1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 ugemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il
2 moins avec le fol espoir d’apaiser à jamais tous nos conflits, mais au contraire : pour maintenir les risques de la libert
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
3 es milliers d’hommes et de femmes, dans chacun de nos pays, s’inquiètent pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’
4 is, précisément, sont chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit manque trop souvent dans tout cela.
5 e voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » autant
6 ent ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » autant par s
7 comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » autant par son esprit que pa
8 on seulement menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit compre
9 qu’il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et
10 autre âge. On répète que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les véritables intérêts calculent et
11 e. Ce sont, bien au contraire, les idéologies qui nous empêchent de voir les faits. Ce sont les préjugés de groupes, les rou
12 des esprits et des cœurs. Pour aboutir à fédérer nos peuples, il faut donc agir tout d’abord sur les esprits et sur les cœ
13 le plan de la culture, précisément — hors duquel nous n’avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moy
14 nt — hors duquel nous n’avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens les plus directs, sans attend
15 rative, dans des domaines précis. Le bulletin que nous lançons aujourd’hui s’adresse donc aux intéressés, dans le double sen
16 nstruments de fédération ; et ceux qui approuvent nos buts, veulent suivre nos efforts, et cherchaient un moyen d’y prendre
17 ; et ceux qui approuvent nos buts, veulent suivre nos efforts, et cherchaient un moyen d’y prendre part. Quelques milliers
18 e femmes, ceux qui sont réveillés, dans chacun de nos pays. Un lien et une correspondance Nous ne fondons pas « une r
19 de nos pays. Un lien et une correspondance Nous ne fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bull
20 s pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre technique autant que sp
21 change vivant avec ceux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait pour elle en dehors du p
22 l’on fait pour elle en dehors du plan politique. Nous avons attendu plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne vou
23 tendu plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne voulions pas annoncer des projets sans avoir enregistré des réalis
24 s projets sans avoir enregistré des réalisations. Nous ne voulions pas tout embrasser sur le papier, vivre de plans et de ma
25 is, au risque de lasser les meilleures volontés.) Nous avons attendu qu’on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de d
26 leures volontés.) Nous avons attendu qu’on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de discrétion sur ce qui se fait au
27 ès de discrétion sur ce qui se fait au Centre. Si nous décidons aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’est point
28 au Centre. Si nous décidons aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’est point pour essayer de démontrer que le Cent
29 que le Centre « sert vraiment à quelque chose ». ( Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’ayons pas à le défendre a
30 se ». (Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais
31 ous n’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’ac
32 fendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au
33 urope, aux yeux du monde entier et pour chacun de nous , dans nos vies quotidiennes comme dans la vie de l’esprit. Un travail
34 yeux du monde entier et pour chacun de nous, dans nos vies quotidiennes comme dans la vie de l’esprit. Un travail théorique
35 , les précédents créés, les réalisations, et déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui
36 s méfiances. Qu’on lise les pages qui suivent sur nos activités. On excusera peut-être leur sécheresse : celle de bulletins
37 ’action. Pour élargir cette œuvre en plein essor, nous en appelons maintenant à la coopération des meilleurs, des plus respo
38 échanges, il en est des milliers de toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ceux qui refusent l’engagement partis
39 ituelle qu’est l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu, le courrier de l’Europe vivante. b. R
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
40 plutôt contre ! » Le péché contre l’esprit, dans notre Europe en voie d’union, ce serait de vouloir organiser la culture, et
41 on, ce serait de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’Éta
42 ier ressort, de la personne. Nationalisation de nos cultures Le nationalisme, qui atteint de nos jours ses conséquence
43 e nos cultures Le nationalisme, qui atteint de nos jours ses conséquences extrêmes avec le concept d’autarcie, a créé da
44 d’autres termes, pour s’être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’elles se tr
45 e formule de l’État totalitaire. Or la plupart de nos États démocratiques tendent obscurément vers cette limite, non par un
46 poids de leurs mécanismes administratifs. Toute notre vigilance doit s’exercer, dès maintenant, contre les risques d’extens
47 mécanismes administratifs. Toute notre vigilance doit s’exercer, dès maintenant, contre les risques d’extension de ces prat
48 saires devient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point de v
49 e La Haye à Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitudes mentales, des préjugés
50 les, des préjugés tenaces, et des pratiques qu’il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle beaucoup
51 pratiques qu’il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle beaucoup, par exemple, d’« organiser les é
52 vertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher
53 s cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre plus facilement d’une prison
54 dre plus facilement d’une prison à l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement », immédiat, sans condition.
55 s de simples déplacements de forts en thème —, il nous faut dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges » et en mêm
56 travail dans toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement di
57 espèce de « plan Schuman de la culture », gardons- nous cependant de confondre les méthodes. Le charbon, l’acier, l’électrici
58 ces mystères ? La question n’est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littérature, comme les sciences e
59 reaucratie s’étaient unis pour étrangler. Quant à nous  : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps e
60 tie s’étaient unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait
61 d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous , mais de créer des liens vivants, et dès aujourd’hui de manifester l’
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
62 lectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerr
63 pper une civilisation certes proche parente de la nôtre , mais autonome ; la plus grande différence entre les deux étant que l
64 vocabulaire des staliniens) la marshallisation de nos cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait
65 l’invasion de l’américanisme représenterait pour nous un aussi grand danger que l’invasion du stalinisme russe. On sait les
66 Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur notre sol contre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancie
67 ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce sont parfois les mêmes, plus ch
68 rts humains plus francs et plus cordiaux que chez nous . Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambivalente : aid
69 t ce que donne cette attitude ambivalente : aidez- nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, n
70 mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à no
71 l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez- nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la
72 rialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la cultu
73 z, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendu
74 ola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens d
75 pliqués et susceptibles, esquivant les réponses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu
76 upés à se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos do
77 te de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos dollars. Je force à peine les traits, pour aller vite. Je rappelle d
78 stes, ou deviennent isolationnistes, ce sera bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra sub
79 Et si la « civilisation du digest » prévaut chez nous , ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, q
80 vilisation du digest » prévaut chez nous, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons
81 ncore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Aches
82 que de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen qui, librement, propage ces succès américains et leur
83 américains et leurs contrefaçons multipliées chez nous . Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Pe
84 ains et leurs contrefaçons multipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne
85 tmosphère plus saine, quelques conditions simples nous ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et
86 nous ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès,
87 s représentants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent être choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons
88 autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à nos pittoresques taudis ; parlons en égaux différents. Alors, entre les m
89 nente, il y aura vraiment rencontre créatrice. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifi
90 créatrice. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifiés, dès le départ, et la question ne ser
91 ) « neutralistes ». En voici un : « Dès le début, nous avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre
92 ncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’originalité
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
93 ope-USA (août-septembre 1952)e L’éditorial de notre bulletin de juin-juillet a suscité de nombreux échos. Une trentaine d
94 politiques et militaires en prennent conscience. Nous en voyons une preuve nouvelle dans la multiplication des groupes de d
95 ècle. » De brefs comptes rendus de ces rencontres nous parviendront bientôt. Nos lecteurs en trouveront des extraits dans le
96 ndus de ces rencontres nous parviendront bientôt. Nos lecteurs en trouveront des extraits dans le prochain numéro de ce bul
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
97 ques qui se préoccupent du problème de l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiq
98 e de l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiques et économiques. Ces raisons, bi
99 érance américaine, la nécessité absolue d’élargir nos marchés nationaux, la volonté de régler le vieux conflit franco-allem
100 ranco-allemand, la nostalgie de l’indépendance de nos pays. L’un des arguments que l’on invoque pour convaincre le grand pu
101 du patrimoine culturel de l’Europe, l’héritage de notre glorieuse civilisation et son culte de la personne humaine. Ces formu
102 t à demander : pourquoi l’union (si difficile) de nos États, au lieu de leur pure et simple intégration (qui serait bien pl
103 ? — on ne peut lui répondre qu’en se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous ont assu
104 ions culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la culture à
105 r rapport aux projets de la Pré-Constituante, qui doit coiffer d’un pouvoir politique l’armée européenne non encore ratifiée
106 iques — d’où naquirent les doctrines qui ont créé nos régimes — et par les formes de pensée philosophique qui ont permis le
107 philosophique qui ont permis le développement de nos sciences, et donc de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’e
108 rmis le développement de nos sciences, et donc de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’est pas le chemin de fer, l’
109 ans lesquelles les « réalités concrètes » dont on nous parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce n’est pas une somme d
110 our lui. Toute propagande européenne digne du nom doit partir de ces évidences. 4. Mais on va me dire : le mot culture n’a p
111 cience des problèmes de l’Europe en relation avec nos vies quotidiennes ; enfin pas de sentiment européen tant que la masse
112 suite ses conditions. Votre commission culturelle doit préciser ces conditions. Je me borne à en indiquer quatre. a) Un gouv
113 défense de l’Europe. La jeunesse de l’Europe a le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union augmentent
114 rises du même genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en feraient du meilleur si on
115 livre et leur succès croissant dans la plupart de nos pays, peut indiquer la solution. Pour ceux qui en ont le besoin réel
116 leine. Voilà pourquoi, précisément, votre congrès doit estimer qu’il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f.
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
117 uis deux ans, et pourtant, à plusieurs égards, il nous donne souvent l’impression d’être encore en pleine formation : l’élar
118 e encore en pleine formation : l’élargissement de notre Conseil, dès aujourd’hui, en est un signe, fort heureux d’ailleurs. V
119 rs. Vous allez entendre une série de rapports sur nos activités diverses, présentés par leurs animateurs et par nos conseil
120 s diverses, présentés par leurs animateurs et par nos conseillers techniques. Je puis donc me borner, pour ma part, à dégag
121 de l’évolution du CEC. I. Comment se situe notre action dans la réalité européenne d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’ab
122 CEC n’est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le répéter. Mais par rapport aux autres instances in
123 ’Unesco : mondiale, gouvernementale, riche, quand nous sommes pauvres, autonomes, et européens. Les méthodes de travail des
124 organismes sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrait appeler le stad
125 hes possibles et imaginables celles-là seules qui nous paraissent urgentes et susceptibles de solutions pratiques et rapides
126 nt se produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous cantonnons dans le plan des réalisations concrètes. Au surplus,
127 produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous cantonnons dans le plan des réalisations concrètes. Au surplus, on no
128 l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est nécess
129 éaliser certains de ses plans. Les entretiens que nous ont ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en détail
130 on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation et une culture, une manière
131 péen. II. Esquissons maintenant le bilan de notre action depuis un an. Tout d’abord le passif : nos échecs, et nos manq
132 tre action depuis un an. Tout d’abord le passif : nos échecs, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort p
133 is un an. Tout d’abord le passif : nos échecs, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort pour informer un
134 s, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort pour informer une manière de penser européenne. Prenons trois
135 penser européenne. Prenons trois exemples précis. Notre Commission des historiens a cessé de se réunir, à la suite de certain
136 ogues au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’en
137 s côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’en réalité tout reste à faire. Notre servic
138 ons aujourd’hui qu’en réalité tout reste à faire. Notre service d’articles de revues, Europa Features, a placé de bons articl
139 s il y a plus. Les obstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde
140 echnique. Ils résultent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou priv
141 ent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou privés, politiques ou mêm
142 iques ou même « européens » d’étiquette. Parfois, nous découvrons que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des
143 que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous manq
144 ntendus. Un bon service de public relations — qui nous manque encore — pourrait y remédier. Mais d’une manière plus générale
145 e, les motifs des échecs encourus jusqu’ici ou de notre défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’avons pas vu assez
146 notre défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la conscience des
147 ope. Pourquoi cela ? Faute de temps et de moyens. Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travai
148 yens. Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait réparti entre 20 ou 30 personn
149 personnes dans une organisation à l’américaine. ( Nous nous contenterions de 2 ou 3.) Pourquoi ce manque de fonds ? Faute d’
150 onnes dans une organisation à l’américaine. (Nous nous contenterions de 2 ou 3.) Pourquoi ce manque de fonds ? Faute d’appui
151 es. Pourquoi enfin ce manque d’appuis ? Parce que nous nous occupons de culture, et non de politique. Passons à l’actif. J’y
152 ourquoi enfin ce manque d’appuis ? Parce que nous nous occupons de culture, et non de politique. Passons à l’actif. J’y rang
153 sultats réels, quoique non encore suffisants dans notre perspective. Le Laboratoire européen de physique nucléaire, dont le p
154 n verra tout à l’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exécution. Le Prix européen de littérature do
155 voie d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il
156 de littérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la port
157 s encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre. Quant aux Plans de causerie (tirés à l’200 000 exemplai
158 les grandes manifestations de ce genre en Europe, nous ne pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépa
159 ations de ce genre en Europe, nous ne pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup notr
160 atisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup notre attente. À ce même chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos
161 se de beaucoup notre attente. À ce même chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos deux derniers nés : la Communauté
162 me chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos deux derniers nés : la Communauté des foyers de culture et les Agence
163 enfin les perspectives de développement du CEC ? Nous comptons pousser les actions en cours : reprendre les travaux de nos
164 r les actions en cours : reprendre les travaux de nos deux commissions d’historiens et de savants ; grouper non plus quelqu
165 culture ; accentuer le caractère « européen » de nos fédérations de guildes et de festivals ; établir un plan de recherche
166 composer une nouvelle série de plans de causerie… Nous comptons ensuite lancer plusieurs activités nouvelles, actuellement à
167 tout cela, le danger évident de la dispersion de nos actions spécialisées ? Toute notre insistance portera sur la coordina
168 la dispersion de nos actions spécialisées ? Toute notre insistance portera sur la coordination des quelque 18 activités en co
169 earing house que veut être le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une formule neuve pour notre réunion du Consei
170 ous inaugurons aujourd’hui une formule neuve pour notre réunion du Conseil supérieur : les responsables de nos activités vont
171 éunion du Conseil supérieur : les responsables de nos activités vont chacun présenter leur rapport, en sorte que chacun pou
172 s bases d’un dialogue, que j’espère fécond, entre nos différentes branches d’étude et d’action. Je vous prierai, en termina
173 e succès que je viens d’indiquer, c’est-à-dire de nos réalités quotidiennes, d’autre part de la vaste ambition européenne q
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
174 it de l’Unesco, les milieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans c
175 ilieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que
176 -même, comme le prouve le départ de leur chef. Il doit y avoir un vice constitutif dans toute l’affaire. Et peut-être facile
177 es. Les activités culturelles n’étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un
178 e pas plus d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on fait ? En attendant, rêvons u
179 but en soi, non comme annexe d’une politique. Et nous venons de voir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’une ma
180 eu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et douanières. Le champ d’action o
181 e, l’islam, l’Asie du Sud, l’Extrême-Orient. Ceci doit se traduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et
182 nautés organiques et dans les foyers de création. Nous entendons par là : les écoles de pensée et d’art ; les revues et les
183 entre foyers de création. Ces liaisons peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on
184 ure, c’est la méthode du CEC depuis sa naissance. Nous avons bien souvent parlé d’un « centre décentralisé ». En bonne doctr
185 tat naissant. Et ce qui vaut pour les initiatives devrait valoir aussi pour le contrôle des tâches exécutées en collaboration.
186 ts soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Les tâches no
187 nations considéré). La formule fédéraliste Nous sera-t-il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes s
188 méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en
189 nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en doctrinaires, mais sur la base d’une expérience q
190 trois ans bientôt. Quoi qu’on pense du succès de nos efforts, le fait certain, c’est que les méthodes que nous suivons rép
191 orts, le fait certain, c’est que les méthodes que nous suivons répondent aux vœux et besoins exprimés par tous les « foyers 
192 oyers » autonomes fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme n’est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on
193 plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un jour d’une « crise du CEC », comme on parle aujourd’hui d’u
194 ectes entre les petits exécutifs spécialisés dont nous parlions et les instances gouvernementales se révèle là encore le plu
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
195 . De nombreux problèmes de critique musicale, qui devraient être discutés sur un plan international, restent sans réponse : ainsi
196 ent de ces prix fera l’objet d’un communiqué dans notre prochain bulletin. ⁂ Le comité exécutif de la Conférence internationa
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
197 Mais laissons ces images et voyons le concret de notre situation. L’opposition mobilise Longtemps habitués à traiter d
198 nombre d’individus et de groupes d’intérêts dans nos divers pays se trouvent soudainement alarmés par une série de faits p
199 danger : celui de la confusion, précisément. Mais nous gardons sur elle un avantage certain : nous attendions depuis longtem
200 Mais nous gardons sur elle un avantage certain : nous attendions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur e
201 s attendions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Montreux, 1947). No
202 avance ( congrès de Montreux, 1947). Normalement, nous devons donc gagner, sur ce plan-là. Le Kominform démobilise Mai
203 e ( congrès de Montreux, 1947). Normalement, nous devons donc gagner, sur ce plan-là. Le Kominform démobilise Mais voici
204 est, tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous , de notre union, puisqu’il tend à la présenter tantôt comme l’effet d
205 t d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre union, puisqu’il tend à la présenter tantôt comme l’effet d’une paniq
206 même raisonnement, d’autre part, a pu jouer chez nous en faveur de l’union : il la fait apparaître, aux yeux de certains, c
207 ait accepter in extremis. Si maintenant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous ces
208 est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’
209 ’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut prendre au sérieux l
210 u’on le néglige, peut devenir décisif. Expliquons- nous donc bien clairement, sans hésiter à souligner des évidences. Les
211 à souligner des évidences. Les vrais motifs de notre union n’ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations
212 de l’intérieur et de l’extérieur. La division de notre continent en 21 nations sottement rivales, dont aucune n’est plus à l
213 ands faits fondamentaux, ces trois coordonnées de notre destin historique, demeurent les motifs impérieux de notre union fédé
214 tin historique, demeurent les motifs impérieux de notre union fédérative. Les sourires du Kremlin sont peut-être la preuve qu
215 ent rien à ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meilleure amie, quand les États-Unis renonceraient à tout ce qui rend
216 ler. La question n’est pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations sont encore capables
217 i la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations sont encore capables d’assurer, chacune pour soi, leur séc
218 ses récentes conclusions : l’URSS ayant décidé de nous rassurer, l’Europe doit changer de politique. Le sentiment d’urgence
219  : l’URSS ayant décidé de nous rassurer, l’Europe doit changer de politique. Le sentiment d’urgence et de danger qui poussai
220 t être les premiers à la croire inutile. Qu’avons- nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous
221 rs à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ceux que de mauva
222 s à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons- nous y gagner ? Tous ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois à nos
223 ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir q
224 aises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir qu’une fédération
225 sse qui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite que le pri
226 s. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une épuration provoquée, u
227 par les chefs du Kremlin, mais cette fois-ci chez nous , et en fin de compte à leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés
228 suspicion générale, et le doute quant à savoir si nous aurions le temps de bâtir quelque chose de solide. L’état d’esprit de
229 natives, va faire place à une juste estimation de nos périls concrets mais aussi de nos chances. Le problème de l’Europe au
230 e estimation de nos périls concrets mais aussi de nos chances. Le problème de l’Europe au xxe siècle, en butte à l’hostili
231 parvenue à la veille de s’unir, — ce problème va nous apparaître dans sa plus nue réalité. Comment rendre à notre culture,
232 raître dans sa plus nue réalité. Comment rendre à notre culture, libératrice plus qu’aucune autre au monde des puissances amb
233 n et de rayonnement sur le monde ? Comment sauver nos trop petites nations de l’asphyxie économique ? Comment nous replacer
234 etites nations de l’asphyxie économique ? Comment nous replacer à l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le
235 nous replacer à l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien, par des déclarations invérifiables ou
236 l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien, par des déclarations invérifiables ou par des chiffre
237 érifiables ou par des chiffres alignés, mais dont nous gardons malgré tout, malgré nos infidélités, le sens humain, la formu
238 ignés, mais dont nous gardons malgré tout, malgré nos infidélités, le sens humain, la formule spirituelle ? La réponse n’es
239 leurs groupes. La Communauté politique sera donc notre but prochain, la condition certainement nécessaire, si elle n’est pas
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
240 y a celle-ci, qui n’est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de l’aide américaine. J’écris ceci
241 la politique mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre ma
242 ouhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union, appellent dangereusement l’
243 ’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union, appellent dangereusement l’Amérique à prendre en main
244 de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs de nos pays, nationalistes et communistes s’unissent pour dénoncer « l’empri
245 nts de la grandeur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on à cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence
246 utal, incontestable, c’est qu’aussi longtemps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de soute
247 ition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde du xxe siècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les
248 e décidèrent que leur simple alliance confédérale devait être remplacée par une fédération. Un projet de constitution fut voté
249 ent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primauté dans l’Union. C’est donc préc
250 d’aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longtemps appuyé ces arrogantes préten
251 ces arrogantes prétentions des Européens. C’est à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modération
252 ation à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’union nous en rendra capables. La désunion préparerait une nouvelle victime à le
253 la situation de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formation. Dans la mesure où les mêmes causes sont suscepti
254 eptibles de produire les mêmes effets, cette page nous dicte une politique. Regardons-nous dans ce miroir. l. Rougemont D
255 s, cette page nous dicte une politique. Regardons- nous dans ce miroir. l. Rougemont Denis de, « Aller et retour », Courri
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
256 juin 1953 (mai-juin 1953)m Crise Deux de nos grandes nations traversent une période de paralysie politique. Les Ru
257 ur Congrès menace de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’attention disponi
258 de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’attention disponible est absorbé par
259 ésespérée, mais certainement la plus sérieuse que notre continent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le sens d
260 chie des problèmes Les manchettes des journaux nous cachent l’Histoire comme l’arbre cache la forêt. Un seul exemple : pe
261 raffinées de leur Parlement, le reste de l’Europe doit marquer le pas et les Russes en profitent pour marquer des points. La
262 on d’unir l’Europe ? Trop de gens posent encore à notre union des conditions préalables (comme de rétablir l’équilibre économ
263 refusent encore de voir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble
264 cents, et presque ridiculement court au regard de notre histoire commune. Ce qu’il s’agit de sauver transcende par nature les
265 nations, car c’est une civilisation, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes
266 et ces derniers à leurs intérêts individuels. Si notre civilisation, menacée de toutes parts, ne peut pas s’appuyer sur des
267 lle va se désintégrer, et avec elle non seulement nos nations et leurs partis, et les intérêts bien ou mal compris de leurs
268 is de leurs électeurs, mais tout ce qui fait pour nous le sens même de la vie. L’Europe vaut plus que les Européens En
269 s essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés de barbelés douaniers. Cepen
270 ’ignorance, ou jouant sur elle. Dans plusieurs de nos pays européens, aujourd’hui, la politique signifie la lutte des parti
271 ment faire l’Europe avec tout cela ? Pourtant, si nous ne la faisons pas, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous
272 ? Pourtant, si nous ne la faisons pas, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’est p
273 as, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’est pas la somme des Européens réels. El
274 quelle est antérieure et supérieure à l’individu. Nous voulons ici cette Europe, comme le moyen pour les Européens de se dép
275 comme le moyen pour les Européens de se dépasser. Nous travaillons à cette éducation. « Il y a cet immense avenir tout neuf
276 ion. « Il y a cet immense avenir tout neuf devant nous , qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme
277 y a cet immense avenir tout neuf devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme dit Claud
278 f devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous , tant pis pour nous », comme dit Claudel. L’idée avance, malgré to
279 ous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous  », comme dit Claudel. L’idée avance, malgré tout Seules les idé
280 avant le congrès de La Haye, quand un journal de nos pays passait un papier sur l’Europe, c’était un bon succès, nos bulle
281 it un papier sur l’Europe, c’était un bon succès, nos bulletins le soulignaient. Mais ouvrez un journal aujourd’hui, n’impo
282 (Et par exemple, une de ses conditions : la CED.) Notre « Utopie » d’il y a cinq ans seulement, déjà renverse des gouvernemen
283 ’il signifierait Dans l’indifférence générale, notre destin commun d’habitants de l’Europe s’est gravement infléchi depuis
284 écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, non sur
285 é. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de démission
286 fitent de son désastre pour s’emparer de l’Asie : nous lui serons livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’est encor
287 plus d’atlantisme pour ne pas faire l’Europe, et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les
288 ts, selon l’usage qu’ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’on me convainque d’erreur de
289 qu’ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’on me convainque d’erreur de diagnostic, tant mi
290 , au service de l’Europe, cela pourrait suffire à nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’é
291 présent non pas des choses, mais des esprits. Que nos élites politiques reprennent soudain de la tenue, que des hommes d’Ét
292 fois réactivées, seraient bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent !
