1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 trait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’est pas sys
2 et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu’à certains égards, il est moins décisi
3 Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu’ à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de
4 pal, c’est qu’il y ait en Europe un lieu consacré à l’esprit, où des hommes travaillant en équipe vouent leurs efforts à
5 hommes travaillant en équipe vouent leurs efforts à l’union de l’Europe, c’est-à-dire au service d’une cause qui se confo
6 mes, et encore moins avec le fol espoir d’apaiser à jamais tous nos conflits, mais au contraire : pour maintenir les risq
7 trait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre », Bulletin du Centre européen de la culture
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
8 chose, mais ne voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « eur
9 ose de raisonnable et de concret. Ce qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité n’est plus même discutée, c’est d’ab
10 faux. Les véritables intérêts calculent et jugent à l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont, bien au contr
11 les raisons de ne rien faire. Les vrais obstacles à la fédération ne résident pas dans les réalités, mais bien dans la pa
12 la paresse des esprits et des cœurs. Pour aboutir à fédérer nos peuples, il faut donc agir tout d’abord sur les esprits e
13 elque chose de neuf, plus qu’il n’y peut paraître à première vue. Insistons donc : le Centre fait appel, en tous et en ch
14 abord ; non point aux égoïsmes opposés par nature à toute coopération sincère et efficace — c’est tellement évident qu’on
15 dans tous les conseils des nations ; et non point à l’idéalisme ignorant le concret des problèmes ; mais au contraire, à
16 ant le concret des problèmes ; mais au contraire, à une juste appréciation de l’utilité et de la nécessité de l’union féd
17 rvir les vrais intérêts de leur œuvre, en mettant à leur disposition des instruments de fédération ; et ceux qui approuve
18 des contacts, un échange vivant avec ceux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait po
19 e plans et de manifestes. (Bien d’autres le font, à grands frais, au risque de lasser les meilleures volontés.) Nous avon
20 ssayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à quelque chose ». (Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’a
21 et demeure assez réduit pour que nous n’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes co
22 œuvre en plein essor, nous en appelons maintenant à la coopération des meilleurs, des plus responsables, dans chacune des
23 toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ceux qui refusent l’engagement partisan, qui se méfient des plans et
24 an, qui se méfient des plans et demandent à voir, à ceux enfin qui dans leur solitude, de plus en plus menacée de tous cô
25 en plus menacée de tous côtés, ne se veulent liés à rien d’autre qu’au sort commun de cette patrie spirituelle qu’est l’E
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
26 it sortir de l’église, non du café. « Ah tu étais à l’église ? lui dit sa femme. Dis-moi donc le sujet du sermon ? — Euh…
27 ulues ou crues indépendantes les unes des autres, à l’imitation des États « souverains » ; par là même, elles se sont ren
28 qu’elles se trouvent de plus en plus subordonnées à des nécessités économiques et politiques, voire militaires, et donc a
29 ire militaires, et donc aux mécanismes de l’État. À la limite, on a vu certains États intégrer toutes les activités cultu
30 s, le roman, le théâtre, la poésie, les sciences, à leur plan général de propagande, de production industrielle et de dre
31 ’esprit en Europe se ramènent en dernière analyse à une seule et même cause : le cloisonnement du grand Domaine occidenta
32 alisme culturel, et tout cela tend, pratiquement, à faire dépendre la vie de l’esprit d’une économie désorganisée et souv
33 les partisans du fédéralisme européen, de La Haye à Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste
34 yens de correspondre plus facilement d’une prison à l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement », im
35 turels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés
36 culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que les douanie
37 s douaniers et les agents fiscaux sauront réduire à presque rien. Prétendre « organiser les échanges », c’est d’une part
38 d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation normale des idées, des personnes, et des œuvres ; c’es
39 alité de la culture — des échanges de découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expre
40 mps exiger la suppression immédiate des obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de
41 s vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant le
42 analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce de « plan
43 , à sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce de « plan Schuman de la culture », gardons-nous cependant
44 s ces mystères ? La question n’est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littérature, comme les scie
45 , ils ont maintenant deux choses fort importantes à faire : 1° supprimer les barrières que leurs mandants avaient dressée
46 bureaucratie s’étaient unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longte
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
47 le stalinisme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’impo
48 sme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’importantes pos
49 d’un autre ordre apparaît, qui se pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est le problème de l’i
50 séance de clôture de « L’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie d
51 s staliniens) la marshallisation de nos cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait pour nous un
52 , matérialisme, dollar-dieu, vie simplifiée jusqu’ à l’anonymat, règne de la culture de masse, rapports humains durs et pu
53 xigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à nos combats d
54 périalisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la c
55 issez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’ê
56 e coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’êtes que des barbares : dig
57 ompliqués et susceptibles, esquivant les réponses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationale
58 nt les réponses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de pa
59 ures faciles. (Le réalisme socialiste s’est borné à les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture Prenons
60 né à les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture Prenons un exemple précis. Dès qu’il s’agit de créer un
61 u’un propose de faire appel, pour les finances, «  à l’Amérique ». (On entend : des mécènes, une fondation, un comité, une
62 n hostilité à l’endroit de la culture américaine, à tel point que tout institut que l’on croit à tort ou raison « soutenu
63 ine, à tel point que tout institut que l’on croit à tort ou raison « soutenu par les Américains » en tire d’une part un p
64 acité de l’aide américaine, et d’autre part donne à certains Européens des habitudes de parasites. On veut bien faire éta
65 se demande si l’on y croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne sont pas les mêmes qui, en Europe, font la cultur
66 nces d’intéresser l’argent américain, et renoncer à ceux qui intéresseraient l’Europe et les vrais moyens de l’unir. Inve
67 nir. Inversement, les donneurs virtuels proposent à des instituts de culture de s’occuper de la « productivité », à des é
68 s de culture de s’occuper de la « productivité », à des économistes d’établir des plans politiques, à des politiciens d’i
69 à des économistes d’établir des plans politiques, à des politiciens d’inspirer des entreprises d’éducation, et d’une mani
70 ntreprises d’éducation, et d’une manière générale à n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans l
71 e fait couramment, ce qu’il y a de pire d’un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests ou les gra
72 l’autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à nos pittoresques taudis ; parlons en égaux différents. Alors, entre l
73 aux. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à s’entendre effectivement, comment rêver une entente mondiale, comment
74 avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs rac
75 de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’originalité et la cohésion mentale et morale des peup
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
76 Amérique. Trois exemples : — du 19 au 21 juillet, à Willingen près Kassel, rencontre organisée par la Commission œcuméniq
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
77 lent parfois utiles. En effet, si quelqu’un vient à demander : pourquoi l’union (si difficile) de nos États, au lieu de l
78 ple intégration (qui serait bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent le monde ? — on ne peut lui ré
79 s cela fait, on s’empresse de reléguer la culture à sa place d’objet de luxe (croit-on), pour se pencher sur les problème
80 ues, il faut renvoyer les « problèmes culturels » à plus tard. 2. Mais d’autre part, on peut penser que l’Europe qu’il s’
81 Europe est une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non :
82 une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’ à se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela ne cha
83 en détail, unie ou non : cela ne changerait rien à l’affaire, une fois le sens humain perdu). 3. Les protagonistes de la
84 ui apprenez que l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que font ces deux mots égal
85 valable de l’Europe sans participation des masses à cette union ; pas de participation sans une prise de conscience des p
86 ’Europe. Tout le problème européen se ramène donc à celui de l’accès des masses à la culture (définie largement comme je
87 péen se ramène donc à celui de l’accès des masses à la culture (définie largement comme je l’ai fait plus haut). Sinon l’
88 turelle doit préciser ces conditions. Je me borne à en indiquer quatre. a) Un gouvernement qui augmenterait son budget de
89 douze autres entreprises du même genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en fera
90 ivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’ à s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la culture a créé
91 r fédération. Mais il faut les aider tout d’abord à survivre (c’est une question de budgets locaux, non nationaux), ensui
92 estion de budgets locaux, non nationaux), ensuite à se fédérer effectivement pour multiplier leurs échanges : c’est poser
93 ctions aux budgets nationaux, accordées en aumône à la cause de l’Europe. d) Enfin, la jeunesse est consciente du fait qu
94 de bourgeois disposant de loisirs, donc étrangère à l’homme du peuple. Comment remédier à cet état de choses, qui peut de
95 c étrangère à l’homme du peuple. Comment remédier à cet état de choses, qui peut devenir désastreux pour l’Europe ? L’exe
96 as où la trouver, il s’agit d’apporter la culture à domicile, à l’atelier, à l’usine, au foyer rural, par le moyen du liv
97 uver, il s’agit d’apporter la culture à domicile, à l’atelier, à l’usine, au foyer rural, par le moyen du livre, de cause
98 it d’apporter la culture à domicile, à l’atelier, à l’usine, au foyer rural, par le moyen du livre, de causeries, de conc
99 s. Si elle trouve la culture, elle ne tardera pas à découvrir l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre élargi qu’elle v
100 au sérieux la culture. Non point pour l’asservir à des fins étatiques, comme le font les totalitaires (qui eux, au moins
101 e congrès doit estimer qu’il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont Denis de, « Culture et po
102 enève, octobre 1952, p. 3-7. g. Rapport présenté à la Conférence des Jeunesses politiques européennes.
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
103 Le Centre existe depuis deux ans, et pourtant, à plusieurs égards, il nous donne souvent l’impression d’être encore en
104 techniques. Je puis donc me borner, pour ma part, à dégager les grandes lignes de l’évolution du CEC. I. Comment se
105 eurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrait appeler le stade artisanal, choisissant parmi toute
106 concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par ses
107 ouve que la plupart de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à
108 donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est nécessairement plus le
109 la création de l’AIEE, comme on le verra, répond à ces nécessités. En résumé, le CEC a son rôle à jouer, bien nettement
110 nd à ces nécessités. En résumé, le CEC a son rôle à jouer, bien nettement distinct de celui des autres organismes existan
111 organismes existants. Bien ou mal, il est le seul à tenter d’une manière systématique et suivie la coordination des effor
112 écessités mêmes de cette coordination amèneraient à le réinventer. Ceci, à condition, bien entendu, que l’on ne pense pas
113 e coordination amèneraient à le réinventer. Ceci, à condition, bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’est qu’un
114 ut d’abord le passif : nos échecs, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort pour informer une manière
115 éfections, mais aussi faute des fonds nécessaires à l’exécution de ses deux principaux projets : « Missi Europae2 » et br
116 s constatons aujourd’hui qu’en réalité tout reste à faire. Notre service d’articles de revues, Europa Features, a placé d
117 que l’agence marche autrement qu’au ralenti, donc à perte. Ce sont là des difficultés normales, les à-coups prévisibles d
118 technique. Ils résultent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou
119 ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous manque
120 ici ou de notre défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la co
121 ti entre 20 ou 30 personnes dans une organisation à l’américaine. (Nous nous contenterions de 2 ou 3.) Pourquoi ce manque
122 occupons de culture, et non de politique. Passons à l’actif. J’y rangerai d’abord trois entreprises qui ont déjà donné de
123 en a retenu le bénéfice moral, et l’on verra tout à l’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exéc
124 et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la portée « européenne » tant de ce prix que de la
125 en attendre. Quant aux Plans de causerie (tirés à l’200 000 exemplaires, et qui ont permis des centaines de conférences
126 is des centaines de conférences en 6 langues), et à l’Association des festivals de musique, qui groupe à deux ou trois ex
127 ’Association des festivals de musique, qui groupe à deux ou trois exceptions près toutes les grandes manifestations de ce
128 ur succès : il dépasse de beaucoup notre attente. À ce même chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos deux derni
129 s de presse associées. Vous pourrez en juger tout à l’heure. Les motifs de ces succès sont simples et j’en dirai trois :
130 la culture ; il évite la bureaucratie, s’en tient à une pratique artisanale et empirique ; enfin, il travaille à bon marc
131 que artisanale et empirique ; enfin, il travaille à bon marché, grâce à sa décentralisation systématique. III. Que
132 articles pour l’APEA et élargir leur distribution à trois pays de plus ; composer une nouvelle série de plans de causerie
133 ancer plusieurs activités nouvelles, actuellement à l’étude : un dialogue Europe-Amérique, des séminaires européens de mu
134 coordination des quelque 18 activités en cours ou à l’étude. Il s’agit en principe que chacune serve à toutes les autres,
135 l’étude. Il s’agit en principe que chacune serve à toutes les autres, et demande aux autres des services, par le moyen d
136 ui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un grand industriel français de mes amis3 : « Ce n’est pas
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
137 organismes culturels dépendants de la politique. À ce titre, elle mérite un examen, que presque toutes les revues ont né
138 oir déclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’il ex
139 titutif dans toute l’affaire. Et peut-être facile à trouver. Car en somme, qu’est-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié
140 ider la culture, et plus encore aider les peuples à se cultiver, non point d’ailleurs pour le plaisir de l’art, mais parc
141 ffusion dans les masses, serait vraiment une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aider ainsi ? Servit
142 t retenu. La délégation nationale votera pour lui à l’Assemblée de l’Unesco. Mais comment voteront tous les autres ? Il y
143 faut faire vivre l’Organisation, et songer aussi à ses tâches. Les activités culturelles n’étant aux yeux de nos gouvern
144 , ou simplement aux subventions de certains États à leurs industries déficientes. Si l’on croyait à la culture comme on c
145 s à leurs industries déficientes. Si l’on croyait à la culture comme on croit au pouvoir électoral des bouilleurs de cru,
146 de discussions et de recherches ; ou distribuer 5 à 6000 bourses d’études pour professeurs, artistes, étudiants ; ou publ
147 ons de voir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’une mauvaise volonté ou d’une insuffisance quelconque des hom
148 mmes chargés de la tâche, bien au contraire, mais à cause du système adopté. Trois vices de construction C’est le s
149 c’est encore trop peu dire : il s’agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’ont
150 ontenu proprement culturel. (En fait, on se borne à dire qu’on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre national n
151 aduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et non point mondiaux.   2. Centralisé. La réalité de la cu
152 ue mondiale, et condamnée par ses dimensions même à la bureaucratie comme aux interférences politiques. Le travail cultur
153 des méthodes de coordination pratique, et non pas à coups de directives émises par un office lointain, soumis lui-même à
154 es émises par un office lointain, soumis lui-même à des pressions d’un ordre différent de celui de la culture. Il suppose
155 t contrôle gouvernementaux. Ce qui précède suffit à établir que l’initiative véritable, dans le domaine de la culture, ap
156 a culture, appartient en fait aux petits groupes, à de petits exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer le
157 xécutées en collaboration. Que resterait-il alors à l’organisation constituée par les gouvernements soit à l’échelle des
158 rganisation constituée par les gouvernements soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à
159 ons unies, soit comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Les tâches normales de l’État en génér
160 ntre. Notre organisme n’est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un jour d’une « crise du C
161 ue les gouvernements ou la fédération s’attachent à leur rôle d’arbitrage entre les intérêts spécifiques de la culture et
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
162 urs célèbres de la génération précédente figurent à tous les répertoires, tandis que celles des compositeurs de la jeune
163 iquement privés aujourd’hui. Cette situation tend à créer un esprit de provincialisme parmi les jeunes et les amène à dép
164 t de provincialisme parmi les jeunes et les amène à dépendre plus étroitement des traditions et techniques de leurs prédé
165 eurs immédiats. Exécutants et orchestres hésitent à présenter des œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce n’est po
166 fs qui ont amené le Centre européen de la culture à élaborer le projet d’une conférence internationale de compositeurs, c
167 et exécutants. Elle aura lieu au printemps 1954, à Rome. Ses buts sont les suivants : 1. Donner l’occasion à de jeunes
168 es buts sont les suivants : 1. Donner l’occasion à de jeunes compositeurs de faire jouer et apprécier leurs œuvres. L’at
169 ère internationale de cette rencontre contribuera à combattre l’esprit de provincialisme qui gêne le développement de la
170 tion Le Centre européen de la culture invitera à Rome 75 à 100 personnes (compositeurs, critiques musicaux et exécutan
171 Centre européen de la culture invitera à Rome 75 à 100 personnes (compositeurs, critiques musicaux et exécutants) de dif
172 et d’Amérique, pour participer pendant 8-10 jours à un cycle de conférences, discussions, forums et concerts de musique c
173 . Programme Les participants seront invités à rédiger des rapports, à participer aux discussions publiques, aux gro
174 rticipants seront invités à rédiger des rapports, à participer aux discussions publiques, aux groupes de travail, et aux
175 emporains, c) des œuvres contemporaines négligées à tort, d) quelques œuvres anciennes qui ont considérablement influencé
176 rtitions de musique ancienne et moderne sera mise à la disposition des participants. Tous les textes des conférences sero
177 avant la rencontre et distribués aux participants à leur arrivée afin de servir de base aux discussions. Le Comité consul
178 trois meilleures œuvres qui auront été commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fera l’objet d’un co
179 ion (concerts, solistes, enregistrement) seraient à la charge de la RAI. Dates fixées pour l’attribution des prix au cour
180 nternationale de musique : du 5 au 11 avril 1954, à Rome. Le Comité procède ensuite au choix préliminaire des 12 composit
181 ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à bref délai aux membres du Conseil musical. Dès que ces derniers auron
182 accord, des lettres personnelles seront envoyées à chacun des 12 compositeurs retenus. Sur proposition de MM. Nabokov et
183 le. Le public pourra être admis dans les tribunes à certains des débats au moins. D’une manière générale, il s’agirait d’
184 mes principaux qui peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général sont proposés par les membres du comité exécutif et
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
185 ’arc-boute de toutes ses forces. Sa poussée croît à la mesure de la contre-poussée qu’il provoque. Si l’on ne voit rien b
186 ension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à corps, presque immobiles, rassemblent toutes leurs énergies… Mais lai
187 n. L’opposition mobilise Longtemps habitués à traiter de « chimères » tous les projets élaborés par les Européens l
188 larmés par une série de faits patents, contraires à toutes leurs prévisions : — la CECA est en place, commence à fonction
189 urs prévisions : — la CECA est en place, commence à fonctionner ; — la CED est en voie de ratification par les parlements
190 ier. Le scepticisme, qui paralysait les réactions à cet effort d’union, se mue en opposition déclarée, et cette oppositio
191 rs l’intégration. Il en résulte que toute détente à l’Est détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise de l’idée europée
192 saires, chez nous, de notre union, puisqu’il tend à la présenter tantôt comme l’effet d’une panique, tantôt, et au contra
193 e chose, renversons quelques ministères, revenons à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et no
194 xpliquons-nous donc bien clairement, sans hésiter à souligner des évidences. Les vrais motifs de notre union n’ont pas
195 que » il y a deux mois, le retour de M. Vychinski à la civilité puérile et honnête, la restitution de deux ambassades à l
196 ile et honnête, la restitution de deux ambassades à leurs propriétaires légaux, la libération de quinze médecins sur neuf
197 nations sottement rivales, dont aucune n’est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes, soit de
198 tout va changer en Russie : ils ne changent rien à ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meilleure amie, quand le
199 eilleure amie, quand les États-Unis renonceraient à tout ce qui rend leur aide suspecte aux yeux de certains, quand la pa
200 scompté sera partiellement atteint par la Russie, à peu de frais. Ceux des Européens qui partageaient le point de vue de
201 qui partageaient le point de vue de M. Vychinski, à savoir que la politique d’intégration repose uniquement sur la craint
202 de danger qui poussait un grand nombre d’esprits à chercher le salut de l’Europe dans sa seule défense militaire, va se
203 la Communauté de défense, vont être les premiers à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ?
204 e les premiers à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ce
205 s ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savo
206 nt nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque
207 mais cette fois-ci chez nous, et en fin de compte à leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés qu’il appartiendra don
208 ai de grâce pour l’Europe Les Russes renonçant à la guerre, le monde entier se remet à respirer : c’est donc la preuve
209 s renonçant à la guerre, le monde entier se remet à respirer : c’est donc la preuve que le monde entier, les communistes
210 croyait pas que l’Amérique ni l’Europe songeaient à la « guerre préventive ». Chacun savait d’où venait le seul danger :
211 n résulte qu’un nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’elle a
212 e aux vues larges et imaginatives, va faire place à une juste estimation de nos périls concrets mais aussi de nos chances
213 Le problème de l’Europe au xxe siècle, en butte à l’hostilité croissante des autres continents, mais détenant encore le
214 le ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue à la veille de s’unir, — ce problème va nous apparaître dans sa plus nu
215 paraître dans sa plus nue réalité. Comment rendre à notre culture, libératrice plus qu’aucune autre au monde des puissanc
216 de l’asphyxie économique ? Comment nous replacer à l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
217 mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’uni
218 nque d’union, appellent dangereusement l’Amérique à prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs
219 cer « l’emprise économique des USA », représentée à leurs yeux par le plan Marshall et ses suites ; « l’arrogance de Wash
220 suites ; « l’arrogance de Washington », confirmée à leurs yeux par le voyage d’études de M. Dulles et certains articles d
221 ur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on à cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence indignée ? L’
222 ée que sollicitée, des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché co
223 constitution fut voté par leurs délégués, réunis à Philadelphie. (Six nations de l’Europe viennent de voter un projet si
224 e l’Europe viennent de voter un projet similaire, à Strasbourg, le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’oppos
225 laire, à Strasbourg, le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans quelques vil
226 ew York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primau
227 e part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pen
228 ume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurisprudence des problèmes institutionnels. Or, voici q
229 , pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et ses négocia
230 tres, les a toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et ses négociations, par la force et par la
231 rope a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’univers, et à croire le reste du
232 à se regarder comme la maîtresse de l’univers, et à croire le reste du genre humain créé pour son utilité. Des hommes, ad
233 de grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une supériorité physique, et ont sérieusement assuré qu
234 é ces arrogantes prétentions des Européens. C’est à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modéra
235 r de la race humaine et d’enseigner la modération à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’union nous en rendra capables. La
236 les. La désunion préparerait une nouvelle victime à leur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’être les instrume
237 ans une étroite et indissoluble Union, concourent à la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contr
238 rallélisme qu’un tel texte suggère et même impose à l’évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de no
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
239 pour pousser leur tactique de « détente » visant à faire échouer la CED. Les États-Unis voient leur prestige baisser en
240 Europe, et leur Congrès menace de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’a
241 e de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’attention disponible est absorb
242 problème européen, qu’elle commençait tout juste à distinguer. Depuis deux mois, hors des milieux fédéralistes militants
243 s’énerve et laisse entendre qu’elle serait prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opposition à l’Europe
244 utre, sans la France. En même temps, l’opposition à l’Europe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète que les quelq
245 En même temps, l’opposition à l’Europe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète que les quelques hommes d’État fra
246 l’opposition à l’Europe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète que les quelques hommes d’État français qui ont a
247 des problèmes. Si chaque nation pouvait surmonter à elle seule toutes ses difficultés, pourquoi parlerait-on d’unir l’Eur
248 t-on d’unir l’Europe ? Trop de gens posent encore à notre union des conditions préalables (comme de rétablir l’équilibre
249 nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’agit de ranimer d’abord, et
250 git de penser désormais en termes de coopération, à l’échelle des réalités du xxe siècle, c’est-à-dire à l’échelle des e
251 échelle des réalités du xxe siècle, c’est-à-dire à l’échelle des ensembles viables. Et enfin, et surtout, trop de gens o
252 ables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs él
253 t faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’ à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et
254 de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et ces derniers à leurs intér
255 ’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et ces derniers à leurs intérêts individuels. Si not
256 putés, ceux-ci à leurs électeurs, et ces derniers à leurs intérêts individuels. Si notre civilisation, menacée de toutes
257 ent, ils voudraient tous instituer l’Europe unie, à tout prix et sans délai. Cela peut se démontrer, et on l’a souvent fa
258 cessaire, ou de l’application d’un idéal. On fait à cette « politique » un honneur immérité en la traitant de byzantine.
259 s droits de l’homme, tout en adhérant cyniquement à l’Unesco ; une Angleterre qui se croit encore une île ; une Autriche
260 enfin qui préfère les combats de coqs politiciens à l’existence politique dans le monde du xxe siècle, et fait défaut. C
261 t pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent que le C
262 aradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout à fait autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une culture,
263 ’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à l’individu. Nous voulons ici cette Europe, comme le moyen pour les Eu
264 ur les Européens de se dépasser. Nous travaillons à cette éducation. « Il y a cet immense avenir tout neuf devant nous, q
265 raités : tout se suspend, tout se trouve suspendu à la question européenne. Des ministres glissent dans une flaque d’alco
266 aut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de démissionner. Et de qu
267 lle forme d’initiative occidentale, tout concourt à rendre l’Europe incapable même de tomber, étant trop bas. Tout au lo
268 res et des régimes démissionnaires ont vu revenir à la surface ces mêmes coalitions ou agglutinations de sceptiques compl
269 r des cartels. Les nations décident de s’en tenir à leur souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t-il alors ? La F
270 de l’armée française, ont une armée allemande. Ou à défaut d’armée allemande, pour les uns et les autres une armée russe.
271 ues guerres civiles ou troubles sociaux suffisent à motiver son occupation par l’un ou l’autre empire, ou par les deux, a
272 ant mieux. Mais qu’on n’écarte pas ces prévisions à l’aide d’un adjectif genre « alarmiste ». Il s’agit d’alarmer, précis
273 nt, au service de l’Europe, cela pourrait suffire à nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dan
274 , que des hommes d’État dignes du nom réussissent à s’imposer à temps, qu’une vague d’enthousiasme européen soulève les p
275 mmes d’État dignes du nom réussissent à s’imposer à temps, qu’une vague d’enthousiasme européen soulève les peuples, qu’u
276 se produisent jamais là où personne n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « races incréd
277 is là où personne n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « races incrédules », car celles
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
278 on, rédigé sur votre demande, peut servir de base à l’union. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que
279 r de base à l’union. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un
280 de s’affirmer comme une puissance. Nous cherchons à savoir si le Projet répond à cette nécessité fondamentale de notre hi
281 ance. Nous cherchons à savoir si le Projet répond à cette nécessité fondamentale de notre histoire au xxe siècle. Telle
282 e diversité représente justement notre vrai titre à l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les prop
283 donc la première requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le Projet comme
284 arties traitantes. Il ne s’agit donc pas de poser à son propos une espèce de « question de confiance » : ou bien l’accept
285 u bien l’accepter tel qu’il est, ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument de faire l’Europe, tandis q
286 si ce moyen, tout imparfait soit-il, peut servir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’il le peut
287 efuser comme base de travail équivaudrait en fait à récuser, en tant que source de la Constitution, cette Assemblée ad ho
288 tiquement, le sort de l’Europe serait donc confié à quelque groupe d’experts, inconnus du public, et forcément victimes d
289 rtir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir a
290 de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très sembla
291 parlements, soit à revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté.
292 détours à quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes lignes, le Projet prév
293 ent, le régime qui vous est proposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait faire perdre à l’Europe le temps q
294 à les faire mûrir. Le refuser serait faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’abattre et pour
295 faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’abattre et pour l’asservir. Notre seconde requête por
296 sommes tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le sens même de chacune de nos vies dépend en fait d’
297 imple coalition, formule condamnée par l’Histoire à l’unanimité des exemples connus. De toute la force de ses traditions,
298 a regroupé l’une après l’autre toutes les nations à l’ouest du rideau de fer, attirant dès lors irrésistiblement les pays
299 llites », changera la face du monde et notre sort à tous. Plus peuplée que l’Amérique et l’URSS additionnées, elle dicter
300 s où elles ne seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la so
301 ne peut plus rêver de vivre en autarcie. Renoncer à des droits illusoires, ou refuser d’y renoncer, ces deux gestes manqu
302 une force nouvelle. Et non point qu’elle renonce à des mots vides de sens, à des privilèges périmés, et plus anachroniqu
303 n point qu’elle renonce à des mots vides de sens, à des privilèges périmés, et plus anachroniques, au xxe siècle, que le
304 ne fédération : nous pensons au droit de veto, ou à des clauses d’avance paralysantes pour tout exécutif digne du nom. L’
305 ubtils. 7. Pourvu que le Projet, carrément, ouvre à l’Europe une chance de se fédérer demain, il convient de l’accepter,
306 user, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire
307 à bref délai. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siècles exac
308 viron. L’empereur en versa la moitié, puis se mit à pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant tous ruinés
309 décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise à sac. Les produits du pillage s’élevèrent après trois jours à plus de
310 produits du pillage s’élevèrent après trois jours à plus de 100 millions, sans compter le trésor inestimable des œuvres d
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
311 s après Cinq ans après le Congrès de l’Europe, à La Haye, un autre congrès vient de se tenir dans la même ville et la
312 pour mission de donner le coup de gong du départ à toute l’action européenne. Il avait esquissé des plans et des program
313 de présenter le Message aux Européens, dégageant, à la fin des débats, le sens général du congrès. La manifestation de ce
314 ngrès. La manifestation de cette année, convoquée à La Haye par le Mouvement européen, du 8 au 10 octobre, s’est voulue p
315 pays du plan Schuman. Dès le lendemain s’ouvrait à Rome une table ronde, convoquée par le Conseil de l’Europe aux fins d
316 ouveau congrès d’économistes, qui doit avoir lieu à Londres au début de 1954. Après cinq ans d’action européenne, nous no
317 s idéologiques. La chute de ces barrières suppose à son tour l’existence, le rayonnement et la force d’attraction d’une i
318 tionnaire sans doctrine révolutionnaire », aimait à répéter Lénine, politicien « pratique » s’il en fût. La condition non
319 e. Car là aussi résident les obstacles véritables à notre union, là surtout, plus que dans « les faits ». Il faut des con
320 mmes politiques, en retour, voudront-ils apporter à notre effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a poi
321 ont jusqu’ici on ne nous a point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu pour mission de s’occuper pré
322 i pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la table ronde a
323 s moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et à ses commissions, secrétariat et comités d’experts : il leur appartien
324 et comités d’experts : il leur appartient, comme à nous, de donner suite pratique aux directives dégagées par cette réfl
325 ns, et organisé diverses manifestations destinées à devenir périodiques, telles que le Prix littéraire européen et la Con
326 ers, dans tous nos pays ; d’autre part, d’élargir à des sphères nouvelles et influentes le rayonnement de l’idée qui est
327 correspond au même ordre de préoccupations. Quant à la seconde tâche, pour être menée à bien avec toute l’ampleur nécessa
328 ations. Quant à la seconde tâche, pour être menée à bien avec toute l’ampleur nécessaire, elle suppose l’appui d’un group
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
329 e pour la table ronde de l’Europe qui s’est tenue à Rome l’automne dernier. Pour situer rapidement cette entreprise, part
330 , et cela donne le curieux résultat que voici : «  À l’ouest du rideau de fer, 325 millions d’hommes vivent dans la peur d
331 équence, trop petits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendan
332 fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. Mais au contra
333 ourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout proche et comme
334 ver, pour rejoindre un salut tout proche et comme à portée de main ? Il ne lui manque peut-être qu’une seule chose : la c
335 es immenses qui sont là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre en commun. Une prise de conscience.
336 itique, militaire. Et les résistances croissaient à la mesure des gains déjà réalisés. Comment réduire ces résistances là
337 . La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la composition me paraît tout à fa
338 de six Sages, dont la composition me paraît tout à fait remarquable4. L’on y trouvait en effet côte à côte des hommes d’
339 rience, quinze publicistes réputés furent conviés à rechercher ensemble les moyens de faire connaître et d’illustrer, cha
340 ts de la réflexion des Six. De l’unité culturelle à la communauté politique Mon dessein n’est pas de résumer les péripéti
341 ourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À cette fin, j’avais introduit, dans les six thèmes proposés, l’idée d’
342 le leur salut. La recherche des origines communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite mag
343 oduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité d’instaurer tout d’abord une union politique, condition
344 d’abord une union politique, condition préalable à toute restauration des cadres d’une culture nouvelle et des bases d’u
345 de nos pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos p
346 conomiques dans le monde, la table ronde a conclu à la nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rapports mutue
347 et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier des modèles neufs de société — valables pour eux-mêmes d’abor
348 abord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de
349 ’invité par le secrétariat du Conseil de l’Europe à présider les débats, je me suis trouvé en présence de personnalités d
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
350 vités humaines qui ont pour fin de donner un sens à la vie. — La politique fait-elle partie de ces activités ? — Oui, en
351 une conception de l’Europe et de son union propre à favoriser nos libertés. Non, si par politique on entend simplement l’
352 au-dessus des frontières étatiques, c’est rendre à la culture la première condition de sa santé. — Et quelle serait selo
353 s ne consacrent qu’à peine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne s’agit-il pour eux que d’instruction publique,
354 us travaillons sur un autre plan. Pour contribuer à rétablir la seconde condition de la santé culturelle en Europe, nous
355 aveur de l’existence du Centre. On n’a pas réussi à créer l’union fédérale de l’Europe dans le délai optimum. Pourquoi ?
356 ale de l’Europe dans le délai optimum. Pourquoi ? À cause des résistances morales nées du nationalisme, et de vieilles cr
357 la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout à l’heure : « un organisme comme le Centre ». Est-ce donc qu’il en exis
358 le, si riche soit-elle. Le danger n’est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il y ait deux ou
359 là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il y ait deux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui
360 y ait deux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’il n’en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il e
361 u jugement de se représenter parfois qu’une chose à quoi l’on tient pourrait disparaître. Qu’en résulterait-il ? Je const
362 er — la phrase n’est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un jour, ref
363 n. 6. Voir bulletin de mars-avril 1954. 7. Voir à ce sujet la page 4 de ce bulletin. q. Rougemont Denis de, « Trois i
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
364 s’occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire sa fédération.
365 l’Europe, c’est-à-dire sa fédération. La Russie à Berlin, ou l’Europe caricaturée Il était facile de prévoir que rie
366 de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne pouvait modifier les données fondamentales de l’Europe. Mêm
367 de beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres d
368 paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées
369 nte-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du rideau de fer, qui
370 as facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du rideau de fer, quinze pays membres du Conseil de l’Europe
371 lesquels Saint-Marin et Andorre, soit vingt-cinq, à quoi s’ajouteraient la Russie et ses six satellites.) Cette grandiose
372 sez mêlée. Mais les neutralistes, qui dénonçaient à grands cris la disproportion des forces au sein des Six, entre la Fra
373 millions d’habitants, seront sans doute rassurés à l’idée d’un bloc russe de 200 millions rétablissant d’un seul coup la
374 battre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte à tenter de l’écraser par une surenchère insensée. Et surtout, souligno
375 fortement que la presse a manqué de le faire, qu’ à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie a constitué le plus séri
376 r un fondement solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commu
377 de plusieurs autres continents, devient évidente à beaucoup. Des projets ont été formulés, parmi lesquels celui d’une Co
378 n arrière, l’Italie a décidé de poser la question à son Parlement, et des progrès minimes mais peut-être décisifs ont été
379 d’union régionale de l’Europe. Tout concourt donc à convaincre les hommes de bonne foi que la fédération européenne est à
380 signal clair fût donné par l’Histoire. L’Asie à Genève, ou l’Europe humiliée Deux mois plus tard, tout est changé.
381 er dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre
382 ne « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre est clai
383 insolence des envoyés de l’Asie rouge distribuant à nos hommes d’État des camouflets très peu « diplomatiques ». Pendant
384 s elle va laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Deuxième v
385 laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Deuxième victoire du
386 — à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Deuxième victoire du Kremlin. Au soir même de la chute de
387 divisions actives. Elle ne peut donc plus adhérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y serait noyée et sans force.
388 orce. » Ce sophisme insultant va servir de slogan à la campagne neutraliste, si ce n’est même à certains nationalistes. U
389 logan à la campagne neutraliste, si ce n’est même à certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendra le nouve
390 rs français en Asie deviendra le nouveau prétexte à la démission de l’Europe. Dans son premier discours à Genève, Zhou En
391 démission de l’Europe. Dans son premier discours à Genève, Zhou Enlai déclarait en substance : — Bas les pattes en Asie 
392 cation belliciste » toute tentative de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moye
393 de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moyen de rétablir la « paix » dans le S
394 ud-Est de l’Asie, puisque celle-ci serait ouverte à l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix définitive entre
395 hacs, et du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut
396 du colonialisme soviétique, une Europe persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la fois physique
397 Communauté politique et son élargissement rapide à toute l’Europe. Ainsi le sort de 330 millions d’Européens, et au-delà
398 t aux Français d’abord qu’on voudrait s’adresser, à ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop angoissé pour ménager ses
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
399 olitique fédéral a pris naissance en 1848 ? Jusqu’ à cette date, la Suisse n’était qu’une alliance d’États souverains. Pen
400 cantons que dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »8. La division des petits États, leur impuissance à a
401 8. La division des petits États, leur impuissance à adopter en temps utile une politique commune, expliquent la chute sou
402 en 1798. L’essai d’unification jacobine entrepris à ce moment-là sous le nom de « République helvétique une et indivisibl
403 d’hui. Loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souveraineté, la Constitution suisse de 1848 garantit expresséme
404 s et nouvelles raisons s’opposeraient aujourd’hui à l’adoption d’articles semblables par les Constituants de l’Europe féd
405 l’Europe ? Est-il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-elles quelque réalité et consistance,
406 ehors des débats où elles figurent comme prétexte à refuser les évidences européennes ? Voyons le concret. La souveraine
407 définie comme « la faculté, pour un État, d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posée
408 la faculté, pour un État, d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées par le droit ap
409 un État, d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’ à l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaque
410 , dans les limites posées par le droit applicable à chaque domaine ». Or on ne voit plus aucun État européen qui ait cons
411 État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la
412 éen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou d
413 e ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacab
414 ’autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œuvre ? Non pas dans les faits mais dans les discours des députés a
415 e. Lors des débats de la table ronde de l’Europe, à Rome, deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer le s
416 deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut ap
417 i Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacr
418 me d’une Europe unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, économi
419 ouveraineté du peuple, car le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera
420 qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour.
421 souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? Il nous faut donc répondre mai
422 les grands empires, une souveraineté qui échappe à ses nations. 8. William Rappard, La Constitution fédérale de la Su
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
423 novembre 1954)t Rien n’est perdu, tout reste à faire Deux événements politiques ont absorbé l’attention des Europ
424 alisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet principal de prévenir 
425 de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la constru
426 deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la construction européenne, comme on l’a répété bien à tort ; il mont
427 construction européenne, comme on l’a répété bien à tort ; il montre simplement qu’une partie d’un Parlement (devenue maj
428 vers l’intégration européenne », comme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe supranational
429 mme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe supranational. En résumé : rien n’est perdu, ma
430 euples, de leurs cadres et de leurs élites, reste à faire. Deux illusions des « Européistes » Les partisans de l’Eu
431 ement dans l’affaire de la CED — par complaisance à une double illusion : ils ont cru que le travail éducatif en profonde
432 les réalités que cachaient ces deux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on n
433 e cachaient ces deux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réuss
434 ès l’autre par les parlements. On n’a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’eût représ
435 ration politique. C’était pratiquement se rallier à la méthode britannique, dite « fonctionnelle », méthode du step by st
436 onctionnelle », méthode du step by step, du petit à petit l’oiseau fait son nid10, méthode qui évite d’agiter « inutileme
437 opagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusio
438 ous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux
439 ants européens croyaient avoir expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires. Illusion profonde, comme on va le vo
440 1947 dans les 16 pays du CE et en Suisse, s’élève à 491. Leur tirage total a légèrement dépassé 3 millions d’exemplaires.
441 me culturel comme le Centre n’est pas de suppléer à la carence d’une véritable propagande européenne. Tout au plus peut-i
442 urope a joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque… Et maintenant, comment aller plus loin, avec force
443 créations par lesquelles le Centre espère donner à cette question un sérieux commencement de réponse. Ces activités nouv
444 éer les public relations qui ont manqué jusqu’ici à l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce que beaucoup vont penser, c
445 es et sociales, qui par nature restent invisibles à l’œil des agences de presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait.
