1 1952, Arts, articles (1952-1965). Appel à ceux qui osent être différents (22 mai 1952)
1 t vedette. Dans les périodes de crise, la société devrait le fusiller ou le décorer, avouant ainsi qu’elle ne sait plus quelle
2 es masses. Voilà qui constitue pour l’écrivain de notre temps un défi d’une ampleur inconnue jusqu’alors, une possibilité san
3 ntées, démagogie, ou propagande partisane. Allons- nous succomber aux tentations, divergentes en apparence, mais secrètement
4 pprimer ce problème angoissant ? Ou bien pourrons- nous dépasser, surmonter ces contradictions, par un effort de libre créati
5 re création ? L’écrivain, ferment de liberté Notre place, comme écrivains, dans la cité, s’est révélée problématique. Je
6 e, d’en supprimer les conditions. La première est notre tentation la plus intime, celle de la dérobade, orgueilleuse ou modes
7 ueilleuse ou modeste, du retrait hors du monde où nous sommes vivants. Je ne crois pas à une « littérature engagée », selon
8 la cité. Je comprends très bien que plusieurs de nos confrères se récusent devant toute espèce d’action publique, se croie
9 , sont nées d’œuvres écrites. Le nationalisme qui nous étrique et qui paralyse encore le régime des échanges de tout ordre e
10 , de poètes, hélas ! et de philosophes. Ceci pour nous  ; et, de l’autre côté, d’immenses pays et des centaines de millions d
11 devant ces faits ? Comment nier encore et refuser notre pouvoir de changer le monde, j’entends de préparer, et parfois de cré
12 nnie, à force de mensonges tolérés en silence (on nous en abreuve ces jours-ci !), soit au contraire de former une équipe, m
13 ais c’est pour sauver, précisément, ce droit, que nous sommes ensemble, non point malgré nos différences, mais à cause d’ell
14 droit, que nous sommes ensemble, non point malgré nos différences, mais à cause d’elles. Je pressens, je sens une grande fo
15 oit de poser passionnément quelques questions, au devoir de réciter toutes les réponses ! a. Rougemont Denis de, « Appel à
2 1957, Arts, articles (1952-1965). L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)
16 L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)b c Nous sommes au seuil des temps où la culture va devenir le sérieux de la v
17 i, c’était le travail qui occupait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement
18 upait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement. Si la technique, demain — com
19 emps vide » du loisir1 deviendra le vrai temps de nos existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? » ne ser
20 ne 4 heures de travail par semaine, pour que tous nos besoins « matériels » soient satisfaits (et bien mieux qu’aujourd’hui
21 ns l’œuf. Mais l’œuf est là, portant son germe et notre avenir : cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment.
22 tant son germe et notre avenir : cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment. On dit : Que feront les masses
23 as peindre ici quelque utopie qui pourrait amuser nos descendants. Tout peut changer radicalement et d’ici peu, bien moins
24 ais oubliés ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de nos libres décisions. (Ce n’est pas l’invention de la roue qui compte en
25 e un saut sans précédent, créant une situation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifester
26 récédent, créant une situation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manièr
27 ation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manière transparente et seront
28 s orientations que l’on peut essayer d’induire de notre état d’esprit actuel. L’exemple des pays nordiques Libéré du lab
29 , et l’érotisme. L’expérience des vacances payées nous l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court po
30 ingue la suite. Une expérience un peu plus longue nous est donnée par les populations du cercle arctique (Suède et Norvège),
31 isent ; toute la peinture mondiale peut venir sur nos murs sous forme de reproductions « à s’y méprendre » ; toute la musiq
32 roductions « à s’y méprendre » ; toute la musique nous vient à domicile par la radio et par le disque ; les conférences, cau
33 bliques se tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’instruction publique est heureusement doubl
34 echniques, politiques, religions3… C’est dire que nous multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auront le temps de
35 ps de chanter — les occasions de mieux comprendre nos vies comme aussi de mécomprendre les chefs-d’œuvre. Quant à la qualit
36 le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout nous mène vers une ère religieuse. La technique nous ramène à la religi
37 ous mène vers une ère religieuse. La technique nous ramène à la religion Car la culture n’est, en fin de compte, qu’un
38 un prisme diffracteur du sentiment religieux dans nos activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie, et
39 que la technique, pratiquement, comme la science, nous ramènera demain aux options religieuses. Et je n’imagine pas de drogu
40 comme en Orient. (En fait, elle est surtout — et devrait être — accession à la vérité, et peu importent les moyens.) On voit d
41 mple — puisque c’est la technique précisément qui nous permet ce retour en créant du loisir. Et quant à la mystique, elle su
42 naissance des dogmes et des opinions premières de nos religions sera demain la première condition des hérésies et gnoses qu
43 a passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans nos villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérialisme
44 tidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’est que nos plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions matérielles.
45 a rien pu contre lui. Je dis seulement qu’elle va nous jeter dans une époque où les questions religieuses deviendront plus s
46 entera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui nous oblige à reconsidérer le sens et la nature finale du Progrès. 1.
47 ps. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jours. Elle explique en partie la résistance des syndicats aux techni
48 répartition des produits, des usines automatisées devrait augmenter dans une proportion presque infinie : or elle peut à peine
49 l). 3. Je ne parle pas ici de la télévision, qui nous apporte des pays lointains, sans leur odeur ni leur température, sans
50 gieuses n’aura été qu’un phénomène transitoire de notre civilisation occidentale. (Voir plus haut ce que j’ai dit sur le maté
51 cé dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 5. Nos sectes orientalistes me font parfois penser à quelqu’un qui inventera
3 1960, Arts, articles (1952-1965). Remise en question par l’Afrique et l’Asie, la civilisation occidentale n’a pas encore de successeur (21 septembre 1960)
52 le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout même quand on la combat. Elle est d
53 prêtres et leurs princes avaient réponse à tout. Nous , au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, no
54 Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude essentielle. Nous ne cessons de p
55 souffrons d’une espèce d’inquiétude essentielle. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impres
56 ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans
57 pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos p
58 et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifique.
