1 1982, Articles divers (1982-1985). L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales [commentaires] (1982)
1 , voire de l’impossibilité historique de ce que l’ on nomme aujourd’hui nos cultures nationales. Comment introduire un dial
2 res nationales. Comment introduire un dialogue si on nie l’existence de ses interlocuteurs ? C’est la première question. O
3 elle reste incapable, par définition, de s’unir : on ne base pas une union sur cet obstacle par excellence à toute union q
4 dit souvent, fonder une amicale des misanthropes. On peut écrire ces choses, on peut les dire, on ne peut pas les faire. D
5 cale des misanthropes. On peut écrire ces choses, on peut les dire, on ne peut pas les faire. Donc, il nous faut établir l
6 pes. On peut écrire ces choses, on peut les dire, on ne peut pas les faire. Donc, il nous faut établir le dialogue sur nos
7 pu entendre ici m’ont permis d’entrevoir comment on pourrait tout de même rendre un certain sens à l’expression de « cult
8 à l’heure, alors que les plus anciens États que l’ on trouve en Europe remontent à l’an 1000, au plus tôt : la Pologne et l
9 eur addition. Mais alors dans quelle mesure peut- on encore parler de différences nationales dans l’usage, la création, la
10 r du xixe siècle, celui des Slaves de Russie, et on pourrait mentionner encore, au début du xxe siècle, l’influence de l
11 s. Ce sont ces variantes, que, dans certains cas, on pourrait appeler cultures nationales, interlocuteurs possibles dans l
12 lques exemples, portant surtout sur l’usage que l’ on a fait de la culture commune dans nos différents pays : usage politiq
13 écision de se mettre ensemble dans la mesure où l’ on veut rester différents, autonomes. Peut-on parler d’une culture polit
14 e où l’on veut rester différents, autonomes. Peut- on parler d’une culture politique ? Oui, c’est sans doute la seule maniè
15 les lois de la « République une et indivisible ». On a beaucoup parlé de culture nationale en France. C’est le seul pays a
16 te s’il n’a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de culture différente de toutes les autres en cec
17 s la mesure où elle est politisée, à tel point qu’ on a l’impression quelquefois, à entendre les discussions entre la gauch
18 de culture nationale pour la bonne raison, comme on l’a rappelé ce matin, qu’il réunissait douze nationalités. Qu’aurait-
19 tro-hongrois. Grâce à ce fédéralisme sous-jacent, on a pu arriver à un développement culturel merveilleux et vraiment très
20 fférent. Vous avez une grande culture germanique, on peut le dire, parce que l’accent est fortement mis sur le germanisme
21 ais ils donnent l’impression tout de suite, quand on pense à l’Europe comme culture, d’une culture symphonique, ou si vous
22 alogue. Nous avons tous vu, depuis trente ans, qu’ on ne peut pas faire l’Europe sur la base de l’économie, comme Jean Monn
23 se de l’économie, comme Jean Monnet le proposait. On n’y est pas arrivé et je ne pense pas qu’on y arrivera dans les année
24 sait. On n’y est pas arrivé et je ne pense pas qu’ on y arrivera dans les années qui suivent, parce que ce n’est pas la bon
25 pas la bonne base. Jean Monnet a pensé que, si l’ on maîtrisait les relations économiques en Europe, la politique et le re
2 1982, Articles divers (1982-1985). De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)
26 s la mesure où il est libre. Mais comment passe-t- on de la personne à la fédération ? On ne devient pas une personne toute
27 mment passe-t-on de la personne à la fédération ? On ne devient pas une personne toute seule dans une caverne. La personne
28 , pas celle des grands ensembles d’une ville où l’ on ne connaît personne, mais une communauté authentique donc de petite t
29 tat y installe sa géométrie. Dans une communauté, on connaît les gens et la voix d’un homme peut s’y faire entendre. Aussi
30 au continent. Tout cela se tient. De la personne, on passe à la communauté, de la communauté à la région, de la région à l
31 enu tellement démentiel qu’il ne fonctionne plus. On ne peut pas faire marcher un pays en décidant tout de sa capitale, pa
32 ant tout de sa capitale, parce que, pratiquement, on ne décide rien. Ce qui fonctionne toujours, c’est la relation entre l
33 faire des bombes et tant pis si c’est dangereux, on mettra la police pour surveiller… Ce sont ces multiples interactions
34 iétiques et les fusées occidentales ? C’est ce qu’ on m’a répondu récemment à Paris, lorsque je demandais aux responsables
35 ent majeur qui pourrait arriver à Creys-Malville. On a refusé de me répondre en me disant que la probabilité était faible,
36 Français tirer les premiers. Voilà, m’expliquait- on , qui provoquerait une série d’explosions cent fois plus importantes q
37 ue l’accident majeur de Creys-Malville. Est-ce qu’ on pensait me rassurer ? Et, comme par hasard, d’une façon générale, on
38 rer ? Et, comme par hasard, d’une façon générale, on installe toujours ces choses dangereuses aux frontières, de sorte que
3 1982, Articles divers (1982-1985). « Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! » (2 juillet 1982)
39 me manipulée… Il y a beaucoup plus sérieux : si l’ on se dispute à coup d’arguments idéologiques, on dissimule ainsi des ré
40 l’on se dispute à coup d’arguments idéologiques, on dissimule ainsi des réalités économiques. Il existe en fait, sur ce p
41 définie par leurs intérêts économiques mais quand on passe au plan de l’idéologie, on ne comprend plus. En particulier, on
42 iques mais quand on passe au plan de l’idéologie, on ne comprend plus. En particulier, on ne comprend pas comment la paix
43 l’idéologie, on ne comprend plus. En particulier, on ne comprend pas comment la paix mondiale peut être défendue par les a
44 plus inquiétant dans les débats actuels, c’est qu’ on sent une impatience, complètement inconsciente mais réelle, des deux
45 é à l’humanité en 1981, 600 milliards de dollars. On n’avait encore jamais dépensé une somme pareille. L’industrie des arm
