1 L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales [commentaires] (

2 L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales [commentaires] (1982)a Un des buts principaux

3 des cultures nationales [commentaires] (1982)a Un des buts principaux de notre colloque était d’examiner pourquoi certa

4 cultures nationales [commentaires] (1982)a Un des buts principaux de notre colloque était d’examiner pourquoi certaines

5 ons elles peuvent apporter de la sorte à l’Europe une et diverse. Ma première intervention relevait quelque peu de la provo

6 ocation. Elle risquait en effet de vider d’avance un tel colloque de son contenu : je niais l’existence de « cultures nati

7 existence préalable à tous nos États nationaux, d’ une culture commune des Européens, aux sources exceptionnellement diverse

8 à tous nos États nationaux, d’une culture commune des Européens, aux sources exceptionnellement diverses et caractérisée pa

9 i aperçu de nouvelles manières, non pas d’établir des compromis mais au contraire de préciser les choses, et de tourner, à

10 d’hui nos cultures nationales. Comment introduire un dialogue si on nie l’existence de ses interlocuteurs ? C’est la premi

11 Or, il faut dialoguer, j’en suis convaincu depuis une cinquantaine d’années que j’écris et que je parle sur des questions e

12 uantaine d’années que j’écris et que je parle sur des questions européennes. Pourquoi est-ce qu’il nous faut à tout prix un

13 nnes. Pourquoi est-ce qu’il nous faut à tout prix un dialogue ? C’est parce que la condition de survie de l’Europe est dan

14 as à se fédérer, c’est-à-dire à dépasser le tabou des États-nations à souveraineté absolue, elle reste incapable, par défin

15 pable, par définition, de s’unir : on ne base pas une union sur cet obstacle par excellence à toute union qu’est l’État-nat

16 Europe sur ses États-nations, c’est vouloir faire un cercle carré ou c’est vouloir, comme je l’ai dit souvent, fonder une

17 c’est vouloir, comme je l’ai dit souvent, fonder une amicale des misanthropes. On peut écrire ces choses, on peut les dire

18 ir, comme je l’ai dit souvent, fonder une amicale des misanthropes. On peut écrire ces choses, on peut les dire, on ne peut

19 r que ce dialogue soit utile, il faut qu’il y ait un langage commun. Ce langage commun, nous ne le trouvons que dans l’exi

20 ommun, nous ne le trouvons que dans l’existence d’ une culture commune à tous les Européens, culture extraordinairement vari

21 olutions possibles. J’ajoute que, pour moi, faire une fédération de l’Europe, une union réelle sur la base de la seule unit

22 que, pour moi, faire une fédération de l’Europe, une union réelle sur la base de la seule unité existante, qui est l’unité

23 nité existante, qui est l’unité de culture, c’est une condition sine qua non de quelque chose de plus important que l’Europ

24 entrevoir comment on pourrait tout de même rendre un certain sens à l’expression de « culture nationale » dans certaines c

25 ition de vingt-quatre cultures nationales. Il y a une culture qui s’est formée en Europe jusque vers l’an 1300 de notre ère

26 premier millénaire de notre ère par la confluence des sources que j’ai énumérées tout à l’heure, alors que les plus anciens

27 ns. C’est la France de Philippe le Bel, l’Espagne des rois de Castille et d’Aragon, l’Angleterre des petits rois autour de

28 ne des rois de Castille et d’Aragon, l’Angleterre des petits rois autour de Londres qui ont fusionné. Le premier noyau de l

29 fin du xiiie siècle. Ensuite, vient la formation des États scandinaves et, au xixe seulement, étape suivante, la formatio

30 pre… Nous voilà donc extrêmement loin de l’idée d’ une culture qui se serait constituée en même temps que celle des nations

31 qui se serait constituée en même temps que celle des nations et par leur addition. Mais alors dans quelle mesure peut-on

32 en trois mots. Ces sources de la culture commune des Européens, jusqu’aux premiers siècles de notre ère, tout le monde les

33 nent, et les Germains qui viennent à la rencontre des Celtes, se mélangent avec eux et finissent par recouvrir aussi une bo

34 cela viendront s’ajouter, au Moyen Âge, l’apport des Arabes, et, à partir du xixe siècle, celui des Slaves de Russie, et

35 t des Arabes, et, à partir du xixe siècle, celui des Slaves de Russie, et on pourrait mentionner encore, au début du xxe

36 ravers le jazz américain, à travers les cantiques des Noirs, dont les mélodies sont d’ailleurs empruntées à ceux des mouvem

37 nt les mélodies sont d’ailleurs empruntées à ceux des mouvements de réveil protestant dans le pays de Galles ! Cet héritage

38 ! Cet héritage est tellement varié qu’il va créer des variantes importantes dans le dosage des éléments. Ce sont ces varian

39 va créer des variantes importantes dans le dosage des éléments. Ce sont ces variantes, que, dans certains cas, on pourrait

40 communautés. Vous avez le cas de la Hongrie, l’un des tout premiers États formés en Europe. Nous l’avons vu lors des exposé

41 iers États formés en Europe. Nous l’avons vu lors des exposés de MM. Boldizsar et Molnar, il y a là un cas unique où cultur

42 des exposés de MM. Boldizsar et Molnar, il y a là un cas unique où culture et identité nationales ne font qu’un. Cela peut

43 ique où culture et identité nationales ne font qu’ un . Cela peut tenir aux origines asiatiques du peuple hongrois, qui est

44 asiatiques du peuple hongrois, qui est venu comme un corps étranger dans l’Europe. Donc, pour lui, sa culture était sa rai

45 la Suisse, qui n’a pas de culture nationale, mais une confédération de plusieurs ethnies, langues et traditions historiques

46 mateur. Ce qui a été son élément formateur, c’est une sorte de philosophie politique qui est le fédéralisme. La décision de

47 ut rester différents, autonomes. Peut-on parler d’ une culture politique ? Oui, c’est sans doute la seule manière de parler

48 ui, c’est sans doute la seule manière de parler d’ une culture nationale pour les Suisses — une culture qui ne porte que sur

49 parler d’une culture nationale pour les Suisses — une culture qui ne porte que sur les principes du fédéralisme, sur l’éthi

50 ts. La Pologne a pour particularité unique d’être un État slave de population, mais romanisé dans sa culture. À l’inverse,

51 culture. À l’inverse, la Roumanie est l’exemple d’ un État romanisé devenu orthodoxe et dont la culture résulte de cette co

52 us l’a expliqué M. Diez del Corral, a toujours eu une royauté unique, décidée à tout unifier par la force et par la ruse. C

53 s jamais obtenir, je crois, le libre consentement des parties annexées. Ça a été fait par la conquête, le non-respect des c

54 es. Ça a été fait par la conquête, le non-respect des contrats sacrés (cas de la Bretagne) ou par des jeux de traités plus

55 t des contrats sacrés (cas de la Bretagne) ou par des jeux de traités plus ou moins discutables. L’unification totale ne s’

56 ification totale ne s’est imposée qu’au détriment des cultures « nationales », au sens ancien, dont la grande culture occit

57 uement interdites par les lois de la « République une et indivisible ». On a beaucoup parlé de culture nationale en France.

58 lée non pas nationale mais stato-nationale. C’est une culture d’État-nation, faite pour et par l’État-nation. Cela me rappe

59 faite pour et par l’État-nation. Cela me rappelle une phrase souvent répétée par Michel Debré, qu’il a encore utilisée dern

60 laquelle l’école française est faite pour former des citoyens français. C’est tout juste s’il n’a pas parlé de sujets… Don

61 pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de culture différente de toutes les autres en ceci qu’elle est

62 e, c’est-à-dire qu’elle comporte déjà les bases d’ un fédéralisme possible, depuis ses origines, depuis le Moyen Âge. Il n’

63 continué, chacune pour elle-même, certaines avec un grand succès même au point de vue État-nation, comme la Hongrie, indé

64 vue État-nation, comme la Hongrie, indépendante à une époque, ensuite en relation quasi fédérale avec l’ensemble austro-hon

65 e à ce fédéralisme sous-jacent, on a pu arriver à un développement culturel merveilleux et vraiment très européen, qui est

66 s européen, qui est le développement de la Vienne des trente premières années du siècle. Je pense que Vienne était, plus pe

67 de ce moment-là. Il suffit de mentionner l’école des logiciens de Wittgenstein, Hilbert, Carnap ; la grande école de la mu

68 least, la psychanalyse avec Freud et Adler. C’est une chose absolument sensationnelle qu’une pareille culture qui n’est pas

69 ler. C’est une chose absolument sensationnelle qu’ une pareille culture qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à un

70 elle qu’une pareille culture qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à une pluralité de nations vivant et coopéran

71 qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à une pluralité de nations vivant et coopérant librement les unes avec les

72 nt les unes avec les autres. Ensuite vous avez eu un très remarquable exposé de M. Romano sur l’Italie, où il nous a fait

73 égnante que toute nation « fait son unité » comme un homme « fait sa puberté », a traversé une sérieuse crise de développe

74  » comme un homme « fait sa puberté », a traversé une sérieuse crise de développement. Un certain nombre de grands hommes i

75 , a traversé une sérieuse crise de développement. Un certain nombre de grands hommes italiens ont prétendu reconquérir l’u

76 du pays, alors qu’ils ne faisaient que reproduire une unité, restaurée, certes, mais au sens de Viollet-le-Duc. Pour l’Alle

77 magne, le cas n’est pas trop différent. Vous avez une grande culture germanique, on peut le dire, parce que l’accent est fo

78 t le romantisme. Le Saint-Empire romain ne fut qu’ un empire de nostalgie reconstitué. Aujourd’hui, vous avez cette même cu

79 culture qui est le seul lien communautaire entre des gens de quatre ou cinq États différents : les deux Allemagnes, la Sui

80 sont de culture germanique. C’est donc simplement un ferment communautaire. Ces quelques exemples pourraient être développ

81 suite, quand on pense à l’Europe comme culture, d’ une culture symphonique, ou si vous voulez, d’un orchestre. Il y a le lan

82 , d’une culture symphonique, ou si vous voulez, d’ un orchestre. Il y a le langage commun, la musique, l’héritage culturel

83 mun étant symphonique, ne peut s’exprimer que par des instruments différents. Il s’agit maintenant de les composer pour qu

84 « ce qui s’oppose coopère » et que « de la lutte des contraires procède la plus belle harmonie ». Le génie de l’Europe va

85 devise du fédéralisme : la composition, l’accord des contraires, leur mise en tension sans court-circuit, c’est-à-dire san

86 on sans court-circuit, c’est-à-dire sans que l’un des pôles soit neutralisé par l’autre. Ceci nous amène à l’idée que je vo

87 crois que je les ai indiqués, c’est cette culture une et diverse qui permet à toutes sortes d’interlocuteurs de représenter

88 au trésor commun, à l’héritage commun, qui permet un langage commun. Quel pourrait être le contenu de ce Dialogue des cult

89 mun. Quel pourrait être le contenu de ce Dialogue des cultures que nous souhaitons tous ? Je ne vais pas vous faire ici un

90 s souhaitons tous ? Je ne vais pas vous faire ici un long topo. J’aimerais simplement proposer une ou deux pistes de réfle

91 ici un long topo. J’aimerais simplement proposer une ou deux pistes de réflexion. Cela pourrait être le sujet d’un autre c

92 istes de réflexion. Cela pourrait être le sujet d’ un autre colloque. Je crois que la condition de tout dialogue entre les

93 sance du fait qu’elles ne pourront s’unir que sur une base véritablement commune, la culture, et non pas sur l’économie, ni

94 la culture, considérée comme seule base commune, des trente-cinq peuples européens. — Poursuivre le thème de la lutte cont

95 ismes fauteurs de guerres. Il me semble que c’est un terrain sur lequel la responsabilité de la culture est la plus engagé

96 ure est la plus engagée aujourd’hui. Il nous faut une culture pour la paix, donc une culture de dialogue, et non pas d’affr

97 ’hui. Il nous faut une culture pour la paix, donc une culture de dialogue, et non pas d’affrontements. Comment lutter contr

98 dans toutes nos écoles ? — Aborder les problèmes des droits de l’homme en référence permanente à ce que nous avons tous en

99 t. Voilà simplement quelques pistes. Pourquoi pas un colloque sur chacune d’elles ? a. Rougemont Denis de, « [Commentai

100 a. Rougemont Denis de, « [Commentaires] L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales », L’Europe une

101 taires] L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales », L’Europe une et diverse, Genève, Centre d’étud

102 contribution des cultures nationales », L’Europe une et diverse, Genève, Centre d’études pratique de la négociation intern

103 De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)b c Toute votre œuvre est sous-tendue par l’

104 Dans les années 1930, cette idée était commune à des gens de provenances très diverses et qui se retrouvaient dans les gro

105 dans les groupes personnalistes. Tous partaient d’ une définition de l’homme, non pas comme individu, mais comme personne. L

106 mais comme personne. La personne est appelée par un but et marche vers ce but en inventant son chemin. C’est un chemin un

107 marche vers ce but en inventant son chemin. C’est un chemin unique et sans précédent, un sentier qu’il doit inventer et qu

108 chemin. C’est un chemin unique et sans précédent, un sentier qu’il doit inventer et qui n’a été foulé par personne avant l

109 nuit, sans savoir à l’avance si son pied trouvera une terre ferme. La personne est l’expression permanente d’un homme à la

110 ferme. La personne est l’expression permanente d’ un homme à la fois libre et responsable, libre parce qu’il est responsab

111 e la personne à la fédération ? On ne devient pas une personne toute seule dans une caverne. La personne, individu en acte

112 ? On ne devient pas une personne toute seule dans une caverne. La personne, individu en acte qui réalise sa vocation, entre

113 en relation avec les autres. Cette relation crée une communauté, pas celle des grands ensembles d’une ville où l’on ne con

114 es. Cette relation crée une communauté, pas celle des grands ensembles d’une ville où l’on ne connaît personne, mais une co

115 une communauté, pas celle des grands ensembles d’ une ville où l’on ne connaît personne, mais une communauté authentique do

116 les d’une ville où l’on ne connaît personne, mais une communauté authentique donc de petite taille. Une communauté trop vas

117 une communauté authentique donc de petite taille. Une communauté trop vaste devient une collectivité et l’État y installe s

118 petite taille. Une communauté trop vaste devient une collectivité et l’État y installe sa géométrie. Dans une communauté,

119 lectivité et l’État y installe sa géométrie. Dans une communauté, on connaît les gens et la voix d’un homme peut s’y faire

120 une communauté, on connaît les gens et la voix d’ un homme peut s’y faire entendre. Aussi ces communautés doivent se group

121 lir les tâches qui dépassent leur taille et créer des régions ; ces régions à leur tour se fédèrent. À mesure que les chose

122 r certains objets trop vastes comme la protection des océans, à la fédération mondiale. Le fédéralisme préconise donc de ré

123 ? Oui, le fédéralisme part d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan

124 sposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que l

125 à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pa

126 s le faire. Le fédéralisme postule donc toujours une action au niveau de la vie concrète. Pourquoi cette filiation de la p

127 la personne au fédéralisme redevient aujourd’hui une question pertinente ? Parce que l’individualisme déchaîné, l’égoïsme

128 îné, l’égoïsme et l’absence de civisme ont permis un développement monstrueux des États et pas seulement des États totalit

129 de civisme ont permis un développement monstrueux des États et pas seulement des États totalitaires. Tous nos États sont vi

130 veloppement monstrueux des États et pas seulement des États totalitaires. Tous nos États sont victimes d’une centralisation

131 tats totalitaires. Tous nos États sont victimes d’ une centralisation excessive à l’imitation de l’État napoléonien qui a ét

132 i dit il y a longtemps, « c’est avec la poussière des individus que les États totalitaires font leur ciment ». Partout où l

133 font leur ciment ». Partout où l’individu devient une personne, l’État recule. Aujourd’hui le développement de l’État est d

134 ne fonctionne plus. On ne peut pas faire marcher un pays en décidant tout de sa capitale, parce que, pratiquement, on ne

135 i entre le nucléaire et la guerre. Cela constitue un circuit où tout se tient. Par exemple aux portes de la Suisse, une ce

136 ut se tient. Par exemple aux portes de la Suisse, une centrale comme celle de Creys-Malville est destinée à produire du plu

137 s démontrée. Bien entendu, tout cela sert à faire des bombes et tant pis si c’est dangereux, on mettra la police pour surve

138 nt donc plus nécessaire la capacité de résistance des personnes. Est-ce que la Suisse est menacée par la centrale française

139 nt pourrait transformer en aérosol tout ou partie des quatre tonnes de plutonium de la centrale. D’une manière générale, co

140 des quatre tonnes de plutonium de la centrale. D’ une manière générale, comme la direction des vents va de Lyon vers Genève

141 trale. D’une manière générale, comme la direction des vents va de Lyon vers Genève, cet immense aérosol balaierait tout le

142 vraient, mais rendrait la Suisse inhabitable pour des décennies. Il existe pourtant une menace bien plus importante avec le

143 nhabitable pour des décennies. Il existe pourtant une menace bien plus importante avec les SS20 soviétiques et les fusées o

144 ue la probabilité était faible, et qu’il existait une menace bien plus dangereuse : les fusées des 26 silos du plateau d’Al

145 tait une menace bien plus dangereuse : les fusées des 26 silos du plateau d’Albion qui sont pointées vers Moscou. Disposant

146 remiers. Voilà, m’expliquait-on, qui provoquerait une série d’explosions cent fois plus importantes que l’accident majeur d

147 ’on pensait me rassurer ? Et, comme par hasard, d’ une façon générale, on installe toujours ces choses dangereuses aux front

148 angereuses aux frontières, de sorte que, s’il y a un pépin, ce soient plutôt les autres qui trinquent. Si la France et l’I

149 on : « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile.

150 « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile. » T

151 ombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile. » Toutes deux en effet sont des formes d’hémiplégie morale.

152 e d’être un imbécile. » Toutes deux en effet sont des formes d’hémiplégie morale. Comme le démontre le fait qu’aujourd’hui

153 tre le fait qu’aujourd’hui les droites promettent des révolutions et les gauches des tyrannies… b. Rougemont Denis de, «

154 droites promettent des révolutions et les gauches des tyrannies… b. Rougemont Denis de, « [Entretien] De la personne à l

155 Denis de, « [Entretien] De la personne à l’Europe des régions », La Suisse, Genève, 25 mars 1982, p. 13. c. Propos recueil

156 vient de la guerre et va vers elle. En 1934, dans un de ses premiers livres, il lance le mot d’ordre de “l’engagement de l

157 nir est notre affaire , parce que “la décadence d’ une société commence quand l’homme se demande : ‘Que puis-je faire ?’”. E

158 ts et toutes les modes, de la personne à l’Europe des régions, cet esprit farouchement libre poursuit son chemin. » Voir ég

159 se telle qu’elle doit être lue : « La décadence d’ une société commence quand l’homme se demande : « Que va-t-il arriver ? »

160 is plus grand » présenté par les fusées atomiques des vingt-six silos du plateau d’Albion sur lequel les Russes ont pointé

161 été signalé par M. Francis Perrin, de l’Académie des sciences, physicien renommé et ancien haut-commissaire à l’énergie at

162 ie atomique. Il m’a paru important de préciser qu’ une révélation aussi sensationnelle provient d’une personnalité incontest

163 qu’une révélation aussi sensationnelle provient d’ une personnalité incontestée et entièrement indépendante. h. Rougemont

164 82)i Sondage-minute, sondage-clin d’œil. Comme une vague de fond, des dizaines de milliers de Suisses se ruent sur le fu

165 ute, sondage-clin d’œil. Comme une vague de fond, des dizaines de milliers de Suisses se ruent sur le futur concert de Bâle

166 de Suisses se ruent sur le futur concert de Bâle. Un phénomène social qui révèle toute l’importance prise en trente ans pa

167 trente ans par le rock and roll. Mais que savent des Rolling Stones quelques-unes des personnalités qui font souvent la un

168 Mais que savent des Rolling Stones quelques-unes des personnalités qui font souvent la une de l’actualité romande ? Sondag

169 elques-unes des personnalités qui font souvent la une de l’actualité romande ? Sondage-minute, sondage-grimace… Perplexe :

170 ce sujet. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Vous avez dit Rolling Stones ? », L’Hebdo, Lausanne, 28 mai

171 «  Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! » (2 juillet 1982)j k

172 ains journaux occidentaux, il s’agit simplement d’ une réussite de la propagande et de la manipulation soviétiques. Le plus

173 coup d’arguments idéologiques, on dissimule ainsi des réalités économiques. Il existe en fait, sur ce plan-là, une profonde

174 s économiques. Il existe en fait, sur ce plan-là, une profonde complicité entre les États-Unis et l’URSS. Faut-il parler d’

175 entre les États-Unis et l’URSS. Faut-il parler d’ un complot des grands, des puissants contre les peuples ? Je ne dirai ja

176 États-Unis et l’URSS. Faut-il parler d’un complot des grands, des puissants contre les peuples ? Je ne dirai jamais cela. I

177 t l’URSS. Faut-il parler d’un complot des grands, des puissants contre les peuples ? Je ne dirai jamais cela. Il n’existe p

178 Je suis persuadé que les dirigeants de l’URSS et des États-Unis sont convaincus de défendre leur peuple et leur idée de la

179 uiétant dans les débats actuels, c’est qu’on sent une impatience, complètement inconsciente mais réelle, des deux côtés, d’

180 mpatience, complètement inconsciente mais réelle, des deux côtés, d’essayer ces armements qui ont coûté à l’humanité en 198

181 ards de dollars. On n’avait encore jamais dépensé une somme pareille. L’industrie des armements devient le centre de toute

182 re jamais dépensé une somme pareille. L’industrie des armements devient le centre de toute la production. On est donc tenté

183 ive — que j’ai contribué à fonder et qui comprend des savants atomistes de premier ordre — a publié un manifeste contre l’i

184 des savants atomistes de premier ordre — a publié un manifeste contre l’illusion d’une limitation de l’escalade nucléaire.

