1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951) a Notre programme n’est pas systématique, et il n’est pas non plus r
2 e : pour maintenir les risques de la liberté, qui ont fait la vraie grandeur de l’homme européen, et pour sauver, en face d
3 té, une Europe qui demeure la terre des hommes. a . Rougemont Denis de, « Extrait du discours prononcé par Denis de Rou
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
4 ’elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ ont pas grande confiance dans le jeu politique des États souverains et de
5 n de la culture, précisément — hors duquel nous n’ avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens les
6 nce des contacts, un échange vivant avec ceux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait
7 fait pour elle en dehors du plan politique. Nous avons attendu plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne voulions
8 n. Nous ne voulions pas annoncer des projets sans avoir enregistré des réalisations. Nous ne voulions pas tout embrasser sur
9 u risque de lasser les meilleures volontés.) Nous avons attendu qu’on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de discrét
10 Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’ ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous som
11 ’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélére
12 ce qui fonctionne dès à présent comme si l’Europe avait déjà fait son union, voilà qui parle mieux que les grands orateurs, e
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
13 sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché contre l
14 conséquences extrêmes avec le concept d’autarcie, a créé dans la vie de l’esprit une situation que l’on peut décrire comm
15 et donc aux mécanismes de l’État. À la limite, on a vu certains États intégrer toutes les activités culturelles, le roman
16 du fédéralisme européen, de La Haye à Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitu
17 avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’ avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (malgré eux, b
18 ins peur aux fonctionnaires, ceux qui, en un mot, ont l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échanges redevie
19 l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échang
20 os cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des autre
21 Elles se sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs découvertes et de leurs méthodes, de leurs
22 où elles vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’ a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pen
23 tre faite : elle existait aux origines, et elle n’ a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille dive
24 que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfois à une espèce de « plan Schuman de la culture »
25 iciels. Mais l’État est intervenu, des frontières ont été posées, et la culture dépérit. Les experts culturels des États so
26 anément jusqu’au xixe siècle, mais que les États ont tenté d’interdire. Si les experts aiment la culture et veulent l’aide
27 experts aiment la culture et veulent l’aider, ils ont maintenant deux choses fort importantes à faire : 1° supprimer les ba
28 e : 1° supprimer les barrières que leurs mandants avaient dressées ; 2° aider les groupes et les institutions que les fiscs, le
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
29 ul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’importantes positions stratégique
30 lle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’ aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul, mais
31 es diversités enracinées. Le malaise Il n’y aurait pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas, le problème
32 s rapports entre ces deux cultures en filiation n’ aurait rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’appui d
33 ous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’ avez même pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pense de so
34 ai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’ a proposé de remède au mauvais goût, ni au goût des lectures faciles. (
35 pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et ont l’argent. Mais globalement, la situation se présente ainsi aux yeux d
36 ion se présente ainsi aux yeux des Américains.) J’ ai vu des comités, placés devant le choix de plusieurs thèmes d’activité
37 urs thèmes d’activité, retenir celui qui semblait avoir des chances d’intéresser l’argent américain, et renoncer à ceux qui i
38 ’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’ a rien empêché. Nécessité d’un dialogue juste Depuis un certain t
39 EC prépare le plan d’une rencontre de travail qui aura pour objet principal d’éclaircir les malentendus entre l’Europe et l’
40 hère plus saine, quelques conditions simples nous ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et non
41 lques conditions simples nous ont paru requises : a ) La première rencontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il
42 eutralistes ». En voici un : « Dès le début, nous avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
43 L’éditorial de notre bulletin de juin-juillet a suscité de nombreux échos. Une trentaine de quotidiens et de revues d
44 entaine de quotidiens et de revues du Continent l’ ont reproduit en tout ou partie, et commenté dans un sens favorable. Il e
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
45 culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la culture à sa p
46 t que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons de perdre son temps dans une commission « culturelle
47 choses. Je constate que l’Europe, cap de l’Asie, a dominé le monde pendant des siècles non point par la réalité de ses p
48 ques, éthiques — d’où naquirent les doctrines qui ont créé nos régimes — et par les formes de pensée philosophique qui ont
49 s — et par les formes de pensée philosophique qui ont permis le développement de nos sciences, et donc de notre puissance é
50 épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abord ce qui a permis et permet seul encore ces inventions techniques, sans lesquell
51 me matériels. L’Europe est une culture, ou elle n’ a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détail
52 r aux réalités électorales. Il demande que sa vie ait un sens. Qu’on lui en donne un sans discussion possible (et c’est la
53 idences. 4. Mais on va me dire : le mot culture n’ a pas beaucoup plus de sens pour l’homme moyen. Si c’est vrai, tirons-e
54 Si c’est vrai, tirons-en les conclusions : il n’y aura pas d’union valable de l’Europe sans participation des masses à cette
55 masses à la culture (définie largement comme je l’ ai fait plus haut). Sinon l’Europe (unie ou non) restera le cadre en fil
56 restera sans contenu spirituel ou social. Elle n’ aura pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être défendu
57 vraiment unie et forte, c’est vouloir que la vie ait un sens en Europe, c’est vouloir la culture, par suite ses conditions
58 ces conditions. Je me borne à en indiquer quatre. a ) Un gouvernement qui augmenterait son budget de la défense aux dépens
59 , la défense de l’Europe. La jeunesse de l’Europe a le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union a
60 uns aux autres. Le Centre européen de la culture a créé le noyau de leur fédération. Mais il faut les aider tout d’abord
61 pays, peut indiquer la solution. Pour ceux qui en ont le besoin réel (même inconscient) mais ne savent pas où la trouver, i
62 xpositions itinérantes. (L’expérience des guildes a prouvé qu’il existe un public de lecteurs dix ou vingt fois plus vast
63 me le font les totalitaires (qui eux, au moins, n’ ont pas négligé le problème !). Mais au contraire, en vue de former des h
64 précisément, votre congrès doit estimer qu’il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont Denis de
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
65 ernements, ni même du Mouvement européen, qui lui a cependant donné naissance et auquel le rattachent encore des liens pe
66 organisme permanent d’exécution. Aussi le Comité a-t -il proposé tant au Collège d’Europe qu’au CEC de réaliser certains de
67 er certains de ses plans. Les entretiens que nous ont ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en détail les
68 ens que nous ont ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en détail les possibilités de coopération. Quant au
69 verra, répond à ces nécessités. En résumé, le CEC a son rôle à jouer, bien nettement distinct de celui des autres organis
70 exemples précis. Notre Commission des historiens a cessé de se réunir, à la suite de certaines défections, mais aussi fa
71 e2 » et brochures. La Commission universitaire n’ a pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de div
72 e n’a pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mai
73 au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’en réali
74 re service d’articles de revues, Europa Features, a placé de bons articles, mais le marché des revues existantes s’est ré
75 défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’ avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la conscience des Pouvoir
76 actif. J’y rangerai d’abord trois entreprises qui ont déjà donné des résultats réels, quoique non encore suffisants dans no
77 co, chargée de le faire adopter par les États, en a retenu le bénéfice moral, et l’on verra tout à l’heure que la moitié
78 ttérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la portée « e
79 upart des instituts européens « sérieux », mais n’ a pas encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre.
80 e causerie (tirés à l’200 000 exemplaires, et qui ont permis des centaines de conférences en 6 langues), et à l’Association
81 d’autre part de la vaste ambition européenne qui a fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’aim
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
82 e-janvier 1953)i La démission de M. Trygve Lie a fait parler d’une crise des Nations unies, par conséquent de la polit
83 e mérite un examen, que presque toutes les revues ont négligé de faire, en vertu de la curieuse indifférence dont témoignen
84 t grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’ a rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur e
85 , que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur est parti
86 ducateur est parti en claquant la porte, non sans avoir déclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait.
87 la porte, non sans avoir déclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise ? Ch
88 t superficielle dans ses jugements, quand elle en a sur cet objet ; non seulement chez les « hommes de culture », qui sav
89 comme le prouve le départ de leur chef. Il doit y avoir un vice constitutif dans toute l’affaire. Et peut-être facile à trouv
90 reste loin d’épuiser la question. Car l’Unesco n’ a jamais prétendu faire la culture, ou faire de la culture. L’Unesco ve
91 la paix. Or seule une aide toute désintéressée, n’ ayant en vue que la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de science,
92 itiques. Si le produit qui émerge de leurs débats a par miracle forme humaine et valeur proprement culturelle, ce sera bi
93 t ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’ a-t -on fait ? En attendant, rêvons un peu sur ces 9 millions de dollars c
94 ond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’ ont imaginé il y a sept ans les créateurs de l’Unesco. Le système souffre
95 champ d’étude historique intelligible » tel que l’ a délimité Toynbee : une société, une civilisation bien définie, comme
96 c’est la méthode du CEC depuis sa naissance. Nous avons bien souvent parlé d’un « centre décentralisé ». En bonne doctrine fé
97 odes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en doctri
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
98 s. De plus, les compositeurs, qui avant la guerre avaient de nombreuses occasions de se rencontrer et d’établir des contacts in
99 e du point de vue international. Peu de critiques ont la possibilité d’apprécier les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’
100 laboration. Tels sont entre autres les motifs qui ont amené le Centre européen de la culture à élaborer le projet d’une con
101 t choisis les hôtes de cette rencontre. Le Centre a constitué un Comité d’honneur international qui comprend des composit
102 i comprend des compositeurs de renommée mondiale. Ont déjà accepté d’y participer MM. Igor Stravinsky, Samuel Barber, Benja
103 de chambre, au cours desquels seront exécutés : a ) des œuvres de jeunes compositeurs européens et américains, b) des œu
104 égligées à tort, d) quelques œuvres anciennes qui ont considérablement influencé le développement de la musique au cours de
105 ix internationaux aux trois meilleures œuvres qui auront été commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces prix fer
106 ées. Pour la plupart d’entre eux, des remplaçants ont été suggérés. L’ensemble de ces noms (une vingtaine) sera proposé à b
107 membres du Conseil musical. Dès que ces derniers auront donné leur accord, des lettres personnelles seront envoyées à chacun
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
108 moment, on se tromperait en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à
109 endions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Montreux, 1947). Normalem
110 . On n’oserait affirmer ici que ce raisonnement n’ ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs
111 Russie. Mais ce même raisonnement, d’autre part, a pu jouer chez nous en faveur de l’union : il la fait apparaître, aux
112 tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’ avoir peur, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’être. Parlons do
113 s évidences. Les vrais motifs de notre union n’ ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armistice
114 homme et de ses libertés politiques et sociales n’ a pas varié, que l’on sache, n’est pas moins menacée de l’intérieur et
115 uence de tout cela, leur indépendance. Personne n’ ayant pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solution ne
116 diplomate dans ses récentes conclusions : l’URSS ayant décidé de nous rassurer, l’Europe doit changer de politique. Le senti
117 e, vont être les premiers à la croire inutile. Qu’ avons -nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ?
118 cesser de se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais pl
119 ir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’elle a de le faire. Et cela dans des conditions de clarté, de sérieux, de sa
120 cion générale, et le doute quant à savoir si nous aurions le temps de bâtir quelque chose de solide. L’état d’esprit de défensi
121 core les vrais secrets d’une civilisation qu’elle a rendue mondiale ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue à la v
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
122 r nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécess
123 tance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution, ta
124 s un siècle et demi, les hommes d’État américains ont coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de
125 va comprendre l’extrême importance ; ces notes n’ avaient d’autre intention que de l’introduire : Le monde peut être divisé po
126 géographiquement, en quatre parties dont chacune a des intérêts distincts. L’Europe, pour le malheur des trois autres, l
127 . L’Europe, pour le malheur des trois autres, les a toutes, à des degrés divers, soumises à son empire par ses armes et s
128 s sous sa domination. La supériorité que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maî
129 té que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’ a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’univers, et à croire l
130 Des hommes, admirés comme de grands philosophes, ont positivement attribué à ses habitants une supériorité physique, et on
131 ibué à ses habitants une supériorité physique, et ont sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine,
132 chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longt
133 ré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longtemps appuyé ces arrogantes prétentions des Européens. C’est
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
134 certainement la plus sérieuse que notre continent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le sens de l’action eur
135 épète que les quelques hommes d’État français qui ont agi pour l’union, « incapables de résoudre leurs problèmes nationaux,
136 art, dans leur forme nationale au sens moderne, n’ ont qu’un passé des plus récents, et presque ridiculement court au regard
137 es tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-
138 ix et sans délai. Cela peut se démontrer, et on l’ a souvent fait. En revanche, personne au monde n’a jamais essayé de dém
139 ’a souvent fait. En revanche, personne au monde n’ a jamais essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de re
140 méfiance à l’égard du reste du continent, qui les a pourtant civilisés ; une Allemagne amputée d’un quart de sa populatio
141 nir tout neuf devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme dit Claudel. L’idée av
142 ais sur les seuls Européens — sur tous ceux qui n’ ont pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il fa
143 eux-mêmes. Ils crient la paix, la paix, et il n’y a point de paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils attend
144 s n’attendent plus rien d’eux-mêmes. Ils semblent avoir choisi de se faire entretenir, en gardant le droit de cracher sur les
145 adence des empires et des régimes démissionnaires ont vu revenir à la surface ces mêmes coalitions ou agglutinations de sce
146 urs fictive. Que se passe-t-il alors ? La France, ayant refusé l’Europe au nom de ses colonies, perd ses colonies. L’Italie a
147 nom de ses colonies, perd ses colonies. L’Italie ayant refusé l’Europe par la faute des néo-fascistes et monarchistes, est l
148 , est livrée aux communistes. La Grande-Bretagne, ayant refusé l’Europe au nom de l’Empire et de l’amitié des USA, voit plusi
149 se détournent d’elle. Les socialistes allemands, ayant refusé l’Europe au nom du pacifisme, ont une armée allemande. Les nat
150 mands, ayant refusé l’Europe au nom du pacifisme, ont une armée allemande. Les nationalistes français, ayant refusé l’Europ
151 une armée allemande. Les nationalistes français, ayant refusé l’Europe au nom de l’armée française, ont une armée allemande.
152 yant refusé l’Europe au nom de l’armée française, ont une armée allemande. Ou à défaut d’armée allemande, pour les uns et l
153 n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ ont jamais sauvé les « races incrédules », car celles-ci les transforment
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
154 incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui permettent d’exister p
155 la Constitution, cette Assemblée ad hoc que vous avez créée. Pratiquement, le sort de l’Europe serait donc confié à quelque
156 ment des députés. Qui les suivrait ? 2. Le Projet a été discuté et rédigé par des parlementaires, un œil sur le grand But
157 que chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes lignes, le Projet prévoit un Parlement él
158 ttre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’ auront pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auront pas voulu. La p
159 nt pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’ auront pas voulu. La perspective dynamique dans laquelle il faut voir le Pro
160 nts pour commencer, de plus du double lorsqu’elle aura regroupé l’une après l’autre toutes les nations à l’ouest du rideau d
161 s, elle dictera la paix dans le reste du monde, l’ ayant rétablie dans son sein. 5. Une telle fédération ne suppose pas « l’ab
162 ne seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Europe entière.
163 ent de l’accepter, même incomplet. Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’
164 bra pour toujours il y a cinq siècles exactement, avait cessé de vivre son grand rôle historique dès l’an 1204, où l’armée de
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
165 me noble Salle des chevaliers. Le congrès de 1948 avait pour mission de donner le coup de gong du départ à toute l’action eur
166 de gong du départ à toute l’action européenne. Il avait esquissé des plans et des programmes embrassant les trois grands doma
167 la culture. Et c’était sa section culturelle qui avait été chargée d’écrire et de présenter le Message aux Européens, dégage
168 ertains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu pour
169 t accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu pour mission de s’occuper précisément de « l’idée » et des moyen
170  » et des moyens de l’illustrer dans nos pays. On aurait pu redouter le double emploi avec les objectifs du Centre. En fait, r
171 n fait, rien de tel ne s’est produit, ainsi que j’ ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personnel — d
172 duit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la
173 de la conduite des débats. Ce que la table ronde a fait avec éclat, grâce à la participation de six personnalités politi
174 vedettes. Perspectives En trois ans, le CEC a constitué 7 associations et communautés professionnelles dotées de st
175 propres, mais dont il assure le secrétariat ; il a formé 3 commissions de savants (dont l’une a pris l’initiative du Lab
176 ; il a formé 3 commissions de savants (dont l’une a pris l’initiative du Laboratoire européen de recherches nucléaires),
177 littéraire européen et la Conférence musicale. Il a ainsi doté l’Europe d’un instrument de coopération intellectuelle ; d
178 que nous venons de reprendre dans plusieurs pays ont révélé l’existence d’un besoin très réel et de possibilités précises
179 hollandaise, un modèle de « cahier des charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajo
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
180 ’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’ avais donc suggéré aux rapporteurs d’envisager le problème européen dans un
181 aissent transitoires et relatives. À cette fin, j’ avais introduit, dans les six thèmes proposés, l’idée d’un destin commun de
182 s communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’ avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus grands h
183 autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occident : l
184 s de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’a
185 tre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’ avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible que dans l’union
186 Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’ avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons
187 e Gasperi dans son discours introductif, qui nous a présenté le tableau cohérent de mesures institutionnelles capables d’
188 notre unité compromise. Certes, la table ronde n’ a pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses pour sup
189 assurer le bien dans un délai garanti. Mais elle a déterminé clairement nos responsabilités d’Européens devant le monde
190 ponsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir.