293 e rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous , sans illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur.
294 Pour nous, sans illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie qu
295 illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie que de maudire l’o
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
296 de, peut servir de base à l’union. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlem
297 nion. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui
298 ement, et donc de s’affirmer comme une puissance. Nous cherchons à savoir si le Projet répond à cette nécessité fondamentale
299 e Projet répond à cette nécessité fondamentale de notre histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’être de notre Groupe d
300 ire au xxe siècle. Telle est la raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’il me char
301 dresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. Mais cette diversité représente
302 divers. Mais cette diversité représente justement notre vrai titre à l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes
303 titre à l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous
304 les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de
305 nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion, réunissant juristes et penseurs polit
306 s et positives se dégagent de la confrontation de nos jugements sur le Projet, cette convergence ne peut manquer de vous ap
307 significative. Voici donc la première requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accept
308 ère requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le Projet comme base de vos tra
309 rvir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet a
310 its ne sont pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément, le régime qui vous est proposé paraît propre à l
311 ire à d’autres pour l’abattre et pour l’asservir. Notre seconde requête porte sur la manière dont vous allez accepter le Proj
312 t fédéral, soit pour le rendre en fait inopérant. Nous vous demandons de saisir l’occasion historique. Nous vous demandons d
313 s vous demandons de saisir l’occasion historique. Nous vous demandons de lancer l’idée d’une Autorité politique. Nous vous d
314 andons de lancer l’idée d’une Autorité politique. Nous vous demandons, en somme, d’accepter le Projet dans une perspective d
315 larant clairement et simplement pourquoi l’Europe doit aujourd’hui s’unir, et quelle Europe, et pour quelles fins humaines.
316 elle Europe, et pour quelles fins humaines. Quand nos peuples seront conscients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils
317 Projet, et peut-être le modifier, se définit pour nous par quelques grands repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut
318 éfinit pour nous par quelques grands repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’unisse pour redevenir
319 a prospérité de ses habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offens
320 spérité de ses habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offensive d
321 oit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offensive de paix soviétique ne change rien au fait fond
322 soviétique ne change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou revivr
323 le foyer d’une civilisation devenue mondiale, qui nous dépasse en tant qu’individus, et qui dépasse chacune de nos nations,
324 e en tant qu’individus, et qui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsables. Cette raison suffir
325 et qui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le
326 rait à elle seule, car le sens même de chacune de nos vies dépend en fait d’une civilisation qui peut périr par notre désun
327 end en fait d’une civilisation qui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera
328 ui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et cen
329 ’hui « satellites », changera la face du monde et notre sort à tous. Plus peuplée que l’Amérique et l’URSS additionnées, elle
330 ne telle fédération ne suppose pas « l’abandon de nos souverainetés », mais au contraire l’institution d’une souveraineté n
331 elle, et cette fois-ci réelle. Dans quelle mesure nos souverainetés existent-elles encore en fait ? On voit venir le temps
332 lus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la souveraineté d’une nation q
333 able, et elle ne peut avoir qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Europe entière. Ce que l’on attend de la fé
334 dans l’état présent, font obstacle au vrai but : nous pensons par exemple au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut
335 omettre l’évolution normale vers une fédération : nous pensons au droit de veto, ou à des clauses d’avance paralysantes pour
336 istingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans les données concrètes de notre Histoire, t
337 ngt pays, s’inscrit dans les données concrètes de notre Histoire, tous ceux-là voudront le minimum, qui est le Projet de Comm
338 nière occasion de décider vous-mêmes du destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices
339 e décider vous-mêmes du destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être conse
340 ivilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres. Certains risques doivent êt
341 entis par les uns et les autres. Certains risques doivent être encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr
342 à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
343 faire le pool patriotique des faibles sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’attente. Byz
344 r l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs, et de nous tous, d’écrire une autre Histoire pour une Europe nouvelle. Au nom du
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
345 ME prépare un nouveau congrès d’économistes, qui doit avoir lieu à Londres au début de 1954. Après cinq ans d’action europé
346 ébut de 1954. Après cinq ans d’action européenne, nous nous trouvons donc en présence d’une situation nouvelle, caractérisée
347 de 1954. Après cinq ans d’action européenne, nous nous trouvons donc en présence d’une situation nouvelle, caractérisée à la
348 r. Cependant, le souci des succès immédiats, qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier c
349 qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette maxime générale de l’action : on n’attei
350 est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette maxime générale de l’action : on n’atteint des bu
351 ce rassemblement par-dessus le rideau de fer qui nous sépare encore de l’Est, et par-dessus le rideau de ferraille qui nous
352 e l’Est, et par-dessus le rideau de ferraille qui nous sépare de l’extrême ouest du continent, suppose à la fois la constitu
353 sante mais nécessaire du succès final et total de notre union économique et politique consiste donc dans la vitalité de l’idé
354 Car là aussi résident les obstacles véritables à notre union, là surtout, plus que dans « les faits ». Il faut des congrès p
355 es politiques, en retour, voudront-ils apporter à notre effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a point acc
356 ort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu po
357 t de « l’idée » et des moyens de l’illustrer dans nos pays. On aurait pu redouter le double emploi avec les objectifs du Ce
358 t comités d’experts : il leur appartient, comme à nous , de donner suite pratique aux directives dégagées par cette réflexion
359 éflexion. L’institution reprend ses droits et ses devoirs quand s’éteignent les projecteurs concentrés sur la table des vedette
360 ts ; enfin d’un foyer de réflexion permanente sur nos problèmes communs et de diffusion raisonnée des résultats de cette re
361 n beaucoup plus grand nombre d’usagers, dans tous nos pays ; d’autre part, d’élargir à des sphères nouvelles et influentes
362 rmées par le Mouvement européen. Les contacts que nous venons de reprendre dans plusieurs pays ont révélé l’existence d’un b
363 ent celui de la culture au sens technique du mot. Nous y travaillons. ⁂ En tant qu’il est chargé d’une mission générale, ce
364 nir et animer l’idéal de l’Europe unie, le Centre doit devenir de plus en plus le lieu de ralliement des esprits qui pensent
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
365 plus célèbres de Gauguin s’intitule : D’où venons- nous  ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure dev
366 Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes- nous  ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la table
367 rise, partons de la deuxième question : où sommes- nous , Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameuse, pr
368 -Henri Spaak, répond d’une manière dramatique : «  Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peu
369 une manière dramatique : « Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la c
370  » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seule
371 ison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seulement 42
372 , 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’ère des grands emp
373 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamné
374 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamnés à p
375 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
376 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique et peut-être morale. Et certes, no
377 tique, économique et peut-être morale. Et certes, nous perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nou
378 drons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cant
379 la, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. M
380 e nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réa
381 a conscience des périls qu’elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressources immens
382 ion concrète et raisonnable en faveur de l’union, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses da
383 s littéraires, accueille avec un scepticisme amer nos plus éloquents hommes d’État. Il fallait donc d’une part approfondir
384 eux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la compositi
385 ons nationales, linguistiques et idéologiques qui nous fascinent aujourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À cett
386 origines communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus
387 e et souriante d’un des plus grands historiens de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’un savant humaniste, M. Lö
388 ar l’autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occide
389 enture collective de l’Occident : la naissance de notre civilisation au confluent des courants issus d’Athènes, de Rome et du
390 dans le monde entier ; l’exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secre
391 exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre pu
392 tiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre puissance chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain, au xxe
393 xxe siècle, le renversement subit et complet de notre position dans le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos di
394 le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande m
395 és, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande massive des dictatures ; les moyens maté
396 atures ; les moyens matériels et intellectuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pa
397 ntellectuels de notre domination retournés contre nous . Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue p
398 ctuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratiqu
399 tournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible q
400 ort de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous
401 temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paraly
402 s sont donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par sui
403 paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par suite culturelle et civique fut introduit av
404 munauté supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robe
405 té supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Sc
406 M. de Gasperi dans son discours introductif, qui nous a présenté le tableau cohérent de mesures institutionnelles capables
407 tutionnelles capables d’assurer la renaissance de notre unité compromise. Certes, la table ronde n’a pas trouvé de solutions
408 n délai garanti. Mais elle a déterminé clairement nos responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et
409 s responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous
410 t elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’i
411 a contradiction apparente entre l’exigence d’unir nos pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse
412 nationales, permettant de mettre en commun ce qui doit l’être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui d
413 , afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit normalement demeurer autonome, distinct, privé, original. Enfin, deva
414 evant le double défi qu’affronteront plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’égal
415 dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos positions économiques dans le monde, la table ronde a conclu à la néc
416 a nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rapports mutuels » (Toynbee), c’est-à- dire de regagner en prestige m
417 ’est-à- dire de regagner en prestige moral ce que nous perdons en apports extérieurs. La table ronde n’a pas dressé les plan
418 e civilisation modèle. Mais elle a déclaré que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier des modèle
419 du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde ent
420 le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde entier, et cette liqueur tout
421 ord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
422 ai sur les questions que posent les trois mots de notre nom : Centre, Européen et Culture. C — Je voudrais savoir d’abor
423 ntendez par Culture. — T. S. Eliot a répondu pour nous  : « La culture peut être définie simplement comme ce qui rend la vie
424 on de l’Europe et de son union propre à favoriser nos libertés. Non, si par politique on entend simplement l’action des pol
425 s pays du Continent ? — Il existe, dans chacun de nos pays, des organismes étatiques ou semi-privés chargés de servir la cu
426 aider financièrement les initiatives culturelles. Nos États ne consacrent qu’à peine 1/1000e de leur budget à la culture ;
427 ou de propagande pour les « valeurs nationales ». Nous travaillons sur un autre plan. Pour contribuer à rétablir la seconde
428 conde condition de la santé culturelle en Europe, nous avons conçu le projet d’une Fondation européenne de la culture, compa
429 nécessaires ? — L’indépendance morale de l’Europe doit se payer. E — Le Centre est-il, ou veut-il être aussi, un agent
430 t psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’il nous faut travailler, dans les esprits et dans les cœurs. — C’est la formu
431 t dans les cœurs. — C’est la formule consacrée… — Nous sommes là pour la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout à l’
432 st loin d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons encore, après quatre ans, au début de notre action réell
433 in d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons encore, après quatre ans, au début de notre action réelle. Ma
434 ous sentons encore, après quatre ans, au début de notre action réelle. Mais si le Centre n’existait pas, il faudrait l’invent
435 , il faudrait l’inventer — la phrase n’est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recrée
436 d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous les mêmes expériences et sans doute les mêmes erreurs, mais peut-être
437 une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bulletin est en grande partie consacré aux associations éducatives su
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
438 ope en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)r Notre Courrier, depuis des mois, s’est tu. Les lettres d’abonnés s’accumule
439 occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire sa fédération. La
440 t en mesure de discuter sur un fondement solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu q
441 s seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples. ⁂ Objectivement, la situation pouvait paraître, au lendemain
442 endemain de Berlin, l’une des plus favorables que nous ayons vécues depuis longtemps pour marquer des progrès réels vers not
443 uis longtemps pour marquer des progrès réels vers notre union. Replaçons-nous un moment dans l’atmosphère de mars 1954. Le da
444 uer des progrès réels vers notre union. Replaçons- nous un moment dans l’atmosphère de mars 1954. Le danger de guerre a dimin
445 mmédiat. La nécessité d’une entente étroite entre nos pays pour soutenir le niveau de vie européen, compromis par la révolt
446 rmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doit et peut passer prochainement au premier rang. La Hollande a ratifié l
447 lio des guerres locales d’Extrême-Orient, afin de nous détourner du problème préalable qui reste, de toute évidence, l’union
448 nce, l’union de l’Europe, condition de sa force. ( Notre opinion l’oublie, Molotov non.) L’offensive communiste vise au cœur :
449 ent désormais joue perdant. Le monde entier verra nos défaites militaires, et l’insolence des envoyés de l’Asie rouge distr
450 solence des envoyés de l’Asie rouge distribuant à nos hommes d’État des camouflets très peu « diplomatiques ». Pendant des
451 clarait en substance : — Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous
452 — Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde pas, mais le
453 ne ne vous regarde pas, mais le problème allemand nous intéresse beaucoup… Un scandale historique Le colonialisme euro
454 es en Asie. Mais le colonialisme soviétique, lui, nous menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, e
455 i, nous menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix »
456 t du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les dé
457 oviétique, une Europe persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la fois physique et morale. Marchés p
458 tienne en respect. (Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre que son élan irrépressible vers l’indépendance nationale n
459 détourné de ses fins par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant que nous, et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Ma
460 la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant que nous , et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas
461 e rendue consciente de sa vraie position pourrait nous sauver de Genève — ce Diên Biên Phu diplomatique — et proclamer l’uni
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
462 ou recouvrer la souveraineté ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ?
463 uveraineté ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai qu’il y a
464 comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par notre ami Ernst Friedlae
465 otre opinion publique. Le premier fut apporté par notre ami Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’
466 Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifia
467 l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se per
468 forme d’une Europe unie ». Le second argument est à M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, écono
469 uveraineté nationale. Il n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur
470 donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’es
471 tour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? Il nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe recouvre, entre les
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
472 tirer les conclusions de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met p
473 r les conclusions de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fi
474 ces deux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que
475 ntre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus
476 cela de l’ignorance presque totale où sont restés nos peuples et leurs élites, devant le problème européen ? Notre progr
477 et leurs élites, devant le problème européen ? Notre programme Si l’on a fait si peu pour éduquer et pour influencer l’
478 beaucoup plus. Exemple : le CEC voulait et aurait faire beaucoup plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il est s
479 s d’histoire : l’anti-Europe a joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque… Et maintenant, comment aller pl
480 avec force et confiance, et sans plus de délais ? Nos lecteurs trouveront dans les pages qui suivent de ce bulletin l’annon
481 — si vous réussissez — mais voyez-vous, ce qu’il nous faut, c’est de l’action ! » Et l’on entend ou sous-entend par là : de
482 se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades préparatoires des révolutions réussies. L’
483 partout où elles apparaissent : voilà qui définit notre programme. 10. Proverbe qui repose sur l’ignorance des mœurs des o
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
484 ux qui n’ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une action. Action sur les esprits d’abord, com
485 convainquent mieux que les cris et les slogans.) Nous vivons dans un siècle où, très visiblement, ce n’est pas la politique
486 s et par ses points d’application. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la que
487 tion. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir où
488 voir où naissent les idées qui conduisent en fait notre monde. Là seulement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste a été c
489 nce.) Ces deux faits indiquent très clairement où nous pouvons intervenir, d’une part en offrant des moyens d’expression et
490 mmune des Européens. Ceci n’est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstacles à l’avènement d’une
491 cipaux obstacles à l’avènement d’une Europe unie, nous trouvons trois zones marécageuses où viennent s’enliser la plupart de
492 t effectivement. Il s’agit donc de dresser devant nos contemporains la vision de ce que deviendrait leur existence au sein
493 llemands restent face à face, à se demander s’ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues « traditionnelles » qui l
494 rétablir un réseau européen d’échanges à travers nos frontières, peu à peu dévalorisées. Irrigation générale de l’Europe,
495 la configuration du terrain. L’action nécessaire doit donc s’appliquer d’une manière générale à orienter les espoirs et les
496 analyse qui précède a dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’à ce jour. Elle en indique aussi les développements pr
497 s dispersées, c’est l’office des associations que nous avons déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années dans
498 sciences, de l’éducation et de la presse. Situer nos problèmes dans le monde d’aujourd’hui, c’est l’office des dialogues i
499 els (avec les USA, l’Asie du Sud et l’islam) dont nous poursuivons la préparation : il s’agit là d’une œuvre de longue halei
500 cycle d’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’he
501 nclusions. ⁂ Au seuil de cette cinquième année de nos travaux, ce n’est pas un bilan qu’on vient de présenter mais un progr
502 statuts de la Fondation européenne de la culture. Nous attendrons, pour en dire davantage, son inauguration prévue pour ce p
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
503 Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’au
504 qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et c’est
505 le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la combat. Elle est
506 us de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire des
507 ils offrent et imposent des certitudes massives.) Nous , au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, no
508 Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parl
509 ous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impres
510 ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans
511 pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos p
512 et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifique.
513 ions : le christianisme et l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par
514 esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certit
515 fique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce par
516 os incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Prenon
517 s un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
518 e par les deux forces principales qui ont produit notre civilisation, — voilà ce qui définit le mieux l’Europe. Et c’est par
519 rre, pour les convertir et les dominer, alors que nous Européens, n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien.
520 ècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait e
521 echnique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait entrevoir que les applications de l’énergie nucléaire et solaire
522 technique et son progrès constant qui a permis à notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de dominer toute l
523 e. C’est la technique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des empires
524 hnique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des empires neufs qui ont
525 nte des empires neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de l
526 neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de la recherche pure
527 tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour no
528 n ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des cloisons étanches entre la culture en général et
529 pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite histoire vraie. C’était i
530 piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à t
531 , le directeur du CEC a prononcé un discours dont nous donnons ici de larges extraits. »
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
532 i s’attaque aux fondements comme aux conquêtes de notre civilisation occidentale, parce qu’elle s’attaque à la notion de l’ho
533 s scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civilisation occidental
534 d’autres groupes de nations. Le nationalisme qui nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources
535 nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands
536 d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des
537 chesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, au moment où le
538 t. Ainsi, au moment où les valeurs secondaires de notre civilisation ont conquis le monde, l’Europe en perd naturellement le
539 . La raison de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seulement 42 milli
540 son de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seulement 42 millions de F
541 , 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons encore nationalement, dans l’ère des grands empires, des gran
542 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons en conséquence trop petits pour le siècle, et condamnés
543 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons en conséquence trop petits pour le siècle, et condamnés à per
544 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
545 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique, et par suite morale. Tout ce qui
546 ar suite morale. Tout ce qui fait le sens même de nos vies. Le dilemme En vérité, l’Europe perdra tout cela, si elle
547 ingt-cinq ans, disait récemment la reine Juliana, nous vivrons tous dans une même maison, ou nous mourrons tous dans les mêm
548 liana, nous vivrons tous dans une même maison, ou nous mourrons tous dans les mêmes ruines. » Nature des obstacles à l’un
549 le et sont devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme
550 ement européen lors du congrès de La Haye en 1948 nous amène tout près des résultats que celui-ci s’était proposé, les oppos
551 pinion réelle indiquent sans exception, dans tous nos pays, qu’une large majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’e
552 e et générale du danger que courent ensemble tous nos pays, mais aussi des ressources immenses dont l’Europe disposerait en
553 tives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la condi
554 yonnement de l’idée européenne non seulement dans nos différents pays, mais dans les différentes milieux responsables de ch
555 ère condition de l’efficacité du groupe. Celui-ci doit se composer de personnalités très diverses, mais ayant en commun ces
556 els, sociaux, nationaux ou internationaux. Chacun devrait se charger d’une mission précise dans son milieu, en faveur de l’unio
557 el et moral de l’Europe, en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. ⁂ Un groupe restrein
558 en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. ⁂ Un groupe restreint, discret, sans statuts
559 discret, sans statuts ni publicité, c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force.
