1 1952, Arts, articles (1952-1965). Appel à ceux qui osent être différents (22 mai 1952)
1 tend de l’écrivain contemporain — alternativement ou simultané­ment — qu’il soit prêtre et iconoclaste, directeur de cons­
2 périodes de crise, la société devrait le fusiller ou le décorer, avouant ainsi qu’elle ne sait plus quelle est sa juste pl
3 de lecteurs de journaux, de spectateurs de films ou de télévision. Mais jamais son langage d’artiste ou de penseur n’avai
4 de télévision. Mais jamais son langage d’artiste ou de penseur n’avait été plus éloigné du lieu commun, de ce que peuvent
5 ssibilité sans précédent de jouer un rôle public, ou tout au moins, de contribuer dans l’immédiat à la création d’un clima
6 efficacité : simplifications éhontées, démagogie, ou propagande partisane. Allons-nous succomber aux tentations, divergent
7 t complices, du retrait pur et simple d’une part, ou du conformisme pur et simple d’autre part, l’une et l’autre de ces dé
8 ciale, comme ceux qui ont une fonction économique ou politique bien définie, précisément à cause de cela, l’écrivain repré
9 la liberté, et non seulement de la sienne propre ou de celle de son art, mais de la liberté de chacun et de ses condition
10 a plus intime, celle de la dérobade, orgueilleuse ou modeste, du retrait hors du monde où nous sommes vivants. Je ne crois
11 i peut se révéler décisif pour beaucoup. Renoncer ou nier ce pouvoir, ce serait tout simplement l’abandonner à ceux qui en
12 es de toute couleur des certitudes de propagande, ou je ne sais quelle mystique qui serait, au mieux, un peu plus virulent
2 1957, Arts, articles (1952-1965). L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)
13 r ! » Elle sera subitement mise à nu. D’ici vingt ou trente ans, selon certains experts, il suffira qu’un tiers de la popu
14 suite de facteurs matériels que j’aurais oubliés ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de nos libres décisions. (Ce n’est pa
15 il se trouve précisément que l’Occident a décuplé ou centuplé pendant ce siècle les instruments et moyens de culture. On y
16 comprendre les chefs-d’œuvre. Quant à la qualité, ou créativité, ou nocivité relative de cette invasion de la culture, nul
17 chefs-d’œuvre. Quant à la qualité, ou créativité, ou nocivité relative de cette invasion de la culture, nul ne saurait en
18 mme la mystique était un mouvement de dépassement ou de retrait en deçà du dogme formulé ; mais l’une et l’autre s’appuyai
19 éter de l’ancien qui n’a pas disparu sans raison, ou ressusciter des doctrines dont le style créateur a fait son temps5. E
20 , et les spectacles solennels organisés par l’art ou par le sport préparent les masses et les individus à des liturgies im
21 onomiques, les remous de la politique, le cinéma, ou l’Art lui-même. Quant à savoir si cela représentera un progrès ou un
22 e. Quant à savoir si cela représentera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui nous oblige à reconsidérer le sens et la
23 ose un progrès culturel (qu’il soit appelé loisir ou travail). 3. Je ne parle pas ici de la télévision, qui nous apporte
24 nt et furent dans une large mesure antireligieuse ou areligieuse. Le surréalisme français fut le signal d’une première rév
25 heur, de télépathie, d’érotisme, de paix de l’âme ou d’exaltation ; demain, des règles de yoga « scientifique », à l’Occid
3 1960, Arts, articles (1952-1965). Remise en question par l’Afrique et l’Asie, la civilisation occidentale n’a pas encore de successeur (21 septembre 1960)
26 , si on la compare à d’autres, passées, présentes ou en formation, on s’aperçoit qu’elle s’en distingue par deux grands tr
27 sens concret que pour chacun. L’unité de mesure, ou mieux : l’organe de sensibilité à la liberté véritable, restant le mo
28 pas moins vain d’imaginer qu’on puisse l’éliminer ou l’oublier. Admettons que l’Europe, en la formant, ait « infecté » le
29 lus mises en échec par trop de coutumes anciennes ou de limitations posées en partie par des excès contraires. Si l’Europe
30 érique a fait de certaines techniques (taylorisme ou psychanalyse), ce que les Soviets ont fait de la croyance en l’Histoi
31 de le déduire d’une certaine situation d’ensemble ou d’un appel monté du monde antique : nul ne peut démontrer qu’il soit
32 comme une grossière erreur de calcul, de montage ou d’aiguillage, c’est-à-dire qu’elle « ne pardonne pas » : elle suspend
