1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 ration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’ est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert à
2 Notre programme n’est pas systématique, et il n’ est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu
3 vénement. J’oserais dire qu’à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de ce Centre, par où j’ente
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
4 goïsmes que les États et les partis, précisément, sont chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit ma
5 t indépendante. Pourquoi l’Europe ? L’Europe est non seulement menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’il
6 ur deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis des sièc
7 qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis des siècles, malgré tous ses péchés historiques, le
8 qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité n’ est plus même discutée, c’est d’abord l’esprit de parti dans ses multiple
9 nalismes hérités d’un autre âge. On répète que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les véritables
10 e ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’ est plus faux. Les véritables intérêts calculent et jugent à l’unanimité
11 alculent et jugent à l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont, bien au contraire, les idéologies qui nous empêch
12 l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont , bien au contraire, les idéologies qui nous empêchent de voir les fai
13 éologies qui nous empêchent de voir les faits. Ce sont les préjugés de groupes, les routines d’administration, les égoïsmes
14 ur les esprits et sur les cœurs. Le vrai problème est là. Problème d’éducation, d’information patiente, de culture. Et le r
15 t d’autre chose. Le Centre veut grouper ceux qui sont responsables dans leur domaine particulier. Les créateurs et les init
16 er. Les créateurs et les initiateurs. Ceux qui se sont montrés capables, par conviction et par conscience professionnelle, d
17 Quelques milliers d’hommes et de femmes, ceux qui sont réveillés, dans chacun de nos pays. Un lien et une correspondance
18 us ne fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre technique
19 un organe commun aux diverses associations qui se sont constituées sous les auspices du Centre, et celle d’entretenir en per
20 aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’ est point pour essayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à quelq
21 e au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximu
22 mme dans la vie de l’esprit. Un travail théorique est certes nécessaire. Des appels éloquents sont nécessaires. Une propaga
23 rique est certes nécessaire. Des appels éloquents sont nécessaires. Une propagande intense est nécessaire, pour amener cette
24 loquents sont nécessaires. Une propagande intense est nécessaire, pour amener cette prise de conscience. Mais bien plus eff
25 se de conscience. Mais bien plus efficaces encore sont les exemples, les précédents créés, les réalisations, et déjà nous po
26 isations, et déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent comme
27 paroisses, groupes d’études ou d’échanges, il en est des milliers de toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ce
28 qu’au sort commun de cette patrie spirituelle qu’ est l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu,
29 ope libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu, le courrier de l’Europe vivante. b. Rougemont Denis de,
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
30 ffirmait sortir de l’église, non du café. « Ah tu étais à l’église ? lui dit sa femme. Dis-moi donc le sujet du sermon ? — Eu
31 onc le sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’ est -ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le
32 qu’est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché contre l’esprit, dans notre Europe en voie
33 e l’esprit, dans notre Europe en voie d’union, ce serait de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre 
34 de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’État, mais la
35 Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’État, mais la culture est le fait des groupements sponta
36 ganisation est le fait de l’État, mais la culture est le fait des groupements spontanés, et en dernier ressort, de la perso
37 que l’on peut décrire comme suit : la culture qui était un bien commun des Européens s’est divisée en « cultures nationales »
38 culture qui était un bien commun des Européens s’ est divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou cru
39 divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou crues indépendantes les unes des autres, à l’imitation des
40 des États « souverains » ; par là même, elles se sont rendues dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’être voulue
41 dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’ être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’e
42 mes, pour s’être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’elles se trouvent de plus
43 sorganisée et souvent absurde. Le principe du mal étant reconnu, le principe des réformes nécessaires devient évident. S’il e
44 pe des réformes nécessaires devient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul,
45 t de vue politique, économique et militaire, cela est vrai plus encore au point de vue de la culture. La phase relativement
46 er les échanges culturels ». Observons qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
47 qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, pri
48 terme même « d’échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile a
49 les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échanges de découve
50 toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement diversifié. Elle
51 qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs dé
52 vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant les siè
53 ons les conséquences de cette brève analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le compar
54 cette brève analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce
55 t-il intervenir dans ces mystères ? La question n’ est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littératur
56 ans le secours des experts officiels. Mais l’État est intervenu, des frontières ont été posées, et la culture dépérit. Les
57 ls. Mais l’État est intervenu, des frontières ont été posées, et la culture dépérit. Les experts culturels des États sont d
58 culture dépérit. Les experts culturels des États sont devenus nécessaires pour « organiser » des échanges qui s’opéraient s
59 s que les fiscs, les douanes et la bureaucratie s’ étaient unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est pas d’o
60 nis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’ être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mai
61 r étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’ est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mais de c
62 ui de manifester l’Europe unie tout comme si elle était faite, et telle qu’elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
63 aspect de tentation intellectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis
64 icacité. Or ce reflux — dont rien n’indique qu’il soit simplement temporaire — découvre une situation nouvelle. Dès l’instan
65 ’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’ est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n
66 Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’ est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fil
67 n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’ est -elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille d’E
68 ins », et d’une vaste contrée vierge. Une fille n’ est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autremen
69 fille n’est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se d
70 par rapport au monde. En fait, l’Amérique du Nord est en train de développer une civilisation certes proche parente de la n
71 tonome ; la plus grande différence entre les deux étant que l’Amérique tend consciemment vers les standards de culture, tandi
72 ntradictoires : la peur et l’attrait combinés. Il est clair qu’une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia europée
73 ontre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Qua
74 e leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce sont parfois les mêmes, plus chez beaucoup l’idée que là-bas, la démocrati
75 que là-bas, la démocratie marche mieux, l’avenir est plus ouvert, et les rapports humains plus francs et plus cordiaux que
76 c vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, la
77 à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Col
78 Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’ êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics e
79 ier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même
80 impérialistes, ou deviennent isolationnistes, ce sera bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il
81 s. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra subir soit leur intervention, soit leur retrait. Et si la « civilisation du dige
82 urope, ou il faudra subir soit leur intervention, soit leur retrait. Et si la « civilisation du digest » prévaut chez nous,
83 « civilisation du digest » prévaut chez nous, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous l
84 SA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur lecture imposée p
85 ultipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’a proposé de remè
86 t des lectures faciles. (Le réalisme socialiste s’ est borné à les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture
87 restige suspect, d’autre part se voit accusé de n’ être rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’u
88 , tout en gardant un contrôle raisonnable. Puis s’ étant assuré d’une documentation dont l’ampleur bien souvent dépasse son ob
89 croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne sont pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et ont l’argent. Mais g
90 orte qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’ est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le programme d’
91 entendus ? La bonne volonté n’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’a rien empêché. Nécessité d’un dialogue j
92 t l’Amérique. Pour qu’un dialogue de cette nature soit juste, et pour qu’il puisse créer une atmosphère plus saine, quelques
93 ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès, mais
94 entants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent être choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons de c
95 e. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifiés, dès le départ, et la question ne sera pas
96 comme justifiés, dès le départ, et la question ne sera pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une analyse
97 ais en actes, — voilà des objectifs concrets. Ils sont vitaux. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à s’entendre eff
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
98 ou partie, et commenté dans un sens favorable. Il est clair que le problème des relations « culturelles » — au sens le plus
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
99 l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiques et économiques. Ces raisons, bien co
100 économiques. Ces raisons, bien connues désormais, sont la menace russe, la prépondérance américaine, la nécessité absolue d’
101 , au lieu de leur pure et simple intégration (qui serait bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent le mon
102 aque pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe n’ est que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons de
103 es) politiques. L’intérêt électoral de la culture est nul. Par suite, si l’on veut construire l’Europe sur la base des part
104 ar le moyen de son union économique et politique, est une réalité de civilisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai
105 é de civilisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’e
106 éalité culturelle, — s’il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’existence, un besoin perp
107 de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’ est pas le chemin de fer, l’électricité et le charbon, les sociétés qui l
108 oblèmes électoraux qui en résultent : tout cela n’ est que résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abor
109 parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce n’ est pas une somme d’institutions, de partis et de préjugés tombés du ciel
110 es, de sentiments, d’inquiétudes de l’esprit, qui est la réalité créatrice de tout le reste. Négliger la culture, la tenir
111 éatrice de tout le reste. Négliger la culture, la tenir pour un luxe, serait agir à l’encontre du génie de l’Europe, de son i
112 este. Négliger la culture, la tenir pour un luxe, serait agir à l’encontre du génie de l’Europe, de son idée de l’homme, donc
113 rope, de son idée de l’homme, donc de sa raison d’ être , — et par suite de ses intérêts même matériels. L’Europe est une cult
114 ar suite de ses intérêts même matériels. L’Europe est une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloni
115 ent à l’endroit de leurs efforts. Pourtant rien n’ est plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accessoire
116 t rien n’est plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accessoirement) se préoccupe de sa vie personnelle,
117 pe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que
118 dus qui cesseront peu à peu de chercher quel peut être le sens de leur vie difficile. Pour eux, cette Europe-là, même unie p
119 signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche
120 rmée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche, vouloir l’Europe vraim
121 h, et douze autres entreprises du même genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en fe
122 d’un coin de l’Europe. Ces foyers bien enracinés sont les cellules vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’à s’o
123 udget fédéral de la culture, — d’un budget qui ne soit pas simplement l’addition de mesquines soustractions aux budgets nati
124 ône à la cause de l’Europe. d) Enfin, la jeunesse est consciente du fait que la culture apparaît trop souvent comme une act
125 nscients et en mesure de juger par eux-mêmes, qui seront demain l’Europe vivante. Il s’agit là d’une tâche de longue haleine.
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
126 eurs égards, il nous donne souvent l’impression d’ être encore en pleine formation : l’élargissement de notre Conseil, dès au
127 argissement de notre Conseil, dès aujourd’hui, en est un signe, fort heureux d’ailleurs. Vous allez entendre une série de r
128 d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’abord que le CEC est une institution autonome, constituée en association internationale se
129 ir réciproque de collaboration pratique. Le CEC n’ est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le répét
130 co : mondiale, gouvernementale, riche, quand nous sommes pauvres, autonomes, et européens. Les méthodes de travail des deux or
131 éens. Les méthodes de travail des deux organismes sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontaireme
132 es sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrait appeler le stade artisana
133 ons concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’ est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par se
134 part de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’actio
135 opre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est nécessairement plus lente et plus prudente que celle d’un organisme p
136 nstituts culturels européens, l’une des raisons d’ être du CEC était de leur offrir un lieu de rencontre et des instruments d
137 turels européens, l’une des raisons d’être du CEC était de leur offrir un lieu de rencontre et des instruments de coordinatio
138 des autres organismes existants. Bien ou mal, il est le seul à tenter d’une manière systématique et suivie la coordination
139 bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’ est qu’un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le momen
140 ais alors il s’impose avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus
141 se avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation
142 nce — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation et une cultu
143 pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais no
144 articles, mais le marché des revues existantes s’ est révélé trop limité pour que l’agence marche autrement qu’au ralenti,
145 marche autrement qu’au ralenti, donc à perte. Ce sont là des difficultés normales, les à-coups prévisibles dans toute actio
146 bstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde opposition à nos en
147 vrons que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous
148 la ? Faute de temps et de moyens. Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait r
149  : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait réparti entre 20 ou 30 personnes dans une organisation à l’américaine
150 opéen de physique nucléaire, dont le premier plan fut élaboré au CEC, va se construire. Mais l’Unesco, chargée de le faire
151 ’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décern
152 d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il rest
153 eçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la portée « européenne » tant de ce prix que de la collaboration des
154 ue de la collaboration des guildes dont le prix n’ est qu’un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts euro
155 en juger tout à l’heure. Les motifs de ces succès sont simples et j’en dirai trois : le CEC travaille directement avec les i
156 ée de la culture ; il évite la bureaucratie, s’en tient à une pratique artisanale et empirique ; enfin, il travaille à bon ma
157 écentralisation systématique. III. Quelles sont enfin les perspectives de développement du CEC ? Nous comptons pousse
158 vices, par le moyen de ce clearing house que veut être le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une formule neuve
159 i que de l’ensemble complexe du CEC. Du même coup seront posées les bases d’un dialogue, que j’espère fécond, entre nos différ
160 i a fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’ être . Car, ainsi qu’aimait à le répéter un grand industriel français de me
161 n grand industriel français de mes amis3 : « Ce n’ est pas au pied du mur qu’on connaît le maçon, c’est en haut. » 2. Voi
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
162 er la pudeur dans ce domaine. Disons que la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomat
163 . Et peut-être facile à trouver. Car en somme, qu’ est -ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur pied
164 et contrôlé par eux, et dont le programme général est voté par leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair
165 leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair qu’entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’un écrivain, e
166 les intérêts d’un ministre, les rapports, s’il en est , ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal
167 rêts d’un ministre, les rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais ce
168 ou de science, et leur diffusion dans les masses, serait vraiment une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aid
169 sses, serait vraiment une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aider ainsi ? Servitudes de la culture or
170 Comment un ministère pourrait-il donc (quels que soient les désirs de ses hauts fonctionnaires) obtenir un crédit pour la bea
171 nalement certains partis. Admettons que le projet soit retenu. La délégation nationale votera pour lui à l’Assemblée de l’Un
172 forme humaine et valeur proprement culturelle, ce sera bien grâce aux tours de force de quelques fonctionnaires chargés de l
173 r aussi à ses tâches. Les activités culturelles n’ étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de ma
174 de la défense, et de la politique générale, — il est bien clair qu’on leur donnera toujours le moins possible. Aux yeux du
175 e 9 millions de dollars, comme celui de l’Unesco, est gigantesque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, i
176 d des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on ose le comparer aux dépense
177 nerait cent fois ou mille fois plus. Mais le fait est qu’on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opin
178 st qu’on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion moyenne, 9 millions de dollars font tout de même
179 o. Le système souffre de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initi
180 re de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initiative autant que le
181 spond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’ est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte
182 toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et douanières.
183 aux interférences politiques. Le travail culturel est par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des mé
184 yers de création. Ces liaisons peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on ne s
185 e saurait les « planifier » sur une échelle qui n’ est plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base. Fédé
186 décentralisé ». En bonne doctrine fédéraliste, il serait plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre et de pr
187 ste, il serait plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre et de prise de contact pour les foyers locaux de
188 ts groupes, à de petits exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer les organisations d’aide culturelle sur cette
189 à l’organisation constituée par les gouvernements soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable,
190 gouvernements soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Le
191 ons considéré). La formule fédéraliste Nous sera-t -il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont cel
192 ’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en
193 fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme n’ est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un
194  : 1. En matière de culture, les intéressés seuls sont juges de leurs besoins. Qu’on leur laisse donc l’initiative, le contr
195 EC, les directeurs de festivals). Cette méthode s’ est montrée la plus économique, la plus rapide et la plus efficace aussi
196 mentales se révèle là encore le plus pratique, ne fût -ce qu’en évitant les retards et les frais des grandes machines bureau
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
197 ue celles des compositeurs de la jeune génération sont presque uniquement jouées dans leur pays d’origine. Les jeunes compos
198 que font leurs confrères européens ; la situation est la même pour les jeunes compositeurs des différents pays européens. D
199 trer et d’établir des contacts internationaux, en sont pratiquement privés aujourd’hui. Cette situation tend à créer un espr
200 œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce n’ est pour des raisons de prestige ou des motifs extra-musicaux. La situati
201 situation de la critique musicale d’après-guerre est également peu satisfaisante du point de vue international. Peu de cri
202 les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’ils ne sont pratiquement pas joués. De nombreux problèmes de critique musicale, q
203 eux problèmes de critique musicale, qui devraient être discutés sur un plan international, restent sans réponse : ainsi la r
204 ux publics populaires, ou le rôle du critique qui est d’interpréter ces techniques et les nouvelles œuvres basées sur elles
205 e base de compréhension et de collaboration. Tels sont entre autres les motifs qui ont amené le Centre européen de la cultur
206 lle aura lieu au printemps 1954, à Rome. Ses buts sont les suivants : 1. Donner l’occasion à de jeunes compositeurs de fair
207 cologues, dressera des listes, d’après lesquelles seront choisis les hôtes de cette rencontre. Le Centre a constitué un Comité
208 crétaire : Nicolas Nabokov. Des « paying guests » seront admis, mais ne participeront pas aux discussions. Les étudiants en mu
209 es concerts symphoniques et de musique de chambre seront publics. Programme Les participants seront invités à rédiger de
210 seront publics. Programme Les participants seront invités à rédiger des rapports, à participer aux discussions publique
211 concerts de musique de chambre, au cours desquels seront exécutés : a) des œuvres de jeunes compositeurs européens et américa
212 des 25 dernières années. Certaines de ces œuvres seront enregistrées, afin que les participants puissent les entendre plusieu
213 tion de partitions de musique ancienne et moderne sera mise à la disposition des participants. Tous les textes des conférenc
214 des participants. Tous les textes des conférences seront soumis un mois avant la rencontre et distribués aux participants à le
215 rnationaux aux trois meilleures œuvres qui auront été commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fera l’
216 que et du Concours international de composition s’ est réuni pour la première fois, au CEC, le 13 janvier 1953, sous la prés
217 1953, sous la présidence du directeur du Centre. Étaient présents : MM. Boris Blacher, Luigi Dallapiccola, Frederick Goldbeck,
218 d’exécution (concerts, solistes, enregistrement) seraient à la charge de la RAI. Dates fixées pour l’attribution des prix au co
219 liminaire des 12 compositeurs auxquels des œuvres seront commandées. Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont été sugg
220 Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont été suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à bref
221 suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à bref délai aux membres du Conseil musical. Dès que ces dern
222 uront donné leur accord, des lettres personnelles seront envoyées à chacun des 12 compositeurs retenus. Sur proposition de MM.
223 de musique et pour le Concours de composition. Il est convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la manière
224 n. Il est convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la manière suivante : le président désigné pour chaque sé
225 eurs pourront prendre la parole. Le public pourra être admis dans les tribunes à certains des débats au moins. D’une manière
226 ion, le titre suivant, proposé par M. Markevitch, est retenu : « Les Droits de l’Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuve
227 Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général sont proposés par les membres du comit
228 peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général sont proposés par les membres du comité exécutif et retenus en principe (l
229 comité exécutif et retenus en principe (le Centre est chargé de leur donner une formulation définitive) : 1. Musique et pol
230 ne sur le développement du langage musical. 5. Qu’ est -ce qu’un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle in
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
231 e au point mort ? Au moment même où viennent d’ être posées les premières bases de l’union, l’opinion se demande « si l’Eu
232 es de l’union, l’opinion se demande « si l’Europe est en panne ». Les uns voient la fédération en plein démarrage, les autr
233 la disent au point mort. Mais la contradiction n’ est qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour chan
234 iction n’est qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour changer de vitesse, il faut passer par le poin
235 roule. Aux yeux de beaucoup, l’élan fédéraliste s’ est épuisé, puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet é
236 , puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet élan vient de rencontrer des résistances contre lesquelles il
237 en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à corps, presque immobiles, ra
238 contraires à toutes leurs prévisions : — la CECA est en place, commence à fonctionner ; — la CED est en voie de ratificati
239 A est en place, commence à fonctionner ; — la CED est en voie de ratification par les parlements ; — un projet de Constitut
240  ; — un projet de Constitution européenne vient d’ être remis officiellement aux ministres des Six, prévoyant l’élection dire
241 les pays. L’internationale de l’anti-Europe n’en est pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’ell
242 e s’organiser comme force politique cohérente lui serait fatale. Elle n’en représente pas moins un très sérieux danger : celui
243 dans la menace soviétique. La peur, affirme-t-on, serait le vrai ressort du mouvement vers l’intégration. Il en résulte que to
244 ’intégration. Il en résulte que toute détente à l’ Est détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise de l’idée européenne. O
245 serait affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’ac
246 it affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuell
247 nt n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce que l’on
248 ve de paix. Ce que l’on peut observer c’est qu’il est , tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre union, pu
249 xtremis. Si maintenant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peu
250 ant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme e
251 r, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’ être . Parlons donc d’autre chose, renversons quelques ministères, revenons
252 ministères, revenons à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant
253 à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut
254 il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles r
255 ire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est , il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représentent u
256 s vrais motifs de notre union n’ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armistice en Corée sur la bas
257 ques et sociales n’a pas varié, que l’on sache, n’ est pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur. La division de n
258 nt en 21 nations sottement rivales, dont aucune n’ est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes,
259 ement rivales, dont aucune n’est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires modernes, soit des nécessités de
260 it de la concurrence des grands empires modernes, soit des nécessités de l’économie présente, subsiste. La situation de l’E
261 et qui retourne contre elle ses propres armes, n’ est en aucune mesure améliorée. Ces trois grands faits fondamentaux, ces
262 e notre union fédérative. Les sourires du Kremlin sont peut-être la preuve que tout va changer en Russie : ils ne changent r
263 x de certains, quand la paix entre les deux blocs serait non seulement déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’en serait pa
264 ent déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’en serait pas moins vitale ni moins urgente, pour les trois grandes raisons qu’
265 es raisons qu’on vient de rappeler. La question n’ est pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos
266 s fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations sont encore capables d’assurer, chacune pour soi, leur sécurité physique e
267 onne n’ayant pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. V
268 uver que tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. Vers une épuration européenne Il n’e
269 moins probable que l’effet de propagande escompté sera partiellement atteint par la Russie, à peu de frais. Ceux des Europée
270 e en Amérique) que la Communauté de défense, vont être les premiers à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les
271 ui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite que le principe
272 , et par suite que le principe fédérateur ne peut être que négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils vont cesser
273 se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été , il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une
274 éral ? Il en résulte qu’un nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons
275 ens humain, la formule spirituelle ? La réponse n’ est plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fédèr
276 rituelle ? La réponse n’est plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fédère pas des armes et des machi
277 hommes, et leurs groupes. La Communauté politique sera donc notre but prochain, la condition certainement nécessaire, si ell
278 , la condition certainement nécessaire, si elle n’ est pas certainement suffisante, d’une Renaissance offerte par l’Europe a
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
279 , militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’ est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de l’a
280 e. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’ est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qui s
281 masses, latines surtout — les nations européennes seraient déjà réduites au rôle de simples « instruments de la grandeur américa
282 ue nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d’assure
283 , des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la co
284 ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde
285 èrent que leur simple alliance confédérale devait être remplacée par une fédération. Un projet de constitution fut voté par
286 cée par une fédération. Un projet de constitution fut voté par leurs délégués, réunis à Philadelphie. (Six nations de l’Eur
287 montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la population en place publique. L’État de New York était l
288 population en place publique. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait
289 ue. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa
290 re intention que de l’introduire : Le monde peut être divisé politiquement, comme géographiquement, en quatre parties dont
291 et par la fraude. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique, sont successivement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europ
292 ur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’ être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize États, réu
293 t à la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence européenne
294 en formation. Dans la mesure où les mêmes causes sont susceptibles de produire les mêmes effets, cette page nous dicte une
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
295 nion publique, dont le peu d’attention disponible est absorbé par les élections, les crises nationales, les prétendues « bo
296 les, les prétendues « bombes diplomatiques » de l’ Est et de l’Ouest, elle perd de vue le problème européen, qu’elle commenç
297 la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemble de faits défin
298 re que le débat se soit éteint : simplement, il n’ est pas ouvert. Cet ensemble de faits définit pour l’Europe une situation
299 ent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le sens de l’action européenne dans cette conjoncture angoissante ?
300 nt pour marquer des points. La conférence de Rome est ajournée, la CED reste en panne, l’Amérique s’énerve et laisse entend
301 e, l’Amérique s’énerve et laisse entendre qu’elle serait prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opposition à l
302 ces problèmes (l’armée, les colonies, l’économie) sont sans issue dans le cadre national et qu’il faut donc chercher leur so
303 une forme quelconque d’entraide européenne. Ce n’ est pas une question de lâcheté ou de courage, mais de simple sens politi
304 ou de courage, mais de simple sens politique, qui est le sens de la hiérarchie des problèmes. Si chaque nation pouvait surm
305 ir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’ag
306 us vaste, qu’il s’agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensent encore la politique en termes périmés
307 n, et surtout, trop de gens oublient que l’Europe est quelque chose de plus que la somme de 20 nations, dont la plupart, da
308 ons, car c’est une civilisation, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendr
309 on, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-
310 que les Européens En ce mois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile que j
311 ois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’ être « pour l’Europe », plus difficile que jamais de justifier et de défen
312 péens tels qu’ils se montrent. Si les Européens n’ étaient menés que par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaient, ils
313 nne au monde n’a jamais essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés de barbe
314 tent ainsi. Il faut donc croire que les Européens sont menés, en réalité, par des forces irrationnelles, au mépris de leurs
315 onneur immérité en la traitant de byzantine. Elle est tout simplement sectaire, bornée, villageoise, ignorante, inefficace.
316 et leurs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ils sont qu’il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Euro
317 talie dont 42 % des électeurs votent totalitaire, sont donc anti-Européens sinon par raison, du moins par consigne ; une Esp
318 r, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’ est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. J
319 rope n’est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent q
320 s là du paradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout à fait autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une cu
321 it autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une culture, une civilisation : c’est-à-dire un système de références
322 x, les intérêts et leurs intermédiaires. L’Europe est une notion de la personne. On n’y accède que par l’éducation, laquell
323 onne. On n’y accède que par l’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à l’individu. Nous voulons ici cette Europe,
324 éalité, quoique négative. Mais c’est peu, ou ce n’ est rien, si cette réalité naissante reste incapable d’instituer un Pouvo
325 le, notre destin commun d’habitants de l’Europe s’ est gravement infléchi depuis quelques semaines. Il faut le dire : jamais
326 de construction européenne, si près du but, ne s’ est vu plus gravement compromis. Pour la première fois je l’écris : il se
327 remière fois je l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’
328 il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, non sur les Russ
329 éens — sur tous ceux qui n’ont pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce q
330 oivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de démissionner. Et de quoi ? De l’Europe, donc du meilleur
331 té nationale, insistant sur la majuscule. Byzance est morte en discutant le sexe des anges, sujet sublime, mais l’empereur
332 court à rendre l’Europe incapable même de tomber, étant trop bas. Tout au long de l’histoire du monde, la décadence des empi
333 e tableau : La Communauté européenne de défense n’ est pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans exame
334 fense n’est pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans examen. La Haute Autorité voit son fonctionneme
335 idé par des cartels. Les nations décident de s’en tenir à leur souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t-il alors ? La
336 e par la faute des néo-fascistes et monarchistes, est livrée aux communistes. La Grande-Bretagne, ayant refusé l’Europe au
337 son désastre pour s’emparer de l’Asie : nous lui serons livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’est encore fatal ; m
338 livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’ est encore fatal ; mais tout peut le devenir en quelques mois : un peu pl
339 ’atlantisme pour ne pas faire l’Europe, et nous y sommes  : l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les Européen
340 et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les Européens. L’Europe est définitivement effac
341 est tacitement admis par les Européens. L’Europe est définitivement effacée de la carte des puissances. Quelques guerres c
342 nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’état présent non pas des choses, mais des esprits.
343 miracles ne se produisent jamais là où personne n’ est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « ra
344 ommer. Forces qui cependant, une fois réactivées, seraient bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que
345 nous, sans illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie que de maudi
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
346 damentale de notre histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raiso
347 re histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’ être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’i
348 a raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’il me charge de vous adresser. Certes,
349 l ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. Mais cette diversité représente justement notre vra
350 l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes
351 agandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion
352 ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion, réunissant juristes et penseurs politiques d
353 ficative. Voici donc la première requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le P
354 base de vos travaux prochains. Le Projet, certes, est discutable. Il ne peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne
355 ire ne connaît pas de document de ce genre qui ne soit le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques éventue
356 ion de confiance » : ou bien l’accepter tel qu’il est , ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument de fair
357 olument de faire l’Europe, tandis que le Projet n’ est qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparf
358 ue le Projet n’est qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparfait soit-il, peut servir à cette fi
359 uestion est de savoir si ce moyen, tout imparfait soit -il, peut servir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pen
360 pensons qu’il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet actuellement existant, qui ne résulte pas de l’initiat
361 nitiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. Il est né du labeur considérable effectué sur votre demande par les délégués
362 ous avez créée. Pratiquement, le sort de l’Europe serait donc confié à quelque groupe d’experts, inconnus du public, et forcém
363 nt des députés. Qui les suivrait ? 2. Le Projet a été discuté et rédigé par des parlementaires, un œil sur le grand But eur
364 ment d’assemblées. Mais quel autre régime peut-il être accepté pour le moment ? Or, il faut commencer. Refuser de partir d’u
365 commencer. Refuser de partir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlemen
366 de partir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir
367 chec de tout contre-projet devant vos parlements, soit à revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semb
368 evenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes ligne
369 et un exécutif dont on ne sait, à vrai dire, s’il sera fédéral ou simplement confédéral. C’est assez pour rendre possible l’
370 voies de la fédération nécessaire. Les esprits ne sont pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément, le ré
371 oin, nous dit-on. Précisément, le régime qui vous est proposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait faire perd
372 oposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’a
373 un moindre mal nécessaire. Vous pouvez l’amender, soit pour en faire un meilleur instrument fédéral, soit pour le rendre en
374 oit pour en faire un meilleur instrument fédéral, soit pour le rendre en fait inopérant. Nous vous demandons de saisir l’occ
375 et pour quelles fins humaines. Quand nos peuples seront conscients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils seront convainc
376 cients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils seront convaincus de ses fins pacifiques, le comment suivra facilement. Le p
377 vra facilement. Le préambule et l’idée directrice sont seuls vitaux, et non les paragraphes. Entraîner l’opinion par les pre
378 ontradictoires, ne fera jamais vivre l’Europe. Il sera lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’auront pas bien v
379 e ne change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou revivront ensemb
380 ui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le sens m
381 r notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, car son
382 ’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, car son génie s’appelle diver
383 alisé, car son génie s’appelle diversité. Elle ne sera pas non plus une Sainte-Alliance, ni une simple coalition, formule co
384 ore en fait ? On voit venir le temps où elles ne seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il
385 rétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la souveraineté d’une nation qui ne pourrait pas
386 ontre l’attaque de l’un ou l’autre empire ; qui n’ est pas en état de déclarer la guerre ou de conclure la paix isolément ;
387 ux gestes manqueraient également de sérieux. Il n’ est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seu
388 États-Unis et de la Suisse. Le Projet, certes, n’ est pas encore un Pacte, mais il prépare les voies de la fédération. S’il
389 s de la fédération. S’il faut le modifier, que ce soit dans cette vue : afin de ménager son avenir fédéral. D’une part, il p
390 e ménager son avenir fédéral. D’une part, il peut être opportun d’en retirer (pour l’instant) certaines dispositions qui, da
391 au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut être accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte de se réserv
392 e part, il faut se garder d’y ajouter quoi que ce soit qui viendrait compromettre l’évolution normale vers une fédération :
393 ntes pour tout exécutif digne du nom. L’essentiel est d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’est en mesure de décr
394 t d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’ est en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et même un peu obscur
395 Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans les données concrètes
396 e Histoire, tous ceux-là voudront le minimum, qui est le Projet de Communauté des Six, comme le plus court moyen vers une t
397 destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et l
398 ion. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres. Certains risques doivent être en
399 r les uns et les autres. Certains risques doivent être encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et à
400 ues doivent être encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre
401 sanctuaire. Chute immense, dont la cause directe fut le refus d’un sacrifice minime. Les croisés, débarqués devant Constan
402 refusant de faire le pool patriotique des faibles sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d
403 sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise à sac. Les produits
404 saut fut décidé après des mois d’attente. Byzance fut mise à sac. Les produits du pillage s’élevèrent après trois jours à p
405 richesses de Byzance, enfin « mises en commun », furent emportées par l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs, et de nous to
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
406 l’Europe, à La Haye, un autre congrès vient de se tenir dans la même ville et la même noble Salle des chevaliers. Le congrès
407 lture. Et c’était sa section culturelle qui avait été chargée d’écrire et de présenter le Message aux Européens, dégageant,
408 par le Mouvement européen, du 8 au 10 octobre, s’ est voulue plus restreinte, à la fois par le nombre des participants et p
409 ion propre du CEC Le second congrès de La Haye fut donc strictement politique. Son motto semblait être : la parole est a
410 ut donc strictement politique. Son motto semblait être  : la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles
411 nt politique. Son motto semblait être : la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles, mais des réali
412 ependant, le souci des succès immédiats, qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette
413 but lointain. Précisons : la Communauté des Six n’ est qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas atteinte
414 u’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’ être pas atteinte si l’on en fait un but en soi. De même, l’union des Quin
415 fait un but en soi. De même, l’union des Quinze n’ est qu’une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemblem
416 ssus le rideau de fer qui nous sépare encore de l’ Est , et par-dessus le rideau de ferraille qui nous sépare de l’extrême ou
417 à répéter Lénine, politicien « pratique » s’il en fût . La condition non pas suffisante mais nécessaire du succès final et t
418 es objectifs du Centre. En fait, rien de tel ne s’ est produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé
419 ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la tab
420 an, entourées de quinze publicistes influents, ne sera pas moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et à ses commissions
421 te recherche. Cette base pratique, instrumentale, étant désormais établie, il s’agit d’une part d’en faire bénéficier un beau
422 velles et influentes le rayonnement de l’idée qui est la raison d’être du Centre. En vue d’accomplir la première de ces tâc
423 ntes le rayonnement de l’idée qui est la raison d’ être du Centre. En vue d’accomplir la première de ces tâches, le Centre ét
424 ollandaise, un modèle de « cahier des charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajouton
425 s charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajoutons que la création prochaine d’un Bure
426 de préoccupations. Quant à la seconde tâche, pour être menée à bien avec toute l’ampleur nécessaire, elle suppose l’appui d’
427 ique du mot. Nous y travaillons. ⁂ En tant qu’il est chargé d’une mission générale, certes trop ambitieuse pour ses moyens
428 rtes trop ambitieuse pour ses moyens actuels, qui est de porter, maintenir et animer l’idéal de l’Europe unie, le Centre do
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
429 res de Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes -nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la
430 entreprise, partons de la deuxième question : où sommes -nous, Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameus
431 arité de 155 millions. » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions
432 e l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’ est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour
433 t la conscience aussi des ressources immenses qui sont là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre en co
434 isés. Comment réduire ces résistances là où elles sont , dans les esprits et dans les cœurs, selon la formule consacrée, pour
435 ’information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la composition me paraît
436 on et de l’expérience, quinze publicistes réputés furent conviés à rechercher ensemble les moyens de faire connaître et d’illu
437 ulturelle à la communauté politique Mon dessein n’ est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendant s
438 que, d’autre avenir possible que dans l’union. Ce fut le dernier mot du rapport de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant
439 acun peut voir que nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ?
440 se spirituelle et par suite culturelle et civique fut introduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité
441 pranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Schuman,
442 buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ils regardent ensemble
443 les, permettant de mettre en commun ce qui doit l’ être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit nor
444 ste du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au mon
445 e entier, et cette liqueur tout d’abord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer
446 able ronde : document d’autant plus notable qu’il fut rédigé le dernier jour par un Français et un Anglais, et reçut aussit
447 Conseil de l’Europe à présider les débats, je me suis trouvé en présence de personnalités déjà nommées par les gouvernement
448 es par les gouvernements des États membres, et ne suis donc responsable que du choix des thèmes et de leur répartition aux r
449 créé par le hasard des désignations officielles s’ est révélé heureux. p. Rougemont Denis de, « Une prise de conscience eu
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
450 954)q — Pouvez-vous me dire en deux mots ce qu’ est le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais il
451 le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais il me faut trois mots. Ou plutôt je vous répondrai sur les
452 S. Eliot a répondu pour nous : « La culture peut être définie simplement comme ce qui rend la vie digne d’être vécue ». On
453 finie simplement comme ce qui rend la vie digne d’ être vécue ». On pourrait dire aussi que la culture est l’ensemble des act
454 re vécue ». On pourrait dire aussi que la culture est l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de donner un sens
455 ne s’occupe pas de politique. — Le Centre veut-il être producteur de culture ou simplement organisateur de congrès, de comit
456 congrès, de comités et d’échanges ? — La culture est produite par les personnes. Le Centre en tant que tel ne produit donc
457 servir la culture nationale et son expansion : ce sont les « Relations culturelles ». L’apport du Centre a consisté dans la
458 re la première condition de sa santé. — Et quelle serait selon vous la deuxième condition ? — Ce serait d’aider financièrement
459 le serait selon vous la deuxième condition ? — Ce serait d’aider financièrement les initiatives culturelles. Nos États ne cons
460 le de l’Europe doit se payer. E — Le Centre est -il, ou veut-il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. —
461 se payer. E — Le Centre est-il, ou veut-il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. — Mais le problème de
462 urope ? — Certes. — Mais le problème de l’Union n’ est -il pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit aujour
463 vaines vos activités culturelles ? — Cette crise est au contraire l’argument le plus fort en faveur de l’existence du Cent
464 que, et cette inconscience tragique ? Le problème est en réalité « culturel » au sens large du mot : c’est un problème d’éd
465 ganisme comme le Centre a justement pour raison d’ être de poser tout d’abord, puis d’étudier, et dans la mesure des moyens q
466 oyens qu’on lui donne, de résoudre. Les obstacles sont psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’il nous faut travailler,
467 s les cœurs. — C’est la formule consacrée… — Nous sommes là pour la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout à l’heure :
468 out à l’heure : « un organisme comme le Centre ». Est -ce donc qu’il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi
469 sentiellement de l’esprit dans lequel ces projets sont développés, et des buts que l’on vise. La mission proprement européen
470 rement européenne du CEC ne court pas le risque d’ être reprise en charge ni « dupliquée » par une bureaucratie mondiale, si
471 pliquée » par une bureaucratie mondiale, si riche soit -elle. Le danger n’est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — No
472 ucratie mondiale, si riche soit-elle. Le danger n’ est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il y
473 xiste plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’objectivité et pour la liberté du jugement de se représen
474 e se représenter parfois qu’une chose à quoi l’on tient pourrait disparaître. Qu’en résulterait-il ? Je constate que le Centr
475 asions de contact souvent fécondes. Certes le CEC est loin d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons enco
476 xistait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’ est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autr
477 st pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous le
478 -on soutenir le CEC, afin qu’il dure ? — La vie n’ est jamais qu’une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bul
479 racles. 5. Le présent numéro de notre bulletin est en grande partie consacré aux associations éducatives sur le plan eur
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
480 (mai 1954)r Notre Courrier, depuis des mois, s’ est tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t-il ? La répon
481 nés s’accumulent : que se passe-t-il ? La réponse est dans les journaux. Depuis des mois, la construction européenne se tro
482 eu voulaient encore s’occuper de l’essentiel, qui était , et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire
483 La Russie à Berlin, ou l’Europe caricaturée Il était facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne
484 oir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées par un échec sur tous les points de l’ordre du jour, elles n’
485 Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’ est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du ridea
486 n membres, parmi lesquels Saint-Marin et Andorre, soit vingt-cinq, à quoi s’ajouteraient la Russie et ses six satellites.) C
487 curantiste », les républiques « populaires » de l’ Est , et les actuelles « colonies social-fascistes des US » sur le contine
488 c’est-à-dire entre 43 et 48 millions d’habitants, seront sans doute rassurés à l’idée d’un bloc russe de 200 millions rétablis
489 iatique, cela saute aux yeux. Après tout l’Europe est -elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa jus
490 e le projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange éve
491 de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange éventuelle — MM. Bidault et Eden l
492 lle — MM. Bidault et Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un fonde
493 ide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’ était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples. ⁂ Ob
494 nts, devient évidente à beaucoup. Des projets ont été formulés, parmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doit et
495 ED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’ est pas revenue en arrière, l’Italie a décidé de poser la question à son
496 t des progrès minimes mais peut-être décisifs ont été enregistrés en France. Les consultations d’opinion récemment organisé
497 hommes de bonne foi que la fédération européenne est à la fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’elle ne peut plus ap
498 apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (les Anglais)
499 u’enfin son heure a sonné, si jamais signal clair fût donné par l’Histoire. L’Asie à Genève, ou l’Europe humiliée Deu
500 ou l’Europe humiliée Deux mois plus tard, tout est changé. L’Occident s’est laissé entraîner dans une « Conférence asiat
501 eux mois plus tard, tout est changé. L’Occident s’ est laissé entraîner dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Gen
502 e », qui s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’ Est . Du côté russe, l’idée de manœuvre est claire : fixer la France d’abo
503 isie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre est claire : fixer la France d’abord, puis la Grande-Bretagne et les État
504 e par la France, qui hélas « ne peut autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : elle a lieu en Europe. Pr
505 t autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : elle a lieu en Europe. Première victoire du Kremlin. C’est Molo
506 hérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y serait noyée et sans force. » Ce sophisme insultant va servir de slogan à la
507 rvir de slogan à la campagne neutraliste, si ce n’ est même à certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendra l
508 substance : — Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde
509 portant : il a déjà conquis nos six nations de l’ Est , et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la
510 mprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moyen de rétablir la « paix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque c
511 aix » dans le Sud-Est de l’Asie, puisque celle-ci serait ouverte à l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix définit
512 et l’Allemagne par le moyen de leur fédération ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux armées
513 ion ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux armées rouges. Au lendemain de la chute de Diên B
514 ge de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes , et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les décisions vi
515 apable d’opposer aux Russes une puissance qui les tienne en respect. (Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre que son
516 an irrépressible vers l’indépendance nationale ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins pa
517 ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant
518 que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération des Six
519 si l’on a vu la situation mondiale — et si l’on n’ est pas communiste. Seule une profonde révolte de l’Europe rendue conscie
520 e des libertés occidentales. Un tel sursaut vital est -il inconcevable ? Retournons la question : est-il concevable que ving
521 al est-il inconcevable ? Retournons la question : est -il concevable que vingt nations européennes se laissent entraîner dan
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
522 ions. Tout le monde sait que son régime politique est l’un des plus stables du monde, depuis plus d’un siècle. Les partisan
523 issance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’ était qu’une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur lien lé
524 re État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’alliance d’États sans
525 e la guerre civile dite du Sonderbund (1847) peut être qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a
526 ile dite du Sonderbund (1847) peut être qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament
527 847) peut être qualifiée soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament pragmatique ou doctrinai
528 la Confédération suisse. Article 3. — Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Con
529 s sont souverains en tant que leur souveraineté n’ est pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exercent
530 t comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au Pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garant
531 uants de l’Europe fédérée. On n’en voit pas qu’il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2. Abandonner ou recouv
532 2. Abandonner ou recouvrer la souveraineté ? Est -il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut
533 té ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai qu’il y ait là
534 t être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est -il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-
535 ? Voyons le concret. La souveraineté nationale n’ est exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme « l
536 d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’enten
537 clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances techni
538 des forces réelles et des pouvoirs concrets, elle est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de gloir
539 un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et même de
540 urope, à Rome, deux arguments m’ont frappé, comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le prem
541 ns européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par notre ami Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement
542 té qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive. » ( Étant entendu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit ra
543 e informe d’une Europe unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, éc
544 en fait la souveraineté du peuple, car le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car a
545 Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera dissipée la crainte que suscite la perte de la souveraineté nationale
546 scite la perte de la souveraineté nationale. Il n’ est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier c
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
547 n européenne (octobre-novembre 1954)t Rien n’ est perdu, tout reste à faire Deux événements politiques ont absorbé l
548 opéens et des militants de l’Europe unie depuis l’ été dernier : l’abandon du projet de CED et les accords de Londres. Londr
549 . Londres a réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet principal de
550 n voici une. Il y avait une fois des députés. Ils étaient très effrayés par une maladie dont ils craignaient la contagion, et q
551 emeure intacte après leur vote. — En revanche, il est douteux que les accords de Londres représentent « un premier pas vers
552 er le principe supranational. En résumé : rien n’ est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve
553 ional. En résumé : rien n’est perdu, mais rien n’ est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l
554 ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons les réalités que cachaient ces deux illusions. I. À
555 ns. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par une série d
556 er les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle c
557 voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la faire
558 de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’il est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où ils so
559 urner les obstacles que de les attaquer là où ils sont  : dans les routines de l’esprit nationaliste, autant et plus que dans
560 e. II. Les mouvements de militants européens ont été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du fait
561 d’exemplaires. Cela paraît considérable quand on est assis dans le bureau central d’un mouvement, devant près de cinq-cent
562 onner après cela de l’ignorance presque totale où sont restés nos peuples et leurs élites, devant le problème européen ?
