1 1982, Articles divers (1982-1985). L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales [commentaires] (1982)
1 ffaire pouvait paraître liquidée… Mais je ne peux pas m’en tenir là. J’ai réfléchi à ce que vous avez dit ici, les uns et l
2 es autres. J’ai aperçu de nouvelles manières, non pas d’établir des compromis mais au contraire de préciser les choses, et
3 la base même de ses différences. Si elle n’arrive pas à se fédérer, c’est-à-dire à dépasser le tabou des États-nations à so
4 incapable, par définition, de s’unir : on ne base pas une union sur cet obstacle par excellence à toute union qu’est l’État
5 t écrire ces choses, on peut les dire, on ne peut pas les faire. Donc, il nous faut établir le dialogue sur nos différences
6 onstances historiques bien définies. Je ne retire pas ma condamnation en général de l’expression de culture nationale : l’E
7 ant l’existence de nos premiers États. Il ne faut pas voir la culture européenne comme l’addition de vingt-quatre cultures
8 e l’expression de « cultures nationales » ne soit pas vidée de tout sens ? Je vais vous le dire en trois mots. Ces sources
9 vous avez à l’extrême inverse la Suisse, qui n’a pas de culture nationale, mais une confédération de plusieurs ethnies, la
10 langues et traditions historiques. La Suisse n’a pas de culture nationale. Elle a pourtant vécu sans faille, depuis le xii
11 s faille, depuis le xiiie siècle. La culture n’a pas été son élément formateur. Ce qui a été son élément formateur, c’est
12 ys au monde où la culture puisse être appelée non pas nationale mais stato-nationale. C’est une culture d’État-nation, fait
13 des citoyens français. C’est tout juste s’il n’a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de culture d
14 autrichienne. L’Empire austro-hongrois ne pouvait pas avoir de culture nationale pour la bonne raison, comme on l’a rappelé
15 es les autres ? C’était impensable. Aussi, ça n’a pas été fait, et le résultat est que ces douze cultures nationales ont co
16 sensationnelle qu’une pareille culture qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à une pluralité de nations vivant e
17 de Viollet-le-Duc. Pour l’Allemagne, le cas n’est pas trop différent. Vous avez une grande culture germanique, on peut le d
18 maintenant de les composer pour qu’ils ne jouent pas faux, pour qu’ils ne jouent pas les uns contre les autres, mais ensem
19 qu’ils ne jouent pas faux, pour qu’ils ne jouent pas les uns contre les autres, mais ensemble, chacun tenant sa partie pro
20 es cultures que nous souhaitons tous ? Je ne vais pas vous faire ici un long topo. J’aimerais simplement proposer une ou de
21 ne base véritablement commune, la culture, et non pas sur l’économie, ni sur la politique. C’est cela seul qui permettra le
22 s avons tous vu, depuis trente ans, qu’on ne peut pas faire l’Europe sur la base de l’économie, comme Jean Monnet le propos
23 nomie, comme Jean Monnet le proposait. On n’y est pas arrivé et je ne pense pas qu’on y arrivera dans les années qui suiven
24 e proposait. On n’y est pas arrivé et je ne pense pas qu’on y arrivera dans les années qui suivent, parce que ce n’est pas
25 a dans les années qui suivent, parce que ce n’est pas la bonne base. Jean Monnet a pensé que, si l’on maîtrisait les relati
26 our la paix, donc une culture de dialogue, et non pas d’affrontements. Comment lutter contre le nationalisme tel qu’il est
27 nnent. Voilà simplement quelques pistes. Pourquoi pas un colloque sur chacune d’elles ? a. Rougemont Denis de, « [Commen
2 1982, Articles divers (1982-1985). De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)
28 . Tous partaient d’une définition de l’homme, non pas comme individu, mais comme personne. La personne est appelée par un b
29 on de la personne à la fédération ? On ne devient pas une personne toute seule dans une caverne. La personne, individu en a
30 c les autres. Cette relation crée une communauté, pas celle des grands ensembles d’une ville où l’on ne connaît personne, m
31 ue la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas
32 la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral
33 ts peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Le fédéralisme postule donc toujours une action au niveau
34 t permis un développement monstrueux des États et pas seulement des États totalitaires. Tous nos États sont victimes d’une
35 nt démentiel qu’il ne fonctionne plus. On ne peut pas faire marcher un pays en décidant tout de sa capitale, parce que, pra
36 los, en cas de guerre, les Russes ne laisseraient pas les Français tirer les premiers. Voilà, m’expliquait-on, qui provoque
3 1982, Articles divers (1982-1985). Précisions de M. Denis de Rougemont (25 mai 1982)
37 e pour qu’ils en tiennent compte. Mais ce ne sont pas les mêmes qui m’ont opposé le danger « cent fois plus grand » présent
4 1982, Articles divers (1982-1985). « Vous avez dit Rolling Stones ? » (28 mai 1982)
38 Perplexe : Denis de Rougemont (écrivain) Ce n’est pas mon domaine. Pas d’opinion à ce sujet. i. Rougemont Denis de, « [R
39 de Rougemont (écrivain) Ce n’est pas mon domaine. Pas d’opinion à ce sujet. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enqu
5 1982, Articles divers (1982-1985). « Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! » (2 juillet 1982)
40 es peuples ? Je ne dirai jamais cela. Il n’existe pas de complot conscient, cynique. Je suis persuadé que les dirigeants de
41 r idée de la civilisation. Ils ne se rendent même pas compte de la contradiction démentielle dans laquelle ils vivent. Leur
42 ne comprend plus. En particulier, on ne comprend pas comment la paix mondiale peut être défendue par les armes nucléaires,
43 leur manière de penser. C’est ça le danger et non pas le pacifisme ! Quelle peut être la réponse des pacifistes ? La premiè
44 t encore plus grandes, plus puissantes. Je ne nie pas qu’il y ait des tentatives de manipulation dont les pacifistes de mon
45 quement le fruit de telles manipulations ne tient pas — en particulier devant le fait qu’elles apparaissent maintenant dans
46 jamais tentés d’occuper l’Europe, ils n’auraient pas intérêt à se faire précéder par leurs bombes atomiques, qui leur inte
47 x que toutes nos armées. Donc ils n’utiliseraient pas l’arme nucléaire les premiers, sans l’existence des forces de frappe
48 ique, elle subirait des pertes très lourdes, mais pas définitives, car sa population est dispersée sur une vaste surface ;
49 une attaque nucléaire, puisque nous ne possédons pas d’armes atomiques. C’est aussi un pays particulièrement à même de rés
50 ette défense, proche de la guérilla, ne suffisait pas , il faudrait aussi recourir à la défense civile. J’ai fait naguère un
51 rsaire, comme au judo où tout l’art consiste à ne pas être là où nous attend l’autre et à utiliser son propre élan pour le
52 cer à l’armée suisse ? Non, parce que je ne pense pas que notre défense militaire puisse être considérée comme un danger pa
53 vous prêt à le dire pour notre pays ? Je n’y suis pas encore prêt. Pour vous parler sincèrement, je sens, je sais, je vois
54 t cette défense non violente. Parce qu’il ne faut pas que ce soit une démission. Vous voudriez donc qu’on organise la non-v
55 rsets des Proverbes (Prov. 26/4-5) : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur que tu ne lui ressembles toi-même
56 ’insensé selon sa folie, afin qu’il ne se regarde pas comme sage ». Alors, il faut répondre à la défense militaire et en mê
57 s, sans nul doute, mais pour le moment je ne peux pas aller plus loin. j. Rougemont Denis de, « [Entretien] Des manifest
58 ur la défense nationale. Un débat qui ne concerne pas seulement les militaires. »
6 1982, Articles divers (1982-1985). Denis de Rougemont devant l’Histoire (17 juillet 1982)
59 a Nation. Le procès qui m’était fait n’était donc pas celui « des années 1930 ». Il portait sur mon action personnelle en j
7 1982, Articles divers (1982-1985). Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)
60 m que, ces jours-ci, deux grands États n’hésitent pas à s’affronter par les armes, courant le risque non nul de déclencher
61 se veulent libres et responsables — l’un n’allant pas sans l’autre comme je le répète depuis un peu plus d’un demi-siècle.
