1
ration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’
est
pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert à
2
Notre programme n’est pas systématique, et il n’
est
pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu
3
vénement. J’oserais dire qu’à certains égards, il
est
moins décisif en soi que l’existence même de ce Centre, par où j’ente
4
goïsmes que les États et les partis, précisément,
sont
chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit ma
5
t indépendante. Pourquoi l’Europe ? L’Europe
est
non seulement menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’il
6
ur deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il
soit
Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis des sièc
7
qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe
fut
et demeure depuis des siècles, malgré tous ses péchés historiques, le
8
qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité n’
est
plus même discutée, c’est d’abord l’esprit de parti dans ses multiple
9
nalismes hérités d’un autre âge. On répète que ce
sont
les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les véritables
10
e ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’
est
plus faux. Les véritables intérêts calculent et jugent à l’unanimité
11
alculent et jugent à l’unanimité que l’union leur
serait
favorable. Ce sont, bien au contraire, les idéologies qui nous empêch
12
l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce
sont
, bien au contraire, les idéologies qui nous empêchent de voir les fai
13
éologies qui nous empêchent de voir les faits. Ce
sont
les préjugés de groupes, les routines d’administration, les égoïsmes
14
ur les esprits et sur les cœurs. Le vrai problème
est
là. Problème d’éducation, d’information patiente, de culture. Et le r
15
t d’autre chose. Le Centre veut grouper ceux qui
sont
responsables dans leur domaine particulier. Les créateurs et les init
16
er. Les créateurs et les initiateurs. Ceux qui se
sont
montrés capables, par conviction et par conscience professionnelle, d
17
Quelques milliers d’hommes et de femmes, ceux qui
sont
réveillés, dans chacun de nos pays. Un lien et une correspondance
18
us ne fondons pas « une revue de plus », que cela
soit
clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre technique
19
un organe commun aux diverses associations qui se
sont
constituées sous les auspices du Centre, et celle d’entretenir en per
20
aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’
est
point pour essayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à quelq
21
e au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous
sommes
convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximu
22
mme dans la vie de l’esprit. Un travail théorique
est
certes nécessaire. Des appels éloquents sont nécessaires. Une propaga
23
rique est certes nécessaire. Des appels éloquents
sont
nécessaires. Une propagande intense est nécessaire, pour amener cette
24
loquents sont nécessaires. Une propagande intense
est
nécessaire, pour amener cette prise de conscience. Mais bien plus eff
25
se de conscience. Mais bien plus efficaces encore
sont
les exemples, les précédents créés, les réalisations, et déjà nous po
26
isations, et déjà nous pouvons en montrer. Ce qui
est
fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent comme
27
paroisses, groupes d’études ou d’échanges, il en
est
des milliers de toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ce
28
qu’au sort commun de cette patrie spirituelle qu’
est
l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu,
29
ope libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut
être
un lieu, le courrier de l’Europe vivante. b. Rougemont Denis de,
30
ffirmait sortir de l’église, non du café. « Ah tu
étais
à l’église ? lui dit sa femme. Dis-moi donc le sujet du sermon ? — Eu
31
onc le sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’
est
-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le
32
qu’est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il
était
plutôt contre ! » Le péché contre l’esprit, dans notre Europe en voie
33
e l’esprit, dans notre Europe en voie d’union, ce
serait
de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre
34
de vouloir organiser la culture, et notre Centre
est
« plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’État, mais la
35
Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation
est
le fait de l’État, mais la culture est le fait des groupements sponta
36
ganisation est le fait de l’État, mais la culture
est
le fait des groupements spontanés, et en dernier ressort, de la perso
37
que l’on peut décrire comme suit : la culture qui
était
un bien commun des Européens s’est divisée en « cultures nationales »
38
culture qui était un bien commun des Européens s’
est
divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou cru
39
divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se
sont
voulues ou crues indépendantes les unes des autres, à l’imitation des
40
des États « souverains » ; par là même, elles se
sont
rendues dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’être voulue
41
dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’
être
voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’e
42
mes, pour s’être voulues nationales, nos cultures
sont
en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’elles se trouvent de plus
43
sorganisée et souvent absurde. Le principe du mal
étant
reconnu, le principe des réformes nécessaires devient évident. S’il e
44
pe des réformes nécessaires devient évident. S’il
est
vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul,
45
t de vue politique, économique et militaire, cela
est
vrai plus encore au point de vue de la culture. La phase relativement
46
er les échanges culturels ». Observons qu’il n’en
serait
pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
47
qu’il n’en serait pas question si les frontières
étaient
ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, pri
48
terme même « d’échanges culturels », avouons-le,
est
devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile a
49
les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours
été
dans les périodes de vitalité de la culture — des échanges de découve
50
toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures
sont
nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement diversifié. Elle
51
qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se
sont
nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs dé
52
vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus à
être
faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant les siè
53
ons les conséquences de cette brève analyse. S’il
est
vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le compar
54
cette brève analyse. S’il est vrai que le Centre
est
un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce
55
t-il intervenir dans ces mystères ? La question n’
est
pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littératur
56
ans le secours des experts officiels. Mais l’État
est
intervenu, des frontières ont été posées, et la culture dépérit. Les
57
ls. Mais l’État est intervenu, des frontières ont
été
posées, et la culture dépérit. Les experts culturels des États sont d
58
culture dépérit. Les experts culturels des États
sont
devenus nécessaires pour « organiser » des échanges qui s’opéraient s
59
s que les fiscs, les douanes et la bureaucratie s’
étaient
unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est pas d’o
60
nis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’
être
n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mai
61
r étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’
est
pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mais de c
62
ui de manifester l’Europe unie tout comme si elle
était
faite, et telle qu’elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre
63
aspect de tentation intellectuelle, le stalinisme
est
en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis
64
icacité. Or ce reflux — dont rien n’indique qu’il
soit
simplement temporaire — découvre une situation nouvelle. Dès l’instan
65
’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’
est
écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n
66
Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’
est
qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fil
67
n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’
est
-elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille d’E
68
ins », et d’une vaste contrée vierge. Une fille n’
est
pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autremen
69
par rapport au monde. En fait, l’Amérique du Nord
est
en train de développer une civilisation certes proche parente de la n
70
tonome ; la plus grande différence entre les deux
étant
que l’Amérique tend consciemment vers les standards de culture, tandi
71
ntradictoires : la peur et l’attrait combinés. Il
est
clair qu’une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia europée
72
ontre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine
est
plus ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Qua
73
e leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce
sont
parfois les mêmes, plus chez beaucoup l’idée que là-bas, la démocrati
74
que là-bas, la démocratie marche mieux, l’avenir
est
plus ouvert, et les rapports humains plus francs et plus cordiaux que
75
c vos dollars, mais si vous exigez que votre aide
soit
efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, la
76
à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause
est
entendue, vous n’êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Col
77
Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’
êtes
que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics e
78
ier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics et whisky. Il
est
vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même
79
impérialistes, ou deviennent isolationnistes, ce
sera
bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il
80
s. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra subir
soit
leur intervention, soit leur retrait. Et si la « civilisation du dige
81
urope, ou il faudra subir soit leur intervention,
soit
leur retrait. Et si la « civilisation du digest » prévaut chez nous,
82
« civilisation du digest » prévaut chez nous, ce
sera
notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous l
83
SA. Les digests, que nous lisons par millions, ne
sont
tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur lecture imposée p
84
ultipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il
est
vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’a proposé de remè
85
t des lectures faciles. (Le réalisme socialiste s’
est
borné à les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture
86
restige suspect, d’autre part se voit accusé de n’
être
rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’u
87
, tout en gardant un contrôle raisonnable. Puis s’
étant
assuré d’une documentation dont l’ampleur bien souvent dépasse son ob
88
croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne
sont
pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et ont l’argent. Mais g
89
orte qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’
est
pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le programme d’
90
entendus ? La bonne volonté n’y suffit pas ; elle
est
là, très souvent, elle n’a rien empêché. Nécessité d’un dialogue j
91
t l’Amérique. Pour qu’un dialogue de cette nature
soit
juste, et pour qu’il puisse créer une atmosphère plus saine, quelques
92
ont paru requises : a) La première rencontre doit
être
restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès, mais
93
entants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent
être
choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons de c
94
e. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent
être
considérés comme justifiés, dès le départ, et la question ne sera pas
95
comme justifiés, dès le départ, et la question ne
sera
pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une analyse
96
ais en actes, — voilà des objectifs concrets. Ils
sont
vitaux. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à s’entendre eff
97
ou partie, et commenté dans un sens favorable. Il
est
clair que le problème des relations « culturelles » — au sens le plus
98
l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit
être
unie pour des raisons politiques et économiques. Ces raisons, bien co
99
économiques. Ces raisons, bien connues désormais,
sont
la menace russe, la prépondérance américaine, la nécessité absolue d’
100
, au lieu de leur pure et simple intégration (qui
serait
bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent le mon
101
aque pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe n’
est
que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons de
102
es) politiques. L’intérêt électoral de la culture
est
nul. Par suite, si l’on veut construire l’Europe sur la base des part
103
ar le moyen de son union économique et politique,
est
une réalité de civilisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai
104
é de civilisation, une réalité culturelle, — s’il
est
vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’e
105
éalité culturelle, — s’il est vrai que la culture
est
la prise de conscience de ce que signifie l’existence, un besoin perp
106
de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’
est
pas le chemin de fer, l’électricité et le charbon, les sociétés qui l
107
oblèmes électoraux qui en résultent : tout cela n’
est
que résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abor
108
parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce n’
est
pas une somme d’institutions, de partis et de préjugés tombés du ciel
109
es, de sentiments, d’inquiétudes de l’esprit, qui
est
la réalité créatrice de tout le reste. Négliger la culture, la tenir
110
este. Négliger la culture, la tenir pour un luxe,
serait
agir à l’encontre du génie de l’Europe, de son idée de l’homme, donc
111
rope, de son idée de l’homme, donc de sa raison d’
être
, — et par suite de ses intérêts même matériels. L’Europe est une cult
112
ar suite de ses intérêts même matériels. L’Europe
est
une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloni
113
ent à l’endroit de leurs efforts. Pourtant rien n’
est
plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accessoire
114
t rien n’est plus naturel. L’homme de la rue (qui
est
aussi l’électeur, accessoirement) se préoccupe de sa vie personnelle,
115
pe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Europe
est
en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que
116
dus qui cesseront peu à peu de chercher quel peut
être
le sens de leur vie difficile. Pour eux, cette Europe-là, même unie p
117
signification humaine. Armée ou non, elle ne peut
être
défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche
118
rmée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le
sera
pas avec le « moral » nécessaire. En revanche, vouloir l’Europe vraim
119
h, et douze autres entreprises du même genre, qui
sont
à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en fe
120
d’un coin de l’Europe. Ces foyers bien enracinés
sont
les cellules vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’à s’o
121
udget fédéral de la culture, — d’un budget qui ne
soit
pas simplement l’addition de mesquines soustractions aux budgets nati
122
ône à la cause de l’Europe. d) Enfin, la jeunesse
est
consciente du fait que la culture apparaît trop souvent comme une act
123
nscients et en mesure de juger par eux-mêmes, qui
seront
demain l’Europe vivante. Il s’agit là d’une tâche de longue haleine.
124
eurs égards, il nous donne souvent l’impression d’
être
encore en pleine formation : l’élargissement de notre Conseil, dès au
125
argissement de notre Conseil, dès aujourd’hui, en
est
un signe, fort heureux d’ailleurs. Vous allez entendre une série de r
126
d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’abord que le CEC
est
une institution autonome, constituée en association internationale se
127
ir réciproque de collaboration pratique. Le CEC n’
est
donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le répét
128
co : mondiale, gouvernementale, riche, quand nous
sommes
pauvres, autonomes, et européens. Les méthodes de travail des deux or
129
éens. Les méthodes de travail des deux organismes
sont
aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontaireme
130
es sont aussi différentes que leurs buts. Nous en
sommes
restés, volontairement, à ce qu’on pourrait appeler le stade artisana
131
ons concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’
est
à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par se
132
part de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et
sont
donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’actio
133
opre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre
est
nécessairement plus lente et plus prudente que celle d’un organisme p
134
nstituts culturels européens, l’une des raisons d’
être
du CEC était de leur offrir un lieu de rencontre et des instruments d
135
turels européens, l’une des raisons d’être du CEC
était
de leur offrir un lieu de rencontre et des instruments de coordinatio
136
des autres organismes existants. Bien ou mal, il
est
le seul à tenter d’une manière systématique et suivie la coordination
137
bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’
est
qu’un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le momen
138
se avec évidence — que si l’on tient que l’Europe
fut
d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation
139
nce — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord,
est
encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation et une cultu
140
pas pris corps, des plans analogues au sien ayant
été
annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais no
141
articles, mais le marché des revues existantes s’
est
révélé trop limité pour que l’agence marche autrement qu’au ralenti,
142
marche autrement qu’au ralenti, donc à perte. Ce
sont
là des difficultés normales, les à-coups prévisibles dans toute actio
143
bstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne
sont
pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde opposition à nos en
144
vrons que ces résistances, ces refus de coopérer,
sont
dus à des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous
145
la ? Faute de temps et de moyens. Notre personnel
est
trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait r
146
: chacun de nous se voit chargé d’un travail qui
serait
réparti entre 20 ou 30 personnes dans une organisation à l’américaine
147
opéen de physique nucléaire, dont le premier plan
fut
élaboré au CEC, va se construire. Mais l’Unesco, chargée de le faire
148
’heure que la moitié seulement de notre programme
est
en voie d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décern
149
d’exécution. Le Prix européen de littérature doit
être
décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il rest
150
eçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle
sera
la portée « européenne » tant de ce prix que de la collaboration des
151
ue de la collaboration des guildes dont le prix n’
est
qu’un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts euro
152
en juger tout à l’heure. Les motifs de ces succès
sont
simples et j’en dirai trois : le CEC travaille directement avec les i
153
écentralisation systématique. III. Quelles
sont
enfin les perspectives de développement du CEC ? Nous comptons pousse
154
vices, par le moyen de ce clearing house que veut
être
le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une formule neuve
155
i que de l’ensemble complexe du CEC. Du même coup
seront
posées les bases d’un dialogue, que j’espère fécond, entre nos différ
156
i a fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’
être
. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un grand industriel français de me
157
n grand industriel français de mes amis3 : « Ce n’
est
pas au pied du mur qu’on connaît le maçon, c’est en haut. » 2. Voi
158
er la pudeur dans ce domaine. Disons que la crise
est
grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomat
159
. Et peut-être facile à trouver. Car en somme, qu’
est
-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur pied
160
et contrôlé par eux, et dont le programme général
est
voté par leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair
161
leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il
est
clair qu’entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’un écrivain, e
162
les intérêts d’un ministre, les rapports, s’il en
est
, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal
163
rêts d’un ministre, les rapports, s’il en est, ne
sont
qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais ce
164
ou de science, et leur diffusion dans les masses,
serait
vraiment une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aid
165
sses, serait vraiment une aide à la culture. Quel
est
le gouvernement qui peut aider ainsi ? Servitudes de la culture or
166
Comment un ministère pourrait-il donc (quels que
soient
les désirs de ses hauts fonctionnaires) obtenir un crédit pour la bea
167
nalement certains partis. Admettons que le projet
soit
retenu. La délégation nationale votera pour lui à l’Assemblée de l’Un
168
forme humaine et valeur proprement culturelle, ce
sera
bien grâce aux tours de force de quelques fonctionnaires chargés de l
169
r aussi à ses tâches. Les activités culturelles n’
étant
aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de ma
170
de la défense, et de la politique générale, — il
est
bien clair qu’on leur donnera toujours le moins possible. Aux yeux du
171
e 9 millions de dollars, comme celui de l’Unesco,
est
gigantesque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, i
172
d des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, il
est
simplement ridicule ; pire encore si l’on ose le comparer aux dépense
173
nerait cent fois ou mille fois plus. Mais le fait
est
qu’on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opin
174
st qu’on n’y croit guère dans ces milieux, et tel
étant
l’état de l’opinion moyenne, 9 millions de dollars font tout de même
175
o. Le système souffre de trois vices majeurs : il
est
trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initi
176
re de trois vices majeurs : il est trop vaste, il
est
centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initiative autant que le
177
spond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’
est
toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte
178
aux interférences politiques. Le travail culturel
est
par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des mé
179
yers de création. Ces liaisons peuvent et doivent
être
favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on ne s
180
e saurait les « planifier » sur une échelle qui n’
est
plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base. Fédé
181
décentralisé ». En bonne doctrine fédéraliste, il
serait
plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre et de pr
182
ste, il serait plus exact de dire que le CEC veut
être
un lieu de rencontre et de prise de contact pour les foyers locaux de
183
ts groupes, à de petits exécutifs spécialisés. Il
serait
donc naturel de calquer les organisations d’aide culturelle sur cette
184
à l’organisation constituée par les gouvernements
soit
à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable,
185
gouvernements soit à l’échelle des Nations unies,
soit
comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Le
186
ons considéré). La formule fédéraliste Nous
sera-t
-il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont cel
187
’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes
sont
celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en
188
fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme n’
est
pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un
189
: 1. En matière de culture, les intéressés seuls
sont
juges de leurs besoins. Qu’on leur laisse donc l’initiative, le contr
190
EC, les directeurs de festivals). Cette méthode s’
est
montrée la plus économique, la plus rapide et la plus efficace aussi
191
mentales se révèle là encore le plus pratique, ne
fût
-ce qu’en évitant les retards et les frais des grandes machines bureau
192
ue celles des compositeurs de la jeune génération
sont
presque uniquement jouées dans leur pays d’origine. Les jeunes compos
193
que font leurs confrères européens ; la situation
est
la même pour les jeunes compositeurs des différents pays européens. D
194
trer et d’établir des contacts internationaux, en
sont
pratiquement privés aujourd’hui. Cette situation tend à créer un espr
195
œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce n’
est
pour des raisons de prestige ou des motifs extra-musicaux. La situati
196
situation de la critique musicale d’après-guerre
est
également peu satisfaisante du point de vue international. Peu de cri
197
les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’ils ne
sont
pratiquement pas joués. De nombreux problèmes de critique musicale, q
198
eux problèmes de critique musicale, qui devraient
être
discutés sur un plan international, restent sans réponse : ainsi la r
199
ux publics populaires, ou le rôle du critique qui
est
d’interpréter ces techniques et les nouvelles œuvres basées sur elles
200
e base de compréhension et de collaboration. Tels
sont
entre autres les motifs qui ont amené le Centre européen de la cultur
201
lle aura lieu au printemps 1954, à Rome. Ses buts
sont
les suivants : 1. Donner l’occasion à de jeunes compositeurs de fair
202
cologues, dressera des listes, d’après lesquelles
seront
choisis les hôtes de cette rencontre. Le Centre a constitué un Comité
203
crétaire : Nicolas Nabokov. Des « paying guests »
seront
admis, mais ne participeront pas aux discussions. Les étudiants en mu
204
es concerts symphoniques et de musique de chambre
seront
publics. Programme Les participants seront invités à rédiger de
205
seront publics. Programme Les participants
seront
invités à rédiger des rapports, à participer aux discussions publique
206
concerts de musique de chambre, au cours desquels
seront
exécutés : a) des œuvres de jeunes compositeurs européens et américa
207
des 25 dernières années. Certaines de ces œuvres
seront
enregistrées, afin que les participants puissent les entendre plusieu
208
tion de partitions de musique ancienne et moderne
sera
mise à la disposition des participants. Tous les textes des conférenc
209
des participants. Tous les textes des conférences
seront
soumis un mois avant la rencontre et distribués aux participants à le
210
rnationaux aux trois meilleures œuvres qui auront
été
commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fera l’
211
que et du Concours international de composition s’
est
réuni pour la première fois, au CEC, le 13 janvier 1953, sous la prés
212
1953, sous la présidence du directeur du Centre.
Étaient
présents : MM. Boris Blacher, Luigi Dallapiccola, Frederick Goldbeck,
213
d’exécution (concerts, solistes, enregistrement)
seraient
à la charge de la RAI. Dates fixées pour l’attribution des prix au co
214
liminaire des 12 compositeurs auxquels des œuvres
seront
commandées. Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont été sugg
215
Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont
été
suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à bref
216
suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine)
sera
proposé à bref délai aux membres du Conseil musical. Dès que ces dern
217
uront donné leur accord, des lettres personnelles
seront
envoyées à chacun des 12 compositeurs retenus. Sur proposition de MM.
218
de musique et pour le Concours de composition. Il
est
convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la manière
219
n. Il est convenu que les débats de la Conférence
seront
conduits de la manière suivante : le président désigné pour chaque sé
220
eurs pourront prendre la parole. Le public pourra
être
admis dans les tribunes à certains des débats au moins. D’une manière
221
ion, le titre suivant, proposé par M. Markevitch,
est
retenu : « Les Droits de l’Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuve
222
Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuvent tous
êtres
subordonnés à ce titre général sont proposés par les membres du comit
223
peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général
sont
proposés par les membres du comité exécutif et retenus en principe (l
224
comité exécutif et retenus en principe (le Centre
est
chargé de leur donner une formulation définitive) : 1. Musique et pol
225
ne sur le développement du langage musical. 5. Qu’
est
-ce qu’un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle in
226
e au point mort ? Au moment même où viennent d’
être
posées les premières bases de l’union, l’opinion se demande « si l’Eu
227
es de l’union, l’opinion se demande « si l’Europe
est
en panne ». Les uns voient la fédération en plein démarrage, les autr
228
la disent au point mort. Mais la contradiction n’
est
qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour chan
229
iction n’est qu’apparente, car les deux jugements
sont
exacts. En effet, pour changer de vitesse, il faut passer par le poin
230
roule. Aux yeux de beaucoup, l’élan fédéraliste s’
est
épuisé, puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet é
231
, puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait
est
que cet élan vient de rencontrer des résistances contre lesquelles il
232
en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension
est
retombée. Les lutteurs affrontés corps à corps, presque immobiles, ra
233
contraires à toutes leurs prévisions : — la CECA
est
en place, commence à fonctionner ; — la CED est en voie de ratificati
234
A est en place, commence à fonctionner ; — la CED
est
en voie de ratification par les parlements ; — un projet de Constitut
235
; — un projet de Constitution européenne vient d’
être
remis officiellement aux ministres des Six, prévoyant l’élection dire
236
les pays. L’internationale de l’anti-Europe n’en
est
pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’ell
237
e s’organiser comme force politique cohérente lui
serait
fatale. Elle n’en représente pas moins un très sérieux danger : celui
238
dans la menace soviétique. La peur, affirme-t-on,
serait
le vrai ressort du mouvement vers l’intégration. Il en résulte que to
239
’intégration. Il en résulte que toute détente à l’
Est
détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise de l’idée européenne. O
240
serait affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas
été
tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’ac
241
nt n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne
soit
l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce que l’on
242
ve de paix. Ce que l’on peut observer c’est qu’il
est
, tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre union, pu
243
xtremis. Si maintenant la Russie nous rassure, il
est
clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peu
244
ant la Russie nous rassure, il est clair que tout
est
changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme e
245
r, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’
être
. Parlons donc d’autre chose, renversons quelques ministères, revenons
246
ministères, revenons à la vie normale. L’argument
est
absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant
247
à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il
sera
populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut
248
il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle
étant
ce qu’il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles r
249
ire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il
est
, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représentent u
250
s vrais motifs de notre union n’ont pas changé
Étant
admis que la reprise des négociations d’armistice en Corée sur la bas
251
ques et sociales n’a pas varié, que l’on sache, n’
est
pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur. La division de n
252
nt en 21 nations sottement rivales, dont aucune n’
est
plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes,
253
ement rivales, dont aucune n’est plus à l’échelle
soit
de la concurrence des grands empires modernes, soit des nécessités de
254
it de la concurrence des grands empires modernes,
soit
des nécessités de l’économie présente, subsiste. La situation de l’E
255
et qui retourne contre elle ses propres armes, n’
est
en aucune mesure améliorée. Ces trois grands faits fondamentaux, ces
256
e notre union fédérative. Les sourires du Kremlin
sont
peut-être la preuve que tout va changer en Russie : ils ne changent r
257
x de certains, quand la paix entre les deux blocs
serait
non seulement déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’en serait pa
258
ent déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’en
serait
pas moins vitale ni moins urgente, pour les trois grandes raisons qu’
259
es raisons qu’on vient de rappeler. La question n’
est
pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos
260
s fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations
sont
encore capables d’assurer, chacune pour soi, leur sécurité physique e
261
onne n’ayant pu ni même prétendre prouver que tel
est
bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. V
262
uver que tel est bien le cas, la solution ne peut
être
cherchée que dans l’union. Vers une épuration européenne Il n’e
263
moins probable que l’effet de propagande escompté
sera
partiellement atteint par la Russie, à peu de frais. Ceux des Europée
264
e en Amérique) que la Communauté de défense, vont
être
les premiers à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les
265
ui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit
être
faite contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite que le principe
266
, et par suite que le principe fédérateur ne peut
être
que négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils vont cesser
267
se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais
été
, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une
268
éral ? Il en résulte qu’un nouveau délai de grâce
est
offert à l’Europe pour s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons
269
ens humain, la formule spirituelle ? La réponse n’
est
plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fédèr
270
hommes, et leurs groupes. La Communauté politique
sera
donc notre but prochain, la condition certainement nécessaire, si ell
271
, la condition certainement nécessaire, si elle n’
est
pas certainement suffisante, d’une Renaissance offerte par l’Europe a
272
, militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’
est
pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de l’a
273
e. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’
est
pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qui s
274
masses, latines surtout — les nations européennes
seraient
déjà réduites au rôle de simples « instruments de la grandeur américa
275
ue nos pays resteront désunis et même rivaux, ils
seront
incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d’assure
276
, des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils
sont
unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la co
277
ont créé entre eux le « grand marché commun » qui
est
la condition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde
278
èrent que leur simple alliance confédérale devait
être
remplacée par une fédération. Un projet de constitution fut voté par
279
cée par une fédération. Un projet de constitution
fut
voté par leurs délégués, réunis à Philadelphie. (Six nations de l’Eur
280
montra violente. Dans quelques villes, le projet
fut
brûlé par la population en place publique. L’État de New York était l
281
population en place publique. L’État de New York
était
le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait
282
ue. L’État de New York était le plus réticent. Il
fut
le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa
283
re intention que de l’introduire : Le monde peut
être
divisé politiquement, comme géographiquement, en quatre parties dont
284
et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique,
sont
successivement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europ
285
ur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’
être
les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize États, réu
286
t à la formation d’un grand système américain qui
soit
au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne
287
en formation. Dans la mesure où les mêmes causes
sont
susceptibles de produire les mêmes effets, cette page nous dicte une
288
nion publique, dont le peu d’attention disponible
est
absorbé par les élections, les crises nationales, les prétendues « bo
289
les, les prétendues « bombes diplomatiques » de l’
Est
et de l’Ouest, elle perd de vue le problème européen, qu’elle commenç
290
la Constitution. On ne peut dire que le débat se
soit
éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemble de faits défin
291
re que le débat se soit éteint : simplement, il n’
est
pas ouvert. Cet ensemble de faits définit pour l’Europe une situation
292
ent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel
est
le sens de l’action européenne dans cette conjoncture angoissante ?
293
nt pour marquer des points. La conférence de Rome
est
ajournée, la CED reste en panne, l’Amérique s’énerve et laisse entend
294
e, l’Amérique s’énerve et laisse entendre qu’elle
serait
prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opposition à l
295
ces problèmes (l’armée, les colonies, l’économie)
sont
sans issue dans le cadre national et qu’il faut donc chercher leur so
296
une forme quelconque d’entraide européenne. Ce n’
est
pas une question de lâcheté ou de courage, mais de simple sens politi
297
ou de courage, mais de simple sens politique, qui
est
le sens de la hiérarchie des problèmes. Si chaque nation pouvait surm
298
ir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait
être
restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’ag
299
us vaste, qu’il s’agit de ranimer d’abord, et qui
est
l’Europe. Trop de gens pensent encore la politique en termes périmés
300
n, et surtout, trop de gens oublient que l’Europe
est
quelque chose de plus que la somme de 20 nations, dont la plupart, da
301
ons, car c’est une civilisation, de laquelle nous
sommes
tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendr
302
on, de laquelle nous sommes tous responsables. Il
est
faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-
303
que les Européens En ce mois de juin 1953, il
est
plus facile que jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile que j
304
ois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’
être
« pour l’Europe », plus difficile que jamais de justifier et de défen
305
péens tels qu’ils se montrent. Si les Européens n’
étaient
menés que par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaient, ils
306
nne au monde n’a jamais essayé de démontrer qu’il
était
de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés de barbe
307
tent ainsi. Il faut donc croire que les Européens
sont
menés, en réalité, par des forces irrationnelles, au mépris de leurs
308
onneur immérité en la traitant de byzantine. Elle
est
tout simplement sectaire, bornée, villageoise, ignorante, inefficace.
309
et leurs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ils
sont
qu’il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Euro
310
talie dont 42 % des électeurs votent totalitaire,
sont
donc anti-Européens sinon par raison, du moins par consigne ; une Esp
311
r, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’
est
pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. J
312
rope n’est pas la somme des Européens réels. Elle
est
tout à fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent q
313
s là du paradoxe. Chacun sent que le Couronnement
est
tout à fait autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une cu
314
it autre chose que la somme des Anglais. L’Europe
est
une culture, une civilisation : c’est-à-dire un système de références
315
x, les intérêts et leurs intermédiaires. L’Europe
est
une notion de la personne. On n’y accède que par l’éducation, laquell
316
onne. On n’y accède que par l’éducation, laquelle
est
antérieure et supérieure à l’individu. Nous voulons ici cette Europe,
317
éalité, quoique négative. Mais c’est peu, ou ce n’
est
rien, si cette réalité naissante reste incapable d’instituer un Pouvo
318
le, notre destin commun d’habitants de l’Europe s’
est
gravement infléchi depuis quelques semaines. Il faut le dire : jamais
319
de construction européenne, si près du but, ne s’
est
vu plus gravement compromis. Pour la première fois je l’écris : il se
320
remière fois je l’écris : il se peut que l’Europe
soit
perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’
321
il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en
être
ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, non sur les Russ
322
éens — sur tous ceux qui n’ont pas compris qu’ils
sont
Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce q
323
oivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils
sont
en train de démissionner. Et de quoi ? De l’Europe, donc du meilleur
324
té nationale, insistant sur la majuscule. Byzance
est
morte en discutant le sexe des anges, sujet sublime, mais l’empereur
325
court à rendre l’Europe incapable même de tomber,
étant
trop bas. Tout au long de l’histoire du monde, la décadence des empi
326
e tableau : La Communauté européenne de défense n’
est
pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans exame
327
fense n’est pas ratifiée. La Communauté politique
est
rejetée, presque sans examen. La Haute Autorité voit son fonctionneme
328
e par la faute des néo-fascistes et monarchistes,
est
livrée aux communistes. La Grande-Bretagne, ayant refusé l’Europe au
329
son désastre pour s’emparer de l’Asie : nous lui
serons
livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’est encore fatal ; m
330
livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’
est
encore fatal ; mais tout peut le devenir en quelques mois : un peu pl
331
’atlantisme pour ne pas faire l’Europe, et nous y
sommes
: l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les Européen
332
et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union
est
tacitement admis par les Européens. L’Europe est définitivement effac
333
est tacitement admis par les Européens. L’Europe
est
définitivement effacée de la carte des puissances. Quelques guerres c
334
nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui
soit
mobilisable dans l’état présent non pas des choses, mais des esprits.
335
miracles ne se produisent jamais là où personne n’
est
disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « ra
336
ommer. Forces qui cependant, une fois réactivées,
seraient
bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que
337
damentale de notre histoire au xxe siècle. Telle
est
la raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raiso
338
re histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’
être
de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’i
339
a raison d’être de notre Groupe d’études et telle
est
aussi la raison de l’appel qu’il me charge de vous adresser. Certes,
340
l ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue
sont
bien trop divers. Mais cette diversité représente justement notre vra
341
l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne
sommes
pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes
342
agandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne
sommes
pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion
343
ne sommes pas non plus une simple académie. Nous
sommes
un groupe de discussion, réunissant juristes et penseurs politiques d
344
ficative. Voici donc la première requête que nous
sommes
unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le P
345
base de vos travaux prochains. Le Projet, certes,
est
discutable. Il ne peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne
346
ire ne connaît pas de document de ce genre qui ne
soit
le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques éventue
347
ion de confiance » : ou bien l’accepter tel qu’il
est
, ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument de fair
348
olument de faire l’Europe, tandis que le Projet n’
est
qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparf
349
ue le Projet n’est qu’un moyen. La seule question
est
de savoir si ce moyen, tout imparfait soit-il, peut servir à cette fi
350
uestion est de savoir si ce moyen, tout imparfait
soit
-il, peut servir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pen
351
pensons qu’il le peut, pour trois raisons. 1. Il
est
le seul Projet actuellement existant, qui ne résulte pas de l’initiat
352
nitiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. Il
est
né du labeur considérable effectué sur votre demande par les délégués
353
ous avez créée. Pratiquement, le sort de l’Europe
serait
donc confié à quelque groupe d’experts, inconnus du public, et forcém
354
nt des députés. Qui les suivrait ? 2. Le Projet a
été
discuté et rédigé par des parlementaires, un œil sur le grand But eur
355
ment d’assemblées. Mais quel autre régime peut-il
être
accepté pour le moment ? Or, il faut commencer. Refuser de partir d’u
356
commencer. Refuser de partir d’un tel Projet, ce
serait
se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlemen
357
de partir d’un tel Projet, ce serait se condamner
soit
à l’échec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir
358
chec de tout contre-projet devant vos parlements,
soit
à revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semb
359
evenir après de longs détours à quelque chose qui
serait
très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes ligne
360
et un exécutif dont on ne sait, à vrai dire, s’il
sera
fédéral ou simplement confédéral. C’est assez pour rendre possible l’
361
voies de la fédération nécessaire. Les esprits ne
sont
pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément, le ré
362
oin, nous dit-on. Précisément, le régime qui vous
est
proposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait faire perd
363
oposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser
serait
faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’a
364
un moindre mal nécessaire. Vous pouvez l’amender,
soit
pour en faire un meilleur instrument fédéral, soit pour le rendre en
365
oit pour en faire un meilleur instrument fédéral,
soit
pour le rendre en fait inopérant. Nous vous demandons de saisir l’occ
366
et pour quelles fins humaines. Quand nos peuples
seront
conscients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils seront convainc
367
cients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils
seront
convaincus de ses fins pacifiques, le comment suivra facilement. Le p
368
vra facilement. Le préambule et l’idée directrice
sont
seuls vitaux, et non les paragraphes. Entraîner l’opinion par les pre
369
ontradictoires, ne fera jamais vivre l’Europe. Il
sera
lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’auront pas bien v
370
e ne change rien au fait fondamental que nos pays
sont
trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou revivront ensemb
371
ui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous
sommes
tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le sens m
372
r notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne
sera
pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, car son
373
’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne
sera
pas un super-État unifié et centralisé, car son génie s’appelle diver
374
alisé, car son génie s’appelle diversité. Elle ne
sera
pas non plus une Sainte-Alliance, ni une simple coalition, formule co
375
ore en fait ? On voit venir le temps où elles ne
seront
plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il
376
rétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il
est
absurde de parler de la souveraineté d’une nation qui ne pourrait pas
377
ontre l’attaque de l’un ou l’autre empire ; qui n’
est
pas en état de déclarer la guerre ou de conclure la paix isolément ;
378
ux gestes manqueraient également de sérieux. Il n’
est
qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seu
379
États-Unis et de la Suisse. Le Projet, certes, n’
est
pas encore un Pacte, mais il prépare les voies de la fédération. S’il
380
s de la fédération. S’il faut le modifier, que ce
soit
dans cette vue : afin de ménager son avenir fédéral. D’une part, il p
381
e ménager son avenir fédéral. D’une part, il peut
être
opportun d’en retirer (pour l’instant) certaines dispositions qui, da
382
au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut
être
accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte de se réserv
383
e part, il faut se garder d’y ajouter quoi que ce
soit
qui viendrait compromettre l’évolution normale vers une fédération :
384
ntes pour tout exécutif digne du nom. L’essentiel
est
d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’est en mesure de décr
385
t d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’
est
en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et même un peu obscur
386
Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui
est
la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans les données concrètes
387
e Histoire, tous ceux-là voudront le minimum, qui
est
le Projet de Communauté des Six, comme le plus court moyen vers une t
388
destin de nos pays, et de notre civilisation. Il
est
clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et l
389
ion. Il est clair que certains sacrifices doivent
être
consentis par les uns et les autres. Certains risques doivent être en
390
r les uns et les autres. Certains risques doivent
être
encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et à
391
ues doivent être encourus. Les refuser, pourtant,
serait
tout perdre, à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre
392
sanctuaire. Chute immense, dont la cause directe
fut
le refus d’un sacrifice minime. Les croisés, débarqués devant Constan
393
refusant de faire le pool patriotique des faibles
sommes
qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d
394
sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut
fut
décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise à sac. Les produits
395
saut fut décidé après des mois d’attente. Byzance
fut
mise à sac. Les produits du pillage s’élevèrent après trois jours à p
396
richesses de Byzance, enfin « mises en commun »,
furent
emportées par l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs, et de nous to
397
lture. Et c’était sa section culturelle qui avait
été
chargée d’écrire et de présenter le Message aux Européens, dégageant,
398
par le Mouvement européen, du 8 au 10 octobre, s’
est
voulue plus restreinte, à la fois par le nombre des participants et p
399
ion propre du CEC Le second congrès de La Haye
fut
donc strictement politique. Son motto semblait être : la parole est a
400
ut donc strictement politique. Son motto semblait
être
: la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles
401
nt politique. Son motto semblait être : la parole
est
aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles, mais des réali
402
ependant, le souci des succès immédiats, qui nous
est
imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette
403
but lointain. Précisons : la Communauté des Six n’
est
qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas atteinte
404
u’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’
être
pas atteinte si l’on en fait un but en soi. De même, l’union des Quin
405
fait un but en soi. De même, l’union des Quinze n’
est
qu’une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemblem
406
ssus le rideau de fer qui nous sépare encore de l’
Est
, et par-dessus le rideau de ferraille qui nous sépare de l’extrême ou
407
à répéter Lénine, politicien « pratique » s’il en
fût
. La condition non pas suffisante mais nécessaire du succès final et t
408
es objectifs du Centre. En fait, rien de tel ne s’
est
produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé
409
ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant
été
chargé — à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la tab
410
an, entourées de quinze publicistes influents, ne
sera
pas moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et à ses commissions
411
te recherche. Cette base pratique, instrumentale,
étant
désormais établie, il s’agit d’une part d’en faire bénéficier un beau
412
velles et influentes le rayonnement de l’idée qui
est
la raison d’être du Centre. En vue d’accomplir la première de ces tâc
413
ntes le rayonnement de l’idée qui est la raison d’
être
du Centre. En vue d’accomplir la première de ces tâches, le Centre ét
414
ollandaise, un modèle de « cahier des charges » a
été
élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajouton
415
s charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il
sera
proposé aux autres pays. Ajoutons que la création prochaine d’un Bure
416
de préoccupations. Quant à la seconde tâche, pour
être
menée à bien avec toute l’ampleur nécessaire, elle suppose l’appui d’
417
ique du mot. Nous y travaillons. ⁂ En tant qu’il
est
chargé d’une mission générale, certes trop ambitieuse pour ses moyens
418
rtes trop ambitieuse pour ses moyens actuels, qui
est
de porter, maintenir et animer l’idéal de l’Europe unie, le Centre do
419
res de Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où
sommes
-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la
420
entreprise, partons de la deuxième question : où
sommes
-nous, Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameus
421
arité de 155 millions. » La raison de ce paradoxe
est
des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions
422
e l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’
est
aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour
423
t la conscience aussi des ressources immenses qui
sont
là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre en co
424
isés. Comment réduire ces résistances là où elles
sont
, dans les esprits et dans les cœurs, selon la formule consacrée, pour
425
’information. La tâche de méditer sur nos destins
fut
confiée à un petit groupe de six Sages, dont la composition me paraît
426
on et de l’expérience, quinze publicistes réputés
furent
conviés à rechercher ensemble les moyens de faire connaître et d’illu
427
ulturelle à la communauté politique Mon dessein n’
est
pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendant s
428
que, d’autre avenir possible que dans l’union. Ce
fut
le dernier mot du rapport de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant
429
acun peut voir que nous perdons du temps. Quelles
sont
donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ?
430
se spirituelle et par suite culturelle et civique
fut
introduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité
431
pranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous
sommes
tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Schuman,
432
buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne
sont
pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ils regardent ensemble
433
les, permettant de mettre en commun ce qui doit l’
être
normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit nor
434
ste du monde. Un seul exemple : le nationalisme a
été
notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au mon
435
e entier, et cette liqueur tout d’abord enivrante
est
bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer
436
able ronde : document d’autant plus notable qu’il
fut
rédigé le dernier jour par un Français et un Anglais, et reçut aussit
437
Conseil de l’Europe à présider les débats, je me
suis
trouvé en présence de personnalités déjà nommées par les gouvernement
438
es par les gouvernements des États membres, et ne
suis
donc responsable que du choix des thèmes et de leur répartition aux r
439
créé par le hasard des désignations officielles s’
est
révélé heureux. p. Rougemont Denis de, « Une prise de conscience eu
440
954)q — Pouvez-vous me dire en deux mots ce qu’
est
le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais il
441
le Centre européen de la culture ? — Je veux bien
être
bref, mais il me faut trois mots. Ou plutôt je vous répondrai sur les
442
S. Eliot a répondu pour nous : « La culture peut
être
définie simplement comme ce qui rend la vie digne d’être vécue ». On
443
finie simplement comme ce qui rend la vie digne d’
être
vécue ». On pourrait dire aussi que la culture est l’ensemble des act
444
re vécue ». On pourrait dire aussi que la culture
est
l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de donner un sens
445
ne s’occupe pas de politique. — Le Centre veut-il
être
producteur de culture ou simplement organisateur de congrès, de comit
446
congrès, de comités et d’échanges ? — La culture
est
produite par les personnes. Le Centre en tant que tel ne produit donc
447
servir la culture nationale et son expansion : ce
sont
les « Relations culturelles ». L’apport du Centre a consisté dans la
448
re la première condition de sa santé. — Et quelle
serait
selon vous la deuxième condition ? — Ce serait d’aider financièrement
449
le serait selon vous la deuxième condition ? — Ce
serait
d’aider financièrement les initiatives culturelles. Nos États ne cons
450
le de l’Europe doit se payer. E — Le Centre
est
-il, ou veut-il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. —
451
se payer. E — Le Centre est-il, ou veut-il
être
aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. — Mais le problème de
452
urope ? — Certes. — Mais le problème de l’Union n’
est
-il pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit aujour
453
vaines vos activités culturelles ? — Cette crise
est
au contraire l’argument le plus fort en faveur de l’existence du Cent
454
que, et cette inconscience tragique ? Le problème
est
en réalité « culturel » au sens large du mot : c’est un problème d’éd
455
ganisme comme le Centre a justement pour raison d’
être
de poser tout d’abord, puis d’étudier, et dans la mesure des moyens q
456
oyens qu’on lui donne, de résoudre. Les obstacles
sont
psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’il nous faut travailler,
457
s les cœurs. — C’est la formule consacrée… — Nous
sommes
là pour la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout à l’heure :
458
out à l’heure : « un organisme comme le Centre ».
