1
écrivain public et accusateur public, créateur de
son
propre langage et succès de vente, excentrique et engagé, monstre et
2
er, avouant ainsi qu’elle ne sait plus quelle est
sa
juste place dans la cité. On lui a donné, au cours du xxe siècle, de
3
pectateurs de films ou de télévision. Mais jamais
son
langage d’artiste ou de penseur n’avait été plus éloigné du lieu comm
4
de jeu entre les rouages, un élément de liberté.
Sa
vraie fonction dans la cité serait ainsi de n’en point avoir de néces
5
non seulement de la sienne propre ou de celle de
son
art, mais de la liberté de chacun et de ses conditions pour tous. Au
6
le de son art, mais de la liberté de chacun et de
ses
conditions pour tous. Au monde comme n’étant pas du monde, dans la ci
7
ne insatiable question, voilà cet écrivain, voilà
sa
liberté, qu’il s’agit maintenant d’assumer, et de défendre. Car un do
8
et politique, mais bien de prendre conscience de
ses
implications réelles dans la vie de la cité. Je comprends très bien q
9
mpromettre dans l’œuf. Mais l’œuf est là, portant
son
germe et notre avenir : cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisa
10
était en fait une résistance à la technique sous
ses
formes primitives, comme la mystique était un mouvement de dépassemen
11
citer des doctrines dont le style créateur a fait
son
temps5. Et je ne dis pas qu’elles s’en priveront. Mais je vois aussi
12
protestante-libérale — quel que soit par ailleurs
son
athéisme. Le retour aux problèmes religieux dans la littérature occid
13
rt sans fin ni cesse, il est pourtant soutenu par
sa
foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait le
14
n inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de
son
inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’e
15
, et non désespérée, puisqu’elle est produite par
sa
foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensuite l’exemple de l’ho
16
qu’elle est produite par sa foi, c’est-à-dire par
sa
certitude. Prenons ensuite l’exemple de l’homme scientifique. Celui-c
17
cher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par
sa
confiance en la raison et l’expérience vérifiante. La même exigence d
18
le de l’idée du Progrès, est responsable aussi de
sa
rectification. Toutes les « hérésies du Progrès » sont bel et bien né
19
tique : nul ne peut démontrer qu’il soit venu « à
son
heure ». Il porte à l’origine les stigmates du réel, et non pas les s
20
religieuse, et de ce qu’entraîne indiscutablement
sa
transgression. La faute commise ne peut relever ni de l’opinion, ni
21
la réalité, elle appelle à grands cris non point
sa
repentance mais le châtiment restaurateur de l’ordre. Tel est le cadr
22
t, que la valeur d’un acte ne peut être jugée par
sa
conformité avec les règles du sacré ou du social, mais que son sens d
23
é avec les règles du sacré ou du social, mais que
son
sens dépend d’une attitude intime, d’une libre appréciation de la per
24
chrétienne n’est pas tout l’Occident. Elle prend
son
point de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoir
25
e a tout remis en mouvement. Et ce mouvement dans
son
ensemble, jusqu’à nous, c’est l’« Aventure occidentale de l’homme ».
