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trait du discours prononcé par Denis de Rougemont
à
l’inauguration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’est pas sys
2
et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert
à
l’événement. J’oserais dire qu’à certains égards, il est moins décisi
3
Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu’
à
certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de
4
pal, c’est qu’il y ait en Europe un lieu consacré
à
l’esprit, où des hommes travaillant en équipe vouent leurs efforts à
5
hommes travaillant en équipe vouent leurs efforts
à
l’union de l’Europe, c’est-à-dire au service d’une cause qui se confo
6
mes, et encore moins avec le fol espoir d’apaiser
à
jamais tous nos conflits, mais au contraire : pour maintenir les risq
7
trait du discours prononcé par Denis de Rougemont
à
l’inauguration du Centre », Bulletin du Centre européen de la culture
8
chose, mais ne voient ni quoi, ni comment. C’est
à
ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « eur
9
ose de raisonnable et de concret. Ce qui s’oppose
à
la fédération, dont la nécessité n’est plus même discutée, c’est d’ab
10
faux. Les véritables intérêts calculent et jugent
à
l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont, bien au contr
11
les raisons de ne rien faire. Les vrais obstacles
à
la fédération ne résident pas dans les réalités, mais bien dans la pa
12
la paresse des esprits et des cœurs. Pour aboutir
à
fédérer nos peuples, il faut donc agir tout d’abord sur les esprits e
13
elque chose de neuf, plus qu’il n’y peut paraître
à
première vue. Insistons donc : le Centre fait appel, en tous et en ch
14
abord ; non point aux égoïsmes opposés par nature
à
toute coopération sincère et efficace — c’est tellement évident qu’on
15
dans tous les conseils des nations ; et non point
à
l’idéalisme ignorant le concret des problèmes ; mais au contraire, à
16
ant le concret des problèmes ; mais au contraire,
à
une juste appréciation de l’utilité et de la nécessité de l’union féd
17
rvir les vrais intérêts de leur œuvre, en mettant
à
leur disposition des instruments de fédération ; et ceux qui approuve
18
des contacts, un échange vivant avec ceux qui ont
à
cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait po
19
e plans et de manifestes. (Bien d’autres le font,
à
grands frais, au risque de lasser les meilleures volontés.) Nous avon
20
ssayer de démontrer que le Centre « sert vraiment
à
quelque chose ». (Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’a
21
et demeure assez réduit pour que nous n’ayons pas
à
le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes co
22
œuvre en plein essor, nous en appelons maintenant
à
la coopération des meilleurs, des plus responsables, dans chacune des
23
toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés,
à
ceux qui refusent l’engagement partisan, qui se méfient des plans et
24
an, qui se méfient des plans et demandent à voir,
à
ceux enfin qui dans leur solitude, de plus en plus menacée de tous cô
25
en plus menacée de tous côtés, ne se veulent liés
à
rien d’autre qu’au sort commun de cette patrie spirituelle qu’est l’E
26
it sortir de l’église, non du café. « Ah tu étais
à
l’église ? lui dit sa femme. Dis-moi donc le sujet du sermon ? — Euh…
27
ulues ou crues indépendantes les unes des autres,
à
l’imitation des États « souverains » ; par là même, elles se sont ren
28
qu’elles se trouvent de plus en plus subordonnées
à
des nécessités économiques et politiques, voire militaires, et donc a
29
ire militaires, et donc aux mécanismes de l’État.
À
la limite, on a vu certains États intégrer toutes les activités cultu
30
s, le roman, le théâtre, la poésie, les sciences,
à
leur plan général de propagande, de production industrielle et de dre
31
’esprit en Europe se ramènent en dernière analyse
à
une seule et même cause : le cloisonnement du grand Domaine occidenta
32
alisme culturel, et tout cela tend, pratiquement,
à
faire dépendre la vie de l’esprit d’une économie désorganisée et souv
33
les partisans du fédéralisme européen, de La Haye
à
Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste
34
yens de correspondre plus facilement d’une prison
à
l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement », im
35
turels », avouons-le, est devenu bien déplaisant,
à
force d’avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés
36
culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant
à
la culture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que les douanie
37
s douaniers et les agents fiscaux sauront réduire
à
presque rien. Prétendre « organiser les échanges », c’est d’une part
38
d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires
à
la circulation normale des idées, des personnes, et des œuvres ; c’es
39
alité de la culture — des échanges de découvertes
à
l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expre
40
mps exiger la suppression immédiate des obstacles
à
la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de
41
s vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus
à
être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant le
42
analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool,
à
sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce de « plan
43
, à sa manière, et si on a pu le comparer parfois
à
une espèce de « plan Schuman de la culture », gardons-nous cependant
44
s ces mystères ? La question n’est pas insoluble,
à
notre avis. La musique, la peinture et la littérature, comme les scie
45
, ils ont maintenant deux choses fort importantes
à
faire : 1° supprimer les barrières que leurs mandants avaient dressée
46
bureaucratie s’étaient unis pour étrangler. Quant
à
nous : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longte
47
le stalinisme est en recul marqué dans nos pays.
À
Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’impo
48
sme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et
à
Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’importantes pos
49
d’un autre ordre apparaît, qui se pose lui aussi
à
l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est le problème de l’i
50
séance de clôture de « L’Œuvre du xxe siècle »,
à
Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie d
51
s staliniens) la marshallisation de nos cultures.
À
l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait pour nous un
52
, matérialisme, dollar-dieu, vie simplifiée jusqu’
à
l’anonymat, règne de la culture de masse, rapports humains durs et pu
53
xigez que votre aide soit efficace, nous crierons
à
l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à nos combats d
54
périalisme ; puis décampez, go home, laissez-nous
à
nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la c
55
issez-nous à nos combats de coqs et nous crierons
à
l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’ê
56
e coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant
à
la culture, la cause est entendue, vous n’êtes que des barbares : dig
57
ompliqués et susceptibles, esquivant les réponses
à
nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationale
58
nt les réponses à nos questions directes, occupés
à
se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de pa
59
ures faciles. (Le réalisme socialiste s’est borné
à
les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture Prenons
60
né à les rendre obligatoires.) Les subventions
à
la culture Prenons un exemple précis. Dès qu’il s’agit de créer un
61
u’un propose de faire appel, pour les finances, «
à
l’Amérique ». (On entend : des mécènes, une fondation, un comité, une
62
n hostilité à l’endroit de la culture américaine,
à
tel point que tout institut que l’on croit à tort ou raison « soutenu
63
ine, à tel point que tout institut que l’on croit
à
tort ou raison « soutenu par les Américains » en tire d’une part un p
64
acité de l’aide américaine, et d’autre part donne
à
certains Européens des habitudes de parasites. On veut bien faire éta
65
se demande si l’on y croit vraiment… (J’écris on
à
dessein : car ce ne sont pas les mêmes qui, en Europe, font la cultur
66
nces d’intéresser l’argent américain, et renoncer
à
ceux qui intéresseraient l’Europe et les vrais moyens de l’unir. Inve
67
nir. Inversement, les donneurs virtuels proposent
à
des instituts de culture de s’occuper de la « productivité », à des é
68
s de culture de s’occuper de la « productivité »,
à
des économistes d’établir des plans politiques, à des politiciens d’i
69
à des économistes d’établir des plans politiques,
à
des politiciens d’inspirer des entreprises d’éducation, et d’une mani
70
ntreprises d’éducation, et d’une manière générale
à
n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans l
71
e fait couramment, ce qu’il y a de pire d’un côté
à
ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests ou les gra
72
l’autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel
à
nos pittoresques taudis ; parlons en égaux différents. Alors, entre l
73
aux. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas
à
s’entendre effectivement, comment rêver une entente mondiale, comment
74
avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir
à
la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs rac
75
de notre pays une culture américaine qui attaque
à
leurs racines l’originalité et la cohésion mentale et morale des peup
76
Amérique. Trois exemples : — du 19 au 21 juillet,
à
Willingen près Kassel, rencontre organisée par la Commission œcuméniq
77
lent parfois utiles. En effet, si quelqu’un vient
à
demander : pourquoi l’union (si difficile) de nos États, au lieu de l
78
ple intégration (qui serait bien plus économique)
à
l’un des deux empires qui se disputent le monde ? — on ne peut lui ré
79
s cela fait, on s’empresse de reléguer la culture
à
sa place d’objet de luxe (croit-on), pour se pencher sur les problème
80
ues, il faut renvoyer les « problèmes culturels »
à
plus tard. 2. Mais d’autre part, on peut penser que l’Europe qu’il s’
81
Europe est une culture, ou elle n’a rien de mieux
à
faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non :
82
une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’
à
se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela ne cha
83
en détail, unie ou non : cela ne changerait rien
à
l’affaire, une fois le sens humain perdu). 3. Les protagonistes de la
84
ui apprenez que l’Europe est en train de se faire
à
Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que font ces deux mots égal
85
valable de l’Europe sans participation des masses
à
cette union ; pas de participation sans une prise de conscience des p
86
’Europe. Tout le problème européen se ramène donc
à
celui de l’accès des masses à la culture (définie largement comme je
87
péen se ramène donc à celui de l’accès des masses
à
la culture (définie largement comme je l’ai fait plus haut). Sinon l’
88
turelle doit préciser ces conditions. Je me borne
à
en indiquer quatre. a) Un gouvernement qui augmenterait son budget de
89
douze autres entreprises du même genre, qui sont
à
l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en fera
90
ivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’
à
s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la culture a créé
91
r fédération. Mais il faut les aider tout d’abord
à
survivre (c’est une question de budgets locaux, non nationaux), ensui
92
estion de budgets locaux, non nationaux), ensuite
à
se fédérer effectivement pour multiplier leurs échanges : c’est poser
93
ctions aux budgets nationaux, accordées en aumône
à
la cause de l’Europe. d) Enfin, la jeunesse est consciente du fait qu
94
de bourgeois disposant de loisirs, donc étrangère
à
l’homme du peuple. Comment remédier à cet état de choses, qui peut de
95
c étrangère à l’homme du peuple. Comment remédier
à
cet état de choses, qui peut devenir désastreux pour l’Europe ? L’exe
96
as où la trouver, il s’agit d’apporter la culture
à
domicile, à l’atelier, à l’usine, au foyer rural, par le moyen du liv
97
uver, il s’agit d’apporter la culture à domicile,
à
l’atelier, à l’usine, au foyer rural, par le moyen du livre, de cause
98
it d’apporter la culture à domicile, à l’atelier,
à
l’usine, au foyer rural, par le moyen du livre, de causeries, de conc
99
s. Si elle trouve la culture, elle ne tardera pas
à
découvrir l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre élargi qu’elle v
100
au sérieux la culture. Non point pour l’asservir
à
des fins étatiques, comme le font les totalitaires (qui eux, au moins
101
e congrès doit estimer qu’il n’y a pas une minute
à
perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont Denis de, « Culture et po
102
enève, octobre 1952, p. 3-7. g. Rapport présenté
à
la Conférence des Jeunesses politiques européennes.
103
Le Centre existe depuis deux ans, et pourtant,
à
plusieurs égards, il nous donne souvent l’impression d’être encore en
104
techniques. Je puis donc me borner, pour ma part,
à
dégager les grandes lignes de l’évolution du CEC. I. Comment se
105
eurs buts. Nous en sommes restés, volontairement,
à
ce qu’on pourrait appeler le stade artisanal, choisissant parmi toute
106
concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’est
à
aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par ses
107
ouve que la plupart de ces délégués siègent aussi
à
l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à
108
donc en mesure de juger ce qui doit rester propre
à
l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est nécessairement plus le
109
la création de l’AIEE, comme on le verra, répond
à
ces nécessités. En résumé, le CEC a son rôle à jouer, bien nettement
110
nd à ces nécessités. En résumé, le CEC a son rôle
à
jouer, bien nettement distinct de celui des autres organismes existan
111
organismes existants. Bien ou mal, il est le seul
à
tenter d’une manière systématique et suivie la coordination des effor
112
écessités mêmes de cette coordination amèneraient
à
le réinventer. Ceci, à condition, bien entendu, que l’on ne pense pas
113
e coordination amèneraient à le réinventer. Ceci,
à
condition, bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’est qu’un
114
ut d’abord le passif : nos échecs, et nos manques
à
gagner, si je puis dire, dans notre effort pour informer une manière
115
éfections, mais aussi faute des fonds nécessaires
à
l’exécution de ses deux principaux projets : « Missi Europae2 » et br
116
s constatons aujourd’hui qu’en réalité tout reste
à
faire. Notre service d’articles de revues, Europa Features, a placé d
117
que l’agence marche autrement qu’au ralenti, donc
à
perte. Ce sont là des difficultés normales, les à-coups prévisibles d
118
technique. Ils résultent de la sourde opposition
à
nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou
119
ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus
à
des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous manque
120
ici ou de notre défaut de rayonnement se ramènent
à
ceci : nous n’avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la co
121
ti entre 20 ou 30 personnes dans une organisation
à
l’américaine. (Nous nous contenterions de 2 ou 3.) Pourquoi ce manque
122
occupons de culture, et non de politique. Passons
à
l’actif. J’y rangerai d’abord trois entreprises qui ont déjà donné de
123
en a retenu le bénéfice moral, et l’on verra tout
à
l’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exéc
124
et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il reste
à
savoir quelle sera la portée « européenne » tant de ce prix que de la
125
en attendre. Quant aux Plans de causerie (tirés
à
l’200 000 exemplaires, et qui ont permis des centaines de conférences
126
is des centaines de conférences en 6 langues), et
à
l’Association des festivals de musique, qui groupe à deux ou trois ex
127
’Association des festivals de musique, qui groupe
à
deux ou trois exceptions près toutes les grandes manifestations de ce
128
ur succès : il dépasse de beaucoup notre attente.
À
ce même chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos deux derni
129
s de presse associées. Vous pourrez en juger tout
à
l’heure. Les motifs de ces succès sont simples et j’en dirai trois :
130
la culture ; il évite la bureaucratie, s’en tient
à
une pratique artisanale et empirique ; enfin, il travaille à bon marc
131
que artisanale et empirique ; enfin, il travaille
à
bon marché, grâce à sa décentralisation systématique. III. Que
132
articles pour l’APEA et élargir leur distribution
à
trois pays de plus ; composer une nouvelle série de plans de causerie
133
ancer plusieurs activités nouvelles, actuellement
à
l’étude : un dialogue Europe-Amérique, des séminaires européens de mu
134
coordination des quelque 18 activités en cours ou
à
l’étude. Il s’agit en principe que chacune serve à toutes les autres,
135
l’étude. Il s’agit en principe que chacune serve
à
toutes les autres, et demande aux autres des services, par le moyen d
136
ui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’aimait
à
le répéter un grand industriel français de mes amis3 : « Ce n’est pas
137
organismes culturels dépendants de la politique.
À
ce titre, elle mérite un examen, que presque toutes les revues ont né
138
oir déclaré vertement qu’il avait cessé de croire
à
ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’il ex
139
titutif dans toute l’affaire. Et peut-être facile
à
trouver. Car en somme, qu’est-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié
140
ider la culture, et plus encore aider les peuples
à
se cultiver, non point d’ailleurs pour le plaisir de l’art, mais parc
141
ffusion dans les masses, serait vraiment une aide
à
la culture. Quel est le gouvernement qui peut aider ainsi ? Servit
142
t retenu. La délégation nationale votera pour lui
à
l’Assemblée de l’Unesco. Mais comment voteront tous les autres ? Il y
143
faut faire vivre l’Organisation, et songer aussi
à
ses tâches. Les activités culturelles n’étant aux yeux de nos gouvern
144
, ou simplement aux subventions de certains États
à
leurs industries déficientes. Si l’on croyait à la culture comme on c
145
s à leurs industries déficientes. Si l’on croyait
à
la culture comme on croit au pouvoir électoral des bouilleurs de cru,
146
de discussions et de recherches ; ou distribuer 5
à
6000 bourses d’études pour professeurs, artistes, étudiants ; ou publ
147
ons de voir pourquoi c’est impossible : non point
à
cause d’une mauvaise volonté ou d’une insuffisance quelconque des hom
148
mmes chargés de la tâche, bien au contraire, mais
à
cause du système adopté. Trois vices de construction C’est le s
149
c’est encore trop peu dire : il s’agit de refaire
à
l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’ont
150
ontenu proprement culturel. (En fait, on se borne
à
dire qu’on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre national n
151
aduire par des organismes régionaux (comme on dit
à
l’Unesco) et non point mondiaux. 2. Centralisé. La réalité de la cu
152
ue mondiale, et condamnée par ses dimensions même
à
la bureaucratie comme aux interférences politiques. Le travail cultur
153
des méthodes de coordination pratique, et non pas
à
coups de directives émises par un office lointain, soumis lui-même à
154
es émises par un office lointain, soumis lui-même
à
des pressions d’un ordre différent de celui de la culture. Il suppose
155
t contrôle gouvernementaux. Ce qui précède suffit
à
établir que l’initiative véritable, dans le domaine de la culture, ap
156
a culture, appartient en fait aux petits groupes,
à
de petits exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer le
157
xécutées en collaboration. Que resterait-il alors
à
l’organisation constituée par les gouvernements soit à l’échelle des
158
rganisation constituée par les gouvernements soit
à
l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à
159
ons unies, soit comme nous le pensons préférable,
à
celle du Conseil de l’Europe ? Les tâches normales de l’État en génér
160
ntre. Notre organisme n’est pas plus que d’autres
à
l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un jour d’une « crise du C
161
ue les gouvernements ou la fédération s’attachent
à
leur rôle d’arbitrage entre les intérêts spécifiques de la culture et
162
urs célèbres de la génération précédente figurent
à
tous les répertoires, tandis que celles des compositeurs de la jeune
163
iquement privés aujourd’hui. Cette situation tend
à
créer un esprit de provincialisme parmi les jeunes et les amène à dép
164
t de provincialisme parmi les jeunes et les amène
à
dépendre plus étroitement des traditions et techniques de leurs prédé
165
eurs immédiats. Exécutants et orchestres hésitent
à
présenter des œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce n’est po
166
fs qui ont amené le Centre européen de la culture
à
élaborer le projet d’une conférence internationale de compositeurs, c
167
et exécutants. Elle aura lieu au printemps 1954,
à
Rome. Ses buts sont les suivants : 1. Donner l’occasion à de jeunes
168
es buts sont les suivants : 1. Donner l’occasion
à
de jeunes compositeurs de faire jouer et apprécier leurs œuvres. L’at
169
ère internationale de cette rencontre contribuera
à
combattre l’esprit de provincialisme qui gêne le développement de la
170
tion Le Centre européen de la culture invitera
à
Rome 75 à 100 personnes (compositeurs, critiques musicaux et exécutan
171
Centre européen de la culture invitera à Rome 75
à
100 personnes (compositeurs, critiques musicaux et exécutants) de dif
172
et d’Amérique, pour participer pendant 8-10 jours
à
un cycle de conférences, discussions, forums et concerts de musique c
173
. Programme Les participants seront invités
à
rédiger des rapports, à participer aux discussions publiques, aux gro
174
rticipants seront invités à rédiger des rapports,
à
participer aux discussions publiques, aux groupes de travail, et aux
175
emporains, c) des œuvres contemporaines négligées
à
tort, d) quelques œuvres anciennes qui ont considérablement influencé
176
rtitions de musique ancienne et moderne sera mise
à
la disposition des participants. Tous les textes des conférences sero
177
avant la rencontre et distribués aux participants
à
leur arrivée afin de servir de base aux discussions. Le Comité consul
178
trois meilleures œuvres qui auront été commandées
à
12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fera l’objet d’un co
179
ion (concerts, solistes, enregistrement) seraient
à
la charge de la RAI. Dates fixées pour l’attribution des prix au cour
180
nternationale de musique : du 5 au 11 avril 1954,
à
Rome. Le Comité procède ensuite au choix préliminaire des 12 composit
181
ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé
à
bref délai aux membres du Conseil musical. Dès que ces derniers auron
182
accord, des lettres personnelles seront envoyées
à
chacun des 12 compositeurs retenus. Sur proposition de MM. Nabokov et
183
le. Le public pourra être admis dans les tribunes
à
certains des débats au moins. D’une manière générale, il s’agirait d’
184
mes principaux qui peuvent tous êtres subordonnés
à
ce titre général sont proposés par les membres du comité exécutif et
185
’arc-boute de toutes ses forces. Sa poussée croît
à
la mesure de la contre-poussée qu’il provoque. Si l’on ne voit rien b
186
ension est retombée. Les lutteurs affrontés corps
à
corps, presque immobiles, rassemblent toutes leurs énergies… Mais lai
187
n. L’opposition mobilise Longtemps habitués
à
traiter de « chimères » tous les projets élaborés par les Européens l
188
larmés par une série de faits patents, contraires
à
toutes leurs prévisions : — la CECA est en place, commence à fonction
189
urs prévisions : — la CECA est en place, commence
à
fonctionner ; — la CED est en voie de ratification par les parlements
190
ier. Le scepticisme, qui paralysait les réactions
à
cet effort d’union, se mue en opposition déclarée, et cette oppositio
191
rs l’intégration. Il en résulte que toute détente
à
l’Est détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise de l’idée europée
192
saires, chez nous, de notre union, puisqu’il tend
à
la présenter tantôt comme l’effet d’une panique, tantôt, et au contra
193
e chose, renversons quelques ministères, revenons
à
la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et no
194
xpliquons-nous donc bien clairement, sans hésiter
à
souligner des évidences. Les vrais motifs de notre union n’ont pas
195
que » il y a deux mois, le retour de M. Vychinski
à
la civilité puérile et honnête, la restitution de deux ambassades à l
196
ile et honnête, la restitution de deux ambassades
à
leurs propriétaires légaux, la libération de quinze médecins sur neuf
197
nations sottement rivales, dont aucune n’est plus
à
l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes, soit de
198
tout va changer en Russie : ils ne changent rien
à
ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meilleure amie, quand le
199
eilleure amie, quand les États-Unis renonceraient
à
tout ce qui rend leur aide suspecte aux yeux de certains, quand la pa
200
scompté sera partiellement atteint par la Russie,
à
peu de frais. Ceux des Européens qui partageaient le point de vue de
201
qui partageaient le point de vue de M. Vychinski,
à
savoir que la politique d’intégration repose uniquement sur la craint
202
de danger qui poussait un grand nombre d’esprits
à
chercher le salut de l’Europe dans sa seule défense militaire, va se
203
la Communauté de défense, vont être les premiers
à
la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ?
204
e les premiers à la croire inutile. Qu’avons-nous
à
y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ce
205
s ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois
à
nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savo
206
nt nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait,
à
savoir qu’une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque
207
mais cette fois-ci chez nous, et en fin de compte
à
leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés qu’il appartiendra don
208
ai de grâce pour l’Europe Les Russes renonçant
à
la guerre, le monde entier se remet à respirer : c’est donc la preuve
209
s renonçant à la guerre, le monde entier se remet
à
respirer : c’est donc la preuve que le monde entier, les communistes
210
croyait pas que l’Amérique ni l’Europe songeaient
à
la « guerre préventive ». Chacun savait d’où venait le seul danger :
211
n résulte qu’un nouveau délai de grâce est offert
à
l’Europe pour s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’elle a
212
e aux vues larges et imaginatives, va faire place
à
une juste estimation de nos périls concrets mais aussi de nos chances
213
Le problème de l’Europe au xxe siècle, en butte
à
l’hostilité croissante des autres continents, mais détenant encore le
214
le ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue
à
la veille de s’unir, — ce problème va nous apparaître dans sa plus nu
215
paraître dans sa plus nue réalité. Comment rendre
à
notre culture, libératrice plus qu’aucune autre au monde des puissanc
216
de l’asphyxie économique ? Comment nous replacer
à
l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien
217
mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire
à
l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’uni
218
nque d’union, appellent dangereusement l’Amérique
à
prendre en main le sort de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs
219
cer « l’emprise économique des USA », représentée
à
leurs yeux par le plan Marshall et ses suites ; « l’arrogance de Wash
220
suites ; « l’arrogance de Washington », confirmée
à
leurs yeux par le voyage d’études de M. Dulles et certains articles d
221
ur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on
à
cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence indignée ? L’
222
ée que sollicitée, des USA ? Leur nom même suffit
à
répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché co
223
constitution fut voté par leurs délégués, réunis
à
Philadelphie. (Six nations de l’Europe viennent de voter un projet si
224
e l’Europe viennent de voter un projet similaire,
à
Strasbourg, le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’oppos
225
laire, à Strasbourg, le 10 mars 1953.) Il restait
à
le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans quelques vil
226
ew York était le plus réticent. Il fut le dernier
à
se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primau
227
e part il a créé l’animation politique nécessaire
à
la vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pen
228
ume de se référer aux maximes du Federalist comme
à
une sorte de jurisprudence des problèmes institutionnels. Or, voici q
229
, pour le malheur des trois autres, les a toutes,
à
des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et ses négocia
230
tres, les a toutes, à des degrés divers, soumises
à
son empire par ses armes et ses négociations, par la force et par la
231
rope a depuis si longtemps conservée l’a disposée
à
se regarder comme la maîtresse de l’univers, et à croire le reste du
232
à se regarder comme la maîtresse de l’univers, et
à
croire le reste du genre humain créé pour son utilité. Des hommes, ad
233
de grands philosophes, ont positivement attribué
à
ses habitants une supériorité physique, et ont sérieusement assuré qu
234
é ces arrogantes prétentions des Européens. C’est
à
nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modéra
235
r de la race humaine et d’enseigner la modération
à
ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’union nous en rendra capables. La
236
les. La désunion préparerait une nouvelle victime
à
leur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’être les instrume
237
ans une étroite et indissoluble Union, concourent
à
la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contr
238
rallélisme qu’un tel texte suggère et même impose
à
l’évidence, entre la situation de départ de l’Amérique et celle de no
239
pour pousser leur tactique de « détente » visant
à
faire échouer la CED. Les États-Unis voient leur prestige baisser en
240
Europe, et leur Congrès menace de réduire l’aide
à
certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’a
241
e de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant
à
notre opinion publique, dont le peu d’attention disponible est absorb
242
problème européen, qu’elle commençait tout juste
à
distinguer. Depuis deux mois, hors des milieux fédéralistes militants
243
s’énerve et laisse entendre qu’elle serait prête
à
passer outre, sans la France. En même temps, l’opposition à l’Europe
244
utre, sans la France. En même temps, l’opposition
à
l’Europe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète que les quelq
245
En même temps, l’opposition à l’Europe augmente,
à
gauche comme à droite. Elle répète que les quelques hommes d’État fra
246
l’opposition à l’Europe augmente, à gauche comme
à
droite. Elle répète que les quelques hommes d’État français qui ont a
247
des problèmes. Si chaque nation pouvait surmonter
à
elle seule toutes ses difficultés, pourquoi parlerait-on d’unir l’Eur
248
t-on d’unir l’Europe ? Trop de gens posent encore
à
notre union des conditions préalables (comme de rétablir l’équilibre
249
nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et
à
partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’agit de ranimer d’abord, et
250
git de penser désormais en termes de coopération,
à
l’échelle des réalités du xxe siècle, c’est-à-dire à l’échelle des e
251
échelle des réalités du xxe siècle, c’est-à-dire
à
l’échelle des ensembles viables. Et enfin, et surtout, trop de gens o
252
ables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes
à
rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs él
253
t faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’
à
elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et
254
de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire
à
ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et ces derniers à leurs intér
255
’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci
à
leurs électeurs, et ces derniers à leurs intérêts individuels. Si not
256
putés, ceux-ci à leurs électeurs, et ces derniers
à
leurs intérêts individuels. Si notre civilisation, menacée de toutes
257
ent, ils voudraient tous instituer l’Europe unie,
à
tout prix et sans délai. Cela peut se démontrer, et on l’a souvent fa
258
cessaire, ou de l’application d’un idéal. On fait
à
cette « politique » un honneur immérité en la traitant de byzantine.
259
s droits de l’homme, tout en adhérant cyniquement
à
l’Unesco ; une Angleterre qui se croit encore une île ; une Autriche
260
enfin qui préfère les combats de coqs politiciens
à
l’existence politique dans le monde du xxe siècle, et fait défaut. C
261
t pas la somme des Européens réels. Elle est tout
à
fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent que le C
262
aradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout
à
fait autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une culture,
263
’éducation, laquelle est antérieure et supérieure
à
l’individu. Nous voulons ici cette Europe, comme le moyen pour les Eu
264
ur les Européens de se dépasser. Nous travaillons
à
cette éducation. « Il y a cet immense avenir tout neuf devant nous, q
265
raités : tout se suspend, tout se trouve suspendu
à
la question européenne. Des ministres glissent dans une flaque d’alco
266
aut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre
à
tout prix et in extremis. Ils sont en train de démissionner. Et de qu
267
lle forme d’initiative occidentale, tout concourt
à
rendre l’Europe incapable même de tomber, étant trop bas. Tout au lo
268
res et des régimes démissionnaires ont vu revenir
à
la surface ces mêmes coalitions ou agglutinations de sceptiques compl
269
r des cartels. Les nations décident de s’en tenir
à
leur souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t-il alors ? La F
270
de l’armée française, ont une armée allemande. Ou
à
défaut d’armée allemande, pour les uns et les autres une armée russe.
271
ues guerres civiles ou troubles sociaux suffisent
à
motiver son occupation par l’un ou l’autre empire, ou par les deux, a
272
ant mieux. Mais qu’on n’écarte pas ces prévisions
à
l’aide d’un adjectif genre « alarmiste ». Il s’agit d’alarmer, précis
273
nt, au service de l’Europe, cela pourrait suffire
à
nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dan
274
, que des hommes d’État dignes du nom réussissent
à
s’imposer à temps, qu’une vague d’enthousiasme européen soulève les p
275
mmes d’État dignes du nom réussissent à s’imposer
à
temps, qu’une vague d’enthousiasme européen soulève les peuples, qu’u
276
se produisent jamais là où personne n’est disposé
à
les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « races incréd
277
is là où personne n’est disposé à les recevoir et
à
y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « races incrédules », car celles
278
on, rédigé sur votre demande, peut servir de base
à
l’union. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que
279
r de base à l’union. Ces deux faits nous incitent
à
vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un
280
de s’affirmer comme une puissance. Nous cherchons
à
savoir si le Projet répond à cette nécessité fondamentale de notre hi
281
ance. Nous cherchons à savoir si le Projet répond
à
cette nécessité fondamentale de notre histoire au xxe siècle. Telle
282
e diversité représente justement notre vrai titre
à
l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les prop
283
donc la première requête que nous sommes unanimes
à
formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le Projet comme
284
arties traitantes. Il ne s’agit donc pas de poser
à
son propos une espèce de « question de confiance » : ou bien l’accept
285
u bien l’accepter tel qu’il est, ou bien renoncer
à
faire l’Europe. Car il importe absolument de faire l’Europe, tandis q
286
si ce moyen, tout imparfait soit-il, peut servir
à
cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’il le peut
287
efuser comme base de travail équivaudrait en fait
à
récuser, en tant que source de la Constitution, cette Assemblée ad ho
288
tiquement, le sort de l’Europe serait donc confié
à
quelque groupe d’experts, inconnus du public, et forcément victimes d
289
rtir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit
à
l’échec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir a
290
de tout contre-projet devant vos parlements, soit
à
revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très sembla
291
parlements, soit à revenir après de longs détours
à
quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté.
292
détours à quelque chose qui serait très semblable
à
ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes lignes, le Projet prév
293
ent, le régime qui vous est proposé paraît propre
à
les faire mûrir. Le refuser serait faire perdre à l’Europe le temps q
294
à les faire mûrir. Le refuser serait faire perdre
à
l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’abattre et pour
295
faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire
à
d’autres pour l’abattre et pour l’asservir. Notre seconde requête por
296
sommes tous responsables. Cette raison suffirait
à
elle seule, car le sens même de chacune de nos vies dépend en fait d’
297
imple coalition, formule condamnée par l’Histoire
à
l’unanimité des exemples connus. De toute la force de ses traditions,
298
a regroupé l’une après l’autre toutes les nations
à
l’ouest du rideau de fer, attirant dès lors irrésistiblement les pays
299
llites », changera la face du monde et notre sort
à
tous. Plus peuplée que l’Amérique et l’URSS additionnées, elle dicter
300
s où elles ne seront plus guère que des prétextes
à
refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la so
301
ne peut plus rêver de vivre en autarcie. Renoncer
à
des droits illusoires, ou refuser d’y renoncer, ces deux gestes manqu
302
une force nouvelle. Et non point qu’elle renonce
à
des mots vides de sens, à des privilèges périmés, et plus anachroniqu
303
n point qu’elle renonce à des mots vides de sens,
à
des privilèges périmés, et plus anachroniques, au xxe siècle, que le
304
ne fédération : nous pensons au droit de veto, ou
à
des clauses d’avance paralysantes pour tout exécutif digne du nom. L’
305
ubtils. 7. Pourvu que le Projet, carrément, ouvre
à
l’Europe une chance de se fédérer demain, il convient de l’accepter,
306
user, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et
à
bref délai. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire
307
à bref délai. On compare volontiers notre Europe
à
Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siècles exac
308
viron. L’empereur en versa la moitié, puis se mit
à
pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant tous ruinés
309
décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise
à
sac. Les produits du pillage s’élevèrent après trois jours à plus de
310
produits du pillage s’élevèrent après trois jours
à
plus de 100 millions, sans compter le trésor inestimable des œuvres d
311
s après Cinq ans après le Congrès de l’Europe,
à
La Haye, un autre congrès vient de se tenir dans la même ville et la
312
pour mission de donner le coup de gong du départ
à
toute l’action européenne. Il avait esquissé des plans et des program
313
de présenter le Message aux Européens, dégageant,
à
la fin des débats, le sens général du congrès. La manifestation de ce
314
ngrès. La manifestation de cette année, convoquée
à
La Haye par le Mouvement européen, du 8 au 10 octobre, s’est voulue p
315
pays du plan Schuman. Dès le lendemain s’ouvrait
à
Rome une table ronde, convoquée par le Conseil de l’Europe aux fins d
316
ouveau congrès d’économistes, qui doit avoir lieu
à
Londres au début de 1954. Après cinq ans d’action européenne, nous no
317
s idéologiques. La chute de ces barrières suppose
à
son tour l’existence, le rayonnement et la force d’attraction d’une i
318
tionnaire sans doctrine révolutionnaire », aimait
à
répéter Lénine, politicien « pratique » s’il en fût. La condition non
319
e. Car là aussi résident les obstacles véritables
à
notre union, là surtout, plus que dans « les faits ». Il faut des con
320
mmes politiques, en retour, voudront-ils apporter
à
notre effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a poi
321
ont jusqu’ici on ne nous a point accablés ? Quant
à
la table ronde de Rome, elle avait reçu pour mission de s’occuper pré
322
i pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé —
à
titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la table ronde a
323
s moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et
à
ses commissions, secrétariat et comités d’experts : il leur appartien
324
et comités d’experts : il leur appartient, comme
à
nous, de donner suite pratique aux directives dégagées par cette réfl
325
ns, et organisé diverses manifestations destinées
à
devenir périodiques, telles que le Prix littéraire européen et la Con
326
ers, dans tous nos pays ; d’autre part, d’élargir
à
des sphères nouvelles et influentes le rayonnement de l’idée qui est
327
correspond au même ordre de préoccupations. Quant
à
la seconde tâche, pour être menée à bien avec toute l’ampleur nécessa
328
ations. Quant à la seconde tâche, pour être menée
à
bien avec toute l’ampleur nécessaire, elle suppose l’appui d’un group
329
e pour la table ronde de l’Europe qui s’est tenue
à
Rome l’automne dernier. Pour situer rapidement cette entreprise, part
330
, et cela donne le curieux résultat que voici : «
À
l’ouest du rideau de fer, 325 millions d’hommes vivent dans la peur d
331
équence, trop petits pour le siècle, et condamnés
à
perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendan
332
fait le sens même de nos vies, si nous persistons
à
demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. Mais au contra
333
ourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il
à
l’Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout proche et comme
334
ver, pour rejoindre un salut tout proche et comme
à
portée de main ? Il ne lui manque peut-être qu’une seule chose : la c
335
es immenses qui sont là, dont elle peut disposer,
à
la seule condition de les mettre en commun. Une prise de conscience.
336
itique, militaire. Et les résistances croissaient
à
la mesure des gains déjà réalisés. Comment réduire ces résistances là
337
. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée
à
un petit groupe de six Sages, dont la composition me paraît tout à fa
338
de six Sages, dont la composition me paraît tout
à
fait remarquable4. L’on y trouvait en effet côte à côte des hommes d’
339
rience, quinze publicistes réputés furent conviés
à
rechercher ensemble les moyens de faire connaître et d’illustrer, cha
340
ts de la réflexion des Six. De l’unité culturelle
à
la communauté politique Mon dessein n’est pas de résumer les péripéti
341
ourd’hui, apparaissent transitoires et relatives.
À
cette fin, j’avais introduit, dans les six thèmes proposés, l’idée d’
342
le leur salut. La recherche des origines communes
à
tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite mag
343
oduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut
à
la nécessité d’instaurer tout d’abord une union politique, condition
344
d’abord une union politique, condition préalable
à
toute restauration des cadres d’une culture nouvelle et des bases d’u
345
de nos pays : celui de passer du régime colonial
à
l’association dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos p
346
conomiques dans le monde, la table ronde a conclu
à
la nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rapports mutue
347
et le salut des Européens consistait aujourd’hui
à
édifier des modèles neufs de société — valables pour eux-mêmes d’abor
348
abord enivrante est bientôt devenue poison. C’est
à
nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de
349
’invité par le secrétariat du Conseil de l’Europe
à
présider les débats, je me suis trouvé en présence de personnalités d
350
vités humaines qui ont pour fin de donner un sens
à
la vie. — La politique fait-elle partie de ces activités ? — Oui, en
351
une conception de l’Europe et de son union propre
à
favoriser nos libertés. Non, si par politique on entend simplement l’
352
au-dessus des frontières étatiques, c’est rendre
à
la culture la première condition de sa santé. — Et quelle serait selo
353
s ne consacrent qu’à peine 1/1000e de leur budget
à
la culture ; encore ne s’agit-il pour eux que d’instruction publique,
354
us travaillons sur un autre plan. Pour contribuer
à
rétablir la seconde condition de la santé culturelle en Europe, nous
355
aveur de l’existence du Centre. On n’a pas réussi
à
créer l’union fédérale de l’Europe dans le délai optimum. Pourquoi ?
356
ale de l’Europe dans le délai optimum. Pourquoi ?
À
cause des résistances morales nées du nationalisme, et de vieilles cr
357
la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout
à
l’heure : « un organisme comme le Centre ». Est-ce donc qu’il en exis
358
le, si riche soit-elle. Le danger n’est pas là… —
À
quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il y ait deux ou
359
là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas
à
celui qu’il y ait deux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui
360
y ait deux ou plusieurs centres concurrents, mais
à
celui qu’il n’en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il e
361
u jugement de se représenter parfois qu’une chose
à
quoi l’on tient pourrait disparaître. Qu’en résulterait-il ? Je const
362
er — la phrase n’est pas de nous — et s’il venait
à
disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un jour, ref
363
n. 6. Voir bulletin de mars-avril 1954. 7. Voir
à
ce sujet la page 4 de ce bulletin. q. Rougemont Denis de, « Trois i
364
s’occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste
à
nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire sa fédération.
365
l’Europe, c’est-à-dire sa fédération. La Russie
à
Berlin, ou l’Europe caricaturée Il était facile de prévoir que rie
366
de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non
à
Berlin ne pouvait modifier les données fondamentales de l’Europe. Mêm
367
de beaucoup plus que la paix, qui demande un sens
à
sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres d
368
paix, qui demande un sens à sa vie, une direction
à
son espoir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées
369
nte-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile
à
établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du rideau de fer, qui
370
as facile à établir, mais on finit par dénombrer,
à
l’ouest du rideau de fer, quinze pays membres du Conseil de l’Europe
371
lesquels Saint-Marin et Andorre, soit vingt-cinq,
à
quoi s’ajouteraient la Russie et ses six satellites.) Cette grandiose
372
sez mêlée. Mais les neutralistes, qui dénonçaient
à
grands cris la disproportion des forces au sein des Six, entre la Fra
373
millions d’habitants, seront sans doute rassurés
à
l’idée d’un bloc russe de 200 millions rétablissant d’un seul coup la
374
battre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte
à
tenter de l’écraser par une surenchère insensée. Et surtout, souligno
375
fortement que la presse a manqué de le faire, qu’
à
la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie a constitué le plus séri
376
r un fondement solide : nous avions quelque chose
à
défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commu
377
de plusieurs autres continents, devient évidente
à
beaucoup. Des projets ont été formulés, parmi lesquels celui d’une Co
378
n arrière, l’Italie a décidé de poser la question
à
son Parlement, et des progrès minimes mais peut-être décisifs ont été
379
d’union régionale de l’Europe. Tout concourt donc
à
convaincre les hommes de bonne foi que la fédération européenne est à
380
signal clair fût donné par l’Histoire. L’Asie
à
Genève, ou l’Europe humiliée Deux mois plus tard, tout est changé.
381
er dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre
à
Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre
382
ne « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Genève
à
l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre est clai
383
insolence des envoyés de l’Asie rouge distribuant
à
nos hommes d’État des camouflets très peu « diplomatiques ». Pendant
384
s elle va laisser pourrir la CED, seule capable —
à
tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Deuxième v
385
laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou
à
raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Deuxième victoire du
386
— à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte
à
la Russie. Deuxième victoire du Kremlin. Au soir même de la chute de
387
divisions actives. Elle ne peut donc plus adhérer
à
l’alliance agressive baptisée CED. Elle y serait noyée et sans force.
388
orce. » Ce sophisme insultant va servir de slogan
à
la campagne neutraliste, si ce n’est même à certains nationalistes. U
389
logan à la campagne neutraliste, si ce n’est même
à
certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendra le nouve
390
rs français en Asie deviendra le nouveau prétexte
à
la démission de l’Europe. Dans son premier discours à Genève, Zhou En
391
démission de l’Europe. Dans son premier discours
à
Genève, Zhou Enlai déclarait en substance : — Bas les pattes en Asie
392
cation belliciste » toute tentative de résistance
à
son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moye
393
de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine
à
l’empire communiste serait un moyen de rétablir la « paix » dans le S
394
ud-Est de l’Asie, puisque celle-ci serait ouverte
à
l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix définitive entre
395
hacs, et du siège de Vienne par les Turcs ? C’est
à
quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut
396
du colonialisme soviétique, une Europe persistant
à
rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la fois physique
397
Communauté politique et son élargissement rapide
à
toute l’Europe. Ainsi le sort de 330 millions d’Européens, et au-delà
398
t aux Français d’abord qu’on voudrait s’adresser,
à
ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop angoissé pour ménager ses
399
olitique fédéral a pris naissance en 1848 ? Jusqu’
à
cette date, la Suisse n’était qu’une alliance d’États souverains. Pen
400
cantons que dans la mesure où elle se conformait
à
leurs volontés »8. La division des petits États, leur impuissance à a
401
8. La division des petits États, leur impuissance
à
adopter en temps utile une politique commune, expliquent la chute sou
402
en 1798. L’essai d’unification jacobine entrepris
à
ce moment-là sous le nom de « République helvétique une et indivisibl
403
d’hui. Loin d’exiger des cantons une renonciation
à
leur souveraineté, la Constitution suisse de 1848 garantit expresséme
404
s et nouvelles raisons s’opposeraient aujourd’hui
à
l’adoption d’articles semblables par les Constituants de l’Europe féd
405
l’Europe ? Est-il vrai qu’il y ait là un obstacle
à
l’union ? Ces souverainetés ont-elles quelque réalité et consistance,
406
ehors des débats où elles figurent comme prétexte
à
refuser les évidences européennes ? Voyons le concret. La souveraine
407
définie comme « la faculté, pour un État, d’agir
à
sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posée
408
la faculté, pour un État, d’agir à sa guise, tant
à
l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées par le droit ap
409
un État, d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’
à
l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaque
410
, dans les limites posées par le droit applicable
à
chaque domaine ». Or on ne voit plus aucun État européen qui ait cons
411
État européen qui ait conservé la faculté d’agir
à
sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la
412
éen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise
à
l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou d
413
e ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives
à
la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacab
414
’autre existence que psychologique. Où la voit-on
à
l’œuvre ? Non pas dans les faits mais dans les discours des députés a
415
e. Lors des débats de la table ronde de l’Europe,
à
Rome, deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer le s
416
deux arguments m’ont frappé, comme étant propres
à
éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut ap
417
i Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement
à
nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacr
418
me d’une Europe unie ». Le second argument est dû
à
M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, économi
419
ouveraineté du peuple, car le peuple sera associé
à
leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera
420
qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant
à
l’essentiel de cette souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour.
421
souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour.
À
la question : pourquoi l’Europe unie ? Il nous faut donc répondre mai
422
les grands empires, une souveraineté qui échappe
à
ses nations. 8. William Rappard, La Constitution fédérale de la Su
423
novembre 1954)t Rien n’est perdu, tout reste
à
faire Deux événements politiques ont absorbé l’attention des Europ
424
alisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée
à
tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet principal de prévenir
425
de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici
à
relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la constru
426
deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin
à
la construction européenne, comme on l’a répété bien à tort ; il mont
427
construction européenne, comme on l’a répété bien
à
tort ; il montre simplement qu’une partie d’un Parlement (devenue maj
428
vers l’intégration européenne », comme on l’a dit
à
Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe supranational
429
mme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent
à
affirmer le principe supranational. En résumé : rien n’est perdu, ma
430
euples, de leurs cadres et de leurs élites, reste
à
faire. Deux illusions des « Européistes » Les partisans de l’Eu
431
ement dans l’affaire de la CED — par complaisance
à
une double illusion : ils ont cru que le travail éducatif en profonde
432
les réalités que cachaient ces deux illusions. I.
À
un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on n
433
e cachaient ces deux illusions. I. À un moment ou
à
un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réuss
434
ès l’autre par les parlements. On n’a pas cherché
à
produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’eût représ
435
ration politique. C’était pratiquement se rallier
à
la méthode britannique, dite « fonctionnelle », méthode du step by st
436
onctionnelle », méthode du step by step, du petit
à
petit l’oiseau fait son nid10, méthode qui évite d’agiter « inutileme
437
opagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant
à
agiter les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusio
438
ous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait
à
croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux
439
ants européens croyaient avoir expliqué tout cela
à
l’opinion et aux parlementaires. Illusion profonde, comme on va le vo
440
1947 dans les 16 pays du CE et en Suisse, s’élève
à
491. Leur tirage total a légèrement dépassé 3 millions d’exemplaires.
441
me culturel comme le Centre n’est pas de suppléer
à
la carence d’une véritable propagande européenne. Tout au plus peut-i
442
urope a joué là-dessus. De notre côté, tout reste
à
faire, ou presque… Et maintenant, comment aller plus loin, avec force
443
créations par lesquelles le Centre espère donner
à
cette question un sérieux commencement de réponse. Ces activités nouv
444
éer les public relations qui ont manqué jusqu’ici
à
l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce que beaucoup vont penser, c
445
es et sociales, qui par nature restent invisibles
à
l’œil des agences de presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait.