563 plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il est significatif qu’il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les pr
564 premières promesses d’un financement régulier. Il est clair que la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’est pas
565 a tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’ est pas de suppléer à la carence d’une véritable propagande européenne. T
566 comme les activités déjà connues, peuvent toutes être rangées sous la rubrique générale d’éducation européenne. Chacune d’e
567 j’entends déjà ce qu’ils me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela ne fera certes aucun mal, fera même du bien dans
568 élections. Cette conception courante de l’action est celle des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez
569 la nature des forces historiques. Une révolution est l’aboutissement d’une série d’actions d’abord morales, intellectuelle
570 sans lesquelles rien ne se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades préparatoires de
571 es des révolutions réussies. L’ambition du Centre est d’agir. Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle com
572 elle n’éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa naissance. Préparer cette maturation ; créer ses conditio
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
573 bord, comme le veut la réalité du xxe siècle. Il est très remarquable en effet que, dans ce siècle, pas un seul événement
574 as un seul événement historique d’envergure n’ait été le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens, ni des
575 vivons dans un siècle où, très visiblement, ce n’ est pas la politique qui fait l’histoire ; mais une doctrine, une foi, un
576 une personne. On dit : la propagande. Mais elle n’ est rien en soi, pas plus que l’écriture ou la typographie, et sans idée
577 rsonne n’en tirera rien qui vaille. Le communisme fut une idée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange
578 mmunisme fut une idée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange d’intérêts mal compris et de déchets d’i
579 dée, le fédéralisme européen en est une. Le reste est un mélange d’intérêts mal compris et de déchets d’idées, combinés au
580 plication. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir
581 ement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste a été conçue et s’élabore dans quelques cercles assez restreints. L’idée na
582 z restreints. L’idée nationaliste qui s’y oppose, est entretenue sans relâche par d’innombrables haut-parleurs, porte-parol
583 des théories hégéliennes du siècle dernier. (Ce n’ est pas l’agitation du parti communiste, mais un certain enseignement de
584 juste de l’histoire commune des Européens. Ceci n’ est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstac
585 n’est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstacles à l’avènement d’une Europe unie, nous trouvo
586 ts, puis en forces motrices. Première zone : elle est créée par l’absence de pente, le défaut d’orientation générale. On ve
587 si de les rendre dynamiques. Deuxième zone : elle est créée par l’inconscience générale de la situation de l’Europe dans le
588 tional ou balkanisation du continent. La solution est ici de rétablir un réseau européen d’échanges à travers nos frontière
589 ’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En qu
590 illeures forces scientifiques d’aujourd’hui, vont être consacrés à cette étude. Une série de publications allant de l’ouvrag
591 uil de cette cinquième année de nos travaux, ce n’ est pas un bilan qu’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il es
592 n vient de présenter mais un programme. Tel qu’il est , réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde encore
593 rer très proche du Centre, une seconde initiative est en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et e
594 oie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et enregistrés les statuts de la Fondation européenne de la cu
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
595 he en général ? Et pourquoi le besoin de chercher est -il vital pour les Européens ? À la première question, portant sur la
596 de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’ est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le c
597 ournal. La recherche dont je voudrais vous parler est en réalité tout autre chose. C’est une passion. Et cela revient à dir
598 e passion. Et cela revient à dire qu’elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’esprit de recherch
599 L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’ être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il
600 our caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’ être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’il trouve, au lieu de l’apai
601 tit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’ est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurais m
602 ale et définitive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà de toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de tout
603 le monde et l’inconnu. Et c’est pourquoi sa faim était inextinguible. Seuls les très grands mystiques vont ainsi droit au bu
604 que par l’intelligence mathématique, non par leur être tout entier. Et le reste des hommes s’arrête en chemin, plus ou moins
605 formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’ est jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou inconsc
606 uer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de dépasse
607 ces — cet horizon dernier reste le même, quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi t
608 de la recherche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore,
609 urope a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la c
610 u’on imite partout, même quand on la combat. Elle est donc encore la plus forte. Pourtant, si on la compare aux autres, pas
611 ’en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des causes de faiblesse : je veux parler d’une certaine incertit
612 ne pense pas que cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’ils remontent aux sources vives de notr
613 sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le chri
614 iétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d
615 te, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivan
616 vrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il
617 paré de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et
618 la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet per
619 est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétud
620 t les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’es
621 ’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensuite l
622 « vérités » qu’établissent les écoles successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et q
623 es successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être de la
624 l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’ être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sa
625 e, et que pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités certaines. Dans cet effort sans fin ni cesse —
626 e — pour s’approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison et l’expérience vérifiante. La
627 ertitudes que l’on croyait acquises, d’autre part est le gage d’un progrès vers le vrai. Ainsi donc, du désordre vers un ce
628 tude perpétuelle, dont vous venez de voir qu’elle est déterminée par les deux forces principales qui ont produit notre civi
629 dominer, alors que nous Européens, n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une passion inquiète de
630 ans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniques,
631 t surtout au xxe siècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ?
632 é de vous faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai une dernière remarque : le gén
633 dernière remarque : le génie de la recherche pure est la condition même de la survie de l’Europe. C’est en effet la techniq
634 turel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des clois
635 ns jamais que la culture pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite h
636 choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’ est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le comm
637 , la culture n’est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confondait, je le crain
638 sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’ est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouv
639 mathématicien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très savant
640 e de commentaires. Nulle autre, me semble-t-il, n’ était mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à l’él
641 consacrée à l’éloge de la recherche. 11. Je la tiens du grand écrivain russe exilé, Alexis Remizov. v. Rougemont Denis d
642 décembre 1954–janvier 1955, p. 9‑13. w. Le texte est précédé de la note suivante : « Lors de l’inauguration du Battelle Me
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
643 Habeas Animam ( été 1955)x y Situation de l’homme au xxe siècle Le totalitarisme
644 arce qu’elle s’attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation, et qui en restera le plus h
645 et qui en restera le plus haut achèvement. Ce n’ est plus seulement la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est
646 la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est contestée au xxe siècle, mais déjà son identité, le droit de chaque
647 lavage mental d’une grande partie de l’humanité n’ est plus une utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuv
648 e utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civi
649 ’histoire n’a pas vue le précédent. Mais l’Europe est elle-même en grand péril. Les peuples qu’elle a civilisés retournent
650 d’Américains. La raison de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seul
651 s à l’union Les obstacles à l’union européenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus que matériel. Voici les princip
652  » qui ont épuisé leurs vertus au xixe siècle et sont devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre s
653 nous amène tout près des résultats que celui-ci s’ était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasquent. Certes, les
654 réveiller un sentiment commun des Européens Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale des E
655 ns Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale des Européens eux-mêmes. À défaut d’une prise
656 us les traités et pactes que l’on pourra conclure seront insuffisants, viendront trop tard, ou resteront lettre morte. Si au c
657 situation. Le Centre européen de la culture a été fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a comme
658 sur un plan supranational, comme si déjà l’Europe était unie. Fort de ces premières réalisations qui lui assurent une base d’
659 ent ? L’idée de former un groupe d’Amis du Centre est né de semblables questions. Les Amis du Centre ne seront pas une org
660 é de semblables questions. Les Amis du Centre ne seront pas une organisation, ni un comité, ni un mouvement de plus. Mais d’a
661 ra dans le groupe. L’action individuelle des Amis sera la première condition de l’efficacité du groupe. Celui-ci doit se com
662 iverses, mais ayant en commun ces deux traits : d’ être acquise à l’idée européenne, et d’exercer une influence incontestée d
663 instrument de diffusion ou d’exécution. Mais s’il est vrai que les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinaire isol
664 création d’une Fondation européenne de la culture serait de nature à modifier, par sa seule existence, le climat intellectuel
665 , sans statuts ni publicité, c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils
666 ienter, en vue d’une grande tâche historique, qui est celle de cette génération. La force dont ils auront besoin est certes
667 cette génération. La force dont ils auront besoin est certes d’ordre spirituel d’abord, mais toutes les autres en découlent
668 , mais toutes les autres en découlent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, ma
669 utres en découlent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritabl
670 els. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et adjurations passionnées, ni par un soulè
671 ulletin du Centre européen de la culture, Genève, été 1955, p. 1-6. y. Ce texte est précédé de l’introduction suivante : «
672 a culture, Genève, été 1955, p. 1-6. y. Ce texte est précédé de l’introduction suivante : « L’idée naquit en décembre 1952
673 aquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’à l’ été 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent aussi
674 ndation à l’échelle européenne — des hommes qui s’ étaient signalés dans leur sphère d’influence par leur intérêt actif pour la
675 n Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. Lecture leur fut donnée du texte suivant. »
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
676 résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de l
677 tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n’ est donc pas l’amour qui triomphe de la haine, ni la raison des folies pa
678 les et l’entre-deux. Si le contraire de la guerre était la paix, le contraire de ce court-circuit, c’est la détente. La quest
679 vre pourtant des avenues, c’est de savoir quelles sont les chances de la culture telle que nous la concevons en Europe : le
680 ies, au-delà du machinal et de l’animal. Quels seront les bénéficiaires de la détente ? Beaucoup s’inquiètent, des deux
681 deux côtés du rideau de fer. La détente, si elle est vraie, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est prop
682 i profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’ Est propose — avec une insistance particulière dans la note invitant à Mo
683 i doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’ est -ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant le
684 ’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange est une forme de vie culturelle congénitale à l’Occident, mais dans laque
685 t. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce
686 urquoi vous avez l’air soucieux. Vous répondez je suis fauché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner à faire
687 plan de la culture et de la vie quotidienne. Tout est public chez nous, tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nou
688 vie quotidienne. Tout est public chez nous, tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui se passe
689 le, vous n’avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l’Europe
690 ropéens. Ils vont dire : mais s’il y a détente, n’ est -ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc
691 ope ne dépendent pas de la menace soviétique. Ils seraient à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontières, avec
692 l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’elle est affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seulement sa
693 mais son essor social et culturel. C’est qu’elle est menacée par la révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’el
694 de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’elle est sommée par l’Histoire de dépasser le stade des souverainetés absolues
695 russe, ni d’une pression américaine. Car les uns sont inscrits dans les données internes de l’Europe, les autres dans le ra
696 t reprendre, un dialogue va s’instituer. Quels en seront les interlocuteurs ? Du côté russe, la chose est claire : tous ceux q
697 ront les interlocuteurs ? Du côté russe, la chose est claire : tous ceux qui parleront le feront au nom de Moscou et des pr
698 un dialogue avec leur écho. Les neutralistes ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils n’ont rien de positif à proposer a
699 nion générale de l’Europe. Les gouvernements ? Il est probable qu’ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pa
700 . S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce serait normal : France-Biélorussie, Allemagne-Géorgie, Hollande-Ukraine, Lux
701 ent fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions
702 la culture avec une conception totalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cult
703 litaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni de l
704 gués officiels de telle ou telle nation isolée ne serait pas un dialogue sur pied d’égalité entre A et B, figurant deux points
705 x points de vue bien distincts et valables. Ce ne serait guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-
706 t non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vraie, un dialogue véritable doit s’instituer entre Moscou d’une part
707 ntre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’elle est , d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus que jama
708 ce vivante d’une unité de destin et d’avenir, qui est la condition nécessaire et presque suffisante de la fédération. Id
709 doctrine unitaire et obligatoire, en Occident, n’ est nullement une cause d’infériorité dans le dialogue avec la doctrine t
710 à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’Occident n’a donc pas de m
711 ent n’a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit d’un libre échange conforme à l’essence même de la culture. N’ayant q
712 de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est , il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il
713 , aux offres répétées des Russes. Ces offres nous sont faites au nom de la paix, dans l’esprit qu’on nomme de nouveau « l’es
714 les envoyer parler aux Russes ! Plus ces penseurs seraient « représentatifs » d’une doctrine officielle d’ailleurs inexistante —
715 opéens, à la faveur d’une telle confrontation, ne seraient -ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anarcho-indiv
716 es, comment les appliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas
717 ppliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’ est -il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au trio
718 deux attitudes confrontées ? Pour nous autres, ce serait assez. Car remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’est pas l
719 remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’ est pas le renier, mais le vivre. 12. Pietro Quaroni, Croquis d’ambass
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
720 Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)aa À la fin de 1951, répondant à une invitat
721 . L’idée initiale des promoteurs de l’association était de présenter les meilleurs festivals existants dans leur ensemble, co
722 alisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable d’affronter les lentes et difficiles périodes d’adaptation au
723 ériodes d’adaptation aux réalités telles qu’elles sont , sans perdre pour autant son pouvoir d’entraînement au-delà de ces ré
724 s festivals et leur association. — Le secrétariat sera désormais chargé d’assurer les contacts internationaux des festivals,
725 pays. L’organisation de « pèlerinages musicaux » sera développée dans un souci de qualité culturelle. Un bulletin périodiqu
726 aîtra prochainement. Enfin, la brochure-programme sera sensiblement améliorée, sur la base des expériences acquises. II. Éch
727 des expériences acquises. II. Échanges. — Après s’ être informés mutuellement de leurs projets pour la saison 1956, huit des
728 plus coûteuses. D’autres échanges de cette nature seront organisés par l’intermédiaire du secrétariat. Un service d’informatio
729 nouveautés intéressantes dans le domaine musical sera constitué sans délai. III. Entreprises communes. — L’étude d’un proje
730 projet de revue musicale européenne des festivals sera reprise sur des bases nouvelles. Des archives de documentation sur le
731 si que sur les artistes, chefs d’orchestre, etc., seront mises à la disposition des membres de l’association. Enfin, certaines
732 s manifestations collectives de l’association ont été envisagées pour l’année prochaine. L’exécution de ce programme élargi
733 n de ce programme élargi, mais cependant concret, sera confiée au nouveau secrétaire général de l’association, que l’assembl
734 « Pour les grands festivals de musique, l’Europe est faite ! », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, octobre
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
735 ov » à Genève. La question des échanges culturels serait donc tranchée négativement, les dix-sept offres ou demandes occidenta
736 es dix-sept offres ou demandes occidentales ayant été rejetées par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aurait
737 usqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, pour t
738 s paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’ est pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux échanges
739 cidentales relatives aux échanges culturels aient été rejetées uniformément. (Nous donnons plus loin un résumé analytique d
740 ites espérées à leurs ouvertures officielles de l’ été dernier. 3. Le désir d’engager le dialogue, ou simplement de mieux co
741 marqué, la notion même d’échanges culturels doit être clarifiée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges ont un but p
742 tes officiels du type Ehrenbourg, les échanges ne sont qu’une occasion de présenter la dictature soviétique sous des aspects
743 ant quelques instants. Pour nous, les échanges ne sont qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence dans la
744 ue vrai. Les deux premières formes « d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sa
745 es « d’échanges » sont trompeuses, parce qu’elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sans rien donner, volonté de conva
746 eur. Seules, les deux dernières formes d’échanges seront envisagées dans ce bulletin, et donneront lieu aux propositions concr
747 n au problème actuel des échanges avec l’URSS. Il sera suivi d’un examen documenté de la situation présente, sur la base duq
748 enté de la situation présente, sur la base duquel sont établies nos propositions. ab. Rougemont Denis de, « Après l’échec
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
749 ces semi-légendaires de Novgorod puis de Kiev, ne sont en fait pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’était gauloi
750 pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’ était gaulois. Les Scandinaves apportent une organisation politique étrangè
751 ées, plus l’idéal d’une Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de co
752 rera Ivan le Terrible, qu’il doit « non seulement tenir les rênes du pouvoir mais sauver les âmes ». À cette culture byzantin
753 ta pour la Russie le règne de Pierre le Grand. Il fut « le premier technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’on a
754 et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolution, dans le plein sens du mot, qu
755 lle dans les constructions navales en Angleterre, est reçu à Riga, Königsberg et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Par
756 el Defoe, qui écrit sur lui toute une étude, « il est le self-made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île est un imme
757 made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île est un immense empire où il fait triompher la civilisation par des moyens
758 partenant entièrement au domaine de la vie privée furent abrogées, et d’autres, comme l’arbre de Noël importé d’Allemagne, ren
759 une mitre portant une effigie obscène de Bacchus, était contraint de jouer le rôle du « très-bouffon et très-ivre patriarche 
760 nnable et de régulier, quelque chose d’utile, qui tienne de la filature et de la caserne, et ne soit pas sans rappeler les doc
761 qui tienne de la filature et de la caserne, et ne soit pas sans rappeler les docks de Londres et les chantiers de Saardam.
762 ératrice sous le nom de Catherine, en 1724. (Elle sera la « Catherine le Grand » du prince de Ligne et l’idéal des encyclopé
763 sassin de son fils comme Ivan le Terrible l’avait été du sien) que Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement rus
764 crira sa phrase célèbre : « Le gouvernement russe est une monarchie absolue tempérée par l’assassinat. » Sous Catherine, l
765 ie barbare et au mélange babylonien d’idiomes qui étaient de règle sous Pierre le Grand. Des architectes, des sculpteurs, des p
766 culture née de la révolution pétrovienne n’avait été au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la nou
767 gène et plus stable que l’ancienne. Cette culture était russe dans le sens le plus strict du mot, exprimant des états d’âme,
768 t si le peuple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’ était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pa
769 comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore une nation
770 ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’ était pas encore une nation. Une mode russe se crée en Europe, comparable
771 ondent aux chinoiseries du temps de Louis XV. Il est en fait impossible d’imaginer le xviii e siècle européen sans ce nouv
772 ù règne la correspondante des encyclopédistes. Il est clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et plu
773 . Il est clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et plus tard encore, non pas tant à son nouvel essor
774 léchir à la conquête culturelle de la Russie. Ce fut une véritable ruée de savants, d’érudits, d’ingénieurs, de technicien
775 s d’un égard, cet empire et sa capitale pouvaient être considérés comme de simples avant-postes de l’Occident, des avant-pos
776 ficié d’une espèce de floraison posthume. Ainsi y fut conservé le ballet classique à une époque où il s’étiolait complèteme
777 . Mais pour avoir une vue plus complète de ce que fut l’apport de l’Occident dans la vie russe, il faut y distinguer deux i
778 ours. Pendant près de deux siècles, le français a été la première langue étrangère qu’apprenaient les enfants russes de bon
779 s grand poète du pays avouait que le français lui était plus familier que sa propre langue et s’en servait de préférence pour
780 dans le domaine de l’organisation politique, ce n’ est pas l’Encyclopédie, c’est l’Allemagne, c’est la Prusse de Frédéric qu
781 Nicolas Ier, dont « l’empire knouto-germanique » sera dénoncé par Bakounine. (Ainsi, plus tard, le socialisme allemand de M
782 s d’une vision élargie des choses ; Alexandre Ier est lui-même un « humanitariste » russe, qui s’entretient avec Owen des n
783 ents culturels : l’Europe, non point la Moscovie, est son passé. Il est le légataire de ses trésors les plus précieux, de
784 Europe, non point la Moscovie, est son passé. Il est le légataire de ses trésors les plus précieux, de ses souvenirs les p
785 de l’Italie, afin qu’aucune région de l’Europe ne soit dorénavant étrangère à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen
786 à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Européen est le premier grand écrivain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes
787 vain russe. Grâce à lui, et malgré ses plaintes d’ être né Russe, un certain équilibre s’établit entre l’influence occidental
788 hautes régions de la vie nationale ; elle n’a pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sources de la
789 de la vie russe. Une des sources de la révolution est là ; car celle-ci est une révolte déguisée, non pas contre l’Occident
790 es sources de la révolution est là ; car celle-ci est une révolte déguisée, non pas contre l’Occident, mais contre les vale
791 (d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui a été créé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e siècl
792 érature russe, de Lermontov et Gogol à nos jours, est tout entière issue de la révolution spirituelle déclenchée par le rom
793 sonne d’un Ivanov, d’un Sourikov ou d’un Wroubel, est restée fidèle par certains côtés à des sources d’inspiration profondé
794 vé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’ est parvenue à exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation de
795 gique de la chrétienté orientale. Or, tout cela n’ est pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté ess
796 l’influence inverse de la Russie sur l’Occident n’ est que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme raje
797 rit dans lequel un Tourgueniev ou un Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’est pas quelque chose que l’on puiss
798 Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’ est pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement po
799 r les grandes créations de la culture russe, ce n’ est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dosto
800 x patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus enco
801 us encore. » « Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la synthèse de toutes les idées développées par l’Europe. »
802 tion européenne de la Russie. Pour lui, la Russie est une meilleure Europe, ou si l’on veut, une meilleure chrétienté appel
803 de plâtre jaune paille, airelle ou vert d’eau. Il est vrai que lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits san
804 ais, par une de ces nuits sans nuit du début de l’ été , où le granit même se dissout dans le ciel décoloré et où les colonne
805 ssout dans le ciel décoloré et où les colonnes ne sont plus que des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui vous e
806 era la culture russe pendant tout le xix e siècle sera celui des occidentalistes et des slavophiles : or il est entièrement
807 ui des occidentalistes et des slavophiles : or il est entièrement centré sur le rôle de l’Europe en Russie. En 1836, un an
808 lus glorieux de l’Occident. Ses vues sur l’avenir étant plutôt sombres, elles aussi, le tsar s’en émut au point de statuer qu
809 e tsar s’en émut au point de statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettres ne parut poi
810 e statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettres ne parut point ; et pourtant ce cause
811 t qu’en français naturellement (le texte publié n’ était qu’une traduction) n’avait nullement récusé les tendances générales d
812 lutôt plus strictement occidentale — qu’elle ne l’ était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’envergure da
813 — qu’elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’envergure dans le camp des occidentalistes.
814 des grands penseurs allemands de Fichte à Hegel, étaient les premiers partisans, en Russie, d’un nationalisme éclairé, généreu
815 es de la Russie ancienne. Le peuple et l’histoire furent leurs idoles, à l’instar des romantiques allemands (la « slavophilie 
816 ilie » tout entière, en tant que système d’idées, est d’origine nettement et exclusivement germanique). Ils dépréciaient l’
817 ue les slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont que des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe, Alexa
818 rope, qu’il découvre pendant son exil, lui paraît être « au bord de la perdition morale »16. Sa dénonciation de la bourgeois
819 s17. Intelligentsia, révolution, censure Qu’ est -ce que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui ap
820 ui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’ est pas l’ensemble des intellectuels proprement dits, mais plutôt une « c
821 i caractérise un membre de l’intelligentsia, ce n’ est pas tant sa qualité d’intellectuel (beaucoup de grands écrivains et s
822 pinions modérées. « Un minimum d’esprit subversif était une condition à la fois nécessaire et suffisante pour être admis au s
823 condition à la fois nécessaire et suffisante pour être admis au sein de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’est p
824 de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’ est pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très important d
825 pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très important de répéter que les idées libérales ont toujours été fa
826 t de répéter que les idées libérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libér
827 y introduire le dogmatisme. Ce qui, en Occident, était théorie scientifique, sujette à la critique, hypothèse, ou, en tout c
828 partielle, sans prétention à l’universalité, — s’ est mué, pour l’intelligentsia russe, en une affirmation qui confinait à
829 tiers, la réserve ou le criticisme sceptique leur est une attitude presque étrangère. Sans doute y a-t-il là une lacune, un
830 la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’ est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie bio
831 . Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion, mai
832 dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck, étaient en butte à son mépris. Le philosophe le plus important du xix e siècl
833 science — c’est-à-dire les sciences naturelles — sera posée en objet de foi, transformée en fétiche… Le doute méthodique de
834 rmée en fétiche… Le doute méthodique de Descartes est peu fait pour les Russes en général, toujours enclins à l’affirmation
835 l’affirmation intégrale. L’élément sceptique leur est hétérogène, étranger, et ne pénétrera pas non plus leur matérialisme 
836 nétrera pas non plus leur matérialisme : celui-ci sera un matérialisme croyant. Comment réagit l’État russe, continuellemen
837 erfs). On ne leur en sait aucun gré (Alexandre II est assassiné). Tous pratiquent la répression par la censure. Mais cette
838 putés subversifs ; et tous les livres occidentaux sont lus par l’intelligentsia et par le public cultivé. Marx est introduit
839 r l’intelligentsia et par le public cultivé. Marx est introduit en Russie par Tchaktev, dans les années 1870, puis par Plek
840 les années 1880. Mais une censure en sens inverse est exercée par l’intelligentsia : La censure officielle sévit à l’aveug
841  progressistes » (les autres, d’un commun accord, sont interdites aux honnêtes gens), ou par un silence obstiné à l’égard de
842 and talent — Leskov, Léontiev, Pissemski — en ont été persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’à ce jour, grâce à
843 l’essor culturel (1880-1917) La fin du siècle est marquée en Russie, comme en Europe de l’Ouest, par un relâchement du
844 Russie et les autres pays européens paraît avoir été complet, rapide, et fructueux. Rappelons à cet égard quelques exemple
845 -décorateurs, Benois, Léon Bakst, Golovine, etc., sont révélés à Paris au cours de la première saison des Ballets russes de
846 u théâtre du Châtelet. Le triomphe de ces ballets est assuré par la musique russe nouvelle, œuvre des élèves de Rimski-Kors
847 ces œuvres (même tronquées ou digested, comme ce fut le cas en Erance). Un groupe important de penseurs religieux, de Solo
848 historiens, des philosophes occidentaux n’avaient été aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fait au cours
849 e, d’Espagne et d’Italie. Un Ibsen, un Strindberg étaient passionnément admirés en Russie alors qu’ils étaient encore à peine c
850 ient passionnément admirés en Russie alors qu’ils étaient encore à peine connus en France, tandis que la peinture et la littéra
851 is que la peinture et la littérature françaises y furent accueillies plus chaleureusement encore et y exercèrent une influence
852 tions « Monuments de littérature mondiale » avait été si puissant qu’on l’imita même après la révolution, comme en témoigne
853 rendit possible celle des icônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en d
854 cônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en dehors de ces nouvelles conna
855 compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’ est concevable en dehors de ces nouvelles connaissances, de ces nouveaux
856 et élargissement général de l’horizon… Le temps était venu où Dostoïevski et Tolstoï, Tourguéniev et Tchékhov allaient joue
857 usicale et théâtrale de l’Occident. Mais voici l’ été de 1914 : il surprend la Russie dans un état de malaise social et spi
858 mmense pays, le mois de juillet de cette année-là était torride. Les forêts brûlaient ; on sentait jusque dans les grandes vi
859 3. Les Varègues, guerriers-marchands scandinaves, étaient appelés Rôs par les Grecs, d’où Russes. 14. Vladimir Weidlé, La Russ
860 ticulière, tous les passages entre guillemets lui seront empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend à rien d’original. 15.
861 l’influence exercée par les intellectuels exilés fut grande chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’avoir disparu c
862 és fut grande chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’avoir disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont pa
863 disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont payés pour savoir que leur révolution est venue de l’étranger, de l’E
864 eux-ci sont payés pour savoir que leur révolution est venue de l’étranger, de l’Europe de l’Ouest, avec Lénine. D’où les ph
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
865 Que s’ est -il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu don
866 propositions suivantes : 1. « …que toute censure soit progressivement supprimée. » 2. « …prévoir, sur une base de réciproci
867 s producteurs de films des trois pays occidentaux sont prêts à proposer leurs films à l’URSS aux conditions et prix commerci
868 t prix commerciaux normaux. Les films soviétiques sont déjà introduits en Europe occidentale à de telles conditions. » 7. « 
869 émissions de nouvelles et d’informations… devrait être supprimé. » 9. « …échange mensuel d’émissions de radio traitant des é
870 immédiates pour supprimer « la censure à laquelle sont soumises les dépêches des journalistes à destination de l’étranger ».
871 e représentants de la vie sociale et culturelle » serait utile. « M. Macmillan a parlé d’une réglementation de l’opinion publi
872 nion publique en URSS… Cette sorte d’attaque nous est connue… Toutefois, ceux qui prendront connaissance de l’histoire de n
873 tre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à quel point…
874 quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à quel point… tout le travail de notre
875 uel point… tout le travail de notre gouvernement ( est ) imprégné du souci du bien-être du peuple et du désir de lui assurer…
876 s soviétiques… Vous voyez que les premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut do
877 ions de ce genre et les considère déplacées. Il a été dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique auraien
878 vec le monde extérieur. Ces sortes d’affirmations sont dénuées de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union
879 uvernement soviétique juge important de supprimer sont les contrôles de matériel stratégique, objet clairement exclu par nos
880 durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour toujours exclus comme subversifs, les journaux bannis comme corr
881 ent passer pour de l’espionnage, ni les voyages n’ être permis qu’à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu
882 e petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’ est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière
883 ci n’est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière cette façade de xénophobie et d’insularité, il
884 r quelque chose de nos peuples. Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié est en bas, dans le peuple. M. Pinay (14 n
885 . Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié est en bas, dans le peuple. M. Pinay (14 novembre) : En fait, les propo
886 ux échanges techniques. Aucune indication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, q
887 ée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, qu’une information plus objective pourrait être mise à la di
888 légée, qu’une information plus objective pourrait être mise à la disposition des populations… La seule réponse que fait le g
889 à nos propositions constructives et conciliantes est de nous demander l’abolition des contrôles stratégiques. Ces contrôle
890 ible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes convaincus qu’une grande partie de la méfiance actuelle disparaîtrait
891 lle disparaîtrait, si les populations soviétiques étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à trave
892 taient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformations de la propagande. M. J. Foste
893 e) : Les voyages, pour le citoyen soviétique, ne sont pas ce qu’on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir, mais
894 onfirme le fait que le système du bloc soviétique est fondé sur des conditions artificielles qui ne peuvent tolérer le libr
895 ues semblent effrayés par l’idée que leur système serait ébranlé si le peuple était librement informé, comme il l’est ailleurs
896 idée que leur système serait ébranlé si le peuple était librement informé, comme il l’est ailleurs… (15 novembre) : Je reg
897 si le peuple était librement informé, comme il l’ est ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’être obligé de constater q
898 l’est ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’ être obligé de constater que le nouveau projet soviétique… ne contient pra
899 , de nouvelles, d’informations non censurées, ont été rejetés ». (16 novembre) : Aucune proposition concrète des Occident
900 e d’idées et d’informations entre nos peuples n’a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse qu’a
901 urs, même s’il doit rester lent et inégal, puisse être aisément renversé. Tableau récapitulatif Propositions occidental
902 ien Non ae. Rougemont Denis de, « Que s’ est -il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture : « 
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
903 ffère de nous, nos convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de pa
904 s convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous po
905 nos propres nations européennes. Cependant, nous sommes très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur le pri
906 s très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur le principe autoritaire et unitaire que la plupart des tsa
907 utrement dit : si le dialogue « à l’occidentale » était admis par les interlocuteurs russes, il n’y aurait plus de dialogue E
908 représenter valablement leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la n
909 ent leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particuliè
910 s à découvrir les bases, si étroites et précaires soient -elles. Nous éliminerons par principe toutes les propositions qui pou
911 de telles demandes normales et justes : que cela soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de questio
912 dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiellement
913 ussi qu’il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiellement par les dirigeants soviétiques, dans les
914 s et impérialiste », et de son parti unique, nous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En retour,
915 il peut sembler que toute espèce de dialogue réel soit exclue par de telles données de fait. La base commune, le minimum de
916 okhov) et par les dirigeants du Kremlin eux-mêmes est également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratique
917 pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce
918 (ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’ être . Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou forme
919 ropositions Les projets que nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non susceptibles, à notre a
920 ectaculaires et non susceptibles, à notre avis, d’ être exploités par la presse et la propagande dans l’un ou l’autre camp. I
921 e et la propagande dans l’un ou l’autre camp. Ils sont de trois types différents : — séminaires restreints réunissant des éc
922 uelques exemples, ces propositions de départ, qui sont toutes susceptibles de modifications et de mises au point éventuelles
923 chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous, écrivains soviétiques, je p
924 ue nos relations amicales avec tous les écrivains soient aussi étroites et efficaces que nos relations de plus en plus solides
925 ni de l’autre on n’ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dan
926 que les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dans la formule même des débats, soit dans la composition du groupe24
927 és d’avance soit dans la formule même des débats, soit dans la composition du groupe24.   Table ronde d’écrivains   Thème g
928 x ou sept écrivains de chaque côté, les Européens étant tous choisis en dehors des partis communistes et de leurs filiales, e
929 ant chacun qu’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouver
930 e. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouvernement, conformément aux principes en vigueu
931 ux sujets qu’elle souhaiterait traiter elle-même, soit huit en tout. Après élimination des sujets jugés inopportuns par l’un
932 entuels) il faudrait arriver à six sujets. Chacun serait alors introduit par un rapport écrit et traduit à l’avance. Et chacun
933 épart d’une journée des débats de la table ronde. Seraient éliminés tous sujets considérés par l’une ou l’autre partie comme sus
934 uples ». Sujets : À titre d’exemples, pourraient être proposés et acceptés du côté européen des sujets de ce genre (les uns
935 s ? dans quelle mesure ? L’écrivain soviétique en est -il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérési
936  ? Si oui, comment l’améliorer ?) Tous ces sujets sont « brûlants », mais ils nous semblent ménager une mesure d’accord asse
937 de lieux célèbres de la vie littéraire pourraient être organisées en dehors des séances. Il n’est pas impossible que tous le
938 aient être organisées en dehors des séances. Il n’ est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à sim
939 mple titre d’exemples ou d’hypothèses de travail) soient jugés inopportuns par les Soviétiques, pour des raisons que nous igno
940 ions au moins savoir : 1. pourquoi et en quoi ils sont jugés inacceptables ; 2. quels seraient les sujets jugés acceptables.