59 ions : le christianisme et l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par
60 esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certit
61 fique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce par
62 os incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Prenon
63 s un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
64 uel Progrès ? C’est qu’il y ait plus de sens dans nos vies personnelles : plus de joie à avoir ce qu’on a, à être ce qu’on
65 peut causer en peu d’instants la mort certaine de notre civilisation. Définition par la culture : multiplier et populariser l
66 d’une civilisation et garantissant l’harmonie de nos moyens actuels et de nos buts derniers. Mais toutes les tentatives fa
67 rantissant l’harmonie de nos moyens actuels et de nos buts derniers. Mais toutes les tentatives faites de nos jours pour im
68 ts derniers. Mais toutes les tentatives faites de nos jours pour imposer un principe d’harmonie ont causé le maximum de dés
69 t les exigences. L’Occident n’est pas né comme on nous dit que naissent les grandes cultures et civilisations, animées par u
70 verses, parfois incompatibles. Et ce fait initial nous semble accidentel, j’entends qu’il serait vain d’essayer de le déduir
71 et aux « nécessités techniques » en général peut nous donner l’idée de ce que représente alors l’évidence magico-religieuse
72 message chrétien va bouleverser. Avec saint Paul, nous passons d’un seul coup du règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-
73 d son point de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien rée
74 de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien réel, déjà forte
75 ement. Et ce mouvement dans son ensemble, jusqu’à nous , c’est l’« Aventure occidentale de l’homme ». Certes la voie chrétien
76 ve et reste axiale : c’est par rapport à elle que nous pourrons mesurer nos oscillations pendulaires, les apports étrangers,
77 ’est par rapport à elle que nous pourrons mesurer nos oscillations pendulaires, les apports étrangers, les progrès, la déri
78 les apports étrangers, les progrès, la dérive de notre culture. Dialectique grecque et juridisme romain, catalysés par l’exi
79 succès de l’Occident dans l’ère moderne. Toynbee nous met en garde contre les illusions de ce qu’on pourrait appeler le nar
80 o-romain des raisons de réfuter la croyance que «  nous aurions fait dans le monde, au cours des quelques derniers siècles, q
81 l s’est trompé. Mais cette erreur ne peut être la nôtre . Qu’a fait l’Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seu
82 nôtre. Qu’a fait l’Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seulement rayonné sur la totalité — enfin connue,
83 ndustrialise, et que le temps de voyages cesse de nous séparer (nous faisons en un jour d’avion un trajet qui prenait deux a
84 et que le temps de voyages cesse de nous séparer ( nous faisons en un jour d’avion un trajet qui prenait deux ans du temps de
85 e machines et de certaines croyances, déduites de notre science de la matière, peut faire dépérir dans d’autres civilisations
86 itales. L’Aventure s’approchant de la Voie, l’une doit intégrer l’autre (mais au prix de sacrifices dont il n’est pas du tou
87 tact… — tout est là, ou peut l’être bientôt. Déjà nous volons, transmutons les métaux, dépassons la vitesse du son, prolonge
88 multiplié les recettes (psychosomatiques, dirions- nous ) d’immortalité sur la terre, même lorsqu’ils enseignaient que la vie
89 n’est qu’illusion. Mais aucun ne devint immortel. Nous cherchons plutôt les moyens de gagner du temps, et les trouvons par l
90 s par la technique. Sur quoi le mandarin visitant nos usines : Quand vous aurez tout le temps, qu’en ferez-vous ? (Mais lui
91 ’emploi du temps libre se posera donc demain. Par notre fait, dans la réalité sérieuse et quotidienne. Mais voici le paradoxe
92 spirituellement, tandis que l’Orient se jette sur nos techniques et en oublie ses valeurs propres, qui seraient celles dont
93 lie ses valeurs propres, qui seraient celles dont nous aurions le plus grand besoin… L’âge des miracles Au stade prése
94 dentale, dont la science est la pointe extrême en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison,
95 la science est la pointe extrême en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle av
96 , notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière
97 e à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière, qui était pourtant devenue l’objet princip
98 pourtant devenue l’objet principal de la science, nous butons contre le mystère que cette science avait cru pouvoir éliminer
99 le, qu’y a-t-il ? Cette question n’a pas de sens, nous dit-on. Dans l’univers d’Einstein (illimité-fini) vous iriez aussi lo
100 her, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que notre esprit sans relâche vient buter contre la transcendance. L’Aventure s
101 Toute réponse décisive annoncerait donc la fin de notre civilisation, son épuisement intime, et toujours préalable à l’anéant
102 lanche, aventureuse moitié du monde. La Quête est notre forme d’exister. d. Rougemont Denis de, « Remise en question par
4 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
103 n de tel en Inde, en Chine ou en Afrique. Comment nous expliquer ce fait ? Et pourquoi l’érotisme est-il devenu synonyme de
104 s ? Pour comprendre la situation problématique de notre temps, il faut remonter aux origines du christianisme. 1. Le christia
105 traviolet du spirituel et l’infrarouge du sexuel. Notre mystique, science de l’amour divin, s’est développée très tardivement
106 sque toujours suspectes aux yeux de l’orthodoxie. Notre éthique sexuelle s’est très longtemps réduite à quelques interdits él
107 ysiologie du pèlerinage mystique, comme celle que nous décrivent sans varier depuis mille ans les traités du hatha yoga. Et
108 evanche, les Églises chrétiennes, suivies jusqu’à nos jours par les pouvoirs civils, ont développé dès la première générati
109 u de « prostitution spirituelle », l’amour humain devait fatalement devenir une source intarissable de problèmes, tant pour la
110 (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage) ne devait développer toutes ses complexités que dans une Europe travaillée par
111 orthodoxes s’unissent pour déplorer l’invasion de nos vies d’une sexualité « obsédante » : les affiches dans les rues, les
112 ession et de censure. Les abus dénoncés par Freud nous ont rendus méfiants quant à l’usage des disciplines éducatives élémen
113 ite, et qui effraye tant d’observateurs. Avant de nous effrayer à notre tour essayons de bien voir ce qui se passe quand les
114 aye tant d’observateurs. Avant de nous effrayer à notre tour essayons de bien voir ce qui se passe quand les censures officie
115 es officielles périclitent. Est-il vrai, comme on nous le répète, que « la sensualité envahit tout » et que la sexualité déf
116 alité, mais son aveu public, sa projection devant nous qui soudain, nous provoquent à une prise de conscience trop longtemps
117 eu public, sa projection devant nous qui soudain, nous provoquent à une prise de conscience trop longtemps différée. C’est l
118 gique et de remise en ordre morale et spirituelle devait prendre des siècles, et n’est pas terminé. Car la révolution que nous
119 cles, et n’est pas terminé. Car la révolution que nous sommes en train de vivre renouvelle en partie celle du xiie siècle,
120 e délais ni d’angles morts. Les effets atteignent nos sens avant que les causes aient émergé à nos consciences. D’où le sca