26
morts, les dieux et les démons. L’individu prend
sa
mesure, fragile et menacé, mortel et ignorant, il sait qu’il n’est pa
27
d’autant plus décidé à tirer le meilleur parti de
sa
condition. Entreprenant, curieux jusqu’au défi, navigateur, spéculate
28
tout, on le voit, même des dieux. D’où le sens de
sa
dignité, qui ne tient à rien qu’à lui-même, au seul fait qu’il existe
29
i-même, au seul fait qu’il existe, distinct. D’où
son
orgueil aussi, son astuce égoïste et, finalement, cette anarchie scep
30
t qu’il existe, distinct. D’où son orgueil aussi,
son
astuce égoïste et, finalement, cette anarchie sceptique qui, lorsque
31
le terme viril de citoyen. L’homme ne tient plus
sa
dignité unique de quelque essence indestructible, mais du personnage
32
a la grandeur de l’Empire et la pauvreté d’âme de
ses
sujets. Si la dissociation menaçait en permanence la cité grecque, c’
33
e vocation qui lui fait découvrir dans tout homme
son
prochain. Le narcissisme culturel Si la personne du chrétien, d
34
isme culturel Si la personne du chrétien, dans
son
équilibre en tension, unit le meilleur de Rome et de la Grèce, elle e
35
me paraît plus « chrétien » que l’indignation de
ses
juges. Suivons ici l’exégèse magistrale qu’a donnée de la pensée niet
36
é capable de faire avancer cette science, grâce à
son
christianisme et ensuite contre son christianisme — du moins contre c
37
ence, grâce à son christianisme et ensuite contre
son
christianisme — du moins contre chacune des formes objectives que cel
38
estait. Si, aujourd’hui, les peuples affectés par
ses
méthodes de pensée, de production matérielle ou d’organisation de l’É
39
j’y vois bien moins le signe d’une révolte contre
ses
méthodes importées, que la preuve décisive de leur succès. Les Grecs
40
, transmutons les métaux, dépassons la vitesse du
son
, prolongeons de deux à trois fois la durée moyenne de la vie, voyons
41
l’Orient se jette sur nos techniques et en oublie
ses
valeurs propres, qui seraient celles dont nous aurions le plus grand
42
explosion primitive, et qui reviendra peut-être à
son
point initial, vous n’irez pas plus loin ni plus longtemps que la plu
43
ve annoncerait donc la fin de notre civilisation,
son
épuisement intime, et toujours préalable à l’anéantissement par une f
44
l’amour « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné
son
Fils unique… » Religion dont toute la Loi est résumée par Jésus-Chris
45
e. Les relations qu’il définit entre l’homme et «
son
» Dieu sont personnelles. Dieu est personnel. La Trinité est composée
46
ar l’appel qu’il reçoit de l’Amour. Cet appel est
sa
vocation, la vie nouvelle de sa personne. Cette vie demeure en partie
47
ur. Cet appel est sa vocation, la vie nouvelle de
sa
personne. Cette vie demeure en partie mystérieuse, étant « cachée ave
48
le tout de l’homme (corps, âme et intellect) dans
sa
réalité naturelle et déchue. En revanche, les Églises chrétiennes, su
49
se qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher
sa
femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme,
50
utefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait
sa
femme, et que chaque femme ait son mari… Je dis cela par condescendan
51
que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait
son
mari… Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre. Car
52
uiète des choses du monde, des moyens de plaire à
sa
femme. » 4. Ainsi donc, exalté d’une part comme l’image de l’amour di
53
e en deçà du mariage) ne devait développer toutes
ses
complexités que dans une Europe travaillée par la doctrine et la mora
54
n ne saurait donc interpréter ce phénomène — dans
son
évolution au cours des siècles et dans sa situation contemporaine — q
55
— dans son évolution au cours des siècles et dans
sa
situation contemporaine — qu’à la lumière de ses origines religieuses
56
s sa situation contemporaine — qu’à la lumière de
ses
origines religieuses et de ses fins transnaturelles. Chrétiens tradit
57
qu’à la lumière de ses origines religieuses et de
ses
fins transnaturelles. Chrétiens traditionnels, moralistes laïques rat
58
fois décrit n’en demeure pas moins stupéfiant par
sa
soudaineté et son ampleur. Il est daté du premier tiers du xxe siècl
59
demeure pas moins stupéfiant par sa soudaineté et
son
ampleur. Il est daté du premier tiers du xxe siècle, et même si on l
60
on lui trouvait des parallèles en d’autres temps,
ses
moyens d’expression, eux, sont sans précédent. La culture commerciali
61
ans précédent. La culture commercialisée, qui est
son
véhicule principal, le rend sans doute irréversible, et les cultures
62
phénomène est donc vain. Il s’agit de comprendre
ses
causes, et sur tout ce dont il est signe. Et d’abord, il s’agit de lu
63