941 t en quoi ils sont jugés inacceptables ; 2. quels seraient les sujets jugés acceptables. Ainsi le refus même des thèmes de discu
942 iétique, on se demandera sans doute pourquoi nous tenons à ce dialogue. Répondons par avance en toute franchise. Si anodins qu
943 ons par avance en toute franchise. Si anodins que soient peut-être les sujets que les deux parties finiraient par accepter, no
944 par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrait au désir exprimé par un très grand
945 paix. Des séminaires de type analogue pourraient être organisés dans d’autres domaines bien délimités, comme par exemple :
946 mporte quelle discussion sur les principes. Telle est la conviction qui inspire les deux propositions suivantes : Équipe d
947 hodes sociologiques américaines. Ce vœu se trouve être aussi celui de beaucoup de chercheurs européens. Voici donc une conve
948 herches médicales.— Une formule analogue pourrait être adoptée par des groupes de chercheurs dans de nombreux domaines de la
949 ve, etc.) de la biologie et de la psychiatrie. Il est clair que la participation, déjà acquise, de délégations de savants s
950 ns itinérantes La visite d’un laboratoire peut être vitale pour un savant, mais vaguement pittoresque pour un homme sans
951 détails, mais cette précaution de principe devait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imagi
952 vait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiq
953 er. Les exécutions musicales d’œuvres soviétiques sont quasi quotidiennes en Occident· : Prokofiev, Chostakovitch et Katchat
954 ident· : Prokofiev, Chostakovitch et Katchaturian sont joués partout en Amérique et en Europe, au concert et à la radio. Nou
955 les œuvres récentes des compositeurs occidentaux soient jouées, dans des concerts spéciaux en URSS, par des orchestres et des
956 alement que les commentaires des œuvres exécutées soient écrits ou prononcés par des musicologues européens. Ainsi se trouvera
957 he, les concerts soviétiques en Europe pourraient être accompagnés des commentaires habituels rattachant tel aspect d’une œu
958 ses perspectives spécifiques. (Sinon le dialogue serait faussé, chacun se présentant à l’autre d’une manière artificielle, gu
959 onforme à ses convictions.) Les échanges de films sont peut-être encore plus délicats. Le cinéma détient une puissance de su
960 donc de limiter les échanges à quelques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentatifs de son mode de vie, soit
961 elques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentatifs de son mode de vie, soit typiques de ses recherches d’
962 ue partie soit représentatifs de son mode de vie, soit typiques de ses recherches d’art et de technique. Enfin, nous insisto
963 les propositions soviétiques d’échanges culturels sont vides de tout contenu concret, et de toute intention sincère d’abouti
964 . On retomberait alors dans la guerre froide, qui est la guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes les
965 d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « a
966 uoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « autorisés » chez les Russes. Et cela par sim
967 en vertu de notre désir d’aboutir à si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — objectif proclamé sans relâche par les S
968 f proclamé sans relâche par les Soviétiques. Nous sommes conscients de la pression diffuse et sans cesse croissante, qu’exerce
969 l’évolution historique, et dont les porte-parole seront donc fatalement mis au pas ou condamnés, demain ou après-demain, en R
970 éen à peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légalement sous les tsars, a
971 ommunistes plus ou moins déclarés. (Cet exemple n’ est pas imaginaire !) Il y aurait là maldonne et tricherie manifeste. 25
972 ux échanges culturels avec l’étranger. Ce désir s’ est manifesté au Conseil suprême de l’URSS, lorsque celui-ci, au cours de
973 dans la normalisation de la situation mondiale. J’ étais parmi les députés et j’ai voté avec enthousiasme pour cette déclarati
974 rts de l’URSS et peintre célèbre, répondit : « Ce serait nuisible pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop faci
975 le pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… L
976 chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… Les décadents, surréalist
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
977 ier 1956)ai Le terme de « relance européenne » est apparu dans la presse aux lendemains de l’échec de la CED devant le P
978 e le même : créer une autorité supranationale qui sera finalement capable de parler au nom des quelque 330 millions d’Europé
979 est du rideau de fer. Mais la méthode, au fond, n’ est pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe par
980 se poser, c’est de savoir si la méthode elle-même est la meilleure. Ceux qui pensent surtout au succès de la CECA répondent
981 nt, voire penchent pour la négative. Mais quelles sont les autres méthodes proposées ? Il y a celle qui consisterait à faire
982 gistre l’échec global jusqu’à ce jour (l’Europe n’ est pas encore unie) des approches partielles ou indirectes, des manœuvre
983 nnels. On demande donc que la question européenne soit posée ouvertement, dans son ensemble, à tous les citoyens d’Europe, s
984 pe bien défini, dont les unions fonctionnelles ne seraient que les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère en espri
985 litiques. Elle cherche à construire une union qui serait l’expression organique d’une vaste et complexe réalité humaine. Dison
986 vement, que la méthode des autorités spécialisées est surtout économique ; celle de l’agitation pour une Constituante essen
987 ralisme, sociologique. Les trois méthodes peuvent être défendues et critiquées à l’infini, pour des raisons théoriques ou pr
988 ou d’opportunité, de doctrine ou d’efficacité. Il est impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de même na
989 impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids et les
990 nt pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids et les plus lourdes sans valeur. Même si l’on arrivait à s
991 Nous semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, fo
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
992 nalia (février 1956)aj ak M. Pierre Moser, qui fut , jusqu’à l’automne dernier, le directeur de l’Institut international
993 sous les auspices de l’Unesco à Gauting-Munich, a été chargé de diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous appor
994 es festivals de musique, M. Abraham van der Vies, est entré en fonction au mois de novembre dernier. Metteur en scène de re
995 ier. Metteur en scène de renom, M. van der Vies a été , pendant les cinq dernières années, directeur de l’Opéra national de
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Après le congrès de Trieste (février 1956)
996 congrès par une dizaine de professeurs européens seront publiés prochainement grâce à une subvention de la Fondation européen
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
997 ommunauté européenne de culture ». Neuf objectifs étaient proposés par le document de travail n° 1 soumis aux participants : éq
998 tifiques européens. Les quatre premiers objectifs sont inscrits au programme culturel du Conseil de l’Europe et de son comit
999 tes. Plusieurs des autres points du programme ont été réalisés par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Bruges,
1000 rts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’ est bornée à adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’appr
1001 orces de bonne volonté disponibles en Europe. Il est trop clair qu’elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux
1002 s capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont consacrés jusqu’ici, avec des moyens scandaleusement limités. Obtenir
1003 s scandaleusement limités. Obtenir que ces moyens soient augmentés, d’une manière massive et rapide, mais sans disperser les e
1004 usions dans l’opinion publique, telle nous paraît être la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxelles pourraien
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
1005 onseil de l’Europe. La direction des débats avait été confiée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résumé la
1006 ns, un groupe d’études de vingt-deux membres, qui sera chargé de discuter les rapports préparés par des savants, historiens,
1007 ésigné comme rapporteur général de la conférence, sera chargé par la suite de la rédaction d’un volume réunissant les études
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
1008 réactions soviétiques — officielles ou privées — sont en général très lentes, on assez brusques. Au sujet de notre numéro s
1009 numéro spécial de décembre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté européen
1010 évu. Du côté européen, en revanche, les réactions sont déjà nombreuses. De Belgique, de Hollande, de France, de Suisse et du
1011 resse favorables à nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant, citons quelques informations sur l
1012 xistantes. ⁂ Le peintre français Chapelain-Midy a été l’hôte des peintres russes, à l’occasion d’une exposition d’art franç
1013 scènes de genre. « Le client essentiel du peintre est l’État », qui lui commande des sujets déterminés, lui achète des toil
1014 ent Cézanne comme le début de la décadence ». Ils sont très hostiles à Picasso et Matisse. Indifférents aux qualités plastiq
1015 . » « Monde immobile et composé, où l’imagination est tuée par les exercices d’académie et d’observation. Aucune évasion n’
1016 ces d’académie et d’observation. Aucune évasion n’ est permise, aucune folie autorisée… Depuis huit ans, la sagesse prédomin
1017 n scène des nègres du Sud des États-Unis, vient d’ être représenté à Moscou, par des chanteurs de couleur. Grand succès — onz
1018 ces officiels russes, tandis que 1000 exemplaires sont confiés à l’ambassade américaine. Pas une seule revue de France ou d’
1019 de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste est interdit.   ar. Rougemont Denis de, « Europe-URSS : en attendant l
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
1020 fice des personnes, groupes et nations, que s’ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être dé
1021 soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être info
1022 dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle
1023 ion réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus
1024 éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europe et
1025 de la culture — dont elle demandait la création — serait « d’entretenir le sentiment de communauté européenne… dans les établi
1026 ». Obéissant à ces directives initiales, le CEC s’ est intéressé dès ses débuts au domaine de l’Éducation populaire. Une sér
1027 ’est tenue à Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont est né le Bureau européen de l’éducation populaire, rattaché au CEC, bien
1028 ation européenne de la culture. Le numéro présent est destiné à servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose
1029 tative « d’éducation pour l’Europe ». L’essentiel était pour nous de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons
1030 nationalisme !) et que son insuffisance éducative est attestée, entre autres, par l’apparition spontanée, dans tous nos pay
1031 tion) qui essaient de subvenir à ses carences. Il était nécessaire de rappeler succinctement ces données générales du problèm
1032 , afin de définir l’esprit dans lequel viennent d’ être élaborés les projets de la Fondation, les raisons de leurs limitation
1033 notre tentative, en tenant compte du fait qu’elle est la première de son espèce. at. Rougemont Denis de, « À pied d’œuvr
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
1034 ment européenne de l’éducation ? La question n’ est nullement « académique ». Car s’il existe une telle conception spécif
1035 fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même « européenne ». Précisons cela par une rapide comparaison p
1036 rites, au sacré social, tend à disparaître ; elle est remplacée par une instruction autant que possible neutre, c’est-à-dir
1037 jeune disciple un respect religieux des rites qui sont censés gouverner le réel (par exemple : rendre la terre et la femme f
1038 e de nullité le rite. En Europe, au contraire, il est courant que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’il veut louer 
1039 tout contexte religieux, de tout prestige sacré, est distribuée à n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’imp
1040 ux tendances — l’autoritaire et la libertaire — n’ est peut-être qu’un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal directe
1041 oins l’idéal directeur d’une éducation méritant d’ être nommée européenne. Sera « bon Européen » l’homme qui aura su réaliser
1042 et URSS Dans les prolongements de l’Europe à l’ est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « co
1043 t s’exagérer jusqu’à la caricature de ce qu’elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du respect de l’individu triomphe dans l
1044 ne crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Améri
1045 t formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École est de
1046 u’aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les emp
1047 uer avec lui comme il leur plaît… L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un p
1048 ît… L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un plus facile, un plus « moderne 
1049 dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces lignes sont extraites du livre qu’une institutrice écœurée vient de publier aux É
1050 porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pousse le respect de l’individualité enfanti
1051 ns : si la formation intellectuelle qu’elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend pas moins p
1052 es droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses ép
1053 ités et 510 sous-spécialisations. Le plan d’étude est rigoureusement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’a aucun dr
1054 du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours ap
1055 trois ans. Après quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctor
1056 t-cinq années, trois sur quatre des candidats ont été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins du
1057 nt été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins du Plan, c’est-à-dire les besoins de la collectivit
1058 dire, le dressage utilitaire de l’individu. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dan
1059 Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes-
1060 s posés, il nous est plus facile de définir ce qu’ est la voie européenne. Pourquoi sommes-nous choqués par les excès améric
1061 de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes -nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les res
1062 x excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux règlem
1063 nt européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
1064 la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment
1065 préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’un dressage, sa
1066 responsable. Liberté et responsabilité ne peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l
1067 cation pour la liberté manquera son but si elle n’ est pas en même temps et du même mouvement une éducation du sens de la re
1068 ncret, que le problème le plus urgent de l’époque est de former des responsables. (Tout en gardant bien dans l’esprit que c
1069 rop grandes, et au surplus trop mal connues. « Qu’ est -ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout
1070 s sa liberté, sa prospérité et sa vie même… Et il est vrai que toutes ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont p
1071 es ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont pour lui autant de mystères, dont il ne connaît le nom, la puissance
1072 sures techniques beaucoup moins claires. Comme il est d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social
1073 ires. Comme il est d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche »
1074 de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famil
1075 ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famille ou ce milieu, il votera gauche ou dro
1076 en, dans les conditions que j’ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme responsable ? Les communistes s
1077 , se sente un homme responsable ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, d
1078 ui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’ est formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui le
1079 t comment s’est formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui le dominent, les désirs ou les rêves qui l
1080 ? Tant que ce travail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qu
1081 ravail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas que
1082 ir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’à part
1083 partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’est plu
1084 précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’ est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut dev
1085 un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous aurons r
1086 enoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effets prévisibles d’une union fédérale de nos forces, non seulem
1087 égrer l’homme dans la communauté Montrer ce qu’ est le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, rendr
1088 e de nos communes aux destinées du continent, tel est le sens, le mouvement général, du premier effort nécessaire en vue de
1089 ais le mouvement inverse, de la partie au tout, n’ est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui q
1090 artie au tout, n’est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeune in
1091 s autres ; il deviendra lui-même éducateur. Or ce sont ces seuls responsables qui voudront l’Europe et la feront, et non les
1092 cole, à aucun de ses trois degrés. Les programmes sont déjà surchargés. Les « matières » ne cessent de devenir plus complexe
1093 ne perspective européenne. Alors l’Europe cesse d’ être une idéologie, pour devenir une patrie réelle, un vrai milieu humain
1094 ux horizons plus vastes, un grand espoir ! Elle n’ est plus un slogan politique et abstrait, mais une aventure personnelle,
1095 rope le film Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas
1096 , Genève, avril–mai 1956, p. 32-41. av. Ce texte est précédé du chapeau suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé à
1097 ant que cette communauté de conscience n’aura pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays dans un
1098 n ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle majeur
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
1099 Ce n’ est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, proche
1100 bulletin ? À l’approche du temps des vacances, il est bon de se retourner vers les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce
1101 rs les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce n’ est pas encore l’heure des bilans, mais celle de se demander si le cap es
1102 e des bilans, mais celle de se demander si le cap est bien fixé, et de vérifier les commandes. Le programme du Centre est c
1103 de vérifier les commandes. Le programme du Centre est connu : il suffit de lire les premières lignes de notre page de couve
1104 u milieu de juin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de
1105 ieu de juin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de tous l
1106 ter avec les possibilités qui existent ou peuvent être créées, et concevoir des solutions pratiques. Ensuite, il faut cherch
1107 les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’ est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter, au jour J, d
1108 le et souvent décisive de l’action. Quelles qu’en soient les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ain
1109 le dire un grand chef d’industrie français, ce n’ est pas au pied du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouv
1110 t original : sur les relations culturelles avec l’ Est et sur l’éducation européenne. Notre association des festivals a diff
1111 s dans sept pays. La charte européenne du sportif est désormais dans le domaine public. La Fondation a distribué des subven
1112 egard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effective des résultats ! Conférences pédagogiques
1113 parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la ligne de départ… Que les résultats obtenus p
1114 inces encore au regard des plans en cours, rien n’ est plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière re
1115 cours, rien n’est plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière relative, au regard des moyens dont disp
1116 peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’ est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumées
1117 s que tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sauvée par des plans, mais par des hommes qui la vou
1118 nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce n’ est pas au pied du mur… », Bulletin du Centre européen de la culture, Gen
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
1119 Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membres du jury
1120 bres du jury réunis au CEC, le communiqué suivant était remis à la presse le 14 juin : Le jury international du Prix europée
1121 nauté européenne des guildes et clubs du livre, s’ est réuni à Genève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a déci
1122 pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaient fixés par le règlement du Prix : haute tenue littéraire et portée ass
1123 européen couronna deux romans dont l’un venait d’ être écrit en vue du concours, et dont l’autre avait pour auteur un ouvrie
1124 Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne sont pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infime. Dans
1125 e inédits mais déjà acceptés par un éditeur — ils étaient admis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce furent de loin le
1126 mis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce furent de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoi
1127 modifié, et ce furent de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il
1128 ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’ être révélés par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orie
1129 nis de, « Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, j
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
1130 rvatisme — « rira bien qui bougera le dernier ! » serait sa devise — ce petit livre incisif traduit le grand défi que nous adr
1131 sse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’ est pas lancé par quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à tou
1132 ropéens. Les autres défis qui occupent nos forces sont secondaires : celui du monde communiste, celui du monde jaune, celui
1133 te, celui du monde jaune, celui du monde musulman seront surmontés ou non selon que nous deviendrons adultes ou pas… Les Europ
1134 eviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’ être les contemporains des Américains et des Russes. On leur en propose le
1135 s et des Russes. On leur en propose le moyen, qui est de vivre à l’âge de l’Europe. Mais cela suppose une révolution : l’E
1136 profonde et brusque des esprits, car « l’obstacle est psychologique. Les frontières sont dans les habitudes et non dans la
1137 ar « l’obstacle est psychologique. Les frontières sont dans les habitudes et non dans la nature », et nos peuples préféreron
1138 bientôt ceux qui oseront leur dire « que l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’agit pas d’une violence physique, on l’
1139 nce physique, on l’entend bien.) Ce livre devrait être lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’instituti
1140 ers d’institutions inter- ou supranationales : il est bref, il remplace avec bonheur les développements par les formules pa
1141 s développements par les formules paradoxales, il est plus agressif qu’il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’aut
1142 lucide simplicité : La mesure de l’homme moderne est devenue le continent. C’est pour un marché continental que le mineur
1143 ue le paysan moissonne son blé. Ils s’en moquent, soit . Chacun d’eux veut seulement pour lui la sécurité de l’emploi, la gar
1144 l’emploi, la garantie de l’écoulement et la paix, soit . Mais il faudra bien qu’ils sachent un jour que leur modeste revendic
1145 ue leur modeste revendication personnelle ne peut être satisfaite que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils n’en
1146 g de millions de soldats. Techniquement, la chose est facile. La machine à raser les frontières est au point. Derrière elle
1147 ose est facile. La machine à raser les frontières est au point. Derrière elle, les flots des économies confrontées ne s’ent
1148 entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’ est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez : par
1149 ontière voisine. Ou encore ceci : Aux Européens est offert le privilège d’inventer les règles d’une communauté moderne d’
1150 de tous les militants de l’Europe unie : Ce qui est européen, c’est l’insatisfaction créatrice, et la volonté de transfor
1151 transformer les choses, y compris cette chose qu’ est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créatur
1152 is cette chose qu’est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créature, et l’obstination à conserver
1153 la créature, et l’obstination à conserver ce qui est établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre à l’interrogatio
1154 tremble à la pensée qu’une telle décision puisse être l’enjeu d’une partie de « relance » jouée sur les tapis verts des cha
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
1155 es locaux, régionaux, nationaux et internationaux sont à l’œuvre dans le domaine de l’éducation populaire (ou adult educatio
1156 u de développement rural. Certaines organisations sont confessionnelles, d’autres laïques ; certaines politiquement orientée
1157 tiquement orientées, d’autres neutres ; certaines sont soutenues par l’État, d’autres privées, d’autres mixtes. Un seul trai
1158 Pourtant le besoin s’en fait sentir partout. Il n’ est pas un responsable de « foyer » local, de « Volkshochschule », de « s
1159 e groupe le plus vaste public organisé qui puisse être atteint en Europe par ceux qui se préoccupent de répandre la culture
1160 ds, français et italiens, élus par la conférence, était chargé de créer le Bureau européen de l’éducation populaire. Le Burea
1161 éen. Programme permanent : le Bureau a dressé et tient à jour un catalogue descriptif des organisations existantes ; il réun
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
1162 embre 1956)bc bd Il y avait le prix Nobel, qui est mondial. Il y avait d’innombrables prix nationaux et locaux, plus ou
1163 ssa aux guildes du livre. Ces entreprises, qui se sont rapidement développées après la guerre, ont réussi à créer un très va
1164 ttérature, réservé à des œuvres inédites. Le prix fut décerné pour la première fois le 26 mars 1953, par un jury internatio
1165 ays, mais récemment réfugié à l’Ouest, où son nom était encore ignoré, pour son récit du siège de Varsovie en 1944, intitulé
1166 par de nombreux éditeurs en diverses langues, ont été révélés de la sorte à un très vaste public international. Le prix dev
1167 n très vaste public international. Le prix devait être décerné une seconde fois en 1956, par un jury composé de MM. Helmut D
1168 sentant un intérêt assez généralement humain pour être traduite dans tous nos pays. Une nouvelle formule de prix, incluant l
1169 prix, incluant les ouvrages déjà publiés, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM.
1170 s, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM. Gottfried Benn (Allemagne), Ole Kroyer (D
42 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
1171 éennes (août-septembre 1956)be bf Innombrables sont les agences qui fournissent à la presse des nouvelles sur les crimes
1172 es par les passions humaines. Beaucoup plus rares sont les sources de nouvelles sur les grandes découvertes, les efforts pou
1173 Mais les résultats obtenus par le CEC ne pourront être appréciés à leur juste valeur relative que si l’on connaît mieux l’ét
1174 ormations sur les autres institutions européennes tiendront donc autant de place, ou davantage, que les nouvelles du CEC lui-même
1175 n. Au seuil d’une ère où l’importance des loisirs est destinée à surpasser progressivement celle du travail (grâce aux déve
1176 évéler aussi sérieuses et passionnantes que ne le furent jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se devait d’antic
1177 inévitable, déjà sensible aux USA, mais qui doit être orientée dès le début dans un sens positif et créateur. be. Rougem
43 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
1178 entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’ est -ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une se
1179 les réponses en quelques pages. Quelque chose qui soit à la fois documenté et décanté, pressant et objectif, complet et bref
1180 analyse scientifique non plus. Les gros livres ne sont pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on faire ?
1181 tte base d’unité, l’union peut s’édifier. L’unité est un fait, l’union serait une action. L’existence de ce fait rend cette
1182 nion peut s’édifier. L’unité est un fait, l’union serait une action. L’existence de ce fait rend cette action possible. Premie
1183 oint. Mais il y a plus. L’unité de base elle-même sera bientôt perdue si nous n’édifions pas l’union. La crise de l’unité re
1184 union qu’on vient de voir possible. Sa nécessité est inscrite dans les faits. Il s’agit qu’elle s’inscrive maintenant dans
1185 de savants, historiens et économistes. Nous nous sommes proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant pour l’union
1186 la crise, voici la solution : jugez. ⁂ L’ouvrage était tout près de sa mise au point finale lorsque la catastrophe « qui n’a
1187 colère et la compassion, la honte au cœur, ce ne sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait
1188 avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’ Est , à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le di
1189 , à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disait un de leurs derni
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
1190 ne année décisive (février 1957)bh La preuve est faite La politique d’union européenne est la seule politique dont
1191 euve est faite La politique d’union européenne est la seule politique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préocc
1192 aisons bien évidentes : l’avenir de notre culture étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est
1193 litique et économique de nos peuples, comme l’âme est liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 1956 a permis de vérifier e
1194 mpêcher des guerres entre nos peuples — car elles sont devenues pratiquement impensables — mais bien pour que nos peuples tr
1195 monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’Asie tout entière et une partie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant
1196 Europe parce que la souveraineté de ses nations n’ est qu’un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être r
1197 t que, dès lors, l’indépendance du continent doit être recouvrée au niveau de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Égypte
1198 assurer notre avenir économique, et parce qu’il n’ est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : n
1199 up d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité, devenue bien
1200 dance énergétique. L’atmosphère a changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses progrès au cours de
1201 éen ». La presse découvre que le sort de l’Europe est un sujet d’actualité. Des magazines à grand tirage, en France, tels q
1202 nt dans le monde actuel et que la Grande-Bretagne est une partie de l’Europe. Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cess
1203 Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cessé d’ être une utopie, et qu’il s’agit maintenant d’élire une assemblée constitu
1204 assemblée constituante européenne. Le communisme est partout en recul. Et l’idée d’un parti européen prend corps. Que manq
1205 e d’en parler comme d’un beau rêve, alors qu’elle est une dure nécessité ? Pour qu’elle balaye les « préalables » imbéciles
1206 , au nom de l’Avenir et d’une Histoire fatale, ce sont ceux-là qui ont vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisé
1207 insidieux ou brutaux. Qu’il faille faire l’Europe est maintenant évident. Mais que l’on puisse la faire, c’est-à-dire qu’on
1208 liser l’union. Le programme de notre institution tient presque tout entier dans ces deux paragraphes. Notre but général rest
1209 de succès dans nos différents parlements. Mais il serait insensé de crier victoire. La construction d’une Europe politique res
1210 suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t -il pas moins coûteux de soutenir des efforts constructifs, et de fina
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
1211 957)bi Chacun sait que les victoires anglaises sont nées sur le gazon d’Eton. Par un raccourci analogue, ne pourrait-on p
1212 nnes : la Première et la Seconde Guerre mondiale, sont nées dans nos manuels d’histoire ? Car le nationalisme belliqueux pui
1213 ? Car le nationalisme belliqueux puis totalitaire fut la cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationali
1214 re fut la cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationalisme fomenté par les campagnes napoléoniennes, m
1215 poètes « nationaux » du xixe siècle, ne pouvait être véritablement inculqué aux masses que par les manuels de l’école prim
1216 l’empreinte du parti pris nationaliste. Son siège est fait, ses préjugés sont acquis. Il interprétera tout selon ses souven
1217 is nationaliste. Son siège est fait, ses préjugés sont acquis. Il interprétera tout selon ses souvenirs scolaires, devenus p
1218 il ira répétant des « vérités évidentes » dont il est loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’e
1219 es ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nation dans laquelle il est né
1220 imples préjugés. Selon la nation dans laquelle il est né et les manuels de son enfance, il se dira contre la CED par craint
1221 quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’ être depuis longtemps, tandis que de puissants ennemis — très réels ceux-l
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
1222 ys de l’Europe (sauf la Suède et le Portugal) ont été dévastés par la guerre et les révolutions, la Suisse se retrouve en 1
1223 tinent. Cependant, le commerce avec les pays de l’ Est et la Russie est entravé par la fermeture presque totale de la fronti
1224 , le commerce avec les pays de l’Est et la Russie est entravé par la fermeture presque totale de la frontière entre l’Europ
1225 puissance politique, économique et militaire qui était autrefois celle de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’Est de
1226 le de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’ Est de notre continent (Pologne, Tchécoslovaquie, Allemagne orientale, Ho
1227 dans sa partie ouest et de l’URSS dans sa partie est . Elle est menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union eu
1228 artie ouest et de l’URSS dans sa partie est. Elle est menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union européenne f
1229 tats européens. Les buts des partisans de l’union sont d’une part, d’empêcher le retour de guerres entre les États européens
1230 ses seules ressources. La solidarité des nations est une nécessité vitale, dans cette seconde moitié du xxe siècle. 4.
1231 à Strasbourg et un Comité de ministres de 16 pays est formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’un organe con
1232 res de 16 pays est formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exé
1233 formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’ est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États q
1234 osent gardent toute leur souveraineté. Le Conseil est donc aussi faible que l’était la Diète helvétique avant 1848. Désiran
1235 veraineté. Le Conseil est donc aussi faible que l’ était la Diète helvétique avant 1848. Désirant une union économique plus ét
1236 , et créent ensemble un Marché commun dont le but est de supprimer progressivement les douanes qui les séparent. Ainsi se t
1237 i se trouve ouvert un vaste espace où le commerce sera libre. (Ce groupe de six pays est connu sous le nom de « Petite Europ
1238 où le commerce sera libre. (Ce groupe de six pays est connu sous le nom de « Petite Europe », mais il compte au total 165 m
1239 Suisse dépend de l’Europe Jusqu’ici, la Suisse est restée à l’écart du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont l
1240 art du mouvement vers l’union européenne. Quelles sont les raisons de cette attitude réservée ? La Suisse occupe une positio
1241 ontre une éventuelle attaque atomique venant de l’ Est . Mais la neutralité militaire de la Suisse l’a empêchée d’adhérer à l
1242 l’Atlantique Nord, ou OTAN). De même, la Suisse n’ est pas devenue membre du Conseil de l’Europe lors de la création de cet
1243 lors de la création de cet organisme, craignant d’ être entraînée dans une politique contraire à son statut de neutralité. Ce
1244 son devoir de neutralité. Mais cette neutralité a été reconnue « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et ne peut
1245 intérêts de la Suisse et ceux de l’Europe entière sont inséparables. Résumé 1. Au lendemain de la Seconde Guerre mondi
1246 endemain de la Seconde Guerre mondiale, la Suisse est le seul pays intact au centre de l’Europe. Elle connaît une grande pr
1247 une grande prospérité. Mais cette prospérité peut être compromise par la crise européenne. 2. Les guerres de 1914-1918 et 19
1248 artagent l’Europe en zones d’influences. L’Europe est appauvrie par ses divisions douanières et par la perte de nombreuses
1249 nt. Les buts principaux de la fédération proposée sont d’empêcher les guerres en Europe, et de former un ensemble prospère e
1250 d’habitants. 4. Dès 1949, un Conseil de l’Europe est créé, à Strasbourg. C’est un organe purement consultatif. En 1951, la
1251 e créer entre eux un Marché commun. 5. La Suisse étant neutre ne peut adhérer aux alliances militaires des autres pays d’Eur
1252 ons économiques européennes. Ses intérêts propres sont inséparables de ceux de l’Europe entière. Questionnaire 1. Quel
1253 Questionnaire 1. Quels pays européens ont-ils été épargnés par la Seconde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers menacent n
1254 angers menacent notre prospérité ? 3. Quelles ont été les conséquences des deux guerres mondiales pour l’ensemble de l’Euro
1255 mondiales pour l’ensemble de l’Europe ? 4. Quels sont les pays européens dominés par l’influence soviétique ? 5. Pourquoi p
1256 nnes créées depuis 1949 ? 7. Pourquoi la Suisse n’ est -elle pas membre des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert-elle
1257 le », Genève, avril 1957, p. 43-47. bk. Le texte est précédé de l’introduction suivante : « L’expérience-pilote de Fribour
1258 rope. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous les autres chapitres du manuel do
47 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
1259 l ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mesurer
1260 en effet, sur 80 questionnaires envoyés, 43 nous sont revenus remplis, dans les délais prévus. Si l’on fait la part des emp
1261 tc.), on se réjouira de constater que ce résultat est largement supérieur à la moyenne obtenue par des enquêtes similaires.
1262 ifs sur la formule même du festival de musique se sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès 
1263 sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc succès ; elle montre à l’évidence que les problèmes pos
1264 les problèmes posés par l’existence des festivals tiennent une place importante dans la vie de notre temps. ⁂ Quels problèmes ?
1265 les. Pour le meilleur et pour le pire, la musique est entrée dans nos mœurs quotidiennes, débordant infiniment les petits c
1266 e l’élite qui la cultivaient autrefois. Mais elle est devenue en même temps un facteur point du tout négligeable dans l’éco
1267 olonne des dépenses sous forme de subventions, et tient une place dans le budget normal d’un nombre croissant de familles et
1268 issant de familles et d’individus. Bref, ce qui n’ était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces d
1269 , ce qui n’était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces divers processus ne peuvent que s’accé
1270 C’est pourtant, à quelques nuances près, ce qui s’ est produit. Personne n’a récusé les formules proposées, ou n’en a suggér
1271 eaucoup les approuvent entièrement. Mais nombreux sont aussi ceux qui souhaitent : — soit d’atténuer l’insistance sur « l’ac
1272 Mais nombreux sont aussi ceux qui souhaitent : — soit d’atténuer l’insistance sur « l’accord entre les œuvres et l’ambiance
1273 ord entre les œuvres et l’ambiance des lieux », — soit d’accentuer les termes relatifs au « caractère expérimental » des fes
1274 e plaisir à Copenhague qu’à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg q
1275 joie à Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconie
1276 « consacré » prédispose au frisson wagnérien. Il est bien naturel que les exemples de Salzbourg, de Bayreuth, d’Aix-en-Pro
1277 l en tant que fête, car le cadre et l’ambiance ne sont pas séparables de l’atmosphère festivale ou fériale. Mais le cadre et
1278 s le cadre et l’ambiance, pour nécessaires qu’ils soient , ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage,
1279 our nécessaires qu’ils soient, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage, ou l’esprit d’une cité,
1280 te une série de festivals véritables ne sauraient être définis par un rapport sensible entre les œuvres et le cadre physique
1281 le entre les œuvres et le cadre physique où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’est pas créée par la nature extér
1282 où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’ est pas créée par la nature extérieure des lieux mais par la nature inter
1283 homogène » selon la suggestion de Willi Reich. Ce serait donc ici le « caractère expérimental » qui définirait l’atmosphère sp
1284 tre, et peut suffire sans l’autre. En fait, elles sont juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci n’aur
1285 ence matérielle pour les festivals, et qu’il peut être envisagé, comme l’a fait Enrique Franco, sous l’angle d’une éducation
1286 a musique chez d’autres… Le problème d’un jury est posé Formuler une définition « idéale et normative » du festival n
1287 définition « idéale et normative » du festival n’ était pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il impo
1288 permet tout au plus de constater que la question est désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait a
1289 osée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de prendre cette idée au pied de la let
1290 ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de prendre cette idée au pied de la lettre, dans un esprit
1291 ée : qu’ils viennent juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas position sur
1292 nitive des festivals, ni rassembler tous ceux qui sont dignes du nom. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’y ont pas
1293 es (bizarres) pour son indépendance, un troisième est encore un peu jeune, etc. L’Association n’est rien de plus qu’un club
1294 ème est encore un peu jeune, etc. L’Association n’ est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un
1295 . L’Association n’est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé
1296 Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un
1297 t communément admis que l’essence d’un club est d’ être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, m
1298 e ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, mais un syndicat recruteur ou quelque société secrète.
1299 it cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Eu
1300 réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement histor
1301 eux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mais en
1302 nèse, mais encore essentiellement dans sa nature, étant née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui
1303 e de la musique ; et d’autre part, que la musique est l’expression la plus profonde et spécifique du génie propre de l’Euro
1304 re unité fondamentale. Unité dans la diversité, —  est -il besoin de le répéter ? Saisir ensemble ces deux termes que la logi
1305 r ensemble ces deux termes que la logique oppose, est un mouvement, un geste de l’esprit, caractéristique de l’Europe. Voil
1306 , et non pas tout mêler indiscernablement ni s’en tenir à l’unisson. En un mot fédérer, au lieu de centraliser dans la monoto
1307 roisième paragraphe de notre questionnaire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ait cherché à le résoudre d’une ma
1308 donnent leur note dans un accord plus vaste, ils tiennent leur place bien définie dans le « concert européen ». Loin de choisir
1309 e majorité de nos correspondants suggère qu’elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. C
1310 qu’elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. Cela ne résout, bien entendu, aucun probl
1311 ival sans renoncer à son caractère international, est le souci normal de toute entreprise européenne digne du nom. Ceci dit
48 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
1312 propagande, cet essai vise à situer l’aventure qu’ est encore le Marché commun, dans la perspective générale d’une politique
1313 ux doit paraître prochainement en librairie. Il s’ est librement inspiré des débats et des conclusions de cet important grou
1314 Que se passerait-il si les frontières économiques étaient supprimées dans toute l’Europe ? » À mi-chemin entre le cours précis
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
1315 spoir de « trouver » l’expérience, cette aventure étant sans précédent. Pour le reste, voici l’histoire, réduite à sa chronol
1316 de Madariaga la préside, et ses trois commissions sont dirigées par le recteur de la Sorbonne, Jean Sarrailh, l’ancien minis
1317 terme des travaux, quatre résolutions maîtresses sont adoptées : création du Centre européen de la culture, du Collège de l
1318 d’hui34.   1950. Le Centre européen de la culture est inauguré à Genève le 7 octobre par M. Salvador de Madariaga, présiden
1319 .   1952. Rédaction de 25 plans de causeries, qui seront publiés par la Campagne européenne de la jeunesse en sept langues. — 
1320 méditation, où les problèmes de l’homme européen seraient débattus par les plus hautes compétences, en vue de définir de larges
1321 nne — que tant d’autres ont fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l’Euro
1322 s dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même, à ses risques et péri
1323 périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait être réalisé sans plus attendre, avec les moyens disponibles, détermina bi
1324 États, auxquels l’Assemblée de Strasbourg, dès l’ été 1950, avait recommandé de soutenir le Centre. (Mais la seule Républiq
1325 te : c’était prévu dans la plupart des cas, et ce fut presque toujours heureux du point de vue largement européen auquel le
1326 se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est -il ? Une constatation de fait s’impose : au travers des années les pl
1327 n et pour notre mission particulière, le Centre s’ est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instrum
1328 des méthodes, créé des instruments de travail. Il est aujourd’hui la plus ancienne institution existante à l’échelle europé
1329 rès de La Haye puis la conférence de Lausanne, on sera frappé par la conformité des buts et des réalisations, si incomplètes
1330 des buts et des réalisations, si incomplètes que soient encore plusieurs d’entre elles, mais la séance continue. Regard su
1331 Marché commun des Six. Certes, le Marché commun n’ est qu’un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que
1332 es, il ne concerne que six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ d’action la Grande Europe, celle qui doit un jour
1333 ent d’attitude : les numéros spéciaux du bulletin sont demandés de partout, les propositions d’activités nouvelles affluent,
1334 l » peut servir à désigner (sinon à définir !), n’ est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités rée
1335 traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nulle
1336 ’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expérienc
1337 ces et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du Centre, à Gen
1338 2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’ est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire,
1339 planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissa
1340 cherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les o
1341 ous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et le
1342 sponibles et compétents. C’est dire que le moment est venu de former un Conseil des recherches européennes, reprenant d’une
1343 s faire accepter à lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’être politiques. C’est ici la nécessité
1344 es difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’ être politiques. C’est ici la nécessité de Relations culturelles européenn
1345 de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. ⁂ Telles sont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du
1346 oyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 34. Sur les 23 résol
1347 e la conférence de Lausanne, 12 ont abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’à
1348 ti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et coordi
1349 on finale , Genève, 1950. 35. Le reste du budget étant couvert par des dons privés, des subventions de fondations pour certa
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
1350 s, en vue de mettre au point des méthodes pouvant être généralisées par la suite. Deux de ces expériences sont déjà en cours
1351 énéralisées par la suite. Deux de ces expériences sont déjà en cours dans le Midi et le Sud-Ouest de la France. D’autres von
1352 Midi et le Sud-Ouest de la France. D’autres vont être lancées en Italie et en Grèce. Elles visent à former des cadres de re
1353 uropéenne en milieu populaire. L’objectif général était double. Il s’agissait d’une part d’expérimenter dans divers milieux s
1354 dres d’une action élargie. Un comité d’éducateurs fut désigné pour présider au choix et à la définition des expériences-pil
1355 périences-pilotes à entreprendre37. Les premières furent lancées dès l’automne 1956. D’autres vont s’y ajouter en 1958. La plu
1356 bvention spéciale de la Fondation Ford. Elles ont été prévues méthodiquement dans des milieux aussi variés que possible : t
1357 une généralisation ultérieure des méthodes qui se seront révélées les plus efficaces. C’est dire que les échecs possibles ici
1358 C’est dire que les échecs possibles ici ou là ne seront guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître en autom
1359 les expériences en cours, on comprendra qu’il ne soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une série de brèv
1360 s de cette action. De plus, le directeur du CEC a été chargé d’écrire le chapitre final d’un nouveau manuel d’histoire nati
1361 uisse, France, Belgique et Italie ; ils devraient être lancés dès la rentrée d’automne 1958. Haute-Provence (France)
1362 e souvenirs antiques (grecs et romains), mais qui était en voie de dépeuplement, voir si l’on peut donner à ses habitants une
1363 expérience se poursuit. Des rapports trimestriels sont envoyés au CEC. Une réunion aura lieu au printemps, groupant les resp
1364 on. Le CEC a initié une enquête sociologique, qui est conduite par le Prof. Lajugie (de Bordeaux), directeur de l’Institut
1365 résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan, est en cours de rédaction. En 1958, l’action éducative européenne pourra
1366 on. En 1958, l’action éducative européenne pourra être entreprise sur ces bases. Santu Lussurgiu (Sardaigne) Objecti
1367 iculier le Marché commun). Exécution. L’action a été lancée à l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 août 1
1368 e », organisé par le mouvement « Communita » (qui est chargé de conduire l’expérience) et avec la participation de représen
1369 , de France, d’Italie, d’Autriche et de Belgique, soit vingt-deux participants et cinq conférenciers (MM. H. Brugmans, R. Br
1370 t qui doit les animer. Des possibilités nouvelles sont apparues, notamment en Allemagne et en Autriche, pour le développemen
1371 Les seuls résultats définitifs acquis jusqu’ici sont ceux de Fribourg, qui montrent qu’une expérience réussie se prête aus
1372 se. L’efficacité des autres expériences ne pourra être jugée qu’en 1959, au moment de rédiger le rapport final. D’ores et dé
1373 Deux numéros spéciaux du Bulletin du CEC ont déjà été consacrés aux problèmes éducatifs : Pour une éducation européenne (
1374 6) et L’Europe et l’École (avril 1957). Ils ont été largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-pilot
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
1375 de Grande-Bretagne (Weidenfeld & Nicolson), s’ est réuni à Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association ay
1376 es problèmes d’ensemble de l’Europe. Ces ouvrages seront publiés simultanément en sept langues dès que l’association aura été
1377 nément en sept langues dès que l’association aura été complétée par l’adhésion d’éditeurs italiens, hollandais et scandinav
1378 et scandinaves. Le Centre européen de la culture sera le siège de l’association et de son secrétariat. Afin de faciliter l
1379 ion et auquel on ne connaissait pas de précédent, est aujourd’hui en bonne voie de réalisation. Une première réunion convoq
1380 ariat du pool — lequel prit le nom d’Editeuropa — serait assuré par le CEC, selon les directives d’un comité comprenant trois
1381 1958. Certains de ses volumes pourront également être publiés aux USA par les soins d’éditeurs-correspondants. Au cours des
1382 dants. Au cours des derniers mois, le programme a été mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq séri
1383 a été mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq séries de publications suivantes : a) Actualités eur
1384 t sur le vocabulaire de la science politique, qui seront fournis par le Conseil de l’Europe. La publication du premier volume
1385 ion du premier volume de la Collection européenne est prévue pour novembre 1958. L’ouverture du secrétariat du pool au CEC
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
1386 ès supérieur à celui des bulletins ordinaires. Ce sont ensuite le numéro spécial sur la Fondation européenne de la culture e
1387 t paraissent répondre à des besoins réels. Compte tenu de ces indications, la formule du bulletin a été modifiée à partir de
1388 tenu de ces indications, la formule du bulletin a été modifiée à partir de décembre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 pages
1389 numéros de 24 pages tirés à 3 000 exemplaires, ce sont désormais 6 numéros de 64 pages en moyenne, souvent traduits en plusi
1390 ensemble des activités du Centre, les cinq autres étant des numéros spéciaux consacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’en 1
1391 numéro L’Europe s’inscrit dans les faits mérite d’ être souligné. Première brochure exposant sous une forme condensée les div
1392 ans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesurée par les comptes rendus de presse, mais plus encore par les tr
1393 us encore par les très nombreux articles qui s’en sont inspiré, parfois littéralement, les conférences, et même les films do
1394 , et même les films documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été
1395 documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul ouvrage sur
1396 être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul ouvrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ouvrait
1397 e internationale et les instances officielles ont été unanimes à saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pour 19
1398 (avril). Trois manières de « faire l’Europe » se sont précisées au cours de ces dernières années : la méthode institutionne
1399 , associations professionnelles). Ces trois voies seront définies, comparées et discutées par les partisans les plus qualifiés
1400 lyse et synthèse des travaux du premier séminaire tenu au CEC sur ce thème, les 21 et 22 novembre 1957 (voir p. 22). Divers
1401 -38. br. Texte non signé mais Denis de Rougemont est mentionné comme l’auteur dans le sommaire du numéro de ce bulletin.
