1
uste place dans la cité. On lui a donné, au cours
du
xxe siècle, des moyens formidables de communiquer avec les couches s
2
d’artiste ou de penseur n’avait été plus éloigné
du
lieu commun, de ce que peuvent entendre et comprendre ces masses. Voi
3
rgentes en apparence, mais secrètement complices,
du
retrait pur et simple d’une part, ou du conformisme pur et simple d’a
4
omplices, du retrait pur et simple d’une part, ou
du
conformisme pur et simple d’autre part, l’une et l’autre de ces démis
5
ui trouve une certaine analogie avec la situation
du
chrétien dans le monde, selon la grande parole évangélique et paulini
6
inienne : « Soyez dans le monde comme n’étant pas
du
monde. » Et cette formule, me semble-t-il, fournit la clé. Précisémen
7
conditions pour tous. Au monde comme n’étant pas
du
monde, dans la cité, oui, mais comme un problème vivant, comme une in
8
e, celle de la dérobade, orgueilleuse ou modeste,
du
retrait hors du monde où nous sommes vivants. Je ne crois pas à une «
9
érobade, orgueilleuse ou modeste, du retrait hors
du
monde où nous sommes vivants. Je ne crois pas à une « littérature eng
10
uront vous forcer à être totalement et uniquement
du
monde, de leur monde, et à clamer d’une de ces voix mornes et droguée
11
deux périls, il importe de se rassembler. Non pas
du
tout, non pas un seul instant dans l’idée qui m’est répugnante de con
12
raîtraient tous les visages particuliers. Non pas
du
tout, non pas un seul instant dans l’idée d’opposer à ces totalitaire
13
ix ces conditions élémentaires, le « temps vide »
du
loisir1 deviendra le vrai temps de nos existences quotidiennes. La qu
14
actuel. L’exemple des pays nordiques Libéré
du
labeur matériel, l’Occident se tourne immédiatement vers les voyages,
15
u plus longue nous est donnée par les populations
du
cercle arctique (Suède et Norvège), condamnées au loisir pendant six
16
re aventure : sentiment de l’histoire, découverte
du
monde, sciences et techniques, politiques, religions3… C’est dire que
17
n’est, en fin de compte, qu’un prisme diffracteur
du
sentiment religieux dans nos activités dites créatrices, des mathémat
18
un mouvement de dépassement ou de retrait en deçà
du
dogme formulé ; mais l’une et l’autre s’appuyaient sur l’objet de leu
19
e précisément qui nous permet ce retour en créant
du
loisir. Et quant à la mystique, elle suppose avant tout la connaissan
20
, elle suppose avant tout la connaissance précise
du
dogme. Le « mystique à l’état sauvage » — selon l’expression que Clau
21
de Rimbaud — vit simplement sur les reliefs épars
du
dogme et de la liturgie dans la culture dont il est imprégné. Voilà p
22
oblige à reconsidérer le sens et la nature finale
du
Progrès. 1. L’Encyclopédie de 1765 définit le loisir comme « le t
23
refuse de considérer le loisir comme le but même
du
machinisme. Or il pourra le devenir dès que les bénéfices de l’indust
24
s de travail, mais sous la forme d’une diminution
du
prix de la vie, compensant au moins les heures de salaires perdues.
25
or elle peut à peine doubler (Cf. Le Grand Espoir
du
xxe siècle, p. 201-210). Cependant, l’augmentation « tertiaire », do
26
ère révolte contre la conception « rationaliste »
du
monde. D’où succès mondial jusqu’à la dernière guerre. André Breton n
27
n n’a pas cessé de chercher une vision religieuse
du
monde et de la vie, bien plus antichrétien par cela même qu’un J.-P.
28
inquiétude essentielle. Nous ne cessons de parler
du
« désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un ch
29
st le gage d’un progrès vers le vrai. Ainsi donc,
du
désordre vers un certain ordre, puis un nouveau désordre, vers une no
30
ct, la personne. Toutes les définitions concrètes
du
Progrès ont un caractère commun : elles aboutissent à des antinomies
31
refoule un jour, elle renaîtrait irrésistiblement
du
sentiment de l’Histoire qu’on ne peut plus effacer, du mouvement de l
32
ntiment de l’Histoire qu’on ne peut plus effacer,
du
mouvement de la science qu’on ne peut pas achever et, enfin, de la Te
33
ons ambigus. Mais l’Europe, responsable de l’idée
du
Progrès, est responsable aussi de sa rectification. Toutes les « héré
34
aussi de sa rectification. Toutes les « hérésies
du
Progrès » sont bel et bien nées en Europe, encore qu’elles n’aient vr
35
de l’Orient proche et lointain risquent de faire
du
nationalisme — j’y vois le signe que l’Europe détient encore le sens
36
certaine situation d’ensemble ou d’un appel monté
du
monde antique : nul ne peut démontrer qu’il soit venu « à son heure »
37
à son heure ». Il porte à l’origine les stigmates
du
réel, et non pas les signes du mythe. Il n’est pas vraisemblable ; il
38
gine les stigmates du réel, et non pas les signes
du
mythe. Il n’est pas vraisemblable ; il est vrai. On ne l’attendait pa
39
ser. Avec saint Paul, nous passons d’un seul coup
du
règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-dire du Rite à l’Amour. «
40
u règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-dire
du
Rite à l’Amour. « Tout est permis, mais tout n’édifie pas », « Rien n
41
ce que tu voudras. » Or, ces phrases invalident,
du
point de vue spirituel, toute morale codifiée, rituelle ou rationnell
42
peut être jugée par sa conformité avec les règles
du
sacré ou du social, mais que son sens dépend d’une attitude intime, d
43
gée par sa conformité avec les règles du sacré ou
du
social, mais que son sens dépend d’une attitude intime, d’une libre a
44
par la pensée grecque, les traditions religieuses