Est
-ce donc qu’il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi
459
sentiellement de l’esprit dans lequel ces projets
sont
développés, et des buts que l’on vise. La mission proprement européen
460
rement européenne du CEC ne court pas le risque d’
être
reprise en charge ni « dupliquée » par une bureaucratie mondiale, si
461
pliquée » par une bureaucratie mondiale, si riche
soit
-elle. Le danger n’est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — No
462
ucratie mondiale, si riche soit-elle. Le danger n’
est
pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il y
463
xiste plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il
est
sain pour l’objectivité et pour la liberté du jugement de se représen
464
asions de contact souvent fécondes. Certes le CEC
est
loin d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons enco
465
xistait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’
est
pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autr
466
st pas de nous — et s’il venait à disparaître, il
est
certain que d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous le
467
-on soutenir le CEC, afin qu’il dure ? — La vie n’
est
jamais qu’une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bul
468
racles. 5. Le présent numéro de notre bulletin
est
en grande partie consacré aux associations éducatives sur le plan eur
469
(mai 1954)r Notre Courrier, depuis des mois, s’
est
tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t-il ? La répon
470
nés s’accumulent : que se passe-t-il ? La réponse
est
dans les journaux. Depuis des mois, la construction européenne se tro
471
eu voulaient encore s’occuper de l’essentiel, qui
était
, et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire
472
La Russie à Berlin, ou l’Europe caricaturée Il
était
facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne
473
oir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se
sont
soldées par un échec sur tous les points de l’ordre du jour, elles n’
474
Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’
est
pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du ridea
475
n membres, parmi lesquels Saint-Marin et Andorre,
soit
vingt-cinq, à quoi s’ajouteraient la Russie et ses six satellites.) C
476
curantiste », les républiques « populaires » de l’
Est
, et les actuelles « colonies social-fascistes des US » sur le contine
477
c’est-à-dire entre 43 et 48 millions d’habitants,
seront
sans doute rassurés à l’idée d’un bloc russe de 200 millions rétablis
478
iatique, cela saute aux yeux. Après tout l’Europe
est
-elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa jus
479
e le projet de CED et le projet de fédération qui
est
sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange éve
480
de fédération qui est sa vraie base aient jamais
été
considérés comme monnaie d’échange éventuelle — MM. Bidault et Eden l
481
lle — MM. Bidault et Eden l’ont précisé — mais ce
sont
ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un fonde
482
ide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’
était
pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples. ⁂ Ob
483
nts, devient évidente à beaucoup. Des projets ont
été
formulés, parmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doit et
484
ED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’
est
pas revenue en arrière, l’Italie a décidé de poser la question à son
485
t des progrès minimes mais peut-être décisifs ont
été
enregistrés en France. Les consultations d’opinion récemment organisé
486
hommes de bonne foi que la fédération européenne
est
à la fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’elle ne peut plus ap
487
apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle
serait
soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (les Anglais)
488
u’enfin son heure a sonné, si jamais signal clair
fût
donné par l’Histoire. L’Asie à Genève, ou l’Europe humiliée Deu
489
ou l’Europe humiliée Deux mois plus tard, tout
est
changé. L’Occident s’est laissé entraîner dans une « Conférence asiat
490
eux mois plus tard, tout est changé. L’Occident s’
est
laissé entraîner dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Gen
491
e », qui s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’
Est
. Du côté russe, l’idée de manœuvre est claire : fixer la France d’abo
492
isie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre
est
claire : fixer la France d’abord, puis la Grande-Bretagne et les État
493
e par la France, qui hélas « ne peut autrement »,
est
acceptée par ses alliés, et ce serait peu : elle a lieu en Europe. Pr
494
t autrement », est acceptée par ses alliés, et ce
serait
peu : elle a lieu en Europe. Première victoire du Kremlin. C’est Molo
495
hérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y
serait
noyée et sans force. » Ce sophisme insultant va servir de slogan à la
496
rvir de slogan à la campagne neutraliste, si ce n’
est
même à certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendra l
497
substance : — Bas les pattes en Asie ! Notre tour
est
venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde
498
portant : il a déjà conquis nos six nations de l’
Est
, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la
499
mprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste
serait
un moyen de rétablir la « paix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque c
500
aix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque celle-ci
serait
ouverte à l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix définit
501
et l’Allemagne par le moyen de leur fédération ce
serait
agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux armées
502
ion ce serait agir en « bellicistes », puisque ce
serait
fermer l’Europe aux armées rouges. Au lendemain de la chute de Diên B
503
ge de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en
sommes
, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les décisions vi
504
an irrépressible vers l’indépendance nationale ne
sera
plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins pa
505
ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien
être
détourné de ses fins par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant
506
que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne
sera
pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération des Six
507
si l’on a vu la situation mondiale — et si l’on n’
est
pas communiste. Seule une profonde révolte de l’Europe rendue conscie
508
e des libertés occidentales. Un tel sursaut vital
est
-il inconcevable ? Retournons la question : est-il concevable que ving
509
al est-il inconcevable ? Retournons la question :
est
-il concevable que vingt nations européennes se laissent entraîner dan
510
ions. Tout le monde sait que son régime politique
est
l’un des plus stables du monde, depuis plus d’un siècle. Les partisan
511
issance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’
était
qu’une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur lien lé
512
re État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas
être
d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’alliance d’États sans
513
e la guerre civile dite du Sonderbund (1847) peut
être
qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a
514
ile dite du Sonderbund (1847) peut être qualifiée
soit
d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament
515
847) peut être qualifiée soit d’habile compromis,
soit
d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament pragmatique ou doctrinai
516
la Confédération suisse. Article 3. — Les cantons
sont
souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Con
517
s sont souverains en tant que leur souveraineté n’
est
pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exercent
518
t comme tels, ils exercent tous les droits qui ne
sont
pas délégués au Pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garant
519
uants de l’Europe fédérée. On n’en voit pas qu’il
soit
aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2. Abandonner ou recouv
520
2. Abandonner ou recouvrer la souveraineté ?
Est
-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut
521
té ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent
être
abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai qu’il y ait là
522
t être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ?
Est
-il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-
523
? Voyons le concret. La souveraineté nationale n’
est
exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme « l
524
d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui
soit
capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’enten
525
clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne
sont
plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances techni
526
des forces réelles et des pouvoirs concrets, elle
est
devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de gloir
527
un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en
sont
victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et même de
528
urope, à Rome, deux arguments m’ont frappé, comme
étant
propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le prem
529
ns européen de notre opinion publique. Le premier
fut
apporté par notre ami Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement
530
té qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive. » (
Étant
entendu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit ra
531
e informe d’une Europe unie ». Le second argument
est
dû à M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, éc
532
en fait la souveraineté du peuple, car le peuple
sera
associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car a
533
Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi
sera
dissipée la crainte que suscite la perte de la souveraineté nationale
534
scite la perte de la souveraineté nationale. Il n’
est
donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier c
535
n européenne (octobre-novembre 1954)t Rien n’
est
perdu, tout reste à faire Deux événements politiques ont absorbé l
536
opéens et des militants de l’Europe unie depuis l’
été
dernier : l’abandon du projet de CED et les accords de Londres. Londr
537
. Londres a réalisé dans l’euphorie ce que la CED
était
accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet principal de
538
n voici une. Il y avait une fois des députés. Ils
étaient
très effrayés par une maladie dont ils craignaient la contagion, et q
539
emeure intacte après leur vote. — En revanche, il
est
douteux que les accords de Londres représentent « un premier pas vers
540
er le principe supranational. En résumé : rien n’
est
perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve
541
ional. En résumé : rien n’est perdu, mais rien n’
est
fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l
542
ont cru que la propagande pour l’idée européenne
était
faite. Examinons les réalités que cachaient ces deux illusions. I. À
543
ns. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous
été
tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par une série d
544
er les passions : ils ont gagné contre la CED. Où
était
l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle c
545
voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il
est
plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la faire
546
de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’il
est
plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où ils so
547
urner les obstacles que de les attaquer là où ils
sont
: dans les routines de l’esprit nationaliste, autant et plus que dans
548
e. II. Les mouvements de militants européens ont
été
surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du fait
549
d’exemplaires. Cela paraît considérable quand on
est
assis dans le bureau central d’un mouvement, devant près de cinq-cent
550
onner après cela de l’ignorance presque totale où
sont
restés nos peuples et leurs élites, devant le problème européen ?
551
plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il
est
significatif qu’il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les pr
552
premières promesses d’un financement régulier. Il
est
clair que la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’est pas
553
a tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’
est
pas de suppléer à la carence d’une véritable propagande européenne. T
554
comme les activités déjà connues, peuvent toutes
être
rangées sous la rubrique générale d’éducation européenne. Chacune d’e
555
j’entends déjà ce qu’ils me disent : « Tout cela
est
très joli. Tout cela ne fera certes aucun mal, fera même du bien dans
556
élections. Cette conception courante de l’action
est
celle des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez
557
la nature des forces historiques. Une révolution
est
l’aboutissement d’une série d’actions d’abord morales, intellectuelle
558
sans lesquelles rien ne se ferait. L’Europe unie
est
une révolution. Elle doit passer par tous les stades préparatoires de
559
es des révolutions réussies. L’ambition du Centre
est
d’agir. Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle com
560
elle n’éclatera dans les faits qu’au jour où tout
sera
mûr pour sa naissance. Préparer cette maturation ; créer ses conditio
561
bord, comme le veut la réalité du xxe siècle. Il
est
très remarquable en effet que, dans ce siècle, pas un seul événement
562
as un seul événement historique d’envergure n’ait
été
le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens, ni des
563
vivons dans un siècle où, très visiblement, ce n’
est
pas la politique qui fait l’histoire ; mais une doctrine, une foi, un
564
une personne. On dit : la propagande. Mais elle n’
est
rien en soi, pas plus que l’écriture ou la typographie, et sans idée
565
rsonne n’en tirera rien qui vaille. Le communisme
fut
une idée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange
566
mmunisme fut une idée, le fédéralisme européen en
est
une. Le reste est un mélange d’intérêts mal compris et de déchets d’i
567
dée, le fédéralisme européen en est une. Le reste
est
un mélange d’intérêts mal compris et de déchets d’idées, combinés au
568
plication. On sait ce que nous visons. Mais quels
sont
nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir
569
ement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste a
été
conçue et s’élabore dans quelques cercles assez restreints. L’idée na
570
z restreints. L’idée nationaliste qui s’y oppose,
est
entretenue sans relâche par d’innombrables haut-parleurs, porte-parol
571
des théories hégéliennes du siècle dernier. (Ce n’
est
pas l’agitation du parti communiste, mais un certain enseignement de
572
juste de l’histoire commune des Européens. Ceci n’
est
qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstac
573
n’est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où
sont
les principaux obstacles à l’avènement d’une Europe unie, nous trouvo
574
ts, puis en forces motrices. Première zone : elle
est
créée par l’absence de pente, le défaut d’orientation générale. On ve
575
si de les rendre dynamiques. Deuxième zone : elle
est
créée par l’inconscience générale de la situation de l’Europe dans le
576
tional ou balkanisation du continent. La solution
est
ici de rétablir un réseau européen d’échanges à travers nos frontière
577
’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en
sommes
venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En qu
578
illeures forces scientifiques d’aujourd’hui, vont
être
consacrés à cette étude. Une série de publications allant de l’ouvrag
579
uil de cette cinquième année de nos travaux, ce n’
est
pas un bilan qu’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il es
580
n vient de présenter mais un programme. Tel qu’il
est
, réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde encore
581
rer très proche du Centre, une seconde initiative
est
en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et e
582
oie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont
été
signés et enregistrés les statuts de la Fondation européenne de la cu
583
he en général ? Et pourquoi le besoin de chercher
est
-il vital pour les Européens ? À la première question, portant sur la
584
de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’
est
pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le c
585
ournal. La recherche dont je voudrais vous parler
est
en réalité tout autre chose. C’est une passion. Et cela revient à dir
586
e passion. Et cela revient à dire qu’elle ne peut
être
satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’esprit de recherch
587
L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’
être
sans fin ni cesse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il
588
our caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’
être
indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il trouve, au lieu de l’apai
589
tit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’
est
pas un instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurais m
590
ale et définitive. Elle voulait quelque chose qui
fût
au-delà de toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout
591
le monde et l’inconnu. Et c’est pourquoi sa faim
était
inextinguible. Seuls les très grands mystiques vont ainsi droit au bu
592
que par l’intelligence mathématique, non par leur
être
tout entier. Et le reste des hommes s’arrête en chemin, plus ou moins
593
formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’
est
jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou inconsc
594
uer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils
sont
hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de dépasse
595
ces — cet horizon dernier reste le même, quel que
soit
le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi t
596
de la recherche occidentale. La civilisation qui
est
née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore,
597
urope a dominé le monde pendant des siècles. Elle
est
encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la c
598
u’on imite partout, même quand on la combat. Elle
est
donc encore la plus forte. Pourtant, si on la compare aux autres, pas
599
ne pense pas que cette inquiétude et ce désordre
soient
accidentels. Je pense même qu’ils remontent aux sources vives de notr
600
sources vives de notre civilisation, et qu’ils en
sont
inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le chri
601
iétude provient de notre foi, et nos incertitudes
sont
créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d
602
te, pas même un seul » et que pourtant il devrait
être
saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivan
603
vrait être saint. Il sait que le péché consiste à
être
séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il
604
paré de la Vérité vivante, et que tous les hommes
sont
pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et
605
la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il
est
pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet per
606
est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il
est
donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétud
607
t les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle
est
normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’es
608
’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle
est
produite par sa foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensuite l
609
« vérités » qu’établissent les écoles successives
sont
relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et q
610
es successives sont relatives et provisoires, ont
été
dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être de la
611
l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’
être
de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sa
612
e, et que pourtant la raison d’être de la Science
est
de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse —
613
e — pour s’approcher d’un but toujours fuyant, il
est
soutenu par sa confiance en la raison et l’expérience vérifiante. La
614
ertitudes que l’on croyait acquises, d’autre part
est
le gage d’un progrès vers le vrai. Ainsi donc, du désordre vers un ce
615
tude perpétuelle, dont vous venez de voir qu’elle
est
déterminée par les deux forces principales qui ont produit notre civi
616
dominer, alors que nous Européens, n’avons jamais
été
découverts par personne, notez-le bien. C’est une passion inquiète de
617
ans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui
est
à l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniques,
618
t surtout au xxe siècle, à la technique. Or quel
est
le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ?
619
é de vous faire voir que le génie de la recherche
est
le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière remarque : le gén
620
dernière remarque : le génie de la recherche pure
est
la condition même de la survie de l’Europe. C’est en effet la techniq
621
turel et spirituel de notre civilisation. Rien ne
serait
donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des clois
622
ns jamais que la culture pure, la recherche pure,
est
l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite h
623
choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’
est
qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le comm
624
, la culture n’est qu’un luxe, et que l’important
était
d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confondait, je le crain
625
sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’
est
pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouv
626
mathématicien. Il s’appelait Léonard Euler, et il
était
né à Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très savant
627
e de commentaires. Nulle autre, me semble-t-il, n’
était
mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à l’él
628
décembre 1954–janvier 1955, p. 9‑13. w. Le texte
est
précédé de la note suivante : « Lors de l’inauguration du Battelle Me
629
Habeas Animam (
été
1955)x y Situation de l’homme au xxe siècle Le totalitarisme
630
arce qu’elle s’attaque à la notion de l’homme qui
fut
l’origine décisive de cette civilisation, et qui en restera le plus h
631
et qui en restera le plus haut achèvement. Ce n’
est
plus seulement la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est
632
la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui
est
contestée au xxe siècle, mais déjà son identité, le droit de chaque
633
lavage mental d’une grande partie de l’humanité n’
est
plus une utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuv
634
e utopie : ses moyens scientifiques existent, ils
sont
à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civi
635
’histoire n’a pas vue le précédent. Mais l’Europe
est
elle-même en grand péril. Les peuples qu’elle a civilisés retournent
636
d’Américains. La raison de cet apparent paradoxe
est
simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seul
637
s à l’union Les obstacles à l’union européenne
sont
actuellement d’ordre moral, bien plus que matériel. Voici les princip
638
» qui ont épuisé leurs vertus au xixe siècle et
sont
devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre s
639
nous amène tout près des résultats que celui-ci s’
était
proposé, les oppositions se raidissent, et se démasquent. Certes, les
640
réveiller un sentiment commun des Européens Il
est
donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale des E
641
ns Il est donc évident que le nœud du problème
est
dans l’attitude morale des Européens eux-mêmes. À défaut d’une prise
642
us les traités et pactes que l’on pourra conclure
seront
insuffisants, viendront trop tard, ou resteront lettre morte. Si au c
643
situation. Le Centre européen de la culture a
été
fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a comme
644
sur un plan supranational, comme si déjà l’Europe
était
unie. Fort de ces premières réalisations qui lui assurent une base d’
645
ent ? L’idée de former un groupe d’Amis du Centre
est
né de semblables questions. Les Amis du Centre ne seront pas une org
646
é de semblables questions. Les Amis du Centre ne
seront
pas une organisation, ni un comité, ni un mouvement de plus. Mais d’a
647
ra dans le groupe. L’action individuelle des Amis
sera
la première condition de l’efficacité du groupe. Celui-ci doit se com
648
iverses, mais ayant en commun ces deux traits : d’
être
acquise à l’idée européenne, et d’exercer une influence incontestée d
649
instrument de diffusion ou d’exécution. Mais s’il
est
vrai que les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinaire isol
650
création d’une Fondation européenne de la culture
serait
de nature à modifier, par sa seule existence, le climat intellectuel
651
, sans statuts ni publicité, c’est ce que doivent
être
les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils
652
ienter, en vue d’une grande tâche historique, qui
est
celle de cette génération. La force dont ils auront besoin est certes
653
cette génération. La force dont ils auront besoin
est
certes d’ordre spirituel d’abord, mais toutes les autres en découlent
654
, mais toutes les autres en découlent, quand elle
est
là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, ma
655
utres en découlent, quand elle est là, et qu’elle
est
vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritabl
656
els. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne
sera
pas créée par de discours et adjurations passionnées, ni par un soulè
657
ulletin du Centre européen de la culture, Genève,
été
1955, p. 1-6. y. Ce texte est précédé de l’introduction suivante : «
658
a culture, Genève, été 1955, p. 1-6. y. Ce texte
est
précédé de l’introduction suivante : « L’idée naquit en décembre 1952
659
aquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’à l’
été
1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent aussi
660
ndation à l’échelle européenne — des hommes qui s’
étaient
signalés dans leur sphère d’influence par leur intérêt actif pour la
661
n Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. Lecture leur
fut
donnée du texte suivant. »
662
résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en
fut
que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de l
663
tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n’
est
donc pas l’amour qui triomphe de la haine, ni la raison des folies pa
664
les et l’entre-deux. Si le contraire de la guerre
était
la paix, le contraire de ce court-circuit, c’est la détente. La quest
665
vre pourtant des avenues, c’est de savoir quelles
sont
les chances de la culture telle que nous la concevons en Europe : le
666
ies, au-delà du machinal et de l’animal. Quels
seront
les bénéficiaires de la détente ? Beaucoup s’inquiètent, des deux
667
deux côtés du rideau de fer. La détente, si elle
est
vraie, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est prop
668
i profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’
Est
propose — avec une insistance particulière dans la note invitant à Mo
669
i doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’
est
-ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant le
670
’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange
est
une forme de vie culturelle congénitale à l’Occident, mais dans laque
671
t. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il
est
encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce
672
urquoi vous avez l’air soucieux. Vous répondez je
suis
fauché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner à faire
673
plan de la culture et de la vie quotidienne. Tout
est
public chez nous, tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nou
674
vie quotidienne. Tout est public chez nous, tout
est
ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui se passe
675
le, vous n’avez vraiment rien à y perdre. Et nous
serons
enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l’Europe
676
ropéens. Ils vont dire : mais s’il y a détente, n’
est
-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc
677
ope ne dépendent pas de la menace soviétique. Ils
seraient
à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontières, avec
678
l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’elle
est
affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seulement sa
679
mais son essor social et culturel. C’est qu’elle
est
menacée par la révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’el
680
de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’elle
est
sommée par l’Histoire de dépasser le stade des souverainetés absolues
681
russe, ni d’une pression américaine. Car les uns
sont
inscrits dans les données internes de l’Europe, les autres dans le ra
682
t reprendre, un dialogue va s’instituer. Quels en
seront
les interlocuteurs ? Du côté russe, la chose est claire : tous ceux q
683
ront les interlocuteurs ? Du côté russe, la chose
est
claire : tous ceux qui parleront le feront au nom de Moscou et des pr
684
un dialogue avec leur écho. Les neutralistes ? Ce
sont
les défaitistes de l’Occident, ils n’ont rien de positif à proposer a
685
nion générale de l’Europe. Les gouvernements ? Il
est
probable qu’ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pa
686
. S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce
serait
normal : France-Biélorussie, Allemagne-Géorgie, Hollande-Ukraine, Lux
687
ent fort heureusement dans nos pays. Mais le fait
est
qu’il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions
688
la culture avec une conception totalitaire. Or il
est
clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cult
689
litaire. Or il est clair que nos gouvernements ne
sont
pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni de l
690
gués officiels de telle ou telle nation isolée ne
serait
pas un dialogue sur pied d’égalité entre A et B, figurant deux points
691
x points de vue bien distincts et valables. Ce ne
serait
guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-
692
t non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente
est
vraie, un dialogue véritable doit s’instituer entre Moscou d’une part
693
ntre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’elle
est
, d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus que jama
694
ce vivante d’une unité de destin et d’avenir, qui
est
la condition nécessaire et presque suffisante de la fédération. Id
695
doctrine unitaire et obligatoire, en Occident, n’
est
nullement une cause d’infériorité dans le dialogue avec la doctrine t
696
à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes,
est
un des éléments premiers de notre force. L’Occident n’a donc pas de m
697
ent n’a donc pas de motif de redouter quoi que ce
soit
d’un libre échange conforme à l’essence même de la culture. N’ayant q
698
de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il
est
, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il
699
, aux offres répétées des Russes. Ces offres nous
sont
faites au nom de la paix, dans l’esprit qu’on nomme de nouveau « l’es
700
les envoyer parler aux Russes ! Plus ces penseurs
seraient
« représentatifs » d’une doctrine officielle d’ailleurs inexistante —
701
opéens, à la faveur d’une telle confrontation, ne
seraient
-ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anarcho-indiv
702
es, comment les appliquons-nous ? Le problème qui
est
ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas
703
ppliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’
est
-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au trio
704
deux attitudes confrontées ? Pour nous autres, ce
serait
assez. Car remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’est pas l
705
remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’
est
pas le renier, mais le vivre. 12. Pietro Quaroni, Croquis d’ambass
706
Pour les grands festivals de musique l’Europe
est
faite ! (octobre 1955)aa À la fin de 1951, répondant à une invitat
707
. L’idée initiale des promoteurs de l’association
était
de présenter les meilleurs festivals existants dans leur ensemble, co
708
alisations auxquelles il donne naissance. Il doit
être
capable d’affronter les lentes et difficiles périodes d’adaptation au
709
ériodes d’adaptation aux réalités telles qu’elles
sont
, sans perdre pour autant son pouvoir d’entraînement au-delà de ces ré
710
s festivals et leur association. — Le secrétariat
sera
désormais chargé d’assurer les contacts internationaux des festivals,
711
pays. L’organisation de « pèlerinages musicaux »
sera
développée dans un souci de qualité culturelle. Un bulletin périodiqu
712
aîtra prochainement. Enfin, la brochure-programme
sera
sensiblement améliorée, sur la base des expériences acquises. II. Éch
713
des expériences acquises. II. Échanges. — Après s’
être
informés mutuellement de leurs projets pour la saison 1956, huit des
714
plus coûteuses. D’autres échanges de cette nature
seront
organisés par l’intermédiaire du secrétariat. Un service d’informatio
715
nouveautés intéressantes dans le domaine musical
sera
constitué sans délai. III. Entreprises communes. — L’étude d’un proje
716
projet de revue musicale européenne des festivals
sera
reprise sur des bases nouvelles. Des archives de documentation sur le
717
si que sur les artistes, chefs d’orchestre, etc.,
seront
mises à la disposition des membres de l’association. Enfin, certaines
718
s manifestations collectives de l’association ont
été
envisagées pour l’année prochaine. L’exécution de ce programme élargi
719
n de ce programme élargi, mais cependant concret,
sera
confiée au nouveau secrétaire général de l’association, que l’assembl
720
« Pour les grands festivals de musique, l’Europe
est
faite ! », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, octobre
721
ov » à Genève. La question des échanges culturels
serait
donc tranchée négativement, les dix-sept offres ou demandes occidenta
722
es dix-sept offres ou demandes occidentales ayant
été
rejetées par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aurait
723
usqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse nous
soit
proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, pour t
724
s paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’
est
pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux échanges
725
cidentales relatives aux échanges culturels aient
été
rejetées uniformément. (Nous donnons plus loin un résumé analytique d
726
ites espérées à leurs ouvertures officielles de l’
été
dernier. 3. Le désir d’engager le dialogue, ou simplement de mieux co
727
marqué, la notion même d’échanges culturels doit
être
clarifiée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges ont un but p
728
tes officiels du type Ehrenbourg, les échanges ne
sont
qu’une occasion de présenter la dictature soviétique sous des aspects
729
ant quelques instants. Pour nous, les échanges ne
sont
qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence dans la
730
ue vrai. Les deux premières formes « d’échanges »
sont
trompeuses, parce qu’elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sa
731
es « d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles
sont
à sens unique : volonté d’acquérir sans rien donner, volonté de conva
732
eur. Seules, les deux dernières formes d’échanges
seront
envisagées dans ce bulletin, et donneront lieu aux propositions concr
733
n au problème actuel des échanges avec l’URSS. Il
sera
suivi d’un examen documenté de la situation présente, sur la base duq
734
enté de la situation présente, sur la base duquel
sont
établies nos propositions. ab. Rougemont Denis de, « Après l’échec
735
ces semi-légendaires de Novgorod puis de Kiev, ne
sont
en fait pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’était gauloi
736
pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’
était
gaulois. Les Scandinaves apportent une organisation politique étrangè
737
ées, plus l’idéal d’une Troisième Rome, idéal qui
sera
puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de co
738
ta pour la Russie le règne de Pierre le Grand. Il
fut
« le premier technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’on a
739
et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme ne
fut
autre chose que la première révolution, dans le plein sens du mot, qu
740
lle dans les constructions navales en Angleterre,
est
reçu à Riga, Königsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Par
741
el Defoe, qui écrit sur lui toute une étude, « il
est
le self-made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île est un imme
742
made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île
est
un immense empire où il fait triompher la civilisation par des moyens
743
partenant entièrement au domaine de la vie privée
furent
abrogées, et d’autres, comme l’arbre de Noël importé d’Allemagne, ren
744
une mitre portant une effigie obscène de Bacchus,
était
contraint de jouer le rôle du « très-bouffon et très-ivre patriarche
745
qui tienne de la filature et de la caserne, et ne
soit
pas sans rappeler les docks de Londres et les chantiers de Saardam.
746
ératrice sous le nom de Catherine, en 1724. (Elle
sera
la « Catherine le Grand » du prince de Ligne et l’idéal des encyclopé
747
sassin de son fils comme Ivan le Terrible l’avait
été
du sien) que Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement rus
748
crira sa phrase célèbre : « Le gouvernement russe
est
une monarchie absolue tempérée par l’assassinat. » Sous Catherine, l
749
ie barbare et au mélange babylonien d’idiomes qui
étaient
de règle sous Pierre le Grand. Des architectes, des sculpteurs, des p
750
culture née de la révolution pétrovienne n’avait
été
au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la nou
751
gène et plus stable que l’ancienne. Cette culture
était
russe dans le sens le plus strict du mot, exprimant des états d’âme,
752
t si le peuple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’
était
pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pa
753
comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle ne
fut
pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore une nation
754
ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’
était
pas encore une nation. Une mode russe se crée en Europe, comparable
755
ondent aux chinoiseries du temps de Louis XV. Il
est
en fait impossible d’imaginer le xviii e siècle européen sans ce nouv
756
ù règne la correspondante des encyclopédistes. Il
est
clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et plu
757
léchir à la conquête culturelle de la Russie. Ce
fut
une véritable ruée de savants, d’érudits, d’ingénieurs, de technicien
758
s d’un égard, cet empire et sa capitale pouvaient
être
considérés comme de simples avant-postes de l’Occident, des avant-pos
759
ficié d’une espèce de floraison posthume. Ainsi y
fut
conservé le ballet classique à une époque où il s’étiolait complèteme
760
. Mais pour avoir une vue plus complète de ce que
fut
l’apport de l’Occident dans la vie russe, il faut y distinguer deux i
761
ours. Pendant près de deux siècles, le français a
été
la première langue étrangère qu’apprenaient les enfants russes de bon
762
s grand poète du pays avouait que le français lui
était
plus familier que sa propre langue et s’en servait de préférence pour
763
dans le domaine de l’organisation politique, ce n’
est
pas l’Encyclopédie, c’est l’Allemagne, c’est la Prusse de Frédéric qu
764
Nicolas Ier, dont « l’empire knouto-germanique »
sera
dénoncé par Bakounine. (Ainsi, plus tard, le socialisme allemand de M
765
s d’une vision élargie des choses ; Alexandre Ier
est
lui-même un « humanitariste » russe, qui s’entretient avec Owen des n
766
ents culturels : l’Europe, non point la Moscovie,
est
son passé. Il est le légataire de ses trésors les plus précieux, de
767
Europe, non point la Moscovie, est son passé. Il
est
le légataire de ses trésors les plus précieux, de ses souvenirs les p
768
de l’Italie, afin qu’aucune région de l’Europe ne
soit
dorénavant étrangère à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen
769
à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen
est
le premier grand écrivain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes
770
vain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes d’
être
né Russe, un certain équilibre s’établit entre l’influence occidental
771
hautes régions de la vie nationale ; elle n’a pas
été
capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sources de la
772
de la vie russe. Une des sources de la révolution
est
là ; car celle-ci est une révolte déguisée, non pas contre l’Occident
773
es sources de la révolution est là ; car celle-ci
est
une révolte déguisée, non pas contre l’Occident, mais contre les vale
774
(d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui a
été
créé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e siècl
775
érature russe, de Lermontov et Gogol à nos jours,
est
tout entière issue de la révolution spirituelle déclenchée par le rom
776
sonne d’un Ivanov, d’un Sourikov ou d’un Wroubel,
est
restée fidèle par certains côtés à des sources d’inspiration profondé
777
vé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’
est
parvenue à exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation de
778
gique de la chrétienté orientale. Or, tout cela n’
est
pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté ess
779
l’influence inverse de la Russie sur l’Occident n’
est
que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme raje
780
rit dans lequel un Tourgueniev ou un Tchékhov ont
été
lus en France ou en Angleterre n’est pas quelque chose que l’on puiss
781
Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’
est
pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement po
782
r les grandes créations de la culture russe, ce n’
est
pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dosto
783
x patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe
est
notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus enco
784
us encore. » « Nous entrevoyons que l’idée russe,
sera
peut-être la synthèse de toutes les idées développées par l’Europe. »
785
tion européenne de la Russie. Pour lui, la Russie
est
une meilleure Europe, ou si l’on veut, une meilleure chrétienté appel
786
de plâtre jaune paille, airelle ou vert d’eau. Il
est
vrai que lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits san
787
ais, par une de ces nuits sans nuit du début de l’
été
, où le granit même se dissout dans le ciel décoloré et où les colonne
788
ssout dans le ciel décoloré et où les colonnes ne
sont
plus que des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui vous e
789
era la culture russe pendant tout le xix e siècle
sera
celui des occidentalistes et des slavophiles : or il est entièrement
790
ui des occidentalistes et des slavophiles : or il
est
entièrement centré sur le rôle de l’Europe en Russie. En 1836, un an
791
lus glorieux de l’Occident. Ses vues sur l’avenir
étant
plutôt sombres, elles aussi, le tsar s’en émut au point de statuer qu
792
e tsar s’en émut au point de statuer que l’auteur
était
un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettres ne parut poi
793
e statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue
fut
interdite, la suite des Lettres ne parut point ; et pourtant ce cause
794
t qu’en français naturellement (le texte publié n’
était
qu’une traduction) n’avait nullement récusé les tendances générales d
795
lutôt plus strictement occidentale — qu’elle ne l’
était
devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’envergure da
796
— qu’elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il
est
le premier théoricien d’envergure dans le camp des occidentalistes.
797
des grands penseurs allemands de Fichte à Hegel,
étaient
les premiers partisans, en Russie, d’un nationalisme éclairé, généreu
798
es de la Russie ancienne. Le peuple et l’histoire
furent
leurs idoles, à l’instar des romantiques allemands (la « slavophilie
799
ilie » tout entière, en tant que système d’idées,
est
d’origine nettement et exclusivement germanique). Ils dépréciaient l’
800
ue les slavophiles, adversaires de l’Occident, ne
sont
que des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe, Alexa
801
rope, qu’il découvre pendant son exil, lui paraît
être
« au bord de la perdition morale »16. Sa dénonciation de la bourgeois
802
s17. Intelligentsia, révolution, censure Qu’
est
-ce que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui ap
803
ui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’
est
pas l’ensemble des intellectuels proprement dits, mais plutôt une « c
804
i caractérise un membre de l’intelligentsia, ce n’
est
pas tant sa qualité d’intellectuel (beaucoup de grands écrivains et s
805
pinions modérées. « Un minimum d’esprit subversif
était
une condition à la fois nécessaire et suffisante pour être admis au s
806
condition à la fois nécessaire et suffisante pour
être
admis au sein de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’est p
807
de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’
est
pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très important d
808
pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il
est
très important de répéter que les idées libérales ont toujours été fa
809
t de répéter que les idées libérales ont toujours
été
faibles (en Russie), qu’il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libér
810
y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident,
était
théorie scientifique, sujette à la critique, hypothèse, ou, en tout c
811
partielle, sans prétention à l’universalité, — s’
est
mué, pour l’intelligentsia russe, en une affirmation qui confinait à
812
tiers, la réserve ou le criticisme sceptique leur
est
une attitude presque étrangère. Sans doute y a-t-il là une lacune, un
813
la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’
est
fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie bio
814
. Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme a
été
pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion, mai
815
dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck,
étaient
en butte à son mépris. Le philosophe le plus important du xix e siècl
816
science — c’est-à-dire les sciences naturelles —
sera
posée en objet de foi, transformée en fétiche… Le doute méthodique de
817
rmée en fétiche… Le doute méthodique de Descartes
est
peu fait pour les Russes en général, toujours enclins à l’affirmation
818
l’affirmation intégrale. L’élément sceptique leur
est
hétérogène, étranger, et ne pénétrera pas non plus leur matérialisme
819
nétrera pas non plus leur matérialisme : celui-ci
sera
un matérialisme croyant. Comment réagit l’État russe, continuellemen
820
erfs). On ne leur en sait aucun gré (Alexandre II
est
assassiné). Tous pratiquent la répression par la censure. Mais cette
821
putés subversifs ; et tous les livres occidentaux
sont
lus par l’intelligentsia et par le public cultivé. Marx est introduit
822
r l’intelligentsia et par le public cultivé. Marx
est
introduit en Russie par Tchaktev, dans les années 1870, puis par Plek
823
les années 1880. Mais une censure en sens inverse
est
exercée par l’intelligentsia : La censure officielle sévit à l’aveug
824
progressistes » (les autres, d’un commun accord,
sont
interdites aux honnêtes gens), ou par un silence obstiné à l’égard de
825
and talent — Leskov, Léontiev, Pissemski — en ont
été
persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’à ce jour, grâce à
826
l’essor culturel (1880-1917) La fin du siècle
est
marquée en Russie, comme en Europe de l’Ouest, par un relâchement du
827
Russie et les autres pays européens paraît avoir
été
complet, rapide, et fructueux. Rappelons à cet égard quelques exemple
828
-décorateurs, Benois, Léon Bakst, Golovine, etc.,
sont
révélés à Paris au cours de la première saison des Ballets russes de
829
u théâtre du Châtelet. Le triomphe de ces ballets
est
assuré par la musique russe nouvelle, œuvre des élèves de Rimski-Kors
830
ces œuvres (même tronquées ou digested, comme ce
fut
le cas en Erance). Un groupe important de penseurs religieux, de Solo
831
historiens, des philosophes occidentaux n’avaient
été
aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fait au cours
832
e, d’Espagne et d’Italie. Un Ibsen, un Strindberg
étaient
passionnément admirés en Russie alors qu’ils étaient encore à peine c
833
ient passionnément admirés en Russie alors qu’ils
étaient
encore à peine connus en France, tandis que la peinture et la littéra
834
is que la peinture et la littérature françaises y
furent
accueillies plus chaleureusement encore et y exercèrent une influence
835
tions « Monuments de littérature mondiale » avait
été
si puissant qu’on l’imita même après la révolution, comme en témoigne
836
rendit possible celle des icônes. Rien de ce qui
fut
compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en d
837
cônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui
fut
créé à cette époque n’est concevable en dehors de ces nouvelles conna
838
compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’
est
concevable en dehors de ces nouvelles connaissances, de ces nouveaux
839
et élargissement général de l’horizon… Le temps
était
venu où Dostoïevski et Tolstoï, Tourguéniev et Tchékhov allaient joue
840
usicale et théâtrale de l’Occident. Mais voici l’
été
de 1914 : il surprend la Russie dans un état de malaise social et spi
841
mmense pays, le mois de juillet de cette année-là
était
torride. Les forêts brûlaient ; on sentait jusque dans les grandes vi
842
3. Les Varègues, guerriers-marchands scandinaves,
étaient
appelés Rôs par les Grecs, d’où Russes. 14. Vladimir Weidlé, La Russ
843
ticulière, tous les passages entre guillemets lui
seront
empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend à rien d’original. 15.
844
l’influence exercée par les intellectuels exilés
fut
grande chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’avoir disparu c
845
és fut grande chez les dirigeants tsaristes. Elle
est
loin d’avoir disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont pa
846
disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci
sont
payés pour savoir que leur révolution est venue de l’étranger, de l’E
847
eux-ci sont payés pour savoir que leur révolution
est
venue de l’étranger, de l’Europe de l’Ouest, avec Lénine. D’où les ph
848
Que s’
est
-il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu don
849
propositions suivantes : 1. « …que toute censure
soit
progressivement supprimée. » 2. « …prévoir, sur une base de réciproci
850
s producteurs de films des trois pays occidentaux
sont
prêts à proposer leurs films à l’URSS aux conditions et prix commerci
851
t prix commerciaux normaux. Les films soviétiques
sont
déjà introduits en Europe occidentale à de telles conditions. » 7. «
852
émissions de nouvelles et d’informations… devrait
être
supprimé. » 9. « …échange mensuel d’émissions de radio traitant des é
853
immédiates pour supprimer « la censure à laquelle
sont
soumises les dépêches des journalistes à destination de l’étranger ».
854
e représentants de la vie sociale et culturelle »
serait
utile. « M. Macmillan a parlé d’une réglementation de l’opinion publi
855
nion publique en URSS… Cette sorte d’attaque nous
est
connue… Toutefois, ceux qui prendront connaissance de l’histoire de n
856
tre pays… pourront voir à quel point notre peuple
est
épris de liberté… Il est également facile de constater à quel point…
857
quel point notre peuple est épris de liberté… Il
est
également facile de constater à quel point… tout le travail de notre
858
uel point… tout le travail de notre gouvernement (
est
) imprégné du souci du bien-être du peuple et du désir de lui assurer…
859
s soviétiques… Vous voyez que les premiers succès
sont
incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut do
860
ions de ce genre et les considère déplacées. Il a
été
dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique auraien
861
vec le monde extérieur. Ces sortes d’affirmations
sont
dénuées de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union
862
uvernement soviétique juge important de supprimer
sont
les contrôles de matériel stratégique, objet clairement exclu par nos
863
durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent
être
pour toujours exclus comme subversifs, les journaux bannis comme corr
864
ent passer pour de l’espionnage, ni les voyages n’
être
permis qu’à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu
865
e petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’
est
qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière
866
ci n’est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je
suis
convaincu que derrière cette façade de xénophobie et d’insularité, il
867
r quelque chose de nos peuples. Toute la méfiance
est
au sommet. Toute l’amitié est en bas, dans le peuple. M. Pinay (14 n
868
. Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié
est
en bas, dans le peuple. M. Pinay (14 novembre) : En fait, les propo
869
ux échanges techniques. Aucune indication ne nous
est
donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, q
870
ée qui permette d’espérer que la censure pourrait
être
allégée, qu’une information plus objective pourrait être mise à la di
871
légée, qu’une information plus objective pourrait
être
mise à la disposition des populations… La seule réponse que fait le g
872
à nos propositions constructives et conciliantes
est
de nous demander l’abolition des contrôles stratégiques. Ces contrôle
873
ible incidence sur le volume des échanges. Nous
sommes
convaincus qu’une grande partie de la méfiance actuelle disparaîtrait
874
lle disparaîtrait, si les populations soviétiques
étaient
en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à trave
875
taient en mesure de nous connaître, tels que nous
sommes
et non plus à travers les déformations de la propagande. M. J. Foste
876
e) : Les voyages, pour le citoyen soviétique, ne
sont
pas ce qu’on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir, mais
877
onfirme le fait que le système du bloc soviétique
est
fondé sur des conditions artificielles qui ne peuvent tolérer le libr
878
ues semblent effrayés par l’idée que leur système
serait
ébranlé si le peuple était librement informé, comme il l’est ailleurs
879
idée que leur système serait ébranlé si le peuple
était
librement informé, comme il l’est ailleurs… (15 novembre) : Je reg
880
si le peuple était librement informé, comme il l’
est
ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’être obligé de constater q
881
l’est ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’
être
obligé de constater que le nouveau projet soviétique… ne contient pra
882
, de nouvelles, d’informations non censurées, ont
été
rejetés ». (16 novembre) : Aucune proposition concrète des Occident
883
e d’idées et d’informations entre nos peuples n’a
été
jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse qu’a
884
urs, même s’il doit rester lent et inégal, puisse
être
aisément renversé. Tableau récapitulatif Propositions occidental
885
ien Non ae. Rougemont Denis de, « Que s’
est
-il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture : «
886
ffère de nous, nos convictions les mieux motivées
soit
religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de pa
887
s convictions les mieux motivées soit religieuses
soit
humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous po
888
nos propres nations européennes. Cependant, nous
sommes
très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur le pri
889
s très conscients de ce que la culture soviétique
est
fondée sur le principe autoritaire et unitaire que la plupart des tsa
890
utrement dit : si le dialogue « à l’occidentale »
était
admis par les interlocuteurs russes, il n’y aurait plus de dialogue E
891
représenter valablement leur régime. Ce paradoxe
est
aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la n
892
ent leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’il
est
gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particuliè
893
s à découvrir les bases, si étroites et précaires
soient
-elles. Nous éliminerons par principe toutes les propositions qui pou
894
de telles demandes normales et justes : que cela
soit
dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de questio
895
dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il
est
hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiellement
896
ussi qu’il est hors de question qu’elles puissent
être
acceptées même partiellement par les dirigeants soviétiques, dans les
897
s et impérialiste », et de son parti unique, nous
serions
obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En retour,
898
il peut sembler que toute espèce de dialogue réel
soit
exclue par de telles données de fait. La base commune, le minimum de
899
okhov) et par les dirigeants du Kremlin eux-mêmes
est
également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratique
900
pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà)
être
tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce
901
(ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’
être
. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou forme
902
ropositions Les projets que nous avons étudiés
sont
précis et modestes, non spectaculaires et non susceptibles, à notre a
903
ectaculaires et non susceptibles, à notre avis, d’
être
exploités par la presse et la propagande dans l’un ou l’autre camp. I
904
e et la propagande dans l’un ou l’autre camp. Ils
sont
de trois types différents : — séminaires restreints réunissant des éc
905
uelques exemples, ces propositions de départ, qui
sont
toutes susceptibles de modifications et de mises au point éventuelles
906
chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour
être
utiles à l’homme. Et si je parle de nous, écrivains soviétiques, je p
907
ue nos relations amicales avec tous les écrivains
soient
aussi étroites et efficaces que nos relations de plus en plus solides
908
ni de l’autre on n’ait l’impression que la partie
est
truquée, et que les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dan
909
que les résultats se trouvent impliqués d’avance
soit
dans la formule même des débats, soit dans la composition du groupe24
910
és d’avance soit dans la formule même des débats,
soit
dans la composition du groupe24. Table ronde d’écrivains Thème g
911
x ou sept écrivains de chaque côté, les Européens
étant
tous choisis en dehors des partis communistes et de leurs filiales, e
912
ant chacun qu’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il
est
évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouver
913
e. (Il est évident que seuls les Russes devraient
être
autorisés par leur gouvernement, conformément aux principes en vigueu
914
ux sujets qu’elle souhaiterait traiter elle-même,
soit
huit en tout. Après élimination des sujets jugés inopportuns par l’un
915
entuels) il faudrait arriver à six sujets. Chacun
serait
alors introduit par un rapport écrit et traduit à l’avance. Et chacun
916
épart d’une journée des débats de la table ronde.
Seraient
éliminés tous sujets considérés par l’une ou l’autre partie comme sus
917
uples ». Sujets : À titre d’exemples, pourraient
être
proposés et acceptés du côté européen des sujets de ce genre (les uns
918
s ? dans quelle mesure ? L’écrivain soviétique en
est
-il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérési
919
? Si oui, comment l’améliorer ?) Tous ces sujets
sont
« brûlants », mais ils nous semblent ménager une mesure d’accord asse
920
de lieux célèbres de la vie littéraire pourraient
être
organisées en dehors des séances. Il n’est pas impossible que tous le
921
aient être organisées en dehors des séances. Il n’
est
pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à sim
922
mple titre d’exemples ou d’hypothèses de travail)
soient
jugés inopportuns par les Soviétiques, pour des raisons que nous igno
923
ions au moins savoir : 1. pourquoi et en quoi ils
sont
jugés inacceptables ; 2. quels seraient les sujets jugés acceptables.