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
1402 s (mai 1958)bs E = mc2 L’Europe physique tient peu de place sur notre globe : 4 % des terres et un septième (diminua
1403 pour en tirer une énergie insoupçonnée. L’Europe est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au pro
1404 c une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (étendue, matières premières, population
1405 se (étendue, matières premières, population, etc. soit m), par une culture dont les effets induits se multiplient en progres
1406 faire l’Europe sans des Européens conscients de l’ être  : il s’agit donc de les former, et d’abord de les informer. 2. On ne
1407 pas faire l’Europe sans l’aide de sa culture, ce serait vouloir la faire sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre à
1408 Les principaux obstacles à l’Union de l’Europe ne sont pas dans les « faits » mais bien dans les esprits : c’est donc là qu’
1409 ice du moi douteur. Pour former un Européen, il n’ est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à la
1410 ’est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à la fois libre et responsable, doué de sens critique
1411 nc jamais conforme à un type collectif, puisqu’il tient avant tout, en tant qu’Européen, à sa différence personnelle : et c’e
1412 facilement liées au verbe « former ». Les hommes sont là, avec leurs caractères, coriaces ou mous. Pas question de pétrir u
1413 nt impliquent un cadre supranational : ce ne peut être utilement que celui de l’Europe, communauté de culture et de signific
1414 cation. Parfois aussi, le cadre optimum se trouve être local ou régional, mais il ne coïncide pas davantage avec les limites
1415 les grouper et qui appellent un effort commun ne sont pas nationales mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’à l’é
1416 ’études, etc., au cours desquels, si l’expérience est bien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en féd
1417 périence est bien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en fédéralistes pratiques, non point par choix s
1418 le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations sont trop petits et trop grands à la fois, étant inefficaces au plan mondi
1419 ations sont trop petits et trop grands à la fois, étant inefficaces au plan mondial et nuisibles au plan local, là où le jeun
1420 ent, et c’est ici l’information européenne qui en tiendra lieu. Bien entendu, il s’agit d’autre chose que de multiplier les com
1421 ganisme. L’information dont nous voulons parler n’ est pas une activité au jour le jour, suivant pas à pas l’événement, mais
1422 société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’ est pas simple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’est pas justic
1423 imple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’ est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, ma
1424 moderne avec une rigueur inflexible, sans qu’elle soit pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ; mais
1425 (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renversement de la conjoncture mondiale. L’Europe
1426 r les grands empires et les grandes unions qui se sont dressés de toutes parts depuis 1945 ; mais se montrant incapable de r
1427 tion dont les produits, mais non pas les valeurs, sont répandus sur toute la Terre, imités et copiés par tous les peuples. O
1428 et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une part sont retournés contre l’Europe, d’autre part menacent de dévaster les cult
1429 l’URSS d’un quart de la population européenne à l’ Est , qui dans sa grande majorité souhaite sa libération, c’est-à-dire son
1430 elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population
1431 s sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la population des USA et une fois et demi celle de l’URSS,
1432 sation et le mode de vie des Européens quelle que soit leur nation présente, par contraste avec les modes de vie, de pensée
1433 ciens et des mécènes de la culture. Mais le CEC n’ est pas seul à travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’insti
1434 lème européen dans huit de nos pays (leur liaison étant assurée par le secrétariat de l’AIEE au Centre). Deux grandes associa
1435 ux grandes associations européennes d’enseignants sont à l’œuvre, l’une groupant les maîtres secondaires et primaires, l’aut
1436 si importante de réviser les manuels d’histoire a été assumée par plusieurs sociétés nationales de professeurs, sous l’impu
1437 ’Internationales Schulbuchinstitut, dont le siège est à Brunswick. Cependant que les comités culturels et les départements
1438 autres revues dès le début de cette année, semble être dans l’air. Un tel Conseil serait le couronnement de la méthode que n
1439 tte année, semble être dans l’air. Un tel Conseil serait le couronnement de la méthode que nous exposons — et pratiquons. A
1440 Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’E
1441 S’il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que la ba
1442 ses ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’ est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les man
1443 est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les manuels d’histoire nationalistes. Répétons-le : les p
1444 e : les principaux obstacles à l’union nécessaire sont dans les esprits (non les faits) et c’est là qu’il faut les combattre
1445 eu. En revanche, les meilleurs atouts de l’Europe sont ceux que lui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les d
1446 ssance aient pris au sérieux ce grand fait. Il ne serait donc pas réaliste d’exposer la méthode culturelle sans définir la nat
1447 . Nous pensons que les vraies chances de l’Europe sont dans la liberté, non dans la force des choses. Or la liberté relève d
1448 , se reproduit dans le camp de la liberté, car ce sont en réalité nos matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la
1449 ’enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement battus dans la compétition mondiale du xxe siècle, pui
1450 ion et la culture, forces principales de l’Europe sont scandaleusement négligées dans nos budgets publics et privés38. Les É
1451 éfendre « la cause de la liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé
1452 é » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la
1453 ent à enseigner les principes de la tyrannie. Ils tiennent la culture pour un luxe. Mais c’est elle qui a produit leurs richesse
1454 est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de l’Eur
1455 éé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne sont pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni même
1456 des objectifs prochains de la méthode culturelle est donc de mobiliser les moyens matériels désormais requis pour l’éducat
1457 ssements dans le domaine culturel ne doivent plus être inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mais à celui de l’int
1458 e. Cette révolution dans la conscience bourgeoise est commencée. Maintenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
1459 958)bt Les méthodes que l’on vient d’exposerbu sont difficilement comparables ; elles se meuvent sur des plans différents
1460 nt des moyens de pression requis, c’est risquer d’ être inefficace, non politique, et à l’extrême : de perdre au nom de nos r
1461 s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous est -il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que feron
1462 ront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’ Est  ? 3. La revendication d’une Constituante élue exprime l’impatience la
1463 ans pour convaincre le « peuple européen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas tout
1464 ropéen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude effic
1465 résence de ces contradictions, nous paraît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits suiva
1466 . Je connais les nécessités de la propagande, qui est action, et qui exige des choix sans équivoque, voire des partis pris
1467 l recherche en tout l’optimum, qui ne peut jamais être obtenu par la suppression d’une des réalités antinomiques, ni par son
1468 stes jugeront toujours que l’attitude fédéraliste est un compromis impensable. Mais notons que leurs « succès » alternés n’
1469 de la logique des contradictoires. Elle pourrait être définie par cette formule : les contraires ne s’excluent pas, mais s’
1470 artis, routiniers à gauche autant qu’à droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé la bombe H, laq
1471 ècle, tant militaire que politique. Or la bombe H est née d’une méthode de pensée et de calcul antinomique. Si l’on n’arriv
1472 ux exclusives formelles du xixe siècle, que Marx fut le premier à dépasser par son application de la dialectique aux faits
1473 Du point de vue fondamentalement européen qui est celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt éducati
1474 ir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire q
1475 été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le
1476 e leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’existent que dan
1477 parlements. Non seulement nos méthodes ne peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’efficacité, comme si nulle a
1478 ait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avouera incapable de soutenir les procès en paternité qui
1479 ’Europe fédérée. On pourrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage
1480 rrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel que l’Assem
1481 des mêmes attributions constituantes, à ratifier soit par les parlements ou par les peuples des États, soit par le peuple e
1482 par les parlements ou par les peuples des États, soit par le peuple européen dans les divers États. Là-dessus les uns disen
1483 utres répliquent : — Vous voulez une union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux
1484 Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les fédéralistes dominaient l’opinion et la vie politique. De
1485 itique, dans une démocratie qui « joue ». Mais ce sont vingt partis, dix-huit États, et d’innombrables groupes économiques,
1486 our de nous, tels que la libération des pays de l’ Est , la transition du régime colonial à l’autonomie ou à l’association fé
1487 s fédéralistes. La multiplicité de ces mouvements était peut-être inévitable. Elle ne deviendra fatale — au double sens du mo
1488 tique domine tout. Or c’est là justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Not
1489 s et rayonne dans le monde entier. Mais tout peut être compromis par l’échec de l’union politique. C’est dans cette perspect
1490 s mouvements et groupes de toute nuance cessera d’ être « impensable » — comme beaucoup le croient encore — dès l’instant qu’
1491 roient encore — dès l’instant qu’on verra qu’elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès de Montreux, 1947, su
55 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
1492 58)bv bw Le présent numéro du Bulletin du CEC est entièrement consacré aux problèmes posés par l’enseignement européen
1493 res « européistes » en présence de ces problèmes, soit  : — les rapports préparatoires, — un résumé des débats, — le texte de
1494 circonstances et les objectifs du groupe d’études sont exposés dans l’allocution de bienvenue que prononça au début des trav
1495 : on ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce serait faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce serait faire autre chose q
1496 serait faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce serait faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse p
1497 suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’ est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé
1498 èlent conformes ou non aux décisions qui pourront être prises ailleurs, et qu’il vous appartient d’influencer, si toutefois
1499 es européennes, à Turin, le 31 mai, lecture ayant été faite du communiqué des trois communautés du 20 mai relatif à la créa
1500 f à la création d’une Université européenne, il a été décidé : — de réunir une conférence sur cet objet au mois d’octobre —
1501 aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un délai de
1502 Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un délai de trois semaines et demie, et vous voici
1503 articulièrement les auteurs des rapports, qui ont tenu des promesses qu’ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’
1504 s croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’ était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! cette r
1505 ôtés, on nous a dit : — Attention ! cette réunion est prématurée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’en sera-t-il pa
1506 rée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’en sera-t -il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus t
1507 ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit aujourd’hui de savoir ce que vous
1508 de vos instituts et de vos chaires, si justifiés soient -ils, qu’au nom de votre expérience acquise et de votre foi dans l’uni
1509 s européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’attendre de vos r
56 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
1510 en Europe. La question envisagée dans ce rapport sera donc la suivante : comment répondre à ce double besoin ? Car c’est bi
1511 d’une Université européenne, idée qui ne cesse d’ être vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup.   2. Élimino
1512 athématiques ou la littérature) d’une manière qui serait plus spécifiquement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’ag
1513 des juristes ou des économistes, par exemple, qui seraient dits « européens » parce qu’ils auraient étudié tous les droits en us
1514 uropéens synthétiques. Elle a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une spécialité donnée mais qui, e
1515 stent en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce n’ est qu’au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si importan
1516 tour d’un maître. De tels instituts ou séminaires sont actuellement envisagés, en formation ou déjà formés, dans plusieurs d
1517 , patronné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir à Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux problèmes techno
1518 Avantages d’un regroupement 6. La solution est évidente : en groupant en un même lieu les Instituts envisagés pour —
1519 ar des facultés), les cours généraux sur l’Europe seraient communs pour tous les étudiants. Le même personnel administratif pour
1520 voquer l’idée d’une Université européenne devrait être envisagée de la manière suivante : 1° création de 4 ou 5 instituts d’
1521 ux problèmes à discuter. I. Un tel Centre devrait être ouvert en principe aux Européens de tous les pays membres de l’OECE.
1522 des Espagnols, Yougoslaves et Finlandais devrait être examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par exemp
1523 dais devrait être examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par exemple.) II. L’implantation du Centre dev
1524 ar exemple.) II. L’implantation du Centre devrait être étudiée en fonction des facilités matérielles (locaux, communications
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
1525 e la culture au xxe siècle. La notion de culture est récente. Aussi récente que la notion d’Art avec une majuscule, consid
1526 l’habileté technique, et celui qui exerce un art est un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romanti
1527 et celui qui exerce un art est un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui exerce u
1528 s à partir du romantisme, celui qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’est plus censé être seulement habile : il
1529 qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’ est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même
1530 art est appelé un artiste, et il n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe
1531 n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé est cel
1532 . De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé est celui qui a reçu et assimilé des notions générales et une méthode de
1533 ens celle de T. S. Eliot, selon lequel la culture serait ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’être vécue, « worth li
1534 it ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’ être vécue, « worth living ». Mais ce n’est pas seulement la notion, c’est
1535 d digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce n’ est pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en ce
1536 pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en ce sens que la diffusion de la culture au-delà des élites
1537 de la culture au-delà des élites traditionnelles est un phénomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactemen
1538 des élites traditionnelles est un phénomène qui n’ est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du dével
1539 nomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du développement de la technique. Jusqu’au mi
1540 ilieu du xixe siècle, l’éducation intellectuelle était confiée soit à des écoles privées, réservées aux enfants des classes
1541 siècle, l’éducation intellectuelle était confiée soit à des écoles privées, réservées aux enfants des classes sociales priv
1542 es aux enfants des classes sociales privilégiées, soit à des précepteurs. Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu
1543 ique de maîtres de l’art ou du métier. La culture était donc transmise par le milieu social ou par les praticiens. À partir d
1544 le dernier, les choses changent entièrement. Nous sommes en présence aujourd’hui de trois manières de diffuser et de transmett
1545 ’enseignement scolaire par des professeurs qui ne sont pas nécessairement des praticiens de leur branche. Il y a ensuite ces
1546 branche. Il y a ensuite ces moyens de culture qui sont le livre, le disque, la radio, la télévision et le cinéma. Il y a enf
1547 ce d’aura qui entoure le phénomène culturel, sans être elle-même de la culture. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cett
1548 urel, sans être elle-même de la culture. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « culturels 
1549 qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent
1550 tte aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils de
1551 orique. L’innovation la plus importante me semble être celle qui intervient sous nos yeux dans le domaine de la consommation
1552 mmation de la culture. Je répète que ce phénomène est contemporain du développement de la technique ; peut-être même en est
1553 développement de la technique ; peut-être même en est -il la conséquence. Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’ai
1554 ode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que les esprits créateurs resteront toujours peu nombreux, et r
1555 reux, et relativement isolés. Mais qui sait s’ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’hier ? Le grand nombre de vedet
1556 sion, le cinéma, le disque et le journal, mais il est certainement permis d’y ajouter le livre, dès qu’il devient assez bon
1557 ès grands tirages. La grande question qui se pose est de savoir dans quelle mesure les esprits soucieux de maintenir un jus
1558 ibution sur le seul intérêt commercial. Le danger serait qu’ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’il
1559 et de stimuler les goûts du grand public. Quelle est à cet égard la situation actuelle ? Justifie-t-elle le pessimisme à l
1560 Le microsillon, créé aux États-Unis en 1946, ne s’ est guère répandu en Europe qu’à partir de 1950. C’est donc une industrie
1561 ut à fait nouvelle. Les premiers microsillons ont été consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres dites
1562 quelques spécialistes avaient lu les manuscrits, soient maintenant connus et aimés par des milliers d’auditeurs nouveaux. On
1563 icrosillons en 1954, mais 35 millions en 1957. Il est facile d’imaginer que ces millions de disques ont contribué à prépare
1564 ite masse invariable, ou même décroissante. Quels sont les faits ? Je vous citerai l’expérience des guildes du livre. J’ai a
1565 des libraires. Bien d’autres guildes du livre se sont créées dans toute l’Europe. Trois en France, totalisant près de 400 0
1566 de volumes vendus à 1 mark ou 1,50 mark. Et quels sont les auteurs les mieux vendus de la série ? 1. Thomas Mann, 2. Thornto
1567 n et la consommation culturelles, au xxe siècle, sont devenues d’immenses affaires et forment une branche importante de l’é
1568 timisme et responsabilité. Les motifs d’optimisme sont nombreux et solides, nous en avons administré les preuves. Quant à sa
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1569 Editeuropa (septembre 1959)bz Il est clair qu’on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la
1570 re que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer le même historique, que reg
1571 national : or il manque en partie son but s’il n’ est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret qu
1572 ème concret qui se pose à l’écrivain « européen » est donc de trouver les moyens d’atteindre vite, et simultanément le publ
1573 l’éditeur, il consiste d’abord à découvrir ce qui est valable et neuf dans l’abondante littérature provoquée par les plans
1574 ion, ensuite à s’assurer que les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une audience internationale, condition de leu
1575 rsiers, de leurs congrès et de leurs séminaires n’ étant pas soutenus à l’échelon national comme les autres travaux spécialisé
1576 pays mais leur langue42. Les objectifs de ce pool sont définis par les statuts signés au mois de septembre 1958, à l’occasio
1577 ope ». La présidence de l’assemblée générale doit être exercée tour à tour, pour un an, par chacun des membres du pool. Le s
1578 n, par chacun des membres du pool. Le secrétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’auto
1579 crétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la charge d’étudier les p
1580 de fond, livres d’art illustrés. D’autres séries sont à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvra
1581 éries sont à l’étude. ⁂ L’idée de ce nouveau pool est simple : publier des ouvrages d’intérêt général européen simultanémen
1582 e part, la qualité littéraire ou intellectuelle n’ est plus seule suffisante, et qu’il faut y ajouter l’exigence d’une signi
1583 eul pays, mais dans huit au moins. Tel livre peut être excellent en soi, et très « vendable », mais s’il n’apporte pas de co
1584 rage publié par la Collection européenne risque d’ être une « panne » totale dans tel pays, même s’il est un succès dans plus
1585 tre une « panne » totale dans tel pays, même s’il est un succès dans plusieurs autres. D’où la nécessité d’un règlement trè
1586 ssociation. Pour réelles et inévitables qu’elles soient , ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les a
1587 du pool peut offrir : aux auteurs, l’assurance d’ être traduits simultanément dans nos principales langues, moyennant un seu
1588 résultant d’un lancement international. Peut-être est -il permis d’imaginer que si le pool Editeuropa surmonte avec succès l
1589 recteur éditorial, tandis que M. Hjalmar Pehrsson est chargé au CEC du secrétariat du département des publications. bz. R
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1590 storique se trouve une philosophie implicite, qui est surtout dangereuse lorsqu’elle reste inconsciente. » Depuis cent ans,
1591 . » Depuis cent ans, l’enseignement de l’histoire est dominé par une doctrine le plus souvent informulée, que l’auteur défi
1592 Brugmans pose trois questions : Premièrement : Est -il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et
1593 ièrement : Est-il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et, dans une certaine mesure, « idéal », d
1594 dant dans la nuit des temps » ? — Troisièmement : Est -il permis de séparer le phénomène national de son contexte général et
1595 de son contexte général et de l’isoler comme s’il était le phénomène déterminant qui, à lui seul, expliquerait l’histoire ?
1596 non aux trois questions ; il établit que l’Europe est antérieure à ses nations (qu’elle seule explique et non l’inverse), e
1597 s, dont l’apport trop souvent méconnu (pour avoir été trop souvent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes que l’on s
1598 surde par les propagandes que l’on sait), vient d’ être replacé dans sa plus juste perspective par G. de Reynold ; et il dist
1599 re, et qu’inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’est constituée aux xie et xiie siècles », et Marc
1600 ie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’ est constituée aux xie et xiie siècles », et Marc Bloch écrivait que « 
1601 siècles », et Marc Bloch écrivait que « l’Europe fut une création du haut Moyen Âge ». Enfin Reynold appelle chrétienté, c
1602 n lui « la déformation de l’Europe ». Quelles que soient leurs variations d’un ou deux siècles dans l’appréciation de l’époque
1603 rmation du Saint-Empire, par exemple, c’est qu’il est Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer à
1604 i lui permet de se placer à un point de vue qui n’ est ni français ni germanique, ni latin ni anglo-saxon, quant aux préjugé
1605 voqués dans les littératures les plus variées. Il était important que l’on écrive en français une histoire qui situe l’évolut
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1606 orral plus d’actualité, Reynold et Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul n’est plus solide, plus convaincant, moins
1607 t Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul n’ est plus solide, plus convaincant, moins discutable que Gollwitzer. Sa ma
1608 eligieux et philosophique de l’époque ne pourrait être critiquée que par un marxiste « vulgaire » ou par quelque impatient p
1609 lque impatient propagandiste. Le lecteur allemand sera frappé par les étroites et nombreuses connexions que relève l’auteur
1610 e et la France. Le lecteur français, en revanche, sera surpris de découvrir à quel point la pensée romantique allemande est
1611 uvrir à quel point la pensée romantique allemande est nourrie de la Reichsgedanke, c’est-à-dire du mythe de l’empire, du Sa
1612 s — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien n’ est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1613 ue, et pour longtemps insurpassable, qui mérite d’ être lu par tous les militants de la fédération européenne, mais aussi par
1614 it bientôt dans toutes nos langues (comme il va l’ être prochainement en espagnol) ; et qu’une cohorte de chercheurs et d’éru
1615 non pas remplacer ni déclasser de sitôt. Car nous tenons , avec cet ouvrage, la première histoire complète de l’idée européenne
1616 ché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’une succession d’écrits s’inspirant les uns des autres, plutôt
1617 garde au titre et à l’objet même de l’œuvre, qui est de retracer la généalogie de l’idée (ou de la conscience) européenne
1618 égèse de chaque auteur, mais il garde le mérite d’ être complet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il co
1619 omplet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il comble, notamment, une lacune habituelle dans les ouvrage
1620 e qui ont leur importance pratique. Les citations sont données en italien, comme il est naturel ; mais leurs références renv
1621 . Les citations sont données en italien, comme il est naturel ; mais leurs références renvoient trop souvent à des traducti
1622 fourmille de fautes. Les noms slaves et allemands sont le plus souvent mal orthographiés (Leszezinski au lieu de Leczinski,
1623 ands (Metternich, Goethe, Leibniz, etc., etc.) ne sont pas groupés sous V, comme il arrive dans les index américains, mais r
1624 rence, précisément. Au reste, l’œuvre de Curcio n’ est pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusions,
1625 rait. L’idée de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière
1626 urope… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit , c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire et une manière de la v
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1627 1959)cd « Créatrice par excellence, l’Europe s’ est créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses propres m
1628 al, professeur à l’Université de Madrid. L’auteur est de l’école d’Ortega : c’est dire qu’une vision poétique, imaginative,
1629 z lui l’érudition et la documentation — si vastes soient -elles — et cherche à saisir par l’intuition et par la sensibilité aux
1630 ter. A-t-on remarqué que les génies systématiques sont régulièrement amenés à des conclusions pessimistes sur les destins de
1631 destins de notre Europe ? Je crois bien que Hegel est la seule exception, qui persistait à voir dans l’Europe « la fin de l
1632 s décadence et chute. Notre auteur, au contraire, tient que « la mission de l’Europe n’est pas terminée, loin de là ». Car si
1633 u contraire, tient que « la mission de l’Europe n’ est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’est réduite elle-même p
1634 est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’ est réduite elle-même par l’extension des autres, qu’elle seule a permise
1635 de la civilisation qu’elle a exportée, et cela n’ est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltation romantique dans cett
1636 nique, comme avant lui, les réalités spirituelles sont la « vraie vie » dont parlait Rimbaud, trois fois cité en épigraphe à
1637 lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’ est -il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne, a
1638 uxquels s’égale Diez del Corral ? Seul Valéry sut être aussi profond sans pédantisme. cd. Rougemont Denis de, « [Compte r
63 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1639 t la critique : c’est la propagande. La troisième est l’éducation, qui est le contraire de la propagande parce qu’elle déve
1640 la propagande. La troisième est l’éducation, qui est le contraire de la propagande parce qu’elle développe le jugement, et
1641 ne en milieu populaire et scolaire. Ce plan avait été établi par un comité ad hoc d’éducateurs, réuni sous les auspices de
1642 ences. Un an plus tard, les travaux préparatoires étaient terminés : choix des régions, communes ou circonscriptions scolaires,
1643 milieu populaire (Val d’Aoste et Grèce) devaient être suspendues par suite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ Ce son
1644 uite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ Ce sont les comptes rendus des neuf expériences conduites à leur terme de 195
1645 era réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collective les
1646 enquêtes ou qui en ont résulté, les références en seront données au cours des divers rapports qui forment le présent bulletin.
1647 œuvre, puis les résultats fort variables qui ont été obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre de conclu
64 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1648 sables. Nous voulions expérimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à des pousses mi
1649 ait pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ceux de l’homéopathie, permettant d’inciter — non de fo
1650 des tissus sociaux. Similia similibus. Au total, sommes -nous satisfaits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que cert
1651 ourrait sembler que certains succès ou échecs ont été obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la mes
1652 s ont pris, et que telle méthode, désormais, peut être généralisée : ainsi dans le domaine scolaire. Oui, encore et surtout,
1653 savons qu’une action persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abor
1654 e, par le moyen de cette publication, ce qui peut être fait et ce qu’il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le
65 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1655 Trois initiales, ou raison d’ être et objectifs du CEC (1959-1960)cg Notre nom même provoque générale
1656 is questions, très normales et très légitimes, ce sera définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit
1657 gitimes, ce sera définir du même coup la raison d’ être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s
1658 , l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’ est donnés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’être un mot vagu
1659 nés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’ être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez di
1660 ULTURE a la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négli
1661 Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La
1662 sultent d’actes culturels, — artificiels. L’homme est cet animal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeur
1663 imal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine de l’humain ; doma
1664 lettres, ou de quelque activité précise. Le terme étant entré dans l’usage courant, dès la fin du siècle dernier, on l’oppose
1665 propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position dans le déb
1666 uvres nouvelles et d’inventions ; la civilisation étant plutôt l’ensemble ou le système des résultats sociaux, à la fois maté
1667 s règles du sacré ou les décrets de la politique, est un concept typiquement européen. Et cela seul peut expliquer ce grand
1668 ous d’autres formes purifiées et libérales — ce n’ est rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la cul
1669 et créateur de la culture, à faire voir qu’elle n’ est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En effe
1670 chnique et donc des sciences ; or les sciences ne sont nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du comple
1671 e, et de son dynamisme aventureux.   EUROPE, qui fut d’abord un mythe sémite et grec, puis une définition géographique — l
1672 reux, le pays du couchant, part de Japhet, l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de cultur
1673 , l’Asie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant
1674 aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question mal posée. Car une culture
1675 te question mal posée. Car une culture ne saurait être définie par des bornes-frontières et un cordon douanier, mais seuleme
1676 ce de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage accidentel e
1677 dentel et temporaire en Europe de l’Ouest et de l’ Est , en groupements de Six, de Sept, de Quinze, ou de Dix-Huit à la reche
1678 end d’un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous tr
1679 coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que
1680 ssion, nous savons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, g
1681 — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institut dont l
1682 r libre de tous liens un Institut dont la mission est justement de voir plus loin, de préparer le terrain pour une plus vas
1683 préparer le terrain pour une plus vaste union. Où sont les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient
1684 les majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils
1685 les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs routines. C’est don
1686 les plus divers et les plus éloignés ; et qui pis est , toutes ces images apparaissent particulièrement incompatibles avec l
1687 pposent la notion de « cultures nationales », qui est aussi fausse en fait qu’en droit. La culture à la fois antique, chrét
1688 que, chrétienne, critique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de
1689 é » par rapport aux voisins européens. Certes, ce sont des Européens surtout qui viennent de fabriquer la première Bombe, pa
1690 nent de fabriquer la première Bombe, parce qu’ils étaient ensemble… en Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer de fonds
1691 Cinq ans plus tard, 1955 : l’idée de coopération est entrée dans les mœurs, même culturelles. Les associations se sont mul
1692 les mœurs, même culturelles. Les associations se sont multipliées : Instituts de recherches nucléaires, d’enseignement euro
1693 tes, hygiénistes, pédagogues, sportifs même… Nous sommes sur la bonne voie. Mais deux dangers subsistent : les centres de coor
1694 ngers subsistent : les centres de coordination se sont multipliés au point de poser à leur tour un grave problème de coordin
1695 ropéens. L’action du CEC, en tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu
1696 t ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison
1697 ible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’ être de l’institution — pour ceux qui savent, tout au moins ; plus raremen
1698 eux qui savent, tout au moins ; plus rarement, il est vrai, aux yeux d’un grand public indifférent à la culture. ⁂ En 1960,
1699 encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’ être d’une institution de ce genre n’existe pas en théorie, mais qu’elle r
1700 l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’ est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités rée
1701 traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nulle
1702 ’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expérienc
1703 ces et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du CEC se trouve
1704 2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’ est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire,
1705 planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. Puissa
1706 cherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les o
1707 ous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et le
1708 s faire accepter à lui tout seul. Les difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’être politiques. Et l’avenir de l’écono
1709 es difficultés sont d’ordre culturel bien avant d’ être politiques. Et l’avenir de l’économie, désormais mondiale, que l’Euro
1710 de sa vocation, et donc ouverte au monde. Telles sont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du
1711 ougemont Denis de, « Trois initiales, ou raison d’ être et objectifs du CEC », Bulletin du Centre européen de la culture : « 
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1712 ci Les deux fins de toute éducation Quel est le but de l’Éducation pour les Européens du xxe siècle ? Et spéciale
1713 es de classes du primaire et du secondaire ? Nous sommes ici dans une Europe en train de s’unir, face à un monde transformé pa
1714 soi. Et en effet, durant des siècles, ces fins n’ étaient guère contestées : un accord général existait quant à savoir sur quel
1715 idu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc, du chevali
1716 s du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée
1717 omme. Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle est -elle ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogi
1718 me unique que je me pose ici, et je crois qu’il n’ est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un Marc-Ant
1719 tout change. La transmission des connaissances n’ est plus initiation mais instruction publique, c’est-à-dire communication
1720 pe de nullité le rite. En Europe au contraire, il est courant que le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’il v
1721 pour adopter l’autre, et que par suite l’autorité serait quelque chose de « périmé », de « réactionnaire », et en tout cas, de
1722 n tout cas, de condamnable, tandis que la liberté serait moderne, progressiste et louable en tous les cas. Car en fait toute é
1723 x éléments à doses variables. Autorité et liberté sont aussi nécessaires à la vie de l’Éducation que la diastole et la systo
1724 ivers types d’hommes qu’elle entend former. Quels sont , dans l’Occident moderne, ces types d’hommes ? Trois tendances pri
1725 ns large du mot, trois régions bien distinctes se sont dessinées au cours du second tiers du xxe siècle : l’Europe, l’URSS
1726 ne crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’Améri
1727 t formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École est de
1728 u’aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les emp
1729 uer avec lui comme il leur plaît. L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un p
1730 ît. L’idée générale est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’on en choisisse un plus facile, un plus « moderne 
1731 porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pousse le respect de l’individualité enfantin
1732 ns : si la formation intellectuelle qu’elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend pas moins p
1733 es droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses ép
1734 ités et 510 sous-spécialisations. Le plan d’étude est rigoureusement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’a aucun dr
1735 du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 % à la spécialisation. Quelques jours apr
1736 trois ans. Après quoi, quelques-uns des meilleurs sont autorisés à poursuivre des études supérieures et à préparer un doctor
1737 res 25 années, trois sur quatre des candidats ont été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins du
1738 nt été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins du Plan, c’est-à-dire les besoins de la collectivit
1739 me dans les sociétés sacrées religieuses, où tout est prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratiq
1740 uses, où tout est prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de liberté dan
1741 Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Posons-nous cett
1742 s posés, il nous est plus facile de définir ce qu’ est la voie européenne. Posons-nous cette question très simple : Pourquoi
1743 Posons-nous cette question très simple : Pourquoi sommes -nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les res
1744 x excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux réglem
1745 nt européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables,
1746 Je vous accorde enfin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès a
1747 éricaine ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui, n’ était que de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands traits.
1748 stant la question : que faire ? où aller ? Tout a été réglé d’avance par le Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’el
1749 t qu’à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne, c’est-à-dire l’homme à la fois libre et responsable, lib
1750 la tendance axiale, normative, de notre politique est l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse fédéralisme) ;
1751 sage et la préparation à l’autonomie. Le principe est toujours le même : équilibre entre deux antagonismes, tension mainten
1752 marquez que la personne, telle que je la définis, est une réalité dialectique par définition : elle est la résultante de de
1753 est une réalité dialectique par définition : elle est la résultante de deux tendances antinomiques, la liberté et la respon
1754 berté et la responsabilité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ens
1755 lité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais maintenues ensemble, et c’est cette
1756 rope et qui caractérise toute conduite méritant d’ être qualifiée vraiment d’européenne. La règle d’or de la culture européen
1757 rd l’amour du prochain comme de soi-même. Quel est le but de la discipline ? Prenez n’importe lequel de nos problèmes
1758 e. En fait la règle d’or veut que les contraintes soient conçues comme une préparation à la liberté, la discipline comme un ap
1759 rs enfants, et l’un d’eux répondit que sa méthode était de les dresser « comme des chiots ». Indignation de l’Américaine ! Or
1760 ne certaine immobilité pendant les leçons, que ce soit donc non pas en vertu de je ne sais quelle idée de « correction » for
1761 scolaire, que j’ai observées à mes dépens quand j’ étais sur les bancs de l’école primaire, en Suisse. 1° La discipline extéri
1762 en classe, tenue des cahiers, pas de bavardages — était conçue sur le modèle militaire (celui du drill, des alignements au co
1763 nement, élégance et précision de l’expression. Je suis un fervent partisan du rétablissement de la classe de rhétorique avan
1764 mauvaises manières (ou la gaucherie gouailleuse) étant moins pénalisées que ridiculisées. C’est le contraire qu’on observe e
1765 ffine ! ») 2° La plupart des instituteurs suisses sont victimes d’un goût dangereux de l’égalité intellectuelle et de l’homo
1766 s et l’honneur aux moyens. Si j’avais quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême disc
1767 i j’avais quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres une extrême discipline, politesse, tenue moral
1768 espect des meilleurs comme des cancres — Einstein fut un cancre à l’école, renvoyé pour indiscipline — et en revanche, de f
1769 autonomes. C’est dire que votre rôle d’éducateurs est beaucoup plus difficile et complexe que celui de vos collègues de l’E
1770 icile et complexe que celui de vos collègues de l’ Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est aussi plus passionnant. Là encor
1771 llègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à assou
1772 tarir les sources mêmes de sa créativité. Car il est bien connu que la science et la technique se nourrissent d’autre chos
1773 les plus grands savants novateurs de notre temps sont tous d’accord sur ce point. La poésie, la philosophie, l’imagination,
1774 losophie, l’imagination, l’inquiétude spirituelle sont plus créatrices, pour les sciences mêmes, que les cours de sciences e
1775 is plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles soient autoritaires ou libérales, actives ou fonctionnelles, traditionnelles
1776 e, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’ est capable de conduire assurément au But, mais n’importe laquelle, appli
1777 ut, peut y conduire, à la seule condition qu’elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fa
1778 et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez de bons éducateurs dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles
1779 s serez de bons éducateurs dans la mesure où vous serez vous-mêmes sensibles à la réalité spirituelle, dialectique, antinomiq
1780 antinomique, dynamique de la personne. Ces termes sont abstraits s’ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à
1781 e la personne. Ces termes sont abstraits s’ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homme person
1782 n homme à la fois solitaire et solidaire. Le But étant donc la personne, c’est la réalité sentie de la personne qui doit nou
1783 de parabole, que je nomme la Parabole du But. J’ étais recrue dans l’armée suisse. J’apprenais à tirer. On m’avait enseigné
1784 mmé tir au galon, car la récompense des meilleurs était un petit bout de galon d’or sur la manche — on me négligeait dans mon
1785 sur la manche — on me négligeait dans mon coin, j’ étais un cas désespéré. Un jeune lieutenant, cependant, vint m’observer. « 
1786 oui, mon lieutenant ! » — « C’est très simple, ça tient en trois mots : pensez au noir. » J’avais compris ! Mais comme je ne
1787 rope le film Blackboard Jungle : la description y est certes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’en demeure pas
1788 enir », Genève, 1960–1961, p. 1-11. ci. Ce texte est issu d’une conférence prononcée à l’aula de l’Université de Genève, l
67 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1789 le régime démocratique exige, pour fonctionner, d’ être compris par la majorité des habitants du pays où il règne. Dans la me
1790 où il règne. Dans la mesure où il fonctionne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’est pas conforme à sa définition.
1791 onne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’ est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publique o
1792 Voilà pourquoi l’instruction publique obligatoire est née en même temps que nos démocraties. Celles-ci méritent leur nom da
1793 lles-ci méritent leur nom dans la mesure même où, soit par l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autr
1794 eur nom dans la mesure même où, soit par l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autres moyens pratique
1795 l’École, soit par la morale familiale et sociale, soit par d’autres moyens pratiques (campagnes électorales, partis, presse,
1796 peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pa
1797 ue cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs de Na
1798 les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon,
1799 la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se
1800 est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocra
1801 ne démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les S.A.
1802 ieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. Mais de quoi pouvon
1803 nal ? Il s’agit donc de voir en premier lieu quel est l’état actuel de l’enseignement civique dans nos pays ; en second lie
1804 qu’on va lire. Une telle enquête n’a pas besoin d’ être exhaustive ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise
1805 besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise qu’à situer le problème d’une formation c
1806 et à la compréhension internationale ». L’accent est mis sur la démocratie à instaurer, et sur le sens social. En Allemagn
1807 tions officielles, puisque chacun des onze Länder est autonome à cet égard. En Suisse, « il ne s’agit plus de persuader la
1808 t sur le sens des responsabilités, dont la source est dans la personne. La sécurité démocratique des Suisses les amène à « 
1809 on pays par rapport à l’ensemble européen dont il est une province. Problèmes communs et déficiences communes Ces var
1810 atation signifie que le régime actuel de nos pays est accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il n’apparaît pas co
1811 — et de constater en même temps que la situation est bien différente dans le reste du Monde. 2° Dans presque tous nos pays
1812 ans presque tous nos pays, l’enseignement civique est pratiquement limité à la description formelle des institutions politi
1813 e siècle. Tout se passe comme si la démocratie n’ était qu’un système de gouvernement et de droits individuels isolable de to
1814 ut contenu concret, comme si l’une de nos nations était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolable du reste du
1815 était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolable du reste du Monde — qui pourtant la met en question, ou parf
1816 e passe aux USA et dans les pays communistes de l’ Est . Aux USA : « Comment devenir un bon citoyen ? » Je prends un ma
1817 er. Celui-ci me demande dès la première ligne : «  Es -tu un bon citoyen ? » et passe aussitôt à l’examen des activités d’un
1818 ste : là où nos manuels diraient par exemple : Qu’ est -ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel améric
1819 exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’ est -ce que l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comment
1820 lyser les questions débattues ? » l’exemple donné est le suivant : Votre municipalité propose la création d’un aérodrome. V
1821 cipalité propose la création d’un aérodrome. Vous êtes pour, vous êtes contre, pourquoi ? Suit une analyse très vivante des
1822 la création d’un aérodrome. Vous êtes pour, vous êtes contre, pourquoi ? Suit une analyse très vivante des arguments avancé
1823 es nôtres se contentent de parler d’institutions. Est -ce à dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseigne
1824 ler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseignement civique du monde ? Les Am
1825 ur enseignement civique du monde ? Les Américains seraient les derniers à le prétendre. Lors d’un récent congrès de l’Unesco sur
1826 rogrammes existants : 1° Les réalités économiques sont encore trop négligées ; or, sans connaissances économiques, comment c
1827 voter intelligemment ? 2° Les faits présentés ne sont pas suffisamment rattachés à des notions générales (telles que l’inte
1828 is et directives générales concernant l’éducation sont discutées par les congrès du Parti et promulguées par le Soviet suprê
1829 e et le Conseil des ministres de l’URSS. Quel que soit le degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impossibl
1830 ré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impossible de conduire les classes de la même manière dans les neiges
1831 gricole de l’Ukraine), l’esprit de l’enseignement est partout le même, les méthodes sont les mêmes, le contrôle par une pol
1832 l’enseignement est partout le même, les méthodes sont les mêmes, le contrôle par une police spéciale est le même : il s’agi
1833 nt les mêmes, le contrôle par une police spéciale est le même : il s’agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’agit
1834 ictoires » économiques, scientifiques et sociales sont dues à son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est
1835 tion soviétique et des « droits » du citoyen (qui sont ses devoirs envers la « construction socialiste ») toutes les branche
1836 l’Est (DDR). Ainsi en Pologne : « Les programmes sont fondés sur le principe fondamental que l’évolution sociale est un pro
1837 r le principe fondamental que l’évolution sociale est un processus historique qui suit des lois déterminées… Les idées soci
1838 ions politiques, les théories et les institutions sont le reflet de l’existence matérielle d’une société donnée… La grande t
1839 insiste sur le fait que l’histoire d’une société est celle des classes laborieuses… (donc) des rapports de production48 ».
1840 it se plaindre de ce que l’instruction civique ne tienne pas un compte suffisant des réalités économiques ! Mais il est clair
1841 mpte suffisant des réalités économiques ! Mais il est clair aussi que, dans ces conditions, le civisme réel n’existe plus,
1842 plus, la liberté de choix et d’opinion du citoyen étant réduite à l’acceptation ou au refus d’un système total, lequel nie to
1843 sur 15 heures de leçons d’instruction civique, 5 sont consacrées aux « fondements politiques de notre État », 6 aux « organ
1844 ernière : 3 heures sur le thème : « Le Socialisme est vainqueur », 11 heures sur « Le Socialisme – un ordre social assurant
1845 on touche du doigt la différence radicale entre l’ Est et l’Ouest. En effet, l’Ouest pourrait difficilement opposer à la doc
1846 e, et cela pour l’excellente raison que l’Ouest n’ est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. Au s
1847 ’est pas « capitaliste » de la même manière que l’ Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système rigid
1848 pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système rigide, c
1849 ’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’ est pas un système rigide, cohérent, unitaire, expliquant tout, de l’atom
1850 dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été , ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions int
1851 s d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’il est , et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives
1852 l a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être  ?). Conclusions introductives Ces quelques aperçus, je le répèt
1853 surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils en montrent,
1854 économiques et politiques de notre siècle peuvent être vues dans leurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’Est trou
1855 eurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’ Est trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant à connaître l’ensemble eu
68 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1856 fédéralistes européens. Au sortir de la salle, je fus présenté à un personnage d’âge indéfinissable, appuyé sur une canne,
1857 ui me dit avec un accent slave : « Votre discours était vraiment très bien, vous avez montré la voie, maintenant venez vous a
1858 note. (C’est mon dernier snobisme, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la même
1859 isions qu’à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire, je tenterai dans les pages qui suivent une
1860 fance heureuse et sans histoire, affirme-t-il. Il est élevé dans le patriotisme polonais et le catholicisme le plus strict.
