1 1952, Arts, articles (1952-1965). Appel à ceux qui osent être différents (22 mai 1952)
1 emporain — alternativement ou simultané­ment — qu’ il soit prêtre et iconoclaste, directeur de cons­cience et mauvaise tête
2 t vedette. Dans les périodes de crise, la société devrait le fusiller ou le décorer, avouant ainsi qu’elle ne sait plus quelle
3 vrait le fusiller ou le décorer, avouant ainsi qu’ elle ne sait plus quelle est sa juste place dans la cité. On lui a donné,
4 ant pas du monde. » Et cette formule, me semble-t- il , fournit la clé. Précisément parce que la place de l’écrivain n’est p
5 est pas clairement marquée dans la cité, parce qu’ il ne sait plus où s’asseoir, parce qu’il n’est pas intégré sans questio
6 , parce qu’il ne sait plus où s’asseoir, parce qu’ il n’est pas intégré sans question ni contradiction dans la structure so
7 uestion, voilà cet écrivain, voilà sa liberté, qu’ il s’agit maintenant d’assumer, et de défendre. Car un double péril la m
8 térature n’existe pas, n’a jamais existé, ou bien elle se confond avec la propagande. Mais je crois à la nécessité de certai
9 ’engagement personnel de l’écrivain comme tel. Et il n’est pas question non plus de réduire la littérature au témoignage s
10 ge de leur police d’État. Contre ces deux périls, il importe de se rassembler. Non pas du tout, non pas un seul instant da
11 non point malgré nos différences, mais à cause d’ elles . Je pressens, je sens une grande force dans ce rassemblement d’hommes
12 oit de poser passionnément quelques questions, au devoir de réciter toutes les réponses ! a. Rougemont Denis de, « Appel à
2 1957, Arts, articles (1952-1965). L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)
13 s où la culture va devenir le sérieux de la vie. ( Elle l’a toujours été, mais cela se verra.) Jusqu’ici, c’était le travail
14 ture et logement. Si la technique, demain — comme elle le peut — permet à la société d’assurer à très bas prix ces condition
15 onse, plusieurs fois millénaire : « La gagner ! » Elle sera subitement mise à nu. D’ici vingt ou trente ans, selon certains
16 ’ici vingt ou trente ans, selon certains experts, il suffira qu’un tiers de la population (fortement accrue) de la planète
17 vois bien l’aspect théorique de ces calculs ; qu’ ils ne s’appliquent vraiment qu’au type occidental de vie ; qu’ils suppos
18 iquent vraiment qu’au type occidental de vie ; qu’ ils supposent une distribution socialisée des biens produits en abondance
19 portant son germe et notre avenir : cet avenir qu’ il nous faut accepter de dévisager hardiment. On dit : Que feront les ma
20 ons de 1830, ce qu’allait produire la technique ? Il s’agit cette fois-ci de mieux voir les problèmes, au lieu de les refo
21 r les problèmes, au lieu de les refouler parce qu’ ils donnent le vertige. Je n’entends pas peindre ici quelque utopie qui p
22 , condamnées au loisir pendant six mois d’hiver : elles se tournent vers la culture. Or, il se trouve précisément que l’Occid
23 d’hiver : elles se tournent vers la culture. Or, il se trouve précisément que l’Occident a décuplé ou centuplé pendant ce
24 noncement, en Occident comme en Orient. (En fait, elle est surtout — et devrait être — accession à la vérité, et peu importe
25 comme en Orient. (En fait, elle est surtout — et devrait être — accession à la vérité, et peu importent les moyens.) On voit d
26 tour en créant du loisir. Et quant à la mystique, elle suppose avant tout la connaissance précise du dogme. Le « mystique à
27 s du dogme et de la liturgie dans la culture dont il est imprégné. Voilà pourquoi la connaissance des dogmes et des opinio
28 dition des hérésies et gnoses qui vont paraître : elles ne feraient autrement que répéter de l’ancien qui n’a pas disparu san
29 e créateur a fait son temps5. Et je ne dis pas qu’ elles s’en priveront. Mais je vois aussi que la culture répand déjà dans un
30 de ballon qui ne demande qu’à « s’élever » dès qu’ il est délivré des soucis quotidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’e
31 l est délivré des soucis quotidiens. La preuve qu’ il n’en est rien, c’est que nos plus grands mystiques ont vécu dans les
32 ort » n’a rien pu contre lui. Je dis seulement qu’ elle va nous jeter dans une époque où les questions religieuses deviendron
33 1765 définit le loisir comme « le temps vuide ». Elle suppose donc que le travail est le vrai temps. Cette hiérarchie des v
34 iérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jours. Elle explique en partie la résistance des syndicats aux techniques créatri
35 rer le loisir comme le but même du machinisme. Or il pourra le devenir dès que les bénéfices de l’industrie seront distrib
36 répartition des produits, des usines automatisées devrait augmenter dans une proportion presque infinie : or elle peut à peine
37 ugmenter dans une proportion presque infinie : or elle peut à peine doubler (Cf. Le Grand Espoir du xxe siècle, p. 201-210)
38 ques, entraîne et suppose un progrès culturel (qu’ il soit appelé loisir ou travail). 3. Je ne parle pas ici de la télévis
3 1960, Arts, articles (1952-1965). Remise en question par l’Afrique et l’Asie, la civilisation occidentale n’a pas encore de successeur (21 septembre 1960)
39 en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout même quand on l
40 elle qu’on imite partout même quand on la combat. Elle est donc encore la plus forte. Pourtant, si on la compare à d’autres,
41 sées, présentes ou en formation, on s’aperçoit qu’ elle s’en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des cau
42 meilleurs esprits déplorent depuis des siècles ? Ils ne peuvent être accidentels. Je pense même qu’ils remontent aux sourc
43 Ils ne peuvent être accidentels. Je pense même qu’ ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont
44 nt aux sources vives de notre civilisation, et qu’ ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions :
45 ez simple. Prenons l’exemple de l’homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas un juste, pas même un
46 me chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’ il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait êtr
47 pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la
48 s un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
49 un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que
50 té vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la Vérité et de la sainte
51 e tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la Vérité et de la sainteté. Dans cet effo
52 e la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse, il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet
53 il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inqui
54 el, mais qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite
55 i sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’ elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi,
56 it qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’ elle est produite par sa foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensui
57 ientifique. Celui-ci lit l’histoire des sciences. Elle lui fait voir que toutes les « vérités » qu’établissent les écoles su
58 core — pour s’approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison et l’expérience vérifiante.
