1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 ration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’ est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert à
2 Notre programme n’est pas systématique, et il n’ est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu
3 vénement. J’oserais dire qu’à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de ce Centre, par où j’ente
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
4 goïsmes que les États et les partis, précisément, sont chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit ma
5 t indépendante. Pourquoi l’Europe ? L’Europe est non seulement menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’il
6 ur deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis des sièc
7 qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis des siècles, malgré tous ses péchés historiques, le
8 qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité n’ est plus même discutée, c’est d’abord l’esprit de parti dans ses multiple
9 nalismes hérités d’un autre âge. On répète que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les véritables
10 e ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’ est plus faux. Les véritables intérêts calculent et jugent à l’unanimité
11 alculent et jugent à l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont, bien au contraire, les idéologies qui nous empêch
12 l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont , bien au contraire, les idéologies qui nous empêchent de voir les fai
13 éologies qui nous empêchent de voir les faits. Ce sont les préjugés de groupes, les routines d’administration, les égoïsmes
14 ur les esprits et sur les cœurs. Le vrai problème est là. Problème d’éducation, d’information patiente, de culture. Et le r
15 t d’autre chose. Le Centre veut grouper ceux qui sont responsables dans leur domaine particulier. Les créateurs et les init
16 er. Les créateurs et les initiateurs. Ceux qui se sont montrés capables, par conviction et par conscience professionnelle, d
17 Quelques milliers d’hommes et de femmes, ceux qui sont réveillés, dans chacun de nos pays. Un lien et une correspondance
18 us ne fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre technique
19 un organe commun aux diverses associations qui se sont constituées sous les auspices du Centre, et celle d’entretenir en per
20 aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’ est point pour essayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à quelq
21 e au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximu
22 mme dans la vie de l’esprit. Un travail théorique est certes nécessaire. Des appels éloquents sont nécessaires. Une propaga
23 rique est certes nécessaire. Des appels éloquents sont nécessaires. Une propagande intense est nécessaire, pour amener cette
24 loquents sont nécessaires. Une propagande intense est nécessaire, pour amener cette prise de conscience. Mais bien plus eff
25 se de conscience. Mais bien plus efficaces encore sont les exemples, les précédents créés, les réalisations, et déjà nous po
26 isations, et déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent comme
27 paroisses, groupes d’études ou d’échanges, il en est des milliers de toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ce
28 qu’au sort commun de cette patrie spirituelle qu’ est l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu,
29 ope libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu, le courrier de l’Europe vivante. b. Rougemont Denis de,
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
30 ffirmait sortir de l’église, non du café. « Ah tu étais à l’église ? lui dit sa femme. Dis-moi donc le sujet du sermon ? — Eu
31 onc le sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’ est -ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le
32 qu’est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché contre l’esprit, dans notre Europe en voie
33 e l’esprit, dans notre Europe en voie d’union, ce serait de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre 
34 de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’État, mais la
35 Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’État, mais la culture est le fait des groupements sponta
36 ganisation est le fait de l’État, mais la culture est le fait des groupements spontanés, et en dernier ressort, de la perso
37 que l’on peut décrire comme suit : la culture qui était un bien commun des Européens s’est divisée en « cultures nationales »
38 culture qui était un bien commun des Européens s’ est divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou cru
39 divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou crues indépendantes les unes des autres, à l’imitation des
40 des États « souverains » ; par là même, elles se sont rendues dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’être voulue
41 dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’ être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’e
42 mes, pour s’être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’elles se trouvent de plus
43 sorganisée et souvent absurde. Le principe du mal étant reconnu, le principe des réformes nécessaires devient évident. S’il e
44 pe des réformes nécessaires devient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul,
45 t de vue politique, économique et militaire, cela est vrai plus encore au point de vue de la culture. La phase relativement
46 er les échanges culturels ». Observons qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
47 qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, pri
48 terme même « d’échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile a
49 les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échanges de découve
50 toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement diversifié. Elle
51 qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs dé
52 vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant les siè
53 ons les conséquences de cette brève analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le compar
54 cette brève analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce
55 t-il intervenir dans ces mystères ? La question n’ est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littératur
56 ans le secours des experts officiels. Mais l’État est intervenu, des frontières ont été posées, et la culture dépérit. Les
57 ls. Mais l’État est intervenu, des frontières ont été posées, et la culture dépérit. Les experts culturels des États sont d
58 culture dépérit. Les experts culturels des États sont devenus nécessaires pour « organiser » des échanges qui s’opéraient s
59 s que les fiscs, les douanes et la bureaucratie s’ étaient unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est pas d’o
60 nis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’ être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mai
61 r étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’ est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mais de c
62 ui de manifester l’Europe unie tout comme si elle était faite, et telle qu’elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
63 aspect de tentation intellectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis
64 icacité. Or ce reflux — dont rien n’indique qu’il soit simplement temporaire — découvre une situation nouvelle. Dès l’instan
65 ’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’ est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n
66 Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’ est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fil
67 n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’ est -elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille d’E
68 ins », et d’une vaste contrée vierge. Une fille n’ est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autremen
69 par rapport au monde. En fait, l’Amérique du Nord est en train de développer une civilisation certes proche parente de la n
70 tonome ; la plus grande différence entre les deux étant que l’Amérique tend consciemment vers les standards de culture, tandi
71 ntradictoires : la peur et l’attrait combinés. Il est clair qu’une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia europée
72 ontre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Qua
73 e leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce sont parfois les mêmes, plus chez beaucoup l’idée que là-bas, la démocrati
74 que là-bas, la démocratie marche mieux, l’avenir est plus ouvert, et les rapports humains plus francs et plus cordiaux que
75 c vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, la
76 à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Col
77 Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’ êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics e
78 ier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même
79 impérialistes, ou deviennent isolationnistes, ce sera bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il
80 s. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra subir soit leur intervention, soit leur retrait. Et si la « civilisation du dige
81 urope, ou il faudra subir soit leur intervention, soit leur retrait. Et si la « civilisation du digest » prévaut chez nous,
82 « civilisation du digest » prévaut chez nous, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous l
83 SA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur lecture imposée p
84 ultipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’a proposé de remè
85 t des lectures faciles. (Le réalisme socialiste s’ est borné à les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture
86 restige suspect, d’autre part se voit accusé de n’ être rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’u
87 , tout en gardant un contrôle raisonnable. Puis s’ étant assuré d’une documentation dont l’ampleur bien souvent dépasse son ob
88 croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne sont pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et ont l’argent. Mais g
89 orte qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’ est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le programme d’
90 entendus ? La bonne volonté n’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’a rien empêché. Nécessité d’un dialogue j
91 t l’Amérique. Pour qu’un dialogue de cette nature soit juste, et pour qu’il puisse créer une atmosphère plus saine, quelques
92 ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès, mais
93 entants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent être choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons de c
94 e. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifiés, dès le départ, et la question ne sera pas
95 comme justifiés, dès le départ, et la question ne sera pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une analyse
96 ais en actes, — voilà des objectifs concrets. Ils sont vitaux. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à s’entendre eff
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
97 ou partie, et commenté dans un sens favorable. Il est clair que le problème des relations « culturelles » — au sens le plus
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
98 l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiques et économiques. Ces raisons, bien co
99 économiques. Ces raisons, bien connues désormais, sont la menace russe, la prépondérance américaine, la nécessité absolue d’
100 , au lieu de leur pure et simple intégration (qui serait bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent le mon
101 aque pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe n’ est que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons de
102 es) politiques. L’intérêt électoral de la culture est nul. Par suite, si l’on veut construire l’Europe sur la base des part
103 ar le moyen de son union économique et politique, est une réalité de civilisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai
104 é de civilisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’e
105 éalité culturelle, — s’il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’existence, un besoin perp
106 de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’ est pas le chemin de fer, l’électricité et le charbon, les sociétés qui l
107 oblèmes électoraux qui en résultent : tout cela n’ est que résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abor
108 parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce n’ est pas une somme d’institutions, de partis et de préjugés tombés du ciel
109 es, de sentiments, d’inquiétudes de l’esprit, qui est la réalité créatrice de tout le reste. Négliger la culture, la tenir
110 este. Négliger la culture, la tenir pour un luxe, serait agir à l’encontre du génie de l’Europe, de son idée de l’homme, donc
111 rope, de son idée de l’homme, donc de sa raison d’ être , — et par suite de ses intérêts même matériels. L’Europe est une cult
112 ar suite de ses intérêts même matériels. L’Europe est une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloni
113 ent à l’endroit de leurs efforts. Pourtant rien n’ est plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accessoire
114 t rien n’est plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accessoirement) se préoccupe de sa vie personnelle,
115 pe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que
116 dus qui cesseront peu à peu de chercher quel peut être le sens de leur vie difficile. Pour eux, cette Europe-là, même unie p
117 signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche
118 rmée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche, vouloir l’Europe vraim
119 h, et douze autres entreprises du même genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en fe
120 d’un coin de l’Europe. Ces foyers bien enracinés sont les cellules vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’à s’o
121 udget fédéral de la culture, — d’un budget qui ne soit pas simplement l’addition de mesquines soustractions aux budgets nati
122 ône à la cause de l’Europe. d) Enfin, la jeunesse est consciente du fait que la culture apparaît trop souvent comme une act
123 nscients et en mesure de juger par eux-mêmes, qui seront demain l’Europe vivante. Il s’agit là d’une tâche de longue haleine.
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
124 eurs égards, il nous donne souvent l’impression d’ être encore en pleine formation : l’élargissement de notre Conseil, dès au
125 argissement de notre Conseil, dès aujourd’hui, en est un signe, fort heureux d’ailleurs. Vous allez entendre une série de r
126 d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’abord que le CEC est une institution autonome, constituée en association internationale se
127 ir réciproque de collaboration pratique. Le CEC n’ est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le répét
128 co : mondiale, gouvernementale, riche, quand nous sommes pauvres, autonomes, et européens. Les méthodes de travail des deux or
129 éens. Les méthodes de travail des deux organismes sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontaireme
130 es sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrait appeler le stade artisana
131 ons concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’ est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par se
132 part de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’actio
133 opre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est nécessairement plus lente et plus prudente que celle d’un organisme p
134 nstituts culturels européens, l’une des raisons d’ être du CEC était de leur offrir un lieu de rencontre et des instruments d
135 turels européens, l’une des raisons d’être du CEC était de leur offrir un lieu de rencontre et des instruments de coordinatio
136 des autres organismes existants. Bien ou mal, il est le seul à tenter d’une manière systématique et suivie la coordination
137 bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’ est qu’un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le momen
138 se avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation
139 nce — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation et une cultu
140 pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais no
141 articles, mais le marché des revues existantes s’ est révélé trop limité pour que l’agence marche autrement qu’au ralenti,
142 marche autrement qu’au ralenti, donc à perte. Ce sont là des difficultés normales, les à-coups prévisibles dans toute actio
143 bstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde opposition à nos en
144 vrons que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous
145 la ? Faute de temps et de moyens. Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait r
146  : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait réparti entre 20 ou 30 personnes dans une organisation à l’américaine
147 opéen de physique nucléaire, dont le premier plan fut élaboré au CEC, va se construire. Mais l’Unesco, chargée de le faire
148 ’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décern
149 d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il rest
150 eçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la portée « européenne » tant de ce prix que de la collaboration des
151 ue de la collaboration des guildes dont le prix n’ est qu’un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts euro
152 en juger tout à l’heure. Les motifs de ces succès sont simples et j’en dirai trois : le CEC travaille directement avec les i
153 écentralisation systématique. III. Quelles sont enfin les perspectives de développement du CEC ? Nous comptons pousse
154 vices, par le moyen de ce clearing house que veut être le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une formule neuve
155 i que de l’ensemble complexe du CEC. Du même coup seront posées les bases d’un dialogue, que j’espère fécond, entre nos différ
156 i a fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’ être . Car, ainsi qu’aimait à le répéter un grand industriel français de me
157 n grand industriel français de mes amis3 : « Ce n’ est pas au pied du mur qu’on connaît le maçon, c’est en haut. » 2. Voi
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
158 er la pudeur dans ce domaine. Disons que la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomat
159 . Et peut-être facile à trouver. Car en somme, qu’ est -ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur pied
160 et contrôlé par eux, et dont le programme général est voté par leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair
161 leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair qu’entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’un écrivain, e
162 les intérêts d’un ministre, les rapports, s’il en est , ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal
163 rêts d’un ministre, les rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais ce
164 ou de science, et leur diffusion dans les masses, serait vraiment une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aid
165 sses, serait vraiment une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aider ainsi ? Servitudes de la culture or
166 Comment un ministère pourrait-il donc (quels que soient les désirs de ses hauts fonctionnaires) obtenir un crédit pour la bea
167 nalement certains partis. Admettons que le projet soit retenu. La délégation nationale votera pour lui à l’Assemblée de l’Un
168 forme humaine et valeur proprement culturelle, ce sera bien grâce aux tours de force de quelques fonctionnaires chargés de l
169 r aussi à ses tâches. Les activités culturelles n’ étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de ma
170 de la défense, et de la politique générale, — il est bien clair qu’on leur donnera toujours le moins possible. Aux yeux du
171 e 9 millions de dollars, comme celui de l’Unesco, est gigantesque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, i
172 d des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on ose le comparer aux dépense
173 nerait cent fois ou mille fois plus. Mais le fait est qu’on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opin
174 st qu’on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion moyenne, 9 millions de dollars font tout de même
175 o. Le système souffre de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initi
176 re de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initiative autant que le
177 spond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’ est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte
178 aux interférences politiques. Le travail culturel est par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des mé
179 yers de création. Ces liaisons peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on ne s
180 e saurait les « planifier » sur une échelle qui n’ est plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base. Fédé
181 décentralisé ». En bonne doctrine fédéraliste, il serait plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre et de pr
182 ste, il serait plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre et de prise de contact pour les foyers locaux de
183 ts groupes, à de petits exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer les organisations d’aide culturelle sur cette
184 à l’organisation constituée par les gouvernements soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable,
185 gouvernements soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Le
186 ons considéré). La formule fédéraliste Nous sera-t -il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont cel
187 ’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en
188 fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme n’ est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un
189  : 1. En matière de culture, les intéressés seuls sont juges de leurs besoins. Qu’on leur laisse donc l’initiative, le contr
190 EC, les directeurs de festivals). Cette méthode s’ est montrée la plus économique, la plus rapide et la plus efficace aussi
191 mentales se révèle là encore le plus pratique, ne fût -ce qu’en évitant les retards et les frais des grandes machines bureau
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
192 ue celles des compositeurs de la jeune génération sont presque uniquement jouées dans leur pays d’origine. Les jeunes compos
193 que font leurs confrères européens ; la situation est la même pour les jeunes compositeurs des différents pays européens. D
194 trer et d’établir des contacts internationaux, en sont pratiquement privés aujourd’hui. Cette situation tend à créer un espr
195 œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce n’ est pour des raisons de prestige ou des motifs extra-musicaux. La situati
196 situation de la critique musicale d’après-guerre est également peu satisfaisante du point de vue international. Peu de cri
197 les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’ils ne sont pratiquement pas joués. De nombreux problèmes de critique musicale, q
198 eux problèmes de critique musicale, qui devraient être discutés sur un plan international, restent sans réponse : ainsi la r
199 ux publics populaires, ou le rôle du critique qui est d’interpréter ces techniques et les nouvelles œuvres basées sur elles
200 e base de compréhension et de collaboration. Tels sont entre autres les motifs qui ont amené le Centre européen de la cultur
201 lle aura lieu au printemps 1954, à Rome. Ses buts sont les suivants : 1. Donner l’occasion à de jeunes compositeurs de fair
202 cologues, dressera des listes, d’après lesquelles seront choisis les hôtes de cette rencontre. Le Centre a constitué un Comité
203 crétaire : Nicolas Nabokov. Des « paying guests » seront admis, mais ne participeront pas aux discussions. Les étudiants en mu
204 es concerts symphoniques et de musique de chambre seront publics. Programme Les participants seront invités à rédiger de
205 seront publics. Programme Les participants seront invités à rédiger des rapports, à participer aux discussions publique
206 concerts de musique de chambre, au cours desquels seront exécutés : a) des œuvres de jeunes compositeurs européens et américa
207 des 25 dernières années. Certaines de ces œuvres seront enregistrées, afin que les participants puissent les entendre plusieu
208 tion de partitions de musique ancienne et moderne sera mise à la disposition des participants. Tous les textes des conférenc
209 des participants. Tous les textes des conférences seront soumis un mois avant la rencontre et distribués aux participants à le
210 rnationaux aux trois meilleures œuvres qui auront été commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fera l’
211 que et du Concours international de composition s’ est réuni pour la première fois, au CEC, le 13 janvier 1953, sous la prés
212 1953, sous la présidence du directeur du Centre. Étaient présents : MM. Boris Blacher, Luigi Dallapiccola, Frederick Goldbeck,
213 d’exécution (concerts, solistes, enregistrement) seraient à la charge de la RAI. Dates fixées pour l’attribution des prix au co
214 liminaire des 12 compositeurs auxquels des œuvres seront commandées. Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont été sugg
215 Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont été suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à bref
216 suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à bref délai aux membres du Conseil musical. Dès que ces dern
217 uront donné leur accord, des lettres personnelles seront envoyées à chacun des 12 compositeurs retenus. Sur proposition de MM.
218 de musique et pour le Concours de composition. Il est convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la manière
219 n. Il est convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la manière suivante : le président désigné pour chaque sé
220 eurs pourront prendre la parole. Le public pourra être admis dans les tribunes à certains des débats au moins. D’une manière
221 ion, le titre suivant, proposé par M. Markevitch, est retenu : « Les Droits de l’Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuve
222 Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général sont proposés par les membres du comit
223 peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général sont proposés par les membres du comité exécutif et retenus en principe (l
224 comité exécutif et retenus en principe (le Centre est chargé de leur donner une formulation définitive) : 1. Musique et pol
225 ne sur le développement du langage musical. 5. Qu’ est -ce qu’un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle in
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
226 e au point mort ? Au moment même où viennent d’ être posées les premières bases de l’union, l’opinion se demande « si l’Eu
227 es de l’union, l’opinion se demande « si l’Europe est en panne ». Les uns voient la fédération en plein démarrage, les autr
228 la disent au point mort. Mais la contradiction n’ est qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour chan
229 iction n’est qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour changer de vitesse, il faut passer par le poin
230 roule. Aux yeux de beaucoup, l’élan fédéraliste s’ est épuisé, puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet é
231 , puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet élan vient de rencontrer des résistances contre lesquelles il
232 en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à corps, presque immobiles, ra
233 contraires à toutes leurs prévisions : — la CECA est en place, commence à fonctionner ; — la CED est en voie de ratificati
234 A est en place, commence à fonctionner ; — la CED est en voie de ratification par les parlements ; — un projet de Constitut
235  ; — un projet de Constitution européenne vient d’ être remis officiellement aux ministres des Six, prévoyant l’élection dire
236 les pays. L’internationale de l’anti-Europe n’en est pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’ell
237 e s’organiser comme force politique cohérente lui serait fatale. Elle n’en représente pas moins un très sérieux danger : celui
238 dans la menace soviétique. La peur, affirme-t-on, serait le vrai ressort du mouvement vers l’intégration. Il en résulte que to
239 ’intégration. Il en résulte que toute détente à l’ Est détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise de l’idée européenne. O
240 serait affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’ac
241 nt n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce que l’on
242 ve de paix. Ce que l’on peut observer c’est qu’il est , tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre union, pu
243 xtremis. Si maintenant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peu
244 ant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme e
245 r, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’ être . Parlons donc d’autre chose, renversons quelques ministères, revenons
246 ministères, revenons à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant
247 à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut
248 il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles r
249 ire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est , il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représentent u
250 s vrais motifs de notre union n’ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armistice en Corée sur la bas
251 ques et sociales n’a pas varié, que l’on sache, n’ est pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur. La division de n
252 nt en 21 nations sottement rivales, dont aucune n’ est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes,
253 ement rivales, dont aucune n’est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes, soit des nécessités de
254 it de la concurrence des grands empires modernes, soit des nécessités de l’économie présente, subsiste. La situation de l’E
255 et qui retourne contre elle ses propres armes, n’ est en aucune mesure améliorée. Ces trois grands faits fondamentaux, ces
256 e notre union fédérative. Les sourires du Kremlin sont peut-être la preuve que tout va changer en Russie : ils ne changent r
257 x de certains, quand la paix entre les deux blocs serait non seulement déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’en serait pa
258 ent déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’en serait pas moins vitale ni moins urgente, pour les trois grandes raisons qu’
259 es raisons qu’on vient de rappeler. La question n’ est pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos
260 s fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations sont encore capables d’assurer, chacune pour soi, leur sécurité physique e
261 onne n’ayant pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. V
262 uver que tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. Vers une épuration européenne Il n’e
263 moins probable que l’effet de propagande escompté sera partiellement atteint par la Russie, à peu de frais. Ceux des Europée
264 e en Amérique) que la Communauté de défense, vont être les premiers à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les
265 ui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite que le principe
266 , et par suite que le principe fédérateur ne peut être que négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils vont cesser
267 se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été , il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une
268 éral ? Il en résulte qu’un nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons
269 ens humain, la formule spirituelle ? La réponse n’ est plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fédèr
270 hommes, et leurs groupes. La Communauté politique sera donc notre but prochain, la condition certainement nécessaire, si ell
271 , la condition certainement nécessaire, si elle n’ est pas certainement suffisante, d’une Renaissance offerte par l’Europe a
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
272 , militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’ est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de l’a
273 e. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’ est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qui s
274 masses, latines surtout — les nations européennes seraient déjà réduites au rôle de simples « instruments de la grandeur américa
275 ue nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d’assure
276 , des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la co
277 ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde
278 èrent que leur simple alliance confédérale devait être remplacée par une fédération. Un projet de constitution fut voté par
279 cée par une fédération. Un projet de constitution fut voté par leurs délégués, réunis à Philadelphie. (Six nations de l’Eur
280 montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la population en place publique. L’État de New York était l
281 population en place publique. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait
282 ue. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa
283 re intention que de l’introduire : Le monde peut être divisé politiquement, comme géographiquement, en quatre parties dont
284 et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique, sont successivement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europ
285 ur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’ être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize États, réu
286 t à la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne
287 en formation. Dans la mesure où les mêmes causes sont susceptibles de produire les mêmes effets, cette page nous dicte une
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
288 nion publique, dont le peu d’attention disponible est absorbé par les élections, les crises nationales, les prétendues « bo
289 les, les prétendues « bombes diplomatiques » de l’ Est et de l’Ouest, elle perd de vue le problème européen, qu’elle commenç
290 la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemble de faits défin
291 re que le débat se soit éteint : simplement, il n’ est pas ouvert. Cet ensemble de faits définit pour l’Europe une situation
292 ent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le sens de l’action européenne dans cette conjoncture angoissante ?
293 nt pour marquer des points. La conférence de Rome est ajournée, la CED reste en panne, l’Amérique s’énerve et laisse entend
294 e, l’Amérique s’énerve et laisse entendre qu’elle serait prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opposition à l
295 ces problèmes (l’armée, les colonies, l’économie) sont sans issue dans le cadre national et qu’il faut donc chercher leur so
296 une forme quelconque d’entraide européenne. Ce n’ est pas une question de lâcheté ou de courage, mais de simple sens politi
297 ou de courage, mais de simple sens politique, qui est le sens de la hiérarchie des problèmes. Si chaque nation pouvait surm
298 ir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’ag
299 us vaste, qu’il s’agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensent encore la politique en termes périmés
300 n, et surtout, trop de gens oublient que l’Europe est quelque chose de plus que la somme de 20 nations, dont la plupart, da
301 ons, car c’est une civilisation, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendr
302 on, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-
303 que les Européens En ce mois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile que j
304 ois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’ être « pour l’Europe », plus difficile que jamais de justifier et de défen
305 péens tels qu’ils se montrent. Si les Européens n’ étaient menés que par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaient, ils
306 nne au monde n’a jamais essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés de barbe
307 tent ainsi. Il faut donc croire que les Européens sont menés, en réalité, par des forces irrationnelles, au mépris de leurs
308 onneur immérité en la traitant de byzantine. Elle est tout simplement sectaire, bornée, villageoise, ignorante, inefficace.
309 et leurs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ils sont qu’il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Euro
310 talie dont 42 % des électeurs votent totalitaire, sont donc anti-Européens sinon par raison, du moins par consigne ; une Esp
311 r, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’ est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. J
312 rope n’est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent q
313 s là du paradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout à fait autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une cu
314 it autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une culture, une civilisation : c’est-à-dire un système de références
315 x, les intérêts et leurs intermédiaires. L’Europe est une notion de la personne. On n’y accède que par l’éducation, laquell
316 onne. On n’y accède que par l’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à l’individu. Nous voulons ici cette Europe,
317 éalité, quoique négative. Mais c’est peu, ou ce n’ est rien, si cette réalité naissante reste incapable d’instituer un Pouvo
318 le, notre destin commun d’habitants de l’Europe s’ est gravement infléchi depuis quelques semaines. Il faut le dire : jamais
319 de construction européenne, si près du but, ne s’ est vu plus gravement compromis. Pour la première fois je l’écris : il se
320 remière fois je l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’
321 il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, non sur les Russ
322 éens — sur tous ceux qui n’ont pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce q
323 oivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de démissionner. Et de quoi ? De l’Europe, donc du meilleur
324 té nationale, insistant sur la majuscule. Byzance est morte en discutant le sexe des anges, sujet sublime, mais l’empereur
325 court à rendre l’Europe incapable même de tomber, étant trop bas. Tout au long de l’histoire du monde, la décadence des empi
326 e tableau : La Communauté européenne de défense n’ est pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans exame
327 fense n’est pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans examen. La Haute Autorité voit son fonctionneme
328 e par la faute des néo-fascistes et monarchistes, est livrée aux communistes. La Grande-Bretagne, ayant refusé l’Europe au
329 son désastre pour s’emparer de l’Asie : nous lui serons livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’est encore fatal ; m
330 livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’ est encore fatal ; mais tout peut le devenir en quelques mois : un peu pl
331 ’atlantisme pour ne pas faire l’Europe, et nous y sommes  : l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les Européen
332 et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les Européens. L’Europe est définitivement effac
333 est tacitement admis par les Européens. L’Europe est définitivement effacée de la carte des puissances. Quelques guerres c
334 nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’état présent non pas des choses, mais des esprits.
335 miracles ne se produisent jamais là où personne n’ est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « ra
336 ommer. Forces qui cependant, une fois réactivées, seraient bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
337 damentale de notre histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raiso
338 re histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’ être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’i
339 a raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’il me charge de vous adresser. Certes,
340 l ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. Mais cette diversité représente justement notre vra
341 l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes
342 agandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion
343 ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion, réunissant juristes et penseurs politiques d
344 ficative. Voici donc la première requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le P
345 base de vos travaux prochains. Le Projet, certes, est discutable. Il ne peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne
346 ire ne connaît pas de document de ce genre qui ne soit le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques éventue
347 ion de confiance » : ou bien l’accepter tel qu’il est , ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument de fair
348 olument de faire l’Europe, tandis que le Projet n’ est qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparf
349 ue le Projet n’est qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparfait soit-il, peut servir à cette fi
350 uestion est de savoir si ce moyen, tout imparfait soit -il, peut servir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pen
351 pensons qu’il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet actuellement existant, qui ne résulte pas de l’initiat
352 nitiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. Il est né du labeur considérable effectué sur votre demande par les délégués
353 ous avez créée. Pratiquement, le sort de l’Europe serait donc confié à quelque groupe d’experts, inconnus du public, et forcém
354 nt des députés. Qui les suivrait ? 2. Le Projet a été discuté et rédigé par des parlementaires, un œil sur le grand But eur
355 ment d’assemblées. Mais quel autre régime peut-il être accepté pour le moment ? Or, il faut commencer. Refuser de partir d’u
356 commencer. Refuser de partir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlemen
357 de partir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir
358 chec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semb
359 evenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes ligne
360 et un exécutif dont on ne sait, à vrai dire, s’il sera fédéral ou simplement confédéral. C’est assez pour rendre possible l’
361 voies de la fédération nécessaire. Les esprits ne sont pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément, le ré
362 oin, nous dit-on. Précisément, le régime qui vous est proposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait faire perd
363 oposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’a
364 un moindre mal nécessaire. Vous pouvez l’amender, soit pour en faire un meilleur instrument fédéral, soit pour le rendre en
365 oit pour en faire un meilleur instrument fédéral, soit pour le rendre en fait inopérant. Nous vous demandons de saisir l’occ
366 et pour quelles fins humaines. Quand nos peuples seront conscients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils seront convainc
367 cients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils seront convaincus de ses fins pacifiques, le comment suivra facilement. Le p
368 vra facilement. Le préambule et l’idée directrice sont seuls vitaux, et non les paragraphes. Entraîner l’opinion par les pre
369 ontradictoires, ne fera jamais vivre l’Europe. Il sera lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’auront pas bien v
370 e ne change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou revivront ensemb
371 ui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le sens m
372 r notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, car son
373 ’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, car son génie s’appelle diver
374 alisé, car son génie s’appelle diversité. Elle ne sera pas non plus une Sainte-Alliance, ni une simple coalition, formule co
375 ore en fait ? On voit venir le temps où elles ne seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il
376 rétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la souveraineté d’une nation qui ne pourrait pas
377 ontre l’attaque de l’un ou l’autre empire ; qui n’ est pas en état de déclarer la guerre ou de conclure la paix isolément ;
378 ux gestes manqueraient également de sérieux. Il n’ est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seu
379 États-Unis et de la Suisse. Le Projet, certes, n’ est pas encore un Pacte, mais il prépare les voies de la fédération. S’il
380 s de la fédération. S’il faut le modifier, que ce soit dans cette vue : afin de ménager son avenir fédéral. D’une part, il p
381 e ménager son avenir fédéral. D’une part, il peut être opportun d’en retirer (pour l’instant) certaines dispositions qui, da
382 au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut être accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte de se réserv
383 e part, il faut se garder d’y ajouter quoi que ce soit qui viendrait compromettre l’évolution normale vers une fédération :
384 ntes pour tout exécutif digne du nom. L’essentiel est d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’est en mesure de décr
385 t d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’ est en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et même un peu obscur
386 Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans les données concrètes
387 e Histoire, tous ceux-là voudront le minimum, qui est le Projet de Communauté des Six, comme le plus court moyen vers une t
388 destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et l
389 ion. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres. Certains risques doivent être en
390 r les uns et les autres. Certains risques doivent être encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et à
391 ues doivent être encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre
392 sanctuaire. Chute immense, dont la cause directe fut le refus d’un sacrifice minime. Les croisés, débarqués devant Constan
393 refusant de faire le pool patriotique des faibles sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d
394 sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise à sac. Les produits
395 saut fut décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise à sac. Les produits du pillage s’élevèrent après trois jours à p
396 richesses de Byzance, enfin « mises en commun », furent emportées par l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs, et de nous to
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
397 lture. Et c’était sa section culturelle qui avait été chargée d’écrire et de présenter le Message aux Européens, dégageant,
398 par le Mouvement européen, du 8 au 10 octobre, s’ est voulue plus restreinte, à la fois par le nombre des participants et p
399 ion propre du CEC Le second congrès de La Haye fut donc strictement politique. Son motto semblait être : la parole est a
400 ut donc strictement politique. Son motto semblait être  : la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles
401 nt politique. Son motto semblait être : la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles, mais des réali
402 ependant, le souci des succès immédiats, qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette
403 but lointain. Précisons : la Communauté des Six n’ est qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas atteinte
404 u’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’ être pas atteinte si l’on en fait un but en soi. De même, l’union des Quin
405 fait un but en soi. De même, l’union des Quinze n’ est qu’une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemblem
406 ssus le rideau de fer qui nous sépare encore de l’ Est , et par-dessus le rideau de ferraille qui nous sépare de l’extrême ou
407 à répéter Lénine, politicien « pratique » s’il en fût . La condition non pas suffisante mais nécessaire du succès final et t
408 es objectifs du Centre. En fait, rien de tel ne s’ est produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé
409 ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la tab
410 an, entourées de quinze publicistes influents, ne sera pas moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et à ses commissions
411 te recherche. Cette base pratique, instrumentale, étant désormais établie, il s’agit d’une part d’en faire bénéficier un beau
412 velles et influentes le rayonnement de l’idée qui est la raison d’être du Centre. En vue d’accomplir la première de ces tâc
413 ntes le rayonnement de l’idée qui est la raison d’ être du Centre. En vue d’accomplir la première de ces tâches, le Centre ét
414 ollandaise, un modèle de « cahier des charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajouton
415 s charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajoutons que la création prochaine d’un Bure
416 de préoccupations. Quant à la seconde tâche, pour être menée à bien avec toute l’ampleur nécessaire, elle suppose l’appui d’
417 ique du mot. Nous y travaillons. ⁂ En tant qu’il est chargé d’une mission générale, certes trop ambitieuse pour ses moyens
418 rtes trop ambitieuse pour ses moyens actuels, qui est de porter, maintenir et animer l’idéal de l’Europe unie, le Centre do
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
419 res de Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes -nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la
420 entreprise, partons de la deuxième question : où sommes -nous, Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameus
421 arité de 155 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions
422 e l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’ est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour
423 t la conscience aussi des ressources immenses qui sont là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre en co
424 isés. Comment réduire ces résistances là où elles sont , dans les esprits et dans les cœurs, selon la formule consacrée, pour
425 ’information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la composition me paraît
426 on et de l’expérience, quinze publicistes réputés furent conviés à rechercher ensemble les moyens de faire connaître et d’illu
427 ulturelle à la communauté politique Mon dessein n’ est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendant s
428 que, d’autre avenir possible que dans l’union. Ce fut le dernier mot du rapport de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant
429 acun peut voir que nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ?
430 se spirituelle et par suite culturelle et civique fut introduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité
431 pranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Schuman,
432 buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ils regardent ensemble
433 les, permettant de mettre en commun ce qui doit l’ être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit nor
434 ste du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au mon
435 e entier, et cette liqueur tout d’abord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer
436 able ronde : document d’autant plus notable qu’il fut rédigé le dernier jour par un Français et un Anglais, et reçut aussit
437 Conseil de l’Europe à présider les débats, je me suis trouvé en présence de personnalités déjà nommées par les gouvernement
438 es par les gouvernements des États membres, et ne suis donc responsable que du choix des thèmes et de leur répartition aux r
439 créé par le hasard des désignations officielles s’ est révélé heureux. p. Rougemont Denis de, « Une prise de conscience eu
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
440 954)q — Pouvez-vous me dire en deux mots ce qu’ est le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais il
441 le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais il me faut trois mots. Ou plutôt je vous répondrai sur les
442 S. Eliot a répondu pour nous : « La culture peut être définie simplement comme ce qui rend la vie digne d’être vécue ». On
443 finie simplement comme ce qui rend la vie digne d’ être vécue ». On pourrait dire aussi que la culture est l’ensemble des act
444 re vécue ». On pourrait dire aussi que la culture est l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de donner un sens
445 ne s’occupe pas de politique. — Le Centre veut-il être producteur de culture ou simplement organisateur de congrès, de comit
446 congrès, de comités et d’échanges ? — La culture est produite par les personnes. Le Centre en tant que tel ne produit donc
447 servir la culture nationale et son expansion : ce sont les « Relations culturelles ». L’apport du Centre a consisté dans la
448 re la première condition de sa santé. — Et quelle serait selon vous la deuxième condition ? — Ce serait d’aider financièrement
449 le serait selon vous la deuxième condition ? — Ce serait d’aider financièrement les initiatives culturelles. Nos États ne cons
450 le de l’Europe doit se payer. E — Le Centre est -il, ou veut-il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. —
451 se payer. E — Le Centre est-il, ou veut-il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. — Mais le problème de
452 urope ? — Certes. — Mais le problème de l’Union n’ est -il pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit aujour
453 vaines vos activités culturelles ? — Cette crise est au contraire l’argument le plus fort en faveur de l’existence du Cent
454 que, et cette inconscience tragique ? Le problème est en réalité « culturel » au sens large du mot : c’est un problème d’éd
455 ganisme comme le Centre a justement pour raison d’ être de poser tout d’abord, puis d’étudier, et dans la mesure des moyens q
456 oyens qu’on lui donne, de résoudre. Les obstacles sont psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’il nous faut travailler,
457 s les cœurs. — C’est la formule consacrée… — Nous sommes là pour la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout à l’heure :
458 out à l’heure : « un organisme comme le Centre ». Est -ce donc qu’il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi
459 sentiellement de l’esprit dans lequel ces projets sont développés, et des buts que l’on vise. La mission proprement européen
460 rement européenne du CEC ne court pas le risque d’ être reprise en charge ni « dupliquée » par une bureaucratie mondiale, si
461 pliquée » par une bureaucratie mondiale, si riche soit -elle. Le danger n’est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — No
462 ucratie mondiale, si riche soit-elle. Le danger n’ est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il y
463 xiste plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’objectivité et pour la liberté du jugement de se représen
464 asions de contact souvent fécondes. Certes le CEC est loin d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons enco
465 xistait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’ est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autr
466 st pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous le
467 -on soutenir le CEC, afin qu’il dure ? — La vie n’ est jamais qu’une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bul
468 racles. 5. Le présent numéro de notre bulletin est en grande partie consacré aux associations éducatives sur le plan eur
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
469 (mai 1954)r Notre Courrier, depuis des mois, s’ est tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t-il ? La répon
470 nés s’accumulent : que se passe-t-il ? La réponse est dans les journaux. Depuis des mois, la construction européenne se tro
471 eu voulaient encore s’occuper de l’essentiel, qui était , et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire
472 La Russie à Berlin, ou l’Europe caricaturée Il était facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne
473 oir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées par un échec sur tous les points de l’ordre du jour, elles n’
474 Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’ est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du ridea
475 n membres, parmi lesquels Saint-Marin et Andorre, soit vingt-cinq, à quoi s’ajouteraient la Russie et ses six satellites.) C
476 curantiste », les républiques « populaires » de l’ Est , et les actuelles « colonies social-fascistes des US » sur le contine
477 c’est-à-dire entre 43 et 48 millions d’habitants, seront sans doute rassurés à l’idée d’un bloc russe de 200 millions rétablis
478 iatique, cela saute aux yeux. Après tout l’Europe est -elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa jus
479 e le projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange éve
480 de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange éventuelle — MM. Bidault et Eden l
481 lle — MM. Bidault et Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un fonde
482 ide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’ était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples. ⁂ Ob
483 nts, devient évidente à beaucoup. Des projets ont été formulés, parmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doit et
484 ED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’ est pas revenue en arrière, l’Italie a décidé de poser la question à son
485 t des progrès minimes mais peut-être décisifs ont été enregistrés en France. Les consultations d’opinion récemment organisé
486 hommes de bonne foi que la fédération européenne est à la fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’elle ne peut plus ap
487 apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (les Anglais)
488 u’enfin son heure a sonné, si jamais signal clair fût donné par l’Histoire. L’Asie à Genève, ou l’Europe humiliée Deu
489 ou l’Europe humiliée Deux mois plus tard, tout est changé. L’Occident s’est laissé entraîner dans une « Conférence asiat
490 eux mois plus tard, tout est changé. L’Occident s’ est laissé entraîner dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Gen
491 e », qui s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’ Est . Du côté russe, l’idée de manœuvre est claire : fixer la France d’abo
492 isie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre est claire : fixer la France d’abord, puis la Grande-Bretagne et les État
493 e par la France, qui hélas « ne peut autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : elle a lieu en Europe. Pr
494 t autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : elle a lieu en Europe. Première victoire du Kremlin. C’est Molo
495 hérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y serait noyée et sans force. » Ce sophisme insultant va servir de slogan à la
496 rvir de slogan à la campagne neutraliste, si ce n’ est même à certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendra l
497 substance : — Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde
498 portant : il a déjà conquis nos six nations de l’ Est , et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la
499 mprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moyen de rétablir la « paix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque c
500 aix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque celle-ci serait ouverte à l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix définit
501 et l’Allemagne par le moyen de leur fédération ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux armées
502 ion ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux armées rouges. Au lendemain de la chute de Diên B
503 ge de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes , et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les décisions vi
504 an irrépressible vers l’indépendance nationale ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins pa
505 ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant
506 que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération des Six
507 si l’on a vu la situation mondiale — et si l’on n’ est pas communiste. Seule une profonde révolte de l’Europe rendue conscie
508 e des libertés occidentales. Un tel sursaut vital est -il inconcevable ? Retournons la question : est-il concevable que ving
509 al est-il inconcevable ? Retournons la question : est -il concevable que vingt nations européennes se laissent entraîner dan
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
510 ions. Tout le monde sait que son régime politique est l’un des plus stables du monde, depuis plus d’un siècle. Les partisan
511 issance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’ était qu’une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur lien lé
512 re État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’alliance d’États sans
513 e la guerre civile dite du Sonderbund (1847) peut être qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a
514 ile dite du Sonderbund (1847) peut être qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament
515 847) peut être qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament pragmatique ou doctrinai
516 la Confédération suisse. Article 3. — Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Con
517 s sont souverains en tant que leur souveraineté n’ est pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exercent
518 t comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au Pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garant
519 uants de l’Europe fédérée. On n’en voit pas qu’il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2. Abandonner ou recouv
520 2. Abandonner ou recouvrer la souveraineté ? Est -il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut
521 té ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai qu’il y ait là
522 t être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est -il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-
523 ? Voyons le concret. La souveraineté nationale n’ est exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme « l
524 d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’enten
525 clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances techni
526 des forces réelles et des pouvoirs concrets, elle est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de gloir
527 un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et même de
528 urope, à Rome, deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le prem
529 ns européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par notre ami Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement
530 té qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive. » ( Étant entendu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit ra
531 e informe d’une Europe unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, éc
532 en fait la souveraineté du peuple, car le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car a
533 Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera dissipée la crainte que suscite la perte de la souveraineté nationale
534 scite la perte de la souveraineté nationale. Il n’ est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier c
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
535 n européenne (octobre-novembre 1954)t Rien n’ est perdu, tout reste à faire Deux événements politiques ont absorbé l
536 opéens et des militants de l’Europe unie depuis l’ été dernier : l’abandon du projet de CED et les accords de Londres. Londr
537 . Londres a réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet principal de
538 n voici une. Il y avait une fois des députés. Ils étaient très effrayés par une maladie dont ils craignaient la contagion, et q
539 emeure intacte après leur vote. — En revanche, il est douteux que les accords de Londres représentent « un premier pas vers
540 er le principe supranational. En résumé : rien n’ est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve
541 ional. En résumé : rien n’est perdu, mais rien n’ est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l
542 ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons les réalités que cachaient ces deux illusions. I. À
543 ns. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par une série d
544 er les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle c
545 voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la faire
546 de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’il est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où ils so
547 urner les obstacles que de les attaquer là où ils sont  : dans les routines de l’esprit nationaliste, autant et plus que dans
548 e. II. Les mouvements de militants européens ont été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du fait
549 d’exemplaires. Cela paraît considérable quand on est assis dans le bureau central d’un mouvement, devant près de cinq-cent
550 onner après cela de l’ignorance presque totale où sont restés nos peuples et leurs élites, devant le problème européen ?