924
t en quoi ils sont jugés inacceptables ; 2. quels
seraient
les sujets jugés acceptables. Ainsi le refus même des thèmes de discu
925
ons par avance en toute franchise. Si anodins que
soient
peut-être les sujets que les deux parties finiraient par accepter, no
926
par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue ne
serait
pas vain : parce qu’il répondrait au désir exprimé par un très grand
927
paix. Des séminaires de type analogue pourraient
être
organisés dans d’autres domaines bien délimités, comme par exemple :
928
mporte quelle discussion sur les principes. Telle
est
la conviction qui inspire les deux propositions suivantes : Équipe d
929
hodes sociologiques américaines. Ce vœu se trouve
être
aussi celui de beaucoup de chercheurs européens. Voici donc une conve
930
herches médicales.— Une formule analogue pourrait
être
adoptée par des groupes de chercheurs dans de nombreux domaines de la
931
ve, etc.) de la biologie et de la psychiatrie. Il
est
clair que la participation, déjà acquise, de délégations de savants s
932
ns itinérantes La visite d’un laboratoire peut
être
vitale pour un savant, mais vaguement pittoresque pour un homme sans
933
détails, mais cette précaution de principe devait
être
formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imagi
934
vait être formulée ; les modalités d’exécution ne
seront
pas difficiles à imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiq
935
er. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiques
sont
quasi quotidiennes en Occident· : Prokofiev, Chostakovitch et Katchat
936
ident· : Prokofiev, Chostakovitch et Katchaturian
sont
joués partout en Amérique et en Europe, au concert et à la radio. Nou
937
les œuvres récentes des compositeurs occidentaux
soient
jouées, dans des concerts spéciaux en URSS, par des orchestres et des
938
alement que les commentaires des œuvres exécutées
soient
écrits ou prononcés par des musicologues européens. Ainsi se trouvera
939
he, les concerts soviétiques en Europe pourraient
être
accompagnés des commentaires habituels rattachant tel aspect d’une œu
940
ses perspectives spécifiques. (Sinon le dialogue
serait
faussé, chacun se présentant à l’autre d’une manière artificielle, gu
941
onforme à ses convictions.) Les échanges de films
sont
peut-être encore plus délicats. Le cinéma détient une puissance de su
942
donc de limiter les échanges à quelques films qui
seraient
jugés par chaque partie soit représentatifs de son mode de vie, soit
943
elques films qui seraient jugés par chaque partie
soit
représentatifs de son mode de vie, soit typiques de ses recherches d’
944
ue partie soit représentatifs de son mode de vie,
soit
typiques de ses recherches d’art et de technique. Enfin, nous insisto
945
les propositions soviétiques d’échanges culturels
sont
vides de tout contenu concret, et de toute intention sincère d’abouti
946
. On retomberait alors dans la guerre froide, qui
est
la guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes les
947
d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous
sommes
prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « a
948
uoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui
seraient
libres chez nous, mais « autorisés » chez les Russes. Et cela par sim
949
en vertu de notre désir d’aboutir à si peu que ce
soit
qui puisse servir la paix, — objectif proclamé sans relâche par les S
950
f proclamé sans relâche par les Soviétiques. Nous
sommes
conscients de la pression diffuse et sans cesse croissante, qu’exerce
951
l’évolution historique, et dont les porte-parole
seront
donc fatalement mis au pas ou condamnés, demain ou après-demain, en R
952
ommunistes plus ou moins déclarés. (Cet exemple n’
est
pas imaginaire !) Il y aurait là maldonne et tricherie manifeste. 25
953
ux échanges culturels avec l’étranger. Ce désir s’
est
manifesté au Conseil suprême de l’URSS, lorsque celui-ci, au cours de
954
dans la normalisation de la situation mondiale. J’
étais
parmi les députés et j’ai voté avec enthousiasme pour cette déclarati
955
rts de l’URSS et peintre célèbre, répondit : « Ce
serait
nuisible pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop faci
956
le pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent
est
trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… L
957
chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui
est
facile se répand vite… Picasso par exemple… Les décadents, surréalist
958
ier 1956)ai Le terme de « relance européenne »
est
apparu dans la presse aux lendemains de l’échec de la CED devant le P
959
e le même : créer une autorité supranationale qui
sera
finalement capable de parler au nom des quelque 330 millions d’Europé
960
est du rideau de fer. Mais la méthode, au fond, n’
est
pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe par
961
se poser, c’est de savoir si la méthode elle-même
est
la meilleure. Ceux qui pensent surtout au succès de la CECA répondent
962
nt, voire penchent pour la négative. Mais quelles
sont
les autres méthodes proposées ? Il y a celle qui consisterait à faire
963
gistre l’échec global jusqu’à ce jour (l’Europe n’
est
pas encore unie) des approches partielles ou indirectes, des manœuvre
964
nnels. On demande donc que la question européenne
soit
posée ouvertement, dans son ensemble, à tous les citoyens d’Europe, s
965
pe bien défini, dont les unions fonctionnelles ne
seraient
que les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère en espri
966
litiques. Elle cherche à construire une union qui
serait
l’expression organique d’une vaste et complexe réalité humaine. Dison
967
vement, que la méthode des autorités spécialisées
est
surtout économique ; celle de l’agitation pour une Constituante essen
968
ralisme, sociologique. Les trois méthodes peuvent
être
défendues et critiquées à l’infini, pour des raisons théoriques ou pr
969
ou d’opportunité, de doctrine ou d’efficacité. Il
est
impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de même na
970
impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne
sont
pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids et les
971
nt pas de même nature : les meilleures pourraient
être
sans poids et les plus lourdes sans valeur. Même si l’on arrivait à s
972
Nous semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel
est
que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, fo
973
nalia (février 1956)aj ak M. Pierre Moser, qui
fut
, jusqu’à l’automne dernier, le directeur de l’Institut international
974
sous les auspices de l’Unesco à Gauting-Munich, a
été
chargé de diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous appor
975
es festivals de musique, M. Abraham van der Vies,
est
entré en fonction au mois de novembre dernier. Metteur en scène de re
976
ier. Metteur en scène de renom, M. van der Vies a
été
, pendant les cinq dernières années, directeur de l’Opéra national de
977
congrès par une dizaine de professeurs européens
seront
publiés prochainement grâce à une subvention de la Fondation européen
978
ommunauté européenne de culture ». Neuf objectifs
étaient
proposés par le document de travail n° 1 soumis aux participants : éq
979
tifiques européens. Les quatre premiers objectifs
sont
inscrits au programme culturel du Conseil de l’Europe et de son comit
980
tes. Plusieurs des autres points du programme ont
été
réalisés par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Bruges,
981
rts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’
est
bornée à adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’appr
982
orces de bonne volonté disponibles en Europe. Il
est
trop clair qu’elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux
983
s capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y
sont
consacrés jusqu’ici, avec des moyens scandaleusement limités. Obtenir
984
s scandaleusement limités. Obtenir que ces moyens
soient
augmentés, d’une manière massive et rapide, mais sans disperser les e
985
usions dans l’opinion publique, telle nous paraît
être
la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxelles pourraien
986
onseil de l’Europe. La direction des débats avait
été
confiée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résumé la
987
ns, un groupe d’études de vingt-deux membres, qui
sera
chargé de discuter les rapports préparés par des savants, historiens,
988
ésigné comme rapporteur général de la conférence,
sera
chargé par la suite de la rédaction d’un volume réunissant les études
989
réactions soviétiques — officielles ou privées —
sont
en général très lentes, on assez brusques. Au sujet de notre numéro s
990
numéro spécial de décembre 1955, elles n’ont pas
été
brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté européen
991
évu. Du côté européen, en revanche, les réactions
sont
déjà nombreuses. De Belgique, de Hollande, de France, de Suisse et du
992
resse favorables à nos propositions. Mais il faut
être
deux pour dialoguer. En attendant, citons quelques informations sur l
993
xistantes. ⁂ Le peintre français Chapelain-Midy a
été
l’hôte des peintres russes, à l’occasion d’une exposition d’art franç
994
scènes de genre. « Le client essentiel du peintre
est
l’État », qui lui commande des sujets déterminés, lui achète des toil
995
ent Cézanne comme le début de la décadence ». Ils
sont
très hostiles à Picasso et Matisse. Indifférents aux qualités plastiq
996
. » « Monde immobile et composé, où l’imagination
est
tuée par les exercices d’académie et d’observation. Aucune évasion n’
997
ces d’académie et d’observation. Aucune évasion n’
est
permise, aucune folie autorisée… Depuis huit ans, la sagesse prédomin
998
n scène des nègres du Sud des États-Unis, vient d’
être
représenté à Moscou, par des chanteurs de couleur. Grand succès — onz
999
ces officiels russes, tandis que 1000 exemplaires
sont
confiés à l’ambassade américaine. Pas une seule revue de France ou d’
1000
de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste
est
interdit. ar. Rougemont Denis de, « Europe-URSS : en attendant l
1001
fice des personnes, groupes et nations, que s’ils
sont
approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être dé
1002
soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit
être
désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être info
1003
dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit
être
informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle
1004
ion réguliers. Elle doit être informée. Elle doit
être
éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus
1005
éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit
être
rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europe et
1006
de la culture — dont elle demandait la création —
serait
« d’entretenir le sentiment de communauté européenne… dans les établi
1007
». Obéissant à ces directives initiales, le CEC s’
est
intéressé dès ses débuts au domaine de l’Éducation populaire. Une sér
1008
’est tenue à Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont
est
né le Bureau européen de l’éducation populaire, rattaché au CEC, bien
1009
ation européenne de la culture. Le numéro présent
est
destiné à servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose
1010
tative « d’éducation pour l’Europe ». L’essentiel
était
pour nous de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons
1011
nationalisme !) et que son insuffisance éducative
est
attestée, entre autres, par l’apparition spontanée, dans tous nos pay
1012
tion) qui essaient de subvenir à ses carences. Il
était
nécessaire de rappeler succinctement ces données générales du problèm
1013
, afin de définir l’esprit dans lequel viennent d’
être
élaborés les projets de la Fondation, les raisons de leurs limitation
1014
notre tentative, en tenant compte du fait qu’elle
est
la première de son espèce. at. Rougemont Denis de, « À pied d’œuvr
1015
ment européenne de l’éducation ? La question n’
est
nullement « académique ». Car s’il existe une telle conception spécif
1016
fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit
être
elle-même « européenne ». Précisons cela par une rapide comparaison p
1017
rites, au sacré social, tend à disparaître ; elle
est
remplacée par une instruction autant que possible neutre, c’est-à-dir
1018
jeune disciple un respect religieux des rites qui
sont
censés gouverner le réel (par exemple : rendre la terre et la femme f
1019
e de nullité le rite. En Europe, au contraire, il
est
courant que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’il veut louer
1020
tout contexte religieux, de tout prestige sacré,
est
distribuée à n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’imp
1021
ux tendances — l’autoritaire et la libertaire — n’
est
peut-être qu’un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal directe
1022
oins l’idéal directeur d’une éducation méritant d’
être
nommée européenne. Sera « bon Européen » l’homme qui aura su réaliser
1023
et URSS Dans les prolongements de l’Europe à l’
est
et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « co
1024
t s’exagérer jusqu’à la caricature de ce qu’elles
étaient
en Europe. Aux USA, le souci du respect de l’individu triomphe dans l
1025
ne crise aiguë, que les observateurs étrangers ne
sont
pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Améri
1026
u’aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École
est
devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les emp
1027
uer avec lui comme il leur plaît… L’idée générale
est
la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un p
1028
ît… L’idée générale est la suivante : si un texte
est
trop difficile, qu’on en choisisse un plus facile, un plus « moderne
1029
dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces lignes
sont
extraites du livre qu’une institutrice écœurée vient de publier aux É
1030
porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait
être
résumé de la sorte : on pousse le respect de l’individualité enfanti
1031
ns : si la formation intellectuelle qu’elle offre
est
de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend pas moins p
1032
es droits de la collectivité. Le trait distinctif
est
ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses ép
1033
ités et 510 sous-spécialisations. Le plan d’étude
est
rigoureusement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’a aucun dr
1034
du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 %
étant
consacrés aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours ap
1035
trois ans. Après quoi, quelques-uns des meilleurs
sont
autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctor
1036
t-cinq années, trois sur quatre des candidats ont
été
dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins du
1037
nt été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce
sont
ainsi les besoins du Plan, c’est-à-dire les besoins de la collectivit
1038
dire, le dressage utilitaire de l’individu. Nous
sommes
ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dan
1039
Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous
est
plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes-
1040
s posés, il nous est plus facile de définir ce qu’
est
la voie européenne. Pourquoi sommes-nous choqués par les excès améric
1041
de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi
sommes
-nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les res
1042
x excès conduisent à des résultats analogues, qui
sont
le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux règlem
1043
nt européenne apparaît alors bien clairement : il
est
de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
1044
la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne
serait
préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment
1045
préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne
serait
pas vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’un dressage, sa
1046
responsable. Liberté et responsabilité ne peuvent
être
vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l
1047
cation pour la liberté manquera son but si elle n’
est
pas en même temps et du même mouvement une éducation du sens de la re
1048
ncret, que le problème le plus urgent de l’époque
est
de former des responsables. (Tout en gardant bien dans l’esprit que c
1049
rop grandes, et au surplus trop mal connues. « Qu’
est
-ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout
1050
s sa liberté, sa prospérité et sa vie même… Et il
est
vrai que toutes ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont p
1051
es ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs —
sont
pour lui autant de mystères, dont il ne connaît le nom, la puissance
1052
sures techniques beaucoup moins claires. Comme il
est
d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social
1053
ires. Comme il est d’une famille « qui a toujours
été
de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche »
1054
de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut
être
que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famil
1055
ne peut être que de gauche », ou encore comme il
est
en révolte contre cette famille ou ce milieu, il votera gauche ou dro
1056
en, dans les conditions que j’ai décrites, et qui
sont
hélas bien réelles, se sente un homme responsable ? Les communistes s
1057
, se sente un homme responsable ? Les communistes
sont
les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, d
1058
ui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’
est
formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui le
1059
t comment s’est formée sa civilisation ; — ce que
sont
les forces principales qui le dominent, les désirs ou les rêves qui l
1060
? Tant que ce travail d’information n’aura pas
été
entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qu
1061
ravail d’information n’aura pas été entrepris, il
sera
vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas que
1062
ir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas quel
est
l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’à part
1063
partir du moment où ils auront appris : — quelle
est
la situation précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’est plu
1064
précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’
est
plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut dev
1065
un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce que
fut
naguère cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous aurons r
1066
enoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels
seraient
les effets prévisibles d’une union fédérale de nos forces, non seulem
1067
égrer l’homme dans la communauté Montrer ce qu’
est
le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, rendr
1068
e de nos communes aux destinées du continent, tel
est
le sens, le mouvement général, du premier effort nécessaire en vue de
1069
ais le mouvement inverse, de la partie au tout, n’
est
pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui q
1070
artie au tout, n’est pas moins nécessaire et doit
être
opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeune in
1071
s autres ; il deviendra lui-même éducateur. Or ce
sont
ces seuls responsables qui voudront l’Europe et la feront, et non les
1072
cole, à aucun de ses trois degrés. Les programmes
sont
déjà surchargés. Les « matières » ne cessent de devenir plus complexe
1073
ne perspective européenne. Alors l’Europe cesse d’
être
une idéologie, pour devenir une patrie réelle, un vrai milieu humain
1074
ux horizons plus vastes, un grand espoir ! Elle n’
est
plus un slogan politique et abstrait, mais une aventure personnelle,
1075
rope le film Blackboard Jungle : la description y
est
certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas
1076
, Genève, avril–mai 1956, p. 32-41. av. Ce texte
est
précédé du chapeau suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé à
1077
ant que cette communauté de conscience n’aura pas
été
réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays dans un
1078
n ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (qui
est
celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle majeur
1079
Ce n’
est
pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, proche
1080
bulletin ? À l’approche du temps des vacances, il
est
bon de se retourner vers les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce
1081
rs les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce n’
est
pas encore l’heure des bilans, mais celle de se demander si le cap es
1082
e des bilans, mais celle de se demander si le cap
est
bien fixé, et de vérifier les commandes. Le programme du Centre est c
1083
de vérifier les commandes. Le programme du Centre
est
connu : il suffit de lire les premières lignes de notre page de couve
1084
u milieu de juin, dix-neuf comités et conseils se
sont
tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de
1085
ter avec les possibilités qui existent ou peuvent
être
créées, et concevoir des solutions pratiques. Ensuite, il faut cherch
1086
les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’
est
pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter, au jour J, d
1087
le et souvent décisive de l’action. Quelles qu’en
soient
les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ain
1088
le dire un grand chef d’industrie français, ce n’
est
pas au pied du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouv
1089
t original : sur les relations culturelles avec l’
Est
et sur l’éducation européenne. Notre association des festivals a diff
1090
s dans sept pays. La charte européenne du sportif
est
désormais dans le domaine public. La Fondation a distribué des subven
1091
egard de nos plans. Les mois qui viennent doivent
être
ceux de la récolte effective des résultats ! Conférences pédagogiques
1092
parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont
été
conduits tout près de la ligne de départ… Que les résultats obtenus p
1093
inces encore au regard des plans en cours, rien n’
est
plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière re
1094
cours, rien n’est plus naturel et banal ; qu’ils
soient
satisfaisants, d’une manière relative, au regard des moyens dont disp
1095
peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’
est
qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumées
1096
s que tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe ne
sera
pas « faite » et sauvée par des plans, mais par des hommes qui la vou
1097
nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce n’
est
pas au pied du mur… », Bulletin du Centre européen de la culture, Gen
1098
Le Prix européen de littérature n’a pas
été
donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membres du jury
1099
bres du jury réunis au CEC, le communiqué suivant
était
remis à la presse le 14 juin : Le jury international du Prix europée
1100
nauté européenne des guildes et clubs du livre, s’
est
réuni à Genève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a déci
1101
pas attribuer le Prix cette année. Deux critères
étaient
fixés par le règlement du Prix : haute tenue littéraire et portée ass
1102
européen couronna deux romans dont l’un venait d’
être
écrit en vue du concours, et dont l’autre avait pour auteur un ouvrie
1103
Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne
sont
pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infime. Dans
1104
e inédits mais déjà acceptés par un éditeur — ils
étaient
admis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce furent de loin le
1105
mis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce
furent
de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoi
1106
modifié, et ce furent de loin les meilleurs — ce
sont
aussi ceux qui avaient le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il
1107
ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’
être
révélés par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orie
1108
nis de, « Le Prix européen de littérature n’a pas
été
donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, j
1109
rvatisme — « rira bien qui bougera le dernier ! »
serait
sa devise — ce petit livre incisif traduit le grand défi que nous adr
1110
sse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’
est
pas lancé par quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à tou
1111
ropéens. Les autres défis qui occupent nos forces
sont
secondaires : celui du monde communiste, celui du monde jaune, celui
1112
te, celui du monde jaune, celui du monde musulman
seront
surmontés ou non selon que nous deviendrons adultes ou pas… Les Europ
1113
eviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’
être
les contemporains des Américains et des Russes. On leur en propose le
1114
s et des Russes. On leur en propose le moyen, qui
est
de vivre à l’âge de l’Europe. Mais cela suppose une révolution : l’E
1115
profonde et brusque des esprits, car « l’obstacle
est
psychologique. Les frontières sont dans les habitudes et non dans la
1116
ar « l’obstacle est psychologique. Les frontières
sont
dans les habitudes et non dans la nature », et nos peuples préféreron
1117
bientôt ceux qui oseront leur dire « que l’Europe
est
une idée violente ». (Il ne s’agit pas d’une violence physique, on l’
1118
nce physique, on l’entend bien.) Ce livre devrait
être
lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’instituti
1119
ers d’institutions inter- ou supranationales : il
est
bref, il remplace avec bonheur les développements par les formules pa
1120
s développements par les formules paradoxales, il
est
plus agressif qu’il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’aut
1121
lucide simplicité : La mesure de l’homme moderne
est
devenue le continent. C’est pour un marché continental que le mineur
1122
ue le paysan moissonne son blé. Ils s’en moquent,
soit
. Chacun d’eux veut seulement pour lui la sécurité de l’emploi, la gar
1123
l’emploi, la garantie de l’écoulement et la paix,
soit
. Mais il faudra bien qu’ils sachent un jour que leur modeste revendic
1124
ue leur modeste revendication personnelle ne peut
être
satisfaite que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils n’en
1125
g de millions de soldats. Techniquement, la chose
est
facile. La machine à raser les frontières est au point. Derrière elle
1126
ose est facile. La machine à raser les frontières
est
au point. Derrière elle, les flots des économies confrontées ne s’ent
1127
entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’
est
précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez : par
1128
ontière voisine. Ou encore ceci : Aux Européens
est
offert le privilège d’inventer les règles d’une communauté moderne d’
1129
de tous les militants de l’Europe unie : Ce qui
est
européen, c’est l’insatisfaction créatrice, et la volonté de transfor
1130
transformer les choses, y compris cette chose qu’
est
l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créatur
1131
is cette chose qu’est l’homme. Mais aussi, ce qui
est
humain, c’est l’orgueil de la créature, et l’obstination à conserver
1132
la créature, et l’obstination à conserver ce qui
est
établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre à l’interrogatio
1133
tremble à la pensée qu’une telle décision puisse
être
l’enjeu d’une partie de « relance » jouée sur les tapis verts des cha
1134
es locaux, régionaux, nationaux et internationaux
sont
à l’œuvre dans le domaine de l’éducation populaire (ou adult educatio
1135
u de développement rural. Certaines organisations
sont
confessionnelles, d’autres laïques ; certaines politiquement orientée
1136
tiquement orientées, d’autres neutres ; certaines
sont
soutenues par l’État, d’autres privées, d’autres mixtes. Un seul trai
1137
Pourtant le besoin s’en fait sentir partout. Il n’
est
pas un responsable de « foyer » local, de « Volkshochschule », de « s
1138
e groupe le plus vaste public organisé qui puisse
être
atteint en Europe par ceux qui se préoccupent de répandre la culture
1139
ds, français et italiens, élus par la conférence,
était
chargé de créer le Bureau européen de l’éducation populaire. Le Burea
1140
embre 1956)bc bd Il y avait le prix Nobel, qui
est
mondial. Il y avait d’innombrables prix nationaux et locaux, plus ou
1141
ssa aux guildes du livre. Ces entreprises, qui se
sont
rapidement développées après la guerre, ont réussi à créer un très va
1142
ttérature, réservé à des œuvres inédites. Le prix
fut
décerné pour la première fois le 26 mars 1953, par un jury internatio
1143
ays, mais récemment réfugié à l’Ouest, où son nom
était
encore ignoré, pour son récit du siège de Varsovie en 1944, intitulé
1144
par de nombreux éditeurs en diverses langues, ont
été
révélés de la sorte à un très vaste public international. Le prix dev
1145
n très vaste public international. Le prix devait
être
décerné une seconde fois en 1956, par un jury composé de MM. Helmut D
1146
sentant un intérêt assez généralement humain pour
être
traduite dans tous nos pays. Une nouvelle formule de prix, incluant l
1147
prix, incluant les ouvrages déjà publiés, a donc
été
soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM.
1148
s, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle
sera
annoncée en 1957. 30. MM. Gottfried Benn (Allemagne), Ole Kroyer (D
1149
éennes (août-septembre 1956)be bf Innombrables
sont
les agences qui fournissent à la presse des nouvelles sur les crimes
1150
es par les passions humaines. Beaucoup plus rares
sont
les sources de nouvelles sur les grandes découvertes, les efforts pou
1151
Mais les résultats obtenus par le CEC ne pourront
être
appréciés à leur juste valeur relative que si l’on connaît mieux l’ét
1152
n. Au seuil d’une ère où l’importance des loisirs
est
destinée à surpasser progressivement celle du travail (grâce aux déve
1153
évéler aussi sérieuses et passionnantes que ne le
furent
jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se devait d’antic
1154
inévitable, déjà sensible aux USA, mais qui doit
être
orientée dès le début dans un sens positif et créateur. be. Rougem
1155
entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’
est
-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une se
1156
les réponses en quelques pages. Quelque chose qui
soit
à la fois documenté et décanté, pressant et objectif, complet et bref
1157
analyse scientifique non plus. Les gros livres ne
sont
pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on faire ?
1158
tte base d’unité, l’union peut s’édifier. L’unité
est
un fait, l’union serait une action. L’existence de ce fait rend cette
1159
nion peut s’édifier. L’unité est un fait, l’union
serait
une action. L’existence de ce fait rend cette action possible. Premie
1160
oint. Mais il y a plus. L’unité de base elle-même
sera
bientôt perdue si nous n’édifions pas l’union. La crise de l’unité re
1161
union qu’on vient de voir possible. Sa nécessité
est
inscrite dans les faits. Il s’agit qu’elle s’inscrive maintenant dans
1162
de savants, historiens et économistes. Nous nous
sommes
proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant pour l’union
1163
la crise, voici la solution : jugez. ⁂ L’ouvrage
était
tout près de sa mise au point finale lorsque la catastrophe « qui n’a
1164
colère et la compassion, la honte au cœur, ce ne
sont
pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait
1165
avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’
Est
, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le di
1166
, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui
sont
morts pour « l’Europe notre mère », comme le disait un de leurs derni
1167
ne année décisive (février 1957)bh La preuve
est
faite La politique d’union européenne est la seule politique dont
1168
euve est faite La politique d’union européenne
est
la seule politique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préocc
1169
aisons bien évidentes : l’avenir de notre culture
étant
lié à l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est
1170
litique et économique de nos peuples, comme l’âme
est
liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 1956 a permis de vérifier e
1171
mpêcher des guerres entre nos peuples — car elles
sont
devenues pratiquement impensables — mais bien pour que nos peuples tr
1172
monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui
est
l’Asie tout entière et une partie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant
1173
Europe parce que la souveraineté de ses nations n’
est
qu’un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être r
1174
t que, dès lors, l’indépendance du continent doit
être
recouvrée au niveau de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Égypte
1175
assurer notre avenir économique, et parce qu’il n’
est
aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : n
1176
up d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous
sommes
tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité, devenue bien
1177
dance énergétique. L’atmosphère a changé Il
est
certain que la cause européenne a fait d’immenses progrès au cours de
1178
éen ». La presse découvre que le sort de l’Europe
est
un sujet d’actualité. Des magazines à grand tirage, en France, tels q
1179
nt dans le monde actuel et que la Grande-Bretagne
est
une partie de l’Europe. Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cess
1180
Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cessé d’
être
une utopie, et qu’il s’agit maintenant d’élire une assemblée constitu
1181
assemblée constituante européenne. Le communisme
est
partout en recul. Et l’idée d’un parti européen prend corps. Que manq
1182
e d’en parler comme d’un beau rêve, alors qu’elle
est
une dure nécessité ? Pour qu’elle balaye les « préalables » imbéciles
1183
, au nom de l’Avenir et d’une Histoire fatale, ce
sont
ceux-là qui ont vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisé
1184
insidieux ou brutaux. Qu’il faille faire l’Europe
est
maintenant évident. Mais que l’on puisse la faire, c’est-à-dire qu’on
1185
de succès dans nos différents parlements. Mais il
serait
insensé de crier victoire. La construction d’une Europe politique res
1186
suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne
serait-t
-il pas moins coûteux de soutenir des efforts constructifs, et de fina
1187
957)bi Chacun sait que les victoires anglaises
sont
nées sur le gazon d’Eton. Par un raccourci analogue, ne pourrait-on p
1188
nnes : la Première et la Seconde Guerre mondiale,
sont
nées dans nos manuels d’histoire ? Car le nationalisme belliqueux pui
1189
? Car le nationalisme belliqueux puis totalitaire
fut
la cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationali
1190
re fut la cause principale de ces conflits. Or il
est
clair que le nationalisme fomenté par les campagnes napoléoniennes, m
1191
poètes « nationaux » du xixe siècle, ne pouvait
être
véritablement inculqué aux masses que par les manuels de l’école prim
1192
l’empreinte du parti pris nationaliste. Son siège
est
fait, ses préjugés sont acquis. Il interprétera tout selon ses souven
1193
is nationaliste. Son siège est fait, ses préjugés
sont
acquis. Il interprétera tout selon ses souvenirs scolaires, devenus p
1194
il ira répétant des « vérités évidentes » dont il
est
loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’e
1195
es ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles
sont
de purs et simples préjugés. Selon la nation dans laquelle il est né
1196
imples préjugés. Selon la nation dans laquelle il
est
né et les manuels de son enfance, il se dira contre la CED par craint
1197
quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’
être
depuis longtemps, tandis que de puissants ennemis — très réels ceux-l
1198
ys de l’Europe (sauf la Suède et le Portugal) ont
été
dévastés par la guerre et les révolutions, la Suisse se retrouve en 1
1199
tinent. Cependant, le commerce avec les pays de l’
Est
et la Russie est entravé par la fermeture presque totale de la fronti
1200
, le commerce avec les pays de l’Est et la Russie
est
entravé par la fermeture presque totale de la frontière entre l’Europ
1201
puissance politique, économique et militaire qui
était
autrefois celle de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’Est de
1202
le de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’
Est
de notre continent (Pologne, Tchécoslovaquie, Allemagne orientale, Ho
1203
dans sa partie ouest et de l’URSS dans sa partie
est
. Elle est menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union eu
1204
artie ouest et de l’URSS dans sa partie est. Elle
est
menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union européenne f
1205
tats européens. Les buts des partisans de l’union
sont
d’une part, d’empêcher le retour de guerres entre les États européens
1206
ses seules ressources. La solidarité des nations
est
une nécessité vitale, dans cette seconde moitié du xxe siècle. 4.
1207
à Strasbourg et un Comité de ministres de 16 pays
est
formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’un organe con
1208
res de 16 pays est formé : le Conseil de l’Europe
est
né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exé
1209
formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’
est
qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États q
1210
osent gardent toute leur souveraineté. Le Conseil
est
donc aussi faible que l’était la Diète helvétique avant 1848. Désiran
1211
veraineté. Le Conseil est donc aussi faible que l’
était
la Diète helvétique avant 1848. Désirant une union économique plus ét
1212
, et créent ensemble un Marché commun dont le but
est
de supprimer progressivement les douanes qui les séparent. Ainsi se t
1213
i se trouve ouvert un vaste espace où le commerce
sera
libre. (Ce groupe de six pays est connu sous le nom de « Petite Europ
1214
où le commerce sera libre. (Ce groupe de six pays
est
connu sous le nom de « Petite Europe », mais il compte au total 165 m
1215
Suisse dépend de l’Europe Jusqu’ici, la Suisse
est
restée à l’écart du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont l
1216
art du mouvement vers l’union européenne. Quelles
sont
les raisons de cette attitude réservée ? La Suisse occupe une positio
1217
ontre une éventuelle attaque atomique venant de l’
Est
. Mais la neutralité militaire de la Suisse l’a empêchée d’adhérer à l
1218
l’Atlantique Nord, ou OTAN). De même, la Suisse n’
est
pas devenue membre du Conseil de l’Europe lors de la création de cet
1219
lors de la création de cet organisme, craignant d’
être
entraînée dans une politique contraire à son statut de neutralité. Ce
1220
son devoir de neutralité. Mais cette neutralité a
été
reconnue « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et ne peut
1221
intérêts de la Suisse et ceux de l’Europe entière
sont
inséparables. Résumé 1. Au lendemain de la Seconde Guerre mondi
1222
endemain de la Seconde Guerre mondiale, la Suisse
est
le seul pays intact au centre de l’Europe. Elle connaît une grande pr
1223
une grande prospérité. Mais cette prospérité peut
être
compromise par la crise européenne. 2. Les guerres de 1914-1918 et 19
1224
artagent l’Europe en zones d’influences. L’Europe
est
appauvrie par ses divisions douanières et par la perte de nombreuses
1225
nt. Les buts principaux de la fédération proposée
sont
d’empêcher les guerres en Europe, et de former un ensemble prospère e
1226
d’habitants. 4. Dès 1949, un Conseil de l’Europe
est
créé, à Strasbourg. C’est un organe purement consultatif. En 1951, la
1227
e créer entre eux un Marché commun. 5. La Suisse
étant
neutre ne peut adhérer aux alliances militaires des autres pays d’Eur
1228
ons économiques européennes. Ses intérêts propres
sont
inséparables de ceux de l’Europe entière. Questionnaire 1. Quel
1229
Questionnaire 1. Quels pays européens ont-ils
été
épargnés par la Seconde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers menacent n
1230
angers menacent notre prospérité ? 3. Quelles ont
été
les conséquences des deux guerres mondiales pour l’ensemble de l’Euro
1231
mondiales pour l’ensemble de l’Europe ? 4. Quels
sont
les pays européens dominés par l’influence soviétique ? 5. Pourquoi p
1232
nnes créées depuis 1949 ? 7. Pourquoi la Suisse n’
est
-elle pas membre des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert-elle
1233
le », Genève, avril 1957, p. 43-47. bk. Le texte
est
précédé de l’introduction suivante : « L’expérience-pilote de Fribour
1234
rope. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a
été
composé de la même manière que tous les autres chapitres du manuel do
1235
l ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage n’avait
été
opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mesurer
1236
en effet, sur 80 questionnaires envoyés, 43 nous
sont
revenus remplis, dans les délais prévus. Si l’on fait la part des emp
1237
tc.), on se réjouira de constater que ce résultat
est
largement supérieur à la moyenne obtenue par des enquêtes similaires.
1238
ifs sur la formule même du festival de musique se
sont
réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès
1239
sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi
fut
donc un franc succès ; elle montre à l’évidence que les problèmes pos
1240
les. Pour le meilleur et pour le pire, la musique
est
entrée dans nos mœurs quotidiennes, débordant infiniment les petits c
1241
e l’élite qui la cultivaient autrefois. Mais elle
est
devenue en même temps un facteur point du tout négligeable dans l’éco
1242
issant de familles et d’individus. Bref, ce qui n’
était
autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces d
1243
, ce qui n’était autrefois que pur divertissement
est
passé au rang d’industrie. Ces divers processus ne peuvent que s’accé
1244
C’est pourtant, à quelques nuances près, ce qui s’
est
produit. Personne n’a récusé les formules proposées, ou n’en a suggér
1245
eaucoup les approuvent entièrement. Mais nombreux
sont
aussi ceux qui souhaitent : — soit d’atténuer l’insistance sur « l’ac
1246
Mais nombreux sont aussi ceux qui souhaitent : —
soit
d’atténuer l’insistance sur « l’accord entre les œuvres et l’ambiance
1247
ord entre les œuvres et l’ambiance des lieux », —
soit
d’accentuer les termes relatifs au « caractère expérimental » des fes
1248
e plaisir à Copenhague qu’à Budapest », voilà qui
est
sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg q
1249
joie à Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il
est
vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconie
1250
« consacré » prédispose au frisson wagnérien. Il
est
bien naturel que les exemples de Salzbourg, de Bayreuth, d’Aix-en-Pro
1251
l en tant que fête, car le cadre et l’ambiance ne
sont
pas séparables de l’atmosphère festivale ou fériale. Mais le cadre et
1252
s le cadre et l’ambiance, pour nécessaires qu’ils
soient
, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage,
1253
our nécessaires qu’ils soient, ne peuvent-ils pas
être
donnés par d’autres éléments que le paysage, ou l’esprit d’une cité,
1254
te une série de festivals véritables ne sauraient
être
définis par un rapport sensible entre les œuvres et le cadre physique
1255
le entre les œuvres et le cadre physique où elles
sont
jouées. Leur ambiance très réelle n’est pas créée par la nature extér
1256
où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’
est
pas créée par la nature extérieure des lieux mais par la nature inter
1257
homogène » selon la suggestion de Willi Reich. Ce
serait
donc ici le « caractère expérimental » qui définirait l’atmosphère sp
1258
tre, et peut suffire sans l’autre. En fait, elles
sont
juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci n’aur
1259
ence matérielle pour les festivals, et qu’il peut
être
envisagé, comme l’a fait Enrique Franco, sous l’angle d’une éducation
1260
a musique chez d’autres… Le problème d’un jury
est
posé Formuler une définition « idéale et normative » du festival n
1261
définition « idéale et normative » du festival n’
était
pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il impo
1262
permet tout au plus de constater que la question
est
désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait a
1263
osée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui
serait
absurde, ce serait évidemment de prendre cette idée au pied de la let
1264
ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce
serait
évidemment de prendre cette idée au pied de la lettre, dans un esprit
1265
ée : qu’ils viennent juger, on verra bien ! Qu’il
soit
bien entendu que l’association comme telle ne prend pas position sur
1266
nitive des festivals, ni rassembler tous ceux qui
sont
dignes du nom. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’y ont pas
1267
es (bizarres) pour son indépendance, un troisième
est
encore un peu jeune, etc. L’Association n’est rien de plus qu’un club
1268
ème est encore un peu jeune, etc. L’Association n’
est
rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un
1269
. L’Association n’est rien de plus qu’un club. Il
est
communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé
1270
Il est communément admis que l’essence d’un club
est
d’être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un
1271
t communément admis que l’essence d’un club est d’
être
ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, m
1272
e ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne
serait
pas un club, mais un syndicat recruteur ou quelque société secrète.
1273
it cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui
est
sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Eu
1274
réponse, mais voici qui est sérieux : la musique
est
d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement histor
1275
eux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle
est
liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mais en
1276
nèse, mais encore essentiellement dans sa nature,
étant
née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui
1277
e de la musique ; et d’autre part, que la musique
est
l’expression la plus profonde et spécifique du génie propre de l’Euro
1278
re unité fondamentale. Unité dans la diversité, —
est
-il besoin de le répéter ? Saisir ensemble ces deux termes que la logi
1279
r ensemble ces deux termes que la logique oppose,
est
un mouvement, un geste de l’esprit, caractéristique de l’Europe. Voil
1280
roisième paragraphe de notre questionnaire. Et il
est
typique de l’Europe que personne n’ait cherché à le résoudre d’une ma
1281
e majorité de nos correspondants suggère qu’elles
sont
valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. C
1282
qu’elles sont valables simultanément, et doivent
être
appliquées toutes les deux. Cela ne résout, bien entendu, aucun probl
1283
ival sans renoncer à son caractère international,
est
le souci normal de toute entreprise européenne digne du nom. Ceci dit
1284
propagande, cet essai vise à situer l’aventure qu’
est
encore le Marché commun, dans la perspective générale d’une politique
1285
ux doit paraître prochainement en librairie. Il s’
est
librement inspiré des débats et des conclusions de cet important grou
1286
Que se passerait-il si les frontières économiques
étaient
supprimées dans toute l’Europe ? » À mi-chemin entre le cours précis
1287
spoir de « trouver » l’expérience, cette aventure
étant
sans précédent. Pour le reste, voici l’histoire, réduite à sa chronol
1288
de Madariaga la préside, et ses trois commissions
sont
dirigées par le recteur de la Sorbonne, Jean Sarrailh, l’ancien minis
1289
terme des travaux, quatre résolutions maîtresses
sont
adoptées : création du Centre européen de la culture, du Collège de l
1290
d’hui34. 1950. Le Centre européen de la culture
est
inauguré à Genève le 7 octobre par M. Salvador de Madariaga, présiden
1291
. 1952. Rédaction de 25 plans de causeries, qui
seront
publiés par la Campagne européenne de la jeunesse en sept langues. —
1292
méditation, où les problèmes de l’homme européen
seraient
débattus par les plus hautes compétences, en vue de définir de larges
1293
nne — que tant d’autres ont fait depuis lors — ne
sera
jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l’Euro
1294
s dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne
seraient
pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même, à ses risques et péri
1295
périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait
être
réalisé sans plus attendre, avec les moyens disponibles, détermina bi
1296
États, auxquels l’Assemblée de Strasbourg, dès l’
été
1950, avait recommandé de soutenir le Centre. (Mais la seule Républiq
1297
te : c’était prévu dans la plupart des cas, et ce
fut
presque toujours heureux du point de vue largement européen auquel le
1298
se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en
est
-il ? Une constatation de fait s’impose : au travers des années les pl
1299
n et pour notre mission particulière, le Centre s’
est
maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instrum
1300
des méthodes, créé des instruments de travail. Il
est
aujourd’hui la plus ancienne institution existante à l’échelle europé
1301
rès de La Haye puis la conférence de Lausanne, on
sera
frappé par la conformité des buts et des réalisations, si incomplètes
1302
des buts et des réalisations, si incomplètes que
soient
encore plusieurs d’entre elles, mais la séance continue. Regard su
1303
Marché commun des Six. Certes, le Marché commun n’
est
qu’un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que
1304
ent d’attitude : les numéros spéciaux du bulletin
sont
demandés de partout, les propositions d’activités nouvelles affluent,
1305
l » peut servir à désigner (sinon à définir !), n’
est
pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités rée
1306
traduit les diversités réelles et organiques qui
sont
l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nulle
1307
’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il
est
urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expérienc
1308
ces et leurs assemblées, un effort parallèle doit
être
entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du Centre, à Gen
1309
2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’
est
pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire,
1310
planétaire. Une aide puissante et cohérente doit
être
apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissa
1311
cherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous
sommes
ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les o
1312
ous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il
est
clair que les États, les organisations européennes officielles et le
1313
sponibles et compétents. C’est dire que le moment
est
venu de former un Conseil des recherches européennes, reprenant d’une
1314
s faire accepter à lui tout seul. Les difficultés
sont
d’ordre culturel bien avant d’être politiques. C’est ici la nécessité
1315
es difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’
être
politiques. C’est ici la nécessité de Relations culturelles européenn
1316
de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. ⁂ Telles
sont
les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du
1317
oyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il
est
aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 34. Sur les 23 résol
1318
e la conférence de Lausanne, 12 ont abouti, 9 ont
été
partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’à
1319
ti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont
été
suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et coordi
1320
on finale , Genève, 1950. 35. Le reste du budget
étant
couvert par des dons privés, des subventions de fondations pour certa
1321
s, en vue de mettre au point des méthodes pouvant
être
généralisées par la suite. Deux de ces expériences sont déjà en cours
1322
énéralisées par la suite. Deux de ces expériences
sont
déjà en cours dans le Midi et le Sud-Ouest de la France. D’autres von
1323
Midi et le Sud-Ouest de la France. D’autres vont
être
lancées en Italie et en Grèce. Elles visent à former des cadres de re
1324
uropéenne en milieu populaire. L’objectif général
était
double. Il s’agissait d’une part d’expérimenter dans divers milieux s
1325
dres d’une action élargie. Un comité d’éducateurs
fut
désigné pour présider au choix et à la définition des expériences-pil
1326
périences-pilotes à entreprendre37. Les premières
furent
lancées dès l’automne 1956. D’autres vont s’y ajouter en 1958. La plu
1327
bvention spéciale de la Fondation Ford. Elles ont
été
prévues méthodiquement dans des milieux aussi variés que possible : t
1328
une généralisation ultérieure des méthodes qui se
seront
révélées les plus efficaces. C’est dire que les échecs possibles ici
1329
C’est dire que les échecs possibles ici ou là ne
seront
guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître en autom
1330
les expériences en cours, on comprendra qu’il ne
soit
pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une série de brèv
1331
s de cette action. De plus, le directeur du CEC a
été
chargé d’écrire le chapitre final d’un nouveau manuel d’histoire nati
1332
uisse, France, Belgique et Italie ; ils devraient
être
lancés dès la rentrée d’automne 1958. Haute-Provence (France)
1333
e souvenirs antiques (grecs et romains), mais qui
était
en voie de dépeuplement, voir si l’on peut donner à ses habitants une
1334
expérience se poursuit. Des rapports trimestriels
sont
envoyés au CEC. Une réunion aura lieu au printemps, groupant les resp
1335
on. Le CEC a initié une enquête sociologique, qui
est
conduite par le Prof. Lajugie (de Bordeaux), directeur de l’Institut
1336
résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan,
est
en cours de rédaction. En 1958, l’action éducative européenne pourra
1337
on. En 1958, l’action éducative européenne pourra
être
entreprise sur ces bases. Santu Lussurgiu (Sardaigne) Objecti
1338
iculier le Marché commun). Exécution. L’action a
été
lancée à l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 août 1
1339
e », organisé par le mouvement « Communita » (qui
est
chargé de conduire l’expérience) et avec la participation de représen
1340
, de France, d’Italie, d’Autriche et de Belgique,
soit
vingt-deux participants et cinq conférenciers (MM. H. Brugmans, R. Br
1341
t qui doit les animer. Des possibilités nouvelles
sont
apparues, notamment en Allemagne et en Autriche, pour le développemen
1342
Les seuls résultats définitifs acquis jusqu’ici
sont
ceux de Fribourg, qui montrent qu’une expérience réussie se prête aus
1343
se. L’efficacité des autres expériences ne pourra
être
jugée qu’en 1959, au moment de rédiger le rapport final. D’ores et dé
1344
Deux numéros spéciaux du Bulletin du CEC ont déjà
été
consacrés aux problèmes éducatifs : Pour une éducation européenne (
1345
6) et L’Europe et l’École (avril 1957). Ils ont
été
largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-pilot
1346
de Grande-Bretagne (Weidenfeld & Nicolson), s’
est
réuni à Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association ay
1347
es problèmes d’ensemble de l’Europe. Ces ouvrages
seront
publiés simultanément en sept langues dès que l’association aura été
1348
nément en sept langues dès que l’association aura
été
complétée par l’adhésion d’éditeurs italiens, hollandais et scandinav
1349
et scandinaves. Le Centre européen de la culture
sera
le siège de l’association et de son secrétariat. Afin de faciliter l
1350
ion et auquel on ne connaissait pas de précédent,
est
aujourd’hui en bonne voie de réalisation. Une première réunion convoq
1351
ariat du pool — lequel prit le nom d’Editeuropa —
serait
assuré par le CEC, selon les directives d’un comité comprenant trois
1352
1958. Certains de ses volumes pourront également
être
publiés aux USA par les soins d’éditeurs-correspondants. Au cours des
1353
dants. Au cours des derniers mois, le programme a
été
mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq séri
1354
a été mis au point d’une manière plus détaillée.
Sont
prévues les cinq séries de publications suivantes : a) Actualités eur
1355
t sur le vocabulaire de la science politique, qui
seront
fournis par le Conseil de l’Europe. La publication du premier volume
1356
ion du premier volume de la Collection européenne
est
prévue pour novembre 1958. L’ouverture du secrétariat du pool au CEC
1357
ès supérieur à celui des bulletins ordinaires. Ce
sont
ensuite le numéro spécial sur la Fondation européenne de la culture e
1358
tenu de ces indications, la formule du bulletin a
été
modifiée à partir de décembre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 pages
1359
numéros de 24 pages tirés à 3 000 exemplaires, ce
sont
désormais 6 numéros de 64 pages en moyenne, souvent traduits en plusi
1360
ensemble des activités du Centre, les cinq autres
étant
des numéros spéciaux consacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’en 1
1361
numéro L’Europe s’inscrit dans les faits mérite d’
être
souligné. Première brochure exposant sous une forme condensée les div
1362
ans la plupart de nos pays une influence qui peut
être
mesurée par les comptes rendus de presse, mais plus encore par les tr
1363
us encore par les très nombreux articles qui s’en
sont
inspiré, parfois littéralement, les conférences, et même les films do
1364
, et même les films documentaires qui en ont déjà
été
ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été
1365
documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en
être
tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul ouvrage sur
1366
être tirés. De même, Promesses du Marché commun a
été
le seul ouvrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ouvrait
1367
e internationale et les instances officielles ont
été
unanimes à saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pour 19
1368
(avril). Trois manières de « faire l’Europe » se
sont
précisées au cours de ces dernières années : la méthode institutionne
1369
, associations professionnelles). Ces trois voies
seront
définies, comparées et discutées par les partisans les plus qualifiés
1370
-38. br. Texte non signé mais Denis de Rougemont
est
mentionné comme l’auteur dans le sommaire du numéro de ce bulletin.