59 sion de la vérité. On serait tenté de répondre qu’ il en est bien ainsi, quand on entend les intellectuels libéraux d’aujou
60 se croient les détenteurs de la vérité absolue ». Il serait peut-être erroné d’en déduire que l’Occidental nie l’existence
61 nie l’existence d’une vérité en soi : simplement, il se refuse à croire qu’un homme puisse vraiment y accéder (l’Hindou le
62 on aime, donc plus de liberté. Liberté pour tous, il va de soi, mais cela n’a de sens concret que pour chacun. L’unité de
63 ns concrètes du Progrès ont un caractère commun : elles aboutissent à des antinomies flagrantes aussitôt qu’elles sont appliq
64 outissent à des antinomies flagrantes aussitôt qu’ elles sont appliquées. Le progrès défini Définition par la technique 
65 ujours plus de machines. Mais parmi ces machines, il s’en trouve une qui peut causer en peu d’instants la mort certaine de
66 qu’on tente d’en mesurer les effets historiques. Il n’en serait pas moins vain d’imaginer qu’on puisse l’éliminer ou l’ou
67 er : le monde ne s’en guérira plus. À supposer qu’ il la refoule un jour, elle renaîtrait irrésistiblement du sentiment de
68 uérira plus. À supposer qu’il la refoule un jour, elle renaîtrait irrésistiblement du sentiment de l’Histoire qu’on ne peut
69 grès » sont bel et bien nées en Europe, encore qu’ elles n’aient vraiment déployé leurs effets que dans les grands espaces hum
70 S. Là, comme extraites de leur contexte original, elles n’étaient plus mises en échec par trop de coutumes anciennes ou de li
71 ce sens n’était pas blessé, rien ne réagirait ; s’ il est blessé et réagit, c’est qu’il existe. J’essaierai donc d’en défin
72 e réagirait ; s’il est blessé et réagit, c’est qu’ il existe. J’essaierai donc d’en définir la nature et les exigences. L’O
73 stinée et qui compense d’abord un sort inaccepté. Il est né comme une aventure, d’un fait très insolite et peu croyable, s
74 fait initial nous semble accidentel, j’entends qu’ il serait vain d’essayer de le déduire d’une certaine situation d’ensemb
75 monté du monde antique : nul ne peut démontrer qu’ il soit venu « à son heure ». Il porte à l’origine les stigmates du réel
76 e peut démontrer qu’il soit venu « à son heure ». Il porte à l’origine les stigmates du réel, et non pas les signes du myt
77 tigmates du réel, et non pas les signes du mythe. Il n’est pas vraisemblable ; il est vrai. On ne l’attendait pas, il est
78 les signes du mythe. Il n’est pas vraisemblable ; il est vrai. On ne l’attendait pas, il est là. Ainsi naît l’Occident : c
79 aisemblable ; il est vrai. On ne l’attendait pas, il est là. Ainsi naît l’Occident : comme un drame, dont on peut conteste
80 hair. Pour mesurer l’ampleur de cette révolution, il faut imaginer ce qu’était le sacré, ce qu’il est encore en Orient. La
81 ion, il faut imaginer ce qu’était le sacré, ce qu’ il est encore en Orient. La morale des Anciens est basée sur le rite, et
82 s est basée sur le rite, et dans le monde magique elle n’est que rite. Seule la croyance moderne aux « lois de la science »
83 se ne peut relever ni de l’opinion, ni d’un jury. Elle est plutôt comme une grossière erreur de calcul, de montage ou d’aigu
84 lcul, de montage ou d’aiguillage, c’est-à-dire qu’ elle « ne pardonne pas » : elle suspend le cours normal de la vie, elle ex
85 llage, c’est-à-dire qu’elle « ne pardonne pas » : elle suspend le cours normal de la vie, elle exclut le fautif de la réalit
86 e pas » : elle suspend le cours normal de la vie, elle exclut le fautif de la réalité, elle appelle à grands cris non point
87 l de la vie, elle exclut le fautif de la réalité, elle appelle à grands cris non point sa repentance mais le châtiment resta
88 , toute morale codifiée, rituelle ou rationnelle. Elles impliquent, en effet, que la valeur d’un acte ne peut être jugée par
89 sonne quant à savoir si l’acte exprime l’amour, s’ il édifie. Pourtant la voie chrétienne n’est pas tout l’Occident. Elle p
90 ant la voie chrétienne n’est pas tout l’Occident. Elle prend son point de départ dans le choc décisif duquel nous datons not
91 c décisif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien réel, déjà fortement structuré à la
92 sage un troisième et souvent compromise à ce jeu, elle a tout remis en mouvement. Et ce mouvement dans son ensemble, jusqu’à
93 la voie chrétienne n’y est pas seule active, mais elle fut décisive et reste axiale : c’est par rapport à elle que nous pour
94 ut décisive et reste axiale : c’est par rapport à elle que nous pourrons mesurer nos oscillations pendulaires, les apports é
95 iales élaborées par ces trois mondes sont entrées elles aussi en symbiose, et cela d’une manière manifeste dès l’époque des c
96 sa mesure, fragile et menacé, mortel et ignorant, il sait qu’il n’est pas dieu, ne rêve pas de le devenir, mais se sent d’
97 fragile et menacé, mortel et ignorant, il sait qu’ il n’est pas dieu, ne rêve pas de le devenir, mais se sent d’autant plus
98 fi, navigateur, spéculateur dans tous les ordres, il est à tous égards celui qui définit — l’homme du Verbe et de l’épithè
99 Protagoras, « de celles qui sont en supposant qu’ elles sont, de celles qui ne sont pas en supposant qu’elles ne sont pas ».
100 s sont, de celles qui ne sont pas en supposant qu’ elles ne sont pas ». Juge de tout, on le voit, même des dieux. D’où le sens
101 ui ne tient à rien qu’à lui-même, au seul fait qu’ il existe, distinct. D’où son orgueil aussi, son astuce égoïste et, fina
102 brutale mise au pas du Romain. Apport de Rome. — Il se résume dans le terme viril de citoyen. L’homme ne tient plus sa di
103 que essence indestructible, mais du personnage qu’ il revêt dans la cité maintenue par les cadres du Droit et des Instituti
104 ns sacrés de la caste ou du clan ; en même temps, elle le met au service du prochain. Entrant dans une communauté chrétienne
105 eur de servir, qui était celui du citoyen romain. Il devient donc un paradoxe vivant : à la fois libre et responsable, vra
106 tension, unit le meilleur de Rome et de la Grèce, elle est aussi menacée, dans le monde du péché, par un double péril simult
107 des religions et des magies, nées de la peur, qu’ il a permis le développement de la Science, recherche « impitoyable » de
108 a foi, ne peut être que celle de Dieu, même quand elle semble nuire au groupe, à la tribu, à leurs lois et coutumes sacrées,
109 cissisme culturel. Mais comment le suivre, lorsqu’ il tire de l’exemple du monde gréco-romain des raisons de réfuter la cro
110 onquis qu’un quart des continents alors connus. S’ il a cru que c’était le monde, il s’est trompé. Mais cette erreur ne peu
111 ts alors connus. S’il a cru que c’était le monde, il s’est trompé. Mais cette erreur ne peut être la nôtre. Qu’a fait l’Eu
112 fait l’Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seulement rayonné sur la totalité — enfin connue, et par elle s
113 nt rayonné sur la totalité — enfin connue, et par elle seule — de la planète : elle a non seulement influencé, colonisé ou v
114 enfin connue, et par elle seule — de la planète : elle a non seulement influencé, colonisé ou vassalisé selon les cas, la to
115 les Diadoques et les Khans mongols), mais encore elle n’a pas cessé de maintenir sur toutes les civilisations différentes d
116 celle qu’a répandue l’Occident ? En même temps qu’ il devient possible, le dialogue apparaît nécessaire. Et j’entends bien
117 ux ans du temps de Plan Carpin et de Marco Polo), il devient urgent de corriger les aberrations résultantes de contacts an
118 ans tous les ordres. Tout échange est ambivalent. Il peut détruire autant que féconder. L’adoption de machines et de certa
119 itales. L’Aventure s’approchant de la Voie, l’une doit intégrer l’autre (mais au prix de sacrifices dont il n’est pas du tou
120 intégrer l’autre (mais au prix de sacrifices dont il n’est pas du tout certain qu’ils seraient féconds), ou bien il faut c
121 e sacrifices dont il n’est pas du tout certain qu’ ils seraient féconds), ou bien il faut chercher un principe transcendant,
122 du tout certain qu’ils seraient féconds), ou bien il faut chercher un principe transcendant, dont un C. G. Jung en Europe,
123 e présent de l’Aventure occidentale, on dirait qu’ il n’est plus qu’un seul des rêves constants de l’humanité qui ne soit p
124 ons-nous) d’immortalité sur la terre, même lorsqu’ ils enseignaient que la vie n’est qu’illusion. Mais aucun ne devint immor
125 ez tout le temps, qu’en ferez-vous ? (Mais lui, s’ il devenait immortel ?) Le problème de l’emploi du temps libre se posera
126 n mesure d’en instituer les conditions pour tous, il se voit appauvri spirituellement, tandis que l’Orient se jette sur no
127 en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dép
128 de s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière, qui était pourtan
129 de la matière ! Mais derrière ce voile, qu’y a-t- il  ? Cette question n’a pas de sens, nous dit-on. Dans l’univers d’Einst
