1
je ne peux pas m’en tenir là. J’ai réfléchi à ce
que
vous avez dit ici, les uns et les autres. J’ai aperçu de nouvelles ma
2
et de tourner, à certains égards, l’interdiction
que
j’avais posée au départ, en parlant de l’inexistence, voire de l’impo
3
stence, voire de l’impossibilité historique de ce
que
l’on nomme aujourd’hui nos cultures nationales. Comment introduire un
4
n suis convaincu depuis une cinquantaine d’années
que
j’écris et que je parle sur des questions européennes. Pourquoi est-c
5
u depuis une cinquantaine d’années que j’écris et
que
je parle sur des questions européennes. Pourquoi est-ce qu’il nous fa
6
le sur des questions européennes. Pourquoi est-ce
qu’
il nous faut à tout prix un dialogue ? C’est parce que la condition de
7
ion sur cet obstacle par excellence à toute union
qu’
est l’État-nation d’aujourd’hui. Vouloir fonder l’union de l’Europe su
8
nces, et pour que ce dialogue soit utile, il faut
qu’
il y ait un langage commun. Ce langage commun, nous ne le trouvons que
9
ge commun. Ce langage commun, nous ne le trouvons
que
dans l’existence d’une culture commune à tous les Européens, culture
10
s et d’où aussi les solutions possibles. J’ajoute
que
, pour moi, faire une fédération de l’Europe, une union réelle sur la
11
n sine qua non de quelque chose de plus important
que
l’Europe, je veux dire de la Paix. Les divers travaux que j’ai pu ent
12
rope, je veux dire de la Paix. Les divers travaux
que
j’ai pu entendre ici m’ont permis d’entrevoir comment on pourrait tou
13
énaire de notre ère par la confluence des sources
que
j’ai énumérées tout à l’heure, alors que les plus anciens États que l
14
tout à l’heure, alors que les plus anciens États
que
l’on trouve en Europe remontent à l’an 1000, au plus tôt : la Pologne
15
ie siècle pour voir se former les premiers États
que
j’ai appelés États-nations. C’est la France de Philippe le Bel, l’Esp
16
a création, la consommation de la culture, telles
que
l’expression de « cultures nationales » ne soit pas vidée de tout sen
17
de notre ère, tout le monde les connaît. C’est ce
que
Valéry a résumé dans la formule : Tout ce qui descend d’Athènes, de R
18
pays de Galles ! Cet héritage est tellement varié
qu’
il va créer des variantes importantes dans le dosage des éléments. Ce
19
ns le dosage des éléments. Ce sont ces variantes,
que
, dans certains cas, on pourrait appeler cultures nationales, interloc
20
onales, interlocuteurs possibles dans le dialogue
que
nous souhaitons tous. Je vous en donnerai ici quelques exemples, port
21
ci quelques exemples, portant surtout sur l’usage
que
l’on a fait de la culture commune dans nos différents pays : usage po
22
unique où culture et identité nationales ne font
qu’
un. Cela peut tenir aux origines asiatiques du peuple hongrois, qui es
23
onale pour les Suisses — une culture qui ne porte
que
sur les principes du fédéralisme, sur l’éthique du fédéralisme, devra
24
-je dire. Il y a aussi la Pologne et la Roumanie,
qu’
il faut citer parmi les anciens États. Là, je vois de nouveau deux cas
25
iscutables. L’unification totale ne s’est imposée
qu’
au détriment des cultures « nationales », au sens ancien, dont la gran
26
elle une phrase souvent répétée par Michel Debré,
qu’
il a encore utilisée dernièrement dans Le Monde, et selon laquelle l’é
27
e culture différente de toutes les autres en ceci
qu’
elle est entièrement politisée, comme nous l’a très bien montré hier S
28
dans la mesure où elle est politisée, à tel point
qu’
on a l’impression quelquefois, à entendre les discussions entre la gau
29
dre les discussions entre la gauche et la droite,
que
chacun tient plus au triomphe de son idéologie qu’à la santé de la na
30
ue chacun tient plus au triomphe de son idéologie
qu’
à la santé de la nation réelle. À l’inverse, nous avons le cas de l’Es
31
se, nous avons le cas de l’Espagne. Nous avons vu
qu’
elle a eu plusieurs monarchies, que la « monarchie espagnole » est mul
32
Nous avons vu qu’elle a eu plusieurs monarchies,
que
la « monarchie espagnole » est multiple, pluraliste, c’est-à-dire qu’
33
spagnole » est multiple, pluraliste, c’est-à-dire
qu’
elle comporte déjà les bases d’un fédéralisme possible, depuis ses ori
34
r la bonne raison, comme on l’a rappelé ce matin,
qu’
il réunissait douze nationalités. Qu’aurait-il fallu choisir comme cul
35
lé ce matin, qu’il réunissait douze nationalités.
Qu’
aurait-il fallu choisir comme culture nationale à imposer à toutes les
36
e. Aussi, ça n’a pas été fait, et le résultat est
que
ces douze cultures nationales ont continué, chacune pour elle-même, c
37
e des trente premières années du siècle. Je pense
que
Vienne était, plus peut-être que Paris, le centre de la civilisation
38
siècle. Je pense que Vienne était, plus peut-être
que
Paris, le centre de la civilisation et de la culture européennes de c
39
Adler. C’est une chose absolument sensationnelle
qu’
une pareille culture qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à
40
Romano sur l’Italie, où il nous a fait remarquer
que
la culture en Italie, quand l’Italie a fait son unité, selon l’idée a
41
lie a fait son unité, selon l’idée alors régnante
que
toute nation « fait son unité » comme un homme « fait sa puberté », a
42
ité culturelle du pays, alors qu’ils ne faisaient
que
reproduire une unité, restaurée, certes, mais au sens de Viollet-le-D
43
accent est fortement mis sur le germanisme plutôt
que
sur l’hellénisme et le romantisme. Le Saint-Empire romain ne fut qu’u
44
e et le romantisme. Le Saint-Empire romain ne fut
qu’
un empire de nostalgie reconstitué. Aujourd’hui, vous avez cette même
45
gage commun étant symphonique, ne peut s’exprimer
que
par des instruments différents. Il s’agit maintenant de les composer
46
opre. Il s’agit de cette harmonie dont parlait ce
que
j’oserai appeler le premier slogan européen, cette pensée d’Héraclite
47
logan européen, cette pensée d’Héraclite qui veut
que
« ce qui s’oppose coopère » et que « de la lutte des contraires procè
48
clite qui veut que « ce qui s’oppose coopère » et
que
« de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie ». Le gén
49
neutralisé par l’autre. Ceci nous amène à l’idée
que
je voulais introduire, celle du dialogue. Du dialogue nécessaire. Les
50
ogue nécessaire. Les moyens du dialogue, je crois
que
je les ai indiqués, c’est cette culture une et diverse qui permet à t
51
rrait être le contenu de ce Dialogue des cultures
que
nous souhaitons tous ? Je ne vais pas vous faire ici un long topo. J’
52
rrait être le sujet d’un autre colloque. Je crois
que
la condition de tout dialogue entre les différentes nations que j’ai
53
on de tout dialogue entre les différentes nations
que
j’ai énumérées, avec toutes leurs diversités, c’est la reconnaissance
54
leurs diversités, c’est la reconnaissance du fait
qu’
elles ne pourront s’unir que sur une base véritablement commune, la cu
55
econnaissance du fait qu’elles ne pourront s’unir
que
sur une base véritablement commune, la culture, et non pas sur l’écon
56
dialogue. Nous avons tous vu, depuis trente ans,
qu’
on ne peut pas faire l’Europe sur la base de l’économie, comme Jean Mo
57
oposait. On n’y est pas arrivé et je ne pense pas
qu’
on y arrivera dans les années qui suivent, parce que ce n’est pas la b
58
e ce n’est pas la bonne base. Jean Monnet a pensé
que
, si l’on maîtrisait les relations économiques en Europe, la politique
59
t, mais le général de Gaulle lui a bien fait voir
que
, pour lui, les intérêts économiques étaient secondaires : comme l’int
60
s nationalismes fauteurs de guerres. Il me semble
que
c’est un terrain sur lequel la responsabilité de la culture est la pl
61
ements. Comment lutter contre le nationalisme tel
qu’
il est enseigné, plus ou moins délibérément, dans toutes nos écoles ?
62
es droits de l’homme en référence permanente à ce
que
nous avons tous en commun, à nos valeurs de base, d’où qu’elles vienn
63
avons tous en commun, à nos valeurs de base, d’où
qu’
elles viennent. Voilà simplement quelques pistes. Pourquoi pas un coll
64
st un chemin unique et sans précédent, un sentier
qu’
il doit inventer et qui n’a été foulé par personne avant lui. Il doit
65
s ; ces régions à leur tour se fédèrent. À mesure
que
les choses à faire deviennent de plus en plus importantes par leurs d
66
s, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce
que
le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des USA
67
Moynihan formulait naguère à propos des USA mais
qu’
il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à
68
ité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce
que
la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que l
69
t faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce
que
la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
70
t faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
que
les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire
71
ongtemps, « c’est avec la poussière des individus
que
les États totalitaires font leur ciment ». Partout où l’individu devi
72
oppement de l’État est devenu tellement démentiel
qu’
il ne fonctionne plus. On ne peut pas faire marcher un pays en décidan
73
e la capacité de résistance des personnes. Est-ce
que
la Suisse est menacée par la centrale française de Creys-Malville ? L
74
soviétiques et les fusées occidentales ? C’est ce
qu’
on m’a répondu récemment à Paris, lorsque je demandais aux responsable
75
Malville. On a refusé de me répondre en me disant
que
la probabilité était faible, et qu’il existait une menace bien plus d
76
en me disant que la probabilité était faible, et
qu’
il existait une menace bien plus dangereuse : les fusées des 26 silos
77
une série d’explosions cent fois plus importantes
que
l’accident majeur de Creys-Malville. Est-ce qu’on pensait me rassurer
78
s que l’accident majeur de Creys-Malville. Est-ce
qu’
on pensait me rassurer ? Et, comme par hasard, d’une façon générale, o
79
s. Actuellement, ce qui nous menace est bien pire
que
le haschisch, incalculablement pire… Finalement, êtes-vous de gauche
80
vous répondre par cette formule d’Ortega y Gasset
que
je trouve superbement adaptée à votre question : « Être de gauche ou
81
es d’hémiplégie morale. Comme le démontre le fait
qu’
aujourd’hui les droites promettent des révolutions et les gauches des
82
déralisme. Depuis cinquante ans, il nous rappelle
que
l’État-nation vient de la guerre et va vers elle. En 1934, dans un de
83
de l’écrivain”. Dans le dernier, il nous rappelle
que
L’Avenir est notre affaire , parce que “la décadence d’une société c
84
’une société commence quand l’homme se demande : ‘
Que
puis-je faire ?’”. Envers et contre tous les embrigadements et toutes
85
s de Rougemont (25 mai 1982)h Dans l’interview
que
vous avez publiée le 25 mars et que j’avais accordée à Richard Labévi
86
s l’interview que vous avez publiée le 25 mars et
que
j’avais accordée à Richard Labévière, il y a plusieurs mois, se sont
87
y a plusieurs mois, se sont glissées deux erreurs
qu’
il me paraît absolument nécessaire de rectifier : 1. Dans la présentat
88
x mots me fait dire exactement le contraire de ce
que
j’ai dit et souvent écrit. Voici la phrase telle qu’elle doit être lu
89
j’ai dit et souvent écrit. Voici la phrase telle
qu’
elle doit être lue : « La décadence d’une société commence quand l’hom
90
une société commence quand l’homme se demande : «
Que
va-t-il arriver ? » au lieu de se demander : « Que puis-je faire ? »
91
ue va-t-il arriver ? » au lieu de se demander : «
Que
puis-je faire ? » » Les dix mots soulignés ont été omis. 2. À l’avant
92
ière question concernant la menace pour la Suisse
que
constitue le surgénérateur de Creys-Malville : il est exact que j’ai
93
le surgénérateur de Creys-Malville : il est exact
que
j’ai mentionné le refus de réponse que m’ont opposé les responsables
94
est exact que j’ai mentionné le refus de réponse
que
m’ont opposé les responsables de l’EDF, affirmant que la probabilité
95
m’ont opposé les responsables de l’EDF, affirmant
que
la probabilité d’accident était trop faible pour qu’ils en tiennent c
96
ergie atomique. Il m’a paru important de préciser
qu’
une révélation aussi sensationnelle provient d’une personnalité incont
97
ce prise en trente ans par le rock and roll. Mais
que
savent des Rolling Stones quelques-unes des personnalités qui font so
98
e l’Occident. À tout cela, j’ai envie de répondre
que
cette campagne contre les pacifistes est elle-même manipulée… Il y a
99
s de complot conscient, cynique. Je suis persuadé
que
les dirigeants de l’URSS et des États-Unis sont convaincus de défendr
100
défendue par les armes nucléaires, premier moyen
que
les hommes aient inventé pour anéantir toute l’humanité. Sans parade
101
pèce de parade possible à la guerre nucléaire. Ce
qu’
il y a de plus inquiétant dans les débats actuels, c’est qu’on sent un
102
de plus inquiétant dans les débats actuels, c’est
qu’
on sent une impatience, complètement inconsciente mais réelle, des deu
103
ien, c’est de la folie ! Le groupe de Bellerive —
que
j’ai contribué à fonder et qui comprend des savants atomistes de prem
104
roissante conviction des populations. Il faudrait
qu’
elles deviennent encore plus grandes, plus puissantes. Je ne nie pas q
105
core plus grandes, plus puissantes. Je ne nie pas
qu’
il y ait des tentatives de manipulation dont les pacifistes de mon esp
106
t les pacifistes de mon espèce sont conscients et
qu’
ils dénoncent, mais l’idée que ces manifestations sont uniquement le f
107
sont conscients et qu’ils dénoncent, mais l’idée
que
ces manifestations sont uniquement le fruit de telles manipulations n
108
ions ne tient pas — en particulier devant le fait
qu’
elles apparaissent maintenant dans les pays communistes comme l’Allema
109
ys communistes comme l’Allemagne de l’Est, autant
que
dans les discours du pape. Soyons sérieux. Ce qui est réel, indiscuta
110
uction d’armements dont il n’est guère imaginable
qu’
on se serve jamais, c’est la multiplication des armes nucléaires, nota
111
procurer la bombe. Cela me paraît plus dangereux
que
le pacifisme. Alors, que faire ? Il n’y a qu’un moyen d’éviter la tem
112
me paraît plus dangereux que le pacifisme. Alors,
que
faire ? Il n’y a qu’un moyen d’éviter la tempête nucléaire en Europe,
113
eux que le pacifisme. Alors, que faire ? Il n’y a
qu’
un moyen d’éviter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens et à celu
114
ela, je le dis avec toute ma conviction. Je pense
que
si les Soviétiques étaient jamais tentés d’occuper l’Europe, ils n’au
115
ui leur interdiraient d’y pénétrer beaucoup mieux
que
toutes nos armées. Donc ils n’utiliseraient pas l’arme nucléaire les
116
ssement de la population européenne, ne serait-ce
que
parce qu’une des propriétés des radiations est de détruire les défens
117
ruire les défenses immunitaires de l’organisme et
que
de terribles épidémies se propageraient ainsi. Quant à l’Union soviét
118
ens conventionnels, grâce à sa géographie et à ce
que
nous appelions, déjà avant la dernière guerre, la défense en hérisson
119
e une proposition qui est peut-être moins comique
qu’
il n’y paraît à première vue : au lieu de dépenser des sommes énormes
120
eigner le russe dans les écoles. De telle manière
que
si les « Ivan » pénètrent dans notre pays, et s’y installent en garni
121
nous puissions causer avec eux, leur demander ce
qu’
ils font là, si loin de chez eux, les démoraliser par l’amitié… Bien d
122
er son propre élan pour le renverser. Pensez-vous
que
la non-violence puisse constituer une alternative à la défense armée
123
alternative à la défense armée ? Je suis persuadé
que
la non-violence est la seule réponse vraiment humaine à la guerre. Fa
124
à l’armée suisse ? Non, parce que je ne pense pas
que
notre défense militaire puisse être considérée comme un danger par un
125
e comme un danger par un autre pays. Il n’empêche
que
devant le risque d’une guerre nucléaire, devant cette possibilité par
126
tte possibilité parfaitement réelle, il me semble
que
seule l’attitude radicalement contraire, la non-violence, soit correc
127
parler sincèrement, je sens, je sais, je vois ce
que
serait la seule position absolument tenable — quitte à ce qu’on en me
128
a seule position absolument tenable — quitte à ce
qu’
on en meure tout de suite, mais autant mourir pour une bonne raison qu
129
e suite, mais autant mourir pour une bonne raison
que
pour l’épouvantable idiotie qui sera peut-être, comme dans le cas des
130
nucléaire, c’est bien plus fou, si l’on y pense,
que
de dire désarmons-nous et offrons nos poitrines nues. Je crois qu’il
131
mons-nous et offrons nos poitrines nues. Je crois
qu’
il y aurait là un moyen de dissuasion formidable. Cependant, si un con
132
tte défense non violente. Parce qu’il ne faut pas
que
ce soit une démission. Vous voudriez donc qu’on organise la non-viole
133
pas que ce soit une démission. Vous voudriez donc
qu’
on organise la non-violence ? Je voudrais que les meilleurs esprits de
134
donc qu’on organise la non-violence ? Je voudrais
que
les meilleurs esprits de ce temps se mettent à imaginer des procédés
135
e réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur
que
tu ne lui ressembles toi-même » et « Réponds à l’insensé selon sa fol
136
ur du 26 avril (n° 911) écrit, à propos du procès
que
j’ai intenté à Dominique Grisoni : Le malentendu était à son comble.
