1 1952, Arts, articles (1952-1965). Appel à ceux qui osent être différents (22 mai 1952)
1 Devant ce défi, certains sont tentés de fuir, de se dérober et de plaider irresponsable ; mais d’autres sont tentés de se
2 ider irresponsable ; mais d’autres sont tentés de se conformer aux recettes bien connues de l’efficacité : simplifications
3 té Notre place, comme écrivains, dans la cité, s’ est révélée problématique. Je reconnais cette situation. Et je l’accep
4 marquée dans la cité, parce qu’il ne sait plus où s’ asseoir, parce qu’il n’est pas intégré sans question ni contradiction
5 tion, voilà cet écrivain, voilà sa liberté, qu’il s’ agit maintenant d’assumer, et de défendre. Car un double péril la mena
6 ure n’existe pas, n’a jamais existé, ou bien elle se confond avec la propagande. Mais je crois à la nécessité de certains
7 omprends très bien que plusieurs de nos confrères se récusent devant toute espèce d’action publique, se croient et se sent
8 e récusent devant toute espèce d’action publique, se croient et se sentent impuissants devant les forces brutales et colle
9 ant toute espèce d’action publique, se croient et se sentent impuissants devant les forces brutales et collectives qui mèn
10 se, un je ne sais quoi dans l’atmosphère qui peut se révéler décisif pour beaucoup. Renoncer ou nier ce pouvoir, ce serait
11 ice d’État. Contre ces deux périls, il importe de se rassembler. Non pas du tout, non pas un seul instant dans l’idée qui
2 1957, Arts, articles (1952-1965). L’ère des loisirs commence (10 avril 1957)
12 ieux de la vie. (Elle l’a toujours été, mais cela se verra.) Jusqu’ici, c’était le travail qui occupait l’essentiel de nos
13 ien l’aspect théorique de ces calculs ; qu’ils ne s’ appliquent vraiment qu’au type occidental de vie ; qu’ils supposent un
14 de 1830, ce qu’allait produire la technique ? Il s’ agit cette fois-ci de mieux voir les problèmes, au lieu de les refoule
15 vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manière transparente et seront suivis d’effets pr
16 ordiques Libéré du labeur matériel, l’Occident se tourne immédiatement vers les voyages, le sport, les jeux, et l’éroti
17 amnées au loisir pendant six mois d’hiver : elles se tournent vers la culture. Or, il se trouve précisément que l’Occident
18 les bibliothèques et les foyers de culture locaux se généralisent ; toute la peinture mondiale peut venir sur nos murs sou
19 enir sur nos murs sous forme de reproductions « à s’ y méprendre » ; toute la musique nous vient à domicile par la radio et
20 s conférences, causeries et discussions publiques se tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’
21 en deçà du dogme formulé ; mais l’une et l’autre s’ appuyaient sur l’objet de leur renoncement et en dépendaient étroiteme
22 teur a fait son temps5. Et je ne dis pas qu’elles s’ en priveront. Mais je vois aussi que la culture répand déjà dans un pu
23 ce genre de réalités certaines curiosités qui ne s’ arrêteront pas là. La télévision, la radio, apportant le monde à domic
24 é par le matérialisme6. Beaucoup d’esprits légers s’ imaginent l’homme comme une sorte de ballon qui ne demande qu’à « s’él
25 e comme une sorte de ballon qui ne demande qu’à «  s’ élever » dès qu’il est délivré des soucis quotidiens. La preuve qu’il
26 , et une partie de la parisienne, au xxe siècle, se crurent et furent dans une large mesure antireligieuse ou areligieuse
27 ntichrétien par cela même qu’un J.-P. Sartre, qui se place au niveau de la morale dans le prolongement des exigences « exi
28 oblèmes religieux dans la littérature occidentale s’ est amorcé dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 5. Nos sectes o
29 entale s’est amorcé dès 1919, et n’a pas cessé de s’ amplifier. 5. Nos sectes orientalistes me font parfois penser à quelq
3 1960, Arts, articles (1952-1965). Remise en question par l’Afrique et l’Asie, la civilisation occidentale n’a pas encore de successeur (21 septembre 1960)
30 d’autres, passées, présentes ou en formation, on s’ aperçoit qu’elle s’en distingue par deux grands traits généralement te
31 présentes ou en formation, on s’aperçoit qu’elle s’ en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des causes
32 par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’ explique d’une manière assez simple. Prenons l’exemple de l’homme chré
33 mmes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la Vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fin n
34 cet effort sans fin ni cesse — ici encore — pour s’ approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en
35 des hommes « qui ont cessé de chercher » et « qui se croient les détenteurs de la vérité absolue ». Il serait peut-être er
36 l’existence d’une vérité en soi : simplement, il se refuse à croire qu’un homme puisse vraiment y accéder (l’Hindou le cr
37 urs plus de machines. Mais parmi ces machines, il s’ en trouve une qui peut causer en peu d’instants la mort certaine de no
38 ent à la pire qualité, le progrès culturel tend à se freiner lui-même, voire à subitement changer de signe pour aller vers
39 nt, ait « infecté » le monde entier : le monde ne s’ en guérira plus. À supposer qu’il la refoule un jour, elle renaîtrait
40 r des excès contraires. Si l’Europe d’aujourd’hui s’ effraye de constater ce que l’Amérique a fait de certaines techniques
41 i ce sens n’était pas blessé, rien ne réagirait ; s’ il est blessé et réagit, c’est qu’il existe. J’essaierai donc d’en déf
42 ersonne quant à savoir si l’acte exprime l’amour, s’ il édifie. Pourtant la voie chrétienne n’est pas tout l’Occident. Elle
43 isif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’ est engagée dans un monde bien réel, déjà fortement structuré à la foi
44 des conciles œcuméniques. Apport grec. — L’homme se détache du corps magique en lequel se mêlaient sans fin ni formes net
45 . — L’homme se détache du corps magique en lequel se mêlaient sans fin ni formes nettes les vivants et les morts, les dieu
46 l n’est pas dieu, ne rêve pas de le devenir, mais se sent d’autant plus décidé à tirer le meilleur parti de sa condition.