du
Proche-Orient, et l’ordre impérial des Romains. Utilisant l’un de ces
45
s œcuméniques. Apport grec. — L’homme se détache
du
corps magique en lequel se mêlaient sans fin ni formes nettes les viv
46
il est à tous égards celui qui définit — l’homme
du
Verbe et de l’épithète, « la mesure de toutes choses », dira Protagor
47
era la cité « atomisée » à la brutale mise au pas
du
Romain. Apport de Rome. — Il se résume dans le terme viril de citoye
48
té unique de quelque essence indestructible, mais
du
personnage qu’il revêt dans la cité maintenue par les cadres du Droit
49
qu’il revêt dans la cité maintenue par les cadres
du
Droit et des Institutions dûment hiérarchisées. Ce puritanisme social
50
iérarchisées. Ce puritanisme social, cette morale
du
service de l’État, fera la grandeur de l’Empire et la pauvreté d’âme
51
noble ou esclave, des liens sacrés de la caste ou
du
clan ; en même temps, elle le met au service du prochain. Entrant dan
52
u du clan ; en même temps, elle le met au service
du
prochain. Entrant dans une communauté chrétienne, l’esclave y trouve
53
es Grecs, et l’honneur de servir, qui était celui
du
citoyen romain. Il devient donc un paradoxe vivant : à la fois libre
54
ain. Le narcissisme culturel Si la personne
du
chrétien, dans son équilibre en tension, unit le meilleur de Rome et
55
e la Grèce, elle est aussi menacée, dans le monde
du
péché, par un double péril simultané : celui de la fuite vers le salu
56
ristianisme et ensuite contre son christianisme —
du
moins contre chacune des formes objectives que celui-ci a pu revêtir.
57
ci a pu revêtir. Essayons de mesurer l’envergure
du
succès de l’Occident dans l’ère moderne. Toynbee nous met en garde co
58
is comment le suivre, lorsqu’il tire de l’exemple
du
monde gréco-romain des raisons de réfuter la croyance que « nous auri
59
erreur ne peut être la nôtre. Qu’a fait l’Europe
du
xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seulement rayonné sur la t
60
ous et les Chinois. Mais où trouver dans le monde
du
xxe siècle une autre civilisation qui soit en état de surpasser cell
61
en un jour d’avion un trajet qui prenait deux ans
du
temps de Plan Carpin et de Marco Polo), il devient urgent de corriger
62
tre (mais au prix de sacrifices dont il n’est pas
du
tout certain qu’ils seraient féconds), ou bien il faut chercher un pr
63
ons, transmutons les métaux, dépassons la vitesse
du
son, prolongeons de deux à trois fois la durée moyenne de la vie, voy
64
ortel. Nous cherchons plutôt les moyens de gagner
du
temps, et les trouvons par la technique. Sur quoi le mandarin visitan
65
s’il devenait immortel ?) Le problème de l’emploi
du
temps libre se posera donc demain. Par notre fait, dans la réalité sé
66
itudes qui prédisposent le moins à l’usage fécond
du
loisir. À l’inverse, les valeurs orientales préparent au loisir et le
67
st la pointe extrême en notre siècle, notre image
du
monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà
68
vocations de la race blanche, aventureuse moitié
du
monde. La Quête est notre forme d’exister. d. Rougemont Denis de,
69
que de notre temps, il faut remonter aux origines
du
christianisme. 1. Le christianisme est la religion de l’Amour. Religi
70
nt définissait comme l’Être originel, le Créateur
du
monde et le sauveur d’Israël, mais que le Nouveau Testament révèle au
71
oute personne humaine est donné par l’incarnation
du
Christ, fils de Dieu, en Jésus, fils de Marie — Jésus Christ étant à
72
ais elle se manifeste par des actes, dans l’amour
du
prochain comme de soi-même. 3. Cette religion de l’Amour total (amou
73
ligion de l’Amour total (amour de Dieu, de Soi et
du
Prochain) n’a pas de livre sacré sur l’Amour. Dans cet ensemble infin
74
ême terme d’amour, considérons les raies extrêmes
du
spectre : l’ultraviolet du spirituel et l’infrarouge du sexuel. Notre
75
ons les raies extrêmes du spectre : l’ultraviolet
du
spirituel et l’infrarouge du sexuel. Notre mystique, science de l’amo
76
ctre : l’ultraviolet du spirituel et l’infrarouge
du
sexuel. Notre mystique, science de l’amour divin, s’est développée tr
77
ul équivalent chrétien — existant ou imaginable —
du
« Kamasutra », des « tantras », de tant d’autres traités d’érotisme d
78
crètes ni de magie sexuelle, point de physiologie
du
pèlerinage mystique, comme celle que nous décrivent sans varier depui
79
écrivent sans varier depuis mille ans les traités
du
hatha yoga. Et pas de traces non plus, dans le christianisme, de ces
80
buts spirituels, l’érotisme même dans les limites
du
mariage. C’est que les théologiens redoutaient avant tout qu’on pût c
81
s la première génération apostolique une doctrine
du
mariage tout à fait spécifique, et que la Gnose ignore, significative
82
bserver à quel point les motivations spirituelles
du
mariage diffèrent et même se contredisent chez saint Paul. Tantôt il
83
rituelle : « Celui qui n’est pas marié s’inquiète
du
Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’
84
eur, et celui qui est marié s’inquiète des choses
du
monde, des moyens de plaire à sa femme. » 4. Ainsi donc, exalté d’une
85
e, toléré finalement mais dans les seules limites
du
mariage le plus strict et consacré — tout le reste étant laissé en fr
86
nne que gnostique, soulignons-le) se trouvait lié
du
même coup à la dialectique du salut, c’est-à-dire du péché et de la g
87
le) se trouvait lié du même coup à la dialectique
du
salut, c’est-à-dire du péché et de la grâce, et valorisé à l’extrême.