121 nent nos sens avant que les causes aient émergé à nos consciences. D’où le scandale, et c’est peu dire — d’où l’angoisse et
122 e, non seulement étudiée mais justifiée ! Comment notre homme distinguerait-il, dans tout cela, autre chose qu’une immense dé
123 exuelle que les tendances dites puritaines ont su nous imposer dès les débuts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans n
124 buts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans celles des nations qu’on dit sous-développées,
125 e, sans l’érotisme et les libertés qu’il suppose, notre culture vaudrait-elle mieux que celle qu’un Staline et qu’un Mao ont
126 matérielle, à la production socialisée. Et cela, nos puritains l’oublient non moins souvent. La littérature érotique embra
127 s une certaine mesure, comme le confort dépend de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous posent des problèmes qu’o
128 d de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous posent des problèmes qu’on ne résoudra plus en les niant. Les découve
129 ’une telle méthode étant d’élucider les motifs de nos choix et leurs implications trop souvent inconsciemment spirituelles
130 sciemment spirituelles autant que sociales. Quand nous connaîtrons mieux les mythes qui nous tentent, d’où ils viennent et v
131 ales. Quand nous connaîtrons mieux les mythes qui nous tentent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, pe
132 tent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, peut-être serons-nous un peu mieux en mesure de courir notre
133 quoi leur logique nous conduit, peut-être serons- nous un peu mieux en mesure de courir notre risque personnel, d’assumer no
134 être serons-nous un peu mieux en mesure de courir notre risque personnel, d’assumer notre amour et d’aller vers nous-mêmes. P
135 esure de courir notre risque personnel, d’assumer notre amour et d’aller vers nous-mêmes. Peut-être serons-nous un peu plus l
136 mour et d’aller vers nous-mêmes. Peut-être serons- nous un peu plus libres. f. Rougemont Denis de, « L’Amour en cause », A
137 t 4. g. Présenté par cette note : « Le succès de notre série “Les idées qui mènent le monde” nous amène, à la demande de nom
138 ès de notre série “Les idées qui mènent le monde” nous amène, à la demande de nombreux lecteurs, à traiter aussi complètemen
139 a bien voulu accepter de participer à l’étude que nous commençons cette semaine sur l’évolution du mythe moderne de l’amour.
5 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
140 ue sur cette petite Terre suspendue dans le vide, nous marchions sur du vide et vers le vide, n’étant nous même que furtifs
141 us marchions sur du vide et vers le vide, n’étant nous même que furtifs agrégats d’infimes tourbillons statistiques ; que to
142 ements d’une seconde dans l’histoire de ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous apparaissent grandes et majestu
143 ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous apparaissent grandes et majestueuses, bien plus, qu’au détour d’un se
144 u détour d’un sentier suivi dans la forêt d’avril nous attende une révélation du bonheur pur : qu’il ait suffi de l’inflexio
145 le point de la vie ; qu’il y ait tels moments où nous sommes convaincus que « tout » dépend d’une décision à prendre ; qu’u
146 loré, déployé, dense et stable s’étende autour de nous qui allons dans sa durée ; qu’il y ait donc tout cela, mais le vide,
147 , des paysages, des visages, une Nature autour de nous , qui apparaît désormais grâce et don, miraculeuse ; et que la vacuité
148 lle, l’enfer cosmique. L’incarnation présente est notre grâce. Elle seule crée du même coup la couleur, le toucher, la vue lo
149 plénitude, vers le Plérôme. Car cette nature qui nous paraît miraculeuse n’est encore qu’un mirage reflété sur le Vide, si
150 ù la possession soit entière. Certes, la science nous donne, dès maintenant, des « ailleurs » dont les siècles derniers cro
151  : elle les calcule exactement. Que sont-ils pour notre désir ? Ce vide qui baigne tout ? L’antimatière ? D’autres mondes par
152 atière ? D’autres mondes parallèles, qui seraient le nôtre en creux ? Mais nous voulons l’au-delà, et non pas le contraire de no
153 parallèles, qui seraient le nôtre en creux ? Mais nous voulons l’au-delà, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos
154 ous voulons l’au-delà, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos joies, l’au-delà qui transforme et non pas un ref
155 à, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos joies, l’au-delà qui transforme et non pas un reflet ! Un poète mineu
156 e, l’autre monde de la science ; il est là, parmi nous et tout autour de nous, ici et maintenant, et nous ne le voyons pas,
157 science ; il est là, parmi nous et tout autour de nous , ici et maintenant, et nous ne le voyons pas, quoique étant assurés d
158 ous et tout autour de nous, ici et maintenant, et nous ne le voyons pas, quoique étant assurés de sa présence instante. Il n
159 ant assurés de sa présence instante. Il n’est pas nous . Mais il y a en nous le Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas de ce mo
160 sence instante. Il n’est pas nous. Mais il y a en nous le Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas de ce monde », et qui pourtan
161 de ce monde », et qui pourtant est « au-dedans de nous  », car il est plus nous-mêmes que nous, parce qu’il est en chacun de
162 -dedans de nous », car il est plus nous-mêmes que nous , parce qu’il est en chacun de ceux qui le reçoivent « le Fils de Dieu
163 a part céleste, le répondant de l’Ange qui sera «  notre effigie » au cercle de feu qu’a vu Dante. Et par quelle parabole le r
164 u Dante. Et par quelle parabole le représenterons- nous  ? « Il est semblable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes l
165 monde et personne, désir, souffrance et joie. Et nous pouvons aimer ces formes parce que l’amour les a formées : nous le re
166 imer ces formes parce que l’amour les a formées : nous le reconnaissons en elle, comme il les appelait en nous. L’amour seul
167 e reconnaissons en elle, comme il les appelait en nous . L’amour seul explique tout, et l’être-en-soi n’est qu’un mot désigna
168 i pu douter de l’être et du devenir, et de toutes nos idées sur « Dieu », je n’ai jamais douté de l’amour même. J’ai pu dou
169 plupart des vérités successivement démontrées par nos sciences ; et je ne cesse de douter de notre image du monde, du vide
170 es par nos sciences ; et je ne cesse de douter de notre image du monde, du vide et des distances inconcevables calculées à pa
171 des distances inconcevables calculées à partir de nos formes. (Je pressens trop de raccourcis, et qu’on trouvera !) Mais je
172 ux dire : de chercher jusqu’au bout ce qu’un jour nous pourrons aimer de tout notre être enfin réalisé dans le Tout enfin co
173 au bout ce qu’un jour nous pourrons aimer de tout notre être enfin réalisé dans le Tout enfin contemplé. Quand l’Amour sera t
174 ème forme de l’amour est dit physique, encore que nous sachions très bien que le sexe est lié comme nulle autre fonction à l
175 exualité quand vient son temps. Les confusions de notre langage courant semblent parfois assimiler l’amour au sexe, mais elle
176 e au niveau de signification où l’homme spirituel doit atteindre avec l’ensemble de ses facultés.) La sexualité en elle-même
177 monde des sensations, lorsque au-delà des corps à notre échelle, au-delà du domaine de l’individuation, au-delà même de la ma
178 respondent trait pour trait aux quatre amours que nous venons d’identifier (et si l’on remonte aux tarots, on verra qu’il ne