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
446 ier exemple paraîtra le moins spectaculaire, mais à la réflexion c’est le plus convaincant, si toutefois les faits acquis
447 ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir où naissent les idées qui conduisent en fait notre monde. Là s
448 des moyens d’expression et des appuis techniques à ceux qui « pensent l’Europe » ; d’autre part, en contribuant aux effo
449 contribuant aux efforts entrepris pour substituer à l’enseignement nationaliste une vue plus juste de l’histoire commune
450 cherchons encore où sont les principaux obstacles à l’avènement d’une Europe unie, nous trouvons trois zones marécageuses
451 mple : Français et Allemands restent face à face, à se demander s’ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues
452 aire doit donc s’appliquer d’une manière générale à orienter les espoirs et les volontés, à situer les problèmes à leur v
453 générale à orienter les espoirs et les volontés, à situer les problèmes à leur véritable échelle, et à mettre en relatio
454 s espoirs et les volontés, à situer les problèmes à leur véritable échelle, et à mettre en relation les forces dispersées
455 situer les problèmes à leur véritable échelle, et à mettre en relation les forces dispersées. ⁂ L’analyse qui précède a
456 dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’ à ce jour. Elle en indique aussi les développements prochains. Mettre e
457 « Liens avec l’Europe » se rattache manifestement à ce cycle d’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en sommes ve
458 rienter les espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En quoi consi
459 cantes du potentiel européen. Dire aux peuples et à leurs élites : voilà ce que peut devenir l’Europe une fois unie, et v
460 scientifiques d’aujourd’hui, vont être consacrés à cette étude. Une série de publications allant de l’ouvrage technique
461 rie de publications allant de l’ouvrage technique à la brochure populaire, du numéro spécial de revue à l’article de pres
462 la brochure populaire, du numéro spécial de revue à l’article de presse, du plan de causerie à l’émission de radio, en di
463 revue à l’article de presse, du plan de causerie à l’émission de radio, en diffuseront plus tard les conclusions. ⁂ Au s
464 résenter mais un programme. Tel qu’il est, réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde encore les moyens
465 se par le CEC, il y a plus de quatre ans, tendait à la création d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Elle
466 s. Plus ambitieuse encore, et destinée cette fois à demeurer très proche du Centre, une seconde initiative est en voie d’
467 ative est en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et enregistrés les statuts de la Fondation eur
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
468 oin de chercher est-il vital pour les Européens ? À la première question, portant sur la recherche en soi, il paraît faci
469 t autre chose. C’est une passion. Et cela revient à dire qu’elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et li
470 dit qu’elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine, beaucoup pl
471 mais ils ne savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lu
472 avoir pur ou la beauté. La plupart auraient peine à formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’est jamais ceci ou c
473 he humaine, dans tous les ordres — de la mystique à la technique en passant par les arts et les sciences — cet horizon de
474 ue soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier de la recher
475 né le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la combat. Ell
476 s. Leurs prêtres et leurs princes avaient réponse à tout. Et de même aujourd’hui, la Russie soviétique offre ou impose à
477 aujourd’hui, la Russie soviétique offre ou impose à l’homme des masses plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes qu
478 , et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifiq
479 devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheur
480 hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fi
481 , comme des essais de civilisations totalitaires. À la vérité sacrée et intangible réglant chaque détail de la vie, à l’o
482 ée et intangible réglant chaque détail de la vie, à l’ordre total et définitif décrétés par le roi-prêtre ou par le dicta
483 le qui a poussé les navigateurs de la Renaissance à découvrir les autres peuples de la Terre, pour les convertir et les d
484 cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniques, qu
485 niques, que certains eurent le courage de risquer à la même époque. Et voici, à partir de ces pionniers, tout le développ
486 , aboutissant au xixe et surtout au xxe siècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, con
487 de ce siècle, de réduire le travail des ouvriers à quelques dizaines d’heures par an, pour une production décuplée. La t
488 la technique et son progrès constant qui a permis à notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de dominer t
489 e dépend de la recherche pure. Et celle-ci dépend à son tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisati
490 n général et la technique. Je vous ai montré tout à l’heure la technique débouchant dans la culture des masses. En revanc
491 cien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très savante, ma
492 e se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les plans d’une machine d’un type nouveau, qu’il baptisa
493 t-il, n’était mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à l’éloge de la recherche. 11. Je la tiens
494 our servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à l’éloge de la recherche. 11. Je la tiens du grand écrivain russe ex
495 de l’inauguration du Battelle Memorial Institute, à Genève, le 26 novembre 1954, devant un public d’industriels et de sav
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
496 civilisation occidentale, parce qu’elle s’attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation
497 mais déjà son identité, le droit de chaque homme à son âme, l’habeas animam comme l’a dit Ignazio Silone. La tyrannie po
498 pie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civili
499 n suprême et impérieuse de susciter la résistance à cette immense offensive anonyme contre l’humain, phénomène dont l’his
500 i nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De gr
501 richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, au moment o
502 périls. Les 325 millions d’hommes qui l’habitent, à l’ouest du rideau de fer, vivent dans la peur de 200 millions de Russ
503 séquence trop petits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendan
504 dans les mêmes ruines. » Nature des obstacles à l’union Les obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ord
505 Nature des obstacles à l’union Les obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus que mat
506 fatal de l’Histoire » ; — attachement fétichiste à des « souverainetés nationales » qui ont épuisé leurs vertus au xixe
507 quelques heures ; — sectarisme politique, égoïsme à courte vue, qui empêchent les gouvernants autant que les masses de ré
508 lusieurs guerres, ou inculqués par l’enseignement à tous les degrés, depuis un siècle. Les efforts d’union entrepris depu
509 ètes ou non, du communisme. Et leur campagne joue à plein sur les habitudes mentales qu’on vient de rappeler, et sur les
510 t dans l’attitude morale des Européens eux-mêmes. À défaut d’une prise de conscience assez rapide et générale du danger q
511 sources immenses dont l’Europe disposerait encore à la seule condition de s’unir — tous les traités et pactes que l’on po
512 les existants aujourd’hui paraîtront plus faciles à surmonter, ou même s’évanouiront dans la mesure où ils consistent en
513 uropéen de la culture a été fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a commencé par agir dans les do
514 ieux responsables de chaque pays ? Comment offrir à des hommes influents l’occasion de réunir leurs forces pour le salut
515 ayant en commun ces deux traits : d’être acquise à l’idée européenne, et d’exercer une influence incontestée dans des mi
516 ire isolément, ou deux par deux, ils se sentaient à chaque instant soutenus et obligés par leur appartenance à un groupe
517 instant soutenus et obligés par leur appartenance à un groupe défini, à un Ordre, ou comme on le disait au Moyen Âge, à u
518 obligés par leur appartenance à un groupe défini, à un Ordre, ou comme on le disait au Moyen Âge, à une « religion ». Il
519 , à un Ordre, ou comme on le disait au Moyen Âge, à une « religion ». Il faudra donc que les Amis se sentent liés entre e
520 que les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’ à la mission générale du Centre, par l’idéal européen qui les anime, et
521 ndation européenne de la culture serait de nature à modifier, par sa seule existence, le climat intellectuel et moral de
522 le veulent, s’ils se groupent, et s’ils agissent à temps. x. Rougemont Denis de, « Habeas Animam », Bulletin du Cent
523 ée naquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’ à l’été 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent
524 autour d’un grand projet — celui d’une Fondation à l’échelle européenne — des hommes qui s’étaient signalés dans leur sp
525 Une série de prises de contact préalables aboutit à la convocation d’une quinzaine de personnes — industriels, banquiers,
526 unirent le 14 novembre 1953 au Pavillon Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. Lecture leur fut donnée du texte suivant. »
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
527 n fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n’est donc pas l’amou
528 du rideau de fer. La détente, si elle est vraie, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est propose — ave
529 une insistance particulière dans la note invitant à Moscou le Chancelier Adenauer — à ces échanges plus ou moins contrôlé
530 a note invitant à Moscou le Chancelier Adenauer — à ces échanges plus ou moins contrôlés, qui gagnera ? La réponse paraît
531 hange est une forme de vie culturelle congénitale à l’Occident, mais dans laquelle les Russes ne se sentent pas à l’aise.
532 , mais dans laquelle les Russes ne se sentent pas à l’aise. Leur idée du secret explique pourquoi. Citons ici les mémoire
533 superficielle. Vous estimez qu’il faut se borner à protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’important. Nous autres,
534 nse qu’un fonctionnaire de la Guépéou avait faite à quelqu’un qui lui demandait ce que l’on entendait par espionnage : « 
535 uché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner à faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la proposit
536 là de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner à faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la proposition spect
537 propagande culturelle, vous n’avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La déten
538 ent à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontières, avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’un
539 t leurs satellites intellectuels ? Ils n’ont rien à apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un dialogue avec
540 aitistes de l’Occident, ils n’ont rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre à représenter l’opin
541 proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre à représenter l’opinion générale de l’Europe. Les gouvernements ? Il es
542 ’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce serait normal : France-Biélorussie, Allemagne-Géorgie, Holla
543 accompagnée d’une exposition gratuite et ouverte à tous des résultats positifs de nos libres discussions, constitue l’ar
544 es » et de publier les scandales attribués tantôt à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, e
545 es scandales attribués tantôt à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments p
546 tôt à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’
547 uter quoi que ce soit d’un libre échange conforme à l’essence même de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est,
548 nforme à l’essence même de la culture. N’ayant qu’ à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté to
549 me M. Ehrenbourg, pendant que j’écris ceci, parle à Genève au cours des débats des Rencontres internationales. Mais rappe
550 t principal du débat ? Et pourquoi les Européens, à la faveur d’une telle confrontation, ne seraient-ils pas amenés à rév
551 e telle confrontation, ne seraient-ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anarcho-individualistes ? Les
552 au triomphe d’un des camps sur l’autre, mais bien à une mise en question des deux attitudes confrontées ? Pour nous autre
553 1955. L’auteur, actuellement ambassadeur d’Italie à Paris, a rempli de nombreuses missions en URSS et parle couramment le
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
554 musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)aa À la fin de 1951, répondant à une invitation lancée par le CEC, sur une
555 ! (octobre 1955)aa À la fin de 1951, répondant à une invitation lancée par le CEC, sur une proposition de son conseill
556 une quinzaine de grands festivals se réunissaient à Genève et décidaient, dans un enthousiasme unanime, de créer entre eu
557 e tangible d’un esprit de collaboration substitué à l’esprit de concurrence, et d’une vision européenne, dépassant les in
558 qués, et de mises au point de l’appareil. Décidée à élargir rapidement désormais le champ de ses activités, l’association
559 une série de décisions pratiques, tendant toutes à manifester l’esprit de coopération européenne qui l’anime, en même te
560 pération européenne qui l’anime, en même temps qu’ à resserrer les liens professionnels entre ses membres. Ces mesures, do
561 s internationaux des festivals, ainsi que d’aider à faire connaître tel d’entre eux dans tel autre pays. L’organisation d
562 le. Un bulletin périodique d’informations destiné à la presse et aux critiques musicaux paraîtra prochainement. Enfin, la
563 s artistes, chefs d’orchestre, etc., seront mises à la disposition des membres de l’association. Enfin, certaines manifes
564 e l’Opéra d’Amsterdam, qu’il quitte pour se vouer à Genève au développement d’une œuvre « européenne », au sens le plus p
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
565 e occidentale a parlé des « 17 niets de Molotov » à Genève. La question des échanges culturels serait donc tranchée négat
566 ’URSS. Il n’y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’ à ce qu’une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kreml
567 loin un résumé analytique des discours prononcés à Genève sur ce sujet.) 2. On ne voit pas pourquoi l’Occident — et l’Eu
568 s Soviétiques n’ont pas donné les suites espérées à leurs ouvertures officielles de l’été dernier. 3. Le désir d’engager
569 rtains de ses préjugés et dans son désir de paix, à la faveur de sa double ignorance des réalités russes et staliniennes
570 v, on peut imaginer que les échanges répondraient à un désir longtemps frustré de savoir ce qui se fait et ce que l’on pe
571 d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sans rien donner, volonté de convain
572 ’acquérir sans rien donner, volonté de convaincre à seule fin de régner, sans le moindre respect pour l’interlocuteur. Se
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
573 s relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)ac ad L’ancienne Russie (de 86
574 écembre 1955)ac ad L’ancienne Russie (de 862 à 1700) Peut-on qualifier de « culturels » les premiers contacts de
575 s de la Russie et de l’Europe ? Ils se produisent à partir du ix e siècle, quand les Slaves se voient simultanément conqu
576 une Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’ à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de cour et de noblesse
577 qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de cour et de noblesse). Dès le début, l’État su
578 r et de noblesse). Dès le début, l’État superpose à la réalité du peuple — indifférent et passif — ses structures dictato
579 enir les rênes du pouvoir mais sauver les âmes ». À cette culture byzantine fondamentale, l’occupation mongole (1224-1320
580 rs l’Europe paraît plus forte que leur résistance à l’occupant asiatique : Alexandre Nevski, vassal des occupants tartare
581 teutoniques, et préférant la domination des Khans à celle du pape de Rome, deviendra l’un des héros et des saints les plu
582 du patriarche Nikon, au xvii e siècle : phénomène à certains égards inverse de celui de la Réforme en Occident.) La ruptu
583 fonde entre l’Église orthodoxe et Rome correspond à l’absence à peu près complète de relations culturelles entre la Russi
584 ons culturelles entre la Russie et l’Europe jusqu’ à la fin du xvii e siècle. Quelques échanges d’ambassades (Jean de Plan
585 n Carpin), quelques mariages de princesses russes à des souverains occidentaux, français ou danois, et les tentatives de
586 s le bilan des « échanges » non commerciaux jusqu’ à Pierre le Grand. La Russie moderne (de Pierre le Grand à Alexandre
587 e Grand. La Russie moderne (de Pierre le Grand à Alexandre Ier) Chacun connaît l’aventure révolutionnaire que repré
588 ans, voyage en Europe, s’engage comme charpentier à Saardam, en Hollande, travaille dans les constructions navales en Ang
589 les constructions navales en Angleterre, est reçu à Riga, Königsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Paris, qui
590 önigsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Paris, qui le saluera comme un grand souverain. Pour Daniel Defoe, qu
591 apprend les techniques de l’Europe, et les impose à la Russie : celle-ci, une fois de plus, reçoit d’ailleurs, et d’en ha
592 arbes patriarcales de ses courtisans ; il ordonna à tous ses sujets, à l’exception des prêtres et des paysans, de se rase
593 de ses courtisans ; il ordonna à tous ses sujets, à l’exception des prêtres et des paysans, de se raser le menton et de s
594 des paysans, de se raser le menton et de se vêtir à la mode occidentale. Des coutumes appartenant entièrement au domaine
595 ne, rendues obligatoires. Le tsar prenait plaisir à organiser d’indécentes parodies de processions ecclésiastiques, auxqu
596 isation russe en y greffant des formes empruntées à l’Occident, que de s’en débarrasser de la façon la plus expéditive et
597 iers de Saardam. L’archevêque de Novgorod l’aide à imposer à l’Église orthodoxe une organisation occidentale, le Saint-S
598 ardam. L’archevêque de Novgorod l’aide à imposer à l’Église orthodoxe une organisation occidentale, le Saint-Synode, emp
599 Glück, fille d’un pasteur allemand, devenue fille à soldats, et la fait sacrer impératrice sous le nom de Catherine, en 1
600 d, le tsar meurt de la syphilis. C’est en pensant à lui (assassin de son fils comme Ivan le Terrible l’avait été du sien)
601 té intellectuelle russe ne ressemble plus en rien à la technolâtrie barbare et au mélange babylonien d’idiomes qui étaien
602 s, des sculpteurs, des peintres russes commencent à collaborer et bientôt à rivaliser avec les innombrables artistes étra
603 eintres russes commencent à collaborer et bientôt à rivaliser avec les innombrables artistes étrangers travaillant en Rus
604 ement russes, et si le peuple ne la comprenait qu’ à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce
605 on. Une mode russe se crée en Europe, comparable à la mode chinoise de l’époque : les Jeux russiens (tapisseries de J.-B
606 st clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et plus tard encore, non pas tant à son nouvel essor cu
607 à cette époque, et plus tard encore, non pas tant à son nouvel essor culturel, dont on ne sait pas encore grand-chose à l
608 culturel, dont on ne sait pas encore grand-chose à l’étranger, qu’aux succès qu’il obtient sur le champ de bataille… L’
609 stoire de l’osmose entre la Russie et l’Occident. À l’origine de l’osmose il y a deux mouvements : l’élan de la Russie ve
610 ccident, la poussée de l’Occident vers la Russie. À certains égards, le second mouvement apparaît plus puissant encore qu
611 oins intelligente, plus ou moins féconde ». Quant à l’Occident, il se jette sans trop y réfléchir à la conquête culturell
612 t à l’Occident, il se jette sans trop y réfléchir à la conquête culturelle de la Russie. Ce fut une véritable ruée de sa
613 e espèce de musée ou conservatoire de l’Europe : À plus d’un égard, cet empire et sa capitale pouvaient être considérés
614 osthume. Ainsi y fut conservé le ballet classique à une époque où il s’étiolait complètement dans ses pays d’origine, la
615 origine, la France et l’Italie ; ainsi s’épanouit à Saint-Pétersbourg une dernière fois, avant sa mort, la grande archite
616 tistique de la Russie, de l’avènement d’Élisabeth à la mort d’Alexandre Ier, et à bien des égards cette domination se pro
617 ènement d’Élisabeth à la mort d’Alexandre Ier, et à bien des égards cette domination se prolongea jusqu’à nos jours. Pend
618 en des égards cette domination se prolongea jusqu’ à nos jours. Pendant près de deux siècles, le français a été la premièr
619 russe de Frédéric qui va triompher, de Pierre III à Nicolas Ier, dont « l’empire knouto-germanique » sera dénoncé par Bak
620 es amours les plus profondes. Sa mission consiste à faire de ce passé européen la patrie spirituelle de la Russie future.
621 e région de l’Europe ne soit dorénavant étrangère à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen est le premier grand é
622 ropéen est le premier grand écrivain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes d’être né Russe, un certain équilibre s’é
623 ntre l’Occident, mais contre les valeurs communes à toutes les cultures nationales de l’Europe et qui précisément par là
624 unité. La renaissance russe (d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui a été créé en Russie depuis Pouchkine rel
625 péen. La littérature russe, de Lermontov et Gogol à nos jours, est tout entière issue de la révolution spirituelle déclen
626 ge. La musique russe à partir de Glinka doit plus à la musique occidentale (surtout postérieure à Beethoven) qu’au folklo
627 lus à la musique occidentale (surtout postérieure à Beethoven) qu’au folklore musical dont se réclamait l’idéologie natio
628 ’un Wroubel, est restée fidèle par certains côtés à des sources d’inspiration profondément, bien que secrètement, religie
629 de la vieille peinture d’icones et n’est parvenue à exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation de la traditio
630 chrétienté orientale. Or, tout cela n’est pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté essentielle.
631 ut cela n’est pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté essentielle. Et c’est pourquoi l’influenc
632 la Russie sur l’Occident n’est que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme rajeunie par l’apport neu
633 n’est pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement pour des formes d’art exotiques comme l’estampe
634 onaise ou la sculpture nègre. Si l’Europe apprend à connaître et à aimer les grandes créations de la culture russe, ce n’
635 ulpture nègre. Si l’Europe apprend à connaître et à aimer les grandes créations de la culture russe, ce n’est pas qu’elle
636 ou si l’on veut, une meilleure chrétienté appelée à sauver l’autre en la régénérant ». Mais la Russie culturelle du xix e
637 milliers d’ouvriers. Cette prise de vue remonte à 1809. Bientôt le dernier grand architecte de l’Europe, Carlo Rossi (1
638 avec mélancolie son passé obscur et fragmentaire à celui infiniment plus riche et plus glorieux de l’Occident. Ses vues
639 disciples des grands penseurs allemands de Fichte à Hegel, étaient les premiers partisans, en Russie, d’un nationalisme é
640 nne. Le peuple et l’histoire furent leurs idoles, à l’instar des romantiques allemands (la « slavophilie » tout entière,
641 e commun aux slavophiles, aux révolutionnaires et à certains réactionnaires17. Intelligentsia, révolution, censure
642 e que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’est pas
643 artie) que son attitude d’opposition systématique à l’ensemble de la Russie officielle et aux opinions modérées. « Un min
644 es Russes ont témoigné d’une disposition spéciale à adopter les idées occidentales et à les brasser ensuite selon leur mo
645 tion spéciale à adopter les idées occidentales et à les brasser ensuite selon leur mode particulier. Or, ce mode particul
646 Or, ce mode particulier consiste presque toujours à y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident, était théorie scient
647 en Occident, était théorie scientifique, sujette à la critique, hypothèse, ou, en tout cas, vérité relative et partielle
648 as, vérité relative et partielle, sans prétention à l’universalité, — s’est mué, pour l’intelligentsia russe, en une affi
649 ligentsia russe, en une affirmation qui confinait à la révélation religieuse. Les Russes se donnent tout entiers, la rése
650 total de l’âme. L’intelligentsiste russe applique à la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’est fait darwinien,
651 pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion, mais un dogme, et désormais tous ceux qui n’acceptaien
652 emple, les partisans de Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus important du xix e siècle, Vladimir
653 s devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cette intelligentsia va emprunter toutes les idées san
654 e les purifiera de tout libéralisme, les poussera à leurs conséquences extrêmes (nihilisme), ou les rendra si religieusem
655 i religieusement intransigeantes qu’elle aboutira à un véritable obscurantisme rationaliste (ou matérialiste). Berdiaev a
656 tion universelle du monde par laquelle on réponde à toutes les questions… » Et il ajoute : La science — c’est-à-dire les
657 fait pour les Russes en général, toujours enclins à l’affirmation intégrale. L’élément sceptique leur est hétérogène, étr
658 n exil20, et si elle contraint les idées sociales à se réfugier dans la littérature — faisant de celle-ci « un acte unani
659 r l’intelligentsia : La censure officielle sévit à l’aveugle et commet des bévues ridicules, mais il en existe une autre
660 ontcharov, Dostoïevski, Tolstoï n’ont pas échappé à la vigilance de cette seconde censure ; d’autres écrivains de grand t
661 persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’ à ce jour, grâce à son influence posthume et aussi à une certaine inert
662 ce jour, grâce à son influence posthume et aussi à une certaine inertie de l’opinion, n’occupent pas la place qui leur r
663 onnait-elle pas aux professeurs ce qu’ils avaient à enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor culturel (1880-1917
664 Diaghilev et le peintre Alexandre Benois fondent à Pétersbourg la revue Le Monde de l’art. Un an plus tard, Stanislavski
665 nde de l’art. Un an plus tard, Stanislavski fonde à Moscou le Théâtre d’art. On sait l’influence prépondérante que ces mo
666 Benois, Léon Bakst, Golovine, etc., sont révélés à Paris au cours de la première saison des Ballets russes de Diaghilev,
667 que le symbolisme et Oscar Wilde ont fait fureur à Pétersbourg et Moscou, l’Europe va traduire les œuvres des décadents
668 ont, Sologoub, Alexandre Blok. La Russie se livre à « une interprétation de l’œuvre de Gogol, de Tolstoï et surtout de Do
669 oupe important de penseurs religieux, de Soloviev à Berdiaev, en passant par Fedorov, Boulgakov, Rosanov, inspirés par le
670 rop, quand on ne pense qu’aux journées de 1905 ou à Raspoutine. L’exemple des éditions Sabachnikov, avec leur magnifiqu
671 s autant aux lettres étrangères qu’aux russes, et à la vie artistique de l’Occident qu’à celle de la Russie. Les discussi
672 x russes, et à la vie artistique de l’Occident qu’ à celle de la Russie. Les discussions sur l’Orient et l’Occident, sur l
673 ions du Moyen Âge russe. L’amour de l’Italie aida à comprendre Novgorod, Vladimir, Moscou. La « découverte » de la peintu
674 en de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en dehors de ces nouvelles connaissance
675 ologoub, de Biély et d’Alexandre Blok. D’un bout à l’autre de l’immense pays, le mois de juillet de cette année-là était
676 s la somnolence et l’insomnie. On n’arrivait plus à travailler ni à prendre du repos. On hésitait entre l’angoisse et le
677 et l’insomnie. On n’arrivait plus à travailler ni à prendre du repos. On hésitait entre l’angoisse et le bâillement. Enfi
678 ont empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend à rien d’original. 15. Nicolas Berdiaev, Les Sources et le sens du com
679 s relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) », Bulletin du Centre européen de la culture : « E
680 ur en note, ce « aperçu » emprunte très largement à l’ouvrage de Vladimir Weidlé, La Russie absente et présente, paru che
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
681 Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu donner que des
682 rs de films des trois pays occidentaux sont prêts à proposer leurs films à l’URSS aux conditions et prix commerciaux norm
683 ays occidentaux sont prêts à proposer leurs films à l’URSS aux conditions et prix commerciaux normaux. Les films soviétiq
684 tiques sont déjà introduits en Europe occidentale à de telles conditions. » 7. « Des échanges d’expositions… » 8. « Le br
685 o traitant des événements mondiaux… L’URSS aurait à sa disposition le réseau de radiodiffusion occidentale pendant des pé
686 0. Mesures immédiates pour supprimer « la censure à laquelle sont soumises les dépêches des journalistes à destination de
687 es, répond aux intérêts des peuples et conduirait à consolider la paix ». Après quoi M. Molotov insiste longuement sur le
688 ssance de l’histoire de notre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile
689 de liberté… Il est également facile de constater à quel point… tout le travail de notre gouvernement (est) imprégné du s
690 t incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut donc nommer un comité d’experts pour convoquer une n
691 viétique n’accordait pas avant et n’accordera pas à l’avenir une telle « liberté d’échanges d’idées » qui constituerait u
692 e tels ou tels États ». On pourrait ainsi aboutir à des accords bilatéraux ou multilatéraux entre les États sur « des que
693 octobre… visaient trois objectifs. Cinq tendaient à supprimer les barrières ; sept, au libre échange des idées ; cinq, à
694 rières ; sept, au libre échange des idées ; cinq, à celui des personnes. …Mais les seules barrières que le gouvernement s
695 lité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour toujours exclus c
696 de l’espionnage, ni les voyages n’être permis qu’ à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu’une mauvais
697 une information plus objective pourrait être mise à la disposition des populations… La seule réponse que fait le gouverne
698 seule réponse que fait le gouvernement soviétique à nos propositions constructives et conciliantes est de nous demander l
699 nt de la politique étrangère des Soviets, destiné à apporter certains avantages à l’État, spécialement en ce qui concerne
700 es Soviets, destiné à apporter certains avantages à l’État, spécialement en ce qui concerne les connaissances techniques.
701 nts des missions diplomatiques Pas de réponse. ( À traiter par négociations directes.) 17. Échanges de facilités pou
702 ae. Rougemont Denis de, « Que s’est-il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture : « Europe-URSS
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
703 ir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux Soviétiques, et même à revendiquer comme un des droits d
704 ous porterait à proposer aux Soviétiques, et même à revendiquer comme un des droits démocratiques fondamentaux, le libre-
705 es bien définies que M. Molotov vient de rappeler à Genève avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence
706 avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter aujourd’hui, sans
707 n publique et privée : cela reviendrait pour elle à accepter le point de vue spécifique de l’Occident, c’est-à-dire à tra
708 int de vue spécifique de l’Occident, c’est-à-dire à trahir la mission que l’idéologie soviétique lui attribue dans l’État
709 bue dans l’État. Autrement dit : si le dialogue «  à l’occidentale » était admis par les interlocuteurs russes, il n’y aur
710 xe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particulière du dialogue dont nous
711 très particulière du dialogue dont nous cherchons à découvrir les bases, si étroites et précaires soient-elles. Nous éli
712 a vente libre des journaux. Nous irons plus loin, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notr
713 des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent, les demandes « inacc
714 éjà refusées par eux — que présentaient récemment à Genève les ministres occidentaux. Comme par exemple : publications de
715 ctives, création de centres d’information ouverts à tous, libre échange d’étudiants, change équitable du rouble, liberté
716 tre chose, imaginer d’autres formules d’approche, à supposer que la chose demeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut semb
717 st également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà) être te
718 it l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraissent point
719 les dirigeants soviétiques, par leur porte-parole à Genève, ont adressés, très logiquement de leur point de vue, aux prop
720 modestes, non spectaculaires et non susceptibles, à notre avis, d’être exploités par la presse et la propagande dans l’un
721 d’hypothèses de travail, non pas d’un plan rigide à prendre ou à laisser. A. Séminaires Examinons d’abord la possibi
722 de travail, non pas d’un plan rigide à prendre ou à laisser. A. Séminaires Examinons d’abord la possibilité d’un sém
723 érentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous, écrivai
724 nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous, écrivains soviétiques, je peux dire
725 rivain ». Lieu : Un hôtel ou une demeure privée, à la campagne, en Europe occidentale (pour une première rencontre en to
726 ie (ou des doubles éventuels) il faudrait arriver à six sujets. Chacun serait alors introduit par un rapport écrit et tra
727 t alors introduit par un rapport écrit et traduit à l’avance. Et chacun fournirait le thème et le point de départ d’une j
728 omique ou la haine entre les peuples ». Sujets : À titre d’exemples, pourraient être proposés et acceptés du côté europé
729 mesure ? L’écrivain soviétique en est-il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérésie. (Dans les œ
730  ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérésie. (Dans les œuvres des écrivains, non pas en général.) 5. L’
731 ccord devienne réellement intéressante, ou utile, à connaître et à préciser de part et d’autre. Activités complémentaire
732 réellement intéressante, ou utile, à connaître et à préciser de part et d’autre. Activités complémentaires : Des lecture
733 que tous les sujets que nous venons de suggérer ( à simple titre d’exemples ou d’hypothèses de travail) soient jugés inop
734 , on se demandera sans doute pourquoi nous tenons à ce dialogue. Répondons par avance en toute franchise. Si anodins que
735 cations ; parce qu’il obligerait les participants à réviser certains de leurs préjugés, et contribuerait ainsi à la paix.
736 ertains de leurs préjugés, et contribuerait ainsi à la paix. Des séminaires de type analogue pourraient être organisés da
737 des a priori idéologiques ou politiques, — quitte à ce que chaque partie tire ensuite, des informations objectives ainsi
738 l plus approfondi de telles équipes de recherches à objectif délimité : ni quant aux résultats techniques à obtenir, ni q
739 ctif délimité : ni quant aux résultats techniques à obtenir, ni quant à la valeur des contacts humains qui peuvent s’étab
740 redoutent à juste titre qu’on ne les « utilise » à des fins politiques ou artistiquement subversives26. Nous autres démo
741 mer Picasso ou Paul Klee ; et que cette adhésion, à son tour, n’entraîne des conclusions politiques absurdes. C’est pourq
742 ion), non spectaculaires, et qui ne cherchent pas à attirer la grande masse inéduquée, mais les artistes, les critiques e
743 es modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiques sont quasi qu
744 s partout en Amérique et en Europe, au concert et à la radio. Nous proposons simplement qu’en retour, les œuvres récentes
745 aires habituels rattachant tel aspect d’une œuvre à tel dogme politique régnant en URSS. Ceci appartient en effet à la dé
746 litique régnant en URSS. Ceci appartient en effet à la définition de la culture soviétique, et il s’agirait de présenter
747 n le dialogue serait faussé, chacun se présentant à l’autre d’une manière artificielle, guindée, non conforme à ses convi
748 d’une manière artificielle, guindée, non conforme à ses convictions.) Les échanges de films sont peut-être encore plus dé
749 on message explicite, et ménage un espace immense à la propagande non formulée, voire involontaire. Nous proposons donc d
750 aire. Nous proposons donc de limiter les échanges à quelques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentati
751 anges culturels, comment pourraient-ils s’opposer à ce que l’on montre, au moins à leur public le mieux trié, les réalisa
752 ient-ils s’opposer à ce que l’on montre, au moins à leur public le mieux trié, les réalisations de l’Europe ? À ce que l’
753 lic le mieux trié, les réalisations de l’Europe ? À ce que l’on donne à ce public (si restreint qu’ils le veuillent) une
754 es réalisations de l’Europe ? À ce que l’on donne à ce public (si restreint qu’ils le veuillent) une idée précise du nomb
755 s autorités seules compétentes en URSS opposaient à de telles propositions une fin de non-recevoir absolue, ou un mutisme
756 concret, et de toute intention sincère d’aboutir à rien de sérieux. Dans ce cas, les intellectuels européens n’auraient
757 intellectuels européens n’auraient plus le choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savons, leurs confrèr
758 accusation d’espionnage ou de propagande destinée à « déclencher l’activité subversive des rebuts sociaux » (Molotov). On
759 s toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’é
760 ec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres. C’est pourqu
761 talement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « autorisés
762 imple réalisme, en vertu de notre désir d’aboutir à si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — objectif proclamé san
763 délégués-propagandistes officiels, surveillés pas à pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en
764 du peuple russe, ni aux nôtres. Ils appartiennent à une ère désormais dépassée par l’évolution historique, et dont les po
765 nir pacifique de nos relations de peuple européen à peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le C
766 de peuple européen à peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légaleme
767 peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légalement sous les tsars, ain
768 , cf. p. 7 de notre bulletin d’octobre 1955. 26. À un journaliste français qui lui demandait l’autre jour (7 décembre 19
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
769 elque 330 millions d’Européens vivant aujourd’hui à l’ouest du rideau de fer. Mais la méthode, au fond, n’est pas renouve
770 ités spécialisées », de nature économique, visant à ouvrir un grand marché commun (plan de Messine) ou à permettre une pr
771 uvrir un grand marché commun (plan de Messine) ou à permettre une production commune de l’énergie (Euratom). En somme, ce
772 si une première fois pour la CECA, échoué ensuite à l’occasion de la CED. La question que l’on peut se poser, c’est de sa
773 la CECA répondent oui, ceux qui pensent davantage à l’échec de la CED répondent non, et ceux qui pensent à la succession
774 chec de la CED répondent non, et ceux qui pensent à la succession chronologique des deux événements hésitent, voire pench
775 éthodes proposées ? Il y a celle qui consisterait à faire l’Europe non par pièces et morceaux peu à peu imbriqués, mais d
776 pranationaux. Cet extrémisme politique correspond à un certain tempérament latin, voire jacobin. On enregistre l’échec gl
777 voire jacobin. On enregistre l’échec global jusqu’ à ce jour (l’Europe n’est pas encore unie) des approches partielles ou
778 péenne soit posée ouvertement, dans son ensemble, à tous les citoyens d’Europe, sous la forme d’un dilemme vital : s’unir
779 immédiatement, ou périr en ordre dispersé. Quant à la méthode proprement fédéraliste, elle semble s’apparenter également
780 t fédéraliste, elle semble s’apparenter également à celle des autorités spécialisées et à celle de la Constituante. Elle
781 r également à celle des autorités spécialisées et à celle de la Constituante. Elle préconise, en effet, à l’instar de la
782 re en esprit des deux autres. Elle ne cherche pas à fabriquer une Europe articulée comme une machine, ni à imposer à nos
783 riquer une Europe articulée comme une machine, ni à imposer à nos pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle ch
784 Europe articulée comme une machine, ni à imposer à nos pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche à co
785 re abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche à construire une union qui serait l’expression organique d’une vaste et
786 ois méthodes peuvent être défendues et critiquées à l’infini, pour des raisons théoriques ou pratiques, de tempérament ou
787 s plus lourdes sans valeur. Même si l’on arrivait à se mettre d’accord sur l’une des formules à réaliser (États-Unis, féd
788 ivait à se mettre d’accord sur l’une des formules à réaliser (États-Unis, fédération ou confédération), il resterait à sa
789 -Unis, fédération ou confédération), il resterait à savoir laquelle des trois méthodes a le plus de chances de mener rapi
790 lus de chances de mener rapidement au but choisi, à ce but-là précisément, et non point à tout autre chose qu’on n’aurait
791 but choisi, à ce but-là précisément, et non point à tout autre chose qu’on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que
792 , — et que l’Histoire seule parvienne (peut-être) à les départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est qu’aucune de ce
793 u’aucune de ces méthodes n’a de chances d’aboutir à la création d’une Europe vivante, sans le soutien d’une œuvre en prof
794 e effort pour préparer les responsables de demain à vivre l’union nécessaire. Notre méthode éducative et culturelle n’exc
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
795 ier 1956)aj ak M. Pierre Moser, qui fut, jusqu’ à l’automne dernier, le directeur de l’Institut international de la jeu
796 esse, fondé en 1952 sous les auspices de l’Unesco à Gauting-Munich, a été chargé de diriger le département de l’éducation
797 on européenne récemment élaboré par la Fondation. À partir du 1er janvier 1956, M. Jean-Paul de Dadelsen a cessé de rempl
798 nnées, directeur de l’Opéra national de Hollande, à Amsterdam. aj. Rougemont Denis de, « Personalia », Bulletin du Cen
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Après le congrès de Trieste (février 1956)
799 -vingt professeurs d’université réunis en congrès à Trieste, en septembre 1955, ont étudié les voies et moyens d’une « eu
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
800 urs appartenant aux principaux partis, a convoqué à Bruxelles, les 13 et 14 janvier, une conférence d’études tendant à cr
801 13 et 14 janvier, une conférence d’études tendant à créer une « Communauté européenne de culture ». Neuf objectifs étaien
802 par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Bruges, le CEC à Genève). Enfin, le Laboratoire européen de recherche
803 es privées (le Collège d’Europe, à Bruges, le CEC à Genève). Enfin, le Laboratoire européen de recherches nucléaires (CER
804 rches nucléaires (CERN), en cours de construction à Genève, la Société européenne de l’énergie atomique et le plan d’Eura
805 onférence de Bruxelles, après avoir rendu hommage à ces efforts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’est bornée
806 s et aux réalisations déjà acquises, s’est bornée à adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’approfondir »
807 el en vue « d’approfondir » ce travail. Renonçant à créer elle-même un organisme nouveau, la conférence a cependant deman
808 a communauté déjà existante des Six, mais ouverte à tous les autres pays d’Europe. On distingue mal en quoi cette organis
809 belges et les personnalités réunies autour d’eux à Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils ont promis leur appui récl
810 éunies autour d’eux à Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils ont promis leur appui réclame en effet la collaboration
811 opinion publique, telle nous paraît être la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxelles pourraient consacrer
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
812 de la première table ronde de l’Europe, organisée à Rome, en octobre 1953, par le Conseil de l’Europe. Cette manifestatio
813 Europe. La direction des débats avait été confiée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résumé la substance
814 acceptées. Désireux de donner une suite effective à la déclaration de Rome, le Conseil de l’Europe a convoqué, du 16 au 2
815 ropéens ». M. Max Beloff, historien et professeur à Oxford, désigné comme rapporteur général de la conférence, sera charg
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
816 ’approbation et des articles de presse favorables à nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant
817 Chapelain-Midy a été l’hôte des peintres russes, à l’occasion d’une exposition d’art français organisée à Moscou. Il se
818 ccasion d’une exposition d’art français organisée à Moscou. Il se déclare surpris par « l’uniformité de la peinture sovié
819 « Poussin, David. Delacroix, Courbet et Daumier… ( à cause des sujets), mais considèrent Cézanne comme le début de la déca
820 e début de la décadence ». Ils sont très hostiles à Picasso et Matisse. Indifférents aux qualités plastiques, sensibles a
821 ités plastiques, sensibles au réalisme du détail, à la mise en scène, et à l’illustration photographique, leur goût ne di
822 les au réalisme du détail, à la mise en scène, et à l’illustration photographique, leur goût ne diffère donc en rien de c
823 ausanne du 25 décembre 1955, il pourrait ajouter à la poétesse de huit ans les jeunes Russes de 4 à 18 ans qui exposent
824 à la poétesse de huit ans les jeunes Russes de 4 à 18 ans qui exposent dans une galerie de Londres. « Réalisme photograp
825 es du Sud des États-Unis, vient d’être représenté à Moscou, par des chanteurs de couleur. Grand succès — onze minutes d’a
826 rassent sur la scène. ⁂ La revue Amerika reparaît à Moscou. C’est la seule revue occidentale autorisée jusqu’ici. Imprimé
827 aux États-Unis, libre de toute censure, elle tire à 50 000 exemplaires distribués au public par les services officiels ru
828 russes, tandis que 1000 exemplaires sont confiés à l’ambassade américaine. Pas une seule revue de France ou d’Italie (pa
829 talie (pays où les communistes représentent de 25 à 35 % du corps électoral) n’a reçu la permission de paraître en URSS.