446
ier exemple paraîtra le moins spectaculaire, mais
à
la réflexion c’est le plus convaincant, si toutefois les faits acquis
447
? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène
à
savoir où naissent les idées qui conduisent en fait notre monde. Là s
448
des moyens d’expression et des appuis techniques
à
ceux qui « pensent l’Europe » ; d’autre part, en contribuant aux effo
449
contribuant aux efforts entrepris pour substituer
à
l’enseignement nationaliste une vue plus juste de l’histoire commune
450
cherchons encore où sont les principaux obstacles
à
l’avènement d’une Europe unie, nous trouvons trois zones marécageuses
451
mple : Français et Allemands restent face à face,
à
se demander s’ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues
452
aire doit donc s’appliquer d’une manière générale
à
orienter les espoirs et les volontés, à situer les problèmes à leur v
453
générale à orienter les espoirs et les volontés,
à
situer les problèmes à leur véritable échelle, et à mettre en relatio
454
s espoirs et les volontés, à situer les problèmes
à
leur véritable échelle, et à mettre en relation les forces dispersées
455
situer les problèmes à leur véritable échelle, et
à
mettre en relation les forces dispersées. ⁂ L’analyse qui précède a
456
dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’
à
ce jour. Elle en indique aussi les développements prochains. Mettre e
457
« Liens avec l’Europe » se rattache manifestement
à
ce cycle d’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en sommes ve
458
rienter les espoirs, enfin : nous en sommes venus
à
penser que c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En quoi consi
459
cantes du potentiel européen. Dire aux peuples et
à
leurs élites : voilà ce que peut devenir l’Europe une fois unie, et v
460
scientifiques d’aujourd’hui, vont être consacrés
à
cette étude. Une série de publications allant de l’ouvrage technique
461
rie de publications allant de l’ouvrage technique
à
la brochure populaire, du numéro spécial de revue à l’article de pres
462
la brochure populaire, du numéro spécial de revue
à
l’article de presse, du plan de causerie à l’émission de radio, en di
463
revue à l’article de presse, du plan de causerie
à
l’émission de radio, en diffuseront plus tard les conclusions. ⁂ Au s
464
résenter mais un programme. Tel qu’il est, réduit
à
l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde encore les moyens
465
se par le CEC, il y a plus de quatre ans, tendait
à
la création d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Elle
466
s. Plus ambitieuse encore, et destinée cette fois
à
demeurer très proche du Centre, une seconde initiative est en voie d’
467
ative est en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954,
à
Genève, ont été signés et enregistrés les statuts de la Fondation eur
468
oin de chercher est-il vital pour les Européens ?
À
la première question, portant sur la recherche en soi, il paraît faci
469
t autre chose. C’est une passion. Et cela revient
à
dire qu’elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et li
470
dit qu’elle avait encore faim. N’ayant plus rien
à
lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine, beaucoup pl
471
mais ils ne savaient plus comment la satisfaire.
À
la fin, ils lui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lu
472
avoir pur ou la beauté. La plupart auraient peine
à
formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’est jamais ceci ou c
473
he humaine, dans tous les ordres — de la mystique
à
la technique en passant par les arts et les sciences — cet horizon de
474
ue soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse
à
lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier de la recher
475
né le monde pendant des siècles. Elle est encore,
à
notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la combat. Ell
476
s. Leurs prêtres et leurs princes avaient réponse
à
tout. Et de même aujourd’hui, la Russie soviétique offre ou impose à
477
aujourd’hui, la Russie soviétique offre ou impose
à
l’homme des masses plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes qu
478
, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache
à
nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifiq
479
devrait être saint. Il sait que le péché consiste
à
être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheur
480
hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche
à
se rapprocher de la vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fi
481
, comme des essais de civilisations totalitaires.
À
la vérité sacrée et intangible réglant chaque détail de la vie, à l’o
482
ée et intangible réglant chaque détail de la vie,
à
l’ordre total et définitif décrétés par le roi-prêtre ou par le dicta
483
le qui a poussé les navigateurs de la Renaissance
à
découvrir les autres peuples de la Terre, pour les convertir et les d
484
cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est
à
l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniques, qu
485
niques, que certains eurent le courage de risquer
à
la même époque. Et voici, à partir de ces pionniers, tout le développ
486
, aboutissant au xixe et surtout au xxe siècle,
à
la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, con
487
de ce siècle, de réduire le travail des ouvriers
à
quelques dizaines d’heures par an, pour une production décuplée. La t
488
la technique et son progrès constant qui a permis
à
notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de dominer t
489
e dépend de la recherche pure. Et celle-ci dépend
à
son tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisati
490
n général et la technique. Je vous ai montré tout
à
l’heure la technique débouchant dans la culture des masses. En revanc
491
cien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né
à
Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très savante, ma
492
e se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il,
à
temps perdu, les plans d’une machine d’un type nouveau, qu’il baptisa
493
t-il, n’était mieux faite pour servir d’épigraphe
à
cette journée, consacrée à l’éloge de la recherche. 11. Je la tiens
494
our servir d’épigraphe à cette journée, consacrée
à
l’éloge de la recherche. 11. Je la tiens du grand écrivain russe ex
495
de l’inauguration du Battelle Memorial Institute,
à
Genève, le 26 novembre 1954, devant un public d’industriels et de sav
496
civilisation occidentale, parce qu’elle s’attaque
à
la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation
497
mais déjà son identité, le droit de chaque homme
à
son âme, l’habeas animam comme l’a dit Ignazio Silone. La tyrannie po
498
pie : ses moyens scientifiques existent, ils sont
à
l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civili
499
n suprême et impérieuse de susciter la résistance
à
cette immense offensive anonyme contre l’humain, phénomène dont l’his
500
i nous divise devient, ailleurs, principe d’union
à
nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De gr
501
richesses tarissent. De grands marchés se ferment
à
nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, au moment o
502
périls. Les 325 millions d’hommes qui l’habitent,
à
l’ouest du rideau de fer, vivent dans la peur de 200 millions de Russ
503
séquence trop petits pour le siècle, et condamnés
à
perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendan
504
dans les mêmes ruines. » Nature des obstacles
à
l’union Les obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ord
505
Nature des obstacles à l’union Les obstacles
à
l’union européenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus que mat
506
fatal de l’Histoire » ; — attachement fétichiste
à
des « souverainetés nationales » qui ont épuisé leurs vertus au xixe
507
quelques heures ; — sectarisme politique, égoïsme
à
courte vue, qui empêchent les gouvernants autant que les masses de ré
508
lusieurs guerres, ou inculqués par l’enseignement
à
tous les degrés, depuis un siècle. Les efforts d’union entrepris depu
509
ètes ou non, du communisme. Et leur campagne joue
à
plein sur les habitudes mentales qu’on vient de rappeler, et sur les
510
t dans l’attitude morale des Européens eux-mêmes.
À
défaut d’une prise de conscience assez rapide et générale du danger q
511
sources immenses dont l’Europe disposerait encore
à
la seule condition de s’unir — tous les traités et pactes que l’on po
512
les existants aujourd’hui paraîtront plus faciles
à
surmonter, ou même s’évanouiront dans la mesure où ils consistent en
513
uropéen de la culture a été fondé pour contribuer
à
ce réveil du sentiment européen Il a commencé par agir dans les do
514
ieux responsables de chaque pays ? Comment offrir
à
des hommes influents l’occasion de réunir leurs forces pour le salut
515
ayant en commun ces deux traits : d’être acquise
à
l’idée européenne, et d’exercer une influence incontestée dans des mi
516
ire isolément, ou deux par deux, ils se sentaient
à
chaque instant soutenus et obligés par leur appartenance à un groupe
517
instant soutenus et obligés par leur appartenance
à
un groupe défini, à un Ordre, ou comme on le disait au Moyen Âge, à u
518
obligés par leur appartenance à un groupe défini,
à
un Ordre, ou comme on le disait au Moyen Âge, à une « religion ». Il
519
, à un Ordre, ou comme on le disait au Moyen Âge,
à
une « religion ». Il faudra donc que les Amis se sentent liés entre e
520
que les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’
à
la mission générale du Centre, par l’idéal européen qui les anime, et
521
ndation européenne de la culture serait de nature
à
modifier, par sa seule existence, le climat intellectuel et moral de
522
le veulent, s’ils se groupent, et s’ils agissent
à
temps. x. Rougemont Denis de, « Habeas Animam », Bulletin du Cent
523
ée naquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’
à
l’été 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent
524
autour d’un grand projet — celui d’une Fondation
à
l’échelle européenne — des hommes qui s’étaient signalés dans leur sp
525
Une série de prises de contact préalables aboutit
à
la convocation d’une quinzaine de personnes — industriels, banquiers,
526
unirent le 14 novembre 1953 au Pavillon Henri IV,
à
Saint-Germain-en-Laye. Lecture leur fut donnée du texte suivant. »
527
n fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée
à
tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n’est donc pas l’amou
528
du rideau de fer. La détente, si elle est vraie,
à
qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est propose — ave
529
une insistance particulière dans la note invitant
à
Moscou le Chancelier Adenauer — à ces échanges plus ou moins contrôlé
530
a note invitant à Moscou le Chancelier Adenauer —
à
ces échanges plus ou moins contrôlés, qui gagnera ? La réponse paraît
531
hange est une forme de vie culturelle congénitale
à
l’Occident, mais dans laquelle les Russes ne se sentent pas à l’aise.
532
, mais dans laquelle les Russes ne se sentent pas
à
l’aise. Leur idée du secret explique pourquoi. Citons ici les mémoire
533
superficielle. Vous estimez qu’il faut se borner
à
protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’important. Nous autres,
534
nse qu’un fonctionnaire de la Guépéou avait faite
à
quelqu’un qui lui demandait ce que l’on entendait par espionnage : «
535
uché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident a tout
à
gagner à faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la proposit
536
là de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner
à
faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la proposition spect
537
propagande culturelle, vous n’avez vraiment rien
à
y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La déten
538
ent à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas
à
nos frontières, avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’un
539
t leurs satellites intellectuels ? Ils n’ont rien
à
apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un dialogue avec
540
aitistes de l’Occident, ils n’ont rien de positif
à
proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre à représenter l’opin
541
proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre
à
représenter l’opinion générale de l’Europe. Les gouvernements ? Il es
542
’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pays
à
pays, ce serait normal : France-Biélorussie, Allemagne-Géorgie, Holla
543
accompagnée d’une exposition gratuite et ouverte
à
tous des résultats positifs de nos libres discussions, constitue l’ar
544
es » et de publier les scandales attribués tantôt
à
nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, e
545
es scandales attribués tantôt à nos dirigeants ou
à
leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments p
546
tôt à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt
à
nos « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’
547
uter quoi que ce soit d’un libre échange conforme
à
l’essence même de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est,
548
nforme à l’essence même de la culture. N’ayant qu’
à
se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté to
549
me M. Ehrenbourg, pendant que j’écris ceci, parle
à
Genève au cours des débats des Rencontres internationales. Mais rappe
550
t principal du débat ? Et pourquoi les Européens,
à
la faveur d’une telle confrontation, ne seraient-ils pas amenés à rév
551
e telle confrontation, ne seraient-ils pas amenés
à
réviser quelques-uns de leurs préjugés anarcho-individualistes ? Les
552
au triomphe d’un des camps sur l’autre, mais bien
à
une mise en question des deux attitudes confrontées ? Pour nous autre
553
1955. L’auteur, actuellement ambassadeur d’Italie
à
Paris, a rempli de nombreuses missions en URSS et parle couramment le
554
musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)aa
À
la fin de 1951, répondant à une invitation lancée par le CEC, sur une
555
! (octobre 1955)aa À la fin de 1951, répondant
à
une invitation lancée par le CEC, sur une proposition de son conseill
556
une quinzaine de grands festivals se réunissaient
à
Genève et décidaient, dans un enthousiasme unanime, de créer entre eu
557
e tangible d’un esprit de collaboration substitué
à
l’esprit de concurrence, et d’une vision européenne, dépassant les in
558
qués, et de mises au point de l’appareil. Décidée
à
élargir rapidement désormais le champ de ses activités, l’association
559
une série de décisions pratiques, tendant toutes
à
manifester l’esprit de coopération européenne qui l’anime, en même te
560
pération européenne qui l’anime, en même temps qu’
à
resserrer les liens professionnels entre ses membres. Ces mesures, do
561
s internationaux des festivals, ainsi que d’aider
à
faire connaître tel d’entre eux dans tel autre pays. L’organisation d
562
le. Un bulletin périodique d’informations destiné
à
la presse et aux critiques musicaux paraîtra prochainement. Enfin, la
563
s artistes, chefs d’orchestre, etc., seront mises
à
la disposition des membres de l’association. Enfin, certaines manifes
564
e l’Opéra d’Amsterdam, qu’il quitte pour se vouer
à
Genève au développement d’une œuvre « européenne », au sens le plus p
565
e occidentale a parlé des « 17 niets de Molotov »
à
Genève. La question des échanges culturels serait donc tranchée négat
566
’URSS. Il n’y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’
à
ce qu’une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kreml
567
loin un résumé analytique des discours prononcés
à
Genève sur ce sujet.) 2. On ne voit pas pourquoi l’Occident — et l’Eu
568
s Soviétiques n’ont pas donné les suites espérées
à
leurs ouvertures officielles de l’été dernier. 3. Le désir d’engager
569
rtains de ses préjugés et dans son désir de paix,
à
la faveur de sa double ignorance des réalités russes et staliniennes
570
v, on peut imaginer que les échanges répondraient
à
un désir longtemps frustré de savoir ce qui se fait et ce que l’on pe
571
d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles sont
à
sens unique : volonté d’acquérir sans rien donner, volonté de convain
572
’acquérir sans rien donner, volonté de convaincre
à
seule fin de régner, sans le moindre respect pour l’interlocuteur. Se
573
s relations culturelles Europe-Russie (des débuts
à
la guerre de 1914) (décembre 1955)ac ad L’ancienne Russie (de 86
574
écembre 1955)ac ad L’ancienne Russie (de 862
à
1700) Peut-on qualifier de « culturels » les premiers contacts de
575
s de la Russie et de l’Europe ? Ils se produisent
à
partir du ix e siècle, quand les Slaves se voient simultanément conqu
576
une Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’
à
nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de cour et de noblesse
577
qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé
à
une élite (d’Église, de cour et de noblesse). Dès le début, l’État su
578
r et de noblesse). Dès le début, l’État superpose
à
la réalité du peuple — indifférent et passif — ses structures dictato
579
enir les rênes du pouvoir mais sauver les âmes ».
À
cette culture byzantine fondamentale, l’occupation mongole (1224-1320
580
rs l’Europe paraît plus forte que leur résistance
à
l’occupant asiatique : Alexandre Nevski, vassal des occupants tartare
581
teutoniques, et préférant la domination des Khans
à
celle du pape de Rome, deviendra l’un des héros et des saints les plu
582
du patriarche Nikon, au xvii e siècle : phénomène
à
certains égards inverse de celui de la Réforme en Occident.) La ruptu
583
fonde entre l’Église orthodoxe et Rome correspond
à
l’absence à peu près complète de relations culturelles entre la Russi
584
ons culturelles entre la Russie et l’Europe jusqu’
à
la fin du xvii e siècle. Quelques échanges d’ambassades (Jean de Plan
585
n Carpin), quelques mariages de princesses russes
à
des souverains occidentaux, français ou danois, et les tentatives de
586
s le bilan des « échanges » non commerciaux jusqu’
à
Pierre le Grand. La Russie moderne (de Pierre le Grand à Alexandre
587
e Grand. La Russie moderne (de Pierre le Grand
à
Alexandre Ier) Chacun connaît l’aventure révolutionnaire que repré
588
ans, voyage en Europe, s’engage comme charpentier
à
Saardam, en Hollande, travaille dans les constructions navales en Ang
589
les constructions navales en Angleterre, est reçu
à
Riga, Königsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Paris, qui
590
önigsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et
à
Paris, qui le saluera comme un grand souverain. Pour Daniel Defoe, qu
591
apprend les techniques de l’Europe, et les impose
à
la Russie : celle-ci, une fois de plus, reçoit d’ailleurs, et d’en ha
592
arbes patriarcales de ses courtisans ; il ordonna
à
tous ses sujets, à l’exception des prêtres et des paysans, de se rase
593
de ses courtisans ; il ordonna à tous ses sujets,
à
l’exception des prêtres et des paysans, de se raser le menton et de s
594
des paysans, de se raser le menton et de se vêtir
à
la mode occidentale. Des coutumes appartenant entièrement au domaine
595
ne, rendues obligatoires. Le tsar prenait plaisir
à
organiser d’indécentes parodies de processions ecclésiastiques, auxqu
596
isation russe en y greffant des formes empruntées
à
l’Occident, que de s’en débarrasser de la façon la plus expéditive et
597
iers de Saardam. L’archevêque de Novgorod l’aide
à
imposer à l’Église orthodoxe une organisation occidentale, le Saint-S
598
ardam. L’archevêque de Novgorod l’aide à imposer
à
l’Église orthodoxe une organisation occidentale, le Saint-Synode, emp
599
Glück, fille d’un pasteur allemand, devenue fille
à
soldats, et la fait sacrer impératrice sous le nom de Catherine, en 1
600
d, le tsar meurt de la syphilis. C’est en pensant
à
lui (assassin de son fils comme Ivan le Terrible l’avait été du sien)
601
té intellectuelle russe ne ressemble plus en rien
à
la technolâtrie barbare et au mélange babylonien d’idiomes qui étaien
602
s, des sculpteurs, des peintres russes commencent
à
collaborer et bientôt à rivaliser avec les innombrables artistes étra
603
eintres russes commencent à collaborer et bientôt
à
rivaliser avec les innombrables artistes étrangers travaillant en Rus
604
ement russes, et si le peuple ne la comprenait qu’
à
moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce
605
on. Une mode russe se crée en Europe, comparable
à
la mode chinoise de l’époque : les Jeux russiens (tapisseries de J.-B
606
st clair, du reste, que le prestige du pays tient
à
cette époque, et plus tard encore, non pas tant à son nouvel essor cu
607
à cette époque, et plus tard encore, non pas tant
à
son nouvel essor culturel, dont on ne sait pas encore grand-chose à l
608
culturel, dont on ne sait pas encore grand-chose
à
l’étranger, qu’aux succès qu’il obtient sur le champ de bataille… L’
609
stoire de l’osmose entre la Russie et l’Occident.
À
l’origine de l’osmose il y a deux mouvements : l’élan de la Russie ve
610
ccident, la poussée de l’Occident vers la Russie.
À
certains égards, le second mouvement apparaît plus puissant encore qu
611
oins intelligente, plus ou moins féconde ». Quant
à
l’Occident, il se jette sans trop y réfléchir à la conquête culturell
612
t à l’Occident, il se jette sans trop y réfléchir
à
la conquête culturelle de la Russie. Ce fut une véritable ruée de sa
613
e espèce de musée ou conservatoire de l’Europe :
À
plus d’un égard, cet empire et sa capitale pouvaient être considérés
614
osthume. Ainsi y fut conservé le ballet classique
à
une époque où il s’étiolait complètement dans ses pays d’origine, la
615
origine, la France et l’Italie ; ainsi s’épanouit
à
Saint-Pétersbourg une dernière fois, avant sa mort, la grande archite
616
tistique de la Russie, de l’avènement d’Élisabeth
à
la mort d’Alexandre Ier, et à bien des égards cette domination se pro
617
ènement d’Élisabeth à la mort d’Alexandre Ier, et
à
bien des égards cette domination se prolongea jusqu’à nos jours. Pend
618
en des égards cette domination se prolongea jusqu’
à
nos jours. Pendant près de deux siècles, le français a été la premièr
619
russe de Frédéric qui va triompher, de Pierre III
à
Nicolas Ier, dont « l’empire knouto-germanique » sera dénoncé par Bak
620
es amours les plus profondes. Sa mission consiste
à
faire de ce passé européen la patrie spirituelle de la Russie future.
621
e région de l’Europe ne soit dorénavant étrangère
à
la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen est le premier grand é
622
ropéen est le premier grand écrivain russe. Grâce
à
lui, et malgré ses plaintes d’être né Russe, un certain équilibre s’é
623
ntre l’Occident, mais contre les valeurs communes
à
toutes les cultures nationales de l’Europe et qui précisément par là
624
unité. La renaissance russe (d’Alexandre Ier
à
Nicolas II) Tout ce qui a été créé en Russie depuis Pouchkine rel
625
péen. La littérature russe, de Lermontov et Gogol
à
nos jours, est tout entière issue de la révolution spirituelle déclen
626
ge. La musique russe à partir de Glinka doit plus
à
la musique occidentale (surtout postérieure à Beethoven) qu’au folklo
627
lus à la musique occidentale (surtout postérieure
à
Beethoven) qu’au folklore musical dont se réclamait l’idéologie natio
628
’un Wroubel, est restée fidèle par certains côtés
à
des sources d’inspiration profondément, bien que secrètement, religie
629
de la vieille peinture d’icones et n’est parvenue
à
exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation de la traditio
630
chrétienté orientale. Or, tout cela n’est pas dû
à
une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté essentielle.
631
ut cela n’est pas dû à une simple imitation, mais
à
la découverte d’une parenté essentielle. Et c’est pourquoi l’influenc
632
la Russie sur l’Occident n’est que la restitution
à
l’Europe de sa propre âme enrichie et comme rajeunie par l’apport neu
633
n’est pas quelque chose que l’on puisse assimiler
à
un simple engouement pour des formes d’art exotiques comme l’estampe
634
onaise ou la sculpture nègre. Si l’Europe apprend
à
connaître et à aimer les grandes créations de la culture russe, ce n’
635
ulpture nègre. Si l’Europe apprend à connaître et
à
aimer les grandes créations de la culture russe, ce n’est pas qu’elle
636
ou si l’on veut, une meilleure chrétienté appelée
à
sauver l’autre en la régénérant ». Mais la Russie culturelle du xix e
637
milliers d’ouvriers. Cette prise de vue remonte
à
1809. Bientôt le dernier grand architecte de l’Europe, Carlo Rossi (1
638
avec mélancolie son passé obscur et fragmentaire
à
celui infiniment plus riche et plus glorieux de l’Occident. Ses vues
639
disciples des grands penseurs allemands de Fichte
à
Hegel, étaient les premiers partisans, en Russie, d’un nationalisme é
640
nne. Le peuple et l’histoire furent leurs idoles,
à
l’instar des romantiques allemands (la « slavophilie » tout entière,
641
e commun aux slavophiles, aux révolutionnaires et
à
certains réactionnaires17. Intelligentsia, révolution, censure
642
e que cette intelligentsia — terme latin russifié
à
la hâte — qui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’est pas
643
artie) que son attitude d’opposition systématique
à
l’ensemble de la Russie officielle et aux opinions modérées. « Un min
644
es Russes ont témoigné d’une disposition spéciale
à
adopter les idées occidentales et à les brasser ensuite selon leur mo
645
tion spéciale à adopter les idées occidentales et
à
les brasser ensuite selon leur mode particulier. Or, ce mode particul
646
Or, ce mode particulier consiste presque toujours
à
y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident, était théorie scient
647
en Occident, était théorie scientifique, sujette
à
la critique, hypothèse, ou, en tout cas, vérité relative et partielle
648
as, vérité relative et partielle, sans prétention
à
l’universalité, — s’est mué, pour l’intelligentsia russe, en une affi
649
ligentsia russe, en une affirmation qui confinait
à
la révélation religieuse. Les Russes se donnent tout entiers, la rése
650
total de l’âme. L’intelligentsiste russe applique
à
la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’est fait darwinien,
651
pour lui, non pas une théorie biologique sujette
à
la discussion, mais un dogme, et désormais tous ceux qui n’acceptaien
652
emple, les partisans de Lamarck, étaient en butte
à
son mépris. Le philosophe le plus important du xix e siècle, Vladimir
653
s devons nous aimer les uns les autres.19 C’est
à
l’Occident que cette intelligentsia va emprunter toutes les idées san
654
e les purifiera de tout libéralisme, les poussera
à
leurs conséquences extrêmes (nihilisme), ou les rendra si religieusem
655
i religieusement intransigeantes qu’elle aboutira
à
un véritable obscurantisme rationaliste (ou matérialiste). Berdiaev a
656
tion universelle du monde par laquelle on réponde
à
toutes les questions… » Et il ajoute : La science — c’est-à-dire les
657
fait pour les Russes en général, toujours enclins
à
l’affirmation intégrale. L’élément sceptique leur est hétérogène, étr
658
n exil20, et si elle contraint les idées sociales
à
se réfugier dans la littérature — faisant de celle-ci « un acte unani
659
r l’intelligentsia : La censure officielle sévit
à
l’aveugle et commet des bévues ridicules, mais il en existe une autre
660
ontcharov, Dostoïevski, Tolstoï n’ont pas échappé
à
la vigilance de cette seconde censure ; d’autres écrivains de grand t
661
persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’
à
ce jour, grâce à son influence posthume et aussi à une certaine inert
662
ce jour, grâce à son influence posthume et aussi
à
une certaine inertie de l’opinion, n’occupent pas la place qui leur r
663
onnait-elle pas aux professeurs ce qu’ils avaient
à
enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor culturel (1880-1917
664
Diaghilev et le peintre Alexandre Benois fondent
à
Pétersbourg la revue Le Monde de l’art. Un an plus tard, Stanislavski
665
nde de l’art. Un an plus tard, Stanislavski fonde
à
Moscou le Théâtre d’art. On sait l’influence prépondérante que ces mo
666
Benois, Léon Bakst, Golovine, etc., sont révélés
à
Paris au cours de la première saison des Ballets russes de Diaghilev,
667
que le symbolisme et Oscar Wilde ont fait fureur
à
Pétersbourg et Moscou, l’Europe va traduire les œuvres des décadents
668
ont, Sologoub, Alexandre Blok. La Russie se livre
à
« une interprétation de l’œuvre de Gogol, de Tolstoï et surtout de Do
669
oupe important de penseurs religieux, de Soloviev
à
Berdiaev, en passant par Fedorov, Boulgakov, Rosanov, inspirés par le
670
rop, quand on ne pense qu’aux journées de 1905 ou
à
Raspoutine. L’exemple des éditions Sabachnikov, avec leur magnifiqu
671
s autant aux lettres étrangères qu’aux russes, et
à
la vie artistique de l’Occident qu’à celle de la Russie. Les discussi
672
x russes, et à la vie artistique de l’Occident qu’
à
celle de la Russie. Les discussions sur l’Orient et l’Occident, sur l
673
ions du Moyen Âge russe. L’amour de l’Italie aida
à
comprendre Novgorod, Vladimir, Moscou. La « découverte » de la peintu
674
en de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé
à
cette époque n’est concevable en dehors de ces nouvelles connaissance
675
ologoub, de Biély et d’Alexandre Blok. D’un bout
à
l’autre de l’immense pays, le mois de juillet de cette année-là était
676
s la somnolence et l’insomnie. On n’arrivait plus
à
travailler ni à prendre du repos. On hésitait entre l’angoisse et le
677
et l’insomnie. On n’arrivait plus à travailler ni
à
prendre du repos. On hésitait entre l’angoisse et le bâillement. Enfi
678
ont empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend
à
rien d’original. 15. Nicolas Berdiaev, Les Sources et le sens du com
679
s relations culturelles Europe-Russie (des débuts
à
la guerre de 1914) », Bulletin du Centre européen de la culture : « E
680
ur en note, ce « aperçu » emprunte très largement
à
l’ouvrage de Vladimir Weidlé, La Russie absente et présente, paru che
681
Que s’est-il passé
à
Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu donner que des
682
rs de films des trois pays occidentaux sont prêts
à
proposer leurs films à l’URSS aux conditions et prix commerciaux norm
683
ays occidentaux sont prêts à proposer leurs films
à
l’URSS aux conditions et prix commerciaux normaux. Les films soviétiq
684
tiques sont déjà introduits en Europe occidentale
à
de telles conditions. » 7. « Des échanges d’expositions… » 8. « Le br
685
o traitant des événements mondiaux… L’URSS aurait
à
sa disposition le réseau de radiodiffusion occidentale pendant des pé
686
0. Mesures immédiates pour supprimer « la censure
à
laquelle sont soumises les dépêches des journalistes à destination de
687
es, répond aux intérêts des peuples et conduirait
à
consolider la paix ». Après quoi M. Molotov insiste longuement sur le
688
ssance de l’histoire de notre pays… pourront voir
à
quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile
689
de liberté… Il est également facile de constater
à
quel point… tout le travail de notre gouvernement (est) imprégné du s
690
t incontestables. Mais nous avons encore beaucoup
à
faire… » Il faut donc nommer un comité d’experts pour convoquer une n
691
viétique n’accordait pas avant et n’accordera pas
à
l’avenir une telle « liberté d’échanges d’idées » qui constituerait u
692
e tels ou tels États ». On pourrait ainsi aboutir
à
des accords bilatéraux ou multilatéraux entre les États sur « des que
693
octobre… visaient trois objectifs. Cinq tendaient
à
supprimer les barrières ; sept, au libre échange des idées ; cinq, à
694
rières ; sept, au libre échange des idées ; cinq,
à
celui des personnes. …Mais les seules barrières que le gouvernement s
695
lité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer
à
jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour toujours exclus c
696
de l’espionnage, ni les voyages n’être permis qu’
à
de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu’une mauvais
697
une information plus objective pourrait être mise
à
la disposition des populations… La seule réponse que fait le gouverne
698
seule réponse que fait le gouvernement soviétique
à
nos propositions constructives et conciliantes est de nous demander l
699
nt de la politique étrangère des Soviets, destiné
à
apporter certains avantages à l’État, spécialement en ce qui concerne
700
es Soviets, destiné à apporter certains avantages
à
l’État, spécialement en ce qui concerne les connaissances techniques.
701
nts des missions diplomatiques Pas de réponse. (
À
traiter par négociations directes.) 17. Échanges de facilités pou
702
ae. Rougemont Denis de, « Que s’est-il passé
à
Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture : « Europe-URSS
703
ir et notre volonté de paix : tout nous porterait
à
proposer aux Soviétiques, et même à revendiquer comme un des droits d
704
ous porterait à proposer aux Soviétiques, et même
à
revendiquer comme un des droits démocratiques fondamentaux, le libre-
705
es bien définies que M. Molotov vient de rappeler
à
Genève avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence
706
avec une franchise remarquable. Nous nous rendons
à
l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter aujourd’hui, sans
707
n publique et privée : cela reviendrait pour elle
à
accepter le point de vue spécifique de l’Occident, c’est-à-dire à tra
708
int de vue spécifique de l’Occident, c’est-à-dire
à
trahir la mission que l’idéologie soviétique lui attribue dans l’État
709
bue dans l’État. Autrement dit : si le dialogue «
à
l’occidentale » était admis par les interlocuteurs russes, il n’y aur
710
xe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force
à
serrer de plus près la nature très particulière du dialogue dont nous
711
très particulière du dialogue dont nous cherchons
à
découvrir les bases, si étroites et précaires soient-elles. Nous éli
712
a vente libre des journaux. Nous irons plus loin,
à
la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notr
713
des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas
à
notre compte, dans les propositions qui suivent, les demandes « inacc
714
éjà refusées par eux — que présentaient récemment
à
Genève les ministres occidentaux. Comme par exemple : publications de
715
ctives, création de centres d’information ouverts
à
tous, libre échange d’étudiants, change équitable du rouble, liberté
716
tre chose, imaginer d’autres formules d’approche,
à
supposer que la chose demeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut semb
717
st également une donnée de fait. Elle nous incite
à
penser que, pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà) être te
718
it l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit,
à
proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraissent point
719
les dirigeants soviétiques, par leur porte-parole
à
Genève, ont adressés, très logiquement de leur point de vue, aux prop
720
modestes, non spectaculaires et non susceptibles,
à
notre avis, d’être exploités par la presse et la propagande dans l’un
721
d’hypothèses de travail, non pas d’un plan rigide
à
prendre ou à laisser. A. Séminaires Examinons d’abord la possibi
722
de travail, non pas d’un plan rigide à prendre ou
à
laisser. A. Séminaires Examinons d’abord la possibilité d’un sém
723
érentes, mais une chose doit nous unir : l’effort
à
accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous, écrivai
724
nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles
à
l’homme. Et si je parle de nous, écrivains soviétiques, je peux dire
725
rivain ». Lieu : Un hôtel ou une demeure privée,
à
la campagne, en Europe occidentale (pour une première rencontre en to
726
ie (ou des doubles éventuels) il faudrait arriver
à
six sujets. Chacun serait alors introduit par un rapport écrit et tra
727
t alors introduit par un rapport écrit et traduit
à
l’avance. Et chacun fournirait le thème et le point de départ d’une j
728
omique ou la haine entre les peuples ». Sujets :
À
titre d’exemples, pourraient être proposés et acceptés du côté europé
729
mesure ? L’écrivain soviétique en est-il libéré ?
À
quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérésie. (Dans les œ
730
? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit
à
l’hérésie. (Dans les œuvres des écrivains, non pas en général.) 5. L’
731
ccord devienne réellement intéressante, ou utile,
à
connaître et à préciser de part et d’autre. Activités complémentaire
732
réellement intéressante, ou utile, à connaître et
à
préciser de part et d’autre. Activités complémentaires : Des lecture
733
que tous les sujets que nous venons de suggérer (
à
simple titre d’exemples ou d’hypothèses de travail) soient jugés inop
734
, on se demandera sans doute pourquoi nous tenons
à
ce dialogue. Répondons par avance en toute franchise. Si anodins que
735
cations ; parce qu’il obligerait les participants
à
réviser certains de leurs préjugés, et contribuerait ainsi à la paix.
736
ertains de leurs préjugés, et contribuerait ainsi
à
la paix. Des séminaires de type analogue pourraient être organisés da
737
des a priori idéologiques ou politiques, — quitte
à
ce que chaque partie tire ensuite, des informations objectives ainsi
738
l plus approfondi de telles équipes de recherches
à
objectif délimité : ni quant aux résultats techniques à obtenir, ni q
739
ctif délimité : ni quant aux résultats techniques
à
obtenir, ni quant à la valeur des contacts humains qui peuvent s’étab
740
redoutent à juste titre qu’on ne les « utilise »
à
des fins politiques ou artistiquement subversives26. Nous autres démo
741
mer Picasso ou Paul Klee ; et que cette adhésion,
à
son tour, n’entraîne des conclusions politiques absurdes. C’est pourq
742
ion), non spectaculaires, et qui ne cherchent pas
à
attirer la grande masse inéduquée, mais les artistes, les critiques e
743
es modalités d’exécution ne seront pas difficiles
à
imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiques sont quasi qu
744
s partout en Amérique et en Europe, au concert et
à
la radio. Nous proposons simplement qu’en retour, les œuvres récentes
745
aires habituels rattachant tel aspect d’une œuvre
à
tel dogme politique régnant en URSS. Ceci appartient en effet à la dé
746
litique régnant en URSS. Ceci appartient en effet
à
la définition de la culture soviétique, et il s’agirait de présenter
747
n le dialogue serait faussé, chacun se présentant
à
l’autre d’une manière artificielle, guindée, non conforme à ses convi
748
d’une manière artificielle, guindée, non conforme
à
ses convictions.) Les échanges de films sont peut-être encore plus dé
749
on message explicite, et ménage un espace immense
à
la propagande non formulée, voire involontaire. Nous proposons donc d
750
aire. Nous proposons donc de limiter les échanges
à
quelques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentati
751
anges culturels, comment pourraient-ils s’opposer
à
ce que l’on montre, au moins à leur public le mieux trié, les réalisa
752
ient-ils s’opposer à ce que l’on montre, au moins
à
leur public le mieux trié, les réalisations de l’Europe ? À ce que l’
753
lic le mieux trié, les réalisations de l’Europe ?
À
ce que l’on donne à ce public (si restreint qu’ils le veuillent) une
754
es réalisations de l’Europe ? À ce que l’on donne
à
ce public (si restreint qu’ils le veuillent) une idée précise du nomb
755
s autorités seules compétentes en URSS opposaient
à
de telles propositions une fin de non-recevoir absolue, ou un mutisme
756
concret, et de toute intention sincère d’aboutir
à
rien de sérieux. Dans ce cas, les intellectuels européens n’auraient
757
intellectuels européens n’auraient plus le choix.
À
défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savons, leurs confrèr
758
accusation d’espionnage ou de propagande destinée
à
« déclencher l’activité subversive des rebuts sociaux » (Molotov). On
759
s toutes les raisons de nous refuser avec énergie
à
cette éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’é
760
ec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien
à
redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres. C’est pourqu
761
talement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts
à
accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « autorisés
762
imple réalisme, en vertu de notre désir d’aboutir
à
si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — objectif proclamé san
763
délégués-propagandistes officiels, surveillés pas
à
pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en
764
du peuple russe, ni aux nôtres. Ils appartiennent
à
une ère désormais dépassée par l’évolution historique, et dont les po
765
nir pacifique de nos relations de peuple européen
à
peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le C
766
de peuple européen à peuple russe, et de culture
à
culture, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légaleme
767
peuple russe, et de culture à culture, nous tient
à
cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légalement sous les tsars, ain
768
, cf. p. 7 de notre bulletin d’octobre 1955. 26.
À
un journaliste français qui lui demandait l’autre jour (7 décembre 19
769
elque 330 millions d’Européens vivant aujourd’hui
à
l’ouest du rideau de fer. Mais la méthode, au fond, n’est pas renouve
770
ités spécialisées », de nature économique, visant
à
ouvrir un grand marché commun (plan de Messine) ou à permettre une pr
771
uvrir un grand marché commun (plan de Messine) ou
à
permettre une production commune de l’énergie (Euratom). En somme, ce
772
si une première fois pour la CECA, échoué ensuite
à
l’occasion de la CED. La question que l’on peut se poser, c’est de sa
773
la CECA répondent oui, ceux qui pensent davantage
à
l’échec de la CED répondent non, et ceux qui pensent à la succession
774
chec de la CED répondent non, et ceux qui pensent
à
la succession chronologique des deux événements hésitent, voire pench
775
éthodes proposées ? Il y a celle qui consisterait
à
faire l’Europe non par pièces et morceaux peu à peu imbriqués, mais d
776
pranationaux. Cet extrémisme politique correspond
à
un certain tempérament latin, voire jacobin. On enregistre l’échec gl
777
voire jacobin. On enregistre l’échec global jusqu’
à
ce jour (l’Europe n’est pas encore unie) des approches partielles ou
778
péenne soit posée ouvertement, dans son ensemble,
à
tous les citoyens d’Europe, sous la forme d’un dilemme vital : s’unir
779
immédiatement, ou périr en ordre dispersé. Quant
à
la méthode proprement fédéraliste, elle semble s’apparenter également
780
t fédéraliste, elle semble s’apparenter également
à
celle des autorités spécialisées et à celle de la Constituante. Elle
781
r également à celle des autorités spécialisées et
à
celle de la Constituante. Elle préconise, en effet, à l’instar de la
782
re en esprit des deux autres. Elle ne cherche pas
à
fabriquer une Europe articulée comme une machine, ni à imposer à nos
783
riquer une Europe articulée comme une machine, ni
à
imposer à nos pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle ch
784
Europe articulée comme une machine, ni à imposer
à
nos pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche à co
785
re abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche
à
construire une union qui serait l’expression organique d’une vaste et
786
ois méthodes peuvent être défendues et critiquées
à
l’infini, pour des raisons théoriques ou pratiques, de tempérament ou
787
s plus lourdes sans valeur. Même si l’on arrivait
à
se mettre d’accord sur l’une des formules à réaliser (États-Unis, féd
788
ivait à se mettre d’accord sur l’une des formules
à
réaliser (États-Unis, fédération ou confédération), il resterait à sa
789
-Unis, fédération ou confédération), il resterait
à
savoir laquelle des trois méthodes a le plus de chances de mener rapi
790
lus de chances de mener rapidement au but choisi,
à
ce but-là précisément, et non point à tout autre chose qu’on n’aurait
791
but choisi, à ce but-là précisément, et non point
à
tout autre chose qu’on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que
792
, — et que l’Histoire seule parvienne (peut-être)
à
les départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est qu’aucune de ce
793
u’aucune de ces méthodes n’a de chances d’aboutir
à
la création d’une Europe vivante, sans le soutien d’une œuvre en prof
794
e effort pour préparer les responsables de demain
à
vivre l’union nécessaire. Notre méthode éducative et culturelle n’exc
795
ier 1956)aj ak M. Pierre Moser, qui fut, jusqu’
à
l’automne dernier, le directeur de l’Institut international de la jeu
796
esse, fondé en 1952 sous les auspices de l’Unesco
à
Gauting-Munich, a été chargé de diriger le département de l’éducation
797
on européenne récemment élaboré par la Fondation.
À
partir du 1er janvier 1956, M. Jean-Paul de Dadelsen a cessé de rempl
798
nnées, directeur de l’Opéra national de Hollande,
à
Amsterdam. aj. Rougemont Denis de, « Personalia », Bulletin du Cen
799
-vingt professeurs d’université réunis en congrès
à
Trieste, en septembre 1955, ont étudié les voies et moyens d’une « eu
800
urs appartenant aux principaux partis, a convoqué
à
Bruxelles, les 13 et 14 janvier, une conférence d’études tendant à cr
801
13 et 14 janvier, une conférence d’études tendant
à
créer une « Communauté européenne de culture ». Neuf objectifs étaien
802
par des initiatives privées (le Collège d’Europe,
à
Bruges, le CEC à Genève). Enfin, le Laboratoire européen de recherche
803
es privées (le Collège d’Europe, à Bruges, le CEC
à
Genève). Enfin, le Laboratoire européen de recherches nucléaires (CER
804
rches nucléaires (CERN), en cours de construction
à
Genève, la Société européenne de l’énergie atomique et le plan d’Eura
805
onférence de Bruxelles, après avoir rendu hommage
à
ces efforts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’est bornée
806
s et aux réalisations déjà acquises, s’est bornée
à
adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’approfondir »
807
el en vue « d’approfondir » ce travail. Renonçant
à
créer elle-même un organisme nouveau, la conférence a cependant deman
808
a communauté déjà existante des Six, mais ouverte
à
tous les autres pays d’Europe. On distingue mal en quoi cette organis
809
belges et les personnalités réunies autour d’eux
à
Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils ont promis leur appui récl
810
éunies autour d’eux à Bruxelles : la tâche vitale
à
laquelle ils ont promis leur appui réclame en effet la collaboration
811
opinion publique, telle nous paraît être la tâche
à
laquelle les initiateurs du congrès de Bruxelles pourraient consacrer
812
de la première table ronde de l’Europe, organisée
à
Rome, en octobre 1953, par le Conseil de l’Europe. Cette manifestatio
813
Europe. La direction des débats avait été confiée
à
M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résumé la substance
814
acceptées. Désireux de donner une suite effective
à
la déclaration de Rome, le Conseil de l’Europe a convoqué, du 16 au 2
815
ropéens ». M. Max Beloff, historien et professeur
à
Oxford, désigné comme rapporteur général de la conférence, sera charg
816
’approbation et des articles de presse favorables
à
nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant
817
Chapelain-Midy a été l’hôte des peintres russes,
à
l’occasion d’une exposition d’art français organisée à Moscou. Il se
818
ccasion d’une exposition d’art français organisée
à
Moscou. Il se déclare surpris par « l’uniformité de la peinture sovié
819
« Poussin, David. Delacroix, Courbet et Daumier… (
à
cause des sujets), mais considèrent Cézanne comme le début de la déca
820
e début de la décadence ». Ils sont très hostiles
à
Picasso et Matisse. Indifférents aux qualités plastiques, sensibles a
821
ités plastiques, sensibles au réalisme du détail,
à
la mise en scène, et à l’illustration photographique, leur goût ne di
822
les au réalisme du détail, à la mise en scène, et
à
l’illustration photographique, leur goût ne diffère donc en rien de c
823
ausanne du 25 décembre 1955, il pourrait ajouter
à
la poétesse de huit ans les jeunes Russes de 4 à 18 ans qui exposent
824
à la poétesse de huit ans les jeunes Russes de 4
à
18 ans qui exposent dans une galerie de Londres. « Réalisme photograp
825
es du Sud des États-Unis, vient d’être représenté
à
Moscou, par des chanteurs de couleur. Grand succès — onze minutes d’a
826
rassent sur la scène. ⁂ La revue Amerika reparaît
à
Moscou. C’est la seule revue occidentale autorisée jusqu’ici. Imprimé
827
aux États-Unis, libre de toute censure, elle tire
à
50 000 exemplaires distribués au public par les services officiels ru
828
russes, tandis que 1000 exemplaires sont confiés
à
l’ambassade américaine. Pas une seule revue de France ou d’Italie (pa
829
talie (pays où les communistes représentent de 25
à
35 % du corps électoral) n’a reçu la permission de paraître en URSS.
830
À
pied d’œuvre (avril-mai 1956)at Dès 1948, le rapport culturel du C
831
le rapport culturel du Congrès de l’Europe, réuni
à
La Haye sous la présidence de Winston Churchill, déclarait : Les org
832
laires, universitaires et populaires ». Obéissant
à
ces directives initiales, le CEC s’est intéressé dès ses débuts au do
833
on d’une conférence d’éducateurs, qui s’est tenue
à
Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont est né le Bureau européen de l’é
834
e, rattaché au CEC, bien qu’ayant son secrétariat
à
Bergen, en Hollande. En outre, on trouvera dans la plupart de nos bul
835
r les Foyers de culture et des articles consacrés
à
leurs problèmes, témoignant de notre souci constant d’animer, dans le
836
enne de la culture. Le numéro présent est destiné
à
servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose de situer
837
sent est destiné à servir d’introduction générale
à
ces projets. Il se propose de situer le problème d’une éducation pour
838
occidentale au cours des âges : il n’existe pas,
à
notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation en Europe faisa
839
ses contextes sociaux et politiques. Il en vient
à
s’imaginer que l’École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu
840
aurait existé « de tout temps » et qu’elle suffit
à
l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent à cent-cinqu
841
tion des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent
à
cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) et que son insuffi
842
ire (ou adult education) qui essaient de subvenir
à
ses carences. Il était nécessaire de rappeler succinctement ces donné
843
mière de son espèce. at. Rougemont Denis de, «
À
pied d’œuvre », Bulletin du Centre européen de la culture : « Pour un
844
ais Européens sans choisir des moyens convenables
à
cette fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même
845
on aux mystères, aux rites, au sacré social, tend
à
disparaître ; elle est remplacée par une instruction autant que possi
846
e, sciences, etc. Cette communication ne vise pas
à
initier l’individu à des mystères en tant que tels, mais au contraire
847
te communication ne vise pas à initier l’individu
à
des mystères en tant que tels, mais au contraire à éliminer le mystèr
848
des mystères en tant que tels, mais au contraire
à
éliminer le mystère. Au lieu d’inspirer au jeune disciple un respect
849
s, les dieux et les morts favorables), on cherche
à
donner à l’élève les moyens intellectuels de se débrouiller dans la s
850
eux et les morts favorables), on cherche à donner
à
l’élève les moyens intellectuels de se débrouiller dans la société, e
851
des réflexes. Il s’agissait de forcer l’individu
à
imiter exactement les conduites prescrites par le sacré religieux et
852
siècle : le drill militaire.) Mais la préparation
à
l’autonomie personnelle va dans le sens contraire. À l’extrême, elle
853
’autonomie personnelle va dans le sens contraire.