179 évélé lorsqu’elle pose le problème de Dieu ? Dans notre série sur “les Religions au xxe siècle”, nous présentons une remarqu
180 s notre série sur “les Religions au xxe siècle”, nous présentons une remarquable étude de Denis de Rougemont sur les valeur
6 1962, Arts, articles (1952-1965). Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)
181 et l’organe d’équilibre. Je reviens en Europe, «  notre patrie » — comme disait Æneas Sivius au xve siècle. Qu’est-ce qu’on
182 ines d’ouvrages publiés en deux mois, dans toutes nos langues, sur l’intégration de l’Europe et sur les relations nouvelles
183 de la production et de l’exportation battent tous nos records. Sauf en Italie, le chômage a disparu, en dépit des progrès d
184 est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Ce n’est pas un
185 ». Ce n’est pas un expert, esclave des faits, qui nous dit cela, mais un éloquent moraliste, Jean-Paul Sartre ; et sa fureur
186 e faisant, « ils font l’histoire de l’homme », et nous serons ainsi du bon côté. Je n’invente pas : je cite et je condense c
187 et je condense cette dialectique humanitaire qui nous offre « un moyen de guérir l’Europe » en nous faisant tous passer dan
188 qui nous offre « un moyen de guérir l’Europe » en nous faisant tous passer dans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’
189 ans le camp de ses ennemis. Ceux-ci n’auront qu’à nous assassiner « pour devenir hommes », on le précise à la page 17. Au pi
190 sa logique brutale certaine jeunesse dégoûtée de nos « valeurs » et qui exige grands cris son lavage de cerveau. « Voici d
191 ron, et en moyenne, quatre-vingts ans — de 1882 à nos jours pour les neuf dixièmes du continent. Cette colonisation n’a pas
192 ssières, et qui ne sont pas toutes honteuses pour nous . La première et la plus importante étant tout simplement un état de f
193 rent pour un temps colonies, et qui prennent sous nos yeux leur essor, après des siècles d’immobilité ou de continuelle déc
194 régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos valeurs (telles que l’égalité, la liberté, la dignité, la personne et
195 ersonne et le droit à l’éducation), mais aussi de nos folies les plus contagieuses, le nationalisme et la fureur idéologiqu
196 euples se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la souveraineté de leurs États. Quant aux nations col
197 là ces divagations. Revenons aux faits. Les faits nous montrent que les nations européennes, à peine libérées de la charge é
198 te. L’Europe n’est pas « finie », n’en déplaise à nos furieux, mais elle commence à peine et grandit puissamment. C’est tan
199 en est-il de Sartre en cette lugubre affaire ? Il nous faut expliquer l’anachronisme. Sartre se meut dans un village intelle
200 nce, il ne voit que le drame algérien. « Quittons notre province, je veux dire notre nation », voudrait-on lui répéter ; et c
201 algérien. « Quittons notre province, je veux dire notre nation », voudrait-on lui répéter ; et ce n’est pas ma faute si cette
202 pement social », ces philosophes croyaient servir nos vraies valeurs en nous mettant — vainement d’ailleurs — en garde cont
203 hilosophes croyaient servir nos vraies valeurs en nous mettant — vainement d’ailleurs — en garde contre notre expansion inév
204 mettant — vainement d’ailleurs — en garde contre notre expansion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que nos principes,
205 nsion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que nos principes, compromis ou trahis par nos pratiques. L’ère colonialiste
206 sorte que nos principes, compromis ou trahis par nos pratiques. L’ère colonialiste a pris fin, pour des raisons qu’ils ne
207 grandeur à la liquidation d’un empire colonial ? Nous avons mieux à faire qu’un mea culpa traduisant nos complexes personne
208 us avons mieux à faire qu’un mea culpa traduisant nos complexes personnels. Devant la crise économique et la fièvre nationa
209 orale de l’URSS, l’heure n’est pas de cracher sur nos valeurs, mais de les prendre nous-mêmes au sérieux et d’en tirer les
210 atiques, pour le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider. Nous n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique
211 le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider. Nous n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique, et les autre
212 , au moment où elles se tournent obscurément vers nous . Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas
213 ù elles se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvais
214 es se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise consc
215 ers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopun
216 offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos ren
217 ils, non, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple ré
218 science, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple réussi de dépassement de l’ère nationalis
7 1962, Arts, articles (1952-1965). Le miracle européen a créé le monde civilisé (6 juin 1962)
219 re d’une véritable histoire universelle, celle où nous sommes bel et bien engagés dans cette seconde moitié du xxe siècle,
220 sans précédent et sans parallèle dans l’histoire, nous n’arriverons jamais à le comprendre dans son mouvement, sa significat
221 en partant des données physiques et naturelles de notre petit continent, comme le veut une pensée héritée d’un xixe siècle s
222 à des atouts, mais qui sont loin d’inscrire, dans notre sol, l’histoire mondiale qui sera la nôtre. On ne peut y lire un dest
223 , dans notre sol, l’histoire mondiale qui sera la nôtre . On ne peut y lire un destin. Chaque géographe en tire d’ailleurs ce
224 le passage : En sortant des mains de la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glorieuse prééminenc
225 qui possède le moins de richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’es
226 r la carte des densités de peuplement de la terre nous fait voir que l’humanité s’est concentrée depuis longtemps dans trois
227 x à dix millions. Le grand essor démographique de nos nations ne date que du xixe siècle. Comment se fait-il alors que l’I
228 porains ? Cela se discute. Hippocrate et Strabon, nous venons de le voir, mais aussi Hérodote, Platon et Aristote nous parle
229 le voir, mais aussi Hérodote, Platon et Aristote nous parlent déjà d’une Europe et la contrastent même avec l’Asie, mais ce
230 re des chrétiens, durant le premier millénaire de notre ère, obéit à l’ordre du Christ : Allez et évangélisez toutes les nati
231 s puissamment contribué à la synthèse européenne. Notre idée de la science en dérive, comme l’a montré Jaspers, commentant Ni
232 entant Nietzsche (ce très lucide antichrétien) et nos principes politiques en dérivent. Or notre idée de la science et nos
233 tien) et nos principes politiques en dérivent. Or notre idée de la science et nos principes d’égalité, de liberté et de justi
234 iques en dérivent. Or notre idée de la science et nos principes d’égalité, de liberté et de justice ont sans doute été déci
235 phénomène Europe, le christianisme. Mais non sans nous poser cette question difficile que je vais laisser sans réponse : — P
236 prédisposition européenne au christianisme ? Ceci nous laisse en plein mystère. Et les autres explications du phénomène euro
237 européen par des données physiques et matérielles nous laissent en pleine ambiguïté : ces données ont agi, chacune à sa mani
238 rendre compte du phénomène global que l’histoire nous oblige à constater : la fonction mondiale de l’Europe. Décrivons donc