1371
pour en tirer une énergie insoupçonnée. L’Europe
est
donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au pro
1372
c une énergie, que nous désignerons par E, et qui
est
égale au produit de sa masse (étendue, matières premières, population
1373
se (étendue, matières premières, population, etc.
soit
m), par une culture dont les effets induits se multiplient en progres
1374
faire l’Europe sans des Européens conscients de l’
être
: il s’agit donc de les former, et d’abord de les informer. 2. On ne
1375
pas faire l’Europe sans l’aide de sa culture, ce
serait
vouloir la faire sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre à
1376
Les principaux obstacles à l’Union de l’Europe ne
sont
pas dans les « faits » mais bien dans les esprits : c’est donc là qu’
1377
ice du moi douteur. Pour former un Européen, il n’
est
pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à la
1378
’est pas de recette aussi simple. Car un Européen
est
par définition à la fois libre et responsable, doué de sens critique
1379
facilement liées au verbe « former ». Les hommes
sont
là, avec leurs caractères, coriaces ou mous. Pas question de pétrir u
1380
nt impliquent un cadre supranational : ce ne peut
être
utilement que celui de l’Europe, communauté de culture et de signific
1381
cation. Parfois aussi, le cadre optimum se trouve
être
local ou régional, mais il ne coïncide pas davantage avec les limites
1382
les grouper et qui appellent un effort commun ne
sont
pas nationales mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’à l’é
1383
’études, etc., au cours desquels, si l’expérience
est
bien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en féd
1384
périence est bien menée, les moins « idéologues »
sont
amenés à se conduire en fédéralistes pratiques, non point par choix s
1385
le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations
sont
trop petits et trop grands à la fois, étant inefficaces au plan mondi
1386
ations sont trop petits et trop grands à la fois,
étant
inefficaces au plan mondial et nuisibles au plan local, là où le jeun
1387
ganisme. L’information dont nous voulons parler n’
est
pas une activité au jour le jour, suivant pas à pas l’événement, mais
1388
société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’
est
pas simple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’est pas justic
1389
imple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’
est
pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, ma
1390
moderne avec une rigueur inflexible, sans qu’elle
soit
pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ; mais
1391
(et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent
être
les suivants : — Le renversement de la conjoncture mondiale. L’Europe
1392
r les grands empires et les grandes unions qui se
sont
dressés de toutes parts depuis 1945 ; mais se montrant incapable de r
1393
tion dont les produits, mais non pas les valeurs,
sont
répandus sur toute la Terre, imités et copiés par tous les peuples. O
1394
et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une part
sont
retournés contre l’Europe, d’autre part menacent de dévaster les cult
1395
l’URSS d’un quart de la population européenne à l’
Est
, qui dans sa grande majorité souhaite sa libération, c’est-à-dire son
1396
elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous
sommes
340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population
1397
s sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer,
soit
deux fois la population des USA et une fois et demi celle de l’URSS,
1398
sation et le mode de vie des Européens quelle que
soit
leur nation présente, par contraste avec les modes de vie, de pensée
1399
ciens et des mécènes de la culture. Mais le CEC n’
est
pas seul à travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’insti
1400
lème européen dans huit de nos pays (leur liaison
étant
assurée par le secrétariat de l’AIEE au Centre). Deux grandes associa
1401
ux grandes associations européennes d’enseignants
sont
à l’œuvre, l’une groupant les maîtres secondaires et primaires, l’aut
1402
si importante de réviser les manuels d’histoire a
été
assumée par plusieurs sociétés nationales de professeurs, sous l’impu
1403
’Internationales Schulbuchinstitut, dont le siège
est
à Brunswick. Cependant que les comités culturels et les départements
1404
autres revues dès le début de cette année, semble
être
dans l’air. Un tel Conseil serait le couronnement de la méthode que n
1405
tte année, semble être dans l’air. Un tel Conseil
serait
le couronnement de la méthode que nous exposons — et pratiquons. A
1406
Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il
est
vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’E
1407
S’il est vrai que les victoires anglaises ont
été
gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que la ba
1408
ses ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’
est
pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les man
1409
est pas moins certain que la bataille de la CED a
été
perdue dans les manuels d’histoire nationalistes. Répétons-le : les p
1410
e : les principaux obstacles à l’union nécessaire
sont
dans les esprits (non les faits) et c’est là qu’il faut les combattre
1411
eu. En revanche, les meilleurs atouts de l’Europe
sont
ceux que lui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les d
1412
ssance aient pris au sérieux ce grand fait. Il ne
serait
donc pas réaliste d’exposer la méthode culturelle sans définir la nat
1413
. Nous pensons que les vraies chances de l’Europe
sont
dans la liberté, non dans la force des choses. Or la liberté relève d
1414
, se reproduit dans le camp de la liberté, car ce
sont
en réalité nos matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la
1415
’enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela — et
sont
régulièrement battus dans la compétition mondiale du xxe siècle, pui
1416
ion et la culture, forces principales de l’Europe
sont
scandaleusement négligées dans nos budgets publics et privés38. Les É
1417
éfendre « la cause de la liberté » ne doivent pas
être
pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé
1418
é » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le
seront
pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la
1419
est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne
sont
pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de l’Eur
1420
éé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne
sont
pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni même
1421
des objectifs prochains de la méthode culturelle
est
donc de mobiliser les moyens matériels désormais requis pour l’éducat
1422
ssements dans le domaine culturel ne doivent plus
être
inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mais à celui de l’int
1423
e. Cette révolution dans la conscience bourgeoise
est
commencée. Maintenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous
1424
958)bt Les méthodes que l’on vient d’exposerbu
sont
difficilement comparables ; elles se meuvent sur des plans différents
1425
nt des moyens de pression requis, c’est risquer d’
être
inefficace, non politique, et à l’extrême : de perdre au nom de nos r
1426
s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous
est
-il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que feron
1427
ront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’
Est
? 3. La revendication d’une Constituante élue exprime l’impatience la
1428
ans pour convaincre le « peuple européen » qu’il
est
un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas tout
1429
ropéen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’il
est
perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude effic
1430
résence de ces contradictions, nous paraît devoir
être
celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits suiva
1431
. Je connais les nécessités de la propagande, qui
est
action, et qui exige des choix sans équivoque, voire des partis pris
1432
l recherche en tout l’optimum, qui ne peut jamais
être
obtenu par la suppression d’une des réalités antinomiques, ni par son
1433
stes jugeront toujours que l’attitude fédéraliste
est
un compromis impensable. Mais notons que leurs « succès » alternés n’
1434
de la logique des contradictoires. Elle pourrait
être
définie par cette formule : les contraires ne s’excluent pas, mais s’
1435
artis, routiniers à gauche autant qu’à droite, en
sont
restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé la bombe H, laq
1436
ècle, tant militaire que politique. Or la bombe H
est
née d’une méthode de pensée et de calcul antinomique. Si l’on n’arriv
1437
ux exclusives formelles du xixe siècle, que Marx
fut
le premier à dépasser par son application de la dialectique aux faits
1438
Du point de vue fondamentalement européen qui
est
celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt éducati
1439
ir compte de ce peu que nous savons pour en avoir
été
témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire q
1440
été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels
sont
justifiés à dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le
1441
e leur méthode « existe dans les faits » ; ils le
sont
beaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’existent que dan
1442
parlements. Non seulement nos méthodes ne peuvent
être
estimées une à une, du point de vue de l’efficacité, comme si nulle a
1443
ait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il
est
honnête, s’avouera incapable de soutenir les procès en paternité qui
1444
’Europe fédérée. On pourrait donc penser que tous
sont
d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage
1445
rrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en
est
rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel que l’Assem
1446
des mêmes attributions constituantes, à ratifier
soit
par les parlements ou par les peuples des États, soit par le peuple e
1447
par les parlements ou par les peuples des États,
soit
par le peuple européen dans les divers États. Là-dessus les uns disen
1448
utres répliquent : — Vous voulez une union qui ne
serait
pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux
1449
Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne
serait
rien si les fédéralistes dominaient l’opinion et la vie politique. De
1450
itique, dans une démocratie qui « joue ». Mais ce
sont
vingt partis, dix-huit États, et d’innombrables groupes économiques,
1451
our de nous, tels que la libération des pays de l’
Est
, la transition du régime colonial à l’autonomie ou à l’association fé
1452
s fédéralistes. La multiplicité de ces mouvements
était
peut-être inévitable. Elle ne deviendra fatale — au double sens du mo
1453
tique domine tout. Or c’est là justement que nous
sommes
le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Not
1454
s et rayonne dans le monde entier. Mais tout peut
être
compromis par l’échec de l’union politique. C’est dans cette perspect
1455
s mouvements et groupes de toute nuance cessera d’
être
« impensable » — comme beaucoup le croient encore — dès l’instant qu’
1456
roient encore — dès l’instant qu’on verra qu’elle
est
impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès de Montreux, 1947, su
1457
58)bv bw Le présent numéro du Bulletin du CEC
est
entièrement consacré aux problèmes posés par l’enseignement européen
1458
res « européistes » en présence de ces problèmes,
soit
: — les rapports préparatoires, — un résumé des débats, — le texte de
1459
circonstances et les objectifs du groupe d’études
sont
exposés dans l’allocution de bienvenue que prononça au début des trav
1460
: on ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce
serait
faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce serait faire autre chose q
1461
serait faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce
serait
faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse p
1462
suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’
est
donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé
1463
èlent conformes ou non aux décisions qui pourront
être
prises ailleurs, et qu’il vous appartient d’influencer, si toutefois
1464
es européennes, à Turin, le 31 mai, lecture ayant
été
faite du communiqué des trois communautés du 20 mai relatif à la créa
1465
f à la création d’une Université européenne, il a
été
décidé : — de réunir une conférence sur cet objet au mois d’octobre —
1466
aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous
sommes
engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un délai de
1467
s croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’
était
pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! cette r
1468
ôtés, on nous a dit : — Attention ! cette réunion
est
prématurée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’en sera-t-il pa
1469
rée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’en
sera-t
-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus t
1470
? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt
serait
encore le mieux. En fait, il s’agit aujourd’hui de savoir ce que vous
1471
de vos instituts et de vos chaires, si justifiés
soient
-ils, qu’au nom de votre expérience acquise et de votre foi dans l’uni
1472
s européennes, saisies du projet qui nous occupe,
sont
en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’attendre de vos r
1473
en Europe. La question envisagée dans ce rapport
sera
donc la suivante : comment répondre à ce double besoin ? Car c’est bi
1474
d’une Université européenne, idée qui ne cesse d’
être
vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup. 2. Élimino
1475
athématiques ou la littérature) d’une manière qui
serait
plus spécifiquement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’ag
1476
des juristes ou des économistes, par exemple, qui
seraient
dits « européens » parce qu’ils auraient étudié tous les droits en us
1477
uropéens synthétiques. Elle a besoin d’hommes qui
soient
aussi bien formés que possible dans une spécialité donnée mais qui, e
1478
stent en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce n’
est
qu’au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si importan
1479
tour d’un maître. De tels instituts ou séminaires
sont
actuellement envisagés, en formation ou déjà formés, dans plusieurs d
1480
Avantages d’un regroupement 6. La solution
est
évidente : en groupant en un même lieu les Instituts envisagés pour —
1481
ar des facultés), les cours généraux sur l’Europe
seraient
communs pour tous les étudiants. Le même personnel administratif pour
1482
voquer l’idée d’une Université européenne devrait
être
envisagée de la manière suivante : 1° création de 4 ou 5 instituts d’
1483
ux problèmes à discuter. I. Un tel Centre devrait
être
ouvert en principe aux Européens de tous les pays membres de l’OECE.
1484
des Espagnols, Yougoslaves et Finlandais devrait
être
examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par exemp
1485
dais devrait être examiné à part. (Ils pourraient
être
admis comme auditeurs, par exemple.) II. L’implantation du Centre dev
1486
ar exemple.) II. L’implantation du Centre devrait
être
étudiée en fonction des facilités matérielles (locaux, communications
1487
e la culture au xxe siècle. La notion de culture
est
récente. Aussi récente que la notion d’Art avec une majuscule, consid
1488
l’habileté technique, et celui qui exerce un art
est
un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romanti
1489
et celui qui exerce un art est un artisan, qu’il
soit
peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui exerce u
1490
s à partir du romantisme, celui qui exerce un art
est
appelé un artiste, et il n’est plus censé être seulement habile : il
1491
qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’
est
plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même
1492
art est appelé un artiste, et il n’est plus censé
être
seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe
1493
n’est plus censé être seulement habile : il doit
être
« créateur ». De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé est cel
1494
. De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé
est
celui qui a reçu et assimilé des notions générales et une méthode de
1495
ens celle de T. S. Eliot, selon lequel la culture
serait
ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’être vécue, « worth li
1496
it ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’
être
vécue, « worth living ». Mais ce n’est pas seulement la notion, c’est
1497
d digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce n’
est
pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en ce
1498
pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui
est
récente, en ce sens que la diffusion de la culture au-delà des élites
1499
de la culture au-delà des élites traditionnelles
est
un phénomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactemen
1500
des élites traditionnelles est un phénomène qui n’
est
apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du dével
1501
nomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui
est
exactement contemporain du développement de la technique. Jusqu’au mi
1502
ilieu du xixe siècle, l’éducation intellectuelle
était
confiée soit à des écoles privées, réservées aux enfants des classes
1503
siècle, l’éducation intellectuelle était confiée
soit
à des écoles privées, réservées aux enfants des classes sociales priv
1504
es aux enfants des classes sociales privilégiées,
soit
à des précepteurs. Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu
1505
ique de maîtres de l’art ou du métier. La culture
était
donc transmise par le milieu social ou par les praticiens. À partir d
1506
le dernier, les choses changent entièrement. Nous
sommes
en présence aujourd’hui de trois manières de diffuser et de transmett
1507
’enseignement scolaire par des professeurs qui ne
sont
pas nécessairement des praticiens de leur branche. Il y a ensuite ces
1508
branche. Il y a ensuite ces moyens de culture qui
sont
le livre, le disque, la radio, la télévision et le cinéma. Il y a enf
1509
ce d’aura qui entoure le phénomène culturel, sans
être
elle-même de la culture. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cett
1510
urel, sans être elle-même de la culture. Ceux qui
sont
touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « culturels
1511
qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne
sont
guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent
1512
tte aura, ne sont guère plus « culturels » que ne
sont
« sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils de
1513
orique. L’innovation la plus importante me semble
être
celle qui intervient sous nos yeux dans le domaine de la consommation
1514
mmation de la culture. Je répète que ce phénomène
est
contemporain du développement de la technique ; peut-être même en est
1515
développement de la technique ; peut-être même en
est
-il la conséquence. Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’ai
1516
ode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il
est
clair que les esprits créateurs resteront toujours peu nombreux, et r
1517
reux, et relativement isolés. Mais qui sait s’ils
sont
aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’hier ? Le grand nombre de vedet
1518
sion, le cinéma, le disque et le journal, mais il
est
certainement permis d’y ajouter le livre, dès qu’il devient assez bon
1519
ès grands tirages. La grande question qui se pose
est
de savoir dans quelle mesure les esprits soucieux de maintenir un jus
1520
ibution sur le seul intérêt commercial. Le danger
serait
qu’ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’il
1521
et de stimuler les goûts du grand public. Quelle
est
à cet égard la situation actuelle ? Justifie-t-elle le pessimisme à l
1522
Le microsillon, créé aux États-Unis en 1946, ne s’
est
guère répandu en Europe qu’à partir de 1950. C’est donc une industrie
1523
ut à fait nouvelle. Les premiers microsillons ont
été
consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres dites
1524
quelques spécialistes avaient lu les manuscrits,
soient
maintenant connus et aimés par des milliers d’auditeurs nouveaux. On
1525
icrosillons en 1954, mais 35 millions en 1957. Il
est
facile d’imaginer que ces millions de disques ont contribué à prépare
1526
ite masse invariable, ou même décroissante. Quels
sont
les faits ? Je vous citerai l’expérience des guildes du livre. J’ai a
1527
des libraires. Bien d’autres guildes du livre se
sont
créées dans toute l’Europe. Trois en France, totalisant près de 400 0
1528
de volumes vendus à 1 mark ou 1,50 mark. Et quels
sont
les auteurs les mieux vendus de la série ? 1. Thomas Mann, 2. Thornto
1529
n et la consommation culturelles, au xxe siècle,
sont
devenues d’immenses affaires et forment une branche importante de l’é
1530
timisme et responsabilité. Les motifs d’optimisme
sont
nombreux et solides, nous en avons administré les preuves. Quant à sa
1531
Editeuropa (septembre 1959)bz Il
est
clair qu’on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la
1532
re que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà
été
écrit dans d’autres langues, que retracer le même historique, que reg
1533
national : or il manque en partie son but s’il n’
est
lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret qu
1534
ème concret qui se pose à l’écrivain « européen »
est
donc de trouver les moyens d’atteindre vite, et simultanément le publ
1535
l’éditeur, il consiste d’abord à découvrir ce qui
est
valable et neuf dans l’abondante littérature provoquée par les plans
1536
ion, ensuite à s’assurer que les ouvrages retenus
sont
susceptibles de trouver une audience internationale, condition de leu
1537
rsiers, de leurs congrès et de leurs séminaires n’
étant
pas soutenus à l’échelon national comme les autres travaux spécialisé
1538
pays mais leur langue42. Les objectifs de ce pool
sont
définis par les statuts signés au mois de septembre 1958, à l’occasio
1539
ope ». La présidence de l’assemblée générale doit
être
exercée tour à tour, pour un an, par chacun des membres du pool. Le s
1540
n, par chacun des membres du pool. Le secrétariat
est
assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’auto
1541
crétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il
est
entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la charge d’étudier les p
1542
de fond, livres d’art illustrés. D’autres séries
sont
à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvra
1543
éries sont à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool
est
simple : publier des ouvrages d’intérêt général européen simultanémen
1544
e part, la qualité littéraire ou intellectuelle n’
est
plus seule suffisante, et qu’il faut y ajouter l’exigence d’une signi
1545
eul pays, mais dans huit au moins. Tel livre peut
être
excellent en soi, et très « vendable », mais s’il n’apporte pas de co
1546
rage publié par la Collection européenne risque d’
être
une « panne » totale dans tel pays, même s’il est un succès dans plus
1547
tre une « panne » totale dans tel pays, même s’il
est
un succès dans plusieurs autres. D’où la nécessité d’un règlement trè
1548
ssociation. Pour réelles et inévitables qu’elles
soient
, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les a
1549
du pool peut offrir : aux auteurs, l’assurance d’
être
traduits simultanément dans nos principales langues, moyennant un seu
1550
résultant d’un lancement international. Peut-être
est
-il permis d’imaginer que si le pool Editeuropa surmonte avec succès l
1551
recteur éditorial, tandis que M. Hjalmar Pehrsson
est
chargé au CEC du secrétariat du département des publications. bz. R
1552
storique se trouve une philosophie implicite, qui
est
surtout dangereuse lorsqu’elle reste inconsciente. » Depuis cent ans,
1553
. » Depuis cent ans, l’enseignement de l’histoire
est
dominé par une doctrine le plus souvent informulée, que l’auteur défi
1554
Brugmans pose trois questions : Premièrement :
Est
-il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et
1555
ièrement : Est-il vrai que l’État national actuel
soit
le produit naturel, normal et, dans une certaine mesure, « idéal », d
1556
dant dans la nuit des temps » ? — Troisièmement :
Est
-il permis de séparer le phénomène national de son contexte général et
1557
de son contexte général et de l’isoler comme s’il
était
le phénomène déterminant qui, à lui seul, expliquerait l’histoire ?
1558
non aux trois questions ; il établit que l’Europe
est
antérieure à ses nations (qu’elle seule explique et non l’inverse), e
1559
s, dont l’apport trop souvent méconnu (pour avoir
été
trop souvent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes que l’on s
1560
surde par les propagandes que l’on sait), vient d’
être
replacé dans sa plus juste perspective par G. de Reynold ; et il dist
1561
ie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’
est
constituée aux xie et xiie siècles », et Marc Bloch écrivait que «
1562
siècles », et Marc Bloch écrivait que « l’Europe
fut
une création du haut Moyen Âge ». Enfin Reynold appelle chrétienté, c
1563
n lui « la déformation de l’Europe ». Quelles que
soient
leurs variations d’un ou deux siècles dans l’appréciation de l’époque
1564
rmation du Saint-Empire, par exemple, c’est qu’il
est
Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer à
1565
i lui permet de se placer à un point de vue qui n’
est
ni français ni germanique, ni latin ni anglo-saxon, quant aux préjugé
1566
voqués dans les littératures les plus variées. Il
était
important que l’on écrive en français une histoire qui situe l’évolut
1567
orral plus d’actualité, Reynold et Friedrich Heer
sont
plus personnels, mais nul n’est plus solide, plus convaincant, moins
1568
t Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul n’
est
plus solide, plus convaincant, moins discutable que Gollwitzer. Sa ma
1569
eligieux et philosophique de l’époque ne pourrait
être
critiquée que par un marxiste « vulgaire » ou par quelque impatient p
1570
lque impatient propagandiste. Le lecteur allemand
sera
frappé par les étroites et nombreuses connexions que relève l’auteur
1571
e et la France. Le lecteur français, en revanche,
sera
surpris de découvrir à quel point la pensée romantique allemande est
1572
uvrir à quel point la pensée romantique allemande
est
nourrie de la Reichsgedanke, c’est-à-dire du mythe de l’empire, du Sa
1573
s — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien n’
est
plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour
1574
ue, et pour longtemps insurpassable, qui mérite d’
être
lu par tous les militants de la fédération européenne, mais aussi par
1575
it bientôt dans toutes nos langues (comme il va l’
être
prochainement en espagnol) ; et qu’une cohorte de chercheurs et d’éru
1576
ché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe
serait
née d’une succession d’écrits s’inspirant les uns des autres, plutôt
1577
garde au titre et à l’objet même de l’œuvre, qui
est
de retracer la généalogie de l’idée (ou de la conscience) européenne
1578
égèse de chaque auteur, mais il garde le mérite d’
être
complet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il co
1579
omplet : pas un auteur valable ne me paraît avoir
été
négligé. Il comble, notamment, une lacune habituelle dans les ouvrage
1580
e qui ont leur importance pratique. Les citations
sont
données en italien, comme il est naturel ; mais leurs références renv
1581
. Les citations sont données en italien, comme il
est
naturel ; mais leurs références renvoient trop souvent à des traducti
1582
fourmille de fautes. Les noms slaves et allemands
sont
le plus souvent mal orthographiés (Leszezinski au lieu de Leczinski,
1583
ands (Metternich, Goethe, Leibniz, etc., etc.) ne
sont
pas groupés sous V, comme il arrive dans les index américains, mais r
1584
rence, précisément. Au reste, l’œuvre de Curcio n’
est
pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusions,
1585
rait. L’idée de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe
sera
ce que nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière
1586
urope… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle
soit
, c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire et une manière de la v
1587
1959)cd « Créatrice par excellence, l’Europe s’
est
créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses propres m
1588
al, professeur à l’Université de Madrid. L’auteur
est
de l’école d’Ortega : c’est dire qu’une vision poétique, imaginative,
1589
z lui l’érudition et la documentation — si vastes
soient
-elles — et cherche à saisir par l’intuition et par la sensibilité aux
1590
ter. A-t-on remarqué que les génies systématiques
sont
régulièrement amenés à des conclusions pessimistes sur les destins de
1591
destins de notre Europe ? Je crois bien que Hegel
est
la seule exception, qui persistait à voir dans l’Europe « la fin de l
1592
u contraire, tient que « la mission de l’Europe n’
est
pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’est réduite elle-même p
1593
est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’
est
réduite elle-même par l’extension des autres, qu’elle seule a permise
1594
de la civilisation qu’elle a exportée, et cela n’
est
pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltation romantique dans cett
1595
nique, comme avant lui, les réalités spirituelles
sont
la « vraie vie » dont parlait Rimbaud, trois fois cité en épigraphe à
1596
lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’
est
-il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne, a
1597
uxquels s’égale Diez del Corral ? Seul Valéry sut
être
aussi profond sans pédantisme. cd. Rougemont Denis de, « [Compte r
1598
t la critique : c’est la propagande. La troisième
est
l’éducation, qui est le contraire de la propagande parce qu’elle déve
1599
la propagande. La troisième est l’éducation, qui
est
le contraire de la propagande parce qu’elle développe le jugement, et
1600
ne en milieu populaire et scolaire. Ce plan avait
été
établi par un comité ad hoc d’éducateurs, réuni sous les auspices de
1601
ences. Un an plus tard, les travaux préparatoires
étaient
terminés : choix des régions, communes ou circonscriptions scolaires,
1602
milieu populaire (Val d’Aoste et Grèce) devaient
être
suspendues par suite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ Ce son
1603
uite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ Ce
sont
les comptes rendus des neuf expériences conduites à leur terme de 195
1604
era réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous
soit
pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collective les
1605
enquêtes ou qui en ont résulté, les références en
seront
données au cours des divers rapports qui forment le présent bulletin.
1606
œuvre, puis les résultats fort variables qui ont
été
obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre de conclu
1607
sables. Nous voulions expérimenter. Notre manière
fut
celle d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à des pousses mi
1608
ait pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens
étaient
comparables à ceux de l’homéopathie, permettant d’inciter — non de fo
1609
des tissus sociaux. Similia similibus. Au total,
sommes
-nous satisfaits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que cert
1610
ourrait sembler que certains succès ou échecs ont
été
obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la mes
1611
s ont pris, et que telle méthode, désormais, peut
être
généralisée : ainsi dans le domaine scolaire. Oui, encore et surtout,
1612
savons qu’une action persévérante et féconde peut
être
conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abor
1613
e, par le moyen de cette publication, ce qui peut
être
fait et ce qu’il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le
1614
Trois initiales, ou raison d’
être
et objectifs du CEC (1959-1960)cg Notre nom même provoque générale
1615
is questions, très normales et très légitimes, ce
sera
définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit
1616
gitimes, ce sera définir du même coup la raison d’
être
de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s
1617
, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’
est
donnés dès sa création. CULTURE a la réputation d’être un mot vagu
1618
nés dès sa création. CULTURE a la réputation d’
être
un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez di
1619
ULTURE a la réputation d’être un mot vague. Et il
est
vrai qu’on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négli
1620
Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il
est
facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La
1621
sultent d’actes culturels, — artificiels. L’homme
est
cet animal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeur
1622
imal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui,
serait
demeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine de l’humain ; doma
1623
lettres, ou de quelque activité précise. Le terme
étant
entré dans l’usage courant, dès la fin du siècle dernier, on l’oppose
1624
propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne
sommes
d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position dans le déb
1625
uvres nouvelles et d’inventions ; la civilisation
étant
plutôt l’ensemble ou le système des résultats sociaux, à la fois maté
1626
s règles du sacré ou les décrets de la politique,
est
un concept typiquement européen. Et cela seul peut expliquer ce grand
1627
ous d’autres formes purifiées et libérales — ce n’
est
rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la cul
1628
et créateur de la culture, à faire voir qu’elle n’
est
pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En effe
1629
chnique et donc des sciences ; or les sciences ne
sont
nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du comple
1630
e, et de son dynamisme aventureux. EUROPE, qui
fut
d’abord un mythe sémite et grec, puis une définition géographique — l
1631
reux, le pays du couchant, part de Japhet, l’Asie
étant
à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de cultur
1632
, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe
est
à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant
1633
aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles
seront
ses limites ? Nous refusons cette question mal posée. Car une culture
1634
te question mal posée. Car une culture ne saurait
être
définie par des bornes-frontières et un cordon douanier, mais seuleme
1635
ce de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit
être
à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel e
1636
dentel et temporaire en Europe de l’Ouest et de l’
Est
, en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la reche
1637
end d’un jeu de forces politiques sur lequel nous
sommes
sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous tr
1638
coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits que
soient
encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que
1639
ssion, nous savons que cette faiblesse matérielle
est
la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, g
1640
— et certains nous l’ont dit expressément — qu’il
était
juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institut dont l
1641
r libre de tous liens un Institut dont la mission
est
justement de voir plus loin, de préparer le terrain pour une plus vas
1642
préparer le terrain pour une plus vaste union. Où
sont
les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient
1643
les majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils
seraient
dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils
1644
les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils
sont
d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs routines. C’est don
1645
les plus divers et les plus éloignés ; et qui pis
est
, toutes ces images apparaissent particulièrement incompatibles avec l
1646
pposent la notion de « cultures nationales », qui
est
aussi fausse en fait qu’en droit. La culture à la fois antique, chrét
1647
que, chrétienne, critique et scientifique, et qui
est
commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de
1648
é » par rapport aux voisins européens. Certes, ce
sont
des Européens surtout qui viennent de fabriquer la première Bombe, pa
1649
nent de fabriquer la première Bombe, parce qu’ils
étaient
ensemble… en Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer de fonds
1650
Cinq ans plus tard, 1955 : l’idée de coopération
est
entrée dans les mœurs, même culturelles. Les associations se sont mul
1651
les mœurs, même culturelles. Les associations se
sont
multipliées : Instituts de recherches nucléaires, d’enseignement euro
1652
tes, hygiénistes, pédagogues, sportifs même… Nous
sommes
sur la bonne voie. Mais deux dangers subsistent : les centres de coor
1653
ngers subsistent : les centres de coordination se
sont
multipliés au point de poser à leur tour un grave problème de coordin
1654
ropéens. L’action du CEC, en tout ceci, a parfois
été
décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu
1655
t ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne
soit
pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison
1656
ible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’
être
de l’institution — pour ceux qui savent, tout au moins ; plus raremen
1657
eux qui savent, tout au moins ; plus rarement, il
est
vrai, aux yeux d’un grand public indifférent à la culture. ⁂ En 1960,
1658
encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’
être
d’une institution de ce genre n’existe pas en théorie, mais qu’elle r
1659
l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’
est
pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités rée
1660
traduit les diversités réelles et organiques qui
sont
l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nulle
1661
’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il
est
urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expérienc
1662
ces et leurs assemblées, un effort parallèle doit
être
entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du CEC se trouve
1663
2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’
est
pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire,
1664
planétaire. Une aide puissante et cohérente doit
être
apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissa
1665
cherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous
sommes
ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les o
1666
ous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il
est
clair que les États, les organisations européennes officielles et le
1667
s faire accepter à lui tout seul. Les difficultés
sont
d’ordre culturel bien avant d’être politiques. Et l’avenir de l’écono
1668
es difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’
être
politiques. Et l’avenir de l’économie, désormais mondiale, que l’Euro
1669
de sa vocation, et donc ouverte au monde. Telles
sont
les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du
1670
ougemont Denis de, « Trois initiales, ou raison d’
être
et objectifs du CEC », Bulletin du Centre européen de la culture : «
1671
ci Les deux fins de toute éducation Quel
est
le but de l’Éducation pour les Européens du xxe siècle ? Et spéciale
1672
es de classes du primaire et du secondaire ? Nous
sommes
ici dans une Europe en train de s’unir, face à un monde transformé pa
1673
soi. Et en effet, durant des siècles, ces fins n’
étaient
guère contestées : un accord général existait quant à savoir sur quel
1674
idu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne
sommes
plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc, du chevali
1675
s du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous ne
sommes
plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée
1676
omme. Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle
est
-elle ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogi
1677
me unique que je me pose ici, et je crois qu’il n’
est
pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un Marc-Ant
1678
tout change. La transmission des connaissances n’
est
plus initiation mais instruction publique, c’est-à-dire communication
1679
pe de nullité le rite. En Europe au contraire, il
est
courant que le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’il v
1680
pour adopter l’autre, et que par suite l’autorité
serait
quelque chose de « périmé », de « réactionnaire », et en tout cas, de
1681
n tout cas, de condamnable, tandis que la liberté
serait
moderne, progressiste et louable en tous les cas. Car en fait toute é
1682
x éléments à doses variables. Autorité et liberté
sont
aussi nécessaires à la vie de l’Éducation que la diastole et la systo
1683
ivers types d’hommes qu’elle entend former. Quels
sont
, dans l’Occident moderne, ces types d’hommes ? Trois tendances pri
1684
ns large du mot, trois régions bien distinctes se
sont
dessinées au cours du second tiers du xxe siècle : l’Europe, l’URSS
1685
ne crise aiguë, que les observateurs étrangers ne
sont
pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Améri
1686
u’aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École
est
devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les emp
1687
uer avec lui comme il leur plaît. L’idée générale
est
la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un p
1688
ît. L’idée générale est la suivante : si un texte
est
trop difficile, qu’on en choisisse un plus facile, un plus « moderne
1689
porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait
être
résumé de la sorte : on pousse le respect de l’individualité enfantin
1690
ns : si la formation intellectuelle qu’elle offre
est
de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend pas moins p
1691
es droits de la collectivité. Le trait distinctif
est
ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses ép
1692
ités et 510 sous-spécialisations. Le plan d’étude
est
rigoureusement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’a aucun dr
1693
du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 %
étant
consacré aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours apr
1694
trois ans. Après quoi, quelques-uns des meilleurs
sont
autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctor
1695
res 25 années, trois sur quatre des candidats ont
été
dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins du
1696
nt été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce
sont
ainsi les besoins du Plan, c’est-à-dire les besoins de la collectivit
1697
me dans les sociétés sacrées religieuses, où tout
est
prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratiq
1698
uses, où tout est prescrit sans discussions. Nous
sommes
ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dan
1699
Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous
est
plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Posons-nous cett
1700
s posés, il nous est plus facile de définir ce qu’
est
la voie européenne. Posons-nous cette question très simple : Pourquoi
1701
Posons-nous cette question très simple : Pourquoi
sommes
-nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les res
1702
x excès conduisent à des résultats analogues, qui
sont
le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux réglem
1703
nt européenne apparaît alors bien clairement : il
est
de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
1704
Je vous accorde enfin qu’en Europe même, quel que
soit
notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès a
1705
éricaine ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui, n’
était
que de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands traits.
1706
stant la question : que faire ? où aller ? Tout a
été
réglé d’avance par le Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’el
1707
t qu’à mon sens, le but de l’éducation européenne
est
la personne, c’est-à-dire l’homme à la fois libre et responsable, lib
1708
la tendance axiale, normative, de notre politique
est
l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse fédéralisme) ;
1709
sage et la préparation à l’autonomie. Le principe
est
toujours le même : équilibre entre deux antagonismes, tension mainten
1710
marquez que la personne, telle que je la définis,
est
une réalité dialectique par définition : elle est la résultante de de
1711
est une réalité dialectique par définition : elle
est
la résultante de deux tendances antinomiques, la liberté et la respon
1712
berté et la responsabilité, qui ne doivent jamais
être
séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ens
1713
lité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais
être
sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ensemble, et c’est cette
1714
rope et qui caractérise toute conduite méritant d’
être
qualifiée vraiment d’européenne. La règle d’or de la culture européen
1715
rd l’amour du prochain comme de soi-même. Quel
est
le but de la discipline ? Prenez n’importe lequel de nos problèmes
1716
e. En fait la règle d’or veut que les contraintes
soient
conçues comme une préparation à la liberté, la discipline comme un ap
1717
rs enfants, et l’un d’eux répondit que sa méthode
était
de les dresser « comme des chiots ». Indignation de l’Américaine ! Or
1718
ne certaine immobilité pendant les leçons, que ce
soit
donc non pas en vertu de je ne sais quelle idée de « correction » for
1719
scolaire, que j’ai observées à mes dépens quand j’
étais
sur les bancs de l’école primaire, en Suisse. 1° La discipline extéri
1720
en classe, tenue des cahiers, pas de bavardages —
était
conçue sur le modèle militaire (celui du drill, des alignements au co
1721
nement, élégance et précision de l’expression. Je
suis
un fervent partisan du rétablissement de la classe de rhétorique avan
1722
mauvaises manières (ou la gaucherie gouailleuse)
étant
moins pénalisées que ridiculisées. C’est le contraire qu’on observe e
1723
ffine ! ») 2° La plupart des instituteurs suisses
sont
victimes d’un goût dangereux de l’égalité intellectuelle et de l’homo
1724
s et l’honneur aux moyens. Si j’avais quoi que ce
soit
à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême disc
1725
i j’avais quoi que ce soit à vous recommander, ce
serait
d’exiger des médiocres une extrême discipline, politesse, tenue moral
1726
espect des meilleurs comme des cancres — Einstein
fut
un cancre à l’école, renvoyé pour indiscipline — et en revanche, de f
1727
autonomes. C’est dire que votre rôle d’éducateurs
est
beaucoup plus difficile et complexe que celui de vos collègues de l’E
1728
icile et complexe que celui de vos collègues de l’
Est
et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est aussi plus passionnant. Là encor
1729
llègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il
est
aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à assou
1730
tarir les sources mêmes de sa créativité. Car il
est
bien connu que la science et la technique se nourrissent d’autre chos
1731
les plus grands savants novateurs de notre temps
sont
tous d’accord sur ce point. La poésie, la philosophie, l’imagination,
1732
losophie, l’imagination, l’inquiétude spirituelle
sont
plus créatrices, pour les sciences mêmes, que les cours de sciences e
1733
is plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles
soient
autoritaires ou libérales, actives ou fonctionnelles, traditionnelles
1734
e, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’
est
capable de conduire assurément au But, mais n’importe laquelle, appli
1735
ut, peut y conduire, à la seule condition qu’elle
soit
maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fa
1736
et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous
serez
de bons éducateurs dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles
1737
s serez de bons éducateurs dans la mesure où vous
serez
vous-mêmes sensibles à la réalité spirituelle, dialectique, antinomiq
1738
antinomique, dynamique de la personne. Ces termes
sont
abstraits s’ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à
1739
e la personne. Ces termes sont abstraits s’ils ne
sont
pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homme person
1740
n homme à la fois solitaire et solidaire. Le But
étant
donc la personne, c’est la réalité sentie de la personne qui doit nou
1741
de parabole, que je nomme la Parabole du But. J’
étais
recrue dans l’armée suisse. J’apprenais à tirer. On m’avait enseigné
1742
mmé tir au galon, car la récompense des meilleurs
était
un petit bout de galon d’or sur la manche — on me négligeait dans mon
1743
sur la manche — on me négligeait dans mon coin, j’
étais
un cas désespéré. Un jeune lieutenant, cependant, vint m’observer. «
1744
rope le film Blackboard Jungle : la description y
est
certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas
1745
enir », Genève, 1960–1961, p. 1-11. ci. Ce texte
est
issu d’une conférence prononcée à l’aula de l’Université de Genève, l
1746
le régime démocratique exige, pour fonctionner, d’
être
compris par la majorité des habitants du pays où il règne. Dans la me
1747
où il règne. Dans la mesure où il fonctionne sans
être
compris et approuvé, c’est qu’il n’est pas conforme à sa définition.
1748
onne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’
est
pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publique o
1749
Voilà pourquoi l’instruction publique obligatoire
est
née en même temps que nos démocraties. Celles-ci méritent leur nom da
1750
lles-ci méritent leur nom dans la mesure même où,
soit
par l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autr
1751
eur nom dans la mesure même où, soit par l’École,
soit
par la morale familiale et sociale, soit par d’autres moyens pratique
1752
l’École, soit par la morale familiale et sociale,
soit
par d’autres moyens pratiques (campagnes électorales, partis, presse,
1753
peuples et les doter d’institutions communes, il
est
bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pa
1754
ue cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne
sera
pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs de Na
1755
les mêmes exigences que la démocratie : elle doit
être
voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon,
1756
la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il
est
probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se
1757
est probable qu’elle se fera tout de même — elle
est
déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocra
1758
ne démocratie, que le nom d’une fédération ; elle
sera
en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les S.A.
1759
ieux technocrates. Le problème urgent qui se pose
est
donc celui de la promotion d’un civisme européen. Mais de quoi pouvon
1760
nal ? Il s’agit donc de voir en premier lieu quel
est
l’état actuel de l’enseignement civique dans nos pays ; en second lie
1761
qu’on va lire. Une telle enquête n’a pas besoin d’
être
exhaustive ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise
1762
besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour
être
significative. Elle ne vise qu’à situer le problème d’une formation c
1763
et à la compréhension internationale ». L’accent
est
mis sur la démocratie à instaurer, et sur le sens social. En Allemagn
1764
tions officielles, puisque chacun des onze Länder
est
autonome à cet égard. En Suisse, « il ne s’agit plus de persuader la
1765
t sur le sens des responsabilités, dont la source
est
dans la personne. La sécurité démocratique des Suisses les amène à «
1766
on pays par rapport à l’ensemble européen dont il
est
une province. Problèmes communs et déficiences communes Ces var
1767
atation signifie que le régime actuel de nos pays
est
accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il n’apparaît pas co
1768
— et de constater en même temps que la situation
est
bien différente dans le reste du Monde. 2° Dans presque tous nos pays
1769
ans presque tous nos pays, l’enseignement civique
est
pratiquement limité à la description formelle des institutions politi
1770
e siècle. Tout se passe comme si la démocratie n’
était
qu’un système de gouvernement et de droits individuels isolable de to
1771
ut contenu concret, comme si l’une de nos nations
était
isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolable du reste du
1772
était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe
était
isolable du reste du Monde — qui pourtant la met en question, ou parf
1773
e passe aux USA et dans les pays communistes de l’
Est
. Aux USA : « Comment devenir un bon citoyen ? » Je prends un ma
1774
er. Celui-ci me demande dès la première ligne : «
Es
-tu un bon citoyen ? » et passe aussitôt à l’examen des activités d’un
1775
ste : là où nos manuels diraient par exemple : Qu’
est
-ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel améric
1776
exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’
est
-ce que l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comment
1777
lyser les questions débattues ? » l’exemple donné
est
le suivant : Votre municipalité propose la création d’un aérodrome. V
1778
cipalité propose la création d’un aérodrome. Vous
êtes
pour, vous êtes contre, pourquoi ? Suit une analyse très vivante des
1779
la création d’un aérodrome. Vous êtes pour, vous
êtes
contre, pourquoi ? Suit une analyse très vivante des arguments avancé
1780
es nôtres se contentent de parler d’institutions.
Est
-ce à dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseigne
1781
ler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout
est
pour le mieux dans le meilleur enseignement civique du monde ? Les Am
1782
ur enseignement civique du monde ? Les Américains
seraient
les derniers à le prétendre. Lors d’un récent congrès de l’Unesco sur
1783
rogrammes existants : 1° Les réalités économiques
sont
encore trop négligées ; or, sans connaissances économiques, comment c
1784
voter intelligemment ? 2° Les faits présentés ne
sont
pas suffisamment rattachés à des notions générales (telles que l’inte
1785
is et directives générales concernant l’éducation
sont
discutées par les congrès du Parti et promulguées par le Soviet suprê
1786
e et le Conseil des ministres de l’URSS. Quel que
soit
le degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impossibl
1787
ré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il
est
impossible de conduire les classes de la même manière dans les neiges
1788
gricole de l’Ukraine), l’esprit de l’enseignement
est
partout le même, les méthodes sont les mêmes, le contrôle par une pol
1789
l’enseignement est partout le même, les méthodes
sont
les mêmes, le contrôle par une police spéciale est le même : il s’agi
1790
nt les mêmes, le contrôle par une police spéciale
est
le même : il s’agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’agit
1791
ictoires » économiques, scientifiques et sociales
sont
dues à son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est
1792
tion soviétique et des « droits » du citoyen (qui
sont
ses devoirs envers la « construction socialiste ») toutes les branche
1793
l’Est (DDR). Ainsi en Pologne : « Les programmes
sont
fondés sur le principe fondamental que l’évolution sociale est un pro
1794
r le principe fondamental que l’évolution sociale
est
un processus historique qui suit des lois déterminées… Les idées soci
1795
ions politiques, les théories et les institutions
sont
le reflet de l’existence matérielle d’une société donnée… La grande t
1796
insiste sur le fait que l’histoire d’une société
est
celle des classes laborieuses… (donc) des rapports de production48 ».
1797
mpte suffisant des réalités économiques ! Mais il
est
clair aussi que, dans ces conditions, le civisme réel n’existe plus,
1798
plus, la liberté de choix et d’opinion du citoyen
étant
réduite à l’acceptation ou au refus d’un système total, lequel nie to
1799
sur 15 heures de leçons d’instruction civique, 5
sont
consacrées aux « fondements politiques de notre État », 6 aux « organ
1800
ernière : 3 heures sur le thème : « Le Socialisme
est
vainqueur », 11 heures sur « Le Socialisme – un ordre social assurant
1801
on touche du doigt la différence radicale entre l’
Est
et l’Ouest. En effet, l’Ouest pourrait difficilement opposer à la doc
1802
e, et cela pour l’excellente raison que l’Ouest n’
est
pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. Au s
1803
’est pas « capitaliste » de la même manière que l’
Est
est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système rigid
1804
pas « capitaliste » de la même manière que l’Est
est
socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système rigide, c
1805
’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’
est
pas un système rigide, cohérent, unitaire, expliquant tout, de l’atom
1806
dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a
été
, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions int
1807
s d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’il
est
, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives
1808
l a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas
être
?). Conclusions introductives Ces quelques aperçus, je le répèt
1809
surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait
être
l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils en montrent,
1810
économiques et politiques de notre siècle peuvent
être
vues dans leurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’Est trou
1811
eurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’
Est
trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant à connaître l’ensemble eu
1812
fédéralistes européens. Au sortir de la salle, je
fus
présenté à un personnage d’âge indéfinissable, appuyé sur une canne,
1813
ui me dit avec un accent slave : « Votre discours
était
vraiment très bien, vous avez montré la voie, maintenant venez vous a
1814
note. (C’est mon dernier snobisme, disait-il.) Il
fut
aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la même
1815
isions qu’à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui
fut
longtemps son secrétaire, je tenterai dans les pages qui suivent une
1816
fance heureuse et sans histoire, affirme-t-il. Il
est
élevé dans le patriotisme polonais et le catholicisme le plus strict.
