1 1952, Arts, articles (1952-1965). Appel à ceux qui osent être différents (22 mai 1952)
1 vente, excentrique et engagé, monstre et vedette. Dans les périodes de crise, la société devrait le fusiller ou le décorer,
2 si qu’elle ne sait plus quelle est sa juste place dans la cité. On lui a donné, au cours du xxe siècle, des moyens formidab
3 r un rôle public, ou tout au moins, de contribuer dans l’immédiat à la création d’un climat non seulement intellectuel, mais
4 rment de liberté Notre place, comme écrivains, dans la cité, s’est révélée problématique. Je reconnais cette situation. E
5 e certaine analogie avec la situation du chrétien dans le monde, selon la grande parole évangélique et paulinienne : « Soyez
6 rande parole évangélique et paulinienne : « Soyez dans le monde comme n’étant pas du monde. » Et cette formule, me semble-t-
7 écrivain n’est plus, n’est pas clairement marquée dans la cité, parce qu’il ne sait plus où s’asseoir, parce qu’il n’est pas
8 n’est pas intégré sans question ni contradiction dans la structure sociale, comme ceux qui ont une fonction économique ou p
9 rouages, un élément de liberté. Sa vraie fonction dans la cité serait ainsi de n’en point avoir de nécessaire, de n’être poi
10 s pour tous. Au monde comme n’étant pas du monde, dans la cité, oui, mais comme un problème vivant, comme une insatiable que
11 de prendre conscience de ses implications réelles dans la vie de la cité. Je comprends très bien que plusieurs de nos confrè
12 rticles, de discours, d’interminables discussions dans les cafés, régime donc fabriqué de toutes pièces par des intellectuel
13 istence modifie quelque chose, un je ne sais quoi dans l’atmosphère qui peut se révéler décisif pour beaucoup. Renoncer ou n
14 sembler. Non pas du tout, non pas un seul instant dans l’idée qui m’est répugnante de constituer un front commun, sous leque
15 culiers. Non pas du tout, non pas un seul instant dans l’idée d’opposer à ces totalitaires de toute couleur des certitudes d
16 se d’elles. Je pressens, je sens une grande force dans ce rassemblement d’hommes qui préfèrent le droit de poser passionnéme
2 1957, Arts, articles (1952-1965). L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)
17 u’enfin la guerre atomique peut tout compromettre dans l’œuf. Mais l’œuf est là, portant son germe et notre avenir : cet ave
18 es nous l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court pour qu’on distingue la suite. Une expérience un
19 ns publiques se tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’instruction publique est heureusement d
20 permettent aux Occidentaux, pour la première fois dans l’Histoire, de prendre une vue d’ensemble de leur propre aventure : s
21 , qu’un prisme diffracteur du sentiment religieux dans nos activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie,
22 sur les reliefs épars du dogme et de la liturgie dans la culture dont il est imprégné. Voilà pourquoi la connaissance des d
23 nt. Mais je vois aussi que la culture répand déjà dans un public naguère totalement ignorant de ce genre de réalités certain
24 que la passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans nos villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérial
25 ien, c’est que nos plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions matérielles. La technique ne peut rien faire pou
26 ontre lui. Je dis seulement qu’elle va nous jeter dans une époque où les questions religieuses deviendront plus sérieuses qu
27 oduits, des usines automatisées devrait augmenter dans une proportion presque infinie : or elle peut à peine doubler (Cf. Le
28 J.-P. Sartre, qui se place au niveau de la morale dans le prolongement des exigences « existentielles » d’une éthique protes
29 s son athéisme. Le retour aux problèmes religieux dans la littérature occidentale s’est amorcé dès 1919, et n’a pas cessé de
30 opyright Denis de Rougemont. Cette étude paraîtra dans un essai publié aux Éditions Albin Michel sous le titre L’Aventure o
3 1960, Arts, articles (1952-1965). Remise en question par l’Afrique et l’Asie, la civilisation occidentale n’a pas encore de successeur (21 septembre 1960)
31 i de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans un maquis de contradictions moral
32 sion de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans un maquis de contradictions morales, intellectuelles et pratiques. D’
33 enons l’exemple de l’homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que p
34 e à se rapprocher de la Vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse, il est pourtant soutenu par sa foi dans
35 fin ni cesse, il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons
36 e la science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse — ici encore — pour s’approcher d’un but
37 ais quel Progrès ? C’est qu’il y ait plus de sens dans nos vies personnelles : plus de joie à avoir ce qu’on a, à être ce qu