560 re the empires of the mind. » L’empire européen, notre union fédérale, se fera dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit
561 dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnel
562 Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas
563 nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne s
564 ar leur intérêt actif pour la cause de l’union de nos peuples. Une série de prises de contact préalables aboutit à la convo
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
565 Mettant fin aux chances de la guerre, la bombe H nous rejette aux risques de la paix. La détente n’a pas d’autre origine. E
566 quelles sont les chances de la culture telle que nous la concevons en Europe : le sens et le sel de nos vies, au-delà du ma
567 ous la concevons en Europe : le sens et le sel de nos vies, au-delà du machinal et de l’animal. Quels seront les bénéfic
568 ans un vrai libre-échange, c’est le plus fort qui doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’est-ce que la force ? On p
569 er ce que l’on possède de nouveau ou d’important. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il est encore plus important q
570 ouveau ou d’important. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il est encore plus important que l’étranger ne puisse se
571 du président Eisenhower — « photographiez toutes nos installations ! » — doit trouver son équivalent sur le plan de la cul
572 — « photographiez toutes nos installations ! » — doit trouver son équivalent sur le plan de la culture et de la vie quotidi
573 re et de la vie quotidienne. Tout est public chez nous , tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui
574 , tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez- nous regarder ce qui se passe chez vous si l’on en croit les communistes o
575 turelle, vous n’avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l
576 ment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l’Europe Tournons-nous
577 La détente et l’union de l’Europe Tournons- nous maintenant vers les Européens. Ils vont dire : mais s’il y a détente,
578 ’il y a détente, n’est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc que les motifs profonds d’unir l’
579 t à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontières, avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’unir p
580 ères, avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’elle est affaiblie par ses propres bar
581 ommunes qui se multiplient fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe
582 l’uniforme du Kominform. Il s’agit de confronter nos conceptions européennes de la vie et de la culture avec une conceptio
583 c une conception totalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant q
584 os gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni de la culture en général, qu’ils
585 . Si la détente est vraie, un dialogue véritable doit s’instituer entre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’elle est, d
586 t plus que jamais l’union morale et culturelle de nos pays, la volonté de s’unir et la conscience vivante d’une unité de de
587 la doctrine totalitaire des Russes. L’étalage de nos diversités d’écoles et de jugements fait partie de la démonstration d
588 t de jugements fait partie de la démonstration de notre goût pour la liberté. Et cette démonstration, accompagnée d’une expos
589 tuite et ouverte à tous des résultats positifs de nos libres discussions, constitue l’argument fondamental de l’Occident. I
590 nt fondamental de l’Occident. Il y a certes, chez nous , des scandales, et pire encore, des résultats très négatifs de notre
591 s, et pire encore, des résultats très négatifs de notre goût de la liberté sans frein. Mentionnons les plus voyants : le nati
592 nées actuelles ne présente qu’un seul danger pour nous  : celui de nous rendre une bonne conscience purement relative, paraly
593 e présente qu’un seul danger pour nous : celui de nous rendre une bonne conscience purement relative, paralysant la critique
594 t relative, paralysant la critique nécessaire. Or notre droit de dénoncer nos propres « crimes » et de publier les scandales
595 a critique nécessaire. Or notre droit de dénoncer nos propres « crimes » et de publier les scandales attribués tantôt à nos
596  » et de publier les scandales attribués tantôt à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est u
597 t à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’Occi
598 « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’Occident n’a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit
599 yant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doit donc dire oui,
600 souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doit donc dire oui, sans réserve, aux offres répétées des Russes. Ces offr
601 serve, aux offres répétées des Russes. Ces offres nous sont faites au nom de la paix, dans l’esprit qu’on nomme de nouveau «
602 tons ce prétexte, indiscutable en soi. Au lieu de nous perdre en hypothèses invérifiables sur les motifs tactiques ou straté
603 ues des Russes, saisissons l’occasion d’appliquer nos principes, en toute confiance. N’espérons pas tout de suite une libe
604 le d’aller parler chez eux comme ils parlent chez nous — comme M. Ehrenbourg, pendant que j’écris ceci, parle à Genève au co
605 ppelons sans relâche les conditions concrètes qui nous paraissent nécessaires pour un dialogue authentique : ce rappel défin
606 pour un dialogue authentique : ce rappel définit nos propres positions. Un échange vrai doit se produire au niveau de la c
607 el définit nos propres positions. Un échange vrai doit se produire au niveau de la culture vivante, non des slogans de la pr
608 gans de la propagande politique. C’est dire qu’il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est facile, et
609 u’il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est facile, et c’est même la seule chose possible. (On ne voi
610 Russes ont leurs idées sur le civisme, et sur les devoirs de l’intelligentsia. Nous jugeons ces idées dangereuses et fausses, a
611 civisme, et sur les devoirs de l’intelligentsia. Nous jugeons ces idées dangereuses et fausses, au nom de nos principes, c’
612 geons ces idées dangereuses et fausses, au nom de nos principes, c’est entendu. Mais eux-mêmes, ces principes, comment les
613 eux-mêmes, ces principes, comment les appliquons- nous  ? Le problème qui est ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat,
614 en question des deux attitudes confrontées ? Pour nous autres, ce serait assez. Car remettre sans cesse en question l’Occide
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
615 es réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable d’affronter les lentes et difficiles périodes d’adaptati
616 ofessionnels entre ses membres. Ces mesures, dont nous donnerons quelques exemples, se répartissent en trois groupes : I. P
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
617 Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)ab Toute la presse occidentale a parlé
618 er, jusqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, p
619 nous soit proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’est pas exact que les
620 anges culturels aient été rejetées uniformément. ( Nous donnons plus loin un résumé analytique des discours prononcés à Genèv
621 ccident — et l’Europe de l’Ouest en particulier — devrait s’abstenir de toute initiative dans le domaine culturel, du seul fait
622 bre d’intellectuels et d’artistes soviétiques, et nous fait un devoir de tout mettre en œuvre, avec une patience inlassable,
623 ctuels et d’artistes soviétiques, et nous fait un devoir de tout mettre en œuvre, avec une patience inlassable, pour manifeste
624 re, avec une patience inlassable, pour manifester notre volonté d’y répondre. Le fait évident — et souligné par M. Molotov —
625 Ceci marqué, la notion même d’échanges culturels doit être clarifiée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges ont un
626 ictature soviétique sous des aspects qui flattent notre intelligentsia dans certains de ses préjugés et dans son désir de pai
627 de changer d’air pendant quelques instants. Pour nous , les échanges ne sont qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de
628 l’intelligence dans la liberté et la cordialité. Notre désir d’échanges relève de la vocation occidentale de curiosité unive
629 uation présente, sur la base duquel sont établies nos propositions. ab. Rougemont Denis de, « Après l’échec de Genève :
630 nt Denis de, « Après l’échec de Genève : Pourquoi nous persévérons », Bulletin du Centre européen de la culture : « Europe-U
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
631 e Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de cour et de noblesse). D
632 stime, comme le déclarera Ivan le Terrible, qu’il doit « non seulement tenir les rênes du pouvoir mais sauver les âmes ». À
633 des égards cette domination se prolongea jusqu’à nos jours. Pendant près de deux siècles, le français a été la première la
634 en. La littérature russe, de Lermontov et Gogol à nos jours, est tout entière issue de la révolution spirituelle déclenchée
635 son héritage. La musique russe à partir de Glinka doit plus à la musique occidentale (surtout postérieure à Beethoven) qu’au
636 la chrétienté orientale. Or, tout cela n’est pas à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté essentiell
637 ême, c’est qu’elle s’y retrouve. Dostoïevski : «  Nous autres Russes avons deux patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Eur
638 ous autres Russes avons deux patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup
639 tries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. »
640 otre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons
641 ie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons que l’idée
642 tre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la
643 i devons beaucoup et lui devrons plus encore. » «  Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la synthèse de toutes le
644 s du camp adverse et déclencha des polémiques qui durent encore. Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversa
645 russe, Alexandre Herzen, partage leur mépris pour notre « décadence » morale et culturelle : « La logique de l’histoire, écri
646 Sans doute y a-t-il là une lacune, un défaut qui doit les faire tomber dans la confusion ou dans l’erreur, mais c’est aussi
647 llogisme étrange : L’homme descend du singe, donc nous devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cett
648 sme étrange : L’homme descend du singe, donc nous devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cette intel
649 ange : L’homme descend du singe, donc nous devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cette intelligen
650 s mouvements vont exercer en Europe aux débuts de notre siècle : les peintres-décorateurs, Benois, Léon Bakst, Golovine, etc.
651 , La Russie absente et présente, Gallimard, 1949. Nous suivrons ce beau livre de très près et, sauf indication particulière,
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
652 ires ou vagues de débats en eux-mêmes peu clairs, nous jugeons utile (et peut-être important) d’établir ici un compte rendu
653 tion dans les capitales respectives… Tout citoyen devrait y avoir librement accès. » 3. Publication et distribution « aux insti
654 que des émissions de nouvelles et d’informations… devrait être supprimé. » 9. « …échange mensuel d’émissions de radio traitant
655 l’opinion publique en URSS… Cette sorte d’attaque nous est connue… Toutefois, ceux qui prendront connaissance de l’histoire
656 ceux qui prendront connaissance de l’histoire de notre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… I
657 istoire de notre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à q
658 ile de constater à quel point… tout le travail de notre gouvernement (est) imprégné du souci du bien-être du peuple et du dés
659 que les premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut donc nommer un comité d’expe
660 ations sont dénuées de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’acco
661 mique remplie de haine à l’égard du genre humain… Nous ne pouvons pas accepter une « liberté » qui mènerait au déclenchement
662 matériel stratégique, objet clairement exclu par nos directives… Que faire, devant une attitude qui proclame une liberté t
663 tés de l’autocratie. Mais je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter une combinaison arbitraire des deux parce que, tout
664 e l’autocratie. Mais je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter une combinaison arbitraire des deux parce que, tout simpleme
665 c’est que le gouvernement russe craint davantage notre amitié que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait dur
666 vernement russe craint davantage notre amitié que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer à jamais. Les
667 e nostalgie de savoir et de voir quelque chose de nos peuples. Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié est en bas,
668 ées aux échanges techniques. Aucune indication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégé
669 ule réponse que fait le gouvernement soviétique à nos propositions constructives et conciliantes est de nous demander l’abo
670 propositions constructives et conciliantes est de nous demander l’abolition des contrôles stratégiques. Ces contrôles, nous
671 lition des contrôles stratégiques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’ont qu’une faible incidence sur le volume des éch
672 ne faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes convaincus qu’une grande partie de la méfiance actuelle dispar
673 les populations soviétiques étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformation
674 ues étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformations de la propagande. M. J
675 au libre-échange d’idées et d’informations entre nos peuples n’a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne
676 iques ou des matériaux stratégiques. Cependant, nous ne croyons pas que le processus (d’échanges) désormais en cours, même
677 cessus (d’échanges) désormais en cours, même s’il doit rester lent et inégal, puisse être aisément renversé. Tableau récap
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
678 ditions historiques et difficultés du dialogue Nos goûts spontanés d’intellectuels européens, curieux de ce qui diffère
679 llectuels européens, curieux de ce qui diffère de nous , nos convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes,
680 els européens, curieux de ce qui diffère de nous, nos convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes, enfi
681 motivées soit religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux S
682 religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux Soviétiques, et
683 enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux Soviétiques, et même à revendiquer comme un
684 effet une liberté d’échanges de cette nature que nous nous efforçons non seulement d’établir avec les cultures différentes
685 t une liberté d’échanges de cette nature que nous nous efforçons non seulement d’établir avec les cultures différentes de l’
686 Asie et de l’islam, mais encore de rétablir entre nos propres nations européennes. Cependant, nous sommes très conscients d
687 entre nos propres nations européennes. Cependant, nous sommes très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur
688 rappeler à Genève avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter au
689 ler à Genève avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter aujourd
690 es intellectuels soviétiques, acceptant au départ nos présuppositions, se rangeraient en esprit de notre côté, et cesseraie
691 nos présuppositions, se rangeraient en esprit de notre côté, et cesseraient par là même de représenter valablement leur régi
692 . Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particulière du dialogue d
693 près la nature très particulière du dialogue dont nous cherchons à découvrir les bases, si étroites et précaires soient-elle
694 es bases, si étroites et précaires soient-elles. Nous éliminerons par principe toutes les propositions qui pourraient conte
695 te censure, rétablir la vente libre des journaux. Nous irons plus loin, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne rep
696 us loin, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent,
697 s souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent, les demandes « inacceptabl
698 ionnels, etc. En tant qu’intellectuels européens, nous jugeons de telles demandes normales et justes : que cela soit dit en
699 justes : que cela soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de question qu’elles puissent être accept
700 s et selon la logique de leur dogme d’État. S’ils nous demandaient de leur envoyer des délégations d’écrivains désignés par
701 rgeois et impérialiste », et de son parti unique, nous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En
702 , et de son parti unique, nous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En retour, nous ne saurions
703 ligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous . En retour, nous ne saurions exiger une libre discussion avec des ind
704 user : rien de tel n’existe chez nous. En retour, nous ne saurions exiger une libre discussion avec des individus indépendan
705 eux-mêmes est également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà
706 encore (ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes o
707 éjà) être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou formes de d
708 être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou formes de dialog
709 à proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraissent point passibles des reproches que les dirigeants soviétiqu
710 cidentaux. II. Propositions Les projets que nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non susc
711 destes, non spectaculaires et non susceptibles, à notre avis, d’être exploités par la presse et la propagande dans l’un ou l’
712 olokhov ajoutait : Les écrivains du monde entier devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes,
713 du monde entier devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir
714 ns avoir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je
715 oir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parl
716 lir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous , écrivains soviétiques, je peux dire que nous voudrions sincèrement q
717 de nous, écrivains soviétiques, je peux dire que nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les écriva
718 , je peux dire que nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les écrivains soient aussi étroites et e
719 écrivains soient aussi étroites et efficaces que nos relations de plus en plus solides avec nos confrères (par la plume) d
720 es que nos relations de plus en plus solides avec nos confrères (par la plume) de nombreux pays d’Orient et d’Occident. On
721 cette table ronde, dans l’esprit de Cholokhov, ne devrait pas réunir seulement des Russes et des communistes occidentaux (c’est
722 uvre propre. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouvernement, conformément aux principes en v
723 n soviétique en est-il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérésie. (Dans les œuvres des écrivains, no
724 er ?) Tous ces sujets sont « brûlants », mais ils nous semblent ménager une mesure d’accord assez large pour que la mesure d
725 . Il n’est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à simple titre d’exemples ou d’hypothèses de trav
726 portuns par les Soviétiques, pour des raisons que nous ignorons aujourd’hui. Dans ce cas, nous souhaiterions au moins savoir
727 isons que nous ignorons aujourd’hui. Dans ce cas, nous souhaiterions au moins savoir : 1. pourquoi et en quoi ils sont jugés
728 Ainsi le refus même des thèmes de discussion que nous suggérons amorcerait une discussion intéressante. Du côté soviétique,
729 é soviétique, on se demandera sans doute pourquoi nous tenons à ce dialogue. Répondons par avance en toute franchise. Si ano
730 ets que les deux parties finiraient par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrai
731 ur quelques communautés en Europe d’abord, puis — nous l’espérons — en URSS. Ces travaux, portant essentiellement sur des fa
732 fins politiques ou artistiquement subversives26. Nous autres démocrates européens pouvons redouter, également, que la peint
733 ntraîne l’adhésion soulagée du petit bourgeois de nos pays, incapable d’aimer Picasso ou Paul Klee ; et que cette adhésion,
734 s conclusions politiques absurdes. C’est pourquoi nous proposons des expositions discrètes (malgré le paradoxe de l’expressi
735 expositions de peinture contemporaine (russe chez nous , européenne en URSS) résidera donc dans leur caractère limité et tech
736 transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvons entrer ici dans plus de détails, mais cette précaution de
737 lus de détails, mais cette précaution de principe devait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à
738 Amérique et en Europe, au concert et à la radio. Nous proposons simplement qu’en retour, les œuvres récentes des compositeu
739 orchestres et des chefs européens ou américains. Nous proposons également que les commentaires des œuvres exécutées soient
740 à la propagande non formulée, voire involontaire. Nous proposons donc de limiter les échanges à quelques films qui seraient
741 s de ses recherches d’art et de technique. Enfin, nous insistons sur la nécessité de présenter de part et d’autre des exposi
742 e livres et de revues. Les Soviétiques peuvent et doivent redouter la libre diffusion de nos ouvrages et de nos revues dans un
743 peuvent et doivent redouter la libre diffusion de nos ouvrages et de nos revues dans un public qu’ils entendent contrôler e
744 redouter la libre diffusion de nos ouvrages et de nos revues dans un public qu’ils entendent contrôler et éduquer d’une man
745 t) une idée précise du nombre et de la qualité de nos publications, de leur apparence typographique et de leurs sujets ?
746 choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraient faire campagne
747 nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraient faire campagne pour une autre forme de réciprocité, la seule possible
748 otoviens aux activités culturelles de l’URSS dans nos pays, c’est- à-dire l’interdiction pure et simple de ces activités so
749 t la guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventua
750 n de la culture. Nous avons toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien à redoute
751 de nous refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libre
752 e éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts
753 art, d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, m
754 à accepter des échanges qui seraient libres chez nous , mais « autorisés » chez les Russes. Et cela par simple réalisme, en
755 Russes. Et cela par simple réalisme, en vertu de notre désir d’aboutir à si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — obj
756 jectif proclamé sans relâche par les Soviétiques. Nous sommes conscients de la pression diffuse et sans cesse croissante, qu
757 ropagandistes officiels, surveillés pas à pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en rien aux dés
758 emain, en Russie même. Seul l’avenir pacifique de nos relations de peuple européen à peuple russe, et de culture à culture,
759 européen à peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légalement sous les ts
760 etc. 23. Traduit et reproduit intégralement dans notre bulletin d’octobre 1955. 24. Par exemple, nous ne saurions accepter
761 notre bulletin d’octobre 1955. 24. Par exemple, nous ne saurions accepter comme équitable, ni même honnête, un « dialogue 
762 aurait là maldonne et tricherie manifeste. 25. «  Notre pays a essayé de donner la plus grande envergure possible aux échange
763 icle de A. Cholokhov, cité plus haut, cf. p. 7 de notre bulletin d’octobre 1955. 26. À un journaliste français qui lui deman
764 tre célèbre, répondit : « Ce serait nuisible pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est fac
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
765 urope articulée comme une machine, ni à imposer à nos pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche à constr
766 enne (peut-être) à les départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes n’a de chances d’aboutir
767 gés acquis par les élites et par les masses. Pour nous donc, il ne s’agit pas de choisir une formule de « relance », mais d’
768 isir une formule de « relance », mais d’accentuer notre effort pour préparer les responsables de demain à vivre l’union néces
769 esponsables de demain à vivre l’union nécessaire. Notre méthode éducative et culturelle n’exclut, certes, aucune des trois au
770 re, elle nourrit l’ambition de les servir toutes. Nous semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meur
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
771 diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous apporte l’expérience de nombreuses années de travail au service des œ
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
772 et de l’Union de l’Europe occidentale. Toutefois, nous souhaitons vivement que la réponse des gouvernements ainsi interpellé
773 uvelles confusions dans l’opinion publique, telle nous paraît être la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxell
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
774 e table ronde de l’Europe (février 1956)ap aq Nous avons rendu compte, ici même (bulletin de novembre-décembre 1953), de
775 et F. Baade, les savants Groth et Kowarski, etc. Notre bulletin du 1er juin ne manquera pas d’informer nos lecteurs sur les
776 e bulletin du 1er juin ne manquera pas d’informer nos lecteurs sur les résultats de cette importante réunion. ap. Rougem
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
777 néral très lentes, on assez brusques. Au sujet de notre numéro spécial de décembre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout
778 embre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté européen, en revanche, les réac
779 de Hollande, de France, de Suisse et du Danemark, nous parviennent des messages d’approbation et des articles de presse favo
780 pprobation et des articles de presse favorables à nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant, ci
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
781 organes juridiques, économiques et politiques que devra se donner l’Union ne sauraient fonctionner au bénéfice des personnes,
782 és et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être
783 mais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations.
784 pression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de
785 être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europ
786 ollande. En outre, on trouvera dans la plupart de nos bulletins des informations sur les Foyers de culture et des articles
787 ticles consacrés à leurs problèmes, témoignant de notre souci constant d’animer, dans le champ si vaste et presque vierge de
788 n européenne. Aujourd’hui, pour la première fois, nous abordons le sujet d’une manière systématique. C’est que nous avons en
789 ns le sujet d’une manière systématique. C’est que nous avons en vue les projets très concrets que prépare activement la Fond
790 apport au problème brûlant de l’union fédérale de nos peuples. De là les trois articles synthétiques qui forment le corps d
791 éducation pour l’Europe ». L’essentiel était pour nous de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons constaté,
792 s de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons constaté, en effet, que le grand public, même cultivé, ignore t
793 ccidentale au cours des âges : il n’existe pas, à notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation en Europe faisant le
794 tre autres, par l’apparition spontanée, dans tous nos pays, d’entreprises privées d’éducation populaire (ou adult education
795 ur averti excuser les imperfections manifestes de notre tentative, en tenant compte du fait qu’elle est la première de son es
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
796 ception spécifique, on voit tout de suite qu’elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Faire l’Europe,
797 spécifique, on voit tout de suite qu’elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Faire l’Europe, c’est
798 cette fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même « européenne ». Précisons cela par une rapide comparai
799 ar le sacré religieux et social. (Équivalent dans notre xxe siècle : le drill militaire.) Mais la préparation à l’autonomie
800 pécifiquement européen de l’éducation réside dans notre volonté d’étendre à tous les hommes, sans distinction de classe, de r
801 n, de profession ou de croyance familiale, ce que nous appelons « les bienfaits de l’instruction » rendue publique, gratuite
802 , la profession, le degré d’initiation, etc. Chez nous , plus aucune précaution, plus aucune différenciation de principe : la
803 es sociétés fondées sur le respect de la caste et notre société ouverte aux luttes quotidiennes de la concurrence ? Ou plus g
804 gements de l’Europe à l’est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « composées » chez nous — se di
805 ces tendances — entremêlées et « composées » chez nous — se dissocier, s’analyser, puis se reformer synthétiquement chacune
806 mieux dire, le dressage utilitaire de l’individu. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de libe
807 e Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi som
808 nir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes- nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les ressento
809 américain et soviétique ? Pourquoi les ressentons- nous comme des excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous, exige
810 s excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous , exigeant et actif, d’un équilibre nécessaire, d’une voie médiane, ou
811 c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils
812 à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type
813 té que d’occasions d’exercer ses responsabilités. Nous dirons donc, pour rester dans le concret, que le problème le plus urg
814 e siècle dans le fait bien connu que le monde où nous vivons paraît trop vaste pour nos prises et trop complexe pour notre
815 ue le monde où nous vivons paraît trop vaste pour nos prises et trop complexe pour notre jugement. L’individu se sent perdu
816 trop vaste pour nos prises et trop complexe pour notre jugement. L’individu se sent perdu dans la société actuelle. Il n’arr
817 elles — alors qu’il s’agit d’élire un député qui devra , lui, voter sur des problèmes nouveaux, qui lui échappent d’ailleurs
818 électeur de hasard ou de tradition périmée. Voilà notre démocratie. Que peut faire un citoyen ? Comment veut-on qu’un c
819 esponsable ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, des « cadres », si l’o
820 ant communiste a le sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une éducation véritable,
821 nir responsable (au sens le plus actif du terme), devrait se donner pour but d’informer ce jeune homme au sujet des réalités du
822 prépare à courir son aventure individuelle. Elle devrait lui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’est formée sa civi
823 nt appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce que fut naguèr
824 e cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient le
825 u’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effets prévisibles
826 nt les effets prévisibles d’une union fédérale de nos forces, non seulement pour l’ensemble du continent mais pour telle ré
827 ns la communauté Montrer ce qu’est le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, rendre attentif aux li
828 aux liens concrets qui unissent la plus petite de nos communes aux destinées du continent, tel est le sens, le mouvement gé
829 de l’éducation des citoyens qui feront et vivront notre fédération. Il va de la réalité mondiale à celle de la commune et de
830 la partie au tout, n’est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeu
831 nt, et non les « militants » de bonne volonté qui nous répètent « unissez-vous ! » mais gardent les mains dans leurs poches.