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
830 À pied d’œuvre (avril-mai 1956)at Dès 1948, le rapport culturel du C
831 le rapport culturel du Congrès de l’Europe, réuni à La Haye sous la présidence de Winston Churchill, déclarait : Les org
832 laires, universitaires et populaires ». Obéissant à ces directives initiales, le CEC s’est intéressé dès ses débuts au do
833 on d’une conférence d’éducateurs, qui s’est tenue à Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont est né le Bureau européen de l’é
834 e, rattaché au CEC, bien qu’ayant son secrétariat à Bergen, en Hollande. En outre, on trouvera dans la plupart de nos bul
835 r les Foyers de culture et des articles consacrés à leurs problèmes, témoignant de notre souci constant d’animer, dans le
836 enne de la culture. Le numéro présent est destiné à servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose de situer
837 sent est destiné à servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose de situer le problème d’une éducation pour
838 occidentale au cours des âges : il n’existe pas, à notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation en Europe faisa
839 ses contextes sociaux et politiques. Il en vient à s’imaginer que l’École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu
840 aurait existé « de tout temps » et qu’elle suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent à cent-cinqu
841 tion des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) et que son insuffi
842 ire (ou adult education) qui essaient de subvenir à ses carences. Il était nécessaire de rappeler succinctement ces donné
843 mière de son espèce. at. Rougemont Denis de, «  À pied d’œuvre », Bulletin du Centre européen de la culture : « Pour un
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
844 ais Européens sans choisir des moyens convenables à cette fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même
845 on aux mystères, aux rites, au sacré social, tend à disparaître ; elle est remplacée par une instruction autant que possi
846 e, sciences, etc. Cette communication ne vise pas à initier l’individu à des mystères en tant que tels, mais au contraire
847 te communication ne vise pas à initier l’individu à des mystères en tant que tels, mais au contraire à éliminer le mystèr
848 des mystères en tant que tels, mais au contraire à éliminer le mystère. Au lieu d’inspirer au jeune disciple un respect
849 s, les dieux et les morts favorables), on cherche à donner à l’élève les moyens intellectuels de se débrouiller dans la s
850 eux et les morts favorables), on cherche à donner à l’élève les moyens intellectuels de se débrouiller dans la société, e
851 des réflexes. Il s’agissait de forcer l’individu à imiter exactement les conduites prescrites par le sacré religieux et
852 siècle : le drill militaire.) Mais la préparation à l’autonomie personnelle va dans le sens contraire. À l’extrême, elle
853 ’autonomie personnelle va dans le sens contraire. À l’extrême, elle tend à libérer l’individu des conformismes, pour le m
854 va dans le sens contraire. À l’extrême, elle tend à libérer l’individu des conformismes, pour le mettre en mesure de réal
855 réaliser sa vocation unique. Au lieu de le forcer à devenir comme les autres, on l’aide à devenir « lui-même ». Au lieu d
856 e le forcer à devenir comme les autres, on l’aide à devenir « lui-même ». Au lieu de le diriger dès sa naissance dans la
857 tres et par les règles de sa caste, on le prépare à courir son aventure. Au lieu d’initiation, on parle d’initiative. En
858 d’initiation, on parle d’initiative. En résumé : à ce qu’on pourrait appeler l’in-ducation des sociétés traditionnelles,
859 des sociétés traditionnelles, l’Europe tend donc à opposer l’é-ducation (de e-ducere, « conduire dehors, conduire au-del
860 t reproduire sans faute, de la manière prescrite, à l’extrême de la précision, les gestes rituels symbolisant l’action d’
861 e l’éducation réside dans notre volonté d’étendre à tous les hommes, sans distinction de classe, de race, de rang, de tra
862 religieux, de tout prestige sacré, est distribuée à n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’impose l’âge de
863 études demeurent encore difficilement accessibles à des élèves pauvres, se voit dénoncé comme antidémocratique. Peut-on r
864 démocratique. Peut-on ramener tous ces contrastes à celui qui oppose, d’une manière globale, les sociétés fondées sur le
865 USA et URSS Dans les prolongements de l’Europe à l’est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées e
866 Dans les prolongements de l’Europe à l’est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « composé
867 acune de son côté, et finalement s’exagérer jusqu’ à la caricature de ce qu’elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du
868 s étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Américains, témoins ou victimes du sy
869 d’imposer un effort intellectuel excessif aboutit à ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie
870 s envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’ à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent régu
871 es nouvelles d’enseignement tendent régulièrement à économiser pour l’élève l’effort de l’intelligence, de la mémoire et
872 images plus nombreuses, et l’on peut craindre qu’ à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit un
873 gradation analogue. Les nuances de pensée tendent à disparaître avec les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’
874 nts, ils trouvent de moins en moins d’incitations à se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces li
875 adaptées ». Elle se substitue presque totalement à la famille, prenant l’enfant dès 3 ou 4 ans (nursery schools), ou au
876 rd dès 5 ans (Kindergarten), pour le garder jusqu’ à 18 ans, et cela non seulement pendant les leçons mais par le moyen d’
877 e formant par des disciplines exigeantes, aboutit à un conformisme tyrannique, dont souffre en premier lieu l’élite virtu
878 , dont souffre en premier lieu l’élite virtuelle. À l’autre extrême, prenons le cas de l’URSS, dont la doctrine d’État, m
879 de cours de culture générale (studium generale), à moins qu’on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à
880 études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours après ses examens finaux, l’étudian
881 s quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctorat. Au cours
882 autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctorat. Au cours des dernières vingt-cinq années, trois
883 mmes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dans le choix s’oppose l’absence totale de choix p
884 a personnalité enfantine ou juvénile poussé jusqu’ à l’évanouissement de la discipline (intellectuelle ou morale) s’oppose
885 me américain, lui aussi, livre finalement l’élève à une sorte de conditionnement social, non dirigé bien sûr, capricieux
886 t imposé sans liberté : les deux excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-
887 fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communaut
888 cherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’
889 re, ni même d’essayer de les mélanger ou combiner à la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’à
890 ant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’ à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et un
891 sir que dans la mesure où elle vise en même temps à rendre libre.) L’individu se sent perdu dans le monde moderne L
892 perdu dans le monde moderne Le grand obstacle à l’exercice des responsabilités civiques, sociales, politiques, etc.,
893 perdu dans la société actuelle. Il n’arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec quelques chan
894 du chômage, un ordre de mobilisation — il a peine à les reconnaître telles qu’il se les imaginait et telles que la presse
895 eaux, qui lui échappent d’ailleurs tout autant qu’ à son électeur de hasard ou de tradition périmée. Voilà notre démocrati
896 Une éducation véritable, préparant le jeune homme à devenir responsable (au sens le plus actif du terme), devrait se donn
897 dans lequel il vit, et dans lequel il se prépare à courir son aventure individuelle. Elle devrait lui enseigner : — d’où
898 ; — comment ces forces se manifestent ou agissent à son échelle, dans le milieu qu’il connaît ou qu’il voudrait connaître
899 ir ou réagir, sur quels points, avec quels moyens à sa portée, ou qu’il pourrait aider à développer. Pourquoi l’Europe
900 quels moyens à sa portée, ou qu’il pourrait aider à développer. Pourquoi l’Europe ? Tant que ce travail d’informati
901 epris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront
902 de. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’ à partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation pré
903 qu’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effets prévisib
904 nt notre fédération. Il va de la réalité mondiale à celle de la commune et de l’individu. Mais le mouvement inverse, de l
905 re opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeune individu dans sa communauté ou ses communautés loca
906 iens qui unissent son existence de tous les jours à des réseaux de forces et d’intérêts, à des structures sociales et pol
907 les jours à des réseaux de forces et d’intérêts, à des structures sociales et politiques plus vastes, à des courants de
908 es structures sociales et politiques plus vastes, à des courants de pensée plus généraux. De proche en proche, il compren
909 nts deviennent visibles. Il pourra prendre enfin, à son échelle, des décisions qui auront un sens, un prolongement possib
910 ation locale, on ne peut les attendre de l’École, à aucun de ses trois degrés. Les programmes sont déjà surchargés. Les «
911 tes et plus proches de la vie, qui prennent place à côté des heures et au-delà des périodes scolaires. Là, dans le vif d’
912 tuation locale ou régionale que l’on peut arriver à connaître en détail, l’information générale sur le monde et sur les p
913 tique et abstrait, mais une aventure personnelle, à la mesure des jeunes les plus entreprenants : ceux qui attendaient un
914 m Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas moins si
915 suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé à grands traits un tableau de l’éducation en Europe, et signalé les pro
916 pe. Nous entendons par là : une éducation tendant à développer dans nos divers pays la conscience de la communauté de civ
917 pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays dans un ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (
918 à fédérer nos pays dans un ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se
919 celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle majeur : la résistance des esprits, faite le plus souvent
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
920 , aujourd’hui, pour les lecteurs de ce bulletin ? À l’approche du temps des vacances, il est bon de se retourner vers les
921 juin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de tous les
922 personnes venues de tous les horizons européens. À quoi s’ajoutent cinq commissions convoquées par le Centre dans différ
923 e nombreuses participations de nos collaborateurs à des réunions extérieures. Chacun de ces comités suscités par le Centr
924 « pour exécution immédiate ». Réunir par exemple, à deux reprises, une douzaine d’économistes venant de huit pays, pour d
925 t de huit pays, pour des sessions de travail de 2 à 3 jours chacune, voilà qui ne semble pas une tâche surhumaine, encore
926 résultats qu’on nous attend. Car ainsi qu’aimait à le dire un grand chef d’industrie français, ce n’est pas au pied du m
927 public. La Fondation a distribué des subventions à l’Association des universitaires d’Europe, à la Journée européenne de
928 ions à l’Association des universitaires d’Europe, à la Journée européenne des écoles, à la revue Dokumente et au Collège
929 res d’Europe, à la Journée européenne des écoles, à la revue Dokumente et au Collège d’Europe pour un atlas économique et
930 l’Europe. Elle a décerné des bourses importantes à cinq jeunes compositeurs… Toutefois, c’est encore peu, au regard de n
931 x européen de littérature, distribution mensuelle à la presse d’un bulletin d’articles et de nouvelles sur la vie de la c
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
932 réunis au CEC, le communiqué suivant était remis à la presse le 14 juin : Le jury international du Prix européen de lit
933 péenne des guildes et clubs du livre, s’est réuni à Genève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a décidé de ne
934 nt sur des ouvrages déjà imprimés, et l’a soumise à la Communauté européenne des guildes et clubs du livre. Encore qu’il
935 des guildes du livre et book-clubs correspondait à la situation des auteurs et des guildes vers 1951, lorsque le CEC sus
936 le CEC suscita la Communauté. On pouvait espérer, à cette époque, que la perspective de se voir publié en plusieurs langu
937 teurs non encore « découverts », et les induirait à écrire des œuvres adaptées au très vaste public à la fois exigeant et
938 ication des prix littéraires pousse non seulement à la rédaction hâtive mais encore à la publication « spéculative » de r
939 e non seulement à la rédaction hâtive mais encore à la publication « spéculative » de romans ou de récits souvent moins v
940 ort à tel prix spécialisé, ou telle « politique » à la mode. Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne sont pas en
941 opéen doive s’orienter vers une solution analogue à celle adoptée par la Fondation pour les bourses de compositeurs. (Voi
942 oint une formule nouvelle, d’ores et déjà soumise à la Communauté qui en décidera lors de sa prochaine assemblée générale
943 Rougemont, attribua le 5 mai 1956 quatre bourses à de jeunes compositeurs, leur donnant « la possibilité de travailler p
944 , et de composer une œuvre nouvelle » : « Mécénat à l’échelle de l’Europe : les premières bourses de la Fondation europée
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
945 traduit le grand défi que nous adresse l’Europe «  à faire ». Il précise : Le défi n’est pas lancé par quelques Français
946  : Le défi n’est pas lancé par quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à tous les Européens. Les autres défis
947 quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à tous les Européens. Les autres défis qui occupent nos forces sont sec
948 es. On leur en propose le moyen, qui est de vivre à l’âge de l’Europe. Mais cela suppose une révolution : l’Europe ne se
949 l est plus agressif qu’il ne s’en donne les airs ( à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin il doit porter : modif
950 ait citer vingt passages d’une malice percutante, à la Voltaire. Mais aussi, cette page décisive dans sa lucide simplicit
951 s. Techniquement, la chose est facile. La machine à raser les frontières est au point. Derrière elle, les flots des écono
952 c’est l’orgueil de la créature, et l’obstination à conserver ce qui est établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répo
953 bli. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre à l’interrogation morale de notre époque, si en nous l’Européen finira
954 es hommes sur l’égoïsme atavique. Et l’on tremble à la pensée qu’une telle décision puisse être l’enjeu d’une partie de «
955 sations antiques, et nos nations n’auront plus qu’ à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az. Rougemon
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
956 caux, régionaux, nationaux et internationaux sont à l’œuvre dans le domaine de l’éducation populaire (ou adult education)
957 arient considérablement du Nord au Sud, d’un pays à l’autre, et souvent dans le même pays. Ici l’on donne des cours du so
958 uper intelligemment les loisirs tout en suppléant à l’éducation générale ou pratique que l’école ne peut plus donner. L’
959 estreintes dans plusieurs pays, le CEC convoquait à Genève, du 18 au 21 mai 1953, une conférence d’études groupant les re
960 ionne depuis 1954. Affilié au CEC, il a son siège à Bergen (Hollande) et ses propres statuts. Buts généraux : aider les
961 s généraux : aider les organisations de tout type à élever leur niveau matériel et à améliorer leurs méthodes ; promouvoi
962 ons de tout type à élever leur niveau matériel et à améliorer leurs méthodes ; promouvoir chez leurs membres un esprit eu
963 Programme permanent : le Bureau a dressé et tient à jour un catalogue descriptif des organisations existantes ; il réunit
964 ; il fournit aux « abonnés » du matériel culturel à prix réduit (films, disques, publications, cartes, etc.) ; il organis
965 artes, etc.) ; il organise des voyages et séjours à l’étranger pour ses usagers et pour des conférenciers ; il envoie sur
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
966 apidement développées après la guerre, ont réussi à créer un très vaste public de lecteurs nouveaux, en leur apportant à
967 te public de lecteurs nouveaux, en leur apportant à domicile des livres choisis à leur intention, moins chers et mieux éd
968 , en leur apportant à domicile des livres choisis à leur intention, moins chers et mieux édités que ceux qu’ils auraient
969 éation d’un Prix européen de littérature, réservé à des œuvres inédites. Le prix fut décerné pour la première fois le 26
970 éjà célèbre dans son pays, mais récemment réfugié à l’Ouest, où son nom était encore ignoré, pour son récit du siège de V
971 en diverses langues, ont été révélés de la sorte à un très vaste public international. Le prix devait être décerné une s
972 ant les ouvrages déjà publiés, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM. Gottfried
42 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
973 Innombrables sont les agences qui fournissent à la presse des nouvelles sur les crimes (politiques et privés), sur le
974 , le CEC publiera chaque mois un bulletin destiné à la presse et qui s’efforcera de combler cette lacune. Trois éditions
975 roit de reproduction libre. Dans chaque numéro, 3 à 5 articles brefs (de 400 à 600 mots) et une série de nouvelles en que
976 Dans chaque numéro, 3 à 5 articles brefs (de 400 à 600 mots) et une série de nouvelles en quelques lignes. Sujets traité
977 ats obtenus par le CEC ne pourront être appréciés à leur juste valeur relative que si l’on connaît mieux l’état des probl
978 ’une ère où l’importance des loisirs est destinée à surpasser progressivement celle du travail (grâce aux développements
43 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
979 il l’unir ? nous n’aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre à son intérêt. Dans nos archive
980 brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre à son intérêt. Dans nos archives, sans doute, quelques centaines d’épai
981 terrompre nos travaux ? Renvoyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous avons entendu l’appel suprême de la plus pu
982 ttaquaient le bâtiment de la dernière radio libre à Budapest, une voix forte cria : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-no
983 e sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous appo
984 aussi comme un témoignage, comme une exhortation à répondre à l’appel qui survit au martyre de Budapest. Il faut absolum
985 e un témoignage, comme une exhortation à répondre à l’appel qui survit au martyre de Budapest. Il faut absolument faire l
986 faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils
987 uite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’ à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le de
988 éal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à n
989 u’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservi
990 nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Eur
991 tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disai
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
992 n évidentes : l’avenir de notre culture étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est liée
993 cette situation. On a vu se dresser contre nous, à l’ONU, le monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’Asie
994 l’Europe est un sujet d’actualité. Des magazines à grand tirage, en France, tels que Match et Réalités, publient des app
995 , tels que Match et Réalités, publient des appels à l’union qui ont l’éloquence urgente des faits et d’une sûre documenta
996 et leurs ministres les préparent, avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’il n’y a plus d’îles qui comptent dans le m
997 que si l’on surmonte les obstacles qui s’opposent à l’union immédiate, et qui résident principalement dans les esprits :
998 stoire mal apprise, intérêts mal compris, calculs à courte vue, nationalismes vantards et utopiques (genre « la France se
999 vique. Notre tâche Plus que jamais résister à l’esprit de démission, d’autodénigrement morbide, qui affecte une bon
1000 ce d’une certaine barbarie et par ses prétentions à représenter la « fatalité historique ». Plus que jamais affirmer la m
1001 ropéens. Voilà pourquoi le CEC vient de reprendre à sa charge les expériences-pilotes d’éducation et de formation des cad
1002 t de brefs articles et des nouvelles européennes, à l’usage d’un millier de journaux dans nos trois langues principales.
1003 ’un terminé, l’autre en préparation — contribuant à la réflexion scientifique sur l’avenir de l’Europe. C’est enfin la mê
1004 ire. La construction d’une Europe politique reste à faire ou à reprendre à la base ; elle attend encore sa « relance ». L
1005 struction d’une Europe politique reste à faire ou à reprendre à la base ; elle attend encore sa « relance ». L’opinion bo
1006 une Europe politique reste à faire ou à reprendre à la base ; elle attend encore sa « relance ». L’opinion bouge, la jeun
1007 uté humaine qu’on nomme Europe. 31. Voir l’Ode à l’Europe, ci-après. 32. On lira plus loin le bel essai que nous donn
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
1008 . Ceux-ci, en effet, ne contribuent pas seulement à meubler l’esprit, mais à conditionner le jugement, et cela avant l’âg
1009 ontribuent pas seulement à meubler l’esprit, mais à conditionner le jugement, et cela avant l’âge où le jeune homme peut
1010 cela avant l’âge où le jeune homme peut se mettre à lire les journaux, à discuter les problèmes politiques avec les aînés
1011 e jeune homme peut se mettre à lire les journaux, à discuter les problèmes politiques avec les aînés qui s’y connaissent,
1012 politiques avec les aînés qui s’y connaissent, ou à lire pour son compte des ouvrages qui le rendent capable de repenser
1013 es proverbes, comme le bon sens lui-même… Parvenu à l’âge adulte, devenu électeur et responsable, — instituteur ou indust
1014 loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nat
1015 eux-là ! — nous entourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ « Faire l’Europe, c’est d’abord faire
1016 tout au long du numéro de notre bulletin consacré à l’éducation européenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous c
1017 Il nous conduit aujourd’hui, tout naturellement, à étudier le problème de la formation européenne à l’école et dès l’éco
1018 à étudier le problème de la formation européenne à l’école et dès l’école, c’est-à-dire aux racines de l’Europe de demai
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
1019 s Nations unies (ONU) inaugure son siège européen à Genève, dans le palais bâti pour la Société des Nations. Les conféren
1020 ière entre l’Europe de l’Ouest et les pays soumis à l’occupation ou à l’influence de la Russie soviétique. C’est ce qu’on
1021 e de l’Ouest et les pays soumis à l’occupation ou à l’influence de la Russie soviétique. C’est ce qu’on appelle le « ride
1022 Les deux guerres de 1914 et de 1939 ont mis fin à la puissance mondiale de l’Europe, qui dominait la planète depuis des
1023 manie). Les Américains aident les pays de l’Ouest à relever leur économie, grâce à un système d’aide financière dit « pla
1024 ide financière dit « plan Marshall », qui aboutit à la création de l’Organisation européenne de coopération économique (O
1025 ppauvrie, divisée, privée d’une politique commune à tous ses États, soumise à l’influence des États-Unis dans sa partie o
1026 d’une politique commune à tous ses États, soumise à l’influence des États-Unis dans sa partie ouest et de l’URSS dans sa
1027 lions) additionnés. En outre, il devient évident, à l’époque des armements atomiques et de la technique en plein essor, q
1028 4. Premières réalisations Un congrès se réunit à La Haye en 1948, sous la présidence de M. Churchill. Il demanda la co
1029 , cette Assemblée se réunit pour la première fois à Strasbourg et un Comité de ministres de 16 pays est formé : le Consei
1030 acier (CECA). Le siège de cet organisme s’établit à Luxembourg. En 1957, les mêmes six pays font un pas de plus, et créen
1031 ter leurs vastes ressources en matières premières à ce puissant ensemble, dont font partie les grands voisins de la Suiss
1032 cesse donc de se développer. Il pourrait aboutir à une vaste fédération politique groupant tous les États européens, de
1033 nd de l’Europe Jusqu’ici, la Suisse est restée à l’écart du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont les raison
1034 ité militaire de la Suisse l’a empêchée d’adhérer à l’alliance conclue en 1949 entre les pays de l’Ouest de l’Europe d’un
1035 ant d’être entraînée dans une politique contraire à son statut de neutralité. Cependant, les nécessités économiques pouss
1036 nt, les nécessités économiques poussent la Suisse à coopérer toujours plus étroitement avec les organisations européennes
1037 uropéennes. C’est ainsi que la Suisse adhère déjà à l’OECE, passe des accords avec le CECA et le Marché commun, et collab
1038 ds avec le CECA et le Marché commun, et collabore à la création d’une zone européenne de libre-échange, englobant tous le
1039 ts. 4. Dès 1949, un Conseil de l’Europe est créé, à Strasbourg. C’est un organe purement consultatif. En 1951, la Communa
1040 ar Gonzague de Reynold. M. l’abbé Pfulg a demandé à notre directeur de bien vouloir écrire le chapitre du manuel d’histoi
1041 re le chapitre du manuel d’histoire se rapportant à l’Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de
47 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
1042 s, croyons-nous, un tel sondage n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mesurer le degr
1043 es solutions souhaitées par les uns et les autres à quelques-uns des principaux problèmes qui se posent aux organisateurs
1044 mbre et la nature des réponses reçues témoignent, à eux seuls, de l’intérêt très vif porté aux festivals, dans les milieu
1045 constater que ce résultat est largement supérieur à la moyenne obtenue par des enquêtes similaires. De plus, les refus de
1046 rmule même du festival de musique se sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès ; elle mon
1047 ête en soi fut donc un franc succès ; elle montre à l’évidence que les problèmes posés par l’existence des festivals tien
1048 on plaisir. Qu’il songe pendant quelques instants à la nouveauté même des festivals, à leur succès si rapidement croissan
1049 lques instants à la nouveauté même des festivals, à leur succès si rapidement croissant au xxe siècle et qui traduit dan
1050 ustrielle, et qui promet des loisirs plus étendus à un nombre croissant d’hommes et de femmes. Les problèmes de la cultur
1051 vue des programmes et de l’éducation du public qu’ à celui des aspects économiques. Deux de ces options se trouvaient mise
1052 omoteurs de cette enquête ne pouvaient s’attendre à une approbation unanime de la définition qu’ils proposaient comme « i
1053 nt comme « idéale et normative ». C’est pourtant, à quelques nuances près, ce qui s’est produit. Personne n’a récusé les
1054 et Frank Martin. « Bartók cause autant de plaisir à Copenhague qu’à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Moz
1055 « Bartók cause autant de plaisir à Copenhague qu’ à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner
1056 mais en revanche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doi
1057 x-en-Provence, de Grenade ou même d’Helsinki (lié à la musique de Sibelius) se présentent tout d’abord à l’esprit de celu
1058 a musique de Sibelius) se présentent tout d’abord à l’esprit de celui qui médite sur une définition du festival en tant q
1059 de facilité nées de l’élément touristique propre à tout festival, qu’il se dise d’ailleurs international ou régional. L’
1060 e créer un jury international, qui aurait recours à ces critères pour décerner ou non l’étiquette de « festival » semblai
1061 u non l’étiquette de « festival » semblait propre à concrétiser le problème. Elle ne pouvait manquer de provoquer les réa
1062 ire » comme le dit un correspondant, et de croire à la vertu d’interdictions de label, même bien fondées. Mais que ce jur
1063 musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mais encore es
1064 n et qui le définit le mieux, quand on le compare à l’homme d’autres cultures et civilisations. De cette affinité d’essen
1065 génie propre de l’Europe. La musique n’aidera pas à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle
1066 st typique de l’Europe que personne n’ait cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insistent surtout sur
1067 bien vivantes les traditions locales, ou de viser à un style nettement spécialisé, ne perdent jamais de vue que, ce faisa
1068 nt jamais de vue que, ce faisant, ils participent à un ensemble, ils donnent leur note dans un accord plus vaste, ils tie
1069 nie dans le « concert européen ». Loin de choisir à l’exclusion de l’autre l’une des deux solutions proposées, la grande
1070 renoncer aux échanges, de donner un visage propre à chaque festival sans renoncer à son caractère international, est le s
1071 un visage propre à chaque festival sans renoncer à son caractère international, est le souci normal de toute entreprise
1072 notre Association. Elles tendent toutes les trois à spécialiser mais aussi, et du même mouvement, à « européaniser » les
1073 s à spécialiser mais aussi, et du même mouvement, à « européaniser » les manifestations musicales, illustrant ainsi par d
48 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
1074 présentons aujourd’hui vient donc très exactement à son heure. Elle succède à un court précis du Marché commun et de l’Eu
1075 nt donc très exactement à son heure. Elle succède à un court précis du Marché commun et de l’Euratom (par questions et ré
1076 araître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait à une description succincte du contenu des traités et des étapes qu’ils
1077 oute arrière-pensée de propagande, cet essai vise à situer l’aventure qu’est encore le Marché commun, dans la perspective
1078 ortant groupe d’études, qui proposait de répondre à la question suivante : « Que se passerait-il si les frontières économ
1079 miques étaient supprimées dans toute l’Europe ? » À mi-chemin entre le cours précis d’information et le recueil d’études
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
1080 y a dix ans exactement, au début de février 1948, à Genève, le Dr J. H. Retinger débarquait de l’avion de Londres. Il ven
1081 arquait de l’avion de Londres. Il venait proposer à l’auteur de ces lignes de préparer la partie culturelle du premier Co
1082 remier Congrès de l’Europe. Trois mois plus tard, à La Haye, sous la présidence de Winston Churchill, le congrès proposai
1083 ntéressant la vie du continent, par voie d’appels à l’opinion et aux gouvernements ; et de faciliter la coordination des
1084 écédent. Pour le reste, voici l’histoire, réduite à sa chronologie sans commentaires. Réalisations 1949. Au mois de
1085 uropéen, D. de Rougemont et Raymond Silva ouvrent à Genève, dans une construction provisoire attenante au Palais Wilson,
1086 u 12 décembre dans le palais du Tribunal fédéral, à Lausanne. Elle groupe 220 délégués de 22 pays, invités par les comité
1087 opéen de la culture, du Collège de l’Europe, mise à l’étude d’un Institut européen de recherches nucléaires, et coordinat
1088 50. Le Centre européen de la culture est inauguré à Genève le 7 octobre par M. Salvador de Madariaga, président du consei
1089 ce de Lausanne (aboutissement : le CERN, inauguré à Genève en 1955).   1951. Première réunion pour l’étude des problèmes
1090 ojet de « Prix littéraire européen ». — Création ( à Bruges) de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE), à
1091 ion européenne.   1954. Transfert du siège du CEC à la Villa Moynier. — Création de la Commission de pédagogie sportive.
1092 e compositeurs, critiques et interprètes musicaux à Rome (5-16 avril). — Signature des statuts et ouverture de la Fondati
1093 gogie sportive. — Congrès d’enseignants européens à Bremen. — Réunions du Comité des éducateurs et début des expériences-
1094 ctualités européennes, diffusées en trois langues à 1200 journaux. — Première réunion du Pool européen d’éditeurs.   1957
1095 t pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même, à ses risques et périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait être
1096 la France, puis la Suisse et Genève, commencèrent à fournir une part de nos recettes35.) La fortune publique et privée ne
1097 rtune publique et privée ne croyait pas bien fort à l’union de l’Europe, et moins encore à l’efficacité de l’action éduca
1098 bien fort à l’union de l’Europe, et moins encore à l’efficacité de l’action éducatrice et culturelle pour cette union. O
1099 ment européen auquel le CEC doit se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est-il ? Une constatation de fait s’im
1100 ujourd’hui la plus ancienne institution existante à l’échelle européenne 36. Et si l’on compare ses activités passées et
1101 ne concerne que six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ d’action la Grande Europe, celle qui doit un jour r
1102 un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar à l’Oural si possible ! Mais la seule annonce de la mise en application
1103 n, et pour obliger de larges catégories nouvelles à s’intéresser d’une manière très concrète au problème européen. Dès 19
1104 , la nécessité de recherches coordonnées s’impose à beaucoup d’esprits qu’elle laissait naguère sceptiques. Comment le CE
1105 rès vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à désigner (sinon à définir !), n’est pas un mal en soi, bien au contra
1106 jectif « culturel » peut servir à désigner (sinon à définir !), n’est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit
1107 i bénéficieraient d’une intégration plus poussée. À l’heure où les institutions économiques et politiques de l’Europe nai
1108 le domaine de la culture. La vocation du Centre, à Genève, se trouve ici clairement inscrite dans les faits.   2. Recher
1109 airement inscrite dans les faits.   2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’est pas seulement le Musée du Monde,
1110 ns la compétition impitoyable désormais instaurée à l’échelle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être appor
1111 sante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissante par les capitaux ré
1112 apitaux réunis : au regard de l’aide qu’apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous s
1113 aide qu’apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développ
1114 des besoins existants, des recherches en cours ou à entreprendre, des instituts et des savants disponibles et compétents.
1115 tique l’une des grandes idées qui avaient présidé à la création du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.
1116 éation du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extérieures. Minorisée aux Nat
1117 s ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’êtr
1118 Europe entière, sûre de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. ⁂ Telles sont les perspectives immédiates et prochaines qui
1119 rspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voies pour le
1120 isées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’ à ce jour (unification du droit et coordination des programmes de radio
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
1121 être lancées en Italie et en Grèce. Elles visent à former des cadres de responsables, civiquement actifs et animés d’un
1122 s initiatives du Centre, en ce domaine, remontent à 1951 : convocation de responsables de l’éducation populaire pour exam
1123 on entre les organisations de types variés visant à compléter ou à prolonger chez les adultes l’éducation scolaire ; 2° l
1124 ganisations de types variés visant à compléter ou à prolonger chez les adultes l’éducation scolaire ; 2° les possibilités
1125 re, rattaché au CEC mais autonome. Il a son siège à Bergen, en Hollande. Sous la direction de MM. Guermonprez et Schouten
1126 pui financier de la Fondation européenne — limité à la période allant de fin 1955 jusqu’en avril 1957 — devait permettre
1127 ’éducateurs fut désigné pour présider au choix et à la définition des expériences-pilotes à entreprendre37. Les premières
1128 choix et à la définition des expériences-pilotes à entreprendre37. Les premières furent lancées dès l’automne 1956. D’au
1129 guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître en automne 1959 rassemblera les monographies rédigées sur ch
1130 secondaires) peuvent exercer sur des élèves de 10 à 16 ans, en s’inspirant dans leur enseignement d’une vision plus europ
1131 eignant a incité d’autres organisations scolaires à étudier des projets analogues en Suisse, France, Belgique et Italie ;
1132 1958. Haute-Provence (France) Objectif : à la faveur d’une action locale tendant à revitaliser une contrée de vi
1133 bjectif : à la faveur d’une action locale tendant à revitaliser une contrée de vieille culture populaire et de souvenirs
1134 en voie de dépeuplement, voir si l’on peut donner à ses habitants une notion réaliste des possibilités de développement d
1135 sud de Bordeaux, France) Objectif : analogue à celui de la Haute-Provence, mais dans une région d’économie mixte (ru
1136 miné les premiers résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan, est en cours de rédaction. En 1958, l’action éducativ
1137 s, d’économie agricole et artisanale, appartenant à une région de l’Italie bénéficiant d’un statut d’autonomie, étudier :
1138 Marché commun). Exécution. L’action a été lancée à l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 août 1957), int
1139 nt très divisé. Nouvelles expériences-pilotes à l’étude Outre les répétitions dans plusieurs pays de l’expérience
1140 s Du 23 au 27 septembre 1957, ce stage a réuni à Bruges, au Collège d’Europe, les dirigeants de nos expériences en cou
1141 trent qu’une expérience réussie se prête aussitôt à une répétition généralisée dans le reste de l’Europe, et justifient a
1142 cateurs, et nous a permis d’intéresser activement à une entreprise européenne des centaines de responsables locaux ou « c
1143 tes sociologiques organisées en Haute-Provence et à Aire-sur-Adour feront l’objet de publications dans des revues spécial
1144 rois séries de films fixes sur l’Europe, destinés à illustrer des conférences sur l’Unité culturelle de l’Europe, l’Europ
1145 de l’Europe et la CECA ont accepté de participer à l’élaboration de cette première série. M. Kormoss, chef du service ca
1146 al audiovisuel, La Haye ; Roger Girod, professeur à l’Université de Genève ; Erik Halvorsen, Skandinavisk Folkeoplysnings
1147 Comuni d’Europa, Rome ; Giorgio Spini, professeur à l’Université de Messine ; — ainsi qu’à titre occasionnel : MM. Frank
1148 professeur à l’Université de Messine ; — ainsi qu’ à titre occasionnel : MM. Frank Milligan, National Federation of Commun
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
1149 Bretagne (Weidenfeld & Nicolson), s’est réuni à Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association ayant pour
1150 s’agissait de convaincre ces éditeurs de former, à cet effet, un pool ayant pour premier but la publication des ouvrages
1151 directeurs de la Librairie Plon en décembre 1956 à Genève, a élaboré le plan du pool dans ses grandes lignes. Une deuxiè
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
1152 bulletin du Centre (février 1958)bq br Conçu à l’origine comme un simple organe d’information sur les travaux qui se
1153 CEC, le bulletin a paru sous cette forme de 1952 à 1956, à raison de six numéros par an. Dès 1955 cependant, des numéros
1154 t qui atteint rapidement un tirage très supérieur à celui des bulletins ordinaires. Ce sont ensuite le numéro spécial sur
1155 chent un public plus large et paraissent répondre à des besoins réels. Compte tenu de ces indications, la formule du bull
1156 bre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 pages tirés à 3 000 exemplaires, ce sont désormais 6 numéros de 64 pages en moyenne
1157 cinq autres étant des numéros spéciaux consacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’en 1957 ont paru : L’Europe s’inscri
1158 and, anglais, italien, grec, norvégien ; espagnol à l’étude). L’Europe et l’école (en français seulement). Le Rôle des
1159 age atteignait 75 000 exemplaires en cinq langues à la fin de 1957, a exercé dans la plupart de nos pays une influence qu
1160 Marché commun a été le seul ouvrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ouvrait le Marché commun. La critique
1161 ale et les instances officielles ont été unanimes à saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pour 1958, le prog
1162 s résumant les données de fait et l’argumentation à présenter à propos de quelques grands thèmes européens d’intérêt perm
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
1163 en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à ses
1164 ose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à ses données physiques pour en tirer une énergie insoupçonnée. L’Europ
1165 ès le lendemain de la dernière guerre, de rallier à la cause européenne les forces vives de la culture, et cela non point
1166 s de la culture, et cela non point par des appels à quelque engagement politique, mais en leur proposant des tâches concr
1167 ique, mais en leur proposant des tâches concrètes à résoudre en commun dans leur domaine, au-delà des impasses nationales
1168 ne, au-delà des impasses nationales, c’est-à-dire à l’échelle de l’Europe. Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons
1169 sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre à la culture sa fonction créatrice dans notre société, et de la libérer
1170 aves du nationalisme. 3. Les principaux obstacles à l’Union de l’Europe ne sont pas dans les « faits » mais bien dans les
1171 ut suffire d’un traumatisme provoquant l’adhésion à la violence et le refus du sens critique, au profit d’une doctrine ou
1172 et de sens communautaire, et donc jamais conforme à un type collectif, puisqu’il tient avant tout, en tant qu’Européen, à
1173 puisqu’il tient avant tout, en tant qu’Européen, à sa différence personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous
1174 ne part donc, s’adresser d’abord aux compétences, à des hommes éminents dans leur branche, et qui, par suite, auront comp
1175 u sous-sol, la culture et l’allégeance politique, à l’intérieur d’un même cordon douanier. (D’où le bassin Ruhr-Lorraine
1176 hr-Lorraine coupé par le milieu, sous prétexte qu’ à la surface, on parle français d’un côté, allemand de l’autre.) Ensuit
1177 ôté, allemand de l’autre.) Ensuite il faut offrir à ces hommes compétents l’occasion de travailler ensemble en tenant com
1178 mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’ à l’échelle de l’Europe, unité de civilisation. D’où le succès, typique
1179 bien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en fédéralistes pratiques, non point par choix sentimenta
1180 e, si toutefois elle s’unit, offrirait un domaine à la mesure du siècle et des ambitions raisonnables d’un homme qui veut
1181 est pas une activité au jour le jour, suivant pas à pas l’événement, mais au contraire : elle se propose de préparer le t
1182 s grand nombre possible d’Européens, mais d’abord à ceux qui détiennent une responsabilité quelconque à n’importe quel ni
1183 ceux qui détiennent une responsabilité quelconque à n’importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir
1184 e salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre indépendance. Ceci posé, les principau
1185 péenne méthodique se doit de rappeler constamment à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les
1186 t de rappeler constamment à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renverse
1187 pres nationalismes. — Le nationalisme s’opposant à notre union, mais provoquant des unions étrangères contre nous (exemp
1188 par l’URSS d’un quart de la population européenne à l’Est, qui dans sa grande majorité souhaite sa libération, c’est-à-di
1189 é souhaite sa libération, c’est-à-dire son retour à l’Occident moderne (et non pas à la féodalité). — La réalité et les m
1190 -dire son retour à l’Occident moderne (et non pas à la féodalité). — La réalité et les mythes du communisme soviétique, v
1191 e de certaines valeurs et procédés de l’Occident, à l’usage des peuples techniquement arriérés. — Les possibilités démogr
1192 ul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population des USA et une
1193 emi celle de l’URSS, quand on le rappelle, suffit à redresser des perspectives complètement faussées par nos complexes ps
1194 ns le reste du monde. Moyens actuels et moyens à créer Pour appliquer la méthode dont nous venons de décrire les pr
1195 mécènes de la culture. Mais le CEC n’est pas seul à travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’instituts d’ense
1196 andes associations européennes d’enseignants sont à l’œuvre, l’une groupant les maîtres secondaires et primaires, l’autre
1197 chaque année des sujets de rédaction sur l’Europe à plusieurs centaines de milliers d’élèves de six pays. La tâche si imp
1198 ernationales Schulbuchinstitut, dont le siège est à Brunswick. Cependant que les comités culturels et les départements de
1199 s juristes, chez les médecins et les pharmaciens… À mesure que s’élargit la base de ces initiatives culturelles (au sens
1200 onalistes. Répétons-le : les principaux obstacles à l’union nécessaire sont dans les esprits (non les faits) et c’est là
1201 ils inculquent par la force le marxisme-léninisme à des peuples entiers. S’ils s’inclinaient devant les « faits matériels
1202 et le pouvoir d’achat — ils devraient conseiller à la classe ouvrière et aux pays sous-développés d’adopter dans leur pr
1203 matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la force des choses, dès lors qu’ils s’imaginent pouvoir combattre de
1204 des idéologies avec des « faits », et le marxisme à coups de valeurs cotées en bourse. Ils professent un parfait mépris p
1205 e théorie et les doctrines (toujours « fumeuses » à leurs yeux), par suite n’enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela
1206 stes de l’Europe de l’Ouest, quand ils proclament à chaque discours leur volonté de défendre « la cause de la liberté » n
1207 pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autant d’efforts et de capitaux que les tot
1208 et de capitaux que les totalitaires en consacrent à enseigner les principes de la tyrannie. Ils tiennent la culture pour
1209 pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni même la brouette, c’est Pascal ; ou la turbine, c’est Lé
1210 out entière. Mais on dirait que la culture paraît à certains si respectable qu’ils n’oseraient jamais la payer… Les Russe
1211 gneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à persuader le capital privé et les États que le salut de l’Europe (et
1212 s affaires) exige une aide puissante et immédiate à la culture et à l’éducation. L’un des objectifs prochains de la métho
1213 e une aide puissante et immédiate à la culture et à l’éducation. L’un des objectifs prochains de la méthode culturelle es
1214 crits au chapitre des dons philanthropiques, mais à celui de l’intérêt bien compris, de la défense de l’Europe et de notr
1215 e, nous les résumerons comme suit : elle consiste à fomenter dans tous nos milieux sociaux et professionnels — une consci
1216 re, — cette vision claire et réaliste contribuant à susciter des volontés qui trouveront les moyens requis, ou les créero
1217 art de nos États réservent 1/1000e de leur budget à la culture et que les capitalistes libéraux s’en remettent généraleme
1218 que le budget des fondations américaines équivaut à 10 % du revenu national ! bs. Rougemont Denis de, « La méthode cult
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
1219 es prises de conscience nécessaires et préalables à toute action commune, tandis qu’une quatrième pense qu’une technique
1220 hode en soi Institutionnelle. Faire confiance à la vertu fédérative des « solidarités de fait » que l’on peut institu
1221 s « solidarités de fait » que l’on peut instituer à l’aide des moyens existants — industriels, techniques et financiers —
1222 bordonner les fins aux moyens, et de ne convertir à l’Europe que les techniciens au sens large, non les masses. Fédérali
1223 le schéma le plus satisfaisant du régime fédéral à établir, mais sans se préoccuper suffisamment des moyens de pression
1224 ’est risquer d’être inefficace, non politique, et à l’extrême : de perdre au nom de nos raisons de vivre la vie même. Co
1225 citer des moyens assez puissants, d’autre part et à l’extrême, de perdre au nom de la vie nos raisons de vivre. Culturel
1226 s quatre méthodes, on découvre qu’ils se ramènent à une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si l’on tient compte
1227 ie et les raisons de vivre. Bien réussir s’oppose à réussir à temps. Trois exemples : 1. Pour bien réussir, il faut prépa
1228 raisons de vivre. Bien réussir s’oppose à réussir à temps. Trois exemples : 1. Pour bien réussir, il faut préparer le ter
1229 une génération. 2. Le Marché commun prévoit douze à dix-sept ans pour s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous es
1230 des se justifie en soi ; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but
1231 ectuel contemplatif, « quand il n’y a rien encore à contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j’adopte toutefois ce
1232 ’impliquent mutuellement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’à droite, en sont restés à une logique arithmétique
1233 ement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’ à droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé
1234 niers à gauche autant qu’à droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé la bombe H, laquelle dom
1235 ée et de calcul antinomique. Si l’on n’arrive pas à penser la réalité physique, sociale, psychologique et politique, par
1236 ormelles du xixe siècle, que Marx fut le premier à dépasser par son application de la dialectique aux faits sociaux, tan
1237 dans le train d’une action concrète et les amène à vivre le fédéralisme en dépit de leurs préjugés initiaux40. La méthod
1238 nts de bonne volonté des autres mouvements. Quant à la méthode fédéraliste, elle apporte à mon sens la seule philosophie
1239 nts. Quant à la méthode fédéraliste, elle apporte à mon sens la seule philosophie politique nouvelle depuis Marx ; et l’o
1240 avec autant de passion qu’ils mettent aujourd’hui à déplorer les « déviations » ou les « excès » de leurs meilleurs camar
1241 rfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucou
1242 ste dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’existent que dans les esprits »,
1243 t les économistes de la LECE menèrent de Montreux à La Haye, puis de Westminster à Strasbourg, enfin dans les couloirs de
1244 nèrent de Montreux à La Haye, puis de Westminster à Strasbourg, enfin dans les couloirs des parlements. Non seulement nos
1245 ulement nos méthodes ne peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’efficacité, comme si nulle autre n’agissait
1246 de l’efficacité, comme si nulle autre n’agissait à côté d’elle ou n’avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il
1247 sant de la prochaine et décisive étape conduisant à la fédération : l’élection de l’Assemblée chargée d’élaborer le statu
1248 ais chargée des mêmes attributions constituantes, à ratifier soit par les parlements ou par les peuples des États, soit p
1249 res : ces deux grands faits dominent la situation à laquelle les fédéralistes européens ont à faire face. Nasser, Bandung
1250 tuation à laquelle les fédéralistes européens ont à faire face. Nasser, Bandung, Mao et le Kremlin n’agissent pas contre
1251 s pays de l’Est, la transition du régime colonial à l’autonomie ou à l’association fédérale, et l’aide aux pays sous-déve
1252 la transition du régime colonial à l’autonomie ou à l’association fédérale, et l’aide aux pays sous-développés. Aux menac
1253 développés. Aux menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché c
1254 de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commun dans douze ans, ni le succès d’un
1255 mais la seule union politique du continent. C’est à ce résultat prochain, seul suffisant, que doivent concourir les métho
1256 double sens du mot — que s’ils ne parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble et sans plus de délais l’él
1257 éraliste », publiée en brochure par La Fédération à Paris, et reprise dans L’Europe en jeu . Une première version de ce
1258 ougemont conclut ici un dossier donnant la parole à différentes personnalités réagissant à la signature des traités de Ro
1259 la parole à différentes personnalités réagissant à la signature des traités de Rome instaurant les Communautés européenn
55 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
1260 s divers projets, en cours de discussion, tendant à la création d’une Université européenne. On trouvera ci-après l’essen
1261 ne. De quoi s’agit-il aujourd’hui ? D’un principe à illustrer, dans une situation concrète, c’est-à-dire dans une situati
1262 ef et justifie notre rencontre. Voici le principe à illustrer : on ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce serait fa
1263 appartient d’influencer, si toutefois vous parlez à temps. Deux mots sur l’historique de cette rencontre. Lors de l’assem
1264 l’Association des instituts d’études européennes, à Turin, le 31 mai, lecture ayant été faite du communiqué des trois com
1265 ommuniqué des trois communautés du 20 mai relatif à la création d’une Université européenne, il a été décidé : — de réuni
1266 nce sur cet objet au mois d’octobre — de demander à l’Association des universitaires d’Europe ainsi qu’à quelques observa
1267 ’Association des universitaires d’Europe ainsi qu’ à quelques observateurs de s’y joindre — d’informer de ce projet les Co
1268 ’une réunion préparatoire tenue le 9 juin au CEC, à Genève, il a paru nécessaire — sur la foi de nouvelles informations l
1269 de se prononcer en temps utile sur les questions à débattre, qui se trouvent avoir fait l’objet de fréquentes discussion
1270 ates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un délai de trois sem
1271 era-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’ à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit
1272 résentants des milieux universitaires déjà acquis à l’idée européenne, attendez, redoutez ou souhaitez d’une Université e
56 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
1273 rapport sera donc la suivante : comment répondre à ce double besoin ? Car c’est bien lui qui constitue, à notre avis, la
1274 double besoin ? Car c’est bien lui qui constitue, à notre avis, la substance réelle des débats soulevés périodiquement de
1275 igences suivantes, qui le définissent : a) offrir à des gradués de certaines branches l’accès aux connaissances les plus
1276 et d’une mise en commun de nos meilleures forces à l’échelle européenne. En effet, les derniers développements de la phy
1277 dans les universités existantes. Ceux qui auront à en tirer parti (pour la recherche ou l’application) les assimileront
1278 Des instituts européens spécialisés répondraient à cette nécessité. Ils offriraient ces occasions de prises de contact p
1279 e. Il s’agirait en somme d’une formule comparable à celle des « ateliers » de la Renaissance, formés autour d’un maître.