137
Rougemont et ses amis voulaient — légitimement —
qu’
on les lave de tout soupçon quant à leur attitude pendant la guerre. M
138
ationale absolue et indivisible. C’est en son nom
que
, ces jours-ci, deux grands États n’hésitent pas à s’affronter par les
139
ndiale et de l’extinction du genre humain, plutôt
que
de renoncer à des droits théoriques sur un petit troupeau d’îles dése
140
out. Il se voit incapable d’assurer les fonctions
qu’
il s’était arrogées : défense du territoire et des libertés populaires
141
urs présents, à des degrés inégaux. La définition
que
je propose est peut-être la plus compréhensive ou englobante : la rég
142
es qui correspondent à la dimension des problèmes
qu’
elle est le mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamais à une plus g
143
ité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce
que
la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que l
144
t faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce
que
la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
145
t faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
que
les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire
146
al, le sénateur américain D. Moynihan. C’est dire
que
la région doit être et demeurer « de dimensions médiocres » comme le
147
seau, ou en tout cas variable selon les fonctions
qu’
elle assure. Elle doit être « à la taille de l’homme », de telle maniè
148
être « à la taille de l’homme », de telle manière
que
chaque citoyen puisse y faire entendre sa voix ; mais aussi, « à la t
149
omme individu. C’est donc vous, en quelque sorte,
que
l’on peut considérer comme le père de la théorie « Personne-Planète »
150
st unique pour chacun. On ne sait pas toujours ce
que
c’est ; il faut le découvrir. Le but est très loin en avant, dans l’i
151
unautaires. Une communauté commence et ne se fait
que
par les liens interpersonnels. Il n’existe pas de communautés d’indiv
152
auté se distingue par une vocation beaucoup mieux
que
par des liens économiques. C’est sans doute aussi en ce sens que l’o
153
s économiques. C’est sans doute aussi en ce sens
que
l’on dit que les liens avec une famille spirituelle sont souvent plus
154
. C’est sans doute aussi en ce sens que l’on dit
que
les liens avec une famille spirituelle sont souvent plus forts et plu
155
rituelle sont souvent plus forts et plus profonds
qu’
avec la famille biologique. La famille spirituelle n’existe qu’entre d
156
mille biologique. La famille spirituelle n’existe
qu’
entre des gens spirituels, qui existent comme des personnes, même si c
157
rt comme d’un instrument), ou même par le hasard,
qu’
on trouve sa famille spirituelle. Toutefois, pour que la communauté so
158
re », disait Rousseau. Ou, comme disait Aristote,
que
son nombre ne soit pas si grand que l’on ne puisse plus la réunir sur
159
ait Aristote, que son nombre ne soit pas si grand
que
l’on ne puisse plus la réunir sur l’agora où chacun doit pouvoir ente
160
e réunissent pour faire ensemble certaines choses
qu’
elles ne peuvent pas faire toutes seules. Vous en avez une vision tout
161
ait organique. Cela relève plus de l’horticulture
que
de la mécanique ! J’aime beaucoup la définition qui a été donnée par
162
: Ne confiez jamais à la plus grande quantité ce
que
la plus petite peut faire, et mieux ! Jamais à la commune ce que la f
163
ite peut faire, et mieux ! Jamais à la commune ce
que
la famille peut faire ; jamais à la région ce que la commune peut fai
164
que la famille peut faire ; jamais à la région ce
que
la commune peut faire, et jamais à l’État ce que la région peut faire
165
que la commune peut faire, et jamais à l’État ce
que
la région peut faire. Mais, aujourd’hui, certains problèmes sont mon
166
un problème transnational » ! Cela aussi démontre
qu’
aujourd’hui, la notion de frontière est une notion aberrante et que le
167
a notion de frontière est une notion aberrante et
que
le problème de la vie sur Terre est ou bien mondial, ou bien régional
168
issant d’une communauté, n’ont pas d’autre limite
que
celles des champs cultivés ensemble. Le mot « propriété », par exempl
169
us près », de « propes », « près ». C’est donc ce
que
l’on peut s’approprier du point de vue des besoins quotidiens. C’est
170
mite quelconque et cela n’a aucun rapport avec ce
qu’
est devenue la frontière. La frontière est une chose complètement cond
171
s ; mais elles n’interdisent pas le passage de ce
qu’
il faudrait arrêter : les épidémies, les maladies, les pollutions… On
172
côté français travaillent en Suisse, ce qui fait
que
l’on peut passer quotidiennement huit fois la frontière, et plus si l
173
ma femme qui s’en occupe ! Il me semble, parfois,
que
cette frontière franco-suisse autour de Genève est aussi absurde que
174
franco-suisse autour de Genève est aussi absurde
que
la frontière entre Berlin-Ouest et Berlin-Est… C’est le même type d’a
175
tes type 1901 en France ? C’est pour cette raison
que
j’appelle cela et je suis pour la pluralité des allégeances. Je suis
176
ons « à géométrie variable », suivant la fonction
que
la région est censée remplir. On peut avoir des régions écologiques q
177
s écologiques qui ne seront pas du tout les mêmes
que
des régions économiques, bien que leurs rapports puissent être très p
178
xistent : Staline, Hitler et d’autres qui veulent
que
la même frontière soit donnée à toutes ces dimensions normales de l’ê
179
nt gardé un plus grand sentiment de la communauté
qu’
en Europe. Un autre exemple nous est offert par l’Afrique de l’Ouest,
180
se déclencher avec 1789. Paul Valéry disait déjà
que
toute politique se base sur une certaine conception de l’homme. Je su
181
t avec sa « souveraineté absolue » et c’est ainsi
que
l’on voit une guerre imbécile comme celle des Malouines, pour un trou
182
ent chère… La vraie raison de cette guerre, c’est
que
la souveraineté nationale a été atteinte. L’honneur de l’État-nation
183
al. Au contraire, les individualistes s’imaginent
qu’
ils seront libres s’ils n’ont pas de responsabilités. Malheureusement,
184
de mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce
qu’
il a nommé « le libéralisme ». Pour lui, la politique devait être fait
185
livres : « C’est avec la poussière des individus
que
l’État fera son ciment ». Si chacun devient une personne, impossible
186
e d’en faire du ciment ! Alors, il est très clair
qu’
à partir de la notion de personne, on peut tout reconstruire. Et faire
187
ntre les États-nations ? Oui, c’est exactement ce
que
je pense. La compétition relève de ce qui n’est pas la vocation. À ce
188
s aussi, souvent dit ! Les États-nations ne sont
que
des individus égoïstes qui sont des criminels à l’échelle mondiale, d
189
Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-vous pas
que
l’on a « bluffé » les citoyens en introduisant une énorme confusion e
190
française ? Oui, c’est exact et c’est en français
que
la confusion a été la plus grave entre l’attachement à la patrie et l
191
tous points de vue. Dans votre livre, vous disiez
qu’
il faut aller à la fois vite et lentement pour constituer cette Europe
192
Europe des régions. Je ne vois l’Europe possible
que
sur la base des régions. C’est ce que j’avais proposé à Ecoropa : des
193
pe possible que sur la base des régions. C’est ce
que
j’avais proposé à Ecoropa : des régions qui se forment spontanément u
194
u confiance dans le nouveau régime français c’est
que
les deux hommes qui s’en occupent, Defferre et Rocard, sont d’origine
195
Français ! Vous avez dit à un journaliste suisse
qu’
il faudrait au moins trois générations à la France pour se relever du
196
centralisme de Monsieur Napoléon. Moi, je trouve
que
trois générations, c’est être très optimiste car, de nos jours cela f
197
imum requis pour effacer la résistance formidable
qu’
il y a dans les esprits français, formés par l’école. C’est le minimum
198
» ! Pour conclure, je vais vous citer une phrase
que
j’ai écrite et que j’aime beaucoup : « la puissance, c’est le pouvoir
199
je vais vous citer une phrase que j’ai écrite et
que
j’aime beaucoup : « la puissance, c’est le pouvoir que l’on prend sur
200
’aime beaucoup : « la puissance, c’est le pouvoir
que
l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend s
201
n prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir
que
l’on prend sur soi-même. » Vous avez aussi parlé de « la peur d’être
202
ie de notre société actuelle. C’est de cette peur
que
sont nés les États-nations et les États totalitaires. Je ne cesse de
203
et les États totalitaires. Je ne cesse de répéter
que
la seule force des États totalitaires, c’est la somme de nos faibless
204
de déchiffrement de la personnalité de l’Europe,
que
Denis de Rougemont a poursuivi tout au long de son œuvre. Dans L’Ave
205
r la sauvegarde écologique du lac Léman. C’est là
que
Claudine Brelet l’a rencontré pour CoÉvolution. » f. L’original ind
206
ent ; notre reconnaissance est d’autant plus vive
que
leurs lignes nous encouragent à persévérer. En ce temps-là, la Suis
207
n ce temps-là, la Suisse romande n’existait guère
que
sur les cartes, pas même géographiques mais linguistiques — encore qu
208
as même géographiques mais linguistiques — encore
qu’
elle englobât deux cantons mixtes et que le petit dernier ne fût pas e
209
— encore qu’elle englobât deux cantons mixtes et
que
le petit dernier ne fût pas encore né. De tout cela, notre ami Weber-
210
e né. De tout cela, notre ami Weber-Perret fit ce
que
l’on peut faire de meilleur : une Alliance, et même une alliance cult
211
sûre et peut-être la plus vraie. Voilà le miracle
que
nous célébrons en ce beau jour de fête et de reconnaissance. q. Ro
212
nces votre vocation s’est-elle décidée ? Je crois
qu’
il faut remonter, pour distinguer l’appel que signifie toute vocation
213
rois qu’il faut remonter, pour distinguer l’appel
que
signifie toute vocation — et je suis très attaché à cette notion qui
214
itue, soit dit en passant, le thème du seul roman
que
j’aie jamais écrit — à mes années de formation, entre 15 et 25 ans. D
215
érature. Auparavant, j’avais pensé, curieusement,
que
je deviendrais un grand chimiste. Je m’y étais exercé dans un laborat
216
de chimie, au Gymnase de Neuchâtel, j’ai compris
que
ce n’était pas tout à fait ça… Donc je ne jurais que par la littératu
217
ce n’était pas tout à fait ça… Donc je ne jurais
que
par la littérature, à commencer par la poésie. Dans les poèmes que j’
218
ature, à commencer par la poésie. Dans les poèmes
que
j’écrivais alors, j’étais influencé par les symbolistes, et Rimbaud s
219
be . En même temps, j’écrivais des essais tout ce
qu’
il y a de plus sages. Dans l’un d’entre eux, intitulé « Adieu beau dés
220
le surréalisme figurait en bonne place, estimant
qu’
il était du devoir des écrivains d’affronter les problèmes de la crise
221
à, j’ai été plongé dans un bouillonnement d’idées
que
je n’ai jamais retrouvé par la suite. D’une part, nous faisions décou
222
rl Barth ou Berdiaev. Et puis, des divers groupes
que
nous formions alors avec une trentaine de jeunes gens venus de tous l
223
les prérogatives de l’État-nation. Mais ce n’est
qu’
après la guerre que je me suis lancé dans l’action fédéraliste, laquel
224
e l’État-nation. Mais ce n’est qu’après la guerre
que
je me suis lancé dans l’action fédéraliste, laquelle m’occupe depuis
225
années. Enfin, je travaille toujours à l’ouvrage
que
je considère comme la clef de voûte de mon œuvre : une Morale du but
226
ureux et Lettre ouverte aux Européens — autant
que
par son action d’initiateur du fédéralisme européen, Denis de Rougemo
227
irement, un antinazi de la première heure), celui
qu’
André Malraux considérait comme “l’un des hommes les plus intelligents
228
é aux exhortations stimulantes. Le premier, ainsi
qu’
il le rappelle avec une insistance frisant la coquetterie, il fonda le
229
ons d’engagement et d’homme libre et responsable,
que
Sartre reprit à son compte. Là-dessus, ne voyons pas en lui qu’un int
230
rit à son compte. Là-dessus, ne voyons pas en lui
qu’
un intellectuel de haut vol, mais également un styliste de premier ord
231
ait bien les choses. Croyez-vous, comme Rousseau,
que
l’homme naît bon et que la société le rend mauvais ? L’homme naît ori
232
yez-vous, comme Rousseau, que l’homme naît bon et
que
la société le rend mauvais ? L’homme naît orienté par ses gènes et pa
233
èle aux ordres de sa vocation unique. Pensez-vous
que
l’homme soit capable de progrès moral ? Je ne sais. Je le souhaite. C
234
te. C’est le vrai sens de toute vie. Estimez-vous
que
, dans le monde, les libertés individuelles sont en progression ? Pers
235
terre et plus précisément en Suisse, pensez-vous
que
notre justice le condamnerait ? Oui, comme objecteur de conscience («
236
de l’homme ? Sa liberté, c’est-à-dire le pouvoir
qu’
il prend non sur autrui mais sur soi-même. La réforme que vous admirez
237
rend non sur autrui mais sur soi-même. La réforme
que
vous admirez le plus ? La christianisation jamais achevée des Églises
238
S. Eliot et Saint-John Perse. Le don de la nature
que
vous aimeriez avoir ? Une santé qui puisse résister à pas mal d’excès
239
ésence. L’équilibre de la terreur, tel est le nom
qu’
ils ont inventé pour la paix. Nous disons que cet équilibre ne saurait
240
nom qu’ils ont inventé pour la paix. Nous disons
que
cet équilibre ne saurait être maintenu jusqu’au bout que par la destr
241
équilibre ne saurait être maintenu jusqu’au bout
que
par la destruction totale, réciproque et simultanée des partenaires.
242
proque et simultanée des partenaires. Nous disons
que
cela ne peut que mal finir si l’on ne se décide pas à tout changer to
243
née des partenaires. Nous disons que cela ne peut
que
mal finir si l’on ne se décide pas à tout changer tout de suite : je
244
En attendant, il devient chaque jour plus évident
qu’
à « l’équilibre de la terreur » correspond et répond en écho, à l’éche
245
elle internationale, le terrorisme déstabilisant.
Que
voulez-vous, l’exemple vient de haut ! II Cassandre toujours fu
246
toujours fut tenue pour responsable des malheurs
qu’
elle annonçait. Ainsi va-t-il de ceux qui tentent encore de prévenir c
247
tent encore de prévenir cette « solution finale »
que
serait, pour l’humanité tout entière, la guerre nucléaire. Ces « paci
248
dès qu’elle est au pouvoir. Il est donc entendu
que
ceux qui mettent en garde contre le nucléaire, sous toutes ses formes
249
ont manipulés par Moscou. Cette hypothèse suppose
que
les « pacifistes », c’est-à-dire ceux qui n’aiment pas l’idée d’une f
250
vise le fameux Better red than dead (plutôt rouge
que
mort) lancé par Bertrand Russell à l’Université de Berkeley (Californ
251
ar être à la fois rouges et morts. » Il est clair
que
Moscou ne saurait favoriser les antinucléaires qu’à l’Ouest. Aussi bi
252
ue Moscou ne saurait favoriser les antinucléaires
qu’
à l’Ouest. Aussi bien, ces derniers ne s’y sont pas trompés : ils favo
253
ochaines conférences de Genève. Vous me répondrez
que
c’est impossible, car cela désorganiserait l’économie mondiale et fer
254
evise serait-elle : « plutôt la fin de l’Humanité
que
la ruine de ma société » ? Ou simplement : « plutôt morts que chômeur
255
de ma société » ? Ou simplement : « plutôt morts
que
chômeurs » ? Cet « impossible » est pourtant seul possible. Avec des
256
s sur tous les continents et les humains étant ce
qu’
ils sont, les chances d’éviter dans les années qui viennent accidents
257
e nucléaire est évitable, et nous faisons tout ce
qu’
il faut pour qu’elle arrive. Les calculs imbéciles de « l’overkill
258
n et soviétique) est absurde, et ne peut conduire
qu’
à des conclusions probablement fausses dans le domaine militaire, et r
259
. Les totaux perdent toute signification à mesure
qu’
ils grandissent, puisque les premiers tirs peuvent être décisifs. Mett
260
les premiers tirs peuvent être décisifs. Mettons
qu’
aujourd’hui, les États-Unis aient de quoi tuer 32 000 fois tous les hu
261
es en seraient à 38 000, il est clair, me dit-on,
qu’
un effort gigantesque doit être demandé aux industries d’armes américa
262
et l’autre dans l’incommensurable et le non-sens.
Que
faudra-t-il encore pour que les Grands comprennent cette évidence ari
263
arithmétique : comparer n’a plus aucun sens sitôt
qu’
on entre dans le démesuré ? IV. Vous avez dit : « Catastrophisme »
264
s avez dit : « Catastrophisme » ? Vous oubliez
que
les prophètes sont là pour empêcher les catastrophes que vous prépare
265
prophètes sont là pour empêcher les catastrophes
que
vous préparez. Dans la tradition antique, je trouve ce dicton latin :
266
tin : Utinam vates falsus sim (Plaise au Ciel
que
je sois faux prophète) Et dans la tradition biblique, ce soupir déch
267
a me convenait sans doute, j’avais cru comprendre
qu’
il s’agirait du problème global de la Suisse et de l’union de l’Europe
268
j’ai tout de suite fait savoir aux organisateurs
que
sur ce thème je n’avais pas grand-chose à dire, sinon que son énoncé
269
ce thème je n’avais pas grand-chose à dire, sinon
que
son énoncé me paraissait boiteux. Il invite en effet à mettre en rela
270
Suisse est autre chose — elle est beaucoup plus —
que
l’économie suisse ; 2° la Communauté économique européenne — même éla
271
gie — est autre chose — elle est beaucoup moins —
que
l’Europe unie. Les deux titres qui me sembleraient corrects et défend
272
r titre, j’aurais tout de suite à observer ceci :
que
les réalités économiques qu’il désigne dépendent — quant à leur évalu
273
te à observer ceci : que les réalités économiques
qu’
il désigne dépendent — quant à leur évaluation tout au moins — des déf
274
valuation tout au moins — des définitions variées
qu’
on peut donner de la Suisse et de l’Europe unie, et leur sont — ou dev
275
ion des valeurs. Et l’Europe est bien autre chose
que
ce qu’on nomme ainsi à Bruxelles — où la CEE n’est en fait qu’un ense
276
valeurs. Et l’Europe est bien autre chose que ce
qu’
on nomme ainsi à Bruxelles — où la CEE n’est en fait qu’un ensemble d’
277
nomme ainsi à Bruxelles — où la CEE n’est en fait
qu’
un ensemble d’accords intergouvernementaux en vue d’harmoniser certain
278
artie ouest du continent. À l’illusion économiste
que
favorise l’emploi du terme « Suisse » sans qualificatif, répond l’ill
279
atif, répond l’illusion politique : elle explique
que
l’on puisse nommer « Parlement européen » l’assemblée élue pour la pr
280
x. L’illusion politique consiste surtout à croire
qu’
à partir de ces mesures économiques, et par élargissements successifs
281
’Europe ne s’unit pas. 2. L’Europe ne peut s’unir
que
selon la formule d’une fédération (à cause de ses diversités et pour
282
les sauvegarder). 3. Toute formule d’union autre
que
fédérative est incompatible avec l’identité suisse. La question conc
283
u contraire, en y trouvant la garantie renouvelée
que
cette identité, de la même façon que nos vingt-trois cantons trouvent
284
e renouvelée que cette identité, de la même façon
que
nos vingt-trois cantons trouvent dans l’article 5 de la Constitution
285
veraineté ». Parmi les divers types d’Europe unie
que
l’on peut envisager, deux existent au moins formellement : l’Europe d
286
imités par le traité de Rome, il ne me semble pas
que
des obstacles de principe s’opposent à une participation suisse, pour
287
que celle-ci s’avérerait profitable tant à la CEE
qu’
à l’économie suisse. Mais s’il s’agit d’élargir la Communauté économiq
288
u. Si cet élargissement-là (à des domaines autres
qu’
économiques) — souvent revendiqué par les parlementaires de l’Assemblé
289
moins capable de se joindre à la fête, ne fût-ce
qu’
en vertu de sa neutralité, mais plus encore, et d’une manière plus str
290
nseil de l’Europe est sans pouvoirs. Il ne réunit
que
des ministres, en fin de compte, non des peuples par leurs élus. C’es
291
compte, non des peuples par leurs élus. C’est lui
qu’
il eût fallu élire au suffrage universel. Et doter de pouvoirs élargis
292
À mon sens, c’est du côté du Conseil de l’Europe
que
la Suisse devrait dès maintenant produire un effort d’imagination, d’
293
-État européen, dont personne ne veut (il ne sert
que
de punching-ball pour Michel Debré) et sur le modèle de la Ligue défe
294
nations souveraines, où il n’y aurait de sérieux
que
les USA d’une part, l’URSS de l’autre. Restent deux possibilités théo
295
té de la guerre. La Suisse ne pourrait participer
qu’
à une union qui serait elle-même neutre, c’est-à-dire purement défensi
296
us petites unités, signifie très exactement ceci,
que
le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des Éta
297
n formulait naguère à propos des États-Unis, mais
qu’
il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à
298
ité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce
que
la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que l
299
t faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce
que
la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
300
t faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
que
les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire
301
relle de leur pays. La Suisse ne pourrait adhérer
qu’
à une union de type fédéral, ménageant la pleine autonomie des communa
302
défense « en hérisson ») s’est montrée plus forte
que
les troupes les mieux armées du monde — au Vietnam. b) À stocks égaux
303
ent nécessairement sur les Européens du seul fait
que
ceux-ci sont 127 au km2 mais les Soviétiques seulement 11. Or les Rus
304
ment 11. Or les Russes sont cent fois mieux dotés
que
toute l’Europe en missiles stratégiques et bombes tactiques. c) Les «
305
ales de deux ou trois États européens ne feraient
qu’
égratigner la Russie, mais elles dévasteraient les villes de l’Allemag
306
tif « dissuasive » n’y change rien. Il me paraît
que
la Suisse, au lieu de mener un combat en retraite, et d’accepter l’id
307
mener un combat en retraite, et d’accepter l’idée
que
, finalement, elle sera contrainte de céder, c’est-à-dire d’adhérer à
308
ans plus tarder des initiatives créatrices, ainsi
que
l’a proposé ici même Mme Bauer-Lagier. On m’objecte que « la Suisse n
309
a proposé ici même Mme Bauer-Lagier. On m’objecte
que
« la Suisse ne fait pas le poids », « qu’elle est trop petite », etc.
310
objecte que « la Suisse ne fait pas le poids », «
qu’
elle est trop petite », etc. Mais dans ma longue carrière d’historien
311
ère d’historien des idées, je n’ai jamais observé
que
la justesse et la fécondité d’une seule idée ait dépendu de la taille
312
Galway, Bordeaux. Les progrès ont été si rapides
qu’
à Bordeaux, en 1978, on a discuté sérieusement la possibilité d’électi
313
régions d’Europe — et cela dans les termes mêmes
que
j’avais proposés dès 1972 dans mes articles, conférences et livres. P
314
é et germe de l’union à venir, la Suisse est plus
que
jamais nécessaire à l’Europe à condition qu’elle reste suisse, qu’ell
315
plus que jamais nécessaire à l’Europe à condition
qu’
elle reste suisse, qu’elle garde son identité de fédération fondée sur
316
aire à l’Europe à condition qu’elle reste suisse,
qu’
elle garde son identité de fédération fondée sur l’autonomie des commu
317
pas du tout anormal, et peut-être même bénéfique,
qu’
elle soit la dernière à rejoindre une union fédérale de nos peuples, d
318
cédent ; six millions de chômeurs ; une inflation
qu’
on disait galopante, et c’était trop peu dire, quand l’État émettait d
319
unesse vagabonde, plus radicale et plus charmante
que
les hippies de demain… Toutes les théories politiques, marxistes ou c
320
Chaos et d’un fils du Chaos. C’est donc d’Hitler
qu’
il faut parler. Individu quelconque et quasi nul en soi, phénomène d’e
321
ne. Il fut ces effets, et rien d’autre. Démontrer
qu’
il n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, cadavre disparu, témoi
322
ussi à entraîner toute sa génération. C’est ainsi
que
je l’ai senti, éprouvé de tout l’être, enregistré au radar de quelque
323
e chronique du Figaro sur l’occupation de Prague,
que
nous vivions « les derniers jours du bon vieux temps européen ». Ce f
324
u monde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra
que
d’aveugles façades… La confrontation stupéfiante de cet homme et de c
325
nécessaire pour faire comprendre au monde entier
qu’
il est des victoires impossibles… Enfin, on peut lire dans La Part du
326
es… Enfin, on peut lire dans La Part du diable ,
que
je publiai à New York en 1942, trois ans avant la mort du Führer : H
327
de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici
que
nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il é
328
t petit ! Il n’était grand, comme Satan lui-même,
que
de la grandeur de nos misères secrètes. » Petit, aliéné, prolétaire
329
hrer, mais parce que moi je ne suis rien, je n’ai
que
mon prestige vis-à-vis de mon peuple ! Je ne suis qu’un petit homme d
330
mon prestige vis-à-vis de mon peuple ! Je ne suis
qu’
un petit homme du commun ! Si je perds mon prestige, je perds tout ! V
331
vous moquer d’un tel article. Mais moi je ne suis
qu’
un prolétaire ! » Ce prolétaire en uniforme, ce petit homme du commun,
332
ue nous paraît aujourd’hui bien plus ressemblante
que
le film polémique composé après coup par le même Chaplin, Le Dictateu
333
n de plus atterrant, dans toutes ses biographies,
que
la description donnée par son ministre Speer des soirées de Berchtesg
334
sant et empesé autour d’un Führer silencieux, non
qu’
il veuille garder secrets ses grands desseins, mais parce qu’il ne sai
335
é en sa présence par un frisson d’horreur sacrée,
qu’
il était le siège d’une « domination », d’un « trône », d’un « génie »
336
nt occasions analogues. Voilà le principal de ce
que
je sais sur Hitler, écrivais-je le lendemain dans mon journal. On peu
337
qui dit cela… D’où lui vient le pouvoir surhumain
qu’
il développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sen
338
n sent très bien qu’elle ne saurait se manifester
qu’
autant que l’individu ne compte plus, n’est que le support d’une puiss
339
s bien qu’elle ne saurait se manifester qu’autant
que
l’individu ne compte plus, n’est que le support d’une puissance qui é
340
er qu’autant que l’individu ne compte plus, n’est
que
le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies… On me dema
341
de sottement s’il est intelligent. Ne voit-on pas
qu’
un homme intelligent, si cela compte en lui le moins du monde, il ne v
342
nous comme un malheur plus étendu et plus profond
que
l’histoire n’en connut depuis le Déluge. L’issue fatale de l’aventure
343
as la possibilité de son retour, car le mouvement
qu’
Hitler sut enflammer dans notre siècle existait en puissance dans l’âm
344
formation de la première société. Hitler n’a fait
que
lui prêter figure et nom, à l’occasion de son éruption la plus violen
345
e précision le réveil des puissances souterraines
qu’
il se propose d’opérer : Tous les grands mouvements de l’Histoire son
346
tler arrivera au pouvoir grâce à la crise démente
que
j’ai rappelée, anarchie spirituelle, chômage et inflation… Sa parole
347
le, chômage et inflation… Sa parole n’est d’abord
que
le ressassement de ces malheurs occidentaux et du superlatif malheur
348
noué, renoué. Au sortir du discours de Francfort
que
j’entends et subis en 1936, j’écris ceci : Je me croyais à un meetin
349
ue manifestation politique. Mais c’est leur culte
qu’
ils célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémo
350
ousse avec bien plus de puissance, même physique,
que
tous ces corps horriblement tendus. Je suis seul et ils sont tous ens
351
guerre de 1939, la majorité des humains savaient
qu’
Hitler était le nom d’un désastre imminent et mondial. Pourtant, on ne
352
l. Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà le point
qu’
il faut élucider. Replaçons-nous dans la situation de l’Europe à la ve
353
rvateurs était la suivante : « Comment se peut-il
que
des individus ‟normaux” deviennent subitement nazis ? Que des populat
354
individus ‟normaux” deviennent subitement nazis ?