130 extrême galaxie. Mais dans quoi tout cela se meut- il  ? Il est vrai que la question n’a pas de sens : rien « au monde » ne
131 me galaxie. Mais dans quoi tout cela se meut-il ? Il est vrai que la question n’a pas de sens : rien « au monde » ne peut
132 ien « au monde » ne peut y répondre ; mais aussi, elle dépasse le monde : rien en lui ne peut m’empêcher, ni moi-même, de me
133 dance. L’Aventure se poursuit. Si l’on demande où elle va, qu’on regarde d’abord d’où elle vient, et comment, jusqu’ici, ell
134 on demande où elle va, qu’on regarde d’abord d’où elle vient, et comment, jusqu’ici, elle est allée. On verra que la questio
135 e d’abord d’où elle vient, et comment, jusqu’ici, elle est allée. On verra que la question même est spécifique de l’Occident
136 et refuserait de la trouver lui-même, dès lors qu’ il sait qu’il n’en est point de vraiment générale et transposable — il q
137 it de la trouver lui-même, dès lors qu’il sait qu’ il n’en est point de vraiment générale et transposable — il quitterait e
138 est point de vraiment générale et transposable — il quitterait en esprit cette expérience humaine qui depuis deux-mille a
4 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
139 us expliquer ce fait ? Et pourquoi l’érotisme est- il devenu synonyme de perversité non seulement dans le jargon des lois d
140 rendre la situation problématique de notre temps, il faut remonter aux origines du christianisme. 1. Le christianisme est
141 un acte de l’amour « Dieu a tant aimé le monde qu’ il a donné son Fils unique… » Religion dont toute la Loi est résumée par
142  n’est qu’une cymbale qui retentit ». 2. Parce qu’ il est religion de l’Amour, le christianisme implique et pose la réalité
143 pose la réalité de la personne. Les relations qu’ il définit entre l’homme et « son » Dieu sont personnelles. Dieu est per
144 me temps par ce qui la distingue. Car pour aimer, il faut être distinct de l’objet même de l’amour, auquel on voudrait êtr
145 e puisse aimer Dieu et tout d’abord en être aimé, il faut que Dieu soit personnel et qu’il soit « tout autre » que l’homme
146 être aimé, il faut que Dieu soit personnel et qu’ il soit « tout autre » que l’homme. Et enfin pour que l’homme puisse s’a
147 t enfin pour que l’homme puisse s’aimer lui-même, il faut qu’il y ait en lui dualité entre l’homme naturel et l’homme nouv
148 naturel et l’homme nouveau, recréé par l’appel qu’ il reçoit de l’Amour. Cet appel est sa vocation, la vie nouvelle de sa p
149 se, étant « cachée avec le Christ en Dieu », mais elle se manifeste par des actes, dans l’amour du prochain comme de soi-mêm
150 fique, et que la Gnose ignore, significativement. Elle se fonde sur quelques versets des épîtres et des évangiles qui dans l
151 ociale ou sacrée comme dans les autres religions. Il n’en est que plus frappant d’observer à quel point les motivations sp
152 t et même se contredisent chez saint Paul. Tantôt il pose une sorte d’analogie mystique entre l’amour des sexes dans le ma
153 hrist a aimé l’Église ». Tantôt, et plus souvent, il réduit le mariage à n’être qu’une concession à la nature, une discipl
154 discipline contre l’incontinence : « Je pense qu’ il est bon pour l’homme de ne point toucher sa femme. Toutefois, pour év
155 ar condescendance, je n’en fais pas un ordre. Car il vaut mieux se marier que de brûler. » Il n’en reste pas moins qu’aux
156 dre. Car il vaut mieux se marier que de brûler. » Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de l’Apôtre, la chasteté et le célib
157 u de « prostitution spirituelle », l’amour humain devait fatalement devenir une source intarissable de problèmes, tant pour la
158 (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage) ne devait développer toutes ses complexités que dans une Europe travaillée par
159 s), dans une Europe formée par l’Église ou contre elle , et longtemps confondue avec « la chrétienté ». On ne saurait donc in
160 nsons à la mode, les danses et les strip-teases : il suffit de regarder le décor des journées et des nuits citadines pour
161 oins stupéfiant par sa soudaineté et son ampleur. Il est daté du premier tiers du xxe siècle, et même si on lui trouvait
162 l’érotisme. Déplorer le phénomène est donc vain. Il s’agit de comprendre ses causes, et sur tout ce dont il est signe. Et
163 git de comprendre ses causes, et sur tout ce dont il est signe. Et d’abord, il s’agit de lui donner son vrai nom. C’est l’
164 es, et sur tout ce dont il est signe. Et d’abord, il s’agit de lui donner son vrai nom. C’est l’érotisme qui travaille les
165 actuelle n’a pas connue dans sa vigueur, et dont elle n’a guère pu souffrir. Il est vrai qu’une révolution n’éclate jamais
166 s sa vigueur, et dont elle n’a guère pu souffrir. Il est vrai qu’une révolution n’éclate jamais qu’après la mort des vrais
167 eur faute. Mais de quoi la morale victorienne est- elle morte ? Sans doute et tout d’abord, d’avoir eu peur de l’instinct qu’
168 et tout d’abord, d’avoir eu peur de l’instinct qu’ elle voulait réprimer. Au lieu de justifier ses rigueurs en décrivant dans
169 as l’union mystique mais la sobriété spirituelle, elle a voulu fermer les yeux sur la réalité même du sexe : interdit d’en p
170 n que produisit l’œuvre de Freud, l’impression qu’ elle « expliquait tout », parce qu’elle expliquait certains troubles par c
171 ’impression qu’elle « expliquait tout », parce qu’ elle expliquait certains troubles par cela justement dont nul n’osait parl
172 e quand les censures officielles périclitent. Est- il vrai, comme on nous le répète, que « la sensualité envahit tout » et
173 édent dans l’histoire de la culture occidentale : il se situe de la manière la plus précise au xiie siècle. Depuis la fin
174 gique et de remise en ordre morale et spirituelle devait prendre des siècles, et n’est pas terminé. Car la révolution que nous
175 ses conquêtes, mais surtout la déborde largement. Elle éclate dans une société beaucoup moins cloisonnée et protégée, et où
176 ais justifiée ! Comment notre homme distinguerait- il , dans tout cela, autre chose qu’une immense dépravation, qu’un manque
177 ure dans Miller, ou le simple coït dans l’amour ? Il voit ce qui le choque, qui est aussi ce qui le tente. Devant « l’indi
178  » et la « pornographie » qui en serait la cause, il se sent indigné et inquiet. S’il est sérieux, s’il voit plus loin, ce
179 serait la cause, il se sent indigné et inquiet. S’ il est sérieux, s’il voit plus loin, cela peut aller jusqu’à l’angoisse.
180 l se sent indigné et inquiet. S’il est sérieux, s’ il voit plus loin, cela peut aller jusqu’à l’angoisse. Or ces dispositio
181 s ont su nous imposer dès les débuts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans celles des n
182 qu’on dit sous-développées, et sans doute moins : il n’y aurait pas le travail, l’effort organisé, ni la technique, qui on
183 é, ni la technique, qui ont fait le monde actuel. Il n’y aurait pas non plus le problème de l’érotisme ! Les auteurs éroti
184 . En revanche, sans l’érotisme et les libertés qu’ il suppose, notre culture vaudrait-elle mieux que celle qu’un Staline et
185 es libertés qu’il suppose, notre culture vaudrait- elle mieux que celle qu’un Staline et qu’un Mao ont tenté d’imposer par dé
186 ne et qu’un Mao ont tenté d’imposer par décrets ? Elle serait strictement adaptée à la production matérielle, à la productio
187 dépend de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous posent des problèmes qu’on ne résoudra plus en les niant. Les dé
188 a littérature érotique réagit à des phénomènes qu’ elle n’a pas provoqués, qui la dépassent, mais dont elle tente de formuler
189 le n’a pas provoqués, qui la dépassent, mais dont elle tente de formuler et d’illustrer les exigences encore désordonnées. E
190 on point par des retours aux disciplines d’antan. Il s’agit d’expliciter des motifs religieux généralement refoulés ou tou
191 nnaîtrons mieux les mythes qui nous tentent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, peut-être serons-nou
5 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
192 l nous attende une révélation du bonheur pur : qu’ il ait suffi de l’inflexion d’une voix pour que cette rencontre, demain,
193 ction. Le miracle est qu’il y ait des formes ! Qu’ il ait de la consistance, des paysages, des visages, une Nature autour d
194 cosmique. L’incarnation présente est notre grâce. Elle seule crée du même coup la couleur, le toucher, la vue lointaine et l
195 n’est encore qu’un mirage reflété sur le Vide, si elle n’est pas une parabole de l’éternel. Ces formes demeurent allusives,
196 rs croyaient avoir banni jusqu’à la possibilité : elle les calcule exactement. Que sont-ils pour notre désir ? Ce vide qui b
197 ssibilité : elle les calcule exactement. Que sont- ils pour notre désir ? Ce vide qui baigne tout ? L’antimatière ? D’autres
198 non sans stupeur : « Il y a un autre monde, mais il est dans celui-là. » Qu’entendait-il ? Qu’avait-il vu ? Quel autre mo