1861 ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’être avant tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira
1862 dance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’ être avant tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t-il, il a découve
1863 oir une éducation idéalement européenne. Son père est mort lorsque Joseph avait 4 ans, et c’est un ami de la famille, le co
1864 son tuteur vigilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retin
1865 igilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retinger quitte C
1866 é-Maria Sert). Or le salon des Godebski se trouve être le cœur de la vie artistique et littéraire de la capitale. Vuillard,
1867 inables promenades nocturnes avec Fargue et Ravel sont maintes fois décrites dans ses notes. Léon-Paul Fargue « perpétuellem
1868 polonaise, dans laquelle la Porte étroite de Gide est traduite en polonais avant même de paraître en volume à Paris. Mais l
1869 paraître en volume à Paris. Mais la littérature n’ est pas sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite abandonn
1870 as sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite abandonnés : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que v
1871 littéraire sont vite abandonnés : « Quoi qu’il en soit , Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a
1872 i qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour André Gide en riant, après
1873 de « politicien privé » lui paraît seule digne d’ être retracée dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le tro
1874 ) et décide bientôt que l’Angleterre, après tout, est non seulement le pays dont le style de vie lui convient le mieux, mai
1875 tional ni sur le plan domestique. La partie russe est opprimée et sans voix ; la partie austro-hongroise est beaucoup mieux
1876 pprimée et sans voix ; la partie austro-hongroise est beaucoup mieux traitée, et une poignée de députés la représentent à V
1877 e Monarchie, un Conseil national polonais vient d’ être fondé par un groupe de patriotes résidant en Galicie. Il offre au jeu
1878 e. La principale activité de ce modeste organisme sera d’essayer d’attirer l’attention de la presse et de l’opinion sur l’ex
1879 onrad Au cours de ces mêmes années, Retinger s’ était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’il avait rencontré dès 1909. Or
1880 in dans son pays d’adoption. Retinger et sa femme furent durant ces années, les seuls Polonais à fréquenter sa maison, et à lu
1881 rire une pièce de théâtre avec Retinger. Le sujet fut aussitôt choisi : c’était celui de Nostromo, roman de Conrad qui se p
1882 Conrad qui se passe en Amérique latine. La pièce fut commencée cette nuit même, dans la plus grande excitation, et les deu
1883 e, aux yeux de Conrad. Le manuscrit, non terminé, fut déposé plus tard en Suisse, chez un ami, et Retinger note simplement
1884 , invita les Conrad et leurs deux fils à passer l’ été dans la propriété de sa famille. Accompagnés de Joseph, les Conrad qu
1885 possibilités s’offrant à moi à l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour même où éclatait une guerre « qui cachait
1886 emberg, où les leaders des Polonais de Galicie se sont réunis clandestinement. L’archevêque Bilczewski et les chefs des part
1887 sprit de parti et avec toute la hardiesse dont il sera capable ». On lui remet des documents signés par une vingtaine de hau
1888 e recommande au chef de la police de Lemberg, qui est Polonais. Celui-ci le reçoit fort aimablement, et lui indique que la
1889 ui donner un sauf-conduit pour se rendre à Vienne est le général Hoffmann, commandant la région de Lemberg. Il ajoute que l
1890 de Lemberg. Il ajoute que la préfecture de police est reliée par fil direct au quartier général, et là-dessus quitte le bur
1891 énéral, convaincu par ce geste que « Retinger » n’ est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être charg
1892 ai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la ligne
1893 et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’ être reçu immédiatement. Cet éclat réussit. On l’introduit chez un colonel
1894 l lui faut un visa pour la France, et que son nom est là, sur le passeport… Après beaucoup d’hésitations, le Colonel se rés
1895 « J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes -vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce passeport. — Que ferez-vous
1896 Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier à moi. — Avec tout l
1897 que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » « Notre conversation se poursuivit ainsi pendant quel
1898 ecourir les Polonais internés et d’obtenir qu’ils soient considérés comme Polonais, non plus comme Allemands ou Autrichiens. (
1899 s particulier qui lui fera toujours deviner quels sont les hommes qui vont l’aider et les milieux ignorés du public où résid
1900 anglais, étrangement ignorants des réalités de l’ Est , que le fait polonais peut revêtir une certaine importance politique,
1901 e. Le grand argument que Retinger va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans tro
1902 va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans trois armées belligérantes, et qu’au s
1903 u’au surplus, les descendants d’immigrés polonais sont plus de cinq millions en Amérique. Le rappel constant de ces chiffres
1904 e voir jusqu’à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts à prendre fait et cause pour les Alliés, si ceux-ci garantissen
1905 leçons décisives pour la suite de sa carrière. Il est intéressant de relever les motifs qu’il donne lui-même de son échec,
1906 « Je n’avais pas encore bien vu que la question n’ était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient êt
1907 voir de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’agissait de trouver ou de
1908 as comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce fut une chance pour moi de recevoir une telle leçon au début de mon activ
1909 allemande dans l’administration austro-hongroise est déjà trop profonde pour qu’une paix séparée ait des chances de se con
1910 séparée ait des chances de se conclure. Le projet sera donc abandonné, et Clemenceau plus tard pourra nier effrontément, dev
1911 s ses notes, si le rôle qu’il joua dans l’affaire fut aussi important qu’il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une man
1912 e, qu’il a négligé par la suite de le vérifier, n’ étant plus suffisamment intéressé. Il semble considérer cette aventure comm
1913 nt de constantes difficultés. Georges Mandel, qui est l’homme de Clemenceau, répand sur lui des bruits fâcheux. Lord Northc
1914 re de l’Intérieur. Je cite les notes : « Mr. Pams était sincèrement pro-polonais, et sincèrement amical avec moi, mais pas tr
1915 raint de vous expulser… Jeune et arrogant comme j’ étais , ma rage éclata et je dis : — Voulez-vous faire venir votre chef de c
1916 vous faire venir votre chef de cabinet. Lorsqu’il fut là, je le priai de consulter un horaire et de m’indiquer l’heure du p
1917 l’heure du premier train quittant la France. (Il était 11 h du matin.) — Il y a un train à 16 h pour l’Espagne. — Très bien,
1918 n départ, et à la Gare de Lyon j’eus le plaisir d’ être salué par les marquis de Castellane, de Dampierre, de Chambrun, Anato
1919 n jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distribuait
1920 belles femmes nues, et seul Joseph Conrad lui fit tenir quelque argent. Comme il souffrait d’insomnies et d’une mauvaise cond
1921 mauvais état. Le capitaine du « Roger de Lluria » était un jeune peintre, le premier-maître un mathématicien, et le second-ma
1922 ont, un hangar abritait 30 vaches, dont plusieurs furent mangées durant le voyage. (J.H.R. note qu’au cours d’une tempête, il
1923 r son frère, professeur de chimie à Chicago, il s’ était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui res
1924 la réception, on lui apprit qu’en effet une somme était venue à son adresse, mais que les règlements empêchant de la garder p
1925 plus étranges de sa vie » (il omet de dire ce que fut l’autre) : lecteur à haute voix dans une fabrique de cigares, où les
1926 ifs fortuits et théoriques de son activité là-bas est venu s’ajouter, au cours des ans, un désir ardent et sincère de prête
1927 il déclara, pour mon intense satisfaction, que j’ étais le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique sans un sou
1928 que j’étais le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique sans un sou et en reparte sans un sou. C’est à quoi j
1929 es… » L’histoire de la nationalisation du pétrole est trop complexe en soi — et les notes de notre ami sur ce sujet trop in
1930 ques. On comprend donc pourquoi, lorsque Retinger fut pour la première fois consulté par le gouvernement, il conseilla sans
1931 prison De ces années mexicaines, deux épisodes sont rapportés avec quelque détail dans les Notes, et bien qu’ils perdent
1932 et bien qu’ils perdent beaucoup de leur saveur à être résumés, je crois bon de ne pas les omettre dans cette esquisse biogr
1933 ois avec Luis Morones et le groupe d’amis dont il était le chef. Ils formaient une sorte de société secrète de jeunes patriot
1934 organisation syndicale du Mexique, le fameux CROM fut leur œuvre. Grâce à eux, J.H.R. avait pu étudier de très près les con
1935 frant de la soif, ils s’arrêtent à un petit ranch tenu par une vieille Indienne. Il y a là une jarre de lait de chèvre que r
1936 e, et Retinger, en buvant, comprend soudain qu’il est devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait voulu,
1937 due couverte de touffes de cactées. Ses vêtements sont en lambeaux, ses jambes en sang quand il atteint la route. Il ne voit
1938 i s’ensuivit. Un an plus tard, le général Obregon étant devenu président, les amis que Retinger compte dans son gouvernement
1939 e Noël 1921, le président confie à Retinger qu’il est entré en possession d’un très volumineux dossier (5000 pièces origina
1940 res du président Harding. Hoover seul, selon lui, sera capable de négocier et d’imposer une solution pacifique du conflit, s
1941 ts du Mexique. Les voies diplomatiques ordinaires étant loin d’être sûres, Retinger propose d’aller lui-même informer Mr. Hoo
1942 . Les voies diplomatiques ordinaires étant loin d’ être sûres, Retinger propose d’aller lui-même informer Mr. Hoover. Chargé
1943 ington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison, sans pouvoir communiquer avec l’extérieur p
1944 endant une semaine, et sans motif allégué, ce qui est contraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison de Ho
1945 rti du bureau du juge, dans le corridor, Retinger est de nouveau arrêté, sous l’inculpation cette fois-ci d’être une charge
1946 ouveau arrêté, sous l’inculpation cette fois-ci d’ être une charge pour l’administration américaine. Il a beau déclarer qu’il
1947 ministration américaine. Il a beau déclarer qu’il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lui a pr
1948 e quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et cherchent à le faire libérer sous caution. Le juge exige 5
1949 our 15 000 dollars. Il laisse même entendre qu’il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Retinger
1950 r ne puissent plus payer. Les intérêts pétroliers sont prêts à tout pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs
1951 Enfin, après un nouveau mois de cachot, Retinger est relâché sans un mot d’explication ni d’excuse, traverse la frontière
1952 et l’Amérique officielle, auquel il a travaillé, sera réalisé à la faveur du changement d’administration à Washington et gr
1953 l’action propre de Retinger dans la vie syndicale fut conforme à sa vocation la plus constante : établir des relations inte
1954 eil national socialiste de Pologne, bien qu’il ne soit pas membre du parti ; diverses démarches dans le cadre de l’Internati
1955 00 hommes, commandées par le général Sikorski, se sont battues en Alsace et en Norvège jusqu’au printemps de 1940. La divisi
1956 ef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’ est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération syndicale
1957 ns de chef, en son instinct politique. Le général est redevenu président du Conseil en exil. Retinger sera désormais son co
1958 t redevenu président du Conseil en exil. Retinger sera désormais son conseiller le plus intime. L’avion militaire lourdement
1959 se une porte, et se trouve devant le général, qui est seul. « Que venez-vous faire ici ? » « Je viens déjeuner avec vous, p
1960 ux conditions : que son retour dans les 48 heures soit assuré, et qu’il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent
1961 efusai, écrit J.H.R., l’un de mes rares complexes étant de détester les titres et décorations, et je n’en ai jamais accepté. 
1962 ’une attaque d’Hitler contre l’URSS. Les Polonais furent les premiers et presque les seuls à le croire. Retinger rédigea aussi
1963 itôt un mémoire pour Eden, suggérant qu’un accord fût rapidement conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait à ce moment
1964 dans l’armée de Sikorski. D’autre part, si l’URSS était attaquée, il importait que la Pologne, soutenue par les Anglais mais
1965 de Staline, une offre d’accord. Les négociations furent menées par Sikorski et Retinger du côté polonais, et par l’ambassadeu
1966 et même le président de la République en exil, s’ étaient violemment opposés à toute négociation avec l’ennemi héréditaire qui
1967 aboutirent à leurs fins. Le 31 juillet, l’accord fut signé au Foreign Office, dans le bureau de M. Eden. À la surprise gén
1968 trée au moment où les discours officiels allaient être échangés. Eden, Sikorski et Maïski ayant parlé, il se leva et dit d’u
1969 arlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci est un grand événement. Je suis convaincu que votre accord va mettre une
1970 ne voix grave : « Ceci est un grand événement. Je suis convaincu que votre accord va mettre une fin pacifique et amicale à l
1971 te pour le reste du monde. Je me sens honoré d’en être le témoin. » À ce moment, sa voix se brisa, écrit Retinger, « et pour
1972 deur polonais désigné n’ayant pu partir, Retinger fut chargé de représenter les intérêts de son pays à Moscou et de faire a
1973 cord. Il partit en hydravion, via Arkhangelsk, et fut reçu à l’aérodrome de Moscou, au son de l’hymne polonais. Le protocol
1974 Proche-Orient, quand on lui annonça que l’avion s’ était écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient mo
1975 Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaient morts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk étant devenu Pre
1976 ts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk étant devenu Premier ministre, Retinger se convainquit peu à peu de la néce
1977 e mission. Pour des raisons de sécurité, Retinger fut d’abord caché dans une petite ville du Sud de l’Italie, près de Bari,
1978 parachute qu’il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait toujours éprouvé une répugnance marquée pour
1979 nt à terre la présence du « comité de réception » furent repérées, la trappe s’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mi
1980 urner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes furent jetés d’abord, puis Retinger s’approcha du trou. Un sergent le retint
1981 ». En dépit de toutes les précautions qui avaient été prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie sem
1982 , la présence de Retinger à Varsovie semble avoir été connue des nazis quelques heures après son arrivée, mais il l’ignorai
1983 durant les trois mois que dura sa mission, il ne fut jamais découvert. Le sens inné de la conspiration dans un peuple oppr
1984 d’une table occupée par cinq ou six hommes, ce ne fut pas sans terreur qu’il entendit soudain l’un d’eux dire à haute voix 
1985 voix : « Savez-vous la grande nouvelle ? Retinger est arrivé de Londres il y a trois jours ! » Deux officiers allemands, as
1986 e déroulait selon les plans. Les contacts avaient été pris dans la capitale et en province avec les responsables politiques
1987 e incapable de marcher. Trois jours plus tard, il était paralysé des jambes et des mains. Le médecin diagnostiqua une polynév
1988 Quand vint le moment de son retour à Londres, il était encore incapable de marcher. Il fallut le transporter comme un bagage
1989 sortie réservée aux Polonais. Effrayé à l’idée d’ être transporté dans tous ces escaliers et passages sous-voie, Retinger en
1990 de prendre la sortie réservée aux Allemands, qui était toute proche. Celt l’ayant chargé sur son dos, ils passèrent tranquil
1991 epuis quelques jours, qu’un régiment de cavalerie était signalé, qu’un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kil
1992 x kilomètres de là, et qu’un appareil de chasse s’ était posé pour quelques minutes, l’après-midi même, sur la piste préparée
1993 ’avion anglais. Cependant, l’opération ne pouvait être retardée. L’avion anglais parut à l’heure prévue. Les passagers et le
1994 prévue. Les passagers et les ballots de courrier furent chargés en quelques minutes, et les moteurs remis en marche. Mais les
1995 s, et les moteurs remis en marche. Mais les roues étaient bloquées dans la boue. Il fallut évacuer l’avion à deux reprises, cre
1996 urs emballés en pleine nuit, pas un Allemand ne s’ était montré. L’atterrissage en Italie du Sud réussit également par miracle
1997 accompagnait Sikorski en route vers la Russie, il fut débarqué au Caire, où il apprit enfin le but de son voyage : M. Mikol
1998 lle générosité, les hommes responsables de ce don étant Sir Stafford Cripps, chancelier de l’Échiquier, et Mr. Hugh Dalton, p
1999 , président du Board of Trade. De la sorte, il me fut possible d’obtenir pour mon pays 15 kilomètres de ponts Bailey et Eve
2000 de livres. La générosité du gouvernement anglais fut telle qu’il paya même les frais de transport, tandis que d’autres dép
2001 , tandis que d’autres dépenses (experts polonais) furent payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernemen
2002 (experts polonais) furent payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernement britannique ni moi-même n
2003 que ni le gouvernement britannique ni moi-même ne furent jamais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et qu’après que j’e
2004 anglais et quitté le Pologne, mes collaborateurs furent mis en prison par ordre du gouvernement polonais. Les notes pour les
2005 ssistant durant toute l’affaire des dons anglais, fut retenu à terre, à l’aérodrome de Varsovie, au moment où Retinger mont
2006 rand but qu’il se tournera tout entier. Dès qu’il fut en mesure de marcher de nouveau (mais il lui fallut jusqu’au bout s’a
2007 ryk, Hubert Ripka et M. Ninčic pour les pays de l’ Est , et pour ceux de l’Ouest, MM. P.-H. Spaak, van Kleffens et Kerstens,
2008 Benès dénonça son accord avec les Polonais, après être allé à Moscou. Mais Retinger suivait son idée. Le 8 mai 1946, il inau
2009 Dans le même temps, plusieurs autres mouvements s’ étaient fondés. L’Union européenne des fédéralistes, dont la plupart des anim
2010 de liaison des mouvements pour l’Europe unie, qui était en train de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut annoncée c
2011 ain de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut annoncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pas ta
2012 ’annonçait sa venue à Genève, et dès ce moment je fus en mesure d’observer de près sa technique. Il me demandait de le mett
2013 ’un congrès sur l’unité européenne, qui allait se tenir en mai. C’était peu clair, Rappard restait sceptique. Retinger lui of
2014 avait bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’ étais « engagé », non seulement par ma conférence à ce congrès, et par cell
2015 œuvre, des comités se constituèrent, des rapports furent élaborés, des résolutions discutées avec passion par les divers mouve
2016 plus grande habileté, durant toute cette période, fut sans doute de donner l’impression qu’il était obligé de cacher son je
2017 iode, fut sans doute de donner l’impression qu’il était obligé de cacher son jeu, mais qu’il jouait en réalité au bénéfice de
2018 de l’Europe, qui s’ouvrit à La Haye le 7 mai 1948 fut l’œuvre personnelle de Retinger, et peut-être le couronnement de sa c
2019 et peut-être le couronnement de sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucie
2020 re. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance, dans la p
2021 pour l’Europe unie, fédérée ou confédérée. Ce ne fut pas un congrès comme les autres, puisqu’il en résulta tout simplement
2022 ise en œuvre de l’union européenne. Tout ce qui s’ est accompli dans cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à La Hay
2023 xé sur la fusion des intérêts franco-germaniques, sont formulées dans la résolution économique de La Haye. Le programme poli
2024 lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui avait été proposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la réussite du
2025 nte encore que la réussite du Congrès de l’Europe fut la manière dont Retinger sut l’exploiter. Au cours des semaines qui s
2026 le des gouvernements devant une idée neuve. Il ne fut pas seulement le père spirituel, mais l’accoucheur du Conseil de l’Eu
2027 le contenter. Grâce à lui, le Mouvement européen sera durant les trois ou quatre années suivantes non point l’avant-garde d
2028 t qu’en extension dans les élites dirigeantes. Il est difficile de mesurer exactement l’efficacité de ce vaste effort de pr
2029 ssons aujourd’hui et que le grand public européen tient pour toutes naturelles, n’eussent probablement pas vu le jour. Certes
2030 eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’ est pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni Lau
2031 ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont les conditions psychologiques et politiques qui ont permis la mise en
2032 er ont jamais travaillé ensemble : leurs méthodes étaient trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n
2033 éthodes étaient trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut i
2034 ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’ est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par
2035 aires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par Jean Monnet et Duncan Sandys du
2036 tion entre la CECA et la Grande-Bretagne. Et ce n’ est pas sans raison qu’il se trouvait être, en 1960, le seul membre du Co
2037 ne. Et ce n’est pas sans raison qu’il se trouvait être , en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en eût fait partie dès
2038 mais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de R
2039 it à prendre corps. Ses avis et ses interventions furent de loin les plus efficaces au cours des deux années de préparation qu
2040 compétences, tels que la Commission des pays de l’ Est (avec Harold Macmillan et Sir Edward Beddington-Behrens), la Campagne
2041 s le groupe de Bilderberg, le rôle de Retinger ne fut pas moins décisif, pas moins « instrumental », au sens anglais du mot
2042 u CEC auquel il prit part — le 24 mars 1960 —, ce fut lui encore qui lança l’idée d’une nouvelle Conférence européenne de l
2043 il se taisait absolument dans les congrès dont il était l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloquence pr
2044 , dînant seul avec nous, il se vantait en riant d’ être devenu bavard dans les comités, et répétait qu’il se sentait beaucoup
2045 e », il répondit très vite comme on signale qu’on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et avec auto
2046 on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et avec autorité, parla d’autre chose. L’éminence grise
2047 buts de sa carrière, mais Gide avait raison, il n’ était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’é
2048 e ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’ étaient jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non p
2049 is que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’ était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaque mat
2050 e. Il n’était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaque matin, réveillé dès 5 heures, il lisait de gr
2051 ors qu’il entrait en action créatrice. Sa méthode était l’entretien, et de préférence seul à seul. Certes, on le retrouvait p
2052 l. Certes, on le retrouvait partout où des hommes étaient réunis pour agir au nom d’une idée — l’indépendance polonaise et l’ac
2053 cevait bientôt que la grande idée dont on parlait était celle de ce petit homme sans apparence et silencieux ; que le groupe
2054 omme sans apparence et silencieux ; que le groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts
2055 était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts personnels les plus variés, et même les vanité
2056 es valeurs rassemblées. Les objectifs du groupe n’ étaient pas toujours clairs pour beaucoup de ceux qui en faisaient partie, ma
2057 ersonnalités. À chacune, il explique que son idée est tellement importante qu’il vaut mieux ne pas en parler trop clairemen
2058 répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il étai
2059 histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la
2060 le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et
2061 ois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican, ains
2062 oudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en fait, et ce qui explique les attaques et les calomnies dont
2063 ui explique les attaques et les calomnies dont il fut trop souvent l’objet, c’était son désintéressement presque incroyable
2064 franchise également paraissait incroyable : elle était si directe, et percutante, que ses victimes n’y voyaient qu’insolence
2065 ’y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’avait pas le physique ni les manières suaves du G
2066 on ne savait où le trouver. « Celui qui s’abaisse sera élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne pardonne pas la mo
2067 nde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’ est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de brigu
2068 laudissements, selon les règles publicitaires. Il était l’exemple type d’une activité décisive, unissant toutes les qualités
2069 les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qui fut longtemps son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’est confess
2070 s son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’ est confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement
2071 ujet de différentes causes et entreprises qui lui tenaient à cœur. Sa santé se détériora très rapidement durant ses dernières se
2072 ls lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils étaient pleins de coquilles ! » (Joseph Conrad, p. 37). 50. Ces initiales my
2073 r la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils furent poursuivis quelque temps à Moscou avec Sir Stafford Cripps, et MM. Ga
2074 . On les appelait les Trois Mousquetaires, J.H.R. étant naturellement le quatrième. ck. Rougemont Denis de, « Esquisse d’un
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
2075 ine. Réveiller le sentiment d’unité des Européens était certes l’objectif initial et principal du CEC, et le demeure. Mais il
2076 itial et principal du CEC, et le demeure. Mais il est apparu, au cours des ans et de l’évolution rapide du monde, 1° que la
2077 s Européens de divers pays avec d’autres cultures serait sans doute l’un des moyens les plus efficaces de cette fin ; 2° qu’un
2078 nationalismes agrandis et mutuellement hostiles, était la méthode du Dialogue au niveau des cultures vivantes. Après dix ans
2079 mmunauté européenne, le CEC a senti que le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mondial, et d’en instituer les
2080 er le compte rendu de ses travaux. Le colloque s’ est réuni à Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas pri
70 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
2081 pays techniquement arriérés » : que cette aide ne soit pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une culture ; éducation ; re
2082 tres cultures pour une raison fondamentale : elle est elle-même une culture de dialogue, née de la synthèse difficile et ja
2083 le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe a été le foyer de la civilisation technicienne. La technique n’y est pas né
2084 de la civilisation technicienne. La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’est développée dans un certain contexte re
2085 . La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’ est développée dans un certain contexte religieux, philosophique, biophys
2086 biophysique, etc. Aujourd’hui, cette civilisation est diffusée dans le monde entier, mais sans son contexte culturel. L’Eur
2087 xpliquer d’abord à elle-même — que la technique n’ est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle
2088 chnique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de se
2089 ture, n’en est qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de ses sources et de certaines résistances tr
2090 nique au mode de vie de ses peuples. (Le marxisme est né d’un moment particulier de ce drame européen !) 4. L’Europe étudie
2091 udie depuis longtemps les autres cultures, mais n’ est guère étudiée par celles-ci en tant qu’ensemble ou unité. (Chaires d’
2092 entreprendre et de développer ce dialogue qui lui est nécessaire, l’Europe se heurte à deux difficultés majeures : a) diffi
2093 urope envoie en nombre croissant dans le monde ne sont pas préparées pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ont
2094 es difficultés. Les difficultés ont des chances d’ être assez semblables (quoique à des degrés variables) pour chaque région.
2095 iables) pour chaque région. Quant aux motifs, ils sont sans doute très différents. La culture de l’Inde, par exemple, est pl
2096 ès différents. La culture de l’Inde, par exemple, est plus harmonieuse que celle de l’Europe, moins « dialogique » par sa n
2097 par sa nature même. Mais son problème majeur, qui est celui de l’intégration de la civilisation technicienne à son grand hé
2098 l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! », disait récemment un jeune Sénéga
2099 conditions du dialogue, tel que nous l’espérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler, en perspective mondial
2100 elle mesure les besoins ainsi définis peuvent-ils être satisfaits à l’aide des moyens existants ? Rien de plus difficile que
2101 re compréhension mutuelle entre les cultures de l’ Est et de l’Ouest. Ses activités sont recensées dans le bulletin bimestri
2102 es cultures de l’Est et de l’Ouest. Ses activités sont recensées dans le bulletin bimestriel « Orient-Occident ». Congrès, r
2103 vilisations et de leurs publications, qui devrait être mis à jour.) Société internationale pour les études comparées des ci
2104 e, ou d’autres cultures orientales. Ces instituts sont presque tous rattachés à une université, et répartissent leurs activi
2105 u volumes) des instituts nationaux universitaires sont en général consacrées à l’étude d’une seule culture. Une autre catégo
2106 l’étude d’une seule culture. Une autre catégorie est celle des revues publiées en Occident et consacrées à un groupe de cu
2107 ux pour les autres régions de la planète, mais il serait imprudent d’affirmer que ces ouvrages, dans l’ensemble, répandent plu
2108 et majeur Est-Ouest, plusieurs vastes congrès ont été organisés ; citons : Manille, sur le thème « Present impact of the gr
2109 ilisations comparées de Bruxelles et de Salzbourg tiennent des congrès annuels sur des thèmes définis, traités par des professeu
2110 Des quelques exemples qu’on vient de donner, on serait tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’à une disette, dans l
2111 de documentation, bibliographies et bibliothèques sont si riches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à
2112 s et bibliothèques sont si riches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser. Enfin, les occa
2113 ncontres — congrès, colloques, séminaires, etc. —  sont si nombreuses qu’il devient difficile de trouver assez d’hommes qui a
2114 ps d’y participer. En admettant que ces activités soient suffisantes dans leur domaine et soient menées d’une manière satisfai
2115 activités soient suffisantes dans leur domaine et soient menées d’une manière satisfaisante — ce qui est généralement le cas —
2116 oient menées d’une manière satisfaisante — ce qui est généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles
2117 lisation.) Tous les dialogues savants que peuvent tenir entre eux linguistes, folkloristes, archéologues, numismates, juriste
2118 ans qu’aucun des problèmes de fonds et d’ensemble soit touché. Le Dialogue des cultures doit s’établir entre des ensembles,
2119 s d’une autre région, les travaux de spécialistes sont de peu de secours : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont
2120 urs : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont pas assez actuels ou synthétiques. Pour préparer des aides techniques
2121 lacune nous frappe, dans un tout autre ordre, qui est celui des faits plus que des méthodes.   3. Les relations culturelles
2122 s sur la base des ensembles culturels, ou régions Est et Ouest, Occident et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles
2123 els, ou régions Est et Ouest, Occident et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles ne correspondent pas à des réalités
2124 hrétienne, origine culturelle européenne. Mais il est clair que dans le dialogue avec l’Afrique noire, ou l’Inde, ou la Chi
2125 s très différentes, parfois opposées. La Russie s’ est séparée politiquement de l’Occident, mais elle en exagère certains tr
2126 sme sans mauvaise conscience, etc. Les États-Unis sont à la fois plus matérialistes et plus idéalistes-moralistes que l’Euro
2127 ard des régions différentes de la planète. L’Asie est un concept européen, et ne possède pas d’autre unité certaine, en deh
2128 inégalement profondes le Centre, le Sud-Est et l’ Est du continent. Il est difficile de trouver un dénominateur commun aux
2129 s le Centre, le Sud-Est et l’Est du continent. Il est difficile de trouver un dénominateur commun aux problèmes de l’Inde e
2130 rs des « champs d’étude intelligibles » (Toynbee) sont à la fois moins vastes et moins vagues que le binôme Orient-Occident 
2131  ; et pour répondre aux questions d’étrangers, on est amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème
2132 e pour des ensembles comme l’URSS et les USA, qui sont fortement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’impose le Par
2133 me l’URSS et les USA, qui sont fortement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’impose le Parti à des peuples très di
2134 ale qu’impose le Parti à des peuples très divers, soit par le brassage continuel d’une population d’origines variées, ainsi
2135 can way of life. La culture de ces deux ensembles est facile à « présenter », parce qu’elle s’est constituée en somme selon
2136 mbles est facile à « présenter », parce qu’elle s’ est constituée en somme selon les principes de la propagande éducative —
2137 pes de la propagande éducative — celle-ci pouvant être la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il n’en va pas de même
2138 . Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’ est efforcé depuis un siècle de former vingt « consciences nationales »,
2139 ttachés culturels nationaux, mais pas un seul qui soit chargé de représenter l’Europe. Un morcellement comparable risque de
2140 cis ou à leurs talents. Et pourtant, même si l’on est persuadé que le vrai dialogue s’institue au niveau des expériences sp
2141 t, et que les rencontres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de ce
2142 es souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de centres analogues au CEC d
2143 des cultures. La mission de ces centres régionaux serait triple : — réunir une documentation bien sélectionnée et de consultat
2144 il suffit le plus souvent que le Centre sache où sont les sources existantes de renseignements sur un sujet donné et puisse
2145 sujet donné et puisse y faire appel quand besoin est . (À titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions
2146 pel quand besoin est. (À titre d’exemple : le CEC est en mesure de répondre aux questions qu’on lui adresse sur les organis
2147 rganisations européennes officielles, parce qu’il est en relations constantes avec leurs services d’information. En revanch
2148 communs à tous ses peuples ou pays. Ces ouvrages seraient ensuite traduits dans les autres régions, par l’intermédiaire de leur
2149 par l’intermédiaire de leur centre culturel. Ils seraient conçus en vue de l’information des éducateurs, publicistes, assistant
2150 de capitales, auprès de services officiels qui ne sont pas toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équipés
2151 s toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équipés pour répondre à des demandes personnelles ou à des questi
2152 nt sur l’ensemble de leur région). Les centres ne seraient pas nécessairement eux-mêmes les « interlocuteurs responsables » dont
2153 esponsables » dont on a vu la nécessité, mais ils seraient en tout cas les moyens de détecter ces interlocuteurs (parfois de les
2154 tion, statut, etc.) fournit un précédent qui peut être instructif pour d’autres régions, mutatis mutandis. De toute manière,
2155 mps utile, avant que l’on vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir négligé les condit
2156 res », Genève, avril 1962, p. 5-18. co. Le texte est introduit par la note suivante : « Au mois d’août 1961, le document d
2157 vail que nous reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les personnalités invitées à prendre part au colloque
71 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
2158 Introduction au colloque Vous remercier d’ être venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routin
2159 ercier d’être venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routine. Je sais ce que représente pour chacun
2160 es à voyager et à travailler en groupe, au lieu d’ être consacrées à la détente d’un weekend, au travail personnel, ou à la m
2161 nd, au travail personnel, ou à la méditation, qui est à la fois le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous êtes ici
2162 le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous êtes ici ce matin, c’est que vraiment vous êtes conscients de l’urgence et
2163 i vous êtes ici ce matin, c’est que vraiment vous êtes conscients de l’urgence et de l’importance de dialoguer sur ce dialog
2164 ce de dialoguer sur ce dialogue des cultures, qui est l’une des grandes tâches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur
2165 en deux mots qu’il existe depuis onze ans, qu’il est une entreprise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que sa « 
2166 tique » — j’entends sa policy, au sens anglais —- est ainsi définie par ses statuts : « contribuer à l’union de l’Europe en
2167 e les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous sommes efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches communes ceux q
2168 at, ou d’une politique nationale ou partisane. Il est tout naturel que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à dial
2169 u nom d’autres ensembles culturels. Mais la tâche est immense, et avant de l’aborder de front, nous avons réfléchi, hésité,
2170 avons donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait commencer, pratiquement
2171 . Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’ est . Permettez-moi, à ce propos, quelques mots d’explication sur la maniè
2172 uelques mots d’explication sur la manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de person
2173 manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de personnalités, représentant cinq grandes r
2174 enir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont été empêchées, dont plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je n’e
2175 sages, raisons des absences.) Vous voyez qu’il n’ est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quand e
2176 ) Vous voyez qu’il n’est pas facile de réunir ne fût -ce qu’une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre cont
2177 nd elles viennent de quatre continents ! Et ceci, soit dit en passant, illustre bien l’une des difficultés majeures de tout
2178 entifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et
2179 éunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dir
2180 converser, sans se lancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorce
2181 u dialogue. Et tout d’abord, je voudrais que ceci soit bien clair ! Il s’agit ici d’un dialogue des cultures, et non pas d’u
2182 l’Inde — pour ne prendre que ces trois exemples — sont de nature politique avant tout. Et que, par conséquent, le dialogue d
2183 t que, par conséquent, le dialogue des cultures n’ est guère qu’un luxe, une activité secondaire et probablement vaine tant
2184 t que les tensions politiques subsistent. S’il en était vraiment ainsi, le dialogue des cultures ne pourrait jamais avoir lie
2185 y aura toujours des tensions politiques, et elles seront d’autant plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’aura pas ét
2186 ves qu’une base d’entente fondamentale n’aura pas été établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qui pourrait é
2187 ase d’entente. Même si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le dev
2188 sur le déroulement immédiat des événements. On ne tiendrait aucun compte des solutions que nous pourrions proposer, et d’ailleurs
2189 e nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre telle ou telle
2190 réalités beaucoup plus durables et profondes, qui sont nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propre
2191 r. Or ces réalités qu’on peut appeler culturelles sont les sources profondes des grands malentendus qui opposent nos régions
2192 La méconnaissance de ces réalités « culturelles » est ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, e
2193 dialogue véritable, et un dialogue organisé. Qu’ est -ce alors qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite que cela ne
2194 itable ? Disons tout de suite que cela ne saurait être une succession de monologues, si éloquents et enflammés soient-ils. V
2195 ccession de monologues, si éloquents et enflammés soient -ils. Voilà pourquoi nous n’avons pas voulu convoquer aujourd’hui un g
2196 ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’ est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commen
2197 l me semblait que les participants « jouaient » à tenir un congrès ou un séminaire, jouaient à tenir leur rôle de congressist
2198  » à tenir un congrès ou un séminaire, jouaient à tenir leur rôle de congressiste. L’art du colloque me paraît être, curieuse
2199 rôle de congressiste. L’art du colloque me paraît être , curieusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque,
2200 lus rapide, plus spontané et plus efficace ? Nous sommes assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous
2201 ordre du jour de ce matin. Premier point : Quels sont les motifs généraux du dialogue, résultant de la situation actuelle d
2202 ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa position gé
2203 té du dialogue, car alors la condition principale est acquise : les volontés sont alertées, les imaginations travaillent. N
2204 a condition principale est acquise : les volontés sont alertées, les imaginations travaillent. Nous pourrons vérifier et pré
2205 a première page du document de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une part,
2206 u document de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une part, la mise en contact
2207 Bien entendu, d’autres motifs peuvent et devront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous deman
2208 eut aussi que certains d’entre vous demandent que soit précisé le sens du terme cultures (au pluriel), dans le contexte du d
2209 e nous pourrons aborder le deuxième point : Quels sont les motifs spécifiques du dialogue, pour chaque région ? Ceci nous d
2210 ’elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points — motifs généraux et motifs région
2211 rs points — motifs généraux et motifs régionaux — sont étroitement connexes. Cependant, je vous propose d’essayer tout au mo
2212 er de rassembler les différents arguments qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de n
2213 t été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première position du pr
2214 l, que j’ai trouvée extrêmement heureuse : « Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans to
2215  Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un même pro
2216 nos cultures différentes, d’un même problème qui est l’industrialisation, la technique. Je parlais dans mon introduction d
2217 r quelle raison ? Parce que cette technique, elle est sortie tout de même, on l’a rappelé à plusieurs reprises, du contexte
2218 urs reprises, du contexte culturel européen. Elle est absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute no
2219 me M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tous contre la technique : je crois que ce stade est dépassé. Il y a
2220 tous contre la technique : je crois que ce stade est dépassé. Il y a eu dans la première partie du siècle une espèce de le
2221 ée de boucliers contre le matérialisme. Mais nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de la tec
2222 nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de la technique aux valeurs du contexte de culture
2223 que aux valeurs du contexte de culture dont elles sont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, entre la
2224 ont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, entre la culture dans chacune des régions différentes et c
2225 régions différentes et cette réalité objective qu’ est devenue la technique. Première forme du dialogue, première raison de
2226 as maintenant briser, dissocier, des cultures qui sont justement en train de s’autonomiser, de prendre conscience d’elles-mê
2227 d’Arboussier disait très justement que son cas n’ est pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’accéde
2228 le, avec n’importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce premier dialogue entre la technique et les cultures, ce p
2229 la technique et les cultures, ce premier dialogue est universel, et il s’agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon
2230 que sur les termes de culture et de civilisation. Est -ce qu’il y a une culture de l’universel, ou est-ce qu’il y a des cult
2231 . Est-ce qu’il y a une culture de l’universel, ou est -ce qu’il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui e
2232 t de distinguer. Il y a le phénomène culture, qui est faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous po
2233 st faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’importe que
2234 nous savons exactement ce que cela veut dire. Ce sont les hommes qui réfléchissent, harmonisent, concrétisent et créent. En
2235 laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’unif
2236 , c’est-à-dire de l’union dans la diversité. Nous sommes tous en faveur de la différenciation, de la prise de conscience des c
2237 onflit. Ici apparaît la nécessité du dialogue. Il est très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut p
2238 ité du dialogue. Il est très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à des ruptures, comme
2239 versité. Et là-dessus, je crois que tout le monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ai excessivement simplifié ? Voi
2240 niversel, évitant à la fois l’uniformisation, qui est le risque de la technique, et la création de monades nationalistes. S
2241 et la création de monades nationalistes. Si vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
2242 ropéenne que prépare actuellement le CEC, et qui sera publiée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’a retenu, à de ra
2243 uerre. Le critère adopté pour établir cette liste est des plus simples : ont été cités les ouvrages qui, dans tous les doma
2244 ur établir cette liste est des plus simples : ont été cités les ouvrages qui, dans tous les domaines, traitent de l’ensembl
2245 l’ensemble européen et de sa problématique ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils
2246 dans l’aire géographique de l’Europe mais qui ne sont pas étudiés et situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; ceux qui
2247 , ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages
2248 e titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rub
2249 et est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis en seize rubriques, dont voici la liste : L’ensemble europée
2250 éralisme — Économie — Les nations et l’Europe — L’ Est européen — L’Europe et le Monde — Répertoires, Index, Guides. On pour
2251 temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titres qui intéressent sa spécialité et les branches connexes de
2252 ouvrage, son niveau scientifique, et s’il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore,
2253 eau scientifique, et s’il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un r
2254 et s’il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un rôle déterminant da
2255 ine européenne du livre De cette bibliographie seront extraites (et publiées dès mars 1963, en brochure) des listes de 100
2256 nauté internationale des libraires, dont le siège est à Delft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seron
2257 eurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seront invitées à composer des vitrines « européennes ». Des prix seront déc
2258 à composer des vitrines « européennes ». Des prix seront décernés lors d’une cérémonie de clôture qui sera tenue à Genève. Le
2259 oute un peu. (Mais il y a bien d’autres raisons d’ être optimiste.) Défauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont é
2260 éfauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite entaché
2261 raphie, et surtout de hiérarchie des valeurs. Ils sont parfois pleins de redites, chacun se croyant tenu de refaire l’histor
2262 sont parfois pleins de redites, chacun se croyant tenu de refaire l’historique de la construction européenne, de la CECA, du
2263 s son appréciation personnelle a posteriori ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un peu
2264  ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un peu de rigueur, ou de modestie. Enfin et surto
2265 de rigueur, ou de modestie. Enfin et surtout, ils sont dépourvus pour la plupart de ce style de pensée créatrice qui serait
2266 ur la plupart de ce style de pensée créatrice qui serait seul capable d’entraîner une adhésion efficace à la cause. La préoccu
2267 cace à la cause. La préoccupation craintive de se tenir « les pieds sur la terre » leur coupe les ailes. L’homme d’action mar
2268 iles. L’homme d’action marche, court et vole ; il est d’abord un visionnaire. Sans visionnaires à la Colomb, pas d’Europe,
2269 teurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’ est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à
2270 ait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’être t
2271 combler, et quels problèmes nouveaux attendent d’ être traités. Ils pourraient établir une politique des publications sur l’
2272 son nom, c’est à cause de certaines erreurs qu’il sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à un seul
2273 sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à un seul éditeur par langue la qualité de membre du pool.
2274 in craignaient que les premiers titres retenus ne soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés sur ce de
2275 ient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succès qu’ont r
2276 u départ, puis écartés finalement par le pool. Il est juste d’ajouter que l’intérêt pour les publications « européistes » s
2277 l’intérêt pour les publications « européistes » s’ est fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’aut
2278 en pool, mais pour une seule espèce de livres qui sont de grands volumes illustrés. De même, le groupe d’éditeurs54 qui publ
2279 d’éditeurs54 qui publie la collection Eurolibri s’ est spécialisé dans le domaine de l’économie et du droit économique. Il s
2280 nc qu’une politique de l’édition « européiste » n’ est pas seulement souhaitable mais possible, moyennant une souplesse suff
2281 conviendrait d’encourager ou de susciter, — tels seraient , à notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition.
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
2282 conduisant à l’idée d’une telle campagne avaient été souvent exposées dans les publications du CEC, notamment dans le Guid
2283 peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pa
2284 ue cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs de Na
2285 les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon,
2286 la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se
2287 est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocra
2288 ne démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les S.A.
2289 ieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. ⁂ Au terme d’un co
2290 n. ⁂ Au terme d’un colloque universitaire qui se tint à Genève en mai 1961 sous les auspices de la Journée européenne des é
2291 éennes et du CEC, la formation d’un groupe ad hoc fut décidée, en vue de lancer la Campagne. Le colloque venait en effet de
2292 ieurs ministères de l’Éducation, le groupe ad hoc tint sa première séance à Genève les 5 et 6 janvier 1962. Il élabora le pl
2293 imetière et mis au point par le groupe ad hoc put être envoyé aux ministères dès la mi-janvier 1962. Le séminaire sur les mé
2294 tages internationaux. Le premier de ces stages se tint à Bruxelles en début janvier 1963 sous les auspices et avec l’appui d
2295 (octobre). Entre-temps, les réponses à l’enquête étaient parvenues au CEC, dans les délais prévus, à quelques semaines près. C
2296 ns financiers nécessaires. Ces derniers devraient être empruntés, à mon avis, au budget d’une défense nationale bien compris
2297 c le moral d’un pays, son tonus civique), mais il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans
2298 le suggestion dans les réponses officielles. Nous sommes encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassurant, c
2299 s encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassurant, c’est la bonne volonté manifestée par tous les minist
2300 éducation. Cette réaction positive, sans réserve, est particulièrement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenu
2301 rement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil de l’E
2302 t frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil de l’Europe.
