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L’écrivain, ferment de liberté Notre place,
comme
écrivains, dans la cité, s’est révélée problématique. Je reconnais ce
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vangélique et paulinienne : « Soyez dans le monde
comme
n’étant pas du monde. » Et cette formule, me semble-t-il, fournit la
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stion ni contradiction dans la structure sociale,
comme
ceux qui ont une fonction économique ou politique bien définie, préci
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e chacun et de ses conditions pour tous. Au monde
comme
n’étant pas du monde, dans la cité, oui, mais comme un problème vivan
5
mme n’étant pas du monde, dans la cité, oui, mais
comme
un problème vivant, comme une insatiable question, voilà cet écrivain
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dans la cité, oui, mais comme un problème vivant,
comme
une insatiable question, voilà cet écrivain, voilà sa liberté, qu’il
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rtains actes d’engagement personnel de l’écrivain
comme
tel. Et il n’est pas question non plus de réduire la littérature au t
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nourriture et logement. Si la technique, demain —
comme
elle le peut — permet à la société d’assurer à très bas prix ces cond
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eligions3… C’est dire que nous multiplions déjà —
comme
en vue de lendemains qui auront le temps de chanter — les occasions d
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nter — les occasions de mieux comprendre nos vies
comme
aussi de mécomprendre les chefs-d’œuvre. Quant à la qualité, ou créat
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bles. C’est ainsi que la technique, pratiquement,
comme
la science, nous ramènera demain aux options religieuses. Et je n’ima
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ifié longtemps ascèse et renoncement, en Occident
comme
en Orient. (En fait, elle est surtout — et devrait être — accession à
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stance à la technique sous ses formes primitives,
comme
la mystique était un mouvement de dépassement ou de retrait en deçà d
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e6. Beaucoup d’esprits légers s’imaginent l’homme
comme
une sorte de ballon qui ne demande qu’à « s’élever » dès qu’il est dé
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. 1. L’Encyclopédie de 1765 définit le loisir
comme
« le temps vuide ». Elle suppose donc que le travail est le vrai temp
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ppelle chômage. On refuse de considérer le loisir
comme
le but même du machinisme. Or il pourra le devenir dès que les bénéfi
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travail « tertiaire » indispensable au rendement,
comme
à la répartition des produits, des usines automatisées devrait augmen
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s espaces humains des Amériques et de l’URSS. Là,
comme
extraites de leur contexte original, elles n’étaient plus mises en éc
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nature et les exigences. L’Occident n’est pas né
comme
on nous dit que naissent les grandes cultures et civilisations, animé
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qui compense d’abord un sort inaccepté. Il est né
comme
une aventure, d’un fait très insolite et peu croyable, survenu au car
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attendait pas, il est là. Ainsi naît l’Occident :
comme
un drame, dont on peut contester après coup l’unité d’action, non le
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er ni de l’opinion, ni d’un jury. Elle est plutôt
comme
une grossière erreur de calcul, de montage ou d’aiguillage, c’est-à-d
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a lune. Confronté à l’Orient, l’Occident apparaît
comme
le monde de la preuve, par l’effet matériel : les miracles d’abord (c
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du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison,
comme
elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière, qui était po
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gion d’un Dieu que l’Ancien Testament définissait
comme
l’Être originel, le Créateur du monde et le sauveur d’Israël, mais qu
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Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain
comme
toi-même ». Religion qui met au premier rang de toutes les vertus, l’
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manifeste par des actes, dans l’amour du prochain
comme
de soi-même. 3. Cette religion de l’Amour total (amour de Dieu, de S
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lle, point de physiologie du pèlerinage mystique,
comme
celle que nous décrivent sans varier depuis mille ans les traités du
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le christianisme, de ces cérémonies initiatiques,
comme
à la plupart des autres religions, et où l’on sait que les relations
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type personnaliste, et non plus sociale ou sacrée
comme
dans les autres religions. Il n’en est que plus frappant d’observer à
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le des âmes croyantes : « Maris, aimez vos femmes
comme
Christ a aimé l’Église ». Tantôt, et plus souvent, il réduit le maria
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re à sa femme. » 4. Ainsi donc, exalté d’une part