33 de vue spirituel, toute morale codifiée, rituelle ou rationnelle. Elles impliquent, en effet, que la valeur d’un acte ne p
34 jugée par sa conformité avec les règles du sacré ou du social, mais que son sens dépend d’une attitude intime, d’une libr
35 évolution individuelle — libère tout homme, noble ou esclave, des liens sacrés de la caste ou du clan ; en même temps, ell
36 e, noble ou esclave, des liens sacrés de la caste ou du clan ; en même temps, elle le met au service du prochain. Entrant
37 lanète : elle a non seulement influencé, colonisé ou vassalisé selon les cas, la totalité de l’Afrique, des deux Amériques
38 ses méthodes de pensée, de production matérielle ou d’organisation de l’État, se rendent politiquement indépendants, j’y
39 veloppement normal de leurs sciences spirituelles ou physio-psychologiques. Et cela, au moment même où l’Occident commence
40 ncipe transcendant, dont un C. G. Jung en Europe, ou un Aurobindo en Inde, a tenté d’entrevoir la nature. Au stade présent
41 nir, voyager dans la lune, lire les pensées, tuer ou guérir sans contact… — tout est là, ou peut l’être bientôt. Déjà nous
42 sées, tuer ou guérir sans contact… — tout est là, ou peut l’être bientôt. Déjà nous volons, transmutons les métaux, dépass
43 iel : les miracles d’abord (changer l’eau en vin, ou guérir un paralytique) puis les expériences concluantes (l’avion vole
44 deux cas, l’effet probant est de nature tangible ou mesurable. Les Orientaux ont multiplié les recettes (psychosomatiques
4 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
45 t, car on n’observe rien de tel en Inde, en Chine ou en Afrique. Comment nous expliquer ce fait ? Et pourquoi l’érotisme e
46 e voit pas un seul équivalent chrétien — existant ou imaginable — du « Kamasutra », des « tantras », de tant d’autres trai
47 raux très sévères et de conseils d’hygiène vagues ou aberrants. D’un côté, le rite et les sévices physiques, qui règlent t
48 érente de type personnaliste, et non plus sociale ou sacrée comme dans les autres religions. Il n’en est que plus frappant
49 condamné sous les noms de luxure et d’impudicité ou de « prostitution spirituelle », l’amour humain devait fatalement dev
50 alité de la personne, l’amour sexuel, sentimental ou spirituel (amour des corps, des âmes ou des esprits selon la triparti
51 ntimental ou spirituel (amour des corps, des âmes ou des esprits selon la tripartition traditionnelle et non moins paulini
52 s casuistes), dans une Europe formée par l’Église ou contre elle, et longtemps confondue avec « la chrétienté ». On ne sau
53 doute irréversible, et les cultures totalitaires ( ou dirigées) normalement puritaines seront bientôt débordées. Au surplus
54 est donc avec ces mythes, non pas avec l’instinct ou avec « l’éternelle luxure » sans horizon que la pensée des spirituels
55 polémique intime. Ce n’est pas l’immoralité plus ou moins grave de ce siècle qui la concerne, mais bien les attitudes (re
56 des choses de l’amour, de spéculer à leur propos ou de les montrer sur l’écran. Ce n’est donc pas le sexe, mais l’érotism
57 qui est remis en question — tout l’amour : sexuel ou passionnel, normal ou aberrant, matrimonial ou spirituel. « L’amour e
58 ion — tout l’amour : sexuel ou passionnel, normal ou aberrant, matrimonial ou spirituel. « L’amour est à réinventer », dis
59 el ou passionnel, normal ou aberrant, matrimonial ou spirituel. « L’amour est à réinventer », disait Rimbaud. Cette espèce
60 nt les effets. Prenez un Européen cultivé — homme ou femme — formé par la morale bourgeoise, d’ailleurs croyant ou non, pl
61 ormé par la morale bourgeoise, d’ailleurs croyant ou non, plus ou moins respectueux de la science et du progrès, donc norm
62 orale bourgeoise, d’ailleurs croyant ou non, plus ou moins respectueux de la science et du progrès, donc normal et moyen s
63 innocence, même enfantine : la pariade primitive, ou , au contraire, la passion la plus insolite, exaltées comme étant la v
64 ndent encore leur nom : bref, la luxure, anxieuse ou complaisante, sophistiquée ou commerciale, non seulement étudiée mais
65 la luxure, anxieuse ou complaisante, sophistiquée ou commerciale, non seulement étudiée mais justifiée ! Comment notre hom
66 ust, l’inceste dans Musil, la luxure dans Miller, ou le simple coït dans l’amour ? Il voit ce qui le choque, qui est aussi
67 ent les motifs inverses d’être indignés, inquiets ou angoissés. Les deux camps se rendent bien leur mépris, et chacun refu