199 monde, mais il est dans celui-là. » Qu’entendait- il  ? Qu’avait-il vu ? Quel autre monde ? Et pourquoi n’y en aurait-il qu
200 l est dans celui-là. » Qu’entendait-il ? Qu’avait- il vu ? Quel autre monde ? Et pourquoi n’y en aurait-il qu’un ? Il y a l
201 vu ? Quel autre monde ? Et pourquoi n’y en aurait- il qu’un ? Il y a le monde du Vide, l’autre monde de la science ; il est
202 a le monde du Vide, l’autre monde de la science ; il est là, parmi nous et tout autour de nous, ici et maintenant, et nous
203 s, quoique étant assurés de sa présence instante. Il n’est pas nous. Mais il y a en nous le Royaume ! Le Royaume « qui n’e
204 », et qui pourtant est « au-dedans de nous », car il est plus nous-mêmes que nous, parce qu’il est en chacun de ceux qui l
205  », car il est plus nous-mêmes que nous, parce qu’ il est en chacun de ceux qui le reçoivent « le Fils de Dieu », la part c
206 Et par quelle parabole le représenterons-nous ? «  Il est semblable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes les seme
207 s les semences qui sont sur la terre, mais lorsqu’ il a été semé, il monte… et pousse de grandes branches, en sorte que les
208 qui sont sur la terre, mais lorsqu’il a été semé, il monte… et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du cie
209 iel (les anges) peuvent habiter sous son ombre. » Il n’est pas dans l’espace et le temps, qui étendent le Vide aux dimensi
210 ui étendent le Vide aux dimensions de l’univers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à présent, du monde des formes, qui est la
211 s rien ? — si la pensée ne trouve pas de réponse, elle se rend au vide et s’annule. Ce qui peut la retenir au bord du rien,
212 l’amour les a formées : nous le reconnaissons en elle , comme il les appelait en nous. L’amour seul explique tout, et l’être
213 a formées : nous le reconnaissons en elle, comme il les appelait en nous. L’amour seul explique tout, et l’être-en-soi n’
214 amour seul peut donc dire : je suis. Sans l’amour il n’y aurait pas même le vide. L’amour a créé le vide en déployant l’at
215 tout d’un coup peut dire moi, peut dire toi quand il voit le moi dans l’autre, peut dire : je suis ; mais aussi à ce coin
216 é de tout cela, qu’en vertu et au nom de l’Amour. Il est la grâce indubitable. Je n’ai pas d’autre foi certaine, d’autre e
217 autre espérance, et je ne vois pas de sens hors d’ elle , ni d’autres raisons de douter, je veux dire : de chercher jusqu’au b
218 , un moi nouveau qui transcende l’ancien parce qu’ il le totalise et l’ordonne à l’esprit. (Cette action d’ordonnance, d’or
219 l’on peut distinguer par leur ordre d’apparition. Ils se mêleront et combineront dans l’homme achevé. La vision intuitive,
220 ive, forme de l’amour est l’acte de l’esprit ; et elle est connaissance active en même temps que reconnaissance. Elle naît e
221 aissance active en même temps que reconnaissance. Elle naît et se développe quand je découvre en moi, mais devine aussitôt d
222 rsonne. Nul ne peut distinguer le bien d’autrui s’ il n’a su distinguer d’abord son propre bien. Qui s’aime mal, comme l’ég
223 enser que « l’enfer c’est les autres » : c’est qu’ il se croit inacceptable et se voudrait (inconsciemment) anéanti. Nul ne
224 t) anéanti. Nul ne voit la personne chez autrui s’ il ne l’a vu d’abord en soi : or, aimer c’est vouloir que la personne un
225 orme de l’amour procède de l’âme. Dans sa genèse, elle correspond, quel que soit l’âge, à l’état de première adolescence, qu
226 , et reste loin d’imaginer la possession. Mais s’ il précède le désir dit physique, je crois que l’amour émotif animique n
227 née du secret singulier de l’autre — et surtout s’ il paraît lui-même l’ignorer — est la condition nécessaire de l’émotion
228 llect, à l’âme et à l’imaginaire et qu’en tant qu’ il ne serait qu’un instinct animal, il n’aurait rien à voir avec l’amour
229 qu’en tant qu’il ne serait qu’un instinct animal, il n’aurait rien à voir avec l’amour. Les animaux ne font pas l’amour, m
230 semblent parfois assimiler l’amour au sexe, mais elles proviennent d’une contamination en sens inverse : si la sexualité peu
231 sexualité peut signifier l’amour, c’est parce qu’ elle est, chez l’homme, autre chose que l’instinct, elle s’ordonne à des f
232 le est, chez l’homme, autre chose que l’instinct, elle s’ordonne à des fins nouvelles qui ne sont plus celles de l’espèce ma
233 ale tient le sexe pour mauvais en principe. Comme elle sent qu’une telle attitude est plus hérétique que chrétienne, ou plus
234 s religieuse que rationnelle et « scientifique », elle se garde de la déclarer, mais trahit constamment son intime convictio
235 . Mais celui qui pense autrement reste dépendant. Il demeure dans les sphères périssables et ne peut en sortir quand il ve
236 es sphères périssables et ne peut en sortir quand il veut. (Chandogya upanishad, 7, 25.) Pensez-vous que la comparaison q
237 e au niveau de signification où l’homme spirituel doit atteindre avec l’ensemble de ses facultés.) La sexualité en elle-même
238 ne me paraît pas indifférente pour l’esprit. Mais elle n’est ni mauvaise ni bonne : en tant que fonction, je la verrais mora
239 a verrais moralement neutre. Et cependant, dès qu’ elle accède à la liberté de l’érotisme (qui transcende la fonction naturel
240 (qui transcende la fonction naturelle et vitale) elle devient justiciable à la fois de la morale et de l’esprit, comme tout
241 l’on dit brute, mais encore tangible et sensible, elle découvre, et mesure l’énergie et le mystère de l’attraction universel
242 gie et le mystère de l’attraction universelle. Et il est beau que l’aventure de l’intellect, descendant des clartés instan
243 recherche moderne des secrets d’un champ unifié. Elle implique l’équation plus générale encore qui embrasserait à la fois l
244 des phénomènes énergétiques et magnétiques, mais elle met que l’affectif demeure pour elle le plus impénétrable des mystère
245 tiques, mais elle met que l’affectif demeure pour elle le plus impénétrable des mystères. Il est capital qu’elle l’admette.
246 eure pour elle le plus impénétrable des mystères. Il est capital qu’elle l’admette. Ce qui était écarté depuis des siècles
247 plus impénétrable des mystères. Il est capital qu’ elle l’admette. Ce qui était écarté depuis des siècles, renvoyé au chapitr
248 , de physiciens et d’astronomes, reconnaissent qu’ elles diffèrent essentiellement par leurs options métaphysiques. Ainsi l’ex
249 de cartes ordinaire, on ne tardera à découvrir qu’ elles correspondent trait pour trait aux quatre amours que nous venons d’id
250 ifier (et si l’on remonte aux tarots, on verra qu’ il ne s’agit pas d’un hasard ou d’une fantaisie, comme l’ont montré les
251 minante, plus fortement actualisée ; par là même, elle potentialise dans l’inconscient la fonction la plus différente d’elle
252 ouvent. Cœur La forme indique le nombre 2. Elle suggère : palpiter, contracter-dilater, être vulnérable ou blessé, tr
253 ment. Pique La forme indique le nombre 1. Elle suggère : pénétrer, traverser, voler d’un trait, blesser, tuer, fécon
254 ste. Trèfle La forme indique le nombre 3. Elle suggère : pousser, enlacer, s’épanouir dans les trois dimensions (esp
255 . » Carreau La forme indique le nombre 4. Elle suggère : définir, délimiter (le carré), mais aussi pénétrer partout,
256  ? Comment l’intelligence nourrie de science peut- elle réagir devant le vide qui lui est révélé lorsqu’elle pose le problème
257 e réagir devant le vide qui lui est révélé lorsqu’ elle pose le problème de Dieu ? Dans notre série sur “les Religions au xxe
6 1962, Arts, articles (1952-1965). Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)
258 versitaires et milieux dirigeants de Washington ; ils découvrent l’Europe unie. À les entendre, on croirait qu’elle est fai
259 ent l’Europe unie. À les entendre, on croirait qu’ elle est faite. La candidature anglaise au Marché commun les a subitement
260 commun, c’est la création de Jean Monnet, pensent- ils en simplifiant un peu. Or le Marché commun fonctionne, puisque la Gra
261 trer. Donc c’est Jean Monnet qui a vu juste. Donc il faut voir l’Europe comme il l’a vue d’avance : première étape d’une o
262 qui a vu juste. Donc il faut voir l’Europe comme il l’a vue d’avance : première étape d’une organisation mondiale dont el
263 : première étape d’une organisation mondiale dont elle serait à la fois le centre d’animation et l’organe d’équilibre. Je re
264 un seul, qui contredit brutalement tout le reste. Il proclame que l’Europe est « foutue », qu’elle est « en grand danger d
265 este. Il proclame que l’Europe est « foutue », qu’ elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle a fai
266  », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’ elle « agonise », qu’elle a fait « eau de toutes parts », qu’elle est « au
267 grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’ elle a fait « eau de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « c’