47 finalement, cette anarchie sceptique qui, lorsque se perdra la révérence à l’égard des dieux et des lois, livrera la cité
48 tale mise au pas du Romain. Apport de Rome. — Il se résume dans le terme viril de citoyen. L’homme ne tient plus sa digni
49 ciplines ne sont pas celles de l’âme, que naît et se répand le christianisme. Apport chrétien. — La conversion — révoluti
50 conquis qu’un quart des continents alors connus. S’ il a cru que c’était le monde, il s’est trompé. Mais cette erreur ne p
51 alors connus. S’il a cru que c’était le monde, il s’ est trompé. Mais cette erreur ne peut être la nôtre. Qu’a fait l’Europ
52 roduction matérielle ou d’organisation de l’État, se rendent politiquement indépendants, j’y vois bien moins le signe d’un
53 ations et des cultures. Dès lors que les échanges se multiplient en fait, que l’Asie s’industrialise, et que le temps de v
54 e les échanges se multiplient en fait, que l’Asie s’ industrialise, et que le temps de voyages cesse de nous séparer (nous
55 aies » aussi, et même devenir vitales. L’Aventure s’ approchant de la Voie, l’une doit intégrer l’autre (mais au prix de sa
56 is fois la durée moyenne de la vie, voyons ce qui se passe aux antipodes, parlons avec des invisibles, tuons à grande dist
57 urez tout le temps, qu’en ferez-vous ? (Mais lui, s’ il devenait immortel ?) Le problème de l’emploi du temps libre se pose
58 mmortel ?) Le problème de l’emploi du temps libre se posera donc demain. Par notre fait, dans la réalité sérieuse et quoti
59 ficience en un mot, qui ont permis au problème de se poser, sont précisément les qualités et attitudes qui prédisposent le
60 esure d’en instituer les conditions pour tous, il se voit appauvri spirituellement, tandis que l’Orient se jette sur nos t
61 oit appauvri spirituellement, tandis que l’Orient se jette sur nos techniques et en oublie ses valeurs propres, qui seraie
62 nte extrême en notre siècle, notre image du monde s’ évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à
63 avait cru pouvoir éliminer. Le Cosmos tout entier se résout en un voile tissé d’ondes animant le Vide. Quatre-vingt-dix-ne
64 l’univers physique est un « nœud d’énergie » qui se produit dans un « champ » au sein duquel agissent on ne sait quels ar
65 us verrez bientôt que la question d’un au-delà ne se pose plus. Dans l’univers en expansion de l’abbé Lemaître et de Gamov
66 la plus extrême galaxie. Mais dans quoi tout cela se meut-il ? Il est vrai que la question n’a pas de sens : rien « au mon
67 e vient buter contre la transcendance. L’Aventure se poursuit. Si l’on demande où elle va, qu’on regarde d’abord d’où elle
4 1961, Arts, articles (1952-1965). L’Amour en cause (1er février 1961)
68 e » que l’homme. Et enfin pour que l’homme puisse s’ aimer lui-même, il faut qu’il y ait en lui dualité entre l’homme natur
69 tant « cachée avec le Christ en Dieu », mais elle se manifeste par des actes, dans l’amour du prochain comme de soi-même.
