1 1952, Arts, articles (1952-1965). Appel à ceux qui osent être différents (22 mai 1952)
1 rcer à être totalement et uniquement du monde, de leur monde, et à clamer d’une de ces voix mornes et droguées, qu’on ne rec
2 n ne reconnaît plus pour la sienne, la louange de leur police d’État. Contre ces deux périls, il importe de se rassembler. N
3 ui serait, au mieux, un peu plus virulente que la leur . Un congrès d’écrivains, aujourd’hui, ou bien c’est une opération de
2 1957, Arts, articles (1952-1965). L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)
4 dans l’Histoire, de prendre une vue d’ensemble de leur propre aventure : sentiment de l’histoire, découverte du monde, scien
5 mais l’une et l’autre s’appuyaient sur l’objet de leur renoncement et en dépendaient étroitement. L’ascèse de demain pourra
6 vision, qui nous apporte des pays lointains, sans leur odeur ni leur température, sans le goût de leurs vins ni la qualité d
7 us apporte des pays lointains, sans leur odeur ni leur température, sans le goût de leurs vins ni la qualité de leur air : c
8 s leur odeur ni leur température, sans le goût de leurs vins ni la qualité de leur air : ces « vues » sont donc autant de fau
9 ture, sans le goût de leurs vins ni la qualité de leur air : ces « vues » sont donc autant de fausses-nouvelles-vraisemblabl
3 1960, Arts, articles (1952-1965). Remise en question par l’Afrique et l’Asie, la civilisation occidentale n’a pas encore de successeur (21 septembre 1960)
10 es et les Mayas, avaient créé des ordres stables. Leurs prêtres et leurs princes avaient réponse à tout. Nous, au contraire,
11 avaient créé des ordres stables. Leurs prêtres et leurs princes avaient réponse à tout. Nous, au contraire, en Occident, et e
12 x orthodoxes de toutes observances le reproche, à leurs yeux rédhibitoire, d’être des hommes « qui ont cessé de chercher » et
13 Europe, encore qu’elles n’aient vraiment déployé leurs effets que dans les grands espaces humains des Amériques et de l’URSS
14 es Amériques et de l’URSS. Là, comme extraites de leur contexte original, elles n’étaient plus mises en échec par trop de co
15 es et civilisations, animées par un rêve qui fait leur destinée et qui compense d’abord un sort inaccepté. Il est né comme u
16 quand elle semble nuire au groupe, à la tribu, à leurs lois et coutumes sacrées, que l’on prend pour l’Ordre et le Bien. L’«
17 spirituels et les impulsions morales nécessaires leur ont manqué. Au contraire, le chrétien a été capable de faire avancer
18 ur le moins égaux à ceux qu’avaient atteints dans leurs empires les Diadoques et les Khans mongols), mais encore elle n’a pas
19 ses méthodes importées, que la preuve décisive de leur succès. Les Grecs et les Romains ne disposaient pas d’une marge de su
20 d’autres civilisations le développement normal de leurs sciences spirituelles ou physio-psychologiques. Et cela, au moment mê
4 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
21 anière la plus précise les unions des dieux et de leurs femmes, à des fins didactiques et religieuses. Point de méthodes secr
22 glises chrétiennes ont toujours mieux réussi dans leurs efforts pour réprimer et contenir l’instinct sexuel que dans leurs te
23 r réprimer et contenir l’instinct sexuel que dans leurs tentatives (rares et périphériques, voire hérétiques) pour cultiver e
24 morale chrétiennes, séculairement aux prises avec leurs exigences (sans cesse mieux codifiées par les casuistes), dans une Eu
25 jamais qu’après la mort des vrais tyrans, contre leurs héritiers débiles et qui assurent que ce n’est pas de leur faute. Mai
26 tiers débiles et qui assurent que ce n’est pas de leur faute. Mais de quoi la morale victorienne est-elle morte ? Sans doute
27 re de parler des choses de l’amour, de spéculer à leur propos ou de les montrer sur l’écran. Ce n’est donc pas le sexe, mais
28 me et de raffinement pervers qui attendent encore leur nom : bref, la luxure, anxieuse ou complaisante, sophistiquée ou comm
29 iets ou angoissés. Les deux camps se rendent bien leur mépris, et chacun refuse de tolérer fût-ce un instant, par simple hyp
30 teurs érotiques l’oublient très naïvement, tout à leur passion poétique ou moraliste retournée, qui leur cache trop souvent
31 leur passion poétique ou moraliste retournée, qui leur cache trop souvent les facts of life — comme l’Anglais nomme les fait
32 fe — comme l’Anglais nomme les faits sexuels — et leurs multiples liens avec l’économie la société et la culture. En revanche
33 thode étant d’élucider les motifs de nos choix et leurs implications trop souvent inconsciemment spirituelles autant que soci
34 qui nous tentent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, peut-être serons-nous un peu mieux en mesure de
35 que occidentale : Don Juan et Tristan, en suivant leurs métamorphoses dans la vie et l’œuvre de Kierkegaard, Nietzsche et Gid
5 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