il est signe. Et d’abord, il s’agit de lui donner
son
vrai nom. C’est l’érotisme qui travaille les sociétés occidentales, d
64
rès tout la jeunesse actuelle n’a pas connue dans
sa
vigueur, et dont elle n’a guère pu souffrir. Il est vrai qu’une révol
65
ct qu’elle voulait réprimer. Au lieu de justifier
ses
rigueurs en décrivant dans sa réalité le danger que la licence sexuel
66
lieu de justifier ses rigueurs en décrivant dans
sa
réalité le danger que la licence sexuelle fait courir à toute société
67
d’impureté. C’était vider la morale puritaine de
sa
vertu, moins religieuse d’ailleurs que civilisatrice. D’où l’effet de
68
e d’une bourgeoise qui n’avait plus le courage de
ses
partis pris, la vulgarisation de la psychanalyse a beaucoup fait pour
69
le sexe, mais l’érotisme, ni la sensualité, mais
son
aveu public, sa projection devant nous qui soudain, nous provoquent à
70
érotisme, ni la sensualité, mais son aveu public,
sa
projection devant nous qui soudain, nous provoquent à une prise de co
71
re grande révolution de l’Amour, si soudaine dans
son
explosion, fut lente à propager ses effets bouleversants dans les mœu
72
soudaine dans son explosion, fut lente à propager
ses
effets bouleversants dans les mœurs de la masse inculte et dans les h
73
celle du xiie siècle, submerge quelques-unes de
ses
conquêtes, mais surtout la déborde largement. Elle éclate dans une so
74
r aussi complètement que possible d’un sujet sous
ses
divers aspects. Denis de Rougemont, auteur de L’Amour et l’Occident
75
et stable s’étende autour de nous qui allons dans
sa
durée ; qu’il y ait donc tout cela, mais le vide, tout cela dans le v
76
la chair, et le désir qui ne s’arrêtera plus dans
sa
lancée vers un au-delà de plénitude, vers le Plérôme. Car cette natur
77
t nous ne le voyons pas, quoique étant assurés de
sa
présence instante. Il n’est pas nous. Mais il y a en nous le Royaume
78
oiseaux du ciel (les anges) peuvent habiter sous
son
ombre. » Il n’est pas dans l’espace et le temps, qui étendent le Vide
79
divin, venant de Dieu retourne à Dieu, posant en
son
point de réflexion et de résonance dans la créature, un moi nouveau q
80
, — et que j’espère banale (au sens propre), dans
sa
forme du moins — me suggère quatre états que l’on peut distinguer par
81
r le bien d’autrui s’il n’a su distinguer d’abord
son
propre bien. Qui s’aime mal, comme l’égoïste, ne peut que mal aimer l
82
, seconde forme de l’amour procède de l’âme. Dans
sa
genèse, elle correspond, quel que soit l’âge, à l’état de première ad
83
l’amour, mais subissent la sexualité quand vient
son
temps. Les confusions de notre langage courant semblent parfois assim
84
se garde de la déclarer, mais trahit constamment
son
intime conviction par des jugements et des indignations qui ressemble
85
avec le Soi, qui fait l’amour au Soi, qui atteint
son
plaisir dans le Soi, devient son propre maître et se meut à sa fantai
86
Soi, qui atteint son plaisir dans le Soi, devient
son
propre maître et se meut à sa fantaisie parmi les mondes. Mais celui
87
ns le Soi, devient son propre maître et se meut à
sa
fantaisie parmi les mondes. Mais celui qui pense autrement reste dépe
88
homme spirituel doit atteindre avec l’ensemble de
ses
facultés.) La sexualité en elle-même ne me paraît pas indifférente po
89
ce, et que Dante dit avoir contemplées au prix de
sa
vue « consumée » mais déjà mon désir et ma volonté étaient mus — com
90
re exigeant l’échange, le maintien de chacun dans
ses
justes limites. h. Rougemont Denis de, « Les quatre amours », Ar
91
ouvelle, née des promesses du Marché commun et de
ses
premiers succès, permet de multiplier les ententes industrielles, san
92
mais un éloquent moraliste, Jean-Paul Sartre ; et
sa
fureur ne jaillit pas d’un quelconque examen des évidences, mais de l
93
de la lecture d’un pamphlet qui l’a mis dans tous
ses
états. Il le préface et il exhorte « les Européens » à le lire, au no
94
ope » en nous faisant tous passer dans le camp de
ses
ennemis. Ceux-ci n’auront qu’à nous assassiner « pour devenir hommes
95
lan de paix perpétuelle est fait pour éblouir par
sa
logique brutale certaine jeunesse dégoûtée de nos « valeurs » et qui
96
oûtée de nos « valeurs » et qui exige grands cris
son
lavage de cerveau. « Voici des siècles qu’au nom d’une prétendue aven
97
péenne remontent à 1729, lorsque le roi Agadja et
son
régiment de femmes, ayant battu les Popos aidés par l’Anglais Testefo
98
de l’histoire, c’est que le colonialisme, malgré
ses
crimes, a réveillé les peuples du tiers-monde dans le très bref espac
99
é ». Qu’est-il advenu de l’Europe considérée dans
son
ensemble ? « L’Europe est littéralement la création du tiers-monde »,
100
lement la création du tiers-monde », écrit Fanon.