70 sexuel. Notre mystique, science de l’amour divin, s’ est développée très tardivement, dans des formes et selon des voies pr
71 aux yeux de l’orthodoxie. Notre éthique sexuelle s’ est très longtemps réduite à quelques interdits élémentaires et que l’
72 e même crise endocrine, le christianisme puritain se contente de conseils moraux très sévères et de conseils d’hygiène vag
73 , et que la Gnose ignore, significativement. Elle se fonde sur quelques versets des épîtres et des évangiles qui dans l’en
74 vations spirituelles du mariage diffèrent et même se contredisent chez saint Paul. Tantôt il pose une sorte d’analogie mys
75 nce, je n’en fais pas un ordre. Car il vaut mieux se marier que de brûler. » Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de l’Apôt
76 la vie spirituelle : « Celui qui n’est pas marié s’ inquiète du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui qui e
77 ens de plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’ inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme. » 4. Ai
78 a grâce, et valorisé à l’extrême. Ceci ne pouvait se produire — et ne s’est pas produit — en dehors de la sphère d’influen
79 à l’extrême. Ceci ne pouvait se produire — et ne s’ est pas produit — en dehors de la sphère d’influence du christianisme.
80 rationalistes libéraux et communistes orthodoxes s’ unissent pour déplorer l’invasion de nos vies d’une sexualité « obséda
81 érotisme. Déplorer le phénomène est donc vain. Il s’ agit de comprendre ses causes, et sur tout ce dont il est signe. Et d’
82 et sur tout ce dont il est signe. Et d’abord, il s’ agit de lui donner son vrai nom. C’est l’érotisme qui travaille les so
83 ffrayer à notre tour essayons de bien voir ce qui se passe quand les censures officielles périclitent. Est-il vrai, comme
84 ité envahit tout » et que la sexualité défoulée «  se déchaîne » ? Bien sûr que non. L’instinct ne dépend pas des modes ni
85 nt dans l’histoire de la culture occidentale : il se situe de la manière la plus précise au xiie siècle. Depuis la fin de
86 oésie, le roman, la piété et les mœurs. Tout cela se passait dans les élites cultivées — les jongleurs et prédicateurs éta
87 et la « pornographie » qui en serait la cause, il se sent indigné et inquiet. S’il est sérieux, s’il voit plus loin, cela
88 n serait la cause, il se sent indigné et inquiet. S’ il est sérieux, s’il voit plus loin, cela peut aller jusqu’à l’angoiss
89 il se sent indigné et inquiet. S’il est sérieux, s’ il voit plus loin, cela peut aller jusqu’à l’angoisse. Or ces disposit
90 e indignés, inquiets ou angoissés. Les deux camps se rendent bien leur mépris, et chacun refuse de tolérer fût-ce un insta
91 point par des retours aux disciplines d’antan. Il s’ agit d’expliciter des motifs religieux généralement refoulés ou tout s
92 n du mythe moderne de l’amour. Denis de Rougemont se propose de publier prochainement un ouvrage : Comme toi-même (Albin
5 1961, Arts, articles (1952-1965). Les quatre amours (9 mai 1961)
93 re ; qu’un monde coloré, déployé, dense et stable s’ étende autour de nous qui allons dans sa durée ; qu’il y ait donc tout
94 souple résistance de la chair, et le désir qui ne s’ arrêtera plus dans sa lancée vers un au-delà de plénitude, vers le Plé
95 s, ces corps souffrent et meurent, ces sentiments s’ égarent, ce désir exige un Ailleurs où la possession soit entière. Ce
96 n ? — si la pensée ne trouve pas de réponse, elle se rend au vide et s’annule. Ce qui peut la retenir au bord du rien, c’e
97 ne trouve pas de réponse, elle se rend au vide et s’ annule. Ce qui peut la retenir au bord du rien, c’est l’intuition dire
98 e de l’amour qu’il y a quelque chose, que le vide s’ anime et se différencie, qu’il y a des forces qui s’attirent et se rep
99 r qu’il y a quelque chose, que le vide s’anime et se différencie, qu’il y a des forces qui s’attirent et se repoussent, do
100 anime et se différencie, qu’il y a des forces qui s’ attirent et se repoussent, donc se composent, qu’il y a par suite form
101 fférencie, qu’il y a des forces qui s’attirent et se repoussent, donc se composent, qu’il y a par suite forme et mouvement
102 des forces qui s’attirent et se repoussent, donc se composent, qu’il y a par suite forme et mouvement proche et lointain
103 ure, est la prière. Prier n’est pas demander mais s’ orienter, de manière à recevoir et à réaliser.) Le mot posé, quelle es
104 peut distinguer par leur ordre d’apparition. Ils se mêleront et combineront dans l’homme achevé. La vision intuitive, fo
105 ve en même temps que reconnaissance. Elle naît et se développe quand je découvre en moi, mais devine aussitôt dans l’autre
106 personne. Nul ne peut distinguer le bien d’autrui s’ il n’a su distinguer d’abord son propre bien. Qui s’aime mal, comme l’
107 il n’a su distinguer d’abord son propre bien. Qui s’ aime mal, comme l’égoïste, ne peut que mal aimer les autres et penser
108 er que « l’enfer c’est les autres » : c’est qu’il se croit inacceptable et se voudrait (inconsciemment) anéanti. Nul ne vo
109 s autres » : c’est qu’il se croit inacceptable et se voudrait (inconsciemment) anéanti. Nul ne voit la personne chez autru
110 ent) anéanti. Nul ne voit la personne chez autrui s’ il ne l’a vu d’abord en soi : or, aimer c’est vouloir que la personne
111  : or, aimer c’est vouloir que la personne unique s’ édifie dans l’individu. Cette règle d’or est la norme morale, par exce