comme
l’image de l’amour divin, mais vilipendé, d’autre part, comme l’ennem
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e de l’amour divin, mais vilipendé, d’autre part,
comme
l’ennemi de la vie spirituelle, toléré finalement mais dans les seule
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ore qualitatif des temps de loisir, accroît aussi
comme
l’avait dit Baudelaire avec plus de précision que le proverbe antique
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es censures officielles périclitent. Est-il vrai,
comme
on nous le répète, que « la sensualité envahit tout » et que la sexua
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contraire, la passion la plus insolite, exaltées
comme
étant la vraie pureté ; le sadisme et le masochisme, l’homosexualité
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, qui leur cache trop souvent les facts of life —
comme
l’Anglais nomme les faits sexuels — et leurs multiples liens avec l’é
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’ailleurs, en dépendent dans une certaine mesure,
comme
le confort dépend de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nou
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se propose de publier prochainement un ouvrage :
Comme
toi-même (Albin Michel) qui présentera une interprétation de l’amour
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ur les a formées : nous le reconnaissons en elle,
comme
il les appelait en nous. L’amour seul explique tout, et l’être-en-soi
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stinguer d’abord son propre bien. Qui s’aime mal,
comme
l’égoïste, ne peut que mal aimer les autres et penser que « l’enfer c
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e que nous sachions très bien que le sexe est lié
comme
nulle autre fonction à la volonté de l’intellect, à l’âme et à l’imag
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te morale tient le sexe pour mauvais en principe.
Comme
elle sent qu’une telle attitude est plus hérétique que chrétienne, ou
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usticiable à la fois de la morale et de l’esprit,
comme
tout autre élément impliqué dans la synthèse de la personne. L’amo
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mais déjà mon désir et ma volonté étaient mus —
comme
une roue tournant d’une manière uniforme — par l’Amour qui meut aussi
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’il ne s’agit pas d’un hasard ou d’une fantaisie,
comme
l’ont montré les belles études de l’indianiste Heinrich Zimmer). On a
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nd au Corps et à la sensation. (« Toute chair est
comme
l’herbe. » Amour de la chair pour ce qui la transcende et l’anime, ca
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L’auteur publiera prochainement sous le titre de
Comme
toi-même un important ouvrage aux Éditions Albin Michel.
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Monnet qui a vu juste. Donc il faut voir l’Europe
comme
il l’a vue d’avance : première étape d’une organisation mondiale dont
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uilibre. Je reviens en Europe, « notre patrie » —
comme
disait Æneas Sivius au xve siècle. Qu’est-ce qu’on y écrit sur ce su
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réé, et qui, loin de résulter de la colonisation,
comme
M. Fanon le répète, la rendit possible, voire inévitable : je veux pa
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a mort du pécheur, qui est uniquement l’Européen,
comme
chacun sait. La vérité, selon les faits et dans la perspective de l’h
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physiques et naturelles de notre petit continent,
comme
le veut une pensée héritée d’un xixe siècle scientiste et dans l’ens
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ré dans le passage fameux où il parle de l’Europe
comme
« d’une sorte de cap du vieux continent, d’un appendice occidental de
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troite presqu’île, qui ne figure sur le globe que
comme
un appendice de l’Asie, devenue la métropole du genre humain. Voilà
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elle, par exemple, une création du christianisme,
comme
le soutient une très nombreuse école d’excellents historiens catholiq
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chrétienne. Assimiler l’Europe au christianisme,
comme
voulut le faire Novalis dans son célèbre essai intitulé Die Christenh
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e européenne. Notre idée de la science en dérive,
comme
l’a montré Jaspers, commentant Nietzsche (ce très lucide antichrétien
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« des premiers habitants du bois et du rocher » (
comme
dit Vigny) dont ne nous restent plus que les peintures rupestres de L
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us fameux, s’en fut à Rhodes, puis en Thrace ; et
comme
il désespérait de retrouver sa sœur pour la ramener aux rives materne
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lle ! » Ainsi Cadmus fonda Thèbes. Fable ambiguë,
comme
toutes les choses divines, ménageant notre liberté d’interprétation e
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ir surpris son père en pleine ivresse sans songer
comme
ses frères à le couvrir d’un manteau ; à Sem, l’Asie et la vie spirit
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ents. Cela, c’est l’Iliade, « poème de la force »
comme