46 mements devient le centre de toute la production. On est donc tenté de les essayer et pour ce qui est de l’arsenal atomiqu
47 essayer et pour ce qui est de l’arsenal atomique, on a trouvé récemment les bombes dites tactiques. Il s’agit de l’idée, q
48 ion d’armements dont il n’est guère imaginable qu’ on se serve jamais, c’est la multiplication des armes nucléaires, notamm
49 s’ils prennent conscience de l’ampleur du danger. On ne peut plus se leurrer sur les effets d’une guerre nucléaire : ce se
50 er des chars modernes et des avions vite démodés, on pourrait dépenser un peu d’argent pour enseigner le russe dans les éc
51 eule position absolument tenable — quitte à ce qu’ on en meure tout de suite, mais autant mourir pour une bonne raison que
52 e. La guerre nucléaire, c’est bien plus fou, si l’ on y pense, que de dire désarmons-nous et offrons nos poitrines nues. Je
53 que ce soit une démission. Vous voudriez donc qu’ on organise la non-violence ? Je voudrais que les meilleurs esprits de c
4 1982, Articles divers (1982-1985). Denis de Rougemont devant l’Histoire (17 juillet 1982)
54 ugemont et ses amis voulaient — légitimement — qu’ on les lave de tout soupçon quant à leur attitude pendant la guerre. Mai
5 1982, Articles divers (1982-1985). Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)
55 lèmes » — qui sont « à géométrie variable » comme on vient de le voir, jamais délimités par une frontière d’État qui n’arr
6 1982, Articles divers (1982-1985). La peur d’être libre… (printemps-été 1982)
56 ndividu. C’est donc vous, en quelque sorte, que l’ on peut considérer comme le père de la théorie « Personne-Planète », dév
57 zak et qui a inspiré le n° 3 de notre revue. Mais on ne connaît pas toujours ses parents !… Quelle était la théorie de l’é
58 dire « appel ». Cet appel est unique pour chacun. On ne sait pas toujours ce que c’est ; il faut le découvrir. Le but est
59 in en avant, dans l’infini, l’Absolu, Dieu, comme on veut l’appeler. Chaque homme doit inventer son chemin puisque chacun
60 omiques. C’est sans doute aussi en ce sens que l’ on dit que les liens avec une famille spirituelle sont souvent plus fort
61 ar les symboles, les mythes, les archétypes (dont on se sert comme d’un instrument), ou même par le hasard, qu’on trouve s
62 comme d’un instrument), ou même par le hasard, qu’ on trouve sa famille spirituelle. Toutefois, pour que la communauté soit
63 istote, que son nombre ne soit pas si grand que l’ on ne puisse plus la réunir sur l’agora où chacun doit pouvoir entendre
64 s », de « propes », « près ». C’est donc ce que l’ on peut s’approprier du point de vue des besoins quotidiens. C’est la se
65 er : les épidémies, les maladies, les pollutions… On en trouve un exemple frappant avec la frontière autour de Genève. La
66 français travaillent en Suisse, ce qui fait que l’ on peut passer quotidiennement huit fois la frontière, et plus si l’on o
67 tidiennement huit fois la frontière, et plus si l’ on oublie quelque chose chez soi ! Ici, autour de Genève, la frontière e
68 es qui laissent passer tout ce qui doit le faire. On pourrait peut-être comparer votre description de l’unité-région et de
69 ant la fonction que la région est censée remplir. On peut avoir des régions écologiques qui ne seront pas du tout les même
70 sprit entre ces dernières en expliquant comment l’ on devient citoyen de l’une ou de l’autre. Oui, par l’intérieur pour dev
71 sa « souveraineté absolue » et c’est ainsi que l’ on voit une guerre imbécile comme celle des Malouines, pour un troupeau
72 cture des États-nations conduit à la guerre comme on le voit aujourd’hui… Au contraire, comme les régions divisent le pouv
73 très clair qu’à partir de la notion de personne, on peut tout reconstruire. Et faire une critique virulente de l’État-nat
74 est pas comme la patrie. Ne pensez-vous pas que l’ on a « bluffé » les citoyens en introduisant une énorme confusion entre
75 qui viennent de la capitale ne sont jamais lues : on ne les a pas demandées. Peu à peu des liens se créeront, des ministèr
76 beaucoup : « la puissance, c’est le pouvoir que l’ on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend sur so
77 d sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’ on prend sur soi-même. » Vous avez aussi parlé de « la peur d’être libre
7 1982, Articles divers (1982-1985). Hommage à l’Alliance culturelle romande pour ses 20 ans (octobre 1982)
78 De tout cela, notre ami Weber-Perret fit ce que l’ on peut faire de meilleur : une Alliance, et même une alliance culturell
8 1982, Articles divers (1982-1985). Un écrivain au service de la cité (24 octobre 1982)
79 meilleure du monde, parce que la plus minuscule. On y avait comme professeurs, des gens comme Max Niedermann, l’un des di
80 . J’ai passé un an à l’Université de Vienne, où l’ on ne me voyait guère à vrai dire, tant ma vie sentimentale était alors
81 tmosphère passionnelle de l’Europe centrale, dont on retrouve le climat dans Le Paysan du Danube . En même temps, j’écriv
82 x, je gagnai Paris au début des années 1930, où l’ on m’offrait de diriger une maison d’édition. Dès ce moment-là, j’ai été
9 1983, Articles divers (1982-1985). Bertrand de Launay, Le Poker nucléaire : comme brebis à l’abattoir [préface] (1983)
83 . Nous disons que cela ne peut que mal finir si l’ on ne se décide pas à tout changer tout de suite : je veux dire à détrui
84 ans sa position névrotique, un certain profit2 ». On a reconnu les partisans du nucléaire en général, et de la dissuasion
85 olution française ; — guerre limitée aux armées : on n’essaie pas d’anéantir la population du pays ennemi, mais seulement
86 tiques en seraient à 38 000, il est clair, me dit- on , qu’un effort gigantesque doit être demandé aux industries d’armes am
87 thmétique : comparer n’a plus aucun sens sitôt qu’ on entre dans le démesuré ? IV. Vous avez dit : « Catastrophisme » ?
