1
de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
a
Notre programme n’est pas systématique, et il n’est pas non plus r
2
e : pour maintenir les risques de la liberté, qui
ont
fait la vraie grandeur de l’homme européen, et pour sauver, en face d
3
té, une Europe qui demeure la terre des hommes.
a
. Rougemont Denis de, « Extrait du discours prononcé par Denis de Rou
4
’elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’
ont
pas grande confiance dans le jeu politique des États souverains et de
5
n de la culture, précisément — hors duquel nous n’
avons
aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens les
6
nce des contacts, un échange vivant avec ceux qui
ont
à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait
7
fait pour elle en dehors du plan politique. Nous
avons
attendu plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne voulions
8
n. Nous ne voulions pas annoncer des projets sans
avoir
enregistré des réalisations. Nous ne voulions pas tout embrasser sur
9
u risque de lasser les meilleures volontés.) Nous
avons
attendu qu’on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de discrét
10
Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’
ayons
pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous som
11
’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous
avons
fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélére
12
ce qui fonctionne dès à présent comme si l’Europe
avait
déjà fait son union, voilà qui parle mieux que les grands orateurs, e
13
sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’est-ce qu’il en
a
dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché contre l
14
conséquences extrêmes avec le concept d’autarcie,
a
créé dans la vie de l’esprit une situation que l’on peut décrire comm
15
et donc aux mécanismes de l’État. À la limite, on
a
vu certains États intégrer toutes les activités culturelles, le roman
16
du fédéralisme européen, de La Haye à Strasbourg,
ont
cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitu
17
avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’
avoir
servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (malgré eux, b
18
ins peur aux fonctionnaires, ceux qui, en un mot,
ont
l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échanges redevie
19
l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ils
ont
toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échang
20
os cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles
ont
progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des autre
21
Elles se sont nourries les unes des autres, elles
ont
vécu de l’échange de leurs découvertes et de leurs méthodes, de leurs
22
où elles vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’
a
plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pen
23
tre faite : elle existait aux origines, et elle n’
a
cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille dive
24
que le Centre est un pool, à sa manière, et si on
a
pu le comparer parfois à une espèce de « plan Schuman de la culture »
25
iciels. Mais l’État est intervenu, des frontières
ont
été posées, et la culture dépérit. Les experts culturels des États so
26
anément jusqu’au xixe siècle, mais que les États
ont
tenté d’interdire. Si les experts aiment la culture et veulent l’aide
27
experts aiment la culture et veulent l’aider, ils
ont
maintenant deux choses fort importantes à faire : 1° supprimer les ba
28
e : 1° supprimer les barrières que leurs mandants
avaient
dressées ; 2° aider les groupes et les institutions que les fiscs, le
29
ul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il
avait
conquis au lendemain de la guerre d’importantes positions stratégique
30
lle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’
aurait
su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul, mais
31
es diversités enracinées. Le malaise Il n’y
aurait
pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas, le problème
32
s rapports entre ces deux cultures en filiation n’
aurait
rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’appui d
33
ous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’
avez
même pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pense de so
34
ai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’
a
proposé de remède au mauvais goût, ni au goût des lectures faciles. (
35
pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et
ont
l’argent. Mais globalement, la situation se présente ainsi aux yeux d
36
ion se présente ainsi aux yeux des Américains.) J’
ai
vu des comités, placés devant le choix de plusieurs thèmes d’activité
37
urs thèmes d’activité, retenir celui qui semblait
avoir
des chances d’intéresser l’argent américain, et renoncer à ceux qui i
38
’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’
a
rien empêché. Nécessité d’un dialogue juste Depuis un certain t
39
EC prépare le plan d’une rencontre de travail qui
aura
pour objet principal d’éclaircir les malentendus entre l’Europe et l’
40
hère plus saine, quelques conditions simples nous
ont
paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et non
41
lques conditions simples nous ont paru requises :
a
) La première rencontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il
42
eutralistes ». En voici un : « Dès le début, nous
avons
ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays
43
L’éditorial de notre bulletin de juin-juillet
a
suscité de nombreux échos. Une trentaine de quotidiens et de revues d
44
entaine de quotidiens et de revues du Continent l’
ont
reproduit en tout ou partie, et commenté dans un sens favorable. Il e
45
culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous
ont
assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la culture à sa p
46
t que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y
a
guère de raisons de perdre son temps dans une commission « culturelle
47
choses. Je constate que l’Europe, cap de l’Asie,
a
dominé le monde pendant des siècles non point par la réalité de ses p
48
ques, éthiques — d’où naquirent les doctrines qui
ont
créé nos régimes — et par les formes de pensée philosophique qui ont
49
s — et par les formes de pensée philosophique qui
ont
permis le développement de nos sciences, et donc de notre puissance é
50
épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abord ce qui
a
permis et permet seul encore ces inventions techniques, sans lesquell
51
me matériels. L’Europe est une culture, ou elle n’
a
rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détail
52
r aux réalités électorales. Il demande que sa vie
ait
un sens. Qu’on lui en donne un sans discussion possible (et c’est la
53
idences. 4. Mais on va me dire : le mot culture n’
a
pas beaucoup plus de sens pour l’homme moyen. Si c’est vrai, tirons-e
54
Si c’est vrai, tirons-en les conclusions : il n’y
aura
pas d’union valable de l’Europe sans participation des masses à cette
55
masses à la culture (définie largement comme je l’
ai
fait plus haut). Sinon l’Europe (unie ou non) restera le cadre en fil
56
restera sans contenu spirituel ou social. Elle n’
aura
pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être défendu
57
vraiment unie et forte, c’est vouloir que la vie
ait
un sens en Europe, c’est vouloir la culture, par suite ses conditions
58
ces conditions. Je me borne à en indiquer quatre.
a
) Un gouvernement qui augmenterait son budget de la défense aux dépens
59
, la défense de l’Europe. La jeunesse de l’Europe
a
le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union a
60
uns aux autres. Le Centre européen de la culture
a
créé le noyau de leur fédération. Mais il faut les aider tout d’abord
61
pays, peut indiquer la solution. Pour ceux qui en
ont
le besoin réel (même inconscient) mais ne savent pas où la trouver, i
62
xpositions itinérantes. (L’expérience des guildes
a
prouvé qu’il existe un public de lecteurs dix ou vingt fois plus vast
63
me le font les totalitaires (qui eux, au moins, n’
ont
pas négligé le problème !). Mais au contraire, en vue de former des h
64
précisément, votre congrès doit estimer qu’il n’y
a
pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont Denis de
65
ernements, ni même du Mouvement européen, qui lui
a
cependant donné naissance et auquel le rattachent encore des liens pe
66
organisme permanent d’exécution. Aussi le Comité
a-t
-il proposé tant au Collège d’Europe qu’au CEC de réaliser certains de
67
er certains de ses plans. Les entretiens que nous
ont
ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en détail les
68
ens que nous ont ménagé les experts de Strasbourg
ont
permis d’explorer en détail les possibilités de coopération. Quant au
69
verra, répond à ces nécessités. En résumé, le CEC
a
son rôle à jouer, bien nettement distinct de celui des autres organis
70
exemples précis. Notre Commission des historiens
a
cessé de se réunir, à la suite de certaines défections, mais aussi fa
71
e2 » et brochures. La Commission universitaire n’
a
pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de div
72
e n’a pas pris corps, des plans analogues au sien
ayant
été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mai
73
au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous
avons
craint le double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’en réali
74
re service d’articles de revues, Europa Features,
a
placé de bons articles, mais le marché des revues existantes s’est ré
75
défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’
avons
pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la conscience des Pouvoir
76
actif. J’y rangerai d’abord trois entreprises qui
ont
déjà donné des résultats réels, quoique non encore suffisants dans no
77
co, chargée de le faire adopter par les États, en
a
retenu le bénéfice moral, et l’on verra tout à l’heure que la moitié
78
ttérature doit être décerné en mars 1953, et nous
avons
reçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la portée « e
79
upart des instituts européens « sérieux », mais n’
a
pas encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre.
80
e causerie (tirés à l’200 000 exemplaires, et qui
ont
permis des centaines de conférences en 6 langues), et à l’Association
81
d’autre part de la vaste ambition européenne qui
a
fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’aim
82
e-janvier 1953)i La démission de M. Trygve Lie
a
fait parler d’une crise des Nations unies, par conséquent de la polit
83
e mérite un examen, que presque toutes les revues
ont
négligé de faire, en vertu de la curieuse indifférence dont témoignen
84
t grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’
a
rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur e
85
, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien
eu
de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur est parti
86
ducateur est parti en claquant la porte, non sans
avoir
déclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait.
87
la porte, non sans avoir déclaré vertement qu’il
avait
cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise ? Ch
88
t superficielle dans ses jugements, quand elle en
a
sur cet objet ; non seulement chez les « hommes de culture », qui sav
89
comme le prouve le départ de leur chef. Il doit y
avoir
un vice constitutif dans toute l’affaire. Et peut-être facile à trouv
90
reste loin d’épuiser la question. Car l’Unesco n’
a
jamais prétendu faire la culture, ou faire de la culture. L’Unesco ve
91
la paix. Or seule une aide toute désintéressée, n’
ayant
en vue que la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de science,
92
itiques. Si le produit qui émerge de leurs débats
a
par miracle forme humaine et valeur proprement culturelle, ce sera bi
93
t ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’
a-t
-on fait ? En attendant, rêvons un peu sur ces 9 millions de dollars c
94
ond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’
ont
imaginé il y a sept ans les créateurs de l’Unesco. Le système souffre
95
champ d’étude historique intelligible » tel que l’
a
délimité Toynbee : une société, une civilisation bien définie, comme
96
c’est la méthode du CEC depuis sa naissance. Nous
avons
bien souvent parlé d’un « centre décentralisé ». En bonne doctrine fé
97
odes éminemment fédéralistes sont celles que nous
avons
adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en doctri
98
s. De plus, les compositeurs, qui avant la guerre
avaient
de nombreuses occasions de se rencontrer et d’établir des contacts in
99
e du point de vue international. Peu de critiques
ont
la possibilité d’apprécier les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’
100
laboration. Tels sont entre autres les motifs qui
ont
amené le Centre européen de la culture à élaborer le projet d’une con
101
t choisis les hôtes de cette rencontre. Le Centre
a
constitué un Comité d’honneur international qui comprend des composit
102
i comprend des compositeurs de renommée mondiale.
Ont
déjà accepté d’y participer MM. Igor Stravinsky, Samuel Barber, Benja
103
de chambre, au cours desquels seront exécutés :
a
) des œuvres de jeunes compositeurs européens et américains, b) des œu
104
égligées à tort, d) quelques œuvres anciennes qui
ont
considérablement influencé le développement de la musique au cours de
105
ix internationaux aux trois meilleures œuvres qui
auront
été commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fer
106
ées. Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants
ont
été suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à b
107
membres du Conseil musical. Dès que ces derniers
auront
donné leur accord, des lettres personnelles seront envoyées à chacun
108
moment, on se tromperait en jugeant que la lutte
a
cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à
109
endions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous
avons
pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Montreux, 1947). Normalem
110
. On n’oserait affirmer ici que ce raisonnement n’
ait
pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs
111
Russie. Mais ce même raisonnement, d’autre part,
a
pu jouer chez nous en faveur de l’union : il la fait apparaître, aux
112
tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’
avoir
peur, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’être. Parlons do
113
s évidences. Les vrais motifs de notre union n’
ont
pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armistice
114
homme et de ses libertés politiques et sociales n’
a
pas varié, que l’on sache, n’est pas moins menacée de l’intérieur et
115
uence de tout cela, leur indépendance. Personne n’
ayant
pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solution ne
116
diplomate dans ses récentes conclusions : l’URSS
ayant
décidé de nous rassurer, l’Europe doit changer de politique. Le senti
117
e, vont être les premiers à la croire inutile. Qu’
avons
-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ?
118
cesser de se croire fédéralistes. Comme ils ne l’
ont
jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais pl
119
ir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’elle
a
de le faire. Et cela dans des conditions de clarté, de sérieux, de sa
120
cion générale, et le doute quant à savoir si nous
aurions
le temps de bâtir quelque chose de solide. L’état d’esprit de défensi
121
core les vrais secrets d’une civilisation qu’elle
a
rendue mondiale ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue à la v
122
r nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils
ont
créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécess
123
tance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il
a
créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, ta
124
s un siècle et demi, les hommes d’État américains
ont
coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de
125
va comprendre l’extrême importance ; ces notes n’
avaient
d’autre intention que de l’introduire : Le monde peut être divisé po
126
géographiquement, en quatre parties dont chacune
a
des intérêts distincts. L’Europe, pour le malheur des trois autres, l
127
. L’Europe, pour le malheur des trois autres, les
a
toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et s
128
s sous sa domination. La supériorité que l’Europe
a
depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maî
129
té que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’
a
disposée à se regarder comme la maîtresse de l’univers, et à croire l
130
Des hommes, admirés comme de grands philosophes,
ont
positivement attribué à ses habitants une supériorité physique, et on
131
ibué à ses habitants une supériorité physique, et
ont
sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine,
132
chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après
avoir
respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longt
133
ré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits
ont
trop longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des Européens. C’est
134
certainement la plus sérieuse que notre continent
ait
traversée depuis la dernière guerre. Quel est le sens de l’action eur
135
épète que les quelques hommes d’État français qui
ont
agi pour l’union, « incapables de résoudre leurs problèmes nationaux,
136
art, dans leur forme nationale au sens moderne, n’
ont
qu’un passé des plus récents, et presque ridiculement court au regard
137
es tous responsables. Il est faux qu’une nation n’
ait
de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-
138
ix et sans délai. Cela peut se démontrer, et on l’
a
souvent fait. En revanche, personne au monde n’a jamais essayé de dém
139
’a souvent fait. En revanche, personne au monde n’
a
jamais essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de re
140
méfiance à l’égard du reste du continent, qui les
a
pourtant civilisés ; une Allemagne amputée d’un quart de sa populatio
141
nir tout neuf devant nous, qui nous attend et qui
a
besoin de nous, tant pis pour nous », comme dit Claudel. L’idée av
142
ais sur les seuls Européens — sur tous ceux qui n’
ont
pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il fa
143
eux-mêmes. Ils crient la paix, la paix, et il n’y
a
point de paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils attend
144
s n’attendent plus rien d’eux-mêmes. Ils semblent
avoir
choisi de se faire entretenir, en gardant le droit de cracher sur les
145
adence des empires et des régimes démissionnaires
ont
vu revenir à la surface ces mêmes coalitions ou agglutinations de sce
146
urs fictive. Que se passe-t-il alors ? La France,
ayant
refusé l’Europe au nom de ses colonies, perd ses colonies. L’Italie a
147
nom de ses colonies, perd ses colonies. L’Italie
ayant
refusé l’Europe par la faute des néo-fascistes et monarchistes, est l
148
, est livrée aux communistes. La Grande-Bretagne,
ayant
refusé l’Europe au nom de l’Empire et de l’amitié des USA, voit plusi
149
se détournent d’elle. Les socialistes allemands,
ayant
refusé l’Europe au nom du pacifisme, ont une armée allemande. Les nat
150
mands, ayant refusé l’Europe au nom du pacifisme,
ont
une armée allemande. Les nationalistes français, ayant refusé l’Europ
151
une armée allemande. Les nationalistes français,
ayant
refusé l’Europe au nom de l’armée française, ont une armée allemande.
152
yant refusé l’Europe au nom de l’armée française,
ont
une armée allemande. Ou à défaut d’armée allemande, pour les uns et l
153
n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’
ont
jamais sauvé les « races incrédules », car celles-ci les transforment
154
incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe
a
besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui permettent d’exister p
155
la Constitution, cette Assemblée ad hoc que vous
avez
créée. Pratiquement, le sort de l’Europe serait donc confié à quelque
156
ment des députés. Qui les suivrait ? 2. Le Projet
a
été discuté et rédigé par des parlementaires, un œil sur le grand But
157
que chose qui serait très semblable à ce que vous
auriez
écarté. 3. Dans ses grandes lignes, le Projet prévoit un Parlement él
158
ttre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’
auront
pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auront pas voulu. La p
159
nt pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’
auront
pas voulu. La perspective dynamique dans laquelle il faut voir le Pro
160
nts pour commencer, de plus du double lorsqu’elle
aura
regroupé l’une après l’autre toutes les nations à l’ouest du rideau d
161
s, elle dictera la paix dans le reste du monde, l’
ayant
rétablie dans son sein. 5. Une telle fédération ne suppose pas « l’ab
162
ne seule indépendance imaginable, et elle ne peut
avoir
qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Europe entière.
163
ent de l’accepter, même incomplet. Tous ceux qui
ont
distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’
164
bra pour toujours il y a cinq siècles exactement,
avait
cessé de vivre son grand rôle historique dès l’an 1204, où l’armée de
165
me noble Salle des chevaliers. Le congrès de 1948
avait
pour mission de donner le coup de gong du départ à toute l’action eur
166
de gong du départ à toute l’action européenne. Il
avait
esquissé des plans et des programmes embrassant les trois grands doma
167
la culture. Et c’était sa section culturelle qui
avait
été chargée d’écrire et de présenter le Message aux Européens, dégage
168
ertains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous
a
point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu pour
169
t accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle
avait
reçu pour mission de s’occuper précisément de « l’idée » et des moyen
170
» et des moyens de l’illustrer dans nos pays. On
aurait
pu redouter le double emploi avec les objectifs du Centre. En fait, r
171
n fait, rien de tel ne s’est produit, ainsi que j’
ai
pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personnel — d
172
duit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour,
ayant
été chargé — à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la
173
de la conduite des débats. Ce que la table ronde
a
fait avec éclat, grâce à la participation de six personnalités politi
174
vedettes. Perspectives En trois ans, le CEC
a
constitué 7 associations et communautés professionnelles dotées de st
175
propres, mais dont il assure le secrétariat ; il
a
formé 3 commissions de savants (dont l’une a pris l’initiative du Lab
176
; il a formé 3 commissions de savants (dont l’une
a
pris l’initiative du Laboratoire européen de recherches nucléaires),
177
littéraire européen et la Conférence musicale. Il
a
ainsi doté l’Europe d’un instrument de coopération intellectuelle ; d
178
que nous venons de reprendre dans plusieurs pays
ont
révélé l’existence d’un besoin très réel et de possibilités précises
179
hollandaise, un modèle de « cahier des charges »
a
été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajo
180
’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’
avais
donc suggéré aux rapporteurs d’envisager le problème européen dans un
181
aissent transitoires et relatives. À cette fin, j’
avais
introduit, dans les six thèmes proposés, l’idée d’un destin commun de
182
s communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’
avons
faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus grands h
183
autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous
avons
vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occident : l
184
s de notre domination retournés contre nous. Nous
avons
vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’a
185
tre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’
avaient
plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible que dans l’union
186
Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’
avons
pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons
187
e Gasperi dans son discours introductif, qui nous
a
présenté le tableau cohérent de mesures institutionnelles capables d’
188
notre unité compromise. Certes, la table ronde n’
a
pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses pour sup
189
assurer le bien dans un délai garanti. Mais elle
a
déterminé clairement nos responsabilités d’Européens devant le monde
190
ponsabilités d’Européens devant le monde que nous
avons
changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir.
191
ns devant le monde que nous avons changé, et elle
a
formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pa
192
relatives fondées sur la science, la table ronde
a
affirmé la nécessité du dialogue fécond, de la mise en question récip
193
pays, et celle de sauvegarder les diversités qui
ont
fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structures
194
rsités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle
a
posé la nécessité de structures supranationales, permettant de mettre
195
sitions économiques dans le monde, la table ronde
a
conclu à la nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rappo
196
s perdons en apports extérieurs. La table ronde n’
a
pas dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré q
197
sé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle
a
déclaré que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hu
198
reste du monde. Un seul exemple : le nationalisme
a
été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au
199
onalisme a été notre invention collective. Nous l’
avons
communiqué, « donné » au monde entier, et cette liqueur tout d’abord
200
d ce que vous entendez par Culture. — T. S. Eliot
a
répondu pour nous : « La culture peut être définie simplement comme c
201
culture est l’ensemble des activités humaines qui
ont
pour fin de donner un sens à la vie. — La politique fait-elle partie
202
ues, ni doctrines philosophiques propres. Mais il
a
créé et créera encore des associations de producteurs et de distribut
203
nseignement, éducation5). — Le Centre pense-t-il
avoir
, de cette manière, vraiment servi ou aidé la culture, dans les divers
204
les « Relations culturelles ». L’apport du Centre
a
consisté dans la mise au point d’une méthode pratique de coopération
205
ratique de coopération supranationale. La culture
a
toujours vécu d’échanges en Europe. Rétablir ces échanges au-dessus d
206
condition de la santé culturelle en Europe, nous
avons
conçu le projet d’une Fondation européenne de la culture, comparable
207
lus fort en faveur de l’existence du Centre. On n’
a
pas réussi à créer l’union fédérale de l’Europe dans le délai optimum
208
C’est un problème qu’un organisme comme le Centre
a
justement pour raison d’être de poser tout d’abord, puis d’étudier, e
209
par exemple ? — C’est impossible, car l’Unesco n’
a
nullement pour but de favoriser l’union de l’Europe, ni l’éveil d’un
210
ontact souvent fécondes. Certes le CEC est loin d’
avoir
exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons encore, après qua
211
e, les députés et même certains hommes politiques
ont
cru qu’elle dépendrait des conférences de Berlin et de Genève. Bien p
212
fondamentales de l’Europe. Même si la Conférence
avait
unifié l’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions ne pouvaient é
213
ur tous les points de l’ordre du jour, elles n’en
ont
pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’union de l
214
ui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six,
a
proposé une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas
215
divagations, un fait curieux : l’idée européenne
a
fait de tels progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans fe
216
soulignons d’autant plus fortement que la presse
a
manqué de le faire, qu’à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie
217
qu’à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie
a
constitué le plus sérieux atout des pays libres dans leur confrontati
218
et le projet de fédération qui est sa vraie base
aient
jamais été considérés comme monnaie d’échange éventuelle — MM. Bidaul
219
naie d’échange éventuelle — MM. Bidault et Eden l’
ont
précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure d
220
Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui
ont
mis l’Occident en mesure de discuter sur un fondement solide : nous a
221
mesure de discuter sur un fondement solide : nous
avions
quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mai
222
ain de Berlin, l’une des plus favorables que nous
ayons
vécues depuis longtemps pour marquer des progrès réels vers notre uni
223
ns l’atmosphère de mars 1954. Le danger de guerre
a
diminué dans l’immédiat. La nécessité d’une entente étroite entre nos
224
tinents, devient évidente à beaucoup. Des projets
ont
été formulés, parmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doi
225
passer prochainement au premier rang. La Hollande
a
ratifié la CED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’est pas
226
’Allemagne n’est pas revenue en arrière, l’Italie
a
décidé de poser la question à son Parlement, et des progrès minimes m
227
t, et des progrès minimes mais peut-être décisifs
ont
été enregistrés en France. Les consultations d’opinion récemment orga
228
participer (les Anglais) ; et qu’enfin son heure
a
sonné, si jamais signal clair fût donné par l’Histoire. L’Asie à G
229
soviétique, lui, nous menace à bout portant : il
a
déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il
230
t de ce pays apparaît simplement démente, si l’on
a
vu la situation mondiale — et si l’on n’est pas communiste. Seule une
231
l’abîme par une poignée de députés en sursis, qui
ont
donc à peine le droit de parler au nom d’une seule ? C’est aux França
232
comment ce modèle d’un système politique fédéral
a
pris naissance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’était qu’une
233
souverains. Pendant des siècles, leur lien légal
avait
consisté dans une Diète, laquelle n’avait guère plus de pouvoirs que
234
n légal avait consisté dans une Diète, laquelle n’
avait
guère plus de pouvoirs que l’Assemblée consultative de Strasbourg. Co
235
erains, pourvus du droit de veto, cette Diète « n’
avait
en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se confo
236
mise, déclarait aux Suisses en 1802 : « La nature
a
fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un h
237
abile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on
a
le tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranquille
238
érament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle
a
tranquillement supprimé le problème de la souveraineté cantonale (ou
239
ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés
ont
-elles quelque réalité et consistance, en dehors des débats où elles f
240
exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’
a
définie comme « la faculté, pour un État, d’agir à sa guise, tant à l
241
ine ». Or on ne voit plus aucun État européen qui
ait
conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui
242
es. Il en résulte que la souveraineté nationale n’
a
plus guère d’autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œuv
243
et surtout angoisse de perdre son identité. Elle
a
donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficulté,
244
table ronde de l’Europe, à Rome, deux arguments m’
ont
frappé, comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opini
245
ourd’hui les décisions principales et le peuple n’
a
sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranation
246
uant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’
ont
perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? Il no
247
tout reste à faire Deux événements politiques
ont
absorbé l’attention des Européens et des militants de l’Europe unie d
248
projet de CED et les accords de Londres. Londres
a
réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de prépare
249
CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle
avait
pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’
250
t réarmement allemand. On leur proposa un vaccin.
