1
vains, dans la cité, s’est révélée problématique.
Je
reconnais cette situation. Et je l’accepte. Je lui trouve une certain
2
e problématique. Je reconnais cette situation. Et
je
l’accepte. Je lui trouve une certaine analogie avec la situation du c
3
e. Je reconnais cette situation. Et je l’accepte.
Je
lui trouve une certaine analogie avec la situation du chrétien dans l
4
e comme n’étant pas du monde. » Et cette formule,
me
semble-t-il, fournit la clé. Précisément parce que la place de l’écri
5
du retrait hors du monde où nous sommes vivants.
Je
ne crois pas à une « littérature engagée », selon l’expression qui tr
6
ou bien elle se confond avec la propagande. Mais
je
crois à la nécessité de certains actes d’engagement personnel de l’éc
7
ses implications réelles dans la vie de la cité.
Je
comprends très bien que plusieurs de nos confrères se récusent devant
8
brutales et collectives qui mènent le monde. Mais
je
vois d’autre part que ces forces furent d’abord des idées, sont nées
9
ore et refuser notre pouvoir de changer le monde,
j’
entends de préparer, et parfois de créer des conditions intellectuelle
10
dont la seule existence modifie quelque chose, un
je
ne sais quoi dans l’atmosphère qui peut se révéler décisif pour beauc
11
du tout, non pas un seul instant dans l’idée qui
m’
est répugnante de constituer un front commun, sous lequel disparaîtrai
12
de toute couleur des certitudes de propagande, ou
je
ne sais quelle mystique qui serait, au mieux, un peu plus virulente q
13
int malgré nos différences, mais à cause d’elles.
Je
pressens, je sens une grande force dans ce rassemblement d’hommes qui
14
s différences, mais à cause d’elles. Je pressens,
je
sens une grande force dans ce rassemblement d’hommes qui préfèrent le
15
istences quotidiennes. La question « Que faire de
ma
vie ? » ne sera plus réprimée par cette réponse, plusieurs fois millé
16
transports, habitation, hygiène, et distractions.
Je
vois bien l’aspect théorique de ces calculs ; qu’ils ne s’appliquent
17
a technique les libère subitement à ce degré-là ?
Je
n’en sais rien. Savait-on beaucoup mieux, aux environs de 1830, ce qu
18
de les refouler parce qu’ils donnent le vertige.
Je
n’entends pas peindre ici quelque utopie qui pourrait amuser nos desc
19
u, bien moins par suite de facteurs matériels que
j’
aurais oubliés ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de nos libres décisi
20
asion de la culture, nul ne saurait en préjuger :
je
dis seulement que tout y mène pour le meilleur et pour le pire. C’est
21
nous ramènera demain aux options religieuses. Et
je
n’imagine pas de drogue assez puissante pour en détourner le genre hu
22
sez puissante pour en détourner le genre humain4.
Je
sais bien que la vie religieuse la plus intense a signifié longtemps
23
ines dont le style créateur a fait son temps5. Et
je
ne dis pas qu’elles s’en priveront. Mais je vois aussi que la culture
24
5. Et je ne dis pas qu’elles s’en priveront. Mais
je
vois aussi que la culture répand déjà dans un public naguère totaleme
25
le défaut de « confort » n’a rien pu contre lui.
Je
dis seulement qu’elle va nous jeter dans une époque où les questions
26
lturel (qu’il soit appelé loisir ou travail). 3.
Je
ne parle pas ici de la télévision, qui nous apporte des pays lointain
27
civilisation occidentale. (Voir plus haut ce que
j’
ai dit sur le matérialisme.) L’intelligentsia berlinoise, puis new-yor
28
essé de s’amplifier. 5. Nos sectes orientalistes
me
font parfois penser à quelqu’un qui inventerait une machine à monter
29
généralement tenus pour des causes de faiblesse :
je
veux parler d’une inquiétude fondamentale et d’un désordre permanent.
30
is des siècles ? Ils ne peuvent être accidentels.