Que
des populations entières se laissent séduire ? Que dans tous les pays
355
ue des populations entières se laissent séduire ?
Que
dans tous les pays, pas seulement en Allemagne, des hommes subissent
356
n de cette énigme réside pour moi dans l’évidence
que
voici : Adolf Hitler, mieux que les communistes et les fascistes, a s
357
i dans l’évidence que voici : Adolf Hitler, mieux
que
les communistes et les fascistes, a su répondre à la question central
358
du sang et du sol n’est autre chose, selon nous,
qu’
un retour offensif du culte cananéen de Baal. D’autres traits y appara
359
ction, un accroissement de puissance. Ce message
que
, de sa prison, à la veille de la guerre, m’avait fait passer un théol
360
faiblesse frappante de la critique tant libérale
que
marxiste, dès qu’elle essaie d’analyser le phénomène nazi, provient d
361
que » — le national-socialisme ne pouvait aboutir
qu’
à la guerre, dès lors qu’il ne donnait à la communauté d’autre contenu
362
qu’il ne donnait à la communauté d’autre contenu
que
la haine commune, d’autre contenant que l’État national, et d’autre e
363
e contenu que la haine commune, d’autre contenant
que
l’État national, et d’autre espoir que le rêve d’une Puissance recouv
364
contenant que l’État national, et d’autre espoir
que
le rêve d’une Puissance recouvrée aux dépens de la Liberté, la sienne
365
dépens de la Liberté, la sienne propre non moins
que
celle des autres. Mais le rêve de Puissance totale n’est qu’un cauche
366
es autres. Mais le rêve de Puissance totale n’est
qu’
un cauchemar. Une nation ne peut le rêver, le mimer et l’agir que dans
367
. Une nation ne peut le rêver, le mimer et l’agir
que
dans l’hypnose, celle qui naissait des fêtes sacrales organisées par
368
et des tambours pendant des nuits entières. C’est
que
la formule totalitaire est à jamais inapplicable : une idée de fou. I
369
d’une partie sur un tout humain. Il n’y a en fait
que
la puissance d’un parti sur sa propre nation, systématiquement amputé
370
eu de pire ennemi, et il est loin d’être certain
qu’
il ait été vaincu ailleurs que dans les ruines de Berlin. Hitler donna
371
loin d’être certain qu’il ait été vaincu ailleurs
que
dans les ruines de Berlin. Hitler donnait la pire réponse possible, m
372
: conclusions (1984)ab La première conclusion
que
je tire de ce colloque de trois jours, c’est notre reconnaissance una
373
ce matin. Ce colloque n’a ressemblé à rien de ce
que
j’ai connu jusqu’ici. Vous savez comment il est né : de l’envoi à des
374
eur intérêt en envoyant des textes : ce sont ceux
que
nous avons discutés ici. Il y a donc eu d’une part quelque chose d’al
375
ivation commune qui est peut-être plus importante
que
celle que l’on trouve dans beaucoup de colloques réunissant professeu
376
mmune qui est peut-être plus importante que celle
que
l’on trouve dans beaucoup de colloques réunissant professeurs et expe
377
ant professeurs et experts avec leurs convictions
que
chacun connaît toujours plus ou moins d’avance. Ici, nous sommes dans
378
e milieux, de forme de vie, nous ne sommes pas ce
que
l’on appelle en allemand des Kongress Tiere, des « bêtes de congrès »
379
ront sortir quelques idées neuves. Je pense aussi
que
vous serez tous d’accord pour remercier la Fondation Charles Veillon
380
n. Lieu à tous égards privilégié, et je comprends
que
l’on ait eu l’idée d’y construire cette espèce de couvent avec son cl
381
spèce de couvent avec son cloître et sa chapelle,
que
nous sommes si heureux d’avoir découvert. Cher Monsieur Veillon, puis
382
-je vous prier de transmettre à vos frères ce vœu
que
ratifie ma profonde gratitude. Je voudrais maintenant vous dire en qu
383
la guerre. Tout le monde s’est accordé sur l’idée
que
le sujet le plus important de l’heure, c’était comment faire revivre
384
reçu la visite de deux amis, dont Alexandre Marc,
que
j’avais bien connu dans le mouvement personnaliste : ils m’ont jeté b
385
près trente-trois ans. Je dois avouer, cependant,
que
je me suis arrangé pour écrire un peu, en marge de cette seule activi
386
ite d’une série de grandes manifestations, telles
que
le Congrès de l’Europe à La Haye en 1948 et la Conférence européenne
387
nt pas. Quand les discours exaltent la culture et
que
le budget la néglige, c’est le budget qui dit la vérité ! Le Centre e
388
moyen de nourrir une action précise, étant donné
qu’
aux yeux de nos gouvernements, les choses sérieuses, c’était le Marché
389
culturelles et spirituelles, et qui ne concernait
que
le seul secteur économique, dans six pays seulement, sur les 23 de l’
390
de l’Ouest. Soit dit en passant : j’estime abusif
que
l’on parle aujourd’hui du Parlement européen pour désigner l’assemblé
391
ut être dangereuse, parce qu’elle laisse entendre
que
cette assemblée, à partir de ses prérogatives très réduites devrait s
392
de l’Ouest. (Seule la Finlande, pour des raisons
que
chacun sait, n’a pu y entrer.) S’il y avait un vrai Parlement europée
393
serait évidemment à celui du Conseil de l’Europe
qu’
on devrait donner des pouvoirs législatifs. Tout ceci n’est pas seulem
394
ceci n’est pas seulement une espèce de parenthèse
que
je referme maintenant, mais entre dans mon projet de vous expliquer c
395
’enseignement de l’écologie à l’école. J’ai senti
qu’
il y avait là un deuxième souffle pour les fédéralistes européens. Dur
396
at, cela peut se perdre, tandis qu’il est évident
que
ni l’écologie, ni les régions, ni la fédération européenne n’ont d’av
397
aux comités du Centre, et nous savions à peine ce
que
signifiait le terme ! Un soir donc en 1970, chez lui, près de Morges,
398
la crise du pétrole. Pour faire sentir le danger
que
représentaient les 16 milliards de dollars — à l’époque c’était trois
399
s de dollars — à l’époque c’était trois fois plus
qu’
aujourd’hui — détenus par les Arabes et qu’ils pouvaient jeter sur le
400
s plus qu’aujourd’hui — détenus par les Arabes et
qu’
ils pouvaient jeter sur le marché occidental — de telle manière que to
401
jeter sur le marché occidental — de telle manière
que
toute notre économie en eût été complètement bouleversée —, je prenai
402
à Ferney, le 22 août 1973. Le film n’a pu passer
que
six mois plus tard, amputé de moitié, parce que quelques semaines apr
403
erre du Kippour et la confirmation concrète de ce
que
j’annonçais. J’ai dû réécrire toute cette partie de mon livre, que je
404
J’ai dû réécrire toute cette partie de mon livre,
que
je n’ai pu achever qu’en cinq ans. Je ne m’en plains pas trop, parce
405
cette partie de mon livre, que je n’ai pu achever
qu’
en cinq ans. Je ne m’en plains pas trop, parce que cela m’a obligé à m
406
délai imposé par les événements, il s’est trouvé
que
mon livre, pour une fois, n’arrivait pas trop tôt ! Pendant ce temps,
407
ur m’a dit : « S’il avait paru en juin, peut-être
que
cela n’aurait pas marché ! » Pour une fois dans ma vie, j’ai eu l’imp
408
» Pour une fois dans ma vie, j’ai eu l’impression
que
j’arrivais au bon moment ! D’où un succès, attesté entre autres par l
409
Quand on ne sait plus quoi dire, on nous avertit
que
: « Le problème soulevé touche la Défense nationale, nous n’en dirons
410
l’humanité comptait 3,5 milliards d’humains) : «
Que
pensez-vous qu’il resterait de l’humanité en cas de guerre atomique ?
411
tait 3,5 milliards d’humains) : « Que pensez-vous
qu’
il resterait de l’humanité en cas de guerre atomique ? » Il m’a dit :
412
l’abri des radiations ! » Mais, vous imaginez ce
qu’
ils seraient ? De pauvres hères, qui chercheraient à se nourrir de cho
413
de trouver une autre forme de communauté humaine
que
les États-nations, et de la fonder sur une logique du vivant, et non
414
ation de nos existences par la technique qui fait
que
nous oublions l’humus, qui est la base de tout, comme vient de nous l
415
parce qu’elle sort de partout, et non d’un centre
que
l’on pourrait détruire avec une bombe. C’est la région qui me paraît
416
is, pendant les dix années qui viennent. Je pense
qu’
ensuite il y aura une évolution, tant du côté européen que du côté rus
417
te il y aura une évolution, tant du côté européen
que
du côté russe, qui fera que le danger s’éloignera probablement. Mais
418
tant du côté européen que du côté russe, qui fera
que
le danger s’éloignera probablement. Mais il nous faut travailler vite
419
taque massive au-dehors. Au nom du vieux principe
que
Hegel avait déduit de la Révolution française, « L’État-national — on
420
etrouver par la guerre au-dehors, la tranquillité
qu’
il n’a plus au-dedans ». L’Europe, unie — j’insiste — est impossible à
421
er une amicale des misanthropes : c’est une chose
que
l’on peut écrire mais que l’on ne peut pas faire, car ou bien ces mis
422
ropes : c’est une chose que l’on peut écrire mais
que
l’on ne peut pas faire, car ou bien ces misanthropes veulent une amic
423
n’avons pas, j’insiste, à le renverser. Je crois
qu’
il serait tout à fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s
424
pouvoir. Là encore, c’est un processus biologique
que
je propose, un processus de germination, de création des régions et d
425
nous a occupés ces deux derniers jours. Je crois
que
nous avons bien fait de ne pas nous attarder à toutes les définitions
426
de ne pas nous attarder à toutes les définitions
que
l’on peut donner de la région : régions ethniques, par exemple, selon
427
la non-violence, sauf dans ce cas-là, à condition
que
ce ne soit pas dirigé contre des hommes, mais contre des relais du po
428
, mais contre des relais du pouvoir central, tels
que
les tours de télévision en Bretagne, par exemple. Il y a donc toute e
429
ntraîne pas mal de choses, cela veut dire d’abord
que
c’est petit, car autrement il n’y a pas de participation possible, qu
430
autrement il n’y a pas de participation possible,
qu’
elle soit civique, économique ou politique. Il ne faut donc pas vouloi
431
, du Conseil municipal de Neuchâtel, est persuadé
que
la région, c’est une bonne chose, mais il se pose des questions auxqu
432
tes sur cette notion de géométrie variable, ainsi
que
M. Naef, qui malheureusement a dû nous quitter hier et dont l’avis m’
433
in ! Je constate, après ces deux jours de débats,
qu’
ils m’ont obligé à me poser des questions plus précises, plus concrète
434
écises, plus concrètes sur bien des cas ; mais ce
qu’
il faut que je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométri
435
s concrètes sur bien des cas ; mais ce qu’il faut
que
je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométrie variable,
436
cas ; mais ce qu’il faut que je vous avoue c’est
que
cette notion de régions à géométrie variable, à frontières multiples,
437
encouragé par cette phrase du professeur Norton,
que
j’ai recopiée pour vous la relire à propos des complexités que pose l
438
piée pour vous la relire à propos des complexités
que
pose la région à géométrie variable. M. Norton écrit : « We need not
439
ouver, on peut surmonter ces complexités à mesure
que
l’on avance, donc « chemin faisant ». Chemin faisant est une merveill
440
ue quelque chose de très profond pour moi : c’est
que
le chemin se fait dans la mesure où l’on y marche. C’est en marchant
441
ù l’on y marche. C’est en marchant sur mon chemin
que
je le crée. « Chemin faisant » est une phrase qui va tout à fait au f
442
s — je ne dis pas encore des réponses — peut-être
qu’
il ne faut pas tout résoudre… J’entrevois des solutions possibles dans
443
bles dans trois directions. La première, c’est ce
que
j’appelle la pluralité des allégeances. J’ai l’habitude, je m’en excu
444
uté de Neuchâtel, qui n’est devenue canton suisse
qu’
en 1848. C’est ma patrie, c’est là que ma famille s’est développée, qu
445
nton suisse qu’en 1848. C’est ma patrie, c’est là
que
ma famille s’est développée, que j’ai passé mes vingt premières année
446
patrie, c’est là que ma famille s’est développée,
que
j’ai passé mes vingt premières années et que j’ai mes racines, comme
447
pée, que j’ai passé mes vingt premières années et
que
j’ai mes racines, comme on le dit par une métaphore critiquable mais
448
c’est très joli, mais désormais, tu n’auras plus
qu’
une seule allégeance : c’est mon État, et tu vas faire rentrer dans se
449
u ! Vous crieriez tous au fou ! Eh bien, c’est ce
que
l’État-nation exige de nous, quand il va jusqu’au bout de sa logique.
450
uxième direction : je pars des communes. Je pense
que
cela résoudrait beaucoup de difficultés, notamment la question : « Où
451
s une région à géométrie variable ? » Si l’on dit
que
le pouvoir est d’abord aux communes, on peut très bien imaginer que c
452
d’abord aux communes, on peut très bien imaginer
que
celles-ci se groupent librement pour exercer une certaine fonction :
453
tions multiples, qui donnent déjà une image de ce
que
pourrait être cette géométrie variable. De même, plusieurs communes p
454
ire de l’ancienne approche, l’économique d’abord,
que
nous devons dépasser. Car, comme on l’a dit ce matin, les villes, au
455
la réalité. Alors, je pense en écoutant M. Birre
qu’
il y aurait peut-être quelque chose à chercher dans ce sens ; noyau fe
456
tout de même, à la base du fédéralisme et quelle
que
soit l’infinie complexité de ses réalisations, un principe très simpl
457
alisations, un principe très simple qui est celui
que
l’on a appelé dans les écoles sociologiques catholiques de la fin du
458
ement la règle de formation du fédéralisme, telle
que
l’a exprimée le sénateur américain, David Moynihan. Sa formulation s’
459
ité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce
que
la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire, ce que l
460
t faire, la municipalité ne doit pas le faire, ce
que
la municipalité peut faire, les États — (je dirais les régions) — ne
461
ais les régions) — ne doivent pas le faire, et ce
que
les États — (les régions) — peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
462
toroutes. On peut aller plus loin, naturellement,
que
la fédération européenne. Un certain nombre de tâches sont trop grand
463
inquièmes et les forêts un cinquième de l’oxygène
que
nous respirons. Comme nous sommes en train de détruire les deux, je n
464
imum d’agences fédérales mondiales, qui ne feront
que
cela, mais qui le feront bien, qui auront un pouvoir clairement limit
465
leur domaine. Je voudrais insister, car je crois
que
cela est important pour tout notre propos, sur l’absence de contradic
466
les spécificités locales, les différences quelles
qu’
elles soient, et la volonté de se fédérer en ensembles toujours plus v
467
aucoup de gens voient là une contradiction. C’est
qu’
ils ont l’esprit mal formé par Descartes ! Il n’y a aucune contradicti
468
mot commune, qui est tellement riche. Les choses
que
l’on a en commun, les choses communes de la vie de tous les jours, la
469
ilà qui m’a toujours frappé. D’autant plus frappé
que
l’un des premiers ouvrages philosophiques et peut-être le seul qui m’
470
vérité philosophiques. On n’arrive à l’universel
que
par l’extrême du particulier. Donc, s’occuper des communes, vouloir q
471
articulier. Donc, s’occuper des communes, vouloir
qu’
elles soient libres et responsables d’elles-mêmes, ce n’est pas du tou
472
ointe du clocher, rejoindre l’universel. Je crois
que
cela, c’est la philosophie qui doit être à la base de tout ce que nou
473
la philosophie qui doit être à la base de tout ce
que
nous imaginons de la région. Cela a été en tout cas à la base de ce q
474
la région. Cela a été en tout cas à la base de ce
qu’
avec mes amis Mounier, Alexandre Marc, Aron et Dandieu, nous avons lan
475
au contraire, l’un était la condition de l’autre.