Ayant
remarqué que le nom de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme
251
pas fin à la construction européenne, comme on l’
a
répété bien à tort ; il montre simplement qu’une partie d’un Parlemen
252
venue majorité grâce à l’appui des communistes) n’
a
pas encore senti la nécessité historique de cette construction — néce
253
r pas vers l’intégration européenne », comme on l’
a
dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe suprana
254
« Européistes » Les partisans de l’Europe unie
ont
péché depuis quelques années — et non seulement dans l’affaire de la
255
ED — par complaisance à une double illusion : ils
ont
cru que le travail éducatif en profondeur, lent par nature, représent
256
ature, représenterait une perte de temps ; et ils
ont
cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons l
257
eux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous
avons
tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par un
258
pter l’une après l’autre par les parlements. On n’
a
pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire
259
sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’
eût
représenté l’exigence immédiate d’une fédération politique. C’était p
260
aisons de coulisses parlementaires. Cette méthode
a
réussi (OECE, CECA) jusqu’au jour où les adversaires de l’union ont d
261
CECA) jusqu’au jour où les adversaires de l’union
ont
déclenché leur propagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à
262
nion ont déclenché leur propagande massive. Eux n’
ont
pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la
263
pas hésité un instant à agiter les passions : ils
ont
gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvon
264
dans les intérêts particuliers. Or cette attaque
eût
impliqué une campagne éducative en profondeur, que l’on a négligé de
265
ué une campagne éducative en profondeur, que l’on
a
négligé de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue. II. Le
266
deur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on n’
a
pas sérieusement soutenue. II. Les mouvements de militants européens
267
tenue. II. Les mouvements de militants européens
ont
été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du f
268
urpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec
a
résulté du fait qu’on laissait le public dans l’ignorance de la vraie
269
e son rejet. Or les militants européens croyaient
avoir
expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires. Illusion profon
270
Une enquête menée par le CEC au mois de septembre
a
donné les résultats suivants : le nombre des brochures, tracts, petit
271
CE et en Suisse, s’élève à 491. Leur tirage total
a
légèrement dépassé 3 millions d’exemplaires. Cela paraît considérable
272
problème européen ? Notre programme Si l’on
a
fait si peu pour éduquer et pour influencer l’opinion, c’est donc d’u
273
inion, c’est donc d’une part que l’on s’imaginait
avoir
fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne jugeait pas utile et sur
274
faire beaucoup plus. Exemple : le CEC voulait et
aurait
dû faire beaucoup plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il es
275
iels lui manquaient, et il est significatif qu’il
ait
fallu tant de temps pour qu’il obtienne les premières promesses d’un
276
amment par les manuels d’histoire : l’anti-Europe
a
joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque… Et mai
277
efforcent aussi de créer les public relations qui
ont
manqué jusqu’ici à l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce que beau
278
des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’
ont
pas assez réfléchi sur la nature des forces historiques. Une révoluti
279
ons réussies. L’ambition du Centre est d’agir. Il
a
pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle commence dans le
280
édérer l’Europe semble une utopie pour ceux qui n’
ont
pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une a
281
t pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’
avons
vu, c’est une action. Action sur les esprits d’abord, comme le veut l
282
e, pas un seul événement historique d’envergure n’
ait
été le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens, ni
283
ticiens, ni des parlements. Un doctrinaire brutal
a
provoqué la Révolution d’octobre. Un saint a libéré l’Inde. Un fou a
284
utal a provoqué la Révolution d’octobre. Un saint
a
libéré l’Inde. Un fou a subverti l’Allemagne. Un amateur distingué a
285
ution d’octobre. Un saint a libéré l’Inde. Un fou
a
subverti l’Allemagne. Un amateur distingué a sauvé les États-Unis rui
286
fou a subverti l’Allemagne. Un amateur distingué
a
sauvé les États-Unis ruinés par le « réalisme » des businessmen. Un g
287
. Un grandiose hurluberlu — aux yeux des partis —
a
sauvé l’Angleterre et l’Occident. Une morale religieuse a permis la r
288
l’Angleterre et l’Occident. Une morale religieuse
a
permis la réussite sociale des États scandinaves et anglo-saxons. (Ce
289
ulement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste
a
été conçue et s’élabore dans quelques cercles assez restreints. L’idé
290
e, mais un certain enseignement de l’histoire qui
a
tué la CED en France.) Ces deux faits indiquent très clairement où no
291
n les forces dispersées. ⁂ L’analyse qui précède
a
dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’à ce jour. Elle en i
292
persées, c’est l’office des associations que nous
avons
déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années dans les di
293
boratoire européen de recherches nucléaires. Elle
a
réussi, comme on sait, sous les auspices de douze gouvernements. Plus
294
en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève,
ont
été signés et enregistrés les statuts de la Fondation européenne de l
295
rche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce qu’il
a
. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Celui
296
résultat concret et limité. L’esprit de recherche
a
pour caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment
297
une grande baleine que les habitants d’un village
avaient
prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui
298
prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle
avait
faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, elle mang
299
uvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle
avait
encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent da
300
mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim. N’
ayant
plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine,
301
s de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’elle
avait
encore faim, aussi grand-faim qu’avant et encore plus. Les gens voula
302
la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent : Qu’
as
-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute
303
in, ils lui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’
ai
faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute la nourriture du pays
304
u ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’
avons
donné toute la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’aurez donn
305
te la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’
aurez
donné cent fois et mille fois plus, j’aurai encore faim. Ils lui dire
306
ous m’aurez donné cent fois et mille fois plus, j’
aurai
encore faim. Ils lui dirent : Que veux-tu donc ? et elle dit enfin :
307
e, précise, utile : au-delà de tout ce qu’on peut
avoir
ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamentale devant l
308
ut encore, le savoir pur ou la beauté. La plupart
auraient
peine à formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’est jamais c
309
tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ils
ont
en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples animaux
310
qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner.
Ayant
ainsi tenté de définir le sens dernier de la recherche en général, je
311
ccidentale. La civilisation qui est née en Europe
a
dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque,
312
ériens et les Romains, les Aztèques et les Mayas,
avaient
créé des ordres stables. Leurs prêtres et leurs princes avaient répon
313
es ordres stables. Leurs prêtres et leurs princes
avaient
réponse à tout. Et de même aujourd’hui, la Russie soviétique offre ou
314
ssons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous
avons
l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans un maq
315
tien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y
a
pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être sain
316
écoles successives sont relatives et provisoires,
ont
été dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être d
317
st déterminée par les deux forces principales qui
ont
produit notre civilisation, — voilà ce qui définit le mieux l’Europe.
318
ne, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui
a
fait l’Europe. Et cette Europe a dominé le monde, non point malgré to
319
st tout cela qui a fait l’Europe. Et cette Europe
a
dominé le monde, non point malgré tout cela, mais à cause de tout cel
320
! C’est une curiosité inquiète et insatiable qui
a
poussé les navigateurs de la Renaissance à découvrir les autres peupl
321
ertir et les dominer, alors que nous Européens, n’
avons
jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une passion
322
iologiques, physiques et mécaniques, que certains
eurent
le courage de risquer à la même époque. Et voici, à partir de ces pio
323
progrès, c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’
ai
tâché de vous faire voir que le génie de la recherche est le génie mê
324
en effet la technique et son progrès constant qui
a
permis à notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de
325
t la concurrence croissante des empires neufs qui
ont
adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de
326
re la culture en général et la technique. Je vous
ai
montré tout à l’heure la technique débouchant dans la culture des mas
327
s de plusieurs pays d’Europe, le directeur du CEC
a
prononcé un discours dont nous donnons ici de larges extraits. »
328
e chaque homme à son âme, l’habeas animam comme l’
a
dit Ignazio Silone. La tyrannie possède aujourd’hui les moyens de mod
329
Foyer de la civilisation occidentale, l’Europe
a
pour mission suprême et impérieuse de susciter la résistance à cette
330
nyme contre l’humain, phénomène dont l’histoire n’
a
pas vue le précédent. Mais l’Europe est elle-même en grand péril. Les
331
est elle-même en grand péril. Les peuples qu’elle
a
civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient assuré s
332
ilisés retournent contre elles les techniques qui
avaient
assuré sa puissance. Ceux qu’elle a exploités et opprimés retournent
333
ues qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’elle
a
exploités et opprimés retournent contre elle les idéaux de liberté et
334
ontre elle les idéaux de liberté et d’égalité qui
avaient
assuré son prestige. Les progrès de l’hygiène, répandus par les Europ
335
progrès de l’hygiène, répandus par les Européens,
ont
pour effet de bouleverser totalement les rapports démographiques entr
336
où les valeurs secondaires de notre civilisation
ont
conquis le monde, l’Europe en perd naturellement le monopole, cependa
337
fétichiste à des « souverainetés nationales » qui
ont
épuisé leurs vertus au xixe siècle et sont devenues en partie fictiv
338
ie situation. Le Centre européen de la culture
a
été fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a c
339
ontribuer à ce réveil du sentiment européen Il
a
commencé par agir dans les domaines de la vie culturelle où il sembla
340
e d’obtenir rapidement des résultats concrets. Il
a
créé une série d’associations et communautés de travail qui fonctionn
341
ment et un foyer d’initiatives pour tous ceux qui
ont
compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’espr
342
se composer de personnalités très diverses, mais
ayant
en commun ces deux traits : d’être acquise à l’idée européenne, et d’
343
est celle de cette génération. La force dont ils
auront
besoin est certes d’ordre spirituel d’abord, mais toutes les autres e
344
récisa jusqu’à l’été 1953, et les premiers qui en
eurent
connaissance s’y montrèrent aussitôt favorables. Il s’agissait à la f
345
nous rejette aux risques de la paix. La détente n’
a
pas d’autre origine. Elle ne résulte pas des intentions vertueuses, n
346
ment armés — et de cette arme — il ne peut plus y
avoir
ce que l’on nommait une guerre, mais simplement une espèce de court-c
347
ou, lequel lui dit : « Vous autres, Occidentaux,
avez
une conception du secret un peu superficielle. Vous estimez qu’il fau
348
nant la réponse qu’un fonctionnaire de la Guépéou
avait
faite à quelqu’un qui lui demandait ce que l’on entendait par espionn
349
suis fauché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident
a
tout à gagner à faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la p
350
ccidentaux et votre propagande culturelle, vous n’
avez
vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convain
351
dentaux et leurs satellites intellectuels ? Ils n’
ont
rien à apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un dialogu
352
es ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils n’
ont
rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre à
353
nt des dictatures totalitaires. Un dialogue qui n’
aurait
donc lieu qu’entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS et les sc
354
e serait pas un dialogue sur pied d’égalité entre
A
et B, figurant deux points de vue bien distincts et valables. Ce ne s
355
serait guère qu’une parlotte sans lendemain entre
A
et a, ou entre A et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente e
356
t guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et
a
, ou entre A et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vr
357
ne parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre
A
et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vraie, un dial
358
emain entre A et a, ou entre A et non-B, ou entre
A
et 1/22e de B. Si la détente est vraie, un dialogue véritable doit s
359
es éléments premiers de notre force. L’Occident n’
a
donc pas de motif de redouter quoi que ce soit d’un libre échange con
360
change conforme à l’essence même de la culture. N’
ayant
qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liber
361
urs préjugés anarcho-individualistes ? Les Russes
ont
leurs idées sur le civisme, et sur les devoirs de l’intelligentsia. N
362
uteur, actuellement ambassadeur d’Italie à Paris,
a
rempli de nombreuses missions en URSS et parle couramment le russe.
363
e musique. Un an plus tard, le secrétariat qu’ils
avaient
constitué au Centre, publiait une première brochure contenant les pro
364
s festivals, réunie au Centre les 8 et 9 octobre,
a
démontré que l’idéal primitif avait victorieusement subi l’épreuve de
365
s 8 et 9 octobre, a démontré que l’idéal primitif
avait
victorieusement subi l’épreuve de quatre ans de travail en commun, d’
366
ésormais le champ de ses activités, l’association
a
pris une série de décisions pratiques, tendant toutes à manifester l’
367
s pour la saison 1956, huit des festivals membres
ont
déjà conclu sur place, lors de l’assemblée générale, des arrangements
368
aines manifestations collectives de l’association
ont
été envisagées pour l’année prochaine. L’exécution de ce programme él
369
énéral de l’association, que l’assemblée générale
a
désigné en la personne de M. Abraham van der Vies. Musicologue et met
370
(décembre 1955)ab Toute la presse occidentale
a
parlé des « 17 niets de Molotov » à Genève. La question des échanges
371
ent, les dix-sept offres ou demandes occidentales
ayant
été rejetées par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aur
372
le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y
aurait
plus lieu d’en parler, jusqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse
373
ons occidentales relatives aux échanges culturels
aient
été rejetées uniformément. (Nous donnons plus loin un résumé analytiq
374
aine culturel, du seul fait que les Soviétiques n’
ont
pas donné les suites espérées à leurs ouvertures officielles de l’été
375
ée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges
ont
un but principal : obtenir des informations scientifiques et techniqu
376
ui (assassin de son fils comme Ivan le Terrible l’
avait
été du sien) que Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement
377
uvelle culture née de la révolution pétrovienne n’
avait
été au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la
378
ît plus puissant encore que le premier. La Russie
a
besoin de l’Occident ; tout en s’assurant de ce côté certaines acquis
379
même de belles-lettres. La Russie occidentalisée
a
changé de capitale : Pétersbourg a remplacé Moscou, et devient une es
380
occidentalisée a changé de capitale : Pétersbourg
a
remplacé Moscou, et devient une espèce de musée ou conservatoire de l
381
ant-postes où certaines de ses splendeurs passées
ont
bénéficié d’une espèce de floraison posthume. Ainsi y fut conservé le
382
dentale ; ainsi Joukovski, Batiouchkov, Pouchkine
ont
fait refleurir dans leurs œuvres le meilleur héritage poétique de la
383
héritage poétique de la vieille Europe. Mais pour
avoir
une vue plus complète de ce que fut l’apport de l’Occident dans la vi
384
jours. Pendant près de deux siècles, le français
a
été la première langue étrangère qu’apprenaient les enfants russes de
385
irectes avec l’Occident. Les officiers russes qui
ont
vu l’Europe reviendront dans leur patrie dotés d’une vision élargie d
386
r les hautes régions de la vie nationale ; elle n’
a
pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sourc
387
se (d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui
a
été créé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e s
388
spirituelle déclenchée par le romantisme ; elle y
a
pris part, elle l’a continué, elle n’a rien désavoué de son héritage.
389
ée par le romantisme ; elle y a pris part, elle l’
a
continué, elle n’a rien désavoué de son héritage. La musique russe à
390
e ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’
a
rien désavoué de son héritage. La musique russe à partir de Glinka do
391
rofondément, bien que secrètement, religieuses, n’
a
pas retrouvé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’est parve
392
e rajeunie par l’apport neuf de la Russie. Il n’y
a
pas, depuis cinquante ans, dans les lettres européennes, de noms plus
393
’esprit dans lequel un Tourgueniev ou un Tchékhov
ont
été lus en France ou en Angleterre n’est pas quelque chose que l’on p
394
s’y retrouve. Dostoïevski : « Nous autres Russes
avons
deux patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre second
395
e Maistre, dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg,
avait
décrit la magnificence fantomatique de cette capitale, créée par un t
396
r une fois de plus, à travers les murs des palais
ayant
perdu leur épaisseur, la plaine à perte de vue qui continue toujours,
397
ent (le texte publié n’était qu’une traduction) n’
avait
nullement récusé les tendances générales de la Russie moderne. Il dés
398
de celle dont Pétersbourg et l’Empire semblaient
avoir
donné une fois pour toutes l’image et la garantie. Les véritables fon
399
x, dans la foi chrétienne, telle que les Russes l’
avaient
toujours pratiquée, dans les institutions et coutumes du peuple paysa
400
très important de répéter que les idées libérales
ont
toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y eut jamais en Russie d’id
401
s ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y
eut
jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir une autorit
402
autorité morale et de l’exercer »18. Les Russes
ont
témoigné d’une disposition spéciale à adopter les idées occidentales
403
est une attitude presque étrangère. Sans doute y
a-t
-il là une lacune, un défaut qui doit les faire tomber dans la confusi
404
es. Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme
a
été pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion,
405
lus important du xix e siècle, Vladimir Soloviev,
a
pu dire que les intelligentsistes russes pratiquaient une foi basée s
406
rantisme rationaliste (ou matérialiste). Berdiaev
a
bien montré comment le totalitarisme bolchévique plonge ses racines d
407
. Tourguéniev, Gontcharov, Dostoïevski, Tolstoï n’
ont
pas échappé à la vigilance de cette seconde censure ; d’autres écriva
408
e grand talent — Leskov, Léontiev, Pissemski — en
ont
été persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’à ce jour, grâc
409
ns n’ordonnait-elle pas aux professeurs ce qu’ils
avaient
à enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor culturel (1880-19
410
tre la Russie et les autres pays européens paraît
avoir
été complet, rapide, et fructueux. Rappelons à cet égard quelques exe
411
russes. De même que le symbolisme et Oscar Wilde
ont
fait fureur à Pétersbourg et Moscou, l’Europe va traduire les œuvres
412
randissantes21. Jamais encore le Russe cultivé n’
avait
montré un intérêt si vif pour l’ensemble de la pensée, des lettres et
413
des lettres et des arts de l’Occident, jamais n’y
a-t
-il autant voyagé, jamais les traductions des poètes, des romanciers,
414
rs, des historiens, des philosophes occidentaux n’
avaient
été aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fait au c
415
aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’
a-t
-on fait au cours de ces années une si grande consommation de littérat
416
vains du Nord. En vérité, le règne de Nicolas II
a
représenté l’âge d’or des échanges culturels Russie-Europe : on l’oub
417
traductions « Monuments de littérature mondiale »
avait
été si puissant qu’on l’imita même après la révolution, comme en témo
418
de chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’
avoir
disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont payés pour savo
419
é à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’
ayant
pu donner que des résumés fragmentaires ou vagues de débats en eux-mê
420
occidentaux soulignent que leurs gouvernements «
ont
toujours favorisé la libre communication de l’information et des idée
421
les capitales respectives… Tout citoyen devrait y
avoir
librement accès. » 3. Publication et distribution « aux institutions
422
de radio traitant des événements mondiaux… L’URSS
aurait
à sa disposition le réseau de radiodiffusion occidentale pendant des
423
Molotov rappelle que le Soviet suprême de l’URSS
a
décidé le 5 août 1955 que « l’établissement de relations politiques,
424
iale et culturelle » serait utile. « M. Macmillan
a
parlé d’une réglementation de l’opinion publique en URSS… Cette sorte
425
mois d’octobre, « vingt délégations britanniques
ont
visité l’URSS » et que « la semaine du film français en URSS et la vi
426
rançais en URSS et la visite de sportifs français
ont
provoqué un grand intérêt parmi les spectateurs soviétiques… Vous voy
427
es premiers succès sont incontestables. Mais nous
avons
encore beaucoup à faire… » Il faut donc nommer un comité d’experts po
428
éponses soviétiques Le 14 novembre, M. Molotov
ayant
réaffirmé la volonté soviétique d’obtenir des échanges commerciaux to
429
itions de ce genre et les considère déplacées. Il
a
été dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique aur
430
juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique
auraient
essayé d’isoler leur peuple des contacts avec le monde extérieur. Ces
431
le pas gênée par l’échec de cette conférence… N’y
aurait
-il pas quelque vérité dans ces mots frappants que j’entendais l’autre
432
des contrôles stratégiques. Ces contrôles, nous l’
avons
démontré, n’ont qu’une faible incidence sur le volume des échanges.
433
tégiques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’
ont
qu’une faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes con
434
dées, de nouvelles, d’informations non censurées,
ont
été rejetés ». (16 novembre) : Aucune proposition concrète des Occi
435
nge d’idées et d’informations entre nos peuples n’
a
été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse
436
autoritaire et unitaire que la plupart des tsars
avaient
affirmé (sans toujours l’appliquer sévèrement22) mais qui prévaut au
437
était admis par les interlocuteurs russes, il n’y
aurait
plus de dialogue Europe-URSS à proprement parler, car les intellectue
438
ants soviétiques, par leur porte-parole à Genève,
ont
adressés, très logiquement de leur point de vue, aux propositions des
439
taux. II. Propositions Les projets que nous
avons
étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non susceptibl
440
écrivains russes et européens. Cette possibilité
a
toujours existé en Europe. Pourtant, elle ne pouvait se réaliser avan
441
outait : Les écrivains du monde entier devraient
avoir
leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes, mais u
442
er devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons
avoir
des opinions différentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à
443
éaliser, sans que ni d’un côté ni de l’autre on n’
ait
l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se trouv
444
rtant essentiellement sur des faits statistiques,
auraient
plus de chance que d’autres de se poursuivre indépendamment des a pri
445
que d’autres de se poursuivre indépendamment des
a
priori idéologiques ou politiques, — quitte à ce que chaque partie ti
446
rieux. Dans ce cas, les intellectuels européens n’
auraient
plus le choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savo
447
guerre tout court sur le plan de la culture. Nous
avons
toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventualité.
448
refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’
avons
rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres. C’est
449
ure, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx
a
paru légalement sous les tsars, ainsi que les livres de Gogol, Tolsto
450
aldonne et tricherie manifeste. 25. « Notre pays
a
essayé de donner la plus grande envergure possible aux échanges cultu
451
au cours de sa seconde séance du 9 février 1955,
a
insisté dans une déclaration connue de tous sur la nécessité de renfo
452
ituation mondiale. J’étais parmi les députés et j’
ai
voté avec enthousiasme pour cette déclaration ». Article de A. Cholok
453
e… Les décadents, surréalistes abstraits, fauves,
ont
tous une caractéristique commune : ils ne savent pas dessiner. » ag.
454
Relance européenne ? (février 1956)
ai
Le terme de « relance européenne » est apparu dans la presse aux l
455
véritable : une certaine forme d’union partielle
ayant
échoué, on en essaie une autre. Le but ultime, bien entendu, reste le
456
la méthode, au fond, n’est pas renouvelée. Ce qui
a
échoué, c’est un essai de faire l’Europe par le moyen d’un traité mil
457
somme, ce qu’on « relance », c’est la méthode qui
a
réussi une première fois pour la CECA, échoué ensuite à l’occasion de
458
il resterait à savoir laquelle des trois méthodes
a
le plus de chances de mener rapidement au but choisi, à ce but-là pré
459
cisément, et non point à tout autre chose qu’on n’
aurait
pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée des tr
460
ous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes n’
a
de chances d’aboutir à la création d’une Europe vivante, sans le sout
461
qui l’attaque quand elle faiblit, mais ne cesse d’
avoir
besoin d’elle. ai. Rougemont Denis de, « Relance européenne ? », B
462
e faiblit, mais ne cesse d’avoir besoin d’elle.
ai
. Rougemont Denis de, « Relance européenne ? », Bulletin du Centre eu
463
2 sous les auspices de l’Unesco à Gauting-Munich,
a
été chargé de diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous a
464
tir du 1er janvier 1956, M. Jean-Paul de Dadelsen
a
cessé de remplir au Centre les fonctions qu’il occupait depuis 1951.