185 ordre — a publié un manifeste contre l’illusion d’ une limitation de l’escalade nucléaire. C’est exclu par les militaires eu

186 nt les gens qui produisent ces armes. Il y a donc une pression du lobby des armements ? Une pression formidable qui agit su

187 sent ces armes. Il y a donc une pression du lobby des armements ? Une pression formidable qui agit sur l’opinion publique e

188 Il y a donc une pression du lobby des armements ? Une pression formidable qui agit sur l’opinion publique et également sur

189 on pas le pacifisme ! Quelle peut être la réponse des pacifistes ? La première réponse, c’est la diffusion, dans le monde e

190 ] plusieurs institutions capables de nous fournir des données sérieuses à cet égard. Et les manifestations pacifistes repré

191 rd. Et les manifestations pacifistes représentent une force gigantesque : elles témoignent d’une profonde et croissante con

192 entent une force gigantesque : elles témoignent d’ une profonde et croissante conviction des populations. Il faudrait qu’ell

193 émoignent d’une profonde et croissante conviction des populations. Il faudrait qu’elles deviennent encore plus grandes, plu

194 andes, plus puissantes. Je ne nie pas qu’il y ait des tentatives de manipulation dont les pacifistes de mon espèce sont con

195 ons sérieux. Ce qui est réel, indiscutable, c’est une économie fondée sur la production d’armements dont il n’est guère ima

196 le qu’on se serve jamais, c’est la multiplication des armes nucléaires, notamment par le détour des centrales dites civiles

197 ion des armes nucléaires, notamment par le détour des centrales dites civiles — voyez l’Inde, l’Irak, le Pakistan — qui per

198 que le pacifisme. Alors, que faire ? Il n’y a qu’ un moyen d’éviter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens et à celui

199 s l’arme nucléaire les premiers, sans l’existence des forces de frappe française et britannique, et sans les fusées de l’OT

200 Les peuples parviendront-ils à obtenir le retrait des armes atomiques d’Europe ? Ils l’obtiendront sûrement, s’ils prennent

201 nger. On ne peut plus se leurrer sur les effets d’ une guerre nucléaire : ce serait l’anéantissement de la population europé

202 population européenne, ne serait-ce que parce qu’ une des propriétés des radiations est de détruire les défenses immunitair

203 ulation européenne, ne serait-ce que parce qu’une des propriétés des radiations est de détruire les défenses immunitaires d

204 nne, ne serait-ce que parce qu’une des propriétés des radiations est de détruire les défenses immunitaires de l’organisme e

205 ainsi. Quant à l’Union soviétique, elle subirait des pertes très lourdes, mais pas définitives, car sa population est disp

206 définitives, car sa population est dispersée sur une vaste surface ; la nôtre est dix fois plus dense. J’en viens à la Sui

207 est sans doute le pays le mieux placé pour éviter une attaque nucléaire, puisque nous ne possédons pas d’armes atomiques. C

208 s ne possédons pas d’armes atomiques. C’est aussi un pays particulièrement à même de résister ; une agression par des moye

209 ssi un pays particulièrement à même de résister ; une agression par des moyens conventionnels, grâce à sa géographie et à c

210 ulièrement à même de résister ; une agression par des moyens conventionnels, grâce à sa géographie et à ce que nous appelio

211 en hérisson de chaque village, de chaque hameau, une défense répandue sur tout le territoire. Et si cette défense, proche

212 i recourir à la défense civile. J’ai fait naguère une proposition qui est peut-être moins comique qu’il n’y paraît à premiè

213 l n’y paraît à première vue : au lieu de dépenser des sommes énormes pour acheter des chars modernes et des avions vite dém

214 lieu de dépenser des sommes énormes pour acheter des chars modernes et des avions vite démodés, on pourrait dépenser un pe

215 sommes énormes pour acheter des chars modernes et des avions vite démodés, on pourrait dépenser un peu d’argent pour enseig

216 et des avions vite démodés, on pourrait dépenser un peu d’argent pour enseigner le russe dans les écoles. De telle manièr

217 ié… Bien d’autres procédés peuvent être imaginés. Une défense civile ainsi conçue pourrait déstabiliser l’adversaire, comme

218 Pensez-vous que la non-violence puisse constituer une alternative à la défense armée ? Je suis persuadé que la non-violence

219 re défense militaire puisse être considérée comme un danger par un autre pays. Il n’empêche que devant le risque d’une gue

220 itaire puisse être considérée comme un danger par un autre pays. Il n’empêche que devant le risque d’une guerre nucléaire,

221 n autre pays. Il n’empêche que devant le risque d’ une guerre nucléaire, devant cette possibilité parfaitement réelle, il me

222 n en meure tout de suite, mais autant mourir pour une bonne raison que pour l’épouvantable idiotie qui sera peut-être, comm

223 ble idiotie qui sera peut-être, comme dans le cas des Malouines, à l’origine d’une guerre. La guerre nucléaire, c’est bien

224 e, comme dans le cas des Malouines, à l’origine d’ une guerre. La guerre nucléaire, c’est bien plus fou, si l’on y pense, qu

225 ns nos poitrines nues. Je crois qu’il y aurait là un moyen de dissuasion formidable. Cependant, si un conflit devait éclat

226 un moyen de dissuasion formidable. Cependant, si un conflit devait éclater dans deux mois, ou dans deux ans, je me demand

227 non violente. Parce qu’il ne faut pas que ce soit une démission. Vous voudriez donc qu’on organise la non-violence ? Je vou

228 illeurs esprits de ce temps se mettent à imaginer des procédés de résistance au mal. J’ai été frappé, depuis longtemps, par

229 té frappé, depuis longtemps, par ces deux versets des Proverbes (Prov. 26/4-5) : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa foli

230 taire et en même temps par la non-violence. C’est un compromis, sans nul doute, mais pour le moment je ne peux pas aller p

231 lus loin. j. Rougemont Denis de, « [Entretien] Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! », La Liberté, Fribou

232 avarel et introduits par le chapeau suivant : « À des titres divers, l’écrivain Denis de Rougemont, Jean-Claude Favez, prof

233 ys, de rouvrir le débat sur la défense nationale. Un débat qui ne concerne pas seulement les militaires. »

234 Mais Lévy et les siens voulaient faire le procès des années 1930. En fait, j’attaquais Grisoni sur une phrase parue dans

235 es années 1930. En fait, j’attaquais Grisoni sur une phrase parue dans Lu, selon laquelle, lors de l’avènement de Pétain,

236 Pétain, le maréchal fut salué par les discours «  des sombres thuriféraires de la droite, les Drieu, de Rougemont et autres

237 procès qui m’était fait n’était donc pas celui «  des années 1930 ». Il portait sur mon action personnelle en juin 1940. Ju

238 is en Suisse, où j’étais mobilisé comme officier, un article sur l’entrée de Hitler à Paris, qui me valut, le 20 juin, une

239 trée de Hitler à Paris, qui me valut, le 20 juin, une condamnation à quinze jours de forteresse, au secret, pour « insulte

240 Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)m 1.

241 ire à la condition préalable de l’établissement d’ une paix solide dans le monde de la fin du xxe siècle. Il faut donc dépa

242 Suisse), elle consiste en fait dans la mainmise d’ un lourd appareil étatique — fonctionnaires, police et armée — sur toute

243 et armée — sur toutes les composantes de la vie d’ une nation : centralisation de l’économie et des structures politiques ma

244 ie d’une nation : centralisation de l’économie et des structures politiques mais aussi de l’éducation ; uniformisation forc

245 mais aussi de l’éducation ; uniformisation forcée des cultures et des ethnies dans le carcan de frontières le plus souvent

246 éducation ; uniformisation forcée des cultures et des ethnies dans le carcan de frontières le plus souvent arbitraires ; et

247 e non nul de déclencher les réactions en chaîne d’ une guerre mondiale et de l’extinction du genre humain, plutôt que de ren

248 inction du genre humain, plutôt que de renoncer à des droits théoriques sur un petit troupeau d’îles désertes. 2. Mais dépa

249 lutôt que de renoncer à des droits théoriques sur un petit troupeau d’îles désertes. 2. Mais dépasser l’État-nation, né de

250 qu’il s’était arrogées : défense du territoire et des libertés populaires, garantie de la monnaie, paix sociale, sécurité d

251 e sur les États-nations souverains, c’est vouloir un cercle carré. Ce serait tenter de fonder une amicale des misanthropes

252 uloir un cercle carré. Ce serait tenter de fonder une amicale des misanthropes, projet radicalement contradictoire en soi,

253 cle carré. Ce serait tenter de fonder une amicale des misanthropes, projet radicalement contradictoire en soi, pour des rai

254 , projet radicalement contradictoire en soi, pour des raisons bien évidentes. Dénoncer le dogme meurtrier de la souverainet

255 allant pas sans l’autre comme je le répète depuis un peu plus d’un demi-siècle. 4. Il existe une demi-douzaine de définiti

256 s l’autre comme je le répète depuis un peu plus d’ un demi-siècle. 4. Il existe une demi-douzaine de définitions de la régi

257 depuis un peu plus d’un demi-siècle. 4. Il existe une demi-douzaine de définitions de la région : ethnique (Bretagne, Pays

258 s, mais tous les autres sont toujours présents, à des degrés inégaux. La définition que je propose est peut-être la plus co

259 e : la région doit être avant tout et après tout, un espace de participation civique, favorisant la formation et le dévelo

260 ue, favorisant la formation et le développement d’ une communauté réelle et capable d’autonomie. Elle ne doit pas être un mi

261 lle et capable d’autonomie. Elle ne doit pas être un mini-État-nation, ni revendiquer toutes les compétences étatiques, ma

262 seulement celles qui correspondent à la dimension des problèmes qu’elle est le mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamai

263 e mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que l

264 à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pa

265 nt fédéral ne doit pas le faire »n, écrivait dans un raccourci génial, le sénateur américain D. Moynihan. C’est dire que l

266 » comme on vient de le voir, jamais délimités par une frontière d’État qui n’arrête ni les pollutions, ni les microbes, ni

267 , mais par les seuls intérêts de sa population. «  Une région ne se délimite pas, elle se reconnaît », écrivait au xixe siè

268 promouvoir les régions constitutives de l’Europe des réalités, les fédérer progressivement — bien souvent à travers les fr

269 s frontières nationales — les amener à constituer un sénat des régions d’Europe, telles sont les étapes obligées de l’avèn

270 res nationales — les amener à constituer un sénat des régions d’Europe, telles sont les étapes obligées de l’avènement d’un

271 telles sont les étapes obligées de l’avènement d’ une fédération continentale : c’est autant dire, de la paix de l’Europe,

272 longue haleine, direz-vous ? — Il n’y a donc pas une seule minute à perdre. m. Rougemont Denis de, « Des régions à la p

273 eule minute à perdre. m. Rougemont Denis de, «  Des régions à la paix pour l’union de l’Europe », L’Humaniste, Genève, ju

274 Pourquoi vous occupez-vous plus particulièrement des régions ? Ces dernières années, j’ai proposé à Ecoropa de s’occuper d

275 ières années, j’ai proposé à Ecoropa de s’occuper des régions, d’établir un réseau entre les différentes associations à voc

276 osé à Ecoropa de s’occuper des régions, d’établir un réseau entre les différentes associations à vocation régionale et rég

277 rivé à Paris en 1931, j’ai fait la connaissance d’ une trentaine de jeunes gens de mon âge, entre 25 et 30 ans, qui se renco

278 âge, entre 25 et 30 ans, qui se rencontraient en un petit groupe de discussion œcuménique. Il y avait là des protestants,

279 it groupe de discussion œcuménique. Il y avait là des protestants, des catholiques, des juifs et même des agnostiques et, e

280 ussion œcuménique. Il y avait là des protestants, des catholiques, des juifs et même des agnostiques et, entre autres : le

281 . Il y avait là des protestants, des catholiques, des juifs et même des agnostiques et, entre autres : le socialiste [sic]

282 s protestants, des catholiques, des juifs et même des agnostiques et, entre autres : le socialiste [sic] Marcf, Emmanuel Mo

283 ordre véritable » par rapport au désordre établi. Un numéro d’ Esprit fut d’ailleurs consacré au thème de « la rupture av

284 sordre établi ». Pour nous, il s’agissait aussi d’ une vraie « révolution » partant de l’homme considéré comme personne, et

285 me doit inventer son chemin puisque chacun part d’ un endroit qui est unique. Il faut trouver son sentier : il n’y a pas de

286 n’y a pas de route nationale ! Il faut donc avoir une certaine foi pour poser le pied là où nul autre ne s’est avancé. La v

287 autre ne s’est avancé. La vie de la personne est une construction continuelle et une marche dans la nuit. Un verset d’un p

288 e la personne est une construction continuelle et une marche dans la nuit. Un verset d’un psaume dit : « Ta parole est une

289 struction continuelle et une marche dans la nuit. Un verset d’un psaume dit : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une l

290 ntinuelle et une marche dans la nuit. Un verset d’ un psaume dit : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur m

291 nuit. Un verset d’un psaume dit : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » Cette vocation doit

292 aume dit : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » Cette vocation doit se manifester et elle

293 manifeste parmi les autres ; c’est cela qui crée des liens communautaires. Une communauté commence et ne se fait que par l

294 s ; c’est cela qui crée des liens communautaires. Une communauté commence et ne se fait que par les liens interpersonnels.

295 nels. Il n’existe pas de communautés d’individus. Une communauté se distingue par une vocation beaucoup mieux que par des l

296 utés d’individus. Une communauté se distingue par une vocation beaucoup mieux que par des liens économiques. C’est sans do

297 distingue par une vocation beaucoup mieux que par des liens économiques. C’est sans doute aussi en ce sens que l’on dit qu

298 aussi en ce sens que l’on dit que les liens avec une famille spirituelle sont souvent plus forts et plus profonds qu’avec

299 logique. La famille spirituelle n’existe qu’entre des gens spirituels, qui existent comme des personnes, même si cela n’est

300 qu’entre des gens spirituels, qui existent comme des personnes, même si cela n’est pas clair. C’est souvent par les symbol

301 s mythes, les archétypes (dont on se sert comme d’ un instrument), ou même par le hasard, qu’on trouve sa famille spirituel

302 tre définition de la région ? Tout d’abord, c’est une grappe de communes qui se réunissent pour faire ensemble certaines ch

303 ne peuvent pas faire toutes seules. Vous en avez une vision tout à fait organique. Cela relève plus de l’horticulture que

304 ’aime beaucoup la définition qui a été donnée par un sénateur américain qui fut ambassadeur de son pays auprès des Nations

305 américain qui fut ambassadeur de son pays auprès des Nations unies : Ne confiez jamais à la plus grande quantité ce que l

306 pour sauver les océans, par exemple, cela suppose une agence mondiale. Vous dites, dans votre livre L’Avenir est notre aff

307 tre affaire , « la contestation nucléaire devient un problème transnational » ! Cela aussi démontre qu’aujourd’hui, la not

308 montre qu’aujourd’hui, la notion de frontière est une notion aberrante et que le problème de la vie sur Terre est ou bien m

309 u bien mondial, ou bien régional. C’est la vision des « Verts » ! Les régions, naissant d’une communauté, n’ont pas d’autre

310 la vision des « Verts » ! Les régions, naissant d’ une communauté, n’ont pas d’autre limite que celles des champs cultivés e

311 e communauté, n’ont pas d’autre limite que celles des champs cultivés ensemble. Le mot « propriété », par exemple, vient du

312 onc ce que l’on peut s’approprier du point de vue des besoins quotidiens. C’est la seule justification d’une barrière, ou d

313 esoins quotidiens. C’est la seule justification d’ une barrière, ou d’une limite quelconque et cela n’a aucun rapport avec c

314 C’est la seule justification d’une barrière, ou d’ une limite quelconque et cela n’a aucun rapport avec ce qu’est devenue la

315 ce qu’est devenue la frontière. La frontière est une chose complètement condamnable. Elle n’a pas une seule utilité : les

316 une chose complètement condamnable. Elle n’a pas une seule utilité : les frontières empêchent de passer tout ce qui devrai

317 émies, les maladies, les pollutions… On en trouve un exemple frappant avec la frontière autour de Genève. La plupart de ce

318 t remarquablement absurde. Le bassin du Léman est une région naturelle entre le Jura et les Alpes. Cette région est découpé

319 s et, surtout, entre la Suisse et la France. Avec des cordons de douane alors que c’est le même pays d’un seul tenant, le m

320 cordons de douane alors que c’est le même pays d’ un seul tenant, le même sol, la même culture, le même climat, le même la

321 s sont les signes physiques de réalités qui sont des idéologies, ou des mythes, qui s’affrontent. S’il doit y avoir des « 

322 physiques de réalités qui sont des idéologies, ou des mythes, qui s’affrontent. S’il doit y avoir des « fermetures », ce de

323 u des mythes, qui s’affrontent. S’il doit y avoir des « fermetures », ce devrait être comme des membranes entre les cellule

324 y avoir des « fermetures », ce devrait être comme des membranes entre les cellules qui laissent passer tout ce qui doit le

325 description de l’unité-région et de ses limites à une personne faisant partie de plusieurs associations, dites type 1901 en

326 n que j’appelle cela et je suis pour la pluralité des allégeances. Je suis pour des régions « à géométrie variable », suiva

327 s pour la pluralité des allégeances. Je suis pour des régions « à géométrie variable », suivant la fonction que la région e

328 n que la région est censée remplir. On peut avoir des régions écologiques qui ne seront pas du tout les mêmes que des régio

329 ologiques qui ne seront pas du tout les mêmes que des régions économiques, bien que leurs rapports puissent être très proch

330 uement celle de leur représentation. La pluralité des allégeances est ma théorie favorite. Par exemple, je suis né dans le

331 partie de la communauté francophone : la France, une partie de la Belgique, de la Suisse, du Canada, de l’Afrique et quelq

332 . Je suis protestant et j’appartiens donc aussi à une autre communauté qui est mondiale et n’a pas de frontière délimitée.

333 cole personnaliste et à diverses associations… Si un fou venait me dire : tout cela ne peut pas continuer, il faut donner

334 n ! C’est impossible… Pour l’Europe, je vois donc une fédération de régions, une fédération continentale européenne qui, à

335 l’Europe, je vois donc une fédération de régions, une fédération continentale européenne qui, à son tour, peut se fédérer a

336 onfédération helvétique et celui de la fédération des États-Unis. Vous démontrez très bien la différence d’esprit entre ces

337 ir Américain. Mais l’Amérique n’est plus vraiment une fédération parce qu’elle est beaucoup trop grande. Toutefois, les Amé

338 trop grande. Toutefois, les Américains ont gardé un plus grand sentiment de la communauté qu’en Europe. Un autre exemple

339 us grand sentiment de la communauté qu’en Europe. Un autre exemple nous est offert par l’Afrique de l’Ouest, notamment dan

340 nstituent toujours ethniquement et culturellement une vaste unité, sont aujourd’hui morcelés entre trois ou quatre pays qui

341 morcelés entre trois ou quatre pays qui divisent des familles entières qui, si elles ne parlent plus la langue originelle,

342 e français… Oui, toute l’Afrique est mutilée par des gens qui, revêtus de leurs manches de lustrine, ont pris une carte de

343 i, revêtus de leurs manches de lustrine, ont pris une carte de l’Afrique et ont tracé des frontières toutes droites de 300

344 ine, ont pris une carte de l’Afrique et ont tracé des frontières toutes droites de 300 km de long au tire-ligne. Un jour où

345 s toutes droites de 300 km de long au tire-ligne. Un jour où j’en parlais avec un ministre de la Haute-Volta, il me dit :

346 long au tire-ligne. Un jour où j’en parlais avec un ministre de la Haute-Volta, il me dit : Vous ne connaissez pas le pi

347 les jacobins et faire si facilement de la France un État-nation de citoyens-soldats. Nous pouvons donc observer, sous nos

348 aléry disait déjà que toute politique se base sur une certaine conception de l’homme. Je suis pour la région à cause de ma

349 tion personnaliste de l’homme. Mais aussi à cause des conséquences de l’État-nation actuel qui est né des guerres révolutio

350 s conséquences de l’État-nation actuel qui est né des guerres révolutionnaires, des guerres de Napoléon qui l’a consolidé e

351 n actuel qui est né des guerres révolutionnaires, des guerres de Napoléon qui l’a consolidé et centralisé en vue de la guer

352 uveraineté absolue » et c’est ainsi que l’on voit une guerre imbécile comme celle des Malouines, pour un troupeau d’îles dé

353 nsi que l’on voit une guerre imbécile comme celle des Malouines, pour un troupeau d’îles désertes… Avec beaucoup de pétrole

354 e guerre imbécile comme celle des Malouines, pour un troupeau d’îles désertes… Avec beaucoup de pétrole dessous et quelque

355 at-nation a été atteint. Donc, toute la structure des États-nations conduit à la guerre comme on le voit aujourd’hui… Au co

356 esponsabilités. Malheureusement, cette idée est d’ un de mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce qu’il a nommé « le l

357 e ». Pour lui, la politique devait être faite par des gens payés pour cela, comme des domestiques. Malheureusement aussi, c

358 it être faite par des gens payés pour cela, comme des domestiques. Malheureusement aussi, c’est ce qui conduit tout droit à

359 tout droit à l’État totalitaire. J’ai écrit dans un de mes livres : « C’est avec la poussière des individus que l’État fe

360 dans un de mes livres : « C’est avec la poussière des individus que l’État fera son ciment ». Si chacun devient une personn

361 s que l’État fera son ciment ». Si chacun devient une personne, impossible d’en faire du ciment ! Alors, il est très clair

362 de personne, on peut tout reconstruire. Et faire une critique virulente de l’État-nation comme notre école l’avait fait da

363 … L’État-nation est beaucoup trop grand pour être un véritable animateur des affaires quotidiennes dans le carcan des fron

364 ucoup trop grand pour être un véritable animateur des affaires quotidiennes dans le carcan des frontières, et trop petit à

365 nimateur des affaires quotidiennes dans le carcan des frontières, et trop petit à l’échelle du monde. Vous avez écrit aussi

366 tit à l’échelle du monde. Vous avez écrit aussi «  une région, comme telle, ne sera jamais compétitive ». L’esprit de compét

367 ersonne. Il se traduit donc aussi directement par un esprit de compétition entre les États-nations ? Oui, c’est exactement

368 ujet, il ne faut pas s’imaginer la vocation comme une force qui vient vers nous et qui nous commande. Nous ne sommes pas « 

369 ssi, souvent dit ! Les États-nations ne sont que des individus égoïstes qui sont des criminels à l’échelle mondiale, des g

370 tions ne sont que des individus égoïstes qui sont des criminels à l’échelle mondiale, des gangsters… Il n’y a pas d’amour l

371 stes qui sont des criminels à l’échelle mondiale, des gangsters… Il n’y a pas d’amour là-dedans. Ce n’est pas comme la patr

372 ue l’on a « bluffé » les citoyens en introduisant une énorme confusion entre « patrie » et « État », du moins dans la langu

373 nt de l’intérieur tandis que l’État-nation, c’est un truc qui vous encadre de force, qui vous vient de l’extérieur. Et qui

374 ontières. La région de Bâle-Wurtemberg-Alsace est un exemple d’entité régionale séparée en trois États-nations dont deux,

375 ent se mettre ensemble car ils ont l’impression d’ une centralité continentale, ce qui est vrai à tous points de vue. Dans v

376 is vite et lentement pour constituer cette Europe des régions. Je ne vois l’Europe possible que sur la base des régions. C’

377 ons. Je ne vois l’Europe possible que sur la base des régions. C’est ce que j’avais proposé à Ecoropa : des régions qui se

378 régions. C’est ce que j’avais proposé à Ecoropa : des régions qui se forment spontanément un peu partout. Spontanément, c’e

379 Ecoropa : des régions qui se forment spontanément un peu partout. Spontanément, c’est très important. Elles ont envie de s

380 t. Elles ont envie de se connaître. Elles nomment des délégués pour un congrès annuel des régions : régions écologiques, re

381 de se connaître. Elles nomment des délégués pour un congrès annuel des régions : régions écologiques, religieuses, économ

382 Elles nomment des délégués pour un congrès annuel des régions : régions écologiques, religieuses, économiques, linguistique

383 issent comme le font les délégués de ceux qui ont des problèmes professionnels en commun. Aucune réglementation nationale n

384 associations de prendre très au sérieux les avis des experts, alors que les circulaires qui viennent de la capitale ne son

385 amais lues : on ne les a pas demandées. Peu à peu des liens se créeront, des ministères fédéraux apparaîtront, un sénat qui

386 a pas demandées. Peu à peu des liens se créeront, des ministères fédéraux apparaîtront, un sénat qui se constituera tout se

387 e créeront, des ministères fédéraux apparaîtront, un sénat qui se constituera tout seul parallèlement aux structures de l’

388 vraie révolution vient d’en bas. Ce qui me donne un peu confiance dans le nouveau régime français c’est que les deux homm

389 va paraître énorme aux Français ! Vous avez dit à un journaliste suisse qu’il faudrait au moins trois générations à la Fra

390 a fait 20 ans x 3 = 60 ans. C’est très court pour une durée moyenne de vie de 75 ans en Europe. Mais suffisamment pour que

391 ais suffisamment pour que cela commence à devenir un réflexe. C’est le minimum requis pour effacer la résistance formidabl

392 . Quand j’ai commencé à reparler systématiquement des régions, cela a beaucoup énervé des gens comme Pompidou pour qui c’ét

393 tématiquement des régions, cela a beaucoup énervé des gens comme Pompidou pour qui c’était le retour à la féodalité ; et ce

394 ivre infâme » ! Pour conclure, je vais vous citer une phrase que j’ai écrite et que j’aime beaucoup : « la puissance, c’est

395 taires. Je ne cesse de répéter que la seule force des États totalitaires, c’est la somme de nos faiblesses. d. Rougemon

396 e réflexion sur les mythes de l’amour était aussi un essai de déchiffrement de la personnalité de l’Europe, que Denis de R

397 nir est notre affaire (Stock, 1977), il brossait un bilan des crises actuelles et en cherchait les causes dans les profon

398 otre affaire (Stock, 1977), il brossait un bilan des crises actuelles et en cherchait les causes dans les profondeurs de l

399 communautés et les régions. Depuis 1947 il habite une ferme du pays de Gex, avec sa femme qui s’occupe activement d’une ass

400 s de Gex, avec sa femme qui s’occupe activement d’ une association pour la sauvegarde écologique du lac Léman. C’est là que

401 ois notre activité dès ses débuts, de nous donner un bref message sur notre travail. Nous les remercions chaleureusement ;

402 r-Perret fit ce que l’on peut faire de meilleur : une Alliance, et même une alliance culturelle, la plus sûre et peut-être

403 on peut faire de meilleur : une Alliance, et même une alliance culturelle, la plus sûre et peut-être la plus vraie. Voilà l

404 Un écrivain au service de la cité (24 octobre 1982)o p Denis de Rouge

405 , j’avais pensé, curieusement, que je deviendrais un grand chimiste. Je m’y étais exercé dans un laboratoire improvisé, ch

406 drais un grand chimiste. Je m’y étais exercé dans un laboratoire improvisé, chez mes parents, mais après trois leçons de c

407 ontherlant et le football, comme j’étais moi-même un adepte entêté de ce sport. Puis je suis entré en lettres, à l’Univers

408 la plus minuscule. On y avait comme professeurs, des gens comme Max Niedermann, l’un des disciples personnels de Ferdinand

