1  [commentaires] (1982)a Un des buts principaux de notre colloque était d’examiner pourquoi certaines nations durent, gr

2 Un des buts principaux de notre colloque était d’ examiner pourquoi certaines nations durent, grâce à leur culture, et q

3 , et quelles contributions elles peuvent apporter de la sorte à l’Europe une et diverse. Ma première intervention relevait

4 que peu de la provocation. Elle risquait en effet de vider d’avance un tel colloque de son contenu : je niais l’existence

5 e la provocation. Elle risquait en effet de vider d’ avance un tel colloque de son contenu : je niais l’existence de « cult

6 squait en effet de vider d’avance un tel colloque de son contenu : je niais l’existence de « cultures nationales », pour a

7 el colloque de son contenu : je niais l’existence de « cultures nationales », pour affirmer l’existence préalable à tous n

8 l’existence préalable à tous nos États nationaux, d’ une culture commune des Européens, aux sources exceptionnellement dive

9 avez dit ici, les uns et les autres. J’ai aperçu de nouvelles manières, non pas d’établir des compromis mais au contraire

10 utres. J’ai aperçu de nouvelles manières, non pas d’ établir des compromis mais au contraire de préciser les choses, et de

11 omis mais au contraire de préciser les choses, et de tourner, à certains égards, l’interdiction que j’avais posée au dépar

12 erdiction que j’avais posée au départ, en parlant de l’inexistence, voire de l’impossibilité historique de ce que l’on nom

13 sée au départ, en parlant de l’inexistence, voire de l’impossibilité historique de ce que l’on nomme aujourd’hui nos cultu

14 ’inexistence, voire de l’impossibilité historique de ce que l’on nomme aujourd’hui nos cultures nationales. Comment introd

15 ment introduire un dialogue si on nie l’existence de ses interlocuteurs ? C’est la première question. Or, il faut dialogue

16 guer, j’en suis convaincu depuis une cinquantaine d’ années que j’écris et que je parle sur des questions européennes. Pour

17 t prix un dialogue ? C’est parce que la condition de survie de l’Europe est dans son union, dans sa fédération, sur la bas

18 dialogue ? C’est parce que la condition de survie de l’Europe est dans son union, dans sa fédération, sur la base même de

19 s son union, dans sa fédération, sur la base même de ses différences. Si elle n’arrive pas à se fédérer, c’est-à-dire à dé

20 té absolue, elle reste incapable, par définition, de s’unir : on ne base pas une union sur cet obstacle par excellence à t

21 par excellence à toute union qu’est l’État-nation d’ aujourd’hui. Vouloir fonder l’union de l’Europe sur ses États-nations,

22 État-nation d’aujourd’hui. Vouloir fonder l’union de l’Europe sur ses États-nations, c’est vouloir faire un cercle carré o

23 commun, nous ne le trouvons que dans l’existence d’ une culture commune à tous les Européens, culture extraordinairement v

24 ulture extraordinairement variée par ses sources, d’ où les difficultés et d’où aussi les solutions possibles. J’ajoute que

25 t variée par ses sources, d’où les difficultés et d’ où aussi les solutions possibles. J’ajoute que, pour moi, faire une fé

26 les. J’ajoute que, pour moi, faire une fédération de l’Europe, une union réelle sur la base de la seule unité existante, q

27 ération de l’Europe, une union réelle sur la base de la seule unité existante, qui est l’unité de culture, c’est une condi

28 base de la seule unité existante, qui est l’unité de culture, c’est une condition sine qua non de quelque chose de plus im

29 nité de culture, c’est une condition sine qua non de quelque chose de plus important que l’Europe, je veux dire de la Paix

30 hose de plus important que l’Europe, je veux dire de la Paix. Les divers travaux que j’ai pu entendre ici m’ont permis d’e

31 ers travaux que j’ai pu entendre ici m’ont permis d’ entrevoir comment on pourrait tout de même rendre un certain sens à l’

32 out de même rendre un certain sens à l’expression de « culture nationale » dans certaines circonstances historiques bien d

33 nies. Je ne retire pas ma condamnation en général de l’expression de culture nationale : l’Europe a existé et elle a été c

34 re pas ma condamnation en général de l’expression de culture nationale : l’Europe a existé et elle a été cultivée bien ava

35 sté et elle a été cultivée bien avant l’existence de nos premiers États. Il ne faut pas voir la culture européenne comme l

36 t pas voir la culture européenne comme l’addition de vingt-quatre cultures nationales. Il y a une culture qui s’est formée

37 qui s’est formée en Europe jusque vers l’an 1300 de notre ère et qui, ensuite, s’est beaucoup enrichie. Mais enfin, l’ess

38 ssentiel s’est formé durant le premier millénaire de notre ère par la confluence des sources que j’ai énumérées tout à l’h

39 us tôt : la Pologne et la Hongrie. L’instauration de la couronne de saint Étienne vers l’an 1000, et la formation de la Po

40 ogne et la Hongrie. L’instauration de la couronne de saint Étienne vers l’an 1000, et la formation de la Pologne sont à pe

41 de saint Étienne vers l’an 1000, et la formation de la Pologne sont à peu près contemporaines. Voilà un premier cas, sur

42 . Voilà un premier cas, sur lequel je reviendrai, de pays dont la culture se confond avec l’identité nationale. Et plus ta

43 la France de Philippe le Bel, l’Espagne des rois de Castille et d’Aragon, l’Angleterre des petits rois autour de Londres

44 hilippe le Bel, l’Espagne des rois de Castille et d’ Aragon, l’Angleterre des petits rois autour de Londres qui ont fusionn

45 our de Londres qui ont fusionné. Le premier noyau de la Confédération suisse se forme en 1291, c’est-à-dire à la fin du xi

46 au xixe seulement, étape suivante, la formation de la Belgique et de la Hollande comme États, de l’Allemagne et de l’Ita

47 t, étape suivante, la formation de la Belgique et de la Hollande comme États, de l’Allemagne et de l’Italie, puis au xxe

48 ion de la Belgique et de la Hollande comme États, de l’Allemagne et de l’Italie, puis au xxe siècle, de la Tchécoslovaqui

49 et de la Hollande comme États, de l’Allemagne et de l’Italie, puis au xxe siècle, de la Tchécoslovaquie, de la Yougoslav

50 l’Allemagne et de l’Italie, puis au xxe siècle, de la Tchécoslovaquie, de la Yougoslavie, de Malte, de Chypre… Nous voil

51 alie, puis au xxe siècle, de la Tchécoslovaquie, de la Yougoslavie, de Malte, de Chypre… Nous voilà donc extrêmement loin

52 siècle, de la Tchécoslovaquie, de la Yougoslavie, de Malte, de Chypre… Nous voilà donc extrêmement loin de l’idée d’une cu

53 la Tchécoslovaquie, de la Yougoslavie, de Malte, de Chypre… Nous voilà donc extrêmement loin de l’idée d’une culture qui

54 hypre… Nous voilà donc extrêmement loin de l’idée d’ une culture qui se serait constituée en même temps que celle des natio

55 is alors dans quelle mesure peut-on encore parler de différences nationales dans l’usage, la création, la consommation de

56 onales dans l’usage, la création, la consommation de la culture, telles que l’expression de « cultures nationales » ne soi

57 nsommation de la culture, telles que l’expression de « cultures nationales » ne soit pas vidée de tout sens ? Je vais vous

58 sion de « cultures nationales » ne soit pas vidée de tout sens ? Je vais vous le dire en trois mots. Ces sources de la cul

59 ? Je vais vous le dire en trois mots. Ces sources de la culture commune des Européens, jusqu’aux premiers siècles de notre

60 commune des Européens, jusqu’aux premiers siècles de notre ère, tout le monde les connaît. C’est ce que Valéry a résumé da

61 ry a résumé dans la formule : Tout ce qui descend d’ Athènes, de Rome et de Jérusalem est authentiquement européen. À ces t

62 dans la formule : Tout ce qui descend d’Athènes, de Rome et de Jérusalem est authentiquement européen. À ces trois source

63 rmule : Tout ce qui descend d’Athènes, de Rome et de Jérusalem est authentiquement européen. À ces trois sources primitive

64 et finissent par recouvrir aussi une bonne partie de l’Europe. Voilà nos premières origines. À cela viendront s’ajouter, a

65 s, et, à partir du xixe siècle, celui des Slaves de Russie, et on pourrait mentionner encore, au début du xxe siècle, l’

66 nner encore, au début du xxe siècle, l’influence de la civilisation nègre, de la négritude comme dit Senghor, à travers l

67 xe siècle, l’influence de la civilisation nègre, de la négritude comme dit Senghor, à travers le jazz américain, à traver

68 sont d’ailleurs empruntées à ceux des mouvements de réveil protestant dans le pays de Galles ! Cet héritage est tellement

69 ples, portant surtout sur l’usage que l’on a fait de la culture commune dans nos différents pays : usage politique, usage

70 dans nos différents pays : usage politique, usage d’ éléments formateurs de communautés, ou mainteneurs de communautés. Vou

71 ys : usage politique, usage d’éléments formateurs de communautés, ou mainteneurs de communautés. Vous avez le cas de la Ho

72 léments formateurs de communautés, ou mainteneurs de communautés. Vous avez le cas de la Hongrie, l’un des tout premiers É

73 , ou mainteneurs de communautés. Vous avez le cas de la Hongrie, l’un des tout premiers États formés en Europe. Nous l’avo

74 ormés en Europe. Nous l’avons vu lors des exposés de MM. Boldizsar et Molnar, il y a là un cas unique où culture et identi

75 urope. Donc, pour lui, sa culture était sa raison d’ être. Mais vous avez à l’extrême inverse la Suisse, qui n’a pas de cul

76 s avez à l’extrême inverse la Suisse, qui n’a pas de culture nationale, mais une confédération de plusieurs ethnies, langu

77 pas de culture nationale, mais une confédération de plusieurs ethnies, langues et traditions historiques. La Suisse n’a p

78 gues et traditions historiques. La Suisse n’a pas de culture nationale. Elle a pourtant vécu sans faille, depuis le xiiie

79 qui a été son élément formateur, c’est une sorte de philosophie politique qui est le fédéralisme. La décision de se mettr

80 hie politique qui est le fédéralisme. La décision de se mettre ensemble dans la mesure où l’on veut rester différents, aut

81 veut rester différents, autonomes. Peut-on parler d’ une culture politique ? Oui, c’est sans doute la seule manière de parl

82 olitique ? Oui, c’est sans doute la seule manière de parler d’une culture nationale pour les Suisses — une culture qui ne

83 Oui, c’est sans doute la seule manière de parler d’ une culture nationale pour les Suisses — une culture qui ne porte que

84 éressants. La Pologne a pour particularité unique d’ être un État slave de population, mais romanisé dans sa culture. À l’i

85 a pour particularité unique d’être un État slave de population, mais romanisé dans sa culture. À l’inverse, la Roumanie e

86 a culture. À l’inverse, la Roumanie est l’exemple d’ un État romanisé devenu orthodoxe et dont la culture résulte de cette

87 anisé devenu orthodoxe et dont la culture résulte de cette conjonction rare, sinon unique. Ensuite, il y a la France qui,

88 conquête, le non-respect des contrats sacrés (cas de la Bretagne) ou par des jeux de traités plus ou moins discutables. L’

89 trats sacrés (cas de la Bretagne) ou par des jeux de traités plus ou moins discutables. L’unification totale ne s’est impo

90 s comme la bretonne, la provençale ou l’allemande de l’Alsace et de la Lorraine, pratiquement interdites par les lois de l

91 onne, la provençale ou l’allemande de l’Alsace et de la Lorraine, pratiquement interdites par les lois de la « République

92 la Lorraine, pratiquement interdites par les lois de la « République une et indivisible ». On a beaucoup parlé de culture

93 ublique une et indivisible ». On a beaucoup parlé de culture nationale en France. C’est le seul pays au monde où la cultur

94 nationale mais stato-nationale. C’est une culture d’ État-nation, faite pour et par l’État-nation. Cela me rappelle une phr

95 ens français. C’est tout juste s’il n’a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de culture différente

96 e sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de culture différente de toutes les autres en ceci qu’elle est entièreme

97 nce, on arrive à une espèce de culture différente de toutes les autres en ceci qu’elle est entièrement politisée, comme no

98 e et la droite, que chacun tient plus au triomphe de son idéologie qu’à la santé de la nation réelle. À l’inverse, nous av

99 t plus au triomphe de son idéologie qu’à la santé de la nation réelle. À l’inverse, nous avons le cas de l’Espagne. Nous a

100 la nation réelle. À l’inverse, nous avons le cas de l’Espagne. Nous avons vu qu’elle a eu plusieurs monarchies, que la « 

101 ste, c’est-à-dire qu’elle comporte déjà les bases d’ un fédéralisme possible, depuis ses origines, depuis le Moyen Âge. Il

102 , depuis le Moyen Âge. Il n’y a jamais eu volonté d’ effacer les différences. Et encore plus différent du modèle français,

103 rois, qui s’est continué en partie dans la Vienne de la petite république autrichienne. L’Empire austro-hongrois ne pouvai

104 ne. L’Empire austro-hongrois ne pouvait pas avoir de culture nationale pour la bonne raison, comme on l’a rappelé ce matin

105 vraiment très européen, qui est le développement de la Vienne des trente premières années du siècle. Je pense que Vienne

106 Vienne était, plus peut-être que Paris, le centre de la civilisation et de la culture européennes de ce moment-là. Il suff

107 t-être que Paris, le centre de la civilisation et de la culture européennes de ce moment-là. Il suffit de mentionner l’éco

108 e de la civilisation et de la culture européennes de ce moment-là. Il suffit de mentionner l’école des logiciens de Wittge

109 la culture européennes de ce moment-là. Il suffit de mentionner l’école des logiciens de Wittgenstein, Hilbert, Carnap ; l

110 là. Il suffit de mentionner l’école des logiciens de Wittgenstein, Hilbert, Carnap ; la grande école de la musique dodécap

111 e Wittgenstein, Hilbert, Carnap ; la grande école de la musique dodécaphonique avec Schönberg et Berg ; la littérature, qu

112 de Vienne, j’englobe ici tous ceux qui ont relevé de l’Empire « K. und K. » : Rilke, Kafka, Hugo von Hofmannsthal, Hermann

113 liée à un État, mais au contraire à une pluralité de nations vivant et coopérant librement les unes avec les autres. Ensui

114 . Ensuite vous avez eu un très remarquable exposé de M. Romano sur l’Italie, où il nous a fait remarquer que la culture en

115  fait sa puberté », a traversé une sérieuse crise de développement. Un certain nombre de grands hommes italiens ont préten

116 érieuse crise de développement. Un certain nombre de grands hommes italiens ont prétendu reconquérir l’unité culturelle du

117 oduire une unité, restaurée, certes, mais au sens de Viollet-le-Duc. Pour l’Allemagne, le cas n’est pas trop différent. Vo

118 tisme. Le Saint-Empire romain ne fut qu’un empire de nostalgie reconstitué. Aujourd’hui, vous avez cette même culture qui

119 qui est le seul lien communautaire entre des gens de quatre ou cinq États différents : les deux Allemagnes, la Suisse, l’A

120 agnes, la Suisse, l’Autriche, et d’autres parties de pays qui sont de culture germanique. C’est donc simplement un ferment

121 l’Autriche, et d’autres parties de pays qui sont de culture germanique. C’est donc simplement un ferment communautaire. C

122 e suite, quand on pense à l’Europe comme culture, d’ une culture symphonique, ou si vous voulez, d’un orchestre. Il y a le

123 re, d’une culture symphonique, ou si vous voulez, d’ un orchestre. Il y a le langage commun, la musique, l’héritage culture

124 des instruments différents. Il s’agit maintenant de les composer pour qu’ils ne jouent pas faux, pour qu’ils ne jouent pa

125 semble, chacun tenant sa partie propre. Il s’agit de cette harmonie dont parlait ce que j’oserai appeler le premier slogan

126 appeler le premier slogan européen, cette pensée d’ Héraclite qui veut que « ce qui s’oppose coopère » et que « de la lutt

127 qui veut que « ce qui s’oppose coopère » et que «  de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie ». Le génie de

128 raires procède la plus belle harmonie ». Le génie de l’Europe va procéder de cette phrase d’Héraclite qui est aussi la dev

129 elle harmonie ». Le génie de l’Europe va procéder de cette phrase d’Héraclite qui est aussi la devise du fédéralisme : la

130 Le génie de l’Europe va procéder de cette phrase d’ Héraclite qui est aussi la devise du fédéralisme : la composition, l’a

131 culture une et diverse qui permet à toutes sortes d’ interlocuteurs de représenter telle partie de la culture commune en se

132 verse qui permet à toutes sortes d’interlocuteurs de représenter telle partie de la culture commune en se référant toujour

133 rtes d’interlocuteurs de représenter telle partie de la culture commune en se référant toujours au trésor commun, à l’héri

134 un langage commun. Quel pourrait être le contenu de ce Dialogue des cultures que nous souhaitons tous ? Je ne vais pas vo

135 J’aimerais simplement proposer une ou deux pistes de réflexion. Cela pourrait être le sujet d’un autre colloque. Je crois

136 pistes de réflexion. Cela pourrait être le sujet d’ un autre colloque. Je crois que la condition de tout dialogue entre le

137 et d’un autre colloque. Je crois que la condition de tout dialogue entre les différentes nations que j’ai énumérées, avec

138 a seul qui permettra le langage commun, condition de tout dialogue. Nous avons tous vu, depuis trente ans, qu’on ne peut p

139 ans, qu’on ne peut pas faire l’Europe sur la base de l’économie, comme Jean Monnet le proposait. On n’y est pas arrivé et

140 quoi ? Je réponds : les finalités les plus hautes de la culture, de l’homme. En conclusion, trois suggestions : — Organise

141 ds : les finalités les plus hautes de la culture, de l’homme. En conclusion, trois suggestions : — Organiser le dialogue s

142 nte-cinq peuples européens. — Poursuivre le thème de la lutte contre les nationalismes fauteurs de guerres. Il me semble q

143 ème de la lutte contre les nationalismes fauteurs de guerres. Il me semble que c’est un terrain sur lequel la responsabili

144 que c’est un terrain sur lequel la responsabilité de la culture est la plus engagée aujourd’hui. Il nous faut une culture

145 s faut une culture pour la paix, donc une culture de dialogue, et non pas d’affrontements. Comment lutter contre le nation

146 la paix, donc une culture de dialogue, et non pas d’ affrontements. Comment lutter contre le nationalisme tel qu’il est ens

147 à ce que nous avons tous en commun, à nos valeurs de base, d’où qu’elles viennent. Voilà simplement quelques pistes. Pourq

148 nous avons tous en commun, à nos valeurs de base, d’ où qu’elles viennent. Voilà simplement quelques pistes. Pourquoi pas u

149 ques pistes. Pourquoi pas un colloque sur chacune d’ elles ? a. Rougemont Denis de, « [Commentaires] L’Europe une et div

150 loque sur chacune d’elles ? a. Rougemont Denis de , « [Commentaires] L’Europe une et diverse : la contribution des cultu

151 onales », L’Europe une et diverse, Genève, Centre d’ études pratique de la négociation internationale, 1982, p. 217-226.

152 une et diverse, Genève, Centre d’études pratique de la négociation internationale, 1982, p. 217-226.

153 De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)b c Toute votre œ

154 c Toute votre œuvre est sous-tendue par l’idée de la « personne ». Quelle est cette personne ? Dans les années 1930, ce

155 années 1930, cette idée était commune à des gens de provenances très diverses et qui se retrouvaient dans les groupes per

156 t dans les groupes personnalistes. Tous partaient d’ une définition de l’homme, non pas comme individu, mais comme personne

157 s personnalistes. Tous partaient d’une définition de l’homme, non pas comme individu, mais comme personne. La personne est

158 re ferme. La personne est l’expression permanente d’ un homme à la fois libre et responsable, libre parce qu’il est respons

159 a mesure où il est libre. Mais comment passe-t-on de la personne à la fédération ? On ne devient pas une personne toute se

160 ée une communauté, pas celle des grands ensembles d’ une ville où l’on ne connaît personne, mais une communauté authentique

161 ît personne, mais une communauté authentique donc de petite taille. Une communauté trop vaste devient une collectivité et

162 ns une communauté, on connaît les gens et la voix d’ un homme peut s’y faire entendre. Aussi ces communautés doivent se gro

163 it allant jusqu’au continent. Tout cela se tient. De la personne, on passe à la communauté, de la communauté à la région,

164 tient. De la personne, on passe à la communauté, de la communauté à la région, de la région à la fédération de régions, à

165 se à la communauté, de la communauté à la région, de la région à la fédération de régions, à la fédération européenne, et

166 munauté à la région, de la région à la fédération de régions, à la fédération européenne, et même pour certains objets tro

167 édération mondiale. Le fédéralisme préconise donc de résoudre chaque problème au niveau même où il se pose ? Oui, le fédér

168 eau même où il se pose ? Oui, le fédéralisme part d’ en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomat

169 it naguère à propos des USA mais qu’il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande

170 postule donc toujours une action au niveau de la vie concrète. Pourquoi cette filiation de la personne au fédéralisme rede

171 veau de la vie concrète. Pourquoi cette filiation de la personne au fédéralisme redevient aujourd’hui une question pertine

172 l’individualisme déchaîné, l’égoïsme et l’absence de civisme ont permis un développement monstrueux des États et pas seule

173 États totalitaires. Tous nos États sont victimes d’ une centralisation excessive à l’imitation de l’État napoléonien qui a

174 onne, l’État recule. Aujourd’hui le développement de l’État est devenu tellement démentiel qu’il ne fonctionne plus. On ne

175 e peut pas faire marcher un pays en décidant tout de sa capitale, parce que, pratiquement, on ne décide rien. Ce qui fonct

176 aux portes de la Suisse, une centrale comme celle de Creys-Malville est destinée à produire du plutonium. La relation entr

177 multiples interactions qui confortent l’escalade de l’État-nation et qui rendent donc plus nécessaire la capacité de rési

178 n et qui rendent donc plus nécessaire la capacité de résistance des personnes. Est-ce que la Suisse est menacée par la cen

179 e la Suisse est menacée par la centrale française de Creys-Malville ? L’accident majeur de Creys-Malville qui est décrit c

180 e française de Creys-Malville ? L’accident majeur de Creys-Malville qui est décrit comme la fonte du cœur du réacteur prov

181 du cœur du réacteur provoquée par l’interruption de son refroidissement pourrait transformer en aérosol tout ou partie de

182 ormer en aérosol tout ou partie des quatre tonnes de plutonium de la centrale. D’une manière générale, comme la direction

183 sol tout ou partie des quatre tonnes de plutonium de la centrale. D’une manière générale, comme la direction des vents va

184 ie des quatre tonnes de plutonium de la centrale. D’ une manière générale, comme la direction des vents va de Lyon vers Gen

185 manière générale, comme la direction des vents va de Lyon vers Genève, cet immense aérosol balaierait tout le plateau suis

186 nt à Paris, lorsque je demandais aux responsables de la production électrique quel serait l’accident majeur qui pourrait a

187 ui pourrait arriver à Creys-Malville. On a refusé de me répondre en me disant que la probabilité était faible, et qu’il ex

188 s dangereuse : les fusées des 26 silos du plateau d’ Albion qui sont pointées vers Moscou. Disposant de SS20 orientés sur c

189 d’Albion qui sont pointées vers Moscou. Disposant de SS20 orientés sur ces silos, en cas de guerre, les Russes ne laissera

190 Disposant de SS20 orientés sur ces silos, en cas de guerre, les Russes ne laisseraient pas les Français tirer les premier

191 oilà, m’expliquait-on, qui provoquerait une série d’ explosions cent fois plus importantes que l’accident majeur de Creys-M

192 cent fois plus importantes que l’accident majeur de Creys-Malville. Est-ce qu’on pensait me rassurer ? Et, comme par hasa

193 qu’on pensait me rassurer ? Et, comme par hasard, d’ une façon générale, on installe toujours ces choses dangereuses aux fr

194 France et l’Italie installaient à nos frontières de grands établissements où concentrer le haschisch pour le faire passer

195 sch, incalculablement pire… Finalement, êtes-vous de gauche ou de droite ? Je vais vous répondre par cette formule d’Orteg

196 ablement pire… Finalement, êtes-vous de gauche ou de droite ? Je vais vous répondre par cette formule d’Ortega y Gasset qu

197 droite ? Je vais vous répondre par cette formule d’ Ortega y Gasset que je trouve superbement adaptée à votre question : «

198 uve superbement adaptée à votre question : « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui

199 nt adaptée à votre question : « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l

200 des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’ être un imbécile. » Toutes deux en effet sont des formes d’hémiplégie

201 imbécile. » Toutes deux en effet sont des formes d’ hémiplégie morale. Comme le démontre le fait qu’aujourd’hui les droite

202 les gauches des tyrannies… b. Rougemont Denis de , « [Entretien] De la personne à l’Europe des régions », La Suisse, Ge

203 yrannies… b. Rougemont Denis de, « [Entretien] De la personne à l’Europe des régions », La Suisse, Genève, 25 mars 1982

204 chapeau suivant : « Denis de Rougemont nous parle de la personne, de la liberté et du fédéralisme. Depuis cinquante ans, i

205 : « Denis de Rougemont nous parle de la personne, de la liberté et du fédéralisme. Depuis cinquante ans, il nous rappelle

206 nt de la guerre et va vers elle. En 1934, dans un de ses premiers livres, il lance le mot d’ordre de “l’engagement de l’éc

207 n de ses premiers livres, il lance le mot d’ordre de “l’engagement de l’écrivain”. Dans le dernier, il nous rappelle que

208 livres, il lance le mot d’ordre de “l’engagement de l’écrivain”. Dans le dernier, il nous rappelle que L’Avenir est notr

209 venir est notre affaire , parce que “la décadence d’ une société commence quand l’homme se demande : ‘Que puis-je faire ?’”