551 plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il est significatif qu’il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les pr
552 premières promesses d’un financement régulier. Il est clair que la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’est pas
553 a tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’ est pas de suppléer à la carence d’une véritable propagande européenne. T
554 comme les activités déjà connues, peuvent toutes être rangées sous la rubrique générale d’éducation européenne. Chacune d’e
555 j’entends déjà ce qu’ils me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela ne fera certes aucun mal, fera même du bien dans
556 élections. Cette conception courante de l’action est celle des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez
557 la nature des forces historiques. Une révolution est l’aboutissement d’une série d’actions d’abord morales, intellectuelle
558 sans lesquelles rien ne se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades préparatoires de
559 es des révolutions réussies. L’ambition du Centre est d’agir. Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle com
560 elle n’éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa naissance. Préparer cette maturation ; créer ses conditio
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
561 bord, comme le veut la réalité du xxe siècle. Il est très remarquable en effet que, dans ce siècle, pas un seul événement
562 as un seul événement historique d’envergure n’ait été le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens, ni des
563 vivons dans un siècle où, très visiblement, ce n’ est pas la politique qui fait l’histoire ; mais une doctrine, une foi, un
564 une personne. On dit : la propagande. Mais elle n’ est rien en soi, pas plus que l’écriture ou la typographie, et sans idée
565 rsonne n’en tirera rien qui vaille. Le communisme fut une idée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange
566 mmunisme fut une idée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange d’intérêts mal compris et de déchets d’i
567 dée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange d’intérêts mal compris et de déchets d’idées, combinés au
568 plication. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir
569 ement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste a été conçue et s’élabore dans quelques cercles assez restreints. L’idée na
570 z restreints. L’idée nationaliste qui s’y oppose, est entretenue sans relâche par d’innombrables haut-parleurs, porte-parol
571 des théories hégéliennes du siècle dernier. (Ce n’ est pas l’agitation du parti communiste, mais un certain enseignement de
572 juste de l’histoire commune des Européens. Ceci n’ est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstac
573 n’est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstacles à l’avènement d’une Europe unie, nous trouvo
574 ts, puis en forces motrices. Première zone : elle est créée par l’absence de pente, le défaut d’orientation générale. On ve
575 si de les rendre dynamiques. Deuxième zone : elle est créée par l’inconscience générale de la situation de l’Europe dans le
576 tional ou balkanisation du continent. La solution est ici de rétablir un réseau européen d’échanges à travers nos frontière
577 ’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En qu
578 illeures forces scientifiques d’aujourd’hui, vont être consacrés à cette étude. Une série de publications allant de l’ouvrag
579 uil de cette cinquième année de nos travaux, ce n’ est pas un bilan qu’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il es
580 n vient de présenter mais un programme. Tel qu’il est , réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde encore
581 rer très proche du Centre, une seconde initiative est en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et e
582 oie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et enregistrés les statuts de la Fondation européenne de la cu
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
583 he en général ? Et pourquoi le besoin de chercher est -il vital pour les Européens ? À la première question, portant sur la
584 de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’ est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le c
585 ournal. La recherche dont je voudrais vous parler est en réalité tout autre chose. C’est une passion. Et cela revient à dir
586 e passion. Et cela revient à dire qu’elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’esprit de recherch
587 L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’ être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il
588 our caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’ être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il trouve, au lieu de l’apai
589 tit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’ est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurais m
590 ale et définitive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà de toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout
591 le monde et l’inconnu. Et c’est pourquoi sa faim était inextinguible. Seuls les très grands mystiques vont ainsi droit au bu
592 que par l’intelligence mathématique, non par leur être tout entier. Et le reste des hommes s’arrête en chemin, plus ou moins
593 formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’ est jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou inconsc
594 uer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de dépasse
595 ces — cet horizon dernier reste le même, quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi t
596 de la recherche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore,
597 urope a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la c
598 u’on imite partout, même quand on la combat. Elle est donc encore la plus forte. Pourtant, si on la compare aux autres, pas
599 ne pense pas que cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’ils remontent aux sources vives de notr
600 sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le chri
601 iétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d
602 te, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivan
603 vrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il
604 paré de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et
605 la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet per
606 est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétud
607 t les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’es
608 ’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensuite l
609 « vérités » qu’établissent les écoles successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et q
610 es successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être de la
611 l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’ être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sa
612 e, et que pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse —
613 e — pour s’approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison et l’expérience vérifiante. La
614 ertitudes que l’on croyait acquises, d’autre part est le gage d’un progrès vers le vrai. Ainsi donc, du désordre vers un ce
615 tude perpétuelle, dont vous venez de voir qu’elle est déterminée par les deux forces principales qui ont produit notre civi
616 dominer, alors que nous Européens, n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une passion inquiète de
617 ans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniques,
618 t surtout au xxe siècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ?
619 é de vous faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière remarque : le gén
620 dernière remarque : le génie de la recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’est en effet la techniq
621 turel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des clois
622 ns jamais que la culture pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite h
623 choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’ est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le comm
624 , la culture n’est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confondait, je le crain
625 sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’ est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouv
626 mathématicien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très savant
627 e de commentaires. Nulle autre, me semble-t-il, n’ était mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à l’él
628 décembre 1954–janvier 1955, p. 9‑13. w. Le texte est précédé de la note suivante : « Lors de l’inauguration du Battelle Me
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
629 Habeas Animam ( été 1955)x y Situation de l’homme au xxe siècle Le totalitarisme
630 arce qu’elle s’attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation, et qui en restera le plus h
631 et qui en restera le plus haut achèvement. Ce n’ est plus seulement la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est
632 la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est contestée au xxe siècle, mais déjà son identité, le droit de chaque
633 lavage mental d’une grande partie de l’humanité n’ est plus une utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuv
634 e utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civi
635 ’histoire n’a pas vue le précédent. Mais l’Europe est elle-même en grand péril. Les peuples qu’elle a civilisés retournent
636 d’Américains. La raison de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seul
637 s à l’union Les obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus que matériel. Voici les princip
638  » qui ont épuisé leurs vertus au xixe siècle et sont devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre s
639 nous amène tout près des résultats que celui-ci s’ était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasquent. Certes, les
640 réveiller un sentiment commun des Européens Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale des E
641 ns Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale des Européens eux-mêmes. À défaut d’une prise
642 us les traités et pactes que l’on pourra conclure seront insuffisants, viendront trop tard, ou resteront lettre morte. Si au c
643 situation. Le Centre européen de la culture a été fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a comme
644 sur un plan supranational, comme si déjà l’Europe était unie. Fort de ces premières réalisations qui lui assurent une base d’
645 ent ? L’idée de former un groupe d’Amis du Centre est né de semblables questions. Les Amis du Centre ne seront pas une org
646 é de semblables questions. Les Amis du Centre ne seront pas une organisation, ni un comité, ni un mouvement de plus. Mais d’a
647 ra dans le groupe. L’action individuelle des Amis sera la première condition de l’efficacité du groupe. Celui-ci doit se com
648 iverses, mais ayant en commun ces deux traits : d’ être acquise à l’idée européenne, et d’exercer une influence incontestée d
649 instrument de diffusion ou d’exécution. Mais s’il est vrai que les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinaire isol
650 création d’une Fondation européenne de la culture serait de nature à modifier, par sa seule existence, le climat intellectuel
651 , sans statuts ni publicité, c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils
652 ienter, en vue d’une grande tâche historique, qui est celle de cette génération. La force dont ils auront besoin est certes
653 cette génération. La force dont ils auront besoin est certes d’ordre spirituel d’abord, mais toutes les autres en découlent
654 , mais toutes les autres en découlent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, ma
655 utres en découlent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritabl
656 els. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et adjurations passionnées, ni par un soulè
657 ulletin du Centre européen de la culture, Genève, été 1955, p. 1-6. y. Ce texte est précédé de l’introduction suivante : «
658 a culture, Genève, été 1955, p. 1-6. y. Ce texte est précédé de l’introduction suivante : « L’idée naquit en décembre 1952
659 aquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’à l’ été 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent aussi
660 ndation à l’échelle européenne — des hommes qui s’ étaient signalés dans leur sphère d’influence par leur intérêt actif pour la
661 n Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. Lecture leur fut donnée du texte suivant. »
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
662 résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de l
663 tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n’ est donc pas l’amour qui triomphe de la haine, ni la raison des folies pa
664 les et l’entre-deux. Si le contraire de la guerre était la paix, le contraire de ce court-circuit, c’est la détente. La quest
665 vre pourtant des avenues, c’est de savoir quelles sont les chances de la culture telle que nous la concevons en Europe : le
666 ies, au-delà du machinal et de l’animal. Quels seront les bénéficiaires de la détente ? Beaucoup s’inquiètent, des deux
667 deux côtés du rideau de fer. La détente, si elle est vraie, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est prop
668 i profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’ Est propose — avec une insistance particulière dans la note invitant à Mo
669 i doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’ est -ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant le
670 ’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange est une forme de vie culturelle congénitale à l’Occident, mais dans laque
671 t. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce
672 urquoi vous avez l’air soucieux. Vous répondez je suis fauché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner à faire
673 plan de la culture et de la vie quotidienne. Tout est public chez nous, tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nou
674 vie quotidienne. Tout est public chez nous, tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui se passe
675 le, vous n’avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l’Europe
676 ropéens. Ils vont dire : mais s’il y a détente, n’ est -ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc
677 ope ne dépendent pas de la menace soviétique. Ils seraient à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontières, avec
678 l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’elle est affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seulement sa
679 mais son essor social et culturel. C’est qu’elle est menacée par la révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’el
680 de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’elle est sommée par l’Histoire de dépasser le stade des souverainetés absolues
681 russe, ni d’une pression américaine. Car les uns sont inscrits dans les données internes de l’Europe, les autres dans le ra
682 t reprendre, un dialogue va s’instituer. Quels en seront les interlocuteurs ? Du côté russe, la chose est claire : tous ceux q
683 ront les interlocuteurs ? Du côté russe, la chose est claire : tous ceux qui parleront le feront au nom de Moscou et des pr
684 un dialogue avec leur écho. Les neutralistes ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils n’ont rien de positif à proposer a
685 nion générale de l’Europe. Les gouvernements ? Il est probable qu’ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pa
686 . S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce serait normal : France-Biélorussie, Allemagne-Géorgie, Hollande-Ukraine, Lux
687 ent fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions
688 la culture avec une conception totalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cult
689 litaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni de l
690 gués officiels de telle ou telle nation isolée ne serait pas un dialogue sur pied d’égalité entre A et B, figurant deux points
691 x points de vue bien distincts et valables. Ce ne serait guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-
692 t non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vraie, un dialogue véritable doit s’instituer entre Moscou d’une part
693 ntre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’elle est , d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus que jama
694 ce vivante d’une unité de destin et d’avenir, qui est la condition nécessaire et presque suffisante de la fédération. Id
695 doctrine unitaire et obligatoire, en Occident, n’ est nullement une cause d’infériorité dans le dialogue avec la doctrine t
696 à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’Occident n’a donc pas de m
697 ent n’a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit d’un libre échange conforme à l’essence même de la culture. N’ayant q
698 de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est , il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il
699 , aux offres répétées des Russes. Ces offres nous sont faites au nom de la paix, dans l’esprit qu’on nomme de nouveau « l’es
700 les envoyer parler aux Russes ! Plus ces penseurs seraient « représentatifs » d’une doctrine officielle d’ailleurs inexistante —
701 opéens, à la faveur d’une telle confrontation, ne seraient -ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anarcho-indiv
702 es, comment les appliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas
703 ppliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’ est -il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au trio
704 deux attitudes confrontées ? Pour nous autres, ce serait assez. Car remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’est pas l
705 remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’ est pas le renier, mais le vivre. 12. Pietro Quaroni, Croquis d’ambass
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
706 Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)aa À la fin de 1951, répondant à une invitat
707 . L’idée initiale des promoteurs de l’association était de présenter les meilleurs festivals existants dans leur ensemble, co
708 alisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable d’affronter les lentes et difficiles périodes d’adaptation au
709 ériodes d’adaptation aux réalités telles qu’elles sont , sans perdre pour autant son pouvoir d’entraînement au-delà de ces ré
710 s festivals et leur association. — Le secrétariat sera désormais chargé d’assurer les contacts internationaux des festivals,
711 pays. L’organisation de « pèlerinages musicaux » sera développée dans un souci de qualité culturelle. Un bulletin périodiqu
712 aîtra prochainement. Enfin, la brochure-programme sera sensiblement améliorée, sur la base des expériences acquises. II. Éch
713 des expériences acquises. II. Échanges. — Après s’ être informés mutuellement de leurs projets pour la saison 1956, huit des
714 plus coûteuses. D’autres échanges de cette nature seront organisés par l’intermédiaire du secrétariat. Un service d’informatio
715 nouveautés intéressantes dans le domaine musical sera constitué sans délai. III. Entreprises communes. — L’étude d’un proje
716 projet de revue musicale européenne des festivals sera reprise sur des bases nouvelles. Des archives de documentation sur le
717 si que sur les artistes, chefs d’orchestre, etc., seront mises à la disposition des membres de l’association. Enfin, certaines
718 s manifestations collectives de l’association ont été envisagées pour l’année prochaine. L’exécution de ce programme élargi
719 n de ce programme élargi, mais cependant concret, sera confiée au nouveau secrétaire général de l’association, que l’assembl
720 « Pour les grands festivals de musique, l’Europe est faite ! », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, octobre
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
721 ov » à Genève. La question des échanges culturels serait donc tranchée négativement, les dix-sept offres ou demandes occidenta
722 es dix-sept offres ou demandes occidentales ayant été rejetées par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aurait
723 usqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, pour t
724 s paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’ est pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux échanges
725 cidentales relatives aux échanges culturels aient été rejetées uniformément. (Nous donnons plus loin un résumé analytique d
726 ites espérées à leurs ouvertures officielles de l’ été dernier. 3. Le désir d’engager le dialogue, ou simplement de mieux co
727 marqué, la notion même d’échanges culturels doit être clarifiée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges ont un but p
728 tes officiels du type Ehrenbourg, les échanges ne sont qu’une occasion de présenter la dictature soviétique sous des aspects
729 ant quelques instants. Pour nous, les échanges ne sont qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence dans la
730 ue vrai. Les deux premières formes « d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sa
731 es « d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sans rien donner, volonté de conva
732 eur. Seules, les deux dernières formes d’échanges seront envisagées dans ce bulletin, et donneront lieu aux propositions concr
733 n au problème actuel des échanges avec l’URSS. Il sera suivi d’un examen documenté de la situation présente, sur la base duq
734 enté de la situation présente, sur la base duquel sont établies nos propositions. ab. Rougemont Denis de, « Après l’échec
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
735 ces semi-légendaires de Novgorod puis de Kiev, ne sont en fait pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’était gauloi
736 pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’ était gaulois. Les Scandinaves apportent une organisation politique étrangè
737 ées, plus l’idéal d’une Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de co
738 ta pour la Russie le règne de Pierre le Grand. Il fut « le premier technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’on a
739 et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolution, dans le plein sens du mot, qu
740 lle dans les constructions navales en Angleterre, est reçu à Riga, Königsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Par
741 el Defoe, qui écrit sur lui toute une étude, « il est le self-made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île est un imme
742 made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île est un immense empire où il fait triompher la civilisation par des moyens
743 partenant entièrement au domaine de la vie privée furent abrogées, et d’autres, comme l’arbre de Noël importé d’Allemagne, ren
744 une mitre portant une effigie obscène de Bacchus, était contraint de jouer le rôle du « très-bouffon et très-ivre patriarche 
745 qui tienne de la filature et de la caserne, et ne soit pas sans rappeler les docks de Londres et les chantiers de Saardam.
746 ératrice sous le nom de Catherine, en 1724. (Elle sera la « Catherine le Grand » du prince de Ligne et l’idéal des encyclopé
747 sassin de son fils comme Ivan le Terrible l’avait été du sien) que Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement rus
748 crira sa phrase célèbre : « Le gouvernement russe est une monarchie absolue tempérée par l’assassinat. » Sous Catherine, l
749 ie barbare et au mélange babylonien d’idiomes qui étaient de règle sous Pierre le Grand. Des architectes, des sculpteurs, des p
750 culture née de la révolution pétrovienne n’avait été au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la nou
751 gène et plus stable que l’ancienne. Cette culture était russe dans le sens le plus strict du mot, exprimant des états d’âme,
752 t si le peuple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’ était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pa
753 comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore une nation
754 ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’ était pas encore une nation. Une mode russe se crée en Europe, comparable
755 ondent aux chinoiseries du temps de Louis XV. Il est en fait impossible d’imaginer le xviii e siècle européen sans ce nouv
756 ù règne la correspondante des encyclopédistes. Il est clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et plu
757 léchir à la conquête culturelle de la Russie. Ce fut une véritable ruée de savants, d’érudits, d’ingénieurs, de technicien
758 s d’un égard, cet empire et sa capitale pouvaient être considérés comme de simples avant-postes de l’Occident, des avant-pos
759 ficié d’une espèce de floraison posthume. Ainsi y fut conservé le ballet classique à une époque où il s’étiolait complèteme
760 . Mais pour avoir une vue plus complète de ce que fut l’apport de l’Occident dans la vie russe, il faut y distinguer deux i
761 ours. Pendant près de deux siècles, le français a été la première langue étrangère qu’apprenaient les enfants russes de bon
762 s grand poète du pays avouait que le français lui était plus familier que sa propre langue et s’en servait de préférence pour
763 dans le domaine de l’organisation politique, ce n’ est pas l’Encyclopédie, c’est l’Allemagne, c’est la Prusse de Frédéric qu
764 Nicolas Ier, dont « l’empire knouto-germanique » sera dénoncé par Bakounine. (Ainsi, plus tard, le socialisme allemand de M
765 s d’une vision élargie des choses ; Alexandre Ier est lui-même un « humanitariste » russe, qui s’entretient avec Owen des n
766 ents culturels : l’Europe, non point la Moscovie, est son passé. Il est le légataire de ses trésors les plus précieux, de
767 Europe, non point la Moscovie, est son passé. Il est le légataire de ses trésors les plus précieux, de ses souvenirs les p
768 de l’Italie, afin qu’aucune région de l’Europe ne soit dorénavant étrangère à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen
769 à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen est le premier grand écrivain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes
770 vain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes d’ être né Russe, un certain équilibre s’établit entre l’influence occidental
771 hautes régions de la vie nationale ; elle n’a pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sources de la
772 de la vie russe. Une des sources de la révolution est là ; car celle-ci est une révolte déguisée, non pas contre l’Occident
773 es sources de la révolution est là ; car celle-ci est une révolte déguisée, non pas contre l’Occident, mais contre les vale
774 (d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui a été créé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e siècl
775 érature russe, de Lermontov et Gogol à nos jours, est tout entière issue de la révolution spirituelle déclenchée par le rom
776 sonne d’un Ivanov, d’un Sourikov ou d’un Wroubel, est restée fidèle par certains côtés à des sources d’inspiration profondé
777 vé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’ est parvenue à exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation de
778 gique de la chrétienté orientale. Or, tout cela n’ est pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté ess
779 l’influence inverse de la Russie sur l’Occident n’ est que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme raje
780 rit dans lequel un Tourgueniev ou un Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’est pas quelque chose que l’on puiss
781 Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’ est pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement po
782 r les grandes créations de la culture russe, ce n’ est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dosto
783 x patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus enco
784 us encore. » « Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la synthèse de toutes les idées développées par l’Europe. »
785 tion européenne de la Russie. Pour lui, la Russie est une meilleure Europe, ou si l’on veut, une meilleure chrétienté appel
786 de plâtre jaune paille, airelle ou vert d’eau. Il est vrai que lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits san
787 ais, par une de ces nuits sans nuit du début de l’ été , où le granit même se dissout dans le ciel décoloré et où les colonne
788 ssout dans le ciel décoloré et où les colonnes ne sont plus que des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui vous e
789 era la culture russe pendant tout le xix e siècle sera celui des occidentalistes et des slavophiles : or il est entièrement
790 ui des occidentalistes et des slavophiles : or il est entièrement centré sur le rôle de l’Europe en Russie. En 1836, un an
791 lus glorieux de l’Occident. Ses vues sur l’avenir étant plutôt sombres, elles aussi, le tsar s’en émut au point de statuer qu
792 e tsar s’en émut au point de statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettres ne parut poi
793 e statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettres ne parut point ; et pourtant ce cause
794 t qu’en français naturellement (le texte publié n’ était qu’une traduction) n’avait nullement récusé les tendances générales d
795 lutôt plus strictement occidentale — qu’elle ne l’ était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’envergure da
796 — qu’elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’envergure dans le camp des occidentalistes.
797 des grands penseurs allemands de Fichte à Hegel, étaient les premiers partisans, en Russie, d’un nationalisme éclairé, généreu
798 es de la Russie ancienne. Le peuple et l’histoire furent leurs idoles, à l’instar des romantiques allemands (la « slavophilie 
799 ilie » tout entière, en tant que système d’idées, est d’origine nettement et exclusivement germanique). Ils dépréciaient l’
800 ue les slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont que des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe, Alexa
801 rope, qu’il découvre pendant son exil, lui paraît être « au bord de la perdition morale »16. Sa dénonciation de la bourgeois
802 s17. Intelligentsia, révolution, censure Qu’ est -ce que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui ap
803 ui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’ est pas l’ensemble des intellectuels proprement dits, mais plutôt une « c
804 i caractérise un membre de l’intelligentsia, ce n’ est pas tant sa qualité d’intellectuel (beaucoup de grands écrivains et s
805 pinions modérées. « Un minimum d’esprit subversif était une condition à la fois nécessaire et suffisante pour être admis au s
806 condition à la fois nécessaire et suffisante pour être admis au sein de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’est p
807 de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’ est pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très important d
808 pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très important de répéter que les idées libérales ont toujours été fa
809 t de répéter que les idées libérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libér
810 y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident, était théorie scientifique, sujette à la critique, hypothèse, ou, en tout c
811 partielle, sans prétention à l’universalité, — s’ est mué, pour l’intelligentsia russe, en une affirmation qui confinait à
812 tiers, la réserve ou le criticisme sceptique leur est une attitude presque étrangère. Sans doute y a-t-il là une lacune, un
813 la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’ est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie bio
814 . Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion, mai
815 dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus important du xix e siècl
816 science — c’est-à-dire les sciences naturelles — sera posée en objet de foi, transformée en fétiche… Le doute méthodique de
817 rmée en fétiche… Le doute méthodique de Descartes est peu fait pour les Russes en général, toujours enclins à l’affirmation
818 l’affirmation intégrale. L’élément sceptique leur est hétérogène, étranger, et ne pénétrera pas non plus leur matérialisme 
819 nétrera pas non plus leur matérialisme : celui-ci sera un matérialisme croyant. Comment réagit l’État russe, continuellemen
820 erfs). On ne leur en sait aucun gré (Alexandre II est assassiné). Tous pratiquent la répression par la censure. Mais cette
821 putés subversifs ; et tous les livres occidentaux sont lus par l’intelligentsia et par le public cultivé. Marx est introduit
822 r l’intelligentsia et par le public cultivé. Marx est introduit en Russie par Tchaktev, dans les années 1870, puis par Plek
823 les années 1880. Mais une censure en sens inverse est exercée par l’intelligentsia : La censure officielle sévit à l’aveug
824  progressistes » (les autres, d’un commun accord, sont interdites aux honnêtes gens), ou par un silence obstiné à l’égard de
825 and talent — Leskov, Léontiev, Pissemski — en ont été persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’à ce jour, grâce à
826 l’essor culturel (1880-1917) La fin du siècle est marquée en Russie, comme en Europe de l’Ouest, par un relâchement du
827 Russie et les autres pays européens paraît avoir été complet, rapide, et fructueux. Rappelons à cet égard quelques exemple
828 -décorateurs, Benois, Léon Bakst, Golovine, etc., sont révélés à Paris au cours de la première saison des Ballets russes de
829 u théâtre du Châtelet. Le triomphe de ces ballets est assuré par la musique russe nouvelle, œuvre des élèves de Rimski-Kors
830 ces œuvres (même tronquées ou digested, comme ce fut le cas en Erance). Un groupe important de penseurs religieux, de Solo
831 historiens, des philosophes occidentaux n’avaient été aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fait au cours
832 e, d’Espagne et d’Italie. Un Ibsen, un Strindberg étaient passionnément admirés en Russie alors qu’ils étaient encore à peine c
833 ient passionnément admirés en Russie alors qu’ils étaient encore à peine connus en France, tandis que la peinture et la littéra
834 is que la peinture et la littérature françaises y furent accueillies plus chaleureusement encore et y exercèrent une influence
835 tions « Monuments de littérature mondiale » avait été si puissant qu’on l’imita même après la révolution, comme en témoigne
836 rendit possible celle des icônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en d
837 cônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en dehors de ces nouvelles conna
838 compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’ est concevable en dehors de ces nouvelles connaissances, de ces nouveaux
839 et élargissement général de l’horizon… Le temps était venu où Dostoïevski et Tolstoï, Tourguéniev et Tchékhov allaient joue
840 usicale et théâtrale de l’Occident. Mais voici l’ été de 1914 : il surprend la Russie dans un état de malaise social et spi
841 mmense pays, le mois de juillet de cette année-là était torride. Les forêts brûlaient ; on sentait jusque dans les grandes vi
842 3. Les Varègues, guerriers-marchands scandinaves, étaient appelés Rôs par les Grecs, d’où Russes. 14. Vladimir Weidlé, La Russ
843 ticulière, tous les passages entre guillemets lui seront empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend à rien d’original. 15.
844 l’influence exercée par les intellectuels exilés fut grande chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’avoir disparu c
845 és fut grande chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’avoir disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont pa
846 disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont payés pour savoir que leur révolution est venue de l’étranger, de l’E
847 eux-ci sont payés pour savoir que leur révolution est venue de l’étranger, de l’Europe de l’Ouest, avec Lénine. D’où les ph
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
848 Que s’ est -il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu don
849 propositions suivantes : 1. « …que toute censure soit progressivement supprimée. » 2. « …prévoir, sur une base de réciproci
850 s producteurs de films des trois pays occidentaux sont prêts à proposer leurs films à l’URSS aux conditions et prix commerci
851 t prix commerciaux normaux. Les films soviétiques sont déjà introduits en Europe occidentale à de telles conditions. » 7. « 
852 émissions de nouvelles et d’informations… devrait être supprimé. » 9. « …échange mensuel d’émissions de radio traitant des é
853 immédiates pour supprimer « la censure à laquelle sont soumises les dépêches des journalistes à destination de l’étranger ».
854 e représentants de la vie sociale et culturelle » serait utile. « M. Macmillan a parlé d’une réglementation de l’opinion publi
855 nion publique en URSS… Cette sorte d’attaque nous est connue… Toutefois, ceux qui prendront connaissance de l’histoire de n
856 tre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à quel point…
857 quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à quel point… tout le travail de notre
858 uel point… tout le travail de notre gouvernement ( est ) imprégné du souci du bien-être du peuple et du désir de lui assurer…
859 s soviétiques… Vous voyez que les premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut do
860 ions de ce genre et les considère déplacées. Il a été dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique auraien
861 vec le monde extérieur. Ces sortes d’affirmations sont dénuées de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union
862 uvernement soviétique juge important de supprimer sont les contrôles de matériel stratégique, objet clairement exclu par nos
863 durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour toujours exclus comme subversifs, les journaux bannis comme corr
864 ent passer pour de l’espionnage, ni les voyages n’ être permis qu’à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu
865 e petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’ est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière
866 ci n’est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière cette façade de xénophobie et d’insularité, il
867 r quelque chose de nos peuples. Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié est en bas, dans le peuple. M. Pinay (14 n
868 . Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié est en bas, dans le peuple. M. Pinay (14 novembre) : En fait, les propo
869 ux échanges techniques. Aucune indication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, q
870 ée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, qu’une information plus objective pourrait être mise à la di
871 légée, qu’une information plus objective pourrait être mise à la disposition des populations… La seule réponse que fait le g
872 à nos propositions constructives et conciliantes est de nous demander l’abolition des contrôles stratégiques. Ces contrôle
873 ible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes convaincus qu’une grande partie de la méfiance actuelle disparaîtrait
874 lle disparaîtrait, si les populations soviétiques étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à trave
875 taient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformations de la propagande. M. J. Foste
876 e) : Les voyages, pour le citoyen soviétique, ne sont pas ce qu’on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir, mais
877 onfirme le fait que le système du bloc soviétique est fondé sur des conditions artificielles qui ne peuvent tolérer le libr
878 ues semblent effrayés par l’idée que leur système serait ébranlé si le peuple était librement informé, comme il l’est ailleurs
879 idée que leur système serait ébranlé si le peuple était librement informé, comme il l’est ailleurs… (15 novembre) : Je reg
880 si le peuple était librement informé, comme il l’ est ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’être obligé de constater q
881 l’est ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’ être obligé de constater que le nouveau projet soviétique… ne contient pra
882 , de nouvelles, d’informations non censurées, ont été rejetés ». (16 novembre) : Aucune proposition concrète des Occident
883 e d’idées et d’informations entre nos peuples n’a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse qu’a
884 urs, même s’il doit rester lent et inégal, puisse être aisément renversé. Tableau récapitulatif Propositions occidental
885 ien Non ae. Rougemont Denis de, « Que s’ est -il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture : « 
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
886 ffère de nous, nos convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de pa
887 s convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous po
888 nos propres nations européennes. Cependant, nous sommes très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur le pri
889 s très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur le principe autoritaire et unitaire que la plupart des tsa
890 utrement dit : si le dialogue « à l’occidentale » était admis par les interlocuteurs russes, il n’y aurait plus de dialogue E
891 représenter valablement leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la n
892 ent leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particuliè
893 s à découvrir les bases, si étroites et précaires soient -elles. Nous éliminerons par principe toutes les propositions qui pou
894 de telles demandes normales et justes : que cela soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de questio
895 dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiellement
896 ussi qu’il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiellement par les dirigeants soviétiques, dans les
897 s et impérialiste », et de son parti unique, nous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En retour,
898 il peut sembler que toute espèce de dialogue réel soit exclue par de telles données de fait. La base commune, le minimum de
899 okhov) et par les dirigeants du Kremlin eux-mêmes est également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratique
900 pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce
901 (ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’ être . Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou forme
902 ropositions Les projets que nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non susceptibles, à notre a
903 ectaculaires et non susceptibles, à notre avis, d’ être exploités par la presse et la propagande dans l’un ou l’autre camp. I
904 e et la propagande dans l’un ou l’autre camp. Ils sont de trois types différents : — séminaires restreints réunissant des éc
905 uelques exemples, ces propositions de départ, qui sont toutes susceptibles de modifications et de mises au point éventuelles
906 chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous, écrivains soviétiques, je p
907 ue nos relations amicales avec tous les écrivains soient aussi étroites et efficaces que nos relations de plus en plus solides
908 ni de l’autre on n’ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dan
909 que les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dans la formule même des débats, soit dans la composition du groupe24
910 és d’avance soit dans la formule même des débats, soit dans la composition du groupe24.   Table ronde d’écrivains   Thème g
911 x ou sept écrivains de chaque côté, les Européens étant tous choisis en dehors des partis communistes et de leurs filiales, e
912 ant chacun qu’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouver
913 e. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouvernement, conformément aux principes en vigueu
914 ux sujets qu’elle souhaiterait traiter elle-même, soit huit en tout. Après élimination des sujets jugés inopportuns par l’un
915 entuels) il faudrait arriver à six sujets. Chacun serait alors introduit par un rapport écrit et traduit à l’avance. Et chacun
916 épart d’une journée des débats de la table ronde. Seraient éliminés tous sujets considérés par l’une ou l’autre partie comme sus
917 uples ». Sujets : À titre d’exemples, pourraient être proposés et acceptés du côté européen des sujets de ce genre (les uns
918 s ? dans quelle mesure ? L’écrivain soviétique en est -il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérési
919  ? Si oui, comment l’améliorer ?) Tous ces sujets sont « brûlants », mais ils nous semblent ménager une mesure d’accord asse
920 de lieux célèbres de la vie littéraire pourraient être organisées en dehors des séances. Il n’est pas impossible que tous le
921 aient être organisées en dehors des séances. Il n’ est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à sim
922 mple titre d’exemples ou d’hypothèses de travail) soient jugés inopportuns par les Soviétiques, pour des raisons que nous igno
923 ions au moins savoir : 1. pourquoi et en quoi ils sont jugés inacceptables ; 2. quels seraient les sujets jugés acceptables.