268 ise », qu’elle a fait « eau de toutes parts », qu’ elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « en
269 re d’un pamphlet qui l’a mis dans tous ses états. Il le préface et il exhorte « les Européens » à le lire, au nom du raiso
270 qui l’a mis dans tous ses états. Il le préface et il exhorte « les Européens » à le lire, au nom du raisonnement suivant :
271 lution guérit de tous les maux par la violence qu’ elle fait subir à leurs fauteurs et qu’elle permet à leurs victimes de lib
272 iolence qu’elle fait subir à leurs fauteurs et qu’ elle permet à leurs victimes de libérer. Joignons donc le FLN, les Angolai
273 sacrent à vue les Européens ». Car, ce faisant, «  ils font l’histoire de l’homme », et nous serons ainsi du bon côté. Je n’
274 ir hommes », on le précise à la page 17. Au pire, ils n’auront plus personne sur qui tirer. D’où fin des guerres. Ce nouvea
275 , le Martiniquais Frantz Fanon. Sartre la cite et il ajoute, impressionné : « Ce ton est neuf. » Moi, ce qui m’impressionn
276 de ? L’Europe l’a sauvée. L’industrie africaine ? Elle l’a fondée. La démocratie de l’Arabie saoudite ou du Yémen ? Le respe
277 ais Testefole, s’emparent de Ouidah, port de mer. Ils massacrent tout ce qui s’y trouve et instituent une nouvelle charge d
278 entaire, par ministre des Affaires étrangères ». ( Il faut lire tout cela dans l’Histoire des peuples de l’Afrique noire qu
279 s’enrichissent par le commerce des esclaves, dont ils se fournissent chez le voisin, payent un tribut aux Yorubas, se rattr
280 n, se signale par d’horribles sacrifices humains. Il a une armée de femmes. Le Dahomey n’a pas 1 million d’habitants, dont
281 La colonisation de cet heureux pays date de 1892. Elle se termine en 1960 par la création d’une république souveraine et dém
282 s Peules. Je leur laisse aussi à démontrer — mais ils auront beaucoup à faire, décidément — que c’est la violence, et elle
283 p à faire, décidément — que c’est la violence, et elle seule, qui a libéré l’Inde des Anglais, conformément à leur thèse pré
284 référée qui, autrement, ne vaut plus grand-chose. Ils n’en feront rien, car la passion ne s’embarrasse pas de faits et leur
285 nde dans le très bref espace de deux générations. Il leur a présenté des possibilités de développement telles qu’ils ont d
286 senté des possibilités de développement telles qu’ ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au
287 s de développement telles qu’ils ont découvert qu’ ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes
288 tats-Unis, qui les sauvent alors de la faillite — elles ont, l’une après l’autre, « décroché ». Qu’est-il advenu de l’Europe
289 es ont, l’une après l’autre, « décroché ». Qu’est- il advenu de l’Europe considérée dans son ensemble ? « L’Europe est litt
290 or, métaux, pétrole, caoutchouc (le paysan serait- il la création de sa terre et des richesses qu’elle contient ?). Sartre
291 it-il la création de sa terre et des richesses qu’ elle contient ?). Sartre renchérit : c’est avec cela que l’Europe a fait n
292 u’en fabriquant des esclaves » (eh quoi ! n’était- il pas humain avant le xvie siècle ?) En quittant le tiers-monde, l’Eur
293 pas « finie », n’en déplaise à nos furieux, mais elle commence à peine et grandit puissamment. C’est tant pis pour Fanon et
294 — d’ailleurs emprunté à l’Europe. Mais qu’en est- il de Sartre en cette lugubre affaire ? Il nous faut expliquer l’anachro
295 qu’en est-il de Sartre en cette lugubre affaire ? Il nous faut expliquer l’anachronisme. Sartre se meut dans un village in
296 sur l’« Europe » des hargnes provinciales. Quand il écrit Europe, il ne pense que France, et quand il pense France, il ne
297 des hargnes provinciales. Quand il écrit Europe, il ne pense que France, et quand il pense France, il ne voit que le dram
298 il écrit Europe, il ne pense que France, et quand il pense France, il ne voit que le drame algérien. « Quittons notre prov
299 il ne pense que France, et quand il pense France, il ne voit que le drame algérien. « Quittons notre province, je veux dir
300 de l’Histoire », et d’Auguste Comte qui voyait en elle « le privilège effectif du principal développement social », ces phil
301 urs — en garde contre notre expansion inévitable. Ils n’ont sauvé de la sorte que nos principes, compromis ou trahis par no
302 ’ère colonialiste a pris fin, pour des raisons qu’ ils ne pouvaient prévoir. Pourquoi crier encore, sinon pour le plaisir de
303 atiques, pour le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider. Nous n’avons pas le droit de frustrer la jeunesse soviétique
304 jeunesse soviétique, et les autres, au moment où elles se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde
305 es se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, non, ce n’est pas notre mauvaise consc
306 ceux qui auront dit que l’Europe est finie, quand il s’agissait de la faire. j. Rougemont Denis de, « Sartre contre l’E
7 1962, Arts, articles (1952-1965). Le miracle européen a créé le monde civilisé (6 juin 1962)
307 c celles de la civilisation née de ses œuvres, qu’ elle a propagée sans prudence ni plan d’ensemble, dont elle n’est plus pro
308 a propagée sans prudence ni plan d’ensemble, dont elle n’est plus propriétaire, mais dont elle garde encore certains secrets
309 ble, dont elle n’est plus propriétaire, mais dont elle garde encore certains secrets vitaux. Je n’aurai pas trop de quatre l
310 santes pour rendre compte du phénomène dans ce qu’ il a de spécifique.) Certes, le découpage profond des côtes, propice à l
311 destin. Chaque géographe en tire d’ailleurs ce qu’ il lui plaît. C’est ainsi qu’Hippocrate, au ve siècle avant J.-C. expli
312 ans un climat trop égal, tandis qu’en Europe, dit- il , « les passages rapides d’un extrême à l’autre stimulent les esprits
313 aît bien s’être inspiré dans le passage fameux où il parle de l’Europe comme « d’une sorte de cap du vieux continent, d’un
314 presque niée. Serait-ce alors à la démographie qu’ il faudrait aller demander le secret de l’expansion européenne ? Un coup
315 ions ne date que du xixe siècle. Comment se fait- il alors que l’Inde, autre péninsule de l’Asie, à peu près comparable en
316 ions de l’époque, Inde comprise ? Comment se fait- il que les Chinois, qui étaient pourtant le tiers de l’humanité vers 185
317 et qui en sont encore près du quart aujourd’hui ( ils n’en seront sans doute plus que moins du cinquième en l’an 2000, selo
318 t rendre compte des destins de l’Europe, faudra-t- il leur chercher des causes spirituelles ? L’Europe serait-elle, par exe
319 hercher des causes spirituelles ? L’Europe serait- elle , par exemple, une création du christianisme, comme le soutient une tr
320 ce serait la définir par une vérité éternelle, qu’ elle n’a pas mérité d’incarner, sur laquelle elle n’a pas de copyright… Re
321 , qu’elle n’a pas mérité d’incarner, sur laquelle elle n’a pas de copyright… Reste le fait que le christianisme a très puiss
322 is laisser sans réponse : — Pourquoi l’Europe a-t- elle été la seule ou la première partie du monde qui ait adopté cette reli
323 s, du Proche-Orient et non d’elle-même ? Existait- il une prédisposition européenne au christianisme ? Ceci nous laisse en
324 pe. Décrivons donc maintenant ce phénomène tel qu’ il apparaît dans les faits. Ce n’est pas le déroulement logique d’une sé
325 rie de causes naturelles produisant des effets où elles s’épuisent : ce n’est pas le déroulement d’un plan, dont nul ne voit
326 en France du Nord, peut-être en Grande-Bretagne. Elle est née à la civilisation par l’effet d’apports successifs intellectu
327 eux, s’en fut à Rhodes, puis en Thrace ; et comme il désespérait de retrouver sa sœur pour la ramener aux rives maternelle
328 pour la ramener aux rives maternelles de l’Asie, il alla demander à l’oracle de Delphes : Où est Europe ? « Tu ne la trou
329 e-la devant toi sans lui laisser de répit : là où elle tombera d’épuisement, bâtis une ville ! » Ainsi Cadmus fonda Thèbes.
330 is c’est aussi en renonçant à la trouver telle qu’ elle était dans son souvenir que Cadmus entreprit de la construire. On voi
331 struire. On voit combien, dès ces temps fabuleux, il semble difficile de savoir « où est l’Europe », si l’on entend seulem
332 ui la crée. Rechercher l’Europe, c’est la faire ! Elle existe dans sa recherche à l’infini, et c’est ce que je nomme Aventur
333 l’infini, et c’est ce que je nomme Aventure. Mais elle est autre chose encore, si l’on en croit la seconde légende relative
334 n planétaire. Vues dans le raccourci des siècles, elles évoquent les mouvements de systole et de diastole d’un cœur humain, q
335 dividualisme qui régnait dans les cités grecques, il substitue le culte de l’État et des grandes institutions centralisées
336 État et des grandes institutions centralisées, et il étend leur autorité sur toute l’Europe de l’Ouest. Dans le cadre de c
337 e que se répand très rapidement une religion qui, elle aussi, vient du Proche-Orient par la Méditerranée : le christianisme.