l’a bien nommé Simone Weil. Mais ce qu’il y a de plus typiquement occ
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latin du mot. Tout se passe, au long de l’épopée,
comme
si Ulysse, le courageux et le rusé, préférait secrètement le voyage à
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dition. Il trouva d’autres terres, d’autres îles,
comme
Ulysse, et qui allaient poser d’autres problèmes, littéralement incal
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l’hémisphère privilégié apparaît donc clairement,
comme
en graphique, la fonction mondiale de l’Europe. Et voilà qui est déte
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es structures. En Amérique, les villages naissent
comme
au hasard, le long des routes frayées par les pionniers : ils ne sont
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lement par les structures sensibles et visibles —
comme
j’entends le faire aujourd’hui — que se passe-t-il dans cette église,
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pluraliste et non pas unitaire dans son principe
comme
le furent les grandes civilisations traditionnelles et statiques de l
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l’Asie, et aussi de l’Amérique précolombienne, et
comme
veulent l’être les régimes totalitaires de notre temps. Civilisation
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r ces tensions, on conçoit qu’il fonctionne alors
comme
le foyer d’une expansion énergétique irrésistible. Tel est le secret
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ire. Même dans les nations les plus centralisées,
comme
la France, le mouvement de restauration des compétences communales se
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par m, et sa culture par c. E = mc2 se lit alors
comme
suit : Europe égal cap de l’Asie multiplié par culture intensive (c a
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elopper ses effets sans résistances sérieuses, et
comme
sur table rase. En Europe, elle est née dans un contexte serré de pri
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ir compte du milieu humain, à ne pas se comporter
comme
l’éléphant dans le magasin de porcelaine ou le bulldozer dans un verg
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ine encore très imparfaite, faisant de l’ouvrier,
comme
l’a dit Marx, « le complément vivant d’un mécanisme mort », et l’obli
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à effet entre les deux phénomènes, ou si plutôt,
comme
je le crois, ils ne résultent pas tous les deux d’une seule et même é
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m et Fichte avaient dénoncé l’expansion coloniale
comme
un péché mortel de l’Europe, en ce sens qu’il devait aggraver la diss
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vec le monde actuel, je me l’explique, en résumé,
comme
suit : L’expansion coloniale d’États rivaux, pour criminelle qu’on ve
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uelques-unes de nos folies les plus contagieuses,
comme
le nationalisme, ils se sont mis à revendiquer les avantages de notre
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des parlements. S’imposant par la force ou reçus
comme
des dieux — ainsi Cortés à Mexico —, voulant sauver des âmes ou explo
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sé à la vie internationale… L’intérêt paraît ici,
comme
ailleurs, plus efficace que la contrainte. Et partout, dans les nati
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éfiance de principe. Il ne dit pas de leurs dons,
comme
il le dit des nôtres : « C’est du néo-colonialisme ! » Et pourtant, l
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Sorel à Sartre, semble avoir persuadé nos élites
comme
nos masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée entre deux colos
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de tradition proprement russes et même tsaristes,
comme
le rôle de la police et des fonctionnaires, ou l’habitude de réécrire
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ccident soit responsable à l’égard du tiers-monde
comme
de lui-même. Car c’est l’Europe qui a répandu dans le monde entier le
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: « Denis de Rougemont ( L’Amour et l’Occident ,
Comme
toi-même ), adopte, vis-à-vis de l’érotisme, une attitude plus nuancé
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nct universel et primordial : elles y font appel,
comme
on dit, mais restent sans pouvoir sur lui, et il ne va pas « déborder
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ion. L’érotisme est le plaisir pris pour fin, non
comme
moyen de l’acte procréateur. La passion est le désir infini, lié à un
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tisme, auquel la sexualité tend à se subordonner,
comme
la nature à la culture, l’instinct à l’hygiène et aux passions, et la
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uveau, né de la dégradation des obstacles sociaux
comme
des interdits de la morale ? Va-t-il sombrer dans l’apathie sexuelle,
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nos pays riches, des problèmes fondamentaux, liés
comme
tels à la spiritualité, à la tentation, au péché ? C’est dans ces per
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que des études psychologiques et éthiques, voire,
comme
le demandait l’autre jour un psychiatre américain, une « théologie de
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formé en Europe au Moyen Âge et a distingué dans
Comme
toi-même tout ce qui sépare sexualité. »