62 nauté réelle et capable d’autonomie. Elle ne doit pas être un mini-État-nation, ni revendiquer toutes les compétences étati
63 ue la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas
64 la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral
65 ts peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire »n, écrivait dans un raccourci génial, le sénateur américain
66 êts de sa population. « Une région ne se délimite pas , elle se reconnaît », écrivait au xixe siècle le géographe français
67 e de longue haleine, direz-vous ? — Il n’y a donc pas une seule minute à perdre. m. Rougemont Denis de, « Des régions à
8 1982, Articles divers (1982-1985). La peur d’être libre… (printemps-été 1982)
68 ion régionale et régionaliste. Cette idée n’était pas nouvelle pour moi. En effet, lorsque je suis arrivé à Paris en 1931,
69 rtant de l’homme considéré comme personne, et non pas comme individu. C’est donc vous, en quelque sorte, que l’on peut cons
70 nspiré le n° 3 de notre revue. Mais on ne connaît pas toujours ses parents !… Quelle était la théorie de l’école personnali
71 partir du bas, en développant la personne, et non pas sur les ordres de quelques individus. Ceci d’ailleurs ne marche jamai
72 e marche jamais à long terme car ça ne correspond pas à la vie. Il n’y a pas deux individus qui se ressemblent : Albert Jac
73 terme car ça ne correspond pas à la vie. Il n’y a pas deux individus qui se ressemblent : Albert Jacquard l’a démontré. La
74 l ». Cet appel est unique pour chacun. On ne sait pas toujours ce que c’est ; il faut le découvrir. Le but est très loin en
75 st unique. Il faut trouver son sentier : il n’y a pas de route nationale ! Il faut donc avoir une certaine foi pour poser l
76 it que par les liens interpersonnels. Il n’existe pas de communautés d’individus. Une communauté se distingue par une vocat
77 existent comme des personnes, même si cela n’est pas clair. C’est souvent par les symboles, les mythes, les archétypes (do
78 pour que la communauté soit réelle, elle ne doit pas être trop grande mais de dimension « médiocre », disait Rousseau. Ou,
79 Ou, comme disait Aristote, que son nombre ne soit pas si grand que l’on ne puisse plus la réunir sur l’agora où chacun doit
80 ire ensemble certaines choses qu’elles ne peuvent pas faire toutes seules. Vous en avez une vision tout à fait organique. C
81 » ! Les régions, naissant d’une communauté, n’ont pas d’autre limite que celles des champs cultivés ensemble. Le mot « prop
82 est une chose complètement condamnable. Elle n’a pas une seule utilité : les frontières empêchent de passer tout ce qui de
83 les hommes, les vivres ; mais elles n’interdisent pas le passage de ce qu’il faudrait arrêter : les épidémies, les maladies
84 peut avoir des régions écologiques qui ne seront pas du tout les mêmes que des régions économiques, bien que leurs rapport
85 si à une autre communauté qui est mondiale et n’a pas de frontière délimitée. J’appartiens à l’école personnaliste et à div
86 ons… Si un fou venait me dire : tout cela ne peut pas continuer, il faut donner la même frontière à toutes ces activités, l
87 e la Haute-Volta, il me dit : Vous ne connaissez pas le pire. Quand la décolonisation s’est faite, nos jeunes gens étaient
88 stes s’imaginent qu’ils seront libres s’ils n’ont pas de responsabilités. Malheureusement, cette idée est d’un de mes compa
89 compétition relève de l’individu, sans doute, et pas de la personne. Il se traduit donc aussi directement par un esprit de
90 e je pense. La compétition relève de ce qui n’est pas la vocation. À ce sujet, il ne faut pas s’imaginer la vocation comme
91 qui n’est pas la vocation. À ce sujet, il ne faut pas s’imaginer la vocation comme une force qui vient vers nous et qui nou
92 nt vers nous et qui nous commande. Nous ne sommes pas « aimantés », mais « aimés ». C’est complètement différent. Il n’y a
93 « aimés ». C’est complètement différent. Il n’y a pas déterminisme, mais responsabilité. Cette notion d’amour est très impo
94 ui unit les personnes. L’État-nation ne déclenche pas d’amour pour ses bureaux, vous l’avez, vous aussi, souvent dit ! Les
95 els à l’échelle mondiale, des gangsters… Il n’y a pas d’amour là-dedans. Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-vous pas q
96 ngsters… Il n’y a pas d’amour là-dedans. Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-vous pas que l’on a « bluffé » les citoyen
97 ans. Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-vous pas que l’on a « bluffé » les citoyens en introduisant une énorme confusi
98 de la capitale ne sont jamais lues : on ne les a pas demandées. Peu à peu des liens se créeront, des ministères fédéraux a
99 rançais, formés par l’école. C’est le minimum non pas pour que la situation redevienne normale, mais simplement possible. Q
9 1982, Articles divers (1982-1985). Hommage à l’Alliance culturelle romande pour ses 20 ans (octobre 1982)
100 isse romande n’existait guère que sur les cartes, pas même géographiques mais linguistiques — encore qu’elle englobât deux
101 eux cantons mixtes et que le petit dernier ne fût pas encore né. De tout cela, notre ami Weber-Perret fit ce que l’on peut
10 1982, Articles divers (1982-1985). Un écrivain au service de la cité (24 octobre 1982)
102 Gymnase de Neuchâtel, j’ai compris que ce n’était pas tout à fait ça… Donc je ne jurais que par la littérature, à commencer
103 Sartre reprit à son compte. Là-dessus, ne voyons pas en lui qu’un intellectuel de haut vol, mais également un styliste de
11 1983, Articles divers (1982-1985). Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)
104 aimeriez avoir ? Une santé qui puisse résister à pas mal d’excès. v. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Ques
12 1983, Articles divers (1982-1985). Bertrand de Launay, Le Poker nucléaire : comme brebis à l’abattoir [préface] (1983)
105 e cela ne peut que mal finir si l’on ne se décide pas à tout changer tout de suite : je veux dire à détruire en même temps,
106 her.1 Non, messieurs les ministres, vous n’avez pas le droit de « jouer au poker » la survie de l’humanité. En attendant,
107 es « pacifistes », c’est-à-dire ceux qui n’aiment pas l’idée d’une fin brutale et prochaine de l’humanité, sont nécessairem
108 u’à l’Ouest. Aussi bien, ces derniers ne s’y sont pas trompés : ils favorisent les mouvements pacifistes en RDA, en Pologne
109 dans notre camp, où ils sont seuls aussi à n’être pas manipulés par Washington. — Ils sont mal informés. Ce livre suffit po
110 çaise ; — guerre limitée aux armées : on n’essaie pas d’anéantir la population du pays ennemi, mais seulement ses forces ar
111 nd vers sa fin. Tandis qu’avec les mêmes humains, pas meilleurs certes, mais privés d’armes nucléaires, l’Histoire peut enc
112 du vrai prophète : Seigneur, tu le sais, je n’ai pas désiré le jour du malheur ! (Jérémie, 17.16) 1. « Poker nucléaire
13 1983, Articles divers (1982-1985). La Suisse et quelle Europe ? (1983)
113 oir aux organisateurs que sur ce thème je n’avais pas grand-chose à dire, sinon que son énoncé me paraissait boiteux. Il in