924 t en quoi ils sont jugés inacceptables ; 2. quels seraient les sujets jugés acceptables. Ainsi le refus même des thèmes de discu
925 ons par avance en toute franchise. Si anodins que soient peut-être les sujets que les deux parties finiraient par accepter, no
926 par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrait au désir exprimé par un très grand
927 paix. Des séminaires de type analogue pourraient être organisés dans d’autres domaines bien délimités, comme par exemple :
928 mporte quelle discussion sur les principes. Telle est la conviction qui inspire les deux propositions suivantes : Équipe d
929 hodes sociologiques américaines. Ce vœu se trouve être aussi celui de beaucoup de chercheurs européens. Voici donc une conve
930 herches médicales.— Une formule analogue pourrait être adoptée par des groupes de chercheurs dans de nombreux domaines de la
931 ve, etc.) de la biologie et de la psychiatrie. Il est clair que la participation, déjà acquise, de délégations de savants s
932 ns itinérantes La visite d’un laboratoire peut être vitale pour un savant, mais vaguement pittoresque pour un homme sans
933 détails, mais cette précaution de principe devait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imagi
934 vait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiq
935 er. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiques sont quasi quotidiennes en Occident· : Prokofiev, Chostakovitch et Katchat
936 ident· : Prokofiev, Chostakovitch et Katchaturian sont joués partout en Amérique et en Europe, au concert et à la radio. Nou
937 les œuvres récentes des compositeurs occidentaux soient jouées, dans des concerts spéciaux en URSS, par des orchestres et des
938 alement que les commentaires des œuvres exécutées soient écrits ou prononcés par des musicologues européens. Ainsi se trouvera
939 he, les concerts soviétiques en Europe pourraient être accompagnés des commentaires habituels rattachant tel aspect d’une œu
940 ses perspectives spécifiques. (Sinon le dialogue serait faussé, chacun se présentant à l’autre d’une manière artificielle, gu
941 onforme à ses convictions.) Les échanges de films sont peut-être encore plus délicats. Le cinéma détient une puissance de su
942 donc de limiter les échanges à quelques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentatifs de son mode de vie, soit
943 elques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentatifs de son mode de vie, soit typiques de ses recherches d’
944 ue partie soit représentatifs de son mode de vie, soit typiques de ses recherches d’art et de technique. Enfin, nous insisto
945 les propositions soviétiques d’échanges culturels sont vides de tout contenu concret, et de toute intention sincère d’abouti
946 . On retomberait alors dans la guerre froide, qui est la guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes les
947 d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « a
948 uoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « autorisés » chez les Russes. Et cela par sim
949 en vertu de notre désir d’aboutir à si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — objectif proclamé sans relâche par les S
950 f proclamé sans relâche par les Soviétiques. Nous sommes conscients de la pression diffuse et sans cesse croissante, qu’exerce
951 l’évolution historique, et dont les porte-parole seront donc fatalement mis au pas ou condamnés, demain ou après-demain, en R
952 ommunistes plus ou moins déclarés. (Cet exemple n’ est pas imaginaire !) Il y aurait là maldonne et tricherie manifeste. 25
953 ux échanges culturels avec l’étranger. Ce désir s’ est manifesté au Conseil suprême de l’URSS, lorsque celui-ci, au cours de
954 dans la normalisation de la situation mondiale. J’ étais parmi les députés et j’ai voté avec enthousiasme pour cette déclarati
955 rts de l’URSS et peintre célèbre, répondit : « Ce serait nuisible pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop faci
956 le pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… L
957 chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… Les décadents, surréalist
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
958 ier 1956)ai Le terme de « relance européenne » est apparu dans la presse aux lendemains de l’échec de la CED devant le P
959 e le même : créer une autorité supranationale qui sera finalement capable de parler au nom des quelque 330 millions d’Europé
960 est du rideau de fer. Mais la méthode, au fond, n’ est pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe par
961 se poser, c’est de savoir si la méthode elle-même est la meilleure. Ceux qui pensent surtout au succès de la CECA répondent
962 nt, voire penchent pour la négative. Mais quelles sont les autres méthodes proposées ? Il y a celle qui consisterait à faire
963 gistre l’échec global jusqu’à ce jour (l’Europe n’ est pas encore unie) des approches partielles ou indirectes, des manœuvre
964 nnels. On demande donc que la question européenne soit posée ouvertement, dans son ensemble, à tous les citoyens d’Europe, s
965 pe bien défini, dont les unions fonctionnelles ne seraient que les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère en espri
966 litiques. Elle cherche à construire une union qui serait l’expression organique d’une vaste et complexe réalité humaine. Dison
967 vement, que la méthode des autorités spécialisées est surtout économique ; celle de l’agitation pour une Constituante essen
968 ralisme, sociologique. Les trois méthodes peuvent être défendues et critiquées à l’infini, pour des raisons théoriques ou pr
969 ou d’opportunité, de doctrine ou d’efficacité. Il est impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de même na
970 impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids et les
971 nt pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids et les plus lourdes sans valeur. Même si l’on arrivait à s
972 Nous semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, fo
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
973 nalia (février 1956)aj ak M. Pierre Moser, qui fut , jusqu’à l’automne dernier, le directeur de l’Institut international
974 sous les auspices de l’Unesco à Gauting-Munich, a été chargé de diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous appor
975 es festivals de musique, M. Abraham van der Vies, est entré en fonction au mois de novembre dernier. Metteur en scène de re
976 ier. Metteur en scène de renom, M. van der Vies a été , pendant les cinq dernières années, directeur de l’Opéra national de
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Après le congrès de Trieste (février 1956)
977 congrès par une dizaine de professeurs européens seront publiés prochainement grâce à une subvention de la Fondation européen
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
978 ommunauté européenne de culture ». Neuf objectifs étaient proposés par le document de travail n° 1 soumis aux participants : éq
979 tifiques européens. Les quatre premiers objectifs sont inscrits au programme culturel du Conseil de l’Europe et de son comit
980 tes. Plusieurs des autres points du programme ont été réalisés par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Bruges,
981 rts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’ est bornée à adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’appr
982 orces de bonne volonté disponibles en Europe. Il est trop clair qu’elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux
983 s capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont consacrés jusqu’ici, avec des moyens scandaleusement limités. Obtenir
984 s scandaleusement limités. Obtenir que ces moyens soient augmentés, d’une manière massive et rapide, mais sans disperser les e
985 usions dans l’opinion publique, telle nous paraît être la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxelles pourraien
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
986 onseil de l’Europe. La direction des débats avait été confiée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résumé la
987 ns, un groupe d’études de vingt-deux membres, qui sera chargé de discuter les rapports préparés par des savants, historiens,
988 ésigné comme rapporteur général de la conférence, sera chargé par la suite de la rédaction d’un volume réunissant les études
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
989 réactions soviétiques — officielles ou privées — sont en général très lentes, on assez brusques. Au sujet de notre numéro s
990 numéro spécial de décembre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté européen
991 évu. Du côté européen, en revanche, les réactions sont déjà nombreuses. De Belgique, de Hollande, de France, de Suisse et du
992 resse favorables à nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant, citons quelques informations sur l
993 xistantes. ⁂ Le peintre français Chapelain-Midy a été l’hôte des peintres russes, à l’occasion d’une exposition d’art franç
994 scènes de genre. « Le client essentiel du peintre est l’État », qui lui commande des sujets déterminés, lui achète des toil
995 ent Cézanne comme le début de la décadence ». Ils sont très hostiles à Picasso et Matisse. Indifférents aux qualités plastiq
996 . » « Monde immobile et composé, où l’imagination est tuée par les exercices d’académie et d’observation. Aucune évasion n’
997 ces d’académie et d’observation. Aucune évasion n’ est permise, aucune folie autorisée… Depuis huit ans, la sagesse prédomin
998 n scène des nègres du Sud des États-Unis, vient d’ être représenté à Moscou, par des chanteurs de couleur. Grand succès — onz
999 ces officiels russes, tandis que 1000 exemplaires sont confiés à l’ambassade américaine. Pas une seule revue de France ou d’
1000 de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste est interdit.   ar. Rougemont Denis de, « Europe-URSS : en attendant l
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
1001 fice des personnes, groupes et nations, que s’ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être dé
1002 soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être info
1003 dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle
1004 ion réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus
1005 éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europe et
1006 de la culture — dont elle demandait la création — serait « d’entretenir le sentiment de communauté européenne… dans les établi
1007 ». Obéissant à ces directives initiales, le CEC s’ est intéressé dès ses débuts au domaine de l’Éducation populaire. Une sér
1008 ’est tenue à Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont est né le Bureau européen de l’éducation populaire, rattaché au CEC, bien
1009 ation européenne de la culture. Le numéro présent est destiné à servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose
1010 tative « d’éducation pour l’Europe ». L’essentiel était pour nous de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons
1011 nationalisme !) et que son insuffisance éducative est attestée, entre autres, par l’apparition spontanée, dans tous nos pay
1012 tion) qui essaient de subvenir à ses carences. Il était nécessaire de rappeler succinctement ces données générales du problèm
1013 , afin de définir l’esprit dans lequel viennent d’ être élaborés les projets de la Fondation, les raisons de leurs limitation
1014 notre tentative, en tenant compte du fait qu’elle est la première de son espèce. at. Rougemont Denis de, « À pied d’œuvr
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
1015 ment européenne de l’éducation ? La question n’ est nullement « académique ». Car s’il existe une telle conception spécif
1016 fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même « européenne ». Précisons cela par une rapide comparaison p
1017 rites, au sacré social, tend à disparaître ; elle est remplacée par une instruction autant que possible neutre, c’est-à-dir
1018 jeune disciple un respect religieux des rites qui sont censés gouverner le réel (par exemple : rendre la terre et la femme f
1019 e de nullité le rite. En Europe, au contraire, il est courant que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’il veut louer 
1020 tout contexte religieux, de tout prestige sacré, est distribuée à n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’imp
1021 ux tendances — l’autoritaire et la libertaire — n’ est peut-être qu’un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal directe
1022 oins l’idéal directeur d’une éducation méritant d’ être nommée européenne. Sera « bon Européen » l’homme qui aura su réaliser
1023 et URSS Dans les prolongements de l’Europe à l’ est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « co
1024 t s’exagérer jusqu’à la caricature de ce qu’elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du respect de l’individu triomphe dans l
1025 ne crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Améri
1026 u’aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les emp
1027 uer avec lui comme il leur plaît… L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un p
1028 ît… L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un plus facile, un plus « moderne 
1029 dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces lignes sont extraites du livre qu’une institutrice écœurée vient de publier aux É
1030 porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pousse le respect de l’individualité enfanti
1031 ns : si la formation intellectuelle qu’elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend pas moins p
1032 es droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses ép
1033 ités et 510 sous-spécialisations. Le plan d’étude est rigoureusement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’a aucun dr
1034 du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours ap
1035 trois ans. Après quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctor
1036 t-cinq années, trois sur quatre des candidats ont été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins du
1037 nt été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins du Plan, c’est-à-dire les besoins de la collectivit
1038 dire, le dressage utilitaire de l’individu. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dan
1039 Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes-
1040 s posés, il nous est plus facile de définir ce qu’ est la voie européenne. Pourquoi sommes-nous choqués par les excès améric
1041 de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes -nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les res
1042 x excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux règlem
1043 nt européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
1044 la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment
1045 préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’un dressage, sa
1046 responsable. Liberté et responsabilité ne peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l
1047 cation pour la liberté manquera son but si elle n’ est pas en même temps et du même mouvement une éducation du sens de la re
1048 ncret, que le problème le plus urgent de l’époque est de former des responsables. (Tout en gardant bien dans l’esprit que c
1049 rop grandes, et au surplus trop mal connues. « Qu’ est -ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout
1050 s sa liberté, sa prospérité et sa vie même… Et il est vrai que toutes ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont p
1051 es ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont pour lui autant de mystères, dont il ne connaît le nom, la puissance
1052 sures techniques beaucoup moins claires. Comme il est d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social
1053 ires. Comme il est d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche »
1054 de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famil
1055 ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famille ou ce milieu, il votera gauche ou dro
1056 en, dans les conditions que j’ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme responsable ? Les communistes s
1057 , se sente un homme responsable ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, d
1058 ui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’ est formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui le
1059 t comment s’est formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui le dominent, les désirs ou les rêves qui l
1060 ? Tant que ce travail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qu
1061 ravail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas que
1062 ir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’à part
1063 partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’est plu
1064 précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’ est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut dev
1065 un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous aurons r
1066 enoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effets prévisibles d’une union fédérale de nos forces, non seulem
1067 égrer l’homme dans la communauté Montrer ce qu’ est le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, rendr
1068 e de nos communes aux destinées du continent, tel est le sens, le mouvement général, du premier effort nécessaire en vue de
1069 ais le mouvement inverse, de la partie au tout, n’ est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui q
1070 artie au tout, n’est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeune in
1071 s autres ; il deviendra lui-même éducateur. Or ce sont ces seuls responsables qui voudront l’Europe et la feront, et non les
1072 cole, à aucun de ses trois degrés. Les programmes sont déjà surchargés. Les « matières » ne cessent de devenir plus complexe
1073 ne perspective européenne. Alors l’Europe cesse d’ être une idéologie, pour devenir une patrie réelle, un vrai milieu humain
1074 ux horizons plus vastes, un grand espoir ! Elle n’ est plus un slogan politique et abstrait, mais une aventure personnelle,
1075 rope le film Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas
1076 , Genève, avril–mai 1956, p. 32-41. av. Ce texte est précédé du chapeau suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé à
1077 ant que cette communauté de conscience n’aura pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays dans un
1078 n ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle majeur
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
1079 Ce n’ est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, proche
1080 bulletin ? À l’approche du temps des vacances, il est bon de se retourner vers les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce
1081 rs les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce n’ est pas encore l’heure des bilans, mais celle de se demander si le cap es
1082 e des bilans, mais celle de se demander si le cap est bien fixé, et de vérifier les commandes. Le programme du Centre est c
1083 de vérifier les commandes. Le programme du Centre est connu : il suffit de lire les premières lignes de notre page de couve
1084 u milieu de juin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de
1085 ter avec les possibilités qui existent ou peuvent être créées, et concevoir des solutions pratiques. Ensuite, il faut cherch
1086 les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’ est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter, au jour J, d
1087 le et souvent décisive de l’action. Quelles qu’en soient les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ain
1088 le dire un grand chef d’industrie français, ce n’ est pas au pied du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouv
1089 t original : sur les relations culturelles avec l’ Est et sur l’éducation européenne. Notre association des festivals a diff
1090 s dans sept pays. La charte européenne du sportif est désormais dans le domaine public. La Fondation a distribué des subven
1091 egard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effective des résultats ! Conférences pédagogiques
1092 parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la ligne de départ… Que les résultats obtenus p
1093 inces encore au regard des plans en cours, rien n’ est plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière re
1094 cours, rien n’est plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière relative, au regard des moyens dont disp
1095 peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’ est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumées
1096 s que tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sauvée par des plans, mais par des hommes qui la vou
1097 nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce n’ est pas au pied du mur… », Bulletin du Centre européen de la culture, Gen
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
1098 Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membres du jury
1099 bres du jury réunis au CEC, le communiqué suivant était remis à la presse le 14 juin : Le jury international du Prix europée
1100 nauté européenne des guildes et clubs du livre, s’ est réuni à Genève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a déci
1101 pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaient fixés par le règlement du Prix : haute tenue littéraire et portée ass
1102 européen couronna deux romans dont l’un venait d’ être écrit en vue du concours, et dont l’autre avait pour auteur un ouvrie
1103 Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne sont pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infime. Dans
1104 e inédits mais déjà acceptés par un éditeur — ils étaient admis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce furent de loin le
1105 mis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce furent de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoi
1106 modifié, et ce furent de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il
1107 ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’ être révélés par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orie
1108 nis de, « Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, j
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
1109 rvatisme — « rira bien qui bougera le dernier ! » serait sa devise — ce petit livre incisif traduit le grand défi que nous adr
1110 sse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’ est pas lancé par quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à tou
1111 ropéens. Les autres défis qui occupent nos forces sont secondaires : celui du monde communiste, celui du monde jaune, celui
1112 te, celui du monde jaune, celui du monde musulman seront surmontés ou non selon que nous deviendrons adultes ou pas… Les Europ
1113 eviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’ être les contemporains des Américains et des Russes. On leur en propose le
1114 s et des Russes. On leur en propose le moyen, qui est de vivre à l’âge de l’Europe. Mais cela suppose une révolution : l’E
1115 profonde et brusque des esprits, car « l’obstacle est psychologique. Les frontières sont dans les habitudes et non dans la
1116 ar « l’obstacle est psychologique. Les frontières sont dans les habitudes et non dans la nature », et nos peuples préféreron
1117 bientôt ceux qui oseront leur dire « que l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’agit pas d’une violence physique, on l’
1118 nce physique, on l’entend bien.) Ce livre devrait être lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’instituti
1119 ers d’institutions inter- ou supranationales : il est bref, il remplace avec bonheur les développements par les formules pa
1120 s développements par les formules paradoxales, il est plus agressif qu’il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’aut
1121 lucide simplicité : La mesure de l’homme moderne est devenue le continent. C’est pour un marché continental que le mineur
1122 ue le paysan moissonne son blé. Ils s’en moquent, soit . Chacun d’eux veut seulement pour lui la sécurité de l’emploi, la gar
1123 l’emploi, la garantie de l’écoulement et la paix, soit . Mais il faudra bien qu’ils sachent un jour que leur modeste revendic
1124 ue leur modeste revendication personnelle ne peut être satisfaite que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils n’en
1125 g de millions de soldats. Techniquement, la chose est facile. La machine à raser les frontières est au point. Derrière elle
1126 ose est facile. La machine à raser les frontières est au point. Derrière elle, les flots des économies confrontées ne s’ent
1127 entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’ est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez : par
1128 ontière voisine. Ou encore ceci : Aux Européens est offert le privilège d’inventer les règles d’une communauté moderne d’
1129 de tous les militants de l’Europe unie : Ce qui est européen, c’est l’insatisfaction créatrice, et la volonté de transfor
1130 transformer les choses, y compris cette chose qu’ est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créatur
1131 is cette chose qu’est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créature, et l’obstination à conserver
1132 la créature, et l’obstination à conserver ce qui est établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre à l’interrogatio
1133 tremble à la pensée qu’une telle décision puisse être l’enjeu d’une partie de « relance » jouée sur les tapis verts des cha
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
1134 es locaux, régionaux, nationaux et internationaux sont à l’œuvre dans le domaine de l’éducation populaire (ou adult educatio
1135 u de développement rural. Certaines organisations sont confessionnelles, d’autres laïques ; certaines politiquement orientée
1136 tiquement orientées, d’autres neutres ; certaines sont soutenues par l’État, d’autres privées, d’autres mixtes. Un seul trai
1137 Pourtant le besoin s’en fait sentir partout. Il n’ est pas un responsable de « foyer » local, de « Volkshochschule », de « s
1138 e groupe le plus vaste public organisé qui puisse être atteint en Europe par ceux qui se préoccupent de répandre la culture
1139 ds, français et italiens, élus par la conférence, était chargé de créer le Bureau européen de l’éducation populaire. Le Burea
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
1140 embre 1956)bc bd Il y avait le prix Nobel, qui est mondial. Il y avait d’innombrables prix nationaux et locaux, plus ou
1141 ssa aux guildes du livre. Ces entreprises, qui se sont rapidement développées après la guerre, ont réussi à créer un très va
1142 ttérature, réservé à des œuvres inédites. Le prix fut décerné pour la première fois le 26 mars 1953, par un jury internatio
1143 ays, mais récemment réfugié à l’Ouest, où son nom était encore ignoré, pour son récit du siège de Varsovie en 1944, intitulé
1144 par de nombreux éditeurs en diverses langues, ont été révélés de la sorte à un très vaste public international. Le prix dev
1145 n très vaste public international. Le prix devait être décerné une seconde fois en 1956, par un jury composé de MM. Helmut D
1146 sentant un intérêt assez généralement humain pour être traduite dans tous nos pays. Une nouvelle formule de prix, incluant l
1147 prix, incluant les ouvrages déjà publiés, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM.
1148 s, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM. Gottfried Benn (Allemagne), Ole Kroyer (D
42 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
1149 éennes (août-septembre 1956)be bf Innombrables sont les agences qui fournissent à la presse des nouvelles sur les crimes
1150 es par les passions humaines. Beaucoup plus rares sont les sources de nouvelles sur les grandes découvertes, les efforts pou
1151 Mais les résultats obtenus par le CEC ne pourront être appréciés à leur juste valeur relative que si l’on connaît mieux l’ét
1152 n. Au seuil d’une ère où l’importance des loisirs est destinée à surpasser progressivement celle du travail (grâce aux déve
1153 évéler aussi sérieuses et passionnantes que ne le furent jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se devait d’antic
1154 inévitable, déjà sensible aux USA, mais qui doit être orientée dès le début dans un sens positif et créateur. be. Rougem
43 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
1155 entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’ est -ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une se
1156 les réponses en quelques pages. Quelque chose qui soit à la fois documenté et décanté, pressant et objectif, complet et bref
1157 analyse scientifique non plus. Les gros livres ne sont pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on faire ?
1158 tte base d’unité, l’union peut s’édifier. L’unité est un fait, l’union serait une action. L’existence de ce fait rend cette
1159 nion peut s’édifier. L’unité est un fait, l’union serait une action. L’existence de ce fait rend cette action possible. Premie
1160 oint. Mais il y a plus. L’unité de base elle-même sera bientôt perdue si nous n’édifions pas l’union. La crise de l’unité re
1161 union qu’on vient de voir possible. Sa nécessité est inscrite dans les faits. Il s’agit qu’elle s’inscrive maintenant dans
1162 de savants, historiens et économistes. Nous nous sommes proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant pour l’union
1163 la crise, voici la solution : jugez. ⁂ L’ouvrage était tout près de sa mise au point finale lorsque la catastrophe « qui n’a
1164 colère et la compassion, la honte au cœur, ce ne sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait
1165 avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’ Est , à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le di
1166 , à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disait un de leurs derni
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
1167 ne année décisive (février 1957)bh La preuve est faite La politique d’union européenne est la seule politique dont
1168 euve est faite La politique d’union européenne est la seule politique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préocc
1169 aisons bien évidentes : l’avenir de notre culture étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est
1170 litique et économique de nos peuples, comme l’âme est liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 1956 a permis de vérifier e
1171 mpêcher des guerres entre nos peuples — car elles sont devenues pratiquement impensables — mais bien pour que nos peuples tr
1172 monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’Asie tout entière et une partie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant
1173 Europe parce que la souveraineté de ses nations n’ est qu’un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être r
1174 t que, dès lors, l’indépendance du continent doit être recouvrée au niveau de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Égypte
1175 assurer notre avenir économique, et parce qu’il n’ est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : n
1176 up d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité, devenue bien
1177 dance énergétique. L’atmosphère a changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses progrès au cours de
1178 éen ». La presse découvre que le sort de l’Europe est un sujet d’actualité. Des magazines à grand tirage, en France, tels q
1179 nt dans le monde actuel et que la Grande-Bretagne est une partie de l’Europe. Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cess
1180 Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cessé d’ être une utopie, et qu’il s’agit maintenant d’élire une assemblée constitu
1181 assemblée constituante européenne. Le communisme est partout en recul. Et l’idée d’un parti européen prend corps. Que manq
1182 e d’en parler comme d’un beau rêve, alors qu’elle est une dure nécessité ? Pour qu’elle balaye les « préalables » imbéciles
1183 , au nom de l’Avenir et d’une Histoire fatale, ce sont ceux-là qui ont vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisé
1184 insidieux ou brutaux. Qu’il faille faire l’Europe est maintenant évident. Mais que l’on puisse la faire, c’est-à-dire qu’on
1185 de succès dans nos différents parlements. Mais il serait insensé de crier victoire. La construction d’une Europe politique res
1186 suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t -il pas moins coûteux de soutenir des efforts constructifs, et de fina
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
1187 957)bi Chacun sait que les victoires anglaises sont nées sur le gazon d’Eton. Par un raccourci analogue, ne pourrait-on p
1188 nnes : la Première et la Seconde Guerre mondiale, sont nées dans nos manuels d’histoire ? Car le nationalisme belliqueux pui
1189 ? Car le nationalisme belliqueux puis totalitaire fut la cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationali
1190 re fut la cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationalisme fomenté par les campagnes napoléoniennes, m
1191 poètes « nationaux » du xixe siècle, ne pouvait être véritablement inculqué aux masses que par les manuels de l’école prim
1192 l’empreinte du parti pris nationaliste. Son siège est fait, ses préjugés sont acquis. Il interprétera tout selon ses souven
1193 is nationaliste. Son siège est fait, ses préjugés sont acquis. Il interprétera tout selon ses souvenirs scolaires, devenus p
1194 il ira répétant des « vérités évidentes » dont il est loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’e
1195 es ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nation dans laquelle il est né
1196 imples préjugés. Selon la nation dans laquelle il est né et les manuels de son enfance, il se dira contre la CED par craint
1197 quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’ être depuis longtemps, tandis que de puissants ennemis — très réels ceux-l
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
1198 ys de l’Europe (sauf la Suède et le Portugal) ont été dévastés par la guerre et les révolutions, la Suisse se retrouve en 1
1199 tinent. Cependant, le commerce avec les pays de l’ Est et la Russie est entravé par la fermeture presque totale de la fronti
1200 , le commerce avec les pays de l’Est et la Russie est entravé par la fermeture presque totale de la frontière entre l’Europ
1201 puissance politique, économique et militaire qui était autrefois celle de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’Est de
1202 le de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’ Est de notre continent (Pologne, Tchécoslovaquie, Allemagne orientale, Ho
1203 dans sa partie ouest et de l’URSS dans sa partie est . Elle est menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union eu
1204 artie ouest et de l’URSS dans sa partie est. Elle est menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union européenne f
1205 tats européens. Les buts des partisans de l’union sont d’une part, d’empêcher le retour de guerres entre les États européens
1206 ses seules ressources. La solidarité des nations est une nécessité vitale, dans cette seconde moitié du xxe siècle. 4.
1207 à Strasbourg et un Comité de ministres de 16 pays est formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’un organe con
1208 res de 16 pays est formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exé
1209 formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’ est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États q
1210 osent gardent toute leur souveraineté. Le Conseil est donc aussi faible que l’était la Diète helvétique avant 1848. Désiran
1211 veraineté. Le Conseil est donc aussi faible que l’ était la Diète helvétique avant 1848. Désirant une union économique plus ét
1212 , et créent ensemble un Marché commun dont le but est de supprimer progressivement les douanes qui les séparent. Ainsi se t
1213 i se trouve ouvert un vaste espace où le commerce sera libre. (Ce groupe de six pays est connu sous le nom de « Petite Europ
1214 où le commerce sera libre. (Ce groupe de six pays est connu sous le nom de « Petite Europe », mais il compte au total 165 m
1215 Suisse dépend de l’Europe Jusqu’ici, la Suisse est restée à l’écart du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont l
1216 art du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont les raisons de cette attitude réservée ? La Suisse occupe une positio
1217 ontre une éventuelle attaque atomique venant de l’ Est . Mais la neutralité militaire de la Suisse l’a empêchée d’adhérer à l
1218 l’Atlantique Nord, ou OTAN). De même, la Suisse n’ est pas devenue membre du Conseil de l’Europe lors de la création de cet
1219 lors de la création de cet organisme, craignant d’ être entraînée dans une politique contraire à son statut de neutralité. Ce
1220 son devoir de neutralité. Mais cette neutralité a été reconnue « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et ne peut
1221 intérêts de la Suisse et ceux de l’Europe entière sont inséparables. Résumé 1. Au lendemain de la Seconde Guerre mondi
1222 endemain de la Seconde Guerre mondiale, la Suisse est le seul pays intact au centre de l’Europe. Elle connaît une grande pr
1223 une grande prospérité. Mais cette prospérité peut être compromise par la crise européenne. 2. Les guerres de 1914-1918 et 19
1224 artagent l’Europe en zones d’influences. L’Europe est appauvrie par ses divisions douanières et par la perte de nombreuses
1225 nt. Les buts principaux de la fédération proposée sont d’empêcher les guerres en Europe, et de former un ensemble prospère e
1226 d’habitants. 4. Dès 1949, un Conseil de l’Europe est créé, à Strasbourg. C’est un organe purement consultatif. En 1951, la
1227 e créer entre eux un Marché commun. 5. La Suisse étant neutre ne peut adhérer aux alliances militaires des autres pays d’Eur
1228 ons économiques européennes. Ses intérêts propres sont inséparables de ceux de l’Europe entière. Questionnaire 1. Quel
1229 Questionnaire 1. Quels pays européens ont-ils été épargnés par la Seconde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers menacent n
1230 angers menacent notre prospérité ? 3. Quelles ont été les conséquences des deux guerres mondiales pour l’ensemble de l’Euro
1231 mondiales pour l’ensemble de l’Europe ? 4. Quels sont les pays européens dominés par l’influence soviétique ? 5. Pourquoi p
1232 nnes créées depuis 1949 ? 7. Pourquoi la Suisse n’ est -elle pas membre des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert-elle
1233 le », Genève, avril 1957, p. 43-47. bk. Le texte est précédé de l’introduction suivante : « L’expérience-pilote de Fribour
1234 rope. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous les autres chapitres du manuel do
47 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
1235 l ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mesurer
1236 en effet, sur 80 questionnaires envoyés, 43 nous sont revenus remplis, dans les délais prévus. Si l’on fait la part des emp
1237 tc.), on se réjouira de constater que ce résultat est largement supérieur à la moyenne obtenue par des enquêtes similaires.
1238 ifs sur la formule même du festival de musique se sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès 
1239 sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès ; elle montre à l’évidence que les problèmes pos
1240 les. Pour le meilleur et pour le pire, la musique est entrée dans nos mœurs quotidiennes, débordant infiniment les petits c
1241 e l’élite qui la cultivaient autrefois. Mais elle est devenue en même temps un facteur point du tout négligeable dans l’éco
1242 issant de familles et d’individus. Bref, ce qui n’ était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces d
1243 , ce qui n’était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces divers processus ne peuvent que s’accé
1244 C’est pourtant, à quelques nuances près, ce qui s’ est produit. Personne n’a récusé les formules proposées, ou n’en a suggér
1245 eaucoup les approuvent entièrement. Mais nombreux sont aussi ceux qui souhaitent : — soit d’atténuer l’insistance sur « l’ac
1246 Mais nombreux sont aussi ceux qui souhaitent : — soit d’atténuer l’insistance sur « l’accord entre les œuvres et l’ambiance
1247 ord entre les œuvres et l’ambiance des lieux », — soit d’accentuer les termes relatifs au « caractère expérimental » des fes
1248 e plaisir à Copenhague qu’à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg q
1249 joie à Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconie
1250 « consacré » prédispose au frisson wagnérien. Il est bien naturel que les exemples de Salzbourg, de Bayreuth, d’Aix-en-Pro
1251 l en tant que fête, car le cadre et l’ambiance ne sont pas séparables de l’atmosphère festivale ou fériale. Mais le cadre et
1252 s le cadre et l’ambiance, pour nécessaires qu’ils soient , ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage,
1253 our nécessaires qu’ils soient, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage, ou l’esprit d’une cité,
1254 te une série de festivals véritables ne sauraient être définis par un rapport sensible entre les œuvres et le cadre physique
1255 le entre les œuvres et le cadre physique où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’est pas créée par la nature extér
1256 où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’ est pas créée par la nature extérieure des lieux mais par la nature inter
1257 homogène » selon la suggestion de Willi Reich. Ce serait donc ici le « caractère expérimental » qui définirait l’atmosphère sp
1258 tre, et peut suffire sans l’autre. En fait, elles sont juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci n’aur
1259 ence matérielle pour les festivals, et qu’il peut être envisagé, comme l’a fait Enrique Franco, sous l’angle d’une éducation
1260 a musique chez d’autres… Le problème d’un jury est posé Formuler une définition « idéale et normative » du festival n
1261 définition « idéale et normative » du festival n’ était pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il impo
1262 permet tout au plus de constater que la question est désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait a
1263 osée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de prendre cette idée au pied de la let
1264 ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de prendre cette idée au pied de la lettre, dans un esprit
1265 ée : qu’ils viennent juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas position sur
1266 nitive des festivals, ni rassembler tous ceux qui sont dignes du nom. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’y ont pas
1267 es (bizarres) pour son indépendance, un troisième est encore un peu jeune, etc. L’Association n’est rien de plus qu’un club
1268 ème est encore un peu jeune, etc. L’Association n’ est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un
1269 . L’Association n’est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé
1270 Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un
1271 t communément admis que l’essence d’un club est d’ être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, m
1272 e ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, mais un syndicat recruteur ou quelque société secrète.
1273 it cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Eu
1274 réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement histor
1275 eux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mais en
1276 nèse, mais encore essentiellement dans sa nature, étant née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui
1277 e de la musique ; et d’autre part, que la musique est l’expression la plus profonde et spécifique du génie propre de l’Euro
1278 re unité fondamentale. Unité dans la diversité, —  est -il besoin de le répéter ? Saisir ensemble ces deux termes que la logi
1279 r ensemble ces deux termes que la logique oppose, est un mouvement, un geste de l’esprit, caractéristique de l’Europe. Voil
1280 roisième paragraphe de notre questionnaire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ait cherché à le résoudre d’une ma
1281 e majorité de nos correspondants suggère qu’elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. C
1282 qu’elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. Cela ne résout, bien entendu, aucun probl
1283 ival sans renoncer à son caractère international, est le souci normal de toute entreprise européenne digne du nom. Ceci dit
48 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
1284 propagande, cet essai vise à situer l’aventure qu’ est encore le Marché commun, dans la perspective générale d’une politique
1285 ux doit paraître prochainement en librairie. Il s’ est librement inspiré des débats et des conclusions de cet important grou
1286 Que se passerait-il si les frontières économiques étaient supprimées dans toute l’Europe ? » À mi-chemin entre le cours précis
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
1287 spoir de « trouver » l’expérience, cette aventure étant sans précédent. Pour le reste, voici l’histoire, réduite à sa chronol
1288 de Madariaga la préside, et ses trois commissions sont dirigées par le recteur de la Sorbonne, Jean Sarrailh, l’ancien minis
1289 terme des travaux, quatre résolutions maîtresses sont adoptées : création du Centre européen de la culture, du Collège de l
1290 d’hui34.   1950. Le Centre européen de la culture est inauguré à Genève le 7 octobre par M. Salvador de Madariaga, présiden
1291 .   1952. Rédaction de 25 plans de causeries, qui seront publiés par la Campagne européenne de la jeunesse en sept langues. — 
1292 méditation, où les problèmes de l’homme européen seraient débattus par les plus hautes compétences, en vue de définir de larges
1293 nne — que tant d’autres ont fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l’Euro
1294 s dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même, à ses risques et péri
1295 périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait être réalisé sans plus attendre, avec les moyens disponibles, détermina bi
1296 États, auxquels l’Assemblée de Strasbourg, dès l’ été 1950, avait recommandé de soutenir le Centre. (Mais la seule Républiq
1297 te : c’était prévu dans la plupart des cas, et ce fut presque toujours heureux du point de vue largement européen auquel le
1298 se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est -il ? Une constatation de fait s’impose : au travers des années les pl
1299 n et pour notre mission particulière, le Centre s’ est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instrum
1300 des méthodes, créé des instruments de travail. Il est aujourd’hui la plus ancienne institution existante à l’échelle europé
1301 rès de La Haye puis la conférence de Lausanne, on sera frappé par la conformité des buts et des réalisations, si incomplètes
1302 des buts et des réalisations, si incomplètes que soient encore plusieurs d’entre elles, mais la séance continue. Regard su
1303 Marché commun des Six. Certes, le Marché commun n’ est qu’un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que
1304 ent d’attitude : les numéros spéciaux du bulletin sont demandés de partout, les propositions d’activités nouvelles affluent,
1305 l » peut servir à désigner (sinon à définir !), n’ est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités rée
1306 traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nulle
1307 ’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expérienc
1308 ces et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du Centre, à Gen
1309 2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’ est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire,
1310 planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissa
1311 cherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les o
1312 ous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et le
1313 sponibles et compétents. C’est dire que le moment est venu de former un Conseil des recherches européennes, reprenant d’une
1314 s faire accepter à lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’être politiques. C’est ici la nécessité
1315 es difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’ être politiques. C’est ici la nécessité de Relations culturelles européenn
1316 de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. ⁂ Telles sont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du
1317 oyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 34. Sur les 23 résol
1318 e la conférence de Lausanne, 12 ont abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’à
1319 ti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et coordi
1320 on finale , Genève, 1950. 35. Le reste du budget étant couvert par des dons privés, des subventions de fondations pour certa
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
1321 s, en vue de mettre au point des méthodes pouvant être généralisées par la suite. Deux de ces expériences sont déjà en cours
1322 énéralisées par la suite. Deux de ces expériences sont déjà en cours dans le Midi et le Sud-Ouest de la France. D’autres von
1323 Midi et le Sud-Ouest de la France. D’autres vont être lancées en Italie et en Grèce. Elles visent à former des cadres de re
1324 uropéenne en milieu populaire. L’objectif général était double. Il s’agissait d’une part d’expérimenter dans divers milieux s
1325 dres d’une action élargie. Un comité d’éducateurs fut désigné pour présider au choix et à la définition des expériences-pil
1326 périences-pilotes à entreprendre37. Les premières furent lancées dès l’automne 1956. D’autres vont s’y ajouter en 1958. La plu
1327 bvention spéciale de la Fondation Ford. Elles ont été prévues méthodiquement dans des milieux aussi variés que possible : t
1328 une généralisation ultérieure des méthodes qui se seront révélées les plus efficaces. C’est dire que les échecs possibles ici
1329 C’est dire que les échecs possibles ici ou là ne seront guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître en autom
1330 les expériences en cours, on comprendra qu’il ne soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une série de brèv
1331 s de cette action. De plus, le directeur du CEC a été chargé d’écrire le chapitre final d’un nouveau manuel d’histoire nati
1332 uisse, France, Belgique et Italie ; ils devraient être lancés dès la rentrée d’automne 1958. Haute-Provence (France)
1333 e souvenirs antiques (grecs et romains), mais qui était en voie de dépeuplement, voir si l’on peut donner à ses habitants une
1334 expérience se poursuit. Des rapports trimestriels sont envoyés au CEC. Une réunion aura lieu au printemps, groupant les resp
1335 on. Le CEC a initié une enquête sociologique, qui est conduite par le Prof. Lajugie (de Bordeaux), directeur de l’Institut
1336 résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan, est en cours de rédaction. En 1958, l’action éducative européenne pourra
1337 on. En 1958, l’action éducative européenne pourra être entreprise sur ces bases. Santu Lussurgiu (Sardaigne) Objecti
1338 iculier le Marché commun). Exécution. L’action a été lancée à l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 août 1
1339 e », organisé par le mouvement « Communita » (qui est chargé de conduire l’expérience) et avec la participation de représen
1340 , de France, d’Italie, d’Autriche et de Belgique, soit vingt-deux participants et cinq conférenciers (MM. H. Brugmans, R. Br
1341 t qui doit les animer. Des possibilités nouvelles sont apparues, notamment en Allemagne et en Autriche, pour le développemen
1342 Les seuls résultats définitifs acquis jusqu’ici sont ceux de Fribourg, qui montrent qu’une expérience réussie se prête aus
1343 se. L’efficacité des autres expériences ne pourra être jugée qu’en 1959, au moment de rédiger le rapport final. D’ores et dé
1344 Deux numéros spéciaux du Bulletin du CEC ont déjà été consacrés aux problèmes éducatifs : Pour une éducation européenne (
1345 6) et L’Europe et l’École (avril 1957). Ils ont été largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-pilot
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
1346 de Grande-Bretagne (Weidenfeld & Nicolson), s’ est réuni à Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association ay
1347 es problèmes d’ensemble de l’Europe. Ces ouvrages seront publiés simultanément en sept langues dès que l’association aura été
1348 nément en sept langues dès que l’association aura été complétée par l’adhésion d’éditeurs italiens, hollandais et scandinav
1349 et scandinaves. Le Centre européen de la culture sera le siège de l’association et de son secrétariat. Afin de faciliter l
1350 ion et auquel on ne connaissait pas de précédent, est aujourd’hui en bonne voie de réalisation. Une première réunion convoq
1351 ariat du pool — lequel prit le nom d’Editeuropa — serait assuré par le CEC, selon les directives d’un comité comprenant trois
1352 1958. Certains de ses volumes pourront également être publiés aux USA par les soins d’éditeurs-correspondants. Au cours des
1353 dants. Au cours des derniers mois, le programme a été mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq séri
1354 a été mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq séries de publications suivantes : a) Actualités eur
1355 t sur le vocabulaire de la science politique, qui seront fournis par le Conseil de l’Europe. La publication du premier volume
1356 ion du premier volume de la Collection européenne est prévue pour novembre 1958. L’ouverture du secrétariat du pool au CEC
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
1357 ès supérieur à celui des bulletins ordinaires. Ce sont ensuite le numéro spécial sur la Fondation européenne de la culture e
1358 tenu de ces indications, la formule du bulletin a été modifiée à partir de décembre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 pages
1359 numéros de 24 pages tirés à 3 000 exemplaires, ce sont désormais 6 numéros de 64 pages en moyenne, souvent traduits en plusi
1360 ensemble des activités du Centre, les cinq autres étant des numéros spéciaux consacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’en 1
1361 numéro L’Europe s’inscrit dans les faits mérite d’ être souligné. Première brochure exposant sous une forme condensée les div
1362 ans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesurée par les comptes rendus de presse, mais plus encore par les tr
1363 us encore par les très nombreux articles qui s’en sont inspiré, parfois littéralement, les conférences, et même les films do
1364 , et même les films documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été
1365 documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul ouvrage sur
1366 être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul ouvrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ouvrait
1367 e internationale et les instances officielles ont été unanimes à saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pour 19
1368 (avril). Trois manières de « faire l’Europe » se sont précisées au cours de ces dernières années : la méthode institutionne
1369 , associations professionnelles). Ces trois voies seront définies, comparées et discutées par les partisans les plus qualifiés
1370 -38. br. Texte non signé mais Denis de Rougemont est mentionné comme l’auteur dans le sommaire du numéro de ce bulletin.