191 ns devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pa
192 relatives fondées sur la science, la table ronde a affirmé la nécessité du dialogue fécond, de la mise en question récip
193 pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structures
194 rsités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structures supranationales, permettant de mettre
195 sitions économiques dans le monde, la table ronde a conclu à la nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rappo
196 s perdons en apports extérieurs. La table ronde n’ a pas dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré q
197 sé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hu
198 reste du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au
199 onalisme a été notre invention collective. Nous l’ avons communiqué, « donné » au monde entier, et cette liqueur tout d’abord
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
200 d ce que vous entendez par Culture. — T. S. Eliot a répondu pour nous : « La culture peut être définie simplement comme c
201 culture est l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de donner un sens à la vie. — La politique fait-elle partie
202 ues, ni doctrines philosophiques propres. Mais il a créé et créera encore des associations de producteurs et de distribut
203 nseignement, éducation5). — Le Centre pense-t-il avoir , de cette manière, vraiment servi ou aidé la culture, dans les divers
204 les « Relations culturelles ». L’apport du Centre a consisté dans la mise au point d’une méthode pratique de coopération
205 ratique de coopération supranationale. La culture a toujours vécu d’échanges en Europe. Rétablir ces échanges au-dessus d
206 condition de la santé culturelle en Europe, nous avons conçu le projet d’une Fondation européenne de la culture, comparable
207 lus fort en faveur de l’existence du Centre. On n’ a pas réussi à créer l’union fédérale de l’Europe dans le délai optimum
208 C’est un problème qu’un organisme comme le Centre a justement pour raison d’être de poser tout d’abord, puis d’étudier, e
209 par exemple ? — C’est impossible, car l’Unesco n’ a nullement pour but de favoriser l’union de l’Europe, ni l’éveil d’un
210 ontact souvent fécondes. Certes le CEC est loin d’ avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons encore, après qua
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
211 e, les députés et même certains hommes politiques ont cru qu’elle dépendrait des conférences de Berlin et de Genève. Bien p
212 fondamentales de l’Europe. Même si la Conférence avait unifié l’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions ne pouvaient é
213 ur tous les points de l’ordre du jour, elles n’en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’union de l
214 ui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six, a proposé une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas
215 divagations, un fait curieux : l’idée européenne a fait de tels progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans fe
216 soulignons d’autant plus fortement que la presse a manqué de le faire, qu’à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie
217 qu’à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie a constitué le plus sérieux atout des pays libres dans leur confrontati
218 et le projet de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange éventuelle — MM. Bidaul
219 naie d’échange éventuelle — MM. Bidault et Eden l’ ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure d
220 Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un fondement solide : nous a
221 mesure de discuter sur un fondement solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mai
222 ain de Berlin, l’une des plus favorables que nous ayons vécues depuis longtemps pour marquer des progrès réels vers notre uni
223 ns l’atmosphère de mars 1954. Le danger de guerre a diminué dans l’immédiat. La nécessité d’une entente étroite entre nos
224 tinents, devient évidente à beaucoup. Des projets ont été formulés, parmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doi
225 passer prochainement au premier rang. La Hollande a ratifié la CED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’est pas
226 ’Allemagne n’est pas revenue en arrière, l’Italie a décidé de poser la question à son Parlement, et des progrès minimes m
227 t, et des progrès minimes mais peut-être décisifs ont été enregistrés en France. Les consultations d’opinion récemment orga
228 participer (les Anglais) ; et qu’enfin son heure a sonné, si jamais signal clair fût donné par l’Histoire. L’Asie à G
229 soviétique, lui, nous menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il
230 t de ce pays apparaît simplement démente, si l’on a vu la situation mondiale — et si l’on n’est pas communiste. Seule une
231 l’abîme par une poignée de députés en sursis, qui ont donc à peine le droit de parler au nom d’une seule ? C’est aux França
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
232 comment ce modèle d’un système politique fédéral a pris naissance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’était qu’une
233 souverains. Pendant des siècles, leur lien légal avait consisté dans une Diète, laquelle n’avait guère plus de pouvoirs que
234 n légal avait consisté dans une Diète, laquelle n’ avait guère plus de pouvoirs que l’Assemblée consultative de Strasbourg. Co
235 erains, pourvus du droit de veto, cette Diète « n’ avait en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se confo
236 mise, déclarait aux Suisses en 1802 : « La nature a fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un h
237 abile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on a le tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranquille
238 érament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranquillement supprimé le problème de la souveraineté cantonale (ou
239 ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont -elles quelque réalité et consistance, en dehors des débats où elles f
240 exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’ a définie comme « la faculté, pour un État, d’agir à sa guise, tant à l
241 ine ». Or on ne voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui
242 es. Il en résulte que la souveraineté nationale n’ a plus guère d’autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œuv
243 et surtout angoisse de perdre son identité. Elle a donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficulté,
244 table ronde de l’Europe, à Rome, deux arguments m’ ont frappé, comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opini
245 ourd’hui les décisions principales et le peuple n’ a sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranation
246 uant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’ ont perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? Il no
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
247 tout reste à faire Deux événements politiques ont absorbé l’attention des Européens et des militants de l’Europe unie d
248 projet de CED et les accords de Londres. Londres a réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de prépare
249 CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’
250 t réarmement allemand. On leur proposa un vaccin. Ayant remarqué que le nom de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme
251 pas fin à la construction européenne, comme on l’ a répété bien à tort ; il montre simplement qu’une partie d’un Parlemen
252 venue majorité grâce à l’appui des communistes) n’ a pas encore senti la nécessité historique de cette construction — néce
253 r pas vers l’intégration européenne », comme on l’ a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe suprana
254 « Européistes » Les partisans de l’Europe unie ont péché depuis quelques années — et non seulement dans l’affaire de la
255 ED — par complaisance à une double illusion : ils ont cru que le travail éducatif en profondeur, lent par nature, représent
256 ature, représenterait une perte de temps ; et ils ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons l
257 eux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par un
258 pter l’une après l’autre par les parlements. On n’ a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire
259 sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’ eût représenté l’exigence immédiate d’une fédération politique. C’était p
260 aisons de coulisses parlementaires. Cette méthode a réussi (OECE, CECA) jusqu’au jour où les adversaires de l’union ont d
261 CECA) jusqu’au jour où les adversaires de l’union ont déclenché leur propagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à
262 nion ont déclenché leur propagande massive. Eux n’ ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la
263 pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvon
264 dans les intérêts particuliers. Or cette attaque eût impliqué une campagne éducative en profondeur, que l’on a négligé de
265 ué une campagne éducative en profondeur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue. II. Le
266 deur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on n’ a pas sérieusement soutenue. II. Les mouvements de militants européens
267 tenue. II. Les mouvements de militants européens ont été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du f
268 urpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du fait qu’on laissait le public dans l’ignorance de la vraie
269 e son rejet. Or les militants européens croyaient avoir expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires. Illusion profon
270 Une enquête menée par le CEC au mois de septembre a donné les résultats suivants : le nombre des brochures, tracts, petit
271 CE et en Suisse, s’élève à 491. Leur tirage total a légèrement dépassé 3 millions d’exemplaires. Cela paraît considérable
272 problème européen ? Notre programme Si l’on a fait si peu pour éduquer et pour influencer l’opinion, c’est donc d’u
273 inion, c’est donc d’une part que l’on s’imaginait avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne jugeait pas utile et sur
274 faire beaucoup plus. Exemple : le CEC voulait et aurait dû faire beaucoup plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il es
275 iels lui manquaient, et il est significatif qu’il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les premières promesses d’un
276 amment par les manuels d’histoire : l’anti-Europe a joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque… Et mai
277 efforcent aussi de créer les public relations qui ont manqué jusqu’ici à l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce que beau
278 des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ ont pas assez réfléchi sur la nature des forces historiques. Une révoluti
279 ons réussies. L’ambition du Centre est d’agir. Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle commence dans le
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
280 édérer l’Europe semble une utopie pour ceux qui n’ ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une a
281 t pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’ avons vu, c’est une action. Action sur les esprits d’abord, comme le veut l
282 e, pas un seul événement historique d’envergure n’ ait été le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens, ni
283 ticiens, ni des parlements. Un doctrinaire brutal a provoqué la Révolution d’octobre. Un saint a libéré l’Inde. Un fou a
284 utal a provoqué la Révolution d’octobre. Un saint a libéré l’Inde. Un fou a subverti l’Allemagne. Un amateur distingué a
285 ution d’octobre. Un saint a libéré l’Inde. Un fou a subverti l’Allemagne. Un amateur distingué a sauvé les États-Unis rui
286 fou a subverti l’Allemagne. Un amateur distingué a sauvé les États-Unis ruinés par le « réalisme » des businessmen. Un g
287 . Un grandiose hurluberlu — aux yeux des partis — a sauvé l’Angleterre et l’Occident. Une morale religieuse a permis la r
288 l’Angleterre et l’Occident. Une morale religieuse a permis la réussite sociale des États scandinaves et anglo-saxons. (Ce
289 ulement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste a été conçue et s’élabore dans quelques cercles assez restreints. L’idé
290 e, mais un certain enseignement de l’histoire qui a tué la CED en France.) Ces deux faits indiquent très clairement où no
291 n les forces dispersées. ⁂ L’analyse qui précède a dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’à ce jour. Elle en i
292 persées, c’est l’office des associations que nous avons déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années dans les di
293 boratoire européen de recherches nucléaires. Elle a réussi, comme on sait, sous les auspices de douze gouvernements. Plus
294 en voie d’aboutir. Le 16 décembre 1954, à Genève, ont été signés et enregistrés les statuts de la Fondation européenne de l
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
295 rche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce qu’il a . Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Celui
296 résultat concret et limité. L’esprit de recherche a pour caractère décisif d’être sans fin ni cesse, d’être indéfiniment
297 une grande baleine que les habitants d’un village avaient prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui
298 prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, elle mang
299 uvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent da
300 mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim. N’ ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine,
301 s de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’avant et encore plus. Les gens voula
302 la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent : Qu’ as -tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute
303 in, ils lui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’ ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute la nourriture du pays
304 u ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’ avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’aurez donn
305 te la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’ aurez donné cent fois et mille fois plus, j’aurai encore faim. Ils lui dire
306 ous m’aurez donné cent fois et mille fois plus, j’ aurai encore faim. Ils lui dirent : Que veux-tu donc ? et elle dit enfin :
307 e, précise, utile : au-delà de tout ce qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamentale devant l
308 ut encore, le savoir pur ou la beauté. La plupart auraient peine à formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’est jamais c
309 tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples animaux
310 qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier de la recherche en général, je
311 ccidentale. La civilisation qui est née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque,
312 ériens et les Romains, les Aztèques et les Mayas, avaient créé des ordres stables. Leurs prêtres et leurs princes avaient répon
313 es ordres stables. Leurs prêtres et leurs princes avaient réponse à tout. Et de même aujourd’hui, la Russie soviétique offre ou
314 ssons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans un maq
315 tien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être sain
316 écoles successives sont relatives et provisoires, ont été dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être d
317 st déterminée par les deux forces principales qui ont produit notre civilisation, — voilà ce qui définit le mieux l’Europe.
318 ne, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui a fait l’Europe. Et cette Europe a dominé le monde, non point malgré to
319 st tout cela qui a fait l’Europe. Et cette Europe a dominé le monde, non point malgré tout cela, mais à cause de tout cel
320  ! C’est une curiosité inquiète et insatiable qui a poussé les navigateurs de la Renaissance à découvrir les autres peupl
321 ertir et les dominer, alors que nous Européens, n’ avons jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une passion
322 iologiques, physiques et mécaniques, que certains eurent le courage de risquer à la même époque. Et voici, à partir de ces pio
323 progrès, c’est-à-dire de nouvelles recherches. J’ ai tâché de vous faire voir que le génie de la recherche est le génie mê
324 en effet la technique et son progrès constant qui a permis à notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de
325 t la concurrence croissante des empires neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de
326 re la culture en général et la technique. Je vous ai montré tout à l’heure la technique débouchant dans la culture des mas
327 s de plusieurs pays d’Europe, le directeur du CEC a prononcé un discours dont nous donnons ici de larges extraits. »
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
328 e chaque homme à son âme, l’habeas animam comme l’ a dit Ignazio Silone. La tyrannie possède aujourd’hui les moyens de mod
329 Foyer de la civilisation occidentale, l’Europe a pour mission suprême et impérieuse de susciter la résistance à cette
330 nyme contre l’humain, phénomène dont l’histoire n’ a pas vue le précédent. Mais l’Europe est elle-même en grand péril. Les
331 est elle-même en grand péril. Les peuples qu’elle a civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient assuré s
332 ilisés retournent contre elles les techniques qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’elle a exploités et opprimés retournent
333 ues qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’elle a exploités et opprimés retournent contre elle les idéaux de liberté et
334 ontre elle les idéaux de liberté et d’égalité qui avaient assuré son prestige. Les progrès de l’hygiène, répandus par les Europ
335 progrès de l’hygiène, répandus par les Européens, ont pour effet de bouleverser totalement les rapports démographiques entr
336 où les valeurs secondaires de notre civilisation ont conquis le monde, l’Europe en perd naturellement le monopole, cependa
337 fétichiste à des « souverainetés nationales » qui ont épuisé leurs vertus au xixe siècle et sont devenues en partie fictiv
338 ie situation. Le Centre européen de la culture a été fondé pour contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a c
339 ontribuer à ce réveil du sentiment européen Il a commencé par agir dans les domaines de la vie culturelle où il sembla
340 e d’obtenir rapidement des résultats concrets. Il a créé une série d’associations et communautés de travail qui fonctionn
341 ment et un foyer d’initiatives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’espr
342 se composer de personnalités très diverses, mais ayant en commun ces deux traits : d’être acquise à l’idée européenne, et d’
343 est celle de cette génération. La force dont ils auront besoin est certes d’ordre spirituel d’abord, mais toutes les autres e
344 récisa jusqu’à l’été 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent aussitôt favorables. Il s’agissait à la f
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
345 nous rejette aux risques de la paix. La détente n’ a pas d’autre origine. Elle ne résulte pas des intentions vertueuses, n
346 ment armés — et de cette arme — il ne peut plus y avoir ce que l’on nommait une guerre, mais simplement une espèce de court-c
347 ou, lequel lui dit : « Vous autres, Occidentaux, avez une conception du secret un peu superficielle. Vous estimez qu’il fau
348 nant la réponse qu’un fonctionnaire de la Guépéou avait faite à quelqu’un qui lui demandait ce que l’on entendait par espionn
349 suis fauché. Voilà de l’espionnage. » L’Occident a tout à gagner à faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la p
350 ccidentaux et votre propagande culturelle, vous n’ avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convain
351 dentaux et leurs satellites intellectuels ? Ils n’ ont rien à apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un dialogu
352 es ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils n’ ont rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre à
353 nt des dictatures totalitaires. Un dialogue qui n’ aurait donc lieu qu’entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS et les sc
354 e serait pas un dialogue sur pied d’égalité entre A et B, figurant deux points de vue bien distincts et valables. Ce ne s
355 serait guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente e
356 t guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a , ou entre A et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vr
357 ne parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vraie, un dial
358 emain entre A et a, ou entre A et non-B, ou entre A et 1/22e de B. Si la détente est vraie, un dialogue véritable doit s
359 es éléments premiers de notre force. L’Occident n’ a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit d’un libre échange con
360 change conforme à l’essence même de la culture. N’ ayant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liber
361 urs préjugés anarcho-individualistes ? Les Russes ont leurs idées sur le civisme, et sur les devoirs de l’intelligentsia. N
362 uteur, actuellement ambassadeur d’Italie à Paris, a rempli de nombreuses missions en URSS et parle couramment le russe.
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
363 e musique. Un an plus tard, le secrétariat qu’ils avaient constitué au Centre, publiait une première brochure contenant les pro
364 s festivals, réunie au Centre les 8 et 9 octobre, a démontré que l’idéal primitif avait victorieusement subi l’épreuve de
365 s 8 et 9 octobre, a démontré que l’idéal primitif avait victorieusement subi l’épreuve de quatre ans de travail en commun, d’
366 ésormais le champ de ses activités, l’association a pris une série de décisions pratiques, tendant toutes à manifester l’
367 s pour la saison 1956, huit des festivals membres ont déjà conclu sur place, lors de l’assemblée générale, des arrangements
368 aines manifestations collectives de l’association ont été envisagées pour l’année prochaine. L’exécution de ce programme él
369 énéral de l’association, que l’assemblée générale a désigné en la personne de M. Abraham van der Vies. Musicologue et met
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
370 (décembre 1955)ab Toute la presse occidentale a parlé des « 17 niets de Molotov » à Genève. La question des échanges
371 ent, les dix-sept offres ou demandes occidentales ayant été rejetées par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aur
372 le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse
373 ons occidentales relatives aux échanges culturels aient été rejetées uniformément. (Nous donnons plus loin un résumé analytiq
374 aine culturel, du seul fait que les Soviétiques n’ ont pas donné les suites espérées à leurs ouvertures officielles de l’été
375 ée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges ont un but principal : obtenir des informations scientifiques et techniqu
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
376 ui (assassin de son fils comme Ivan le Terrible l’ avait été du sien) que Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement
377 uvelle culture née de la révolution pétrovienne n’ avait été au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la
378 ît plus puissant encore que le premier. La Russie a besoin de l’Occident ; tout en s’assurant de ce côté certaines acquis
379 même de belles-lettres. La Russie occidentalisée a changé de capitale : Pétersbourg a remplacé Moscou, et devient une es
380 occidentalisée a changé de capitale : Pétersbourg a remplacé Moscou, et devient une espèce de musée ou conservatoire de l
381 ant-postes où certaines de ses splendeurs passées ont bénéficié d’une espèce de floraison posthume. Ainsi y fut conservé le
382 dentale ; ainsi Joukovski, Batiouchkov, Pouchkine ont fait refleurir dans leurs œuvres le meilleur héritage poétique de la
383 héritage poétique de la vieille Europe. Mais pour avoir une vue plus complète de ce que fut l’apport de l’Occident dans la vi
384 jours. Pendant près de deux siècles, le français a été la première langue étrangère qu’apprenaient les enfants russes de
385 irectes avec l’Occident. Les officiers russes qui ont vu l’Europe reviendront dans leur patrie dotés d’une vision élargie d
386 r les hautes régions de la vie nationale ; elle n’ a pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sourc
387 se (d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui a été créé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e s
388 spirituelle déclenchée par le romantisme ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’a rien désavoué de son héritage.
389 ée par le romantisme ; elle y a pris part, elle l’ a continué, elle n’a rien désavoué de son héritage. La musique russe à
390 e ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’ a rien désavoué de son héritage. La musique russe à partir de Glinka do
391 rofondément, bien que secrètement, religieuses, n’ a pas retrouvé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’est parve
392 e rajeunie par l’apport neuf de la Russie. Il n’y a pas, depuis cinquante ans, dans les lettres européennes, de noms plus
393 ’esprit dans lequel un Tourgueniev ou un Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’est pas quelque chose que l’on p
394 s’y retrouve. Dostoïevski : « Nous autres Russes avons deux patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre second
395 e Maistre, dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg, avait décrit la magnificence fantomatique de cette capitale, créée par un t
396 r une fois de plus, à travers les murs des palais ayant perdu leur épaisseur, la plaine à perte de vue qui continue toujours,
397 ent (le texte publié n’était qu’une traduction) n’ avait nullement récusé les tendances générales de la Russie moderne. Il dés
398 de celle dont Pétersbourg et l’Empire semblaient avoir donné une fois pour toutes l’image et la garantie. Les véritables fon
399 x, dans la foi chrétienne, telle que les Russes l’ avaient toujours pratiquée, dans les institutions et coutumes du peuple paysa
400 très important de répéter que les idées libérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y eut jamais en Russie d’id
401 s ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir une autorit
402 autorité morale et de l’exercer »18. Les Russes ont témoigné d’une disposition spéciale à adopter les idées occidentales
403 est une attitude presque étrangère. Sans doute y a-t -il là une lacune, un défaut qui doit les faire tomber dans la confusi
404 es. Lorsqu’il s’est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie biologique sujette à la discussion,
405 lus important du xix e siècle, Vladimir Soloviev, a pu dire que les intelligentsistes russes pratiquaient une foi basée s
406 rantisme rationaliste (ou matérialiste). Berdiaev a bien montré comment le totalitarisme bolchévique plonge ses racines d
407 . Tourguéniev, Gontcharov, Dostoïevski, Tolstoï n’ ont pas échappé à la vigilance de cette seconde censure ; d’autres écriva
408 e grand talent — Leskov, Léontiev, Pissemski — en ont été persécutés sans relâche leur vie durant, et jusqu’à ce jour, grâc
409 ns n’ordonnait-elle pas aux professeurs ce qu’ils avaient à enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor culturel (1880-19
410 tre la Russie et les autres pays européens paraît avoir été complet, rapide, et fructueux. Rappelons à cet égard quelques exe
411 russes. De même que le symbolisme et Oscar Wilde ont fait fureur à Pétersbourg et Moscou, l’Europe va traduire les œuvres
412 randissantes21. Jamais encore le Russe cultivé n’ avait montré un intérêt si vif pour l’ensemble de la pensée, des lettres et
413 des lettres et des arts de l’Occident, jamais n’y a-t -il autant voyagé, jamais les traductions des poètes, des romanciers,
414 rs, des historiens, des philosophes occidentaux n’ avaient été aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fait au c
415 aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’ a-t -on fait au cours de ces années une si grande consommation de littérat
416 vains du Nord. En vérité, le règne de Nicolas II a représenté l’âge d’or des échanges culturels Russie-Europe : on l’oub
417 traductions « Monuments de littérature mondiale » avait été si puissant qu’on l’imita même après la révolution, comme en témo
418 de chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’ avoir disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci sont payés pour savo
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
419 é à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ ayant pu donner que des résumés fragmentaires ou vagues de débats en eux-mê
420 occidentaux soulignent que leurs gouvernements «  ont toujours favorisé la libre communication de l’information et des idée
421 les capitales respectives… Tout citoyen devrait y avoir librement accès. » 3. Publication et distribution « aux institutions
422 de radio traitant des événements mondiaux… L’URSS aurait à sa disposition le réseau de radiodiffusion occidentale pendant des
423 Molotov rappelle que le Soviet suprême de l’URSS a décidé le 5 août 1955 que « l’établissement de relations politiques,
424 iale et culturelle » serait utile. « M. Macmillan a parlé d’une réglementation de l’opinion publique en URSS… Cette sorte
425 mois d’octobre, « vingt délégations britanniques ont visité l’URSS » et que « la semaine du film français en URSS et la vi
426 rançais en URSS et la visite de sportifs français ont provoqué un grand intérêt parmi les spectateurs soviétiques… Vous voy
427 es premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut donc nommer un comité d’experts po
428 éponses soviétiques Le 14 novembre, M. Molotov ayant réaffirmé la volonté soviétique d’obtenir des échanges commerciaux to
429 itions de ce genre et les considère déplacées. Il a été dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique aur
430 juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique auraient essayé d’isoler leur peuple des contacts avec le monde extérieur. Ces
431 le pas gênée par l’échec de cette conférence… N’y aurait -il pas quelque vérité dans ces mots frappants que j’entendais l’autre
432 des contrôles stratégiques. Ces contrôles, nous l’ avons démontré, n’ont qu’une faible incidence sur le volume des échanges.
433 tégiques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’ ont qu’une faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes con
434 dées, de nouvelles, d’informations non censurées, ont été rejetés ». (16 novembre) : Aucune proposition concrète des Occi
435 nge d’idées et d’informations entre nos peuples n’ a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
436 autoritaire et unitaire que la plupart des tsars avaient affirmé (sans toujours l’appliquer sévèrement22) mais qui prévaut au
437 était admis par les interlocuteurs russes, il n’y aurait plus de dialogue Europe-URSS à proprement parler, car les intellectue
438 ants soviétiques, par leur porte-parole à Genève, ont adressés, très logiquement de leur point de vue, aux propositions des
439 taux. II. Propositions Les projets que nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non susceptibl
440 écrivains russes et européens. Cette possibilité a toujours existé en Europe. Pourtant, elle ne pouvait se réaliser avan
441 outait : Les écrivains du monde entier devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes, mais u
442 er devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à
443 éaliser, sans que ni d’un côté ni de l’autre on n’ ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se trouv
444 rtant essentiellement sur des faits statistiques, auraient plus de chance que d’autres de se poursuivre indépendamment des a pri
445 que d’autres de se poursuivre indépendamment des a priori idéologiques ou politiques, — quitte à ce que chaque partie ti
446 rieux. Dans ce cas, les intellectuels européens n’ auraient plus le choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savo
447 guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventualité.
448 refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’ avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres. C’est
449 ure, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légalement sous les tsars, ainsi que les livres de Gogol, Tolsto
450 aldonne et tricherie manifeste. 25. « Notre pays a essayé de donner la plus grande envergure possible aux échanges cultu
451 au cours de sa seconde séance du 9 février 1955, a insisté dans une déclaration connue de tous sur la nécessité de renfo
452 ituation mondiale. J’étais parmi les députés et j’ ai voté avec enthousiasme pour cette déclaration ». Article de A. Cholok
453 e… Les décadents, surréalistes abstraits, fauves, ont tous une caractéristique commune : ils ne savent pas dessiner. » ag.
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
454 Relance européenne ? (février 1956) ai Le terme de « relance européenne » est apparu dans la presse aux l
455 véritable : une certaine forme d’union partielle ayant échoué, on en essaie une autre. Le but ultime, bien entendu, reste le
456 la méthode, au fond, n’est pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe par le moyen d’un traité mil
457 somme, ce qu’on « relance », c’est la méthode qui a réussi une première fois pour la CECA, échoué ensuite à l’occasion de
458 il resterait à savoir laquelle des trois méthodes a le plus de chances de mener rapidement au but choisi, à ce but-là pré
459 cisément, et non point à tout autre chose qu’on n’ aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée des tr
460 ous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes n’ a de chances d’aboutir à la création d’une Europe vivante, sans le sout
461 qui l’attaque quand elle faiblit, mais ne cesse d’ avoir besoin d’elle. ai. Rougemont Denis de, « Relance européenne ? », B
462 e faiblit, mais ne cesse d’avoir besoin d’elle. ai . Rougemont Denis de, « Relance européenne ? », Bulletin du Centre eu
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
463 2 sous les auspices de l’Unesco à Gauting-Munich, a été chargé de diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous a
464 tir du 1er janvier 1956, M. Jean-Paul de Dadelsen a cessé de remplir au Centre les fonctions qu’il occupait depuis 1951.