1817
ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne
serais
plus obligé d’être avant tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira
1818
dance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’
être
avant tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t-il, il a découve
1819
oir une éducation idéalement européenne. Son père
est
mort lorsque Joseph avait 4 ans, et c’est un ami de la famille, le co
1820
son tuteur vigilant. Zamoyski habite Paris, où il
est
né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retin
1821
igilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il
est
Français, et c’est sans doute à son instigation que Retinger quitte C
1822
é-Maria Sert). Or le salon des Godebski se trouve
être
le cœur de la vie artistique et littéraire de la capitale. Vuillard,
1823
inables promenades nocturnes avec Fargue et Ravel
sont
maintes fois décrites dans ses notes. Léon-Paul Fargue « perpétuellem
1824
polonaise, dans laquelle la Porte étroite de Gide
est
traduite en polonais avant même de paraître en volume à Paris. Mais l
1825
paraître en volume à Paris. Mais la littérature n’
est
pas sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite abandonn
1826
as sa vocation. Ses essais de création littéraire
sont
vite abandonnés : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que v
1827
littéraire sont vite abandonnés : « Quoi qu’il en
soit
, Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a
1828
i qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que vous
serez
jamais un écrivain ! », lui a dit un jour André Gide en riant, après
1829
de « politicien privé » lui paraît seule digne d’
être
retracée dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le tro
1830
) et décide bientôt que l’Angleterre, après tout,
est
non seulement le pays dont le style de vie lui convient le mieux, mai
1831
tional ni sur le plan domestique. La partie russe
est
opprimée et sans voix ; la partie austro-hongroise est beaucoup mieux
1832
pprimée et sans voix ; la partie austro-hongroise
est
beaucoup mieux traitée, et une poignée de députés la représentent à V
1833
e Monarchie, un Conseil national polonais vient d’
être
fondé par un groupe de patriotes résidant en Galicie. Il offre au jeu
1834
e. La principale activité de ce modeste organisme
sera
d’essayer d’attirer l’attention de la presse et de l’opinion sur l’ex
1835
onrad Au cours de ces mêmes années, Retinger s’
était
lié intimement avec Joseph Conrad, qu’il avait rencontré dès 1909. Or
1836
in dans son pays d’adoption. Retinger et sa femme
furent
durant ces années, les seuls Polonais à fréquenter sa maison, et à lu
1837
rire une pièce de théâtre avec Retinger. Le sujet
fut
aussitôt choisi : c’était celui de Nostromo, roman de Conrad qui se p
1838
Conrad qui se passe en Amérique latine. La pièce
fut
commencée cette nuit même, dans la plus grande excitation, et les deu
1839
e, aux yeux de Conrad. Le manuscrit, non terminé,
fut
déposé plus tard en Suisse, chez un ami, et Retinger note simplement
1840
, invita les Conrad et leurs deux fils à passer l’
été
dans la propriété de sa famille. Accompagnés de Joseph, les Conrad qu
1841
possibilités s’offrant à moi à l’étranger ? » Tel
fut
ce retour au passé, le jour même où éclatait une guerre « qui cachait
1842
emberg, où les leaders des Polonais de Galicie se
sont
réunis clandestinement. L’archevêque Bilczewski et les chefs des part
1843
sprit de parti et avec toute la hardiesse dont il
sera
capable ». On lui remet des documents signés par une vingtaine de hau
1844
e recommande au chef de la police de Lemberg, qui
est
Polonais. Celui-ci le reçoit fort aimablement, et lui indique que la
1845
ui donner un sauf-conduit pour se rendre à Vienne
est
le général Hoffmann, commandant la région de Lemberg. Il ajoute que l
1846
de Lemberg. Il ajoute que la préfecture de police
est
reliée par fil direct au quartier général, et là-dessus quitte le bur
1847
énéral, convaincu par ce geste que « Retinger » n’
est
pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être charg
1848
ai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit
être
chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la ligne
1849
et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’
être
reçu immédiatement. Cet éclat réussit. On l’introduit chez un colonel
1850
l lui faut un visa pour la France, et que son nom
est
là, sur le passeport… Après beaucoup d’hésitations, le Colonel se rés
1851
« J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui
êtes
-vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce passeport. — Que ferez-vous
1852
Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je
suis
le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier à moi. — Avec tout l
1853
que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je n’y
suis
pas autorisé. » « Notre conversation se poursuivit ainsi pendant quel
1854
ecourir les Polonais internés et d’obtenir qu’ils
soient
considérés comme Polonais, non plus comme Allemands ou Autrichiens. (
1855
s particulier qui lui fera toujours deviner quels
sont
les hommes qui vont l’aider et les milieux ignorés du public où résid
1856
anglais, étrangement ignorants des réalités de l’
Est
, que le fait polonais peut revêtir une certaine importance politique,
1857
e. Le grand argument que Retinger va faire valoir
est
que deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans tro
1858
va faire valoir est que deux millions de Polonais
sont
actuellement en uniforme, dans trois armées belligérantes, et qu’au s
1859
u’au surplus, les descendants d’immigrés polonais
sont
plus de cinq millions en Amérique. Le rappel constant de ces chiffres
1860
e voir jusqu’à quel point les Polonais d’Amérique
sont
prêts à prendre fait et cause pour les Alliés, si ceux-ci garantissen
1861
leçons décisives pour la suite de sa carrière. Il
est
intéressant de relever les motifs qu’il donne lui-même de son échec,
1862
« Je n’avais pas encore bien vu que la question n’
était
pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient êt
1863
voir de bonnes idées, mais que ces idées devaient
être
implantées dans un milieu donné, et qu’il s’agissait de trouver ou de
1864
as comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce
fut
une chance pour moi de recevoir une telle leçon au début de mon activ
1865
allemande dans l’administration austro-hongroise
est
déjà trop profonde pour qu’une paix séparée ait des chances de se con
1866
séparée ait des chances de se conclure. Le projet
sera
donc abandonné, et Clemenceau plus tard pourra nier effrontément, dev
1867
s ses notes, si le rôle qu’il joua dans l’affaire
fut
aussi important qu’il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une man
1868
e, qu’il a négligé par la suite de le vérifier, n’
étant
plus suffisamment intéressé. Il semble considérer cette aventure comm
1869
nt de constantes difficultés. Georges Mandel, qui
est
l’homme de Clemenceau, répand sur lui des bruits fâcheux. Lord Northc
1870
re de l’Intérieur. Je cite les notes : « Mr. Pams
était
sincèrement pro-polonais, et sincèrement amical avec moi, mais pas tr
1871
raint de vous expulser… Jeune et arrogant comme j’
étais
, ma rage éclata et je dis : — Voulez-vous faire venir votre chef de c
1872
vous faire venir votre chef de cabinet. Lorsqu’il
fut
là, je le priai de consulter un horaire et de m’indiquer l’heure du p
1873
l’heure du premier train quittant la France. (Il
était
11 h du matin.) — Il y a un train à 16 h pour l’Espagne. — Très bien,
1874
n départ, et à la Gare de Lyon j’eus le plaisir d’
être
salué par les marquis de Castellane, de Dampierre, de Chambrun, Anato
1875
n jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne
fut
sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distribuait
1876
mauvais état. Le capitaine du « Roger de Lluria »
était
un jeune peintre, le premier-maître un mathématicien, et le second-ma
1877
ont, un hangar abritait 30 vaches, dont plusieurs
furent
mangées durant le voyage. (J.H.R. note qu’au cours d’une tempête, il
1878
r son frère, professeur de chimie à Chicago, il s’
était
fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui res
1879
la réception, on lui apprit qu’en effet une somme
était
venue à son adresse, mais que les règlements empêchant de la garder p
1880
plus étranges de sa vie » (il omet de dire ce que
fut
l’autre) : lecteur à haute voix dans une fabrique de cigares, où les
1881
ifs fortuits et théoriques de son activité là-bas
est
venu s’ajouter, au cours des ans, un désir ardent et sincère de prête
1882
il déclara, pour mon intense satisfaction, que j’
étais
le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique sans un sou
1883
que j’étais le seul étranger qui, de son vivant,
soit
venu au Mexique sans un sou et en reparte sans un sou. C’est à quoi j
1884
es… » L’histoire de la nationalisation du pétrole
est
trop complexe en soi — et les notes de notre ami sur ce sujet trop in
1885
ques. On comprend donc pourquoi, lorsque Retinger
fut
pour la première fois consulté par le gouvernement, il conseilla sans
1886
prison De ces années mexicaines, deux épisodes
sont
rapportés avec quelque détail dans les Notes, et bien qu’ils perdent
1887
et bien qu’ils perdent beaucoup de leur saveur à
être
résumés, je crois bon de ne pas les omettre dans cette esquisse biogr
1888
ois avec Luis Morones et le groupe d’amis dont il
était
le chef. Ils formaient une sorte de société secrète de jeunes patriot
1889
organisation syndicale du Mexique, le fameux CROM
fut
leur œuvre. Grâce à eux, J.H.R. avait pu étudier de très près les con
1890
e, et Retinger, en buvant, comprend soudain qu’il
est
devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait voulu,
1891
due couverte de touffes de cactées. Ses vêtements
sont
en lambeaux, ses jambes en sang quand il atteint la route. Il ne voit
1892
i s’ensuivit. Un an plus tard, le général Obregon
étant
devenu président, les amis que Retinger compte dans son gouvernement
1893
e Noël 1921, le président confie à Retinger qu’il
est
entré en possession d’un très volumineux dossier (5000 pièces origina
1894
res du président Harding. Hoover seul, selon lui,
sera
capable de négocier et d’imposer une solution pacifique du conflit, s
1895
ts du Mexique. Les voies diplomatiques ordinaires
étant
loin d’être sûres, Retinger propose d’aller lui-même informer Mr. Hoo
1896
. Les voies diplomatiques ordinaires étant loin d’
être
sûres, Retinger propose d’aller lui-même informer Mr. Hoover. Chargé
1897
ington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il
est
arrêté et jeté en prison, sans pouvoir communiquer avec l’extérieur p
1898
endant une semaine, et sans motif allégué, ce qui
est
contraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison de Ho
1899
rti du bureau du juge, dans le corridor, Retinger
est
de nouveau arrêté, sous l’inculpation cette fois-ci d’être une charge
1900
ouveau arrêté, sous l’inculpation cette fois-ci d’
être
une charge pour l’administration américaine. Il a beau déclarer qu’il
1901
ministration américaine. Il a beau déclarer qu’il
est
entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lui a pr
1902
e quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont
été
alertés et cherchent à le faire libérer sous caution. Le juge exige 5
1903
our 15 000 dollars. Il laisse même entendre qu’il
est
prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Retinger
1904
r ne puissent plus payer. Les intérêts pétroliers
sont
prêts à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs
1905
Enfin, après un nouveau mois de cachot, Retinger
est
relâché sans un mot d’explication ni d’excuse, traverse la frontière
1906
et l’Amérique officielle, auquel il a travaillé,
sera
réalisé à la faveur du changement d’administration à Washington et gr
1907
l’action propre de Retinger dans la vie syndicale
fut
conforme à sa vocation la plus constante : établir des relations inte
1908
eil national socialiste de Pologne, bien qu’il ne
soit
pas membre du parti ; diverses démarches dans le cadre de l’Internati
1909
00 hommes, commandées par le général Sikorski, se
sont
battues en Alsace et en Norvège jusqu’au printemps de 1940. La divisi
1910
ef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’
est
lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération syndicale
1911
ns de chef, en son instinct politique. Le général
est
redevenu président du Conseil en exil. Retinger sera désormais son co
1912
t redevenu président du Conseil en exil. Retinger
sera
désormais son conseiller le plus intime. L’avion militaire lourdement
1913
se une porte, et se trouve devant le général, qui
est
seul. « Que venez-vous faire ici ? » « Je viens déjeuner avec vous, p
1914
ux conditions : que son retour dans les 48 heures
soit
assuré, et qu’il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent
1915
efusai, écrit J.H.R., l’un de mes rares complexes
étant
de détester les titres et décorations, et je n’en ai jamais accepté.
1916
’une attaque d’Hitler contre l’URSS. Les Polonais
furent
les premiers et presque les seuls à le croire. Retinger rédigea aussi
1917
itôt un mémoire pour Eden, suggérant qu’un accord
fût
rapidement conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait à ce moment
1918
dans l’armée de Sikorski. D’autre part, si l’URSS
était
attaquée, il importait que la Pologne, soutenue par les Anglais mais
1919
de Staline, une offre d’accord. Les négociations
furent
menées par Sikorski et Retinger du côté polonais, et par l’ambassadeu
1920
et même le président de la République en exil, s’
étaient
violemment opposés à toute négociation avec l’ennemi héréditaire qui
1921
aboutirent à leurs fins. Le 31 juillet, l’accord
fut
signé au Foreign Office, dans le bureau de M. Eden. À la surprise gén
1922
trée au moment où les discours officiels allaient
être
échangés. Eden, Sikorski et Maïski ayant parlé, il se leva et dit d’u
1923
arlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci
est
un grand événement. Je suis convaincu que votre accord va mettre une
1924
ne voix grave : « Ceci est un grand événement. Je
suis
convaincu que votre accord va mettre une fin pacifique et amicale à l
1925
te pour le reste du monde. Je me sens honoré d’en
être
le témoin. » À ce moment, sa voix se brisa, écrit Retinger, « et pour
1926
deur polonais désigné n’ayant pu partir, Retinger
fut
chargé de représenter les intérêts de son pays à Moscou et de faire a
1927
cord. Il partit en hydravion, via Arkhangelsk, et
fut
reçu à l’aérodrome de Moscou, au son de l’hymne polonais. Le protocol
1928
Proche-Orient, quand on lui annonça que l’avion s’
était
écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient mo
1929
Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille
étaient
morts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk étant devenu Pre
1930
ts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk
étant
devenu Premier ministre, Retinger se convainquit peu à peu de la néce
1931
e mission. Pour des raisons de sécurité, Retinger
fut
d’abord caché dans une petite ville du Sud de l’Italie, près de Bari,
1932
parachute qu’il devait pénétrer en Pologne, or il
était
de santé frêle, et avait toujours éprouvé une répugnance marquée pour
1933
nt à terre la présence du « comité de réception »
furent
repérées, la trappe s’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mi
1934
urner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes
furent
jetés d’abord, puis Retinger s’approcha du trou. Un sergent le retint
1935
». En dépit de toutes les précautions qui avaient
été
prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie sem
1936
, la présence de Retinger à Varsovie semble avoir
été
connue des nazis quelques heures après son arrivée, mais il l’ignorai
1937
durant les trois mois que dura sa mission, il ne
fut
jamais découvert. Le sens inné de la conspiration dans un peuple oppr
1938
d’une table occupée par cinq ou six hommes, ce ne
fut
pas sans terreur qu’il entendit soudain l’un d’eux dire à haute voix
1939
voix : « Savez-vous la grande nouvelle ? Retinger
est
arrivé de Londres il y a trois jours ! » Deux officiers allemands, as
1940
e déroulait selon les plans. Les contacts avaient
été
pris dans la capitale et en province avec les responsables politiques
1941
e incapable de marcher. Trois jours plus tard, il
était
paralysé des jambes et des mains. Le médecin diagnostiqua une polynév
1942
Quand vint le moment de son retour à Londres, il
était
encore incapable de marcher. Il fallut le transporter comme un bagage
1943
sortie réservée aux Polonais. Effrayé à l’idée d’
être
transporté dans tous ces escaliers et passages sous-voie, Retinger en
1944
de prendre la sortie réservée aux Allemands, qui
était
toute proche. Celt l’ayant chargé sur son dos, ils passèrent tranquil
1945
epuis quelques jours, qu’un régiment de cavalerie
était
signalé, qu’un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kil
1946
x kilomètres de là, et qu’un appareil de chasse s’
était
posé pour quelques minutes, l’après-midi même, sur la piste préparée
1947
’avion anglais. Cependant, l’opération ne pouvait
être
retardée. L’avion anglais parut à l’heure prévue. Les passagers et le
1948
prévue. Les passagers et les ballots de courrier
furent
chargés en quelques minutes, et les moteurs remis en marche. Mais les
1949
s, et les moteurs remis en marche. Mais les roues
étaient
bloquées dans la boue. Il fallut évacuer l’avion à deux reprises, cre
1950
urs emballés en pleine nuit, pas un Allemand ne s’
était
montré. L’atterrissage en Italie du Sud réussit également par miracle
1951
accompagnait Sikorski en route vers la Russie, il
fut
débarqué au Caire, où il apprit enfin le but de son voyage : M. Mikol
1952
lle générosité, les hommes responsables de ce don
étant
Sir Stafford Cripps, chancelier de l’Échiquier, et Mr. Hugh Dalton, p
1953
, président du Board of Trade. De la sorte, il me
fut
possible d’obtenir pour mon pays 15 kilomètres de ponts Bailey et Eve
1954
de livres. La générosité du gouvernement anglais
fut
telle qu’il paya même les frais de transport, tandis que d’autres dép
1955
, tandis que d’autres dépenses (experts polonais)
furent
payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernemen
1956
(experts polonais) furent payées de ma poche. Il
est
intéressant de noter que ni le gouvernement britannique ni moi-même n
1957
que ni le gouvernement britannique ni moi-même ne
furent
jamais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et qu’après que j’e
1958
anglais et quitté le Pologne, mes collaborateurs
furent
mis en prison par ordre du gouvernement polonais. Les notes pour les
1959
ssistant durant toute l’affaire des dons anglais,
fut
retenu à terre, à l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger mont
1960
rand but qu’il se tournera tout entier. Dès qu’il
fut
en mesure de marcher de nouveau (mais il lui fallut jusqu’au bout s’a
1961
ryk, Hubert Ripka et M. Ninčic pour les pays de l’
Est
, et pour ceux de l’Ouest, MM. P.-H. Spaak, van Kleffens et Kerstens,
1962
Benès dénonça son accord avec les Polonais, après
être
allé à Moscou. Mais Retinger suivait son idée. Le 8 mai 1946, il inau
1963
Dans le même temps, plusieurs autres mouvements s’
étaient
fondés. L’Union européenne des fédéralistes, dont la plupart des anim
1964
de liaison des mouvements pour l’Europe unie, qui
était
en train de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut annoncée c
1965
ain de prendre corps. Aucune décision formelle ne
fut
annoncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pas ta
1966
’annonçait sa venue à Genève, et dès ce moment je
fus
en mesure d’observer de près sa technique. Il me demandait de le mett
1967
avait bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’
étais
« engagé », non seulement par ma conférence à ce congrès, et par cell
1968
œuvre, des comités se constituèrent, des rapports
furent
élaborés, des résolutions discutées avec passion par les divers mouve
1969
plus grande habileté, durant toute cette période,
fut
sans doute de donner l’impression qu’il était obligé de cacher son je
1970
iode, fut sans doute de donner l’impression qu’il
était
obligé de cacher son jeu, mais qu’il jouait en réalité au bénéfice de
1971
de l’Europe, qui s’ouvrit à La Haye le 7 mai 1948
fut
l’œuvre personnelle de Retinger, et peut-être le couronnement de sa c
1972
et peut-être le couronnement de sa carrière. Nous
étions
quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucie
1973
re. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait
été
son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance, dans la p
1974
pour l’Europe unie, fédérée ou confédérée. Ce ne
fut
pas un congrès comme les autres, puisqu’il en résulta tout simplement
1975
ise en œuvre de l’union européenne. Tout ce qui s’
est
accompli dans cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à La Hay
1976
xé sur la fusion des intérêts franco-germaniques,
sont
formulées dans la résolution économique de La Haye. Le programme poli
1977
lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui avait
été
proposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la réussite du
1978
nte encore que la réussite du Congrès de l’Europe
fut
la manière dont Retinger sut l’exploiter. Au cours des semaines qui s
1979
le des gouvernements devant une idée neuve. Il ne
fut
pas seulement le père spirituel, mais l’accoucheur du Conseil de l’Eu
1980
le contenter. Grâce à lui, le Mouvement européen
sera
durant les trois ou quatre années suivantes non point l’avant-garde d
1981
t qu’en extension dans les élites dirigeantes. Il
est
difficile de mesurer exactement l’efficacité de ce vaste effort de pr
1982
eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’
est
pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni Lau
1983
ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce
sont
les conditions psychologiques et politiques qui ont permis la mise en
1984
er ont jamais travaillé ensemble : leurs méthodes
étaient
trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n
1985
éthodes étaient trop différentes, et ne pouvaient
être
que complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut i
1986
ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’
est
pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par
1987
aires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger
fut
invité à assister à la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du
1988
tion entre la CECA et la Grande-Bretagne. Et ce n’
est
pas sans raison qu’il se trouvait être, en 1960, le seul membre du Co
1989
ne. Et ce n’est pas sans raison qu’il se trouvait
être
, en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en eût fait partie dès
1990
mais manqué une seule de ses séances. En fait, il
est
certain que le CEC n’eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de R
1991
it à prendre corps. Ses avis et ses interventions
furent
de loin les plus efficaces au cours des deux années de préparation qu
1992
compétences, tels que la Commission des pays de l’
Est
(avec Harold Macmillan et Sir Edward Beddington-Behrens), la Campagne
1993
s le groupe de Bilderberg, le rôle de Retinger ne
fut
pas moins décisif, pas moins « instrumental », au sens anglais du mot
1994
u CEC auquel il prit part — le 24 mars 1960 —, ce
fut
lui encore qui lança l’idée d’une nouvelle Conférence européenne de l
1995
il se taisait absolument dans les congrès dont il
était
l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloquence pr
1996
, dînant seul avec nous, il se vantait en riant d’
être
devenu bavard dans les comités, et répétait qu’il se sentait beaucoup
1997
e », il répondit très vite comme on signale qu’on
sera
pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et avec auto
1998
on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je
serai
mort » — et avec autorité, parla d’autre chose. L’éminence grise
1999
buts de sa carrière, mais Gide avait raison, il n’
était
pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’é
2000
e ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’
étaient
jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non p
2001
is que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’
était
pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaque mat
2002
e. Il n’était pas non plus un orateur. Sa culture
était
vaste et variée. Chaque matin, réveillé dès 5 heures, il lisait de gr
2003
ors qu’il entrait en action créatrice. Sa méthode
était
l’entretien, et de préférence seul à seul. Certes, on le retrouvait p
2004
l. Certes, on le retrouvait partout où des hommes
étaient
réunis pour agir au nom d’une idée — l’indépendance polonaise et l’ac
2005
cevait bientôt que la grande idée dont on parlait
était
celle de ce petit homme sans apparence et silencieux ; que le groupe
2006
omme sans apparence et silencieux ; que le groupe
était
réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts
2007
était réuni grâce à lui seul ; que son art avait
été
de mettre les intérêts personnels les plus variés, et même les vanité
2008
es valeurs rassemblées. Les objectifs du groupe n’
étaient
pas toujours clairs pour beaucoup de ceux qui en faisaient partie, ma
2009
ersonnalités. À chacune, il explique que son idée
est
tellement importante qu’il vaut mieux ne pas en parler trop clairemen
2010
répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qui en
fut
ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il étai
2011
histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le
fut
une autre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la
2012
le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il
était
exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et
2013
ois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il
fût
à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican, ains
2014
oudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui
était
vrai, en fait, et ce qui explique les attaques et les calomnies dont
2015
ui explique les attaques et les calomnies dont il
fut
trop souvent l’objet, c’était son désintéressement presque incroyable
2016
franchise également paraissait incroyable : elle
était
si directe, et percutante, que ses victimes n’y voyaient qu’insolence
2017
’y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il
est
vrai, aussi qu’il n’avait pas le physique ni les manières suaves du G
2018
on ne savait où le trouver. « Celui qui s’abaisse
sera
élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne pardonne pas la mo
2019
nde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’
est
pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de brigu
2020
laudissements, selon les règles publicitaires. Il
était
l’exemple type d’une activité décisive, unissant toutes les qualités
2021
les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qui
fut
longtemps son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’est confess
2022
s son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’
est
confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement
2023
ls lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils
étaient
pleins de coquilles ! » (Joseph Conrad, p. 37). 50. Ces initiales my
2024
r la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils
furent
poursuivis quelque temps à Moscou avec Sir Stafford Cripps, et MM. Ga
2025
. On les appelait les Trois Mousquetaires, J.H.R.
étant
naturellement le quatrième. ck. Rougemont Denis de, « Esquisse d’un
2026
ine. Réveiller le sentiment d’unité des Européens
était
certes l’objectif initial et principal du CEC, et le demeure. Mais il
2027
itial et principal du CEC, et le demeure. Mais il
est
apparu, au cours des ans et de l’évolution rapide du monde, 1° que la
2028
s Européens de divers pays avec d’autres cultures
serait
sans doute l’un des moyens les plus efficaces de cette fin ; 2° qu’un
2029
nationalismes agrandis et mutuellement hostiles,
était
la méthode du Dialogue au niveau des cultures vivantes. Après dix ans
2030
mmunauté européenne, le CEC a senti que le moment
était
venu de passer au stade de ce dialogue mondial, et d’en instituer les
2031
er le compte rendu de ses travaux. Le colloque s’
est
réuni à Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas pri
2032
pays techniquement arriérés » : que cette aide ne
soit
pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une culture ; éducation ; re
2033
tres cultures pour une raison fondamentale : elle
est
elle-même une culture de dialogue, née de la synthèse difficile et ja
2034
le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe a
été
le foyer de la civilisation technicienne. La technique n’y est pas né
2035
de la civilisation technicienne. La technique n’y
est
pas née par hasard. Elle s’est développée dans un certain contexte re
2036
. La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’
est
développée dans un certain contexte religieux, philosophique, biophys
2037
biophysique, etc. Aujourd’hui, cette civilisation
est
diffusée dans le monde entier, mais sans son contexte culturel. L’Eur
2038
xpliquer d’abord à elle-même — que la technique n’
est
pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle
2039
chnique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en
est
qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de se
2040
ture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle peut
être
nocive une fois séparée de ses sources et de certaines résistances tr
2041
nique au mode de vie de ses peuples. (Le marxisme
est
né d’un moment particulier de ce drame européen !) 4. L’Europe étudie
2042
udie depuis longtemps les autres cultures, mais n’
est
guère étudiée par celles-ci en tant qu’ensemble ou unité. (Chaires d’
2043
entreprendre et de développer ce dialogue qui lui
est
nécessaire, l’Europe se heurte à deux difficultés majeures : a) diffi
2044
urope envoie en nombre croissant dans le monde ne
sont
pas préparées pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ont
2045
es difficultés. Les difficultés ont des chances d’
être
assez semblables (quoique à des degrés variables) pour chaque région.
2046
iables) pour chaque région. Quant aux motifs, ils
sont
sans doute très différents. La culture de l’Inde, par exemple, est pl
2047
ès différents. La culture de l’Inde, par exemple,
est
plus harmonieuse que celle de l’Europe, moins « dialogique » par sa n
2048
par sa nature même. Mais son problème majeur, qui
est
celui de l’intégration de la civilisation technicienne à son grand hé
2049
l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons
être
obligés de trouver son Histoire ! », disait récemment un jeune Sénéga
2050
conditions du dialogue, tel que nous l’espérons,
serait
d’inciter chaque région culturelle à formuler, en perspective mondial
2051
elle mesure les besoins ainsi définis peuvent-ils
être
satisfaits à l’aide des moyens existants ? Rien de plus difficile que
2052
re compréhension mutuelle entre les cultures de l’
Est
et de l’Ouest. Ses activités sont recensées dans le bulletin bimestri
2053
es cultures de l’Est et de l’Ouest. Ses activités
sont
recensées dans le bulletin bimestriel « Orient-Occident ». Congrès, r
2054
vilisations et de leurs publications, qui devrait
être
mis à jour.) Société internationale pour les études comparées des ci
2055
e, ou d’autres cultures orientales. Ces instituts
sont
presque tous rattachés à une université, et répartissent leurs activi
2056
u volumes) des instituts nationaux universitaires
sont
en général consacrées à l’étude d’une seule culture. Une autre catégo
2057
l’étude d’une seule culture. Une autre catégorie
est
celle des revues publiées en Occident et consacrées à un groupe de cu
2058
ux pour les autres régions de la planète, mais il
serait
imprudent d’affirmer que ces ouvrages, dans l’ensemble, répandent plu
2059
et majeur Est-Ouest, plusieurs vastes congrès ont
été
organisés ; citons : Manille, sur le thème « Present impact of the gr
2060
Des quelques exemples qu’on vient de donner, on
serait
tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’à une disette, dans l
2061
de documentation, bibliographies et bibliothèques
sont
si riches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à
2062
s et bibliothèques sont si riches que le problème
est
moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser. Enfin, les occa
2063
ncontres — congrès, colloques, séminaires, etc. —
sont
si nombreuses qu’il devient difficile de trouver assez d’hommes qui a
2064
ps d’y participer. En admettant que ces activités
soient
suffisantes dans leur domaine et soient menées d’une manière satisfai
2065
activités soient suffisantes dans leur domaine et
soient
menées d’une manière satisfaisante — ce qui est généralement le cas —
2066
oient menées d’une manière satisfaisante — ce qui
est
généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles
2067
ans qu’aucun des problèmes de fonds et d’ensemble
soit
touché. Le Dialogue des cultures doit s’établir entre des ensembles,
2068
s d’une autre région, les travaux de spécialistes
sont
de peu de secours : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont
2069
urs : le temps manque pour les étudier, et ils ne
sont
pas assez actuels ou synthétiques. Pour préparer des aides techniques
2070
lacune nous frappe, dans un tout autre ordre, qui
est
celui des faits plus que des méthodes. 3. Les relations culturelles
2071
s sur la base des ensembles culturels, ou régions
Est
et Ouest, Occident et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles
2072
els, ou régions Est et Ouest, Occident et Orient,
sont
des catégories trop vastes. Elles ne correspondent pas à des réalités
2073
hrétienne, origine culturelle européenne. Mais il
est
clair que dans le dialogue avec l’Afrique noire, ou l’Inde, ou la Chi
2074
s très différentes, parfois opposées. La Russie s’
est
séparée politiquement de l’Occident, mais elle en exagère certains tr
2075
sme sans mauvaise conscience, etc. Les États-Unis
sont
à la fois plus matérialistes et plus idéalistes-moralistes que l’Euro
2076
ard des régions différentes de la planète. L’Asie
est
un concept européen, et ne possède pas d’autre unité certaine, en deh
2077
inégalement profondes le Centre, le Sud-Est et l’
Est
du continent. Il est difficile de trouver un dénominateur commun aux
2078
s le Centre, le Sud-Est et l’Est du continent. Il
est
difficile de trouver un dénominateur commun aux problèmes de l’Inde e
2079
rs des « champs d’étude intelligibles » (Toynbee)
sont
à la fois moins vastes et moins vagues que le binôme Orient-Occident
2080
; et pour répondre aux questions d’étrangers, on
est
amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème
2081
e pour des ensembles comme l’URSS et les USA, qui
sont
fortement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’impose le Par
2082
me l’URSS et les USA, qui sont fortement intégrés
soit
par l’unification doctrinale qu’impose le Parti à des peuples très di
2083
ale qu’impose le Parti à des peuples très divers,
soit
par le brassage continuel d’une population d’origines variées, ainsi
2084
can way of life. La culture de ces deux ensembles
est
facile à « présenter », parce qu’elle s’est constituée en somme selon
2085
mbles est facile à « présenter », parce qu’elle s’
est
constituée en somme selon les principes de la propagande éducative —
2086
pes de la propagande éducative — celle-ci pouvant
être
la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il n’en va pas de même
2087
. Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’
est
efforcé depuis un siècle de former vingt « consciences nationales »,
2088
ttachés culturels nationaux, mais pas un seul qui
soit
chargé de représenter l’Europe. Un morcellement comparable risque de
2089
cis ou à leurs talents. Et pourtant, même si l’on
est
persuadé que le vrai dialogue s’institue au niveau des expériences sp
2090
t, et que les rencontres souhaitables demandent à
être
organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de ce
2091
es souhaitables demandent à être organisées. Nous
sommes
arrivés à la conviction que la création de centres analogues au CEC d
2092
des cultures. La mission de ces centres régionaux
serait
triple : — réunir une documentation bien sélectionnée et de consultat
2093
il suffit le plus souvent que le Centre sache où
sont
les sources existantes de renseignements sur un sujet donné et puisse
2094
sujet donné et puisse y faire appel quand besoin
est
. (À titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions
2095
pel quand besoin est. (À titre d’exemple : le CEC
est
en mesure de répondre aux questions qu’on lui adresse sur les organis
2096
rganisations européennes officielles, parce qu’il
est
en relations constantes avec leurs services d’information. En revanch
2097
communs à tous ses peuples ou pays. Ces ouvrages
seraient
ensuite traduits dans les autres régions, par l’intermédiaire de leur
2098
par l’intermédiaire de leur centre culturel. Ils
seraient
conçus en vue de l’information des éducateurs, publicistes, assistant
2099
de capitales, auprès de services officiels qui ne
sont
pas toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équipés
2100
s toujours en contact avec la culture vivante, et
sont
mal équipés pour répondre à des demandes personnelles ou à des questi
2101
nt sur l’ensemble de leur région). Les centres ne
seraient
pas nécessairement eux-mêmes les « interlocuteurs responsables » dont
2102
esponsables » dont on a vu la nécessité, mais ils
seraient
en tout cas les moyens de détecter ces interlocuteurs (parfois de les
2103
tion, statut, etc.) fournit un précédent qui peut
être
instructif pour d’autres régions, mutatis mutandis. De toute manière,
2104
mps utile, avant que l’on vienne nous dire : — Il
est
trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir négligé les condit
2105
res », Genève, avril 1962, p. 5-18. co. Le texte
est
introduit par la note suivante : « Au mois d’août 1961, le document d
2106
vail que nous reproduisons ici sans modifications
fut
envoyé à toutes les personnalités invitées à prendre part au colloque
2107
Introduction au colloque Vous remercier d’
être
venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routin
2108
ercier d’être venus à Genève pour ce colloque, ne
sera
pas simple affaire de routine. Je sais ce que représente pour chacun
2109
es à voyager et à travailler en groupe, au lieu d’
être
consacrées à la détente d’un weekend, au travail personnel, ou à la m
2110
nd, au travail personnel, ou à la méditation, qui
est
à la fois le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous êtes ici
2111
le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous
êtes
ici ce matin, c’est que vraiment vous êtes conscients de l’urgence et
2112
i vous êtes ici ce matin, c’est que vraiment vous
êtes
conscients de l’urgence et de l’importance de dialoguer sur ce dialog
2113
ce de dialoguer sur ce dialogue des cultures, qui
est
l’une des grandes tâches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur
2114
en deux mots qu’il existe depuis onze ans, qu’il
est
une entreprise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que sa «
2115
tique » — j’entends sa policy, au sens anglais —-
est
ainsi définie par ses statuts : « contribuer à l’union de l’Europe en
2116
e les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous
sommes
efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches communes ceux q
2117
at, ou d’une politique nationale ou partisane. Il
est
tout naturel que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à dial
2118
u nom d’autres ensembles culturels. Mais la tâche
est
immense, et avant de l’aborder de front, nous avons réfléchi, hésité,
2119
avons donc finalement décidé que, puisque rien ne
serait
jamais assez grand, théoriquement, il fallait commencer, pratiquement
2120
. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’
est
. Permettez-moi, à ce propos, quelques mots d’explication sur la maniè
2121
uelques mots d’explication sur la manière dont il
fut
composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de person
2122
manière dont il fut composé. Notre idée de départ
était
de réunir une vingtaine de personnalités, représentant cinq grandes r
2123
enir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont
été
empêchées, dont plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je n’e
2124
sages, raisons des absences.) Vous voyez qu’il n’
est
pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quand e
2125
) Vous voyez qu’il n’est pas facile de réunir ne
fût
-ce qu’une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre cont
2126
nd elles viennent de quatre continents ! Et ceci,
soit
dit en passant, illustre bien l’une des difficultés majeures de tout
2127
entifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous
étions
des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et
2128
éunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne
serions
même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dir
2129
converser, sans se lancer dans des discours. Il
est
bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorce
2130
u dialogue. Et tout d’abord, je voudrais que ceci
soit
bien clair ! Il s’agit ici d’un dialogue des cultures, et non pas d’u
2131
l’Inde — pour ne prendre que ces trois exemples —
sont
de nature politique avant tout. Et que, par conséquent, le dialogue d
2132
t que, par conséquent, le dialogue des cultures n’
est
guère qu’un luxe, une activité secondaire et probablement vaine tant
2133
t que les tensions politiques subsistent. S’il en
était
vraiment ainsi, le dialogue des cultures ne pourrait jamais avoir lie
2134
y aura toujours des tensions politiques, et elles
seront
d’autant plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’aura pas ét
2135
ves qu’une base d’entente fondamentale n’aura pas
été
établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qui pourrait é
2136
ase d’entente. Même si la chance qu’il nous offre
est
faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le dev
2137
e nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne
serions
pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre telle ou telle
2138
réalités beaucoup plus durables et profondes, qui
sont
nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propre
2139
r. Or ces réalités qu’on peut appeler culturelles
sont
les sources profondes des grands malentendus qui opposent nos régions
2140
La méconnaissance de ces réalités « culturelles »
est
ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, e
2141
dialogue véritable, et un dialogue organisé. Qu’
est
-ce alors qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite que cela ne
2142
itable ? Disons tout de suite que cela ne saurait
être
une succession de monologues, si éloquents et enflammés soient-ils. V
2143
ccession de monologues, si éloquents et enflammés
soient
-ils. Voilà pourquoi nous n’avons pas voulu convoquer aujourd’hui un g
2144
ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’
est
personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commen
2145
rôle de congressiste. L’art du colloque me paraît
être
, curieusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque,
2146
lus rapide, plus spontané et plus efficace ? Nous
sommes
assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous
2147
ordre du jour de ce matin. Premier point : Quels
sont
les motifs généraux du dialogue, résultant de la situation actuelle d
2148
? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous
sommes
tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa position gé
2149
té du dialogue, car alors la condition principale
est
acquise : les volontés sont alertées, les imaginations travaillent. N
2150
a condition principale est acquise : les volontés
sont
alertées, les imaginations travaillent. Nous pourrons vérifier et pré
2151
a première page du document de travail qui vous a
été
remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une part,
2152
u document de travail qui vous a été remis. Je me
suis
borné à y rappeler deux grands faits : d’une part, la mise en contact
2153
Bien entendu, d’autres motifs peuvent et devront
être
énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous deman
2154
eut aussi que certains d’entre vous demandent que
soit
précisé le sens du terme cultures (au pluriel), dans le contexte du d
2155
e nous pourrons aborder le deuxième point : Quels
sont
les motifs spécifiques du dialogue, pour chaque région ? Ceci nous d
2156
’elle estime avoir à leur apporter en échange. Il
est
clair que les deux premiers points — motifs généraux et motifs région
2157
rs points — motifs généraux et motifs régionaux —
sont
étroitement connexes. Cependant, je vous propose d’essayer tout au mo
2158
er de rassembler les différents arguments qui ont
été
discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de n
2159
t été discutés, parce qu’il me semble que nous ne
sommes
pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première position du pr
2160
l, que j’ai trouvée extrêmement heureuse : « Nous
sommes
tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans to
2161
Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous
sommes
tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un même pro
2162
nos cultures différentes, d’un même problème qui
est
l’industrialisation, la technique. Je parlais dans mon introduction d
2163
r quelle raison ? Parce que cette technique, elle
est
sortie tout de même, on l’a rappelé à plusieurs reprises, du contexte
2164
urs reprises, du contexte culturel européen. Elle
est
absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute no
2165
me M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe,
sommes
tous contre la technique : je crois que ce stade est dépassé. Il y a
2166
tous contre la technique : je crois que ce stade
est
dépassé. Il y a eu dans la première partie du siècle une espèce de le
2167
ée de boucliers contre le matérialisme. Mais nous
sommes
en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de la tec
2168
nous sommes en train d’intégrer, difficilement il
est
vrai, les valeurs de la technique aux valeurs du contexte de culture
2169
que aux valeurs du contexte de culture dont elles
sont
sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, entre la
2170
ont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui
est
universel, entre la culture dans chacune des régions différentes et c
2171
régions différentes et cette réalité objective qu’
est
devenue la technique. Première forme du dialogue, première raison de
2172
as maintenant briser, dissocier, des cultures qui
sont
justement en train de s’autonomiser, de prendre conscience d’elles-mê
2173
d’Arboussier disait très justement que son cas n’
est
pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’accéde
2174
le, avec n’importe quelle autre culture, quel que
soit
son âge. Ce premier dialogue entre la technique et les cultures, ce p
2175
la technique et les cultures, ce premier dialogue
est
universel, et il s’agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon
2176
que sur les termes de culture et de civilisation.
Est
-ce qu’il y a une culture de l’universel, ou est-ce qu’il y a des cult
2177
. Est-ce qu’il y a une culture de l’universel, ou
est
-ce qu’il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui e
2178
t de distinguer. Il y a le phénomène culture, qui
est
faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous po
2179
st faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui
est
universel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’importe que
2180
nous savons exactement ce que cela veut dire. Ce
sont
les hommes qui réfléchissent, harmonisent, concrétisent et créent. En
2181
laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’ont
été
pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’unif
2182
, c’est-à-dire de l’union dans la diversité. Nous
sommes
tous en faveur de la différenciation, de la prise de conscience des c
2183
onflit. Ici apparaît la nécessité du dialogue. Il
est
très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut p
2184
ité du dialogue. Il est très bon que ces cultures
soient
différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à des ruptures, comme
2185
versité. Et là-dessus, je crois que tout le monde
sera
d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ai excessivement simplifié ? Voi
2186
niversel, évitant à la fois l’uniformisation, qui
est
le risque de la technique, et la création de monades nationalistes. S
2187
et la création de monades nationalistes. Si vous
êtes
d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire
2188
ropéenne que prépare actuellement le CEC, et qui
sera
publiée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’a retenu, à de ra
2189
uerre. Le critère adopté pour établir cette liste
est
des plus simples : ont été cités les ouvrages qui, dans tous les doma
2190
ur établir cette liste est des plus simples : ont
été
cités les ouvrages qui, dans tous les domaines, traitent de l’ensembl
2191
l’ensemble européen et de sa problématique ; ont
été
exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils
2192
dans l’aire géographique de l’Europe mais qui ne
sont
pas étudiés et situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; ceux qui
2193
, ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre — ils
sont
fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages
2194
e titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet
est
à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rub
2195
et est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus
sont
répartis en seize rubriques, dont voici la liste : L’ensemble europée
2196
éralisme — Économie — Les nations et l’Europe — L’
Est
européen — L’Europe et le Monde — Répertoires, Index, Guides. On pour
2197
temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels
sont
les titres qui intéressent sa spécialité et les branches connexes de
2198
ouvrage, son niveau scientifique, et s’il apporte
soit
des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore,
2199
eau scientifique, et s’il apporte soit des faits,
soit
une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un r
2200
et s’il apporte soit des faits, soit une méthode,
soit
des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un rôle déterminant da
2201
ine européenne du livre De cette bibliographie
seront
extraites (et publiées dès mars 1963, en brochure) des listes de 100
2202
nauté internationale des libraires, dont le siège
est
à Delft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seron
2203
eurs centaines de librairies, dans tous nos pays,
seront
invitées à composer des vitrines « européennes ». Des prix seront déc
2204
à composer des vitrines « européennes ». Des prix
seront
décernés lors d’une cérémonie de clôture qui sera tenue à Genève. Le
2205
oute un peu. (Mais il y a bien d’autres raisons d’
être
optimiste.) Défauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont é
2206
éfauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils
sont
écrits à la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite entaché
2207
raphie, et surtout de hiérarchie des valeurs. Ils
sont
parfois pleins de redites, chacun se croyant tenu de refaire l’histor
2208
s son appréciation personnelle a posteriori ; ils
sont
souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un peu
2209
; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui
est
improvisé et manque un peu de rigueur, ou de modestie. Enfin et surto
2210
de rigueur, ou de modestie. Enfin et surtout, ils
sont
dépourvus pour la plupart de ce style de pensée créatrice qui serait
2211
ur la plupart de ce style de pensée créatrice qui
serait
seul capable d’entraîner une adhésion efficace à la cause. La préoccu
2212
iles. L’homme d’action marche, court et vole ; il
est
d’abord un visionnaire. Sans visionnaires à la Colomb, pas d’Europe,
2213
teurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’
est
fait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à
2214
ait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles
sont
les lacunes à combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’être t
2215
combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’
être
traités. Ils pourraient établir une politique des publications sur l’
2216
son nom, c’est à cause de certaines erreurs qu’il
sera
plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à un seul
2217
sera plus facile d’éviter désormais. La première
fut
de limiter à un seul éditeur par langue la qualité de membre du pool.
2218
in craignaient que les premiers titres retenus ne
soient
pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés sur ce de
2219
ient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se
soient
trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succès qu’ont r
2220
u départ, puis écartés finalement par le pool. Il
est
juste d’ajouter que l’intérêt pour les publications « européistes » s
2221
l’intérêt pour les publications « européistes » s’
est
fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’aut
2222
en pool, mais pour une seule espèce de livres qui
sont
de grands volumes illustrés. De même, le groupe d’éditeurs54 qui publ
2223
d’éditeurs54 qui publie la collection Eurolibri s’
est
spécialisé dans le domaine de l’économie et du droit économique. Il s
2224
nc qu’une politique de l’édition « européiste » n’
est
pas seulement souhaitable mais possible, moyennant une souplesse suff
2225
conviendrait d’encourager ou de susciter, — tels
seraient
, à notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition.
2226
conduisant à l’idée d’une telle campagne avaient
été
souvent exposées dans les publications du CEC, notamment dans le Guid
2227
peuples et les doter d’institutions communes, il
est
bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pa
2228
ue cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne
sera
pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs de Na
2229
les mêmes exigences que la démocratie : elle doit
être
voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon,
2230
la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il
est
probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se
2231
est probable qu’elle se fera tout de même — elle
est
déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocra
2232
ne démocratie, que le nom d’une fédération ; elle
sera
en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les S.A.