À
l’extrême, elle tend à libérer l’individu des conformismes, pour le m
854
va dans le sens contraire. À l’extrême, elle tend
à
libérer l’individu des conformismes, pour le mettre en mesure de réal
855
réaliser sa vocation unique. Au lieu de le forcer
à
devenir comme les autres, on l’aide à devenir « lui-même ». Au lieu d
856
e le forcer à devenir comme les autres, on l’aide
à
devenir « lui-même ». Au lieu de le diriger dès sa naissance dans la
857
tres et par les règles de sa caste, on le prépare
à
courir son aventure. Au lieu d’initiation, on parle d’initiative. En
858
d’initiation, on parle d’initiative. En résumé :
à
ce qu’on pourrait appeler l’in-ducation des sociétés traditionnelles,
859
des sociétés traditionnelles, l’Europe tend donc
à
opposer l’é-ducation (de e-ducere, « conduire dehors, conduire au-del
860
t reproduire sans faute, de la manière prescrite,
à
l’extrême de la précision, les gestes rituels symbolisant l’action d’
861
e l’éducation réside dans notre volonté d’étendre
à
tous les hommes, sans distinction de classe, de race, de rang, de tra
862
religieux, de tout prestige sacré, est distribuée
à
n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’impose l’âge de
863
études demeurent encore difficilement accessibles
à
des élèves pauvres, se voit dénoncé comme antidémocratique. Peut-on r
864
démocratique. Peut-on ramener tous ces contrastes
à
celui qui oppose, d’une manière globale, les sociétés fondées sur le
865
USA et URSS Dans les prolongements de l’Europe
à
l’est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées e
866
Dans les prolongements de l’Europe à l’est et
à
l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « composé
867
acune de son côté, et finalement s’exagérer jusqu’
à
la caricature de ce qu’elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du
868
s étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers
à
détecter. Un nombre croissant d’Américains, témoins ou victimes du sy
869
d’imposer un effort intellectuel excessif aboutit
à
ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie
870
s envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’
à
faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent régu
871
es nouvelles d’enseignement tendent régulièrement
à
économiser pour l’élève l’effort de l’intelligence, de la mémoire et
872
images plus nombreuses, et l’on peut craindre qu’
à
la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit un
873
gradation analogue. Les nuances de pensée tendent
à
disparaître avec les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’
874
nts, ils trouvent de moins en moins d’incitations
à
se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces li
875
adaptées ». Elle se substitue presque totalement
à
la famille, prenant l’enfant dès 3 ou 4 ans (nursery schools), ou au
876
rd dès 5 ans (Kindergarten), pour le garder jusqu’
à
18 ans, et cela non seulement pendant les leçons mais par le moyen d’
877
e formant par des disciplines exigeantes, aboutit
à
un conformisme tyrannique, dont souffre en premier lieu l’élite virtu
878
, dont souffre en premier lieu l’élite virtuelle.
À
l’autre extrême, prenons le cas de l’URSS, dont la doctrine d’État, m
879
de cours de culture générale (studium generale),
à
moins qu’on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à
880
études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 %
à
la spécialisation. Quelques jours après ses examens finaux, l’étudian
881
s quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés
à
poursuivre des études supérieures et à préparer un doctorat. Au cours
882
autorisés à poursuivre des études supérieures et
à
préparer un doctorat. Au cours des dernières vingt-cinq années, trois
883
mmes ici aux antipodes de la pratique américaine.
À
l’excès de liberté dans le choix s’oppose l’absence totale de choix p
884
a personnalité enfantine ou juvénile poussé jusqu’
à
l’évanouissement de la discipline (intellectuelle ou morale) s’oppose
885
me américain, lui aussi, livre finalement l’élève
à
une sorte de conditionnement social, non dirigé bien sûr, capricieux
886
t imposé sans liberté : les deux excès conduisent
à
des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-
887
fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus
à
la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communaut
888
cherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent
à
la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’
889
re, ni même d’essayer de les mélanger ou combiner
à
la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’à
890
ant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’
à
la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et un
891
sir que dans la mesure où elle vise en même temps
à
rendre libre.) L’individu se sent perdu dans le monde moderne L
892
perdu dans le monde moderne Le grand obstacle
à
l’exercice des responsabilités civiques, sociales, politiques, etc.,
893
perdu dans la société actuelle. Il n’arrive plus
à
s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec quelques chan
894
du chômage, un ordre de mobilisation — il a peine
à
les reconnaître telles qu’il se les imaginait et telles que la presse
895
eaux, qui lui échappent d’ailleurs tout autant qu’
à
son électeur de hasard ou de tradition périmée. Voilà notre démocrati
896
Une éducation véritable, préparant le jeune homme
à
devenir responsable (au sens le plus actif du terme), devrait se donn
897
dans lequel il vit, et dans lequel il se prépare
à
courir son aventure individuelle. Elle devrait lui enseigner : — d’où
898
; — comment ces forces se manifestent ou agissent
à
son échelle, dans le milieu qu’il connaît ou qu’il voudrait connaître
899
ir ou réagir, sur quels points, avec quels moyens
à
sa portée, ou qu’il pourrait aider à développer. Pourquoi l’Europe
900
quels moyens à sa portée, ou qu’il pourrait aider
à
développer. Pourquoi l’Europe ? Tant que ce travail d’informati
901
epris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe »
à
des hommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront
902
de. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’
à
partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation pré
903
qu’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé
à
nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effets prévisib
904
nt notre fédération. Il va de la réalité mondiale
à
celle de la commune et de l’individu. Mais le mouvement inverse, de l
905
re opéré en même temps : c’est celui qui consiste
à
intégrer le jeune individu dans sa communauté ou ses communautés loca
906
iens qui unissent son existence de tous les jours
à
des réseaux de forces et d’intérêts, à des structures sociales et pol
907
les jours à des réseaux de forces et d’intérêts,
à
des structures sociales et politiques plus vastes, à des courants de
908
es structures sociales et politiques plus vastes,
à
des courants de pensée plus généraux. De proche en proche, il compren
909
nts deviennent visibles. Il pourra prendre enfin,
à
son échelle, des décisions qui auront un sens, un prolongement possib
910
ation locale, on ne peut les attendre de l’École,
à
aucun de ses trois degrés. Les programmes sont déjà surchargés. Les «
911
tes et plus proches de la vie, qui prennent place
à
côté des heures et au-delà des périodes scolaires. Là, dans le vif d’
912
tuation locale ou régionale que l’on peut arriver
à
connaître en détail, l’information générale sur le monde et sur les p
913
tique et abstrait, mais une aventure personnelle,
à
la mesure des jeunes les plus entreprenants : ceux qui attendaient un
914
m Blackboard Jungle : la description y est certes
à
l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas moins si
915
suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé
à
grands traits un tableau de l’éducation en Europe, et signalé les pro
916
pe. Nous entendons par là : une éducation tendant
à
développer dans nos divers pays la conscience de la communauté de civ
917
pas été réveillée et informée, les efforts visant
à
fédérer nos pays dans un ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (
918
à fédérer nos pays dans un ensemble enfin viable
à
l’échelle mondiale (qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se
919
celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter
à
l’obstacle majeur : la résistance des esprits, faite le plus souvent
920
, aujourd’hui, pour les lecteurs de ce bulletin ?
À
l’approche du temps des vacances, il est bon de se retourner vers les
921
juin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus
à
notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de tous les
922
personnes venues de tous les horizons européens.
À
quoi s’ajoutent cinq commissions convoquées par le Centre dans différ
923
e nombreuses participations de nos collaborateurs
à
des réunions extérieures. Chacun de ces comités suscités par le Centr
924
« pour exécution immédiate ». Réunir par exemple,
à
deux reprises, une douzaine d’économistes venant de huit pays, pour d
925
t de huit pays, pour des sessions de travail de 2
à
3 jours chacune, voilà qui ne semble pas une tâche surhumaine, encore
926
résultats qu’on nous attend. Car ainsi qu’aimait
à
le dire un grand chef d’industrie français, ce n’est pas au pied du m
927
public. La Fondation a distribué des subventions
à
l’Association des universitaires d’Europe, à la Journée européenne de
928
ions à l’Association des universitaires d’Europe,
à
la Journée européenne des écoles, à la revue Dokumente et au Collège
929
res d’Europe, à la Journée européenne des écoles,
à
la revue Dokumente et au Collège d’Europe pour un atlas économique et
930
l’Europe. Elle a décerné des bourses importantes
à
cinq jeunes compositeurs… Toutefois, c’est encore peu, au regard de n
931
x européen de littérature, distribution mensuelle
à
la presse d’un bulletin d’articles et de nouvelles sur la vie de la c
932
réunis au CEC, le communiqué suivant était remis
à
la presse le 14 juin : Le jury international du Prix européen de lit
933
péenne des guildes et clubs du livre, s’est réuni
à
Genève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a décidé de ne
934
nt sur des ouvrages déjà imprimés, et l’a soumise
à
la Communauté européenne des guildes et clubs du livre. Encore qu’il
935
des guildes du livre et book-clubs correspondait
à
la situation des auteurs et des guildes vers 1951, lorsque le CEC sus
936
le CEC suscita la Communauté. On pouvait espérer,
à
cette époque, que la perspective de se voir publié en plusieurs langu
937
teurs non encore « découverts », et les induirait
à
écrire des œuvres adaptées au très vaste public à la fois exigeant et
938
ication des prix littéraires pousse non seulement
à
la rédaction hâtive mais encore à la publication « spéculative » de r
939
e non seulement à la rédaction hâtive mais encore
à
la publication « spéculative » de romans ou de récits souvent moins v
940
ort à tel prix spécialisé, ou telle « politique »
à
la mode. Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne sont pas en
941
opéen doive s’orienter vers une solution analogue
à
celle adoptée par la Fondation pour les bourses de compositeurs. (Voi
942
oint une formule nouvelle, d’ores et déjà soumise
à
la Communauté qui en décidera lors de sa prochaine assemblée générale
943
Rougemont, attribua le 5 mai 1956 quatre bourses
à
de jeunes compositeurs, leur donnant « la possibilité de travailler p
944
, et de composer une œuvre nouvelle » : « Mécénat
à
l’échelle de l’Europe : les premières bourses de la Fondation europée
945
traduit le grand défi que nous adresse l’Europe «
à
faire ». Il précise : Le défi n’est pas lancé par quelques Français
946
: Le défi n’est pas lancé par quelques Français
à
d’autres, mais par le Progrès à tous les Européens. Les autres défis
947
quelques Français à d’autres, mais par le Progrès
à
tous les Européens. Les autres défis qui occupent nos forces sont sec
948
es. On leur en propose le moyen, qui est de vivre
à
l’âge de l’Europe. Mais cela suppose une révolution : l’Europe ne se
949
l est plus agressif qu’il ne s’en donne les airs (
à
l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin il doit porter : modif
950
ait citer vingt passages d’une malice percutante,
à
la Voltaire. Mais aussi, cette page décisive dans sa lucide simplicit
951
s. Techniquement, la chose est facile. La machine
à
raser les frontières est au point. Derrière elle, les flots des écono
952
c’est l’orgueil de la créature, et l’obstination
à
conserver ce qui est établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répo
953
bli. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre
à
l’interrogation morale de notre époque, si en nous l’Européen finira
954
es hommes sur l’égoïsme atavique. Et l’on tremble
à
la pensée qu’une telle décision puisse être l’enjeu d’une partie de «
955
sations antiques, et nos nations n’auront plus qu’
à
se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az. Rougemon
956
caux, régionaux, nationaux et internationaux sont
à
l’œuvre dans le domaine de l’éducation populaire (ou adult education)
957
arient considérablement du Nord au Sud, d’un pays
à
l’autre, et souvent dans le même pays. Ici l’on donne des cours du so
958
uper intelligemment les loisirs tout en suppléant
à
l’éducation générale ou pratique que l’école ne peut plus donner. L’
959
estreintes dans plusieurs pays, le CEC convoquait
à
Genève, du 18 au 21 mai 1953, une conférence d’études groupant les re
960
ionne depuis 1954. Affilié au CEC, il a son siège
à
Bergen (Hollande) et ses propres statuts. Buts généraux : aider les
961
s généraux : aider les organisations de tout type
à
élever leur niveau matériel et à améliorer leurs méthodes ; promouvoi
962
ons de tout type à élever leur niveau matériel et
à
améliorer leurs méthodes ; promouvoir chez leurs membres un esprit eu
963
Programme permanent : le Bureau a dressé et tient
à
jour un catalogue descriptif des organisations existantes ; il réunit
964
; il fournit aux « abonnés » du matériel culturel
à
prix réduit (films, disques, publications, cartes, etc.) ; il organis
965
artes, etc.) ; il organise des voyages et séjours
à
l’étranger pour ses usagers et pour des conférenciers ; il envoie sur
966
apidement développées après la guerre, ont réussi
à
créer un très vaste public de lecteurs nouveaux, en leur apportant à
967
te public de lecteurs nouveaux, en leur apportant
à
domicile des livres choisis à leur intention, moins chers et mieux éd
968
, en leur apportant à domicile des livres choisis
à
leur intention, moins chers et mieux édités que ceux qu’ils auraient
969
éation d’un Prix européen de littérature, réservé
à
des œuvres inédites. Le prix fut décerné pour la première fois le 26
970
éjà célèbre dans son pays, mais récemment réfugié
à
l’Ouest, où son nom était encore ignoré, pour son récit du siège de V
971
en diverses langues, ont été révélés de la sorte
à
un très vaste public international. Le prix devait être décerné une s
972
ant les ouvrages déjà publiés, a donc été soumise
à
l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM. Gottfried
973
Innombrables sont les agences qui fournissent
à
la presse des nouvelles sur les crimes (politiques et privés), sur le
974
, le CEC publiera chaque mois un bulletin destiné
à
la presse et qui s’efforcera de combler cette lacune. Trois éditions
975
roit de reproduction libre. Dans chaque numéro, 3
à
5 articles brefs (de 400 à 600 mots) et une série de nouvelles en que
976
Dans chaque numéro, 3 à 5 articles brefs (de 400
à
600 mots) et une série de nouvelles en quelques lignes. Sujets traité
977
ats obtenus par le CEC ne pourront être appréciés
à
leur juste valeur relative que si l’on connaît mieux l’état des probl
978
’une ère où l’importance des loisirs est destinée
à
surpasser progressivement celle du travail (grâce aux développements
979
il l’unir ? nous n’aurions pas une seule brochure
à
lui tendre sans hésiter pour répondre à son intérêt. Dans nos archive
980
brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre
à
son intérêt. Dans nos archives, sans doute, quelques centaines d’épai
981
terrompre nos travaux ? Renvoyer leur publication
à
de meilleurs jours ? Nous avons entendu l’appel suprême de la plus pu
982
ttaquaient le bâtiment de la dernière radio libre
à
Budapest, une voix forte cria : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-no
983
e sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe
à
l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous appo
984
aussi comme un témoignage, comme une exhortation
à
répondre à l’appel qui survit au martyre de Budapest. Il faut absolum
985
e un témoignage, comme une exhortation à répondre
à
l’appel qui survit au martyre de Budapest. Il faut absolument faire l
986
faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons
à
notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils
987
uite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’
à
nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le de
988
éal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons
à
nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à n
989
u’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme
à
nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservi
990
nos pères, nous le devons avant tout, désormais,
à
nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Eur
991
tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est,
à
tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disai
992
n évidentes : l’avenir de notre culture étant lié
à
l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est liée
993
cette situation. On a vu se dresser contre nous,
à
l’ONU, le monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’Asie
994
l’Europe est un sujet d’actualité. Des magazines
à
grand tirage, en France, tels que Match et Réalités, publient des app
995
, tels que Match et Réalités, publient des appels
à
l’union qui ont l’éloquence urgente des faits et d’une sûre documenta
996
et leurs ministres les préparent, avec prudence,
à
l’idée révolutionnaire qu’il n’y a plus d’îles qui comptent dans le m
997
que si l’on surmonte les obstacles qui s’opposent
à
l’union immédiate, et qui résident principalement dans les esprits :
998
stoire mal apprise, intérêts mal compris, calculs
à
courte vue, nationalismes vantards et utopiques (genre « la France se
999
vique. Notre tâche Plus que jamais résister
à
l’esprit de démission, d’autodénigrement morbide, qui affecte une bon
1000
ce d’une certaine barbarie et par ses prétentions
à
représenter la « fatalité historique ». Plus que jamais affirmer la m
1001
ropéens. Voilà pourquoi le CEC vient de reprendre
à
sa charge les expériences-pilotes d’éducation et de formation des cad
1002
t de brefs articles et des nouvelles européennes,
à
l’usage d’un millier de journaux dans nos trois langues principales.
1003
’un terminé, l’autre en préparation — contribuant
à
la réflexion scientifique sur l’avenir de l’Europe. C’est enfin la mê
1004
ire. La construction d’une Europe politique reste
à
faire ou à reprendre à la base ; elle attend encore sa « relance ». L
1005
struction d’une Europe politique reste à faire ou
à
reprendre à la base ; elle attend encore sa « relance ». L’opinion bo
1006
une Europe politique reste à faire ou à reprendre
à
la base ; elle attend encore sa « relance ». L’opinion bouge, la jeun
1007
uté humaine qu’on nomme Europe. 31. Voir l’Ode
à
l’Europe, ci-après. 32. On lira plus loin le bel essai que nous donn
1008
. Ceux-ci, en effet, ne contribuent pas seulement
à
meubler l’esprit, mais à conditionner le jugement, et cela avant l’âg
1009
ontribuent pas seulement à meubler l’esprit, mais
à
conditionner le jugement, et cela avant l’âge où le jeune homme peut
1010
cela avant l’âge où le jeune homme peut se mettre
à
lire les journaux, à discuter les problèmes politiques avec les aînés
1011
e jeune homme peut se mettre à lire les journaux,
à
discuter les problèmes politiques avec les aînés qui s’y connaissent,
1012
politiques avec les aînés qui s’y connaissent, ou
à
lire pour son compte des ouvrages qui le rendent capable de repenser
1013
es proverbes, comme le bon sens lui-même… Parvenu
à
l’âge adulte, devenu électeur et responsable, — instituteur ou indust
1014
loin de se douter qu’elles ne correspondent plus
à
la réalité ou qu’elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nat
1015
eux-là ! — nous entourent et nous guettent, prêts
à
tirer parti de nos divisions. ⁂ « Faire l’Europe, c’est d’abord faire
1016
tout au long du numéro de notre bulletin consacré
à
l’éducation européenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous c
1017
Il nous conduit aujourd’hui, tout naturellement,
à
étudier le problème de la formation européenne à l’école et dès l’éco
1018
à étudier le problème de la formation européenne
à
l’école et dès l’école, c’est-à-dire aux racines de l’Europe de demai
1019
s Nations unies (ONU) inaugure son siège européen
à
Genève, dans le palais bâti pour la Société des Nations. Les conféren
1020
ière entre l’Europe de l’Ouest et les pays soumis
à
l’occupation ou à l’influence de la Russie soviétique. C’est ce qu’on
1021
e de l’Ouest et les pays soumis à l’occupation ou
à
l’influence de la Russie soviétique. C’est ce qu’on appelle le « ride
1022
Les deux guerres de 1914 et de 1939 ont mis fin
à
la puissance mondiale de l’Europe, qui dominait la planète depuis des
1023
manie). Les Américains aident les pays de l’Ouest
à
relever leur économie, grâce à un système d’aide financière dit « pla
1024
ide financière dit « plan Marshall », qui aboutit
à
la création de l’Organisation européenne de coopération économique (O
1025
ppauvrie, divisée, privée d’une politique commune
à
tous ses États, soumise à l’influence des États-Unis dans sa partie o
1026
d’une politique commune à tous ses États, soumise
à
l’influence des États-Unis dans sa partie ouest et de l’URSS dans sa
1027
lions) additionnés. En outre, il devient évident,
à
l’époque des armements atomiques et de la technique en plein essor, q
1028
4. Premières réalisations Un congrès se réunit
à
La Haye en 1948, sous la présidence de M. Churchill. Il demanda la co
1029
, cette Assemblée se réunit pour la première fois
à
Strasbourg et un Comité de ministres de 16 pays est formé : le Consei
1030
acier (CECA). Le siège de cet organisme s’établit
à
Luxembourg. En 1957, les mêmes six pays font un pas de plus, et créen
1031
ter leurs vastes ressources en matières premières
à
ce puissant ensemble, dont font partie les grands voisins de la Suiss
1032
cesse donc de se développer. Il pourrait aboutir
à
une vaste fédération politique groupant tous les États européens, de
1033
nd de l’Europe Jusqu’ici, la Suisse est restée
à
l’écart du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont les raison
1034
ité militaire de la Suisse l’a empêchée d’adhérer
à
l’alliance conclue en 1949 entre les pays de l’Ouest de l’Europe d’un
1035
ant d’être entraînée dans une politique contraire
à
son statut de neutralité. Cependant, les nécessités économiques pouss
1036
nt, les nécessités économiques poussent la Suisse
à
coopérer toujours plus étroitement avec les organisations européennes
1037
uropéennes. C’est ainsi que la Suisse adhère déjà
à
l’OECE, passe des accords avec le CECA et le Marché commun, et collab
1038
ds avec le CECA et le Marché commun, et collabore
à
la création d’une zone européenne de libre-échange, englobant tous le
1039
ts. 4. Dès 1949, un Conseil de l’Europe est créé,
à
Strasbourg. C’est un organe purement consultatif. En 1951, la Communa
1040
ar Gonzague de Reynold. M. l’abbé Pfulg a demandé
à
notre directeur de bien vouloir écrire le chapitre du manuel d’histoi
1041
re le chapitre du manuel d’histoire se rapportant
à
l’Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de
1042
s, croyons-nous, un tel sondage n’avait été opéré
à
l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mesurer le degr
1043
es solutions souhaitées par les uns et les autres
à
quelques-uns des principaux problèmes qui se posent aux organisateurs
1044
mbre et la nature des réponses reçues témoignent,
à
eux seuls, de l’intérêt très vif porté aux festivals, dans les milieu
1045
constater que ce résultat est largement supérieur
à
la moyenne obtenue par des enquêtes similaires. De plus, les refus de
1046
rmule même du festival de musique se sont réduits
à
quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès ; elle mon
1047
ête en soi fut donc un franc succès ; elle montre
à
l’évidence que les problèmes posés par l’existence des festivals tien
1048
on plaisir. Qu’il songe pendant quelques instants
à
la nouveauté même des festivals, à leur succès si rapidement croissan
1049
lques instants à la nouveauté même des festivals,
à
leur succès si rapidement croissant au xxe siècle et qui traduit dan
1050
ustrielle, et qui promet des loisirs plus étendus
à
un nombre croissant d’hommes et de femmes. Les problèmes de la cultur
1051
vue des programmes et de l’éducation du public qu’
à
celui des aspects économiques. Deux de ces options se trouvaient mise
1052
omoteurs de cette enquête ne pouvaient s’attendre
à
une approbation unanime de la définition qu’ils proposaient comme « i
1053
nt comme « idéale et normative ». C’est pourtant,
à
quelques nuances près, ce qui s’est produit. Personne n’a récusé les
1054
et Frank Martin. « Bartók cause autant de plaisir
à
Copenhague qu’à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Moz
1055
« Bartók cause autant de plaisir à Copenhague qu’
à
Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner
1056
mais en revanche, Mozart peut donner plus de joie
à
Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doi
1057
x-en-Provence, de Grenade ou même d’Helsinki (lié
à
la musique de Sibelius) se présentent tout d’abord à l’esprit de celu
1058
a musique de Sibelius) se présentent tout d’abord
à
l’esprit de celui qui médite sur une définition du festival en tant q
1059
de facilité nées de l’élément touristique propre
à
tout festival, qu’il se dise d’ailleurs international ou régional. L’
1060
e créer un jury international, qui aurait recours
à
ces critères pour décerner ou non l’étiquette de « festival » semblai
1061
u non l’étiquette de « festival » semblait propre
à
concrétiser le problème. Elle ne pouvait manquer de provoquer les réa
1062
ire » comme le dit un correspondant, et de croire
à
la vertu d’interdictions de label, même bien fondées. Mais que ce jur
1063
musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée
à
l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mais encore es
1064
n et qui le définit le mieux, quand on le compare
à
l’homme d’autres cultures et civilisations. De cette affinité d’essen
1065
génie propre de l’Europe. La musique n’aidera pas
à
résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle
1066
st typique de l’Europe que personne n’ait cherché
à
le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insistent surtout sur
1067
bien vivantes les traditions locales, ou de viser
à
un style nettement spécialisé, ne perdent jamais de vue que, ce faisa
1068
nt jamais de vue que, ce faisant, ils participent
à
un ensemble, ils donnent leur note dans un accord plus vaste, ils tie
1069
nie dans le « concert européen ». Loin de choisir
à
l’exclusion de l’autre l’une des deux solutions proposées, la grande
1070
renoncer aux échanges, de donner un visage propre
à
chaque festival sans renoncer à son caractère international, est le s
1071
un visage propre à chaque festival sans renoncer
à
son caractère international, est le souci normal de toute entreprise
1072
notre Association. Elles tendent toutes les trois
à
spécialiser mais aussi, et du même mouvement, à « européaniser » les
1073
s à spécialiser mais aussi, et du même mouvement,
à
« européaniser » les manifestations musicales, illustrant ainsi par d
1074
présentons aujourd’hui vient donc très exactement
à
son heure. Elle succède à un court précis du Marché commun et de l’Eu
1075
nt donc très exactement à son heure. Elle succède
à
un court précis du Marché commun et de l’Euratom (par questions et ré
1076
araître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait
à
une description succincte du contenu des traités et des étapes qu’ils
1077
oute arrière-pensée de propagande, cet essai vise
à
situer l’aventure qu’est encore le Marché commun, dans la perspective
1078
ortant groupe d’études, qui proposait de répondre
à
la question suivante : « Que se passerait-il si les frontières économ
1079
miques étaient supprimées dans toute l’Europe ? »
À
mi-chemin entre le cours précis d’information et le recueil d’études
1080
y a dix ans exactement, au début de février 1948,
à
Genève, le Dr J. H. Retinger débarquait de l’avion de Londres. Il ven
1081
arquait de l’avion de Londres. Il venait proposer
à
l’auteur de ces lignes de préparer la partie culturelle du premier Co
1082
remier Congrès de l’Europe. Trois mois plus tard,
à
La Haye, sous la présidence de Winston Churchill, le congrès proposai
1083
ntéressant la vie du continent, par voie d’appels
à
l’opinion et aux gouvernements ; et de faciliter la coordination des
1084
écédent. Pour le reste, voici l’histoire, réduite
à
sa chronologie sans commentaires. Réalisations 1949. Au mois de
1085
uropéen, D. de Rougemont et Raymond Silva ouvrent
à
Genève, dans une construction provisoire attenante au Palais Wilson,
1086
u 12 décembre dans le palais du Tribunal fédéral,
à
Lausanne. Elle groupe 220 délégués de 22 pays, invités par les comité
1087
opéen de la culture, du Collège de l’Europe, mise
à
l’étude d’un Institut européen de recherches nucléaires, et coordinat
1088
50. Le Centre européen de la culture est inauguré
à
Genève le 7 octobre par M. Salvador de Madariaga, président du consei
1089
ce de Lausanne (aboutissement : le CERN, inauguré
à
Genève en 1955). 1951. Première réunion pour l’étude des problèmes
1090
ojet de « Prix littéraire européen ». — Création (
à
Bruges) de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE), à
1091
ion européenne. 1954. Transfert du siège du CEC
à
la Villa Moynier. — Création de la Commission de pédagogie sportive.
1092
e compositeurs, critiques et interprètes musicaux
à
Rome (5-16 avril). — Signature des statuts et ouverture de la Fondati
1093
gogie sportive. — Congrès d’enseignants européens
à
Bremen. — Réunions du Comité des éducateurs et début des expériences-
1094
ctualités européennes, diffusées en trois langues
à
1200 journaux. — Première réunion du Pool européen d’éditeurs. 1957
1095
t pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même,
à
ses risques et périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait être
1096
la France, puis la Suisse et Genève, commencèrent
à
fournir une part de nos recettes35.) La fortune publique et privée ne
1097
rtune publique et privée ne croyait pas bien fort
à
l’union de l’Europe, et moins encore à l’efficacité de l’action éduca
1098
bien fort à l’union de l’Europe, et moins encore
à
l’efficacité de l’action éducatrice et culturelle pour cette union. O
1099
ment européen auquel le CEC doit se placer. Quant
à
l’institution elle-même, qu’en est-il ? Une constatation de fait s’im
1100
ujourd’hui la plus ancienne institution existante
à
l’échelle européenne 36. Et si l’on compare ses activités passées et
1101
ne concerne que six pays, alors que le CEC tient
à
garder pour champ d’action la Grande Europe, celle qui doit un jour r
1102
un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar
à
l’Oural si possible ! Mais la seule annonce de la mise en application
1103
n, et pour obliger de larges catégories nouvelles
à
s’intéresser d’une manière très concrète au problème européen. Dès 19
1104
, la nécessité de recherches coordonnées s’impose
à
beaucoup d’esprits qu’elle laissait naguère sceptiques. Comment le CE
1105
rès vaste que l’adjectif « culturel » peut servir
à
désigner (sinon à définir !), n’est pas un mal en soi, bien au contra
1106
jectif « culturel » peut servir à désigner (sinon
à
définir !), n’est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit
1107
i bénéficieraient d’une intégration plus poussée.
À
l’heure où les institutions économiques et politiques de l’Europe nai
1108
le domaine de la culture. La vocation du Centre,
à
Genève, se trouve ici clairement inscrite dans les faits. 2. Recher
1109
airement inscrite dans les faits. 2. Recherches
à
l’échelle européenne. L’Europe n’est pas seulement le Musée du Monde,
1110
ns la compétition impitoyable désormais instaurée
à
l’échelle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être appor
1111
sante et cohérente doit être apportée sans retard
à
la recherche spécifiquement européenne. Puissante par les capitaux ré
1112
apitaux réunis : au regard de l’aide qu’apportent
à
la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous s
1113
aide qu’apportent à la culture, aux recherches et
à
l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développ
1114
des besoins existants, des recherches en cours ou
à
entreprendre, des instituts et des savants disponibles et compétents.
1115
tique l’une des grandes idées qui avaient présidé
à
la création du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.
1116
éation du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant
à
promouvoir. 3. Relations culturelles extérieures. Minorisée aux Nat
1117
s ne peut élaborer et encore moins faire accepter
à
lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’êtr
1118
Europe entière, sûre de sa vocation, donc ouverte
à
l’avenir. ⁂ Telles sont les perspectives immédiates et prochaines qui
1119
rspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent
à
l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voies pour le
1120
isées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’
à
ce jour (unification du droit et coordination des programmes de radio
1121
être lancées en Italie et en Grèce. Elles visent
à
former des cadres de responsables, civiquement actifs et animés d’un
1122
s initiatives du Centre, en ce domaine, remontent
à
1951 : convocation de responsables de l’éducation populaire pour exam
1123
on entre les organisations de types variés visant
à
compléter ou à prolonger chez les adultes l’éducation scolaire ; 2° l
1124
ganisations de types variés visant à compléter ou
à
prolonger chez les adultes l’éducation scolaire ; 2° les possibilités
1125
re, rattaché au CEC mais autonome. Il a son siège
à
Bergen, en Hollande. Sous la direction de MM. Guermonprez et Schouten
1126
pui financier de la Fondation européenne — limité
à
la période allant de fin 1955 jusqu’en avril 1957 — devait permettre
1127
’éducateurs fut désigné pour présider au choix et
à
la définition des expériences-pilotes à entreprendre37. Les premières
1128
choix et à la définition des expériences-pilotes
à
entreprendre37. Les premières furent lancées dès l’automne 1956. D’au
1129
guère moins instructifs que les succès. Un volume
à
paraître en automne 1959 rassemblera les monographies rédigées sur ch
1130
secondaires) peuvent exercer sur des élèves de 10
à
16 ans, en s’inspirant dans leur enseignement d’une vision plus europ
1131
eignant a incité d’autres organisations scolaires
à
étudier des projets analogues en Suisse, France, Belgique et Italie ;
1132
1958. Haute-Provence (France) Objectif :
à
la faveur d’une action locale tendant à revitaliser une contrée de vi
1133
bjectif : à la faveur d’une action locale tendant
à
revitaliser une contrée de vieille culture populaire et de souvenirs
1134
en voie de dépeuplement, voir si l’on peut donner
à
ses habitants une notion réaliste des possibilités de développement d
1135
sud de Bordeaux, France) Objectif : analogue
à
celui de la Haute-Provence, mais dans une région d’économie mixte (ru
1136
miné les premiers résultats. Une monographie, due
à
M. Yves Laulan, est en cours de rédaction. En 1958, l’action éducativ
1137
s, d’économie agricole et artisanale, appartenant
à
une région de l’Italie bénéficiant d’un statut d’autonomie, étudier :
1138
Marché commun). Exécution. L’action a été lancée
à
l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 août 1957), int
1139
nt très divisé. Nouvelles expériences-pilotes
à
l’étude Outre les répétitions dans plusieurs pays de l’expérience
1140
s Du 23 au 27 septembre 1957, ce stage a réuni
à
Bruges, au Collège d’Europe, les dirigeants de nos expériences en cou
1141
trent qu’une expérience réussie se prête aussitôt
à
une répétition généralisée dans le reste de l’Europe, et justifient a
1142
cateurs, et nous a permis d’intéresser activement
à
une entreprise européenne des centaines de responsables locaux ou « c
1143
tes sociologiques organisées en Haute-Provence et
à
Aire-sur-Adour feront l’objet de publications dans des revues spécial
1144
rois séries de films fixes sur l’Europe, destinés
à
illustrer des conférences sur l’Unité culturelle de l’Europe, l’Europ
1145
de l’Europe et la CECA ont accepté de participer
à
l’élaboration de cette première série. M. Kormoss, chef du service ca
1146
al audiovisuel, La Haye ; Roger Girod, professeur
à
l’Université de Genève ; Erik Halvorsen, Skandinavisk Folkeoplysnings
1147
Comuni d’Europa, Rome ; Giorgio Spini, professeur
à
l’Université de Messine ; — ainsi qu’à titre occasionnel : MM. Frank
1148
professeur à l’Université de Messine ; — ainsi qu’
à
titre occasionnel : MM. Frank Milligan, National Federation of Commun
1149
Bretagne (Weidenfeld & Nicolson), s’est réuni
à
Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association ayant pour
1150
s’agissait de convaincre ces éditeurs de former,
à
cet effet, un pool ayant pour premier but la publication des ouvrages
1151
directeurs de la Librairie Plon en décembre 1956
à
Genève, a élaboré le plan du pool dans ses grandes lignes. Une deuxiè
1152
bulletin du Centre (février 1958)bq br Conçu
à
l’origine comme un simple organe d’information sur les travaux qui se
1153
CEC, le bulletin a paru sous cette forme de 1952
à
1956, à raison de six numéros par an. Dès 1955 cependant, des numéros
1154
t qui atteint rapidement un tirage très supérieur
à
celui des bulletins ordinaires. Ce sont ensuite le numéro spécial sur
1155
chent un public plus large et paraissent répondre
à
des besoins réels. Compte tenu de ces indications, la formule du bull
1156
bre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 pages tirés
à
3 000 exemplaires, ce sont désormais 6 numéros de 64 pages en moyenne
1157
cinq autres étant des numéros spéciaux consacrés
à
un thème unique. C’est ainsi qu’en 1957 ont paru : L’Europe s’inscri
1158
and, anglais, italien, grec, norvégien ; espagnol
à
l’étude). L’Europe et l’école (en français seulement). Le Rôle des
1159
age atteignait 75 000 exemplaires en cinq langues
à
la fin de 1957, a exercé dans la plupart de nos pays une influence qu
1160
Marché commun a été le seul ouvrage sur le sujet
à
paraître au moment précis où s’ouvrait le Marché commun. La critique
1161
ale et les instances officielles ont été unanimes
à
saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pour 1958, le prog
1162
s résumant les données de fait et l’argumentation
à
présenter à propos de quelques grands thèmes européens d’intérêt perm
1163
en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit
à
ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à ses
1164
ose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer
à
ses données physiques pour en tirer une énergie insoupçonnée. L’Europ
1165
ès le lendemain de la dernière guerre, de rallier
à
la cause européenne les forces vives de la culture, et cela non point
1166
s de la culture, et cela non point par des appels
à
quelque engagement politique, mais en leur proposant des tâches concr
1167
ique, mais en leur proposant des tâches concrètes
à
résoudre en commun dans leur domaine, au-delà des impasses nationales
1168
ne, au-delà des impasses nationales, c’est-à-dire
à
l’échelle de l’Europe. Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons
1169
sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre
à
la culture sa fonction créatrice dans notre société, et de la libérer
1170
aves du nationalisme. 3. Les principaux obstacles
à
l’Union de l’Europe ne sont pas dans les « faits » mais bien dans les
1171
ut suffire d’un traumatisme provoquant l’adhésion
à
la violence et le refus du sens critique, au profit d’une doctrine ou
1172
et de sens communautaire, et donc jamais conforme
à
un type collectif, puisqu’il tient avant tout, en tant qu’Européen, à
1173
puisqu’il tient avant tout, en tant qu’Européen,
à
sa différence personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous
1174
ne part donc, s’adresser d’abord aux compétences,
à
des hommes éminents dans leur branche, et qui, par suite, auront comp
1175
u sous-sol, la culture et l’allégeance politique,
à
l’intérieur d’un même cordon douanier. (D’où le bassin Ruhr-Lorraine
1176
hr-Lorraine coupé par le milieu, sous prétexte qu’
à
la surface, on parle français d’un côté, allemand de l’autre.) Ensuit
1177
ôté, allemand de l’autre.) Ensuite il faut offrir
à
ces hommes compétents l’occasion de travailler ensemble en tenant com
1178
mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’
à
l’échelle de l’Europe, unité de civilisation. D’où le succès, typique
1179
bien menée, les moins « idéologues » sont amenés
à
se conduire en fédéralistes pratiques, non point par choix sentimenta
1180
e, si toutefois elle s’unit, offrirait un domaine
à
la mesure du siècle et des ambitions raisonnables d’un homme qui veut
1181
est pas une activité au jour le jour, suivant pas
à
pas l’événement, mais au contraire : elle se propose de préparer le t
1182
s grand nombre possible d’Européens, mais d’abord
à
ceux qui détiennent une responsabilité quelconque à n’importe quel ni
1183
ceux qui détiennent une responsabilité quelconque
à
n’importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir
1184
e salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront
à
nos dépens et au prix de notre indépendance. Ceci posé, les principau
1185
péenne méthodique se doit de rappeler constamment
à
l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les
1186
t de rappeler constamment à l’opinion (et d’abord
à
ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renverse
1187
pres nationalismes. — Le nationalisme s’opposant
à
notre union, mais provoquant des unions étrangères contre nous (exemp
1188
par l’URSS d’un quart de la population européenne
à
l’Est, qui dans sa grande majorité souhaite sa libération, c’est-à-di
1189
é souhaite sa libération, c’est-à-dire son retour
à
l’Occident moderne (et non pas à la féodalité). — La réalité et les m
1190
-dire son retour à l’Occident moderne (et non pas
à
la féodalité). — La réalité et les mythes du communisme soviétique, v
1191
e de certaines valeurs et procédés de l’Occident,
à
l’usage des peuples techniquement arriérés. — Les possibilités démogr
1192
ul exemple : le fait que nous sommes 340 millions
à
l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population des USA et une
1193
emi celle de l’URSS, quand on le rappelle, suffit
à
redresser des perspectives complètement faussées par nos complexes ps
1194
ns le reste du monde. Moyens actuels et moyens
à
créer Pour appliquer la méthode dont nous venons de décrire les pr
1195
mécènes de la culture. Mais le CEC n’est pas seul
à
travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’instituts d’ense
1196
andes associations européennes d’enseignants sont
à
l’œuvre, l’une groupant les maîtres secondaires et primaires, l’autre
1197
chaque année des sujets de rédaction sur l’Europe
à
plusieurs centaines de milliers d’élèves de six pays. La tâche si imp
1198
ernationales Schulbuchinstitut, dont le siège est
à
Brunswick. Cependant que les comités culturels et les départements de
1199
s juristes, chez les médecins et les pharmaciens…
À
mesure que s’élargit la base de ces initiatives culturelles (au sens
1200
onalistes. Répétons-le : les principaux obstacles
à
l’union nécessaire sont dans les esprits (non les faits) et c’est là
1201
ils inculquent par la force le marxisme-léninisme
à
des peuples entiers. S’ils s’inclinaient devant les « faits matériels
1202
et le pouvoir d’achat — ils devraient conseiller
à
la classe ouvrière et aux pays sous-développés d’adopter dans leur pr
1203
matérialistes pratiques, en Occident, qui croient
à
la force des choses, dès lors qu’ils s’imaginent pouvoir combattre de
1204
des idéologies avec des « faits », et le marxisme
à
coups de valeurs cotées en bourse. Ils professent un parfait mépris p
1205
e théorie et les doctrines (toujours « fumeuses »
à
leurs yeux), par suite n’enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela
1206
stes de l’Europe de l’Ouest, quand ils proclament
à
chaque discours leur volonté de défendre « la cause de la liberté » n
1207
pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer
à
l’éducation de la liberté autant d’efforts et de capitaux que les tot
1208
et de capitaux que les totalitaires en consacrent
à
enseigner les principes de la tyrannie. Ils tiennent la culture pour
1209
pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine
à
calculer, ni même la brouette, c’est Pascal ; ou la turbine, c’est Lé
1210
out entière. Mais on dirait que la culture paraît
à
certains si respectable qu’ils n’oseraient jamais la payer… Les Russe
1211
gneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas
à
persuader le capital privé et les États que le salut de l’Europe (et
1212
s affaires) exige une aide puissante et immédiate
à
la culture et à l’éducation. L’un des objectifs prochains de la métho
1213
e une aide puissante et immédiate à la culture et
à
l’éducation. L’un des objectifs prochains de la méthode culturelle es
1214
crits au chapitre des dons philanthropiques, mais
à
celui de l’intérêt bien compris, de la défense de l’Europe et de notr
1215
e, nous les résumerons comme suit : elle consiste
à
fomenter dans tous nos milieux sociaux et professionnels — une consci
1216
re, — cette vision claire et réaliste contribuant
à
susciter des volontés qui trouveront les moyens requis, ou les créero
1217
art de nos États réservent 1/1000e de leur budget
à
la culture et que les capitalistes libéraux s’en remettent généraleme
1218
que le budget des fondations américaines équivaut
à
10 % du revenu national ! bs. Rougemont Denis de, « La méthode cult
1219
es prises de conscience nécessaires et préalables
à
toute action commune, tandis qu’une quatrième pense qu’une technique
1220
hode en soi Institutionnelle. Faire confiance
à
la vertu fédérative des « solidarités de fait » que l’on peut institu
1221
s « solidarités de fait » que l’on peut instituer
à
l’aide des moyens existants — industriels, techniques et financiers —
1222
bordonner les fins aux moyens, et de ne convertir
à
l’Europe que les techniciens au sens large, non les masses. Fédérali
1223
le schéma le plus satisfaisant du régime fédéral
à
établir, mais sans se préoccuper suffisamment des moyens de pression
1224
’est risquer d’être inefficace, non politique, et
à
l’extrême : de perdre au nom de nos raisons de vivre la vie même. Co
1225
citer des moyens assez puissants, d’autre part et
à
l’extrême, de perdre au nom de la vie nos raisons de vivre. Culturel
1226
s quatre méthodes, on découvre qu’ils se ramènent
à
une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si l’on tient compte
1227
ie et les raisons de vivre. Bien réussir s’oppose
à
réussir à temps. Trois exemples : 1. Pour bien réussir, il faut prépa
1228
raisons de vivre. Bien réussir s’oppose à réussir
à
temps. Trois exemples : 1. Pour bien réussir, il faut préparer le ter
1229
une génération. 2. Le Marché commun prévoit douze
à
dix-sept ans pour s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous es
1230
des se justifie en soi ; — aucune ne peut réussir
à
elle seule ; — elles n’ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but
1231
ectuel contemplatif, « quand il n’y a rien encore
à
contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j’adopte toutefois ce
1232
’impliquent mutuellement. Nos partis, routiniers
à
gauche autant qu’à droite, en sont restés à une logique arithmétique
1233
ement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’
à
droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé
1234
niers à gauche autant qu’à droite, en sont restés
à
une logique arithmétique qui n’a pas inventé la bombe H, laquelle dom
1235
ée et de calcul antinomique. Si l’on n’arrive pas
à
penser la réalité physique, sociale, psychologique et politique, par
1236
ormelles du xixe siècle, que Marx fut le premier
à
dépasser par son application de la dialectique aux faits sociaux, tan
1237
dans le train d’une action concrète et les amène
à
vivre le fédéralisme en dépit de leurs préjugés initiaux40. La méthod
1238
nts de bonne volonté des autres mouvements. Quant
à
la méthode fédéraliste, elle apporte à mon sens la seule philosophie
1239
nts. Quant à la méthode fédéraliste, elle apporte
à
mon sens la seule philosophie politique nouvelle depuis Marx ; et l’o
1240
avec autant de passion qu’ils mettent aujourd’hui
à
déplorer les « déviations » ou les « excès » de leurs meilleurs camar
1241
rfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés
à
dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucou
1242
ste dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins
à
ajouter que « les autres méthodes n’existent que dans les esprits »,
1243
t les économistes de la LECE menèrent de Montreux
à
La Haye, puis de Westminster à Strasbourg, enfin dans les couloirs de
1244
nèrent de Montreux à La Haye, puis de Westminster
à
Strasbourg, enfin dans les couloirs des parlements. Non seulement nos
1245
ulement nos méthodes ne peuvent être estimées une
à
une, du point de vue de l’efficacité, comme si nulle autre n’agissait
1246
de l’efficacité, comme si nulle autre n’agissait
à
côté d’elle ou n’avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il
1247
sant de la prochaine et décisive étape conduisant
à
la fédération : l’élection de l’Assemblée chargée d’élaborer le statu
1248
ais chargée des mêmes attributions constituantes,
à
ratifier soit par les parlements ou par les peuples des États, soit p
1249
res : ces deux grands faits dominent la situation
à
laquelle les fédéralistes européens ont à faire face. Nasser, Bandung
1250
tuation à laquelle les fédéralistes européens ont
à
faire face. Nasser, Bandung, Mao et le Kremlin n’agissent pas contre
1251
s pays de l’Est, la transition du régime colonial
à
l’autonomie ou à l’association fédérale, et l’aide aux pays sous-déve
1252
la transition du régime colonial à l’autonomie ou
à
l’association fédérale, et l’aide aux pays sous-développés. Aux menac
1253
développés. Aux menaces qui ne cessent de grandir
à
nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché c
1254
de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer
à
temps ni le succès du Marché commun dans douze ans, ni le succès d’un
1255
mais la seule union politique du continent. C’est
à
ce résultat prochain, seul suffisant, que doivent concourir les métho
1256
double sens du mot — que s’ils ne parviennent pas
à
fédérer leurs forces pour exiger ensemble et sans plus de délais l’él
1257
éraliste », publiée en brochure par La Fédération
à
Paris, et reprise dans L’Europe en jeu . Une première version de ce
1258
ougemont conclut ici un dossier donnant la parole
à
différentes personnalités réagissant à la signature des traités de Ro
1259
la parole à différentes personnalités réagissant
à
la signature des traités de Rome instaurant les Communautés européenn
1260
s divers projets, en cours de discussion, tendant
à
la création d’une Université européenne. On trouvera ci-après l’essen
1261
ne. De quoi s’agit-il aujourd’hui ? D’un principe
à
illustrer, dans une situation concrète, c’est-à-dire dans une situati
1262
ef et justifie notre rencontre. Voici le principe
à
illustrer : on ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce serait fa
1263
appartient d’influencer, si toutefois vous parlez
à
temps. Deux mots sur l’historique de cette rencontre. Lors de l’assem
1264
l’Association des instituts d’études européennes,
à
Turin, le 31 mai, lecture ayant été faite du communiqué des trois com
1265
ommuniqué des trois communautés du 20 mai relatif
à
la création d’une Université européenne, il a été décidé : — de réuni
1266
nce sur cet objet au mois d’octobre — de demander
à
l’Association des universitaires d’Europe ainsi qu’à quelques observa
1267
’Association des universitaires d’Europe ainsi qu’
à
quelques observateurs de s’y joindre — d’informer de ce projet les Co
1268
’une réunion préparatoire tenue le 9 juin au CEC,
à
Genève, il a paru nécessaire — sur la foi de nouvelles informations l
1269
de se prononcer en temps utile sur les questions
à
débattre, qui se trouvent avoir fait l’objet de fréquentes discussion
1270
ates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés
à
convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un délai de trois sem
1271
era-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’
à
tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit
1272
résentants des milieux universitaires déjà acquis
à
l’idée européenne, attendez, redoutez ou souhaitez d’une Université e
1273
rapport sera donc la suivante : comment répondre
à
ce double besoin ? Car c’est bien lui qui constitue, à notre avis, la
1274
double besoin ? Car c’est bien lui qui constitue,
à
notre avis, la substance réelle des débats soulevés périodiquement de
1275
igences suivantes, qui le définissent : a) offrir
à
des gradués de certaines branches l’accès aux connaissances les plus
1276
et d’une mise en commun de nos meilleures forces
à
l’échelle européenne. En effet, les derniers développements de la phy
1277
dans les universités existantes. Ceux qui auront
à
en tirer parti (pour la recherche ou l’application) les assimileront
1278
Des instituts européens spécialisés répondraient
à
cette nécessité. Ils offriraient ces occasions de prises de contact p
1279
e. Il s’agirait en somme d’une formule comparable
à
celle des « ateliers » de la Renaissance, formés autour d’un maître.