112 ve, et reste loin d’imaginer la possession. Mais s’ il précède le désir dit physique, je crois que l’amour émotif animique
113 dultes ont cessé de le sentir ; mais un homme qui se connaît bien et les femmes surtout savent cela : une certaine percept
114 tanée du secret singulier de l’autre — et surtout s’ il paraît lui-même l’ignorer — est la condition nécessaire de l’émotio
115 rands, parce que l’émotion la plus vive peut bien se suffire en soi. La sexualité mérite le nom d’amour Le plaisir s
116 t, chez l’homme, autre chose que l’instinct, elle s’ ordonne à des fins nouvelles qui ne sont plus celles de l’espèce mais
117 igieuse que rationnelle et « scientifique », elle se garde de la déclarer, mais trahit constamment son intime conviction p
118 s jugements et des indignations qui ressemblent à s’ y méprendre à des réflexes conditionnels. Voici un test : à la lecture
119 plaisir dans le Soi, devient son propre maître et se meut à sa fantaisie parmi les mondes. Mais celui qui pense autrement
120 trême : la vue mystique La forme de pensée qui se révèle ici transcende la recherche moderne des secrets d’un champ uni
121 (et si l’on remonte aux tarots, on verra qu’il ne s’ agit pas d’un hasard ou d’une fantaisie, comme l’ont montré les belles
122 eu de cartes) et sentiment-pensée (signes rouges) se retrouvent. Cœur La forme indique le nombre 2. Elle suggère :
123 e âme, et le sait, a lieu d’être masochiste et de s’ en réjouir). Goût de la mort à deux. Paranoïa. Conception de l’amour 
124 que le nombre 3. Elle suggère : pousser, enlacer, s’ épanouir dans les trois dimensions (esprit, âme, chair) Correspond au
125 ament : exclusif, bâtisseur, critique, prudent («  se garder à carreau »), abstracteur, classique, impudent, inventif (de s
6 1962, Arts, articles (1952-1965). Sartre contre l’Europe (17 janvier 1962)
126 nt battu les Popos aidés par l’Anglais Testefole, s’ emparent de Ouidah, port de mer. Ils massacrent tout ce qui s’y trouve
127 e Ouidah, port de mer. Ils massacrent tout ce qui s’ y trouve et instituent une nouvelle charge dans l’État, celle du Yévog
128 charge dans l’État, celle du Yévogan (« celui qui s’ occupe des Blancs »), titre que l’on a traduit, « avec toute l’emphase
129 publie Robert Corvenin.) Les successeurs d’Agadja s’ enrichissent par le commerce des esclaves, dont ils se fournissent che
130 richissent par le commerce des esclaves, dont ils se fournissent chez le voisin, payent un tribut aux Yorubas, se rattrape
131 ent chez le voisin, payent un tribut aux Yorubas, se rattrapent en imposant les Houédas et en battant périodiquement les P
132 Le roi, qui est l’objet d’une espèce d’adoration, se signale par d’horribles sacrifices humains. Il a une armée de femmes.
133 lonisation de cet heureux pays date de 1892. Elle se termine en 1960 par la création d’une république souveraine et démocr
134 nd-chose. Ils n’en feront rien, car la passion ne s’ embarrasse pas de faits et leur passion veut la mort du pécheur, qui e
135 ationalisme et la fureur idéologique, ces peuples se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la souv
136 croire : p. 23). D’ailleurs, « l’Européen n’a pu se faire homme qu’en fabriquant des esclaves » (eh quoi ! n’était-il pas
137 e ? Il nous faut expliquer l’anachronisme. Sartre se meut dans un village intellectuel et projette sur l’« Europe » des ha
138 . Pourquoi crier encore, sinon pour le plaisir de se vautrer dans son masochisme, ou simplement pour embêter de Gaulle, qu
139 sse soviétique, et les autres, au moment où elles se tournent obscurément vers nous. Ce que nous devons offrir au monde et
140 x qui auront dit que l’Europe est finie, quand il s’ agissait de la faire. j. Rougemont Denis de, « Sartre contre l’Euro
7 1962, Arts, articles (1952-1965). Le miracle européen a créé le monde civilisé (6 juin 1962)
141 n sorte que les chances de l’Europe dans l’avenir se confondent pratiquement, désormais, avec celles de la civilisation né
142 le phénomène européen par ses effets, alors qu’on s’ est toujours efforcé jusqu’ici de l’expliquer par certaines causes, qu
143 raphiques. Ce que j’appelle le phénomène européen se signale, dans l’histoire du monde, par quelques traits absolument ori
144 er est en train d’imiter, tandis que l’inverse ne s’ est jamais produit. Le phénomène unique au monde que dénotent ces cons
145 scription de l’Europe, dont Valéry me paraît bien s’ être inspiré dans le passage fameux où il parle de l’Europe comme « d’
146 ue la nature n’avait ornée que de forêts immenses s’ est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques
147 êts immenses s’est peuplée de nations puissantes, s’ est couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux mo
148 puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’ est enrichie du butin des deux mondes ; cette étroite presqu’île, qui
149 plement de la terre nous fait voir que l’humanité s’ est concentrée depuis longtemps dans trois régions privilégiées à cet
150 nos nations ne date que du xixe siècle. Comment se fait-il alors que l’Inde, autre péninsule de l’Asie, à peu près compa
151 des nations de l’époque, Inde comprise ? Comment se fait-il que les Chinois, qui étaient pourtant le tiers de l’humanité
152 ipé à l’histoire du monde que par leur faculté de se laisser conquérir, et d’absorber leurs conquérants, Huns ou Mongols ?