Ses
richesses ne proviendraient que de ses vols, c’est-à-dire de son expl
101
rit Fanon. Ses richesses ne proviendraient que de
ses
vols, c’est-à-dire de son exploitation du sol africain et du sol asia
102
e proviendraient que de ses vols, c’est-à-dire de
son
exploitation du sol africain et du sol asiatique : or, métaux, pétrol
103
e, caoutchouc (le paysan serait-il la création de
sa
terre et des richesses qu’elle contient ?). Sartre renchérit : c’est
104
c’est avec cela que l’Europe a fait non seulement
ses
capitales industrielles, mais ses cathédrales ! (lisez-le pour y croi
105
t non seulement ses capitales industrielles, mais
ses
cathédrales ! (lisez-le pour y croire : p. 23). D’ailleurs, « l’Europ
106
ittant le tiers-monde, l’Europe aurait donc signé
son
arrêt de mort économique et de rapide déshumanisation ? Les adversair
107
commencé à découvrir l’Europe et la nécessité de
son
union. Et que, de leur union naissante — le Marché commun n’a que deu
108
grandit puissamment. C’est tant pis pour Fanon et
son
marxisme — d’ailleurs emprunté à l’Europe. Mais qu’en est-il de Sartr
109
ma faute si cette phrase est de Michel Debré dans
son
Projet de pacte pour les États-Unis d’Europe, publié en 1950 chez Nag
110
n 1950 chez Nagel. Sartre arrive un peu tard avec
sa
diatribe contre un régime que plus personne ne défend, pas même les R
111
d, pas même les Russes, qui le pratiquent encore.
Sa
préface ne représente, en fait, qu’un appendice pour le moins superfl
112
encore, sinon pour le plaisir de se vautrer dans
son
masochisme, ou simplement pour embêter de Gaulle, qui a pourtant prés
113
désormais, avec celles de la civilisation née de
ses
œuvres, qu’elle a propagée sans prudence ni plan d’ensemble, dont ell
114
thèse centrale, cette définition de l’Europe par
sa
fonction mondialisante. Car cela revient en somme à définir le phénom
115
ient en somme à définir le phénomène européen par
ses
effets, alors qu’on s’est toujours efforcé jusqu’ici de l’expliquer p
116
re, nous n’arriverons jamais à le comprendre dans
son
mouvement, sa signification et sa tendance générale en partant des do
117
verons jamais à le comprendre dans son mouvement,
sa
signification et sa tendance générale en partant des données physique
118
omprendre dans son mouvement, sa signification et
sa
tendance générale en partant des données physiques et naturelles de n
119
econnaît que l’Europe historique n’est pas née de
sa
géographie. Je me plais à citer sa description de l’Europe, dont Valé
120
est pas née de sa géographie. Je me plais à citer
sa
description de l’Europe, dont Valéry me paraît bien s’être inspiré da
121
u près 60 % de la population du globe sur 15 % de
sa
superficie solide). Mais l’Europe de la Renaissance, celle des grand
122
ubissait aucune pression démographique, même dans
ses
pays les plus prospères et entreprenants. Ainsi, de 1328 à 1700, selo
123
christianisme, comme voulut le faire Novalis dans
son
célèbre essai intitulé Die Christenheit oder Europa, c’est faire tort
124
pleine ambiguïté : ces données ont agi, chacune à
sa
manière, mais aucune n’apparaît suffisante pour rendre compte du phén
125
e devant la vie. L’explication d’un phénomène par
ses
causes a dominé notre xixe siècle, mais c’était aux dépens de la com
126
ou collectif, ne pouvait être bien saisi que dans
son
mouvement créateur, dans son archétype, dans son mythe. Or, ce mouvem
127
bien saisi que dans son mouvement créateur, dans
son
archétype, dans son mythe. Or, ce mouvement créateur de l’Europe, je
128
son mouvement créateur, dans son archétype, dans
son
mythe. Or, ce mouvement créateur de l’Europe, je le trouve d’abord et
129
a mer et l’aventure que l’Europe légendaire prend
son
départ. Le mythe de l’enlèvement d’une princesse de Tyr par le grand
130
s probable étymologie du nom d’Europe. Plus tard,
sa
religion dominante lui viendra du pays le plus proche de ce rivage ph
131