2233
ieux technocrates. Le problème urgent qui se pose
est
donc celui de la promotion d’un civisme européen. ⁂ Au terme d’un co
2234
éennes et du CEC, la formation d’un groupe ad hoc
fut
décidée, en vue de lancer la Campagne. Le colloque venait en effet de
2235
imetière et mis au point par le groupe ad hoc put
être
envoyé aux ministères dès la mi-janvier 1962. Le séminaire sur les mé
2236
(octobre). Entre-temps, les réponses à l’enquête
étaient
parvenues au CEC, dans les délais prévus, à quelques semaines près. C
2237
ns financiers nécessaires. Ces derniers devraient
être
empruntés, à mon avis, au budget d’une défense nationale bien compris
2238
c le moral d’un pays, son tonus civique), mais il
est
clair qu’on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans
2239
le suggestion dans les réponses officielles. Nous
sommes
encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassurant, c
2240
s encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui
est
plus rassurant, c’est la bonne volonté manifestée par tous les minist
2241
éducation. Cette réaction positive, sans réserve,
est
particulièrement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenu
2242
rement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se
sont
tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil de l’E
2243
enne, pour résoudre des tâches nationales, et qui
étaient
même, naguère, le domaine réservé des influences les plus nationalist
2244
ouverture déclarée sur un avenir européen, telles
sont
les deux conclusions majeures qui me paraissent résulter de notre enq
2245
e. C’est dire que la Campagne d’éducation civique
était
nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter
2246
d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle
est
possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou p
2247
ces ressources. 55. Les organismes dont le nom
est
suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution
2248
ganismes dont le nom est suivi d’une astérisque *
sont
ceux qui ont apporté leur contribution au financement du groupe ad ho
2249
u jeune Institut d’études européennes qui vient d’
être
créé dans ses murs. D’autre part, l’initiative hardie de M. Roger Big
2250
tion européenne des festivals de musique, dont il
fut
l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif
2251
dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit
être
tout d’abord représentatif d’un genius loci, d’un climat régional, ma
2252
rocher à un colloque dont les ambitions initiales
étaient
d’ordre culturel, et qui a si bien réussi, au surplus, à mettre en év
2253
orciez de créer une métropole locale. Le paradoxe
est
purement apparent. En réalité, ce qui se produit maintenant avec l’ou
2254
enant avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’
est
qu’un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe les
2255
tion du cadre national, surtout dans les pays qui
étaient
fortement centralisés, comme la France, et une libération des diversi
2256
on des diversités régionales. Les deux phénomènes
sont
concomitants à mon avis. Si vous diminuez l’importance des frontières
2257
arabe, ou de celle de l’Inde, toutes ces cultures
sont
en présence d’une même menace ou d’un même défi : la civilisation tec
2258
technologique, qui a fait le tour du monde. Elle
est
née en Europe de toute évidence, dans le contexte de la culture europ
2259
s le contexte de la culture européenne, mais elle
est
en train de s’objectiver, de se détacher de cette base, de ce foyer c
2260
détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’a
été
l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes traditions cu
2261
des représentants de cultures très diverses, nous
sommes
tous colonisés par cette même civilisation technologique et nous devo
2262
ibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci
étant
valable également pour l’Occident, bien que l’Occident ait une tradit
2263
hnique destructrice de la civilisation. Mais nous
sommes
tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrè
2264
d’accord, à Genève, pour penser que la technique
est
un progrès, en ce sens qu’elle augmente à la fois les risques de la c
2265
trouvent des moyens de diffusion prodigieux, qui
étaient
inimaginables il y a vingt ou trente ans. Le développement du livre d
2266
quante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’
est
vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, donc à peu près un m
2267
arrivons au moment où la technique, parce qu’elle
est
suffisamment poussée, développe enfin ses effets véritables qui sont
2268
oussée, développe enfin ses effets véritables qui
sont
de créer des loisirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir sera
2269
isirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir
sera
occupé ou par des radios plus ou moins abrutissantes, ou bien par des
2270
ou de la porter bien au-delà des milieux où elle
était
cultivée, si je puis dire, autrefois. Les chances augmentant en même
2271
elques mots à la question très pertinente qui m’a
été
posée par le professeur de Vernejoul, concernant les rapports de la t
2272
s, des préoccupations de ce colloque. La question
était
la suivante : est-ce que la spécialisation résultant de la technique
2273
s de ce colloque. La question était la suivante :
est
-ce que la spécialisation résultant de la technique n’est pas un dange
2274
que la spécialisation résultant de la technique n’
est
pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la te
2275
la technique n’est pas un danger pour la culture,
étant
entendu, d’autre part, que la technique apporte beaucoup à la culture
2276
apporte beaucoup à la culture ? La spécialisation
est
certainement un danger pour le spécialiste, dans la mesure où cela le
2277
mble des activités humaines. Le spécialiste qui n’
est
que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la
2278
ue cela fait littéralement un travail insensé. Il
est
perdu pour la culture qui est, en fin de compte — je crois que c’est
2279
travail insensé. Il est perdu pour la culture qui
est
, en fin de compte — je crois que c’est la définition la plus simple q
2280
ialisation technique, il faut bien le signaler, n’
est
pas moins dangereuse pour la technique elle-même que pour la culture.
2281
s techniques, que la plupart de ces inventions ne
sont
pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupe
2282
éventail très large de curiosités variées, et qui
sont
amenés par ces curiosités à faire des découvertes, à trouver du neuf
2283
trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ils
étaient
prisonniers des routines de leurs spécialisations. Les plus grands sa
2284
e possibilité d’option pour les étudiants, ils en
sont
venus à restaurer les études générales ; à tel point que, dans un ouv
2285
l « d’humanités », mais simplement parce que nous
sommes
conduits, par les nécessités mêmes du progrès technique et de l’inven
2286
ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne
seraient
éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul geste, comme l
2287
décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’
était
que « le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait
2288
strie, la période du charbon. Maintenant que nous
sommes
passés à la période blanche, la période de l’électricité, de l’électr
2289
usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’a pas
été
obtenue par le marxisme mais par le développement même de la techniqu
2290
e, entre la technique et la culture, les liens ne
sont
pas seulement souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ils s
2291
aitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ils
sont
vitaux pour la technique et par suite pour l’industrie elle-même. Pas
2292
, le long du grand axe commercial de l’époque qui
était
Venise-Bruges. Elles se développent dans les Flandres, redescendent p
2293
volution économique. Notons que ces évolutions ne
sont
jamais parties d’une base « nationale » au sens contemporain du terme
2294
t une quantité de nos frontières actuelles, qui n’
étaient
pas les mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont
2295
foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles
sont
les créations d’artistes évidemment individuels, mais attirés par un
2296
ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui
est
à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontièr
2297
s de production renforcée, des « métropoles » qui
soient
autant d’expressions locales ou régionales de la culture humaine, dif
2298
ct de la culture fondamentale et commune. Quelles
seront
alors les fonctions possibles d’une métropole en général ? Serait-ce,
2299
fonctions possibles d’une métropole en général ?
Serait
-ce, par exemple, d’apporter la culture à la population d’un lieu ? Ou
2300
ense pas que la fonction première d’une métropole
soit
d’apporter la culture dans une région comme celle d’Aix-Marseille, qu
2301
à la création d’un grand foyer de production, qui
serait
la métropole. J’insiste sur ce mot participation. La culture, c’est q
2302
’est quelque chose à quoi l’homme participe, ce n’
est
pas seulement quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne peu
2303
d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui n’
est
pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent, d’un p
2304
va naturellement bien au-delà de sa source. Il n’
est
pas destiné seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à ceux
2305
re ou à ceux qui habitent autour, sur son île. Il
est
destiné à permettre et assurer les communications, les échanges et le
2306
mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en
soient
très fiers, mais le but de leur phare, ce n’est pas eux, c’est le res
2307
oient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’
est
pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce qu’
2308
t pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture
est
échange parce qu’elle est d’abord expression, et qui dit expression d
2309
du monde. Toute culture est échange parce qu’elle
est
d’abord expression, et qui dit expression dit communication, tendance
2310
cours de la Renaissance italienne ou flamande. Qu’
est
-ce que ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse à
2311
. Aujourd’hui, dans le cas d’Aix-Marseille, quels
sont
les éléments déjà existants ? Vous avez un festival, des revues, une
2312
rix, des compétitions diverses. Toutes choses qui
sont
chères, toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exigent
2313
Le climat, il existe ici, on l’a décrit hier. Il
est
heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont
2314
xiste ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il
est
dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissan
2315
l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il
est
plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissan
2316
t dense, il est plein de possibilités variées qui
sont
à l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l
2317
our. La culture et l’éducation, je crois que nous
sommes
tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investissement pour
2318
tie elle-même son rayonnement. Autrement, elle ne
serait
qu’une succursale plus ou moins lointaine de la capitale nationale qu
2319
de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce qu’
était
autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d’Anvers ou d
2320
de Bruges au temps de la Renaissance, ou à ce qu’
étaient
les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un temple sur l’
2321
fier un temple sur l’Acropole ou à Delphes ? Quel
est
l’équivalent moderne de ce mécénat ? C’est la « fondation », de type
2322
la « fondation », de type américain. Elle paraît
être
la formule de coopération idéale entre l’économie et la culture. Elle
2323
ation idéale entre l’économie et la culture. Elle
est
nourrie par l’économie, qui à travers elle dirige ses dons vers la cu
2324
de la fondation Ford, nourri par les usines Ford,
est
actuellement de quatre milliards et demi de dollars ; je tiens ce chi
2325
te fortune provient d’une mesure très simple, qui
est
la détaxation des revenus versés à une fondation. En dotant richement
2326
est l’État qui fait le sacrifice, mais l’habitude
est
prise en Amérique, et, à part quelques enquêtes gênantes au Congrès o
2327
leur politique, tout se passe très bien. La chose
est
parfaitement admise et considérée comme bénéficiaire pour l’ensemble
2328
itions analogues en Europe. Un projet de loi doit
être
déposé à cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à généralis
2329
ojet de fondation dans la métropole Aix-Marseille
serait
un test qui permettrait de mesurer la vitalité de cette métropole, c’
2330
nt le secteur industriel et le secteur culturel y
sont
réellement conscients de leur interdépendance vitale, de ce qu’ils do
2331
économie régionale, non pas dans l’espoir qu’elle
soit
acceptée ni même discutée sérieusement aujourd’hui, mais parce qu’il
2332
nts de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui
est
leur civilisation et des droits que l’union seule pourra leur assurer
2333
r. Or, comment devenir citoyen d’un pays qui n’en
est
pas un, puisqu’il n’a pas encore d’institutions, de politique commune
2334
près, mais c’est à toi de commencer ! Ce dialogue
est
celui de tout engendrement, et en dépit de Zénon d’Élée, il aboutit s
2335
rope fait des citoyens pour ce qu’elle veut. Elle
est
chargée par nos États de faire des citoyens pour la nation. Et l’on s
2336
n. Elle a donné naissance à un comité d’action où
sont
représentés le Conseil de l’Europe56, les Communautés européennes, la
2337
. ⁂ L’enquête sur l’état de l’éducation civique a
été
lancée dès janvier 1962 auprès de 19 gouvernements par les soins du s
2338
du secrétariat de la Campagne. Ses résultats ont
été
publiés en 196358. Tous les gouvernements consultés, sans exception,
2339
e de préparation des enseignants, qui demandent à
être
mieux informés et formés. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi exprimés,
2340
gnants, des stages de formation de formateurs ont
été
préparés par le Comité et réalisés par le secrétariat de la Campagne,
2341
ès le printemps de 1962. La tâche de la Campagne
est
immense : il y a, dans nos divers pays des centaines de milliers d’en
2342
qu’ici, l’intérêt témoigné et l’aide apportée ont
été
extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zur
2343
portée ont été extrêmement encourageants ; que ce
soit
à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’
2344
terbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a
été
réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nationa
2345
appui matériel et moral. Le rôle de chaque stage
est
: 1° de discuter le problème de l’enseignement civique dans un domain
2346
représentent qu’une faible partie de ceux qui ont
été
présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à repro
2347
ésentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’
est
borné à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l
2348
t que d’un départ, et que l’action de la Campagne
est
à long terme. Les prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford, à
2349
mark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe a
été
représenté d’abord par M. Paul M. G. Lévy, directeur du Service d’inf
2350
ard, le Conseil de coopération culturelle (CCC) s’
étant
constitué, [le Conseil de l’Europe] a délégué au comité de la Campagn
2351
e M. G. F. Connell ; les autres membres du comité
sont
actuellement : M. D. de Rougemont, président, directeur du CEC, Mme A
2352
Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)cx Je ne
suis
pas du tout géographe, donc pas du tout compétent pour introduire le
2353
i j’avais le bonheur de retourner à l’école, et d’
être
enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne que la
2354
Allons donc ! C’est l’histoire du trait d’union :
est
-ce qu’il sépare deux mots, ou est-ce qu’il les unit ? L’historien nat
2355
trait d’union : est-ce qu’il sépare deux mots, ou
est
-ce qu’il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’il les sépare. L
2356
la « nature des choses » et des sols. « L’Europe
est
un continent où l’histoire a souvent violé la géographie », écrit trè
2357
oir combien sa division en nations « éternelles »
est
souvent arbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe est un pay
2358
rbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe
est
un pays de grande densité humaine : 20 habitants au km2 en moyenne da
2359
rlaient des langues un peu différentes et avaient
été
conquis par des rois ou des États différents. Je voudrais enfin qu’on
2360
concentrations industrielles et commerciales vont
être
revalorisées. Elles vont respirer, délivrées du carcan État. Elles vo
2361
ar trop de gens prétendent que le projet européen
est
une sorte de rouleau compresseur qui va tout mélanger et uniformiser,
2362
uniformiser, tout écraser sur son passage. Telles
sont
quelques-unes des questions que je pose aux professeurs de géographie
2363
nt bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils
seraient
tout à fait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’être en mêm
2364
s élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’
être
écoutés avec passion, et d’être en même temps bien utiles à la cause
2365
ait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’
être
en même temps bien utiles à la cause de l’union européenne. cx. Ro
2366
on la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir
été
donnée par Dante, en son Traité de l’éloquence vulgaire, au septième
2367
ces non seulement la Nature mais le Naturant, qui
est
Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite a
2368
et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui
fut
ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour
2369
quait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils
fussent
frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que tous ceux q
2370
jetés dans une confusion telle que tous ceux qui
étaient
venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter
2371
que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée
furent
ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus
2372
qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’
étaient
tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et
2373
si donc, l’origine de la diversité des langues ne
serait
autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargons de m
2374
s esprits, publiée vers 1920 : « Les Européens se
sont
jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les donné
2375
gence à grande échelle, d’une part. Les distances
sont
presque annulées par la vitesse des communications. Les nations tende
2376
reconnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration
est
à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain no
2377
tent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce
sera
le métissage universel, après un certain nombre de conflits peut-être
2378
e conflits peut-être atroces, mais dont l’issue n’
est
pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théorique
2379
nous quelques instants pour nous demander quelles
sont
les causes, le moteur et l’agent de ce mouvement universel de converg
2380
découvert la terre entière, et personne d’autre n’
est
jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne
2381
avage. Le Droit des gens valable pour toute race,
est
une création de l’Europe, durant l’époque colonialiste et tout d’abor
2382
ia et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel et Kant en
sont
les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites d’As
2383
e ses techniques et procédés, et l’on se réclame,
fût
-ce pour les retourner contre l’Europe, de ses doctrines politiques et
2384
rononce, précisément au cœur de cette culture qui
fut
l’agent de la convergence mondiale, un mouvement radicalement contrai
2385
e dissociation, de division et de séparation, qui
est
proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plus fa
2386
univers du savoir humain, facultés et spécialités
sont
en train de s’éloigner les unes des autres avec une vitesse croissant
2387
est dire que la commune mesure d’une civilisation
est
en train de s’évanouir — j’entends par là, sa conception de l’homme u
2388
té, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui
sont
le sens corporatif, communautaire, et le sens synthétique ou universa
2389
synthétique ou universaliste. Nos universités ne
sont
plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souvent fo
2390
t suffire ici : le nombre des étudiants en France
était
de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit
2391
s étudiants en France était de 42 000 en 1924, il
est
d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans
2392
d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il
sera
de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu varier les
2393
re avant les grands cours.) L’explosion du savoir
est
plus difficile à chiffrer. Robert Oppenheimer et d’autres savants amé
2394
ntifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire,
sont
vivants aujourd’hui. Et Louis Armand me disait un jour : si vous et m
2395
lié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle
est
aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour images, sont
2396
es données numériques, que je prends pour images,
sont
probablement vraies en gros dans le domaine des sciences exactes (mat
2397
eut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’
est
produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie
2398
ormalement quand les informations ne peuvent plus
être
échangées entre les branches du savoir, ou entre les rameaux d’une mê
2399
rapportés à quelque unité globale de conception,
soit
originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exempl
2400
lque unité globale de conception, soit originelle
soit
finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustr
2401
d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien, ne
serait
plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce que to
2402
ns du physicien et la dogmatique de l’Église doit
être
estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien ne
2403
physicien ne saurait pas davantage si sa démarche
est
conforme ou non à la théologie, et fort probablement ne s’en souciera
2404
de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’
est
pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne s
2405
pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’
être
abandonnée, elle attire une foule croissante de travailleurs et de cu
2406
État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle
est
devenue trop petite pour ses tâches immédiates, qu’on l’agrandisse !
2407
grandisse ! Les crises de croissance n’ont jamais
été
mortelles pour les administrations : elles représentent au contraire
2408
son. Mais il y a le point de vue de l’esprit, qui
est
différent. L’esprit humain, et particulièrement l’esprit européen, ne
2409
ici l’interprète. L’incommunicabilité des savoirs
est
ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure
2410
rcément partielles, susceptibles à tout instant d’
être
mises en question, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne
2411
hodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’
être
peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pa
2412
osseuse, et très peu d’articulations… Au vrai, il
est
devenu presque impossible de répondre à une telle question, et c’est
2413
la fois, sans choix bien motivé sur lequel on se
soit
accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de
2414
ix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il
est
vrai que ces questions débordent le seul domaine de l’Université, et
2415
répondre. Le problème qu’on soulève ici, et qui
est
celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absol
2416
a, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela
soit
compatible ou non avec l’image du monde communément admise. La plural
2417
sation de la philosophie et de la recherche qui s’
est
manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie siècle —
2418
r dans quelle mesure l’apparition de l’Université
est
liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse co
2419
parition de l’Université est liée à ce phénomène,
soit
qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme,
2420
est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime,
soit
qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet
2421
qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce
serait
un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’est produit, autant que
2422
ait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’
est
produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homogène
2423
’Amérique précolombienne. Dans ces cultures, tout
est
sacré. La distinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens que sage
2424
esse spirituelle, science, éthique et esthétique,
sont
réglées par les mêmes lois et ne connaissent pas de développements pa
2425
liers et divergents. L’originalité, pour elles, n’
est
pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécuti
2426
passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous
sont
capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se récus
2427
relles dans l’Occident christianisé — alors qu’il
est
clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellem
2428
ter leur ignorance méthodique des domaines qui ne
sont
pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicien et
2429
tion et du Progrès, il faudrait que le théologien
soit
capable de se référer non seulement aux conciles et aux textes sacrés
2430
uels sur le temps, la matière et sa constitution,
est
étrangement homologue à celle des grandes querelles théologiques de N
2431
s, un sujet qui demanderait de gros ouvrages pour
être
exposé sérieusement. Ce qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c
2432
rs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’
est
guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence de l
2433
éen par excellence de l’union dans la diversité n’
est
pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’
2434
és me paraissent assez évidentes. La généralité n’
est
pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans
2435
ramifications interdisciplinaires de ce que l’on
est
en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte, même pro
2436
n est en train d’étudier dans le détail60. La vie
est
trop courte, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’à une moye
2437
tion du savoir, loin de représenter un progrès, n’
est
littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un or
2438
i-ci exorbitant : perdre de vue l’ensemble humain
est
une perte absolue, essentielle, que tous les gains partiels, addition
2439
la recherche la plus hautement spécialisée qui s’
est
vue conduite par les nécessités internes de son cheminement à débouch
2440
tudiant le principe de l’irréversibilité du temps
est
amené à écrire « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est t
2441
« qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos
est
trop étriquée ; et que la Physique de demain risque de se trouver obl
2442
d’entre eux l’ont écrit. Une phrase de Spinoza s’
est
fixée dans mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous conn
2443
orer, elle me paraît rendre compte du fait que ce
sont
les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus loin d
2444
en soi acquis par les spécialités. Toute synthèse
est
un acte créateur, intervenant au carrefour de plusieurs vérités hétér
2445
tre culture et de nos universités devrait d’abord
être
confiée à des groupes de chercheurs représentant des disciplines dive
2446
ptimum des participants de tels groupes me paraît
être
, à l’expérience de nombreux colloques portant sur des sujets interdis
2447
eaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’
est
pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — car
2448
Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce
sont
des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’i
2449
e la fécondité de leurs interférences. Ces hommes
seront
d’abord des spécialistes, et qui prouveront leur excellence en tant q
2450
conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’
être
seulement des spécialistes. Favoriser ou fomenter ce type humain, lui
2451
utre par des facteurs quantitatifs irréversibles,
serait
de multiplier sans plus tarder le nombre des établissements d’enseign
2452
supérieur. D’une part, les universités existantes
seraient
progressivement libérées de leur engorgement, d’autre part les dimens
2453
, me semble-t-il, les rapports d’experts qui vous
sont
soumis. Si l’on garde à l’esprit la règle d’or de la culture européen
2454
rit la règle d’or de la culture européenne, qui n’
est
rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations personnel
2455
munautaire et de tout bon travail en commun, l’on
sera
conduit à préférer la multiplication de petites universités à la mult
2456
d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’
est
pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociologue
2457
million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960, ce
sont
les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, s
2458
ys d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs,
soit
dans l’ordre la Suisse, le Danemark, l’Autriche, les Pays-Bas et la S
2459
as plus sur ce point : dans les petits pays, tout
est
petit, y compris les universités. Mais sur le problème de l’explosion
2460
rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait
été
d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans les
2461
re supranationale. J’en imagine le prototype, qui
serait
une tour d’anti-Babel. Dans un grand parc, près de la mer, ou d’un la
2462
vités intellectuelles de cette communauté peuvent
être
définies à grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cour
2463
es risques et périls : toute déclaration publique
est
obligatoirement suivie d’une discussion réglée ; ici l’on n’impose pa
2464
à la même spécialité. Et quant au contenu : seuls
sont
portés au programme les sujets par essence interdisciplinaires. J’ent
2465
sciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’il
serait
le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques.
2466
Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
serais
heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’étais jugé digne de part
2467
rais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’
étais
jugé digne de participer aux activités de la commune. 1. Les options
2468
ventions ou découvertes de la science et des arts
sont
-elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utili
2469
us tiriez de mes propos, cet institut de synthèse
serait
idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, depui
2470
our fin de recréer l’union dans la diversité, qui
est
la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul
2471
civiles européennes. Le motif dominant de l’union
était
alors de rendre impossible une nouvelle guerre franco-allemande : le
2472
motif planétaire. L’idée maîtresse qui l’inspire
est
la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et réalise sa vo
2473
eau et aux cultures différentes une Europe qui ne
soit
ni impérialiste ni démissionnaire, ni agressive ni masochiste, et pou
2474
ltures entrant en dialogue, et admettant qu’elles
sont
autant de manifestations valables, précieuses et nécessaires, autant
2475
d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il
est
trop tard, déjà tout communique, par la faute ou par la vertu de nos
2476
nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre ne peut
être
gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le suje
2477
qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles
sont
toutes perdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue est immense
2478
erdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue
est
immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à tou
2479
l’humanité. Le sujet du dialogue est immense, il
est
littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les confusio
2480
onter honnêtement. Un petit groupe d’animateurs s’
est
réuni à Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming »,
2481
e 300. Près de 200 ont accepté, et finalement 150
sont
ici (55 souhaitaient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde à f
2482
alement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais
sont
occupés dans le tiers-monde à faire ce dont nous tentons ici de mieux
2483
mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’
est
ensuite occupé de sonder l’opinion de nos élites, et de réunir des ra
2484
ons inévitables. Une cinquantaine de rapports ont
été
demandés. Quarante-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous
2485
uit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous
sont
arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est dire qu
2486
uelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous
seront
présentés oralement. C’est dire que la réponse a dépassé la demande,
2487
ard, qui explique le déluge de papier auquel vous
êtes
soumis en dernière heure, plus de 800 pages de texte, y compris le Bi
2488
n matière culturelle. Ces quelque 50 rapports ont
été
attribués à une première série de quatre commissions chargées de disc
2489
opéennes reconsidérées dans une optique mondiale,
sont
attribués une quinzaine de rapports. On peut les répartir en quatre g
2490
é des hommes, de la liberté et de l’esclavage. Il
était
juste de relever d’abord le rôle décisif qu’ont joué les Européens, e
2491
monde, comment et pourquoi ces sous-développés qu’
étaient
les Européens du Moyen Âge et de la Renaissance par rapport aux Arabe
2492
tures des autres continents et celles de l’Europe
est
traitée par deux ou trois rapports, qui décrivent la faculté d’assimi
2493
tre excusant son absence forcée de ce congrès, il
est
en Chine ces jours-ci) critiquent vivement toute tentative d’affirmer
2494
en faveur de l’une et de l’autre attitude. Car il
est
bien certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’
2495
pour lui faire la leçon, que toutes les cultures
sont
également valables, il est juste de faire observer que des Européens,
2496
e toutes les cultures sont également valables, il
est
juste de faire observer que des Européens, presque seuls, ont pu pens
2497
t pu penser cela ! Toutes les grandes cultures se
sont
considérées, partout et de tout temps, comme la vraie, la seule, l’hu
2498
e, la seule, l’humaine par excellence. Les autres
étaient
barbares et plus ou moins grossières. Seuls les Européens, dès le xvi
2499
contextes culturels. Une douzaine de rapports lui
sont
attribués, traitant surtout des effets de l’adoption par le tiers-mon
2500
ns que les conditions d’une transposition valable
soient
réunies. La troisième commission va s’atteler à la tâche capitale d’u
2501
développement. Cinq rapports très importants lui
sont
soumis, et il me semble que chacun à sa manière, si différentes que s
2502
emble que chacun à sa manière, si différentes que
soient
ces manières et si opposées qu’elles puissent paraître, ces cinq rapp
2503
ître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui
est
de mettre en question les clichés de l’économisme pur et d’un philant
2504
l’économisme pur et d’un philanthropisme naïf. Ce
sont
les travaux de cette commission qui, personnellement, me passionnerai
2505
re, mais aussi les plus naïves questions à poser.
Est
-il certain, par exemple, que le développement industriel et technique
2506
industriel et technique sur le modèle occidental
soit
une nécessité universelle et nécessairement bénéfique ? Les calculs q
2507
lle et nécessairement bénéfique ? Les calculs qui
sont
à la base de l’aide au développement par les Occidentaux ne reposent-
2508
ent industriel et technique de l’Occident moderne
est
-il une mesure fixe, comme le kilo, le mètre ou l’erg, à laquelle on p
2509
rs savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne
sont
pas tous pareils, même pas dans ce que l’on nomme leurs besoins éléme
2510
is de l’économie s’effondrent, si justes qu’elles
soient
localement dans un milieu convenablement conditionné et réglé, comme
2511
ême coup radicalement faussées. Cette hypothèse n’
est
pas gratuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avant n
2512
édique, de 1500 à 500 avant notre ère, l’économie
était
en plein développement — et nous n’étions alors que des sauvages — lo
2513
économie était en plein développement — et nous n’
étions
alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme, bientôt
2514
pement économique d’une culture donnée ne saurait
être
évalué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaient pareils et
2515
valué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes
étaient
pareils et comme si leurs croyances et leurs options fondamentales de
2516
ell nous répètent depuis Hiroshima que l’humanité
est
menacée d’extinction par la Bombe, et ce danger virtuel d’explosion a
2517
el et présent de l’explosion démographique. Ce n’
est
pas l’extinction du genre humain mais sa prolifération incontrôlée qu
2518
grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vous
sont
soumis insistent sur la priorité qu’il faudrait donner à une planific
2519
ous-développés, car, sans la première, la seconde
est
désespérément illusoire, et peut même aggraver rapidement la famine q
2520
e qu’elle voulait prévenir à n’importe quel prix,
fût
-ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous parlerai pas ce matin des
2521
ngrès, et que le problème que nous allons aborder
est
si vital, si central, et disons-le, si formidable, au sens étymologiq
2522
voilà qui va de soi et personne ne demandera quel
est
le lien entre ces matières et la préparation civique des élèves. Mais
2523
ine du jeu, et les dures nécessités concrètes qui
sont
celles de la vie publique et civique — domaine du sérieux. On pourra
2524
artage ces doutes ou ne se pose ces questions, il
est
certain que le lien entre culture et civisme n’est pas évident pour t
2525
st certain que le lien entre culture et civisme n’
est
pas évident pour tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît à p
2526
paraît à première vue un peu surprenant, si ce n’
est
inquiétant… J’estime donc opportun de poser le problème en toute fran
2527
lités. Je voudrais vous montrer comment, si elles
sont
bien comprises, elles convergent et s’appuient mutuellement dans l’op
2528
générations confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’
est
-ce que le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot —
2529
crois qu’on peut le définir par un seul mot — qui
est
le mot-clé de la doctrine de Proudhon, ancêtre de la nouvelle école d
2530
mais où ils prennent la parole ! Participer, ce n’
est
pas seulement prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’est
2531
endre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’
est
pas seulement recevoir, c’est aussi donner. L’enfant, l’élève, le fut
2532
ivique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle devrait
être
— mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet
2533
ut cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’
est
pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se
2534
, le citoyen d’une de nos démocraties, ne saurait
être
un vrai démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’il ne compren
2535
sion personnelle. Juridiquement, un homme ne peut
être
tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au
2536
pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il
était
libre au moment où il a signé tel document, commis telle action, et q
2537
ment, un homme ne saurait se sentir et ne saurait
être
vraiment libre, si ce n’était pour faire quelque chose ou pour refuse
2538
sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’
était
pour faire quelque chose ou pour refuser de faire quelque chose, le l
2539
ise et s’actualise dans la responsabilité, que ce
soit
pour le bien ou pour le mal, pour l’honneur ou pour le châtiment. L’i
2540
l’honneur ou pour le châtiment. L’irresponsable n’
est
pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’est pas responsable. C
2541
st pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’
est
pas responsable. Cette liaison fondamentale et indissoluble de la lib
2542
ndissoluble de la liberté et de la responsabilité
est
le trait caractéristique du civisme européen. Elle représente la sant
2543
de la démocratie, dont les deux maladies typiques
sont
l’individualisme anarchique et le collectivisme tyrannique. Dans le p
2544
ivisme tyrannique. Dans le premier cas, l’homme n’
est
pas responsable, dans le second, il n’est pas libre. Ni dans le premi
2545
homme n’est pas responsable, dans le second, il n’
est
pas libre. Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne sa
2546
mier, ni dans le second de ces cas, il ne saurait
être
considéré comme un citoyen véritable. De ces définitions de base résu
2547
s les civilisations sacrées et les totalitaires n’
est
en somme qu’un immense catéchisme, un apprentissage des règles et des
2548
stion non seulement de la manière dont les règles
sont
appliquées, mais des règles elles-mêmes, c’est-à-dire un entraînement
2549
t critique. Ainsi le rôle de l’éducateur européen
est
double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventio
2550
. Ces deux exigences de l’éducation européenne ne
sont
contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémentaire
2551
ne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles
sont
en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialectique
2552
talitaires dans lesquelles il s’agit avant tout d’
être
conforme, d’obéir strictement aux modèles collectifs imposés par décr
2553
ouvoir. Éduquer un enfant, au sens européen, ce n’
est
pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas s
2554
ent conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’
est
pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir
2555
réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’
est
pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (religieu
2556
n de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’
est
la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étr
2557
chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment ils ont
été
créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieuses et s
2558
uter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne
sera
efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des technique
2559
cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève
est
initié à quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis
2560
nt acquis une idée de la manière dont tout cela a
été
fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commencera n
2561
e : l’imitation correcte des modèles orthodoxes n’
est
pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemple,
2562
odèles orthodoxes n’est pas sa fin, comme elle le
serait
pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les
2563
officiel sous Staline. L’imitation, en Europe, n’
est
qu’un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la personna
2564
ré. Dès la Renaissance donc, le créateur européen
est
celui pour qui l’art n’est plus seulement l’illustration des vérités
2565
, le créateur européen est celui pour qui l’art n’
est
plus seulement l’illustration des vérités orthodoxes, et des symboles
2566
un poète, un musicien, veut d’abord dire ce qu’il
est
seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en même te
2567
même temps il publie, il expose, il ambitionne d’
être
joué en public, c’est-à-dire qu’il cherche aussi l’approbation et la
2568
toyen actif ou de l’artiste créateur, le problème
est
le même dans sa forme et dans ses étapes dialectiques. Il s’agit d’ab
2569
requises pour maintenir cet équilibre en tension
sont
les mêmes dans les deux cas, et les déviations inévitables, rompant l
2570
les déviations inévitables, rompant l’équilibre,
sont
comparables, terme à terme. ⁂ Revenant maintenant aux problèmes plus
2571
angements, unité dans la diversité, semblent bien
être
les constituantes d’une culture vivante, et plus spécifiquement d’une
2572
el que leurs sources et modèles ! Ulysse de Joyce
est
une transposition de l’Odyssée au xxe siècle, et Picasso, parti de T
2573
statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’avait
été
plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’avait ress
2574
vres du passé européen et même mondial. Ceci donc
est
typique de l’Europe : la présence et l’action simultanées de la tradi
2575
peut en donner d’innombrables exemples, mais ils
seront
rarement aussi parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos
2576
tionalisme ; et chacun sait que le nationalisme a
été
propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe siècle.
2577
tinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’
est
pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeux d
2578
e multiplient au xve siècle ; Guillaume Dufay en
est
l’illustration. Une nouvelle école s’épanouit dans les Flandres avec
2579
nt l’école locale ou régionale dans laquelle il s’
est
formé. Roland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la France
2580
ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’
est
pas devenu un peintre français du fait de l’annexion de Colmar à la F
2581
a religion qui les inspira toutes au départ, il n’
est
pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille é
2582
issant l’œuvre commune des Européens ; et il n’en
est
pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou intel
2583
s relâche et en toute occasion à vos élèves, ce n’
est
pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de falsifi
2584
vité de tous Pendant longtemps, lire et écrire
fut
réservé aux clercs, puis à une élite restreinte. Puis il y eut l’inst
2585
me, dans nos démocraties, tout homme doit et peut
être
un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul à rester une spécialité de
2586
omme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art
serait
-il seul à rester une spécialité de luxe, réservée aux seuls artistes
2587
rs que la vie quotidienne et la cité ont besoin d’
être
aménagées esthétiquement autant que socialement et politiquement. L’e
2588
ent de l’histoire des arts, depuis le romantisme,
est
dominé par la notion de chefs-d’œuvre ou d’œuvre individuelle faisant
2589
atailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on en
est
venu à séparer radicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui aur
2590
professionnels, ou d’en parler. Or une culture n’
est
pas vivante et n’est pas saine, si elle reste l’activité des seuls ar
2591
en parler. Or une culture n’est pas vivante et n’
est
pas saine, si elle reste l’activité des seuls artistes, savants ou éc
2592
avants ou écrivains professionnels, tout le reste
étant
passif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans
2593
ssif et en dehors du coup. Une culture saine doit
être
vivante dans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’a pas be
2594
ante dans tous nos programmes scolaires. Car s’il
est
vrai comme le dirait Pascal que le principe de toute morale est de bi
2595
le dirait Pascal que le principe de toute morale
est
de bien penser, il faut dire aussi que le principe de toute culture c
2596
t. Thème conclusif L’art, comme le civisme,
est
un moyen de s’exprimer librement en tant qu’homme responsable — selon
2597
it-elle commencer par là. 63. Ces déclarations
sont
extraites de deux conférences prononcées à Vienne, l’une en 1958, l’a
2598
liser l’enseignement au profit d’une bonne cause,
fut
-elle européenne, mais de le rendre conforme à son objet : or il se tr
2599
forme à son objet : or il se trouve que cet objet
est
un phénomène 1° européen et non pas national, 2° littéraire et non pa
2600
rive au contraire qu’une nation, au sens moderne,
soit
en partie le produit de certains auteurs et des propagandes qui s’en
2601
t de certains auteurs et des propagandes qui s’en
sont
inspirées. De même, ce n’est pas le génie de la France du Grand Siècl
2602
ropagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’
est
pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est à
2603
a réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’
est
jamais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne sait qu
2604
), ni à la réalité de la création littéraire, qui
est
toujours le fait d’un individu (celui-ci certes utilise des instrumen
2605
, traditions, croyances du milieu, etc., mais ils
sont
là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse, non
2606
sif, l’Espagnol Unamuno ! Dans tous ces cas, ce n’
est
pas le passeport qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’est
2607
t qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’
est
formée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’il a rejetée, ou
2608
ncore sa formation professionnelle, etc. Que ceci
soit
donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix fa
2609
ropagande pour l’union politique de l’Europe : ce
serait
contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseig
2610
cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europe
est
une unité de culture, qui s’est constituée par la confluence de plusi
2611
posée L’Europe est une unité de culture, qui s’
est
constituée par la confluence de plusieurs courants civilisateurs (Pro
2612
Celtes, Germains, puis Arabes et Slaves) et qui s’
est
, au cours des âges, à la fois intégrée et diversifiée. La « littératu
2613
ier (horribile dictu !), mais c’est l’inverse qui
est
vrai : nos littératures « nationales » résultent d’une différenciatio
2614
ter, faire voir, expliquer, une unité de base qui
est
notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3.
2615
cifiants de l’« unité intelligible » (Toynbee) qu’
est
la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionne
2616
ible » (Toynbee) qu’est la littérature européenne
sont
faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant
2617
domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde
est
poésie ou prose sacrée, religieuse, rituelle, symbolique : les Vedas
2618
aztèques, incas, mandarins, aujourd’hui maoïstes)
sont
lus avec vénération, c’est-à-dire sans esprit critique : ceci les dis
2619
interpréter la vérité de ce texte ? Nous disons :
est
-ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’
2620
ce texte ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ?
est
-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a
2621
e que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui :
est
-ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le conc
2622
se ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succès ?
est
-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est do
2623
parlé à la TV ?). Le concept même de littérature
est
donc spécifiquement européen. Quant aux éléments communs, relevons :
2624
agit dans nos écrits : La littérature européenne
est
coextensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse
2625
qu’on la morcelle… Le « présent intemporel », qui
est
une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que la li
2626
ignifie que la littérature du passé peut toujours
être
active dans celle du présent. Ainsi Homère dans Virgile, Virgile en D
2627
mysticisme espagnol dans T. S. Eliot. Inépuisable
est
la richesse des interrelations possibles64. b) Les formes, procédés
2628
mes, procédés rhétoriques, structures. — Là, tout
est
commun : l’épopée, le roman d’aventures, puis d’amour ; la ballade, l
2629
tons, les genres, l’orchestre, le concert, etc.,
sont
des créations typiques des Européens.) Cette similitude des procédés,
2630
que nous ne voyons plus parce que trop évidente,
est
décisive : elle atteste la spécificité et l’unité fondamentale des ac
2631
ens du terme, puis la légende de Don Juan, qui en
est
le négatif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques, qu’on retrou
2632
artiste dans telle ville d’art, non pas l’État où
était
située cette ville. En revanche, les styles étaient continentaux, et
2633
était située cette ville. En revanche, les styles
étaient
continentaux, et sont devenus mondiaux au xxe siècle : roman, gothiq
2634
En revanche, les styles étaient continentaux, et
sont
devenus mondiaux au xxe siècle : roman, gothique, classique, baroque
2635
au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture, n’
est
pas « française », et le style dodécaphonique ou sériel n’est pas plu
2636
ançaise », et le style dodécaphonique ou sériel n’
est
pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le d
2637
st pas plus « autrichien » que le ballet russe ne
fut
« russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Mais la diversité des lan
2638
oportions. a) Nos langues littéraires, en Europe,
sont
étroitement apparentées (à la seule exception du groupe finno-ougrien
2639
r leurs emprunts mutuels dans l’ère moderne. Ce n’
est
pas le cas pour l’Inde, encore moins pour la Chine, dont souvent les
2640
ouvent les « grandes langues » (quatorze en Inde)
sont
radicalement différentes les unes des autres, je veux dire sans racin
2641
fférenciation de nos littératures par leur langue
est
relativement récente. Le français devient langue officielle dans le r
2642
Le norvégien, l’irlandais, le turc d’aujourd’hui,
sont
des produits du xxe siècle. Renan a fait justice de la confusion ent
2643
rle encore sept langues en France, et le français
est
la langue maternelle de communautés appartenant à cinq nations différ
2644
sités linguistiques. c) Les styles et les écoles
sont
des facteurs de ressemblance ou de dissemblance entre auteurs non moi
2645
eurs utilisées, altérées ou rénovées. Quelles que
soient
les différences entre les romantiques allemands, français, anglais, i
2646
the Definition of Culture. L’anglais, selon lui,
est
la langue la plus riche pour un poète, parce qu’elle combine la plus
2647
en au contraire une pluralité des allégeances. Il
est
faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir env
2648
t faux de penser que le seul devoir de l’individu
serait
son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme l
2649
’individu serait son devoir envers l’État ; et il
est
exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui
2650
lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer n’
est
pas mélanger Aux nationalistes maussades ou agressifs, conservateu
2651
i prétendent redouter que l’Europe unie de demain
soit
un affreux méli-mélo, où l’on ne parle plus que l’esperanto ou le « v
2652
, ou les leur étirait à l’aide de cordes si elles
étaient
plus courtes que le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice
2653
les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce
soit
, il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vingt-deux
2654
ope ! » Il y a vingt-deux ans de cela. L’Europe n’
est
toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pourrai
2655
ndré Malraux il y a quelques mois : « Les nations
sont
redevenues le phénomène fondamental du siècle. L’évolution a joué et
2656
ntestablement dans le sens de la nation. »66 Il
est
vrai que le même André Malraux quelques jours plus tard, interrogé pa
2657
jeunes gens à la radio, répond : « Faire l’Europe
est
la seule chose véritablement importante de notre temps. »67 Mais qui
2658
que cette « réalité fondamentale du siècle », que
serait
la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule ch
2659
é fondamentale du siècle », que serait la nation,
est
précisément celle qui fait obstacle à cette « seule chose véritableme
2660
t que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’
est
pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’État d
2661
’y opposent encore irréductiblement, de tout leur
être
de nations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siè
2662
?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne
sera
pas celui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’avait dit, ni
2663
n l’avait prévu, mais bien le siècle des nations,
est
-ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des n
2664
des nations, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien
est
-ce que l’on dit « le siècle des nations » comme on dirait « l’année d
2665
dirait « l’année de ma pneumonie » ? Autre chose
est
de constater que la réalité politique de notre temps est encore la na
2666
constater que la réalité politique de notre temps
est
encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut
2667
de notre temps est encore la nation, autre chose
est
d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dess
2668
r ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales
sont
aussi des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas q
2669
maux, mais bien à faire en sorte qu’ils cessent d’
être
réels. L’État-nation en crise Que les nations soient encore bie
2670
els. L’État-nation en crise Que les nations
soient
encore bien réelles, et très fortes à quelques égards, l’impossibilit
2671
c une évidence presque écrasante. Que les nations
soient
en même temps mal adaptées (pour dire le moins) à l’évolution de notr
2672
tion de notre société, la preuve incontestable en
est
fournie par les deux guerres mondiales, résultant du nationalisme et
2673
uscoa basque ou de la Catalogne —, crises dont il
est
concevable qu’elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régi
2674
il est concevable qu’elles se résolvent un jour (
soit
par l’octroi d’un régime plus différencié et libéral, soit par une sé
2675
l’octroi d’un régime plus différencié et libéral,
soit
par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachem
2676
éral, soit par une sécession, mais qui souvent ne
serait
en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ajoute
2677
rises plus amples et dramatiques, qui affectent l’
être
même de plusieurs États-nations européens, et non des moins centralis
2678
opéens, et non des moins centralisés. La Belgique
est
menacée d’éclatement par les oppositions ou incompatibilités entre le
2679
Biélorussie)69. Que dire alors de la France, qui
est
le pays du monde le plus centralisé, mais que ses propres « Plans »,
2680
x de ses partis de gauche et de droite, le centre
étant
acquis depuis longtemps. Elle est plus grave et significative que la
2681
te, le centre étant acquis depuis longtemps. Elle
est
plus grave et significative que la revendication d’un État occitan ou
2682
p souvent confondues avec le fédéralisme dont ils
sont
deux négations ; l’autre d’un dépassement du fédéralisme interétatiqu
2683
urrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’
est
pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grande forc
2684
qu’il y a toujours eu des États, que les nations
sont
immortelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’est donc poss
2685
elles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’
est
donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutisse
2686
c possible, et que d’ailleurs l’État et la nation
sont
l’aboutissement final, logique, normal et inévitable du progrès. Pour
2687
viennent la nation, l’État, et l’État-nation qui
est
né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la préhis
2688
naissance de la première nation, la France, peut
être
datée de cette déclaration des légistes de Philippe le Bel : « Le Roy
2689
légistes de Philippe le Bel : « Le Roy de France
est
empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’u
2690
celle dont il se trouve qu’on peut la contrôler —
sera
vite suivi par les rois d’Espagne et d’Angleterre, puis par les princ
2691
lon la formule du xive siècle. Ce spectacle, qui
est
celui de la naissance des nations, remplit d’effroi les sages de l’ép
2692
ffroi les sages de l’époque. « Ô genre humain, tu
es
devenu un monstre aux multiples têtes ! » s’écrie Dante dans son trai
2693
’idée fatale de la souveraineté absolue, idée qui
est
à peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’est pas un géni
2694
ine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’
est
pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante — et
2695
parti qui s’en empare au nom du peuple, comme ce
fut
le cas des jacobins puis des « démocraties » plébiscitaires et totali
2696
de l’idéal national par l’appareil étatique — qui
est
l’œuvre des jacobins et de Napoléon —, la nationalisation de l’État r
2697
ine, et au xxe siècle dans le reste du monde. Qu’
est
-ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le résult
2698
ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation
est
devenu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à
2699
ui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’
être
qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à tout
2700
igion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’
est
plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le culte d
2701
et comme ce n’est plus guère le christianisme, ce
sera
donc le nationalisme, le culte de la patrie étatisée, seul Absolu auq
2702
tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’
est
enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe siècl
2703
les États-nations unitaires en tant que tels ont
été
et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les s
2704
ats-nations unitaires en tant que tels ont été et
sont
des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les seuls emp
2705
seuls empires réussis de notre temps se trouvent
être
des fédérations : les USA et l’URSS71. Trop petits et trop grands
2706
aintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils
sont
dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules préte
2707
tats-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur
être
et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous ve
2708
. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception,
sont
à la fois trop petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les
2709
n, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils
sont
trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop gra
2710
etits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils
sont
trop grands si l’on en juge par leur incapacité d’animer leurs région
2711
res) confrontés aux trois seuls vrais Grands. Ils
sont
trop petits « à l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure
2712
Jean Monnet (Lettre de démission de la CECA). Ils
sont
trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou
2713
ar les barrages antimissiles des deux grands. Ils
sont
trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi améric
2714
répondre au « défi américain » — cela n’a plus à
être
démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’est-à-d
2715
naguère coloniales, et qui vivent mal… Enfin, ils
sont
trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables
2716
. Mais en même temps, les États-nations unitaires
sont
tous trop grands : trop grands pour pouvoir assurer le développement
2717
ement à la vie de la cité ; donc trop grands pour
être
encore de vraies communautés humaines : et cela c’est la plus grave m
2718
er un corps politique. Double dilemme Telle
étant
la crise présente de l’État-nation, le régime à prescrire paraît faci
2719
prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils
sont
trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle conti
2720
édérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils
sont
trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facil
2721
dirait-on. En effet, l’existence des empires de l’
Est
et de l’Ouest leur pose un dilemme aussi simple qu’inexorable : — ou
2722
autorité supranationale, fédérale — et alors ils
seront
fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour
2723
en direction de leur fédération politique. Force
est
donc de penser qu’il y a quelque chose d’essentiel dans leur nature m
2724
donc d’indépendance totale, donc d’autarcie, qui
est
son ambition proprement impériale. C’est par définition et par struct
2725
on par méchanceté ou bêtise que les États-nations
sont
impropres à l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non d
2726
ont impropres à l’union. Leurs relations normales
sont
de rivalité, non de coopération. Leur mode de contact normal n’est pa
2727
non de coopération. Leur mode de contact normal n’
est
pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a cent
2728
plication majeure : Développons en commun ce qui
est
neuf. Laissons de côté les héritages du passé dont l’unification pren
2729
e mon côté : L’union, pour deux États-nations, n’
est
jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (comme
2730
par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce n’
est
jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent
2731
euse à la nécessité, quand on se sent trop faible
soit
pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’
2732
on se sent trop faible soit pour subsister seul,
soit
pour dominer et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’Europe, il
2733
se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui
est
destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vai
2734
Invention de la région au xxe siècle Il n’
est
rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion en E
2735
les régions, réalités absolument modernes. Ce ne
sont
pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les dépa
2736
’hui, ni les « States » de l’Amérique du Nord. Ce
sont
vraiment des créations de notre temps, des organismes en train de naî
2737
e capter et d’harmoniser, et dont les principales
sont
: l’explosion démographique, l’urbanisation galopante, la mobilité de
2738
; et enfin l’unité géographique. Cette dernière n’
est
d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée sur le
2739
andinavie ; des Balkans ; et enfin, des pays de l’
Est
, anciens royaumes de Hongrie, de Bohême et de Pologne, ou formations
2740
on permanente, combinés avec tous les autres : ce
sont
les résultantes de ces complexes de forces qui dénotent, définissent
2741
voici un exemple vécu. Il y a quelques années, je
fus
invité à un colloque organisé par le festival d’Aix-en-Provence sur l
2742
et une zone d’intense production industrielle, où
sont
venues s’implanter les plus importantes usines atomiques françaises.