465
rnier. Metteur en scène de renom, M. van der Vies
a
été, pendant les cinq dernières années, directeur de l’Opéra national
466
é réunis en congrès à Trieste, en septembre 1955,
ont
étudié les voies et moyens d’une « européanisation » de l’enseignemen
467
uropéanisation » de l’enseignement supérieur. Ils
ont
décidé la création d’une Association des universitaires d’Europe, don
468
ope, dont le professeur V. Arangio-Ruiz, de Rome,
a
pris la présidence, tandis que le professeur M. Mouskhély, de Strasbo
469
e de sénateurs appartenant aux principaux partis,
a
convoqué à Bruxelles, les 13 et 14 janvier, une conférence d’études t
470
l’Europe occidentale, voire de l’Unesco, qui leur
ont
apporté des solutions encore partielles mais concrètes. Plusieurs des
471
ncrètes. Plusieurs des autres points du programme
ont
été réalisés par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Brug
472
par le point 9. La conférence de Bruxelles, après
avoir
rendu hommage à ces efforts en cours et aux réalisations déjà acquise
473
éer elle-même un organisme nouveau, la conférence
a
cependant demandé aux gouvernements d’instituer « une organisation cu
474
’eux à Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils
ont
promis leur appui réclame en effet la collaboration de toutes les for
475
le ronde de l’Europe (février 1956)ap aq Nous
avons
rendu compte, ici même (bulletin de novembre-décembre 1953), de la pr
476
Cette manifestation exceptionnellement brillante
avait
réuni, dans les salons historiques de la Villa Aldobrandini puis au C
477
s du Conseil de l’Europe. La direction des débats
avait
été confiée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résum
478
iée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune
avait
résumé la substance des conclusions unanimement acceptées. Désireux d
479
à la déclaration de Rome, le Conseil de l’Europe
a
convoqué, du 16 au 23 mars prochains, un groupe d’études de vingt-deu
480
-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)ar
as
Les réactions soviétiques — officielles ou privées — sont en génér
481
de notre numéro spécial de décembre 1955, elles n’
ont
pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté
482
existantes. ⁂ Le peintre français Chapelain-Midy
a
été l’hôte des peintres russes, à l’occasion d’une exposition d’art f
483
actionnaire de l’Occident ». ⁂ « Tous les enfants
ont
du génie sauf Minou Drouet » a dit, sans doute injustement, Cocteau.
484
Tous les enfants ont du génie sauf Minou Drouet »
a
dit, sans doute injustement, Cocteau. Selon la Gazette de Lausanne
485
s représentent de 25 à 35 % du corps électoral) n’
a
reçu la permission de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste
486
n de la culture, Genève, février 1956, p. 21-22.
as
. Texte non signé. On dispose cependant d’un manuscrit de Rougemont au
487
e. Une série de rencontres et d’études préalables
a
permis la convocation d’une conférence d’éducateurs, qui s’est tenue
488
e l’éducation populaire, rattaché au CEC, bien qu’
ayant
son secrétariat à Bergen, en Hollande. En outre, on trouvera dans la
489
sujet d’une manière systématique. C’est que nous
avons
en vue les projets très concrets que prépare activement la Fondation
490
iques qui forment le corps de ce numéro, et qui n’
ont
d’autre ambition que de présenter sous un juste éclairage l’esquisse
491
situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous
avons
constaté, en effet, que le grand public, même cultivé, ignore trop so
492
es. Il en vient à s’imaginer que l’École actuelle
aurait
existé « de tout temps » et qu’elle suffit à l’éducation des jeunes,
493
suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’
a
guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) e
494
us les temps et dans toutes les cultures connues,
a
toujours consisté en deux efforts conjoints : 1. transmettre les conn
495
tre en question les « résultats » mêmes qu’on lui
a
fait apprendre. Au lieu de croyances indiscutables et sacrées, on lui
496
res coexistent en Europe depuis des siècles, et n’
ont
jamais cessé de s’y combattre avec des succès alternés, la première d
497
mée européenne. Sera « bon Européen » l’homme qui
aura
su réaliser cet équilibre, et bon éducateur, celui qui ne cessera d’y
498
rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’
a
pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais env
499
ie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en
a
jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’à faire autre
500
jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’
a
qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent
501
elligence, de la mémoire et de l’attention. Elles
ont
formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’
502
la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui
a
réussi ses épreuves de sortie (après dix ans d’école) peut entrer dan
503
ement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’
a
aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de c
504
vingt-cinq années, trois sur quatre des candidats
ont
été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins
505
ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’
aurait
subi qu’un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas, pour
506
ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il
a
constaté que tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-Ouest, la co
507
ntation du chômage, un ordre de mobilisation — il
a
peine à les reconnaître telles qu’il se les imaginait et telles que l
508
a presse les décrit. Les réalités qu’il perçoit n’
ont
rien de commun avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou qu’il so
509
p moins claires. Comme il est d’une famille « qui
a
toujours été de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être qu
510
qu’un citoyen européen, dans les conditions que j’
ai
décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme responsab
511
e ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui
aient
gardé le souci de former des élites, des « cadres », si l’on veut, de
512
qu’on veut — mais du moins le militant communiste
a
le sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque ch
513
l’Europe ? Tant que ce travail d’information n’
aura
pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des h
514
comme une nécessité qu’à partir du moment où ils
auront
appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans un monde
515
te Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous
aurons
renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effet
516
munauté ou ses communautés locales. Car celui qui
aura
pris conscience de ce qu’il peut faire dans son rayon découvrira bien
517
a prendre enfin, à son échelle, des décisions qui
auront
un sens, un prolongement possible au-delà de son horizon. Découvrant
518
in voudront l’Europe comme leur avenir. 27. On
a
vu en Europe le film Blackboard Jungle : la description y est certes
519
dé du chapeau suivant : « Les pages qui précèdent
ont
esquissé à grands traits un tableau de l’éducation en Europe, et sign
520
opéens. Tant que cette communauté de conscience n’
aura
pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays
521
s antiques et d’ignorance. Seuls, les esprits qui
auront
vraiment “saisi” la nécessité de l’union, pourront devenir des volont
522
ais un programme ne vaut que ce qu’on en fait. Qu’
a-t
-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on réellement au Cen
523
res. Chacun de ces comités suscités par le Centre
a
représenté des mois de préparation ; chacun nous a laissé, aussitôt d
524
représenté des mois de préparation ; chacun nous
a
laissé, aussitôt dispersé, son programme « pour exécution immédiate »
525
, énumérer quelques aboutissements concrets. Nous
avons
publié deux numéros spéciaux de ce bulletin qui représentent un effor
526
ation européenne. Notre association des festivals
a
diffusé 160 000 exemplaires, en trois langues, de sa brochure Saison
527
rochure Saison 1956. Notre service de presse APEA
a
fait paraître 170 articles sur les problèmes européens dans sept pays
528
st désormais dans le domaine public. La Fondation
a
distribué des subventions à l’Association des universitaires d’Europe
529
un atlas économique et culturel de l’Europe. Elle
a
décerné des bourses importantes à cinq jeunes compositeurs… Toutefois
530
r ne parler que de ceux de nos projets qui, déjà,
ont
été conduits tout près de la ligne de départ… Que les résultats obten
531
Le Prix européen de littérature n’
a
pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membres
532
e au Centre européen de la culture le 13 juin. Il
a
décidé de ne pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaient
533
t clubs du livre, qui organise le Prix. Les jurés
ont
considéré en dernier choix plusieurs manuscrits possédant des qualité
534
s littéraires particulières, mais qui cependant n’
ont
pas semblé répondre suffisamment au second critère. Sur la base de ce
535
critère. Sur la base de cette expérience, le jury
a
étudié une nouvelle formule de Prix européen portant également sur de
536
nt également sur des ouvrages déjà imprimés, et l’
a
soumise à la Communauté européenne des guildes et clubs du livre. En
537
d’être écrit en vue du concours, et dont l’autre
avait
pour auteur un ouvrier, de l’Allemagne du Nord, totalement étranger a
538
t nominal du Prix. Aujourd’hui, les circonstances
ont
évolué. Il devient presque difficile, pour un débutant, de passer ina
539
nt de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui
avaient
le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il semble donc que le Pri
540
rticuliers des guildes, le jury littéraire du CEC
a
discuté et mis au point une formule nouvelle, d’ores et déjà soumise
541
ont Denis de, « Le Prix européen de littérature n’
a
pas été donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture, G
542
e ne s’est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on
a
percé le canal de Suez : par contre, on ne verra plus des tonnes de c
543
e quelques professionnels. Si la volonté de vivre
a
un instant de distraction, si l’égoïsme triche, alors la civilisation
544
ndra les civilisations antiques, et nos nations n’
auront
plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az.
545
xtrême diversité des techniques et des structures
a
fait échouer jusqu’ici toutes les tentatives de coopération internati
546
raît au contraire possible et souhaitable. Le CEC
a
donc suggéré aux dirigeants des principales organisations intéressées
547
Bureau fonctionne depuis 1954. Affilié au CEC, il
a
son siège à Bergen (Hollande) et ses propres statuts. Buts généraux
548
esprit européen. Programme permanent : le Bureau
a
dressé et tient à jour un catalogue descriptif des organisations exis
549
et locaux, plus ou moins spécialisés. Mais il n’y
avait
rien qui pût attirer l’attention d’un vaste public sur des œuvres nou
550
i se sont rapidement développées après la guerre,
ont
réussi à créer un très vaste public de lecteurs nouveaux, en leur app
551
tion, moins chers et mieux édités que ceux qu’ils
auraient
pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien des raisons, ils n’a
552
uis par de nombreux éditeurs en diverses langues,
ont
été révélés de la sorte à un très vaste public international. Le prix
553
mule de prix, incluant les ouvrages déjà publiés,
a
donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957.
554
e que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’
aurions
pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre à son
555
e convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous
avons
essayé de répondre par la copieuse brochure que l’on va lire. ⁂ Voici
556
se au point finale lorsque la catastrophe « qui n’
a
de nom dans aucune langue » a fondu sur un peuple européen. Fallait-i
557
catastrophe « qui n’a de nom dans aucune langue »
a
fondu sur un peuple européen. Fallait-il interrompre nos travaux ? Re
558
oyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous
avons
entendu l’appel suprême de la plus pure révolution de l’Histoire : le
559
Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’
avions
rien entre les mains. La colère et la compassion, la honte au cœur, c
560
Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’
avait
pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole, mais a
561
st liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 1956
a
permis de vérifier et de rendre claires et simples les thèses fondame
562
rcent contre eux de l’extérieur. La crise de Suez
a
illustré cette situation. On a vu se dresser contre nous, à l’ONU, le
563
. La crise de Suez a illustré cette situation. On
a
vu se dresser contre nous, à l’ONU, le monde arabe soutenu par le gro
564
de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Égypte
a
démontré le premier point, et le second en découle logiquement. D’où
565
aire et salutaire, pour beaucoup d’étourdis qui n’
avaient
pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’
566
e notre indépendance énergétique. L’atmosphère
a
changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses pr
567
changé Il est certain que la cause européenne
a
fait d’immenses progrès au cours des derniers mois. Suez et Budapest
568
grès au cours des derniers mois. Suez et Budapest
ont
alerté les plus indifférents aux affaires politiques. La jeunesse se
569
ch et Réalités, publient des appels à l’union qui
ont
l’éloquence urgente des faits et d’une sûre documentation. Les parlem
570
avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’il n’y
a
plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-Bretag
571
l’Europe. Adenauer proclame que l’Europe fédérée
a
cessé d’être une utopie, et qu’il s’agit maintenant d’élire une assem
572
ultipliés sur le chemin de l’union par ceux qui n’
ont
pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Budape
573
nir et d’une Histoire fatale, ce sont ceux-là qui
ont
vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisément, la jeuness
574
ogrès de l’histoire selon Karl Marx !31) Budapest
a
montré au monde que l’Europe divisée reste impuissante, mais aussi qu
575
s progrès vers l’union : Marché commun et Euratom
ont
d’assez fortes chances de succès dans nos différents parlements. Mais
576
s les parlements restent cois. Suez et Budapest n’
auraient
-ils pas suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t-il
577
u’il aborde ces débats — et 99 fois sur 100, il n’
aura
même pas l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme a déjà reçu l
578
as l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme
a
déjà reçu l’empreinte du parti pris nationaliste. Son siège est fait,
579
u d’on ne sait quels « ennemis héréditaires » qui
ont
cessé de l’être depuis longtemps, tandis que de puissants ennemis — t
580
s pays de l’Europe (sauf la Suède et le Portugal)
ont
été dévastés par la guerre et les révolutions, la Suisse se retrouve
581
us prospère que tous ses voisins. Sa neutralité l’
a
sauvée. De nombreuses institutions internationales viennent s’établir
582
et divisée Les deux guerres de 1914 et de 1939
ont
mis fin à la puissance mondiale de l’Europe, qui dominait la planète
583
né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’
a
pas de pouvoir exécutif. Les États qui le composent gardent toute leu
584
e la même manière que la Confédération helvétique
a
groupé en 1848 tous les cantons suisses. 5. La Suisse dépend de l’
585
ne position centrale dans notre continent, mais n’
a
pas de débouchés directs sur la mer. Une large proportion de ses écha
586
’Est. Mais la neutralité militaire de la Suisse l’
a
empêchée d’adhérer à l’alliance conclue en 1949 entre les pays de l’O
587
t son devoir de neutralité. Mais cette neutralité
a
été reconnue « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et ne p
588
r la Suisse de coopérer avec les institutions qui
ont
pour but d’unir nos peuples. Les intérêts de la Suisse et ceux de l’E
589
opéenne. 2. Les guerres de 1914-1918 et 1939-1945
ont
ruiné le prestige de l’Europe dans le monde. Les deux grands empires
590
ière. Questionnaire 1. Quels pays européens
ont
-ils été épargnés par la Seconde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers me
591
ls dangers menacent notre prospérité ? 3. Quelles
ont
été les conséquences des deux guerres mondiales pour l’ensemble de l’
592
nt de ce canton. C’est ainsi que l’année dernière
a
paru un livre de lecture qui contient de fort belles pages sur l’Euro
593
l’Europe par Gonzague de Reynold. M. l’abbé Pfulg
a
demandé à notre directeur de bien vouloir écrire le chapitre du manue
594
Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous,
a
été composé de la même manière que tous les autres chapitres du manue
595
estival ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage n’
avait
été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mes
596
t je ne dis pas que tous l’entendent, mais il n’y
a
pas seulement les millions d’auditeurs de la radio et de la TV, il y
597
es nuances près, ce qui s’est produit. Personne n’
a
récusé les formules proposées, ou n’en a suggéré de tout autres. Beau
598
rsonne n’a récusé les formules proposées, ou n’en
a
suggéré de tout autres. Beaucoup les approuvent entièrement. Mais nom
599
la définition que nous proposions, et celle-ci n’
aurait
besoin que de légères retouches pour mieux indiquer qu’il existe deux
600
ne manière positive ce qu’une telle mise en garde
aurait
pour but de signaler ? Sans compter que le tourisme ne représente pas
601
s festivals, et qu’il peut être envisagé, comme l’
a
fait Enrique Franco, sous l’angle d’une éducation européenne, par la
602
La suggestion de créer un jury international, qui
aurait
recours à ces critères pour décerner ou non l’étiquette de « festival
603
e seul fait de l’envisager et de le discuter peut
avoir
une action. Le seul fait de penser qu’il pourrait exister peut provoq
604
crois bien qu’un ou deux de nos correspondants l’
ont
entendu de cette manière.) Groupement tout amical, spontanément formé
605
m. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’y
ont
pas adhéré jusqu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre a des
606
qu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre
a
des craintes (bizarres) pour son indépendance, un troisième est encor
607
rope en associant des festivals ? » Le nigaud qui
a
dit cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la m
608
ture, étant née du complexe physico-spirituel qui
a
formé l’homme européen et qui le définit le mieux, quand on le compar
609
ire. Et il est typique de l’Europe que personne n’
ait
cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insistent s
610
l’Euratom (par questions et réponses) que le CEC
a
fait paraître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait à une descrip
611
Centre européen de la culture. M. Raymond Racine
a
dirigé les débats du séminaire d’économistes convoqué par le CEC en 1
612
t la création d’un Centre européen de la culture,
ayant
pour tâches principales « d’entretenir le sentiment de la communauté
613
nds, le siège, les hommes et l’expérience. Il n’y
avait
pas d’espoir de « trouver » l’expérience, cette aventure étant sans p
614
d’une Académie platonicienne — que tant d’autres
ont
fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pa
615
os premiers pas dans le concret de l’Europe, nous
avons
dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entrepri
616
xquels l’Assemblée de Strasbourg, dès l’été 1950,
avait
recommandé de soutenir le Centre. (Mais la seule République fédérale
617
de résultats matériellement mesurables… Le Centre
a
cependant lancé de nombreux projets, pour la plupart réalisés. Certes
618
. Certaines de ses initiatives incontestables lui
ont
échappé une fois réalisées, et gravitent aujourd’hui pour leur compte
619
ission particulière, le Centre s’est maintenu, il
a
duré, il a mis au point des méthodes, créé des instruments de travail
620
iculière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il
a
mis au point des méthodes, créé des instruments de travail. Il est au
621
ses activités passées et présentes avec celles qu’
avaient
prévues le congrès de La Haye puis la conférence de Lausanne, on sera
622
nnonce de la mise en application du Marché commun
a
suffi pour alerter l’opinion, et pour obliger de larges catégories no
623
manière systématique l’une des grandes idées qui
avaient
présidé à la création du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à pr
624
ines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il
a
su durer et préparer des voies pour le temps, désormais venu, où la s
625
u’il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il
a
fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 3
626
s 23 résolutions de la conférence de Lausanne, 12
ont
abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’a
627
ns de la conférence de Lausanne, 12 ont abouti, 9
ont
été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jus
628
abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’
ont
été suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et co
629
36. Son Bureau d’études (ouvert en février 1949)
ayant
précédé de six mois l’ouverture de l’Assemblée du Conseil de l’Europe
630
tion populaire, rattaché au CEC mais autonome. Il
a
son siège à Bergen, en Hollande. Sous la direction de MM. Guermonprez
631
s la direction de MM. Guermonprez et Schouten, il
a
déjà organisé de nombreux stages d’information pour éducateurs et pub
632
e subvention spéciale de la Fondation Ford. Elles
ont
été prévues méthodiquement dans des milieux aussi variés que possible
633
’abbé Pfulg, inspecteur de l’enseignement, le CEC
a
organisé : — une enquête auprès des élèves des écoles au début de l’a
634
ats de cette action. De plus, le directeur du CEC
a
été chargé d’écrire le chapitre final d’un nouveau manuel d’histoire
635
ette première expérience dans le corps enseignant
a
incité d’autres organisations scolaires à étudier des projets analogu
636
tacts humains et aux échanges. Exécution. Le CEC
a
fourni le matériel éducatif nécessaire pour l’œuvre des « Alpes de Lu
637
que abbé Martel, et englobant cinq communes. — Il
a
organisé une enquête sociologique sur la région (conduite par le Prof
638
istère de la Reconstruction et du Logement). — Il
a
procuré des conférenciers, des films, des brochures, et des experts d
639
nt les responsables locaux et les professeurs qui
ont
conduit l’enquête sociologique, pour en tirer les conclusions immédia
640
r d’une manière très concrète. Exécution. Le CEC
a
initié une enquête sociologique, qui est conduite par le Prof. Lajugi
641
uest, et par ses étudiants. Deux journées d’étude
ont
marqué le départ de l’enquête, sur place, afin d’y intéresser les Aut
642
nales et la population. Une autre journée d’étude
a
examiné les premiers résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan
643
rticulier le Marché commun). Exécution. L’action
a
été lancée à l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 ao
644
ce. La presse locale rend compte des travaux, qui
ont
trouvé également un large écho dans la presse de la Péninsule. L’acti
645
ouvement « Communita » (comme en Sardaigne), elle
a
consisté jusqu’ici en cours professionnels et en « jumelages » de la
646
s-pilotes Du 23 au 27 septembre 1957, ce stage
a
réuni à Bruges, au Collège d’Europe, les dirigeants de nos expérience
647
tage de travail intensif (trois séances par jour)
a
permis : 1° d’informer les dirigeants d’expériences-pilotes sur l’éta
648
rmément aux plans du Comité d’éducateurs, et nous
a
permis d’intéresser activement à une entreprise européenne des centai
649
tions Deux numéros spéciaux du Bulletin du CEC
ont
déjà été consacrés aux problèmes éducatifs : Pour une éducation euro
650
1956) et L’Europe et l’École (avril 1957). Ils
ont
été largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-p
651
s commentaires. Le Conseil de l’Europe et la CECA
ont
accepté de participer à l’élaboration de cette première série. M. Kor
652
vice cartographique du Collège d’Europe (Bruges),
a
coopéré aux travaux préparatoires, et fournira les cartes et graphiqu
653
amp; Nicolson), s’est réuni à Genève le 25 mai et
a
décidé de constituer une Association ayant pour but notamment de lanc
654
25 mai et a décidé de constituer une Association
ayant
pour but notamment de lancer en commun une « collection européenne »
655
multanément en sept langues dès que l’association
aura
été complétée par l’adhésion d’éditeurs italiens, hollandais et scand
656
’ouvrages traitant de problèmes européens, le CEC
a
conçu dès 1956 le plan d’une Collection européenne, publiée simultané
657
ncre ces éditeurs de former, à cet effet, un pool
ayant
pour premier but la publication des ouvrages retenus par la collectio
658
s de la Librairie Plon en décembre 1956 à Genève,
a
élaboré le plan du pool dans ses grandes lignes. Une deuxième réunion
659
rs de Suède, de Hollande, d’Italie et du Portugal
ont
manifesté depuis lors leur désir de se joindre au pool. On peut donc
660
ondants. Au cours des derniers mois, le programme
a
été mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq
661
évues les cinq séries de publications suivantes :
a
) Actualités européennes, b) Œuvres littéraires et mémoires d’un intér
662
travaux qui se poursuivaient au CEC, le bulletin
a
paru sous cette forme de 1952 à 1956, à raison de six numéros par an.