153 lents historiens catholiques contemporains ? Cela se discute. Hippocrate et Strabon, nous venons de le voir, mais aussi Hé
154 causes naturelles produisant des effets où elles s’ épuisent : ce n’est pas le déroulement d’un plan, dont nul ne voit qui
155 Espagne au Caucase. Cadmus enfin, le plus fameux, s’ en fut à Rhodes, puis en Thrace ; et comme il désespérait de retrouver
156 ience, tout est venu de l’Est vers l’Europe, tout s’ est lentement concentré dans cette sorte d’impasse au-delà de laquelle
157 e monde finissait. Une première culture originale se constitue en Grèce. L’Empire de Rome la diffuse et la transforme. À l
158 égrés. Enfin, c’est dans le cadre de l’empire que se répand très rapidement une religion qui, elle aussi, vient du Proche-
159 et l’orthodoxie aux hérésies, cette fermentation se poursuit en vase clos : dans une espèce de creuset d’alchimiste, où s
160 los : dans une espèce de creuset d’alchimiste, où s’ opèrent les transmutations les plus imprévues. Vraiment le four est bi
161 es. Vraiment le four est bien scellé. Car l’islam s’ est dressé à l’Est, barrant les routes vers l’Orient. Les Européens se
162 , barrant les routes vers l’Orient. Les Européens se voient coupés de toutes communications régulières avec les civilisati
163 à ces querelles théologiques et scolastiques qui se terminent trop souvent sur le bûcher ? Comment réaliser les ambitions
164 outes les autres. L’aventure mondiale de l’Europe se déroule, à partir de Colomb, sur un rythme assez comparable à celui d
165 , les continents découverts et régis par l’Europe se sont libérés de sa tutelle. L’Amérique du Nord la première, dès la fi
166 le monde fait par elle, elle l’a perdu. Le monde s’ est révolté contre elle au nom même des valeurs de liberté, de justice
167 ngue « erreur », selon le sens latin du mot. Tout se passe, au long de l’épopée, comme si Ulysse, le courageux et le rusé,
168 ou lointains qu’ils rêvaient avec précision, ils se trompent sur les buts de leurs voyages, ou sur le nom et la nature de
169 r là que l’Occident, aventureuse moitié du monde, s’ oppose le plus radicalement au génie de l’Orient métaphysique. k. R
8 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe détient les secrets de l’avenir, mais a-t-elle la volonté de vivre ? (13 juin 1962)
170 1962)l Tout pronostic relatif à l’Europe7 doit se baser sur l’examen de trois facteurs déterminants pour ses chances d’
171 isément vérifiable et dont les données objectives se lisent sur nos mappemondes et cartes économiques, en attendant d’être
172 rez pas deux dont les plans soient superposables. S’ ils se ressemblent, c’est par leur complication ou par leur manière d’
173 s deux dont les plans soient superposables. S’ils se ressemblent, c’est par leur complication ou par leur manière d’être d
174 aient décidé d’en rester là. En Asie, les maisons s’ assemblent en essaims. En Afrique, les huttes se groupent en rond dans
175 s s’assemblent en essaims. En Afrique, les huttes se groupent en rond dans les clairières ou s’égrènent le long de la berg
176 huttes se groupent en rond dans les clairières ou s’ égrènent le long de la berge d’un fleuve. L’Europe seule présente un r
177 iées et régionalement fédérées. Et voici que tout se résume en un coup d’œil. Car autour de la place d’un simple village d
178 ’elles n’ont guère été mises en pratique et qu’il s’ agit d’une Europe idéale, qu’on refuse de reconnaître, qui est celle d
179 , et ne nous dissimulons pas ses risques, mais il se peut qu’elle donne quelques idées fécondes à de jeunes sociologues qu
180 cident de la composition des conseils de la cité, se forment tout d’abord sur l’agora, sur le forum de la Rome républicain
181 s partis et l’opinion, et l’opposition notamment, se manifestent par la Presse, dans l’ère moderne de l’Europe ; et la pre
182 te place digne du nom : le café. C’est là qu’elle se parle d’abord, s’écrit bien souvent, et se lit. C’est dans les cafés
183 nom : le café. C’est là qu’elle se parle d’abord, s’ écrit bien souvent, et se lit. C’est dans les cafés de Hollande que se
184 u’elle se parle d’abord, s’écrit bien souvent, et se lit. C’est dans les cafés de Hollande que se réunissent les réfugiés
185 , et se lit. C’est dans les cafés de Hollande que se réunissent les réfugiés qui créeront les fameuses gazettes françaises