210 s et contre tous les embrigadements et toutes les modes , de la personne à l’Europe des régions, cet esprit farouchement libre

211 ntre tous les embrigadements et toutes les modes, de la personne à l’Europe des régions, cet esprit farouchement libre pou

212 Précisions de M. Denis de Rougemont (25 mai 1982)h Dans l’interview que vous ave

213 eux erreurs qu’il me paraît absolument nécessaire de rectifier : 1. Dans la présentation en caractères gras, l’omission de

214 ns la présentation en caractères gras, l’omission de dix mots me fait dire exactement le contraire de ce que j’ai dit et s

215 de dix mots me fait dire exactement le contraire de ce que j’ai dit et souvent écrit. Voici la phrase telle qu’elle doit

216 rase telle qu’elle doit être lue : « La décadence d’ une société commence quand l’homme se demande : « Que va-t-il arriver 

217 ace pour la Suisse que constitue le surgénérateur de Creys-Malville : il est exact que j’ai mentionné le refus de réponse

218 lville : il est exact que j’ai mentionné le refus de réponse que m’ont opposé les responsables de l’EDF, affirmant que la

219 efus de réponse que m’ont opposé les responsables de l’EDF, affirmant que la probabilité d’accident était trop faible pour

220 sponsables de l’EDF, affirmant que la probabilité d’ accident était trop faible pour qu’ils en tiennent compte. Mais ce ne

221 s fusées atomiques des vingt-six silos du plateau d’ Albion sur lequel les Russes ont pointé leurs SS20. Ce danger « cent f

222 plus grand » a été signalé par M. Francis Perrin, de l’Académie des sciences, physicien renommé et ancien haut-commissaire

223 saire à l’énergie atomique. Il m’a paru important de préciser qu’une révélation aussi sensationnelle provient d’une person

224 r qu’une révélation aussi sensationnelle provient d’ une personnalité incontestée et entièrement indépendante. h. Rougem

225 t entièrement indépendante. h. Rougemont Denis de , « Précisions de M. Denis de Rougemont », La Suisse, Genève, 25 mai 1

226 épendante. h. Rougemont Denis de, « Précisions de M. Denis de Rougemont », La Suisse, Genève, 25 mai 1982, p. 2.

227  » (28 mai 1982)i Sondage-minute, sondage-clin d’ œil. Comme une vague de fond, des dizaines de milliers de Suisses se r

228 ndage-minute, sondage-clin d’œil. Comme une vague de fond, des dizaines de milliers de Suisses se ruent sur le futur conce

229 clin d’œil. Comme une vague de fond, des dizaines de milliers de Suisses se ruent sur le futur concert de Bâle. Un phénomè

230 Comme une vague de fond, des dizaines de milliers de Suisses se ruent sur le futur concert de Bâle. Un phénomène social qu

231 milliers de Suisses se ruent sur le futur concert de Bâle. Un phénomène social qui révèle toute l’importance prise en tren

232 es-unes des personnalités qui font souvent la une de l’actualité romande ? Sondage-minute, sondage-grimace… Perplexe : Den

233 ougemont (écrivain) Ce n’est pas mon domaine. Pas d’ opinion à ce sujet. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête

234 . Pas d’opinion à ce sujet. i. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] Vous avez dit Rolling Stones ? », L’Hebdo,

235 ent considérez-vous les manifestations pacifistes de ces derniers mois ? À en croire certains journaux occidentaux, il s’a

236 rtains journaux occidentaux, il s’agit simplement d’ une réussite de la propagande et de la manipulation soviétiques. Le pl

237 occidentaux, il s’agit simplement d’une réussite de la propagande et de la manipulation soviétiques. Le plus grand danger

238 git simplement d’une réussite de la propagande et de la manipulation soviétiques. Le plus grand danger pour la paix du mon

239 r les pacifistes, parce qu’ils érodent la volonté de défense de l’Occident. À tout cela, j’ai envie de répondre que cette

240 de défense de l’Occident. À tout cela, j’ai envie de répondre que cette campagne contre les pacifistes est elle-même manip

241 beaucoup plus sérieux : si l’on se dispute à coup d’ arguments idéologiques, on dissimule ainsi des réalités économiques. I

242 té entre les États-Unis et l’URSS. Faut-il parler d’ un complot des grands, des puissants contre les peuples ? Je ne dirai

243 euples ? Je ne dirai jamais cela. Il n’existe pas de complot conscient, cynique. Je suis persuadé que les dirigeants de l’

244 ent, cynique. Je suis persuadé que les dirigeants de l’URSS et des États-Unis sont convaincus de défendre leur peuple et l

245 eants de l’URSS et des États-Unis sont convaincus de défendre leur peuple et leur idée de la civilisation. Ils ne se rende

246 t convaincus de défendre leur peuple et leur idée de la civilisation. Ils ne se rendent même pas compte de la contradictio

247 a civilisation. Ils ne se rendent même pas compte de la contradiction démentielle dans laquelle ils vivent. Leur action ré

248 intérêts économiques mais quand on passe au plan de l’idéologie, on ne comprend plus. En particulier, on ne comprend pas

249 l’humanité. Sans parade ? Il n’y a aucune espèce de parade possible à la guerre nucléaire. Ce qu’il y a de plus inquiétan

250 ètement inconsciente mais réelle, des deux côtés, d’ essayer ces armements qui ont coûté à l’humanité en 1981, 600 milliard

251 qui ont coûté à l’humanité en 1981, 600 milliards de dollars. On n’avait encore jamais dépensé une somme pareille. L’indus

252 ille. L’industrie des armements devient le centre de toute la production. On est donc tenté de les essayer et pour ce qui

253 centre de toute la production. On est donc tenté de les essayer et pour ce qui est de l’arsenal atomique, on a trouvé réc

254 est donc tenté de les essayer et pour ce qui est de l’arsenal atomique, on a trouvé récemment les bombes dites tactiques.

255 é récemment les bombes dites tactiques. Il s’agit de l’idée, qui a l’air raisonnable au premier abord mais qui est monstru

256 remier abord mais qui est monstrueuse en réalité, de limiter les échanges nucléaires au champ de bataille — par exemple à

257 mablement dit le président Reagan. Eh bien, c’est de la folie ! Le groupe de Bellerive — que j’ai contribué à fonder et qu

258 nt Reagan. Eh bien, c’est de la folie ! Le groupe de Bellerive — que j’ai contribué à fonder et qui comprend des savants a

259 ué à fonder et qui comprend des savants atomistes de premier ordre — a publié un manifeste contre l’illusion d’une limitat

260 r ordre — a publié un manifeste contre l’illusion d’ une limitation de l’escalade nucléaire. C’est exclu par les militaires

261 é un manifeste contre l’illusion d’une limitation de l’escalade nucléaire. C’est exclu par les militaires eux-mêmes. Les s

262 nts. Eux sont manipulés, jusque dans leur manière de penser. C’est ça le danger et non pas le pacifisme ! Quelle peut être

263 éponse, c’est la diffusion, dans le monde entier, d’ informations sur la réalité de la situation. Il existe malheureusement

264 ns le monde entier, d’informations sur la réalité de la situation. Il existe malheureusement [sic] plusieurs institutions

265 eureusement [sic] plusieurs institutions capables de nous fournir des données sérieuses à cet égard. Et les manifestations

266 ésentent une force gigantesque : elles témoignent d’ une profonde et croissante conviction des populations. Il faudrait qu’

267 ssantes. Je ne nie pas qu’il y ait des tentatives de manipulation dont les pacifistes de mon espèce sont conscients et qu’

268 es tentatives de manipulation dont les pacifistes de mon espèce sont conscients et qu’ils dénoncent, mais l’idée que ces m

269 e que ces manifestations sont uniquement le fruit de telles manipulations ne tient pas — en particulier devant le fait qu’

270 able, c’est une économie fondée sur la production d’ armements dont il n’est guère imaginable qu’on se serve jamais, c’est

271 , l’Irak, le Pakistan — qui permettront bientôt à de nombreux pays de se procurer la bombe. Cela me paraît plus dangereux

272 stan — qui permettront bientôt à de nombreux pays de se procurer la bombe. Cela me paraît plus dangereux que le pacifisme.

273 acifisme. Alors, que faire ? Il n’y a qu’un moyen d’ éviter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens et à celui de mes am

274 empête nucléaire en Europe, à mon sens et à celui de mes amis : l’élimination de toutes les armes atomiques de notre conti

275 à mon sens et à celui de mes amis : l’élimination de toutes les armes atomiques de notre continent. Et cela, je le dis ave

276 mis : l’élimination de toutes les armes atomiques de notre continent. Et cela, je le dis avec toute ma conviction. Je pens

277 ense que si les Soviétiques étaient jamais tentés d’ occuper l’Europe, ils n’auraient pas intérêt à se faire précéder par l

278 ar leurs bombes atomiques, qui leur interdiraient d’ y pénétrer beaucoup mieux que toutes nos armées. Donc ils n’utiliserai

279 cléaire les premiers, sans l’existence des forces de frappe française et britannique, et sans les fusées de l’OTAN. Les pe

280 appe française et britannique, et sans les fusées de l’OTAN. Les peuples parviendront-ils à obtenir le retrait des armes a

281 ront-ils à obtenir le retrait des armes atomiques d’ Europe ? Ils l’obtiendront sûrement, s’ils prennent conscience de l’am

282 l’obtiendront sûrement, s’ils prennent conscience de l’ampleur du danger. On ne peut plus se leurrer sur les effets d’une

283 danger. On ne peut plus se leurrer sur les effets d’ une guerre nucléaire : ce serait l’anéantissement de la population eur

284 une guerre nucléaire : ce serait l’anéantissement de la population européenne, ne serait-ce que parce qu’une des propriété

285 ue parce qu’une des propriétés des radiations est de détruire les défenses immunitaires de l’organisme et que de terribles

286 iations est de détruire les défenses immunitaires de l’organisme et que de terribles épidémies se propageraient ainsi. Qua

287 e les défenses immunitaires de l’organisme et que de terribles épidémies se propageraient ainsi. Quant à l’Union soviétiqu

288 attaque nucléaire, puisque nous ne possédons pas d’ armes atomiques. C’est aussi un pays particulièrement à même de résist

289 ques. C’est aussi un pays particulièrement à même de résister ; une agression par des moyens conventionnels, grâce à sa gé

290 avant la dernière guerre, la défense en hérisson de chaque village, de chaque hameau, une défense répandue sur tout le te

291 guerre, la défense en hérisson de chaque village, de chaque hameau, une défense répandue sur tout le territoire. Et si cet

292 avions vite démodés, on pourrait dépenser un peu d’ argent pour enseigner le russe dans les écoles. De telle manière que s

293 d’argent pour enseigner le russe dans les écoles. De telle manière que si les « Ivan » pénètrent dans notre pays, et s’y i

294 un autre pays. Il n’empêche que devant le risque d’ une guerre nucléaire, devant cette possibilité parfaitement réelle, il

295 jusqu’à avancer ceci : les seuls qui soient sûrs d’ avoir raison sont ceux qui disent : désarmons-nous, commençons les pre

296 tre, comme dans le cas des Malouines, à l’origine d’ une guerre. La guerre nucléaire, c’est bien plus fou, si l’on y pense,

297 léaire, c’est bien plus fou, si l’on y pense, que de dire désarmons-nous et offrons nos poitrines nues. Je crois qu’il y a

298 itrines nues. Je crois qu’il y aurait là un moyen de dissuasion formidable. Cependant, si un conflit devait éclater dans d

299 deux ans, je me demande si nous aurions le temps de préparer techniquement cette défense non violente. Parce qu’il ne fau

300 -violence ? Je voudrais que les meilleurs esprits de ce temps se mettent à imaginer des procédés de résistance au mal. J’a

301 ts de ce temps se mettent à imaginer des procédés de résistance au mal. J’ai été frappé, depuis longtemps, par ces deux ve

302 5) : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur que tu ne lui ressembles toi-même » et « Réponds à l’insensé sel

303 e peux pas aller plus loin. j. Rougemont Denis de , « [Entretien] Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! »,

304 Denis de Rougemont, Jean-Claude Favez, professeur d’ histoire contemporaine à l’Université de Genève et François Chaudet s’

305 rofesseur d’histoire contemporaine à l’Université de Genève et François Chaudet s’intéressent aux questions soulevées par

306 sent aux questions soulevées par l’actuelle vague de pacifisme. Peut-être est-ce l’occasion, dans notre pays, de rouvrir l

307 me. Peut-être est-ce l’occasion, dans notre pays, de rouvrir le débat sur la défense nationale. Un débat qui ne concerne p

308 es amis voulaient — légitimement — qu’on les lave de tout soupçon quant à leur attitude pendant la guerre. Mais Lévy et le

309 arue dans Lu, selon laquelle, lors de l’avènement de Pétain, le maréchal fut salué par les discours « des sombres thurifér

310 alué par les discours « des sombres thuriféraires de la droite, les Drieu, de Rougemont et autres Doriot et Darquier de Pe

311 iot et Darquier de Pellepoix » au nom de la Race, de la Terre et de la Nation. Le procès qui m’était fait n’était donc pas

312 de Pellepoix » au nom de la Race, de la Terre et de la Nation. Le procès qui m’était fait n’était donc pas celui « des an

313 mobilisé comme officier, un article sur l’entrée de Hitler à Paris, qui me valut, le 20 juin, une condamnation à quinze j

314 alut, le 20 juin, une condamnation à quinze jours de forteresse, au secret, pour « insulte à chef d’État étranger mettant

315 État étranger mettant ainsi en danger la sécurité de la Suisse ». Cet article faisait suite à tous les écrits dans lesquel

316 les écrits dans lesquels, dès 1932, je n’ai cessé d’ attaquer les totalitaires, noirs, rouges ou bruns, et le « fascisme à

317 nnaliste L’Ordre nouveau . l. Rougemont Denis de , « Denis de Rougemont devant l’Histoire », Le Nouvel Observateur, Par

318 Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)m 1. La formule de l’État-nation intég

319 de l’Europe (juillet-août 1982)m 1. La formule de l’État-nation intégralement centralisé et de souveraineté absolue pos

320 mule de l’État-nation intégralement centralisé et de souveraineté absolue pose aujourd’hui l’obstacle majeur à toute espèc

321 pose aujourd’hui l’obstacle majeur à toute espèce d’ union de l’Europe, c’est-à-dire à la condition préalable de l’établiss

322 ourd’hui l’obstacle majeur à toute espèce d’union de l’Europe, c’est-à-dire à la condition préalable de l’établissement d’

323 e l’Europe, c’est-à-dire à la condition préalable de l’établissement d’une paix solide dans le monde de la fin du xxe siè

324 -dire à la condition préalable de l’établissement d’ une paix solide dans le monde de la fin du xxe siècle. Il faut donc d

325 e l’établissement d’une paix solide dans le monde de la fin du xxe siècle. Il faut donc dépasser cette formule, inventée

326 iques jacobins, réalisée par Napoléon à la faveur de la guerre et en vue de la guerre. Copiée depuis lors par tous les pay

327 s pays du monde (à la seule exception, peut-être, de la Suisse), elle consiste en fait dans la mainmise d’un lourd apparei

328 a Suisse), elle consiste en fait dans la mainmise d’ un lourd appareil étatique — fonctionnaires, police et armée — sur tou

329 res, police et armée — sur toutes les composantes de la vie d’une nation : centralisation de l’économie et des structures

330 olice et armée — sur toutes les composantes de la vie d’une nation : centralisation de l’économie et des structures politiq

331 e et armée — sur toutes les composantes de la vie d’ une nation : centralisation de l’économie et des structures politiques

332 mposantes de la vie d’une nation : centralisation de l’économie et des structures politiques mais aussi de l’éducation ; u

333 ’économie et des structures politiques mais aussi de l’éducation ; uniformisation forcée des cultures et des ethnies dans

334 forcée des cultures et des ethnies dans le carcan de frontières le plus souvent arbitraires ; et enfin, dominant et unifia

335 et enfin, dominant et unifiant le tout, le dogme de la sacro-sainte souveraineté nationale absolue et indivisible. C’est

336 ffronter par les armes, courant le risque non nul de déclencher les réactions en chaîne d’une guerre mondiale et de l’exti

337 que non nul de déclencher les réactions en chaîne d’ une guerre mondiale et de l’extinction du genre humain, plutôt que de

338 les réactions en chaîne d’une guerre mondiale et de l’extinction du genre humain, plutôt que de renoncer à des droits thé

339 le et de l’extinction du genre humain, plutôt que de renoncer à des droits théoriques sur un petit troupeau d’îles déserte

340 cer à des droits théoriques sur un petit troupeau d’ îles désertes. 2. Mais dépasser l’État-nation, né de la guerre et faut

341 îles désertes. 2. Mais dépasser l’État-nation, né de la guerre et fauteur de guerres, signifie ici et maintenant le déclen

342 épasser l’État-nation, né de la guerre et fauteur de guerres, signifie ici et maintenant le déclenchement simultané de deu

343 ifie ici et maintenant le déclenchement simultané de deux dynamismes contraires quoiqu’en étroite interaction : l’un tenda

344 troite interaction : l’un tendant à la fédération de nos peuples à l’échelle continentale, l’autre à la restauration ou à

345 ntale, l’autre à la restauration ou à la création de communautés autonomes à l’échelle régionale. 3. L’État-nation est en

346 nation est en crise partout. Il se voit incapable d’ assurer les fonctions qu’il s’était arrogées : défense du territoire e

347 u territoire et des libertés populaires, garantie de la monnaie, paix sociale, sécurité de l’emploi, préservation de l’env

348 s, garantie de la monnaie, paix sociale, sécurité de l’emploi, préservation de l’environnement. Vouloir fonder l’union de

349 paix sociale, sécurité de l’emploi, préservation de l’environnement. Vouloir fonder l’union de l’Europe sur les États-nat

350 vation de l’environnement. Vouloir fonder l’union de l’Europe sur les États-nations souverains, c’est vouloir un cercle ca

351 , c’est vouloir un cercle carré. Ce serait tenter de fonder une amicale des misanthropes, projet radicalement contradictoi

352 isons bien évidentes. Dénoncer le dogme meurtrier de la souveraineté nationale absolue et indivisible, est le premier devo

353 ale absolue et indivisible, est le premier devoir de tous les citoyens qui se veulent libres et responsables — l’un n’alla

354 ans l’autre comme je le répète depuis un peu plus d’ un demi-siècle. 4. Il existe une demi-douzaine de définitions de la ré

355 d’un demi-siècle. 4. Il existe une demi-douzaine de définitions de la région : ethnique (Bretagne, Pays basque), linguist

356 le. 4. Il existe une demi-douzaine de définitions de la région : ethnique (Bretagne, Pays basque), linguistique (Alsace),

357 ion doit être avant tout et après tout, un espace de participation civique, favorisant la formation et le développement d’

358 ique, favorisant la formation et le développement d’ une communauté réelle et capable d’autonomie. Elle ne doit pas être un

359 développement d’une communauté réelle et capable d’ autonomie. Elle ne doit pas être un mini-État-nation, ni revendiquer t

360 sion des problèmes qu’elle est le mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être f

361 C’est dire que la région doit être et demeurer «  de dimensions médiocres » comme le voulait Rousseau, ou en tout cas vari

362 ions qu’elle assure. Elle doit être « à la taille de l’homme », de telle manière que chaque citoyen puisse y faire entendr

363 ssure. Elle doit être « à la taille de l’homme », de telle manière que chaque citoyen puisse y faire entendre sa voix ; ma

364 aire entendre sa voix ; mais aussi, « à la taille de ses problèmes » — qui sont « à géométrie variable » comme on vient de

365 nt de le voir, jamais délimités par une frontière d’ État qui n’arrête ni les pollutions, ni les microbes, ni les terrorist

366 es capitaux en fuite, mais par les seuls intérêts de sa population. « Une région ne se délimite pas, elle se reconnaît »,

367 e, animer et promouvoir les régions constitutives de l’Europe des réalités, les fédérer progressivement — bien souvent à t

368 es — les amener à constituer un sénat des régions d’ Europe, telles sont les étapes obligées de l’avènement d’une fédératio

369 régions d’Europe, telles sont les étapes obligées de l’avènement d’une fédération continentale : c’est autant dire, de la

370 e, telles sont les étapes obligées de l’avènement d’ une fédération continentale : c’est autant dire, de la paix de l’Europ

371 ’une fédération continentale : c’est autant dire, de la paix de l’Europe, condition de la paix du monde. Œuvre de longue h

372 tion continentale : c’est autant dire, de la paix de l’Europe, condition de la paix du monde. Œuvre de longue haleine, dir

373 st autant dire, de la paix de l’Europe, condition de la paix du monde. Œuvre de longue haleine, direz-vous ? — Il n’y a do

374 de l’Europe, condition de la paix du monde. Œuvre de longue haleine, direz-vous ? — Il n’y a donc pas une seule minute à p

375 une seule minute à perdre. m. Rougemont Denis de , « Des régions à la paix pour l’union de l’Europe », L’Humaniste, Gen

376 nt Denis de, « Des régions à la paix pour l’union de l’Europe », L’Humaniste, Genève, juillet–août 1982, p. 1 et 3. n. Ci

377 upe Cadmos, Rapport au peuple européen sur l’état de l’union de l’Europe 1979, Paris, Stock, 1979, p. 128.

378 Rapport au peuple européen sur l’état de l’union de l’Europe 1979, Paris, Stock, 1979, p. 128.

379 La peur d’ être libre… (printemps-été 1982)d e Vous êtes considéré comme celui

380 ns ? Ces dernières années, j’ai proposé à Ecoropa de s’occuper des régions, d’établir un réseau entre les différentes asso

381 j’ai proposé à Ecoropa de s’occuper des régions, d’ établir un réseau entre les différentes associations à vocation région

382 arrivé à Paris en 1931, j’ai fait la connaissance d’ une trentaine de jeunes gens de mon âge, entre 25 et 30 ans, qui se re

383 n 1931, j’ai fait la connaissance d’une trentaine de jeunes gens de mon âge, entre 25 et 30 ans, qui se rencontraient en u

384 it la connaissance d’une trentaine de jeunes gens de mon âge, entre 25 et 30 ans, qui se rencontraient en un petit groupe

385 t 30 ans, qui se rencontraient en un petit groupe de discussion œcuménique. Il y avait là des protestants, des catholiques

386 bertg Aron, etc. Ce groupe travaillait sur l’idée de « personne » et nous sommes devenus les « personnalistes ». Il en est

387 olé par qui vous savez ! Pour nous, il s’agissait de « l’ordre véritable » par rapport au désordre établi. Un numéro d’ Es

388 table » par rapport au désordre établi. Un numéro d’ Esprit fut d’ailleurs consacré au thème de « la rupture avec le déso

389 uméro d’ Esprit fut d’ailleurs consacré au thème de « la rupture avec le désordre établi ». Pour nous, il s’agissait auss

390 désordre établi ». Pour nous, il s’agissait aussi d’ une vraie « révolution » partant de l’homme considéré comme personne,

391 agissait aussi d’une vraie « révolution » partant de l’homme considéré comme personne, et non pas comme individu. C’est do

392 que sorte, que l’on peut considérer comme le père de la théorie « Personne-Planète », développée dans le livre de Théodore

393 ie « Personne-Planète », développée dans le livre de Théodore Roszak et qui a inspiré le n° 3 de notre revue. Mais on ne c

394 livre de Théodore Roszak et qui a inspiré le n° 3 de notre revue. Mais on ne connaît pas toujours ses parents !… Quelle ét

395 s toujours ses parents !… Quelle était la théorie de l’école personnaliste ? Le manifeste de notre groupe tenait en trois

396 a théorie de l’école personnaliste ? Le manifeste de notre groupe tenait en trois lignes : « Nous ne sommes ni individuali

397 ous sommes personnalistes. » Mounier a vite parlé de révolution personnaliste et communautaire. Cette révolution devait se

398 éveloppant la personne, et non pas sur les ordres de quelques individus. Ceci d’ailleurs ne marche jamais à long terme car

399 jamais à long terme car ça ne correspond pas à la vie . Il n’y a pas deux individus qui se ressemblent : Albert Jacquard l’a

400 omme doit inventer son chemin puisque chacun part d’ un endroit qui est unique. Il faut trouver son sentier : il n’y a pas

401 nique. Il faut trouver son sentier : il n’y a pas de route nationale ! Il faut donc avoir une certaine foi pour poser le p

402 poser le pied là où nul autre ne s’est avancé. La vie de la personne est une construction continuelle et une marche dans la

403 r le pied là où nul autre ne s’est avancé. La vie de la personne est une construction continuelle et une marche dans la nu

404 continuelle et une marche dans la nuit. Un verset d’ un psaume dit : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur

405 ue par les liens interpersonnels. Il n’existe pas de communautés d’individus. Une communauté se distingue par une vocation

406 s interpersonnels. Il n’existe pas de communautés d’ individus. Une communauté se distingue par une vocation beaucoup mieux

407 les mythes, les archétypes (dont on se sert comme d’ un instrument), ou même par le hasard, qu’on trouve sa famille spiritu

408 it réelle, elle ne doit pas être trop grande mais de dimension « médiocre », disait Rousseau. Ou, comme disait Aristote, q

409 agora où chacun doit pouvoir entendre les autres. De ce type de communauté naît la région. Quelle est votre définition de

410 acun doit pouvoir entendre les autres. De ce type de communauté naît la région. Quelle est votre définition de la région ?