409 professeurs, des gens comme Max Niedermann, l’un des disciples personnels de Ferdinand de Saussure. Ainsi, cinquante ans a

410 s la linguistique nouvelle. En outre, nous avions un autre professeur étonnant, en la personne de Jean Piaget, qui nous do

411 , en la personne de Jean Piaget, qui nous donnait des cours de psychologie et nous faisait participer à ses enquêtes, dans

412 t, ou sur la représentation du monde de l’enfant… des choses formidables ! Une époque bouillonnante Après cela, j’ai v

413 du monde de l’enfant… des choses formidables ! Une époque bouillonnante Après cela, j’ai voyagé. J’ai passé un an à l

414 illonnante Après cela, j’ai voyagé. J’ai passé un an à l’Université de Vienne, où l’on ne me voyait guère à vrai dire,

415 Le Paysan du Danube . En même temps, j’écrivais des essais tout ce qu’il y a de plus sages. Dans l’un d’entre eux, intitu

416 it en bonne place, estimant qu’il était du devoir des écrivains d’affronter les problèmes de la crise naissante. Ce qui ne

417 ne m’empêchait nullement, par ailleurs, de signer des pamphlets d’une extrême virulence, tel Les Méfaits de l’instruction

418 ullement, par ailleurs, de signer des pamphlets d’ une extrême virulence, tel Les Méfaits de l’instruction publique . Quoi

419 il en soit, il me semblait important d’en venir à une littérature fondée spirituellement, intellectuellement et politiqueme

420 ement, intellectuellement et politiquement. Après une crise sentimentale très dure qui me brisa en quatre morceaux, je gagn

421 risa en quatre morceaux, je gagnai Paris au début des années 1930, où l’on m’offrait de diriger une maison d’édition. Dès c

422 but des années 1930, où l’on m’offrait de diriger une maison d’édition. Dès ce moment-là, j’ai été plongé dans un bouillonn

423 d’édition. Dès ce moment-là, j’ai été plongé dans un bouillonnement d’idées que je n’ai jamais retrouvé par la suite. D’un

424 . D’une part, nous faisions découvrir, en France, des auteurs complètement nouveaux à l’époque, tels Kierkegaard, Karl Bart

425 els Kierkegaard, Karl Barth ou Berdiaev. Et puis, des divers groupes que nous formions alors avec une trentaine de jeunes g

426 , des divers groupes que nous formions alors avec une trentaine de jeunes gens venus de tous les horizons, allaient sortir

427 nalistes. En outre, nous répondions au grand défi des nationalismes, du nazisme, du fascisme mussolinien et du stalinisme,

428 me mussolinien et du stalinisme, par l’exigence d’ une fédération européenne dépassant les prérogatives de l’État-nation. Ma

429 livres en chantier. À la suite de mon Journal d’ une époque , devrait bientôt paraître le Journal d’un Européen, portant s

430 ne époque , devrait bientôt paraître le Journal d’ un Européen, portant sur ces trente dernières années. Enfin, je travaill

431 e considère comme la clef de voûte de mon œuvre : une Morale du but où se concentre l’essentiel de mon éthique d’homme et d

432 crivain. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] Un écrivain au service de la cité », Tribune de Lausanne — Le Matin, Lau

433 sé et vue prospective. Par son œuvre d’écrivain — une trentaine d’ouvrages parus à ce jour, dont quelques classiques, tels

434 c les mains , L’Amour et l’Occident , Journal d’ un intellectuel au chômage , La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureu

435 ellectuel au chômage , La Suisse ou l’histoire d’ un peuple heureux et Lettre ouverte aux Européens — autant que par so

436 de nos contemporains capitaux. Dans la tradition des grands moralistes suisses, il est parvenu, en témoin clairvoyant de s

437 ns souvent prophétiques, à concilier la défense d’ un héritage culturel incessamment enrichissant, avec l’urgence de change

438 nénarrable Jean-Edern Hallier lui a ainsi “piqué” des paragraphes entiers pour les resservir dans certain brûlot anti-Gisca

439 u’il fut, et ses livres en témoignent clairement, un antinazi de la première heure), celui qu’André Malraux considérait co

440 ), celui qu’André Malraux considérait comme “l’un des hommes les plus intelligents de notre temps” incarne par excellence l

441 ulantes. Le premier, ainsi qu’il le rappelle avec une insistance frisant la coquetterie, il fonda les notions d’engagement

442 à son compte. Là-dessus, ne voyons pas en lui qu’ un intellectuel de haut vol, mais également un styliste de premier ordre

443 ui qu’un intellectuel de haut vol, mais également un styliste de premier ordre et un poète dont un des premiers livres, ré

444 l, mais également un styliste de premier ordre et un poète dont un des premiers livres, réédité ces jours en collection de

445 ent un styliste de premier ordre et un poète dont un des premiers livres, réédité ces jours en collection de poche, signal

446 un styliste de premier ordre et un poète dont un des premiers livres, réédité ces jours en collection de poche, signale as

447 Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)v Qui auriez-v

448 par son milieu. La société est le résultat global des réussites et des échecs de ses efforts pour se rendre meilleur, ou pl

449 a société est le résultat global des réussites et des échecs de ses efforts pour se rendre meilleur, ou plus puissant, ou p

450 duelles sont en progression ? Personne ne dispose des moyens de répondre à cette question. Si le Christ revenait sur terre

451 irez le plus ? La christianisation jamais achevée des Églises chrétiennes, de Luther et Calvin à Vatican II : même combat !

452 qui vous causerait le plus grand plaisir ? Celle des concepts occidentaux de travail et de loisir, finalement le passage d

453 se. Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? Une santé qui puisse résister à pas mal d’excès. v. Rougemont Denis de

454 l d’excès. v. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Questionnaire de Marcel Proust », Cent Suisses répondent à M

455 e démesuré, dans le même aveuglement systématique des dirigeants de nos États, de nos médias, et des stratèges de l’interna

456 ue des dirigeants de nos États, de nos médias, et des stratèges de l’internationale (Est-Ouest) des armements, chargée d’as

457 et des stratèges de l’internationale (Est-Ouest) des armements, chargée d’assurer nos défenses nationales. Les démocraties

458 r la destruction totale, réciproque et simultanée des partenaires. Nous disons que cela ne peut que mal finir si l’on ne se

459 de suite : je veux dire à détruire en même temps, des deux côtés, toutes les armes nucléaires existantes. La couverture d’u

460 les armes nucléaires existantes. La couverture d’ un récent numéro de Time portait en grosses lettres : NUCLEAR POKER The

461 Cassandre toujours fut tenue pour responsable des malheurs qu’elle annonçait. Ainsi va-t-il de ceux qui tentent encore

462 crupules, la sacro-sainte stabilité dans l’erreur des autruches qui nous gouvernent. Trois accusations pèsent sur les parti

463 ilà qui est grave. Névrosé est celui qui réagit d’ une manière anormale à la cause de son angoisse : il tente de nier sa réa

464 ente de nier sa réalité, ou de passer avec elle «  un compromis dont il tire, dans sa position névrotique, un certain profi

465 promis dont il tire, dans sa position névrotique, un certain profit2 ». On a reconnu les partisans du nucléaire en général

466 es », c’est-à-dire ceux qui n’aiment pas l’idée d’ une fin brutale et prochaine de l’humanité, sont nécessairement partisans

467 ne de l’humanité, sont nécessairement partisans d’ une guerre « gagnée » par Moscou à la faveur d’une démission de l’Occiden

468 d’une guerre « gagnée » par Moscou à la faveur d’ une démission de l’Occident. Et en effet, certains d’entre eux ont pris p

469 scandale majeur du xxe siècle.) III. Progrès des armements — Moyen Âge et Renaissance : duel à l’épée, arrêt au pre

470 premier sang. — xviiie -xxe siècles : pistolet — un coup chacun. — Fin du xxe siècle : chacun lance une grenade sur l’au

471 coup chacun. — Fin du xxe siècle : chacun lance une grenade sur l’autre. Deux morts certaines au premier échange. Cela co

472 orces armées ; — anéantissement réciproque total. Une seule manière de s’arrêter avant ce stade final : supprimer toutes le

473 objet unique et la finalité expressément déclarée des prochaines conférences de Genève. Vous me répondrez que c’est impossi

474 niserait l’économie mondiale et ferait au surplus des millions de chômeurs. Votre devise serait-elle : « plutôt la fin de l

475 t « impossible » est pourtant seul possible. Avec des dizaines de milliers d’armes nucléaires sur tous les continents et le

476 s » (nombre d’armes et puissance explosive totale des arsenaux nucléaires américain et soviétique) est absurde, et ne peut

477 soviétique) est absurde, et ne peut conduire qu’à des conclusions probablement fausses dans le domaine militaire, et ruineu

478 en seraient à 38 000, il est clair, me dit-on, qu’ un effort gigantesque doit être demandé aux industries d’armes américain

479 bler ce retard tragique. Ce raisonnement relève d’ un âge mental de joueurs de billes. Si j’ai trois billes (ou missiles) e

480 )r Mon intervention dans ce colloque résulte d’ un malentendu initial sur son titre. Parce que cela me convenait sans do

481 pendent — quant à leur évaluation tout au moins — des définitions variées qu’on peut donner de la Suisse et de l’Europe uni

482 st pas rigoureux dans l’énoncé du thème, on court des risques importants. On entretient en premier lieu l’illusion économis

483 économie, et prendre l’une pour l’autre n’est pas une simple façon de parler pour aller vite, une métonymie, dit-on en rhét

484 t pas une simple façon de parler pour aller vite, une métonymie, dit-on en rhétorique (la partie pour le tout) mais une gra

485 it-on en rhétorique (la partie pour le tout) mais une grave confusion des valeurs. Et l’Europe est bien autre chose que ce

486 (la partie pour le tout) mais une grave confusion des valeurs. Et l’Europe est bien autre chose que ce qu’on nomme ainsi à

487 me ainsi à Bruxelles — où la CEE n’est en fait qu’ un ensemble d’accords intergouvernementaux en vue d’harmoniser certains

488  % du budget de la Commission chargée d’appliquer des mesures communes dans le seul secteur économique de neuf pays de l’Eu

489 ays mais aussi à d’autres secteurs, on arrivera à une sorte de fédération continentale. Voyons cela de plus près, et de plu

490 2. L’Europe ne peut s’unir que selon la formule d’ une fédération (à cause de ses diversités et pour les sauvegarder). 3. To

491 utres sont faciles à imaginer, sinon à réaliser : un super-État européen, sur le modèle de l’État-nation français ; un Éta

492 ropéen, sur le modèle de l’État-nation français ; un État fédéral européen, sur le modèle de la Suisse ; ou une simple Lig

493 fédéral européen, sur le modèle de la Suisse ; ou une simple Ligue défensive des nations souveraines sur le modèle de l’OTA

494 dèle de la Suisse ; ou une simple Ligue défensive des nations souveraines sur le modèle de l’OTAN ou du pacte de Varsovie.

495 mme il est si bien vu de le faire dans le domaine des sciences physiques, dans celui de la technologie, en biologie et même

496 e à peu près exclu de le proposer dans le domaine des formes politiques depuis l’avènement de l’État-nation en 1792, il y a

497 Bruxelles ou la Communauté élargie. S’il s’agit d’ un élargissement des accords économiques à d’autres pays européens dans

498 ommunauté élargie. S’il s’agit d’un élargissement des accords économiques à d’autres pays européens dans les cadres stricte

499 és par le traité de Rome, il ne me semble pas que des obstacles de principe s’opposent à une participation suisse, pour aut

500 le pas que des obstacles de principe s’opposent à une participation suisse, pour autant que celle-ci s’avérerait profitable

501 économique à d’autres secteurs, jusqu’à en faire une Communauté politique par exemple, le problème change de nature, radic

502 nion sociale, écologique, culturelle et politique des peuples du continent sur la base du traité de Rome, c’est-à-dire sur

503 t sur la base du traité de Rome, c’est-à-dire sur des combinaisons d’intérêts de durée nécessairement brève — calculées dan

504 par les décisions du général de Gaulle, au nom d’ un prestige national qui faisait fi des « intérêts » immédiats. De fait,

505 lle, au nom d’un prestige national qui faisait fi des « intérêts » immédiats. De fait, on ne voit pas pour quelles raisons

506 el, social, politique et nécessairement militaire des vingt-deux pays du continent, et sur les conditions de leur réunion f

507 satellisés par Moscou. Si cet élargissement-là (à des domaines autres qu’économiques) — souvent revendiqué par les parlemen

508 revendiqué par les parlementaires de l’Assemblée des Dix — se réalisait progressivement, la Suisse se verrait de moins en

509 en vertu de sa neutralité, mais plus encore, et d’ une manière plus structurelle, en vertu de sa formule fédéraliste. b) Le

510 l de l’Europe est sans pouvoirs. Il ne réunit que des ministres, en fin de compte, non des peuples par leurs élus. C’est lu

511 e réunit que des ministres, en fin de compte, non des peuples par leurs élus. C’est lui qu’il eût fallu élire au suffrage u

512 ope que la Suisse devrait dès maintenant produire un effort d’imagination, d’invention, d’innovation. J’y reviendrai. c) J

513 hel Debré) et sur le modèle de la Ligue défensive des nations souveraines, où il n’y aurait de sérieux que les USA d’une pa

514 Restent deux possibilités théoriques : 1° celle d’ un État fédéral européen sur le modèle suisse. 2° celle d’une création s

515 fédéral européen sur le modèle suisse. 2° celle d’ une création sui generis, d’une innovation politique, pour laquelle j’ai

516 le suisse. 2° celle d’une création sui generis, d’ une innovation politique, pour laquelle j’ai proposé le nom d’Europe des

517 tique, pour laquelle j’ai proposé le nom d’Europe des régions. 4. État fédéral européen ou Europe des régionsu Devan

518 es régions. 4. État fédéral européen ou Europe des régionsu Devant ces deux hypothèses, tout change. Au lieu de se d

519 l’identité suisse à toute participation active à une Europe unie. Ou encore : au lieu de justifier nos refus ou nos retard

520 conditions de participation active de la Suisse à une union européenne sont faciles à formuler. Ce sont les trois suivantes

521 la guerre. La Suisse ne pourrait participer qu’à une union qui serait elle-même neutre, c’est-à-dire purement défensive.

522 dont les dimensions correspondent aux dimensions des tâches à accomplir, et ceci en partant non de l’État central qui voud

523 n partant d’en bas. Partir d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités, signifie très exactement ceci, que le diplomate

524 sposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que l

525 à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pa

526 écentralisation du gouvernement, de l’économie et des activités culturelles, leur paraît la condition même d’une renaissanc

527 ités culturelles, leur paraît la condition même d’ une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. La Suisse

528 de leur pays. La Suisse ne pourrait adhérer qu’à une union de type fédéral, ménageant la pleine autonomie des communautés

529 on de type fédéral, ménageant la pleine autonomie des communautés qui la constituent. 3° La volonté de défense locale, sur

530 s vouloir entrer dans la discussion très complexe des risques et des avantages de cette politique typiquement suisse depuis

531 r dans la discussion très complexe des risques et des avantages de cette politique typiquement suisse depuis les débuts du

532 en. Il me paraît que la Suisse, au lieu de mener un combat en retraite, et d’accepter l’idée que, finalement, elle sera c

533 d’adhérer à la CEE, doit prendre sans plus tarder des initiatives créatrices, ainsi que l’a proposé ici même Mme Bauer-Lagi

534  », etc. Mais dans ma longue carrière d’historien des idées, je n’ai jamais observé que la justesse et la fécondité d’une s

535 jamais observé que la justesse et la fécondité d’ une seule idée ait dépendu de la taille de celui qui l’avait conçue. 5

536 cher ? Les deux obstacles principaux à l’union des peuples européens étant la souveraineté nationale absolue d’une part,

537 nationales, et de ramener les pays de l’Est dans une communauté avec l’Ouest. Pour les contacts avec l’Est, la Suisse disp

538 contacts avec l’Est, la Suisse dispose désormais des accords d’Helsinki, seuls à rassembler pour des négociations officiel

539 s des accords d’Helsinki, seuls à rassembler pour des négociations officielles tous les gouvernements européens (à l’except

540 s tous les gouvernements européens (à l’exception des trois États baltes). Pour ce qui est du dépassement progressif des ca

541 altes). Pour ce qui est du dépassement progressif des cadres stato-nationaux, la Suisse peut avoir recours au Conseil de l’

542 Conseil de l’Europe, je veux dire à sa Conférence des pouvoirs locaux et régionaux, qui a déjà organisé quatre rencontres d

543 régionaux, qui a déjà organisé quatre rencontres des régions transfrontalières : Strasbourg, Innsbruck, Galway, Bordeaux.

544 a possibilité d’élections au suffrage universel d’ un Sénat des régions d’Europe — et cela dans les termes mêmes que j’avai

545 lité d’élections au suffrage universel d’un Sénat des régions d’Europe — et cela dans les termes mêmes que j’avais proposés

546 ne, pourquoi s’interdire de supputer les effets d’ une fusion éventuelle de la CEE et du CE ? C’est impensable ! me dit-on d

547 de le penser. Pour progresser dans la direction d’ un gouvernement non pas « supranational » — je n’aime pas ce terme — mai

548 nce culturelle. On pourrait aboutir de la sorte à un exécutif européen doté de pouvoirs strictement limités mais très réel

549 litiques de l’Assemblée de Strasbourg et du Sénat des régions. 6. Possibilités ? Rêveries ? La Suisse a toujours été,

550 dès les débuts du xiiie siècle, à contre-courant des évolutions d’ensemble en Europe. On l’a écrit (notamment l’historien

551 jusqu’en notre siècle le seul témoin du mouvement des communes médiévales. Seule fédérée, quand tous les autres s’unifiaien

552 son identité de fédération fondée sur l’autonomie des communautés de base, communes et plus tard cantons. Voilà pourquoi il

553 e bénéfique, qu’elle soit la dernière à rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont elle aura été, dans le même temps

554 itateur Hitler, chef du Parti national-socialiste des ouvriers allemands (NSDAP, selon le sigle allemand). Mais le désordre

555 quelques mois deux millions de voix, à la suite d’ une entente avec les communistes le temps d’une grève à Berlin. Et Léon B

556 ite d’une entente avec les communistes le temps d’ une grève à Berlin. Et Léon Blum écrit : « Hitler a perdu ses dernières c

557 ières chances d’accéder au pouvoir. » S’ensuivent des marchandages cyniques et des renversements d’alliances entre banquier

558 uvoir. » S’ensuivent des marchandages cyniques et des renversements d’alliances entre banquiers, industriels, conservateurs

559 de décorations, raide et condescendant, s’incline un chef plébéien mal habillé, au sourire vulgairement satisfait. Dans le

560 défaite de 1918 avait précipité l’Allemagne dans un chaos sans précédent ; six millions de chômeurs ; une inflation qu’on

561 chaos sans précédent ; six millions de chômeurs ; une inflation qu’on disait galopante, et c’était trop peu dire, quand l’É

562 , et c’était trop peu dire, quand l’État émettait des billets de 100 millions et d’un milliard de marks ; l’humiliation nat

563 l’État émettait des billets de 100 millions et d’ un milliard de marks ; l’humiliation nationale du traité de Versailles ;

564 ersailles ; le désarmement imposé ; le terrorisme des groupuscules armés d’extrême droite ou d’extrême gauche ; la lutte sa

565 droite ou d’extrême gauche ; la lutte sans merci des communistes contre la social-démocratie, ennemi n° 1 ; la peur du bol

566 n° 1 ; la peur du bolchévisme proche, la carence des démocraties bavardes, la révolte d’une jeunesse vagabonde, plus radic

567 la carence des démocraties bavardes, la révolte d’ une jeunesse vagabonde, plus radicale et plus charmante que les hippies d

568 ues, marxistes ou capitalistes, ont échoué depuis un demi-siècle dans l’analyse de cette situation initiale. Car l’hitléri

569 j’oserais dire antiprovidentielle, du Chaos et d’ un fils du Chaos. C’est donc d’Hitler qu’il faut parler. Individu quelco

570 en d’autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, cadavre disparu, témoignages contradictoires de c

571 rvi — et ses photos donnent toutes l’impression d’ un truquage. La catastrophe du xxe siècle atteste seule sa réalité. Le

572 ler, l’antiprophète de notre temps, le prophète d’ un pouvoir vide, d’un passé mort, d’une catastrophe totale dont il allai

573 de notre temps, le prophète d’un pouvoir vide, d’ un passé mort, d’une catastrophe totale dont il allait devenir l’agent.

574 le prophète d’un pouvoir vide, d’un passé mort, d’ une catastrophe totale dont il allait devenir l’agent. Avec son insondabl

575 dernier carnaval En mars 1932, au lendemain d’ une rencontre des jeunesses révolutionnaires françaises et allemandes, qu

576 val En mars 1932, au lendemain d’une rencontre des jeunesses révolutionnaires françaises et allemandes, qui s’était tenu

577 rançaises et allemandes, qui s’était tenue « dans un Francfort en proie au carnaval et à l’angoisse », je parlais du « der

578 s trésors patinés dans la haute demeure familiale des Goethe ». L’accession d’Hitler au pouvoir se produisit onze mois plus

579 actement. Le 20 mars 1939, j’osais déclarer, dans une chronique du Figaro sur l’occupation de Prague, que nous vivions « le

580 mois plus tard. Le 17 juin 1940, j’écrivais dans un journal suisse : L’envahisseur avait prophétisé : « Le 15 juin j’ent

581 e pour faire comprendre au monde entier qu’il est des victoires impossibles… Enfin, on peut lire dans La Part du diable ,

582 tout l’univers, voici que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit ! Il n’était gra

583 est reçu en audience par le Führer : il s’agit d’ une ultime tentative pour sauver la paix. Hitler ouvre l’album où il fait

584 s articles parus sur lui à l’étranger. Il désigne une coupure du Courrier de Saint-Étienne intitulée : « Le Führer a perdu

585 Étienne intitulée : « Le Führer a perdu la guerre des nerfs. » Il entre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-il, il fa

586 hrer a perdu la guerre des nerfs. » Il entre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-il, il faut bien que je fasse la gue

587 e je fasse la guerre à la Pologne puisqu’on écrit des choses pareilles sur moi. » C. J. Burckhardt lui demande pourquoi il

588 ourquoi il attache tant d’importance aux propos d’ une feuille de province : « Pourquoi ? gémit le Führer, mais parce que mo

589 prestige vis-à-vis de mon peuple ! Je ne suis qu’ un petit homme du commun ! Si je perds mon prestige, je perds tout ! Vou

590 e Burckhardt de Bâle. Vous pourriez vous moquer d’ un tel article. Mais moi je ne suis qu’un prolétaire ! » Ce prolétaire e

591 s moquer d’un tel article. Mais moi je ne suis qu’ un prolétaire ! » Ce prolétaire en uniforme, ce petit homme du commun, C

592 s coup par le même Chaplin, Le Dictateur. Non pas un monstre pittoresque comme Attila ou Gengis Khan, mais un petit-bourge

593 tre pittoresque comme Attila ou Gengis Khan, mais un petit-bourgeois déclassé, qui veut sa revanche, tour à tour enragé et

594 que la description donnée par son ministre Speer des soirées de Berchtesgaden, de leur ennui pesant et empesé autour d’un

595 tesgaden, de leur ennui pesant et empesé autour d’ un Führer silencieux, non qu’il veuille garder secrets ses grands dessei

596 nt pensé, pour l’avoir éprouvé en sa présence par un frisson d’horreur sacrée, qu’il était le siège d’une « domination »,

597 frisson d’horreur sacrée, qu’il était le siège d’ une « domination », d’un « trône », d’un « génie » ou d’une « puissance »

598 rée, qu’il était le siège d’une « domination », d’ un « trône », d’un « génie » ou d’une « puissance », comme saint Paul dé

599 le siège d’une « domination », d’un « trône », d’ un « génie » ou d’une « puissance », comme saint Paul désigne les esprit

600 domination », d’un « trône », d’un « génie » ou d’ une « puissance », comme saint Paul désigne les esprits de second rang qu

601 s esprits de second rang qui peuvent déchoir dans un corps d’homme et l’occuper. Je l’ai entendu prononcer l’un de ses gra

602 ebout dans sa voiture qui longeait très lentement une rue peu large, mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la

603 t très lentement une rue peu large, mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang,

604 ture, les mains dans les poches de mon pardessus. Un bon tireur l’eût descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’es

605 us. Réfléchir ou même délirer… On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bou

606 ui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de soixante millions d’hommes. On tir

607 e rêve de soixante millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à

608 e millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastr

609 rvés à d’autres catastrophes. Le Führer déclarait un jour : « Je ne crains pas les Ravaillac, parce que ma mission me prot

610 parce que ma mission me protège. » Il faut croire un homme qui dit cela… D’où lui vient le pouvoir surhumain qu’il dévelop

611 ient le pouvoir surhumain qu’il développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’elle ne

612 r surhumain qu’il développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’elle ne saurait se mani

613 l’individu ne compte plus, n’est que le support d’ une puissance qui échappe à nos psychologies… On me demande sottement s’i

614 sottement s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’ un homme intelligent, si cela compte en lui le moins du monde, il ne vau

615 te en lui le moins du monde, il ne vaut rien pour un destin pareil. En ce sens démoniaque du terme, un « génie » n’est ni

616 un destin pareil. En ce sens démoniaque du terme, un « génie » n’est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appa

617 e vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le ca

618 à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dress

619 sans rien détruire de ce qui s’est fait par lui. Un homme quelconque, transfiguré par sa ténébreuse « mission », Schickel

620 ténébreuse « mission », Schickelgruber habité par un trône ! On a ri. On a cessé de rire… Le national-socialisme, raciste

621 sang et de la guerre, s’est présenté à nous comme un malheur plus étendu et plus profond que l’histoire n’en connut depuis

622 Genèse. Dans Mein Kampf, dès 1923, il décrit avec une surprenante précision le réveil des puissances souterraines qu’il se

623 l décrit avec une surprenante précision le réveil des puissances souterraines qu’il se propose d’opérer : Tous les grands

624  : Tous les grands mouvements de l’Histoire sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles provo

625 torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête de passion brûlante peut changer les destinées d’un peuple.