38 u’elles n’aient vraiment déployé leurs effets que dans les grands espaces humains des Amériques et de l’URSS. Là, comme extr
39 . La morale des Anciens est basée sur le rite, et dans le monde magique elle n’est que rite. Seule la croyance moderne aux «
40 s tout l’Occident. Elle prend son point de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’est en
41 us datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien réel, déjà fortement structuré à la fois par la pensée
42 , elle a tout remis en mouvement. Et ce mouvement dans son ensemble, jusqu’à nous, c’est l’« Aventure occidentale de l’homme
43 t, curieux jusqu’au défi, navigateur, spéculateur dans tous les ordres, il est à tous égards celui qui définit — l’homme du
44 au pas du Romain. Apport de Rome. — Il se résume dans le terme viril de citoyen. L’homme ne tient plus sa dignité unique de
45 ce indestructible, mais du personnage qu’il revêt dans la cité maintenue par les cadres du Droit et des Institutions dûment
46 emps, elle le met au service du prochain. Entrant dans une communauté chrétienne, l’esclave y trouve la dignité morale qui é
47 arisé par la même vocation qui lui fait découvrir dans tout homme son prochain. Le narcissisme culturel Si la personne
48 rcissisme culturel Si la personne du chrétien, dans son équilibre en tension, unit le meilleur de Rome et de la Grèce, el
49 r de Rome et de la Grèce, elle est aussi menacée, dans le monde du péché, par un double péril simultané : celui de la fuite
50 maladie « romaine » de la personne. Ainsi, c’est dans la mesure où le christianisme a signifié la fin des religions et des
51 ns de mesurer l’envergure du succès de l’Occident dans l’ère moderne. Toynbee nous met en garde contre les illusions de ce q
52 ns de réfuter la croyance que « nous aurions fait dans le monde, au cours des quelques derniers siècles, quelque chose qui n
53 is pour le moins égaux à ceux qu’avaient atteints dans leurs empires les Diadoques et les Khans mongols), mais encore elle n
54 e sur les Hindous et les Chinois. Mais où trouver dans le monde du xxe siècle une autre civilisation qui soit en état de su
55 s aberrations résultantes de contacts anarchiques dans tous les ordres. Tout échange est ambivalent. Il peut détruire autant
56 e notre science de la matière, peut faire dépérir dans d’autres civilisations le développement normal de leurs sciences spir
57 de la mort. Mais presque tous les autres : voler dans la hauteur, nager au fond des mers, faire de l’or, rajeunir, voyager
58 u fond des mers, faire de l’or, rajeunir, voyager dans la lune, lire les pensées, tuer ou guérir sans contact… — tout est là
59 , la bombe éclate au centième de seconde prévu) ; dans les deux cas, l’effet probant est de nature tangible ou mesurable. Le
60 emps libre se posera donc demain. Par notre fait, dans la réalité sérieuse et quotidienne. Mais voici le paradoxe concret :
61 physique est un « nœud d’énergie » qui se produit dans un « champ » au sein duquel agissent on ne sait quels archétypes form
62 il ? Cette question n’a pas de sens, nous dit-on. Dans l’univers d’Einstein (illimité-fini) vous iriez aussi loin et longtem
63 tôt que la question d’un au-delà ne se pose plus. Dans l’univers en expansion de l’abbé Lemaître et de Gamov, né d’une explo
64 plus longtemps que la plus extrême galaxie. Mais dans quoi tout cela se meut-il ? Il est vrai que la question n’a pas de se
4 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
65 st-il devenu synonyme de perversité non seulement dans le jargon des lois de l’État laïque, mais aux yeux des chrétiens exig
66 ute la Loi est résumée par Jésus-Christ lui-même, dans le seul et unique commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… e
67 e converti, recréé par l’Amour divin, va devenir, dans l’imitation de Jésus-Christ, vraie vocation et vrai individu, c’est-à
68 en Dieu », mais elle se manifeste par des actes, dans l’amour du prochain comme de soi-même. 3. Cette religion de l’Amour
69 du Prochain) n’a pas de livre sacré sur l’Amour. Dans cet ensemble infiniment varié de phénomènes que l’Europe seule a dési
70 l’amour divin, s’est développée très tardivement, dans des formes et selon des voies presque toujours suspectes aux yeux de
71 uelques interdits élémentaires et que l’on trouve dans presque toutes les sociétés constituées. En dépit des traités de quel
72 « tantras », de tant d’autres traités d’érotisme dans les Vedas et les upanishads, reliant le sexuel au divin ; encore moin
73 traités du hatha yoga. Et pas de traces non plus, dans le christianisme, de ces cérémonies initiatiques, comme à la plupart
74 Les Églises chrétiennes ont toujours mieux réussi dans leurs efforts pour réprimer et contenir l’instinct sexuel que dans le
75 s pour réprimer et contenir l’instinct sexuel que dans leurs tentatives (rares et périphériques, voire hérétiques) pour cult