114 udes et de positions fondamentales. Si l’on n’est pas rigoureux dans l’énoncé du thème, on court des risques importants. On
115 inent européen. Or, je le répète, la Suisse n’est pas réductible à son économie, et prendre l’une pour l’autre n’est pas un
116 son économie, et prendre l’une pour l’autre n’est pas une simple façon de parler pour aller vite, une métonymie, dit-on en
117 aincu de ces trois vérités : 1. La Suisse ne peut pas subsister si l’Europe ne s’unit pas. 2. L’Europe ne peut s’unir que s
118 uisse ne peut pas subsister si l’Europe ne s’unit pas . 2. L’Europe ne peut s’unir que selon la formule d’une fédération (à
119 délimités par le traité de Rome, il ne me semble pas que des obstacles de principe s’opposent à une participation suisse,
120 i des « intérêts » immédiats. De fait, on ne voit pas pour quelles raisons il y aurait lieu de faire confiance aux seuls éc
121 ue la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas
122 la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral
123 ts peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart des
124 auer-Lagier. On m’objecte que « la Suisse ne fait pas le poids », « qu’elle est trop petite », etc. Mais dans ma longue car
125 rogresser dans la direction d’un gouvernement non pas « supranational » — je n’aime pas ce terme — mais réellement fédéral
126 ouvernement non pas « supranational » — je n’aime pas ce terme — mais réellement fédéral (ou confédéral, cela n’a aucune im
127 e, et cela n’a jamais fait problème), pourquoi ne pas envisager la multiplication d’agences fédérales spécialisées pour l’é
128 et plus tard cantons. Voilà pourquoi il ne serait pas du tout anormal, et peut-être même bénéfique, qu’elle soit la dernièr
14 1983, Articles divers (1982-1985). Hitler, l’anti-prophète de notre siècle (10 février 1983)
129 son apparition sont bien connus : on n’y retrouve pas , à l’analyse, la moindre trace de sa personne. Il fut ces effets, et
130 ces effets, et rien d’autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, cadavre disparu, témoignages con
131 emporain, Karl Barth, a écrit : « Le prophète n’a pas de biographie. Il se lève et tombe avec sa mission. » Ainsi d’Hitler,
132 uition subconsciente. Et prédit sans erreur, avec pas mal d’avance, dans les étapes de sa carrière. Le dernier carnaval
133 après coup par le même Chaplin, Le Dictateur. Non pas un monstre pittoresque comme Attila ou Gengis Khan, mais un petit-bou
134 ets ses grands desseins, mais parce qu’il ne sait pas de quoi parler. Ce vide du personnage est essentiel : il est la condi
135 sa « mission » satanique. Certes, Hitler n’était pas le diable. Mais certains ont pensé, pour l’avoir éprouvé en sa présen
136 là-dessus. Réfléchir ou même délirer… On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un pe
137 homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de soixante millions d’hommes.
138 hes. Le Führer déclarait un jour : « Je ne crains pas les Ravaillac, parce que ma mission me protège. » Il faut croire un h
139 emande sottement s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, si cela compte en lui le moins du monde, il
140 bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas , n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compt
141 sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banq
142 le Déluge. L’issue fatale de l’aventure n’affecte pas sa portée symbolique et n’exclut pas la possibilité de son retour, ca
143 re n’affecte pas sa portée symbolique et n’exclut pas la possibilité de son retour, car le mouvement qu’Hitler sut enflamme
144 er les destinées d’un peuple. Surtout, ne donnez pas de raisons aux masses, car de tout temps les forces qui ont produit
145 ds changements dans le monde ont été trouvées non pas dans la connaissance scientifique, mais dans le fanatisme dominant le
146 onnée, il le rend à l’état d’innocence première : pas de responsables dans une masse, donc pas de culpabilité. Ayant ainsi
147 emière : pas de responsables dans une masse, donc pas de culpabilité. Ayant ainsi rétabli les liturgies civiques, une masse
148 cérémonie sacrale d’une religion dont je ne suis pas , et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance, même phy
149 désastre imminent et mondial. Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà le point qu’il faut élucider. Replaçons-nous dans la si
150 res se laissent séduire ? Que dans tous les pays, pas seulement en Allemagne, des hommes subissent la contagion de ce mal,
151 tée de tout ce qui pourrait résister à la mise au pas étatique, et par là promise à sa perte. Choisir la nation autarcique
152 onstitutif du national-socialisme. L’Occident n’a pas eu de pire ennemi, et il est loin d’être certain qu’il ait été vaincu
15 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : conclusions (1984)
153 complètement différent. Nous ne nous connaissions pas auparavant, à peu d’exceptions près, nous représentons toutes sortes
154 ortes de milieux, de forme de vie, nous ne sommes pas ce que l’on appelle en allemand des Kongress Tiere, des « bêtes de co
155 lement de ma famille neuchâteloise… Mais cela n’a pas été facile, car à la suite d’une série de grandes manifestations, tel
156 , je vous le disais hier : seul le budget ne ment pas . Quand les discours exaltent la culture et que le budget la néglige,
157  Unissons-nous, unissons-nous ! » Mais ce n’était pas le moyen de nourrir une action précise, étant donné qu’aux yeux de no
158 omique de 10 États sur 23. Évidemment, on ne peut pas le dire comme cela chaque fois qu’on en parle, il est plus simple de
159 iques et culturelles, par exemple. Or, je ne vois pas en quoi et pourquoi des gens qui sont d’excellents experts économique
160 du développement culturel de l’Europe. Cela n’est pas leur affaire. Le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, serait de beaucou
161 donner des pouvoirs législatifs. Tout ceci n’est pas seulement une espèce de parenthèse que je referme maintenant, mais en
162 même avenir ! » J’insiste sur même avenir, et non pas même combat comme on dit aujourd’hui, car un combat, cela peut se per
163 n’ai pu achever qu’en cinq ans. Je ne m’en plains pas trop, parce que cela m’a obligé à m’éloigner un peu de l’actualité et
164 t trouvé que mon livre, pour une fois, n’arrivait pas trop tôt ! Pendant ce temps, d’autres événements, comme les manifesta
165 l avait paru en juin, peut-être que cela n’aurait pas marché ! » Pour une fois dans ma vie, j’ai eu l’impression que j’arri
166 autres par le présent colloque, auquel je n’avais pas été habitué par mes autres livres, trop difficiles ou trop en avance
167 ntends la guerre nucléaire. Aujourd’hui, il n’est pas question d’autre chose. Tous nos États-nations préparent la guerre. N
168 evé touche la Défense nationale, nous n’en dirons pas plus ! » Mais cette guerre, à quoi peut-elle servir ? Ce sont les Éta
169 n rouge, personne d’autre, une région ne pourrait pas le faire. Et les États-nations n’ont de comptes à rendre à personne !