1280
ister sur la nécessité de réserver une large part
à
des problèmes de culture générale, pendant les semaines ou mois que c
1281
onné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir
à
Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux problèmes technolo
1282
rt. 9 du traité de l’Euratom ne se limiterait pas
à
un enseignement technique, mais y ajouterait un programme d’études eu
1283
ils naîtront d’initiatives dispersées. Ils auront
à
assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en des poin
1284
ent. Les séminaires techniques restant distincts (
à
l’instar des facultés), les cours généraux sur l’Europe seraient comm
1285
personnel administratif pourrait également servir
à
tous les instituts, et certains moniteurs d’études pourraient s’occup
1286
ssions des différents instituts, ou parallèlement
à
l’une ou l’autre de ces sessions, des stages d’études européennes par
1287
nes par professions, qui répondraient, eux aussi,
à
un besoin souvent exprimé en Europe. Agriculteurs, jeunes patrons, sy
1288
iologues, pharmaciens, hygiénistes, etc., qui ont
à
faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle europ
1289
rmaciens, hygiénistes, etc., qui ont à faire face
à
des problèmes professionnels se posant à l’échelle européenne, trouve
1290
ire face à des problèmes professionnels se posant
à
l’échelle européenne, trouveraient là le lieu de rencontre qu’ils che
1291
on la plus réaliste des problèmes qui ont conduit
à
évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être envisagée de
1292
es d’études professionnelles. 8. Deux problèmes
à
discuter. I. Un tel Centre devrait être ouvert en principe aux Europé
1293
oir fédéral européen, ne devraient pas intervenir
à
l’occasion du choix d’un Centre d’enseignement postuniversitaire. Gen
1294
ttention sur un fait incontestable et plus facile
à
chiffrer : l’accroissement de la consommation de la culture au xxe s
1295
le, considéré comme entité spirituelle, substitut
à
la religion, voire religion en soi. Ces deux notions ont suivi à peu
1296
un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais
à
partir du romantisme, celui qui exerce un art est appelé un artiste,
1297
de pensée : c’est « l’honnête homme ». Tandis qu’
à
partir du xixe siècle, la culture désigne de plus en plus l’ensemble
1298
e la vie commune. Au xxe siècle, la culture tend
à
devenir une sorte de way of life. Parmi toutes les définitions qu’on
1299
lon lequel la culture serait ce qui donne un sens
à
la vie, la rend digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce n’est p
1300
le, l’éducation intellectuelle était confiée soit
à
des écoles privées, réservées aux enfants des classes sociales privil
1301
x enfants des classes sociales privilégiées, soit
à
des précepteurs. Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu’o
1302
iales privilégiées, soit à des précepteurs. Quant
à
l’éducation artistique et technique (ce qu’on appelait les Arts et Mé
1303
smise par le milieu social ou par les praticiens.
À
partir du milieu du siècle dernier, les choses changent entièrement.
1304
ls » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent
à
assister à des matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables à des
1305
sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister
à
des matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables à des valeurs cu
1306
matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables
à
des valeurs culturelles, de même qu’en sortant du spectacle d’un matc
1307
notre civilisation européenne, ramène aujourd’hui
à
la culture des masses de plus en plus vastes. Ce processus inquiète d
1308
is rien, et je ne partage nullement le pessimisme
à
la mode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que l
1309
ébrées par la presse et la radio, et qui relèvent
à
quelques titres de la culture, peut faire illusion : je veux parler d
1310
ut faire illusion : je veux parler des romanciers
à
succès, des lauréats de prix plus ou moins culturels distribués chaqu
1311
, ou de ces savants qui tout d’un coup atteignent
à
la grande popularité (pour des raisons souvent accidentelles) auprès
1312
lle, de cette rumeur ou aura dont je parlais tout
à
l’heure. Il peut certes fausser le sens des valeurs réelles dans le g
1313
mérites scientifiques, plutôt que d’ignorer jusqu’
à
son nom, et d’épuiser toutes ses facultés d’admiration en acclamant q
1314
fessionnels. Venons-en d’une manière plus précise
à
la deuxième zone de diffusion de la culture, dont je parlais, c’est-à
1315
êt commercial. Le danger serait qu’ils se bornent
à
prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvo
1316
Le danger serait qu’ils se bornent à prolonger et
à
copier des succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir qu’ils ont a
1317
ituation actuelle ? Justifie-t-elle le pessimisme
à
la mode ? Je prendrai tout d’abord l’exemple du disque. Le microsillo
1318
u’à partir de 1950. C’est donc une industrie tout
à
fait nouvelle. Les premiers microsillons ont été consacrés, comme il
1319
consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout
à
des œuvres dites légères, et généralement aux plus mauvaises. C’est a
1320
ême temps, et voilà le fait nouveau, on a vendu 4
à
5000 exemplaires des madrigaux de Monteverdi ou de la Messe de Guilla
1321
maginer que ces millions de disques ont contribué
à
préparer un vaste public entièrement nouveau pour l’audition de la mu
1322
iteurs ont connus jusqu’à présent. Il semblerait,
à
les en croire, que le public qui lit représente une petite masse inva
1323
i l’expérience des guildes du livre. J’ai assisté
à
la création de la Guilde du livre de Suisse romande. Il s’agissait de
1324
eurs nouveaux pour la plupart, recrutés, détectés
à
domicile, et qui ont pris l’habitude de lire. Quant aux éditeurs, abs
1325
(qui compte 1 million d’habitants) pas plus de 5
à
6000 lecteurs potentiels. Le succès de la Guilde du livre prouve aujo
1326
trois en Allemagne — dont la plus prospère réunit
à
elle seule 350 000 adhérents —, et bien d’autres en Autriche, en Suis
1327
t du paper back américain. Un seul chiffre suffit
à
l’illustrer : au cours des dix dernières années, en Allemagne de l’Ou
1328
’Ouest, on a publié 80 millions de volumes vendus
à
1 mark ou 1,50 mark. Et quels sont les auteurs les mieux vendus de la
1329
rl Buck. On avouera que la qualité n’a rien perdu
à
cette augmentation spectaculaire de la quantité. De ces quelques fait
1330
ermet pas seulement de produire livres et disques
à
meilleur marché, en même temps que s’accroît le pouvoir d’achat des m
1331
ut, elle permet de raccourcir le temps de travail
à
l’usine, et de diminuer la fatigue en fin de journée. Tout concourt d
1332
la fatigue en fin de journée. Tout concourt donc
à
rendre de grandes masses nouvelles plus réceptives pour la culture. T
1333
es plus réceptives pour la culture. Tout concourt
à
encourager les producteurs de mass médias à prendre une attitude géné
1334
court à encourager les producteurs de mass médias
à
prendre une attitude générale de confiance envers le public. Il faut
1335
e public. Il faut qu’ils renoncent une bonne fois
à
l’idée périmée que le succès ne récompense que la facilité, la routin
1336
ides, nous en avons administré les preuves. Quant
à
savoir si l’élargissement des loisirs conduira ou non à une élévation
1337
ir si l’élargissement des loisirs conduira ou non
à
une élévation du niveau culturel, voilà qui dépendra essentiellement
1338
de nos nationalismes, derniers et pires obstacles
à
l’union nécessaire. C’est donc au Livre et au Manuel qu’il appartient
1339
chacun de nos peuples le sens de son appartenance
à
un ensemble humain et spirituel qui dépasse largement la nation, non
1340
rs rivalités, comme elles l’ont déjà presque fait
à
deux reprises dans notre siècle, mais elles périraient avec elle. L’a
1341
une seule langue. Le problème concret qui se pose
à
l’écrivain « européen » est donc de trouver les moyens d’atteindre vi
1342
ant au problème de l’éditeur, il consiste d’abord
à
découvrir ce qui est valable et neuf dans l’abondante littérature pro
1343
térature provoquée par les plans d’union, ensuite
à
s’assurer que les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une a
1344
ngrès et de leurs séminaires n’étant pas soutenus
à
l’échelon national comme les autres travaux spécialisés, il s’agit de
1345
pour eux un système d’édition et de distribution
à
l’échelon européen. ⁂ C’est pour tenter de répondre à ces questions n
1346
échelon européen. ⁂ C’est pour tenter de répondre
à
ces questions nouvelles que le Centre européen de la culture, ayant r
1347
par les statuts signés au mois de septembre 1958,
à
l’occasion d’une réunion qui coïncidait avec la Foire internationale
1348
coïncidait avec la Foire internationale du Livre,
à
Francfort : « … choisir d’un commun accord et publier simultanément d
1349
éraires, encyclopédiques et scientifiques propres
à
développer une meilleure compréhension des problèmes fondamentaux eur
1350
réhension des problèmes fondamentaux européens ou
à
illustrer le génie de l’Europe ». La présidence de l’assemblée généra
1351
res du pool. Le secrétariat est assuré par le CEC
à
Genève43, et il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la ch
1352
etenus par l’assemblée générale — seule habilitée
à
décider de la publication, à la majorité des deux tiers — se répartis
1353
le — seule habilitée à décider de la publication,
à
la majorité des deux tiers — se répartissent en trois catégories : Ac
1354
ond, livres d’art illustrés. D’autres séries sont
à
l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvrage
1355
t langues. Les principaux problèmes signalés tout
à
l’heure, celui des auteurs traitant de l’Europe, celui des éditeurs d
1356
oisir ou de faire écrire des manuscrits répondant
à
une série de conditions dont certaines apparaissent contradictoires.
1357
contradictoires. Tout l’art de l’éditeur consiste
à
concilier les exigences de la qualité et celles de la vente. Le jeu s
1358
, mais peu « vendable » en général, ou impossible
à
lancer dans certains pays. Il faut tenir compte, en effet, de l’inéga
1359
mière année de publications, il pourra contribuer
à
l’élaboration d’une véritable politique de l’édition « européenne ».
1360
septembre 1959)ca L’auteur se défend de croire
à
l’histoire éducative ou utile, celle d’un Bossuet ou d’un Fénelon, po
1361
se de conscience du groupe humain, qui le prépare
à
sa mission présente « en l’émancipant de ses complexes ». Dans cette
1362
de l’histoire, l’objectivité pure ne mènerait qu’
à
déchiffrer des documents. Or : « Au départ de tout travail historique
1363
er comme s’il était le phénomène déterminant qui,
à
lui seul, expliquerait l’histoire ? En quelques pages nourries d’exe
1364
uestions ; il établit que l’Europe est antérieure
à
ses nations (qu’elle seule explique et non l’inverse), et il formule
1365
n la formule célèbre de Toynbee. Texte classique,
à
méditer non seulement par les professeurs, instituteurs et autres ens
1366
rbares, l’hellénisme, Israël et le christianisme.
À
la triade classique Athènes-Rome-Jérusalem, il ajoute à bon droit l’h
1367
éconnu (pour avoir été trop souvent exagéré jusqu’
à
l’absurde par les propagandes que l’on sait), vient d’être replacé da
1368
annoncée. Et cela va nous conduire de Constantin
à
Grégoire VII, à travers les siècles les moins généralement connus de
1369
rugmans, comme Dawson et G. de Reynold, s’attache
à
cette période pour mieux mettre en lumière la « maturité » qu’elle pr
1370
sance », tous ces auteurs catholiques s’accordent
à
reconnaître dans le Moyen Âge le « sommet » de l’Europe. À quoi l’on
1371
ître dans le Moyen Âge le « sommet » de l’Europe.
À
quoi l’on pourrait opposer que le terme d’Europe, si fréquent sous le
1372
ure polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer
à
un point de vue qui n’est ni français ni germanique, ni latin ni angl
1373
siècle pouvaient-ils se faire de l’Europe ? C’est
à
cette seule question, strictement définie et limitée, qu’entend répon
1374
rant ouvrage d’histoire intellectuelle paru jusqu’
à
ce jour et traitant de la « problématique » européenne. Curcio embras
1375
un Schlegel ou d’un Jakob Burckhardt — et je cite
à
dessein ceux dont il donne la meilleure analyse — avec la pensée d’un
1376
français, en revanche, sera surpris de découvrir
à
quel point la pensée romantique allemande est nourrie de la Reichsged
1377
és. Mais rien n’est plus injuste que de reprocher
à
un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour mieux passer sous silence l’esse
1378
en Italie et en Espagne, rendrait un beau service
à
la cause de l’Europe. cb. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Hei
1379
ins, comme Montesquieu, Rousseau, Voltaire, jusqu’
à
36 ou 40 fois ! Nous voici les témoins enchantés d’une véritable orgi
1380
dée européenne telle que l’ont exprimée d’Hésiode
à
Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passant par des centaines de gén
1381
e l’ont exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote
à
Heidegger, en passant par des centaines de génies inspirés et de moin
1382
ètes de presque toutes nos langues. On a reproché
à
cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’une successi
1383
apparaît injuste, si l’on prend garde au titre et
à
l’objet même de l’œuvre, qui est de retracer la généalogie de l’idée
1384
té de culture, pendant trois millénaires. Comparé
à
l’ouvrage de Gollwitzer — dont il s’inspire expressément pour tout ce
1385
’un professeur napolitain, qui occupa des chaires
à
Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus,
1386
r napolitain, qui occupa des chaires à Pérouse et
à
Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres
1387
a des chaires à Pérouse et à Florence, et qui vit
à
Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres précieux, presque exha
1388
de nous imposer une interprétation systématique,
à
la Hegel, de l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer,
1389
la Hegel, de l’évolution de l’Europe. Il se borne
à
décrire, à citer, à situer, et par là rendra d’autres services aux ét
1390
e l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire,
à
citer, à situer, et par là rendra d’autres services aux étudiants de
1391
tion de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer,
à
situer, et par là rendra d’autres services aux étudiants de la réalit
1392
el ; mais leurs références renvoient trop souvent
à
des traductions françaises d’un auteur anglais, ou allemandes d’un au
1393
telle sorte qu’il devient malaisé de se reporter
à
l’original. D’autre part, l’index fourmille de fautes. Les noms slave
1394
is, on ne sait où les chercher, car l’auteur cède
à
la curieuse habitude italienne de grouper sous D les noms à particule
1395
use habitude italienne de grouper sous D les noms
à
particule — mais pas tous — de sorte qu’on finira par trouver Comines
1396
s’élève tout naturellement, dans ses conclusions,
à
la hauteur d’un manifeste européen : « Le jour où il ne devrait plus
1397
é son nationalisme, son idée du droit des peuples
à
disposer d’eux-mêmes, sa science, son hygiène, sa technique, son capi
1398
s ce titre par M. Luis Diez de Corral, professeur
à
l’Université de Madrid. L’auteur est de l’école d’Ortega : c’est dire
1399
cumentation — si vastes soient-elles — et cherche
à
saisir par l’intuition et par la sensibilité aux mythes les structure
1400
tive mondiale. Comme Ortega, Diez del Corral aime
à
se référer aux philosophes et historiens allemands — Hegel, Nietzsche
1401
Weber, Spengler, Dilthey et Jaspers — mais aussi
à
Auguste Comte, à Toynbee, et à saint Augustin, c’est-à-dire aux grand
1402
Dilthey et Jaspers — mais aussi à Auguste Comte,
à
Toynbee, et à saint Augustin, c’est-à-dire aux grands auteurs de syst
1403
spers — mais aussi à Auguste Comte, à Toynbee, et
à
saint Augustin, c’est-à-dire aux grands auteurs de systèmes de l’Hist
1404
es génies systématiques sont régulièrement amenés
à
des conclusions pessimistes sur les destins de notre Europe ? Je croi
1405
manque pas d’évoquer la grande ombre du Chevalier
à
la Triste Figure : c’est-à-dire qu’au-delà du monde technique, comme
1406
ont parlait Rimbaud, trois fois cité en épigraphe
à
ces essais, avec une efficacité extraordinaire. Il importe d’ajouter
1407
e efficacité extraordinaire. Il importe d’ajouter
à
cette très brève caractérisation du thème et de l’esprit de l’ouvrage
1408
tionalisme et Supernation » ; ce dernier chapitre
à
lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’est-il pas remarquab
1409
les pour agir sur l’opinion. La première consiste
à
créer des institutions, qui obligent à coopérer et bientôt conditionn
1410
e consiste à créer des institutions, qui obligent
à
coopérer et bientôt conditionnent des réflexes communs. La seconde co
1411
ionnent des réflexes communs. La seconde consiste
à
inculquer d’une manière massive des jugements tout faits, oblitérant
1412
ur éveiller cette conscience, il faut aller jusqu’
à
ses sources collectives : l’École et le milieu local. ⁂ Au printemps
1413
e prolonger la durée totale des expériences jusqu’
à
1959. En cours de route, quatre nouvelles expériences dans le domain
1414
iences dans le domaine scolaire vinrent s’ajouter
à
celle de Fribourg, seule prévue au début ; tandis que deux expérience
1415
les comptes rendus des neuf expériences conduites
à
leur terme de 1957 à 1959 qu’on trouvera réunis dans les pages qui su
1416
s neuf expériences conduites à leur terme de 1957
à
1959 qu’on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soi
1417
ables qui ont été obtenus, cette publication vise
à
dégager un certain nombre de conclusions pratiques, qui permettront é
1418
ntatives, verront mieux non seulement les erreurs
à
éviter, mais surtout les possibilités d’action efficaces qui existent
1419
manqueront pas d’encourager certains d’entre eux
à
tenter à leur tour des entreprises analogues. 44. Bulletin du Cen
1420
nt pas d’encourager certains d’entre eux à tenter
à
leur tour des entreprises analogues. 44. Bulletin du Centre europ
1421
le d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux
à
des pousses minuscules, insignifiantes, jusqu’au moment où il sent qu
1422
tures. (Quand rien n’a pris, le jardinier cherche
à
savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il se rassure, car il saura fair
1423
dont nous disposions nous ont souvent contraints
à
des improvisations empiriques que la science des sociologues jugera p
1424
a peut-être sévèrement. Mais ce défaut nous a mis
à
l’abri de la tentation majeure dans ce domaine : celle de plaquer sur
1425
ans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables
à
ceux de l’homéopathie, permettant d’inciter — non de forcer — des réa
1426
n de forcer — des réactions intimes, peu visibles
à
l’œil nu et difficilement mesurables, mais attendues et comme préfigu
1427
lication, ce qui peut être fait et ce qu’il reste
à
faire. Fort de ces expériences acquises, le CEC et son département de
1428
oi faut-il un Centre en pareil domaine ? Répondre
à
ces trois questions, très normales et très légitimes, ce sera définir
1429
pédantes, il est facile de définir un sens commun
à
toutes les acceptions du terme. La culture a toujours désigné l’actio
1430
Angleterre — Newman, Matthew Arnold —, on se met
à
parler de la culture tout court, non plus seulement de la culture du
1431
ltur » et « Civilisation » deviennent les slogans
à
tout faire des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne somm
1432
le débat, nous dirions que la culture représente
à
nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres n
1433
qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie »
à
cette royauté longtemps incontestée — et qui peut renaître demain sou
1434
s une culture. Et voilà qui suffit, pratiquement,
à
définir le rôle actif et créateur de la culture, à faire voir qu’elle
1435
définir le rôle actif et créateur de la culture,
à
faire voir qu’elle n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour
1436
le pays du couchant, part de Japhet, l’Asie étant
à
Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture.
1437
nt, part de Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique
à
Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de c
1438
Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est
à
nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant l
1439
cours des siècles, mais antérieure et supérieure
à
tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union
1440
rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être
à
la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel et
1441
ements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit
à
la recherche difficile de leur union, dépend d’un jeu de forces polit
1442
ici pour la plus grande Europe, pour elle seule,
à
son seul service, conscients de servir du même coup la cause de l’uni
1443
e plus vaste union. Où sont les obstacles majeurs
à
cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les
1444
s et leurs routines. C’est donc là que nous avons
à
les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forment les e
1445
t un champ de forces culturelles, sans frontières
à
l’extérieur, mais tout encombré de barrières et de chicanes périmées.
1446
urs opérations communes ; d’autre part, de donner
à
l’ensemble ses meilleures chances de rayonnement mondial. Coordonner
1447
leures chances de rayonnement mondial. Coordonner
à
l’intérieur, pour mieux représenter à l’extérieur. CENTRE, à l’inv
1448
Coordonner à l’intérieur, pour mieux représenter
à
l’extérieur. CENTRE, à l’inverse du mot culture, évoque des images
1449
pour mieux représenter à l’extérieur. CENTRE,
à
l’inverse du mot culture, évoque des images trop précises : celle d’u
1450
problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’offrait
à
nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de cu
1451
bleau, tel qu’il s’offrait à nous il y a dix ans.
À
l’idée de culture en général, et d’unité de culture européenne en par
1452
nne, critique et scientifique, et qui est commune
à
tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de préjugés
1453
éjà tentées ou trouvées ailleurs. Chacun s’épuise
à
découvrir son Amérique — quitte à se faire financer par elle, sous pr
1454
Chacun s’épuise à découvrir son Amérique — quitte
à
se faire financer par elle, sous prétexte de sauvegarder sa sacro-sai
1455
ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée,
à
la suite des congrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l’idée de fa
1456
coordination se sont multipliés au point de poser
à
leur tour un grave problème de coordination… et de financement ; et l
1457
ons d’intention européenne et fédéraliste tendent
à
devenir une rhétorique superficielle. Un travail de recherches en pro
1458
echerches en profondeur s’impose. Les années 1956
à
1960 voient donc apparaître, en réponse à ces deux problèmes nouveaux
1459
es 1956 à 1960 voient donc apparaître, en réponse
à
ces deux problèmes nouveaux, d’une part des fondations (Genève, puis
1460
encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible
à
l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’être de l’institution — po
1461
est vrai, aux yeux d’un grand public indifférent
à
la culture. ⁂ En 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit que
1462
enre n’existe pas en théorie, mais qu’elle répond
à
des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent avec une insist
1463
rès vaste que l’adjectif « culturel » peut servir
à
désigner, n’est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit le
1464
i bénéficieraient d’une intégration plus poussée.
À
l’heure où les institutions économiques et politiques de l’Europe nai
1465
airement inscrite dans les faits. 2. Recherches
à
l’échelle européenne. L’Europe n’est pas seulement le Musée du Monde,
1466
ns la compétition impitoyable désormais instaurée
à
l’échelle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être appor
1467
sante et cohérente doit être apportée sans retard
à
la recherche spécifiquement européenne. Puissante par les capitaux ré
1468
apitaux réunis : au regard de l’aide qu’apportent
à
la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous s
1469
aide qu’apportent à la culture, aux recherches et
à
l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développ
1470
des besoins existants, des recherches en cours ou
à
entreprendre, des instituts et des savants disponibles et compétents.
1471
tique l’une des grandes idées qui avaient présidé
à
la création du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.
1472
ation du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant
à
promouvoir. 3. Relations culturelles extérieures. Minorisée aux Nat
1473
s ne peut élaborer et encore moins faire accepter
à
lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’êtr
1474
rspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent
à
l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voies pour le
1475
n », comme chacun le fait aujourd’hui, c’est bien
à
l’Europe qu’on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière,
1476
de se libérer qu’ils ont hâte d’appliquer d’abord
à
ses dépens ! Au moment où elle dépasse ses vieux nationalismes et reg
1477
mes d’outre-mer s’affirment bruyamment et tendent
à
se grouper contre elle ; doublement remise en question, l’Europe se v
1478
du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus
à
l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée de l’h
1479
a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons
à
parler de méthode d’éducation et de pédagogie, sans déclarer leurs fi
1480
ue, routines et règlements, difficultés pratiques
à
surmonter d’abord, etc. — saurons-nous distinguer les buts humains de
1481
de l’Antiquité, de l’Orient et de l’Europe jusqu’
à
nos jours. Éduquer l’homme, dans tous les temps et dans toutes les cu
1482
nication directe, sans préparation religieuse, et
à
n’importe qui, d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction ne vis
1483
r déclaré objectif. Cette instruction ne vise pas
à
introduire au mystère, mais au contraire à l’éliminer. Elle distribue
1484
se pas à introduire au mystère, mais au contraire
à
l’éliminer. Elle distribue, comme au hasard, une certaine « somme de
1485
tion rituelle, créant une attitude de réceptivité
à
certaines « révélations » symboliques ou mythiques, — c’est-à-dire ps
1486
réflexes : il s’agissait de forcer le jeune homme
à
imiter exactement, et sans discussion, les conduites méticuleusement
1487
rs en voie de rapide disparition.) La préparation
à
l’autonomie va dans le sens contraire : idéalement, elle vise à libér
1488
va dans le sens contraire : idéalement, elle vise
à
libérer l’individu des conformismes périmés, des vérités toutes faite
1489
réaliser sa propre vocation. Au lieu de le forcer
à
devenir comme les autres, on veut l’aider à devenir lui-même. Au lieu
1490
orcer à devenir comme les autres, on veut l’aider
à
devenir lui-même. Au lieu de le diriger dès sa naissance dans une voi
1491
sa caste, sa classe et sa famille, on le prépare
à
courir « sa » chance, son aventure particulière. Au lieu d’initiation
1492
u sacré au profane, du collectif religieux-social
à
l’individualisme, de l’autorité indiscutée à la liberté aventureuse.
1493
cial à l’individualisme, de l’autorité indiscutée
à
la liberté aventureuse. Un exemple très simple illustrera tout cela.
1494
st reproduire sans faute de la manière prescrite,
à
l’extrême de la précision, les gestes qui symbolisent l’action d’un d
1495
d’éduquer, dans notre ère, devient alors conforme
à
l’étymologie même de ce verbe : e-ducere, « conduire dehors », condui
1496
’individu de l’ignorance au savoir, de l’instinct
à
la raison critique, du royaume du sacré indiscutable et protecteur ve
1497
evait fatalement passer de l’une de ces attitudes
à
l’autre en vertu de quelque loi de l’Histoire, devait abandonner l’un
1498
éducation digne du nom comporte les deux éléments
à
doses variables. Autorité et liberté sont aussi nécessaires à la vie
1499
ables. Autorité et liberté sont aussi nécessaires
à
la vie de l’Éducation que la diastole et la systole du cœur à la circ
1500
l’Éducation que la diastole et la systole du cœur
à
la circulation sanguine, ou que l’attraction et la répulsion à l’anim
1501
ion sanguine, ou que l’attraction et la répulsion
à
l’animation de l’énergie nucléaire, des courants électriques, de la v
1502
s étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers
à
détecter. Un nombre croissant d’Américains, témoins ou victimes du sy
1503
d’imposer un effort intellectuel excessif aboutit
à
ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie
1504
s envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’
à
faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent régu
1505
es nouvelles d’enseignement tendent régulièrement
à
économiser pour l’élève l’effort de l’intelligence, de la mémoire et
1506
images plus nombreuses, et l’on peut craindre qu’
à
la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit un
1507
gradation analogue. Les nuances de pensée tendent
à
disparaître avec les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’
1508
nts, ils trouvent de moins en moins d’incitations
à
se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces ju
1509
adaptées ». Elle se substitue presque totalement
à
la famille, prenant l’enfant dès 3 ou 4 ans (nursery, schools), ou au
1510
rd dès 5 ans (Kindergarten), pour le garder jusqu’
à
18 ans, et cela non seulement pendant les leçons mais par le moyen d’
1511
e formant par des disciplines exigeantes, aboutit
à
un conformisme tyrannique, dont souffre en premier lieu l’élite virtu
1512
voulait faire des individus libres, et les amener
à
la liberté sans contraintes, on aboutit à faire des individus « ajust
1513
amener à la liberté sans contraintes, on aboutit
à
faire des individus « ajustés » qui n’offrent plus de résistance aux
1514
tés » qui n’offrent plus de résistance aux modes,
à
la publicité, aux injonctions de la TV. b) À l’autre extrême, preno
1515
s, à la publicité, aux injonctions de la TV. b)
À
l’autre extrême, prenons le cas de l’URSS, dont la doctrine d’État, m
1516
de cours de culture générale (studium generale),
à
moins qu’on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à
1517
études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 %
à
la spécialisation. Quelques jours après ses examens finaux, l’étudian
1518
s quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés
à
poursuivre des études supérieures et à préparer un doctorat. Au cours
1519
autorisés à poursuivre des études supérieures et
à
préparer un doctorat. Au cours des dernières 25 années, trois sur qua
1520
mmes ici aux antipodes de la pratique américaine.
À
l’excès de liberté dans le choix s’oppose l’absence totale de choix p
1521
a personnalité enfantine ou juvénile poussé jusqu’
à
l’évanouissement de la discipline (intellectuelle ou morale) s’oppose
1522
me américain, lui aussi, livre finalement l’élève
à
une sorte de conditionnement social, non dirigé bien sûr, capricieux
1523
t imposé sans liberté : les deux excès conduisent
à
des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-
1524
fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus
à
la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communaut
1525
cherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent
à
la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’
1526
accorde qu’il existe aussi des signes d’un retour
à
l’autorité aux USA, de même que se font jour dans la plus récente lit
1527
de vous proposer un cadre de références, dessiné
à
grands traits. Pour illustrer cette première partie de mon exposé, j’
1528
te première partie de mon exposé, j’aurai recours
à
une parabole, que j’appellerai la Parabole des trois colombes. Vous c
1529
onnée selon les théories de Pavlov : elle n’a pas
à
se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ? Tout a
1530
les théories de Pavlov : elle n’a pas à se poser
à
chaque instant la question : que faire ? où aller ? Tout a été réglé
1531
rants, prendre ses risques. On ne l’a préparée qu’
à
« voler de ses propres ailes ». La Règle d’or Permettez-moi, ma
1532
ntenant, cinq minutes de philosophie. J’ai dit qu’
à
mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne, c’est-à-d
1533
comporte à la fois le dressage et la préparation
à
l’autonomie. Le principe est toujours le même : équilibre entre deux
1534
amais être séparées, jamais être sacrifiées l’une
à
l’autre, mais maintenues ensemble, et c’est cette tension, sans cesse
1535
vous verrez qu’ils se rattachent tous, en Europe,
à
des problèmes de dosage, d’équilibre vivant entre ces éléments. Le pr
1536
ir les punitions corporelles, comme on le discute
à
la Chambre des communes ? Faut‑il laisser plus de place à la spontané
1537
mbre des communes ? Faut‑il laisser plus de place
à
la spontanéité anarchique de l’enfant ? Ou au contraire renforcer les
1538
contraintes soient conçues comme une préparation
à
la liberté, la discipline comme un apprentissage de l’autonomie, et n
1539
s ». Indignation de l’Américaine ! Or ce Français
à
l’ancienne mode entendait dire qu’il faut au jeune enfant un dressage
1540
s saine du dressage se situerait, me semble-t-il,
à
mi-chemin entre l’entraînement (au sens sportif) et l’hygiène mentale
1541
leur attention. Je me permettrai de vous signaler
à
ce propos deux déviations du sens de la discipline scolaire, que j’ai
1542
ens de la discipline scolaire, que j’ai observées
à
mes dépens quand j’étais sur les bancs de l’école primaire, en Suisse
1543
du silence dans les rangs, des poils de la brosse
à
dents tournés à gauche dans les chambrées, et surtout que rien ne dép
1544
les rangs, des poils de la brosse à dents tournés
à
gauche dans les chambrées, et surtout que rien ne dépasse !), plutôt
1545
rien ne dépasse !), plutôt qu’en fonction du but
à
atteindre, la concentration intellectuelle. En revanche, on n’exigeai
1546
d’une extrême exigence quant aux bonnes manières
à
l’école primaire, les mauvaises manières (ou la gaucherie gouailleuse
1547
l’honneur aux moyens. Si j’avais quoi que ce soit
à
vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême discip
1548
lleurs comme des cancres — Einstein fut un cancre
à
l’école, renvoyé pour indiscipline — et en revanche, de favoriser les
1549
nique Un autre problème, plus nouveau, se pose
à
l’éducateur européen de notre temps : c’est celui du dosage entre la
1550
a formation technique. Les Russes sacrifient tout
à
la spécialisation professionnelle, dans le cadre du Plan de productio
1551
aces. Les Américains au contraire sacrifient tout
à
la préparation à la vie sociale : ils veulent des citoyens bien adapt
1552
ins au contraire sacrifient tout à la préparation
à
la vie sociale : ils veulent des citoyens bien adaptés. Nous voulons
1553
assionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée
à
assouplir et à diversifier ses méthodes, à admettre une mesure beauco
1554
encore, l’Europe va se voir amenée à assouplir et
à
diversifier ses méthodes, à admettre une mesure beaucoup plus large d
1555
amenée à assouplir et à diversifier ses méthodes,
à
admettre une mesure beaucoup plus large d’inégalité — disons de diver
1556
’ai plutôt insisté sur le But — la personne — car
à
mon sens, c’est la vision du But qui peut seule nous dicter les métho
1557
raditionnelles ou révolutionnaires, existantes ou
à
inventer ? En effet, une méthode appliquée à tous ne peut préparer au
1558
s ou à inventer ? En effet, une méthode appliquée
à
tous ne peut préparer au mieux, si elle réussit, qu’un type humain un
1559
enne, éducation pour la personne ? Il y a un saut
à
opérer. Le général ne conduit pas au particulier. Dans la mesure où n
1560
é et mise de côté quand il faut, peut y conduire,
à
la seule condition qu’elle soit maniée par une personne qui a vu le B
1561
dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles
à
la réalité spirituelle, dialectique, antinomique, dynamique de la per
1562
sont pas sentis. En voici une autre version plus
à
la mode. L’homme personnel, l’homme de sa vocation, c’est celui qui i
1563
J’étais recrue dans l’armée suisse. J’apprenais
à
tirer. On m’avait enseigné tous les gestes à faire, en grand détail,
1564
nais à tirer. On m’avait enseigné tous les gestes
à
faire, en grand détail, selon la méthode la plus sûre, la plus littér
1565
je ne bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus
à
ce que vous faites de vos mains, aux mouvements que vous avez appris.
1566
m Blackboard Jungle : la description y est certes
à
l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas moins si
1567
ci. Ce texte est issu d’une conférence prononcée
à
l’aula de l’Université de Genève, le 9 mai 1960, dans la chaire de M.
1568
mpris et approuvé, c’est qu’il n’est pas conforme
à
sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publique obligatoire est
1569
, partis, presse, mass médias), elles réussissent
à
informer et à former des citoyens. Si maintenant nous voulons faire l
1570
se, mass médias), elles réussissent à informer et
à
former des citoyens. Si maintenant nous voulons faire l’Europe, c’est
1571
ond lieu, comment cet enseignement peut se prêter
à
un élargissement au plan européen. C’est dans cet esprit que nous avo
1572
éen. C’est dans cet esprit que nous avons demandé
à
des enseignants de huit pays européens les rapports qu’on va lire. Un
1573
ifique » pour être significative. Elle ne vise qu’
à
situer le problème d’une formation civique européenne dans ses divers
1574
En France, l’instruction civique doit « permettre
à
chacun d’exercer ses droits », au nom des principes généraux affirmés
1575
tructions officielles », de « préparer les jeunes
à
la vie démocratique et à la compréhension internationale ». L’accent
1576
de « préparer les jeunes à la vie démocratique et
à
la compréhension internationale ». L’accent est mis sur la démocratie
1577
ernationale ». L’accent est mis sur la démocratie
à
instaurer, et sur le sens social. En Allemagne, mêmes problèmes conce
1578
de principes abstraits, de « sentiment national »
à
cultiver comme vertu civique : ce que l’on vise à développer chez l’é
1579
à cultiver comme vertu civique : ce que l’on vise
à
développer chez l’élève, c’est la « personnalité… qui, en grandissant
1580
st la « personnalité… qui, en grandissant, accède
à
des responsabilités » au sein de la « communauté ». Bien entendu, ces
1581
é ». Bien entendu, ces quelques formules choisies
à
la volée dans les textes qu’on va lire ne suffisent nullement à carac
1582
s les textes qu’on va lire ne suffisent nullement
à
caractériser tout l’esprit de l’enseignement civique dans tel ou tel
1583
e. La sécurité démocratique des Suisses les amène
à
« cultiver l’amour du pays » et à considérer le Monde par rapport à l
1584
isses les amène à « cultiver l’amour du pays » et
à
considérer le Monde par rapport à la « situation internationale de la
1585
ent reconquise sur des régimes autarciques incite
à
une ouverture réaliste sur l’Europe, et à considérer son pays par rap
1586
incite à une ouverture réaliste sur l’Europe, et
à
considérer son pays par rapport à l’ensemble européen dont il est une
1587
et de sensibiliser son attention, je me bornerai
à
deux indications rapides, à titre d’exemples : 1° Dans tous nos pays
1588
ntion, je me bornerai à deux indications rapides,
à
titre d’exemples : 1° Dans tous nos pays — sauf peut-être en Allemagn
1589
n’apparaît pas comme une conquête révolutionnaire
à
imposer au reste de l’humanité ignorante et opprimée, ni comme un idé
1590
s, l’enseignement civique est pratiquement limité
à
la description formelle des institutions politiques nationales et de
1591
mes analysés ci-après, qui prépare le jeune homme
à
vivre les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés, à faire face a
1592
les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés,
à
faire face aux problèmes concrets de la vie civique. Rien qui relie l
1593
rets de la vie civique. Rien qui relie le civisme
à
autre chose qu’à la connaissance des formes légales d’un régime indis
1594
vique. Rien qui relie le civisme à autre chose qu’
à
la connaissance des formes légales d’un régime indiscuté ; rien, ou p
1595
ilisation européenne dans son ensemble, ou encore
à
l’état du Monde au xxe siècle. Tout se passe comme si la démocratie
1596
et en question, ou parfois même vise expressément
à
détruire ses fondements politiques et économiques. Cette difficulté e
1597
s. Cette difficulté et cette déficience, communes
à
nos enseignements civiques nationaux, vont apparaître beaucoup plus c
1598
oyen ? » Je prends un manuel de civisme publié
à
New York en 1948 : We, the Citizens, par Julian C. Aldrich et Marlow
1599
ne : « Es-tu un bon citoyen ? » et passe aussitôt
à
l’examen des activités d’un bon citoyen : voter, payer les impôts, am
1600
parti ou un candidat, servir dans un jury, écrire
à
son député, etc. J’insiste : là où nos manuels diraient par exemple :
1601
Comment payer ses impôts ? Et surtout, il apprend
à
l’élève comment chercher à comprendre les problèmes généraux et comme
1602
Et surtout, il apprend à l’élève comment chercher
à
comprendre les problèmes généraux et comment discuter les questions p
1603
es se contentent de parler d’institutions. Est-ce
à
dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseignement
1604
e du monde ? Les Américains seraient les derniers
à
le prétendre. Lors d’un récent congrès de l’Unesco sur l’enseignement
1605
aits présentés ne sont pas suffisamment rattachés
à
des notions générales (telles que l’interdépendance mondiale, la coop
1606
ment de lacunes béantes, dont il lui reste encore
à
prendre conscience ! En URSS : civisme égale obéissance au Parti
1607
économiques, scientifiques et sociales sont dues
à
son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est dire q
1608
e qu’en dehors des leçons spécialement consacrées
à
l’étude de la Constitution soviétique et des « droits » du citoyen (q
1609
uction civique, en ce sens qu’elles ramènent tout
à
la doctrine socialiste soviétique. Cette imprégnation idéologique ap
1610
té de choix et d’opinion du citoyen étant réduite
à
l’acceptation ou au refus d’un système total, lequel nie toute libert
1611
ues de notre État », 6 aux « organes publics », 3
à
« l’élection des représentants du peuple » et 1 à la « constitution d
1612
à « l’élection des représentants du peuple » et 1
à
la « constitution de la DDR », le tout revenant à l’étude des mécanis
1613
à la « constitution de la DDR », le tout revenant
à
l’étude des mécanismes et de la doctrine du Parti. En classe 10 et de
1614
es sur « Le Socialisme – un ordre social assurant
à
la jeunesse la paix, la liberté, le bien-être et le bonheur ». Et l’o
1615
En effet, l’Ouest pourrait difficilement opposer
à
la doctrine totalitaire, ou socialisme soviétique, une « doctrine cap
1616
pète, n’avaient d’autre ambition que d’introduire
à
une lecture mieux avertie des textes qui suivent. C’est plus encore c
1617
nt pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager
à
prendre conscience du problème d’un civisme européen. Ils ne disent p
1618
l’Est trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant
à
connaître l’ensemble européen que le jeune citoyen pourra comprendre
1619
te de particulier et de valable, et ce qu’il doit
à
l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors, il ve
1620
itique, mais le pays de son avenir, quelque chose
à
aimer si l’on aime l’aventure. 48. Rapport des délégués polonais à
1621
l’aventure. 48. Rapport des délégués polonais
à
la conférence organisée par l’Unesco, en octobre 1960, sur l’enseigne
1622
européens. Au sortir de la salle, je fus présenté
à
un personnage d’âge indéfinissable, appuyé sur une canne, l’œil étran
1623
ler de la suite ! Et d’abord, garçon ! deux fines
à
l’eau ! » À cette « suite », nous avons collaboré pendant près de tre
1624
ite ! Et d’abord, garçon ! deux fines à l’eau ! »
À
cette « suite », nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nou
1625
es de « complots », dont quelques-unes ont abouti
à
des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables soirées à
1626
ables. Et nous avons passé d’innombrables soirées
à
bavarder de nos affaires — c’était sa vraie manière de travailler — à
1627
faires — c’était sa vraie manière de travailler —
à
Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne,
1628
ait sa vraie manière de travailler — à Londres et
à
Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les rest
1629
manière de travailler — à Londres et à Bruxelles,
à
Paris et à Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il
1630
travailler — à Londres et à Bruxelles, à Paris et
à
Rome, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il préférait
1631
er — à Londres et à Bruxelles, à Paris et à Rome,
à
Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’il préférait parce qu
1632
t à Bruxelles, à Paris et à Rome, à Strasbourg et
à
Vienne, dans les restaurants qu’il préférait parce qu’on l’y saluait
1633
e, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers
à
Ferney. Et pourtant, je me pose la même question que se posait plus h
1634
de son existence que je n’avais pu que soupçonner
à
la faveur de quelques allusions qu’il lui arrivait d’y faire, sans in
1635
mblant quelques-unes des lacunes qui s’y trouvent
à
l’aide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il avait publié
1636
e souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il avait publié
à
Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien voulu me fournir J
1637
lié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’
à
bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire, j
1638
années d’apprentissage Joseph H. Retinger naît
à
Cracovie, en 1888, d’une famille polonaise de nationalité autrichienn
1639
polonais et le catholicisme le plus strict. Jusqu’
à
l’âge de 17 ans, il pense devenir prêtre. Et puis un beau jour, au co
1640
il est né ; il est Français, et c’est sans doute
à
son instigation que Retinger quitte Cracovie pour faire des études de
1641
aire des études de lettres en Sorbonne. Il arrive
à
Paris en 1906. Il n’a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et
1642
« le plus jeune docteur ès lettres de l’Europe ».
À
Paris, tout l’accueille, et d’abord ses cousins, Cyprien et Misia God
1643
e le Café Vachette, où règne derrière son monocle
à
ruban le poète Jean Moréas, qui chaque soir salue l’entrée de Joseph
1644
ide et Larbaud ont connu Joseph Conrad.) En 1908,
à
20 ans, il passe en Sorbonne une thèse de doctorat sur Le Conte fanta
1645
n librairie deux ans plus tard. Puis il s’inscrit
à
l’École des sciences politiques, et il entreprend une Histoire de la
1646
stoire de la littérature française, du romantisme
à
nos jours, qu’il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il
1647
nçaise, du romantisme à nos jours, qu’il achèvera
à
Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovie une revue l
1648
à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite
à
Cracovie une revue littéraire polonaise, dans laquelle la Porte étroi
1649
uite en polonais avant même de paraître en volume
à
Paris. Mais la littérature n’est pas sa vocation. Ses essais de créat
1650
André Gide en riant, après avoir passé des heures
à
corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce qu’il cherche avant tout
1651
retracée dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909
à
1911, nous le trouvons à Munich, où il poursuit des études de psychol
1652
de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le trouvons
à
Munich, où il poursuit des études de psychologie, puis à Florence. En
1653
h, où il poursuit des études de psychologie, puis
à
Florence. En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’inscrit à la London
1654
ogie, puis à Florence. En 1911 enfin, il débarque
à
Londres, s’inscrit à la London School of Economics, se marie (avec un
1655
. En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’inscrit
à
la London School of Economics, se marie (avec une Polonaise) et décid
1656
is aussi le pays qui offre les meilleures chances
à
l’action pour laquelle il n’a cessé de se préparer, à travers ses ann
1657
raitée, et une poignée de députés la représentent
à
Vienne, mais sans influence notable ; enfin, dans la partie prussienn
1658
ns et ceux de l’émigration, mais il ne suffit pas
à
inspirer et diriger une action politique commune, surtout lorsqu’il s
1659
ndiale, depuis longtemps, a cessé de s’intéresser
à
une cause qui paraît sans espoir. C’est sur cette opinion d’abord que
1660
nion d’abord que Retinger estime qu’il faut agir.
À
la faveur du libéralisme de la Double Monarchie, un Conseil national
1661
e au jeune publiciste de 23 ans de le représenter
à
Londres et d’y organiser un Bureau de propagande. La principale activ
1662
s, des échos, des articles sur tout ce qui touche
à
la Pologne. Il fait circuler des pétitions et des protestations signé
1663
ts polonais. Bref il réussit en deux ou trois ans
à
sensibiliser quelque peu l’opinion britannique relativement à la Polo
1664
er quelque peu l’opinion britannique relativement
à
la Pologne, préparant ainsi les voies d’une action beaucoup plus impo
1665
ngt ans plus tôt, Conrad avait déjà derrière lui,
à
cette époque, toute sa carrière d’officier de la marine marchande. Il
1666
hande. Il avait publié Lord Jim, et il commençait
à
connaître un modeste succès d’écrivain dans son pays d’adoption. Reti
1667
emme furent durant ces années, les seuls Polonais
à
fréquenter sa maison, et à lui parler de sa patrie. Un soir, Conrad,
1668
es, les seuls Polonais à fréquenter sa maison, et
à
lui parler de sa patrie. Un soir, Conrad, songeant à ses difficultés
1669
ui parler de sa patrie. Un soir, Conrad, songeant
à
ses difficultés financières, eut soudain l’idée d’écrire une pièce de
1670
logne russe, invita les Conrad et leurs deux fils
à
passer l’été dans la propriété de sa famille. Accompagnés de Joseph,
1671
nts qui les entendent parler anglais, et arrivent
à
Cracovie le 1er août, tandis que l’Autriche mobilise. Dîner au Grand
1672
and bonheur d’avoir enfin pu venir ici et montrer
à
ma femme et à mes fils qu’il y a quelque chose derrière moi. » « Et m
1673
avoir enfin pu venir ici et montrer à ma femme et
à
mes fils qu’il y a quelque chose derrière moi. » « Et moi », note ici
1674
is en moi-même : que vais-je faire ? toujours lié
à
mon pays et avec tant de possibilités s’offrant à moi à l’étranger ?