76 t ordonner à des buts spirituels, l’érotisme même dans les limites du mariage. C’est que les théologiens redoutaient avant t
77 nait le tout de l’homme (corps, âme et intellect) dans sa réalité naturelle et déchue. En revanche, les Églises chrétiennes,
78 quelques versets des épîtres et des évangiles qui dans l’ensemble définissent une éthique cohérente de type personnaliste, e
79 ersonnaliste, et non plus sociale ou sacrée comme dans les autres religions. Il n’en est que plus frappant d’observer à quel
80 sorte d’analogie mystique entre l’amour des sexes dans le mariage et l’amour de Jésus pour l’ensemble des âmes croyantes : «
81 emi de la vie spirituelle, toléré finalement mais dans les seules limites du mariage le plus strict et consacré — tout le re
82 ) ne devait développer toutes ses complexités que dans une Europe travaillée par la doctrine et la morale chrétiennes, sécul
83 s (sans cesse mieux codifiées par les casuistes), dans une Europe formée par l’Église ou contre elle, et longtemps confondue
84  ». On ne saurait donc interpréter ce phénomène — dans son évolution au cours des siècles et dans sa situation contemporaine
85 mène — dans son évolution au cours des siècles et dans sa situation contemporaine — qu’à la lumière de ses origines religieu
86 vies d’une sexualité « obsédante » : les affiches dans les rues, les bureaux, les métros, et tout au long des autostrades, l
87 qu’après tout la jeunesse actuelle n’a pas connue dans sa vigueur, et dont elle n’a guère pu souffrir. Il est vrai qu’une ré
88 r. Au lieu de justifier ses rigueurs en décrivant dans sa réalité le danger que la licence sexuelle fait courir à toute soci
89 ce-là de révolution psychique n’a qu’un précédent dans l’histoire de la culture occidentale : il se situe de la manière la p
90 oman, la piété et les mœurs. Tout cela se passait dans les élites cultivées — les jongleurs et prédicateurs étant les seuls
91 remière grande révolution de l’Amour, si soudaine dans son explosion, fut lente à propager ses effets bouleversants dans les
92 on, fut lente à propager ses effets bouleversants dans les mœurs de la masse inculte et dans les habitudes de pensée. Le tra
93 uleversants dans les mœurs de la masse inculte et dans les habitudes de pensée. Le travail de décantation, d’adaptation psyc
94 s, mais surtout la déborde largement. Elle éclate dans une société beaucoup moins cloisonnée et protégée, et où toute pulsat
95 çais et italiens, pour le grand public. Que verra dans tout cela, de prime abord, le témoin normal et moyen ? La libido part
96 justifiée ! Comment notre homme distinguerait-il, dans tout cela, autre chose qu’une immense dépravation, qu’un manque de te
97 t-on qu’il y a bien autre chose que la pédérastie dans Proust, l’inceste dans Musil, la luxure dans Miller, ou le simple coï
98 re chose que la pédérastie dans Proust, l’inceste dans Musil, la luxure dans Miller, ou le simple coït dans l’amour ? Il voi
99 stie dans Proust, l’inceste dans Musil, la luxure dans Miller, ou le simple coït dans l’amour ? Il voit ce qui le choque, qu
100 s Musil, la luxure dans Miller, ou le simple coït dans l’amour ? Il voit ce qui le choque, qui est aussi ce qui le tente. De
101 es débuts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans celles des nations qu’on dit sous-dévelop
102 y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans celles des nations qu’on dit sous-développées, et sans doute moins :
103 irs, le birth control, les mass médias, tout agit dans le même sens, irréversible. Je vois bien qu’en remettant en question
104 Apprendre à lire en filigrane le jeu des mythes, dans les troubles complexités et les intrigues apparemment insanes de l’ér
105 n Juan et Tristan, en suivant leurs métamorphoses dans la vie et l’œuvre de Kierkegaard, Nietzsche et Gide et dans la créati
106 e et l’œuvre de Kierkegaard, Nietzsche et Gide et dans la création des personnages imaginaires des plus grands romans contem
5 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
107 te la matière du cosmos, rassemblée, puisse tenir dans un dé ; que sur cette petite Terre suspendue dans le vide, nous march
108 dans un dé ; que sur cette petite Terre suspendue dans le vide, nous marchions sur du vide et vers le vide, n’étant nous mêm
109 tiques ; que tout soit vide en vérité de science, dans les dimensions de l’Univers (millions d’années-lumière dans l’espace,
110 imensions de l’Univers (millions d’années-lumière dans l’espace, milliards d’années terrestres dans le temps), et qu’au fond
111 ière dans l’espace, milliards d’années terrestres dans le temps), et qu’au fond du réel calculé soit le Vide — mais que, sci
112 le Vide — mais que, scintillements d’une seconde dans l’histoire de ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous a
113 euses, bien plus, qu’au détour d’un sentier suivi dans la forêt d’avril nous attende une révélation du bonheur pur : qu’il a
