenir compagnie. Zeus qu’H
905
cs le litre d’ici 1990 ? Comme dit Max Frisch : «
il
ne suffit pas de ne pas avoir d’idées pour être réaliste ». ax. Ro