170 s hères, qui chercheraient à se nourrir de choses pas trop irradiées, qui vivraient dans la terreur, qui seraient tous plus
171 et de la fonder sur une logique du vivant, et non pas du minéral, qui est le domaine des techniques dures comme je l’ai dit
172 , à mon sens et dans cette perspective, qui n’est pas celle des États, mais des régions, le moyen de restaurer la paix. Ell
173 ution française, « L’État-national — on ne disait pas encore l’État-nation — cherche à retrouver par la guerre au-dehors, l
174 chose que l’on peut écrire mais que l’on ne peut pas faire, car ou bien ces misanthropes veulent une amicale, mais alors i
175 en ils restent misanthropes, mais alors ils n’ont pas l’idée de faire une amicale, ou seulement pour tromper le monde, ce q
176 part, n’est plus une formule viable. Nous n’avons pas , j’insiste, à le renverser. Je crois qu’il serait tout à fait illusoi
177 ones, d’uniformes, d’armes peut-être — cela n’est pas sûr, les armes de la Révolution de 1917 ont très vite changé de mains
178 rs jours. Je crois que nous avons bien fait de ne pas nous attarder à toutes les définitions que l’on peut donner de la rég
179 , sauf dans ce cas-là, à condition que ce ne soit pas dirigé contre des hommes, mais contre des relais du pouvoir central,
180 un espace de participation civique. Cela entraîne pas mal de choses, cela veut dire d’abord que c’est petit, car autrement
181 e d’abord que c’est petit, car autrement il n’y a pas de participation possible, qu’elle soit civique, économique ou politi
182 civique, économique ou politique. Il ne faut donc pas vouloir imposer un modèle de régions qui serait le même partout : cel
183 , mais il se pose des questions auxquelles il n’a pas trouvé de réponses quant à la réalisation de ces « régions à géométri
184 , pose une quantité de problèmes auxquels je n’ai pas trouvé un système de réponses claires, nettes, et définitives. Mais j
185 e proceeds. » Vous avez tous compris : on ne peut pas poser d’avance la réponse à des questions aussi complexes, mais on pe
186 s directions de recherches prolongées — je ne dis pas encore des réponses — peut-être qu’il ne faut pas tout résoudre… J’en
187 pas encore des réponses — peut-être qu’il ne faut pas tout résoudre… J’entrevois des solutions possibles dans trois directi
188 utres nationales ou continentales. Je ne me perds pas du tout dans cette diversité. Si on la décrivait d’une manière théori
189 idée de la pluralité des allégeances, qui ne sont pas contradictoires en fait : première direction de recherches. Deuxième
190 ue la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire, ce que la municipalité peut faire, les États — (je dirais l
191 les États — (je dirais les régions) — ne doivent pas le faire, et ce que les États — (les régions) — peuvent faire, le gou
192 — peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. C’est un miracle de simplicité et cela résout des milliers
193 sommes en train de détruire les deux, je ne sais pas très bien comment nos États-nations envisagent de respirer demain. Il
194 nes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « cantons » au Moyen Âge, mais de communes. Et savez-vous comment
195 nt libres et responsables d’elles-mêmes, ce n’est pas du tout s’enfermer dans son clocher, c’est au contraire, par la point
196 aliste et communautaire. Dès le début, il n’était pas question de séparer la personne de la communauté, c’est-à-dire, le pa
197 n était la condition de l’autre. Qu’on ne me dise pas que tout cela est utopique, car au contraire, nous, les régionalistes
198 trouve très sympathiques, mais enfin, je ne peux pas y croire une seconde, parce que moi, j’ai les deux pieds sur terre ! 
199 mobilité ! » Si un homme veut marcher, il ne peut pas avoir plus d’un pied à la fois sur la terre ! Et s’il fait un grand b
200 l’Europe, son unité, sans laquelle on ne pourrait pas créer d’union — il y a une énorme différence entre ces deux mots : l’
201 es, c’est grec et c’est germanique, mais ce n’est pas romain. L’aventure, la quête spirituelle, c’est celtique. Les valeurs
202 immédiatement. Je leur dis par exemple « Tu n’as pas peur de t’encoubler ? » Eh bien, ils savent très bien que cela veut d
203 rythme des variations économiques, il n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans. Il suffit que vous implantiez une usi
204 ule chose qui soit à notre portée, qui n’entraîne pas de dépenses gigantesques comme la propagande et les armements : c’est
16 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : réponse à Raimondo Strassoldo (1984)
205 qu’il concorde à 95 % avec moi. Si vous ne gardez pas cela à l’esprit, vous aurez l’impression que c’est une proportion inv
206 user ; que son papier, comme il le dit, ne pourra pas apporter uniquement des louanges et des applaudissements — ce serait
207 les critiques que je fais à l’État-nation ne sont pas suffisantes, car c’est tout le système international qu’il faudrait r
208 la crise actuelle, sans laquelle nous ne serions pas amenés à discuter ici le problème des régions. S’il y a crise, s’il f
209 nt des masses immenses, aussi ne le demandent-ils pas , ils s’en gardent bien ! C’est précisément contre ces entraînements r
210 Crêt-Bérard ! Vous vous doutez bien que ce n’est pas ici que nous trouverons des réponses à ce genre de questions. D’aille
211 quelle il n’y a aucune société possible. On ne va pas demander à chacun s’il a besoin de participer. C’est une évidence qui
212 ’est une évidence qui saute aux yeux : s’il n’y a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en tout cas p
213 n’y a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en tout cas pas démocratique. VII. Du choix électronuc
214 es citoyens, il n’y a pas de société, en tout cas pas démocratique. VII. Du choix électronucléaire « Faut-il être aus
215 savoir quels risques on prend. Nous ne prendrions pas le risque ni les uns, ni les autres, de sauter du 50e étage d’un buil
216 ans compter que scientifiquement, cela ne « tient pas le coup » une seconde de dire qu’une vaste centrale solaire couvrirai
217 té dans mon livre. Il ajoute : « Mais je ne crois pas qu’il y ait là une solution définitive aux problèmes de l’humanité. »
218 jet, en disant : « Mais attention, cela ne répond pas à tous les problèmes de l’humanité ! » Ensuite, il commet une erreur
219 ture. » Faire de l’agriculture ne veut absolument pas dire « retour à la nature », dans le sens de Rousseau, dans le sens d