114 ense et stable s’étende autour de nous qui allons dans sa durée ; qu’il y ait donc tout cela, mais le vide, tout cela dans l
115 ’il y ait donc tout cela, mais le vide, tout cela dans le vide et composé de vide, compénétré et imprégné de vacuité, ce ver
116 e de la chair, et le désir qui ne s’arrêtera plus dans sa lancée vers un au-delà de plénitude, vers le Plérôme. Car cette na
117 ns stupeur : « Il y a un autre monde, mais il est dans celui-là. » Qu’entendait-il ? Qu’avait-il vu ? Quel autre monde ? Et
118 s) peuvent habiter sous son ombre. » Il n’est pas dans l’espace et le temps, qui étendent le Vide aux dimensions de l’univer
119 me du ciel est un point, le point d’éternité posé dans toi, la semeuse du Plérôme à venir, quand « la figure de ce monde pas
120 ’amour a déjà commencé, car c’est lui qui le sait dans toi. À la question fondamentale que pose le Vide : Pourquoi pas rien
121 a par suite forme et mouvement proche et lointain dans l’espace et le temps, monde et personne, désir, souffrance et joie. E
122 peut dire moi, peut dire toi quand il voit le moi dans l’autre, peut dire : je suis ; mais aussi à ce coin de sentier perdu
123 : je suis ; mais aussi à ce coin de sentier perdu dans la forêt d’avril, petit monde complexe et fortuit, terre et pierres,
124 et fut un signe à cet instant pour moi, existant dans ma re-connaissance, et que tout signe ou sens manifeste l’amour ; et
125 s pourrons aimer de tout notre être enfin réalisé dans le Tout enfin contemplé. Quand l’Amour sera tout en tous, lors du ren
126 posant en son point de réflexion et de résonance dans la créature, un moi nouveau qui transcende l’ancien parce qu’il le to
127 (Cette action d’ordonnance, d’orientation de soi dans l’axe d’efficacité majeure, est la prière. Prier n’est pas demander m
128 ditée, — et que j’espère banale (au sens propre), dans sa forme du moins — me suggère quatre états que l’on peut distinguer
129 rdre d’apparition. Ils se mêleront et combineront dans l’homme achevé. La vision intuitive, forme de l’amour est l’acte de
130 pe quand je découvre en moi, mais devine aussitôt dans l’autre, la personne. Nul ne peut distinguer le bien d’autrui s’il n’
131 mer c’est vouloir que la personne unique s’édifie dans l’individu. Cette règle d’or est la norme morale, par excellence, en
132 rme morale, par excellence, en tout domaine, bien dans celui de l’érotique que l’éducation, l’amitié et le mariage. L’émotio
133 ’Éros, seconde forme de l’amour procède de l’âme. Dans sa genèse, elle correspond, quel que soit l’âge, à l’état de première
134 on nécessaire de l’émotion vraiment envahissante. Dans ce domaine de l’âme intermédiaire entre le spirituel et le sensuel, l
135 ée) qui forme le climat des milieux bien-pensants dans le peuple et la bourgeoisie, catholiques, protestants ou laïques. Cet
136 qui fait l’amour au Soi, qui atteint son plaisir dans le Soi, devient son propre maître et se meut à sa fantaisie parmi les
137 i qui pense autrement reste dépendant. Il demeure dans les sphères périssables et ne peut en sortir quand il veut. (Chandogy
138 et de l’esprit, comme tout autre élément impliqué dans la synthèse de la personne. L’amour qui meut le soleil et les étoi
139 ation, intuition, sentiments, bien que placés ici dans une succession différente, traduisant la logique particulière et l’on
140 enèse de l’amour. Ces quatre fonctions coexistent dans la vie de tout homme normal, mais l’une, en général, est dominante, p
141 ement actualisée ; par là même, elle potentialise dans l’inconscient la fonction la plus différente d’elle-même. Les couples
142 re 3. Elle suggère : pousser, enlacer, s’épanouir dans les trois dimensions (esprit, âme, chair) Correspond au Corps et à la
143 élimiter (le carré), mais aussi pénétrer partout, dans tous les sens (angles aiguisés, rappelant que ce carré fut d’abord un
144 uilibre exigeant l’échange, le maintien de chacun dans ses justes limites. h. Rougemont Denis de, « Les quatre amours »
145 est révélé lorsqu’elle pose le problème de Dieu ? Dans notre série sur “les Religions au xxe siècle”, nous présentons une r
6 1962, Arts, articles (1952-1965). Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)
146 usieurs dizaines d’ouvrages publiés en deux mois, dans toutes nos langues, sur l’intégration de l’Europe et sur les relation
147 ces, mais de la lecture d’un pamphlet qui l’a mis dans tous ses états. Il le préface et il exhorte « les Européens » à le li
148 de guérir l’Europe » en nous faisant tous passer dans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’à nous assassiner « pour
149 e décadence. Qu’est-ce que l’Europe a « étouffé » dans le tiers-monde colonisé ? (Qui est fort loin de représenter « la quas
150 qui s’y trouve et instituent une nouvelle charge dans l’État, celle du Yévogan (« celui qui s’occupe des Blancs »), titre q
151 es Affaires étrangères ». (Il faut lire tout cela dans l’Histoire des peuples de l’Afrique noire que publie Robert Corvenin.