186 française. C’est dans les tavernes anglaises que se lisent à haute voix les éditoriaux du journal que Daniel Defoe rédige
187 bles — comme j’entends le faire aujourd’hui — que se passe-t-il dans cette église, et que l’Orient n’a jamais connu ? Le p
188 de la chaire. Voici donc une nouvelle tension qui s’ institue. Mais la fonction de l’école est demeurée la même : elle doit
189 lle enseigne. La fonction de l’école dans la cité se résume donc par les deux termes l’initiation et l’initiative, qui mar
190 our le commerce que le marché citadin-rural.) Ici se noue le jeu serré des intérêts contradictoires mais solidaires du pro
191 iation, antinomique et pleinement valable. À cela s’ ajoutent les multiples tensions, non seulement entre les institutions
192 a nation et l’Europe, l’Europe et le monde ; tout se ramenant, en somme, à la tension entre le particulier sous toutes ses
193 idualisme ou la discipline sociale, etc.— prétend s’ imposer seule et détruire l’autre au nom d’un ordre simplificateur ou
194 une autre région du monde. Quand les antagonismes se composent en une conciliation pratique, gagée par une institution, ou
195 résentent ses courts-circuits ; dans la mesure ou se développe, ne fût-ce qu’une part du potentiel accumulé par ces tensio
196 nts — symboles réunis autour de la place. Comment s’ adaptent-ils à l’ère technique ? Les églises d’abord, par ordre d’anci
197 et c’est pourquoi leurs pasteurs et leurs prêtres s’ inspirent de plus en plus de nos théologiens. Prenons ensuite l’école,
198 t des techniques, revient aux études générales et se rapproche, dans cette mesure du moins, de nos formules européennes. P
199 vement de restauration des compétences communales se prononce chaque année plus nettement. Au plan européen, le Conseil de
200 qu’aujourd’hui, et cela dans tous nos pays, qu’il s’ agisse du Marché commun des Six, ou de l’économie des pays neutres. Qu
201 asse physique par m, et sa culture par c. E = mc2 se lit alors comme suit : Europe égal cap de l’Asie multiplié par cultur
202 (Je précise bien — on ne sait jamais… — qu’il ne s’ agit pas là d’une démonstration faussement mathématique, mais seulemen
203 verte entre tradition et innovation, que l’Europe s’ est montrée capable d’intégrer un peu mieux que d’autres la technique.
204 u à peu à tenir compte du milieu humain, à ne pas se comporter comme l’éléphant dans le magasin de porcelaine ou le bulldo
205 é à temps, et la conscience sociale a été lente à s’ éveiller dans les élites responsables. La première révolution industri
206 lement, la presse n’en parlait pas, et ses effets se sont étalés sur un siècle.) Mais en développant la technique par la s
207 y a toutes les raisons objectives de penser qu’il se portera beaucoup mieux qu’on ne le dit, et que souvent il ne le pense
9 1962, Arts, articles (1952-1965). Le monde entier irrite l’Europe et la méprise autant qu’il la jalouse ! (20 juin 1962)
208 s nos États ont perdu leurs empires, que l’Europe s’ est mise à s’unir. Les dates de la décolonisation successive du Proch
209 nt perdu leurs empires, que l’Europe s’est mise à s’ unir. Les dates de la décolonisation successive du Proche-Orient, de
210 2, et tout porte à prévoir que les deux processus s’ achèveront simultanément d’ici quelques années, l’un par l’indépendanc
211 s sérieuses. Il y aurait lieu de vérifier d’abord s’ il existe des liens latéraux de cause à effet entre les deux phénomène
212 nécessité alléguée par les États colonialistes de s’ ouvrir des débouchés outre-mer — un espace vital, dira Hitler — a joué
213 r d’eux-mêmes, idée au nom de laquelle les Alliés s’ étaient battus, et avaient conclu les traités de 1919, et ceci devait
214 l’histoire en offre peu d’exemples. Car en effet, s’ ils avaient eu raison, le retrait colonial eût signifié l’arrêt de mor
215 les plus contagieuses, comme le nationalisme, ils se sont mis à revendiquer les avantages de notre civilisation et la souv
216 ci n’empêche pas qu’elle soit la seule qui ait su se rendre transportable et intégrable hors du contexte de ses origines r
217 es et religieuses. Nous savons tous aussi comment s’ est opérée sa diffusion mondiale dès la Renaissance, et par quels proc
218 des plantations, des journaux et des parlements. S’ imposant par la force ou reçus comme des dieux — ainsi Cortés à Mexico