465 rnier. Metteur en scène de renom, M. van der Vies a été, pendant les cinq dernières années, directeur de l’Opéra national
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Après le congrès de Trieste (février 1956)
466 é réunis en congrès à Trieste, en septembre 1955, ont étudié les voies et moyens d’une « européanisation » de l’enseignemen
467 uropéanisation » de l’enseignement supérieur. Ils ont décidé la création d’une Association des universitaires d’Europe, don
468 ope, dont le professeur V. Arangio-Ruiz, de Rome, a pris la présidence, tandis que le professeur M. Mouskhély, de Strasbo
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
469 e de sénateurs appartenant aux principaux partis, a convoqué à Bruxelles, les 13 et 14 janvier, une conférence d’études t
470 l’Europe occidentale, voire de l’Unesco, qui leur ont apporté des solutions encore partielles mais concrètes. Plusieurs des
471 ncrètes. Plusieurs des autres points du programme ont été réalisés par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Brug
472 par le point 9. La conférence de Bruxelles, après avoir rendu hommage à ces efforts en cours et aux réalisations déjà acquise
473 éer elle-même un organisme nouveau, la conférence a cependant demandé aux gouvernements d’instituer « une organisation cu
474 ’eux à Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils ont promis leur appui réclame en effet la collaboration de toutes les for
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
475 le ronde de l’Europe (février 1956)ap aq Nous avons rendu compte, ici même (bulletin de novembre-décembre 1953), de la pr
476 Cette manifestation exceptionnellement brillante avait réuni, dans les salons historiques de la Villa Aldobrandini puis au C
477 s du Conseil de l’Europe. La direction des débats avait été confiée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résum
478 iée à M. D. de Rougemont. Une déclaration commune avait résumé la substance des conclusions unanimement acceptées. Désireux d
479 à la déclaration de Rome, le Conseil de l’Europe a convoqué, du 16 au 23 mars prochains, un groupe d’études de vingt-deu
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
480 -URSS : en attendant le dialogue (février 1956)ar as Les réactions soviétiques — officielles ou privées — sont en génér
481 de notre numéro spécial de décembre 1955, elles n’ ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté
482 existantes. ⁂ Le peintre français Chapelain-Midy a été l’hôte des peintres russes, à l’occasion d’une exposition d’art f
483 actionnaire de l’Occident ». ⁂ « Tous les enfants ont du génie sauf Minou Drouet » a dit, sans doute injustement, Cocteau.
484 Tous les enfants ont du génie sauf Minou Drouet » a dit, sans doute injustement, Cocteau. Selon la Gazette de Lausanne
485 s représentent de 25 à 35 % du corps électoral) n’ a reçu la permission de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste
486 n de la culture, Genève, février 1956, p. 21-22. as . Texte non signé. On dispose cependant d’un manuscrit de Rougemont au
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
487 e. Une série de rencontres et d’études préalables a permis la convocation d’une conférence d’éducateurs, qui s’est tenue
488 e l’éducation populaire, rattaché au CEC, bien qu’ ayant son secrétariat à Bergen, en Hollande. En outre, on trouvera dans la
489 sujet d’une manière systématique. C’est que nous avons en vue les projets très concrets que prépare activement la Fondation
490 iques qui forment le corps de ce numéro, et qui n’ ont d’autre ambition que de présenter sous un juste éclairage l’esquisse
491 situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons constaté, en effet, que le grand public, même cultivé, ignore trop so
492 es. Il en vient à s’imaginer que l’École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu’elle suffit à l’éducation des jeunes,
493 suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’ a guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) e
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
494 us les temps et dans toutes les cultures connues, a toujours consisté en deux efforts conjoints : 1. transmettre les conn
495 tre en question les « résultats » mêmes qu’on lui a fait apprendre. Au lieu de croyances indiscutables et sacrées, on lui
496 res coexistent en Europe depuis des siècles, et n’ ont jamais cessé de s’y combattre avec des succès alternés, la première d
497 mée européenne. Sera « bon Européen » l’homme qui aura su réaliser cet équilibre, et bon éducateur, celui qui ne cessera d’y
498 rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’ a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais env
499 ie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’à faire autre
500 jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’ a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent
501 elligence, de la mémoire et de l’attention. Elles ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’
502 la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses épreuves de sortie (après dix ans d’école) peut entrer dan
503 ement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’ a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de c
504 vingt-cinq années, trois sur quatre des candidats ont été dirigés vers un doctorat en sciences29. Ce sont ainsi les besoins
505 ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’ aurait subi qu’un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas, pour
506 ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-Ouest, la co
507 ntation du chômage, un ordre de mobilisation — il a peine à les reconnaître telles qu’il se les imaginait et telles que l
508 a presse les décrit. Les réalités qu’il perçoit n’ ont rien de commun avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou qu’il so
509 p moins claires. Comme il est d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être qu
510 qu’un citoyen européen, dans les conditions que j’ ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme responsab
511 e ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, des « cadres », si l’on veut, de
512 qu’on veut — mais du moins le militant communiste a le sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque ch
513 l’Europe ? Tant que ce travail d’information n’ aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des h
514 comme une nécessité qu’à partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans un monde
515 te Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effet
516 munauté ou ses communautés locales. Car celui qui aura pris conscience de ce qu’il peut faire dans son rayon découvrira bien
517 a prendre enfin, à son échelle, des décisions qui auront un sens, un prolongement possible au-delà de son horizon. Découvrant
518 in voudront l’Europe comme leur avenir. 27. On a vu en Europe le film Blackboard Jungle : la description y est certes
519 dé du chapeau suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé à grands traits un tableau de l’éducation en Europe, et sign
520 opéens. Tant que cette communauté de conscience n’ aura pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays
521 s antiques et d’ignorance. Seuls, les esprits qui auront vraiment “saisi” la nécessité de l’union, pourront devenir des volont
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
522 ais un programme ne vaut que ce qu’on en fait. Qu’ a-t -on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on réellement au Cen
523 res. Chacun de ces comités suscités par le Centre a représenté des mois de préparation ; chacun nous a laissé, aussitôt d
524 représenté des mois de préparation ; chacun nous a laissé, aussitôt dispersé, son programme « pour exécution immédiate »
525 , énumérer quelques aboutissements concrets. Nous avons publié deux numéros spéciaux de ce bulletin qui représentent un effor
526 ation européenne. Notre association des festivals a diffusé 160 000 exemplaires, en trois langues, de sa brochure Saison
527 rochure Saison 1956. Notre service de presse APEA a fait paraître 170 articles sur les problèmes européens dans sept pays
528 st désormais dans le domaine public. La Fondation a distribué des subventions à l’Association des universitaires d’Europe
529 un atlas économique et culturel de l’Europe. Elle a décerné des bourses importantes à cinq jeunes compositeurs… Toutefois
530 r ne parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la ligne de départ… Que les résultats obten
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
531 Le Prix européen de littérature n’ a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membres
532 e au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a décidé de ne pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaient
533 t clubs du livre, qui organise le Prix. Les jurés ont considéré en dernier choix plusieurs manuscrits possédant des qualité
534 s littéraires particulières, mais qui cependant n’ ont pas semblé répondre suffisamment au second critère. Sur la base de ce
535 critère. Sur la base de cette expérience, le jury a étudié une nouvelle formule de Prix européen portant également sur de
536 nt également sur des ouvrages déjà imprimés, et l’ a soumise à la Communauté européenne des guildes et clubs du livre. En
537 d’être écrit en vue du concours, et dont l’autre avait pour auteur un ouvrier, de l’Allemagne du Nord, totalement étranger a
538 t nominal du Prix. Aujourd’hui, les circonstances ont évolué. Il devient presque difficile, pour un débutant, de passer ina
539 nt de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il semble donc que le Pri
540 rticuliers des guildes, le jury littéraire du CEC a discuté et mis au point une formule nouvelle, d’ores et déjà soumise
541 ont Denis de, « Le Prix européen de littérature n’ a pas été donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture, G
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
542 e ne s’est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez : par contre, on ne verra plus des tonnes de c
543 e quelques professionnels. Si la volonté de vivre a un instant de distraction, si l’égoïsme triche, alors la civilisation
544 ndra les civilisations antiques, et nos nations n’ auront plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az.
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
545 xtrême diversité des techniques et des structures a fait échouer jusqu’ici toutes les tentatives de coopération internati
546 raît au contraire possible et souhaitable. Le CEC a donc suggéré aux dirigeants des principales organisations intéressées
547 Bureau fonctionne depuis 1954. Affilié au CEC, il a son siège à Bergen (Hollande) et ses propres statuts. Buts généraux 
548 esprit européen. Programme permanent : le Bureau a dressé et tient à jour un catalogue descriptif des organisations exis
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
549 et locaux, plus ou moins spécialisés. Mais il n’y avait rien qui pût attirer l’attention d’un vaste public sur des œuvres nou
550 i se sont rapidement développées après la guerre, ont réussi à créer un très vaste public de lecteurs nouveaux, en leur app
551 tion, moins chers et mieux édités que ceux qu’ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien des raisons, ils n’a
552 uis par de nombreux éditeurs en diverses langues, ont été révélés de la sorte à un très vaste public international. Le prix
553 mule de prix, incluant les ouvrages déjà publiés, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957.
42 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
554 e que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’ aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre à son
555 e convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous avons essayé de répondre par la copieuse brochure que l’on va lire. ⁂ Voici
556 se au point finale lorsque la catastrophe « qui n’ a de nom dans aucune langue » a fondu sur un peuple européen. Fallait-i
557 catastrophe « qui n’a de nom dans aucune langue » a fondu sur un peuple européen. Fallait-il interrompre nos travaux ? Re
558 oyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous avons entendu l’appel suprême de la plus pure révolution de l’Histoire : le
559 Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’ avions rien entre les mains. La colère et la compassion, la honte au cœur, c
560 Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’ avait pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole, mais a
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
561 st liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 1956 a permis de vérifier et de rendre claires et simples les thèses fondame
562 rcent contre eux de l’extérieur. La crise de Suez a illustré cette situation. On a vu se dresser contre nous, à l’ONU, le
563 . La crise de Suez a illustré cette situation. On a vu se dresser contre nous, à l’ONU, le monde arabe soutenu par le gro
564 de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Égypte a démontré le premier point, et le second en découle logiquement. D’où
565 aire et salutaire, pour beaucoup d’étourdis qui n’ avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’
566 e notre indépendance énergétique. L’atmosphère a changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses pr
567 changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses progrès au cours des derniers mois. Suez et Budapest
568 grès au cours des derniers mois. Suez et Budapest ont alerté les plus indifférents aux affaires politiques. La jeunesse se
569 ch et Réalités, publient des appels à l’union qui ont l’éloquence urgente des faits et d’une sûre documentation. Les parlem
570 avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’il n’y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-Bretag
571 l’Europe. Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cessé d’être une utopie, et qu’il s’agit maintenant d’élire une assem
572 ultipliés sur le chemin de l’union par ceux qui n’ ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Budape
573 nir et d’une Histoire fatale, ce sont ceux-là qui ont vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisément, la jeuness
574 ogrès de l’histoire selon Karl Marx !31) Budapest a montré au monde que l’Europe divisée reste impuissante, mais aussi qu
575 s progrès vers l’union : Marché commun et Euratom ont d’assez fortes chances de succès dans nos différents parlements. Mais
576 s les parlements restent cois. Suez et Budapest n’ auraient -ils pas suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t-il
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
577 u’il aborde ces débats — et 99 fois sur 100, il n’ aura même pas l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme a déjà reçu l
578 as l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme a déjà reçu l’empreinte du parti pris nationaliste. Son siège est fait,
579 u d’on ne sait quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’être depuis longtemps, tandis que de puissants ennemis — t
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
580 s pays de l’Europe (sauf la Suède et le Portugal) ont été dévastés par la guerre et les révolutions, la Suisse se retrouve
581 us prospère que tous ses voisins. Sa neutralité l’ a sauvée. De nombreuses institutions internationales viennent s’établir
582 et divisée Les deux guerres de 1914 et de 1939 ont mis fin à la puissance mondiale de l’Europe, qui dominait la planète
583 né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’ a pas de pouvoir exécutif. Les États qui le composent gardent toute leu
584 e la même manière que la Confédération helvétique a groupé en 1848 tous les cantons suisses. 5. La Suisse dépend de l’
585 ne position centrale dans notre continent, mais n’ a pas de débouchés directs sur la mer. Une large proportion de ses écha
586 ’Est. Mais la neutralité militaire de la Suisse l’ a empêchée d’adhérer à l’alliance conclue en 1949 entre les pays de l’O
587 t son devoir de neutralité. Mais cette neutralité a été reconnue « dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et ne p
588 r la Suisse de coopérer avec les institutions qui ont pour but d’unir nos peuples. Les intérêts de la Suisse et ceux de l’E
589 opéenne. 2. Les guerres de 1914-1918 et 1939-1945 ont ruiné le prestige de l’Europe dans le monde. Les deux grands empires
590 ière. Questionnaire 1. Quels pays européens ont -ils été épargnés par la Seconde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers me
591 ls dangers menacent notre prospérité ? 3. Quelles ont été les conséquences des deux guerres mondiales pour l’ensemble de l’
592 nt de ce canton. C’est ainsi que l’année dernière a paru un livre de lecture qui contient de fort belles pages sur l’Euro
593 l’Europe par Gonzague de Reynold. M. l’abbé Pfulg a demandé à notre directeur de bien vouloir écrire le chapitre du manue
594 Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous les autres chapitres du manue
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
595 estival ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage n’ avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mes
596 t je ne dis pas que tous l’entendent, mais il n’y a pas seulement les millions d’auditeurs de la radio et de la TV, il y
597 es nuances près, ce qui s’est produit. Personne n’ a récusé les formules proposées, ou n’en a suggéré de tout autres. Beau
598 rsonne n’a récusé les formules proposées, ou n’en a suggéré de tout autres. Beaucoup les approuvent entièrement. Mais nom
599 la définition que nous proposions, et celle-ci n’ aurait besoin que de légères retouches pour mieux indiquer qu’il existe deux
600 ne manière positive ce qu’une telle mise en garde aurait pour but de signaler ? Sans compter que le tourisme ne représente pas
601 s festivals, et qu’il peut être envisagé, comme l’ a fait Enrique Franco, sous l’angle d’une éducation européenne, par la
602 La suggestion de créer un jury international, qui aurait recours à ces critères pour décerner ou non l’étiquette de « festival
603 e seul fait de l’envisager et de le discuter peut avoir une action. Le seul fait de penser qu’il pourrait exister peut provoq
604 crois bien qu’un ou deux de nos correspondants l’ ont entendu de cette manière.) Groupement tout amical, spontanément formé
605 m. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’y ont pas adhéré jusqu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre a des
606 qu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre a des craintes (bizarres) pour son indépendance, un troisième est encor
607 rope en associant des festivals ? » Le nigaud qui a dit cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la m
608 ture, étant née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui le définit le mieux, quand on le compar
609 ire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ ait cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insistent s
47 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
610 l’Euratom (par questions et réponses) que le CEC a fait paraître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait à une descrip
611 Centre européen de la culture. M. Raymond Racine a dirigé les débats du séminaire d’économistes convoqué par le CEC en 1
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
612 t la création d’un Centre européen de la culture, ayant pour tâches principales « d’entretenir le sentiment de la communauté
613 nds, le siège, les hommes et l’expérience. Il n’y avait pas d’espoir de « trouver » l’expérience, cette aventure étant sans p
614 d’une Académie platonicienne — que tant d’autres ont fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pa
615 os premiers pas dans le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entrepri
616 xquels l’Assemblée de Strasbourg, dès l’été 1950, avait recommandé de soutenir le Centre. (Mais la seule République fédérale
617 de résultats matériellement mesurables… Le Centre a cependant lancé de nombreux projets, pour la plupart réalisés. Certes
618 . Certaines de ses initiatives incontestables lui ont échappé une fois réalisées, et gravitent aujourd’hui pour leur compte
619 ission particulière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instruments de travail
620 iculière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instruments de travail. Il est au
621 ses activités passées et présentes avec celles qu’ avaient prévues le congrès de La Haye puis la conférence de Lausanne, on sera
622 nnonce de la mise en application du Marché commun a suffi pour alerter l’opinion, et pour obliger de larges catégories no
623 manière systématique l’une des grandes idées qui avaient présidé à la création du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à pr
624 ines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voies pour le temps, désormais venu, où la s
625 u’il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 3
626 s 23 résolutions de la conférence de Lausanne, 12 ont abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’a
627 ns de la conférence de Lausanne, 12 ont abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ont été suivies d’aucun effet jus
628 abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ ont été suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et co
629 36. Son Bureau d’études (ouvert en février 1949) ayant précédé de six mois l’ouverture de l’Assemblée du Conseil de l’Europe
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
630 tion populaire, rattaché au CEC mais autonome. Il a son siège à Bergen, en Hollande. Sous la direction de MM. Guermonprez
631 s la direction de MM. Guermonprez et Schouten, il a déjà organisé de nombreux stages d’information pour éducateurs et pub
632 e subvention spéciale de la Fondation Ford. Elles ont été prévues méthodiquement dans des milieux aussi variés que possible
633 ’abbé Pfulg, inspecteur de l’enseignement, le CEC a organisé : — une enquête auprès des élèves des écoles au début de l’a
634 ats de cette action. De plus, le directeur du CEC a été chargé d’écrire le chapitre final d’un nouveau manuel d’histoire
635 ette première expérience dans le corps enseignant a incité d’autres organisations scolaires à étudier des projets analogu
636 tacts humains et aux échanges. Exécution. Le CEC a fourni le matériel éducatif nécessaire pour l’œuvre des « Alpes de Lu
637 que abbé Martel, et englobant cinq communes. — Il a organisé une enquête sociologique sur la région (conduite par le Prof
638 istère de la Reconstruction et du Logement). — Il a procuré des conférenciers, des films, des brochures, et des experts d
639 nt les responsables locaux et les professeurs qui ont conduit l’enquête sociologique, pour en tirer les conclusions immédia
640 r d’une manière très concrète. Exécution. Le CEC a initié une enquête sociologique, qui est conduite par le Prof. Lajugi
641 uest, et par ses étudiants. Deux journées d’étude ont marqué le départ de l’enquête, sur place, afin d’y intéresser les Aut
642 nales et la population. Une autre journée d’étude a examiné les premiers résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan
643 rticulier le Marché commun). Exécution. L’action a été lancée à l’occasion d’un congrès de deux-cents personnes (9-11 ao
644 ce. La presse locale rend compte des travaux, qui ont trouvé également un large écho dans la presse de la Péninsule. L’acti
645 ouvement « Communita » (comme en Sardaigne), elle a consisté jusqu’ici en cours professionnels et en « jumelages » de la
646 s-pilotes Du 23 au 27 septembre 1957, ce stage a réuni à Bruges, au Collège d’Europe, les dirigeants de nos expérience
647 tage de travail intensif (trois séances par jour) a permis : 1° d’informer les dirigeants d’expériences-pilotes sur l’éta
648 rmément aux plans du Comité d’éducateurs, et nous a permis d’intéresser activement à une entreprise européenne des centai
649 tions Deux numéros spéciaux du Bulletin du CEC ont déjà été consacrés aux problèmes éducatifs : Pour une éducation euro
650 1956) et L’Europe et l’École (avril 1957). Ils ont été largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-p
651 s commentaires. Le Conseil de l’Europe et la CECA ont accepté de participer à l’élaboration de cette première série. M. Kor
652 vice cartographique du Collège d’Europe (Bruges), a coopéré aux travaux préparatoires, et fournira les cartes et graphiqu
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
653 amp; Nicolson), s’est réuni à Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association ayant pour but notamment de lanc
654 25 mai et a décidé de constituer une Association ayant pour but notamment de lancer en commun une « collection européenne »
655 multanément en sept langues dès que l’association aura été complétée par l’adhésion d’éditeurs italiens, hollandais et scand
656 ’ouvrages traitant de problèmes européens, le CEC a conçu dès 1956 le plan d’une Collection européenne, publiée simultané
657 ncre ces éditeurs de former, à cet effet, un pool ayant pour premier but la publication des ouvrages retenus par la collectio
658 s de la Librairie Plon en décembre 1956 à Genève, a élaboré le plan du pool dans ses grandes lignes. Une deuxième réunion
659 rs de Suède, de Hollande, d’Italie et du Portugal ont manifesté depuis lors leur désir de se joindre au pool. On peut donc
660 ondants. Au cours des derniers mois, le programme a été mis au point d’une manière plus détaillée. Sont prévues les cinq
661 évues les cinq séries de publications suivantes : a ) Actualités européennes, b) Œuvres littéraires et mémoires d’un intér
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
662 travaux qui se poursuivaient au CEC, le bulletin a paru sous cette forme de 1952 à 1956, à raison de six numéros par an.