411 nauté naît la région. Quelle est votre définition de la région ? Tout d’abord, c’est une grappe de communes qui se réuniss

412 ion de la région ? Tout d’abord, c’est une grappe de communes qui se réunissent pour faire ensemble certaines choses qu’el

413 ne vision tout à fait organique. Cela relève plus de l’horticulture que de la mécanique ! J’aime beaucoup la définition qu

414 organique. Cela relève plus de l’horticulture que de la mécanique ! J’aime beaucoup la définition qui a été donnée par un

415 née par un sénateur américain qui fut ambassadeur de son pays auprès des Nations unies : Ne confiez jamais à la plus gran

416 » ! Cela aussi démontre qu’aujourd’hui, la notion de frontière est une notion aberrante et que le problème de la vie sur T

417 tière est une notion aberrante et que le problème de la vie sur Terre est ou bien mondial, ou bien régional. C’est la visi

418 est une notion aberrante et que le problème de la vie sur Terre est ou bien mondial, ou bien régional. C’est la vision des

419 t la vision des « Verts » ! Les régions, naissant d’ une communauté, n’ont pas d’autre limite que celles des champs cultivé

420 Les régions, naissant d’une communauté, n’ont pas d’ autre limite que celles des champs cultivés ensemble. Le mot « proprié

421 u latin « proprius » qui veut dire « plus près », de « propes », « près ». C’est donc ce que l’on peut s’approprier du poi

422 besoins quotidiens. C’est la seule justification d’ une barrière, ou d’une limite quelconque et cela n’a aucun rapport ave

423 . C’est la seule justification d’une barrière, ou d’ une limite quelconque et cela n’a aucun rapport avec ce qu’est devenue

424 pas une seule utilité : les frontières empêchent de passer tout ce qui devrait passer : les hommes, les vivres ; mais ell

425 vivres ; mais elles n’interdisent pas le passage de ce qu’il faudrait arrêter : les épidémies, les maladies, les pollutio

426 t, entre la Suisse et la France. Avec des cordons de douane alors que c’est le même pays d’un seul tenant, le même sol, la

427 es cordons de douane alors que c’est le même pays d’ un seul tenant, le même sol, la même culture, le même climat, le même

428 même climat, le même lac avec les mêmes problèmes de pollution. Et ce lac est en train d’en crever. Mais cela, c’est ma fe

429 re Berlin-Ouest et Berlin-Est… C’est le même type d’ absurdité ! Les frontières sont les signes physiques de réalités qui

430 rdité ! Les frontières sont les signes physiques de réalités qui sont des idéologies, ou des mythes, qui s’affrontent. S’

431 On pourrait peut-être comparer votre description de l’unité-région et de ses limites à une personne faisant partie de plu

432 e comparer votre description de l’unité-région et de ses limites à une personne faisant partie de plusieurs associations,

433 n et de ses limites à une personne faisant partie de plusieurs associations, dites type 1901 en France ? C’est pour cette

434 que : l’Alsace. Les régions doivent se superposer de toutes sortes de manières, librement, — la question étant uniquement

435 es régions doivent se superposer de toutes sortes de manières, librement, — la question étant uniquement celle de leur rep

436 , librement, — la question étant uniquement celle de leur représentation. La pluralité des allégeances est ma théorie favo

437 favorite. Par exemple, je suis né dans le canton de Neuchâtel qui est ma patrie. Je me trouve donc automatiquement citoye

438 à la Suisse qui parle français et je fais partie de la communauté francophone : la France, une partie de la Belgique, de

439 la communauté francophone : la France, une partie de la Belgique, de la Suisse, du Canada, de l’Afrique et quelques îles d

440 ancophone : la France, une partie de la Belgique, de la Suisse, du Canada, de l’Afrique et quelques îles de l’Océanie. C’e

441 e partie de la Belgique, de la Suisse, du Canada, de l’Afrique et quelques îles de l’Océanie. C’est ma communauté en tant

442 Suisse, du Canada, de l’Afrique et quelques îles de l’Océanie. C’est ma communauté en tant qu’écrivain. Je suis protestan

443 une autre communauté qui est mondiale et n’a pas de frontière délimitée. J’appartiens à l’école personnaliste et à divers

444 ière soit donnée à toutes ces dimensions normales de l’être humain ! C’est impossible… Pour l’Europe, je vois donc une féd

445 sible… Pour l’Europe, je vois donc une fédération de régions, une fédération continentale européenne qui, à son tour, peut

446 Dans votre livre, vous avez résumé trois schémas d’ organisation : le schéma français, le pire… Vous dites « la France, pa

447 ais, le pire… Vous dites « la France, pays modèle de toute révolution étatique, nationale, puis stato-nationale… La Terre

448 rre entière copie les plus brillantes aberrations de leurs théoriciens politiques : la formule de l’État-nation a conquis

449 ions de leurs théoriciens politiques : la formule de l’État-nation a conquis le monde en moins de deux siècles… » Les deux

450 mule de l’État-nation a conquis le monde en moins de deux siècles… » Les deux autres schémas sont celui de la Confédératio

451 eux siècles… » Les deux autres schémas sont celui de la Confédération helvétique et celui de la fédération des États-Unis.

452 ont celui de la Confédération helvétique et celui de la fédération des États-Unis. Vous démontrez très bien la différence

453 tats-Unis. Vous démontrez très bien la différence d’ esprit entre ces dernières en expliquant comment l’on devient citoyen

454 nières en expliquant comment l’on devient citoyen de l’une ou de l’autre. Oui, par l’intérieur pour devenir Suisse, et par

455 pliquant comment l’on devient citoyen de l’une ou de l’autre. Oui, par l’intérieur pour devenir Suisse, et par l’extérieur

456 les Américains ont gardé un plus grand sentiment de la communauté qu’en Europe. Un autre exemple nous est offert par l’Af

457 e l’Afrique est mutilée par des gens qui, revêtus de leurs manches de lustrine, ont pris une carte de l’Afrique et ont tra

458 utilée par des gens qui, revêtus de leurs manches de lustrine, ont pris une carte de l’Afrique et ont tracé des frontières

459 de leurs manches de lustrine, ont pris une carte de l’Afrique et ont tracé des frontières toutes droites de 300 km de lon

460 frique et ont tracé des frontières toutes droites de 300 km de long au tire-ligne. Un jour où j’en parlais avec un ministr

461 ont tracé des frontières toutes droites de 300 km de long au tire-ligne. Un jour où j’en parlais avec un ministre de la Ha

462 e-ligne. Un jour où j’en parlais avec un ministre de la Haute-Volta, il me dit : Vous ne connaissez pas le pire. Quand la

463 ière devenue leur « frontière à eux », le symbole de leur libération. Pourtant, elle tranchait pile deux empires tradition

464 produire sous les jacobins et faire si facilement de la France un État-nation de citoyens-soldats. Nous pouvons donc obser

465 t faire si facilement de la France un État-nation de citoyens-soldats. Nous pouvons donc observer, sous nos yeux, le phéno

466 ute politique se base sur une certaine conception de l’homme. Je suis pour la région à cause de ma conception personnalist

467 la région à cause de ma conception personnaliste de l’homme. Mais aussi à cause des conséquences de l’État-nation actuel

468 e de l’homme. Mais aussi à cause des conséquences de l’État-nation actuel qui est né des guerres révolutionnaires, des gue

469 est né des guerres révolutionnaires, des guerres de Napoléon qui l’a consolidé et centralisé en vue de la guerre et de la

470 ’a consolidé et centralisé en vue de la guerre et de la mobilisation. Cette formule de l’État-nation jacobin, napoléonien,

471 de la guerre et de la mobilisation. Cette formule de l’État-nation jacobin, napoléonien, est la cause de toutes les guerre

472 l’État-nation jacobin, napoléonien, est la cause de toutes les guerres aujourd’hui. Il s’y est ajouté la divinisation de

473 es aujourd’hui. Il s’y est ajouté la divinisation de l’État avec sa « souveraineté absolue » et c’est ainsi que l’on voit

474 écile comme celle des Malouines, pour un troupeau d’ îles désertes… Avec beaucoup de pétrole dessous et quelques milliers d

475 beaucoup de pétrole dessous et quelques milliers de tonnes de crevettes autour ! L’exploitation du pétrole serait fabuleu

476 de pétrole dessous et quelques milliers de tonnes de crevettes autour ! L’exploitation du pétrole serait fabuleusement chè

477 trole serait fabuleusement chère… La vraie raison de cette guerre, c’est que la souveraineté nationale a été atteinte. L’h

478 souveraineté nationale a été atteinte. L’honneur de l’État-nation a été atteint. Donc, toute la structure des États-natio

479 divisent le pouvoir, elles empêchent la création de puissances, de super­puissances. Les régions désarment la guerre. Co

480 uvoir, elles empêchent la création de puissances, de super­puissances. Les régions désarment la guerre. Comment définisse

481 Comment définissez-vous la liberté ? La notion de liberté marche de pair avec celle de responsabilité. C’est fondamenta

482 ez-vous la liberté ? La notion de liberté marche de pair avec celle de responsabilité. C’est fondamental. Au contraire, l

483 ? La notion de liberté marche de pair avec celle de responsabilité. C’est fondamental. Au contraire, les individualistes

484 s’imaginent qu’ils seront libres s’ils n’ont pas de responsabilités. Malheureusement, cette idée est d’un de mes compatri

485 responsabilités. Malheureusement, cette idée est d’ un de mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce qu’il a nommé « le

486 onsabilités. Malheureusement, cette idée est d’un de mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce qu’il a nommé « le libé

487 ut droit à l’État totalitaire. J’ai écrit dans un de mes livres : « C’est avec la poussière des individus que l’État fera

488 ent ». Si chacun devient une personne, impossible d’ en faire du ciment ! Alors, il est très clair qu’à partir de la notion

489 Alors, il est très clair qu’à partir de la notion de personne, on peut tout reconstruire. Et faire une critique virulente

490 out reconstruire. Et faire une critique virulente de l’État-nation comme notre école l’avait fait dans les années 1930, pe

491 mme telle, ne sera jamais compétitive ». L’esprit de compétition relève de l’individu, sans doute, et pas de la personne.

492 ais compétitive ». L’esprit de compétition relève de l’individu, sans doute, et pas de la personne. Il se traduit donc aus

493 pétition relève de l’individu, sans doute, et pas de la personne. Il se traduit donc aussi directement par un esprit de co

494 l se traduit donc aussi directement par un esprit de compétition entre les États-nations ? Oui, c’est exactement ce que je

495 exactement ce que je pense. La compétition relève de ce qui n’est pas la vocation. À ce sujet, il ne faut pas s’imaginer l

496 s déterminisme, mais responsabilité. Cette notion d’ amour est très importante ; c’est l’amour qui unit les personnes. L’Ét

497 nit les personnes. L’État-nation ne déclenche pas d’ amour pour ses bureaux, vous l’avez, vous aussi, souvent dit ! Les Ét

498 à l’échelle mondiale, des gangsters… Il n’y a pas d’ amour là-dedans. Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-vous pas que

499 e entre l’attachement à la patrie et l’obligation de servir l’État-nation. L’école personnaliste est constamment revenue s

500 que l’État-nation, c’est un truc qui vous encadre de force, qui vous vient de l’extérieur. Et qui peut vous conduire à vou

501 vent se faire à travers les frontières. La région de Bâle-Wurtemberg-Alsace est un exemple d’entité régionale séparée en t

502 a région de Bâle-Wurtemberg-Alsace est un exemple d’ entité régionale séparée en trois États-nations dont deux, France et A

503 fins. En réalité, c’est même le cœur géographique de l’Europe. Ils veulent se mettre ensemble car ils ont l’impression d’u

504 ulent se mettre ensemble car ils ont l’impression d’ une centralité continentale, ce qui est vrai à tous points de vue. Dan

505 ontanément, c’est très important. Elles ont envie de se connaître. Elles nomment des délégués pour un congrès annuel des r

506 délégués se réunissent comme le font les délégués de ceux qui ont des problèmes professionnels en commun. Aucune réglement

507 ce spécialisée. Rien n’empêchera ces associations de prendre très au sérieux les avis des experts, alors que les circulair

508 onstituera tout seul parallèlement aux structures de l’État-nation. La vraie révolution vient d’en bas. Ce qui me donne un

509 tures de l’État-nation. La vraie révolution vient d’ en bas. Ce qui me donne un peu confiance dans le nouveau régime frança

510 ommes qui s’en occupent, Defferre et Rocard, sont d’ origine huguenote et les protestants ont toujours été opposés au centr

511 ations à la France pour se relever du centralisme de Monsieur Napoléon. Moi, je trouve que trois générations, c’est être t

512 trois générations, c’est être très optimiste car, de nos jours cela fait 20 ans x 3 = 60 ans. C’est très court pour une du

513 = 60 ans. C’est très court pour une durée moyenne de vie de 75 ans en Europe. Mais suffisamment pour que cela commence à d

514 0 ans. C’est très court pour une durée moyenne de vie de 75 ans en Europe. Mais suffisamment pour que cela commence à deven

515 s. C’est très court pour une durée moyenne de vie de 75 ans en Europe. Mais suffisamment pour que cela commence à devenir

516 n a aucune idée exacte : Debré a traité mon livre de « livre infâme » ! Pour conclure, je vais vous citer une phrase que j

517 l’on prend sur soi-même. » Vous avez aussi parlé de « la peur d’être libre »… C’est la maladie de notre société actuelle.

518 ur soi-même. » Vous avez aussi parlé de « la peur d’ être libre »… C’est la maladie de notre société actuelle. C’est de cet

519 rlé de « la peur d’être libre »… C’est la maladie de notre société actuelle. C’est de cette peur que sont nés les États-na

520 C’est la maladie de notre société actuelle. C’est de cette peur que sont nés les États-nations et les États totalitaires.

521 ts-nations et les États totalitaires. Je ne cesse de répéter que la seule force des États totalitaires, c’est la somme de

522 eule force des États totalitaires, c’est la somme de nos faiblesses. d. Rougemont Denis de, « [Entretien] La peur d’êt

523 a somme de nos faiblesses. d. Rougemont Denis de , « [Entretien] La peur d’être libre… », CoÉvolution, Paris, p. 31-35.

524 d. Rougemont Denis de, « [Entretien] La peur d’ être libre… », CoÉvolution, Paris, p. 31-35. e. Propos recueillis par

525 e chapeau suivant : « Beaucoup ont entendu parler de Denis de Rougemont à cause de son célèbre livre L’Amour et l’Occiden

526 fois réédité. Mais cette réflexion sur les mythes de l’amour était aussi un essai de déchiffrement de la personnalité de l

527 on sur les mythes de l’amour était aussi un essai de déchiffrement de la personnalité de l’Europe, que Denis de Rougemont

528 de l’amour était aussi un essai de déchiffrement de la personnalité de l’Europe, que Denis de Rougemont a poursuivi tout

529 ussi un essai de déchiffrement de la personnalité de l’Europe, que Denis de Rougemont a poursuivi tout au long de son œuvr

530 , que Denis de Rougemont a poursuivi tout au long de son œuvre. Dans L’Avenir est notre affaire (Stock, 1977), il brossa

531 s et en cherchait les causes dans les profondeurs de l’âme européenne. Président de l’association écologique européenne Ec

532 ns les profondeurs de l’âme européenne. Président de l’association écologique européenne Ecoropa, Denis de Rougemont a tou

533 régions. Depuis 1947 il habite une ferme du pays de Gex, avec sa femme qui s’occupe activement d’une association pour la

534 ays de Gex, avec sa femme qui s’occupe activement d’ une association pour la sauvegarde écologique du lac Léman. C’est là q

535 pour ses 20 ans (octobre 1982)q À l’occasion de notre 20e anniversaire, nous avons demandé à quelques personnalités d

536 aire, nous avons demandé à quelques personnalités de notre pays, connaissant parfois notre activité dès ses débuts, de nou

537 onnaissant parfois notre activité dès ses débuts, de nous donner un bref message sur notre travail. Nous les remercions ch

538 rcions chaleureusement ; notre reconnaissance est d’ autant plus vive que leurs lignes nous encouragent à persévérer. En

539 tes et que le petit dernier ne fût pas encore né. De tout cela, notre ami Weber-Perret fit ce que l’on peut faire de meill

540 notre ami Weber-Perret fit ce que l’on peut faire de meilleur : une Alliance, et même une alliance culturelle, la plus sûr

541 ilà le miracle que nous célébrons en ce beau jour de fête et de reconnaissance. q. Rougemont Denis de, « Hommage à l’Al

542 cle que nous célébrons en ce beau jour de fête et de reconnaissance. q. Rougemont Denis de, « Hommage à l’Alliance cult

543 fête et de reconnaissance. q. Rougemont Denis de , « Hommage à l’Alliance culturelle romande pour ses 20 ans », Cahiers

544 nce culturelle romande pour ses 20 ans », Cahiers de l’Alliance culturelle romande, Genève, octobre 1982, p. 207.

545 Un écrivain au service de la cité (24 octobre 1982)o p Denis de Rougemont, dans quelles circ

546 seul roman que j’aie jamais écrit — à mes années de formation, entre 15 et 25 ans. Dès mon adolescence, ce qui comptait e

547 rovisé, chez mes parents, mais après trois leçons de chimie, au Gymnase de Neuchâtel, j’ai compris que ce n’était pas tout

548 ts, mais après trois leçons de chimie, au Gymnase de Neuchâtel, j’ai compris que ce n’était pas tout à fait ça… Donc je ne

549 surréalistes. Mon premier article, publié à l’âge de 17 ans, dans la Semaine littéraire de Genève, était consacré à Monthe

550 lié à l’âge de 17 ans, dans la Semaine littéraire de Genève, était consacré à Montherlant et le football, comme j’étais mo

551 football, comme j’étais moi-même un adepte entêté de ce sport. Puis je suis entré en lettres, à l’Université de Neuchâtel

552 rt. Puis je suis entré en lettres, à l’Université de Neuchâtel qui était, à mon sens, la meilleure du monde, parce que la

553 mme Max Niedermann, l’un des disciples personnels de Ferdinand de Saussure. Ainsi, cinquante ans avant qu’elle n’arrive à

554 ions un autre professeur étonnant, en la personne de Jean Piaget, qui nous donnait des cours de psychologie et nous faisai

555 rsonne de Jean Piaget, qui nous donnait des cours de psychologie et nous faisait participer à ses enquêtes, dans les école

556 chez l’enfant, ou sur la représentation du monde de l’enfant… des choses formidables ! Une époque bouillonnante Aprè

557 ela, j’ai voyagé. J’ai passé un an à l’Université de Vienne, où l’on ne me voyait guère à vrai dire, tant ma vie sentiment

558 , où l’on ne me voyait guère à vrai dire, tant ma vie sentimentale était alors tumultueuse. Je fis aussi de longs séjours e

559 entimentale était alors tumultueuse. Je fis aussi de longs séjours en Hongrie. J’étais complètement envoûté par cette atmo

560 ètement envoûté par cette atmosphère passionnelle de l’Europe centrale, dont on retrouve le climat dans Le Paysan du Danu

561 u désordre… », je blâmais le « désordre cherché » de la littérature à la mode, où le surréalisme figurait en bonne place,

562 is le « désordre cherché » de la littérature à la mode , où le surréalisme figurait en bonne place, estimant qu’il était du d

563 ace, estimant qu’il était du devoir des écrivains d’ affronter les problèmes de la crise naissante. Ce qui ne m’empêchait n

564 du devoir des écrivains d’affronter les problèmes de la crise naissante. Ce qui ne m’empêchait nullement, par ailleurs, de

565 e. Ce qui ne m’empêchait nullement, par ailleurs, de signer des pamphlets d’une extrême virulence, tel Les Méfaits de l’i

566 nullement, par ailleurs, de signer des pamphlets d’ une extrême virulence, tel Les Méfaits de l’instruction publique . Qu

567 mphlets d’une extrême virulence, tel Les Méfaits de l’instruction publique . Quoi ou il en soit, il me semblait important

568 ue . Quoi ou il en soit, il me semblait important d’ en venir à une littérature fondée spirituellement, intellectuellement

569 Paris au début des années 1930, où l’on m’offrait de diriger une maison d’édition. Dès ce moment-là, j’ai été plongé dans

570 moment-là, j’ai été plongé dans un bouillonnement d’ idées que je n’ai jamais retrouvé par la suite. D’une part, nous faisi

571 roupes que nous formions alors avec une trentaine de jeunes gens venus de tous les horizons, allaient sortir plusieurs rev

572 t, les thèses du personnalisme et du fédéralisme. De fait, nous n’étions ni individualistes, ni collectivistes, mais perso

573 isme mussolinien et du stalinisme, par l’exigence d’ une fédération européenne dépassant les prérogatives de l’État-nation.