1675
à mon pays et avec tant de possibilités s’offrant
à
moi à l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour même où écla
1676
pays et avec tant de possibilités s’offrant à moi
à
l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour même où éclatait u
1677
en guerre Impossible de rentrer tous en groupe
à
Londres, à travers tant de frontières fermées. Retinger installe les
1678
ide de tenter sa chance, seul. Il se rend d’abord
à
Lemberg, où les leaders des Polonais de Galicie se sont réunis clande
1679
able de lui donner un sauf-conduit pour se rendre
à
Vienne est le général Hoffmann, commandant la région de Lemberg. Il a
1680
one, a compris. Il décroche l’appareil et demande
à
parler au Général. Il explique brièvement qu’il lui faut un visa. « V
1681
ne un stratagème qu’il aura l’occasion d’utiliser
à
plusieurs reprises. Il s’adresse au Général non pas en allemand ni en
1682
i donne alors le permis nécessaire pour se rendre
à
Vienne, où le ministère de la Guerre lui accordera un visa de sortie.
1683
d’une fierté puérile », note Retinger. Il arrive
à
Vienne au matin d’un voyage épuisant qui lui a pris trois jours au li
1684
heures passent, personne ne vient, et il commence
à
craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa poche le d
1685
yauté envers l’Autriche de ses vingt signataires.
À
la fin de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met à injurier s
1686
de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met
à
injurier ses deux gardes, exigeant d’être reçu immédiatement. Cet écl
1687
près beaucoup d’hésitations, le Colonel se résout
à
signer un papier autorisant son porteur à se rendre en Suisse. C’est
1688
résout à signer un papier autorisant son porteur
à
se rendre en Suisse. C’est un premier résultat, mais Retinger veut da
1689
résultat, mais Retinger veut davantage. Il donne
à
son taxi l’adresse de l’ambassade d’Allemagne. C’est l’heure du dîner
1690
tinger insiste auprès d’un secrétaire pour parler
à
l’ambassadeur en personne. D’autres fonctionnaires, de plus haut rang
1691
me d’une soixantaine d’années apparaît et demande
à
Retinger pourquoi il veut absolument aller en France. « J’ai certains
1692
solument aller en France. « J’ai certains devoirs
à
accomplir là-bas. — Qui êtes-vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce
1693
le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier
à
moi. — Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur,
1694
souhaite bonne chance ! dit-il en guise d’adieu,
à
quoi je répondis que j’espérais la mériter. » À la gare, une foule a
1695
à quoi je répondis que j’espérais la mériter. »
À
la gare, une foule assiège les trains en partance. Retinger va droit
1696
e, et demande qu’on lui réserve un sleeping jusqu’
à
la frontière suisse. Impressionné, le Commandant fait évacuer un comp
1697
jours plus tard atteint sans encombres la Suisse.
À
Berne, l’ambassadeur de France après avoir écouté son récit lui accor
1698
corde sans difficulté le visa demandé. Néanmoins,
à
la frontière française, un jeune commissaire spécial de police lui re
1699
es. Trois jours plus tard, le voilà libéré. Sitôt
à
Paris, il court chez Philippe Berthelot, secrétaire général des Affai
1700
ions. Pendant qu’il attend le train pour Londres,
à
la gare Saint-Lazare, vers 3 h du matin, un autre jeune « amateur de
1701
et en dépit du sauf-conduit et du visa, le remet
à
la police, qui l’enferme à la Conciergerie. Il se réveille dans une c
1702
t et du visa, le remet à la police, qui l’enferme
à
la Conciergerie. Il se réveille dans une cellule en compagnie d’un vi
1703
ourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réussi
à
faire passer un message téléphonique au Quai d’Orsay — Philippe Berth
1704
rsay — Philippe Berthelot se présente en personne
à
la prison, accompagné de Misia Sert, fait libérer Joseph, et l’emmène
1705
la Pologne : succès et revers Enfin de retour
à
Londres, Retinger se donne pour mission : 1° de pénétrer dans les cer
1706
t non organisés. Seul, apatride, sans expérience (
à
26 ans !) il n’a que son ardeur sincère et totalement désintéressée,
1707
ommes d’État et diplomates qu’il s’agit de gagner
à
la cause. Une invitation à déjeuner à Downing Street, chez Mr. Asquit
1708
qu’il s’agit de gagner à la cause. Une invitation
à
déjeuner à Downing Street, chez Mr. Asquith, va marquer le début d’un
1709
t de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner
à
Downing Street, chez Mr. Asquith, va marquer le début d’une amitié ré
1710
l a dressé la liste. Mais le plus difficile reste
à
faire : persuader les dirigeants anglais, étrangement ignorants des r
1711
mission aux États-Unis : il s’agit de voir jusqu’
à
quel point les Polonais d’Amérique sont prêts à prendre fait et cause
1712
u’à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts
à
prendre fait et cause pour les Alliés, si ceux-ci garantissent la lib
1713
ses mœurs politiques, trop peu d’attention donnée
à
la variété des forces animant la vie publique : partis, confessions r
1714
des gouvernements anglais et français, attachant
à
la cause polonaise plusieurs ministres importants, quelques magnats d
1715
Son Petit Manuel de la politique anglaise, publié
à
Paris sans nom d’auteur mais préfacé par Stephen Pichon (plusieurs fo
1716
cle.) Négociations secrètes avec l’Autriche
À
Paris, il a retrouvé Boni de Castellane. Ce grand dandy de la Belle É
1717
que pas d’idées politiques originales. Il propose
à
Retinger de participer à des négociations secrètes en vue d’une paix
1718
s originales. Il propose à Retinger de participer
à
des négociations secrètes en vue d’une paix séparée avec l’Autriche.
1719
qui se joindrait, comme « troisième Monarchie »,
à
l’Empire austro-hongrois. Enfin, l’Autriche, puissance catholique et
1720
que et multinationale, pourrait servir de rempart
à
l’Europe contre l’expansion russe. Pour ces raisons patriotiques et p
1721
rbaux de Clemenceau et d’Asquith qui l’autorisent
à
explorer les chances d’une paix séparée, mais à ses risques et périls
1722
t à explorer les chances d’une paix séparée, mais
à
ses risques et périls. Lord Northcliffe, le fameux propriétaire du Ti
1723
ameux propriétaire du Times, se laisse convaincre
à
son tour et fournit certains appuis. Le Prince Sixte de Bourbon-Parme
1724
on-Parme, la comtesse de Montebello et Boni, liés
à
divers titres à l’empereur et aux familles influentes de la Double-Mo
1725
tesse de Montebello et Boni, liés à divers titres
à
l’empereur et aux familles influentes de la Double-Monarchie, lui mén
1726
eau de Zizzers, près de Zurich — Retinger aboutit
à
la conclusion qu’en dépit de ce que souhaitent Charles, l’Impératrice
1727
vités d’agent politique privé ne sauraient plaire
à
tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et à Londres lui créen
1728
t plaire à tout le monde. Les ambassadeurs russes
à
Paris et à Londres lui créent de constantes difficultés. Georges Mand
1729
tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et
à
Londres lui créent de constantes difficultés. Georges Mandel, qui est
1730
, Retinger néglige tous ces avertissements. Jusqu’
à
ce jour d’octobre 1917 où il se voit convoqué par le ministre de l’In
1731
eux… Après beaucoup d’hésitations, et visiblement
à
son cœur défendant, il me dit : — Mon cher Joseph, j’ai de mauvaises
1732
ance. (Il était 11 h du matin.) — Il y a un train
à
16 h pour l’Espagne. — Très bien, je m’en irai à 16 h… Je téléphonai
1733
à 16 h pour l’Espagne. — Très bien, je m’en irai
à
16 h… Je téléphonai à quelques amis pour annoncer mon départ, et à la
1734
. — Très bien, je m’en irai à 16 h… Je téléphonai
à
quelques amis pour annoncer mon départ, et à la Gare de Lyon j’eus le
1735
onai à quelques amis pour annoncer mon départ, et
à
la Gare de Lyon j’eus le plaisir d’être salué par les marquis de Cast
1736
t qu’Allemands et Autrichiens avaient mis sa tête
à
prix. Dans la hâte de son départ, il n’avait pris sur lui que peu d’a
1737
ransfert, et Retinger passa les neuf mois suivant
à
Fuentarabbia et à Barcelone dans la misère la plus totale, affamé et
1738
ger passa les neuf mois suivant à Fuentarabbia et
à
Barcelone dans la misère la plus totale, affamé et souvent sans toit.
1739
tout ce qu’il avait emporté dans sa valise, jusqu’
à
ses mouchoirs. Un jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut
1740
té dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour
à
Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève
1741
révistes. De Paris et de Londres, peu de réponses
à
ses appels. Impressionnés par les rumeurs que les milieux officiels r
1742
et intrigues ingénieuses, Retinger réussit enfin
à
obtenir à crédit un passage pour La Havane, sur un petit cargo en trè
1743
ues ingénieuses, Retinger réussit enfin à obtenir
à
crédit un passage pour La Havane, sur un petit cargo en très mauvais
1744
un mathématicien, et le second-maître s’essayait
à
écrire, suivant l’exemple de Conrad. Ils semblaient peu versés dans l
1745
États-Unis. (On lui avait pris tous ses papiers,
à
sa sortie de France.) Par son frère, professeur de chimie à Chicago,
1746
e de France.) Par son frère, professeur de chimie
à
Chicago, il s’était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à L
1747
ie à Chicago, il s’était fait envoyer de l’argent
à
l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui restait 4 dollars en arrivant
1748
ait fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette,
à
La Havane. Il lui restait 4 dollars en arrivant au port. Il prit un t
1749
ait voir de la ville pour 4 dollars, et descendit
à
l’hôtel sans un sou en poche. À la réception, on lui apprit qu’en eff
1750
ars, et descendit à l’hôtel sans un sou en poche.
À
la réception, on lui apprit qu’en effet une somme était venue à son a
1751
, on lui apprit qu’en effet une somme était venue
à
son adresse, mais que les règlements empêchant de la garder plus de 1
1752
arder plus de 15 jours, on venait de la retourner
à
son expéditeur. Dès le lendemain, Retinger se procurait « l’un des de
1753
rême violence qui devaient aboutir ultérieurement
à
la nationalisation des puits de pétrole exploités jusqu’alors par les
1754
exploités jusqu’alors par les Américains. De 1919
à
1936, Retinger n’a pas fait moins de onze séjours dans ce pays, où se
1755
, un désir ardent et sincère de prêter main-forte
à
des amis. Si bien qu’arrivé en aventurier, il devait quitter le pays
1756
ique sans un sou et en reparte sans un sou. C’est
à
quoi j’avais dû leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des
1757
sse la retracer ici. Qu’il suffise de rappeler qu’
à
cette époque, les compagnies étrangères, américaines surtout, posséda
1758
hésiter la seule mesure qui lui paraissait propre
à
éliminer les influences étrangères : nationaliser le pétrole. Il se r
1759
s, et bien qu’ils perdent beaucoup de leur saveur
à
être résumés, je crois bon de ne pas les omettre dans cette esquisse
1760
se biographique : ils donnent ses vraies couleurs
à
toute une période de la vie de ce « politicien privé » que nous avons
1761
du Mexique, le fameux CROM fut leur œuvre. Grâce
à
eux, J.H.R. avait pu étudier de très près les conditions du Mexique e
1762
et entrer en contact avec le syndicalisme, alors
à
l’état naissant en Amérique latine. Cependant, il pensait toujours à
1763
n Amérique latine. Cependant, il pensait toujours
à
gagner les USA. Il souhaitait aussi participer à la lutte qui opposai
1764
à gagner les USA. Il souhaitait aussi participer
à
la lutte qui opposait alors la Pologne libérée aux bolchéviques. N’ay
1765
s le désert. Souffrant de la soif, ils s’arrêtent
à
un petit ranch tenu par une vieille Indienne. Il y a là une jarre de
1766
poussière. La vieille retire sa chemise et se met
à
filtrer le lait dans l’étoffe crasseuse, et Retinger, en buvant, comp
1767
nt, comprend soudain qu’il est devenu tout pareil
à
ces personnages de Conrad, dont il avait voulu, sept ans auparavant,
1768
andits déclarent qu’ils n’oseront pas aller jusqu’
à
San Antonio comme prévu. Ils exigent 30 dollars et disparaissent. Ret
1769
charrette l’attendrait sur la route pour le mener
à
San Antonio. Mais il lui faut traverser d’abord une étendue couverte
1770
a charrette apparaît. Mais au lieu de le conduire
à
San Antonio, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène à la vill
1771
o, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène
à
la ville frontière de Laredo. En haillons, il se présente à la gare,
1772
frontière de Laredo. En haillons, il se présente
à
la gare, offre à un agent de Pullmann le double du prix d’un sleeping
1773
edo. En haillons, il se présente à la gare, offre
à
un agent de Pullmann le double du prix d’un sleeping, et se glisse da
1774
i occupe un poste gouvernemental, et qui l’aidera
à
régulariser sa situation puis à recevoir un passeport polonais. Je n
1775
, et qui l’aidera à régulariser sa situation puis
à
recevoir un passeport polonais. Je ne trouve rien dans les notes sur
1776
activité politique proprement dite dans ce pays.
À
la veille de Noël 1921, le président confie à Retinger qu’il est entr
1777
ys. À la veille de Noël 1921, le président confie
à
Retinger qu’il est entré en possession d’un très volumineux dossier (
1778
les compagnies américaines pour forcer le Mexique
à
accepter leurs conditions. Le président demande à Retinger d’élaborer
1779
à accepter leurs conditions. Le président demande
à
Retinger d’élaborer un plan d’action. Après avoir étudié le dossier,
1780
suggère que le Mexique en communique la substance
à
Herbert Hoover, alors Secrétaire du Commerce et de l’Industrie, et ré
1781
ecrète par le président, il part pour Washington.
À
son passage à Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison,
1782
président, il part pour Washington. À son passage
à
Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison, sans pouvoir
1783
aine, et sans motif allégué, ce qui est contraire
à
la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison de Houston, Texas
1784
ntraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère
à
la prison de Houston, Texas, puis à Laredo. Deux mois se passent avan
1785
le transfère à la prison de Houston, Texas, puis
à
Laredo. Deux mois se passent avant qu’il puisse voir un juge fédéral.
1786
, les amis de Mexico ont été alertés et cherchent
à
le faire libérer sous caution. Le juge exige 5000 dollars. Un émissai
1787
qu’il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’
à
ce que les amis de Retinger ne puissent plus payer. Les intérêts pétr
1788
nt plus payer. Les intérêts pétroliers sont prêts
à
tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs plans se
1789
roliers sont prêts à tout pour maintenir Retinger
à
l’écart, jusqu’à ce que leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’a
1790
s à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’
à
ce que leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’ailleurs.) Enfin,
1791
e officielle, auquel il a travaillé, sera réalisé
à
la faveur du changement d’administration à Washington et grâce aux ef
1792
éalisé à la faveur du changement d’administration
à
Washington et grâce aux efforts de l’ambassadeur Dwight Morrow, ami d
1793
.R.) Entre-deux-guerres Sur les années 1922
à
1940, on ne trouve dans les notes que l’esquisse d’un long chapitre c
1794
re de Retinger dans la vie syndicale fut conforme
à
sa vocation la plus constante : établir des relations internationales
1795
gements dans la politique internationale, de 1916
à
1924. En 1924, il tente pour la première fois, avec le parlementaire
1796
lusieurs pays. La mort de Morel, en 1925, met fin
à
cette tentative. Puis, avec l’aide de quelques députés travaillistes,
1797
esse le plan d’une Encyclopédie qui démontrerait,
à
coup d’exemples et d’analyses économiques, l’opportunité d’une union
1798
du sa trace. Retinger demande un avion pour aller
à
la recherche de son chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne
1799
ne campagne militaire que la Pologne semble prête
à
déclencher contre les Soviets. En 1939, Retinger qui, jusque-là, « n’
1800
e qualité officielle », a décidé de lier son sort
à
celui de Sikorski : il a confiance en son honnêteté absolue, en ses d
1801
tte le sol anglais le soir du 16 juin et atterrit
à
Bordeaux, où personne ne sait rien des Polonais. Dans la panique géné
1802
de la Gironde, envahie par les réfugiés. Il entre
à
la sous-préfecture sans s’annoncer, monte, pousse une porte, et se tr
1803
Je viens déjeuner avec vous, puis je vous emmène
à
Londres, j’ai un avion ». Le général accepte sous deux conditions : q
1804
chill dès le lendemain. Ils arrivent le soir même
à
l’hôtel Dorchester. L’évacuation des troupes polonaises arrangée ave
1805
du général Anders, rentrée de Russie, si bien qu’
à
l’automne 1942, les forces polonaises en Angleterre totalisaient 150
1806
totalisaient 150 000 hommes. Sikorski, attribuant
à
J.H.R. le mérite de l’évacuation de Bordeaux, décida de lui remettre
1807
Polonais furent les premiers et presque les seuls
à
le croire. Retinger rédigea aussitôt un mémoire pour Eden, suggérant
1808
ent conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait
à
ce moment près de deux millions de déportés polonais en Russie : il f
1809
en Russie : il fallait les libérer, et permettre
à
beaucoup d’entre eux de reprendre la lutte dans l’armée de Sikorski.
1810
envahie par les Russes, ne devînt pas un obstacle
à
la conduite d’une guerre commune contre Hitler. Partageant les idées
1811
-soviétique éclata. Dès le 23 juin, il prononçait
à
la radio un discours offrant aux Russes des négociations immédiates.
1812
République en exil, s’étaient violemment opposés
à
toute négociation avec l’ennemi héréditaire qui venait de trahir une
1813
Retinger, se battant sur deux fronts, aboutirent
à
leurs fins. Le 31 juillet, l’accord fut signé au Foreign Office, dans
1814
gné au Foreign Office, dans le bureau de M. Eden.
À
la surprise générale, Churchill fit son entrée au moment où les disco
1815
tre accord va mettre une fin pacifique et amicale
à
la querelle qui a duré trois-cents ans entre les Polonais et les Russ
1816
u monde. Je me sens honoré d’en être le témoin. »
À
ce moment, sa voix se brisa, écrit Retinger, « et pour la première fo
1817
ut chargé de représenter les intérêts de son pays
à
Moscou et de faire appliquer l’accord. Il partit en hydravion, via Ar
1818
partit en hydravion, via Arkhangelsk, et fut reçu
à
l’aérodrome de Moscou, au son de l’hymne polonais. Le protocole russe
1819
rd le général Anders, marchant sur des béquilles,
à
cause des traitements qu’on lui avait fait subir à la prison de Loubi
1820
cause des traitements qu’on lui avait fait subir
à
la prison de Loubianka. Parachutage en Pologne occupée Au matin
1821
e Au matin du 4 juillet 1943, J.H.R. attendait
à
l’aérodrome de Swinton le général Sikorski rentrant d’une tournée d’i
1822
, quand on lui annonça que l’avion s’était écrasé
à
Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient morts. Dura
1823
ait une base importante. Il y passa onze semaines
à
attendre que la météo permette le départ pour la Pologne, n’ayant d’a
1824
enu que par l’idée qu’en faisant son premier saut
à
58 ans, il allait devenir le plus vieux parachutiste du monde ! Le dé
1825
jeunesse. Lorsque les faibles lumières signalant
à
terre la présence du « comité de réception » furent repérées, la trap
1826
’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mit
à
tourner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes furent jetés d’ab
1827
de toutes les précautions qui avaient été prises
à
Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie semble avoir
1828
s à Londres et en Italie, la présence de Retinger
à
Varsovie semble avoir été connue des nazis quelques heures après son
1829
ipline des militants de la Résistance, réussirent
à
le sauver de tous les mauvais pas où l’imprudence (non moins traditio
1830
venue, sauf quelques chefs clandestins, il se mit
à
fréquenter dès les premiers jours les cafés de la capitale qu’il avai
1831
au nom du gouvernement de Londres. Et subitement,
à
la fin de mai, Retinger se vit privé de toute liberté de mouvements p
1832
té de mouvements par un mal qui devait le laisser
à
demi infirme pour le reste de ses jours. Descendant d’un tram près de
1833
ique privée. Il souffrait peu, et se mit aussitôt
à
recevoir tous ses « correspondants ». La Gestapo l’ayant appris, il f
1834
des visiteurs. Quand vint le moment de son retour
à
Londres, il était encore incapable de marcher. Il fallut le transport
1835
loin de la sortie réservée aux Polonais. Effrayé
à
l’idée d’être transporté dans tous ces escaliers et passages sous-voi
1836
caliers et passages sous-voie, Retinger enjoignit
à
son compagnon de prendre la sortie réservée aux Allemands, qui était
1837
ion générale des Polonais qui assistaient de loin
à
la scène. Une voiture les attendait devant la gare, et les emmena ver
1838
la gare, et les emmena vers leur cachette. C’est
à
Londres seulement que Retinger « réalisa » que la Gestapo possédait a
1839
qu’un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers
à
deux kilomètres de là, et qu’un appareil de chasse s’était posé pour
1840
n ne pouvait être retardée. L’avion anglais parut
à
l’heure prévue. Les passagers et les ballots de courrier furent charg
1841
bloquées dans la boue. Il fallut évacuer l’avion
à
deux reprises, creuser sous les roues, puis couper les freins. L’appa
1842
zyk, Premier ministre, passait par là, se rendant
à
Moscou, et voulait prendre connaissance de toute urgence de la situat
1843
ve, je trouve ceci : Après la guerre, je réussis
à
obtenir du gouverneur britannique quelques-unes des denrées et machin
1844
rant toute l’affaire des dons anglais, fut retenu
à
terre, à l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger montait dans
1845
e l’affaire des dons anglais, fut retenu à terre,
à
l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger montait dans l’avion q
1846
ait dans l’avion qui devait les ramener tous deux
à
Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit à le faire libérer qu’e
1847
x à Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit
à
le faire libérer qu’en s’adressant directement à Molotov, avec lequel
1848
à le faire libérer qu’en s’adressant directement
à
Molotov, avec lequel il avait entretenu de bons rapports durant sa mi
1849
vait entretenu de bons rapports durant sa mission
à
Moscou. Celt réussit à fuir plus tard en Autriche. Pour l’Europe
1850
rapports durant sa mission à Moscou. Celt réussit
à
fuir plus tard en Autriche. Pour l’Europe La guerre finie, l’in
1851
e. L’ultime salut de la Pologne ne pouvait venir,
à
ses yeux, que d’une Europe organisée, et c’est vers ce grand but qu’i
1852
our franchir une marche, ses jambes obéissant mal
à
sa volonté) il entreprit l’action européenne qu’il avait si longuemen
1853
de peu connue, mais importante, de la préparation
à
ce qui allait devenir le Mouvement européen. Dès 1941, à l’instigatio
1854
i allait devenir le Mouvement européen. Dès 1941,
à
l’instigation de Retinger, le général Sikorski avait pris l’initiativ
1855
des Affaires étrangères des gouvernements en exil
à
Londres, pour discuter avec eux les perspectives d’une union de l’Eur
1856
après la guerre. Sikorski et Benès allèrent jusqu’
à
conclure un accord prévoyant que la Pologne, la Tchécoslovaquie et la
1857
t le noyau d’une fédération de l’Europe centrale,
à
laquelle pourraient adhérer l’Autriche, la Roumanie et les États balt
1858
nça son accord avec les Polonais, après être allé
à
Moscou. Mais Retinger suivait son idée. Le 8 mai 1946, il inaugura sa
1859
1946, il inaugura sa campagne par une conférence
à
Chatham House intitulée : A European Continent ? Quelques jours plus
1860
A European Continent ? Quelques jours plus tard,
à
Bruxelles, avec M. Paul van Zeeland, il créait la Ligue européenne de
1861
ux USA avec Averell Harriman et Adolf Berle. Mais
à
Prague, Masaryk refusa, crainte de Moscou. Et Molotov ne répondit pas
1862
sa, crainte de Moscou. Et Molotov ne répondit pas
à
une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui avait transmise. Dans le m
1863
s mouvements attiraient surtout les jeunes, de 18
à
40 ans. (L’UEF compta jusqu’à 100 000 membres inscrits vers 1949-1950
1864
t les jeunes, de 18 à 40 ans. (L’UEF compta jusqu’
à
100 000 membres inscrits vers 1949-1950.) Leur volonté proclamée d’ac
1865
l à la suite de son fameux discours de Zurich, et
à
sa contrepartie sur le continent : le Comité français pour l’Europe u
1866
jà, et créait une Union parlementaire européenne.
À
Montreux, en septembre 1947, l’UEF convoqua son premier grand congrès
1867
aient la convocation d’états généraux de l’Europe
à
Versailles. Duncan Sandys préférait une action moins bruyante, étroit
1868
endant, la solution Retinger ne devait pas tarder
à
s’imposer, non point parce qu’il l’avait bien exposée — il parlait tr
1869
janvier ou février 1948 — il m’annonçait sa venue
à
Genève, et dès ce moment je fus en mesure d’observer de près sa techn
1870
étais « engagé », non seulement par ma conférence
à
ce congrès, et par celle que j’avais donnée un an plus tôt aux Rencon
1871
nt de l’intellectuel », dont certains remontaient
à
1932. Je me trouvais pris au mot, littéralement. De février à fin avr
1872
e trouvais pris au mot, littéralement. De février
à
fin avril, dans toutes les villes d’Europe où Retinger avait passé de
1873
idant de sa canne, des « responsables » se mirent
à
l’œuvre, des comités se constituèrent, des rapports furent élaborés,
1874
Aux amateurs d’impasses théoriques, il se bornait
à
opposer de mystérieuses allusions aux conditions sine qua non de réus
1875
on de réussite du congrès, qu’il semblait le seul
à
contrôler, voire à connaître. Sa plus grande habileté, durant toute c
1876
ongrès, qu’il semblait le seul à contrôler, voire
à
connaître. Sa plus grande habileté, durant toute cette période, fut s
1877
t d’honneur du congrès. (Finalement, tous vinrent
à
La Haye, y compris les Allemands avec Adenauer, qu’on connaissait à p
1878
llemands avec Adenauer, qu’on connaissait à peine
à
cette époque, et qui au surplus demeura dans sa chambre d’hôtel, suiv
1879
participer.) Le Congrès de l’Europe, qui s’ouvrit
à
La Haye le 7 mai 1948 fut l’œuvre personnelle de Retinger, et peut-êt
1880
onnement de sa carrière. Nous étions quelques-uns
à
savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à lon
1881
vait été son action quotidienne, astucieuse, sage
à
longue échéance, dans la préparation de ce rassemblement de 800 Europ
1882
ns cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ
à
La Haye. Le Conseil de l’Europe, conçu par ce Congrès, naquit exactem
1883
ruxelles. Il élabore la procédure qui va conduire
à
l’adoption du projet en janvier 1949, au palais de Saint-James, à Lon
1884
projet en janvier 1949, au palais de Saint-James,
à
Londres, puis à la signature du traité instituant le Conseil de l’Eur
1885
r 1949, au palais de Saint-James, à Londres, puis
à
la signature du traité instituant le Conseil de l’Europe, le 5 mai 19
1886
rapides et pressantes, toujours au bon moment et
à
la bonne adresse, sans perdre un jour et sans un seul discours, Retin
1887
aculaire ne saurait cependant le contenter. Grâce
à
lui, le Mouvement européen sera durant les trois ou quatre années sui
1888
r, social de Rome, et culturel de Lausanne. Grâce
à
eux, l’idée européenne progresse en profondeur autant qu’en extension
1889
ce n’est pas sans raison que Retinger fut invité
à
assister à la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du traité d’
1890
as sans raison que Retinger fut invité à assister
à
la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du traité d’association
1891
. J’ai dit plus haut comment il vint me chercher
à
Ferney, en février 1948, pour m’embarquer dans cette longue entrepris
1892
que plus tard, avec Raymond Silva, nous en vînmes
à
reconnaître la nécessité de créer à côté du CEC une Fondation europée
1893
ous en vînmes à reconnaître la nécessité de créer
à
côté du CEC une Fondation européenne, c’est encore grâce à Retinger q
1894
c’est encore grâce à Retinger que l’idée réussit
à
prendre corps. Ses avis et ses interventions furent de loin les plus
1895
s deux années de préparation qui devaient aboutir
à
la constitution d’un imposant Conseil de gouverneurs, couronné par la
1896
Lui qui d’ordinaire se bornait, dans les comités,
à
quelques interruptions d’une sagesse volontiers sarcastique, tandis q
1897
if des idées, des doctrines, de la culture enfin,
à
l’origine de toutes les réalisations historiques, et de l’entreprise
1898
semble. Dans les deux cas, le problème consistait
à
créer de toutes pièces un capital d’Histoire, sans avoir d’autre mise
1899
s n’étaient jamais que de quelques lignes dictées
à
la hâte. Il n’était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste e
1900
eligieuse. Mais son travail réel ne commençait qu’
à
l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-vo
1901
e commençait qu’à l’heure où il pouvait se mettre
à
téléphoner et à fixer des rendez-vous. C’est alors qu’il entrait en a
1902
à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et
à
fixer des rendez-vous. C’est alors qu’il entrait en action créatrice.
1903
méthode était l’entretien, et de préférence seul
à
seul. Certes, on le retrouvait partout où des hommes étaient réunis p
1904
l’union européenne ou la coopération atlantique,
à
la fin de sa vie. Les yeux non avertis ne le distinguaient pas, dans
1905
êmes. Lors d’une réunion du groupe de Bilderberg,
à
l’heure du cocktail, je dis un jour à Bob Boothby, en lui montrant Re
1906
Bilderberg, à l’heure du cocktail, je dis un jour
à
Bob Boothby, en lui montrant Retinger qui circulait d’un groupe à l’a
1907
n lui montrant Retinger qui circulait d’un groupe
à
l’autre : « Je crois que j’ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’as
1908
trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul
à
une petite table, commande une fine à l’eau, et l’idée lui vient de m
1909
assied seul à une petite table, commande une fine
à
l’eau, et l’idée lui vient de mettre ensemble un certain nombre de pe
1910
ttre ensemble un certain nombre de personnalités.
À
chacune, il explique que son idée est tellement importante qu’il vaut
1911
on monde dans une belle salle, retourne s’asseoir
à
sa petite table, commande une fine à l’eau, et regarde ce qui va se p
1912
ne s’asseoir à sa petite table, commande une fine
à
l’eau, et regarde ce qui va se passer. » Boothby répéta sur le champ
1913
passer. » Boothby répéta sur le champ l’histoire
à
Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je l
1914
on le chuchotait : il me pria de laisser entendre
à
qui voudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en
1915
beau, ni blond, l’œil ironique, irascible, fumant
à
la chaîne, et d’une simplicité déconcertante, il mettait tout en plac
1916
certante, il mettait tout en place et s’effaçait.
À
l’heure de la distribution des prix, des remerciements et des hommage
1917
ifférentes causes et entreprises qui lui tenaient
à
cœur. Sa santé se détériora très rapidement durant ses dernières sema
1918
t le Special Operation Service, organisation tout
à
fait distincte de l’Intelligence Service, et chargée de soutenir les
1919
b », selon le jugement de J.H.R., qui put le voir
à
l’œuvre tant en Pologne qu’à Londres. 51. Voir la lettre au Times du
1920
.R., qui put le voir à l’œuvre tant en Pologne qu’
à
Londres. 51. Voir la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils fu
1921
Gubbins. 52. Ils furent poursuivis quelque temps
à
Moscou avec Sir Stafford Cripps, et MM. Gavrilovic et Pipinelis, amba
1922
etin du Centre européen de la culture : « Hommage
à
un grand Européen : J. H. Retinger », Genève, 1960–1961, p. 20-50. c
1923
s efficaces de cette fin ; 2° qu’un problème tout
à
fait analogue se posait aux nouvelles nations de l’Afrique et de l’As
1924
te rendu de ses travaux. Le colloque s’est réuni
à
Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas pris moins
1925
aration n’a pas pris moins d’une année, consacrée
à
des voyages, à des contacts personnels, à l’étude des conditions cult
1926
pris moins d’une année, consacrée à des voyages,
à
des contacts personnels, à l’étude des conditions culturelles régiona
1927
nsacrée à des voyages, à des contacts personnels,
à
l’étude des conditions culturelles régionales, à des recherches bibli
1928
à l’étude des conditions culturelles régionales,
à
des recherches bibliographiques et à l’élaboration du document de tra
1929
régionales, à des recherches bibliographiques et
à
l’élaboration du document de travail que nous publions ci-après, à ti
1930
u document de travail que nous publions ci-après,
à
titre d’introduction au compte rendu in extenso des débats. L’action
1931
s favorable qu’ont créé les journées de septembre
à
Genève. cm. Rougemont Denis de, « [Note liminaire] Pour un Dialogu
1932
sible, et littéralement superficielle : elle tend
à
uniformiser les apparences, c’est-à-dire le cadre de la vie (architec
1933
que, mais aussi en Amérique latine — une tendance
à
réagir contre cette croissante uniformité qui les prive de leurs sign
1934
tionnels ; leurs élites s’efforcent de les amener
à
une prise de conscience et à une affirmation renforcée de leurs carac
1935
orcent de les amener à une prise de conscience et
à
une affirmation renforcée de leurs caractères et valeurs spécifiques.
1936
onscients des valeurs particulières de la culture
à
laquelle ils appartiennent, nourris de ces valeurs et y croyant pour
1937
s cultures, mais certains motifs varient de l’une
à
l’autre. Je prendrai ici, à titre d’exemple, les besoins spécifiques
1938
tifs varient de l’une à l’autre. Je prendrai ici,
à
titre d’exemple, les besoins spécifiques de la culture européenne. 1.
1939
s l’évolution. 2. L’Europe du xxe siècle cherche
à
réunir en un seul corps ses quelque vingt pays divisés par un siècle
1940
visés par un siècle de nationalisme qui a conduit
à
deux guerres mondiales. La comparaison entre les principes fondamenta
1941
(africaines, asiatiques, arabes…) doit contribuer
à
rendre aux Européens de nos vingt pays le sentiment de leur unité rée
1942
’expliquer aux autres — et de s’expliquer d’abord
à
elle-même — que la technique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’e
1943
ans nos grandes universités, mais on aurait peine
à
trouver des chaires d’européisme en Inde ou en Chine). 5. Au moment d
1944
alogue qui lui est nécessaire, l’Europe se heurte
à
deux difficultés majeures : a) difficulté de présenter la culture eur
1945
qui viennent dans nos universités ont grand-peine
à
se faire une idée de la culture européenne dans son ensemble : ils n’
1946
it où trouver le livre qui expliquerait utilement
à
un de nos « aides techniques » la culture de la région où il va trava
1947
ont des chances d’être assez semblables (quoique
à
des degrés variables) pour chaque région. Quant aux motifs, ils sont
1948
de l’intégration de la civilisation technicienne
à
son grand héritage spirituel, appelle le dialogue avec l’Europe, et l
1949
re renaissante de l’Afrique noire doit faire face
à
des problèmes d’éducation qui nécessitent évidemment les échanges, ma
1950
nécessitent évidemment les échanges, mais d’abord
à
un problème de prise de conscience d’elle-même que le dialogue avec l
1951
, l’Amérique latine, le monde arabe, peut l’aider
à
élucider. L’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le décou
1952
pérons, serait d’inciter chaque région culturelle
à
formuler, en perspective mondiale, non tant ses revendications que se
1953
besoins ainsi définis peuvent-ils être satisfaits
à
l’aide des moyens existants ? Rien de plus difficile que de recenser,
1954
et aucune centrale d’information n’existe encore,
à
notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer
1955
ssance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc
à
citer quelques exemples pris dans chaque catégorie d’activités, et do
1956
ons différentes, Bruxelles. (Huit congrès de 1949
à
1960, et publication des travaux en forts volumes. A édité en 1955 un
1957
ns et de leurs publications, qui devrait être mis
à
jour.) Société internationale pour les études comparées des civilisa
1958
ntales. Ces instituts sont presque tous rattachés
à
une université, et répartissent leurs activités en recherches, enseig
1959
x échanges dans la mesure où ils peuvent répondre
à
des demandes venant d’autres pays ou régions, mais leur mission princ
1960
o), Civilisations (INCIDI, Bruxelles), consacrées
à
l’étude des relations culturelles multilatérales. D’autres se limiten
1961
culturelles multilatérales. D’autres se limitent
à
un domaine particulier des relations culturelles : Philosophy East an
1962
tionaux universitaires sont en général consacrées
à
l’étude d’une seule culture. Une autre catégorie est celle des revues
1963
lle des revues publiées en Occident et consacrées
à
un groupe de cultures d’outre-mer, du type France-Asie (Paris) publié
1964
iaux de revues littéraires ou générales consacrés
à
une culture différente : numéros de Comprendre (Venise) sur l’Afrique
1965
volumes de vulgarisation ou de voyages, consacrés
à
la description plus ou moins pittoresque ou polémique d’un pays d’out
1966
tuent des hommes de culture de toutes les régions
à
confronter leurs manières de discuter. Dans le cadre du projet majeur
1967
breux séminaires sur des sujets plus spécialisés,
à
Bombay, Calcutta, Karachi, Rangoon, Tokyo, Rhodes, Bâle, Beyrouth, Ch
1968
a pris pour thème de son congrès annuel de 1959,
à
Vienne, la formation européenne des assistants techniques et l’accuei
1969
ure (Venise) a organisé un congrès Europe-Afrique
à
Rome en 1960, et prépare, en liaison avec la Société africaine de cul
1970
dées entre régions. IV. Trois grandes lacunes
à
combler Des quelques exemples qu’on vient de donner, on serait ten
1971
u’on vient de donner, on serait tenté de conclure
à
une surproduction plutôt qu’à une disette, dans le domaine des échang
1972
t tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’
à
une disette, dans le domaine des échanges culturels. Les spécialistes
1973
s spécialistes d’une culture différente n’ont pas
à
se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations, revues, é
1974
roblème est moins de les multiplier que d’arriver
à
les utiliser. Enfin, les occasions de rencontres — congrès, colloques
1975
Dialogue des cultures. Ils peuvent se multiplier
à
la satisfaction générale, sans qu’aucun des problèmes de fonds et d’e
1976
learing » et planification des échanges de région
à
région. 2. Entre les travaux indispensables des spécialistes, les p
1977
s diplomates, des chargés de mission d’une région
à
négocier avec leurs homologues d’une autre région, les travaux de spé
1978
ibilités, besoins, lacunes —, ce qu’il nous reste
à
faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dialogue 1. Orga
1979
atégories trop vastes. Elles ne correspondent pas
à
des réalités culturelles suffisamment définies ou homogènes pour pouv
1980
a donc pas encore de politique commune, répondant
à
sa vocation, à l’égard des régions différentes de la planète. L’Asie
1981
un dénominateur commun aux problèmes de l’Inde et
à
ceux du Japon, par exemple, ou de la Chine. Au surplus, la problémati
1982
ne. Au surplus, la problématique Est-Ouest, chère
à
Hegel et aux philosophes de la culture du xixe siècle, survole le mo
1983
et leurs principes de cohérence culturelle, tant
à
leurs habitants qu’aux autres régions. On se comprend mieux soi-même
1984
répondre aux questions d’étrangers, on est amené
à
mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème n’existe
1985
, on est amené à mieux se connaître, parfois même
à
se découvrir. Le problème n’existe guère pour des ensembles comme l’U
1986
t par l’unification doctrinale qu’impose le Parti
à
des peuples très divers, soit par le brassage continuel d’une populat
1987
ulation d’origines variées, ainsi rendue conforme
à
l’American way of life. La culture de ces deux ensembles est facile à
1988
life. La culture de ces deux ensembles est facile
à
« présenter », parce qu’elle s’est constituée en somme selon les prin
1989
le plus tentant de s’affirmer, c’est de s’opposer
à
l’extérieur, c’est-à-dire d’abord à la culture européenne et à « l’am
1990
de s’opposer à l’extérieur, c’est-à-dire d’abord
à
la culture européenne et à « l’américanisme », en l’occurrence, puis
1991
, c’est-à-dire d’abord à la culture européenne et
à
« l’américanisme », en l’occurrence, puis à la culture des États vois
1992
ne et à « l’américanisme », en l’occurrence, puis
à
la culture des États voisins ou rivaux. Pendant ce temps, le communis
1993
du nationalisme, de soustraire la vie culturelle
à
l’emprise stérilisante des propagandes politiques, et de faire face a
1994
idérations que l’on vient de résumer nous amènent
à
une conclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l’examen de
1995
nclusion pratique qu’il nous importe de soumettre
à
l’examen de représentants qualifiés d’autres cultures. Il s’agit d’un
1996
oup d’intellectuels jugeront sans doute étrangère
à
leurs soucis ou à leurs talents. Et pourtant, même si l’on est persua
1997
s jugeront sans doute étrangère à leurs soucis ou
à
leurs talents. Et pourtant, même si l’on est persuadé que le vrai dia
1998
ent, et que les rencontres souhaitables demandent
à
être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création
1999
demandent à être organisées. Nous sommes arrivés
à
la conviction que la création de centres analogues au CEC dans les di
2000
titutions, tendances et problèmes) ; — contribuer
à
définir et à mettre en lumière les valeurs communes propres à toute u
2001
ndances et problèmes) ; — contribuer à définir et
à
mettre en lumière les valeurs communes propres à toute une région, ét
2002
à mettre en lumière les valeurs communes propres
à
toute une région, étudier les problèmes spécifiques de cette région ;
2003
blèmes ; puis placer les résultats de ces travaux
à
la disposition des responsables de l’éducation, de la politique et de
2004
leur action régionale, l’intérêt qu’elles portent
à
d’autres cultures, leurs qualifications et leur disponibilité éventue
2005
archives encombrantes et coûteuses, et difficiles
à
consulter, il suffit le plus souvent que le Centre sache où sont les
2006
donné et puisse y faire appel quand besoin est. (
À
titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions qu’o
2007
udes européennes, etc., etc.). 2. Contribution
à
la prise de conscience, dans une région donnée, de son unité et des v
2008
culture — Séminaires sur les problèmes communs
à
tous les pays de la région : intégration économique ou politique ; ma
2009
de la région, et dégageant les caractères communs
à
tous ses peuples ou pays. Ces ouvrages seraient ensuite traduits dans
2010
ulture vivante, et sont mal équipés pour répondre
à
des demandes personnelles ou à des questions portant sur l’ensemble d
2011
ipés pour répondre à des demandes personnelles ou
à
des questions portant sur l’ensemble de leur région). Les centres ne
2012
idique, qui varient considérablement d’une région
à
l’autre. La question du siège des centres (dans quel pays et dans que
2013
ventuellement servir de maisons-mères aux centres
à
créer, et faciliter leur équipement initial (personnel, documentation
2014
de notre proposition, même si elle n’aboutit pas
à
des résultats immédiats dans toutes les régions représentées, peut co
2015
toutes les régions représentées, peut contribuer
à
maintenir dans les débats de Genève, consacrés aux principes et aux m
2016
us reproduisons ici sans modifications fut envoyé
à
toutes les personnalités invitées à prendre part au colloque les 15-1
2017
ns fut envoyé à toutes les personnalités invitées
à
prendre part au colloque les 15-17 septembre, à Genève. »
2018
s à prendre part au colloque les 15-17 septembre,
à
Genève. »
2019
uction au colloque Vous remercier d’être venus
à
Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routine. Je sa
2020
s le sacrifice de cinq ou six journées consacrées
à
voyager et à travailler en groupe, au lieu d’être consacrées à la dét
2021
e de cinq ou six journées consacrées à voyager et
à
travailler en groupe, au lieu d’être consacrées à la détente d’un wee
2022
à travailler en groupe, au lieu d’être consacrées
à
la détente d’un weekend, au travail personnel, ou à la méditation, qu
2023
la détente d’un weekend, au travail personnel, ou
à
la méditation, qui est à la fois le meilleur travail et le meilleur r
2024
e Centre. Je ne vais pas perdre un temps précieux
à
décrire ses activités. Qu’il me suffise de vous dire en deux mots qu’
2025
est ainsi définie par ses statuts : « contribuer
à
l’union de l’Europe en ralliant les forces vives de la culture dans t
2026
que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant
à
dialoguer avec d’autres voix, parlant au nom d’autres ensembles cultu
2027
es avaient déjà essayés, ne semblait proportionné
à
l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé que, pui
2028
e colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi,
à
ce propos, quelques mots d’explication sur la manière dont il fut com
2029
s, représentant cinq grandes régions culturelles,
à
savoir : l’Inde, le monde arabe, l’Afrique noire (francophone et angl
2030
firmés, de notre région, mais encore nous n’avons
à
passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des années de t
2031
s centaines, nous ne pourrions pas même commencer
à
dialoguer ! Et s’il fallait se réunir pour plus de trois ou quatre jo
2032
Il est bien entendu que notre colloque ne prétend
à
rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, co
2033
u que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’
à
amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, comme on dit dans un
2034
rétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose,
à
donner le coup d’envoi, comme on dit dans un match de football. Il au
2035
tte de vérifier notre accord quant à la nature et
à
la nécessité du dialogue. Et tout d’abord, je voudrais que ceci soit
2036
le Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici
à
nous mettre d’accord pour dire tous la même chose, mais seulement à n
2037
cord pour dire tous la même chose, mais seulement
à
nous mettre d’accord pour dialoguer, sur des principes fondamentaux.
2038
fondamentaux. C’est cela seulement qui correspond
à
nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le f
2039
es, à long terme. Si donc nous voulons contribuer
à
une meilleure entente politique —· et même économique — nous ne pourr
2040
que — nous ne pourrons le faire qu’en travaillant
à
« améliorer le terrain », au sens médical du terme, c’est-à-dire en t
2041
congrès de plus. Dans un congrès, on ne parle pas
à
l’Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous voulons un v
2042
e, sans discours et sans formalisme. J’ai assisté
à
trop de congrès et de séminaires, où il me semblait que les participa
2043
il me semblait que les participants « jouaient »
à
tenir un congrès ou un séminaire, jouaient à tenir leur rôle de congr
2044
nt » à tenir un congrès ou un séminaire, jouaient
à
tenir leur rôle de congressiste. L’art du colloque me paraît être, cu
2045
rieusement, celui qui reste le plus conventionnel
à
notre époque, ennemi des conventions ! Pourquoi ne pas essayer dans c
2046
: car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse
à
une publication (par les soins du CEC) donnant une synthèse des motif
2047
s. Et nous voudrions 2° que ce colloque aboutisse
à
une résolution tendant à la création de centres régionaux, et définis
2048
ue ce colloque aboutisse à une résolution tendant
à
la création de centres régionaux, et définissant leurs fonctions. Je
2049
des généralités généreuses, et loin de prétendre
à
épuiser leurs thèmes, nous permettent plutôt de tracer les grandes li
2050
nes d’un programme suggestif d’études et d’action
à
très long terme, et qu’il s’agit en conséquence d’entreprendre sans p
2051
rdre une minute. Je passerai donc sans transition
à
un bref commentaire sur notre ordre du jour de ce matin. Premier poin
2052
de travail qui vous a été remis. Je me suis borné
à
y rappeler deux grands faits : d’une part, la mise en contact inévita
2053
érenciatrice, par laquelle nos cultures répondent
à
cette pression qu’elles subissent toutes. De ces deux faits de base r
2054
chaque « région » représentée s’exprime ici tout
à
loisir, s’explique aux autres et devant les autres. Il importe que ch
2055
cultures différentes, et ce qu’elle estime avoir
à
leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points —
2056
donc par les motifs généraux du dialogue, quitte
à
les préciser, à les illustrer ensuite par des motifs plus précis et r
2057
tifs généraux du dialogue, quitte à les préciser,
à
les illustrer ensuite par des motifs plus précis et régionaux. [Sui
2058
que, elle est sortie tout de même, on l’a rappelé
à
plusieurs reprises, du contexte culturel européen. Elle est absolumen
2059
texte culturel européen. Elle est absolument liée
à
nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Main
2060
t liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et
à
toute notre histoire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et el
2061
’objective, elle devient un même phénomène imposé
à
toutes les variantes de la culture de l’humanité. Je n’irai pas jusqu
2062
de la culture de l’humanité. Je n’irai pas jusqu’
à
dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tou
2063
ns d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’accéder
à
l’indépendance, reprennent conscience de leurs valeurs culturelles, d
2064
vent dialoguer, à partir de ce moment-là, d’égale
à
égale, avec n’importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce
2065
e le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons
à
des oppositions violentes. Donc, première raison du dialogue : commen
2066
nous adapter, how to cope with technology, chacun
à
notre manière, pour arriver à un développement harmonieux, et non pas
2067
technology, chacun à notre manière, pour arriver
à
un développement harmonieux, et non pas à cette brisure, à cette espè
2068
arriver à un développement harmonieux, et non pas
à
cette brisure, à cette espèce de schizophrénie que risque de créer la
2069
loppement harmonieux, et non pas à cette brisure,
à
cette espèce de schizophrénie que risque de créer la technique dans d
2070
la technique dans des régions où elle arrive tout
à
fait de l’extérieur, où elle ne surgit pas du fond même de la culture
2071
me c’est le cas en Europe. Nous en arrivons alors
à
cette question de la culture ou des cultures. J’avais prévu dans mon
2072
vais prévu dans mon introduction que nous aurions
à
discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture et de civi
2073
dans ce monde d’aujourd’hui, où la technique tend
à
tout uniformiser, il y a le fait de l’accession à l’indépendance de p
2074
à tout uniformiser, il y a le fait de l’accession
à
l’indépendance de plusieurs continents, de cultures qui enfin se déga
2075
qui doivent s’expliquer avec la technique chacune
à
leur manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennen
2076
nce des cultures différentes. Ceci pourrait mener
à
des luttes nationalistes si l’on transpose la « nation » au plan de l
2077
anspose la « nation » au plan de la « culture » —
à
des nationalismes culturels en conflit. Ici apparaît la nécessité du
2078
nt différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir
à
des ruptures, comme il y en eut tant entre les nations européennes, i
2079
colloque organisé par le CEC les 15-17 septembre,
à
Genève.