663 e tenu de ces indications, la formule du bulletin a été modifiée à partir de décembre 1956. Au lieu de 10 numéros de 24 p
664 nsacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’en 1957 ont paru : L’Europe s’inscrit dans les faits (en français, allemand, ang
665 000 exemplaires en cinq langues à la fin de 1957, a exercé dans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesuré
666 nférences, et même les films documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché comm
667 n être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul ouvrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ouv
668 tique internationale et les instances officielles ont été unanimes à saluer la valeur de cet exposé et son opportunité. Pou
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
669 nuant) de la population mondiale. Si ce petit cap a dominé la Terre pendant des siècles, s’il en demeure le Musée et le L
670 à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à ses données physiques pour en tirer une énergie insou
671 = cap de l’Asie multiplié par culture intensive Ayant en vue l’union de l’Europe, condition de son rayonnement énergétique
672 d’intellectuels de diverses régions du continent ont entrepris, dès le lendemain de la dernière guerre, de rallier à la ca
673 pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une génération pour vérifier les résult
674 es éminents dans leur branche, et qui, par suite, auront compris que les solutions aux problèmes qu’ils se posent impliquent u
675 elle se donnera. Seuls jusqu’ici, les communistes ont pris ce problème au sérieux, avec le succès que l’on sait. Dans les d
676 Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’ auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants l’ont parfois oublié da
677 t pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants l’ ont parfois oublié dans leurs discours et leurs appels.) L’information eu
678 s et leurs appels.) L’information européenne doit avoir pour objectif général d’instruire l’opinion en lui fournissant les pi
679 peuples. Or ces produits sans les valeurs qui les ont rendus possibles et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une part so
680 e si importante de réviser les manuels d’histoire a été assumée par plusieurs sociétés nationales de professeurs, sous l’
681 uer un Conseil européen de la Recherche, que nous avons émise ici même et dans d’autres revues dès le début de cette année, s
682 ts ? S’il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que l
683 n’est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les manuels d’histoire nationalistes. Répétons-le : l
684 enteurs actuels des moyens matériels de puissance aient pris au sérieux ce grand fait. Il ne serait donc pas réaliste d’expos
685 s » à leurs yeux), par suite n’enseignent rien, n’ ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement battus dans la compétiti
686 compétition mondiale du xxe siècle, puisqu’elle a pour enjeu principal les esprits. Il en résulte que l’éducation et la
687 is au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’ auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autant d’efforts
688 nent la culture pour un luxe. Mais c’est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont
689 ichesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne sont pas eux, par
690 e l’Europe ; ce ne sont pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni même la brouette, c’est Pascal ; ou
691 qu’ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes n’ ont pas ces scrupules-là, ils font ce qu’il faut ; ils gagneront sans cou
692 il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’ avons plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs généraux auxquels le CEC
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
693 — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’ ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun que toutes ensemble
694 ïveté d’intellectuel contemplatif, « quand il n’y a rien encore à contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j’adopt
695 c’est-à-dire sans partialité. Mais le fédéralisme a pour principe premier de composer des exigences valablement antagonis
696 able. Mais notons que leurs « succès » alternés n’ ont provoqué que de mémorables catastrophes. Au surplus, les uns et les a
697 ux et les anticléricaux fanatiques ; alors qu’ils ont enfin une occasion de trouver la seule voie praticable pour l’époque.
698 , en sont restés à une logique arithmétique qui n’ a pas inventé la bombe H, laquelle domine pourtant la situation du sièc
699 ra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les institutionnels sont justifiés à di
700 n’existent que dans les esprits », car la CECA n’ aurait sans doute pas vu le jour, et n’eût sûrement point passé le cap des r
701 la CECA n’aurait sans doute pas vu le jour, et n’ eût sûrement point passé le cap des ratifications parlementaires sans la
702 omme si nulle autre n’agissait à côté d’elle ou n’ avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avouera
703 union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne se
704 tte somme égale zéro dans le meilleur cas. Il n’y a pas de politique européenne. Pour un pacte de salut public Dés
705 a situation à laquelle les fédéralistes européens ont à faire face. Nasser, Bandung, Mao et le Kremlin n’agissent pas contr
706 ment que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre cult
707 rspective d’urgence mondiale que les fédéralistes ont maintenant le devoir de se placer. Alors leurs divergences et leurs r
708 ’Europe en jeu . Une première version de ce texte avait paru dans Mission ou démission de la Suisse , en 1940. 40. Cf. F. F
709 lonnes de ce Bulletin du CEC, et Rougemont, après avoir exposé la sienne (« La méthode culturelle »), proposa d’en réaliser l
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
710 ne, et je vous remercie de montrer ainsi que vous avez compris l’importance que peut avoir cette réunion, dans le contexte d
711 ainsi que vous avez compris l’importance que peut avoir cette réunion, dans le contexte de la construction européenne. De quo
712 tion concrète : les trois communautés européennes ont publié le 20 mai dernier un communiqué de presse annonçant leur décis
713 décision de créer une Université européenne. Nous avons appris un peu plus tard que la commission désignée pour rapporter sur
714 nu de ce rapport, et les suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’est donc pas question de se prononcer là-dessus.
715 pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé de venir ici pour définir, en tout état de cause, vos positio
716 d’études européennes, à Turin, le 31 mai, lecture ayant été faite du communiqué des trois communautés du 20 mai relatif à la
717 tif à la création d’une Université européenne, il a été décidé : — de réunir une conférence sur cet objet au mois d’octob
718 préparatoire tenue le 9 juin au CEC, à Genève, il a paru nécessaire — sur la foi de nouvelles informations laissant prévo
719 ile sur les questions à débattre, qui se trouvent avoir fait l’objet de fréquentes discussions, depuis dix ans. Nous avons pr
720 t de fréquentes discussions, depuis dix ans. Nous avons proposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engag
721 ie particulièrement les auteurs des rapports, qui ont tenu des promesses qu’ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que
722 e n’était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! cette réunion est prématurée ! Attention ! vous a
723 p tard ! N’en sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait,
724 Europe. Que représente le groupe ici réuni ? Vous avez devant vous la liste de ses membres et leurs titres. Elle dit assez c
55 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
725 ème 1. Partons de deux constatations de base : a ) Une « Université européenne » créée sur table rase, et conçue selon
726 ple, qui seraient dits « européens » parce qu’ils auraient étudié tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos économies
727 le addition d’informations nationales. L’Europe n’ a pas besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes
728 as besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une sp
729 ux deux exigences suivantes, qui le définissent : a ) offrir à des gradués de certaines branches l’accès aux connaissances
730 echniques 4. Les écoles supérieures existantes ont pour fonction d’enseigner les notions de base, d’informer sur l’ensem
731 guliers dans les universités existantes. Ceux qui auront à en tirer parti (pour la recherche ou l’application) les assimileron
732 . Mais ils naîtront d’initiatives dispersées. Ils auront à assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en des po
733 multanément ou pour des sessions successives. On aurait ainsi, pour moins de frais, une plus grande efficacité, et un staff p
734 sociologues, pharmaciens, hygiénistes, etc., qui ont à faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle eur
735 ue la solution la plus réaliste des problèmes qui ont conduit à évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être env
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
736 religion, voire religion en soi. Ces deux notions ont suivi à peu près la même évolution sémantique. Jusqu’au xixe siècle,
737 qu’au xixe siècle, l’homme cultivé est celui qui a reçu et assimilé des notions générales et une méthode de pensée : c’e
738 s magazines, la presse, les modes, cette espèce d’ aura qui entoure le phénomène culturel, sans être elle-même de la culture.
739 re. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cette aura , ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui s
740 . Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’ ai tenté de le montrer ailleurs (notamment dans L’Aventure occidentale
741 ccidentelles) auprès de masses qui ne peuvent pas avoir la moindre idée de la nature et de l’importance scientifique de leurs
742 zone de diffusion culturelle, de cette rumeur ou aura dont je parlais tout à l’heure. Il peut certes fausser le sens des va
743 dmirer un Robert Oppenheimer pour des raisons qui ont peu de rapport avec ses grands mérites scientifiques, plutôt que d’ig
744 cès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir qu’ils ont acquis désormais de guider et de stimuler les goûts du grand public.
745 e tout à fait nouvelle. Les premiers microsillons ont été consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres di
746 énéralement aux plus mauvaises. C’est ainsi qu’on a vendu depuis quelques années plusieurs millions de disques du chanteu
747 Mais en même temps, et voilà le fait nouveau, on a vendu 4 à 5000 exemplaires des madrigaux de Monteverdi ou de la Messe
748 illaume de Machault. Le succès du disque vulgaire a donc permis de faire connaître des œuvres capitales de la grande musi
749 œuvres capitales de la grande musique. Une chose a porté l’autre, et plutôt que de se lamenter sur le succès d’un Tino R
750 des compositeurs dont seuls quelques spécialistes avaient lu les manuscrits, soient maintenant connus et aimés par des milliers
751 t aimés par des milliers d’auditeurs nouveaux. On a produit en France 12 millions de microsillons en 1954, mais 35 millio
752 est facile d’imaginer que ces millions de disques ont contribué à préparer un vaste public entièrement nouveau pour l’audit
753 peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’ aura pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il ne ressemble pas aux
754 ne ressemble pas aux « succès » que ces éditeurs ont connus jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croire, que le public
755 vous citerai l’expérience des guildes du livre. J’ ai assisté à la création de la Guilde du livre de Suisse romande. Il s’a
756 ées, et de les vendre directement au public qui n’ a pas l’habitude de fréquenter les librairies. Les initiateurs de l’ent
757 ntra sceptique. Je l’entends encore dire : « Vous aurez la première année 500 abonnés, la deuxième vous n’en aurez plus que 2
758 première année 500 abonnés, la deuxième vous n’en aurez plus que 200 et la troisième année vous fermerez. » Or cette Guilde c
759 la plupart, recrutés, détectés à domicile, et qui ont pris l’habitude de lire. Quant aux éditeurs, absolument hostiles au p
760 des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’il n’y avait en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas plus de 5 à
761 de lecteurs inconnus. Sur ce nombre, des milliers ont pris l’habitude d’acheter des livres aussi chez des libraires. Bien d
762 Hollande, en Scandinavie : toutes ensemble, elles ont fait surgir plus de 2 millions de lecteurs nouveaux, ce dont les édit
763 dix dernières années, en Allemagne de l’Ouest, on a publié 80 millions de volumes vendus à 1 mark ou 1,50 mark. Et quels
764 Camus, 6. Pearl Buck. On avouera que la qualité n’ a rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la quantité. De ces
765 ifs d’optimisme sont nombreux et solides, nous en avons administré les preuves. Quant à savoir si l’élargissement des loisirs
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
766 Car c’est en bonne partie par leur moyen qu’on l’ a défaite : le Livre et le Manuel, autant que la Presse, ont fomenté de
767 te : le Livre et le Manuel, autant que la Presse, ont fomenté depuis un siècle la plupart de nos nationalismes, derniers et
768 anuel qu’il appartient de combattre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveillant
769 euvent la tuer par leurs rivalités, comme elles l’ ont déjà presque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles périr
770 dire avec son union. De fait, la cause européenne a marqué des progrès immenses, depuis dix ans, dans le domaine de l’édi
771 ibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’ avons retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons
772 meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font que ré
773 connaître que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer le même historique
774 s nouvelles que le Centre européen de la culture, ayant recueilli les suggestions des trois groupes intéressés, et notamment
775 ues grands animateurs de l’édition contemporaine, a lancé le projet qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s
776 il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la charge d’étudier les propositions émanant des membres du pool, des
777 e aux buts européens de l’association, celle-ci n’ a pas de raison de l’inclure dans sa collection. En revanche, tel autre
778 raes Editores, Lisbonne. 43. Le directeur du CEC a les fonctions de directeur éditorial, tandis que M. Hjalmar Pehrsson
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
779 Slaves, dont l’apport trop souvent méconnu (pour avoir été trop souvent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes que l’
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
780 ages serrées suivies de 64 pages de notes, où — l’ ayant pratiqué durant des mois — je n’ai trouvé que trois infimes erreurs d
781 tes, où — l’ayant pratiqué durant des mois — je n’ ai trouvé que trois infimes erreurs de fait ou de dates. Une étude aussi
782 s injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’ a pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il voula
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
783 istoire complète de l’idée européenne telle que l’ ont exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passant par
784 ophes et poètes de presque toutes nos langues. On a reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’u
785 ion des problèmes majeurs de leur temps. Curcio n’ a pas voulu refaire, après tant d’autres, une histoire de l’Europe dans
786 être complet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il comble, notamment, une lacune habituelle dans les ouv
787 s que les Russes, les Américains et les Européens ont portés les uns sur les autres au cours des deux derniers siècles. Cer
788 cours des deux derniers siècles. Certes, Curcio n’ a pas tenté de nous imposer une interprétation systématique, à la Hegel
789 ions subséquentes, sur deux points de méthode qui ont leur importance pratique. Les citations sont données en italien, comm
790 este européen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir qu’une définition unique et standard de l’Europe, celle-ci mourrait.
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
791 ement, la plupart de ses propres malheurs. » Elle a créé l’idée de l’humanité, de l’universalisme, et en son nom, elle a
792 humanité, de l’universalisme, et en son nom, elle a donné au monde tout ce qu’elle inventait pour elle-même. Elle a donné
793 de tout ce qu’elle inventait pour elle-même. Elle a donné son nationalisme, son idée du droit des peuples à disposer d’eu
794 technique, son capitalisme et son marxisme. Elle a fait une immense publicité aux secrets de son efficacité. Elle a fait
795 nse publicité aux secrets de son efficacité. Elle a fait le monde, qui lui renvoie son image déformée, le plus souvent ho
796 èmes de l’Histoire ; mais pour ne pas les imiter. A-t -on remarqué que les génies systématiques sont régulièrement amenés à
797 le-même par l’extension des autres, qu’elle seule a permise, elle n’en demeure pas moins « l’antique matrice spirituelle 
798 matrice spirituelle » de la civilisation qu’elle a exportée, et cela n’est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltat
799 que l’Espagne, pays de la périphérie européenne, ait nourri dans ce siècle la plus brillante école d’interprètes de notre
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
800 ossibilités comme aux principes du Centre. Nous n’ avons pas cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut faire de l
801 ropéenne en milieu populaire et scolaire. Ce plan avait été établi par un comité ad hoc d’éducateurs, réuni sous les auspices
802 s noms de 89 d’entre eux ! Les enquêtes scolaires ont touché 880 maîtres et 4664 élèves, en Suisse, en France et en Belgiqu
803 France et en Belgique. Les enquêtes sociologiques ont porté sur un total de 582 questionnaires remplis, et ont intéressé —
804 té sur un total de 582 questionnaires remplis, et ont intéressé — dans tous les sens du mot — les quelque 13 500 habitants
805 andes et en Sardaigne. Quant aux publications qui ont préparé les enquêtes ou qui en ont résulté, les références en seront
806 blications qui ont préparé les enquêtes ou qui en ont résulté, les références en seront données au cours des divers rapport
807 s en œuvre, puis les résultats fort variables qui ont été obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre de co
808 ants ou animateurs de centres locaux de culture — ayant pris connaissance de nos tentatives, verront mieux non seulement les
63 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
809 européenne [Conclusion] (décembre 1959)cf Nous avions deux objectifs principaux : essayer des méthodes et détecter des resp
810 r vers les vastes récoltes futures. (Quand rien n’ a pris, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il
811 is.) Les moyens limités dont nous disposions nous ont souvent contraints à des improvisations empiriques que la science des
812 jugera peut-être sévèrement. Mais ce défaut nous a mis à l’abri de la tentation majeure dans ce domaine : celle de plaqu
813 stème d’expérience plus lourd que le milieu qu’on a choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie avant même qu’on a
814 crase, ou en tout cas le modifie avant même qu’on ait pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ce
815 il pourrait sembler que certains succès ou échecs ont été obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la
816 dépit de nos efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méthode, d
817 où nous avons senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méthode, désormais, peut être généralisée : ainsi
818 e. Oui, encore et surtout, dans la mesure où nous avons trouvé partout ces responsables réalistes, ces animateurs enthousiast
819 ces animateurs enthousiastes sans lesquels nous n’ eussions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’une action
820 ersévérante et féconde peut être conduite. Nous n’ avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieux montrer
64 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
821 qu’elle s’est donnés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue
822 mmun à toutes les acceptions du terme. La culture a toujours désigné l’action créatrice de l’homme, sur les choses ou sur
823 gnifie : en tirer davantage que la Nature seule n’ eût produit. Un champ de blé, une maison, un poème, une statue, un outil,
824 ères et moins peuplée que l’Inde ou que la Chine, ait en fait dominé le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre
825 aissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette royauté longtemps
826 ouvent utiles et toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et certai
827 s ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste
828 ous paraissent avoir compris — et certains nous l’ ont dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser libre d
829 réjugés et leurs routines. C’est donc là que nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forment les
830 de ses produits. Chaque groupement national croit avoir ses problèmes uniques, parce qu’il ignore ceux des autres, et prétend
831 oblèmes européens. L’action du CEC, en tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visibl
832 e soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’être de l’institution — pour ceux qui saven
833 lture. ⁂ En 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’être d’une institution de ce genre n’existe pas e
834 manière systématique l’une des grandes idées qui avaient présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à p
835 ines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voies pour le temps, désormais venu, où la s
65 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
836 st bien à l’Europe qu’on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on imite partout, et c’e
837 te partout, et c’est d’elle enfin que les peuples ont reçu cette idée de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ils ont
838 de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ils ont hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépasse ses
839 on ampleur et son urgence. Depuis des siècles, on a discuté les méthodes de l’Éducation, comme si les fins de cette Éduca
840 n idéal de l’honnête homme. Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à parler de méthode d’
841 dagogie, sans déclarer leurs fins nouvelles. On l’ a dit et on l’a répété : toute politique implique une définition de l’h
842 déclarer leurs fins nouvelles. On l’a dit et on l’ a répété : toute politique implique une définition de l’homme. De même,
843 e implique une définition de l’homme. De même, et a fortiori, toute méthode éducative. Qui veut la fin veut les moyens, d
844 RSS et les USA — rappelons en quelques mots ce qu’ a signifié l’Éducation dans les grandes sociétés humaines de l’Antiquit
845 us les temps et dans toutes les cultures connues, a toujours consisté en deux efforts conjoints : — transmettre les conna
846 e en un dressage de l’individu, toute l’opération ayant pour but de rendre les croyances, conduites et réflexes, conformes au
847 anche, au dressage antique, les sociétés modernes ont substitué la promotion de l’esprit critique en vue de l’autonomie ind
848 ersonnelle, vers l’autonomie, vers les risques… J’ ai dit que les deux termes d’initiation et d’initiative marquent deux at
849 de liberté qu’elles ménagent dans l’Éducation.   a ) Les États-Unis d’Amérique se caractérisent par la prédominance très
850 rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’ a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais env
851 ie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’à faire autre
852 jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’ a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent
853 elligence, de la mémoire et de l’attention. Elles ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’
854 la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses épreuves de sorties (après dix ans d’école) peut entrer da
855 ement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’ a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de c
856 rnières 25 années, trois sur quatre des candidats ont été dirigés vers un doctorat en sciences47. Ce sont ainsi les besoins
857 ion non seulement en Europe mais pour l’Europe. J’ ai marqué trois tendances pratiquement dominantes dans ces trois régions
858 illustrer cette première partie de mon exposé, j’ aurai recours à une parabole, que j’appellerai la Parabole des trois colomb
859 onditionnée selon les théories de Pavlov : elle n’ a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ?
860 instant la question : que faire ? où aller ? Tout a été réglé d’avance par le Régime. La colombe européenne, elle, sait q
861 Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’elle a besoin pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’a pas reçu d
862 pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’ a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse, r
863 sister aux courants, prendre ses risques. On ne l’ a préparée qu’à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or Per
864 z-moi, maintenant, cinq minutes de philosophie. J’ ai dit qu’à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne,
865 r pour son compte. Un Soviétique russe ou chinois eût invoqué le rendement technique dans le cadre du plan. Notre conceptio
866 rrection » formaliste et vexante, et non pas pour avoir la paix vous-même, mais pour favoriser la paix de leur esprit et les
867 viations du sens de la discipline scolaire, que j’ ai observées à mes dépens quand j’étais sur les bancs de l’école primair
868 spect des médiocres et l’honneur aux moyens. Si j’ avais quoi que ce soit à vous recommander, ce serait d’exiger des médiocres
869 innover librement. La vision du But Vous l’ aurez remarqué : je n’ai guère parlé de méthodes. J’ai plutôt insisté sur l
870 La vision du But Vous l’aurez remarqué : je n’ ai guère parlé de méthodes. J’ai plutôt insisté sur le But — la personne
871 rez remarqué : je n’ai guère parlé de méthodes. J’ ai plutôt insisté sur le But — la personne — car à mon sens, c’est la vi
872 ssances, alors bon, discutons méthodes. Il n’y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’est capa
873 méthodes. Il n’y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’est capable de conduire assurément au
874 ondition qu’elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez de
875 ue dans l’armée suisse. J’apprenais à tirer. On m’ avait enseigné tous les gestes à faire, en grand détail, selon la méthode l
876 gne le viseur, le point de mire et la cible après avoir assuré la hausse, bloquer le souffle, enfin tirer. Je faisais tout ce
877 ple, ça tient en trois mots : pensez au noir. » J’ avais compris ! Mais comme je ne bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus
878 vous faites de vos mains, aux mouvements que vous avez appris. Regardez le noir de la cible, laissez-vous fasciner par lui,
879 in, je gagnais le galon d’or. Ce jeune lieutenant avait le sens du But, il a donc pu me le communiquer en quelques mots, et c
880 ’or. Ce jeune lieutenant avait le sens du But, il a donc pu me le communiquer en quelques mots, et cette initiation a réu
881 communiquer en quelques mots, et cette initiation a réussi, où l’instruction avait échoué. J’ignore son nom, mais j’ai ti
882 s, et cette initiation a réussi, où l’instruction avait échoué. J’ignore son nom, mais j’ai tiré de sa leçon toute une morale
883 nstruction avait échoué. J’ignore son nom, mais j’ ai tiré de sa leçon toute une morale, et même tout un livre que je compt
884 et dans lequel je dirai tout au long ce que je n’ ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film B
885 n’ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film Blackboard Jungle : la description y est certes
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
886 ctatoriaux : les échecs de Napoléon et d’Hitler l’ ont bien fait voir. L’union de l’Europe suppose en fait les mêmes exigenc
887 elle est déjà en train de se faire — mais elle n’ aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera
888 au plan européen. C’est dans cet esprit que nous avons demandé à des enseignants de huit pays européens les rapports qu’on v
889 s les rapports qu’on va lire. Une telle enquête n’ a pas besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour être significat
890 ficiences communes. Mes remarques introductives n’ ayant d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête, et d
891 homme à vivre les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie civique. Rie
892 ale obéissance au Parti La Russie soviétique n’ a pas de ministère central de l’Éducation (chacun des États garde le si
893 ’agit partout de convaincre l’élève que la Russie a la forme la plus parfaite de « démocratie », et que toutes ses « vict
894 e dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions
895 ductives Ces quelques aperçus, je le répète, n’ avaient d’autre ambition que d’introduire à une lecture mieux avertie des tex
67 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
896 de Montreux, seconde patrie du roman russe, que j’ ai rencontré Retinger, en septembre 1947. Je venais de prononcer le disc
897 : « Votre discours était vraiment très bien, vous avez montré la voie, maintenant venez vous asseoir ici. Bon Dieu ! il faut
898  ! deux fines à l’eau ! » À cette « suite », nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemble plu
899 avons collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemble plusieurs congrès, et vingt rencontres aux allures d
900 s aux allures de « complots », dont quelques-unes ont abouti à des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables s
901 unes ont abouti à des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’était sa
902 se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’ ai -je bien connu ? La lecture des notes abondantes qu’il avait préparées
903 ien connu ? La lecture des notes abondantes qu’il avait préparées en vue de ses mémoires me révèle plusieurs dimensions de sa
904 sions de sa personne et de son existence que je n’ avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui arrivai
905 d’y faire, sans insister. C’est l’Européen que j’ ai connu, à partir de sa soixantième année. Mais de sa carrière jusque-l
906 d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il avait publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien voulu me
907 seph s’écrie : « Comme je voudrais que la Pologne ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’êt
908 un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t-il, il a découvert l’interdépendance des peuples et la nécessité de meilleures
909 ment européenne. Son père est mort lorsque Joseph avait 4 ans, et c’est un ami de la famille, le comte Zamoyski, belle figure
910 tres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’ a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il
911 e l’intelligentsia parisienne de cette époque. Il a rencontré Gide dans un train entre Prague et Paris, et il note que c’
912 C’est d’ailleurs par Retinger que Gide et Larbaud ont connu Joseph Conrad.) En 1908, à 20 ans, il passe en Sorbonne une thè
913 se pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour André Gide en riant, après avoir passé des heures à corri
914 ! », lui a dit un jour André Gide en riant, après avoir passé des heures à corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce qu’il
915 ns du meilleur monde de Paris et de Londres, où l’ ont introduit le comte Zamoyski, le fameux « Boni », marquis de Castellan
916 meilleures chances à l’action pour laquelle il n’ a cessé de se préparer, à travers ses années nomades, studieuses et bri
917 tion d’un patriote polonais vers 1910. La Pologne a cessé d’exister comme État depuis le partage de 1795. Elle n’a plus d
918 ster comme État depuis le partage de 1795. Elle n’ a plus d’existence politique, ni sur le plan international ni sur le pl
919 trouvent privés d’instruction publique, la Prusse ayant décrété que l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’en allemand.