it été enlevée l’héroïne éponyme, celle qui donna
son
nom au continent. On sait cela, mais on connaît moins la suite de ce
132
le d’Agénor, roi de Tyr. Celui-ci donna l’ordre à
ses
cinq fils de partir à la quête de leur sœur enlevée. Chacun fit voile
133
en Thrace ; et comme il désespérait de retrouver
sa
sœur pour la ramener aux rives maternelles de l’Asie, il alla demande
134
urope que les navigateurs phéniciens découvrirent
sa
réalité géographique. Mais c’est aussi en renonçant à la trouver tell
135
n renonçant à la trouver telle qu’elle était dans
son
souvenir que Cadmus entreprit de la construire. On voit combien, dès
136
toute faite et donnée par l’histoire : car c’est
sa
quête elle-même qui la crée. Rechercher l’Europe, c’est la faire ! El
137
rcher l’Europe, c’est la faire ! Elle existe dans
sa
recherche à l’infini, et c’est ce que je nomme Aventure. Mais elle es
138
e, si l’on en croit la seconde légende relative à
ses
origines : celle de Japhet. Selon la Genèse commentée par les Pères d
139
e l’Église primitive, Noé partagea le monde entre
ses
fils Sem, Cham et Japhet. À Cham, l’Afrique mais aussi l’esclavage, p
140
aussi l’esclavage, pour le punir d’avoir surpris
son
père en pleine ivresse sans songer comme ses frères à le couvrir d’un
141
pris son père en pleine ivresse sans songer comme
ses
frères à le couvrir d’un manteau ; à Sem, l’Asie et la vie spirituell
142
conflit latent ou en guerre ouverte. L’Europe et
sa
culture résulteront de cette fusion jamais achevée, toujours instable
143
ces contradictoires. Pendant tout le Moyen Âge et
ses
luttes meurtrières, opposant l’Église à l’Empire, l’empereur et les r
144
est ici que l’aventure mondiale de l’Europe prend
son
départ, au matin de Palos de Moguer, sur les petites caravelles de Co
145
-on, et pour en ramener les trésors avec lesquels
son
roi comptait payer l’ultime croisade et délivrer Jérusalem. C’est tou
146
ire — mais pour d’autres… Tout en lui, et d’abord
son
vrai nom qui est Colón, et son prénom Christophe, porteur du Christ —
147
en lui, et d’abord son vrai nom qui est Colón, et
son
prénom Christophe, porteur du Christ — en vérité, porteur de l’histoi
148
de l’Ouest fût lié plus qu’un autre aux mers, que
son
sol fût pauvre en métaux, que l’islam occupât Byzance après Jérusalem
149
cle, on peut dire que l’Europe a placé sur orbite
sa
civilisation. Mais les étages de la fusée porteuse sont retombés l’un
150
couverts et régis par l’Europe se sont libérés de
sa
tutelle. L’Amérique du Nord la première, dès la fin du xviiie siècle
151
vait permis à l’humanité de prendre conscience de
son
unité. L’idée d’universalité, l’idée même de genre humain — genus hum
152
réduite à elle-même, ramenée dans les limites de
son
cap asiatique, et pas plus grande, notons-le bien, qu’elle ne le fut
153
Moyen Âge. Elle reste le cœur d’un Occident né de
ses
œuvres, mais où deux grands empires lui disputent la primauté — l’un
154
u total, à faire le monde, mais à le faire contre
ses
auteurs, c’est-à-dire contre l’Occident ? Il semble qu’un des héros d
155
se homérique, le personnage central de l’Odyssée.
Son
départ pour une sorte de croisade contre Troie, ville du Proche-Orien
156
plus tard, celui de l’Église primitive, envoyant
ses
évangélistes jusqu’en Chine, vers l’est ; et vers l’ouest, jusqu’en I
157
eux et le rusé, préférait secrètement le voyage à
son
but, les épreuves de la route à l’arrivée heureuse, et les risques sa
158
près de Pénélope. Maîtriser les éléments, mesurer
ses
forces contre des adversaires visibles ou invisibles, aller toujours
159
de lui-même enfin, — à l’aventure ! Transcendant
son
destin, et même ses intérêts, au nom d’une vocation universelle. Abra
160
— à l’aventure ! Transcendant son destin, et même
ses
intérêts, au nom d’une vocation universelle. Abraham, « le père des c
161
» était parti sans savoir où il allait, parce que
son
Dieu, sa vérité la plus intime, lui disait de marcher vers l’inconnu.