36 en silence la pensée des hommes d’aujourd’hui et leur action. Le miracle est qu’il y ait des formes ! Qu’il ait de la consi
37 suggère quatre états que l’on peut distinguer par leur ordre d’apparition. Ils se mêleront et combineront dans l’homme achev
38 onnaissent qu’elles diffèrent essentiellement par leurs options métaphysiques. Ainsi l’extrême de l’amour cognitif, de la pas
6 1962, Arts, articles (1952-1965). Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)
39 ces du colonialisme criminel ; donc cette lecture leur fera honte, et la honte pousse à la révolution ; or la révolution gué
40 ous les maux par la violence qu’elle fait subir à leurs fauteurs et qu’elle permet à leurs victimes de libérer. Joignons donc
41 e fait subir à leurs fauteurs et qu’elle permet à leurs victimes de libérer. Joignons donc le FLN, les Angolais et autres Bal
42 un temps colonies, et qui prennent sous nos yeux leur essor, après des siècles d’immobilité ou de continuelle décadence. Qu
43 t de crier aux « siècles d’oppression ». Avant de leur laisser faire l’Histoire, on leur conseillera de l’apprendre. Voyons
44 ion ». Avant de leur laisser faire l’Histoire, on leur conseillera de l’apprendre. Voyons celle de l’une des nations récemme
45 in de démontrer que cet exemple n’infirme en rien leurs thèses, ou ne compte pas. Je leur laisse à démontrer dialectiquement
46 nfirme en rien leurs thèses, ou ne compte pas. Je leur laisse à démontrer dialectiquement que le royaume de Ghana et l’empir
47 s et soumis par les Touareg et par les Peules. Je leur laisse aussi à démontrer — mais ils auront beaucoup à faire, décidéme
48 , qui a libéré l’Inde des Anglais, conformément à leur thèse préférée qui, autrement, ne vaut plus grand-chose. Ils n’en fer
49 n, car la passion ne s’embarrasse pas de faits et leur passion veut la mort du pécheur, qui est uniquement l’Européen, comme
50 dans le très bref espace de deux générations. Il leur a présenté des possibilités de développement telles qu’ils ont découv
51 lles qu’ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos valeurs (telles
52 tages de notre civilisation et la souveraineté de leurs États. Quant aux nations colonialistes de l’Europe — sept sur vingt-s
53 e la guerre — presque ruinées à deux reprises par leur délire nationaliste, obligées de refaire leur bilan, cédant à la trip
54 par leur délire nationaliste, obligées de refaire leur bilan, cédant à la triple pression d’une opinion mondiale formée par
55 triple pression d’une opinion mondiale formée par leurs principes, d’une classe nouvelle éduquée par leurs soins dans les pay
56 eurs principes, d’une classe nouvelle éduquée par leurs soins dans les pays colonisés, et de leurs intérêts mieux compris — u
57 ée par leurs soins dans les pays colonisés, et de leurs intérêts mieux compris — un peu poussées aussi par les États-Unis, qu
58  ? Mais au nom de quelles valeurs plus chères que leur vie même ? De leurs valeurs européennes « pourries » ou de quelles au
59 uelles valeurs plus chères que leur vie même ? De leurs valeurs européennes « pourries » ou de quelles autres ? Laissons là c
60 ennes, à peine libérées de la charge écrasante de leurs colonies, ont commencé à découvrir l’Europe et la nécessité de son un
61 l’Europe et la nécessité de son union. Et que, de leur union naissante — le Marché commun n’a que deux ans — a résulté presq
7 1962, Arts, articles (1952-1965). Le miracle européen a créé le monde civilisé (6 juin 1962)
62 ent guère participé à l’histoire du monde que par leur faculté de se laisser conquérir, et d’absorber leurs conquérants, Hun
63 ur faculté de se laisser conquérir, et d’absorber leurs conquérants, Huns ou Mongols ? Les causes physiques et naturelles ne
64 endre compte des destins de l’Europe, faudra-t-il leur chercher des causes spirituelles ? L’Europe serait-elle, par exemple,
65 a l’ordre à ses cinq fils de partir à la quête de leur sœur enlevée. Chacun fit voile dans une direction différente. Et l’un
66 es grandes institutions centralisées, et il étend leur autorité sur toute l’Europe de l’Ouest. Dans le cadre de cet empire s
67 s — Marco Polo, Rubrukis ou Jean de Plan Carpin — leur ont décrit les richesses fabuleuses. Ils ont tenté plusieurs sorties,
68 elle-même formulées et diffusés sans en calculer leurs conséquences. La voici réduite à elle-même, ramenée dans les limites
69 ique, l’Asie et le monde arabe tentent de grouper leurs forces renaissantes contre l’Occident divisé. Serait-ce la fin de l’a
70 mme volant — aux biologistes contemporains — avec leur homme synthétique — ne font en somme pas autre chose que Colomb et qu
71 t avec précision, ils se trompent sur les buts de leurs voyages, ou sur le nom et la nature de leur objet. Et ce qu’ils trouv
72 s de leurs voyages, ou sur le nom et la nature de leur objet. Et ce qu’ils trouvent pose de nouveaux problèmes, tous imprévu