2080
964, comporte environ 2000 titres. On n’a retenu,
à
de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la dernière guerre
2081
tre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est
à
la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rubri
2082
agogique. J’entends par là que nous avons cherché
à
nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrire une thès
2083
miques et politiques, lesquelles servent de sujet
à
la plupart des thèses soutenues dans toutes nos universités et qui tr
2084
ées dès mars 1963, en brochure) des listes de 100
à
150 volumes, considérés comme ouvrages de base. Ces listes aideront l
2085
vrages de base. Ces listes aideront les libraires
à
composer leurs vitrines, lors de la Semaine européenne du livre qui s
2086
é internationale des libraires, dont le siège est
à
Delft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seront
2087
e librairies, dans tous nos pays, seront invitées
à
composer des vitrines « européennes ». Des prix seront décernés lors
2088
és lors d’une cérémonie de clôture qui sera tenue
à
Genève. Le présent numéro de notre bulletin reflète les travaux prépa
2089
ographie et de la Semaine du livre. Il ne vise qu’
à
décrire une coupe dans la production « européiste » contemporaine. L’
2090
» contemporaine. L’examen de cette coupe appelle,
à
notre avis, deux remarques fondamentales. Trop de livres sur l’Eur
2091
les uns des autres. Chaque auteur pour sa part et
à
son tour redécouvre le continent, ses problèmes et les solutions prop
2092
ntinent, ses problèmes et les solutions proposées
à
ces problèmes depuis des siècles, ou de nos jours. Chacun brûle d’app
2093
autres raisons d’être optimiste.) Défauts communs
à
la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller
2094
ns à la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits
à
la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite entachés d’erreu
2095
vrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller
à
l’actualité », et par suite entachés d’erreurs de faits, de noms, de
2096
it seul capable d’entraîner une adhésion efficace
à
la cause. La préoccupation craintive de se tenir « les pieds sur la t
2097
il est d’abord un visionnaire. Sans visionnaires
à
la Colomb, pas d’Europe, ni de plans d’union de l’Europe, ni de March
2098
ont osé faire sans se demander d’abord si c’était
à
la mode, si cela intéressait le grand public. Certaines manières d’ex
2099
tournure d’esprit qui devait les rendre hostiles
à
la CECA en ses débuts, et qui reste opposée, foncièrement, aux dévelo
2100
mbre de ceux qui s’imaginent la découvrir, quitte
à
faire la leçon à ses initiateurs. Pour une politique des publicati
2101
s’imaginent la découvrir, quitte à faire la leçon
à
ses initiateurs. Pour une politique des publications européennes
2102
conde main sur l’Europe risquent de faire du tort
à
la cause de l’union, non moins qu’en firent naguère l’indifférence ou
2103
systématique. Les éditeurs auraient tout avantage
à
connaître ce qui s’est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux que
2104
nt : ils verraient mieux quelles sont les lacunes
à
combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’être traités. Ils po
2105
le d’éviter désormais. La première fut de limiter
à
un seul éditeur par langue la qualité de membre du pool. En effet, la
2106
blications envisagées, si elle correspondait bien
à
la variété de la production réelle et des besoins, ne convenait pas a
2107
ouvrages d’art, les autres préféraient se limiter
à
des livres de format courant, d’autres enfin craignaient que les prem
2108
du génie européen (par l’éditeur Robert Laffont,
à
Paris)53 — ont d’ailleurs démontré la rentabilité de l’édition en poo
2109
ait d’encourager ou de susciter, — tels seraient,
à
notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition.
2110
civique européenne. Les considérations conduisant
à
l’idée d’une telle campagne avaient été souvent exposées dans les pub
2111
Au terme d’un colloque universitaire qui se tint
à
Genève en mai 1961 sous les auspices de la Journée européenne des éco
2112
ucation, le groupe ad hoc tint sa première séance
à
Genève les 5 et 6 janvier 1962. Il élabora le plan général d’une Camp
2113
morandum aux ministères, sur la base des réponses
à
l’enquête. Le questionnaire préparé par Mme A. Ducimetière et mis au
2114
minaire sur les méthodes eut lieu au mois de mai,
à
Royaumont, et donna l’impulsion nécessaire à la Campagne. Il établit
2115
mai, à Royaumont, et donna l’impulsion nécessaire
à
la Campagne. Il établit le plan du Guide du maître actuellement en co
2116
internationaux. Le premier de ces stages se tint
à
Bruxelles en début janvier 1963 sous les auspices et avec l’appui du
2117
ure.) Deux autres stages vont avoir lieu en 1963,
à
Tutzing (mai) et à Zurich (octobre). Entre-temps, les réponses à l’en
2118
tages vont avoir lieu en 1963, à Tutzing (mai) et
à
Zurich (octobre). Entre-temps, les réponses à l’enquête étaient parve
2119
et à Zurich (octobre). Entre-temps, les réponses
à
l’enquête étaient parvenues au CEC, dans les délais prévus, à quelque
2120
étaient parvenues au CEC, dans les délais prévus,
à
quelques semaines près. Comme il fallait s’y attendre, ces réponses f
2121
une manière très concrète la nature des obstacles
à
surmonter, et quelques-uns des moyens immédiats à mettre en œuvre : c
2122
à surmonter, et quelques-uns des moyens immédiats
à
mettre en œuvre : cours de formation des maîtres, documentation, leço
2123
nces. Bref, elles confirment l’ampleur des tâches
à
accomplir et dessinent quelques voies d’approche. Il reste à trouver,
2124
et dessinent quelques voies d’approche. Il reste
à
trouver, ou à former, les hommes qui se chargeront de ces tâches, et
2125
quelques voies d’approche. Il reste à trouver, ou
à
former, les hommes qui se chargeront de ces tâches, et les moyens fin
2126
cessaires. Ces derniers devraient être empruntés,
à
mon avis, au budget d’une défense nationale bien comprise (comprenant
2127
e), mais il est clair qu’on ne pouvait s’attendre
à
trouver pareille suggestion dans les réponses officielles. Nous somme
2128
pante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenus
à
l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil de l’Europe. P
2129
re, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste
à
susciter d’immenses ressources, ou plutôt à mobiliser les volontés qu
2130
reste à susciter d’immenses ressources, ou plutôt
à
mobiliser les volontés qui suffiraient sans doute à réunir ces ressou
2131
mobiliser les volontés qui suffiraient sans doute
à
réunir ces ressources. 55. Les organismes dont le nom est suivi d’u
2132
gions dans les États qui ouvrent leurs frontières
à
des unions plus vastes, voilà bien l’un des phénomènes contemporains
2133
t international. Le festival d’Aix, qui satisfait
à
ces deux critères avec tout l’éclat que l’on sait, se trouvait donc p
2134
’éclat que l’on sait, se trouvait donc prédestiné
à
servir de point de départ à une action de pionniers en faveur de l’es
2135
uvait donc prédestiné à servir de point de départ
à
une action de pionniers en faveur de l’essor régional dans les perspe
2136
os publications le compte rendu du colloque réuni
à
Aix au mois de juillet 1962. ⁂ L’intérêt très particulier de ce Collo
2137
êt très particulier de ce Colloque tenait d’abord
à
sa composition : professeurs d’université, compositeurs de musique, é
2138
révolution régionale ». ⁂ On ne saurait reprocher
à
un colloque dont les ambitions initiales étaient d’ordre culturel, et
2139
re culturel, et qui a si bien réussi, au surplus,
à
mettre en évidence les liens entre la culture et l’économie, de n’avo
2140
colloque en avait traité peu de temps auparavant,
à
Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire à la suite du compte ren
2141
t, à Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire
à
la suite du compte rendu d’Aix, le rapport présenté à Lyon par le pro
2142
suite du compte rendu d’Aix, le rapport présenté
à
Lyon par le professeur J.-L. Quermonne sur « La région et ses aspects
2143
forçons de faire une vaste union européenne, ici,
à
Aix, vous vous efforciez de créer une métropole locale. Le paradoxe e
2144
régionales. Les deux phénomènes sont concomitants
à
mon avis. Si vous diminuez l’importance des frontières nationales, ce
2145
ècles ont imposées d’une manière assez arbitraire
à
des réalités économiques, linguistiques et culturelles qui n’ont pas
2146
tés. Le phénomène européen d’aujourd’hui consiste
à
supprimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités.
2147
pprimer nos divisions pour donner leur jeu normal
à
nos diversités. L’effort entrepris ici par M. Bigonnet me paraît donc
2148
elles. Dans ce sens, et comme le disait récemment
à
Genève Bertrand de Jouvenel, s’adressant à des représentants de cultu
2149
emment à Genève Bertrand de Jouvenel, s’adressant
à
des représentants de cultures très diverses, nous sommes tous colonis
2150
ien que l’Occident ait une tradition d’adaptation
à
la technique beaucoup plus vaste, puisqu’il a accompagné le développe
2151
t paraître pessimiste, peut paraître se rattacher
à
tout ce qu’on a dit depuis un demi-siècle en Europe contre la techniq
2152
a civilisation. Mais nous sommes tombés d’accord,
à
Genève, pour penser que la technique est un progrès, en ce sens qu’el
2153
donc à peu près un million par jour. Ainsi, c’est
à
la création d’un nouveau public, à l’accession à la culture de couche
2154
. Ainsi, c’est à la création d’un nouveau public,
à
l’accession à la culture de couches immenses que nous assistons aujou
2155
à la création d’un nouveau public, à l’accession
à
la culture de couches immenses que nous assistons aujourd’hui. Autre
2156
temps que les risques. […] Avant que l’on passe
à
la synthèse des opinions émises au cours de cette première partie de
2157
nos débats, je voudrais répondre en quelques mots
à
la question très pertinente qui m’a été posée par le professeur de Ve
2158
, d’autre part, que la technique apporte beaucoup
à
la culture ? La spécialisation est certainement un danger pour le spé
2159
r le spécialiste, dans la mesure où cela le ferme
à
tout autre domaine général, c’est-à-dire à tout ce qui définit le sen
2160
ferme à tout autre domaine général, c’est-à-dire
à
tout ce qui définit le sens même de sa spécialité dans l’ensemble des
2161
trop poussée et fermée s’oppose au progrès même,
à
l’invention. Il résulte d’une série d’études récentes faites en Améri
2162
que la plupart de ces inventions ne sont pas dues
à
des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupent de toute
2163
sont pas dues à des techniciens spécialisés mais
à
des hommes qui s’occupent de toutes sortes d’autres choses, qui ont u
2164
és variées, et qui sont amenés par ces curiosités
à
faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s
2165
menés par ces curiosités à faire des découvertes,
à
trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers
2166
sque délirante sous Staline, qui les avait amenés
à
diviser les études en plusieurs centaines de spécialités et sous-spéc
2167
té d’option pour les étudiants, ils en sont venus
à
restaurer les études générales ; à tel point que, dans un ouvrage réc
2168
en sont venus à restaurer les études générales ;
à
tel point que, dans un ouvrage récent publié en Amérique, qui compare
2169
du même degré et du même âge. Nous assistons là
à
un phénomène d’auto-régulation, non pas au nom d’un idéal « d’humanit
2170
tés mêmes du progrès technique et de l’invention,
à
restaurer les études générales. Ceci, pour les meilleurs, pour les cr
2171
ation-modèle ou un seul geste, comme les ouvriers
à
la chaîne du xix e siècle. Mais c’est un problème d’éducation. Un phé
2172
ans que la machine asservit l’homme. C’était vrai
à
un certain stade de la technique. Une technique insuffisante asservis
2173
. Une technique insuffisante asservissait l’homme
à
la machine. C’est ce que Marx a si bien décrit, en son temps, en écri
2174
vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait
à
la période noire de l’industrie, la période du charbon. Maintenant qu
2175
ode du charbon. Maintenant que nous sommes passés
à
la période blanche, la période de l’électricité, de l’électronique et
2176
que la technique, loin d’asservir l’homme, arrive
à
le libérer. L’usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’a pas été o
2177
e ces considérations générales, ce que nous avons
à
retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et la culture, l
2178
e. Les peintres flamands vont faire des portraits
à
Gênes. Plus tard, les Allemands passent le Brenner et vont apprendre
2179
ns ces époques-là. Elles ne vont pas d’une nation
à
l’autre mais d’un foyer de création à un autre foyer. Elles se propag
2180
’une nation à l’autre mais d’un foyer de création
à
un autre foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les c
2181
sistance économique, un public, bref, une réponse
à
leur travail créateur. Et ceci nous conduit à l’idée de « métropole »
2182
nse à leur travail créateur. Et ceci nous conduit
à
l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réuni
2183
i nous conduit à l’idée de « métropole », qui est
à
la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontières
2184
éunit. […] Au moment où les frontières s’ouvrent
à
des échanges plus libres, il faut qu’il y ait quelque chose à faire p
2185
es plus libres, il faut qu’il y ait quelque chose
à
faire passer, des produits à échanger ! Cela suppose des centres et f
2186
y ait quelque chose à faire passer, des produits
à
échanger ! Cela suppose des centres et foyers de production renforcée
2187
l ? Serait-ce, par exemple, d’apporter la culture
à
la population d’un lieu ? Ou, au contraire, de créer un foyer qui ray
2188
i d’une population culturellement sous-développée
à
laquelle on devrait apporter les lumières de Paris ! Il s’agit bien p
2189
ulation active, y compris ses forces économiques,
à
la création d’un grand foyer de production, qui serait la métropole.
2190
ot participation. La culture, c’est quelque chose
à
quoi l’homme participe, ce n’est pas seulement quelque chose qu’il re
2191
avancé l’image, qui n’est pas originale mais tout
à
fait pertinente dans le cas présent, d’un phare, pour définir une mét
2192
seulement et en premier lieu aux gens du phare ou
à
ceux qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et
2193
qui habitent autour, sur son île. Il est destiné
à
permettre et assurer les communications, les échanges et les mouvemen
2194
et qui dit expression dit communication, tendance
à
une communication. À mon sens, une métropole devrait jouer, mutatis m
2195
dit communication, tendance à une communication.
À
mon sens, une métropole devrait jouer, mutatis mutandis, le rôle des
2196
ffraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse
à
leurs créations. L’appel, c’était l’attrait d’un climat, en prenant c
2197
upements professionnels ou d’éducation populaire.
À
quoi l’on pourrait ajouter à l’avenir bien des choses : un orchestre,
2198
éducation populaire. À quoi l’on pourrait ajouter
à
l’avenir bien des choses : un orchestre, une maison d’édition, des ce
2199
se, il est plein de possibilités variées qui sont
à
l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l’a
2200
s qui sont à l’état naissant ou renaissant. Quant
à
l’argent et aux devoirs de l’argent, dont parlait si justement et si
2201
Jean Ballard, directeur des Cahiers du Sud, c’est
à
l’économie, qui le produit, de le faire servir au développement cultu
2202
intaine de la capitale nationale qui consentirait
à
lui octroyer quelques subventions, et l’on retomberait dans la mauvai
2203
te masse de manœuvre monétaire qui correspondrait
à
ce qu’était autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d
2204
nvers ou de Bruges au temps de la Renaissance, ou
à
ce qu’étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un
2205
qui faisaient édifier un temple sur l’Acropole ou
à
Delphes ? Quel est l’équivalent moderne de ce mécénat ? C’est la « fo
2206
simple, qui est la détaxation des revenus versés
à
une fondation. En dotant richement une fondation, les grands industri
2207
gues en Europe. Un projet de loi doit être déposé
à
cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à généraliser ce rég
2208
cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant
à
généraliser ce régime de détaxation, qui favoriserait la création ou
2209
té de cette métropole, c’est-à-dire de voir jusqu’
à
quel point le secteur industriel et le secteur culturel y sont réelle
2210
ais parce qu’il me semble qu’elle pourrait servir
à
concrétiser, dans les conversations qui suivront ce colloque, le prob
2211
la poule possible et l’œuf virtuel, et chacun dit
à
l’autre : existe donc d’abord ! J’existerai bien sûr tout de suite ap
2212
xisterai bien sûr tout de suite après, mais c’est
à
toi de commencer ! Ce dialogue est celui de tout engendrement, et en
2213
, et en dépit de Zénon d’Élée, il aboutit souvent
à
des naissances réelles. Le motif de notre Campagne d’éducation civiqu
2214
sophisme théorique opposant deux réalités encore
à
naître. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur
2215
s enseignants. ⁂ Une première réunion s’est tenue
à
Genève en mai 1961 pour étudier les possibilités de l’enseignement d’
2216
ent d’un civisme européen. Elle a donné naissance
à
un comité d’action où sont représentés le Conseil de l’Europe56, les
2217
cation civique : là où elle existe, elle se borne
à
décrire les institutions mais ne présente pas les problèmes vivants e
2218
que de préparation des enseignants, qui demandent
à
être mieux informés et formés. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi expr
2219
s. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi exprimés, et
à
l’attente de nombreux enseignants, des stages de formation de formate
2220
e ont été extrêmement encourageants ; que ce soit
à
Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’ac
2221
rêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles,
à
Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus
2222
courageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing,
à
Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveilla
2223
s ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich,
à
La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été r
2224
soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye,
à
Oosterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à no
2225
es, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek,
à
Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par l
2226
alw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé
à
nos stages par les autorités locales, régionales et nationales. Le se
2227
riat de la Campagne exprime ici sa vive gratitude
à
toutes les personnalités — du ministre au maire ou bourgmestre — qui
2228
éennes et au Conseil de l’Europe, qui ont apporté
à
la Campagne leur appui matériel et moral. Le rôle de chaque stage est
2229
nt mises au point ; 3° d’inciter les participants
à
élargir cette action dans leurs milieux, c’est-à-dire d’organiser à l
2230
tion dans leurs milieux, c’est-à-dire d’organiser
à
leur tour des stages, des rencontres dans leur établissement, leur vi
2231
ui ont été présentés aux stages organisés de 1962
à
1964. On s’est borné à reproduire l’essentiel des communications qui
2232
x stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné
à
reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l’accord
2233
st à long terme. Les prochains stages auront lieu
à
Vienne, à Oxford, à Paris, au Danemark et en Italie. 56. Le Conseil
2234
terme. Les prochains stages auront lieu à Vienne,
à
Oxford, à Paris, au Danemark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Euro
2235
prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford,
à
Paris, au Danemark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe a été r
2236
d’aujourd’hui : je voudrais seulement vous dire,
à
vous professeurs de géographie, ce que je voudrais que l’on m’enseign
2237
’on m’enseigne si j’avais le bonheur de retourner
à
l’école, et d’être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on
2238
nt deux peuples, fatalement, et les obligent donc
à
se faire la guerre, alors qu’on peut aussi bien dire qu’ils unissent
2239
rit très bien Jacques Beaujeu-Garnier, professeur
à
la Sorbonne. Je voudrais aussi qu’on m’enseigne les faits géographiqu
2240
des « frontières naturelles » qui nous a conduits
à
couper en deux, trois ou quatre pays un bassin naturel (houille ou fe
2241
-Luxembourg-Belgique, sous prétexte que les gens,
à
la surface, parlaient des langues un peu différentes et avaient été c
2242
insi l’Europe politiquement unie pourrait revenir
à
ses réalités géographiques, pourrait recommencer une vie mieux aménag
2243
pourrait recommencer une vie mieux aménagée (mot
à
la mode), plus riche et plus diversifiée, j’insiste sur le mot, car t
2244
nter l’esprit de leurs élèves : ils seraient tout
à
fait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’être en même temps
2245
avec passion, et d’être en même temps bien utiles
à
la cause de l’union européenne. cx. Rougemont Denis de, « Stage d’
2246
qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour
à
Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. G
2247
appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce
à
cette tour, il espérait escalader le Ciel : tentant ainsi non seuleme
2248
i bien que presque tout le genre humain collabora
à
cette œuvre d’iniquité. Une partie commandait, une partie dressait le
2249
mer ou par terre ; et chaque groupe s’appliquait
à
une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel
2250
oupe s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’
à
ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion tel
2251
e confusion telle que tous ceux qui étaient venus
à
l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant
2252
oquuntur). Si bien que les seuls qui s’en tinrent
à
la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œ
2253
ée furent ceux qui avaient refusé de prendre part
à
l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la foli
2254
fusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus
à
l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et les tou
2255
r les dimensions mêmes d’un projet qui consistait
à
dépasser la mesure naturelle par l’artifice humain. Ceci m’évoque d’
2256
jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste
à
modifier les données initiales “naturelles” de la vie, non plus (comm
2257
le faisait il y a quelques siècles) pour répondre
à
des besoins certains et à des nécessités limitées de cette même vie —
2258
siècles) pour répondre à des besoins certains et
à
des nécessités limitées de cette même vie — mais comme inspirés de cr
2259
ur de l’Europe, elle fait songer irrésistiblement
à
cette institution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait ré
2260
tuelles, et donc artificielles — elle fait songer
à
cette tour du Savoir, tellement démesurée qu’il faut, pour l’édifier,
2261
Essayons de poser le problème dans son ensemble,
à
l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle,
2262
. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle,
à
deux mouvements de sens contraire, qui affectent ces facteurs traditi
2263
ivision du genre humain. Mouvement de convergence
à
grande échelle, d’une part. Les distances sont presque annulées par l
2264
a vitesse des communications. Les nations tendent
à
se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents,
2265
unications. Les nations tendent à se regrouper et
à
s’organiser en de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Eur
2266
onnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est
à
la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain nomb
2267
humain, si longtemps étrangère, voire répugnante,
à
l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnati
2268
ie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir
à
la condamnation puis à la suppression — mais après combien de siècles
2269
ise, et qui devait aboutir à la condamnation puis
à
la suppression — mais après combien de siècles ! — de l’esclavage. Le
2270
l’époque colonialiste et tout d’abord en réaction
à
ses outrages : las Casas, Vitoria et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel
2271
me paraît nulle part plus visible et plus facile
à
observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de
2272
i de quoi je veux parler : nous assistons en fait
à
une double explosion au sein des institutions d’enseignement supérieu
2273
les dimensions physiques et l’Université tendent
à
devenir impraticables, cependant que les distances intellectuelles no
2274
tés qui prolifèrent dans une même faculté tendent
à
devenir infranchissables. Dans l’univers du savoir humain, facultés e
2275
ablée de soucis matériels et qui a d’autres chats
à
fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés de l’esprit huma
2276
cours.) L’explosion du savoir est plus difficile
à
chiffrer. Robert Oppenheimer et d’autres savants américains nous affi
2277
s et moi, dans nos années d’études, il y a trente
à
trente-cinq ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien ou
2278
m (Univers, universitas, selon l’étymologie chère
à
Claudel, veut dire « version à l’unité »…) Toute l’évolution que j’ai
2279
l’étymologie chère à Claudel, veut dire « version
à
l’unité »…) Toute l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement à
2280
l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement
à
la confusion des langages, dissous en terminologies incomparables. L’
2281
même branche. Les jugements d’ensemble, rapportés
à
quelque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne
2282
pas davantage si sa démarche est conforme ou non
à
la théologie, et fort probablement ne s’en soucierait pas. Ainsi chac
2283
ngtemps périmés59. Faudra-t-il donc nous résigner
à
ce que l’accroissement même du savoir entraîne pour conséquence la di
2284
ulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre
à
ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’ex
2285
que les routines et l’utilité immédiate suffisent
à
justifier l’existence prospère d’une entreprise de cet ordre, et refo
2286
de disciplines forcément partielles, susceptibles
à
tout instant d’être mises en question, radicalement, par d’autres dis
2287
es, acceptant ainsi de n’être peut-être plus tout
à
fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèc
2288
e espèce de résignation intellectuelle correspond
à
une forme schizoïde de la pensée, et conduit à un scepticisme croissa
2289
nd à une forme schizoïde de la pensée, et conduit
à
un scepticisme croissant quant aux fins dernières de la recherche et
2290
leurs cours… Mais quel dieu servent-ils encore ?
À
quelle idée de l’homme, divine ou idéale, correspond aujourd’hui l’en
2291
rai, il est devenu presque impossible de répondre
à
une telle question, et c’est pourquoi sans doute on la pose si rareme
2292
la pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il
à
former des personnes réelles et complètes, ou seulement de futurs pro
2293
culture européenne, et c’est là qu’ils se posent
à
eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênan
2294
par la théologie et les recherches particulières
à
l’aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera
2295
t la Renaissance, probablement au xiiie siècle —
à
l’époque justement qui a vu naître les premières universités européen
2296
premières universités européennes, en Italie puis
à
Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Universit
2297
sités européennes, en Italie puis à Paris. (Quant
à
savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce
2298
elle mesure l’apparition de l’Université est liée
à
ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lu
2299
alité, pour elles, n’est pas vertu, mais atteinte
à
l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécution. Mutatis mutandis, il en
2300
i travaillez-vous autant ? Pourquoi cherchez-vous
à
accroître la productivité plutôt que la sagesse ? et à contrôler la m
2301
roître la productivité plutôt que la sagesse ? et
à
contrôler la matière plutôt que vos passions et vos désirs ? — bien p
2302
ur essentiellement illusoires n’allait pas perdre
à
leur étude le meilleur de son temps de méditation. Si les Européens
2303
uestions fondamentales, ils se verraient conduits
à
dépasser leur régime de spécialités académiques, à surmonter leur ign
2304
dépasser leur régime de spécialités académiques,
à
surmonter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de l
2305
mple du physicien et du théologien. Pour répondre
à
l’hindou qui interroge l’Occident sur son obsession de l’Histoire, du
2306
ère et sa constitution, est étrangement homologue
à
celle des grandes querelles théologiques de Nicée, de l’augustinisme,
2307
de la pluralité de ses recherches sans références
à
un langage commun. Le grand problème que l’Europe seule me paraît en
2308
s. a) La première, souvent proposée, consisterait
à
imposer des cours de culture générale, un studium generale, aux étudi
2309
te, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’
à
une moyenne de 90 ans, pour que l’espoir de maîtriser l’ensemble du s
2310
te qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau
à
la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires s
2311
à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre
à
ses bénéficiaires super-savants. Pic de la Mirandole, aujourd’hui, se
2312
b) Une deuxième solution concevable consisterait
à
réfréner la spécialisation. Je la tiens également pour illusoire. Cer
2313
dépens de l’équilibre du corps. On peut l’évaluer
à
son prix réel et trouver celui-ci exorbitant : perdre de vue l’ensemb
2314
le, que tous les gains partiels, additionnés, dus
à
la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est gag
2315
ression que j’ai dite : toujours plus de matières
à
enseigner à un nombre toujours plus grand d’étudiants et de futurs en
2316
j’ai dite : toujours plus de matières à enseigner
à
un nombre toujours plus grand d’étudiants et de futurs enseignants. P
2317
ouvement de spécialisation, mais le pousser jusqu’
à
ce point où l’étude la plus exigeante d’une discipline particulière v
2318
te par les nécessités internes de son cheminement
à
déboucher sur des domaines que la vertueuse méthode, naguère, interdi
2319
hromosomes, aux autres de construire des machines
à
traduire. Un physicien étudiant le principe de l’irréversibilité du t
2320
principe de l’irréversibilité du temps est amené
à
écrire « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étri
2321
s y rencontrent semblent les confronter désormais
à
des options métaphysiques. Je ne l’imagine pas : je les écoute, et pl
2322
t de nos universités devrait d’abord être confiée
à
des groupes de chercheurs représentant des disciplines diverses. Par
2323
rrefours de vérités hétérogènes » sur lesquels et
à
partir desquels l’esprit de synthèse pourrait s’exercer. Le nombre op
2324
des participants de tels groupes me paraît être,
à
l’expérience de nombreux colloques portant sur des sujets interdiscip
2325
n des effectifs universitaires, je n’aurais guère
à
proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il me semble
2326
rts d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde
à
l’esprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’est rien d’aut
2327
de tout bon travail en commun, l’on sera conduit
à
préférer la multiplication de petites universités à la multiplication
2328
préférer la multiplication de petites universités
à
la multiplication des facultés, des chaires et des postes d’assistant
2329
e paraît intimement lié, en Europe, non seulement
à
l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la proximité — mais
2330
iences par million d’habitants d’un pays, de 1901
à
1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq pre
2331
on d’instituts ou de centres de synthèse, établis
à
l’échelle européenne, je veux dire supranationale. J’en imagine le pr
2332
« hommes de synthèse » dont je vous parlais tout
à
l’heure : professeurs de tous âges et de toutes spécialités, et futur
2333
tuelles de cette communauté peuvent être définies
à
grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cours magistrau
2334
t être définies à grands traits comme suit. Quant
à
la forme : point de cours magistraux, mais seulement des colloques re
2335
restreints, groupant au maximum vingt personnes,
à
l’optimum une douzaine. Si quelqu’un désire absolument donner une con
2336
absolument donner une conférence, le soir, c’est
à
ses risques et périls : toute déclaration publique est obligatoiremen
2337
de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir
à
la même spécialité. Et quant au contenu : seuls sont portés au progra
2338
la technologie. Comment passer de l’ère technique
à
l’ère de l’équilibre humain ? En d’autres termes : comment tirer les
2339
et de paix, des disciplines farouches qu’imposent
à
la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de p
2340
des caractères spécifiques de notre civilisation,
à
l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les conti
2341
anarchique sur tous les continents de la planète,
à
l’heure où le tiers-monde l’interroge avec une anxiété mêlée d’arroga
2342
e l’interroge avec une anxiété mêlée d’arrogance,
à
l’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait da
2343
te liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’
à
s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel cen
2344
in, permettrait d’envoyer beaucoup de professeurs
à
cet institut de recyclage et de remise en question générale, et c’est
2345
rès un an, les professeurs détachés reviendraient
à
leur enseignement, porteurs d’une sorte de radioactivité — les uns mû
2346
langage commun aux sciences exactes, aux arts et
à
la théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Ars Combi
2347
nt internationale mais interdisciplinaire, propre
à
permettre de nouveau le commerce des esprits supérieurs des disciplin
2348
rits supérieurs des disciplines les plus diverses
à
un très haut niveau de précision ; mais on peut craindre que le langa
2349
anente des recteurs et vice-chanceliers d’Europe,
à
l’Université de Göttingen, le 2 septembre 1964. da. Selon une erreur
2350
de militants fédéralistes issus de la résistance
à
l’hitlérisme dans tous les pays en guerre — y compris l’Allemagne — s
2351
uerre franco-allemande : le discours de Churchill
à
Zurich, en 1946, le dit expressément. Et tout cela conduisit à la cré
2352
1946, le dit expressément. Et tout cela conduisit
à
la création du Conseil de l’Europe à Strasbourg en 1949. Au cours des
2353
la conduisit à la création du Conseil de l’Europe
à
Strasbourg en 1949. Au cours des années 1950 à 1960, devant l’impossi
2354
pe à Strasbourg en 1949. Au cours des années 1950
à
1960, devant l’impossibilité d’aller plus loin sur le plan politique,
2355
érité économique du continent : et cela conduisit
à
la création de la CECA, puis du Marché commun et de l’Euratom, enfin
2356
e les Européens prennent l’initiative de coopérer
à
l’établissement d’un équilibre mondial, et trouvent pour cela les moy
2357
lisme ne signifie plus l’ambition naïve d’imposer
à
la Terre entière une certaine idée unitaire, rationaliste et tenue po
2358
t littéralement planétaire, il prête et il invite
à
toutes les confusions imaginables. Pourtant, on ne peut plus l’esquiv
2359
bre de compétences éprouvées pourrait aider sinon
à
résoudre le problème, du moins à définir ses termes, à décrire ses vr
2360
rait aider sinon à résoudre le problème, du moins
à
définir ses termes, à décrire ses vraies dimensions, à mieux faire se
2361
oudre le problème, du moins à définir ses termes,
à
décrire ses vraies dimensions, à mieux faire sentir son urgence et la
2362
inir ses termes, à décrire ses vraies dimensions,
à
mieux faire sentir son urgence et la nécessité de l’affronter honnête
2363
êtement. Un petit groupe d’animateurs s’est réuni
à
Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming », puis pou
2364
petit groupe d’animateurs s’est réuni à Genève et
à
Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming », puis pour tenter d’é
2365
ient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde
à
faire ce dont nous tentons ici de mieux voir comment il faut le faire
2366
urelle. Ces quelque 50 rapports ont été attribués
à
une première série de quatre commissions chargées de discuter la phil
2367
ter la philosophie du Dialogue des cultures, puis
à
une seconde série de commissions chargées de proposer des solutions p
2368
ici que des premières, celles qui vont se mettre
à
l’ouvrage cet après-midi et demain matin. À la première commission, q
2369
ettre à l’ouvrage cet après-midi et demain matin.
À
la première commission, qui traitera des valeurs européennes reconsid
2370
lysse, avec Icare, et qui aboutit aux sciences et
à
la technique moderne. Il paraît indispensable, en effet, d’expliquer
2371
as, au fond et systématiquement, pour supérieures
à
la nôtre, par une sorte de réflexe de surcompensation. La seconde ten
2372
plus fortement représentée, consiste au contraire
à
soutenir que face au tiers-monde il convient que les Européens repren
2373
isme, notre vertige de décadence. Il y a beaucoup
à
dire en faveur de l’une et de l’autre attitude. Car il est bien certa
2374
certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’
à
ce siècle, d’une sorte d’arrogance naïve à l’égard des autres culture
2375
nde : parce que ces sages essayaient de se mettre
à
la portée de leur intelligence souvent fruste, nos marins, marchands
2376
r des marchands malais ou malgaches, d’une visite
à
Heidegger, et dans quels termes ces hommes revenus chez eux décriraie
2377
riraient les croyances « risibles et enfantines »
à
leurs yeux de ce grand sage occidental ! En revanche, à ceux qui affi
2378
s yeux de ce grand sage occidental ! En revanche,
à
ceux qui affirment contre l’Europe et pour lui faire la leçon, que to
2379
nscience ce que nous autres, les Européens, avons
à
faire entendre dans le concert des cultures. La deuxième commission v
2380
ent réunies. La troisième commission va s’atteler
à
la tâche capitale d’une évaluation critique du concept de sous-dévelo
2381
tants lui sont soumis, et il me semble que chacun
à
sa manière, si différentes que soient ces manières et si opposées qu’
2382
le plus, parce que c’est là que j’aurais le plus
à
apprendre, mais aussi les plus naïves questions à poser. Est-il certa
2383
à apprendre, mais aussi les plus naïves questions
à
poser. Est-il certain, par exemple, que le développement industriel e
2384
t nécessairement bénéfique ? Les calculs qui sont
à
la base de l’aide au développement par les Occidentaux ne reposent-il
2385
ion des peuples les plus divers par leur culture,
à
une sorte de commun dénominateur matériel ou physique, obtenu par réd
2386
ne mesure fixe, comme le kilo, le mètre ou l’erg,
à
laquelle on pourrait se référer en toute certitude ? L’idée si répand
2387
atuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500
à
500 avant notre ère, l’économie était en plein développement — et nou
2388
usses si une région tout entière se convertissait
à
la croyance des mennonites, qui interdit l’usage de l’auto et n’admet
2389
erdit l’usage de l’auto et n’admet que le chariot
à
deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exemples me paraissent de
2390
que le chariot à deux grandes roues ou la marche
à
pied. Ces exemples me paraissent de nature à nous rappeler que le niv
2391
rche à pied. Ces exemples me paraissent de nature
à
nous rappeler que le niveau de développement économique d’une culture
2392
igeable. En vérité, si l’on entend « développer »
à
l’occidentale un pays de culture différente, il faut bien voir que du
2393
, il faut bien voir que du même coup on s’attaque
à
son âme, ou en tout cas au mode de jonction et d’articulation de son
2394
n’avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher
à
ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés
2395
der leurs rites, manger leurs vaches et continuer
à
les tenir pour sacrées. Il y a plus grave encore et l’on y viendra av
2396
encore et l’on y viendra avec les rapports soumis
à
notre quatrième commission62, celle qui s’occupera de plusieurs sujet
2397
fin le problème de la population. Les publicistes
à
gros tirage et Lord Russell nous répètent depuis Hiroshima que l’huma
2398
ion incontrôlée qui devrait épouvanter et pousser
à
une action immédiate à grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vo
2399
rait épouvanter et pousser à une action immédiate
à
grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vous sont soumis insisten
2400
s insistent sur la priorité qu’il faudrait donner
à
une planification démographique sur la planification économique de l’
2401
ver rapidement la famine qu’elle voulait prévenir
à
n’importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous
2402
ce matin des trois commissions finales qui auront
à
étudier une série de résolutions pratiques tendant toutes à favoriser
2403
une série de résolutions pratiques tendant toutes
à
favoriser le Dialogue des cultures, vrai but de ce congrès, et non pa
2404
l’un de nos rapporteurs. Cette brève introduction
à
l’ensemble des rapports de base ne visait en somme qu’à rappeler l’am
2405
semble des rapports de base ne visait en somme qu’
à
rappeler l’ampleur des objectifs de ce congrès, et que le problème qu
2406
mologique du mot, que si nous arrivions seulement
à
le poser avec la clarté et la franchise nécessaires, cela suffirait p
2407
a franchise nécessaires, cela suffirait peut-être
à
faire de la Conférence Europe-Monde une date dans l’histoire de la co
2408
ation civique des élèves. Mais que l’on en vienne
à
s’occuper aussi, dans le même cadre, de l’enseignement des arts plast
2409
ne part, qu’ils considèrent comme un luxe réservé
à
une élite disposant de loisirs, et la vie politique, économique et so
2410
os démocraties bourgeoises, attitude qui consiste
à
séparer radicalement l’Art, domaine des activités libres, gratuites e
2411
nnera peut-être de vouloir soumettre l’esthétique
à
quelque doctrine sociale et politique dictant sa loi aux artistes et
2412
ion qui caractérise les États totalitaires. Même
à
supposer que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces
2413
tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît
à
première vue un peu surprenant, si ce n’est inquiétant… J’estime donc
2414
ce stage. Et comme c’est un problème qui résulte
à
mon avis d’une double erreur très courante sur la fonction de la cult
2415
et sur la fonction du civisme, je me vois conduit
à
reprendre la définition de ces deux réalités. Je voudrais vous montre
2416
t et le sentiment des jeunes générations confiées
à
votre enseignement. ⁂ Qu’est-ce que le civisme ? Je crois qu’on peut
2417
isme, c’est la participation active de l’individu
à
la vie commune, qu’il s’agisse du cercle familial, professionnel et c
2418
Le civisme européen, c’est donc la participation
à
la communauté européenne traditionnelle, mais c’est aussi la particip
2419
traditionnelle, mais c’est aussi la participation
à
la communauté européenne en formation. Car le verbe participer a deux
2420
, l’autre actif et militant. Les « participants »
à
un stage, par exemple, y participent vraiment dans la mesure où ils n
2421
discipliner l’individu, mais elle doit l’inciter
à
agir, à se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa pla
2422
iner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir,
à
se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa place selon
2423
r, à se manifester activement dans la communauté,
à
y tenir sa place selon ses dons et ses possibilités, en tant que cito
2424
uropéen est double : il doit d’une part inculquer
à
l’élève les lois et conventions de la vie sociale et communautaire, m
2425
aire, mais d’autre part, il doit préparer l’élève
à
agir librement, selon son jugement, une fois sorti de l’école. Il doi
2426
ant aux règles communes, d’autre part le préparer
à
la libre initiative personnelle. Ces deux exigences de l’éducation eu
2427
lement lui donner des réflexes mais lui apprendre
à
réfléchir ; et ce n’est pas seulement l’introduire dans la sécurité d
2428
nition formelle ressemble étrangement, en Europe,
à
celle que je viens de donner du civisme. En effet, la culture pour un
2429
double sens, réceptif, puis créateur. Participer
à
la culture, c’est tout d’abord se cultiver. Placé devant l’ensemble d
2430
ils ont été créés, dans quel contexte historique,
à
quelles fins religieuses et sociales, dans quel esprit. Il doit donc
2431
prit. Il doit donc tout d’abord apprendre à voir,
à
lire, à écouter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera eff
2432
doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire,
à
écouter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace qu
2433
issage ne sera efficace que si l’élève est initié
à
quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis la créat
2434
a a été fait, il lui viendra le désir de le faire
à
son tour. Il commencera naturellement par imiter, et s’il imite mal,
2435
et s’il imite mal, son maître le corrigera. Mais
à
cela ne se borne pas son éducation artistique : l’imitation correcte
2436
partient au bon maître de distinguer l’erreur due
à
la maladresse de l’« erreur » qui révèle l’exigence intime d’une pers
2437
cepter, puis cultiver, puis vanter (et même jusqu’
à
l’excès, dans l’époque moderne) la variation individuelle, l’innovati
2438
n innovant. Cependant, la santé de l’art consiste
à
maintenir en équilibre les deux exigences antagonistes de l’expressio
2439
un musicien, veut d’abord dire ce qu’il est seul
à
pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en même temps il
2440
rd dire ce qu’il est seul à pouvoir dire (surtout
à
partir du romantisme), mais en même temps il publie, il expose, il am
2441
de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’
à
titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales
2442
ux exemples le fait que l’artiste européen, formé
à
l’école des grands prédécesseurs, affirme sa personnalité en prenant
2443
même temps les mérites, curieusement « modernes »
à
leurs yeux, de peintres beaucoup plus anciens, et que leurs successeu
2444
rs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi qu’
à
l’époque du cubisme et du fauvisme, qui rompent avec les réalistes et
2445
remonte au dessin des vases grecs, tantôt s’amuse
à
refaire Les Ménines de Vélasquez, ou s’inspire de statues crétoises,
2446
re aux « cultures nationales » Ce qui s’oppose
à
l’union de l’Europe et à la formation d’une conscience commune — cond
2447
les » Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et
à
la formation d’une conscience commune — condition préalable de tout c
2448
es troubadours du Languedoc, dès le xiie siècle,
à
Saint-Martial de Limoges, à Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Ch
2449
dès le xiie siècle, à Saint-Martial de Limoges,
à
Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Champagne et dans le Nord — Ph
2450
rd — Philippe de Vitry, Guillaume de Machaut — et
à
Florence simultanément — laudi et madrigaux — enfin à la cour de Bour
2451
orence simultanément — laudi et madrigaux — enfin
à
la cour de Bourgogne et dans les Flandres. Entre les cités flamandes
2452
rayonne en Bourgogne, en France, et de l’Espagne
à
la Bohême, et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreu
2453
jusqu’au xvie siècle, quand Roland de Lattre, né
à
Mons, devient Orlando Lasso à Rome et à Naples, puis Roland de Lassus
2454
oland de Lattre, né à Mons, devient Orlando Lasso
à
Rome et à Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus t
2455
attre, né à Mons, devient Orlando Lasso à Rome et
à
Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus tard, les A
2456
o Lasso à Rome et à Naples, puis Roland de Lassus
à
Paris et en Bavière. Plus tard, les Allemands comme Heinrich Schütz v
2457
sieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront
à
leur tour la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L
2458
la musique occidentale, en imposant leurs œuvres
à
Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes
2459
s œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit
à
peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies, notons-le, traverse
2460
il s’est formé. Roland de Lassus n’appartient ni
à
la Belgique, ni à la France, ni à l’Italie actuelles, de même que Grü
2461
oland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni
à
la France, ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’est pas d
2462
n’appartient ni à la Belgique, ni à la France, ni
à
l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’est pas devenu un peintre
2463
peintre français du fait de l’annexion de Colmar
à
la France des siècles après sa mort. Qu’il s’agisse de musique, de pe
2464
n. Montrer cela sans relâche et en toute occasion
à
vos élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après
2465
n unité fondamentale, base de l’union qu’il reste
à
faire. Troisième thème : L’Art, comme activité de tous Pendant
2466
emps, lire et écrire fut réservé aux clercs, puis
à
une élite restreinte. Puis il y eut l’instruction universelle, gratui
2467
ut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul
à
rester une spécialité de luxe, réservée aux seuls artistes profession
2468
des règnes, des traités. Ainsi, l’on en est venu
à
séparer radicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui auraient b
2469
uté. Tout le monde n’a pas besoin de se consacrer
à
la peinture ou à la musique ou à la littérature et d’en faire sa carr
2470
e n’a pas besoin de se consacrer à la peinture ou
à
la musique ou à la littérature et d’en faire sa carrière, mais tout l
2471
de se consacrer à la peinture ou à la musique ou
à
la littérature et d’en faire sa carrière, mais tout le monde a besoin
2472
d’exigence esthétique, dans un peuple, correspond
à
son absence de sens civique : ce rapport devient manifeste dès qu’il
2473
ons sont extraites de deux conférences prononcées
à
Vienne, l’une en 1958, l’autre en 1956, dans le cadre des Journées eu
2474
ratures étrangères doive se proposer « d’inspirer
à
l’élève le respect des peuples étrangers » comme le dit une directive
2475
, fut-elle européenne, mais de le rendre conforme
à
son objet : or il se trouve que cet objet est un phénomène 1° europée
2476
non pas politique. Ce qu’il s’agit ici d’inspirer
à
l’élève, c’est le respect des auteurs, s’ils le méritent, et non des
2477
européen de la culture. Cela ne correspondrait ni
à
la réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’est jamais préoccu
2478
mais préoccupé de faire un « apport » littéraire,
à
l’on ne sait quel pool idéal), ni à la réalité de la création littéra
2479
» littéraire, à l’on ne sait quel pool idéal), ni
à
la réalité de la création littéraire, qui est toujours le fait d’un i
2480
ttéraire devrait se guérir s’il veut se conformer
à
la vérité et à la réalité de son objet. Quand il faut caractériser en
2481
t se guérir s’il veut se conformer à la vérité et
à
la réalité de son objet. Quand il faut caractériser en peu de mots un
2482
t préférer régulièrement l’appartenance nationale
à
toute autre qualification (religieuse, idéologique, professionnelle,
2483
bien nettement souligné : notre campagne ne veut
à
aucun prix faire de l’enseignement un moyen de propagande pour l’unio
2484
union politique de l’Europe : ce serait contraire
à
notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais
2485
rait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’
à
notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’ens
2486
hie, ou de la littérature, ne trouve d’adéquation
à
son objet que dans le cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europ
2487
ne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’avons pas
à
revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à constater, f
2488
out cas, nous n’avons pas à revendiquer une union
à
venir (certes souhaitée), mais à constater, faire voir, expliquer, un
2489
diquer une union à venir (certes souhaitée), mais
à
constater, faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre pas
2490
ee) qu’est la littérature européenne sont faciles
à
énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant cela, rap
2491
t faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout
à
l’heure, mais avant cela, rappelons un grand fait de base qu’on ne vo
2492
re, du troisième millénaire avant notre ère jusqu’
à
la domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est poésie ou pro
2493
ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé
à
la TV ?). Le concept même de littérature est donc spécifiquement euro
2494
e donc une période de vingt-six siècles (d’Homère
à
Goethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’évanouit dè
2495
omène dans une perspective mondiale qui le ramène
à
ses justes proportions. a) Nos langues littéraires, en Europe, sont é
2496
éraires, en Europe, sont étroitement apparentées (
à
la seule exception du groupe finno-ougrien) par leurs racines indo-eu
2497
ru leur parlait en anglais. Les Chinois recourent
à
l’échange muet d’idéogrammes. D’où la possibilité (fréquemment réalis
2498
té (fréquemment réalisée) du passage d’une langue
à
une autre par des écrivains de grand talent : Wladimir Weidlé (dans A
2499
s-Cotterêts, et Luther crée l’allemand littéraire
à
la même époque. Le norvégien, l’irlandais, le turc d’aujourd’hui, son
2500
t la langue maternelle de communautés appartenant
à
cinq nations différentes. Avant cette différenciation, il y avait déj
2501
les éléments communs énumérés plus haut suffisent
à
constituer son unité, tant structurelle que spirituelle, au-delà des
2502
organisation politique, ne nous oblige nullement
à
ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au
2503
devoir suprême de l’individu celui qui le lierait
à
quelque super-État.65 5. Fédérer n’est pas mélanger Aux natio
2504
« génie ». Les fédéralistes européens s’engagent
à
ne jamais faire aux nations du continent ce que les unitaires et cent
2505
s, offrant une hospitalité le plus souvent forcée
à
leurs ethnies et à leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de
2506
italité le plus souvent forcée à leurs ethnies et
à
leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de l’Europe des régio
2507
ouvent forcée à leurs ethnies et à leurs régions.