10 1983, Articles divers (1982-1985). La Suisse et quelle Europe ? (1983)
88 uation tout au moins — des définitions variées qu’ on peut donner de la Suisse et de l’Europe unie, et leur sont — ou devra
89 s d’attitudes et de positions fondamentales. Si l’ on n’est pas rigoureux dans l’énoncé du thème, on court des risques impo
90 l’on n’est pas rigoureux dans l’énoncé du thème, on court des risques importants. On entretient en premier lieu l’illusio
91 énoncé du thème, on court des risques importants. On entretient en premier lieu l’illusion économiste, celle qui consiste
92 çon de parler pour aller vite, une métonymie, dit- on en rhétorique (la partie pour le tout) mais une grave confusion des v
93 leurs. Et l’Europe est bien autre chose que ce qu’ on nomme ainsi à Bruxelles — où la CEE n’est en fait qu’un ensemble d’ac
94 répond l’illusion politique : elle explique que l’ on puisse nommer « Parlement européen » l’assemblée élue pour la premièr
95 s à d’autres pays mais aussi à d’autres secteurs, on arrivera à une sorte de fédération continentale. Voyons cela de plus
96 eté ». Parmi les divers types d’Europe unie que l’ on peut envisager, deux existent au moins formellement : l’Europe de Bru
97 i faisait fi des « intérêts » immédiats. De fait, on ne voit pas pour quelles raisons il y aurait lieu de faire confiance
98 ainsi que l’a proposé ici même Mme Bauer-Lagier. On m’objecte que « la Suisse ne fait pas le poids », « qu’elle est trop
99 rogrès ont été si rapides qu’à Bordeaux, en 1978, on a discuté sérieusement la possibilité d’élections au suffrage univers
100 le de la CEE et du CE ? C’est impensable ! me dit- on de toutes parts. Essayons de voir pourquoi — et de le penser. Pour pr
101 e) et le Conseil de l’Europe l’agence culturelle. On pourrait aboutir de la sorte à un exécutif européen doté de pouvoirs
102 ntre-courant des évolutions d’ensemble en Europe. On l’a écrit (notamment l’historien E. Gagliardi) : elle est demeurée ju
11 1983, Articles divers (1982-1985). Hitler, l’anti-prophète de notre siècle (10 février 1983)
103 ent ; six millions de chômeurs ; une inflation qu’ on disait galopante, et c’était trop peu dire, quand l’État émettait des
104 s le siècle par son apparition sont bien connus : on n’y retrouve pas, à l’analyse, la moindre trace de sa personne. Il fu
105 tier qu’il est des victoires impossibles… Enfin, on peut lire dans La Part du diable , que je publiai à New York en 1942,
106 t bien que je fasse la guerre à la Pologne puisqu’ on écrit des choses pareilles sur moi. » C. J. Burckhardt lui demande po
107 itler, écrivais-je le lendemain dans mon journal. On peut réfléchir là-dessus. Réfléchir ou même délirer… On ne tire pas s
108 t réfléchir là-dessus. Réfléchir ou même délirer… On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire p
109 pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de soixante millio
110 is qui est le rêve de soixante millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion son
111 endant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’elle ne saurait se manifester qu’autant que l’indiv
112 t d’une puissance qui échappe à nos psychologies… On me demande sottement s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme
113 e demande sottement s’il est intelligent. Ne voit- on pas qu’un homme intelligent, si cela compte en lui le moins du monde,
114 « mission », Schickelgruber habité par un trône ! On a ri. On a cessé de rire… Le national-socialisme, raciste et adorate
115  », Schickelgruber habité par un trône ! On a ri. On a cessé de rire… Le national-socialisme, raciste et adorateur du san
116 nom d’un désastre imminent et mondial. Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà le point qu’il faut élucider. Replaçons-nous
12 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : conclusions (1984)
117 qui est peut-être plus importante que celle que l’ on trouve dans beaucoup de colloques réunissant professeurs et experts a
118 eux, de forme de vie, nous ne sommes pas ce que l’ on appelle en allemand des Kongress Tiere, des « bêtes de congrès », ave
119 u à tous égards privilégié, et je comprends que l’ on ait eu l’idée d’y construire cette espèce de couvent avec son cloître
120 discours, en fin de banquet, mais rarement quand on en vient à voter le budget. Or, je vous le disais hier : seul le budg
121 uest. Soit dit en passant : j’estime abusif que l’ on parle aujourd’hui du Parlement européen pour désigner l’assemblée qui
122 ission économique de 10 États sur 23. Évidemment, on ne peut pas le dire comme cela chaque fois qu’on en parle, il est plu
123 on ne peut pas le dire comme cela chaque fois qu’ on en parle, il est plus simple de dire : le Parlement européen. Mais c’
124 rait évidemment à celui du Conseil de l’Europe qu’ on devrait donner des pouvoirs législatifs. Tout ceci n’est pas seulemen
125 ste sur même avenir, et non pas même combat comme on dit aujourd’hui, car un combat, cela peut se perdre, tandis qu’il est
126 on et de mainmise de l’État sur l’économie. Quand on ne sait plus quoi dire, on nous avertit que : « Le problème soulevé t
127 sur l’économie. Quand on ne sait plus quoi dire, on nous avertit que : « Le problème soulevé touche la Défense nationale,
128 ins fous et condamnés à terme. Le seul moyen si l’ on veut éviter cette guerre, qui serait comme on l’a dit hier le grand i
129 i l’on veut éviter cette guerre, qui serait comme on l’a dit hier le grand incendie final, la fin de l’histoire, et sinon
130 qu’elle sort de partout, et non d’un centre que l’ on pourrait détruire avec une bombe. C’est la région qui me paraît symbo
131 t de la Révolution française, « L’État-national — on ne disait pas encore l’État-nation — cherche à retrouver par la guerr
132 amicale des misanthropes : c’est une chose que l’ on peut écrire mais que l’on ne peut pas faire, car ou bien ces misanthr
133 : c’est une chose que l’on peut écrire mais que l’ on ne peut pas faire, car ou bien ces misanthropes veulent une amicale,
134 pas nous attarder à toutes les définitions que l’ on peut donner de la région : régions ethniques, par exemple, selon les
135 se rappellent au monde par des explosions, quand on refuse de prêter l’oreille à leurs demandes. Il y a certes des raison
136 lieu de nulle part, le lieu quelconque sur lequel on pose une structure sans tenir compte d’aucune réalité spécifique. Nou
137 ities as one proceeds. » Vous avez tous compris : on ne peut pas poser d’avance la réponse à des questions aussi complexes
138 la réponse à des questions aussi complexes, mais on peut trouver, on peut surmonter ces complexités à mesure que l’on ava
139 questions aussi complexes, mais on peut trouver, on peut surmonter ces complexités à mesure que l’on avance, donc « chemi
140 on peut surmonter ces complexités à mesure que l’ on avance, donc « chemin faisant ». Chemin faisant est une merveilleuse
141 : c’est que le chemin se fait dans la mesure où l’ on y marche. C’est en marchant sur mon chemin que je le crée. « Chemin f
142 t premières années et que j’ai mes racines, comme on le dit par une métaphore critiquable mais courante. En tant que citoy
143 ne me perds pas du tout dans cette diversité. Si on la décrivait d’une manière théorique, ce serait horriblement compliqu
144 que, ce serait horriblement compliqué, mais quand on le vit, comme vous la vivez tous, c’est très facile. Je sais parfaite
145 que dans une région à géométrie variable ? » Si l’ on dit que le pouvoir est d’abord aux communes, on peut très bien imagin
146 l’on dit que le pouvoir est d’abord aux communes, on peut très bien imaginer que celles-ci se groupent librement pour exer
147 que d’abord, que nous devons dépasser. Car, comme on l’a dit ce matin, les villes, au fond, elles sont « nulle part », ell
148 ions, un principe très simple qui est celui que l’ on a appelé dans les écoles sociologiques catholiques de la fin du xixe
149 ncipe de subsidiarité ». C’est un mot savant dont on pourrait se passer en répétant simplement la règle de formation du fé
150 ration (de régions ou nationale), les autoroutes. On peut aller plus loin, naturellement, que la fédération européenne. Un