162
rti sans savoir où il allait, parce que son Dieu,
sa
vérité la plus intime, lui disait de marcher vers l’inconnu. Il trouv
163
que Dieu lui réservait, et ce fut là le terme de
son
aventure, mais le début d’une autre histoire, dont nous sommes bien l
164
calculé qu’il y serait en trente jours. Mais tous
ses
calculs étaient faux, il trouva les Antilles au lieu de Xipango ; et,
165
tilles au lieu de Xipango ; et, finalement, c’est
sa
foi seule qui le soutint, car les deux grands problèmes qu’il tentait
166
r la dernière croisade, ne furent pas résolus par
son
expédition. Il trouva d’autres terres, d’autres îles, comme Ulysse, e
167
Occident, de Kepler à Einstein, de Léonard — avec
son
homme volant — aux biologistes contemporains — avec leur homme synthé
168
est, je crois, la vraie formule du Progrès, dans
sa
définition occidentale. Et l’on voit qu’elle est ambiguë : qu’il suff
169
sur l’examen de trois facteurs déterminants pour
ses
chances d’avenir : sa vitalité intrinsèque, sa volonté de vivre, enfi
170
facteurs déterminants pour ses chances d’avenir :
sa
vitalité intrinsèque, sa volonté de vivre, enfin sa fonction dans le
171
r ses chances d’avenir : sa vitalité intrinsèque,
sa
volonté de vivre, enfin sa fonction dans le monde ou vocation. La si
172
vitalité intrinsèque, sa volonté de vivre, enfin
sa
fonction dans le monde ou vocation. La situation géoéconomique de no
173
iennes qui ont permis au genre humain de vérifier
son
unité concrète, et d’en prendre une conscience utile, opérative. Au c
174
s fleuves aisément traversables. En proportion de
sa
surface, n’oublions pas que l’Europe a les plus longues côtes (7 000
175
cadre de nos vies. Europe présentée non point par
sa
philosophie mais bien par sa morphologie. La tentative est assez nouv
176
sentée non point par sa philosophie mais bien par
sa
morphologie. La tentative est assez nouvelle, et ne nous dissimulons
177
ve est assez nouvelle, et ne nous dissimulons pas
ses
risques, mais il se peut qu’elle donne quelques idées fécondes à de j
178
u cordeau, de tyrannie. Le square anglais, malgré
son
nom, répugne autant à l’angle droit que le Palio de Sienne, la Piazza
179
l’est en général — c’est bien de là qu’elle tire
son
sens originel. Les partis qui décident de la composition des conseils
180
et le chœur chanté, et dans l’église, manifeste à
son
tour la structure essentiellement polyphonique et dialectique qui déf
181
polyphonique et dialectique qui définit l’Europe,
sa
grandeur et son drame. Il serait tentant, partant de là, de reconstit
182
dialectique qui définit l’Europe, sa grandeur et
son
drame. Il serait tentant, partant de là, de reconstituer toute la phi
183
rme et des Ordres, à la Renaissance. Aujourd’hui,
ses
instituteurs, qui dépendent de la mairie, sont souvent plus sensibles
184
me, à la tension entre le particulier sous toutes
ses
formes — fussent-elles nationales — et l’universel dans toutes ses ex
185
ent-elles nationales — et l’universel dans toutes
ses
exigences — fussent-elles représentées par la révolte d’un seul, d’un
186
ie ou d’un saint contre toute une cité, au nom de
ses
principes indiscutés. Voici donc définie par ses formes une Europe pl
187
ses principes indiscutés. Voici donc définie par
ses
formes une Europe pluraliste et non pas unitaire dans son principe co
188
es une Europe pluraliste et non pas unitaire dans
son
principe comme le furent les grandes civilisations traditionnelles et
189
formées sur le modèle du chœur, de l’harmonie des
sons
complémentaires, voire de la dissonance calculée et dirigée vers une
190
tures et les nationalismes clos, qui représentent
ses
courts-circuits ; dans la mesure ou se développe, ne fût-ce qu’une pa
191
fécondes diversités et imposer au continent et à
ses
peuples un visage uniforme et anonyme, comparable au portrait-robot d
192
age et la santé de l’économie technicienne, selon
ses
meilleurs spécialistes, veulent à la fois des regroupements industrie
193