1280 ister sur la nécessité de réserver une large part à des problèmes de culture générale, pendant les semaines ou mois que c
1281 onné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir à Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux problèmes technolo
1282 rt. 9 du traité de l’Euratom ne se limiterait pas à un enseignement technique, mais y ajouterait un programme d’études eu
1283 ils naîtront d’initiatives dispersées. Ils auront à assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en des poin
1284 ent. Les séminaires techniques restant distincts ( à l’instar des facultés), les cours généraux sur l’Europe seraient comm
1285 personnel administratif pourrait également servir à tous les instituts, et certains moniteurs d’études pourraient s’occup
1286 ssions des différents instituts, ou parallèlement à l’une ou l’autre de ces sessions, des stages d’études européennes par
1287 nes par professions, qui répondraient, eux aussi, à un besoin souvent exprimé en Europe. Agriculteurs, jeunes patrons, sy
1288 iologues, pharmaciens, hygiénistes, etc., qui ont à faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle europ
1289 rmaciens, hygiénistes, etc., qui ont à faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle européenne, trouve
1290 ire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle européenne, trouveraient là le lieu de rencontre qu’ils che
1291 on la plus réaliste des problèmes qui ont conduit à évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être envisagée de
1292 es d’études professionnelles.   8. Deux problèmes à discuter. I. Un tel Centre devrait être ouvert en principe aux Europé
1293 oir fédéral européen, ne devraient pas intervenir à l’occasion du choix d’un Centre d’enseignement postuniversitaire. Gen
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
1294 ttention sur un fait incontestable et plus facile à chiffrer : l’accroissement de la consommation de la culture au xxe s
1295 le, considéré comme entité spirituelle, substitut à la religion, voire religion en soi. Ces deux notions ont suivi à peu
1296 un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui exerce un art est appelé un artiste,
1297 de pensée : c’est « l’honnête homme ». Tandis qu’ à partir du xixe siècle, la culture désigne de plus en plus l’ensemble
1298 e la vie commune. Au xxe siècle, la culture tend à devenir une sorte de way of life. Parmi toutes les définitions qu’on
1299 lon lequel la culture serait ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce n’est p
1300 le, l’éducation intellectuelle était confiée soit à des écoles privées, réservées aux enfants des classes sociales privil
1301 x enfants des classes sociales privilégiées, soit à des précepteurs. Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu’o
1302 iales privilégiées, soit à des précepteurs. Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu’on appelait les Arts et Mé
1303 smise par le milieu social ou par les praticiens. À partir du milieu du siècle dernier, les choses changent entièrement.
1304 ls » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables à des
1305 sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables à des valeurs cu
1306 matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables à des valeurs culturelles, de même qu’en sortant du spectacle d’un matc
1307 notre civilisation européenne, ramène aujourd’hui à la culture des masses de plus en plus vastes. Ce processus inquiète d
1308 is rien, et je ne partage nullement le pessimisme à la mode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que l
1309 ébrées par la presse et la radio, et qui relèvent à quelques titres de la culture, peut faire illusion : je veux parler d
1310 ut faire illusion : je veux parler des romanciers à succès, des lauréats de prix plus ou moins culturels distribués chaqu
1311 , ou de ces savants qui tout d’un coup atteignent à la grande popularité (pour des raisons souvent accidentelles) auprès
1312 lle, de cette rumeur ou aura dont je parlais tout à l’heure. Il peut certes fausser le sens des valeurs réelles dans le g
1313 mérites scientifiques, plutôt que d’ignorer jusqu’ à son nom, et d’épuiser toutes ses facultés d’admiration en acclamant q
1314 fessionnels. Venons-en d’une manière plus précise à la deuxième zone de diffusion de la culture, dont je parlais, c’est-à
1315 êt commercial. Le danger serait qu’ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvo
1316 Le danger serait qu’ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir qu’ils ont a
1317 ituation actuelle ? Justifie-t-elle le pessimisme à la mode ? Je prendrai tout d’abord l’exemple du disque. Le microsillo
1318 u’à partir de 1950. C’est donc une industrie tout à fait nouvelle. Les premiers microsillons ont été consacrés, comme il
1319 consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres dites légères, et généralement aux plus mauvaises. C’est a
1320 ême temps, et voilà le fait nouveau, on a vendu 4 à 5000 exemplaires des madrigaux de Monteverdi ou de la Messe de Guilla
1321 maginer que ces millions de disques ont contribué à préparer un vaste public entièrement nouveau pour l’audition de la mu
1322 iteurs ont connus jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croire, que le public qui lit représente une petite masse inva
1323 i l’expérience des guildes du livre. J’ai assisté à la création de la Guilde du livre de Suisse romande. Il s’agissait de
1324 eurs nouveaux pour la plupart, recrutés, détectés à domicile, et qui ont pris l’habitude de lire. Quant aux éditeurs, abs
1325 (qui compte 1 million d’habitants) pas plus de 5 à 6000 lecteurs potentiels. Le succès de la Guilde du livre prouve aujo
1326 trois en Allemagne — dont la plus prospère réunit à elle seule 350 000 adhérents —, et bien d’autres en Autriche, en Suis
1327 t du paper back américain. Un seul chiffre suffit à l’illustrer : au cours des dix dernières années, en Allemagne de l’Ou
1328 ’Ouest, on a publié 80 millions de volumes vendus à 1 mark ou 1,50 mark. Et quels sont les auteurs les mieux vendus de la
1329 rl Buck. On avouera que la qualité n’a rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la quantité. De ces quelques fait
1330 ermet pas seulement de produire livres et disques à meilleur marché, en même temps que s’accroît le pouvoir d’achat des m
1331 ut, elle permet de raccourcir le temps de travail à l’usine, et de diminuer la fatigue en fin de journée. Tout concourt d
1332 la fatigue en fin de journée. Tout concourt donc à rendre de grandes masses nouvelles plus réceptives pour la culture. T
1333 es plus réceptives pour la culture. Tout concourt à encourager les producteurs de mass médias à prendre une attitude géné
1334 court à encourager les producteurs de mass médias à prendre une attitude générale de confiance envers le public. Il faut
1335 e public. Il faut qu’ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée que le succès ne récompense que la facilité, la routin
1336 ides, nous en avons administré les preuves. Quant à savoir si l’élargissement des loisirs conduira ou non à une élévation
1337 ir si l’élargissement des loisirs conduira ou non à une élévation du niveau culturel, voilà qui dépendra essentiellement
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1338 de nos nationalismes, derniers et pires obstacles à l’union nécessaire. C’est donc au Livre et au Manuel qu’il appartient
1339 chacun de nos peuples le sens de son appartenance à un ensemble humain et spirituel qui dépasse largement la nation, non
1340 rs rivalités, comme elles l’ont déjà presque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles périraient avec elle. L’a
1341 une seule langue. Le problème concret qui se pose à l’écrivain « européen » est donc de trouver les moyens d’atteindre vi
1342 ant au problème de l’éditeur, il consiste d’abord à découvrir ce qui est valable et neuf dans l’abondante littérature pro
1343 térature provoquée par les plans d’union, ensuite à s’assurer que les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une a
1344 ngrès et de leurs séminaires n’étant pas soutenus à l’échelon national comme les autres travaux spécialisés, il s’agit de
1345 pour eux un système d’édition et de distribution à l’échelon européen. ⁂ C’est pour tenter de répondre à ces questions n
1346 échelon européen. ⁂ C’est pour tenter de répondre à ces questions nouvelles que le Centre européen de la culture, ayant r
1347 par les statuts signés au mois de septembre 1958, à l’occasion d’une réunion qui coïncidait avec la Foire internationale
1348 coïncidait avec la Foire internationale du Livre, à Francfort : « … choisir d’un commun accord et publier simultanément d
1349 éraires, encyclopédiques et scientifiques propres à développer une meilleure compréhension des problèmes fondamentaux eur
1350 réhension des problèmes fondamentaux européens ou à illustrer le génie de l’Europe ». La présidence de l’assemblée généra
1351 res du pool. Le secrétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la ch
1352 etenus par l’assemblée générale — seule habilitée à décider de la publication, à la majorité des deux tiers — se répartis
1353 le — seule habilitée à décider de la publication, à la majorité des deux tiers — se répartissent en trois catégories : Ac
1354 ond, livres d’art illustrés. D’autres séries sont à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvrage
1355 t langues. Les principaux problèmes signalés tout à l’heure, celui des auteurs traitant de l’Europe, celui des éditeurs d
1356 oisir ou de faire écrire des manuscrits répondant à une série de conditions dont certaines apparaissent contradictoires.
1357 contradictoires. Tout l’art de l’éditeur consiste à concilier les exigences de la qualité et celles de la vente. Le jeu s
1358 , mais peu « vendable » en général, ou impossible à lancer dans certains pays. Il faut tenir compte, en effet, de l’inéga
1359 mière année de publications, il pourra contribuer à l’élaboration d’une véritable politique de l’édition « européenne ».
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1360 septembre 1959)ca L’auteur se défend de croire à l’histoire éducative ou utile, celle d’un Bossuet ou d’un Fénelon, po
1361 se de conscience du groupe humain, qui le prépare à sa mission présente « en l’émancipant de ses complexes ». Dans cette
1362 de l’histoire, l’objectivité pure ne mènerait qu’ à déchiffrer des documents. Or : « Au départ de tout travail historique
1363 er comme s’il était le phénomène déterminant qui, à lui seul, expliquerait l’histoire ? En quelques pages nourries d’exe
1364 uestions ; il établit que l’Europe est antérieure à ses nations (qu’elle seule explique et non l’inverse), et il formule
1365 n la formule célèbre de Toynbee. Texte classique, à méditer non seulement par les professeurs, instituteurs et autres ens
1366 rbares, l’hellénisme, Israël et le christianisme. À la triade classique Athènes-Rome-Jérusalem, il ajoute à bon droit l’h
1367 éconnu (pour avoir été trop souvent exagéré jusqu’ à l’absurde par les propagandes que l’on sait), vient d’être replacé da
1368 annoncée. Et cela va nous conduire de Constantin à Grégoire VII, à travers les siècles les moins généralement connus de
1369 rugmans, comme Dawson et G. de Reynold, s’attache à cette période pour mieux mettre en lumière la « maturité » qu’elle pr
1370 sance », tous ces auteurs catholiques s’accordent à reconnaître dans le Moyen Âge le « sommet » de l’Europe. À quoi l’on
1371 ître dans le Moyen Âge le « sommet » de l’Europe. À quoi l’on pourrait opposer que le terme d’Europe, si fréquent sous le
1372 ure polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer à un point de vue qui n’est ni français ni germanique, ni latin ni angl
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1373 siècle pouvaient-ils se faire de l’Europe ? C’est à cette seule question, strictement définie et limitée, qu’entend répon
1374 rant ouvrage d’histoire intellectuelle paru jusqu’ à ce jour et traitant de la « problématique » européenne. Curcio embras
1375 un Schlegel ou d’un Jakob Burckhardt — et je cite à dessein ceux dont il donne la meilleure analyse — avec la pensée d’un
1376 français, en revanche, sera surpris de découvrir à quel point la pensée romantique allemande est nourrie de la Reichsged
1377 és. Mais rien n’est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour mieux passer sous silence l’esse
1378 en Italie et en Espagne, rendrait un beau service à la cause de l’Europe. cb. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Hei
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1379 ins, comme Montesquieu, Rousseau, Voltaire, jusqu’ à 36 ou 40 fois ! Nous voici les témoins enchantés d’une véritable orgi
1380 dée européenne telle que l’ont exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passant par des centaines de gén
1381 e l’ont exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passant par des centaines de génies inspirés et de moin
1382 ètes de presque toutes nos langues. On a reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’une successi
1383 apparaît injuste, si l’on prend garde au titre et à l’objet même de l’œuvre, qui est de retracer la généalogie de l’idée
1384 té de culture, pendant trois millénaires. Comparé à l’ouvrage de Gollwitzer — dont il s’inspire expressément pour tout ce
1385 ’un professeur napolitain, qui occupa des chaires à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus,
1386 r napolitain, qui occupa des chaires à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres
1387 a des chaires à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres précieux, presque exha
1388 de nous imposer une interprétation systématique, à la Hegel, de l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer,
1389 la Hegel, de l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer, à situer, et par là rendra d’autres services aux ét
1390 e l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer, à situer, et par là rendra d’autres services aux étudiants de
1391 tion de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer, à situer, et par là rendra d’autres services aux étudiants de la réalit
1392 el ; mais leurs références renvoient trop souvent à des traductions françaises d’un auteur anglais, ou allemandes d’un au
1393 telle sorte qu’il devient malaisé de se reporter à l’original. D’autre part, l’index fourmille de fautes. Les noms slave
1394 is, on ne sait où les chercher, car l’auteur cède à la curieuse habitude italienne de grouper sous D les noms à particule
1395 use habitude italienne de grouper sous D les noms à particule — mais pas tous — de sorte qu’on finira par trouver Comines
1396 s’élève tout naturellement, dans ses conclusions, à la hauteur d’un manifeste européen : « Le jour où il ne devrait plus
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1397 é son nationalisme, son idée du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sa science, son hygiène, sa technique, son capi
1398 s ce titre par M. Luis Diez de Corral, professeur à l’Université de Madrid. L’auteur est de l’école d’Ortega : c’est dire
1399 cumentation — si vastes soient-elles — et cherche à saisir par l’intuition et par la sensibilité aux mythes les structure
1400 tive mondiale. Comme Ortega, Diez del Corral aime à se référer aux philosophes et historiens allemands — Hegel, Nietzsche
1401 Weber, Spengler, Dilthey et Jaspers — mais aussi à Auguste Comte, à Toynbee, et à saint Augustin, c’est-à-dire aux grand
1402 Dilthey et Jaspers — mais aussi à Auguste Comte, à Toynbee, et à saint Augustin, c’est-à-dire aux grands auteurs de syst
1403 spers — mais aussi à Auguste Comte, à Toynbee, et à saint Augustin, c’est-à-dire aux grands auteurs de systèmes de l’Hist
1404 es génies systématiques sont régulièrement amenés à des conclusions pessimistes sur les destins de notre Europe ? Je croi
1405 manque pas d’évoquer la grande ombre du Chevalier à la Triste Figure : c’est-à-dire qu’au-delà du monde technique, comme
1406 ont parlait Rimbaud, trois fois cité en épigraphe à ces essais, avec une efficacité extraordinaire. Il importe d’ajouter
1407 e efficacité extraordinaire. Il importe d’ajouter à cette très brève caractérisation du thème et de l’esprit de l’ouvrage
1408 tionalisme et Supernation » ; ce dernier chapitre à lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’est-il pas remarquab
63 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1409 les pour agir sur l’opinion. La première consiste à créer des institutions, qui obligent à coopérer et bientôt conditionn
1410 e consiste à créer des institutions, qui obligent à coopérer et bientôt conditionnent des réflexes communs. La seconde co
1411 ionnent des réflexes communs. La seconde consiste à inculquer d’une manière massive des jugements tout faits, oblitérant
1412 ur éveiller cette conscience, il faut aller jusqu’ à ses sources collectives : l’École et le milieu local. ⁂ Au printemps
1413 e prolonger la durée totale des expériences jusqu’ à 1959. En cours de route, quatre nouvelles expériences dans le domain
1414 iences dans le domaine scolaire vinrent s’ajouter à celle de Fribourg, seule prévue au début ; tandis que deux expérience
1415 les comptes rendus des neuf expériences conduites à leur terme de 1957 à 1959 qu’on trouvera réunis dans les pages qui su
1416 s neuf expériences conduites à leur terme de 1957 à 1959 qu’on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soi
1417 ables qui ont été obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre de conclusions pratiques, qui permettront é
1418 ntatives, verront mieux non seulement les erreurs à éviter, mais surtout les possibilités d’action efficaces qui existent
1419 manqueront pas d’encourager certains d’entre eux à tenter à leur tour des entreprises analogues. 44. Bulletin du Cen
1420 nt pas d’encourager certains d’entre eux à tenter à leur tour des entreprises analogues. 44. Bulletin du Centre europ
64 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1421 le d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à des pousses minuscules, insignifiantes, jusqu’au moment où il sent qu
1422 tures. (Quand rien n’a pris, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il se rassure, car il saura fair
1423 dont nous disposions nous ont souvent contraints à des improvisations empiriques que la science des sociologues jugera p
1424 a peut-être sévèrement. Mais ce défaut nous a mis à l’abri de la tentation majeure dans ce domaine : celle de plaquer sur
1425 ans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ceux de l’homéopathie, permettant d’inciter — non de forcer — des réa
1426 n de forcer — des réactions intimes, peu visibles à l’œil nu et difficilement mesurables, mais attendues et comme préfigu
1427 lication, ce qui peut être fait et ce qu’il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le CEC et son département de
65 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1428 oi faut-il un Centre en pareil domaine ? Répondre à ces trois questions, très normales et très légitimes, ce sera définir
1429 pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La culture a toujours désigné l’actio
1430 Angleterre — Newman, Matthew Arnold —, on se met à parler de la culture tout court, non plus seulement de la culture du
1431 ltur » et « Civilisation » deviennent les slogans à tout faire des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne somm
1432 le débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres n
1433 qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette royauté longtemps incontestée — et qui peut renaître demain sou
1434 s une culture. Et voilà qui suffit, pratiquement, à définir le rôle actif et créateur de la culture, à faire voir qu’elle
1435 définir le rôle actif et créateur de la culture, à faire voir qu’elle n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour
1436 le pays du couchant, part de Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture.
1437 nt, part de Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de c
1438 Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant l
1439 cours des siècles, mais antérieure et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union
1440 rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel et
1441 ements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la recherche difficile de leur union, dépend d’un jeu de forces polit
1442 ici pour la plus grande Europe, pour elle seule, à son seul service, conscients de servir du même coup la cause de l’uni
1443 e plus vaste union. Où sont les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les
1444 s et leurs routines. C’est donc là que nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forment les e
1445 t un champ de forces culturelles, sans frontières à l’extérieur, mais tout encombré de barrières et de chicanes périmées.
1446 urs opérations communes ; d’autre part, de donner à l’ensemble ses meilleures chances de rayonnement mondial. Coordonner
1447 leures chances de rayonnement mondial. Coordonner à l’intérieur, pour mieux représenter à l’extérieur.   CENTRE, à l’inv
1448 Coordonner à l’intérieur, pour mieux représenter à l’extérieur.   CENTRE, à l’inverse du mot culture, évoque des images
1449 pour mieux représenter à l’extérieur.   CENTRE, à l’inverse du mot culture, évoque des images trop précises : celle d’u
1450 problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de cu
1451 bleau, tel qu’il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de culture européenne en par
1452 nne, critique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de préjugés
1453 éjà tentées ou trouvées ailleurs. Chacun s’épuise à découvrir son Amérique — quitte à se faire financer par elle, sous pr
1454 Chacun s’épuise à découvrir son Amérique — quitte à se faire financer par elle, sous prétexte de sauvegarder sa sacro-sai
1455 ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée, à la suite des congrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l’idée de fa
1456 coordination se sont multipliés au point de poser à leur tour un grave problème de coordination… et de financement ; et l
1457 ons d’intention européenne et fédéraliste tendent à devenir une rhétorique superficielle. Un travail de recherches en pro
1458 echerches en profondeur s’impose. Les années 1956 à 1960 voient donc apparaître, en réponse à ces deux problèmes nouveaux
1459 es 1956 à 1960 voient donc apparaître, en réponse à ces deux problèmes nouveaux, d’une part des fondations (Genève, puis
1460 encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’être de l’institution — po
1461 est vrai, aux yeux d’un grand public indifférent à la culture. ⁂ En 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit que
1462 enre n’existe pas en théorie, mais qu’elle répond à des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent avec une insist
1463 rès vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit le
1464 i bénéficieraient d’une intégration plus poussée. À l’heure où les institutions économiques et politiques de l’Europe nai
1465 airement inscrite dans les faits.   2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’est pas seulement le Musée du Monde,
1466 ns la compétition impitoyable désormais instaurée à l’échelle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être appor
1467 sante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissante par les capitaux ré
1468 apitaux réunis : au regard de l’aide qu’apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous s
1469 aide qu’apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développ
1470 des besoins existants, des recherches en cours ou à entreprendre, des instituts et des savants disponibles et compétents.
1471 tique l’une des grandes idées qui avaient présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.
1472 ation du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extérieures. Minorisée aux Nat
1473 s ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’êtr
1474 rspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voies pour le
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1475 n », comme chacun le fait aujourd’hui, c’est bien à l’Europe qu’on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière,
1476 de se libérer qu’ils ont hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépasse ses vieux nationalismes et reg
1477 mes d’outre-mer s’affirment bruyamment et tendent à se grouper contre elle ; doublement remise en question, l’Europe se v
1478 du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée de l’h
1479 a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogie, sans déclarer leurs fi
1480 ue, routines et règlements, difficultés pratiques à surmonter d’abord, etc. — saurons-nous distinguer les buts humains de
1481 de l’Antiquité, de l’Orient et de l’Europe jusqu’ à nos jours. Éduquer l’homme, dans tous les temps et dans toutes les cu
1482 nication directe, sans préparation religieuse, et à n’importe qui, d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction ne vis
1483 r déclaré objectif. Cette instruction ne vise pas à introduire au mystère, mais au contraire à l’éliminer. Elle distribue
1484 se pas à introduire au mystère, mais au contraire à l’éliminer. Elle distribue, comme au hasard, une certaine « somme de
1485 tion rituelle, créant une attitude de réceptivité à certaines « révélations » symboliques ou mythiques, — c’est-à-dire ps
1486 réflexes : il s’agissait de forcer le jeune homme à imiter exactement, et sans discussion, les conduites méticuleusement
1487 rs en voie de rapide disparition.) La préparation à l’autonomie va dans le sens contraire : idéalement, elle vise à libér
1488 va dans le sens contraire : idéalement, elle vise à libérer l’individu des conformismes périmés, des vérités toutes faite
1489 réaliser sa propre vocation. Au lieu de le forcer à devenir comme les autres, on veut l’aider à devenir lui-même. Au lieu
1490 orcer à devenir comme les autres, on veut l’aider à devenir lui-même. Au lieu de le diriger dès sa naissance dans une voi
1491 sa caste, sa classe et sa famille, on le prépare à courir « sa » chance, son aventure particulière. Au lieu d’initiation
1492 u sacré au profane, du collectif religieux-social à l’individualisme, de l’autorité indiscutée à la liberté aventureuse.
1493 cial à l’individualisme, de l’autorité indiscutée à la liberté aventureuse. Un exemple très simple illustrera tout cela.
1494 st reproduire sans faute de la manière prescrite, à l’extrême de la précision, les gestes qui symbolisent l’action d’un d
1495 d’éduquer, dans notre ère, devient alors conforme à l’étymologie même de ce verbe : e-ducere, « conduire dehors », condui
1496 ’individu de l’ignorance au savoir, de l’instinct à la raison critique, du royaume du sacré indiscutable et protecteur ve
1497 evait fatalement passer de l’une de ces attitudes à l’autre en vertu de quelque loi de l’Histoire, devait abandonner l’un
1498 éducation digne du nom comporte les deux éléments à doses variables. Autorité et liberté sont aussi nécessaires à la vie
1499 ables. Autorité et liberté sont aussi nécessaires à la vie de l’Éducation que la diastole et la systole du cœur à la circ
1500 l’Éducation que la diastole et la systole du cœur à la circulation sanguine, ou que l’attraction et la répulsion à l’anim
1501 ion sanguine, ou que l’attraction et la répulsion à l’animation de l’énergie nucléaire, des courants électriques, de la v
1502 s étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Américains, témoins ou victimes du sy
1503 d’imposer un effort intellectuel excessif aboutit à ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie
1504 s envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’ à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent régu
1505 es nouvelles d’enseignement tendent régulièrement à économiser pour l’élève l’effort de l’intelligence, de la mémoire et
1506 images plus nombreuses, et l’on peut craindre qu’ à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit un
1507 gradation analogue. Les nuances de pensée tendent à disparaître avec les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’
1508 nts, ils trouvent de moins en moins d’incitations à se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces ju
1509 adaptées ». Elle se substitue presque totalement à la famille, prenant l’enfant dès 3 ou 4 ans (nursery, schools), ou au
1510 rd dès 5 ans (Kindergarten), pour le garder jusqu’ à 18 ans, et cela non seulement pendant les leçons mais par le moyen d’
1511 e formant par des disciplines exigeantes, aboutit à un conformisme tyrannique, dont souffre en premier lieu l’élite virtu
1512 voulait faire des individus libres, et les amener à la liberté sans contraintes, on aboutit à faire des individus « ajust
1513 amener à la liberté sans contraintes, on aboutit à faire des individus « ajustés » qui n’offrent plus de résistance aux
1514 tés » qui n’offrent plus de résistance aux modes, à la publicité, aux injonctions de la TV.   b) À l’autre extrême, preno
1515 s, à la publicité, aux injonctions de la TV.   b) À l’autre extrême, prenons le cas de l’URSS, dont la doctrine d’État, m
1516 de cours de culture générale (studium generale), à moins qu’on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à
1517 études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours après ses examens finaux, l’étudian
1518 s quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctorat. Au cours
1519 autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctorat. Au cours des dernières 25 années, trois sur qua
1520 mmes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dans le choix s’oppose l’absence totale de choix p
1521 a personnalité enfantine ou juvénile poussé jusqu’ à l’évanouissement de la discipline (intellectuelle ou morale) s’oppose
1522 me américain, lui aussi, livre finalement l’élève à une sorte de conditionnement social, non dirigé bien sûr, capricieux
1523 t imposé sans liberté : les deux excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-
1524 fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communaut
1525 cherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’
1526 accorde qu’il existe aussi des signes d’un retour à l’autorité aux USA, de même que se font jour dans la plus récente lit
1527 de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands traits. Pour illustrer cette première partie de mon exposé, j’
1528 te première partie de mon exposé, j’aurai recours à une parabole, que j’appellerai la Parabole des trois colombes. Vous c
1529 onnée selon les théories de Pavlov : elle n’a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ? Tout a
1530 les théories de Pavlov : elle n’a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ? Tout a été réglé
1531 rants, prendre ses risques. On ne l’a préparée qu’ à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or Permettez-moi, ma
1532 ntenant, cinq minutes de philosophie. J’ai dit qu’ à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne, c’est-à-d
1533 comporte à la fois le dressage et la préparation à l’autonomie. Le principe est toujours le même : équilibre entre deux
1534 amais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ensemble, et c’est cette tension, sans cesse
1535 vous verrez qu’ils se rattachent tous, en Europe, à des problèmes de dosage, d’équilibre vivant entre ces éléments. Le pr
1536 ir les punitions corporelles, comme on le discute à la Chambre des communes ? Faut‑il laisser plus de place à la spontané
1537 mbre des communes ? Faut‑il laisser plus de place à la spontanéité anarchique de l’enfant ? Ou au contraire renforcer les
1538 contraintes soient conçues comme une préparation à la liberté, la discipline comme un apprentissage de l’autonomie, et n
1539 s ». Indignation de l’Américaine ! Or ce Français à l’ancienne mode entendait dire qu’il faut au jeune enfant un dressage
1540 s saine du dressage se situerait, me semble-t-il, à mi-chemin entre l’entraînement (au sens sportif) et l’hygiène mentale
1541 leur attention. Je me permettrai de vous signaler à ce propos deux déviations du sens de la discipline scolaire, que j’ai
1542 ens de la discipline scolaire, que j’ai observées à mes dépens quand j’étais sur les bancs de l’école primaire, en Suisse
1543 du silence dans les rangs, des poils de la brosse à dents tournés à gauche dans les chambrées, et surtout que rien ne dép
1544 les rangs, des poils de la brosse à dents tournés à gauche dans les chambrées, et surtout que rien ne dépasse !), plutôt
1545 rien ne dépasse !), plutôt qu’en fonction du but à atteindre, la concentration intellectuelle. En revanche, on n’exigeai
1546 d’une extrême exigence quant aux bonnes manières à l’école primaire, les mauvaises manières (ou la gaucherie gouailleuse
1547 l’honneur aux moyens. Si j’avais quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême discip
1548 lleurs comme des cancres — Einstein fut un cancre à l’école, renvoyé pour indiscipline — et en revanche, de favoriser les
1549 nique Un autre problème, plus nouveau, se pose à l’éducateur européen de notre temps : c’est celui du dosage entre la
1550 a formation technique. Les Russes sacrifient tout à la spécialisation professionnelle, dans le cadre du Plan de productio
1551 aces. Les Américains au contraire sacrifient tout à la préparation à la vie sociale : ils veulent des citoyens bien adapt
1552 ins au contraire sacrifient tout à la préparation à la vie sociale : ils veulent des citoyens bien adaptés. Nous voulons
1553 assionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à assouplir et à diversifier ses méthodes, à admettre une mesure beauco
1554 encore, l’Europe va se voir amenée à assouplir et à diversifier ses méthodes, à admettre une mesure beaucoup plus large d
1555 amenée à assouplir et à diversifier ses méthodes, à admettre une mesure beaucoup plus large d’inégalité — disons de diver
1556 ’ai plutôt insisté sur le But — la personne — car à mon sens, c’est la vision du But qui peut seule nous dicter les métho
1557 raditionnelles ou révolutionnaires, existantes ou à inventer ? En effet, une méthode appliquée à tous ne peut préparer au
1558 s ou à inventer ? En effet, une méthode appliquée à tous ne peut préparer au mieux, si elle réussit, qu’un type humain un
1559 enne, éducation pour la personne ? Il y a un saut à opérer. Le général ne conduit pas au particulier. Dans la mesure où n
1560 é et mise de côté quand il faut, peut y conduire, à la seule condition qu’elle soit maniée par une personne qui a vu le B
1561 dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles à la réalité spirituelle, dialectique, antinomique, dynamique de la per
1562 sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homme personnel, l’homme de sa vocation, c’est celui qui i
1563 J’étais recrue dans l’armée suisse. J’apprenais à tirer. On m’avait enseigné tous les gestes à faire, en grand détail,
1564 nais à tirer. On m’avait enseigné tous les gestes à faire, en grand détail, selon la méthode la plus sûre, la plus littér
1565 je ne bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus à ce que vous faites de vos mains, aux mouvements que vous avez appris.
1566 m Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas moins si
1567 ci. Ce texte est issu d’une conférence prononcée à l’aula de l’Université de Genève, le 9 mai 1960, dans la chaire de M.
67 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1568 mpris et approuvé, c’est qu’il n’est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publique obligatoire est
1569 , partis, presse, mass médias), elles réussissent à informer et à former des citoyens. Si maintenant nous voulons faire l
1570 se, mass médias), elles réussissent à informer et à former des citoyens. Si maintenant nous voulons faire l’Europe, c’est
1571 ond lieu, comment cet enseignement peut se prêter à un élargissement au plan européen. C’est dans cet esprit que nous avo
1572 éen. C’est dans cet esprit que nous avons demandé à des enseignants de huit pays européens les rapports qu’on va lire. Un
1573 ifique » pour être significative. Elle ne vise qu’ à situer le problème d’une formation civique européenne dans ses divers
1574 En France, l’instruction civique doit « permettre à chacun d’exercer ses droits », au nom des principes généraux affirmés
1575 tructions officielles », de « préparer les jeunes à la vie démocratique et à la compréhension internationale ». L’accent
1576 de « préparer les jeunes à la vie démocratique et à la compréhension internationale ». L’accent est mis sur la démocratie
1577 ernationale ». L’accent est mis sur la démocratie à instaurer, et sur le sens social. En Allemagne, mêmes problèmes conce
1578 de principes abstraits, de « sentiment national » à cultiver comme vertu civique : ce que l’on vise à développer chez l’é
1579 à cultiver comme vertu civique : ce que l’on vise à développer chez l’élève, c’est la « personnalité… qui, en grandissant
1580 st la « personnalité… qui, en grandissant, accède à des responsabilités » au sein de la « communauté ». Bien entendu, ces
1581 é ». Bien entendu, ces quelques formules choisies à la volée dans les textes qu’on va lire ne suffisent nullement à carac
1582 s les textes qu’on va lire ne suffisent nullement à caractériser tout l’esprit de l’enseignement civique dans tel ou tel
1583 e. La sécurité démocratique des Suisses les amène à « cultiver l’amour du pays » et à considérer le Monde par rapport à l
1584 isses les amène à « cultiver l’amour du pays » et à considérer le Monde par rapport à la « situation internationale de la
1585 ent reconquise sur des régimes autarciques incite à une ouverture réaliste sur l’Europe, et à considérer son pays par rap
1586 incite à une ouverture réaliste sur l’Europe, et à considérer son pays par rapport à l’ensemble européen dont il est une
1587 et de sensibiliser son attention, je me bornerai à deux indications rapides, à titre d’exemples : 1° Dans tous nos pays
1588 ntion, je me bornerai à deux indications rapides, à titre d’exemples : 1° Dans tous nos pays — sauf peut-être en Allemagn
1589 n’apparaît pas comme une conquête révolutionnaire à imposer au reste de l’humanité ignorante et opprimée, ni comme un idé
1590 s, l’enseignement civique est pratiquement limité à la description formelle des institutions politiques nationales et de
1591 mes analysés ci-après, qui prépare le jeune homme à vivre les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés, à faire face a
1592 les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie civique. Rien qui relie l
1593 rets de la vie civique. Rien qui relie le civisme à autre chose qu’à la connaissance des formes légales d’un régime indis
1594 vique. Rien qui relie le civisme à autre chose qu’ à la connaissance des formes légales d’un régime indiscuté ; rien, ou p
1595 ilisation européenne dans son ensemble, ou encore à l’état du Monde au xxe siècle. Tout se passe comme si la démocratie
1596 et en question, ou parfois même vise expressément à détruire ses fondements politiques et économiques. Cette difficulté e
1597 s. Cette difficulté et cette déficience, communes à nos enseignements civiques nationaux, vont apparaître beaucoup plus c
1598 oyen ? » Je prends un manuel de civisme publié à New York en 1948 : We, the Citizens, par Julian C. Aldrich et Marlow
1599 ne : « Es-tu un bon citoyen ? » et passe aussitôt à l’examen des activités d’un bon citoyen : voter, payer les impôts, am
1600 parti ou un candidat, servir dans un jury, écrire à son député, etc. J’insiste : là où nos manuels diraient par exemple :
1601 Comment payer ses impôts ? Et surtout, il apprend à l’élève comment chercher à comprendre les problèmes généraux et comme
1602 Et surtout, il apprend à l’élève comment chercher à comprendre les problèmes généraux et comment discuter les questions p
1603 es se contentent de parler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseignement
1604 e du monde ? Les Américains seraient les derniers à le prétendre. Lors d’un récent congrès de l’Unesco sur l’enseignement
1605 aits présentés ne sont pas suffisamment rattachés à des notions générales (telles que l’interdépendance mondiale, la coop
1606 ment de lacunes béantes, dont il lui reste encore à prendre conscience ! En URSS : civisme égale obéissance au Parti
1607 économiques, scientifiques et sociales sont dues à son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est dire q
1608 e qu’en dehors des leçons spécialement consacrées à l’étude de la Constitution soviétique et des « droits » du citoyen (q
1609 uction civique, en ce sens qu’elles ramènent tout à la doctrine socialiste soviétique. Cette imprégnation idéologique ap
1610 té de choix et d’opinion du citoyen étant réduite à l’acceptation ou au refus d’un système total, lequel nie toute libert
1611 ues de notre État », 6 aux « organes publics », 3 à « l’élection des représentants du peuple » et 1 à la « constitution d
1612 à « l’élection des représentants du peuple » et 1 à la « constitution de la DDR », le tout revenant à l’étude des mécanis
1613 à la « constitution de la DDR », le tout revenant à l’étude des mécanismes et de la doctrine du Parti. En classe 10 et de
1614 es sur « Le Socialisme – un ordre social assurant à la jeunesse la paix, la liberté, le bien-être et le bonheur ». Et l’o
1615 En effet, l’Ouest pourrait difficilement opposer à la doctrine totalitaire, ou socialisme soviétique, une « doctrine cap
1616 pète, n’avaient d’autre ambition que d’introduire à une lecture mieux avertie des textes qui suivent. C’est plus encore c
1617 nt pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un civisme européen. Ils ne disent p
1618 l’Est trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant à connaître l’ensemble européen que le jeune citoyen pourra comprendre
1619 te de particulier et de valable, et ce qu’il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors, il ve
1620 itique, mais le pays de son avenir, quelque chose à aimer si l’on aime l’aventure. 48. Rapport des délégués polonais à
1621 l’aventure. 48. Rapport des délégués polonais à la conférence organisée par l’Unesco, en octobre 1960, sur l’enseigne
68 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1622 européens. Au sortir de la salle, je fus présenté à un personnage d’âge indéfinissable, appuyé sur une canne, l’œil étran
1623 ler de la suite ! Et d’abord, garçon ! deux fines à l’eau ! » À cette « suite », nous avons collaboré pendant près de tre
1624 ite ! Et d’abord, garçon ! deux fines à l’eau ! » À cette « suite », nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nou
1625 es de « complots », dont quelques-unes ont abouti à des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables soirées à
1626 ables. Et nous avons passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’était sa vraie manière de travailler — à
1627 faires — c’était sa vraie manière de travailler — à Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne,
1628 ait sa vraie manière de travailler — à Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les rest
1629 manière de travailler — à Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il
1630 travailler — à Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il préférait
1631 er — à Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il préférait parce qu
1632 t à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il préférait parce qu’on l’y saluait
1633 e, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la même question que se posait plus h
1634 de son existence que je n’avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui arrivait d’y faire, sans in
1635 mblant quelques-unes des lacunes qui s’y trouvent à l’aide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il avait publié
1636 e souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il avait publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien voulu me fournir J
1637 lié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’ à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire, j
1638 années d’apprentissage Joseph H. Retinger naît à Cracovie, en 1888, d’une famille polonaise de nationalité autrichienn
1639 polonais et le catholicisme le plus strict. Jusqu’ à l’âge de 17 ans, il pense devenir prêtre. Et puis un beau jour, au co
1640 il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retinger quitte Cracovie pour faire des études de
1641 aire des études de lettres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et
1642 « le plus jeune docteur ès lettres de l’Europe ». À Paris, tout l’accueille, et d’abord ses cousins, Cyprien et Misia God
1643 e le Café Vachette, où règne derrière son monocle à ruban le poète Jean Moréas, qui chaque soir salue l’entrée de Joseph
1644 ide et Larbaud ont connu Joseph Conrad.) En 1908, à 20 ans, il passe en Sorbonne une thèse de doctorat sur Le Conte fanta
1645 n librairie deux ans plus tard. Puis il s’inscrit à l’École des sciences politiques, et il entreprend une Histoire de la
1646 stoire de la littérature française, du romantisme à nos jours, qu’il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il
1647 nçaise, du romantisme à nos jours, qu’il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovie une revue l
1648 à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovie une revue littéraire polonaise, dans laquelle la Porte étroi
1649 uite en polonais avant même de paraître en volume à Paris. Mais la littérature n’est pas sa vocation. Ses essais de créat
1650 André Gide en riant, après avoir passé des heures à corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce qu’il cherche avant tout
1651 retracée dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le trouvons à Munich, où il poursuit des études de psychol
1652 de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le trouvons à Munich, où il poursuit des études de psychologie, puis à Florence. En
1653 h, où il poursuit des études de psychologie, puis à Florence. En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’inscrit à la London
1654 ogie, puis à Florence. En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’inscrit à la London School of Economics, se marie (avec un
1655 . En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’inscrit à la London School of Economics, se marie (avec une Polonaise) et décid
1656 is aussi le pays qui offre les meilleures chances à l’action pour laquelle il n’a cessé de se préparer, à travers ses ann
1657 raitée, et une poignée de députés la représentent à Vienne, mais sans influence notable ; enfin, dans la partie prussienn
1658 ns et ceux de l’émigration, mais il ne suffit pas à inspirer et diriger une action politique commune, surtout lorsqu’il s
1659 ndiale, depuis longtemps, a cessé de s’intéresser à une cause qui paraît sans espoir. C’est sur cette opinion d’abord que
1660 nion d’abord que Retinger estime qu’il faut agir. À la faveur du libéralisme de la Double Monarchie, un Conseil national
1661 e au jeune publiciste de 23 ans de le représenter à Londres et d’y organiser un Bureau de propagande. La principale activ
1662 s, des échos, des articles sur tout ce qui touche à la Pologne. Il fait circuler des pétitions et des protestations signé
1663 ts polonais. Bref il réussit en deux ou trois ans à sensibiliser quelque peu l’opinion britannique relativement à la Polo
1664 er quelque peu l’opinion britannique relativement à la Pologne, préparant ainsi les voies d’une action beaucoup plus impo
1665 ngt ans plus tôt, Conrad avait déjà derrière lui, à cette époque, toute sa carrière d’officier de la marine marchande. Il
1666 hande. Il avait publié Lord Jim, et il commençait à connaître un modeste succès d’écrivain dans son pays d’adoption. Reti
1667 emme furent durant ces années, les seuls Polonais à fréquenter sa maison, et à lui parler de sa patrie. Un soir, Conrad,
1668 es, les seuls Polonais à fréquenter sa maison, et à lui parler de sa patrie. Un soir, Conrad, songeant à ses difficultés
1669 ui parler de sa patrie. Un soir, Conrad, songeant à ses difficultés financières, eut soudain l’idée d’écrire une pièce de
1670 logne russe, invita les Conrad et leurs deux fils à passer l’été dans la propriété de sa famille. Accompagnés de Joseph,
1671 nts qui les entendent parler anglais, et arrivent à Cracovie le 1er août, tandis que l’Autriche mobilise. Dîner au Grand
1672 and bonheur d’avoir enfin pu venir ici et montrer à ma femme et à mes fils qu’il y a quelque chose derrière moi. » « Et m
1673 avoir enfin pu venir ici et montrer à ma femme et à mes fils qu’il y a quelque chose derrière moi. » « Et moi », note ici
1674 is en moi-même : que vais-je faire ? toujours lié à mon pays et avec tant de possibilités s’offrant à moi à l’étranger ? 
1675 à mon pays et avec tant de possibilités s’offrant à moi à l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour même où écla
1676 pays et avec tant de possibilités s’offrant à moi à l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour même où éclatait u
1677 en guerre Impossible de rentrer tous en groupe à Londres, à travers tant de frontières fermées. Retinger installe les
1678 ide de tenter sa chance, seul. Il se rend d’abord à Lemberg, où les leaders des Polonais de Galicie se sont réunis clande
1679 able de lui donner un sauf-conduit pour se rendre à Vienne est le général Hoffmann, commandant la région de Lemberg. Il a
1680 one, a compris. Il décroche l’appareil et demande à parler au Général. Il explique brièvement qu’il lui faut un visa. « V
1681 ne un stratagème qu’il aura l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Général non pas en allemand ni en
1682 i donne alors le permis nécessaire pour se rendre à Vienne, où le ministère de la Guerre lui accordera un visa de sortie.