663
e tenu de ces indications, la formule du bulletin
a
été modifiée à partir de décembre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 p
664
nsacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’en 1957
ont
paru : L’Europe s’inscrit dans les faits (en français, allemand, ang
665
000 exemplaires en cinq langues à la fin de 1957,
a
exercé dans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesuré
666
nférences, et même les films documentaires qui en
ont
déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché comm
667
n être tirés. De même, Promesses du Marché commun
a
été le seul ouvrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ouv
668
tique internationale et les instances officielles
ont
été unanimes à saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pou
669
nuant) de la population mondiale. Si ce petit cap
a
dominé la Terre pendant des siècles, s’il en demeure le Musée et le L
670
à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants
a
pu surimposer à ses données physiques pour en tirer une énergie insou
671
= cap de l’Asie multiplié par culture intensive
Ayant
en vue l’union de l’Europe, condition de son rayonnement énergétique
672
d’intellectuels de diverses régions du continent
ont
entrepris, dès le lendemain de la dernière guerre, de rallier à la ca
673
pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode
a
fait ses preuves, car il faut une génération pour vérifier les résult
674
es éminents dans leur branche, et qui, par suite,
auront
compris que les solutions aux problèmes qu’ils se posent impliquent u
675
elle se donnera. Seuls jusqu’ici, les communistes
ont
pris ce problème au sérieux, avec le succès que l’on sait. Dans les d
676
Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’
auront
pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants l’ont parfois oublié da
677
t pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants l’
ont
parfois oublié dans leurs discours et leurs appels.) L’information eu
678
s et leurs appels.) L’information européenne doit
avoir
pour objectif général d’instruire l’opinion en lui fournissant les pi
679
peuples. Or ces produits sans les valeurs qui les
ont
rendus possibles et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une part so
680
e si importante de réviser les manuels d’histoire
a
été assumée par plusieurs sociétés nationales de professeurs, sous l’
681
uer un Conseil européen de la Recherche, que nous
avons
émise ici même et dans d’autres revues dès le début de cette année, s
682
ts ? S’il est vrai que les victoires anglaises
ont
été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que l
683
n’est pas moins certain que la bataille de la CED
a
été perdue dans les manuels d’histoire nationalistes. Répétons-le : l
684
enteurs actuels des moyens matériels de puissance
aient
pris au sérieux ce grand fait. Il ne serait donc pas réaliste d’expos
685
s » à leurs yeux), par suite n’enseignent rien, n’
ont
pas un sou pour cela — et sont régulièrement battus dans la compétiti
686
compétition mondiale du xxe siècle, puisqu’elle
a
pour enjeu principal les esprits. Il en résulte que l’éducation et la
687
is au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’
auront
pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autant d’efforts
688
nent la culture pour un luxe. Mais c’est elle qui
a
produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont
689
ichesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui
ont
créé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne sont pas eux, par
690
e l’Europe ; ce ne sont pas eux, par exemple, qui
ont
inventé la machine à calculer, ni même la brouette, c’est Pascal ; ou
691
qu’ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes n’
ont
pas ces scrupules-là, ils font ce qu’il faut ; ils gagneront sans cou
692
il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’
avons
plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs généraux auxquels le CEC
693
— aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’
ont
donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun que toutes ensemble
694
ïveté d’intellectuel contemplatif, « quand il n’y
a
rien encore à contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j’adopt
695
c’est-à-dire sans partialité. Mais le fédéralisme
a
pour principe premier de composer des exigences valablement antagonis
696
able. Mais notons que leurs « succès » alternés n’
ont
provoqué que de mémorables catastrophes. Au surplus, les uns et les a
697
ux et les anticléricaux fanatiques ; alors qu’ils
ont
enfin une occasion de trouver la seule voie praticable pour l’époque.
698
, en sont restés à une logique arithmétique qui n’
a
pas inventé la bombe H, laquelle domine pourtant la situation du sièc
699
ra tenir compte de ce peu que nous savons pour en
avoir
été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à di
700
n’existent que dans les esprits », car la CECA n’
aurait
sans doute pas vu le jour, et n’eût sûrement point passé le cap des r
701
la CECA n’aurait sans doute pas vu le jour, et n’
eût
sûrement point passé le cap des ratifications parlementaires sans la
702
omme si nulle autre n’agissait à côté d’elle ou n’
avait
agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avouera
703
union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous
avons
nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne se
704
tte somme égale zéro dans le meilleur cas. Il n’y
a
pas de politique européenne. Pour un pacte de salut public Dés
705
a situation à laquelle les fédéralistes européens
ont
à faire face. Nasser, Bandung, Mao et le Kremlin n’agissent pas contr
706
ment que nous sommes le plus faibles, et que nous
avons
enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre cult
707
rspective d’urgence mondiale que les fédéralistes
ont
maintenant le devoir de se placer. Alors leurs divergences et leurs r
708
’Europe en jeu . Une première version de ce texte
avait
paru dans Mission ou démission de la Suisse , en 1940. 40. Cf. F. F
709
lonnes de ce Bulletin du CEC, et Rougemont, après
avoir
exposé la sienne (« La méthode culturelle »), proposa d’en réaliser l
710
ne, et je vous remercie de montrer ainsi que vous
avez
compris l’importance que peut avoir cette réunion, dans le contexte d
711
ainsi que vous avez compris l’importance que peut
avoir
cette réunion, dans le contexte de la construction européenne. De quo
712
tion concrète : les trois communautés européennes
ont
publié le 20 mai dernier un communiqué de presse annonçant leur décis
713
décision de créer une Université européenne. Nous
avons
appris un peu plus tard que la commission désignée pour rapporter sur
714
nu de ce rapport, et les suites que les ministres
ont
pu lui donner. Il n’est donc pas question de se prononcer là-dessus.
715
pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous
avons
demandé de venir ici pour définir, en tout état de cause, vos positio
716
d’études européennes, à Turin, le 31 mai, lecture
ayant
été faite du communiqué des trois communautés du 20 mai relatif à la
717
tif à la création d’une Université européenne, il
a
été décidé : — de réunir une conférence sur cet objet au mois d’octob
718
préparatoire tenue le 9 juin au CEC, à Genève, il
a
paru nécessaire — sur la foi de nouvelles informations laissant prévo
719
ile sur les questions à débattre, qui se trouvent
avoir
fait l’objet de fréquentes discussions, depuis dix ans. Nous avons pr
720
t de fréquentes discussions, depuis dix ans. Nous
avons
proposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engag
721
ie particulièrement les auteurs des rapports, qui
ont
tenu des promesses qu’ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que
722
e n’était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous
a
dit : — Attention ! cette réunion est prématurée ! Attention ! vous a
723
p tard ! N’en sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous
avons
pensé qu’à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait,
724
Europe. Que représente le groupe ici réuni ? Vous
avez
devant vous la liste de ses membres et leurs titres. Elle dit assez c
725
ème 1. Partons de deux constatations de base :
a
) Une « Université européenne » créée sur table rase, et conçue selon
726
ple, qui seraient dits « européens » parce qu’ils
auraient
étudié tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos économies
727
le addition d’informations nationales. L’Europe n’
a
pas besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes
728
as besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle
a
besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une sp
729
ux deux exigences suivantes, qui le définissent :
a
) offrir à des gradués de certaines branches l’accès aux connaissances
730
echniques 4. Les écoles supérieures existantes
ont
pour fonction d’enseigner les notions de base, d’informer sur l’ensem
731
guliers dans les universités existantes. Ceux qui
auront
à en tirer parti (pour la recherche ou l’application) les assimileron
732
. Mais ils naîtront d’initiatives dispersées. Ils
auront
à assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en des po
733
multanément ou pour des sessions successives. On
aurait
ainsi, pour moins de frais, une plus grande efficacité, et un staff p
734
sociologues, pharmaciens, hygiénistes, etc., qui
ont
à faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle eur
735
ue la solution la plus réaliste des problèmes qui
ont
conduit à évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être env
736
religion, voire religion en soi. Ces deux notions
ont
suivi à peu près la même évolution sémantique. Jusqu’au xixe siècle,
737
qu’au xixe siècle, l’homme cultivé est celui qui
a
reçu et assimilé des notions générales et une méthode de pensée : c’e
738
s magazines, la presse, les modes, cette espèce d’
aura
qui entoure le phénomène culturel, sans être elle-même de la culture.
739
re. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cette
aura
, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui s
740
. Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’
ai
tenté de le montrer ailleurs (notamment dans L’Aventure occidentale
741
ccidentelles) auprès de masses qui ne peuvent pas
avoir
la moindre idée de la nature et de l’importance scientifique de leurs
742
zone de diffusion culturelle, de cette rumeur ou
aura
dont je parlais tout à l’heure. Il peut certes fausser le sens des va
743
dmirer un Robert Oppenheimer pour des raisons qui
ont
peu de rapport avec ses grands mérites scientifiques, plutôt que d’ig
744
cès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir qu’ils
ont
acquis désormais de guider et de stimuler les goûts du grand public.
745
e tout à fait nouvelle. Les premiers microsillons
ont
été consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres di
746
énéralement aux plus mauvaises. C’est ainsi qu’on
a
vendu depuis quelques années plusieurs millions de disques du chanteu
747
Mais en même temps, et voilà le fait nouveau, on
a
vendu 4 à 5000 exemplaires des madrigaux de Monteverdi ou de la Messe
748
illaume de Machault. Le succès du disque vulgaire
a
donc permis de faire connaître des œuvres capitales de la grande musi
749
œuvres capitales de la grande musique. Une chose
a
porté l’autre, et plutôt que de se lamenter sur le succès d’un Tino R
750
des compositeurs dont seuls quelques spécialistes
avaient
lu les manuscrits, soient maintenant connus et aimés par des milliers
751
t aimés par des milliers d’auditeurs nouveaux. On
a
produit en France 12 millions de microsillons en 1954, mais 35 millio
752
est facile d’imaginer que ces millions de disques
ont
contribué à préparer un vaste public entièrement nouveau pour l’audit
753
peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’
aura
pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il ne ressemble pas aux
754
ne ressemble pas aux « succès » que ces éditeurs
ont
connus jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croire, que le public
755
vous citerai l’expérience des guildes du livre. J’
ai
assisté à la création de la Guilde du livre de Suisse romande. Il s’a
756
ées, et de les vendre directement au public qui n’
a
pas l’habitude de fréquenter les librairies. Les initiateurs de l’ent
757
ntra sceptique. Je l’entends encore dire : « Vous
aurez
la première année 500 abonnés, la deuxième vous n’en aurez plus que 2
758
première année 500 abonnés, la deuxième vous n’en
aurez
plus que 200 et la troisième année vous fermerez. » Or cette Guilde c
759
la plupart, recrutés, détectés à domicile, et qui
ont
pris l’habitude de lire. Quant aux éditeurs, absolument hostiles au p
760
des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’il n’y
avait
en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas plus de 5 à
761
de lecteurs inconnus. Sur ce nombre, des milliers
ont
pris l’habitude d’acheter des livres aussi chez des libraires. Bien d
762
Hollande, en Scandinavie : toutes ensemble, elles
ont
fait surgir plus de 2 millions de lecteurs nouveaux, ce dont les édit
763
dix dernières années, en Allemagne de l’Ouest, on
a
publié 80 millions de volumes vendus à 1 mark ou 1,50 mark. Et quels
764
Camus, 6. Pearl Buck. On avouera que la qualité n’
a
rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la quantité. De ces
765
ifs d’optimisme sont nombreux et solides, nous en
avons
administré les preuves. Quant à savoir si l’élargissement des loisirs
766
Car c’est en bonne partie par leur moyen qu’on l’
a
défaite : le Livre et le Manuel, autant que la Presse, ont fomenté de
767
te : le Livre et le Manuel, autant que la Presse,
ont
fomenté depuis un siècle la plupart de nos nationalismes, derniers et
768
anuel qu’il appartient de combattre le mal qu’ils
ont
causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveillant
769
euvent la tuer par leurs rivalités, comme elles l’
ont
déjà presque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles périr
770
dire avec son union. De fait, la cause européenne
a
marqué des progrès immenses, depuis dix ans, dans le domaine de l’édi
771
ibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’
avons
retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons
772
meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous
avons
pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font que ré
773
connaître que beaucoup ne font que répéter ce qui
a
déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer le même historique
774
s nouvelles que le Centre européen de la culture,
ayant
recueilli les suggestions des trois groupes intéressés, et notamment
775
ues grands animateurs de l’édition contemporaine,
a
lancé le projet qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s
776
il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il
a
la charge d’étudier les propositions émanant des membres du pool, des
777
e aux buts européens de l’association, celle-ci n’
a
pas de raison de l’inclure dans sa collection. En revanche, tel autre
778
raes Editores, Lisbonne. 43. Le directeur du CEC
a
les fonctions de directeur éditorial, tandis que M. Hjalmar Pehrsson
779
Slaves, dont l’apport trop souvent méconnu (pour
avoir
été trop souvent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes que l’
780
ages serrées suivies de 64 pages de notes, où — l’
ayant
pratiqué durant des mois — je n’ai trouvé que trois infimes erreurs d
781
tes, où — l’ayant pratiqué durant des mois — je n’
ai
trouvé que trois infimes erreurs de fait ou de dates. Une étude aussi
782
s injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’
a
pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il voula
783
istoire complète de l’idée européenne telle que l’
ont
exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passant par
784
ophes et poètes de presque toutes nos langues. On
a
reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’u
785
ion des problèmes majeurs de leur temps. Curcio n’
a
pas voulu refaire, après tant d’autres, une histoire de l’Europe dans
786
être complet : pas un auteur valable ne me paraît
avoir
été négligé. Il comble, notamment, une lacune habituelle dans les ouv
787
s que les Russes, les Américains et les Européens
ont
portés les uns sur les autres au cours des deux derniers siècles. Cer
788
cours des deux derniers siècles. Certes, Curcio n’
a
pas tenté de nous imposer une interprétation systématique, à la Hegel
789
ions subséquentes, sur deux points de méthode qui
ont
leur importance pratique. Les citations sont données en italien, comm
790
este européen : « Le jour où il ne devrait plus y
avoir
qu’une définition unique et standard de l’Europe, celle-ci mourrait.
791
ement, la plupart de ses propres malheurs. » Elle
a
créé l’idée de l’humanité, de l’universalisme, et en son nom, elle a
792
humanité, de l’universalisme, et en son nom, elle
a
donné au monde tout ce qu’elle inventait pour elle-même. Elle a donné
793
de tout ce qu’elle inventait pour elle-même. Elle
a
donné son nationalisme, son idée du droit des peuples à disposer d’eu
794
technique, son capitalisme et son marxisme. Elle
a
fait une immense publicité aux secrets de son efficacité. Elle a fait
795
nse publicité aux secrets de son efficacité. Elle
a
fait le monde, qui lui renvoie son image déformée, le plus souvent ho
796
èmes de l’Histoire ; mais pour ne pas les imiter.
A-t
-on remarqué que les génies systématiques sont régulièrement amenés à
797
le-même par l’extension des autres, qu’elle seule
a
permise, elle n’en demeure pas moins « l’antique matrice spirituelle
798
matrice spirituelle » de la civilisation qu’elle
a
exportée, et cela n’est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltat
799
que l’Espagne, pays de la périphérie européenne,
ait
nourri dans ce siècle la plus brillante école d’interprètes de notre
800
ossibilités comme aux principes du Centre. Nous n’
avons
pas cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut faire de l
801
ropéenne en milieu populaire et scolaire. Ce plan
avait
été établi par un comité ad hoc d’éducateurs, réuni sous les auspices
802
s noms de 89 d’entre eux ! Les enquêtes scolaires
ont
touché 880 maîtres et 4664 élèves, en Suisse, en France et en Belgiqu
803
France et en Belgique. Les enquêtes sociologiques
ont
porté sur un total de 582 questionnaires remplis, et ont intéressé —
804
té sur un total de 582 questionnaires remplis, et
ont
intéressé — dans tous les sens du mot — les quelque 13 500 habitants
805
andes et en Sardaigne. Quant aux publications qui
ont
préparé les enquêtes ou qui en ont résulté, les références en seront
806
blications qui ont préparé les enquêtes ou qui en
ont
résulté, les références en seront données au cours des divers rapport
807
s en œuvre, puis les résultats fort variables qui
ont
été obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre de co
808
ants ou animateurs de centres locaux de culture —
ayant
pris connaissance de nos tentatives, verront mieux non seulement les
809
européenne [Conclusion] (décembre 1959)cf Nous
avions
deux objectifs principaux : essayer des méthodes et détecter des resp
810
r vers les vastes récoltes futures. (Quand rien n’
a
pris, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il
811
is.) Les moyens limités dont nous disposions nous
ont
souvent contraints à des improvisations empiriques que la science des
812
jugera peut-être sévèrement. Mais ce défaut nous
a
mis à l’abri de la tentation majeure dans ce domaine : celle de plaqu
813
stème d’expérience plus lourd que le milieu qu’on
a
choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie avant même qu’on a
814
crase, ou en tout cas le modifie avant même qu’on
ait
pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ce
815
il pourrait sembler que certains succès ou échecs
ont
été obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la
816
dépit de nos efforts. Oui, dans la mesure où nous
avons
senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méthode, d
817
où nous avons senti qu’ici ou là, quelques germes
ont
pris, et que telle méthode, désormais, peut être généralisée : ainsi
818
e. Oui, encore et surtout, dans la mesure où nous
avons
trouvé partout ces responsables réalistes, ces animateurs enthousiast
819
ces animateurs enthousiastes sans lesquels nous n’
eussions
rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’une action
820
ersévérante et féconde peut être conduite. Nous n’
avions
pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieux montrer
821
qu’elle s’est donnés dès sa création. CULTURE
a
la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue
822
mmun à toutes les acceptions du terme. La culture
a
toujours désigné l’action créatrice de l’homme, sur les choses ou sur
823
gnifie : en tirer davantage que la Nature seule n’
eût
produit. Un champ de blé, une maison, un poème, une statue, un outil,
824
ères et moins peuplée que l’Inde ou que la Chine,
ait
en fait dominé le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre
825
aissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui
a
permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette royauté longtemps
826
ouvent utiles et toujours amicaux. Plusieurs nous
ont
aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et certai
827
s ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent
avoir
compris — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste
828
ous paraissent avoir compris — et certains nous l’
ont
dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser libre d
829
réjugés et leurs routines. C’est donc là que nous
avons
à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forment les
830
de ses produits. Chaque groupement national croit
avoir
ses problèmes uniques, parce qu’il ignore ceux des autres, et prétend
831
oblèmes européens. L’action du CEC, en tout ceci,
a
parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visibl
832
e soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle
a
donc justifié la raison d’être de l’institution — pour ceux qui saven
833
lture. ⁂ En 1960, faut-il encore un Centre ? Nous
avons
dit que la raison d’être d’une institution de ce genre n’existe pas e
834
manière systématique l’une des grandes idées qui
avaient
présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à p
835
ines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il
a
su durer et préparer des voies pour le temps, désormais venu, où la s
836
st bien à l’Europe qu’on le doit : c’est elle qui
a
découvert la Terre entière, c’est elle que l’on imite partout, et c’e
837
te partout, et c’est d’elle enfin que les peuples
ont
reçu cette idée de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ils ont
838
de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ils
ont
hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépasse ses
839
on ampleur et son urgence. Depuis des siècles, on
a
discuté les méthodes de l’Éducation, comme si les fins de cette Éduca
840
n idéal de l’honnête homme. Notre idée de l’homme
a
changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à parler de méthode d’
841
dagogie, sans déclarer leurs fins nouvelles. On l’
a
dit et on l’a répété : toute politique implique une définition de l’h
842
déclarer leurs fins nouvelles. On l’a dit et on l’
a
répété : toute politique implique une définition de l’homme. De même,
843
e implique une définition de l’homme. De même, et
a
fortiori, toute méthode éducative. Qui veut la fin veut les moyens, d
844
RSS et les USA — rappelons en quelques mots ce qu’
a
signifié l’Éducation dans les grandes sociétés humaines de l’Antiquit
845
us les temps et dans toutes les cultures connues,
a
toujours consisté en deux efforts conjoints : — transmettre les conna
846
e en un dressage de l’individu, toute l’opération
ayant
pour but de rendre les croyances, conduites et réflexes, conformes au
847
anche, au dressage antique, les sociétés modernes
ont
substitué la promotion de l’esprit critique en vue de l’autonomie ind
848
ersonnelle, vers l’autonomie, vers les risques… J’
ai
dit que les deux termes d’initiation et d’initiative marquent deux at
849
de liberté qu’elles ménagent dans l’Éducation.
a
) Les États-Unis d’Amérique se caractérisent par la prédominance très
850
rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’
a
pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais env
851
ie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en
a
jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’à faire autre
852
jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’
a
qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent
853
elligence, de la mémoire et de l’attention. Elles
ont
formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’
854
la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui
a
réussi ses épreuves de sorties (après dix ans d’école) peut entrer da
855
ement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’
a
aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de c
856
rnières 25 années, trois sur quatre des candidats
ont
été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins
857
ion non seulement en Europe mais pour l’Europe. J’
ai
marqué trois tendances pratiquement dominantes dans ces trois régions
858
illustrer cette première partie de mon exposé, j’
aurai
recours à une parabole, que j’appellerai la Parabole des trois colomb
859
onditionnée selon les théories de Pavlov : elle n’
a
pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ?
860
instant la question : que faire ? où aller ? Tout
a
été réglé d’avance par le Régime. La colombe européenne, elle, sait q
861
Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’elle
a
besoin pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’a pas reçu d
862
pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’
a
pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse, r
863
sister aux courants, prendre ses risques. On ne l’
a
préparée qu’à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or Per
864
z-moi, maintenant, cinq minutes de philosophie. J’
ai
dit qu’à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne,
865
r pour son compte. Un Soviétique russe ou chinois
eût
invoqué le rendement technique dans le cadre du plan. Notre conceptio
866
rrection » formaliste et vexante, et non pas pour
avoir
la paix vous-même, mais pour favoriser la paix de leur esprit et les
867
viations du sens de la discipline scolaire, que j’
ai
observées à mes dépens quand j’étais sur les bancs de l’école primair
868
spect des médiocres et l’honneur aux moyens. Si j’
avais
quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres
869
innover librement. La vision du But Vous l’
aurez
remarqué : je n’ai guère parlé de méthodes. J’ai plutôt insisté sur l
870
La vision du But Vous l’aurez remarqué : je n’
ai
guère parlé de méthodes. J’ai plutôt insisté sur le But — la personne
871
rez remarqué : je n’ai guère parlé de méthodes. J’
ai
plutôt insisté sur le But — la personne — car à mon sens, c’est la vi
872
ssances, alors bon, discutons méthodes. Il n’y en
a
pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’est capa
873
méthodes. Il n’y en a pas de bonne, mais il y en
a
de pires que d’autres. Aucune n’est capable de conduire assurément au
874
ondition qu’elle soit maniée par une personne qui
a
vu le But et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez de
875
ue dans l’armée suisse. J’apprenais à tirer. On m’
avait
enseigné tous les gestes à faire, en grand détail, selon la méthode l
876
gne le viseur, le point de mire et la cible après
avoir
assuré la hausse, bloquer le souffle, enfin tirer. Je faisais tout ce
877
ple, ça tient en trois mots : pensez au noir. » J’
avais
compris ! Mais comme je ne bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus
878
vous faites de vos mains, aux mouvements que vous
avez
appris. Regardez le noir de la cible, laissez-vous fasciner par lui,
879
in, je gagnais le galon d’or. Ce jeune lieutenant
avait
le sens du But, il a donc pu me le communiquer en quelques mots, et c
880
’or. Ce jeune lieutenant avait le sens du But, il
a
donc pu me le communiquer en quelques mots, et cette initiation a réu
881
communiquer en quelques mots, et cette initiation
a
réussi, où l’instruction avait échoué. J’ignore son nom, mais j’ai ti
882
s, et cette initiation a réussi, où l’instruction
avait
échoué. J’ignore son nom, mais j’ai tiré de sa leçon toute une morale
883
nstruction avait échoué. J’ignore son nom, mais j’
ai
tiré de sa leçon toute une morale, et même tout un livre que je compt
884
et dans lequel je dirai tout au long ce que je n’
ai
pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film B
885
n’ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On
a
vu en Europe le film Blackboard Jungle : la description y est certes
886
ctatoriaux : les échecs de Napoléon et d’Hitler l’
ont
bien fait voir. L’union de l’Europe suppose en fait les mêmes exigenc
887
elle est déjà en train de se faire — mais elle n’
aura
que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera
888
au plan européen. C’est dans cet esprit que nous
avons
demandé à des enseignants de huit pays européens les rapports qu’on v
889
s les rapports qu’on va lire. Une telle enquête n’
a
pas besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour être significat
890
ficiences communes. Mes remarques introductives n’
ayant
d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête, et d
891
homme à vivre les droits et les devoirs qu’on lui
a
enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie civique. Rie
892
ale obéissance au Parti La Russie soviétique n’
a
pas de ministère central de l’Éducation (chacun des États garde le si
893
’agit partout de convaincre l’élève que la Russie
a
la forme la plus parfaite de « démocratie », et que toutes ses « vict
894
e dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il
a
été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions
895
ductives Ces quelques aperçus, je le répète, n’
avaient
d’autre ambition que d’introduire à une lecture mieux avertie des tex
896
de Montreux, seconde patrie du roman russe, que j’
ai
rencontré Retinger, en septembre 1947. Je venais de prononcer le disc
897
: « Votre discours était vraiment très bien, vous
avez
montré la voie, maintenant venez vous asseoir ici. Bon Dieu ! il faut
898
! deux fines à l’eau ! » À cette « suite », nous
avons
collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemble plu
899
avons collaboré pendant près de treize ans. Nous
avons
préparé ensemble plusieurs congrès, et vingt rencontres aux allures d
900
s aux allures de « complots », dont quelques-unes
ont
abouti à des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables s
901
unes ont abouti à des créations durables. Et nous
avons
passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’était sa
902
se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’
ai
-je bien connu ? La lecture des notes abondantes qu’il avait préparées
903
ien connu ? La lecture des notes abondantes qu’il
avait
préparées en vue de ses mémoires me révèle plusieurs dimensions de sa
904
sions de sa personne et de son existence que je n’
avais
pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui arrivai
905
d’y faire, sans insister. C’est l’Européen que j’
ai
connu, à partir de sa soixantième année. Mais de sa carrière jusque-l
906
d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il
avait
publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien voulu me
907
seph s’écrie : « Comme je voudrais que la Pologne
ait
enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’êt
908
un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t-il, il
a
découvert l’interdépendance des peuples et la nécessité de meilleures
909
ment européenne. Son père est mort lorsque Joseph
avait
4 ans, et c’est un ami de la famille, le comte Zamoyski, belle figure
910
tres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’
a
que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il
911
e l’intelligentsia parisienne de cette époque. Il
a
rencontré Gide dans un train entre Prague et Paris, et il note que c’
912
C’est d’ailleurs par Retinger que Gide et Larbaud
ont
connu Joseph Conrad.) En 1908, à 20 ans, il passe en Sorbonne une thè
913
se pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui
a
dit un jour André Gide en riant, après avoir passé des heures à corri
914
! », lui a dit un jour André Gide en riant, après
avoir
passé des heures à corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce qu’il
915
ns du meilleur monde de Paris et de Londres, où l’
ont
introduit le comte Zamoyski, le fameux « Boni », marquis de Castellan
916
meilleures chances à l’action pour laquelle il n’
a
cessé de se préparer, à travers ses années nomades, studieuses et bri
917
tion d’un patriote polonais vers 1910. La Pologne
a
cessé d’exister comme État depuis le partage de 1795. Elle n’a plus d
918
ster comme État depuis le partage de 1795. Elle n’
a
plus d’existence politique, ni sur le plan international ni sur le pl
919
trouvent privés d’instruction publique, la Prusse
ayant
décrété que l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’en allemand.