Je
pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation,
31
tre civilisation, et qu’ils en sont inséparables.
Je
les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’es
32
de sensibilité à la liberté véritable, restant le
moi
distinct, la personne. Toutes les définitions concrètes du Progrès on
33
e et lointain risquent de faire du nationalisme —
j’
y vois le signe que l’Europe détient encore le sens d’un équilibre int
34
; s’il est blessé et réagit, c’est qu’il existe.
J’
essaierai donc d’en définir la nature et les exigences. L’Occident n’e
35
ibles. Et ce fait initial nous semble accidentel,
j’
entends qu’il serait vain d’essayer de le déduire d’une certaine situa
36
d pour l’Ordre et le Bien. L’« eppur » de Galilée
me
paraît plus « chrétien » que l’indignation de ses juges. Suivons ici
37
de l’État, se rendent politiquement indépendants,
j’
y vois bien moins le signe d’une révolte contre ses méthodes importées
38
ent possible, le dialogue apparaît nécessaire. Et
j’
entends bien un vrai dialogue au niveau des religions et des philosoph
39
ussi, elle dépasse le monde : rien en lui ne peut
m’
empêcher, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que notre esprit sa
40
: rien en lui ne peut m’empêcher, ni moi-même, de
me
la poser. C’est ainsi que notre esprit sans relâche vient buter contr
41
lable à l’anéantissement par une force étrangère.
Je
n’ai pas eu d’autre intention que de mieux définir la question, en ce
42
inir la question, en cela fidèle à l’Occident qui
m’
a formé. Qui voudrait à tout prix une réponse, et refuserait de la tro
43
nature, une discipline contre l’incontinence : «
Je
pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher sa femme. Toutef
44
n ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
Je
dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre. Car il vaut m
45
mme ait son mari… Je dis cela par condescendance,
je
n’en fais pas un ordre. Car il vaut mieux se marier que de brûler. »
46
du christianisme. C’est pourquoi le phénomène que
je
nomme érotisme, englobant le mariage d’amour, la passion mystique de
47
eut voir apparaître le sens réel du phénomène que
j’
ai rappelé, et qui n’est guère en soi que l’écume d’une vague profonde
48
e complexes et de névroses. D’où la tolérance que
j’
ai dite, et qui effraye tant d’observateurs. Avant de nous effrayer à
49
ue, les bonnes raisons que peut invoquer l’autre.
J’
entends bien que la littérature contemporaine méprise les puritains et
50
r des fous à la fois ridicules et dangereux. Mais
je
n’oublie pas que sans la discipline sexuelle que les tendances dites
51
édias, tout agit dans le même sens, irréversible.
Je
vois bien qu’en remettant en question l’ensemble des rapports personn
52
d’illustrer les exigences encore désordonnées. Et
je
vois bien que du désordre inévitable résultant d’une évolution aussi
53
apparemment insanes de l’érotique contemporaine.
Je
propose une mythanalyse, qui puisse être appliquée non seulement aux
54
mystique oriental, c’est cela justement qui fait
ma
joie et c’est le passage du tourbillon de billions d’agrégats divisib
55
y a quelque chose. L’amour seul peut donc dire :
je
suis. Sans l’amour il n’y aurait pas même le vide. L’amour a créé le
56
roite et à gauche et qui tout d’un coup peut dire
moi
, peut dire toi quand il voit le moi dans l’autre, peut dire : je suis
57
oup peut dire moi, peut dire toi quand il voit le
moi
dans l’autre, peut dire : je suis ; mais aussi à ce coin de sentier p
58
oi quand il voit le moi dans l’autre, peut dire :
je
suis ; mais aussi à ce coin de sentier perdu dans la forêt d’avril, p
59
ndeur des bois, ici, nulle part, et pourquoi l’ai-
je
aimé ? Pourquoi pas rien ? Parce que ce coin de sentier m’a fait un s
60
Pourquoi pas rien ? Parce que ce coin de sentier
m’
a fait un signe et fut un signe à cet instant pour moi, existant dans
61
fait un signe et fut un signe à cet instant pour
moi
, existant dans ma re-connaissance, et que tout signe ou sens manifest
62
ut un signe à cet instant pour moi, existant dans
ma
re-connaissance, et que tout signe ou sens manifeste l’amour ; et rie
63
re n’importe en vérité ; rien d’autre au monde ne
m’
appelle. J’ai pu douter de l’être et du devenir, et de toutes nos idée
64
e en vérité ; rien d’autre au monde ne m’appelle.