832 e, au xxe siècle. Cette orientation préliminaire nous permettra maintenant de mieux définir le problème urgent et vital d’u
833 me urgent et vital d’une éducation pour l’Europe. Nous entendons par là : une éducation tendant à développer dans nos divers
834 par là : une éducation tendant à développer dans nos divers pays la conscience de la communauté de civilisation et de dest
835 veillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays dans un ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (qui est cell
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
836 au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, proches ou lointains, qui visitent pour la première fois notre
837 ou lointains, qui visitent pour la première fois notre Villa Moynier dans son grand parc, commencent par admirer le lac et l
838 futaies, les pelouses et le ciel. Et souvent ils nous disent : « C’est trop beau ! Comment peut-on travailler dans ce cadre
839 au ! Comment peut-on travailler dans ce cadre ? » Nous essayons de leur expliquer ce qui se passe dans nos bureaux, pratique
840 s essayons de leur expliquer ce qui se passe dans nos bureaux, pratiquement et au jour le jour… Et pourquoi ne pas le faire
841 connu : il suffit de lire les premières lignes de notre page de couverture, au dos. Mais un programme ne vaut que ce qu’on en
842 uin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de tous les horiz
843 fférents pays, et de nombreuses participations de nos collaborateurs à des réunions extérieures. Chacun de ces comités susc
844 tre a représenté des mois de préparation ; chacun nous a laissé, aussitôt dispersé, son programme « pour exécution immédiate
845 plus variés de la culture (au sens très large où nous prenons le mot), voilà qui pose des problèmes passionnants pour le tr
846 faut chercher les hommes que tel ou tel problème devrait intéresser, les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’est pas
847 t intéresser, les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter,
848 les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ainsi qu’aimait à le dire un grand chef d’industrie franç
849 d du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouvons certes, dès maintenant, énumérer quelques aboutissements conc
850 enant, énumérer quelques aboutissements concrets. Nous avons publié deux numéros spéciaux de ce bulletin qui représentent un
851 urelles avec l’Est et sur l’éducation européenne. Notre association des festivals a diffusé 160 000 exemplaires, en trois lan
852 es, en trois langues, de sa brochure Saison 1956. Notre service de presse APEA a fait paraître 170 articles sur les problèmes
853 iteurs… Toutefois, c’est encore peu, au regard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effectiv
854 eu, au regard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effective des résultats ! Conférences pédagog
855 prochains numéros spéciaux du bulletin, départ de nos expériences-pilotes d’éducation populaire, lancement international d’
856 logue Europe-Inde — pour ne parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la ligne de départ…
857 nière relative, au regard des moyens dont dispose notre équipe, nous le pensons peut-être pour la première fois. Mais ce qu’i
858 , au regard des moyens dont dispose notre équipe, nous le pensons peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’est qu’ho
859 par des hommes qui la voudront de toute leur âme. Notre effort principal reste de les trouver, et au besoin de les former. To
860 lème de l’éducation. C’est vers lui que s’oriente notre effort principal, et que convergent tout naturellement l’ensemble ass
861 gent tout naturellement l’ensemble assez varié de nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce n’est pas au pied du mur… 
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
862 par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orienter vers une solution analogue à celle adoptée par la Fondatio
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
863 ce petit livre incisif traduit le grand défi que nous adresse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’est pas lancé p
864 tous les Européens. Les autres défis qui occupent nos forces sont secondaires : celui du monde communiste, celui du monde j
865 monde musulman seront surmontés ou non selon que nous deviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’être les contempor
866 nt dans les habitudes et non dans la nature », et nos peuples préféreront bientôt ceux qui oseront leur dire « que l’Europe
867 ne violence physique, on l’entend bien.) Ce livre devrait être lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’inst
868 l’entend bien.) Ce livre devrait être lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’institutions inter- ou su
869 l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin il doit porter : modifier son lecteur, brusquer ses préjugés tout en le sédui
870 ’Histoire. Même s’ils n’en demandent pas tant, on devra abattre pour eux quatre-mille kilomètres de murailles, patiemment édi
871 savoir, pour répondre à l’interrogation morale de notre époque, si en nous l’Européen finira par discipliner l’humain, autrem
872 e à l’interrogation morale de notre époque, si en nous l’Européen finira par discipliner l’humain, autrement dit, si la volo
873 ropéenne rejoindra les civilisations antiques, et nos nations n’auront plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
874 rte à un très vaste public international. Le prix devait être décerné une seconde fois en 1956, par un jury composé de MM. Hel
875 généralement humain pour être traduite dans tous nos pays. Une nouvelle formule de prix, incluant les ouvrages déjà publié
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
876 énie occidental, et sur les raisons d’espérer que nous donnent chaque jour tant de savants, d’artistes, d’éducateurs, d’entr
877 ues sur les conditions de vie en Europe ; état de nos forces et sens de notre évolution. Un des reproches les plus fréquent
878 de vie en Europe ; état de nos forces et sens de notre évolution. Un des reproches les plus fréquents que l’on adresse amica
879 e si l’on connaît mieux l’état des problèmes dans notre civilisation, et l’ensemble des efforts qui se poursuivent dans le mê
880 ’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se devait d’anticiper sur cette évolution inévitable, déjà sensible aux USA, ma
881 ution inévitable, déjà sensible aux USA, mais qui doit être orientée dès le début dans un sens positif et créateur. be. R
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
882 g Si le fameux homme de la rue, passant devant notre porte et voyant les plaques dont elle s’orne, portant toutes l’adject
883 fond vert, si cet homme s’avisait d’entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-i
884 u’est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répon
885 re sans hésiter pour répondre à son intérêt. Dans nos archives, sans doute, quelques centaines d’épaisses ou minces publica
886 nférences éloquentes : rien qui puisse satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’il voudrait : toutes les réponses
887 quentes : rien qui puisse satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’il voudrait : toutes les réponses en quelques
888 ets ne convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous avons essayé de répondre par la copieuse brochure que l’on va lire. ⁂
889 re que l’on va lire. ⁂ Voici le fil conducteur de nos neuf brefs chapitres. L’Europe présente une unité de base incontestab
890 L’unité de base elle-même sera bientôt perdue si nous n’édifions pas l’union. La crise de l’unité rend donc impérative cett
891 ’elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chapitres condensent sous une forme maniable la matière d’un gro
892 rs groupes de savants, historiens et économistes. Nous nous sommes proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant
893 oupes de savants, historiens et économistes. Nous nous sommes proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant pour
894 s, les chiffres et les faits permettant de juger. Nous ne visions pas l’originalité, l’éloquence ou la propagande. Nous voul
895 pas l’originalité, l’éloquence ou la propagande. Nous voulions présenter, dans le langage des faits, le dossier de l’Europe
896 du sur un peuple européen. Fallait-il interrompre nos travaux ? Renvoyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous avons
897 Renvoyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous avons entendu l’appel suprême de la plus pure révolution de l’Histoir
898 ère radio libre à Budapest, une voix forte cria : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’avions rien entre les mai
899 cria : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’avions rien entre les mains. La colère et la compassion, la honte a
900 au cœur, ce ne sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix.
901 le ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole, mais aussi comme un témo
902 faut absolument faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons
903 olument faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fil
904 aire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme
905 te. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons
906 vons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, dé
907 otre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à
908 l tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos f
909 à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de
910 êts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à to
911 s le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qu
912 os pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe
913 l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disait un de leurs derniers poèmes, récité dans les
42 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
914 ule politique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préoccuper pour des raisons bien évidentes : l’avenir de notre cul
915 per pour des raisons bien évidentes : l’avenir de notre culture étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, c
916 re étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 19
917 partisans de l’union. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre nos p
918 sans de l’union. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre nos peuples
919 ’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre nos peuples — car elles sont devenues pratiquement impensables — mais bie
920 ues pratiquement impensables — mais bien pour que nos peuples trouvent ensemble la force de résister aux pressions formidab
921 lustré cette situation. On a vu se dresser contre nous , à l’ONU, le monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’A
922 e tout entière et une partie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant de détruire nos capitales par projectiles téléguidés, enfin
923 ie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant de détruire nos capitales par projectiles téléguidés, enfin les États-Unis eux-mêmes
924 tres au Moyen-Orient. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n’est
925 au Moyen-Orient. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n’est qu’un m
926 the et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être recouvrée au niveau de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Ég
927 s forces mondiales. Chacun voit aujourd’hui qu’il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et parce qu
928 d’hui qu’il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et parce qu’il n’est aucun de nos pays qui puisse
929 avenir économique, et parce qu’il n’est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : nous souffrons
930 qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : nous souffrons tous d’une certaine pénurie d’essence qui affecte également
931 aine pénurie d’essence qui affecte également tous nos peuples, sans distinguer entre les bons et les méchants, les neutres
932 dictateur d’un petit pays « sous-développé » que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpita
933 éveloppé » que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses
934 tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses très élémentaire et salutair
935 eaucoup d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité, deven
936 é commun et de l’Euratom, conditions à la fois de notre prospérité et de notre indépendance énergétique. L’atmosphère a ch
937 m, conditions à la fois de notre prospérité et de notre indépendance énergétique. L’atmosphère a changé Il est certain
938 on par ceux qui n’ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Budapest On ne pourra faire l’Europe
939 i dans l’idéal occidental. Il faut donc persuader nos élites et nos masses que l’Europe reste la patrie des libertés fondam
940 occidental. Il faut donc persuader nos élites et nos masses que l’Europe reste la patrie des libertés fondamentales de l’h
941 ucation, et pour tout dire, d’hygiène civique. Notre tâche Plus que jamais résister à l’esprit de démission, d’autodéni
942 igrement morbide, qui affecte une bonne partie de notre « intelligentsia » trop longtemps fascinée et bluffée par l’arrogance
943 les moyens de réaliser l’union. Le programme de notre institution tient presque tout entier dans ces deux paragraphes. Notr
944 nt presque tout entier dans ces deux paragraphes. Notre but général reste de faire l’Europe en formant des Européens. Voilà p
945 opéennes, à l’usage d’un millier de journaux dans nos trois langues principales. Et voilà la raison de la récente création
946 les. Et voilà la raison de la récente création de notre « Service européen de conférences ». Et de notre plan — prêt à se réa
947 notre « Service européen de conférences ». Et de notre plan — prêt à se réaliser — d’un pool européen de l’édition. C’est da
948 tion. C’est dans le même cadre que prennent place nos deux séminaires de recherches sur le Marché commun et les loisirs — l
949 intention qui rend compte du choix des sujets de nos derniers numéros spéciaux : Éducation européenne et L’Europe s’ins
950 Euratom ont d’assez fortes chances de succès dans nos différents parlements. Mais il serait insensé de crier victoire. La c
951 ci-après. 32. On lira plus loin le bel essai que nous donne sur ce grand sujet Stephen Spender. bh. Rougemont Denis de, «
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
952 ère et la Seconde Guerre mondiale, sont nées dans nos manuels d’histoire ? Car le nationalisme belliqueux puis totalitaire
953 que de puissants ennemis — très réels ceux-là ! —  nous entourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ «
954 nnemis — très réels ceux-là ! — nous entourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ « Faire l’Europe, c
955 ntourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ « Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens ». C
956 e, illustré et commenté tout au long du numéro de notre bulletin consacré à l’éducation européenne 33, doit inspirer l’activi
957 re bulletin consacré à l’éducation européenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous conduit aujourd’hui, tout naturel
958 uropéenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous conduit aujourd’hui, tout naturellement, à étudier le problème de la
959 une série d’informations sur ce qui se fait déjà. Nous préparons dès maintenant, comme suite à ce numéro, un ensemble d’étud
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
960 titutions internationales viennent s’établir chez nous . L’Organisation des Nations unies (ONU) inaugure son siège européen à
961 Les conférences diplomatiques se multiplient dans notre pays neutre et accueillant. Une ère de grande prospérité économique s
962 Suisse. Les capitaux étrangers s’accumulent dans nos banques. La monnaie suisse reste la plus solide du continent. Cependa
963 ’Europe. Les Russes dominent les pays de l’Est de notre continent (Pologne, Tchécoslovaquie, Allemagne orientale, Hongrie, Bu
964 es et de la technique en plein essor, qu’aucun de nos pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun ne peut plu
965 Afrique dépendant de la France et de la Belgique, doivent venir ajouter leurs vastes ressources en matières premières à ce puis
966 vée ? La Suisse occupe une position centrale dans notre continent, mais n’a pas de débouchés directs sur la mer. Une large pr
967 st du continent. La Suisse observe fidèlement son devoir de neutralité. Mais cette neutralité a été reconnue « dans les vrais
968 rer avec les institutions qui ont pour but d’unir nos peuples. Les intérêts de la Suisse et ceux de l’Europe entière sont i
969 conde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers menacent notre prospérité ? 3. Quelles ont été les conséquences des deux guerres mon
970 Gonzague de Reynold. M. l’abbé Pfulg a demandé à notre directeur de bien vouloir écrire le chapitre du manuel d’histoire se
971 stoire se rapportant à l’Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous les aut
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
972 x créateurs et responsables de la vie musicale de nos pays l’occasion d’exprimer leurs vues sur « le phénomène festival ».
973 es sur « le phénomène festival ». Jamais, croyons- nous , un tel sondage n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’ag
974 aux : en effet, sur 80 questionnaires envoyés, 43 nous sont revenus remplis, dans les délais prévus. Si l’on fait la part de
975 vals tiennent une place importante dans la vie de notre temps. ⁂ Quels problèmes ? dira l’amateur qui se contente bien de son
976 et Tchaïkovski sifflotés dans les rues de toutes nos villes. Pour le meilleur et pour le pire, la musique est entrée dans
977 lleur et pour le pire, la musique est entrée dans nos mœurs quotidiennes, débordant infiniment les petits cercles de l’élit
978 rocessus ne peuvent que s’accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation que certains nomment déjà la seconde
979 ces options se trouvaient mises en discussion par notre questionnaire : définition de la formule des festivals, et foisonneme
980 importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconiens », mais Bayreuth, par
981 it, elles sont juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci n’aurait besoin que de légères retouches pour
982 éale et normative » du festival n’était pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il importait aux membre
983 adémique. D’une part, il importait aux membres de notre Association de formuler les critères qu’ils s’efforcent tous d’observ
984 qu’on vient de lire. Quelles conclusions pouvons- nous en tirer ? Seize voix pour un jury, seize contre (encore s’agit-il pl
985 pas comme jury ! (Je crois bien qu’un ou deux de nos correspondants l’ont entendu de cette manière.) Groupement tout amica
986 à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typiq
987 a science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondamentale. Unité dans la diversité, — est-il besoin de le ré
988 ilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence, le politique et l’institutionnel, l’économique et l’artist
989 t l’institutionnel, l’économique et l’artistique, nous retrouverons toujours le même type de problèmes : unir sans uniformis
990 propre aux festivals, le troisième paragraphe de notre questionnaire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ait cherc
991 s deux solutions proposées, la grande majorité de nos correspondants suggère qu’elles sont valables simultanément, et doive
992 suggère qu’elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. Cela ne résout, bien entendu, aucun
993 tent de figurer en bonne place dans les débats de notre Association. Elles tendent toutes les trois à spécialiser mais aussi,
994 conclusions générales qui me semblent résulter de notre enquête. bl. Rougemont Denis de, « Commentaires », Bulletin du Ce
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
995 ] (décembre 1957)bm C’est au début de 1958 que doit entrer en vigueur le traité instituant une Communauté économique euro
996 sous le nom de Marché commun des Six. L’étude que nous présentons aujourd’hui vient donc très exactement à son heure. Elle s
997 érales du Marché commun dans la vie économique de nos pays, ainsi que les répercussions possibles du traité sur les institu
998 C en 1955 et 1956, et dont le recueil des travaux doit paraître prochainement en librairie. Il s’est librement inspiré des d
47 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
999 ologie et du droit ». Pour réaliser ce programme, nous disposions de la sympathie sincère de quelques grands aînés, et parfo
1000 cumentaires sur l’Europe. Regard en arrière Nous étions partis de l’idée d’un centre de rencontres personnelles, et pr
1001 depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître q
1002 dès nos premiers pas dans le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas en
1003 miers pas dans le concret de l’Europe, nous avons reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises
1004 e, avec les moyens disponibles, détermina bientôt notre action quotidienne. Action de coordination, d’animation, d’informatio
1005 sse et Genève, commencèrent à fournir une part de nos recettes35.) La fortune publique et privée ne croyait pas bien fort à
1006 du point de vue largement européen auquel le CEC doit se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est-il ? Une consta
1007 es plus ingrates pour la cause de l’union et pour notre mission particulière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il a mis a
1008 r pour champ d’action la Grande Europe, celle qui doit un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar à l’Oural si possibl
1009 nde Europe, celle qui doit un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar à l’Oural si possible ! Mais la seule annonce d
1010 elles possibilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient désormais requérir la p
1011 ent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient désormais requérir la priorité.   1. Regroupement des efforts. La mul
1012 ques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
1013 services et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du Centre,
1014 urope n’est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire, tant pour les sciences (économie incluse) q
1015 ues, sociales, morales et philosophiques. Elle le doit pour le reste du Monde comme pour elle-même. Car une fédération de pe
1016 helle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. P
1017 ux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États
1018 qui avaient présidé à la création du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extéri
1019 immenses qui naissent du contact inévitable entre notre culture libérale et technique et les cultures traditionnelles de l’As
1020 appellent des études et des solutions qu’aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul
1021 se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
1022 commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
1023 ces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
1024 ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
1025 rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
1026 c’est bien dans cette vue qu’il convient, croyons- nous , d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il p
1027 l’émission de médailles d’or en 1952 et 1953, et nos publications (abonnements et ventes). 36. Son Bureau d’études (ouver
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
1028 comprendre d’une manière vivante la nécessité de notre union. De ces négociations, qui se poursuivirent pendant plusieurs an
1029 période allant de fin 1955 jusqu’en avril 1957 — devait permettre au Centre de développer un projet tout différent : celui d’
1030 nt sociaux et nationaux que professionnels. Elles doivent servir de tests et de mises au point concrètes en vue d’une généralis
1031 ogues en Suisse, France, Belgique et Italie ; ils devraient être lancés dès la rentrée d’automne 1958. Haute-Provence (France
1032 examiné les premiers résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan, est en cours de rédaction. En 1958, l’action éducat
1033 à Bruges, au Collège d’Europe, les dirigeants de nos expériences en cours, plus des représentants d’œuvres d’éducation des
1034 définir ainsi les tâches précises et l’esprit qui doit les animer. Des possibilités nouvelles sont apparues, notamment en Al
1035 ée dans le reste de l’Europe, et justifient ainsi notre entreprise. L’efficacité des autres expériences ne pourra être jugée
1036 . D’ores et déjà, pourtant, il faut souligner que notre programme se déroule conformément aux plans du Comité d’éducateurs, e
1037 conformément aux plans du Comité d’éducateurs, et nous a permis d’intéresser activement à une entreprise européenne des cent
1038 é largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-pilotes. En 1958, les premières enquêtes sociologiques or
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
1039 mmandés par le pool et déjà en cours de rédaction doivent inaugurer la série des Actualités européennes : Les Dix-Neuf Europes
1040 ment la signature des contrats d’association, qui doit avoir lieu au printemps. bp. Rougemont Denis de, « Pool européen d
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
1041 ues à la fin de 1957, a exercé dans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesurée par les comptes rendus de pr
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
1042 mc2 L’Europe physique tient peu de place sur notre globe : 4 % des terres et un septième (diminuant) de la population mo
1043 s’il en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à se
1044 insoupçonnée. L’Europe est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (étendue,
1045 se multiplient en progression géométrique et que nous symboliserons par c2 . Nous retrouvons ici une équation célèbre : E =
1046 on géométrique et que nous symboliserons par c2 . Nous retrouvons ici une équation célèbre : E = mc2, que nous prendrons la
1047 etrouvons ici une équation célèbre : E = mc2, que nous prendrons la liberté de lire comme suit : Europe = cap de l’Asie mul
1048 ’échelle de l’Europe. Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuve
1049 . Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une g
1050 résultats d’une entreprise de cette nature ; mais nous voyons du moins sur quelles thèses elle se règle, vérifiées par l’usa
1051 de rendre à la culture sa fonction créatrice dans notre société, et de la libérer tout d’abord des entraves du nationalisme.
1052 ence personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser entraî
1053 personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser entraîner p
1054 seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons- nous au surplus de nous laisser entraîner par des images trop facilement l
1055 nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser entraîner par des images trop facilement liées au verbe « for
1056 ur rappeler — ils le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations sont trop petits et trop grands à la fois, étant ineffi
1057 relations de chaque organisme. L’information dont nous voulons parler n’est pas une activité au jour le jour, suivant pas à
1058 nière à faire voir dans les faits la nécessité de notre union. Rien de plus vain que de répéter : « Unissons-nous ! Unissons-
1059 on. Rien de plus vain que de répéter : « Unissons- nous  ! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pour
1060 vain que de répéter : « Unissons-nous ! Unissons- nous  ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. (Nos mouve
1061  : « Unissons-nous ! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants
1062 que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. ( Nos mouvements de militants l’ont parfois oublié dans leurs discours et l
1063 scours et leurs appels.) L’information européenne doit avoir pour objectif général d’instruire l’opinion en lui fournissant
1064 ponsabilité quelconque à n’importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’est pas simple affa
1065 — favorable ou non — et n’est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’elle se trouve di
1066 on — et n’est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’elle se trouve dictée par la conjo
1067 sticiable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’elle se trouve dictée par la conjoncture mondiale et p
1068 lexible, sans qu’elle soit pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ; mais cette union ne se fera pas d
1069 e ou par l’opération de mystérieux technocrates : nous la voudrons pour le salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à
1070 technocrates : nous la voudrons pour le salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre i
1071 salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre indépendance. Ceci posé, les principaux gr
1072 d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre indépendance. Ceci posé, les principaux groupes de faits qu’une infor
1073 faits qu’une information européenne méthodique se doit de rappeler constamment à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !)
1074 ent à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renversement de la conjoncture mo
1075 es nationalismes. — Le nationalisme s’opposant à notre union, mais provoquant des unions étrangères contre nous (exemples de
1076 ion, mais provoquant des unions étrangères contre nous (exemples de la République arabe et de Bandung). — L’Europe mise au d
1077 e, si elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la pop
1078 resser des perspectives complètement faussées par nos complexes psychologiques et par certaines propagandes politiques.) —
1079 moyens à créer Pour appliquer la méthode dont nous venons de décrire les principes et les buts, de quels moyens dispose-
1080 , se consacrent au problème européen dans huit de nos pays (leur liaison étant assurée par le secrétariat de l’AIEE au Cent
1081 nstituer un Conseil européen de la Recherche, que nous avons émise ici même et dans d’autres revues dès le début de cette an
1082 Conseil serait le couronnement de la méthode que nous exposons — et pratiquons. Allons-nous perdre nos meilleurs atouts 
1083 hode que nous exposons — et pratiquons. Allons- nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires angl
1084 s exposons — et pratiquons. Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires anglaises ont é
1085 acles qu’elle rencontre, et parfois suscite, dans notre société occidentale. Nous pensons que les vraies chances de l’Europe
1086 parfois suscite, dans notre société occidentale. Nous pensons que les vraies chances de l’Europe sont dans la liberté, non
1087 — comme les salaires et le pouvoir d’achat — ils devraient conseiller à la classe ouvrière et aux pays sous-développés d’adopter
1088 ans le camp de la liberté, car ce sont en réalité nos matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la force des chos
1089 s de l’Europe sont scandaleusement négligées dans nos budgets publics et privés38. Les États et les grands capitalistes de
1090 volonté de défendre « la cause de la liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront p
1091 ce qu’il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à persuader le capital privé et les États que le sal
1092 leurs investissements dans le domaine culturel ne doivent plus être inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mais à celu
1093 rêt bien compris, de la défense de l’Europe et de notre survie. Cette révolution dans la conscience bourgeoise est commencée.