Qu’
on ne me dise pas que tout cela est utopique, car au contraire, nous,
476
ait la condition de l’autre. Qu’on ne me dise pas
que
tout cela est utopique, car au contraire, nous, les régionalistes-éco
477
conclure sur l’Europe. Il me paraît significatif
que
dans ce colloque, il se soit trouvé que le premier rapport, celui de
478
nificatif que dans ce colloque, il se soit trouvé
que
le premier rapport, celui de M. Hell, portait sur des choses culturel
479
’est une donnée de base, l’union, c’est une chose
que
l’on fait, que l’on bâtit, volontairement — l’unité donc, sur laquell
480
de base, l’union, c’est une chose que l’on fait,
que
l’on bâtit, volontairement — l’unité donc, sur laquelle nous pouvons
481
commune, nous les Européens. Je vous rappelle ce
que
Paul Valéry a écrit là-dessus (et qui devrait être complété) : « Est
482
près de nous, et qui ont recouvert le tout. Mais
que
de contradictions entre ces origines ! Peut-être peut-on dire que ce
483
tions entre ces origines ! Peut-être peut-on dire
que
ce qui rend la culture européenne tellement créatrice, c’est qu’elle
484
la culture européenne tellement créatrice, c’est
qu’
elle est tissée d’antinomies. La foi qui sauve, c’est chrétien, mais l
485
e base de la construction européenne. Je voudrais
que
l’on continue à faire une propagande quotidienne contre l’idée de bât
486
r les rythmes de mobilité des principaux facteurs
que
l’on évoque dans la construction politique de l’Europe. Il y a les qu
487
— et les questions économiques, pour n’en prendre
que
trois. J’ai trouvé, et vous pouvez facilement le vérifier, que le ryt
488
ai trouvé, et vous pouvez facilement le vérifier,
que
le rythme de variabilité des langues est de l’ordre du millénaire. Pr
489
dans nos patois. Les mots de patois neuchâtelois,
que
je sais de mon école primaire, je m’amuse à les échanger avec des gen
490
’importe quoi ! Le chant national des Genevois Cé
qu’
è lainô est du pur franco-provençal. Quelque chose de tout cela subsis
491
varié au xxe siècle. Mais on est étonné de voir
que
ce rythme de mobilité est au maximum centenaire. Donc rythme millénai
492
ême pas de dix ans, plutôt de cinq ans. Il suffit
que
vous implantiez une usine dans une région pour changer complètement s
493
aser l’Europe, cette immense construction, sur ce
qu’
il y a de plus fragile, de plus variable, et qui peut être ruiné : l’é
494
tal à mon sens, de M. et Mme André Birre, avec ce
qu’
ils nous ont appris sur l’humus, qui donne vraiment et symboliquement
495
Juillet et beaucoup d’autres parmi vous. Je crois
que
nous sommes tous d’accord là-dessus. Je crois aussi qu’il faudrait él
496
us sommes tous d’accord là-dessus. Je crois aussi
qu’
il faudrait élargir les applications de ce principe, et je vois là la
497
imondo Strassoldo insiste amicalement sur le fait
qu’
il concorde à 95 % avec moi. Si vous ne gardez pas cela à l’esprit, vo
498
rdez pas cela à l’esprit, vous aurez l’impression
que
c’est une proportion inverse qu’évoque la lecture de son texte et qu’
499
rez l’impression que c’est une proportion inverse
qu’
évoque la lecture de son texte et qu’il n’est d’accord avec moi sur à
500
tion inverse qu’évoque la lecture de son texte et
qu’
il n’est d’accord avec moi sur à peu près rien ! En réalité, je le con
501
voir vous rappeler, sans je crois lui faire tort,
que
tout d’abord, il est italien et qu’il aime s’amuser ; que son papier,
502
i faire tort, que tout d’abord, il est italien et
qu’
il aime s’amuser ; que son papier, comme il le dit, ne pourra pas appo
503
d’abord, il est italien et qu’il aime s’amuser ;
que
son papier, comme il le dit, ne pourra pas apporter uniquement des lo
504
le-là ! — mais va se concentrer sur les critiques
que
l’on pourrait faire, de manière, dit-il, à approfondir et clarifier l
505
eur sur quelques points. Je dirai pour simplifier
que
son papier est un exercice de « grève du zèle » comme les douaniers l
506
ctions qui pourraient venir sur tel ou tel point,
qu’
il se forme à lui-même avec une imperturbable intelligence, et que sou
507
lui-même avec une imperturbable intelligence, et
que
souvent je me forme encore à moi-même, et de les pousser à bout, jusq
508
i-même, et de les pousser à bout, jusqu’à montrer
que
finalement, rien n’est possible. C’est un jeu qui peut être instructi
509
é de l’État Selon R. Strassoldo, les critiques
que
je fais à l’État-nation ne sont pas suffisantes, car c’est tout le sy
510
fisantes, car c’est tout le système international
qu’
il faudrait réformer en même temps. L’Europe est trop petite pour que
511
ne réformerait rien dans le monde si l’on disait
que
l’on ne peut entreprendre une réforme que si l’on est sûr qu’elle est
512
disait que l’on ne peut entreprendre une réforme
que
si l’on est sûr qu’elle est réalisable partout ! C’est la première dé
513
peut entreprendre une réforme que si l’on est sûr
qu’
elle est réalisable partout ! C’est la première démarche de l’utopisme
514
etite échelle » des sociétés Il pose au départ
que
les grands systèmes permettent seuls le haut niveau de vie. C’est sim
515
e, s’il faut absolument trouver une autre formule
que
celle de l’État-nation, c’est parce que l’État-nation n’est justement
516
tion n’est justement plus capable de maintenir ce
qu’
il promettait : ces hauts niveaux de vie, cet emploi général, ce maint
517
cupera d’autre chose ! » Strassoldo le sait mieux
que
personne, ayant été l’un des promoteurs de cette belle région transfr
518
de et de la petite échelle, il y a deux-cents ans
que
Rousseau a réfuté le sophisme, qui équivaudrait à exclure la possibil
519
conflits de frontière Personne n’a jamais dit
que
le système des régions éliminerait tous les conflits. À mon sens, il
520
ssez petites pour qu’elles soient maîtrisables et
que
les conflits puissent devenir productifs au lieu d’être tout simpleme
521
raînements religieux, qui ont donné les résultats
que
vous voyez autour de nous, que se sont dressés les personnalistes des
522
onné les résultats que vous voyez autour de nous,
que
se sont dressés les personnalistes des années 1930, et ensuite les fé
523
rard ! Vous vous doutez bien que ce n’est pas ici
que
nous trouverons des réponses à ce genre de questions. D’ailleurs, cer
524
nt fort ambiguës. Il laisse entendre quelque part
que
le personnalisme aboutirait à l’exclusion du sacré. Je ne vois pour m
525
sées du fédéralisme et du régionalisme, je dirais
qu’
aujourd’hui ce ne peut être que la paix — la lutte pour la paix — étan
526
nalisme, je dirais qu’aujourd’hui ce ne peut être
que
la paix — la lutte pour la paix — étant donné l’équation que nous som
527
— la lutte pour la paix — étant donné l’équation
que
nous sommes bien obligés de faire entre l’État-nation et la guerre. L
528
Si vous voulez absolument un mythe, c’est le seul
que
je puisse proposer. V. Des contradictions entre régions « économiq
529
ldo voit des contradictions, ou plutôt il imagine
que
l’on pourrait en voir, entre les régions économiques compétitives et
530
d’incompatibilité entre les deux choses, à moins
qu’
on ne les caricature chacune dans son domaine, et une fois de plus, qu
531
re chacune dans son domaine, et une fois de plus,
qu’
on fasse la grève du zèle des concepts, qu’on les « absolutise », aprè
532
plus, qu’on fasse la grève du zèle des concepts,
qu’
on les « absolutise », après quoi, évidemment, il ne reste plus aucun
533
Il demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce
que
la participation correspond à un besoin réel des citoyens ? » Non ! E
534
l avec un peu d’ironie dans le ton. D’une manière
que
je crois être purement provocante de sa part, il répète cette phrase
535
t tout à fait inutiles. Il dit aussi par exemple,
que
les vastes surfaces de panneaux producteurs d’énergie solaire sont dé
536
de panneaux solaires ? Cela me rappelle un débat
que
j’ai eu une fois, tout à fait improvisé, après la fin d’un congrès fé
537
tricité de France, qui disait : « Mais savez-vous
que
les surfaces qu’il faudrait pour créer l’équivalent en énergie solair
538
, qui disait : « Mais savez-vous que les surfaces
qu’
il faudrait pour créer l’équivalent en énergie solaire d’une grande ce
539
ormée de militants fédéralistes, ont répliqué : «
Qu’
est-ce que c’est que cette obsession des grandes centrales ? L’intérêt
540
ilitants fédéralistes, ont répliqué : « Qu’est-ce
que
c’est que cette obsession des grandes centrales ? L’intérêt de l’éner
541
édéralistes, ont répliqué : « Qu’est-ce que c’est
que
cette obsession des grandes centrales ? L’intérêt de l’énergie solair
542
? L’intérêt de l’énergie solaire c’est justement
qu’
elle nous dispense des grandes centrales et qu’elle peut être dispersé
543
nt qu’elle nous dispense des grandes centrales et
qu’
elle peut être dispersée chez tout le monde, même jusqu’aux maisons, j
544
d’essayer d’opposer les deux choses, sans compter
que
scientifiquement, cela ne « tient pas le coup » une seconde de dire q
545
cela ne « tient pas le coup » une seconde de dire
qu’
une vaste centrale solaire couvrirait 3 départements français. Lesquel
546
es de jeunes Strassoldo dit, ce qui est juste,
que
c’est un phénomène important. Il cite Longo Maï que j’ai cité dans mo
547
e c’est un phénomène important. Il cite Longo Maï
que
j’ai cité dans mon livre. Il ajoute : « Mais je ne crois pas qu’il y
548
ans mon livre. Il ajoute : « Mais je ne crois pas
qu’
il y ait là une solution définitive aux problèmes de l’humanité. » On
549
anité ! » Ensuite, il commet une erreur en disant
qu’
une communauté comme celle de Longo Maï est un retour à la nature. C’e
550
s fédératifs suisse et yougoslave Je dois dire
que
je n’ai pas pensé une seconde au modèle yougoslave — si même il y en
551
rer certaines leçons positives ou négatives. Mais
que
je parle de région et de participation civique, il est bien entendu q
552
et de participation civique, il est bien entendu
qu’
il ne s’agit de rien de comparable aux cantons suisses, qui sont les c
553
des obstacles y relatifs À ce sujet, une note
que
je ne peux qu’approuver : « L’ennemi du fédéralisme n’est pas la tech
554
y relatifs À ce sujet, une note que je ne peux
qu’
approuver : « L’ennemi du fédéralisme n’est pas la technocratie, mais
555
e avoir toujours dit et décrit le contraire de ce
qu’
il m’est ici reproché d’avoir défendu ou attaqué. Je crois que Strasso
556
ici reproché d’avoir défendu ou attaqué. Je crois
que
Strassoldo a tort d’invoquer la théorie de Konrad Lorenz sur le terri
557
, dans une abondante littérature, elle n’oubliait
qu’
une chose : c’est que l’homme est un animal et non pas un légume ! Il
558
littérature, elle n’oubliait qu’une chose : c’est
que
l’homme est un animal et non pas un légume ! Il existe d’ailleurs un
559
ley Maron appellent de ma part les mises au point
que
voici, très brièvement formulées. 1. La communauté, dit-il, ne peut ê
560
lle se dissocie de toute responsabilité. Je crois
que
l’homme n’est libre (dans une communauté) qu’à la mesure où il est en
561
ois que l’homme n’est libre (dans une communauté)
qu’
à la mesure où il est en fait responsable, et vice versa (tous les jur
562
ur ceux qui choisissent librement ce mode de vie,
que
je ne choisirais pas, pour la raison que la liberté de mouvement me p
563
de vie, que je ne choisirais pas, pour la raison
que
la liberté de mouvement me paraît aussi nécessaire que ce « droit à l
564
a liberté de mouvement me paraît aussi nécessaire
que
ce « droit à l’enracinement » sur lequel Ortega y Gasset a écrit de b
565
m ont de très grandes vertus, mais ne comprennent
que
3 % de la population d’Israël, et c’est très bien ainsi. Cependant, i
566
travail de Jacqueline et Pierre-Arnold Borel, ce
que
je ressens d’abord est un vertige de chiffres. Nous avons chacun 2 pa
567
s’en tient pas là : il nous signale avec sobriété
qu’
à la trente-troisième génération, il y aurait 8,5 milliards d’ancêtres
568
, la tradition orale, familiale, qui seule ferait
que
nous puissions nous sentir descendants de tous ces grands noms. Combi
569
ants de tous ces grands noms. Combien je voudrais
que
me soient parvenues, du fond des siècles, des « histoires de famille
570
! » Mais si les noms sont vérifiés, les chiffres
que
je viens de citer sont, de toute évidence, « impossibles », bien qu’e
571
e Charlemagne, la Terre entière ne devait compter
qu’
une ou deux-centaines de millions d’habitants, et l’Europe, moins de q
572
’Europe, moins de quinze millions. Or, il est sûr
que
nos ancêtres furent tous des Européens, non des nègres ni des ni des
573
d’Osterwald et de Pury (plus haut, de Bonstetten)
que
le nombre théorique des aïeux différents fond comme neige au soleil,
574
tous les Neuchâtelois sont cousins, d’autant plus
qu’
on remonte dans le temps. Le tableau des origines géographiques de no
575
leau des origines géographiques de nos aïeux, tel
que
le dresse notre généalogiste — et je ne saurais trop l’en féliciter —
576
ose une seconde conclusion, plus imprévue : c’est
qu’
à chaque génération d’ancêtres, dans bien des familles de ce pays, on
577
familles de ce pays, on trouve autant d’étrangers
que
de Neuchâtelois et de Suisses additionnés. Prenons l’exemple de la gé
578
trouvent dans les générations antérieures, encore
que
le nombre d’« inconnus » augmente, surtout parmi ceux-là qui viennent
579
ne de l’Europe des régions, et dans ma conviction
que
les habitants de l’Europe, avant d’être sujets d’un de nos États-nati
580
it rire un Flamand d’avant Napoléon en lui disant
qu’
il serait « Belge » et l’on eût scandalisé un Bavarois ou un Saxon en
581
s leur descendance. Mais j’y reviens : apprendre
que
je descends, à travers le numéro I 33.925, de deux empereurs du Saint
582
n humour, alliés à un sens politique qui a permis
que
nous devenions Suisses. L’arrière-grand-mère Philippine du Buat et, p
583
mtoise, dont mon père m’a souvent parlé, au point
que
j’ai baptisé la maison que nous habitons aujourd’hui « La Chevance »,
584
ouvent parlé, au point que j’ai baptisé la maison
que
nous habitons aujourd’hui « La Chevance », parce que la devise des vi
585
Denis de Rougemont, de tous les intellectuels
que
j’ai interrogés jusqu’ici sur l’idée qu’ils se font de l’Europe, vous
586
lectuels que j’ai interrogés jusqu’ici sur l’idée
qu’
ils se font de l’Europe, vous êtes celui qui s’affirme le plus comme «
587
stez-vous un « Européen militant » ? Il me semble
que
tout m’y a conduit, à commencer par ma naissance. Dès mon enfance, j’
588
t je voudrais vous lire ces quelques lignes : Ce
qu’
on touche — et ce qu’on imagine, le pays qui nous tient par les pieds,
589
re ces quelques lignes : Ce qu’on touche — et ce
qu’
on imagine, le pays qui nous tient par les pieds, par le cœur, et le r
590
rassemblement des nations invisibles, on nous dit
que
tout les oppose, qu’il faut choisir l’un contre l’autre, et qu’entre
591
ions invisibles, on nous dit que tout les oppose,
qu’
il faut choisir l’un contre l’autre, et qu’entre ces amours il n’est q
592
ppose, qu’il faut choisir l’un contre l’autre, et
qu’
entre ces amours il n’est que de la haine. Comment un Suisse le croira
593
n contre l’autre, et qu’entre ces amours il n’est
que
de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me sens presque
594
t chez moi dans l’Europe franco-germanique, c’est
que
d’abord je l’ai trouvée dans ma famille, où tant de traditions se cro
595
… Pendant ces années d’adolescence, je ne croyais
qu’
à la poésie, puis j’ai découvert la théologie avec Karl Barth, dans la
596
is dans un sens du terme assez différent de celui
que
lui donnait Valéry, quand il affirmait qu’est européen tout ce qui a
597
celui que lui donnait Valéry, quand il affirmait
qu’
est européen tout ce qui a été marqué par Athènes, Rome et Jérusalem.
598
st en somme surtout à ces trois dernières sources
que
je dois d’en être venu à découvrir, dans les années 1930, que l’Europ
599
d’en être venu à découvrir, dans les années 1930,
que
l’Europe était la vraie patrie de l’amour, en tout cas de cette forme
600
de l’amour, en tout cas de cette forme de l’amour
qu’
est la passion, inconnue ou condamnée dans toutes les autres grandes c
601
itié des critiques américains, pendant les années
que
j’ai passées là-bas, de 1941 à 1947. Vous avez dit et écrit à plusieu
602
1947. Vous avez dit et écrit à plusieurs reprises
que
c’est en Amérique que vous avez découvert l’Europe. Comment cela s’es
603
écrit à plusieurs reprises que c’est en Amérique
que
vous avez découvert l’Europe. Comment cela s’est-il passé ? De deux
604
ucoup d’écrivains, d’intellectuels et d’artistes,
que
je fréquentais ou aurais pu fréquenter à Paris dans les années 1930,
605
Saint-John Perse, mais aussi des philosophes tels
que
Georges Gurvitch et Jacques Maritain, des peintres comme Marcel Ducha
606
e, et une nostalgie lancinante, révélatrice de ce
que
nous avions perdu et que nous ne pourrions retrouver un jour que si l
607
nante, révélatrice de ce que nous avions perdu et
que
nous ne pourrions retrouver un jour que si l’Autre était battu… Une i
608
perdu et que nous ne pourrions retrouver un jour
que
si l’Autre était battu… Une idée nous orientait tous : si jamais nous
609
uelques mots. Nous partions d’une idée de l’homme
que
nous appelions la personne, opposée à l’individu sans attaches, comme
610
vain qui prétend parler de son époque est engagé,
qu’
il le sache ou non. Tel était le sujet des premiers chapitres de mon p
611
reste s’ensuit : la personne ne se prouvant libre
qu’
à la mesure de ses prises de responsabilités dans la communauté, cela
612
la communauté, cela ne peut se faire pratiquement
que
dans de petites communautés d’abord, les communes. À mesure que les d
613
tites communautés d’abord, les communes. À mesure
que
les dimensions des tâches sociales s’accroissent, les communautés s’é
614
de leur sympathie européenne, et sur la méfiance
qu’
ils ont ressentie après la guerre à l’égard d’une Europe qui leur semb
615
ur moi, rentrant en Europe après des années de ce
que
je considérais comme un exil, je n’avais qu’une idée, qui était de fé
616
e ce que je considérais comme un exil, je n’avais
qu’
une idée, qui était de fédérer les Européens pour leur propre salut et
617
rd, je crois, avec les autres conférenciers, tels
que
Karl Jaspers, Julien Benda, Georges Bernanos, Stephen Spender et même
618
, le Hongrois Georg Lukács, j’ai soutenu la thèse
que
le sort de la paix dépendait désormais d’une union — que je souhaitai
619
sort de la paix dépendait désormais d’une union —
que
je souhaitais fédérale, c’est-à-dire respectueuse des autonomies — en
620
l’Attitude fédéraliste », et le succès a été tel
que
je me suis vu en quelque sorte catapulté dans un rôle de porte-parole
621
du fédéralisme européen. Pas question une seconde
que
je me dérobe, étant l’auteur du concept d’engagement de l’écrivain et
622
onsable ou « libre et engagé » selon les formules
que
j’avais lancées dans les années 1930, et dont on me disait maintenant
623
les années 1930, et dont on me disait maintenant
que
c’étaient les mots d’ordre de l’existentialisme. Une phrase me revena
624
gardé la chose. J’ai dit à mes amis fédéralistes
que
j’étais prêt à consacrer à leur campagne deux ans de ma vie, aux dépe
625
urtin de la politique. Dans une série de réunions
que
j’avais convoquées à Paris, à Genève, à Royaumont, à la Chambre des c
626
non seulement le Rapport culturel, mais bien plus
que
cela : « Le Message aux Européens », qui devait clôturer le congrès,
627
turer le congrès, et dont j’avais exigé et obtenu
qu’
il fût rédigé par moi au nom de ma commission. J’étais embarqué. Avez-
628
ribué à ses travaux préparatoires des hommes tels
que
Bertrand Russell, Étienne Gilson, Charles Morgan, Carlo Schmidt, pour
629
on, Charles Morgan, Carlo Schmidt, pour ne nommer
que
quelques seigneurs, mais aussi un archevêque représentant le Vatican,
630
ils nationaux du Mouvement européen. Le même team
qu’
à La Haye, c’est-à-dire Madariaga président, Rougemont rapporteur géné
631
on administrateur, d’un projet bien ambitieux, et
qu’
on n’imagine pas confié à un écrivain. Qu’avez-vous pu réaliser, ou es
632
eux, et qu’on n’imagine pas confié à un écrivain.
Qu’
avez-vous pu réaliser, ou essayé de réaliser pendant les trente-trois
633
u essayé de réaliser pendant les trente-trois ans
que
vous avez passés à la tête du Centre, soit comme son directeur, soit
634
aute de temps. Je mentionnerai d’abord deux idées
que
j’ai lancées et qui se sont réalisées grâce au Centre mais hors de lu
635
présidée par le prince Bernhard des Pays-Bas, et
que
j’ai instituée et dirigée au siège de notre Centre d’abord, pendant d
636
ités politiques, financières, économiques, telles
que
Robert Schuman, ancien président du Conseil, Marcel van Zeeland, prés
637
de l’Ouest — il vaut la peine de souligner ce cas
que
je crois unique ; l’Association des instituts d’études européennes, d
638
ssi des pays de l’Est, souvent plus « européens »
que
nous-mêmes. Mais vous, Denis de Rougemont, comme écrivain, pendant ce
639
s sur l’Europe et ses problèmes spécifiques, tels
que
L’Europe en jeu , Vingt-huit siècles d’Europe , Lettre ouverte aux
640
et plusieurs tomes de mon Journal d’une époque ,
que
j’espère pouvoir achever avec Journal d’un Européen l’année prochaine
641
beaucoup moins passionnés par le sort de l’Europe
que
ceux de votre génération et de celle des grands aînés que vous avez c
642
de votre génération et de celle des grands aînés
que
vous avez cités. Est-ce à vos yeux décourageant ? Il est certain que
643
. Est-ce à vos yeux décourageant ? Il est certain
que
les écrivains, les philosophes et les sociologues — sinon les scienti
644
sition successives de J.-P. Sartre. Dans le texte
qu’
il m’avait envoyé pour la conférence de Lausanne, Sartre expliquait qu
645
pour la conférence de Lausanne, Sartre expliquait
que
la culture française ne serait sauvée qu’avec la culture européenne e
646
liquait que la culture française ne serait sauvée
qu’
avec la culture européenne et par elle, mais que la culture européenne
647
e qu’avec la culture européenne et par elle, mais
que
la culture européenne ne serait sauvée, à son tour, que par l’union p
648
culture européenne ne serait sauvée, à son tour,
que
par l’union politique et économique de l’Europe. Bien, très bien même
649
ers-monde, car « l’Européen n’a pu se faire homme
qu’
en fabriquant des esclaves et des monstres ». Il va jusqu’à dire que l
650
es esclaves et des monstres ». Il va jusqu’à dire
que
les Européens n’ont édifié leurs cathédrales (sic) que grâce à l’expl
651
es Européens n’ont édifié leurs cathédrales (sic)
que
grâce à l’exploitation colonialiste du tiers-monde4 ! Ce cas est au m
652
us devez vous sentir moins entouré, moins soutenu
que
ce n’était le cas dans l’immédiat après-guerre ? Comme écrivain europ
653
onsommation des mass médias et à rien d’autre. Ce
qu’
on prépare avec méthode, c’est la guerre nucléaire — la fin de l’human
654
lle fait sienne, dans sa majorité, le mot d’ordre
que
je lui ai proposé : Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir.
655
urra faire son union, qui est un acte volontaire,
que
sur la base de l’unité de sa culture commune, qui est une réalité don
656
ous me dire ? À cette question, je réponds depuis
que
j’agis, et au nom de l’Europe fédérale fondée sur sa culture commune
657
Orwell, à mon sens, n’a pas été le vrai prophète
que
l’on célèbre à l’unisson. Et cela pour deux motifs d’ordres très diff
658
pprend en effet, page 223 de l’édition française,
qu’
au moment où se déroule l’action de son roman, l’Europe entière a été
659
e par les Amériques. Et il écrit en novembre 1939
que
« la guerre qui vient de commencer va marquer l’effondrement du capit
660
n de se réaliser. Orwell écrit son livre en 1948.