À
nous Thésée, libérateur, héros de l’Europe des régions ! L’État-na
2508
é, sans tête, comment pourrait-elle donc répondre
à
l’appel pathétique du plus illustre homme d’État de ce temps ? Un app
2509
d’État de ce temps ? Un appel ne pouvait suffire
à
la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hu
2510
es jours plus tard, interrogé par des jeunes gens
à
la radio, répond : « Faire l’Europe est la seule chose véritablement
2511
re temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose
à
cela, dramatiquement, et que cette « réalité fondamentale du siècle »
2512
a nation, est précisément celle qui fait obstacle
à
cette « seule chose véritablement importante de notre temps » ? Qui n
2513
ps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste
à
le proclamer avec emphase. Il ne consiste pas non plus à nier ces mau
2514
oclamer avec emphase. Il ne consiste pas non plus
à
nier ces maux, mais bien à faire en sorte qu’ils cessent d’être réels
2515
consiste pas non plus à nier ces maux, mais bien
à
faire en sorte qu’ils cessent d’être réels. L’État-nation en crise
2516
ations soient encore bien réelles, et très fortes
à
quelques égards, l’impossibilité d’unir l’Europe le démontre avec une
2517
t en même temps mal adaptées (pour dire le moins)
à
l’évolution de notre société, la preuve incontestable en est fournie
2518
qui souvent ne serait en fait qu’un rattachement
à
l’État-nation voisin), viennent s’ajouter des crises plus amples et d
2519
ntralisé, mais que ses propres « Plans », décidés
à
Paris, vouent à l’inexorable renaissance de ses provinces rajeunies ?
2520
ue ses propres « Plans », décidés à Paris, vouent
à
l’inexorable renaissance de ses provinces rajeunies ? Je reviendrai s
2521
Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée
à
temps. Origines de l’État-nation La grande force de l’État-nati
2522
Monarchie, appel désespéré, et qui restera vain,
à
l’empire condamné et bafoué. Les cinq siècles suivants verront se re
2523
aite, peut-être folle, qui entend faire coïncider
à
tout prix dans les mêmes limites imposées du territoire hérité ou con
2524
politique et réalités industrielles, et les régir
à
partir d’un centre unique de décision, par le moyen de bureaux où se
2525
t-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent
à
l’idée qu’il pourrait après tout n’être qu’une forme transitoire, com
2526
transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait
à
toute critique, à toute contestation, réputées trahisons, jugées comm
2527
tant d’autres. On le soustrait à toute critique,
à
toute contestation, réputées trahisons, jugées comme telles. On ensei
2528
u nom duquel les maîtres de l’État peuvent mettre
à
mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu
2529
a vérité fondamentale du xxe siècle des nations.
À
ce propos une constatation des plus paradoxales : c’est que, si tous
2530
ant que tels ont été et sont des empires manqués,
à
commencer par celui de Napoléon, les seuls empires réussis de notre t
2531
op grands. Ils sont trop petits si on les regarde
à
l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en juge par leur inc
2532
ur incapacité d’animer leurs régions, et d’offrir
à
leurs citoyens une participation réelle à la vie politique qu’ils pré
2533
’offrir à leurs citoyens une participation réelle
à
la vie politique qu’ils prétendent monopoliser. Le problème du petit
2534
trois seuls vrais Grands. Ils sont trop petits «
à
l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique e
2535
its « à l’échelle des moyens techniques modernes,
à
la mesure de l’Amérique et de la Russie aujourd’hui, de la Chine dema
2536
ur répondre au « défi américain » — cela n’a plus
à
être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’es
2537
ui dominent notre monde, et surtout pour résister
à
la satellisation politique ou économique. Par quoi ils manquent doub
2538
ou économique. Par quoi ils manquent doublement
à
la fonction de toute autorité : sécuriser les membres d’une communaut
2539
eurs devoirs civiques et participer effectivement
à
la vie de la cité ; donc trop grands pour être encore de vraies commu
2540
ant la crise présente de l’État-nation, le régime
à
prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont trop petits, l
2541
’État-nation, le régime à prescrire paraît facile
à
formuler : Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient
2542
op petits, les États-nations devraient se fédérer
à
l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devrai
2543
ls sont trop grands, ils devraient se fédéraliser
à
l’intérieur. Remède facile à prescrire, mais presque impossible à app
2544
aient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile
à
prescrire, mais presque impossible à appliquer par nos États-nations,
2545
emède facile à prescrire, mais presque impossible
à
appliquer par nos États-nations, dirait-on. En effet, l’existence des
2546
ineté absolue, dont ils refusent de rien déléguer
à
une autorité supranationale, fédérale — et alors ils seront fatalemen
2547
le — et alors ils seront fatalement satellisés un
à
un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-
2548
e résister tous ensemble — et alors ils renoncent
à
leur souveraineté absolue au profit d’une fédération qui les protège.
2549
té ou bêtise que les États-nations sont impropres
à
l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non de coopératio
2550
, lorsqu’au congrès de la Première Internationale
à
Genève, en 1867, il avait dénoncé l’impossibilité de constituer les É
2551
ns étatistes. Le problème de l’union de l’Europe
à
partir des États-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’il
2552
de ses données72, il va falloir ou bien renoncer
à
l’union et alors il n’y aura plus de problème, ou bien modifier les d
2553
données mêmes du problème, c’est-à-dire chercher
à
fonder l’union sur autre chose que les États-nations. Renoncer à réso
2554
n sur autre chose que les États-nations. Renoncer
à
résoudre le problème de l’union, c’est faire, en somme, ce que l’on f
2555
llement, c’est-à-dire laisser nos États continuer
à
prétendre à une indépendance de moins en moins croyable, et qui se bo
2556
st-à-dire laisser nos États continuer à prétendre
à
une indépendance de moins en moins croyable, et qui se borne en fait
2557
moins en moins croyable, et qui se borne en fait
à
la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépendances les plus pr
2558
ation, accepter l’idée de renoncer éventuellement
à
cette formule périmée, en faire autant avec la notion sacro-sainte de
2559
t : ce n’est jamais qu’une concession douloureuse
à
la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul,
2560
faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles
à
l’union ; opérer sur un autre plan que celui-là, précisément, où le p
2561
soluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné
à
devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner
2562
dynamique d’un pays d’une population minimum d’un
à
deux millions et maximum de six millions. Ce qui donnerait, par exemp
2563
l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze
à
vingt pour l’Allemagne fédérale, plus le Luxembourg et j’imagine (bie
2564
te l’Europe traditionnelle et actuelle, j’entends
à
l’ouest de l’Empire soviétique75. De l’Europe unie aux régions lib
2565
emple vécu. Il y a quelques années, je fus invité
à
un colloque organisé par le festival d’Aix-en-Provence sur le thème s
2566
senter dans le colloque l’idée européenne. Invité
à
parler tout au début, j’improvisai sur le thème que voici : Il peut
2567
e voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’
à
l’âge de l’union des nations et des intégrations continentales, vous
2568
de nos États-nations, les régions vont se mettre
à
vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-nations les ma
2569
n seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’
à
la surface les gens parlaient allemand d’un côté, français de l’autre
2570
et fréquentes que possible. Elles seront amenées
à
se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réa
2571
es désormais réduites au rôle mineur et invisible
à
l’œil nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses : sim
2572
que d’union européenne, désormais, doit consister
à
effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces
2573
ter à effacer nos divisions pour donner libre jeu
à
nos diversités 76. Ces paroles éveillèrent un écho pour moi des plus
2574
moi des plus inattendus : c’est qu’elles venaient
à
la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs du colloque
2575
ogues, et chez les Six, qui dès 1961 réunissaient
à
Bruxelles un important colloque sur ce problème77, mais encore dans l
2576
t le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme
à
base régionale : j’entends la République française une et indivisible
2577
t une bonne centaine d’études substantielles dues
à
des sociologues, à des politologues, à des économistes, à des juriste
2578
e d’études substantielles dues à des sociologues,
à
des politologues, à des économistes, à des juristes, mais aussi à des
2579
elles dues à des sociologues, à des politologues,
à
des économistes, à des juristes, mais aussi à des responsables du Pla
2580
ciologues, à des politologues, à des économistes,
à
des juristes, mais aussi à des responsables du Plan, à des hommes pol
2581
es, à des économistes, à des juristes, mais aussi
à
des responsables du Plan, à des hommes politiques comme Mendès-France
2582
juristes, mais aussi à des responsables du Plan,
à
des hommes politiques comme Mendès-France, Pleven, Giscard d’Estaing,
2583
candidats de l’opposition et deux partis, le PSU
à
gauche, les Indépendants à droite, demandent déjà des assemblées régi
2584
et deux partis, le PSU à gauche, les Indépendants
à
droite, demandent déjà des assemblées régionales élues, la promotion
2585
la formation d’entités régionales multinationales
à
l’échelle de l’Europe — toutes propositions qui étaient encore propre
2586
exécutifs, législatifs et judiciaires comparables
à
ceux qui existent, par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les É
2587
français délégueront partie de leur souveraineté
à
l’État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale n
2588
» Le dépérissement régional n’est pas particulier
à
la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la conscience de la crise
2589
vos excités de la région ne l’impressionnent pas.
À
quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir e
2590
e négative, j’entends quand elle ne se réduit pas
à
dire non à des mesures positives, ou bien à consentir un abandon (par
2591
j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non
à
des mesures positives, ou bien à consentir un abandon (parfois opport
2592
t pas à dire non à des mesures positives, ou bien
à
consentir un abandon (parfois opportun). Ainsi, elle permet aux États
2593
portun). Ainsi, elle permet aux États de procéder
à
leur désarmement tarifaire, de renoncer aux droits de douane ; ou au
2594
ane ; ou au contraire elle leur sert de prétextes
à
refuser toute délégation de pouvoirs à des organes fédéraux. Mais ell
2595
prétextes à refuser toute délégation de pouvoirs
à
des organes fédéraux. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bi
2596
ez… (Droits de faire la guerre ou la paix réduits
à
rien par les deux Grands.) 2° Derrière l’agitation régionaliste naiss
2597
magne, qui a obligé les gouvernements de ces pays
à
étudier très sérieusement le problème de la régionalisation du territ
2598
plus négligées par la capitale, et cela a conduit
à
envisager la possibilité révolutionnaire de régions chevauchant des f
2599
du Mont-Blanc. Et les Six s’intéressent beaucoup
à
d’autres régions limitrophes bi- ou trinationales, comme celle de Liè
2600
celle de Liège-Maastricht-Aachen… Des régions
à
la fédération Imaginons maintenant que dans ces métropoles, peu à
2601
u moins, cette fédération de régions « immédiates
à
l’Europe » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiate
2602
s communes libres médiévales étaient « immédiates
à
l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-elle fondée sur
2603
r des autonomies régionales, voilà qui nous donne
à
penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe unie, es
2604
pris la mesure des perspectives qu’il nous invite
à
explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations à ce niveau n
2605
er, notamment institutionnelles. Des réalisations
à
ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal
2606
ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt
à
trente ans, en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jour
2607
que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’
à
l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard.
2608
ale et publique en Grèce. Elle donna même son nom
à
cette forme d’activité : la politique 83. De même que la polis, avec
2609
tion civique intense, s’opposa durant des siècles
à
la monarchie autoritaire et belliqueuse, créant ainsi la première civ
2610
partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’
à
la petite aube de la formation des régions en tant qu’éléments de bas
2611
en tant qu’éléments de base de l’Europe fédérale
à
venir, en revanche nous touchons déjà au crépuscule de la période des
2612
al. Bien sûr, un coup d’œil sur l’histoire suffit
à
réfuter cette croyance. Bien sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernes
2613
nest Renan s’était écrié dans un discours célèbre
à
la Sorbonne : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elle
2614
rits d’abord, par la révolution la plus difficile
à
accomplir, celle des catégories de pensée dans lesquelles ont vécu to
2615
s de la philosophie politique, de Bodin et Hobbes
à
Hegel. Catégories de pensée non seulement invétérées jusqu’à se confo
2616
tégories de pensée non seulement invétérées jusqu’
à
se confondre avec une sorte d’instinct acquis, non seulement chargées
2617
première approximation, les limites correspondent
à
celles des aires d’influence de son ou de ses agglomérations principa
2618
exagère leur taille, les régions tendent ou bien
à
se confondre avec les unités nationales ou bien à perdre leur signifi
2619
à se confondre avec les unités nationales ou bien
à
perdre leur signification comme unités fonctionnelles. Si on les pren
2620
rritoriale considérée, de sorte que celle-ci tend
à
se confondre avec la simple unité locale. Mais entre ces limites supé
2621
ultivés, celle qui a donc été dominée pendant dix
à
douze millénaires par les notions de terre sacrée, de bornes sacrées,
2622
ux” diraient les scientifiques : il faut chercher
à
être aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispe
2623
une grande notion que les régions nous amèneront
à
mettre en lumière, c’est celle de la pluralité des allégeances soit d
2624
ilité de se rattacher et de donner son allégeance
à
des ensembles différents à la fois par leur nature, leurs fonctions e
2625
On a vu que la notion de région s’est imposée
à
l’attention des économistes d’avant-garde, puis des sociologues et de
2626
ces prises de conscience successives sont faciles
à
énumérer : a) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessité d’une po
2627
constituées et elles ne peuvent que se multiplier
à
mesure que les barrières douanières s’abaissent et tombent ; c) l’ana
2628
cisif et que l’on décide en conséquence de passer
à
l’élaboration rapide d’un plan de fédération européenne composée d’un
2629
des États-nations prétendus souverains, unitaires
à
tout prix au-dedans mais fauteurs de divisions au-dehors, refusant à
2630
tes nations annexées et les pouvoirs décisionnels
à
toute institution supranationale ; condamnant à la fois, d’un même mo
2631
Car les stato-nationalistes, désormais, auront
à
se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long terme
2632
iement sur soi d’une communauté régionale conduit
à
sa médiocrité économique et culturelle ; b) l’absorption d’une commun
2633
té régionale par l’État-nation centralisé conduit
à
cette forme de vide économique et culturel qui a résulté partout de l
2634
s de la fédération les possibilités de participer
à
des tâches plus vastes (continentales, mondiales). II apparaît ainsi
2635
des maxima contradictoires —, loin de se réduire
à
un système d’alliances interétatiques ou internationales, trouve sa r
2636
Europe des régions La perspective d’une Europe
à
venir composée d’une centaine de régions fédérées (au lieu de vingt-c
2637
éactionnaires butés et volontiers grandiloquents,
à
gauche au moins autant qu’à droite, se disposent à contrer de toutes
2638
tiers grandiloquents, à gauche au moins autant qu’
à
droite, se disposent à contrer de toutes leurs forces et par tous les
2639
gauche au moins autant qu’à droite, se disposent
à
contrer de toutes leurs forces et par tous les moyens admis ou non l’
2640
onalistes. Pour eux, nous serons d’abord traîtres
à
la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les di
2641
là, nul argument ne vaut et je perdrais mon temps
à
en écrire ici. Mais des objections apparemment plus réalistes nous so
2642
institutions communes, enfin c) reste subordonnée
à
l’existence réelle des cent régions, qui est encore hypothétique. Je
2643
: a) La vitesse du progrès vers l’union politique
à
partir des États-nations souverains étant demeurée nulle au cours des
2644
ifficile de faire mieux. La construction fédérale
à
partir des régions a l’avantage de ne pas heurter de front et d’entré
2645
u’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’y a plus qu’
à
formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe « faite » da
2646
e et euclidienne, celle des arpenteurs, suffisait
à
l’État-nation (et même aux fédérations interétatiques) du xixe siècl
2647
es des nouvelles générations. De même, la machine
à
calculer suffisait pour établir le bilan d’un État centralisé, tandis
2648
que beaucoup tiennent pour douteuse, ou difficile
à
promouvoir sinon tout à fait impossible dans certains de nos pays. À
2649
ur douteuse, ou difficile à promouvoir sinon tout
à
fait impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on ne peut répond
2650
tout à fait impossible dans certains de nos pays.
À
quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart des object
2651
. À quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs
à
la plupart des objections portant sur le passage des nations aux régi
2652
passage des nations aux régions, puis des régions
à
la fédération — que par un vigoureux effort d’information sur ce qui
2653
s qu’économiques et techniques, enfin chercherait
à
prévoir les structures obligées ou probables des réseaux de relations
2654
ur les volontés nationales. Nous sommes plusieurs
à
penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se fera pas ou s
2655
e que « d’ici trois ans » son pays aura son siège
à
l’ONU, « between Saudi Arabia and Senegal ». On souriait aussi en 193
2656
e Europe […], qui pourrait admettre de bonne foi,
à
moins d’être un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamai
2657
ile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais
à
remettre une part de ses pouvoirs à une autorité supranationale ? »,
2658
entira jamais à remettre une part de ses pouvoirs
à
une autorité supranationale ? », écrivait François Mauriac, dans Le F
2659
5. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre
à
la libre disposition de leurs habitants : les trois États baltes, de
2660
onde, 30 novembre 1967, sur la métropole du Nord,
à
l’occasion de l’ouverture de l’autoroute Paris-Lille. 82. Cf. Le Mon
2661
ue sur l’organisation départementale et communale
à
l’épreuve du xxe siècle, Administration, n° 59, 1966. 83. Polis do
2662
ions et non sur les États-nations, j’ai été amené
à
relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’entrepris
2663
ur les États-nations, j’ai été amené à relever et
à
classer les objections les plus fréquentes à l’entreprise qui fait l’
2664
r et à classer les objections les plus fréquentes
à
l’entreprise qui fait l’objet du présent colloque. Je note d’abord qu
2665
s manuels scolaires, des curiosités par la presse
à
grand tirage et ses agences officieuses, des émotions par l’éloquence
2666
extrapolation du passé ou du présent, sont toutes
à
la merci d’une équation nouvelle, d’une action aujourd’hui encore imp
2667
n veut, il n’est pas très intéressant de chercher
à
deviner ce qui sera : « l’objectivité scientifique » dissimulant une
2668
r au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur
à
cette date sans la moindre mesure de transition. (Suppression instant
2669
is Mauriac), tandis que « les régions sont encore
à
naître ». « Les gens n’en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils
2670
autonomes. Ils préfèrent mendier des subventions
à
Paris. Voyez les Bretons, qui votent gaulliste. » « Les conflits entr
2671
une entité économique viable. Et qui parle breton
à
Rennes ? » « Les ethnies et les économies ne coïncident presque jamai
2672
e un homme de cette seconde moitié du xxe siècle
à
concevoir une Europe des régions, proviennent du « modèle » que l’Éco
2673
ion, c’est-à-dire de l’ensemble des hommes vivant
à
l’intérieur d’un territoire délimité par les hasards des guerres et l
2674
tuelles et physiques, culturelles et économiques)
à
une seule et unique surface géographique déclarée « sol sacré de la p
2675
itoire » d’un chien fournit le modèle) correspond
à
quelque chose de fondamental chez l’homme néolithique (nomade fixé au
2676
ntal chez l’homme néolithique (nomade fixé au sol
à
partir du Xe millénaire avant notre ère). Au cours des siècles de l’h
2677
ne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte
à
ces concentrations forcées, c’est leur préparation, leur conduite et
2678
ens. Aujourd’hui, cette même réduction correspond
à
la seconde nature de l’homme alphabétisé, caractérisé par l’hypertrop
2679
évoque le modèle même de toute explication propre
à
convaincre les plus ignares, jusqu’à ce qu’ils disent : « Ah ! oui, j
2680
ation propre à convaincre les plus ignares, jusqu’
à
ce qu’ils disent : « Ah ! oui, je vois ! » Aux yeux de cet homme gute
2681
ossibilités pratiques de participation du citoyen
à
la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentielle
2682
d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait
à
aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de structure du p
2683
fédéraliste, mais de la dissociation inévitable,
à
plus ou moins brève échéance, des grands États-nations européens. (C’
2684
t, qui cherche en tout et avant tout la réduction
à
la rassurante unité, ou au moins à l’uniformité ? C’est un problème d
2685
t la réduction à la rassurante unité, ou au moins
à
l’uniformité ? C’est un problème d’éducation ou de recyclage qui va n
2686
commençons tout de suite. Il nous faut apprendre
à
penser par problèmes et non par nations. Devant un problème donné (ur
2687
ersité, par exemple), il nous faut apprendre : 1°
à
déterminer les éléments de base ou modules utilisables en ce domaine
2688
es) et les moyens requis pour les constituer ; 2°
à
chercher le niveau de décision correspondant aux dimensions de la tâc
2689
régional, national, continental ou mondial) ; 3°
à
admettre une pluralité d’appartenances ou d’allégeances, conforme à l
2690
ralité d’appartenances ou d’allégeances, conforme
à
la pluralité des activités humaines, aux dimensions variées des tâche
2691
suis Neuchâtelois de naissance et de tradition :
à
ce canton va donc mon allégeance patriotique. Neuchâtel fait partie d
2692
e près par les hasards de l’histoire, je crierais
à
la dictature totalitaire, à l’assassin, au gangster et au fou ! Voyez
2693
histoire, je crierais à la dictature totalitaire,
à
l’assassin, au gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’
2694
iques de mise au pas d’une nation. Et de Napoléon
à
tout État-nation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est
2695
humaines et qu’il les serve, au lieu de prétendre
à
les régir en souverain. Je demande la division du phénomène État en a
2696
omène État en autant de foyers, et sa répartition
à
autant de niveaux, qu’il y a de fonctions diverses dans l’humanité et
2697
s attributions de l’État (ou autorité centrale) «
à
un simple rôle d’initiative générale, de garantie mutuelle et de surv
2698
iser, de partager. Seulement, Proudhon s’en tient
à
un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géographiques
2699
facile de visualiser l’appartenance d’un élément
à
deux ou trois ensembles (dans mon cas : « Neuchâtel », « Suisse » et
2700
Suisse » et « francophonie »), mais si l’on passe
à
quatre ensembles, c’est difficile ; il faut recourir à des abscisses
2701
tre ensembles, c’est difficile ; il faut recourir
à
des abscisses et ordonnées ; au-delà, c’est irréalisable graphiquemen
2702
st irréalisable graphiquement, et pourtant facile
à
comprendre, dans le concret de l’existence. Prenons l’exemple le plus
2703
s, habitant cette région économique, de continuer
à
se rattacher politiquement à l’une des trois nations dont la Regio es
2704
omique, de continuer à se rattacher politiquement
à
l’une des trois nations dont la Regio est le carrefour ou l’intersect
2705
ion94. La résistance qu’opposent certains esprits
à
concevoir cette liberté (pluralité ou variété) d’appartenances démont
2706
cation démocratique. (« Ce qui n’est pas prescrit
à
tous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’est pas sérieux
2707
ir des visées politiques, ou laisser ce soin soit
à
une autre agence fédérale constituée sur la base de régions à définit
2708
agence fédérale constituée sur la base de régions
à
définition politique (ou ethnique ou culturelle), soit à la réunion d
2709
ition politique (ou ethnique ou culturelle), soit
à
la réunion de toutes les agences spécialisées au sein d’un gouverneme
2710
serait facile de multiplier ce type de problèmes
à
résoudre au niveau communal, régional, national-fédéral et continenta
2711
difficilement superposables, presque impossibles
à
dessiner… Mais après tout chacun de nous sait très bien à quelles so
2712
r… Mais après tout chacun de nous sait très bien
à
quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paro
2713
ène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense
à
autre chose qu’à la France. 90. Les auteurs de manuels s’inspirent e
2714
xe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’
à
la France. 90. Les auteurs de manuels s’inspirent eux-mêmes de la tr
2715
robable que le chemin conduisant de l’État-nation
à
la région devra passer par la supranationalité et ses institutions ét
2716
lles en Sicile, je lis ceci : « … la politisation
à
outrance de la campagne électorale, bien qu’elle ne concernât que des
2717
ectif politisé, devenu courant dans nos journaux,
à
la TV et dans tous nos débats. La politique, dans cette acception rid
2718
ampagne signifie donc réduire la lutte électorale
à
des slogans et mythes partisans, c’est-à-dire détourner l’attention d
2719
Dans le cas sicilien, c’est réduire les élections
à
une pâle copie du « totocalcio ». J’éprouve la nécessité d’analyser q
2720
nt Aron et Dandieu, celui que Bakounine comparait
à
Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortem
2721
roite ou de gauche, il a vite fait de les réduire
à
leur dénominateur commun : la bureaucratie du Parti régnant. Bismarck
2722
État. L’espagnole et la russe se veulent hostiles
à
mort, et par quelles différences cela s’est-il traduit dans les procè
2723
ou mauvaise foi des gens de parti ne change rien
à
leur action concrète. Je ne renvoie pas dos à dos ces fascistes et ce
2724
ien à leur action concrète. Je ne renvoie pas dos
à
dos ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ils sont tous
2725
nt sur tous nos pays. Nulle discontinuité des uns
à
l’autre, dans nul domaine. Pour passer au plus sanglant racisme, il s
2726
tte injustice n’est due qu’aux circonstances, non
à
la différence des talents. 3. Ni l’Internationale ouvrière ni la ca
2727
éen s’inquiète poliment de la double condamnation
à
mort de Leningrad, ils se voient accusés d’ingérence dans des affaire
2728
it. Seul, un député de Nancy ose refuser le salut
à
l’État, tel Guillaume Tell. 4. Le seul problème politique sérieux d
2729
5. La véritable alternative du siècle. En 1949,
à
la Conférence européenne de la culture, à Lausanne, j’entre à 2 heure
2730
n 1949, à la Conférence européenne de la culture,
à
Lausanne, j’entre à 2 heures du matin dans un salon d’hôtel pour écri
2731
nce européenne de la culture, à Lausanne, j’entre
à
2 heures du matin dans un salon d’hôtel pour écrire le message final
2732
d’hôtel pour écrire le message final du congrès,
à
lire le lendemain matin. Je trouve là Carlo Schmid et des amis. Je le
2733
’État-nation, fauteur de guerre, et seul obstacle
à
l’union de l’Europe comme à la participation des citoyens à toutes le
2734
rre, et seul obstacle à l’union de l’Europe comme
à
la participation des citoyens à toutes les affaires qui les regardent
2735
de l’Europe comme à la participation des citoyens
à
toutes les affaires qui les regardent. Ce qui suppose nécessairement
2736
pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant
à
se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et
2737
Aujourd’hui — repoussant tous ces anciens débats
à
l’arrière-plan — il y a le totalitarisme, et il y a le fédéralisme. U
2738
duit pas tous les vingt-cinq ans et par tranches.
À
tout instant de la société, il y a des hommes de tous les âges, inext
2739
ou en Asie au titre de l’assistance technique ou,
à
défaut d’un visa pour la Chine, un an à Milwaukee, quelques semaines
2740
nique ou, à défaut d’un visa pour la Chine, un an
à
Milwaukee, quelques semaines à Riazan : vous comprendrez ce que tous
2741
ur la Chine, un an à Milwaukee, quelques semaines
à
Riazan : vous comprendrez ce que tous les autres au monde ont si nett
2742
, se félicite de ce que les Angolais « massacrent
à
vue les Européens », vous l’applaudissez sans remarquer qu’il vient d
2743
rtir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’
à
ne pas exister comme système. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on adm
2744
ette affaire ? Elle proteste contre la pollution,
à
l’exemple et à la suite d’intellectuels bourgeois, mais refuse elle a
2745
Elle proteste contre la pollution, à l’exemple et
à
la suite d’intellectuels bourgeois, mais refuse elle aussi les mesure
2746
nt partout minoritaires, et de plus elles fondent
à
vue d’œil au profit du secteur tertiaire. L’automation doit supprimer
2747
stes. Et c’est cela qui comptera lors d’élections
à
l’échelle de l’Europe. Les sondages montrent en effet que 65 % des pe
2748
s dans les pays de la CEE se déclarent favorables
à
l’union de l’Europe, et que les jeunes de 18 à 35 ans constituent 75
2749
es à l’union de l’Europe, et que les jeunes de 18
à
35 ans constituent 75 % de cette majorité.) d) « Mais où est la lu
2750
et c’est même tout ce qu’elle peut nous apprendre
à
son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’hui de la lutte des classes
2751
aux décisions de l’entreprise, fixées par le Plan
à
Moscou. (Faut-il penser qu’« objectivement », ce serait la haine des
2752
e Paris ?) Mais au fait, pourquoi tenez-vous tant
à
la lutte des classes ? Voulez-vous entretenir la haine qui pousse à l
2753
sses ? Voulez-vous entretenir la haine qui pousse
à
la révolte ? Voulez-vous la destruction physique ou morale des bourge
2754
du siècle passé ? Entretenir la haine qui pousse
à
la révolte (tendance gauchiste) ? Ce serait en fait maintenir la cond
2755
létariat dès l’instant qu’il accède au pouvoir et
à
la propriété des moyens de production. Prolétariat et dictature sont
2756
n — laquelle ne change rien, on vient de le voir,
à
l’existence concrète des ouvriers —, mais bien par l’appropriation de
2757
ers —, mais bien par l’appropriation des machines
à
leurs fins humaines, à leurs fins non seulement de profit matériel et
2758
appropriation des machines à leurs fins humaines,
à
leurs fins non seulement de profit matériel et financier, mais de lib
2759
renversement du marxisme. Relisez Marx : de 1844
à
la fin, il n’a pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti
2760
res « marquantes », et par l’éducation : procédés
à
moyen ou à long terme, qui ne s’accordent pas avec l’idée de révoluti
2761
’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle
à
l’union de nos peuples par la fédération continentale des régions est
2762
ou moins passionnants, de la rivalité des partis
à
l’intérieur des États-nations, et du prestige moral et militaire que
2763
militaire que les États-nations tentent d’imposer
à
l’extérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le
2764
liquant le service des finalités que l’on assigne
à
la cité, et non pas le service de la cité comme le voulaient Platon,
2765
es contenus, plus ou moins résistants ou inertes,
à
organiser, orienter, dynamiser et animer. Ou, s’il faut le redire aut
2766
utrement : L’acte politique ne consiste nullement
à
décider en son âme et conscience et au plus près de ses intérêts, si
2767
i l’on va faire le saut d’un centre gauche modéré
à
un centre droit résolument progressiste, ou d’un marxisme de « lectur
2768
e, ou d’un marxisme de « lecture » althussérienne
à
quelque néo-mao-praticisme purement théorique et telquellisant. Car c
2769
inq paramètres, concluent toutes, sauf une seule,
à
une catastrophe générale entre 2020 et 2060, ce qu’il faut décider au
2770
u finalités, consiste désormais, et pratiquement,
à
décider la hiérarchie des sacrifices nécessaires. Faut-il réduire la
2771
l espoir est dans une réduction simultanée, de 20
à
75 % selon les cas, de la consommation, de la production, de la natal
2772
nes. L’acte politique par excellence va consister
à
prendre, au nom de l’humanité, un ensemble organique de décisions con
2773
ers l’universel où l’individualisme agressif tend
à
créer une communauté révolutionnaire unique… d’autre part, un mouveme
2774
uable analogie avec la Renaissance et ses étapes,
à
déplacer le centre du système politique, non seulement de la nation v
2775
en Occident — de la Californie au fleuve Amour —,
à
savoir une communauté où la personne puisse librement participer. C’é
2776
e donner des solutions, que nous jugions fausses,
à
ce problème fondamental que les démocraties ne voyaient même pas : le
2777
communauté. La révolte des étudiants, de Berkeley
à
Paris en passant par Berlin, Prague et Madrid, a ressuscité cette ang
2778
lution. Devine ou je te dévore ! dit le Sphinx
à
Œdipe, qui n’a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd
2779
921). 97. Lénine se définit comme un jacobin lié
à
l’organisation du prolétariat, relève (non sans indignation) Rosa Lux
2780
80-81. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’
à
l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies cultur
2781
e pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’Est comme
à
l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturellement grâce
2782
nobles. 100. Marx et Engels ont été les premiers
à
le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat ne le rend pas m
2783
Marx et Engels ont été les premiers à le voir et
à
l’écrire : « Le triomphe du prolétariat ne le rend pas maître absolu
2784
3 juillet 1933. Cette revue, publiée de mai 1933
à
1938, fut l’organe du groupe du même nom, fondé par Arnaud Dandieu (†
2785
, dès 1962, par le Centre européen de la culture,
à
Genève. 104. Priorité : traduction décisionnelle pratique d’une fina
2786
ransfrontalières [Note liminaire] (été 1972)dh
À
l’initiative de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe, et s
2787
érence européenne des pouvoirs locaux s’est tenue
à
Strasbourg, du 29 juin au 1er juillet 1972, la première Confrontation
2788
la discussion de ces rapports, et qui fut adoptée
à
l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé analytique
2789
ible de publier le texte intégral : il occuperait
à
lui seul plus de deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous no
2790
pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc
à
donner une idée aussi objective que possible de son contenu, en comme
2791
d’une manière beaucoup plus stable dans le temps
à
des territoires bien plus précisément déterminés, mais il est rare qu
2792
plupart des problèmes culturels, dont nous avons
à
traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels d
2793
rels des régions frontalières 1. On se bornera
à
un ou deux exemples de chacun des groupes principaux de problèmes obs
2794
ans le Haut-Rhin.106 Rien d’étonnant donc si 85
à
90 % des parents répondent oui à la question : « Voulez-vous que l’al
2795
nnant donc si 85 à 90 % des parents répondent oui
à
la question : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné à vos enfant
2796
tion : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné
à
vos enfants dès l’école primaire ? » Mais en 1964, le député alsacien
2797
it l’objet d’études très poussées (qui vont jusqu’
à
compter combien de lecteurs du Progrès de Lyon et du Dauphiné libéré
2798
Dauphiné libéré de Grenoble possèdent de machines
à
laver « dont, à tambour horizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mai
2799
de Grenoble possèdent de machines à laver « dont,
à
tambour horizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mais nous ne trouvo
2800
oisine. Là encore, l’ignorance de ce qui se passe
à
quelques kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos divers
2801
Or on observe que les relais ne sont installés qu’
à
des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à majorité franco
2802
s fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore
à
majorité francophone se plaint de n’avoir pas de retransmission de la
2803
romande mais seulement de la TV italienne. Quant
à
l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient que les émissions lo
2804
l’ORTF en langue allemande ne soient pas limitées
à
des quarts d’heure symboliques. Les observateurs non alsaciens relève
2805
nt d’ailleurs tous que les Alsaciens ont commencé
à
acheter des téléviseurs à partir du jour où les progrès techniques on
2806
Alsaciens ont commencé à acheter des téléviseurs
à
partir du jour où les progrès techniques ont permis de fabriquer des
2807
rès techniques ont permis de fabriquer des postes
à
modulation de fréquence et par conséquent de capter la TV allemande.
2808
rançais du Jura et des Alpes de Savoie, installés
à
l’intention des Français du pays de Gex, de Haute-Savoie et de Savoie
2809
de la couverture ; 2) les prix sont majorés jusqu’
à
30 % dans le pays voisin, sous prétexte de « frais de distribution ».
2810
tance des stéréotypes d’hostilité pour contribuer
à
maintenir la « cohésion nationale ». III. Les frontières Les p
2811
é démontrable qu’administrative, et très nuisible
à
tout autre égard. Les frontières sont encore capables d’entraver la c
2812
même frontière fixe, un même territoire « sacré »
à
des réalités hétérogènes par nature, et qui ne sont superposables ni
2813
l’État-nation prétend imposer tant aux ethnies qu’
à
l’économie se trouve modifiée deux ou trois fois par siècle, sans lia
2814
’est pas vrai que nos États-nations correspondent
à
l’aire de diffusion d’une langue. Dans les frontières de la France ac
2815
ès de la moitié de ses territoires actuels. Quant
à
la langue allemande, si elle devait coïncider avec un État, il faudra
2816
evait coïncider avec un État, il faudrait annexer
à
la République fédérale, outre la DDR, la Suisse alémanique, les Sudèt
2817
frontières naturelles » ne sont pas moins chères
à
l’école — ni plus vraies pour autant. Cette notion, qui a son origine
2818
évolution (discours du Prussien Anacharsis Cloots
à
la Convention) et triomphe par les écoles servant l’État-nation, dès
2819
ux côtés des dialectes italiens au sud ; français
à
la hauteur des vallées vaudoises et d’Aoste ; allemand en Suisse ; pu
2820
ctions dans sa genèse même ; qu’elle s’est formée
à
partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celtes et german
2821
e de son génie — mais qui nous ont tous affectés,
à
doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le
2822
? Je propose là-dessus deux observations faciles
à
vérifier. 1. Chacun de nos pays a un nord et un midi, des croyants et
2823
Âge, ces foyers de création sont les universités,
à
la Renaissance les cités et les très petits États du Nord de l’Italie
2824
la France un vaste désert culturel en mobilisant
à
Paris tous les esprits de mérite qu’il n’a pas bannis. Le grand secr
2825
rontalières sont les seules unités déjà conformes
à
ce que sera inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une v
2826
alors que naguère encore ils devaient s’adresser
à
Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Chamonix, et déjà l’on ne
2827
ale — lesquelles tomberont lentement en désuétude
à
mesure qu’un tissu solide d’échanges de biens, de services et de pers
2828
solutions aux problèmes énumérés sous II. seront
à
chercher dans le cadre régional, et non pas stato-national. Toute ten
2829
s stato-national. Toute tentative de les résoudre
à
l’échelon national, c’est-à-dire entre capitales, ne peut qu’étouffer
2830
ieux sa répartition (conforme au vœu de Proudhon)
à
tous les étages communautaires, de la commune à la fédération contine
2831
) à tous les étages communautaires, de la commune
à
la fédération continentale, puis mondiale. L’État supérieur (fédérati
2832
l est aussi le dépositaire des finalités civiques
à
chaque niveau communautaire — du plan d’urbanisation d’une commune au
2833
ptions sur le budget de la recherche fondamentale
à
l’échelon européen. VI. Premier catalogue de réformes nécessaires
2834
ent secondaire : l’histoire et la géographie sont
à
reprendre à partir des réalités proches de l’élève, donc régionales,
2835
re : l’histoire et la géographie sont à reprendre
à
partir des réalités proches de l’élève, donc régionales, alors qu’ell
2836
des objets économiques que rien ne les a préparés
à
évaluer. Une connaissance plus concrète de l’économie ferait voir à t
2837
naissance plus concrète de l’économie ferait voir
à
tous que les réalités, dans ce domaine, sont régionales et continenta
2838
ire, secondaire, technique et professionnel) sont
à
réorganiser au-delà des frontières nationales, en commençant par les
2839
mples internationaux de ce qui pourrait être fait
à
l’échelon régional : lycées communs là où la langue est pareille, lyc
2840
ne fais qu’indiquer des directions de recherches
à
poursuivre en toute prudence : les résistances psychologiques sont vi
2841
utile, plus riche de contenus, et moins difficile
à
réaliser qu’au niveau national. Des essais de coopération, limitée ma
2842
ourg-Freiburg. Un autre projet de coopération est
à
citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les u
2843
rojet de coopération est à citer : celui qui tend
à
grouper dans une coopération régionale les universités de Neuchâtel,
2844
et de data-banks, l’équivalence des diplômes et,
à
plus long terme, l’effectus civilis, ou droit d’établissement et d’ex
2845
si elle peut être enseignée le plus concrètement
à
l’échelon régional d’abord, mais aussitôt après continental, il en va
2846
e l’économie et celles de l’écologie sont faciles
à
mettre en évidence à l’échelon local et régional. La recherche d’un o
2847
s de l’écologie sont faciles à mettre en évidence
à
l’échelon local et régional. La recherche d’un optimum entre croissan
2848
ustrielle et équilibre humain s’illustre aisément
à
ce niveau. Les choix à faire par le citoyen deviennent alors par exce
2849
humain s’illustre aisément à ce niveau. Les choix
à
faire par le citoyen deviennent alors par excellence des choix politi
2850
ence au respect des forêts. VII. De la commune
à
l’Europe par la région Tous les problèmes régionaux — qu’ils soien
2851
ues, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait
à
des problèmes continentaux. Une commune, une région, n’ont pas les mo
2852
égionales. Les régions seraient ainsi immédiates
à
l’Europe, même si elles choisissaient, comme c’est probable, de reste
2853
isissaient, comme c’est probable, de rester liées
à
l’échelon national par de libres fédérations. Conclusions Le fa
2854
un syndicat de communes. (Elles seraient abonnées
à
la région écologique, par exemple, comme un particulier est abonné au
2855
exemple, comme un particulier est abonné au gaz,
à
l’électricité, au téléphone.) Si maintenant je transpose en termes po
2856
conise : la complexité des régions rendra justice
à
nos fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’un
2857
ident du Conseil. 111. Jacques Ancel, professeur
à
la Sorbonne. 112. On peut admettre à la rigueur que l’actuel État fr
2858
professeur à la Sorbonne. 112. On peut admettre
à
la rigueur que l’actuel État français remonte à Philippe le Bel, mais
2859
e à la rigueur que l’actuel État français remonte
à
Philippe le Bel, mais il est absolument certain que l’Italie comme Ét
2860
ntées, durement débattues, et finalement adoptées
à
chaud les thèses d’où devaient sortir non seulement les institutions
2861
« Confrontation » récente de Strasbourg ait donné
à
plusieurs l’impression qu’on renouait avec les traditions de l’époque
2862
mpagne des congrès »113), voilà qui est de nature
à
rallumer l’espoir en dépit des échecs encourus par l’approche interét
2863
erétatique. ⁂ Comme toujours, on a vu s’affronter
à
Strasbourg deux écoles de pensée et d’action : les « réalistes » et l
2864
celle de l’État-nation, tel qu’ils l’ont apprise
à
l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régionales ou communales s
2865
qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte
à
refuser de s’adapter aux réalités du xxe siècle. Les politiciens cou
2866
dace » est quelque chose qu’il convient de louer,
à
condition que l’on prenne bien soin de ne pratiquer que la prudence.