920
Pologne, et l’opinion mondiale, depuis longtemps,
a
cessé de s’intéresser à une cause qui paraît sans espoir. C’est sur c
921
s’était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’il
avait
rencontré dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il avait fai
922
dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il
avait
fait ses premières études dans le même lycée que Retinger, mais vingt
923
cée que Retinger, mais vingt ans plus tôt, Conrad
avait
déjà derrière lui, à cette époque, toute sa carrière d’officier de la
924
sa carrière d’officier de la marine marchande. Il
avait
publié Lord Jim, et il commençait à connaître un modeste succès d’écr
925
, Conrad, songeant à ses difficultés financières,
eut
soudain l’idée d’écrire une pièce de théâtre avec Retinger. Le sujet
926
èrent chaque week-end pendant plusieurs mois. Ils
avaient
décidé de l’écrire en français, langue de théâtre par excellence, aux
927
ote simplement dans son livre sur Conrad : « Je n’
ai
pas revu cet ami depuis la guerre (de 14-18) et je ne puis retrouver
928
le sol le plus mémorable de la Pologne ». Conrad
a
retrouvé sa terre après quarante années d’exil. Il ne dira qu’une phr
929
nuit-là : « Cher Joseph, c’est un grand bonheur d’
avoir
enfin pu venir ici et montrer à ma femme et à mes fils qu’il y a quel
930
onque. Retinger, laissé seul devant le téléphone,
a
compris. Il décroche l’appareil et demande à parler au Général. Il ex
931
. En chemin, Retinger imagine un stratagème qu’il
aura
l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Général n
932
t être chargé d’une mission importante, puisqu’il
a
pu se servir de la ligne directe du préfet de police, lui donne alors
933
ve à Vienne au matin d’un voyage épuisant qui lui
a
pris trois jours au lieu des douze heures habituelles, et se rend aus
934
craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille : il
a
dans sa poche le document qui démontrerait la déloyauté envers l’Autr
935
pourquoi il veut absolument aller en France. « J’
ai
certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes-vous ? — Vous pouvez
936
la Suisse. À Berne, l’ambassadeur de France après
avoir
écouté son récit lui accorde sans difficulté le visa demandé. Néanmoi
937
on de Pontarlier, il écrit au comte Zamoyski, qui
a
de grandes relations parisiennes. Trois jours plus tard, le voilà lib
938
sion et ses plans. Mais c’est en Angleterre qu’il
a
décidé d’établir sa base d’opérations. Pendant qu’il attend le train
939
eux Suisse qui ne sait pas non plus pourquoi on l’
a
mis là. Le soir même — il a réussi à faire passer un message téléphon
940
on plus pourquoi on l’a mis là. Le soir même — il
a
réussi à faire passer un message téléphonique au Quai d’Orsay — Phili
941
Seul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il n’
a
que son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des cont
942
orés du public où résident les pouvoirs réels. Il
a
aussi le salon de Lady Cunard, dont il redevient l’un des habitués, e
943
é réelle avec le Premier ministre, chez lequel il
aura
désormais ses entrées. Il obtient en quelques semaines la libération
944
plusieurs centaines de Polonais internés, dont il
a
dressé la liste. Mais le plus difficile reste à faire : persuader les
945
semaines que toute la propagande du Bureau qu’il
a
dirigé pendant trois ans. Dès ce moment, la Pologne redevient un fact
946
sure groups, etc. Mais surtout, écrit-il : « Je n’
avais
pas encore bien vu que la question n’était pas seulement d’avoir de b
947
e bien vu que la question n’était pas seulement d’
avoir
de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un
948
ociations secrètes avec l’Autriche À Paris, il
a
retrouvé Boni de Castellane. Ce grand dandy de la Belle Époque ne man
949
éparée avec l’Autriche. Le gouvernement de Vienne
a
créé une Légion polonaise, commandée par Pilsudski. Dans ses conversa
950
ns ses conversations avec Joseph Conrad, Retinger
a
souvent évoqué le rêve d’une Pologne autonome qui se joindrait, comme
951
e est déjà trop profonde pour qu’une paix séparée
ait
des chances de se conclure. Le projet sera donc abandonné, et Clemenc
952
ffrontément, devant la Chambre française, qu’il l’
ait
jamais autorisé ni même connu… Retinger se demande, dans ses notes, s
953
. Et il ajoute, d’une manière bien typique, qu’il
a
négligé par la suite de le vérifier, n’étant plus suffisamment intére
954
r lui des bruits fâcheux. Lord Northcliffe, « qui
avait
des raisons personnelles de le détester » (raisons que Retinger nous
955
ster » (raisons que Retinger nous laisse ignorer)
a
cessé de le soutenir. « Il veut votre peau », lui dit Philippe Berthe
956
cœur défendant, il me dit : — Mon cher Joseph, j’
ai
de mauvaises nouvelles pour vous. Je pense que vous feriez mieux de q
957
ter la France. — Et pourquoi ? — Parce que vous y
avez
trop d’ennemis, et que si vous ne partez pas de votre propre gré, je
958
pour annoncer mon départ, et à la Gare de Lyon j’
eus
le plaisir d’être salué par les marquis de Castellane, de Dampierre,
959
ays alliés, cependant qu’Allemands et Autrichiens
avaient
mis sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’avait pris sur l
960
sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’
avait
pris sur lui que peu d’argent, comptant faire venir par la suite les
961
et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’il
avait
emporté dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour à Barcelone, p
962
oyage. (J.H.R. note qu’au cours d’une tempête, il
eut
la seule occasion de sa vie d’observer des vaches atteintes du mal de
963
que l’Amérique latine ; parce que le médecin lui
avait
conseillé la mer ; parce que l’aventure le tentait, mais aussi, et pe
964
oyen de passer du Mexique aux États-Unis. (On lui
avait
pris tous ses papiers, à sa sortie de France.) Par son frère, profess
965
Mexique, engagé par Luis Negrete Morones — qu’il
a
connu sur le cargo — dans les intrigues politiques et sociales d’une
966
rs par les Américains. De 1919 à 1936, Retinger n’
a
pas fait moins de onze séjours dans ce pays, où seule la suite de has
967
ù seule la suite de hasards qu’on vient de voir l’
avait
conduit, mais dont la démesure naturelle et l’exubérance humaine l’on
968
t la démesure naturelle et l’exubérance humaine l’
ont
aussitôt séduit. La situation du Mexique luttant pour son indépendanc
969
exicain qu’il conte dans ses notes révèlent qu’il
a
vraiment aimé ce peuple, et qu’aux motifs fortuits et théoriques de s
970
un sou et en reparte sans un sou. C’est à quoi j’
avais
dû leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des matières… »
971
C’est à quoi j’avais dû leur confiance, et ils m’
avaient
consulté en bien des matières… » L’histoire de la nationalisation du
972
urs États, sur lesquels le gouvernement central n’
avait
plus aucun pouvoir. Cette exploitation du pays par l’étranger rapport
973
ode de la vie de ce « politicien privé » que nous
avons
vu débuter dans les salons, parmi les esthètes et les grandes dames.
974
Depuis son arrivée au Mexique, en 1919, Retinger
avait
passé plusieurs mois avec Luis Morones et le groupe d’amis dont il ét
975
e fameux CROM fut leur œuvre. Grâce à eux, J.H.R.
avait
pu étudier de très près les conditions du Mexique et entrer en contac
976
sait alors la Pologne libérée aux bolchéviques. N’
ayant
plus de passeport, il pria ses amis de lui faire passer la frontière
977
tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il
avait
voulu, sept ans auparavant, faire les héros d’une pièce de théâtre… I
978
e le fleuve aux eaux basses. De l’autre côté, lui
avait
-on dit, une charrette l’attendrait sur la route pour le mener à San A
979
photocopiées) qu’un membre de l’ambassade des USA
a
vendu depuis un an au gouvernement. Ces papiers révèlent toute la con
980
nde à Retinger d’élaborer un plan d’action. Après
avoir
étudié le dossier, Retinger suggère que le Mexique en communique la s
981
e une charge pour l’administration américaine. Il
a
beau déclarer qu’il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comm
982
-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lui
a
pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’il a de quoi vivre. Entr
983
a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’il
a
de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et che
984
a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico
ont
été alertés et cherchent à le faire libérer sous caution. Le juge exi
985
re le Mexique et l’Amérique officielle, auquel il
a
travaillé, sera réalisé à la faveur du changement d’administration à
986
la Pologne, cas unique. D’autres documents que j’
ai
pu consulter mentionnent, durant ces mêmes années, une mission au Vat
987
sa passion principale : l’union de l’Europe. Nous
avons
vu déjà quelques-unes des sources de l’européisme de Retinger : son p
988
anglais de Boni, Arthur Capel (mort en 1919), qui
avait
lancé avant 1914 l’idée d’une fédération régionale de l’Europe, en vu
989
nant beaucoup en Angleterre, il semble que J.H.R.
ait
vécu dans la misère, rançon de son extrême indépendance d’esprit et d
990
a débâcle de juin. Anglais et Polonais de Londres
ont
perdu sa trace. Retinger demande un avion pour aller à la recherche d
991
lorsque la Fédération syndicale internationale l’
a
dépêché auprès du général, alors président du Conseil, pour essayer d
992
es Soviets. En 1939, Retinger qui, jusque-là, « n’
a
jamais servi ni un homme ni une organisation en aucune qualité offici
993
une organisation en aucune qualité officielle »,
a
décidé de lier son sort à celui de Sikorski : il a confiance en son h
994
décidé de lier son sort à celui de Sikorski : il
a
confiance en son honnêteté absolue, en ses dons de chef, en son insti
995
euner avec vous, puis je vous emmène à Londres, j’
ai
un avion ». Le général accepte sous deux conditions : que son retour
996
de détester les titres et décorations, et je n’en
ai
jamais accepté. » Le traité polono-russe de 1941 Au début de ju
997
allaient être échangés. Eden, Sikorski et Maïski
ayant
parlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci est un grand événe
998
re une fin pacifique et amicale à la querelle qui
a
duré trois-cents ans entre les Polonais et les Russes. Il représente
999
de jours après, l’ambassadeur polonais désigné n’
ayant
pu partir, Retinger fut chargé de représenter les intérêts de son pay
1000
de plusieurs milliers l’attendaient : les Russes
avaient
annoncé par radio la signature de l’accord, la libération des Polonai
1001
du plénipotentiaire de Sikorski. Le lendemain, il
eut
la joie de rencontrer les premiers officiers polonais libérés, et tou
1002
des béquilles, à cause des traitements qu’on lui
avait
fait subir à la prison de Loubianka. Parachutage en Pologne occupé
1003
ue la météo permette le départ pour la Pologne, n’
ayant
d’autre passe-temps que la lecture de Platon, dans la traduction de J
1004
nétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et
avait
toujours éprouvé une répugnance marquée pour les efforts physiques. I
1005
répugnance marquée pour les efforts physiques. Il
avait
donc refusé tout entraînement autre que théorique51 et ne se sentait
1006
en suivit, « qui m’empêcha de penser au saut et d’
avoir
cette sensation horrible de trac au creux de l’estomac ». Signal, sau
1007
là-bas ». En dépit de toutes les précautions qui
avaient
été prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie
1008
Italie, la présence de Retinger à Varsovie semble
avoir
été connue des nazis quelques heures après son arrivée, mais il l’ign
1009
les premiers jours les cafés de la capitale qu’il
avait
connus autrefois. Dans l’un d’eux, après avoir commandé une vodka, il
1010
il avait connus autrefois. Dans l’un d’eux, après
avoir
commandé une vodka, il eut l’heureuse surprise de voir le vieux serve
1011
ns l’un d’eux, après avoir commandé une vodka, il
eut
l’heureuse surprise de voir le vieux serveur lui apporter aussi un gr
1012
ission se déroulait selon les plans. Les contacts
avaient
été pris dans la capitale et en province avec les responsables politi
1013
ecevoir tous ses « correspondants ». La Gestapo l’
ayant
appris, il fallut le transporter en toute hâte dans un autre établiss
1014
vée aux Allemands, qui était toute proche. Celt l’
ayant
chargé sur son dos, ils passèrent tranquillement entre deux haies d’a
1015
ançaient. Et un matin ils virent passer cinquante
avions
américains. Le dernier soir, un char de paysan vint les prendre. Deux
1016
un char de paysan vint les prendre. Deux hommes y
avaient
déjà pris place, et J.H.R. reconnut en l’un d’eux M. Arciszewski, le
1017
cavalerie était signalé, qu’un groupe d’aviateurs
avait
pris ses quartiers à deux kilomètres de là, et qu’un appareil de chas
1018
les baraquements de Benghazi. Le lendemain, après
avoir
survolé Tobrouk, où il avait passé une journée mémorable pendant le s
1019
Le lendemain, après avoir survolé Tobrouk, où il
avait
passé une journée mémorable pendant le siège, lorsqu’il accompagnait
1020
ar le gouvernement de Varsovie, et qu’après que j’
eus
remis les dons anglais et quitté le Pologne, mes collaborateurs furen
1021
s’adressant directement à Molotov, avec lequel il
avait
entretenu de bons rapports durant sa mission à Moscou. Celt réussit à
1022
a volonté) il entreprit l’action européenne qu’il
avait
si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut ses premi
1023
’il avait si longuement méditée et préparée. Nous
avons
dit plus haut ses premières tentatives dans ce sens, avant 1939. Il f
1024
à l’instigation de Retinger, le général Sikorski
avait
pris l’initiative de grouper périodiquement les ministres des Affaire
1025
ne par une conférence à Chatham House intitulée :
A
European Continent ? Quelques jours plus tard, à Bruxelles, avec M. P
1026
pas à une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui
avait
transmise. Dans le même temps, plusieurs autres mouvements s’étaient
1027
er. Au lendemain du discours d’introduction que j’
avais
prononcé, je me trouvai placé entre eux deux devant les micros d’une
1028
t pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’
avait
bien exposée — il parlait très mal en public, et aussi rarement que p
1029
Winston Churchill, et de me donner sa réponse. M’
ayant
ainsi pris dans son jeu, il vint chez moi et me demanda de me charger
1030
relle du congrès. Sur ce qu’il faudrait faire, il
avait
peu d’idées, et celles qu’il exprima me parurent vagues ou fausses, d
1031
n pour tenter d’y mettre un peu d’ordre. Retinger
avait
bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’étais « engagé », non seu
1032
ar ma conférence à ce congrès, et par celle que j’
avais
donnée un an plus tôt aux Rencontres internationales, mais par mes éc
1033
vril, dans toutes les villes d’Europe où Retinger
avait
passé de son petit pas traînant, parfois au bras d’un secrétaire, sou
1034
carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’
avait
été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance, dans
1035
s’est accompli dans cet ordre, depuis douze ans,
a
pris son départ à La Haye. Le Conseil de l’Europe, conçu par ce Congr
1036
inspirent encore tous les « Européistes » : on n’
a
guère trouvé mieux depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui
1037
depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui
avait
été proposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la réussit
1038
sans un seul discours, Retinger, on peut le dire,
a
forcé le destin, et vaincu l’inertie la plus lourde du monde : celle
1039
d public européen tient pour toutes naturelles, n’
eussent
probablement pas vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster qui a c
1040
vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster qui
a
créé techniquement la CECA, par exemple, ni Lausanne qui a créé le CE
1041
chniquement la CECA, par exemple, ni Lausanne qui
a
créé le CEC ; ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont l
1042
sanne qui a créé le CEC ; ce que ces deux congrès
ont
créé en revanche, ce sont les conditions psychologiques et politiques
1043
t les conditions psychologiques et politiques qui
ont
permis la mise en place de ces institutions, et de bien d’autres. Je
1044
tres. Je ne crois pas que Jean Monnet et Retinger
ont
jamais travaillé ensemble : leurs méthodes étaient trop différentes,
1045
en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en
eût
fait partie dès l’origine, et n’eût jamais manqué une seule de ses sé
1046
du CEC qui en eût fait partie dès l’origine, et n’
eût
jamais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain que l
1047
ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’
eût
pas vu le jour sans les efforts tenaces de Retinger non seulement au
1048
uropéen, mais dès avant le congrès de La Haye. J’
ai
dit plus haut comment il vint me chercher à Ferney, en février 1948,
1049
une nouvelle Conférence européenne de la culture,
ayant
pour mission d’établir le bilan d’une douzaine d’années d’activités à
1050
être prémonitoire de réaffirmer les principes qui
avaient
conduit sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action
1051
ette perspective : « L’idée culturelle européenne
a
sa résidence en Suisse. C’est un avantage pour les autres, mais aussi
1052
s faire de politique internationale, mais vous en
avez
fait avec la Croix-Rouge, et c’est une raison de fierté pour tous les
1053
Mais quand ma femme, à propos de projets que nous
avions
en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit très vite com
1054
Son idée d’une Pologne indépendante me semble
avoir
préfiguré son idée d’une Europe unie. Dans les deux cas, il s’agissai
1055
réer de toutes pièces un capital d’Histoire, sans
avoir
d’autre mise initiale que l’Idée. Ni fonds ni meubles, ni régiments m
1056
d’abord convaincre ceux qui pouvaient y aider. Il
avait
publié plusieurs ouvrages, surtout aux débuts de sa carrière, mais Gi
1057
ges, surtout aux débuts de sa carrière, mais Gide
avait
raison, il n’était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de l
1058
groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art
avait
été de mettre les intérêts personnels les plus variés, et même les va
1059
irculait d’un groupe à l’autre : « Je crois que j’
ai
trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul à une petite table,
1060
, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’
avait
pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste selon les c
1061
n’est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui
ont
pris la peine de briguer ses applaudissements, selon les règles publi
1062
t qui fausserait le tableau des vraies forces qui
ont
fait notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami, Jan
1063
ollaborateur, m’écrit : « Il s’est confessé et il
a
reçu les derniers sacrements. Il avait certainement le sentiment d’av
1064
confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il
avait
certainement le sentiment d’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait c
1065
sacrements. Il avait certainement le sentiment d’
avoir
accompli sa tâche et d’avoir fait ce qu’il avait voulu faire (sauf d’
1066
ement le sentiment d’avoir accompli sa tâche et d’
avoir
fait ce qu’il avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’av
1067
’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait ce qu’il
avait
voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’avait plus de « respon
1068
it voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’
avait
plus de « responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne cessait
1069
dement durant ses dernières semaines, mais cela n’
eut
pas d’effets perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt qu’il port
1070
Retinger », Genève, 1960–1961, p. 20-50. cl. On
a
conservé l’orthographe du texte original.
1071
à l’intérieur de la communauté européenne, le CEC
a
senti que le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mond
1072
rcie la Fondation européenne de la culture de lui
avoir
fourni les moyens matériels indispensables pour initier cette ambitie
1073
nève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’
a
pas pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts p
1074
s les continents dans le climat très favorable qu’
ont
créé les journées de septembre à Genève. cm. Rougemont Denis de, «
1075
ent dans les élites qui les subissent ce que l’on
a
si justement décrit comme un état de névrose, une sorte de schizophré
1076
spécifiques de la culture européenne. 1. L’Europe
a
besoin du dialogue avec les autres cultures pour une raison fondament
1077
gt pays divisés par un siècle de nationalisme qui
a
conduit à deux guerres mondiales. La comparaison entre les principes
1078
ys le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe
a
été le foyer de la civilisation technicienne. La technique n’y est pa
1079
rabes, etc. dans nos grandes universités, mais on
aurait
peine à trouver des chaires d’européisme en Inde ou en Chine). 5. Au
1080
l’Europe se heurte à deux difficultés majeures :
a
) difficulté de présenter la culture européenne (en tant qu’ensemble p
1081
ur représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’
ont
qu’une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses su
1082
nts d’outre-mer qui viennent dans nos universités
ont
grand-peine à se faire une idée de la culture européenne dans son ens
1083
guer, et ses propres difficultés. Les difficultés
ont
des chances d’être assez semblables (quoique à des degrés variables)
1084
ne idée de la variété des efforts existants. 1.
a
) Institutions permanentes générales (par leur objet) Unesco : « P
1085
960, et publication des travaux en forts volumes.