Que
s’est-il passé cette année-là ? Au moment même où, sans le moindre co
661
rts la création d’une fédération européenne ainsi
que
« les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de sa
662
onc l’Europe sacrifiée sans combat par Orwell. Et
qu’
en est-il du christianisme, de cette « culture chrétienne libérale » q
663
ianisme, de cette « culture chrétienne libérale »
qu’
il abandonne elle aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est ell
664
n « Utinam vates falsus sim ! », « Plaise au ciel
que
je sois faux prophète ! », ou comme Jérémie : « Seigneur, tu le sais
665
n peuple des voies qui conduisent au désastre. Ce
qu’
il prêche, c’est la voie nouvelle du salut, la conversion, qui est le
666
t de la démission de l’esprit, devant des menaces
qu’
il contribuerait à rendre fatales en les décrivant telles. Chez Orwell
667
animer. Mais je n’en dirai pas moins l’admiration
que
je porte à la prescience de George Orwell quand il s’agit de nous fai
668
e liberté. Orwell a pressenti l’avenir effrayant
qu’
allaient rendre possible à bref délai deux développements des sciences
669
ogies de pointe, dont il n’a pu connaître en 1948
que
les balbutiements : je veux parler des armes nucléaires et des téléco
670
rases capitales dans lesquelles Orwell a prévu ce
que
nous sommes en train de vivre dans nos États-nations de l’Occident gu
671
dans nos États-nations de l’Occident guère moins
que
dans les régimes totalitaires3, car il faut être deux pour jouer à ce
672
, dit-il, « leurs effets seraient si dévastateurs
qu’
ils rendraient impossibles toutes représailles ». Mais il est entendu
673
e la convention fondamentale de toute l’affaire —
qu’
il est « impossible que cette guerre soit jamais décisive ». À cette f
674
ntale de toute l’affaire — qu’il est « impossible
que
cette guerre soit jamais décisive ». À cette fin, « les forces sont é
675
e, nous en sommes peut-être beaucoup plus proches
qu’
on ne le croit. Orwell ne pouvait connaître en 1948 que la possibilité
676
ne le croit. Orwell ne pouvait connaître en 1948
que
la possibilité, non la réalité vécue de la TV dans tous les ménages.
677
he, à toutes les heures du jour et de la nuit, où
que
nous allions, dans nos foyers, dans nos bureaux ou ateliers, dans les
678
du Pouvoir, soit contre lui, mais sur les thèmes
qu’
il a choisis. Il y a là, beaucoup plus qu’on ne le croit, une entrepri
679
thèmes qu’il a choisis. Il y a là, beaucoup plus
qu’
on ne le croit, une entreprise permanente de « prise du pouvoir sur le
680
l’ordinateur d’être l’agent, alors qu’il n’en est
que
l’outil. Soyons bien clairs. Le simple fait de mettre en fiches les
681
re en fiches les citoyens pour toutes fins autres
que
d’état civil, de fisc, d’assurances sociales, ou bien sûr d’actes cri
682
otalitaire d’un gouvernement, si « démocratique »
qu’
il se prétende par ailleurs. C’est là que réside le vrai danger, non d
683
atique » qu’il se prétende par ailleurs. C’est là
que
réside le vrai danger, non dans l’ordinateur, qui n’est qu’un instrum
684
le vrai danger, non dans l’ordinateur, qui n’est
qu’
un instrument permettant de consulter plus vite des fichiers plus comp
685
fichiers plus complets et prenant moins de place
que
les anciens fichiers manuels, mais que les Pouvoirs seuls ont établi
686
s de place que les anciens fichiers manuels, mais
que
les Pouvoirs seuls ont établi et dont ils sont seuls responsables. Ce
687
données sur mon compte et même sur mes opinions,
que
la volonté de « programmer » ces opinions ; — c’est moins un B. B. qu
688
s ; — c’est moins un B. B. qui sait tout sur moi,
qu’
un B. B. qui entend manipuler ma liberté en m’imposant son angle de vi
689
la transparence de ma vie aux yeux des Pouvoirs,
que
l’opacité de ces Pouvoirs aux yeux du peuple. Bien sûr, le minimum lé
690
se étant l’attaque, dit-on, j’oserai donc avancer
que
je fonde quelque espoir dans l’extrême vulnérabilité du secret des ré
691
de semaine sans que les journaux nous apprennent
que
des gamins de 16 ou 17 ans ont « pénétré » les codes d’une banque, d’
692
r est un outil, on ne peut pas l’accuser des abus
que
l’homme en fait. Au lendemain d’Hiroshima, en conclusion d’un petit l
693
bord à New York, j’avais écrit le Post-scriptum
que
voici : Un dernier mot, et dire que j’allais l’oublier ! La Bombe n’
694
st-scriptum que voici : Un dernier mot, et dire
que
j’allais l’oublier ! La Bombe n’est pas dangereuse du tout : c’est un
695
clair. Elle se tiendra bien coite dans sa caisse.
Qu’
on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut c’est un c
696
e. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce
qu’
il nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une correction me paraît a
697
r qui, lui, peut être employé pour le bien autant
que
pour le mal. On a beaucoup dit qu’il favoriserait non seulement la su
698
le bien autant que pour le mal. On a beaucoup dit
qu’
il favoriserait non seulement la surveillance policière des opinions p
699
surveillance policière des opinions privées, mais
qu’
il serait l’outil idéal de la centralisation étatique, économique auta
700
de la centralisation étatique, économique autant
que
politique. Pour ma part, je le vois et le veux surtout fait pour favo
701
des fonctionnaires — de gérer des régions telles
que
je les souhaitais, c’est-à-dire à « géométrie variable » selon les fo
702
démonstration faite ailleurs, du secours décisif
que
les ordinateurs peuvent apporter à la cause du fédéralisme européen,
703
elui de l’emploi et du chômage, pour illustrer ce
que
je considère comme le défi tragique que pose l’informatique à l’ensem
704
ustrer ce que je considère comme le défi tragique
que
pose l’informatique à l’ensemble de nos industries : création ou dest
705
at ne s’appelle pas libération mais bien chômage.
Qu’
on m’explique pourquoi ? Et j’attends, depuis plus de cinquante ans, l
706
ation. On y répond généralement par des arguments
que
je connais depuis environ vingt-cinq ans, quand on ne parlait encore
707
nviron vingt-cinq ans, quand on ne parlait encore
que
« d’automation » et « d’usines sans ouvriers ». Je disais : que ferez
708
tion » et « d’usines sans ouvriers ». Je disais :
que
ferez-vous des ouvriers « libérés » ? On me répondait : nous allons l
709
progrès technique crée au moins autant d’emplois
qu’
il en supprime et ceux qui le nient sont des faibles d’esprit. Or le c
710
ge n’a pas cessé d’augmenter depuis ce temps-là.
Qu’
en est-il aujourd’hui de ce problème crucial des progrès indissociable
711
ologie et du chômage ? Essayons de voir un peu ce
que
nous disent les chiffres et quelles leçons partisans et adversaires d
712
Documentation française. Sur le nombre d’emplois
que
l’automatisation va supprimer, voici quatre exemples frappants : Un c
713
rer les conséquences de l’automatisation, prévoit
que
le nombre de ses adhérents va décliner entre 1978 et 1990 de 1 millio
714
du patronat et des syndicats, aux USA plus encore
qu’
en Europe. L’article de Business Week auquel je viens d’emprunter tant
715
rmants, constate avec une sérénité inexplicable «
qu’
aux États-Unis, pas plus les économistes que les agences fédérales, le
716
ble « qu’aux États-Unis, pas plus les économistes
que
les agences fédérales, le patronat ni même la plupart des syndicats,
717
n aux répercussions possibles de l’automatisation
que
permet de réaliser la microélectronique : tous acceptent comme allant
718
électronique : tous acceptent comme allant de soi
que
la croissance vigoureuse du secteur des services, compensera, et au-d
719
u service des gouvernements occidentaux, répétant
que
l’informatique ne manquera pas de créer « au moins autant d’emplois q
720
manquera pas de créer « au moins autant d’emplois
qu’
elle en touchera ». — On dit « toucher » ou « affecter », mais jamais
721
ues indications ont paru, au contraire, précisant
que
depuis dix ans, l’augmentation stupéfiante de la production d’ordinat
722
n-d’œuvre qui les fabrique ! On me dira peut-être
que
la qualité du travail dans les industries sera fortement améliorée pa
723
oduction. Certes, l’automatisation complète de ce
qu’
on appelait hier encore le travail à la chaîne — souvenez-vous du film
724
en échange de la monotone manutention mécanique,
que
la fascination immobile et tyrannique de processus intellectuels irré
725
ogiques poursuivies en Grande-Bretagne ont montré
que
beaucoup d’usagers de l’ordinateur se sentent aujourd’hui mis au pas
726
ui mis au pas et contrôlés par la machine, plutôt
que
l’inverse. Leur interaction continuelle avec l’ordinateur provoque en
727
u dessin industriel, par exemple, on s’est aperçu
que
leur créativité diminuait de 30 à 40 % pendant la première heure et d
728
éponse. L’informatisation de l’industrie n’a fait
que
rendre plus urgent et dramatique le problème, toujours renvoyé à des
729
rdinateur : tout y concourt, y compris la crainte
qu’
il inspire et les espoirs insensés qu’il éveille : libération des trav
730
la crainte qu’il inspire et les espoirs insensés
qu’
il éveille : libération des travailleurs industriels, éducation pour t
731
la psychologie humaine ». Il va jusqu’à suggérer
que
la machine pourrait avoir quelques rapports avec l’affectivité, puisq
732
la machine peut éprouver des émotions, il répond
qu’
il travaille au MIT à réaliser « un inconscient artificiel ». Ce qui n
733
rience en intelligence artificielle nous a montré
que
de nombreuses notions comme la créativité, l’affectivité, l’intellige
734
es scientifiques ». Et comme on lui fait observer
qu’
il remet ainsi en question la nature humaine, il répond qu’en effet, «
735
et ainsi en question la nature humaine, il répond
qu’
en effet, « comme l’a fait la religion dans le passé, l’ordinateur est
736
rques suffiront je l’espère. Quand Papert prétend
que
« certaines notions élémentaires de la psychanalyse » pourraient s’ap
737
s’appliquer à l’ordinateur et prouver de la sorte
qu’
il possède une affectivité, il oublie que le mécanisme du refoulement,
738
la sorte qu’il possède une affectivité, il oublie
que
le mécanisme du refoulement, pourtant fondamental pour Freud, porte s
739
pour Freud, porte sur la mémoire individuelle et
que
c’est simplement par un abus de langage qu’on peut parler de la « mém
740
le et que c’est simplement par un abus de langage
qu’
on peut parler de la « mémoire » d’une machine : il ne s’agit en réali
741
mémoire » d’une machine : il ne s’agit en réalité
que
d’un stockage de données chiffrées, nullement d’un processus vivant,
742
chiffrées, nullement d’un processus vivant, tels
que
ceux génialement décrits par Marcel Proust. Et je voudrais enfin oppo
743
eph Welzenbaum : « Il est difficile d’imaginer ce
que
cela pourrait signifier de dire qu’un ordinateur espère. » Non : la
744
d’imaginer ce que cela pourrait signifier de dire
qu’
un ordinateur espère. » Non : la machine n’a pas de mémoire, n’a pas
745
rmatique en vous rappelant la question judicieuse
qu’
un des premiers critiques des médias, Raymond Williams, posait à propo
746
e qui mérite vraiment nos réflexions. Je voudrais
qu’
on la substitue une fois pour toutes au bavardage de la presse sur la
747
its : car tout cela ne justifie rien et ne relève
que
du marketing, qui joue sur la puérilité des réactions du grand public
748
rilité des réactions du grand public. Je voudrais
que
l’on cesse d’écrire des phrases comme celle-ci : « l’automatisation i
749
is le temps d’évaluer les enjeux humains, obsédés
que
nous sommes par des gains immédiats. Je vous ai cité des chiffres eff
750
ous ai cité des chiffres effarants sur le chômage
que
nous prépare l’informatisation générale de nos industries. Je demande
751
s finalités réelles de nos recherches. Je ne vois
que
deux réponses possibles : — ou bien le but est la puissance de l’État
752
rochure, pendant une fraction de seconde j’ai cru
qu’
il s’agissait de la répartition des centrales nucléaires, et la simili
753
liée par sa nature et par ses origines aux armes
que
prépare l’humanité pour se détruire elle-même, et toute vie avec elle
754
et toute vie avec elle. ⁂ II. Du point de vue
qu’
on appelle réaliste aujourd’hui Le problème des centrales nucléaire
755
omment les choses allaient se dérouler. Peut-être
qu’
il le feignait, peut-être non : ce qui est certain, c’est qu’il peut s
756
ignait, peut-être non : ce qui est certain, c’est
qu’
il peut se féliciter des résultats atteints ! Car en laissant les chos
757
; et si nous nous intéressons à l’histoire, plus
que
toutes les générations précédentes, c’est pour mieux voir vers quoi n
758
c’est pour mieux voir vers quoi nous allons et ce
qu’
il nous faut faire pour éviter le pire, confrontés que nous sommes — m
759
l nous faut faire pour éviter le pire, confrontés
que
nous sommes — même quand nous l’oublions — à la double possibilité ou
760
possibilité ouverte pour la première fois depuis
que
l’homme existe, — soit d’une fédération des peuples de la planète, d’
761
humain comme de toute vie terrestre, tant animale
que
végétale. (Le stock de bombes nucléaires existant et qui représente d
762
la Russie, et même plus à l’est de cette contrée
qu’
on nomme aujourd’hui le Liban, pour remonter à travers la Grèce et les
763
e d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Je regrette
que
nous n’ayons pas eu l’occasion de souligner assez fortement que trois
764
ns pas eu l’occasion de souligner assez fortement
que
trois influences originelles sont venues recouvrir un continent presq
765
érisent notre histoire. (Une autre fois, j’espère
que
nous aurons le temps de mieux définir deux autres apports importants
766
e domaine littéraire, en nous interrogeant sur ce
que
l’on peut appeler les classiques européens ; et dans le domaine spiri
767
Tout au long de ces trois journées, il me semble
que
nous avons fourni un effort unanime et, je crois, réussi, pour entret
768
ois, réussi, pour entretenir le dialogue entre ce
que
les polémiques politiques baptisent l’Est totalitaire et l’Ouest plou
769
l’Est totalitaire et l’Ouest ploutocratique, mais
que
nous préférons nommer ici les différences, voir l’antagonisme entre l
770
ntagonisme entre le centralisme démocratique, tel
qu’
il se nomme à l’Est, et les démocraties libérales telles qu’elles se v
771
omme à l’Est, et les démocraties libérales telles
qu’
elles se veulent à l’Ouest. ⁂ Resserrons-nous maintenant sur ce que j’
772
nt à l’Ouest. ⁂ Resserrons-nous maintenant sur ce
que
j’ai appelé la logique interne de tout débat sur le patrimoine cultur
773
patrimoine culturel européen. Nous avons constaté
que
le patrimoine, au sens de passé dont nous héritons, ne peut être main
774
éritons, ne peut être maintenu, défendu, garanti,
que
par son renouvellement, sa recréation permanente. Et que le respect d
775
son renouvellement, sa recréation permanente. Et
que
le respect du passé suppose que l’on fasse tout autre chose que de le
776
on permanente. Et que le respect du passé suppose
que
l’on fasse tout autre chose que de le transformer en routine. Il s’ag
777
du passé suppose que l’on fasse tout autre chose
que
de le transformer en routine. Il s’agit de retrouver constamment, par
778
ines et de l’évolution de ce patrimoine. Je pense
que
nous serons tous d’accord pour constater qu’il s’agit là d’un process
779
ense que nous serons tous d’accord pour constater
qu’
il s’agit là d’un processus dialectique, dont le principe m’apparaît ê
780
ans leurs oppositions, contradictions, antinomies
qu’
il s’agit de rendre créatrices. « Tenir ensemble les deux bouts de la
781
saire des antinomies, dont voici une petite liste
que
j’ai établie pendant que vous parliez, les uns et les autres : — trad
782
’ai eu ici la très heureuse surprise de constater
que
la nécessité moderne des régions politiques, civiques, économiques, é
783
e parmi les membres de ce colloque, tant de l’Est
que
de l’Ouest ou du Centre. C’est une des leçons réconfortantes que je r
784
ou du Centre. C’est une des leçons réconfortantes
que
je retiendrai de cette rencontre. Mais à la suite de mes intervention
785
nt dans un milieu naturel et humain où l’on dit «
qu’
il a ses racines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un
786
t de l’imagerie des poètes terriens, qui oublient
que
parmi les légumes, celui qui a la plus grosse racine de tous, qui est
787
-dire des communautés plus proches de la paroisse
que
de la tribu, et liées beaucoup moins par leur passé que par leur aven
788
la tribu, et liées beaucoup moins par leur passé
que
par leur avenir commun. ⁂ Et maintenant deux remarques générales sur
789
nt deux remarques générales sur nos colloques. Ce
que
nous avons essayé de faire dans celui-ci, comme dans celui de l’an de
790
me dans celui de l’an dernier, c’est peut-être ce
que
Nietzsche appelait de ses vœux. Laissez-moi vous citer de lui deux pa
791
al, le second des Papiers posthumes. Il me semble
que
ces phrases caractérisent assez bien l’effort qui est fait aujourd’hu
792
uropéens. Je cite : Grâce aux divisions morbides
que
la folie des nationalités a mises et met encore entre les peuples de
793
gnes qui prouvent de la manière la plus manifeste
que
l’Europe veut devenir une. Le second passage prolonge ces phrases, j
794
velle synthèse, l’Européen de l’avenir. Ce ne fut
qu’
une fois devenus vieux, aux heures de faiblesse, qu’ils retombèrent da
795
’une fois devenus vieux, aux heures de faiblesse,
qu’
ils retombèrent dans l’étroitesse nationale et devinrent patriotes. N
796
tionale et devinrent patriotes. Nietzsche ajoute
qu’
il pense ici à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal,
797
porter sur l’avenir de ce colloque, dont je pense
qu’
il devra se modeler sur l’avenir européen. Cet avenir se fait aujourd’
798
d’hui dans la crise, c’est le mot dominant, crise
que
l’Europe a fomentée en répandant imprudemment sa civilisation industr
799
les cultures les moins faites pour l’accueillir,
qu’
elle a profondément déstabilisées, et dont le désarroi peut être explo
800
peut être exploité contre nous, y compris dans ce
que
notre culture a créé de meilleur. Ce qui doit dominer nos préoccupati
801
sinon elle court le risque de n’être bientôt plus
qu’
une note en bas de page d’une chronique de ce temps, qu’il n’y aura pl
802
note en bas de page d’une chronique de ce temps,
qu’
il n’y aura plus personne pour lire. Nous avons rappelé et défini les
803
e et aux problèmes économiques presque insolubles
qu’
elle est en train de créer dans toutes les sociétés qu’elle touche. No
804
le est en train de créer dans toutes les sociétés
qu’
elle touche. Nous avons fait beaucoup pour nous connaître mieux, nous
805
t responsables d’inventer les anticorps des virus
que
nous propageons. Nous avons essayé de mieux nous connaître et nous y
806
ns cette idée de comparaison active, prospective,
que
j’ai proposé depuis plus de vingt ans, avec une certaine obstination,
807
s de vingt ans, avec une certaine obstination, ce
que
j’appelle le Dialogue des cultures. Et pour que cela ne tourne pas à
808
me à grande échelle, mais sans action, je propose
que
ce Dialogue des cultures s’instaure autour de quelques-uns des thèmes
809
Serait-il raisonnable de proposer à ce colloque
qu’
il prenne en compte cette approche multiple, contribuant ainsi à l’exe
810
ope et de sa vocation mondialisante ? Je souhaite
que
notre ami Jacques Freymond trouve dans cette proposition matière à ex
811
régions, qui entendent tout simplement et autant
qu’
ils le peuvent, rester maîtres de leur propre destin. Or, parmi ceux q
812
libre de ses actes ? N’allons pas croire pourtant
qu’
entre le besoin de puissance à tout prix et le besoin de liberté à tou
813
eux camps bien tranchés : c’est en chacun de nous
que
le conflit se poursuit. Les deux pulsions contraires coexistent en no
814
e qui ait quelque saveur sans au moins l’illusion
qu’
on l’exerce « librement ». Mais le choix, proprement politique au sens
815
courir. Choisir les centrales nucléaires — quelle
que
soit leur définition, eau pressurisée ou surgénérateurs — implique, e
816
mensions, incroyablement chères et si dangereuses
que
nos pays, tout en jurant qu’elles sont inoffensives, ne les bâtissent
817
es et si dangereuses que nos pays, tout en jurant
qu’
elles sont inoffensives, ne les bâtissent qu’aussi loin que possible d
818
rant qu’elles sont inoffensives, ne les bâtissent
qu’
aussi loin que possible de leur capitale. Les adversaires des centrale
819
sont inoffensives, ne les bâtissent qu’aussi loin
que
possible de leur capitale. Les adversaires des centrales qui les déno
820
esques, trop chères et trop dangereuses, ignorent
qu’
ils dénoncent là les raisons mêmes qui font que nos États les adoptent
821
nt qu’ils dénoncent là les raisons mêmes qui font
que
nos États les adoptent. Car « très grand » suppose, qu’on le veuille
822
s États les adoptent. Car « très grand » suppose,
qu’
on le veuille ou non : très centralisé. « Très cher » implique l’inter
823
entretenir une guerre. Il est clair comme le jour
que
le choix des centrales nucléaires et des usines de retraitement du mé
824
fin de l’histoire humaine. Il est non moins clair
que
le choix solaire est la condition même de la paix : car il signifie d
825
s de nécessité, la confiance dans le prochain. Ce
qu’
il faut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assur
826
iance dans le prochain. Ce qu’il faut voir, c’est
que
le but de la société n’est pas du tout d’assurer à quelques-uns la re
827
ntables, quand il serait réellement « impératif »
que
la consommation d’énergie double tous les dix ans, je serais contre,
828
gemont à tous ses membres et sympathisants, texte
qu’
il nous a semblé utile de reproduire ici. Par ailleurs, le même Club-É
829
e nouveau à partir de 1931. Sur cette génération,
que
la thèse bien connue de Jean-Louis Loubet del Bayle a nommée « les no
830
apporter moins un « témoignage », bien grand mot,
que
quelques souvenirs, personnels, bien sûr, mais aussi précis que possi
831
ouvenirs, personnels, bien sûr, mais aussi précis
que
possible, et qui pourront peut-être servir de mise au point à propos
832
hui. À l’Est, trois dictatures d’un type nouveau,
qu’
on commençait à définir par le terme générique d’État totalitaire, c’e
833
est, parce que capitalistes. Tout nous persuadait
que
de cet affrontement naîtrait nécessairement une guerre totale, guerre
834
naîtrait nécessairement une guerre totale, guerre
que
notre âge nous condamnerait à faire, mais qui ne serait pas notre gue
835
stler le dira si bien quelques années plus tard —
qu’
elle ne serait que la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et un
836
ien quelques années plus tard — qu’elle ne serait
que
la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et une demi-vérité, à l
837
ontre toutes les formes d’État totalitaire, quels
que
fussent leurs prétextes, prolétarien, nationaliste ou raciste, à l’Es
838
de la porte d’Orléans — avec des catholiques tels
que
Jacques Maritain, Étienne Gilson, le père Congar, mais aussi Mounier
839
ssi Mounier et Georges Izard, des orthodoxes tels
que
Nicolas Berdiaev et le père Gillet, des protestants tels qu’André Phi
840
Berdiaev et le père Gillet, des protestants tels
qu’
André Philip et des agnostiques tels que Robert Aron. On nous retrouve
841
ants tels qu’André Philip et des agnostiques tels
que
Robert Aron. On nous retrouvera pour la plupart dans le fameux numéro
842
t à refaire une vraie communauté. Ce fut l’ordre
que
catholiques et protestants, juifs, agnostiques et nietzschéens ensemb
843
après Kierkegaard et Heidegger —, l’époque ne fit
que
peu d’écho. Nous n’étions guère que ce que l’on appellera plus tard d
844
époque ne fit que peu d’écho. Nous n’étions guère
que
ce que l’on appellera plus tard des « groupuscules ». Mais nos idées
845
ne fit que peu d’écho. Nous n’étions guère que ce
que
l’on appellera plus tard des « groupuscules ». Mais nos idées maîtres
846
groupuscules ». Mais nos idées maîtresses, telles
que
celle de communauté, de régions et de leurs fédérations jusqu’à l’éch
847
ourd’hui plus fécondantes et plus urgentes encore
qu’
elles ne pouvaient l’être dans les années 1932 à 1939. Et là-dessus, d
848
-dessus, deux précisions d’actualité. 1. On a dit
que
nous étions « totalement négatifs ». Et c’est un fait que, face à nos
849
étions « totalement négatifs ». Et c’est un fait
que
, face à nos « démocraties », nous étions inquiets, agacés, exaspérés
850
la ne signifiait pas centrisme ou neutralisme, ni
que
tout était faux des deux côtés. C’était un refus de penser qu’une cho
851
t faux des deux côtés. C’était un refus de penser
qu’
une chose est bonne ou mauvaise parce qu’on lui colle telle ou telle é
852
ure même où ils étaient totalitaires. 2. On a dit
que
nous étions « fascinés » par les jeunes fascistes, et que nous faisio
853
étions « fascinés » par les jeunes fascistes, et
que
nous faisions devant eux — les noirs puis les bruns — un « complexe d
854
ns — un « complexe d’infériorité ». La vérité est
que
nous étions bien convaincus que les régimes dictatoriaux de l’Est ne
855
». La vérité est que nous étions bien convaincus
que
les régimes dictatoriaux de l’Est ne faisaient guère plus, en réalité
856
Est ne faisaient guère plus, en réalité concrète,
que
prolonger les vices fondamentaux du capitalisme, de l’étatisme centra
857
État-nation » (terme forgé par l’Ordre nouveau et
que
tout le monde utilise aujourd’hui). Nous étions typiquement des « jeu
858
capacité de résistance de l’Ouest et des libertés
qu’
il était censé défendre. (C’est ainsi que nous fûmes tous contre Munic
859
libertés qu’il était censé défendre. (C’est ainsi
que
nous fûmes tous contre Munich.) Mais il est ridicule de parler à ce p
860
dictatures : il faut rappeler ici, tout de même !