1094 ntenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’avons plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs généraux auxquels
1095 sion lucide de ceux qui luttent contre la montre, nous les résumerons comme suit : elle consiste à fomenter dans tous nos mi
1096 s comme suit : elle consiste à fomenter dans tous nos milieux sociaux et professionnels — une conscience plus profonde de l
1097 liste de la situation planétaire, des dangers que nous courons tous ensemble en Europe, mais aussi des promesses qu’implique
1098 les créeront. 38. Rappelons que la plupart de nos États réservent 1/1000e de leur budget à la culture et que les capita
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
1099 n politique, et à l’extrême : de perdre au nom de nos raisons de vivre la vie même. Constitutionnelle. Se préoccuper avant
1100 e part et à l’extrême, de perdre au nom de la vie nos raisons de vivre. Culturelle-éducative. Tenter d’éduquer des élites
1101 pour s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous est-il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que f
1102 et qui dit mieux ? Mais que feront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’Est ? 3. La revendication d’une Constituan
1103 tude efficace, en présence de ces contradictions, nous paraît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregist
1104 e, en présence de ces contradictions, nous paraît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits
1105 devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits suivants : — chacune des quatre méthodes se jus
1106 la pensée occidentale au xxe siècle. Réformer nos catégories de pensée Entre une méthode institutionnelle que le gra
1107 voie praticable pour l’époque. C’est la voie que nous indiquent depuis près d’un demi-siècle les sciences physiques et la p
1108 s’excluent pas, mais s’impliquent mutuellement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’à droite, en sont restés à une
1109 de vue fondamentalement européen qui est celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt éducatif et culturel p
1110 des pièges tendus par la politique officielle de nos États que la moyenne des adhérents de bonne volonté des autres mouvem
1111 olitique, l’avenir jugera, c’est entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, par
1112 entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les institutionnel
1113 n dans les couloirs des parlements. Non seulement nos méthodes ne peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’eff
1114 e soutenir les procès en paternité qui diviseront nos successeurs41. Ces jeux restent frivoles, même si l’on se fâche, et l
1115 intéressant de constater la convergence finale de nos méthodes, s’agissant de la prochaine et décisive étape conduisant à l
1116 z une union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce
1117 qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait
1118 t pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les
1119 t l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les fédéralistes
1120 ’humiliations représentant la somme européenne de nos politiques nationales. Cette somme égale zéro dans le meilleur cas. I
1121 Bandung, Mao et le Kremlin n’agissent pas contre nous en ordre dispersé, même si leurs intérêts divergent par ailleurs. C’e
1122 e si leurs intérêts divergent par ailleurs. C’est notre désunion qui les groupe aujourd’hui. Une Europe fédérée, capable de m
1123 problèmes différents qui se multiplient autour de nous , tels que la libération des pays de l’Est, la transition du régime co
1124 veloppés. Aux menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commu
1125 x menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commun dans douze
1126 C’est à ce résultat prochain, seul suffisant, que doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, — et les
1127 suffisant, que doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, — et les mouvements fédéralistes. La mult
1128 ction d’une Assemblée européenne chargée de doter nos peuples d’un pouvoir politique commun. Le problème de l’union politiq
1129 politique domine tout. Or c’est là justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succ
1130 justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notr
1131 et que nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre culture reprend conscience de ses pouvoir
1132 é le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre culture reprend conscience de ses pouvoirs et rayonne dans le monde e
1133 e mondiale que les fédéralistes ont maintenant le devoir de se placer. Alors leurs divergences et leurs rivalités apparaîtront
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
1134 au début des travaux le directeur du CEC, et dont nous reproduisons ici de larges extraits :   Messieurs Nous souhaitions ré
1135 reproduisons ici de larges extraits :   Messieurs Nous souhaitions réunir une vingtaine de personnes : 10 représentants de l
1136 observateurs. Vous voici vingt au rendez-vous que nous vous donnions il y a trois semaines à peine, et je vous remercie de m
1137 partie vous intéresse au premier chef et justifie notre rencontre. Voici le principe à illustrer : on ne fera pas l’Europe sa
1138 re autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse pas nécessairement. Et voici la situation concrète : les tr
1139 leur décision de créer une Université européenne. Nous avons appris un peu plus tard que la commission désignée pour rapport
1140 commission désignée pour rapporter sur cet objet devait remettre ses propositions le 1er juillet aux Conseils des ministres.
1141 itions le 1er juillet aux Conseils des ministres. Nous ignorons encore le contenu de ce rapport, et les suites que les minis
1142 ’est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé de venir ici pour définir, en tout état de cause,
1143 ’objet de fréquentes discussions, depuis dix ans. Nous avons proposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes
1144 ns proposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans
1145 oposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un d
1146 que ce n’était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! cette réunion est prématurée ! Attention ! vous
1147 z trop tard ! N’en sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En
1148 les instances européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’atte
1149 jet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’attendre de vos résolutions. bv. Rougemont De
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
1150 uble besoin ? Car c’est bien lui qui constitue, à notre avis, la substance réelle des débats soulevés périodiquement depuis u
1151 ils auraient étudié tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos économies : car ils ne deviendraient pas plus euro
1152 tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos économies : car ils ne deviendraient pas plus européens par cette sim
1153 n enseignement supérieur donné au niveau européen devra donc répondre aux deux exigences suivantes, qui le définissent : a) o
1154 pline particulière dans une conception globale de notre société et de son évolution. Nécessité d’instituts techniques 4
1155 ntenir l’Europe dans la compétition mondiale, que nous rencontrons la nécessité de formes d’enseignement nouvelles et d’une
1156 enseignement nouvelles et d’une mise en commun de nos meilleures forces à l’échelle européenne. En effet, les derniers déve
1157 oupes, autour de savants de premier rang venus de nos divers pays, des gradués récents et des hommes déjà en possession de
1158 génieurs, patronné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir à Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux problèm
1159 ur des sessions d’études. Conclusions 7. Il nous paraît donc que la solution la plus réaliste des problèmes qui ont co
1160 duit à évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être envisagée de la manière suivante : 1° création de 4 ou 5 institu
1161   8. Deux problèmes à discuter. I. Un tel Centre devrait être ouvert en principe aux Européens de tous les pays membres de l’O
1162 . Le cas des Espagnols, Yougoslaves et Finlandais devrait être examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par
1163 teurs, par exemple.) II. L’implantation du Centre devrait être étudiée en fonction des facilités matérielles (locaux, communica
1164 le siège d’un futur Pouvoir fédéral européen, ne devraient pas intervenir à l’occasion du choix d’un Centre d’enseignement postu
55 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
1165 et il n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé es
1166 siècle dernier, les choses changent entièrement. Nous sommes en présence aujourd’hui de trois manières de diffuser et de tr
1167 portante me semble être celle qui intervient sous nos yeux dans le domaine de la consommation de la culture. Je répète que
1168 s et attitudes spirituelles et intellectuelles de notre civilisation européenne, ramène aujourd’hui à la culture des masses d
1169 u siècle beaucoup de bons esprits. On ne cesse de nous répéter depuis Sorel et Spengler que l’Occident va vers une décadence
1170 e nullement le pessimisme à la mode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que les esprits créateurs reste
1171 la quantité. De ces quelques faits statistiques, nous pouvons tirer dès maintenant deux conclusions majeures. La première,
1172 t forment une branche importante de l’économie de nos pays. La seconde conclusion, c’est que les fabricants et distributeur
1173 Les motifs d’optimisme sont nombreux et solides, nous en avons administré les preuves. Quant à savoir si l’élargissement de
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1174 resse, ont fomenté depuis un siècle la plupart de nos nationalismes, derniers et pires obstacles à l’union nécessaire. C’es
1175 rtient de combattre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveillant dans chacun de no
1176 ttre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveillant dans chacun de nos peuples le s
1177 lexes nationalistes, en réveillant dans chacun de nos peuples le sens de son appartenance à un ensemble humain et spirituel
1178 lles l’ont déjà presque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles périraient avec elle. L’avenir de chaque nation du
1179 ope comme ensemble va chaque année croissant dans nos divers pays. Notre Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n
1180 e va chaque année croissant dans nos divers pays. Notre Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’avons retenu que l
1181 Notre Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’avons retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que no
1182 e le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font
1183 acité. De plus, tout ouvrage sur l’Europe veut et doit , par définition, dépasser le cadre national : or il manque en partie
1184 de l’édition contemporaine, a lancé le projet qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s’agit d’une association qui
1185 l’Europe ». La présidence de l’assemblée générale doit être exercée tour à tour, pour un an, par chacun des membres du pool.
1186 Collection européenne » dont les premiers volumes doivent paraître au printemps 1960, et s’échelonner à raison de 3 ou 4 par an
1187 ndis que, d’autre part, les possibilités de vente doivent exister non pas dans un seul pays, mais dans huit au moins. Tel livre
1188 les qu’elles soient, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les avantages que la formule du pool peu
1189 nt, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les avantages que la formule du pool peut offrir : aux au
1190 s, l’assurance d’être traduits simultanément dans nos principales langues, moyennant un seul contrat ; aux éditeurs, la gar
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1191 te à la fois, que l’historien, selon Brugmans, se doit de répudier d’abord du seul point de vue de la méthode, sans même par
1192 exemples frappants, Brugmans montre pourquoi l’on doit répondre non aux trois questions ; il établit que l’Europe est antéri
1193 nd commun… Qui veut écrire l’histoire de l’Europe doit commencer par les héritages. » L’auteur en décrit cinq : Rome, les Ba
1194 ment la « réinterprétation » annoncée. Et cela va nous conduire de Constantin à Grégoire VII, à travers les siècles les moin
1195 vers les siècles les moins généralement connus de notre aventure, ceux durant lesquels se nouera la première synthèse spécifi
1196 iècle… Il y a là un beau paradoxe historique, que nous ne pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand avantage
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1197 t son « objet » scientifique. En fait, Gollwitzer nous donne ici le plus pénétrant ouvrage d’histoire intellectuelle paru ju
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1198 uieu, Rousseau, Voltaire, jusqu’à 36 ou 40 fois ! Nous voici les témoins enchantés d’une véritable orgie d’européanisme ! Au
1199 se lit sans un instant d’ennui ou de fatigue. Il nous mène du mythe grec de l’Europe jusqu’au drame de la lutte actuelle po
1200 l’Europe jusqu’au drame de la lutte actuelle pour notre union, à travers 27 siècles de pensée où le sublime voisine avec l’ab
1201 ue l’on souhaite voir traduit bientôt dans toutes nos langues (comme il va l’être prochainement en espagnol) ; et qu’une co
1202 mais non pas remplacer ni déclasser de sitôt. Car nous tenons, avec cet ouvrage, la première histoire complète de l’idée eur
1203 storiens, philosophes et poètes de presque toutes nos langues. On a reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe
1204 és politiques ou économiques. Il entend seulement nous donner une histoire des prises de conscience successives et contradic
1205 s de conscience successives et contradictoires de notre unité de culture, pendant trois millénaires. Comparé à l’ouvrage de G
1206 es à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres précieux, presque exhaustifs, sur le
1207 derniers siècles. Certes, Curcio n’a pas tenté de nous imposer une interprétation systématique, à la Hegel, de l’évolution d
1208 les initiales de leur nom de famille, comme il se doit . Vétilles sans doute, mais gênantes dans un ouvrage de référence, pr
1209 teur d’un manifeste européen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir qu’une définition unique et standard de l’Europe, celle-
1210 de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire
1211 manière d’y croire et une manière de la vouloir, notre vocation et notre conquête. » cc. Rougemont Denis de, « [Compte re
1212 e et une manière de la vouloir, notre vocation et notre conquête. » cc. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Carlo Curcio,
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1213 à des conclusions pessimistes sur les destins de notre Europe ? Je crois bien que Hegel est la seule exception, qui persista
1214 fin ne signifie pas but mais décadence et chute. Notre auteur, au contraire, tient que « la mission de l’Europe n’est pas te
1215 e siècle la plus brillante école d’interprètes de notre culture : Unamuno, Ortega, Maranon, Madariaga, et plusieurs autres, a
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1216 de leur communauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe e
1217 ur communauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe en effet
1218 nauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe en effet trois
1219 e aux possibilités comme aux principes du Centre. Nous n’avons pas cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut fa
1220 local. ⁂ Au printemps 1956, un numéro spécial de notre bulletin 44 donnait le plan d’une série d’expériences-pilotes d’éduca
1221 orcées en milieu populaire (Val d’Aoste et Grèce) devaient être suspendues par suite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ C
1222 trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collectiv
1223 es, qui permettront éventuellement de généraliser nos expériences-pilotes. Nous espérons que les éducateurs — enseignants o
1224 uellement de généraliser nos expériences-pilotes. Nous espérons que les éducateurs — enseignants ou animateurs de centres lo
1225 es locaux de culture — ayant pris connaissance de nos tentatives, verront mieux non seulement les erreurs à éviter, mais su
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1226 tion européenne [Conclusion] (décembre 1959)cf Nous avions deux objectifs principaux : essayer des méthodes et détecter d
1227 ssayer des méthodes et détecter des responsables. Nous voulions expérimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui do
1228 ter des responsables. Nous voulions expérimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à de
1229 mieux la prochaine fois.) Les moyens limités dont nous disposions nous ont souvent contraints à des improvisations empirique
1230 ne fois.) Les moyens limités dont nous disposions nous ont souvent contraints à des improvisations empiriques que la science
1231 ogues jugera peut-être sévèrement. Mais ce défaut nous a mis à l’abri de la tentation majeure dans ce domaine : celle de pla
1232 même qu’on ait pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ceux de l’homéopathie, permettant d’inci
1233 ssus sociaux. Similia similibus. Au total, sommes- nous satisfaits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que certains
1234 s ont été obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti qu’ici ou là, quelqu
1235 e en dépit de nos efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méth
1236 olaire. Oui, encore et surtout, dans la mesure où nous avons trouvé partout ces responsables réalistes, ces animateurs entho
1237 istes, ces animateurs enthousiastes sans lesquels nous n’eussions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu
1238 sions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’une action persévérante et féconde peut être conduite. Nous
1239 ction persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieu
63 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1240 aison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)cg Notre nom même provoque généralement les trois questions suivantes : — qu’e
1241 ce sera définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’est donn
1242 n lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens co
1243 omme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès notre Antiquité gréco-romaine, « cultiver » la terre ou l’esprit signifie :
1244 ut faire des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous , qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre posit
1245 ste, s’il fallait prendre position dans le débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créat
1246 e débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres nouve
1247 é le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette
1248 pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En effet, leur niveau de vie et leur statut social dépendent
1249 rituel qui demeure l’origine permanente de ce que nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux.   EUROPE, qui f
1250 ie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les a
1251 et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union économique et politique de nos peuples
1252 es nationales, l’union économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles
1253 on économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ?
1254 os peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question m
1255 r. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question mal posée. Car une culture ne saurait être dé
1256 ipes et par sa force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son déco
1257 a force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage acciden
1258 , dépend d’un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement.
1259 es sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus gr
1260 r lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus grande Eu
1261 , mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus grande Europe, pour elle seule, à son se
1262 de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faibl
1263 ore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépend
1264 s que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, groupements d’États
1265 tionaux, groupements d’États ou même super-États. Nous entretenons avec eux tous des contacts souvent utiles et toujours ami
1266 cts souvent utiles et toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et ce
1267 et toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont di
1268 Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser l
1269 Où sont les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. M
1270 dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs
1271 urs préjugés et leurs routines. C’est donc là que nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forme
1272 par leur faute et par leur mérite. Voilà définie notre Europe : c’est un champ de forces culturelles, sans frontières à l’ex
1273 orme polie d’une objection fondamentale) que l’on nous pose bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’il s’agit de cultur
1274 cif, que l’idée d’un Centre. Ceci posé, regardons notre époque et le concret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’
1275 roblèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de culture
1276 itique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de préjugés partisans
1277 inéastes, hygiénistes, pédagogues, sportifs même… Nous sommes sur la bonne voie. Mais deux dangers subsistent : les centres
1278 la culture. ⁂ En 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’être d’une institution de ce genre n’existe
1279 ques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
1280 services et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du CEC se t
1281 urope n’est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire, tant pour les sciences (économie incluse) q
1282 ues, sociales, morales et philosophiques. Elle le doit pour le reste du Monde comme pour elle-même. Car une fédération de pe
1283 helle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. P
1284 ux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États
1285 sérieuse sur la conjoncture culturelle, par quoi nous entendons l’état des besoins existants, des recherches en cours ou à
1286 ui avaient présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extéri
1287 immenses qui naissent du contact inévitable entre notre culture libérale et technique et les cultures traditionnelles de l’As
1288 appellent des études et des solutions qu’aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul
1289 se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
1290 ommune de ces forces vis-à-vis du reste du monde, nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
1291 es vis-à-vis du reste du monde, nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
1292 ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
1293 rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
64 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1294 maîtres de classes du primaire et du secondaire ? Nous sommes ici dans une Europe en train de s’unir, face à un monde transf
1295 fait aujourd’hui, c’est bien à l’Europe qu’on le doit  : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on im
1296 l’individu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc,
1297 encadrés du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme.
1298 âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à pa
1299 idée de l’homme a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogie, sans décl
1300 tés pratiques à surmonter d’abord, etc. — saurons- nous distinguer les buts humains de l’éducation occidentale au xxe siècle
1301 e Jullien se fit l’avocat voici un siècle, pourra nous y aider. Mais avant de l’appliquer aux trois grandes régions qui form
1302 e l’Antiquité, de l’Orient et de l’Europe jusqu’à nos jours. Éduquer l’homme, dans tous les temps et dans toutes les cultur
1303 aux canons religieux établis et indiscutés. Dans nos sociétés modernes, pluralistes et profanes, tout change. La transmiss
1304  c’est-à-dire psychiques ou psychologiques, comme nous le dirions aujourd’hui. En revanche, au dressage antique, les société
1305 onnel. » Le vrai sens de l’action d’éduquer, dans notre ère, devient alors conforme à l’étymologie même de ce verbe : e-ducer
1306 ale. N’allez pas croire, pourtant, que l’humanité devait fatalement passer de l’une de ces attitudes à l’autre en vertu de que
1307 à l’autre en vertu de quelque loi de l’Histoire, devait abandonner l’une pour adopter l’autre, et que par suite l’autorité se
1308 ligieuses, où tout est prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de libe
1309   c) Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Posons-nous
1310 e de définir ce qu’est la voie européenne. Posons- nous cette question très simple : Pourquoi sommes-nous choqués par les exc
1311 nous cette question très simple : Pourquoi sommes- nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les ressento
1312 américain et soviétique ? Pourquoi les ressentons- nous comme des excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous, exige
1313 s excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous , exigeant et actif, d’un équilibre nécessaire, d’une voie médiane, ou
1314 c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils
1315 à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type
1316 us accorde enfin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès alterné
1317 fin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès alternés de la tend
1318 e même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès alternés de la tendance « russe »
1319 le n’a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse, résister aux courants, prendre ses risques. On ne
1320 ’une manière cohérente les principaux domaines de notre civilisation. Ainsi notre idéal civique comporte à la fois la vocatio
1321 principaux domaines de notre civilisation. Ainsi notre idéal civique comporte à la fois la vocation personnelle et l’amour d
1322 r du prochain : la tendance axiale, normative, de notre politique est l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse
1323 otre politique est l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse fédéralisme) ; et enfin l’éducation comporte à la
1324 nomiques, la liberté et la responsabilité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais ma
1325 de la discipline ? Prenez n’importe lequel de nos problèmes traditionnels ou modernes, sociaux, éthiques ou même économ
1326 contrainte seule, les Américains liberté seule ; nous disons : les deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un ne va pa
1327 ule ; nous disons : les deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut q
1328 riction de la liberté et de l’autonomie. Et quand nous critiquons telle conception de la discipline, c’est toujours au nom d
1329 qué le rendement technique dans le cadre du plan. Notre conception la plus saine du dressage se situerait, me semble-t-il, à
1330 ellectuelle et de l’homogénéité des esprits. Dans nos classes règnent la haine du cancre, la méfiance envers les meilleurs,
1331 , plus nouveau, se pose à l’éducateur européen de notre temps : c’est celui du dosage entre la préparation générale et la for
1332 sociale : ils veulent des citoyens bien adaptés. Nous voulons plus : nous voulons les deux choses à la fois et une troisièm
1333 nt des citoyens bien adaptés. Nous voulons plus : nous voulons les deux choses à la fois et une troisième en plus. Nous voul
1334 s deux choses à la fois et une troisième en plus. Nous voulons à la fois préparer de bons citoyens, de bons professionnels,
1335 té — dans la préparation des élèves. Mais elle ne doit pas perdre de vue, pour autant, la nécessité fondamentale de mainteni
1336 cet équilibre en tension, dépend la fécondité de notre civilisation. Une civilisation trop purement classique, humaniste, li
1337 ’équations : les plus grands savants novateurs de notre temps sont tous d’accord sur ce point. La poésie, la philosophie, l’i
1338 à mon sens, c’est la vision du But qui peut seule nous dicter les méthodes adéquates pour le rejoindre. « En toutes choses,
1339 considérez la fin. » La fin seule de l’Éducation doit et peut dicter les moyens, les méthodes de l’Éducation. Oserai-je vou
1340 ne conduit pas au particulier. Dans la mesure où nous décidons de créer une certaine classe d’hommes, d’inculquer un certai
1341 sonne, c’est la réalité sentie de la personne qui doit nous inspirer les moyens de le rejoindre. Je terminerai par une secon
1342 , c’est la réalité sentie de la personne qui doit nous inspirer les moyens de le rejoindre. Je terminerai par une seconde pa
65 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1343 on publique obligatoire est née en même temps que nos démocraties. Celles-ci méritent leur nom dans la mesure même où, soit
1344 informer et à former des citoyens. Si maintenant nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter
1345 nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que c
1346 fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Si
1347 otion d’un civisme européen. Mais de quoi pouvons- nous partir, sinon des institutions existantes — et notamment de l’École —
1348 est l’état actuel de l’enseignement civique dans nos pays ; en second lieu, comment cet enseignement peut se prêter à un é
1349 ement au plan européen. C’est dans cet esprit que nous avons demandé à des enseignants de huit pays européens les rapports q
1350 ux. Objectifs nationaux différents Chacun de nos pays, en effet, estime qu’il bénéficie ou pâtit d’une situation excep
1351 ules suivantes : En France, l’instruction civique doit « permettre à chacun d’exercer ses droits », au nom des principes gén
1352 crois pas très facilement interchangeables. Elles nous signalent des différences d’approche, parfois profondes, nées de circ
1353 d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête, et de sensibiliser son attention, je me bornerai à deux indi
1354 ations rapides, à titre d’exemples : 1° Dans tous nos pays — sauf peut-être en Allemagne, et encore — on se plaint de l’ind
1355 tte constatation signifie que le régime actuel de nos pays est accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il n’appara
1356 ente dans le reste du Monde. 2° Dans presque tous nos pays, l’enseignement civique est pratiquement limité à la description
1357 prépare le jeune homme à vivre les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie
1358 olable de tout contenu concret, comme si l’une de nos nations était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolab
1359 Cette difficulté et cette déficience, communes à nos enseignements civiques nationaux, vont apparaître beaucoup plus clair
1360 naux, vont apparaître beaucoup plus clairement si nous regardons ce qui se passe aux USA et dans les pays communistes de l’E
1361 me sens jeté dans la réalité vivante du civisme. Nos manuels commencent par définir l’État et ses institutions, puis conti
1362 puis continuent en définissant les droits et les devoirs de chacun, puis s’arrêtent au moment où les problèmes concrets vont s
1363 jury, écrire à son député, etc. J’insiste : là où nos manuels diraient par exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu
1364 s’agit de tenir compte, etc. En somme, ce manuel nous propose une méthode pratique de jugement, impliquant d’ailleurs une m
1365 jugement, impliquant d’ailleurs une morale, là où les nôtres définissent des concepts, des principes généraux et des cadres ; ce m
1366 des principes généraux et des cadres ; ce manuel nous parle réellement de civisme, là où les nôtres se contentent de parler
1367 ce manuel nous parle réellement de civisme, là où les nôtres se contentent de parler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout
1368 s et de conceptions morales, etc.). Ces critiques nous paraissent valables pour tout l’Occident. La grande différence entre
1369 res » économiques, scientifiques et sociales sont dues à son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est dire
1370 étique et des « droits » du citoyen (qui sont ses devoirs envers la « construction socialiste ») toutes les branches de l’ensei
1371 5 sont consacrées aux « fondements politiques de notre État », 6 aux « organes publics », 3 à « l’élection des représentants
1372 la liberté, le bien-être et le bonheur ». Et l’on doit inculquer aux élèves que la situation malheureuse de la jeunesse de l
1373 ie et la morale ! (Mais pourquoi ne pas dire dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’
1374 ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un civisme européen.