A
édité en 1955 un très utile Répertoire international des centres d’ét
1086
n Inde : l’International Centre, New Dehli, 1958,
a
entrepris l’étude des cultures différentes, en s’inspirant des travau
1087
projet majeur Est-Ouest, plusieurs vastes congrès
ont
été organisés ; citons : Manille, sur le thème « Present impact of th
1088
régions. Le Congrès pour la liberté de la culture
a
réuni deux vastes conférences sur « L’Avenir de la liberté » (Milan,
1089
avants et publicistes du monde entier. Le Congrès
a
organisé de nombreux séminaires sur des sujets plus spécialisés, à Bo
1090
raz, Le Caire, Ibadan, Khartoum, Tunis, etc., qui
ont
tous permis de confronter les vues d’intellectuels venus de tous les
1091
en Afrique. La Fondation européenne de la culture
a
pris pour thème de son congrès annuel de 1959, à Vienne, la formation
1092
re-mer. La Société européenne de culture (Venise)
a
organisé un congrès Europe-Afrique à Rome en 1960, et prépare, en lia
1093
rels. Les spécialistes d’une culture différente n’
ont
pas à se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations, rev
1094
l devient difficile de trouver assez d’hommes qui
aient
encore le temps d’y participer. En admettant que ces activités soient
1095
hniques, il y a aujourd’hui un grand vide. Il n’y
a
pas de relais utiles. Pour préparer des hommes d’État, des diplomates
1096
ment dépend des décisions de nations isolées (qui
ont
en vue des buts politiques d’abord) ; ou d’organismes purement économ
1097
privées (qui envoient les représentants qu’elles
ont
la chance de trouver, préparés ou non…). Enfin, une troisième lacune
1098
ulturelles entre l’Occident et les autres régions
ont
déjà fait l’objet d’innombrables études, mais les relations entre l’A
1099
l’Europe, ancêtre culturelle des trois autres, n’
a
pas encore pu surmonter ses divisions nationales, qui ont failli la r
1100
encore pu surmonter ses divisions nationales, qui
ont
failli la ruiner par deux fois, et n’a donc pas encore de politique c
1101
les, qui ont failli la ruiner par deux fois, et n’
a
donc pas encore de politique commune, répondant à sa vocation, à l’ég
1102
es traditions religieuses issues de l’Inde et qui
ont
marqué d’empreintes inégalement profondes le Centre, le Sud-Est et l’
1103
s régions culturelles. Ceci suppose la création :
a
) d’écoles ou stages de formation de responsables, où l’on rendrait un
1104
ant des problèmes de la région. (Exemple : le CEC
a
publié une première bibliographie de cent ouvrages sur l’Europe, et e
1105
vec leurs services d’information. En revanche, il
a
constitué ses propres archives sur vingt-cinq instituts d’études euro
1106
ient une des lacunes les plus frappantes que nous
ayons
rencontrées jusqu’ici ; — Accueil aux étudiants, professeurs, cherche
1107
mêmes les « interlocuteurs responsables » dont on
a
vu la nécessité, mais ils seraient en tout cas les moyens de détecter
1108
r région, ainsi que sur les projets analogues qui
auraient
déjà fait l’objet de leurs préoccupations. Soulignons le fait que dan
1109
vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse
a
perdu la partie pour avoir négligé les conditions modestes et concrèt
1110
est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour
avoir
négligé les conditions modestes et concrètes de tout succès. Genève,
1111
est immense, et avant de l’aborder de front, nous
avons
réfléchi, hésité, et parfois reculé, pendant des années. Aucun des mo
1112
vions imaginer pour y faire face, ou que d’autres
avaient
déjà essayés, ne semblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. N
1113
it proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous
avons
donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez grand
1114
l’ambition de notre colloque d’aujourd’hui. Nous
avons
voulu ce colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi, à ce propos,
1115
r trente-huit personnalités invitées, trente-deux
ont
accepté de venir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont été emp
1116
de venir, mais par la suite, nombre d’entre elles
ont
été empêchées, dont plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je
1117
et confirmés, de notre région, mais encore nous n’
avons
à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des années de
1118
serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous
a
paru optimum, c’est-à-dire le plus petit qui permette encore de repré
1119
envoi, comme on dit dans un match de football. Il
aura
réussi, si nous constatons dans trois jours que son travail ne fait q
1120
que son travail ne fait que commencer, et qu’il n’
a
pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhait
1121
plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’
aura
pas été établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qui po
1122
ts et enflammés soient-ils. Voilà pourquoi nous n’
avons
pas voulu convoquer aujourd’hui un grand congrès de plus. Dans un con
1123
cette table, sans discours et sans formalisme. J’
ai
assisté à trop de congrès et de séminaires, où il me semblait que les
1124
la première page du document de travail qui vous
a
été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une pa
1125
Et de même, l’emploi du terme nationalisme, qui n’
a
pas du tout le même sens en Europe et dans le monde arabe, par exempl
1126
nd des cultures différentes, et ce qu’elle estime
avoir
à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points
1127
ssayer de rassembler les différents arguments qui
ont
été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin
1128
ition du problème par Bertrand de Jouvenel, que j’
ai
trouvée extrêmement heureuse : « Nous sommes tous des colonisés. » En
1129
tte technique, elle est sortie tout de même, on l’
a
rappelé à plusieurs reprises, du contexte culturel européen. Elle est
1130
à cette question de la culture ou des cultures. J’
avais
prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme,
1131
res. J’avais prévu dans mon introduction que nous
aurions
à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture et de ci
1132
phénomène culture, qui est faire, créer, comme l’
a
dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de
1133
e se laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’
ont
été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’
1134
ne veut pas aboutir à des ruptures, comme il y en
eut
tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vue cette c
1135
tant entre les nations européennes, il nous faut
avoir
en vue cette culture de l’universel dont parlait d’Arboussier et dont
1136
e monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’
ai
excessivement simplifié ? Voix — Non ! Non ! (applaudissements). Donc
1137
i vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous
avons
dit ce qu’il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jour : n
1138
re sur ce premier point de l’ordre du jour : nous
avons
vérifié notre accord de base sur la nécessité du dialogue. cp.
1139
bliée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’
a
retenu, à de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la derni
1140
é pour établir cette liste est des plus simples :
ont
été cités les ouvrages qui, dans tous les domaines, traitent de l’ens
1141
t de l’ensemble européen et de sa problématique ;
ont
été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’
1142
qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils
ont
pour sujet les rapports de ce pays avec l’ensemble européen) ; ceux q
1143
xte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui n’
ont
l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet
1144
ilosophie, du droit et de la politique, etc. Nous
avons
pris pour guide, dans ce classement, l’utilité pédagogique. J’entends
1145
l’utilité pédagogique. J’entends par là que nous
avons
cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrir
1146
nd d’écrire une thèse sur un sujet européen. Il n’
a
pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titr
1147
ode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il
a
joué un rôle déterminant dans l’évolution des idées qui a précédé et
1148
n rôle déterminant dans l’évolution des idées qui
a
précédé et qui soutient les constructions économiques et politiques,
1149
des actions en cours son appréciation personnelle
a
posteriori ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est impro
1150
alité », qui vient toujours après ce que d’autres
ont
osé faire sans se demander d’abord si c’était à la mode, si cela inté
1151
Certaines manières d’expliquer que « Jean Monnet
avait
raison et la preuve c’est qu’il a réussi » révèlent chez leurs auteur
1152
Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’il
a
réussi » révèlent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui devait
1153
férence ou la méfiance systématique. Les éditeurs
auraient
tout avantage à connaître ce qui s’est fait jusqu’à présent : ils ver
1154
entative, entreprise par le CEC voici cinq ans, n’
a
rien pour les décourager. Si le pool Editeuropa, après un départ enth
1155
pool Editeuropa, après un départ enthousiaste, n’
a
finalement rien produit sous son nom, c’est à cause de certaines erre
1156
soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’
a
montré le succès qu’ont remporté depuis lors deux au moins des ouvrag
1157
dernier point, c’est ce qu’a montré le succès qu’
ont
remporté depuis lors deux au moins des ouvrages retenus au départ, pu
1158
fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’
avions
prévu. D’autres entreprises collectives — au premier rang desquelles
1159
opéen (par l’éditeur Robert Laffont, à Paris)53 —
ont
d’ailleurs démontré la rentabilité de l’édition en pool, mais pour un
1160
’enquête dont nous publions aujourd’hui l’analyse
avait
pour objectif bien défini d’étudier le terrain sur lequel allait se d
1161
érations conduisant à l’idée d’une telle campagne
avaient
été souvent exposées dans les publications du CEC, notamment dans le
1162
ctatoriaux : les échecs de Napoléon et d’Hitler l’
ont
bien fait voir. L’union de l’Europe suppose en fait les mêmes exigenc
1163
elle est déjà en train de se faire — mais elle n’
aura
que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera
1164
le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui
ont
apporté leur contribution au financement du groupe ad hoc et de la Ca
1165
renaissance des régions. Mon ami Roger Bigonnet n’
a
pas oublié que pour devenir membre de l’Association européenne des fe
1166
orteur du colloque et auteur de son compte rendu,
a
donc eu bien raison de conserver autant que possible le caractère par
1167
du colloque et auteur de son compte rendu, a donc
eu
bien raison de conserver autant que possible le caractère parlé et im
1168
x nécessités, désormais reconnues, de ce que l’on
a
si justement nommé « la révolution régionale ». ⁂ On ne saurait repro
1169
itions initiales étaient d’ordre culturel, et qui
a
si bien réussi, au surplus, à mettre en évidence les liens entre la c
1170
ce les liens entre la culture et l’économie, de n’
avoir
pu qu’effleurer les aspects administratifs, politiques et civiques du
1171
tropoles. Fort heureusement, un autre colloque en
avait
traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous avons jugé opportun de r
1172
vait traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous
avons
jugé opportun de reproduire à la suite du compte rendu d’Aix, le rapp
1173
s, ces frontières que le xix e et le xx e siècles
ont
imposées d’une manière assez arbitraire à des réalités économiques, l
1174
s économiques, linguistiques et culturelles qui n’
ont
pas du tout les mêmes frontières ou extensions, si vous dévalorisez c
1175
un même défi : la civilisation technologique, qui
a
fait le tour du monde. Elle est née en Europe de toute évidence, dans
1176
e détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’
a
été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes tradition
1177
le également pour l’Occident, bien que l’Occident
ait
une tradition d’adaptation à la technique beaucoup plus vaste, puisqu
1178
ion à la technique beaucoup plus vaste, puisqu’il
a
accompagné le développement de la technique, et grandi avec elle depu
1179
miste, peut paraître se rattacher à tout ce qu’on
a
dit depuis un demi-siècle en Europe contre la technique destructrice
1180
ou trente ans. Le développement du livre de poche
a
créé un public gigantesque totalement inexistant il y a cinquante ans
1181
tant il y a cinquante ans encore. En Amérique, il
a
paru et il s’est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, don
1182
quelques mots à la question très pertinente qui m’
a
été posée par le professeur de Vernejoul, concernant les rapports de
1183
s’occupent de toutes sortes d’autres choses, qui
ont
un éventail très large de curiosités variées, et qui sont amenés par
1184
eur de Los Alamos et de la bombe atomique. Il n’y
a
pas de progrès scientifique aujourd’hui, et par suite, pas de progrès
1185
roblèmes esthétiques. Les Soviétiques, eux-mêmes,
ont
découvert cela récemment : après une période de spécialisation presqu
1186
alisation presque délirante sous Staline, qui les
avait
amenés à diviser les études en plusieurs centaines de spécialités et
1187
dans l’évolution des techniques industrielles. On
a
beaucoup répété depuis cinquante ans que la machine asservit l’homme.
1188
ervissait l’homme à la machine. C’est ce que Marx
a
si bien décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’était que «
1189
er. L’usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’
a
pas été obtenue par le marxisme mais par le développement même de la
1190
que. De ces considérations générales, ce que nous
avons
à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et la culture,
1191
tes de la culture comme la peinture et la musique
a
suivi, au cours des âges, à peu près les grands axes du commerce et d
1192
dans une région comme celle d’Aix-Marseille, qui
a
déjà une forte densité culturelle. Il ne s’agit pas ici d’une populat
1193
réateur d’une manière ou d’une autre. M. Bigonnet
a
avancé l’image, qui n’est pas originale mais tout à fait pertinente d
1194
le, quels sont les éléments déjà existants ? Vous
avez
un festival, des revues, une grande université, un essor économique t
1195
sité, un essor économique très puissant auquel on
a
souvent fait allusion ici, des groupements professionnels ou d’éducat
1196
ndrai plus tard sur ce point… capital ! […] Nous
avons
vu qu’une métropole, cela consiste en un attrait, un climat, et des r
1197
et le rayonnement. Le climat, il existe ici, on l’
a
décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilit
1198
s que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y
a
pas de meilleur investissement pour les grandes industries. Une métro
1199
les bénéfices à long terme. C’est une formule qui
a
fait ses preuves aux États-Unis où quelques milliers de fondations dé
1200
itoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il n’
a
pas encore d’institutions, de politique commune et de gouvernement ?
1201
encore une histoire de la poule et de l’œuf : qui
a
commencé ? L’œuf, mais pondu par quelle poule ? La poule, mais née de
1202
core à naître. Le moyen pratique d’en sortir nous
a
paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et qui
1203
s citoyens pour la nation. Et l’on sait qu’elle y
a
bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres mondiale
1204
’on sait qu’elle y a bien réussi, mais que nous l’
avons
payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferait-elle pas au
1205
re solidement unie dans ses fécondes diversités —
ont
décidé de commencer par l’École et d’attaquer le problème concret ave
1206
tés de l’enseignement d’un civisme européen. Elle
a
donné naissance à un comité d’action où sont représentés le Conseil d
1207
re assurant le secrétariat de l’entreprise, qu’il
avait
préparée par plusieurs publications57. Le comité a lancé la Campagne
1208
préparée par plusieurs publications57. Le comité
a
lancé la Campagne d’éducation civique européenne dès l’automne 1961.
1209
ne. ⁂ L’enquête sur l’état de l’éducation civique
a
été lancée dès janvier 1962 auprès de 19 gouvernements par les soins
1210
oins du secrétariat de la Campagne. Ses résultats
ont
été publiés en 196358. Tous les gouvernements consultés, sans excepti
1211
Tous les gouvernements consultés, sans exception,
ont
répondu d’une manière parfois très détaillée, faisant preuve d’une co
1212
une compréhension réaliste du problème. L’enquête
a
fait voir : 1° Un désintéressement flagrant des élèves pour la chose
1213
nseignants, des stages de formation de formateurs
ont
été préparés par le Comité et réalisés par le secrétariat de la Campa
1214
encer ? Par un regroupement de ceux, d’abord, qui
ont
pris conscience de ces problèmes. Par des stages de discussion, d’inf
1215
ttérature, langues. Pour organiser ces stages, on
a
recherché l’appui des gouvernements, des autorités municipales, des d
1216
jusqu’ici, l’intérêt témoigné et l’aide apportée
ont
été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à
1217
osterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant
a
été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nat
1218
s — du ministre au maire ou bourgmestre — qui lui
ont
permis l’organisation de ces stages ainsi qu’aux Communautés européen
1219
nautés européennes et au Conseil de l’Europe, qui
ont
apporté à la Campagne leur appui matériel et moral. Le rôle de chaque
1220
ne représentent qu’une faible partie de ceux qui
ont
été présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à r
1221
é à reproduire l’essentiel des communications qui
ont
recueilli l’accord le plus général. Le lecteur de ces textes et des r
1222
nemark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe
a
été représenté d’abord par M. Paul M. G. Lévy, directeur du Service d
1223
(CCC) s’étant constitué, [le Conseil de l’Europe]
a
délégué au comité de la Campagne M. G. F. Connell ; les autres membre
1224
phie, ce que je voudrais que l’on m’enseigne si j’
avais
le bonheur de retourner à l’école, et d’être enseigné plutôt que d’en
1225
s sols. « L’Europe est un continent où l’histoire
a
souvent violé la géographie », écrit très bien Jacques Beaujeu-Garnie
1226
de théorie des « frontières naturelles » qui nous
a
conduits à couper en deux, trois ou quatre pays un bassin naturel (ho
1227
face, parlaient des langues un peu différentes et
avaient
été conquis par des rois ou des États différents. Je voudrais enfin q
1228
s, et aussi des plus angoissants de ceux que nous
a
légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origine
1229
rétation la plus éclairante de ce mythe me paraît
avoir
été donnée par Dante, en son Traité de l’éloquence vulgaire, au septi
1230
i s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui
avaient
refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvra
1231
sur l’origine de la pluralité des langues, Dante
a
posé implicitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise
1232
terpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’
a
jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a ja
1233
ppris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’
a
jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques von
1234
t évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui
a
déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre e
1235
a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe
a
découvert la terre entière, et personne d’autre n’est jamais venu la
1236
uvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne
a
conçu la notion de genre humain, si longtemps étrangère, voire répugn
1237
à part Gandhi. Enfin l’Europe, par sa technique,
a
mis en relations toutes les parties du monde devenu désormais unité t
1238
relations pratiques. L’Europe, et l’Europe seule
a
fait tout cela, par sa religion, par ses grands philosophes et par se
1239
es de vie — disons d’un mot : par sa culture, qui
a
fait littéralement le tour du monde. Mais en même temps que cette cul
1240
es de la nouvelle culture mondiale. Or, qu’il n’y
ait
plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux s’ob
1241
ela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y
a
plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont
1242
s professionnelles et d’instituts de recherches n’
ayant
plus d’autres liens réels que ceux d’une administration, par ailleurs
1243
par ailleurs accablée de soucis matériels et qui
a
d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés
1244
a de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’
auront
pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, p. ex. où déjà le
1245
ricains nous affirment que 85 % des scientifiques
ayant
vécu depuis l’aube de l’histoire, sont vivants aujourd’hui. Et Louis
1246
années d’études, il y a trente à trente-cinq ans,
avions
appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions q
1247
e-cinq ans, avions appris toute la chimie et n’en
avions
rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd
1248
phie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’
a
rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
1249
e « version à l’unité »…) Toute l’évolution que j’
ai
dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous en t
1250
s illustrera ce point. Supposons que la théologie
ait
gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un th
1251
e comprendrait pas de quoi parle le physicien, et
a
fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physic
1252
, et les représentants des disciplines diverses n’
ont
souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou des p
1253
l ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’
ont
seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux autres
1254
liquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’
avaient
entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante
1255
curieux. L’industrie et l’État, plus que jamais,
ont
besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédi
1256
, qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’
ont
jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent au
1257
e de l’Université occidentale ? Quel type d’homme
a-t
-elle en vue, veut-elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de
1258
le en effet parmi toutes les grandes cultures qui
ont
fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un dévelop
1259
s qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe
a
osé l’aventure d’un développement autonome de la science et des arts,
1260
ement au xiiie siècle — à l’époque justement qui
a
vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à Par
1261
estions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Europe
a-t
-elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourquoi c
1262
t son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui
aient
osé relever, par exemple, la relation de continuité entre le dogme de
1263
che du temps » et l’entropie, notions de base qui
ont
une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les physicie
1264
e peut plus se présenter devant le monde, qu’elle
a
réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babélique
1265
raît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’
a
posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers également réel
1266
sité ? Trois solutions me paraissent concevables.
a
) La première, souvent proposée, consisterait à imposer des cours de c
1267
périences tentées dans cette intention si louable
ont
échoué, et les raisons de ces échecs répétés me paraissent assez évid
1268
ir humain, d’ailleurs en progression géométrique,
ait
la moindre chance de succès ; et l’éducation permanente qu’on nous pr
1269
er qu’en croissant, sous la double pression que j’
ai
dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujours plu
1270
ies les plus fines, que les savants contemporains
ont
créé la science nucléaire : or, les impasses et les paralogismes qu’i
1271
e pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’
ont
écrit. Une phrase de Spinoza s’est fixée dans mon souvenir dès l’adol
1272
on monologuante sous forme de discours. Ce détail
a
son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entrep
1273
cellence en tant que tels par le fait même qu’ils
auront
pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement
1274
de l’explosion des effectifs universitaires, je n’
aurais
guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il m
1275
est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’
a
établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel,
1276
e problème de l’explosion du savoir, dont je vous
ai
plus longuement entretenu, il me tarde de vous proposer des conclusio
1277
e un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’
ait
été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans
1278
e, d’autre part. Condition générale d’admission :
avoir
prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la v
1279
eure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’
a
jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez
1280
lamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui
ont
rêvé l’Académie européenne, comme Tommaso Campanella ou d’Amos Comeni
1281
hérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’elle
aurait
pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de
1282
s terres du globe multipliées par une culture qui
a
fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des ho
1283
da. Selon une erreur manifeste, le texte original
avait
mis « indaméricaines ».
1284
février 1965)db Les motifs d’union de l’Europe
ont
beaucoup évolué depuis 1945. Dès cette année-là et au cours des cinq
1285
professionnelles, etc. Pendant ce temps, l’Europe
avait
perdu ses positions mondiales de puissance politique et militaire, ma
1286
es découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous
avons
donc pensé que le concours d’un grand nombre de compétences éprouvées
1287
e symbolisé par l’ellipse Europe-Monde. Le groupe
a
commencé par établir une liste idéale des participants. On en voulait
1288
es participants. On en voulait environ 150. On en
a
invité plus de 300. Près de 200 ont accepté, et finalement 150 sont i
1289
iron 150. On en a invité plus de 300. Près de 200
ont
accepté, et finalement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais sont
1290
estions inévitables. Une cinquantaine de rapports
ont
été demandés. Quarante-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns
1291
nt présentés oralement. C’est dire que la réponse
a
dépassé la demande, quoique avec un certain retard, qui explique le d
1292
ne en matière culturelle. Ces quelque 50 rapports
ont
été attribués à une première série de quatre commissions chargées de
1293
était juste de relever d’abord le rôle décisif qu’
ont
joué les Européens, et eux seuls, des stoïciens grecs et romains aux
1294
sans demander ni recevoir d’assistance technique,
ont
fourni la carrière mondiale que l’on sait. Un troisième groupe de rap
1295
titude. Car il est bien certain que les Européens
ont
fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’une sorte d’arrogance naïve à l’éga
1296
de colons pas nécessairement très cultivés, qui n’
avaient
pas compris grand-chose aux propos des sages subtils de la Chine et d
1297
faire observer que des Européens, presque seuls,
ont
pu penser cela ! Toutes les grandes cultures se sont considérées, par
1298
ères. Seuls les Européens, dès le xviiie siècle,
ont
accepté de se relativiser et de se juger objectivement, avec mesure e
1299
nne conscience ce que nous autres, les Européens,
avons
à faire entendre dans le concert des cultures. La deuxième commission
1300
à encore, il ne s’agit pas un instant, quoi qu’en
aient
pensé certains d’entre vous, de vanter nos produits, ou d’essayer de
1301
ées qu’elles puissent paraître, ces cinq rapports
ont
une vertu commune qui est de mettre en question les clichés de l’écon
1302
passionneraient le plus, parce que c’est là que j’
aurais
le plus à apprendre, mais aussi les plus naïves questions à poser. Es
1303
psychiques et religieux qui les distinguent ? N’y
a-t
-il pas là une tendance déshumanisante, anticulturelle, barbarisante ?
1304
alculs ne suppose-t-elle pas que tous les peuples
auraient
accepté les options fondamentales, les valeurs et vertus spécifiques
1305
e dans le tiers-monde de « rattraper » l’Occident
a-t
-elle un sens, quand l’Occident change et bouge tout le temps et de pl
1306
octrine de l’Absolu et de l’Âme impersonnelle qui
eut
pour effet immédiat de ralentir et presque de bloquer tout le process
1307
culation de son âme et de son corps. Cela, nous n’
avons
pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommons — e
1308
qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous
avons
au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’il va leur en coû
1309
ai pas ce matin des trois commissions finales qui
auront
à étudier une série de résolutions pratiques tendant toutes à favoris
1310
européenne en formation. Car le verbe participer
a
deux sens différents et complémentaires, l’un passif ou réceptif, l’a
1311
institutions et des principes sur lesquels on les
a
fondées. Il doit assimiler les règles de conduite, lois et convention
1312
sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y
avoir
de liberté effective là où il n’y a pas de responsabilité concrète ;
1313
ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y
a
pas de responsabilité concrète ; et que, inversement, la condition de
1314
peut démontrer qu’il était libre au moment où il
a
signé tel document, commis telle action, et qu’il n’a pas agi sous co
1315
gné tel document, commis telle action, et qu’il n’
a
pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de folie l
1316
s Européens. Mais là encore, le mot participation
a
un double sens, réceptif, puis créateur. Participer à la culture, c’e
1317
des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment ils
ont
été créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieuses
1318
quelques rudiments des techniques artistiques qui
ont
permis la création de ces tableaux, monuments, œuvres littéraires ou
1319
eaux, monuments, œuvres littéraires ou musicales.