68 ient très naïvement, tout à leur passion poétique ou moraliste retournée, qui leur cache trop souvent les facts of life —
69 iciter des motifs religieux généralement refoulés ou tout simplement ignorés. Méthode exactement inverse de celle de Freud
5 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
70 dimensions de l’univers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à présent, du monde des formes, qui est la Nature, la Parabole — ma
71 de en déployant l’attrait, que l’on nomme énergie ou désir, selon l’ordre physique ou animique. Et cela seul donne un sens
72 on nomme énergie ou désir, selon l’ordre physique ou animique. Et cela seul donne un sens à tout : au vide cosmique où dan
73 istant dans ma re-connaissance, et que tout signe ou sens manifeste l’amour ; et rien d’autre n’importe en vérité ; rien d
74 e l’éducation, l’amitié et le mariage. L’émotion, ou l’Éros, seconde forme de l’amour procède de l’âme. Dans sa genèse, el
75 euple et la bourgeoisie, catholiques, protestants ou laïques. Cette morale tient le sexe pour mauvais en principe. Comme e
76 telle attitude est plus hérétique que chrétienne, ou plus religieuse que rationnelle et « scientifique », elle se garde de
77 l’acte de l’union sexuelle, rabaisse le spirituel ou élève l’érotique ? (J’entends bien ; élève l’érotique au niveau de si
78 s de vue, mais presque personne ne prend la peine ou le plaisir d’en déchiffrer l’idéogramme. C’est trop sérieux pour les
79 tarots, on verra qu’il ne s’agit pas d’un hasard ou d’une fantaisie, comme l’ont montré les belles études de l’indianiste
80 e : palpiter, contracter-dilater, être vulnérable ou blessé, transpercé par une pique (« Une épée te transpercera l’âme »,
81 . Déviations typiques : impérialisme et sadisme, ou à l’inverse, ascétisme et goût de l’autosacrifice vers l’autre : crim
82 u mauvais sens, est celui qui est coupé de l’âme, ou ne sait qu’en faire et la nie). Conception de l’amour : l’équilibre
6 1962, Arts, articles (1952-1965). Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)
83 s yeux leur essor, après des siècles d’immobilité ou de continuelle décadence. Qu’est-ce que l’Europe a « étouffé » dans l
84 le l’a fondée. La démocratie de l’Arabie saoudite ou du Yémen ? Le respect de la personne humaine chez les cannibales ? Vo
85 r que cet exemple n’infirme en rien leurs thèses, ou ne compte pas. Je leur laisse à démontrer dialectiquement que le roya
86 même ? De leurs valeurs européennes « pourries » ou de quelles autres ? Laissons là ces divagations. Revenons aux faits.
87 nt sauvé de la sorte que nos principes, compromis ou trahis par nos pratiques. L’ère colonialiste a pris fin, pour des rai
88 our le plaisir de se vautrer dans son masochisme, ou simplement pour embêter de Gaulle, qui a pourtant présidé non sans gr
89 otre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple réussi de dépassement d
7 1962, Arts, articles (1952-1965). Le miracle européen a créé le monde civilisé (6 juin 1962)
90 lon les auteurs et selon les modes, géographiques ou climatiques, économiques ou démographiques. Ce que j’appelle le phéno
91 modes, géographiques ou climatiques, économiques ou démographiques. Ce que j’appelle le phénomène européen se signale, da
92 conquérir, et d’absorber leurs conquérants, Huns ou Mongols ? Les causes physiques et naturelles ne pouvant rendre compte
93 ponse : — Pourquoi l’Europe a-t-elle été la seule ou la première partie du monde qui ait adopté cette religion, venue d’ai
94 e siècle a découvert qu’un phénomène, individuel ou collectif, ne pouvait être bien saisi que dans son mouvement créateur
95 nne est donc devenue le lieu de rencontre de sept ou huit traditions différentes : orientales et nordiques, continentales
96 improbable de toutes ces forces en conflit latent ou en guerre ouverte. L’Europe et sa culture résulteront de cette fusio
97 t quelques rares voyageurs — Marco Polo, Rubrukis ou Jean de Plan Carpin — leur ont décrit les richesses fabuleuses. Ils o
98 onquête militaire, la prise du pouvoir économique ou politique, enfin la colonisation. De siècle en siècle, les continents
99 esurer ses forces contre des adversaires visibles ou invisibles, aller toujours plus loin dans l’inconnu, en naviguant ave
100 sse avant lui : ils partent vers des buts proches ou lointains qu’ils rêvaient avec précision, ils se trompent sur les but