152 comme chacun sait. La vérité, selon les faits et dans la perspective de l’histoire, c’est que le colonialisme, malgré ses c
153 ses crimes, a réveillé les peuples du tiers-monde dans le très bref espace de deux générations. Il leur a présenté des possi
154 nt telles qu’ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos valeurs (
155 es, d’une classe nouvelle éduquée par leurs soins dans les pays colonisés, et de leurs intérêts mieux compris — un peu pouss
156 croché ». Qu’est-il advenu de l’Europe considérée dans son ensemble ? « L’Europe est littéralement la création du tiers-mond
157 ous faut expliquer l’anachronisme. Sartre se meut dans un village intellectuel et projette sur l’« Europe » des hargnes prov
158 pas ma faute si cette phrase est de Michel Debré dans son Projet de pacte pour les États-Unis d’Europe, publié en 1950 chez
159 crier encore, sinon pour le plaisir de se vautrer dans son masochisme, ou simplement pour embêter de Gaulle, qui a pourtant
7 1962, Arts, articles (1952-1965). Le miracle européen a créé le monde civilisé (6 juin 1962)
160 erselle, celle où nous sommes bel et bien engagés dans cette seconde moitié du xxe siècle, en sorte que les chances de l’Eu
161 xxe siècle, en sorte que les chances de l’Europe dans l’avenir se confondent pratiquement, désormais, avec celles de la civ
162 e que j’appelle le phénomène européen se signale, dans l’histoire du monde, par quelques traits absolument originaux dont je
163 énomène européen sans précédent et sans parallèle dans l’histoire, nous n’arriverons jamais à le comprendre dans son mouveme
164 istoire, nous n’arriverons jamais à le comprendre dans son mouvement, sa signification et sa tendance générale en partant de
165 ne pensée héritée d’un xixe siècle scientiste et dans l’ensemble, sans le savoir, plus marxiste que scientifique. (Non que
166 ent insuffisantes pour rendre compte du phénomène dans ce qu’il a de spécifique.) Certes, le découpage profond des côtes, pr
167 ctes et solidement enracinées, le climat tempéré, dans le centre du moins, permettant une économie d’énergies fondamentales,
168 ont là des atouts, mais qui sont loin d’inscrire, dans notre sol, l’histoire mondiale qui sera la nôtre. On ne peut y lire u
169 siatiques par le fait que les Asiatiques vivaient dans un climat trop égal, tandis qu’en Europe, dit-il, « les passages rapi
170 Europe, dont Valéry me paraît bien s’être inspiré dans le passage fameux où il parle de l’Europe comme « d’une sorte de cap
171 que l’humanité s’est concentrée depuis longtemps dans trois régions privilégiées à cet égard : la Chine, l’Inde et l’Europe
172 ne subissait aucune pression démographique, même dans ses pays les plus prospères et entreprenants. Ainsi, de 1328 à 1700,
173 yeux de l’historien qu’une décadence millénaire, dans le temps même où l’Europe faisait le tour du monde et dominait sur la
174 t — on compte plus de soixante évêchés nestoriens dans la Chine du ixe siècle, sous la dynastie Tang — et vers l’ouest, en
175 e au christianisme, comme voulut le faire Novalis dans son célèbre essai intitulé Die Christenheit oder Europa, c’est faire
176 liberté et de justice ont sans doute été décisifs dans l’aventure mondiale de l’Europe. Retenons donc, de cette rapide enquê
177 s donc maintenant ce phénomène tel qu’il apparaît dans les faits. Ce n’est pas le déroulement logique d’une série de causes
178 duel ou collectif, ne pouvait être bien saisi que dans son mouvement créateur, dans son archétype, dans son mythe. Or, ce mo
179 être bien saisi que dans son mouvement créateur, dans son archétype, dans son mythe. Or, ce mouvement créateur de l’Europe,
180 dans son mouvement créateur, dans son archétype, dans son mythe. Or, ce mouvement créateur de l’Europe, je le trouve d’abor
181 réateur de l’Europe, je le trouve d’abord et déjà dans la légende originelle de l’Enlèvement d’Europe par Zeus. C’est dans u
182 iginelle de l’Enlèvement d’Europe par Zeus. C’est dans un bond vers l’ouest, la mer et l’aventure que l’Europe légendaire pr
183 à la quête de leur sœur enlevée. Chacun fit voile dans une direction différente. Et l’un fonda Carthage, tandis que d’autres
184 ssi en renonçant à la trouver telle qu’elle était dans son souvenir que Cadmus entreprit de la construire. On voit combien,
185 Rechercher l’Europe, c’est la faire ! Elle existe dans sa recherche à l’infini, et c’est ce que je nomme Aventure. Mais elle
186 nt les étapes de cette expansion planétaire. Vues dans le raccourci des siècles, elles évoquent les mouvements de systole et
187 leurs religieuses et culturelles du Proche-Orient dans la péninsule d’Occident. Nous avons vu que les populations, les relig
188 Est vers l’Europe, tout s’est lentement concentré dans cette sorte d’impasse au-delà de laquelle on croyait que le monde fin
189 et la transforme. À l’individualisme qui régnait dans les cités grecques, il substitue le culte de l’État et des grandes in