151 ommune, qui est tellement riche. Les choses que l’ on a en commun, les choses communes de la vie de tous les jours, la comm
152 sait des communes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « cantons » au Moyen Âge, mais de communes. Et save
153 œud de la réalité et de la vérité philosophiques. On n’arrive à l’universel que par l’extrême du particulier. Donc, s’occu
154 contraire, l’un était la condition de l’autre. Qu’ on ne me dise pas que tout cela est utopique, car au contraire, nous, le
155 te. La base de l’Europe, son unité, sans laquelle on ne pourrait pas créer d’union — il y a une énorme différence entre ce
156 ne donnée de base, l’union, c’est une chose que l’ on fait, que l’on bâtit, volontairement — l’unité donc, sur laquelle nou
157 se, l’union, c’est une chose que l’on fait, que l’ on bâtit, volontairement — l’unité donc, sur laquelle nous pouvons bâtir
158 ontradictions entre ces origines ! Peut-être peut- on dire que ce qui rend la culture européenne tellement créatrice, c’est
159 de la construction européenne. Je voudrais que l’ on continue à faire une propagande quotidienne contre l’idée de bâtir l’
160 rythmes de mobilité des principaux facteurs que l’ on évoque dans la construction politique de l’Europe. Il y a les questio
161 e à Saint-Étienne en passant au sud de Grenoble : on y a parlé de l’an 900 jusqu’aux débuts du xixe siècle, soit près de
162 1861. Elle a très peu varié au xxe siècle. Mais on est étonné de voir que ce rythme de mobilité est au maximum centenair
163 istoire, au sens symboliquement élargi du terme. On m’a demandé hier, si je voyais des conclusions pratiques se dégager d
164 çais très engagés dans la politique de leur pays. On pourrait imaginer quelque chose de plus fonctionnel… Dans le papier d
13 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : réponse à Raimondo Strassoldo (1984)
165 ! — mais va se concentrer sur les critiques que l’ on pourrait faire, de manière, dit-il, à approfondir et clarifier la pen
166 la lettre. Pour vérifier le contenu d’une valise, on peut très bien mettre des heures… C’est un exercice comparable auquel
167 n même temps. L’Europe est trop petite pour que l’ on s’arrête à elle seule. Bien entendu, il a parfaitement raison, on peu
168 le seule. Bien entendu, il a parfaitement raison, on peut toujours dire cela, seulement on ne réformerait rien dans le mon
169 ent raison, on peut toujours dire cela, seulement on ne réformerait rien dans le monde si l’on disait que l’on ne peut ent
170 ulement on ne réformerait rien dans le monde si l’ on disait que l’on ne peut entreprendre une réforme que si l’on est sûr
171 formerait rien dans le monde si l’on disait que l’ on ne peut entreprendre une réforme que si l’on est sûr qu’elle est réal
172 ue l’on ne peut entreprendre une réforme que si l’ on est sûr qu’elle est réalisable partout ! C’est la première démarche d
173 erritoire. S’il était capable de faire tout cela, on lui dirait : « Bon, continue, cela va bien et nous, on s’occupera d’a
174 i dirait : « Bon, continue, cela va bien et nous, on s’occupera d’autre chose ! » Strassoldo le sait mieux que personne, a
175 il y a une guerre, il augmente ses prérogatives : on arrive à l’État totalitaire par la guerre totale, ceci est tout à fai
176 it des contradictions, ou plutôt il imagine que l’ on pourrait en voir, entre les régions économiques compétitives et les r
177 incompatibilité entre les deux choses, à moins qu’ on ne les caricature chacune dans son domaine, et une fois de plus, qu’o
178 chacune dans son domaine, et une fois de plus, qu’ on fasse la grève du zèle des concepts, qu’on les « absolutise », après
179 us, qu’on fasse la grève du zèle des concepts, qu’ on les « absolutise », après quoi, évidemment, il ne reste plus aucun mo
180 , sans laquelle il n’y a aucune société possible. On ne va pas demander à chacun s’il a besoin de participer. C’est une év
181 des risques ! » Il s’agit de savoir quels risques on prend. Nous ne prendrions pas le risque ni les uns, ni les autres, de
182 olution définitive aux problèmes de l’humanité. » On pourrait repousser n’importe quelle solution sur n’importe quel sujet
14 1984, Articles divers (1982-1985). Les Rougemont de Saint-Aubin [préface] (1984)
183 tième, plus d’un million ; à la trente et unième, on dépasse le milliard. Cela nous mène de fils en père, en petit-fils, e
184 e disait un de mes oncles : « Plus l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ! » Mai
185 s l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui ! » Mais si les noms sont vérifiés, les
186 intermariages, si fréquents dans notre pays. Si l’ on s’en tient à nos ancêtres du xviiie au xve siècle, on y trouve tant
187 n tient à nos ancêtres du xviiie au xve siècle, on y trouve tant de Chambrier, de Montmollin, d’Osterwald et de Pury (pl
188 s les Neuchâtelois sont cousins, d’autant plus qu’ on remonte dans le temps. Le tableau des origines géographiques de nos
189 on d’ancêtres, dans bien des familles de ce pays, on trouve autant d’étrangers que de Neuchâtelois et de Suisses additionn
190 s surtout, sont de la grande famille européenne. ( On eût fait rire un Flamand d’avant Napoléon en lui disant qu’il serait
191 apoléon en lui disant qu’il serait « Belge » et l’ on eût scandalisé un Bavarois ou un Saxon en le qualifiant simplement d’
192 Allemagnes et la Scandinavie. C’est à peine si l’ on trouve, en remontant très haut, deux ou trois Piémontais et un Toscan
193 elon Littré, à la fois « chance » et « bien que l’ on possède », c’est-à-dire « dont on est venu à chef ». (Je propose une
194 et « bien que l’on possède », c’est-à-dire « dont on est venu à chef ». (Je propose une nouvelle recherche à Pierre-Arnold
15 1984, Articles divers (1982-1985). L’Europe et les intellectuels (1984)
195 e voudrais vous lire ces quelques lignes : Ce qu’ on touche — et ce qu’on imagine, le pays qui nous tient par les pieds, p
196 ces quelques lignes : Ce qu’on touche — et ce qu’ on imagine, le pays qui nous tient par les pieds, par le cœur, et le ras
197 cœur, et le rassemblement des nations invisibles, on nous dit que tout les oppose, qu’il faut choisir l’un contre l’autre,
198 rl Barth, dans la lignée « existentielle » (comme on disait alors) de Kierkegaard et tout près de nous, de Heidegger. Tout
199 qui a été marqué par Athènes, Rome et Jérusalem. On cite toujours ces trois premières sources de la culture commune des E
200 que j’avais lancées dans les années 1930, et dont on me disait maintenant que c’étaient les mots d’ordre de l’existentiali
201 énéral, avait préparé et conduisit la conférence. On entendit dès l’ouverture le président de la Confédération suisse, pui
202 administrateur, d’un projet bien ambitieux, et qu’ on n’imagine pas confié à un écrivain. Qu’avez-vous pu réaliser, ou essa
203 vont venir, et ce ne sera pas long. Si toutefois, on leur laisse le temps de se manifester. Qui ça : On ? Le complexe mili
204 n leur laisse le temps de se manifester. Qui ça : On  ? Le complexe militaro-industriel qui gouverne le monde d’aujourd’hui
205 ommation des mass médias et à rien d’autre. Ce qu’ on prépare avec méthode, c’est la guerre nucléaire — la fin de l’humanit
16 1984, Articles divers (1982-1985). Informatique, société, sagesse (1984)
206 l, à mon sens, n’a pas été le vrai prophète que l’ on célèbre à l’unisson. Et cela pour deux motifs d’ordres très différent
207 e de la terreur, garant de la paix, nous assure-t- on . « Les deux buts du Parti, écrit Orwell, sont de conquérir toute la s
208 nous en sommes peut-être beaucoup plus proches qu’ on ne le croit. Orwell ne pouvait connaître en 1948 que la possibilité,
209 èmes qu’il a choisis. Il y a là, beaucoup plus qu’ on ne le croit, une entreprise permanente de « prise du pouvoir sur les
210 ns à le dire ici : le vrai danger n’est pas là où on le dénonce trop facilement, dans le contrôle allégué de nos vies priv
211 , dans cette « mise en fiches » des citoyens dont on accuse l’ordinateur d’être l’agent, alors qu’il n’en est que l’outil.