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
1371 pour en tirer une énergie insoupçonnée. L’Europe est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au pro
1372 c une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (étendue, matières premières, population
1373 se (étendue, matières premières, population, etc. soit m), par une culture dont les effets induits se multiplient en progres
1374 faire l’Europe sans des Européens conscients de l’ être  : il s’agit donc de les former, et d’abord de les informer. 2. On ne
1375 pas faire l’Europe sans l’aide de sa culture, ce serait vouloir la faire sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre à
1376 Les principaux obstacles à l’Union de l’Europe ne sont pas dans les « faits » mais bien dans les esprits : c’est donc là qu’
1377 ice du moi douteur. Pour former un Européen, il n’ est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à la
1378 ’est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à la fois libre et responsable, doué de sens critique
1379 facilement liées au verbe « former ». Les hommes sont là, avec leurs caractères, coriaces ou mous. Pas question de pétrir u
1380 nt impliquent un cadre supranational : ce ne peut être utilement que celui de l’Europe, communauté de culture et de signific
1381 cation. Parfois aussi, le cadre optimum se trouve être local ou régional, mais il ne coïncide pas davantage avec les limites
1382 les grouper et qui appellent un effort commun ne sont pas nationales mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’à l’é
1383 ’études, etc., au cours desquels, si l’expérience est bien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en féd
1384 périence est bien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en fédéralistes pratiques, non point par choix s
1385 le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations sont trop petits et trop grands à la fois, étant inefficaces au plan mondi
1386 ations sont trop petits et trop grands à la fois, étant inefficaces au plan mondial et nuisibles au plan local, là où le jeun
1387 ganisme. L’information dont nous voulons parler n’ est pas une activité au jour le jour, suivant pas à pas l’événement, mais
1388 société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’ est pas simple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’est pas justic
1389 imple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’ est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, ma
1390 moderne avec une rigueur inflexible, sans qu’elle soit pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ; mais
1391 (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renversement de la conjoncture mondiale. L’Europe
1392 r les grands empires et les grandes unions qui se sont dressés de toutes parts depuis 1945 ; mais se montrant incapable de r
1393 tion dont les produits, mais non pas les valeurs, sont répandus sur toute la Terre, imités et copiés par tous les peuples. O
1394 et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une part sont retournés contre l’Europe, d’autre part menacent de dévaster les cult
1395 l’URSS d’un quart de la population européenne à l’ Est , qui dans sa grande majorité souhaite sa libération, c’est-à-dire son
1396 elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population
1397 s sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population des USA et une fois et demi celle de l’URSS,
1398 sation et le mode de vie des Européens quelle que soit leur nation présente, par contraste avec les modes de vie, de pensée
1399 ciens et des mécènes de la culture. Mais le CEC n’ est pas seul à travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’insti
1400 lème européen dans huit de nos pays (leur liaison étant assurée par le secrétariat de l’AIEE au Centre). Deux grandes associa
1401 ux grandes associations européennes d’enseignants sont à l’œuvre, l’une groupant les maîtres secondaires et primaires, l’aut
1402 si importante de réviser les manuels d’histoire a été assumée par plusieurs sociétés nationales de professeurs, sous l’impu
1403 ’Internationales Schulbuchinstitut, dont le siège est à Brunswick. Cependant que les comités culturels et les départements
1404 autres revues dès le début de cette année, semble être dans l’air. Un tel Conseil serait le couronnement de la méthode que n
1405 tte année, semble être dans l’air. Un tel Conseil serait le couronnement de la méthode que nous exposons — et pratiquons. A
1406 Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’E
1407 S’il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que la ba
1408 ses ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’ est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les man
1409 est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les manuels d’histoire nationalistes. Répétons-le : les p
1410 e : les principaux obstacles à l’union nécessaire sont dans les esprits (non les faits) et c’est là qu’il faut les combattre
1411 eu. En revanche, les meilleurs atouts de l’Europe sont ceux que lui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les d
1412 ssance aient pris au sérieux ce grand fait. Il ne serait donc pas réaliste d’exposer la méthode culturelle sans définir la nat
1413 . Nous pensons que les vraies chances de l’Europe sont dans la liberté, non dans la force des choses. Or la liberté relève d
1414 , se reproduit dans le camp de la liberté, car ce sont en réalité nos matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la
1415 ’enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement battus dans la compétition mondiale du xxe siècle, pui
1416 ion et la culture, forces principales de l’Europe sont scandaleusement négligées dans nos budgets publics et privés38. Les É
1417 éfendre « la cause de la liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé
1418 é » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la
1419 est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de l’Eur
1420 éé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne sont pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni même
1421 des objectifs prochains de la méthode culturelle est donc de mobiliser les moyens matériels désormais requis pour l’éducat
1422 ssements dans le domaine culturel ne doivent plus être inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mais à celui de l’int
1423 e. Cette révolution dans la conscience bourgeoise est commencée. Maintenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
1424 958)bt Les méthodes que l’on vient d’exposerbu sont difficilement comparables ; elles se meuvent sur des plans différents
1425 nt des moyens de pression requis, c’est risquer d’ être inefficace, non politique, et à l’extrême : de perdre au nom de nos r
1426 s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous est -il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que feron
1427 ront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’ Est  ? 3. La revendication d’une Constituante élue exprime l’impatience la
1428 ans pour convaincre le « peuple européen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas tout
1429 ropéen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude effic
1430 résence de ces contradictions, nous paraît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits suiva
1431 . Je connais les nécessités de la propagande, qui est action, et qui exige des choix sans équivoque, voire des partis pris
1432 l recherche en tout l’optimum, qui ne peut jamais être obtenu par la suppression d’une des réalités antinomiques, ni par son
1433 stes jugeront toujours que l’attitude fédéraliste est un compromis impensable. Mais notons que leurs « succès » alternés n’
1434 de la logique des contradictoires. Elle pourrait être définie par cette formule : les contraires ne s’excluent pas, mais s’
1435 artis, routiniers à gauche autant qu’à droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé la bombe H, laq
1436 ècle, tant militaire que politique. Or la bombe H est née d’une méthode de pensée et de calcul antinomique. Si l’on n’arriv
1437 ux exclusives formelles du xixe siècle, que Marx fut le premier à dépasser par son application de la dialectique aux faits
1438 Du point de vue fondamentalement européen qui est celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt éducati
1439 ir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire q
1440 été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le
1441 e leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’existent que dan
1442 parlements. Non seulement nos méthodes ne peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’efficacité, comme si nulle a
1443 ait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avouera incapable de soutenir les procès en paternité qui
1444 ’Europe fédérée. On pourrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage
1445 rrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel que l’Assem
1446 des mêmes attributions constituantes, à ratifier soit par les parlements ou par les peuples des États, soit par le peuple e
1447 par les parlements ou par les peuples des États, soit par le peuple européen dans les divers États. Là-dessus les uns disen
1448 utres répliquent : — Vous voulez une union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux
1449 Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les fédéralistes dominaient l’opinion et la vie politique. De
1450 itique, dans une démocratie qui « joue ». Mais ce sont vingt partis, dix-huit États, et d’innombrables groupes économiques,
1451 our de nous, tels que la libération des pays de l’ Est , la transition du régime colonial à l’autonomie ou à l’association fé
1452 s fédéralistes. La multiplicité de ces mouvements était peut-être inévitable. Elle ne deviendra fatale — au double sens du mo
1453 tique domine tout. Or c’est là justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Not
1454 s et rayonne dans le monde entier. Mais tout peut être compromis par l’échec de l’union politique. C’est dans cette perspect
1455 s mouvements et groupes de toute nuance cessera d’ être « impensable » — comme beaucoup le croient encore — dès l’instant qu’
1456 roient encore — dès l’instant qu’on verra qu’elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès de Montreux, 1947, su
55 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
1457 58)bv bw Le présent numéro du Bulletin du CEC est entièrement consacré aux problèmes posés par l’enseignement européen
1458 res « européistes » en présence de ces problèmes, soit  : — les rapports préparatoires, — un résumé des débats, — le texte de
1459 circonstances et les objectifs du groupe d’études sont exposés dans l’allocution de bienvenue que prononça au début des trav
1460 : on ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce serait faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce serait faire autre chose q
1461 serait faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce serait faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse p
1462 suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’ est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé
1463 èlent conformes ou non aux décisions qui pourront être prises ailleurs, et qu’il vous appartient d’influencer, si toutefois
1464 es européennes, à Turin, le 31 mai, lecture ayant été faite du communiqué des trois communautés du 20 mai relatif à la créa
1465 f à la création d’une Université européenne, il a été décidé : — de réunir une conférence sur cet objet au mois d’octobre —
1466 aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un délai de
1467 s croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’ était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! cette r
1468 ôtés, on nous a dit : — Attention ! cette réunion est prématurée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’en sera-t-il pa
1469 rée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’en sera-t -il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus t
1470 ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit aujourd’hui de savoir ce que vous
1471 de vos instituts et de vos chaires, si justifiés soient -ils, qu’au nom de votre expérience acquise et de votre foi dans l’uni
1472 s européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’attendre de vos r
56 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
1473 en Europe. La question envisagée dans ce rapport sera donc la suivante : comment répondre à ce double besoin ? Car c’est bi
1474 d’une Université européenne, idée qui ne cesse d’ être vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup.   2. Élimino
1475 athématiques ou la littérature) d’une manière qui serait plus spécifiquement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’ag
1476 des juristes ou des économistes, par exemple, qui seraient dits « européens » parce qu’ils auraient étudié tous les droits en us
1477 uropéens synthétiques. Elle a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une spécialité donnée mais qui, e
1478 stent en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce n’ est qu’au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si importan
1479 tour d’un maître. De tels instituts ou séminaires sont actuellement envisagés, en formation ou déjà formés, dans plusieurs d
1480 Avantages d’un regroupement 6. La solution est évidente : en groupant en un même lieu les Instituts envisagés pour —
1481 ar des facultés), les cours généraux sur l’Europe seraient communs pour tous les étudiants. Le même personnel administratif pour
1482 voquer l’idée d’une Université européenne devrait être envisagée de la manière suivante : 1° création de 4 ou 5 instituts d’
1483 ux problèmes à discuter. I. Un tel Centre devrait être ouvert en principe aux Européens de tous les pays membres de l’OECE.
1484 des Espagnols, Yougoslaves et Finlandais devrait être examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par exemp
1485 dais devrait être examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par exemple.) II. L’implantation du Centre dev
1486 ar exemple.) II. L’implantation du Centre devrait être étudiée en fonction des facilités matérielles (locaux, communications
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
1487 e la culture au xxe siècle. La notion de culture est récente. Aussi récente que la notion d’Art avec une majuscule, consid
1488 l’habileté technique, et celui qui exerce un art est un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romanti
1489 et celui qui exerce un art est un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui exerce u
1490 s à partir du romantisme, celui qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’est plus censé être seulement habile : il
1491 qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’ est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même
1492 art est appelé un artiste, et il n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe
1493 n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé est cel
1494 . De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé est celui qui a reçu et assimilé des notions générales et une méthode de
1495 ens celle de T. S. Eliot, selon lequel la culture serait ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’être vécue, « worth li
1496 it ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’ être vécue, « worth living ». Mais ce n’est pas seulement la notion, c’est
1497 d digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce n’ est pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en ce
1498 pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en ce sens que la diffusion de la culture au-delà des élites
1499 de la culture au-delà des élites traditionnelles est un phénomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactemen
1500 des élites traditionnelles est un phénomène qui n’ est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du dével
1501 nomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du développement de la technique. Jusqu’au mi
1502 ilieu du xixe siècle, l’éducation intellectuelle était confiée soit à des écoles privées, réservées aux enfants des classes
1503 siècle, l’éducation intellectuelle était confiée soit à des écoles privées, réservées aux enfants des classes sociales priv
1504 es aux enfants des classes sociales privilégiées, soit à des précepteurs. Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu
1505 ique de maîtres de l’art ou du métier. La culture était donc transmise par le milieu social ou par les praticiens. À partir d
1506 le dernier, les choses changent entièrement. Nous sommes en présence aujourd’hui de trois manières de diffuser et de transmett
1507 ’enseignement scolaire par des professeurs qui ne sont pas nécessairement des praticiens de leur branche. Il y a ensuite ces
1508 branche. Il y a ensuite ces moyens de culture qui sont le livre, le disque, la radio, la télévision et le cinéma. Il y a enf
1509 ce d’aura qui entoure le phénomène culturel, sans être elle-même de la culture. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cett
1510 urel, sans être elle-même de la culture. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « culturels 
1511 qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent
1512 tte aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils de
1513 orique. L’innovation la plus importante me semble être celle qui intervient sous nos yeux dans le domaine de la consommation
1514 mmation de la culture. Je répète que ce phénomène est contemporain du développement de la technique ; peut-être même en est
1515 développement de la technique ; peut-être même en est -il la conséquence. Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’ai
1516 ode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que les esprits créateurs resteront toujours peu nombreux, et r
1517 reux, et relativement isolés. Mais qui sait s’ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’hier ? Le grand nombre de vedet
1518 sion, le cinéma, le disque et le journal, mais il est certainement permis d’y ajouter le livre, dès qu’il devient assez bon
1519 ès grands tirages. La grande question qui se pose est de savoir dans quelle mesure les esprits soucieux de maintenir un jus
1520 ibution sur le seul intérêt commercial. Le danger serait qu’ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’il
1521 et de stimuler les goûts du grand public. Quelle est à cet égard la situation actuelle ? Justifie-t-elle le pessimisme à l
1522 Le microsillon, créé aux États-Unis en 1946, ne s’ est guère répandu en Europe qu’à partir de 1950. C’est donc une industrie
1523 ut à fait nouvelle. Les premiers microsillons ont été consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres dites
1524 quelques spécialistes avaient lu les manuscrits, soient maintenant connus et aimés par des milliers d’auditeurs nouveaux. On
1525 icrosillons en 1954, mais 35 millions en 1957. Il est facile d’imaginer que ces millions de disques ont contribué à prépare
1526 ite masse invariable, ou même décroissante. Quels sont les faits ? Je vous citerai l’expérience des guildes du livre. J’ai a
1527 des libraires. Bien d’autres guildes du livre se sont créées dans toute l’Europe. Trois en France, totalisant près de 400 0
1528 de volumes vendus à 1 mark ou 1,50 mark. Et quels sont les auteurs les mieux vendus de la série ? 1. Thomas Mann, 2. Thornto
1529 n et la consommation culturelles, au xxe siècle, sont devenues d’immenses affaires et forment une branche importante de l’é
1530 timisme et responsabilité. Les motifs d’optimisme sont nombreux et solides, nous en avons administré les preuves. Quant à sa
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1531 Editeuropa (septembre 1959)bz Il est clair qu’on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la
1532 re que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer le même historique, que reg
1533 national : or il manque en partie son but s’il n’ est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret qu
1534 ème concret qui se pose à l’écrivain « européen » est donc de trouver les moyens d’atteindre vite, et simultanément le publ
1535 l’éditeur, il consiste d’abord à découvrir ce qui est valable et neuf dans l’abondante littérature provoquée par les plans
1536 ion, ensuite à s’assurer que les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une audience internationale, condition de leu
1537 rsiers, de leurs congrès et de leurs séminaires n’ étant pas soutenus à l’échelon national comme les autres travaux spécialisé
1538 pays mais leur langue42. Les objectifs de ce pool sont définis par les statuts signés au mois de septembre 1958, à l’occasio
1539 ope ». La présidence de l’assemblée générale doit être exercée tour à tour, pour un an, par chacun des membres du pool. Le s
1540 n, par chacun des membres du pool. Le secrétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’auto
1541 crétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la charge d’étudier les p
1542 de fond, livres d’art illustrés. D’autres séries sont à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvra
1543 éries sont à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvrages d’intérêt général européen simultanémen
1544 e part, la qualité littéraire ou intellectuelle n’ est plus seule suffisante, et qu’il faut y ajouter l’exigence d’une signi
1545 eul pays, mais dans huit au moins. Tel livre peut être excellent en soi, et très « vendable », mais s’il n’apporte pas de co
1546 rage publié par la Collection européenne risque d’ être une « panne » totale dans tel pays, même s’il est un succès dans plus
1547 tre une « panne » totale dans tel pays, même s’il est un succès dans plusieurs autres. D’où la nécessité d’un règlement trè
1548 ssociation. Pour réelles et inévitables qu’elles soient , ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les a
1549 du pool peut offrir : aux auteurs, l’assurance d’ être traduits simultanément dans nos principales langues, moyennant un seu
1550 résultant d’un lancement international. Peut-être est -il permis d’imaginer que si le pool Editeuropa surmonte avec succès l
1551 recteur éditorial, tandis que M. Hjalmar Pehrsson est chargé au CEC du secrétariat du département des publications. bz. R
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1552 storique se trouve une philosophie implicite, qui est surtout dangereuse lorsqu’elle reste inconsciente. » Depuis cent ans,
1553 . » Depuis cent ans, l’enseignement de l’histoire est dominé par une doctrine le plus souvent informulée, que l’auteur défi
1554 Brugmans pose trois questions : Premièrement : Est -il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et
1555 ièrement : Est-il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et, dans une certaine mesure, « idéal », d
1556 dant dans la nuit des temps » ? — Troisièmement : Est -il permis de séparer le phénomène national de son contexte général et
1557 de son contexte général et de l’isoler comme s’il était le phénomène déterminant qui, à lui seul, expliquerait l’histoire ?
1558 non aux trois questions ; il établit que l’Europe est antérieure à ses nations (qu’elle seule explique et non l’inverse), e
1559 s, dont l’apport trop souvent méconnu (pour avoir été trop souvent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes que l’on s
1560 surde par les propagandes que l’on sait), vient d’ être replacé dans sa plus juste perspective par G. de Reynold ; et il dist
1561 ie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’ est constituée aux xie et xiie siècles », et Marc Bloch écrivait que « 
1562 siècles », et Marc Bloch écrivait que « l’Europe fut une création du haut Moyen Âge ». Enfin Reynold appelle chrétienté, c
1563 n lui « la déformation de l’Europe ». Quelles que soient leurs variations d’un ou deux siècles dans l’appréciation de l’époque
1564 rmation du Saint-Empire, par exemple, c’est qu’il est Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer à
1565 i lui permet de se placer à un point de vue qui n’ est ni français ni germanique, ni latin ni anglo-saxon, quant aux préjugé
1566 voqués dans les littératures les plus variées. Il était important que l’on écrive en français une histoire qui situe l’évolut
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1567 orral plus d’actualité, Reynold et Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul n’est plus solide, plus convaincant, moins
1568 t Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul n’ est plus solide, plus convaincant, moins discutable que Gollwitzer. Sa ma
1569 eligieux et philosophique de l’époque ne pourrait être critiquée que par un marxiste « vulgaire » ou par quelque impatient p
1570 lque impatient propagandiste. Le lecteur allemand sera frappé par les étroites et nombreuses connexions que relève l’auteur
1571 e et la France. Le lecteur français, en revanche, sera surpris de découvrir à quel point la pensée romantique allemande est
1572 uvrir à quel point la pensée romantique allemande est nourrie de la Reichsgedanke, c’est-à-dire du mythe de l’empire, du Sa
1573 s — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien n’ est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1574 ue, et pour longtemps insurpassable, qui mérite d’ être lu par tous les militants de la fédération européenne, mais aussi par
1575 it bientôt dans toutes nos langues (comme il va l’ être prochainement en espagnol) ; et qu’une cohorte de chercheurs et d’éru
1576 ché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’une succession d’écrits s’inspirant les uns des autres, plutôt
1577 garde au titre et à l’objet même de l’œuvre, qui est de retracer la généalogie de l’idée (ou de la conscience) européenne
1578 égèse de chaque auteur, mais il garde le mérite d’ être complet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il co
1579 omplet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il comble, notamment, une lacune habituelle dans les ouvrage
1580 e qui ont leur importance pratique. Les citations sont données en italien, comme il est naturel ; mais leurs références renv
1581 . Les citations sont données en italien, comme il est naturel ; mais leurs références renvoient trop souvent à des traducti
1582 fourmille de fautes. Les noms slaves et allemands sont le plus souvent mal orthographiés (Leszezinski au lieu de Leczinski,
1583 ands (Metternich, Goethe, Leibniz, etc., etc.) ne sont pas groupés sous V, comme il arrive dans les index américains, mais r
1584 rence, précisément. Au reste, l’œuvre de Curcio n’ est pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusions,
1585 rait. L’idée de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière
1586 urope… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit , c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire et une manière de la v
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1587 1959)cd « Créatrice par excellence, l’Europe s’ est créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses propres m
1588 al, professeur à l’Université de Madrid. L’auteur est de l’école d’Ortega : c’est dire qu’une vision poétique, imaginative,
1589 z lui l’érudition et la documentation — si vastes soient -elles — et cherche à saisir par l’intuition et par la sensibilité aux
1590 ter. A-t-on remarqué que les génies systématiques sont régulièrement amenés à des conclusions pessimistes sur les destins de
1591 destins de notre Europe ? Je crois bien que Hegel est la seule exception, qui persistait à voir dans l’Europe « la fin de l
1592 u contraire, tient que « la mission de l’Europe n’ est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’est réduite elle-même p
1593 est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’ est réduite elle-même par l’extension des autres, qu’elle seule a permise
1594 de la civilisation qu’elle a exportée, et cela n’ est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltation romantique dans cett
1595 nique, comme avant lui, les réalités spirituelles sont la « vraie vie » dont parlait Rimbaud, trois fois cité en épigraphe à
1596 lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’ est -il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne, a
1597 uxquels s’égale Diez del Corral ? Seul Valéry sut être aussi profond sans pédantisme. cd. Rougemont Denis de, « [Compte r
63 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1598 t la critique : c’est la propagande. La troisième est l’éducation, qui est le contraire de la propagande parce qu’elle déve
1599 la propagande. La troisième est l’éducation, qui est le contraire de la propagande parce qu’elle développe le jugement, et
1600 ne en milieu populaire et scolaire. Ce plan avait été établi par un comité ad hoc d’éducateurs, réuni sous les auspices de
1601 ences. Un an plus tard, les travaux préparatoires étaient terminés : choix des régions, communes ou circonscriptions scolaires,
1602 milieu populaire (Val d’Aoste et Grèce) devaient être suspendues par suite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ Ce son
1603 uite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ Ce sont les comptes rendus des neuf expériences conduites à leur terme de 195
1604 era réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collective les
1605 enquêtes ou qui en ont résulté, les références en seront données au cours des divers rapports qui forment le présent bulletin.
1606 œuvre, puis les résultats fort variables qui ont été obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre de conclu
64 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1607 sables. Nous voulions expérimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à des pousses mi
1608 ait pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ceux de l’homéopathie, permettant d’inciter — non de fo
1609 des tissus sociaux. Similia similibus. Au total, sommes -nous satisfaits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que cert
1610 ourrait sembler que certains succès ou échecs ont été obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la mes
1611 s ont pris, et que telle méthode, désormais, peut être généralisée : ainsi dans le domaine scolaire. Oui, encore et surtout,
1612 savons qu’une action persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abor
1613 e, par le moyen de cette publication, ce qui peut être fait et ce qu’il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le
65 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1614 Trois initiales, ou raison d’ être et objectifs du CEC (1959-1960)cg Notre nom même provoque générale
1615 is questions, très normales et très légitimes, ce sera définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit
1616 gitimes, ce sera définir du même coup la raison d’ être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s
1617 , l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’ est donnés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’être un mot vagu
1618 nés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’ être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez di
1619 ULTURE a la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négli
1620 Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La
1621 sultent d’actes culturels, — artificiels. L’homme est cet animal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeur
1622 imal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine de l’humain ; doma
1623 lettres, ou de quelque activité précise. Le terme étant entré dans l’usage courant, dès la fin du siècle dernier, on l’oppose
1624 propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position dans le déb
1625 uvres nouvelles et d’inventions ; la civilisation étant plutôt l’ensemble ou le système des résultats sociaux, à la fois maté
1626 s règles du sacré ou les décrets de la politique, est un concept typiquement européen. Et cela seul peut expliquer ce grand
1627 ous d’autres formes purifiées et libérales — ce n’ est rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la cul
1628 et créateur de la culture, à faire voir qu’elle n’ est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En effe
1629 chnique et donc des sciences ; or les sciences ne sont nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du comple
1630 e, et de son dynamisme aventureux.   EUROPE, qui fut d’abord un mythe sémite et grec, puis une définition géographique — l
1631 reux, le pays du couchant, part de Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de cultur
1632 , l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant
1633 aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question mal posée. Car une culture
1634 te question mal posée. Car une culture ne saurait être définie par des bornes-frontières et un cordon douanier, mais seuleme
1635 ce de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel e
1636 dentel et temporaire en Europe de l’Ouest et de l’ Est , en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la reche
1637 end d’un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous tr
1638 coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que
1639 ssion, nous savons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, g
1640 — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institut dont l
1641 r libre de tous liens un Institut dont la mission est justement de voir plus loin, de préparer le terrain pour une plus vas
1642 préparer le terrain pour une plus vaste union. Où sont les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient
1643 les majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils
1644 les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs routines. C’est don
1645 les plus divers et les plus éloignés ; et qui pis est , toutes ces images apparaissent particulièrement incompatibles avec l
1646 pposent la notion de « cultures nationales », qui est aussi fausse en fait qu’en droit. La culture à la fois antique, chrét
1647 que, chrétienne, critique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de
1648 é » par rapport aux voisins européens. Certes, ce sont des Européens surtout qui viennent de fabriquer la première Bombe, pa
1649 nent de fabriquer la première Bombe, parce qu’ils étaient ensemble… en Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer de fonds
1650 Cinq ans plus tard, 1955 : l’idée de coopération est entrée dans les mœurs, même culturelles. Les associations se sont mul
1651 les mœurs, même culturelles. Les associations se sont multipliées : Instituts de recherches nucléaires, d’enseignement euro
1652 tes, hygiénistes, pédagogues, sportifs même… Nous sommes sur la bonne voie. Mais deux dangers subsistent : les centres de coor
1653 ngers subsistent : les centres de coordination se sont multipliés au point de poser à leur tour un grave problème de coordin
1654 ropéens. L’action du CEC, en tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu
1655 t ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison
1656 ible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’ être de l’institution — pour ceux qui savent, tout au moins ; plus raremen
1657 eux qui savent, tout au moins ; plus rarement, il est vrai, aux yeux d’un grand public indifférent à la culture. ⁂ En 1960,
1658 encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’ être d’une institution de ce genre n’existe pas en théorie, mais qu’elle r
1659 l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’ est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités rée
1660 traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nulle
1661 ’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expérienc
1662 ces et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du CEC se trouve
1663 2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’ est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire,
1664 planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissa
1665 cherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les o
1666 ous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et le
1667 s faire accepter à lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’être politiques. Et l’avenir de l’écono
1668 es difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’ être politiques. Et l’avenir de l’économie, désormais mondiale, que l’Euro
1669 de sa vocation, et donc ouverte au monde. Telles sont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du
1670 ougemont Denis de, « Trois initiales, ou raison d’ être et objectifs du CEC », Bulletin du Centre européen de la culture : « 
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1671 ci Les deux fins de toute éducation Quel est le but de l’Éducation pour les Européens du xxe siècle ? Et spéciale
1672 es de classes du primaire et du secondaire ? Nous sommes ici dans une Europe en train de s’unir, face à un monde transformé pa
1673 soi. Et en effet, durant des siècles, ces fins n’ étaient guère contestées : un accord général existait quant à savoir sur quel
1674 idu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc, du chevali
1675 s du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée
1676 omme. Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle est -elle ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogi
1677 me unique que je me pose ici, et je crois qu’il n’ est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un Marc-Ant
1678 tout change. La transmission des connaissances n’ est plus initiation mais instruction publique, c’est-à-dire communication
1679 pe de nullité le rite. En Europe au contraire, il est courant que le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’il v
1680 pour adopter l’autre, et que par suite l’autorité serait quelque chose de « périmé », de « réactionnaire », et en tout cas, de
1681 n tout cas, de condamnable, tandis que la liberté serait moderne, progressiste et louable en tous les cas. Car en fait toute é
1682 x éléments à doses variables. Autorité et liberté sont aussi nécessaires à la vie de l’Éducation que la diastole et la systo
1683 ivers types d’hommes qu’elle entend former. Quels sont , dans l’Occident moderne, ces types d’hommes ? Trois tendances pri
1684 ns large du mot, trois régions bien distinctes se sont dessinées au cours du second tiers du xxe siècle : l’Europe, l’URSS
1685 ne crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Améri
1686 u’aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les emp
1687 uer avec lui comme il leur plaît. L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un p
1688 ît. L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un plus facile, un plus « moderne 
1689 porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pousse le respect de l’individualité enfantin
1690 ns : si la formation intellectuelle qu’elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend pas moins p
1691 es droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses ép
1692 ités et 510 sous-spécialisations. Le plan d’étude est rigoureusement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’a aucun dr
1693 du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours apr
1694 trois ans. Après quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctor
1695 res 25 années, trois sur quatre des candidats ont été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins du
1696 nt été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins du Plan, c’est-à-dire les besoins de la collectivit
1697 me dans les sociétés sacrées religieuses, où tout est prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratiq
1698 uses, où tout est prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dan
1699 Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Posons-nous cett
1700 s posés, il nous est plus facile de définir ce qu’ est la voie européenne. Posons-nous cette question très simple : Pourquoi
1701 Posons-nous cette question très simple : Pourquoi sommes -nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les res
1702 x excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux réglem
1703 nt européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
1704 Je vous accorde enfin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès a
1705 éricaine ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui, n’ était que de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands traits.
1706 stant la question : que faire ? où aller ? Tout a été réglé d’avance par le Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’el
1707 t qu’à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne, c’est-à-dire l’homme à la fois libre et responsable, lib
1708 la tendance axiale, normative, de notre politique est l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse fédéralisme) ;
1709 sage et la préparation à l’autonomie. Le principe est toujours le même : équilibre entre deux antagonismes, tension mainten
1710 marquez que la personne, telle que je la définis, est une réalité dialectique par définition : elle est la résultante de de
1711 est une réalité dialectique par définition : elle est la résultante de deux tendances antinomiques, la liberté et la respon
1712 berté et la responsabilité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ens
1713 lité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ensemble, et c’est cette
1714 rope et qui caractérise toute conduite méritant d’ être qualifiée vraiment d’européenne. La règle d’or de la culture européen
1715 rd l’amour du prochain comme de soi-même. Quel est le but de la discipline ? Prenez n’importe lequel de nos problèmes
1716 e. En fait la règle d’or veut que les contraintes soient conçues comme une préparation à la liberté, la discipline comme un ap
1717 rs enfants, et l’un d’eux répondit que sa méthode était de les dresser « comme des chiots ». Indignation de l’Américaine ! Or
1718 ne certaine immobilité pendant les leçons, que ce soit donc non pas en vertu de je ne sais quelle idée de « correction » for
1719 scolaire, que j’ai observées à mes dépens quand j’ étais sur les bancs de l’école primaire, en Suisse. 1° La discipline extéri
1720 en classe, tenue des cahiers, pas de bavardages — était conçue sur le modèle militaire (celui du drill, des alignements au co
1721 nement, élégance et précision de l’expression. Je suis un fervent partisan du rétablissement de la classe de rhétorique avan
1722 mauvaises manières (ou la gaucherie gouailleuse) étant moins pénalisées que ridiculisées. C’est le contraire qu’on observe e
1723 ffine ! ») 2° La plupart des instituteurs suisses sont victimes d’un goût dangereux de l’égalité intellectuelle et de l’homo
1724 s et l’honneur aux moyens. Si j’avais quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême disc
1725 i j’avais quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême discipline, politesse, tenue moral
1726 espect des meilleurs comme des cancres — Einstein fut un cancre à l’école, renvoyé pour indiscipline — et en revanche, de f
1727 autonomes. C’est dire que votre rôle d’éducateurs est beaucoup plus difficile et complexe que celui de vos collègues de l’E
1728 icile et complexe que celui de vos collègues de l’ Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est aussi plus passionnant. Là encor
1729 llègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à assou
1730 tarir les sources mêmes de sa créativité. Car il est bien connu que la science et la technique se nourrissent d’autre chos
1731 les plus grands savants novateurs de notre temps sont tous d’accord sur ce point. La poésie, la philosophie, l’imagination,
1732 losophie, l’imagination, l’inquiétude spirituelle sont plus créatrices, pour les sciences mêmes, que les cours de sciences e
1733 is plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles soient autoritaires ou libérales, actives ou fonctionnelles, traditionnelles
1734 e, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’ est capable de conduire assurément au But, mais n’importe laquelle, appli
1735 ut, peut y conduire, à la seule condition qu’elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fa
1736 et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez de bons éducateurs dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles
1737 s serez de bons éducateurs dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles à la réalité spirituelle, dialectique, antinomiq
1738 antinomique, dynamique de la personne. Ces termes sont abstraits s’ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à
1739 e la personne. Ces termes sont abstraits s’ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homme person
1740 n homme à la fois solitaire et solidaire. Le But étant donc la personne, c’est la réalité sentie de la personne qui doit nou
1741 de parabole, que je nomme la Parabole du But. J’ étais recrue dans l’armée suisse. J’apprenais à tirer. On m’avait enseigné
1742 mmé tir au galon, car la récompense des meilleurs était un petit bout de galon d’or sur la manche — on me négligeait dans mon
1743 sur la manche — on me négligeait dans mon coin, j’ étais un cas désespéré. Un jeune lieutenant, cependant, vint m’observer. « 
1744 rope le film Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas
1745 enir », Genève, 1960–1961, p. 1-11. ci. Ce texte est issu d’une conférence prononcée à l’aula de l’Université de Genève, l
67 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1746 le régime démocratique exige, pour fonctionner, d’ être compris par la majorité des habitants du pays où il règne. Dans la me
1747 où il règne. Dans la mesure où il fonctionne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’est pas conforme à sa définition.
1748 onne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’ est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publique o
1749 Voilà pourquoi l’instruction publique obligatoire est née en même temps que nos démocraties. Celles-ci méritent leur nom da
1750 lles-ci méritent leur nom dans la mesure même où, soit par l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autr
1751 eur nom dans la mesure même où, soit par l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autres moyens pratique
1752 l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autres moyens pratiques (campagnes électorales, partis, presse,
1753 peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pa
1754 ue cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs de Na
1755 les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon,
1756 la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se
1757 est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocra
1758 ne démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les S.A.
1759 ieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. Mais de quoi pouvon
1760 nal ? Il s’agit donc de voir en premier lieu quel est l’état actuel de l’enseignement civique dans nos pays ; en second lie
1761 qu’on va lire. Une telle enquête n’a pas besoin d’ être exhaustive ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise
1762 besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise qu’à situer le problème d’une formation c
1763 et à la compréhension internationale ». L’accent est mis sur la démocratie à instaurer, et sur le sens social. En Allemagn
1764 tions officielles, puisque chacun des onze Länder est autonome à cet égard. En Suisse, « il ne s’agit plus de persuader la
1765 t sur le sens des responsabilités, dont la source est dans la personne. La sécurité démocratique des Suisses les amène à « 
1766 on pays par rapport à l’ensemble européen dont il est une province. Problèmes communs et déficiences communes Ces var
1767 atation signifie que le régime actuel de nos pays est accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il n’apparaît pas co
1768 — et de constater en même temps que la situation est bien différente dans le reste du Monde. 2° Dans presque tous nos pays
1769 ans presque tous nos pays, l’enseignement civique est pratiquement limité à la description formelle des institutions politi
1770 e siècle. Tout se passe comme si la démocratie n’ était qu’un système de gouvernement et de droits individuels isolable de to
1771 ut contenu concret, comme si l’une de nos nations était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolable du reste du
1772 était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolable du reste du Monde — qui pourtant la met en question, ou parf
1773 e passe aux USA et dans les pays communistes de l’ Est . Aux USA : « Comment devenir un bon citoyen ? » Je prends un ma
1774 er. Celui-ci me demande dès la première ligne : «  Es -tu un bon citoyen ? » et passe aussitôt à l’examen des activités d’un
1775 ste : là où nos manuels diraient par exemple : Qu’ est -ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel améric
1776 exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’ est -ce que l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comment
1777 lyser les questions débattues ? » l’exemple donné est le suivant : Votre municipalité propose la création d’un aérodrome. V
1778 cipalité propose la création d’un aérodrome. Vous êtes pour, vous êtes contre, pourquoi ? Suit une analyse très vivante des
1779 la création d’un aérodrome. Vous êtes pour, vous êtes contre, pourquoi ? Suit une analyse très vivante des arguments avancé
1780 es nôtres se contentent de parler d’institutions. Est -ce à dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseigne
1781 ler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseignement civique du monde ? Les Am
1782 ur enseignement civique du monde ? Les Américains seraient les derniers à le prétendre. Lors d’un récent congrès de l’Unesco sur
1783 rogrammes existants : 1° Les réalités économiques sont encore trop négligées ; or, sans connaissances économiques, comment c
1784 voter intelligemment ? 2° Les faits présentés ne sont pas suffisamment rattachés à des notions générales (telles que l’inte
1785 is et directives générales concernant l’éducation sont discutées par les congrès du Parti et promulguées par le Soviet suprê
1786 e et le Conseil des ministres de l’URSS. Quel que soit le degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impossibl
1787 ré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impossible de conduire les classes de la même manière dans les neiges
1788 gricole de l’Ukraine), l’esprit de l’enseignement est partout le même, les méthodes sont les mêmes, le contrôle par une pol
1789 l’enseignement est partout le même, les méthodes sont les mêmes, le contrôle par une police spéciale est le même : il s’agi
1790 nt les mêmes, le contrôle par une police spéciale est le même : il s’agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’agit
1791 ictoires » économiques, scientifiques et sociales sont dues à son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est
1792 tion soviétique et des « droits » du citoyen (qui sont ses devoirs envers la « construction socialiste ») toutes les branche
1793 l’Est (DDR). Ainsi en Pologne : « Les programmes sont fondés sur le principe fondamental que l’évolution sociale est un pro
1794 r le principe fondamental que l’évolution sociale est un processus historique qui suit des lois déterminées… Les idées soci
1795 ions politiques, les théories et les institutions sont le reflet de l’existence matérielle d’une société donnée… La grande t
1796 insiste sur le fait que l’histoire d’une société est celle des classes laborieuses… (donc) des rapports de production48 ».
1797 mpte suffisant des réalités économiques ! Mais il est clair aussi que, dans ces conditions, le civisme réel n’existe plus,
1798 plus, la liberté de choix et d’opinion du citoyen étant réduite à l’acceptation ou au refus d’un système total, lequel nie to
1799 sur 15 heures de leçons d’instruction civique, 5 sont consacrées aux « fondements politiques de notre État », 6 aux « organ
1800 ernière : 3 heures sur le thème : « Le Socialisme est vainqueur », 11 heures sur « Le Socialisme – un ordre social assurant
1801 on touche du doigt la différence radicale entre l’ Est et l’Ouest. En effet, l’Ouest pourrait difficilement opposer à la doc
1802 e, et cela pour l’excellente raison que l’Ouest n’ est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. Au s
1803 ’est pas « capitaliste » de la même manière que l’ Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système rigid
1804 pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système rigide, c
1805 ’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’ est pas un système rigide, cohérent, unitaire, expliquant tout, de l’atom
1806 dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été , ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions int
1807 s d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’il est , et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives
1808 l a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être  ?). Conclusions introductives Ces quelques aperçus, je le répèt
1809 surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils en montrent,
1810 économiques et politiques de notre siècle peuvent être vues dans leurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’Est trou
1811 eurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’ Est trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant à connaître l’ensemble eu
68 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1812 fédéralistes européens. Au sortir de la salle, je fus présenté à un personnage d’âge indéfinissable, appuyé sur une canne,
1813 ui me dit avec un accent slave : « Votre discours était vraiment très bien, vous avez montré la voie, maintenant venez vous a
1814 note. (C’est mon dernier snobisme, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la même
1815 isions qu’à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire, je tenterai dans les pages qui suivent une
1816 fance heureuse et sans histoire, affirme-t-il. Il est élevé dans le patriotisme polonais et le catholicisme le plus strict.