2303 enne, pour résoudre des tâches nationales, et qui étaient même, naguère, le domaine réservé des influences les plus nationalist
2304 ouverture déclarée sur un avenir européen, telles sont les deux conclusions majeures qui me paraissent résulter de notre enq
2305 e. C’est dire que la Campagne d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter
2306 d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou p
2307 ces ressources. 55. Les organismes dont le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution
2308 ganismes dont le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution au financement du groupe ad ho
74 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
2309 u jeune Institut d’études européennes qui vient d’ être créé dans ses murs. D’autre part, l’initiative hardie de M. Roger Big
2310 tion européenne des festivals de musique, dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif
2311 dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif d’un genius loci, d’un climat régional, ma
2312 1962. ⁂ L’intérêt très particulier de ce Colloque tenait d’abord à sa composition : professeurs d’université, compositeurs de
2313 rocher à un colloque dont les ambitions initiales étaient d’ordre culturel, et qui a si bien réussi, au surplus, à mettre en év
75 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
2314 orciez de créer une métropole locale. Le paradoxe est purement apparent. En réalité, ce qui se produit maintenant avec l’ou
2315 enant avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’ est qu’un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe les
2316 tion du cadre national, surtout dans les pays qui étaient fortement centralisés, comme la France, et une libération des diversi
2317 on des diversités régionales. Les deux phénomènes sont concomitants à mon avis. Si vous diminuez l’importance des frontières
2318 arabe, ou de celle de l’Inde, toutes ces cultures sont en présence d’une même menace ou d’un même défi : la civilisation tec
2319 technologique, qui a fait le tour du monde. Elle est née en Europe de toute évidence, dans le contexte de la culture europ
2320 s le contexte de la culture européenne, mais elle est en train de s’objectiver, de se détacher de cette base, de ce foyer c
2321 détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’a été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes traditions cu
2322 des représentants de cultures très diverses, nous sommes tous colonisés par cette même civilisation technologique et nous devo
2323 ibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien que l’Occident ait une tradit
2324 hnique destructrice de la civilisation. Mais nous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrè
2325 d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrès, en ce sens qu’elle augmente à la fois les risques de la c
2326 trouvent des moyens de diffusion prodigieux, qui étaient inimaginables il y a vingt ou trente ans. Le développement du livre d
2327 quante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’ est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, donc à peu près un m
2328 arrivons au moment où la technique, parce qu’elle est suffisamment poussée, développe enfin ses effets véritables qui sont
2329 oussée, développe enfin ses effets véritables qui sont de créer des loisirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir sera
2330 isirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir sera occupé ou par des radios plus ou moins abrutissantes, ou bien par des
2331 ou de la porter bien au-delà des milieux où elle était cultivée, si je puis dire, autrefois. Les chances augmentant en même
2332 elques mots à la question très pertinente qui m’a été posée par le professeur de Vernejoul, concernant les rapports de la t
2333 s, des préoccupations de ce colloque. La question était la suivante : est-ce que la spécialisation résultant de la technique
2334 s de ce colloque. La question était la suivante : est -ce que la spécialisation résultant de la technique n’est pas un dange
2335 que la spécialisation résultant de la technique n’ est pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la te
2336 la technique n’est pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la technique apporte beaucoup à la culture
2337 apporte beaucoup à la culture ? La spécialisation est certainement un danger pour le spécialiste, dans la mesure où cela le
2338 mble des activités humaines. Le spécialiste qui n’ est que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la
2339 ue cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la culture qui est, en fin de compte — je crois que c’est
2340 travail insensé. Il est perdu pour la culture qui est , en fin de compte — je crois que c’est la définition la plus simple q
2341 ialisation technique, il faut bien le signaler, n’ est pas moins dangereuse pour la technique elle-même que pour la culture.
2342 s techniques, que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupe
2343 éventail très large de curiosités variées, et qui sont amenés par ces curiosités à faire des découvertes, à trouver du neuf
2344 trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leurs spécialisations. Les plus grands sa
2345 e possibilité d’option pour les étudiants, ils en sont venus à restaurer les études générales ; à tel point que, dans un ouv
2346 l « d’humanités », mais simplement parce que nous sommes conduits, par les nécessités mêmes du progrès technique et de l’inven
2347 ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul geste, comme l
2348 décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’ était que « le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait
2349 strie, la période du charbon. Maintenant que nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité, de l’électr
2350 usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’a pas été obtenue par le marxisme mais par le développement même de la techniqu
2351 e, entre la technique et la culture, les liens ne sont pas seulement souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ils s
2352 aitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ils sont vitaux pour la technique et par suite pour l’industrie elle-même. Pas
2353 , le long du grand axe commercial de l’époque qui était Venise-Bruges. Elles se développent dans les Flandres, redescendent p
2354 volution économique. Notons que ces évolutions ne sont jamais parties d’une base « nationale » au sens contemporain du terme
2355 t une quantité de nos frontières actuelles, qui n’ étaient pas les mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont
2356 foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les créations d’artistes évidemment individuels, mais attirés par un
2357 ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontièr
2358 s de production renforcée, des « métropoles » qui soient autant d’expressions locales ou régionales de la culture humaine, dif
2359 ct de la culture fondamentale et commune. Quelles seront alors les fonctions possibles d’une métropole en général ? Serait-ce,
2360 fonctions possibles d’une métropole en général ? Serait -ce, par exemple, d’apporter la culture à la population d’un lieu ? Ou
2361 ense pas que la fonction première d’une métropole soit d’apporter la culture dans une région comme celle d’Aix-Marseille, qu
2362 à la création d’un grand foyer de production, qui serait la métropole. J’insiste sur ce mot participation. La culture, c’est q
2363 ’est quelque chose à quoi l’homme participe, ce n’ est pas seulement quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne peu
2364 d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui n’ est pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent, d’un p
2365 va naturellement bien au-delà de sa source. Il n’ est pas destiné seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à ceux
2366 re ou à ceux qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et assurer les communications, les échanges et le
2367 mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’est pas eux, c’est le res
2368 oient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’ est pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce qu’
2369 t pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce qu’elle est d’abord expression, et qui dit expression d
2370 du monde. Toute culture est échange parce qu’elle est d’abord expression, et qui dit expression dit communication, tendance
2371 cours de la Renaissance italienne ou flamande. Qu’ est -ce que ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse à
2372 . Aujourd’hui, dans le cas d’Aix-Marseille, quels sont les éléments déjà existants ? Vous avez un festival, des revues, une
2373 rix, des compétitions diverses. Toutes choses qui sont chères, toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exigent
2374 Le climat, il existe ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont
2375 xiste ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissan
2376 l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissan
2377 t dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l
2378 our. La culture et l’éducation, je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investissement pour
2379 tie elle-même son rayonnement. Autrement, elle ne serait qu’une succursale plus ou moins lointaine de la capitale nationale qu
2380 de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce qu’ était autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d’Anvers ou d
2381 de Bruges au temps de la Renaissance, ou à ce qu’ étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un temple sur l’
2382 fier un temple sur l’Acropole ou à Delphes ? Quel est l’équivalent moderne de ce mécénat ? C’est la « fondation », de type
2383 la « fondation », de type américain. Elle paraît être la formule de coopération idéale entre l’économie et la culture. Elle
2384 ation idéale entre l’économie et la culture. Elle est nourrie par l’économie, qui à travers elle dirige ses dons vers la cu
2385 de la fondation Ford, nourri par les usines Ford, est actuellement de quatre milliards et demi de dollars ; je tiens ce chi
2386 ement de quatre milliards et demi de dollars ; je tiens ce chiffre d’un de ses directeurs. Cette fortune provient d’une mesur
2387 te fortune provient d’une mesure très simple, qui est la détaxation des revenus versés à une fondation. En dotant richement
2388 est l’État qui fait le sacrifice, mais l’habitude est prise en Amérique, et, à part quelques enquêtes gênantes au Congrès o
2389 leur politique, tout se passe très bien. La chose est parfaitement admise et considérée comme bénéficiaire pour l’ensemble
2390 itions analogues en Europe. Un projet de loi doit être déposé à cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à généralis
2391 ojet de fondation dans la métropole Aix-Marseille serait un test qui permettrait de mesurer la vitalité de cette métropole, c’
2392 nt le secteur industriel et le secteur culturel y sont réellement conscients de leur interdépendance vitale, de ce qu’ils do
2393 économie régionale, non pas dans l’espoir qu’elle soit acceptée ni même discutée sérieusement aujourd’hui, mais parce qu’il
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
2394 nts de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui est leur civilisation et des droits que l’union seule pourra leur assurer
2395 r. Or, comment devenir citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il n’a pas encore d’institutions, de politique commune
2396 près, mais c’est à toi de commencer ! Ce dialogue est celui de tout engendrement, et en dépit de Zénon d’Élée, il aboutit s
2397 rope fait des citoyens pour ce qu’elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour la nation. Et l’on s
2398 n. Elle a donné naissance à un comité d’action où sont représentés le Conseil de l’Europe56, les Communautés européennes, la
2399 . ⁂ L’enquête sur l’état de l’éducation civique a été lancée dès janvier 1962 auprès de 19 gouvernements par les soins du s
2400 du secrétariat de la Campagne. Ses résultats ont été publiés en 196358. Tous les gouvernements consultés, sans exception,
2401 e de préparation des enseignants, qui demandent à être mieux informés et formés. ⁂ Afin de répondre aux vœux ainsi exprimés,
2402 gnants, des stages de formation de formateurs ont été préparés par le Comité et réalisés par le secrétariat de la Campagne,
2403 ès le printemps de 1962. La tâche de la Campagne est immense : il y a, dans nos divers pays des centaines de milliers d’en
2404 ns types données sur les sujets du stage), stages tenus successivement dans tous les pays de l’Europe, et portant sur les mat
2405 qu’ici, l’intérêt témoigné et l’aide apportée ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zur
2406 portée ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à Calw, l’
2407 terbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nationa
2408 appui matériel et moral. Le rôle de chaque stage est  : 1° de discuter le problème de l’enseignement civique dans un domain
2409 représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à repro
2410 ésentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’ est borné à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l
2411 ces textes et des résumés de quelques stages déjà tenus voudra bien garder dans l’esprit le fait qu’il ne s’agit que d’un dép
2412 t que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long terme. Les prochains stages auront lieu à Vienne, à Oxford, à
2413 mark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe a été représenté d’abord par M. Paul M. G. Lévy, directeur du Service d’inf
2414 ard, le Conseil de coopération culturelle (CCC) s’ étant constitué, [le Conseil de l’Europe] a délégué au comité de la Campagn
2415 e M. G. F. Connell ; les autres membres du comité sont actuellement : M. D. de Rougemont, président, directeur du CEC, Mme A
77 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
2416 Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)cx Je ne suis pas du tout géographe, donc pas du tout compétent pour introduire le
2417 i j’avais le bonheur de retourner à l’école, et d’ être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne que la
2418 Allons donc ! C’est l’histoire du trait d’union : est -ce qu’il sépare deux mots, ou est-ce qu’il les unit ? L’historien nat
2419 trait d’union : est-ce qu’il sépare deux mots, ou est -ce qu’il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’il les sépare. L
2420 la « nature des choses » et des sols. « L’Europe est un continent où l’histoire a souvent violé la géographie », écrit trè
2421 oir combien sa division en nations « éternelles » est souvent arbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe est un pay
2422 rbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe est un pays de grande densité humaine : 20 habitants au km2 en moyenne da
2423 rlaient des langues un peu différentes et avaient été conquis par des rois ou des États différents. Je voudrais enfin qu’on
2424 ndraient vie. Car voici le raisonnement que je me tiens (sans doute naïf ? pas sûr) : les États actuels coupent les régions l
2425 concentrations industrielles et commerciales vont être revalorisées. Elles vont respirer, délivrées du carcan État. Elles vo
2426 ar trop de gens prétendent que le projet européen est une sorte de rouleau compresseur qui va tout mélanger et uniformiser,
2427 uniformiser, tout écraser sur son passage. Telles sont quelques-unes des questions que je pose aux professeurs de géographie
2428 nt bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’être en mêm
2429 s élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’ être écoutés avec passion, et d’être en même temps bien utiles à la cause
2430 ait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’ être en même temps bien utiles à la cause de l’union européenne. cx. Ro
78 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
2431 on la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir été donnée par Dante, en son Traité de l’éloquence vulgaire, au septième
2432 ces non seulement la Nature mais le Naturant, qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite a
2433 et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour
2434 quait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que tous ceux q
2435 jetés dans une confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter
2436 barius loquuntur). Si bien que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l
2437 que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus
2438 qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’ étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et
2439 ent refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et les t
2440 si donc, l’origine de la diversité des langues ne serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargons de m
2441 s esprits, publiée vers 1920 : « Les Européens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les donné
2442 gence à grande échelle, d’une part. Les distances sont presque annulées par la vitesse des communications. Les nations tende
2443 reconnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain no
2444 tent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain nombre de conflits peut-être
2445 e conflits peut-être atroces, mais dont l’issue n’ est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théorique
2446 nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le moteur et l’agent de ce mouvement universel de converg
2447 découvert la terre entière, et personne d’autre n’ est jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne
2448 avage. Le Droit des gens valable pour toute race, est une création de l’Europe, durant l’époque colonialiste et tout d’abor
2449 ia et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites d’As
2450 e ses techniques et procédés, et l’on se réclame, fût -ce pour les retourner contre l’Europe, de ses doctrines politiques et
2451 rononce, précisément au cœur de cette culture qui fut l’agent de la convergence mondiale, un mouvement radicalement contrai
2452 e dissociation, de division et de séparation, qui est proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plus fa
2453 univers du savoir humain, facultés et spécialités sont en train de s’éloigner les unes des autres avec une vitesse croissant
2454 est dire que la commune mesure d’une civilisation est en train de s’évanouir — j’entends par là, sa conception de l’homme u
2455 té, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont le sens corporatif, communautaire, et le sens synthétique ou universa
2456 synthétique ou universaliste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souvent fo
2457 t suffire ici : le nombre des étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit
2458 s étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans
2459 d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu varier les
2460 re avant les grands cours.) L’explosion du savoir est plus difficile à chiffrer. Robert Oppenheimer et d’autres savants amé
2461 ntifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire, sont vivants aujourd’hui. Et Louis Armand me disait un jour : si vous et m
2462 lié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour images, sont
2463 es données numériques, que je prends pour images, sont probablement vraies en gros dans le domaine des sciences exactes (mat
2464 eut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’ est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie
2465 ormalement quand les informations ne peuvent plus être échangées entre les branches du savoir, ou entre les rameaux d’une mê
2466 rapportés à quelque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exempl
2467 lque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustr
2468 d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien, ne serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce que to
2469 ns du physicien et la dogmatique de l’Église doit être estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien ne
2470 physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théologie, et fort probablement ne s’en souciera
2471 de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’ est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne s
2472 pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’ être abandonnée, elle attire une foule croissante de travailleurs et de cu
2473 État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédiates, qu’on l’agrandisse !
2474 grandisse ! Les crises de croissance n’ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent au contraire
2475 son. Mais il y a le point de vue de l’esprit, qui est différent. L’esprit humain, et particulièrement l’esprit européen, ne
2476 ici l’interprète. L’incommunicabilité des savoirs est ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure
2477 rcément partielles, susceptibles à tout instant d’ être mises en question, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne
2478 hodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’ être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pa
2479 de pièces et de morceaux que seuls les vêtements tiendraient ensemble, ou la force de l’habitude ! Nul principe de cohérence organ
2480 osseuse, et très peu d’articulations… Au vrai, il est devenu presque impossible de répondre à une telle question, et c’est
2481 la fois, sans choix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de
2482 ix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de l’Université, et
2483 répondre. Le problème qu’on soulève ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absol
2484 a, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l’image du monde communément admise. La plural
2485 sation de la philosophie et de la recherche qui s’ est manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie siècle —
2486 r dans quelle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse co
2487 parition de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme,
2488 est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet
2489 qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’est produit, autant que
2490 ait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’ est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homogène
2491 ’Amérique précolombienne. Dans ces cultures, tout est sacré. La distinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens que sage
2492 esse spirituelle, science, éthique et esthétique, sont réglées par les mêmes lois et ne connaissent pas de développements pa
2493 liers et divergents. L’originalité, pour elles, n’ est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécuti
2494 passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se récus
2495 relles dans l’Occident christianisé — alors qu’il est clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellem
2496 istianisé — alors qu’il est clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellement illusoires n’allait pas p
2497 ter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicien et
2498 tion et du Progrès, il faudrait que le théologien soit capable de se référer non seulement aux conciles et aux textes sacrés
2499 uels sur le temps, la matière et sa constitution, est étrangement homologue à celle des grandes querelles théologiques de N
2500 s, un sujet qui demanderait de gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c
2501 rs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’ est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence de l
2502 éen par excellence de l’union dans la diversité n’ est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’
2503 , dans sa forme fédéraliste, non unitaire, que je tiens pour la seule possible et désirable. ⁂ Comment résoudre ce problème d
2504 és me paraissent assez évidentes. La généralité n’ est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans
2505 ramifications interdisciplinaires de ce que l’on est en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte, même pro
2506 n est en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’à une moye
2507 consisterait à réfréner la spécialisation. Je la tiens également pour illusoire. Certes, on peut soutenir que la spécialisat
2508 tion du savoir, loin de représenter un progrès, n’ est littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un or
2509 i-ci exorbitant : perdre de vue l’ensemble humain est une perte absolue, essentielle, que tous les gains partiels, addition
2510 la recherche la plus hautement spécialisée qui s’ est vue conduite par les nécessités internes de son cheminement à débouch
2511 tudiant le principe de l’irréversibilité du temps est amené à écrire « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est t
2512 « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étriquée ; et que la Physique de demain risque de se trouver obl
2513 d’entre eux l’ont écrit. Une phrase de Spinoza s’ est fixée dans mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous conn
2514 orer, elle me paraît rendre compte du fait que ce sont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus loin d
2515 en soi acquis par les spécialités. Toute synthèse est un acte créateur, intervenant au carrefour de plusieurs vérités hétér
2516 tre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des disciplines dive
2517 ptimum des participants de tels groupes me paraît être , à l’expérience de nombreux colloques portant sur des sujets interdis
2518 eaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’ est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — car
2519 Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’i
2520 e la fécondité de leurs interférences. Ces hommes seront d’abord des spécialistes, et qui prouveront leur excellence en tant q
2521 conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’ être seulement des spécialistes. Favoriser ou fomenter ce type humain, lui
2522 utre par des facteurs quantitatifs irréversibles, serait de multiplier sans plus tarder le nombre des établissements d’enseign
2523 supérieur. D’une part, les universités existantes seraient progressivement libérées de leur engorgement, d’autre part les dimens
2524 , me semble-t-il, les rapports d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde à l’esprit la règle d’or de la culture européen
2525 rit la règle d’or de la culture européenne, qui n’ est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations personnel
2526 munautaire et de tout bon travail en commun, l’on sera conduit à préférer la multiplication de petites universités à la mult
2527 d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’ est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociologue
2528 million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, s
2529 ys d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le Danemark, l’Autriche, les Pays-Bas et la S
2530 as plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y compris les universités. Mais sur le problème de l’explosion
2531 rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans les
2532 re supranationale. J’en imagine le prototype, qui serait une tour d’anti-Babel. Dans un grand parc, près de la mer, ou d’un la
2533 vités intellectuelles de cette communauté peuvent être définies à grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cour
2534 es risques et périls : toute déclaration publique est obligatoirement suivie d’une discussion réglée ; ici l’on n’impose pa
2535 à la même spécialité. Et quant au contenu : seuls sont portés au programme les sujets par essence interdisciplinaires. J’ent
2536 sciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques.
2537 Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’étais jugé digne de part
2538 rais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’ étais jugé digne de participer aux activités de la commune. 1. Les options
2539 ventions ou découvertes de la science et des arts sont -elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utili
2540 us tiriez de mes propos, cet institut de synthèse serait idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, depui
2541 our fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul
79 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
2542 civiles européennes. Le motif dominant de l’union était alors de rendre impossible une nouvelle guerre franco-allemande : le
2543 motif planétaire. L’idée maîtresse qui l’inspire est la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et réalise sa vo
2544 ’inspire est la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et réalise sa vocation particulière dans le monde nouveau-né
2545 eau et aux cultures différentes une Europe qui ne soit ni impérialiste ni démissionnaire, ni agressive ni masochiste, et pou
2546 ltures entrant en dialogue, et admettant qu’elles sont autant de manifestations valables, précieuses et nécessaires, autant
2547 d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, par la faute ou par la vertu de nos
2548 nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le suje
2549 qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue est immense
2550 erdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue est immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à tou
2551 l’humanité. Le sujet du dialogue est immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les confusio
2552 onter honnêtement. Un petit groupe d’animateurs s’ est réuni à Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming »,
2553 e 300. Près de 200 ont accepté, et finalement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde à f
2554 alement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais sont occupés dans le tiers-monde à faire ce dont nous tentons ici de mieux
2555 mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’ est ensuite occupé de sonder l’opinion de nos élites, et de réunir des ra
2556 ons inévitables. Une cinquantaine de rapports ont été demandés. Quarante-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous
2557 uit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est dire qu
2558 uelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est dire que la réponse a dépassé la demande,
2559 ard, qui explique le déluge de papier auquel vous êtes soumis en dernière heure, plus de 800 pages de texte, y compris le Bi
2560 n matière culturelle. Ces quelque 50 rapports ont été attribués à une première série de quatre commissions chargées de disc
2561 opéennes reconsidérées dans une optique mondiale, sont attribués une quinzaine de rapports. On peut les répartir en quatre g
2562 é des hommes, de la liberté et de l’esclavage. Il était juste de relever d’abord le rôle décisif qu’ont joué les Européens, e
2563 monde, comment et pourquoi ces sous-développés qu’ étaient les Européens du Moyen Âge et de la Renaissance par rapport aux Arabe
2564 tures des autres continents et celles de l’Europe est traitée par deux ou trois rapports, qui décrivent la faculté d’assimi
2565 tre excusant son absence forcée de ce congrès, il est en Chine ces jours-ci) critiquent vivement toute tentative d’affirmer
2566 ures orientales, dont on se demande si ils ne les tiennent pas, au fond et systématiquement, pour supérieures à la nôtre, par un
2567 en faveur de l’une et de l’autre attitude. Car il est bien certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’
2568 pour lui faire la leçon, que toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire observer que des Européens,
2569 e toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire observer que des Européens, presque seuls, ont pu pens
2570 t pu penser cela ! Toutes les grandes cultures se sont considérées, partout et de tout temps, comme la vraie, la seule, l’hu
2571 e, la seule, l’humaine par excellence. Les autres étaient barbares et plus ou moins grossières. Seuls les Européens, dès le xvi
2572 contextes culturels. Une douzaine de rapports lui sont attribués, traitant surtout des effets de l’adoption par le tiers-mon
2573 ns que les conditions d’une transposition valable soient réunies. La troisième commission va s’atteler à la tâche capitale d’u
2574 développement. Cinq rapports très importants lui sont soumis, et il me semble que chacun à sa manière, si différentes que s
2575 emble que chacun à sa manière, si différentes que soient ces manières et si opposées qu’elles puissent paraître, ces cinq rapp
2576 ître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui est de mettre en question les clichés de l’économisme pur et d’un philant
2577 l’économisme pur et d’un philanthropisme naïf. Ce sont les travaux de cette commission qui, personnellement, me passionnerai
2578 re, mais aussi les plus naïves questions à poser. Est -il certain, par exemple, que le développement industriel et technique
2579 industriel et technique sur le modèle occidental soit une nécessité universelle et nécessairement bénéfique ? Les calculs q
2580 lle et nécessairement bénéfique ? Les calculs qui sont à la base de l’aide au développement par les Occidentaux ne reposent-
2581 ent industriel et technique de l’Occident moderne est -il une mesure fixe, comme le kilo, le mètre ou l’erg, à laquelle on p
2582 rs savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’on nomme leurs besoins éléme
2583 is de l’économie s’effondrent, si justes qu’elles soient localement dans un milieu convenablement conditionné et réglé, comme
2584 ême coup radicalement faussées. Cette hypothèse n’ est pas gratuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avant n
2585 édique, de 1500 à 500 avant notre ère, l’économie était en plein développement — et nous n’étions alors que des sauvages — lo
2586 économie était en plein développement — et nous n’ étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme, bientôt
2587 pement économique d’une culture donnée ne saurait être évalué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaient pareils et
2588 valué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaient pareils et comme si leurs croyances et leurs options fondamentales de
2589 urs rites, manger leurs vaches et continuer à les tenir pour sacrées. Il y a plus grave encore et l’on y viendra avec les rap
2590 ell nous répètent depuis Hiroshima que l’humanité est menacée d’extinction par la Bombe, et ce danger virtuel d’explosion a
2591 el et présent de l’explosion démographique. Ce n’ est pas l’extinction du genre humain mais sa prolifération incontrôlée qu
2592 grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vous sont soumis insistent sur la priorité qu’il faudrait donner à une planific
2593 ous-développés, car, sans la première, la seconde est désespérément illusoire, et peut même aggraver rapidement la famine q
2594 e qu’elle voulait prévenir à n’importe quel prix, fût -ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous parlerai pas ce matin des
2595 ngrès, et que le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et disons-le, si formidable, au sens étymologiq
80 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
2596 voilà qui va de soi et personne ne demandera quel est le lien entre ces matières et la préparation civique des élèves. Mais
2597 ine du jeu, et les dures nécessités concrètes qui sont celles de la vie publique et civique — domaine du sérieux. On pourra
2598 artage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et civisme n’est pas évident pour t
2599 st certain que le lien entre culture et civisme n’ est pas évident pour tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît à p
2600 paraît à première vue un peu surprenant, si ce n’ est inquiétant… J’estime donc opportun de poser le problème en toute fran
2601 lités. Je voudrais vous montrer comment, si elles sont bien comprises, elles convergent et s’appuient mutuellement dans l’op
2602 générations confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’ est -ce que le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot —
2603 crois qu’on peut le définir par un seul mot — qui est le mot-clé de la doctrine de Proudhon, ancêtre de la nouvelle école d
2604 des réalités politiques, afin que l’Europe puisse tenir sa juste place dans la communauté globale du genre humain. Le civisme
2605 mais où ils prennent la parole ! Participer, ce n’ est pas seulement prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’est
2606 endre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’ est pas seulement recevoir, c’est aussi donner. L’enfant, l’élève, le fut
2607 ivique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet
2608 ut cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’ est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se
2609 se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa place selon ses dons et ses possibilités, en tant que citoyen à la
2610 , le citoyen d’une de nos démocraties, ne saurait être un vrai démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’il ne compren
2611 sion personnelle. Juridiquement, un homme ne peut être tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au
2612 personnelle. Juridiquement, un homme ne peut être tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au mome
2613 pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle action, et q
2614 ment, un homme ne saurait se sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’était pour faire quelque chose ou pour refuse
2615 sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’ était pour faire quelque chose ou pour refuser de faire quelque chose, le l
2616 ise et s’actualise dans la responsabilité, que ce soit pour le bien ou pour le mal, pour l’honneur ou pour le châtiment. L’i
2617 l’honneur ou pour le châtiment. L’irresponsable n’ est pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’est pas responsable. C
2618 st pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’ est pas responsable. Cette liaison fondamentale et indissoluble de la lib
2619 ndissoluble de la liberté et de la responsabilité est le trait caractéristique du civisme européen. Elle représente la sant
2620 de la démocratie, dont les deux maladies typiques sont l’individualisme anarchique et le collectivisme tyrannique. Dans le p
2621 ivisme tyrannique. Dans le premier cas, l’homme n’ est pas responsable, dans le second, il n’est pas libre. Ni dans le premi
2622 homme n’est pas responsable, dans le second, il n’ est pas libre. Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne sa
2623 mier, ni dans le second de ces cas, il ne saurait être considéré comme un citoyen véritable. De ces définitions de base résu
2624 s les civilisations sacrées et les totalitaires n’ est en somme qu’un immense catéchisme, un apprentissage des règles et des
2625 stion non seulement de la manière dont les règles sont appliquées, mais des règles elles-mêmes, c’est-à-dire un entraînement
2626 t critique. Ainsi le rôle de l’éducateur européen est double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventio
2627 . Ces deux exigences de l’éducation européenne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémentaire
2628 ne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialectique
2629 talitaires dans lesquelles il s’agit avant tout d’ être conforme, d’obéir strictement aux modèles collectifs imposés par décr
2630 ouvoir. Éduquer un enfant, au sens européen, ce n’ est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas s
2631 ent conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’ est pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir 
2632 réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’ est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (religieu
2633 n de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’ est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étr
2634 chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment ils ont été créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieuses et s
2635 uter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des technique
2636 cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis
2637 nt acquis une idée de la manière dont tout cela a été fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commencera n
2638 e : l’imitation correcte des modèles orthodoxes n’ est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemple,
2639 odèles orthodoxes n’est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les
2640 officiel sous Staline. L’imitation, en Europe, n’ est qu’un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la personna
2641 ré. Dès la Renaissance donc, le créateur européen est celui pour qui l’art n’est plus seulement l’illustration des vérités
2642 , le créateur européen est celui pour qui l’art n’ est plus seulement l’illustration des vérités orthodoxes, et des symboles
2643 un poète, un musicien, veut d’abord dire ce qu’il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en même te
2644 même temps il publie, il expose, il ambitionne d’ être joué en public, c’est-à-dire qu’il cherche aussi l’approbation et la
2645 toyen actif ou de l’artiste créateur, le problème est le même dans sa forme et dans ses étapes dialectiques. Il s’agit d’ab
2646 requises pour maintenir cet équilibre en tension sont les mêmes dans les deux cas, et les déviations inévitables, rompant l
2647 les déviations inévitables, rompant l’équilibre, sont comparables, terme à terme. ⁂ Revenant maintenant aux problèmes plus
2648 angements, unité dans la diversité, semblent bien être les constituantes d’une culture vivante, et plus spécifiquement d’une
2649 el que leurs sources et modèles ! Ulysse de Joyce est une transposition de l’Odyssée au xxe siècle, et Picasso, parti de T
2650 statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’avait ress
2651 vres du passé européen et même mondial. Ceci donc est typique de l’Europe : la présence et l’action simultanées de la tradi
2652 peut en donner d’innombrables exemples, mais ils seront rarement aussi parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos
2653 tionalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe siècle.
2654 tinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’ est pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeux d
2655 e multiplient au xve siècle ; Guillaume Dufay en est l’illustration. Une nouvelle école s’épanouit dans les Flandres avec
2656 nt l’école locale ou régionale dans laquelle il s’ est formé. Roland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la France
2657 ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’ est pas devenu un peintre français du fait de l’annexion de Colmar à la F
2658 a religion qui les inspira toutes au départ, il n’ est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille é
2659 issant l’œuvre commune des Européens ; et il n’en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou intel
2660 s relâche et en toute occasion à vos élèves, ce n’ est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de falsifi
2661 vité de tous Pendant longtemps, lire et écrire fut réservé aux clercs, puis à une élite restreinte. Puis il y eut l’inst
2662 me, dans nos démocraties, tout homme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul à rester une spécialité de
2663 omme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait -il seul à rester une spécialité de luxe, réservée aux seuls artistes
2664 rs que la vie quotidienne et la cité ont besoin d’ être aménagées esthétiquement autant que socialement et politiquement. L’e
2665 ent de l’histoire des arts, depuis le romantisme, est dominé par la notion de chefs-d’œuvre ou d’œuvre individuelle faisant
2666 atailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on en est venu à séparer radicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui aur
2667 professionnels, ou d’en parler. Or une culture n’ est pas vivante et n’est pas saine, si elle reste l’activité des seuls ar
2668 en parler. Or une culture n’est pas vivante et n’ est pas saine, si elle reste l’activité des seuls artistes, savants ou éc
2669 avants ou écrivains professionnels, tout le reste étant passif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans
2670 ssif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’a pas be
2671 ante dans tous nos programmes scolaires. Car s’il est vrai comme le dirait Pascal que le principe de toute morale est de bi
2672 le dirait Pascal que le principe de toute morale est de bien penser, il faut dire aussi que le principe de toute culture c
2673 toute culture c’est de bien sentir. Tout cela se tient très étroitement. Thème conclusif L’art, comme le civisme, est
2674 t. Thème conclusif L’art, comme le civisme, est un moyen de s’exprimer librement en tant qu’homme responsable — selon
2675 it-elle commencer par là. 63. Ces déclarations sont extraites de deux conférences prononcées à Vienne, l’une en 1958, l’a
81 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
2676 liser l’enseignement au profit d’une bonne cause, fut -elle européenne, mais de le rendre conforme à son objet : or il se tr
2677 forme à son objet : or il se trouve que cet objet est un phénomène 1° européen et non pas national, 2° littéraire et non pa
2678 rive au contraire qu’une nation, au sens moderne, soit en partie le produit de certains auteurs et des propagandes qui s’en
2679 t de certains auteurs et des propagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’est pas le génie de la France du Grand Siècl
2680 ropagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’ est pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est à
2681 a réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’ est jamais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne sait qu
2682 ), ni à la réalité de la création littéraire, qui est toujours le fait d’un individu (celui-ci certes utilise des instrumen
2683 , traditions, croyances du milieu, etc., mais ils sont là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse, non
2684 sif, l’Espagnol Unamuno ! Dans tous ces cas, ce n’ est pas le passeport qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’est
2685 t qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’ est formée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’il a rejetée, ou
2686 ncore sa formation professionnelle, etc. Que ceci soit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix fa
2687 ropagande pour l’union politique de l’Europe : ce serait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseig
2688 cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europe est une unité de culture, qui s’est constituée par la confluence de plusi
2689 posée L’Europe est une unité de culture, qui s’ est constituée par la confluence de plusieurs courants civilisateurs (Pro
2690 Celtes, Germains, puis Arabes et Slaves) et qui s’ est , au cours des âges, à la fois intégrée et diversifiée. La « littératu
2691 ier (horribile dictu !), mais c’est l’inverse qui est vrai : nos littératures « nationales » résultent d’une différenciatio
2692 ter, faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3.
2693 cifiants de l’« unité intelligible » (Toynbee) qu’ est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionne
2694 ible » (Toynbee) qu’est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant
2695 domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est poésie ou prose sacrée, religieuse, rituelle, symbolique : les Vedas
2696 aztèques, incas, mandarins, aujourd’hui maoïstes) sont lus avec vénération, c’est-à-dire sans esprit critique : ceci les dis
2697 interpréter la vérité de ce texte ? Nous disons : est -ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’
2698 ce texte ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est -ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a
2699 e que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est -ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le conc
2700 se ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succès ? est -ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est do
2701 parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spécifiquement européen. Quant aux éléments communs, relevons :
2702 agit dans nos écrits : La littérature européenne est coextensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse
2703 qu’on la morcelle… Le « présent intemporel », qui est une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que la li
2704 ignifie que la littérature du passé peut toujours être active dans celle du présent. Ainsi Homère dans Virgile, Virgile en D
2705 mysticisme espagnol dans T. S. Eliot. Inépuisable est la richesse des interrelations possibles64. b) Les formes, procédés
2706 mes, procédés rhétoriques, structures. — Là, tout est commun : l’épopée, le roman d’aventures, puis d’amour ; la ballade, l
2707 tons, les genres, l’orchestre, le concert, etc., sont des créations typiques des Européens.) Cette similitude des procédés,
2708 que nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste la spécificité et l’unité fondamentale des ac
2709 ens du terme, puis la légende de Don Juan, qui en est le négatif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques, qu’on retrou
2710 artiste dans telle ville d’art, non pas l’État où était située cette ville. En revanche, les styles étaient continentaux, et
2711 était située cette ville. En revanche, les styles étaient continentaux, et sont devenus mondiaux au xxe siècle : roman, gothiq
2712 En revanche, les styles étaient continentaux, et sont devenus mondiaux au xxe siècle : roman, gothique, classique, baroque
2713 au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture, n’ est pas « française », et le style dodécaphonique ou sériel n’est pas plu
2714 ançaise », et le style dodécaphonique ou sériel n’ est pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le d
2715 st pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Mais la diversité des lan
2716 oportions. a) Nos langues littéraires, en Europe, sont étroitement apparentées (à la seule exception du groupe finno-ougrien
2717 r leurs emprunts mutuels dans l’ère moderne. Ce n’ est pas le cas pour l’Inde, encore moins pour la Chine, dont souvent les
2718 ouvent les « grandes langues » (quatorze en Inde) sont radicalement différentes les unes des autres, je veux dire sans racin
2719 fférenciation de nos littératures par leur langue est relativement récente. Le français devient langue officielle dans le r
2720 Le norvégien, l’irlandais, le turc d’aujourd’hui, sont des produits du xxe siècle. Renan a fait justice de la confusion ent
2721 rle encore sept langues en France, et le français est la langue maternelle de communautés appartenant à cinq nations différ
2722 sités linguistiques. c) Les styles et les écoles sont des facteurs de ressemblance ou de dissemblance entre auteurs non moi
2723 eurs utilisées, altérées ou rénovées. Quelles que soient les différences entre les romantiques allemands, français, anglais, i
2724 the Definition of Culture. L’anglais, selon lui, est la langue la plus riche pour un poète, parce qu’elle combine la plus
2725 en au contraire une pluralité des allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir env
2726 t faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme l
2727 ’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui
2728 lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer n’ est pas mélanger Aux nationalistes maussades ou agressifs, conservateu
2729 i prétendent redouter que l’Europe unie de demain soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle plus que l’esperanto ou le « v
82 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
2730 , ou les leur étirait à l’aide de cordes si elles étaient plus courtes que le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice
2731 les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit , il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vingt-deux
2732 ope ! » Il y a vingt-deux ans de cela. L’Europe n’ est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pourrai
2733 ndré Malraux il y a quelques mois : « Les nations sont redevenues le phénomène fondamental du siècle. L’évolution a joué et
2734 ntestablement dans le sens de la nation. »66 Il est vrai que le même André Malraux quelques jours plus tard, interrogé pa
2735 jeunes gens à la radio, répond : « Faire l’Europe est la seule chose véritablement importante de notre temps. »67 Mais qui
2736 que cette « réalité fondamentale du siècle », que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule ch
2737 é fondamentale du siècle », que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule chose véritableme
2738 t que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’ est pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’État d
2739 ’y opposent encore irréductiblement, de tout leur être de nations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siè
2740  ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’avait dit, ni
2741 n l’avait prévu, mais bien le siècle des nations, est -ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des n
2742 des nations, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien est -ce que l’on dit « le siècle des nations » comme on dirait « l’année d
2743 dirait « l’année de ma pneumonie » ? Autre chose est de constater que la réalité politique de notre temps est encore la na
2744 constater que la réalité politique de notre temps est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut
2745 de notre temps est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dess
2746 r ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont aussi des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas q
2747 maux, mais bien à faire en sorte qu’ils cessent d’ être réels. L’État-nation en crise Que les nations soient encore bie
2748 els. L’État-nation en crise Que les nations soient encore bien réelles, et très fortes à quelques égards, l’impossibilit
2749 c une évidence presque écrasante. Que les nations soient en même temps mal adaptées (pour dire le moins) à l’évolution de notr
2750 tion de notre société, la preuve incontestable en est fournie par les deux guerres mondiales, résultant du nationalisme et
2751 uscoa basque ou de la Catalogne —, crises dont il est concevable qu’elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régi
2752 il est concevable qu’elles se résolvent un jour ( soit par l’octroi d’un régime plus différencié et libéral, soit par une sé
2753 l’octroi d’un régime plus différencié et libéral, soit par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachem
2754 éral, soit par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ajoute
2755 rises plus amples et dramatiques, qui affectent l’ être même de plusieurs États-nations européens, et non des moins centralis
2756 opéens, et non des moins centralisés. La Belgique est menacée d’éclatement par les oppositions ou incompatibilités entre le
2757 Biélorussie)69. Que dire alors de la France, qui est le pays du monde le plus centralisé, mais que ses propres « Plans »,
2758 x de ses partis de gauche et de droite, le centre étant acquis depuis longtemps. Elle est plus grave et significative que la
2759 te, le centre étant acquis depuis longtemps. Elle est plus grave et significative que la revendication d’un État occitan ou
2760 p souvent confondues avec le fédéralisme dont ils sont deux négations ; l’autre d’un dépassement du fédéralisme interétatiqu
2761 urrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’ est pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grande forc
2762 qu’il y a toujours eu des États, que les nations sont immortelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’est donc poss
2763 elles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’ est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutisse
2764 c possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutissement final, logique, normal et inévitable du progrès. Pour
2765 viennent la nation, l’État, et l’État-nation qui est né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la préhis
2766 naissance de la première nation, la France, peut être datée de cette déclaration des légistes de Philippe le Bel : « Le Roy
2767 légistes de Philippe le Bel : « Le Roy de France est empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’u
2768 celle dont il se trouve qu’on peut la contrôler — sera vite suivi par les rois d’Espagne et d’Angleterre, puis par les princ
2769 lon la formule du xive siècle. Ce spectacle, qui est celui de la naissance des nations, remplit d’effroi les sages de l’ép
2770 ffroi les sages de l’époque. « Ô genre humain, tu es devenu un monstre aux multiples têtes ! » s’écrie Dante dans son trai
2771 ’idée fatale de la souveraineté absolue, idée qui est à peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’est pas un géni
2772 ine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’ est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante — et
2773 parti qui s’en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins puis des « démocraties » plébiscitaires et totali
2774 de l’idéal national par l’appareil étatique — qui est l’œuvre des jacobins et de Napoléon —, la nationalisation de l’État r
2775 ine, et au xxe siècle dans le reste du monde. Qu’ est -ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le résult
2776 ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à
2777 ui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’ être qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à tout
2778 igion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’ est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le culte d
2779 et comme ce n’est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le culte de la patrie étatisée, seul Absolu auq
2780 tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’ est enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe siècl
2781 les États-nations unitaires en tant que tels ont été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les s
2782 ats-nations unitaires en tant que tels ont été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, les seuls emp
2783 seuls empires réussis de notre temps se trouvent être des fédérations : les USA et l’URSS71. Trop petits et trop grands
2784 aintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules préte
2785 tats-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous ve
2786 . Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les
2787 n, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop gra
2788 etits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en juge par leur incapacité d’animer leurs région
2789 res) confrontés aux trois seuls vrais Grands. Ils sont trop petits « à l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure
2790 Jean Monnet (Lettre de démission de la CECA). Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou
2791 ar les barrages antimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi améric
2792 répondre au « défi américain » — cela n’a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’est-à-d
2793 naguère coloniales, et qui vivent mal… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables
2794 . Mais en même temps, les États-nations unitaires sont tous trop grands : trop grands pour pouvoir assurer le développement
2795 ement à la vie de la cité ; donc trop grands pour être encore de vraies communautés humaines : et cela c’est la plus grave m
2796 er un corps politique. Double dilemme Telle étant la crise présente de l’État-nation, le régime à prescrire paraît faci
2797 prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle conti
2798 édérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facil
2799 dirait-on. En effet, l’existence des empires de l’ Est et de l’Ouest leur pose un dilemme aussi simple qu’inexorable : — ou
2800 autorité supranationale, fédérale — et alors ils seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour
2801 en direction de leur fédération politique. Force est donc de penser qu’il y a quelque chose d’essentiel dans leur nature m
2802 donc d’indépendance totale, donc d’autarcie, qui est son ambition proprement impériale. C’est par définition et par struct
2803 on par méchanceté ou bêtise que les États-nations sont impropres à l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non d
2804 ont impropres à l’union. Leurs relations normales sont de rivalité, non de coopération. Leur mode de contact normal n’est pa
2805 non de coopération. Leur mode de contact normal n’ est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a cent
2806 plication majeure : Développons en commun ce qui est neuf. Laissons de côté les héritages du passé dont l’unification pren
2807 e mon côté : L’union, pour deux États-nations, n’ est jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (comme
2808 par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce n’ est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent
2809 euse à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’
2810 on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’Europe, il
2811 se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vai
2812 Invention de la région au xxe siècle Il n’ est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion en E
2813 les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les dépa
2814 ’hui, ni les « States » de l’Amérique du Nord. Ce sont vraiment des créations de notre temps, des organismes en train de naî
2815 e capter et d’harmoniser, et dont les principales sont  : l’explosion démographique, l’urbanisation galopante, la mobilité de
2816 ; et enfin l’unité géographique. Cette dernière n’ est d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée sur le
2817 andinavie ; des Balkans ; et enfin, des pays de l’ Est , anciens royaumes de Hongrie, de Bohême et de Pologne, ou formations
2818 on permanente, combinés avec tous les autres : ce sont les résultantes de ces complexes de forces qui dénotent, définissent
2819 voici un exemple vécu. Il y a quelques années, je fus invité à un colloque organisé par le festival d’Aix-en-Provence sur l
2820 et une zone d’intense production industrielle, où sont venues s’implanter les plus importantes usines atomiques françaises.