574 fédération européenne dépassant les prérogatives de l’État-nation. Mais ce n’est qu’après la guerre que je me suis lancé

575 ans. Cela étant, je n’ai jamais cessé pour autant d’ être écrivain. Pour l’instant, j’ai douze livres en chantier. À la sui

576 ze livres en chantier. À la suite de mon Journal d’ une époque , devrait bientôt paraître le Journal d’un Européen, portan

577 ’une époque , devrait bientôt paraître le Journal d’ un Européen, portant sur ces trente dernières années. Enfin, je travai

578 ujours à l’ouvrage que je considère comme la clef de voûte de mon œuvre : une Morale du but où se concentre l’essentiel de

579 l’ouvrage que je considère comme la clef de voûte de mon œuvre : une Morale du but où se concentre l’essentiel de mon éthi

580 e : une Morale du but où se concentre l’essentiel de mon éthique d’homme et d’écrivain. o. Rougemont Denis de, « [Entr

581 du but où se concentre l’essentiel de mon éthique d’ homme et d’écrivain. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] Un écriv

582 e concentre l’essentiel de mon éthique d’homme et d’ écrivain. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] Un écrivain au serv

583 que d’homme et d’écrivain. o. Rougemont Denis de , « [Entretien] Un écrivain au service de la cité », Tribune de Lausan

584 nt Denis de, « [Entretien] Un écrivain au service de la cité », Tribune de Lausanne — Le Matin, Lausanne, 24 octobre 1982,

585 ien] Un écrivain au service de la cité », Tribune de Lausanne — Le Matin, Lausanne, 24 octobre 1982, p. 6. p. Entretien p

586 e 1982, p. 6. p. Entretien précédé du chapeau et de la notes suivantes : « À la veille de recevoir la haute distinction d

587 chapeau et de la notes suivantes : « À la veille de recevoir la haute distinction du Grand Prix Schiller (le 26 octobre à

588 (le 26 octobre à Genève) couronnant, après celles de Ramuz, Dürrenmatt et Frisch, son œuvre d’écrivain et de penseur, Deni

589 celles de Ramuz, Dürrenmatt et Frisch, son œuvre d’ écrivain et de penseur, Denis de Rougemont a bien voulu évoquer les ci

590 uz, Dürrenmatt et Frisch, son œuvre d’écrivain et de penseur, Denis de Rougemont a bien voulu évoquer les circonstances da

591 délité au passé et vue prospective. Par son œuvre d’ écrivain — une trentaine d’ouvrages parus à ce jour, dont quelques cla

592 pective. Par son œuvre d’écrivain — une trentaine d’ ouvrages parus à ce jour, dont quelques classiques, tels Le Paysan du

593 vec les mains , L’Amour et l’Occident , Journal d’ un intellectuel au chômage , La Suisse ou l’histoire d’un peuple heur

594 ntellectuel au chômage , La Suisse ou l’histoire d’ un peuple heureux et Lettre ouverte aux Européens — autant que par

595 uverte aux Européens — autant que par son action d’ initiateur du fédéralisme européen, Denis de Rougemont apparaît comme

596 européen, Denis de Rougemont apparaît comme l’un de nos contemporains capitaux. Dans la tradition des grands moralistes s

597 es suisses, il est parvenu, en témoin clairvoyant de son époque aux intuitions souvent prophétiques, à concilier la défens

598 ions souvent prophétiques, à concilier la défense d’ un héritage culturel incessamment enrichissant, avec l’urgence de chan

599 ulturel incessamment enrichissant, avec l’urgence de changer le monde afin de le rendre plus habitable, plus conforme aux

600 dre plus habitable, plus conforme aux aspirations de la personne, plus pacifique aussi. Maintes fois pillé, plagié (l’inén

601 esservir dans certain brûlot anti-Giscard…), taxé d’ utopiste par les uns et bassement calomnié par d’autres (tel Bernard-H

602 déologie française, qui l’accuse ignominieusement d’ avoir flirté avec le fascisme, alors qu’il fut, et ses livres en témoi

603 ses livres en témoignent clairement, un antinazi de la première heure), celui qu’André Malraux considérait comme “l’un de

604 rait comme “l’un des hommes les plus intelligents de notre temps” incarne par excellence l’écrivain dont le génie s’exerce

605 ence l’écrivain dont le génie s’exerce au service de la cité, non comme tant de taupes insidieuses de la critique érigée e

606 de la cité, non comme tant de taupes insidieuses de la critique érigée en système, mais en homme de bonne volonté aux exh

607 s de la critique érigée en système, mais en homme de bonne volonté aux exhortations stimulantes. Le premier, ainsi qu’il l

608 ance frisant la coquetterie, il fonda les notions d’ engagement et d’homme libre et responsable, que Sartre reprit à son co

609 coquetterie, il fonda les notions d’engagement et d’ homme libre et responsable, que Sartre reprit à son compte. Là-dessus,

610 à-dessus, ne voyons pas en lui qu’un intellectuel de haut vol, mais également un styliste de premier ordre et un poète don

611 ellectuel de haut vol, mais également un styliste de premier ordre et un poète dont un des premiers livres, réédité ces jo

612 premiers livres, réédité ces jours en collection de poche, signale assez la double nature de passion et de réflexif, d’ar

613 llection de poche, signale assez la double nature de passion et de réflexif, d’artiste anarchique et de constructeur. »

614 che, signale assez la double nature de passion et de réflexif, d’artiste anarchique et de constructeur. »

615 assez la double nature de passion et de réflexif, d’ artiste anarchique et de constructeur. »

616 e passion et de réflexif, d’artiste anarchique et de constructeur. »

617 Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)v Qui auriez-vous aimé être

618 Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)v Qui auriez-vous aimé être ? Moi, mais pleinem

619 Moi, mais pleinement réalisé. Le principal trait de votre caractère ? L’alternance admiration-indignation, moteur de tous

620 ère ? L’alternance admiration-indignation, moteur de tous mes écrits. La qualité préférée chez vos semblables ? La capacit

621 ualité préférée chez vos semblables ? La capacité d’ amitié. Croyez-vous au hasard ? Oui, quand il fait bien les choses. Cr

622 st le résultat global des réussites et des échecs de ses efforts pour se rendre meilleur, ou plus puissant, ou plus libre,

623 u plus libre, c’est-à-dire plus fidèle aux ordres de sa vocation unique. Pensez-vous que l’homme soit capable de progrès m

624 tion unique. Pensez-vous que l’homme soit capable de progrès moral ? Je ne sais. Je le souhaite. C’est le vrai sens de tou

625  ? Je ne sais. Je le souhaite. C’est le vrai sens de toute vie. Estimez-vous que, dans le monde, les libertés individuelle

626 sais. Je le souhaite. C’est le vrai sens de toute vie . Estimez-vous que, dans le monde, les libertés individuelles sont en

627 t en progression ? Personne ne dispose des moyens de répondre à cette question. Si le Christ revenait sur terre et plus pr

628 re justice le condamnerait ? Oui, comme objecteur de conscience (« Présenter l’autre joue », non-violence absolue). La plu

629  », non-violence absolue). La plus noble conquête de l’homme ? Sa liberté, c’est-à-dire le pouvoir qu’il prend non sur aut

630 anisation jamais achevée des Églises chrétiennes, de Luther et Calvin à Vatican II : même combat ! La réforme qui vous cau

631 us grand plaisir ? Celle des concepts occidentaux de travail et de loisir, finalement le passage du fric au troc. Votre pe

632 ir ? Celle des concepts occidentaux de travail et de loisir, finalement le passage du fric au troc. Votre personnage histo

633 Claudel, T. S. Eliot et Saint-John Perse. Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? Une santé qui puisse résister à p

634 z avoir ? Une santé qui puisse résister à pas mal d’ excès. v. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Questionnai

635 résister à pas mal d’excès. v. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] Questionnaire de Marcel Proust », Cent Sui

636 Denis de, « [Réponse à une enquête] Questionnaire de Marcel Proust », Cent Suisses répondent à Marcel Proust, Lausanne, Éd

637 ses répondent à Marcel Proust, Lausanne, Éditions de l’Aire, 1983, p. 1.

638 t aux mêmes arguments sans prise sur les vertiges de l’irrationnel, aux mêmes calculs débiles devant le démesuré, dans le

639 s le même aveuglement systématique des dirigeants de nos États, de nos médias, et des stratèges de l’internationale (Est-O

640 glement systématique des dirigeants de nos États, de nos médias, et des stratèges de l’internationale (Est-Ouest) des arme

641 nts de nos États, de nos médias, et des stratèges de l’internationale (Est-Ouest) des armements, chargée d’assurer nos déf

642 internationale (Est-Ouest) des armements, chargée d’ assurer nos défenses nationales. Les démocraties ont vaincu, en 1945,

643 e depuis lors et les soumet à la même sophistique de dissuasion et aux mêmes enchaînements d’hypothèses aberrantes dans le

644 histique de dissuasion et aux mêmes enchaînements d’ hypothèses aberrantes dans les deux camps désormais en présence. L’équ

645 les deux camps désormais en présence. L’équilibre de la terreur, tel est le nom qu’ils ont inventé pour la paix. Nous diso

646 es les armes nucléaires existantes. La couverture d’ un récent numéro de Time portait en grosses lettres : NUCLEAR POKER T

647 ires existantes. La couverture d’un récent numéro de Time portait en grosses lettres : NUCLEAR POKER The Stakes get highe

648 messieurs les ministres, vous n’avez pas le droit de « jouer au poker » la survie de l’humanité. En attendant, il devient

649 avez pas le droit de « jouer au poker » la survie de l’humanité. En attendant, il devient chaque jour plus évident qu’à « 

650 vient chaque jour plus évident qu’à « l’équilibre de la terreur » correspond et répond en écho, à l’échelle internationale

651 ble des malheurs qu’elle annonçait. Ainsi va-t-il de ceux qui tentent encore de prévenir cette « solution finale » que ser

652 nonçait. Ainsi va-t-il de ceux qui tentent encore de prévenir cette « solution finale » que serait, pour l’humanité tout e

653 doigt et insultés comme étant les vrais fauteurs de guerre, dans la presse à peu près unanime à l’ouest du rideau de fer,

654 la presse à peu près unanime à l’ouest du rideau de fer, de la droite traditionnelle à la gauche dès qu’elle est au pouvo

655 se à peu près unanime à l’ouest du rideau de fer, de la droite traditionnelle à la gauche dès qu’elle est au pouvoir. Il

656 ucléaire, sous toutes ses formes du système, sont de sinistres névrosés, acharnés à détruire, sans scrupules, la sacro-sai

657 t je suis. — Ils ont été traumatisés par la bombe d’ Hiroshima. Vous non, sans doute ? Vous n’avez rien senti ? Voilà qui e

658 Voilà qui est grave. Névrosé est celui qui réagit d’ une manière anormale à la cause de son angoisse : il tente de nier sa

659 elui qui réagit d’une manière anormale à la cause de son angoisse : il tente de nier sa réalité, ou de passer avec elle « 

660 re anormale à la cause de son angoisse : il tente de nier sa réalité, ou de passer avec elle « un compromis dont il tire,

661 de son angoisse : il tente de nier sa réalité, ou de passer avec elle « un compromis dont il tire, dans sa position névrot

662 reconnu les partisans du nucléaire en général, et de la dissuasion en particulier. — Ils sont manipulés par Moscou. Cette

663 stes », c’est-à-dire ceux qui n’aiment pas l’idée d’ une fin brutale et prochaine de l’humanité, sont nécessairement partis

664 ’aiment pas l’idée d’une fin brutale et prochaine de l’humanité, sont nécessairement partisans d’une guerre « gagnée » par

665 aine de l’humanité, sont nécessairement partisans d’ une guerre « gagnée » par Moscou à la faveur d’une démission de l’Occi

666 ns d’une guerre « gagnée » par Moscou à la faveur d’ une démission de l’Occident. Et en effet, certains d’entre eux ont pri

667 « gagnée » par Moscou à la faveur d’une démission de l’Occident. Et en effet, certains d’entre eux ont pris pour devise le

668 e mort) lancé par Bertrand Russell à l’Université de Berkeley (Californie) en 1961. Le philosophe Sidney Hook lui répondit

669 e ; — guerre limitée aux armées : on n’essaie pas d’ anéantir la population du pays ennemi, mais seulement ses forces armée

670 néantissement réciproque total. Une seule manière de s’arrêter avant ce stade final : supprimer toutes les armes nucléaire

671 léaires, partout, dans les moindres délais. Faire de cet objectif, préalablement accepté de part et d’autre, l’objet uniqu

672 ais. Faire de cet objectif, préalablement accepté de part et d’autre, l’objet unique et la finalité expressément déclarée

673 de cet objectif, préalablement accepté de part et d’ autre, l’objet unique et la finalité expressément déclarée des prochai

674 expressément déclarée des prochaines conférences de Genève. Vous me répondrez que c’est impossible, car cela désorganiser

675 onomie mondiale et ferait au surplus des millions de chômeurs. Votre devise serait-elle : « plutôt la fin de l’Humanité qu

676 meurs. Votre devise serait-elle : « plutôt la fin de l’Humanité que la ruine de ma société » ? Ou simplement : « plutôt mo

677 elle : « plutôt la fin de l’Humanité que la ruine de ma société » ? Ou simplement : « plutôt morts que chômeurs » ? Cet « 

678 e » est pourtant seul possible. Avec des dizaines de milliers d’armes nucléaires sur tous les continents et les humains ét

679 tant seul possible. Avec des dizaines de milliers d’ armes nucléaires sur tous les continents et les humains étant ce qu’il

680 et les humains étant ce qu’ils sont, les chances d’ éviter dans les années qui viennent accidents et malentendus, violatio

681 qui viennent accidents et malentendus, violations d’ engagements, attaques surprises, coups de folie ou actes terroristes i

682 olations d’engagements, attaques surprises, coups de folie ou actes terroristes individuels ou collectifs, chances déjà bi

683 mêmes humains, pas meilleurs certes, mais privés d’ armes nucléaires, l’Histoire peut encore continuer. Cela suffira-t-il

684 aut pour qu’elle arrive. Les calculs imbéciles de « l’overkill » Vouloir comparer les « mégatonnages » (nombre d’arm

685 Vouloir comparer les « mégatonnages » (nombre d’ armes et puissance explosive totale des arsenaux nucléaires américain

686 ifs. Mettons qu’aujourd’hui, les États-Unis aient de quoi tuer 32 000 fois tous les humains. Mais comme les Soviétiques en

687 fort gigantesque doit être demandé aux industries d’ armes américaines to stop the gap, pour combler ce retard tragique. Ce

688 ombler ce retard tragique. Ce raisonnement relève d’ un âge mental de joueurs de billes. Si j’ai trois billes (ou missiles)

689 tragique. Ce raisonnement relève d’un âge mental de joueurs de billes. Si j’ai trois billes (ou missiles) et toi six, j’a

690 Ce raisonnement relève d’un âge mental de joueurs de billes. Si j’ai trois billes (ou missiles) et toi six, j’ai raison d’

691 rois billes (ou missiles) et toi six, j’ai raison d’ être inquiet. Mais si j’en ai 30 000 et toi 60 000, nous sommes « à ég

692 ) 1. « Poker nucléaire, les enjeux ne cessent de monter. » 2. Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire d

693 Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF, 1967. w. Rougemont Denis de, Launay Be

694 chanalyse, Paris, PUF, 1967. w. Rougemont Denis de , Launay Bertrand de, « [Préface] Bertrand de Launay, Le Poker nucléai

695 F, 1967. w. Rougemont Denis de, Launay Bertrand de , « [Préface] Bertrand de Launay, Le Poker nucléaire  », dans Le Poker

696 83)r Mon intervention dans ce colloque résulte d’ un malentendu initial sur son titre. Parce que cela me convenait sans

697 cru comprendre qu’il s’agirait du problème global de la Suisse et de l’union de l’Europe. J’avais dit oui, bien sûr et bra

698 u’il s’agirait du problème global de la Suisse et de l’union de l’Europe. J’avais dit oui, bien sûr et bravo. Puis j’ai lu

699 ait du problème global de la Suisse et de l’union de l’Europe. J’avais dit oui, bien sûr et bravo. Puis j’ai lu l’énoncé e

700 e et la CEE élargie ou bien La Suisse et l’union de l’Europe Sur le premier titre, j’aurais tout de suite à observer cec

701 moins — des définitions variées qu’on peut donner de la Suisse et de l’Europe unie, et leur sont — ou devraient leur être

702 nitions variées qu’on peut donner de la Suisse et de l’Europe unie, et leur sont — ou devraient leur être — subordonnées.

703 s à celui-ci : 1. Quelle Suisse et quelle union de l’Europe ? Il ne s’agit nullement dans tout cela de « simples ques

704 Europe ? Il ne s’agit nullement dans tout cela de « simples questions de mots », mais d’attitudes et de positions fonda

705 t nullement dans tout cela de « simples questions de mots », mais d’attitudes et de positions fondamentales. Si l’on n’est

706 tout cela de « simples questions de mots », mais d’ attitudes et de positions fondamentales. Si l’on n’est pas rigoureux d

707  simples questions de mots », mais d’attitudes et de positions fondamentales. Si l’on n’est pas rigoureux dans l’énoncé du

708 r « la Suisse » et pour « l’Europe » deux groupes de phénomènes industriels, commerciaux et monétaires qui se manifestent

709 étaires qui se manifestent l’un sur le territoire de la Suisse, l’autre sur le continent européen. Or, je le répète, la Su

710 dre l’une pour l’autre n’est pas une simple façon de parler pour aller vite, une métonymie, dit-on en rhétorique (la parti

711 ruxelles — où la CEE n’est en fait qu’un ensemble d’ accords intergouvernementaux en vue d’harmoniser certains secteurs de

712 un ensemble d’accords intergouvernementaux en vue d’ harmoniser certains secteurs de l’économie dans la partie ouest du con

713 ernementaux en vue d’harmoniser certains secteurs de l’économie dans la partie ouest du continent. À l’illusion économiste

714 nces se bornent à ceci : contrôler 13 % du budget de la Commission chargée d’appliquer des mesures communes dans le seul s

715 contrôler 13 % du budget de la Commission chargée d’ appliquer des mesures communes dans le seul secteur économique de neuf

716 mesures communes dans le seul secteur économique de neuf pays de l’Europe de l’Ouest sur vingt-deux. L’illusion politique

717 unes dans le seul secteur économique de neuf pays de l’Europe de l’Ouest sur vingt-deux. L’illusion politique consiste sur

718 ussi à d’autres secteurs, on arrivera à une sorte de fédération continentale. Voyons cela de plus près, et de plus loin à

719 s (depuis trente-cinq ans) profondément convaincu de ces trois vérités : 1. La Suisse ne peut pas subsister si l’Europe ne

720 . 2. L’Europe ne peut s’unir que selon la formule d’ une fédération (à cause de ses diversités et pour les sauvegarder). 3.

721 rsités et pour les sauvegarder). 3. Toute formule d’ union autre que fédérative est incompatible avec l’identité suisse. L

722 tité suisse. La question concrète est donc celle de savoir — à quel type d’Europe unie la Suisse pourrait-elle se joindre

723 n concrète est donc celle de savoir — à quel type d’ Europe unie la Suisse pourrait-elle se joindre ? — et cela non seuleme

724 ouvant la garantie renouvelée que cette identité, de la même façon que nos vingt-trois cantons trouvent dans l’article 5 d

725 nos vingt-trois cantons trouvent dans l’article 5 de la Constitution actuellement en vigueur la garantie de leur « souvera

726 Constitution actuellement en vigueur la garantie de leur « souveraineté ». Parmi les divers types d’Europe unie que l’on

727 de leur « souveraineté ». Parmi les divers types d’ Europe unie que l’on peut envisager, deux existent au moins formelleme

728 réaliser : un super-État européen, sur le modèle de l’État-nation français ; un État fédéral européen, sur le modèle de l

729 rançais ; un État fédéral européen, sur le modèle de la Suisse ; ou une simple Ligue défensive des nations souveraines sur

730 e défensive des nations souveraines sur le modèle de l’OTAN ou du pacte de Varsovie. Par ailleurs, je ne sais qui pourrait

731 s souveraines sur le modèle de l’OTAN ou du pacte de Varsovie. Par ailleurs, je ne sais qui pourrait nous interdire d’inno

732 ailleurs, je ne sais qui pourrait nous interdire d’ innover dans ce domaine aussi, comme il est si bien vu de le faire dan

733 er dans ce domaine aussi, comme il est si bien vu de le faire dans le domaine des sciences physiques, dans celui de la tec

734 ans le domaine des sciences physiques, dans celui de la technologie, en biologie et même en génétique, mais comme il sembl

735 génétique, mais comme il semble à peu près exclu de le proposer dans le domaine des formes politiques depuis l’avènement

736 domaine des formes politiques depuis l’avènement de l’État-nation en 1792, il y aura bientôt deux siècles. Évaluons rapid

737 vec l’identité suisse. 3. Europe de Bruxelles, de Strasbourg ou super-État européent a) L’Europe de Bruxelles ou la

738 e Bruxelles ou la Communauté élargie. S’il s’agit d’ un élargissement des accords économiques à d’autres pays européens dan

739 ns les cadres strictement délimités par le traité de Rome, il ne me semble pas que des obstacles de principe s’opposent à

740 té de Rome, il ne me semble pas que des obstacles de principe s’opposent à une participation suisse, pour autant que celle

741 à la CEE qu’à l’économie suisse. Mais s’il s’agit d’ élargir la Communauté économique à d’autres secteurs, jusqu’à en faire

742 munauté politique par exemple, le problème change de nature, radicalement. Car il serait dangereux de prétendre fonder et

743 de nature, radicalement. Car il serait dangereux de prétendre fonder et développer l’union sociale, écologique, culturell

744 ue des peuples du continent sur la base du traité de Rome, c’est-à-dire sur des combinaisons d’intérêts de durée nécessair

745 traité de Rome, c’est-à-dire sur des combinaisons d’ intérêts de durée nécessairement brève — calculées dans le seul domain

746 ome, c’est-à-dire sur des combinaisons d’intérêts de durée nécessairement brève — calculées dans le seul domaine économiqu

747 net l’a cru possible. Ce fut à la fois le ressort de son action créatrice, et son illusion majeure, bientôt dénoncée comme

748 tional qui faisait fi des « intérêts » immédiats. De fait, on ne voit pas pour quelles raisons il y aurait lieu de faire c

749 ne voit pas pour quelles raisons il y aurait lieu de faire confiance aux seuls économistes réunis à Bruxelles pour légifér

750 ngt-deux pays du continent, et sur les conditions de leur réunion future avec les sept pays de l’Est actuellement satellis

751 ditions de leur réunion future avec les sept pays de l’Est actuellement satellisés par Moscou. Si cet élargissement-là (à

752 ques) — souvent revendiqué par les parlementaires de l’Assemblée des Dix — se réalisait progressivement, la Suisse se verr

753 e réalisait progressivement, la Suisse se verrait de moins en moins capable de se joindre à la fête, ne fût-ce qu’en vertu

754 t, la Suisse se verrait de moins en moins capable de se joindre à la fête, ne fût-ce qu’en vertu de sa neutralité, mais pl

755 u’en vertu de sa neutralité, mais plus encore, et d’ une manière plus structurelle, en vertu de sa formule fédéraliste. b)

756 le, en vertu de sa formule fédéraliste. b) Le cas de l’Europe de Strasbourg est plus simple. D’une part, la CE réunit ving

757 deux ; la Suisse en fait déjà partie ; l’obstacle de la neutralité a donc été écarté. Mais le Conseil de l’Europe est sans

758 l eût fallu élire au suffrage universel. Et doter de pouvoirs élargis jusqu’à devenir fédéraux. À mon sens, c’est du côté

759 Suisse devrait dès maintenant produire un effort d’ imagination, d’invention, d’innovation. J’y reviendrai. c) Je passerai

760 dès maintenant produire un effort d’imagination, d’ invention, d’innovation. J’y reviendrai. c) Je passerai sans m’y arrêt

761 nt produire un effort d’imagination, d’invention, d’ innovation. J’y reviendrai. c) Je passerai sans m’y arrêter sur le mod

762 ai. c) Je passerai sans m’y arrêter sur le modèle de super-État européen, dont personne ne veut (il ne sert que de punchin

763 t européen, dont personne ne veut (il ne sert que de punching-ball pour Michel Debré) et sur le modèle de la Ligue défensi

764 punching-ball pour Michel Debré) et sur le modèle de la Ligue défensive des nations souveraines, où il n’y aurait de série

765 fensive des nations souveraines, où il n’y aurait de sérieux que les USA d’une part, l’URSS de l’autre. Restent deux possi

766 aurait de sérieux que les USA d’une part, l’URSS de l’autre. Restent deux possibilités théoriques : 1° celle d’un État fé

767 . Restent deux possibilités théoriques : 1° celle d’ un État fédéral européen sur le modèle suisse. 2° celle d’une création

768 t fédéral européen sur le modèle suisse. 2° celle d’ une création sui generis, d’une innovation politique, pour laquelle j’

769 dèle suisse. 2° celle d’une création sui generis, d’ une innovation politique, pour laquelle j’ai proposé le nom d’Europe d

770 tion politique, pour laquelle j’ai proposé le nom d’ Europe des régions. 4. État fédéral européen ou Europe des régionsu

771 s, tout change. Au lieu de se demander si le fait d’ adhérer, de « join Europe » comme disent les Anglais, d’entrer dans le

772 nge. Au lieu de se demander si le fait d’adhérer, de « join Europe » comme disent les Anglais, d’entrer dans le modèle de

773 rer, de « join Europe » comme disent les Anglais, d’ entrer dans le modèle de Bruxelles ou dans celui de Strasbourg sert no

774 comme disent les Anglais, d’entrer dans le modèle de Bruxelles ou dans celui de Strasbourg sert nos intérêts immédiats, no

775 ’entrer dans le modèle de Bruxelles ou dans celui de Strasbourg sert nos intérêts immédiats, nous avons à déterminer les c

776 e défensive, nous avons à formuler les conditions de notre acceptation éventuelle, c’est-à-dire à prendre l’initiative, à

777 robablement à innover. Les principales conditions de participation active de la Suisse à une union européenne sont faciles

778 es principales conditions de participation active de la Suisse à une union européenne sont faciles à formuler. Ce sont les

779 s suivantes : 1° la neutralité conçue comme refus de recourir à la guerre pour régler aucun problème politique, social ou

780 n problème politique, social ou économique, refus de préparer la guerre et de coopérer aux combinaisons industrielles et m

781 ial ou économique, refus de préparer la guerre et de coopérer aux combinaisons industrielles et militaires qui impliquent

782 et acceptent donc, voire appellent la possibilité de la guerre. La Suisse ne pourrait participer qu’à une union qui serait

783 sive. 2° Le fédéralisme, c’est-à-dire le système d’ organisation politique qui permet de distribuer les pouvoirs de décisi

784 re le système d’organisation politique qui permet de distribuer les pouvoirs de décision aux communautés dont les dimensio

785 n politique qui permet de distribuer les pouvoirs de décision aux communautés dont les dimensions correspondent aux dimens

786 ns des tâches à accomplir, et ceci en partant non de l’État central qui voudrait « déconcentrer » ses services, mais en pa

787 it « déconcentrer » ses services, mais en partant d’ en bas. Partir d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités, signifi

788  » ses services, mais en partant d’en bas. Partir d’ en bas, c’est-à-dire des plus petites unités, signifie très exactement

789 re à propos des États-Unis, mais qu’il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande

790 sociologues et politologues européens, et nombre d’ hommes politiques responsables aux USA ; la décentralisation du gouver

791 es aux USA ; la décentralisation du gouvernement, de l’économie et des activités culturelles, leur paraît la condition mêm

792 ivités culturelles, leur paraît la condition même d’ une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. La Sui

793 une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. La Suisse ne pourrait adhérer qu’à une union de type fédér

794 ays. La Suisse ne pourrait adhérer qu’à une union de type fédéral, ménageant la pleine autonomie des communautés qui la co

795 des communautés qui la constituent. 3° La volonté de défense locale, sur tout le territoire de la fédération européenne. S

796 volonté de défense locale, sur tout le territoire de la fédération européenne. Sans vouloir entrer dans la discussion très

797 ussion très complexe des risques et des avantages de cette politique typiquement suisse depuis les débuts du xvie siècle,

798 x armées du monde — au Vietnam. b) À stocks égaux d’ armes nucléaires, les Russes gagneraient nécessairement sur les Europé

799 stratégiques et bombes tactiques. c) Les « forces de frappe » nationales de deux ou trois États européens ne feraient qu’é

800 tactiques. c) Les « forces de frappe » nationales de deux ou trois États européens ne feraient qu’égratigner la Russie, ma

801 er la Russie, mais elles dévasteraient les villes de l’Allemagne envahie sans faire beaucoup de mal aux envahisseurs. d) L

802 uisse, au lieu de mener un combat en retraite, et d’ accepter l’idée que, finalement, elle sera contrainte de céder, c’est-

803 pter l’idée que, finalement, elle sera contrainte de céder, c’est-à-dire d’adhérer à la CEE, doit prendre sans plus tarder

804 ment, elle sera contrainte de céder, c’est-à-dire d’ adhérer à la CEE, doit prendre sans plus tarder des initiatives créatr

805 trop petite », etc. Mais dans ma longue carrière d’ historien des idées, je n’ai jamais observé que la justesse et la féco

806 ai jamais observé que la justesse et la fécondité d’ une seule idée ait dépendu de la taille de celui qui l’avait conçue.