que
l’expression d’« État totalitaire » a été introduite par Mussolini, q
861
de l’extrême gauche du parti socialiste italien ;
que
Hitler venait de créer un mouvement socialiste-national et qu’il ne c
862
nait de créer un mouvement socialiste-national et
qu’
il ne cesserait pas de se qualifier lui-même de « prolétaire » ennemi
863
nemi des « ploutocrates » et de la « Reaktion » ;
que
la dictature militaro-policière de Staline est née du marxisme-lénini
864
taline est née du marxisme-léninisme, plus encore
que
du tsarisme ; et, enfin, que la guerre, en 1939, a été déclenchée par
865
ninisme, plus encore que du tsarisme ; et, enfin,
que
la guerre, en 1939, a été déclenchée par le pacte scélérat entre nazi
866
. Je ne voudrais pas affirmer ici un seul instant
que
nous avions raison sur tout et dans toutes nos diverses options, asse
867
t personnaliste ». Je voudrais seulement rappeler
que
telles étaient alors nos motivations, qu’ainsi nous avons vécu notre
868
appeler que telles étaient alors nos motivations,
qu’
ainsi nous avons vécu notre époque, dans les années 1930. Il me semble
869
notre époque, dans les années 1930. Il me semble
que
nous étions d’à peu près cinquante ans en avance sur l’évolution de n
870
de notre siècle et les vrais contemporains de ce
que
ce siècle découvre aujourd’hui. Ce que j’affirme ici, c’est que nous
871
ains de ce que ce siècle découvre aujourd’hui. Ce
que
j’affirme ici, c’est que nous n’avons pas fini de nous battre pour un
872
découvre aujourd’hui. Ce que j’affirme ici, c’est
que
nous n’avons pas fini de nous battre pour une société des personnes l
873
ous dire comment il avait été perçu. Si les notes
que
j’ai prises pendant qu’il parlait sont exactes, John Hellman voit dan
874
’appuie beaucoup moins sur nos textes de l’époque
que
sur des ouvrages aussi notoirement dépourvus de compréhension du pers
875
ement dépourvus de compréhension du personnalisme
que
les livres de Senarclens et de Paxton, seules sources, hélas, du peti
876
délibéré, comme le montrent certains des exemples
qu’
on vient de nous citer. Je voudrais dire en bref — et je vous en deman
877
ardon, mais le calembour me paraît irrésistible —
que
la description de John Hellman est celle d’un certain « perçu-nalisme
878
est celle d’un certain « perçu-nalisme », plutôt
que
du personnalisme que nous avons vécu. Hellman nous dit que, dans un t
879
in « perçu-nalisme », plutôt que du personnalisme
que
nous avons vécu. Hellman nous dit que, dans un tract intitulé Le Volt
880
rsonnalisme que nous avons vécu. Hellman nous dit
que
, dans un tract intitulé Le Voltigeur, j’aurais réclamé la création en
881
r de lecture est évidente et elle est aussi grave
que
possible. J’ai souvent mis en garde, en effet, contre le danger d’un
882
positions du problème des fascistes et des nazis,
qu’
en y ajoutant un peu de discipline (mais c’était heureusement ce qui n
883
, le problème était sérieux. Beaucoup craignaient
que
résister à Hitler par des moyens de lutte comparables aux siens, ce f
884
le livre biblique des Proverbes 6 en deux versets
que
j’ai cités dans une réédition récente de La Part du diable . Les voi
885
réponds pas à l’insensé selon sa folie De peur
que
tu ne lui ressembles toi-même. Réponds à l’insensé selon sa folie A
886
il ne se regarde pas comme sage. Inutile de dire
qu’
en fait j’avais choisi l’antifascisme déclaré, mais fondé sur les exig
887
cliché droite-gauche. Je reviens au cas de Nizan,
que
je citais tout à l’heure, parce qu’il est le plus éclairant et le plu
888
ue de la personne , la Pravda de Moscou a déclaré
que
« toutes les positions d’un fascisme français étaient définies dans c
889
ais étaient définies dans ce livre ». C’est ainsi
que
les communistes m’avaient sinon « perçu », du moins avaient décidé qu
890
’avaient sinon « perçu », du moins avaient décidé
qu’
il fallait me percevoir. Cette phrase se trouve préfigurée, presque l
891
endications » des jeunes groupes révolutionnaires
que
j’avais composé pour le numéro de décembre 1932 de la NRF . C’est Je
892
ires de droite », comme on le disait. Le sommaire
que
je préparai pour la NRF allait de Nizan et Lefebvre pour les commun
893
r Plans, et Jean Sylveire pour les indépendants —
qu’
on appellera plus tard gauchistes. Je me réservai introduction et conc
894
t chez moi, rue Saint-Placide, dans l’appartement
que
me louait Georges Izard et, sitôt entré, me demanda la liste exacte d
895
i louchait fortement, écrire sur son petit carnet
qu’
il tenait de côté, comme cela, à gauche, les douze noms, suivis de l’i
896
. Une semaine après cette visite, Nizan m’écrivit
qu’
il avait remis son papier à Paulhan, et qu’il allait nous envoyer des
897
crivit qu’il avait remis son papier à Paulhan, et
qu’
il allait nous envoyer des « propositions de lutte commune sur des obj
898
des objectifs précis ». Voilà qui montre au moins
que
nous nous sommes compris : si opposés que soient les mots d’ordre du
899
u moins que nous nous sommes compris : si opposés
que
soient les mots d’ordre du PC et les positions personnalistes, il y a
900
lequel j’étais prêt à ressentir tout autre chose
qu’
une sympathie politique : une amitié humaine directe et spontanée. Je
901
e. Je voudrais dire à John Hellman, en terminant,
qu’
il est faux d’écrire aujourd’hui que Paul Nizan a « perçu » le personn
902
en terminant, qu’il est faux d’écrire aujourd’hui
que
Paul Nizan a « perçu » le personnalisme comme préparant les voies du
903
ant les voies du fascisme français. La vérité est
qu’
en pleine connaissance de cause, par un mensonge délibéré, il nous a d
904
à de justes mesures la notion de « perçu », telle
qu’
on a tenté de l’opposer à celle du vécu, — ce vécu dont il nous appart
905
moments, Michaux dit lentement : « Ici, ce n’est
qu’
une belle voiture. En Orient, on se tiendrait longtemps devant un tel
906
Henri Michaux. Il m’arrête d’un geste : « Est-ce
que
vous sentez toujours des battements de cœur, ici, avant d’entrer chez
907
nte. » Malices de Jean Paulhan Il est vrai
que
« le bureau de Paulhan » était un lieu sacré de ma mythologie, « lieu
908
nsolite intellectuel, quelque peu comparable à ce
qu’
on nommera plus tard en physique atomique une chambre à bulles », ai-j
909
ure haute et large à chaque entrée d’un visiteur,
qu’
il accueillait avec des gentillesses parfois un rien perfides. Ainsi,
910
Je suis content de vous voir. Mais est-ce vrai ce
que
l’on dit, que c’est vous qui avez écrit le dernier recueil d’essais d
911
t de vous voir. Mais est-ce vrai ce que l’on dit,
que
c’est vous qui avez écrit le dernier recueil d’essais de Daniel Halév
912
n bureau, le Courrier de Paris, de Daniel Halévy,
que
viennent de publier les Éditions « Je sers », petite maison dont je s
913
justement nous parlions de Commerce 9. On m’a dit
que
la revue allait être reprise par vos Éditions “Je sers”… » — « C’est
914
âmes à un autre sujet. J’en étais arrivé à penser
que
diriger la NRF était sans doute une tâche si complexe, et à tant d’
915
tâche si complexe, et à tant d’égards périlleuse,
que
ces petites bouffées de non-sens étaient indispensables à l’hygiène m
916
ujets en discussion. Quelques exemples parmi ceux
que
j’ai gardésao : le 12 octobre 1949 Cher ami Merci. Je suis ravi de c
917
, votre Europe. Tout de même, j’imagine vaguement
que
vous êtes déçu. Et moi, je serais plus tranquille si vous étiez à Str
918
inégalable. Cruel dilemme d’Artaud Un soir
que
nous étions dans ce même bureau, Artaud, Henri Michaux et moi, Paulha
919
n grinçant des dents : « Lequel… des deux… est-ce
que
j’tue ? » (geste de lancer le poignard). Gagner un peu de temps, pas
920
utant les menus, et contents. Je n’ai revu Artaud
qu’
une seule fois, après mon retour d’Amérique, à l’automne de 1946. C’ét
921
et où j’en cherchais un. On nous présente. « Dire
que
nous avons vécu des années à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t
922
« Ce sont de ces conneries… (haussant le ton)… et
que
l’on expie ! » Il dit ensuite que nous devrions trouver « un moyen pr
923
ant le ton)… et que l’on expie ! » Il dit ensuite
que
nous devrions trouver « un moyen presque mécanique de nous revoir cha
924
mécanique de nous revoir chaque jour ». C’est ce
que
nous permettra mon engagement un mois plus tard comme « senior script
925
). Il s’agit évidemment des Personnes du Drame ,
que
Schiffrin vient de publier, et qui réunit des essais sur Goethe et Ri
926
ntiques allemands. Des propos quelque peu obscurs
qu’
il me tient ensuite, il apparaît que l’approche théologique des auteur
927
e peu obscurs qu’il me tient ensuite, il apparaît
que
l’approche théologique des auteurs dont je parle est trop engagée — e
928
p est là, sur la terrasse, « toujours un peu plus
qu’
exact », me dit-il, comme pour s’excuser. Aussitôt assis : « Il semble
929
omme pour s’excuser. Aussitôt assis : « Il semble
que
Breton soit très gêné par votre dernier livre. Trop chrétien, sans do
930
sans doute, à ses yeux. Moi, vous savez… Je crois
que
vous croyez ?… Remarquez l’amphibologie du verbe… Mais qu’est-ce que
931
croyez ?… Remarquez l’amphibologie du verbe… Mais
qu’
est-ce que cela peut bien lui faire ? Avec ça qu’il n’a pas fait une r
932
Remarquez l’amphibologie du verbe… Mais qu’est-ce
que
cela peut bien lui faire ? Avec ça qu’il n’a pas fait une religion de
933
qu’est-ce que cela peut bien lui faire ? Avec ça
qu’
il n’a pas fait une religion de son surréalisme ! » Ce sera tout. Comm
934
15 arrive Breton, avec un retard calculé. Il voit
que
tout se passe le mieux du monde entre Duchamp, arbitre désigné, et mo
935
evant moi et me dit : « Je pensais à une religion
qu’
il s’agirait de fonder sur le culte d’une pierre bleue… » Puis il pour
936
ze ans…” » Ce matin même, j’ai lu dans un journal
qu’
il l’avait enfin, sa cravate ! Et le voilà. Je lui dis : « Léon-Paul,
937
contrepèterie, a s’pose là ! Il y a quinze jours
que
j’y travaille… » Au restaurant « Le Catalan », peu après la libératio
938
sans date comme d’habitude, mais qui ne peut être
que
du printemps de 1940 : Cher ami N’écrivez pas à Cully. Je n’y suis
939
avez, j’habitais à Cully, chez Budry. Il estimait
que
j’abusais de son téléphone. J’attendais un appel de Paris, dont dépen
940
ux parler, je crie ! Mais je n’entends rien de ce
que
l’autre peut dire… J’ai quitté la maison de Budry, et j’ai été m’inst
941
Le matin, je m’installe sur le balcon. J’attends
que
Budry sorte de chez lui. Et quand je le vois sortir… je le nargue ! »
942
ul Fargue, Valery Larbaud. » J’avais entendu dire
que
la princesse Bassiano venait de décider d’interrompre son financement
943
sai m’ont demandé de prononcer l’éloge du lauréat
que
nous venions de choisir, mon premier mouvement a été de joyeuse accep
944
irconstance ? Car il me semblait, tout d’un coup,
que
de tous mes amis, celui que nous allions couronner se trouvait être —
945
lait, tout d’un coup, que de tous mes amis, celui
que
nous allions couronner se trouvait être — à tout le moins par ses ver
946
ses vertus, exactement le contraire de moi, de ce
que
je fus dans ma jeunesse et suis resté à tant d’égards. Je m’explique
947
s manquer ni du devoir social ni à cette « amitié
que
chacun se doit », comme le dit si joliment Montaigne, alors que je n’
948
vous m’en voyez heureux, tous scrupules apaisés :
Que
s’est-il donc passé dans l’entretemps ? Deux choses. D’abord, comme c
949
englobe les antinomies apparentes. Le simple fait
que
nous ayons, à partir d’origines si différentes, choisi Genève pour y
950
choisi Genève pour y vivre et travailler, plutôt
que
Paris et les États-Unis, qui avaient de quoi nous tenter l’un et l’au
951
es : à cause de lui, c’est du même lieu de Suisse
que
nous voyons l’Europe, que nous sentons le Monde et ressentons l’époqu
952
du même lieu de Suisse que nous voyons l’Europe,
que
nous sentons le Monde et ressentons l’époque. Mais il y a plus. Enrac
953
philosophes, de psychologues de langue allemande
que
d’historiens et de théoriciens des sciences ou du langage en Grande-B
954
éfiance justifiée à l’endroit de l’engagement tel
qu’
on le parle, Starobinski n’a jamais négligé le devoir civique : c’en é
955
égligé le devoir civique : c’en était un pour lui
que
de présider quinze ans durant les Rencontres internationales de Genèv
956
t de similitude, non le moins significatif : quel
que
soit le sujet à traiter, nous le faisons l’un et l’autre en écrivains
957
t mouvements les plus subtils du complexe d’idées
qu’
elle crée. C’est peut-être dans la rencontre de l’essayiste avec le ph
958
ncontre de l’essayiste avec le phénomène poétique
que
se traduit le mieux son approche du réel et de soi-même : qu’on lise
959
it le mieux son approche du réel et de soi-même :
qu’
on lise à cet égard l’importante préface qu’il a donnée aux Noces et à
960
ême : qu’on lise à cet égard l’importante préface
qu’
il a donnée aux Noces et à Sueur de sang de Pierre-Jean Jouve ; mais a
961
des grands albums de Skira, ces images du xviiie
qu’
il a choisies pour illustrer L’Invention de la liberté. On n’a pas mie
962
jourd’hui, quoi qu’il publie et sur quelque sujet
qu’
il ait choisi. C’est ici l’occasion de lui adresser un éloge accessoir
963
lui adresser un éloge accessoire sans doute, mais
qu’
il est aujourd’hui l’un des très rares à mériter : il n’a jamais cédé
964
s qui couronne toute une œuvre d’essayiste, celle
que
notre jury couronne ce soir du Prix européen de l’essai. C’est en eff
965
central, comme il l’indique lui-même, n’est autre
que
l’antithèse traditionnelle de l’être et du paraître dans l’homme. Thè
966
majeur qui implique et appelle deux autres thèmes
qu’
on retrouve dans tous les livres de Starobinski, qu’il s’agisse de lit
967
’on retrouve dans tous les livres de Starobinski,
qu’
il s’agisse de littérature, d’esthétique, ou d’analyse des maladies de
968
rdres de l’époque. Oyez plutôt, en vous souvenant
qu’
il s’agit du xvie siècle, et non du nôtre ! « Tournons les yeux parto
969
rtout ; tout croule autour de nous. […] Il semble
que
les astres mêmes ordonnent que nous avons assez duré… Le plus voisin
970
ous. […] Il semble que les astres mêmes ordonnent
que
nous avons assez duré… Le plus voisin mal qui nous menace n’est pas a
971
a masse entière… mais sa dissipation »… On dirait
qu’
il décrit l’ère atomique ! Que se passe-t-il en réalité en cette fin d
972
pation »… On dirait qu’il décrit l’ère atomique !