2821 rouvais le seul non-Français : j’en conclus que j’ étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne. Invité à parler
2822 coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle qui est d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’à la surface les
2823 ssiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde, elles
2824 ussi nombreuses et fréquentes que possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, sel
2825 lles nations. Ce passage de la nation aux régions sera le phénomène majeur de l’Europe de la fin du xxe siècle. La politiqu
2826 à l’échelle de l’Europe — toutes propositions qui étaient encore proprement impensables pour un esprit français, il y a dix ou
2827 a lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste o
2828 enée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation
2829 de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français sera
2830 Europe unie la représentation du peuple français sera assurée par l’État fédéral français. Parmi les plus graves méfaits de
2831 tion doit réparation du tort ainsi causé79. On n’ est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un heb
2832 unes et des cadres… » Le dépérissement régional n’ est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la consc
2833 st pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la conscience de la crise si vive et l’oppression quasi col
2834 loniale de la région si ancienne que Saint-Brieuc était l’endroit tout indiqué pour tenir le premier colloque socialiste régi
2835 ue Saint-Brieuc était l’endroit tout indiqué pour tenir le premier colloque socialiste régional sur le thème : Décolonisez la
2836 le thème : Décolonisez la Province80 ! Tout cela est intéressant, me disent certains augures, mais n’allez pas y attacher
2837 y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et vos
2838 çais ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et vos excités de la région ne l’impressionnent pa
2839 ndrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est devenue large
2840 main… que son État. Or la souveraineté de l’État est devenue largement illusoire, quand elle n’est pas toute négative, j’e
2841 tat est devenue largement illusoire, quand elle n’ est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non
2842 qui, de proche en proche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir con
2843 roblème de la régionalisation du territoire. On s’ est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la structur
2844 exploitation des régions par l’État central. On s’ est intéressé très spécialement aux régions périphériques, les plus négli
2845 oise, qui touche la Belgique. Vue de Paris, Lille est une gare terminus, et Roubaix-Tourcoing un cul-de-sac dans un coin de
2846 u surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’ est qu’un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne sur t
2847 s bureaux de la capitale, la révolution régionale sera faite. Et du même coup la fédération de l’Europe se révélera immédiat
2848 l’Europe » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-e
2849 s à l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t -elle fondée sur des réalités en plein essor, non sur des vieilles car
2850 tin… vers 1985. La région dans le cadre européen, est une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le départemen
2851 que la nation82. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément devant le corps des fonctionnair
2852 olution régionaliste, condition de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y
2853 Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le j
2854 essairement très lent, au jour le jour. Nous n’en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience du phénomè
2855 nelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exigent une longue
2856 u ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exigent une longue période de mise en place silencieu
2857 finalement les doter d’institutions autonomes, ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt à trente ans, en admettant
2858 toire. Je ne cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme de communauté aussi nouvelle dans notre civi
2859 uté aussi nouvelle dans notre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans la soci
2860 nt aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en tant qu’élé
2861 sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernest Renan s’ était écrié dans un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont
2862 discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et
2863 e taille donnée, en sorte que ces limites doivent être tracées avec une certaine liberté de jugement 85. Ainsi : là où, dan
2864 us faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a été marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires cultiv
2865 es sur des territoires cultivés, celle qui a donc été dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de terre sacr
2866 nce. D’ailleurs, le terme même d’« indépendance » est en train de perdre son sens ancien, stato-national, majestueux et vol
2867 ” diraient les scientifiques : il faut chercher à être aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensabl
2868 ssi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensables 86. » Je proposerais, pour ma part, que l’on substitue
2869 ires de la souveraineté sans limites. L’autonomie est une notion relative et très précise, quand on parle par exemple de l’
2870 re dont se vantaient les États-nations. Enfin, il est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière,
2871 ière, c’est celle de la pluralité des allégeances soit d’une personne, soit d’un groupe ou d’une région. L’État-nation voula
2872 la pluralité des allégeances soit d’une personne, soit d’un groupe ou d’une région. L’État-nation voulait tout faire coïncid
2873 a liberté de chacun et l’efficacité de son action seront garanties par la possibilité de se rattacher et de donner son allégea
2874 des régions On a vu que la notion de région s’ est imposée à l’attention des économistes d’avant-garde, puis des sociolo
2875 i ont motivé ces prises de conscience successives sont faciles à énumérer : a) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessit
2876 ales de 1961) ; b) des régions plurinationales se sont définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesur
2877 s Provençaux, ses Italiens et ses Corses — et que sera -ce demain en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Yougoslavie…) approche
2878 du fédéralisme87. L’intention du présent article est de proposer qu’en tenant compte de ces facteurs, on reconnaisse la né
2879 , auront à se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long terme de leur position d’obstination unitaire. To
2880 se des fédéralistes régionalistes. Pour eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’
2881 ous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuelles de notre
2882 talogne, d’une Écosse — ou de l’Europe. Mais nous serons aussi de doux rêveurs, des esprits brumeux, idéalistes utopistes inef
2883 is des objections apparemment plus réalistes nous sont faites par les partisans « malgré tout » d’une Europe composée d’État
2884 donnée à l’existence réelle des cent régions, qui est encore hypothétique. Je ne voudrais indiquer dans cette première esqu
2885 n politique à partir des États-nations souverains étant demeurée nulle au cours des vingt-deux dernières années, il n’est pas
2886 le au cours des vingt-deux dernières années, il n’ est pas difficile de faire mieux. La construction fédérale à partir des r
2887 éalités. Ce jour-là, une dernière « explication » sera peut-être nécessaire avec les détenteurs des pouvoirs stato-nationaux
2888 ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’ est devenu possible qu’à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’objecti
2889 eur. L’objection de la « trop grande complexité » est donc en réalité anachronique. c) Reste l’objection portant sur l’exis
2890 nt sur l’existence même des régions, que beaucoup tiennent pour douteuse, ou difficile à promouvoir sinon tout à fait impossible
2891 ’information sur ce qui existe déjà et sur ce qui est en train de se faire, de toutes parts. Imaginons un tableau des régio
2892 e l’emporterait sur les volontés nationales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se f
2893 ions ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle est une contradiction dans les termes, une utopie, et pire que cela : un
2894 : un objectif anachronique. L’Europe se fera — et sera fédérale — lorsque les volontés locales et régionales l’emporteront s
2895 r, L’Express, 30 octobre-5 novembre 1967. 68. II est évident que les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les Ét
2896 st évident que les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les États-nations tels que les a formés le xixe siècle, e
2897 sens premier — peuples, régions, ethnies ; elles sont du type France, Espagne, Grande-Bretagne, non du type Bretagne, Catal
2898 type Bretagne, Catalogne, pays de Galles ; elles sont donc des États impérialistes, non des communautés qui revendiquent co
2899 ssons plus loin le paradoxe : la Suisse elle-même est un empire réussi, en tant qu’elle groupe sous une égide suprême et ar
2900 ge suprême (mais non pas dimensions gigantesques) sont , en effet, les notes essentielles de l’empire. 72. « Quand il s’agit
2901 …], qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’ être un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais à remettre
2902 an-Schreiber, Paris, 1967. 74. Cf. Janus, n° 15, été 1967, p. 84. 75. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre à la
2903 itas donne civisme, synonymes réels qui devraient être perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio ? (sans évoquer
2904 s-centraliste de « provincialisme »). 84. Cf. Qu’ est -ce qu’une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence sur
83 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
2905 La région n’ est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)df 1. Les objections co
2906 ur les régions et non sur les États-nations, j’ai été amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’e
2907 loque. Je note d’abord que le terme de difficulté est souvent plus exact que celui d’objection. Dans la plupart des cas, la
2908 e Mouvement de l’Histoire, selon lequel la nation est le Progrès. » « La région est une nostalgie réactionnaire. Le progrès
2909 on lequel la nation est le Progrès. » « La région est une nostalgie réactionnaire. Le progrès et l’efficacité, au xxe sièc
2910 formées par extrapolation du passé ou du présent, sont toutes à la merci d’une équation nouvelle, d’une action aujourd’hui e
2911 oyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’ est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objectiv
2912 pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera  : « l’objectivité scientifique » dissimulant une démission civique re
2913 us sûr. Objections tactiques « Comme s’il n’ était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’ajouter
2914 ns transition. Cela prendra des décennies. Ce qui est urgent, c’est le prix du lait et le taux d’accroissement de la produc
2915 industrielle. » Principes d’une réponse : — a) N’ est -il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la ba
2916 fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, du 17 février au 16
2917 ctement, du 17 février au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur à cette date sans la moindre mesure de transition. (
2918 r l’éducation stato-nationaliste « Les nations sont immortelles » (François Mauriac), tandis que « les régions sont encor
2919 es » (François Mauriac), tandis que « les régions sont encore à naître ». « Les gens n’en veulent pas, de vos régions autono
2920 ent gaulliste. » « Les conflits entre les régions seront forcément plus nombreux et plus mesquins que les conflits entre nos n
2921 réflexes passionnels, étourderies et boutades ne sont guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées par n
2922 ent allez-vous découper vos régions ? » « Quelles seront leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’elles aient des superficies
2923 de Paris, avec ses 9 ou 10 millions d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça
2924 in, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’est pas une entité économique viable. Et qui p
2925 ’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’ est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? » « 
2926 ce dernier groupe d’objections ou difficultés qui est la cause principale de l’ajournement des solutions régionalistes, c’e
2927 nter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction Presque toutes les diffic
2928 ositions axiomatiques de ce genre : — L’État doit être unique et indivisible. — De son siège unique, dans la capitale, l’Éta
2929 ). Au cours des siècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c
2930 qui ont notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des desseins politiques d’un État et non pas de la prospér
2931  ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous peu ou prou, et dans son système de représentation, la région ne
2932 centrés dans une métropole régionale au lieu de l’ être dans une capitale. Or, les possibilités pratiques de participation du
2933 on du citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont aujourd’
2934 un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civisme — ne
2935 communale — seule école efficace du civisme — ne serait pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays en neuf
2936 ve que d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de structure du
2937 fédéralistes intégraux, au nombre desquels je me suis toujours rangé. Il n’en reste pas moins probable qu’elle va constitue
2938 série de raisons (pas seulement militaires) qu’il serait trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la sécurité sui
2939 o-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’ est indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échapper au
2940 el, pour aller vite et rester dans le concret. Je suis Neuchâtelois de naissance et de tradition : à ce canton va donc mon a
2941 uisse : mon passeport et mon allégeance nationale sont donc suisses. Je suis aussi un écrivain français : la francophonie eu
2942 et mon allégeance nationale sont donc suisses. Je suis aussi un écrivain français : la francophonie européenne, c’est-à-dire
2943 constitue donc mon allégeance culturelle. Mais je suis aussi protestant, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serai
2944 nt, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’étais communiste, ou catholique, évidemment). Et je fais
2945 te une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’ étais communiste, ou catholique, évidemment). Et je fais partie d’un très g
2946 rontières du tout. Si l’on exigeait que tout cela soit unifié et uniformisé dans les limites géographiques d’un territoire d
2947 on à tout État-nation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel
2948 contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’ est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, avec s
2949 ul lieu, accaparés par l’État national, et qui le seraient , demain, par l’État régional. 4. Vers une formule fédéraliste de l
2950 x dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organe
2951 ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires différents tout ce
2952 nes ou fonctionnaires différents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Proudhon en
2953 ion des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’ est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le go
2954 as seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les provinces et les c
2955 roudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentrer ( est -ce différent ?), ni de déléguer les pouvoirs de l’autorité centrale.
2956 de diviser, de partager. Seulement, Proudhon s’en tient à un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géographiqu
2957 bien adopter la structure proudhonienne, sans que soit pour autant décidée la structure des réseaux d’échange et groupes de
2958 unités de base politiques et leurs structures ne sont pas, en principe, superposables aux unités de base économiques (ou cu
2959 autres se chevauchent, se recoupent différemment, sont parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut que les régions polit
2960 ar l’autre. Il se peut que les régions politiques soient définies demain comme les intersections de « classes » de faits écono
2961 ifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition personnell
2962 , ma définition personnelle, donnée plus haut. Il est assez facile de visualiser l’appartenance d’un élément à deux ou troi
2963 tiquement à l’une des trois nations dont la Regio est le carrefour ou l’intersection94. La résistance qu’opposent certains
2964 u un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui n’ est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’e
2965 s, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’ est pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le sa
2966 s jacobins, et les sous-offs dont le saint patron fut « le Petit Caporal ».) 5. Un programme d’études Le champ d’étud
2967 onaliste, que ces quelques remarques définissent, est à peine exploré. a) Il faudrait commencer par opérer la dissociation
2968 bien définis. Le Marché commun, par exemple, qui est un pouvoir économique, doit-il entretenir des visées politiques, ou l
2969 retenir des visées politiques, ou laisser ce soin soit à une autre agence fédérale constituée sur la base de régions à défin
2970 définition politique (ou ethnique ou culturelle), soit à la réunion de toutes les agences spécialisées au sein d’un gouverne
2971 édéral ?95 Savoir quelles relations existent, ou sont souhaitables, entre l’économie et l’université, ou entre les formules
2972 ules de participation civique et l’urbanisme : il serait facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau commun
2973 es sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de no
2974 paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit
2975 son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs plates, sans déborder, d
2976 ote 24. 89. Mais quand Malraux dit que la nation est le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense à autre ch
2977 ratégie politique de la fédération européenne, il est probable que le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra
2978 ionalité et ses institutions étatiques. Mais ce n’ est pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient en
2979 encore généralement leurs langues, la proportion serait à peine de deux tiers. 93. P.-J. Proudhon, Du Principe fédératif, Pa
2980 opose le terme de « régions carrefours ». 95. Il est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-n
2981 Il est certain que le Marché commun ne cessera d’ être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront pas renoncé au
2982 é au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits » économiq
2983 ionaux ». df. Rougemont Denis de, « La région n’ est pas un mini-État-nation », Bulletin du Centre européen de la culture 
84 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
2984 parait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne manquera pas de
2985 ionnelles, seules contraignantes. L’État-nation s’ est toujours révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont e
2986 lé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont emparé. Et quant à leurs doctrines collectivistes, de droite ou de ga
2987 ostiles à mort, et par quelles différences cela s’ est -il traduit dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On ne trouvera
2988 « qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contre des Juif
2989 contre des Juifs qui n’ont d’autre tort que de l’ être . D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti ne change rie
2990 ascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela
2991 entité politique. Au reste, l’État totalitaire n’ est que le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant su
2992 e moins efficace que Déroulède, cette injustice n’ est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni l’
2993 Ni l’Internationale ouvrière ni la catholicité ne tiennent plus devant la vraie religion de notre temps. Quand le pape demande l
2994 Le seul problème politique sérieux d’aujourd’hui est de défaire l’État-nation. Défaire l’État-nation (et je ne dis pas dét
2995 n civique, par suite, aucune révolution réelle ne sont imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en dépit
2996 t les émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie ne sera qu’une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour prou
2997 a suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle n’ est pas saine.   5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à la Co
2998 nt : une fédération continentale dont les régions seront les unités de base. Je l’avais écrit dès 1940 et le redis au congrès
2999 itiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne sont pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans leur
3000 e indiscernables dans leurs manifestations. Ce ne sont pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national
3001 nt à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendre la
3002 rétendent également défendre la liberté. Et ce ne sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’o
3003 sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’hui — r
3004 me. Une menace et une espérance. Le totalitarisme est simple et rigide, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est
3005 e, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est complexe et souple, comme la paix, comme la vie. Cette antithèse domi
3006 me la vie. Cette antithèse domine le siècle. Elle est son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont se
3007 e drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont secondaires ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subo
3008 s ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subordonnées.98   6. Analyse de quelques clichés. La jeunesse est l
3009 8   6. Analyse de quelques clichés. La jeunesse est l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle est l’âge du génie p
3010 l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle est l’âge du génie pour quelques scientifiques, et de la grande poésie po
3011 ites-vous de la lutte des classes ? e) La culture est un piège bourgeois. f) Vous tentez de dépolitiser le problème. Je rép
3012 rdre fortuit. (Tout en notant que « la Jeunesse » est une expression de journalistes. L’humanité ne se reproduit pas tous l
3013 connais pas ! » Dommage pour vous, mais le remède est simple : un séjour en Afrique ou en Asie au titre de l’assistance tec
3014 siez dans cette mauvaise conscience narquoise qui est la bonne conscience du gauchiste. Quand Sartre, à la suite de Fanon,
3015 corps et du sommeil par l’industrie et par l’auto est -elle un produit spécifique de notre société de consommation et du cap
3016 récoltes, d’où famine pour les masses chinoises, est -ce un produit spécifique du communisme ? Ces phénomènes sont décisifs
3017 produit spécifique du communisme ? Ces phénomènes sont décisifs pour l’avenir de l’humanité, mais les énervés de Nanterre ne
3018 ologie. C’est décidément la droite patronale qui est responsable de la destruction du milieu naturel et du confort des cit
3019 nge, si l’on veut que la vie continue, mais ce ne sera qu’au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feront les
3020 les masses signifient les ouvriers d’usine, elles sont partout minoritaires, et de plus elles fondent à vue d’œil au profit
3021 supprimer à terme la condition prolétarienne. Où seront les masses ? Dans Tel Quel. (N. B. « Les jeunes pensent… disent… refu
3022 ensent… disent… refusent… exigent… » Si l’on s’en tient aux nombres, les mouvements fédéralistes européens touchent beaucoup
3023 stituent 75 % de cette majorité.)   d) « Mais où est la lutte des classes dans tout cela ? », me disent ces dévots scandal
3024 , tout simplement ! Eh bien, la lutte des classes est une réalité très différente de celle dont je traite ici. Elle me para
3025 peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est -il aujourd’hui de la lutte des classes ? En URSS d’abord. Vous me dit
3026 me là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’étant approprié les moyens de production. Bien. Mais ch
3027 se plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’ étant approprié les moyens de production. Bien. Mais chacun peut voir que c
3028 roduction. Bien. Mais chacun peut voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut voi
3029 voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut voir les différences qui subsistent e
3030 gement de la condition d’un ouvrier des pays de l’ Est dits « socialistes » : ce dernier étant non seulement moins bien payé
3031 s pays de l’Est dits « socialistes » : ce dernier étant non seulement moins bien payé (en valeur absolue et en pouvoir d’acha
3032 Moscou. (Faut-il penser qu’« objectivement », ce serait la haine des ouvriers plus encore que de la bourgeoisie que traduisai
3033 ens de l’Ouest de Paris ?) Mais au fait, pourquoi tenez -vous tant à la lutte des classes ? Voulez-vous entretenir la haine qu
3034 qui pousse à la révolte (tendance gauchiste) ? Ce serait en fait maintenir la condition prolétarienne pour mieux nourrir sa lu
3035 t au progrès technique, dans la mesure où il peut être libérateur. Détruire la bourgeoisie (slogan anarchiste) ? Que restera
3036 meurtriers, eux-mêmes bourgeois ? Mais non, vous êtes sérieux, disciplinés et réalistes : vous voulez ce que veut le Parti,
3037 vouloir quelque chose d’impossible, car ce slogan est le type même de l’énoncé dénué de sens, comme on le voit en remplaçan
3038 ses termes par leur définition. Si le Prolétariat est la classe non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’être Proléta
3039 se non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’ être Prolétariat dès l’instant qu’il accède au pouvoir et à la propriété d
3040 es moyens de production. Prolétariat et dictature sont des termes contradictoires ou mutuellement exclusifs. Ce qui existe e
3041 e, indépendante de toute idéologie et qui ne peut être , par définition, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, je ne vais
3042 Cela dit, je ne vais pas esquiver la réponse. Je suis contre la lutte des classes, parce qu’il faut supprimer la condition
3043 nt « la relève du Travail » : L’Ordre nouveau est fondé sur l’abolition de la condition prolétarienne, la dictature com
3044 ne, la dictature comme l’esclavage du prolétariat étant également des consolidations de l’oppression technique dont souffrent
3045 hique et inhumain des débuts du xixe siècle doit être abolie par une technique enfin soumise aux possibilités libératrices
3046 tion (Aufhebung) de la condition prolétarienne ne sera pas obtenue par l’étatisation des instruments de production — laquell
3047 e libération morale et énergétique. Tout le reste est mauvaise littérature, c’est-à-dire pollution idéologique de jeunes ce
3048 les excitées mais incultes.   e) « La culture, qu’ est -ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas, voy
3049 erreur de Marx, même si c’est décrété par Mao, n’ est pas nécessairement une vérité empiriquement vérifiable. La culture ét
3050 t une vérité empiriquement vérifiable. La culture étant un ensemble ultracomplexe de réflexes moraux, mentaux et affectifs, e
3051 moins romantique, non violent, non instantané, il est clair que la révolution qu’implique et que représentera au total   l’
3052 t que représentera au total   l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’uni
3053 l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédér
3054 euples par la fédération continentale des régions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, p
3055 e des régions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politicie
3056 épolitiser les problèmes ? » Oui, si la politique est le jeu des partis et des États-nations étiquetés de gauche et de droi
3057 capitalistes, socialistes et fascistes. Mais ce n’ est pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargir l
3058 litique », que veut-on dire ? Que l’économie, qui est le domaine propre des Communautés, ne fait pas partie de la politique
3059 ne fait pas partie de la politique ? Que celle-ci serait donc « autre chose » ? Mais quelle chose ? On parle de « politique »
3060 la politique écologique — quelle politique en soi est -elle imaginable ? Toutes les réalités sérieuses une fois déduites, qu
3061 États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le sens courant du ter
3062 xtérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait , selon le sens courant du terme « politique », radicalement dépolitis
3063 tique au sens des relations entre États-nations n’ est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de
3064 ’est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’ être . Elle est encore de type dynastique, en tant que son but pratique res
3065 mocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de type dynastique, en tant que son but pratique reste la puis
3066 ement des personnes. C’est que l’État-nation ne s’ est pas constitué en vue de certaines tâches sociales définies, mais pour
3067 rd’hui. L’agent souverain de cette politique-là n’ est jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’il fallait servir.)
3068 che, si l’on admet avec Aristote que la politique est l’aménagement des relations humaines dans la cité (polis), elle devie
3069 air des énergies d’une jeunesse ivre de vocables, sont d’effet nul sur les actions et les réalités proprement politiques d’a
3070 20 et 2060, ce qu’il faut décider aujourd’hui, ce sont les conditions de survie du genre humain. Dans ce domaine, l’acte pol
3071 ine, l’acte politique tel que je l’ai défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une certaine échelle des valeurs
3072 u Congrès des USA105 concluent que le seul espoir est dans une réduction simultanée, de 20 à 75 % selon les cas, de la cons
3073 la rue, dans ce « discours » dont les barricades sont les signes flamboyants — mais un blindé les repasserait en dix second
3074 ur peu que la police refuse de jouer le jeu et de tenir son rôle convenu dans le rite des émeutes parisiennes. L’acte politiq
3075 eil fédéral formé des chefs des offices fédéraux, sera capable de prendre de telles décisions. Or, il n’y aura de gouverneme
3076 a cité sociale dont l’individu refuse désormais d’ être séparé représente la vraie nature sociale de l’homme. » Marx, Remarqu
3077 ’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable
3078 s, le pouvoir régional si l’on préfère, non, ce n’ est pas un truc électoral, un système plus ou moins astucieux, mais un mo
3079 1. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’ Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturelleme
3080 l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies culturellement grâce au triomphe des valeurs bourgeoises, qui
3081 l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels ont été les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat n
3082 et 1933. Cette revue, publiée de mai 1933 à 1938, fut l’organe du groupe du même nom, fondé par Arnaud Dandieu († 1934), Ro
3083 ersonnaliste, dont l’aile catholique progressiste était représentée par Esprit, fondé en 1932 par Emmanuel Mounier et Georges
3084 re 1970, par Jay W. Forrester. Ces prévisions ont été commentées par l’auteur dans l’ouvrage intitulé World Dynamics, paru
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
3085 n des régions transfrontalières [Note liminaire] ( été 1972)dh À l’initiative de l’Assemblée consultative du Conseil de l
3086 soumis aux quatre commissions entre lesquelles se sont répartis les participants, puis la Déclaration finale, résultant de l
3087 ésultant de la discussion de ces rapports, et qui fut adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé a
3088 ésumé analytique du Rapport de base, dont il nous est malheureusement impossible de publier le texte intégral : il occupera
3089 culture : « L’Europe des régions (III) », Genève, été 1972, p. 1.
86 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
3090 de la coopération dans les régions frontalières ( été 1972)di I. Définitions Appelons culture non seulement l’ensem
3091 volution historique. Les régions socioéconomiques sont généralement constituées par un ensemble ou système de besoins et de
3092 s populations de langues et de coutumes communes, sont liées d’une manière beaucoup plus stable dans le temps à des territoi
3093 itoires bien plus précisément déterminés, mais il est rare qu’elles coïncident avec les frontières étatiques décidées au ha
3094 s traités au xixe et au xxe siècles. La plupart sont ou bien englobées (de gré ou de force) dans un État national beaucoup
3095 t de l’allemand, langue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernièr
3096 ngue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’ est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’éco
3097 lsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école primaire, deux heu
3098 aut-Rhin, et 629 578 sur 662 000 dans le Bas-Rhin étaient germanophones (c’est-à-dire unilingues, bilingues ou trilingues). Qua
3099 ou trilingues). Quant aux francophones purs, ils étaient 32 432 dans le Bas-Rhin et 22 500 dans le Haut-Rhin.106 Rien d’éton
3100 oui à la question : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné à vos enfants dès l’école primaire ? » Mais en 1964, le dépu
3101 guerre « l’enseignement de l’allemand en Alsace a été organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il au
3102 de l’allemand en Alsace a été organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement
3103 ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a suffi quel
3104 aurait même été habilement saboté. L’expression n’ est pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou de
3105 ou moins officielle de certaines administrations soient mis en doute »107. Des problèmes similaires se posent aux Valdotains
3106 style xixe siècle a prétendu imposer sa pensée, fût -elle précisément absence de vraie pensée, pur conformisme politique,
3107 e, pur conformisme politique, et ce faisant, il s’ est lui-même dénaturé : au lieu d’être au service de la communauté, il es
3108 e faisant, il s’est lui-même dénaturé : au lieu d’ être au service de la communauté, il est devenu — au moins en prétention —
3109  : au lieu d’être au service de la communauté, il est devenu — au moins en prétention — le Souverain totalitaire. 2. L’ense
3110 s un pays voisin la profession pour laquelle on a été diplômé dans son pays. Quant au contenu de l’enseignement : les manue
3111 cle, pour que les valeurs et grandeurs nationales soient seules enseignées, les réalités régionales étant systématiquement obl
3112 soient seules enseignées, les réalités régionales étant systématiquement oblitérées ou frappées d’interdit, au prix de distor
3113 ts. Ainsi l’ignorance sur les réalités immédiates est générale. 3. La presse, la radio, la TV La diffusion de la presse d’
3114 ine : secret professionnel, dit-on. (Les chiffres seraient -ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diff
3115 dit-on. (Les chiffres seraient-ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diffusion des journaux de G
3116 nt-ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diffusion des journaux de Genève et Lausanne en France
3117 ce qui se passe à quelques kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue
3118 hez soi est générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue que la TV dans les régions de même langue
3119 écoutée. La TV ayant une portée moindre, ne peut être reçue dans de nombreuses régions que s’il y a des relais. Or on obser
3120 l y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à
3121 de la TV italienne. Quant à l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient que les émissions locales de l’ORTF en langue a
3122 missions locales de l’ORTF en langue allemande ne soient pas limitées à des quarts d’heure symboliques. Les observateurs non a
3123 parfois les images de la couverture ; 2) les prix sont majorés jusqu’à 30 % dans le pays voisin, sous prétexte de « frais de
3124 stéréotypes nationaux, et pour montrer (comme il serait aisé de le faire dans une région frontalière) que ces clichés général
3125 rontières Les problèmes qu’on vient d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce sont les frontières qui empêchent de
3126 nt d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce sont les frontières qui empêchent de les résoudre. Ou plus exactement : c’
3127 cro-sainte, matérialisé par les frontières. Or il est clair pour quiconque, aujourd’hui, que le tracé des frontières étatiq
3128 ujourd’hui, que le tracé des frontières étatiques est accidentel, sans plus d’utilité démontrable qu’administrative, et trè
3129 très nuisible à tout autre égard. Les frontières sont encore capables d’entraver la circulation des biens et des services,
3130 quent les échanges qu’il faudrait favoriser, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’il faudrait arrêter. D’une maniè
3131 e prestige étatique, les frontières actuelles ont été fixées pour des raisons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d
3132 ons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d’ être des raisons. Le caractère indiscutablement pathogène de nos frontière
3133 utablement pathogène de nos frontières politiques est celui du lit de Procuste qu’on nomme État-nation. Il procède de la vo
3134 à des réalités hétérogènes par nature, et qui ne sont superposables ni dans l’espace ni dans le temps : le sous-sol et la l
3135 é pour l’occasion. Dans l’espace : les frontières sont d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État est plus totalitair
3136 d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État est plus totalitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État est limitée
3137 alitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État est limitée aux tâches administratives, les frontières sont ouvertes et i
3138 imitée aux tâches administratives, les frontières sont ouvertes et insensibles, comme entre les cantons suisses et les Lände
3139 nté politique. Relevons ce paradoxe : les ethnies sont des communautés de langues sans liens avec un territoire (point de la
3140 ité de leurs limites ; tandis que l’économie, qui est en partie liée au sol (climat, secteur primaire maritime ou agricole,
3141 e, ressources naturelles pour l’industrie, etc.), est en fait beaucoup plus indépendante de ses établissements territoriaux
3142 tc. Le rythme de changement des régions ethniques est millénaire ; celui des régions économiques est décennal ; mais la fro
3143 es est millénaire ; celui des régions économiques est décennal ; mais la frontière politique unique et omnivalente que l’Ét
3144 « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est polyvalente. Et cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y
3145 s de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout simplement celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y
3146 alités ethniques et des dynamismes économiques, n’ est que la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle et
3147 rne, dont la croyance aux « cultures nationales » est à la fois l’un des présupposés nécessaires et l’un des agents de prop
3148 s efficaces. L’école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue nationale, une culture nationale e
3149 limité par des « frontières naturelles ». Or tout est faux dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’est pas la juxta
3150 x dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’ est pas la juxtaposition de vingt-cinq « cultures nationales », puisqu’el
3151 ngue maternelle dans les villes universitaires, s’ est étendu aux peuples parlant la même langue, sans qu’il fût question po
3152 du aux peuples parlant la même langue, sans qu’il fût question pour autant de les enfermer dans les frontières d’un même Ét
3153 enfermer dans les frontières d’un même État. Il n’ est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’
3154 e — de la Volga. Les « frontières naturelles » ne sont pas moins chères à l’école — ni plus vraies pour autant. Cette notion
3155 . Cette notion, qui a son origine sous Louis XIV, est mise en forme par la Révolution (discours du Prussien Anacharsis Cloo
3156 uest, des Catalans des deux côtés, dans la partie est , mais ni Français ni Espagnols. Quant aux Alpes : on y parle des deux
3157 te… Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, comme les co
3158 nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, comme les conflits armés dont elles fig
3159 vérité, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s
3160 de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s’ est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celtes
3161 on du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architecture,
3162 ure et de doctrine sociologique ou politique, ont été paneuropéennes, et non pas nationales. Les grands courants européens,
3163 ’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est -il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, co
3164 e nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est -il vrai, comme le disent les discours officiels, que ces « précieuses
3165 ours officiels, que ces « précieuses diversités » soient celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations facile
3166 qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais
3167 s libérerez ! 2. La création culturelle en Europe est d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et
3168 e est d’autant plus riche et plus intense qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge,
3169 e qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universi
3170 us nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création sont les universités, à la Renaissance les cités et les très petits États
3171 diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant. Les régions culturelles ou ethniques ne
3172 ncident pas avec les régions administratives, qui sont inadéquates pour définir les régions économiques, et moins encore ave
3173 tato-national 1. Les régions transfrontalières sont les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europ
3174 es sont les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une véritable Eur
3175 e l’Europe entre ces deux sortes d’influences, il est clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement re
3176 l est clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement respectés, laissés en place par les puissances coloni
3177 mieux servir les desseins des deux grands (qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : le
3178 3. Les solutions aux problèmes énumérés sous II. seront à chercher dans le cadre régional, et non pas stato-national. Toute t
3179 es droits du général contre ceux du singulier. Il est aussi le dépositaire des finalités civiques à chaque niveau communaut
3180 ignement secondaire : l’histoire et la géographie sont à reprendre à partir des réalités proches de l’élève, donc régionales
3181 oches de l’élève, donc régionales, alors qu’elles sont axées depuis un siècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que l’on
3182 européen et que la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen. Enseigner les
3183 ient l’étude, voire la seule mention. De plus, il est urgent d’introduire un enseignement économique au degré secondaire :
3184 it voir à tous que les réalités, dans ce domaine, sont régionales et continentales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il
3185 primaire, secondaire, technique et professionnel) sont à réorganiser au-delà des frontières nationales, en commençant par le
3186 pparaît virtuellement la plus forte. (Ces régions sont très nombreuses le long de l’axe nord-sud, rhénan-alpin.) La création
3187 ourg et l’introduction d’un baccalauréat européen sont d’excellents exemples internationaux de ce qui pourrait être fait à l
3188 llents exemples internationaux de ce qui pourrait être fait à l’échelon régional : lycées communs là où la langue est pareil
3189 échelon régional : lycées communs là où la langue est pareille, lycées bilingues, écoles techniques et professionnelles. Je
3190 n toute prudence : les résistances psychologiques sont vite mobilisées dans ce domaine et les programmes scolaires paraissen
3191 essais de coopération, limitée mais précise, ont été faits dans la région Bâle-Strasbourg-Freiburg. Un autre projet de coo
3192 rasbourg-Freiburg. Un autre projet de coopération est à citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les
3193 prendre la nécessité des régions, et si elle peut être enseignée le plus concrètement à l’échelon régional d’abord, mais aus
3194 s exigences de l’économie et celles de l’écologie sont faciles à mettre en évidence à l’échelon local et régional. La recher
3195 a région Tous les problèmes régionaux — qu’ils soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à des probl
3196 ls soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à des problèmes continentaux. Une commune, une région, n
3197 s requis, dans aucun de ces domaines : ces moyens sont de dimension continentale. (Ainsi le CERN et le Super-CERN près de Ge
3198 ssaires au terme des recherches « continentales » est bel et bien locale. Exemple : sauver le Léman suppose des recherches
3199 iques qui relèvent de l’échelon continental, mais sont d’exécution typiquement régionale et transfrontalière. En économie, l
3200 t d’informer les agences régionales. Les régions seraient ainsi immédiates à l’Europe, même si elles choisissaient, comme c’est
3201 s régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un syndicat de communes. (Elles
3202 istrativement par un syndicat de communes. (Elles seraient abonnées à la région écologique, par exemple, comme un particulier es
3203 ion écologique, par exemple, comme un particulier est abonné au gaz, à l’électricité, au téléphone.) Si maintenant je trans
3204 le beau livre de Morvan Lebesque, Comment peut-on être Breton ?, Paris, 1970 chap. sur « La Parole assassinée ». 109. Henri
3205 État français remonte à Philippe le Bel, mais il est absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’Allemag
3206 culture : « L’Europe des régions (III) », Genève, été 1972, p. 66-79.
87 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
3207 des régions transfrontalières [Nos conclusions] ( été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur
3208 frontalières [Nos conclusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur l’évolution de l’u
3209 ent au point de départ. Les étapes de l’évolution seront bien plutôt marquées par les congrès de militants au cours desquels f
3210 es par les congrès de militants au cours desquels furent présentées, durement débattues, et finalement adoptées à chaud les th
3211 on fédéraliste, régionaliste et communaliste, qui sont en train de passer au premier rang de l’actualité réelle dans nos pay
3212 e dans nos pays — même si les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si… Il y eut a
3213 lleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est de nature à rallumer l’espoir en dépit des échecs encourus par l’appr
3214 s la cité. Pour les politiciens, la seule réalité est celle de l’État-nation, tel qu’ils l’ont apprise à l’école — et ceux
3215 qui parlent d’autonomies régionales ou communales sont à la fois de doux rêveurs et de dangereux utopistes. Pour les politiq
3216 raire, la souveraineté absolue de l’État-nation n’ est qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adap
3217 de l’État-nation n’est qu’un mythe, quand elle n’ est pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe siècl
3218 y songera. Les premiers estiment que « l’audace » est quelque chose qu’il convient de louer, à condition que l’on prenne bi
3219 . Les seconds estiment avec moi que « la prudence est le vice des timides mais la vertu des audacieux ». Il est frappant qu
3220 ice des timides mais la vertu des audacieux ». Il est frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration fi
3221 dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résu
3222 ait été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’une idée forcément
3223 rhénanes et arc alpin. C’est pourquoi nous avons tenu à en reproduire intégralement les titres et les sous-titres au moins 
3224 ls rédigèrent leurs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine com
3225 ément un des sous-titres du Rapport de base. Il n’ est nullement question de « découper » des régions en Europe comme les co
3226 pas de créer de nouvelles frontières. « La région est le plus souvent présentée d’abord comme une entité territoriale. Cett
3227 comme une entité territoriale. Cette perspective est malencontreuse et conduit vite à l’impasse. Un découpage régional pen
3228 l pensé depuis les capitales n’a pas de chances d’ être utile… À la stricte définition territoriale de la région, on préférer
3229 s régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un syndicat de communes. »   2.
3230 de la région. Comment définir une région, si ce n’ est plus une affaire de pourtour extérieur, un nouveau tracé de frontière
3231 e frontières ? La réponse unanime des rapporteurs est que l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ense
3232 orteurs est que l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ensemble des communes pour lesquelles un problè
3233 ien entendu, dans la plupart des cas, ce syndicat sera suprafrontalier, comme le problème qui l’aura suscité. Il va de soi,
3234 ion géographique et administrative des fonctions étant essentiellement malléables », l’intervention du pouvoir local, des co
3235 on du pouvoir local, des communes d’abord, « peut être décisive, car, malgré tout, plus souple et plus réaliste puisque plus
3236 e processus de concertation ». Le Rapport Orianne est encore plus explicite sur ce point. Il rappelle d’abord la question p
3237 de la frontière ». Cette recommandation unanime s’ est traduite dans la Déclaration finale au point C.3.   3. Enfin, plusieu
3238 s moyens financiers nécessaires, mais l’essentiel est qu’elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elle
3239 eur exemple : si elles attendaient pour exister d’ être assurées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’y aurait jamais de
3240 culture : « L’Europe des régions (III) », Genève, été 1972, p. 85-89.
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
3241 part (printemps 1974)dk Deux ans ou presque se sont écoulés depuis la parution du dernier numéro de notre XIIIe année. Le
3242 dres qui ont motivé cette interruption temporaire sont aujourd’hui résolues. Nous repartons à neuf, non seulement pour une q
3243 cré à l’Europe des régions, la présente livraison étant la quatrième de la série qui a commencé en hiver 1967 avec « Naissanc
3244 7 avec « Naissance de l’Europe des régions » et s’ est poursuivie par « L’Europe des régions II » (hiver 1969) et « L’Europe
3245 I » (hiver 1969) et « L’Europe des régions III » ( été 1972) ; — deux (ou un) numéros consacrés à des études historiques sur
3246 Capt et Andris Barblan.   Les tirages du bulletin sont faibles, de deux à quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous s
3247 lon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur
3248 nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’ être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur de sauver une Europe non p
3249 unes et des régions, une Europe fédérale qui peut être l’innovation majeure du siècle. dk. Rougemont Denis de, « Nouveau
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
3250 rquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas po
3251 c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’ est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien pr
3252 ’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien préciser mon point de départ
3253 née. Mais ce premier succès ne suffisait pas : il était négatif, en quelque sorte.   2e motif. — Il fallait faire l’Europe d
3254 e modèle. Or, à peine fait, ou mis en train, on s’ est aperçu que tout cela posait aussitôt des problèmes encore plus diffic
3255 élai relativement bref. L’explosion démographique est la moins sensible dans les pays les plus développés : la Suisse avait
3256 mais il faudra manger debout ! » Seulement, il n’ est pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’accroi
3257 ez de respirer ou de manger des poisons, certains seront tentés par l’exportation de nos industries, donc de la pollution indu
3258 lles, et donc aussi la pollution, par 200, ce qui est matériellement impossible. En effet, les ressources naturelles ne son
3259 mpossible. En effet, les ressources naturelles ne sont pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ont cru naïvement ju
3260 mation, tout le pétrole de la terre semble devoir être brûlé d’ici trente ans selon les uns, quatre-vingts ans selon les aut
3261 er délirant ou simplement farfelu. Mais tout cela est impitoyablement calculé par les écologistes américains, soviétiques e
3262 J. W. Forrester)114 concluent que le seul espoir est dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’il s’agit de la con
3263 volutionnaire » dont les barricades de Mai 68 ont été comme les signes flamboyants. Voilà qui suppose un certain nombre de
3264 s, la question qui vient immédiatement aux lèvres est celle-ci : Qui pourra prendre ces décisions et les imposer ? Un gouve
3265 dans les deux décennies qui viennent, l’essentiel serait obtenu, les destins pourraient être renversés. Mais que voyons-nous ?