1817 ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’être avant tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira
1818 dance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’ être avant tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t-il, il a découve
1819 oir une éducation idéalement européenne. Son père est mort lorsque Joseph avait 4 ans, et c’est un ami de la famille, le co
1820 son tuteur vigilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retin
1821 igilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retinger quitte C
1822 é-Maria Sert). Or le salon des Godebski se trouve être le cœur de la vie artistique et littéraire de la capitale. Vuillard,
1823 inables promenades nocturnes avec Fargue et Ravel sont maintes fois décrites dans ses notes. Léon-Paul Fargue « perpétuellem
1824 polonaise, dans laquelle la Porte étroite de Gide est traduite en polonais avant même de paraître en volume à Paris. Mais l
1825 paraître en volume à Paris. Mais la littérature n’ est pas sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite abandonn
1826 as sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite abandonnés : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que v
1827 littéraire sont vite abandonnés : « Quoi qu’il en soit , Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a
1828 i qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour André Gide en riant, après
1829 de « politicien privé » lui paraît seule digne d’ être retracée dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le tro
1830 ) et décide bientôt que l’Angleterre, après tout, est non seulement le pays dont le style de vie lui convient le mieux, mai
1831 tional ni sur le plan domestique. La partie russe est opprimée et sans voix ; la partie austro-hongroise est beaucoup mieux
1832 pprimée et sans voix ; la partie austro-hongroise est beaucoup mieux traitée, et une poignée de députés la représentent à V
1833 e Monarchie, un Conseil national polonais vient d’ être fondé par un groupe de patriotes résidant en Galicie. Il offre au jeu
1834 e. La principale activité de ce modeste organisme sera d’essayer d’attirer l’attention de la presse et de l’opinion sur l’ex
1835 onrad Au cours de ces mêmes années, Retinger s’ était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’il avait rencontré dès 1909. Or
1836 in dans son pays d’adoption. Retinger et sa femme furent durant ces années, les seuls Polonais à fréquenter sa maison, et à lu
1837 rire une pièce de théâtre avec Retinger. Le sujet fut aussitôt choisi : c’était celui de Nostromo, roman de Conrad qui se p
1838 Conrad qui se passe en Amérique latine. La pièce fut commencée cette nuit même, dans la plus grande excitation, et les deu
1839 e, aux yeux de Conrad. Le manuscrit, non terminé, fut déposé plus tard en Suisse, chez un ami, et Retinger note simplement
1840 , invita les Conrad et leurs deux fils à passer l’ été dans la propriété de sa famille. Accompagnés de Joseph, les Conrad qu
1841 possibilités s’offrant à moi à l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour même où éclatait une guerre « qui cachait
1842 emberg, où les leaders des Polonais de Galicie se sont réunis clandestinement. L’archevêque Bilczewski et les chefs des part
1843 sprit de parti et avec toute la hardiesse dont il sera capable ». On lui remet des documents signés par une vingtaine de hau
1844 e recommande au chef de la police de Lemberg, qui est Polonais. Celui-ci le reçoit fort aimablement, et lui indique que la
1845 ui donner un sauf-conduit pour se rendre à Vienne est le général Hoffmann, commandant la région de Lemberg. Il ajoute que l
1846 de Lemberg. Il ajoute que la préfecture de police est reliée par fil direct au quartier général, et là-dessus quitte le bur
1847 énéral, convaincu par ce geste que « Retinger » n’ est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être charg
1848 ai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la ligne
1849 et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’ être reçu immédiatement. Cet éclat réussit. On l’introduit chez un colonel
1850 l lui faut un visa pour la France, et que son nom est là, sur le passeport… Après beaucoup d’hésitations, le Colonel se rés
1851 « J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes -vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce passeport. — Que ferez-vous
1852 Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier à moi. — Avec tout l
1853 que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » « Notre conversation se poursuivit ainsi pendant quel
1854 ecourir les Polonais internés et d’obtenir qu’ils soient considérés comme Polonais, non plus comme Allemands ou Autrichiens. (
1855 s particulier qui lui fera toujours deviner quels sont les hommes qui vont l’aider et les milieux ignorés du public où résid
1856 anglais, étrangement ignorants des réalités de l’ Est , que le fait polonais peut revêtir une certaine importance politique,
1857 e. Le grand argument que Retinger va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans tro
1858 va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans trois armées belligérantes, et qu’au s
1859 u’au surplus, les descendants d’immigrés polonais sont plus de cinq millions en Amérique. Le rappel constant de ces chiffres
1860 e voir jusqu’à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts à prendre fait et cause pour les Alliés, si ceux-ci garantissen
1861 leçons décisives pour la suite de sa carrière. Il est intéressant de relever les motifs qu’il donne lui-même de son échec,
1862 « Je n’avais pas encore bien vu que la question n’ était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient êt
1863 voir de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’agissait de trouver ou de
1864 as comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce fut une chance pour moi de recevoir une telle leçon au début de mon activ
1865 allemande dans l’administration austro-hongroise est déjà trop profonde pour qu’une paix séparée ait des chances de se con
1866 séparée ait des chances de se conclure. Le projet sera donc abandonné, et Clemenceau plus tard pourra nier effrontément, dev
1867 s ses notes, si le rôle qu’il joua dans l’affaire fut aussi important qu’il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une man
1868 e, qu’il a négligé par la suite de le vérifier, n’ étant plus suffisamment intéressé. Il semble considérer cette aventure comm
1869 nt de constantes difficultés. Georges Mandel, qui est l’homme de Clemenceau, répand sur lui des bruits fâcheux. Lord Northc
1870 re de l’Intérieur. Je cite les notes : « Mr. Pams était sincèrement pro-polonais, et sincèrement amical avec moi, mais pas tr
1871 raint de vous expulser… Jeune et arrogant comme j’ étais , ma rage éclata et je dis : — Voulez-vous faire venir votre chef de c
1872 vous faire venir votre chef de cabinet. Lorsqu’il fut là, je le priai de consulter un horaire et de m’indiquer l’heure du p
1873 l’heure du premier train quittant la France. (Il était 11 h du matin.) — Il y a un train à 16 h pour l’Espagne. — Très bien,
1874 n départ, et à la Gare de Lyon j’eus le plaisir d’ être salué par les marquis de Castellane, de Dampierre, de Chambrun, Anato
1875 n jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distribuait
1876 mauvais état. Le capitaine du « Roger de Lluria » était un jeune peintre, le premier-maître un mathématicien, et le second-ma
1877 ont, un hangar abritait 30 vaches, dont plusieurs furent mangées durant le voyage. (J.H.R. note qu’au cours d’une tempête, il
1878 r son frère, professeur de chimie à Chicago, il s’ était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui res
1879 la réception, on lui apprit qu’en effet une somme était venue à son adresse, mais que les règlements empêchant de la garder p
1880 plus étranges de sa vie » (il omet de dire ce que fut l’autre) : lecteur à haute voix dans une fabrique de cigares, où les
1881 ifs fortuits et théoriques de son activité là-bas est venu s’ajouter, au cours des ans, un désir ardent et sincère de prête
1882 il déclara, pour mon intense satisfaction, que j’ étais le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique sans un sou
1883 que j’étais le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique sans un sou et en reparte sans un sou. C’est à quoi j
1884 es… » L’histoire de la nationalisation du pétrole est trop complexe en soi — et les notes de notre ami sur ce sujet trop in
1885 ques. On comprend donc pourquoi, lorsque Retinger fut pour la première fois consulté par le gouvernement, il conseilla sans
1886 prison De ces années mexicaines, deux épisodes sont rapportés avec quelque détail dans les Notes, et bien qu’ils perdent
1887 et bien qu’ils perdent beaucoup de leur saveur à être résumés, je crois bon de ne pas les omettre dans cette esquisse biogr
1888 ois avec Luis Morones et le groupe d’amis dont il était le chef. Ils formaient une sorte de société secrète de jeunes patriot
1889 organisation syndicale du Mexique, le fameux CROM fut leur œuvre. Grâce à eux, J.H.R. avait pu étudier de très près les con
1890 e, et Retinger, en buvant, comprend soudain qu’il est devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait voulu,
1891 due couverte de touffes de cactées. Ses vêtements sont en lambeaux, ses jambes en sang quand il atteint la route. Il ne voit
1892 i s’ensuivit. Un an plus tard, le général Obregon étant devenu président, les amis que Retinger compte dans son gouvernement
1893 e Noël 1921, le président confie à Retinger qu’il est entré en possession d’un très volumineux dossier (5000 pièces origina
1894 res du président Harding. Hoover seul, selon lui, sera capable de négocier et d’imposer une solution pacifique du conflit, s
1895 ts du Mexique. Les voies diplomatiques ordinaires étant loin d’être sûres, Retinger propose d’aller lui-même informer Mr. Hoo
1896 . Les voies diplomatiques ordinaires étant loin d’ être sûres, Retinger propose d’aller lui-même informer Mr. Hoover. Chargé
1897 ington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison, sans pouvoir communiquer avec l’extérieur p
1898 endant une semaine, et sans motif allégué, ce qui est contraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison de Ho
1899 rti du bureau du juge, dans le corridor, Retinger est de nouveau arrêté, sous l’inculpation cette fois-ci d’être une charge
1900 ouveau arrêté, sous l’inculpation cette fois-ci d’ être une charge pour l’administration américaine. Il a beau déclarer qu’il
1901 ministration américaine. Il a beau déclarer qu’il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lui a pr
1902 e quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et cherchent à le faire libérer sous caution. Le juge exige 5
1903 our 15 000 dollars. Il laisse même entendre qu’il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Retinger
1904 r ne puissent plus payer. Les intérêts pétroliers sont prêts à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs
1905 Enfin, après un nouveau mois de cachot, Retinger est relâché sans un mot d’explication ni d’excuse, traverse la frontière
1906 et l’Amérique officielle, auquel il a travaillé, sera réalisé à la faveur du changement d’administration à Washington et gr
1907 l’action propre de Retinger dans la vie syndicale fut conforme à sa vocation la plus constante : établir des relations inte
1908 eil national socialiste de Pologne, bien qu’il ne soit pas membre du parti ; diverses démarches dans le cadre de l’Internati
1909 00 hommes, commandées par le général Sikorski, se sont battues en Alsace et en Norvège jusqu’au printemps de 1940. La divisi
1910 ef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’ est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération syndicale
1911 ns de chef, en son instinct politique. Le général est redevenu président du Conseil en exil. Retinger sera désormais son co
1912 t redevenu président du Conseil en exil. Retinger sera désormais son conseiller le plus intime. L’avion militaire lourdement
1913 se une porte, et se trouve devant le général, qui est seul. « Que venez-vous faire ici ? » « Je viens déjeuner avec vous, p
1914 ux conditions : que son retour dans les 48 heures soit assuré, et qu’il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent
1915 efusai, écrit J.H.R., l’un de mes rares complexes étant de détester les titres et décorations, et je n’en ai jamais accepté. 
1916 ’une attaque d’Hitler contre l’URSS. Les Polonais furent les premiers et presque les seuls à le croire. Retinger rédigea aussi
1917 itôt un mémoire pour Eden, suggérant qu’un accord fût rapidement conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait à ce moment
1918 dans l’armée de Sikorski. D’autre part, si l’URSS était attaquée, il importait que la Pologne, soutenue par les Anglais mais
1919 de Staline, une offre d’accord. Les négociations furent menées par Sikorski et Retinger du côté polonais, et par l’ambassadeu
1920 et même le président de la République en exil, s’ étaient violemment opposés à toute négociation avec l’ennemi héréditaire qui
1921 aboutirent à leurs fins. Le 31 juillet, l’accord fut signé au Foreign Office, dans le bureau de M. Eden. À la surprise gén
1922 trée au moment où les discours officiels allaient être échangés. Eden, Sikorski et Maïski ayant parlé, il se leva et dit d’u
1923 arlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci est un grand événement. Je suis convaincu que votre accord va mettre une
1924 ne voix grave : « Ceci est un grand événement. Je suis convaincu que votre accord va mettre une fin pacifique et amicale à l
1925 te pour le reste du monde. Je me sens honoré d’en être le témoin. » À ce moment, sa voix se brisa, écrit Retinger, « et pour
1926 deur polonais désigné n’ayant pu partir, Retinger fut chargé de représenter les intérêts de son pays à Moscou et de faire a
1927 cord. Il partit en hydravion, via Arkhangelsk, et fut reçu à l’aérodrome de Moscou, au son de l’hymne polonais. Le protocol
1928 Proche-Orient, quand on lui annonça que l’avion s’ était écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient mo
1929 Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient morts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk étant devenu Pre
1930 ts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk étant devenu Premier ministre, Retinger se convainquit peu à peu de la néce
1931 e mission. Pour des raisons de sécurité, Retinger fut d’abord caché dans une petite ville du Sud de l’Italie, près de Bari,
1932 parachute qu’il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait toujours éprouvé une répugnance marquée pour
1933 nt à terre la présence du « comité de réception » furent repérées, la trappe s’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mi
1934 urner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes furent jetés d’abord, puis Retinger s’approcha du trou. Un sergent le retint
1935 ». En dépit de toutes les précautions qui avaient été prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie sem
1936 , la présence de Retinger à Varsovie semble avoir été connue des nazis quelques heures après son arrivée, mais il l’ignorai
1937 durant les trois mois que dura sa mission, il ne fut jamais découvert. Le sens inné de la conspiration dans un peuple oppr
1938 d’une table occupée par cinq ou six hommes, ce ne fut pas sans terreur qu’il entendit soudain l’un d’eux dire à haute voix 
1939 voix : « Savez-vous la grande nouvelle ? Retinger est arrivé de Londres il y a trois jours ! » Deux officiers allemands, as
1940 e déroulait selon les plans. Les contacts avaient été pris dans la capitale et en province avec les responsables politiques
1941 e incapable de marcher. Trois jours plus tard, il était paralysé des jambes et des mains. Le médecin diagnostiqua une polynév
1942 Quand vint le moment de son retour à Londres, il était encore incapable de marcher. Il fallut le transporter comme un bagage
1943 sortie réservée aux Polonais. Effrayé à l’idée d’ être transporté dans tous ces escaliers et passages sous-voie, Retinger en
1944 de prendre la sortie réservée aux Allemands, qui était toute proche. Celt l’ayant chargé sur son dos, ils passèrent tranquil
1945 epuis quelques jours, qu’un régiment de cavalerie était signalé, qu’un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kil
1946 x kilomètres de là, et qu’un appareil de chasse s’ était posé pour quelques minutes, l’après-midi même, sur la piste préparée
1947 ’avion anglais. Cependant, l’opération ne pouvait être retardée. L’avion anglais parut à l’heure prévue. Les passagers et le
1948 prévue. Les passagers et les ballots de courrier furent chargés en quelques minutes, et les moteurs remis en marche. Mais les
1949 s, et les moteurs remis en marche. Mais les roues étaient bloquées dans la boue. Il fallut évacuer l’avion à deux reprises, cre
1950 urs emballés en pleine nuit, pas un Allemand ne s’ était montré. L’atterrissage en Italie du Sud réussit également par miracle
1951 accompagnait Sikorski en route vers la Russie, il fut débarqué au Caire, où il apprit enfin le but de son voyage : M. Mikol
1952 lle générosité, les hommes responsables de ce don étant Sir Stafford Cripps, chancelier de l’Échiquier, et Mr. Hugh Dalton, p
1953 , président du Board of Trade. De la sorte, il me fut possible d’obtenir pour mon pays 15 kilomètres de ponts Bailey et Eve
1954 de livres. La générosité du gouvernement anglais fut telle qu’il paya même les frais de transport, tandis que d’autres dép
1955 , tandis que d’autres dépenses (experts polonais) furent payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernemen
1956 (experts polonais) furent payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernement britannique ni moi-même n
1957 que ni le gouvernement britannique ni moi-même ne furent jamais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et qu’après que j’e
1958 anglais et quitté le Pologne, mes collaborateurs furent mis en prison par ordre du gouvernement polonais. Les notes pour les
1959 ssistant durant toute l’affaire des dons anglais, fut retenu à terre, à l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger mont
1960 rand but qu’il se tournera tout entier. Dès qu’il fut en mesure de marcher de nouveau (mais il lui fallut jusqu’au bout s’a
1961 ryk, Hubert Ripka et M. Ninčic pour les pays de l’ Est , et pour ceux de l’Ouest, MM. P.-H. Spaak, van Kleffens et Kerstens,
1962 Benès dénonça son accord avec les Polonais, après être allé à Moscou. Mais Retinger suivait son idée. Le 8 mai 1946, il inau
1963 Dans le même temps, plusieurs autres mouvements s’ étaient fondés. L’Union européenne des fédéralistes, dont la plupart des anim
1964 de liaison des mouvements pour l’Europe unie, qui était en train de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut annoncée c
1965 ain de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut annoncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pas ta
1966 ’annonçait sa venue à Genève, et dès ce moment je fus en mesure d’observer de près sa technique. Il me demandait de le mett
1967 avait bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’ étais « engagé », non seulement par ma conférence à ce congrès, et par cell
1968 œuvre, des comités se constituèrent, des rapports furent élaborés, des résolutions discutées avec passion par les divers mouve
1969 plus grande habileté, durant toute cette période, fut sans doute de donner l’impression qu’il était obligé de cacher son je
1970 iode, fut sans doute de donner l’impression qu’il était obligé de cacher son jeu, mais qu’il jouait en réalité au bénéfice de
1971 de l’Europe, qui s’ouvrit à La Haye le 7 mai 1948 fut l’œuvre personnelle de Retinger, et peut-être le couronnement de sa c
1972 et peut-être le couronnement de sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucie
1973 re. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance, dans la p
1974 pour l’Europe unie, fédérée ou confédérée. Ce ne fut pas un congrès comme les autres, puisqu’il en résulta tout simplement
1975 ise en œuvre de l’union européenne. Tout ce qui s’ est accompli dans cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à La Hay
1976 xé sur la fusion des intérêts franco-germaniques, sont formulées dans la résolution économique de La Haye. Le programme poli
1977 lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui avait été proposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la réussite du
1978 nte encore que la réussite du Congrès de l’Europe fut la manière dont Retinger sut l’exploiter. Au cours des semaines qui s
1979 le des gouvernements devant une idée neuve. Il ne fut pas seulement le père spirituel, mais l’accoucheur du Conseil de l’Eu
1980 le contenter. Grâce à lui, le Mouvement européen sera durant les trois ou quatre années suivantes non point l’avant-garde d
1981 t qu’en extension dans les élites dirigeantes. Il est difficile de mesurer exactement l’efficacité de ce vaste effort de pr
1982 eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’ est pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni Lau
1983 ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont les conditions psychologiques et politiques qui ont permis la mise en
1984 er ont jamais travaillé ensemble : leurs méthodes étaient trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n
1985 éthodes étaient trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut i
1986 ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’ est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par
1987 aires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du
1988 tion entre la CECA et la Grande-Bretagne. Et ce n’ est pas sans raison qu’il se trouvait être, en 1960, le seul membre du Co
1989 ne. Et ce n’est pas sans raison qu’il se trouvait être , en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en eût fait partie dès
1990 mais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de R
1991 it à prendre corps. Ses avis et ses interventions furent de loin les plus efficaces au cours des deux années de préparation qu
1992 compétences, tels que la Commission des pays de l’ Est (avec Harold Macmillan et Sir Edward Beddington-Behrens), la Campagne
1993 s le groupe de Bilderberg, le rôle de Retinger ne fut pas moins décisif, pas moins « instrumental », au sens anglais du mot
1994 u CEC auquel il prit part — le 24 mars 1960 —, ce fut lui encore qui lança l’idée d’une nouvelle Conférence européenne de l
1995 il se taisait absolument dans les congrès dont il était l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloquence pr
1996 , dînant seul avec nous, il se vantait en riant d’ être devenu bavard dans les comités, et répétait qu’il se sentait beaucoup
1997 e », il répondit très vite comme on signale qu’on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et avec auto
1998 on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et avec autorité, parla d’autre chose. L’éminence grise
1999 buts de sa carrière, mais Gide avait raison, il n’ était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’é
2000 e ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’ étaient jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non p
2001 is que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’ était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaque mat
2002 e. Il n’était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaque matin, réveillé dès 5 heures, il lisait de gr
2003 ors qu’il entrait en action créatrice. Sa méthode était l’entretien, et de préférence seul à seul. Certes, on le retrouvait p
2004 l. Certes, on le retrouvait partout où des hommes étaient réunis pour agir au nom d’une idée — l’indépendance polonaise et l’ac
2005 cevait bientôt que la grande idée dont on parlait était celle de ce petit homme sans apparence et silencieux ; que le groupe
2006 omme sans apparence et silencieux ; que le groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts
2007 était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts personnels les plus variés, et même les vanité
2008 es valeurs rassemblées. Les objectifs du groupe n’ étaient pas toujours clairs pour beaucoup de ceux qui en faisaient partie, ma
2009 ersonnalités. À chacune, il explique que son idée est tellement importante qu’il vaut mieux ne pas en parler trop clairemen
2010 répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il étai
2011 histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la
2012 le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et
2013 ois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican, ains
2014 oudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en fait, et ce qui explique les attaques et les calomnies dont
2015 ui explique les attaques et les calomnies dont il fut trop souvent l’objet, c’était son désintéressement presque incroyable
2016 franchise également paraissait incroyable : elle était si directe, et percutante, que ses victimes n’y voyaient qu’insolence
2017 ’y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’avait pas le physique ni les manières suaves du G
2018 on ne savait où le trouver. « Celui qui s’abaisse sera élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne pardonne pas la mo
2019 nde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’ est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de brigu
2020 laudissements, selon les règles publicitaires. Il était l’exemple type d’une activité décisive, unissant toutes les qualités
2021 les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qui fut longtemps son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’est confess
2022 s son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’ est confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement
2023 ls lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils étaient pleins de coquilles ! » (Joseph Conrad, p. 37). 50. Ces initiales my
2024 r la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils furent poursuivis quelque temps à Moscou avec Sir Stafford Cripps, et MM. Ga
2025 . On les appelait les Trois Mousquetaires, J.H.R. étant naturellement le quatrième. ck. Rougemont Denis de, « Esquisse d’un
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
2026 ine. Réveiller le sentiment d’unité des Européens était certes l’objectif initial et principal du CEC, et le demeure. Mais il
2027 itial et principal du CEC, et le demeure. Mais il est apparu, au cours des ans et de l’évolution rapide du monde, 1° que la
2028 s Européens de divers pays avec d’autres cultures serait sans doute l’un des moyens les plus efficaces de cette fin ; 2° qu’un
2029 nationalismes agrandis et mutuellement hostiles, était la méthode du Dialogue au niveau des cultures vivantes. Après dix ans
2030 mmunauté européenne, le CEC a senti que le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mondial, et d’en instituer les
2031 er le compte rendu de ses travaux. Le colloque s’ est réuni à Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas pri
70 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
2032 pays techniquement arriérés » : que cette aide ne soit pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une culture ; éducation ; re
2033 tres cultures pour une raison fondamentale : elle est elle-même une culture de dialogue, née de la synthèse difficile et ja
2034 le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe a été le foyer de la civilisation technicienne. La technique n’y est pas né
2035 de la civilisation technicienne. La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’est développée dans un certain contexte re
2036 . La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’ est développée dans un certain contexte religieux, philosophique, biophys
2037 biophysique, etc. Aujourd’hui, cette civilisation est diffusée dans le monde entier, mais sans son contexte culturel. L’Eur
2038 xpliquer d’abord à elle-même — que la technique n’ est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle
2039 chnique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de se
2040 ture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de ses sources et de certaines résistances tr
2041 nique au mode de vie de ses peuples. (Le marxisme est né d’un moment particulier de ce drame européen !) 4. L’Europe étudie
2042 udie depuis longtemps les autres cultures, mais n’ est guère étudiée par celles-ci en tant qu’ensemble ou unité. (Chaires d’
2043 entreprendre et de développer ce dialogue qui lui est nécessaire, l’Europe se heurte à deux difficultés majeures : a) diffi
2044 urope envoie en nombre croissant dans le monde ne sont pas préparées pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ont
2045 es difficultés. Les difficultés ont des chances d’ être assez semblables (quoique à des degrés variables) pour chaque région.
2046 iables) pour chaque région. Quant aux motifs, ils sont sans doute très différents. La culture de l’Inde, par exemple, est pl
2047 ès différents. La culture de l’Inde, par exemple, est plus harmonieuse que celle de l’Europe, moins « dialogique » par sa n
2048 par sa nature même. Mais son problème majeur, qui est celui de l’intégration de la civilisation technicienne à son grand hé
2049 l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! », disait récemment un jeune Sénéga
2050 conditions du dialogue, tel que nous l’espérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler, en perspective mondial
2051 elle mesure les besoins ainsi définis peuvent-ils être satisfaits à l’aide des moyens existants ? Rien de plus difficile que
2052 re compréhension mutuelle entre les cultures de l’ Est et de l’Ouest. Ses activités sont recensées dans le bulletin bimestri
2053 es cultures de l’Est et de l’Ouest. Ses activités sont recensées dans le bulletin bimestriel « Orient-Occident ». Congrès, r
2054 vilisations et de leurs publications, qui devrait être mis à jour.) Société internationale pour les études comparées des ci
2055 e, ou d’autres cultures orientales. Ces instituts sont presque tous rattachés à une université, et répartissent leurs activi
2056 u volumes) des instituts nationaux universitaires sont en général consacrées à l’étude d’une seule culture. Une autre catégo
2057 l’étude d’une seule culture. Une autre catégorie est celle des revues publiées en Occident et consacrées à un groupe de cu
2058 ux pour les autres régions de la planète, mais il serait imprudent d’affirmer que ces ouvrages, dans l’ensemble, répandent plu
2059 et majeur Est-Ouest, plusieurs vastes congrès ont été organisés ; citons : Manille, sur le thème « Present impact of the gr
2060 Des quelques exemples qu’on vient de donner, on serait tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’à une disette, dans l
2061 de documentation, bibliographies et bibliothèques sont si riches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à
2062 s et bibliothèques sont si riches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser. Enfin, les occa
2063 ncontres — congrès, colloques, séminaires, etc. —  sont si nombreuses qu’il devient difficile de trouver assez d’hommes qui a
2064 ps d’y participer. En admettant que ces activités soient suffisantes dans leur domaine et soient menées d’une manière satisfai
2065 activités soient suffisantes dans leur domaine et soient menées d’une manière satisfaisante — ce qui est généralement le cas —
2066 oient menées d’une manière satisfaisante — ce qui est généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles
2067 ans qu’aucun des problèmes de fonds et d’ensemble soit touché. Le Dialogue des cultures doit s’établir entre des ensembles,
2068 s d’une autre région, les travaux de spécialistes sont de peu de secours : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont
2069 urs : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont pas assez actuels ou synthétiques. Pour préparer des aides techniques
2070 lacune nous frappe, dans un tout autre ordre, qui est celui des faits plus que des méthodes.   3. Les relations culturelles
2071 s sur la base des ensembles culturels, ou régions Est et Ouest, Occident et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles
2072 els, ou régions Est et Ouest, Occident et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles ne correspondent pas à des réalités
2073 hrétienne, origine culturelle européenne. Mais il est clair que dans le dialogue avec l’Afrique noire, ou l’Inde, ou la Chi
2074 s très différentes, parfois opposées. La Russie s’ est séparée politiquement de l’Occident, mais elle en exagère certains tr
2075 sme sans mauvaise conscience, etc. Les États-Unis sont à la fois plus matérialistes et plus idéalistes-moralistes que l’Euro
2076 ard des régions différentes de la planète. L’Asie est un concept européen, et ne possède pas d’autre unité certaine, en deh
2077 inégalement profondes le Centre, le Sud-Est et l’ Est du continent. Il est difficile de trouver un dénominateur commun aux
2078 s le Centre, le Sud-Est et l’Est du continent. Il est difficile de trouver un dénominateur commun aux problèmes de l’Inde e
2079 rs des « champs d’étude intelligibles » (Toynbee) sont à la fois moins vastes et moins vagues que le binôme Orient-Occident 
2080  ; et pour répondre aux questions d’étrangers, on est amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème
2081 e pour des ensembles comme l’URSS et les USA, qui sont fortement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’impose le Par
2082 me l’URSS et les USA, qui sont fortement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’impose le Parti à des peuples très di
2083 ale qu’impose le Parti à des peuples très divers, soit par le brassage continuel d’une population d’origines variées, ainsi
2084 can way of life. La culture de ces deux ensembles est facile à « présenter », parce qu’elle s’est constituée en somme selon
2085 mbles est facile à « présenter », parce qu’elle s’ est constituée en somme selon les principes de la propagande éducative —
2086 pes de la propagande éducative — celle-ci pouvant être la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il n’en va pas de même
2087 . Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’ est efforcé depuis un siècle de former vingt « consciences nationales »,
2088 ttachés culturels nationaux, mais pas un seul qui soit chargé de représenter l’Europe. Un morcellement comparable risque de
2089 cis ou à leurs talents. Et pourtant, même si l’on est persuadé que le vrai dialogue s’institue au niveau des expériences sp
2090 t, et que les rencontres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de ce
2091 es souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de centres analogues au CEC d
2092 des cultures. La mission de ces centres régionaux serait triple : — réunir une documentation bien sélectionnée et de consultat
2093 il suffit le plus souvent que le Centre sache où sont les sources existantes de renseignements sur un sujet donné et puisse
2094 sujet donné et puisse y faire appel quand besoin est . (À titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions
2095 pel quand besoin est. (À titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions qu’on lui adresse sur les organis
2096 rganisations européennes officielles, parce qu’il est en relations constantes avec leurs services d’information. En revanch
2097 communs à tous ses peuples ou pays. Ces ouvrages seraient ensuite traduits dans les autres régions, par l’intermédiaire de leur
2098 par l’intermédiaire de leur centre culturel. Ils seraient conçus en vue de l’information des éducateurs, publicistes, assistant
2099 de capitales, auprès de services officiels qui ne sont pas toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équipés
2100 s toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équipés pour répondre à des demandes personnelles ou à des questi
2101 nt sur l’ensemble de leur région). Les centres ne seraient pas nécessairement eux-mêmes les « interlocuteurs responsables » dont
2102 esponsables » dont on a vu la nécessité, mais ils seraient en tout cas les moyens de détecter ces interlocuteurs (parfois de les
2103 tion, statut, etc.) fournit un précédent qui peut être instructif pour d’autres régions, mutatis mutandis. De toute manière,
2104 mps utile, avant que l’on vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir négligé les condit
2105 res », Genève, avril 1962, p. 5-18. co. Le texte est introduit par la note suivante : « Au mois d’août 1961, le document d
2106 vail que nous reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les personnalités invitées à prendre part au colloque
71 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
2107 Introduction au colloque Vous remercier d’ être venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routin
2108 ercier d’être venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routine. Je sais ce que représente pour chacun
2109 es à voyager et à travailler en groupe, au lieu d’ être consacrées à la détente d’un weekend, au travail personnel, ou à la m
2110 nd, au travail personnel, ou à la méditation, qui est à la fois le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous êtes ici
2111 le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous êtes ici ce matin, c’est que vraiment vous êtes conscients de l’urgence et
2112 i vous êtes ici ce matin, c’est que vraiment vous êtes conscients de l’urgence et de l’importance de dialoguer sur ce dialog
2113 ce de dialoguer sur ce dialogue des cultures, qui est l’une des grandes tâches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur
2114 en deux mots qu’il existe depuis onze ans, qu’il est une entreprise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que sa « 
2115 tique » — j’entends sa policy, au sens anglais —- est ainsi définie par ses statuts : « contribuer à l’union de l’Europe en
2116 e les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous sommes efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches communes ceux q
2117 at, ou d’une politique nationale ou partisane. Il est tout naturel que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à dial
2118 u nom d’autres ensembles culturels. Mais la tâche est immense, et avant de l’aborder de front, nous avons réfléchi, hésité,
2119 avons donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait commencer, pratiquement
2120 . Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’ est . Permettez-moi, à ce propos, quelques mots d’explication sur la maniè
2121 uelques mots d’explication sur la manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de person
2122 manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de personnalités, représentant cinq grandes r
2123 enir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont été empêchées, dont plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je n’e
2124 sages, raisons des absences.) Vous voyez qu’il n’ est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quand e
2125 ) Vous voyez qu’il n’est pas facile de réunir ne fût -ce qu’une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre cont
2126 nd elles viennent de quatre continents ! Et ceci, soit dit en passant, illustre bien l’une des difficultés majeures de tout
2127 entifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et
2128 éunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dir
2129 converser, sans se lancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorce
2130 u dialogue. Et tout d’abord, je voudrais que ceci soit bien clair ! Il s’agit ici d’un dialogue des cultures, et non pas d’u
2131 l’Inde — pour ne prendre que ces trois exemples — sont de nature politique avant tout. Et que, par conséquent, le dialogue d
2132 t que, par conséquent, le dialogue des cultures n’ est guère qu’un luxe, une activité secondaire et probablement vaine tant
2133 t que les tensions politiques subsistent. S’il en était vraiment ainsi, le dialogue des cultures ne pourrait jamais avoir lie
2134 y aura toujours des tensions politiques, et elles seront d’autant plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’aura pas ét
2135 ves qu’une base d’entente fondamentale n’aura pas été établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qui pourrait é
2136 ase d’entente. Même si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le dev
2137 e nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre telle ou telle
2138 réalités beaucoup plus durables et profondes, qui sont nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propre
2139 r. Or ces réalités qu’on peut appeler culturelles sont les sources profondes des grands malentendus qui opposent nos régions
2140 La méconnaissance de ces réalités « culturelles » est ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, e
2141 dialogue véritable, et un dialogue organisé. Qu’ est -ce alors qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite que cela ne
2142 itable ? Disons tout de suite que cela ne saurait être une succession de monologues, si éloquents et enflammés soient-ils. V
2143 ccession de monologues, si éloquents et enflammés soient -ils. Voilà pourquoi nous n’avons pas voulu convoquer aujourd’hui un g
2144 ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’ est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commen
2145 rôle de congressiste. L’art du colloque me paraît être , curieusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque,
2146 lus rapide, plus spontané et plus efficace ? Nous sommes assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous
2147 ordre du jour de ce matin. Premier point : Quels sont les motifs généraux du dialogue, résultant de la situation actuelle d
2148 ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa position gé
2149 té du dialogue, car alors la condition principale est acquise : les volontés sont alertées, les imaginations travaillent. N
2150 a condition principale est acquise : les volontés sont alertées, les imaginations travaillent. Nous pourrons vérifier et pré
2151 a première page du document de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une part,
2152 u document de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une part, la mise en contact
2153 Bien entendu, d’autres motifs peuvent et devront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous deman
2154 eut aussi que certains d’entre vous demandent que soit précisé le sens du terme cultures (au pluriel), dans le contexte du d
2155 e nous pourrons aborder le deuxième point : Quels sont les motifs spécifiques du dialogue, pour chaque région ? Ceci nous d
2156 ’elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points — motifs généraux et motifs région
2157 rs points — motifs généraux et motifs régionaux — sont étroitement connexes. Cependant, je vous propose d’essayer tout au mo
2158 er de rassembler les différents arguments qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de n
2159 t été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première position du pr
2160 l, que j’ai trouvée extrêmement heureuse : « Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans to
2161  Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un même pro
2162 nos cultures différentes, d’un même problème qui est l’industrialisation, la technique. Je parlais dans mon introduction d
2163 r quelle raison ? Parce que cette technique, elle est sortie tout de même, on l’a rappelé à plusieurs reprises, du contexte
2164 urs reprises, du contexte culturel européen. Elle est absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute no
2165 me M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tous contre la technique : je crois que ce stade est dépassé. Il y a
2166 tous contre la technique : je crois que ce stade est dépassé. Il y a eu dans la première partie du siècle une espèce de le
2167 ée de boucliers contre le matérialisme. Mais nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de la tec
2168 nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de la technique aux valeurs du contexte de culture
2169 que aux valeurs du contexte de culture dont elles sont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, entre la
2170 ont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, entre la culture dans chacune des régions différentes et c
2171 régions différentes et cette réalité objective qu’ est devenue la technique. Première forme du dialogue, première raison de
2172 as maintenant briser, dissocier, des cultures qui sont justement en train de s’autonomiser, de prendre conscience d’elles-mê
2173 d’Arboussier disait très justement que son cas n’ est pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’accéde
2174 le, avec n’importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce premier dialogue entre la technique et les cultures, ce p
2175 la technique et les cultures, ce premier dialogue est universel, et il s’agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon
2176 que sur les termes de culture et de civilisation. Est -ce qu’il y a une culture de l’universel, ou est-ce qu’il y a des cult
2177 . Est-ce qu’il y a une culture de l’universel, ou est -ce qu’il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui e
2178 t de distinguer. Il y a le phénomène culture, qui est faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous po
2179 st faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’importe que
2180 nous savons exactement ce que cela veut dire. Ce sont les hommes qui réfléchissent, harmonisent, concrétisent et créent. En
2181 laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’unif
2182 , c’est-à-dire de l’union dans la diversité. Nous sommes tous en faveur de la différenciation, de la prise de conscience des c
2183 onflit. Ici apparaît la nécessité du dialogue. Il est très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut p
2184 ité du dialogue. Il est très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à des ruptures, comme
2185 versité. Et là-dessus, je crois que tout le monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ai excessivement simplifié ? Voi
2186 niversel, évitant à la fois l’uniformisation, qui est le risque de la technique, et la création de monades nationalistes. S
2187 et la création de monades nationalistes. Si vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
2188 ropéenne que prépare actuellement le CEC, et qui sera publiée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’a retenu, à de ra
2189 uerre. Le critère adopté pour établir cette liste est des plus simples : ont été cités les ouvrages qui, dans tous les doma
2190 ur établir cette liste est des plus simples : ont été cités les ouvrages qui, dans tous les domaines, traitent de l’ensembl
2191 l’ensemble européen et de sa problématique ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils
2192 dans l’aire géographique de l’Europe mais qui ne sont pas étudiés et situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; ceux qui
2193 , ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages
2194 e titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rub
2195 et est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rubriques, dont voici la liste : L’ensemble europée
2196 éralisme — Économie — Les nations et l’Europe — L’ Est européen — L’Europe et le Monde — Répertoires, Index, Guides. On pour
2197 temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titres qui intéressent sa spécialité et les branches connexes de
2198 ouvrage, son niveau scientifique, et s’il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore,
2199 eau scientifique, et s’il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un r
2200 et s’il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un rôle déterminant da
2201 ine européenne du livre De cette bibliographie seront extraites (et publiées dès mars 1963, en brochure) des listes de 100
2202 nauté internationale des libraires, dont le siège est à Delft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seron
2203 eurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seront invitées à composer des vitrines « européennes ». Des prix seront déc
2204 à composer des vitrines « européennes ». Des prix seront décernés lors d’une cérémonie de clôture qui sera tenue à Genève. Le
2205 oute un peu. (Mais il y a bien d’autres raisons d’ être optimiste.) Défauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont é
2206 éfauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite entaché
2207 raphie, et surtout de hiérarchie des valeurs. Ils sont parfois pleins de redites, chacun se croyant tenu de refaire l’histor
2208 s son appréciation personnelle a posteriori ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un peu
2209  ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un peu de rigueur, ou de modestie. Enfin et surto
2210 de rigueur, ou de modestie. Enfin et surtout, ils sont dépourvus pour la plupart de ce style de pensée créatrice qui serait
2211 ur la plupart de ce style de pensée créatrice qui serait seul capable d’entraîner une adhésion efficace à la cause. La préoccu
2212 iles. L’homme d’action marche, court et vole ; il est d’abord un visionnaire. Sans visionnaires à la Colomb, pas d’Europe,
2213 teurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’ est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à
2214 ait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’être t
2215 combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’ être traités. Ils pourraient établir une politique des publications sur l’
2216 son nom, c’est à cause de certaines erreurs qu’il sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à un seul
2217 sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à un seul éditeur par langue la qualité de membre du pool.
2218 in craignaient que les premiers titres retenus ne soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés sur ce de
2219 ient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succès qu’ont r
2220 u départ, puis écartés finalement par le pool. Il est juste d’ajouter que l’intérêt pour les publications « européistes » s
2221 l’intérêt pour les publications « européistes » s’ est fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’aut
2222 en pool, mais pour une seule espèce de livres qui sont de grands volumes illustrés. De même, le groupe d’éditeurs54 qui publ
2223 d’éditeurs54 qui publie la collection Eurolibri s’ est spécialisé dans le domaine de l’économie et du droit économique. Il s
2224 nc qu’une politique de l’édition « européiste » n’ est pas seulement souhaitable mais possible, moyennant une souplesse suff
2225 conviendrait d’encourager ou de susciter, — tels seraient , à notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition.
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
2226 conduisant à l’idée d’une telle campagne avaient été souvent exposées dans les publications du CEC, notamment dans le Guid
2227 peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pa
2228 ue cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs de Na
2229 les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon,
2230 la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se
2231 est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocra
2232 ne démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les S.A.