re, résume les secrets de l’Europe. L’Europe sans
sa
culture n’est qu’un cap de l’Asie, assez pauvre en richesses naturell
194
épète, que l’Inde ou que la Chine. Mais ce cap et
ses
habitants, longuement travaillés, tourmentés, fécondés par une doctri
195
terme en désignant naturellement l’Europe par E,
sa
petite masse physique par m, et sa culture par c. E = mc2 se lit alor
196
’Europe par E, sa petite masse physique par m, et
sa
culture par c. E = mc2 se lit alors comme suit : Europe égal cap de l
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ts, la civilisation technologique a pu développer
ses
effets sans résistances sérieuses, et comme sur table rase. En Europe
198
aire et de revendications, qui l’ont freinée dans
son
élan et l’ont contrainte peu à peu à tenir compte du milieu humain, à
199
remière révolution industrielle, celle qui tirait
son
énergie du charbon, n’a pas seulement créé le décor sale et sans âme
200
d’hui. (Seulement, la presse n’en parlait pas, et
ses
effets se sont étalés sur un siècle.) Mais en développant la techniqu
201
oppant la technique par la science, en humanisant
son
emploi par les lois sociales, en passant de l’époque noire du charbon
202
urope n’a pas seulement rapproché la technique de
sa
vraie fin, qui est de libérer l’homme du travail servile, elle a pris
203
irituels qu’une technique et une science, nées de
ses
œuvres, posent désormais à tous les hommes. Elle a formulé, la premiè
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tous les hommes. Elle a formulé, la première par
ses
meilleurs esprits, le problème de l’équilibre indispensable entre la
205
é Europe l’un après l’autre, et si l’on détermine
son
métabolisme, il y a toutes les raisons objectives de penser qu’il se
206
ais veut-il vivre ? Saura-t-il rassembler à temps
ses
forces vives, pour faire face non seulement à ses problèmes — éducati
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ses forces vives, pour faire face non seulement à
ses
problèmes — éducatifs, sociaux et politiques — mais aussi aux nouvell
208
s tâches mondiales que lui impose la diffusion de
sa
propre civilisation et de ses propres idéaux ? Saura-t-il, enfin, pré
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pose la diffusion de sa propre civilisation et de
ses
propres idéaux ? Saura-t-il, enfin, prévenir ces affreux accidents de
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ra-t-il, enfin, prévenir ces affreux accidents de
sa
santé mentale et de son existence physique que symbolise, sur la plac
211
r ces affreux accidents de sa santé mentale et de
son
existence physique que symbolise, sur la place du village, un monumen
212
e que depuis qu’il a renoncé, bon gré, mal gré, à
ses
possessions d’outre-mer. Décolonisation, union, prospérité simultanée
213
e entière, mais surtout parce qu’elle lui a donné
sa
première civilisation effectivement universelle. Cette civilisation,
214
e transportable et intégrable hors du contexte de
ses
origines raciales, politiques et religieuses. Nous savons tous aussi
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uses. Nous savons tous aussi comment s’est opérée
sa
diffusion mondiale dès la Renaissance, et par quels procédés, qui ne
216
lusion. La Terre est connue désormais dans toutes
ses
dimensions physiques, nous ne pouvons plus faire d’erreurs de cette t
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ne pouvons plus faire d’erreurs de cette taille ;
son
histoire également est explorée dans toutes ses grandes lignes, et l’
218
; son histoire également est explorée dans toutes
ses
grandes lignes, et l’archéologie occidentale ressuscite inlassablemen
219
ble qu’au prix d’une périlleuse disjonction entre
ses
produits de tous ordres et ses valeurs fondamentales. Le monde accept
220
disjonction entre ses produits de tous ordres et
ses
valeurs fondamentales. Le monde accepte nos machines et quelques-uns
221
en cette affaire, a bien plus à perdre que nous.