1683 d’une fierté puérile », note Retinger. Il arrive à Vienne au matin d’un voyage épuisant qui lui a pris trois jours au li
1684 heures passent, personne ne vient, et il commence à craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa poche le d
1685 yauté envers l’Autriche de ses vingt signataires. À la fin de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met à injurier s
1686 de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’être reçu immédiatement. Cet écl
1687 près beaucoup d’hésitations, le Colonel se résout à signer un papier autorisant son porteur à se rendre en Suisse. C’est
1688 résout à signer un papier autorisant son porteur à se rendre en Suisse. C’est un premier résultat, mais Retinger veut da
1689 résultat, mais Retinger veut davantage. Il donne à son taxi l’adresse de l’ambassade d’Allemagne. C’est l’heure du dîner
1690 tinger insiste auprès d’un secrétaire pour parler à l’ambassadeur en personne. D’autres fonctionnaires, de plus haut rang
1691 me d’une soixantaine d’années apparaît et demande à Retinger pourquoi il veut absolument aller en France. « J’ai certains
1692 solument aller en France. « J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes-vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce
1693 le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier à moi. — Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur,
1694 souhaite bonne chance ! dit-il en guise d’adieu, à quoi je répondis que j’espérais la mériter. » À la gare, une foule a
1695 à quoi je répondis que j’espérais la mériter. » À la gare, une foule assiège les trains en partance. Retinger va droit
1696 e, et demande qu’on lui réserve un sleeping jusqu’ à la frontière suisse. Impressionné, le Commandant fait évacuer un comp
1697 jours plus tard atteint sans encombres la Suisse. À Berne, l’ambassadeur de France après avoir écouté son récit lui accor
1698 corde sans difficulté le visa demandé. Néanmoins, à la frontière française, un jeune commissaire spécial de police lui re
1699 es. Trois jours plus tard, le voilà libéré. Sitôt à Paris, il court chez Philippe Berthelot, secrétaire général des Affai
1700 ions. Pendant qu’il attend le train pour Londres, à la gare Saint-Lazare, vers 3 h du matin, un autre jeune « amateur de
1701 et en dépit du sauf-conduit et du visa, le remet à la police, qui l’enferme à la Conciergerie. Il se réveille dans une c
1702 t et du visa, le remet à la police, qui l’enferme à la Conciergerie. Il se réveille dans une cellule en compagnie d’un vi
1703 ourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réussi à faire passer un message téléphonique au Quai d’Orsay — Philippe Berth
1704 rsay — Philippe Berthelot se présente en personne à la prison, accompagné de Misia Sert, fait libérer Joseph, et l’emmène
1705 la Pologne : succès et revers Enfin de retour à Londres, Retinger se donne pour mission : 1° de pénétrer dans les cer
1706 t non organisés. Seul, apatride, sans expérience ( à 26 ans !) il n’a que son ardeur sincère et totalement désintéressée,
1707 ommes d’État et diplomates qu’il s’agit de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing Street, chez Mr. Asquit
1708 qu’il s’agit de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing Street, chez Mr. Asquith, va marquer le début d’un
1709 t de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing Street, chez Mr. Asquith, va marquer le début d’une amitié ré
1710 l a dressé la liste. Mais le plus difficile reste à faire : persuader les dirigeants anglais, étrangement ignorants des r
1711 mission aux États-Unis : il s’agit de voir jusqu’ à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts à prendre fait et cause
1712 u’à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts à prendre fait et cause pour les Alliés, si ceux-ci garantissent la lib
1713 ses mœurs politiques, trop peu d’attention donnée à la variété des forces animant la vie publique : partis, confessions r
1714 des gouvernements anglais et français, attachant à la cause polonaise plusieurs ministres importants, quelques magnats d
1715 Son Petit Manuel de la politique anglaise, publié à Paris sans nom d’auteur mais préfacé par Stephen Pichon (plusieurs fo
1716 cle.) Négociations secrètes avec l’Autriche À Paris, il a retrouvé Boni de Castellane. Ce grand dandy de la Belle É
1717 que pas d’idées politiques originales. Il propose à Retinger de participer à des négociations secrètes en vue d’une paix
1718 s originales. Il propose à Retinger de participer à des négociations secrètes en vue d’une paix séparée avec l’Autriche.
1719 qui se joindrait, comme « troisième Monarchie », à l’Empire austro-hongrois. Enfin, l’Autriche, puissance catholique et
1720 que et multinationale, pourrait servir de rempart à l’Europe contre l’expansion russe. Pour ces raisons patriotiques et p
1721 rbaux de Clemenceau et d’Asquith qui l’autorisent à explorer les chances d’une paix séparée, mais à ses risques et périls
1722 t à explorer les chances d’une paix séparée, mais à ses risques et périls. Lord Northcliffe, le fameux propriétaire du Ti
1723 ameux propriétaire du Times, se laisse convaincre à son tour et fournit certains appuis. Le Prince Sixte de Bourbon-Parme
1724 on-Parme, la comtesse de Montebello et Boni, liés à divers titres à l’empereur et aux familles influentes de la Double-Mo
1725 tesse de Montebello et Boni, liés à divers titres à l’empereur et aux familles influentes de la Double-Monarchie, lui mén
1726 eau de Zizzers, près de Zurich — Retinger aboutit à la conclusion qu’en dépit de ce que souhaitent Charles, l’Impératrice
1727 vités d’agent politique privé ne sauraient plaire à tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et à Londres lui créen
1728 t plaire à tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et à Londres lui créent de constantes difficultés. Georges Mand
1729 tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et à Londres lui créent de constantes difficultés. Georges Mandel, qui est
1730 , Retinger néglige tous ces avertissements. Jusqu’ à ce jour d’octobre 1917 où il se voit convoqué par le ministre de l’In
1731 eux… Après beaucoup d’hésitations, et visiblement à son cœur défendant, il me dit : — Mon cher Joseph, j’ai de mauvaises
1732 ance. (Il était 11 h du matin.) — Il y a un train à 16 h pour l’Espagne. — Très bien, je m’en irai à 16 h… Je téléphonai
1733 à 16 h pour l’Espagne. — Très bien, je m’en irai à 16 h… Je téléphonai à quelques amis pour annoncer mon départ, et à la
1734 . — Très bien, je m’en irai à 16 h… Je téléphonai à quelques amis pour annoncer mon départ, et à la Gare de Lyon j’eus le
1735 onai à quelques amis pour annoncer mon départ, et à la Gare de Lyon j’eus le plaisir d’être salué par les marquis de Cast
1736 t qu’Allemands et Autrichiens avaient mis sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’avait pris sur lui que peu d’a
1737 ransfert, et Retinger passa les neuf mois suivant à Fuentarabbia et à Barcelone dans la misère la plus totale, affamé et
1738 ger passa les neuf mois suivant à Fuentarabbia et à Barcelone dans la misère la plus totale, affamé et souvent sans toit.
1739 tout ce qu’il avait emporté dans sa valise, jusqu’ à ses mouchoirs. Un jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut
1740 té dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève
1741 révistes. De Paris et de Londres, peu de réponses à ses appels. Impressionnés par les rumeurs que les milieux officiels r
1742 et intrigues ingénieuses, Retinger réussit enfin à obtenir à crédit un passage pour La Havane, sur un petit cargo en trè
1743 ues ingénieuses, Retinger réussit enfin à obtenir à crédit un passage pour La Havane, sur un petit cargo en très mauvais
1744 un mathématicien, et le second-maître s’essayait à écrire, suivant l’exemple de Conrad. Ils semblaient peu versés dans l
1745 États-Unis. (On lui avait pris tous ses papiers, à sa sortie de France.) Par son frère, professeur de chimie à Chicago,
1746 e de France.) Par son frère, professeur de chimie à Chicago, il s’était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à L
1747 ie à Chicago, il s’était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui restait 4 dollars en arrivant
1748 ait fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui restait 4 dollars en arrivant au port. Il prit un t
1749 ait voir de la ville pour 4 dollars, et descendit à l’hôtel sans un sou en poche. À la réception, on lui apprit qu’en eff
1750 ars, et descendit à l’hôtel sans un sou en poche. À la réception, on lui apprit qu’en effet une somme était venue à son a
1751 , on lui apprit qu’en effet une somme était venue à son adresse, mais que les règlements empêchant de la garder plus de 1
1752 arder plus de 15 jours, on venait de la retourner à son expéditeur. Dès le lendemain, Retinger se procurait « l’un des de
1753 rême violence qui devaient aboutir ultérieurement à la nationalisation des puits de pétrole exploités jusqu’alors par les
1754 exploités jusqu’alors par les Américains. De 1919 à 1936, Retinger n’a pas fait moins de onze séjours dans ce pays, où se
1755 , un désir ardent et sincère de prêter main-forte à des amis. Si bien qu’arrivé en aventurier, il devait quitter le pays
1756 ique sans un sou et en reparte sans un sou. C’est à quoi j’avais dû leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des
1757 sse la retracer ici. Qu’il suffise de rappeler qu’ à cette époque, les compagnies étrangères, américaines surtout, posséda
1758 hésiter la seule mesure qui lui paraissait propre à éliminer les influences étrangères : nationaliser le pétrole. Il se r
1759 s, et bien qu’ils perdent beaucoup de leur saveur à être résumés, je crois bon de ne pas les omettre dans cette esquisse
1760 se biographique : ils donnent ses vraies couleurs à toute une période de la vie de ce « politicien privé » que nous avons
1761 du Mexique, le fameux CROM fut leur œuvre. Grâce à eux, J.H.R. avait pu étudier de très près les conditions du Mexique e
1762 et entrer en contact avec le syndicalisme, alors à l’état naissant en Amérique latine. Cependant, il pensait toujours à
1763 n Amérique latine. Cependant, il pensait toujours à gagner les USA. Il souhaitait aussi participer à la lutte qui opposai
1764 à gagner les USA. Il souhaitait aussi participer à la lutte qui opposait alors la Pologne libérée aux bolchéviques. N’ay
1765 s le désert. Souffrant de la soif, ils s’arrêtent à un petit ranch tenu par une vieille Indienne. Il y a là une jarre de
1766 poussière. La vieille retire sa chemise et se met à filtrer le lait dans l’étoffe crasseuse, et Retinger, en buvant, comp
1767 nt, comprend soudain qu’il est devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait voulu, sept ans auparavant,
1768 andits déclarent qu’ils n’oseront pas aller jusqu’ à San Antonio comme prévu. Ils exigent 30 dollars et disparaissent. Ret
1769 charrette l’attendrait sur la route pour le mener à San Antonio. Mais il lui faut traverser d’abord une étendue couverte
1770 a charrette apparaît. Mais au lieu de le conduire à San Antonio, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène à la vill
1771 o, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène à la ville frontière de Laredo. En haillons, il se présente à la gare,
1772 frontière de Laredo. En haillons, il se présente à la gare, offre à un agent de Pullmann le double du prix d’un sleeping
1773 edo. En haillons, il se présente à la gare, offre à un agent de Pullmann le double du prix d’un sleeping, et se glisse da
1774 i occupe un poste gouvernemental, et qui l’aidera à régulariser sa situation puis à recevoir un passeport polonais. Je n
1775 , et qui l’aidera à régulariser sa situation puis à recevoir un passeport polonais. Je ne trouve rien dans les notes sur
1776 activité politique proprement dite dans ce pays. À la veille de Noël 1921, le président confie à Retinger qu’il est entr
1777 ys. À la veille de Noël 1921, le président confie à Retinger qu’il est entré en possession d’un très volumineux dossier (
1778 les compagnies américaines pour forcer le Mexique à accepter leurs conditions. Le président demande à Retinger d’élaborer
1779 à accepter leurs conditions. Le président demande à Retinger d’élaborer un plan d’action. Après avoir étudié le dossier,
1780 suggère que le Mexique en communique la substance à Herbert Hoover, alors Secrétaire du Commerce et de l’Industrie, et ré
1781 ecrète par le président, il part pour Washington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison,
1782 président, il part pour Washington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison, sans pouvoir
1783 aine, et sans motif allégué, ce qui est contraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison de Houston, Texas
1784 ntraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison de Houston, Texas, puis à Laredo. Deux mois se passent avan
1785 le transfère à la prison de Houston, Texas, puis à Laredo. Deux mois se passent avant qu’il puisse voir un juge fédéral.
1786 , les amis de Mexico ont été alertés et cherchent à le faire libérer sous caution. Le juge exige 5000 dollars. Un émissai
1787 qu’il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’ à ce que les amis de Retinger ne puissent plus payer. Les intérêts pétr
1788 nt plus payer. Les intérêts pétroliers sont prêts à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs plans se
1789 roliers sont prêts à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’a
1790 s à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’ à ce que leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’ailleurs.) Enfin,
1791 e officielle, auquel il a travaillé, sera réalisé à la faveur du changement d’administration à Washington et grâce aux ef
1792 éalisé à la faveur du changement d’administration à Washington et grâce aux efforts de l’ambassadeur Dwight Morrow, ami d
1793 .R.) Entre-deux-guerres Sur les années 1922 à 1940, on ne trouve dans les notes que l’esquisse d’un long chapitre c
1794 re de Retinger dans la vie syndicale fut conforme à sa vocation la plus constante : établir des relations internationales
1795 gements dans la politique internationale, de 1916 à 1924. En 1924, il tente pour la première fois, avec le parlementaire
1796 lusieurs pays. La mort de Morel, en 1925, met fin à cette tentative. Puis, avec l’aide de quelques députés travaillistes,
1797 esse le plan d’une Encyclopédie qui démontrerait, à coup d’exemples et d’analyses économiques, l’opportunité d’une union
1798 du sa trace. Retinger demande un avion pour aller à la recherche de son chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne
1799 ne campagne militaire que la Pologne semble prête à déclencher contre les Soviets. En 1939, Retinger qui, jusque-là, « n’
1800 e qualité officielle », a décidé de lier son sort à celui de Sikorski : il a confiance en son honnêteté absolue, en ses d
1801 tte le sol anglais le soir du 16 juin et atterrit à Bordeaux, où personne ne sait rien des Polonais. Dans la panique géné
1802 de la Gironde, envahie par les réfugiés. Il entre à la sous-préfecture sans s’annoncer, monte, pousse une porte, et se tr
1803  Je viens déjeuner avec vous, puis je vous emmène à Londres, j’ai un avion ». Le général accepte sous deux conditions : q
1804 chill dès le lendemain. Ils arrivent le soir même à l’hôtel Dorchester. L’évacuation des troupes polonaises arrangée ave
1805 du général Anders, rentrée de Russie, si bien qu’ à l’automne 1942, les forces polonaises en Angleterre totalisaient 150 
1806 totalisaient 150 000 hommes. Sikorski, attribuant à J.H.R. le mérite de l’évacuation de Bordeaux, décida de lui remettre
1807 Polonais furent les premiers et presque les seuls à le croire. Retinger rédigea aussitôt un mémoire pour Eden, suggérant
1808 ent conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait à ce moment près de deux millions de déportés polonais en Russie : il f
1809 en Russie : il fallait les libérer, et permettre à beaucoup d’entre eux de reprendre la lutte dans l’armée de Sikorski.
1810 envahie par les Russes, ne devînt pas un obstacle à la conduite d’une guerre commune contre Hitler. Partageant les idées
1811 -soviétique éclata. Dès le 23 juin, il prononçait à la radio un discours offrant aux Russes des négociations immédiates.
1812 République en exil, s’étaient violemment opposés à toute négociation avec l’ennemi héréditaire qui venait de trahir une
1813 Retinger, se battant sur deux fronts, aboutirent à leurs fins. Le 31 juillet, l’accord fut signé au Foreign Office, dans
1814 gné au Foreign Office, dans le bureau de M. Eden. À la surprise générale, Churchill fit son entrée au moment où les disco
1815 tre accord va mettre une fin pacifique et amicale à la querelle qui a duré trois-cents ans entre les Polonais et les Russ
1816 u monde. Je me sens honoré d’en être le témoin. » À ce moment, sa voix se brisa, écrit Retinger, « et pour la première fo
1817 ut chargé de représenter les intérêts de son pays à Moscou et de faire appliquer l’accord. Il partit en hydravion, via Ar
1818 partit en hydravion, via Arkhangelsk, et fut reçu à l’aérodrome de Moscou, au son de l’hymne polonais. Le protocole russe
1819 rd le général Anders, marchant sur des béquilles, à cause des traitements qu’on lui avait fait subir à la prison de Loubi
1820 cause des traitements qu’on lui avait fait subir à la prison de Loubianka. Parachutage en Pologne occupée Au matin
1821 e Au matin du 4 juillet 1943, J.H.R. attendait à l’aérodrome de Swinton le général Sikorski rentrant d’une tournée d’i
1822 , quand on lui annonça que l’avion s’était écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient morts. Dura
1823 ait une base importante. Il y passa onze semaines à attendre que la météo permette le départ pour la Pologne, n’ayant d’a
1824 enu que par l’idée qu’en faisant son premier saut à 58 ans, il allait devenir le plus vieux parachutiste du monde ! Le dé
1825 jeunesse. Lorsque les faibles lumières signalant à terre la présence du « comité de réception » furent repérées, la trap
1826 ’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mit à tourner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes furent jetés d’ab
1827 de toutes les précautions qui avaient été prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie semble avoir
1828 s à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie semble avoir été connue des nazis quelques heures après son
1829 ipline des militants de la Résistance, réussirent à le sauver de tous les mauvais pas où l’imprudence (non moins traditio
1830 venue, sauf quelques chefs clandestins, il se mit à fréquenter dès les premiers jours les cafés de la capitale qu’il avai
1831 au nom du gouvernement de Londres. Et subitement, à la fin de mai, Retinger se vit privé de toute liberté de mouvements p
1832 té de mouvements par un mal qui devait le laisser à demi infirme pour le reste de ses jours. Descendant d’un tram près de
1833 ique privée. Il souffrait peu, et se mit aussitôt à recevoir tous ses « correspondants ». La Gestapo l’ayant appris, il f
1834 des visiteurs. Quand vint le moment de son retour à Londres, il était encore incapable de marcher. Il fallut le transport
1835 loin de la sortie réservée aux Polonais. Effrayé à l’idée d’être transporté dans tous ces escaliers et passages sous-voi
1836 caliers et passages sous-voie, Retinger enjoignit à son compagnon de prendre la sortie réservée aux Allemands, qui était
1837 ion générale des Polonais qui assistaient de loin à la scène. Une voiture les attendait devant la gare, et les emmena ver
1838 la gare, et les emmena vers leur cachette. C’est à Londres seulement que Retinger « réalisa » que la Gestapo possédait a
1839 qu’un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kilomètres de là, et qu’un appareil de chasse s’était posé pour
1840 n ne pouvait être retardée. L’avion anglais parut à l’heure prévue. Les passagers et les ballots de courrier furent charg
1841 bloquées dans la boue. Il fallut évacuer l’avion à deux reprises, creuser sous les roues, puis couper les freins. L’appa
1842 zyk, Premier ministre, passait par là, se rendant à Moscou, et voulait prendre connaissance de toute urgence de la situat
1843 ve, je trouve ceci : Après la guerre, je réussis à obtenir du gouverneur britannique quelques-unes des denrées et machin
1844 rant toute l’affaire des dons anglais, fut retenu à terre, à l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger montait dans
1845 e l’affaire des dons anglais, fut retenu à terre, à l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger montait dans l’avion q
1846 ait dans l’avion qui devait les ramener tous deux à Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit à le faire libérer qu’e
1847 x à Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit à le faire libérer qu’en s’adressant directement à Molotov, avec lequel
1848 à le faire libérer qu’en s’adressant directement à Molotov, avec lequel il avait entretenu de bons rapports durant sa mi
1849 vait entretenu de bons rapports durant sa mission à Moscou. Celt réussit à fuir plus tard en Autriche. Pour l’Europe
1850 rapports durant sa mission à Moscou. Celt réussit à fuir plus tard en Autriche. Pour l’Europe La guerre finie, l’in
1851 e. L’ultime salut de la Pologne ne pouvait venir, à ses yeux, que d’une Europe organisée, et c’est vers ce grand but qu’i
1852 our franchir une marche, ses jambes obéissant mal à sa volonté) il entreprit l’action européenne qu’il avait si longuemen
1853 de peu connue, mais importante, de la préparation à ce qui allait devenir le Mouvement européen. Dès 1941, à l’instigatio
1854 i allait devenir le Mouvement européen. Dès 1941, à l’instigation de Retinger, le général Sikorski avait pris l’initiativ
1855 des Affaires étrangères des gouvernements en exil à Londres, pour discuter avec eux les perspectives d’une union de l’Eur
1856 après la guerre. Sikorski et Benès allèrent jusqu’ à conclure un accord prévoyant que la Pologne, la Tchécoslovaquie et la
1857 t le noyau d’une fédération de l’Europe centrale, à laquelle pourraient adhérer l’Autriche, la Roumanie et les États balt
1858 nça son accord avec les Polonais, après être allé à Moscou. Mais Retinger suivait son idée. Le 8 mai 1946, il inaugura sa
1859 1946, il inaugura sa campagne par une conférence à Chatham House intitulée : A European Continent ? Quelques jours plus
1860 A European Continent ? Quelques jours plus tard, à Bruxelles, avec M. Paul van Zeeland, il créait la Ligue européenne de
1861 ux USA avec Averell Harriman et Adolf Berle. Mais à Prague, Masaryk refusa, crainte de Moscou. Et Molotov ne répondit pas
1862 sa, crainte de Moscou. Et Molotov ne répondit pas à une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui avait transmise. Dans le m
1863 s mouvements attiraient surtout les jeunes, de 18 à 40 ans. (L’UEF compta jusqu’à 100 000 membres inscrits vers 1949-1950
1864 t les jeunes, de 18 à 40 ans. (L’UEF compta jusqu’ à 100 000 membres inscrits vers 1949-1950.) Leur volonté proclamée d’ac
1865 l à la suite de son fameux discours de Zurich, et à sa contrepartie sur le continent : le Comité français pour l’Europe u
1866 jà, et créait une Union parlementaire européenne. À Montreux, en septembre 1947, l’UEF convoqua son premier grand congrès
1867 aient la convocation d’états généraux de l’Europe à Versailles. Duncan Sandys préférait une action moins bruyante, étroit
1868 endant, la solution Retinger ne devait pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’avait bien exposée — il parlait tr
1869 janvier ou février 1948 — il m’annonçait sa venue à Genève, et dès ce moment je fus en mesure d’observer de près sa techn
1870 étais « engagé », non seulement par ma conférence à ce congrès, et par celle que j’avais donnée un an plus tôt aux Rencon
1871 nt de l’intellectuel », dont certains remontaient à 1932. Je me trouvais pris au mot, littéralement. De février à fin avr
1872 e trouvais pris au mot, littéralement. De février à fin avril, dans toutes les villes d’Europe où Retinger avait passé de
1873 idant de sa canne, des « responsables » se mirent à l’œuvre, des comités se constituèrent, des rapports furent élaborés,
1874 Aux amateurs d’impasses théoriques, il se bornait à opposer de mystérieuses allusions aux conditions sine qua non de réus
1875 on de réussite du congrès, qu’il semblait le seul à contrôler, voire à connaître. Sa plus grande habileté, durant toute c
1876 ongrès, qu’il semblait le seul à contrôler, voire à connaître. Sa plus grande habileté, durant toute cette période, fut s
1877 t d’honneur du congrès. (Finalement, tous vinrent à La Haye, y compris les Allemands avec Adenauer, qu’on connaissait à p
1878 llemands avec Adenauer, qu’on connaissait à peine à cette époque, et qui au surplus demeura dans sa chambre d’hôtel, suiv
1879 participer.) Le Congrès de l’Europe, qui s’ouvrit à La Haye le 7 mai 1948 fut l’œuvre personnelle de Retinger, et peut-êt
1880 onnement de sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à lon
1881 vait été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance, dans la préparation de ce rassemblement de 800 Europ
1882 ns cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à La Haye. Le Conseil de l’Europe, conçu par ce Congrès, naquit exactem
1883 ruxelles. Il élabore la procédure qui va conduire à l’adoption du projet en janvier 1949, au palais de Saint-James, à Lon
1884 projet en janvier 1949, au palais de Saint-James, à Londres, puis à la signature du traité instituant le Conseil de l’Eur
1885 r 1949, au palais de Saint-James, à Londres, puis à la signature du traité instituant le Conseil de l’Europe, le 5 mai 19
1886 rapides et pressantes, toujours au bon moment et à la bonne adresse, sans perdre un jour et sans un seul discours, Retin
1887 aculaire ne saurait cependant le contenter. Grâce à lui, le Mouvement européen sera durant les trois ou quatre années sui
1888 r, social de Rome, et culturel de Lausanne. Grâce à eux, l’idée européenne progresse en profondeur autant qu’en extension
1889 ce n’est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du traité d’
1890 as sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du traité d’association
1891 . J’ai dit plus haut comment il vint me chercher à Ferney, en février 1948, pour m’embarquer dans cette longue entrepris
1892 que plus tard, avec Raymond Silva, nous en vînmes à reconnaître la nécessité de créer à côté du CEC une Fondation europée
1893 ous en vînmes à reconnaître la nécessité de créer à côté du CEC une Fondation européenne, c’est encore grâce à Retinger q
1894 c’est encore grâce à Retinger que l’idée réussit à prendre corps. Ses avis et ses interventions furent de loin les plus
1895 s deux années de préparation qui devaient aboutir à la constitution d’un imposant Conseil de gouverneurs, couronné par la
1896 Lui qui d’ordinaire se bornait, dans les comités, à quelques interruptions d’une sagesse volontiers sarcastique, tandis q
1897 if des idées, des doctrines, de la culture enfin, à l’origine de toutes les réalisations historiques, et de l’entreprise
1898 semble. Dans les deux cas, le problème consistait à créer de toutes pièces un capital d’Histoire, sans avoir d’autre mise
1899 s n’étaient jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste e
1900 eligieuse. Mais son travail réel ne commençait qu’ à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-vo
1901 e commençait qu’à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-vous. C’est alors qu’il entrait en a
1902 à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-vous. C’est alors qu’il entrait en action créatrice.
1903 méthode était l’entretien, et de préférence seul à seul. Certes, on le retrouvait partout où des hommes étaient réunis p
1904 l’union européenne ou la coopération atlantique, à la fin de sa vie. Les yeux non avertis ne le distinguaient pas, dans
1905 êmes. Lors d’une réunion du groupe de Bilderberg, à l’heure du cocktail, je dis un jour à Bob Boothby, en lui montrant Re
1906 Bilderberg, à l’heure du cocktail, je dis un jour à Bob Boothby, en lui montrant Retinger qui circulait d’un groupe à l’a
1907 n lui montrant Retinger qui circulait d’un groupe à l’autre : « Je crois que j’ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’as
1908 trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul à une petite table, commande une fine à l’eau, et l’idée lui vient de m
1909 assied seul à une petite table, commande une fine à l’eau, et l’idée lui vient de mettre ensemble un certain nombre de pe
1910 ttre ensemble un certain nombre de personnalités. À chacune, il explique que son idée est tellement importante qu’il vaut
1911 on monde dans une belle salle, retourne s’asseoir à sa petite table, commande une fine à l’eau, et regarde ce qui va se p
1912 ne s’asseoir à sa petite table, commande une fine à l’eau, et regarde ce qui va se passer. » Boothby répéta sur le champ
1913 passer. » Boothby répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je l
1914 on le chuchotait : il me pria de laisser entendre à qui voudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en
1915 beau, ni blond, l’œil ironique, irascible, fumant à la chaîne, et d’une simplicité déconcertante, il mettait tout en plac
1916 certante, il mettait tout en place et s’effaçait. À l’heure de la distribution des prix, des remerciements et des hommage
1917 ifférentes causes et entreprises qui lui tenaient à cœur. Sa santé se détériora très rapidement durant ses dernières sema
1918 t le Special Operation Service, organisation tout à fait distincte de l’Intelligence Service, et chargée de soutenir les
1919 b », selon le jugement de J.H.R., qui put le voir à l’œuvre tant en Pologne qu’à Londres. 51. Voir la lettre au Times du
1920 .R., qui put le voir à l’œuvre tant en Pologne qu’ à Londres. 51. Voir la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils fu
1921 Gubbins. 52. Ils furent poursuivis quelque temps à Moscou avec Sir Stafford Cripps, et MM. Gavrilovic et Pipinelis, amba
1922 etin du Centre européen de la culture : « Hommage à un grand Européen : J. H. Retinger », Genève, 1960–1961, p. 20-50. c
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1923 s efficaces de cette fin ; 2° qu’un problème tout à fait analogue se posait aux nouvelles nations de l’Afrique et de l’As
1924 te rendu de ses travaux. Le colloque s’est réuni à Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas pris moins
1925 aration n’a pas pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts personnels, à l’étude des conditions cult
1926 pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts personnels, à l’étude des conditions culturelles régiona
1927 nsacrée à des voyages, à des contacts personnels, à l’étude des conditions culturelles régionales, à des recherches bibli
1928 à l’étude des conditions culturelles régionales, à des recherches bibliographiques et à l’élaboration du document de tra
1929 régionales, à des recherches bibliographiques et à l’élaboration du document de travail que nous publions ci-après, à ti
1930 u document de travail que nous publions ci-après, à titre d’introduction au compte rendu in extenso des débats. L’action
1931 s favorable qu’ont créé les journées de septembre à Genève. cm. Rougemont Denis de, « [Note liminaire] Pour un Dialogu
70 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1932 sible, et littéralement superficielle : elle tend à uniformiser les apparences, c’est-à-dire le cadre de la vie (architec
1933 que, mais aussi en Amérique latine — une tendance à réagir contre cette croissante uniformité qui les prive de leurs sign
1934 tionnels ; leurs élites s’efforcent de les amener à une prise de conscience et à une affirmation renforcée de leurs carac
1935 orcent de les amener à une prise de conscience et à une affirmation renforcée de leurs caractères et valeurs spécifiques.
1936 onscients des valeurs particulières de la culture à laquelle ils appartiennent, nourris de ces valeurs et y croyant pour
1937 s cultures, mais certains motifs varient de l’une à l’autre. Je prendrai ici, à titre d’exemple, les besoins spécifiques
1938 tifs varient de l’une à l’autre. Je prendrai ici, à titre d’exemple, les besoins spécifiques de la culture européenne. 1.
1939 s l’évolution. 2. L’Europe du xxe siècle cherche à réunir en un seul corps ses quelque vingt pays divisés par un siècle
1940 visés par un siècle de nationalisme qui a conduit à deux guerres mondiales. La comparaison entre les principes fondamenta
1941 (africaines, asiatiques, arabes…) doit contribuer à rendre aux Européens de nos vingt pays le sentiment de leur unité rée
1942 ’expliquer aux autres — et de s’expliquer d’abord à elle-même — que la technique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’e
1943 ans nos grandes universités, mais on aurait peine à trouver des chaires d’européisme en Inde ou en Chine). 5. Au moment d
1944 alogue qui lui est nécessaire, l’Europe se heurte à deux difficultés majeures : a) difficulté de présenter la culture eur
1945 qui viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de la culture européenne dans son ensemble : ils n’
1946 it où trouver le livre qui expliquerait utilement à un de nos « aides techniques » la culture de la région où il va trava
1947 ont des chances d’être assez semblables (quoique à des degrés variables) pour chaque région. Quant aux motifs, ils sont
1948 de l’intégration de la civilisation technicienne à son grand héritage spirituel, appelle le dialogue avec l’Europe, et l
1949 re renaissante de l’Afrique noire doit faire face à des problèmes d’éducation qui nécessitent évidemment les échanges, ma
1950 nécessitent évidemment les échanges, mais d’abord à un problème de prise de conscience d’elle-même que le dialogue avec l
1951 , l’Amérique latine, le monde arabe, peut l’aider à élucider. L’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le décou
1952 pérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler, en perspective mondiale, non tant ses revendications que se
1953 besoins ainsi définis peuvent-ils être satisfaits à l’aide des moyens existants ? Rien de plus difficile que de recenser,
1954 et aucune centrale d’information n’existe encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer
1955 ssance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelques exemples pris dans chaque catégorie d’activités, et do
1956 ons différentes, Bruxelles. (Huit congrès de 1949 à 1960, et publication des travaux en forts volumes. A édité en 1955 un
1957 ns et de leurs publications, qui devrait être mis à jour.) Société internationale pour les études comparées des civilisa
1958 ntales. Ces instituts sont presque tous rattachés à une université, et répartissent leurs activités en recherches, enseig
1959 x échanges dans la mesure où ils peuvent répondre à des demandes venant d’autres pays ou régions, mais leur mission princ
1960 o), Civilisations (INCIDI, Bruxelles), consacrées à l’étude des relations culturelles multilatérales. D’autres se limiten
1961 culturelles multilatérales. D’autres se limitent à un domaine particulier des relations culturelles : Philosophy East an
1962 tionaux universitaires sont en général consacrées à l’étude d’une seule culture. Une autre catégorie est celle des revues
1963 lle des revues publiées en Occident et consacrées à un groupe de cultures d’outre-mer, du type France-Asie (Paris) publié
1964 iaux de revues littéraires ou générales consacrés à une culture différente : numéros de Comprendre (Venise) sur l’Afrique
1965 volumes de vulgarisation ou de voyages, consacrés à la description plus ou moins pittoresque ou polémique d’un pays d’out
1966 tuent des hommes de culture de toutes les régions à confronter leurs manières de discuter. Dans le cadre du projet majeur
1967 breux séminaires sur des sujets plus spécialisés, à Bombay, Calcutta, Karachi, Rangoon, Tokyo, Rhodes, Bâle, Beyrouth, Ch
1968 a pris pour thème de son congrès annuel de 1959, à Vienne, la formation européenne des assistants techniques et l’accuei
1969 ure (Venise) a organisé un congrès Europe-Afrique à Rome en 1960, et prépare, en liaison avec la Société africaine de cul
1970 dées entre régions. IV. Trois grandes lacunes à combler Des quelques exemples qu’on vient de donner, on serait ten
1971 u’on vient de donner, on serait tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’à une disette, dans le domaine des échang
1972 t tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’ à une disette, dans le domaine des échanges culturels. Les spécialistes
1973 s spécialistes d’une culture différente n’ont pas à se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations, revues, é
1974 roblème est moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser. Enfin, les occasions de rencontres — congrès, colloques
1975 Dialogue des cultures. Ils peuvent se multiplier à la satisfaction générale, sans qu’aucun des problèmes de fonds et d’e
1976 learing » et planification des échanges de région à région.   2. Entre les travaux indispensables des spécialistes, les p
1977 s diplomates, des chargés de mission d’une région à négocier avec leurs homologues d’une autre région, les travaux de spé
1978 ibilités, besoins, lacunes —, ce qu’il nous reste à faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dialogue 1. Orga
1979 atégories trop vastes. Elles ne correspondent pas à des réalités culturelles suffisamment définies ou homogènes pour pouv
1980 a donc pas encore de politique commune, répondant à sa vocation, à l’égard des régions différentes de la planète. L’Asie
1981 un dénominateur commun aux problèmes de l’Inde et à ceux du Japon, par exemple, ou de la Chine. Au surplus, la problémati
1982 ne. Au surplus, la problématique Est-Ouest, chère à Hegel et aux philosophes de la culture du xixe siècle, survole le mo
1983 et leurs principes de cohérence culturelle, tant à leurs habitants qu’aux autres régions. On se comprend mieux soi-même
1984 répondre aux questions d’étrangers, on est amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème n’existe
1985 , on est amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème n’existe guère pour des ensembles comme l’U
1986 t par l’unification doctrinale qu’impose le Parti à des peuples très divers, soit par le brassage continuel d’une populat
1987 ulation d’origines variées, ainsi rendue conforme à l’American way of life. La culture de ces deux ensembles est facile à
1988 life. La culture de ces deux ensembles est facile à « présenter », parce qu’elle s’est constituée en somme selon les prin
1989 le plus tentant de s’affirmer, c’est de s’opposer à l’extérieur, c’est-à-dire d’abord à la culture européenne et à « l’am
1990 de s’opposer à l’extérieur, c’est-à-dire d’abord à la culture européenne et à « l’américanisme », en l’occurrence, puis
1991 , c’est-à-dire d’abord à la culture européenne et à « l’américanisme », en l’occurrence, puis à la culture des États vois
1992 ne et à « l’américanisme », en l’occurrence, puis à la culture des États voisins ou rivaux. Pendant ce temps, le communis
1993 du nationalisme, de soustraire la vie culturelle à l’emprise stérilisante des propagandes politiques, et de faire face a
1994 idérations que l’on vient de résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l’examen de
1995 nclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l’examen de représentants qualifiés d’autres cultures. Il s’agit d’un
1996 oup d’intellectuels jugeront sans doute étrangère à leurs soucis ou à leurs talents. Et pourtant, même si l’on est persua
1997 s jugeront sans doute étrangère à leurs soucis ou à leurs talents. Et pourtant, même si l’on est persuadé que le vrai dia
1998 ent, et que les rencontres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création
1999 demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de centres analogues au CEC dans les di
2000 titutions, tendances et problèmes) ; — contribuer à définir et à mettre en lumière les valeurs communes propres à toute u
2001 ndances et problèmes) ; — contribuer à définir et à mettre en lumière les valeurs communes propres à toute une région, ét
2002 à mettre en lumière les valeurs communes propres à toute une région, étudier les problèmes spécifiques de cette région ;
2003 blèmes ; puis placer les résultats de ces travaux à la disposition des responsables de l’éducation, de la politique et de
2004 leur action régionale, l’intérêt qu’elles portent à d’autres cultures, leurs qualifications et leur disponibilité éventue
2005 archives encombrantes et coûteuses, et difficiles à consulter, il suffit le plus souvent que le Centre sache où sont les
2006 donné et puisse y faire appel quand besoin est. ( À titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions qu’o
2007 udes européennes, etc., etc.). 2. Contribution à la prise de conscience, dans une région donnée, de son unité et des v
2008 culture — Séminaires sur les problèmes communs à tous les pays de la région : intégration économique ou politique ; ma
2009 de la région, et dégageant les caractères communs à tous ses peuples ou pays. Ces ouvrages seraient ensuite traduits dans
2010 ulture vivante, et sont mal équipés pour répondre à des demandes personnelles ou à des questions portant sur l’ensemble d
2011 ipés pour répondre à des demandes personnelles ou à des questions portant sur l’ensemble de leur région). Les centres ne
2012 idique, qui varient considérablement d’une région à l’autre. La question du siège des centres (dans quel pays et dans que
2013 ventuellement servir de maisons-mères aux centres à créer, et faciliter leur équipement initial (personnel, documentation
2014 de notre proposition, même si elle n’aboutit pas à des résultats immédiats dans toutes les régions représentées, peut co
2015 toutes les régions représentées, peut contribuer à maintenir dans les débats de Genève, consacrés aux principes et aux m
2016 us reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les personnalités invitées à prendre part au colloque les 15-1
2017 ns fut envoyé à toutes les personnalités invitées à prendre part au colloque les 15-17 septembre, à Genève. »
2018 s à prendre part au colloque les 15-17 septembre, à Genève. »
71 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
2019 uction au colloque Vous remercier d’être venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routine. Je sa
2020 s le sacrifice de cinq ou six journées consacrées à voyager et à travailler en groupe, au lieu d’être consacrées à la dét
2021 e de cinq ou six journées consacrées à voyager et à travailler en groupe, au lieu d’être consacrées à la détente d’un wee
2022 à travailler en groupe, au lieu d’être consacrées à la détente d’un weekend, au travail personnel, ou à la méditation, qu
2023 la détente d’un weekend, au travail personnel, ou à la méditation, qui est à la fois le meilleur travail et le meilleur r
2024 e Centre. Je ne vais pas perdre un temps précieux à décrire ses activités. Qu’il me suffise de vous dire en deux mots qu’
2025 est ainsi définie par ses statuts : « contribuer à l’union de l’Europe en ralliant les forces vives de la culture dans t
2026 que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à dialoguer avec d’autres voix, parlant au nom d’autres ensembles cultu
2027 es avaient déjà essayés, ne semblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé que, pui
2028 e colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi, à ce propos, quelques mots d’explication sur la manière dont il fut com
2029 s, représentant cinq grandes régions culturelles, à savoir : l’Inde, le monde arabe, l’Afrique noire (francophone et angl
2030 firmés, de notre région, mais encore nous n’avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des années de t
2031 s centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’il fallait se réunir pour plus de trois ou quatre jo
2032 Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, co
2033 u que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’ à amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, comme on dit dans un
2034 rétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, comme on dit dans un match de football. Il au
2035 tte de vérifier notre accord quant à la nature et à la nécessité du dialogue. Et tout d’abord, je voudrais que ceci soit
2036 le Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la même chose, mais seulement à n
2037 cord pour dire tous la même chose, mais seulement à nous mettre d’accord pour dialoguer, sur des principes fondamentaux.