626 de passion brûlante peut changer les destinées d’ un peuple. Surtout, ne donnez pas de raisons aux masses, car de tout te

627 is dans le fanatisme dominant les masses, et dans une véritable hystérie qui les pousse en avant. Pour provoquer l’hystéri

628 ux et du superlatif malheur allemand — confession des péchés… d’autrui, attisant non le remords mais la haine. Viennent alo

629 il supprime le Juge, et la faute. En fondant tout un peuple dans une masse passionnée, il le rend à l’état d’innocence pre

630 Juge, et la faute. En fondant tout un peuple dans une masse passionnée, il le rend à l’état d’innocence première : pas de r

631 t d’innocence première : pas de responsables dans une masse, donc pas de culpabilité. Ayant ainsi rétabli les liturgies civ

632 lité. Ayant ainsi rétabli les liturgies civiques, une masse allemande, réellement nationale, Hitler se voit dans la situati

633 et subis en 1936, j’écris ceci : Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur

634 Mais c’est leur culte qu’ils célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d’une religion d

635 gie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d’ une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bie

636 ndus. Je suis seul et ils sont tous ensemble. Un désastre mondial Dès avant la guerre de 1939, la majorité des huma

637 ndial Dès avant la guerre de 1939, la majorité des humains savaient qu’Hitler était le nom d’un désastre imminent et mon

638 ité des humains savaient qu’Hitler était le nom d’ un désastre imminent et mondial. Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà l

639 eurs était la suivante : « Comment se peut-il que des individus ‟normaux” deviennent subitement nazis ? Que des populations

640 vidus ‟normaux” deviennent subitement nazis ? Que des populations entières se laissent séduire ? Que dans tous les pays, pa

641 e dans tous les pays, pas seulement en Allemagne, des hommes subissent la contagion de ce mal, changent subitement de visag

642 la fois. Dans les ruines matérielles et morales d’ une société qui avait généralement perdu la Foi, l’Espérance et l’Amour,

643 sang et du sol n’est autre chose, selon nous, qu’ un retour offensif du culte cananéen de Baal. D’autres traits y apparais

644 mesure où Moloch est l’idole tribale qui réclame des sacrifices humains et donne en échange, comme bénédiction, un accrois

645 s humains et donne en échange, comme bénédiction, un accroissement de puissance. Ce message que, de sa prison, à la veill

646 on, à la veille de la guerre, m’avait fait passer un théologien anonyme dont j’ignore encore s’il était chrétien ou juif,

647 e, en même temps qu’il annonçait les hautes tours des crématoires d’Auschwitz et l’Holocauste. La faiblesse frappante de la

648 , venait d’écrire le grand philosophe Heidegger — un temps séduit par les mythes du nazisme. Ayant pour force unique l’app

649 l’État national, et d’autre espoir que le rêve d’ une Puissance recouvrée aux dépens de la Liberté, la sienne propre non mo

650 la Liberté, la sienne propre non moins que celle des autres. Mais le rêve de Puissance totale n’est qu’un cauchemar. Une n

651 autres. Mais le rêve de Puissance totale n’est qu’ un cauchemar. Une nation ne peut le rêver, le mimer et l’agir que dans l

652 e rêve de Puissance totale n’est qu’un cauchemar. Une nation ne peut le rêver, le mimer et l’agir que dans l’hypnose, celle

653 et l’agir que dans l’hypnose, celle qui naissait des fêtes sacrales organisées par le Führer au rythme lent et envoûtant d

654 anisées par le Führer au rythme lent et envoûtant des défilés et des tambours pendant des nuits entières. C’est que la form

655 Führer au rythme lent et envoûtant des défilés et des tambours pendant des nuits entières. C’est que la formule totalitaire

656 et envoûtant des défilés et des tambours pendant des nuits entières. C’est que la formule totalitaire est à jamais inappli

657 a formule totalitaire est à jamais inapplicable : une idée de fou. Il ne saurait y avoir toute-puissance d’une partie sur u

658 e de fou. Il ne saurait y avoir toute-puissance d’ une partie sur un tout humain. Il n’y a en fait que la puissance d’un par

659 saurait y avoir toute-puissance d’une partie sur un tout humain. Il n’y a en fait que la puissance d’un parti sur sa prop

660 tout humain. Il n’y a en fait que la puissance d’ un parti sur sa propre nation, systématiquement amputée de tout ce qui p

661 in. Hitler donnait la pire réponse possible, mais une réponse, à la question centrale de notre temps. Tel fut son vrai Pouv

662 ut son vrai Pouvoir, et j’écrivais alors : « Seul un prophète peut lui répondre ». Nous l’attendons encore. Saurons-nous l

663 ndation Veillon et je voudrais l’exprimer à celui des fils de Charles Veillon qui la représente parmi nous ce matin. Ce col

664 ’ici. Vous savez comment il est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’une circulaire exposant certaines des thèses

665 st né : de l’envoi à des centaines de personnes d’ une circulaire exposant certaines des thèses de mon livre. Parmi les troi

666 de personnes d’une circulaire exposant certaines des thèses de mon livre. Parmi les trois-cents réponses reçues, cent-cinq

667 nquante ont paru intéressantes aux organisateurs. Une trentaine de leurs auteurs ont prouvé leur intérêt en envoyant des te

668 leurs auteurs ont prouvé leur intérêt en envoyant des textes : ce sont ceux que nous avons discutés ici. Il y a donc eu d’u

669 fortuit dans ce rassemblement, mais d’autre part, une motivation commune qui est peut-être plus importante que celle que l’

670 urs plus ou moins d’avance. Ici, nous sommes dans un état d’esprit complètement différent. Nous ne nous connaissions pas a

671 ous ne sommes pas ce que l’on appelle en allemand des Kongress Tiere, des « bêtes de congrès », avec leur vocabulaire conve

672 que l’on appelle en allemand des Kongress Tiere, des « bêtes de congrès », avec leur vocabulaire conventionnel qui ne mord

673 ion Veillon d’avoir pris cette initiative qui est une création en son genre, et dont peut-être pourront sortir quelques idé

674 , mais de la manière dont elle l’a réalisée, dans une atmosphère à la fois détendue et attentive, dans un lieu admirable, s

675 atmosphère à la fois détendue et attentive, dans un lieu admirable, symbolique pour l’Europe : au bout de l’allée, quand

676 vous allez en direction du lac, vous arrivez sur une petite crête qui marque la ligne de partage des eaux de l’Europe de l

677 r une petite crête qui marque la ligne de partage des eaux de l’Europe de l’Ouest, celle qui sépare le bassin rhénan du bas

678 oute moins gênant pour notre neutralité, chargé d’ une mission de conférences sur la Suisse et d’un projet d’exécution de l’

679 é d’une mission de conférences sur la Suisse et d’ un projet d’exécution de l’oratorio Nicolas de Flue à New York. J’ai p

680 Nicolas de Flue à New York. J’ai publié là-bas un petit livre sur la Suisse, The Heart of Europe , j’ai travaillé à l’

681 rre. Il y avait là outre l’Allemand Karl Jaspers, des Français comme Georges Bernanos et Julien Benda, des Italiens, des An

682 Français comme Georges Bernanos et Julien Benda, des Italiens, des Anglais, un grand philosophe marxiste hongrois, Georges

683 e Georges Bernanos et Julien Benda, des Italiens, des Anglais, un grand philosophe marxiste hongrois, Georges Lukacs… — ren

684 nanos et Julien Benda, des Italiens, des Anglais, un grand philosophe marxiste hongrois, Georges Lukacs… — rendez-vous vra

685 de tenir le discours inaugural du premier congrès des fédéralistes européens, qui allait se dérouler à Montreux. Je me suis

686 aiment catapulté dans cette action. Comme j’étais un peu responsable de la création du concept d’engagement de l’écrivain,

687 er, cependant, que je me suis arrangé pour écrire un peu, en marge de cette seule activité. De 1947 à 1979, sur une vingta

688 arge de cette seule activité. De 1947 à 1979, sur une vingtaine d’ouvrages publiés, plus de la moitié parlent d’autre chose

689 e… Mais cela n’a pas été facile, car à la suite d’ une série de grandes manifestations, telles que le Congrès de l’Europe à

690 re à Lausanne en 1949, il a fallu mettre sur pied un certain nombre d’institutions, dont le Centre européen de la culture.

691 culture, qui est aujourd’hui à Amsterdam ; puis à une dizaine d’associations européennes. Celle, par exemple, qui réunit ac

692 études européennes dans les universités d’Europe. Une association de journalistes, une association d’historiens, une Commun

693 rsités d’Europe. Une association de journalistes, une association d’historiens, une Communauté des guildes et clubs du livr

694 on de journalistes, une association d’historiens, une Communauté des guildes et clubs du livre, finalement une Campagne d’é

695 tes, une association d’historiens, une Communauté des guildes et clubs du livre, finalement une Campagne d’éducation civiqu

696 munauté des guildes et clubs du livre, finalement une Campagne d’éducation civique européenne, qui a été reprise récemment

697 -nous ! » Mais ce n’était pas le moyen de nourrir une action précise, étant donné qu’aux yeux de nos gouvernements, les cho

698 s, les choses sérieuses, c’était le Marché commun des Six opérant dans un domaine qui semblait assez loin du quotidien, du

699 es, c’était le Marché commun des Six opérant dans un domaine qui semblait assez loin du quotidien, du monde des valeurs mo

700 ne qui semblait assez loin du quotidien, du monde des valeurs morales, politiques, culturelles et spirituelles, et qui ne c

701 ui vient de se réunir à Strasbourg. Elle n’est ni un parlement, ni européenne au sens plein du terme : c’est une assemblée

702 ent, ni européenne au sens plein du terme : c’est une assemblée qui contrôle 13 % seulement du budget de la Commission écon

703 imple de dire : le Parlement européen. Mais c’est une usurpation de terme, et qui peut être dangereuse, parce qu’elle laiss

704 es prérogatives très réduites devrait s’attribuer des compétences générales, non seulement économiques, mais politiques et

705 r exemple. Or, je ne vois pas en quoi et pourquoi des gens qui sont d’excellents experts économiques seraient chargés du dé

706 eil de l’Europe, à Strasbourg, serait de beaucoup un meilleur candidat à la fonction de noyau de l’Europe future, puisqu’i

707 de l’Europe de l’Ouest. (Seule la Finlande, pour des raisons que chacun sait, n’a pu y entrer.) S’il y avait un vrai Parle

708 s que chacun sait, n’a pu y entrer.) S’il y avait un vrai Parlement européen à élire au suffrage universel, ce serait évid

709 celui du Conseil de l’Europe qu’on devrait donner des pouvoirs législatifs. Tout ceci n’est pas seulement une espèce de par

710 uvoirs législatifs. Tout ceci n’est pas seulement une espèce de parenthèse que je referme maintenant, mais entre dans mon p

711 mouvement fédéraliste, d’autre part, l’apparition des mouvements écologiques, de la préoccupation écologique qui m’a tout d

712 ique qui m’a tout de suite paru capable de donner un sang nouveau au mouvement fédéraliste. Si bien que l’un des premiers

713 ouveau au mouvement fédéraliste. Si bien que l’un des premiers colloques organisés par notre Campagne d’éducation civique e

714 ette convergence est née dans mon esprit l’idée d’ un slogan, offert par la suite aux groupements d’écologistes français, e

715 ments d’écologistes français, et qui est en somme un résumé de mon livre, c’est : « Écologie – régions – Europe fédérée :

716 non pas même combat comme on dit aujourd’hui, car un combat, cela peut se perdre, tandis qu’il est évident que ni l’écolog

717 tion européenne n’ont d’avenir séparable de celui des deux autres : ces trois avenirs sont organiquement, génétiquement lié

718 nt, génétiquement liés. Je ne saurais vous donner une juste idée des circonstances dans lesquelles mon livre a pris naissan

719 nt liés. Je ne saurais vous donner une juste idée des circonstances dans lesquelles mon livre a pris naissance, sans rappel

720 quelles mon livre a pris naissance, sans rappeler une soirée mémorable chez un ami, Erico Nicola — le premier homme qui nou

721 aissance, sans rappeler une soirée mémorable chez un ami, Erico Nicola — le premier homme qui nous parlait d’écologie, aux

722 nous savions à peine ce que signifiait le terme ! Un soir donc en 1970, chez lui, près de Morges, devant une douzaine d’am

723 ir donc en 1970, chez lui, près de Morges, devant une douzaine d’amis réunis pour l’occasion, le directeur de l’Institut Ba

724 titut Battelle, Hugo Thiemann, nous fit lecture d’ une vingtaine de pages d’un rapport adressé à la commission d’urbanisme d

725 mann, nous fit lecture d’une vingtaine de pages d’ un rapport adressé à la commission d’urbanisme du Congrès américain par

726 l’ingénieur Jay Forrester. Ce rapport esquissait un « modèle mondial » qui permettait de suivre ou de prévoir les interac

727 alité de la vie, et de prévoir les effets globaux des variations de l’un ou de l’autre de ces paramètres au cours de la fin

728 De ce premier travail de Forrester devait sortir un an plus tard, en 1971, le fameux Rapport au club de Rome sur les Limi

729 décrivant les catastrophes qui nous menaçaient d’ un jour à l’autre, notamment la crise du pétrole. Pour faire sentir le d

730 complètement bouleversée —, je prenais l’image d’ une grosse boule de pierre déposée sur le pont d’un bateau pendant une te

731 ’une grosse boule de pierre déposée sur le pont d’ un bateau pendant une tempête : roulant d’un bastingage à l’autre, elle

732 de pierre déposée sur le pont d’un bateau pendant une tempête : roulant d’un bastingage à l’autre, elle détruit absolument

733 pont d’un bateau pendant une tempête : roulant d’ un bastingage à l’autre, elle détruit absolument tout. C’était ce qui ri

734 se passer. Je l’ai même dit pendant le tournage d’ un film de la télévision française, chez moi, à Ferney, le 22 août 1973.

735 m’a obligé à m’éloigner un peu de l’actualité et des chiffres qui font l’actualité. J’ai pu faire mon aggiornamento tout a

736 l’impression que j’arrivais au bon moment ! D’où un succès, attesté entre autres par le présent colloque, auquel je n’ava

737 ut de suite et tout naturellement sur le problème des régions. Pourquoi ? Partons de la guerre qui résume toutes les menace

738 t de peser sur le bouton rouge, personne d’autre, une région ne pourrait pas le faire. Et les États-nations n’ont de compte

739 ls, environ 20 millions de gens survivraient dans des angles morts, à l’abri des radiations ! » Mais, vous imaginez ce qu’i

740 gens survivraient dans des angles morts, à l’abri des radiations ! » Mais, vous imaginez ce qu’ils seraient ? De pauvres hè

741 ins de l’humanité civilisée, ce serait de trouver une autre forme de communauté humaine que les États-nations, et de la fon

742 umaine que les États-nations, et de la fonder sur une logique du vivant, et non pas du minéral, qui est le domaine des tech

743 vivant, et non pas du minéral, qui est le domaine des techniques dures comme je l’ai dit tout à l’heure. C’est la minéralis

744 M. Birre. À tout cela, il faut opposer d’urgence une logique du vivant, des cellules, de ce qui part d’en bas, de l’humus.

745 il faut opposer d’urgence une logique du vivant, des cellules, de ce qui part d’en bas, de l’humus. J’ai toujours insisté

746 te puissance de la germination, qui peut fissurer des rochers, qui est irrésistible, parce qu’elle sort de partout, et non

747 sistible, parce qu’elle sort de partout, et non d’ un centre que l’on pourrait détruire avec une bombe. C’est la région qui

748 t non d’un centre que l’on pourrait détruire avec une bombe. C’est la région qui me paraît symboliser cette nouvelle tendan

749 relief par plusieurs d’entre vous, par plusieurs des travaux présentés ici, mais aussi par le travail de Jacques Juillet,

750 ar le travail de Jacques Juillet, qui n’a pu être des nôtres. Il s’agit de l’opposition entre ce qui vient d’en haut, de l’

751 era jamais ni au niveau de l’Europe, ni au niveau des sols ; et puis ce qui vient d’en bas, du sol, de l’humus, et qui mont

752 s régions et l’Europe comme dernier palier, avant une fédération mondiale, requise à beaucoup d’égards, et sur laquelle aus

753 ns et dans cette perspective, qui n’est pas celle des États, mais des régions, le moyen de restaurer la paix. Elle serait a

754 perspective, qui n’est pas celle des États, mais des régions, le moyen de restaurer la paix. Elle serait aussi le seul moy

755 nnées qui viennent. Je pense qu’ensuite il y aura une évolution, tant du côté européen que du côté russe, qui fera que le d

756 t-être l’URSS de régler ses débats intérieurs par une attaque massive au-dehors. Au nom du vieux principe que Hegel avait d

757 — j’insiste — est impossible à concevoir à partir des États-nations ; c’est un cercle carré ! J’ai appelé, il y a longtemps

758 le à concevoir à partir des États-nations ; c’est un cercle carré ! J’ai appelé, il y a longtemps, la volonté de faire l’E

759 longtemps, la volonté de faire l’Europe à partir des États-nations, la volonté de créer une amicale des misanthropes : c’e

760 e à partir des États-nations, la volonté de créer une amicale des misanthropes : c’est une chose que l’on peut écrire mais

761 es États-nations, la volonté de créer une amicale des misanthropes : c’est une chose que l’on peut écrire mais que l’on ne

762 nté de créer une amicale des misanthropes : c’est une chose que l’on peut écrire mais que l’on ne peut pas faire, car ou bi

763 t pas faire, car ou bien ces misanthropes veulent une amicale, mais alors ils ne sont plus misanthropes, ou bien ils resten

764 thropes, mais alors ils n’ont pas l’idée de faire une amicale, ou seulement pour tromper le monde, ce qui est le cas actuel

765 ellement. L’État-nation, d’autre part, n’est plus une formule viable. Nous n’avons pas, j’insiste, à le renverser. Je crois

766 r comme but à la jeunesse de s’emparer du pouvoir des États-nations parce qu’elle s’emparerait de très peu de choses : de b

767 re construire, créer le pouvoir. Là encore, c’est un processus biologique que je propose, un processus de germination, de

768 re, c’est un processus biologique que je propose, un processus de germination, de création des régions et des pouvoirs loc

769 propose, un processus de germination, de création des régions et des pouvoirs locaux. Nous en venons ici au cœur du débat q

770 cessus de germination, de création des régions et des pouvoirs locaux. Nous en venons ici au cœur du débat qui nous a occup

771 ses et les Bretons qui se rappellent au monde par des explosions, quand on refuse de prêter l’oreille à leurs demandes. Il

772 prêter l’oreille à leurs demandes. Il y a certes des raisons à cette tactique, si c’est le seul moyen de forcer l’attentio

773 -là, à condition que ce ne soit pas dirigé contre des hommes, mais contre des relais du pouvoir central, tels que les tours

774 ne soit pas dirigé contre des hommes, mais contre des relais du pouvoir central, tels que les tours de télévision en Bretag

775 exemple. Il y a donc toute espèce de définitions des régions, j’ai donné la mienne qui me paraît la plus englobante : un e

776 onné la mienne qui me paraît la plus englobante : un espace de participation civique. Cela entraîne pas mal de choses, cel

777 ou politique. Il ne faut donc pas vouloir imposer un modèle de régions qui serait le même partout : cela reviendrait à un

778 s qui serait le même partout : cela reviendrait à un modèle réduit d’État-nation, à l’utopie parfaite, l’« u-topos », le n

779 nulle part, le lieu quelconque sur lequel on pose une structure sans tenir compte d’aucune réalité spécifique. Nous avons é

780 ofondément d’accord pour reconnaître la nécessité des régions ; même celui d’entre nous qui a été le plus réservé, M. Knoep

781 l de Neuchâtel, est persuadé que la région, c’est une bonne chose, mais il se pose des questions auxquelles il n’a pas trou

782 avons beaucoup discuté le premier jour. Plusieurs des travaux présentés ici, celui de M. Coutelier, entre autres, y sont re

783 entre autres, y sont revenus. M. Norton a apporté des vues très importantes sur cette notion de géométrie variable, ainsi q

784 dont l’avis m’importait beaucoup, car il est l’un des responsables de la planification et de l’aménagement du territoire en

785 Strassoldo qui a joué « l’avocat du diable » avec un brio certain ! Je constate, après ces deux jours de débats, qu’ils m’

786 questions plus précises, plus concrètes sur bien des cas ; mais ce qu’il faut que je vous avoue c’est que cette notion de

787 (comme dans les mathématiques modernes, vous avez des ensembles topologiques en intersections, et il s’agit de voir quel es

788 t le nœud de la région), cette notion, donc, pose une quantité de problèmes auxquels je n’ai pas trouvé un système de répon

789 quantité de problèmes auxquels je n’ai pas trouvé un système de réponses claires, nettes, et définitives. Mais j’ai été en

790 pris : on ne peut pas poser d’avance la réponse à des questions aussi complexes, mais on peut trouver, on peut surmonter ce

791 ance, donc « chemin faisant ». Chemin faisant est une merveilleuse expression qui évoque quelque chose de très profond pour

792 mon chemin que je le crée. « Chemin faisant » est une phrase qui va tout à fait au fond de la chose. Bien d’autres ont été

793 s de recherches prolongées — je ne dis pas encore des réponses — peut-être qu’il ne faut pas tout résoudre… J’entrevois des

794 être qu’il ne faut pas tout résoudre… J’entrevois des solutions possibles dans trois directions. La première, c’est ce que

795 La première, c’est ce que j’appelle la pluralité des allégeances. J’ai l’habitude, je m’en excuse, de prendre mon cas pers

796 nées et que j’ai mes racines, comme on le dit par une métaphore critiquable mais courante. En tant que citoyen de cette pet

797 outre la Romandie, les trois quarts de la France, une moitié de la Belgique (je simplifie), le Val d’Aoste, le Québec, et l

798 ste, ce serait pareil.) De plus, je fais partie d’ une quantité de sociétés, qui m’engagent plus ou moins et dont les buts s

799 u tout dans cette diversité. Si on la décrivait d’ une manière théorique, ce serait horriblement compliqué, mais quand on le

800 ne m’intéressent plus ! Mais alors, si maintenant un jacobin, un Robespierre ou un Saint-Just venait me dire : « Tout cela

801 sent plus ! Mais alors, si maintenant un jacobin, un Robespierre ou un Saint-Just venait me dire : « Tout cela, c’est très

802 lors, si maintenant un jacobin, un Robespierre ou un Saint-Just venait me dire : « Tout cela, c’est très joli, mais désorm

803 est très joli, mais désormais, tu n’auras plus qu’ une seule allégeance : c’est mon État, et tu vas faire rentrer dans ses f

804 gique. Je pars donc de cette idée de la pluralité des allégeances, qui ne sont pas contradictoires en fait : première direc

805 ction de recherches. Deuxième direction : je pars des communes. Je pense que cela résoudrait beaucoup de difficultés, notam

806 question : « Où situer le pouvoir politique dans une région à géométrie variable ? » Si l’on dit que le pouvoir est d’abor

807 que celles-ci se groupent librement pour exercer une certaine fonction : d’enseignement, de soin des forêts, de transports

808 r une certaine fonction : d’enseignement, de soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre. Il existe en France, des synd