220 suisse et yougoslave Je dois dire que je n’ai pas pensé une seconde au modèle yougoslave — si même il y en a un ! — en
221 mies et les catastrophes naturelles. » Je ne vois pas comment des catastrophes naturelles pourraient imposer le fédéralisme
222 aux seigneurs ambitieux, tels les Habsbourg, mais pas plus. J’entends : assez de force pour résister à l’extérieur, pas ass
223 nds : assez de force pour résister à l’extérieur, pas assez pour unifier complètement. Pour le dire d’une manière un peu pa
224 ux qu’approuver : « L’ennemi du fédéralisme n’est pas la technocratie, mais la politique. » Il m’est arrivé un jour, au cou
225 ne chose : c’est que l’homme est un animal et non pas un légume ! Il existe d’ailleurs un légume qui est presque entièremen
17 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : remarques sur la note de Stanley Maron (1984)
226 idée d’une liberté sans frein, qui pour moi n’est pas vraie liberté puisqu’elle se dissocie de toute responsabilité. Je cro
227 nt librement ce mode de vie, que je ne choisirais pas , pour la raison que la liberté de mouvement me paraît aussi nécessair
18 1984, Articles divers (1982-1985). Les Rougemont de Saint-Aubin [préface] (1984)
228 reur d’Occident. Mais Pierre-Arnold ne s’en tient pas là : il nous signale avec sobriété qu’à la trente-troisième génératio
229 l, une Élisabeth de Hongrie qui par malheur n’est pas la sainte, mais seulement l’épouse d’un grand-duc de Pologne. Voilà q
230 ous, encore moins des Peaux-Rouges d’une Amérique pas encore découverte par l’Europe. Comment quinze millions d’Européens e
19 1984, Articles divers (1982-1985). L’Europe et les intellectuels (1984)
231 lle allait de soi comme la famille, et ce n’était pas un cas exceptionnel dans les familles de notre ancienne Principauté d
232 ser de la petite patrie à la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race, à mon clos natal. C’est aimer plus loin, dans l
233 nce et votre engagement européen ne remontent-ils pas , avant les États-Unis, aux années 1930, au mouvement personnaliste qu
234 bles. La liberté était vide si elle ne comportait pas de responsabilités civiques concrètes, et la responsabilité était nul
235 responsabilité était nulle si les actes n’étaient pas librement accomplis. Par l’exercice même de sa liberté-responsabilité
236 ricains dans le jeu de la guerre froide. Ce n’est pas et ce n’a jamais été votre position. Pourquoi ? Je n’ai jamais, pas u
237 is été votre position. Pourquoi ? Je n’ai jamais, pas un instant, senti les choses de cette manière. Pour moi, rentrant en
238 e-parole de l’entreprise du fédéralisme européen. Pas question une seconde que je me dérobe, étant l’auteur du concept d’en
239 r, d’un projet bien ambitieux, et qu’on n’imagine pas confié à un écrivain. Qu’avez-vous pu réaliser, ou essayé de réaliser
240 eu seul ! Mais d’autres vont venir, et ce ne sera pas long. Si toutefois, on leur laisse le temps de se manifester. Qui ça 
241 le fondée sur sa culture commune : nous ne sommes pas là pour deviner l’avenir mais pour le faire. 4. F. Fanon, Les Damn
20 1984, Articles divers (1982-1985). Informatique, société, sagesse (1984)
242 tier. Moins de bien : car Orwell, à mon sens, n’a pas été le vrai prophète que l’on célèbre à l’unisson. Et cela pour deux
243 élire un Parlement qui sera chargé, n’en doutons pas , de rédiger la première Constitution fédérale du continent. Voilà don
244 Walesa. Mais il y a plus. Le vrai prophète n’est pas celui qui annonce les catastrophes et s’en tient là. C’est au contrai
245 comme Jérémie : « Seigneur, tu le sais ! je n’ai pas désiré le jour du malheur ! » Le vrai prophète veut détourner son peu
246 , seules capables de l’animer. Mais je n’en dirai pas moins l’admiration que je porte à la prescience de George Orwell quan
247 rs. Je tiens à le dire ici : le vrai danger n’est pas là où on le dénonce trop facilement, dans le contrôle allégué de nos
248 secret des réseaux d’information. Il ne se passe pas de semaine sans que les journaux nous apprennent que des gamins de 16
249 office de défense nationale aux USA. Pourquoi ne pas appliquer ces procédés à la pénétration des fichiers personnels déten
250 ns sérieux. L’ordinateur est un outil, on ne peut pas l’accuser des abus que l’homme en fait. Au lendemain d’Hiroshima, en
251 , et dire que j’allais l’oublier ! La Bombe n’est pas dangereuse du tout : c’est un objet. Ce qui est horriblement dangereu
252 coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une co
253 ique pour l’homme, ni pour sa liberté. Il n’en va pas de même de l’ordinateur qui, lui, peut être employé pour le bien auta
254 elle-là, dit mon ami, vous me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » Je vous ferai grâce, aujourd’hui, de la démonstr
255 mesure où cela réussit, le résultat ne s’appelle pas libération mais bien chômage. Qu’on m’explique pourquoi ? Et j’attend
256 ient sont des faibles d’esprit. Or le chômage n’a pas cessé d’augmenter depuis ce temps-là. Qu’en est-il aujourd’hui de ce
257 ntes grèves dans les P&T françaises n’avaient pas d’autre motif.) Le rapport Nora et Minc, établi en 1978, prévoyait, s
258 ec une sérénité inexplicable « qu’aux États-Unis, pas plus les économistes que les agences fédérales, le patronat ni même l
259 identaux, répétant que l’informatique ne manquera pas de créer « au moins autant d’emplois qu’elle en touchera ». — On dit
260 ers de l’ordinateur se sentent aujourd’hui mis au pas et contrôlés par la machine, plutôt que l’inverse. Leur interaction c
261 ress. L’économiste anglais, Mike Cooley, n’hésite pas à parler des relations entre l’opérateur et l’ordinateur comme d’un «
262 e : liberté ou chômage ? La question n’a toujours pas reçu de réponse. L’informatisation de l’industrie n’a fait que rendre
263 de la personne humaine, corps, âme, esprit, — et pas seulement matérialité et intellect. Des études vont être entreprises
264  un inconscient artificiel ». Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer tôt après que « notre expérience en intelligence artificie
265 réativité, l’affectivité, l’intelligence, ne sont pas des termes scientifiques ». Et comme on lui fait observer qu’il remet
266 qu’un ordinateur espère. » Non : la machine n’a pas de mémoire, n’a pas d’espoir non plus, ni d’affectivité, et n’est don
267 père. » Non : la machine n’a pas de mémoire, n’a pas d’espoir non plus, ni d’affectivité, et n’est donc pas humaine. CQFD.