920 Pologne, et l’opinion mondiale, depuis longtemps, a cessé de s’intéresser à une cause qui paraît sans espoir. C’est sur c
921 s’était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’il avait rencontré dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il avait fai
922 dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il avait fait ses premières études dans le même lycée que Retinger, mais vingt
923 cée que Retinger, mais vingt ans plus tôt, Conrad avait déjà derrière lui, à cette époque, toute sa carrière d’officier de la
924 sa carrière d’officier de la marine marchande. Il avait publié Lord Jim, et il commençait à connaître un modeste succès d’écr
925 , Conrad, songeant à ses difficultés financières, eut soudain l’idée d’écrire une pièce de théâtre avec Retinger. Le sujet
926 èrent chaque week-end pendant plusieurs mois. Ils avaient décidé de l’écrire en français, langue de théâtre par excellence, aux
927 ote simplement dans son livre sur Conrad : « Je n’ ai pas revu cet ami depuis la guerre (de 14-18) et je ne puis retrouver
928 le sol le plus mémorable de la Pologne ». Conrad a retrouvé sa terre après quarante années d’exil. Il ne dira qu’une phr
929 nuit-là : « Cher Joseph, c’est un grand bonheur d’ avoir enfin pu venir ici et montrer à ma femme et à mes fils qu’il y a quel
930 onque. Retinger, laissé seul devant le téléphone, a compris. Il décroche l’appareil et demande à parler au Général. Il ex
931 . En chemin, Retinger imagine un stratagème qu’il aura l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Général n
932 t être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la ligne directe du préfet de police, lui donne alors
933 ve à Vienne au matin d’un voyage épuisant qui lui a pris trois jours au lieu des douze heures habituelles, et se rend aus
934 craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa poche le document qui démontrerait la déloyauté envers l’Autr
935 pourquoi il veut absolument aller en France. « J’ ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes-vous ? — Vous pouvez
936 la Suisse. À Berne, l’ambassadeur de France après avoir écouté son récit lui accorde sans difficulté le visa demandé. Néanmoi
937 on de Pontarlier, il écrit au comte Zamoyski, qui a de grandes relations parisiennes. Trois jours plus tard, le voilà lib
938 sion et ses plans. Mais c’est en Angleterre qu’il a décidé d’établir sa base d’opérations. Pendant qu’il attend le train
939 eux Suisse qui ne sait pas non plus pourquoi on l’ a mis là. Le soir même — il a réussi à faire passer un message téléphon
940 on plus pourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réussi à faire passer un message téléphonique au Quai d’Orsay — Phili
941 Seul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il n’ a que son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des cont
942 orés du public où résident les pouvoirs réels. Il a aussi le salon de Lady Cunard, dont il redevient l’un des habitués, e
943 é réelle avec le Premier ministre, chez lequel il aura désormais ses entrées. Il obtient en quelques semaines la libération
944 plusieurs centaines de Polonais internés, dont il a dressé la liste. Mais le plus difficile reste à faire : persuader les
945 semaines que toute la propagande du Bureau qu’il a dirigé pendant trois ans. Dès ce moment, la Pologne redevient un fact
946 sure groups, etc. Mais surtout, écrit-il : « Je n’ avais pas encore bien vu que la question n’était pas seulement d’avoir de b
947 e bien vu que la question n’était pas seulement d’ avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un
948 ociations secrètes avec l’Autriche À Paris, il a retrouvé Boni de Castellane. Ce grand dandy de la Belle Époque ne man
949 éparée avec l’Autriche. Le gouvernement de Vienne a créé une Légion polonaise, commandée par Pilsudski. Dans ses conversa
950 ns ses conversations avec Joseph Conrad, Retinger a souvent évoqué le rêve d’une Pologne autonome qui se joindrait, comme
951 e est déjà trop profonde pour qu’une paix séparée ait des chances de se conclure. Le projet sera donc abandonné, et Clemenc
952 ffrontément, devant la Chambre française, qu’il l’ ait jamais autorisé ni même connu… Retinger se demande, dans ses notes, s
953 . Et il ajoute, d’une manière bien typique, qu’il a négligé par la suite de le vérifier, n’étant plus suffisamment intére
954 r lui des bruits fâcheux. Lord Northcliffe, « qui avait des raisons personnelles de le détester » (raisons que Retinger nous
955 ster » (raisons que Retinger nous laisse ignorer) a cessé de le soutenir. « Il veut votre peau », lui dit Philippe Berthe
956 cœur défendant, il me dit : — Mon cher Joseph, j’ ai de mauvaises nouvelles pour vous. Je pense que vous feriez mieux de q
957 ter la France. — Et pourquoi ? — Parce que vous y avez trop d’ennemis, et que si vous ne partez pas de votre propre gré, je
958 pour annoncer mon départ, et à la Gare de Lyon j’ eus le plaisir d’être salué par les marquis de Castellane, de Dampierre,
959 ays alliés, cependant qu’Allemands et Autrichiens avaient mis sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’avait pris sur l
960 sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’ avait pris sur lui que peu d’argent, comptant faire venir par la suite les
961 et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour à Barcelone, p
962 oyage. (J.H.R. note qu’au cours d’une tempête, il eut la seule occasion de sa vie d’observer des vaches atteintes du mal de
963 que l’Amérique latine ; parce que le médecin lui avait conseillé la mer ; parce que l’aventure le tentait, mais aussi, et pe
964 oyen de passer du Mexique aux États-Unis. (On lui avait pris tous ses papiers, à sa sortie de France.) Par son frère, profess
965 Mexique, engagé par Luis Negrete Morones — qu’il a connu sur le cargo — dans les intrigues politiques et sociales d’une
966 rs par les Américains. De 1919 à 1936, Retinger n’ a pas fait moins de onze séjours dans ce pays, où seule la suite de has
967 ù seule la suite de hasards qu’on vient de voir l’ avait conduit, mais dont la démesure naturelle et l’exubérance humaine l’on
968 t la démesure naturelle et l’exubérance humaine l’ ont aussitôt séduit. La situation du Mexique luttant pour son indépendanc
969 exicain qu’il conte dans ses notes révèlent qu’il a vraiment aimé ce peuple, et qu’aux motifs fortuits et théoriques de s
970 un sou et en reparte sans un sou. C’est à quoi j’ avais dû leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des matières… »
971 C’est à quoi j’avais dû leur confiance, et ils m’ avaient consulté en bien des matières… » L’histoire de la nationalisation du
972 urs États, sur lesquels le gouvernement central n’ avait plus aucun pouvoir. Cette exploitation du pays par l’étranger rapport
973 ode de la vie de ce « politicien privé » que nous avons vu débuter dans les salons, parmi les esthètes et les grandes dames.
974 Depuis son arrivée au Mexique, en 1919, Retinger avait passé plusieurs mois avec Luis Morones et le groupe d’amis dont il ét
975 e fameux CROM fut leur œuvre. Grâce à eux, J.H.R. avait pu étudier de très près les conditions du Mexique et entrer en contac
976 sait alors la Pologne libérée aux bolchéviques. N’ ayant plus de passeport, il pria ses amis de lui faire passer la frontière
977 tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait voulu, sept ans auparavant, faire les héros d’une pièce de théâtre… I
978 e le fleuve aux eaux basses. De l’autre côté, lui avait -on dit, une charrette l’attendrait sur la route pour le mener à San A
979 photocopiées) qu’un membre de l’ambassade des USA a vendu depuis un an au gouvernement. Ces papiers révèlent toute la con
980 nde à Retinger d’élaborer un plan d’action. Après avoir étudié le dossier, Retinger suggère que le Mexique en communique la s
981 e une charge pour l’administration américaine. Il a beau déclarer qu’il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comm
982 -Unis avec 1500 dollars : comme la police les lui a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’il a de quoi vivre. Entr
983 a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et che
984 a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et cherchent à le faire libérer sous caution. Le juge exi
985 re le Mexique et l’Amérique officielle, auquel il a travaillé, sera réalisé à la faveur du changement d’administration à
986 la Pologne, cas unique. D’autres documents que j’ ai pu consulter mentionnent, durant ces mêmes années, une mission au Vat
987 sa passion principale : l’union de l’Europe. Nous avons vu déjà quelques-unes des sources de l’européisme de Retinger : son p
988 anglais de Boni, Arthur Capel (mort en 1919), qui avait lancé avant 1914 l’idée d’une fédération régionale de l’Europe, en vu
989 nant beaucoup en Angleterre, il semble que J.H.R. ait vécu dans la misère, rançon de son extrême indépendance d’esprit et d
990 a débâcle de juin. Anglais et Polonais de Londres ont perdu sa trace. Retinger demande un avion pour aller à la recherche d
991 lorsque la Fédération syndicale internationale l’ a dépêché auprès du général, alors président du Conseil, pour essayer d
992 es Soviets. En 1939, Retinger qui, jusque-là, « n’ a jamais servi ni un homme ni une organisation en aucune qualité offici
993 une organisation en aucune qualité officielle », a décidé de lier son sort à celui de Sikorski : il a confiance en son h
994 décidé de lier son sort à celui de Sikorski : il a confiance en son honnêteté absolue, en ses dons de chef, en son insti
995 euner avec vous, puis je vous emmène à Londres, j’ ai un avion ». Le général accepte sous deux conditions : que son retour
996 de détester les titres et décorations, et je n’en ai jamais accepté. » Le traité polono-russe de 1941 Au début de ju
997 allaient être échangés. Eden, Sikorski et Maïski ayant parlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci est un grand événe
998 re une fin pacifique et amicale à la querelle qui a duré trois-cents ans entre les Polonais et les Russes. Il représente
999 de jours après, l’ambassadeur polonais désigné n’ ayant pu partir, Retinger fut chargé de représenter les intérêts de son pay
1000 de plusieurs milliers l’attendaient : les Russes avaient annoncé par radio la signature de l’accord, la libération des Polonai
1001 du plénipotentiaire de Sikorski. Le lendemain, il eut la joie de rencontrer les premiers officiers polonais libérés, et tou
1002 des béquilles, à cause des traitements qu’on lui avait fait subir à la prison de Loubianka. Parachutage en Pologne occupé
1003 ue la météo permette le départ pour la Pologne, n’ ayant d’autre passe-temps que la lecture de Platon, dans la traduction de J
1004 nétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait toujours éprouvé une répugnance marquée pour les efforts physiques. I
1005 répugnance marquée pour les efforts physiques. Il avait donc refusé tout entraînement autre que théorique51 et ne se sentait
1006 en suivit, « qui m’empêcha de penser au saut et d’ avoir cette sensation horrible de trac au creux de l’estomac ». Signal, sau
1007  là-bas ». En dépit de toutes les précautions qui avaient été prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à Varsovie
1008 Italie, la présence de Retinger à Varsovie semble avoir été connue des nazis quelques heures après son arrivée, mais il l’ign
1009 les premiers jours les cafés de la capitale qu’il avait connus autrefois. Dans l’un d’eux, après avoir commandé une vodka, il
1010 il avait connus autrefois. Dans l’un d’eux, après avoir commandé une vodka, il eut l’heureuse surprise de voir le vieux serve
1011 ns l’un d’eux, après avoir commandé une vodka, il eut l’heureuse surprise de voir le vieux serveur lui apporter aussi un gr
1012 ission se déroulait selon les plans. Les contacts avaient été pris dans la capitale et en province avec les responsables politi
1013 ecevoir tous ses « correspondants ». La Gestapo l’ ayant appris, il fallut le transporter en toute hâte dans un autre établiss
1014 vée aux Allemands, qui était toute proche. Celt l’ ayant chargé sur son dos, ils passèrent tranquillement entre deux haies d’a
1015 ançaient. Et un matin ils virent passer cinquante avions américains. Le dernier soir, un char de paysan vint les prendre. Deux
1016 un char de paysan vint les prendre. Deux hommes y avaient déjà pris place, et J.H.R. reconnut en l’un d’eux M. Arciszewski, le
1017 cavalerie était signalé, qu’un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kilomètres de là, et qu’un appareil de chas
1018 les baraquements de Benghazi. Le lendemain, après avoir survolé Tobrouk, où il avait passé une journée mémorable pendant le s
1019 Le lendemain, après avoir survolé Tobrouk, où il avait passé une journée mémorable pendant le siège, lorsqu’il accompagnait
1020 ar le gouvernement de Varsovie, et qu’après que j’ eus remis les dons anglais et quitté le Pologne, mes collaborateurs furen
1021 s’adressant directement à Molotov, avec lequel il avait entretenu de bons rapports durant sa mission à Moscou. Celt réussit à
1022 a volonté) il entreprit l’action européenne qu’il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut ses premi
1023 ’il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut ses premières tentatives dans ce sens, avant 1939. Il f
1024 à l’instigation de Retinger, le général Sikorski avait pris l’initiative de grouper périodiquement les ministres des Affaire
1025 ne par une conférence à Chatham House intitulée : A European Continent ? Quelques jours plus tard, à Bruxelles, avec M. P
1026 pas à une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui avait transmise. Dans le même temps, plusieurs autres mouvements s’étaient
1027 er. Au lendemain du discours d’introduction que j’ avais prononcé, je me trouvai placé entre eux deux devant les micros d’une
1028 t pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’ avait bien exposée — il parlait très mal en public, et aussi rarement que p
1029 Winston Churchill, et de me donner sa réponse. M’ ayant ainsi pris dans son jeu, il vint chez moi et me demanda de me charger
1030 relle du congrès. Sur ce qu’il faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’il exprima me parurent vagues ou fausses, d
1031 n pour tenter d’y mettre un peu d’ordre. Retinger avait bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’étais « engagé », non seu
1032 ar ma conférence à ce congrès, et par celle que j’ avais donnée un an plus tôt aux Rencontres internationales, mais par mes éc
1033 vril, dans toutes les villes d’Europe où Retinger avait passé de son petit pas traînant, parfois au bras d’un secrétaire, sou
1034 carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’ avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance, dans
1035 s’est accompli dans cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à La Haye. Le Conseil de l’Europe, conçu par ce Congr
1036 inspirent encore tous les « Européistes » : on n’ a guère trouvé mieux depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui
1037 depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui avait été proposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la réussit
1038 sans un seul discours, Retinger, on peut le dire, a forcé le destin, et vaincu l’inertie la plus lourde du monde : celle
1039 d public européen tient pour toutes naturelles, n’ eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster qui a c
1040 vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni Lausanne qui a créé le CE
1041 chniquement la CECA, par exemple, ni Lausanne qui a créé le CEC ; ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont l
1042 sanne qui a créé le CEC ; ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont les conditions psychologiques et politiques
1043 t les conditions psychologiques et politiques qui ont permis la mise en place de ces institutions, et de bien d’autres. Je
1044 tres. Je ne crois pas que Jean Monnet et Retinger ont jamais travaillé ensemble : leurs méthodes étaient trop différentes,
1045 en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en eût fait partie dès l’origine, et n’eût jamais manqué une seule de ses sé
1046 du CEC qui en eût fait partie dès l’origine, et n’ eût jamais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain que l
1047 ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’ eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de Retinger non seulement au
1048 uropéen, mais dès avant le congrès de La Haye. J’ ai dit plus haut comment il vint me chercher à Ferney, en février 1948,
1049 une nouvelle Conférence européenne de la culture, ayant pour mission d’établir le bilan d’une douzaine d’années d’activités à
1050 être prémonitoire de réaffirmer les principes qui avaient conduit sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action
1051 ette perspective : « L’idée culturelle européenne a sa résidence en Suisse. C’est un avantage pour les autres, mais aussi
1052 s faire de politique internationale, mais vous en avez fait avec la Croix-Rouge, et c’est une raison de fierté pour tous les
1053 Mais quand ma femme, à propos de projets que nous avions en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit très vite com
1054 Son idée d’une Pologne indépendante me semble avoir préfiguré son idée d’une Europe unie. Dans les deux cas, il s’agissai
1055 réer de toutes pièces un capital d’Histoire, sans avoir d’autre mise initiale que l’Idée. Ni fonds ni meubles, ni régiments m
1056 d’abord convaincre ceux qui pouvaient y aider. Il avait publié plusieurs ouvrages, surtout aux débuts de sa carrière, mais Gi
1057 ges, surtout aux débuts de sa carrière, mais Gide avait raison, il n’était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de l
1058 groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts personnels les plus variés, et même les va
1059 irculait d’un groupe à l’autre : « Je crois que j’ ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul à une petite table,
1060 , ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’ avait pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste selon les c
1061 n’est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de briguer ses applaudissements, selon les règles publi
1062 t qui fausserait le tableau des vraies forces qui ont fait notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami, Jan
1063 ollaborateur, m’écrit : « Il s’est confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement le sentiment d’av
1064 confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement le sentiment d’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait c
1065 sacrements. Il avait certainement le sentiment d’ avoir accompli sa tâche et d’avoir fait ce qu’il avait voulu faire (sauf d’
1066 ement le sentiment d’avoir accompli sa tâche et d’ avoir fait ce qu’il avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’av
1067 ’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait ce qu’il avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’avait plus de « respon
1068 it voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’ avait plus de « responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne cessait
1069 dement durant ses dernières semaines, mais cela n’ eut pas d’effets perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt qu’il port