88
même coup à la dialectique du salut, c’est-à-dire
du
péché et de la grâce, et valorisé à l’extrême. Ceci ne pouvait se pro
89
pas produit — en dehors de la sphère d’influence
du
christianisme. C’est pourquoi le phénomène que je nomme érotisme, eng
90
pie de Don Juan (l’une au-delà et l’autre en deçà
du
mariage) ne devait développer toutes ses complexités que dans une Eur
91
ant par sa soudaineté et son ampleur. Il est daté
du
premier tiers du xxe siècle, et même si on lui trouvait des parallèl
92
neté et son ampleur. Il est daté du premier tiers
du
xxe siècle, et même si on lui trouvait des parallèles en d’autres te
93
c’est là qu’on peut voir apparaître le sens réel
du
phénomène que j’ai rappelé, et qui n’est guère en soi que l’écume d’u
94
elle a voulu fermer les yeux sur la réalité même
du
sexe : interdit d’en parler, sauf du haut de la chaire, et sous le se
95
réalité même du sexe : interdit d’en parler, sauf
du
haut de la chaire, et sous le seul nom d’impureté. C’était vider la m
96
dépend pas des modes ni la nature de la culture —
du
moins pas si directement. Ce qui se trouve libéré c’est l’expression,
97
subitement, voici les troubadours et l’invention
du
désir sublimé, Saint Bernard de Clairvaux et la mystique d’amour, Hél
98
mmes en train de vivre renouvelle en partie celle
du
xiie siècle, submerge quelques-unes de ses conquêtes, mais surtout l
99
u non, plus ou moins respectueux de la science et
du
progrès, donc normal et moyen selon les standards du siècle : confron
100
progrès, donc normal et moyen selon les standards
du
siècle : confrontez-le avec les œuvres apparues depuis cinquante ans
101
faiblissement des tabous sexuels, l’accroissement
du
confort et des loisirs, le birth control, les mass médias, tout agit
102
xigences encore désordonnées. Et je vois bien que
du
désordre inévitable résultant d’une évolution aussi rapide, on ne pou
103
lui est par là même comparable. Entre les siècles
du
corps et celles de l’esprit, entre la biologie et la morale sociale,
104
au-delà des nécessités de l’espèce, mais en deçà
du
bien et du mal. Apprendre à lire en filigrane le jeu des mythes, dans
105
s nécessités de l’espèce, mais en deçà du bien et
du
mal. Apprendre à lire en filigrane le jeu des mythes, dans les troubl
106
que nous commençons cette semaine sur l’évolution
du
mythe moderne de l’amour. Denis de Rougemont se propose de publier pr
107
re amours (9 mai 1961)h i Que toute la matière
du
cosmos, rassemblée, puisse tenir dans un dé ; que sur cette petite Te
108
Terre suspendue dans le vide, nous marchions sur
du
vide et vers le vide, n’étant nous même que furtifs agrégats d’infime
109
d’années terrestres dans le temps), et qu’au fond
du
réel calculé soit le Vide — mais que, scintillements d’une seconde da
110
dans la forêt d’avril nous attende une révélation
du
bonheur pur : qu’il ait suffi de l’inflexion d’une voix pour que cett
111
qui trouble d’abord et enfin scandalise l’esprit
du
mystique oriental, c’est cela justement qui fait ma joie et c’est le
112
la justement qui fait ma joie et c’est le passage
du
tourbillon de billions d’agrégats divisibles au désir d’un corps anim
113
rnation présente est notre grâce. Elle seule crée
du
même coup la couleur, le toucher, la vue lointaine et la musique, la
114
pourquoi n’y en aurait-il qu’un ? Il y a le monde
du
Vide, l’autre monde de la science ; il est là, parmi nous et tout aut
115
sse de grandes branches, en sorte que les oiseaux
du
ciel (les anges) peuvent habiter sous son ombre. » Il n’est pas dans
116
univers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à présent,
du
monde des formes, qui est la Nature, la Parabole — mais ici, maintena
117
mais ici, maintenant, et en toi-même. Le Royaume
du
ciel est un point, le point d’éternité posé dans toi, la semeuse du P
118
nt, le point d’éternité posé dans toi, la semeuse
du
Plérôme à venir, quand « la figure de ce monde passera », et que l’in
119
u monde ne m’appelle. J’ai pu douter de l’être et
du
devenir, et de toutes nos idées sur « Dieu », je n’ai jamais douté de
120
ciences ; et je ne cesse de douter de notre image
du
monde, du vide et des distances inconcevables calculées à partir de n
121
et je ne cesse de douter de notre image du monde,
du
vide et des distances inconcevables calculées à partir de nos formes.
122
contemplé. Quand l’Amour sera tout en tous, lors
du
renouvellement de toutes les choses. L’amour étant l’initiateur de to
123
e j’espère banale (au sens propre), dans sa forme
du
moins — me suggère quatre états que l’on peut distinguer par leur ord
124
savent cela : une certaine perception instantanée
du
secret singulier de l’autre — et surtout s’il paraît lui-même l’ignor
125
orsque au-delà des corps à notre échelle, au-delà
du
domaine de l’individuation, au-delà même de la matière que l’on dit b
126
arde un moment, mais sans jouer, les « couleurs »
du
jeu de cartes ordinaire, on ne tardera à découvrir qu’elles correspon
127
rits par Jung : intuition-sensation (signes noirs
du
jeu de cartes) et sentiment-pensée (signes rouges) se retrouvent.