219 oujours sans réserve, emprisonnent ceux qui osent s’ en réclamer contre eux, mais libèrent en même temps des peuples entier
220 ête : Alexandre le Grand et les empereurs chinois s’ imaginaient, eux aussi, qu’ils dominaient le monde entier. Eh bien ! i
221 qu’ils dominaient le monde entier. Eh bien ! ils se trompaient tout simplement. L’agence Cook suffirait aujourd’hui à les
222 ? Il est difficile d’en juger, puisque le retrait s’ achève à peine. Mais tous les signes vérifiables indiquent une tendanc
223 partis politiques prolifèrent, l’industrie lourde se développe, le contrôle des naissances s’acclimate… Au total, l’Inde i
224 e lourde se développe, le contrôle des naissances s’ acclimate… Au total, l’Inde indépendante se veut bien plus anglaise, d
225 sances s’acclimate… Au total, l’Inde indépendante se veut bien plus anglaise, donc plus occidentale que n’était l’Inde col
226 uffi que nos administrateurs civils et militaires s’ en aillent, pour que soit décrétée l’adoption immédiate de mesures pol
227 ord. Car il est évident que notre civilisation ne s’ est rendue assimilable et transportable qu’au prix d’une périlleuse di
228 rsions simplifiées de la civilisation occidentale se prêtent mieux à l’exportation que la version originale. D’où l’avanta
229 Américains, et surtout des Soviétiques, lorsqu’il s’ agit de moderniser — c’est-à-dire d’occidentaliser — d’une manière rap
230 lors d’un tout récent congrès européen, entendait se faire l’écho des ressentiments du tiers-monde à l’égard de notre cult
231 t une assez bonne liste de nos vices, tels qu’ils se sont manifestés, du moins à partir des débuts de l’ère industrielle.
232 t une prospérité sans précédent ; le monde entier se met à l’école de notre civilisation ; mais il n’en tire pas le meille
233 de nos responsabilités mondiales. La question qui se pose est dès lors la suivante : l’Europe va-t-elle être évincée par s
234 écrit par Rougemont : « L’Europe est en train de s’ unir, pour des raisons à la fois séculaires et modernes. Trois écoles,
235 éculaires et modernes. Trois écoles, il est vrai, s’ opposent encore quand il s’agit d’en venir à l’union politique. Celle
236 s écoles, il est vrai, s’opposent encore quand il s’ agit d’en venir à l’union politique. Celle de l’alliance des États, ce
10 1962, Arts, articles (1952-1965). L’Europe est un colosse qui s’ignore (encore) (27 juin 1962)
237 L’Europe est un colosse qui s’ ignore (encore) (27 juin 1962)o p Un certain défaitisme européen, d
238 ris, à la veille de la révolution : Deux empires se partageront (le monde) : la Russie du côté de l’Orient, et l’Amérique
239 la dernière guerre, et au plan mondial. L’Europe se sentait écrasée entre deux colosses à venir. Ils sont là. Mesurons le
240 avouerez qu’il est au moins curieux que l’Europe se sente écrasée entre deux colosses plus petits qu’elle, qui n’atteindr
241 olument la faire, pour que notre capacité globale se réalise, non seulement dans les statistiques, mais dans notre conscie
242 ent, tel que le représentent l’Europe en train de s’ unir et les États-Unis. Il est courant d’entendre que l’Occident est e
243 ique du souverain ou du parti au pouvoir ; à quoi s’ ajoutent 50 % de marxisme plus ou moins fidèlement appliqué. Or le mar
244 t qui était Marx ? Un juif allemand, dont le père s’ était fait protestant, et qui écrivait en Angleterre des articles pour
245 fait voir, au contraire, que les peuples nouveaux se tournent vers l’Europe, même quand ils l’injurient en la copiant. Pou
246 , après tout, une création de l’Europe ! Le cycle se referme, nous ramenant à l’Europe. Où trouver, dans tout cela, nos su
247 re régime ne me paraissent posséder les moyens de se charger, si l’Europe s’y dérobe. Cette vocation, ou cette fonction mo
248 nt posséder les moyens de se charger, si l’Europe s’ y dérobe. Cette vocation, ou cette fonction mondiale, si l’on préfère,
249 ion, ou cette fonction mondiale, si l’on préfère, se résume à mes yeux dans ces trois verbes : animer, équilibrer, fédérer
250 e, et c’est vers elle, naturellement, que je vois se tourner les élites du tiers-monde : c’est à travers l’Europe qu’elles
251 s et coutumières qui les ont obligées lentement à s’ intégrer aux rythmes de la vie. Adaptation très lente dans l’ensemble,