190 tend leur autorité sur toute l’Europe de l’Ouest. Dans le cadre de cet empire se trouvent inclus des Celtes, des Germains et
191 Rome, mais progressivement intégrés. Enfin, c’est dans le cadre de l’empire que se répand très rapidement une religion qui,
192 es, cette fermentation se poursuit en vase clos : dans une espèce de creuset d’alchimiste, où s’opèrent les transmutations l
193 u composé Europe, macéré depuis près de mille ans dans les limites du cap occidental, au surplus rétrécies par les Turcs à l
194 ux de « vice-roi des Îles qui ont été découvertes dans les Indes » et de « Grand amiral de la mer Océane », il fallait que J
195 les parties de la terre qui, avant elle, vivaient dans l’ignorance la plus complète les unes des autres. Elle avait permis à
196 Europe chrétienne, puis de l’Europe technicienne. Dans ce sens, on peut dire que l’Europe « a fait le monde ». Mais une fois
197 nséquences. La voici réduite à elle-même, ramenée dans les limites de son cap asiatique, et pas plus grande, notons-le bien,
198 l’aventure occidentale, qui aurait donc consisté, dans l’ensemble et au total, à faire le monde, mais à le faire contre ses
199 Mais ce qu’il y a de plus typiquement occidental dans les poèmes homériques, c’est la suite, c’est l’aventure personnelle d
200 visibles ou invisibles, aller toujours plus loin dans l’inconnu, en naviguant avec astuce entre les Charybdes et les Scylla
201 e de l’homme, — sans que nul pût prévoir comment… Dans cette imprévision, mais ce risque assumé, je vois la parabole la plus
202 telle est, je crois, la vraie formule du Progrès, dans sa définition occidentale. Et l’on voit qu’elle est ambiguë : qu’il s
8 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t-elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)
203 trinsèque, sa volonté de vivre, enfin sa fonction dans le monde ou vocation. La situation géoéconomique de notre petit cont
204 e des plaines russes, tiendrait près de neuf fois dans l’Asie, et six fois dans l’Afrique. En revanche, ce plus petit contin
205 ndrait près de neuf fois dans l’Asie, et six fois dans l’Afrique. En revanche, ce plus petit continent est le plus complexe
206 saims. En Afrique, les huttes se groupent en rond dans les clairières ou s’égrènent le long de la berge d’un fleuve. L’Europ
207 ois, c’est bien la création organique de la Place dans les faubourgs — fori burgus, lieux hors du bourg originel et défensif
208 position notamment, se manifestent par la Presse, dans l’ère moderne de l’Europe ; et la presse, dès le début, fut étroiteme
209 e d’abord, s’écrit bien souvent, et se lit. C’est dans les cafés de Hollande que se réunissent les réfugiés qui créeront les
210 éeront les fameuses gazettes françaises diffusées dans l’Europe entière, en dépit des censures de l’absolutisme, et qui prép
211 le des Lumières et la Révolution française. C’est dans les tavernes anglaises que se lisent à haute voix les éditoriaux du j
212 efoe rédige seul, de 1704 à 1713. Et c’est encore dans les cafés que le Spectator d’Addison, un peu plus tard, a l’ambition
213 ’entends le faire aujourd’hui — que se passe-t-il dans cette église, et que l’Orient n’a jamais connu ? Le prêtre parle, ent
214 onne, et le peuple répond, et le chœur chanté, et dans l’église, manifeste à son tour la structure essentiellement polyphoni
215 l’individu à la fois autonome et engagé — engagé, dans la communauté… Mais cette démonstration sortirait de mon sujet. Je si
216 rincipes qu’elle enseigne. La fonction de l’école dans la cité se résume donc par les deux termes l’initiation et l’initiati
217 ormes — fussent-elles nationales — et l’universel dans toutes ses exigences — fussent-elles représentées par la révolte d’un
218 formes une Europe pluraliste et non pas unitaire dans son principe comme le furent les grandes civilisations traditionnelle
219 typiques de la culture européenne, non seulement dans les arts, mais dans la société. On les dirait formées sur le modèle d
220 ure européenne, non seulement dans les arts, mais dans la société. On les dirait formées sur le modèle du chœur, de l’harmon
221 n elle-même et, finalement, de l’idée du progrès. Dans la mesure où cet immense complexe de tension n’est pas trop déprimé o
222 smes clos, qui représentent ses courts-circuits ; dans la mesure ou se développe, ne fût-ce qu’une part du potentiel accumul
223 ncienneté. La plupart sont aux trois quarts vides dans nos villages, qui n’en possèdent pourtant qu’une seule le plus souven
224 es, revient aux études générales et se rapproche, dans cette mesure du moins, de nos formules européennes. Passons à la mair
225 ments de l’État et de centralisation systématique dans l’ensemble de nos pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui es
226 nes, des régions défavorisées du territoire. Même dans les nations les plus centralisées, comme la France, le mouvement de r