212 n. Mais la meilleure défense étant l’attaque, dit- on , j’oserai donc avancer que je fonde quelque espoir dans l’extrême vul
213 re. ⁂ Soyons sérieux. L’ordinateur est un outil, on ne peut pas l’accuser des abus que l’homme en fait. Au lendemain d’Hi
214 loyer. Le contrôle de la Bombe est une absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on
215 s pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de
216 l’empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se t
217 ir. Elle se tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’ on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut c’est un con
218 être employé pour le bien autant que pour le mal. On a beaucoup dit qu’il favoriserait non seulement la surveillance polic
219 ne s’appelle pas libération mais bien chômage. Qu’ on m’explique pourquoi ? Et j’attends, depuis plus de cinquante ans, la
220 e est posé à nouveau en termes d’informatisation. On y répond généralement par des arguments que je connais depuis environ
221 e je connais depuis environ vingt-cinq ans, quand on ne parlait encore que « d’automation » et « d’usines sans ouvriers ».
222 isais : que ferez-vous des ouvriers « libérés » ? On me répondait : nous allons les recycler dans le tertiaire, car le pro
223 e 1978 et 1990 de 1 million à 800 000, bien que l’ on ait retenu comme hypothèse une croissance de 1,8 % des ventes de voit
224 8 % des ventes de voiture aux États-Unis ». Va-t- on recycler ces ouvriers dans le tertiaire comme les économistes ne cess
225 u moins autant d’emplois qu’elle en touchera ». —  On dit « toucher » ou « affecter », mais jamais « supprimer » un emploi 
226 e marquée dans la main-d’œuvre qui les fabrique ! On me dira peut-être que la qualité du travail dans les industries sera
227 ction. Certes, l’automatisation complète de ce qu’ on appelait hier encore le travail à la chaîne — souvenez-vous du film d
228 de l’esclavage des machines n’est rien encore si on ne lui offre en échange de la monotone manutention mécanique, que la
229 avec l’ordinateur provoque en eux un stress dont on a mesuré les effets. Dans le domaine du dessin industriel, par exempl
230 ans le domaine du dessin industriel, par exemple, on s’est aperçu que leur créativité diminuait de 30 à 40 % pendant la pr
231 tissage, finalement d’invention, voire de pensée. On parle aujourd’hui couramment d’intelligence artificielle, de machines
232 ns de la psychanalyse lui sont applicables. Quand on lui demande si la machine peut éprouver des émotions, il répond qu’il
233 ne sont pas des termes scientifiques ». Et comme on lui fait observer qu’il remet ainsi en question la nature humaine, il
234 et que c’est simplement par un abus de langage qu’ on peut parler de la « mémoire » d’une machine : il ne s’agit en réalité
235 ui mérite vraiment nos réflexions. Je voudrais qu’ on la substitue une fois pour toutes au bavardage de la presse sur la « 
236 des réactions du grand public. Je voudrais que l’ on cesse d’écrire des phrases comme celle-ci : « l’automatisation introd
237 i : « l’automatisation introduit une rupture dont on ne peut prévoir aujourd’hui l’impact ». Victor Hugo écrit dans un poè
238 ? Je l’ignore et j’y vais. » Répondons-lui : si l’ on ne sait où l’on va, mieux vaut n’y pas aller… dans certains cas… Je
239 j’y vais. » Répondons-lui : si l’on ne sait où l’ on va, mieux vaut n’y pas aller… dans certains cas… Je précise : cesson
240 de nos industries. Je demande à savoir pourquoi l’ on prend ce risque, de dimension sans précédent dans toute l’histoire de
17 1984, Articles divers (1982-1985). Trois manières de considérer le nucléaire (1984)
241 toute vie avec elle. ⁂ II. Du point de vue qu’ on appelle réaliste aujourd’hui Le problème des centrales nucléaires
18 1984, Articles divers (1982-1985). Le Patrimoine européen [conclusion] (1984)
242 Russie, et même plus à l’est de cette contrée qu’ on nomme aujourd’hui le Liban, pour remonter à travers la Grèce et les B
243 ine littéraire, en nous interrogeant sur ce que l’ on peut appeler les classiques européens ; et dans le domaine spirituel,
244 manente. Et que le respect du passé suppose que l’ on fasse tout autre chose que de le transformer en routine. Il s’agit de
245 nclusions pour apporter une importante précision. On a coutume, à propos des régions, d’insister sur le nécessaire enracin
246 de l’enfant dans un milieu naturel et humain où l’ on dit « qu’il a ses racines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume
247 enracinement mais la mobilité qui le caractérise. On a beaucoup exagéré l’importance des racines — c’est-à-dire du passé —
248 n est fatalement une simple politique d’entracte, on méconnaît et on déforme mensongèrement les signes qui prouvent de la
249 une simple politique d’entracte, on méconnaît et on déforme mensongèrement les signes qui prouvent de la manière la plus
250 iques et historiques du patrimoine européen. Mais on ne se connaît bien qu’en se comparant à ce qui n’est pas soi. C’est d
19 1984, Articles divers (1982-1985). Club-Énergie de l’Est vaudois : avec Denis de Rougemont (19 juin 1984)
251 dans la communauté. Comment se sentir libre si l’ on n’est responsable de rien ? Et comment serait-on responsable si l’on
252 ’on n’est responsable de rien ? Et comment serait- on responsable si l’on n’est pas libre de ses actes ? N’allons pas croir
253 e de rien ? Et comment serait-on responsable si l’ on n’est pas libre de ses actes ? N’allons pas croire pourtant qu’entre
254 ui ait quelque saveur sans au moins l’illusion qu’ on l’exerce « librement ». Mais le choix, proprement politique au sens l
255 tats les adoptent. Car « très grand » suppose, qu’ on le veuille ou non : très centralisé. « Très cher » implique l’interve
20 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage I] (1985)
256 . À l’Est, trois dictatures d’un type nouveau, qu’ on commençait à définir par le terme générique d’État totalitaire, c’est
257 é Philip et des agnostiques tels que Robert Aron. On nous retrouvera pour la plupart dans le fameux numéro 6 d’ Esprit de