128
e. (C’est l’utopie magique, quelquefois réalisée,
du
trèfle à quatre feuilles : transformer la tige de l’instinct en quatr
129
epts). Déviations typiques : Schizophrénie. Goût
du
viol. Impuissance sexuelle par méfiance de l’âme. (L’Intellectuel, au
130
enté par cette note : « Qu’est-ce que “le Royaume
du
ciel” pour un Occidental ? Qu’est-ce que la Communion pour un homme m
131
passer deux mois aux États-Unis. On n’y parle que
du
miracle européen. Journaux, hebdos, revues, gros livres, milieux univ
132
mation. Une confiance nouvelle, née des promesses
du
Marché commun et de ses premiers succès, permet de multiplier les ent
133
ement suivant : tous les Européens sont complices
du
colonialisme criminel ; donc cette lecture leur fera honte, et la hon
134
ont l’histoire de l’homme », et nous serons ainsi
du
bon côté. Je n’invente pas : je cite et je condense cette dialectique
135
anité. » Cette phrase résume la thèse de l’auteur
du
volume, le Martiniquais Frantz Fanon. Sartre la cite et il ajoute, im
136
ans — de 1882 à nos jours pour les neuf dixièmes
du
continent. Cette colonisation n’a pas été faite au nom d’une « préten
137
l’a fondée. La démocratie de l’Arabie saoudite ou
du
Yémen ? Le respect de la personne humaine chez les cannibales ? Vous
138
» européenne : le Dahomey. Les premiers contacts
du
Dahomey avec la civilisation européenne remontent à 1729, lorsque le
139
instituent une nouvelle charge dans l’État, celle
du
Yévogan (« celui qui s’occupe des Blancs »), titre que l’on a traduit
140
, le dictionnaire de Grégoire décrit ainsi l’état
du
pays : « Le sol, extrêmement fertile, est couvert de forêts. Malheure
141
alectiquement que le royaume de Ghana et l’empire
du
Mali n’ont pas été détruits par les Arabes almoravides puis par les s
142
arrasse pas de faits et leur passion veut la mort
du
pécheur, qui est uniquement l’Européen, comme chacun sait. La vérité,
143
alisme, malgré ses crimes, a réveillé les peuples
du
tiers-monde dans le très bref espace de deux générations. Il leur a p
144
semble ? « L’Europe est littéralement la création
du
tiers-monde », écrit Fanon. Ses richesses ne proviendraient que de se
145
que de ses vols, c’est-à-dire de son exploitation
du
sol africain et du sol asiatique : or, métaux, pétrole, caoutchouc (l
146
est-à-dire de son exploitation du sol africain et
du
sol asiatique : or, métaux, pétrole, caoutchouc (le paysan serait-il
147
ue et de rapide déshumanisation ? Les adversaires
du
colonialisme auraient donc été les avocats du suicide de l’Europe ? M
148
res du colonialisme auraient donc été les avocats
du
suicide de l’Europe ? Mais au nom de quelles valeurs plus chères que
149
Comte qui voyait en elle « le privilège effectif
du
principal développement social », ces philosophes croyaient servir no
150
ant la crise économique et la fièvre nationaliste
du
tiers-monde, devant la crise morale de l’URSS, l’heure n’est pas de c
151
manité tout entière. L’Europe est cette partie-là
du
monde qui a fait « le Monde », ayant été le foyer de l’idée de « genr
152
mes bel et bien engagés dans cette seconde moitié
du
xxe siècle, en sorte que les chances de l’Europe dans l’avenir se co
153
le phénomène européen se signale, dans l’histoire
du
monde, par quelques traits absolument originaux dont je donne tout de
154
rouve simplement insuffisantes pour rendre compte
du
phénomène dans ce qu’il a de spécifique.) Certes, le découpage profon
155
ent enracinées, le climat tempéré, dans le centre
du
moins, permettant une économie d’énergies fondamentales, ce sont là d
156
ù il parle de l’Europe comme « d’une sorte de cap
du
vieux continent, d’un appendice occidental de l’Asie », mais n’en ser
157
En sortant des mains de la nature, notre partie
du
monde n’avait reçu aucun titre à cette glorieuse prééminence qui la d
158
est couverte de cités magnifiques, s’est enrichie
du
butin des deux mondes ; cette étroite presqu’île, qui ne figure sur l
159
omme un appendice de l’Asie, devenue la métropole
du
genre humain. Voilà donc l’importance de la géographie et du climat
160
ain. Voilà donc l’importance de la géographie et
du
climat minimisée, presque niée. Serait-ce alors à la démographie qu’i
161
s (soit ensemble à peu près 60 % de la population
du
globe sur 15 % de sa superficie solide). Mais l’Europe de la Renaiss
162
nd essor démographique de nos nations ne date que
du
xixe siècle. Comment se fait-il alors que l’Inde, autre péninsule de
163
e, dans le temps même où l’Europe faisait le tour
du
monde et dominait sur la plupart des nations de l’époque, Inde compri
164
l’humanité vers 1850, et qui en sont encore près
du
quart aujourd’hui (ils n’en seront sans doute plus que moins du cinqu
165
rd’hui (ils n’en seront sans doute plus que moins
du
cinquième en l’an 2000, selon les démographes — qui prédisent donc le
166
t craint !), n’aient guère participé à l’histoire
du
monde que par leur faculté de se laisser conquérir, et d’absorber leu
167
? L’Europe serait-elle, par exemple, une création
du
christianisme, comme le soutient une très nombreuse école d’excellent
168
premier millénaire de notre ère, obéit à l’ordre
du
Christ : Allez et évangélisez toutes les nations. Cette injonction en
169
plus de soixante évêchés nestoriens dans la Chine
du
ixe siècle, sous la dynastie Tang — et vers l’ouest, en Islande, au
170
européenne. En revanche l’expansion colonialiste,
du
xviiie au xxe siècle, a été, de toute évidence, plus européenne que
171