338 arpin — leur ont décrit les richesses fabuleuses. Ils ont tenté plusieurs sorties, les croisades, et ils ont échoué. Commen
339 ls ont tenté plusieurs sorties, les croisades, et ils ont échoué. Comment forcer le verrou de l’islam ? Comment apporter la
340 lomb n’est pas parti pour trouver l’Amérique, car il n’y croyait pas et ne pouvait donc la chercher. Il est parti pour tro
341 l n’y croyait pas et ne pouvait donc la chercher. Il est parti pour trouver l’Inde fabuleuse, aux cités pavées d’or, disai
342 Indes » et de « Grand amiral de la mer Océane », il fallait que Jason eût été en Colchide à la poursuite d’une chimère do
343 brables connaissances ont été récoltées en route, elles font désormais partie non seulement de la science, mais de la conscie
344 elation toutes les parties de la terre qui, avant elle , vivaient dans l’ignorance la plus complète les unes des autres. Elle
345 l’ignorance la plus complète les unes des autres. Elle avait permis à l’humanité de prendre conscience de son unité. L’idée
346 fait le monde ». Mais une fois le monde fait par elle , elle l’a perdu. Le monde s’est révolté contre elle au nom même des v
347 le monde ». Mais une fois le monde fait par elle, elle l’a perdu. Le monde s’est révolté contre elle au nom même des valeurs
348 le, elle l’a perdu. Le monde s’est révolté contre elle au nom même des valeurs de liberté, de justice et d’égalité pour tous
349 ples, et de respect pour toutes les personnes, qu’ elle avait elle-même formulées et diffusés sans en calculer leurs conséque
350 asiatique, et pas plus grande, notons-le bien, qu’ elle ne le fut au Moyen Âge. Elle reste le cœur d’un Occident né de ses œu
351 , notons-le bien, qu’elle ne le fut au Moyen Âge. Elle reste le cœur d’un Occident né de ses œuvres, mais où deux grands emp
352 tre ses auteurs, c’est-à-dire contre l’Occident ? Il semble qu’un des héros de la plus ancienne poésie grecque symbolise a
353 le père des croyants » était parti sans savoir où il allait, parce que son Dieu, sa vérité la plus intime, lui disait de m
354 lus intime, lui disait de marcher vers l’inconnu. Il trouva le pays que Dieu lui réservait, et ce fut là le terme de son a
355 olomb, le père des Découvreurs, croyait savoir où il allait, et ce qu’il cherchait : il avait calculé qu’il y serait en tr
356 écouvreurs, croyait savoir où il allait, et ce qu’ il cherchait : il avait calculé qu’il y serait en trente jours. Mais tou
357 yait savoir où il allait, et ce qu’il cherchait : il avait calculé qu’il y serait en trente jours. Mais tous ses calculs é
358 lait, et ce qu’il cherchait : il avait calculé qu’ il y serait en trente jours. Mais tous ses calculs étaient faux, il trou
359 trente jours. Mais tous ses calculs étaient faux, il trouva les Antilles au lieu de Xipango ; et, finalement, c’est sa foi
360 qui le soutint, car les deux grands problèmes qu’ il tentait de résoudre : atteindre l’Inde en contournant l’islam et fina
361 oisade, ne furent pas résolus par son expédition. Il trouva d’autres terres, d’autres îles, comme Ulysse, et qui allaient
362 d’autres problèmes, littéralement incalculables. Il fallut désormais aller toujours plus loin, sans avoir calculé la dépe
363 s autre chose que Colomb et qu’Ulysse avant lui : ils partent vers des buts proches ou lointains qu’ils rêvaient avec préci
364 ils partent vers des buts proches ou lointains qu’ ils rêvaient avec précision, ils se trompent sur les buts de leurs voyage
365 ches ou lointains qu’ils rêvaient avec précision, ils se trompent sur les buts de leurs voyages, ou sur le nom et la nature
366 u sur le nom et la nature de leur objet. Et ce qu’ ils trouvent pose de nouveaux problèmes, tous imprévus, compromet les anc
367 , dans sa définition occidentale. Et l’on voit qu’ elle est ambiguë : qu’il suffise de citer, pour l’illustrer, l’ambiguïté d
368 ccidentale. Et l’on voit qu’elle est ambiguë : qu’ il suffise de citer, pour l’illustrer, l’ambiguïté de notre essor techni
369 ? Nous augmentons notre puissance, mais qu’en est- il de nos moyens de la maîtriser et de la faire servir au bonheur, à la
8 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t-elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)
370 ’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t- elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)l Tout pronostic relatif à l’E
371 juin 1962)l Tout pronostic relatif à l’Europe7 doit se baser sur l’examen de trois facteurs déterminants pour ses chances
372 es hémisphères qu’on peut tracer sur notre globe, il en existe un — et un seul ! — qui se trouve contenir à la fois le 94 
373 z pas deux dont les plans soient superposables. S’ ils se ressemblent, c’est par leur complication ou par leur manière d’êtr
374 d, le long des routes frayées par les pionniers : ils ne sont guère enracinés, ils sont en marche. Ces maisons boisées, esp
375 par les pionniers : ils ne sont guère enracinés, ils sont en marche. Ces maisons boisées, espacées, bordant une route, on
376 tellectuelles de principes et de doctrines — dont il serait toujours facile de dire qu’elles n’ont guère été mises en prat
377 rines — dont il serait toujours facile de dire qu’ elles n’ont guère été mises en pratique et qu’il s’agit d’une Europe idéale
378 qu’elles n’ont guère été mises en pratique et qu’ il s’agit d’une Europe idéale, qu’on refuse de reconnaître, qui est cell
379 lle, et ne nous dissimulons pas ses risques, mais il se peut qu’elle donne quelques idées fécondes à de jeunes sociologues
380 s dissimulons pas ses risques, mais il se peut qu’ elle donne quelques idées fécondes à de jeunes sociologues qui la poussera
381 sociologues qui la pousseraient plus loin, et qu’ elle suggère une méthode inédite d’un enseignement de notre vie civique, b
382 , le Rathaus) soit ou non bâtie sur la place — et il se trouve qu’elle l’est en général — c’est bien de là qu’elle tire so
383 it ou non bâtie sur la place — et il se trouve qu’ elle l’est en général — c’est bien de là qu’elle tire son sens originel. L
384 ve qu’elle l’est en général — c’est bien de là qu’ elle tire son sens originel. Les partis qui décident de la composition des
385 caine, puis sur la place des communes médiévales. Il n’est pas de démocratie, au sens européen du terme, qui ne repose sur
386 e toute place digne du nom : le café. C’est là qu’ elle se parle d’abord, s’écrit bien souvent, et se lit. C’est dans les caf
387 la cité : celui de l’unanimité fondamentale, qui doit transcender les partis, les ambitions et les doctrines en vogue. Si l
388 e j’entends le faire aujourd’hui — que se passe-t- il dans cette église, et que l’Orient n’a jamais connu ? Le prêtre parle
389 e qui définit l’Europe, sa grandeur et son drame. Il serait tentant, partant de là, de reconstituer toute la philosophie d
390 sortirait de mon sujet. Je signale simplement qu’ elle pourrait être faite presque aussi bien en partant de l’école, autre b
391 ais la fonction de l’école est demeurée la même : elle doit d’une part communiquer les connaissances acquises et le respect
392 a fonction de l’école est demeurée la même : elle doit d’une part communiquer les connaissances acquises et le respect des v
393 s acquises et le respect des valeurs communes, et elle doit d’autre part éveiller le sens critique et le jugement individuel
394 uises et le respect des valeurs communes, et elle doit d’autre part éveiller le sens critique et le jugement individuel. Édu
395 qui ont formé la cité, qui la maintiennent, et qu’ il faut critiquer pour les garder vivants, mais au nom des principes qu’
396 les garder vivants, mais au nom des principes qu’ elle enseigne. La fonction de l’école dans la cité se résume donc par les
397 on vivante de la loi de l’offre et de la demande, il a fourni la désinence symbolique de toute l’économie européenne jusqu
398 e le particulier sous toutes ses formes — fussent- elles nationales — et l’universel dans toutes ses exigences — fussent-elles
399 t l’universel dans toutes ses exigences — fussent- elles représentées par la révolte d’un seul, d’un génie ou d’un saint contr
400 u d’une doctrine prétendument totale et unitaire, il en résulte guerres, révolutions, massacres, explosions d’anarchie sui
401 otentiel accumulé par ces tensions, on conçoit qu’ il fonctionne alors comme le foyer d’une expansion énergétique irrésisti
402 Ou au contraire, l’état de santé de l’Europe est- il aussi mauvais que le proclament une bonne partie de nos intellectuels
403 s sérieusement : la technique triomphante ne va-t- elle pas rapidement effacer nos plus fécondes diversités et imposer au con
404 les réunis autour de la place. Comment s’adaptent- ils à l’ère technique ? Les églises d’abord, par ordre d’ancienneté. La p
405 u’une seule le plus souvent, alors qu’en Amérique elles sont pleines chaque dimanche, et on en trouve en général quatre ou ci
406 ez nous le centre de la vie sociale d’un village. Elle y joue un grand rôle politique et civique. Mais c’est peut-être aux d
407 e modèle d’un meilleur équilibre, si relatif soit- il , entre les exigences immédiates de l’instruction de techniciens et la
408 la commune, qui est le cadre concret du civisme. Elle a survécu, tant bien que mal, à plus d’un siècle d’empiètements de l’
409 ché, qui occupe le centre de la place, on sait qu’ il n’a jamais été plus prospère qu’aujourd’hui, et cela dans tous nos pa
410 re qu’aujourd’hui, et cela dans tous nos pays, qu’ il s’agisse du Marché commun des Six, ou de l’économie des pays neutres.