1375 extes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un civisme européen. Ils n
1376 vent pas dire, dans l’état actuel des choses, que notre enseignement civique fait corps avec le reste de nos programmes ; ils
1377 enseignement civique fait corps avec le reste de nos programmes ; ils ne disent pas qu’il exprime une doctrine unique, et
1378 un intérêt vivant pour la chose publique, et cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que de
1379 térêt vivant pour la chose publique, et cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait
1380 enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils en mont
1381 enseignants d’abord, une conscience plus aiguë de nos manques et une volonté plus déterminée de résoudre les difficultés re
1382 que les perspectives économiques et politiques de notre siècle peuvent être vues dans leurs vraies dimensions et que le défi
1383 résente de particulier et de valable, et ce qu’il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors, il
1384 qu’il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors, il verra dans l’Europe non plus seulement un pro
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1385 arçon ! deux fines à l’eau ! » À cette « suite », nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemb
1386 nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemble plusieurs congrès, et vingt rencontres aux all
1387 ques-unes ont abouti à des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’éta
1388 avons passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’était sa vraie manière de travailler — à Londres et à Br
1389 ernier snobisme, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la même question que se p
1390 me pose la même question que se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’ai-je bien connu ? La lecture des notes abonda
1391 oire de la littérature française, du romantisme à nos jours, qu’il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édit
1392 dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le trouvons à Munich, où il poursuit des études de psychologie, puis
1393 our la Pologne : débuts politiques Essayons de nous représenter la situation d’un patriote polonais vers 1910. La Pologne
1394 ouve détenir l’un des inédits les plus curieux de notre temps.) En juillet 1914, Madame Retinger, qui séjournait en Pologne r
1395 ein la réalisation des rêves toujours frustrés de nos pères, la venue prochaine de la liberté de notre pays ». Aventures
1396 de nos pères, la venue prochaine de la liberté de notre pays ». Aventures à travers l’Europe en guerre Impossible de re
1397 importance pour sa patrie. Mais cette mission, il devra l’accomplir en passant d’abord chez l’ennemi. Problème urgent : comme
1398 le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la
1399 veut absolument aller en France. « J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes-vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur
1400 seport. — Que ferez-vous en France ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vous pouvez d
1401 confier à moi. — Avec tout le respect que je vous dois , Monsieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » « Notre conversa
1402 ieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » «  Notre conversation se poursuivit ainsi pendant quelques minutes, note encor
1403 ement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’agissait de trouver
1404 rsonnelles de le détester » (raisons que Retinger nous laisse ignorer) a cessé de le soutenir. « Il veut votre peau », lui d
1405 e la plus totale, affamé et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses moucho
1406 : parce qu’il pensait qu’un futur homme d’État se doit de connaître à fond une partie du monde telle que l’Amérique latine ;
1407 oix dans une fabrique de cigares, où les ouvriers devaient travailler sans ouvrir la bouche ; d’où la nécessité de les distraire
1408 nalisation du pétrole Quelques mois plus tard, nous retrouvons Retinger au Mexique, engagé par Luis Negrete Morones — qu’
1409 politiques et sociales d’une extrême violence qui devaient aboutir ultérieurement à la nationalisation des puits de pétrole expl
1410 e à des amis. Si bien qu’arrivé en aventurier, il devait quitter le pays en bienfaiteur public. « De fait, écrit-il, lorsque j
1411 u et en reparte sans un sou. C’est à quoi j’avais leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des matières… » L’h
1412 étrole est trop complexe en soi — et les notes de notre ami sur ce sujet trop incomplètes, quoique abondantes — pour que l’on
1413 période de la vie de ce « politicien privé » que nous avons vu débuter dans les salons, parmi les esthètes et les grandes d
1414 spagnol : « Un pauvre chien comme toi ne peut pas nous faire de mal ». Quelques kilomètres plus loin, la charrette apparaît.
1415 au lieu de le conduire à San Antonio, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène à la ville frontière de Laredo. En haill
1416 ures plus tard le train part pour San Antonio, où notre vagabond finit par retrouver Morones, qui lui paie un costume neuf et
1417 ndra sa passion principale : l’union de l’Europe. Nous avons vu déjà quelques-unes des sources de l’européisme de Retinger :
1418 : c’était en effet par un saut en parachute qu’il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait toujours ép
1419 ivé de toute liberté de mouvements par un mal qui devait le laisser à demi infirme pour le reste de ses jours. Descendant d’un
1420 e, au moment où Retinger montait dans l’avion qui devait les ramener tous deux à Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit
1421 ne qu’il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut ses premières tentatives dans ce sens, avant 1939
1422 ppelaient pudiquement une « union plus étroite de nos pays », adhérèrent au United Europe Movement fondé par Churchill à la
1423 ée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’avait bien exposée —
1424 ger, et peut-être le couronnement de sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne,
1425 n du terrain, mais sans lui, les réalisations que nous connaissons aujourd’hui et que le grand public européen tient pour to
1426 ’aventure. Lorsque plus tard, avec Raymond Silva, nous en vînmes à reconnaître la nécessité de créer à côté du CEC une Fonda
1427 caces au cours des deux années de préparation qui devaient aboutir à la constitution d’un imposant Conseil de gouverneurs, couro
1428 ne douzaine d’années d’activités à l’intérieur de nos pays, puis de faire face aux problèmes immenses que posent les relati
1429 dans les congrès dont il était l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloquence pressante et sans apprêt,
1430 r les principes qui avaient conduit sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action européenne. Il rappela le rôle
1431 sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action européenne. Il rappela le rôle décisif des idées, des doctrine
1432 ous les Suisses. » Le soir même, dînant seul avec nous , il se vantait en riant d’être devenu bavard dans les comités, et rép
1433 res. Mais quand ma femme, à propos de projets que nous avions en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit très v
1434 ivre une idée simple et grande : celle de grouper nos forces et nos faiblesses, de manière à les faire servir, comme malgré
1435 simple et grande : celle de grouper nos forces et nos faiblesses, de manière à les faire servir, comme malgré elles, au bie
1436 s historiens futurs. (Puisse le petit ouvrage que nous publions aujourd’hui mettre en garde les chroniqueurs contre une omis
1437 sserait le tableau des vraies forces qui ont fait notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qu
1438 notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qui fut longtemps son plus proche collaborateur, m’é
67 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1439 ues et à l’élaboration du document de travail que nous publions ci-après, à titre d’introduction au compte rendu in extenso
68 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1440 La nécessité du dialogue existe pour chacune de nos cultures, mais certains motifs varient de l’une à l’autre. Je prendra
1441 ures régionales (africaines, asiatiques, arabes…) doit contribuer à rendre aux Européens de nos vingt pays le sentiment de l
1442 rabes…) doit contribuer à rendre aux Européens de nos vingt pays le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe a été le fo
1443 elles. Dans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration difficile
1444 ans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration difficile, voire
1445 ianisme, de sinologie, d’études arabes, etc. dans nos grandes universités, mais on aurait peine à trouver des chaires d’eur
1446 même, les étudiants d’outre-mer qui viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de la culture europée
1447 ouver le livre qui expliquerait utilement à un de nos « aides techniques » la culture de la région où il va travailler. ⁂ I
1448 emple : la culture renaissante de l’Afrique noire doit faire face à des problèmes d’éducation qui nécessitent évidemment les
1449 , le monde arabe, peut l’aider à élucider. L’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons ê
1450 er. L’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! »
1451 son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. («  Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! », disait récemment un
1452 Une des premières conditions du dialogue, tel que nous l’espérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler, en
1453 aucune centrale d’information n’existe encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelq
1454 te encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelques exemples pris dans chaque catégo
1455 core, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelques exemples pris dans chaque catégorie d
1456 s des civilisations et de leurs publications, qui devrait être mis à jour.) Société internationale pour les études comparées d
1457 e (Paris), publiées par des Africains en Europe. ( Nous ne connaissons pas de revues sur l’Europe publiées en Asie ou en Afri
1458 satisfaisante — ce qui est généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles répondent aux conditions d
1459 d’ensemble soit touché. Le Dialogue des cultures doit s’établir entre des ensembles, et porter sur des problèmes vivants :
1460 r, préparés ou non…). Enfin, une troisième lacune nous frappe, dans un tout autre ordre, qui est celui des faits plus que de
1461 rite — possibilités, besoins, lacunes —, ce qu’il nous reste à faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dialogue
1462 iècle. Les régions culturelles qui constituent de nos jours des « champs d’étude intelligibles » (Toynbee) sont à la fois m
1463 emprunté au xixe siècle européen. Pratiquement, nous pouvons distinguer une douzaine de régions culturelles assez bien déf
1464 x Les considérations que l’on vient de résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l
1465 umer nous amènent à une conclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l’examen de représentants qualifiés d’autres c
1466 contres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de centres analogues a
1467 bleraient une des lacunes les plus frappantes que nous ayons rencontrées jusqu’ici ; — Accueil aux étudiants, professeurs, c
1468 s ordres, sur une région donnée. (Aujourd’hui, on doit se renseigner dans une douzaine de capitales, auprès de services offi
1469 ) se poserait également pour chaque région. Il ne nous appartient pas de discuter ces problèmes dans le présent papier, qui
1470 eut qu’introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre aux représentants des diverses régions de donner leur opini
1471 s régions, mutatis mutandis. De toute manière, il nous semble que la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit
1472 oute manière, il nous semble que la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit pas à des résultats immédiats dan
1473 e dialogue, en temps utile, avant que l’on vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir né
1474 « Au mois d’août 1961, le document de travail que nous reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les personnal
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
1475 des cultures, qui est l’une des grandes tâches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur que je vous dis merci, et que je v
1476 ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre — des instruments
1477 logue entre les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous sommes efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches com
1478 entre les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous sommes efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches communes
1479 âche est immense, et avant de l’aborder de front, nous avons réfléchi, hésité, et parfois reculé, pendant des années. Aucun
1480 reculé, pendant des années. Aucun des moyens que nous pouvions imaginer pour y faire face, ou que d’autres avaient déjà ess
1481 emblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez
1482 d’avenir, c’est là, vraiment, toute l’ambition de notre colloque d’aujourd’hui. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il
1483 toute l’ambition de notre colloque d’aujourd’hui. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi, à ce p
1484 d’explication sur la manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de personnalités, représ
1485 quelques observateurs ou consultants, capables de nous renseigner sur d’autres régions ou sur d’autres efforts d’échanges cu
1486 entreprendre une tâche aussi vaste que celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut apparaître déris
1487 tâche aussi vaste que celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut apparaître dérisoire. Non seulement
1488 ourd’hui peut apparaître dérisoire. Non seulement nous ne pouvons nous prétendre les représentants les plus valables, réguli
1489 paraître dérisoire. Non seulement nous ne pouvons nous prétendre les représentants les plus valables, régulièrement élus et
1490 lus valables, régulièrement élus et confirmés, de notre région, mais encore nous n’avons à passer ensemble que trois jours, a
1491 t élus et confirmés, de notre région, mais encore nous n’avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des a
1492 s de personnes, pour débrouiller scientifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions
1493 r scientifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialogue
1494 oblème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’il fallait se réun
1495 ait se réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum,
1496 s ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dire le plus petit qui permette encore de rep
1497 ancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donn
1498 dit dans un match de football. Il aura réussi, si nous constatons dans trois jours que son travail ne fait que commencer, et
1499 ravail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhaite que cette
1500 uhaite que cette première journée de conversation nous permette de vérifier notre accord quant à la nature et à la nécessité
1501 journée de conversation nous permette de vérifier notre accord quant à la nature et à la nécessité du dialogue. Et tout d’abo
1502 lir cette base d’entente. Même si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. N
1503 e. Même si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux
1504 me si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux raison
1505 nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux raisons principales. 1° Tout d’abord, parce que,
1506 ons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux raisons principales. 1° Tout d’abord, parce que, en tant qu
1507 out d’abord, parce que, en tant qu’intellectuels, nous ne pouvons pas grand-chose sur le déroulement immédiat des événements
1508 s. On ne tiendrait aucun compte des solutions que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord
1509 tions que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre tel
1510 l’Algérie, Cuba, Berlin, Bizerte, le Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la
1511 e Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la même chose, mais seulement à nous m
1512 rd pour dire tous la même chose, mais seulement à nous mettre d’accord pour dialoguer, sur des principes fondamentaux. C’est
1513 ndamentaux. C’est cela seulement qui correspond à nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le faiso
1514 voirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégali
1515 e le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégalités économiques, il y a des réalité
1516 isons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégalités économiques, il y a des réalités beaucoup plus durables et
1517 tés beaucoup plus durables et profondes, qui sont nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propres de
1518 nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propres de penser, de sentir et de croire, de légiférer, de
1519 ces profondes des grands malentendus qui opposent nos régions sur le plan politique, économique et social. La méconnaissanc
1520  culturelles » est ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’enten
1521 ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’arranger
1522 s souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’arranger, et de régler les con
1523 onflits encore plus graves, à long terme. Si donc nous voulons contribuer à une meilleure entente politique —· et même écono
1524 illeure entente politique —· et même économique — nous ne pourrons le faire qu’en travaillant à « améliorer le terrain », au
1525 d’assurer une meilleure connaissance mutuelle de nos cultures. Et cela suppose un dialogue véritable, et un dialogue organ
1526 éloquents et enflammés soient-ils. Voilà pourquoi nous n’avons pas voulu convoquer aujourd’hui un grand congrès de plus. Dan
1527 Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commençons donc nous-mêm
1528 personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commençons donc nous-mêmes, ici et maintenant, par dialogue
1529 eusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque, ennemi des conventions ! Pourquoi ne pas essayer dans ce doma
1530 de, plus rapide, plus spontané et plus efficace ? Nous sommes assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectif
1531 us efficace ? Nous sommes assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrio
1532 assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque abo
1533 reux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse à une pu
1534 ettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse à une publication (par les soi
1535 èse des motifs du dialogue et de ses méthodes. Et nous voudrions 2° que ce colloque aboutisse à une résolution tendant à la
1536 , et définissant leurs fonctions. Je souhaite que nos débats, loin de se complaire dans des généralités généreuses, et loin
1537 ses, et loin de prétendre à épuiser leurs thèmes, nous permettent plutôt de tracer les grandes lignes d’un programme suggest
1538 ai donc sans transition à un bref commentaire sur notre ordre du jour de ce matin. Premier point : Quels sont les motifs géné
1539 onde ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa posi
1540 ntés sont alertées, les imaginations travaillent. Nous pourrons vérifier et préciser cet accord en examinant la première pag
1541 ts : d’une part, la mise en contact inévitable de nos différentes cultures par une force superficiellement uniformisante, l
1542 nationaliste », ou différenciatrice, par laquelle nos cultures répondent à cette pression qu’elles subissent toutes. De ces
1543 ialogue. Bien entendu, d’autres motifs peuvent et devront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous
1544 exemple. Une fois cette première mise au point de notre situation de départ effectuée nous pourrons aborder le deuxième point
1545 e au point de notre situation de départ effectuée nous pourrons aborder le deuxième point : Quels sont les motifs spécifique
1546 écifiques du dialogue, pour chaque région ? Ceci nous demandera sans doute plus de temps. Car il importe que chaque « régio
1547 s qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première posi
1548 ’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première position du problème par Bertrand de
1549 uvenel, que j’ai trouvée extrêmement heureuse : «  Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence,
1550 e : « Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un m
1551 effet, nous sommes tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un même problème qui est l’industrialisation,
1552 isation superficielle, venant de l’extérieur, qui nous met tous dans la même situation, et qui nous amène au dialogue — pour
1553 qui nous met tous dans la même situation, et qui nous amène au dialogue — pour quelle raison ? Parce que cette technique, e
1554 xte culturel européen. Elle est absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Maintena
1555 nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et elle s’objecti
1556 . Je n’irai pas jusqu’à dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tous contre la technique : je croi
1557 e levée de boucliers contre le matérialisme. Mais nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de
1558 premier dialogue est universel, et il s’agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à des oppositions
1559 agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à des oppositions violentes. Donc, première raison du dial
1560 ntes. Donc, première raison du dialogue : comment nous adapter, how to cope with technology, chacun à notre manière, pour ar
1561 us adapter, how to cope with technology, chacun à notre manière, pour arriver à un développement harmonieux, et non pas à cet
1562 même de la culture comme c’est le cas en Europe. Nous en arrivons alors à cette question de la culture ou des cultures. J’a
1563 cultures. J’avais prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture
1564 , ou est-ce qu’il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui et non là-dessus, il s’agit de distinguer. Il y
1565 , comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’importe quelle civilisation
1566 es de culture dans n’importe quelle civilisation, nous savons exactement ce que cela veut dire. Ce sont les hommes qui réflé
1567 ut-être grâce à la technique d’ailleurs, mais qui doivent s’expliquer avec la technique chacune à leur manière, et qui ne doive
1568 ec la technique chacune à leur manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennent leur autonomie se laisser unif
1569 lisme, c’est-à-dire de l’union dans la diversité. Nous sommes tous en faveur de la différenciation, de la prise de conscienc
1570 l y en eut tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vue cette culture de l’universel dont parlait d’Arbouss
1571 ix — Non ! Non ! (applaudissements). Donc, ce que nous visons par ce dialogue, c’est une espèce de convergence vers une cult
1572 es. Si vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jo
1573 it dire sur ce premier point de l’ordre du jour : nous avons vérifié notre accord de base sur la nécessité du dialogue.
1574 ier point de l’ordre du jour : nous avons vérifié notre accord de base sur la nécessité du dialogue. cp. Rougemont Deni
70 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
1575 é exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports de ce pays avec l’ensemb
1576 s envisagent pas expressément dans le contexte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre —
1577 la philosophie, du droit et de la politique, etc. Nous avons pris pour guide, dans ce classement, l’utilité pédagogique. J’e
1578 ment, l’utilité pédagogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d
1579 ogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrire une thèse sur
1580 éen. Il n’a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titres qui intéressent sa spécialité et les bra
1581 pécialité et les branches connexes de la culture. Nous ne voulons pas donner des notes, bonnes ou mauvaises, mais nous tâche
1582 s pas donner des notes, bonnes ou mauvaises, mais nous tâcherons d’indiquer brièvement — par des notices de quelques lignes
1583 jet à la plupart des thèses soutenues dans toutes nos universités et qui traitent d’un problème européen. Vers une Semain
1584 a Semaine européenne du livre qui se prépare, sur notre initiative, et qui aura lieu au printemps de cette année (du 30 mars
1585 lft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seront invitées à composer des vitrines « européennes ». Des pr
1586 ure qui sera tenue à Genève. Le présent numéro de notre bulletin reflète les travaux préparatoires de la bibliographie et de
1587 contemporaine. L’examen de cette coupe appelle, à notre avis, deux remarques fondamentales. Trop de livres sur l’Europe ?