opa, c’est faire tort à la prétention universelle
du
christianisme, et ce n’est pas définir l’Europe, puisque ce serait la
172
enons donc, de cette rapide enquête sur la genèse
du
phénomène Europe, le christianisme. Mais non sans nous poser cette qu
173
urope a-t-elle été la seule ou la première partie
du
monde qui ait adopté cette religion, venue d’ailleurs, du Proche-Orie
174
qui ait adopté cette religion, venue d’ailleurs,
du
Proche-Orient et non d’elle-même ? Existait-il une prédisposition eur
175
isse en plein mystère. Et les autres explications
du
phénomène européen par des données physiques et matérielles nous lais
176
s aucune n’apparaît suffisante pour rendre compte
du
phénomène global que l’histoire nous oblige à constater : la fonction
177
ècle, mais c’était aux dépens de la compréhension
du
phénomène lui-même, qu’on voyait mal. Le xxe siècle a découvert qu’u
178
l’Histoire : notre Europe est effectivement venue
du
Proche-Orient. Après la disparition presque totale « des premiers hab
179
sparition presque totale « des premiers habitants
du
bois et du rocher » (comme dit Vigny) dont ne nous restent plus que l
180
resque totale « des premiers habitants du bois et
du
rocher » (comme dit Vigny) dont ne nous restent plus que les peinture
181
d’une part de l’Asie Mineure le long du Vardar et
du
Danube, jusqu’en Rhénanie et en France, d’autre part du delta du Nil,
182
ube, jusqu’en Rhénanie et en France, d’autre part
du
delta du Nil, le long des côtes, remontant le Rhône jusqu’en Suisse,
183
u’en Rhénanie et en France, d’autre part du delta
du
Nil, le long des côtes, remontant le Rhône jusqu’en Suisse, en France
184
ar la mer Égée en Grèce, et de là, sur les terres
du
Couchant, que les langues sémitiques nomment Ereb, très probable étym
185
sémitiques nomment Ereb, très probable étymologie
du
nom d’Europe. Plus tard, sa religion dominante lui viendra du pays le
186
ope. Plus tard, sa religion dominante lui viendra
du
pays le plus proche de ce rivage phénicien d’où avait été enlevée l’h
187
naît moins la suite de ce rapt créateur, la suite
du
mythe de l’enlèvement d’Europe, à laquelle j’attache, pour ma part, l
188
thage, tandis que d’autres découvraient les rives
du
continent, de l’Espagne au Caucase. Cadmus enfin, le plus fameux, s’e
189
centration des valeurs religieuses et culturelles
du
Proche-Orient dans la péninsule d’Occident. Nous avons vu que les pop
190
ès rapidement une religion qui, elle aussi, vient
du
Proche-Orient par la Méditerranée : le christianisme. À la fin de l’E
191
e christianisme. À la fin de l’Empire, aux débuts
du
haut Moyen Âge, sous Charlemagne, la péninsule européenne est donc de
192
des grandes découvertes fut une sorte d’explosion
du
composé Europe, macéré depuis près de mille ans dans les limites du c
193
macéré depuis près de mille ans dans les limites
du
cap occidental, au surplus rétrécies par les Turcs à l’est et par les
194
qui est Colón, et son prénom Christophe, porteur
du
Christ — en vérité, porteur de l’histoire du monde ! — tout en lui me
195
teur du Christ — en vérité, porteur de l’histoire
du
monde ! — tout en lui me semble illustrer les traits fondamentaux de
196
ysique, païenne et chrétienne à la fois : l’homme
du
mythe, le marin, le chercheur de trésors, le missionnaire et le crois
197
s et de Turcs, qui occupe moins de 5 % des terres
du
globe et qui allait conquérir, tour à tour, toutes les autres. L’aven
198
erre, retombée rapide vers le sol. Mais ce retour
du
satellite n’est pas un échec ! D’innombrables connaissances ont été r
199
on seulement de la science, mais de la conscience
du
genre humain, agrandies et modifiées à jamais. Ces étages mis à feu s
200
par les Européens, c’est d’abord le premier tour
du
monde, accompli par Magellan, puis ce sont la conquête de l’Amérique
201
la découverte des côtes africaines, la soumission
du
Proche-Orient puis des Indes au xviiie siècle, et de l’Indonésie, la
202
l’autre : c’était la conquête militaire, la prise
du
pouvoir économique ou politique, enfin la colonisation. De siècle en
203
telle. L’Amérique du Nord la première, dès la fin
du
xviiie siècle ; l’Amérique latine pendant la première moitié du xixe
204
le ; l’Amérique latine pendant la première moitié
du
xixe siècle ; l’Inde, l’Indonésie, tout le Sud-Est asiatique et le P
205
rt pour une sorte de croisade contre Troie, ville
du
Proche-Orient, afin de sauver l’honneur occidental et de reconquérir
206
aussi une longue « erreur », selon le sens latin
du
mot. Tout se passe, au long de l’épopée, comme si Ulysse, le courageu
207
problèmes, telle est, je crois, la vraie formule
du
Progrès, dans sa définition occidentale. Et l’on voit qu’elle est amb
208
toujours plus vite, mais vers quoi ? Nous gagnons
du
temps, mais pour en faire quoi ? Nous augmentons notre puissance, mai
209
t c’est par là que l’Occident, aventureuse moitié
du
monde, s’oppose le plus radicalement au génie de l’Orient métaphysiqu
210
petit continent, au point présent de l’évolution
du
monde est plus centrale que jamais, si bizarre que puisse apparaître
211
anité actuelle et le 98 % de la production totale
du
monde. De là le nom d’hémisphère privilégié que lui ont donné les géo
212
que lui ont donné les géographes. L’autre moitié
du
globe, ainsi déterminée, ne contient donc que 6 % des habitants et 2
213
onc que 6 % des habitants et 2 % de la production
du
monde, n’étant guère occupée que par les océans, le continent antarct
214