268 ’espoir non plus, ni d’affectivité, et n’est donc pas humaine. CQFD. ⁂ Et j’en conclus sur l’avenir de l’informatique en vo
269 évolution de l’informatique », « le tournant à ne pas rater » « les retards à combler à tout prix » et les « investissement
270 -lui : si l’on ne sait où l’on va, mieux vaut n’y pas aller… dans certains cas… Je précise : cessons de nous précipiter ve
271 nous précipiter vers un avenir dont nous n’avons pas même pris le temps d’évaluer les enjeux humains, obsédés que nous som
21 1984, Articles divers (1982-1985). Trois manières de considérer le nucléaire (1984)
272 hui Le problème des centrales nucléaires n’est pas technologique, n’est pas économique, et il est encore moins énergétiq
273 ntrales nucléaires n’est pas technologique, n’est pas économique, et il est encore moins énergétique, car à ces trois nivea
22 1984, Articles divers (1982-1985). Le Patrimoine européen [conclusion] (1984)
274 oque, le professeur Jacques Freymond affirmait ne pas savoir très bien comment les choses allaient se dérouler. Peut-être q
275 , selon la dialectique de ses ambiguïtés, pour ne pas dire de ses contradictions. En effet, le concept de patrimoine évoque
276 ome et de Jérusalem. Je regrette que nous n’ayons pas eu l’occasion de souligner assez fortement que trois influences origi
277 qu’il a ses racines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, et quand il devient adulte, ce n’est plus
278 r du Blut und Boden des nazis… Mais l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, en dépit de l’imagerie des poètes terrien
279 se connaît bien qu’en se comparant à ce qui n’est pas soi. C’est dans cette idée de comparaison active, prospective, que j’
280 Dialogue des cultures. Et pour que cela ne tourne pas à un vaste exercice académique de comparatisme à grande échelle, mais
23 1984, Articles divers (1982-1985). Club-Énergie de l’Est vaudois : avec Denis de Rougemont (19 juin 1984)
281  ? Et comment serait-on responsable si l’on n’est pas libre de ses actes ? N’allons pas croire pourtant qu’entre le besoin
282 e si l’on n’est pas libre de ses actes ? N’allons pas croire pourtant qu’entre le besoin de puissance à tout prix et le bes
283 mais ni tout l’un ni tout l’autre. Et il n’existe pas non plus de liberté réelle sans nulle puissance, ni de puissance qui
284 l faut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assurer à quelques-uns la rentabilité de leur entreprise, m
285 sonne. Le problème des centrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier 
286 entrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveau
24 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage I] (1985)
287 âge nous condamnerait à faire, mais qui ne serait pas notre guerre, car nous sentions déjà — comme Koestler le dira si bien
288 étions « Ni gauche ni droite » cela ne signifiait pas centrisme ou neutralisme, ni que tout était faux des deux côtés. C’ét
289 ets, c’est-à-dire les problèmes de l’homme et non pas des états-majors de partis ou d’États ; les problèmes du travail et d
290 gère jalousie inconsciente, fascination qui n’ose pas s’avouer. Nous étions au contraire en pleine prise de conscience du p
291 États-nations. Le fond de l’affaire n’était donc pas de choisir entre la gauche et la droite, catégories très spécialement
292 uvement socialiste-national et qu’il ne cesserait pas de se qualifier lui-même de « prolétaire » ennemi des « ploutocrates 
293 . La seule question sérieuse était de choisir non pas entre une gauche et une droite mal discernables et, en fait, complice
294 oyen à l’appareil d’un Parti-État. Je ne voudrais pas affirmer ici un seul instant que nous avions raison sur tout et dans
295 hui. Ce que j’affirme ici, c’est que nous n’avons pas fini de nous battre pour une société des personnes libres et responsa
25 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage II] (1985)
296 nts […] dont les liens avec le fascisme n’étaient pas tellement définis ». Cette opinion s’appuie beaucoup moins sur nos te
297 ées 1932 à 1940. Mais il ne faudrait tout de même pas confondre le « perçu » et la réalité ! Le perçu peut être tout simple
298 ce, c’est tout de même un peu différent, n’est-ce pas  ? Au reste, le problème était sérieux. Beaucoup craignaient que résis
299 e de La Part du diable . Les voici : Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie De peur que tu ne lui ressembles toi-mêm
300 insensé selon sa folie Afin qu’il ne se regarde pas comme sage. Inutile de dire qu’en fait j’avais choisi l’antifascisme
301 sur les exigences créatrices de la personne, non pas sur quelque cliché droite-gauche. Je reviens au cas de Nizan, que je
302 e et contre le fascisme, par exemple, et ce n’est pas exactement rien !… Le « Cahier de revendications » paraît le 1er déce
303 raît le 1er décembre 1932, dans la NRF , et fait pas mal de bruit. Il constitue en quelque sorte l’acte de naissance d’une
26 1985, Articles divers (1982-1985). Quelques-uns de mes écrivains : anecdotes (1985)
304 écrit). amicalement J. P. Les N. C. 11 ne sont pas seulement assommants (depuis qq. temps). Ils ont je ne sais quoi d’em
305 e de lancer le poignard). Gagner un peu de temps, pas d’autre solution, le temps d’arriver au bistrot. Je dis : « La belle
306 ui, sur un ton crispé : « Excusez-moi… Je ne peux pas vous reconnaître… Je ne veux pas… Je souffre trop ! » André Breton
307 -moi… Je ne peux pas vous reconnaître… Je ne veux pas … Je souffre trop ! » André Breton à New York Notre première ren
308 . Nous en parlons, difficilement… Son désir de ne pas rompre est évident, mais il faut bien sauver la face… L’athéisme flam
309 que cela peut bien lui faire ? Avec ça qu’il n’a pas fait une religion de son surréalisme ! » Ce sera tout. Commande des m
310 Duchamp, arbitre désigné, et moi. Il ne reviendra pas sur le litige. Je lui ferai même un brin de conduite après le dîner.
311 une semaine, il se plaint chez Paulhan de n’être pas sur la liste des nouveaux commandeurs de la Légion d’honneur. « J’ai
312 uveaux commandeurs de la Légion d’honneur. « J’ai pas su pleurer dans les ministères. J’ai pas su dire : “C’est pas pour mo
313 . « J’ai pas su pleurer dans les ministères. J’ai pas su dire : “C’est pas pour moi, c’est pour ma mère ! La pauvre, elle e
314 er dans les ministères. J’ai pas su dire : “C’est pas pour moi, c’est pour ma mère ! La pauvre, elle est morte il y a douze
315 e que du printemps de 1940 : Cher ami N’écrivez pas à Cully. Je n’y suis plus et pour cause, et si de la correspondance m
27 1985, Articles divers (1982-1985). Éloge de Jean Starobinski (1985)
316 urs. Il se veut équitable en tout, soucieux de ne pas manquer ni du devoir social ni à cette « amitié que chacun se doit »,
317 conditions de compréhension ne me semblaient donc pas réunies, de mon côté. Pourtant, je suis ici ce soir, vous m’en voyez
318 pour illustrer L’Invention de la liberté. On n’a pas mieux écrit en prose dans ce pays. Et Jean Starobinski est certaineme
319 ez duré… Le plus voisin mal qui nous menace n’est pas altération de la masse entière… mais sa dissipation »… On dirait qu’i
320 ne : premier temps, le refus de tout ce qui n’est pas moi ; deuxième temps, la prise de conscience du fait que je me connai
321 ’être, à la personne libre et responsable, et non pas au mensonge officiel impersonnel et encore moins à des « impératifs d
322 nfin de la nécessité de dépasser l’antinomie, non pas dans une synthèse théorique à la Hegel mais dans la reconnaissance de
323 de signaler que le choix politico-religieux n’est pas de son ressort, mais qu’il doit néanmoins avoir lieu. » Suivent des p
324 croire qu’elle nous est extérieure, pour n’avoir pas à s’avouer nôtre… Tout cela prolonge les analyses de Montaigne, et re