Que
se passe-t-il en réalité en cette fin du xvie siècle ? Il se passe,
973
antes à la feinte et à la dissimulation… Le monde
qu’
accuse Montaigne est un labyrinthe où les faux-semblants ont, pour ain
974
et batelage », nous dit Montaigne. Le monde n’est
qu’
un théâtre, tout n’y est que masques ! Montaigne prend alors le parti
975
aigne. Le monde n’est qu’un théâtre, tout n’y est
que
masques ! Montaigne prend alors le parti de l’être vrai, de son ident
976
mensonge universel. Mais il ne la connaît d’abord
que
par la force du refus instinctif des mensonges officiels, du « paraît
977
ncère et véridique de l’être, en tant, dirais-je,
qu’
acceptation de l’incarnation nécessaire des idées, ou en d’autres term
978
autres termes, de l’engagement dans l’actuel. Ce
que
Starobinski va nous montrer au long des sept illustrations que consti
979
ki va nous montrer au long des sept illustrations
que
constituent les sept chapitres de son livre, sur l’amitié, la mort, l
980
autrui, le langage et la chose publique, c’est ce
qu’
il nomme la dialectique ternaire de Montaigne : premier temps, le refu
981
; deuxième temps, la prise de conscience du fait
que
je me connais seulement dans mes relations avec autrui, avec la socié
982
e moins à des « impératifs du futur » qui ne sont
que
publicité pour des intérêts immédiats. Combien j’aimerais vous retrac
983
: « L’acte ultime de la critique est de signaler
que
le choix politico-religieux n’est pas de son ressort, mais qu’il doit
984
politico-religieux n’est pas de son ressort, mais
qu’
il doit néanmoins avoir lieu. » Suivent des pages où il dénonce le pro
985
le : « L’illusion, nous dit-il, consiste à croire
que
l’on a quitté le domaine incertain de la décision éthique pour entrer
986
d’un futur dont le triomphe est de faire oublier
qu’
il est exercé à partir du présent par des hommes qui se trouvent encha
987
i se dissimule de la sorte pour nous faire croire
qu’
elle nous est extérieure, pour n’avoir pas à s’avouer nôtre… Tout cela
988
plus à l’auteur même de ces analyses. Chacun sait
que
les portraits peints par Rembrandt ont tous un air de ressemblance, q
989
t plusieurs des Pensées les plus célèbres ne sont
que
des notes de lecture, des résumés de phrases de Montaigne. (Ainsi, «
990
à propos de ce qui se passe, qui est pire encore
qu’
au xvie siècle — et de nous donner un jour ce livre de raison et de s
991
gesse veloutée, dans lequel nous parlant du monde
qu’
il vit, et non plus d’un auteur-prétexte, il nous ferait voir son vrai
992
re 1984-janvier 1985)aj Vous m’avez demandé ce
que
signifie pour moi le terme agora. Je vous réponds d’autant plus volon
993
e agora. Je vous réponds d’autant plus volontiers
que
le concept d’agora a toujours joué un rôle fondamental dans ma théori
994
à côté le bouleutérion où siègent les magistrats,
que
l’on nomme curie dans le monde romain et, beaucoup plus tard, le « pa
995
mera la Confédération suisse. On sait aujourd’hui
que
le pacte de 1291, dit du « Grütli », fut écrit dans un latin assez pa
996
usqu’en Espagne. Il y a donc une longue tradition
que
l’on peut suivre de la polis grecque avec son agora à la civitas roma
997
. Les règles impératives à respecter si l’on veut
que
l’agora fonctionne ont été formulées par Aristote, notamment dans sa
998
que. La première règle est celle de la dimension,
que
nous avons signalée tout à l’heure : il s’agit de trouver un optimum
999
tentor », précise Aristote. On répond aujourd’hui
que
nous avons des haut-parleurs et que cela change tout. Oui, cela chang
1000
d aujourd’hui que nous avons des haut-parleurs et
que
cela change tout. Oui, cela change tout pour qui a la haute main sur
1001
se faire entendre à l’échelle nationale, n’ayant
que
sa voix naturelle ? Il est évident qu’un Mussolini en 1922 ou surtout
1002
e, n’ayant que sa voix naturelle ? Il est évident
qu’
un Mussolini en 1922 ou surtout un Hitler dix ans plus tard n’auraient
1003
es journaux du lendemain — et vous comprendrez ce
que
je veux dire. C’est l’expérience que j’ai subie à Francfort en 1936,
1004
mprendrez ce que je veux dire. C’est l’expérience
que
j’ai subie à Francfort en 1936, à l’occasion d’un discours d’Hitler,
1005
nsabilités. L’homme libre et responsable, formule
que
Sartre m’a empruntée sans jamais songer à me la rendre, vous le savez
1006
r opposition à l’individu irresponsable qui n’est
qu’
un grain de cette poussière avec laquelle l’État totalitaire fera son
1007
talitaire fera son ciment. « Pourquoi voulez-vous
que
je vote ? », me dit tel inconnu avec qui j’échange quelques mots, à l
1008
ologne, il ne cesse de rappeler l’idéal politique
que
représente pour lui le peuple genevois assemblé dans le « Temple de S
1009
opulation ». La liberté, selon lui, n’est assurée
que
par les petites dimensions, car elles seules permettent au citoyen de
1010
dit en passant : toutes les sottises monumentales
qu’
on a pu écrire contre Rousseau comme « précurseur des États totalitair
1011
t d’appliquer ces principes à nos sociétés telles
qu’
elles sont devenues : démesurées en fait, qu’on le veuille ou non, par
1012
lles qu’elles sont devenues : démesurées en fait,
qu’
on le veuille ou non, par les tâches de plus en plus vastes, lourdes e
1013
l’agora réelle : le temps de la réflexion sur ce
qu’
on va dire, sur le vrai sens de ce qu’on veut dire, le temps de l’anal
1014
xion sur ce qu’on va dire, sur le vrai sens de ce
qu’
on veut dire, le temps de l’analyse et de la vérification des informat
1015
écrit sont souvent plus réels, moins schématiques
que
les répliques improvisées dans l’assemblée réelle. Votre journal est
1016
e université. Puis-je vous rappeler, à ce propos,
que
le pacte du « Grütli », déjà cité, unissait des communes frontières d
1017
mmunes frontières de Schwyz, Uri et Unterwald, et
que
c’est par le mot « universitates » qu’elles y sont désignées ? 5. L
1018
erwald, et que c’est par le mot « universitates »
qu’
elles y sont désignées ? 5. L’historien E. Gagliardi estime que la S
1019
désignées ? 5. L’historien E. Gagliardi estime
que
la Suisse est le dernier témoin vivant du mouvement des communes ital
1020
e), mais dont la première Constitution ne remonte
qu’
à 1848. La Suisse est donc le seul État d’Europe intégralement fédéral
1021
t cela tient à sa structure fédéraliste non moins
qu’
à la pluralité de ses origines. C’est une culture composite, formée d’
1022
te pas — le fait paradoxal aux yeux des modernes,
que
non pas en dépit mais à cause même de ces données originelles, la Sui
1023
onstituerait la « culture européenne ». Observons
que
nos États-nations n’ont en moyenne qu’environ deux-cents ans d’existe
1024
Observons que nos États-nations n’ont en moyenne
qu’
environ deux-cents ans d’existence : où était donc la culture avant eu
1025
ns l’Europe du Nord. Au xviiie siècle, il semble
que
de grands coups de vent européens raniment simultanément tous les foy
1026
vants d’Europe, n’accepte d’ailleurs dans sa cité
qu’
une charge mineure de scrutateur du Sénat. C’est de Zurich que l’« Éco
1027
e mineure de scrutateur du Sénat. C’est de Zurich
que
l’« École suisse » initiée par le doyen Jean-Jacques Bodmer, étendra
1028
ce sur toute la littérature de langue germanique,
qu’
elle va dominer sans conteste jusqu’à la fin du siècle, et qu’elle a c
1029
ominer sans conteste jusqu’à la fin du siècle, et
qu’
elle a contribué plus que toute autre circonstance à faire entrer dans
1030
u’à la fin du siècle, et qu’elle a contribué plus
que
toute autre circonstance à faire entrer dans la littérature universel
1031
pédagogie de Pestalozzi et la peinture de Füssli (
que
les Anglais écrivent Fuseli et dont va procéder William Blake) — sont
1032
prête Necker à la France, et prépare l’idéologie
qu’
adoptera la Révolution française, dans sa première phase libérale tout
1033
sa première phase libérale tout au moins. Sait-on
que
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen fut l’œuvre des tr
1034
eau de Necker où Germaine de Staël tient sa cour,
que
vont passer d’est en ouest les grands courants européens du romantism
1035
ces humaines » à Yale, Harvard et Berkeley autant
qu’
à la Sorbonne et dans la plupart des universités européennes. Dans le
1036
des plus grands noms de l’aventure intellectuelle
qu’
est l’Europe — noms de Suisses par naissance ou par choix. Mais on l’a
1037
vétérées. En revanche, la plupart des grands noms
que
j’ai cités ne seraient guère pensables hors du complexe suisse. Et c’
1038
pensables hors du complexe suisse. Et c’est à eux
que
la Suisse, en retour, doit une densité de conscience communautaire, m
1039
Barth. Son canton — ou l’Europe. Et il est vrai
que
nos meilleurs esprits, hors du compartiment natal, iront chercher dan
1040
s sociétés humaines, dont le Contrat social n’est
qu’
un fragment : Rousseau. Vue générale du genre humain : Jean de Müller.
1041
Jung. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes
que
ces hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand, c’est en s’expat
1042
ranger, des grands pays voisins ou de l’Amérique,
que
leur réputation nous est revenue, comme importée. « Son canton — ou l
1043
voir le plus grand privilège des Suisses : quelle
que
soit leur petite patrie locale, s’ils la dépassent c’est pour rejoind
1044
mme un tout, mais un certain groupement d’humains
que
nous appelons une société. » 14. La Confédération helvétique , Édi
1045
s s’en prenait aussi aux démocraties occidentales
qu’
il jugeait rongées de l’intérieur par un individualisme délétère et do
1046
paraissent, en France, sur le déclin. On proclame
que
Marx est mort, alors qu’on aurait pu penser, pour l’avoir tellement e
1047
u penser, pour l’avoir tellement entendu répéter,
que
Dieu l’était. Le retour de Dieu, précisément, se confirme dans la pen
1048
», elles portaient beaucoup moins sur le marxisme
que
sur le stalinisme totalitaire. Certes, je n’ai jamais été marxiste, m
1049
mais été marxiste, mais il y a beaucoup de choses
que
Marx a découvertes, qui sont entrées dans le domaine commun, et qui s
1050
ésormais acquises par tous les politologues, quel
que
soit leur bord politique. Même si on est d’extrême droite on ne peut
1051
beaucoup à prendre dans les écrits du jeune Marx,
que
nous avait révélés Arnaud Dandieu, alors qu’ils n’étaient qu’à peine
1052
it révélés Arnaud Dandieu, alors qu’ils n’étaient
qu’
à peine connus et pas encore traduits en français : il s’agit des écri
1053
de Proudhon, de son socialisme fédéraliste ainsi
que
de ses vues européennes (sa condamnation parfaitement lucide de Mazzi
1054
ini, qui passe encore pour un « fédéraliste », ce
que
je trouve au moins bizarre). Ce qui me frappe c’est que vous faisiez
1055
trouve au moins bizarre). Ce qui me frappe c’est
que
vous faisiez à l’époque déjà ce qu’on n’a vraiment commencé à faire o
1056
frappe c’est que vous faisiez à l’époque déjà ce
qu’
on n’a vraiment commencé à faire ouvertement en France que beaucoup pl
1057
a vraiment commencé à faire ouvertement en France
que
beaucoup plus tard, au début des années 1970, une critique sévère des
1058
e soviétique. Nous étions parfaitement conscients
que
le fascisme et le nazisme n’étaient pas des réactions « de droite » c
1059
uvait pas dire plus simplement le contraire de ce
que
nous voulions, qui était le fédéralisme intégral, poussé jusqu’à la c
1060
ns la société actuelle des cellules aussi petites
que
possible où le civisme puisse prendre un sens concret, actif, c’est-à
1061
ent, pas seulement lorsqu’il vote, sur des choses
qu’
il connaît, qui intéressent directement sa vie, celle de sa famille et
1062
ue de l’administration française). Cela veut dire
que
plusieurs communes mettent leurs efforts en commun dans un domaine pa
1063
ches dont on est responsable ; c’est d’après cela
qu’
on doit organiser la société. D’où votre haine du gigantisme et de l’é
1064
ès important. Mais on s’est souvent trompé sur ce
que
nous appelions l’État. On a cru que nous voulions le supprimer, et no
1065
trompé sur ce que nous appelions l’État. On a cru
que
nous voulions le supprimer, et nous voulions seulement préciser et li
1066
ires. D’où mon impatience devant cette expression
que
l’on voit tout le temps revenir en France : « Il a été un grand servi
1067
communauté est une vérité vivante : les gens tels
qu’
ils sont, en chair, en os et en esprit, qui doivent normalement partag
1068
erling. Puisque vous parlez d’individu, précisons
qu’
il y a eu mauvaise interprétation du terme. On a pu croire que vous ét
1069
mauvaise interprétation du terme. On a pu croire
que
vous étiez contre l’individualisme, au sens d’une limitation des libe
1070
cette conception rationaliste, réifiée de l’homme
que
suppose la coutume française centralisée, et qui est foncièrement in-
1071
isté beaucoup plus sur les éléments de communauté
qu’
il présentait, des éléments pris par malheur au plus bas, par exemple
1072
ns, comme on disait à l’époque. Cela voulait dire
qu’
ils se réclamaient de la tradition de critique nietzschéenne, d’une cr
1073
rès constructive. C’est d’ailleurs dans Nietzsche
que
nous avons lu les premiers textes énergiquement favorables à l’union
1074
au-delà des nationalismes. On ignore trop souvent
que
l’idée de marché commun se trouve dans Par-delà le bien et le mal, où
1075
ve dans Par-delà le bien et le mal, où il est dit
que
tout va vers l’union de l’Europe, que les meilleurs esprits du temps
1076
il est dit que tout va vers l’union de l’Europe,
que
les meilleurs esprits du temps l’ont déjà compris. Tout indique, dit
1077
l’ont déjà compris. Tout indique, dit Nietzsche,
que
nous devons dépasser cette idée stupide de nations fermées, pour alle
1078
ché commun de l’économie européenne et, bien plus
que
ça, vers une république européenne, qui a toujours été le rêve et l’i
1079
st seulement quand ils deviennent vieux et gâteux
qu’
ils deviennent nationalistes21. Parce que nietzschéens, certains étaie
1080
sur le plan religieux. J’ai en effet le sentiment
que
pour vous le personnalisme et ensuite le fédéralisme s’inscrivent tou
1081
ntre 19 et 23 ans. Si on m’avait demandé alors ce
que
je croyais, j’aurais dit que je croyais à n’importe quoi sauf au prot
1082
ait demandé alors ce que je croyais, j’aurais dit
que
je croyais à n’importe quoi sauf au protestantisme traditionnel que j
1083
’importe quoi sauf au protestantisme traditionnel
que
j’entendais prêcher le dimanche. C’est alors que j’ai découvert Kierk
1084
lés Diapsalmata — publiés dans la revue Commerce,
que
je considérais comme la meilleure de l’époque. Elle était dirigée par
1085
Fargue et Valery Larbaud. Pour le jeune écrivain
que
j’étais, pour qui le sommet de la vie littéraire et intellectuelle du
1086
e ne pouvais rêver quelque chose de plus exaltant
que
cette revue. Or c’est là que j’ai lu pour la première fois le nom de
1087
ose de plus exaltant que cette revue. Or c’est là
que
j’ai lu pour la première fois le nom de Kierkegaard. À quelle époque
1088
ois le nom de Kierkegaard. À quelle époque est-ce
que
cela remonte ? Ça remonte aux années 1927 à 1930. Je devais donc avoi
1089
ut une lecture enthousiasmante. Je suis convaincu
que
si Nietzsche avait pu lire Kierkegaard, tout aurait changé dans la pe
1090
ouvent à Nietzsche, et il lui dit dans une lettre
qu’
il y avait deux hommes qu’il devait absolument lire, l’un était Dostoï
1091
lui dit dans une lettre qu’il y avait deux hommes
qu’
il devait absolument lire, l’un était Dostoïevski, l’autre Kierkegaard
1092
ire, l’un était Dostoïevski, l’autre Kierkegaard.
Que
serait-il arrivé si Nietzsche n’était pas devenu fou juste un mois ap
1093
s donc avec Kierkegaard le protestantisme dans ce
qu’
il avait de plus radical et révolutionnaire, tandis qu’en revenant à C
1094
en revenant à Calvin, peu après, je découvrais ce
que
la Réforme avait apporté de plus constructif du point de vue de la co
1095
Karl Barth, membre actif du parti socialiste (ce
que
je n’ai jamais été), mais enfin cela indiquait une certaine direction
1096
de la personne remonte à décembre 1934 ?23 Celle
que
j’ai publiée, mais ça résultait déjà de plusieurs années de réflexion
1097
ique. Ce qui m’a beaucoup aidé c’était un article
que
j’avais lu dans Esprit d’un personnage haut en couleur, qui s’appel
1098
l n’est pas autonome. Cela indiquait très bien ce
que
nous cherchions, qui n’était pas l’individu, produit d’une division,
1099
dividu, produit d’une division, comme l’atome, ce
que
Marx avait appelé la société atomisée, mais le sujet responsable de s
1100
combinaison. Le pire c’était l’individualisme tel
qu’
on le définissait en France. Individualisme voulait dire qu’on était c
1101
éfinissait en France. Individualisme voulait dire
qu’
on était contre l’État tout en lui demandant de faire tout le travail,
1102
majeur de la démocratie française. Et c’est de là
que
nous disions que, dans la démocratie individualiste, il n’y a plus ri
1103
cratie française. Et c’est de là que nous disions
que
, dans la démocratie individualiste, il n’y a plus rien pour résister
1104
onde. Mais quelqu’un se lève dans la salle et dit
qu’
il est scandalisé de voir qu’on prive les hommes de leur volonté. Lui,
1105
dans la salle et dit qu’il est scandalisé de voir
qu’
on prive les hommes de leur volonté. Lui, on ne l’aura pas ! Il dira n
1106
ster parce qu’il n’avait pas d’autre idée en tête
que
de dire non, ce qui fait qu’il n’avait plus aucune volonté, ou une vo
1107
d’autre idée en tête que de dire non, ce qui fait
qu’
il n’avait plus aucune volonté, ou une volonté purement négative, une
1108
ifficulté, car dans cette idée de vocation, telle
que
vous l’entendez, il y a une composante difficile à cerner, c’est la f
1109
coup sur l’importance de la foi tout en affirmant
que
ce n’est pas, que ce ne doit pas être un idéal. Absolument pas. Cela
1110
nce de la foi tout en affirmant que ce n’est pas,
que
ce ne doit pas être un idéal. Absolument pas. Cela peut prêter à conf
1111
eut prêter à confusion. Pourriez-vous préciser ce
que
vous entendez par foi ? Cela est absolument fondamental pour moi. C’e
1112
ela est absolument fondamental pour moi. C’est ce
que
je développerai dans un livre qui doit être, à mon sens, le plus impo
1113
doit être, à mon sens, le plus important de ceux
que
j’aurai écrits, mais qui n’est pas encore achevé. J’en ai une premièr
1114
5-1946, mais qui n’a jamais été publiée. Elle n’a
que
120 pages, et depuis lors j’ai accumulé au moins 400 pages de notes.
1115
itre qui a mis en fureur des sociologues français
que
j’avais rencontrés à New York24. Ils trouvaient cela insensé. Ma thès
1116
rk24. Ils trouvaient cela insensé. Ma thèse était
que
seul le but peut dicter les moyens, qui ne sont que les moyens de le
1117
e seul le but peut dicter les moyens, qui ne sont
que
les moyens de le rejoindre. C’est lui qui les crée. C’est-à-dire que
1118
e rejoindre. C’est lui qui les crée. C’est-à-dire
que
la seule phrase valable du point de vue moral c’est : la fin justifie
1119
le monde peut l’accepter, car tout le monde sent
qu’
il y a un but absolu (même si l’on ne sait pas exactement le définir),
1120
m’allait très bien d’appeler cela Dieu. Il n’y a
qu’
un Dieu pour tous les hommes. Qu’on le connaisse ou non, il est là. Et
1121
a Dieu. Il n’y a qu’un Dieu pour tous les hommes.
Qu’
on le connaisse ou non, il est là. Et il m’appelle. C’est cet appel qu
1122
’est cet appel qui crée la personne. Alors je dis
qu’
il faut aller vers l’Absolu, répondre à son appel, aller vers la fin q
1123
», qui exprime d’une manière imagée exactement ce
que
je cherchais à dire. C’est une lumière qui n’éclaire mon sentier que
1124
dire. C’est une lumière qui n’éclaire mon sentier
que
dans la mesure où j’ai le courage d’avancer, puisqu’elle est comme at
1125
rôle de la foi : j’ai quelque part une certitude
que
mon pied ne va pas tomber dans le vide. Je dois inventer mon sentier.
1126
i est encore indicible, mais qui agit. Il est bon
qu’
elle agisse, sans ça qu’est-ce qui me donnerait le courage d’inventer
1127
mais qui agit. Il est bon qu’elle agisse, sans ça
qu’
est-ce qui me donnerait le courage d’inventer mon chemin ? Voilà donc
1128
faire cela, tu dois refuser). C’est plus fréquent
que
le contraire, un appel direct et parfaitement clair. Cette vocation j
1129
ènes, mon milieu… C’est téléologique pour chacun,
qu’
il le sache ou non. Mais il vaut mieux le savoir, parce qu’alors on de
1130
car le style, pour moi, dit autant (parfois plus)
que
les démonstrations intellectuelles. Pour revenir à ma remarque précéd
1131
ur revenir à ma remarque précédente, on peut dire
que
vous faisiez un peu figure de prophète — dès le début des années 1930
1132
ophète — dès le début des années 1930 — en disant
que
toute révolution matérialiste, fasciste ou communiste, est vouée à l’
1133
hose qui est tout à fait essentielle dans tout ce
que
nous disions26, mais peut-être plus claire chez moi que ça ne l’est c
1134
us disions26, mais peut-être plus claire chez moi
que
ça ne l’est chez d’autres personnalistes, peut-être par une certaine
1135
s, peut-être par une certaine ambition littéraire
que
d’autres n’avaient pas, qui n’était pas dans leurs préoccupations maî
1136
rir Kierkegaard, c’est la littérature. Et tout ce
que
j’écris — c’est pour moi une question de rigueur — doit avoir une val
1137
oir une valeur littéraire à mes yeux. Vous disiez
que
chez vous plus que chez les autres personnalistes il y a une préoccup
1138
éraire à mes yeux. Vous disiez que chez vous plus
que
chez les autres personnalistes il y a une préoccupation… Une préoccup
1139
s ai jamais admirés ou vénérés de la même manière
que
des écrivains. Un de ceux qui m’a le plus marqué est Paul Valéry, que
1140
n de ceux qui m’a le plus marqué est Paul Valéry,
que
j’ai à peine rencontré. Il y en a d’autres que j’ai beaucoup mieux co
1141
y, que j’ai à peine rencontré. Il y en a d’autres
que
j’ai beaucoup mieux connus. Georges Bataille ? Bataille, moins que d’
1142
mieux connus. Georges Bataille ? Bataille, moins
que
d’autres, en fait. Je l’ai connu au Collège de sociologie, qu’il avai
1143
en fait. Je l’ai connu au Collège de sociologie,
qu’
il avait fondé avec Roger Caillois. On y faisait des communications au
1144
certains écrivains personnalistes ? Il se trouve
qu’
à mon âge — j’aurai 78 ans dans un mois — eh bien, je ne me sens pas d
1145
je ne me sens pas du tout vieux, mais je découvre
que
je suis un des derniers survivants de cette génération qui s’est décl
1146
format de poche en 1972 (Collection Idées), ainsi
que
les nombreux articles de l’auteur parus dans les deux revues personna
1147
on de la plupart des références à Rougemont ainsi
que
les erreurs d’interprétation sont patentes. 21. Le passage de Par-de
1148
S’ils appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais
que
par les régions superficielles de leur intelligence, ou aux heures de
1149
ublic et la plupart des critiques semblent penser
que
la littérature c’est poésie, roman, théâtre, et que création littérai
1150
e la littérature c’est poésie, roman, théâtre, et
que
création littéraire serait synonyme de fiction. Voilà qui est méconna
1151
er Caillois… Voilà ce qui compte à mes yeux, plus
que
tout, dans ma bibliothèque française. Seul Benjamin Constant est meil
1152
Seul Benjamin Constant est meilleur dans Adolphe
que
dans ses écrits politiques. Paul Valéry me paraît en revanche plus cr
1153
me paraît en revanche plus créateur dans sa prose
que
dans ses vers. On m’opposera sans doute Racine. Mais toute loi souffr
1154
ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais
qu’
on le jugera. Rendons leur place aux essayistes dans toute littérature
1155
c. On s’étonne souvent, ou l’on juge regrettable,
que
je donne le plus clair de mes journées, depuis plus de trente ans, à
1156
journées, depuis plus de trente ans, à l’action.