807 esse et la fécondité d’une seule idée ait dépendu de la taille de celui qui l’avait conçue. 5. Dans quelle direction ch

808 condité d’une seule idée ait dépendu de la taille de celui qui l’avait conçue. 5. Dans quelle direction chercher ? L

809 raineté nationale absolue d’une part, la division de l’Europe par le rideau de fer d’autre part, les solutions doivent êtr

810 d’une part, la division de l’Europe par le rideau de fer d’autre part, les solutions doivent être cherchées dans ce qui pe

811 ns doivent être cherchées dans ce qui permettrait de dépasser simultanément par en haut et par en bas les souverainetés na

812 ut et par en bas les souverainetés nationales, et de ramener les pays de l’Est dans une communauté avec l’Ouest. Pour les

813 souverainetés nationales, et de ramener les pays de l’Est dans une communauté avec l’Ouest. Pour les contacts avec l’Est,

814 ec l’Est, la Suisse dispose désormais des accords d’ Helsinki, seuls à rassembler pour des négociations officielles tous le

815 en 1978, on a discuté sérieusement la possibilité d’ élections au suffrage universel d’un Sénat des régions d’Europe — et c

816 la possibilité d’élections au suffrage universel d’ un Sénat des régions d’Europe — et cela dans les termes mêmes que j’av

817 ions au suffrage universel d’un Sénat des régions d’ Europe — et cela dans les termes mêmes que j’avais proposés dès 1972 d

818 érences et livres. Pour ce qui est du dépassement de l’économisme de Bruxelles, et de faire face au problème proprement po

819 s. Pour ce qui est du dépassement de l’économisme de Bruxelles, et de faire face au problème proprement politique de l’uni

820 t du dépassement de l’économisme de Bruxelles, et de faire face au problème proprement politique de l’union européenne, po

821 et de faire face au problème proprement politique de l’union européenne, pourquoi s’interdire de supputer les effets d’une

822 tique de l’union européenne, pourquoi s’interdire de supputer les effets d’une fusion éventuelle de la CEE et du CE ? C’es

823 enne, pourquoi s’interdire de supputer les effets d’ une fusion éventuelle de la CEE et du CE ? C’est impensable ! me dit-o

824 re de supputer les effets d’une fusion éventuelle de la CEE et du CE ? C’est impensable ! me dit-on de toutes parts. Essay

825 impensable ! me dit-on de toutes parts. Essayons de voir pourquoi — et de le penser. Pour progresser dans la direction d’

826 n de toutes parts. Essayons de voir pourquoi — et de le penser. Pour progresser dans la direction d’un gouvernement non pa

827 t de le penser. Pour progresser dans la direction d’ un gouvernement non pas « supranational » — je n’aime pas ce terme — m

828 tution suisse est intitulée Constitution fédérale de la Confédération suisse, et cela n’a jamais fait problème), pourquoi

829 ème), pourquoi ne pas envisager la multiplication d’ agences fédérales spécialisées pour l’énergie, les transports, l’envir

830 l’Europe l’agence culturelle. On pourrait aboutir de la sorte à un exécutif européen doté de pouvoirs strictement limités

831 t aboutir de la sorte à un exécutif européen doté de pouvoirs strictement limités mais très réels, sur le mode du Conseil

832 voirs strictement limités mais très réels, sur le mode du Conseil fédéral suisse, et recevant ses grandes directives politiq

833 se, et recevant ses grandes directives politiques de l’Assemblée de Strasbourg et du Sénat des régions. 6. Possibilités

834 du xiiie siècle, à contre-courant des évolutions d’ ensemble en Europe. On l’a écrit (notamment l’historien E. Gagliardi) 

835 norités linguistiques quand ses voisins tendaient de les éliminer (au xxe siècle). À la fois survivance de l’antique unit

836 s éliminer (au xxe siècle). À la fois survivance de l’antique unité et germe de l’union à venir, la Suisse est plus que j

837 À la fois survivance de l’antique unité et germe de l’union à venir, la Suisse est plus que jamais nécessaire à l’Europe

838 qu’elle reste suisse, qu’elle garde son identité de fédération fondée sur l’autonomie des communautés de base, communes e

839 fédération fondée sur l’autonomie des communautés de base, communes et plus tard cantons. Voilà pourquoi il ne serait pas

840 e soit la dernière à rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont elle aura été, dans le même temps, la première figu

841 figuration et la promesse. r. Rougemont Denis de , « La Suisse et quelle Europe ? », La Suisse et la Communauté europée

842 Hitler, l’anti-prophète de notre siècle (10 février 1983)x Le maréchal von Hindenburg vient d

843 évrier 1983)x Le maréchal von Hindenburg vient d’ être réélu président de la République, en avril 1932, contre l’agitate

844 échal von Hindenburg vient d’être réélu président de la République, en avril 1932, contre l’agitateur Hitler, chef du Part

845 e politique s’aggrave. Les élections législatives de juillet amènent 230 députés nazis au Reichstag. De nouvelles élection

846 e juillet amènent 230 députés nazis au Reichstag. De nouvelles élections en novembre font tomber ce nombre à 196, Hitler a

847 Hitler ayant perdu en quelques mois deux millions de voix, à la suite d’une entente avec les communistes le temps d’une gr

848 n quelques mois deux millions de voix, à la suite d’ une entente avec les communistes le temps d’une grève à Berlin. Et Léo

849 suite d’une entente avec les communistes le temps d’ une grève à Berlin. Et Léon Blum écrit : « Hitler a perdu ses dernière

850 um écrit : « Hitler a perdu ses dernières chances d’ accéder au pouvoir. » S’ensuivent des marchandages cyniques et des ren

851 nt des marchandages cyniques et des renversements d’ alliances entre banquiers, industriels, conservateurs, centre catholiq

852 communistes et sociaux-démocrates, chacun tentant de jouer les nazis contre son rival du moment. Enfin, le 30 janvier 1933

853 ontre toute attente, le maréchal appelle au poste de chancelier l’ancien caporal Adolf Hitler, né Autrichien, et qui vient

854 caporal Adolf Hitler, né Autrichien, et qui vient d’ être naturalisé. Ce jour-là, devant le vieil aristocrate prussien surc

855 à, devant le vieil aristocrate prussien surchargé de décorations, raide et condescendant, s’incline un chef plébéien mal h

856 ée de main peu croyable se sont noués les destins de notre siècle. La défaite de 1918 avait précipité l’Allemagne dans un

857 ont noués les destins de notre siècle. La défaite de 1918 avait précipité l’Allemagne dans un chaos sans précédent ; six m

858 magne dans un chaos sans précédent ; six millions de chômeurs ; une inflation qu’on disait galopante, et c’était trop peu

859 trop peu dire, quand l’État émettait des billets de 100 millions et d’un milliard de marks ; l’humiliation nationale du t

860 nd l’État émettait des billets de 100 millions et d’ un milliard de marks ; l’humiliation nationale du traité de Versailles

861 tait des billets de 100 millions et d’un milliard de marks ; l’humiliation nationale du traité de Versailles ; le désarmem

862 iard de marks ; l’humiliation nationale du traité de Versailles ; le désarmement imposé ; le terrorisme des groupuscules a

863 ent imposé ; le terrorisme des groupuscules armés d’ extrême droite ou d’extrême gauche ; la lutte sans merci des communist

864 orisme des groupuscules armés d’extrême droite ou d’ extrême gauche ; la lutte sans merci des communistes contre la social-

865 , la carence des démocraties bavardes, la révolte d’ une jeunesse vagabonde, plus radicale et plus charmante que les hippie

866 , plus radicale et plus charmante que les hippies de demain… Toutes les théories politiques, marxistes ou capitalistes, on

867 , ont échoué depuis un demi-siècle dans l’analyse de cette situation initiale. Car l’hitlérisme est né de la rencontre abs

868 cette situation initiale. Car l’hitlérisme est né de la rencontre absolument irrationnelle, et j’oserais dire antiproviden

869 et j’oserais dire antiprovidentielle, du Chaos et d’ un fils du Chaos. C’est donc d’Hitler qu’il faut parler. Individu quel

870 ielle, du Chaos et d’un fils du Chaos. C’est donc d’ Hitler qu’il faut parler. Individu quelconque et quasi nul en soi, phé

871 ndividu quelconque et quasi nul en soi, phénomène d’ envergure mondiale, tel fut l’homme, tel demeure son mystère. Les effe

872 n n’y retrouve pas, à l’analyse, la moindre trace de sa personne. Il fut ces effets, et rien d’autre. Démontrer qu’il n’a

873 trace de sa personne. Il fut ces effets, et rien d’ autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, ca

874 nnu, cadavre disparu, témoignages contradictoires de ceux qui l’ont approché ou servi — et ses photos donnent toutes l’imp

875 servi — et ses photos donnent toutes l’impression d’ un truquage. La catastrophe du xxe siècle atteste seule sa réalité. L

876 rain, Karl Barth, a écrit : « Le prophète n’a pas de biographie. Il se lève et tombe avec sa mission. » Ainsi d’Hitler, l’

877 hie. Il se lève et tombe avec sa mission. » Ainsi d’ Hitler, l’antiprophète de notre temps, le prophète d’un pouvoir vide,

878 avec sa mission. » Ainsi d’Hitler, l’antiprophète de notre temps, le prophète d’un pouvoir vide, d’un passé mort, d’une ca

879 itler, l’antiprophète de notre temps, le prophète d’ un pouvoir vide, d’un passé mort, d’une catastrophe totale dont il all

880 te de notre temps, le prophète d’un pouvoir vide, d’ un passé mort, d’une catastrophe totale dont il allait devenir l’agent

881 , le prophète d’un pouvoir vide, d’un passé mort, d’ une catastrophe totale dont il allait devenir l’agent. Avec son insond

882 e et son magnétisme psychologique, ce quasi-néant d’ homme ridicule et tragique a été le prophète du Néant collectif, où il

883 énération. C’est ainsi que je l’ai senti, éprouvé de tout l’être, enregistré au radar de quelque intuition subconsciente.

884 enti, éprouvé de tout l’être, enregistré au radar de quelque intuition subconsciente. Et prédit sans erreur, avec pas mal

885 ubconsciente. Et prédit sans erreur, avec pas mal d’ avance, dans les étapes de sa carrière. Le dernier carnaval En ma

886 ns erreur, avec pas mal d’avance, dans les étapes de sa carrière. Le dernier carnaval En mars 1932, au lendemain d’un

887 Le dernier carnaval En mars 1932, au lendemain d’ une rencontre des jeunesses révolutionnaires françaises et allemandes,

888 à l’angoisse », je parlais du « dernier carnaval de cette bourgeoisie dont je viens d’admirer les trésors patinés dans la

889 rnier carnaval de cette bourgeoisie dont je viens d’ admirer les trésors patinés dans la haute demeure familiale des Goethe

890 haute demeure familiale des Goethe ». L’accession d’ Hitler au pouvoir se produisit onze mois plus tard exactement. Le 20 m

891 er, dans une chronique du Figaro sur l’occupation de Prague, que nous vivions « les derniers jours du bon vieux temps euro

892 devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie… Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues

893 le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie … Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plu

894 ce qui fait la valeur de la vie… Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde

895 nde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’ aveugles façades… La confrontation stupéfiante de cet homme et de cett

896 d’aveugles façades… La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire com

897 des… La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde

898 a catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions

899 que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit ! Il n’était grand, comme Satan lui-mê

900 tit ! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. » Petit, aliéné, prolétaire : c

901 t grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. » Petit, aliéné, prolétaire : ces mots revienn

902 souvent dits par lui. En juin 1939, au plus fort de la crise de Dantzig, C. J. Burckhardt, haut-commissaire de la SDN à D

903 s par lui. En juin 1939, au plus fort de la crise de Dantzig, C. J. Burckhardt, haut-commissaire de la SDN à Dantzig, est

904 se de Dantzig, C. J. Burckhardt, haut-commissaire de la SDN à Dantzig, est reçu en audience par le Führer : il s’agit d’un

905 g, est reçu en audience par le Führer : il s’agit d’ une ultime tentative pour sauver la paix. Hitler ouvre l’album où il f

906 à l’étranger. Il désigne une coupure du Courrier de Saint-Étienne intitulée : « Le Führer a perdu la guerre des nerfs. »

907 . Burckhardt lui demande pourquoi il attache tant d’ importance aux propos d’une feuille de province : « Pourquoi ? gémit l

908 pourquoi il attache tant d’importance aux propos d’ une feuille de province : « Pourquoi ? gémit le Führer, mais parce que

909 ttache tant d’importance aux propos d’une feuille de province : « Pourquoi ? gémit le Führer, mais parce que moi je ne sui

910 r Burckhardt, vous savez qui vous êtes, vous êtes de la grande famille Burckhardt de Bâle. Vous pourriez vous moquer d’un

911 lle Burckhardt de Bâle. Vous pourriez vous moquer d’ un tel article. Mais moi je ne suis qu’un prolétaire ! » Ce prolétaire

912 omme du commun, Charlot soldat l’avait représenté d’ avance, et cette anticipation grotesque nous paraît aujourd’hui bien p

913 ription donnée par son ministre Speer des soirées de Berchtesgaden, de leur ennui pesant et empesé autour d’un Führer sile

914 son ministre Speer des soirées de Berchtesgaden, de leur ennui pesant et empesé autour d’un Führer silencieux, non qu’il

915 chtesgaden, de leur ennui pesant et empesé autour d’ un Führer silencieux, non qu’il veuille garder secrets ses grands dess

916 ses grands desseins, mais parce qu’il ne sait pas de quoi parler. Ce vide du personnage est essentiel : il est la conditio

917 du personnage est essentiel : il est la condition de sa « mission » satanique. Certes, Hitler n’était pas le diable. Mais

918 our l’avoir éprouvé en sa présence par un frisson d’ horreur sacrée, qu’il était le siège d’une « domination », d’un « trôn

919 un frisson d’horreur sacrée, qu’il était le siège d’ une « domination », d’un « trône », d’un « génie » ou d’une « puissanc

920 acrée, qu’il était le siège d’une « domination », d’ un « trône », d’un « génie » ou d’une « puissance », comme saint Paul

921 it le siège d’une « domination », d’un « trône », d’ un « génie » ou d’une « puissance », comme saint Paul désigne les espr

922 « domination », d’un « trône », d’un « génie » ou d’ une « puissance », comme saint Paul désigne les esprits de second rang

923 puissance », comme saint Paul désigne les esprits de second rang qui peuvent déchoir dans un corps d’homme et l’occuper. J

924 de second rang qui peuvent déchoir dans un corps d’ homme et l’occuper. Je l’ai entendu prononcer l’un de ses grands disco

925 omme et l’occuper. Je l’ai entendu prononcer l’un de ses grands discours, et je l’ai vu à la sortie de ce culte, debout da

926 une rue peu large, mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à trois mètres d

927 mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à trois mètres de lui, marchant à

928 la foule. J’étais au premier rang, à trois mètres de lui, marchant à la hauteur de la voiture, les mains dans les poches d

929 ang, à trois mètres de lui, marchant à la hauteur de la voiture, les mains dans les poches de mon pardessus. Un bon tireur

930 hauteur de la voiture, les mains dans les poches de mon pardessus. Un bon tireur l’eût descendu très facilement. Mais ce

931 ans cent occasions analogues. Voilà le principal de ce que je sais sur Hitler, écrivais-je le lendemain dans mon journal.

932 e tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de soixante millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais

933 it-bourgeois qui est le rêve de soixante millions d’ hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de re

934 sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Le Führer déclarait u

935 protège. » Il faut croire un homme qui dit cela… D’ où lui vient le pouvoir surhumain qu’il développe pendant un discours 

936 qu’il développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’elle ne saurait se manifester qu’a

937 e l’individu ne compte plus, n’est que le support d’ une puissance qui échappe à nos psychologies… On me demande sottement

938 é ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque,

939 ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état c

940 ent pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état civil. Il est

941 qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage

942 banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déj

943 état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant

944 e passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant vous ; et après cela, vous p

945 cela, vous pouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’est fait par lui. Un homme quelconque, transfiguré par sa t

946 lgruber habité par un trône ! On a ri. On a cessé de rire… Le national-socialisme, raciste et adorateur du sang et de la

947 ional-socialisme, raciste et adorateur du sang et de la guerre, s’est présenté à nous comme un malheur plus étendu et plus

948 oire n’en connut depuis le Déluge. L’issue fatale de l’aventure n’affecte pas sa portée symbolique et n’exclut pas la poss

949 portée symbolique et n’exclut pas la possibilité de son retour, car le mouvement qu’Hitler sut enflammer dans notre siècl

950 puissance dans l’âme humaine depuis la formation de la première société. Hitler n’a fait que lui prêter figure et nom, à

951 a fait que lui prêter figure et nom, à l’occasion de son éruption la plus violente jusqu’ici. Le Guide de l’inconscient

952 éruption la plus violente jusqu’ici. Le Guide de l’inconscient Tout s’est passé comme si Hitler, ayant posé le diag

953 é comme si Hitler, ayant posé le diagnostic exact de notre société occidentale, avait aussitôt abusé de l’élan de confianc

954 e notre société occidentale, avait aussitôt abusé de l’élan de confiance déclenché dans les foules, en leur proposant les

955 ciété occidentale, avait aussitôt abusé de l’élan de confiance déclenché dans les foules, en leur proposant les remèdes le

956 hitlérien : dans l’Europe du xxe siècle, le sens de la communauté est en train de disparaître, mais le besoin « d’être en

957 uté est en train de disparaître, mais le besoin «  d’ être ensemble » demeure vital. La communauté est détruite par toutes l

958 La communauté est détruite par toutes les forces de dissociation — rationalisme bourgeois ou marxiste, capitalisme anonym

959 marxiste, capitalisme anonyme et nomade, mélange de races, universalisme judéo-chrétien, qui détruisent les liens organiq

960 urels, donc germaniques, même entre les Allemands de langue et de race. Pour recréer ces liens, il faudra faire appel aux

961 ermaniques, même entre les Allemands de langue et de race. Pour recréer ces liens, il faudra faire appel aux forces irrati

962 , il faudra faire appel aux forces irrationnelles de l’inconscient. Pour régner, pour venger Schickelgruber, Hitler invent

963 kelgruber, Hitler invente génialement la fonction de directeur d’inconscience collective. L’effrayant, c’est de voir à que

964 tler invente génialement la fonction de directeur d’ inconscience collective. L’effrayant, c’est de voir à quel point le Fü

965 eur d’inconscience collective. L’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le Guide de l’inconscient du peuple, est

966 t, c’est de voir à quel point le Führer, le Guide de l’inconscient du peuple, est en même temps conscient de son opération

967 nconscient du peuple, est en même temps conscient de son opération, lucide et froid comme le Serpent de la Genèse. Dans Me

968 e son opération, lucide et froid comme le Serpent de la Genèse. Dans Mein Kampf, dès 1923, il décrit avec une surprenante

969 veil des puissances souterraines qu’il se propose d’ opérer : Tous les grands mouvements de l’Histoire sont des éruptions

970 se propose d’opérer : Tous les grands mouvements de l’Histoire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensation

971 ents de l’Histoire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle

972 ire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la M

973 pirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seu

974 a cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête de passion brûlant

975 a parole jetée dans les masses. Seule une tempête de passion brûlante peut changer les destinées d’un peuple. Surtout, ne

976 te de passion brûlante peut changer les destinées d’ un peuple. Surtout, ne donnez pas de raisons aux masses, car de tout

977 es destinées d’un peuple. Surtout, ne donnez pas de raisons aux masses, car de tout temps les forces qui ont produit les

978 Surtout, ne donnez pas de raisons aux masses, car de tout temps les forces qui ont produit les plus grands changements da

979 r provoquer l’hystérie nécessaire, Hitler dispose de deux moyens : « La torche de la parole » jetée dans les masses les tr

980 aire, Hitler dispose de deux moyens : « La torche de la parole » jetée dans les masses les trouvera prêtes à s’enflammer s

981 uvera prêtes à s’enflammer si « la cruelle déesse de la Misère » les a d’abord conditionnées. Sous toutes ses formes, priv

982 e Malheur qui va donc devenir la matière première de son œuvre et le gage de sa parole. De fait, Hitler arrivera au pouvoi

983 venir la matière première de son œuvre et le gage de sa parole. De fait, Hitler arrivera au pouvoir grâce à la crise démen

984 re première de son œuvre et le gage de sa parole. De fait, Hitler arrivera au pouvoir grâce à la crise démente que j’ai ra

985 tion… Sa parole n’est d’abord que le ressassement de ces malheurs occidentaux et du superlatif malheur allemand — confessi

986 erlatif malheur allemand — confession des péchés… d’ autrui, attisant non le remords mais la haine. Viennent alors les prom

987 mords mais la haine. Viennent alors les promesses de grâce : en rejetant le traité de Versailles, « cette Gorgone terroris

988 rs les promesses de grâce : en rejetant le traité de Versailles, « cette Gorgone terrorisant le peuple allemand qui vivait

989 mand qui vivait désarmé et humilié sous le regard de ces milliers d’yeux » (Mein Kampf), il supprime le Juge, et la faute.

990 désarmé et humilié sous le regard de ces milliers d’ yeux » (Mein Kampf), il supprime le Juge, et la faute. En fondant tout

991 le dans une masse passionnée, il le rend à l’état d’ innocence première : pas de responsables dans une masse, donc pas de c

992 e, il le rend à l’état d’innocence première : pas de responsables dans une masse, donc pas de culpabilité. Ayant ainsi rét

993 re : pas de responsables dans une masse, donc pas de culpabilité. Ayant ainsi rétabli les liturgies civiques, une masse al

994 le, Hitler se voit dans la situation du fondateur de religion, au sens premier du terme : « religio », lien noué, renoué.