809 transports, de main-d’œuvre. Il existe en France, des syndicats intercommunaux à vocations multiples, qui donnent déjà une

810 communaux à vocations multiples, qui donnent déjà une image de ce que pourrait être cette géométrie variable. De même, plus

811 le. De même, plusieurs communes pourraient former une région énergétique, comme d’autres formeraient une écorégion. Tout à

812 ne région énergétique, comme d’autres formeraient une écorégion. Tout à l’heure, en entendant parler M. Birre, il m’est ven

813 eure, en entendant parler M. Birre, il m’est venu une autre idée. Dans la grande discussion sur les régions introduite en F

814 n France par François Perroux, celui-ci proposait des régions polarisées autour d’une ville-métropole régionale. Eh bien, c

815 elui-ci proposait des régions polarisées autour d’ une ville-métropole régionale. Eh bien, cela me paraît encore trop tribut

816 us. Elles sont donc dans l’utopie. Il faut fonder des régions sur la réalité. Alors, je pense en écoutant M. Birre qu’il y

817 région qui serait plutôt l’écorégion définie par un certain humus ou une certaine variété d’humus qui vont ensemble. C’es

818 lutôt l’écorégion définie par un certain humus ou une certaine variété d’humus qui vont ensemble. C’est peut-être une trois

819 ngée du xixe siècle et destructrice du sol, vers un retour à la terre et à la cité normale. Encore une fois, je m’en voud

820 ale. Encore une fois, je m’en voudrais d’apporter des réponses toutes faites, car elles tomberaient sous ma propre critique

821 ue soit l’infinie complexité de ses réalisations, un principe très simple qui est celui que l’on a appelé dans les écoles

822 n du xixe le « principe de subsidiarité ». C’est un mot savant dont on pourrait se passer en répétant simplement la règle

823 s, voire suisses. La voici : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que l

824 à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pa

825 gouvernement fédéral ne doit pas le faire. C’est un miracle de simplicité et cela résout des milliers de cas extrêmement

826 e. C’est un miracle de simplicité et cela résout des milliers de cas extrêmement complexes. Autrement dit, l’organisation

827 nsions de la tâche à accomplir et les compétences des communautés. À la commune, les chemins vicinaux, à la région, les gra

828 oin, naturellement, que la fédération européenne. Un certain nombre de tâches sont trop grandes pour être réglées par la f

829 fédération européenne, et pour celles-là, il faut des agences mondiales. Je rappellerai notamment le problème de la défores

830 gional d’abord, mais bientôt mondial. Le problème des mers, des océans, de la pollution des océans, qui rejoint par son dan

831 bord, mais bientôt mondial. Le problème des mers, des océans, de la pollution des océans, qui rejoint par son danger le pro

832 Le problème des mers, des océans, de la pollution des océans, qui rejoint par son danger le problème des forêts, puisque le

833 es océans, qui rejoint par son danger le problème des forêts, puisque les océans produisent les quatre cinquièmes et les fo

834 gent de respirer demain. Il y a aussi le problème des eaux douces. Il faut donc un certain minimum d’agences fédérales mond

835 a aussi le problème des eaux douces. Il faut donc un certain minimum d’agences fédérales mondiales, qui ne feront que cela

836 ont que cela, mais qui le feront bien, qui auront un pouvoir clairement limité, mais tout à fait réel dans leur domaine. J

837 toujours plus vastes. Beaucoup de gens voient là une contradiction. C’est qu’ils ont l’esprit mal formé par Descartes ! Il

838  ! Il n’y a aucune contradiction entre le pouvoir des petites autonomies et le pouvoir des grandes fédérations : c’est un s

839 e le pouvoir des petites autonomies et le pouvoir des grandes fédérations : c’est un seul et même mouvement qui crée les de

840 ies et le pouvoir des grandes fédérations : c’est un seul et même mouvement qui crée les deux. Une seule chose serait détr

841 ’est un seul et même mouvement qui crée les deux. Une seule chose serait détruite au passage : l’État-nation. Je voudrais v

842 nt dans toutes les pages de mon livre. Et c’est d’ une importance particulière pour nous, Suisses, parce que la Suisse est n

843 pour nous, Suisses, parce que la Suisse est née d’ un pacte conclu au xiiie siècle entre trois « communes forestières » (o

844 er malgré les menaces extérieures. Elles ont créé un pouvoir commun de défense qui était réel mais limité à cela, et les l

845 les laissait libres pour le reste. Il s’agissait des communes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait pas de « canto

846 ’a toujours frappé. D’autant plus frappé que l’un des premiers ouvrages philosophiques et peut-être le seul qui m’ait vraim

847 que par l’extrême du particulier. Donc, s’occuper des communes, vouloir qu’elles soient libres et responsables d’elles-même

848 sympathiques, mais enfin, je ne peux pas y croire une seconde, parce que moi, j’ai les deux pieds sur terre ! », je réponds

849 ous, car cela vous condamne à l’immobilité ! » Si un homme veut marcher, il ne peut pas avoir plus d’un pied à la fois sur

850 n homme veut marcher, il ne peut pas avoir plus d’ un pied à la fois sur la terre ! Et s’il fait un grand bond, il n’a plus

851 s d’un pied à la fois sur la terre ! Et s’il fait un grand bond, il n’a plus aucun pied sur la terre, mais il va très loin

852 le premier rapport, celui de M. Hell, portait sur des choses culturelles. C’est tout à fait juste. La base de l’Europe, son

853 aquelle on ne pourrait pas créer d’union — il y a une énorme différence entre ces deux mots : l’unité, c’est une donnée de

854 e différence entre ces deux mots : l’unité, c’est une donnée de base, l’union, c’est une chose que l’on fait, que l’on bâti

855 l’unité, c’est une donnée de base, l’union, c’est une chose que l’on fait, que l’on bâtit, volontairement — l’unité donc, s

856 t — l’unité donc, sur laquelle nous pouvons bâtir une fédération européenne, c’est l’unité de culture. Nous avons une cultu

857 européenne, c’est l’unité de culture. Nous avons une culture commune, nous les Européens. Je vous rappelle ce que Paul Val

858 eurs celtiques, qui sont aussi importantes à bien des égards, plus près de nous, et qui ont recouvert le tout. Mais que de

859 européenne. Je voudrais que l’on continue à faire une propagande quotidienne contre l’idée de bâtir l’Europe sur l’économie

860 sur l’économie d’abord. Je me suis amusé à faire des petites études sur les rythmes de mobilité des principaux facteurs qu

861 re des petites études sur les rythmes de mobilité des principaux facteurs que l’on évoque dans la construction politique de

862 ilement le vérifier, que le rythme de variabilité des langues est de l’ordre du millénaire. Prenons le triangle dont le som

863 t près de mille ans, le franco-provençal, qui est une langue différente, quoiqu’apparentée à la fois à la langue d’oc et à

864 la langue d’oc et à la langue d’oïl. Il en reste des traces dans nos patois. Les mots de patois neuchâtelois, que je sais

865 on école primaire, je m’amuse à les échanger avec des gens du Mouvement Région Savoie qui les reconnaissent immédiatement.

866 t très bien que cela veut dire « trébucher », sur des racines ou n’importe quoi ! Le chant national des Genevois Cé qu’è la

867 des racines ou n’importe quoi ! Le chant national des Genevois Cé qu’è lainô est du pur franco-provençal. Quelque chose de

868 blement dans l’inconscient collectif. Il y a donc des rythmes millénaires, il y en a d’autres comme la mobilité de nos fron

869 peine centenaires. J’ai calculé la moyenne d’âge des frontières de nos trente États de l’Europe, y compris les huit États

870 les huit États de l’Est : c’est 89 ans. Il y en a un qui fait beaucoup monter la moyenne à lui seul, c’est le Portugal, de

871 ns. Mais c’est le seul, les autres ont varié dans des proportions inouïes. La France a été pendant longtemps le petit « pré

872 est au maximum centenaire. Donc rythme millénaire des langues, rythme à peu près centenaire des frontières, des divisions p

873 lénaire des langues, rythme à peu près centenaire des frontières, des divisions politiques. Quant au rythme des variations

874 ues, rythme à peu près centenaire des frontières, des divisions politiques. Quant au rythme des variations économiques, il

875 tières, des divisions politiques. Quant au rythme des variations économiques, il n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq

876 plutôt de cinq ans. Il suffit que vous implantiez une usine dans une région pour changer complètement son potentiel et ses

877 ans. Il suffit que vous implantiez une usine dans une région pour changer complètement son potentiel et ses relations écono

878 argi du terme. On m’a demandé hier, si je voyais des conclusions pratiques se dégager de ce colloque. Je voudrais vous rap

879 ées. Dans le papier de M. Jacques Juillet, il y a une suggestion qui peut être très importante : celle d’une union européen

880 uggestion qui peut être très importante : celle d’ une union européenne des maires. Certes, il y a un Conseil des communes d

881 re très importante : celle d’une union européenne des maires. Certes, il y a un Conseil des communes d’Europe qui existe de

882 d’une union européenne des maires. Certes, il y a un Conseil des communes d’Europe qui existe depuis une trentaine d’année

883 européenne des maires. Certes, il y a un Conseil des communes d’Europe qui existe depuis une trentaine d’années, et qui av

884 n Conseil des communes d’Europe qui existe depuis une trentaine d’années, et qui avait au départ pour présidents MM. Gaston

885 Cosma sur la stratégie, j’ai salué bien sûr avec une complète approbation, la proposition d’une stratégie de technique dou

886 r avec une complète approbation, la proposition d’ une stratégie de technique douce, de technique de persuasion, de personne

887 ques comme la propagande et les armements : c’est une propagation d’informations réelles, la propagande étant exactement le

888 sur l’humus, qui donne vraiment et symboliquement une base à tout cela. « Partir d’en bas », ont dit M. Juillet et beaucoup

889 ipe, et je vois là la possibilité non seulement d’ un institut mais d’une grande action qui serait à la fois à l’échelle ré

890 la possibilité non seulement d’un institut mais d’ une grande action qui serait à la fois à l’échelle régionale et à l’échel

891 le planétaire, et qui devrait à mon sens partir d’ une conférence mondiale dont les thèmes seraient : l’humus, la protection

892 dont les thèmes seraient : l’humus, la protection des océans, le plancton, les forêts, l’air, la couche d’ozone, les eaux d

893 ts de dimensions planétaires. Je crois de même qu’ une conférence écologique mondiale permanente, qui tirerait de l’examen d

894 ermanente, qui tirerait de l’examen de ces objets des conclusions économiques, politiques et éducatives prenant force de lo

895 peut-être le dernier moyen de redresser le cours des choses. ab. Rougemont Denis de, « Autour de L’Avenir est notre aff

896 ela à l’esprit, vous aurez l’impression que c’est une proportion inverse qu’évoque la lecture de son texte et qu’il n’est d

897 omme il le dit, ne pourra pas apporter uniquement des louanges et des applaudissements — ce serait mal vu dans une séance c

898 ne pourra pas apporter uniquement des louanges et des applaudissements — ce serait mal vu dans une séance comme celle-là !

899 s et des applaudissements — ce serait mal vu dans une séance comme celle-là ! — mais va se concentrer sur les critiques que

900 ints. Je dirai pour simplifier que son papier est un exercice de « grève du zèle » comme les douaniers le font de temps en

901 règlement à la lettre. Pour vérifier le contenu d’ une valise, on peut très bien mettre des heures… C’est un exercice compar

902 le contenu d’une valise, on peut très bien mettre des heures… C’est un exercice comparable auquel Strassoldo s’est livré. S

903 alise, on peut très bien mettre des heures… C’est un exercice comparable auquel Strassoldo s’est livré. Sa formule général

904 tel ou tel point, qu’il se forme à lui-même avec une imperturbable intelligence, et que souvent je me forme encore à moi-m

905 ontrer que finalement, rien n’est possible. C’est un jeu qui peut être instructif pour tous, mais le sera certainement pou

906 de clarifier ma pensée, comme il m’y invite. I. Des causes de la nocivité de l’État Selon R. Strassoldo, les critiques

907 onde si l’on disait que l’on ne peut entreprendre une réforme que si l’on est sûr qu’elle est réalisable partout ! C’est la

908 ommençons par ce qui est à notre portée. » II. Des implications logiques de la « petite échelle » des sociétés Il pos

909 es implications logiques de la « petite échelle » des sociétés Il pose au départ que les grands systèmes permettent seul

910 ne serions pas amenés à discuter ici le problème des régions. S’il y a crise, s’il faut absolument trouver une autre formu

911 ons. S’il y a crise, s’il faut absolument trouver une autre formule que celle de l’État-nation, c’est parce que l’État-nati

912 ssoldo le sait mieux que personne, ayant été l’un des promoteurs de cette belle région transfrontalière Carinthie-Slovénie-

913 trois pays dont l’un, la Yougoslavie, fait partie des pays de l’Est, ce qui est un grand succès pour notre mouvement. Quant

914 slavie, fait partie des pays de l’Est, ce qui est un grand succès pour notre mouvement. Quant à « exclure » la possibilité

915 e mouvement. Quant à « exclure » la possibilité d’ une société qui puisse jouir en même temps des avantages de la grande et

916 lité d’une société qui puisse jouir en même temps des avantages de la grande et de la petite échelle, il y a deux-cents ans

917 xistence de la Suisse. III. De l’inévitabilité des conflits de frontière Personne n’a jamais dit que le système des r

918 ontière Personne n’a jamais dit que le système des régions éliminerait tous les conflits. À mon sens, il consiste plutôt

919 il consiste plutôt à maintenir les conflits dans des dimensions assez petites pour qu’elles soient maîtrisables et que les

920 ment anéantissants, comme ils le sont à l’échelle des grands États-nations. IV. De la nécessité des fondements sacrés

921 des grands États-nations. IV. De la nécessité des fondements sacrés Il a raison : ni le personnalisme, ni les région

922 e fédéralisme ne peuvent entraîner religieusement des masses immenses, aussi ne le demandent-ils pas, ils s’en gardent bien

923 r de nous, que se sont dressés les personnalistes des années 1930, et ensuite les fédéralistes européens, puis les régional

924 tez bien que ce n’est pas ici que nous trouverons des réponses à ce genre de questions. D’ailleurs, certaines phrases de St

925 nt aucun texte personnaliste qui puisse justifier une hypothèse de ce genre. La notion même de personne, je la définis par

926 re. La notion même de personne, je la définis par une vocation bel et bien transcendante à l’individu. S’il nous fallait ab

927 ndante à l’individu. S’il nous fallait absolument un mythe, s’il fallait définir en un mot l’ambition, l’idéal, les visées

928 lait absolument un mythe, s’il fallait définir en un mot l’ambition, l’idéal, les visées du fédéralisme et du régionalisme

929 la préparation à la guerre. Chaque fois qu’il y a une guerre, il augmente ses prérogatives : on arrive à l’État totalitaire

930 s’oppose à ce mythe, c’est la volonté de recréer des communautés réelles, donc de petites communautés d’abord, puis de les

931 grandes fédérations continentales, finalement, en une fédération mondiale. Quel est le but général de tout cela ? C’est la

932 t cela ? C’est la paix. Si vous voulez absolument un mythe, c’est le seul que je puisse proposer. V. Des contradictions

933 ythe, c’est le seul que je puisse proposer. V. Des contradictions entre régions « économiques-compétitives » et régions

934 unautaires-participatives » R. Strassoldo voit des contradictions, ou plutôt il imagine que l’on pourrait en voir, entre

935 munautaires participatives. Ceci est heureusement un pur et simple jeu de l’esprit. Il n’y a aucune espèce d’incompatibili

936 et une fois de plus, qu’on fasse la grève du zèle des concepts, qu’on les « absolutise », après quoi, évidemment, il ne res

937 . VI. De la participation Il demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce que la participation correspond à un besoi

938 rase : « Est-ce que la participation correspond à un besoin réel des citoyens ? » Non ! Elle correspond à une nécessité ab

939 que la participation correspond à un besoin réel des citoyens ? » Non ! Elle correspond à une nécessité absolue, sans laqu

940 oin réel des citoyens ? » Non ! Elle correspond à une nécessité absolue, sans laquelle il n’y a aucune société possible. On

941 ander à chacun s’il a besoin de participer. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’il n’y a pas de participation des cit

942 saute aux yeux : s’il n’y a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en tout cas pas démocratique. V

943 alement opposé au nucléaire ? » demande-t-il avec un peu d’ironie dans le ton. D’une manière que je crois être purement pr

944 demande-t-il avec un peu d’ironie dans le ton. D’ une manière que je crois être purement provocante de sa part, il répète c

945 , il répète cette phrase : « Vivre, c’est prendre des risques ! » Il s’agit de savoir quels risques on prend. Nous ne prend

946 les uns, ni les autres, de sauter du 50e étage d’ un building à New York, en disant : « Après tout, vivre, c’est-prendre-d

947 surfaces de panneaux solaires ? Cela me rappelle un débat que j’ai eu une fois, tout à fait improvisé, après la fin d’un

948 u une fois, tout à fait improvisé, après la fin d’ un congrès fédéraliste avec Paul Delouvrier, PDG d’Électricité de France

949 rait pour créer l’équivalent en énergie solaire d’ une grande centrale nucléaire de 1000 mégawatts recouvriraient 3 départem

950 liqué : « Qu’est-ce que c’est que cette obsession des grandes centrales ? L’intérêt de l’énergie solaire c’est justement qu

951 gie solaire c’est justement qu’elle nous dispense des grandes centrales et qu’elle peut être dispersée chez tout le monde,

952 u’aux maisons, jusqu’aux individus. » Donc, c’est une absurdité d’essayer d’opposer les deux choses, sans compter que scien

953 e scientifiquement, cela ne « tient pas le coup » une seconde de dire qu’une vaste centrale solaire couvrirait 3 départemen

954 a ne « tient pas le coup » une seconde de dire qu’ une vaste centrale solaire couvrirait 3 départements français. Lesquels ?

955 nçais. Lesquels ? Ils sont très inégaux. VIII. Des communautés écologiques de jeunes Strassoldo dit, ce qui est juste

956 es Strassoldo dit, ce qui est juste, que c’est un phénomène important. Il cite Longo Maï que j’ai cité dans mon livre.

957 Il ajoute : « Mais je ne crois pas qu’il y ait là une solution définitive aux problèmes de l’humanité. » On pourrait repous

958 es problèmes de l’humanité ! » Ensuite, il commet une erreur en disant qu’une communauté comme celle de Longo Maï est un re

959 té ! » Ensuite, il commet une erreur en disant qu’ une communauté comme celle de Longo Maï est un retour à la nature. C’est

960 nt qu’une communauté comme celle de Longo Maï est un retour à la nature. C’est un profond malentendu. Jamais les jeunes ge

961 lle de Longo Maï est un retour à la nature. C’est un profond malentendu. Jamais les jeunes gens qui font partie de Longo M

962 a n’a aucun rapport ! IX. De la généralisation des modèles fédératifs suisse et yougoslave Je dois dire que je n’ai p

963 yougoslave Je dois dire que je n’ai pas pensé une seconde au modèle yougoslave — si même il y en a un ! — en écrivant m

964 seconde au modèle yougoslave — si même il y en a un  ! — en écrivant mon livre. Je me suis inspiré du modèle suisse, mais

965 ble aux cantons suisses, qui sont les créations d’ une longue histoire. Une remarque qui me paraît indispensable quant à ce

966 es, qui sont les créations d’une longue histoire. Une remarque qui me paraît indispensable quant à ce qui suit. R. Strassol

967 catastrophes naturelles. » Je ne vois pas comment des catastrophes naturelles pourraient imposer le fédéralisme à l’échelle

968 dérations existantes n’ont jamais été formées par des catastrophes, mais par la nécessité de s’unir pour résister à une att

969 , mais par la nécessité de s’unir pour résister à une attaque venue de l’extérieur, le temps de la repousser, sans pour aut

970 e temps de la repousser, sans pour autant devenir un corps uniforme et homogène. La fédération suisse s’est formée en vue

971 s assez pour unifier complètement. Pour le dire d’ une manière un peu paradoxale, le fédéralisme consiste à créer une union

972 unifier complètement. Pour le dire d’une manière un peu paradoxale, le fédéralisme consiste à créer une union tout juste

973 n peu paradoxale, le fédéralisme consiste à créer une union tout juste suffisante pour préserver les autonomies et leur div

974 la « cybernétisation » du processus politique et des obstacles y relatifs À ce sujet, une note que je ne peux qu’approu

975 itique et des obstacles y relatifs À ce sujet, une note que je ne peux qu’approuver : « L’ennemi du fédéralisme n’est pa

976 echnocratie, mais la politique. » Il m’est arrivé un jour, au cours d’une conversation avec Louis Armand, paraphrasant la

977 politique. » Il m’est arrivé un jour, au cours d’ une conversation avec Louis Armand, paraphrasant la boutade de Lénine : «

978 vous en veux de l’avoir dite avant moi ! » XI. Des régions à géométrie variable Je pense avoir toujours dit et décrit

979 uer la théorie de Konrad Lorenz sur le territoire des animaux, et de l’étendre aux hommes. Les vues de Lorenz sur les anima

980 par la droite française au début du siècle, dans une abondante littérature, elle n’oubliait qu’une chose : c’est que l’hom

981 ans une abondante littérature, elle n’oubliait qu’ une chose : c’est que l’homme est un animal et non pas un légume ! Il exi

982 e n’oubliait qu’une chose : c’est que l’homme est un animal et non pas un légume ! Il existe d’ailleurs un légume qui est

983 hose : c’est que l’homme est un animal et non pas un légume ! Il existe d’ailleurs un légume qui est presque entièrement r

984 nimal et non pas un légume ! Il existe d’ailleurs un légume qui est presque entièrement racine ; c’est celui qui a la plus

985 ation en littérature, c’est le navet. L’homme est un animal caractérisé par sa mobilité, et plus il s’élève dans l’ordre s

986 1. La communauté, dit-il, ne peut être fondée sur une base libertaire. Je suis d’accord. « Libertaire » évoque l’idée d’une

987 Je suis d’accord. « Libertaire » évoque l’idée d’ une liberté sans frein, qui pour moi n’est pas vraie liberté puisqu’elle

988 nsabilité. Je crois que l’homme n’est libre (dans une communauté) qu’à la mesure où il est en fait responsable, et vice ver

989 té et favorise l’enracinement. Le kibboutz serait un retour à la structure patriarcale. Je trouve cela parfait pour ceux q

990 Ortega y Gasset a écrit de belles choses. Il est un temps pour vivre de ses racines dans le milieu natal, et un temps pou

991 our vivre de ses racines dans le milieu natal, et un temps pour vivre son aventure personnelle et pérégrine, celle du « vo

992 ierre-Arnold Borel, ce que je ressens d’abord est un vertige de chiffres. Nous avons chacun 2 parents, 4 grands-parents, 8

993 res ; à la dixième, 1024 ; à la vingtième, plus d’ un million ; à la trente et unième, on dépasse le milliard. Cela nous mè

994 nd ». Quelques lueurs furtives percent cette nuit des temps et son croissant anonymat : trois empereurs du Saint-Empire rom

995 grand fondateur, Othon Ier, deux rois de France, une reine d’Angleterre, Nominoë roi de Bretagne, des chefs vikings aux no

996 une reine d’Angleterre, Nominoë roi de Bretagne, des chefs vikings aux noms imprononçables, deux sorcières décapitées à Ne

997 nonçables, deux sorcières décapitées à Neuchâtel, une Élisabeth de Hongrie qui par malheur n’est pas la sainte, mais seulem

998 ur n’est pas la sainte, mais seulement l’épouse d’ un grand-duc de Pologne. Voilà qui est pittoresque à souhait, pourtant l

999 bien je voudrais que me soient parvenues, du fond des siècles, des « histoires de famille » sur celui qui, pour moi, est le

1000 ais que me soient parvenues, du fond des siècles, des « histoires de famille » sur celui qui, pour moi, est le plus prestig

1001 sur celui qui, pour moi, est le plus prestigieux des ancêtres attestés : Guillaume de Poitiers, neuvième duc d’Aquitaine,

1002 me de Poitiers, neuvième duc d’Aquitaine, premier des troubadours connus ! Reste l’héritage des gènes ? Hélas, comme le dis

1003 premier des troubadours connus ! Reste l’héritage des gènes ? Hélas, comme le disait un de mes oncles : « Plus l’ancêtre do

1004 ste l’héritage des gènes ? Hélas, comme le disait un de mes oncles : « Plus l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moin

1005 harlemagne, la Terre entière ne devait compter qu’ une ou deux-centaines de millions d’habitants, et l’Europe, moins de quin

1006 ions. Or, il est sûr que nos ancêtres furent tous des Européens, non des nègres ni des ni des Hindous, encore moins des Pea