Ayant
acquis une idée de la manière dont tout cela a été fait, il lui viend
1320
yant acquis une idée de la manière dont tout cela
a
été fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commence
1321
manifestation d’une originalité. Seule l’Europe
a
osé accepter, puis cultiver, puis vanter (et même jusqu’à l’excès, da
1322
iie siècle, selon certains historiens), l’Europe
a
admis un développement séculier, profane et personnel des arts, hors
1323
son côté, pense que « seule la culture européenne
a
su allier la plus grande force révolutionnaire au sens hautement déve
1324
ilosophie de l’Art intitulée Les Voix du silence,
a
développé un thème voisin, en soulignant et illustrant par de nombreu
1325
plus anciens, et que leurs successeurs immédiats
avaient
fait oublier. C’est ainsi qu’à l’époque du cubisme et du fauvisme, qu
1326
ire de statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’
avait
été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’avait
1327
uchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’
avait
ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé européen et même mond
1328
nationalisme ; et chacun sait que le nationalisme
a
été propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe sièc
1329
ères d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y
a
pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande » ou de
1330
ionnels ? Alors que la vie quotidienne et la cité
ont
besoin d’être aménagées esthétiquement autant que socialement et poli
1331
adicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui
auraient
bien voulu mais n’ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se co
1332
e la masse de ceux qui auraient bien voulu mais n’
ont
pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se contentent d’acheter les
1333
s chaque membre de la communauté. Tout le monde n’
a
pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la litt
1334
ure et d’en faire sa carrière, mais tout le monde
a
besoin de s’exprimer, de créer le cadre de son existence quotidienne,
1335
est pas le génie de la France du Grand Siècle qui
a
fait Racine, c’est à cause de Racine qu’on parle du Grand Siècle, pou
1336
e sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’il
a
rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et politiques, ou encore
1337
e européenne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’
avons
pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à consta
1338
voit plus parce que trop évident : l’Europe seule
a
conçu, et possède dès l’aube grecque, une littérature, au sens actuel
1339
éresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela
a
du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de li
1340
i : est-ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en
a
parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spécifiquem
1341
européen. Quant aux éléments communs, relevons :
a
) Les civilisations que nous continuons. — Égypte, Mésopotamie, Crête,
1342
tianisme, Celtes, Germains, Arabes, Slaves : nous
avons
tous subi ces influences, tout ce passé reste présent et agit dans no
1343
du, le débat sur la responsabilité de l’homme qui
a
contrevenu aux lois, etc. Ceux hérités du christianisme, tels que le
1344
mondiale qui le ramène à ses justes proportions.
a
) Nos langues littéraires, en Europe, sont étroitement apparentées (à
1345
ourd’hui, sont des produits du xxe siècle. Renan
a
fait justice de la confusion entre langue et nation. On parle encore
1346
communauté littéraire de l’Europe : T. S. Eliot l’
a
démontré dans ses Notes towards the Definition of Culture. L’anglais,
1347
ion politique, ne nous oblige nullement à ne plus
avoir
qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au contraire une
1348
de la liberté et de la diversité des traditions,
ont
fait eux-mêmes aux régions de leur propre nation : les effacer de for
1349
les effacer de force, en fait et en droit. Il n’y
aura
jamais d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée. 64. Er
1350
elles étaient plus courtes que le lit. Thésée lui
ayant
fait subir ce même supplice, il en mourut. C’est l’histoire des États
1351
s le phénomène fondamental du siècle. L’évolution
a
joué et joue incontestablement dans le sens de la nation. »66 Il es
1352
lui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’
avait
dit, ni le siècle des fédérations, comme Proudhon l’avait prévu, mais
1353
t, ni le siècle des fédérations, comme Proudhon l’
avait
prévu, mais bien le siècle des nations, est-ce qu’on s’en félicite, o
1354
des nations, partout ressenti et déclaré, et qui
a
donné naissance au Marché commun notamment, enfin par l’existence d’u
1355
entralisation la plus systématique que l’histoire
ait
connue, la plus follement rationaliste… Tandis qu’en Suisse, patrie (
1356
ade de crise finale d’une forme d’association qui
a
dominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tu
1357
st que les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui
ont
passé par l’école et croient savoir l’histoire s’imaginent qu’il y a
1358
savoir l’histoire s’imaginent qu’il y a toujours
eu
des États, que les nations sont immortelles (en tout cas la leur !),
1359
e », traite donc l’empire de haut en bas (faute d’
avoir
pu se faire élire empereur), fait gifler le pape, puis confisque la p
1360
des grands empires traditionnels, bien qu’il n’en
ait
ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’universal
1361
tous les États-nations unitaires en tant que tels
ont
été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, l
1362
ique pour répondre au « défi américain » — cela n’
a
plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-mond
1363
ération qui les protège. C’est ce second parti qu’
ont
adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en a
1364
s vingt-cinq petits États suisses et bien leur en
a
pris. Mais les vingt-cinq États-nations européens, depuis le congrès
1365
européens, depuis le congrès de La Haye, 1948, n’
ont
pas fait un seul pas effectif en direction de leur fédération politiq
1366
us voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous
avons
défini l’ambition profonde et constitutive de l’État-nation, sa volon
1367
al n’est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’
avait
déjà dit, il y a cent ans, lorsqu’au congrès de la Première Internati
1368
la Première Internationale à Genève, en 1867, il
avait
dénoncé l’impossibilité de constituer les États-Unis d’Europe sur les
1369
alloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y
aura
plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du problème, c’e
1370
ticipation civique que la nation telle que nous l’
a
léguée le siècle dernier : — la région.74 Invention de la région
1371
sur le fonds chaotique de la société que le xixe
a
laissé se faire au petit bonheur, la société stato-nationaliste et in
1372
faire sentir le concret du problème tel que je l’
ai
découvert (après bien d’autres), voici un exemple vécu. Il y a quelqu
1373
n côté, français de l’autre. La CECA, puis la CEE
ont
permis de surmonter cette absurdité manifeste, et plusieurs autres. D
1374
r voisinage, selon les réalités nouvelles qui les
auront
formées, par-dessus les anciennes frontières nationales désormais réd
1375
s régions Au cours de ces dernières années, on
a
vu se multiplier les recherches scientifiques, les articles de journa
1376
isation des États européens. Le concept de région
a
pris une place considérable non seulement dans les préoccupations des
1377
éraux. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’
a
bien vu lors de la première guerre de Suez… (Droits de faire la guerr
1378
es nécessités qui expliquent que le Marché commun
ait
cru devoir convoquer en 1961 le très important colloque de Bruxelles
1379
égionales, et que ses six États-nations membres y
aient
pris part. C’est l’arriération, le sous-développement de nombreuses r
1380
France, de l’Italie, ou même de l’Allemagne, qui
a
obligé les gouvernements de ces pays à étudier très sérieusement le p
1381
ques, les plus négligées par la capitale, et cela
a
conduit à envisager la possibilité révolutionnaire de régions chevauc
1382
le, et qu’ils acquièrent de la force : lorsqu’ils
auront
pris en fait (sinon en droit) plus d’importance économique et culture
1383
t même que la nation82. Qu’une telle déclaration
ait
pu être faite en France, et cela précisément devant le corps des fonc
1384
l’évolution de notre société occidentale. À peine
avons
-nous pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, no
1385
ations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles
ont
commencé, elles finiront. » Et il ajoutait : « La confédération europ
1386
lement, les remplacera84. » Mais tout le monde n’
a
pas lu Renan… Et cette succession qu’il annonce, ce « remplacement »
1387
r, celle des catégories de pensée dans lesquelles
ont
vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées
1388
tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous
ont
inculquées tous les classiques de la philosophie politique, de Bodin
1389
vue intellectuel et culturel. Ces agglomérations
ont
dès lors une importance essentielle pour l’identification d’une unité
1390
nous faire sortir de l’ère néolithique, celle qui
a
été marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires cu
1391
s nomades sur des territoires cultivés, celle qui
a
donc été dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de t
1392
emarque que « la notion d’indépendance économique
a
changé complètement de contenu. Le mot “indépendance” a perdu son sen
1393
gé complètement de contenu. Le mot “indépendance”
a
perdu son sens simpliste d’autrefois. C’est maintenant une question d
1394
ue au terme d’indépendance celui d’autonomie, qui
a
l’avantage de rappeler le gouvernement des cités par elles-mêmes, et
1395
omadisme. Vers une politique des régions On
a
vu que la notion de région s’est imposée à l’attention des économiste
1396
iques et de tout bord. Les phénomènes majeurs qui
ont
motivé ces prises de conscience successives sont faciles à énumérer :
1397
conscience successives sont faciles à énumérer :
a
) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessité d’une politique de «
1398
t faciles à énumérer : a) la CEE, dès ses débuts,
a
reconnu la nécessité d’une politique de « développement harmonieux de
1399
alisme Car les stato-nationalistes, désormais,
auront
à se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long term
1400
dégage les deux notions bien connues que voici :
a
) l’isolement, le repliement sur soi d’une communauté régionale condui
1401
à cette forme de vide économique et culturel qui
a
résulté partout de la colonisation. Qui ne voit en revanche que la ré
1402
région articulée dans une fédération continentale
a
) retrouve sa vocation particulière jadis réduite ou supprimée par l’É
1403
ons. La fédération des cent régions, d’après eux,
a
) prendrait trop de temps, b) poserait des problèmes trop complexes po
1404
e le principe des réponses aux trois objections :
a
) La vitesse du progrès vers l’union politique à partir des États-nati
1405
ux. La construction fédérale à partir des régions
a
l’avantage de ne pas heurter de front et d’entrée de jeu les souverai
1406
dres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’y
a
plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe «
1407
pouvoirs stato-nationaux : mais on saura déjà qui
a
gagné. b) La géométrie plane et euclidienne, celle des arpenteurs, su
1408
les que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les
avons
! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est devenu possible
1409
chniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons ! J’
ai
dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est devenu possible qu’à p
1410
t sur les mythes nationaux au nom desquels on les
a
brimées depuis des siècles. Car les volontés créatrices de la région
1411
ux sont en réalité les États-nations tels que les
a
formés le xixe siècle, et pas du tout les nations au sens premier —
1412
t contre leur État-nation l’autonomie dont il les
a
frustrées. 69. Déjà, le député aux communes du parti séparatiste éco
1413
écossais annonce que « d’ici trois ans » son pays
aura
son siège à l’ONU, « between Saudi Arabia and Senegal ». On souriait
1414
oloniser les provinces de Patrick de Ruffray, qui
a
fourni le slogan de l’action régionaliste ; La gauche et les régions
1415
e sur les régions et non sur les États-nations, j’
ai
été amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à
1416
ivité industrielle. » Principes d’une réponse : —
a
) N’est-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique su
1417
es États-nations ? Sinon, pour quelle raison ne l’
a-t
-on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait réussi
1418
ncore faite ? b) Le seul projet de fédération qui
ait
réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf m
1419
e fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse,
a
été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, du 17 février a
1420
d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’y
a
qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou rév
1421
t leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’elles
aient
des superficies ou des populations à peu près égales ? La région de P
1422
habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’
a
que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’es
1423
nent du « modèle » que l’École (aux trois degrés)
a
imposé depuis un siècle au moins. L’homme d’aujourd’hui, formé par le
1424
lu de toute histoire d’un peuple digne de ce nom.
Ayant
« fait son unité » (comme on fait sa puberté), un peuple devient une
1425
régimes, mais toujours contribuables. L’Église n’
a
plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de sé
1426
us le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État
a
le devoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes (obj
1427
es de l’histoire moderne, ce sont les guerres qui
ont
servi de prétexte à ces concentrations forcées, c’est leur préparatio
1428
ur préparation, leur conduite et leurs suites qui
ont
notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des desseins
1429
litique, l’économique, le social et le culturel —
aurait
sans doute plus de chances de favoriser l’inquisition administrative
1430
ne représenterait aucune révolution, au sens où j’
ai
toujours entendu ce terme, qui ne signifie pas « tout casser », mais
1431
loppement. Le pouvoir de sécuriser une population
a
de tous temps constitué la force principale d’un chef, roi, dictateur
1432
ntellectuelles, spirituelles ou affectives, qui n’
ont
pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tout. Si
1433
ster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’
a
démontré qu’entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictateur
1434
organes ou fonctionnaires différents tout ce qui
aura
été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Proudho
1435
lques remarques définissent, est à peine exploré.
a
) Il faudrait commencer par opérer la dissociation et la distribution
1436
e menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’
auront
pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pa
1437
ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’y
aura
pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale, la Commi
1438
ou factions dénommées « partis politiques », et n’
a
strictement rien à voir avec la définition correcte — dérivée de poli
1439
trines collectivistes, de droite ou de gauche, il
a
vite fait de les réduire à leur dénominateur commun : la bureaucratie
1440
condamnations de Leningrad contre des Juifs qui n’
ont
d’autre tort que de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des
1441
nationale — c’est-à-dire de la seule religion qui
ait
encore un bras séculier et qui s’en serve. On ne brûle plus les hérét
1442
fier des conduites criminelles (ventes d’armes, d’
avions
et de sous-marins déclarés « défensifs », procès de Burgos et de Leni
1443
Europe unie ne sera qu’une malingre chimère. On l’
aura
suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle n’est pas saine. 5.
1444
dont les régions seront les unités de base. Je l’
avais
écrit dès 1940 et le redis au congrès fédéraliste de Montreux en 1947
1445
congrès fédéraliste de Montreux en 1947 : Il n’y
a
, dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, deux
1446
la Jeunesse dit aujourd’hui (c’est leur écho) :
a
) L’Europe, connais pas. b) Seul compte le combat de la gauche. c) Il
1447
ricablement mêlés, et co-responsables de tout.)
a
) « L’Europe, connais pas ! » Dommage pour vous, mais le remède est si
1448
vous comprendrez ce que tous les autres au monde
ont
si nettement et rageusement compris tandis que vous vous complaisiez
1449
un « système » dont certains de leurs aînés leur
ont
parlé à partir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’à ne pas
1450
é jusqu’à ne pas exister comme système. (Nul ne l’
a
jamais défini.) Si l’on admet que la droite se définit par le souci d
1451
ites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu, que vous n’
avez
jamais vu. Avez-vous vu les masses, auxquelles vous croyez ? Moi, je
1452
ne croyez pas en Dieu, que vous n’avez jamais vu.
Avez
-vous vu les masses, auxquelles vous croyez ? Moi, je les ai vues dans
1453
les masses, auxquelles vous croyez ? Moi, je les
ai
vues dans une Allemagne possédée par le verbe et le tam-tam hitlérien
1454
par le verbe et le tam-tam hitlériens. De Gaulle
a
eu le contact, en prenant ses bains de foule. Mais les partis qui inv
1455
ar le verbe et le tam-tam hitlériens. De Gaulle a
eu
le contact, en prenant ses bains de foule. Mais les partis qui invoqu
1456
s, comme d’autres intégristes s’écrieraient que j’
ai
oublié le péché originel, tout simplement ! Eh bien, la lutte des cla
1457
d Dandieu écrivaient dans L’Ordre nouveau : Nous
avons
les moyens techniques d’abolir la condition prolétarienne, et ni les
1458
z Mao : sa Révolution « culturelle », vous ne lui
avez
donc jamais demandé ce que ça veut dire ? C’est le renversement du ma
1459
u marxisme. Relisez Marx : de 1844 à la fin, il n’
a
pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti que la révoluti
1460
» fait attaquer le Parti qui, sous sa direction,
avait
tenté d’appliquer Marx. Mais le contraire d’une erreur de Marx, même
1461
ans la tête de nos politiciens. C’est l’école qui
a
formé des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former la
1462
’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’y
a
pas de politique à priori, ni de stratégie dans le vide ; il y faut u
1463
n. Dans ce domaine, l’acte politique tel que je l’
ai
défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une certaine éch
1464
apable de prendre de telles décisions. Or, il n’y
aura
de gouvernement européen que sur la base des régions, et nous voici r
1465
à Paris en passant par Berlin, Prague et Madrid,
a
ressuscité cette angoisse et dramatisé la question, sans apporter d’é
1466
ne ou je te dévore ! dit le Sphinx à Œdipe, qui n’
a
le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est EUR
1467
la révolte des matelots de Cronstadt coupables d’
avoir
demandé que les dirigeants soviétiques « tiennent compte de l’avis de
1468
geoisie mentale inclut l’ex-classe ouvrière qui n’
a
pas développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeoisi
1469
eoisie petite, moyenne ou grande — cette dernière
ayant
absorbé l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels ont été les prem
1470
orbé l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels
ont
été les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétari
1471
Contrairement aux mouvements et groupuscules qui
ont
usurpé ce titre, L’Ordre nouveau ne confondait pas l’ordre avec la mi
1472
ctobre 1970, par Jay W. Forrester. Ces prévisions
ont
été commentées par l’auteur dans l’ouvrage intitulé World Dynamics, p
1473
ntation européenne des régions frontalières. Elle
a
réuni environ cent-cinquante élus locaux et nationaux des régions fro
1474
rée la plupart des problèmes culturels, dont nous
avons
à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels
1475
es pour trois classes en 1960). Mais chaque élève
a
le droit de préférer une autre langue, chaque maître peut refuser de
1476
e guerre « l’enseignement de l’allemand en Alsace
a
été organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, i
1477
à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il
aurait
même été habilement saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a s
1478
ent saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il
a
suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou de réclamer l’enseigneme
1479
e maternelle, l’État-nation de style xixe siècle
a
prétendu imposer sa pensée, fût-elle précisément absence de vraie pen
1480
ans un pays voisin la profession pour laquelle on
a
été diplômé dans son pays. Quant au contenu de l’enseignement : les m
1481
ls d’histoire et de géographie (aux trois degrés)
ont
tout fait, depuis plus d’un siècle, pour que les valeurs et grandeurs
1482
mme Rhône-Alpes et la composition de son audience
ont
fait l’objet d’études très poussées (qui vont jusqu’à compter combien
1483
e même langue, mais beaucoup moins écoutée. La TV
ayant
une portée moindre, ne peut être reçue dans de nombreuses régions que
1484
uère encore à majorité francophone se plaint de n’
avoir
pas de retransmission de la TV suisse romande mais seulement de la TV
1485
aciens relèvent d’ailleurs tous que les Alsaciens
ont
commencé à acheter des téléviseurs à partir du jour où les progrès te
1486
iseurs à partir du jour où les progrès techniques
ont
permis de fabriquer des postes à modulation de fréquence et par consé
1487
équent de capter la TV allemande. En 1959, il n’y
avait
en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 ! »109
1488
vait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en
a
compté 80 000 ! »109 La Suisse romande bénéficie largement des relai
1489
rent pas des mêmes entraves nationalistes. Il n’y
a
pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne conn
1490
alistes. Il n’y a pas là de problèmes sérieux. On
a
beau répéter que la musique ne connaît pas de frontières : d’une mani
1491
ns de prestige étatique, les frontières actuelles
ont
été fixées pour des raisons historiques qui, pour la plupart, ont ces
1492
our des raisons historiques qui, pour la plupart,
ont
cessé d’être des raisons. Le caractère indiscutablement pathogène de
1493
euses » mentionnées dans son introduction. Il n’y
a
pas de « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est polyvalen
1494
n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y
a
pas de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout simple
1495
e qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y
a
pas de cultures nationales Mais il faut bien admettre aussi que la
1496
ts de propagande les plus efficaces. L’école nous
a
conté que chaque État est une entité qui comporte une langue national
1497
e — ni plus vraies pour autant. Cette notion, qui
a
son origine sous Louis XIV, est mise en forme par la Révolution (disc
1498
ès la fin du xixe siècle. C’est ainsi qu’on nous
a
inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de ses rive
1499
rd de Trieste… Non, les frontières de nos États n’
ont
jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, c
1500
s, fauteurs de deux guerres mondiales où l’Europe
a
failli périr. La vérité, c’est que la culture de tous nos peuples es
1501
lement contestataire de son génie — mais qui nous
ont
tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du r
1502
nous ont tous affectés, à doses variables, et qui
ont
éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous so
1503
érature et de doctrine sociologique ou politique,
ont
été paneuropéennes, et non pas nationales. Les grands courants europé
1504
vations faciles à vérifier. 1. Chacun de nos pays
a
un nord et un midi, des croyants et des incroyants, des hommes de gau
1505
lisant à Paris tous les esprits de mérite qu’il n’
a
pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture
1506
rincipe du dépassement du cadre stato-national
a
) Dans l’enseignement secondaire : l’histoire et la géographie sont à
1507
iècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que l’
ont
demandé en mai 1972 les professeurs d’histoire et de géographie de l’
1508
e nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y
avait
l’horizon européen. Enseigner les réalités de la région et l’idéal d
1509
t-nation souverain et des mensonges qui seuls les
ont
accrédités dans les esprits depuis quatre ou cinq générations, voilà
1510
concernent des objets économiques que rien ne les
a
préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l’économie fera
1511
Des essais de coopération, limitée mais précise,
ont
été faits dans la région Bâle-Strasbourg-Freiburg. Un autre projet de
1512
roblèmes continentaux. Une commune, une région, n’
ont
pas les moyens de recherches requis, dans aucun de ces domaines : ces
1513
ice de l’Europe entière ce qu’aucun de nos États,
a
fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En retour, l’e
1514
lusions Le fait que les régions fonctionnelles
auraient
des aires inégales, des définitions territoriales différentes, ne ren
1515
unes. Chacune des régions fonctionnelles que nous
avons
énumérées serait ainsi formée, administrativement par un syndicat de
1516
est absolument certain que l’Italie comme État n’
a
que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège 66, la Tchécoslovaquie,
1517
les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien
ont
reçu le conseil de faire comme si… Il y eut ainsi Montreux 1947, La H
1518
it que la « Confrontation » récente de Strasbourg
ait
donné à plusieurs l’impression qu’on renouait avec les traditions de
1519
avec les traditions de l’époque militante (que j’
ai
nommée ailleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est de nat
1520
ar l’approche interétatique. ⁂ Comme toujours, on
a
vu s’affronter à Strasbourg deux écoles de pensée et d’action : les «
1521
réalité est celle de l’État-nation, tel qu’ils l’
ont
apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régionales ou co
1522
ieux ». Il est frappant que la seule prudence qui
ait
passé dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait été celle des
1523
assé dans la « Déclaration finale » de Strasbourg
ait
été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre
1524
égions rhénanes et arc alpin. C’est pourquoi nous
avons
tenu à en reproduire intégralement les titres et les sous-titres au m
1525
n découpage régional pensé depuis les capitales n’
a
pas de chances d’être utile… À la stricte définition territoriale de
1526
cela dans le Rapport J. André. Quant à moi, je n’
ai
cessé depuis des décennies de préconiser des régions fonctionnelles,
1527
l : « Chacune des régions fonctionnelles que nous
avons
énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un syndicat de
1528
cat sera suprafrontalier, comme le problème qui l’
aura
suscité. Il va de soi, également, à mes yeux tout au moins, qu’une co
1529
ec participation des élus locaux et régionaux. On
a
vu, par le résumé analytique du Rapport de base, que des commissions
1530
ues régions (notamment la Regio). Certes, elles n’
ont
pas encore obtenu les compétences juridiques ni les moyens financiers
1531
surées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’y
aurait
jamais de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous nous gard
1532
XIIIe année. Les difficultés de divers ordres qui
ont
motivé cette interruption temporaire sont aujourd’hui résolues. Nous
1533
ente livraison étant la quatrième de la série qui
a
commencé en hiver 1967 avec « Naissance de l’Europe des régions » et
1534
et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui
ont
à cœur de sauver une Europe non pas des chiffres mais des hommes. Une
1535
ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’
ont
pas très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. C
1536
ompris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en
a
. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce
1537
qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’
ont
plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas ici,
1538
par les Européens, les motifs principaux qui nous
ont
amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent mainten
1539
isant « grandes puissances ». La CECA puis la CEE
ont
permis à la France et à l’Allemagne de lier leurs intérêts au moins i
1540
shall), puis le Marché commun, l’Euratom, le CERN
ont
pourvu au plus urgent. Ces organismes ont ouvert la voie à des accord
1541
le CERN ont pourvu au plus urgent. Ces organismes
ont
ouvert la voie à des accords commerciaux et monétaires, lesquels deva
1542
ment ces problèmes économiques et commerciaux, on
a
vu que cela ne suffisait pas. Restaurer l’industrie, augmenter la pro
1543
ble dans les pays les plus développés : la Suisse
avait
1 700 000 habitants en 1817. Elle n’a doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire
1544
Suisse avait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’
a
doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle au
1545
(c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle
aura
doublé encore vers 1987 en quatre-vingt-cinq ans de nouveau, alors qu
1546
u pétrole dans les moteurs. Et puis quand nous en
aurons
assez de respirer ou de manger des poisons, certains seront tentés pa
1547
isés, le tiers-monde — il faut oser le dire ! — n’
a
aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vie
1548
u de vie (matériel). Pour y arriver, en effet, on
a
calculé qu’il faudrait multiplier l’exploitation des ressources natur
1549
pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’
ont
cru naïvement jusqu’à nous : le charbon, le pétrole et les métaux non
1550
l faut réduire quelque chose. Or, les écologistes
ont
constaté que réduire telle ou telle variable isolément — la pollution
1551
ance fatale. Les calculs prévisionnels que le MIT
a
soumis au Congrès américain dès 1970 (rapport du Prof. J. W. Forreste
1552
s révolutionnaire » dont les barricades de Mai 68
ont
été comme les signes flamboyants. Voilà qui suppose un certain nombre
1553
nt être renversés. Mais que voyons-nous ? Les USA
ont
un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollueront plus l’ai
1554
voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon
a
décidé que les autos ne pollueront plus l’air des villes en 1975, et
1555
illes en 1975, et ce sera fait. L’URSS, le Japon,
ont
un gouvernement capable d’imposer des mesures comparables. Mais l’Eur
1556
it du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui
a
subitement éclaté dans les universités de tout l’Occident et dans les
1557
t renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’
a
pas de principe de cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans
1558
le est née aussi des guerres dans lesquelles nous
avons
entraîné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nationalis
1559
nt d’inventer les anticorps de ce virus dont nous
avons
infecté la terre entière. Dernière et peut-être suprême raison de fai
1560
rs sondages opérés dans les pays du Marché commun
ont
prouvé que 65 % des Européens dans leur ensemble souhaitent l’union,
1561
l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y
avoir
à cela une grande et grave raison, un très puissant barrage dans nos
1562
. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes m’
ont
confirmé au-delà du nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’
1563
mier Congrès de l’Europe, à La Haye en 1948, nous
avons
accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions pureme
1564
pés autour du prestigieux Winston Churchill. Nous
avons
cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « une so
1565
ins — et qu’ensuite on irait plus loin. Or nous n’
avons
pas progressé d’un pas dans le sens d’une vraie fédération. Et pourqu
1566
urront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’en
ont
ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale absolue » d
1567
elque mesure d’union n’est plus qu’un mythe. On l’
a
vu lors de la guerre de Suez : un froncement de sourcils du président
1568
ent américain et un grognement du dictateur russe
ont
contraint les gouvernements de la France et de la Grande-Bretagne à s
1569
rs pays n’étaient plus « souverains ». Ce mythe n’
a
plus d’autre existence que négative. En son nom l’on peut refuser, ma
1570
» Cette suggestion rejoint les conclusions que j’
ai
tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des motif
1571
e des motifs extrêmement divers en apparence, qui
ont
amené la plupart des pays européens à poser le problème régional. Que
1572
ce carcan militaire, idéologique et douanier, qui
a
moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la p
1573
ue celui des nations modèle xixe siècle. On nous
a
appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « natur
1574
ntradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États
ont
à faire face à des problèmes régionaux de nature très diverse, ethniq
1575
ntra-nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno)
ont
motivé les premières études régionales au sein du Marché commun (1961
1576
des régionales au sein du Marché commun (1961) et
ont
abouti à la création à Bruxelles d’une Direction générale de la polit
1577
tion pratique, dans les différents domaines que j’
ai
cités : socioéconomique, culturel, écologique, universitaire. Ces lie
1578
n européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y
aura
pas besoin de fortes secousses pour rompre les liens stato-nationaux
1579
ticuliers, dans le cadre de l’État-nation qui les
avait
jadis « réunies » de gré ou de force, rien ne les en empêchera, c’est
1580
européen et mondial. Toute l’histoire qu’on nous
a
enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté
1581
ps de canon, d’exactions et de parjures qui seule
a
réussi à imposer l’hégémonie des rois de la petite Francie capétienne
1582
re du continent. Jamais une frontière politique n’
a
arrêté la pollution de l’air et des eaux, ni celle des esprits par le
1583
, envoyés par l’État central. Et c’est pourquoi j’
ai
dit qu’il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le
1584
génération et qu’elle arrive « aux affaires ».