101 n, ils se trompent sur les buts de leurs voyages, ou sur le nom et la nature de leur objet. Et ce qu’ils trouvent pose de
8 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t-elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)
102 volonté de vivre, enfin sa fonction dans le monde ou vocation. La situation géoéconomique de notre petit continent, au po
103 être allemande, française, luxembourgeoise, belge ou suisse : vous y distinguez des villages, des petites villes et des fe
104 S’ils se ressemblent, c’est par leur complication ou par leur manière d’être différents : première formule de l’unité para
105 es huttes se groupent en rond dans les clairières ou s’égrènent le long de la berge d’un fleuve. L’Europe seule présente u
106 anale et donc typique, un savant débarqué de Mars ou de Vénus pourrait reconstituer sans trop d’erreurs les structures ess
107 se, les discussions autour d’une table de bistrot ou d’un étalage de marché lui permettraient de trouver quelques-uns des
108 aître, qui est celle des autres, de l’autre école ou de l’autre parti — mais à partir des réalités visibles et tangibles,
109 s façades bureaucratiques autour d’un cercle vide ou d’un quadrilatère évoquant de lourdes parades. Tout au contraire : la
110 droit que le Palio de Sienne, la Piazza Signioria ou le forum romain lui-même, ancêtre commun de nos places, Platze, plaza
111 un de nos places, Platze, plazas, praças, piazze, ou Pleins selon le pays. Quant à l’ancêtre du forum lui-même, c’est l’ag
112 (l’hôtel de ville, le municipio, le Rathaus) soit ou non bâtie sur la place — et il se trouve qu’elle l’est en général — c
113 el romain sur le forum, enfin l’église chrétienne ou ecclesia (qui veut dire assemblée et non plus temple), représentent l
114 représentées par la révolte d’un seul, d’un génie ou d’un saint contre toute une cité, au nom de ses principes indiscutés.
115 uand l’une des réalités antagonistes — la liberté ou l’autorité, l’autonomie locale ou la centralisation, l’innovation ou
116 es — la liberté ou l’autorité, l’autonomie locale ou la centralisation, l’innovation ou la tradition, l’individualisme ou
117 tonomie locale ou la centralisation, l’innovation ou la tradition, l’individualisme ou la discipline sociale, etc.— préten
118 n, l’innovation ou la tradition, l’individualisme ou la discipline sociale, etc.— prétend s’imposer seule et détruire l’au
119 détruire l’autre au nom d’un ordre simplificateur ou d’une doctrine prétendument totale et unitaire, il en résulte guerres
120 conciliation pratique, gagée par une institution, ou assurée par une méthode qui ne supprime pas la tension mais la maîtri
121 mmense complexe de tension n’est pas trop déprimé ou dévasté par les guerres, les dictatures et les nationalismes clos, qu
122 représentent ses courts-circuits ; dans la mesure ou se développe, ne fût-ce qu’une part du potentiel accumulé par ces ten
123 ation. Sommes-nous au seuil d’une telle période ? Ou au contraire, l’état de santé de l’Europe est-il aussi mauvais que le
124 rable au portrait-robot du producteur moyen russe ou américain ? Les éléments d’une réponse motivée à cette question — tro
125 ent tranchée au nom de partis pris réactionnaires ou progressistes — pour­raient être fournis par une auscultation des org
126 haque dimanche, et on en trouve en général quatre ou cinq pour une commune rurale moyenne de 2000 à 3000 habitants. L’égli
127 os pays, qu’il s’agisse du Marché commun des Six, ou de l’économie des pays neutres. Quant à la presse, enfin, et au café
128 relles, et moins peuplé, je le répète, que l’Inde ou que la Chine. Mais ce cap et ses habitants, longuement travaillés, to
129 bre du siècle, qu’est celle d’Einstein : E = mc2, ou E signifie l’énergie, m la masse, c la vitesse de la lumière. Je la t
130 es, artisanales et paysannes, de chicanes légales ou fiscales, de fronde populaire et de revendications, qui l’ont freinée
131 er comme l’éléphant dans le magasin de porcelaine ou le bulldozer dans un verger. Certes, les freins et les écluses n’ont
9 1962, Arts, articles (1952-1965). Le monde entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)
132 éraux de cause à effet entre les deux phénomènes, ou si plutôt, comme je le crois, ils ne résultent pas tous les deux d’un
133 gner que les défaitistes européens, nationalistes ou marxistes, qui soutenaient depuis cinquante ans que l’Europe n’était