J’
ai pu douter de l’être et du devenir, et de toutes nos idées sur « Die
65
du devenir, et de toutes nos idées sur « Dieu »,
je
n’ai jamais douté de l’amour même. J’ai pu douter jusqu’au vertige de
66
r « Dieu », je n’ai jamais douté de l’amour même.
J’
ai pu douter jusqu’au vertige de presque toutes les vérités de la mora
67
eux comprises, au retour d’un Orient de l’esprit.
J’
ai douté de la plupart des vérités successivement démontrées par nos s
68
s successivement démontrées par nos sciences ; et
je
ne cesse de douter de notre image du monde, du vide et des distances
69
inconcevables calculées à partir de nos formes. (
Je
pressens trop de raccourcis, et qu’on trouvera !) Mais je crois bien
70
ens trop de raccourcis, et qu’on trouvera !) Mais
je
crois bien n’avoir jamais douté de tout cela, qu’en vertu et au nom d
71
t au nom de l’Amour. Il est la grâce indubitable.
Je
n’ai pas d’autre foi certaine, d’autre espérance, et je ne vois pas d
72
i pas d’autre foi certaine, d’autre espérance, et
je
ne vois pas de sens hors d’elle, ni d’autres raisons de douter, je ve
73
sens hors d’elle, ni d’autres raisons de douter,
je
veux dire : de chercher jusqu’au bout ce qu’un jour nous pourrons aim
74
de réflexion et de résonance dans la créature, un
moi
nouveau qui transcende l’ancien parce qu’il le totalise et l’ordonne
75
amour en l’homme ? L’expérience méditée, — et que
j’
espère banale (au sens propre), dans sa forme du moins — me suggère qu
76
banale (au sens propre), dans sa forme du moins —
me
suggère quatre états que l’on peut distinguer par leur ordre d’appari
77
e reconnaissance. Elle naît et se développe quand
je
découvre en moi, mais devine aussitôt dans l’autre, la personne. Nul
78
e. Elle naît et se développe quand je découvre en
moi
, mais devine aussitôt dans l’autre, la personne. Nul ne peut distingu
79
ession. Mais s’il précède le désir dit physique,
je
crois que l’amour émotif animique n’apparaît pas sans que l’ait éveil
80
lle, rabaisse le spirituel ou élève l’érotique ? (
J’
entends bien ; élève l’érotique au niveau de signification où l’homme
81
le de ses facultés.) La sexualité en elle-même ne
me
paraît pas indifférente pour l’esprit. Mais elle n’est ni mauvaise ni
82
’est ni mauvaise ni bonne : en tant que fonction,
je
la verrais moralement neutre. Et cependant, dès qu’elle accède à la l
83
emplées au prix de sa vue « consumée » mais déjà
mon
désir et ma volonté étaient mus — comme une roue tournant d’une maniè
84
ix de sa vue « consumée » mais déjà mon désir et
ma
volonté étaient mus — comme une roue tournant d’une manière uniforme
85
« Ce qui est vrai, ce qui est beau, c’est ce qui
m’
est bon. » Carreau La forme indique le nombre 4. Elle suggère
86
Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)j
Je
viens de passer deux mois aux États-Unis. On n’y parle que du miracle
87
is le centre d’animation et l’organe d’équilibre.
Je
reviens en Europe, « notre patrie » — comme disait Æneas Sivius au xv
88
e siècle. Qu’est-ce qu’on y écrit sur ce sujet ?