411 eutres. Quant à la presse, enfin, et au café dont elle est née, je dirai que la prospérité d’une presse libre et le prestige
412 arré). (Je précise bien — on ne sait jamais… — qu’ il ne s’agit pas là d’une démonstration faussement mathématique, mais se
413 es sérieuses, et comme sur table rase. En Europe, elle est née dans un contexte serré de principes vénérés et de droits gara
414 sale et sans âme des faubourgs de nos capitales, elle a créé le prolétariat, elle a soumis toute une classe d’hommes à la m
415 rgs de nos capitales, elle a créé le prolétariat, elle a soumis toute une classe d’hommes à la machine encore très imparfait
416 n, qui est de libérer l’homme du travail servile, elle a pris conscience la première des problèmes sociaux et moraux, éducat
417 e ses œuvres, posent désormais à tous les hommes. Elle a formulé, la première par ses meilleurs esprits, le problème de l’éq
418 c’est le problème fondamental de notre temps. Or elle est seule à disposer, pour le résoudre, d’une expérience séculaire. S
419 il y a toutes les raisons objectives de penser qu’ il se portera beaucoup mieux qu’on ne le dit, et que souvent il ne le pe
420 ra beaucoup mieux qu’on ne le dit, et que souvent il ne le pense lui-même. Mais veut-il vivre ? Saura-t-il rassembler à te
421 et que souvent il ne le pense lui-même. Mais veut- il vivre ? Saura-t-il rassembler à temps ses forces vives, pour faire fa
422 e le pense lui-même. Mais veut-il vivre ? Saura-t- il rassembler à temps ses forces vives, pour faire face non seulement à
423 e civilisation et de ses propres idéaux ? Saura-t- il , enfin, prévenir ces affreux accidents de sa santé mentale et de son
424 ’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t- elle la volonté de vivre ? », Arts, Paris, 13 juin 1962, p. 2.
9 1962, Arts, articles (1952-1965). Le monde entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)
425 de entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’ il la jalouse ! (20 juin 1962)m n L’appel du monde, provoqué par nos
426 sérieuses. Il y aurait lieu de vérifier d’abord s’ il existe des liens latéraux de cause à effet entre les deux phénomènes,
427 deux phénomènes, ou si plutôt, comme je le crois, ils ne résultent pas tous les deux d’une seule et même évolution dialecti
428 comme un péché mortel de l’Europe, en ce sens qu’ il devait aggraver la dissolution du corps européen en nations rivales.
429 mme un péché mortel de l’Europe, en ce sens qu’il devait aggraver la dissolution du corps européen en nations rivales. Et de f
430 ries de réactions de sens contraire : d’une part, elles ont répandu aux quatre coins de la terre l’idée du droit des peuples
431 s, et avaient conclu les traités de 1919, et ceci devait amener les colonies à réclamer leur émancipation, voire à découvrir p
432 êmes guerres ont fait comprendre aux Européens qu’ il était temps de juguler leurs sanglants chauvinismes, et cela devait a
433 de juguler leurs sanglants chauvinismes, et cela devait amener, nous l’avons vu, le réveil des projets d’union. Accessoiremen
434 u, le réveil des projets d’union. Accessoirement, il ne serait pas sans intérêt de souligner que les défaitistes européens
435 histoire en offre peu d’exemples. Car en effet, s’ ils avaient eu raison, le retrait colonial eût signifié l’arrêt de mort d
436 croissance économique aussi rapide que depuis qu’ il a renoncé, bon gré, mal gré, à ses possessions d’outre-mer. Décolonis
437 r, a réveillé en fait les peuples du tiers-monde. Ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au
438 les peuples du tiers-monde. Ils ont découvert qu’ ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes
439 ies les plus contagieuses, comme le nationalisme, ils se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la s
440 s-Unis, qui les sauvaient alors de la faillite —, elles ont l’une après l’autre « décroché ». Mais dans le même temps, et pou
441 is dans le même temps, et pour les mêmes raisons, elles ont compris ce qu’elles refusaient de comprendre depuis près de six-c
442 t pour les mêmes raisons, elles ont compris ce qu’ elles refusaient de comprendre depuis près de six-cent-cinquante ans : la n
443 -cent-cinquante ans : la nécessité de leur union. Elles ont perdu le monde et retrouvé l’Europe. Mais voici le deuxième grand
444 e a fait le monde, et cela non seulement parce qu’ elle a découvert la Terre entière, mais surtout parce qu’elle lui a donné
445 découvert la Terre entière, mais surtout parce qu’ elle lui a donné sa première civilisation effectivement universelle. Cette
446 aits que de bienfaits. Mais ceci n’empêche pas qu’ elle soit la seule qui ait su se rendre transportable et intégrable hors d
447 , voulant sauver des âmes ou exploiter des mines, ils conquièrent, civilisent, pillent, évangélisent, font trafic des escla
448 hôpitaux, répandent des théories humanitaires qu’ ils ne pratiquent pas toujours sans réserve, emprisonnent ceux qui osent
449 isme. Je n’en connais pas de plus injuste, puisqu’ il ne veut retenir que l’injustice, dans l’immense processus chargé d’hu
450 es empereurs chinois s’imaginaient, eux aussi, qu’ ils dominaient le monde entier. Eh bien ! ils se trompaient tout simpleme
451 ssi, qu’ils dominaient le monde entier. Eh bien ! ils se trompaient tout simplement. L’agence Cook suffirait aujourd’hui à
452 t de l’Europe qu’on nomme décolonisation, ne va-t- il pas entraîner l’effacement progressif de cette « européisation » de l
453 ressif de cette « européisation » de la planète ? Il est difficile d’en juger, puisque le retrait s’achève à peine. Mais t
454 nc plus occidentale que n’était l’Inde colonisée. Elle a peut-être tort, mais c’est ainsi. En Afrique noire, récemment libér
455 gé, mais parce qu’on a besoin de cette langue, qu’ elle est devenue un facteur de cohésion nationale, qu’elle constitue en ou
456 est devenue un facteur de cohésion nationale, qu’ elle constitue en outre un moyen d’accès aisé à la vie internationale… L’i
457 partout, dans les nations neuves du tiers-monde, il a suffi que nos administrateurs civils et militaires s’en aillent, po
458 e nos pratiques trop souvent immorales : c’est qu’ ils valaient sans doute mieux que nous ne l’avions cru, et mieux que nous
459 sans aucun plan, sans nulle sagesse régulatrice. Il en résulte deux séries de conséquences qui risquent d’être aussi fâch
460 du tiers-monde. Fâcheuses pour nous d’abord. Car il est évident que notre civilisation ne s’est rendue assimilable et tra
461 exe de nos coutumes et de nos équilibres humains. Il faut l’admettre : les versions simplifiées de la civilisation occiden
462 es Américains, et surtout des Soviétiques, lorsqu’ il s’agit de moderniser — c’est-à-dire d’occidentaliser — d’une manière
463 re qu’en Afrique ou en Asie. Donc, à court terme, il peut sembler que leurs chances soient meilleures que les nôtres. Le t
464 rs-monde les accueille sans méfiance de principe. Il ne dit pas de leurs dons, comme il le dit des nôtres : « C’est du néo
465 e de principe. Il ne dit pas de leurs dons, comme il le dit des nôtres : « C’est du néo-colonialisme ! » Et pourtant, le t
466 s meilleurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accablent de reproches. Un professeur indien, le Dr Raghavan Iye
467 la reviviscence, en Asie et en Afrique, de ce qu’ il appelait « les conceptions partielles ou discréditées de l’esprit eur
468 artielles ou discréditées de l’esprit européen ». Il en donnait l’impressionnante liste que voici : L’évangile du progrès
469 C’est une assez bonne liste de nos vices, tels qu’ ils se sont manifestés, du moins à partir des débuts de l’ère industriell
470 moins à partir des débuts de l’ère industrielle. Il serait trop facile de répondre à ceux qui nous tiennent ce langage :
471 ables des erreurs que commet le tiers-monde quand il nous juge. Ce ne sont pas nos meilleurs représentants, les plus consc
472 niques qui ne savent pas grand-chose du milieu où ils vont agir, et moins encore de ce que l’Europe peut signifier dans son
473 ier se met à l’école de notre civilisation ; mais il n’en tire pas le meilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’il n
474 e meilleur, loin de là, et nous méprise autant qu’ il nous jalouse. C’est en fin de compte notre faute, car nous n’avons ja
475 se pose est dès lors la suivante : l’Europe va-t- elle être évincée par ses produits les plus vendables, par ses slogans les
476 exploitants ou exploiteurs, plus efficaces ? Va-t- elle être évincée du tiers-monde par ses vices, au détriment de ses valeur
477 u détriment de ses valeurs authentiques ? Ou peut- elle encore réagir ? En a-t-elle les moyens matériels et moraux ? m. Ro
478 uthentiques ? Ou peut-elle encore réagir ? En a-t- elle les moyens matériels et moraux ? m. Rougemont Denis de, « Le monde
479 de entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’ il la jalouse ! », Arts, Paris, 20 juin 1962, p. 2. n. Précédé du chape
480 s à la fois séculaires et modernes. Trois écoles, il est vrai, s’opposent encore quand il s’agit d’en venir à l’union poli
481 rois écoles, il est vrai, s’opposent encore quand il s’agit d’en venir à l’union politique. Celle de l’alliance des États,
482 celle de la fédération. Mais une raison nouvelle doit forcer leur accord : c’est la nécessité matérielle et morale de répon
10 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe est un colosse qui s’ignore (encore) (27 juin 1962)
483 t indépendantes des faits. Dès le xviiie siècle, elle hantait nos esprits. Voici ce qu’écrit à Catherine de Russie le baron
484 ainsi l’opinion de l’historien Adolphe Thiers : Il n’y a plus que deux peuples. La Russie, c’est barbare encore, mais c’
485 e se sentait écrasée entre deux colosses à venir. Ils sont là. Mesurons leur taille réelle. J’ai inventé un petit jeu graph
486 x carrés et celui du milieu quarante-cinq carrés. Il est donc à lui seul plus grand que les deux autres additionnés. Quest
487 losophe et le meilleur artiste — vous avouerez qu’ il est au moins curieux que l’Europe se sente écrasée entre deux colosse
488 sente écrasée entre deux colosses plus petits qu’ elle , qui n’atteindraient même pas sa taille en montant l’un sur l’autre.