2743
rouvais le seul non-Français : j’en conclus que j’
étais
censé représenter dans le colloque l’idée européenne. Invité à parler
2744
coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle qui
est
d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’à la surface les
2745
ssiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles
seront
jeunes et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde, elles
2746
ussi nombreuses et fréquentes que possible. Elles
seront
amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, sel
2747
lles nations. Ce passage de la nation aux régions
sera
le phénomène majeur de l’Europe de la fin du xxe siècle. La politiqu
2748
à l’échelle de l’Europe — toutes propositions qui
étaient
encore proprement impensables pour un esprit français, il y a dix ou
2749
a lutte pour notre indépendance nationale ne peut
être
menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste o
2750
enée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle
sera
fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation
2751
de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne
sera
pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français sera
2752
Europe unie la représentation du peuple français
sera
assurée par l’État fédéral français. Parmi les plus graves méfaits de
2753
tion doit réparation du tort ainsi causé79. On n’
est
pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un heb
2754
unes et des cadres… » Le dépérissement régional n’
est
pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la consc
2755
st pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y
est
si aiguë, la conscience de la crise si vive et l’oppression quasi col
2756
loniale de la région si ancienne que Saint-Brieuc
était
l’endroit tout indiqué pour tenir le premier colloque socialiste régi
2757
le thème : Décolonisez la Province80 ! Tout cela
est
intéressant, me disent certains augures, mais n’allez pas y attacher
2758
y attacher trop d’importance. L’État français ne
sera
pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et vos
2759
main… que son État. Or la souveraineté de l’État
est
devenue largement illusoire, quand elle n’est pas toute négative, j’e
2760
tat est devenue largement illusoire, quand elle n’
est
pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non
2761
qui, de proche en proche, mèneront très loin… Ce
sont
ces nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir con
2762
roblème de la régionalisation du territoire. On s’
est
aperçu que ce sous-développement provenait directement de la structur
2763
exploitation des régions par l’État central. On s’
est
intéressé très spécialement aux régions périphériques, les plus négli
2764
oise, qui touche la Belgique. Vue de Paris, Lille
est
une gare terminus, et Roubaix-Tourcoing un cul-de-sac dans un coin de
2765
u surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’
est
qu’un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne sur t
2766
s bureaux de la capitale, la révolution régionale
sera
faite. Et du même coup la fédération de l’Europe se révélera immédiat
2767
l’Europe » — comme les communes libres médiévales
étaient
« immédiates à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-e
2768
s à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés —
sera-t
-elle fondée sur des réalités en plein essor, non sur des vieilles car
2769
tin… vers 1985. La région dans le cadre européen,
est
une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le départemen
2770
que la nation82. Qu’une telle déclaration ait pu
être
faite en France, et cela précisément devant le corps des fonctionnair
2771
olution régionaliste, condition de l’Europe unie,
est
bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y
2772
Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus
sera
très long, et il nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le j
2773
essairement très lent, au jour le jour. Nous n’en
sommes
encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience du phénomè
2774
nelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient
être
décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exigent une longue
2775
u ne sauraient être décrétées sans transition. Il
est
normal qu’elles exigent une longue période de mise en place silencieu
2776
finalement les doter d’institutions autonomes, ce
sera
la tâche au moins d’une génération, vingt à trente ans, en admettant
2777
uté aussi nouvelle dans notre civilisation que le
fut
au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans la soci
2778
nt aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en
sommes
encore qu’à la petite aube de la formation des régions en tant qu’élé
2779
sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernest Renan s’
était
écrié dans un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont
2780
discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne
sont
pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et
2781
e taille donnée, en sorte que ces limites doivent
être
tracées avec une certaine liberté de jugement 85. Ainsi : là où, dan
2782
us faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a
été
marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires cultiv
2783
es sur des territoires cultivés, celle qui a donc
été
dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de terre sacr
2784
nce. D’ailleurs, le terme même d’« indépendance »
est
en train de perdre son sens ancien, stato-national, majestueux et vol
2785
” diraient les scientifiques : il faut chercher à
être
aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensabl
2786
ssi indispensables aux autres que les autres nous
sont
indispensables 86. » Je proposerais, pour ma part, que l’on substitue
2787
ires de la souveraineté sans limites. L’autonomie
est
une notion relative et très précise, quand on parle par exemple de l’
2788
re dont se vantaient les États-nations. Enfin, il
est
une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière,
2789
ière, c’est celle de la pluralité des allégeances
soit
d’une personne, soit d’un groupe ou d’une région. L’État-nation voula
2790
la pluralité des allégeances soit d’une personne,
soit
d’un groupe ou d’une région. L’État-nation voulait tout faire coïncid
2791
a liberté de chacun et l’efficacité de son action
seront
garanties par la possibilité de se rattacher et de donner son allégea
2792
des régions On a vu que la notion de région s’
est
imposée à l’attention des économistes d’avant-garde, puis des sociolo
2793
i ont motivé ces prises de conscience successives
sont
faciles à énumérer : a) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessit
2794
ales de 1961) ; b) des régions plurinationales se
sont
définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesur
2795
s Provençaux, ses Italiens et ses Corses — et que
sera
-ce demain en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Yougoslavie…) approche
2796
du fédéralisme87. L’intention du présent article
est
de proposer qu’en tenant compte de ces facteurs, on reconnaisse la né
2797
, auront à se défendre sur deux fronts — et telle
est
la faiblesse à long terme de leur position d’obstination unitaire. To
2798
se des fédéralistes régionalistes. Pour eux, nous
serons
d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’
2799
ous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous
soyons
tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuelles de notre
2800
talogne, d’une Écosse — ou de l’Europe. Mais nous
serons
aussi de doux rêveurs, des esprits brumeux, idéalistes utopistes inef
2801
is des objections apparemment plus réalistes nous
sont
faites par les partisans « malgré tout » d’une Europe composée d’État
2802
donnée à l’existence réelle des cent régions, qui
est
encore hypothétique. Je ne voudrais indiquer dans cette première esqu
2803
n politique à partir des États-nations souverains
étant
demeurée nulle au cours des vingt-deux dernières années, il n’est pas
2804
le au cours des vingt-deux dernières années, il n’
est
pas difficile de faire mieux. La construction fédérale à partir des r
2805
éalités. Ce jour-là, une dernière « explication »
sera
peut-être nécessaire avec les détenteurs des pouvoirs stato-nationaux
2806
! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’
est
devenu possible qu’à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’objecti
2807
eur. L’objection de la « trop grande complexité »
est
donc en réalité anachronique. c) Reste l’objection portant sur l’exis
2808
’information sur ce qui existe déjà et sur ce qui
est
en train de se faire, de toutes parts. Imaginons un tableau des régio
2809
e l’emporterait sur les volontés nationales. Nous
sommes
plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se f
2810
ions ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle
est
une contradiction dans les termes, une utopie, et pire que cela : un
2811
: un objectif anachronique. L’Europe se fera — et
sera
fédérale — lorsque les volontés locales et régionales l’emporteront s
2812
r, L’Express, 30 octobre-5 novembre 1967. 68. II
est
évident que les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les Ét
2813
st évident que les « nations » dont parle Malraux
sont
en réalité les États-nations tels que les a formés le xixe siècle, e
2814
sens premier — peuples, régions, ethnies ; elles
sont
du type France, Espagne, Grande-Bretagne, non du type Bretagne, Catal
2815
type Bretagne, Catalogne, pays de Galles ; elles
sont
donc des États impérialistes, non des communautés qui revendiquent co
2816
ssons plus loin le paradoxe : la Suisse elle-même
est
un empire réussi, en tant qu’elle groupe sous une égide suprême et ar
2817
ge suprême (mais non pas dimensions gigantesques)
sont
, en effet, les notes essentielles de l’empire. 72. « Quand il s’agit
2818
…], qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’
être
un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais à remettre
2819
an-Schreiber, Paris, 1967. 74. Cf. Janus, n° 15,
été
1967, p. 84. 75. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre à la
2820
itas donne civisme, synonymes réels qui devraient
être
perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio ? (sans évoquer
2821
s-centraliste de « provincialisme »). 84. Cf. Qu’
est
-ce qu’une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence sur
2822
La région n’
est
pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)df 1. Les objections co
2823
ur les régions et non sur les États-nations, j’ai
été
amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’e
2824
loque. Je note d’abord que le terme de difficulté
est
souvent plus exact que celui d’objection. Dans la plupart des cas, la
2825
e Mouvement de l’Histoire, selon lequel la nation
est
le Progrès. » « La région est une nostalgie réactionnaire. Le progrès
2826
on lequel la nation est le Progrès. » « La région
est
une nostalgie réactionnaire. Le progrès et l’efficacité, au xxe sièc
2827
formées par extrapolation du passé ou du présent,
sont
toutes à la merci d’une équation nouvelle, d’une action aujourd’hui e
2828
oyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’
est
pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objectiv
2829
pas très intéressant de chercher à deviner ce qui
sera
: « l’objectivité scientifique » dissimulant une démission civique re
2830
us sûr. Objections tactiques « Comme s’il n’
était
déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’ajouter
2831
ns transition. Cela prendra des décennies. Ce qui
est
urgent, c’est le prix du lait et le taux d’accroissement de la produc
2832
industrielle. » Principes d’une réponse : — a) N’
est
-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la ba
2833
fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse, a
été
conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, du 17 février au 16
2834
ctement, du 17 février au 16 novembre 1848, et il
est
entré en vigueur à cette date sans la moindre mesure de transition. (
2835
r l’éducation stato-nationaliste « Les nations
sont
immortelles » (François Mauriac), tandis que « les régions sont encor
2836
es » (François Mauriac), tandis que « les régions
sont
encore à naître ». « Les gens n’en veulent pas, de vos régions autono
2837
ent gaulliste. » « Les conflits entre les régions
seront
forcément plus nombreux et plus mesquins que les conflits entre nos n
2838
réflexes passionnels, étourderies et boutades ne
sont
guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées par n
2839
ent allez-vous découper vos régions ? » « Quelles
seront
leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’elles aient des superficies
2840
de Paris, avec ses 9 ou 10 millions d’habitants,
est
plus petite que le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça
2841
’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’
est
pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? » «
2842
ce dernier groupe d’objections ou difficultés qui
est
la cause principale de l’ajournement des solutions régionalistes, c’e
2843
nter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas
être
conçue comme un État-nation en réduction Presque toutes les diffic
2844
ositions axiomatiques de ce genre : — L’État doit
être
unique et indivisible. — De son siège unique, dans la capitale, l’Éta
2845
). Au cours des siècles de l’histoire moderne, ce
sont
les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c
2846
qui ont notamment accrédité l’idée que l’économie
est
au service des desseins politiques d’un État et non pas de la prospér
2847
! » Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous
sommes
tous peu ou prou, et dans son système de représentation, la région ne
2848
centrés dans une métropole régionale au lieu de l’
être
dans une capitale. Or, les possibilités pratiques de participation du
2849
on du citoyen à la vie d’une région de ce type ne
seraient
pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont aujourd’
2850
un ordre essentiellement différent de ce qu’elles
sont
aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civisme — ne
2851
communale — seule école efficace du civisme — ne
serait
pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays en neuf
2852
ve que d’accroître les libertés civiques. Elle ne
serait
à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de structure du
2853
fédéralistes intégraux, au nombre desquels je me
suis
toujours rangé. Il n’en reste pas moins probable qu’elle va constitue
2854
série de raisons (pas seulement militaires) qu’il
serait
trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la sécurité sui
2855
o-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’
est
indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échapper au
2856
el, pour aller vite et rester dans le concret. Je
suis
Neuchâtelois de naissance et de tradition : à ce canton va donc mon a
2857
uisse : mon passeport et mon allégeance nationale
sont
donc suisses. Je suis aussi un écrivain français : la francophonie eu
2858
et mon allégeance nationale sont donc suisses. Je
suis
aussi un écrivain français : la francophonie européenne, c’est-à-dire
2859
constitue donc mon allégeance culturelle. Mais je
suis
aussi protestant, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serai
2860
nt, ce qui représente une allégeance mondiale (ce
serait
pareil si j’étais communiste, ou catholique, évidemment). Et je fais
2861
te une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’
étais
communiste, ou catholique, évidemment). Et je fais partie d’un très g
2862
rontières du tout. Si l’on exigeait que tout cela
soit
unifié et uniformisé dans les limites géographiques d’un territoire d
2863
on à tout État-nation contemporain, la continuité
est
indéniable… Ce n’est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel
2864
contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’
est
pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, avec s
2865
ul lieu, accaparés par l’État national, et qui le
seraient
, demain, par l’État régional. 4. Vers une formule fédéraliste de l
2866
x dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut
être
séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organe
2867
ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut
être
défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires différents tout ce
2868
nes ou fonctionnaires différents tout ce qui aura
été
séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Proudhon en
2869
ion des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’
est
pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le go
2870
as seulement entre sept ou huit élus […] que doit
être
partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les provinces et les c
2871
roudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentrer (
est
-ce différent ?), ni de déléguer les pouvoirs de l’autorité centrale.
2872
bien adopter la structure proudhonienne, sans que
soit
pour autant décidée la structure des réseaux d’échange et groupes de
2873
unités de base politiques et leurs structures ne
sont
pas, en principe, superposables aux unités de base économiques (ou cu
2874
autres se chevauchent, se recoupent différemment,
sont
parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut que les régions polit
2875
ar l’autre. Il se peut que les régions politiques
soient
définies demain comme les intersections de « classes » de faits écono
2876
ifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce ne
serait
pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition personnell
2877
, ma définition personnelle, donnée plus haut. Il
est
assez facile de visualiser l’appartenance d’un élément à deux ou troi
2878
tiquement à l’une des trois nations dont la Regio
est
le carrefour ou l’intersection94. La résistance qu’opposent certains
2879
u un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui n’
est
pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’e
2880
s, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’
est
pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le sa
2881
s jacobins, et les sous-offs dont le saint patron
fut
« le Petit Caporal ».) 5. Un programme d’études Le champ d’étud
2882
onaliste, que ces quelques remarques définissent,
est
à peine exploré. a) Il faudrait commencer par opérer la dissociation
2883
bien définis. Le Marché commun, par exemple, qui
est
un pouvoir économique, doit-il entretenir des visées politiques, ou l
2884
retenir des visées politiques, ou laisser ce soin
soit
à une autre agence fédérale constituée sur la base de régions à défin
2885
définition politique (ou ethnique ou culturelle),
soit
à la réunion de toutes les agences spécialisées au sein d’un gouverne
2886
édéral ?95 Savoir quelles relations existent, ou
sont
souhaitables, entre l’économie et l’université, ou entre les formules
2887
ules de participation civique et l’urbanisme : il
serait
facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau commun
2888
es sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui
est
de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de no
2889
paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels
sont
les paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit
2890
son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela
soit
inscrit dans les limites peintes en couleurs plates, sans déborder, d
2891
ote 24. 89. Mais quand Malraux dit que la nation
est
le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense à autre ch
2892
ratégie politique de la fédération européenne, il
est
probable que le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra
2893
ionalité et ses institutions étatiques. Mais ce n’
est
pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient en
2894
encore généralement leurs langues, la proportion
serait
à peine de deux tiers. 93. P.-J. Proudhon, Du Principe fédératif, Pa
2895
opose le terme de « régions carrefours ». 95. Il
est
certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-n
2896
Il est certain que le Marché commun ne cessera d’
être
menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront pas renoncé au
2897
é au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se
seront
pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits » économiq
2898
ionaux ». df. Rougemont Denis de, « La région n’
est
pas un mini-État-nation », Bulletin du Centre européen de la culture
2899
parait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit
être
fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne manquera pas de
2900
ionnelles, seules contraignantes. L’État-nation s’
est
toujours révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont e
2901
lé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en
sont
emparé. Et quant à leurs doctrines collectivistes, de droite ou de ga
2902
ostiles à mort, et par quelles différences cela s’
est
-il traduit dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On ne trouvera
2903
« qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que ne
soient
pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contre des Juif
2904
contre des Juifs qui n’ont d’autre tort que de l’
être
. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti ne change rie
2905
ascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ils
sont
tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela
2906
entité politique. Au reste, l’État totalitaire n’
est
que le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant su
2907
e moins efficace que Déroulède, cette injustice n’
est
due qu’aux circonstances, non à la différence des talents. 3. Ni l’
2908
Le seul problème politique sérieux d’aujourd’hui
est
de défaire l’État-nation. Défaire l’État-nation (et je ne dis pas dét
2909
n civique, par suite, aucune révolution réelle ne
sont
imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en dépit
2910
t les émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie ne
sera
qu’une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour prou
2911
a suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle n’
est
pas saine. 5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à la Co
2912
nt : une fédération continentale dont les régions
seront
les unités de base. Je l’avais écrit dès 1940 et le redis au congrès
2913
itiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne
sont
pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans leur
2914
e indiscernables dans leurs manifestations. Ce ne
sont
pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national
2915
nt à se faire national et l’autre étatique. Ce ne
sont
pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendre la
2916
rétendent également défendre la liberté. Et ce ne
sont
pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’o
2917
sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il
est
aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’hui — r
2918
me. Une menace et une espérance. Le totalitarisme
est
simple et rigide, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est
2919
e, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme
est
complexe et souple, comme la paix, comme la vie. Cette antithèse domi
2920
me la vie. Cette antithèse domine le siècle. Elle
est
son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont se
2921
e drame. Toutes les autres pâlissent devant elle,
sont
secondaires ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subo
2922
s ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui
sont
subordonnées.98 6. Analyse de quelques clichés. La jeunesse est l
2923
8 6. Analyse de quelques clichés. La jeunesse
est
l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle est l’âge du génie p
2924
l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle
est
l’âge du génie pour quelques scientifiques, et de la grande poésie po
2925
ites-vous de la lutte des classes ? e) La culture
est
un piège bourgeois. f) Vous tentez de dépolitiser le problème. Je rép
2926
rdre fortuit. (Tout en notant que « la Jeunesse »
est
une expression de journalistes. L’humanité ne se reproduit pas tous l
2927
connais pas ! » Dommage pour vous, mais le remède
est
simple : un séjour en Afrique ou en Asie au titre de l’assistance tec
2928
siez dans cette mauvaise conscience narquoise qui
est
la bonne conscience du gauchiste. Quand Sartre, à la suite de Fanon,
2929
corps et du sommeil par l’industrie et par l’auto
est
-elle un produit spécifique de notre société de consommation et du cap
2930
récoltes, d’où famine pour les masses chinoises,
est
-ce un produit spécifique du communisme ? Ces phénomènes sont décisifs
2931
produit spécifique du communisme ? Ces phénomènes
sont
décisifs pour l’avenir de l’humanité, mais les énervés de Nanterre ne
2932
ologie. C’est décidément la droite patronale qui
est
responsable de la destruction du milieu naturel et du confort des cit
2933
nge, si l’on veut que la vie continue, mais ce ne
sera
qu’au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feront les
2934
les masses signifient les ouvriers d’usine, elles
sont
partout minoritaires, et de plus elles fondent à vue d’œil au profit
2935
supprimer à terme la condition prolétarienne. Où
seront
les masses ? Dans Tel Quel. (N. B. « Les jeunes pensent… disent… refu
2936
stituent 75 % de cette majorité.) d) « Mais où
est
la lutte des classes dans tout cela ? », me disent ces dévots scandal
2937
, tout simplement ! Eh bien, la lutte des classes
est
une réalité très différente de celle dont je traite ici. Elle me para
2938
peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en
est
-il aujourd’hui de la lutte des classes ? En URSS d’abord. Vous me dit
2939
me là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat
est
au pouvoir, s’étant approprié les moyens de production. Bien. Mais ch
2940
se plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’
étant
approprié les moyens de production. Bien. Mais chacun peut voir que c
2941
roduction. Bien. Mais chacun peut voir que ce qui
est
aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut voi
2942
voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne
sont
pas les classes 99. Chacun peut voir les différences qui subsistent e
2943
gement de la condition d’un ouvrier des pays de l’
Est
dits « socialistes » : ce dernier étant non seulement moins bien payé
2944
s pays de l’Est dits « socialistes » : ce dernier
étant
non seulement moins bien payé (en valeur absolue et en pouvoir d’acha
2945
Moscou. (Faut-il penser qu’« objectivement », ce
serait
la haine des ouvriers plus encore que de la bourgeoisie que traduisai
2946
qui pousse à la révolte (tendance gauchiste) ? Ce
serait
en fait maintenir la condition prolétarienne pour mieux nourrir sa lu
2947
t au progrès technique, dans la mesure où il peut
être
libérateur. Détruire la bourgeoisie (slogan anarchiste) ? Que restera
2948
meurtriers, eux-mêmes bourgeois ? Mais non, vous
êtes
sérieux, disciplinés et réalistes : vous voulez ce que veut le Parti,
2949
vouloir quelque chose d’impossible, car ce slogan
est
le type même de l’énoncé dénué de sens, comme on le voit en remplaçan
2950
ses termes par leur définition. Si le Prolétariat
est
la classe non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’être Proléta
2951
se non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’
être
Prolétariat dès l’instant qu’il accède au pouvoir et à la propriété d
2952
es moyens de production. Prolétariat et dictature
sont
des termes contradictoires ou mutuellement exclusifs. Ce qui existe e
2953
e, indépendante de toute idéologie et qui ne peut
être
, par définition, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, je ne vais
2954
Cela dit, je ne vais pas esquiver la réponse. Je
suis
contre la lutte des classes, parce qu’il faut supprimer la condition
2955
nt « la relève du Travail » : L’Ordre nouveau
est
fondé sur l’abolition de la condition prolétarienne, la dictature com
2956
ne, la dictature comme l’esclavage du prolétariat
étant
également des consolidations de l’oppression technique dont souffrent
2957
hique et inhumain des débuts du xixe siècle doit
être
abolie par une technique enfin soumise aux possibilités libératrices
2958
tion (Aufhebung) de la condition prolétarienne ne
sera
pas obtenue par l’étatisation des instruments de production — laquell
2959
e libération morale et énergétique. Tout le reste
est
mauvaise littérature, c’est-à-dire pollution idéologique de jeunes ce
2960
les excitées mais incultes. e) « La culture, qu’
est
-ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas, voy
2961
erreur de Marx, même si c’est décrété par Mao, n’
est
pas nécessairement une vérité empiriquement vérifiable. La culture ét
2962
t une vérité empiriquement vérifiable. La culture
étant
un ensemble ultracomplexe de réflexes moraux, mentaux et affectifs, e
2963
moins romantique, non violent, non instantané, il
est
clair que la révolution qu’implique et que représentera au total l’
2964
t que représentera au total l’union de l’Europe
sera
culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’uni
2965
l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou ne
sera
pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédér
2966
euples par la fédération continentale des régions
est
d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, p
2967
e des régions est d’ordre culturel, éducatif ; il
est
dans nos manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politicie
2968
épolitiser les problèmes ? » Oui, si la politique
est
le jeu des partis et des États-nations étiquetés de gauche et de droi
2969
capitalistes, socialistes et fascistes. Mais ce n’
est
pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargir l
2970
litique », que veut-on dire ? Que l’économie, qui
est
le domaine propre des Communautés, ne fait pas partie de la politique
2971
ne fait pas partie de la politique ? Que celle-ci
serait
donc « autre chose » ? Mais quelle chose ? On parle de « politique »
2972
la politique écologique — quelle politique en soi
est
-elle imaginable ? Toutes les réalités sérieuses une fois déduites, qu
2973
États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il
est
donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le sens courant du ter
2974
xtérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée
serait
, selon le sens courant du terme « politique », radicalement dépolitis
2975
tique au sens des relations entre États-nations n’
est
pas démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de
2976
’est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’
être
. Elle est encore de type dynastique, en tant que son but pratique res
2977
mocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle
est
encore de type dynastique, en tant que son but pratique reste la puis
2978
ement des personnes. C’est que l’État-nation ne s’
est
pas constitué en vue de certaines tâches sociales définies, mais pour
2979
rd’hui. L’agent souverain de cette politique-là n’
est
jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’il fallait servir.)
2980
che, si l’on admet avec Aristote que la politique
est
l’aménagement des relations humaines dans la cité (polis), elle devie
2981
air des énergies d’une jeunesse ivre de vocables,
sont
d’effet nul sur les actions et les réalités proprement politiques d’a
2982
20 et 2060, ce qu’il faut décider aujourd’hui, ce
sont
les conditions de survie du genre humain. Dans ce domaine, l’acte pol
2983
ine, l’acte politique tel que je l’ai défini, qui
est
le choix des priorités104 en vertu d’une certaine échelle des valeurs
2984
u Congrès des USA105 concluent que le seul espoir
est
dans une réduction simultanée, de 20 à 75 % selon les cas, de la cons
2985
la rue, dans ce « discours » dont les barricades
sont
les signes flamboyants — mais un blindé les repasserait en dix second
2986
eil fédéral formé des chefs des offices fédéraux,
sera
capable de prendre de telles décisions. Or, il n’y aura de gouverneme
2987
a cité sociale dont l’individu refuse désormais d’
être
séparé représente la vraie nature sociale de l’homme. » Marx, Remarqu
2988
’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut
être
faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable
2989
s, le pouvoir régional si l’on préfère, non, ce n’
est
pas un truc électoral, un système plus ou moins astucieux, mais un mo
2990
1. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’
Est
comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturelleme
2991
l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes
sont
abolies culturellement grâce au triomphe des valeurs bourgeoises, qui
2992
l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels ont
été
les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat n
2993
et 1933. Cette revue, publiée de mai 1933 à 1938,
fut
l’organe du groupe du même nom, fondé par Arnaud Dandieu († 1934), Ro
2994
ersonnaliste, dont l’aile catholique progressiste
était
représentée par Esprit, fondé en 1932 par Emmanuel Mounier et Georges
2995
re 1970, par Jay W. Forrester. Ces prévisions ont
été
commentées par l’auteur dans l’ouvrage intitulé World Dynamics, paru
2996
n des régions transfrontalières [Note liminaire] (
été
1972)dh À l’initiative de l’Assemblée consultative du Conseil de l
2997
soumis aux quatre commissions entre lesquelles se
sont
répartis les participants, puis la Déclaration finale, résultant de l
2998
ésultant de la discussion de ces rapports, et qui
fut
adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé a
2999
ésumé analytique du Rapport de base, dont il nous
est
malheureusement impossible de publier le texte intégral : il occupera
3000
culture : « L’Europe des régions (III) », Genève,
été
1972, p. 1.
3001
de la coopération dans les régions frontalières (
été
1972)di I. Définitions Appelons culture non seulement l’ensem
3002
volution historique. Les régions socioéconomiques
sont
généralement constituées par un ensemble ou système de besoins et de
3003
s populations de langues et de coutumes communes,
sont
liées d’une manière beaucoup plus stable dans le temps à des territoi
3004
itoires bien plus précisément déterminés, mais il
est
rare qu’elles coïncident avec les frontières étatiques décidées au ha
3005
s traités au xixe et au xxe siècles. La plupart
sont
ou bien englobées (de gré ou de force) dans un État national beaucoup
3006
t de l’allemand, langue maternelle des Alsaciens,
est
supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernièr
3007
ngue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’
est
qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’éco
3008
lsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’il
est
rétabli dans les deux dernières classes de l’école primaire, deux heu
3009
aut-Rhin, et 629 578 sur 662 000 dans le Bas-Rhin
étaient
germanophones (c’est-à-dire unilingues, bilingues ou trilingues). Qua
3010
ou trilingues). Quant aux francophones purs, ils
étaient
32 432 dans le Bas-Rhin et 22 500 dans le Haut-Rhin.106 Rien d’éton
3011
oui à la question : « Voulez-vous que l’allemand
soit
enseigné à vos enfants dès l’école primaire ? » Mais en 1964, le dépu
3012
guerre « l’enseignement de l’allemand en Alsace a
été
organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il au
3013
de l’allemand en Alsace a été organisé de façon à
être
pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement
3014
ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même
été
habilement saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a suffi quel
3015
aurait même été habilement saboté. L’expression n’
est
pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou de
3016
ou moins officielle de certaines administrations
soient
mis en doute »107. Des problèmes similaires se posent aux Valdotains
3017
style xixe siècle a prétendu imposer sa pensée,
fût
-elle précisément absence de vraie pensée, pur conformisme politique,
3018
e, pur conformisme politique, et ce faisant, il s’
est
lui-même dénaturé : au lieu d’être au service de la communauté, il es
3019
e faisant, il s’est lui-même dénaturé : au lieu d’
être
au service de la communauté, il est devenu — au moins en prétention —
3020
: au lieu d’être au service de la communauté, il
est
devenu — au moins en prétention — le Souverain totalitaire. 2. L’ense
3021
s un pays voisin la profession pour laquelle on a
été
diplômé dans son pays. Quant au contenu de l’enseignement : les manue
3022
cle, pour que les valeurs et grandeurs nationales
soient
seules enseignées, les réalités régionales étant systématiquement obl
3023
soient seules enseignées, les réalités régionales
étant
systématiquement oblitérées ou frappées d’interdit, au prix de distor
3024
ts. Ainsi l’ignorance sur les réalités immédiates
est
générale. 3. La presse, la radio, la TV La diffusion de la presse d’
3025
ine : secret professionnel, dit-on. (Les chiffres
seraient
-ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diff
3026
dit-on. (Les chiffres seraient-ils trop bas pour
être
avoués ?) La réciproque est vraie pour la diffusion des journaux de G
3027
nt-ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque
est
vraie pour la diffusion des journaux de Genève et Lausanne en France
3028
ce qui se passe à quelques kilomètres de chez soi
est
générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue
3029
hez soi est générale. La radio de nos divers pays
est
généralement mieux entendue que la TV dans les régions de même langue
3030
écoutée. La TV ayant une portée moindre, ne peut
être
reçue dans de nombreuses régions que s’il y a des relais. Or on obser
3031
l y a des relais. Or on observe que les relais ne
sont
installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à
3032
de la TV italienne. Quant à l’Alsace : « nombreux
sont
ceux qui désireraient que les émissions locales de l’ORTF en langue a
3033
missions locales de l’ORTF en langue allemande ne
soient
pas limitées à des quarts d’heure symboliques. Les observateurs non a
3034
parfois les images de la couverture ; 2) les prix
sont
majorés jusqu’à 30 % dans le pays voisin, sous prétexte de « frais de
3035
stéréotypes nationaux, et pour montrer (comme il
serait
aisé de le faire dans une région frontalière) que ces clichés général
3036
rontières Les problèmes qu’on vient d’évoquer
sont
créés par les frontières. Et ce sont les frontières qui empêchent de
3037
nt d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce
sont
les frontières qui empêchent de les résoudre. Ou plus exactement : c’
3038
cro-sainte, matérialisé par les frontières. Or il
est
clair pour quiconque, aujourd’hui, que le tracé des frontières étatiq
3039
ujourd’hui, que le tracé des frontières étatiques
est
accidentel, sans plus d’utilité démontrable qu’administrative, et trè
3040
très nuisible à tout autre égard. Les frontières
sont
encore capables d’entraver la circulation des biens et des services,
3041
quent les échanges qu’il faudrait favoriser, mais
sont
impuissantes contre les nuisances qu’il faudrait arrêter. D’une maniè
3042
e prestige étatique, les frontières actuelles ont
été
fixées pour des raisons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d
3043
ons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d’
être
des raisons. Le caractère indiscutablement pathogène de nos frontière
3044
utablement pathogène de nos frontières politiques
est
celui du lit de Procuste qu’on nomme État-nation. Il procède de la vo
3045
à des réalités hétérogènes par nature, et qui ne
sont
superposables ni dans l’espace ni dans le temps : le sous-sol et la l
3046
é pour l’occasion. Dans l’espace : les frontières
sont
d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État est plus totalitair
3047
d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État
est
plus totalitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État est limitée
3048
alitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État
est
limitée aux tâches administratives, les frontières sont ouvertes et i
3049
imitée aux tâches administratives, les frontières
sont
ouvertes et insensibles, comme entre les cantons suisses et les Lände
3050
nté politique. Relevons ce paradoxe : les ethnies
sont
des communautés de langues sans liens avec un territoire (point de la
3051
ité de leurs limites ; tandis que l’économie, qui
est
en partie liée au sol (climat, secteur primaire maritime ou agricole,
3052
e, ressources naturelles pour l’industrie, etc.),
est
en fait beaucoup plus indépendante de ses établissements territoriaux
3053
tc. Le rythme de changement des régions ethniques
est
millénaire ; celui des régions économiques est décennal ; mais la fro
3054
es est millénaire ; celui des régions économiques
est
décennal ; mais la frontière politique unique et omnivalente que l’Ét
3055
« juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle
est
polyvalente. Et cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y
3056
s de bonne frontière nationale, la moins mauvaise
étant
tout simplement celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y
3057
alités ethniques et des dynamismes économiques, n’
est
que la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle et
3058
rne, dont la croyance aux « cultures nationales »
est
à la fois l’un des présupposés nécessaires et l’un des agents de prop
3059
s efficaces. L’école nous a conté que chaque État
est
une entité qui comporte une langue nationale, une culture nationale e
3060
limité par des « frontières naturelles ». Or tout
est
faux dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’est pas la juxta
3061
x dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’
est
pas la juxtaposition de vingt-cinq « cultures nationales », puisqu’el
3062
ngue maternelle dans les villes universitaires, s’
est
étendu aux peuples parlant la même langue, sans qu’il fût question po
3063
du aux peuples parlant la même langue, sans qu’il
fût
question pour autant de les enfermer dans les frontières d’un même Ét
3064
enfermer dans les frontières d’un même État. Il n’
est
pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’
3065
e — de la Volga. Les « frontières naturelles » ne
sont
pas moins chères à l’école — ni plus vraies pour autant. Cette notion
3066
. Cette notion, qui a son origine sous Louis XIV,
est
mise en forme par la Révolution (discours du Prussien Anacharsis Cloo
3067
uest, des Catalans des deux côtés, dans la partie
est
, mais ni Français ni Espagnols. Quant aux Alpes : on y parle des deux
3068
te… Non, les frontières de nos États n’ont jamais
été
« naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, comme les co
3069
nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles
sont
accidentelles et arbitraires, comme les conflits armés dont elles fig
3070
vérité, c’est que la culture de tous nos peuples
est
une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s
3071
de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s’
est
formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celtes
3072
on du réel, que nous le sachions ou non, que nous
soyons
« cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture,
3073
ure et de doctrine sociologique ou politique, ont
été
paneuropéennes, et non pas nationales. Les grands courants européens,
3074
’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en
est
-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, co
3075
e nos diversités tant vantées, et à juste titre ?
Est
-il vrai, comme le disent les discours officiels, que ces « précieuses
3076
ours officiels, que ces « précieuses diversités »
soient
celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations facile
3077
qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne
sont
pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais
3078
s libérerez ! 2. La création culturelle en Europe
est
d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et
3079
e est d’autant plus riche et plus intense qu’elle
est
moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge,
3080
e qu’elle est moins centralisée et que ses foyers
sont
plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universi
3081
us nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création
sont
les universités, à la Renaissance les cités et les très petits États
3082
diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle,
est
simplement omis, inexistant. Les régions culturelles ou ethniques ne
3083
ncident pas avec les régions administratives, qui
sont
inadéquates pour définir les régions économiques, et moins encore ave
3084
tato-national 1. Les régions transfrontalières
sont
les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europ
3085
es sont les seules unités déjà conformes à ce que
sera
inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une véritable Eur
3086
e l’Europe entre ces deux sortes d’influences, il
est
clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement re
3087
l est clair que les gouvernements stato-nationaux
seront
scrupuleusement respectés, laissés en place par les puissances coloni
3088
mieux servir les desseins des deux grands (qui ne
seront
grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : le
3089
3. Les solutions aux problèmes énumérés sous II.
seront
à chercher dans le cadre régional, et non pas stato-national. Toute t
3090
es droits du général contre ceux du singulier. Il
est
aussi le dépositaire des finalités civiques à chaque niveau communaut
3091
ignement secondaire : l’histoire et la géographie
sont
à reprendre à partir des réalités proches de l’élève, donc régionales
3092
oches de l’élève, donc régionales, alors qu’elles
sont
axées depuis un siècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que l’on
3093
européen et que la régionalisation de nos pays ne
serait
même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen. Enseigner les
3094
ient l’étude, voire la seule mention. De plus, il
est
urgent d’introduire un enseignement économique au degré secondaire :
3095
it voir à tous que les réalités, dans ce domaine,
sont
régionales et continentales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il
3096
primaire, secondaire, technique et professionnel)
sont
à réorganiser au-delà des frontières nationales, en commençant par le
3097
pparaît virtuellement la plus forte. (Ces régions
sont
très nombreuses le long de l’axe nord-sud, rhénan-alpin.) La création
3098
ourg et l’introduction d’un baccalauréat européen
sont
d’excellents exemples internationaux de ce qui pourrait être fait à l
3099
llents exemples internationaux de ce qui pourrait
être
fait à l’échelon régional : lycées communs là où la langue est pareil
3100
échelon régional : lycées communs là où la langue
est
pareille, lycées bilingues, écoles techniques et professionnelles. Je
3101
n toute prudence : les résistances psychologiques
sont
vite mobilisées dans ce domaine et les programmes scolaires paraissen
3102
essais de coopération, limitée mais précise, ont
été
faits dans la région Bâle-Strasbourg-Freiburg. Un autre projet de coo
3103
rasbourg-Freiburg. Un autre projet de coopération
est
à citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les
3104
prendre la nécessité des régions, et si elle peut
être
enseignée le plus concrètement à l’échelon régional d’abord, mais aus
3105
s exigences de l’économie et celles de l’écologie
sont
faciles à mettre en évidence à l’échelon local et régional. La recher
3106
a région Tous les problèmes régionaux — qu’ils
soient
économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à des probl
3107
ls soient économiques, écologiques ou éducatifs —
sont
liés en fait à des problèmes continentaux. Une commune, une région, n
3108
s requis, dans aucun de ces domaines : ces moyens
sont
de dimension continentale. (Ainsi le CERN et le Super-CERN près de Ge
3109
ssaires au terme des recherches « continentales »
est
bel et bien locale. Exemple : sauver le Léman suppose des recherches
3110
iques qui relèvent de l’échelon continental, mais
sont
d’exécution typiquement régionale et transfrontalière. En économie, l
3111
t d’informer les agences régionales. Les régions
seraient
ainsi immédiates à l’Europe, même si elles choisissaient, comme c’est
3112
s régions fonctionnelles que nous avons énumérées
serait
ainsi formée, administrativement par un syndicat de communes. (Elles
3113
istrativement par un syndicat de communes. (Elles
seraient
abonnées à la région écologique, par exemple, comme un particulier es
3114
ion écologique, par exemple, comme un particulier
est
abonné au gaz, à l’électricité, au téléphone.) Si maintenant je trans
3115
le beau livre de Morvan Lebesque, Comment peut-on
être
Breton ?, Paris, 1970 chap. sur « La Parole assassinée ». 109. Henri
3116
État français remonte à Philippe le Bel, mais il
est
absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’Allemag
3117
culture : « L’Europe des régions (III) », Genève,
été
1972, p. 66-79.
3118
des régions transfrontalières [Nos conclusions] (
été
1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur
3119
frontalières [Nos conclusions] (été 1972)dj Il
est
fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur l’évolution de l’u
3120
ent au point de départ. Les étapes de l’évolution
seront
bien plutôt marquées par les congrès de militants au cours desquels f
3121
es par les congrès de militants au cours desquels
furent
présentées, durement débattues, et finalement adoptées à chaud les th
3122
on fédéraliste, régionaliste et communaliste, qui
sont
en train de passer au premier rang de l’actualité réelle dans nos pay
3123
e dans nos pays — même si les mass médias ne s’en
sont
pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si… Il y eut a
3124
lleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui
est
de nature à rallumer l’espoir en dépit des échecs encourus par l’appr
3125
s la cité. Pour les politiciens, la seule réalité
est
celle de l’État-nation, tel qu’ils l’ont apprise à l’école — et ceux
3126
qui parlent d’autonomies régionales ou communales
sont
à la fois de doux rêveurs et de dangereux utopistes. Pour les politiq
3127
raire, la souveraineté absolue de l’État-nation n’
est
qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adap
3128
de l’État-nation n’est qu’un mythe, quand elle n’
est
pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe siècl
3129
y songera. Les premiers estiment que « l’audace »
est
quelque chose qu’il convient de louer, à condition que l’on prenne bi
3130
. Les seconds estiment avec moi que « la prudence
est
le vice des timides mais la vertu des audacieux ». Il est frappant qu
3131
ice des timides mais la vertu des audacieux ». Il
est
frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration fi
3132
dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait
été
celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résu
3133
ait été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base
est
un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’une idée forcément
3134
ls rédigèrent leurs textes. Le Rapport de base ne
fut
distribué qu’à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine com
3135
ément un des sous-titres du Rapport de base. Il n’
est
nullement question de « découper » des régions en Europe comme les co
3136
pas de créer de nouvelles frontières. « La région
est
le plus souvent présentée d’abord comme une entité territoriale. Cett
3137
comme une entité territoriale. Cette perspective
est
malencontreuse et conduit vite à l’impasse. Un découpage régional pen
3138
l pensé depuis les capitales n’a pas de chances d’
être
utile… À la stricte définition territoriale de la région, on préférer
3139
s régions fonctionnelles que nous avons énumérées
serait
ainsi formée, administrativement, par un syndicat de communes. » 2.
3140
de la région. Comment définir une région, si ce n’
est
plus une affaire de pourtour extérieur, un nouveau tracé de frontière
3141
e frontières ? La réponse unanime des rapporteurs
est
que l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ense
3142
orteurs est que l’aire d’une région fonctionnelle
sera
simplement celle de l’ensemble des communes pour lesquelles un problè
3143
ien entendu, dans la plupart des cas, ce syndicat
sera
suprafrontalier, comme le problème qui l’aura suscité. Il va de soi,
3144
ion géographique et administrative des fonctions
étant
essentiellement malléables », l’intervention du pouvoir local, des co
3145
on du pouvoir local, des communes d’abord, « peut
être
décisive, car, malgré tout, plus souple et plus réaliste puisque plus
3146
e processus de concertation ». Le Rapport Orianne
est
encore plus explicite sur ce point. Il rappelle d’abord la question p
3147
de la frontière ». Cette recommandation unanime s’
est
traduite dans la Déclaration finale au point C.3. 3. Enfin, plusieu
3148
s moyens financiers nécessaires, mais l’essentiel
est
qu’elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elle
3149
eur exemple : si elles attendaient pour exister d’
être
assurées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’y aurait jamais de
3150
culture : « L’Europe des régions (III) », Genève,
été
1972, p. 85-89.
3151
part (printemps 1974)dk Deux ans ou presque se
sont
écoulés depuis la parution du dernier numéro de notre XIIIe année. Le
3152
dres qui ont motivé cette interruption temporaire
sont
aujourd’hui résolues. Nous repartons à neuf, non seulement pour une q
3153
cré à l’Europe des régions, la présente livraison
étant
la quatrième de la série qui a commencé en hiver 1967 avec « Naissanc
3154
7 avec « Naissance de l’Europe des régions » et s’
est
poursuivie par « L’Europe des régions II » (hiver 1969) et « L’Europe
3155
I » (hiver 1969) et « L’Europe des régions III » (
été
1972) ; — deux (ou un) numéros consacrés à des études historiques sur
3156
Capt et Andris Barblan. Les tirages du bulletin
sont
faibles, de deux à quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous s
3157
lon les sujets abordés, mais nous savons que nous
sommes
bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur
3158
nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’
être
mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur de sauver une Europe non p
3159
unes et des régions, une Europe fédérale qui peut
être
l’innovation majeure du siècle. dk. Rougemont Denis de, « Nouveau
3160
rquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. Ce qui
est
certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas po
3161
c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’
est
pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien pr
3162
’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne
sont
pas ici, mais dans le seul souci de bien préciser mon point de départ
3163
née. Mais ce premier succès ne suffisait pas : il
était
négatif, en quelque sorte. 2e motif. — Il fallait faire l’Europe d
3164
e modèle. Or, à peine fait, ou mis en train, on s’
est
aperçu que tout cela posait aussitôt des problèmes encore plus diffic
3165
élai relativement bref. L’explosion démographique
est
la moins sensible dans les pays les plus développés : la Suisse avait
3166
mais il faudra manger debout ! » Seulement, il n’
est
pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’accroi
3167
ez de respirer ou de manger des poisons, certains
seront
tentés par l’exportation de nos industries, donc de la pollution indu
3168
lles, et donc aussi la pollution, par 200, ce qui
est
matériellement impossible. En effet, les ressources naturelles ne son
3169
mpossible. En effet, les ressources naturelles ne
sont
pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ont cru naïvement ju
3170
mation, tout le pétrole de la terre semble devoir
être
brûlé d’ici trente ans selon les uns, quatre-vingts ans selon les aut
3171
er délirant ou simplement farfelu. Mais tout cela
est
impitoyablement calculé par les écologistes américains, soviétiques e
3172
J. W. Forrester)114 concluent que le seul espoir
est
dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’il s’agit de la con
3173
volutionnaire » dont les barricades de Mai 68 ont
été
comme les signes flamboyants. Voilà qui suppose un certain nombre de
3174
s, la question qui vient immédiatement aux lèvres
est
celle-ci : Qui pourra prendre ces décisions et les imposer ? Un gouve
3175
dans les deux décennies qui viennent, l’essentiel
serait
obtenu, les destins pourraient être renversés. Mais que voyons-nous ?