1007 r que nos ancêtres furent tous des Européens, non des nègres ni des ni des Hindous, encore moins des Peaux-Rouges d’une Amé

1008 tres furent tous des Européens, non des nègres ni des ni des Hindous, encore moins des Peaux-Rouges d’une Amérique pas enco

1009 rent tous des Européens, non des nègres ni des ni des Hindous, encore moins des Peaux-Rouges d’une Amérique pas encore déco

1010 on des nègres ni des ni des Hindous, encore moins des Peaux-Rouges d’une Amérique pas encore découverte par l’Europe. Comme

1011 s ni des Hindous, encore moins des Peaux-Rouges d’ une Amérique pas encore découverte par l’Europe. Comment quinze millions

1012 plus haut, de Bonstetten) que le nombre théorique des aïeux différents fond comme neige au soleil, par le simple jeu des ma

1013 nts fond comme neige au soleil, par le simple jeu des mariages entre cousins plus ou moins rapprochés, ayant, par conséquen

1014 ant plus qu’on remonte dans le temps. Le tableau des origines géographiques de nos aïeux, tel que le dresse notre généalog

1015 je ne saurais trop l’en féliciter — nous propose une seconde conclusion, plus imprévue : c’est qu’à chaque génération d’an

1016 ’est qu’à chaque génération d’ancêtres, dans bien des familles de ce pays, on trouve autant d’étrangers que de Neuchâtelois

1017 oilà qui me renforce dans ma doctrine de l’Europe des régions, et dans ma conviction que les habitants de l’Europe, avant d

1018 les habitants de l’Europe, avant d’être sujets d’ un de nos États-nations du xxe siècle, sont d’abord d’une région, mais

1019 nos États-nations du xxe siècle, sont d’abord d’ une région, mais en même temps, dans nos petits pays surtout, sont de la

1020 e la grande famille européenne. (On eût fait rire un Flamand d’avant Napoléon en lui disant qu’il serait « Belge » et l’on

1021 ant qu’il serait « Belge » et l’on eût scandalisé un Bavarois ou un Saxon en le qualifiant simplement d’« Allemand », avan

1022 t « Belge » et l’on eût scandalisé un Bavarois ou un Saxon en le qualifiant simplement d’« Allemand », avant Bismarck.) U

1023 iant simplement d’« Allemand », avant Bismarck.) Un autre trait me frappe dans ce tableau des origines : toutes les provi

1024 marck.) Un autre trait me frappe dans ce tableau des origines : toutes les provinces natales des ancêtres d’Henri sont nor

1025 bleau des origines : toutes les provinces natales des ancêtres d’Henri sont nordiques, de la Bretagne à la Pologne en passa

1026 remontant très haut, deux ou trois Piémontais et un Toscan, égarés dans nos brumes. Mais un mariage peut tout changer : p

1027 ontais et un Toscan, égarés dans nos brumes. Mais un mariage peut tout changer : par Mathilde de Pierre, femme d’Henri de

1028 ereurs du Saint-Empire, du roi Canut de Danemark, des Wittelsbach ducs de Bavière, des ducs de Saxe, d’un grand-duc de Polo

1029 nut de Danemark, des Wittelsbach ducs de Bavière, des ducs de Saxe, d’un grand-duc de Pologne, des Luxembourg, des Habsbour

1030 Wittelsbach ducs de Bavière, des ducs de Saxe, d’ un grand-duc de Pologne, des Luxembourg, des Habsbourg, des Souabe-Baben

1031 ère, des ducs de Saxe, d’un grand-duc de Pologne, des Luxembourg, des Habsbourg, des Souabe-Babenberg et des comtes de Zoll

1032 Saxe, d’un grand-duc de Pologne, des Luxembourg, des Habsbourg, des Souabe-Babenberg et des comtes de Zollern fondateurs d

1033 nd-duc de Pologne, des Luxembourg, des Habsbourg, des Souabe-Babenberg et des comtes de Zollern fondateurs de la maison de

1034 uxembourg, des Habsbourg, des Souabe-Babenberg et des comtes de Zollern fondateurs de la maison de Hohenzollern ; et, par d

1035 de la maison de Hohenzollern ; et, par d’autres, des ducs de Normandie, des ducs de Lorraine, de Louis le Pieux, des Plant

1036 ollern ; et, par d’autres, des ducs de Normandie, des ducs de Lorraine, de Louis le Pieux, des Plantagenêts, des rois d’Éco

1037 rmandie, des ducs de Lorraine, de Louis le Pieux, des Plantagenêts, des rois d’Écosse, et même de la fée Mélusine, des Lusi

1038 de Lorraine, de Louis le Pieux, des Plantagenêts, des rois d’Écosse, et même de la fée Mélusine, des Lusignan et de Savoie,

1039 s, des rois d’Écosse, et même de la fée Mélusine, des Lusignan et de Savoie, de Béranger II roi d’Italie et d’Andronic empe

1040 t où je l’apprends. Mais aussitôt me vient l’idée des espaces infinis de silence, d’ignorance et de nuit qui me séparent d’

1041 étions jeunes. Et ceux-là seuls éveillent en moi un sentiment de parenté, la reconnaissance de quelque chose d’à la fois

1042 , ses humeurs « gringes » et son humour, alliés à un sens politique qui a permis que nous devenions Suisses. L’arrière-gra

1043 aujourd’hui « La Chevance », parce que la devise des vicomtes héréditaires de Besançon, les Rougemont de Franche-Comté, ét

1044 t-à-dire « dont on est venu à chef ». (Je propose une nouvelle recherche à Pierre-Arnold, dans la direction de Besançon. J’

1045 femme normande, de sa seconde femme anglaise, et des voisins et cousins Wesdehlen, dont les alliances le reliaient à la Br

1046 mment et pourquoi êtes-vous devenu et restez-vous un « Européen militant » ? Il me semble que tout m’y a conduit, à commen

1047 mon enfance, j’ai entendu parler chez mes parents des tantes de Dresde, auxquelles nous fournissions des cigarettes après l

1048 es tantes de Dresde, auxquelles nous fournissions des cigarettes après la guerre, d’une tante de Bavière, familière de notr

1049 us fournissions des cigarettes après la guerre, d’ une tante de Bavière, familière de notre maison, et de son frère le génér

1050 ière de notre maison, et de son frère le général, des oncles et cousins plus éloignés de Bretagne, de Prusse, d’Autriche, d

1051 etagne, de Prusse, d’Autriche, d’Italie. Et aussi des deux branches françaises et de la branche anglaise de ma famille, de

1052 le graphologue de Paris, et aussi d’Arthur, l’un des directeurs du Lloyd de Londres, de Frank le cosmopolite qui habitait

1053 allait de soi comme la famille, et ce n’était pas un cas exceptionnel dans les familles de notre ancienne Principauté de N

1054 e canton suisse en 1848 seulement. Entre la terre des pères et le continent des rêves, il n’y avait aucune opposition : je

1055 ulement. Entre la terre des pères et le continent des rêves, il n’y avait aucune opposition : je l’ai écrit dans un petit o

1056 n’y avait aucune opposition : je l’ai écrit dans un petit ouvrage intitulé Suite neuchâteloise , publiée en 1948, pour l

1057 t par les pieds, par le cœur, et le rassemblement des nations invisibles, on nous dit que tout les oppose, qu’il faut chois

1058 ntre ces amours il n’est que de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me sens presque partout chez moi dans l

1059 cela, comme vous voyez, très européen, mais dans un sens du terme assez différent de celui que lui donnait Valéry, quand

1060 ces trois premières sources de la culture commune des Européens — dont je retiens surtout la grecque et l’évangélique — mai

1061 comme le Roman de Genji, qui a joué au Moyen Âge un rôle un peu analogue à celui du Roman de Tristan pour l’Europe. Cette

1062 e Roman de Genji, qui a joué au Moyen Âge un rôle un peu analogue à celui du Roman de Tristan pour l’Europe. Cette découve

1063 ait écrire en trois mois L’Amour et l’Occident , un titre qui peut servir d’épigraphe non seulement à mon œuvre littérair

1064 États-Unis, m’a beaucoup aidé à gagner l’intérêt des éditeurs et l’amitié des critiques américains, pendant les années que

1065 aidé à gagner l’intérêt des éditeurs et l’amitié des critiques américains, pendant les années que j’ai passées là-bas, de

1066 éry, André Breton et Saint-John Perse, mais aussi des philosophes tels que Georges Gurvitch et Jacques Maritain, des peintr

1067 es tels que Georges Gurvitch et Jacques Maritain, des peintres comme Marcel Duchamp et Max Ernst, l’éditeur Kurt Wolff, le

1068 t d’autres… Le simple fait de les voir vivre dans un milieu, pour eux foncièrement étranger à tant d’égards, me donnait co

1069 rement étranger à tant d’égards, me donnait comme une sensation de la différence, de l’identité européenne, et une nostalgi

1070 on de la différence, de l’identité européenne, et une nostalgie lancinante, révélatrice de ce que nous avions perdu et que

1071 s avions perdu et que nous ne pourrions retrouver un jour que si l’Autre était battu… Une idée nous orientait tous : si ja

1072 ons retrouver un jour que si l’Autre était battu… Une idée nous orientait tous : si jamais nous pouvions retourner en Europ

1073 de 1946, sous les meilleurs auspices possibles : une invitation à venir parler de « l’Esprit européen » lors des premières

1074 tion à venir parler de « l’Esprit européen » lors des premières Rencontres internationales de Genève. Chronologiquement, le

1075 révolution posée contre le désordre établi comme un ordre nouveau. C’était l’aventure permanente. Nous avions en commun l

1076 ous les résumer en quelques mots. Nous partions d’ une idée de l’homme que nous appelions la personne, opposée à l’individu

1077 engagé, qu’il le sache ou non. Tel était le sujet des premiers chapitres de mon premier livre publié à Paris en 1934, et qu

1078 personne . En 1935, Mounier lançait dans Esprit une rubrique de la « Pensée engagée », où il rendit compte de mon livre,

1079 ’abord, les communes. À mesure que les dimensions des tâches sociales s’accroissent, les communautés s’élargissent : région

1080 tinentales… Et nous arrivions à l’Europe, « terre des hommes » et « patrie de la personne ». Il y avait là tous les mots-cl

1081 qu’ils ont ressentie après la guerre à l’égard d’ une Europe qui leur semblait être un simple pion des Américains dans le j

1082 rre à l’égard d’une Europe qui leur semblait être un simple pion des Américains dans le jeu de la guerre froide. Ce n’est

1083 ’une Europe qui leur semblait être un simple pion des Américains dans le jeu de la guerre froide. Ce n’est pas et ce n’a ja

1084 té votre position. Pourquoi ? Je n’ai jamais, pas un instant, senti les choses de cette manière. Pour moi, rentrant en Eur

1085 cette manière. Pour moi, rentrant en Europe après des années de ce que je considérais comme un exil, je n’avais qu’une idée

1086 e après des années de ce que je considérais comme un exil, je n’avais qu’une idée, qui était de fédérer les Européens pour

1087 e que je considérais comme un exil, je n’avais qu’ une idée, qui était de fédérer les Européens pour leur propre salut et po

1088 hèse que le sort de la paix dépendait désormais d’ une union — que je souhaitais fédérale, c’est-à-dire respectueuse des aut

1089 je souhaitais fédérale, c’est-à-dire respectueuse des autonomies — entre les peuples de l’Europe, dont j’opposais les idéau

1090 l’Europe, dont j’opposais les idéaux réels à ceux des Soviétiques d’un côté, des capitalistes américains de l’autre. Un an

1091 pposais les idéaux réels à ceux des Soviétiques d’ un côté, des capitalistes américains de l’autre. Un an plus tard, à pein

1092 es idéaux réels à ceux des Soviétiques d’un côté, des capitalistes américains de l’autre. Un an plus tard, à peine rentré p

1093 ’un côté, des capitalistes américains de l’autre. Un an plus tard, à peine rentré pour de bon des USA, j’ai accepté d’intr

1094 utre. Un an plus tard, à peine rentré pour de bon des USA, j’ai accepté d’introduire par un discours le premier congrès des

1095 our de bon des USA, j’ai accepté d’introduire par un discours le premier congrès des fédéralistes européens, qui allait se

1096 é d’introduire par un discours le premier congrès des fédéralistes européens, qui allait se tenir à Montreux au début de se

1097 au, comme Alexandre Marc et Robert Aron, et connu un de nos disciples après coup, Henri Brugmans, qui présidait l’affaire.

1098 que je me suis vu en quelque sorte catapulté dans un rôle de porte-parole de l’entreprise du fédéralisme européen. Pas que

1099 ’entreprise du fédéralisme européen. Pas question une seconde que je me dérobe, étant l’auteur du concept d’engagement de l

1100 c’étaient les mots d’ordre de l’existentialisme. Une phrase me revenait de tous côtés, et c’était « l’engagement, comme di

1101 , R. Mackay et René Courtin de la politique. Dans une série de réunions que j’avais convoquées à Paris, à Genève, à Royaumo

1102 uées à Paris, à Genève, à Royaumont, à la Chambre des communes, la commission culturelle du congrès a mis au point non seul

1103 ces années de création du Mouvement européen, par des intellectuels responsables ? Au congrès de La Haye, qui rassembla au

1104 t honneur — mais il devait être par la suite l’un des intellectuels les plus « engagés » pour notre cause. Il y avait dans

1105 qui avaient contribué à ses travaux préparatoires des hommes tels que Bertrand Russell, Étienne Gilson, Charles Morgan, Car

1106 pour ne nommer que quelques seigneurs, mais aussi un archevêque représentant le Vatican, un évêque anglican représentant C

1107 mais aussi un archevêque représentant le Vatican, un évêque anglican représentant Canterbury, des chefs syndicalistes, bea

1108 ican, un évêque anglican représentant Canterbury, des chefs syndicalistes, beaucoup d’enseignants, et même quelques anciens

1109 ur ce qui me concerne, a été la décision de créer un « Centre européen de la culture », chargé d’initier, d’animer et de r

1110 ture », chargé d’initier, d’animer et de réaliser des entreprises culturelles susceptibles de contribuer à la formation d’u

1111 elles susceptibles de contribuer à la formation d’ une opinion européenne. Avec l’appui du Mouvement européen, né du congrès

1112 n, né du congrès de La Haye, j’ai ouvert à Genève un « Bureau d’études pour un Centre européen de la culture », en collabo

1113 e, j’ai ouvert à Genève un « Bureau d’études pour un Centre européen de la culture », en collaboration avec Raymond Silva,

1114 ture », en collaboration avec Raymond Silva, l’un des fondateurs de l’Union européenne des fédéralistes, qui m’avait déjà s

1115 Silva, l’un des fondateurs de l’Union européenne des fédéralistes, qui m’avait déjà secondé à La Haye. Ensemble, nous avon

1116 à secondé à La Haye. Ensemble, nous avons préparé une Conférence européenne de la culture qui devait définir les objectifs

1117 ration suisse, puis Paul-Henri Spaak, et au cours des quatre journées et soirées de travaux, les interventions de Carlo Sch

1118 issaire à l’énergie atomique, qui donna lecture d’ un message de Louis de Broglie, prix Nobel de physique, tandis que circu

1119 e, prix Nobel de physique, tandis que circulaient des textes écrits pour l’occasion par Gabriel Marcel, Wystan Auden, et mê

1120 les auspices du Mouvement européen, et salué par un message très chaleureux de Churchill. Vous voilà devenu organisateur,

1121 oilà devenu organisateur, sinon administrateur, d’ un projet bien ambitieux, et qu’on n’imagine pas confié à un écrivain. Q

1122 t bien ambitieux, et qu’on n’imagine pas confié à un écrivain. Qu’avez-vous pu réaliser, ou essayé de réaliser pendant les

1123 puis 1978, comme son président ? Je répondrai par une énumération peut-être un peu sèche faute de temps. Je mentionnerai d’

1124 dent ? Je répondrai par une énumération peut-être un peu sèche faute de temps. Je mentionnerai d’abord deux idées que j’ai

1125 de leurs résultats à la vie civile. Le CERN a été un succès exemplaire, retentissant, mais qui s’est réalisé en dehors de

1126 eize gouvernements. La seconde idée a été celle d’ une fondation, l’actuelle Fondation européenne de la culture, d’Amsterdam

1127 terdam, longtemps présidée par le prince Bernhard des Pays-Bas, et que j’ai instituée et dirigée au siège de notre Centre d

1128 nseil, Marcel van Zeeland, président de la Banque des règlements internationaux, Georges Villiers, président du Patronat fr

1129 de rencontre — nombre d’associations comme celle des festivals de musique européens (AEFM) qui groupe aujourd’hui les 42 p

1130 ligner ce cas que je crois unique ; l’Association des instituts d’études européennes, de niveau universitaire ; la Communau

1131 agne d’éducation civique européenne, qui organise des stages pour enseignants du degré secondaire sur la manière de faire v

1132 ie, mais aussi d’économie, d’arts et de langues ; un Dialogue des cultures, entre l’Europe et le monde arabe, l’Afrique no

1133 si d’économie, d’arts et de langues ; un Dialogue des cultures, entre l’Europe et le monde arabe, l’Afrique noire, l’Inde,

1134 e, l’Inde, la Chine, le Japon, l’Amérique latine… Des publications, bulletins périodiques, revue Cadmos , collection de vo

1135 collection de volumes à La Baconnière ; et enfin des colloques, séminaires et congrès, qui ont rassemblé à la Villa Moynie

1136 semblé à la Villa Moynier, siège genevois du CEC, des centaines d’intellectuels venus de toutes les parties du monde, surto

1137 urtout de l’Europe de l’Ouest, mais parfois aussi des pays de l’Est, souvent plus « européens » que nous-mêmes. Mais vous,

1138 gement qui se pose dans votre cas. Je répondrai d’ une manière toute factuelle. Durant les années de mon « engagement » euro

1139 de professeur honoraire, j’ai été amené à publier une dizaine d’ouvrages sur l’Europe et ses problèmes spécifiques, tels qu

1140 le européen sur l’état de l’union européenne . Et des centaines d’articles, d’essais, de brochures, de préfaces, de confére

1141 ès. Mais dans le même temps, j’ai écrit et publié une quinzaine d’ouvrages littéraires et philosophiques, et plusieurs tome

1142 losophiques, et plusieurs tomes de mon Journal d’ une époque , que j’espère pouvoir achever avec Journal d’un Européen l’an

1143 que , que j’espère pouvoir achever avec Journal d’ un Européen l’année prochaine. Vous voyez ici, dans le vif, l’interactio

1144 féconde de l’œuvre littéraire et philosophique et des énergies mobilisées par l’action européenne sous toutes ses formes. L

1145 l’Europe que ceux de votre génération et de celle des grands aînés que vous avez cités. Est-ce à vos yeux décourageant ? Il

1146 t de sa cause, c’est-à-dire, à mon sens, détachés des réalités culturelles fondamentales de notre temps. Cette évolution de

1147 lution de l’intelligentsia européenne se résume d’ une manière exemplaire dans les prises de position successives de J.-P. S

1148 , très bien même. Quelques années plus tard, dans une préface au livre de Franz Fanon intitulé Les Damnés de la Terre, Sart

1149 l’Européen n’a pu se faire homme qu’en fabriquant des esclaves et des monstres ». Il va jusqu’à dire que les Européens n’on

1150 u se faire homme qu’en fabriquant des esclaves et des monstres ». Il va jusqu’à dire que les Européens n’ont édifié leurs c

1151 aux États-Unis, dans les années 1960 et 1970, par des gens qui se donnent couramment pour antieuropéens — c’est bien vu, ch

1152 teurs comme dans les revues — étant accaparés par une analyse sociosémiologique des structures du discours au niveau du nom

1153 étant accaparés par une analyse sociosémiologique des structures du discours au niveau du nombril. Aujourd’hui, vous devez

1154 re ? Comme écrivain européen, je me sens en effet un peu seul ! Mais d’autres vont venir, et ce ne sera pas long. Si toute

1155 , tout en « amusant (ou affolant) le tapis » avec un psychodrame droite-gauche, totalitaires-démocrates, destiné à la cons

1156 otalitaires-démocrates, destiné à la consommation des mass médias et à rien d’autre. Ce qu’on prépare avec méthode, c’est l

1157 sur l’intellectuel et l’Europe. Je vous ai donné un exemple concret, le mien. Les mouvements européens avec lesquels j’ai

1158 1960 font du surplace, c’est évident. Mais depuis une dizaine d’années, une nouvelle génération, dont je me sens solidaire,

1159 c’est évident. Mais depuis une dizaine d’années, une nouvelle génération, dont je me sens solidaire, a relancé le combat p

1160 enir. L’Europe ne pourra faire son union, qui est un acte volontaire, que sur la base de l’unité de sa culture commune, qu

1161 la base de l’unité de sa culture commune, qui est une réalité donnée depuis des millénaires. Fonder l’union de l’Europe sur

1162 ulture commune, qui est une réalité donnée depuis des millénaires. Fonder l’union de l’Europe sur l’unité culturelle des Eu

1163 Fonder l’union de l’Europe sur l’unité culturelle des Européens — Athènes, Rome, Jérusalem, bien sûr, mais aussi les Germai

1164 Vingt-huit siècles d’Europe (1961), Journal d’ une époque (1968), et L’Avenir est notre affaire (1977). Cette convers

1165 ce début de 1984, sacrifions au rituel : parlons un peu d’Orwell, pour en dire à la fois moins de bien et un tout autre b

1166 d’Orwell, pour en dire à la fois moins de bien et un tout autre bien que nos télévisions, radios et colloques par milliers

1167 pe et ce congrès se termine par la proclamation d’ un Message aux Européens dans lequel les 800 délégués — parmi eux 16 a

1168 rs parlements nationaux, de grands intellectuels, des chefs syndicalistes et des représentants des Églises — prennent l’eng

1169 grands intellectuels, des chefs syndicalistes et des représentants des Églises — prennent l’engagement solennel d’appuyer

1170 els, des chefs syndicalistes et des représentants des Églises — prennent l’engagement solennel d’appuyer de tous leurs effo

1171 nel d’appuyer de tous leurs efforts la création d’ une fédération européenne ainsi que « les hommes et les gouvernements qui

1172 salut public, suprême chance de la paix et gage d’ un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront ». Et

1173 ent, dans quelques mois, les Européens vont élire un Parlement qui sera chargé, n’en doutons pas, de rédiger la première C

1174 e de stupeur interdite, par la voix et l’action d’ un chrétien à la fois libertaire et solidaire, Lech Walesa. Mais il y a

1175 ur ! » Le vrai prophète veut détourner son peuple des voies qui conduisent au désastre. Ce qu’il prêche, c’est la voie nouv

1176 de l’abîme et de la démission de l’esprit, devant des menaces qu’il contribuerait à rendre fatales en les décrivant telles.

1177 t telles. Chez Orwell, je sens au contraire comme une abdication latente au fond de l’âme, un masochisme irrépressible. Et

1178 re comme une abdication latente au fond de l’âme, un masochisme irrépressible. Et jamais il ne tente de réveiller en nous

1179 ourage de réagir, jamais il n’a montré les buts d’ une action libératrice, ni les finalités de l’esprit, seules capables de

1180 rendre possible à bref délai deux développements des sciences physiques et de leurs technologies de pointe, dont il n’a pu

1181 re en 1948 que les balbutiements : je veux parler des armes nucléaires et des télécommunications audiovisuelles assurant l’

1182 tiements : je veux parler des armes nucléaires et des télécommunications audiovisuelles assurant l’omniprésence du Pouvoir

1183 d’éteindre une fois pour toutes la possibilité d’ une pensée indépendante ». Pour réaliser le premier but, il faut trouver

1184 tinuer à régir toute l’économie mondiale en vue d’ une guerre jamais livrée mais entretenue par pays du tiers-monde interpos

1185 raffinée, non seulement de la vie économique mais des esprits, au nom du maintien de la Paix. Ainsi se trouve également jus

1186 non seulement l’expression mais le besoin même d’ une pensée libre, nous en sommes peut-être beaucoup plus proches qu’on ne

1187 rait de Big Brother le moustachu et c’est le côté un peu Tintin de ce roman). En avons-nous conscience ? Sans relâche, à t

1188 ironnés, sollicités, traversés sans le savoir par des ondes (dans le cas de la télévision), gavés de nouvelles posant les m

1189 isis. Il y a là, beaucoup plus qu’on ne le croit, une entreprise permanente de « prise du pouvoir sur les esprits », sur le

1190 es esprits », sur les espoirs et sur les craintes des citoyens, c’est-à-dire sur leurs imaginations, sur leurs fantasmes, s

1191 s par les Pouvoirs, dans cette « mise en fiches » des citoyens dont on accuse l’ordinateur d’être l’agent, alors qu’il n’en

1192 fait suffit à attester la tendance totalitaire d’ un gouvernement, si « démocratique » qu’il se prétende par ailleurs. C’e

1193 vrai danger, non dans l’ordinateur, qui n’est qu’ un instrument permettant de consulter plus vite des fichiers plus comple

1194 u’un instrument permettant de consulter plus vite des fichiers plus complets et prenant moins de place que les anciens fich

1195 té de « programmer » ces opinions ; — c’est moins un B. B. qui sait tout sur moi, qu’un B. B. qui entend manipuler ma libe

1196 — c’est moins un B. B. qui sait tout sur moi, qu’ un B. B. qui entend manipuler ma liberté en m’imposant son angle de visi

1197 — c’est moins la transparence de ma vie aux yeux des Pouvoirs, que l’opacité de ces Pouvoirs aux yeux du peuple. Bien sûr,

1198 que espoir dans l’extrême vulnérabilité du secret des réseaux d’information. Il ne se passe pas de semaine sans que les jou

1199 semaine sans que les journaux nous apprennent que des gamins de 16 ou 17 ans ont « pénétré » les codes d’une banque, d’une

1200 amins de 16 ou 17 ans ont « pénétré » les codes d’ une banque, d’une institution médicale, voire d’un office de défense nati

1201 17 ans ont « pénétré » les codes d’une banque, d’ une institution médicale, voire d’un office de défense nationale aux USA.