1070 Retinger », Genève, 1960–1961, p. 20-50. cl. On a conservé l’orthographe du texte original.
68 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1071 à l’intérieur de la communauté européenne, le CEC a senti que le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mond
1072 rcie la Fondation européenne de la culture de lui avoir fourni les moyens matériels indispensables pour initier cette ambitie
1073 nève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’ a pas pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts p
1074 s les continents dans le climat très favorable qu’ ont créé les journées de septembre à Genève. cm. Rougemont Denis de, «
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1075 ent dans les élites qui les subissent ce que l’on a si justement décrit comme un état de névrose, une sorte de schizophré
1076 spécifiques de la culture européenne. 1. L’Europe a besoin du dialogue avec les autres cultures pour une raison fondament
1077 gt pays divisés par un siècle de nationalisme qui a conduit à deux guerres mondiales. La comparaison entre les principes
1078 ys le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe a été le foyer de la civilisation technicienne. La technique n’y est pa
1079 rabes, etc. dans nos grandes universités, mais on aurait peine à trouver des chaires d’européisme en Inde ou en Chine). 5. Au
1080 l’Europe se heurte à deux difficultés majeures : a ) difficulté de présenter la culture européenne (en tant qu’ensemble p
1081 ur représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ ont qu’une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses su
1082 nts d’outre-mer qui viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de la culture européenne dans son ens
1083 guer, et ses propres difficultés. Les difficultés ont des chances d’être assez semblables (quoique à des degrés variables)
1084 ne idée de la variété des efforts existants. 1. a ) Institutions permanentes générales (par leur objet) Unesco : « P
1085 960, et publication des travaux en forts volumes. A édité en 1955 un très utile Répertoire international des centres d’ét
1086 n Inde : l’International Centre, New Dehli, 1958, a entrepris l’étude des cultures différentes, en s’inspirant des travau
1087 projet majeur Est-Ouest, plusieurs vastes congrès ont été organisés ; citons : Manille, sur le thème « Present impact of th
1088 régions. Le Congrès pour la liberté de la culture a réuni deux vastes conférences sur « L’Avenir de la liberté » (Milan,
1089 avants et publicistes du monde entier. Le Congrès a organisé de nombreux séminaires sur des sujets plus spécialisés, à Bo
1090 raz, Le Caire, Ibadan, Khartoum, Tunis, etc., qui ont tous permis de confronter les vues d’intellectuels venus de tous les
1091 en Afrique. La Fondation européenne de la culture a pris pour thème de son congrès annuel de 1959, à Vienne, la formation
1092 re-mer. La Société européenne de culture (Venise) a organisé un congrès Europe-Afrique à Rome en 1960, et prépare, en lia
1093 rels. Les spécialistes d’une culture différente n’ ont pas à se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations, rev
1094 l devient difficile de trouver assez d’hommes qui aient encore le temps d’y participer. En admettant que ces activités soient
1095 hniques, il y a aujourd’hui un grand vide. Il n’y a pas de relais utiles. Pour préparer des hommes d’État, des diplomates
1096 ment dépend des décisions de nations isolées (qui ont en vue des buts politiques d’abord) ; ou d’organismes purement économ
1097 privées (qui envoient les représentants qu’elles ont la chance de trouver, préparés ou non…). Enfin, une troisième lacune
1098 ulturelles entre l’Occident et les autres régions ont déjà fait l’objet d’innombrables études, mais les relations entre l’A
1099 l’Europe, ancêtre culturelle des trois autres, n’ a pas encore pu surmonter ses divisions nationales, qui ont failli la r
1100 encore pu surmonter ses divisions nationales, qui ont failli la ruiner par deux fois, et n’a donc pas encore de politique c
1101 les, qui ont failli la ruiner par deux fois, et n’ a donc pas encore de politique commune, répondant à sa vocation, à l’ég
1102 es traditions religieuses issues de l’Inde et qui ont marqué d’empreintes inégalement profondes le Centre, le Sud-Est et l’
1103 s régions culturelles. Ceci suppose la création : a ) d’écoles ou stages de formation de responsables, où l’on rendrait un
1104 ant des problèmes de la région. (Exemple : le CEC a publié une première bibliographie de cent ouvrages sur l’Europe, et e
1105 vec leurs services d’information. En revanche, il a constitué ses propres archives sur vingt-cinq instituts d’études euro
1106 ient une des lacunes les plus frappantes que nous ayons rencontrées jusqu’ici ; — Accueil aux étudiants, professeurs, cherche
1107 mêmes les « interlocuteurs responsables » dont on a vu la nécessité, mais ils seraient en tout cas les moyens de détecter
1108 r région, ainsi que sur les projets analogues qui auraient déjà fait l’objet de leurs préoccupations. Soulignons le fait que dan
1109 vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir négligé les conditions modestes et concrèt
1110 est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir négligé les conditions modestes et concrètes de tout succès. Genève,
70 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
1111 est immense, et avant de l’aborder de front, nous avons réfléchi, hésité, et parfois reculé, pendant des années. Aucun des mo
1112 vions imaginer pour y faire face, ou que d’autres avaient déjà essayés, ne semblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. N
1113 it proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez grand
1114 l’ambition de notre colloque d’aujourd’hui. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi, à ce propos,
1115 r trente-huit personnalités invitées, trente-deux ont accepté de venir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont été emp
1116 de venir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont été empêchées, dont plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je
1117 et confirmés, de notre région, mais encore nous n’ avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des années de
1118 serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dire le plus petit qui permette encore de repré
1119 envoi, comme on dit dans un match de football. Il aura réussi, si nous constatons dans trois jours que son travail ne fait q
1120 que son travail ne fait que commencer, et qu’il n’ a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhait
1121 plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’ aura pas été établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qui po
1122 ts et enflammés soient-ils. Voilà pourquoi nous n’ avons pas voulu convoquer aujourd’hui un grand congrès de plus. Dans un con
1123 cette table, sans discours et sans formalisme. J’ ai assisté à trop de congrès et de séminaires, où il me semblait que les
1124 la première page du document de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d’une pa
1125 Et de même, l’emploi du terme nationalisme, qui n’ a pas du tout le même sens en Europe et dans le monde arabe, par exempl
1126 nd des cultures différentes, et ce qu’elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points
1127 ssayer de rassembler les différents arguments qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin
1128 ition du problème par Bertrand de Jouvenel, que j’ ai trouvée extrêmement heureuse : « Nous sommes tous des colonisés. » En
1129 tte technique, elle est sortie tout de même, on l’ a rappelé à plusieurs reprises, du contexte culturel européen. Elle est
1130 à cette question de la culture ou des cultures. J’ avais prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme,
1131 res. J’avais prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture et de ci
1132 phénomène culture, qui est faire, créer, comme l’ a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de
1133 e se laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’ ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’
1134 ne veut pas aboutir à des ruptures, comme il y en eut tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vue cette c
1135 tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vue cette culture de l’universel dont parlait d’Arboussier et dont
1136 e monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ ai excessivement simplifié ? Voix — Non ! Non ! (applaudissements). Donc
1137 i vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jour : n
1138 re sur ce premier point de l’ordre du jour : nous avons vérifié notre accord de base sur la nécessité du dialogue. cp.
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
1139 bliée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’ a retenu, à de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la derni
1140 é pour établir cette liste est des plus simples : ont été cités les ouvrages qui, dans tous les domaines, traitent de l’ens
1141 t de l’ensemble européen et de sa problématique ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’
1142 qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports de ce pays avec l’ensemble européen) ; ceux q
1143 xte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui n’ ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet
1144 ilosophie, du droit et de la politique, etc. Nous avons pris pour guide, dans ce classement, l’utilité pédagogique. J’entends
1145 l’utilité pédagogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrir
1146 nd d’écrire une thèse sur un sujet européen. Il n’ a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titr
1147 ode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’il a joué un rôle déterminant dans l’évolution des idées qui a précédé et
1148 n rôle déterminant dans l’évolution des idées qui a précédé et qui soutient les constructions économiques et politiques,
1149 des actions en cours son appréciation personnelle a posteriori ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est impro
1150 alité », qui vient toujours après ce que d’autres ont osé faire sans se demander d’abord si c’était à la mode, si cela inté
1151 Certaines manières d’expliquer que « Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’il a réussi » révèlent chez leurs auteur
1152 Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’il a réussi » révèlent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui devait
1153 férence ou la méfiance systématique. Les éditeurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’est fait jusqu’à présent : ils ver
1154 entative, entreprise par le CEC voici cinq ans, n’ a rien pour les décourager. Si le pool Editeuropa, après un départ enth
1155 pool Editeuropa, après un départ enthousiaste, n’ a finalement rien produit sous son nom, c’est à cause de certaines erre
1156 soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’ a montré le succès qu’ont remporté depuis lors deux au moins des ouvrag
1157 dernier point, c’est ce qu’a montré le succès qu’ ont remporté depuis lors deux au moins des ouvrages retenus au départ, pu
1158 fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’ avions prévu. D’autres entreprises collectives — au premier rang desquelles
1159 opéen (par l’éditeur Robert Laffont, à Paris)53 — ont d’ailleurs démontré la rentabilité de l’édition en pool, mais pour un
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
1160 ’enquête dont nous publions aujourd’hui l’analyse avait pour objectif bien défini d’étudier le terrain sur lequel allait se d
1161 érations conduisant à l’idée d’une telle campagne avaient été souvent exposées dans les publications du CEC, notamment dans le
1162 ctatoriaux : les échecs de Napoléon et d’Hitler l’ ont bien fait voir. L’union de l’Europe suppose en fait les mêmes exigenc
1163 elle est déjà en train de se faire — mais elle n’ aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera
1164 le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution au financement du groupe ad hoc et de la Ca
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
1165 renaissance des régions. Mon ami Roger Bigonnet n’ a pas oublié que pour devenir membre de l’Association européenne des fe
1166 orteur du colloque et auteur de son compte rendu, a donc eu bien raison de conserver autant que possible le caractère par
1167 du colloque et auteur de son compte rendu, a donc eu bien raison de conserver autant que possible le caractère parlé et im
1168 x nécessités, désormais reconnues, de ce que l’on a si justement nommé « la révolution régionale ». ⁂ On ne saurait repro
1169 itions initiales étaient d’ordre culturel, et qui a si bien réussi, au surplus, à mettre en évidence les liens entre la c
1170 ce les liens entre la culture et l’économie, de n’ avoir pu qu’effleurer les aspects administratifs, politiques et civiques du
1171 tropoles. Fort heureusement, un autre colloque en avait traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous avons jugé opportun de r
1172 vait traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire à la suite du compte rendu d’Aix, le rapp
74 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
1173 s, ces frontières que le xix e et le xx e siècles ont imposées d’une manière assez arbitraire à des réalités économiques, l
1174 s économiques, linguistiques et culturelles qui n’ ont pas du tout les mêmes frontières ou extensions, si vous dévalorisez c
1175 un même défi : la civilisation technologique, qui a fait le tour du monde. Elle est née en Europe de toute évidence, dans
1176 e détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’ a été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes tradition
1177 le également pour l’Occident, bien que l’Occident ait une tradition d’adaptation à la technique beaucoup plus vaste, puisqu
1178 ion à la technique beaucoup plus vaste, puisqu’il a accompagné le développement de la technique, et grandi avec elle depu
1179 miste, peut paraître se rattacher à tout ce qu’on a dit depuis un demi-siècle en Europe contre la technique destructrice
1180 ou trente ans. Le développement du livre de poche a créé un public gigantesque totalement inexistant il y a cinquante ans
1181 tant il y a cinquante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, don
1182 quelques mots à la question très pertinente qui m’ a été posée par le professeur de Vernejoul, concernant les rapports de
1183 s’occupent de toutes sortes d’autres choses, qui ont un éventail très large de curiosités variées, et qui sont amenés par
1184 eur de Los Alamos et de la bombe atomique. Il n’y a pas de progrès scientifique aujourd’hui, et par suite, pas de progrès
1185 roblèmes esthétiques. Les Soviétiques, eux-mêmes, ont découvert cela récemment : après une période de spécialisation presqu
1186 alisation presque délirante sous Staline, qui les avait amenés à diviser les études en plusieurs centaines de spécialités et
1187 dans l’évolution des techniques industrielles. On a beaucoup répété depuis cinquante ans que la machine asservit l’homme.
1188 ervissait l’homme à la machine. C’est ce que Marx a si bien décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’était que «
1189 er. L’usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’ a pas été obtenue par le marxisme mais par le développement même de la
1190 que. De ces considérations générales, ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et la culture,
1191 tes de la culture comme la peinture et la musique a suivi, au cours des âges, à peu près les grands axes du commerce et d
1192 dans une région comme celle d’Aix-Marseille, qui a déjà une forte densité culturelle. Il ne s’agit pas ici d’une populat
1193 réateur d’une manière ou d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui n’est pas originale mais tout à fait pertinente d
1194 le, quels sont les éléments déjà existants ? Vous avez un festival, des revues, une grande université, un essor économique t
1195 sité, un essor économique très puissant auquel on a souvent fait allusion ici, des groupements professionnels ou d’éducat
1196 ndrai plus tard sur ce point… capital ! […] Nous avons vu qu’une métropole, cela consiste en un attrait, un climat, et des r
1197 et le rayonnement. Le climat, il existe ici, on l’ a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilit
1198 s que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investissement pour les grandes industries. Une métro
1199 les bénéfices à long terme. C’est une formule qui a fait ses preuves aux États-Unis où quelques milliers de fondations dé
75 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
1200 itoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il n’ a pas encore d’institutions, de politique commune et de gouvernement ?
1201 encore une histoire de la poule et de l’œuf : qui a commencé ? L’œuf, mais pondu par quelle poule ? La poule, mais née de
1202 core à naître. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et qui
1203 s citoyens pour la nation. Et l’on sait qu’elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres mondiale
1204 ’on sait qu’elle y a bien réussi, mais que nous l’ avons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferait-elle pas au
1205 re solidement unie dans ses fécondes diversités — ont décidé de commencer par l’École et d’attaquer le problème concret ave
1206 tés de l’enseignement d’un civisme européen. Elle a donné naissance à un comité d’action où sont représentés le Conseil d
1207 re assurant le secrétariat de l’entreprise, qu’il avait préparée par plusieurs publications57. Le comité a lancé la Campagne
1208 préparée par plusieurs publications57. Le comité a lancé la Campagne d’éducation civique européenne dès l’automne 1961.
1209 ne. ⁂ L’enquête sur l’état de l’éducation civique a été lancée dès janvier 1962 auprès de 19 gouvernements par les soins
1210 oins du secrétariat de la Campagne. Ses résultats ont été publiés en 196358. Tous les gouvernements consultés, sans excepti
1211 Tous les gouvernements consultés, sans exception, ont répondu d’une manière parfois très détaillée, faisant preuve d’une co
1212 une compréhension réaliste du problème. L’enquête a fait voir : 1° Un désintéressement flagrant des élèves pour la chose
1213 nseignants, des stages de formation de formateurs ont été préparés par le Comité et réalisés par le secrétariat de la Campa
1214 encer ? Par un regroupement de ceux, d’abord, qui ont pris conscience de ces problèmes. Par des stages de discussion, d’inf
1215 ttérature, langues. Pour organiser ces stages, on a recherché l’appui des gouvernements, des autorités municipales, des d
1216 jusqu’ici, l’intérêt témoigné et l’aide apportée ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à
1217 osterbeek, à Calw, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nat
1218 s — du ministre au maire ou bourgmestre — qui lui ont permis l’organisation de ces stages ainsi qu’aux Communautés européen
1219 nautés européennes et au Conseil de l’Europe, qui ont apporté à la Campagne leur appui matériel et moral. Le rôle de chaque
1220 ne représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné à r
1221 é à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l’accord le plus général. Le lecteur de ces textes et des r
1222 nemark et en Italie. 56. Le Conseil de l’Europe a été représenté d’abord par M. Paul M. G. Lévy, directeur du Service d
1223 (CCC) s’étant constitué, [le Conseil de l’Europe] a délégué au comité de la Campagne M. G. F. Connell ; les autres membre
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
1224 phie, ce que je voudrais que l’on m’enseigne si j’ avais le bonheur de retourner à l’école, et d’être enseigné plutôt que d’en
1225 s sols. « L’Europe est un continent où l’histoire a souvent violé la géographie », écrit très bien Jacques Beaujeu-Garnie
1226 de théorie des « frontières naturelles » qui nous a conduits à couper en deux, trois ou quatre pays un bassin naturel (ho
1227 face, parlaient des langues un peu différentes et avaient été conquis par des rois ou des États différents. Je voudrais enfin q
77 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
1228 s, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origine
1229 rétation la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir été donnée par Dante, en son Traité de l’éloquence vulgaire, au septi
1230 i s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvra
1231 sur l’origine de la pluralité des langues, Dante a posé implicitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise
1232 terpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’ a jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a ja
1233 ppris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’ a jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques von
1234 t évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre e
1235 a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre entière, et personne d’autre n’est jamais venu la
1236 uvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne a conçu la notion de genre humain, si longtemps étrangère, voire répugn
1237 à part Gandhi. Enfin l’Europe, par sa technique, a mis en relations toutes les parties du monde devenu désormais unité t
1238 relations pratiques. L’Europe, et l’Europe seule a fait tout cela, par sa religion, par ses grands philosophes et par se
1239 es de vie — disons d’un mot : par sa culture, qui a fait littéralement le tour du monde. Mais en même temps que cette cul
1240 es de la nouvelle culture mondiale. Or, qu’il n’y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux s’ob
1241 ela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y a plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont
1242 s professionnelles et d’instituts de recherches n’ ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration, par ailleurs
1243 par ailleurs accablée de soucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés
1244 a de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’ auront pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, p. ex. où déjà le
1245 ricains nous affirment que 85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire, sont vivants aujourd’hui. Et Louis
1246 années d’études, il y a trente à trente-cinq ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions q
1247 e-cinq ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd
1248 phie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’ a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
1249 e « version à l’unité »…) Toute l’évolution que j’ ai dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous en t
1250 s illustrera ce point. Supposons que la théologie ait gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un th
1251 e comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physic
1252 , et les représentants des disciplines diverses n’ ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou des p
1253 l ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux autres
1254 liquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’ avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante
1255 curieux. L’industrie et l’État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédi
1256 , qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’ ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent au
1257 e de l’Université occidentale ? Quel type d’homme a-t -elle en vue, veut-elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de
1258 le en effet parmi toutes les grandes cultures qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un dévelop
1259 s qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un développement autonome de la science et des arts,
1260 ement au xiiie siècle — à l’époque justement qui a vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à Par
1261 estions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Europe a-t -elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourquoi c
1262 t son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui aient osé relever, par exemple, la relation de continuité entre le dogme de
1263 che du temps » et l’entropie, notions de base qui ont une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les physicie
1264 e peut plus se présenter devant le monde, qu’elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babélique
1265 raît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’ a posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers également réel
1266 sité ? Trois solutions me paraissent concevables. a ) La première, souvent proposée, consisterait à imposer des cours de c
1267 périences tentées dans cette intention si louable ont échoué, et les raisons de ces échecs répétés me paraissent assez évid
1268 ir humain, d’ailleurs en progression géométrique, ait la moindre chance de succès ; et l’éducation permanente qu’on nous pr
1269 er qu’en croissant, sous la double pression que j’ ai dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujours plu
1270 ies les plus fines, que les savants contemporains ont créé la science nucléaire : or, les impasses et les paralogismes qu’i
1271 e pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ ont écrit. Une phrase de Spinoza s’est fixée dans mon souvenir dès l’adol
1272 on monologuante sous forme de discours. Ce détail a son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entrep
1273 cellence en tant que tels par le fait même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement
1274 de l’explosion des effectifs universitaires, je n’ aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il m
1275 est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’ a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel,
1276 e problème de l’explosion du savoir, dont je vous ai plus longuement entretenu, il me tarde de vous proposer des conclusio
1277 e un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans
1278 e, d’autre part. Condition générale d’admission : avoir prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la v
1279 eure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’ a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez
1280 lamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie européenne, comme Tommaso Campanella ou d’Amos Comeni
1281 hérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de
1282 s terres du globe multipliées par une culture qui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des ho
1283 da. Selon une erreur manifeste, le texte original avait mis « indaméricaines ».
78 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
1284 février 1965)db Les motifs d’union de l’Europe ont beaucoup évolué depuis 1945. Dès cette année-là et au cours des cinq
1285 professionnelles, etc. Pendant ce temps, l’Europe avait perdu ses positions mondiales de puissance politique et militaire, ma
1286 es découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé que le concours d’un grand nombre de compétences éprouvées
1287 e symbolisé par l’ellipse Europe-Monde. Le groupe a commencé par établir une liste idéale des participants. On en voulait
1288 es participants. On en voulait environ 150. On en a invité plus de 300. Près de 200 ont accepté, et finalement 150 sont i
1289 iron 150. On en a invité plus de 300. Près de 200 ont accepté, et finalement 150 sont ici (55 souhaitaient venir, mais sont
1290 estions inévitables. Une cinquantaine de rapports ont été demandés. Quarante-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns
1291 nt présentés oralement. C’est dire que la réponse a dépassé la demande, quoique avec un certain retard, qui explique le d
1292 ne en matière culturelle. Ces quelque 50 rapports ont été attribués à une première série de quatre commissions chargées de
1293 était juste de relever d’abord le rôle décisif qu’ ont joué les Européens, et eux seuls, des stoïciens grecs et romains aux
1294 sans demander ni recevoir d’assistance technique, ont fourni la carrière mondiale que l’on sait. Un troisième groupe de rap
1295 titude. Car il est bien certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’une sorte d’arrogance naïve à l’éga
1296 de colons pas nécessairement très cultivés, qui n’ avaient pas compris grand-chose aux propos des sages subtils de la Chine et d
1297 faire observer que des Européens, presque seuls, ont pu penser cela ! Toutes les grandes cultures se sont considérées, par
1298 ères. Seuls les Européens, dès le xviiie siècle, ont accepté de se relativiser et de se juger objectivement, avec mesure e
1299 nne conscience ce que nous autres, les Européens, avons à faire entendre dans le concert des cultures. La deuxième commission
1300 à encore, il ne s’agit pas un instant, quoi qu’en aient pensé certains d’entre vous, de vanter nos produits, ou d’essayer de
1301 ées qu’elles puissent paraître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui est de mettre en question les clichés de l’écon
1302 passionneraient le plus, parce que c’est là que j’ aurais le plus à apprendre, mais aussi les plus naïves questions à poser. Es
1303 psychiques et religieux qui les distinguent ? N’y a-t -il pas là une tendance déshumanisante, anticulturelle, barbarisante ?