3176
l’essentiel serait obtenu, les destins pourraient
être
renversés. Mais que voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon
3177
e pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce
sera
fait. L’URSS, le Japon, ont un gouvernement capable d’imposer des mes
3178
strielle, l’Europe divisée, sans pouvoir fédéral,
est
incapable de s’imposer la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien
3179
la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien, n’
est
-ce pas, un motif formidable, écrasant même, d’unir enfin en une puiss
3180
tif. — Mais il y a plus. Il y a quelque chose qui
est
peut-être plus effrayant que les prévisions apocalyptiques des écolog
3181
apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui
est
là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une
3182
ose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui
est
la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait du te
3183
u mois de mai 1968 : — Que faisons-nous là ? Quel
est
le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’ell
3184
est le sens de ma vie dans cette société qui n’en
est
pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son fameux
3185
cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’
est
plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi n
3186
nation sans structures où il se voient perdus, n’
est
pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader da
3187
mbécilité civique des majorités silencieuses. Il
est
normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela ri
3188
cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il
est
anormal qu’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est no
3189
ne lui réponde que par des coups de matraque. Il
est
normal qu’il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dénonce
3190
rchie profonde, mal quadrillée par la police ; il
est
anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres
3191
quadrillée par la police ; il est anormal que ce
soit
lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le désordre l
3192
Car le désordre le plus profond, c’est celui qui
est
au cœur de cette société matérialiste, dont le seul principe absolu e
3193
ociété matérialiste, dont le seul principe absolu
est
le profit, calculé en argent. Le jeune homme rêve de la renverser, et
3194
le scientifico-technique, quantitative. Mais elle
est
née de l’Europe, de ses systèmes de valeurs et de leurs conflits. Ell
3195
es systèmes de valeurs et de leurs conflits. Elle
est
née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute la pl
3196
s avons entraîné toute la planète, et ces guerres
sont
nées de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’il revient
3197
rtant, rien ne bouge : pourquoi ? Mais s’il en
est
ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, aussi peu con
3198
is s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils
sont
aussi nombreux, aussi peu contestés, aussi écrasants d’évidence, si t
3199
d’évidence, si tout pousse à l’union, pourquoi n’
est
-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les
3200
nt l’union, et que de ces 65 %, les trois-quarts,
soit
75 % exactement, sont des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis
3201
ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement,
sont
des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis Armand : « Il meurt to
3202
’anti-Européens qu’il n’en naît. ») Si l’Europe n’
est
pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave ra
3203
nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’
est
autre que l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souverain
3204
pe personnaliste de L’Ordre nouveau — et le terme
est
aujourd’hui très généralement adopté — c’est la mainmise administrati
3205
ll. Nous avons cru que, dans un premier stade, il
serait
possible de fonder « une sorte de confédération » comme disait Church
3206
par sa définition. L’union des États-nations, ce
serait
une amicale des misanthropes. Cela peut s’écrire, non se faire. Car o
3207
Car ou bien vous faites une amicale, mais vous n’
êtes
plus des misanthropes. Ou bien vous restez misanthropes, et alors tou
3208
isanthropes, et alors toute possibilité d’amicale
est
exclue. Quand les ministres et chefs d’État des « Puissances » europé
3209
qu’il s’agit de refuser quelque mesure d’union n’
est
plus qu’un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncement
3210
-dire à rendre manifeste le fait que leurs pays n’
étaient
plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence que négative
3211
tés en train de se faire. Et nous voyons qu’elles
sont
d’une part continentales, bien au-delà des nations, d’autre part loca
3212
éens à poser le problème régional. Que ces motifs
soient
de nature ethnique ou économique, linguistique ou géographique, tradi
3213
ographique, traditionnelle ou prospective, ce qui
est
frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensembl
3214
sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’
est
en fait qu’une forme politique récente, et cette forme se révèle déjà
3215
on. L’État-nation qui se prétend souverain absolu
est
manifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’échelle planétai
3216
la création d’agences fédérales européennes, qui
seraient
compétentes partout où les tâches se révéleraient d’échelle continent
3217
ucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’économie. Il
est
bien évident qu’il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour les t
3218
nier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’
est
plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettre u
3219
a appris que les frontières dites « historiques »
étaient
aussi « naturelles », en changeant la nature des preuves selon les ca
3220
leur relief. Mais il y a plus : leur renaissance
serait
celle d’un chauvinisme local plus irrespirable encore que le chauvini
3221
et dépasser ce modèle périmé. Mais le problème n’
est
pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en term
3222
n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il
est
posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradictoi
3223
milaires actuellement étouffés dans les pays de l’
Est
européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir d’u
3224
tachement immédiat à l’Europe fédérée dès qu’elle
sera
faite. Motifs économiques ensuite. Les plans d’aménagement du territo
3225
ème d’une portée politique beaucoup plus décisive
est
posé par les régions naturelles ou économiques qui se trouvent coupée
3226
aastricht–Liège, etc., etc. Désormais le problème
est
posé officiellement, par la CEE et par le Conseil de l’Europe, de la
3227
on utopie — tout ce qui m’intéresse chez un homme
est
de savoir quelle est son utopie de la vie en général et de lui-même e
3228
ui m’intéresse chez un homme est de savoir quelle
est
son utopie de la vie en général et de lui-même en particulier — mon u
3229
onstruction européenne. 1° Faire une région, ce n’
est
pas faire un mini-État-nation, ce n’est pas tout fourrer dans les mêm
3230
ion, ce n’est pas faire un mini-État-nation, ce n’
est
pas tout fourrer dans les mêmes frontières préalablement « délimitées
3231
’une région à constituer autour de Genève. Genève
est
une cité sans hinterland, qui est à la fois mondiale et coupée des ca
3232
Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui
est
à la fois mondiale et coupée des campagnes voisines par une frontière
3233
e région économique plus vaste, plus fluente, qui
est
encore en bonne partie virtuelle, et qui appelle des mesures de dével
3234
anne et Grenoble, Fribourg et Genève. Le problème
est
partout le même : comment résoudre ces difficultés concrètes en dépit
3235
d’un coup l’on s’apercevra que l’Europe fédérale
est
virtuellement faite, qu’elle est faite à l’image de la fédération sui
3236
’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle
est
faite à l’image de la fédération suisse, avec ses départements fédéra
3237
égions, le tissu des relations nouées entre elles
sont
devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstra
3238
nationale — ce jour-là, la Révolution européenne
sera
virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses p
3239
peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ils
soient
considérés par les habitants des régions comme des subsistances super
3240
dence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’
être
dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même
3241
n et de se battre pour ses compétences : qu’elles
soient
très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimensions europ
3242
e pour que réussisse ce grand projet ? ma réponse
est
simple : il nous faut éduquer et former dès maintenant les Européens
3243
mondial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée
est
à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande
3244
stoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle
était
faussée à la base par une volonté de propagande nationale, transforma
3245
et l’allemand. Toute la géographie de nos manuels
est
à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières naturelles »
3246
s et Espagnols, alors qu’en réalité ces montagnes
sont
habitées sur les deux versants par des Basques au nord-ouest et par d
3247
e le Rhône « unit » les peuples. Toute l’économie
est
à refaire, faussée à la base par l’idée d’« économies nationales » ce
3248
de la guerre ou de la politique. Toute l’écologie
est
à refaire sur la base des régions, dans le cadre du continent. Jamais
3249
ujourd’hui, et non pas avec les mythes nationaux,
sera
seule capable d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États
3250
européen — qui découle de la réforme des écoles —
est
de former des administrateurs régionaux, des citoyens responsables à
3251
s, former des régions et leurs administrateurs, n’
est
-ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons-nous le temps de fai
3252
de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit
être
considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finalités nouvelle
3253
en quête d’un sens et de finalités nouvelles. Il
est
vrai que ma description d’une Europe unie s’instaurant en dix ou quin
3254
ur faire une omelette. La non-violence, pour moi,
est
le vrai processus de la création organique, dans notre monde humain,
3255
onde humain, social ou psychique. La non-violence
est
ouverture au monde et à l’autre, tandis que toute violence, en derniè
3256
, tandis que toute violence, en dernière analyse,
est
une sorte d’autochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous, à no
3257
ouvoir régional, etc. Le seul pouvoir qui importe
est
celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais au
3258
importe est celui que l’on a sur soi-même, car il
est
synonyme de liberté mais aussi de responsabilité. C’est à cause de c
3259
teindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne
sommes
pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’avenir. C’e
3260
er de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous
sommes
appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la première es
3261
sorte d’emphase anxieuse que l’unité de la nation
est
le bien suprême, que son indépendance doit rester absolue et son État
3262
ouvrages des seconds démontrant que l’État-nation
est
une formule dépassée, se trouvent anticiper sur le xxie : entre les
3263
ticiper sur le xxie : entre les deux, notre xxe
est
en pleine béance de l’histoire. Illustrons cela de citations qui n’ap
3264
ent que très peu de commentaires. L’État-nation
est
le bien suprême Discours de M. Georges Pompidou à Poitiers, le 25
3265
vec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’
est
pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel Debré
3266
quelle résistance des peuples on a dû vaincre, ne
fût
-ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire au s
3267
tut de patois !) La région ne doit à aucun prix
être
une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nationaux et França
3268
x être une arme ou un moyen dirigé contre l’État…
Soyons
nationaux et Français ! (Mais l’État n’existerait-il que dans la cap
3269
onvaincu que les militants autonomistes en France
sont
« des imbéciles ignorant l’histoire », « des inadaptés », « des gens
3270
ythe européen, celui de l’Europe des régions, qui
est
une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selo
3271
égions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à
être
démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation, « le bien
3272
le plus précieux, c’est l’unité nationale ». Je m’
étais
étonné, en janvier 1974, qu’au moment où la « réforme fondamentale »
3273
4, qu’au moment où la « réforme fondamentale » qu’
était
censée représenter la création des régions en France entrait en vigue
3274
, et précisaient surtout ce qu’elle ne devait pas
être
. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on en attendait po
3275
rde remplaçaient les vœux de succès confiants qui
sont
de routine en pareille occasion. Au lieu du coup d’envoi, un impérieu
3276
la présidence de la République française, qu’ils
soient
de gauche ou de droite, ou gaullistes, revendiquent tous dans les mêm
3277
éfense prioritaire des intérêts du pays (dont ils
sont
juges) et sa présence dans les conseils et colloques internationaux,
3278
pas un ne paraît même soupçonner que son discours
est
démodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur notre société et s
3279
s les liens particuliers entre les hommes, qui ne
sont
plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ». Depu
3280
on avec les besoins vitaux » du monde actuel, qui
est
donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous p
3281
ctuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit
être
remplacé au plus vite, sous peine de catastrophes aisément calculable
3282
Comme aucun des grands problèmes mondiaux ne peut
être
résolu dans un cadre national, la raison exige l’édification rapide d
3283
rainetés nationales. L’ordre international actuel
est
basé sur la conception qu’il est raisonnable et conforme à la nature
3284
rnational actuel est basé sur la conception qu’il
est
raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la surface
3285
res. Ce schéma de l’administration de notre terre
est
en contradiction aussi bien avec la structure des systèmes techniques
3286
arrive d’oublier que leurs frontières actuelles…
sont
fondées sur une longue série d’accidents et de coïncidences historiqu
3287
ccidents et de coïncidences historiques… Chacun s’
est
forgé une histoire nationale qui démontre que son développement était
3288
oire nationale qui démontre que son développement
était
inévitable, et son destin arrangé par la Providence, comme le mythe f
3289
saine que le Luxembourg ». De même, la France n’
est
pas plus en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’est plus en
3290
en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’
est
plus en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous son a
3291
s, se moque de ses allures et de son dialecte… Il
est
peut-être temps que les nations submergées de l’Europe renaissent… De
3292
Europe renaissent… De sérieux troubles pourraient
être
provoqués par les luttes de quelques autonomistes pour l’égalité des
3293
rôle essentiel d’un État-nation — la défense — s’
est
fortement amenuisé. Les exemples de la Finlande, de la Norvège et du
3294
t du Danemark montrent combien un petit État peut
être
viable et très bien réussir. Les raisons essentielles de l’existence
3295
ielles de l’existence des États-nations européens
sont
en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement d
3296
ont en train de disparaître ; il se peut qu’elles
soient
historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées. […] u
3297
nt historiquement dépassées ; elles peuvent alors
être
remplacées. […] une Europe constituée d’États-nations éclatés pourrai
3298
ctuel. Traduisons : les États-nations éclatés ne
sont
autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À
3299
s éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir
serait
donc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence d
3300
rance ». L’égoïsme sacré, propre à tous les pays,
serait
-il en passe d’être si contesté qu’il faille en faire un point de prog
3301
cré, propre à tous les pays, serait-il en passe d’
être
si contesté qu’il faille en faire un point de programme électoral ? D
3302
ndie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’a pas
été
suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contr
3303
rateurs les plus intimes : « Même si j’échoue, je
serai
gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me con
3304
e serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui
est
le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur
3305
seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai
été
renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant ses
3306
enir dira que j’ai été renversé sur un projet qui
était
essentiel pour le pays. » Devant ses anciens collaborateurs réunis à
3307
e. » « Partir sur le refus d’une grande réforme n’
est
pas mauvais. Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France qui
3308
il fallait faire cette réforme des régions… Elle
était
absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. »124 Et en
3309
choses que connaîtront d’autres générations. » Il
est
certain que dans le nombre des « grandes choses », la région n’était
3310
ans le nombre des « grandes choses », la région n’
était
pas la moindre. 117. Rien de commun avec le mouvement de tendance
3311
e fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a
été
dissous en 1973. 118. Réédition chez Hachette, Paris, 1972. 119. M
3312
do Lorsque j’avais demandé à Carl Burckhardt d’
être
, aux côtés de Robert Schuman et de Carlo Schmidt, l’un des présidents
3313
culture, je savais qu’il accepterait parce qu’il
était
le plus européen de tous les Suisses, et qu’il ne pouvait l’ignorer.
3314
ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il
était
le plus suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il n’y ai
3315
lectuel, et surtout point de langue unique qui se
soit
imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité d’un
3316
ire la possibilité d’un écrivain qui mériterait d’
être
appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste allemand, ou Leopard
3317
mériterait d’être appelé suisse, comme Hölderlin
fut
sans conteste allemand, ou Leopardi italien, bien avant que l’Allemag
3318
et la carrière de Carl J. Burckhardt. C’est qu’il
fut
l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la formule créa
3319
d physicien et le monstre sacré du cinéma, qui ne
sont
, après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions
3320
spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions,
était
un homme de stature imposante et d’autorité calme, assez magique, un
3321
au Tyrol, et parfois de loup en Pologne, mais il
était
aussi le meilleur prosateur de son pays : il faut relire non seulemen
3322
ce Voyage d’Asie Mineure, qui date de 1925 et qui
est
l’un des écrits les plus chargés d’affectivité contenue, les [p. 83]
3323
la qualité transfigurante du regard porté sur les
êtres
, non seulement les plus nobles mais chose plus rare, les plus ennobli
3324
ancolie mais nul cynisme, plus de sensibilité aux
êtres
qu’aux idées, et aux situations qu’aux systèmes, d’où son sens politi
3325
Quand même il
serait
seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il est un
3326
texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il
est
une affaire entendue parmi les intellectuels autant que dans le grand
3327
l’affaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’
est
que « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien éviden
3328
« la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il
est
bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement
3329
rre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui
est
en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral (lais
3330
s implications complètes de ce fait n’avaient pas
été
prévues, car on imaginait en général que le socialisme pouvait préser
3331
ndre le climat du libéralisme. Combien cette idée
était
fausse, voilà ce qui commence à se faire sentir. Presque certainement
3332
litaires, un âge dans lequel la liberté de pensée
sera
d’abord un péché mortel, et deviendra plus tard une abstraction dépou
3333
straction dépourvue de sens. L’individu autonome
est
sur le point d’être étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie q
3334
de sens. L’individu autonome est sur le point d’
être
étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie que la littérature, d
3335
che à sa fin et la littérature du totalitarisme n’
est
pas encore apparue et demeure à peine imaginable. Commentaire Je me
3336
ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne
serait
-ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour acc
3337
? Toute prophétie trop bien réalisée — et peu le
sont
mieux que celle d’Orwell — m’incite à poser cette question : l’auteur
3338
m’incite à poser cette question : l’auteur a-t-il
été
un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tra
3339
ons et nous en montre les moyens ; ou bien a-t-il
été
le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision autoréal
3340
phes à venir, par prévision autoréalisante ? S’il
est
vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du cap
3341
ision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui
est
en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral et de
3342
e la culture chrétienne libérale », alors oui, il
est
bien certain que « nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaire
3343
totalitaires ». Mais que « l’individu autonome »
soit
annihilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’est nullement
3344
ilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’
est
nullement l’effet, mais bien la cause, tant de l’effondrement chrétie
3345
ement parce que le capitalisme (libéral ou non) n’
est
pas lié au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’a pas le
3346
ianisme par cet acte existe en lui, quand même il
serait
seul. Mais ce n’est pas « le christianisme » institué qui aime un hum
3347
iste en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’
est
pas « le christianisme » institué qui aime un humain, ou cesse de l’a
3348
Orwell écrit son essai, le malheur qu’il prévoit
est
déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même qui l’annonce.
3349
ou non pour moi ; si ma sensibilité au spirituel
est
vivante ou non. Et non pas du tout de savoir si le christianisme (ou
3350
e libérale », comme le dit Orwell trop vaguement)
est
bien vu ou mal vu dans le monde d’aujourd’hui, est majoritaire ou min
3351
st bien vu ou mal vu dans le monde d’aujourd’hui,
est
majoritaire ou minoritaire, est à la mode ou rayé de la liste des bes
3352
de d’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire,
est
à la mode ou rayé de la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu
3353
du christianisme, de l’Église et du cléricalisme
seront
le socialisme, le Parti et l’appareil bureaucratique. Et que les soci
3354
s Allemands au moins ont plébiscité Hitler : ce n’
est
pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choi
3355
é eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ils
sont
la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’invention
3356
des régions fédérées, voilà le But. Cette société
sera
peut-être secrète, ces communautés clandestines, ces régions sans ins
3357
raisonnable de restructurer une cité qui mérite d’
être
appelée humaine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il serait se
3358
maine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il
serait
seul… (Sur un texte de George Orwell) », Bulletin du Centre européen
3359
t son temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’
être
, qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Po
3360
qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il
est
trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Pourquoi des
3361
l’Université ? Ou au contraire, c’est que l’objet
est
encore trop jeune, et qu’il convient, avant de s’en occuper, de s’ass
3362
ccuper, de s’assurer de sa réalité. Le second cas
est
évidemment celui des régions, du problème régional. En tant qu’il est
3363
des régions, du problème régional. En tant qu’il
est
discuté en public, le problème ne date guère que des années soixante
3364
nt de 1958 : Paul Romus, J. Boudeville ; qu’elles
sont
suivies par une série de publications dans les cahiers de l’ISEA de 1
3365
eurs spécialistes de ces problèmes qui pourraient
être
tentés de croire que les raisons de faire des régions sont bien assez
3366
és de croire que les raisons de faire des régions
sont
bien assez connues, et même rabâchées, et qu’il s’agit maintenant de
3367
nalyse scientifique. Eh bien non ! Les régions ne
sont
pas un problème scientifique d’abord, mais politique. Pas un problème
3368
logique, éthique avant toute chose. La question n’
est
pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est, mais de construi
3369
t pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle
est
, mais de construire une réalité habitable, telle que des hommes seuls
3370
es seuls peuvent la faire devenir. Les régions ne
sont
pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellemen
3371
pas des objets à étudier mais à constituer. Elles
sont
potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en t
3372
qu’il n’y aura jamais de région, que la région ne
sera
jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour celu
3373
aissance réelle. On a pu se demander si la région
est
un fait de nature ou de culture ? (De géographie ou d’histoire ? D’éc
3374
ie ou de morale civique ?) Je pense que la région
est
un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est son sens étymolo
3375
un phénomène de nature au sens actif du mot, qui
est
son sens étymologique : Natura = ce qui engendre, l’engendrante, ce q
3376
gendre, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui
est
à naître. (Du radical indo-européen gna indiquant naissance et du suf
3377
a indiquant naissance et du suffixe turus, devant
être
fait.) Disons que la région relève de la nature naturante par opposit
3378
ée. Mais si elle dépend de la volonté humaine, il
est
décisif pour sa réalisation qu’on puisse expliquer avec efficacité se
3379
on puisse expliquer avec efficacité ses raisons d’
être
, ou plutôt de devenir. « Avec efficacité » veut dire ici : en termes
3380
us grand nombre possible de citoyens. Les régions
seront
, ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière
3381
s régions seront, ou non, selon que leur raison d’
être
aura été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persua
3382
seront, ou non, selon que leur raison d’être aura
été
exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persuader, conv
3383
les solutions aux problèmes qu’on vient de citer
sont
rendues difficiles ou impossibles du simple fait que l’État-nation se
3384
t le problème des régions frontalières. Mais ce n’
est
pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réalit
3385
quotidienne, décisions dont les plus importantes
sont
décrétées dans les bureaux de la capitale, c’est-à-dire le plus loin
3386
de ceux qui en subiront les conséquences. Quelles
sont
, parmi les fonctions nécessaires à la vie d’une communauté de type eu
3387
raissent lésées ou paralysées par la frontière ne
sont
pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à-dire
3388
commerciaux et agricoles (vitaux mais qui peuvent
être
interrompus d’une heure à l’autre par décret de Paris, ou par une gue
3389
s-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’à
être
libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la raison e
3390
ranco-suisses qu’elles ont occasionnées, qu’on en
est
venu à constituer la première Commission régionale transfrontalière r
3391
enève. Dès ses premières séances, la Commission s’
est
donné un programme qui déborde le problème des frontaliers et s’étend
3392
onnelle, en attendant d’autres élargissements qui
sont
inscrits dans la logique des choses. Car les problèmes écologiques qu
3393
ue a empêché jusqu’ici de traiter convenablement,
sont
plus graves à long terme que les problèmes de l’emploi. Le Léman, au
3394
i. Le Léman, au milieu duquel passe la frontière,
est
mortellement menacé par un ensemble de pollutions qui appellent un en
3395
es par les campagnes pour sauver l’environnement,
sont
en train de prendre conscience de la réalité possible et vivement sou
3396
itaire, déjà difficile entre les cantons romands,
est
plus que ténue entre universités suisses et françaises. Les professeu
3397
s et françaises. Les professeurs français peuvent
être
nommés en Suisse, mais non l’inverse. La mobilité des étudiants, un p
3398
r les diplômés d’une université « étrangère », il
est
quasi nul. Pourtant, l’extraordinaire densité des établissements d’en
3399
art des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’
est
pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous av
3400
entre eux, avec l’aire du franco-provençal, qui y
fut
parlé, écrit et chanté du ixe siècle jusqu’aux débuts du xixe . (Pic
3401
tants.) Ajoutons que cette « plus grande région »
est
aussi celle de l’horlogerie européenne, et celle de la clientèle prin
3402
i voit et comprend les réalités locales, la leçon
est
claire : il faut susciter la région pour que la vie continue, tout si
3403
les USA possèdent de quoi tuer 32 000 fois chaque
être
humain vivant aujourd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui
3404
i, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en
est
qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce,
3405
s. Beaux résultats ! Brillante gestion ! Mais qui
était
le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent
3406
n ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils
sont
150 aujourd’hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont
3407
aient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ils
sont
fondés sur le dogme de la souveraineté illimitée dans leurs frontière
3408
e la religion stato-nationale, dont le plus grand
est
l’unité centralisée, né de la guerre et préparant à la guerre, unique
3409
iquement et absolument, car à tout autre égard il
est
absurde. Né des guerres de la Révolution française et constitué d’une
3410
t pour la guerre, l’État-nation et sa morale, qui
est
le nationalisme totalitaire, a provoqué les deux guerres européennes,
3411
tretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils
seront
colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Est ou par l’Ouest, ou les de
3412
ls seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’
Est
ou par l’Ouest, ou les deux à la fois. Voilà qui devient évident même
3413
aut défaire et dépasser l’État-nation parce qu’il
est
la cause efficiente et immédiate de la crise mondiale, et l’empêcheme
3414
pêchement majeur à l’union de l’Europe — laquelle
serait
cependant un facteur décisif de la solution de cette crise. Il faut d
3415
base de la fédération européenne. Fédération qui
sera
l’élément décisif d’une résolution de la crise mondiale. Tout cela, m
3416
n de la crise mondiale. Tout cela, me direz-vous,
est
bien schématique. J’en conviens, mais je ne vois pas le moyen d’échap
3417
e ne vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui
est
inscrit dans les faits, bien loin de l’être dans l’esprit des fédéral
3418
ma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’
être
dans l’esprit des fédéralistes… C. La troisième réponse à la questi
3419
es… C. La troisième réponse à la question posée
est
indépendante des deux premières. Elle procède en effet d’un ordre de
3420
l et en dernière analyse, spirituel. Les régions
sont
la dernière chance de restaurer une communauté dans l’humanité d’aujo
3421
la mauvaise gestion de la planète, l’État-nation
est
aussi le fauteur de la crise, dans la mesure où l’obsession de la pui
3422
se, dans la mesure où l’obsession de la puissance
est
l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il sa puissance actu
3423
recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’
est
pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les
3424
’il sent que « tout lui échappe », et que « ils »
sont
seuls responsables, « ils » c’est-à-dire l’État, des réseaux de fonct
3425
eau libre, parce que responsable. L’homme ne peut
être
libre et responsable qu’à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a b
3426
de bonté ou de méchanceté de l’homme. Ici, ce ne
sont
ni l’économie, ni l’écologie, ni l’énergétique, ni l’éducation qui «
3427
que personne. Je n’ai rien dit de neuf et ce n’
était
pas mon but. Je voulais seulement grouper des arguments — les regroup
3428
La création à Aoste d’une université régionale a
été
votée par le parlement italien en 1972. dp. Rougemont Denis de, « P
3429
le problème fondamental de toute prospective. Il
serait
facile d’en déduire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est t
3430
duire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir
est
totalement imprévisible, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir
3431
ble, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir
est
entièrement connu, que sert alors de gouverner ? En fait, les termes
3432
gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne
sont
pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons
3433
mes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il
serait
absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en
3434
terre ayant des dimensions finies, ses ressources
seront
épuisées dans des délais calculables, mais qui varieront très largeme
3435
riens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n’
est
pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits passés, opérée à
3436
donc en permanence modifiable. Les dates seules y
sont
certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir u
3437
sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il
serait
superflu d’avoir une politique et d’en parler — la politique étant dé
3438
avoir une politique et d’en parler — la politique
étant
définie en ce point comme l’ensemble des mesures à prendre pour lutte
3439
u destin de l’homme sur la terre. Une seule chose
est
certaine, c’est la mort, non sa date. Mort de la terre et mort de cha
3440
terre et mort de chacun de nous. Une seule chose
est
imprévisible, par définition, et c’est la création, l’intervention de
3441
et pourtant décisive, que l’on voudrait tellement
être
en état de prévoir, mais qu’il faut faire, à tous risques et périls,
3442
ive « scientifique » Les calculs prévisionnels
sont
utiles ou indispensables pour opposer les quelques certitudes qu’on v
3443
pour le tiers-monde une chance historique, qu’il
serait
fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrica
3444
ent à nous faire accroire qu’une seule croissance
est
à la fois possible et nécessaire, celle de la production matérielle.
3445
de doubler tous les sept ans en Occident, car il
serait
au moins difficile, et à coup sûr superflu, de produire 16 fois plus
3446
is le meilleur exemple d’une prévision utile nous
est
donné par les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils ne di
3447
t du sol. Un tel modèle provocateur et monitoire,
est
le contraire d’une fatalité : utinam vates falsus sim pourrait bien ê
3448
fatalité : utinam vates falsus sim pourrait bien
être
le motto du club de Rome. Au surplus, le danger consiste moins dans l
3449
visions évidemment conditionnelles. Car autant il
est
nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend,
3450
suivre ou non en connaissance d’effets, autant il
est
dangereux, égarant, de subordonner ses décisions à des prédictions qu
3451
ubordonner ses décisions à des prédictions qui ne
seront
« justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenant tout
3452
ut ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’
est
donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en garde,
3453
nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’
est
pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers de
3454
oral et de la décision politique. Car quelles que
soient
ses intentions conscientes, ce discours pousse au crime de désertion
3455
crime de désertion civique, et devrait à ce titre
être
puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle
3456
té. Roma locuta, — l’ordinateur a parlé, la cause
est
jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la voix de ses programm
3457
a cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’
est
que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le su
3458
x de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel
est
le succès de la projection de nos désirs sur une Nécessité impersonne
3459
ansperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’
être
qu’elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou
3460
es prévisions les plus exactes — voire seules à l’
être
— ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépenda
3461
ns les plus exactes — voire seules à l’être — ont
été
jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes du je
3462
ute rétroaction financière, sociale ou morale, il
est
fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute
3463
défis de la « dernière », et en appelle d’autres,
fût
-ce à seule fin de vérifier ses méthodes. Ainsi les techniques de lutt
3464
rentabilité à prendre en compte. Le seul problème
étant
de gagner la guerre à n’importe quel prix financier ou humain, rien n
3465
t. D’où l’on déduit que l’économie de guerre, qui
est
le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’u
3466
toutes nos prévisions et leur idéal inconscient,
est
l’utopie au sens originel, le « pays de nulle part », donc de pure th
3467
1973), elle décide en fait que l’avenir prochain
est
déjà joué dans le passé récent : c’est le contraire d’une véritable p
3468
raire d’une véritable prospective. Le court terme
est
seul calculable. Le long terme ne peut faire ressortir que l’absurdit
3469
thode kahnienne des « projections sans surprise »
est
donc nécessairement conservatrice en tant que « projection », et an-h
3470
que en tant que « sans surprise ». Elle peut donc
être
qualifiée de conservatisme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé
3471
montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle
est
un facteur d’entropie, et de déperdition du patrimoine humain. Tout c
3472
mprobable création. Car dans la mesure même où il
est
vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prév
3473
Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme
est
imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soum
3474
e nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne
sont
prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de fact
3475
et Kahn, entre autres, dressent le calendrier, n’
est
pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces te
3476
ces techniques, nous le voyons bien aujourd’hui,
sont
trop nombreux, trop ramifiés et interagissants pour que leurs résulta
3477
nteragissants pour que leurs résultantes puissent
être
évaluées : il faudrait tout savoir sur l’homme, ses régularités et se
3478
que pourtant l’on se voit sommé de prévoir, quel
est
le recours ? Au cours d’une conférence en 1971, présentant les travau
3479
la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle
est
la voie royale de la recherche fondamentale et de la création, tant s
3480
xe des interactions dont dépend notre avenir ? Il
est
trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance
3481
747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’il
est
préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en
3482
t de liberté ou de manque de liberté (“La liberté
est
une sensation. Cela se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela ne
3483
ance, je veux parler de la menace de guerre. Elle
est
de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel m
3484
ander si le dogme de la croissance industrielle n’
est
pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la fi
3485
, il faut admettre aussi qu’une société humaine n’
est
pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute l
3486
société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’
est
que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chos
3487
artiellement, et que dans toute la mesure où elle
est
autre chose — ensemble de systèmes plus ou moins intégrés, référentie
3488
hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’il
soit
, les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu
3489
euse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit
est
bien compréhensible : car les faits ne pouvant avoir tort, c’est la m
3490
t notre société de consommation, — selon que l’on
serait
au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme celui de la p
3491
ques et des « terribles simplificateurs ». Hitler
est
là, dans les Lettres à von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1
3492
t, qui datent de 1882. Et le condominium USA-URSS
est
là, dès 1856, dans la Démocratie en Amérique, après et avant vingt au
3493
le de dire « si nous verrons jamais le jour où il
sera
possible d’isoler les variables clés qui déterminent le surgissement
3494
la société »131. Mais ces prévisions impossibles
sont
justement de celles que les auteurs plus intuitifs que scientifiques
3495
us loin des exemples à propos d’Hitler notamment.
Serait
-ce qu’une chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’éta
3496
imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’
étaient
servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret
3497
’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il
est
bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’ho
3498
ens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir
est
dans l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ; et que de là, et de
3499
. […] Limiter une expansion malsaine n’aurait pas
été
moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres régionaux. Au
3500
mporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il
était
beaucoup trop tard pour que Rome, en reconnaissant ces tendances, pui
3501
ière de l’Empire, la charte d’indépendance devait
être
accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec no
3502
e ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait
être
senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui, qu’au plus intime d
3503
nscrira dans l’Histoire un jour ou l’autre. Telle
est
la loi de l’évolution humaine — et du même coup, de la prospective in
3504
La prospective que j’ai dite intuitive pourrait
être
aussi bien baptisée subjective, puisqu’elle prend son appui dans l’ho
3505
dans l’homme sujet de l’Histoire. La futurologie
serait
alors « objective » parce qu’elle part des objets, des « faits », c’e
3506
ite. Elle tient que l’homme, fait par l’Histoire,
est
son objet, un objet parmi d’autres, soumis aux mêmes lois, et par-là
3507
ective, en cela chimérique mais mesurable, qui ne
serait
qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aurait plus
3508
De fait, la prospective n’aurait plus de raison d’
être
si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d
3509
a prospective utile et significative ne peut donc
être
que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou moni
3510
les seules prévisions objectives qui m’importent
sont
celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves p
3511
m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles
sont
les voies barrées, les grèves possibles, et à quelle heure il faudra
3512
deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin
est
mon commencement », disent les mystiques. C’est de mes fins que je va
3513
devenir personnel. Les critères de ma prospective
seront
choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabil
3514
seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne
seront
donc ni la rentabilité, ni le profit monétaire aux dépens du bonheur
3515
sastre inévitable, du seul fait que la finitude n’
est
pas capable d’infini — finitus non capax infiniti — comme le savaient
3516
ous allez créer du chômage ! » Mais l’alternative
est
dans l’enchaînement autos-autoroutes – emplois multipliés – pouvoir d
3517
orte en elle-même ses principes régulateurs. Ce n’
est
pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lois
3518
est pas le cas de la croissance industrielle, qui
est
contraire aux lois de la vie et qui met en péril la vie même, dès qu’
3519
suivante : devant toute innovation technologique,
être
en mesure de démontrer non seulement à quoi cela sert, mais surtout à
3520
peut mener dans l’hypothèse d’un succès maximum.
Est
-ce que cela va dans le sens de mes besoins réels, ou de mes désirs pr
3521
ucléaires. Cette analyse des motifs et des fins n’
est
faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la press
3522
’avenir qu’on élabore doit rester flou. Sinon, ce
sera
la tyrannie sur la communauté qui le réalisera, et dès maintenant sur
3523
er et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’
est
nullement de prévoir et de calculer des phénomènes indépendants de l’
3524
a prévision donnée pour objective d’un avenir qui
serait
déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir.
3525
s fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui
fut
« possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions
3526
tre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici.
Soit
que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions
3527
ons courir, que nous le voulions ou non, l’avenir
est
notre affaire. Et non pas celle des lois mythiques derrière lesquelle
3528
esquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne
sont
que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’A
3529
e, publié par le club de Rome : « En vérité, nous
sommes
comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans
3530
oses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il
est
devant une mécanique incapable de se prêter au moindre échange vivant
3531
; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait
être
que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de consulter le mode
3532
’un ouvrage en préparation de D. de Rougemont qui
sera
intitulé : L’Avenir est notre affaire ». Les extraits correspondent
3533
de D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir
est
notre affaire ». Les extraits correspondent au chapitre 6 de ce livr
3534
lations Europe-Monde (hiver 1975-1976)dt Tout
est
venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le pro
3535
-1976)dt Tout est venu à l’Europe, et tout en
est
venu, ou presque. Paul Valéry Le problème des relations Europe-Monde
3536
t, le concept exprimé par ces mots signifie qu’il
est
entendu, avant tout discussion et comme allant de soi que : — la nouv
3537
ieux que la mise en ordre. Au total, la modernité
est
ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce
3538
en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit
être
préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de tradition, si
3539
et d’artistes européens, américains et russes ont
été
et se veulent aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle
3540
d’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle
soit
chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considèrent tout
3541
es occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui n’
est
pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine pr
3542
itive ou tel masque polynésien d’usage rituel, il
serait
en effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récu
3543
effet difficile de reconnaître que la modernité,
étant
ce qui récuse les vérités reçues et remet en question les traditions,
3544
entre l’Europe et le Monde (tiers et quart-monde)
est
traité d’ordinaire en termes politiques de puissances comparées (écon
3545
urels, dont l’importance, assure-t-on, ne saurait
être
sous-estimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer que l’on tien
3546
Les relations entre l’Europe et le reste du monde
sont
conditionnées par les mêmes forces qui déterminent les structures et
3547
itique et l’usage de ses armements. Or ces forces
sont
religieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles o
3548
es. III. Le concept de révolution Mais s’il
est
vrai que toute culture vient d’une religion et la prolonge en express
3549
fère essentiellement de toutes les autres, quelle
est
alors la différence fondamentale entre les autres religions et celle
3550
et celle qui domine l’Occident ? La réponse doit
être
cherchée dans la théologie du xxe siècle qui, sur les traces de Karl
3551
es de Karl Barth, a montré que le christianisme n’
est
pas une religion à proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose et
3552
ntané par un nouvel ordre : « Les choses vieilles
sont
passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». « De nouveau
3553
hoses vieilles sont passées, voici, toutes choses
sont
devenues nouvelles ». « De nouveaux Cieux, une nouvelle Terre » sont
3554
lles ». « De nouveaux Cieux, une nouvelle Terre »
sont
promis, remplaçant ceux qui existent devant nos yeux. Tous ces trai
3555
la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité n’
est
plus désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’est plus « ce q
3556
désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’
est
plus « ce qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est d
3557
assé. Le référentiel absolu n’est plus « ce qui s’
est
toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se f
3558
s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui
est
déjà en train de se faire au nom de la Fin universelle, donc de l’Ave
3559
passage du « vieil homme » à l’homme régénéré, il
est
décrit comme une rupture, comme une métamorphose subite. Saul de Tars
3560
un peu plus tard, qu’au retour du Christ : « Nous
serons
tous transformés, en un instant » (grec : en atomo), c’est-à-dire en
3561
re en un atome de temps. Ainsi le Chemin de Damas
est
au principe de l’idée de Révolution. Idée radicalement exclue par tou
3562
par toutes les autres religions, parce qu’elle n’
est
concevable, en effet, que dans une société travaillée par le message
3563
e profondément antireligieuse et qui, d’ailleurs,
fut
ressentie et dénoncée comme telle par les Romains. IV. « Tout est
3564
noncée comme telle par les Romains. IV. « Tout
est
venu à l’Europe… » Ces faits religieux fondamentaux conditionnent
3565
xandrie, on peut bien dire avec Valéry que « tout
est
venu à l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogonie — mythe d
3566
incesse de Tyr — non loin de Byblos où l’alphabet
fut
inventé — est enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civil
3567
— non loin de Byblos où l’alphabet fut inventé —
est
enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civilisation minoen
3568
a Grèce continentale. Le peuplement de l’Europe s’
est
produit à partir du nord (Scythes, Doriens, Indo-Européens), de l’Ana
3569
e la Méditerranée puis le Rhône). Enfin, le droit
est
apporté aux Grecs par Solon, après ses voyages en Égypte, l’astronomi
3570
Solon, après ses voyages en Égypte, l’astronomie
est
importée de Babylone. Et tout cela fait le « Monde antique ». Puis «
3571
nthèse de ces grands phénomènes culturels pouvant
être
localisée à la cour de Poitiers et dans ses environs, au premier quar
3572
e contre la cortezia des troubadours. Oui, « tout
est
venu à l’Europe », mais désormais, tout en viendra, « ou presque… ».
3573
s Européens ont découvert le Monde, et personne n’
est
jamais venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous permet
3574
e tradition chrétienne137. En sorte que la greffe
sera
bientôt rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’une
3575
rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne
sont
qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublemen
3576
modernité » pendant deux ou trois décennies, ils
sont
rejetés par les nouvelles générations de créateurs, d’avant-gardistes
3577
sens précis, concret, les a créées. Tel émirat n’
est
qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie aut
3578
tte information produira de l’énergie. Le pétrole
est
« arabe », dit-on, mais sans l’Europe il n’existerait pas. Et dans ce
3579
t, « il vient de l’Europe ». V. « … et tout en
est
venu, ou presque » J’ai fait ailleurs, et à plus d’une reprise, la
3580
monde moderne tout entier, en tant que tel, peut
être
appelé une création européenne. Que se passe-t-il quand le monde adop
3581
formes ? D’une manière globale, je crois que nous
sommes
en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècles, exporte
3582
ndiale et l’impact sur le tiers-monde de « ce qui
est
venu de l’Europe ». A. Prenons notre premier exemple au niveau micr
3583
n impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’
est
pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que subir
3584
me, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui
serait
en mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’auj
3585
le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle
est
loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’e
3586
l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce
sont
tout de même ses sommets. Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres,
3587
ts, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’
est
pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. No
3588
es l’ignorent ; ils voient plus facilement ce qui
est
beaucoup plus bas, au niveau du contact brutal entre leurs coutumes e
3589
ur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés
sont
criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas nos grandeur
3590
ais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique
est
le sublime de l’Occident, mais pour l’oreille d’un Oriental, c’est un
3591
e, une espèce de rumeur insensée… Seulement, elle
est
issue du même complexe, et elle répond dans le monde de l’âme au même
3592
çu les machines et la personne. Mais les machines
sont
transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni l
3593
hines sont transportables et vendables, ce que ne
sont
pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellectuel ind
3594
» Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui
est
Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’une école de
3595
jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée
est
, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et reti
3596
us fort de ce terme.139 B. Mon second exemple
sera
pris au niveau macroscopique du contact de l’Europe et d’un empire, l
3597
La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui
est
bien l’idée la plus contraire à sa tradition millénaire d’équilibre d
3598
ropéen typique : un Juif allemand, dont le père s’
était
fait protestant, et qui écrivait dans les salles du British Museum, p
3599
produirait dans les pays industriels. Or la Chine
est
une grande paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce sera cette
3600
e paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce
sera
cette exigence de rejoindre les conditions d’une révolution marxiste
3601
ela s’explique aisément. Car cette « révolution »
est
en réalité, la modernité décrétée. Le chemin de la paysannerie du tie
3602
i long que les dangers de la croissance illimitée
sont
encore inconcevables dans ce monde-là. D’autant plus que Mao, très sa
3603
leurs : « Ne préconisez jamais l’hégémonie ». (Il
est
clair que cela vise d’abord le grand voisin, mais enfin le slogan par
3604
, dont les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’en
sont
que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimi
3605
s, de plus en plus difficiles à distinguer. Ce ne
sont
donc pas à proprement parler des conflits idéologiques qui nous menac
3606
ient de citer141. Or la souveraineté nationale ne
sera
bientôt plus garantie que par la possession de l’arme nucléaire. Mais
3607
ession de l’arme nucléaire. Mais l’arme nucléaire
est
désormais à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fa
3608
s à la portée de toutes les mafias politiques. Il
est
donc fatal, dans ces conditions, qu’une guerre atomique, même si aucu
3609
nditions critiques que l’on vient de rappeler ont
été
créées par l’Occident, et d’abord par l’Europe (colonisation, formule
3610
ni par suite, comment la guerre atomique pourrait
être
évitée. C’est en Europe et non ailleurs que les anticorps des virus r
3611
s, notre technologie, notre matérialisme, doivent
être
élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pourrait
3612
matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’
être
. L’union fédérale de nos peuples pourrait seule permettre une lutte e
3613
ation des citoyens à leurs affaires communes, qui
est
la seule prévention efficace contre la délinquance générale ; — 3°) l
3614
e fédérée au-delà et en deçà de ses États-nations
serait
susceptible d’exercer sur le tiers-monde une influence décisive, orie
3615
e des États mais la liberté des personnes. Telles
sont
les grandes orientations qui me paraissent propres à guider une relan
3616
mir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils
sont
les Christs d’une autre forme et d’une autre croyance Ce sont les Chr
3617
ists d’une autre forme et d’une autre croyance Ce
sont
les Christs inférieurs des obscures espérances. 138. Voir, entre a
3618
llution ou l’alimentation, les délégués nationaux
sont
tombés d’accord sur deux points décisifs : — la réalité, l’ampleur et
3619
Chers amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce n’
est
pas à moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir, q
3620
lle-là peut réserver à l’heureuse personne qui en
est
l’objet ou l’occasion, les surprises les plus délicieuses — ou les pl
3621
excuser le sérieux et la gravité du regard… » Je
suis
persuadé que dans ce beau volume je vais trouver quelques exemples in
3622
u… » contrastant avec « grand et souple »). Et ce
sera
très bien ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun a raison d’
3623
n a raison d’une certaine manière, selon ce qu’il
est
lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait ressem
3624
cipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’il a pu
être
dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage, les appa
3625
y a là de quoi passionner le personnaliste que je
suis
, et de quoi rendre encore plus mystérieux le complexe nodal, fondemen
3626
mains cette Politique de la personne dont nous
sommes
tous d’accord, ici, pour affirmer qu’elle devrait dominer et orienter
3627
L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’en elle
sont
Les Chances de l’Europe . Merci, mes chers amis, pour ce cadeau somp