239 xplication d’un phénomène par ses causes a dominé notre xixe siècle, mais c’était aux dépens de la compréhension du phénomèn
240 recs, transformé en taureau, traduit l’Histoire : notre Europe est effectivement venue du Proche-Orient. Après la disparition
241 du bois et du rocher » (comme dit Vigny) dont ne nous restent plus que les peintures rupestres de Lascaux et d’Altamira, l’
242 biguë, comme toutes les choses divines, ménageant notre liberté d’interprétation et de décision… Voici ce que l’on peut en ti
243 es du Proche-Orient dans la péninsule d’Occident. Nous avons vu que les populations, les religions, les procédés techniques
244 ui me semble illustrer les traits fondamentaux de notre Europe, légendaire, historique, physique, païenne et chrétienne à la
245 ade utopique. Derrière l’audace inouïe de Colomb, nous retrouvons ainsi le jeu complexe, le conflit perpétuel, souvent fécon
246 oire à partir des années 1880 à 1900. Au début de notre xxe siècle, on peut dire que l’Europe a placé sur orbite sa civilisa
247 venture, mais le début d’une autre histoire, dont nous sommes bien loin d’être quittes. Christophe Colomb, le père des Décou
248 uffise de citer, pour l’illustrer, l’ambiguïté de notre essor technique : nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? No
249 illustrer, l’ambiguïté de notre essor technique : nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? Nous gagnons du temps, ma
250 nous allons toujours plus vite, mais vers quoi ? Nous gagnons du temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre pui
251 Nous gagnons du temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maî
252 temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maîtriser et de la f
253 augmentons notre puissance, mais qu’en est-il de nos moyens de la maîtriser et de la faire servir au bonheur, à la justice
8 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t-elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)
254 juin 1962)l Tout pronostic relatif à l’Europe7 doit se baser sur l’examen de trois facteurs déterminants pour ses chances
255 monde ou vocation. La situation géoéconomique de notre petit continent, au point présent de l’évolution du monde est plus ce
256 l’infinité des hémisphères qu’on peut tracer sur notre globe, il en existe un — et un seul ! — qui se trouve contenir à la f
257 Voici donc un fait mesurable qui ne dépend ni de notre orgueil ni de notre humilité d’Européens, un fait aisément vérifiable
258 mesurable qui ne dépend ni de notre orgueil ni de notre humilité d’Européens, un fait aisément vérifiable et dont les données
259 able et dont les données objectives se lisent sur nos mappemondes et cartes économiques, en attendant d’être photographiées
260 ans trop d’erreurs les structures essentielles de notre civilisation. Un service religieux, une séance du conseil municipal,
261 traient de trouver quelques-uns des secrets (pour nous trop évidents) du dynamisme européen. C’est-à-dire : la communauté sp
262 ssons ce portrait de l’Europe telle que chacun de nous peut la voir, ce portrait composé non point à partir de définitions e
263 lités visibles et tangibles, qui sont le cadre de nos vies. Europe présentée non point par sa philosophie mais bien par sa
264 rphologie. La tentative est assez nouvelle, et ne nous dissimulons pas ses risques, mais il se peut qu’elle donne quelques i
265 suggère une méthode inédite d’un enseignement de notre vie civique, basée sur la photo et sur le film, et permettant beaucou
266 truire l’Europe en partant de la place communale. Nos villes et nos villages ne sont pas nés autour de places préalablement
267 e en partant de la place communale. Nos villes et nos villages ne sont pas nés autour de places préalablement dessinées, ma
268 uropéens à la réalité communautaire, fondement de notre civilisation. On sent bien que ce ne sont pas des masses informes, ni
269 parades. Tout au contraire : la Place centrale de nos villes et villages est rarement régulière, hors des périodes de relâc
270 ia ou le forum romain lui-même, ancêtre commun de nos places, Platze, plazas, praças, piazze, ou Pleins selon le pays. Quan
271 la cité : celui de l’unanimité fondamentale, qui doit transcender les partis, les ambitions et les doctrines en vogue. Si l
272 a fonction de l’école est demeurée la même : elle doit d’une part communiquer les connaissances acquises et le respect des v
273 uises et le respect des valeurs communes, et elle doit d’autre part éveiller le sens critique et le jugement individuel. Édu
274 n et l’initiative, qui marquent les deux pôles de notre éducation. (L’Orient et les cultures traditionnelles n’ont guère conn
275 ultures traditionnelles n’ont guère connu jusqu’à nos jours d’autre forme d’éducation qu’initiatique.) Quant au marché, qui
276 symbolique de toute l’économie européenne jusqu’à nos jours. (Même après que le port eut pris plus d’importance pour le com
277 comme veulent l’être les régimes totalitaires de notre temps. Civilisation à base d’antagonismes, de conflits toujours renou
278 uropéen et des périodes de diastole planétaire de notre civilisation. Sommes-nous au seuil d’une telle période ? Ou au contra
279 diastole planétaire de notre civilisation. Sommes- nous au seuil d’une telle période ? Ou au contraire, l’état de santé de l’
280 ssi mauvais que le proclament une bonne partie de nos intellectuels ? Plus sérieusement : la technique triomphante ne va-t-
281 e triomphante ne va-t-elle pas rapidement effacer nos plus fécondes diversités et imposer au continent et à ses peuples un
282 des institutions traditionnelles que concrétisent nos bâtiments — symboles réunis autour de la place. Comment s’adaptent-il
283 neté. La plupart sont aux trois quarts vides dans nos villages, qui n’en possèdent pourtant qu’une seule le plus souvent, a
284 L’église, en Amérique, est restée mieux que chez nous le centre de la vie sociale d’un village. Elle y joue un grand rôle p
285 s et leurs prêtres s’inspirent de plus en plus de nos théologiens. Prenons ensuite l’école, l’enseignement. On les disait t
286 s et se rapproche, dans cette mesure du moins, de nos formules européennes. Passons à la mairie, symbole de la commune, qui
287 de centralisation systématique dans l’ensemble de nos pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
288 é plus prospère qu’aujourd’hui, et cela dans tous nos pays, qu’il s’agisse du Marché commun des Six, ou de l’économie des p
289 e libre et le prestige des cafés littéraires dans nos grandes villes, ces deux faits, inégaux d’importance mais très typiqu
290 faits, inégaux d’importance mais très typiques de notre Europe, restent des signes peu trompeurs de la vitalité d’une culture
291 t créé le décor sale et sans âme des faubourgs de nos capitales, elle a créé le prolétariat, elle a soumis toute une classe
292 ion de la technique a fait beaucoup plus de mal à notre espèce que les explosions nucléaires qui nous épouvantent aujourd’hui
293 à notre espèce que les explosions nucléaires qui nous épouvantent aujourd’hui. (Seulement, la presse n’en parlait pas, et s
294 l’innovation, et c’est le problème fondamental de notre temps. Or elle est seule à disposer, pour le résoudre, d’une expérien
295 et non chrétien, dans beaucoup de pays voisins du nôtre — le monument aux morts des dernières guerres ? 7. Voir Arts n° 87
9 1962, Arts, articles (1952-1965). Le monde entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)
296 0 juin 1962)m n L’appel du monde, provoqué par nos œuvres, atteint l’Europe dans une situation qui me paraît définie par