Ses
meilleurs esprits le découvrent. Mais aussitôt, ils nous accablent de
222
s du tiers-monde à l’égard de notre culture et de
sa
diffusion désordonnée. Rappelant que les pays sous-développés imitent
223
ins encore de ce que l’Europe peut signifier dans
son
ensemble et vue de loin, des agitateurs politiques, des commerçants i
224
la suivante : l’Europe va-t-elle être évincée par
ses
produits les plus vendables, par ses slogans les plus démagogiques, a
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évincée par ses produits les plus vendables, par
ses
slogans les plus démagogiques, au seul profit de leurs exploitants ou
226
caces ? Va-t-elle être évincée du tiers-monde par
ses
vices, au détriment de ses valeurs authentiques ? Ou peut-elle encore
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cée du tiers-monde par ses vices, au détriment de
ses
valeurs authentiques ? Ou peut-elle encore réagir ? En a-t-elle les m
228
épondre aux appels que le monde nous adresse, par
sa
faim, par sa peur, et même par sa haine. C’est la nécessité de nous p
229
ppels que le monde nous adresse, par sa faim, par
sa
peur, et même par sa haine. C’est la nécessité de nous porter enfin à
230
us adresse, par sa faim, par sa peur, et même par
sa
haine. C’est la nécessité de nous porter enfin à la hauteur de notre
231
plus petits qu’elle, qui n’atteindraient même pas
sa
taille en montant l’un sur l’autre. Mais vous me direz que la puissan
232
nce réelle de l’Europe n’est pas en proportion de
sa
population. C’est exact en ce sens que, par tête d’habitant, la produ
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encore la première puissance de la Terre, non par
ses
dimensions, mais par son potentiel démographique, économique et cultu
234
nce de la Terre, non par ses dimensions, mais par
son
potentiel démographique, économique et culturel. Cependant, le sort d
235
tte espèce-là de chance. Il dépend tout autant de
sa
vocation native — j’entends de la prise de conscience de cette vocati
236
autres cultures ou civilisations qui prétendent à
sa
succession. Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant qu’une bonne
237
plus : la prospérité économique de l’Occident et
sa
vitalité intellectuelle, que rien ne dépasse et n’atteint même de loi
238
court après la Russie, en espérant la battre sur
son
propre terrain ; et la Russie proclame depuis trente ans qu’elle fera
239
ue l’action. Les vertus et les vices de l’Europe,
son
passé et son expérience, la rendent doublement responsable — au sens
240
Les vertus et les vices de l’Europe, son passé et
son
expérience, la rendent doublement responsable — au sens actif du mot,
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centre de l’hémisphère privilégié, mais parce que
son
commerce international représente en valeur plus du double de celui d
242
e dans l’ensemble, mais non moins dramatique dans
ses
péripéties, qui s’appelleront socialisme, marxisme, libéralisme, synd
243
ter qu’elles peuvent détruire de proche en proche
ses
traditions les plus valables et ses équilibres psychiques, par les ch
244
che en proche ses traditions les plus valables et
ses
équilibres psychiques, par les champs de force invisibles qu’elles tr
245
es de notre impérialisme, ils copient puérilement
ses
tares les plus visibles. L’Europe se doit donc de produire, d’atteste
246
venu, réussit à s’unir librement, achevant ainsi
son
aventure : à faire le monde en se faisant. Le nouvel idéal que réclam
247
l est de 335 millions : ce qui fait au total avec
ses
satellites : 430 millions et non 450. » Nous rectifions l’article de
248
vé par qui ?) Les enquêtes sur « la Jeunesse » et
ses
attitudes sentimentales, dans la faible mesure où elles sont concluan
249
et décisive fut donnée par la psychanalyse quand
son
succès devint public, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Bi
250
blieux du fait que le refoulement — non moins que
son
inverse, l’autosatisfaction — est un des mécanismes fondamentaux de t
251
lture occidentale en particulier doit beaucoup de
son
dynamisme à ses disciplines sexuelles. 2. Les plaisirs érotiques ont
252
e en particulier doit beaucoup de son dynamisme à
ses
disciplines sexuelles. 2. Les plaisirs érotiques ont leurs lois très
253
les, qui ne sont pas celles de la technique et de
ses
horaires, mais plutôt celles du rêve et de ses associations. Disant l
254
de ses horaires, mais plutôt celles du rêve et de
ses
associations. Disant la menace de l’ère technologique imminente, l’in
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distingué cent-quatorze espèces d’adultères, dans
sa
Hiérarchie du cocuage.) 3. Enfin, la perspective d’une densité moyenn
256
s’il est vrai que trop de vies peuvent entraîner
sa
mort. Les freins traditionnels ne fonctionnent plus. La peste, la fam
257
it peur à mes cadets ; où l’excès du désir, c’est
son
insuffisance ; où l’obsession sexuelle (janséniste, puritaine), l’ina
258
cts, le jeune homme d’aujourd’hui ne produit plus
son
type de femme dans son désir : il le reçoit de la publicité et il sub
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ujourd’hui ne produit plus son type de femme dans
son
désir : il le reçoit de la publicité et il subit un rêve qui n’est pl