2038 fondamentaux. C’est cela seulement qui correspond à nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le f
2039 es, à long terme. Si donc nous voulons contribuer à une meilleure entente politique —· et même économique — nous ne pourr
2040 que — nous ne pourrons le faire qu’en travaillant à « améliorer le terrain », au sens médical du terme, c’est-à-dire en t
2041 congrès de plus. Dans un congrès, on ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous voulons un v
2042 e, sans discours et sans formalisme. J’ai assisté à trop de congrès et de séminaires, où il me semblait que les participa
2043 il me semblait que les participants « jouaient » à tenir un congrès ou un séminaire, jouaient à tenir leur rôle de congr
2044 nt » à tenir un congrès ou un séminaire, jouaient à tenir leur rôle de congressiste. L’art du colloque me paraît être, cu
2045 rieusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque, ennemi des conventions ! Pourquoi ne pas essayer dans c
2046 : car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse à une publication (par les soins du CEC) donnant une synthèse des motif
2047 s. Et nous voudrions 2° que ce colloque aboutisse à une résolution tendant à la création de centres régionaux, et définis
2048 ue ce colloque aboutisse à une résolution tendant à la création de centres régionaux, et définissant leurs fonctions. Je
2049 des généralités généreuses, et loin de prétendre à épuiser leurs thèmes, nous permettent plutôt de tracer les grandes li
2050 nes d’un programme suggestif d’études et d’action à très long terme, et qu’il s’agit en conséquence d’entreprendre sans p
2051 rdre une minute. Je passerai donc sans transition à un bref commentaire sur notre ordre du jour de ce matin. Premier poin
2052 de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une part, la mise en contact inévita
2053 érenciatrice, par laquelle nos cultures répondent à cette pression qu’elles subissent toutes. De ces deux faits de base r
2054 chaque « région » représentée s’exprime ici tout à loisir, s’explique aux autres et devant les autres. Il importe que ch
2055 cultures différentes, et ce qu’elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points —
2056 donc par les motifs généraux du dialogue, quitte à les préciser, à les illustrer ensuite par des motifs plus précis et r
2057 tifs généraux du dialogue, quitte à les préciser, à les illustrer ensuite par des motifs plus précis et régionaux.   [Sui
2058 que, elle est sortie tout de même, on l’a rappelé à plusieurs reprises, du contexte culturel européen. Elle est absolumen
2059 texte culturel européen. Elle est absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Main
2060 t liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et el
2061 ’objective, elle devient un même phénomène imposé à toutes les variantes de la culture de l’humanité. Je n’irai pas jusqu
2062 de la culture de l’humanité. Je n’irai pas jusqu’ à dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tou
2063 ns d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’accéder à l’indépendance, reprennent conscience de leurs valeurs culturelles, d
2064 vent dialoguer, à partir de ce moment-là, d’égale à égale, avec n’importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce
2065 e le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à des oppositions violentes. Donc, première raison du dialogue : commen
2066 nous adapter, how to cope with technology, chacun à notre manière, pour arriver à un développement harmonieux, et non pas
2067 technology, chacun à notre manière, pour arriver à un développement harmonieux, et non pas à cette brisure, à cette espè
2068 arriver à un développement harmonieux, et non pas à cette brisure, à cette espèce de schizophrénie que risque de créer la
2069 loppement harmonieux, et non pas à cette brisure, à cette espèce de schizophrénie que risque de créer la technique dans d
2070 la technique dans des régions où elle arrive tout à fait de l’extérieur, où elle ne surgit pas du fond même de la culture
2071 me c’est le cas en Europe. Nous en arrivons alors à cette question de la culture ou des cultures. J’avais prévu dans mon
2072 vais prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture et de civi
2073 dans ce monde d’aujourd’hui, où la technique tend à tout uniformiser, il y a le fait de l’accession à l’indépendance de p
2074 à tout uniformiser, il y a le fait de l’accession à l’indépendance de plusieurs continents, de cultures qui enfin se déga
2075 qui doivent s’expliquer avec la technique chacune à leur manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennen
2076 nce des cultures différentes. Ceci pourrait mener à des luttes nationalistes si l’on transpose la « nation » au plan de l
2077 anspose la « nation » au plan de la « culture » — à des nationalismes culturels en conflit. Ici apparaît la nécessité du
2078 nt différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à des ruptures, comme il y en eut tant entre les nations européennes, i
2079 colloque organisé par le CEC les 15-17 septembre, à Genève.
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
2080 964, comporte environ 2000 titres. On n’a retenu, à de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la dernière guerre
2081 tre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rubri
2082 agogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrire une thès
2083 miques et politiques, lesquelles servent de sujet à la plupart des thèses soutenues dans toutes nos universités et qui tr
2084 ées dès mars 1963, en brochure) des listes de 100 à 150 volumes, considérés comme ouvrages de base. Ces listes aideront l
2085 vrages de base. Ces listes aideront les libraires à composer leurs vitrines, lors de la Semaine européenne du livre qui s
2086 é internationale des libraires, dont le siège est à Delft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seront
2087 e librairies, dans tous nos pays, seront invitées à composer des vitrines « européennes ». Des prix seront décernés lors
2088 és lors d’une cérémonie de clôture qui sera tenue à Genève. Le présent numéro de notre bulletin reflète les travaux prépa
2089 ographie et de la Semaine du livre. Il ne vise qu’ à décrire une coupe dans la production « européiste » contemporaine. L’
2090 » contemporaine. L’examen de cette coupe appelle, à notre avis, deux remarques fondamentales. Trop de livres sur l’Eur
2091 les uns des autres. Chaque auteur pour sa part et à son tour redécouvre le continent, ses problèmes et les solutions prop
2092 ntinent, ses problèmes et les solutions proposées à ces problèmes depuis des siècles, ou de nos jours. Chacun brûle d’app
2093 autres raisons d’être optimiste.) Défauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller
2094 ns à la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite entachés d’erreu
2095 vrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite entachés d’erreurs de faits, de noms, de
2096 it seul capable d’entraîner une adhésion efficace à la cause. La préoccupation craintive de se tenir « les pieds sur la t
2097 il est d’abord un visionnaire. Sans visionnaires à la Colomb, pas d’Europe, ni de plans d’union de l’Europe, ni de March
2098 ont osé faire sans se demander d’abord si c’était à la mode, si cela intéressait le grand public. Certaines manières d’ex
2099 tournure d’esprit qui devait les rendre hostiles à la CECA en ses débuts, et qui reste opposée, foncièrement, aux dévelo
2100 mbre de ceux qui s’imaginent la découvrir, quitte à faire la leçon à ses initiateurs. Pour une politique des publicati
2101 s’imaginent la découvrir, quitte à faire la leçon à ses initiateurs. Pour une politique des publications européennes
2102 conde main sur l’Europe risquent de faire du tort à la cause de l’union, non moins qu’en firent naguère l’indifférence ou
2103 systématique. Les éditeurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux que
2104 nt : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’être traités. Ils po
2105 le d’éviter désormais. La première fut de limiter à un seul éditeur par langue la qualité de membre du pool. En effet, la
2106 blications envisagées, si elle correspondait bien à la variété de la production réelle et des besoins, ne convenait pas a
2107 ouvrages d’art, les autres préféraient se limiter à des livres de format courant, d’autres enfin craignaient que les prem
2108 du génie européen (par l’éditeur Robert Laffont, à Paris)53 — ont d’ailleurs démontré la rentabilité de l’édition en poo
2109 ait d’encourager ou de susciter, — tels seraient, à notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition.
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
2110 civique européenne. Les considérations conduisant à l’idée d’une telle campagne avaient été souvent exposées dans les pub
2111 Au terme d’un colloque universitaire qui se tint à Genève en mai 1961 sous les auspices de la Journée européenne des éco
2112 ucation, le groupe ad hoc tint sa première séance à Genève les 5 et 6 janvier 1962. Il élabora le plan général d’une Camp
2113 morandum aux ministères, sur la base des réponses à l’enquête. Le questionnaire préparé par Mme A. Ducimetière et mis au
2114 minaire sur les méthodes eut lieu au mois de mai, à Royaumont, et donna l’impulsion nécessaire à la Campagne. Il établit
2115 mai, à Royaumont, et donna l’impulsion nécessaire à la Campagne. Il établit le plan du Guide du maître actuellement en co
2116 internationaux. Le premier de ces stages se tint à Bruxelles en début janvier 1963 sous les auspices et avec l’appui du
2117 ure.) Deux autres stages vont avoir lieu en 1963, à Tutzing (mai) et à Zurich (octobre). Entre-temps, les réponses à l’en
2118 tages vont avoir lieu en 1963, à Tutzing (mai) et à Zurich (octobre). Entre-temps, les réponses à l’enquête étaient parve
2119 et à Zurich (octobre). Entre-temps, les réponses à l’enquête étaient parvenues au CEC, dans les délais prévus, à quelque
2120 étaient parvenues au CEC, dans les délais prévus, à quelques semaines près. Comme il fallait s’y attendre, ces réponses f
2121 une manière très concrète la nature des obstacles à surmonter, et quelques-uns des moyens immédiats à mettre en œuvre : c
2122 à surmonter, et quelques-uns des moyens immédiats à mettre en œuvre : cours de formation des maîtres, documentation, leço
2123 nces. Bref, elles confirment l’ampleur des tâches à accomplir et dessinent quelques voies d’approche. Il reste à trouver,
2124 et dessinent quelques voies d’approche. Il reste à trouver, ou à former, les hommes qui se chargeront de ces tâches, et
2125 quelques voies d’approche. Il reste à trouver, ou à former, les hommes qui se chargeront de ces tâches, et les moyens fin
2126 cessaires. Ces derniers devraient être empruntés, à mon avis, au budget d’une défense nationale bien comprise (comprenant
2127 e), mais il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans les réponses officielles. Nous somme
2128 pante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil de l’Europe. P
2129 re, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou plutôt à mobiliser les volontés qu
2130 reste à susciter d’immenses ressources, ou plutôt à mobiliser les volontés qui suffiraient sans doute à réunir ces ressou
2131 mobiliser les volontés qui suffiraient sans doute à réunir ces ressources. 55. Les organismes dont le nom est suivi d’u
74 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
2132 gions dans les États qui ouvrent leurs frontières à des unions plus vastes, voilà bien l’un des phénomènes contemporains
2133 t international. Le festival d’Aix, qui satisfait à ces deux critères avec tout l’éclat que l’on sait, se trouvait donc p
2134 ’éclat que l’on sait, se trouvait donc prédestiné à servir de point de départ à une action de pionniers en faveur de l’es
2135 uvait donc prédestiné à servir de point de départ à une action de pionniers en faveur de l’essor régional dans les perspe
2136 os publications le compte rendu du colloque réuni à Aix au mois de juillet 1962. ⁂ L’intérêt très particulier de ce Collo
2137 êt très particulier de ce Colloque tenait d’abord à sa composition : professeurs d’université, compositeurs de musique, é
2138 révolution régionale ». ⁂ On ne saurait reprocher à un colloque dont les ambitions initiales étaient d’ordre culturel, et
2139 re culturel, et qui a si bien réussi, au surplus, à mettre en évidence les liens entre la culture et l’économie, de n’avo
2140 colloque en avait traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire à la suite du compte ren
2141 t, à Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire à la suite du compte rendu d’Aix, le rapport présenté à Lyon par le pro
2142 suite du compte rendu d’Aix, le rapport présenté à Lyon par le professeur J.-L. Quermonne sur « La région et ses aspects
75 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
2143 forçons de faire une vaste union européenne, ici, à Aix, vous vous efforciez de créer une métropole locale. Le paradoxe e
2144 régionales. Les deux phénomènes sont concomitants à mon avis. Si vous diminuez l’importance des frontières nationales, ce
2145 ècles ont imposées d’une manière assez arbitraire à des réalités économiques, linguistiques et culturelles qui n’ont pas
2146 tés. Le phénomène européen d’aujourd’hui consiste à supprimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités.
2147 pprimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités. L’effort entrepris ici par M. Bigonnet me paraît donc
2148 elles. Dans ce sens, et comme le disait récemment à Genève Bertrand de Jouvenel, s’adressant à des représentants de cultu
2149 emment à Genève Bertrand de Jouvenel, s’adressant à des représentants de cultures très diverses, nous sommes tous colonis
2150 ien que l’Occident ait une tradition d’adaptation à la technique beaucoup plus vaste, puisqu’il a accompagné le développe
2151 t paraître pessimiste, peut paraître se rattacher à tout ce qu’on a dit depuis un demi-siècle en Europe contre la techniq
2152 a civilisation. Mais nous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrès, en ce sens qu’el
2153 donc à peu près un million par jour. Ainsi, c’est à la création d’un nouveau public, à l’accession à la culture de couche
2154 . Ainsi, c’est à la création d’un nouveau public, à l’accession à la culture de couches immenses que nous assistons aujou
2155 à la création d’un nouveau public, à l’accession à la culture de couches immenses que nous assistons aujourd’hui. Autre
2156 temps que les risques. […] Avant que l’on passe à la synthèse des opinions émises au cours de cette première partie de
2157 nos débats, je voudrais répondre en quelques mots à la question très pertinente qui m’a été posée par le professeur de Ve
2158 , d’autre part, que la technique apporte beaucoup à la culture ? La spécialisation est certainement un danger pour le spé
2159 r le spécialiste, dans la mesure où cela le ferme à tout autre domaine général, c’est-à-dire à tout ce qui définit le sen
2160 ferme à tout autre domaine général, c’est-à-dire à tout ce qui définit le sens même de sa spécialité dans l’ensemble des
2161 trop poussée et fermée s’oppose au progrès même, à l’invention. Il résulte d’une série d’études récentes faites en Améri
2162 que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupent de toute
2163 sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupent de toutes sortes d’autres choses, qui ont u
2164 és variées, et qui sont amenés par ces curiosités à faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s
2165 menés par ces curiosités à faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers
2166 sque délirante sous Staline, qui les avait amenés à diviser les études en plusieurs centaines de spécialités et sous-spéc
2167 té d’option pour les étudiants, ils en sont venus à restaurer les études générales ; à tel point que, dans un ouvrage réc
2168 en sont venus à restaurer les études générales ; à tel point que, dans un ouvrage récent publié en Amérique, qui compare
2169 du même degré et du même âge. Nous assistons là à un phénomène d’auto-régulation, non pas au nom d’un idéal « d’humanit
2170 tés mêmes du progrès technique et de l’invention, à restaurer les études générales. Ceci, pour les meilleurs, pour les cr
2171 ation-modèle ou un seul geste, comme les ouvriers à la chaîne du xix e siècle. Mais c’est un problème d’éducation. Un phé
2172 ans que la machine asservit l’homme. C’était vrai à un certain stade de la technique. Une technique insuffisante asservis
2173 . Une technique insuffisante asservissait l’homme à la machine. C’est ce que Marx a si bien décrit, en son temps, en écri
2174 vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait à la période noire de l’industrie, la période du charbon. Maintenant qu
2175 ode du charbon. Maintenant que nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité, de l’électronique et
2176 que la technique, loin d’asservir l’homme, arrive à le libérer. L’usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’a pas été o
2177 e ces considérations générales, ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et la culture, l
2178 e. Les peintres flamands vont faire des portraits à Gênes. Plus tard, les Allemands passent le Brenner et vont apprendre
2179 ns ces époques-là. Elles ne vont pas d’une nation à l’autre mais d’un foyer de création à un autre foyer. Elles se propag
2180 ’une nation à l’autre mais d’un foyer de création à un autre foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les c
2181 sistance économique, un public, bref, une réponse à leur travail créateur. Et ceci nous conduit à l’idée de « métropole »
2182 nse à leur travail créateur. Et ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réuni
2183 i nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontières
2184 éunit. […] Au moment où les frontières s’ouvrent à des échanges plus libres, il faut qu’il y ait quelque chose à faire p
2185 es plus libres, il faut qu’il y ait quelque chose à faire passer, des produits à échanger ! Cela suppose des centres et f
2186 y ait quelque chose à faire passer, des produits à échanger ! Cela suppose des centres et foyers de production renforcée
2187 l ? Serait-ce, par exemple, d’apporter la culture à la population d’un lieu ? Ou, au contraire, de créer un foyer qui ray
2188 i d’une population culturellement sous-développée à laquelle on devrait apporter les lumières de Paris ! Il s’agit bien p
2189 ulation active, y compris ses forces économiques, à la création d’un grand foyer de production, qui serait la métropole.
2190 ot participation. La culture, c’est quelque chose à quoi l’homme participe, ce n’est pas seulement quelque chose qu’il re
2191 avancé l’image, qui n’est pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent, d’un phare, pour définir une mét
2192 seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à ceux qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et
2193 qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et assurer les communications, les échanges et les mouvemen
2194 et qui dit expression dit communication, tendance à une communication. À mon sens, une métropole devrait jouer, mutatis m
2195 dit communication, tendance à une communication. À mon sens, une métropole devrait jouer, mutatis mutandis, le rôle des
2196 ffraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse à leurs créations. L’appel, c’était l’attrait d’un climat, en prenant c
2197 upements professionnels ou d’éducation populaire. À quoi l’on pourrait ajouter à l’avenir bien des choses : un orchestre,
2198 éducation populaire. À quoi l’on pourrait ajouter à l’avenir bien des choses : un orchestre, une maison d’édition, des ce
2199 se, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l’a
2200 s qui sont à l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l’argent, dont parlait si justement et si
2201 Jean Ballard, directeur des Cahiers du Sud, c’est à l’économie, qui le produit, de le faire servir au développement cultu
2202 intaine de la capitale nationale qui consentirait à lui octroyer quelques subventions, et l’on retomberait dans la mauvai
2203 te masse de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce qu’était autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d
2204 nvers ou de Bruges au temps de la Renaissance, ou à ce qu’étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un
2205 qui faisaient édifier un temple sur l’Acropole ou à Delphes ? Quel est l’équivalent moderne de ce mécénat ? C’est la « fo
2206 simple, qui est la détaxation des revenus versés à une fondation. En dotant richement une fondation, les grands industri
2207 gues en Europe. Un projet de loi doit être déposé à cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à généraliser ce rég
2208 cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à généraliser ce régime de détaxation, qui favoriserait la création ou
2209 té de cette métropole, c’est-à-dire de voir jusqu’ à quel point le secteur industriel et le secteur culturel y sont réelle
2210 ais parce qu’il me semble qu’elle pourrait servir à concrétiser, dans les conversations qui suivront ce colloque, le prob
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
2211 la poule possible et l’œuf virtuel, et chacun dit à l’autre : existe donc d’abord ! J’existerai bien sûr tout de suite ap
2212 xisterai bien sûr tout de suite après, mais c’est à toi de commencer ! Ce dialogue est celui de tout engendrement, et en
2213 , et en dépit de Zénon d’Élée, il aboutit souvent à des naissances réelles. Le motif de notre Campagne d’éducation civiqu
2214 sophisme théorique opposant deux réalités encore à naître. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur
2215 s enseignants. ⁂ Une première réunion s’est tenue à Genève en mai 1961 pour étudier les possibilités de l’enseignement d’
2216 ent d’un civisme européen. Elle a donné naissance à un comité d’action où sont représentés le Conseil de l’Europe56, les
2217 cation civique : là où elle existe, elle se borne à décrire les institutions mais ne présente pas les problèmes vivants e
2218 que de préparation des enseignants, qui demandent à être mieux informés et formés. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi expr
2219 s. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi exprimés, et à l’attente de nombreux enseignants, des stages de formation de formate
2220 e ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’ac
2221 rêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus
2222 courageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveilla
2223 s ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été r
2224 soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à no
2225 es, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par l
2226 alw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nationales. Le se
2227 riat de la Campagne exprime ici sa vive gratitude à toutes les personnalités — du ministre au maire ou bourgmestre — qui
2228 éennes et au Conseil de l’Europe, qui ont apporté à la Campagne leur appui matériel et moral. Le rôle de chaque stage est
2229 nt mises au point ; 3° d’inciter les participants à élargir cette action dans leurs milieux, c’est-à-dire d’organiser à l
2230 tion dans leurs milieux, c’est-à-dire d’organiser à leur tour des stages, des rencontres dans leur établissement, leur vi
2231 ui ont été présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à reproduire l’essentiel des communications qui
2232 x stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l’accord
2233 st à long terme. Les prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford, à Paris, au Danemark et en Italie. 56. Le Conseil
2234 terme. Les prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford, à Paris, au Danemark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Euro
2235 prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford, à Paris, au Danemark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe a été r
77 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
2236 d’aujourd’hui : je voudrais seulement vous dire, à vous professeurs de géographie, ce que je voudrais que l’on m’enseign
2237 ’on m’enseigne si j’avais le bonheur de retourner à l’école, et d’être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on
2238 nt deux peuples, fatalement, et les obligent donc à se faire la guerre, alors qu’on peut aussi bien dire qu’ils unissent
2239 rit très bien Jacques Beaujeu-Garnier, professeur à la Sorbonne. Je voudrais aussi qu’on m’enseigne les faits géographiqu
2240 des « frontières naturelles » qui nous a conduits à couper en deux, trois ou quatre pays un bassin naturel (houille ou fe
2241 -Luxembourg-Belgique, sous prétexte que les gens, à la surface, parlaient des langues un peu différentes et avaient été c
2242 insi l’Europe politiquement unie pourrait revenir à ses réalités géographiques, pourrait recommencer une vie mieux aménag
2243 pourrait recommencer une vie mieux aménagée (mot à la mode), plus riche et plus diversifiée, j’insiste sur le mot, car t
2244 nter l’esprit de leurs élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’être en même temps
2245 avec passion, et d’être en même temps bien utiles à la cause de l’union européenne. cx. Rougemont Denis de, « Stage d’
78 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
2246 qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. G
2247 appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour, il espérait escalader le Ciel : tentant ainsi non seuleme
2248 i bien que presque tout le genre humain collabora à cette œuvre d’iniquité. Une partie commandait, une partie dressait le
2249 mer ou par terre ; et chaque groupe s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel
2250 oupe s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’ à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion tel
2251 e confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant
2252 oquuntur). Si bien que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œ
2253 ée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la foli
2254 fusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et les tou
2255 r les dimensions mêmes d’un projet qui consistait à dépasser la mesure naturelle par l’artifice humain. Ceci m’évoque d’
2256 jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les données initiales “naturelles” de la vie, non plus (comm
2257 le faisait il y a quelques siècles) pour répondre à des besoins certains et à des nécessités limitées de cette même vie —
2258 siècles) pour répondre à des besoins certains et à des nécessités limitées de cette même vie — mais comme inspirés de cr
2259 ur de l’Europe, elle fait songer irrésistiblement à cette institution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait ré
2260 tuelles, et donc artificielles — elle fait songer à cette tour du Savoir, tellement démesurée qu’il faut, pour l’édifier,
2261 Essayons de poser le problème dans son ensemble, à l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle,
2262 . Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle, à deux mouvements de sens contraire, qui affectent ces facteurs traditi
2263 ivision du genre humain. Mouvement de convergence à grande échelle, d’une part. Les distances sont presque annulées par l
2264 a vitesse des communications. Les nations tendent à se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents,
2265 unications. Les nations tendent à se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Eur
2266 onnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain nomb
2267 humain, si longtemps étrangère, voire répugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnati
2268 ie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après combien de siècles
2269 ise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après combien de siècles ! — de l’esclavage. Le
2270 l’époque colonialiste et tout d’abord en réaction à ses outrages : las Casas, Vitoria et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel
2271 me paraît nulle part plus visible et plus facile à observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de
2272 i de quoi je veux parler : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’enseignement supérieu
2273 les dimensions physiques et l’Université tendent à devenir impraticables, cependant que les distances intellectuelles no
2274 tés qui prolifèrent dans une même faculté tendent à devenir infranchissables. Dans l’univers du savoir humain, facultés e
2275 ablée de soucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés de l’esprit huma
2276 cours.) L’explosion du savoir est plus difficile à chiffrer. Robert Oppenheimer et d’autres savants américains nous affi
2277 s et moi, dans nos années d’études, il y a trente à trente-cinq ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien ou
2278 m (Univers, universitas, selon l’étymologie chère à Claudel, veut dire « version à l’unité »…) Toute l’évolution que j’ai
2279 l’étymologie chère à Claudel, veut dire « version à l’unité »…) Toute l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement à
2280 l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous en terminologies incomparables. L’
2281 même branche. Les jugements d’ensemble, rapportés à quelque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne
2282 pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théologie, et fort probablement ne s’en soucierait pas. Ainsi chac
2283 ngtemps périmés59. Faudra-t-il donc nous résigner à ce que l’accroissement même du savoir entraîne pour conséquence la di
2284 ulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’ex
2285 que les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’existence prospère d’une entreprise de cet ordre, et refo
2286 de disciplines forcément partielles, susceptibles à tout instant d’être mises en question, radicalement, par d’autres dis
2287 es, acceptant ainsi de n’être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèc
2288 e espèce de résignation intellectuelle correspond à une forme schizoïde de la pensée, et conduit à un scepticisme croissa
2289 nd à une forme schizoïde de la pensée, et conduit à un scepticisme croissant quant aux fins dernières de la recherche et
2290 leurs cours… Mais quel dieu servent-ils encore ? À quelle idée de l’homme, divine ou idéale, correspond aujourd’hui l’en
2291 rai, il est devenu presque impossible de répondre à une telle question, et c’est pourquoi sans doute on la pose si rareme
2292 la pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il à former des personnes réelles et complètes, ou seulement de futurs pro
2293 culture européenne, et c’est là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênan
2294 par la théologie et les recherches particulières à l’aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera
2295 t la Renaissance, probablement au xiiie siècle — à l’époque justement qui a vu naître les premières universités européen
2296 premières universités européennes, en Italie puis à Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Universit
2297 sités européennes, en Italie puis à Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce
2298 elle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lu
2299 alité, pour elles, n’est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécution. Mutatis mutandis, il en
2300 i travaillez-vous autant ? Pourquoi cherchez-vous à accroître la productivité plutôt que la sagesse ? et à contrôler la m
2301 roître la productivité plutôt que la sagesse ? et à contrôler la matière plutôt que vos passions et vos désirs ? — bien p
2302 ur essentiellement illusoires n’allait pas perdre à leur étude le meilleur de son temps de méditation. Si les Européens
2303 uestions fondamentales, ils se verraient conduits à dépasser leur régime de spécialités académiques, à surmonter leur ign
2304 dépasser leur régime de spécialités académiques, à surmonter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de l
2305 mple du physicien et du théologien. Pour répondre à l’hindou qui interroge l’Occident sur son obsession de l’Histoire, du
2306 ère et sa constitution, est étrangement homologue à celle des grandes querelles théologiques de Nicée, de l’augustinisme,
2307 de la pluralité de ses recherches sans références à un langage commun. Le grand problème que l’Europe seule me paraît en
2308 s. a) La première, souvent proposée, consisterait à imposer des cours de culture générale, un studium generale, aux étudi
2309 te, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’ à une moyenne de 90 ans, pour que l’espoir de maîtriser l’ensemble du s
2310 te qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires s
2311 à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires super-savants. Pic de la Mirandole, aujourd’hui, se
2312 b) Une deuxième solution concevable consisterait à réfréner la spécialisation. Je la tiens également pour illusoire. Cer
2313 dépens de l’équilibre du corps. On peut l’évaluer à son prix réel et trouver celui-ci exorbitant : perdre de vue l’ensemb
2314 le, que tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est gag
2315 ression que j’ai dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujours plus grand d’étudiants et de futurs en
2316 j’ai dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujours plus grand d’étudiants et de futurs enseignants. P
2317 ouvement de spécialisation, mais le pousser jusqu’ à ce point où l’étude la plus exigeante d’une discipline particulière v
2318 te par les nécessités internes de son cheminement à déboucher sur des domaines que la vertueuse méthode, naguère, interdi
2319 hromosomes, aux autres de construire des machines à traduire. Un physicien étudiant le principe de l’irréversibilité du t
2320 principe de l’irréversibilité du temps est amené à écrire « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étri
2321 s y rencontrent semblent les confronter désormais à des options métaphysiques. Je ne l’imagine pas : je les écoute, et pl
2322 t de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des disciplines diverses. Par
2323 rrefours de vérités hétérogènes » sur lesquels et à partir desquels l’esprit de synthèse pourrait s’exercer. Le nombre op
2324 des participants de tels groupes me paraît être, à l’expérience de nombreux colloques portant sur des sujets interdiscip
2325 n des effectifs universitaires, je n’aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il me semble
2326 rts d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde à l’esprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’est rien d’aut
2327 de tout bon travail en commun, l’on sera conduit à préférer la multiplication de petites universités à la multiplication
2328 préférer la multiplication de petites universités à la multiplication des facultés, des chaires et des postes d’assistant
2329 e paraît intimement lié, en Europe, non seulement à l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la proximité — mais
2330 iences par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq pre
2331 on d’instituts ou de centres de synthèse, établis à l’échelle européenne, je veux dire supranationale. J’en imagine le pr
2332 « hommes de synthèse » dont je vous parlais tout à l’heure : professeurs de tous âges et de toutes spécialités, et futur
2333 tuelles de cette communauté peuvent être définies à grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cours magistrau
2334 t être définies à grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cours magistraux, mais seulement des colloques re
2335 restreints, groupant au maximum vingt personnes, à l’optimum une douzaine. Si quelqu’un désire absolument donner une con
2336 absolument donner une conférence, le soir, c’est à ses risques et périls : toute déclaration publique est obligatoiremen
2337 de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Et quant au contenu : seuls sont portés au progra
2338 la technologie. Comment passer de l’ère technique à l’ère de l’équilibre humain ? En d’autres termes : comment tirer les
2339 et de paix, des disciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de p
2340 des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les conti
2341 anarchique sur tous les continents de la planète, à l’heure où le tiers-monde l’interroge avec une anxiété mêlée d’arroga
2342 e l’interroge avec une anxiété mêlée d’arrogance, à l’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait da
2343 te liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’ à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel cen
2344 in, permettrait d’envoyer beaucoup de professeurs à cet institut de recyclage et de remise en question générale, et c’est
2345 rès un an, les professeurs détachés reviendraient à leur enseignement, porteurs d’une sorte de radioactivité — les uns mû
2346 langage commun aux sciences exactes, aux arts et à la théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Ars Combi
2347 nt internationale mais interdisciplinaire, propre à permettre de nouveau le commerce des esprits supérieurs des disciplin
2348 rits supérieurs des disciplines les plus diverses à un très haut niveau de précision ; mais on peut craindre que le langa
2349 anente des recteurs et vice-chanceliers d’Europe, à l’Université de Göttingen, le 2 septembre 1964. da. Selon une erreur
79 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
2350 de militants fédéralistes issus de la résistance à l’hitlérisme dans tous les pays en guerre — y compris l’Allemagne — s
2351 uerre franco-allemande : le discours de Churchill à Zurich, en 1946, le dit expressément. Et tout cela conduisit à la cré
2352 1946, le dit expressément. Et tout cela conduisit à la création du Conseil de l’Europe à Strasbourg en 1949. Au cours des
2353 la conduisit à la création du Conseil de l’Europe à Strasbourg en 1949. Au cours des années 1950 à 1960, devant l’impossi
2354 pe à Strasbourg en 1949. Au cours des années 1950 à 1960, devant l’impossibilité d’aller plus loin sur le plan politique,
2355 érité économique du continent : et cela conduisit à la création de la CECA, puis du Marché commun et de l’Euratom, enfin
2356 e les Européens prennent l’initiative de coopérer à l’établissement d’un équilibre mondial, et trouvent pour cela les moy
2357 lisme ne signifie plus l’ambition naïve d’imposer à la Terre entière une certaine idée unitaire, rationaliste et tenue po
2358 t littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les confusions imaginables. Pourtant, on ne peut plus l’esquiv
2359 bre de compétences éprouvées pourrait aider sinon à résoudre le problème, du moins à définir ses termes, à décrire ses vr
2360 rait aider sinon à résoudre le problème, du moins à définir ses termes, à décrire ses vraies dimensions, à mieux faire se
2361 oudre le problème, du moins à définir ses termes, à décrire ses vraies dimensions, à mieux faire sentir son urgence et la
2362 inir ses termes, à décrire ses vraies dimensions, à mieux faire sentir son urgence et la nécessité de l’affronter honnête
2363 êtement. Un petit groupe d’animateurs s’est réuni à Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming », puis pou
2364 petit groupe d’animateurs s’est réuni à Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming », puis pour tenter d’é
2365 ient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde à faire ce dont nous tentons ici de mieux voir comment il faut le faire
2366 urelle. Ces quelque 50 rapports ont été attribués à une première série de quatre commissions chargées de discuter la phil
2367 ter la philosophie du Dialogue des cultures, puis à une seconde série de commissions chargées de proposer des solutions p
2368 ici que des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage cet après-midi et demain matin. À la première commission, q
2369 ettre à l’ouvrage cet après-midi et demain matin. À la première commission, qui traitera des valeurs européennes reconsid
2370 lysse, avec Icare, et qui aboutit aux sciences et à la technique moderne. Il paraît indispensable, en effet, d’expliquer
2371 as, au fond et systématiquement, pour supérieures à la nôtre, par une sorte de réflexe de surcompensation. La seconde ten
2372 plus fortement représentée, consiste au contraire à soutenir que face au tiers-monde il convient que les Européens repren
2373 isme, notre vertige de décadence. Il y a beaucoup à dire en faveur de l’une et de l’autre attitude. Car il est bien certa
2374 certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’ à ce siècle, d’une sorte d’arrogance naïve à l’égard des autres culture
2375 nde : parce que ces sages essayaient de se mettre à la portée de leur intelligence souvent fruste, nos marins, marchands
2376 r des marchands malais ou malgaches, d’une visite à Heidegger, et dans quels termes ces hommes revenus chez eux décriraie
2377 riraient les croyances « risibles et enfantines » à leurs yeux de ce grand sage occidental ! En revanche, à ceux qui affi
2378 s yeux de ce grand sage occidental ! En revanche, à ceux qui affirment contre l’Europe et pour lui faire la leçon, que to
2379 nscience ce que nous autres, les Européens, avons à faire entendre dans le concert des cultures. La deuxième commission v
2380 ent réunies. La troisième commission va s’atteler à la tâche capitale d’une évaluation critique du concept de sous-dévelo
2381 tants lui sont soumis, et il me semble que chacun à sa manière, si différentes que soient ces manières et si opposées qu’
2382 le plus, parce que c’est là que j’aurais le plus à apprendre, mais aussi les plus naïves questions à poser. Est-il certa
2383 à apprendre, mais aussi les plus naïves questions à poser. Est-il certain, par exemple, que le développement industriel e
2384 t nécessairement bénéfique ? Les calculs qui sont à la base de l’aide au développement par les Occidentaux ne reposent-il
2385 ion des peuples les plus divers par leur culture, à une sorte de commun dénominateur matériel ou physique, obtenu par réd
2386 ne mesure fixe, comme le kilo, le mètre ou l’erg, à laquelle on pourrait se référer en toute certitude ? L’idée si répand
2387 atuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avant notre ère, l’économie était en plein développement — et nou
2388 usses si une région tout entière se convertissait à la croyance des mennonites, qui interdit l’usage de l’auto et n’admet
2389 erdit l’usage de l’auto et n’admet que le chariot à deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exemples me paraissent de
2390 que le chariot à deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exemples me paraissent de nature à nous rappeler que le niv
2391 rche à pied. Ces exemples me paraissent de nature à nous rappeler que le niveau de développement économique d’une culture
2392 igeable. En vérité, si l’on entend « développer » à l’occidentale un pays de culture différente, il faut bien voir que du
2393 , il faut bien voir que du même coup on s’attaque à son âme, ou en tout cas au mode de jonction et d’articulation de son
2394 n’avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés
2395 der leurs rites, manger leurs vaches et continuer à les tenir pour sacrées. Il y a plus grave encore et l’on y viendra av
2396 encore et l’on y viendra avec les rapports soumis à notre quatrième commission62, celle qui s’occupera de plusieurs sujet
2397 fin le problème de la population. Les publicistes à gros tirage et Lord Russell nous répètent depuis Hiroshima que l’huma
2398 ion incontrôlée qui devrait épouvanter et pousser à une action immédiate à grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vo
2399 rait épouvanter et pousser à une action immédiate à grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vous sont soumis insisten
2400 s insistent sur la priorité qu’il faudrait donner à une planification démographique sur la planification économique de l’
2401 ver rapidement la famine qu’elle voulait prévenir à n’importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous
2402 ce matin des trois commissions finales qui auront à étudier une série de résolutions pratiques tendant toutes à favoriser
2403 une série de résolutions pratiques tendant toutes à favoriser le Dialogue des cultures, vrai but de ce congrès, et non pa
2404 l’un de nos rapporteurs. Cette brève introduction à l’ensemble des rapports de base ne visait en somme qu’à rappeler l’am
2405 semble des rapports de base ne visait en somme qu’ à rappeler l’ampleur des objectifs de ce congrès, et que le problème qu
2406 mologique du mot, que si nous arrivions seulement à le poser avec la clarté et la franchise nécessaires, cela suffirait p
2407 a franchise nécessaires, cela suffirait peut-être à faire de la Conférence Europe-Monde une date dans l’histoire de la co
80 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
2408 ation civique des élèves. Mais que l’on en vienne à s’occuper aussi, dans le même cadre, de l’enseignement des arts plast
2409 ne part, qu’ils considèrent comme un luxe réservé à une élite disposant de loisirs, et la vie politique, économique et so
2410 os démocraties bourgeoises, attitude qui consiste à séparer radicalement l’Art, domaine des activités libres, gratuites e
2411 nnera peut-être de vouloir soumettre l’esthétique à quelque doctrine sociale et politique dictant sa loi aux artistes et
2412 ion qui caractérise les États totalitaires. Même à supposer que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces
2413 tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît à première vue un peu surprenant, si ce n’est inquiétant… J’estime donc
2414 ce stage. Et comme c’est un problème qui résulte à mon avis d’une double erreur très courante sur la fonction de la cult
2415 et sur la fonction du civisme, je me vois conduit à reprendre la définition de ces deux réalités. Je voudrais vous montre
2416 t et le sentiment des jeunes générations confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’est-ce que le civisme ? Je crois qu’on peut
2417 isme, c’est la participation active de l’individu à la vie commune, qu’il s’agisse du cercle familial, professionnel et c
2418 Le civisme européen, c’est donc la participation à la communauté européenne traditionnelle, mais c’est aussi la particip
2419 traditionnelle, mais c’est aussi la participation à la communauté européenne en formation. Car le verbe participer a deux
2420 , l’autre actif et militant. Les « participants » à un stage, par exemple, y participent vraiment dans la mesure où ils n
2421 discipliner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa pla
2422 iner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa place selon
2423 r, à se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa place selon ses dons et ses possibilités, en tant que cito
2424 uropéen est double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventions de la vie sociale et communautaire, m
2425 aire, mais d’autre part, il doit préparer l’élève à agir librement, selon son jugement, une fois sorti de l’école. Il doi
2426 ant aux règles communes, d’autre part le préparer à la libre initiative personnelle. Ces deux exigences de l’éducation eu
2427 lement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’est pas seulement l’introduire dans la sécurité d
2428 nition formelle ressemble étrangement, en Europe, à celle que je viens de donner du civisme. En effet, la culture pour un
2429 double sens, réceptif, puis créateur. Participer à la culture, c’est tout d’abord se cultiver. Placé devant l’ensemble d
2430 ils ont été créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieuses et sociales, dans quel esprit. Il doit donc
2431 prit. Il doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire, à écouter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera eff
2432 doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire, à écouter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace qu
2433 issage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis la créat
2434 a a été fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commencera naturellement par imiter, et s’il imite mal,
2435 et s’il imite mal, son maître le corrigera. Mais à cela ne se borne pas son éducation artistique : l’imitation correcte
2436 partient au bon maître de distinguer l’erreur due à la maladresse de l’« erreur » qui révèle l’exigence intime d’une pers
2437 cepter, puis cultiver, puis vanter (et même jusqu’ à l’excès, dans l’époque moderne) la variation individuelle, l’innovati
2438 n innovant. Cependant, la santé de l’art consiste à maintenir en équilibre les deux exigences antagonistes de l’expressio
2439 un musicien, veut d’abord dire ce qu’il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en même temps il
2440 rd dire ce qu’il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en même temps il publie, il expose, il am
2441 de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’ à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales
2442 ux exemples le fait que l’artiste européen, formé à l’école des grands prédécesseurs, affirme sa personnalité en prenant
2443 même temps les mérites, curieusement « modernes » à leurs yeux, de peintres beaucoup plus anciens, et que leurs successeu
2444 rs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi qu’ à l’époque du cubisme et du fauvisme, qui rompent avec les réalistes et
2445 remonte au dessin des vases grecs, tantôt s’amuse à refaire Les Ménines de Vélasquez, ou s’inspire de statues crétoises,
2446 re aux « cultures nationales » Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et à la formation d’une conscience commune — cond
2447 les » Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et à la formation d’une conscience commune — condition préalable de tout c
2448 es troubadours du Languedoc, dès le xiie siècle, à Saint-Martial de Limoges, à Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Ch
2449 dès le xiie siècle, à Saint-Martial de Limoges, à Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Champagne et dans le Nord — Ph
2450 rd — Philippe de Vitry, Guillaume de Machaut — et à Florence simultanément — laudi et madrigaux — enfin à la cour de Bour
2451 orence simultanément — laudi et madrigaux — enfin à la cour de Bourgogne et dans les Flandres. Entre les cités flamandes
2452 rayonne en Bourgogne, en France, et de l’Espagne à la Bohême, et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreu
2453 jusqu’au xvie siècle, quand Roland de Lattre, né à Mons, devient Orlando Lasso à Rome et à Naples, puis Roland de Lassus
2454 oland de Lattre, né à Mons, devient Orlando Lasso à Rome et à Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus t
2455 attre, né à Mons, devient Orlando Lasso à Rome et à Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus tard, les A
2456 o Lasso à Rome et à Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus tard, les Allemands comme Heinrich Schütz v
2457 sieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront à leur tour la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L
2458 la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes
2459 s œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies, notons-le, traverse
2460 il s’est formé. Roland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la France, ni à l’Italie actuelles, de même que Grü
2461 oland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la France, ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’est pas d
2462 n’appartient ni à la Belgique, ni à la France, ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’est pas devenu un peintre
2463 peintre français du fait de l’annexion de Colmar à la France des siècles après sa mort. Qu’il s’agisse de musique, de pe
2464 n. Montrer cela sans relâche et en toute occasion à vos élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après
2465 n unité fondamentale, base de l’union qu’il reste à faire. Troisième thème : L’Art, comme activité de tous Pendant
2466 emps, lire et écrire fut réservé aux clercs, puis à une élite restreinte. Puis il y eut l’instruction universelle, gratui
2467 ut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul à rester une spécialité de luxe, réservée aux seuls artistes profession
2468 des règnes, des traités. Ainsi, l’on en est venu à séparer radicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui auraient b
2469 uté. Tout le monde n’a pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la littérature et d’en faire sa carr
2470 e n’a pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la littérature et d’en faire sa carrière, mais tout l
2471 de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la littérature et d’en faire sa carrière, mais tout le monde a besoin
2472 d’exigence esthétique, dans un peuple, correspond à son absence de sens civique : ce rapport devient manifeste dès qu’il
2473 ons sont extraites de deux conférences prononcées à Vienne, l’une en 1958, l’autre en 1956, dans le cadre des Journées eu
81 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
2474 ratures étrangères doive se proposer « d’inspirer à l’élève le respect des peuples étrangers » comme le dit une directive
2475 , fut-elle européenne, mais de le rendre conforme à son objet : or il se trouve que cet objet est un phénomène 1° europée
2476 non pas politique. Ce qu’il s’agit ici d’inspirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’ils le méritent, et non des
2477 européen de la culture. Cela ne correspondrait ni à la réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’est jamais préoccu
2478 mais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne sait quel pool idéal), ni à la réalité de la création littéra
2479 » littéraire, à l’on ne sait quel pool idéal), ni à la réalité de la création littéraire, qui est toujours le fait d’un i
2480 ttéraire devrait se guérir s’il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son objet. Quand il faut caractériser en
2481 t se guérir s’il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son objet. Quand il faut caractériser en peu de mots un
2482 t préférer régulièrement l’appartenance nationale à toute autre qualification (religieuse, idéologique, professionnelle,
2483 bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix faire de l’enseignement un moyen de propagande pour l’unio
2484 union politique de l’Europe : ce serait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais
2485 rait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’ à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’ens
2486 hie, ou de la littérature, ne trouve d’adéquation à son objet que dans le cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europ
2487 ne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à constater, f
2488 out cas, nous n’avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à constater, faire voir, expliquer, un
2489 diquer une union à venir (certes souhaitée), mais à constater, faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre pas
2490 ee) qu’est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant cela, rap
2491 t faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant cela, rappelons un grand fait de base qu’on ne vo
2492 re, du troisième millénaire avant notre ère jusqu’ à la domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est poésie ou pro
2493 ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spécifiquement euro
2494 e donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’évanouit dè
2495 omène dans une perspective mondiale qui le ramène à ses justes proportions. a) Nos langues littéraires, en Europe, sont é
2496 éraires, en Europe, sont étroitement apparentées ( à la seule exception du groupe finno-ougrien) par leurs racines indo-eu
2497 ru leur parlait en anglais. Les Chinois recourent à l’échange muet d’idéogrammes. D’où la possibilité (fréquemment réalis
2498 té (fréquemment réalisée) du passage d’une langue à une autre par des écrivains de grand talent : Wladimir Weidlé (dans A
2499 s-Cotterêts, et Luther crée l’allemand littéraire à la même époque. Le norvégien, l’irlandais, le turc d’aujourd’hui, son
2500 t la langue maternelle de communautés appartenant à cinq nations différentes. Avant cette différenciation, il y avait déj
2501 les éléments communs énumérés plus haut suffisent à constituer son unité, tant structurelle que spirituelle, au-delà des
2502 organisation politique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au
2503 devoir suprême de l’individu celui qui le lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer n’est pas mélanger Aux natio
2504 « génie ». Les fédéralistes européens s’engagent à ne jamais faire aux nations du continent ce que les unitaires et cent
82 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
2505 s, offrant une hospitalité le plus souvent forcée à leurs ethnies et à leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de
2506 italité le plus souvent forcée à leurs ethnies et à leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de l’Europe des régio
2507 ouvent forcée à leurs ethnies et à leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de l’Europe des régions ! L’État-na
2508 é, sans tête, comment pourrait-elle donc répondre à l’appel pathétique du plus illustre homme d’État de ce temps ? Un app
2509 d’État de ce temps ? Un appel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hu
2510 es jours plus tard, interrogé par des jeunes gens à la radio, répond : « Faire l’Europe est la seule chose véritablement
2511 re temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité fondamentale du siècle »
2512 a nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule chose véritablement importante de notre temps » ? Qui n
2513 ps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne consiste pas non plus à nier ces mau
2514 oclamer avec emphase. Il ne consiste pas non plus à nier ces maux, mais bien à faire en sorte qu’ils cessent d’être réels
2515 consiste pas non plus à nier ces maux, mais bien à faire en sorte qu’ils cessent d’être réels. L’État-nation en crise
2516 ations soient encore bien réelles, et très fortes à quelques égards, l’impossibilité d’unir l’Europe le démontre avec une
2517 t en même temps mal adaptées (pour dire le moins) à l’évolution de notre société, la preuve incontestable en est fournie
2518 qui souvent ne serait en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ajouter des crises plus amples et d
2519 ntralisé, mais que ses propres « Plans », décidés à Paris, vouent à l’inexorable renaissance de ses provinces rajeunies ?