489 au. C’est que l’Europe unie n’est pas faite et qu’ il nous faut donc absolument la faire, pour que notre capacité globale s
490 mais dans notre conscience. L’Europe a tout ce qu’ il faut pour être encore la première puissance de la Terre, non par ses
491 épend pas seulement de cette espèce-là de chance. Il dépend tout autant de sa vocation native — j’entends de la prise de c
492 nt l’Europe en train de s’unir et les États-Unis. Il est courant d’entendre que l’Occident est en pleine décadence morale,
493 ent est en pleine décadence morale, et surtout qu’ il n’a plus d’idéal à opposer aux valeurs neuves et conquérantes du comm
494 sous le nom de marxisme dialectique. Qu’en serait- il alors d’un autre successeur, hypothétique, reprenant de nos mains déb
495 es nouveaux se tournent vers l’Europe, même quand ils l’injurient en la copiant. Pour le dire en une phrase, voici ce que j
496 rain ; et la Russie proclame depuis trente ans qu’ elle fera mieux que l’Amérique — laquelle est, après tout, une création de
497 ndes découvertes, et que seules les techniques qu’ elle a su inventer sont en mesure de les entretenir. L’Europe reste le cœu
498 aux et cela, non seulement à cause de la place qu’ elle occupe au centre de l’hémisphère privilégié, mais parce que son comme
499 oduit national. Le monde est vital pour l’Europe, il ne l’est guère pour les États-Unis, bien moins encore pour la Russie
500 comparées, dont on ne trouve pas une trace avant elle sur Terre. L’Amérique, en tout cela, apporte une aide puissante, mais
501 nitiatives sont venues de l’Europe, et c’est vers elle , naturellement, que je vois se tourner les élites du tiers-monde : c’
502 ites du tiers-monde : c’est à travers l’Europe qu’ elles conçoivent la nécessité et les moyens de dialoguer, non seulement ave
503 de dialoguer, non seulement avec nous, mais entre elles . Équilibrer les créations humaines est le second aspect de la vocati
504 part à l’orée du xixe siècle : c’est aussi là qu’ elles ont trouvé des résistances traditionnelles et coutumières qui les ont
505 ésente une expérience humaine dont le tiers-monde devrait beaucoup apprendre, lui qui veut à tout prix nos belles machines, san
506 tout prix nos belles machines, sans se douter qu’ elles peuvent détruire de proche en proche ses traditions les plus valables
507 psychiques, par les champs de force invisibles qu’ elles transportent, à la manière du cheval de Troie. Et cela nous conduit n
508 ns le monde entier le virus du nationalisme, dont elle a bien failli périr elle-même à deux reprises. Et ce mal enfièvre auj
509 u point de vue de leurs propres intérêts, mais qu’ ils s’imposent pour le prestige. Sous prétexte de se libérer des dernière
510 bérer des dernières traces de notre impérialisme, ils copient puérilement ses tares les plus visibles. L’Europe se doit don
511 rilement ses tares les plus visibles. L’Europe se doit donc de produire, d’attester et de diffuser les anticorps de ce virus
512 ssie comprises — pour l’ensemble d’un Occident, s’ il veut enfin se réconcilier avec lui-même. Nous pourrons voir cela, dan
513 faisant. Le nouvel idéal que réclame la jeunesse, il est là, dans l’Europe fédérée, modèle mondial. Le temps n’est plus de
514 ffaire. Nous sommes pour les autres un espoir, qu’ il s’agit de ne pas frustrer. L’avenir de l’Europe est gagé sur de grand
515 s géoéconomiques d’une portée désormais mondiale. Il me paraît ensuite gagé sur une fonction universelle, qui l’enracine d
516 d’une juste prévision de ce que d’autres feront. Elles dépendent de l’esprit agissant par nos mains. Le temps n’est plus pou
517 ’Europe de l’Ouest était de 355 millions alors qu’ il est de 335 millions : ce qui fait au total avec ses satellites : 430
11 1962, Arts, articles (1952-1965). Un refus d’aimer (3 octobre 1962)
518 sme est indubitable dans l’Occident contemporain. Il est attesté par le cinéma, la publicité, et le succès de vente des au
519 et le succès de vente des auteurs qui en parlent. Il est donc en partie mesurable. En revanche, la décadence de l’amour es
520 invérifiable. (Je réitère : de quel amour s’agit- il  ? vécu par qui ? rêvé par qui ?) Les enquêtes sur « la Jeunesse » et
521 attitudes sentimentales, dans la faible mesure où elles sont concluantes, donnent des indications inverses de celles qu’on ti
522 ’aimer », Arts, Paris, 3 octobre 1962, p. 18. r. Il s’agit d’une réponse à une enquête sur l’érotisme, introduite par ces
12 1965, Arts, articles (1952-1965). Le déferlement de l’érotisme : pour une nouvelle théologie (5-11 mai 1965)
523 Hill et Justine en livre de poche aux États-Unis. Il ne faudrait tout de même pas oublier que ces ouvrages datent du xviii
524 : le siècle de Voltaire les avait négligés ; mais il n’eût pas mieux accueilli les romans catholiques et les Vies de Jésus
525 du Vatican. Quelque chose a changé ; mais quoi ? Il est peu vraisemblable que l’énergie sexuelle ait varié en intensité d
526 roduits de cet instinct universel et primordial : elles y font appel, comme on dit, mais restent sans pouvoir sur lui, et il
527 mme on dit, mais restent sans pouvoir sur lui, et il ne va pas « déborder » pour si peu qu’une augmentation du tirage des
528 nt changé en un demi-siècle. En 1906, Freud croit devoir préciser que dans le petit ouvrage qu’il publie sur le traitement de
529 roit devoir préciser que dans le petit ouvrage qu’ il publie sur le traitement de Dora « les rapports sexuels sont franchem
530 s organes sexuels sont appelés par leur nom ». Et il ajoute : « D’après mon exposé, le lecteur pudique pourra se convaincr
531 e fille de tels sujets et en un tel langage. Faut- il me justifier aussi de cette accusation ? » Entre de tels scrupules et
532 logiste, l’écrivain peut commencer à parler quand il s’agit d’érotisme, il devient éloquent quand il s’agit de passion (to
533 ut commencer à parler quand il s’agit d’érotisme, il devient éloquent quand il s’agit de passion (tout le romantisme de la
534 d il s’agit d’érotisme, il devient éloquent quand il s’agit de passion (tout le romantisme de la Nouvelle Héloïse au milie
535 oïse au milieu du xxe siècle), et tout d’un coup il s’aperçoit que l’amour seul poussait à dire, à chanter, à exprimer, e
536 ure, et que la culture occidentale en particulier doit beaucoup de son dynamisme à ses disciplines sexuelles. 2. Les plaisir
537 ion sexuelle » durant le premier tiers du xixe . ( Il avait formé le projet « d’organiser les libertés amoureuses », et dis
538 ique. Question de vie ou de mort pour l’espèce, s’ il est vrai que trop de vies peuvent entraîner sa mort. Les freins tradi
539 e produit plus son type de femme dans son désir : il le reçoit de la publicité et il subit un rêve qui n’est plus le sien.
540 dans son désir : il le reçoit de la publicité et il subit un rêve qui n’est plus le sien. Va-t-il découvrir l’érotisme pa
541 et il subit un rêve qui n’est plus le sien. Va-t- il découvrir l’érotisme par le biais d’un problème sexuel très nouveau,
542 s sociaux comme des interdits de la morale ? Va-t- il sombrer dans l’apathie sexuelle, cédant à quelque ruse de l’espèce, o
543 e, cédant à quelque ruse de l’espèce, ou parce qu’ il n’aura pu choisir entre ceux qui se figurent encore que le péché orig
544 ux qui pensent avec un certain évêque bogomile qu’ il n’y a « pas de péché au-dessous du nombril », ou ceux qui croient bon
545 nt bonnement avec un chansonnier de mes amis « qu’ il n’y a pas de mal à se faire du bien » ? Ou encore — hypothèse optimis
546 u péché ? C’est dans ces perspectives élargies qu’ il faut juger les efforts déployés par une censure conditionnée par la m
547 police n’a pas plus de prise que sur les marées. Elle peut nuire à la diffusion commerciale de la pornographie. Ce dont ell
548 diffusion commerciale de la pornographie. Ce dont elle interdit la vue aux moins de 18 ans dans la plupart de nos pays, et à
549 nton de leurs temples, pour que nul n’en ignore s’ il désire la sagesse. Mais la censure ne saurait empêcher l’instauration
550 s relations entre l’érotisme et la démographie qu’ il faudrait entreprendre désormais, en même temps que des études psychol