297 est au cours des quinze années pendant lesquelles nos États ont perdu leurs empires, que l’Europe s’est mise à s’unir. Les
298 , sont les mêmes dates, exactement, que celles de nos premières étapes vers l’union 1945 à 1962, et tout porte à prévoir qu
299 mme un péché mortel de l’Europe, en ce sens qu’il devait aggraver la dissolution du corps européen en nations rivales. Et de f
300 s, et avaient conclu les traités de 1919, et ceci devait amener les colonies à réclamer leur émancipation, voire à découvrir p
301 de juguler leurs sanglants chauvinismes, et cela devait amener, nous l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoiremen
302 rs sanglants chauvinismes, et cela devait amener, nous l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoirement, il ne sera
303 retrait colonial eût signifié l’arrêt de mort de notre économie. Or ce retrait se trouve coïncider non seulement avec notre
304 ce retrait se trouve coïncider non seulement avec notre union, mais avec une prospérité sans précédent de l’ensemble du conti
305 sans précédent de l’ensemble du continent. Jamais notre cap de l’Asie n’avait connu croissance économique aussi rapide que de
306 régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos plus vraies valeurs — la liberté, la dignité de la personne, l’égalit
307 les et des races — mais aussi de quelques-unes de nos folies les plus contagieuses, comme le nationalisme, ils se sont mis
308 e, ils se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la souveraineté de leurs États, pour la plupart créés
309 raineté de leurs États, pour la plupart créés par nous . Quant aux nations colonialistes de l’Europe, presque ruinées à deux
310 xième grand fait, non moins paradoxal, qui domine notre situation : le retrait politique de l’Europe coïncide avec l’adoption
311 de l’Europe coïncide avec l’adoption accélérée de notre civilisation par le tiers-monde. L’Europe a fait le monde, et cela n
312 on effectivement universelle. Cette civilisation, nous le savons tous, est tenue pour responsable, à tort ou à raison, d’aut
313 ses origines raciales, politiques et religieuses. Nous savons tous aussi comment s’est opérée sa diffusion mondiale dès la R
314 e désormais dans toutes ses dimensions physiques, nous ne pouvons plus faire d’erreurs de cette taille ; son histoire égalem
315 plus de traditions oubliées par leurs peuples que nos armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais
316 ions oubliées par leurs peuples que nos armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais alors, le retr
317 iquent une tendance prononcée vers l’expansion de notre culture dans les colonies libérées. Le retrait des Anglais de l’Inde
318 , celle de l’époque coloniale, seule l’élite sait notre langue… On n’apprend plus le français dans ces pays parce qu’on y est
319 les nations neuves du tiers-monde, il a suffi que nos administrateurs civils et militaires s’en aillent, pour que soit décr
320 lite indigène. Ces idéaux, on les retourne contre nous , et contre nos pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ils valaie
321 es idéaux, on les retourne contre nous, et contre nos pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ils valaient sans doute m
322 ales : c’est qu’ils valaient sans doute mieux que nous ne l’avions cru, et mieux que nous : tant pis pour nous, et tant mieu
323 oute mieux que nous ne l’avions cru, et mieux que nous  : tant pis pour nous, et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois,
324 e l’avions cru, et mieux que nous : tant pis pour nous , et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois, pour ma part, nullem
325 que nous : tant pis pour nous, et tant mieux pour nos idéaux ! Je ne les vois, pour ma part, nullement menacés par la décol
326 e colonisés. Mais voici le troisième grand fait : nos idéaux et nos pratiques ont été diffusés en désordre, sans aucun plan
327 ais voici le troisième grand fait : nos idéaux et nos pratiques ont été diffusés en désordre, sans aucun plan, sans nulle s
328 équences qui risquent d’être aussi fâcheuses pour nous , Européens, que pour les peuples du tiers-monde. Fâcheuses pour nous
329 e pour les peuples du tiers-monde. Fâcheuses pour nous d’abord. Car il est évident que notre civilisation ne s’est rendue as
330 cheuses pour nous d’abord. Car il est évident que notre civilisation ne s’est rendue assimilable et transportable qu’au prix
331 es et ses valeurs fondamentales. Le monde accepte nos machines et quelques-uns de nos slogans, mais non pas l’arrière-plan
332 Le monde accepte nos machines et quelques-uns de nos slogans, mais non pas l’arrière-plan religieux, philosophique et cult
333 r intégration, bon an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’admettre : les versi
334 an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’admettre : les versions simplifiées de
335 t sembler que leurs chances soient meilleures que les nôtres . Le tiers-monde les accueille sans méfiance de principe. Il ne dit pa
336 monde, en cette affaire, a bien plus à perdre que nous . Ses meilleurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accable
337 illeurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accablent de reproches. Un professeur indien, le Dr Raghavan Iyer, en
338 cho des ressentiments du tiers-monde à l’égard de notre culture et de sa diffusion désordonnée. Rappelant que les pays sous-d
339 tinisme culturel. C’est une assez bonne liste de nos vices, tels qu’ils se sont manifestés, du moins à partir des débuts d
340 lle. Il serait trop facile de répondre à ceux qui nous tiennent ce langage : pourquoi n’avez-vous pas adopté nos vertus, don
341 nent ce langage : pourquoi n’avez-vous pas adopté nos vertus, dont la liste est aussi facile à faire ? Et pourquoi nous imi
342 t la liste est aussi facile à faire ? Et pourquoi nous imitez-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme
343 pourquoi nous imitez-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, qua
344 z-vous, en général ? Pourquoi nous reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide m
345 ous reprochez-vous notre athéisme et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide matérielle que vous exigez à gra
346 e et plus encore, notre matérialisme, quand c’est notre aide matérielle que vous exigez à grands cris, et pas du tout nos mis
347 lle que vous exigez à grands cris, et pas du tout nos missionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car nous sommes lar
348 ionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car nous sommes largement responsables des erreurs que commet le tiers-monde q
349 es des erreurs que commet le tiers-monde quand il nous juge. Ce ne sont pas nos meilleurs représentants, les plus conscients
350 le tiers-monde quand il nous juge. Ce ne sont pas nos meilleurs représentants, les plus conscients des vraies valeurs europ
351 us conscients des vraies valeurs européennes, que nous envoyons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qu
352 , que nous envoyons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités,
353 ons outre-mer, mais des agents de nos États et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités, des assistants
354 et de nos firmes, qui transportent là-bas toutes nos rivalités, des assistants techniques qui ne savent pas grand-chose du
355 gitateurs politiques, des commerçants incultes et nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos a
356 s commerçants incultes et nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres,