1588 oposées à ces problèmes depuis des siècles, ou de nos jours. Chacun brûle d’apporter au débat ses idées, ses critiques, ses
1589 olide des réalités ». Leur unanimité fondamentale devrait -elle nous rendre optimistes sur l’avenir de l’union de l’Europe ? J’e
1590 lités ». Leur unanimité fondamentale devrait-elle nous rendre optimistes sur l’avenir de l’union de l’Europe ? J’en doute un
1591 lent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui devait les rendre hostiles à la CECA en ses débuts, et qui reste opposée, fo
1592 Certes, il ne faut décourager personne, et l’on doit se féliciter de voir autant d’esprits préoccupés de mettre en ordre l
1593 tre en ordre leurs idées sur ce qui se passe dans notre monde. Mais publier tout cela pose un autre problème, et c’est aux éd
1594 s’est fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’autres entreprises collectives — au premier rang de
1595 t d’encourager ou de susciter, — tels seraient, à notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition. 53. Éd
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
1596 ens [Avant-propos] (mai 1963)cu L’enquête dont nous publions aujourd’hui l’analyse avait pour objectif bien défini d’étud
1597 on avec l’Association européenne des enseignants. Nous écrivions notamment en 1960 : Si maintenant nous voulons faire l’Eur
1598 Nous écrivions notamment en 1960 : Si maintenant nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter
1599 nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que c
1600 fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Si
1601 démodé de l’instruction civique dans presque tous nos pays, mais encore la quasi-inexistence des perspectives européennes d
1602 ance de l’enseignement civique dans la plupart de nos pays. Elles définissent d’une manière très concrète la nature des obs
1603 t les moyens financiers nécessaires. Ces derniers devraient être empruntés, à mon avis, au budget d’une défense nationale bien co
1604 areille suggestion dans les réponses officielles. Nous sommes encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassu
1605 onclusions majeures qui me paraissent résulter de notre enquête. C’est dire que la Campagne d’éducation civique était nécessa
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
1606 que, dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif d’un genius loci, d’un climat régiona
1607 EFM que je me félicite de pouvoir accueillir dans nos publications le compte rendu du colloque réuni à Aix au mois de juill
1608 en avait traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire à la suite du compte rendu d’Aix, l
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
1609 cs Il peut paraître paradoxal qu’au moment où nous nous efforçons de faire une vaste union européenne, ici, à Aix, vous
1610 Il peut paraître paradoxal qu’au moment où nous nous efforçons de faire une vaste union européenne, ici, à Aix, vous vous
1611 omène européen d’aujourd’hui consiste à supprimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités. L’effort entr
1612 rimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités. L’effort entrepris ici par M. Bigonnet me paraît donc all
1613 igonnet me paraît donc aller dans le droit fil de notre effort européen. […] Toutes les cultures, anciennes, ou nouvelles, o
1614 nt à des représentants de cultures très diverses, nous sommes tous colonisés par cette même civilisation technologique et no
1615 isés par cette même civilisation technologique et nous devons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jet
1616 par cette même civilisation technologique et nous devons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jette. Cec
1617 vilisation technologique et nous devons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci étant valable
1618 ouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien que l’Occid
1619 a technique destructrice de la civilisation. Mais nous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un
1620 l’accession à la culture de couches immenses que nous assistons aujourd’hui. Autre point non moins important : la création
1621 int non moins important : la création de loisirs. Nous arrivons au moment où la technique, parce qu’elle est suffisamment po
1622 nions émises au cours de cette première partie de nos débats, je voudrais répondre en quelques mots à la question très pert
1623 ues, que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupent de tou
1624 le jeune américain du même degré et du même âge. Nous assistons là à un phénomène d’auto-régulation, non pas au nom d’un id
1625 idéal « d’humanités », mais simplement parce que nous sommes conduits, par les nécessités mêmes du progrès technique et de
1626 ’industrie, la période du charbon. Maintenant que nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité, de l
1627 echnique. De ces considérations générales, ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et la cu
1628 temporain du terme. Elles coupent une quantité de nos frontières actuelles, qui n’étaient pas les mêmes ou n’existaient pas
1629 ref, une réponse à leur travail créateur. Et ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui
1630 « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontières s’ouvrent à des échanges plu
1631 tion culturellement sous-développée à laquelle on devrait apporter les lumières de Paris ! Il s’agit bien plutôt de faire parti
1632 ce à une communication. À mon sens, une métropole devrait jouer, mutatis mutandis, le rôle des petites cours de la Renaissance
1633 reviendrai plus tard sur ce point… capital ! […] Nous avons vu qu’une métropole, cela consiste en un attrait, un climat, et
1634 t naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l’argent, dont parlait si justement et si éloquemment Jean Ballard
1635 n retour. La culture et l’éducation, je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investisseme
1636 grandes industries. Une métropole digne de ce nom devrait donc financer en grande partie elle-même son rayonnement. Autrement,
1637 conditions analogues en Europe. Un projet de loi doit être déposé à cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à géné
1638 ents de leur interdépendance vitale, de ce qu’ils doivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ils peuvent s’apporter les
74 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
1639 les citoyens qui la vivront, conscients de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui est leur civilisation et des droits que
1640 tit souvent à des naissances réelles. Le motif de notre Campagne d’éducation civique européenne, c’est la nécessité de sortir
1641 és encore à naître. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et q
1642 tre. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et qui joue un rôle
1643 toyens pour ce qu’elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour la nation. Et l’on sait qu’elle y a
1644 n. Et l’on sait qu’elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferait-ell
1645 a tâche de la Campagne est immense : il y a, dans nos divers pays des centaines de milliers d’enseignants. Pour les atteind
1646 w, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nationales. Le secrét
1647 dont ils prendraient l’initiative. Les textes que nous publions ici ne représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été
75 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
1648 Et que les historiens nationalistes se moquent de nous quand ils prétendent que telle chaîne de montagnes ou tel fleuve divi
1649 es faits géographiques qui définissent l’unité de notre continent, et qui fassent voir combien sa division en nations « étern
1650 absurde théorie des « frontières naturelles » qui nous a conduits à couper en deux, trois ou quatre pays un bassin naturel (
1651 ope politiquement unie, les régions naturelles de notre continent reprendraient vie. Car voici le raisonnement que je me tien
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
1652 ctuels, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origi
1653 venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant des langues diverses, et incapables de plus jamais
1654 i m’évoque d’abord la description de l’Europe que nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société des esprits
1655 titution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités intellectue
1656 vrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités intellectuelles, et donc artificielles — elle fait songer à
1657 oubli des buts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Essayons de poser
1658 oblème dans son ensemble, à l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle, à deux mouvements de sens
1659 mêle, pour le meilleur et pour le pire. Arrêtons- nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le mote
1660 our le pire. Arrêtons-nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le moteur et l’agent de ce mouvemen
1661 ugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après combien
1662 isible et plus facile à observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous ass
1663 . Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’e
1664 xies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes contemporains. D’où résultent les deux consé
1665 is aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle culture mondiale. Or,
1666 autaire, et le sens synthétique ou universaliste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxta
1667 ’un peu plus près. Sur l’explosion des effectifs, nous disposons d’une grande richesse de statistiques. Un seul exemple peut
1668 Robert Oppenheimer et d’autres savants américains nous affirment que 85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’hi
1669 s Armand me disait un jour : si vous et moi, dans nos années d’études, il y a trente à trente-cinq ans, avions appris toute
1670 ppris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données
1671 t gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un théologien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicie
1672 lusions du physicien et la dogmatique de l’Église doit être estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicie
1673 onflits dès longtemps périmés59. Faudra-t-il donc nous résigner à ce que l’accroissement même du savoir entraîne pour conséq
1674 ateur non prévenu, jugeant seulement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Européens t
1675 ils l’avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’être abandonnée, el
1676 L’incommunicabilité des savoirs est ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure intime, et comme une
1677 tait de le déduire d’une observation attentive de nos universités, l’on ne trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pi
1678 c’est pourquoi sans doute on la pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il à former des personnes réelles et complètes, o
1679 là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênante — car nous voici de moins en m
1680 nous les posent avec une insistance gênante — car nous voici de moins en moins armés pour y répondre. Le problème qu’on sou
1681 ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absolument spécifique de l’Europe. Seule en e
1682 licité des disciplines spécialisées provient chez nous de la sécularisation de la philosophie et de la recherche qui s’est m
1683 es hommes nourris de culture différentes viennent nous poser leurs grandes questions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Euro
1684 e vos passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se
1685 a doctrine physique du Temps, aux discussions qui durent déjà depuis un siècle sur le principe de Carnot et Clausius, sur la d
1686 elations entre savoirs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen
1687 as seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’intégration européenne, dans sa forme fédéraliste, non un
1688 ⁂ Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université ? Trois solutions me paraissent
1689 . La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’à une moyenne de 90 ans, pour que l’espoir de maîtri
1690 hance de succès ; et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère l
1691 tielle, que tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est g
1692 mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
1693 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. » Si je la transpose au domaine moins sublime que j
1694 dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général, ou tout au moins au seuil des
1695 ue l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des grou
1696 se qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs
1697 at présent de notre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des dis
1698 e, convenablement informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le
1699 sance ; et pas non plus qu’elle s’inscrive devant nous , sur quelque carte perforée, comme un résultat objectif ; ce qui impo
1700 utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un ty
1701 élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de p
1702 te de conscience conjoncturelle de l’évolution de nos recherches, un sens constamment alerté de leurs corrélations virtuell
1703 oilà sans doute le genre de solution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problèm
1704 lution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problème posé par l’accroissement bab
1705 erait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
1706 isciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de production, et de l’
1707 ts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme, de sinologie, d’is
1708 rdination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères sp
1709 uasi ethnographique des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique su
1710 nera sans peine. L’introduction si désirable dans nos mœurs universitaires d’une année sabbatique de type américain, permet
1711 emise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés
1712 ale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés reviendraient à leur
1713 l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe,
1714 é, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose
1715 liées par une culture qui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 59. Je n’ignore pas
1716 langage mathématique, même une fois maîtrisé par nos économistes, philosophes, psychologues, politistes, biologistes, voir
1717 fectives et personnelles, essentielles au sens de nos vies. 60. Ainsi Comenius, dans sa grande utopie pansophique, la Pane
77 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
1718 our affirmer leur volonté d’empêcher le retour de nos guerres nationales, c’est-à-dire de nos guerres civiles européennes.
1719 retour de nos guerres nationales, c’est-à-dire de nos guerres civiles européennes. Le motif dominant de l’union était alors
1720 nferme en soi — ou c’est la guerre. Or d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique
1721 est la guerre. Or d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, par la faute ou par
1722 tout communique, par la faute ou par la vertu de nos techniques occidentales ; d’autre part nous savons aujourd’hui qu’auc
1723 rtu de nos techniques occidentales ; d’autre part nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles
1724 tiers du xxe siècle. Il remet en question toutes nos valeurs, bien plus profondément que les grandes découvertes ne le fir
1725 grandes découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé que le concours d’un grand nombre de compétences épr
1726 sont occupés dans le tiers-monde à faire ce dont nous tentons ici de mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’est
1727 roupe s’est ensuite occupé de sonder l’opinion de nos élites, et de réunir des rapports sur les points principaux d’un prog
1728 nte-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est di
1729 européenne, du sécularisme — phénomène typique de notre culture —, du problème des missions, et des vieux clichés sur le « ma
1730 i) critiquent vivement toute tentative d’affirmer nos valeurs et nos responsabilités européennes, recommandent de développe
1731 ivement toute tentative d’affirmer nos valeurs et nos responsabilités européennes, recommandent de développer au contraire
1732 u fond et systématiquement, pour supérieures à la nôtre , par une sorte de réflexe de surcompensation. La seconde tendance, pl
1733 rtent pour adopter une politique commune. Les uns nous mettent en garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre espr
1734 que commune. Les uns nous mettent en garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre esprit missionnaire ; les autres,
1735 s uns nous mettent en garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre esprit missionnaire ; les autres, contre notre ma
1736 n garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre esprit missionnaire ; les autres, contre notre mauvaise conscience ex
1737 e, notre esprit missionnaire ; les autres, contre notre mauvaise conscience excessive, notre défaitisme, notre vertige de déc
1738 tres, contre notre mauvaise conscience excessive, notre défaitisme, notre vertige de décadence. Il y a beaucoup à dire en fav
1739 mauvaise conscience excessive, notre défaitisme, notre vertige de décadence. Il y a beaucoup à dire en faveur de l’une et de
1740 à la portée de leur intelligence souvent fruste, nos marins, marchands et soldats les jugeaient un peu enfantins… Imaginez
1741 ourd’hui dans le tiers-monde encore plus que chez nous . Retenons donc la notion de l’égalité de toutes les cultures, comme u
1742 te sincérité, sobriété et bonne conscience ce que nous autres, les Européens, avons à faire entendre dans le concert des cul
1743 l’adoption par le tiers-monde du plus néfaste de nos produits d’origine : le nationalisme ; mais aussi de l’usage que le t
1744 i de l’usage que le tiers-monde voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre libéralisme et du droit d’opposition,
1745 voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre libéralisme et du droit d’opposition, de nos formules syndicales, et
1746 de notre libéralisme et du droit d’opposition, de nos formules syndicales, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il n
1747 t d’opposition, de nos formules syndicales, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il ne s’agit pas un instant, quoi q
1748 u’en aient pensé certains d’entre vous, de vanter nos produits, ou d’essayer de les vendre au rabais dans le tiers-monde, m
1749 en plus vite, et sans toujours savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’
1750 arfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avant notre ère, l’économie était en plein développement — et nous n’étions alors
1751 ère, l’économie était en plein développement — et nous n’étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme,
1752 he à pied. Ces exemples me paraissent de nature à nous rappeler que le niveau de développement économique d’une culture donn
1753 d’articulation de son âme et de son corps. Cela, nous n’avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nom
1754 le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons a
1755 — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’il va leur
1756 mes — sous-développés. Nous avons au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’il va leur en coûter d’essayer de nous «
1757 leur dire ce qu’il va leur en coûter d’essayer de nous « rattraper », de dire aux Indiens par exemple qu’ils ne peuvent pas
1758 Indiens par exemple qu’ils ne peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, manger leurs vaches et continuer à l
1759 core et l’on y viendra avec les rapports soumis à notre quatrième commission62, celle qui s’occupera de plusieurs sujets grou
1760 on. Les publicistes à gros tirage et Lord Russell nous répètent depuis Hiroshima que l’humanité est menacée d’extinction par
1761 Bombe, et ce danger virtuel d’explosion atomique nous obsède et nous fascine au point de nous faire oublier le danger bien
1762 anger virtuel d’explosion atomique nous obsède et nous fascine au point de nous faire oublier le danger bien réel et présent
1763 atomique nous obsède et nous fascine au point de nous faire oublier le danger bien réel et présent de l’explosion démograph
1764 enre humain mais sa prolifération incontrôlée qui devrait épouvanter et pousser à une action immédiate à grande échelle ! Plusi
1765 nteuse, comme l’affirme assez bizarrement l’un de nos rapporteurs. Cette brève introduction à l’ensemble des rapports de ba
1766 s objectifs de ce congrès, et que le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et disons-le, si formidable,
1767 i formidable, au sens étymologique du mot, que si nous arrivions seulement à le poser avec la clarté et la franchise nécessa
78 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
1768 e doute résulte d’une attitude très répandue dans nos démocraties bourgeoises, attitude qui consiste à séparer radicalement
1769 omaine du sérieux. On pourra s’inquiéter aussi de nous voir intégrer les arts dans la préparation civique, et l’on nous soup
1770 rer les arts dans la préparation civique, et l’on nous soupçonnera peut-être de vouloir soumettre l’esthétique à quelque doc
1771 uient mutuellement dans l’optique de l’Europe que nous voulons unir, cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout d’abord d
1772 voir, c’est-à-dire par apprendre et assimiler. Il doit apprendre le système des institutions et des principes sur lesquels o
1773 t des principes sur lesquels on les a fondées. Il doit assimiler les règles de conduite, lois et conventions qui régissent l
1774 conventions qui régissent la vie en société, dans nos démocraties. Tout cela, c’est ce que l’on nomme l’instruction civique
1775 uction civique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en
1776 re l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se contenter d’inculquer un savoir, de donner des réflexes, de di
1777 es réflexes, de discipliner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté, à y
1778 nécessaire. L’homme européen, le citoyen d’une de nos démocraties, ne saurait être un vrai démocrate, un bon citoyen et un
1779 sion. C’est là l’un des principes fondamentaux de notre droit, et l’un des plus fréquemment invoqués devant les tribunaux. In
1780 i le rôle de l’éducateur européen est double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventions de la vie soci
1781 e sociale et communautaire, mais d’autre part, il doit préparer l’élève à agir librement, selon son jugement, une fois sorti
1782 selon son jugement, une fois sorti de l’école. Il doit donc d’une part initier l’enfant aux règles communes, d’autre part le
1783 vers son risque personnel, en fin de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa dé
1784 i nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Euro
1785 l’enfant, l’adolescent, le débutant de tout âge, doit d’abord en recevoir des impressions et tenter de les assimiler, de le
1786 assimiler, de les analyser, de les comprendre. Il doit prendre connaissance des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment il
1787 ins religieuses et sociales, dans quel esprit. Il doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire, à écouter ces chefs-d’œuv
1788 e serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les rites, ou pour un peintre officiel sous Stali
1789 l appartient au bon maître de distinguer l’erreur due à la maladresse de l’« erreur » qui révèle l’exigence intime d’une pe
1790 sanction suprême de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégorie
1791 même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales : liberté et respons
1792 ’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales : liberté et responsabilité. Qu’il s’ag
1793 cle n’avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre , jamais aucun n’avait ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé
1794 parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos arts, comparés et compris dans leur généalogie et dans leurs « messag
1795 une glorieuse indifférence une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
1796 au départ, il n’est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
1797 le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de
1798 rselle, gratuite et obligatoire. Et de même, dans nos démocraties, tout homme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art
1799 ire. Et de même, dans nos démocraties, tout homme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul à rester une s
1800 nt passif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’a p
1801 le » n’intéressant que les sujets vraiment doués, devrait occuper une place importante dans tous nos programmes scolaires. Car
1802 s, devrait occuper une place importante dans tous nos programmes scolaires. Car s’il est vrai comme le dirait Pascal que le
1803 ble — selon la formule européenne. Voilà pourquoi notre Campagne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter
1804 gne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter une campagne pour l’éducation artistique des futurs citoyen
1805 tistique des futurs citoyens — et peut-être même, doit -elle commencer par là. 63. Ces déclarations sont extraites de deux
79 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
1806 e (mai 1967)dd 1. Mise en garde préalable Nous ne pensons pas que l’enseignement des langues et des littératures étr
1807 nement des langues et des littératures étrangères doive se proposer « d’inspirer à l’élève le respect des peuples étrangers »
1808  » comme le dit une directive pédagogique d’un de nos pays. Il ne s’agit pas d’utiliser l’enseignement au profit d’une bonn
1809 e dit un Guide de l’enseignant publié en 1958 par notre Centre européen de la culture. Cela ne correspondrait ni à la réalité
1810 là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse, non telle autre, née au même moment, dans le même milieu).
1811 bsession nationale dont l’enseignement littéraire devrait se guérir s’il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son o
1812 etc. Que ceci soit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix faire de l’enseignement un moyen de pro
1813 ion politique de l’Europe : ce serait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais elle
1814 it contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’enseignem
1815 ile dictu !), mais c’est l’inverse qui est vrai : nos littératures « nationales » résultent d’une différenciation (souvent
1816 térature européenne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais
1817 faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3. Élémen
1818 qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3. Éléments de notre unité Les agents formateurs
1819 et permet notre avenir commun. 3. Éléments de notre unité Les agents formateurs et spécifiants de l’« unité intelligib
1820 a littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant cela, rappelons un grand
1821 oman. Au contraire, du troisième millénaire avant notre ère jusqu’à la domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est p
1822 ent : comment interpréter la vérité de ce texte ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amus
1823 ents communs, relevons : a) Les civilisations que nous continuons. — Égypte, Mésopotamie, Crête, Grèce, Rome, Jérusalem, chr
1824 christianisme, Celtes, Germains, Arabes, Slaves : nous avons tous subi ces influences, tout ce passé reste présent et agit d
1825 luences, tout ce passé reste présent et agit dans nos écrits : La littérature européenne est coextensive dans le temps, av
1826 higénie de Racine et dans celle de Goethe. Ou, de nos jours, Les Mille et Une Nuits et Calderón dans Hofmannsthal, l’Odyssé
1827 es procédés, genres et structures de l’œuvre, que nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste l
1828 aux, politiques, économiques, qu’on retrouve dans nos littératures dès le début du xixe siècle ; enfin les thèmes psycholo
1829 ndiale qui le ramène à ses justes proportions. a) Nos langues littéraires, en Europe, sont étroitement apparentées (à la se
1830 é européenne de culture. b) La différenciation de nos littératures par leur langue est relativement récente. Le français de
1831 ’unité qu’institue une organisation politique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; el
1832 es allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant
1833 enser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir su
1834 tat ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait à quelque super-État.65
1835 servateurs frileux et puristes méfiants de toutes nos langues (mais surtout de la française) qui prétendent redouter que l’
1836 e union que celle que permet l’unité existante de notre culture. Unité dans la diversité, communauté de base qui donne sens e
80 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
1837 vent forcée à leurs ethnies et à leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de l’Europe des régions ! L’État-nation
1838 — les États-Unis d’Europe » et il s’écrie : « Je dois vous donner un avertissement. Le temps presse. Si nous devons constit
1839 vous donner un avertissement. Le temps presse. Si nous devons constituer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce so
1840 donner un avertissement. Le temps presse. Si nous devons constituer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit, il
1841 ire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes, comme celle d’An
1842 pe est la seule chose véritablement importante de notre temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement
1843 à cette « seule chose véritablement importante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n
1844 eur être de nations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Interna
1845 hose est de constater que la réalité politique de notre temps est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut
1846 r, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont aussi de
1847 s mentales sont aussi des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste à le proclamer a
1848 al adaptées (pour dire le moins) à l’évolution de notre société, la preuve incontestable en est fournie par les deux guerres
1849 -développement de nombreuses et vastes régions de nos plus grands pays, contrepartie de l’engorgement déjà presque intoléra
1850 ues, économiques, techniques et démographiques de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans l
1851 dans le sens de la nation », mais bien plutôt que nous atteignons le stade de crise finale d’une forme d’association qui a d
1852 ssiper cette illusion, il faudrait enseigner dans nos écoles un minimum d’histoire générale de l’humanité et des formes pol
1853 tion est devenu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’être qu’u
1854 r celui de Napoléon, les seuls empires réussis de notre temps se trouvent être des fédérations : les USA et l’URSS71. Trop
1855 concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits
1856 ent au niveau des empires véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou écono
1857 urs citoyens puissent y exercer normalement leurs devoirs civiques et participer effectivement à la vie de la cité ; donc trop
1858 Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grand
1859 tinentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile à prescrire, mais presque
1860 rescrire, mais presque impossible à appliquer par nos États-nations, dirait-on. En effet, l’existence des empires de l’Est
1861 tège. C’est ce second parti qu’ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en a pris. Mais les ving
1862 d et de constitutif qui les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambitio
1863 Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et constitutive de l’État-nation, sa
1864 que l’on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à prétendre à une indépendance de moins en moins croy
1865 est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner par là une unité d’un type nouveau, à la
1866 de participation civique que la nation telle que nous l’a léguée le siècle dernier : — la région.74 Invention de la ré
1867 il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement prendre forme au seuil de ce dernier tiers de notre
1868 ent prendre forme au seuil de ce dernier tiers de notre siècle, comme un visage dont les traits se composent et s’illuminent
1869 érique du Nord. Ce sont vraiment des créations de notre temps, des organismes en train de naître de la combinaison de forces
1870 et à mesure que se dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont se mettre à vivre et respirer de plus
1871 l et la gendarmerie. Et c’est sur ces régions que nous bâtirons l’Europe, non sur les cadres en bonne partie vidés des vieil
1872 ècle. La politique d’union européenne, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversi
1873 n européenne, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces paroles éve
1874 r à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces paroles éveillèrent un écho pour moi des plus ina
1875 s78 et une bonne centaine d’études substantielles dues à des sociologues, à des politologues, à des économistes, à des juris
1876 progrès social », je lis ces quelques phrases : Nous proclamons la nécessité de la Révolution fédéraliste et progressiste
1877 nçaise pour la construction d’une VIe République. Nous réclamons la création d’États régionaux français. Ces États régionaux
1878 eraineté à l’État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Euro
1879 s accentué de vastes régions de France. La nation doit réparation du tort ainsi causé79. On n’est pas loin de l’agitation p
1880 sités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir convoquer en 1961 le très important colloque de Bruxelles sur les éco
1881 ous les préfets de la République : L’Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans le cadre
1882 ’au souvenir des autonomies régionales, voilà qui nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe
1883 ition de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus
1884 ancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra néc
1885 trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’en sommes
1886 raîtra nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscienc
1887 s motifs de son apparition en ce moment précis de notre histoire et de l’évolution de notre société occidentale. À peine avon
1888 ent précis de notre histoire et de l’évolution de notre société occidentale. À peine avons-nous pris la mesure des perspectiv
1889 ution de notre société occidentale. À peine avons- nous pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, notamme
1890 avons-nous pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations à ce
1891 en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce
1892 ien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région
1893 pour une forme de communauté aussi nouvelle dans notre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition d
1894 otre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans la société grecque archaïque. Et l
1895 i prétendent aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en
1896 de base de l’Europe fédérale à venir, en revanche nous touchons déjà au crépuscule de la période des États-nations. Ce qui e
1897 atégories de pensée dans lesquelles ont vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées tous les clas
1898 vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées tous les classiques de la philosophie politique, de Bo
1899 tiguës de taille donnée, en sorte que ces limites doivent être tracées avec une certaine liberté de jugement 85. Ainsi : là où
1900 comme si l’évolution moderne venait subitement de nous faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a été marquée par la fix
1901 re aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensables 86. » Je proposerais, pour ma part, que l’on subs
1902 . Enfin, il est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière, c’est celle de la pluralité des allége
1903 ement de quelques hommes d’État, grands commis de nos républiques et de tout bord. Les phénomènes majeurs qui ont motivé ce
1904 reprise des fédéralistes régionalistes. Pour eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plu
1905 ux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuelles d
1906 lus ou d’un moins que les dimensions actuelles de notre État-nation, c’est-à-dire d’une Bretagne, d’une Catalogne, d’une Écos
1907 ne Catalogne, d’une Écosse — ou de l’Europe. Mais nous serons aussi de doux rêveurs, des esprits brumeux, idéalistes utopist
1908 i. Mais des objections apparemment plus réalistes nous sont faites par les partisans « malgré tout » d’une Europe composée d
1909 culturelles que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est deven
1910 oir sinon tout à fait impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart de
1911 ns la vie créatrice et quotidienne des Européens. Nous pensions tous, au lendemain de la guerre, dans l’enthousiasme des con
1912 péenne l’emporterait sur les volontés nationales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations
1913 4. Cf. Janus, n° 15, été 1967, p. 84. 75. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre à la libre disposition de leurs hab
1914 que et civitas donne civisme, synonymes réels qui devraient être perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio ? (sans év
81 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
1915 nombreux et plus mesquins que les conflits entre nos nations. » « Voulez-vous donc balkaniser l’Europe ? » (Ces réflexes
1916 une réfutation.) Résistances conditionnées par nos habitudes visuelles et les atlas scolaires (une couleur par pays)
1917 ’on va tenter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction Presque toutes l
1918 propositions axiomatiques de ce genre : — L’État doit être unique et indivisible. — De son siège unique, dans la capitale,
1919 enseignement, fiscalité, défense, tourisme, etc.) doit dépendre d’un seul et même organisme, l’État, dans les limites d’un s
1920 droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes (objecteurs de
1921 omade fixé au sol à partir du Xe millénaire avant notre ère). Au cours des siècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres
1922 vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous peu ou prou, et dans son système de représentation, la ré
1923 épublicain. Or ce pouvoir paraît mieux assuré, de nos jours, par les petits États que par les ex-puissances — et cela pour
1924 es stato-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’est indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échap
1925 de de cinq), sans compter la paresse naturelle de notre esprit, qui cherche en tout et avant tout la réduction à la rassurant
1926 st un problème d’éducation ou de recyclage qui va nous prendre au moins douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous
1927 cyclage qui va nous prendre au moins douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous faut apprendre à penser par problèm
1928 ns douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous faut apprendre à penser par problèmes et non par nations. Devant un p
1929 rticipation civique, université, par exemple), il nous faut apprendre : 1° à déterminer les éléments de base ou modules util
1930 siècle il y ait d’autres différences que celles dues aux moyens techniques de mise au pas d’une nation. Et de Napoléon à t
1931 rses dans l’humanité et d’ordres de grandeur dans nos projets. Je demande la dissociation et la répartition fédéraliste des
1932 est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les provinces et
1933 mmun, par exemple, qui est un pouvoir économique, doit -il entretenir des visées politiques, ou laisser ce soin soit à une au
1934 ociaux ou culturels noués ailleurs. cl) Voilà qui nous donnera, sans aucun doute, plusieurs Europes régionales de définition
1935 mpossibles à dessiner… Mais après tout chacun de nous sait très bien à quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, q
1936 quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleu
1937 le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra passer par la supranationalité et ses institutions étatiques. Mais ce
1938 ses institutions étatiques. Mais ce n’est pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient encore généralem
1939 fédérale, la Commission et le Parlement de la CEE devront s’efforcer d’y suppléer en revendiquant des pouvoirs « supranationaux
82 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
1940 ue et de l’adjectif politisé, devenu courant dans nos journaux, à la TV et dans tous nos débats. La politique, dans cette a
1941 u courant dans nos journaux, à la TV et dans tous nos débats. La politique, dans cette acception ridicule mais de très loin
1942 e plus près le sens de quelques-uns des mots-clés notre époque. Une approche aphoristique, me semble-t-il, s’y prêtera mieux
1943 e comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne manquera pa
1944 to-nationalisme « démocratique » régnant sur tous nos pays. Nulle discontinuité des uns à l’autre, dans nul domaine. Pour p
1945 les de son chant sacré « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! » Duclos, Séguy et le PC français se font « champions de l’
1946 ins efficace que Déroulède, cette injustice n’est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni l’Inte
1947 cité ne tiennent plus devant la vraie religion de notre temps. Quand le pape demande la grâce des accusés de Burgos, et quand
1948 n réelle ne sont imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en dépit de tout leur souveraineté absolue et
1949 e et par l’auto est-elle un produit spécifique de notre société de consommation et du capitalisme de profit ? La destruction
1950 ’œil au profit du secteur tertiaire. L’automation doit supprimer à terme la condition prolétarienne. Où seront les masses ?