1304 alculs ne suppose-t-elle pas que tous les peuples auraient accepté les options fondamentales, les valeurs et vertus spécifiques
1305 e dans le tiers-monde de « rattraper » l’Occident a-t -elle un sens, quand l’Occident change et bouge tout le temps et de pl
1306 octrine de l’Absolu et de l’Âme impersonnelle qui eut pour effet immédiat de ralentir et presque de bloquer tout le process
1307 culation de son âme et de son corps. Cela, nous n’ avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommons — e
1308 qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’il va leur en coû
1309 ai pas ce matin des trois commissions finales qui auront à étudier une série de résolutions pratiques tendant toutes à favoris
79 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
1310 européenne en formation. Car le verbe participer a deux sens différents et complémentaires, l’un passif ou réceptif, l’a
1311 institutions et des principes sur lesquels on les a fondées. Il doit assimiler les règles de conduite, lois et convention
1312 sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsabilité concrète ;
1313 ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsabilité concrète ; et que, inversement, la condition de
1314 peut démontrer qu’il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle action, et qu’il n’a pas agi sous co
1315 gné tel document, commis telle action, et qu’il n’ a pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de folie l
1316 s Européens. Mais là encore, le mot participation a un double sens, réceptif, puis créateur. Participer à la culture, c’e
1317 des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment ils ont été créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieuses
1318 quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis la création de ces tableaux, monuments, œuvres littéraires ou
1319 eaux, monuments, œuvres littéraires ou musicales. Ayant acquis une idée de la manière dont tout cela a été fait, il lui viend
1320 yant acquis une idée de la manière dont tout cela a été fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commence
1321 manifestation d’une originalité. Seule l’Europe a osé accepter, puis cultiver, puis vanter (et même jusqu’à l’excès, da
1322 iie siècle, selon certains historiens), l’Europe a admis un développement séculier, profane et personnel des arts, hors
1323 son côté, pense que « seule la culture européenne a su allier la plus grande force révolutionnaire au sens hautement déve
1324 ilosophie de l’Art intitulée Les Voix du silence, a développé un thème voisin, en soulignant et illustrant par de nombreu
1325 plus anciens, et que leurs successeurs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi qu’à l’époque du cubisme et du fauvisme, qu
1326 ire de statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’ avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’avait
1327 uchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’ avait ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé européen et même mond
1328 nationalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe sièc
1329 ères d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande » ou de
1330 ionnels ? Alors que la vie quotidienne et la cité ont besoin d’être aménagées esthétiquement autant que socialement et poli
1331 adicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui auraient bien voulu mais n’ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se co
1332 e la masse de ceux qui auraient bien voulu mais n’ ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se contentent d’acheter les
1333 s chaque membre de la communauté. Tout le monde n’ a pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la litt
1334 ure et d’en faire sa carrière, mais tout le monde a besoin de s’exprimer, de créer le cadre de son existence quotidienne,
80 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
1335 est pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est à cause de Racine qu’on parle du Grand Siècle, pou
1336 e sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et politiques, ou encore
1337 e européenne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’ avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à consta
1338 voit plus parce que trop évident : l’Europe seule a conçu, et possède dès l’aube grecque, une littérature, au sens actuel
1339 éresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de li
1340 i : est-ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spécifiquem
1341 européen. Quant aux éléments communs, relevons : a ) Les civilisations que nous continuons. — Égypte, Mésopotamie, Crête,
1342 tianisme, Celtes, Germains, Arabes, Slaves : nous avons tous subi ces influences, tout ce passé reste présent et agit dans no
1343 du, le débat sur la responsabilité de l’homme qui a contrevenu aux lois, etc. Ceux hérités du christianisme, tels que le
1344 mondiale qui le ramène à ses justes proportions. a ) Nos langues littéraires, en Europe, sont étroitement apparentées (à
1345 ourd’hui, sont des produits du xxe siècle. Renan a fait justice de la confusion entre langue et nation. On parle encore
1346 communauté littéraire de l’Europe : T. S. Eliot l’ a démontré dans ses Notes towards the Definition of Culture. L’anglais,
1347 ion politique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au contraire une
1348 de la liberté et de la diversité des traditions, ont fait eux-mêmes aux régions de leur propre nation : les effacer de for
1349 les effacer de force, en fait et en droit. Il n’y aura jamais d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée. 64. Er
81 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
1350 elles étaient plus courtes que le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice, il en mourut. C’est l’histoire des États
1351 s le phénomène fondamental du siècle. L’évolution a joué et joue incontestablement dans le sens de la nation. »66 Il es
1352 lui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’ avait dit, ni le siècle des fédérations, comme Proudhon l’avait prévu, mais
1353 t, ni le siècle des fédérations, comme Proudhon l’ avait prévu, mais bien le siècle des nations, est-ce qu’on s’en félicite, o
1354 des nations, partout ressenti et déclaré, et qui a donné naissance au Marché commun notamment, enfin par l’existence d’u
1355 entralisation la plus systématique que l’histoire ait connue, la plus follement rationaliste… Tandis qu’en Suisse, patrie (
1356 ade de crise finale d’une forme d’association qui a dominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tu
1357 st que les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui ont passé par l’école et croient savoir l’histoire s’imaginent qu’il y a
1358 savoir l’histoire s’imaginent qu’il y a toujours eu des États, que les nations sont immortelles (en tout cas la leur !),
1359 e », traite donc l’empire de haut en bas (faute d’ avoir pu se faire élire empereur), fait gifler le pape, puis confisque la p
1360 des grands empires traditionnels, bien qu’il n’en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’universal
1361 tous les États-nations unitaires en tant que tels ont été et sont des empires manqués, à commencer par celui de Napoléon, l
1362 ique pour répondre au « défi américain » — cela n’ a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-mond
1363 ération qui les protège. C’est ce second parti qu’ ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en a
1364 s vingt-cinq petits États suisses et bien leur en a pris. Mais les vingt-cinq États-nations européens, depuis le congrès
1365 européens, depuis le congrès de La Haye, 1948, n’ ont pas fait un seul pas effectif en direction de leur fédération politiq
1366 us voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et constitutive de l’État-nation, sa volon
1367 al n’est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’ avait déjà dit, il y a cent ans, lorsqu’au congrès de la Première Internati
1368 la Première Internationale à Genève, en 1867, il avait dénoncé l’impossibilité de constituer les États-Unis d’Europe sur les
1369 alloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du problème, c’e
1370 ticipation civique que la nation telle que nous l’ a léguée le siècle dernier : — la région.74 Invention de la région
1371 sur le fonds chaotique de la société que le xixe a laissé se faire au petit bonheur, la société stato-nationaliste et in
1372 faire sentir le concret du problème tel que je l’ ai découvert (après bien d’autres), voici un exemple vécu. Il y a quelqu
1373 n côté, français de l’autre. La CECA, puis la CEE ont permis de surmonter cette absurdité manifeste, et plusieurs autres. D
1374 r voisinage, selon les réalités nouvelles qui les auront formées, par-dessus les anciennes frontières nationales désormais réd
1375 s régions Au cours de ces dernières années, on a vu se multiplier les recherches scientifiques, les articles de journa
1376 isation des États européens. Le concept de région a pris une place considérable non seulement dans les préoccupations des
1377 éraux. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’ a bien vu lors de la première guerre de Suez… (Droits de faire la guerr
1378 es nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir convoquer en 1961 le très important colloque de Bruxelles
1379 égionales, et que ses six États-nations membres y aient pris part. C’est l’arriération, le sous-développement de nombreuses r
1380 France, de l’Italie, ou même de l’Allemagne, qui a obligé les gouvernements de ces pays à étudier très sérieusement le p
1381 ques, les plus négligées par la capitale, et cela a conduit à envisager la possibilité révolutionnaire de régions chevauc
1382 le, et qu’ils acquièrent de la force : lorsqu’ils auront pris en fait (sinon en droit) plus d’importance économique et culture
1383 t même que la nation82. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément devant le corps des fonc
1384 l’évolution de notre société occidentale. À peine avons -nous pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, no
1385 ations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et il ajoutait : « La confédération europ
1386 lement, les remplacera84. » Mais tout le monde n’ a pas lu Renan… Et cette succession qu’il annonce, ce « remplacement »
1387 r, celle des catégories de pensée dans lesquelles ont vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées
1388 tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées tous les classiques de la philosophie politique, de Bodin
1389 vue intellectuel et culturel. Ces agglomérations ont dès lors une importance essentielle pour l’identification d’une unité
1390 nous faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a été marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires cu
1391 s nomades sur des territoires cultivés, celle qui a donc été dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de t
1392 emarque que « la notion d’indépendance économique a changé complètement de contenu. Le mot “indépendance” a perdu son sen
1393 gé complètement de contenu. Le mot “indépendance” a perdu son sens simpliste d’autrefois. C’est maintenant une question d
1394 ue au terme d’indépendance celui d’autonomie, qui a l’avantage de rappeler le gouvernement des cités par elles-mêmes, et
1395 omadisme. Vers une politique des régions On a vu que la notion de région s’est imposée à l’attention des économiste
1396 iques et de tout bord. Les phénomènes majeurs qui ont motivé ces prises de conscience successives sont faciles à énumérer :
1397 conscience successives sont faciles à énumérer : a ) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessité d’une politique de « 
1398 t faciles à énumérer : a) la CEE, dès ses débuts, a reconnu la nécessité d’une politique de « développement harmonieux de
1399 alisme Car les stato-nationalistes, désormais, auront à se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long term
1400 dégage les deux notions bien connues que voici : a ) l’isolement, le repliement sur soi d’une communauté régionale condui
1401 à cette forme de vide économique et culturel qui a résulté partout de la colonisation. Qui ne voit en revanche que la ré
1402 région articulée dans une fédération continentale a ) retrouve sa vocation particulière jadis réduite ou supprimée par l’É
1403 ons. La fédération des cent régions, d’après eux, a ) prendrait trop de temps, b) poserait des problèmes trop complexes po
1404 e le principe des réponses aux trois objections : a ) La vitesse du progrès vers l’union politique à partir des États-nati
1405 ux. La construction fédérale à partir des régions a l’avantage de ne pas heurter de front et d’entrée de jeu les souverai
1406 dres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe « 
1407 pouvoirs stato-nationaux : mais on saura déjà qui a gagné. b) La géométrie plane et euclidienne, celle des arpenteurs, su
1408 les que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons  ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est devenu possible
1409 chniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons ! J’ ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est devenu possible qu’à p
1410 t sur les mythes nationaux au nom desquels on les a brimées depuis des siècles. Car les volontés créatrices de la région
1411 ux sont en réalité les États-nations tels que les a formés le xixe siècle, et pas du tout les nations au sens premier —
1412 t contre leur État-nation l’autonomie dont il les a frustrées. 69. Déjà, le député aux communes du parti séparatiste éco
1413 écossais annonce que « d’ici trois ans » son pays aura son siège à l’ONU, « between Saudi Arabia and Senegal ». On souriait
1414 oloniser les provinces de Patrick de Ruffray, qui a fourni le slogan de l’action régionaliste ; La gauche et les régions
82 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
1415 e sur les régions et non sur les États-nations, j’ ai été amené à relever et à classer les objections les plus fréquentes à
1416 ivité industrielle. » Principes d’une réponse : — a ) N’est-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique su
1417 es États-nations ? Sinon, pour quelle raison ne l’ a-t -on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait réussi
1418 ncore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf m
1419 e fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, du 17 février a
1420 d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou rév
1421 t leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’elles aient des superficies ou des populations à peu près égales ? La région de P
1422 habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’ a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’es
1423 nent du « modèle » que l’École (aux trois degrés) a imposé depuis un siècle au moins. L’homme d’aujourd’hui, formé par le
1424 lu de toute histoire d’un peuple digne de ce nom. Ayant « fait son unité » (comme on fait sa puberté), un peuple devient une
1425 régimes, mais toujours contribuables. L’Église n’ a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de sé
1426 us le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes (obj
1427 es de l’histoire moderne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c’est leur préparatio
1428 ur préparation, leur conduite et leurs suites qui ont notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des desseins
1429 litique, l’économique, le social et le culturel — aurait sans doute plus de chances de favoriser l’inquisition administrative
1430 ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ ai toujours entendu ce terme, qui ne signifie pas « tout casser », mais
1431 loppement. Le pouvoir de sécuriser une population a de tous temps constitué la force principale d’un chef, roi, dictateur
1432 ntellectuelles, spirituelles ou affectives, qui n’ ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tout. Si
1433 ster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’ a démontré qu’entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictateur
1434 organes ou fonctionnaires différents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Proudho
1435 lques remarques définissent, est à peine exploré. a ) Il faudrait commencer par opérer la dissociation et la distribution
1436 e menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’ auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pa
1437 ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale, la Commi
83 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
1438 ou factions dénommées « partis politiques », et n’ a strictement rien à voir avec la définition correcte — dérivée de poli
1439 trines collectivistes, de droite ou de gauche, il a vite fait de les réduire à leur dénominateur commun : la bureaucratie
1440 condamnations de Leningrad contre des Juifs qui n’ ont d’autre tort que de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des
1441 nationale — c’est-à-dire de la seule religion qui ait encore un bras séculier et qui s’en serve. On ne brûle plus les hérét
1442 fier des conduites criminelles (ventes d’armes, d’ avions et de sous-marins déclarés « défensifs », procès de Burgos et de Leni
1443 Europe unie ne sera qu’une malingre chimère. On l’ aura suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle n’est pas saine.   5.
1444 dont les régions seront les unités de base. Je l’ avais écrit dès 1940 et le redis au congrès fédéraliste de Montreux en 1947
1445 congrès fédéraliste de Montreux en 1947 : Il n’y a , dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, deux
1446 la Jeunesse dit aujourd’hui (c’est leur écho) : a ) L’Europe, connais pas. b) Seul compte le combat de la gauche. c) Il
1447 ricablement mêlés, et co-responsables de tout.)   a ) « L’Europe, connais pas ! » Dommage pour vous, mais le remède est si
1448 vous comprendrez ce que tous les autres au monde ont si nettement et rageusement compris tandis que vous vous complaisiez
1449 un « système » dont certains de leurs aînés leur ont parlé à partir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’à ne pas
1450 é jusqu’à ne pas exister comme système. (Nul ne l’ a jamais défini.) Si l’on admet que la droite se définit par le souci d
1451 ites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu, que vous n’ avez jamais vu. Avez-vous vu les masses, auxquelles vous croyez ? Moi, je
1452 ne croyez pas en Dieu, que vous n’avez jamais vu. Avez -vous vu les masses, auxquelles vous croyez ? Moi, je les ai vues dans
1453 les masses, auxquelles vous croyez ? Moi, je les ai vues dans une Allemagne possédée par le verbe et le tam-tam hitlérien
1454 par le verbe et le tam-tam hitlériens. De Gaulle a eu le contact, en prenant ses bains de foule. Mais les partis qui inv
1455 ar le verbe et le tam-tam hitlériens. De Gaulle a eu le contact, en prenant ses bains de foule. Mais les partis qui invoqu
1456 s, comme d’autres intégristes s’écrieraient que j’ ai oublié le péché originel, tout simplement ! Eh bien, la lutte des cla
1457 d Dandieu écrivaient dans L’Ordre nouveau : Nous avons les moyens techniques d’abolir la condition prolétarienne, et ni les
1458 z Mao : sa Révolution « culturelle », vous ne lui avez donc jamais demandé ce que ça veut dire ? C’est le renversement du ma
1459 u marxisme. Relisez Marx : de 1844 à la fin, il n’ a pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti que la révoluti
1460  » fait attaquer le Parti qui, sous sa direction, avait tenté d’appliquer Marx. Mais le contraire d’une erreur de Marx, même
1461 ans la tête de nos politiciens. C’est l’école qui a formé des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former la
1462 ’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’y a pas de politique à priori, ni de stratégie dans le vide ; il y faut u
1463 n. Dans ce domaine, l’acte politique tel que je l’ ai défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une certaine éch
1464 apable de prendre de telles décisions. Or, il n’y aura de gouvernement européen que sur la base des régions, et nous voici r
1465 à Paris en passant par Berlin, Prague et Madrid, a ressuscité cette angoisse et dramatisé la question, sans apporter d’é
1466 ne ou je te dévore ! dit le Sphinx à Œdipe, qui n’ a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est EUR
1467 la révolte des matelots de Cronstadt coupables d’ avoir demandé que les dirigeants soviétiques « tiennent compte de l’avis de
1468 geoisie mentale inclut l’ex-classe ouvrière qui n’ a pas développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeoisi
1469 eoisie petite, moyenne ou grande — cette dernière ayant absorbé l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels ont été les prem
1470 orbé l’ex-classe des nobles. 100. Marx et Engels ont été les premiers à le voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétari
1471 Contrairement aux mouvements et groupuscules qui ont usurpé ce titre, L’Ordre nouveau ne confondait pas l’ordre avec la mi
1472 ctobre 1970, par Jay W. Forrester. Ces prévisions ont été commentées par l’auteur dans l’ouvrage intitulé World Dynamics, p
84 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
1473 ntation européenne des régions frontalières. Elle a réuni environ cent-cinquante élus locaux et nationaux des régions fro
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
1474 rée la plupart des problèmes culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels
1475 es pour trois classes en 1960). Mais chaque élève a le droit de préférer une autre langue, chaque maître peut refuser de
1476 e guerre « l’enseignement de l’allemand en Alsace a été organisé de façon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, i
1477 à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a s
1478 ent saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou de réclamer l’enseigneme
1479 e maternelle, l’État-nation de style xixe siècle a prétendu imposer sa pensée, fût-elle précisément absence de vraie pen
1480 ans un pays voisin la profession pour laquelle on a été diplômé dans son pays. Quant au contenu de l’enseignement : les m
1481 ls d’histoire et de géographie (aux trois degrés) ont tout fait, depuis plus d’un siècle, pour que les valeurs et grandeurs
1482 mme Rhône-Alpes et la composition de son audience ont fait l’objet d’études très poussées (qui vont jusqu’à compter combien
1483 e même langue, mais beaucoup moins écoutée. La TV ayant une portée moindre, ne peut être reçue dans de nombreuses régions que
1484 uère encore à majorité francophone se plaint de n’ avoir pas de retransmission de la TV suisse romande mais seulement de la TV
1485 aciens relèvent d’ailleurs tous que les Alsaciens ont commencé à acheter des téléviseurs à partir du jour où les progrès te
1486 iseurs à partir du jour où les progrès techniques ont permis de fabriquer des postes à modulation de fréquence et par consé
1487 équent de capter la TV allemande. En 1959, il n’y avait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 ! »109
1488 vait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 ! »109 La Suisse romande bénéficie largement des relai
1489 rent pas des mêmes entraves nationalistes. Il n’y a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne conn
1490 alistes. Il n’y a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne connaît pas de frontières : d’une mani
1491 ns de prestige étatique, les frontières actuelles ont été fixées pour des raisons historiques qui, pour la plupart, ont ces
1492 our des raisons historiques qui, pour la plupart, ont cessé d’être des raisons. Le caractère indiscutablement pathogène de
1493 euses » mentionnées dans son introduction. Il n’y a pas de « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est polyvalen
1494 n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y a pas de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout simple
1495 e qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y a pas de cultures nationales Mais il faut bien admettre aussi que la
1496 ts de propagande les plus efficaces. L’école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue national
1497 e — ni plus vraies pour autant. Cette notion, qui a son origine sous Louis XIV, est mise en forme par la Révolution (disc
1498 ès la fin du xixe siècle. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de ses rive
1499 rd de Trieste… Non, les frontières de nos États n’ ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, c
1500 s, fauteurs de deux guerres mondiales où l’Europe a failli périr. La vérité, c’est que la culture de tous nos peuples es
1501 lement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du r
1502 nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous so
1503 érature et de doctrine sociologique ou politique, ont été paneuropéennes, et non pas nationales. Les grands courants europé
1504 vations faciles à vérifier. 1. Chacun de nos pays a un nord et un midi, des croyants et des incroyants, des hommes de gau
1505 lisant à Paris tous les esprits de mérite qu’il n’ a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture
1506 rincipe du dépassement du cadre stato-national a ) Dans l’enseignement secondaire : l’histoire et la géographie sont à
1507 iècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que l’ ont demandé en mai 1972 les professeurs d’histoire et de géographie de l’
1508 e nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen. Enseigner les réalités de la région et l’idéal d
1509 t-nation souverain et des mensonges qui seuls les ont accrédités dans les esprits depuis quatre ou cinq générations, voilà
1510 concernent des objets économiques que rien ne les a préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l’économie fera
1511 Des essais de coopération, limitée mais précise, ont été faits dans la région Bâle-Strasbourg-Freiburg. Un autre projet de
1512 roblèmes continentaux. Une commune, une région, n’ ont pas les moyens de recherches requis, dans aucun de ces domaines : ces
1513 ice de l’Europe entière ce qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En retour, l’e
1514 lusions Le fait que les régions fonctionnelles auraient des aires inégales, des définitions territoriales différentes, ne ren
1515 unes. Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un syndicat de
1516 est absolument certain que l’Italie comme État n’ a que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège 66, la Tchécoslovaquie,
86 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
1517 les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si… Il y eut ainsi Montreux 1947, La H
1518 it que la « Confrontation » récente de Strasbourg ait donné à plusieurs l’impression qu’on renouait avec les traditions de
1519 avec les traditions de l’époque militante (que j’ ai nommée ailleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est de nat
1520 ar l’approche interétatique. ⁂ Comme toujours, on a vu s’affronter à Strasbourg deux écoles de pensée et d’action : les «
1521 réalité est celle de l’État-nation, tel qu’ils l’ ont apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régionales ou co
1522 ieux ». Il est frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait été celle des
1523 assé dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait été celle des audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre
1524 égions rhénanes et arc alpin. C’est pourquoi nous avons tenu à en reproduire intégralement les titres et les sous-titres au m
1525 n découpage régional pensé depuis les capitales n’ a pas de chances d’être utile… À la stricte définition territoriale de
1526 cela dans le Rapport J. André. Quant à moi, je n’ ai cessé depuis des décennies de préconiser des régions fonctionnelles,
1527 l : « Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un syndicat de
1528 cat sera suprafrontalier, comme le problème qui l’ aura suscité. Il va de soi, également, à mes yeux tout au moins, qu’une co
1529 ec participation des élus locaux et régionaux. On a vu, par le résumé analytique du Rapport de base, que des commissions
1530 ues régions (notamment la Regio). Certes, elles n’ ont pas encore obtenu les compétences juridiques ni les moyens financiers
1531 surées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’y aurait jamais de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous nous gard
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
1532 XIIIe année. Les difficultés de divers ordres qui ont motivé cette interruption temporaire sont aujourd’hui résolues. Nous
1533 ente livraison étant la quatrième de la série qui a commencé en hiver 1967 avec « Naissance de l’Europe des régions » et
1534 et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur de sauver une Europe non pas des chiffres mais des hommes. Une