Je
trouve plusieurs dizaines d’ouvrages publiés en deux mois, dans toute
89
e de l’homme », et nous serons ainsi du bon côté.
Je
n’invente pas : je cite et je condense cette dialectique humanitaire
90
nous serons ainsi du bon côté. Je n’invente pas :
je
cite et je condense cette dialectique humanitaire qui nous offre « un
91
ainsi du bon côté. Je n’invente pas : je cite et
je
condense cette dialectique humanitaire qui nous offre « un moyen de g
92
et il ajoute, impressionné : « Ce ton est neuf. »
Moi
, ce qui m’impressionne, ce n’est pas le ton, guère plus neuf que la p
93
, impressionné : « Ce ton est neuf. » Moi, ce qui
m’
impressionne, ce n’est pas le ton, guère plus neuf que la propagande c
94
le répète, la rendit possible, voire inévitable :
je
veux parler de l’état d’arriération économique, sociale et politique
95
dent est reçu en grande pompe à l’Élysée en 1961.
Je
laisse à MM. Sartre et Fanon le soin de démontrer que cet exemple n’i
96
n’infirme en rien leurs thèses, ou ne compte pas.
Je
leur laisse à démontrer dialectiquement que le royaume de Ghana et l’
97
ahis et soumis par les Touareg et par les Peules.
Je
leur laisse aussi à démontrer — mais ils auront beaucoup à faire, déc
98
que le drame algérien. « Quittons notre province,
je
veux dire notre nation », voudrait-on lui répéter ; et ce n’est pas m
99
tion », voudrait-on lui répéter ; et ce n’est pas
ma
faute si cette phrase est de Michel Debré dans son Projet de pacte po
100
s dont elle garde encore certains secrets vitaux.
Je
n’aurai pas trop de quatre leçons pour établir cette thèse centrale,
101
limatiques, économiques ou démographiques. Ce que
j’
appelle le phénomène européen se signale, dans l’histoire du monde, pa
102
de, par quelques traits absolument originaux dont
je
donne tout de suite trois exemples : 1. L’Europe a découvert la terre
103
tellement évidentes que la plupart des historiens
me
paraissent les avoir négligées jusqu’ici — ce phénomène européen sans
104
savoir, plus marxiste que scientifique. (Non que
je
nie l’importance des données naturelles : je les trouve simplement in
105
que je nie l’importance des données naturelles :
je
les trouve simplement insuffisantes pour rendre compte du phénomène d
106
supériorité des Européens au climat tempéré qui —
je
le cite — « semble avoir tout fait pour hâter les progrès de la civil
107
Europe historique n’est pas née de sa géographie.
Je
me plais à citer sa description de l’Europe, dont Valéry me paraît bi
108
ope historique n’est pas née de sa géographie. Je
me
plais à citer sa description de l’Europe, dont Valéry me paraît bien
109
s à citer sa description de l’Europe, dont Valéry
me
paraît bien s’être inspiré dans le passage fameux où il parle de l’Eu
110
non sans nous poser cette question difficile que
je
vais laisser sans réponse : — Pourquoi l’Europe a-t-elle été la seule
111
son mythe. Or, ce mouvement créateur de l’Europe,
je
le trouve d’abord et déjà dans la légende originelle de l’Enlèvement
112
ite du mythe de l’enlèvement d’Europe, à laquelle
j’
attache, pour ma part, la plus grande importance symbolique. Europe ét
113
ste dans sa recherche à l’infini, et c’est ce que
je
nomme Aventure. Mais elle est autre chose encore, si l’on en croit la
114
é, porteur de l’histoire du monde ! — tout en lui
me
semble illustrer les traits fondamentaux de notre Europe, légendaire,
115
oujours plus loin, sans avoir calculé la dépense,
j’
entends sans avoir mesuré les conséquences lointaines, indéfinies, de
116
t… Dans cette imprévision, mais ce risque assumé,
je
vois la parabole la plus exacte de l’aventure occidentale, sur tous l
117
de risques qu’on résout de problèmes, telle est,
je
crois, la vraie formule du Progrès, dans sa définition occidentale. E
118
et l’Australie méridionale. Or voici le fait qui
me
frappe : c’est que le pôle de cet hémisphère tombe en Europe, exactem
119
par les structures sensibles et visibles — comme
j’
entends le faire aujourd’hui — que se passe-t-il dans cette église, et
120
communauté… Mais cette démonstration sortirait de
mon
sujet. Je signale simplement qu’elle pourrait être faite presque auss
121
Mais cette démonstration sortirait de mon sujet.