Aurons
-nous le temps ? Vous me poserez alors une seconde question grave :
1585
, n’est-ce pas une entreprise de longue haleine ?
Aurons
-nous le temps de faire tout cela, avant les catastrophes écologiques
1586
tey. On construisait sa résidence de Rabat, et il
avait
demandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’ent
1587
pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il n’y
a
pas une minute à perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur soi-m
1588
togestion, ou le pouvoir sur soi-même Ce que j’
ai
tenté de vous faire sentir, c’est que le problème européen dépasse la
1589
lui répondrai ceci : les révolutions violentes n’
ont
jamais abouti en Europe à autre chose qu’à une tyrannie accrue. La Te
1590
c. Le seul pouvoir qui importe est celui que l’on
a
sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de responsabi
1591
es fédérer, avec tout ce que cela suppose, nous l’
avons
vu, d’autogestion à tous les degrés, de responsables à tous les étage
1592
é retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons-nous ? J’
ai
toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — po
1593
ows et son équipe, publié aux USA en 1972, et qui
a
secoué tous les tabous de l’Occident industriel. 115. Auteur de La Q
1594
nt font un étrange retour en arrière. Il y a déjà
eu
l’Europe des régions. C’était le Moyen Âge et la féodalité. (Erreur
1595
(Erreur sur la féodalité, système juridique qui n’
a
rien à voir avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’est pa
1596
iscours de Poitiers, M. Pompidou rappelle « qu’il
a
fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité nationa
1597
e ». (C’est dire quelle résistance des peuples on
a
dû vaincre, ne fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule,
1598
pe des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’
a
pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation,
1599
ce et lesdits intérêts. Personne, que je sache, n’
a
parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Pers
1600
ache, n’a parlé des devoirs de la France, si tous
ont
parlé de ses droits. Personne n’a invoqué la solidarité — pourtant fa
1601
ance, si tous ont parlé de ses droits. Personne n’
a
invoqué la solidarité — pourtant factuelle, quoi qu’on en pense — de
1602
’homme et la croissance 120. que jusqu’ici l’on n’
a
guère étudié « que les structures et le mode de fonctionnement des Ét
1603
emande H. Kahn. Et de constater que « la France n’
a
pas une économie nécessairement plus saine que celle de la Belgique,
1604
ne que celle de la Belgique, et aucune des deux n’
a
une économie plus saine que le Luxembourg ». De même, la France n’es
1605
en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs
a
dissous son armée). Pourquoi, dans ce cas, un Breton (ou un Sicilien,
1606
un point de programme électoral ? De Gaulle seul
avait
entrevu les voies et moyens du passage à l’ère nouvelle. Il les avait
1607
ies et moyens du passage à l’ère nouvelle. Il les
avait
évoqués dans son discours de Lyon en 1968 : à la séculaire centralisa
1608
Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’
a
pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser
1609
’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il
avait
tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le problème
1610
le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’
ai
été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant
1611
l manifeste « une certaine satisfaction : celle d’
avoir
réussi son départ. […] Il se montrait préoccupé du jugement que l’his
1612
t que l’histoire porterait sur son retrait ». « J’
ai
pris la bonne sortie devant l’histoire », ce thème revient dix fois d
1613
commun avec le mouvement de tendance fasciste qui
a
usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Réédition
1614
nce fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui
a
été dissous en 1973. 118. Réédition chez Hachette, Paris, 1972. 119
1615
ropéen, 1891-1974 (printemps 1974)do Lorsque j’
avais
demandé à Carl Burckhardt d’être, aux côtés de Robert Schuman et de C
1616
tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il n’y
ait
pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centres ni
1617
italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie n’
aient
tenté de réunir en un État-nation à la française toutes leurs cités,
1618
es culturelles qui, moins forts, moins doués, les
eût
neutralisés. Lointain cousin de l’historien de la Renaissance, je ne
1619
istorien de la Renaissance, je ne pense pas qu’il
ait
tenu de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous les de
1620
’accidents du cœur de l’Europe. Peu de carrières
ont
connu tant d’alternances, de périodes d’action et de méditation. Tant
1621
e Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’il
a
vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’h
1622
mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’il
avait
prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen qui ne
1623
a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt
a
incarné le type d’homme goethéen qui ne peut séparer la pensée de l’a
1624
l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire
a
certes confirmé son pessimisme inné, sa profonde méfiance à l’endroit
1625
ant de la vie et son sens du service de la cité n’
ont
cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pressan
1626
archétypal, avant tous titres décernés, C.J.B. n’
avait
pas seulement la prestance, mais la simplicité et la maîtrise de soi,
1627
oraliser, et avec trop de distance naturelle pour
avoir
à jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’
1628
le grand public européen, c’est que George Orwell
a
prévu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à l’impitoyable s
1629
lequel le journal brésilien O Estado de São Paolo
a
eu l’idée d’interroger de par le monde, neuf écrivains, savants et ph
1630
quel le journal brésilien O Estado de São Paolo a
eu
l’idée d’interroger de par le monde, neuf écrivains, savants et philo
1631
de George Orwell Une nouvelle guerre européenne
a
éclaté. Il se peut qu’elle dure plusieurs années et mette en pièces l
1632
écemment, les implications complètes de ce fait n’
avaient
pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme pouvai
1633
ous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’
ont
rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’avance dan
1634
dée de fatalités peut-être désastreuses, mais qui
auront
l’avantage de nous innocenter ? Toute prophétie trop bien réalisée —
1635
well — m’incite à poser cette question : l’auteur
a-t
-il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’is
1636
prévisions et nous en montre les moyens ; ou bien
a-t
-il été le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision a
1637
christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’
a
pas le même sens dans les deux cas), mais surtout parce que l’événeme
1638
yé de la liste des best-sellers religieux. Orwell
a
vu que les substituts du christianisme, de l’Église et du cléricalism
1639
is toujours militaires en fait. En revanche, il n’
a
pas su montrer l’alternative personnaliste à l’individualisme en proi
1640
ostalgie totalitaire. 95 % des Allemands au moins
ont
plébiscité Hitler : ce n’est pas Hitler qui les a privés de leur auto
1641
t plébiscité Hitler : ce n’est pas Hitler qui les
a
privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l
1642
qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui
ont
choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’ont fait leur libérateur
1643
omie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l’
ont
produit, qui l’ont fait leur libérateur, celui qui venait les libérer
1644
ont choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’
ont
fait leur libérateur, celui qui venait les libérer de leur responsabi
1645
de ce type, c’est que l’objet en question semble
avoir
fait son temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est
1646
eux du grand public. Ni les uns, ni les autres, n’
ont
encore bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le reconn
1647
es seulement, des objets de connaissance, comme l’
a
si bien montré Piaget par ses nombreuses analyses établissant que not
1648
de l’homme. Dans ce sens, on peut dire qu’il n’y
aura
jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour celui
1649
de tout savoir, de toute connaissance réelle. On
a
pu se demander si la région est un fait de nature ou de culture ? (De
1650
ions seront, ou non, selon que leur raison d’être
aura
été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persuader,
1651
Nature, l’Histoire, les ethnies, ou les intérêts
avaient
uni. Près des frontières, on voit et on ressent immédiatement que les
1652
centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous
avons
baptisée région lémano-alpine. Les fonctions essentielles qui apparai
1653
t la Haute-Savoie, mais travaillant à Genève, qui
a
éveillé chez les Genevois comme chez leurs voisins la conscience d’un
1654
oie), et des négociations franco-suisses qu’elles
ont
occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission r
1655
que la bipartition nationale du bassin lémanique
a
empêché jusqu’ici de traiter convenablement, sont plus graves à long
1656
d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous
avions
esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et présiden
1657
ateur des actuelles frontières franco-genevoises,
avait
écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plu
1658
us ne connaissons plus que quelques mots mais qui
a
sans aucun doute marqué toute la culture de la région et laissé des t
1659
qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils
ont
tout calculé en fonction de leur « indépendance nationale », de leur
1660
t sa morale, qui est le nationalisme totalitaire,
a
provoqué les deux guerres européennes, devenues mondiales. Ces guerre
1661
rres européennes, devenues mondiales. Ces guerres
ont
ruiné le prestige de l’Europe politique (d’où la décolonisation opéré
1662
ris du tiers-monde qui nous les rend), mais elles
ont
fouetté technique et industrie, qui ont causé surpopulation, famines,
1663
ais elles ont fouetté technique et industrie, qui
ont
causé surpopulation, famines, pollution des océans et de l’atmosphère
1664
ations humaines. Devant la contre-attaque qu’elle
a
provoqué par son action, l’Europe se voit aujourd’hui sans force : sa
1665
ce : sa division en État-nations souverains — qui
a
causé les guerres mondiales et donc sa ruine — c’est cela aussi qui l
1666
aussi qui l’empêche de résoudre la crise qu’elle
a
fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas,
1667
égions fonctionnelles, d’aires diverses — chacune
ayant
pour extension le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos m
1668
s, l’homme s’y sent irrémédiablement perdu. Et il
a
raison. Si l’on veut refaire une communauté humaine (et non pas une
1669
able qu’à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’
a
bien vu et bien dit.) C’est une question de dimension, non de bonté o
1670
relié — c’est-à-dire en tant que personne. Je n’
ai
rien dit de neuf et ce n’était pas mon but. Je voulais seulement grou
1671
5. La création à Aoste d’une université régionale
a
été votée par le parlement italien en 1972. dp. Rougemont Denis de,
1672
sé, mais sans pouvoir le changer ; alors que nous
avons
liberté et puissance de changer l’avenir, mais sans le connaître.126
1673
ur l’esprit créateur. Et nous savons que la terre
ayant
des dimensions finies, ses ressources seront épuisées dans des délais
1674
Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’
avoir
une politique et d’en parler — la politique étant définie en ce point
1675
rmes quantitatifs de production ou de profit. Ils
ont
démontré que jamais le tiers-monde ne pourra rejoindre le niveau de v
1676
le niveau de vie de l’Occident d’aujourd’hui. Ils
ont
fait voir accessoirement qu’il y a là pour le tiers-monde une chance
1677
n présence de cette agression libératrice, il n’y
a
qu’une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modèle (co
1678
isques de la liberté. Roma locuta, — l’ordinateur
a
parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la
1679
t qu’il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il
a
pris soin d’introduire dans le modèle quelques bribes de réalité d’un
1680
isions les plus exactes — voire seules à l’être —
ont
été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes d
1681
nécessairement là où les intuitions « sauvages »
ont
réussi. Un seul exemple, ici, me suffira. À la page 54 de l’ouvrage q
1682
ici, me suffira. À la page 54 de l’ouvrage qui l’
a
rendu célèbre, L’An 2000, Herman Kahn groupe en un tableau les événem
1683
les événements du xxe siècle que ses méthodes n’
eussent
pu prévoir, en tant que « surprenants ou inattendus ». Je relève dans
1684
somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils
ont
eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les
1685
me déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont
eu
tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les fa
1686
st bien compréhensible : car les faits ne pouvant
avoir
tort, c’est la méthode qui sort ruinée d’un tel échec prévisionnel. D
1687
ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles
ont
fait l’objet de prévisions, voire de prédictions très remarquables, d
1688
e citer que les plus grands noms.130 Certes, ils
ont
tous nourri leurs intuitions d’une connaissance directe et passionnée
1689
donc au secret de la psyché de leur époque qu’ils
ont
surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la morale du
1690
tiplient depuis près de deux siècles, et que je n’
ai
cessé de risquer dans mes livres : j’en donnerai plus loin des exempl
1691
er notamment. Serait-ce qu’une chance imméritée m’
ait
fait retrouver la clé dont ils s’étaient servis ? Oui, dans un certai
1692
n régime fondé sur la coopération volontaire, qui
aurait
partagé équitablement les avantages et les responsabilités, n’aurait
1693
tablement les avantages et les responsabilités, n’
aurait
pas vu se produire ces soulèvements. […] Limiter une expansion malsai
1694
oulèvements. […] Limiter une expansion malsaine n’
aurait
pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres région
1695
rète aspiration à l’autonomie que l’État temporel
avait
obstinément refusé de satisfaire. Il était beaucoup trop tard pour qu
1696
sa courbe historique, et nous allons voir qu’on l’
a
fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noyau humain, physiologiqu
1697
prospective personnaliste La prospective que j’
ai
dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, puisqu’e
1698
des vocations reniées. De fait, la prospective n’
aurait
plus de raison d’être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme
1699
it plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’
a
d’intérêt qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait
1700
à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y
aurait
plus de politique possible dans un monde soumis aux seuls « impératif
1701
hiffrées ne m’intéressent que dans la mesure où j’
ai
en tête quelque finalité plus ou moins formulable, et cherche les moy
1702
e lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’
ont
pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car
1703
rendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’
ai
pas à deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon comme
1704
nt les scolastiques et comme il semble bien que l’
avaient
oublié nos plus savants économistes. Les moyens technologiques, accor
1705
; ou vers quelque chose d’angoissant et que l’on
a
peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entends les c
1706
la route meurtrière », au lieu de se demander qui
a
fait la route et pourquoi, et si son prix valait vraiment les avantag
1707
les avantages qu’elle offre à la communauté qui l’
a
payée, et aux assassins du week-end. Enfin, le modèle d’avenir qu’on
1708
déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’
aurions
qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non
1709
» Première réaction devant ce texte : le gosse n’
a
pas une chance, sauf intuition, de deviner les manettes qu’il convien
1710
eau de bord lui rappelle certaines choses dont il
ait
(ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable d
1711
ord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou
ait
eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prê
1712
lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait
eu
) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter
1713
sur une mécanique : là, il s’agit de savoir, ou d’
avoir
su ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminis
1714
Valéry Le problème des relations Europe-Monde m’
a
souvent occupé depuis deux décennies. Je lui ai consacré trois volume
1715
m’a souvent occupé depuis deux décennies. Je lui
ai
consacré trois volumes, des conférences, un colloque, et tout un cong
1716
els et d’artistes européens, américains et russes
ont
été et se veulent aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’
1717
partout des Anciens, même en Europe. Mais il n’y
a
de Modernes, et loués comme tels, qu’en Europe et en Amérique. (Il y
1718
comme tels, qu’en Europe et en Amérique. (Il y en
eut
en Russie jusqu’à Staline : Stravinsky, Malevitch, Kandinsky, Mandels
1719
, etc.) La Querelle des Anciens et des Modernes n’
a
jamais eu de sens qu’en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore à
1720
a Querelle des Anciens et des Modernes n’a jamais
eu
de sens qu’en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore à la fois,
1721
ù vient qu’en tant qu’ils renient les valeurs qui
ont
fait l’Europe, ils s’en révèlent tributaires, mais se privent de comp
1722
t dans l’avenir immédiat et lointain, comme elles
ont
dépendu de tous temps, 1° de la nature des valeurs culturelles (au se
1723
du xxe siècle qui, sur les traces de Karl Barth,
a
montré que le christianisme n’est pas une religion à proprement parle
1724
ystème de rites et de tabous, un code sacré ; — n’
a
pas de Livres sacrés sur les relations sexuelles, économiques, social
1725
de Sumer aux Mayas et de l’Inde à la Chine ; — n’
a
pas pour fonction principale de maintenir l’ordo mundi et de conserve
1726
e (ses rites et ses conduites sociales) tel que l’
ont
fondé les ancêtres ; mais au contraire : — oppose le « nouvel homme
1727
ordre des choses (que toutes les autres religions
avaient
pour mission de maintenir), et son remplacement instantané par un nou
1728
sent une anti-religion. Que les Églises plus tard
aient
recréé les éléments d’une religion chrétienne, c’était inévitable et
1729
t naissance à la notion d’humanité. Les Européens
ont
découvert le Monde, et personne n’est jamais venu les découvrir. Cett
1730
s lui apporter rien d’essentiel que la Bretagne n’
ait
formé d’abord. Il en va de même pour l’influence passagère de l’art j
1731
ce ! Ces apports émotifs ou plastiques à nos arts
ont
peu de chances de durée en Europe. Dans la mesure même où ils ont sig
1732
es de durée en Europe. Dans la mesure même où ils
ont
signifié trop facilement la « modernité » pendant deux ou trois décen
1733
tions de créateurs, d’avant-gardistes. Si le jazz
a
marqué certaines œuvres de Darius Milhaud par exemple, alors en réact
1734
entifique, venue de l’Europe et d’elle seule, qui
a
révélé ces richesses naturelles et dans un sens précis, concret, les
1735
s naturelles et dans un sens précis, concret, les
a
créées. Tel émirat n’est qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des
1736
V. « … et tout en est venu, ou presque » J’
ai
fait ailleurs, et à plus d’une reprise, la liste impressionnante des
1737
ive verbale pour exprimer ce que l’homme européen
a
conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe s
1738
vent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les
a
créées. Nous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ; ils voient
1739
e raccordent au psychisme de l’homme européen qui
a
conçu les machines et la personne. Mais les machines sont transportab
1740
xpliquant d’où viennent ces objets, pourquoi vous
avez
eu l’idée de les construire et comment ils expriment et transportent,
1741
uant d’où viennent ces objets, pourquoi vous avez
eu
l’idée de les construire et comment ils expriment et transportent, en
1742
ux enfants d’une école de Djakarta ; et quand ils
eurent
appris les notes de notre gamme, elle leur dit : « Composez maintenan
1743
eux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’
avaient
jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en fait, un che
1744
e exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous
avons
évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons
1745
ntact de l’Europe et d’un empire, la Chine : — qu’
a-t
-elle reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine a pris d’abord
1746
reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine
a
pris d’abord l’idée de révolution, qui est bien l’idée la plus contra
1747
à-dire de complémentarité du yin et du yang. Elle
a
reçu toute faite, « clé en main », la doctrine de la révolution issue
1748
elle du xixe siècle européen : le marxisme. Elle
a
reçu la technique, et elle développe une science empruntée (sauf pour
1749
ui formeront une partie de Das Kapital. Karl Marx
avait
prévu que sa révolution se produirait dans les pays industriels. Or l
1750
secousses et de bonds en avant bien calculés. Mao
a
précisé qu’il y aurait lieu de renouveler périodiquement la « révolut
1751
ste le virus le plus sûrement mortel que l’Europe
ait
propagé dans le monde en le colonisant intensivement pendant un siècl
1752
du stato-nationalisme. Il semble bien que Mao en
ait
vu le danger et prenne des mesures pour immuniser son peuple, si l’on
1753
tent aujourd’hui 153 États-nations, dont les 4/5e
ont
moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes à revendiquer leur
1754
contre des ennemis qu’elles se créent, dont elles
ont
besoin pour survivre et assurer leur « cohérence nationale », et qui
1755
prévenant les effets encore plus destructeurs qu’
auraient
sans elle les famines continentales ou une diminution catastrophique
1756
s conditions critiques que l’on vient de rappeler
ont
été créées par l’Occident, et d’abord par l’Europe (colonisation, for
1757
venir, que dire en pareille circonstance ? Il n’y
a
plus qu’à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschr
1758
ttéraire bien défini, que je connais un peu, pour
avoir
collaboré à une bonne quinzaine d’entre eux au moins (j’en ai fait me
1759
à une bonne quinzaine d’entre eux au moins (j’en
ai
fait mentalement le compte tout à l’heure), consacrés à des écrivains
1760
tes ; ou au contraire mécompris, entendez : qu’on
aurait
pu tout de même dire mieux et plus… Cela, c’est le risque, le tragiqu
1761
oire forte, peut-être, le croisant dans la rue, l’
aurais
-je pris pour un homme dur et violent. Mais à l’entendre parler… » l’a
1762
n ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun
a
raison d’une certaine manière, selon ce qu’il est lui-même et la mani
1763
on récipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’il
a
pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage,
1764
ecté et le plus respectable des éditeurs suisses,
ont
dû sacrifier à la préparation de ce livre de fête une partie de leurs
1765
iments de culpabilité à leur égard, c’est qu’on n’
a
pas souvent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne recommenc