134 e savons tous, est tenue pour responsable, à tort ou à raison, d’autant de méfaits que de bienfaits. Mais ceci n’empêche p
135 verses : missionnaires, commerciales, politiques, ou simplement aventurières, les Européens, en désordre, et sans le moind
136 urnaux et des parlements. S’imposant par la force ou reçus comme des dieux — ainsi Cortés à Mexico —, voulant sauver des â
137  ainsi Cortés à Mexico —, voulant sauver des âmes ou exploiter des mines, ils conquièrent, civilisent, pillent, évangélise
138 armées et nos missions n’en ont jamais détruites ou dénaturées. Mais alors, le retrait de l’Europe qu’on nomme décolonisa
139 seconds, pas plus dans leur empire qu’en Afrique ou en Asie. Donc, à court terme, il peut sembler que leurs chances soien
140 de ce qu’il appelait « les conceptions partielles ou discréditées de l’esprit européen ». Il en donnait l’impressionnante
141 démagogiques, au seul profit de leurs exploitants ou exploiteurs, plus efficaces ? Va-t-elle être évincée du tiers-monde p
142 vices, au détriment de ses valeurs authentiques ? Ou peut-elle encore réagir ? En a-t-elle les moyens matériels et moraux 
10 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe est un colosse qui s’ignore (encore) (27 juin 1962)
143 se écrasée entre deux colosses. Cette conviction, ou cette angoisse, m’apparaissent curieusement indépendantes des faits.
144 , mais seulement le citoyen d’un petit État de 10 ou de 50 millions qui n’est plus à l’échelle du monde nouveau. C’est que
145 t d’autre part, de la puissance d’autres cultures ou civilisations qui prétendent à sa succession. Je ne vous apprendrai r
146 comme le rôle de la police et des fonctionnaires, ou l’habitude de réécrire l’histoire tous les vingt-cinq ans pour justif
147 cinq ans pour justifier la politique du souverain ou du parti au pouvoir ; à quoi s’ajoutent 50 % de marxisme plus ou moin
148 pouvoir ; à quoi s’ajoutent 50 % de marxisme plus ou moins fidèlement appliqué. Or le marxisme n’est tout de même pas d’in
149 s à notre vocation en prétextant notre faiblesse, ou ces crimes d’un passé récent dont le tiers-monde nous tient pour resp
150 charger, si l’Europe s’y dérobe. Cette vocation, ou cette fonction mondiale, si l’on préfère, se résume à mes yeux dans c
151 excès du chauvinisme et à des mesures économiques ou politiques visiblement indéfendables du point de vue de leurs propres
152 ’antidote du nationalisme, du chauvinisme, racial ou partisan, et finalement des dictatures totalitaires qui en sont l’abo
11 1962, Arts, articles (1952-1965). Un refus d’aimer (3 octobre 1962)
153 poque. L’érotisme peut traduire un refus d’aimer, ou , au contraire, une prise de conscience plus vraie de l’amour. Cela s’
154 ppe, par nature, à toute espèce de généralisation ou de statistique. Les attitudes que la majorité de nos contemporains so
12 1965, Arts, articles (1952-1965). Le déferlement de l’érotisme : pour une nouvelle théologie (5-11 mai 1965)
155 ’amour » physique dans les romans de série, noire ou autre, la suppression des « pudeurs de langage », mais plus que tout
156 , entre la Porte étroite et Notre-Dame des Fleurs ou Le Silence de Bergman, ce qui s’est passé d’important se situe au niv
157 lence de défis parfois sadiques, de préjugés plus ou moins masochistes, de découvertes excitantes et de problématiques lib
158 éducateurs se persuadèrent que la moindre défense ou discipline équivalait à « refouler l’instinct », à créer des névroses
159 s d’autorégulation démographique. Question de vie ou de mort pour l’espèce, s’il est vrai que trop de vies peuvent entraîn
160 a peste, la famine et la guerre déjà neutralisées ou en voie de l’être, restent les disciplines contraceptives et certains
161 et aux passions, et la procréation à la création ou au plaisir cultivé pour lui-même, donc stérile. Ce phénomène qui va s
162 visions, rythmes, littérature, photos, allusions ou contacts, le jeune homme d’aujourd’hui ne produit plus son type de fe
163 thie sexuelle, cédant à quelque ruse de l’espèce, ou parce qu’il n’aura pu choisir entre ceux qui se figurent encore que l
164 ’il n’y a « pas de péché au-dessous du nombril », ou ceux qui croient bonnement avec un chansonnier de mes amis « qu’il n’
165 s « qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien » ? Ou encore — hypothèse optimiste — allons-nous vers une ère classique, sc