227 jamais été plus prospère qu’aujourd’hui, et cela dans tous nos pays, qu’il s’agisse du Marché commun des Six, ou de l’écono
228 presse libre et le prestige des cafés littéraires dans nos grandes villes, ces deux faits, inégaux d’importance mais très ty
229 et comme sur table rase. En Europe, elle est née dans un contexte serré de principes vénérés et de droits garantis, dans un
230 serré de principes vénérés et de droits garantis, dans un fouillis de coutumes séculaires, artisanales et paysannes, de chic
231 populaire et de revendications, qui l’ont freinée dans son élan et l’ont contrainte peu à peu à tenir compte du milieu humai
232 eu humain, à ne pas se comporter comme l’éléphant dans le magasin de porcelaine ou le bulldozer dans un verger. Certes, les
233 ant dans le magasin de porcelaine ou le bulldozer dans un verger. Certes, les freins et les écluses n’ont pas toujours joué
234 et la conscience sociale a été lente à s’éveiller dans les élites responsables. La première révolution industrielle, celle q
235 l’obligeant à travailler quinze heures par jour, dans des conditions inhumaines du point de vue de l’hygiène autant que de
236 la place du village, un monument qui réintroduit dans le tableau toute l’absurdité de l’Histoire en même temps que la notio
237 ue la notion d’un sacré national et non chrétien, dans beaucoup de pays voisins du nôtre — le monument aux morts des dernièr
9 1962, Arts, articles (1952-1965). Le monde entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)
238 monde, provoqué par nos œuvres, atteint l’Europe dans une situation qui me paraît définie par trois grands faits dont je vo
239 tiers-monde. Ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos plus vrai
240 es, d’une classe nouvelle éduquée par leurs soins dans les pays colonisés, et de leur intérêt mieux compris — un peu poussée
241 elles ont l’une après l’autre « décroché ». Mais dans le même temps, et pour les mêmes raisons, elles ont compris ce qu’ell
242 one. C’est tout cela que l’on confond aujourd’hui dans un seul mot : colonialisme. Je n’en connais pas de plus injuste, puis
243 juste, puisqu’il ne veut retenir que l’injustice, dans l’immense processus chargé d’humanité et de charité héroïque autant q
244 e genre d’illusion. La Terre est connue désormais dans toutes ses dimensions physiques, nous ne pouvons plus faire d’erreurs
245 ette taille ; son histoire également est explorée dans toutes ses grandes lignes, et l’archéologie occidentale ressuscite in
246 dance prononcée vers l’expansion de notre culture dans les colonies libérées. Le retrait des Anglais de l’Inde n’a pas été s
247 e, toute la jeunesse parle le français, alors que dans la génération des hommes de quarante à cinquante ans, celle de l’époq
248 sait notre langue… On n’apprend plus le français dans ces pays parce qu’on y est obligé, mais parce qu’on a besoin de cette
249 rs, plus efficace que la contrainte. Et partout, dans les nations neuves du tiers-monde, il a suffi que nos administrateurs
250 ais l’Occident tout entier n’ont autant progressé dans l’âme et dans les mœurs des peuples hier encore colonisés. Mais voici
251 tout entier n’ont autant progressé dans l’âme et dans les mœurs des peuples hier encore colonisés. Mais voici le troisième
252 ique, mais aussi leur intégration, bon an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’a
253 s colonies récemment libérées. Ces nouveaux venus dans le tiers-monde ont des notions beaucoup plus simples du progrès, tant
254 indigènes n’a jamais arrêté les seconds, pas plus dans leur empire qu’en Afrique ou en Asie. Donc, à court terme, il peut se
255 ssion du bizarre, des prétentions à l’exclusivité dans le domaine religieux, un fanatisme idéologique, un athéisme arrogant,
256 et moins encore de ce que l’Europe peut signifier dans son ensemble et vue de loin, des agitateurs politiques, des commerçan
257 querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans respect ni pour leurs culture
258 ôtre. Telle est la situation concrète de l’Europe dans le monde actuel. Je la résume : la décolonisation, loin de nous ruine
10 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe est un colosse qui s’ignore (encore) (27 juin 1962)
259 notre capacité globale se réalise, non seulement dans les statistiques, mais dans notre conscience. L’Europe a tout ce qu’i
260 éalise, non seulement dans les statistiques, mais dans notre conscience. L’Europe a tout ce qu’il faut pour être encore la p
261 fonction planétaire unifiante qui sera désormais, dans l’ère technique, l’obligation première d’une civilisation. Un regard
262 se referme, nous ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ? Je ne vois que des imitateurs un peu en
263 n mondiale, si l’on préfère, se résume à mes yeux dans ces trois verbes : animer, équilibrer, fédérer. Animer les échanges
264 SS. La vocation mondiale de l’Europe est inscrite dans des faits de ce genre : Nos exportations représentent à peu près 40 %