2233 ieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. ⁂ Au terme d’un co
2234 éennes et du CEC, la formation d’un groupe ad hoc fut décidée, en vue de lancer la Campagne. Le colloque venait en effet de
2235 imetière et mis au point par le groupe ad hoc put être envoyé aux ministères dès la mi-janvier 1962. Le séminaire sur les mé
2236 (octobre). Entre-temps, les réponses à l’enquête étaient parvenues au CEC, dans les délais prévus, à quelques semaines près. C
2237 ns financiers nécessaires. Ces derniers devraient être empruntés, à mon avis, au budget d’une défense nationale bien compris
2238 c le moral d’un pays, son tonus civique), mais il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans
2239 le suggestion dans les réponses officielles. Nous sommes encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassurant, c
2240 s encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassurant, c’est la bonne volonté manifestée par tous les minist
2241 éducation. Cette réaction positive, sans réserve, est particulièrement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenu
2242 rement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil de l’E
2243 enne, pour résoudre des tâches nationales, et qui étaient même, naguère, le domaine réservé des influences les plus nationalist
2244 ouverture déclarée sur un avenir européen, telles sont les deux conclusions majeures qui me paraissent résulter de notre enq
2245 e. C’est dire que la Campagne d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter
2246 d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou p
2247 ces ressources. 55. Les organismes dont le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution
2248 ganismes dont le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution au financement du groupe ad ho
74 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
2249 u jeune Institut d’études européennes qui vient d’ être créé dans ses murs. D’autre part, l’initiative hardie de M. Roger Big
2250 tion européenne des festivals de musique, dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif
2251 dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif d’un genius loci, d’un climat régional, ma
2252 rocher à un colloque dont les ambitions initiales étaient d’ordre culturel, et qui a si bien réussi, au surplus, à mettre en év
75 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
2253 orciez de créer une métropole locale. Le paradoxe est purement apparent. En réalité, ce qui se produit maintenant avec l’ou
2254 enant avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’ est qu’un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe les
2255 tion du cadre national, surtout dans les pays qui étaient fortement centralisés, comme la France, et une libération des diversi
2256 on des diversités régionales. Les deux phénomènes sont concomitants à mon avis. Si vous diminuez l’importance des frontières
2257 arabe, ou de celle de l’Inde, toutes ces cultures sont en présence d’une même menace ou d’un même défi : la civilisation tec
2258 technologique, qui a fait le tour du monde. Elle est née en Europe de toute évidence, dans le contexte de la culture europ
2259 s le contexte de la culture européenne, mais elle est en train de s’objectiver, de se détacher de cette base, de ce foyer c
2260 détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’a été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes traditions cu
2261 des représentants de cultures très diverses, nous sommes tous colonisés par cette même civilisation technologique et nous devo
2262 ibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien que l’Occident ait une tradit
2263 hnique destructrice de la civilisation. Mais nous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrè
2264 d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrès, en ce sens qu’elle augmente à la fois les risques de la c
2265 trouvent des moyens de diffusion prodigieux, qui étaient inimaginables il y a vingt ou trente ans. Le développement du livre d
2266 quante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’ est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, donc à peu près un m
2267 arrivons au moment où la technique, parce qu’elle est suffisamment poussée, développe enfin ses effets véritables qui sont
2268 oussée, développe enfin ses effets véritables qui sont de créer des loisirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir sera
2269 isirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir sera occupé ou par des radios plus ou moins abrutissantes, ou bien par des
2270 ou de la porter bien au-delà des milieux où elle était cultivée, si je puis dire, autrefois. Les chances augmentant en même
2271 elques mots à la question très pertinente qui m’a été posée par le professeur de Vernejoul, concernant les rapports de la t
2272 s, des préoccupations de ce colloque. La question était la suivante : est-ce que la spécialisation résultant de la technique
2273 s de ce colloque. La question était la suivante : est -ce que la spécialisation résultant de la technique n’est pas un dange
2274 que la spécialisation résultant de la technique n’ est pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la te
2275 la technique n’est pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la technique apporte beaucoup à la culture
2276 apporte beaucoup à la culture ? La spécialisation est certainement un danger pour le spécialiste, dans la mesure où cela le
2277 mble des activités humaines. Le spécialiste qui n’ est que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la
2278 ue cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la culture qui est, en fin de compte — je crois que c’est
2279 travail insensé. Il est perdu pour la culture qui est , en fin de compte — je crois que c’est la définition la plus simple q
2280 ialisation technique, il faut bien le signaler, n’ est pas moins dangereuse pour la technique elle-même que pour la culture.
2281 s techniques, que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupe
2282 éventail très large de curiosités variées, et qui sont amenés par ces curiosités à faire des découvertes, à trouver du neuf
2283 trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leurs spécialisations. Les plus grands sa
2284 e possibilité d’option pour les étudiants, ils en sont venus à restaurer les études générales ; à tel point que, dans un ouv
2285 l « d’humanités », mais simplement parce que nous sommes conduits, par les nécessités mêmes du progrès technique et de l’inven
2286 ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul geste, comme l
2287 décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’ était que « le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait
2288 strie, la période du charbon. Maintenant que nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité, de l’électr
2289 usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’a pas été obtenue par le marxisme mais par le développement même de la techniqu
2290 e, entre la technique et la culture, les liens ne sont pas seulement souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ils s
2291 aitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ils sont vitaux pour la technique et par suite pour l’industrie elle-même. Pas
2292 , le long du grand axe commercial de l’époque qui était Venise-Bruges. Elles se développent dans les Flandres, redescendent p
2293 volution économique. Notons que ces évolutions ne sont jamais parties d’une base « nationale » au sens contemporain du terme
2294 t une quantité de nos frontières actuelles, qui n’ étaient pas les mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont
2295 foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les créations d’artistes évidemment individuels, mais attirés par un
2296 ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontièr
2297 s de production renforcée, des « métropoles » qui soient autant d’expressions locales ou régionales de la culture humaine, dif
2298 ct de la culture fondamentale et commune. Quelles seront alors les fonctions possibles d’une métropole en général ? Serait-ce,
2299 fonctions possibles d’une métropole en général ? Serait -ce, par exemple, d’apporter la culture à la population d’un lieu ? Ou
2300 ense pas que la fonction première d’une métropole soit d’apporter la culture dans une région comme celle d’Aix-Marseille, qu
2301 à la création d’un grand foyer de production, qui serait la métropole. J’insiste sur ce mot participation. La culture, c’est q
2302 ’est quelque chose à quoi l’homme participe, ce n’ est pas seulement quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne peu
2303 d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui n’ est pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent, d’un p
2304 va naturellement bien au-delà de sa source. Il n’ est pas destiné seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à ceux
2305 re ou à ceux qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et assurer les communications, les échanges et le
2306 mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’est pas eux, c’est le res
2307 oient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’ est pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce qu’
2308 t pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce qu’elle est d’abord expression, et qui dit expression d
2309 du monde. Toute culture est échange parce qu’elle est d’abord expression, et qui dit expression dit communication, tendance
2310 cours de la Renaissance italienne ou flamande. Qu’ est -ce que ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse à
2311 . Aujourd’hui, dans le cas d’Aix-Marseille, quels sont les éléments déjà existants ? Vous avez un festival, des revues, une
2312 rix, des compétitions diverses. Toutes choses qui sont chères, toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exigent
2313 Le climat, il existe ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont
2314 xiste ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissan
2315 l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissan
2316 t dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l
2317 our. La culture et l’éducation, je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investissement pour
2318 tie elle-même son rayonnement. Autrement, elle ne serait qu’une succursale plus ou moins lointaine de la capitale nationale qu
2319 de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce qu’ était autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d’Anvers ou d
2320 de Bruges au temps de la Renaissance, ou à ce qu’ étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un temple sur l’
2321 fier un temple sur l’Acropole ou à Delphes ? Quel est l’équivalent moderne de ce mécénat ? C’est la « fondation », de type
2322 la « fondation », de type américain. Elle paraît être la formule de coopération idéale entre l’économie et la culture. Elle
2323 ation idéale entre l’économie et la culture. Elle est nourrie par l’économie, qui à travers elle dirige ses dons vers la cu
2324 de la fondation Ford, nourri par les usines Ford, est actuellement de quatre milliards et demi de dollars ; je tiens ce chi
2325 te fortune provient d’une mesure très simple, qui est la détaxation des revenus versés à une fondation. En dotant richement
2326 est l’État qui fait le sacrifice, mais l’habitude est prise en Amérique, et, à part quelques enquêtes gênantes au Congrès o
2327 leur politique, tout se passe très bien. La chose est parfaitement admise et considérée comme bénéficiaire pour l’ensemble
2328 itions analogues en Europe. Un projet de loi doit être déposé à cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à généralis
2329 ojet de fondation dans la métropole Aix-Marseille serait un test qui permettrait de mesurer la vitalité de cette métropole, c’
2330 nt le secteur industriel et le secteur culturel y sont réellement conscients de leur interdépendance vitale, de ce qu’ils do
2331 économie régionale, non pas dans l’espoir qu’elle soit acceptée ni même discutée sérieusement aujourd’hui, mais parce qu’il
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
2332 nts de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui est leur civilisation et des droits que l’union seule pourra leur assurer
2333 r. Or, comment devenir citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il n’a pas encore d’institutions, de politique commune
2334 près, mais c’est à toi de commencer ! Ce dialogue est celui de tout engendrement, et en dépit de Zénon d’Élée, il aboutit s
2335 rope fait des citoyens pour ce qu’elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour la nation. Et l’on s
2336 n. Elle a donné naissance à un comité d’action où sont représentés le Conseil de l’Europe56, les Communautés européennes, la
2337 . ⁂ L’enquête sur l’état de l’éducation civique a été lancée dès janvier 1962 auprès de 19 gouvernements par les soins du s
2338 du secrétariat de la Campagne. Ses résultats ont été publiés en 196358. Tous les gouvernements consultés, sans exception,
2339 e de préparation des enseignants, qui demandent à être mieux informés et formés. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi exprimés,
2340 gnants, des stages de formation de formateurs ont été préparés par le Comité et réalisés par le secrétariat de la Campagne,
2341 ès le printemps de 1962. La tâche de la Campagne est immense : il y a, dans nos divers pays des centaines de milliers d’en
2342 qu’ici, l’intérêt témoigné et l’aide apportée ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zur
2343 portée ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’
2344 terbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nationa
2345 appui matériel et moral. Le rôle de chaque stage est  : 1° de discuter le problème de l’enseignement civique dans un domain
2346 représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à repro
2347 ésentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’ est borné à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l
2348 t que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long terme. Les prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford, à
2349 mark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe a été représenté d’abord par M. Paul M. G. Lévy, directeur du Service d’inf
2350 ard, le Conseil de coopération culturelle (CCC) s’ étant constitué, [le Conseil de l’Europe] a délégué au comité de la Campagn
2351 e M. G. F. Connell ; les autres membres du comité sont actuellement : M. D. de Rougemont, président, directeur du CEC, Mme A
77 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
2352 Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)cx Je ne suis pas du tout géographe, donc pas du tout compétent pour introduire le
2353 i j’avais le bonheur de retourner à l’école, et d’ être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne que la
2354 Allons donc ! C’est l’histoire du trait d’union : est -ce qu’il sépare deux mots, ou est-ce qu’il les unit ? L’historien nat
2355 trait d’union : est-ce qu’il sépare deux mots, ou est -ce qu’il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’il les sépare. L
2356 la « nature des choses » et des sols. « L’Europe est un continent où l’histoire a souvent violé la géographie », écrit trè
2357 oir combien sa division en nations « éternelles » est souvent arbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe est un pay
2358 rbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe est un pays de grande densité humaine : 20 habitants au km2 en moyenne da
2359 rlaient des langues un peu différentes et avaient été conquis par des rois ou des États différents. Je voudrais enfin qu’on
2360 concentrations industrielles et commerciales vont être revalorisées. Elles vont respirer, délivrées du carcan État. Elles vo
2361 ar trop de gens prétendent que le projet européen est une sorte de rouleau compresseur qui va tout mélanger et uniformiser,
2362 uniformiser, tout écraser sur son passage. Telles sont quelques-unes des questions que je pose aux professeurs de géographie
2363 nt bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’être en mêm
2364 s élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’ être écoutés avec passion, et d’être en même temps bien utiles à la cause
2365 ait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’ être en même temps bien utiles à la cause de l’union européenne. cx. Ro
78 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
2366 on la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir été donnée par Dante, en son Traité de l’éloquence vulgaire, au septième
2367 ces non seulement la Nature mais le Naturant, qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite a
2368 et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour
2369 quait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que tous ceux q
2370 jetés dans une confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter
2371 que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus
2372 qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’ étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et
2373 si donc, l’origine de la diversité des langues ne serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargons de m
2374 s esprits, publiée vers 1920 : « Les Européens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les donné
2375 gence à grande échelle, d’une part. Les distances sont presque annulées par la vitesse des communications. Les nations tende
2376 reconnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain no
2377 tent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain nombre de conflits peut-être
2378 e conflits peut-être atroces, mais dont l’issue n’ est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théorique
2379 nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le moteur et l’agent de ce mouvement universel de converg
2380 découvert la terre entière, et personne d’autre n’ est jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne
2381 avage. Le Droit des gens valable pour toute race, est une création de l’Europe, durant l’époque colonialiste et tout d’abor
2382 ia et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites d’As
2383 e ses techniques et procédés, et l’on se réclame, fût -ce pour les retourner contre l’Europe, de ses doctrines politiques et
2384 rononce, précisément au cœur de cette culture qui fut l’agent de la convergence mondiale, un mouvement radicalement contrai
2385 e dissociation, de division et de séparation, qui est proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plus fa
2386 univers du savoir humain, facultés et spécialités sont en train de s’éloigner les unes des autres avec une vitesse croissant
2387 est dire que la commune mesure d’une civilisation est en train de s’évanouir — j’entends par là, sa conception de l’homme u
2388 té, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont le sens corporatif, communautaire, et le sens synthétique ou universa
2389 synthétique ou universaliste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souvent fo
2390 t suffire ici : le nombre des étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit
2391 s étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans
2392 d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu varier les
2393 re avant les grands cours.) L’explosion du savoir est plus difficile à chiffrer. Robert Oppenheimer et d’autres savants amé
2394 ntifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire, sont vivants aujourd’hui. Et Louis Armand me disait un jour : si vous et m
2395 lié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour images, sont
2396 es données numériques, que je prends pour images, sont probablement vraies en gros dans le domaine des sciences exactes (mat
2397 eut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’ est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie
2398 ormalement quand les informations ne peuvent plus être échangées entre les branches du savoir, ou entre les rameaux d’une mê
2399 rapportés à quelque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exempl
2400 lque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustr
2401 d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien, ne serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce que to
2402 ns du physicien et la dogmatique de l’Église doit être estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien ne
2403 physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théologie, et fort probablement ne s’en souciera
2404 de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’ est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne s
2405 pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’ être abandonnée, elle attire une foule croissante de travailleurs et de cu
2406 État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédiates, qu’on l’agrandisse !
2407 grandisse ! Les crises de croissance n’ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent au contraire
2408 son. Mais il y a le point de vue de l’esprit, qui est différent. L’esprit humain, et particulièrement l’esprit européen, ne
2409 ici l’interprète. L’incommunicabilité des savoirs est ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure
2410 rcément partielles, susceptibles à tout instant d’ être mises en question, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne
2411 hodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’ être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pa
2412 osseuse, et très peu d’articulations… Au vrai, il est devenu presque impossible de répondre à une telle question, et c’est
2413 la fois, sans choix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de
2414 ix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de l’Université, et
2415 répondre. Le problème qu’on soulève ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absol
2416 a, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l’image du monde communément admise. La plural
2417 sation de la philosophie et de la recherche qui s’ est manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie siècle —
2418 r dans quelle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse co
2419 parition de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme,
2420 est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet
2421 qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’est produit, autant que
2422 ait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’ est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homogène
2423 ’Amérique précolombienne. Dans ces cultures, tout est sacré. La distinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens que sage
2424 esse spirituelle, science, éthique et esthétique, sont réglées par les mêmes lois et ne connaissent pas de développements pa
2425 liers et divergents. L’originalité, pour elles, n’ est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécuti
2426 passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se récus
2427 relles dans l’Occident christianisé — alors qu’il est clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellem
2428 ter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicien et
2429 tion et du Progrès, il faudrait que le théologien soit capable de se référer non seulement aux conciles et aux textes sacrés
2430 uels sur le temps, la matière et sa constitution, est étrangement homologue à celle des grandes querelles théologiques de N
2431 s, un sujet qui demanderait de gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c
2432 rs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’ est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence de l
2433 éen par excellence de l’union dans la diversité n’ est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’
2434 és me paraissent assez évidentes. La généralité n’ est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans
2435 ramifications interdisciplinaires de ce que l’on est en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte, même pro
2436 n est en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’à une moye
2437 tion du savoir, loin de représenter un progrès, n’ est littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un or
2438 i-ci exorbitant : perdre de vue l’ensemble humain est une perte absolue, essentielle, que tous les gains partiels, addition
2439 la recherche la plus hautement spécialisée qui s’ est vue conduite par les nécessités internes de son cheminement à débouch
2440 tudiant le principe de l’irréversibilité du temps est amené à écrire « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est t
2441 « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étriquée ; et que la Physique de demain risque de se trouver obl
2442 d’entre eux l’ont écrit. Une phrase de Spinoza s’ est fixée dans mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous conn
2443 orer, elle me paraît rendre compte du fait que ce sont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus loin d
2444 en soi acquis par les spécialités. Toute synthèse est un acte créateur, intervenant au carrefour de plusieurs vérités hétér
2445 tre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des disciplines dive
2446 ptimum des participants de tels groupes me paraît être , à l’expérience de nombreux colloques portant sur des sujets interdis
2447 eaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’ est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — car
2448 Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’i
2449 e la fécondité de leurs interférences. Ces hommes seront d’abord des spécialistes, et qui prouveront leur excellence en tant q
2450 conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’ être seulement des spécialistes. Favoriser ou fomenter ce type humain, lui
2451 utre par des facteurs quantitatifs irréversibles, serait de multiplier sans plus tarder le nombre des établissements d’enseign
2452 supérieur. D’une part, les universités existantes seraient progressivement libérées de leur engorgement, d’autre part les dimens
2453 , me semble-t-il, les rapports d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde à l’esprit la règle d’or de la culture européen
2454 rit la règle d’or de la culture européenne, qui n’ est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations personnel
2455 munautaire et de tout bon travail en commun, l’on sera conduit à préférer la multiplication de petites universités à la mult
2456 d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’ est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociologue
2457 million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, s
2458 ys d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le Danemark, l’Autriche, les Pays-Bas et la S
2459 as plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y compris les universités. Mais sur le problème de l’explosion
2460 rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans les
2461 re supranationale. J’en imagine le prototype, qui serait une tour d’anti-Babel. Dans un grand parc, près de la mer, ou d’un la
2462 vités intellectuelles de cette communauté peuvent être définies à grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cour
2463 es risques et périls : toute déclaration publique est obligatoirement suivie d’une discussion réglée ; ici l’on n’impose pa
2464 à la même spécialité. Et quant au contenu : seuls sont portés au programme les sujets par essence interdisciplinaires. J’ent
2465 sciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques.
2466 Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’étais jugé digne de part
2467 rais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’ étais jugé digne de participer aux activités de la commune. 1. Les options
2468 ventions ou découvertes de la science et des arts sont -elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utili
2469 us tiriez de mes propos, cet institut de synthèse serait idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, depui
2470 our fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul
79 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
2471 civiles européennes. Le motif dominant de l’union était alors de rendre impossible une nouvelle guerre franco-allemande : le
2472 motif planétaire. L’idée maîtresse qui l’inspire est la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et réalise sa vo
2473 eau et aux cultures différentes une Europe qui ne soit ni impérialiste ni démissionnaire, ni agressive ni masochiste, et pou
2474 ltures entrant en dialogue, et admettant qu’elles sont autant de manifestations valables, précieuses et nécessaires, autant
2475 d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, par la faute ou par la vertu de nos
2476 nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le suje
2477 qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue est immense
2478 erdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue est immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à tou
2479 l’humanité. Le sujet du dialogue est immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les confusio
2480 onter honnêtement. Un petit groupe d’animateurs s’ est réuni à Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming »,
2481 e 300. Près de 200 ont accepté, et finalement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde à f
2482 alement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde à faire ce dont nous tentons ici de mieux
2483 mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’ est ensuite occupé de sonder l’opinion de nos élites, et de réunir des ra
2484 ons inévitables. Une cinquantaine de rapports ont été demandés. Quarante-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous
2485 uit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est dire qu
2486 uelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est dire que la réponse a dépassé la demande,
2487 ard, qui explique le déluge de papier auquel vous êtes soumis en dernière heure, plus de 800 pages de texte, y compris le Bi
2488 n matière culturelle. Ces quelque 50 rapports ont été attribués à une première série de quatre commissions chargées de disc
2489 opéennes reconsidérées dans une optique mondiale, sont attribués une quinzaine de rapports. On peut les répartir en quatre g
2490 é des hommes, de la liberté et de l’esclavage. Il était juste de relever d’abord le rôle décisif qu’ont joué les Européens, e
2491 monde, comment et pourquoi ces sous-développés qu’ étaient les Européens du Moyen Âge et de la Renaissance par rapport aux Arabe
2492 tures des autres continents et celles de l’Europe est traitée par deux ou trois rapports, qui décrivent la faculté d’assimi
2493 tre excusant son absence forcée de ce congrès, il est en Chine ces jours-ci) critiquent vivement toute tentative d’affirmer
2494 en faveur de l’une et de l’autre attitude. Car il est bien certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’
2495 pour lui faire la leçon, que toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire observer que des Européens,
2496 e toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire observer que des Européens, presque seuls, ont pu pens
2497 t pu penser cela ! Toutes les grandes cultures se sont considérées, partout et de tout temps, comme la vraie, la seule, l’hu
2498 e, la seule, l’humaine par excellence. Les autres étaient barbares et plus ou moins grossières. Seuls les Européens, dès le xvi
2499 contextes culturels. Une douzaine de rapports lui sont attribués, traitant surtout des effets de l’adoption par le tiers-mon
2500 ns que les conditions d’une transposition valable soient réunies. La troisième commission va s’atteler à la tâche capitale d’u
2501 développement. Cinq rapports très importants lui sont soumis, et il me semble que chacun à sa manière, si différentes que s
2502 emble que chacun à sa manière, si différentes que soient ces manières et si opposées qu’elles puissent paraître, ces cinq rapp
2503 ître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui est de mettre en question les clichés de l’économisme pur et d’un philant
2504 l’économisme pur et d’un philanthropisme naïf. Ce sont les travaux de cette commission qui, personnellement, me passionnerai
2505 re, mais aussi les plus naïves questions à poser. Est -il certain, par exemple, que le développement industriel et technique
2506 industriel et technique sur le modèle occidental soit une nécessité universelle et nécessairement bénéfique ? Les calculs q
2507 lle et nécessairement bénéfique ? Les calculs qui sont à la base de l’aide au développement par les Occidentaux ne reposent-
2508 ent industriel et technique de l’Occident moderne est -il une mesure fixe, comme le kilo, le mètre ou l’erg, à laquelle on p
2509 rs savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’on nomme leurs besoins éléme
2510 is de l’économie s’effondrent, si justes qu’elles soient localement dans un milieu convenablement conditionné et réglé, comme
2511 ême coup radicalement faussées. Cette hypothèse n’ est pas gratuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avant n
2512 édique, de 1500 à 500 avant notre ère, l’économie était en plein développement — et nous n’étions alors que des sauvages — lo
2513 économie était en plein développement — et nous n’ étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme, bientôt
2514 pement économique d’une culture donnée ne saurait être évalué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaient pareils et
2515 valué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaient pareils et comme si leurs croyances et leurs options fondamentales de
2516 ell nous répètent depuis Hiroshima que l’humanité est menacée d’extinction par la Bombe, et ce danger virtuel d’explosion a
2517 el et présent de l’explosion démographique. Ce n’ est pas l’extinction du genre humain mais sa prolifération incontrôlée qu
2518 grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vous sont soumis insistent sur la priorité qu’il faudrait donner à une planific
2519 ous-développés, car, sans la première, la seconde est désespérément illusoire, et peut même aggraver rapidement la famine q
2520 e qu’elle voulait prévenir à n’importe quel prix, fût -ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous parlerai pas ce matin des
2521 ngrès, et que le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et disons-le, si formidable, au sens étymologiq
80 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
2522 voilà qui va de soi et personne ne demandera quel est le lien entre ces matières et la préparation civique des élèves. Mais
2523 ine du jeu, et les dures nécessités concrètes qui sont celles de la vie publique et civique — domaine du sérieux. On pourra
2524 artage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et civisme n’est pas évident pour t
2525 st certain que le lien entre culture et civisme n’ est pas évident pour tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît à p
2526 paraît à première vue un peu surprenant, si ce n’ est inquiétant… J’estime donc opportun de poser le problème en toute fran
2527 lités. Je voudrais vous montrer comment, si elles sont bien comprises, elles convergent et s’appuient mutuellement dans l’op
2528 générations confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’ est -ce que le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot —
2529 crois qu’on peut le définir par un seul mot — qui est le mot-clé de la doctrine de Proudhon, ancêtre de la nouvelle école d
2530 mais où ils prennent la parole ! Participer, ce n’ est pas seulement prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’est
2531 endre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’ est pas seulement recevoir, c’est aussi donner. L’enfant, l’élève, le fut
2532 ivique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet
2533 ut cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’ est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se
2534 , le citoyen d’une de nos démocraties, ne saurait être un vrai démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’il ne compren
2535 sion personnelle. Juridiquement, un homme ne peut être tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au
2536 pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle action, et q
2537 ment, un homme ne saurait se sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’était pour faire quelque chose ou pour refuse
2538 sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’ était pour faire quelque chose ou pour refuser de faire quelque chose, le l
2539 ise et s’actualise dans la responsabilité, que ce soit pour le bien ou pour le mal, pour l’honneur ou pour le châtiment. L’i
2540 l’honneur ou pour le châtiment. L’irresponsable n’ est pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’est pas responsable. C
2541 st pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’ est pas responsable. Cette liaison fondamentale et indissoluble de la lib
2542 ndissoluble de la liberté et de la responsabilité est le trait caractéristique du civisme européen. Elle représente la sant
2543 de la démocratie, dont les deux maladies typiques sont l’individualisme anarchique et le collectivisme tyrannique. Dans le p
2544 ivisme tyrannique. Dans le premier cas, l’homme n’ est pas responsable, dans le second, il n’est pas libre. Ni dans le premi
2545 homme n’est pas responsable, dans le second, il n’ est pas libre. Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne sa
2546 mier, ni dans le second de ces cas, il ne saurait être considéré comme un citoyen véritable. De ces définitions de base résu
2547 s les civilisations sacrées et les totalitaires n’ est en somme qu’un immense catéchisme, un apprentissage des règles et des
2548 stion non seulement de la manière dont les règles sont appliquées, mais des règles elles-mêmes, c’est-à-dire un entraînement
2549 t critique. Ainsi le rôle de l’éducateur européen est double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventio
2550 . Ces deux exigences de l’éducation européenne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémentaire
2551 ne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialectique
2552 talitaires dans lesquelles il s’agit avant tout d’ être conforme, d’obéir strictement aux modèles collectifs imposés par décr
2553 ouvoir. Éduquer un enfant, au sens européen, ce n’ est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas s
2554 ent conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’ est pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir 
2555 réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’ est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (religieu
2556 n de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’ est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étr
2557 chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment ils ont été créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieuses et s
2558 uter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des technique
2559 cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis
2560 nt acquis une idée de la manière dont tout cela a été fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commencera n
2561 e : l’imitation correcte des modèles orthodoxes n’ est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemple,
2562 odèles orthodoxes n’est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les
2563 officiel sous Staline. L’imitation, en Europe, n’ est qu’un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la personna
2564 ré. Dès la Renaissance donc, le créateur européen est celui pour qui l’art n’est plus seulement l’illustration des vérités
2565 , le créateur européen est celui pour qui l’art n’ est plus seulement l’illustration des vérités orthodoxes, et des symboles
2566 un poète, un musicien, veut d’abord dire ce qu’il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en même te
2567 même temps il publie, il expose, il ambitionne d’ être joué en public, c’est-à-dire qu’il cherche aussi l’approbation et la
2568 toyen actif ou de l’artiste créateur, le problème est le même dans sa forme et dans ses étapes dialectiques. Il s’agit d’ab
2569 requises pour maintenir cet équilibre en tension sont les mêmes dans les deux cas, et les déviations inévitables, rompant l
2570 les déviations inévitables, rompant l’équilibre, sont comparables, terme à terme. ⁂ Revenant maintenant aux problèmes plus
2571 angements, unité dans la diversité, semblent bien être les constituantes d’une culture vivante, et plus spécifiquement d’une
2572 el que leurs sources et modèles ! Ulysse de Joyce est une transposition de l’Odyssée au xxe siècle, et Picasso, parti de T
2573 statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’avait ress
2574 vres du passé européen et même mondial. Ceci donc est typique de l’Europe : la présence et l’action simultanées de la tradi
2575 peut en donner d’innombrables exemples, mais ils seront rarement aussi parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos
2576 tionalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe siècle.
2577 tinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’ est pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeux d
2578 e multiplient au xve siècle ; Guillaume Dufay en est l’illustration. Une nouvelle école s’épanouit dans les Flandres avec
2579 nt l’école locale ou régionale dans laquelle il s’ est formé. Roland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la France
2580 ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’ est pas devenu un peintre français du fait de l’annexion de Colmar à la F
2581 a religion qui les inspira toutes au départ, il n’ est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille é
2582 issant l’œuvre commune des Européens ; et il n’en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou intel
2583 s relâche et en toute occasion à vos élèves, ce n’ est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de falsifi
2584 vité de tous Pendant longtemps, lire et écrire fut réservé aux clercs, puis à une élite restreinte. Puis il y eut l’inst
2585 me, dans nos démocraties, tout homme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul à rester une spécialité de
2586 omme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait -il seul à rester une spécialité de luxe, réservée aux seuls artistes
2587 rs que la vie quotidienne et la cité ont besoin d’ être aménagées esthétiquement autant que socialement et politiquement. L’e
2588 ent de l’histoire des arts, depuis le romantisme, est dominé par la notion de chefs-d’œuvre ou d’œuvre individuelle faisant
2589 atailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on en est venu à séparer radicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui aur
2590 professionnels, ou d’en parler. Or une culture n’ est pas vivante et n’est pas saine, si elle reste l’activité des seuls ar
2591 en parler. Or une culture n’est pas vivante et n’ est pas saine, si elle reste l’activité des seuls artistes, savants ou éc
2592 avants ou écrivains professionnels, tout le reste étant passif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans
2593 ssif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’a pas be
2594 ante dans tous nos programmes scolaires. Car s’il est vrai comme le dirait Pascal que le principe de toute morale est de bi
2595 le dirait Pascal que le principe de toute morale est de bien penser, il faut dire aussi que le principe de toute culture c
2596 t. Thème conclusif L’art, comme le civisme, est un moyen de s’exprimer librement en tant qu’homme responsable — selon
2597 it-elle commencer par là. 63. Ces déclarations sont extraites de deux conférences prononcées à Vienne, l’une en 1958, l’a
81 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
2598 liser l’enseignement au profit d’une bonne cause, fut -elle européenne, mais de le rendre conforme à son objet : or il se tr
2599 forme à son objet : or il se trouve que cet objet est un phénomène 1° européen et non pas national, 2° littéraire et non pa
2600 rive au contraire qu’une nation, au sens moderne, soit en partie le produit de certains auteurs et des propagandes qui s’en
2601 t de certains auteurs et des propagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’est pas le génie de la France du Grand Siècl
2602 ropagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’ est pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est à
2603 a réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’ est jamais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne sait qu
2604 ), ni à la réalité de la création littéraire, qui est toujours le fait d’un individu (celui-ci certes utilise des instrumen
2605 , traditions, croyances du milieu, etc., mais ils sont là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse, non
2606 sif, l’Espagnol Unamuno ! Dans tous ces cas, ce n’ est pas le passeport qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’est
2607 t qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’ est formée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’il a rejetée, ou
2608 ncore sa formation professionnelle, etc. Que ceci soit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix fa
2609 ropagande pour l’union politique de l’Europe : ce serait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseig
2610 cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europe est une unité de culture, qui s’est constituée par la confluence de plusi
2611 posée L’Europe est une unité de culture, qui s’ est constituée par la confluence de plusieurs courants civilisateurs (Pro
2612 Celtes, Germains, puis Arabes et Slaves) et qui s’ est , au cours des âges, à la fois intégrée et diversifiée. La « littératu
2613 ier (horribile dictu !), mais c’est l’inverse qui est vrai : nos littératures « nationales » résultent d’une différenciatio
2614 ter, faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3.
2615 cifiants de l’« unité intelligible » (Toynbee) qu’ est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionne
2616 ible » (Toynbee) qu’est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant
2617 domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est poésie ou prose sacrée, religieuse, rituelle, symbolique : les Vedas
2618 aztèques, incas, mandarins, aujourd’hui maoïstes) sont lus avec vénération, c’est-à-dire sans esprit critique : ceci les dis
2619 interpréter la vérité de ce texte ? Nous disons : est -ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’
2620 ce texte ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est -ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a
2621 e que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est -ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le conc
2622 se ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succès ? est -ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est do
2623 parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spécifiquement européen. Quant aux éléments communs, relevons :
2624 agit dans nos écrits : La littérature européenne est coextensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse
2625 qu’on la morcelle… Le « présent intemporel », qui est une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que la li
2626 ignifie que la littérature du passé peut toujours être active dans celle du présent. Ainsi Homère dans Virgile, Virgile en D
2627 mysticisme espagnol dans T. S. Eliot. Inépuisable est la richesse des interrelations possibles64. b) Les formes, procédés
2628 mes, procédés rhétoriques, structures. — Là, tout est commun : l’épopée, le roman d’aventures, puis d’amour ; la ballade, l
2629 tons, les genres, l’orchestre, le concert, etc., sont des créations typiques des Européens.) Cette similitude des procédés,
2630 que nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste la spécificité et l’unité fondamentale des ac
2631 ens du terme, puis la légende de Don Juan, qui en est le négatif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques, qu’on retrou
2632 artiste dans telle ville d’art, non pas l’État où était située cette ville. En revanche, les styles étaient continentaux, et
2633 était située cette ville. En revanche, les styles étaient continentaux, et sont devenus mondiaux au xxe siècle : roman, gothiq
2634 En revanche, les styles étaient continentaux, et sont devenus mondiaux au xxe siècle : roman, gothique, classique, baroque
2635 au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture, n’ est pas « française », et le style dodécaphonique ou sériel n’est pas plu
2636 ançaise », et le style dodécaphonique ou sériel n’ est pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le d
2637 st pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Mais la diversité des lan
2638 oportions. a) Nos langues littéraires, en Europe, sont étroitement apparentées (à la seule exception du groupe finno-ougrien
2639 r leurs emprunts mutuels dans l’ère moderne. Ce n’ est pas le cas pour l’Inde, encore moins pour la Chine, dont souvent les
2640 ouvent les « grandes langues » (quatorze en Inde) sont radicalement différentes les unes des autres, je veux dire sans racin
2641 fférenciation de nos littératures par leur langue est relativement récente. Le français devient langue officielle dans le r
2642 Le norvégien, l’irlandais, le turc d’aujourd’hui, sont des produits du xxe siècle. Renan a fait justice de la confusion ent
2643 rle encore sept langues en France, et le français est la langue maternelle de communautés appartenant à cinq nations différ
2644 sités linguistiques. c) Les styles et les écoles sont des facteurs de ressemblance ou de dissemblance entre auteurs non moi
2645 eurs utilisées, altérées ou rénovées. Quelles que soient les différences entre les romantiques allemands, français, anglais, i
2646 the Definition of Culture. L’anglais, selon lui, est la langue la plus riche pour un poète, parce qu’elle combine la plus
2647 en au contraire une pluralité des allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir env
2648 t faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme l
2649 ’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui
2650 lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer n’ est pas mélanger Aux nationalistes maussades ou agressifs, conservateu
2651 i prétendent redouter que l’Europe unie de demain soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle plus que l’esperanto ou le « v
82 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
2652 , ou les leur étirait à l’aide de cordes si elles étaient plus courtes que le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice
2653 les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit , il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vingt-deux
2654 ope ! » Il y a vingt-deux ans de cela. L’Europe n’ est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pourrai
2655 ndré Malraux il y a quelques mois : « Les nations sont redevenues le phénomène fondamental du siècle. L’évolution a joué et
2656 ntestablement dans le sens de la nation. »66 Il est vrai que le même André Malraux quelques jours plus tard, interrogé pa
2657 jeunes gens à la radio, répond : « Faire l’Europe est la seule chose véritablement importante de notre temps. »67 Mais qui
2658 que cette « réalité fondamentale du siècle », que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule ch
2659 é fondamentale du siècle », que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule chose véritableme
2660 t que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’ est pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’État d
2661 ’y opposent encore irréductiblement, de tout leur être de nations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siè
2662  ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’avait dit, ni
2663 n l’avait prévu, mais bien le siècle des nations, est -ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des n
2664 des nations, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien est -ce que l’on dit « le siècle des nations » comme on dirait « l’année d
2665 dirait « l’année de ma pneumonie » ? Autre chose est de constater que la réalité politique de notre temps est encore la na
2666 constater que la réalité politique de notre temps est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut
2667 de notre temps est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dess
2668 r ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont aussi des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas q
2669 maux, mais bien à faire en sorte qu’ils cessent d’ être réels. L’État-nation en crise Que les nations soient encore bie
2670 els. L’État-nation en crise Que les nations soient encore bien réelles, et très fortes à quelques égards, l’impossibilit
2671 c une évidence presque écrasante. Que les nations soient en même temps mal adaptées (pour dire le moins) à l’évolution de notr
2672 tion de notre société, la preuve incontestable en est fournie par les deux guerres mondiales, résultant du nationalisme et
2673 uscoa basque ou de la Catalogne —, crises dont il est concevable qu’elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régi
2674 il est concevable qu’elles se résolvent un jour ( soit par l’octroi d’un régime plus différencié et libéral, soit par une sé
2675 l’octroi d’un régime plus différencié et libéral, soit par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachem
2676 éral, soit par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ajoute
2677 rises plus amples et dramatiques, qui affectent l’ être même de plusieurs États-nations européens, et non des moins centralis
2678 opéens, et non des moins centralisés. La Belgique est menacée d’éclatement par les oppositions ou incompatibilités entre le
2679 Biélorussie)69. Que dire alors de la France, qui est le pays du monde le plus centralisé, mais que ses propres « Plans »,
2680 x de ses partis de gauche et de droite, le centre étant acquis depuis longtemps. Elle est plus grave et significative que la
2681 te, le centre étant acquis depuis longtemps. Elle est plus grave et significative que la revendication d’un État occitan ou
2682 p souvent confondues avec le fédéralisme dont ils sont deux négations ; l’autre d’un dépassement du fédéralisme interétatiqu
2683 urrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’ est pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grande forc
2684 qu’il y a toujours eu des États, que les nations sont immortelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’est donc poss
2685 elles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’ est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutisse
2686 c possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutissement final, logique, normal et inévitable du progrès. Pour
2687 viennent la nation, l’État, et l’État-nation qui est né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la préhis
2688 naissance de la première nation, la France, peut être datée de cette déclaration des légistes de Philippe le Bel : « Le Roy
2689 légistes de Philippe le Bel : « Le Roy de France est empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’u
2690 celle dont il se trouve qu’on peut la contrôler — sera vite suivi par les rois d’Espagne et d’Angleterre, puis par les princ
2691 lon la formule du xive siècle. Ce spectacle, qui est celui de la naissance des nations, remplit d’effroi les sages de l’ép
2692 ffroi les sages de l’époque. « Ô genre humain, tu es devenu un monstre aux multiples têtes ! » s’écrie Dante dans son trai
2693 ’idée fatale de la souveraineté absolue, idée qui est à peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’est pas un géni
2694 ine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’ est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante — et
2695 parti qui s’en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins puis des « démocraties » plébiscitaires et totali
2696 de l’idéal national par l’appareil étatique — qui est l’œuvre des jacobins et de Napoléon —, la nationalisation de l’État r
2697 ine, et au xxe siècle dans le reste du monde. Qu’ est -ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le résult
2698 ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à
2699 ui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’ être qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à tout
2700 igion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’ est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le culte d
2701 et comme ce n’est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le culte de la patrie étatisée, seul Absolu auq
2702 tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’ est enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe siècl
2703 les États-nations unitaires en tant que tels ont été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les s
2704 ats-nations unitaires en tant que tels ont été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les seuls emp
2705 seuls empires réussis de notre temps se trouvent être des fédérations : les USA et l’URSS71. Trop petits et trop grands
2706 aintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules préte
2707 tats-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous ve
2708 . Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les
2709 n, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop gra
2710 etits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en juge par leur incapacité d’animer leurs région
2711 res) confrontés aux trois seuls vrais Grands. Ils sont trop petits « à l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure
2712 Jean Monnet (Lettre de démission de la CECA). Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou
2713 ar les barrages antimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi améric
2714 répondre au « défi américain » — cela n’a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’est-à-d
2715 naguère coloniales, et qui vivent mal… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables
2716 . Mais en même temps, les États-nations unitaires sont tous trop grands : trop grands pour pouvoir assurer le développement
2717 ement à la vie de la cité ; donc trop grands pour être encore de vraies communautés humaines : et cela c’est la plus grave m
2718 er un corps politique. Double dilemme Telle étant la crise présente de l’État-nation, le régime à prescrire paraît faci
2719 prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle conti
2720 édérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facil
2721 dirait-on. En effet, l’existence des empires de l’ Est et de l’Ouest leur pose un dilemme aussi simple qu’inexorable : — ou
2722 autorité supranationale, fédérale — et alors ils seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour
2723 en direction de leur fédération politique. Force est donc de penser qu’il y a quelque chose d’essentiel dans leur nature m
2724 donc d’indépendance totale, donc d’autarcie, qui est son ambition proprement impériale. C’est par définition et par struct
2725 on par méchanceté ou bêtise que les États-nations sont impropres à l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non d
2726 ont impropres à l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non de coopération. Leur mode de contact normal n’est pa
2727 non de coopération. Leur mode de contact normal n’ est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a cent
2728 plication majeure : Développons en commun ce qui est neuf. Laissons de côté les héritages du passé dont l’unification pren
2729 e mon côté : L’union, pour deux États-nations, n’ est jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (comme
2730 par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce n’ est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent
2731 euse à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’
2732 on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’Europe, il
2733 se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vai
2734 Invention de la région au xxe siècle Il n’ est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion en E
2735 les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les dépa
2736 ’hui, ni les « States » de l’Amérique du Nord. Ce sont vraiment des créations de notre temps, des organismes en train de naî
2737 e capter et d’harmoniser, et dont les principales sont  : l’explosion démographique, l’urbanisation galopante, la mobilité de
2738 ; et enfin l’unité géographique. Cette dernière n’ est d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée sur le
2739 andinavie ; des Balkans ; et enfin, des pays de l’ Est , anciens royaumes de Hongrie, de Bohême et de Pologne, ou formations
2740 on permanente, combinés avec tous les autres : ce sont les résultantes de ces complexes de forces qui dénotent, définissent
2741 voici un exemple vécu. Il y a quelques années, je fus invité à un colloque organisé par le festival d’Aix-en-Provence sur l
2742 et une zone d’intense production industrielle, où sont venues s’implanter les plus importantes usines atomiques françaises.