8 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t-elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)
73 nt superposables. S’ils se ressemblent, c’est par leur complication ou par leur manière d’être différents : première formule
74 e ressemblent, c’est par leur complication ou par leur manière d’être différents : première formule de l’unité paradoxale qu
75 elles-mêmes, mais aussi entre la commune (née de leur composition locale) et la région, puis entre la région et la nation,
76 Les Américains le sentent bien, et c’est pourquoi leurs pasteurs et leurs prêtres s’inspirent de plus en plus de nos théologi
77 sentent bien, et c’est pourquoi leurs pasteurs et leurs prêtres s’inspirent de plus en plus de nos théologiens. Prenons ensui
9 1962, Arts, articles (1952-1965). Le monde entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)
78 nze années pendant lesquelles nos États ont perdu leurs empires, que l’Europe s’est mise à s’unir. Les dates de la décolonis
79 19, et ceci devait amener les colonies à réclamer leur émancipation, voire à découvrir pour leur compte les ivresses du nati
80 éclamer leur émancipation, voire à découvrir pour leur compte les ivresses du nationalisme ; d’autre part, ces mêmes guerres
81 rendre aux Européens qu’il était temps de juguler leurs sanglants chauvinismes, et cela devait amener, nous l’avons vu, le ré
82 l’exploitation des colonies, disaient les uns, de leur pillage, disaient les autres, sont en train de recevoir un démenti te
83 -monde. Ils ont découvert qu’ils étouffaient dans leurs régimes traditionnels. Au nom de quelques-unes de nos plus vraies val
84 tages de notre civilisation et la souveraineté de leurs États, pour la plupart créés par nous. Quant aux nations colonialiste
85 s par le délire nationaliste, obligées de refaire leur bilan, cédant à la pression d’une opinion mondiale formée par leurs p
86 t à la pression d’une opinion mondiale formée par leurs principes, d’une classe nouvelle éduquée par leurs soins dans les pay
87 eurs principes, d’une classe nouvelle éduquée par leurs soins dans les pays colonisés, et de leur intérêt mieux compris — un
88 ée par leurs soins dans les pays colonisés, et de leur intérêt mieux compris — un peu poussées aussi par les États-Unis, qui
89 près de six-cent-cinquante ans : la nécessité de leur union. Elles ont perdu le monde et retrouvé l’Europe. Mais voici le d
90 lassablement bien plus de traditions oubliées par leurs peuples que nos armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou d
91 eulement les sciences et la technique, mais aussi leur intégration, bon an mal an, dans le complexe de nos coutumes et de no
92 ènes n’a jamais arrêté les seconds, pas plus dans leur empire qu’en Afrique ou en Asie. Donc, à court terme, il peut sembler
93 en Asie. Donc, à court terme, il peut sembler que leurs chances soient meilleures que les nôtres. Le tiers-monde les accueill
94 eille sans méfiance de principe. Il ne dit pas de leurs dons, comme il le dit des nôtres : « C’est du néo-colonialisme ! » Et
95 sponsabilité la plus totale, sans respect ni pour leurs cultures ni pour la nôtre. Telle est la situation concrète de l’Europ
96 slogans les plus démagogiques, au seul profit de leurs exploitants ou exploiteurs, plus efficaces ? Va-t-elle être évincée d
97 fédération. Mais une raison nouvelle doit forcer leur accord : c’est la nécessité matérielle et morale de répondre aux appe
10 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe est un colosse qui s’ignore (encore) (27 juin 1962)
98 ntre deux colosses à venir. Ils sont là. Mesurons leur taille réelle. J’ai inventé un petit jeu graphique, très simple. Pren
99 dent du reste du monde que pour 5 % au maximum de leur produit national. Le monde est vital pour l’Europe, il ne l’est guère
100 ques visiblement indéfendables du point de vue de leurs propres intérêts, mais qu’ils s’imposent pour le prestige. Sous préte
11 1965, Arts, articles (1952-1965). Le déferlement de l’érotisme : pour une nouvelle théologie (5-11 mai 1965)
101 tent du xviiie siècle. Ce qui est nouveau, c’est leur succès relatif : le siècle de Voltaire les avait négligés ; mais il n
102 fonctions et les organes sexuels sont appelés par leur nom ». Et il ajoute : « D’après mon exposé, le lecteur pudique pourra
103 e l’expression des réalités de la « chair », dans leurs aspects physio-psychologiques. Mais cela s’est produit dans un très g
104 d’amour pour Simone de Beauvoir, si j’en juge par leurs derniers écrits. Chez les plus jeunes, combien savent distinguer la s
105 ciplines sexuelles. 2. Les plaisirs érotiques ont leurs lois très subtiles, qui ne sont pas celles de la technique et de ses
106 affaire gratuite, bonne pour ceux qui ont rempli leur rôle physiologique. Mais voilà, l’importance de ce rôle va sans doute
107 n France, les Hindous l’ont sculpté au fronton de leurs temples, pour que nul n’en ignore s’il désire la sagesse. Mais la cen