2867
anes et arc alpin. C’est pourquoi nous avons tenu
à
en reproduire intégralement les titres et les sous-titres au moins :
2868
s au moins : dans leur sécheresse, ils révéleront
à
beaucoup l’existence du problème régional, les vraies dimensions de s
2869
rs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’
à
l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine commune, des plus
2870
te perspective est malencontreuse et conduit vite
à
l’impasse. Un découpage régional pensé depuis les capitales n’a pas d
2871
is les capitales n’a pas de chances d’être utile…
À
la stricte définition territoriale de la région, on préférera une con
2872
de lire tout cela dans le Rapport J. André. Quant
à
moi, je n’ai cessé depuis des décennies de préconiser des régions fon
2873
, écologique, énergétique, etc. Ce qui me conduit
à
écrire en conclusion de mon rapport culturel : « Chacune des régions
2874
lème qui l’aura suscité. Il va de soi, également,
à
mes yeux tout au moins, qu’une commune pourra se rattacher à autant d
2875
tout au moins, qu’une commune pourra se rattacher
à
autant de syndicats différents par l’étendue et la mission qu’il y au
2876
la mission qu’il y aura de fonctions différentes
à
assumer. Là-dessus, on se référera à de nombreuses indications dans l
2877
différentes à assumer. Là-dessus, on se référera
à
de nombreuses indications dans le Rapport de base (par exemple I. 3.3
2878
base (par exemple I. 3.3 ; III. 6 ; VI. 2 et 3),
à
mes conclusions citées plus haut, et plus spécifiquement au Rapport A
2879
lité pour les collectivités locales de participer
à
des associations ou syndicats de pouvoirs locaux constitués sur le te
2880
est qu’elles existent, et que d’autres se créent
à
leur exemple : si elles attendaient pour exister d’être assurées de l
2881
égionaliste et communaliste, se propose désormais
à
l’imagination, aux esprits et aux volontés. Gouverner, c’est prévoir,
2882
poraire sont aujourd’hui résolues. Nous repartons
à
neuf, non seulement pour une quatorzième année et la suite, mais enco
2883
era chaque année : — un (ou deux) numéro consacré
à
l’Europe des régions, la présente livraison étant la quatrième de la
2884
I » (été 1972) ; — deux (ou un) numéros consacrés
à
des études historiques sur la construction européenne, ou à la présen
2885
es historiques sur la construction européenne, ou
à
la présentation d’un problème culturel européen comme les universités
2886
llèlement paraîtront sous forme de volumes de 100
à
250 pages des Cahiers mis à la disposition de l’Institut universitair
2887
rme de volumes de 100 à 250 pages des Cahiers mis
à
la disposition de l’Institut universitaire d’études européennes. Ils
2888
de Rougemont : Les Mythes européens, de Prométhée
à
Don Juan. André Reszler : Les Mythes nationaux. Jacques Vigne : Régio
2889
naux. Jacques Vigne : Régionalisme et centralisme
à
la fin du xviiie siècle. Victoria Curzon : La Politique commerciale
2890
. Les tirages du bulletin sont faibles, de deux
à
quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous savons que nous somm
2891
allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont
à
cœur de sauver une Europe non pas des chiffres mais des hommes. Une E
2892
opéens, les motifs principaux qui nous ont amenés
à
l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant à réu
2893
de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant
à
réussir cette union, au plus tard, dans les dix à quinze ans qui vien
2894
à réussir cette union, au plus tard, dans les dix
à
quinze ans qui viennent. 1er motif. — En 1946, tout le monde voyai
2895
ndes puissances ». La CECA puis la CEE ont permis
à
la France et à l’Allemagne de lier leurs intérêts au moins industriel
2896
». La CECA puis la CEE ont permis à la France et
à
l’Allemagne de lier leurs intérêts au moins industriels — et voilà la
2897
, son commerce et sa technologie. Il fallait unir
à
cette fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi que l’OECE (orga
2898
au plus urgent. Ces organismes ont ouvert la voie
à
des accords commerciaux et monétaires, lesquels devaient conduire à u
2899
erciaux et monétaires, lesquels devaient conduire
à
une politique économique commune à tous nos pays, et pas seulement à
2900
aient conduire à une politique économique commune
à
tous nos pays, et pas seulement à ceux de la CEE d’ici 1980. 3e mo
2901
nomique commune à tous nos pays, et pas seulement
à
ceux de la CEE d’ici 1980. 3e motif. — Mais à peine mis en place l
2902
ement définitif dans des délais variant de trente
à
cent ans. Quatre grands sujets d’inquiétude sourde dans les masses, d
2903
ouïes. Avec une population quatre fois supérieure
à
celle des pays industrialisés, le tiers-monde — il faut oser le dire
2904
s comme tous les hommes l’ont cru naïvement jusqu’
à
nous : le charbon, le pétrole et les métaux non ferreux s’épuisent d’
2905
ne, l’acte politique par excellence, qui consiste
à
traduire les finalités d’une société en mesures publiques bien calcul
2906
es bien calculées, revient purement et simplement
à
décider la hiérarchie des sacrifices nécessaires : faut-il réduire la
2907
exemple — ne peut au mieux que différer de vingt
à
trente ans, et au pire risque de rapprocher l’échéance fatale. Les ca
2908
seul espoir est dans une réduction allant de 20 %
à
75 % selon qu’il s’agit de la consommation, des investissements, du t
2909
ain nombre de décisions drastiques, de sacrifices
à
imposer si l’on veut que notre espèce tout simplement survive. Et alo
2910
t le mal vient de l’Occident — USA, Europe, URSS,
à
quoi s’ajoute le Japon : ces quatre parties du monde produisent la pl
2911
divisés en 25 nations à peu près souveraines, une
à
une, parfaitement impuissantes au total. 4e motif. — Mais il y a p
2912
re, béante, qui se posait du temps de ma jeunesse
à
quelques-uns, et qui a subitement éclaté dans les universités de tout
2913
ur affaire, ne peut que les briser, et les oblige
à
s’évader dans la drogue, dans la révolution verbale des minorités voc
2914
normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande
à
quoi tout cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il est anorma
2915
de principe de cohésion interne. Pas grand-chose
à
détruire dans notre société ! Il faut créer une société nouvelle, qui
2916
ciété nouvelle, qui offre un sens et qui permette
à
la personne de se construire, d’agir, de se manifester dans une commu
2917
guerres sont nées de nos nationalismes, et c’est
à
nous, Européens, qu’il revient d’inventer les anticorps de ce virus d
2918
t en « marathons » dont l’objet se réduit parfois
à
rogner 1/2 % sur les droits de vente de la betterave ou du navet comm
2919
estés, aussi écrasants d’évidence, si tout pousse
à
l’union, pourquoi n’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’
2920
arts, soit 75 % exactement, sont des jeunes de 18
à
35 ans. (Comme disait Louis Armand : « Il meurt tous les jours plus d
2921
ope n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir
à
cela une grande et grave raison, un très puissant barrage dans nos es
2922
uvais pied quand, au premier Congrès de l’Europe,
à
La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compro
2923
e sorte de confédération » comme disait Churchill
à
Zurich, sur la base des États-nations souverains — et qu’ensuite on i
2924
s fonder l’union sur les obstacles par excellence
à
toute union. Faire l’Europe des États-nations, l’Europe des patries
2925
uvernements de la France et de la Grande-Bretagne
à
stopper leur guerre, c’est-à-dire à rendre manifeste le fait que leur
2926
ande-Bretagne à stopper leur guerre, c’est-à-dire
à
rendre manifeste le fait que leurs pays n’étaient plus « souverains »
2927
e, il faut partir d’autre chose que des obstacles
à
toute union, d’un autre plan que celui-là, justement, où le problème
2928
s et pareilles les unes aux autres ne tendent pas
à
recréer dans leur propre sein des différences situées sur d’autres ax
2929
ence, qui ont amené la plupart des pays européens
à
poser le problème régional. Que ces motifs soient de nature ethnique
2930
ensemble hétéroclite se dégage une loi générale :
à
l’excessive distension répondent quasi mécaniquement la fragmentation
2931
ment la fragmentation, les coagulations locales ;
à
la vertigineuse uniformisation de collectivités agrandies hors de tou
2932
risante de petites communautés restructurées ; et
à
la notion de frontières bornées, celle de foyers librement rayonnants
2933
manifestement trop petit pour jouer un rôle réel
à
l’échelle planétaire. Aucun ne peut plus assurer seul sa défense mili
2934
seulement. De telles agences existent déjà : CERN
à
Genève pour les recherches nucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’écon
2935
N à Genève pour les recherches nucléaires, la CEE
à
Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’il faut en créer d’
2936
tralisé, imposant les mêmes limites territoriales
à
des réalités aussi hétéroclites que la langue parlée à la surface du
2937
réalités aussi hétéroclites que la langue parlée
à
la surface du sol et le minerai du sous-sol, l’économie moderne et le
2938
s : ainsi le Rhin divise, mais le Rhône unit ! Or
à
mesure que ces frontières se dévalorisent, entre les pays de la CEE n
2939
uvinisme national si elle ne répondait en réalité
à
une prise de conscience européenne et d’horizon mondial. La conscienc
2940
rope, puis la reconnaissance de l’obstacle majeur
à
cette union, que constituent les prétentions de l’État-nation à une s
2941
que constituent les prétentions de l’État-nation
à
une souveraineté sans limites, amènent à constater que si l’on veut f
2942
t-nation à une souveraineté sans limites, amènent
à
constater que si l’on veut faire l’Europe, il faut dissoudre le cadre
2943
mal comparables, voire contradictoires d’un pays
à
l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de
2944
dictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont
à
faire face à des problèmes régionaux de nature très diverse, ethnique
2945
n pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face
à
des problèmes régionaux de nature très diverse, ethniques ou sociaux,
2946
ble l’État centralisateur. Ainsi, pour m’en tenir
à
un seul exemple, la Catalogne (20 % de la population de l’Espagne) fo
2947
nes leur séparation et leur rattachement immédiat
à
l’Europe fédérée dès qu’elle sera faite. Motifs économiques ensuite.
2948
les au sein du Marché commun (1961) et ont abouti
à
la création à Bruxelles d’une Direction générale de la politique régi
2949
Marché commun (1961) et ont abouti à la création
à
Bruxelles d’une Direction générale de la politique régionale. Mais un
2950
rres et des traités, et qui ne correspondent plus
à
nulle réalité ni ethnique ni économique. Sur toutes les frontières de
2951
emain, fédérée sur la base des régions, d’ici dix
à
quinze ans. Il faut d’abord faire des régions, dans nos nations et à
2952
selon sa fonction. Prenons l’exemple d’une région
à
constituer autour de Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui
2953
ravailleurs français qui viennent tous les matins
à
Genève et rentrent le soir dans leur village-dortoir du pays de Gex o
2954
région universitaire qui peut aller de Neuchâtel
à
Lyon, et d’Aoste à Besançon, par Lausanne et Grenoble, Fribourg et Ge
2955
re qui peut aller de Neuchâtel à Lyon, et d’Aoste
à
Besançon, par Lausanne et Grenoble, Fribourg et Genève. Le problème e
2956
forme d’associations, d’abord privées, s’étendant
à
tout le continent. Rien n’empêchera ces associations de nommer des dé
2957
ront d’un commun accord des mesures correspondant
à
leurs circonstances propres, mais dans le cadre d’un plan continental
2958
re, des relations avec d’autres continents — tout
à
fait comme le CERN à Genève s’occupe des recherches nucléaires de dim
2959
c d’autres continents — tout à fait comme le CERN
à
Genève s’occupe des recherches nucléaires de dimensions continentales
2960
s continentales, ou encore comme le Marché commun
à
Bruxelles s’occupe de coordonner les activités économiques des pays m
2961
dérale est virtuellement faite, qu’elle est faite
à
l’image de la fédération suisse, avec ses départements fédéraux dont
2962
ns stato-nationaux peu à peu tombés en désuétude,
à
supposer qu’ils soient considérés par les habitants des régions comme
2963
En ce point, vous allez me poser deux questions :
À
la première : Que faut-il faire pour que réussisse ce grand projet ?
2964
réformer notre enseignement. Il faut que l’École,
à
tous les degrés, cesse immédiatement de former des nationalistes, et
2965
dial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est
à
refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande n
2966
ous a enseignée est à refaire. Elle était faussée
à
la base par une volonté de propagande nationale, transformant par exe
2967
des peuples de l’Hexagone » la suite de conquêtes
à
coups de canon, d’exactions et de parjures qui seule a réussi à impos
2968
on, d’exactions et de parjures qui seule a réussi
à
imposer l’hégémonie des rois de la petite Francie capétienne à une di
2969
égémonie des rois de la petite Francie capétienne
à
une dizaine de nations très différenciées, parlant pour la plupart de
2970
’allemand. Toute la géographie de nos manuels est
à
refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières naturelles » qu
2971
géographie de nos manuels est à refaire, faussée
à
la base par l’idée de « frontières naturelles » qui amène à enseigner
2972
par l’idée de « frontières naturelles » qui amène
à
enseigner que les Pyrénées séparent Français et Espagnols, alors qu’e
2973
Rhône « unit » les peuples. Toute l’économie est
à
refaire, faussée à la base par l’idée d’« économies nationales » cens
2974
peuples. Toute l’économie est à refaire, faussée
à
la base par l’idée d’« économies nationales » censées correspondre, o
2975
a guerre ou de la politique. Toute l’écologie est
à
refaire sur la base des régions, dans le cadre du continent. Jamais u
2976
inistrateurs régionaux, des citoyens responsables
à
tous les étages et dans tous les domaines de leur vie publique, en li
2977
Et c’est pourquoi j’ai dit qu’il nous faudra dix
à
quinze ans pour fédérer le continent : le temps de former une nouvell
2978
ues, économiques et nucléaires que tout annonce ?
À
cela je répondrai par une anecdote tirée de la vie de Lyautey. On con
2979
uisait sa résidence de Rabat, et il avait demandé
à
son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’entrée des ar
2980
il avait demandé à son jardinier que l’on plante
à
droite et à gauche de l’entrée des arbres d’une essence très spéciale
2981
mandé à son jardinier que l’on plante à droite et
à
gauche de l’entrée des arbres d’une essence très spéciale. « Vous n’y
2982
s’écria le jardinier, ces arbres mettent cent ans
à
pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il n’y a pas une minute à
2983
is bien, riposta Lyautey, il n’y a pas une minute
à
perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur soi-même Ce que j’a
2984
ité tous les problèmes de notre société, et c’est
à
ce titre qu’il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens
2985
révolution non violente peut paraître frustrante
à
toute une partie de la jeunesse activiste. Je lui répondrai ceci : le
2986
volutions violentes n’ont jamais abouti en Europe
à
autre chose qu’à une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à N
2987
es n’ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’
à
une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à Napoléon. La révol
2988
une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit
à
Napoléon. La révolution d’Octobre aboutit à Staline. À ceux qui me ré
2989
outit à Napoléon. La révolution d’Octobre aboutit
à
Staline. À ceux qui me répètent : « On ne fait pas d’omelette sans ca
2990
oléon. La révolution d’Octobre aboutit à Staline.
À
ceux qui me répètent : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œu
2991
chique. La non-violence est ouverture au monde et
à
l’autre, tandis que toute violence, en dernière analyse, est une sort
2992
ochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous,
à
nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’hui
2993
Europe — et de l’Occident tout entier — se ramène
à
cela : — comment l’homme, dans la société technico-industrielle démes
2994
sophiques et moraux, cela signifie : voulons-nous
à
tout prix un certain niveau de vie, avec les disciplines sociales uni
2995
antes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder
à
notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, celles de co
2996
que cela suppose, nous l’avons vu, d’autogestion
à
tous les degrés, de responsables à tous les étages, d’aventure person
2997
d’autogestion à tous les degrés, de responsables
à
tous les étages, d’aventure personnelle à courir dans une communauté
2998
nsables à tous les étages, d’aventure personnelle
à
courir dans une communauté retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons-nou
2999
ni moi — pour essayer de deviner l’avenir. C’est
à
le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il
3000
enève, mars 1974, p. 3-20. dm. Conférence donnée
à
l’aula de l’École polytechnique fédérale de Lausanne le 5 mai 1971, à
3001
polytechnique fédérale de Lausanne le 5 mai 1971,
à
l’occasion de la Journée de l’Europe.
3002
bserve dans le même temps, mais qui appartiennent
à
des ères différentes de l’histoire humaine, il y a béance. Et par exe
3003
e bien suprême Discours de M. Georges Pompidou
à
Poitiers, le 25 janvier 1974, pour inaugurer le Conseil régional réce
3004
est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.)
À
quoi M. Michel Debré fait écho quelques jours plus tard en déclarant
3005
ur leur substituer des régions ? Tendance absurde
à
bâtir l’avenir sur un système médiéval. Dans le même discours de Poi
3006
éduire au statut de patois !) La région ne doit
à
aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nat
3007
régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas
à
être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation, « le
3008
mination des Conseils régionaux, les gouvernants,
à
commencer par le chef de l’État, au lieu de saluer l’événement, ne pa
3009
onstate aujourd’hui que les candidats « sérieux »
à
la présidence de la République française, qu’ils soient de gauche ou
3010
internationaux, présence destinée sans nul doute
à
faire valoir ladite indépendance et lesdits intérêts. Personne, que j
3011
société et sur les causes de sa crise aboutissent
à
des conclusions politiques non seulement contraires à celles des poli
3012
s conclusions politiques non seulement contraires
à
celles des politiciens, mais situées sur un autre plan de réalités. D
3013
upe personnaliste de L’Ordre nouveau 117 se livre
à
une critique radicale de ce qu’il nomme l’État-nation — résultat de l
3014
appareil étatique — formule qui ne peut mener qu’
à
la guerre totale et aux régimes totalitaires, comme vont le confirmer
3015
me vont le confirmer les événements de 1939-1945.
À
l’État-nation napoléonien, L’Ordre nouveau oppose la fédération à bas
3016
voir 118, où tout en annonçant qu’il va se borner
à
« rechercher les causes et le mode de croissance du Pouvoir dans la S
3017
antissant la participation civique, et conduisant
à
« l’atomisation sociale », c’est-à-dire à « la rupture de tous les li
3018
duisant à « l’atomisation sociale », c’est-à-dire
à
« la rupture de tous les liens particuliers entre les hommes, qui ne
3019
r la conception qu’il est raisonnable et conforme
à
la nature des choses de diviser la surface du globe en parcelles, que
3020
tions existants. Or, on s’accorde de plus en plus
à
penser que, sans changements majeurs de ce modèle, on n’aboutira pas
3021
angements majeurs de ce modèle, on n’aboutira pas
à
des solutions valables ». Et de proposer aussitôt la création « d’ins
3022
e et la futurologie elles-mêmes en viennent enfin
à
considérer la possibilité d’une Europe des régions se substituant dan
3023
les plus caractéristiques du chapitre III (p. 71
à
74) du dernier livre d’Herman Kahn, À l’assaut du futur 121 paru chez
3024
III (p. 71 à 74) du dernier livre d’Herman Kahn,
À
l’assaut du futur 121 paru chez Laffont en 1973, à Paris : Aujourd’h
3025
l’assaut du futur 121 paru chez Laffont en 1973,
à
Paris : Aujourd’hui nous tenons pour acquise la légitimité des États
3026
urope occidentale… Certains d’entre eux remontent
à
plusieurs siècles. L’existence de ces États-nations nous paraît telle
3027
es naturelles »… Le grand État unifié offre-t-il
à
ses habitants plus et mieux que le petit État ? se demande H. Kahn. E
3028
u un Écossais ou un Flamand) devrait-il continuer
à
tolérer de faire partie d’un État plus grand qui lève ses impôts, se
3029
épendance totale… Le processus pourrait s’étendre
à
l’Europe tout entière. Le rôle essentiel d’un État-nation — la défens
3030
sont autre que les régions. L’avenir serait donc
à
l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence de la Ré
3031
ons. L’avenir serait donc à l’Europe des régions.
À
Paris, les candidats à la présidence de la République proclament à l’
3032
nc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats
à
la présidence de la République proclament à l’envie qu’ils sauront fa
3033
idats à la présidence de la République proclament
à
l’envie qu’ils sauront faire prévaloir « les intérêts de la France ».
3034
intérêts de la France ». L’égoïsme sacré, propre
à
tous les pays, serait-il en passe d’être si contesté qu’il faille en
3035
seul avait entrevu les voies et moyens du passage
à
l’ère nouvelle. Il les avait évoqués dans son discours de Lyon en 196
3036
avait évoqués dans son discours de Lyon en 1968 :
à
la séculaire centralisation étatique devaient succéder les régions, n
3037
prospérité ; et ces régions devaient « s’ouvrir »
à
leurs voisines au-delà de la frontière nationale : Nord à Belgique, L
3038
voisines au-delà de la frontière nationale : Nord
à
Belgique, Lorraine et Alsace à RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, e
3039
e nationale : Nord à Belgique, Lorraine et Alsace
à
RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, etc., jusqu’à « Normandie aux An
3040
à Belgique, Lorraine et Alsace à RFA, Rhône-Alpes
à
Suisse et Italie, etc., jusqu’à « Normandie aux Anglais ». On sait qu
3041
RFA, Rhône-Alpes à Suisse et Italie, etc., jusqu’
à
« Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi à
3042
nglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi
à
l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contre l’avis
3043
suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu
à
organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le problème des ré
3044
l’historien le plus méfiant ne saurait en exiger.
À
la veille du référendum, de Gaulle déclara au général Lalande, l’un d
3045
pays. » Devant ses anciens collaborateurs réunis
à
Colombey après sa chute, il manifeste « une certaine satisfaction : c
3046
c’était le dernier service que je pouvais rendre
à
la France. » « Partir sur le refus d’une grande réforme n’est pas mau
3047
974 (printemps 1974)do Lorsque j’avais demandé
à
Carl Burckhardt d’être, aux côtés de Robert Schuman et de Carlo Schmi
3048
urtout point de langue unique qui se soit imposée
à
ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité d’un écrivain
3049
’Italie n’aient tenté de réunir en un État-nation
à
la française toutes leurs cités, tous leurs pays. Pourtant je vois ce
3050
preuve dans leur Correspondance (voir les lettres
à
von Preen de l’aîné, les lettres à Hofmannsthal du cadet), mais plutô
3051
ir les lettres à von Preen de l’aîné, les lettres
à
Hofmannsthal du cadet), mais plutôt qu’on pourrait l’attribuer à leur
3052
du cadet), mais plutôt qu’on pourrait l’attribuer
à
leur commune formation bâloise d’historiens scrupuleux mais imaginati
3053
germanisme et latinité, et qui rend plus sensible
à
l’oreille intérieure les arythmies annonciatrices d’accidents du cœur
3054
s l’y engageait. Jeter des ponts, relier l’action
à
la pensée, concilier les cultures ou les grands intérêts, juger sans
3055
turelles des Suisses. Voilà qui suffira peut-être
à
justifier l’existence autonome de ce pays, dans une époque où l’homme
3056
s rare, tellement plus exemplaire pour l’humanité
à
venir que le champion qu’on adule aujourd’hui dans tous les ordres, d
3057
er, et avec trop de distance naturelle pour avoir
à
jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’ar
3058
t ses vues parfois prophétiques : C.J.B. ajoutait
à
la Suisse la dimension qui manque le plus à ce pays et que j’aime à n
3059
utait à la Suisse la dimension qui manque le plus
à
ce pays et que j’aime à nommer la dimension princière. do. Rougemo
3060
ension qui manque le plus à ce pays et que j’aime
à
nommer la dimension princière. do. Rougemont Denis de, « C. J. B.
3061
évu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis
à
l’impitoyable sollicitude de « Big Brother », aux environs de 1984, d
3062
aire) et de la culture chrétienne libérale. Jusqu’
à
tout récemment, les implications complètes de ce fait n’avaient pas é
3063
en cette idée était fausse, voilà ce qui commence
à
se faire sentir. Presque certainement, nous allons vers un âge de dic
3064
temporaire. La littérature du libéralisme touche
à
sa fin et la littérature du totalitarisme n’est pas encore apparue et
3065
t peu le sont mieux que celle d’Orwell — m’incite
à
poser cette question : l’auteur a-t-il été un vrai prophète, à savoir
3066
question : l’auteur a-t-il été un vrai prophète,
à
savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tragique de nos manèges
3067
a-t-il été le complice objectif des catastrophes
à
venir, par prévision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est
3068
’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire, est
à
la mode ou rayé de la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu q
3069
s socialismes au pouvoir ne vont mener nulle part
à
plus de liberté, partout à des régimes totalitaires, fascistes ou com
3070
vont mener nulle part à plus de liberté, partout
à
des régimes totalitaires, fascistes ou communistes d’étiquette, mais
3071
il n’a pas su montrer l’alternative personnaliste
à
l’individualisme en proie à l’impuissance ou à la nostalgie totalitai
3072
te à l’individualisme en proie à l’impuissance ou
à
la nostalgie totalitaire. 95 % des Allemands au moins ont plébiscité
3073
nt stato-nationaux, pour commencer) nous invitent
à
cette démission de la personne — dont ils résultent en vérité ! — et
3074
le réalité… Nous voici donc contraints et acculés
à
l’invention de formes neuves de la liberté. « Invente, ou je te dévor
3075
mble avoir fait son temps, qu’il survit peut-être
à
sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des
3076
e publications dans les cahiers de l’ISEA de 1961
à
1963 ; et par la publication en deux volumes des actes d’un colloque
3077
ion en deux volumes des actes d’un colloque réuni
à
Bruxelles par la CEE, fin 1960 ; tandis que les Schriften der Regio B
3078
es dues au Centre européen de la culture (CEC) et
à
l’Institut universitaire d’études européennes (IUEE) de Genève remont
3079
e d’études européennes (IUEE) de Genève remontent
à
1963 et 1967. Cela ne suffit pas toujours pour établir aux yeux des i
3080
sérieux scientifique. Et cela suffit encore moins
à
établir sa nécessité et sa possibilité aux yeux du grand public. Ni l
3081
faire devenir. Les régions ne sont pas des objets
à
étudier mais à constituer. Elles sont potentiellement des objets de n
3082
Les régions ne sont pas des objets à étudier mais
à
constituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de
3083
iste. Celui qui nie toute valeur « scientifique »
à
l’action de construire, nie la source même de tout savoir, de toute c
3084
re, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est
à
naître. (Du radical indo-européen gna indiquant naissance et du suffi
3085
ermes simples, non jargonnants, qui ne visent pas
à
épater les collègues, mais à convaincre les responsables de la cité,
3086
s, qui ne visent pas à épater les collègues, mais
à
convaincre les responsables de la cité, et avec eux le plus grand nom
3087
régional que je voudrais centrer mes réflexions.
À
la question Pourquoi des régions ? je vois d’abord deux types de répo
3088
ois d’abord deux types de réponses possibles : —
à
partir des réalités locales qui exigent la région ; — à partir de la
3089
rel, la région. ⁂ A. La première réponse possible
à
notre question, je la formulerai donc à partir des réalités les plus
3090
possible à notre question, je la formulerai donc
à
partir des réalités les plus proches : de mon environnement, de mon m
3091
e, la Belgique, le Luxembourg, l’axe rhénan jusqu’
à
Bâle ; mais aussi le long des Alpes, de Genève à Menton-Ventimiglia,
3092
’à Bâle ; mais aussi le long des Alpes, de Genève
à
Menton-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait q
3093
s, de Genève à Menton-Ventimiglia, et des Grisons
à
Trieste. Et cela tient au fait que les données du problème général de
3094
els ; obstacles multipliés, légaux et financiers,
à
l’éducation scolaire aux trois degrés et à la formation professionnel
3095
ciers, à l’éducation scolaire aux trois degrés et
à
la formation professionnelle ; tout cela définit le problème des régi
3096
C’est aussi et surtout l’impuissance des citoyens
à
décider de leurs destins, à intervenir dans les processus de décision
3097
uissance des citoyens à décider de leurs destins,
à
intervenir dans les processus de décision concernant leur existence q
3098
es. Quelles sont, parmi les fonctions nécessaires
à
la vie d’une communauté de type européen, celles qui souffrent le plu
3099
ui souffrent le plus du fait de la frontière, ou,
à
plus proprement parler, du fait de la bi- ou tripartition d’un virtue
3100
de la région franco-suisse (qui pourrait englober
à
certains égards le Val d’Aoste, région autonome d’Italie), centrée su
3101
aux mais qui peuvent être interrompus d’une heure
à
l’autre par décret de Paris, ou par une guerre), mais tout autant ou
3102
t dans l’Ain et la Haute-Savoie, mais travaillant
à
Genève, qui a éveillé chez les Genevois comme chez leurs voisins la c
3103
ous-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’
à
être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la rai
3104
e plus en plus la nuisance. Paradoxalement, c’est
à
partir des difficultés créées par « les frontaliers » (notamment dans
3105
sses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu
à
constituer la première Commission régionale transfrontalière reconnue
3106
ternationale qui ne peut que transmettre ses vœux
à
Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs isolés, r
3107
e qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et
à
Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs isolés, risquent bie
3108
hercheurs isolés, risquent bien de ne pas suffire
à
enrayer le mal avant le point de non-retour. Les mêmes considérations
3109
16 pour le moment, en prolongeant la région jusqu’
à
Saint-Étienne à l’Ouest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite
3110
t, en prolongeant la région jusqu’à Saint-Étienne
à
l’Ouest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite à imaginer la ri
3111
Saint-Étienne à l’Ouest, Besançon au Nord, Aoste
à
l’Est125), invite à imaginer la richesse des possibilités de coopérat
3112
uest, Besançon au Nord, Aoste à l’Est125), invite
à
imaginer la richesse des possibilités de coopération qu’ouvrirait l’o
3113
cette nouvelle région fonctionnelle contribuerait
à
former la conscience d’une entité transfrontalière réunissant la Fran
3114
eigne la région, convainc de sa nécessité, répond
à
la question du « Pourquoi des régions ? » à partir de ce que tout un
3115
, tout simplement. B. Deuxième réponse possible
à
la question : à partir des réalités mondiales, de la crise globale et
3116
t. B. Deuxième réponse possible à la question :
à
partir des réalités mondiales, de la crise globale et des leçons qui
3117
e la crise globale et des leçons qui en découlent
à
l’évidence. Je propose les étapes de raisonnement que voici : La cri
3118
ivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’
à
29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, entas
3119
hasards des guerres passées et en vue de guerres
à
venir. Les États-nations ne peuvent éluder leur responsabilité après
3120
l’unité centralisée, né de la guerre et préparant
à
la guerre, uniquement et absolument, car à tout autre égard il est ab
3121
parant à la guerre, uniquement et absolument, car
à
tout autre égard il est absurde. Né des guerres de la Révolution fran
3122
ns, c’est-à-dire sur la base de l’obstacle majeur
à
toute union. Le programme politique du siècle finissant m’apparaît cl
3123
ate de la crise mondiale, et l’empêchement majeur
à
l’union de l’Europe — laquelle serait cependant un facteur décisif de
3124
conviens, mais je ne vois pas le moyen d’échapper
à
ce schéma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’être dans l’
3125
sprit des fédéralistes… C. La troisième réponse
à
la question posée est indépendante des deux premières. Elle procède e
3126
crise mondiale il y a le danger, bien plus grave
à
mes yeux, de la dégradation des relations humaines et de la dissoluti
3127
llectif, et de la dissolution de toute communauté
à
laquelle ils pourraient participer ? Recréer une communauté où l’hom
3128
ble. L’homme ne peut être libre et responsable qu’
à
l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a bien vu et bien dit.) C’est
3129
en vue d’une action immédiate. 125. La création
à
Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien
3130
dans les termes les plus propres, me semble-t-il,
à
poser le problème fondamental de toute prospective. Il serait facile
3131
oilà donc quelques certitudes quant à l’avenir et
à
ses cadres ou à ses limites extrêmes, l’incertitude portant alors sur
3132
es certitudes quant à l’avenir et à ses cadres ou
à
ses limites extrêmes, l’incertitude portant alors sur le contenu de c
3133
, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». (
À
l’inverse, les historiens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n
3134
nous, qu’une composition de faits passés, opérée
à
partir des problèmes du présent ; une espèce d’utopie à rebours, d’an
3135
définie en ce point comme l’ensemble des mesures
à
prendre pour lutter contre l’entropie, dans les limites du destin de
3136
t être en état de prévoir, mais qu’il faut faire,
à
tous risques et périls, et, faute d’une impossible connaissance, dans
3137
grave que celui de rouler moins vite et de régler
à
20 degrés nos thermostats, voire de payer plus cher demain une électr
3138
prévisionnels deviennent nocifs quand ils tendent
à
nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et
3139
ais bien : voilà ce qui se passera nécessairement
à
cinquante ans du point de départ choisi, si nous laissons les choses
3140
ar si on le récuse, on ne fera rien pour échapper
à
ce qu’il annonce, et il deviendra vrai dans les délais prévus, de mêm
3141
surtout quand on déguise en données scientifiques
à
des fins qui ne veulent pas s’avouer (décrocher un contrat, pousser l
3142
dangereux, égarant, de subordonner ses décisions
à
des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laiss
3143
qui nous ferait croire, désormais, qu’il revient
à
l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective doit nous mon
3144
a nécessité de choisir, et non pas faire le choix
à
notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la resp
3145
faire le choix à notre place. Elle devrait tendre
à
éduquer en nous le sens de la responsabilité civique, en nous faisant
3146
ervir des calculs prévisionnels pour couper court
à
toute critique et opposer aux objections de l’écologiste, de l’urbani
3147
pse, ou le point de fusion d’un métal — échappant
à
toute discussion ; ou de phénomènes qui auraient lieu de toute façon
3148
pour la santé d’un peuple que l’obsédant recours
à
la « nécessité » contre la liberté du choix moral et de la décision p
3149
pousse au crime de désertion civique, et devrait
à
ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de consci
3150
s futurologistes ne jouent pas un rôle comparable
à
celui de ces figurines que le sorcier transperce d’une aiguille ou mu
3151
alculable à coup sûr, tout comme le magicien mêle
à
la glaise dont il pétrit sa figurine quelques poils ou des rognures d
3152
t, les prévisions les plus exactes — voire seules
à
l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques in
3153
volution prochaine des armements. Seules précises
à
court ou moyen terme, parce qu’à l’abri de toute rétroaction financiè
3154
Seules précises à court ou moyen terme, parce qu’
à
l’abri de toute rétroaction financière, sociale ou morale, il est fat
3155
l est fatal qu’elles se retournent contre l’homme
à
plus long terme : toute la technologie actuelle vient de la guerre et
3156
e la « dernière », et en appelle d’autres, fût-ce
à
seule fin de vérifier ses méthodes. Ainsi les techniques de lutte con
3157
a guérilla permettent « d’identifier et de suivre
à
la trace des gens, […] forme particulièrement répugnante de la techno
3158
épugnante de la technologie, qui pourrait aboutir
à
la création d’un État policier électronique »127. Expérimentées penda
3159
utte contre les Viets, ces techniques vont servir
à
traquer les séparatistes basques ou ukrainiens, les houligans et autr
3160
écologistes ou légalistes, ni plus de rentabilité
à
prendre en compte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’imp
3161
ompte. Le seul problème étant de gagner la guerre
à
n’importe quel prix financier ou humain, rien ne vient brouiller les
3162
et d’extrapolation, toute prévision chiffrée tend
à
soumettre l’avenir à court terme au passé. Quand elle annonce que « l
3163
oute prévision chiffrée tend à soumettre l’avenir
à
court terme au passé. Quand elle annonce que « la consommation va plu
3164
es, qu’il échappe aux calculs sérieux, ou conduit
à
des conclusions tout arbitraires, comme celles d’Herman Kahn annonçan
3165
ue. Il y a plus grave. Liée au passé qu’elle tend
à
fixer plutôt qu’elle ne le prolonge en création ; soumise aux seules
3166
re (mécaniques et physiques) qui tendent toujours
à
l’uniformité selon le second principe de la thermodynamique ; fondée
3167
e même où il est vivant, l’homme est imprévisible
à
lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soumet aux seules l
3168
core inédits de Jay Forrester, je répondais ainsi
à
cette question : Faut-il en désespoir de cause faire confiance à la
3169
: Faut-il en désespoir de cause faire confiance
à
la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale
3170
nte de notre civilisation, comment suffirait-elle
à
nous guider dans le système ultracomplexe des interactions dont dépen
3171
peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance
à
l’intuition, et qu’il est préférable d’analyser d’abord les effets co
3172
es boutons du tableau de bord.128 Je concluais
à
la nécessité de la construction de modèles à la manière de Forrester,
3173
e de Forrester, tout en déplorant qu’ils échouent
à
prendre en compte des paramètres éventuellement décisifs pour l’évolu
3174
i la possibilité d’éprouver jusqu’au désespoir et
à
la révolte une pénurie de sens de la vie au milieu de la surabondance
3175
ît responsable plus que tout autre de l’expansion
à
outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à
3176
parler de la menace de guerre. Elle est de nature
à
modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel ministre de l
3177
ors que son collègue de l’hygiène sociale cherche
à
la diminuer ; c’est elle qui pousse aux investissements industriels,
3178
elle qui pousse aux investissements industriels,
à
l’exploitation maximale des ressources naturelles (comme le pétrole),
3179
es ressources naturelles (comme le pétrole), donc
à
la pollution ; et finalement le seul facteur qu’elle fasse diminuer,
3180
éonien. »129 Mais une fois reconnues ces limites
à
l’intuition et au calcul, il faut admettre aussi qu’une société humai
3181
s » ont réussi. Un seul exemple, ici, me suffira.
À
la page 54 de l’ouvrage qui l’a rendu célèbre, L’An 2000, Herman Kahn
3182
que, tout au long du xixe siècle, de Tocqueville
à
Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour ne citer que les plus grands no
3183
ixe siècle, de Tocqueville à Jacob Burckhardt et
à
Nietzsche, pour ne citer que les plus grands noms.130 Certes, ils on
3184
de leur époque qu’ils ont surpris l’avenir comme
à
l’état naissant. À leurs yeux, la morale du travail et la croyance au
3185
ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant.
À
leurs yeux, la morale du travail et la croyance au Progrès par la pro
3186
consommation, — selon que l’on serait au début ou
à
la fin d’un vaste effort collectif, comme celui de la production indu
3187
implificateurs ». Hitler est là, dans les Lettres
à
von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1882. Et le condominium
3188
religieux, témoignaient d’une secrète aspiration
à
l’autonomie que l’État temporel avait obstinément refusé de satisfair
3189
onnaliste, parce qu’elle ne voit de sens possible
à
l’avenir que dans l’accomplissement de la personne, c’est-à-dire dans
3190
ait plus de raison d’être si l’on ne croyait plus
à
la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu’à seule fin d’
3191
berté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu’
à
seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait plus de politi
3192
e peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir
à
l’image de tes désirs ! ») ou monitoire (« Si tu fais cela, prends ga
3193
plus vite avec Astra. »), car elle tendrait alors
à
rendre l’homme prisonnier des rythmes du passé ou de fins étrangères
3194
onnier des rythmes du passé ou de fins étrangères
à
sa vocation : aliénantes. Vos prévisions chiffrées ne m’intéressent q
3195
sont les voies barrées, les grèves possibles, et
à
quelle heure il faudra que je me lève pour prendre le train ou l’avio
3196
our prendre le train ou l’avion : elles n’ont pas
à
me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’
3197
en vertu de leurs statistiques. Car je n’ai pas
à
deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencemen
3198
urs statistiques. Car je n’ai pas à deviner mais
à
décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencement », disent les
3199
je vais partir, non du passé que l’inertie porte
à
durer aux dépens du devenir personnel. Les critères de ma prospective
3200
es de ma prospective seront choisis comme idoines
à
mes fins133, et ne seront donc ni la rentabilité, ni le profit monéta
3201
e croissance illimitée, qui condamnent le système
à
la fuite en avant vers un désastre inévitable, du seul fait que la fi
3202
ns technologiques, accordés par leur facture même
à
une croissance illimitée, portent en eux des finalités virtuellement
3203
us d’hommes sur la terre, de là plus d’autoroutes
à
mettre en train », — et qu’après dix ans écoulés, il y a dans l’ensem
3204
que politique conduirait d’une manière calculable
à
une croissance exponentielle ; et de préconiser au contraire tous moy
3205
ogique, être en mesure de démontrer non seulement
à
quoi cela sert, mais surtout à quoi cela peut mener dans l’hypothèse
3206
trer non seulement à quoi cela sert, mais surtout
à
quoi cela peut mener dans l’hypothèse d’un succès maximum. Est-ce que
3207
rs quelque chose d’angoissant et que l’on a peine
à
formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entends les centrales
3208
l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche
à
la mort, j’entends les centrales nucléaires. Cette analyse des motifs
3209
n’est faite aujourd’hui par personne. On se borne
à
protester dans la presse du lundi contre « la route meurtrière », au
3210
prix valait vraiment les avantages qu’elle offre
à
la communauté qui l’a payée, et aux assassins du week-end. Enfin, le
3211
iné, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’
à
subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non pas d
3212
s vers nos fins, et non pas de soumettre nos fins
à
ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nou
3213
onjecture, Paris, 1972, p. 17. 127. Herman Kahn,
À
l’Assaut du futur, Paris, Laffont, 1973, p. 245. 128. En 1974, je li
3214
omme un enfant bien doué qui se retrouverait tout
à
coup démuni dans le poste de pilotage d’un avion en plein vol ; le vo
3215
voir, ou d’avoir su ; et « l’intuition » du geste
à
faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mie
3216
urope-Monde (hiver 1975-1976)dt Tout est venu
à
l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le problème d
3217
i doit être préféré, sitôt que certifiée moderne,
à
toute espèce de tradition, si toutefois l’on prétend se tenir à l’ava
3218
de tradition, si toutefois l’on prétend se tenir
à
l’avant-garde de son temps. Qu’on m’entende bien : quantité d’intelle
3219
rope et en Amérique. (Il y en eut en Russie jusqu’
à
Staline : Stravinsky, Malevitch, Kandinsky, Mandelstam, etc.) La Quer
3220
’intellectuels et d’artistes occidentaux, prompts
à
valoriser tout ce qui n’est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment
3221
pts à valoriser tout ce qui n’est pas d’Europe et
à
traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine primitive ou tel mas
3222
aditions, elle s’oppose dans le temps et l’espace
à
toutes les cultures sauf une seule : l’occidentale. D’où viennent ces
3223
es). Et s’il reste du temps en fin de congrès, ou
à
l’heure des toasts, on cite bien entendu les problèmes culturels, don
3224
de ses armements. Or ces forces sont religieuses
à
l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles ou idéologiques
3225
« universelles », de Sumer aux Mayas et de l’Inde
à
la Chine ; — n’a pas pour fonction principale de maintenir l’ordo mu
3226
au « vieil homme », le « Nouvel Adam » christique
à
l’Adam pécheur de la Genèse. — oppose la foi, « substance des choses
3227
l’Avenir. Quant au passage de l’ancienne économie
à
la Nouvelle Jérusalem, correspondant au passage du « vieil homme » à
3228
alem, correspondant au passage du « vieil homme »
à
l’homme régénéré, il est décrit comme une rupture, comme une métamorp
3229
mme telle par les Romains. IV. « Tout est venu
à
l’Europe… » Ces faits religieux fondamentaux conditionnent les éch
3230
ces échanges. De l’aurore des civilisations jusqu’
à
l’Empire d’Alexandrie, on peut bien dire avec Valéry que « tout est v
3231
on peut bien dire avec Valéry que « tout est venu
à
l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogonie — mythe de la Cr
3232
Proche-Orient, va se transmettre aux Mycéniens et
à
la Grèce continentale. Le peuplement de l’Europe s’est produit à part
3233
inentale. Le peuplement de l’Europe s’est produit
à
partir du nord (Scythes, Doriens, Indo-Européens), de l’Anatolie et d
3234
cela fait le « Monde antique ». Puis « viennent »
à
l’Empire romain les religions du Proche-Orient et le christianisme. P
3235
rands phénomènes culturels pouvant être localisée
à
la cour de Poitiers et dans ses environs, au premier quart du xiie s
3236
la cortezia des troubadours. Oui, « tout est venu
à
l’Europe », mais désormais, tout en viendra, « ou presque… ». Et d’ab
3237
bord la découverte de la Terre, donnant naissance
à
la notion d’humanité. Les Européens ont découvert le Monde, et person
3238
s’inverse d’une manière qui me paraît définitive.
À
partir du xve siècle, que fait l’Europe quand elle emprunte au Monde
3239
gieux, traditionnel, qui donnait sa valeur réelle
à
cette forme plastique, musicale, ou magique. Et sans plus de souci de
3240
, ou magique. Et sans plus de souci de l’intégrer
à
notre tradition chrétienne137. En sorte que la greffe sera bientôt re
3241
e mon enfance ! Ces apports émotifs ou plastiques
à
nos arts ont peu de chances de durée en Europe. Dans la mesure même o
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ujourd’hui ne lui doit rien, et c’est précisément
à
Debussy qu’il choisit de se rattacher. Mais dans le même temps, par l
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est venu, ou presque » J’ai fait ailleurs, et
à
plus d’une reprise, la liste impressionnante des inventions majeures
3244
iste impressionnante des inventions majeures dues
à
l’Europe, dans tous les ordres138 : arts et sciences, philosophies ré
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des corps et de massacres massifs. Il en résulte
à
l’évidence que le monde moderne tout entier, en tant que tel, peut êt
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effets d’une forme (ici musicale) que l’on impose
à
la sensibilité d’un peuple, — lequel n’est pas en mesure d’en déchiff
3247
e de Mozart. Les Messes et les Passions réduisent
à
peu de chose toute tentative verbale pour exprimer ce que l’homme eur
3248
t, tout un monde de valeurs complètement étranger
à
nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que s
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révolution, qui est bien l’idée la plus contraire
à
sa tradition millénaire d’équilibre des antinomies, c’est-à-dire de c
3250
ppe une science empruntée (sauf pour la médecine)
à
l’Occident — entendons aux États-Unis plus qu’à la mère-patrie europé
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) à l’Occident — entendons aux États-Unis plus qu’
à
la mère-patrie européenne. Cet ensemble d’options fondamentales, de d
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yankee. La modernité consiste donc pour la Chine
à
renier le Chinois le plus célèbre, pour lui substituer cet Européen t
3253
t dans un peuple que toute sa tradition préparait
à
refuser le nouveau, le moderne, comme représentant l’erreur même : il
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ue « le Grand Timonier » fait répéter chaque jour
à
des millions de travailleurs : « Ne préconisez jamais l’hégémonie ».
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moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes
à
revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimitée. Là réside le
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impérialismes internationaux ». Si elle s’oppose
à
l’impérialisme américain, elle conduit à une République populaire nat
3257
s’oppose à l’impérialisme américain, elle conduit
à
une République populaire nationale et démocratique à dictature milita
3258
ne République populaire nationale et démocratique
à
dictature militaire résolument socialiste. Si elle s’oppose à l’impér
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militaire résolument socialiste. Si elle s’oppose
à
l’impérialisme soviétique, elle conduit à une République populaire na
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’oppose à l’impérialisme soviétique, elle conduit
à
une République populaire nationale et socialiste à dictature militair
3261
une République populaire nationale et socialiste
à
dictature militaire résolument démocratique. Les pays neufs de l’Afri
3262
re les deux tendances, de plus en plus difficiles
à
distinguer. Ce ne sont donc pas à proprement parler des conflits idéo
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étentions stato-nationales qui oblige 150 nations
à
s’armer au-delà de toute raison contre des ennemis qu’elles se créent
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océans, et 4°) par la criminalité internationale
à
« justifications » politiques, — la possession par une centaine d’Éta
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d’États-nations de centrales nucléaires, et donc,
à
bref délai, de bombes atomiques, pose le problème de la survie du gen
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me nucléaire. Mais l’arme nucléaire est désormais
à
la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fatal, dans ce
3267
calement efficace mais globalement nocive). C’est
à
l’Europe qu’il appartient de modifier ces conditions, et l’on ne voit
3268
r d’ailleurs. Si les Européens ne parviennent pas
à
s’unir au-delà de leurs États-nations, ni à résoudre le complexe syst
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t pas à s’unir au-delà de leurs États-nations, ni
à
résoudre le complexe systémique de leurs problèmes économiques-écolog
3270
et des possibilités de participation des citoyens
à
leurs affaires communes, qui est la seule prévention efficace contre
3271
s, vers des formules de communauté plus conformes
à
leurs conceptions du monde, à leur way of life, ainsi qu’à leurs donn
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auté plus conformes à leurs conceptions du monde,
à
leur way of life, ainsi qu’à leurs données géohistoriques, écologique
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onceptions du monde, à leur way of life, ainsi qu’
à
leurs données géohistoriques, écologiques et ethno-culturelles. La vr
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es grandes orientations qui me paraissent propres
à
guider une relance, qu’il faut souhaiter, aussi prochaine que possibl
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et résolutions de la Conférence européenne tenue
à
Bâle en septembre 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, Ge
3276
arques d’une religion. 137. Une seule exception
à
ma connaissance : Guillaume Apollinaire dans Zone : Tu marches vers
3277
: Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi
à
pied Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont les Ch
3278
e autres, ma Lettre ouverte aux Européens, p. 85
à
91. 139. Lettre ouverte aux Européens, op. cit., p. 90-91. 140. L
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amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce n’est pas
à
moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir, que dir
3280
dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’
à
se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschrift ou de
3281
fini, que je connais un peu, pour avoir collaboré
à
une bonne quinzaine d’entre eux au moins (j’en ai fait mentalement le
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au moins (j’en ai fait mentalement le compte tout
à
l’heure), consacrés à des écrivains, à des théologiens, à des hommes
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mentalement le compte tout à l’heure), consacrés
à
des écrivains, à des théologiens, à des hommes politiques, à des phil
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ompte tout à l’heure), consacrés à des écrivains,
à
des théologiens, à des hommes politiques, à des philosophes, à des ju
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e), consacrés à des écrivains, à des théologiens,
à
des hommes politiques, à des philosophes, à des juristes, à un ethnog
3286
ains, à des théologiens, à des hommes politiques,
à
des philosophes, à des juristes, à un ethnographe, etc. On y trouve e
3287
iens, à des hommes politiques, à des philosophes,
à
des juristes, à un ethnographe, etc. On y trouve en général deux part
3288
es politiques, à des philosophes, à des juristes,
à
un ethnographe, etc. On y trouve en général deux parties. Pour la par
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coïncidence, pourrait ressembler par quelque côté
à
celui auquel on le dédie, rappeler ses thèmes favoris, ou encore évoq
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émoignages personnels — et celle-là peut réserver
à
l’heureuse personne qui en est l’objet ou l’occasion, les surprises l
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de presse me concernant, parus en 1948 et en 1950
à
Paris. Le premier me décrit en ces termes : « Petit, trapu, l’œil som
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aurais-je pris pour un homme dur et violent. Mais
à
l’entendre parler… » l’auteur se déclare rassuré. Le second article c
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dont il voit les autres : tout portrait ressemble
à
son auteur, et tous les portraits peints par Rembrandt à ses autoport
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uteur, et tous les portraits peints par Rembrandt
à
ses autoportraits. C’est ce qui rend un volume comme celui-ci redouta
3295
er indéfiniment pendant les années qu’il me reste
à
vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains ce
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niment pendant les années qu’il me reste à vivre,
à
agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains cette Poli
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dant les années qu’il me reste à vivre, à agir et
à
méditer, c’est-à-dire à Penser avec les mains cette Politique de l
3298
reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire
à
Penser avec les mains cette Politique de la personne dont nous so
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espectable des éditeurs suisses, ont dû sacrifier
à
la préparation de ce livre de fête une partie de leurs vacances et de
3300
dire pour atténuer mes sentiments de culpabilité
à
leur égard, c’est qu’on n’a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part
3301
n tous cas, je ne recommencerai pas, c’est juré !
À
Genève, le 8 septembre 1976. du. Rougemont Denis de, « La réponse