258 lobale de situer notre projet existentiel — comme on le disait alors, d’après Kierkegaard et Heidegger —, l’époque ne fit
259 que peu d’écho. Nous n’étions guère que ce que l’ on appellera plus tard des « groupuscules ». Mais nos idées maîtresses,
260 39. Et là-dessus, deux précisions d’actualité. 1. On a dit que nous étions « totalement négatifs ». Et c’est un fait que,
261 enser qu’une chose est bonne ou mauvaise parce qu’ on lui colle telle ou telle étiquette. Nous voulions affronter les probl
262 ns la mesure même où ils étaient totalitaires. 2. On a dit que nous étions « fascinés » par les jeunes fascistes, et que n
21 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage II] (1985)
263 is avoir vécu le personnalisme du début d’Esprit. On vient de nous dire comment il avait été perçu. Si les notes que j’ai
264 ibéré, comme le montrent certains des exemples qu’ on vient de nous citer. Je voudrais dire en bref — et je vous en demande
265 ’était heureusement ce qui nous manquait le plus) on courrait le risque d’aboutir à un « fascisme à la française ». Précon
266 alistes, et « révolutionnaires de droite », comme on le disait. Le sommaire que je préparai pour la NRF allait de Nizan
267 lans, et Jean Sylveire pour les indépendants — qu’ on appellera plus tard gauchistes. Je me réservai introduction et conclu
268 e justes mesures la notion de « perçu », telle qu’ on a tenté de l’opposer à celle du vécu, — ce vécu dont il nous appartie
22 1985, Articles divers (1982-1985). Quelques-uns de mes écrivains : anecdotes (1985)
269 « Ici, ce n’est qu’une belle voiture. En Orient, on se tiendrait longtemps devant un tel objet… Pour l’adorer. » Tout en
270 lite intellectuel, quelque peu comparable à ce qu’ on nommera plus tard en physique atomique une chambre à bulles », ai-je
271 s content de vous voir. Mais est-ce vrai ce que l’ on dit, que c’est vous qui avez écrit le dernier recueil d’essais de Dan
272 me dit-il, justement nous parlions de Commerce 9. On m’a dit que la revue allait être reprise par vos Éditions “Je sers”… 
273 ision, densité, vivacité dans l’éloge et le blâme on ne peut plus librement alternés, caractérisaient ses billets aux coll
274 bre. Est-ce trop vous demander ? Je vous en prie. On vous la donne, votre Europe. Tout de même, j’imagine vaguement que vo
275 ion, où il avait un job, et où j’en cherchais un. On nous présente. « Dire que nous avons vécu des années à Paris sans nou
276 ont de ces conneries… (haussant le ton)… et que l’ on expie ! » Il dit ensuite que nous devrions trouver « un moyen presque
277 aux Français », dont les trois announcers — comme on dit ici, speaker étant un nom purement français dans cet usage — sero
278 est frappé d’une syncope et tombe sous la table. On le relève après quelques minutes et il dit : « Ça ira pour cette fois
23 1985, Articles divers (1982-1985). Éloge de Jean Starobinski (1985)
279 binski, ou si vous le permettez, « Staro », comme on l’appelle dans toute l’Europe, est conservateur par sagesse, au plus
280 ance justifiée à l’endroit de l’engagement tel qu’ on le parle, Starobinski n’a jamais négligé le devoir civique : c’en éta
281 le mieux son approche du réel et de soi-même : qu’ on lise à cet égard l’importante préface qu’il a donnée aux Noces et à S
282 hoisies pour illustrer L’Invention de la liberté. On n’a pas mieux écrit en prose dans ce pays. Et Jean Starobinski est ce
283 ces humaines, refus qui touche à l’héroïsme quand on publie, précisément, dans les revues de linguistique et de psychanaly
284 eur qui implique et appelle deux autres thèmes qu’ on retrouve dans tous les livres de Starobinski, qu’il s’agisse de litté
285 ation de la masse entière… mais sa dissipation »… On dirait qu’il décrit l’ère atomique ! Que se passe-t-il en réalité en
286  L’illusion, nous dit-il, consiste à croire que l’ on a quitté le domaine incertain de la décision éthique pour entrer dans
24 1985, Articles divers (1982-1985). L’agora, condition première de la démocratie réelle (décembre 1984-janvier 1985)
287 parfois ovale (beaucoup plus tard, en Angleterre, on dira Square pour désigner en fait une place… informe) on trouve en Gr
288 Square pour désigner en fait une place… informe) on trouve en Grèce un temple ou au moins des autels et leur feu perpétue
289 le bouleutérion où siègent les magistrats, que l’ on nomme curie dans le monde romain et, beaucoup plus tard, le « palazzo
290 mences de ce qui formera la Confédération suisse. On sait aujourd’hui que le pacte de 1291, dit du « Grütli », fut écrit d
291 n Espagne. Il y a donc une longue tradition que l’ on peut suivre de la polis grecque avec son agora à la civitas romaine a
292 place, plaza, praça, Platz, plein ou même square, on l’a vu, selon les pays du continent. Les règles impératives à respect
293 ontinent. Les règles impératives à respecter si l’ on veut que l’agora fonctionne ont été formulées par Aristote, notamment
294 t pas nécessairement Stentor », précise Aristote. On répond aujourd’hui que nous avons des haut-parleurs et que cela chang
295 en passant : toutes les sottises monumentales qu’ on a pu écrire contre Rousseau comme « précurseur des États totalitaires
296 s qu’elles sont devenues : démesurées en fait, qu’ on le veuille ou non, par les tâches de plus en plus vastes, lourdes et
297 ransposés à l’échelle des échanges électroniques. On peut imaginer une agora réunissant des gens séparés par des centaines
298 rler… Mais non pas se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qui manquerait d’humainement essentiel à de tels assembl
299 agora réelle : le temps de la réflexion sur ce qu’ on va dire, sur le vrai sens de ce qu’on veut dire, le temps de l’analys
300 n sur ce qu’on va dire, sur le vrai sens de ce qu’ on veut dire, le temps de l’analyse et de la vérification des informatio
25 1985, Articles divers (1982-1985). Vocation culturelle de la Suisse en Europe (septembre 1985)
301 evenue le pays le plus cultivé du continent, si l’ on en juge aux indices de lecture, à l’intensité de la vie musicale et a
302 égionaux puis continentaux et au-delà. Tout comme on peut le dire de l’Europe considérée dans son ensemble, la Suisse est