2743 rouvais le seul non-Français : j’en conclus que j’ étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne. Invité à parler
2744 coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle qui est d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’à la surface les
2745 ssiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde, elles
2746 ussi nombreuses et fréquentes que possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, sel
2747 lles nations. Ce passage de la nation aux régions sera le phénomène majeur de l’Europe de la fin du xxe siècle. La politiqu
2748 à l’échelle de l’Europe — toutes propositions qui étaient encore proprement impensables pour un esprit français, il y a dix ou
2749 a lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste o
2750 enée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation
2751 de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français sera
2752 Europe unie la représentation du peuple français sera assurée par l’État fédéral français. Parmi les plus graves méfaits de
2753 tion doit réparation du tort ainsi causé79. On n’ est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un heb
2754 unes et des cadres… » Le dépérissement régional n’ est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la consc
2755 st pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la conscience de la crise si vive et l’oppression quasi col
2756 loniale de la région si ancienne que Saint-Brieuc était l’endroit tout indiqué pour tenir le premier colloque socialiste régi
2757 le thème : Décolonisez la Province80 ! Tout cela est intéressant, me disent certains augures, mais n’allez pas y attacher
2758 y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et vos
2759 main… que son État. Or la souveraineté de l’État est devenue largement illusoire, quand elle n’est pas toute négative, j’e
2760 tat est devenue largement illusoire, quand elle n’ est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non
2761 qui, de proche en proche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir con
2762 roblème de la régionalisation du territoire. On s’ est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la structur
2763 exploitation des régions par l’État central. On s’ est intéressé très spécialement aux régions périphériques, les plus négli
2764 oise, qui touche la Belgique. Vue de Paris, Lille est une gare terminus, et Roubaix-Tourcoing un cul-de-sac dans un coin de
2765 u surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’ est qu’un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne sur t
2766 s bureaux de la capitale, la révolution régionale sera faite. Et du même coup la fédération de l’Europe se révélera immédiat
2767 l’Europe » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-e
2768 s à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t -elle fondée sur des réalités en plein essor, non sur des vieilles car
2769 tin… vers 1985. La région dans le cadre européen, est une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le départemen
2770 que la nation82. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément devant le corps des fonctionnair
2771 olution régionaliste, condition de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y
2772 Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le j
2773 essairement très lent, au jour le jour. Nous n’en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience du phénomè
2774 nelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exigent une longue
2775 u ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exigent une longue période de mise en place silencieu
2776 finalement les doter d’institutions autonomes, ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt à trente ans, en admettant
2777 uté aussi nouvelle dans notre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans la soci
2778 nt aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en tant qu’élé
2779 sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernest Renan s’ était écrié dans un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont
2780 discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et
2781 e taille donnée, en sorte que ces limites doivent être tracées avec une certaine liberté de jugement 85. Ainsi : là où, dan
2782 us faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a été marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires cultiv
2783 es sur des territoires cultivés, celle qui a donc été dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de terre sacr
2784 nce. D’ailleurs, le terme même d’« indépendance » est en train de perdre son sens ancien, stato-national, majestueux et vol
2785 ” diraient les scientifiques : il faut chercher à être aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensabl
2786 ssi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensables 86. » Je proposerais, pour ma part, que l’on substitue
2787 ires de la souveraineté sans limites. L’autonomie est une notion relative et très précise, quand on parle par exemple de l’
2788 re dont se vantaient les États-nations. Enfin, il est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière,
2789 ière, c’est celle de la pluralité des allégeances soit d’une personne, soit d’un groupe ou d’une région. L’État-nation voula
2790 la pluralité des allégeances soit d’une personne, soit d’un groupe ou d’une région. L’État-nation voulait tout faire coïncid
2791 a liberté de chacun et l’efficacité de son action seront garanties par la possibilité de se rattacher et de donner son allégea
2792 des régions On a vu que la notion de région s’ est imposée à l’attention des économistes d’avant-garde, puis des sociolo
2793 i ont motivé ces prises de conscience successives sont faciles à énumérer : a) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessit
2794 ales de 1961) ; b) des régions plurinationales se sont définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesur
2795 s Provençaux, ses Italiens et ses Corses — et que sera -ce demain en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Yougoslavie…) approche
2796 du fédéralisme87. L’intention du présent article est de proposer qu’en tenant compte de ces facteurs, on reconnaisse la né
2797 , auront à se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long terme de leur position d’obstination unitaire. To
2798 se des fédéralistes régionalistes. Pour eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’
2799 ous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuelles de notre
2800 talogne, d’une Écosse — ou de l’Europe. Mais nous serons aussi de doux rêveurs, des esprits brumeux, idéalistes utopistes inef
2801 is des objections apparemment plus réalistes nous sont faites par les partisans « malgré tout » d’une Europe composée d’État
2802 donnée à l’existence réelle des cent régions, qui est encore hypothétique. Je ne voudrais indiquer dans cette première esqu
2803 n politique à partir des États-nations souverains étant demeurée nulle au cours des vingt-deux dernières années, il n’est pas
2804 le au cours des vingt-deux dernières années, il n’ est pas difficile de faire mieux. La construction fédérale à partir des r
2805 éalités. Ce jour-là, une dernière « explication » sera peut-être nécessaire avec les détenteurs des pouvoirs stato-nationaux
2806 ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’ est devenu possible qu’à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’objecti
2807 eur. L’objection de la « trop grande complexité » est donc en réalité anachronique. c) Reste l’objection portant sur l’exis
2808 ’information sur ce qui existe déjà et sur ce qui est en train de se faire, de toutes parts. Imaginons un tableau des régio
2809 e l’emporterait sur les volontés nationales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se f
2810 ions ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle est une contradiction dans les termes, une utopie, et pire que cela : un
2811 : un objectif anachronique. L’Europe se fera — et sera fédérale — lorsque les volontés locales et régionales l’emporteront s
2812 r, L’Express, 30 octobre-5 novembre 1967. 68. II est évident que les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les Ét
2813 st évident que les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les États-nations tels que les a formés le xixe siècle, e
2814 sens premier — peuples, régions, ethnies ; elles sont du type France, Espagne, Grande-Bretagne, non du type Bretagne, Catal
2815 type Bretagne, Catalogne, pays de Galles ; elles sont donc des États impérialistes, non des communautés qui revendiquent co
2816 ssons plus loin le paradoxe : la Suisse elle-même est un empire réussi, en tant qu’elle groupe sous une égide suprême et ar
2817 ge suprême (mais non pas dimensions gigantesques) sont , en effet, les notes essentielles de l’empire. 72. « Quand il s’agit
2818 …], qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’ être un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais à remettre
2819 an-Schreiber, Paris, 1967. 74. Cf. Janus, n° 15, été 1967, p. 84. 75. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre à la
2820 itas donne civisme, synonymes réels qui devraient être perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio ? (sans évoquer
2821 s-centraliste de « provincialisme »). 84. Cf. Qu’ est -ce qu’une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence sur
83 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
2822 La région n’ est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)df 1. Les objections co
2823 ur les régions et non sur les États-nations, j’ai été amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’e
2824 loque. Je note d’abord que le terme de difficulté est souvent plus exact que celui d’objection. Dans la plupart des cas, la
2825 e Mouvement de l’Histoire, selon lequel la nation est le Progrès. » « La région est une nostalgie réactionnaire. Le progrès
2826 on lequel la nation est le Progrès. » « La région est une nostalgie réactionnaire. Le progrès et l’efficacité, au xxe sièc
2827 formées par extrapolation du passé ou du présent, sont toutes à la merci d’une équation nouvelle, d’une action aujourd’hui e
2828 oyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’ est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objectiv
2829 pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera  : « l’objectivité scientifique » dissimulant une démission civique re
2830 us sûr. Objections tactiques « Comme s’il n’ était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’ajouter
2831 ns transition. Cela prendra des décennies. Ce qui est urgent, c’est le prix du lait et le taux d’accroissement de la produc
2832 industrielle. » Principes d’une réponse : — a) N’ est -il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la ba
2833 fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, du 17 février au 16
2834 ctement, du 17 février au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur à cette date sans la moindre mesure de transition. (
2835 r l’éducation stato-nationaliste « Les nations sont immortelles » (François Mauriac), tandis que « les régions sont encor
2836 es » (François Mauriac), tandis que « les régions sont encore à naître ». « Les gens n’en veulent pas, de vos régions autono
2837 ent gaulliste. » « Les conflits entre les régions seront forcément plus nombreux et plus mesquins que les conflits entre nos n
2838 réflexes passionnels, étourderies et boutades ne sont guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées par n
2839 ent allez-vous découper vos régions ? » « Quelles seront leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’elles aient des superficies
2840 de Paris, avec ses 9 ou 10 millions d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça
2841 ’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’ est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? » « 
2842 ce dernier groupe d’objections ou difficultés qui est la cause principale de l’ajournement des solutions régionalistes, c’e
2843 nter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction Presque toutes les diffic
2844 ositions axiomatiques de ce genre : — L’État doit être unique et indivisible. — De son siège unique, dans la capitale, l’Éta
2845 ). Au cours des siècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c
2846 qui ont notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des desseins politiques d’un État et non pas de la prospér
2847  ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous peu ou prou, et dans son système de représentation, la région ne
2848 centrés dans une métropole régionale au lieu de l’ être dans une capitale. Or, les possibilités pratiques de participation du
2849 on du citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont aujourd’
2850 un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civisme — ne
2851 communale — seule école efficace du civisme — ne serait pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays en neuf
2852 ve que d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de structure du
2853 fédéralistes intégraux, au nombre desquels je me suis toujours rangé. Il n’en reste pas moins probable qu’elle va constitue
2854 série de raisons (pas seulement militaires) qu’il serait trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la sécurité sui
2855 o-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’ est indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échapper au
2856 el, pour aller vite et rester dans le concret. Je suis Neuchâtelois de naissance et de tradition : à ce canton va donc mon a
2857 uisse : mon passeport et mon allégeance nationale sont donc suisses. Je suis aussi un écrivain français : la francophonie eu
2858 et mon allégeance nationale sont donc suisses. Je suis aussi un écrivain français : la francophonie européenne, c’est-à-dire
2859 constitue donc mon allégeance culturelle. Mais je suis aussi protestant, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serai
2860 nt, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’étais communiste, ou catholique, évidemment). Et je fais
2861 te une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’ étais communiste, ou catholique, évidemment). Et je fais partie d’un très g
2862 rontières du tout. Si l’on exigeait que tout cela soit unifié et uniformisé dans les limites géographiques d’un territoire d
2863 on à tout État-nation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel
2864 contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’ est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, avec s
2865 ul lieu, accaparés par l’État national, et qui le seraient , demain, par l’État régional. 4. Vers une formule fédéraliste de l
2866 x dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organe
2867 ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires différents tout ce
2868 nes ou fonctionnaires différents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Proudhon en
2869 ion des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’ est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le go
2870 as seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les provinces et les c
2871 roudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentrer ( est -ce différent ?), ni de déléguer les pouvoirs de l’autorité centrale.
2872 bien adopter la structure proudhonienne, sans que soit pour autant décidée la structure des réseaux d’échange et groupes de
2873 unités de base politiques et leurs structures ne sont pas, en principe, superposables aux unités de base économiques (ou cu
2874 autres se chevauchent, se recoupent différemment, sont parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut que les régions polit
2875 ar l’autre. Il se peut que les régions politiques soient définies demain comme les intersections de « classes » de faits écono
2876 ifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition personnell
2877 , ma définition personnelle, donnée plus haut. Il est assez facile de visualiser l’appartenance d’un élément à deux ou troi
2878 tiquement à l’une des trois nations dont la Regio est le carrefour ou l’intersection94. La résistance qu’opposent certains
2879 u un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui n’ est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’e
2880 s, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’ est pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le sa
2881 s jacobins, et les sous-offs dont le saint patron fut « le Petit Caporal ».) 5. Un programme d’études Le champ d’étud
2882 onaliste, que ces quelques remarques définissent, est à peine exploré. a) Il faudrait commencer par opérer la dissociation
2883 bien définis. Le Marché commun, par exemple, qui est un pouvoir économique, doit-il entretenir des visées politiques, ou l
2884 retenir des visées politiques, ou laisser ce soin soit à une autre agence fédérale constituée sur la base de régions à défin
2885 définition politique (ou ethnique ou culturelle), soit à la réunion de toutes les agences spécialisées au sein d’un gouverne
2886 édéral ?95 Savoir quelles relations existent, ou sont souhaitables, entre l’économie et l’université, ou entre les formules
2887 ules de participation civique et l’urbanisme : il serait facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau commun
2888 es sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de no
2889 paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit
2890 son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs plates, sans déborder, d
2891 ote 24. 89. Mais quand Malraux dit que la nation est le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense à autre ch
2892 ratégie politique de la fédération européenne, il est probable que le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra
2893 ionalité et ses institutions étatiques. Mais ce n’ est pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient en
2894 encore généralement leurs langues, la proportion serait à peine de deux tiers. 93. P.-J. Proudhon, Du Principe fédératif, Pa
2895 opose le terme de « régions carrefours ». 95. Il est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-n
2896 Il est certain que le Marché commun ne cessera d’ être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront pas renoncé au
2897 é au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits » économiq
2898 ionaux ». df. Rougemont Denis de, « La région n’ est pas un mini-État-nation », Bulletin du Centre européen de la culture 
84 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
2899 parait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne manquera pas de
2900 ionnelles, seules contraignantes. L’État-nation s’ est toujours révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont e
2901 lé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont emparé. Et quant à leurs doctrines collectivistes, de droite ou de ga
2902 ostiles à mort, et par quelles différences cela s’ est -il traduit dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On ne trouvera
2903 « qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contre des Juif
2904 contre des Juifs qui n’ont d’autre tort que de l’ être . D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti ne change rie
2905 ascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela
2906 entité politique. Au reste, l’État totalitaire n’ est que le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant su
2907 e moins efficace que Déroulède, cette injustice n’ est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni l’
2908 Le seul problème politique sérieux d’aujourd’hui est de défaire l’État-nation. Défaire l’État-nation (et je ne dis pas dét
2909 n civique, par suite, aucune révolution réelle ne sont imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en dépit
2910 t les émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie ne sera qu’une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour prou
2911 a suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle n’ est pas saine.   5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à la Co
2912 nt : une fédération continentale dont les régions seront les unités de base. Je l’avais écrit dès 1940 et le redis au congrès
2913 itiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne sont pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans leur
2914 e indiscernables dans leurs manifestations. Ce ne sont pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national
2915 nt à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendre la
2916 rétendent également défendre la liberté. Et ce ne sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’o
2917 sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’hui — r
2918 me. Une menace et une espérance. Le totalitarisme est simple et rigide, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est
2919 e, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est complexe et souple, comme la paix, comme la vie. Cette antithèse domi
2920 me la vie. Cette antithèse domine le siècle. Elle est son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont se
2921 e drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont secondaires ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subo
2922 s ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subordonnées.98   6. Analyse de quelques clichés. La jeunesse est l
2923 8   6. Analyse de quelques clichés. La jeunesse est l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle est l’âge du génie p
2924 l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle est l’âge du génie pour quelques scientifiques, et de la grande poésie po
2925 ites-vous de la lutte des classes ? e) La culture est un piège bourgeois. f) Vous tentez de dépolitiser le problème. Je rép
2926 rdre fortuit. (Tout en notant que « la Jeunesse » est une expression de journalistes. L’humanité ne se reproduit pas tous l
2927 connais pas ! » Dommage pour vous, mais le remède est simple : un séjour en Afrique ou en Asie au titre de l’assistance tec
2928 siez dans cette mauvaise conscience narquoise qui est la bonne conscience du gauchiste. Quand Sartre, à la suite de Fanon,
2929 corps et du sommeil par l’industrie et par l’auto est -elle un produit spécifique de notre société de consommation et du cap
2930 récoltes, d’où famine pour les masses chinoises, est -ce un produit spécifique du communisme ? Ces phénomènes sont décisifs
2931 produit spécifique du communisme ? Ces phénomènes sont décisifs pour l’avenir de l’humanité, mais les énervés de Nanterre ne
2932 ologie. C’est décidément la droite patronale qui est responsable de la destruction du milieu naturel et du confort des cit
2933 nge, si l’on veut que la vie continue, mais ce ne sera qu’au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feront les
2934 les masses signifient les ouvriers d’usine, elles sont partout minoritaires, et de plus elles fondent à vue d’œil au profit
2935 supprimer à terme la condition prolétarienne. Où seront les masses ? Dans Tel Quel. (N. B. « Les jeunes pensent… disent… refu
2936 stituent 75 % de cette majorité.)   d) « Mais où est la lutte des classes dans tout cela ? », me disent ces dévots scandal
2937 , tout simplement ! Eh bien, la lutte des classes est une réalité très différente de celle dont je traite ici. Elle me para
2938 peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est -il aujourd’hui de la lutte des classes ? En URSS d’abord. Vous me dit
2939 me là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’étant approprié les moyens de production. Bien. Mais ch
2940 se plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’ étant approprié les moyens de production. Bien. Mais chacun peut voir que c
2941 roduction. Bien. Mais chacun peut voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut voi
2942 voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut voir les différences qui subsistent e
2943 gement de la condition d’un ouvrier des pays de l’ Est dits « socialistes » : ce dernier étant non seulement moins bien payé
2944 s pays de l’Est dits « socialistes » : ce dernier étant non seulement moins bien payé (en valeur absolue et en pouvoir d’acha
2945 Moscou. (Faut-il penser qu’« objectivement », ce serait la haine des ouvriers plus encore que de la bourgeoisie que traduisai
2946 qui pousse à la révolte (tendance gauchiste) ? Ce serait en fait maintenir la condition prolétarienne pour mieux nourrir sa lu
2947 t au progrès technique, dans la mesure où il peut être libérateur. Détruire la bourgeoisie (slogan anarchiste) ? Que restera
2948 meurtriers, eux-mêmes bourgeois ? Mais non, vous êtes sérieux, disciplinés et réalistes : vous voulez ce que veut le Parti,
2949 vouloir quelque chose d’impossible, car ce slogan est le type même de l’énoncé dénué de sens, comme on le voit en remplaçan
2950 ses termes par leur définition. Si le Prolétariat est la classe non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’être Proléta
2951 se non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’ être Prolétariat dès l’instant qu’il accède au pouvoir et à la propriété d
2952 es moyens de production. Prolétariat et dictature sont des termes contradictoires ou mutuellement exclusifs. Ce qui existe e
2953 e, indépendante de toute idéologie et qui ne peut être , par définition, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, je ne vais
2954 Cela dit, je ne vais pas esquiver la réponse. Je suis contre la lutte des classes, parce qu’il faut supprimer la condition
2955 nt « la relève du Travail » : L’Ordre nouveau est fondé sur l’abolition de la condition prolétarienne, la dictature com
2956 ne, la dictature comme l’esclavage du prolétariat étant également des consolidations de l’oppression technique dont souffrent
2957 hique et inhumain des débuts du xixe siècle doit être abolie par une technique enfin soumise aux possibilités libératrices
2958 tion (Aufhebung) de la condition prolétarienne ne sera pas obtenue par l’étatisation des instruments de production — laquell
2959 e libération morale et énergétique. Tout le reste est mauvaise littérature, c’est-à-dire pollution idéologique de jeunes ce
2960 les excitées mais incultes.   e) « La culture, qu’ est -ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas, voy
2961 erreur de Marx, même si c’est décrété par Mao, n’ est pas nécessairement une vérité empiriquement vérifiable. La culture ét
2962 t une vérité empiriquement vérifiable. La culture étant un ensemble ultracomplexe de réflexes moraux, mentaux et affectifs, e
2963 moins romantique, non violent, non instantané, il est clair que la révolution qu’implique et que représentera au total   l’
2964 t que représentera au total   l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’uni
2965 l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédér
2966 euples par la fédération continentale des régions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, p
2967 e des régions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politicie
2968 épolitiser les problèmes ? » Oui, si la politique est le jeu des partis et des États-nations étiquetés de gauche et de droi
2969 capitalistes, socialistes et fascistes. Mais ce n’ est pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargir l
2970 litique », que veut-on dire ? Que l’économie, qui est le domaine propre des Communautés, ne fait pas partie de la politique
2971 ne fait pas partie de la politique ? Que celle-ci serait donc « autre chose » ? Mais quelle chose ? On parle de « politique »
2972 la politique écologique — quelle politique en soi est -elle imaginable ? Toutes les réalités sérieuses une fois déduites, qu
2973 États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le sens courant du ter
2974 xtérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait , selon le sens courant du terme « politique », radicalement dépolitis
2975 tique au sens des relations entre États-nations n’ est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de
2976 ’est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’ être . Elle est encore de type dynastique, en tant que son but pratique res
2977 mocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de type dynastique, en tant que son but pratique reste la puis
2978 ement des personnes. C’est que l’État-nation ne s’ est pas constitué en vue de certaines tâches sociales définies, mais pour
2979 rd’hui. L’agent souverain de cette politique-là n’ est jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’il fallait servir.)
2980 che, si l’on admet avec Aristote que la politique est l’aménagement des relations humaines dans la cité (polis), elle devie
2981 air des énergies d’une jeunesse ivre de vocables, sont d’effet nul sur les actions et les réalités proprement politiques d’a
2982 20 et 2060, ce qu’il faut décider aujourd’hui, ce sont les conditions de survie du genre humain. Dans ce domaine, l’acte pol
2983 ine, l’acte politique tel que je l’ai défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une certaine échelle des valeurs
2984 u Congrès des USA105 concluent que le seul espoir est dans une réduction simultanée, de 20 à 75 % selon les cas, de la cons
2985 la rue, dans ce « discours » dont les barricades sont les signes flamboyants — mais un blindé les repasserait en dix second
2986 eil fédéral formé des chefs des offices fédéraux, sera capable de prendre de telles décisions. Or, il n’y aura de gouverneme
2987 a cité sociale dont l’individu refuse désormais d’ être séparé représente la vraie nature sociale de l’homme. » Marx, Remarqu
2988 ’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable
2989 s, le pouvoir régional si l’on préfère, non, ce n’ est pas un truc électoral, un système plus ou moins astucieux, mais un mo
2990 1. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’ Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturelleme
2991 l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturellement grâce au triomphe des valeurs bourgeoises, qui
2992 l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels ont été les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat n
2993 et 1933. Cette revue, publiée de mai 1933 à 1938, fut l’organe du groupe du même nom, fondé par Arnaud Dandieu († 1934), Ro
2994 ersonnaliste, dont l’aile catholique progressiste était représentée par Esprit, fondé en 1932 par Emmanuel Mounier et Georges
2995 re 1970, par Jay W. Forrester. Ces prévisions ont été commentées par l’auteur dans l’ouvrage intitulé World Dynamics, paru
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
2996 n des régions transfrontalières [Note liminaire] ( été 1972)dh À l’initiative de l’Assemblée consultative du Conseil de l
2997 soumis aux quatre commissions entre lesquelles se sont répartis les participants, puis la Déclaration finale, résultant de l
2998 ésultant de la discussion de ces rapports, et qui fut adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé a
2999 ésumé analytique du Rapport de base, dont il nous est malheureusement impossible de publier le texte intégral : il occupera
3000 culture : « L’Europe des régions (III) », Genève, été 1972, p. 1.
86 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
3001 de la coopération dans les régions frontalières ( été 1972)di I. Définitions Appelons culture non seulement l’ensem
3002 volution historique. Les régions socioéconomiques sont généralement constituées par un ensemble ou système de besoins et de
3003 s populations de langues et de coutumes communes, sont liées d’une manière beaucoup plus stable dans le temps à des territoi
3004 itoires bien plus précisément déterminés, mais il est rare qu’elles coïncident avec les frontières étatiques décidées au ha
3005 s traités au xixe et au xxe siècles. La plupart sont ou bien englobées (de gré ou de force) dans un État national beaucoup
3006 t de l’allemand, langue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernièr
3007 ngue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’ est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’éco
3008 lsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école primaire, deux heu
3009 aut-Rhin, et 629 578 sur 662 000 dans le Bas-Rhin étaient germanophones (c’est-à-dire unilingues, bilingues ou trilingues). Qua
3010 ou trilingues). Quant aux francophones purs, ils étaient 32 432 dans le Bas-Rhin et 22 500 dans le Haut-Rhin.106 Rien d’éton
3011 oui à la question : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné à vos enfants dès l’école primaire ? » Mais en 1964, le dépu
3012 guerre « l’enseignement de l’allemand en Alsace a été organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il au
3013 de l’allemand en Alsace a été organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement
3014 ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a suffi quel
3015 aurait même été habilement saboté. L’expression n’ est pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou de
3016 ou moins officielle de certaines administrations soient mis en doute »107. Des problèmes similaires se posent aux Valdotains
3017 style xixe siècle a prétendu imposer sa pensée, fût -elle précisément absence de vraie pensée, pur conformisme politique,
3018 e, pur conformisme politique, et ce faisant, il s’ est lui-même dénaturé : au lieu d’être au service de la communauté, il es
3019 e faisant, il s’est lui-même dénaturé : au lieu d’ être au service de la communauté, il est devenu — au moins en prétention —
3020  : au lieu d’être au service de la communauté, il est devenu — au moins en prétention — le Souverain totalitaire. 2. L’ense
3021 s un pays voisin la profession pour laquelle on a été diplômé dans son pays. Quant au contenu de l’enseignement : les manue
3022 cle, pour que les valeurs et grandeurs nationales soient seules enseignées, les réalités régionales étant systématiquement obl
3023 soient seules enseignées, les réalités régionales étant systématiquement oblitérées ou frappées d’interdit, au prix de distor
3024 ts. Ainsi l’ignorance sur les réalités immédiates est générale. 3. La presse, la radio, la TV La diffusion de la presse d’
3025 ine : secret professionnel, dit-on. (Les chiffres seraient -ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diff
3026 dit-on. (Les chiffres seraient-ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diffusion des journaux de G
3027 nt-ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diffusion des journaux de Genève et Lausanne en France
3028 ce qui se passe à quelques kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue
3029 hez soi est générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue que la TV dans les régions de même langue
3030 écoutée. La TV ayant une portée moindre, ne peut être reçue dans de nombreuses régions que s’il y a des relais. Or on obser
3031 l y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à
3032 de la TV italienne. Quant à l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient que les émissions locales de l’ORTF en langue a
3033 missions locales de l’ORTF en langue allemande ne soient pas limitées à des quarts d’heure symboliques. Les observateurs non a
3034 parfois les images de la couverture ; 2) les prix sont majorés jusqu’à 30 % dans le pays voisin, sous prétexte de « frais de
3035 stéréotypes nationaux, et pour montrer (comme il serait aisé de le faire dans une région frontalière) que ces clichés général
3036 rontières Les problèmes qu’on vient d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce sont les frontières qui empêchent de
3037 nt d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce sont les frontières qui empêchent de les résoudre. Ou plus exactement : c’
3038 cro-sainte, matérialisé par les frontières. Or il est clair pour quiconque, aujourd’hui, que le tracé des frontières étatiq
3039 ujourd’hui, que le tracé des frontières étatiques est accidentel, sans plus d’utilité démontrable qu’administrative, et trè
3040 très nuisible à tout autre égard. Les frontières sont encore capables d’entraver la circulation des biens et des services,
3041 quent les échanges qu’il faudrait favoriser, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’il faudrait arrêter. D’une maniè
3042 e prestige étatique, les frontières actuelles ont été fixées pour des raisons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d
3043 ons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d’ être des raisons. Le caractère indiscutablement pathogène de nos frontière
3044 utablement pathogène de nos frontières politiques est celui du lit de Procuste qu’on nomme État-nation. Il procède de la vo
3045 à des réalités hétérogènes par nature, et qui ne sont superposables ni dans l’espace ni dans le temps : le sous-sol et la l
3046 é pour l’occasion. Dans l’espace : les frontières sont d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État est plus totalitair
3047 d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État est plus totalitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État est limitée
3048 alitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État est limitée aux tâches administratives, les frontières sont ouvertes et i
3049 imitée aux tâches administratives, les frontières sont ouvertes et insensibles, comme entre les cantons suisses et les Lände
3050 nté politique. Relevons ce paradoxe : les ethnies sont des communautés de langues sans liens avec un territoire (point de la
3051 ité de leurs limites ; tandis que l’économie, qui est en partie liée au sol (climat, secteur primaire maritime ou agricole,
3052 e, ressources naturelles pour l’industrie, etc.), est en fait beaucoup plus indépendante de ses établissements territoriaux
3053 tc. Le rythme de changement des régions ethniques est millénaire ; celui des régions économiques est décennal ; mais la fro
3054 es est millénaire ; celui des régions économiques est décennal ; mais la frontière politique unique et omnivalente que l’Ét
3055 « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est polyvalente. Et cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y
3056 s de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout simplement celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y
3057 alités ethniques et des dynamismes économiques, n’ est que la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle et
3058 rne, dont la croyance aux « cultures nationales » est à la fois l’un des présupposés nécessaires et l’un des agents de prop
3059 s efficaces. L’école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue nationale, une culture nationale e
3060 limité par des « frontières naturelles ». Or tout est faux dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’est pas la juxta
3061 x dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’ est pas la juxtaposition de vingt-cinq « cultures nationales », puisqu’el
3062 ngue maternelle dans les villes universitaires, s’ est étendu aux peuples parlant la même langue, sans qu’il fût question po
3063 du aux peuples parlant la même langue, sans qu’il fût question pour autant de les enfermer dans les frontières d’un même Ét
3064 enfermer dans les frontières d’un même État. Il n’ est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’
3065 e — de la Volga. Les « frontières naturelles » ne sont pas moins chères à l’école — ni plus vraies pour autant. Cette notion
3066 . Cette notion, qui a son origine sous Louis XIV, est mise en forme par la Révolution (discours du Prussien Anacharsis Cloo
3067 uest, des Catalans des deux côtés, dans la partie est , mais ni Français ni Espagnols. Quant aux Alpes : on y parle des deux
3068 te… Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, comme les co
3069 nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, comme les conflits armés dont elles fig
3070 vérité, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s
3071 de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s’ est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celtes
3072 on du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture,
3073 ure et de doctrine sociologique ou politique, ont été paneuropéennes, et non pas nationales. Les grands courants européens,
3074 ’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est -il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, co
3075 e nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est -il vrai, comme le disent les discours officiels, que ces « précieuses
3076 ours officiels, que ces « précieuses diversités » soient celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations facile
3077 qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais
3078 s libérerez ! 2. La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et
3079 e est d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge,
3080 e qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universi
3081 us nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universités, à la Renaissance les cités et les très petits États
3082 diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant. Les régions culturelles ou ethniques ne
3083 ncident pas avec les régions administratives, qui sont inadéquates pour définir les régions économiques, et moins encore ave
3084 tato-national 1. Les régions transfrontalières sont les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europ
3085 es sont les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une véritable Eur
3086 e l’Europe entre ces deux sortes d’influences, il est clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement re
3087 l est clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement respectés, laissés en place par les puissances coloni
3088 mieux servir les desseins des deux grands (qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : le
3089 3. Les solutions aux problèmes énumérés sous II. seront à chercher dans le cadre régional, et non pas stato-national. Toute t
3090 es droits du général contre ceux du singulier. Il est aussi le dépositaire des finalités civiques à chaque niveau communaut
3091 ignement secondaire : l’histoire et la géographie sont à reprendre à partir des réalités proches de l’élève, donc régionales
3092 oches de l’élève, donc régionales, alors qu’elles sont axées depuis un siècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que l’on
3093 européen et que la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen. Enseigner les
3094 ient l’étude, voire la seule mention. De plus, il est urgent d’introduire un enseignement économique au degré secondaire :
3095 it voir à tous que les réalités, dans ce domaine, sont régionales et continentales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il
3096 primaire, secondaire, technique et professionnel) sont à réorganiser au-delà des frontières nationales, en commençant par le
3097 pparaît virtuellement la plus forte. (Ces régions sont très nombreuses le long de l’axe nord-sud, rhénan-alpin.) La création
3098 ourg et l’introduction d’un baccalauréat européen sont d’excellents exemples internationaux de ce qui pourrait être fait à l
3099 llents exemples internationaux de ce qui pourrait être fait à l’échelon régional : lycées communs là où la langue est pareil
3100 échelon régional : lycées communs là où la langue est pareille, lycées bilingues, écoles techniques et professionnelles. Je
3101 n toute prudence : les résistances psychologiques sont vite mobilisées dans ce domaine et les programmes scolaires paraissen
3102 essais de coopération, limitée mais précise, ont été faits dans la région Bâle-Strasbourg-Freiburg. Un autre projet de coo
3103 rasbourg-Freiburg. Un autre projet de coopération est à citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les
3104 prendre la nécessité des régions, et si elle peut être enseignée le plus concrètement à l’échelon régional d’abord, mais aus
3105 s exigences de l’économie et celles de l’écologie sont faciles à mettre en évidence à l’échelon local et régional. La recher
3106 a région Tous les problèmes régionaux — qu’ils soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à des probl
3107 ls soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à des problèmes continentaux. Une commune, une région, n
3108 s requis, dans aucun de ces domaines : ces moyens sont de dimension continentale. (Ainsi le CERN et le Super-CERN près de Ge
3109 ssaires au terme des recherches « continentales » est bel et bien locale. Exemple : sauver le Léman suppose des recherches
3110 iques qui relèvent de l’échelon continental, mais sont d’exécution typiquement régionale et transfrontalière. En économie, l
3111 t d’informer les agences régionales. Les régions seraient ainsi immédiates à l’Europe, même si elles choisissaient, comme c’est
3112 s régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un syndicat de communes. (Elles
3113 istrativement par un syndicat de communes. (Elles seraient abonnées à la région écologique, par exemple, comme un particulier es
3114 ion écologique, par exemple, comme un particulier est abonné au gaz, à l’électricité, au téléphone.) Si maintenant je trans
3115 le beau livre de Morvan Lebesque, Comment peut-on être Breton ?, Paris, 1970 chap. sur « La Parole assassinée ». 109. Henri
3116 État français remonte à Philippe le Bel, mais il est absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’Allemag
3117 culture : « L’Europe des régions (III) », Genève, été 1972, p. 66-79.
87 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
3118 des régions transfrontalières [Nos conclusions] ( été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur
3119 frontalières [Nos conclusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur l’évolution de l’u
3120 ent au point de départ. Les étapes de l’évolution seront bien plutôt marquées par les congrès de militants au cours desquels f
3121 es par les congrès de militants au cours desquels furent présentées, durement débattues, et finalement adoptées à chaud les th
3122 on fédéraliste, régionaliste et communaliste, qui sont en train de passer au premier rang de l’actualité réelle dans nos pay
3123 e dans nos pays — même si les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si… Il y eut a
3124 lleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est de nature à rallumer l’espoir en dépit des échecs encourus par l’appr
3125 s la cité. Pour les politiciens, la seule réalité est celle de l’État-nation, tel qu’ils l’ont apprise à l’école — et ceux
3126 qui parlent d’autonomies régionales ou communales sont à la fois de doux rêveurs et de dangereux utopistes. Pour les politiq
3127 raire, la souveraineté absolue de l’État-nation n’ est qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adap
3128 de l’État-nation n’est qu’un mythe, quand elle n’ est pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe siècl
3129 y songera. Les premiers estiment que « l’audace » est quelque chose qu’il convient de louer, à condition que l’on prenne bi
3130 . Les seconds estiment avec moi que « la prudence est le vice des timides mais la vertu des audacieux ». Il est frappant qu
3131 ice des timides mais la vertu des audacieux ». Il est frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration fi
3132 dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résu
3133 ait été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’une idée forcément
3134 ls rédigèrent leurs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine com
3135 ément un des sous-titres du Rapport de base. Il n’ est nullement question de « découper » des régions en Europe comme les co
3136 pas de créer de nouvelles frontières. « La région est le plus souvent présentée d’abord comme une entité territoriale. Cett
3137 comme une entité territoriale. Cette perspective est malencontreuse et conduit vite à l’impasse. Un découpage régional pen
3138 l pensé depuis les capitales n’a pas de chances d’ être utile… À la stricte définition territoriale de la région, on préférer
3139 s régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un syndicat de communes. »   2.
3140 de la région. Comment définir une région, si ce n’ est plus une affaire de pourtour extérieur, un nouveau tracé de frontière
3141 e frontières ? La réponse unanime des rapporteurs est que l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ense
3142 orteurs est que l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ensemble des communes pour lesquelles un problè
3143 ien entendu, dans la plupart des cas, ce syndicat sera suprafrontalier, comme le problème qui l’aura suscité. Il va de soi,
3144 ion géographique et administrative des fonctions étant essentiellement malléables », l’intervention du pouvoir local, des co
3145 on du pouvoir local, des communes d’abord, « peut être décisive, car, malgré tout, plus souple et plus réaliste puisque plus
3146 e processus de concertation ». Le Rapport Orianne est encore plus explicite sur ce point. Il rappelle d’abord la question p
3147 de la frontière ». Cette recommandation unanime s’ est traduite dans la Déclaration finale au point C.3.   3. Enfin, plusieu
3148 s moyens financiers nécessaires, mais l’essentiel est qu’elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elle
3149 eur exemple : si elles attendaient pour exister d’ être assurées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’y aurait jamais de
3150 culture : « L’Europe des régions (III) », Genève, été 1972, p. 85-89.
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
3151 part (printemps 1974)dk Deux ans ou presque se sont écoulés depuis la parution du dernier numéro de notre XIIIe année. Le
3152 dres qui ont motivé cette interruption temporaire sont aujourd’hui résolues. Nous repartons à neuf, non seulement pour une q
3153 cré à l’Europe des régions, la présente livraison étant la quatrième de la série qui a commencé en hiver 1967 avec « Naissanc
3154 7 avec « Naissance de l’Europe des régions » et s’ est poursuivie par « L’Europe des régions II » (hiver 1969) et « L’Europe
3155 I » (hiver 1969) et « L’Europe des régions III » ( été 1972) ; — deux (ou un) numéros consacrés à des études historiques sur
3156 Capt et Andris Barblan.   Les tirages du bulletin sont faibles, de deux à quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous s
3157 lon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur
3158 nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’ être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur de sauver une Europe non p
3159 unes et des régions, une Europe fédérale qui peut être l’innovation majeure du siècle. dk. Rougemont Denis de, « Nouveau
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
3160 rquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas po
3161 c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’ est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien pr
3162 ’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien préciser mon point de départ
3163 née. Mais ce premier succès ne suffisait pas : il était négatif, en quelque sorte.   2e motif. — Il fallait faire l’Europe d
3164 e modèle. Or, à peine fait, ou mis en train, on s’ est aperçu que tout cela posait aussitôt des problèmes encore plus diffic
3165 élai relativement bref. L’explosion démographique est la moins sensible dans les pays les plus développés : la Suisse avait
3166 mais il faudra manger debout ! » Seulement, il n’ est pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’accroi
3167 ez de respirer ou de manger des poisons, certains seront tentés par l’exportation de nos industries, donc de la pollution indu
3168 lles, et donc aussi la pollution, par 200, ce qui est matériellement impossible. En effet, les ressources naturelles ne son
3169 mpossible. En effet, les ressources naturelles ne sont pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ont cru naïvement ju
3170 mation, tout le pétrole de la terre semble devoir être brûlé d’ici trente ans selon les uns, quatre-vingts ans selon les aut
3171 er délirant ou simplement farfelu. Mais tout cela est impitoyablement calculé par les écologistes américains, soviétiques e
3172 J. W. Forrester)114 concluent que le seul espoir est dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’il s’agit de la con
3173 volutionnaire » dont les barricades de Mai 68 ont été comme les signes flamboyants. Voilà qui suppose un certain nombre de
3174 s, la question qui vient immédiatement aux lèvres est celle-ci : Qui pourra prendre ces décisions et les imposer ? Un gouve
3175 dans les deux décennies qui viennent, l’essentiel serait obtenu, les destins pourraient être renversés. Mais que voyons-nous ?