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
1535 ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’ ont pas très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. C
1536 ompris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a . Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce
1537 qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas ici,
1538 par les Européens, les motifs principaux qui nous ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent mainten
1539 isant « grandes puissances ». La CECA puis la CEE ont permis à la France et à l’Allemagne de lier leurs intérêts au moins i
1540 shall), puis le Marché commun, l’Euratom, le CERN ont pourvu au plus urgent. Ces organismes ont ouvert la voie à des accord
1541 le CERN ont pourvu au plus urgent. Ces organismes ont ouvert la voie à des accords commerciaux et monétaires, lesquels deva
1542 ment ces problèmes économiques et commerciaux, on a vu que cela ne suffisait pas. Restaurer l’industrie, augmenter la pro
1543 ble dans les pays les plus développés : la Suisse avait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’a doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire
1544 Suisse avait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’ a doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle au
1545 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle aura doublé encore vers 1987 en quatre-vingt-cinq ans de nouveau, alors qu
1546 u pétrole dans les moteurs. Et puis quand nous en aurons assez de respirer ou de manger des poisons, certains seront tentés pa
1547 isés, le tiers-monde — il faut oser le dire ! — n’ a aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vie
1548 u de vie (matériel). Pour y arriver, en effet, on a calculé qu’il faudrait multiplier l’exploitation des ressources natur
1549 pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ ont cru naïvement jusqu’à nous : le charbon, le pétrole et les métaux non
1550 l faut réduire quelque chose. Or, les écologistes ont constaté que réduire telle ou telle variable isolément — la pollution
1551 ance fatale. Les calculs prévisionnels que le MIT a soumis au Congrès américain dès 1970 (rapport du Prof. J. W. Forreste
1552 s révolutionnaire » dont les barricades de Mai 68 ont été comme les signes flamboyants. Voilà qui suppose un certain nombre
1553 nt être renversés. Mais que voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollueront plus l’ai
1554 voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollueront plus l’air des villes en 1975, et
1555 illes en 1975, et ce sera fait. L’URSS, le Japon, ont un gouvernement capable d’imposer des mesures comparables. Mais l’Eur
1556 it du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement éclaté dans les universités de tout l’Occident et dans les
1557 t renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’ a pas de principe de cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans
1558 le est née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nationalis
1559 nt d’inventer les anticorps de ce virus dont nous avons infecté la terre entière. Dernière et peut-être suprême raison de fai
1560 rs sondages opérés dans les pays du Marché commun ont prouvé que 65 % des Européens dans leur ensemble souhaitent l’union,
1561 l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave raison, un très puissant barrage dans nos
1562 . Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes m’ ont confirmé au-delà du nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’
1563 mier Congrès de l’Europe, à La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions pureme
1564 pés autour du prestigieux Winston Churchill. Nous avons cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « une so
1565 ins — et qu’ensuite on irait plus loin. Or nous n’ avons pas progressé d’un pas dans le sens d’une vraie fédération. Et pourqu
1566 urront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale absolue » d
1567 elque mesure d’union n’est plus qu’un mythe. On l’ a vu lors de la guerre de Suez : un froncement de sourcils du président
1568 ent américain et un grognement du dictateur russe ont contraint les gouvernements de la France et de la Grande-Bretagne à s
1569 rs pays n’étaient plus « souverains ». Ce mythe n’ a plus d’autre existence que négative. En son nom l’on peut refuser, ma
1570  » Cette suggestion rejoint les conclusions que j’ ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des motif
1571 e des motifs extrêmement divers en apparence, qui ont amené la plupart des pays européens à poser le problème régional. Que
1572 ce carcan militaire, idéologique et douanier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la p
1573 ue celui des nations modèle xixe siècle. On nous a appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « natur
1574 ntradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de nature très diverse, ethniq
1575 ntra-nationales (Sud-Ouest français, Mezzogiorno) ont motivé les premières études régionales au sein du Marché commun (1961
1576 des régionales au sein du Marché commun (1961) et ont abouti à la création à Bruxelles d’une Direction générale de la polit
1577 tion pratique, dans les différents domaines que j’ ai cités : socioéconomique, culturel, écologique, universitaire. Ces lie
1578 n européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses pour rompre les liens stato-nationaux
1579 ticuliers, dans le cadre de l’État-nation qui les avait jadis « réunies » de gré ou de force, rien ne les en empêchera, c’est
1580 européen et mondial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté
1581 ps de canon, d’exactions et de parjures qui seule a réussi à imposer l’hégémonie des rois de la petite Francie capétienne
1582 re du continent. Jamais une frontière politique n’ a arrêté la pollution de l’air et des eaux, ni celle des esprits par le
1583 , envoyés par l’État central. Et c’est pourquoi j’ ai dit qu’il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le
1584 génération et qu’elle arrive « aux affaires ». Aurons -nous le temps ? Vous me poserez alors une seconde question grave :
1585 , n’est-ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons -nous le temps de faire tout cela, avant les catastrophes écologiques
1586 tey. On construisait sa résidence de Rabat, et il avait demandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’ent
1587 pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il n’y a pas une minute à perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur soi-m
1588 togestion, ou le pouvoir sur soi-même Ce que j’ ai tenté de vous faire sentir, c’est que le problème européen dépasse la
1589 lui répondrai ceci : les révolutions violentes n’ ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’à une tyrannie accrue. La Te
1590 c. Le seul pouvoir qui importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de responsabi
1591 es fédérer, avec tout ce que cela suppose, nous l’ avons vu, d’autogestion à tous les degrés, de responsables à tous les étage
1592 é retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons-nous ? J’ ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — po
1593 ows et son équipe, publié aux USA en 1972, et qui a secoué tous les tabous de l’Occident industriel. 115. Auteur de La Q
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
1594 nt font un étrange retour en arrière. Il y a déjà eu l’Europe des régions. C’était le Moyen Âge et la féodalité. (Erreur
1595 (Erreur sur la féodalité, système juridique qui n’ a rien à voir avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’est pa
1596 iscours de Poitiers, M. Pompidou rappelle « qu’il a fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité nationa
1597 e ». (C’est dire quelle résistance des peuples on a dû vaincre, ne fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule,
1598 pe des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’ a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation,
1599 ce et lesdits intérêts. Personne, que je sache, n’ a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Pers
1600 ache, n’a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Personne n’a invoqué la solidarité — pourtant fa
1601 ance, si tous ont parlé de ses droits. Personne n’ a invoqué la solidarité — pourtant factuelle, quoi qu’on en pense — de
1602 ’homme et la croissance 120. que jusqu’ici l’on n’ a guère étudié « que les structures et le mode de fonctionnement des Ét
1603 emande H. Kahn. Et de constater que « la France n’ a pas une économie nécessairement plus saine que celle de la Belgique,
1604 ne que celle de la Belgique, et aucune des deux n’ a une économie plus saine que le Luxembourg ». De même, la France n’es
1605 en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous son armée). Pourquoi, dans ce cas, un Breton (ou un Sicilien,
1606 un point de programme électoral ? De Gaulle seul avait entrevu les voies et moyens du passage à l’ère nouvelle. Il les avait
1607 ies et moyens du passage à l’ère nouvelle. Il les avait évoqués dans son discours de Lyon en 1968 : à la séculaire centralisa
1608  Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’ a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser
1609 ’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le problème
1610 le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant
1611 l manifeste « une certaine satisfaction : celle d’ avoir réussi son départ. […] Il se montrait préoccupé du jugement que l’his
1612 t que l’histoire porterait sur son retrait ». « J’ ai pris la bonne sortie devant l’histoire », ce thème revient dix fois d
1613 commun avec le mouvement de tendance fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Réédition
1614 nce fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Réédition chez Hachette, Paris, 1972. 119
90 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
1615 ropéen, 1891-1974 (printemps 1974)do Lorsque j’ avais demandé à Carl Burckhardt d’être, aux côtés de Robert Schuman et de C
1616 tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il n’y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centres ni
1617 italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie n’ aient tenté de réunir en un État-nation à la française toutes leurs cités,
1618 es culturelles qui, moins forts, moins doués, les eût neutralisés. Lointain cousin de l’historien de la Renaissance, je ne
1619 istorien de la Renaissance, je ne pense pas qu’il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous les de
1620 ’accidents du cœur de l’Europe. Peu de carrières ont connu tant d’alternances, de périodes d’action et de méditation. Tant
1621 e Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’h
1622 mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen qui ne
1623 a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen qui ne peut séparer la pensée de l’a
1624 l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire a certes confirmé son pessimisme inné, sa profonde méfiance à l’endroit
1625 ant de la vie et son sens du service de la cité n’ ont cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pressan
1626 archétypal, avant tous titres décernés, C.J.B. n’ avait pas seulement la prestance, mais la simplicité et la maîtrise de soi,
1627 oraliser, et avec trop de distance naturelle pour avoir à jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’
91 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
1628 le grand public européen, c’est que George Orwell a prévu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à l’impitoyable s
1629 lequel le journal brésilien O Estado de São Paolo a eu l’idée d’interroger de par le monde, neuf écrivains, savants et ph
1630 quel le journal brésilien O Estado de São Paolo a eu l’idée d’interroger de par le monde, neuf écrivains, savants et philo
1631 de George Orwell Une nouvelle guerre européenne a éclaté. Il se peut qu’elle dure plusieurs années et mette en pièces l
1632 écemment, les implications complètes de ce fait n’ avaient pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme pouvai
1633 ous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’avance dan
1634 dée de fatalités peut-être désastreuses, mais qui auront l’avantage de nous innocenter ? Toute prophétie trop bien réalisée —
1635 well — m’incite à poser cette question : l’auteur a-t -il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’is
1636 prévisions et nous en montre les moyens ; ou bien a-t -il été le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision a
1637 christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’ a pas le même sens dans les deux cas), mais surtout parce que l’événeme
1638 yé de la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu que les substituts du christianisme, de l’Église et du cléricalism
1639 is toujours militaires en fait. En revanche, il n’ a pas su montrer l’alternative personnaliste à l’individualisme en proi
1640 ostalgie totalitaire. 95 % des Allemands au moins ont plébiscité Hitler : ce n’est pas Hitler qui les a privés de leur auto
1641 t plébiscité Hitler : ce n’est pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l
1642 qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’ont fait leur libérateur
1643 omie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l’ ont produit, qui l’ont fait leur libérateur, celui qui venait les libérer
1644 ont choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’ ont fait leur libérateur, celui qui venait les libérer de leur responsabi
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
1645 de ce type, c’est que l’objet en question semble avoir fait son temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est
1646 eux du grand public. Ni les uns, ni les autres, n’ ont encore bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le reconn
1647 es seulement, des objets de connaissance, comme l’ a si bien montré Piaget par ses nombreuses analyses établissant que not
1648 de l’homme. Dans ce sens, on peut dire qu’il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour celui
1649 de tout savoir, de toute connaissance réelle. On a pu se demander si la région est un fait de nature ou de culture ? (De
1650 ions seront, ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière active et convaincante, ou non. Persuader,
1651 Nature, l’Histoire, les ethnies, ou les intérêts avaient uni. Près des frontières, on voit et on ressent immédiatement que les
1652 centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous avons baptisée région lémano-alpine. Les fonctions essentielles qui apparai
1653 t la Haute-Savoie, mais travaillant à Genève, qui a éveillé chez les Genevois comme chez leurs voisins la conscience d’un
1654 oie), et des négociations franco-suisses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission r
1655 que la bipartition nationale du bassin lémanique a empêché jusqu’ici de traiter convenablement, sont plus graves à long
1656 d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous avions esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et présiden
1657 ateur des actuelles frontières franco-genevoises, avait écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plu
1658 us ne connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute marqué toute la culture de la région et laissé des t
1659 qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont tout calculé en fonction de leur « indépendance nationale », de leur
1660 t sa morale, qui est le nationalisme totalitaire, a provoqué les deux guerres européennes, devenues mondiales. Ces guerre
1661 rres européennes, devenues mondiales. Ces guerres ont ruiné le prestige de l’Europe politique (d’où la décolonisation opéré
1662 ris du tiers-monde qui nous les rend), mais elles ont fouetté technique et industrie, qui ont causé surpopulation, famines,
1663 ais elles ont fouetté technique et industrie, qui ont causé surpopulation, famines, pollution des océans et de l’atmosphère
1664 ations humaines. Devant la contre-attaque qu’elle a provoqué par son action, l’Europe se voit aujourd’hui sans force : sa
1665 ce : sa division en État-nations souverains — qui a causé les guerres mondiales et donc sa ruine — c’est cela aussi qui l
1666 aussi qui l’empêche de résoudre la crise qu’elle a fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas,
1667 égions fonctionnelles, d’aires diverses — chacune ayant pour extension le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos m
1668 s, l’homme s’y sent irrémédiablement perdu. Et il a raison. Si l’on veut refaire une communauté humaine (et non pas une
1669 able qu’à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’ a bien vu et bien dit.) C’est une question de dimension, non de bonté o
1670 relié — c’est-à-dire en tant que personne.   Je n’ ai rien dit de neuf et ce n’était pas mon but. Je voulais seulement grou
1671 5. La création à Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien en 1972. dp. Rougemont Denis de,
93 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
1672 sé, mais sans pouvoir le changer ; alors que nous avons liberté et puissance de changer l’avenir, mais sans le connaître.126
1673 ur l’esprit créateur. Et nous savons que la terre ayant des dimensions finies, ses ressources seront épuisées dans des délais
1674 Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’ avoir une politique et d’en parler — la politique étant définie en ce point
1675 rmes quantitatifs de production ou de profit. Ils ont démontré que jamais le tiers-monde ne pourra rejoindre le niveau de v
1676 le niveau de vie de l’Occident d’aujourd’hui. Ils ont fait voir accessoirement qu’il y a là pour le tiers-monde une chance
1677 n présence de cette agression libératrice, il n’y a qu’une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modèle (co
1678 isques de la liberté. Roma locuta, — l’ordinateur a parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la
1679 t qu’il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il a pris soin d’introduire dans le modèle quelques bribes de réalité d’un
1680 isions les plus exactes — voire seules à l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes d
1681 nécessairement là où les intuitions « sauvages » ont réussi. Un seul exemple, ici, me suffira. À la page 54 de l’ouvrage q
1682 ici, me suffira. À la page 54 de l’ouvrage qui l’ a rendu célèbre, L’An 2000, Herman Kahn groupe en un tableau les événem
1683 les événements du xxe siècle que ses méthodes n’ eussent pu prévoir, en tant que « surprenants ou inattendus ». Je relève dans
1684 somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les
1685 me déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les fa
1686 st bien compréhensible : car les faits ne pouvant avoir tort, c’est la méthode qui sort ruinée d’un tel échec prévisionnel. D
1687 ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles ont fait l’objet de prévisions, voire de prédictions très remarquables, d
1688 e citer que les plus grands noms.130 Certes, ils ont tous nourri leurs intuitions d’une connaissance directe et passionnée
1689 donc au secret de la psyché de leur époque qu’ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la morale du
1690 tiplient depuis près de deux siècles, et que je n’ ai cessé de risquer dans mes livres : j’en donnerai plus loin des exempl
1691 er notamment. Serait-ce qu’une chance imméritée m’ ait fait retrouver la clé dont ils s’étaient servis ? Oui, dans un certai
1692 n régime fondé sur la coopération volontaire, qui aurait partagé équitablement les avantages et les responsabilités, n’aurait
1693 tablement les avantages et les responsabilités, n’ aurait pas vu se produire ces soulèvements. […] Limiter une expansion malsai
1694 oulèvements. […] Limiter une expansion malsaine n’ aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres région
1695 rète aspiration à l’autonomie que l’État temporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beaucoup trop tard pour qu
1696 sa courbe historique, et nous allons voir qu’on l’ a fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noyau humain, physiologiqu
1697 prospective personnaliste La prospective que j’ ai dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, puisqu’e
1698 des vocations reniées. De fait, la prospective n’ aurait plus de raison d’être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme
1699 it plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’ a d’intérêt qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait
1700 à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait plus de politique possible dans un monde soumis aux seuls « impératif
1701 hiffrées ne m’intéressent que dans la mesure où j’ ai en tête quelque finalité plus ou moins formulable, et cherche les moy
1702 e lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car
1703 rendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’ ai pas à deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon comme
1704 nt les scolastiques et comme il semble bien que l’ avaient oublié nos plus savants économistes. Les moyens technologiques, accor
1705  ; ou vers quelque chose d’angoissant et que l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entends les c
1706 la route meurtrière », au lieu de se demander qui a fait la route et pourquoi, et si son prix valait vraiment les avantag
1707 les avantages qu’elle offre à la communauté qui l’ a payée, et aux assassins du week-end. Enfin, le modèle d’avenir qu’on
1708 déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’ aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non
1709  » Première réaction devant ce texte : le gosse n’ a pas une chance, sauf intuition, de deviner les manettes qu’il convien
1710 eau de bord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable d
1711 ord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prê
1712 lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait eu ) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter
1713 sur une mécanique : là, il s’agit de savoir, ou d’ avoir su ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminis
94 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
1714 Valéry Le problème des relations Europe-Monde m’ a souvent occupé depuis deux décennies. Je lui ai consacré trois volume
1715 m’a souvent occupé depuis deux décennies. Je lui ai consacré trois volumes, des conférences, un colloque, et tout un cong
1716 els et d’artistes européens, américains et russes ont été et se veulent aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’
1717 partout des Anciens, même en Europe. Mais il n’y a de Modernes, et loués comme tels, qu’en Europe et en Amérique. (Il y
1718 comme tels, qu’en Europe et en Amérique. (Il y en eut en Russie jusqu’à Staline : Stravinsky, Malevitch, Kandinsky, Mandels
1719 , etc.) La Querelle des Anciens et des Modernes n’ a jamais eu de sens qu’en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore à
1720 a Querelle des Anciens et des Modernes n’a jamais eu de sens qu’en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore à la fois,
1721 ù vient qu’en tant qu’ils renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’en révèlent tributaires, mais se privent de comp
1722 t dans l’avenir immédiat et lointain, comme elles ont dépendu de tous temps, 1° de la nature des valeurs culturelles (au se
1723 du xxe siècle qui, sur les traces de Karl Barth, a montré que le christianisme n’est pas une religion à proprement parle
1724 ystème de rites et de tabous, un code sacré ; — n’ a pas de Livres sacrés sur les relations sexuelles, économiques, social
1725 de Sumer aux Mayas et de l’Inde à la Chine ; — n’ a pas pour fonction principale de maintenir l’ordo mundi et de conserve
1726 e (ses rites et ses conduites sociales) tel que l’ ont fondé les ancêtres ; mais au contraire : — oppose le « nouvel homme 
1727 ordre des choses (que toutes les autres religions avaient pour mission de maintenir), et son remplacement instantané par un nou
1728 sent une anti-religion. Que les Églises plus tard aient recréé les éléments d’une religion chrétienne, c’était inévitable et
1729 t naissance à la notion d’humanité. Les Européens ont découvert le Monde, et personne n’est jamais venu les découvrir. Cett
1730 s lui apporter rien d’essentiel que la Bretagne n’ ait formé d’abord. Il en va de même pour l’influence passagère de l’art j
1731 ce ! Ces apports émotifs ou plastiques à nos arts ont peu de chances de durée en Europe. Dans la mesure même où ils ont sig
1732 es de durée en Europe. Dans la mesure même où ils ont signifié trop facilement la « modernité » pendant deux ou trois décen
1733 tions de créateurs, d’avant-gardistes. Si le jazz a marqué certaines œuvres de Darius Milhaud par exemple, alors en réact
1734 entifique, venue de l’Europe et d’elle seule, qui a révélé ces richesses naturelles et dans un sens précis, concret, les
1735 s naturelles et dans un sens précis, concret, les a créées. Tel émirat n’est qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des
1736 V. « … et tout en est venu, ou presque » J’ ai fait ailleurs, et à plus d’une reprise, la liste impressionnante des
1737 ive verbale pour exprimer ce que l’homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe s
1738 vent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ; ils voient
1739 e raccordent au psychisme de l’homme européen qui a conçu les machines et la personne. Mais les machines sont transportab
1740 xpliquant d’où viennent ces objets, pourquoi vous avez eu l’idée de les construire et comment ils expriment et transportent,
1741 uant d’où viennent ces objets, pourquoi vous avez eu l’idée de les construire et comment ils expriment et transportent, en
1742 ux enfants d’une école de Djakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : « Composez maintenan
1743 eux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’ avaient jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en fait, un che
1744 e exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons
1745 ntact de l’Europe et d’un empire, la Chine : — qu’ a-t -elle reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine a pris d’abord
1746 reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est bien l’idée la plus contra
1747 à-dire de complémentarité du yin et du yang. Elle a reçu toute faite, « clé en main », la doctrine de la révolution issue
1748 elle du xixe siècle européen : le marxisme. Elle a reçu la technique, et elle développe une science empruntée (sauf pour
1749 ui formeront une partie de Das Kapital. Karl Marx avait prévu que sa révolution se produirait dans les pays industriels. Or l
1750 secousses et de bonds en avant bien calculés. Mao a précisé qu’il y aurait lieu de renouveler périodiquement la « révolut
1751 ste le virus le plus sûrement mortel que l’Europe ait propagé dans le monde en le colonisant intensivement pendant un siècl
1752 du stato-nationalisme. Il semble bien que Mao en ait vu le danger et prenne des mesures pour immuniser son peuple, si l’on
1753 tent aujourd’hui 153 États-nations, dont les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes à revendiquer leur
1754 contre des ennemis qu’elles se créent, dont elles ont besoin pour survivre et assurer leur « cohérence nationale », et qui
1755 prévenant les effets encore plus destructeurs qu’ auraient sans elle les famines continentales ou une diminution catastrophique
1756 s conditions critiques que l’on vient de rappeler ont été créées par l’Occident, et d’abord par l’Europe (colonisation, for
95 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
1757 venir, que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschr
1758 ttéraire bien défini, que je connais un peu, pour avoir collaboré à une bonne quinzaine d’entre eux au moins (j’en ai fait me
1759 à une bonne quinzaine d’entre eux au moins (j’en ai fait mentalement le compte tout à l’heure), consacrés à des écrivains
1760 tes ; ou au contraire mécompris, entendez : qu’on aurait pu tout de même dire mieux et plus… Cela, c’est le risque, le tragiqu
1761 oire forte, peut-être, le croisant dans la rue, l’ aurais -je pris pour un homme dur et violent. Mais à l’entendre parler… » l’a
1762 n ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun a raison d’une certaine manière, selon ce qu’il est lui-même et la mani
1763 on récipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage,
1764 ecté et le plus respectable des éditeurs suisses, ont dû sacrifier à la préparation de ce livre de fête une partie de leurs
1765 iments de culpabilité à leur égard, c’est qu’on n’ a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne recommenc