Je
signale simplement qu’elle pourrait être faite presque aussi bien en
122
à la presse, enfin, et au café dont elle est née,
je
dirai que la prospérité d’une presse libre et le prestige des cafés l
123
pauvre en richesses naturelles, et moins peuplé,
je
le répète, que l’Inde ou que la Chine. Mais ce cap et ses habitants,
124
choses plus une culture. Cette définition simple
me
rappelle l’équation la plus célèbre du siècle, qu’est celle d’Einstei
125
’énergie, m la masse, c la vitesse de la lumière.
Je
la transpose terme à terme en désignant naturellement l’Europe par E,
126
ie multiplié par culture intensive (c au carré). (
Je
précise bien — on ne sait jamais… — qu’il ne s’agit pas là d’une démo
127
s œuvres, atteint l’Europe dans une situation qui
me
paraît définie par trois grands faits dont je voudrais maintenant met
128
qui me paraît définie par trois grands faits dont
je
voudrais maintenant mettre en valeur la nature et les relations. Prem
129
et entre les deux phénomènes, ou si plutôt, comme
je
le crois, ils ne résultent pas tous les deux d’une seule et même évol
130
nt les rapports de l’Europe avec le monde actuel,
je
me l’explique, en résumé, comme suit : L’expansion coloniale d’États
131
les rapports de l’Europe avec le monde actuel, je
me
l’explique, en résumé, comme suit : L’expansion coloniale d’États riv
132
fond aujourd’hui dans un seul mot : colonialisme.
Je
n’en connais pas de plus injuste, puisqu’il ne veut retenir que l’inj
133
de cette manière. Là-dessus, l’historien Toynbee
m’
arrête : Alexandre le Grand et les empereurs chinois s’imaginaient, eu
134
gues européennes font des progrès spectaculaires.
Je
cite le directeur des affaires culturelles françaises, qui disait en
135
nt pis pour nous, et tant mieux pour nos idéaux !
Je
ne les vois, pour ma part, nullement menacés par la décolonisation, b
136
uation concrète de l’Europe dans le monde actuel.
Je
la résume : la décolonisation, loin de nous ruiner, coïncide avec not
137
ux colosses. Cette conviction, ou cette angoisse,
m’
apparaissent curieusement indépendantes des faits. Dès le xviiie sièc
138
venir. Ils sont là. Mesurons leur taille réelle.
J’
ai inventé un petit jeu graphique, très simple. Prenez une feuille de
139
sa taille en montant l’un sur l’autre. Mais vous
me
direz que la puissance réelle de l’Europe n’est pas en proportion de
140
ée. Voici cependant un exemple chiffré, et qui ne
me
paraît pas dénué de toute signification : production de savants de pr
141
ats-Unis : 61. Europe de l’Ouest : 142. Mais vous
me
direz encore : « Ces chiffres sont abstraits ! Je persiste à me senti
142
me direz encore : « Ces chiffres sont abstraits !
Je
persiste à me sentir écrasé. » C’est vrai. C’est que vous ne vous sen
143
e : « Ces chiffres sont abstraits ! Je persiste à
me
sentir écrasé. » C’est vrai. C’est que vous ne vous sentez pas encore
144
ce. Il dépend tout autant de sa vocation native —
j’
entends de la prise de conscience de cette vocation assumée par ceux q
145
ou civilisations qui prétendent à sa succession.