3266 l’essentiel serait obtenu, les destins pourraient être renversés. Mais que voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon
3267 e pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce sera fait. L’URSS, le Japon, ont un gouvernement capable d’imposer des mes
3268 strielle, l’Europe divisée, sans pouvoir fédéral, est incapable de s’imposer la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien
3269 la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien, n’ est -ce pas, un motif formidable, écrasant même, d’unir enfin en une puiss
3270 tif. — Mais il y a plus. Il y a quelque chose qui est peut-être plus effrayant que les prévisions apocalyptiques des écolog
3271 apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une
3272 ose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait du te
3273 u mois de mai 1968 : — Que faisons-nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’ell
3274 est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son fameux
3275 cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’ est plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi n
3276 nation sans structures où il se voient perdus, n’ est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader da
3277 mbécilité civique des majorités silencieuses. Il est normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela ri
3278 cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est no
3279 ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dénonce
3280 rchie profonde, mal quadrillée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres 
3281 quadrillée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le désordre l
3282 Car le désordre le plus profond, c’est celui qui est au cœur de cette société matérialiste, dont le seul principe absolu e
3283 ociété matérialiste, dont le seul principe absolu est le profit, calculé en argent. Le jeune homme rêve de la renverser, et
3284 thétique, parce qu’on ne peut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’a pas de principe de cohésion interne. Pas gran
3285 le scientifico-technique, quantitative. Mais elle est née de l’Europe, de ses systèmes de valeurs et de leurs conflits. Ell
3286 es systèmes de valeurs et de leurs conflits. Elle est née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute la pl
3287 s avons entraîné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’il revient
3288 rtant, rien ne bouge : pourquoi ? Mais s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, aussi peu con
3289 is s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, aussi peu contestés, aussi écrasants d’évidence, si t
3290 d’évidence, si tout pousse à l’union, pourquoi n’ est -elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les
3291 nt l’union, et que de ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement, sont des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis
3292 ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement, sont des jeunes de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis Armand : « Il meurt to
3293 ’anti-Européens qu’il n’en naît. ») Si l’Europe n’ est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave ra
3294 nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’ est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souverain
3295 pe personnaliste de L’Ordre nouveau — et le terme est aujourd’hui très généralement adopté — c’est la mainmise administrati
3296 ll. Nous avons cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « une sorte de confédération » comme disait Church
3297 par sa définition. L’union des États-nations, ce serait une amicale des misanthropes. Cela peut s’écrire, non se faire. Car o
3298 Car ou bien vous faites une amicale, mais vous n’ êtes plus des misanthropes. Ou bien vous restez misanthropes, et alors tou
3299 isanthropes, et alors toute possibilité d’amicale est exclue. Quand les ministres et chefs d’État des « Puissances » europé
3300  : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « 
3301 qu’il s’agit de refuser quelque mesure d’union n’ est plus qu’un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncement
3302 -dire à rendre manifeste le fait que leurs pays n’ étaient plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence que négative
3303 tés en train de se faire. Et nous voyons qu’elles sont d’une part continentales, bien au-delà des nations, d’autre part loca
3304 éens à poser le problème régional. Que ces motifs soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou géographique, tradi
3305 ographique, traditionnelle ou prospective, ce qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ensembl
3306 sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’ est en fait qu’une forme politique récente, et cette forme se révèle déjà
3307 on. L’État-nation qui se prétend souverain absolu est manifestement trop petit pour jouer un rôle réel à l’échelle planétai
3308 la création d’agences fédérales européennes, qui seraient compétentes partout où les tâches se révéleraient d’échelle continent
3309 ucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour les t
3310 nier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’ est plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettre u
3311 a appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « naturelles », en changeant la nature des preuves selon les ca
3312 leur relief. Mais il y a plus : leur renaissance serait celle d’un chauvinisme local plus irrespirable encore que le chauvini
3313 et dépasser ce modèle périmé. Mais le problème n’ est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en term
3314 n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradictoi
3315 milaires actuellement étouffés dans les pays de l’ Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir d’u
3316 sponsable l’État centralisateur. Ainsi, pour m’en tenir à un seul exemple, la Catalogne (20 % de la population de l’Espagne)
3317 tachement immédiat à l’Europe fédérée dès qu’elle sera faite. Motifs économiques ensuite. Les plans d’aménagement du territo
3318 ème d’une portée politique beaucoup plus décisive est posé par les régions naturelles ou économiques qui se trouvent coupée
3319 aastricht–Liège, etc., etc. Désormais le problème est posé officiellement, par la CEE et par le Conseil de l’Europe, de la
3320 on utopie — tout ce qui m’intéresse chez un homme est de savoir quelle est son utopie de la vie en général et de lui-même e
3321 ui m’intéresse chez un homme est de savoir quelle est son utopie de la vie en général et de lui-même en particulier — mon u
3322 onstruction européenne. 1° Faire une région, ce n’ est pas faire un mini-État-nation, ce n’est pas tout fourrer dans les mêm
3323 ion, ce n’est pas faire un mini-État-nation, ce n’ est pas tout fourrer dans les mêmes frontières préalablement « délimitées
3324 ’une région à constituer autour de Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui est à la fois mondiale et coupée des ca
3325 Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui est à la fois mondiale et coupée des campagnes voisines par une frontière
3326 e région économique plus vaste, plus fluente, qui est encore en bonne partie virtuelle, et qui appelle des mesures de dével
3327 anne et Grenoble, Fribourg et Genève. Le problème est partout le même : comment résoudre ces difficultés concrètes en dépit
3328 d’un coup l’on s’apercevra que l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’image de la fédération sui
3329 ’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’image de la fédération suisse, avec ses départements fédéra
3330 égions, le tissu des relations nouées entre elles sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstra
3331 nationale — ce jour-là, la Révolution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses p
3332 peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ils soient considérés par les habitants des régions comme des subsistances super
3333 dence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’ être dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même
3334 n et de se battre pour ses compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimensions europ
3335 e pour que réussisse ce grand projet ? ma réponse est simple : il nous faut éduquer et former dès maintenant les Européens
3336 mondial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande
3337 stoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande nationale, transforma
3338 et l’allemand. Toute la géographie de nos manuels est à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières naturelles »
3339 s et Espagnols, alors qu’en réalité ces montagnes sont habitées sur les deux versants par des Basques au nord-ouest et par d
3340 e le Rhône « unit » les peuples. Toute l’économie est à refaire, faussée à la base par l’idée d’« économies nationales » ce
3341 de la guerre ou de la politique. Toute l’écologie est à refaire sur la base des régions, dans le cadre du continent. Jamais
3342 ujourd’hui, et non pas avec les mythes nationaux, sera seule capable d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États
3343 européen — qui découle de la réforme des écoles — est de former des administrateurs régionaux, des citoyens responsables à
3344 s, former des régions et leurs administrateurs, n’ est -ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons-nous le temps de fai
3345 de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finalités nouvelle
3346 en quête d’un sens et de finalités nouvelles. Il est vrai que ma description d’une Europe unie s’instaurant en dix ou quin
3347 ur faire une omelette. La non-violence, pour moi, est le vrai processus de la création organique, dans notre monde humain,
3348 onde humain, social ou psychique. La non-violence est ouverture au monde et à l’autre, tandis que toute violence, en derniè
3349 , tandis que toute violence, en dernière analyse, est une sorte d’autochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous, à no
3350 ouvoir régional, etc. Le seul pouvoir qui importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais au
3351 importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de responsabilité. C’est à cause de c
3352 teindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’avenir. C’e
3353 er de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la première es
90 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
3354 sorte d’emphase anxieuse que l’unité de la nation est le bien suprême, que son indépendance doit rester absolue et son État
3355 ouvrages des seconds démontrant que l’État-nation est une formule dépassée, se trouvent anticiper sur le xxie  : entre les
3356 ticiper sur le xxie  : entre les deux, notre xxe est en pleine béance de l’histoire. Illustrons cela de citations qui n’ap
3357 ent que très peu de commentaires. L’État-nation est le bien suprême Discours de M. Georges Pompidou à Poitiers, le 25
3358 vec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’ est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel Debré
3359 quelle résistance des peuples on a dû vaincre, ne fût -ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire au s
3360 tut de patois !) La région ne doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nationaux et França
3361 x être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons nationaux et Français ! (Mais l’État n’existerait-il que dans la cap
3362 onvaincu que les militants autonomistes en France sont « des imbéciles ignorant l’histoire », « des inadaptés », « des gens
3363 ythe européen, celui de l’Europe des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selo
3364 égions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation, « le bien
3365 le plus précieux, c’est l’unité nationale ». Je m’ étais étonné, en janvier 1974, qu’au moment où la « réforme fondamentale »
3366 4, qu’au moment où la « réforme fondamentale » qu’ était censée représenter la création des régions en France entrait en vigue
3367 , et précisaient surtout ce qu’elle ne devait pas être . Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on en attendait po
3368 rde remplaçaient les vœux de succès confiants qui sont de routine en pareille occasion. Au lieu du coup d’envoi, un impérieu
3369 la présidence de la République française, qu’ils soient de gauche ou de droite, ou gaullistes, revendiquent tous dans les mêm
3370 éfense prioritaire des intérêts du pays (dont ils sont juges) et sa présence dans les conseils et colloques internationaux,
3371 pas un ne paraît même soupçonner que son discours est démodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur notre société et s
3372 s les liens particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ». Depu
3373 s particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ». Depuis quelques
3374 on avec les besoins vitaux » du monde actuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous p
3375 ctuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous peine de catastrophes aisément calculable
3376 Comme aucun des grands problèmes mondiaux ne peut être résolu dans un cadre national, la raison exige l’édification rapide d
3377 rainetés nationales. L’ordre international actuel est basé sur la conception qu’il est raisonnable et conforme à la nature
3378 rnational actuel est basé sur la conception qu’il est raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la surface
3379 res. Ce schéma de l’administration de notre terre est en contradiction aussi bien avec la structure des systèmes techniques
3380 chez Laffont en 1973, à Paris : Aujourd’hui nous tenons pour acquise la légitimité des États-nations existant en Europe occid
3381 arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées sur une longue série d’accidents et de coïncidences historiqu
3382 ccidents et de coïncidences historiques… Chacun s’ est forgé une histoire nationale qui démontre que son développement était
3383 oire nationale qui démontre que son développement était inévitable, et son destin arrangé par la Providence, comme le mythe f
3384 saine que le Luxembourg ». De même, la France n’ est pas plus en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’est plus en
3385 en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’ est plus en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous son a
3386 s, se moque de ses allures et de son dialecte… Il est peut-être temps que les nations submergées de l’Europe renaissent… De
3387 Europe renaissent… De sérieux troubles pourraient être provoqués par les luttes de quelques autonomistes pour l’égalité des
3388 rôle essentiel d’un État-nation — la défense — s’ est fortement amenuisé. Les exemples de la Finlande, de la Norvège et du
3389 t du Danemark montrent combien un petit État peut être viable et très bien réussir. Les raisons essentielles de l’existence
3390 ielles de l’existence des États-nations européens sont en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement d
3391 ont en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées. […] u
3392 nt historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées. […] une Europe constituée d’États-nations éclatés pourrai
3393 ctuel. Traduisons : les États-nations éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À
3394 s éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À Paris, les candidats à la présidence d
3395 rance ». L’égoïsme sacré, propre à tous les pays, serait -il en passe d’être si contesté qu’il faille en faire un point de prog
3396 cré, propre à tous les pays, serait-il en passe d’ être si contesté qu’il faille en faire un point de programme électoral ? D
3397 ndie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contr
3398 été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le problème des
3399 rateurs les plus intimes : « Même si j’échoue, je serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me con
3400 e serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur
3401 seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant ses
3402 enir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant ses anciens collaborateurs réunis à
3403 e. » « Partir sur le refus d’une grande réforme n’ est pas mauvais. Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France qui
3404 il fallait faire cette réforme des régions… Elle était absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. »124 Et en
3405 choses que connaîtront d’autres générations. » Il est certain que dans le nombre des « grandes choses », la région n’était
3406 ans le nombre des « grandes choses », la région n’ était pas la moindre. 117. Rien de commun avec le mouvement de tendance
3407 e fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Réédition chez Hachette, Paris, 1972. 119. M
91 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
3408 do Lorsque j’avais demandé à Carl Burckhardt d’ être , aux côtés de Robert Schuman et de Carlo Schmidt, l’un des présidents
3409 culture, je savais qu’il accepterait parce qu’il était le plus européen de tous les Suisses, et qu’il ne pouvait l’ignorer.
3410 ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il n’y ai
3411 lectuel, et surtout point de langue unique qui se soit imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité d’un
3412 ire la possibilité d’un écrivain qui mériterait d’ être appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste allemand, ou Leopard
3413 mériterait d’être appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste allemand, ou Leopardi italien, bien avant que l’Allemag
3414 et la carrière de Carl J. Burckhardt. C’est qu’il fut l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la formule créa
3415 rien de la Renaissance, je ne pense pas qu’il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous les deux fi
3416 d physicien et le monstre sacré du cinéma, qui ne sont , après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions
3417 spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions, était un homme de stature imposante et d’autorité calme, assez magique, un
3418 au Tyrol, et parfois de loup en Pologne, mais il était aussi le meilleur prosateur de son pays : il faut relire non seulemen
3419 ce Voyage d’Asie Mineure, qui date de 1925 et qui est l’un des écrits les plus chargés d’affectivité contenue, les [p. 83]
3420 la qualité transfigurante du regard porté sur les êtres , non seulement les plus nobles mais chose plus rare, les plus ennobli
3421 ancolie mais nul cynisme, plus de sensibilité aux êtres qu’aux idées, et aux situations qu’aux systèmes, d’où son sens politi
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
3422 Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il est un
3423 texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il est une affaire entendue parmi les intellectuels autant que dans le grand
3424 , aux environs de 1984, dans moins de dix ans… Je tiens Orwell pour l’un des écrivains les plus importants et les plus émouva
3425 l’affaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’ est que « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien éviden
3426 « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement
3427 rre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral (lais
3428 s implications complètes de ce fait n’avaient pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme pouvait préser
3429 ndre le climat du libéralisme. Combien cette idée était fausse, voilà ce qui commence à se faire sentir. Presque certainement
3430 litaires, un âge dans lequel la liberté de pensée sera d’abord un péché mortel, et deviendra plus tard une abstraction dépou
3431 straction dépourvue de sens. L’individu autonome est sur le point d’être étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie q
3432 de sens. L’individu autonome est sur le point d’ être étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie que la littérature, d
3433 che à sa fin et la littérature du totalitarisme n’ est pas encore apparue et demeure à peine imaginable. Commentaire Je me
3434 ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait -ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour acc
3435  ? Toute prophétie trop bien réalisée — et peu le sont mieux que celle d’Orwell — m’incite à poser cette question : l’auteur
3436 m’incite à poser cette question : l’auteur a-t-il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tra
3437 ons et nous en montre les moyens ; ou bien a-t-il été le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision autoréal
3438 phes à venir, par prévision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du cap
3439 ision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral et de
3440 e la culture chrétienne libérale », alors oui, il est bien certain que « nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaire
3441 totalitaires ». Mais que « l’individu autonome » soit annihilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’est nullement
3442 ilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’ est nullement l’effet, mais bien la cause, tant de l’effondrement chrétie
3443 ement parce que le capitalisme (libéral ou non) n’ est pas lié au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’a pas le
3444 ianisme par cet acte existe en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’est pas « le christianisme » institué qui aime un hum
3445 iste en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’ est pas « le christianisme » institué qui aime un humain, ou cesse de l’a
3446 Orwell écrit son essai, le malheur qu’il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même qui l’annonce.
3447 ou non pour moi ; si ma sensibilité au spirituel est vivante ou non. Et non pas du tout de savoir si le christianisme (ou
3448 e libérale », comme le dit Orwell trop vaguement) est bien vu ou mal vu dans le monde d’aujourd’hui, est majoritaire ou min
3449 st bien vu ou mal vu dans le monde d’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire, est à la mode ou rayé de la liste des bes
3450 de d’aujourd’hui, est majoritaire ou minoritaire, est à la mode ou rayé de la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu
3451 du christianisme, de l’Église et du cléricalisme seront le socialisme, le Parti et l’appareil bureaucratique. Et que les soci
3452 s Allemands au moins ont plébiscité Hitler : ce n’ est pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choi
3453 é eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’invention
3454 des régions fédérées, voilà le But. Cette société sera peut-être secrète, ces communautés clandestines, ces régions sans ins
3455 raisonnable de restructurer une cité qui mérite d’ être appelée humaine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il serait se
3456 maine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) », Bulletin du Centre européen
93 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
3457 t son temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’ être , qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Po
3458 qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Pourquoi des
3459 l’Université ? Ou au contraire, c’est que l’objet est encore trop jeune, et qu’il convient, avant de s’en occuper, de s’ass
3460 ccuper, de s’assurer de sa réalité. Le second cas est évidemment celui des régions, du problème régional. En tant qu’il est
3461 des régions, du problème régional. En tant qu’il est discuté en public, le problème ne date guère que des années soixante
3462 nt de 1958 : Paul Romus, J. Boudeville ; qu’elles sont suivies par une série de publications dans les cahiers de l’ISEA de 1
3463 eurs spécialistes de ces problèmes qui pourraient être tentés de croire que les raisons de faire des régions sont bien assez
3464 és de croire que les raisons de faire des régions sont bien assez connues, et même rabâchées, et qu’il s’agit maintenant de
3465 nalyse scientifique. Eh bien non ! Les régions ne sont pas un problème scientifique d’abord, mais politique. Pas un problème
3466 logique, éthique avant toute chose. La question n’ est pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est, mais de construi
3467 t pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est , mais de construire une réalité habitable, telle que des hommes seuls
3468 es seuls peuvent la faire devenir. Les régions ne sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellemen
3469 pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en t
3470 qu’il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour celu
3471 aissance réelle. On a pu se demander si la région est un fait de nature ou de culture ? (De géographie ou d’histoire ? D’éc
3472 ie ou de morale civique ?) Je pense que la région est un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est son sens étymolo
3473 un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est son sens étymologique : Natura = ce qui engendre, l’engendrante, ce q
3474 gendre, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est à naître. (Du radical indo-européen gna indiquant naissance et du suf
3475 a indiquant naissance et du suffixe turus, devant être fait.) Disons que la région relève de la nature naturante par opposit
3476 ée. Mais si elle dépend de la volonté humaine, il est décisif pour sa réalisation qu’on puisse expliquer avec efficacité se
3477 on puisse expliquer avec efficacité ses raisons d’ être , ou plutôt de devenir. « Avec efficacité » veut dire ici : en termes
3478 us grand nombre possible de citoyens. Les régions seront , ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière
3479 s régions seront, ou non, selon que leur raison d’ être aura été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persua
3480 seront, ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persuader, conv
3481 on-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait que les données du problème général des régions dans le cadre
3482 les solutions aux problèmes qu’on vient de citer sont rendues difficiles ou impossibles du simple fait que l’État-nation se
3483 t le problème des régions frontalières. Mais ce n’ est pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réalit
3484 quotidienne, décisions dont les plus importantes sont décrétées dans les bureaux de la capitale, c’est-à-dire le plus loin
3485 de ceux qui en subiront les conséquences. Quelles sont , parmi les fonctions nécessaires à la vie d’une communauté de type eu
3486 raissent lésées ou paralysées par la frontière ne sont pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à-dire
3487 commerciaux et agricoles (vitaux mais qui peuvent être interrompus d’une heure à l’autre par décret de Paris, ou par une gue
3488 s-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la raison e
3489 ranco-suisses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission régionale transfrontalière r
3490 enève. Dès ses premières séances, la Commission s’ est donné un programme qui déborde le problème des frontaliers et s’étend
3491 onnelle, en attendant d’autres élargissements qui sont inscrits dans la logique des choses. Car les problèmes écologiques qu
3492 ue a empêché jusqu’ici de traiter convenablement, sont plus graves à long terme que les problèmes de l’emploi. Le Léman, au
3493 i. Le Léman, au milieu duquel passe la frontière, est mortellement menacé par un ensemble de pollutions qui appellent un en
3494 es par les campagnes pour sauver l’environnement, sont en train de prendre conscience de la réalité possible et vivement sou
3495 d’une région écologique d’un seul tenant, qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutions et les
3496 itaire, déjà difficile entre les cantons romands, est plus que ténue entre universités suisses et françaises. Les professeu
3497 s et françaises. Les professeurs français peuvent être nommés en Suisse, mais non l’inverse. La mobilité des étudiants, un p
3498 r les diplômés d’une université « étrangère », il est quasi nul. Pourtant, l’extraordinaire densité des établissements d’en
3499 art des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’ est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous av
3500 entre eux, avec l’aire du franco-provençal, qui y fut parlé, écrit et chanté du ixe siècle jusqu’aux débuts du xixe . (Pic
3501 tants.) Ajoutons que cette « plus grande région » est aussi celle de l’horlogerie européenne, et celle de la clientèle prin
3502 i voit et comprend les réalités locales, la leçon est claire : il faut susciter la région pour que la vie continue, tout si
3503 les USA possèdent de quoi tuer 32 000 fois chaque être humain vivant aujourd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui
3504 i, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce,
3505 s. Beaux résultats ! Brillante gestion ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent
3506 n ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont
3507 aient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ils sont fondés sur le dogme de la souveraineté illimitée dans leurs frontière
3508 e la religion stato-nationale, dont le plus grand est l’unité centralisée, né de la guerre et préparant à la guerre, unique
3509 iquement et absolument, car à tout autre égard il est absurde. Né des guerres de la Révolution française et constitué d’une
3510 t pour la guerre, l’État-nation et sa morale, qui est le nationalisme totalitaire, a provoqué les deux guerres européennes,
3511 tretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Est ou par l’Ouest, ou les de
3512 ls seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’ Est ou par l’Ouest, ou les deux à la fois. Voilà qui devient évident même
3513 aut défaire et dépasser l’État-nation parce qu’il est la cause efficiente et immédiate de la crise mondiale, et l’empêcheme
3514 pêchement majeur à l’union de l’Europe — laquelle serait cependant un facteur décisif de la solution de cette crise. Il faut d
3515 base de la fédération européenne. Fédération qui sera l’élément décisif d’une résolution de la crise mondiale. Tout cela, m
3516 n de la crise mondiale. Tout cela, me direz-vous, est bien schématique. J’en conviens, mais je ne vois pas le moyen d’échap
3517 e ne vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’être dans l’esprit des fédéral
3518 ma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’ être dans l’esprit des fédéralistes…   C. La troisième réponse à la questi
3519 es…   C. La troisième réponse à la question posée est indépendante des deux premières. Elle procède en effet d’un ordre de
3520 l et en dernière analyse, spirituel. Les régions sont la dernière chance de restaurer une communauté dans l’humanité d’aujo
3521 la mauvaise gestion de la planète, l’État-nation est aussi le fauteur de la crise, dans la mesure où l’obsession de la pui
3522 se, dans la mesure où l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il sa puissance actu
3523 ce est l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient -il sa puissance actuelle, sinon du vide civique créé par l’urbanisati
3524 recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’ est pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les
3525 ’il sent que « tout lui échappe », et que « ils » sont seuls responsables, « ils » c’est-à-dire l’État, des réseaux de fonct
3526 dire l’État, des réseaux de fonctionnaires — cela tient aux dimensions de la collectivité. Trop grandes, l’homme s’y sent irr
3527 eau libre, parce que responsable. L’homme ne peut être libre et responsable qu’à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a b
3528 de bonté ou de méchanceté de l’homme. Ici, ce ne sont ni l’économie, ni l’écologie, ni l’énergétique, ni l’éducation qui « 
3529 que personne.   Je n’ai rien dit de neuf et ce n’ était pas mon but. Je voulais seulement grouper des arguments — les regroup
3530 La création à Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien en 1972. dp. Rougemont Denis de, « P
94 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
3531 le problème fondamental de toute prospective. Il serait facile d’en déduire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est t
3532 duire un sophisme du gouvernement : — Si l’avenir est totalement imprévisible, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir
3533 ble, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu, que sert alors de gouverner ? En fait, les termes
3534 gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons
3535 mes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en
3536 terre ayant des dimensions finies, ses ressources seront épuisées dans des délais calculables, mais qui varieront très largeme
3537 riens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n’ est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits passés, opérée à
3538 donc en permanence modifiable. Les dates seules y sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir u
3539 sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en parler — la politique étant dé
3540 avoir une politique et d’en parler — la politique étant définie en ce point comme l’ensemble des mesures à prendre pour lutte
3541 u destin de l’homme sur la terre. Une seule chose est certaine, c’est la mort, non sa date. Mort de la terre et mort de cha
3542 terre et mort de chacun de nous. Une seule chose est imprévisible, par définition, et c’est la création, l’intervention de
3543 et pourtant décisive, que l’on voudrait tellement être en état de prévoir, mais qu’il faut faire, à tous risques et périls,
3544 ive « scientifique » Les calculs prévisionnels sont utiles ou indispensables pour opposer les quelques certitudes qu’on v
3545 pour le tiers-monde une chance historique, qu’il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrica
3546 ent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et nécessaire, celle de la production matérielle.
3547 de doubler tous les sept ans en Occident, car il serait au moins difficile, et à coup sûr superflu, de produire 16 fois plus
3548 is le meilleur exemple d’une prévision utile nous est donné par les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils ne di
3549 t du sol. Un tel modèle provocateur et monitoire, est le contraire d’une fatalité : utinam vates falsus sim pourrait bien ê
3550 fatalité : utinam vates falsus sim pourrait bien être le motto du club de Rome. Au surplus, le danger consiste moins dans l
3551 visions évidemment conditionnelles. Car autant il est nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend,
3552 suivre ou non en connaissance d’effets, autant il est dangereux, égarant, de subordonner ses décisions à des prédictions qu
3553 ubordonner ses décisions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenant tout
3554 ut ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’ est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en garde,
3555 nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’ est pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers de
3556 oral et de la décision politique. Car quelles que soient ses intentions conscientes, ce discours pousse au crime de désertion
3557 crime de désertion civique, et devrait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle
3558 té. Roma locuta, — l’ordinateur a parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la voix de ses programm
3559 a cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’ est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le su
3560 x de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le succès de la projection de nos désirs sur une Nécessité impersonne
3561 ansperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’ être qu’elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou
3562 es prévisions les plus exactes — voire seules à l’ être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépenda
3563 ns les plus exactes — voire seules à l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes du je
3564 ute rétroaction financière, sociale ou morale, il est fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute
3565 défis de la « dernière », et en appelle d’autres, fût -ce à seule fin de vérifier ses méthodes. Ainsi les techniques de lutt
3566 rentabilité à prendre en compte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’importe quel prix financier ou humain, rien n
3567 t. D’où l’on déduit que l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’u
3568 toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’utopie au sens originel, le « pays de nulle part », donc de pure th
3569 1973), elle décide en fait que l’avenir prochain est déjà joué dans le passé récent : c’est le contraire d’une véritable p
3570 raire d’une véritable prospective. Le court terme est seul calculable. Le long terme ne peut faire ressortir que l’absurdit
3571 thode kahnienne des « projections sans surprise » est donc nécessairement conservatrice en tant que « projection », et an-h
3572 que en tant que « sans surprise ». Elle peut donc être qualifiée de conservatisme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé
3573 montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle est un facteur d’entropie, et de déperdition du patrimoine humain. Tout c
3574 mprobable création. Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prév
3575 Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soum
3576 e nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de fact
3577 et Kahn, entre autres, dressent le calendrier, n’ est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces te
3578 ces techniques, nous le voyons bien aujourd’hui, sont trop nombreux, trop ramifiés et interagissants pour que leurs résulta
3579 nteragissants pour que leurs résultantes puissent être évaluées : il faudrait tout savoir sur l’homme, ses régularités et se
3580 que pourtant l’on se voit sommé de prévoir, quel est le recours ? Au cours d’une conférence en 1971, présentant les travau
3581 la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création, tant s
3582 xe des interactions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance
3583 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’il est préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en
3584 t de liberté ou de manque de liberté (“La liberté est une sensation. Cela se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela ne
3585 ance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel m
3586 ander si le dogme de la croissance industrielle n’ est pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la fi
3587 , il faut admettre aussi qu’une société humaine n’ est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute l
3588 société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’ est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chos
3589 artiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose — ensemble de systèmes plus ou moins intégrés, référentie
3590 hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’il soit , les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu
3591 euse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les faits ne pouvant avoir tort, c’est la m
3592 t notre société de consommation, — selon que l’on serait au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme celui de la p
3593 ques et des « terribles simplificateurs ». Hitler est là, dans les Lettres à von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1
3594 t, qui datent de 1882. Et le condominium USA-URSS est là, dès 1856, dans la Démocratie en Amérique, après et avant vingt au
3595 le de dire « si nous verrons jamais le jour où il sera possible d’isoler les variables clés qui déterminent le surgissement
3596 la société »131. Mais ces prévisions impossibles sont justement de celles que les auteurs plus intuitifs que scientifiques
3597 us loin des exemples à propos d’Hitler notamment. Serait -ce qu’une chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’éta
3598 imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’ étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret
3599 ’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’ho
3600 ens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ; et que de là, et de
3601 . […] Limiter une expansion malsaine n’aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres régionaux. Au
3602 mporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beaucoup trop tard pour que Rome, en reconnaissant ces tendances, pui
3603 ière de l’Empire, la charte d’indépendance devait être accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec no
3604 e ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait être senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui, qu’au plus intime d
3605 nscrira dans l’Histoire un jour ou l’autre. Telle est la loi de l’évolution humaine — et du même coup, de la prospective in
3606 La prospective que j’ai dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, puisqu’elle prend son appui dans l’ho
3607 dans l’homme sujet de l’Histoire. La futurologie serait alors « objective » parce qu’elle part des objets, des « faits », c’e
3608 ts », c’est-à-dire de l’Histoire déjà faite. Elle tient que l’homme, fait par l’Histoire, est son objet, un objet parmi d’aut
3609 ite. Elle tient que l’homme, fait par l’Histoire, est son objet, un objet parmi d’autres, soumis aux mêmes lois, et par-là
3610 ective, en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aurait plus
3611 De fait, la prospective n’aurait plus de raison d’ être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d
3612 a prospective utile et significative ne peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou moni
3613 les seules prévisions objectives qui m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves p
3614 m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves possibles, et à quelle heure il faudra
3615 deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon commencement », disent les mystiques. C’est de mes fins que je va
3616 devenir personnel. Les critères de ma prospective seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabil
3617 seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabilité, ni le profit monétaire aux dépens du bonheur
3618 sastre inévitable, du seul fait que la finitude n’ est pas capable d’infini — finitus non capax infiniti — comme le savaient
3619 ous allez créer du chômage ! » Mais l’alternative est dans l’enchaînement autos-autoroutes – emplois multipliés – pouvoir d
3620 orte en elle-même ses principes régulateurs. Ce n’ est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lois
3621 est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lois de la vie et qui met en péril la vie même, dès qu’
3622 suivante : devant toute innovation technologique, être en mesure de démontrer non seulement à quoi cela sert, mais surtout à
3623 peut mener dans l’hypothèse d’un succès maximum. Est -ce que cela va dans le sens de mes besoins réels, ou de mes désirs pr
3624 ucléaires. Cette analyse des motifs et des fins n’ est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la press
3625 ’avenir qu’on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communauté qui le réalisera, et dès maintenant sur
3626 er et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’ est nullement de prévoir et de calculer des phénomènes indépendants de l’
3627 a prévision donnée pour objective d’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir.
3628 s fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions
3629 tre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions
3630 ons courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des lois mythiques derrière lesquelle
3631 esquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’A
3632 e, publié par le club de Rome : « En vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans
3633 oses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter au moindre échange vivant
3634 ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de consulter le mode
3635 ’un ouvrage en préparation de D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspondent
3636 de D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspondent au chapitre 6 de ce livr
95 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
3637 lations Europe-Monde (hiver 1975-1976)dt Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le pro
3638 -1976)dt Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque. Paul Valéry Le problème des relations Europe-Monde
3639 t, le concept exprimé par ces mots signifie qu’il est entendu, avant tout discussion et comme allant de soi que : — la nouv
3640 ieux que la mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce
3641 en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de tradition, si
3642 espèce de tradition, si toutefois l’on prétend se tenir à l’avant-garde de son temps. Qu’on m’entende bien : quantité d’intel
3643 et d’artistes européens, américains et russes ont été et se veulent aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle
3644 d’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle soit chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considèrent tout
3645 es occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui n’ est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine pr
3646 itive ou tel masque polynésien d’usage rituel, il serait en effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récu
3647 effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récuse les vérités reçues et remet en question les traditions,
3648 entre l’Europe et le Monde (tiers et quart-monde) est traité d’ordinaire en termes politiques de puissances comparées (écon
3649 urels, dont l’importance, assure-t-on, ne saurait être sous-estimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer que l’on tien
3650 onobstant tout ce qu’on vient de montrer que l’on tient pour vraiment sérieux). Je voudrais inverser cette échelle des valeur
3651 Les relations entre l’Europe et le reste du monde sont conditionnées par les mêmes forces qui déterminent les structures et
3652 itique et l’usage de ses armements. Or ces forces sont religieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles o
3653 es. III. Le concept de révolution Mais s’il est vrai que toute culture vient d’une religion et la prolonge en express
3654 fère essentiellement de toutes les autres, quelle est alors la différence fondamentale entre les autres religions et celle
3655 et celle qui domine l’Occident ? La réponse doit être cherchée dans la théologie du xxe siècle qui, sur les traces de Karl
3656 es de Karl Barth, a montré que le christianisme n’ est pas une religion à proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose et
3657 ntané par un nouvel ordre : « Les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». « De nouveau
3658 hoses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles ». « De nouveaux Cieux, une nouvelle Terre » sont
3659 lles ». « De nouveaux Cieux, une nouvelle Terre » sont promis, remplaçant ceux qui existent devant nos yeux.   Tous ces trai
3660 la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité n’ est plus désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’est plus « ce q
3661 désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’ est plus « ce qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est d
3662 assé. Le référentiel absolu n’est plus « ce qui s’ est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se f
3663 s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se faire au nom de la Fin universelle, donc de l’Ave
3664 passage du « vieil homme » à l’homme régénéré, il est décrit comme une rupture, comme une métamorphose subite. Saul de Tars
3665 un peu plus tard, qu’au retour du Christ : « Nous serons tous transformés, en un instant » (grec : en atomo), c’est-à-dire en
3666 re en un atome de temps. Ainsi le Chemin de Damas est au principe de l’idée de Révolution. Idée radicalement exclue par tou
3667 par toutes les autres religions, parce qu’elle n’ est concevable, en effet, que dans une société travaillée par le message
3668 e profondément antireligieuse et qui, d’ailleurs, fut ressentie et dénoncée comme telle par les Romains. IV. « Tout est
3669 noncée comme telle par les Romains. IV. « Tout est venu à l’Europe… » Ces faits religieux fondamentaux conditionnent
3670 xandrie, on peut bien dire avec Valéry que « tout est venu à l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogonie — mythe d
3671 incesse de Tyr — non loin de Byblos où l’alphabet fut inventé — est enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civil
3672 — non loin de Byblos où l’alphabet fut inventé — est enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civilisation minoen
3673 a Grèce continentale. Le peuplement de l’Europe s’ est produit à partir du nord (Scythes, Doriens, Indo-Européens), de l’Ana
3674 e la Méditerranée puis le Rhône). Enfin, le droit est apporté aux Grecs par Solon, après ses voyages en Égypte, l’astronomi
3675 Solon, après ses voyages en Égypte, l’astronomie est importée de Babylone. Et tout cela fait le « Monde antique ». Puis « 
3676 nthèse de ces grands phénomènes culturels pouvant être localisée à la cour de Poitiers et dans ses environs, au premier quar
3677 e contre la cortezia des troubadours. Oui, « tout est venu à l’Europe », mais désormais, tout en viendra, « ou presque… ».
3678 s Européens ont découvert le Monde, et personne n’ est jamais venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous permet
3679 e tradition chrétienne137. En sorte que la greffe sera bientôt rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’une
3680 rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublemen
3681  modernité » pendant deux ou trois décennies, ils sont rejetés par les nouvelles générations de créateurs, d’avant-gardistes
3682 sens précis, concret, les a créées. Tel émirat n’ est qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie aut
3683 tte information produira de l’énergie. Le pétrole est « arabe », dit-on, mais sans l’Europe il n’existerait pas. Et dans ce
3684 t, « il vient de l’Europe ». V. « … et tout en est venu, ou presque » J’ai fait ailleurs, et à plus d’une reprise, la
3685 monde moderne tout entier, en tant que tel, peut être appelé une création européenne. Que se passe-t-il quand le monde adop
3686 formes ? D’une manière globale, je crois que nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècles, exporte
3687 ndiale et l’impact sur le tiers-monde de « ce qui est venu de l’Europe ».   A. Prenons notre premier exemple au niveau micr
3688 n impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’ est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que subir
3689 te. L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. Les Messes et les Passi
3690 me, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’auj
3691 le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’e
3692 l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres,
3693 ts, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’ est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. No
3694 es l’ignorent ; ils voient plus facilement ce qui est beaucoup plus bas, au niveau du contact brutal entre leurs coutumes e
3695 ur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas nos grandeur
3696 ais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’oreille d’un Oriental, c’est un
3697 e, une espèce de rumeur insensée… Seulement, elle est issue du même complexe, et elle répond dans le monde de l’âme au même
3698 çu les machines et la personne. Mais les machines sont transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni l
3699 hines sont transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellectuel ind
3700 » Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui est Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’une école de
3701 jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est , en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et reti
3702 us fort de ce terme.139   B. Mon second exemple sera pris au niveau macroscopique du contact de l’Europe et d’un empire, l
3703 La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est bien l’idée la plus contraire à sa tradition millénaire d’équilibre d
3704 ropéen typique : un Juif allemand, dont le père s’ était fait protestant, et qui écrivait dans les salles du British Museum, p
3705 produirait dans les pays industriels. Or la Chine est une grande paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce sera cette
3706 e paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce sera cette exigence de rejoindre les conditions d’une révolution marxiste
3707 ela s’explique aisément. Car cette « révolution » est en réalité, la modernité décrétée. Le chemin de la paysannerie du tie
3708 i long que les dangers de la croissance illimitée sont encore inconcevables dans ce monde-là. D’autant plus que Mao, très sa
3709 leurs : « Ne préconisez jamais l’hégémonie ». (Il est clair que cela vise d’abord le grand voisin, mais enfin le slogan par
3710 , dont les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimi
3711 s, de plus en plus difficiles à distinguer. Ce ne sont donc pas à proprement parler des conflits idéologiques qui nous menac
3712 ient de citer141. Or la souveraineté nationale ne sera bientôt plus garantie que par la possession de l’arme nucléaire. Mais
3713 ession de l’arme nucléaire. Mais l’arme nucléaire est désormais à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fa
3714 s à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fatal, dans ces conditions, qu’une guerre atomique, même si aucu
3715 nditions critiques que l’on vient de rappeler ont été créées par l’Occident, et d’abord par l’Europe (colonisation, formule
3716 ni par suite, comment la guerre atomique pourrait être évitée. C’est en Europe et non ailleurs que les anticorps des virus r
3717 s, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pourrait
3718 matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’ être . L’union fédérale de nos peuples pourrait seule permettre une lutte e
3719 ation des citoyens à leurs affaires communes, qui est la seule prévention efficace contre la délinquance générale ; — 3°) l
3720 e fédérée au-delà et en deçà de ses États-nations serait susceptible d’exercer sur le tiers-monde une influence décisive, orie
3721 e des États mais la liberté des personnes. Telles sont les grandes orientations qui me paraissent propres à guider une relan
3722 mir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont les Christs d’une autre forme et d’une autre croyance Ce sont les Chr
3723 ists d’une autre forme et d’une autre croyance Ce sont les Christs inférieurs des obscures espérances. 138. Voir, entre a
3724 llution ou l’alimentation, les délégués nationaux sont tombés d’accord sur deux points décisifs : — la réalité, l’ampleur et
96 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
3725 Chers amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce n’ est pas à moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir, q
3726 lle-là peut réserver à l’heureuse personne qui en est l’objet ou l’occasion, les surprises les plus délicieuses — ou les pl
3727 excuser le sérieux et la gravité du regard… » Je suis persuadé que dans ce beau volume je vais trouver quelques exemples in
3728 u… » contrastant avec « grand et souple »). Et ce sera très bien ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun a raison d’
3729 n a raison d’une certaine manière, selon ce qu’il est lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait ressem
3730 cipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage, les appa
3731 y a là de quoi passionner le personnaliste que je suis , et de quoi rendre encore plus mystérieux le complexe nodal, fondemen
3732 mains cette Politique de la personne dont nous sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’elle devrait dominer et orienter
3733 L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’en elle sont Les Chances de l’Europe . Merci, mes chers amis, pour ce cadeau somp