1202 d’une banque, d’une institution médicale, voire d’ un office de défense nationale aux USA. Pourquoi ne pas appliquer ces pr

1203 oi ne pas appliquer ces procédés à la pénétration des fichiers personnels détenus par l’État ? Voire à leur modification qu

1204 ite la valeur et par voie de conséquence l’usage. Un journal américain baptisait l’autre jour du joli nom de Little Brothe

1205 Grand Frère. ⁂ Soyons sérieux. L’ordinateur est un outil, on ne peut pas l’accuser des abus que l’homme en fait. Au lend

1206 ordinateur est un outil, on ne peut pas l’accuser des abus que l’homme en fait. Au lendemain d’Hiroshima, en conclusion d’u

1207 n fait. Au lendemain d’Hiroshima, en conclusion d’ un petit livre intitulé Lettres sur la bombe atomique , publié d’abord

1208 rk, j’avais écrit le Post-scriptum que voici : Un dernier mot, et dire que j’allais l’oublier ! La Bombe n’est pas dang

1209 r ! La Bombe n’est pas dangereuse du tout : c’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux c’est l’homme. C’est lui qui

1210 prépare à l’employer. Le contrôle de la Bombe est une absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout

1211 contrôle de la Bombe est une absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait

1212 s Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’ un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les v

1213  ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laiss

1214 te donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une correction me paraît aujourd’hui nécessaire

1215 Ce qu’il nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une correction me paraît aujourd’hui nécessaire. La Bombe ne peut avoir a

1216 oriserait non seulement la surveillance policière des opinions privées, mais qu’il serait l’outil idéal de la centralisatio

1217 voriser la décentralisation et la régionalisation des pouvoirs de gestion publique. Un jour, avec Louis Armand, nous parlio

1218 régionalisation des pouvoirs de gestion publique. Un jour, avec Louis Armand, nous parlions du problème des régions, en ta

1219 our, avec Louis Armand, nous parlions du problème des régions, en tant qu’unités de base de toute fédération imaginable de

1220 us déplorions la difficulté — surhumaine aux yeux des fonctionnaires — de gérer des régions telles que je les souhaitais, c

1221 surhumaine aux yeux des fonctionnaires — de gérer des régions telles que je les souhaitais, c’est-à-dire à « géométrie vari

1222 d : « Pour moi, le fédéralisme, c’est l’autonomie des régions plus les ordinateurs ». « Ah, celle-là, dit mon ami, vous me

1223 n, considéré comme l’union spontanée et limitée à des fonctions jalousement définies, de régions constituées par des grappe

1224 jalousement définies, de régions constituées par des grappes de communes, c’est-à-dire de petites communautés dans lesquel

1225 bre et responsable. ⁂ J’aborderai maintenant l’un des problèmes majeurs d’aujourd’hui : celui de l’emploi et du chômage, po

1226 plus tard par Hitler, mais passons — je publiais un petit article intitulé « Liberté ou chômage ? » Je posais la question

1227 a technologie moderne permet de libérer l’ouvrier des tâches mécaniques et serviles. Or, dans la mesure où cela réussit, le

1228 s d’informatisation. On y répond généralement par des arguments que je connais depuis environ vingt-cinq ans, quand on ne p

1229 sines sans ouvriers ». Je disais : que ferez-vous des ouvriers « libérés » ? On me répondait : nous allons les recycler dan

1230 plois qu’il en supprime et ceux qui le nient sont des faibles d’esprit. Or le chômage n’a pas cessé d’augmenter depuis ce t

1231 Qu’en est-il aujourd’hui de ce problème crucial des progrès indissociables de la technologie et du chômage ? Essayons de

1232 e la technologie et du chômage ? Essayons de voir un peu ce que nous disent les chiffres et quelles leçons partisans et ad

1233 ffres. Je prendrai la plupart de mes données dans un très long article de Business Week (New York) paru en 1981 et traduit

1234 n va supprimer, voici quatre exemples frappants : Un chiffre global tout d’abord : « selon les estimations des experts, qu

1235 fre global tout d’abord : « selon les estimations des experts, quelque 45 millions d’emplois — soit 45 % du total, car la p

1236 re touchés par l’automatisation de l’industrie et des services. Les conséquences les plus marquantes se feront pour la plup

1237 ont pour la plupart sentir dès avant l’an 2000 ». Une évaluation plus précise sur l’industrie de l’automobile : « le syndic

1238 de l’automobile : « le syndicat de l’automobile, un des rares à avoir essayé de mesurer les conséquences de l’automatisat

1239 l’automobile : « le syndicat de l’automobile, un des rares à avoir essayé de mesurer les conséquences de l’automatisation,

1240 800 000, bien que l’on ait retenu comme hypothèse une croissance de 1,8 % des ventes de voiture aux États-Unis ». Va-t-on

1241 it retenu comme hypothèse une croissance de 1,8 % des ventes de voiture aux États-Unis ». Va-t-on recycler ces ouvriers da

1242 rmer ? Voici la réponse : selon les estimations d’ une des plus grandes firmes américaines « sur un total dépassant 50 milli

1243  ? Voici la réponse : selon les estimations d’une des plus grandes firmes américaines « sur un total dépassant 50 millions

1244 s d’une des plus grandes firmes américaines « sur un total dépassant 50 millions d’emplois existants dans le secteur terti

1245 s postes américaines, l’automatisation a entraîné une baisse des effectifs de 10 % depuis 1970, faisant de la préservation

1246 éricaines, l’automatisation a entraîné une baisse des effectifs de 10 % depuis 1970, faisant de la préservation de l’emploi

1247 puis 1970, faisant de la préservation de l’emploi un problème majeur dans les négociations syndicales ». (Les récentes grè

1248  000 employés dans les banques et les assurances, une réduction de 30 % en 1990. Cependant que deux autres rapports portaie

1249 lus en tout cela, c’est l’attitude du patronat et des syndicats, aux USA plus encore qu’en Europe. L’article de Business We

1250 prunter tant de chiffres alarmants, constate avec une sérénité inexplicable « qu’aux États-Unis, pas plus les économistes q

1251 nt de soi que la croissance vigoureuse du secteur des services, compensera, et au-delà, les disparitions d’emplois ». Et le

1252 t les citations abondent d’économistes au service des gouvernements occidentaux, répétant que l’informatique ne manquera pa

1253 cher » ou « affecter », mais jamais « supprimer » un emploi ! — Mais je ne trouve nulle part de chiffres à l’appui de ces

1254 te de la production d’ordinateurs a correspondu à une baisse marquée dans la main-d’œuvre qui les fabrique ! On me dira peu

1255 es sera fortement améliorée par l’informatisation des processus de production. Certes, l’automatisation complète de ce qu’o

1256 s du film de Chaplin Les Temps modernes — fournit un bel exemple des pouvoirs libérateurs de la technologie. Mais libérer

1257 aplin Les Temps modernes — fournit un bel exemple des pouvoirs libérateurs de la technologie. Mais libérer l’homme de l’esc

1258 technologie. Mais libérer l’homme de l’esclavage des machines n’est rien encore si on ne lui offre en échange de la monoto

1259 uels irrémédiablement logiques. Plus inquiétant : des études psychologiques poursuivies en Grande-Bretagne ont montré que b

1260 ion continuelle avec l’ordinateur provoque en eux un stress dont on a mesuré les effets. Dans le domaine du dessin industr

1261 national du travail, saisi du problème, a formulé des mesures de protection contre ce stress. L’économiste anglais, Mike Co

1262 miste anglais, Mike Cooley, n’hésite pas à parler des relations entre l’opérateur et l’ordinateur comme d’un « travail à la

1263 lations entre l’opérateur et l’ordinateur comme d’ un « travail à la chaîne mental ». Tout cela dit, demeure ma question ce

1264 ent et dramatique le problème, toujours renvoyé à des lendemains qui ronronnent, d’une productivité indéfiniment accrue. Le

1265 ujours renvoyé à des lendemains qui ronronnent, d’ une productivité indéfiniment accrue. Le seul avantage certain de l’infor

1266 rgente encore et dramatique la nécessité vitale d’ une réponse à ma question. Nous sommes mis au défi d’inventer une nouvell

1267 à ma question. Nous sommes mis au défi d’inventer une nouvelle conception du travail qui ne soit plus nécessairement liée à

1268 du travail qui ne soit plus nécessairement liée à un emploi salarié — qui ne soit plus le contraire du loisir créateur, ma

1269 it, — et pas seulement matérialité et intellect. Des études vont être entreprises à cette fin, dès cette année 1984, non s

1270 senter, avant de conclure, quelques remarques sur un sujet bien excitant : celui de l’intelligence des ordinateurs et de l

1271 un sujet bien excitant : celui de l’intelligence des ordinateurs et de leurs facultés quasi humaines de mémorisation, d’ad

1272 t les espoirs insensés qu’il éveille : libération des travailleurs industriels, éducation pour tous à domicile et nos enfan

1273 petits-enfants initiés sans douleur aux mystères des mathématiques, autant dire de la toute-puissance, demain. Dans la coh

1274 re de la toute-puissance, demain. Dans la cohorte des spectateurs inconditionnels de l’informatisation totale du monde de d

1275 sation totale du monde de demain. Je vais choisir un seul auteur comme étant le plus lyrique de tous sur l’avenir des ordi

1276 comme étant le plus lyrique de tous sur l’avenir des ordinateurs : il s’agit de Seymour Papert, professeur au Laboratoire

1277 és par L’Express, je vous prie de faire la part d’ une certaine provocation sournoisement rigolarde, mais de vous rappeler e

1278 en apparence sont souvent les plus révélateurs d’ une personne. Interrogé sur l’intelligence artificielle des machines, Pa

1279 sonne. Interrogé sur l’intelligence artificielle des machines, Papert la définit curieusement comme une « science qui étud

1280 es machines, Papert la définit curieusement comme une « science qui étudie les sources du savoir, en liaison étroite avec l

1281 ogie et l’informatique. Les chercheurs se servent des modèles informatiques pour étudier la psychologie humaine ». Il va ju

1282 Quand on lui demande si la machine peut éprouver des émotions, il répond qu’il travaille au MIT à réaliser « un inconscien

1283 ns, il répond qu’il travaille au MIT à réaliser «  un inconscient artificiel ». Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer tôt aprè

1284 ivité, l’affectivité, l’intelligence, ne sont pas des termes scientifiques ». Et comme on lui fait observer qu’il remet ain

1285 ans le passé, l’ordinateur est en train d’amorcer une renaissance de la philosophie ». Là-dessus, deux remarques suffiront

1286 l’ordinateur et prouver de la sorte qu’il possède une affectivité, il oublie que le mécanisme du refoulement, pourtant fond

1287 mémoire individuelle et que c’est simplement par un abus de langage qu’on peut parler de la « mémoire » d’une machine : i

1288 de langage qu’on peut parler de la « mémoire » d’ une machine : il ne s’agit en réalité que d’un stockage de données chiffr

1289 e » d’une machine : il ne s’agit en réalité que d’ un stockage de données chiffrées, nullement d’un processus vivant, tels

1290 e d’un stockage de données chiffrées, nullement d’ un processus vivant, tels que ceux génialement décrits par Marcel Proust

1291 is enfin opposer à Papert cette phrase si belle d’ un des plus grands experts actuels de l’informatique, Joseph Welzenbaum 

1292 enfin opposer à Papert cette phrase si belle d’un des plus grands experts actuels de l’informatique, Joseph Welzenbaum : « 

1293 maginer ce que cela pourrait signifier de dire qu’ un ordinateur espère. » Non : la machine n’a pas de mémoire, n’a pas d’

1294 tique en vous rappelant la question judicieuse qu’ un des premiers critiques des médias, Raymond Williams, posait à propos

1295 ue en vous rappelant la question judicieuse qu’un des premiers critiques des médias, Raymond Williams, posait à propos de l

1296 question judicieuse qu’un des premiers critiques des médias, Raymond Williams, posait à propos de l’acte de communication 

1297 e qui ? et pour quel but final ? » Cette question des Finalités de l’informatique est la seule qui mérite vraiment nos réfl

1298 elève que du marketing, qui joue sur la puérilité des réactions du grand public. Je voudrais que l’on cesse d’écrire des ph

1299 grand public. Je voudrais que l’on cesse d’écrire des phrases comme celle-ci : « l’automatisation introduit une rupture don

1300 ses comme celle-ci : « l’automatisation introduit une rupture dont on ne peut prévoir aujourd’hui l’impact ». Victor Hugo é

1301 ir aujourd’hui l’impact ». Victor Hugo écrit dans un poème : « Vous dites : où vas-tu ? Je l’ignore et j’y vais. » Répondo

1302 as… Je précise : cessons de nous précipiter vers un avenir dont nous n’avons pas même pris le temps d’évaluer les enjeux

1303 r les enjeux humains, obsédés que nous sommes par des gains immédiats. Je vous ai cité des chiffres effarants sur le chômag

1304 s sommes par des gains immédiats. Je vous ai cité des chiffres effarants sur le chômage que nous prépare l’informatisation

1305 de dimension sans précédent dans toute l’histoire des civilisations. Je demande à réfléchir sur les voies et moyens d’une i

1306 Je demande à réfléchir sur les voies et moyens d’ une invention de la synthèse travail-loisir, sans laquelle nous courons à

1307 hèse travail-loisir, sans laquelle nous courons à des désastres trop exactement calculables. Je renouvelle ma proposition d

1308 de nos pays, mais surtout à l’échelle européenne, des conseils de réflexion sur la recherche, réunissant des scientifiques,

1309 onseils de réflexion sur la recherche, réunissant des scientifiques, bien sûr, mais aussi des théologiens, des philosophes,

1310 éunissant des scientifiques, bien sûr, mais aussi des théologiens, des philosophes, des sociologues et des poètes, chargés

1311 entifiques, bien sûr, mais aussi des théologiens, des philosophes, des sociologues et des poètes, chargés de la tâche fonda

1312 sûr, mais aussi des théologiens, des philosophes, des sociologues et des poètes, chargés de la tâche fondamentale de réfléc

1313 théologiens, des philosophes, des sociologues et des poètes, chargés de la tâche fondamentale de réfléchir sur les finalit

1314  : — ou bien le but est la puissance de l’État et des pouvoirs économiques et militaires ; c’est donc la Guerre ; — ou bien

1315 donc la Guerre ; — ou bien le but est la liberté des personnes à la fois libres et responsables : et cela peut être la Pai

1316 t de la spiritualité en particulier Au début d’ une très belle émission sur les cathédrales, la télévision nous montrait

1317 rtition géographique de ces monuments en France : une trentaine de points noirs sur la carte. Comme j’avais l’esprit occupé

1318 . Comme j’avais l’esprit occupé par la promesse d’ une préface pour cette brochure, pendant une fraction de seconde j’ai cru

1319 omesse d’une préface pour cette brochure, pendant une fraction de seconde j’ai cru qu’il s’agissait de la répartition des c

1320 conde j’ai cru qu’il s’agissait de la répartition des centrales nucléaires, et la similitude ou plutôt le contraste m’a fra

1321 nucléaires. Les cathédrales édifiées par la piété des communautés urbaines ont été les sources puissantes de l’énergie spir

1322 ales nucléaires, nourries du métal de Pluton, roi des Enfers, rayonne une forme d’énergie liée par sa nature et par ses ori

1323 rries du métal de Pluton, roi des Enfers, rayonne une forme d’énergie liée par sa nature et par ses origines aux armes que

1324 qu’on appelle réaliste aujourd’hui Le problème des centrales nucléaires n’est pas technologique, n’est pas économique, e

1325 les pages qui suivent. ⁂ III. Du point de vue des traditions politiques suisses Le choix des centrales nucléaires —

1326 vue des traditions politiques suisses Le choix des centrales nucléaires — et des usines de retraitement de leurs déchets

1327 suisses Le choix des centrales nucléaires — et des usines de retraitement de leurs déchets — augmente chaque jour les ch

1328 -à-dire de la fin de l’histoire humaine. Le choix des énergies renouvelables, et notamment de l’énergie solaire, signifiera

1329 nt à la centralisation autoritaire et l’avènement des régions autonomes, grâce à l’appui du Ciel et de ses longs regards su

1330 solaire, ce serait restaurer la possibilité pour des millions de foyers, dans chacun de nos pays européens, de se rendre a

1331 ays européens, de se rendre autonomes, de recréer des cadres de participation civique, de se faire « Suisses » : formule de

1332 s manières de considérer le nucléaire », Oui pour un avenir, Lausanne, C.-L. Fontaine, Secrétariat romand des initiatives,

1333 nir, Lausanne, C.-L. Fontaine, Secrétariat romand des initiatives, 1984, p. 2-3.

1334 ce qui est certain, c’est qu’il peut se féliciter des résultats atteints ! Car en laissant les choses aller, il les a livré

1335 en laissant les choses aller, il les a livrées à une logique qui s’est imposée à nous tous, celle du concept même de patri

1336 ctions. En effet, le concept de patrimoine évoque une somme de passé, un objet d’études pour les universitaires et une espè

1337 concept de patrimoine évoque une somme de passé, un objet d’études pour les universitaires et une espèce de capital garan

1338 ssé, un objet d’études pour les universitaires et une espèce de capital garanti pour couvrir les dépenses courantes. Mais a

1339 e serait venu ici pour le seul plaisir de dresser un bilan ou pour célébrer les bons vieux temps. Si nous nous intéressons

1340 intéressons au patrimoine, c’est dans le souci d’ un héritage à transmettre vivant ; et si nous nous intéressons à l’histo

1341 première fois depuis que l’homme existe, — soit d’ une fédération des peuples de la planète, d’abord par continents, puis à

1342 epuis que l’homme existe, — soit d’une fédération des peuples de la planète, d’abord par continents, puis à l’échelle mondi

1343 ins) de toute étude contemporaine sur l’évolution des civilisations, venons-en à notre objet spécifique. Le patrimoine euro

1344 ué du même mouvement à travers le temps et qui va des origines mystiques au drame actuel, des rivages où se situe l’enlèvem

1345 et qui va des origines mystiques au drame actuel, des rivages où se situe l’enlèvement d’Europe, fille du roi de Tyr par Ze

1346 t d’Europe, fille du roi de Tyr par Zeus, le père des dieux grecs, jusqu’aux rivages de l’Atlantique et au-delà, et c’est l

1347 e l’Ouest et ses problèmes actuels de dépassement des frontières étatiques et d’action pour une union culturelle qui transc

1348 ssement des frontières étatiques et d’action pour une union culturelle qui transcende les actuelles frontières stato-nation

1349 trop célèbre définition donnée par Paul Valéry d’ une Europe purement méditerranéenne, qui serait née de la triple influenc

1350 rois influences originelles sont venues recouvrir un continent presque entièrement peuplé par les Germains et par les Celt

1351 en avec les sources méditerranéennes, pour former un ensemble nouveau, riche de contrastes, bien plus : riche d’antinomies

1352 lier de mentionner dans notre siècle, l’influence des arts et des rythmes africains — via les deux Amériques — et l’influen

1353 ionner dans notre siècle, l’influence des arts et des rythmes africains — via les deux Amériques — et l’influence des philo

1354 ricains — via les deux Amériques — et l’influence des philosophies extrême-orientales (yoga hindou et bouddhisme zen.) Enfi

1355 quelques survols de cette unité dans la pluralité des sources et les antinomies parfois créatrices ; dans le domaine littér

1356 rois journées, il me semble que nous avons fourni un effort unanime et, je crois, réussi, pour entretenir le dialogue entr

1357 routine. Il s’agit de retrouver constamment, par des voies et moyens qui apparaissent « révolutionnaires », l’esprit anima

1358 raissent « révolutionnaires », l’esprit animateur des origines et de l’évolution de ce patrimoine. Je pense que nous serons

1359 ns tous d’accord pour constater qu’il s’agit là d’ un processus dialectique, dont le principe m’apparaît être la coexistenc

1360 raît être la coexistence, ou mieux : la co-action des contraires maintenus dans leurs oppositions, contradictions, antinomi

1361 aîne », disait Pascal. Il y voyait la condition d’ une pensée réaliste, tout englobante. Cela peut signifier pour nous : ass

1362 nous : assumer le conflit permanent et nécessaire des antinomies, dont voici une petite liste que j’ai établie pendant que

1363 ermanent et nécessaire des antinomies, dont voici une petite liste que j’ai établie pendant que vous parliez, les uns et le

1364 y revenir) comme condition de toute fédération d’ une Europe ouverte sur le monde. J’ai eu ici la très heureuse surprise de

1365 se surprise de constater que la nécessité moderne des régions politiques, civiques, économiques, écologiques, paraît de plu

1366 tant de l’Est que de l’Ouest ou du Centre. C’est une des leçons réconfortantes que je retiendrai de cette rencontre. Mais

1367 t de l’Est que de l’Ouest ou du Centre. C’est une des leçons réconfortantes que je retiendrai de cette rencontre. Mais à la

1368 Mais à la suite de mes interventions sur ce thème des régions, je saisis l’occasion de ces conclusions pour apporter une im

1369 aisis l’occasion de ces conclusions pour apporter une importante précision. On a coutume, à propos des régions, d’insister

1370 a vie humaine, et à la formation de l’enfant dans un milieu naturel et humain où l’on dit « qu’il a ses racines ». Mais en

1371 l a ses racines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, et quand il devient adulte, ce n’est plus l’

1372 . Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, et quand il devient adulte, ce n’est plus l’enracinement mais

1373 e caractérise. On a beaucoup exagéré l’importance des racines — c’est-à-dire du passé — dans une certaine philosophie forte

1374 rtance des racines — c’est-à-dire du passé — dans une certaine philosophie fortement politisée de la fin du xixe et du déb

1375 ts, si dangereusement évocateur du Blut und Boden des nazis… Mais l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, en dépit de

1376 Blut und Boden des nazis… Mais l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, en dépit de l’imagerie des poètes terriens,

1377 es nazis… Mais l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, en dépit de l’imagerie des poètes terriens, qui oublient que

1378 n légume, c’est un animal, en dépit de l’imagerie des poètes terriens, qui oublient que parmi les légumes, celui qui a la p

1379 hniques, j’oppose donc les régions définies comme des espaces de participation civique, c’est-à-dire des communautés plus p

1380 es espaces de participation civique, c’est-à-dire des communautés plus proches de la paroisse que de la tribu, et liées bea

1381 ier tiré de Par-delà le bien et le mal, le second des Papiers posthumes. Il me semble que ces phrases caractérisent assez b

1382 cite : Grâce aux divisions morbides que la folie des nationalités a mises et met encore entre les peuples de l’Europe, grâ

1383 l point leur politique de désunion est fatalement une simple politique d’entracte, on méconnaît et on déforme mensongèremen

1384 nière la plus manifeste que l’Europe veut devenir une . Le second passage prolonge ces phrases, je cite : Ce qui m’importe

1385 ases, je cite : Ce qui m’importe, c’est l’Europe une , et je la vois se préparer lentement d’une manière hésitante. Chez to

1386 Europe une, et je la vois se préparer lentement d’ une manière hésitante. Chez tous les esprits étendus et profonds de ce si

1387 nt patriotes. Nietzsche ajoute qu’il pense ici à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, Schopenhauer, qui

1388 plus nationalistes en vieillissant, et il y voit un signe de sénilité. ⁂ Ma seconde remarque générale va porter sur l’ave

1389 ominer nos préoccupations aujourd’hui, c’est donc un certain sentiment d’urgence lié à l’imminence mondiale du chaos. Tout