Je
ne vous apprendrai rien en vous rappelant qu’une bonne partie de l’él
146
urs neuves et conquérantes du communisme. À cela,
je
vais répondre en renvoyant aux faits, une fois de plus : la prospérit
147
l sont celles que représente le communisme russe.
Je
demande à voir — et je ne vois rien de neuf. Qu’est-ce, au total, que
148
sente le communisme russe. Je demande à voir — et
je
ne vois rien de neuf. Qu’est-ce, au total, que le communisme soviétiq
149
s « le flambeau de la civilisation » ? Là encore,
je
ne le distingue pas. Je ne vois pas une seule culture, indépendante d
150
vilisation » ? Là encore, je ne le distingue pas.
Je
ne vois pas une seule culture, indépendante de la nôtre, foncièrement
151
copiant. Pour le dire en une phrase, voici ce que
je
constate. Le Sud-Est de l’Asie jalouse la Chine et voudrait secrèteme
152
pe. Où trouver, dans tout cela, nos successeurs ?
Je
ne vois que des imitateurs un peu en retard qui, bien souvent, carica
153
, dont nulle autre culture et nul autre régime ne
me
paraissent posséder les moyens de se charger, si l’Europe s’y dérobe.
154
e fonction mondiale, si l’on préfère, se résume à
mes
yeux dans ces trois verbes : animer, équilibrer, fédérer. Animer les
155
l’Europe, et c’est vers elle, naturellement, que
je
vois se tourner les élites du tiers-monde : c’est à travers l’Europe
156
d’une grande fédération. Dans la coïncidence que
j’
ai relevée entre la fin de notre impérialisme colonial, les débuts de
157
éoéconomiques d’une portée désormais mondiale. Il
me
paraît ensuite gagé sur une fonction universelle, qui l’enracine dans
158
amour est une hypothèse absolument invérifiable. (
Je
réitère : de quel amour s’agit-il ? vécu par qui ? rêvé par qui ?) Le
159
rains sont censés adopter vis-à-vis de l’érotisme
m’
indiffèrent, et j’ai même quelque répugnance à y songer. q. Rougemo
160
adopter vis-à-vis de l’érotisme m’indiffèrent, et
j’
ai même quelque répugnance à y songer. q. Rougemont Denis de, « [Ré
161
appelés par leur nom ». Et il ajoute : « D’après
mon
exposé, le lecteur pudique pourra se convaincre que je n’ai pas recul
162
posé, le lecteur pudique pourra se convaincre que
je
n’ai pas reculé devant la discussion avec une jeune fille de tels suj
163
ille de tels sujets et en un tel langage. Faut-il
me
justifier aussi de cette accusation ? » Entre de tels scrupules et le
164
mêmes mis en question, et dans le public cultivé.
Je
suis de la première génération qui a découvert la psychanalyse à 20 a
165
r Mauriac, et d’amour pour Simone de Beauvoir, si
j’
en juge par leurs derniers écrits. Chez les plus jeunes, combien saven
166
. Nous voilà loin de Fourier, qui fut le premier,
je
crois, à parler d’une « question sexuelle » durant le premier tiers d
167
des vieux », disent beaucoup de jeunes autour de
moi
. Et, à vrai dire, c’est une affaire complexe et lente, quand la sexua
168
rôle va sans doute diminuer, pour les raisons que
j’
ai dites, et le seuil de l’érotisme va s’abaisser d’autant. Je vois ve
169
et le seuil de l’érotisme va s’abaisser d’autant.
Je
vois venir le temps du changement des problèmes. Où mes aînés redouta
170
is venir le temps du changement des problèmes. Où
mes
aînés redoutaient la tentation, c’est l’échec qui fait peur à mes cad
171
aient la tentation, c’est l’échec qui fait peur à
mes
cadets ; où l’excès du désir, c’est son insuffisance ; où l’obsession
172
ceux qui croient bonnement avec un chansonnier de
mes
amis « qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien » ? Ou encore — hypo
173
ictorienne, préfreudienne. Sur les évolutions que
je
viens de décrire, la police n’a pas plus de prise que sur les marées.