265 grer aux rythmes de la vie. Adaptation très lente dans l’ensemble, mais non moins dramatique dans ses péripéties, qui s’appe
266 lente dans l’ensemble, mais non moins dramatique dans ses péripéties, qui s’appelleront socialisme, marxisme, libéralisme,
267 mme de lui-même. Car c’est l’Europe qui a répandu dans le monde entier le virus du nationalisme, dont elle a bien failli pér
268 totalitaires qui en sont l’aboutissement logique dans notre siècle, c’est l’attitude et la pratique fédéralistes : l’union
269 l’attitude et la pratique fédéralistes : l’union dans la diversité, l’équilibre vivant des libertés locales et des obligati
270 s pays n’est plus en mesure d’exercer à lui seul, dans le monde actuel. La vocation de l’Europe, aujourd’hui pour demain, c’
271 nouveau l’exemple réussi d’une grande fédération. Dans la coïncidence que j’ai relevée entre la fin de notre impérialisme co
272 concilier avec lui-même. Nous pourrons voir cela, dans cette génération, si l’Europe, d’où le mal est venu, réussit à s’unir
273 nouvel idéal que réclame la jeunesse, il est là, dans l’Europe fédérée, modèle mondial. Le temps n’est plus de douter sans
274 sant mea culpa. Nous ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire. Nous sommes pour les autres un espoir, qu’il s’agit de
275 gagé sur une fonction universelle, qui l’enracine dans le passé de notre culture, dans les données constitutives de l’Occide
276 e, qui l’enracine dans le passé de notre culture, dans les données constitutives de l’Occident, et que tout appelle dans le
277 constitutives de l’Occident, et que tout appelle dans le monde de cette seconde moitié du xxe siècle. Les vraies chances d
11 1962, Arts, articles (1952-1965). Un refus d’aimer (3 octobre 1962)
278 prestige généralisé de l’érotisme est indubitable dans l’Occident contemporain. Il est attesté par le cinéma, la publicité,
279 r « la Jeunesse » et ses attitudes sentimentales, dans la faible mesure où elles sont concluantes, donnent des indications i
12 1965, Arts, articles (1952-1965). Le déferlement de l’érotisme : pour une nouvelle théologie (5-11 mai 1965)
280 e. Reste que l’étalage étudié du nu « suggestif » dans nos rues et au cinéma, les scènes obligées « d’amour » physique dans
281 cinéma, les scènes obligées « d’amour » physique dans les romans de série, noire ou autre, la suppression des « pudeurs de
282 politique morale — les cours d’éducation sexuelle dans les écoles, enfin les grands débats sur la contraception, l’ensemble
283 au point que certains ont parlé d’une révolution dans les mœurs. C’est beaucoup dire pour un peu plus de nudité, mais non p
284 e augmentation du tirage des classiques libertins dans quelques pays de l’Occident. En revanche, nos manières de parler des
285 -siècle. En 1906, Freud croit devoir préciser que dans le petit ouvrage qu’il publie sur le traitement de Dora « les rapport
286 et de l’expression des réalités de la « chair », dans leurs aspects physio-psychologiques. Mais cela s’est produit dans un
287 ts physio-psychologiques. Mais cela s’est produit dans un très grand désordre, créant de fortes inégalités d’information et
288 rmi les moralistes, eux-mêmes mis en question, et dans le public cultivé. Je suis de la première génération qui a découvert
289 formant une part importante du donné intellectuel dans lequel l’étudiant avait à s’orienter. Mais quatre-vingt-dix pour cent
290 e ce phénomène ? En voici trois, prises à dessein dans des domaines absolument indépendants. 1. L’autorisation initiale et d
291 imminente, l’inconscient occidental fit déferler dans les années 1920 « une vague de rêves », selon le titre de l’un des ma
292 , et distingué cent-quatorze espèces d’adultères, dans sa Hiérarchie du cocuage.) 3. Enfin, la perspective d’une densité moy
293 ne densité moyenne de trois hommes au mètre carré dans quelques siècles, et en tout cas d’un doublement de l’humanité (bouch
294 e d’aujourd’hui ne produit plus son type de femme dans son désir : il le reçoit de la publicité et il subit un rêve qui n’es
295 omme des interdits de la morale ? Va-t-il sombrer dans l’apathie sexuelle, cédant à quelque ruse de l’espèce, ou parce qu’il
296 éen, de même que la faim et la peur ne sont plus, dans nos pays riches, des problèmes fondamentaux, liés comme tels à la spi
297 la spiritualité, à la tentation, au péché ? C’est dans ces perspectives élargies qu’il faut juger les efforts déployés par u
298 Ce dont elle interdit la vue aux moins de 18 ans dans la plupart de nos pays, et à tout le monde en France, les Hindous l’o
299 ’instauration d’un vaste programme de recherches, dans lequel l’Amérique nous précède depuis une trentaine d’années. Les asp
300 sais sur les problèmes de civilisations, a montré dans L’Amour et l’Occident comment le mythe de l’amour s’est formé en Eu
301 s’est formé en Europe au Moyen Âge et a distingué dans Comme toi-même tout ce qui sépare sexualité. »