pratiquement les 19/20e de l’humanité, tandis que
du
point de vue correspondant aux antipodes, on ne verrait que de l’eau
215
artificiel : L’Europe est bel et bien le centre
du
monde humain, le lieu géométrique, le carrefour naturel des grandes v
216
mps quadrillés — partout les traces de l’homme et
du
travail humain, et nulle part aussi concentrées. Anciens villages et
217
re civilisation. Un service religieux, une séance
du
conseil municipal, une heure de classe, les discussions autour d’une
218
uelques-uns des secrets (pour nous trop évidents)
du
dynamisme européen. C’est-à-dire : la communauté spirituelle, le règn
219
ctoires et subversives) et l’échange des produits
du
travail — toute une vitalité librement ordonnée, faite de tensions mu
220
lace dans les faubourgs — fori burgus, lieux hors
du
bourg originel et défensif — qui a marqué et manifesté l’accession de
221
iazze, ou Pleins selon le pays. Quant à l’ancêtre
du
forum lui-même, c’est l’agora des Grecs, où naquit le civisme occiden
222
les. Il n’est pas de démocratie, au sens européen
du
terme, qui ne repose sur la libre discussion, sur le libre jeu des pa
223
cet autre élément nécessaire de toute place digne
du
nom : le café. C’est là qu’elle se parle d’abord, s’écrit bien souven
224
glaises que se lisent à haute voix les éditoriaux
du
journal que Daniel Defoe rédige seul, de 1704 à 1713. Et c’est encore
225
e. N’oublions donc pas, sur la place, la présence
du
kiosque à journaux, point d’insertion de la rumeur du monde, entre le
226
iosque à journaux, point d’insertion de la rumeur
du
monde, entre le café et le marché. Face à l’hôtel de ville, l’église.
227
la mairie, sont souvent plus sensibles aux débats
du
café qu’aux objurgations de la chaire. Voici donc une nouvelle tensio
228
erré des intérêts contradictoires mais solidaires
du
producteur et du consommateur, des droits acquis et des règles d’arb
229
contradictoires mais solidaires du producteur et
du
consommateur, des droits acquis et des règles d’arbitrage, des initi
230
des données naturelles et des relations humaines,
du
Destin et du sens de vie. Quand l’une des réalités antagonistes — la
231
aturelles et des relations humaines, du Destin et
du
sens de vie. Quand l’une des réalités antagonistes — la liberté ou l’
232
’en relatent les chroniques d’aucune autre région
du
monde. Quand les antagonismes se composent en une conciliation pratiq
233
s la société. On les dirait formées sur le modèle
du
chœur, de l’harmonie des sons complémentaires, voire de la dissonance
234
» future. Ainsi de la commune, de la fédération,
du
parlement et du régime bicaméral, des syndicats et des coopératives ;
235
de la commune, de la fédération, du parlement et
du
régime bicaméral, des syndicats et des coopératives ; ainsi de l’éduc
236
e l’éducation elle-même et, finalement, de l’idée
du
progrès. Dans la mesure où cet immense complexe de tension n’est pas
237
la mesure ou se développe, ne fût-ce qu’une part
du
potentiel accumulé par ces tensions, on conçoit qu’il fonctionne alor
238
nsion énergétique irrésistible. Tel est le secret
du
dynamisme européen et des périodes de diastole planétaire de notre ci
239
uniforme et anonyme, comparable au portrait-robot
du
producteur moyen russe ou américain ? Les éléments d’une réponse moti
240
ieux su maintenir face à l’État et face aux modes
du
jour. Les Américains le sentent bien, et c’est pourquoi leurs pasteur
241
udes générales et se rapproche, dans cette mesure
du
moins, de nos formules européennes. Passons à la mairie, symbole de l
242
, symbole de la commune, qui est le cadre concret
du
civisme. Elle a survécu, tant bien que mal, à plus d’un siècle d’empi
243
ermédiaire des communes, des régions défavorisées
du
territoire. Même dans les nations les plus centralisées, comme la Fra
244
d’hui, et cela dans tous nos pays, qu’il s’agisse
du
Marché commun des Six, ou de l’économie des pays neutres. Quant à la
245
c de renouvellement. Or la culture, au sens large
du
terme : l’apport de l’homme à la nature, résume les secrets de l’Euro
246
ion simple me rappelle l’équation la plus célèbre
du
siècle, qu’est celle d’Einstein : E = mc2, ou E signifie l’énergie, m
247
élan et l’ont contrainte peu à peu à tenir compte
du
milieu humain, à ne pas se comporter comme l’éléphant dans le magasin
248
lution industrielle, celle qui tirait son énergie
du
charbon, n’a pas seulement créé le décor sale et sans âme des faubour
249
e heures par jour, dans des conditions inhumaines
du
point de vue de l’hygiène autant que de la morale. Cette première ex
250
r les lois sociales, en passant de l’époque noire
du
charbon, de la mine et des fabriques enfumées, à l’époque blanche et
251
nique de sa vraie fin, qui est de libérer l’homme
du
travail servile, elle a pris conscience la première des problèmes soc
252
xpérience séculaire. Si l’on ausculte les organes
du
patient nommé Europe l’un après l’autre, et si l’on détermine son mét
253
on existence physique que symbolise, sur la place
du
village, un monument qui réintroduit dans le tableau toute l’absurdit
254
al et non chrétien, dans beaucoup de pays voisins
du
nôtre — le monument aux morts des dernières guerres ? 7. Voir Arts
255
t qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)m n L’appel
du
monde, provoqué par nos œuvres, atteint l’Europe dans une situation q
256
’unir. Les dates de la décolonisation successive
du
Proche-Orient, de l’Inde, du Sud-Est asiatique, et de l’Afrique, sont