Qu’
est-ce à dire ? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, fondation et di
1157
e et d’une dizaine d’autres actions… Avec tout ce
que
cela nécessite de tâches quotidiennes, d’animation, d’organisation et
1158
les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit
que
mes engagements européens étaient « au détriment de mon œuvre littéra
1159
erais perdu pour la littérature… Le prix Schiller
que
je reçois aujourd’hui, non seulement réfute ces propos, mais me donne
1160
i donc aborder sans aucune précaution la question
que
beaucoup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Euro
1161
citoyen. Je rappellerai d’abord la nature du défi
que
ma génération eut à relever. Arthur Koestler l’a fort bien dit : ce f
1162
onnalisme. Un jour, chez des amis, un jeune Russe
que
je venais de connaître, Alexandre Marc, me remit une page de manifest
1163
uvait répondre aux questions les plus lancinantes
que
me posaient alors l’époque, les carences de nos démocraties et le déf
1164
uelques dizaines de jeunes intellectuels, avec ce
que
l’on nomme aujourd’hui, d’après une thèse célèbre, « les non-conformi
1165
yer de l’état-major général, à Berne. C’est de là
que
j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée
1166
utile là-bas, pensait-on sans doute en haut lieu.
Qu’
ai-je fait durant mes six années américaines ? J’ai écrit quelques liv
1167
sonnalistes, puis inspiré la Résistance, j’ai dit
que
j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et tant pis po
1168
raisons tout intérieures auxquelles il est temps
que
je vienne. Vers ma vingt-quatrième année, j’avais découvert deux aute
1169
e totalement différente, je le confesse, de celle
que
je gardais de mon école du dimanche. C’était l’idée très calvinienne
1170
mmunauté. Paul Valéry nous avait convaincus de ce
que
« toute politique suppose une certaine idée de l’homme ». Nous en déd
1171
ne certaine idée de l’homme ». Nous en déduisions
que
le communisme supposait un individu embrigadé, le Komsomol ; que les
1172
me supposait un individu embrigadé, le Komsomol ;
que
les fascismes, noir ou brun, impliquaient à peu près la même concepti
1173
de la Race substitué à celui de la Classe ; mais
qu’
en revanche un type d’homme qui serait à la fois pleinement libre et p
1174
ent, nous observions — nous, les personnalistes —
que
l’homme n’est responsable qu’au sein d’une communauté où sa voix puis
1175
es personnalistes — que l’homme n’est responsable
qu’
au sein d’une communauté où sa voix puisse porter et où n’importe qui
1176
de Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote,
qu’
il décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le mod
1177
Calvin du même coup, et le modèle de cité idéale
que
Rousseau devait reprendre en l’appliquant aux citoyens de Genève réun
1178
— voir la Suisse justement — une idée de l’homme
que
nous appelions la personne, c’est-à-dire un individu à la fois libre
1179
Voilà pour la doctrine. J’ai dit les conséquences
qu’
elle a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature
1180
-elles « perdu pour la littérature » ? J’ose dire
que
non. De mon action européenne, j’ai tiré huit volumes, c’est près d’u
1181
ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce
que
j’ai publié jusqu’ici. Mais je ne voudrais surtout pas que l’on dédui
1182
publié jusqu’ici. Mais je ne voudrais surtout pas
que
l’on déduisît de mes propos que mon œuvre est issue d’un système ou d
1183
drais surtout pas que l’on déduisît de mes propos
que
mon œuvre est issue d’un système ou d’une dialectique rationnelle. La
1184
de mes idées, je ne suis en droit de les déduire
qu’
après coup, d’une analyse de ce que j’ai vécu. Mais dans le fait, au j
1185
de les déduire qu’après coup, d’une analyse de ce
que
j’ai vécu. Mais dans le fait, au jour le jour, tout s’est passé autre
1186
i-heure après que mon ordonnance m’eut annoncé ce
qu’
on venait d’entendre à la radio. Ces deux pages ont changé ma vie en m
1187
ssion houleuse, à Paris, à Londres, à La Haye, et
que
je lus en conclusion du grand Congrès de l’Europe réuni à La Haye en
1188
du Centre européen de la culture. Or il se trouve
que
ces deux petits écrits sont ceux dont, en les relisant, je suis le mo
1189
de l’Europe, qui a répandu sur toute la Terre ce
qu’
elle nomme le Progrès, c’est-à-dire une civilisation technico-industri
1190
s États-nations. Il est devenu parfaitement clair
qu’
on ne peut pas fonder l’union de l’Europe sur la base des États qui s’
1191
ments, la plus grosse dépense jamais faite depuis
que
l’humanité existe et dont le mieux qu’on puisse attendre est qu’elle
1192
ite depuis que l’humanité existe et dont le mieux
qu’
on puisse attendre est qu’elle ne serve jamais à rien : nous sommes fo
1193
existe et dont le mieux qu’on puisse attendre est
qu’
elle ne serve jamais à rien : nous sommes fous. Pourquoi notre avenir
1194
mes fous. Pourquoi notre avenir vaudrait-il mieux
que
ce que nous sommes, nous qui le laissons faire, nous qui le faisons ?
1195
s. Pourquoi notre avenir vaudrait-il mieux que ce
que
nous sommes, nous qui le laissons faire, nous qui le faisons ? Je ne
1196
formation des cabinets ministériels. Bien plutôt
que
par « la note d’espoir » traditionnelle, je voudrais terminer par un
1197
science dont dépend notre avenir : car il sera ce
que
nous voulons au fond de nous-mêmes. Ce n’est qu’en chacun de nous qu’
1198
que nous voulons au fond de nous-mêmes. Ce n’est
qu’
en chacun de nous qu’il peut être sauvé. Denis de Rougemont 26 octobre
1199
fond de nous-mêmes. Ce n’est qu’en chacun de nous
qu’
il peut être sauvé. Denis de Rougemont 26 octobre 1982 ar. Rougemon
1200
sa mémoire, voici le texte inédit de l’allocution
qu’
il prononça à Genève en octobre 1982, après qu’on lui eut remis le Gra
1201
els —, le bouleutérion où siègent les magistrats,
que
l’on nomme curie dans le monde romain et, beaucoup plus tard, le « pa
1202
dération suisse. À ce propos, on sait aujourd’hui
que
le Pacte de 1291, dit du « Grütli », fut écrit dans un latin assez pa
1203
usqu’en Espagne. Il y a donc une longue tradition
que
l’on peut suivre de la polis grecque avec son agora à la civitas roma
1204
Les règles impératives à respecter, si l’on veut
que
l’agora fonctionne, ont été formulées par Aristote, notamment dans sa
1205
t d’appliquer ces principes à nos sociétés telles
qu’
elles sont devenues : démesurées en fait, qu’on le veuille ou non, par
1206
lles qu’elles sont devenues : démesurées en fait,
qu’
on le veuille ou non, par les tâches de plus en plus vastes, lourdes e
1207
as se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce
qu’
il manquerait d’humainement essentiel à de tels assemblages de reflets
1208
les propriétaires terriens et les prêtres, ainsi
que
les membres de la famille impériale. Le vote populaire élit les sovie
1209
e chapitre Ier sur l’Organisation sociale annonce
que
l’URSS est un État socialiste des ouvriers et des paysans, dont « la
1210
u peuple tout entier. Cependant, l’art. 7 prévoit
que
« chaque foyer kolkhozien […] a la jouissance personnelle d’un petit
1211
[…] sont protégés par la loi. » L’art. 11 déclare
que
« la vie économique de l’URSS est déterminée et dirigée par le plan d
1212
leurs », dont on verra plus loin (art. 46 et 141)
que
, pratiquement, ces députés ne peuvent être proposés à l’élection que
1213
ces députés ne peuvent être proposés à l’élection
que
par le Parti. Le chapitre II sur l’Organisation de l’État définit l’U
1214
la plupart des pouvoirs fédéraux existants, tels
que
: relations extérieures, défense, transports et PTT, législation du t
1215
ans le domaine de l’instruction publique », ainsi
que
la totalité de l’organisation et de la procédure judiciaires. Enfin,
1216
ns-le, peut sembler plus radicalement fédéraliste
que
tout ce que prévoient les constitutions fédérales existantes. Le chap
1217
sembler plus radicalement fédéraliste que tout ce
que
prévoient les constitutions fédérales existantes. Le chapitre III déf
1218
’administration d’État de l’URSS. L’art. 64 porte
que
« l’organe exécutif et administratif supérieur du pouvoir d’État de l
1219
’école de l’Église » ; — liberté des cultes ainsi
que
liberté de propagande antireligieuse ; — liberté de parole, de la pre
1220
les organisations de travailleurs, tant sociales
que
d’État » (art. 126). Il paraît évident que ce privilège de noyau diri
1221
ciales que d’État » (art. 126). Il paraît évident
que
ce privilège de noyau dirigeant accordé au Parti relativise, pour dir
1222
e chapitre XI, sur le Système électoral, rappelle
que
les élections aux soviets des treize degrés existants du Soviet de ha
1223
ecret » (art. 134). Cependant, l’art. 141 précise
que
« le droit de présenter les candidats est garanti aux organisations s
1224
les organisations de travailleurs, tant sociales
que
d’État ». La Constitution de 1977 La Constitution de 1977, dite
1225
l une révision de la Constitution « de Staline »,
qu’
elle modifie sur une centaine de points d’importance très inégale. Les
1226
s de ses adhérents. Il est intéressant de relever
qu’
au cours de ces débats, selon la presse soviétique, « certains voulaie
1227
isme », tandis que d’autres n’avaient pas compris
que
« le socialisme développé n’est pas encore le communisme », et demand
1228
a « dictature du prolétariat ». L’art. 1 proclame
que
« l’URSS est un État socialiste du peuple tout entier » et non plus s
1229
t soldats ». En même temps, selon la présentation
qu’
en donnait la Pravda (26 mai 1977), l’insistance est mise sur « le rôl
1230
signée ». Il est certain — sinon clairement dit —
que
l’équilibre entre centralisation fédéraliste et autonomie de base est
1231
intérêts de la société et de l’État ». Or le fait
que
le PC jugera toujours en dernier ressort des vrais intérêts de l’État
1232
es droits et libertés déjà définis en 1936, ainsi
que
le droit nouveau introduit en 1977 de « faire des suggestions aux org
1233
en répondre ». Pouvait-on déduire de ces articles
que
les dissidents étaient en liberté, que les camps du goulag étaient vi
1234
s articles que les dissidents étaient en liberté,
que
les camps du goulag étaient vides, et que l’URSS était une démocratie
1235
iberté, que les camps du goulag étaient vides, et
que
l’URSS était une démocratie fédéraliste ? Bibliographie Feldbr
1236
« Plaise aux dieux
que
je sois un faux prophète » (automne 1996)ax ay « … Je sens venir d
1237
sens. Je ne cesserai de me sentir optimiste tant
que
je verrai que je puis faire quelque chose. Quel qu’en soit d’ailleurs
1238
esserai de me sentir optimiste tant que je verrai
que
je puis faire quelque chose. Quel qu’en soit d’ailleurs, le succès !
1239
e je verrai que je puis faire quelque chose. Quel
qu’
en soit d’ailleurs, le succès ! Attitude qui n’est pas différente de c
1240
ccès ! Attitude qui n’est pas différente de celle
que
j’annonçais dans mon premier article traitant du sujet politique : «
1241
que du pessimisme actif ». (Encore une expression
qu’
on a beaucoup reprise…) Mon attitude générale n’est pas celle d’un pes
1242
aucoup cette expression latine « plaise aux dieux
que
je sois un faux prophète » (utinam vates falsus sim). Je dis à mes co
1243
et vous éviterez les désastres ! Je ne crois pas
que
notre avenir soit fatal. L’avenir est fait de main d’homme de nos jou
1244
e qui arrive de mauvais dans le monde, il dit : «
qu’
est-ce qu’ils ont encore fait ? » « Ils » ou l’État ou les lois économ
1245
ve de mauvais dans le monde, il dit : « qu’est-ce
qu’
ils ont encore fait ? » « Ils » ou l’État ou les lois économiques, tou
1246
’État ou les lois économiques, tout nous est bon.
Qu’
est-ce qui fait la force de l’État ? C’est la somme des démissions des
1247
là ! » Yahvé les trouve et demande à l’homme : «
Qu’
as-tu fait ? » Adam dit : « Ce n’est pas moi, c’est Ève qui m’a forcé
1248
plus là. Il n’est pas vrai de dire, aujourd’hui,
que
les centrales nucléaires « qu’on le veuille ou non » sont nécessaires
1249
dire, aujourd’hui, que les centrales nucléaires «
qu’
on le veuille ou non » sont nécessaires. Les problèmes quelles seraien
1250
les contradictions de nos désirs. Ils ne viennent
que
de là, que de nous ! Nous n’osons pas avouer nos vrais désirs. Nous l
1251
ictions de nos désirs. Ils ne viennent que de là,
que
de nous ! Nous n’osons pas avouer nos vrais désirs. Nous les déguison
1252
Nous mentons à nos vrais désirs. Nous disons tous
que
nous voulons la liberté. En vérité, beaucoup veulent d’abord la puiss
1253
non plus parce que je ne crois pas avec Rousseau
que
l’homme est bon. Il est bête et méchant, c’est dans ses chromosomes.
1254
s dans le sens de mon désir profond. Il se trouve
que
c’est le désir de la liberté, non de la puissance. Qu’appelez-vous li
1255
’est le désir de la liberté, non de la puissance.
Qu’
appelez-vous liberté ? Se réaliser soi-même, pouvoir obéir à sa vocati
1256
ommes. Vous dites dans L’Avenir est notre affaire
que
deux finalités s’offrent à l’homme d’aujourd’hui, la puissance et la
1257
s relations humaines de la cité au lieu de n’être
que
les spectateurs passifs de débats entre politiciens — un peu comme on
1258
ned than well governed » (mieux vaut se gouverner
que
d’être bien gouverné)… Votre définition de la région ? Est-ce une eth
1259
de l’homme puisse s’y faire entendre. Vous savez
que
c’est le plus vieil idéal politique de l’Europe. Aristote voulait que
1260
eil idéal politique de l’Europe. Aristote voulait
que
la ville ne soit pas plus grande que la portée de la voix d’un homme
1261
tote voulait que la ville ne soit pas plus grande
que
la portée de la voix d’un homme criant sur l’agora. À Manhattan, vous
1262
personne ne vous entendra. On ne peut être libre
que
si l’on est responsable et l’inverse est vrai. Devant un tribunal, si
1263
Devant un tribunal, si votre avocat peut prouver
que
vous n’étiez pas libre quand vous avez commis un délit, on vous acqui
1264
n vous acquitte. Mais on ne peut être responsable
que
dans une communauté à la taille de l’homme, où chacun peut juger des
1265
ue le plancton, lequel fabrique 4/5e de l’oxygène
que
nous respirons, est un problème mondial, qui appelle une agence mondi
1266
Les enfants comprennent très bien cela et savent
que
les douaniers n’arrêtent pas la pollution. Pour l’écologie, nos front
1267
e, régions, Europe : même avenir. C’est la devise
que
j’ai proposée aux mouvements écologiques français et il semble bien q
1268
pour le moins hardies… Une thèse centrale : c’est
que
l’amour-passion est l’invention du xiie siècle européen, que la pass
1269
passion est l’invention du xiie siècle européen,
que
la passion se nourrit d’obstacles et les suscite au besoin et que l’o
1270
e nourrit d’obstacles et les suscite au besoin et
que
l’obstacle suprême étant la mort, c’est dans la mort que les amants l
1271
bstacle suprême étant la mort, c’est dans la mort
que
les amants légendaires, Tristan et Iseut, trouveront le couronnement
1272
couronnement de leur passion, la « joie suprême »
que
chante l’Isolde de Wagner. Tout cela à partir d’analyses rigoureuses
1273
mythe de Tristan et Iseut dont le sens ultime est
que
Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce qu’il aime, c’est aimer,
1274
que Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce
qu’
il aime, c’est aimer, être aimé, être intoxiqué de la passion d’amour.
1275
drogue. Or, passion signifie souffrance, c’est ce
que
l’on subit, c’est le contraire de l’acte d’amour vrai. J’ai montré le
1276
la crise de l’amour. D’où l’influence multiforme
que
ce livre continue d’exercer depuis près de quarante ans. Pouvez-vous
1277
de quarante ans. Pouvez-vous citer des romanciers
que
vous avez influencés ? Lawrence Durrell et Michel Tournier et un poèt
1278
tan Auden. Certains jeunes écrivains m’ont confié
qu’
ils avaient renoncé à écrire tel roman déjà commencé, parce que m’ayan
1279
, parce que m’ayant lu, ils savaient trop bien ce
qu’
ils faisaient. Dois-je me le reprocher ? Toute prise de conscience n’e
1280
un progrès ? Ainsi le cas d’André Gide. Apprenant
que
je cherchais de toute urgence un studio et ne trouvais rien, il m’ava
1281
ais dites-moi, mon cher Rougemont, quand on saura
que
vous habitez chez moi, qu’est-ce qu’on va dire ? » Et il répète à tra
1282
gemont, quand on saura que vous habitez chez moi,
qu’
est-ce qu’on va dire ? » Et il répète à travers ses dents serrées : «
1283
and on saura que vous habitez chez moi, qu’est-ce
qu’
on va dire ? » Et il répète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce
1284
? » Et il répète à travers ses dents serrées : «
qu’
est-ce qu’on va dire ? » Je me garde bien de répondre, je m’amuse trop
1285
répète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce
qu’
on va dire ? » Je me garde bien de répondre, je m’amuse trop. Finaleme
1286
trop. Finalement il jette en riant : « on va dire
que
c’est un complot protestant ! » Chaque matin qui suivit, il vint entr
1287
ans L’Amour et l’Occident et non pas dans Freud
que
j’ai découvert l’explication de mon cas et les raisons qui m’ont fait
1288
ne autre fois, plus détendu : « Vous allez penser
que
je suis obsédé, mais je ne puis m’empêcher de croire que vos troubado
1289
suis obsédé, mais je ne puis m’empêcher de croire
que
vos troubadours étaient homosexuels. » Je lui dis qu’en effet, plusie
1290
vos troubadours étaient homosexuels. » Je lui dis
qu’
en effet, plusieurs semblent l’avoir été que cela n’a rien de surprena
1291
i dis qu’en effet, plusieurs semblent l’avoir été
que
cela n’a rien de surprenant : ils mettaient la femme, la Dame sur un
1292
e maître qui interdit de la posséder. Il ne reste
qu’
à la diviniser. Mais on risque par la suite d’assimiler toute femme ai
1293
me démontrait — ce qui est rigoureusement exclu —
qu’
elles sont inoffensives, rentables et nécessaires, je serais contre pa
1294
plus centralisé et policier. D’ailleurs, je doute
qu’
on continue à en construire et qu’elles fonctionnent. Je lutte surtout
1295
leurs, je doute qu’on continue à en construire et
qu’
elles fonctionnent. Je lutte surtout pour qu’on cherche autre chose, q
1296
Je lutte surtout pour qu’on cherche autre chose,
qu’
on change de cap… Mais n’avez-vous pas été le premier à plaider en fav
1297
nucléaire sont suicidaires et le savent. L’avenir
que
nous voulons, c’est le solaire. Mais les États freinent la recherche
1298
États freinent la recherche dans ce domaine. Tant
qu’
ils n’auront pas trouvé le moyen d’intercaler un compteur entre le sol
1299
ens, ils nous répéteront — et c’est un mensonge —
qu’
il faut vingt ans encore pour que l’énergie solaire soit compétitive.
1300
tats ? Parce que le soleil est à tout le monde et
que
demain vous pourrez avoir un four solaire sur votre maison qui ne dev
1301
t aveugle comme une taupe et s’ennuyait tellement
qu’
il voulait voir mourir les hommes afin de lui tenir compagnie. Zeus qu
1302
urir les hommes afin de lui tenir compagnie. Zeus
qu’
Homère appelle parfois Europeos (qui voit très loin) est le dieu du so
1303
le pense pas. L’utopie majeure consiste à croire
qu’
on peut continuer comme ça. Je me tiens pour un réaliste quand je pose
1304
aliste quand je pose une question comme celle-là.
Que
ferez-vous des autoroutes quand l’essence coûtera 50 francs le litre
1305
ougemont Denis de, « [Entretien] Plaise aux dieux
que
je sois un faux prophète », Temps européens, Genève, 1996, p. 34-41.