995 igio », lien noué, renoué. Au sortir du discours de Francfort que j’entends et subis en 1936, j’écris ceci : Je me croya

996 1936, j’écris ceci : Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’i

997 urgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d’ une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec

998 as, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance, même physique, que tous ces corps horriblement tendus. Je

999 e. Un désastre mondial Dès avant la guerre de 1939, la majorité des humains savaient qu’Hitler était le nom d’un dé

1000 orité des humains savaient qu’Hitler était le nom d’ un désastre imminent et mondial. Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà

1001 l faut élucider. Replaçons-nous dans la situation de l’Europe à la veille de sa grande catastrophe. La question qui se pos

1002 ns-nous dans la situation de l’Europe à la veille de sa grande catastrophe. La question qui se posait alors à l’inquiétude

1003 e. La question qui se posait alors à l’inquiétude de trop rares observateurs était la suivante : « Comment se peut-il que

1004 t en Allemagne, des hommes subissent la contagion de ce mal, changent subitement de visage, se raidissent, se ferment à to

1005 ssent la contagion de ce mal, changent subitement de visage, se raidissent, se ferment à tout raisonnement, à toute discus

1006 amentales sur lesquelles s’édifia la civilisation de l’Occident ? » L’explication de cette énigme réside pour moi dans l’é

1007 a la civilisation de l’Occident ? » L’explication de cette énigme réside pour moi dans l’évidence que voici : Adolf Hitler

1008 du siècle, qui est religieuse au sens élémentaire de ce terme, sens vital et mortel à la fois. Dans les ruines matérielles

1009 à la fois. Dans les ruines matérielles et morales d’ une société qui avait généralement perdu la Foi, l’Espérance et l’Amou

1010 Foi, l’Espérance et l’Amour, il a fondé le culte de la masse déifiée, animée par les trois antivertus théologales de la P

1011 fiée, animée par les trois antivertus théologales de la Puissance, de la Race et de la Haine. L’idolâtrie du sang et du s

1012 les trois antivertus théologales de la Puissance, de la Race et de la Haine. L’idolâtrie du sang et du sol n’est autre ch

1013 vertus théologales de la Puissance, de la Race et de la Haine. L’idolâtrie du sang et du sol n’est autre chose, selon nou

1014 lon nous, qu’un retour offensif du culte cananéen de Baal. D’autres traits y apparaissent : ceux de Moloch, dans la mesure

1015 en de Baal. D’autres traits y apparaissent : ceux de Moloch, dans la mesure où Moloch est l’idole tribale qui réclame des

1016 e en échange, comme bénédiction, un accroissement de puissance. Ce message que, de sa prison, à la veille de la guerre, m

1017 , un accroissement de puissance. Ce message que, de sa prison, à la veille de la guerre, m’avait fait passer un théologie

1018 sance. Ce message que, de sa prison, à la veille de la guerre, m’avait fait passer un théologien anonyme dont j’ignore en

1019 it chrétien ou juif, dévoilait le mystère profond de l’hitlérisme, en même temps qu’il annonçait les hautes tours des crém

1020 qu’il annonçait les hautes tours des crématoires d’ Auschwitz et l’Holocauste. La faiblesse frappante de la critique tant

1021 Auschwitz et l’Holocauste. La faiblesse frappante de la critique tant libérale que marxiste, dès qu’elle essaie d’analyser

1022 ue tant libérale que marxiste, dès qu’elle essaie d’ analyser le phénomène nazi, provient de l’obsession économiste qui l’a

1023 lle essaie d’analyser le phénomène nazi, provient de l’obsession économiste qui l’aveugle sur l’importance primordiale du

1024 . Mais le désastre était inscrit dans les données de l’aventure hitlérienne. Fondée sur le Malheur, elle allait au Néant.

1025 « Das Nichts nichtet (le néant néantit) », venait d’ écrire le grand philosophe Heidegger — un temps séduit par les mythes

1026 guerre, dès lors qu’il ne donnait à la communauté d’ autre contenu que la haine commune, d’autre contenant que l’État natio

1027 communauté d’autre contenu que la haine commune, d’ autre contenant que l’État national, et d’autre espoir que le rêve d’u

1028 ommune, d’autre contenant que l’État national, et d’ autre espoir que le rêve d’une Puissance recouvrée aux dépens de la Li

1029 ue l’État national, et d’autre espoir que le rêve d’ une Puissance recouvrée aux dépens de la Liberté, la sienne propre non

1030 opre non moins que celle des autres. Mais le rêve de Puissance totale n’est qu’un cauchemar. Une nation ne peut le rêver,

1031 totalitaire est à jamais inapplicable : une idée de fou. Il ne saurait y avoir toute-puissance d’une partie sur un tout h

1032 dée de fou. Il ne saurait y avoir toute-puissance d’ une partie sur un tout humain. Il n’y a en fait que la puissance d’un

1033 un tout humain. Il n’y a en fait que la puissance d’ un parti sur sa propre nation, systématiquement amputée de tout ce qui

1034 ti sur sa propre nation, systématiquement amputée de tout ce qui pourrait résister à la mise au pas étatique, et par là pr

1035 tif du national-socialisme. L’Occident n’a pas eu de pire ennemi, et il est loin d’être certain qu’il ait été vaincu aille

1036 ccident n’a pas eu de pire ennemi, et il est loin d’ être certain qu’il ait été vaincu ailleurs que dans les ruines de Berl

1037 qu’il ait été vaincu ailleurs que dans les ruines de Berlin. Hitler donnait la pire réponse possible, mais une réponse, à

1038 ossible, mais une réponse, à la question centrale de notre temps. Tel fut son vrai Pouvoir, et j’écrivais alors : « Seul u

1039 rons-nous le reconnaître ? x. Rougemont Denis de , « Hitler, l’anti-prophète de notre siècle », L’Hebdo, Lausanne, 10 f

1040 x. Rougemont Denis de, « Hitler, l’anti-prophète de notre siècle », L’Hebdo, Lausanne, 10 février 1983, p. 44-48.

1041 ns (1984)ab La première conclusion que je tire de ce colloque de trois jours, c’est notre reconnaissance unanime pour l

1042 La première conclusion que je tire de ce colloque de trois jours, c’est notre reconnaissance unanime pour la Fondation Vei

1043 eillon et je voudrais l’exprimer à celui des fils de Charles Veillon qui la représente parmi nous ce matin. Ce colloque n’

1044 i nous ce matin. Ce colloque n’a ressemblé à rien de ce que j’ai connu jusqu’ici. Vous savez comment il est né : de l’envo

1045 i connu jusqu’ici. Vous savez comment il est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’une circulaire exposant certai

1046 ez comment il est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’une circulaire exposant certaines des thèses de mon livre

1047 est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’ une circulaire exposant certaines des thèses de mon livre. Parmi les t

1048 es d’une circulaire exposant certaines des thèses de mon livre. Parmi les trois-cents réponses reçues, cent-cinquante ont

1049 ru intéressantes aux organisateurs. Une trentaine de leurs auteurs ont prouvé leur intérêt en envoyant des textes : ce son

1050 utés ici. Il y a donc eu d’une part quelque chose d’ aléatoire, de fortuit dans ce rassemblement, mais d’autre part, une mo

1051 y a donc eu d’une part quelque chose d’aléatoire, de fortuit dans ce rassemblement, mais d’autre part, une motivation comm

1052 ictions que chacun connaît toujours plus ou moins d’ avance. Ici, nous sommes dans un état d’esprit complètement différent.

1053 . Nous ne nous connaissions pas auparavant, à peu d’ exceptions près, nous représentons toutes sortes de milieux, de forme

1054 ’exceptions près, nous représentons toutes sortes de milieux, de forme de vie, nous ne sommes pas ce que l’on appelle en a

1055 près, nous représentons toutes sortes de milieux, de forme de vie, nous ne sommes pas ce que l’on appelle en allemand des

1056 s représentons toutes sortes de milieux, de forme de vie, nous ne sommes pas ce que l’on appelle en allemand des Kongress

1057 eprésentons toutes sortes de milieux, de forme de vie , nous ne sommes pas ce que l’on appelle en allemand des Kongress Tier

1058 pelle en allemand des Kongress Tiere, des « bêtes de congrès », avec leur vocabulaire conventionnel qui ne mord plus sur l

1059 m à tous, féliciter vivement la Fondation Veillon d’ avoir pris cette initiative qui est une création en son genre, et dont

1060 ercier la Fondation Charles Veillon non seulement de son initiative, mais de la manière dont elle l’a réalisée, dans une a

1061 les Veillon non seulement de son initiative, mais de la manière dont elle l’a réalisée, dans une atmosphère à la fois déte

1062 arrivez sur une petite crête qui marque la ligne de partage des eaux de l’Europe de l’Ouest, celle qui sépare le bassin r

1063 ite crête qui marque la ligne de partage des eaux de l’Europe de l’Ouest, celle qui sépare le bassin rhénan du bassin rhod

1064 rivilégié, et je comprends que l’on ait eu l’idée d’ y construire cette espèce de couvent avec son cloître et sa chapelle,

1065 ue l’on ait eu l’idée d’y construire cette espèce de couvent avec son cloître et sa chapelle, que nous sommes si heureux d

1066 loître et sa chapelle, que nous sommes si heureux d’ avoir découvert. Cher Monsieur Veillon, puis-je vous prier de transmet

1067 ouvert. Cher Monsieur Veillon, puis-je vous prier de transmettre à vos frères ce vœu que ratifie ma profonde gratitude. Je

1068 ntenant vous dire en quelques mots la préhistoire de mon livre, puisque c’est lui qui est l’occasion de notre colloque. J’

1069 e mon livre, puisque c’est lui qui est l’occasion de notre colloque. J’avais passé la première année de la guerre mobilisé

1070 e notre colloque. J’avais passé la première année de la guerre mobilisé dans l’armée suisse, mais dès octobre 1940, je fus

1071 doute moins gênant pour notre neutralité, chargé d’ une mission de conférences sur la Suisse et d’un projet d’exécution de

1072 ênant pour notre neutralité, chargé d’une mission de conférences sur la Suisse et d’un projet d’exécution de l’oratorio N

1073 rgé d’une mission de conférences sur la Suisse et d’ un projet d’exécution de l’oratorio Nicolas de Flue à New York. J’ai

1074 ssion de conférences sur la Suisse et d’un projet d’ exécution de l’oratorio Nicolas de Flue à New York. J’ai publié là-b

1075 férences sur la Suisse et d’un projet d’exécution de l’oratorio Nicolas de Flue à New York. J’ai publié là-bas un petit

1076 à l’Office of War Information, section « La voix de l’Amérique parle aux Français », puis j’ai écrit encore deux ou trois

1077 rentré une première fois en Europe, au printemps de 1946, invité par les Rencontres internationales de Genève, qui avaien

1078 e 1946, invité par les Rencontres internationales de Genève, qui avaient pris comme sujet « L’Esprit européen ». C’était a

1079 sujet « L’Esprit européen ». C’était au lendemain de la guerre. Il y avait là outre l’Allemand Karl Jaspers, des Français

1080 accordé sur l’idée que le sujet le plus important de l’heure, c’était comment faire revivre l’esprit européen et le tradui

1081 esprit européen et le traduire en union politique de nos peuples. Je suis retourné pour quelques mois aux États-Unis, puis

1082 nstallé près de Genève, quand j’ai reçu la visite de deux amis, dont Alexandre Marc, que j’avais bien connu dans le mouvem

1083 ans l’action fédéraliste européenne, en m’offrant de tenir le discours inaugural du premier congrès des fédéralistes europ

1084 ns cette action. Comme j’étais un peu responsable de la création du concept d’engagement de l’écrivain, dès 1932-1933 (qua

1085 tais un peu responsable de la création du concept d’ engagement de l’écrivain, dès 1932-1933 (quand Sartre était encore dan

1086 esponsable de la création du concept d’engagement de l’écrivain, dès 1932-1933 (quand Sartre était encore dans les langes,

1087 dit à mes amis : « Je suis prêt à donner deux ans de ma vie à la cause européenne, et tant pis pour mon œuvre littéraire… 

1088 mes amis : « Je suis prêt à donner deux ans de ma vie à la cause européenne, et tant pis pour mon œuvre littéraire… » Et me

1089 écrire un peu, en marge de cette seule activité. De 1947 à 1979, sur une vingtaine d’ouvrages publiés, plus de la moitié

1090 seule activité. De 1947 à 1979, sur une vingtaine d’ ouvrages publiés, plus de la moitié parlent d’autre chose : de l’amour

1091 1979, sur une vingtaine d’ouvrages publiés, plus de la moitié parlent d’autre chose : de l’amour, de la religion, de la c

1092 ine d’ouvrages publiés, plus de la moitié parlent d’ autre chose : de l’amour, de la religion, de la civilisation industrie

1093 ubliés, plus de la moitié parlent d’autre chose : de l’amour, de la religion, de la civilisation industrielle en crise, de

1094 de la moitié parlent d’autre chose : de l’amour, de la religion, de la civilisation industrielle en crise, de l’Amérique,

1095 rlent d’autre chose : de l’amour, de la religion, de la civilisation industrielle en crise, de l’Amérique, de la Suisse, o

1096 ligion, de la civilisation industrielle en crise, de l’Amérique, de la Suisse, ou seulement de ma famille neuchâteloise… M

1097 ivilisation industrielle en crise, de l’Amérique, de la Suisse, ou seulement de ma famille neuchâteloise… Mais cela n’a pa

1098 crise, de l’Amérique, de la Suisse, ou seulement de ma famille neuchâteloise… Mais cela n’a pas été facile, car à la suit

1099 ise… Mais cela n’a pas été facile, car à la suite d’ une série de grandes manifestations, telles que le Congrès de l’Europe

1100 la n’a pas été facile, car à la suite d’une série de grandes manifestations, telles que le Congrès de l’Europe à La Haye e

1101 de grandes manifestations, telles que le Congrès de l’Europe à La Haye en 1948 et la Conférence européenne de la culture

1102 ope à La Haye en 1948 et la Conférence européenne de la culture à Lausanne en 1949, il a fallu mettre sur pied un certain

1103 949, il a fallu mettre sur pied un certain nombre d’ institutions, dont le Centre européen de la culture. J’ai été son dire

1104 a dû être créé à partir de zéro, et avec très peu d’ argent, car les gouvernements s’intéressent à la culture dans les disc

1105 ntéressent à la culture dans les discours, en fin de banquet, mais rarement quand on en vient à voter le budget. Or, je vo

1106 e la culture a donné naissance au Centre européen de recherches nucléaires, qui s’appelle aujourd’hui le CERN et qui dépen

1107 , qui s’appelle aujourd’hui le CERN et qui dépend de 12 gouvernements européens ; puis à la Fondation européenne de la cul

1108 ements européens ; puis à la Fondation européenne de la culture, qui est aujourd’hui à Amsterdam ; puis à une dizaine d’as

1109 est aujourd’hui à Amsterdam ; puis à une dizaine d’ associations européennes. Celle, par exemple, qui réunit actuellement

1110 par exemple, qui réunit actuellement 40 festivals de musique, ou celle qui rassemble 32 instituts d’études européennes dan

1111 s de musique, ou celle qui rassemble 32 instituts d’ études européennes dans les universités d’Europe. Une association de j

1112 stituts d’études européennes dans les universités d’ Europe. Une association de journalistes, une association d’historiens,

1113 es dans les universités d’Europe. Une association de journalistes, une association d’historiens, une Communauté des guilde

1114 Une association de journalistes, une association d’ historiens, une Communauté des guildes et clubs du livre, finalement u

1115 uildes et clubs du livre, finalement une Campagne d’ éducation civique européenne, qui a été reprise récemment par Bruxelle

1116 -chose à se mettre sous la dent. Ils continuaient de répéter : « Unissons-nous, unissons-nous ! » Mais ce n’était pas le m

1117 s, unissons-nous ! » Mais ce n’était pas le moyen de nourrir une action précise, étant donné qu’aux yeux de nos gouverneme

1118 r économique, dans six pays seulement, sur les 23 de l’Europe de l’Ouest. Soit dit en passant : j’estime abusif que l’on p

1119 e assemblée qui contrôle 13 % seulement du budget de la Commission économique de 10 États sur 23. Évidemment, on ne peut p

1120 % seulement du budget de la Commission économique de 10 États sur 23. Évidemment, on ne peut pas le dire comme cela chaque

1121 la chaque fois qu’on en parle, il est plus simple de dire : le Parlement européen. Mais c’est une usurpation de terme, et

1122 le Parlement européen. Mais c’est une usurpation de terme, et qui peut être dangereuse, parce qu’elle laisse entendre que

1123 ne vois pas en quoi et pourquoi des gens qui sont d’ excellents experts économiques seraient chargés du développement cultu

1124 miques seraient chargés du développement culturel de l’Europe. Cela n’est pas leur affaire. Le Conseil de l’Europe, à Stra

1125 ire. Le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, serait de beaucoup un meilleur candidat à la fonction de noyau de l’Europe futu

1126 it de beaucoup un meilleur candidat à la fonction de noyau de l’Europe future, puisqu’il compte 22 pays de l’Europe de l’O

1127 ucoup un meilleur candidat à la fonction de noyau de l’Europe future, puisqu’il compte 22 pays de l’Europe de l’Ouest. (Se

1128 oyau de l’Europe future, puisqu’il compte 22 pays de l’Europe de l’Ouest. (Seule la Finlande, pour des raisons que chacun

1129 slatifs. Tout ceci n’est pas seulement une espèce de parenthèse que je referme maintenant, mais entre dans mon projet de v

1130 je referme maintenant, mais entre dans mon projet de vous expliquer comment j’ai été appelé à écrire L’Avenir est notre a

1131 re part, l’apparition des mouvements écologiques, de la préoccupation écologique qui m’a tout de suite paru capable de don

1132 ion écologique qui m’a tout de suite paru capable de donner un sang nouveau au mouvement fédéraliste. Si bien que l’un des

1133 s premiers colloques organisés par notre Campagne d’ éducation civique européenne a pris pour thème l’enseignement de l’éco

1134 vique européenne a pris pour thème l’enseignement de l’écologie à l’école. J’ai senti qu’il y avait là un deuxième souffle

1135 urant cette même décennie s’est développée l’idée de région, sur laquelle nous avions tenu de nombreux colloques à Genève

1136 e l’idée de région, sur laquelle nous avions tenu de nombreux colloques à Genève dès 1962. De cette convergence est née da

1137 ons tenu de nombreux colloques à Genève dès 1962. De cette convergence est née dans mon esprit l’idée d’un slogan, offert

1138 cette convergence est née dans mon esprit l’idée d’ un slogan, offert par la suite aux groupements d’écologistes français,

1139 d’un slogan, offert par la suite aux groupements d’ écologistes français, et qui est en somme un résumé de mon livre, c’es

1140 ologistes français, et qui est en somme un résumé de mon livre, c’est : « Écologie – régions – Europe fédérée : même aveni

1141 ni les régions, ni la fédération européenne n’ont d’ avenir séparable de celui des deux autres : ces trois avenirs sont org

1142 la fédération européenne n’ont d’avenir séparable de celui des deux autres : ces trois avenirs sont organiquement, génétiq

1143 Erico Nicola — le premier homme qui nous parlait d’ écologie, aux comités du Centre, et nous savions à peine ce que signif

1144 70, chez lui, près de Morges, devant une douzaine d’ amis réunis pour l’occasion, le directeur de l’Institut Battelle, Hugo

1145 zaine d’amis réunis pour l’occasion, le directeur de l’Institut Battelle, Hugo Thiemann, nous fit lecture d’une vingtaine

1146 nstitut Battelle, Hugo Thiemann, nous fit lecture d’ une vingtaine de pages d’un rapport adressé à la commission d’urbanism

1147 , Hugo Thiemann, nous fit lecture d’une vingtaine de pages d’un rapport adressé à la commission d’urbanisme du Congrès amé

1148 iemann, nous fit lecture d’une vingtaine de pages d’ un rapport adressé à la commission d’urbanisme du Congrès américain pa

1149 ine de pages d’un rapport adressé à la commission d’ urbanisme du Congrès américain par l’ingénieur Jay Forrester. Ce rappo

1150 t esquissait un « modèle mondial » qui permettait de suivre ou de prévoir les interactions en système de 5 paramètres : po

1151 un « modèle mondial » qui permettait de suivre ou de prévoir les interactions en système de 5 paramètres : population, res

1152 suivre ou de prévoir les interactions en système de 5 paramètres : population, ressources naturelles, investissements, po

1153 naturelles, investissements, pollution et qualité de la vie, et de prévoir les effets globaux des variations de l’un ou de

1154 lles, investissements, pollution et qualité de la vie , et de prévoir les effets globaux des variations de l’un ou de l’autr

1155 vestissements, pollution et qualité de la vie, et de prévoir les effets globaux des variations de l’un ou de l’autre de ce

1156 , et de prévoir les effets globaux des variations de l’un ou de l’autre de ces paramètres au cours de la fin du xxe et du

1157 voir les effets globaux des variations de l’un ou de l’autre de ces paramètres au cours de la fin du xxe et du début du x

1158 fets globaux des variations de l’un ou de l’autre de ces paramètres au cours de la fin du xxe et du début du xxie siècle

1159 rs de la fin du xxe et du début du xxie siècle. De ce premier travail de Forrester devait sortir un an plus tard, en 197

1160 t du début du xxie siècle. De ce premier travail de Forrester devait sortir un an plus tard, en 1971, le fameux Rapport a

1161 le fameux Rapport au club de Rome sur les Limites de la croissance, qui allait révolutionner à la fois la pensée économiqu

1162 t s’est organisé dans ma tête vers cette synthèse d’ économie, d’éthique et de politique européenne, à résultante culturell

1163 nisé dans ma tête vers cette synthèse d’économie, d’ éthique et de politique européenne, à résultante culturelle, devenue a

1164 tête vers cette synthèse d’économie, d’éthique et de politique européenne, à résultante culturelle, devenue après quelques

1165 ultante culturelle, devenue après quelques années de polémiques autour du nucléaire : « Écologie – régions – Europe », — e

1166 s, décrivant les catastrophes qui nous menaçaient d’ un jour à l’autre, notamment la crise du pétrole. Pour faire sentir le

1167 tir le danger que représentaient les 16 milliards de dollars — à l’époque c’était trois fois plus qu’aujourd’hui — détenus

1168 qu’ils pouvaient jeter sur le marché occidental — de telle manière que toute notre économie en eût été complètement boulev

1169 té complètement bouleversée —, je prenais l’image d’ une grosse boule de pierre déposée sur le pont d’un bateau pendant une

1170 leversée —, je prenais l’image d’une grosse boule de pierre déposée sur le pont d’un bateau pendant une tempête : roulant

1171 d’une grosse boule de pierre déposée sur le pont d’ un bateau pendant une tempête : roulant d’un bastingage à l’autre, ell

1172 le pont d’un bateau pendant une tempête : roulant d’ un bastingage à l’autre, elle détruit absolument tout. C’était ce qui

1173 détruit absolument tout. C’était ce qui risquait de se passer. Je l’ai même dit pendant le tournage d’un film de la télév

1174 e se passer. Je l’ai même dit pendant le tournage d’ un film de la télévision française, chez moi, à Ferney, le 22 août 197

1175 r. Je l’ai même dit pendant le tournage d’un film de la télévision française, chez moi, à Ferney, le 22 août 1973. Le film

1176 film n’a pu passer que six mois plus tard, amputé de moitié, parce que quelques semaines après le tournage est arrivée la

1177 la guerre du Kippour et la confirmation concrète de ce que j’annonçais. J’ai dû réécrire toute cette partie de mon livre,

1178 j’annonçais. J’ai dû réécrire toute cette partie de mon livre, que je n’ai pu achever qu’en cinq ans. Je ne m’en plains p

1179 ité. J’ai pu faire mon aggiornamento tout au long de l’écriture de ce livre. À cause de ce délai imposé par les événements

1180 aire mon aggiornamento tout au long de l’écriture de ce livre. À cause de ce délai imposé par les événements, il s’est tro

1181 ela n’aurait pas marché ! » Pour une fois dans ma vie , j’ai eu l’impression que j’arrivais au bon moment ! D’où un succès,

1182 ai eu l’impression que j’arrivais au bon moment ! D’ où un succès, attesté entre autres par le présent colloque, auquel je

1183 u moment de tirer maintenant quelques conclusions de ces trois journées, je voudrais résumer la démarche qui me semble avo

1184 t sur le problème des régions. Pourquoi ? Partons de la guerre qui résume toutes les menaces et qui est la pollution majeu

1185 outes les menaces et qui est la pollution majeure de la terre. J’entends la guerre nucléaire. Aujourd’hui, il n’est pas qu

1186 rre nucléaire. Aujourd’hui, il n’est pas question d’ autre chose. Tous nos États-nations préparent la guerre. Non seulement

1187 s préparent la guerre. Non seulement ils sont nés de la guerre, il y a soixante ans (les traités de « banlieue », Versaill

1188 és de la guerre, il y a soixante ans (les traités de « banlieue », Versailles, Saint-Germain, Neuilly, Trianon, Sèvres) ou

1189 glés par la préparation à la guerre, ultima ratio de toutes les mesures de centralisation et de mainmise de l’État sur l’é

1190 n à la guerre, ultima ratio de toutes les mesures de centralisation et de mainmise de l’État sur l’économie. Quand on ne s

1191 ratio de toutes les mesures de centralisation et de mainmise de l’État sur l’économie. Quand on ne sait plus quoi dire, o

1192 utes les mesures de centralisation et de mainmise de l’État sur l’économie. Quand on ne sait plus quoi dire, on nous avert

1193 sont les États-nations seuls qui auront le droit de peser sur le bouton rouge, personne d’autre, une région ne pourrait p

1194 t le droit de peser sur le bouton rouge, personne d’ autre, une région ne pourrait pas le faire. Et les États-nations n’ont

1195 pourrait pas le faire. Et les États-nations n’ont de comptes à rendre à personne ! J’ai demandé à Einstein, le seul jour o

1196 e conversation, l’humanité comptait 3,5 milliards d’ humains) : « Que pensez-vous qu’il resterait de l’humanité en cas de g