1390 on elle court le risque de n’être bientôt plus qu’ une note en bas de page d’une chronique de ce temps, qu’il n’y aura plus

1391 n’être bientôt plus qu’une note en bas de page d’ une chronique de ce temps, qu’il n’y aura plus personne pour lire. Nous

1392 crises, et responsables d’inventer les anticorps des virus que nous propageons. Nous avons essayé de mieux nous connaître

1393 , que j’ai proposé depuis plus de vingt ans, avec une certaine obstination, ce que j’appelle le Dialogue des cultures. Et p

1394 ertaine obstination, ce que j’appelle le Dialogue des cultures. Et pour que cela ne tourne pas à un vaste exercice académiq

1395 ue des cultures. Et pour que cela ne tourne pas à un vaste exercice académique de comparatisme à grande échelle, mais sans

1396 lle, mais sans action, je propose que ce Dialogue des cultures s’instaure autour de quelques-uns des thèmes les plus dramat

1397 ue des cultures s’instaure autour de quelques-uns des thèmes les plus dramatiques et urgents de cette fin de siècle, par ex

1398 du loisir, dans ces grandes cultures, approcher d’ une manière toute nouvelle le problème crucial du chômage, problème mondi

1399 le très beau colloque qui se clôt ce matin, l’un des plus fructueux et encourageants auxquels il m’ait été donné de prendr

1400 is de Rougemont (19 juin 1984)ah ai L’ensemble des conflits qui couvent ou se déclarent en cette fin du xxe siècle se r

1401 lutions implique et détermine de proche en proche des systèmes de causes et d’effets en interdépendance inéluctable, et qui

1402 cause, bien sûr, mais plus encore en connaissance des fins humaines auquel chaque modèle nous conduit. Deux volontés se man

1403 é, du roi, puis de l’État moderne ; et la liberté des citoyens, des groupes, des communes, des régions, qui entendent tout

1404 s de l’État moderne ; et la liberté des citoyens, des groupes, des communes, des régions, qui entendent tout simplement et

1405 oderne ; et la liberté des citoyens, des groupes, des communes, des régions, qui entendent tout simplement et autant qu’ils

1406 liberté des citoyens, des groupes, des communes, des régions, qui entendent tout simplement et autant qu’ils le peuvent, r

1407 tin. Or, parmi ceux qui optent pour la puissance, une minorité très restreinte est motivée par la volonté d’exercer le pouv

1408 a volonté d’exercer le pouvoir sur autrui, d’être des chefs ; la plupart cède tout simplement au besoin de sécurité, c’est-

1409 dualisme égoïste ou sont au contraire motivés par un besoin de responsabilité assumée dans la communauté. Comment se senti

1410 ique au sens le plus large du mot, est le choix d’ une finalité. Il désigne l’aménagement des relations humaines dans la com

1411 le choix d’une finalité. Il désigne l’aménagement des relations humaines dans la communauté et l’art de piloter, c’est-à-di

1412 t l’art de piloter, c’est-à-dire de « gouverner » une communauté — locale, régionale, nationale — vers des fins choisies pa

1413 communauté — locale, régionale, nationale — vers des fins choisies par un chef, un parti ou, au contraire, par l’ensemble

1414 régionale, nationale — vers des fins choisies par un chef, un parti ou, au contraire, par l’ensemble des citoyens après un

1415 , nationale — vers des fins choisies par un chef, un parti ou, au contraire, par l’ensemble des citoyens après une libre d

1416 n chef, un parti ou, au contraire, par l’ensemble des citoyens après une libre discussion. Le choix proprement politique es

1417 , au contraire, par l’ensemble des citoyens après une libre discussion. Le choix proprement politique est le choix d’une pr

1418 ion. Le choix proprement politique est le choix d’ une priorité, à laquelle les moyens ont pour devoir de concourir. Choisir

1419 surgénérateurs — implique, entraîne et détermine des constructions énormes par leurs dimensions, incroyablement chères et

1420 in que possible de leur capitale. Les adversaires des centrales qui les dénoncent comme gigantesques, trop chères et trop d

1421 on de l’État dans les investissements majeurs, et un bon en avant du PNB, mesure des dépenses nationales. Enfin « très dan

1422 ements majeurs, et un bon en avant du PNB, mesure des dépenses nationales. Enfin « très dangereux » exige à la fois un cont

1423 ionales. Enfin « très dangereux » exige à la fois un contrôle policier pour le moins décuplé et la suprématie d’un personn

1424 policier pour le moins décuplé et la suprématie d’ un personnel spécialisé jusqu’à l’infaillibilité (indémontrable !) et ce

1425 u minimum, requis par la surveillance quotidienne des déchets de nos centrales nucléaires accumulés pendant le petit quart

1426 ensions restreintes de déclencher et d’entretenir une guerre. Il est clair comme le jour que le choix des centrales nucléai

1427 e guerre. Il est clair comme le jour que le choix des centrales nucléaires et des usines de retraitement du métal infernal

1428 le jour que le choix des centrales nucléaires et des usines de retraitement du métal infernal qui permet de faire des bomb

1429 etraitement du métal infernal qui permet de faire des bombes, augmente chaque jour les chances de la guerre atomique, c’est

1430 alisation autoritaire et militaire et l’avènement des régions autonomes, grâce à l’appui du ciel et de ses longs regards su

1431 gie solaire, c’est restaurer la possibilité, pour des centaines de milliers de foyers dans chacun de nos pays européens, de

1432 indépendants, de se faire « Suisses », de recréer des cadres de participation civique. L’autonomie énergétique d’un foyer,

1433 participation civique. L’autonomie énergétique d’ un foyer, c’est la définition de l’autonomie civique. « Small is beautif

1434 r, parce que small permet seul, et très vite pour des questions de dimensions, l’autonomie, l’autosuffisance en cas de néce

1435 n de leur vocation. De leur personne. Le problème des centrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et

1436 tre, parce qu’elles sont les pièces principales d’ un système qui conduit à renforcer l’emprise universelle des États-natio

1437 ème qui conduit à renforcer l’emprise universelle des États-nations, c’est-à-dire les risques de guerre. Pluton est maître

1438 t-à-dire les risques de guerre. Pluton est maître des Enfers, il est aveugle comme les taupes. Mais le soleil vient du ciel

1439 1984, p. 6. ai. Précédé de cette note : « En vue des votations relatives aux initiatives sur l’énergie, le Club-Énergie de

1440 le Club-Énergie de l’Est vaudois vient d’adresser un texte de Denis de Rougemont à tous ses membres et sympathisants, text

1441 e ici. Par ailleurs, le même Club-Énergie annonce une grande séance d’information et de travail pour le lundi 25 juin proch

1442 Loubet del Bayle a nommée « les non-conformistes des années 1930 », je vais vous apporter moins un « témoignage », bien gr

1443 es des années 1930 », je vais vous apporter moins un « témoignage », bien grand mot, que quelques souvenirs, personnels, b

1444 entes. Le caractère spécifique de la « génération des années 1930 » me semble avoir été déterminé par la nature particulièr

1445 compris aujourd’hui. À l’Est, trois dictatures d’ un type nouveau, qu’on commençait à définir par le terme générique d’Éta

1446 ces, à dominance capitaliste. Et, entre les deux, une zone d’États intermédiaires, la Pologne du colonel Beck, la Tchécoslo

1447 Yougoslavie et de Grèce, qui n’étaient plus guère des démocraties, mais qui se réclamaient encore de l’Ouest, parce que cap

1448 t que de cet affrontement naîtrait nécessairement une guerre totale, guerre que notre âge nous condamnerait à faire, mais q

1449 plus tard — qu’elle ne serait que la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et une demi-vérité, à l’Ouest. Telle était

1450 la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et une demi-vérité, à l’Ouest. Telle était la situation peu tenable dans laq

1451 sme, contre le productivisme, contre la politique des partis et des trusts à l’Ouest. Mais aussi contre toutes les formes d

1452 productivisme, contre la politique des partis et des trusts à l’Ouest. Mais aussi contre toutes les formes d’État totalita

1453 ste, à l’Est. Mais alors, nous étions pour quoi ? Un jour, ce devait être en 1931, chez le critique Charles Du Bos, un jeu

1454 it être en 1931, chez le critique Charles Du Bos, un jeune homme à l’accent nettement russe me remit une feuille de papier

1455 n jeune homme à l’accent nettement russe me remit une feuille de papier intitulée Manifeste, au milieu de laquelle je lus,

1456 le même qui allait me mettre en relations — dans un groupe de discussion œcuménique qui se tenait au premier étage d’un c

1457 ssion œcuménique qui se tenait au premier étage d’ un café, rue du Moulin-Vert, proche de la porte d’Orléans — avec des cat

1458 Moulin-Vert, proche de la porte d’Orléans — avec des catholiques tels que Jacques Maritain, Étienne Gilson, le père Congar

1459 père Congar, mais aussi Mounier et Georges Izard, des orthodoxes tels que Nicolas Berdiaev et le père Gillet, des protestan

1460 oxes tels que Nicolas Berdiaev et le père Gillet, des protestants tels qu’André Philip et des agnostiques tels que Robert A

1461 e Gillet, des protestants tels qu’André Philip et des agnostiques tels que Robert Aron. On nous retrouvera pour la plupart

1462 hrétien et le désordre établi. Entre le désordre des démocraties de l’Ouest et le faux ordre des totalitaires de l’Est ; e

1463 ordre des démocraties de l’Ouest et le faux ordre des totalitaires de l’Est ; entre la dissolution individualiste de toute

1464 sions tous de choisir. Il nous restait à inventer un ordre humain, et à refaire une vraie communauté. Ce fut l’ordre que

1465 restait à inventer un ordre humain, et à refaire une vraie communauté. Ce fut l’ordre que catholiques et protestants, jui

1466 ’étions guère que ce que l’on appellera plus tard des « groupuscules ». Mais nos idées maîtresses, telles que celle de comm

1467 gions et de leurs fédérations jusqu’à l’échelle d’ une fédération européenne — ou encore l’idée d’un service civil libérant

1468 d’une fédération européenne — ou encore l’idée d’ un service civil libérant de son esclavage le prolétariat industriel —,

1469 que nous étions « totalement négatifs ». Et c’est un fait que, face à nos « démocraties », nous étions inquiets, agacés, e

1470 centrisme ou neutralisme, ni que tout était faux des deux côtés. C’était un refus de penser qu’une chose est bonne ou mauv

1471 e, ni que tout était faux des deux côtés. C’était un refus de penser qu’une chose est bonne ou mauvaise parce qu’on lui co

1472 aux des deux côtés. C’était un refus de penser qu’ une chose est bonne ou mauvaise parce qu’on lui colle telle ou telle étiq

1473 c’est-à-dire les problèmes de l’homme et non pas des états-majors de partis ou d’États ; les problèmes du travail et du ch

1474 rmanence » — phrase illustrée tout récemment avec une précision cruelle par le général Jaruzelski. Nous voulions une démocr

1475 cruelle par le général Jaruzelski. Nous voulions une démocratie digne du nom : communautaire, autogérée, régionaliste, féd

1476 répète : c’était là le seul programme constructif des années 1930. Et il l’est encore plus aujourd’hui. Mais dans le cas de

1477 l l’est encore plus aujourd’hui. Mais dans le cas des régimes totalitaires, dont nous avions tenté très sérieusement de com

1478 faisions devant eux — les noirs puis les bruns — un « complexe d’infériorité ». La vérité est que nous étions bien convai

1479 nde utilise aujourd’hui). Nous étions typiquement des « jeunes gens en colère » — en colère contre tout ce qui nous paraiss

1480 olonté et la capacité de résistance de l’Ouest et des libertés qu’il était censé défendre. (C’est ainsi que nous fûmes tous

1481 égories très spécialement inopérantes dans le cas des trois dictatures : il faut rappeler ici, tout de même ! que l’express

1482 i socialiste italien ; que Hitler venait de créer un mouvement socialiste-national et qu’il ne cesserait pas de se qualifi

1483 de se qualifier lui-même de « prolétaire » ennemi des « ploutocrates » et de la « Reaktion » ; que la dictature militaro-po

1484 question sérieuse était de choisir non pas entre une gauche et une droite mal discernables et, en fait, complices, mais en

1485 euse était de choisir non pas entre une gauche et une droite mal discernables et, en fait, complices, mais entre une sociét

1486 l discernables et, en fait, complices, mais entre une société fondée sur la personne, sur ses libertés — garanties par ses

1487 s — garanties par ses seules responsabilités — et une anti-société d’asservissement total du citoyen à l’appareil d’un Part

1488 d’asservissement total du citoyen à l’appareil d’ un Parti-État. Je ne voudrais pas affirmer ici un seul instant que nous

1489 d’un Parti-État. Je ne voudrais pas affirmer ici un seul instant que nous avions raison sur tout et dans toutes nos diver

1490 est que nous n’avons pas fini de nous battre pour une société des personnes libres et responsables. Nous avons à peine comm

1491 n’avons pas fini de nous battre pour une société des personnes libres et responsables. Nous avons à peine commencé. al.

1492 nnalisme d’Emmanuel Mounier, hier et demain. Pour un cinquantenaire, Paris, Le Seuil, 1985, p. 35-39.

1493 le personnalisme, dans celui d’Esprit notamment, un mouvement de « chrétiens gauchisants […] dont les liens avec le fasci

1494 beaucoup moins sur nos textes de l’époque que sur des ouvrages aussi notoirement dépourvus de compréhension du personnalism

1495 sprit, qui aurait été en tant que Troisième force un curieux centre, à mi-chemin entre le fascisme et l’extrême gauche, ta

1496 is que Paul Nizan y voyait uniquement l’annonce d’ un fascisme français. Voilà donc, à en croire Hellman, comment notre mou

1497 , et par suite mal-interprété. Il peut être aussi un acte de mauvaise foi délibéré, comme le montrent certains des exemple

1498 mauvaise foi délibéré, comme le montrent certains des exemples qu’on vient de nous citer. Je voudrais dire en bref — et je

1499 — que la description de John Hellman est celle d’ un certain « perçu-nalisme », plutôt que du personnalisme que nous avons

1500 e que nous avons vécu. Hellman nous dit que, dans un tract intitulé Le Voltigeur, j’aurais réclamé la création en France d

1501 ltigeur, j’aurais réclamé la création en France d’ un « fascisme antifasciste ». L’erreur de lecture est évidente et elle e

1502 ouvent mis en garde, en effet, contre le danger d’ un antifascisme systématique, qui épouserait si étroitement, pour mieux

1503 r, les comportements et les positions du problème des fascistes et des nazis, qu’en y ajoutant un peu de discipline (mais c

1504 nts et les positions du problème des fascistes et des nazis, qu’en y ajoutant un peu de discipline (mais c’était heureuseme

1505 nquait le plus) on courrait le risque d’aboutir à un « fascisme à la française ». Préconiser une chose, ou la dénoncer d’a

1506 utir à un « fascisme à la française ». Préconiser une chose, ou la dénoncer d’avance, c’est tout de même un peu différent,

1507 hose, ou la dénoncer d’avance, c’est tout de même un peu différent, n’est-ce pas ? Au reste, le problème était sérieux. Be

1508 x. Beaucoup craignaient que résister à Hitler par des moyens de lutte comparables aux siens, ce fût courir le risque de per

1509 vieux. Il est traité déjà dans le livre biblique des Proverbes 6 en deux versets que j’ai cités dans une réédition récente

1510 s Proverbes 6 en deux versets que j’ai cités dans une réédition récente de La Part du diable . Les voici : Ne réponds pas

1511 hétique sans nul doute. Quand j’ai publié en 1934 un recueil d’essais et de conférences intitulé Politique de la personne

1512 de Moscou a déclaré que « toutes les positions d’ un fascisme français étaient définies dans ce livre ». C’est ainsi que l

1513 se trouve préfigurée, presque littéralement, dans une lettre adressée par Jean Guéhenno à Romain Rolland, au sujet d’un « C

1514 ée par Jean Guéhenno à Romain Rolland, au sujet d’ un « Cahier de revendications » des jeunes groupes révolutionnaires que

1515 lland, au sujet d’un « Cahier de revendications » des jeunes groupes révolutionnaires que j’avais composé pour le numéro de

1516 n qui m’avait proposé ce « Cahier », à la suite d’ un petit article paru dans une revue suisse et intitulé « Cause commune 

1517 Cahier », à la suite d’un petit article paru dans une revue suisse et intitulé « Cause commune », où j’esquissais les possi

1518 Ordre nouveau, Alexandre Marc et René Dupuis pour un groupe baptisé Combat, Philippe Lamour pour Plans, et Jean Sylveire p

1519 es douze auteurs sollicités acceptèrent aussitôt. Un seul, Paul Nizan, invité en tant que représentant de l’AEAR7, insista

1520 Izard et, sitôt entré, me demanda la liste exacte des auteurs sollicités. Il sortit son agenda et j’allais lui donner les n

1521 donner les noms quand il y eut à l’instant précis une panne d’électricité. Il nous fallut sortir sur le balcon, seul éclair

1522 ous fallut sortir sur le balcon, seul éclairé par un réverbère proche, et, là, je dictai les douze noms. Je vois encore Ni

1523 1932, il y a donc très exactement cinquante ans. Une semaine après cette visite, Nizan m’écrivit qu’il avait remis son pap

1524 on papier à Paulhan, et qu’il allait nous envoyer des « propositions de lutte commune sur des objectifs précis ». Voilà qui

1525 s envoyer des « propositions de lutte commune sur des objectifs précis ». Voilà qui montre au moins que nous nous sommes co

1526 constitue en quelque sorte l’acte de naissance d’ une nouvelle génération politique, face aux slogans inlassablement réitér

1527 litique, face aux slogans inlassablement réitérés des communistes. C’en est trop pour le PCF. Le 15 janvier 1933, la revue

1528 i nous qualifie de fascistes), Europe donc publie un article de Paul Nizan, qui m’attaque avec une extrême violence : je l

1529 blie un article de Paul Nizan, qui m’attaque avec une extrême violence : je l’avais trompé, affirme-t-il, en lui cachant l’

1530 s trompé, affirme-t-il, en lui cachant l’identité des participants non communistes à mon enquête. S’il avait su, il n’eût j

1531 a discipline partisane, totalitaire, peut réduire un esprit honnête, pour lequel j’étais prêt à ressentir tout autre chose

1532 quel j’étais prêt à ressentir tout autre chose qu’ une sympathie politique : une amitié humaine directe et spontanée. Je vou

1533 tir tout autre chose qu’une sympathie politique : une amitié humaine directe et spontanée. Je voudrais dire à John Hellman,

1534 érité est qu’en pleine connaissance de cause, par un mensonge délibéré, il nous a dénoncés comme fascistes sur ordre du Pa

1535 if du terme. 6. Pr. 26, 4 et 5. 7. Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dépendant du PCF. am. Rouge

1536 nnalisme d’Emmanuel Mounier, hier et demain. Pour un cinquantenaire, Paris, Le Seuil, 1985, p. 130‑133.

1537 ments, Michaux dit lentement : « Ici, ce n’est qu’ une belle voiture. En Orient, on se tiendrait longtemps devant un tel obj

1538 ture. En Orient, on se tiendrait longtemps devant un tel objet… Pour l’adorer. » Tout en haut de l’escalier intérieur qui

1539 bureau de la NRF — Henri Michaux. Il m’arrête d’ un geste : « Est-ce que vous sentez toujours des battements de cœur, ici

1540 te d’un geste : « Est-ce que vous sentez toujours des battements de cœur, ici, avant d’entrer chez Paulhan ? » — « Oh, dis-

1541 ous savez, j’y viens presque tous les jours, j’ai un bureau en bas, non, vraiment… » — « Eh bien, fait-il, le jour où je n

1542 Il est vrai que « le bureau de Paulhan » était un lieu sacré de ma mythologie, « lieu propice aux surprises, piège à l’

1543 à ce qu’on nommera plus tard en physique atomique une chambre à bulles », ai-je écrit ailleurs8. J’avais rencontré là plusi

1544 e écrit ailleurs8. J’avais rencontré là plusieurs des demi-dieux de mon adolescence littéraire, de Gide à Fargue et à Malra

1545 bientôt davantage surpris de les voir si curieux des avis de ce jeune homme qui venait de publier dans la revue ses premiè

1546 petit, de plafond bas, occupé par trois chaises, une petite table où Germaine Paulhan tapait à la machine, et un gros meub

1547 table où Germaine Paulhan tapait à la machine, et un gros meuble à tiroirs derrière lequel siégeait Paulhan. Il déployait

1548 oyait sa stature haute et large à chaque entrée d’ un visiteur, qu’il accueillait avec des gentillesses parfois un rien per

1549 aque entrée d’un visiteur, qu’il accueillait avec des gentillesses parfois un rien perfides. Ainsi, un jour de 1932, comme

1550 , qu’il accueillait avec des gentillesses parfois un rien perfides. Ainsi, un jour de 1932, comme j’entre : « Ah tiens ! R

1551 des gentillesses parfois un rien perfides. Ainsi, un jour de 1932, comme j’entre : « Ah tiens ! Rougemont, bonjour ! Je su

1552  », petite maison dont je suis responsable depuis un an. Une autre fois : « Il vient de m’arriver quelque chose de bien dé

1553 n ! C’est vraiment très ennuyeux… » Je le trouve un jour en conversation avec Artaud et Roger Vitrac, poète surréaliste q

1554 Roger Vitrac, poète surréaliste qui avait l’air d’ un grand garçon boucher, gentil d’ailleurs. Tandis que je les salue : « 

1555 ésormais Commerce et industrie. » Nous passâmes à un autre sujet. J’en étais arrivé à penser que diriger la NRF était sa

1556 vé à penser que diriger la NRF était sans doute une tâche si complexe, et à tant d’égards périlleuse, que ces petites bou

1557 notre ami. Cet humour bref était peut-être aussi une manière de couper court aux confidences, plaintes ou intrigues qui de

1558 collaborateurs de la revue, dictés ou sculptés d’ une plume large sur des demi-pages au monogramme de la NRF . Trois à dix

1559 a revue, dictés ou sculptés d’une plume large sur des demi-pages au monogramme de la NRF . Trois à dix lignes suffisaient

1560 à vous Jean P. « Jean P. » envoyait chaque jour une bonne vingtaine de ces billets. Diriger une revue avec génie, c’est c

1561 jour une bonne vingtaine de ces billets. Diriger une revue avec génie, c’est cela : être partout présent, toujours à temps

1562 d jamais inégalable. Cruel dilemme d’Artaud Un soir que nous étions dans ce même bureau, Artaud, Henri Michaux et mo

1563 moi, Paulhan propose d’aller dîner ensemble dans un petit restaurant chinois, derrière la gare Montparnasse. Nous remont

1564 a rue de Rennes, contournons la gare, et longeons un terrain de démolition mal éclairé, au bout duquel, à une centaine de

1565 rain de démolition mal éclairé, au bout duquel, à une centaine de mètres, je vois luire une très grosse lanterne ornée de c

1566 t duquel, à une centaine de mètres, je vois luire une très grosse lanterne ornée de caractères chinois. Je parlais avec Art

1567 Artaud, Paulhan et Michaux marchant côte à côte à une dizaine de mètres devant nous. Tout d’un coup, Artaud s’arrête, prend

1568 côte à une dizaine de mètres devant nous. Tout d’ un coup, Artaud s’arrête, prend un objet dans sa poche et en fait jailli

1569 vant nous. Tout d’un coup, Artaud s’arrête, prend un objet dans sa poche et en fait jaillir une lame brillante. Le visage

1570 , prend un objet dans sa poche et en fait jaillir une lame brillante. Le visage convulsé, la bouche tordue, il articule dif

1571 che tordue, il articule difficilement en grinçant des dents : « Lequel… des deux… est-ce que j’tue ? » (geste de lancer le

1572 e difficilement en grinçant des dents : « Lequel… des deux… est-ce que j’tue ? » (geste de lancer le poignard). Gagner un p

1573 e. Nous voici bientôt tous les quatre installés à une table, discutant les menus, et contents. Je n’ai revu Artaud qu’une s

1574 nt les menus, et contents. Je n’ai revu Artaud qu’ une seule fois, après mon retour d’Amérique, à l’automne de 1946. C’était

1575 . Moment de silence. Puis il dit, devant lui, sur un ton crispé : « Excusez-moi… Je ne peux pas vous reconnaître… Je ne ve

1576 reaux de l’Office of War Information, où il avait un job, et où j’en cherchais un. On nous présente. « Dire que nous avons

1577 rmation, où il avait un job, et où j’en cherchais un . On nous présente. « Dire que nous avons vécu des années à Paris sans

1578 un. On nous présente. « Dire que nous avons vécu des années à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t-il, et il ajoute, t