303 se Europe pour les arts et les sciences humaines. On imagine un joli jeu électronique à partir de données de cet ordre tra
304 s et scintillants du tableau général de l’Europe. On y verrait s’allumer, par exemple Saint-Gall, son abbaye fondée par de
305 ns sa première phase libérale tout au moins. Sait- on que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen fut l’œuvre de
306 auli, né Autrichien, et de C. G. Jung, né Bâlois. On a vu évoquer dans ces pages plusieurs des plus grands noms de l’avent
307 noms de Suisses par naissance ou par choix. Mais on l’aura peut-être remarqué : nous n’avons pas produit en Suisse de poè
308 re, mais aussi d’efficacité transformatrice, dont on trouvera difficilement l’équivalent dans une autre région du monde d’
309 0,71, USA 0,41, France 0,40, Russie et URSS 0,03. On notera l’avantage évident des petits pays sur les grands. 13. A Stu
26 1986, Articles divers (1982-1985). Interview avec Denis de Rougemont (1986)
310 prendre : tel est le sort des non-conformistes18. On a peut-être trop négligé la dimension téléologique de son système de
311 politiques paraissent, en France, sur le déclin. On proclame que Marx est mort, alors qu’on aurait pu penser, pour l’avoi
312 e déclin. On proclame que Marx est mort, alors qu’ on aurait pu penser, pour l’avoir tellement entendu répéter, que Dieu l’
313 ogues, quel que soit leur bord politique. Même si on est d’extrême droite on ne peut pas nier l’existence de la lutte des
314 r bord politique. Même si on est d’extrême droite on ne peut pas nier l’existence de la lutte des classes, et même si l’on
315 l’existence de la lutte des classes, et même si l’ on se sent socialiste, on ne peut passer sous silence la doctrine du « d
316 des classes, et même si l’on se sent socialiste, on ne peut passer sous silence la doctrine du « dépérissement de l’État 
317 appe c’est que vous faisiez à l’époque déjà ce qu’ on n’a vraiment commencé à faire ouvertement en France que beaucoup plus
318 votre mouvement de pensée. Tout à fait l’inverse. On ne pouvait pas dire plus simplement le contraire de ce que nous vouli
319 iques. Tout dépend des dimensions des tâches dont on est responsable ; c’est d’après cela qu’on doit organiser la société.
320 s dont on est responsable ; c’est d’après cela qu’ on doit organiser la société. D’où votre haine du gigantisme et de l’éta
321 t de l’étatisme ? Cela c’est très important. Mais on s’est souvent trompé sur ce que nous appelions l’État. On a cru que n
322 souvent trompé sur ce que nous appelions l’État. On a cru que nous voulions le supprimer, et nous voulions seulement préc
323 pensable. Mais l’État n’a aucune autorité en soi. On s’arrange par convention pour qu’un certain nombre de gens dans la co
324 D’où mon impatience devant cette expression que l’ on voit tout le temps revenir en France : « Il a été un grand serviteur
325 ur de l’État ». C’est l’État qui est un service ; on n’est pas serviteur de l’État. On peut et on doit être serviteur de l
326 st un service ; on n’est pas serviteur de l’État. On peut et on doit être serviteur de la communauté, ce qui est tout à fa
327 ce ; on n’est pas serviteur de l’État. On peut et on doit être serviteur de la communauté, ce qui est tout à fait différen
328 ns qu’il y a eu mauvaise interprétation du terme. On a pu croire que vous étiez contre l’individualisme, au sens d’une lim
329 avait aussi ceux qui étaient nietzschéens, comme on disait à l’époque. Cela voulait dire qu’ils se réclamaient de la trad
330 à l’union de l’Europe au-delà des nationalismes. On ignore trop souvent que l’idée de marché commun se trouve dans Par-de
331 tout un chacun, ma révolte entre 19 et 23 ans. Si on m’avait demandé alors ce que je croyais, j’aurais dit que je croyais
332 binaison. Le pire c’était l’individualisme tel qu’ on le définissait en France. Individualisme voulait dire qu’on était con
333 nissait en France. Individualisme voulait dire qu’ on était contre l’État tout en lui demandant de faire tout le travail, «
334 as Mann qui s’intitule Mario et le magicien, où l’ on décrit une séance de prestidigitation. Un magicien hypnotise les gens
335 s la salle et dit qu’il est scandalisé de voir qu’ on prive les hommes de leur volonté. Lui, on ne l’aura pas ! Il dira non
336 voir qu’on prive les hommes de leur volonté. Lui, on ne l’aura pas ! Il dira non jusqu’au bout. Mais il est hypnotisé comm
337 ui sont déterminés pour la rejoindre, elle seule. On a toujours triché avec cette phrase. On l’a appliquée à Ravaillac, à
338 le seule. On a toujours triché avec cette phrase. On l’a appliquée à Ravaillac, à qui les jésuites avaient demandé de tuer
339 h bien non, c’est la fin qui importe. Mais la fin on ne la connaît pas nécessairement. On peut passer une vie entière à la
340 Mais la fin on ne la connaît pas nécessairement. On peut passer une vie entière à la deviner ! Je ne sais pas ma vocation
341 le monde sent qu’il y a un but absolu (même si l’ on ne sait pas exactement le définir), et ce doit être le même but pour
342 ieu. Il n’y a qu’un Dieu pour tous les hommes. Qu’ on le connaisse ou non, il est là. Et il m’appelle. C’est cet appel qui
343 non. Mais il vaut mieux le savoir, parce qu’alors on devient responsable, non seulement devant soi-même mais devant le Pro
344 eulement devant soi-même mais devant le Prochain. On s’assume dans ses incertitudes, on les dépasse en action. Vous voyez,
345 t le Prochain. On s’assume dans ses incertitudes, on les dépasse en action. Vous voyez, nous sommes ici assez loin du caté
346 ectuelles. Pour revenir à ma remarque précédente, on peut dire que vous faisiez un peu figure de prophète — dès le début d
347 est vouée à l’échec. Cela est très important, et on le redit maintenant, depuis plusieurs années. Votre prise de position
348 ociologie, qu’il avait fondé avec Roger Caillois. On y faisait des communications autour desquelles se passait la discussi
349 rs de forteresse. La peine lui fut épargnée, mais on préféra alors l’envoyer aux États-Unis où il travailla pour « La Voix
27 1986, Articles divers (1982-1985). L’Europe des consciences (1986)