1197 ds d’humains) : « Que pensez-vous qu’il resterait de l’humanité en cas de guerre atomique ? » Il m’a dit : « Eh bien, d’ap

1198 pensez-vous qu’il resterait de l’humanité en cas de guerre atomique ? » Il m’a dit : « Eh bien, d’après mes calculs, envi

1199 Eh bien, d’après mes calculs, environ 20 millions de gens survivraient dans des angles morts, à l’abri des radiations ! »

1200 ions ! » Mais, vous imaginez ce qu’ils seraient ? De pauvres hères, qui chercheraient à se nourrir de choses pas trop irra

1201 De pauvres hères, qui chercheraient à se nourrir de choses pas trop irradiées, qui vivraient dans la terreur, qui seraien

1202 e on l’a dit hier le grand incendie final, la fin de l’histoire, et sinon de la terre et de l’univers, du moins de l’human

1203 nd incendie final, la fin de l’histoire, et sinon de la terre et de l’univers, du moins de l’humanité civilisée, ce serait

1204 al, la fin de l’histoire, et sinon de la terre et de l’univers, du moins de l’humanité civilisée, ce serait de trouver une

1205 e, et sinon de la terre et de l’univers, du moins de l’humanité civilisée, ce serait de trouver une autre forme de communa

1206 vers, du moins de l’humanité civilisée, ce serait de trouver une autre forme de communauté humaine que les États-nations,

1207 é civilisée, ce serait de trouver une autre forme de communauté humaine que les États-nations, et de la fonder sur une log

1208 e de communauté humaine que les États-nations, et de la fonder sur une logique du vivant, et non pas du minéral, qui est l

1209 l’ai dit tout à l’heure. C’est la minéralisation de nos existences par la technique qui fait que nous oublions l’humus, q

1210 i fait que nous oublions l’humus, qui est la base de tout, comme vient de nous le rappeler M. Birre. À tout cela, il faut

1211 e rappeler M. Birre. À tout cela, il faut opposer d’ urgence une logique du vivant, des cellules, de ce qui part d’en bas,

1212 er d’urgence une logique du vivant, des cellules, de ce qui part d’en bas, de l’humus. J’ai toujours insisté sur cette pui

1213 e logique du vivant, des cellules, de ce qui part d’ en bas, de l’humus. J’ai toujours insisté sur cette puissance de la ge

1214 du vivant, des cellules, de ce qui part d’en bas, de l’humus. J’ai toujours insisté sur cette puissance de la germination,

1215 ’humus. J’ai toujours insisté sur cette puissance de la germination, qui peut fissurer des rochers, qui est irrésistible,

1216 rochers, qui est irrésistible, parce qu’elle sort de partout, et non d’un centre que l’on pourrait détruire avec une bombe

1217 résistible, parce qu’elle sort de partout, et non d’ un centre que l’on pourrait détruire avec une bombe. C’est la région q

1218 travaux présentés ici, mais aussi par le travail de Jacques Juillet, qui n’a pu être des nôtres. Il s’agit de l’oppositio

1219 es Juillet, qui n’a pu être des nôtres. Il s’agit de l’opposition entre ce qui vient d’en haut, de l’État, qui descend ver

1220 res. Il s’agit de l’opposition entre ce qui vient d’ en haut, de l’État, qui descend vers les départements, les districts,

1221 git de l’opposition entre ce qui vient d’en haut, de l’État, qui descend vers les départements, les districts, et qui n’ar

1222 ope, ni au niveau des sols ; et puis ce qui vient d’ en bas, du sol, de l’humus, et qui monte vers les communes, les commun

1223 des sols ; et puis ce qui vient d’en bas, du sol, de l’humus, et qui monte vers les communes, les communautés, les régions

1224 avant une fédération mondiale, requise à beaucoup d’ égards, et sur laquelle aussi certains d’entre vous ont insisté à très

1225 re vous ont insisté à très juste titre. Nécessité de concevoir la planète entière, l’humanité entière. L’union de l’Europe

1226 r la planète entière, l’humanité entière. L’union de l’Europe serait donc, à mon sens et dans cette perspective, qui n’est

1227 t pas celle des États, mais des régions, le moyen de restaurer la paix. Elle serait aussi le seul moyen de lutter contre l

1228 estaurer la paix. Elle serait aussi le seul moyen de lutter contre les menaces de guerre qui pèsent sur l’Europe, surtout,

1229 aussi le seul moyen de lutter contre les menaces de guerre qui pèsent sur l’Europe, surtout, je crois, pendant les dix an

1230 faut créer vite cette Europe en tant que facteur de paix qui empêchera peut-être l’URSS de régler ses débats intérieurs p

1231 ue facteur de paix qui empêchera peut-être l’URSS de régler ses débats intérieurs par une attaque massive au-dehors. Au no

1232 . Au nom du vieux principe que Hegel avait déduit de la Révolution française, « L’État-national — on ne disait pas encore

1233 carré ! J’ai appelé, il y a longtemps, la volonté de faire l’Europe à partir des États-nations, la volonté de créer une am

1234 e l’Europe à partir des États-nations, la volonté de créer une amicale des misanthropes : c’est une chose que l’on peut éc

1235 ent misanthropes, mais alors ils n’ont pas l’idée de faire une amicale, ou seulement pour tromper le monde, ce qui est le

1236 rser. Je crois qu’il serait tout à fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s’emparer du pouvoir des États-nati

1237 fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s’emparer du pouvoir des États-nations parce qu’elle s’emparerait de

1238 voir des États-nations parce qu’elle s’emparerait de très peu de choses : de bureaux, de téléphones, d’uniformes, d’armes

1239 arce qu’elle s’emparerait de très peu de choses : de bureaux, de téléphones, d’uniformes, d’armes peut-être — cela n’est p

1240 s’emparerait de très peu de choses : de bureaux, de téléphones, d’uniformes, d’armes peut-être — cela n’est pas sûr, les

1241 e très peu de choses : de bureaux, de téléphones, d’ uniformes, d’armes peut-être — cela n’est pas sûr, les armes de la Rév

1242 choses : de bureaux, de téléphones, d’uniformes, d’ armes peut-être — cela n’est pas sûr, les armes de la Révolution de 19

1243 d’armes peut-être — cela n’est pas sûr, les armes de la Révolution de 1917 ont très vite changé de mains. Il nous faut au

1244 — cela n’est pas sûr, les armes de la Révolution de 1917 ont très vite changé de mains. Il nous faut au contraire constru

1245 mes de la Révolution de 1917 ont très vite changé de mains. Il nous faut au contraire construire, créer le pouvoir. Là enc

1246 processus biologique que je propose, un processus de germination, de création des régions et des pouvoirs locaux. Nous en

1247 ique que je propose, un processus de germination, de création des régions et des pouvoirs locaux. Nous en venons ici au cœ

1248 derniers jours. Je crois que nous avons bien fait de ne pas nous attarder à toutes les définitions que l’on peut donner de

1249 der à toutes les définitions que l’on peut donner de la région : régions ethniques, par exemple, selon les Basques, les Co

1250 lent au monde par des explosions, quand on refuse de prêter l’oreille à leurs demandes. Il y a certes des raisons à cette

1251 raisons à cette tactique, si c’est le seul moyen de forcer l’attention générale. Je suis résolument pour la non-violence,

1252 des relais du pouvoir central, tels que les tours de télévision en Bretagne, par exemple. Il y a donc toute espèce de défi

1253 n Bretagne, par exemple. Il y a donc toute espèce de définitions des régions, j’ai donné la mienne qui me paraît la plus e

1254 enne qui me paraît la plus englobante : un espace de participation civique. Cela entraîne pas mal de choses, cela veut dir

1255 e de participation civique. Cela entraîne pas mal de choses, cela veut dire d’abord que c’est petit, car autrement il n’y

1256 abord que c’est petit, car autrement il n’y a pas de participation possible, qu’elle soit civique, économique ou politique

1257 ue. Il ne faut donc pas vouloir imposer un modèle de régions qui serait le même partout : cela reviendrait à un modèle réd

1258 ême partout : cela reviendrait à un modèle réduit d’ État-nation, à l’utopie parfaite, l’« u-topos », le non-lieu, le lieu

1259 pie parfaite, l’« u-topos », le non-lieu, le lieu de nulle part, le lieu quelconque sur lequel on pose une structure sans

1260 ur lequel on pose une structure sans tenir compte d’ aucune réalité spécifique. Nous avons été tout de suite, je crois, ass

1261 plus réservé, M. Knoepfler, du Conseil municipal de Neuchâtel, est persuadé que la région, c’est une bonne chose, mais il

1262 e pose des questions auxquelles il n’a pas trouvé de réponses quant à la réalisation de ces « régions à géométrie variable

1263 n’a pas trouvé de réponses quant à la réalisation de ces « régions à géométrie variable », comme je les nomme, sur lesquel

1264 jour. Plusieurs des travaux présentés ici, celui de M. Coutelier, entre autres, y sont revenus. M. Norton a apporté des v

1265 pporté des vues très importantes sur cette notion de géométrie variable, ainsi que M. Naef, qui malheureusement a dû nous

1266 ortait beaucoup, car il est l’un des responsables de la planification et de l’aménagement du territoire en Suisse, en tant

1267 est l’un des responsables de la planification et de l’aménagement du territoire en Suisse, en tant que chercheur à l’Écol

1268 se, en tant que chercheur à l’École polytechnique de Zurich, et donc à ce titre plus ou moins lié au plan du gouvernement

1269 brio certain ! Je constate, après ces deux jours de débats, qu’ils m’ont obligé à me poser des questions plus précises, p

1270 ’il faut que je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométrie variable, à frontières multiples, à territoires d

1271 ariables selon les fonctions et qui se regroupent de différentes manières (comme dans les mathématiques modernes, vous ave

1272 mbles topologiques en intersections, et il s’agit de voir quel est le plus dense ensemble d’intersections, qui serait le n

1273 il s’agit de voir quel est le plus dense ensemble d’ intersections, qui serait le nœud de la région), cette notion, donc, p

1274 ense ensemble d’intersections, qui serait le nœud de la région), cette notion, donc, pose une quantité de problèmes auxque

1275 la région), cette notion, donc, pose une quantité de problèmes auxquels je n’ai pas trouvé un système de réponses claires,

1276 problèmes auxquels je n’ai pas trouvé un système de réponses claires, nettes, et définitives. Mais j’ai été encouragé par

1277 . » Vous avez tous compris : on ne peut pas poser d’ avance la réponse à des questions aussi complexes, mais on peut trouve

1278 merveilleuse expression qui évoque quelque chose de très profond pour moi : c’est que le chemin se fait dans la mesure où

1279 isant » est une phrase qui va tout à fait au fond de la chose. Bien d’autres ont été dites ici, qui m’ont encouragé. Et qu

1280 cussions, j’en tire pour ma part trois directions de recherches prolongées — je ne dis pas encore des réponses — peut-être

1281 des allégeances. J’ai l’habitude, je m’en excuse, de prendre mon cas personnel pour illustrer mon exposé. Je suis né dans

1282 on exposé. Je suis né dans l’ancienne principauté de Neuchâtel, qui n’est devenue canton suisse qu’en 1848. C’est ma patri

1283 re critiquable mais courante. En tant que citoyen de cette petite patrie, j’appartiens à la Confédération suisse qui me do

1284 t. Comme écrivain, mon allégeance va à l’ensemble de la francophonie, dont le territoire déborde immensément celui de mon

1285 nie, dont le territoire déborde immensément celui de mon canton et de la Suisse, puisqu’il comprend, outre la Romandie, le

1286 itoire déborde immensément celui de mon canton et de la Suisse, puisqu’il comprend, outre la Romandie, les trois quarts de

1287 ’il comprend, outre la Romandie, les trois quarts de la France, une moitié de la Belgique (je simplifie), le Val d’Aoste,

1288 mandie, les trois quarts de la France, une moitié de la Belgique (je simplifie), le Val d’Aoste, le Québec, et les élites

1289 une moitié de la Belgique (je simplifie), le Val d’ Aoste, le Québec, et les élites politiques et culturelles de nombreux

1290 e Québec, et les élites politiques et culturelles de nombreux pays du Maghreb et de l’Afrique noire. Impossible de faire r

1291 ues et culturelles de nombreux pays du Maghreb et de l’Afrique noire. Impossible de faire rentrer tout cela dans les mêmes

1292 pays du Maghreb et de l’Afrique noire. Impossible de faire rentrer tout cela dans les mêmes frontières ! Du point de vue r

1293 niste, ce serait pareil.) De plus, je fais partie d’ une quantité de sociétés, qui m’engagent plus ou moins et dont les but

1294 t pareil.) De plus, je fais partie d’une quantité de sociétés, qui m’engagent plus ou moins et dont les buts sont très dif

1295 du tout dans cette diversité. Si on la décrivait d’ une manière théorique, ce serait horriblement compliqué, mais quand on

1296 u fou ! Eh bien, c’est ce que l’État-nation exige de nous, quand il va jusqu’au bout de sa logique. Je pars donc de cette

1297 d il va jusqu’au bout de sa logique. Je pars donc de cette idée de la pluralité des allégeances, qui ne sont pas contradic

1298 au bout de sa logique. Je pars donc de cette idée de la pluralité des allégeances, qui ne sont pas contradictoires en fait

1299 pas contradictoires en fait : première direction de recherches. Deuxième direction : je pars des communes. Je pense que c

1300 nt librement pour exercer une certaine fonction : d’ enseignement, de soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre. Il e

1301 r exercer une certaine fonction : d’enseignement, de soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre. Il existe en France,

1302 ne fonction : d’enseignement, de soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre. Il existe en France, des syndicats inter

1303 ’enseignement, de soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre. Il existe en France, des syndicats intercommunaux à voc

1304 à vocations multiples, qui donnent déjà une image de ce que pourrait être cette géométrie variable. De même, plusieurs com

1305 celui-ci proposait des régions polarisées autour d’ une ville-métropole régionale. Eh bien, cela me paraît encore trop tri

1306 e. Eh bien, cela me paraît encore trop tributaire de l’ancienne approche, l’économique d’abord, que nous devons dépasser.

1307 hercher dans ce sens ; noyau ferme et territorial de la région qui serait plutôt l’écorégion définie par un certain humus

1308 inie par un certain humus ou une certaine variété d’ humus qui vont ensemble. C’est peut-être une troisième direction dans

1309 ions aller. Elle ferait passer le centre régional de la ville, c’est-à-dire de l’industrie prolongée du xixe siècle et de

1310 sser le centre régional de la ville, c’est-à-dire de l’industrie prolongée du xixe siècle et destructrice du sol, vers un

1311 a cité normale. Encore une fois, je m’en voudrais d’ apporter des réponses toutes faites, car elles tomberaient sous ma pro

1312 es, car elles tomberaient sous ma propre critique de l’utopie. Toute fédération, toute organisation fédérative est et doit

1313 déralisme et quelle que soit l’infinie complexité de ses réalisations, un principe très simple qui est celui que l’on a ap

1314 appelé dans les écoles sociologiques catholiques de la fin du xixe le « principe de subsidiarité ». C’est un mot savant

1315 ques catholiques de la fin du xixe le « principe de subsidiarité ». C’est un mot savant dont on pourrait se passer en rép

1316 ourrait se passer en répétant simplement la règle de formation du fédéralisme, telle que l’a exprimée le sénateur américai

1317 t fédéral ne doit pas le faire. C’est un miracle de simplicité et cela résout des milliers de cas extrêmement complexes.

1318 miracle de simplicité et cela résout des milliers de cas extrêmement complexes. Autrement dit, l’organisation fédéraliste,

1319 faire coïncider, dans chaque cas, les dimensions de la tâche à accomplir et les compétences des communautés. À la commune

1320 à la région, les grandes routes, à la fédération ( de régions ou nationale), les autoroutes. On peut aller plus loin, natur

1321 , que la fédération européenne. Un certain nombre de tâches sont trop grandes pour être réglées par la fédération européen

1322 s mondiales. Je rappellerai notamment le problème de la déforestation du monde, c’est-à-dire de la création du désert qui

1323 oblème de la déforestation du monde, c’est-à-dire de la création du désert qui est si grave au Brésil, en Afrique et au Ca

1324 e au Brésil, en Afrique et au Canada. Le problème de la destruction de l’humus : régional d’abord, mais bientôt mondial. L

1325 rique et au Canada. Le problème de la destruction de l’humus : régional d’abord, mais bientôt mondial. Le problème des mer

1326 ientôt mondial. Le problème des mers, des océans, de la pollution des océans, qui rejoint par son danger le problème des f

1327 les quatre cinquièmes et les forêts un cinquième de l’oxygène que nous respirons. Comme nous sommes en train de détruire

1328 as très bien comment nos États-nations envisagent de respirer demain. Il y a aussi le problème des eaux douces. Il faut do

1329 des eaux douces. Il faut donc un certain minimum d’ agences fédérales mondiales, qui ne feront que cela, mais qui le feron

1330 t important pour tout notre propos, sur l’absence de contradictions entre la volonté de respecter les spécificités locales

1331 sur l’absence de contradictions entre la volonté de respecter les spécificités locales, les différences quelles qu’elles

1332 ifférences quelles qu’elles soient, et la volonté de se fédérer en ensembles toujours plus vastes. Beaucoup de gens voient

1333 choses que l’on a en commun, les choses communes de la vie de tous les jours, la communauté vivante : cela revient dans t

1334 s que l’on a en commun, les choses communes de la vie de tous les jours, la communauté vivante : cela revient dans toutes l

1335 e l’on a en commun, les choses communes de la vie de tous les jours, la communauté vivante : cela revient dans toutes les

1336 auté vivante : cela revient dans toutes les pages de mon livre. Et c’est d’une importance particulière pour nous, Suisses,

1337 ient dans toutes les pages de mon livre. Et c’est d’ une importance particulière pour nous, Suisses, parce que la Suisse es

1338 e pour nous, Suisses, parce que la Suisse est née d’ un pacte conclu au xiiie siècle entre trois « communes forestières »

1339 » (ou coopératives), chacune voulant rester libre de s’autogérer malgré les menaces extérieures. Elles ont créé un pouvoir

1340 ces extérieures. Elles ont créé un pouvoir commun de défense qui était réel mais limité à cela, et les laissait libres pou

1341 libres pour le reste. Il s’agissait des communes d’ Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « cantons » au Moye

1342 pour le reste. Il s’agissait des communes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « cantons » au Moyen Âge,

1343 e. Il s’agissait des communes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « cantons » au Moyen Âge, mais de commu

1344 d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « cantons » au Moyen Âge, mais de communes. Et savez-vous comment se

1345 ne parlait pas de « cantons » au Moyen Âge, mais de communes. Et savez-vous comment se dit commune dans le latin du pacte

1346 ous comment se dit commune dans le latin du pacte de 1291, qui est la base de notre fédération : cela se dit universitas.

1347 e dans le latin du pacte de 1291, qui est la base de notre fédération : cela se dit universitas. Voilà qui m’a toujours fr

1348 e dit universitas. Voilà qui m’a toujours frappé. D’ autant plus frappé que l’un des premiers ouvrages philosophiques et pe

1349 ssion quand j’avais 15 ou 16 ans, a été l’Éthique de Spinoza, où j’ai trouvé ce théorème : « D’autant plus nous connaisson

1350 thique de Spinoza, où j’ai trouvé ce théorème : «  D’ autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n

1351 t plus nous connaissons les choses particulières, d’ autant plus nous connaissons Dieu. » Ceci me paraît le nœud de la réal

1352 s nous connaissons Dieu. » Ceci me paraît le nœud de la réalité et de la vérité philosophiques. On n’arrive à l’universel

1353 s Dieu. » Ceci me paraît le nœud de la réalité et de la vérité philosophiques. On n’arrive à l’universel que par l’extrême

1354 s, vouloir qu’elles soient libres et responsables d’ elles-mêmes, ce n’est pas du tout s’enfermer dans son clocher, c’est a

1355 ela, c’est la philosophie qui doit être à la base de tout ce que nous imaginons de la région. Cela a été en tout cas à la

1356 doit être à la base de tout ce que nous imaginons de la région. Cela a été en tout cas à la base de ce qu’avec mes amis Mo

1357 ns de la région. Cela a été en tout cas à la base de ce qu’avec mes amis Mounier, Alexandre Marc, Aron et Dandieu, nous av

1358 ous avons lancé dans les années 1930, sous le nom de mouvement personnaliste, et sous le motto de Révolution personnaliste

1359 nom de mouvement personnaliste, et sous le motto de Révolution personnaliste et communautaire. Dès le début, il n’était p

1360 munautaire. Dès le début, il n’était pas question de séparer la personne de la communauté, c’est-à-dire, le particulier de

1361 t, il n’était pas question de séparer la personne de la communauté, c’est-à-dire, le particulier de l’universel ; au contr

1362 ne de la communauté, c’est-à-dire, le particulier de l’universel ; au contraire, l’un était la condition de l’autre. Qu’on

1363 universel ; au contraire, l’un était la condition de l’autre. Qu’on ne me dise pas que tout cela est utopique, car au cont

1364 gistes, nous sommes peut-être les seuls réalistes d’ aujourd’hui. À ceux qui nous disent volontiers : « Vous savez, vos idé

1365 un homme veut marcher, il ne peut pas avoir plus d’ un pied à la fois sur la terre ! Et s’il fait un grand bond, il n’a pl

1366 , il se soit trouvé que le premier rapport, celui de M. Hell, portait sur des choses culturelles. C’est tout à fait juste.