3176 l’essentiel serait obtenu, les destins pourraient être renversés. Mais que voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon
3177 e pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce sera fait. L’URSS, le Japon, ont un gouvernement capable d’imposer des mes
3178 strielle, l’Europe divisée, sans pouvoir fédéral, est incapable de s’imposer la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien
3179 la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien, n’ est -ce pas, un motif formidable, écrasant même, d’unir enfin en une puiss
3180 tif. — Mais il y a plus. Il y a quelque chose qui est peut-être plus effrayant que les prévisions apocalyptiques des écolog
3181 apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une
3182 ose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait du te
3183 u mois de mai 1968 : — Que faisons-nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’ell
3184 est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son fameux
3185 cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’ est plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi n
3186 nation sans structures où il se voient perdus, n’ est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader da
3187 mbécilité civique des majorités silencieuses. Il est normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela ri
3188 cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est no
3189 ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dénonce
3190 rchie profonde, mal quadrillée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres 
3191 quadrillée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le désordre l
3192 Car le désordre le plus profond, c’est celui qui est au cœur de cette société matérialiste, dont le seul principe absolu e
3193 ociété matérialiste, dont le seul principe absolu est le profit, calculé en argent. Le jeune homme rêve de la renverser, et
3194 le scientifico-technique, quantitative. Mais elle est née de l’Europe, de ses systèmes de valeurs et de leurs conflits. Ell
3195 es systèmes de valeurs et de leurs conflits. Elle est née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute la pl
3196 s avons entraîné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’il revient
3197 rtant, rien ne bouge : pourquoi ? Mais s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, aussi peu con
3198 is s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, aussi peu contestés, aussi écrasants d’évidence, si t
3199 d’évidence, si tout pousse à l’union, pourquoi n’ est -elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les
3200 nt l’union, et que de ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement, sont des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis
3201 ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement, sont des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis Armand : « Il meurt to
3202 ’anti-Européens qu’il n’en naît. ») Si l’Europe n’ est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave ra
3203 nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’ est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souverain
3204 pe personnaliste de L’Ordre nouveau — et le terme est aujourd’hui très généralement adopté — c’est la mainmise administrati
3205 ll. Nous avons cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « une sorte de confédération » comme disait Church
3206 par sa définition. L’union des États-nations, ce serait une amicale des misanthropes. Cela peut s’écrire, non se faire. Car o
3207 Car ou bien vous faites une amicale, mais vous n’ êtes plus des misanthropes. Ou bien vous restez misanthropes, et alors tou
3208 isanthropes, et alors toute possibilité d’amicale est exclue. Quand les ministres et chefs d’État des « Puissances » europé
3209 qu’il s’agit de refuser quelque mesure d’union n’ est plus qu’un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncement
3210 -dire à rendre manifeste le fait que leurs pays n’ étaient plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence que négative
3211 tés en train de se faire. Et nous voyons qu’elles sont d’une part continentales, bien au-delà des nations, d’autre part loca
3212 éens à poser le problème régional. Que ces motifs soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou géographique, tradi
3213 ographique, traditionnelle ou prospective, ce qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensembl
3214 sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’ est en fait qu’une forme politique récente, et cette forme se révèle déjà
3215 on. L’État-nation qui se prétend souverain absolu est manifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’échelle planétai
3216 la création d’agences fédérales européennes, qui seraient compétentes partout où les tâches se révéleraient d’échelle continent
3217 ucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour les t
3218 nier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’ est plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettre u
3219 a appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « naturelles », en changeant la nature des preuves selon les ca
3220 leur relief. Mais il y a plus : leur renaissance serait celle d’un chauvinisme local plus irrespirable encore que le chauvini
3221 et dépasser ce modèle périmé. Mais le problème n’ est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en term
3222 n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradictoi
3223 milaires actuellement étouffés dans les pays de l’ Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir d’u
3224 tachement immédiat à l’Europe fédérée dès qu’elle sera faite. Motifs économiques ensuite. Les plans d’aménagement du territo
3225 ème d’une portée politique beaucoup plus décisive est posé par les régions naturelles ou économiques qui se trouvent coupée
3226 aastricht–Liège, etc., etc. Désormais le problème est posé officiellement, par la CEE et par le Conseil de l’Europe, de la
3227 on utopie — tout ce qui m’intéresse chez un homme est de savoir quelle est son utopie de la vie en général et de lui-même e
3228 ui m’intéresse chez un homme est de savoir quelle est son utopie de la vie en général et de lui-même en particulier — mon u
3229 onstruction européenne. 1° Faire une région, ce n’ est pas faire un mini-État-nation, ce n’est pas tout fourrer dans les mêm
3230 ion, ce n’est pas faire un mini-État-nation, ce n’ est pas tout fourrer dans les mêmes frontières préalablement « délimitées
3231 ’une région à constituer autour de Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui est à la fois mondiale et coupée des ca
3232 Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui est à la fois mondiale et coupée des campagnes voisines par une frontière
3233 e région économique plus vaste, plus fluente, qui est encore en bonne partie virtuelle, et qui appelle des mesures de dével
3234 anne et Grenoble, Fribourg et Genève. Le problème est partout le même : comment résoudre ces difficultés concrètes en dépit
3235 d’un coup l’on s’apercevra que l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’image de la fédération sui
3236 ’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’image de la fédération suisse, avec ses départements fédéra
3237 égions, le tissu des relations nouées entre elles sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstra
3238 nationale — ce jour-là, la Révolution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses p
3239 peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ils soient considérés par les habitants des régions comme des subsistances super
3240 dence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’ être dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même
3241 n et de se battre pour ses compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimensions europ
3242 e pour que réussisse ce grand projet ? ma réponse est simple : il nous faut éduquer et former dès maintenant les Européens
3243 mondial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande
3244 stoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande nationale, transforma
3245 et l’allemand. Toute la géographie de nos manuels est à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières naturelles »
3246 s et Espagnols, alors qu’en réalité ces montagnes sont habitées sur les deux versants par des Basques au nord-ouest et par d
3247 e le Rhône « unit » les peuples. Toute l’économie est à refaire, faussée à la base par l’idée d’« économies nationales » ce
3248 de la guerre ou de la politique. Toute l’écologie est à refaire sur la base des régions, dans le cadre du continent. Jamais
3249 ujourd’hui, et non pas avec les mythes nationaux, sera seule capable d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États
3250 européen — qui découle de la réforme des écoles — est de former des administrateurs régionaux, des citoyens responsables à
3251 s, former des régions et leurs administrateurs, n’ est -ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons-nous le temps de fai
3252 de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finalités nouvelle
3253 en quête d’un sens et de finalités nouvelles. Il est vrai que ma description d’une Europe unie s’instaurant en dix ou quin
3254 ur faire une omelette. La non-violence, pour moi, est le vrai processus de la création organique, dans notre monde humain,
3255 onde humain, social ou psychique. La non-violence est ouverture au monde et à l’autre, tandis que toute violence, en derniè
3256 , tandis que toute violence, en dernière analyse, est une sorte d’autochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous, à no
3257 ouvoir régional, etc. Le seul pouvoir qui importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais au
3258 importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de responsabilité. C’est à cause de c
3259 teindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’avenir. C’e
3260 er de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la première es
90 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
3261 sorte d’emphase anxieuse que l’unité de la nation est le bien suprême, que son indépendance doit rester absolue et son État
3262 ouvrages des seconds démontrant que l’État-nation est une formule dépassée, se trouvent anticiper sur le xxie  : entre les
3263 ticiper sur le xxie  : entre les deux, notre xxe est en pleine béance de l’histoire. Illustrons cela de citations qui n’ap
3264 ent que très peu de commentaires. L’État-nation est le bien suprême Discours de M. Georges Pompidou à Poitiers, le 25
3265 vec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’ est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel Debré
3266 quelle résistance des peuples on a dû vaincre, ne fût -ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire au s
3267 tut de patois !) La région ne doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nationaux et França
3268 x être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nationaux et Français ! (Mais l’État n’existerait-il que dans la cap
3269 onvaincu que les militants autonomistes en France sont « des imbéciles ignorant l’histoire », « des inadaptés », « des gens
3270 ythe européen, celui de l’Europe des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selo
3271 égions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation, « le bien
3272 le plus précieux, c’est l’unité nationale ». Je m’ étais étonné, en janvier 1974, qu’au moment où la « réforme fondamentale »
3273 4, qu’au moment où la « réforme fondamentale » qu’ était censée représenter la création des régions en France entrait en vigue
3274 , et précisaient surtout ce qu’elle ne devait pas être . Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on en attendait po
3275 rde remplaçaient les vœux de succès confiants qui sont de routine en pareille occasion. Au lieu du coup d’envoi, un impérieu
3276 la présidence de la République française, qu’ils soient de gauche ou de droite, ou gaullistes, revendiquent tous dans les mêm
3277 éfense prioritaire des intérêts du pays (dont ils sont juges) et sa présence dans les conseils et colloques internationaux,
3278 pas un ne paraît même soupçonner que son discours est démodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur notre société et s
3279 s les liens particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ». Depu
3280 on avec les besoins vitaux » du monde actuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous p
3281 ctuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous peine de catastrophes aisément calculable
3282 Comme aucun des grands problèmes mondiaux ne peut être résolu dans un cadre national, la raison exige l’édification rapide d
3283 rainetés nationales. L’ordre international actuel est basé sur la conception qu’il est raisonnable et conforme à la nature
3284 rnational actuel est basé sur la conception qu’il est raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la surface
3285 res. Ce schéma de l’administration de notre terre est en contradiction aussi bien avec la structure des systèmes techniques
3286 arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées sur une longue série d’accidents et de coïncidences historiqu
3287 ccidents et de coïncidences historiques… Chacun s’ est forgé une histoire nationale qui démontre que son développement était
3288 oire nationale qui démontre que son développement était inévitable, et son destin arrangé par la Providence, comme le mythe f
3289 saine que le Luxembourg ». De même, la France n’ est pas plus en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’est plus en
3290 en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’ est plus en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous son a
3291 s, se moque de ses allures et de son dialecte… Il est peut-être temps que les nations submergées de l’Europe renaissent… De
3292 Europe renaissent… De sérieux troubles pourraient être provoqués par les luttes de quelques autonomistes pour l’égalité des
3293 rôle essentiel d’un État-nation — la défense — s’ est fortement amenuisé. Les exemples de la Finlande, de la Norvège et du
3294 t du Danemark montrent combien un petit État peut être viable et très bien réussir. Les raisons essentielles de l’existence
3295 ielles de l’existence des États-nations européens sont en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement d
3296 ont en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées. […] u
3297 nt historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées. […] une Europe constituée d’États-nations éclatés pourrai
3298 ctuel. Traduisons : les États-nations éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À
3299 s éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence d
3300 rance ». L’égoïsme sacré, propre à tous les pays, serait -il en passe d’être si contesté qu’il faille en faire un point de prog
3301 cré, propre à tous les pays, serait-il en passe d’ être si contesté qu’il faille en faire un point de programme électoral ? D
3302 ndie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contr
3303 rateurs les plus intimes : « Même si j’échoue, je serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me con
3304 e serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur
3305 seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant ses
3306 enir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant ses anciens collaborateurs réunis à
3307 e. » « Partir sur le refus d’une grande réforme n’ est pas mauvais. Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France qui
3308 il fallait faire cette réforme des régions… Elle était absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. »124 Et en
3309 choses que connaîtront d’autres générations. » Il est certain que dans le nombre des « grandes choses », la région n’était
3310 ans le nombre des « grandes choses », la région n’ était pas la moindre. 117. Rien de commun avec le mouvement de tendance
3311 e fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Réédition chez Hachette, Paris, 1972. 119. M
91 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
3312 do Lorsque j’avais demandé à Carl Burckhardt d’ être , aux côtés de Robert Schuman et de Carlo Schmidt, l’un des présidents
3313 culture, je savais qu’il accepterait parce qu’il était le plus européen de tous les Suisses, et qu’il ne pouvait l’ignorer.
3314 ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il n’y ai
3315 lectuel, et surtout point de langue unique qui se soit imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité d’un
3316 ire la possibilité d’un écrivain qui mériterait d’ être appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste allemand, ou Leopard
3317 mériterait d’être appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste allemand, ou Leopardi italien, bien avant que l’Allemag
3318 et la carrière de Carl J. Burckhardt. C’est qu’il fut l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la formule créa
3319 d physicien et le monstre sacré du cinéma, qui ne sont , après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions
3320 spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions, était un homme de stature imposante et d’autorité calme, assez magique, un
3321 au Tyrol, et parfois de loup en Pologne, mais il était aussi le meilleur prosateur de son pays : il faut relire non seulemen
3322 ce Voyage d’Asie Mineure, qui date de 1925 et qui est l’un des écrits les plus chargés d’affectivité contenue, les [p. 83]
3323 la qualité transfigurante du regard porté sur les êtres , non seulement les plus nobles mais chose plus rare, les plus ennobli
3324 ancolie mais nul cynisme, plus de sensibilité aux êtres qu’aux idées, et aux situations qu’aux systèmes, d’où son sens politi
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
3325 Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il est un
3326 texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il est une affaire entendue parmi les intellectuels autant que dans le grand
3327 l’affaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’ est que « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien éviden
3328 « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement
3329 rre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral (lais
3330 s implications complètes de ce fait n’avaient pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme pouvait préser
3331 ndre le climat du libéralisme. Combien cette idée était fausse, voilà ce qui commence à se faire sentir. Presque certainement
3332 litaires, un âge dans lequel la liberté de pensée sera d’abord un péché mortel, et deviendra plus tard une abstraction dépou
3333 straction dépourvue de sens. L’individu autonome est sur le point d’être étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie q
3334 de sens. L’individu autonome est sur le point d’ être étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie que la littérature, d
3335 che à sa fin et la littérature du totalitarisme n’ est pas encore apparue et demeure à peine imaginable. Commentaire Je me
3336 ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait -ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour acc
3337  ? Toute prophétie trop bien réalisée — et peu le sont mieux que celle d’Orwell — m’incite à poser cette question : l’auteur
3338 m’incite à poser cette question : l’auteur a-t-il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tra
3339 ons et nous en montre les moyens ; ou bien a-t-il été le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision autoréal
3340 phes à venir, par prévision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du cap
3341 ision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral et de
3342 e la culture chrétienne libérale », alors oui, il est bien certain que « nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaire
3343 totalitaires ». Mais que « l’individu autonome » soit annihilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’est nullement
3344 ilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’ est nullement l’effet, mais bien la cause, tant de l’effondrement chrétie
3345 ement parce que le capitalisme (libéral ou non) n’ est pas lié au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’a pas le
3346 ianisme par cet acte existe en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’est pas « le christianisme » institué qui aime un hum
3347 iste en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’ est pas « le christianisme » institué qui aime un humain, ou cesse de l’a
3348 Orwell écrit son essai, le malheur qu’il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même qui l’annonce.
3349 ou non pour moi ; si ma sensibilité au spirituel est vivante ou non. Et non pas du tout de savoir si le christianisme (ou
3350 e libérale », comme le dit Orwell trop vaguement) est bien vu ou mal vu dans le monde d’aujourd’hui, est majoritaire ou min
3351 st bien vu ou mal vu dans le monde d’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire, est à la mode ou rayé de la liste des bes
3352 de d’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire, est à la mode ou rayé de la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu
3353 du christianisme, de l’Église et du cléricalisme seront le socialisme, le Parti et l’appareil bureaucratique. Et que les soci
3354 s Allemands au moins ont plébiscité Hitler : ce n’ est pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choi
3355 é eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’invention
3356 des régions fédérées, voilà le But. Cette société sera peut-être secrète, ces communautés clandestines, ces régions sans ins
3357 raisonnable de restructurer une cité qui mérite d’ être appelée humaine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il serait se
3358 maine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) », Bulletin du Centre européen
93 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
3359 t son temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’ être , qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Po
3360 qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Pourquoi des
3361 l’Université ? Ou au contraire, c’est que l’objet est encore trop jeune, et qu’il convient, avant de s’en occuper, de s’ass
3362 ccuper, de s’assurer de sa réalité. Le second cas est évidemment celui des régions, du problème régional. En tant qu’il est
3363 des régions, du problème régional. En tant qu’il est discuté en public, le problème ne date guère que des années soixante
3364 nt de 1958 : Paul Romus, J. Boudeville ; qu’elles sont suivies par une série de publications dans les cahiers de l’ISEA de 1
3365 eurs spécialistes de ces problèmes qui pourraient être tentés de croire que les raisons de faire des régions sont bien assez
3366 és de croire que les raisons de faire des régions sont bien assez connues, et même rabâchées, et qu’il s’agit maintenant de
3367 nalyse scientifique. Eh bien non ! Les régions ne sont pas un problème scientifique d’abord, mais politique. Pas un problème
3368 logique, éthique avant toute chose. La question n’ est pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est, mais de construi
3369 t pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est , mais de construire une réalité habitable, telle que des hommes seuls
3370 es seuls peuvent la faire devenir. Les régions ne sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellemen
3371 pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en t
3372 qu’il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour celu
3373 aissance réelle. On a pu se demander si la région est un fait de nature ou de culture ? (De géographie ou d’histoire ? D’éc
3374 ie ou de morale civique ?) Je pense que la région est un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est son sens étymolo
3375 un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est son sens étymologique : Natura = ce qui engendre, l’engendrante, ce q
3376 gendre, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est à naître. (Du radical indo-européen gna indiquant naissance et du suf
3377 a indiquant naissance et du suffixe turus, devant être fait.) Disons que la région relève de la nature naturante par opposit
3378 ée. Mais si elle dépend de la volonté humaine, il est décisif pour sa réalisation qu’on puisse expliquer avec efficacité se
3379 on puisse expliquer avec efficacité ses raisons d’ être , ou plutôt de devenir. « Avec efficacité » veut dire ici : en termes
3380 us grand nombre possible de citoyens. Les régions seront , ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière
3381 s régions seront, ou non, selon que leur raison d’ être aura été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persua
3382 seront, ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persuader, conv
3383 les solutions aux problèmes qu’on vient de citer sont rendues difficiles ou impossibles du simple fait que l’État-nation se
3384 t le problème des régions frontalières. Mais ce n’ est pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réalit
3385 quotidienne, décisions dont les plus importantes sont décrétées dans les bureaux de la capitale, c’est-à-dire le plus loin
3386 de ceux qui en subiront les conséquences. Quelles sont , parmi les fonctions nécessaires à la vie d’une communauté de type eu
3387 raissent lésées ou paralysées par la frontière ne sont pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à-dire
3388 commerciaux et agricoles (vitaux mais qui peuvent être interrompus d’une heure à l’autre par décret de Paris, ou par une gue
3389 s-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la raison e
3390 ranco-suisses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission régionale transfrontalière r
3391 enève. Dès ses premières séances, la Commission s’ est donné un programme qui déborde le problème des frontaliers et s’étend
3392 onnelle, en attendant d’autres élargissements qui sont inscrits dans la logique des choses. Car les problèmes écologiques qu
3393 ue a empêché jusqu’ici de traiter convenablement, sont plus graves à long terme que les problèmes de l’emploi. Le Léman, au
3394 i. Le Léman, au milieu duquel passe la frontière, est mortellement menacé par un ensemble de pollutions qui appellent un en
3395 es par les campagnes pour sauver l’environnement, sont en train de prendre conscience de la réalité possible et vivement sou
3396 itaire, déjà difficile entre les cantons romands, est plus que ténue entre universités suisses et françaises. Les professeu
3397 s et françaises. Les professeurs français peuvent être nommés en Suisse, mais non l’inverse. La mobilité des étudiants, un p
3398 r les diplômés d’une université « étrangère », il est quasi nul. Pourtant, l’extraordinaire densité des établissements d’en
3399 art des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’ est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous av
3400 entre eux, avec l’aire du franco-provençal, qui y fut parlé, écrit et chanté du ixe siècle jusqu’aux débuts du xixe . (Pic
3401 tants.) Ajoutons que cette « plus grande région » est aussi celle de l’horlogerie européenne, et celle de la clientèle prin
3402 i voit et comprend les réalités locales, la leçon est claire : il faut susciter la région pour que la vie continue, tout si
3403 les USA possèdent de quoi tuer 32 000 fois chaque être humain vivant aujourd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui
3404 i, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce,
3405 s. Beaux résultats ! Brillante gestion ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent
3406 n ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont
3407 aient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ils sont fondés sur le dogme de la souveraineté illimitée dans leurs frontière
3408 e la religion stato-nationale, dont le plus grand est l’unité centralisée, né de la guerre et préparant à la guerre, unique
3409 iquement et absolument, car à tout autre égard il est absurde. Né des guerres de la Révolution française et constitué d’une
3410 t pour la guerre, l’État-nation et sa morale, qui est le nationalisme totalitaire, a provoqué les deux guerres européennes,
3411 tretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Est ou par l’Ouest, ou les de
3412 ls seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’ Est ou par l’Ouest, ou les deux à la fois. Voilà qui devient évident même
3413 aut défaire et dépasser l’État-nation parce qu’il est la cause efficiente et immédiate de la crise mondiale, et l’empêcheme
3414 pêchement majeur à l’union de l’Europe — laquelle serait cependant un facteur décisif de la solution de cette crise. Il faut d
3415 base de la fédération européenne. Fédération qui sera l’élément décisif d’une résolution de la crise mondiale. Tout cela, m
3416 n de la crise mondiale. Tout cela, me direz-vous, est bien schématique. J’en conviens, mais je ne vois pas le moyen d’échap
3417 e ne vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’être dans l’esprit des fédéral
3418 ma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’ être dans l’esprit des fédéralistes…   C. La troisième réponse à la questi
3419 es…   C. La troisième réponse à la question posée est indépendante des deux premières. Elle procède en effet d’un ordre de
3420 l et en dernière analyse, spirituel. Les régions sont la dernière chance de restaurer une communauté dans l’humanité d’aujo
3421 la mauvaise gestion de la planète, l’État-nation est aussi le fauteur de la crise, dans la mesure où l’obsession de la pui
3422 se, dans la mesure où l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il sa puissance actu
3423 recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’ est pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les
3424 ’il sent que « tout lui échappe », et que « ils » sont seuls responsables, « ils » c’est-à-dire l’État, des réseaux de fonct
3425 eau libre, parce que responsable. L’homme ne peut être libre et responsable qu’à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a b
3426 de bonté ou de méchanceté de l’homme. Ici, ce ne sont ni l’économie, ni l’écologie, ni l’énergétique, ni l’éducation qui « 
3427 que personne.   Je n’ai rien dit de neuf et ce n’ était pas mon but. Je voulais seulement grouper des arguments — les regroup
3428 La création à Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien en 1972. dp. Rougemont Denis de, « P
94 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
3429 le problème fondamental de toute prospective. Il serait facile d’en déduire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est t
3430 duire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est totalement imprévisible, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir
3431 ble, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu, que sert alors de gouverner ? En fait, les termes
3432 gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons
3433 mes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en
3434 terre ayant des dimensions finies, ses ressources seront épuisées dans des délais calculables, mais qui varieront très largeme
3435 riens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n’ est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits passés, opérée à
3436 donc en permanence modifiable. Les dates seules y sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir u
3437 sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en parler — la politique étant dé
3438 avoir une politique et d’en parler — la politique étant définie en ce point comme l’ensemble des mesures à prendre pour lutte
3439 u destin de l’homme sur la terre. Une seule chose est certaine, c’est la mort, non sa date. Mort de la terre et mort de cha
3440 terre et mort de chacun de nous. Une seule chose est imprévisible, par définition, et c’est la création, l’intervention de
3441 et pourtant décisive, que l’on voudrait tellement être en état de prévoir, mais qu’il faut faire, à tous risques et périls,
3442 ive « scientifique » Les calculs prévisionnels sont utiles ou indispensables pour opposer les quelques certitudes qu’on v
3443 pour le tiers-monde une chance historique, qu’il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrica
3444 ent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et nécessaire, celle de la production matérielle.
3445 de doubler tous les sept ans en Occident, car il serait au moins difficile, et à coup sûr superflu, de produire 16 fois plus
3446 is le meilleur exemple d’une prévision utile nous est donné par les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils ne di
3447 t du sol. Un tel modèle provocateur et monitoire, est le contraire d’une fatalité : utinam vates falsus sim pourrait bien ê
3448 fatalité : utinam vates falsus sim pourrait bien être le motto du club de Rome. Au surplus, le danger consiste moins dans l
3449 visions évidemment conditionnelles. Car autant il est nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend,
3450 suivre ou non en connaissance d’effets, autant il est dangereux, égarant, de subordonner ses décisions à des prédictions qu
3451 ubordonner ses décisions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenant tout
3452 ut ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’ est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en garde,
3453 nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’ est pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers de
3454 oral et de la décision politique. Car quelles que soient ses intentions conscientes, ce discours pousse au crime de désertion
3455 crime de désertion civique, et devrait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle
3456 té. Roma locuta, — l’ordinateur a parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la voix de ses programm
3457 a cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’ est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le su
3458 x de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le succès de la projection de nos désirs sur une Nécessité impersonne
3459 ansperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’ être qu’elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou
3460 es prévisions les plus exactes — voire seules à l’ être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépenda
3461 ns les plus exactes — voire seules à l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes du je
3462 ute rétroaction financière, sociale ou morale, il est fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute
3463 défis de la « dernière », et en appelle d’autres, fût -ce à seule fin de vérifier ses méthodes. Ainsi les techniques de lutt
3464 rentabilité à prendre en compte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’importe quel prix financier ou humain, rien n
3465 t. D’où l’on déduit que l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’u
3466 toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’utopie au sens originel, le « pays de nulle part », donc de pure th
3467 1973), elle décide en fait que l’avenir prochain est déjà joué dans le passé récent : c’est le contraire d’une véritable p
3468 raire d’une véritable prospective. Le court terme est seul calculable. Le long terme ne peut faire ressortir que l’absurdit
3469 thode kahnienne des « projections sans surprise » est donc nécessairement conservatrice en tant que « projection », et an-h
3470 que en tant que « sans surprise ». Elle peut donc être qualifiée de conservatisme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé
3471 montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle est un facteur d’entropie, et de déperdition du patrimoine humain. Tout c
3472 mprobable création. Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prév
3473 Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soum
3474 e nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de fact
3475 et Kahn, entre autres, dressent le calendrier, n’ est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces te
3476 ces techniques, nous le voyons bien aujourd’hui, sont trop nombreux, trop ramifiés et interagissants pour que leurs résulta
3477 nteragissants pour que leurs résultantes puissent être évaluées : il faudrait tout savoir sur l’homme, ses régularités et se
3478 que pourtant l’on se voit sommé de prévoir, quel est le recours ? Au cours d’une conférence en 1971, présentant les travau
3479 la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création, tant s
3480 xe des interactions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance
3481 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’il est préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en
3482 t de liberté ou de manque de liberté (“La liberté est une sensation. Cela se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela ne
3483 ance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel m
3484 ander si le dogme de la croissance industrielle n’ est pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la fi
3485 , il faut admettre aussi qu’une société humaine n’ est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute l
3486 société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’ est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chos
3487 artiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose — ensemble de systèmes plus ou moins intégrés, référentie
3488 hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’il soit , les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu
3489 euse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les faits ne pouvant avoir tort, c’est la m
3490 t notre société de consommation, — selon que l’on serait au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme celui de la p
3491 ques et des « terribles simplificateurs ». Hitler est là, dans les Lettres à von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1
3492 t, qui datent de 1882. Et le condominium USA-URSS est là, dès 1856, dans la Démocratie en Amérique, après et avant vingt au
3493 le de dire « si nous verrons jamais le jour où il sera possible d’isoler les variables clés qui déterminent le surgissement
3494 la société »131. Mais ces prévisions impossibles sont justement de celles que les auteurs plus intuitifs que scientifiques
3495 us loin des exemples à propos d’Hitler notamment. Serait -ce qu’une chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’éta
3496 imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’ étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret
3497 ’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’ho
3498 ens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ; et que de là, et de
3499 . […] Limiter une expansion malsaine n’aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres régionaux. Au
3500 mporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beaucoup trop tard pour que Rome, en reconnaissant ces tendances, pui
3501 ière de l’Empire, la charte d’indépendance devait être accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec no
3502 e ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait être senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui, qu’au plus intime d
3503 nscrira dans l’Histoire un jour ou l’autre. Telle est la loi de l’évolution humaine — et du même coup, de la prospective in
3504 La prospective que j’ai dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, puisqu’elle prend son appui dans l’ho
3505 dans l’homme sujet de l’Histoire. La futurologie serait alors « objective » parce qu’elle part des objets, des « faits », c’e
3506 ite. Elle tient que l’homme, fait par l’Histoire, est son objet, un objet parmi d’autres, soumis aux mêmes lois, et par-là
3507 ective, en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aurait plus
3508 De fait, la prospective n’aurait plus de raison d’ être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d
3509 a prospective utile et significative ne peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou moni
3510 les seules prévisions objectives qui m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves p
3511 m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves possibles, et à quelle heure il faudra
3512 deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencement », disent les mystiques. C’est de mes fins que je va
3513 devenir personnel. Les critères de ma prospective seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabil
3514 seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabilité, ni le profit monétaire aux dépens du bonheur
3515 sastre inévitable, du seul fait que la finitude n’ est pas capable d’infini — finitus non capax infiniti — comme le savaient
3516 ous allez créer du chômage ! » Mais l’alternative est dans l’enchaînement autos-autoroutes – emplois multipliés – pouvoir d
3517 orte en elle-même ses principes régulateurs. Ce n’ est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lois
3518 est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lois de la vie et qui met en péril la vie même, dès qu’
3519 suivante : devant toute innovation technologique, être en mesure de démontrer non seulement à quoi cela sert, mais surtout à
3520 peut mener dans l’hypothèse d’un succès maximum. Est -ce que cela va dans le sens de mes besoins réels, ou de mes désirs pr
3521 ucléaires. Cette analyse des motifs et des fins n’ est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la press
3522 ’avenir qu’on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communauté qui le réalisera, et dès maintenant sur
3523 er et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’ est nullement de prévoir et de calculer des phénomènes indépendants de l’
3524 a prévision donnée pour objective d’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir.
3525 s fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions
3526 tre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions
3527 ons courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des lois mythiques derrière lesquelle
3528 esquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’A
3529 e, publié par le club de Rome : « En vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans
3530 oses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter au moindre échange vivant
3531 ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de consulter le mode
3532 ’un ouvrage en préparation de D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspondent
3533 de D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspondent au chapitre 6 de ce livr
95 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
3534 lations Europe-Monde (hiver 1975-1976)dt Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le pro
3535 -1976)dt Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le problème des relations Europe-Monde
3536 t, le concept exprimé par ces mots signifie qu’il est entendu, avant tout discussion et comme allant de soi que : — la nouv
3537 ieux que la mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce
3538 en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de tradition, si
3539 et d’artistes européens, américains et russes ont été et se veulent aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle
3540 d’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle soit chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considèrent tout
3541 es occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui n’ est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine pr
3542 itive ou tel masque polynésien d’usage rituel, il serait en effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récu
3543 effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récuse les vérités reçues et remet en question les traditions,
3544 entre l’Europe et le Monde (tiers et quart-monde) est traité d’ordinaire en termes politiques de puissances comparées (écon
3545 urels, dont l’importance, assure-t-on, ne saurait être sous-estimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer que l’on tien
3546 Les relations entre l’Europe et le reste du monde sont conditionnées par les mêmes forces qui déterminent les structures et
3547 itique et l’usage de ses armements. Or ces forces sont religieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles o
3548 es. III. Le concept de révolution Mais s’il est vrai que toute culture vient d’une religion et la prolonge en express
3549 fère essentiellement de toutes les autres, quelle est alors la différence fondamentale entre les autres religions et celle
3550 et celle qui domine l’Occident ? La réponse doit être cherchée dans la théologie du xxe siècle qui, sur les traces de Karl
3551 es de Karl Barth, a montré que le christianisme n’ est pas une religion à proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose et
3552 ntané par un nouvel ordre : « Les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». « De nouveau
3553 hoses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». « De nouveaux Cieux, une nouvelle Terre » sont
3554 lles ». « De nouveaux Cieux, une nouvelle Terre » sont promis, remplaçant ceux qui existent devant nos yeux.   Tous ces trai
3555 la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité n’ est plus désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’est plus « ce q
3556 désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’ est plus « ce qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est d
3557 assé. Le référentiel absolu n’est plus « ce qui s’ est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se f
3558 s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se faire au nom de la Fin universelle, donc de l’Ave
3559 passage du « vieil homme » à l’homme régénéré, il est décrit comme une rupture, comme une métamorphose subite. Saul de Tars
3560 un peu plus tard, qu’au retour du Christ : « Nous serons tous transformés, en un instant » (grec : en atomo), c’est-à-dire en
3561 re en un atome de temps. Ainsi le Chemin de Damas est au principe de l’idée de Révolution. Idée radicalement exclue par tou
3562 par toutes les autres religions, parce qu’elle n’ est concevable, en effet, que dans une société travaillée par le message
3563 e profondément antireligieuse et qui, d’ailleurs, fut ressentie et dénoncée comme telle par les Romains. IV. « Tout est
3564 noncée comme telle par les Romains. IV. « Tout est venu à l’Europe… » Ces faits religieux fondamentaux conditionnent
3565 xandrie, on peut bien dire avec Valéry que « tout est venu à l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogonie — mythe d
3566 incesse de Tyr — non loin de Byblos où l’alphabet fut inventé — est enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civil
3567 — non loin de Byblos où l’alphabet fut inventé — est enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civilisation minoen
3568 a Grèce continentale. Le peuplement de l’Europe s’ est produit à partir du nord (Scythes, Doriens, Indo-Européens), de l’Ana
3569 e la Méditerranée puis le Rhône). Enfin, le droit est apporté aux Grecs par Solon, après ses voyages en Égypte, l’astronomi
3570 Solon, après ses voyages en Égypte, l’astronomie est importée de Babylone. Et tout cela fait le « Monde antique ». Puis « 
3571 nthèse de ces grands phénomènes culturels pouvant être localisée à la cour de Poitiers et dans ses environs, au premier quar
3572 e contre la cortezia des troubadours. Oui, « tout est venu à l’Europe », mais désormais, tout en viendra, « ou presque… ».
3573 s Européens ont découvert le Monde, et personne n’ est jamais venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous permet
3574 e tradition chrétienne137. En sorte que la greffe sera bientôt rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’une
3575 rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublemen
3576  modernité » pendant deux ou trois décennies, ils sont rejetés par les nouvelles générations de créateurs, d’avant-gardistes
3577 sens précis, concret, les a créées. Tel émirat n’ est qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie aut
3578 tte information produira de l’énergie. Le pétrole est « arabe », dit-on, mais sans l’Europe il n’existerait pas. Et dans ce
3579 t, « il vient de l’Europe ». V. « … et tout en est venu, ou presque » J’ai fait ailleurs, et à plus d’une reprise, la
3580 monde moderne tout entier, en tant que tel, peut être appelé une création européenne. Que se passe-t-il quand le monde adop
3581 formes ? D’une manière globale, je crois que nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècles, exporte
3582 ndiale et l’impact sur le tiers-monde de « ce qui est venu de l’Europe ».   A. Prenons notre premier exemple au niveau micr
3583 n impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’ est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que subir
3584 me, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’auj
3585 le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’e
3586 l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres,
3587 ts, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’ est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. No
3588 es l’ignorent ; ils voient plus facilement ce qui est beaucoup plus bas, au niveau du contact brutal entre leurs coutumes e
3589 ur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas nos grandeur
3590 ais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’oreille d’un Oriental, c’est un
3591 e, une espèce de rumeur insensée… Seulement, elle est issue du même complexe, et elle répond dans le monde de l’âme au même
3592 çu les machines et la personne. Mais les machines sont transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni l
3593 hines sont transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellectuel ind
3594 » Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui est Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’une école de
3595 jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est , en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et reti
3596 us fort de ce terme.139   B. Mon second exemple sera pris au niveau macroscopique du contact de l’Europe et d’un empire, l
3597 La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est bien l’idée la plus contraire à sa tradition millénaire d’équilibre d
3598 ropéen typique : un Juif allemand, dont le père s’ était fait protestant, et qui écrivait dans les salles du British Museum, p
3599 produirait dans les pays industriels. Or la Chine est une grande paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce sera cette
3600 e paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce sera cette exigence de rejoindre les conditions d’une révolution marxiste
3601 ela s’explique aisément. Car cette « révolution » est en réalité, la modernité décrétée. Le chemin de la paysannerie du tie
3602 i long que les dangers de la croissance illimitée sont encore inconcevables dans ce monde-là. D’autant plus que Mao, très sa
3603 leurs : « Ne préconisez jamais l’hégémonie ». (Il est clair que cela vise d’abord le grand voisin, mais enfin le slogan par
3604 , dont les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimi
3605 s, de plus en plus difficiles à distinguer. Ce ne sont donc pas à proprement parler des conflits idéologiques qui nous menac
3606 ient de citer141. Or la souveraineté nationale ne sera bientôt plus garantie que par la possession de l’arme nucléaire. Mais
3607 ession de l’arme nucléaire. Mais l’arme nucléaire est désormais à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fa
3608 s à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fatal, dans ces conditions, qu’une guerre atomique, même si aucu
3609 nditions critiques que l’on vient de rappeler ont été créées par l’Occident, et d’abord par l’Europe (colonisation, formule
3610 ni par suite, comment la guerre atomique pourrait être évitée. C’est en Europe et non ailleurs que les anticorps des virus r
3611 s, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pourrait
3612 matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’ être . L’union fédérale de nos peuples pourrait seule permettre une lutte e
3613 ation des citoyens à leurs affaires communes, qui est la seule prévention efficace contre la délinquance générale ; — 3°) l
3614 e fédérée au-delà et en deçà de ses États-nations serait susceptible d’exercer sur le tiers-monde une influence décisive, orie
3615 e des États mais la liberté des personnes. Telles sont les grandes orientations qui me paraissent propres à guider une relan
3616 mir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont les Christs d’une autre forme et d’une autre croyance Ce sont les Chr
3617 ists d’une autre forme et d’une autre croyance Ce sont les Christs inférieurs des obscures espérances. 138. Voir, entre a
3618 llution ou l’alimentation, les délégués nationaux sont tombés d’accord sur deux points décisifs : — la réalité, l’ampleur et
96 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
3619 Chers amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce n’ est pas à moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir, q
3620 lle-là peut réserver à l’heureuse personne qui en est l’objet ou l’occasion, les surprises les plus délicieuses — ou les pl
3621 excuser le sérieux et la gravité du regard… » Je suis persuadé que dans ce beau volume je vais trouver quelques exemples in
3622 u… » contrastant avec « grand et souple »). Et ce sera très bien ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun a raison d’
3623 n a raison d’une certaine manière, selon ce qu’il est lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait ressem
3624 cipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage, les appa
3625 y a là de quoi passionner le personnaliste que je suis , et de quoi rendre encore plus mystérieux le complexe nodal, fondemen
3626 mains cette Politique de la personne dont nous sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’elle devrait dominer et orienter
3627 L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’en elle sont Les Chances de l’Europe . Merci, mes chers amis, pour ce cadeau somp