325 de Jean Starobinski. Après ce livre, je ne serais pas trop surpris de le voir céder — s’en rendant compte à peine — à la te
28 1985, Articles divers (1982-1985). L’agora, condition première de la démocratie réelle (décembre 1984-janvier 1985)
326 idéaux communs. Pour former un groupe, il ne faut pas être trop ni trop peu. Il y a un optimum à trouver. Trop peu ce serai
327 e étouffe toute possibilité d’échange qui ne soit pas de hurlements ou de coups. L’agora est la meilleure définition d’un e
328 a dimension d’une polis — ville ou État — ne doit pas dépasser celle qui permet à la communauté politique tout entière (don
329 uvoir entendre la voix d’un homme « qui ne serait pas nécessairement Stentor », précise Aristote. On répond aujourd’hui que
330 s pu prendre ou garder le pouvoir s’ils n’avaient pas disposé — et eux seuls — des haut-parleurs, c’est-à-dire des radios d
331 te façon, ça n’y changera rien, ma voix ne compte pas  ». Voilà bien le méfait majeur des trop grandes dimensions — oui, mêm
332 urraient cependant se voir et se parler… Mais non pas se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qui manquerait d’humai
29 1985, Articles divers (1982-1985). Vocation culturelle de la Suisse en Europe (septembre 1985)
333 II. Elle est aussi le seul pays d’Europe qui n’a pas de culture nationale — et cela tient à sa structure fédéraliste non m
334 Ramuz. À quoi s’ajoute — si même il n’en résulte pas — le fait paradoxal aux yeux des modernes, que non pas en dépit mais
335 le fait paradoxal aux yeux des modernes, que non pas en dépit mais à cause même de ces données originelles, la Suisse est
336 ture si vivante, si créatrice, qui pourtant n’est pas nationale ? Une seule réponse demeure possible : c’est la culture eur
337 partout et la circonférence nulle part — surtout pas aux frontières étatiques ! Constatation toute simple qui vexe ou scan
338 tes les ambitions. La vie de la culture ne dépend pas d’un centre, mais d’un nombre variable de foyers de création qui s’al
339 Mais on l’aura peut-être remarqué : nous n’avons pas produit en Suisse de poètes de génie, ni de peintres qui aient fait é
340 ens moyens, oui, et Denis de Rougemont ne se fait pas faute de le dire et de le répéter. Mais quand ils réussissent à se dé
341 s réussissent à se dégager de leur canton — alors pas de milieu, ils atteignent l’universel. Au fond de son trou l’homme de
342 inconscient collectif : C. G. Jung. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes que ces hommes s’illustrèrent et apprirent
343 le principal de leur carrière en Suisse, ce n’est pas la Suisse qui a découvert et propagé leur nom dans le monde ; c’est a
30 1986, Articles divers (1982-1985). Interview avec Denis de Rougemont (1986)
344 in personnaliste et chrétien. Il n’est sans doute pas inutile de le rappeler, car l’immense succès de L’Amour et l’Occiden
345 que et indiscutablement actuel20. Il n’était donc pas inopportun de demander à Denis de Rougemont de préciser certaines pri
346 ascisme donc, et aussi du marxisme. Je ne me suis pas borné à condamner ; j’ai proposé les principes d’une société personna
347 tique. Même si on est d’extrême droite on ne peut pas nier l’existence de la lutte des classes, et même si l’on se sent soc
348 dieu, alors qu’ils n’étaient qu’à peine connus et pas encore traduits en français : il s’agit des écrits de 1842 à 1844 qui
349 onscients que le fascisme et le nazisme n’étaient pas des réactions « de droite » contre les communistes. Au contraire, ils
350 e Hitler, Mussolini et Staline, mais ce n’étaient pas des conflits fondamentaux. Ils étaient tous pour l’État d’abord, unit
351 t de pensée. Tout à fait l’inverse. On ne pouvait pas dire plus simplement le contraire de ce que nous voulions, qui était
352 toyen soit appelé à se prononcer continuellement, pas seulement lorsqu’il vote, sur des choses qu’il connaît, qui intéresse
353 de sa région. Naturellement, une commune ne peut pas tout faire. Il y a beaucoup trop de communes, par exemple, qui sont t
354 préciser et limiter ses fonctions. Nous n’étions pas du tout des anarchistes. Nous considérions l’État comme une fonction
355 tat ». C’est l’État qui est un service ; on n’est pas serviteur de l’État. On peut et on doit être serviteur de la communau
356 egaard. Que serait-il arrivé si Nietzsche n’était pas devenu fou juste un mois après avoir reçu cette lettre ? Question vra
357 rection, une application du message de l’Évangile pas seulement à l’individu ni aux masses, mais à la personne, comme nous
358 Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit. Il n’y avait pas de terme grec qui convenait. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit étai
359 mais « Servus non est persona », l’esclave n’est pas une personne. L’esclave ne peut être une personne puisqu’il n’est pas
360 esclave ne peut être une personne puisqu’il n’est pas autonome. Cela indiquait très bien ce que nous cherchions, qui n’étai
361 ait très bien ce que nous cherchions, qui n’était pas l’individu, produit d’une division, comme l’atome, ce que Marx avait
362 ive les hommes de leur volonté. Lui, on ne l’aura pas  ! Il dira non jusqu’au bout. Mais il est hypnotisé comme les autres.
363 ion : l’homme n’a pu résister parce qu’il n’avait pas d’autre idée en tête que de dire non, ce qui fait qu’il n’avait plus
364 portance de la foi tout en affirmant que ce n’est pas , que ce ne doit pas être un idéal. Absolument pas. Cela peut prêter à
365 out en affirmant que ce n’est pas, que ce ne doit pas être un idéal. Absolument pas. Cela peut prêter à confusion. Pourriez
366 pas, que ce ne doit pas être un idéal. Absolument pas . Cela peut prêter à confusion. Pourriez-vous préciser ce que vous ent
367 ortant de ceux que j’aurai écrits, mais qui n’est pas encore achevé. J’en ai une première version écrite en 1945-1946, mais
368 lus grande gloire des Guises. Mais cela n’atteint pas la vérité de la phrase. D’ailleurs, j’ai rencontré un philosophe amér
369 la fin qui importe. Mais la fin on ne la connaît pas nécessairement. On peut passer une vie entière à la deviner ! Je ne s
370 passer une vie entière à la deviner ! Je ne sais pas ma vocation comme je sais comment aller d’ici à Grasse25. La manifest
371 d’un coup quelque chose en moi dit non, ce n’est pas ta voie, tu ne peux pas aller par là, et cela en dépit de toute raiso
372 en moi dit non, ce n’est pas ta voie, tu ne peux pas aller par là, et cela en dépit de toute raison raisonnable. D’où l’im
373 ent qu’il y a un but absolu (même si l’on ne sait pas exactement le définir), et ce doit être le même but pour tous les hom
374 oui : radicalement anticollectiviste. Il n’existe pas deux hommes qui doivent faire le même chemin pour aller vers le même
375 ’ai quelque part une certitude que mon pied ne va pas tomber dans le vide. Je dois inventer mon sentier. Si je prenais les
376 c je resterais dans le même plan. Je n’arriverais pas à moi. Mon chemin, je le répète, c’est mon moyen. Là j’ai retrouvé de
377 oyens très souvent détournés et négatifs (tu n’es pas fait pour faire cela, tu dois refuser). C’est plus fréquent que le co
378 et parfaitement clair. Cette vocation je ne peux pas la réaliser dans le vide, je la réalise donc parmi les hommes, puisqu
379 té — pour moi — du christianisme. Je n’en connais pas d’autres. Voilà le fond de ma pensée. Et je vais l’écrire tout de sui
380 is aussi théologique, métaphysique, et — pourquoi pas — littéraire : car le style, pour moi, dit autant (parfois plus) que
381 structurellement et systémiquement. Elle ne peut pas réussir, puisque la seule révolution valable serait une révolution qu