1367 ses culturelles. C’est tout à fait juste. La base de l’Europe, son unité, sans laquelle on ne pourrait pas créer d’union —

1368 son unité, sans laquelle on ne pourrait pas créer d’ union — il y a une énorme différence entre ces deux mots : l’unité, c’

1369 e entre ces deux mots : l’unité, c’est une donnée de base, l’union, c’est une chose que l’on fait, que l’on bâtit, volonta

1370 ns bâtir une fédération européenne, c’est l’unité de culture. Nous avons une culture commune, nous les Européens. Je vous

1371 tout homme qui a subi profondément les influences de Rome, d’Athènes et de Jérusalem. » Ce qui voulait dire : institutions

1372 e qui a subi profondément les influences de Rome, d’ Athènes et de Jérusalem. » Ce qui voulait dire : institutions de l’Emp

1373 profondément les influences de Rome, d’Athènes et de Jérusalem. » Ce qui voulait dire : institutions de l’Empire romain, p

1374 e Jérusalem. » Ce qui voulait dire : institutions de l’Empire romain, philosophie grecque de la cité, Écritures judéo-chré

1375 titutions de l’Empire romain, philosophie grecque de la cité, Écritures judéo-chrétiennes. Mais il faut y ajouter les vale

1376 s de nous, et qui ont recouvert le tout. Mais que de contradictions entre ces origines ! Peut-être peut-on dire que ce qui

1377 nne tellement créatrice, c’est qu’elle est tissée d’ antinomies. La foi qui sauve, c’est chrétien, mais la raison d’État, c

1378 La foi qui sauve, c’est chrétien, mais la raison d’ État, c’est romain : d’où les persécutions contre les chrétiens à Rome

1379 t chrétien, mais la raison d’État, c’est romain : d’ où les persécutions contre les chrétiens à Rome. Les libertés locales,

1380 la quête spirituelle, c’est celtique. Les valeurs d’ honneur germaniques contredisent les valeurs chrétiennes d’humilité. O

1381 germaniques contredisent les valeurs chrétiennes d’ humilité. Or, ce sont ces antinomies qui ont donné à la culture europé

1382 évidences historiques qui m’ont toujours empêché de prendre l’économie comme base de la construction européenne. Je voudr

1383 toujours empêché de prendre l’économie comme base de la construction européenne. Je voudrais que l’on continue à faire une

1384 à faire une propagande quotidienne contre l’idée de bâtir l’Europe sur l’économie d’abord. Je me suis amusé à faire des p

1385 amusé à faire des petites études sur les rythmes de mobilité des principaux facteurs que l’on évoque dans la construction

1386 rs que l’on évoque dans la construction politique de l’Europe. Il y a les questions ethniques — de langues — il y a les qu

1387 que de l’Europe. Il y a les questions ethniques — de langues — il y a les questions politiques — comme les frontières — et

1388 vous pouvez facilement le vérifier, que le rythme de variabilité des langues est de l’ordre du millénaire. Prenons le tria

1389 ier, que le rythme de variabilité des langues est de l’ordre du millénaire. Prenons le triangle dont le sommet est Belfort

1390 le sommet est Belfort, et dont la base va du Val d’ Aoste à Saint-Étienne en passant au sud de Grenoble : on y a parlé de

1391 du Val d’Aoste à Saint-Étienne en passant au sud de Grenoble : on y a parlé de l’an 900 jusqu’aux débuts du xixe siècle,

1392 enne en passant au sud de Grenoble : on y a parlé de l’an 900 jusqu’aux débuts du xixe siècle, soit près de mille ans, le

1393 fférente, quoiqu’apparentée à la fois à la langue d’ oc et à la langue d’oïl. Il en reste des traces dans nos patois. Les m

1394 arentée à la fois à la langue d’oc et à la langue d’ oïl. Il en reste des traces dans nos patois. Les mots de patois neuchâ

1395 Il en reste des traces dans nos patois. Les mots de patois neuchâtelois, que je sais de mon école primaire, je m’amuse à

1396 ois. Les mots de patois neuchâtelois, que je sais de mon école primaire, je m’amuse à les échanger avec des gens du Mouvem

1397 ement. Je leur dis par exemple « Tu n’as pas peur de t’encoubler ? » Eh bien, ils savent très bien que cela veut dire « tr

1398 lainô est du pur franco-provençal. Quelque chose de tout cela subsiste, probablement dans l’inconscient collectif. Il y a

1399 millénaires, il y en a d’autres comme la mobilité de nos frontières, qui sont à peine centenaires. J’ai calculé la moyenne

1400 sont à peine centenaires. J’ai calculé la moyenne d’ âge des frontières de nos trente États de l’Europe, y compris les huit

1401 res. J’ai calculé la moyenne d’âge des frontières de nos trente États de l’Europe, y compris les huit États de l’Est : c’e

1402 monter la moyenne à lui seul, c’est le Portugal, de loin le plus ancien : six siècles sans modifications. Mais c’est le s

1403 très peu varié au xxe siècle. Mais on est étonné de voir que ce rythme de mobilité est au maximum centenaire. Donc rythme

1404 siècle. Mais on est étonné de voir que ce rythme de mobilité est au maximum centenaire. Donc rythme millénaire des langue

1405 hme des variations économiques, il n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans. Il suffit que vous implantiez une usine

1406 économiques, il n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans. Il suffit que vous implantiez une usine dans une région pou

1407 t ses relations économiques. Donc, il serait faux de baser l’Europe, cette immense construction, sur ce qu’il y a de plus

1408 ’économie. Il faut la fonder sur l’humus, l’humus de l’histoire, au sens symboliquement élargi du terme. On m’a demandé h

1409 si je voyais des conclusions pratiques se dégager de ce colloque. Je voudrais vous rappeler quelques-unes de celles qui on

1410 colloque. Je voudrais vous rappeler quelques-unes de celles qui ont été suggérées. Dans le papier de M. Jacques Juillet, i

1411 s de celles qui ont été suggérées. Dans le papier de M. Jacques Juillet, il y a une suggestion qui peut être très importan

1412 suggestion qui peut être très importante : celle d’ une union européenne des maires. Certes, il y a un Conseil des commune

1413 es maires. Certes, il y a un Conseil des communes d’ Europe qui existe depuis une trentaine d’années, et qui avait au dépar

1414 communes d’Europe qui existe depuis une trentaine d’ années, et qui avait au départ pour présidents MM. Gaston Defferre et

1415 mas, deux Français très engagés dans la politique de leur pays. On pourrait imaginer quelque chose de plus fonctionnel… Da

1416 quelque chose de plus fonctionnel… Dans le papier de M. et Mme Cosma sur la stratégie, j’ai salué bien sûr avec une complè

1417 sûr avec une complète approbation, la proposition d’ une stratégie de technique douce, de technique de persuasion, de perso

1418 plète approbation, la proposition d’une stratégie de technique douce, de technique de persuasion, de personne à personne,

1419 a proposition d’une stratégie de technique douce, de technique de persuasion, de personne à personne, d’association à asso

1420 d’une stratégie de technique douce, de technique de persuasion, de personne à personne, d’association à association. C’es

1421 e de technique douce, de technique de persuasion, de personne à personne, d’association à association. C’est la seule chos

1422 technique de persuasion, de personne à personne, d’ association à association. C’est la seule chose qui soit à notre porté

1423 chose qui soit à notre portée, qui n’entraîne pas de dépenses gigantesques comme la propagande et les armements : c’est un

1424 opagande et les armements : c’est une propagation d’ informations réelles, la propagande étant exactement le contraire. Et

1425 j’y reviens, il y a l’apport, capital à mon sens, de M. et Mme André Birre, avec ce qu’ils nous ont appris sur l’humus, qu

1426 et symboliquement une base à tout cela. « Partir d’ en bas », ont dit M. Juillet et beaucoup d’autres parmi vous. Je crois

1427 ois aussi qu’il faudrait élargir les applications de ce principe, et je vois là la possibilité non seulement d’un institut

1428 ncipe, et je vois là la possibilité non seulement d’ un institut mais d’une grande action qui serait à la fois à l’échelle

1429 à la possibilité non seulement d’un institut mais d’ une grande action qui serait à la fois à l’échelle régionale et à l’éc

1430 elle planétaire, et qui devrait à mon sens partir d’ une conférence mondiale dont les thèmes seraient : l’humus, la protect

1431 océans, le plancton, les forêts, l’air, la couche d’ ozone, les eaux douces. Tous objets de dimensions planétaires. Je croi

1432 , la couche d’ozone, les eaux douces. Tous objets de dimensions planétaires. Je crois de même qu’une conférence écologique

1433 ence écologique mondiale permanente, qui tirerait de l’examen de ces objets des conclusions économiques, politiques et édu

1434 que mondiale permanente, qui tirerait de l’examen de ces objets des conclusions économiques, politiques et éducatives pren

1435 onomiques, politiques et éducatives prenant force de loi dans tous les pays membres serait peut-être le dernier moyen de r

1436 es pays membres serait peut-être le dernier moyen de redresser le cours des choses. ab. Rougemont Denis de, « Autour de

1437 esser le cours des choses. ab. Rougemont Denis de , « Autour de L’Avenir est notre affaire III : Conclusions », Autour d

1438 Autour de L’Avenir est notre affaire. Entretiens de Crêt-Bérard, Lausanne, Fondation Charles Veillon, 1984, p. 164-182.

1439 ndo Strassoldo (1984)aa Dans la note liminaire de son texte, Raimondo Strassoldo insiste amicalement sur le fait qu’il

1440 c’est une proportion inverse qu’évoque la lecture de son texte et qu’il n’est d’accord avec moi sur à peu près rien ! En r

1441 entrer sur les critiques que l’on pourrait faire, de manière, dit-il, à approfondir et clarifier la pensée de l’auteur sur

1442 ère, dit-il, à approfondir et clarifier la pensée de l’auteur sur quelques points. Je dirai pour simplifier que son papier

1443 ai pour simplifier que son papier est un exercice de « grève du zèle » comme les douaniers le font de temps en temps. Cela

1444 e règlement à la lettre. Pour vérifier le contenu d’ une valise, on peut très bien mettre des heures… C’est un exercice com

1445 trassoldo s’est livré. Sa formule générale, c’est de présenter les objections qui pourraient venir sur tel ou tel point, q

1446 et que souvent je me forme encore à moi-même, et de les pousser à bout, jusqu’à montrer que finalement, rien n’est possib

1447 pour moi d’abord. Je vais reprendre quelques-uns de ses points les plus astucieux et tenter de clarifier ma pensée, comme

1448 es-uns de ses points les plus astucieux et tenter de clarifier ma pensée, comme il m’y invite. I. Des causes de la nociv

1449 r ma pensée, comme il m’y invite. I. Des causes de la nocivité de l’État Selon R. Strassoldo, les critiques que je fa

1450 mme il m’y invite. I. Des causes de la nocivité de l’État Selon R. Strassoldo, les critiques que je fais à l’État-nat

1451 t réalisable partout ! C’est la première démarche de l’utopisme. Je réponds : « Commençons par ce qui est à notre portée. 

1452 notre portée. » II. Des implications logiques de la « petite échelle » des sociétés Il pose au départ que les grand

1453 niveau de vie. C’est simplement nier l’existence de la crise actuelle, sans laquelle nous ne serions pas amenés à discute

1454 ut absolument trouver une autre formule que celle de l’État-nation, c’est parce que l’État-nation n’est justement plus cap

1455 ce que l’État-nation n’est justement plus capable de maintenir ce qu’il promettait : ces hauts niveaux de vie, cet emploi

1456 maintenir ce qu’il promettait : ces hauts niveaux de vie, cet emploi général, ce maintien de la monnaie, cette défense ind

1457 ntenir ce qu’il promettait : ces hauts niveaux de vie , cet emploi général, ce maintien de la monnaie, cette défense indépen

1458 s niveaux de vie, cet emploi général, ce maintien de la monnaie, cette défense indépendante du territoire. S’il était capa

1459 se indépendante du territoire. S’il était capable de faire tout cela, on lui dirait : « Bon, continue, cela va bien et nou

1460 on, continue, cela va bien et nous, on s’occupera d’ autre chose ! » Strassoldo le sait mieux que personne, ayant été l’un

1461 mieux que personne, ayant été l’un des promoteurs de cette belle région transfrontalière Carinthie-Slovénie-Frioul, basée

1462 s dont l’un, la Yougoslavie, fait partie des pays de l’Est, ce qui est un grand succès pour notre mouvement. Quant à « exc

1463 tre mouvement. Quant à « exclure » la possibilité d’ une société qui puisse jouir en même temps des avantages de la grande

1464 iété qui puisse jouir en même temps des avantages de la grande et de la petite échelle, il y a deux-cents ans que Rousseau

1465 jouir en même temps des avantages de la grande et de la petite échelle, il y a deux-cents ans que Rousseau a réfuté le sop

1466 phisme, qui équivaudrait à exclure la possibilité d’ existence de la Suisse. III. De l’inévitabilité des conflits de fro

1467 équivaudrait à exclure la possibilité d’existence de la Suisse. III. De l’inévitabilité des conflits de frontière Pe

1468 la possibilité d’existence de la Suisse. III. De l’inévitabilité des conflits de frontière Personne n’a jamais dit

1469 a Suisse. III. De l’inévitabilité des conflits de frontière Personne n’a jamais dit que le système des régions élimi

1470 sont à l’échelle des grands États-nations. IV. De la nécessité des fondements sacrés Il a raison : ni le personnalis

1471 es régionalistes aujourd’hui. Nous en avons assez de ces grands entraînements, de ces grands mythes. Ceux qui cherchent ce

1472 Nous en avons assez de ces grands entraînements, de ces grands mythes. Ceux qui cherchent cela n’ont rien à trouver à Crê

1473 s ici que nous trouverons des réponses à ce genre de questions. D’ailleurs, certaines phrases de Strassoldo me paraissent

1474 genre de questions. D’ailleurs, certaines phrases de Strassoldo me paraissent fort ambiguës. Il laisse entendre quelque pa

1475 personnaliste qui puisse justifier une hypothèse de ce genre. La notion même de personne, je la définis par une vocation

1476 stifier une hypothèse de ce genre. La notion même de personne, je la définis par une vocation bel et bien transcendante à

1477 ant donné l’équation que nous sommes bien obligés de faire entre l’État-nation et la guerre. L’État-nation est né de la gu

1478 l’État-nation et la guerre. L’État-nation est né de la guerre et se justifie entièrement par la préparation à la guerre.

1479 elque chose s’oppose à ce mythe, c’est la volonté de recréer des communautés réelles, donc de petites communautés d’abord,

1480 volonté de recréer des communautés réelles, donc de petites communautés d’abord, puis de les fédérer en régions, ensuite

1481 éelles, donc de petites communautés d’abord, puis de les fédérer en régions, ensuite en grandes fédérations continentales,

1482 une fédération mondiale. Quel est le but général de tout cela ? C’est la paix. Si vous voulez absolument un mythe, c’est

1483 tives. Ceci est heureusement un pur et simple jeu de l’esprit. Il n’y a aucune espèce d’incompatibilité entre les deux cho

1484 et simple jeu de l’esprit. Il n’y a aucune espèce d’ incompatibilité entre les deux choses, à moins qu’on ne les caricature

1485 ès quoi, évidemment, il ne reste plus aucun moyen de les articuler. VI. De la participation Il demande, c’est une fo

1486 e reste plus aucun moyen de les articuler. VI. De la participation Il demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce

1487 e la participation Il demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce que la participation correspond à un besoin réel de

1488 ble. On ne va pas demander à chacun s’il a besoin de participer. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’il n’y a pas de

1489 une évidence qui saute aux yeux : s’il n’y a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en tout cas pas

1490 a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en tout cas pas démocratique. VII. Du choix électronucléa

1491 opposé au nucléaire ? » demande-t-il avec un peu d’ ironie dans le ton. D’une manière que je crois être purement provocant

1492  » demande-t-il avec un peu d’ironie dans le ton. D’ une manière que je crois être purement provocante de sa part, il répèt

1493 une manière que je crois être purement provocante de sa part, il répète cette phrase : « Vivre, c’est prendre des risques 

1494 « Vivre, c’est prendre des risques ! » Il s’agit de savoir quels risques on prend. Nous ne prendrions pas le risque ni le

1495 endrions pas le risque ni les uns, ni les autres, de sauter du 50e étage d’un building à New York, en disant : « Après tou

1496 ni les uns, ni les autres, de sauter du 50e étage d’ un building à New York, en disant : « Après tout, vivre, c’est-prendre

1497 Il dit aussi par exemple, que les vastes surfaces de panneaux producteurs d’énergie solaire sont désavantageuses par rappo

1498 , que les vastes surfaces de panneaux producteurs d’ énergie solaire sont désavantageuses par rapport aux « démoniaques mai

1499 » centrales nucléaires. Mais qui a jamais demandé de vastes surfaces de panneaux solaires ? Cela me rappelle un débat que

1500 res. Mais qui a jamais demandé de vastes surfaces de panneaux solaires ? Cela me rappelle un débat que j’ai eu une fois, t

1501 eu une fois, tout à fait improvisé, après la fin d’ un congrès fédéraliste avec Paul Delouvrier, PDG d’Électricité de Fran

1502 udrait pour créer l’équivalent en énergie solaire d’ une grande centrale nucléaire de 1000 mégawatts recouvriraient 3 dépar

1503 n énergie solaire d’une grande centrale nucléaire de 1000 mégawatts recouvriraient 3 départements français ? » De nombreus

1504 awatts recouvriraient 3 départements français ? » De nombreuses voix dans la salle, formée de militants fédéralistes, ont

1505 çais ? » De nombreuses voix dans la salle, formée de militants fédéralistes, ont répliqué : « Qu’est-ce que c’est que cett

1506 cette obsession des grandes centrales ? L’intérêt de l’énergie solaire c’est justement qu’elle nous dispense des grandes c

1507 jusqu’aux individus. » Donc, c’est une absurdité d’ essayer d’opposer les deux choses, sans compter que scientifiquement,

1508 individus. » Donc, c’est une absurdité d’essayer d’ opposer les deux choses, sans compter que scientifiquement, cela ne « 

1509 uement, cela ne « tient pas le coup » une seconde de dire qu’une vaste centrale solaire couvrirait 3 départements français

1510 rès inégaux. VIII. Des communautés écologiques de jeunes Strassoldo dit, ce qui est juste, que c’est un phénomène im

1511 il y ait là une solution définitive aux problèmes de l’humanité. » On pourrait repousser n’importe quelle solution sur n’i

1512 ttention, cela ne répond pas à tous les problèmes de l’humanité ! » Ensuite, il commet une erreur en disant qu’une communa

1513 ne erreur en disant qu’une communauté comme celle de Longo Maï est un retour à la nature. C’est un profond malentendu. Jam

1514 alentendu. Jamais les jeunes gens qui font partie de Longo Maï n’ont parlé de retour à la nature, ils disent simplement :

1515 nes gens qui font partie de Longo Maï n’ont parlé de retour à la nature, ils disent simplement : « Nourrir l’humanité va ê

1516 us, nous nous consacrons à l’agriculture. » Faire de l’agriculture ne veut absolument pas dire « retour à la nature », dan

1517 ent pas dire « retour à la nature », dans le sens de Rousseau, dans le sens de Marie-Antoinette, cela n’a aucun rapport !

1518 nature », dans le sens de Rousseau, dans le sens de Marie-Antoinette, cela n’a aucun rapport ! IX. De la généralisatio

1519 Marie-Antoinette, cela n’a aucun rapport ! IX. De la généralisation des modèles fédératifs suisse et yougoslave Je d

1520 leçons positives ou négatives. Mais que je parle de région et de participation civique, il est bien entendu qu’il ne s’ag

1521 ives ou négatives. Mais que je parle de région et de participation civique, il est bien entendu qu’il ne s’agit de rien de

1522 tion civique, il est bien entendu qu’il ne s’agit de rien de comparable aux cantons suisses, qui sont les créations d’une

1523 ique, il est bien entendu qu’il ne s’agit de rien de comparable aux cantons suisses, qui sont les créations d’une longue h

1524 rable aux cantons suisses, qui sont les créations d’ une longue histoire. Une remarque qui me paraît indispensable quant à

1525 rmées par des catastrophes, mais par la nécessité de s’unir pour résister à une attaque venue de l’extérieur, le temps de

1526 ster à une attaque venue de l’extérieur, le temps de la repousser, sans pour autant devenir un corps uniforme et homogène.

1527 s les Habsbourg, mais pas plus. J’entends : assez de force pour résister à l’extérieur, pas assez pour unifier complètemen

1528 pas assez pour unifier complètement. Pour le dire d’ une manière un peu paradoxale, le fédéralisme consiste à créer une uni

1529 préserver les autonomies et leur diversité. X. De la « cybernétisation » du processus politique et des obstacles y rela

1530 la politique. » Il m’est arrivé un jour, au cours d’ une conversation avec Louis Armand, paraphrasant la boutade de Lénine 

1531 sation avec Louis Armand, paraphrasant la boutade de Lénine : « Les soviets, c’est le marxisme, plus l’électricité », de d

1532 soviets, c’est le marxisme, plus l’électricité », de déclarer à cet ami : « Pour moi, le fédéralisme, c’est la philosophie

1533 Il m’a répondu : « Ah, celle-là, je vous en veux de l’avoir dite avant moi ! » XI. Des régions à géométrie variable

1534 e pense avoir toujours dit et décrit le contraire de ce qu’il m’est ici reproché d’avoir défendu ou attaqué. Je crois que

1535 écrit le contraire de ce qu’il m’est ici reproché d’ avoir défendu ou attaqué. Je crois que Strassoldo a tort d’invoquer la

1536 éfendu ou attaqué. Je crois que Strassoldo a tort d’ invoquer la théorie de Konrad Lorenz sur le territoire des animaux, et

1537 crois que Strassoldo a tort d’invoquer la théorie de Konrad Lorenz sur le territoire des animaux, et de l’étendre aux homm

1538 e Konrad Lorenz sur le territoire des animaux, et de l’étendre aux hommes. Les vues de Lorenz sur les animaux sont contest

1539 des animaux, et de l’étendre aux hommes. Les vues de Lorenz sur les animaux sont contestées par d’autres récents travaux d

1540 maux sont contestées par d’autres récents travaux d’ anthropologues. Quant à la théorie de l’enracinement territorial, loca

1541 ents travaux d’anthropologues. Quant à la théorie de l’enracinement territorial, local, prônée par Maurice Barrès et par l

1542 voyageur sur la terre ». aa. Rougemont Denis de , « Autour de L’Avenir est notre affaire II : Réponse à Raimondo Stras

1543 Autour de l’Avenir est notre affaire. Entretiens de Crêt-Bérard, Lausanne, Fondation Charles Veillon, 1984, p. 157-163.

1544 ’Avenir est notre affaire : remarques sur la note de Stanley Maron (1984)z Les très intéressantes remarques critiques d

1545 4)z Les très intéressantes remarques critiques de M. Stanley Maron appellent de ma part les mises au point que voici, t

1546 remarques critiques de M. Stanley Maron appellent de ma part les mises au point que voici, très brièvement formulées. 1. L

1547 e. Je suis d’accord. « Libertaire » évoque l’idée d’ une liberté sans frein, qui pour moi n’est pas vraie liberté puisqu’el

1548 i n’est pas vraie liberté puisqu’elle se dissocie de toute responsabilité. Je crois que l’homme n’est libre (dans une comm

1549 ne choisirais pas, pour la raison que la liberté de mouvement me paraît aussi nécessaire que ce « droit à l’enracinement 

1550 enracinement » sur lequel Ortega y Gasset a écrit de belles choses. Il est un temps pour vivre de ses racines dans le mili

1551 crit de belles choses. Il est un temps pour vivre de ses racines dans le milieu natal, et un temps pour vivre son aventure

1552 elle du « voyageur sur la terre ». Le seul modèle de communauté qui me paraisse inacceptable serait celui qui se voudrait

1553 elui qui se voudrait exclusif. Les kibboutzim ont de très grandes vertus, mais ne comprennent que 3 % de la population d’I

1554 très grandes vertus, mais ne comprennent que 3 % de la population d’Israël, et c’est très bien ainsi. Cependant, il faut

1555 tus, mais ne comprennent que 3 % de la population d’ Israël, et c’est très bien ainsi. Cependant, il faut bien imaginer d’a

1556 Cependant, il faut bien imaginer d’autres modèles de communauté pour le 97 % restant. z. Rougemont Denis de, « Autour d

1557 nauté pour le 97 % restant. z. Rougemont Denis de , « Autour de L’Avenir est notre affaire I : Remarques sur la note de

1558 venir est notre affaire I : Remarques sur la note de Stanley Maron », Autour de l’Avenir est notre affaire. Entretiens de

1559 Autour de l’Avenir est notre affaire. Entretiens de Crêt-Bérard, Lausanne, Fondation Charles Veillon, 1984, p. 101.

1560 in [préface] (1984)ag Devant l’immense travail de Jacqueline et Pierre-Arnold Borel, ce que je ressens d’abord est un v

1561 d Borel, ce que je ressens d’abord est un vertige de chiffres. Nous avons chacun 2 parents, 4 grands-parents, 8 arrière-gr

1562 êtres ; à la dixième, 1024 ; à la vingtième, plus d’ un million ; à la trente et unième, on dépasse le milliard. Cela nous

1563 et unième, on dépasse le milliard. Cela nous mène de fils en père, en petit-fils, en arrière-petite-fille, etc., à Charlem

1564 tite-fille, etc., à Charlemagne, premier empereur d’ Occident. Mais Pierre-Arnold ne s’en tient pas là : il nous signale av

1565 e-troisième génération, il y aurait 8,5 milliards d’ ancêtres ; parmi lesquels « Lucius, patricien romain, gouverneur de Bu

1566 i lesquels « Lucius, patricien romain, gouverneur de Bugey, dont Henri de Rougemont descend ». Quelques lueurs furtives pe

1567 anonymat : trois empereurs du Saint-Empire romain de nation germanique dont le grand fondateur, Othon Ier, deux rois de Fr

1568 que dont le grand fondateur, Othon Ier, deux rois de France, une reine d’Angleterre, Nominoë roi de Bretagne, des chefs vi

1569 is de France, une reine d’Angleterre, Nominoë roi de Bretagne, des chefs vikings aux noms imprononçables, deux sorcières d

1570 heur n’est pas la sainte, mais seulement l’épouse d’ un grand-duc de Pologne. Voilà qui est pittoresque à souhait, pourtant

1571 la sainte, mais seulement l’épouse d’un grand-duc de Pologne. Voilà qui est pittoresque à souhait, pourtant l’essentiel ma

1572 ferait que nous puissions nous sentir descendants de tous ces grands noms. Combien je voudrais que me soient parvenues, du

1573 t parvenues, du fond des siècles, des « histoires de famille » sur celui qui, pour moi, est le plus prestigieux des ancêtr

1574 l’héritage des gènes ? Hélas, comme le disait un de mes oncles : « Plus l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moins o

1575 ncêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ! » Mais si les noms sont vérifiés, les chiff

1576 on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ! » Mais si les noms sont vérifiés, les chiffres que je

1577 clame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ! » Mais si les noms sont vérifiés, les chiffres que je viens de

1578 érifiés, les chiffres que je viens de citer sont, de toute évidence, « impossibles », bien qu’exactement calculés : à l’ép

1579 ibles », bien qu’exactement calculés : à l’époque de notre ancêtre Charlemagne, la Terre entière ne devait compter qu’une

1580 ntière ne devait compter qu’une ou deux-centaines de millions d’habitants, et l’Europe, moins de quinze millions. Or, il e

1581 vait compter qu’une ou deux-centaines de millions d’ habitants, et l’Europe, moins de quinze millions. Or, il est sûr que n

1582 aines de millions d’habitants, et l’Europe, moins de quinze millions. Or, il est sûr que nos ancêtres furent tous des Euro

1583 des ni des Hindous, encore moins des Peaux-Rouges d’ une Amérique pas encore découverte par l’Europe. Comment quinze millio

1584 découverte par l’Europe. Comment quinze millions d’ Européens eussent-ils pu nous fournir plus de 2 milliards d’ancêtres ?

1585 ions d’Européens eussent-ils pu nous fournir plus de 2 milliards d’ancêtres ? La seule explication de cette impossibilité