252 ais non moins dramatique dans ses péripéties, qui s’ appelleront socialisme, marxisme, libéralisme, syndicalisme, planifica
253 ui qui veut à tout prix nos belles machines, sans se douter qu’elles peuvent détruire de proche en proche ses traditions l
254 int de vue de leurs propres intérêts, mais qu’ils s’ imposent pour le prestige. Sous prétexte de se libérer des dernières t
255 ils s’imposent pour le prestige. Sous prétexte de se libérer des dernières traces de notre impérialisme, ils copient puéri
256 puérilement ses tares les plus visibles. L’Europe se doit donc de produire, d’attester et de diffuser les anticorps de ce
257 Russie comprises — pour l’ensemble d’un Occident, s’ il veut enfin se réconcilier avec lui-même. Nous pourrons voir cela, d
258 — pour l’ensemble d’un Occident, s’il veut enfin se réconcilier avec lui-même. Nous pourrons voir cela, dans cette généra
259 ion, si l’Europe, d’où le mal est venu, réussit à s’ unir librement, achevant ainsi son aventure : à faire le monde en se f
260 achevant ainsi son aventure : à faire le monde en se faisant. Le nouvel idéal que réclame la jeunesse, il est là, dans l’E
261 ire. Nous sommes pour les autres un espoir, qu’il s’ agit de ne pas frustrer. L’avenir de l’Europe est gagé sur de grands f
262 Rougemont Denis de, « L’Europe est un colosse qui s’ ignore (encore) », Arts, Paris, 27 juin 1962, p. 2. p. Une note de la
11 1962, Arts, articles (1952-1965). Un refus d’aimer (3 octobre 1962)
263 olument invérifiable. (Je réitère : de quel amour s’ agit-il ? vécu par qui ? rêvé par qui ?) Les enquêtes sur « la Jeuness
264 e prise de conscience plus vraie de l’amour. Cela s’ opère et se décide au secret d’une personne, et donc échappe, par natu
265 conscience plus vraie de l’amour. Cela s’opère et se décide au secret d’une personne, et donc échappe, par nature, à toute
266 mer », Arts, Paris, 3 octobre 1962, p. 18. r. Il s’ agit d’une réponse à une enquête sur l’érotisme, introduite par ces mo
12 1965, Arts, articles (1952-1965). Le déferlement de l’érotisme : pour une nouvelle théologie (5-11 mai 1965)
267 : « D’après mon exposé, le lecteur pudique pourra se convaincre que je n’ai pas reculé devant la discussion avec une jeune
268 -Dame des Fleurs ou Le Silence de Bergman, ce qui s’ est passé d’important se situe au niveau proprement culturel qui est c
269 ilence de Bergman, ce qui s’est passé d’important se situe au niveau proprement culturel qui est celui de l’étude et de l’
270 ns leurs aspects physio-psychologiques. Mais cela s’ est produit dans un très grand désordre, créant de fortes inégalités d
271 donné intellectuel dans lequel l’étudiant avait à s’ orienter. Mais quatre-vingt-dix pour cent de nos plus de 60 ans confon
272 iste, l’écrivain peut commencer à parler quand il s’ agit d’érotisme, il devient éloquent quand il s’agit de passion (tout
273 l s’agit d’érotisme, il devient éloquent quand il s’ agit de passion (tout le romantisme de la Nouvelle Héloïse au milieu d
274 e au milieu du xxe siècle), et tout d’un coup il s’ aperçoit que l’amour seul poussait à dire, à chanter, à exprimer, et p
275 Ne pas refouler l’instinct Si quelque chose se « déchaîne » de nos jours, ce ne peut donc pas être l’instinct, et ce
276 mot « refoulement », mal compris. Les éducateurs se persuadèrent que la moindre défense ou discipline équivalait à « refo
277 phique. Question de vie ou de mort pour l’espèce, s’ il est vrai que trop de vies peuvent entraîner sa mort. Les freins tra
278 énéfice de l’érotisme, auquel la sexualité tend à se subordonner, comme la nature à la culture, l’instinct à l’hygiène et
279 ême, donc stérile. Ce phénomène qui va sans doute se généraliser en Occident correspondrait pour l’espèce à ce qu’est l’âg
280 sons que j’ai dites, et le seuil de l’érotisme va s’ abaisser d’autant. Je vois venir le temps du changement des problèmes.
281 , ou parce qu’il n’aura pu choisir entre ceux qui se figurent encore que le péché originel est « l’acte de chair », ceux q
282 hansonnier de mes amis « qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien » ? Ou encore — hypothèse optimiste — allons-nous vers
283 ronton de leurs temples, pour que nul n’en ignore s’ il désire la sagesse. Mais la censure ne saurait empêcher l’instaurati
284 ’Amour et l’Occident comment le mythe de l’amour s’ est formé en Europe au Moyen Âge et a distingué dans Comme toi-même