257
onisation successive du Proche-Orient, de l’Inde,
du
Sud-Est asiatique, et de l’Afrique, sont les mêmes dates, exactement,
258
d’une seule et même évolution dialectique : celle
du
nationalisme. Dès la fin du xviiie siècle, les disciples de Rousseau
259
n dialectique : celle du nationalisme. Dès la fin
du
xviiie siècle, les disciples de Rousseau, puis Herder, Bentham et Fi
260
, en ce sens qu’il devait aggraver la dissolution
du
corps européen en nations rivales. Et de fait, la nécessité alléguée
261
s ont répandu aux quatre coins de la terre l’idée
du
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, idée au nom de laquelle les
262
, voire à découvrir pour leur compte les ivresses
du
nationalisme ; d’autre part, ces mêmes guerres ont fait comprendre au
263
avec une prospérité sans précédent de l’ensemble
du
continent. Jamais notre cap de l’Asie n’avait connu croissance économ
264
veuille la juger, a réveillé en fait les peuples
du
tiers-monde. Ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes
265
ait su se rendre transportable et intégrable hors
du
contexte de ses origines raciales, politiques et religieuses. Nous sa
266
en désordre, et sans le moindre plan d’ensemble,
du
xvie au xixe siècle fondent sur tous les continents des églises et
267
an sera finalement négatif : c’est en somme celui
du
Progrès, selon les conceptions occidentales, adoptées même par ceux q
268
Anglais de l’Inde n’a pas été suivi par le rejet
du
parlementarisme britannique, aussitôt adopté tel quel, mais bien par
269
contrainte. Et partout, dans les nations neuves
du
tiers-monde, il a suffi que nos administrateurs civils et militaires
270
heuses pour nous, Européens, que pour les peuples
du
tiers-monde. Fâcheuses pour nous d’abord. Car il est évident que notr
271
tiers-monde ont des notions beaucoup plus simples
du
progrès, tant social et moral que purement matériel. Les premiers n’o
272
leurs dons, comme il le dit des nôtres : « C’est
du
néo-colonialisme ! » Et pourtant, le tiers-monde, en cette affaire, a
273
péen, entendait se faire l’écho des ressentiments
du
tiers-monde à l’égard de notre culture et de sa diffusion désordonnée
274
t l’impressionnante liste que voici : L’évangile
du
progrès matériel automatique, un nationalisme agressif, voire une hai
275
ouveaux, une consommation stupéfiante, la passion
du
bizarre, des prétentions à l’exclusivité dans le domaine religieux, u
276
tisme idéologique, un athéisme arrogant, le culte
du
cynisme, la concurrence sans frein et le philistinisme culturel. C’e
277
ste de nos vices, tels qu’ils se sont manifestés,
du
moins à partir des débuts de l’ère industrielle. Il serait trop facil
278
matérielle que vous exigez à grands cris, et pas
du
tout nos missionnaires ? Cette réponse serait trop facile, car nous s
279
sistants techniques qui ne savent pas grand-chose
du
milieu où ils vont agir, et moins encore de ce que l’Europe peut sign
280
civilisation répondant à l’ampleur des exigences
du
siècle et de nos responsabilités mondiales. La question qui se pose e
281
loiteurs, plus efficaces ? Va-t-elle être évincée
du
tiers-monde par ses vices, au détriment de ses valeurs authentiques ?
282
! », Arts, Paris, 20 juin 1962, p. 2. n. Précédé
du
chapeau suivant, très probablement écrit par Rougemont : « L’Europe e
283
s, du côté de l’Occident ; et nous autres, peuple
du
noyau, nous serons trop dégradés, trop avilis pour savoir autrement q
284
sse. L’autre jeunesse, c’est l’Amérique… L’avenir
du
monde est là, entre ces deux grands mondes. Et vingt autres, ainsi,
285
uteur, celui de droite vingt-deux carrés et celui
du
milieu quarante-cinq carrés. Il est donc à lui seul plus grand que le
286
additionnés. Question : Que signifie ce rectangle
du
milieu ? Réponse : C’est l’Europe entre les « deux grands ». Chaque c
287
ésente un million d’habitants. L’Europe à l’ouest
du
rideau de fer en compte 335 millions ; les sept États européens actue
288
roduction de l’acier, de la fonte, de la houille,
du
ciment, du beurre et du lait — produits de base — les États-Unis tena
289
e l’acier, de la fonte, de la houille, du ciment,
du
beurre et du lait — produits de base — les États-Unis tenant le deuxi
290
la fonte, de la houille, du ciment, du beurre et
du
lait — produits de base — les États-Unis tenant le deuxième rang et l
291
obel pour les sciences de 1901 — date la création
du
prix — à 1961 : Russie et démocratie populaire : 10 lauréats. États-U
292
e 10 ou de 50 millions qui n’est plus à l’échelle
du
monde nouveau. C’est que l’Europe unie n’est pas faite et qu’il nous
293
déal à opposer aux valeurs neuves et conquérantes
du
communisme. À cela, je vais répondre en renvoyant aux faits, une fois
294
us les vingt-cinq ans pour justifier la politique
du
souverain ou du parti au pouvoir ; à quoi s’ajoutent 50 % de marxisme
295
q ans pour justifier la politique du souverain ou
du
parti au pouvoir ; à quoi s’ajoutent 50 % de marxisme plus ou moins f
296
ces crimes, qui furent ceux de nos nationalismes,
du
racisme, et, dans une certaine mesure, du colonialisme, exigent de no
297
lismes, du racisme, et, dans une certaine mesure,
du
colonialisme, exigent de nous bien autre chose qu’un mea culpa rageur
298
la rendent doublement responsable — au sens actif
du
mot, cette fois — d’assumer face au monde une vocation dont personne
299
commerce international représente en valeur plus
du
double de celui des États-Unis, et près de dix fois celui de l’URSS.