2520 ue ses propres « Plans », décidés à Paris, vouent à l’inexorable renaissance de ses provinces rajeunies ? Je reviendrai s
2521 Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grande force de l’État-nati
2522 Monarchie, appel désespéré, et qui restera vain, à l’empire condamné et bafoué. Les cinq siècles suivants verront se re
2523 aite, peut-être folle, qui entend faire coïncider à tout prix dans les mêmes limites imposées du territoire hérité ou con
2524 politique et réalités industrielles, et les régir à partir d’un centre unique de décision, par le moyen de bureaux où se
2525 t-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’être qu’une forme transitoire, com
2526 transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à toute critique, à toute contestation, réputées trahisons, jugées comm
2527 tant d’autres. On le soustrait à toute critique, à toute contestation, réputées trahisons, jugées comme telles. On ensei
2528 u nom duquel les maîtres de l’État peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu
2529 a vérité fondamentale du xxe siècle des nations. À ce propos une constatation des plus paradoxales : c’est que, si tous
2530 ant que tels ont été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les seuls empires réussis de notre t
2531 op grands. Ils sont trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en juge par leur inc
2532 ur incapacité d’animer leurs régions, et d’offrir à leurs citoyens une participation réelle à la vie politique qu’ils pré
2533 ’offrir à leurs citoyens une participation réelle à la vie politique qu’ils prétendent monopoliser. Le problème du petit
2534 trois seuls vrais Grands. Ils sont trop petits «  à l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique e
2535 its « à l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique et de la Russie aujourd’hui, de la Chine dema
2536 ur répondre au « défi américain » — cela n’a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’es
2537 ui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou économique. Par quoi ils manquent doub
2538 ou économique. Par quoi ils manquent doublement à la fonction de toute autorité : sécuriser les membres d’une communaut
2539 eurs devoirs civiques et participer effectivement à la vie de la cité ; donc trop grands pour être encore de vraies commu
2540 ant la crise présente de l’État-nation, le régime à prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont trop petits, l
2541 ’État-nation, le régime à prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient
2542 op petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devrai
2543 ls sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile à prescrire, mais presque impossible à app
2544 aient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile à prescrire, mais presque impossible à appliquer par nos États-nations,
2545 emède facile à prescrire, mais presque impossible à appliquer par nos États-nations, dirait-on. En effet, l’existence des
2546 ineté absolue, dont ils refusent de rien déléguer à une autorité supranationale, fédérale — et alors ils seront fatalemen
2547 le — et alors ils seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-
2548 e résister tous ensemble — et alors ils renoncent à leur souveraineté absolue au profit d’une fédération qui les protège.
2549 té ou bêtise que les États-nations sont impropres à l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non de coopératio
2550 , lorsqu’au congrès de la Première Internationale à Genève, en 1867, il avait dénoncé l’impossibilité de constituer les É
2551 ns étatistes. Le problème de l’union de l’Europe à partir des États-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’il
2552 de ses données72, il va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y aura plus de problème, ou bien modifier les d
2553 données mêmes du problème, c’est-à-dire chercher à fonder l’union sur autre chose que les États-nations. Renoncer à réso
2554 n sur autre chose que les États-nations. Renoncer à résoudre le problème de l’union, c’est faire, en somme, ce que l’on f
2555 llement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à prétendre à une indépendance de moins en moins croyable, et qui se bo
2556 st-à-dire laisser nos États continuer à prétendre à une indépendance de moins en moins croyable, et qui se borne en fait
2557 moins en moins croyable, et qui se borne en fait à la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépendances les plus pr
2558 ation, accepter l’idée de renoncer éventuellement à cette formule périmée, en faire autant avec la notion sacro-sainte de
2559 t : ce n’est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul,
2560 faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles à l’union ; opérer sur un autre plan que celui-là, précisément, où le p
2561 soluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner
2562 dynamique d’un pays d’une population minimum d’un à deux millions et maximum de six millions. Ce qui donnerait, par exemp
2563 l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale, plus le Luxembourg et j’imagine (bie
2564 te l’Europe traditionnelle et actuelle, j’entends à l’ouest de l’Empire soviétique75. De l’Europe unie aux régions lib
2565 emple vécu. Il y a quelques années, je fus invité à un colloque organisé par le festival d’Aix-en-Provence sur le thème s
2566 senter dans le colloque l’idée européenne. Invité à parler tout au début, j’improvisai sur le thème que voici : Il peut
2567 e voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’ à l’âge de l’union des nations et des intégrations continentales, vous
2568 de nos États-nations, les régions vont se mettre à vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-nations les ma
2569 n seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’ à la surface les gens parlaient allemand d’un côté, français de l’autre
2570 et fréquentes que possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réa
2571 es désormais réduites au rôle mineur et invisible à l’œil nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses : sim
2572 que d’union européenne, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces
2573 ter à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces paroles éveillèrent un écho pour moi des plus
2574 moi des plus inattendus : c’est qu’elles venaient à la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs du colloque
2575 ogues, et chez les Six, qui dès 1961 réunissaient à Bruxelles un important colloque sur ce problème77, mais encore dans l
2576 t le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme à base régionale : j’entends la République française une et indivisible
2577 t une bonne centaine d’études substantielles dues à des sociologues, à des politologues, à des économistes, à des juriste
2578 e d’études substantielles dues à des sociologues, à des politologues, à des économistes, à des juristes, mais aussi à des
2579 elles dues à des sociologues, à des politologues, à des économistes, à des juristes, mais aussi à des responsables du Pla
2580 ciologues, à des politologues, à des économistes, à des juristes, mais aussi à des responsables du Plan, à des hommes pol
2581 es, à des économistes, à des juristes, mais aussi à des responsables du Plan, à des hommes politiques comme Mendès-France
2582 juristes, mais aussi à des responsables du Plan, à des hommes politiques comme Mendès-France, Pleven, Giscard d’Estaing,
2583 candidats de l’opposition et deux partis, le PSU à gauche, les Indépendants à droite, demandent déjà des assemblées régi
2584 et deux partis, le PSU à gauche, les Indépendants à droite, demandent déjà des assemblées régionales élues, la promotion
2585 la formation d’entités régionales multinationales à l’échelle de l’Europe — toutes propositions qui étaient encore propre
2586 exécutifs, législatifs et judiciaires comparables à ceux qui existent, par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les É
2587 français délégueront partie de leur souveraineté à l’État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale n
2588 » Le dépérissement régional n’est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la conscience de la crise
2589 vos excités de la région ne l’impressionnent pas. À quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir e
2590 e négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consentir un abandon (par
2591 j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consentir un abandon (parfois opport
2592 t pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consentir un abandon (parfois opportun). Ainsi, elle permet aux États
2593 portun). Ainsi, elle permet aux États de procéder à leur désarmement tarifaire, de renoncer aux droits de douane ; ou au
2594 ane ; ou au contraire elle leur sert de prétextes à refuser toute délégation de pouvoirs à des organes fédéraux. Mais ell
2595 prétextes à refuser toute délégation de pouvoirs à des organes fédéraux. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bi
2596 ez… (Droits de faire la guerre ou la paix réduits à rien par les deux Grands.) 2° Derrière l’agitation régionaliste naiss
2597 magne, qui a obligé les gouvernements de ces pays à étudier très sérieusement le problème de la régionalisation du territ
2598 plus négligées par la capitale, et cela a conduit à envisager la possibilité révolutionnaire de régions chevauchant des f
2599 du Mont-Blanc. Et les Six s’intéressent beaucoup à d’autres régions limitrophes bi- ou trinationales, comme celle de Liè
2600 celle de Liège-Maastricht-Aachen… Des régions à la fédération Imaginons maintenant que dans ces métropoles, peu à
2601 u moins, cette fédération de régions « immédiates à l’Europe » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiate
2602 s communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-elle fondée sur
2603 r des autonomies régionales, voilà qui nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe unie, es
2604 pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations à ce niveau n
2605 er, notamment institutionnelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal
2606 ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt à trente ans, en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jour
2607 que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’ à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard.
2608 ale et publique en Grèce. Elle donna même son nom à cette forme d’activité : la politique 83. De même que la polis, avec
2609 tion civique intense, s’opposa durant des siècles à la monarchie autoritaire et belliqueuse, créant ainsi la première civ
2610 partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’ à la petite aube de la formation des régions en tant qu’éléments de bas
2611 en tant qu’éléments de base de l’Europe fédérale à venir, en revanche nous touchons déjà au crépuscule de la période des
2612 al. Bien sûr, un coup d’œil sur l’histoire suffit à réfuter cette croyance. Bien sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernes
2613 nest Renan s’était écrié dans un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elle
2614 rits d’abord, par la révolution la plus difficile à accomplir, celle des catégories de pensée dans lesquelles ont vécu to
2615 s de la philosophie politique, de Bodin et Hobbes à Hegel. Catégories de pensée non seulement invétérées jusqu’à se confo
2616 tégories de pensée non seulement invétérées jusqu’ à se confondre avec une sorte d’instinct acquis, non seulement chargées
2617 première approximation, les limites correspondent à celles des aires d’influence de son ou de ses agglomérations principa
2618 exagère leur taille, les régions tendent ou bien à se confondre avec les unités nationales ou bien à perdre leur signifi
2619 à se confondre avec les unités nationales ou bien à perdre leur signification comme unités fonctionnelles. Si on les pren
2620 rritoriale considérée, de sorte que celle-ci tend à se confondre avec la simple unité locale. Mais entre ces limites supé
2621 ultivés, celle qui a donc été dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de terre sacrée, de bornes sacrées,
2622 ux” diraient les scientifiques : il faut chercher à être aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispe
2623 une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière, c’est celle de la pluralité des allégeances soit d
2624 ilité de se rattacher et de donner son allégeance à des ensembles différents à la fois par leur nature, leurs fonctions e
2625 On a vu que la notion de région s’est imposée à l’attention des économistes d’avant-garde, puis des sociologues et de
2626 ces prises de conscience successives sont faciles à énumérer : a) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessité d’une po
2627 constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’abaissent et tombent ; c) l’ana
2628 cisif et que l’on décide en conséquence de passer à l’élaboration rapide d’un plan de fédération européenne composée d’un
2629 des États-nations prétendus souverains, unitaires à tout prix au-dedans mais fauteurs de divisions au-dehors, refusant à
2630 tes nations annexées et les pouvoirs décisionnels à toute institution supranationale ; condamnant à la fois, d’un même mo
2631 Car les stato-nationalistes, désormais, auront à se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long terme
2632 iement sur soi d’une communauté régionale conduit à sa médiocrité économique et culturelle ; b) l’absorption d’une commun
2633 té régionale par l’État-nation centralisé conduit à cette forme de vide économique et culturel qui a résulté partout de l
2634 s de la fédération les possibilités de participer à des tâches plus vastes (continentales, mondiales). II apparaît ainsi
2635 des maxima contradictoires —, loin de se réduire à un système d’alliances interétatiques ou internationales, trouve sa r
2636 Europe des régions La perspective d’une Europe à venir composée d’une centaine de régions fédérées (au lieu de vingt-c
2637 éactionnaires butés et volontiers grandiloquents, à gauche au moins autant qu’à droite, se disposent à contrer de toutes
2638 tiers grandiloquents, à gauche au moins autant qu’ à droite, se disposent à contrer de toutes leurs forces et par tous les
2639 gauche au moins autant qu’à droite, se disposent à contrer de toutes leurs forces et par tous les moyens admis ou non l’
2640 onalistes. Pour eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les di
2641 là, nul argument ne vaut et je perdrais mon temps à en écrire ici. Mais des objections apparemment plus réalistes nous so
2642 institutions communes, enfin c) reste subordonnée à l’existence réelle des cent régions, qui est encore hypothétique. Je
2643 : a) La vitesse du progrès vers l’union politique à partir des États-nations souverains étant demeurée nulle au cours des
2644 ifficile de faire mieux. La construction fédérale à partir des régions a l’avantage de ne pas heurter de front et d’entré
2645 u’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’y a plus qu’ à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe « faite » da
2646 e et euclidienne, celle des arpenteurs, suffisait à l’État-nation (et même aux fédérations interétatiques) du xixe siècl
2647 es des nouvelles générations. De même, la machine à calculer suffisait pour établir le bilan d’un État centralisé, tandis
2648 que beaucoup tiennent pour douteuse, ou difficile à promouvoir sinon tout à fait impossible dans certains de nos pays. À
2649 ur douteuse, ou difficile à promouvoir sinon tout à fait impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on ne peut répond
2650 tout à fait impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart des object
2651 . À quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart des objections portant sur le passage des nations aux régi
2652 passage des nations aux régions, puis des régions à la fédération — que par un vigoureux effort d’information sur ce qui
2653 s qu’économiques et techniques, enfin chercherait à prévoir les structures obligées ou probables des réseaux de relations
2654 ur les volontés nationales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se fera pas ou s
2655 e que « d’ici trois ans » son pays aura son siège à l’ONU, « between Saudi Arabia and Senegal ». On souriait aussi en 193
2656 e Europe […], qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamai
2657 ile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais à remettre une part de ses pouvoirs à une autorité supranationale ? »,
2658 entira jamais à remettre une part de ses pouvoirs à une autorité supranationale ? », écrivait François Mauriac, dans Le F
2659 5. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre à la libre disposition de leurs habitants : les trois États baltes, de
2660 onde, 30 novembre 1967, sur la métropole du Nord, à l’occasion de l’ouverture de l’autoroute Paris-Lille. 82. Cf. Le Mon
2661 ue sur l’organisation départementale et communale à l’épreuve du xxe siècle, Administration, n° 59, 1966. 83. Polis do
83 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
2662 ions et non sur les États-nations, j’ai été amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’entrepris
2663 ur les États-nations, j’ai été amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’entreprise qui fait l’
2664 r et à classer les objections les plus fréquentes à l’entreprise qui fait l’objet du présent colloque. Je note d’abord qu
2665 s manuels scolaires, des curiosités par la presse à grand tirage et ses agences officieuses, des émotions par l’éloquence
2666 extrapolation du passé ou du présent, sont toutes à la merci d’une équation nouvelle, d’une action aujourd’hui encore imp
2667 n veut, il n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objectivité scientifique » dissimulant une
2668 r au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur à cette date sans la moindre mesure de transition. (Suppression instant
2669 is Mauriac), tandis que « les régions sont encore à naître ». « Les gens n’en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils
2670 autonomes. Ils préfèrent mendier des subventions à Paris. Voyez les Bretons, qui votent gaulliste. » « Les conflits entr
2671 une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? » « Les ethnies et les économies ne coïncident presque jamai
2672 e un homme de cette seconde moitié du xxe siècle à concevoir une Europe des régions, proviennent du « modèle » que l’Éco
2673 ion, c’est-à-dire de l’ensemble des hommes vivant à l’intérieur d’un territoire délimité par les hasards des guerres et l
2674 tuelles et physiques, culturelles et économiques) à une seule et unique surface géographique déclarée « sol sacré de la p
2675 itoire » d’un chien fournit le modèle) correspond à quelque chose de fondamental chez l’homme néolithique (nomade fixé au
2676 ntal chez l’homme néolithique (nomade fixé au sol à partir du Xe millénaire avant notre ère). Au cours des siècles de l’h
2677 ne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c’est leur préparation, leur conduite et
2678 ens. Aujourd’hui, cette même réduction correspond à la seconde nature de l’homme alphabétisé, caractérisé par l’hypertrop
2679 évoque le modèle même de toute explication propre à convaincre les plus ignares, jusqu’à ce qu’ils disent : « Ah ! oui, j
2680 ation propre à convaincre les plus ignares, jusqu’ à ce qu’ils disent : « Ah ! oui, je vois ! » Aux yeux de cet homme gute
2681 ossibilités pratiques de participation du citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentielle
2682 d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de structure du p
2683 fédéraliste, mais de la dissociation inévitable, à plus ou moins brève échéance, des grands États-nations européens. (C’
2684 t, qui cherche en tout et avant tout la réduction à la rassurante unité, ou au moins à l’uniformité ? C’est un problème d
2685 t la réduction à la rassurante unité, ou au moins à l’uniformité ? C’est un problème d’éducation ou de recyclage qui va n
2686 commençons tout de suite. Il nous faut apprendre à penser par problèmes et non par nations. Devant un problème donné (ur
2687 ersité, par exemple), il nous faut apprendre : 1° à déterminer les éléments de base ou modules utilisables en ce domaine
2688 es) et les moyens requis pour les constituer ; 2° à chercher le niveau de décision correspondant aux dimensions de la tâc
2689 régional, national, continental ou mondial) ; 3° à admettre une pluralité d’appartenances ou d’allégeances, conforme à l
2690 ralité d’appartenances ou d’allégeances, conforme à la pluralité des activités humaines, aux dimensions variées des tâche
2691 suis Neuchâtelois de naissance et de tradition : à ce canton va donc mon allégeance patriotique. Neuchâtel fait partie d
2692 e près par les hasards de l’histoire, je crierais à la dictature totalitaire, à l’assassin, au gangster et au fou ! Voyez
2693 histoire, je crierais à la dictature totalitaire, à l’assassin, au gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’
2694 iques de mise au pas d’une nation. Et de Napoléon à tout État-nation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est
2695 humaines et qu’il les serve, au lieu de prétendre à les régir en souverain. Je demande la division du phénomène État en a
2696 omène État en autant de foyers, et sa répartition à autant de niveaux, qu’il y a de fonctions diverses dans l’humanité et
2697 s attributions de l’État (ou autorité centrale) «  à un simple rôle d’initiative générale, de garantie mutuelle et de surv
2698 iser, de partager. Seulement, Proudhon s’en tient à un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géographiques
2699 facile de visualiser l’appartenance d’un élément à deux ou trois ensembles (dans mon cas : « Neuchâtel », « Suisse » et
2700 Suisse » et « francophonie »), mais si l’on passe à quatre ensembles, c’est difficile ; il faut recourir à des abscisses
2701 tre ensembles, c’est difficile ; il faut recourir à des abscisses et ordonnées ; au-delà, c’est irréalisable graphiquemen
2702 st irréalisable graphiquement, et pourtant facile à comprendre, dans le concret de l’existence. Prenons l’exemple le plus
2703 s, habitant cette région économique, de continuer à se rattacher politiquement à l’une des trois nations dont la Regio es
2704 omique, de continuer à se rattacher politiquement à l’une des trois nations dont la Regio est le carrefour ou l’intersect
2705 ion94. La résistance qu’opposent certains esprits à concevoir cette liberté (pluralité ou variété) d’appartenances démont
2706 cation démocratique. (« Ce qui n’est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’est pas sérieux 
2707 ir des visées politiques, ou laisser ce soin soit à une autre agence fédérale constituée sur la base de régions à définit
2708 agence fédérale constituée sur la base de régions à définition politique (ou ethnique ou culturelle), soit à la réunion d
2709 ition politique (ou ethnique ou culturelle), soit à la réunion de toutes les agences spécialisées au sein d’un gouverneme
2710 serait facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau communal, régional, national-fédéral et continenta
2711 difficilement superposables, presque impossibles à dessiner… Mais après tout chacun de nous sait très bien à quelles so
2712 r… Mais après tout chacun de nous sait très bien à quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paro
2713 ène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’à la France. 90. Les auteurs de manuels s’inspirent e
2714 xe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’ à la France. 90. Les auteurs de manuels s’inspirent eux-mêmes de la tr
2715 robable que le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra passer par la supranationalité et ses institutions ét
84 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
2716 lles en Sicile, je lis ceci : « … la politisation à outrance de la campagne électorale, bien qu’elle ne concernât que des
2717 ectif politisé, devenu courant dans nos journaux, à la TV et dans tous nos débats. La politique, dans cette acception rid
2718 ampagne signifie donc réduire la lutte électorale à des slogans et mythes partisans, c’est-à-dire détourner l’attention d
2719 Dans le cas sicilien, c’est réduire les élections à une pâle copie du « totocalcio ». J’éprouve la nécessité d’analyser q
2720 nt Aron et Dandieu, celui que Bakounine comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortem
2721 roite ou de gauche, il a vite fait de les réduire à leur dénominateur commun : la bureaucratie du Parti régnant. Bismarck
2722 État. L’espagnole et la russe se veulent hostiles à mort, et par quelles différences cela s’est-il traduit dans les procè
2723 ou mauvaise foi des gens de parti ne change rien à leur action concrète. Je ne renvoie pas dos à dos ces fascistes et ce
2724 ien à leur action concrète. Je ne renvoie pas dos à dos ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ils sont tous
2725 nt sur tous nos pays. Nulle discontinuité des uns à l’autre, dans nul domaine. Pour passer au plus sanglant racisme, il s
2726 tte injustice n’est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni l’Internationale ouvrière ni la ca
2727 éen s’inquiète poliment de la double condamnation à mort de Leningrad, ils se voient accusés d’ingérence dans des affaire
2728 it. Seul, un député de Nancy ose refuser le salut à l’État, tel Guillaume Tell.   4. Le seul problème politique sérieux d
2729 5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à la Conférence européenne de la culture, à Lausanne, j’entre à 2 heure
2730 n 1949, à la Conférence européenne de la culture, à Lausanne, j’entre à 2 heures du matin dans un salon d’hôtel pour écri
2731 nce européenne de la culture, à Lausanne, j’entre à 2 heures du matin dans un salon d’hôtel pour écrire le message final
2732 d’hôtel pour écrire le message final du congrès, à lire le lendemain matin. Je trouve là Carlo Schmid et des amis. Je le
2733 ’État-nation, fauteur de guerre, et seul obstacle à l’union de l’Europe comme à la participation des citoyens à toutes le
2734 rre, et seul obstacle à l’union de l’Europe comme à la participation des citoyens à toutes les affaires qui les regardent
2735 de l’Europe comme à la participation des citoyens à toutes les affaires qui les regardent. Ce qui suppose nécessairement 
2736 pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et
2737 Aujourd’hui — repoussant tous ces anciens débats à l’arrière-plan — il y a le totalitarisme, et il y a le fédéralisme. U
2738 duit pas tous les vingt-cinq ans et par tranches. À tout instant de la société, il y a des hommes de tous les âges, inext
2739 ou en Asie au titre de l’assistance technique ou, à défaut d’un visa pour la Chine, un an à Milwaukee, quelques semaines
2740 nique ou, à défaut d’un visa pour la Chine, un an à Milwaukee, quelques semaines à Riazan : vous comprendrez ce que tous
2741 ur la Chine, un an à Milwaukee, quelques semaines à Riazan : vous comprendrez ce que tous les autres au monde ont si nett
2742 , se félicite de ce que les Angolais « massacrent à vue les Européens », vous l’applaudissez sans remarquer qu’il vient d
2743 rtir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’ à ne pas exister comme système. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on adm
2744 ette affaire ? Elle proteste contre la pollution, à l’exemple et à la suite d’intellectuels bourgeois, mais refuse elle a
2745 Elle proteste contre la pollution, à l’exemple et à la suite d’intellectuels bourgeois, mais refuse elle aussi les mesure
2746 nt partout minoritaires, et de plus elles fondent à vue d’œil au profit du secteur tertiaire. L’automation doit supprimer
2747 stes. Et c’est cela qui comptera lors d’élections à l’échelle de l’Europe. Les sondages montrent en effet que 65 % des pe
2748 s dans les pays de la CEE se déclarent favorables à l’union de l’Europe, et que les jeunes de 18 à 35 ans constituent 75 
2749 es à l’union de l’Europe, et que les jeunes de 18 à 35 ans constituent 75 % de cette majorité.)   d) « Mais où est la lu
2750 et c’est même tout ce qu’elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’hui de la lutte des classes
2751 aux décisions de l’entreprise, fixées par le Plan à Moscou. (Faut-il penser qu’« objectivement », ce serait la haine des
2752 e Paris ?) Mais au fait, pourquoi tenez-vous tant à la lutte des classes ? Voulez-vous entretenir la haine qui pousse à l
2753 sses ? Voulez-vous entretenir la haine qui pousse à la révolte ? Voulez-vous la destruction physique ou morale des bourge
2754 du siècle passé ? Entretenir la haine qui pousse à la révolte (tendance gauchiste) ? Ce serait en fait maintenir la cond
2755 létariat dès l’instant qu’il accède au pouvoir et à la propriété des moyens de production. Prolétariat et dictature sont
2756 n — laquelle ne change rien, on vient de le voir, à l’existence concrète des ouvriers —, mais bien par l’appropriation de
2757 ers —, mais bien par l’appropriation des machines à leurs fins humaines, à leurs fins non seulement de profit matériel et
2758 appropriation des machines à leurs fins humaines, à leurs fins non seulement de profit matériel et financier, mais de lib
2759 renversement du marxisme. Relisez Marx : de 1844 à la fin, il n’a pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti
2760 res « marquantes », et par l’éducation : procédés à moyen ou à long terme, qui ne s’accordent pas avec l’idée de révoluti
2761 ’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédération continentale des régions est
2762 ou moins passionnants, de la rivalité des partis à l’intérieur des États-nations, et du prestige moral et militaire que
2763 militaire que les États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le
2764 liquant le service des finalités que l’on assigne à la cité, et non pas le service de la cité comme le voulaient Platon,
2765 es contenus, plus ou moins résistants ou inertes, à organiser, orienter, dynamiser et animer. Ou, s’il faut le redire aut
2766 utrement : L’acte politique ne consiste nullement à décider en son âme et conscience et au plus près de ses intérêts, si
2767 i l’on va faire le saut d’un centre gauche modéré à un centre droit résolument progressiste, ou d’un marxisme de « lectur
2768 e, ou d’un marxisme de « lecture » althussérienne à quelque néo-mao-praticisme purement théorique et telquellisant. Car c
2769 inq paramètres, concluent toutes, sauf une seule, à une catastrophe générale entre 2020 et 2060, ce qu’il faut décider au
2770 u finalités, consiste désormais, et pratiquement, à décider la hiérarchie des sacrifices nécessaires. Faut-il réduire la
2771 l espoir est dans une réduction simultanée, de 20 à 75 % selon les cas, de la consommation, de la production, de la natal
2772 nes. L’acte politique par excellence va consister à prendre, au nom de l’humanité, un ensemble organique de décisions con
2773 ers l’universel où l’individualisme agressif tend à créer une communauté révolutionnaire unique… d’autre part, un mouveme
2774 uable analogie avec la Renaissance et ses étapes, à déplacer le centre du système politique, non seulement de la nation v
2775 en Occident — de la Californie au fleuve Amour —, à savoir une communauté où la personne puisse librement participer. C’é
2776 e donner des solutions, que nous jugions fausses, à ce problème fondamental que les démocraties ne voyaient même pas : le
2777 communauté. La révolte des étudiants, de Berkeley à Paris en passant par Berlin, Prague et Madrid, a ressuscité cette ang
2778 lution.   Devine ou je te dévore ! dit le Sphinx à Œdipe, qui n’a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd
2779 921). 97. Lénine se définit comme un jacobin lié à l’organisation du prolétariat, relève (non sans indignation) Rosa Lux
2780 80-81. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’ à l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies cultur
2781 e pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturellement grâce
2782 nobles. 100. Marx et Engels ont été les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat ne le rend pas m
2783 Marx et Engels ont été les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat ne le rend pas maître absolu
2784  3 juillet 1933. Cette revue, publiée de mai 1933 à 1938, fut l’organe du groupe du même nom, fondé par Arnaud Dandieu (†
2785 , dès 1962, par le Centre européen de la culture, à Genève. 104. Priorité : traduction décisionnelle pratique d’une fina
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
2786 ransfrontalières [Note liminaire] (été 1972)dh À l’initiative de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe, et s
2787 érence européenne des pouvoirs locaux s’est tenue à Strasbourg, du 29 juin au 1er juillet 1972, la première Confrontation
2788 la discussion de ces rapports, et qui fut adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé analytique
2789 ible de publier le texte intégral : il occuperait à lui seul plus de deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous no
2790 pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective que possible de son contenu, en comme
86 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
2791 d’une manière beaucoup plus stable dans le temps à des territoires bien plus précisément déterminés, mais il est rare qu
2792 plupart des problèmes culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels d
2793 rels des régions frontalières 1. On se bornera à un ou deux exemples de chacun des groupes principaux de problèmes obs
2794 ans le Haut-Rhin.106 Rien d’étonnant donc si 85 à 90 % des parents répondent oui à la question : « Voulez-vous que l’al
2795 nnant donc si 85 à 90 % des parents répondent oui à la question : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné à vos enfant
2796 tion : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné à vos enfants dès l’école primaire ? » Mais en 1964, le député alsacien
2797 it l’objet d’études très poussées (qui vont jusqu’ à compter combien de lecteurs du Progrès de Lyon et du Dauphiné libéré
2798 Dauphiné libéré de Grenoble possèdent de machines à laver « dont, à tambour horizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mai
2799 de Grenoble possèdent de machines à laver « dont, à tambour horizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mais nous ne trouvo
2800 oisine. Là encore, l’ignorance de ce qui se passe à quelques kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos divers
2801 Or on observe que les relais ne sont installés qu’ à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à majorité franco
2802 s fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à majorité francophone se plaint de n’avoir pas de retransmission de la
2803 romande mais seulement de la TV italienne. Quant à l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient que les émissions lo
2804 l’ORTF en langue allemande ne soient pas limitées à des quarts d’heure symboliques. Les observateurs non alsaciens relève
2805 nt d’ailleurs tous que les Alsaciens ont commencé à acheter des téléviseurs à partir du jour où les progrès techniques on
2806 Alsaciens ont commencé à acheter des téléviseurs à partir du jour où les progrès techniques ont permis de fabriquer des
2807 rès techniques ont permis de fabriquer des postes à modulation de fréquence et par conséquent de capter la TV allemande.
2808 rançais du Jura et des Alpes de Savoie, installés à l’intention des Français du pays de Gex, de Haute-Savoie et de Savoie
2809 de la couverture ; 2) les prix sont majorés jusqu’ à 30 % dans le pays voisin, sous prétexte de « frais de distribution ».
2810 tance des stéréotypes d’hostilité pour contribuer à maintenir la « cohésion nationale ». III. Les frontières Les p
2811 é démontrable qu’administrative, et très nuisible à tout autre égard. Les frontières sont encore capables d’entraver la c
2812 même frontière fixe, un même territoire « sacré » à des réalités hétérogènes par nature, et qui ne sont superposables ni
2813 l’État-nation prétend imposer tant aux ethnies qu’ à l’économie se trouve modifiée deux ou trois fois par siècle, sans lia
2814 ’est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’une langue. Dans les frontières de la France ac
2815 ès de la moitié de ses territoires actuels. Quant à la langue allemande, si elle devait coïncider avec un État, il faudra
2816 evait coïncider avec un État, il faudrait annexer à la République fédérale, outre la DDR, la Suisse alémanique, les Sudèt
2817  frontières naturelles » ne sont pas moins chères à l’école — ni plus vraies pour autant. Cette notion, qui a son origine
2818 évolution (discours du Prussien Anacharsis Cloots à la Convention) et triomphe par les écoles servant l’État-nation, dès
2819 ux côtés des dialectes italiens au sud ; français à la hauteur des vallées vaudoises et d’Aoste ; allemand en Suisse ; pu
2820 ctions dans sa genèse même ; qu’elle s’est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celtes et german
2821 e de son génie — mais qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le
2822  ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier. 1. Chacun de nos pays a un nord et un midi, des croyants et
2823 Âge, ces foyers de création sont les universités, à la Renaissance les cités et les très petits États du Nord de l’Italie
2824 la France un vaste désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits de mérite qu’il n’a pas bannis. Le grand secr
2825 rontalières sont les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une v
2826 alors que naguère encore ils devaient s’adresser à Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Chamonix, et déjà l’on ne
2827 ale — lesquelles tomberont lentement en désuétude à mesure qu’un tissu solide d’échanges de biens, de services et de pers
2828 solutions aux problèmes énumérés sous II. seront à chercher dans le cadre régional, et non pas stato-national. Toute ten
2829 s stato-national. Toute tentative de les résoudre à l’échelon national, c’est-à-dire entre capitales, ne peut qu’étouffer
2830 ieux sa répartition (conforme au vœu de Proudhon) à tous les étages communautaires, de la commune à la fédération contine
2831 ) à tous les étages communautaires, de la commune à la fédération continentale, puis mondiale. L’État supérieur (fédérati
2832 l est aussi le dépositaire des finalités civiques à chaque niveau communautaire — du plan d’urbanisation d’une commune au
2833 ptions sur le budget de la recherche fondamentale à l’échelon européen. VI. Premier catalogue de réformes nécessaires
2834 ent secondaire : l’histoire et la géographie sont à reprendre à partir des réalités proches de l’élève, donc régionales,
2835 re : l’histoire et la géographie sont à reprendre à partir des réalités proches de l’élève, donc régionales, alors qu’ell
2836 des objets économiques que rien ne les a préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l’économie ferait voir à t
2837 naissance plus concrète de l’économie ferait voir à tous que les réalités, dans ce domaine, sont régionales et continenta
2838 ire, secondaire, technique et professionnel) sont à réorganiser au-delà des frontières nationales, en commençant par les
2839 mples internationaux de ce qui pourrait être fait à l’échelon régional : lycées communs là où la langue est pareille, lyc
2840 ne fais qu’indiquer des directions de recherches à poursuivre en toute prudence : les résistances psychologiques sont vi
2841 utile, plus riche de contenus, et moins difficile à réaliser qu’au niveau national. Des essais de coopération, limitée ma
2842 ourg-Freiburg. Un autre projet de coopération est à citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les u
2843 rojet de coopération est à citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les universités de Neuchâtel,
2844 et de data-banks, l’équivalence des diplômes et, à plus long terme, l’effectus civilis, ou droit d’établissement et d’ex
2845 si elle peut être enseignée le plus concrètement à l’échelon régional d’abord, mais aussitôt après continental, il en va
2846 e l’économie et celles de l’écologie sont faciles à mettre en évidence à l’échelon local et régional. La recherche d’un o
2847 s de l’écologie sont faciles à mettre en évidence à l’échelon local et régional. La recherche d’un optimum entre croissan
2848 ustrielle et équilibre humain s’illustre aisément à ce niveau. Les choix à faire par le citoyen deviennent alors par exce
2849 humain s’illustre aisément à ce niveau. Les choix à faire par le citoyen deviennent alors par excellence des choix politi
2850 ence au respect des forêts. VII. De la commune à l’Europe par la région Tous les problèmes régionaux — qu’ils soien
2851 ues, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à des problèmes continentaux. Une commune, une région, n’ont pas les mo
2852 égionales. Les régions seraient ainsi immédiates à l’Europe, même si elles choisissaient, comme c’est probable, de reste
2853 isissaient, comme c’est probable, de rester liées à l’échelon national par de libres fédérations. Conclusions Le fa
2854 un syndicat de communes. (Elles seraient abonnées à la région écologique, par exemple, comme un particulier est abonné au
2855 exemple, comme un particulier est abonné au gaz, à l’électricité, au téléphone.) Si maintenant je transpose en termes po
2856 conise : la complexité des régions rendra justice à nos fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’un
2857 ident du Conseil. 111. Jacques Ancel, professeur à la Sorbonne. 112. On peut admettre à la rigueur que l’actuel État fr
2858 professeur à la Sorbonne. 112. On peut admettre à la rigueur que l’actuel État français remonte à Philippe le Bel, mais
2859 e à la rigueur que l’actuel État français remonte à Philippe le Bel, mais il est absolument certain que l’Italie comme Ét
87 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
2860 ntées, durement débattues, et finalement adoptées à chaud les thèses d’où devaient sortir non seulement les institutions
2861 « Confrontation » récente de Strasbourg ait donné à plusieurs l’impression qu’on renouait avec les traditions de l’époque
2862 mpagne des congrès »113), voilà qui est de nature à rallumer l’espoir en dépit des échecs encourus par l’approche interét
2863 erétatique. ⁂ Comme toujours, on a vu s’affronter à Strasbourg deux écoles de pensée et d’action : les « réalistes » et l
2864 celle de l’État-nation, tel qu’ils l’ont apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régionales ou communales s
2865 qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe siècle. Les politiciens cou
2866 dace » est quelque chose qu’il convient de louer, à condition que l’on prenne bien soin de ne pratiquer que la prudence.