357 nos plus mauvais films. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationale
358 ilms. Nous exportons pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et
359 s pêle-mêle nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’
360 nos sous-produits, nos aventuriers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabi
361 nturiers et nos livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans
362 livres, nos querelles nationales, nos machines et nos dogmes, dans l’irresponsabilité la plus totale, sans respect ni pour
363 e, sans respect ni pour leurs cultures ni pour la nôtre . Telle est la situation concrète de l’Europe dans le monde actuel. Je
364 actuel. Je la résume : la décolonisation, loin de nous ruiner, coïncide avec notre union, laquelle promet une prospérité san
365 écolonisation, loin de nous ruiner, coïncide avec notre union, laquelle promet une prospérité sans précédent ; le monde entie
366 s précédent ; le monde entier se met à l’école de notre civilisation ; mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et nous
367 mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute
368 eilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais
369 autant qu’il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais conçu une politique de civilisation ré
370 jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons jamais conçu une politique de civilisation répondant à l’ampl
371 pondant à l’ampleur des exigences du siècle et de nos responsabilités mondiales. La question qui se pose est dès lors la su
372 celle de la fédération. Mais une raison nouvelle doit forcer leur accord : c’est la nécessité matérielle et morale de répon
373 lle et morale de répondre aux appels que le monde nous adresse, par sa faim, par sa peur, et même par sa haine. C’est la néc
374 peur, et même par sa haine. C’est la nécessité de nous porter enfin à la hauteur de notre vocation universelle. »
375 la nécessité de nous porter enfin à la hauteur de notre vocation universelle. »
10 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe est un colosse qui s’ignore (encore) (27 juin 1962)
376 ynbee et de Sorel à Sartre, semble avoir persuadé nos élites comme nos masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée ent
377 à Sartre, semble avoir persuadé nos élites comme nos masses que l’Europe est une pauvre chose écrasée entre deux colosses.
378 es des faits. Dès le xviiie siècle, elle hantait nos esprits. Voici ce qu’écrit à Catherine de Russie le baron Grimm, gaze
379 côté de l’Orient, et l’Amérique, devenue libre de nos jours, du côté de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous
380 ue libre de nos jours, du côté de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis pour
381 de l’Occident ; et nous autres, peuple du noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis pour savoir autrement que par une v
382 ent que par une vague et stupide tradition ce que nous avons été. En 1847, Sainte-Beuve résume ainsi l’opinion de l’histori
383 C’est que l’Europe unie n’est pas faite et qu’il nous faut donc absolument la faire, pour que notre capacité globale se réa
384 u’il nous faut donc absolument la faire, pour que notre capacité globale se réalise, non seulement dans les statistiques, mai
385 e, non seulement dans les statistiques, mais dans notre conscience. L’Europe a tout ce qu’il faut pour être encore la premièr
386 ntellectuelle occidentale désespère bruyamment de nos valeurs et dénie toute espèce de vocation à l’Occident, tel que le re
387 sance et non une décadence. Mais il y a plus : on nous dit que les valeurs nouvelles capables d’entraîner le monde et de lui
388 éen au xixe siècle. Ce sont donc des valeurs qui nous sont propres que les Russes nous renvoient aujourd’hui, fort simplifi
389 des valeurs qui nous sont propres que les Russes nous renvoient aujourd’hui, fort simplifiées et appauvries d’ailleurs, sou
390 d’un autre successeur, hypothétique, reprenant de nos mains débiles ce qu’on appelait jadis « le flambeau de la civilisatio
391 ne vois pas une seule culture, indépendante de la nôtre , foncièrement différente de la nôtre, qui serait mieux capable que no
392 ndante de la nôtre, foncièrement différente de la nôtre , qui serait mieux capable que nous d’exercer la fonction planétaire u
393 férente de la nôtre, qui serait mieux capable que nous d’exercer la fonction planétaire unifiante qui sera désormais, dans l
394 emière d’une civilisation. Un regard sur le globe nous fait voir, au contraire, que les peuples nouveaux se tournent vers l’
395 , une création de l’Europe ! Le cycle se referme, nous ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ? Je
396 ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ? Je ne vois que des imitateurs un peu en retard qui, bie
397 un peu en retard qui, bien souvent, caricaturent nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétex
398 ien souvent, caricaturent nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou
399 nos pires défauts. Non, nous n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou ces crimes d’un passé réce
400 n’échapperons pas à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde nous t
401 ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde nous tient pour responsables. Car cette faiblesse ne traduit rien qu’une d
402 ette faiblesse ne traduit rien qu’une division de nos forces — et nous sommes en bon train de les unir — mais non pas une a
403 e traduit rien qu’une division de nos forces — et nous sommes en bon train de les unir — mais non pas une absence de forces
404 es potentielle. Et ces crimes, qui furent ceux de nos nationalismes, du racisme, et, dans une certaine mesure, du coloniali
405 une certaine mesure, du colonialisme, exigent de nous bien autre chose qu’un mea culpa rageur et masochiste, tellement plus
406 ’Europe est inscrite dans des faits de ce genre : Nos exportations représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos im
407 Nos exportations représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos importations atteignent le même taux, cependant que l
408 représentent à peu près 40 % de notre commerce et nos importations atteignent le même taux, cependant que les États-Unis ne
409 rienter vers un dialogue fécond. Tout, et d’abord nos traditions, non seulement de curiosité mais de respect des valeurs sp
410 té et les moyens de dialoguer, non seulement avec nous , mais entre elles. Équilibrer les créations humaines est le second a
411 ésente une expérience humaine dont le tiers-monde devrait beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix nos belles machines, san
412 rait beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix nos belles machines, sans se douter qu’elles peuvent détruire de proche e
413 portent, à la manière du cheval de Troie. Et cela nous conduit naturellement au troisième verbe typique de notre vocation, q
414 nduit naturellement au troisième verbe typique de notre vocation, qui est fédérer. Défendre et illustrer le fédéralisme, c’es
415 us prétexte de se libérer des dernières traces de notre impérialisme, ils copient puérilement ses tares les plus visibles. L’
416 rilement ses tares les plus visibles. L’Europe se doit donc de produire, d’attester et de diffuser les anticorps de ce virus
417 litaires qui en sont l’aboutissement logique dans notre siècle, c’est l’attitude et la pratique fédéralistes : l’union dans l
418 e en commun des droits « souverains » qu’aucun de nos pays n’est plus en mesure d’exercer à lui seul, dans le monde actuel.