382 rtaine ambition littéraire que d’autres n’avaient pas , qui n’était pas dans leurs préoccupations maîtresses. Moi je me suis
383 ittéraire que d’autres n’avaient pas, qui n’était pas dans leurs préoccupations maîtresses. Moi je me suis toujours considé
384 urai 78 ans dans un mois — eh bien, je ne me sens pas du tout vieux, mais je découvre que je suis un des derniers survivant
385 t provoqua de nombreuses réactions qui ne furent pas toujours favorables. L’édition dite « définitive » (Paris : Plon, 197
31 1986, Articles divers (1982-1985). L’Europe des consciences (1986)
386 es persanes, le Voltaire des écrits polémiques et pas du tout des tragédies en vers, le Rousseau des Rêveries et des Confes
387 écrivain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons leur pla
388 stration, et de présidences de comités : je n’ose pas vous dire combien depuis trente ans, plusieurs centaines, je le crain
389 cifisme ? Je passe donc aux aveux : ils ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de motifs pourra
390 rions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les régimes totalitaires et les régimes dits libé
391 nu pour responsable de ses actes si ceux-ci n’ont pas été accomplis librement (les juristes connaissent bien cela) et à l’i
392 e fédération de l’Europe. L’idée générale n’étant pas de créer une puissance nouvelle — un « troisième Grand » dans le cas
393 ’ai publié jusqu’ici. Mais je ne voudrais surtout pas que l’on déduisît de mes propos que mon œuvre est issue d’un système
394 ème guerre mondiale qui, cette fois-ci, ne serait pas déclenchée par eux. La crise mondiale actuelle est née des œuvres de
395 s. Il est devenu parfaitement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base des États qui s’y opposent par
396 s valeurs de communauté vivante, qui ne dépendent pas de l’État — simple service public — mais des personnes libres et resp
397 laissons faire, nous qui le faisons ? Je ne suis pas , en rappelant ces faits, victime de quelque sinistrose, mais tout sim
32 1994, Articles divers (1982-1985). Agora (1994)
398 a dimension d’une polis — ville ou État — ne doit pas dépasser celle qui permet à la communauté politique tout entière (don
399 uvoir entendre la voix d’un homme « qui ne serait pas nécessairement Stentor », précise Aristote. L’agora reste donc le sym
400 urraient cependant se voir et se parler… Mais non pas se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qu’il manquerait d’hum
33 1994, Articles divers (1982-1985). URSS (1994)
401 attribués à l’Union » (art. 14) et qui « ne sont pas de la compétence des organes du pouvoir de l’URSS dépendant du Soviet
402 r le fédéralisme », tandis que d’autres n’avaient pas compris que « le socialisme développé n’est pas encore le communisme 
403 t pas compris que « le socialisme développé n’est pas encore le communisme », et demandaient « des salaires égaux pour tous
404 39 : « L’exercice des droits et libertés ne doit pas porter atteinte aux intérêts de la société et de l’État ». Or le fait
34 1996, Articles divers (1982-1985). « Plaise aux dieux que je sois un faux prophète » (automne 1996)
405 st beaucoup dire. Pessimiste, optimiste, cela n’a pas de sens. Je ne cesserai de me sentir optimiste tant que je verrai que
406 n soit d’ailleurs, le succès ! Attitude qui n’est pas différente de celle que j’annonçais dans mon premier article traitant
407 a beaucoup reprise…) Mon attitude générale n’est pas celle d’un pessimiste et je ne suis pas un prophète de malheur. J’aim
408 ale n’est pas celle d’un pessimiste et je ne suis pas un prophète de malheur. J’aime beaucoup cette expression latine « pla
409 hose et vous éviterez les désastres ! Je ne crois pas que notre avenir soit fatal. L’avenir est fait de main d’homme de nos
410 ge — seuls les tremblements de terre ne dépendent pas de nous — et déjà 3/5 des hommes habitent les villes, c’est-à-dire de
411 out le monde parle sont notre fait. Elles ne sont pas tombées du ciel. Mais voilà, l’homme aujourd’hui a une curieuse prope
412 dans les arbres. C’est tout juste s’ils ne disent pas  : « je ne suis pas là ! » Yahvé les trouve et demande à l’homme : « Q
413 est tout juste s’ils ne disent pas : « je ne suis pas là ! » Yahvé les trouve et demande à l’homme : « Qu’as-tu fait ? » Ad
414 homme : « Qu’as-tu fait ? » Adam dit : « Ce n’est pas moi, c’est Ève qui m’a forcé ». Ève dit : « Ce n’est pas moi, c’est l
415 , c’est Ève qui m’a forcé ». Ève dit : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent qui m’a séduite ». Et le serpent, bien sûr, n’e
416 Et le serpent, bien sûr, n’est plus là. Il n’est pas vrai de dire, aujourd’hui, que les centrales nucléaires « qu’on le ve
417 ne viennent que de là, que de nous ! Nous n’osons pas avouer nos vrais désirs. Nous les déguisons en « impératifs technolog
418 ent d’abord la puissance ; ceux qui ne la veulent pas personnellement, la veulent comme garantie de leur sécurité : avoir u
419 couper la tête quand cela se présente. Je ne suis pas pessimiste parce que je ne crois pas à ces fatalités. Je ne suis pas
420 . Je ne suis pas pessimiste parce que je ne crois pas à ces fatalités. Je ne suis pas optimiste non plus parce que je ne cr
421 e que je ne crois pas à ces fatalités. Je ne suis pas optimiste non plus parce que je ne crois pas avec Rousseau que l’homm
422 suis pas optimiste non plus parce que je ne crois pas avec Rousseau que l’homme est bon. Il est bête et méchant, c’est dans
423 r soi-même, pouvoir obéir à sa vocation. Il n’y a pas deux hommes semblables. Chaque homme doit se réaliser comme lui seul
424 x, d’écoles. Le seul désavantage : ils ne peuvent pas faire de grandes bêtises, donc de grandes guerres. Les hommes y sont
425 e l’Europe. Aristote voulait que la ville ne soit pas plus grande que la portée de la voix d’un homme criant sur l’agora. À
426 al, si votre avocat peut prouver que vous n’étiez pas libre quand vous avez commis un délit, on vous acquitte. Mais on ne p
427 bien cela et savent que les douaniers n’arrêtent pas la pollution. Pour l’écologie, nos frontières nationales sont absurde
428 s nationales sont absurdes, n’existent simplement pas . Vous voyez ici comment s’appellent et se répondent les trois thèmes
429 Iseut dont le sens ultime est que Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce qu’il aime, c’est aimer, être aimé, être in
430 reprocher ? Toute prise de conscience n’est-elle pas un progrès ? Ainsi le cas d’André Gide. Apprenant que je cherchais de
431 ent : « C’est dans L’Amour et l’Occident et non pas dans Freud que j’ai découvert l’explication de mon cas et les raisons
432 Attention à ce genre de question. Nous ne sommes pas là pour prévoir l’avenir, mais pour le faire. Nous ne sommes pas des
433 voir l’avenir, mais pour le faire. Nous ne sommes pas des parieurs, qui assistons passifs, mais des joueurs, en pleine acti
434 utre chose, qu’on change de cap… Mais n’avez-vous pas été le premier à plaider en faveur du CERN ? Oui bien sûr et je m’en
435 ui étudie la constitution de la matière, ce n’est pas une usine à bombes atomiques. Mais puisque vous revenez irrésistiblem
436 a recherche dans ce domaine. Tant qu’ils n’auront pas trouvé le moyen d’intercaler un compteur entre le soleil et les citoy
437 il. Mon choix est clair. Celui des États ne l’est pas moins. Êtes-vous un utopiste ? Je ne le pense pas. L’utopie majeure
438 as moins. Êtes-vous un utopiste ? Je ne le pense pas . L’utopie majeure consiste à croire qu’on peut continuer comme ça. Je
439 ’ici 1990 ? Comme dit Max Frisch : « il ne suffit pas de ne pas avoir d’idées pour être réaliste ». ax. Rougemont Denis
440 ? Comme dit Max Frisch : « il ne suffit pas de ne pas avoir d’idées pour être réaliste ». ax. Rougemont Denis de, « [Ent