300
ependant que les États-Unis ne dépendent du reste
du
monde que pour 5 % au maximum de leur produit national. Le monde est
301
naturellement, que je vois se tourner les élites
du
tiers-monde : c’est à travers l’Europe qu’elles conçoivent la nécessi
302
hniques industrielles ont pris le départ à l’orée
du
xixe siècle : c’est aussi là qu’elles ont trouvé des résistances tra
303
urope qui a répandu dans le monde entier le virus
du
nationalisme, dont elle a bien failli périr elle-même à deux reprises
304
t ce mal enfièvre aujourd’hui la plupart des pays
du
tiers-monde, les pousse aux pires excès du chauvinisme et à des mesur
305
s pays du tiers-monde, les pousse aux pires excès
du
chauvinisme et à des mesures économiques ou politiques visiblement in
306
onomiques ou politiques visiblement indéfendables
du
point de vue de leurs propres intérêts, mais qu’ils s’imposent pour l
307
diffuser les anticorps de ce virus mortel, hérité
du
xixe siècle. Or, l’antidote du nationalisme, du chauvinisme, racial
308
us mortel, hérité du xixe siècle. Or, l’antidote
du
nationalisme, du chauvinisme, racial ou partisan, et finalement des d
309
du xixe siècle. Or, l’antidote du nationalisme,
du
chauvinisme, racial ou partisan, et finalement des dictatures totalit
310
out appelle dans le monde de cette seconde moitié
du
xxe siècle. Les vraies chances de l’Europe ne dépendent pas d’une ju
311
e (5-11 mai 1965)s t Pour illustrer l’invasion
du
monde d’aujourd’hui par la « sexualité déchaînée », on cite le triomp
312
tout de même pas oublier que ces ouvrages datent
du
xviiie siècle. Ce qui est nouveau, c’est leur succès relatif : le si
313
s de Jésus dont les tirages dominent notre marché
du
livre, sans que personne y voie la preuve d’une sanctification quelco
314
onque de notre époque. Reste que l’étalage étudié
du
nu « suggestif » dans nos rues et au cinéma, les scènes obligées « d’
315
ais non pour la contraception discutée au concile
du
Vatican. Quelque chose a changé ; mais quoi ? Il est peu vraisemblabl
316
pas « déborder » pour si peu qu’une augmentation
du
tirage des classiques libertins dans quelques pays de l’Occident. En
317
t. En revanche, nos manières de parler des choses
du
sexe et de l’érotisme ont entièrement changé en un demi-siècle. En 19
318
scrupules et le battage publicitaire fait autour
du
rapport de Kinsey, entre la Porte étroite et Notre-Dame des Fleurs ou
319
ogramme des études et formant une part importante
du
donné intellectuel dans lequel l’étudiant avait à s’orienter. Mais qu
320
hez des esprits formés par les catégories morales
du
xixe . Ainsi le Sexe demeure synonyme de péché pour Mauriac, et d’amo
321
en ordre, et d’abord sémantique. Laissant l’étude
du
sexe au biologiste, l’écrivain peut commencer à parler quand il s’agi
322
l’usage non biologique de la sexualité au service
du
plaisir, des beaux-arts, et surtout de la littérature. Quelles sont l
323
auteurs érotiques, que par le grand malentendu né
du
mot « refoulement », mal compris. Les éducateurs se persuadèrent que
324
parents cultivés et chez les moralistes oublieux
du
fait que le refoulement — non moins que son inverse, l’autosatisfacti
325
technique et de ses horaires, mais plutôt celles
du
rêve et de ses associations. Disant la menace de l’ère technologique
326
estes surréalistes. Freud, lui aussi, était parti
du
rêve pour étudier les ruses de la libido. Et Jung élargissait au mond
327
une « question sexuelle » durant le premier tiers
du
xixe . (Il avait formé le projet « d’organiser les libertés amoureuse
328
-quatorze espèces d’adultères, dans sa Hiérarchie
du
cocuage.) 3. Enfin, la perspective d’une densité moyenne de trois hom
329
me va s’abaisser d’autant. Je vois venir le temps
du
changement des problèmes. Où mes aînés redoutaient la tentation, c’es
330
t l’échec qui fait peur à mes cadets ; où l’excès
du
désir, c’est son insuffisance ; où l’obsession sexuelle (janséniste,
331
ue bogomile qu’il n’y a « pas de péché au-dessous
du
nombril », ou ceux qui croient bonnement avec un chansonnier de mes a
332
r de mes amis « qu’il n’y a pas de mal à se faire
du
bien » ? Ou encore — hypothèse optimiste — allons-nous vers une ère c
333
le problème numéro un de la jeunesse ne sera plus
du
tout la sexualité mais par exemple le choix d’une vocation, où ces to
334
on, où ces tortures morales seront une bizarrerie
du
passé culturel européen, de même que la faim et la peur ne sont plus,
335
à peu près les seuls qui aient retenu l’attention
du
public français et par suite de la censure. Mais ce sont des études s
336
tisme ». Car l’érotisme dépend, en fin de compte,
du
religieux au moins autant que du sexuel. s. Rougemont Denis de,
337
n fin de compte, du religieux au moins autant que
du
sexuel. s. Rougemont Denis de, « Pour une nouvelle théologie »,