419 s la coïncidence que j’ai relevée entre la fin de notre impérialisme colonial, les débuts de notre union fédérale, et l’essor
420 fin de notre impérialisme colonial, les débuts de notre union fédérale, et l’essor de notre économie, il y a sans doute une g
421 les débuts de notre union fédérale, et l’essor de notre économie, il y a sans doute une grande leçon pour le tiers-monde, mai
422 nt, s’il veut enfin se réconcilier avec lui-même. Nous pourrons voir cela, dans cette génération, si l’Europe, d’où le mal e
423 l. Le temps n’est plus de douter sans vergogne de nos valeurs occidentales. Au contraire, le temps est venu de les prendre
424 ps est venu de les prendre nous-mêmes au sérieux. Nous n’avons pas simplement le droit de répondre à l’attente des jeunes na
425 ’Occident, par un tardif et impuissant mea culpa. Nous ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire. Nous sommes pour les
426 ne sommes pas seuls en cause dans cette affaire. Nous sommes pour les autres un espoir, qu’il s’agit de ne pas frustrer. L’
427 tion universelle, qui l’enracine dans le passé de notre culture, dans les données constitutives de l’Occident, et que tout ap
428 feront. Elles dépendent de l’esprit agissant par nos mains. Le temps n’est plus pour nous de chercher anxieusement à devin
429 agissant par nos mains. Le temps n’est plus pour nous de chercher anxieusement à deviner le cours prochain de notre histoir
430 rcher anxieusement à deviner le cours prochain de notre histoire : c’est à la faire que nous sommes appelés.8 8. Ces texte
431 prochain de notre histoire : c’est à la faire que nous sommes appelés.8 8. Ces textes paraîtront, en volume, en septembre
432 Une note de la rédaction précise : « Une coquille nous a fait écrire que le chiffre de la population de l’Europe de l’Ouest
433 avec ses satellites : 430 millions et non 450. » Nous rectifions l’article de Rougemont qui porte bien le chiffre non corri
11 1962, Arts, articles (1952-1965). Un refus d’aimer (3 octobre 1962)
434 dence de l’amour idéalisé, tel que le concevaient nos grands-parents, mais rien ne permet de réduire « l’Amour » à ce clich
435 de statistique. Les attitudes que la majorité de nos contemporains sont censés adopter vis-à-vis de l’érotisme m’indiffère
12 1965, Arts, articles (1952-1965). Le déferlement de l’érotisme : pour une nouvelle théologie (5-11 mai 1965)
436 es et les Vies de Jésus dont les tirages dominent notre marché du livre, sans que personne y voie la preuve d’une sanctificat
437 voie la preuve d’une sanctification quelconque de notre époque. Reste que l’étalage étudié du nu « suggestif » dans nos rues
438 ste que l’étalage étudié du nu « suggestif » dans nos rues et au cinéma, les scènes obligées « d’amour » physique dans les
439 nsemble de ces traits frappe les auscultateurs de notre époque, au point que certains ont parlé d’une révolution dans les mœu
440 ous l’effet des modes culturelles. Les audaces de nos écrivains, de nos cinéastes ne sont pas les produits de cet instinct
441 des culturelles. Les audaces de nos écrivains, de nos cinéastes ne sont pas les produits de cet instinct universel et primo
442 ns dans quelques pays de l’Occident. En revanche, nos manières de parler des choses du sexe et de l’érotisme ont entièremen
443 nt changé en un demi-siècle. En 1906, Freud croit devoir préciser que dans le petit ouvrage qu’il publie sur le traitement de
444 à s’orienter. Mais quatre-vingt-dix pour cent de nos plus de 60 ans confondent encore freudisme et pornographie. D’étrange
445 l’instinct Si quelque chose se « déchaîne » de nos jours, ce ne peut donc pas être l’instinct, et ce n’est pas la passio
446 ure, et que la culture occidentale en particulier doit beaucoup de son dynamisme à ses disciplines sexuelles. 2. Les plaisir
447 es l’empire des archétypes illustrés par le rêve. Nous voilà loin de Fourier, qui fut le premier, je crois, à parler d’une «
448 bien » ? Ou encore — hypothèse optimiste — allons- nous vers une ère classique, scientifique et hygiénique, où le problème nu
449 de même que la faim et la peur ne sont plus, dans nos pays riches, des problèmes fondamentaux, liés comme tels à la spiritu
450 dit la vue aux moins de 18 ans dans la plupart de nos pays, et à tout le monde en France, les Hindous l’ont sculpté au fron
451 e programme de recherches, dans lequel l’Amérique nous précède depuis une trentaine d’années. Les aspects littéraires de l’é