2867 anes et arc alpin. C’est pourquoi nous avons tenu à en reproduire intégralement les titres et les sous-titres au moins :
2868 s au moins : dans leur sécheresse, ils révéleront à beaucoup l’existence du problème régional, les vraies dimensions de s
2869 rs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’ à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine commune, des plus
2870 te perspective est malencontreuse et conduit vite à l’impasse. Un découpage régional pensé depuis les capitales n’a pas d
2871 is les capitales n’a pas de chances d’être utile… À la stricte définition territoriale de la région, on préférera une con
2872 de lire tout cela dans le Rapport J. André. Quant à moi, je n’ai cessé depuis des décennies de préconiser des régions fon
2873 , écologique, énergétique, etc. Ce qui me conduit à écrire en conclusion de mon rapport culturel : « Chacune des régions
2874 lème qui l’aura suscité. Il va de soi, également, à mes yeux tout au moins, qu’une commune pourra se rattacher à autant d
2875 tout au moins, qu’une commune pourra se rattacher à autant de syndicats différents par l’étendue et la mission qu’il y au
2876 la mission qu’il y aura de fonctions différentes à assumer. Là-dessus, on se référera à de nombreuses indications dans l
2877 différentes à assumer. Là-dessus, on se référera à de nombreuses indications dans le Rapport de base (par exemple I. 3.3
2878 base (par exemple I. 3.3 ; III. 6 ; VI. 2 et 3), à mes conclusions citées plus haut, et plus spécifiquement au Rapport A
2879 lité pour les collectivités locales de participer à des associations ou syndicats de pouvoirs locaux constitués sur le te
2880 est qu’elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles attendaient pour exister d’être assurées de l
2881 égionaliste et communaliste, se propose désormais à l’imagination, aux esprits et aux volontés. Gouverner, c’est prévoir,
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
2882 poraire sont aujourd’hui résolues. Nous repartons à neuf, non seulement pour une quatorzième année et la suite, mais enco
2883 era chaque année : — un (ou deux) numéro consacré à l’Europe des régions, la présente livraison étant la quatrième de la
2884 I » (été 1972) ; — deux (ou un) numéros consacrés à des études historiques sur la construction européenne, ou à la présen
2885 es historiques sur la construction européenne, ou à la présentation d’un problème culturel européen comme les universités
2886 llèlement paraîtront sous forme de volumes de 100 à 250 pages des Cahiers mis à la disposition de l’Institut universitair
2887 rme de volumes de 100 à 250 pages des Cahiers mis à la disposition de l’Institut universitaire d’études européennes. Ils
2888 de Rougemont : Les Mythes européens, de Prométhée à Don Juan. André Reszler : Les Mythes nationaux. Jacques Vigne : Régio
2889 naux. Jacques Vigne : Régionalisme et centralisme à la fin du xviiie siècle. Victoria Curzon : La Politique commerciale
2890 .   Les tirages du bulletin sont faibles, de deux à quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous savons que nous somm
2891 allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur de sauver une Europe non pas des chiffres mais des hommes. Une E
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
2892 opéens, les motifs principaux qui nous ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant à réu
2893 de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant à réussir cette union, au plus tard, dans les dix à quinze ans qui vien
2894 à réussir cette union, au plus tard, dans les dix à quinze ans qui viennent.   1er motif. — En 1946, tout le monde voyai
2895 ndes puissances ». La CECA puis la CEE ont permis à la France et à l’Allemagne de lier leurs intérêts au moins industriel
2896  ». La CECA puis la CEE ont permis à la France et à l’Allemagne de lier leurs intérêts au moins industriels — et voilà la
2897 , son commerce et sa technologie. Il fallait unir à cette fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi que l’OECE (orga
2898 au plus urgent. Ces organismes ont ouvert la voie à des accords commerciaux et monétaires, lesquels devaient conduire à u
2899 erciaux et monétaires, lesquels devaient conduire à une politique économique commune à tous nos pays, et pas seulement à
2900 aient conduire à une politique économique commune à tous nos pays, et pas seulement à ceux de la CEE d’ici 1980.   3e mo
2901 nomique commune à tous nos pays, et pas seulement à ceux de la CEE d’ici 1980.   3e motif. — Mais à peine mis en place l
2902 ement définitif dans des délais variant de trente à cent ans. Quatre grands sujets d’inquiétude sourde dans les masses, d
2903 ouïes. Avec une population quatre fois supérieure à celle des pays industrialisés, le tiers-monde — il faut oser le dire 
2904 s comme tous les hommes l’ont cru naïvement jusqu’ à nous : le charbon, le pétrole et les métaux non ferreux s’épuisent d’
2905 ne, l’acte politique par excellence, qui consiste à traduire les finalités d’une société en mesures publiques bien calcul
2906 es bien calculées, revient purement et simplement à décider la hiérarchie des sacrifices nécessaires : faut-il réduire la
2907 exemple — ne peut au mieux que différer de vingt à trente ans, et au pire risque de rapprocher l’échéance fatale. Les ca
2908 seul espoir est dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’il s’agit de la consommation, des investissements, du t
2909 ain nombre de décisions drastiques, de sacrifices à imposer si l’on veut que notre espèce tout simplement survive. Et alo
2910 t le mal vient de l’Occident — USA, Europe, URSS, à quoi s’ajoute le Japon : ces quatre parties du monde produisent la pl
2911 divisés en 25 nations à peu près souveraines, une à une, parfaitement impuissantes au total.   4e motif. — Mais il y a p
2912 re, béante, qui se posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement éclaté dans les universités de tout
2913 ur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader dans la drogue, dans la révolution verbale des minorités voc
2914 normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il est anorma
2915 de principe de cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans notre société ! Il faut créer une société nouvelle, qui
2916 ciété nouvelle, qui offre un sens et qui permette à la personne de se construire, d’agir, de se manifester dans une commu
2917 guerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’il revient d’inventer les anticorps de ce virus d
2918 t en « marathons » dont l’objet se réduit parfois à rogner 1/2 % sur les droits de vente de la betterave ou du navet comm
2919 estés, aussi écrasants d’évidence, si tout pousse à l’union, pourquoi n’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’
2920 arts, soit 75 % exactement, sont des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis Armand : « Il meurt tous les jours plus d
2921 ope n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave raison, un très puissant barrage dans nos es
2922 uvais pied quand, au premier Congrès de l’Europe, à La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compro
2923 e sorte de confédération » comme disait Churchill à Zurich, sur la base des États-nations souverains — et qu’ensuite on i
2924 s fonder l’union sur les obstacles par excellence à toute union. Faire l’Europe des États-nations, l’Europe des patries
2925 uvernements de la France et de la Grande-Bretagne à stopper leur guerre, c’est-à-dire à rendre manifeste le fait que leur
2926 ande-Bretagne à stopper leur guerre, c’est-à-dire à rendre manifeste le fait que leurs pays n’étaient plus « souverains »
2927 e, il faut partir d’autre chose que des obstacles à toute union, d’un autre plan que celui-là, justement, où le problème
2928 s et pareilles les unes aux autres ne tendent pas à recréer dans leur propre sein des différences situées sur d’autres ax
2929 ence, qui ont amené la plupart des pays européens à poser le problème régional. Que ces motifs soient de nature ethnique
2930 ensemble hétéroclite se dégage une loi générale : à l’excessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation
2931 ment la fragmentation, les coagulations locales ; à la vertigineuse uniformisation de collectivités agrandies hors de tou
2932 risante de petites communautés restructurées ; et à la notion de frontières bornées, celle de foyers librement rayonnants
2933 manifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’échelle planétaire. Aucun ne peut plus assurer seul sa défense mili
2934 seulement. De telles agences existent déjà : CERN à Genève pour les recherches nucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’écon
2935 N à Genève pour les recherches nucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’il faut en créer d’
2936 tralisé, imposant les mêmes limites territoriales à des réalités aussi hétéroclites que la langue parlée à la surface du
2937 réalités aussi hétéroclites que la langue parlée à la surface du sol et le minerai du sous-sol, l’économie moderne et le
2938 s : ainsi le Rhin divise, mais le Rhône unit ! Or à mesure que ces frontières se dévalorisent, entre les pays de la CEE n
2939 uvinisme national si elle ne répondait en réalité à une prise de conscience européenne et d’horizon mondial. La conscienc
2940 rope, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’État-nation à une s
2941 que constituent les prétentions de l’État-nation à une souveraineté sans limites, amènent à constater que si l’on veut f
2942 t-nation à une souveraineté sans limites, amènent à constater que si l’on veut faire l’Europe, il faut dissoudre le cadre
2943 mal comparables, voire contradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de
2944 dictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de nature très diverse, ethnique
2945 n pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de nature très diverse, ethniques ou sociaux,
2946 ble l’État centralisateur. Ainsi, pour m’en tenir à un seul exemple, la Catalogne (20 % de la population de l’Espagne) fo
2947 nes leur séparation et leur rattachement immédiat à l’Europe fédérée dès qu’elle sera faite. Motifs économiques ensuite.
2948 les au sein du Marché commun (1961) et ont abouti à la création à Bruxelles d’une Direction générale de la politique régi
2949 Marché commun (1961) et ont abouti à la création à Bruxelles d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un
2950 rres et des traités, et qui ne correspondent plus à nulle réalité ni ethnique ni économique. Sur toutes les frontières de
2951 emain, fédérée sur la base des régions, d’ici dix à quinze ans. Il faut d’abord faire des régions, dans nos nations et à
2952 selon sa fonction. Prenons l’exemple d’une région à constituer autour de Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui
2953 ravailleurs français qui viennent tous les matins à Genève et rentrent le soir dans leur village-dortoir du pays de Gex o
2954 région universitaire qui peut aller de Neuchâtel à Lyon, et d’Aoste à Besançon, par Lausanne et Grenoble, Fribourg et Ge
2955 re qui peut aller de Neuchâtel à Lyon, et d’Aoste à Besançon, par Lausanne et Grenoble, Fribourg et Genève. Le problème e
2956 forme d’associations, d’abord privées, s’étendant à tout le continent. Rien n’empêchera ces associations de nommer des dé
2957 ront d’un commun accord des mesures correspondant à leurs circonstances propres, mais dans le cadre d’un plan continental
2958 re, des relations avec d’autres continents — tout à fait comme le CERN à Genève s’occupe des recherches nucléaires de dim
2959 c d’autres continents — tout à fait comme le CERN à Genève s’occupe des recherches nucléaires de dimensions continentales
2960 s continentales, ou encore comme le Marché commun à Bruxelles s’occupe de coordonner les activités économiques des pays m
2961 dérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’image de la fédération suisse, avec ses départements fédéraux dont
2962 ns stato-nationaux peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ils soient considérés par les habitants des régions comme
2963 En ce point, vous allez me poser deux questions : À la première : Que faut-il faire pour que réussisse ce grand projet ?
2964 réformer notre enseignement. Il faut que l’École, à tous les degrés, cesse immédiatement de former des nationalistes, et
2965 dial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande n
2966 ous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande nationale, transformant par exe
2967 des peuples de l’Hexagone » la suite de conquêtes à coups de canon, d’exactions et de parjures qui seule a réussi à impos
2968 on, d’exactions et de parjures qui seule a réussi à imposer l’hégémonie des rois de la petite Francie capétienne à une di
2969 égémonie des rois de la petite Francie capétienne à une dizaine de nations très différenciées, parlant pour la plupart de
2970 ’allemand. Toute la géographie de nos manuels est à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières naturelles » qu
2971 géographie de nos manuels est à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières naturelles » qui amène à enseigner
2972 par l’idée de « frontières naturelles » qui amène à enseigner que les Pyrénées séparent Français et Espagnols, alors qu’e
2973 Rhône « unit » les peuples. Toute l’économie est à refaire, faussée à la base par l’idée d’« économies nationales » cens
2974 peuples. Toute l’économie est à refaire, faussée à la base par l’idée d’« économies nationales » censées correspondre, o
2975 a guerre ou de la politique. Toute l’écologie est à refaire sur la base des régions, dans le cadre du continent. Jamais u
2976 inistrateurs régionaux, des citoyens responsables à tous les étages et dans tous les domaines de leur vie publique, en li
2977 Et c’est pourquoi j’ai dit qu’il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le temps de former une nouvell
2978 ues, économiques et nucléaires que tout annonce ? À cela je répondrai par une anecdote tirée de la vie de Lyautey. On con
2979 uisait sa résidence de Rabat, et il avait demandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’entrée des ar
2980 il avait demandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’entrée des arbres d’une essence très spéciale
2981 mandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’entrée des arbres d’une essence très spéciale. « Vous n’y
2982 s’écria le jardinier, ces arbres mettent cent ans à pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il n’y a pas une minute à
2983 is bien, riposta Lyautey, il n’y a pas une minute à perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur soi-même Ce que j’a
2984 ité tous les problèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens
2985 révolution non violente peut paraître frustrante à toute une partie de la jeunesse activiste. Je lui répondrai ceci : le
2986 volutions violentes n’ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’à une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à N
2987 es n’ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’ à une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à Napoléon. La révol
2988 une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à Napoléon. La révolution d’Octobre aboutit à Staline. À ceux qui me ré
2989 outit à Napoléon. La révolution d’Octobre aboutit à Staline. À ceux qui me répètent : « On ne fait pas d’omelette sans ca
2990 oléon. La révolution d’Octobre aboutit à Staline. À ceux qui me répètent : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œu
2991 chique. La non-violence est ouverture au monde et à l’autre, tandis que toute violence, en dernière analyse, est une sort
2992 ochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous, à nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’hui
2993 Europe — et de l’Occident tout entier — se ramène à cela : — comment l’homme, dans la société technico-industrielle démes
2994 sophiques et moraux, cela signifie : voulons-nous à tout prix un certain niveau de vie, avec les disciplines sociales uni
2995 antes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, celles de co
2996 que cela suppose, nous l’avons vu, d’autogestion à tous les degrés, de responsables à tous les étages, d’aventure person
2997 d’autogestion à tous les degrés, de responsables à tous les étages, d’aventure personnelle à courir dans une communauté
2998 nsables à tous les étages, d’aventure personnelle à courir dans une communauté retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons-nou
2999 ni moi — pour essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il
3000 enève, mars 1974, p. 3-20. dm. Conférence donnée à l’aula de l’École polytechnique fédérale de Lausanne le 5 mai 1971, à
3001 polytechnique fédérale de Lausanne le 5 mai 1971, à l’occasion de la Journée de l’Europe.
90 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
3002 bserve dans le même temps, mais qui appartiennent à des ères différentes de l’histoire humaine, il y a béance. Et par exe
3003 e bien suprême Discours de M. Georges Pompidou à Poitiers, le 25 janvier 1974, pour inaugurer le Conseil régional réce
3004 est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel Debré fait écho quelques jours plus tard en déclarant 
3005 ur leur substituer des régions ? Tendance absurde à bâtir l’avenir sur un système médiéval. Dans le même discours de Poi
3006 éduire au statut de patois !) La région ne doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nat
3007 régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation, « le
3008 mination des Conseils régionaux, les gouvernants, à commencer par le chef de l’État, au lieu de saluer l’événement, ne pa
3009 onstate aujourd’hui que les candidats « sérieux » à la présidence de la République française, qu’ils soient de gauche ou
3010 internationaux, présence destinée sans nul doute à faire valoir ladite indépendance et lesdits intérêts. Personne, que j
3011 société et sur les causes de sa crise aboutissent à des conclusions politiques non seulement contraires à celles des poli
3012 s conclusions politiques non seulement contraires à celles des politiciens, mais situées sur un autre plan de réalités. D
3013 upe personnaliste de L’Ordre nouveau 117 se livre à une critique radicale de ce qu’il nomme l’État-nation — résultat de l
3014 appareil étatique — formule qui ne peut mener qu’ à la guerre totale et aux régimes totalitaires, comme vont le confirmer
3015 me vont le confirmer les événements de 1939-1945. À l’État-nation napoléonien, L’Ordre nouveau oppose la fédération à bas
3016 voir 118, où tout en annonçant qu’il va se borner à « rechercher les causes et le mode de croissance du Pouvoir dans la S
3017 antissant la participation civique, et conduisant à « l’atomisation sociale », c’est-à-dire à « la rupture de tous les li
3018 duisant à « l’atomisation sociale », c’est-à-dire à « la rupture de tous les liens particuliers entre les hommes, qui ne
3019 r la conception qu’il est raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la surface du globe en parcelles, que
3020 tions existants. Or, on s’accorde de plus en plus à penser que, sans changements majeurs de ce modèle, on n’aboutira pas
3021 angements majeurs de ce modèle, on n’aboutira pas à des solutions valables ». Et de proposer aussitôt la création « d’ins
3022 e et la futurologie elles-mêmes en viennent enfin à considérer la possibilité d’une Europe des régions se substituant dan
3023 les plus caractéristiques du chapitre III (p. 71 à 74) du dernier livre d’Herman Kahn, À l’assaut du futur 121 paru chez
3024 III (p. 71 à 74) du dernier livre d’Herman Kahn, À l’assaut du futur 121 paru chez Laffont en 1973, à Paris : Aujourd’h
3025 l’assaut du futur 121 paru chez Laffont en 1973, à Paris : Aujourd’hui nous tenons pour acquise la légitimité des États
3026 urope occidentale… Certains d’entre eux remontent à plusieurs siècles. L’existence de ces États-nations nous paraît telle
3027 es naturelles »… Le grand État unifié offre-t-il à ses habitants plus et mieux que le petit État ? se demande H. Kahn. E
3028 u un Écossais ou un Flamand) devrait-il continuer à tolérer de faire partie d’un État plus grand qui lève ses impôts, se
3029 épendance totale… Le processus pourrait s’étendre à l’Europe tout entière. Le rôle essentiel d’un État-nation — la défens
3030 sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence de la Ré
3031 ons. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence de la République proclament à l’
3032 nc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence de la République proclament à l’envie qu’ils sauront fa
3033 idats à la présidence de la République proclament à l’envie qu’ils sauront faire prévaloir « les intérêts de la France ».
3034 intérêts de la France ». L’égoïsme sacré, propre à tous les pays, serait-il en passe d’être si contesté qu’il faille en
3035 seul avait entrevu les voies et moyens du passage à l’ère nouvelle. Il les avait évoqués dans son discours de Lyon en 196
3036 avait évoqués dans son discours de Lyon en 1968 : à la séculaire centralisation étatique devaient succéder les régions, n
3037 prospérité ; et ces régions devaient « s’ouvrir » à leurs voisines au-delà de la frontière nationale : Nord à Belgique, L
3038 voisines au-delà de la frontière nationale : Nord à Belgique, Lorraine et Alsace à RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, e
3039 e nationale : Nord à Belgique, Lorraine et Alsace à RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, etc., jusqu’à « Normandie aux An
3040 à Belgique, Lorraine et Alsace à RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, etc., jusqu’à « Normandie aux Anglais ». On sait qu
3041 RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, etc., jusqu’ à « Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi à
3042 nglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contre l’avis
3043 suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le problème des ré
3044 l’historien le plus méfiant ne saurait en exiger. À la veille du référendum, de Gaulle déclara au général Lalande, l’un d
3045 pays. » Devant ses anciens collaborateurs réunis à Colombey après sa chute, il manifeste « une certaine satisfaction : c
3046 c’était le dernier service que je pouvais rendre à la France. » « Partir sur le refus d’une grande réforme n’est pas mau
91 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
3047 974 (printemps 1974)do Lorsque j’avais demandé à Carl Burckhardt d’être, aux côtés de Robert Schuman et de Carlo Schmi
3048 urtout point de langue unique qui se soit imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité d’un écrivain
3049 ’Italie n’aient tenté de réunir en un État-nation à la française toutes leurs cités, tous leurs pays. Pourtant je vois ce
3050 preuve dans leur Correspondance (voir les lettres à von Preen de l’aîné, les lettres à Hofmannsthal du cadet), mais plutô
3051 ir les lettres à von Preen de l’aîné, les lettres à Hofmannsthal du cadet), mais plutôt qu’on pourrait l’attribuer à leur
3052 du cadet), mais plutôt qu’on pourrait l’attribuer à leur commune formation bâloise d’historiens scrupuleux mais imaginati
3053 germanisme et latinité, et qui rend plus sensible à l’oreille intérieure les arythmies annonciatrices d’accidents du cœur
3054 s l’y engageait. Jeter des ponts, relier l’action à la pensée, concilier les cultures ou les grands intérêts, juger sans
3055 turelles des Suisses. Voilà qui suffira peut-être à justifier l’existence autonome de ce pays, dans une époque où l’homme
3056 s rare, tellement plus exemplaire pour l’humanité à venir que le champion qu’on adule aujourd’hui dans tous les ordres, d
3057 er, et avec trop de distance naturelle pour avoir à jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’ar
3058 t ses vues parfois prophétiques : C.J.B. ajoutait à la Suisse la dimension qui manque le plus à ce pays et que j’aime à n
3059 utait à la Suisse la dimension qui manque le plus à ce pays et que j’aime à nommer la dimension princière. do. Rougemo
3060 ension qui manque le plus à ce pays et que j’aime à nommer la dimension princière. do. Rougemont Denis de, « C. J. B.
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
3061 évu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à l’impitoyable sollicitude de « Big Brother », aux environs de 1984, d
3062 aire) et de la culture chrétienne libérale. Jusqu’ à tout récemment, les implications complètes de ce fait n’avaient pas é
3063 en cette idée était fausse, voilà ce qui commence à se faire sentir. Presque certainement, nous allons vers un âge de dic
3064 temporaire. La littérature du libéralisme touche à sa fin et la littérature du totalitarisme n’est pas encore apparue et
3065 t peu le sont mieux que celle d’Orwell — m’incite à poser cette question : l’auteur a-t-il été un vrai prophète, à savoir
3066 question : l’auteur a-t-il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tragique de nos manèges
3067 a-t-il été le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est
3068 ’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire, est à la mode ou rayé de la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu q
3069 s socialismes au pouvoir ne vont mener nulle part à plus de liberté, partout à des régimes totalitaires, fascistes ou com
3070 vont mener nulle part à plus de liberté, partout à des régimes totalitaires, fascistes ou communistes d’étiquette, mais
3071 il n’a pas su montrer l’alternative personnaliste à l’individualisme en proie à l’impuissance ou à la nostalgie totalitai
3072 te à l’individualisme en proie à l’impuissance ou à la nostalgie totalitaire. 95 % des Allemands au moins ont plébiscité
3073 nt stato-nationaux, pour commencer) nous invitent à cette démission de la personne — dont ils résultent en vérité ! — et
3074 le réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’invention de formes neuves de la liberté. « Invente, ou je te dévor
93 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
3075 mble avoir fait son temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des
3076 e publications dans les cahiers de l’ISEA de 1961 à 1963 ; et par la publication en deux volumes des actes d’un colloque
3077 ion en deux volumes des actes d’un colloque réuni à Bruxelles par la CEE, fin 1960 ; tandis que les Schriften der Regio B
3078 es dues au Centre européen de la culture (CEC) et à l’Institut universitaire d’études européennes (IUEE) de Genève remont
3079 e d’études européennes (IUEE) de Genève remontent à 1963 et 1967. Cela ne suffit pas toujours pour établir aux yeux des i
3080 sérieux scientifique. Et cela suffit encore moins à établir sa nécessité et sa possibilité aux yeux du grand public. Ni l
3081 faire devenir. Les régions ne sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellement des objets de n
3082 Les régions ne sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de
3083 iste. Celui qui nie toute valeur « scientifique » à l’action de construire, nie la source même de tout savoir, de toute c
3084 re, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est à naître. (Du radical indo-européen gna indiquant naissance et du suffi
3085 ermes simples, non jargonnants, qui ne visent pas à épater les collègues, mais à convaincre les responsables de la cité,
3086 s, qui ne visent pas à épater les collègues, mais à convaincre les responsables de la cité, et avec eux le plus grand nom
3087 régional que je voudrais centrer mes réflexions. À la question Pourquoi des régions ? je vois d’abord deux types de répo
3088 ois d’abord deux types de réponses possibles : — à partir des réalités locales qui exigent la région ; — à partir de la
3089 rel, la région. ⁂ A. La première réponse possible à notre question, je la formulerai donc à partir des réalités les plus
3090 possible à notre question, je la formulerai donc à partir des réalités les plus proches : de mon environnement, de mon m
3091 e, la Belgique, le Luxembourg, l’axe rhénan jusqu’ à Bâle ; mais aussi le long des Alpes, de Genève à Menton-Ventimiglia,
3092 ’à Bâle ; mais aussi le long des Alpes, de Genève à Menton-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait q
3093 s, de Genève à Menton-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait que les données du problème général de
3094 els ; obstacles multipliés, légaux et financiers, à l’éducation scolaire aux trois degrés et à la formation professionnel
3095 ciers, à l’éducation scolaire aux trois degrés et à la formation professionnelle ; tout cela définit le problème des régi
3096 C’est aussi et surtout l’impuissance des citoyens à décider de leurs destins, à intervenir dans les processus de décision
3097 uissance des citoyens à décider de leurs destins, à intervenir dans les processus de décision concernant leur existence q
3098 es. Quelles sont, parmi les fonctions nécessaires à la vie d’une communauté de type européen, celles qui souffrent le plu
3099 ui souffrent le plus du fait de la frontière, ou, à plus proprement parler, du fait de la bi- ou tripartition d’un virtue
3100 de la région franco-suisse (qui pourrait englober à certains égards le Val d’Aoste, région autonome d’Italie), centrée su
3101 aux mais qui peuvent être interrompus d’une heure à l’autre par décret de Paris, ou par une guerre), mais tout autant ou
3102 t dans l’Ain et la Haute-Savoie, mais travaillant à Genève, qui a éveillé chez les Genevois comme chez leurs voisins la c
3103 ous-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’ à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la rai
3104 e plus en plus la nuisance. Paradoxalement, c’est à partir des difficultés créées par « les frontaliers » (notamment dans
3105 sses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission régionale transfrontalière reconnue
3106 ternationale qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs isolés, r
3107 e qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs isolés, risquent bie
3108 hercheurs isolés, risquent bien de ne pas suffire à enrayer le mal avant le point de non-retour. Les mêmes considérations
3109 16 pour le moment, en prolongeant la région jusqu’ à Saint-Étienne à l’Ouest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite
3110 t, en prolongeant la région jusqu’à Saint-Étienne à l’Ouest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite à imaginer la ri
3111 Saint-Étienne à l’Ouest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite à imaginer la richesse des possibilités de coopérat
3112 uest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite à imaginer la richesse des possibilités de coopération qu’ouvrirait l’o
3113 cette nouvelle région fonctionnelle contribuerait à former la conscience d’une entité transfrontalière réunissant la Fran
3114 eigne la région, convainc de sa nécessité, répond à la question du « Pourquoi des régions ? » à partir de ce que tout un
3115 , tout simplement.   B. Deuxième réponse possible à la question : à partir des réalités mondiales, de la crise globale et
3116 t.   B. Deuxième réponse possible à la question : à partir des réalités mondiales, de la crise globale et des leçons qui
3117 e la crise globale et des leçons qui en découlent à l’évidence. Je propose les étapes de raisonnement que voici : La cri
3118 ivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’ à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, entas
3119 hasards des guerres passées et en vue de guerres à venir. Les États-nations ne peuvent éluder leur responsabilité après
3120 l’unité centralisée, né de la guerre et préparant à la guerre, uniquement et absolument, car à tout autre égard il est ab
3121 parant à la guerre, uniquement et absolument, car à tout autre égard il est absurde. Né des guerres de la Révolution fran
3122 ns, c’est-à-dire sur la base de l’obstacle majeur à toute union. Le programme politique du siècle finissant m’apparaît cl
3123 ate de la crise mondiale, et l’empêchement majeur à l’union de l’Europe — laquelle serait cependant un facteur décisif de
3124 conviens, mais je ne vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’être dans l’
3125 sprit des fédéralistes…   C. La troisième réponse à la question posée est indépendante des deux premières. Elle procède e
3126 crise mondiale il y a le danger, bien plus grave à mes yeux, de la dégradation des relations humaines et de la dissoluti
3127 llectif, et de la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient participer ? Recréer une communauté où l’hom
3128 ble. L’homme ne peut être libre et responsable qu’ à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a bien vu et bien dit.) C’est
3129 en vue d’une action immédiate. 125. La création à Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien
94 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
3130 dans les termes les plus propres, me semble-t-il, à poser le problème fondamental de toute prospective. Il serait facile
3131 oilà donc quelques certitudes quant à l’avenir et à ses cadres ou à ses limites extrêmes, l’incertitude portant alors sur
3132 es certitudes quant à l’avenir et à ses cadres ou à ses limites extrêmes, l’incertitude portant alors sur le contenu de c
3133 , « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». ( À l’inverse, les historiens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n
3134 nous, qu’une composition de faits passés, opérée à partir des problèmes du présent ; une espèce d’utopie à rebours, d’an
3135 définie en ce point comme l’ensemble des mesures à prendre pour lutter contre l’entropie, dans les limites du destin de
3136 t être en état de prévoir, mais qu’il faut faire, à tous risques et périls, et, faute d’une impossible connaissance, dans
3137 grave que celui de rouler moins vite et de régler à 20 degrés nos thermostats, voire de payer plus cher demain une électr
3138 prévisionnels deviennent nocifs quand ils tendent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et
3139 ais bien : voilà ce qui se passera nécessairement à cinquante ans du point de départ choisi, si nous laissons les choses
3140 ar si on le récuse, on ne fera rien pour échapper à ce qu’il annonce, et il deviendra vrai dans les délais prévus, de mêm
3141 surtout quand on déguise en données scientifiques à des fins qui ne veulent pas s’avouer (décrocher un contrat, pousser l
3142 dangereux, égarant, de subordonner ses décisions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laiss
3143 qui nous ferait croire, désormais, qu’il revient à l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective doit nous mon
3144 a nécessité de choisir, et non pas faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la resp
3145 faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabilité civique, en nous faisant
3146 ervir des calculs prévisionnels pour couper court à toute critique et opposer aux objections de l’écologiste, de l’urbani
3147 pse, ou le point de fusion d’un métal — échappant à toute discussion ; ou de phénomènes qui auraient lieu de toute façon
3148 pour la santé d’un peuple que l’obsédant recours à la « nécessité » contre la liberté du choix moral et de la décision p
3149 pousse au crime de désertion civique, et devrait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de consci
3150 s futurologistes ne jouent pas un rôle comparable à celui de ces figurines que le sorcier transperce d’une aiguille ou mu
3151 alculable à coup sûr, tout comme le magicien mêle à la glaise dont il pétrit sa figurine quelques poils ou des rognures d
3152 t, les prévisions les plus exactes — voire seules à l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques in
3153 volution prochaine des armements. Seules précises à court ou moyen terme, parce qu’à l’abri de toute rétroaction financiè
3154 Seules précises à court ou moyen terme, parce qu’ à l’abri de toute rétroaction financière, sociale ou morale, il est fat
3155 l est fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute la technologie actuelle vient de la guerre et
3156 e la « dernière », et en appelle d’autres, fût-ce à seule fin de vérifier ses méthodes. Ainsi les techniques de lutte con
3157 a guérilla permettent « d’identifier et de suivre à la trace des gens, […] forme particulièrement répugnante de la techno
3158 épugnante de la technologie, qui pourrait aboutir à la création d’un État policier électronique »127. Expérimentées penda
3159 utte contre les Viets, ces techniques vont servir à traquer les séparatistes basques ou ukrainiens, les houligans et autr
3160 écologistes ou légalistes, ni plus de rentabilité à prendre en compte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’imp
3161 ompte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’importe quel prix financier ou humain, rien ne vient brouiller les
3162 et d’extrapolation, toute prévision chiffrée tend à soumettre l’avenir à court terme au passé. Quand elle annonce que « l
3163 oute prévision chiffrée tend à soumettre l’avenir à court terme au passé. Quand elle annonce que « la consommation va plu
3164 es, qu’il échappe aux calculs sérieux, ou conduit à des conclusions tout arbitraires, comme celles d’Herman Kahn annonçan
3165 ue. Il y a plus grave. Liée au passé qu’elle tend à fixer plutôt qu’elle ne le prolonge en création ; soumise aux seules
3166 re (mécaniques et physiques) qui tendent toujours à l’uniformité selon le second principe de la thermodynamique ; fondée
3167 e même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soumet aux seules l
3168 core inédits de Jay Forrester, je répondais ainsi à cette question : Faut-il en désespoir de cause faire confiance à la
3169  : Faut-il en désespoir de cause faire confiance à la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale
3170 nte de notre civilisation, comment suffirait-elle à nous guider dans le système ultracomplexe des interactions dont dépen
3171 peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’il est préférable d’analyser d’abord les effets co
3172 es boutons du tableau de bord.128 Je concluais à la nécessité de la construction de modèles à la manière de Forrester,
3173 e de Forrester, tout en déplorant qu’ils échouent à prendre en compte des paramètres éventuellement décisifs pour l’évolu
3174 i la possibilité d’éprouver jusqu’au désespoir et à la révolte une pénurie de sens de la vie au milieu de la surabondance
3175 ît responsable plus que tout autre de l’expansion à outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à
3176 parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel ministre de l
3177 ors que son collègue de l’hygiène sociale cherche à la diminuer ; c’est elle qui pousse aux investissements industriels,
3178 elle qui pousse aux investissements industriels, à l’exploitation maximale des ressources naturelles (comme le pétrole),
3179 es ressources naturelles (comme le pétrole), donc à la pollution ; et finalement le seul facteur qu’elle fasse diminuer,
3180 éonien. »129 Mais une fois reconnues ces limites à l’intuition et au calcul, il faut admettre aussi qu’une société humai
3181 s » ont réussi. Un seul exemple, ici, me suffira. À la page 54 de l’ouvrage qui l’a rendu célèbre, L’An 2000, Herman Kahn
3182 que, tout au long du xixe siècle, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour ne citer que les plus grands no
3183 ixe siècle, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour ne citer que les plus grands noms.130 Certes, ils on
3184 de leur époque qu’ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la morale du travail et la croyance au
3185 ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la morale du travail et la croyance au Progrès par la pro
3186 consommation, — selon que l’on serait au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme celui de la production indu
3187 implificateurs ». Hitler est là, dans les Lettres à von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1882. Et le condominium
3188 religieux, témoignaient d’une secrète aspiration à l’autonomie que l’État temporel avait obstinément refusé de satisfair
3189 onnaliste, parce qu’elle ne voit de sens possible à l’avenir que dans l’accomplissement de la personne, c’est-à-dire dans
3190 ait plus de raison d’être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu’à seule fin d’
3191 berté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu’ à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait plus de politi
3192 e peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou monitoire (« Si tu fais cela, prends ga
3193 plus vite avec Astra. »), car elle tendrait alors à rendre l’homme prisonnier des rythmes du passé ou de fins étrangères
3194 onnier des rythmes du passé ou de fins étrangères à sa vocation : aliénantes. Vos prévisions chiffrées ne m’intéressent q
3195 sont les voies barrées, les grèves possibles, et à quelle heure il faudra que je me lève pour prendre le train ou l’avio
3196 our prendre le train ou l’avion : elles n’ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’
3197 en vertu de leurs statistiques. Car je n’ai pas à deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencemen
3198 urs statistiques. Car je n’ai pas à deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencement », disent les
3199 je vais partir, non du passé que l’inertie porte à durer aux dépens du devenir personnel. Les critères de ma prospective
3200 es de ma prospective seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabilité, ni le profit monéta
3201 e croissance illimitée, qui condamnent le système à la fuite en avant vers un désastre inévitable, du seul fait que la fi
3202 ns technologiques, accordés par leur facture même à une croissance illimitée, portent en eux des finalités virtuellement
3203 us d’hommes sur la terre, de là plus d’autoroutes à mettre en train », — et qu’après dix ans écoulés, il y a dans l’ensem
3204 que politique conduirait d’une manière calculable à une croissance exponentielle ; et de préconiser au contraire tous moy
3205 ogique, être en mesure de démontrer non seulement à quoi cela sert, mais surtout à quoi cela peut mener dans l’hypothèse
3206 trer non seulement à quoi cela sert, mais surtout à quoi cela peut mener dans l’hypothèse d’un succès maximum. Est-ce que
3207 rs quelque chose d’angoissant et que l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entends les centrales
3208 l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entends les centrales nucléaires. Cette analyse des motifs
3209 n’est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la presse du lundi contre « la route meurtrière », au
3210 prix valait vraiment les avantages qu’elle offre à la communauté qui l’a payée, et aux assassins du week-end. Enfin, le
3211 iné, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’ à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non pas d
3212 s vers nos fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nou
3213 onjecture, Paris, 1972, p. 17. 127. Herman Kahn, À l’Assaut du futur, Paris, Laffont, 1973, p. 245. 128. En 1974, je li
3214 omme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans le poste de pilotage d’un avion en plein vol ; le vo
3215 voir, ou d’avoir su ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mie
95 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
3216 urope-Monde (hiver 1975-1976)dt Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le problème d
3217 i doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de tradition, si toutefois l’on prétend se tenir à l’ava
3218 de tradition, si toutefois l’on prétend se tenir à l’avant-garde de son temps. Qu’on m’entende bien : quantité d’intelle
3219 rope et en Amérique. (Il y en eut en Russie jusqu’ à Staline : Stravinsky, Malevitch, Kandinsky, Mandelstam, etc.) La Quer
3220 ’intellectuels et d’artistes occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui n’est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment
3221 pts à valoriser tout ce qui n’est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine primitive ou tel mas
3222 aditions, elle s’oppose dans le temps et l’espace à toutes les cultures sauf une seule : l’occidentale. D’où viennent ces
3223 es). Et s’il reste du temps en fin de congrès, ou à l’heure des toasts, on cite bien entendu les problèmes culturels, don
3224 de ses armements. Or ces forces sont religieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles ou idéologiques
3225 « universelles », de Sumer aux Mayas et de l’Inde à la Chine ; — n’a pas pour fonction principale de maintenir l’ordo mu
3226 au « vieil homme », le « Nouvel Adam » christique à l’Adam pécheur de la Genèse. — oppose la foi, « substance des choses
3227 l’Avenir. Quant au passage de l’ancienne économie à la Nouvelle Jérusalem, correspondant au passage du « vieil homme » à
3228 alem, correspondant au passage du « vieil homme » à l’homme régénéré, il est décrit comme une rupture, comme une métamorp
3229 mme telle par les Romains. IV. « Tout est venu à l’Europe… » Ces faits religieux fondamentaux conditionnent les éch
3230 ces échanges. De l’aurore des civilisations jusqu’ à l’Empire d’Alexandrie, on peut bien dire avec Valéry que « tout est v
3231 on peut bien dire avec Valéry que « tout est venu à l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogonie — mythe de la Cr
3232 Proche-Orient, va se transmettre aux Mycéniens et à la Grèce continentale. Le peuplement de l’Europe s’est produit à part
3233 inentale. Le peuplement de l’Europe s’est produit à partir du nord (Scythes, Doriens, Indo-Européens), de l’Anatolie et d
3234 cela fait le « Monde antique ». Puis « viennent » à l’Empire romain les religions du Proche-Orient et le christianisme. P
3235 rands phénomènes culturels pouvant être localisée à la cour de Poitiers et dans ses environs, au premier quart du xiie s
3236 la cortezia des troubadours. Oui, « tout est venu à l’Europe », mais désormais, tout en viendra, « ou presque… ». Et d’ab
3237 bord la découverte de la Terre, donnant naissance à la notion d’humanité. Les Européens ont découvert le Monde, et person
3238 s’inverse d’une manière qui me paraît définitive. À partir du xve siècle, que fait l’Europe quand elle emprunte au Monde
3239 gieux, traditionnel, qui donnait sa valeur réelle à cette forme plastique, musicale, ou magique. Et sans plus de souci de
3240 , ou magique. Et sans plus de souci de l’intégrer à notre tradition chrétienne137. En sorte que la greffe sera bientôt re
3241 e mon enfance ! Ces apports émotifs ou plastiques à nos arts ont peu de chances de durée en Europe. Dans la mesure même o
3242 ujourd’hui ne lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’il choisit de se rattacher. Mais dans le même temps, par l
3243 est venu, ou presque » J’ai fait ailleurs, et à plus d’une reprise, la liste impressionnante des inventions majeures
3244 iste impressionnante des inventions majeures dues à l’Europe, dans tous les ordres138 : arts et sciences, philosophies ré
3245 des corps et de massacres massifs. Il en résulte à l’évidence que le monde moderne tout entier, en tant que tel, peut êt
3246 effets d’une forme (ici musicale) que l’on impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’est pas en mesure d’en déchiff
3247 e de Mozart. Les Messes et les Passions réduisent à peu de chose toute tentative verbale pour exprimer ce que l’homme eur
3248 t, tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que s
3249 révolution, qui est bien l’idée la plus contraire à sa tradition millénaire d’équilibre des antinomies, c’est-à-dire de c
3250 ppe une science empruntée (sauf pour la médecine) à l’Occident — entendons aux États-Unis plus qu’à la mère-patrie europé
3251 ) à l’Occident — entendons aux États-Unis plus qu’ à la mère-patrie européenne. Cet ensemble d’options fondamentales, de d
3252 yankee. La modernité consiste donc pour la Chine à renier le Chinois le plus célèbre, pour lui substituer cet Européen t
3253 t dans un peuple que toute sa tradition préparait à refuser le nouveau, le moderne, comme représentant l’erreur même : il
3254 ue « le Grand Timonier » fait répéter chaque jour à des millions de travailleurs : « Ne préconisez jamais l’hégémonie ».
3255 moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimitée. Là réside le
3256  impérialismes internationaux ». Si elle s’oppose à l’impérialisme américain, elle conduit à une République populaire nat
3257 s’oppose à l’impérialisme américain, elle conduit à une République populaire nationale et démocratique à dictature milita
3258 ne République populaire nationale et démocratique à dictature militaire résolument socialiste. Si elle s’oppose à l’impér
3259 militaire résolument socialiste. Si elle s’oppose à l’impérialisme soviétique, elle conduit à une République populaire na
3260 ’oppose à l’impérialisme soviétique, elle conduit à une République populaire nationale et socialiste à dictature militair
3261 une République populaire nationale et socialiste à dictature militaire résolument démocratique. Les pays neufs de l’Afri
3262 re les deux tendances, de plus en plus difficiles à distinguer. Ce ne sont donc pas à proprement parler des conflits idéo
3263 étentions stato-nationales qui oblige 150 nations à s’armer au-delà de toute raison contre des ennemis qu’elles se créent
3264 océans, et 4°) par la criminalité internationale à « justifications » politiques, — la possession par une centaine d’Éta
3265 d’États-nations de centrales nucléaires, et donc, à bref délai, de bombes atomiques, pose le problème de la survie du gen
3266 me nucléaire. Mais l’arme nucléaire est désormais à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fatal, dans ce
3267 calement efficace mais globalement nocive). C’est à l’Europe qu’il appartient de modifier ces conditions, et l’on ne voit
3268 r d’ailleurs. Si les Européens ne parviennent pas à s’unir au-delà de leurs États-nations, ni à résoudre le complexe syst
3269 t pas à s’unir au-delà de leurs États-nations, ni à résoudre le complexe systémique de leurs problèmes économiques-écolog
3270 et des possibilités de participation des citoyens à leurs affaires communes, qui est la seule prévention efficace contre
3271 s, vers des formules de communauté plus conformes à leurs conceptions du monde, à leur way of life, ainsi qu’à leurs donn
3272 auté plus conformes à leurs conceptions du monde, à leur way of life, ainsi qu’à leurs données géohistoriques, écologique
3273 onceptions du monde, à leur way of life, ainsi qu’ à leurs données géohistoriques, écologiques et ethno-culturelles. La vr
3274 es grandes orientations qui me paraissent propres à guider une relance, qu’il faut souhaiter, aussi prochaine que possibl
3275 et résolutions de la Conférence européenne tenue à Bâle en septembre 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, Ge
3276 arques d’une religion. 137. Une seule exception à ma connaissance : Guillaume Apollinaire dans Zone : Tu marches vers
3277 : Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont les Ch
3278 e autres, ma Lettre ouverte aux Européens, p. 85 à 91. 139. Lettre ouverte aux Européens, op. cit., p. 90-91. 140. L
96 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
3279 amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce n’est pas à moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir, que dir
3280 dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’ à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschrift ou de
3281 fini, que je connais un peu, pour avoir collaboré à une bonne quinzaine d’entre eux au moins (j’en ai fait mentalement le
3282 au moins (j’en ai fait mentalement le compte tout à l’heure), consacrés à des écrivains, à des théologiens, à des hommes
3283 mentalement le compte tout à l’heure), consacrés à des écrivains, à des théologiens, à des hommes politiques, à des phil
3284 ompte tout à l’heure), consacrés à des écrivains, à des théologiens, à des hommes politiques, à des philosophes, à des ju
3285 e), consacrés à des écrivains, à des théologiens, à des hommes politiques, à des philosophes, à des juristes, à un ethnog
3286 ains, à des théologiens, à des hommes politiques, à des philosophes, à des juristes, à un ethnographe, etc. On y trouve e
3287 iens, à des hommes politiques, à des philosophes, à des juristes, à un ethnographe, etc. On y trouve en général deux part
3288 es politiques, à des philosophes, à des juristes, à un ethnographe, etc. On y trouve en général deux parties. Pour la par
3289 coïncidence, pourrait ressembler par quelque côté à celui auquel on le dédie, rappeler ses thèmes favoris, ou encore évoq
3290 émoignages personnels — et celle-là peut réserver à l’heureuse personne qui en est l’objet ou l’occasion, les surprises l
3291 de presse me concernant, parus en 1948 et en 1950 à Paris. Le premier me décrit en ces termes : « Petit, trapu, l’œil som
3292 aurais-je pris pour un homme dur et violent. Mais à l’entendre parler… » l’auteur se déclare rassuré. Le second article c
3293 dont il voit les autres : tout portrait ressemble à son auteur, et tous les portraits peints par Rembrandt à ses autoport
3294 uteur, et tous les portraits peints par Rembrandt à ses autoportraits. C’est ce qui rend un volume comme celui-ci redouta
3295 er indéfiniment pendant les années qu’il me reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains ce
3296 niment pendant les années qu’il me reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains cette Poli
3297 dant les années qu’il me reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains cette Politique de l
3298 reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains cette Politique de la personne dont nous so
3299 espectable des éditeurs suisses, ont dû sacrifier à la préparation de ce livre de fête une partie de leurs vacances et de
3300 dire pour atténuer mes sentiments de culpabilité à leur égard, c’est qu’on n’a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part
3301 n tous cas, je ne recommencerai pas, c’est juré ! À Genève, le 8 septembre 1976. du. Rougemont Denis de, « La réponse