350 he plus créateur dans sa prose que dans ses vers. On m’opposera sans doute Racine. Mais toute loi souffre exception, comme
351 n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’ on le jugera. Rendons leur place aux essayistes dans toute littérature d
352 n cas personnel, pour la première fois en public. On s’étonne souvent, ou l’on juge regrettable, que je donne le plus clai
353 remière fois en public. On s’étonne souvent, ou l’ on juge regrettable, que je donne le plus clair de mes journées, depuis
354 s dizaines de jeunes intellectuels, avec ce que l’ on nomme aujourd’hui, d’après une thèse célèbre, « les non-conformistes
355 et suisses, mais aussi d’une manière clandestine, on s’en doute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ils allaient
356 ettre en danger la sécurité de la Suisse », comme on me le précisa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir
357 moins gênant, et même plus utile là-bas, pensait- on sans doute en haut lieu. Qu’ai-je fait durant mes six années américai
358 jusqu’ici. Mais je ne voudrais surtout pas que l’ on déduisît de mes propos que mon œuvre est issue d’un système ou d’une
359 eure après que mon ordonnance m’eut annoncé ce qu’ on venait d’entendre à la radio. Ces deux pages ont changé ma vie en m’e
360 tats-nations. Il est devenu parfaitement clair qu’ on ne peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base des États qui s’y
361 depuis que l’humanité existe et dont le mieux qu’ on puisse attendre est qu’elle ne serve jamais à rien : nous sommes fous
362 qu’il prononça à Genève en octobre 1982, après qu’ on lui eut remis le Grand Prix de la Fondation Schiller Suisse. »
28 1994, Articles divers (1982-1985). Agora (1994)
363 es en général (beaucoup plus tard, en Angleterre, on dira square pour désigner une place souvent informe). Les bâtiments c
364 le bouleutérion où siègent les magistrats, que l’ on nomme curie dans le monde romain et, beaucoup plus tard, le « palazzo
365 qui formera la Confédération suisse. À ce propos, on sait aujourd’hui que le Pacte de 1291, dit du « Grütli », fut écrit d
366 n Espagne. Il y a donc une longue tradition que l’ on peut suivre de la polis grecque avec son agora à la civitas romaine a
367 ntinent. Les règles impératives à respecter, si l’ on veut que l’agora fonctionne, ont été formulées par Aristote, notammen
368 s qu’elles sont devenues : démesurées en fait, qu’ on le veuille ou non, par les tâches de plus en plus vastes, lourdes et
369 ransposés à l’échelle des échanges électroniques. On peut imaginer une agora réunissant des gens séparés par des centaines
370 rler… Mais non pas se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qu’il manquerait d’humainement essentiel à de tels assem
29 1994, Articles divers (1982-1985). URSS (1994)
371 e des soviets de députés des travailleurs », dont on verra plus loin (art. 46 et 141) que, pratiquement, ces députés ne pe
372 s autonomes et républiques socialistes autonomes. On peut voir là l’un des aspects les plus précisément fédéralistes de ce
373 nner l’État fédératif au Parti centralisé, dès qu’ on en vient aux décisions opérationnelles. Quelques exemples suffiront à
374 en rendent coupables ont à en répondre ». Pouvait- on déduire de ces articles que les dissidents étaient en liberté, que le
30 1996, Articles divers (1982-1985). « Plaise aux dieux que je sois un faux prophète » (automne 1996)
375 du pessimisme actif ». (Encore une expression qu’ on a beaucoup reprise…) Mon attitude générale n’est pas celle d’un pessi
376 e, aujourd’hui, que les centrales nucléaires « qu’ on le veuille ou non » sont nécessaires. Les problèmes quelles seraient
377 des outils mis à notre disposition. Par exemple, on a donné à l’homme d’aujourd’hui l’énergie atomique, la bombe H et les
378 assifs de débats entre politiciens — un peu comme on est sportif parce qu’on regarde un match à la TV. Être un citoyen, c’
379 oliticiens — un peu comme on est sportif parce qu’ on regarde un match à la TV. Être un citoyen, c’est être responsable de
380 pouvez toujours crier, personne ne vous entendra. On ne peut être libre que si l’on est responsable et l’inverse est vrai.
381 ne vous entendra. On ne peut être libre que si l’ on est responsable et l’inverse est vrai. Devant un tribunal, si votre a
382 ’étiez pas libre quand vous avez commis un délit, on vous acquitte. Mais on ne peut être responsable que dans une communau
383 vous avez commis un délit, on vous acquitte. Mais on ne peut être responsable que dans une communauté à la taille de l’hom
384 . Or, passion signifie souffrance, c’est ce que l’ on subit, c’est le contraire de l’acte d’amour vrai. J’ai montré les con
385 idence. Mais dites-moi, mon cher Rougemont, quand on saura que vous habitez chez moi, qu’est-ce qu’on va dire ? » Et il ré
386 on saura que vous habitez chez moi, qu’est-ce qu’ on va dire ? » Et il répète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce qu
387 pète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce qu’ on va dire ? » Je me garde bien de répondre, je m’amuse trop. Finalement
388 je m’amuse trop. Finalement il jette en riant : «  on va dire que c’est un complot protestant ! » Chaque matin qui suivit,
389 la posséder. Il ne reste qu’à la diviniser. Mais on risque par la suite d’assimiler toute femme aimée à la mère, c’est-à-
390 erne les centrales nucléaires, je me suis exprimé on ne peut plus clairement : même si l’on me démontrait — ce qui est rig
391 is exprimé on ne peut plus clairement : même si l’ on me démontrait — ce qui est rigoureusement exclu — qu’elles sont inoff
392 s centralisé et policier. D’ailleurs, je doute qu’ on continue à en construire et qu’elles fonctionnent. Je lutte surtout p
393 t qu’elles fonctionnent. Je lutte surtout pour qu’ on cherche autre chose, qu’on change de cap… Mais n’avez-vous pas été le
394 lutte surtout pour qu’on cherche autre chose, qu’ on change de cap… Mais n’avez-vous pas été le premier à plaider en faveu
395 pense pas. L’utopie majeure consiste à croire qu’ on peut continuer comme ça. Je me tiens pour un réaliste quand je pose u