1951 l’État-nation, et c’est même tout ce qu’elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’hui de la lutte
1952 apparatchiks et membres de ce qu’on appelle chez nous les professions libérales. En France, la condition d’un ouvrier d’usi
1953 Arnaud Dandieu écrivaient dans L’Ordre nouveau : Nous avons les moyens techniques d’abolir la condition prolétarienne, et n
1954 anarchique et inhumain des débuts du xixe siècle doit être abolie par une technique enfin soumise aux possibilités libératr
1955 e la machine. Aujourd’hui, c’est l’automation qui nous permet d’atteindre l’objectif que visait le Service civil. La négatio
1956 sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédération continentale des régions est d’ordre cultur
1957 ions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politiciens. C’est
1958 os manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politiciens. C’est l’école qui a formé des générations de nationalist
1959 des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former la première génération européenne103.   f) « Vous voulez donc
1960 s, socialistes et fascistes. Mais ce n’est pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargir la CEE pour en
1961 ernement européen que sur la base des régions, et nous voici ramenés au concept clé de toute révolution digne aujourd’hui de
1962 4. « Sur le plan de la tradition révolutionnaire, nous rencontrons, d’une part, un mouvement vers l’universel où l’individua
1963 « La conquête de la personne, … et l’effort qu’il nous faut entreprendre… pour situer en ce centre de l’homme le centre de l
1964 ou moins astucieux, mais un moyen de créer ce qui nous manque le plus en Occident — de la Californie au fleuve Amour —, à sa
1965 ommunistes tentaient de donner des solutions, que nous jugions fausses, à ce problème fondamental que les démocraties ne voy
83 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
1966 sultative. Avec l’autorisation des organisateurs, nous donnons ici le texte intégral des rapports soumis aux quatre commissi
1967 e ces rapports, et qui fut adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé analytique du Rapport de base
1968 ’un résumé analytique du Rapport de base, dont il nous est malheureusement impossible de publier le texte intégral : il occu
1969 t à lui seul plus de deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective
1970 s de deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective que possible de
1971 deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective que possible de son
1972 es paraîtra requise. On trouvera en fin de numéro nos propres conclusions sur cet événement important dans l’histoire de l’
84 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
1973 qui crée la plupart des problèmes culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes cul
1974 s culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels des régions frontalières
1975 umiliante et démoralisante108. C’est grave. Car «  notre langage fabrique notre pensée pour nous » (Georges Mounin). En briman
1976 nte108. C’est grave. Car « notre langage fabrique notre pensée pour nous » (Georges Mounin). En brimant, ridiculisant, interd
1977 e. Car « notre langage fabrique notre pensée pour nous  » (Georges Mounin). En brimant, ridiculisant, interdisant la langue m
1978 re dans les « régions frontalières » qui séparent nos 26 États-nations, des effets paralysants du stato-nationalisme, qui s
1979 ur horizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mais nous ne trouvons pas de données sur la diffusion de cette même presse en S
1980 kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue que la TV dans les région
1981 isons. Le caractère indiscutablement pathogène de nos frontières politiques est celui du lit de Procuste qu’on nomme État-n
1982 agents de propagande les plus efficaces. L’école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue nation
1983 ’elle existait bien avant la formation récente de nos États-nations112. Le mot natio qui désignait d’abord les groupes d’é
1984 frontières d’un même État. Il n’est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’une langue. Dans
1985 Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoire
1986 res actuels. Quant à la langue allemande, si elle devait coïncider avec un État, il faudrait annexer à la République fédérale,
1987 on, dès la fin du xixe siècle. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de ses ri
1988 jusqu’au nord de Trieste… Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
1989 conflits armés dont elles figurent les traces. En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes plates, et
1990 i périr. La vérité, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même
1991 ntiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
1992 us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultiv
1993 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les g
1994 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’archit
1995 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et
1996 té de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme le dis
1997 ue ces « précieuses diversités » soient celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier.
1998 eux observations faciles à vérifier. 1. Chacun de nos pays a un nord et un midi, des croyants et des incroyants, des hommes
1999 les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais des éco
2000 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais des écoles de pensée, des styles de vie.
2001 nnis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, je le vois dans cette interaction perpétuelle des
2002 eins des deux grands (qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : les gens d’Aoste doi
2003 isions). 2. Exemple symbolique : les gens d’Aoste doivent pouvoir parler directement avec ceux de Chamonix — comme le permet au
2004 nnel du Mont-Blanc — alors que naguère encore ils devaient s’adresser à Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Chamonix, et
2005 t. Le tunnel permet un accès rapide et direct. Il nous faut des tunnels partout où il y a une montagne, des cols, des autobu
2006 supérieur (fédération nationale ou continentale) doit garder un rôle d’impulsion, de concertation, et de contrôle (au sens
2007 au sens d’expertise plutôt que de coercition). Il doit défendre les droits du général contre ceux du singulier. Il est aussi
2008 le problème européen et que la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen.
2009 ent au service de l’Europe entière ce qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En re
2010 e entière ce qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En retour, l’exécution des mes
2011 ises, entre l’échelon continental et le régional. Nous pouvons donc imaginer le modèle suivant d’une Europe fédérée : — des
2012 communes. Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un syndic
2013 nise : la complexité des régions rendra justice à nos fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’unité
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
2014 Confrontation des régions transfrontalières [ Nos conclusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de
2015 ute si riche en « tournants historiques » qu’elle nous ramène périodiquement au point de départ. Les étapes de l’évolution s
2016 s, et finalement adoptées à chaud les thèses d’où devaient sortir non seulement les institutions de Strasbourg, Luxembourg et Br
2017 passer au premier rang de l’actualité réelle dans nos pays — même si les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien ont r
2018 audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’une idée forcément abstraite, mais suf
2019 qu’une idée forcément abstraite, mais suffisante, nous l’espérons, pour faire sentir l’ampleur et la diversité des expérienc
2020 en, régions rhénanes et arc alpin. C’est pourquoi nous avons tenu à en reproduire intégralement les titres et les sous-titre
2021 e le texte intégral ou le résumé analytique. Elle nous paraît se résumer en trois points.   1. Définition de la région : fon
2022 ritoriale. « Le tracé des régions frontalières ne doit jouer qu’un rôle secondaire » précise très opportunément un des sous-
2023 lturel : « Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un syndi
2024 s de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous nous garderons bien, ici, des clichés habituels après de telles renco
2025 régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous nous garderons bien, ici, des clichés habituels après de telles rencontres
2026 des clichés habituels après de telles rencontres. Nous ne parlerons ni d’étape décisive, ni de tournant de l’histoire, ni mê
2027 même de victoire d’une certaine tendance. Ce qui nous paraît important, c’est qu’une doctrine régionaliste européenne s’éla
2028 Paris, n° 211, 1968. dj. Rougemont Denis de, « [ Nos conclusions] Confrontation des régions transfrontalières », Bulletin
86 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
2029 t écoulés depuis la parution du dernier numéro de notre XIIIe année. Les difficultés de divers ordres qui ont motivé cette in
2030 nterruption temporaire sont aujourd’hui résolues. Nous repartons à neuf, non seulement pour une quatorzième année et la suit
2031 La Politique commerciale des Communautés. Enfin, nous prévoyons la publication dès la rentrée d’octobre 1974 d’une série de
2032 eux à quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par t
2033 le selon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
2034 ence par les Européens, les motifs principaux qui nous ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent mai
2035 s ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant à réussir cette union, au plus tard, dans les
2036 ’Europe pour empêcher le retour des guerres entre nos soi-disant « grandes puissances ». La CECA puis la CEE ont permis à l
2037 ce et sa technologie. Il fallait unir à cette fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi que l’OECE (organisation corre
2038 à des accords commerciaux et monétaires, lesquels devaient conduire à une politique économique commune à tous nos pays, et pas s
2039 onduire à une politique économique commune à tous nos pays, et pas seulement à ceux de la CEE d’ici 1980.   3e motif. — Ma
2040 re, entraînera l’accroissement de la pollution de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant q
2041 l’accroissement de la pollution de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’il y aura du
2042 de la pollution de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’il y aura du pétrole dans le
2043 n de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’il y aura du pétrole dans les moteurs. Et p
2044 y aura du pétrole dans les moteurs. Et puis quand nous en aurons assez de respirer ou de manger des poisons, certains seront
2045 sons, certains seront tentés par l’exportation de nos industries, donc de la pollution industrielle, dans le tiers-monde, o
2046 aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vie (matériel). Pour y arriver, en effet, on a calculé qu’i
2047 comme tous les hommes l’ont cru naïvement jusqu’à nous  : le charbon, le pétrole et les métaux non ferreux s’épuisent d’une m
2048 consommation, tout le pétrole de la terre semble devoir être brûlé d’ici trente ans selon les uns, quatre-vingts ans selon le
2049 stiques, de sacrifices à imposer si l’on veut que notre espèce tout simplement survive. Et alors, la question qui vient imméd
2050 estins pourraient être renversés. Mais que voyons- nous  ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollue
2051 s des écologistes, quelque chose qui est là parmi nous , bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une question pure,
2052 tés de tout l’Occident et dans les rues de toutes nos grandes villes au mois de mai 1968 : — Que faisons-nous là ? Quel est
2053 randes villes au mois de mai 1968 : — Que faisons- nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas u
2054 é ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surt
2055 t surtout qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur le néant
2056 t qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur le néant, lai
2057 ui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur le néant, laisse des millions de jeunes — et d’autre
2058 cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans notre société ! Il faut créer une société nouvelle, qui offre un sens et qu
2059 par lui toutes les races de la terre qui copient notre civilisation industrielle scientifico-technique, quantitative. Mais e
2060 s. Elle est née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nati
2061 îné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’il revient d’inventer l
2062 uerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous , Européens, qu’il revient d’inventer les anticorps de ce virus dont n
2063 revient d’inventer les anticorps de ce virus dont nous avons infecté la terre entière. Dernière et peut-être suprême raison
2064 pe aujourd’hui résume ainsi tous les problèmes de notre société, et les repose. Vous voyez qu’il déborde largement et qu’il b
2065 éborde largement et qu’il balaie — impatiemment — nos petites catégories politiciennes de gauche et de droite, et les intri
2066 les intrigues dérisoires (mais si sérieuses !) de nos ministres qui s’épuisent en « marathons » dont l’objet se réduit parf
2067 . ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave raison, un très puissant barrage d
2068 de et grave raison, un très puissant barrage dans nos esprits, si énorme que nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans
2069 puissant barrage dans nos esprits, si énorme que nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes m’on
2070 , il faut défaire et dépasser l’État-nation, dans nos mentalités et dans les faits. À partir de là, tout s’enchaîne avec un
2071 is dire maintenant les principales articulations. Nous sommes partis du mauvais pied quand, au premier Congrès de l’Europe,
2072 u premier Congrès de l’Europe, à La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions
2073 l’Europe, à La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions purement tactique av
2074 accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions purement tactique avec les grands hommes politiques groupés
2075 groupés autour du prestigieux Winston Churchill. Nous avons cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « 
2076 souverains — et qu’ensuite on irait plus loin. Or nous n’avons pas progressé d’un pas dans le sens d’une vraie fédération. E
2077 doute, mais d’union quand même, ils se moquent de nous  : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses,
2078 faut partir des réalités en train de se faire. Et nous voyons qu’elles sont d’une part continentales, bien au-delà des natio
2079 uss écrivait récemment : « On peut se demander si nos sociétés qui deviennent de plus en plus énormes et pareilles les unes
2080 ier que celui des nations modèle xixe siècle. On nous a appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « nat
2081 , voire contradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de nature très diver
2082 ni économique. Sur toutes les frontières de tous nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans divisés par les Py
2083 inze ans. Il faut d’abord faire des régions, dans nos nations et à travers leurs frontières. Puis il faut unir ces régions,
2084 isse ce grand projet ? ma réponse est simple : il nous faut éduquer et former dès maintenant les Européens de demain, et pou
2085 ropéens de demain, et pour cela, il faut réformer notre enseignement. Il faut que l’École, à tous les degrés, cesse immédiate
2086 puis européen et mondial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volon
2087 le catalan et l’allemand. Toute la géographie de nos manuels est à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières n
2088 tionaux, sera seule capable d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États : elle jugera cela tout naturel. Une au
2089 ble d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États : elle jugera cela tout naturel. Une autre condition de réussit
2090 l’État central. Et c’est pourquoi j’ai dit qu’il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le temps de forme
2091 ion et qu’elle arrive « aux affaires ». Aurons- nous le temps ? Vous me poserez alors une seconde question grave : Réfo
2092 serez alors une seconde question grave : Réformer nos écoles, former des régions et leurs administrateurs, n’est-ce pas une
2093 -ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons- nous le temps de faire tout cela, avant les catastrophes écologiques, éco
2094 rique. Il résume en réalité tous les problèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeuness
2095 lèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finalités nou
2096 le vrai processus de la création organique, dans notre monde humain, social ou psychique. La non-violence est ouverture au m
2097 d’autochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous , à nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’
2098 hâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous, à nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’hui, de
2099 philosophiques et moraux, cela signifie : voulons- nous à tout prix un certain niveau de vie, avec les disciplines sociales u
2100 dépersonnalisantes que cela signifie ? Ou voulons- nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, ce
2101 tes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, celles de construi
2102 exaltantes, celles de construire jour après jour notre personne comme une œuvre d’art ? En termes d’organisation pratique et
2103 ns et les fédérer, avec tout ce que cela suppose, nous l’avons vu, d’autogestion à tous les degrés, de responsables à tous l
2104 communauté retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons- nous  ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni m
2105 ut. L’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’a
2106 essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la prem
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
2107 histoire humaine, il y a béance. Et par exemple : nos ministres et nos penseurs vivent aujourd’hui dans des temps différent
2108 il y a béance. Et par exemple : nos ministres et nos penseurs vivent aujourd’hui dans des temps différents. Les discours d
2109 nation est le bien suprême, que son indépendance doit rester absolue et son État indivisible, ne font que prolonger le xixe
2110 trouvent anticiper sur le xxie  : entre les deux, notre xxe est en pleine béance de l’histoire. Illustrons cela de citations
2111 a fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité nationale, notre existence nationale ». (C’est dire quelle r
2112 ts en France pour créer notre identité nationale, notre existence nationale ». (C’est dire quelle résistance des peuples on a
2113 ». (C’est dire quelle résistance des peuples on a vaincre, ne fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et
2114 les réduire au statut de patois !) La région ne doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons n
2115 la réforme, et précisaient surtout ce qu’elle ne devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on en att
2116 s intérêts. Personne, que je sache, n’a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Personne n’a invoqué l
2117 émodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur notre société et sur les causes de sa crise aboutissent à des conclusions p
2118 nde actuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous peine de catastrophes aisément calcu
2119 de diviser la surface du globe en parcelles, que nous désignons comme des territoires nationaux, et d’abandonner le pouvoir
2120 ces territoires. Ce schéma de l’administration de notre terre est en contradiction aussi bien avec la structure des systèmes
2121 systèmes techniques qu’avec les besoins vitaux de notre monde. Il s’accorde mal avec les principes de l’économie, comme avec
2122 paru chez Laffont en 1973, à Paris : Aujourd’hui nous tenons pour acquise la légitimité des États-nations existant en Europ
2123 usieurs siècles. L’existence de ces États-nations nous paraît tellement normale qu’il nous arrive d’oublier que leurs fronti
2124 États-nations nous paraît tellement normale qu’il nous arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées sur une
2125 on (ou un Sicilien, ou un Écossais ou un Flamand) devrait -il continuer à tolérer de faire partie d’un État plus grand qui lève
2126 en 1968 : à la séculaire centralisation étatique devaient succéder les régions, nouvelle formule de la prospérité ; et ces régi
2127 ouvelle formule de la prospérité ; et ces régions devaient « s’ouvrir » à leurs voisines au-delà de la frontière nationale : Nor
2128 ’« assaut » n’exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasset, Paris, 1972. 123.
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
2129 de sa pensée, de son action, de sa présence parmi nous . Son expérience des hommes et de l’irrationnel qui conduit leurs affa
2130 à l’endroit de ce qui vient et du « progrès » de notre monde moderne en général, mais son goût puissant de la vie et son sen
2131 rès tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions, était un homme de stature imposante et d’autorité calme,
2132 s mais chose plus rare, les plus ennoblissants de notre siècle. Du prince en soi, archétypal, avant tous titres décernés, C.J
90 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
2133 public européen, c’est que George Orwell a prévu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à l’impitoyable sollicitude d
2134 ains les plus importants et les plus émouvants de notre siècle, avec Kafka et bien peu d’autres. D’autant plus faut-il l’atta
2135 commence à se faire sentir. Presque certainement, nous allons vers un âge de dictatures totalitaires, un âge dans lequel la
2136 ie que la littérature, du moins sous la forme que nous connaissons, devra passer par une mort temporaire. La littérature du
2137 ure, du moins sous la forme que nous connaissons, devra passer par une mort temporaire. La littérature du libéralisme touche
2138 ntièrement raison : si tout ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’em
2139 cher ? Et tout fait pour accréditer d’avance dans nos esprits l’idée de fatalités peut-être désastreuses, mais qui auront l
2140 -être désastreuses, mais qui auront l’avantage de nous innocenter ? Toute prophétie trop bien réalisée — et peu le sont mieu
2141 elui qui avertit, qui annonce l’issue tragique de nos manèges, mais nous adjure de faire mentir ses prévisions et nous en m
2142 qui annonce l’issue tragique de nos manèges, mais nous adjure de faire mentir ses prévisions et nous en montre les moyens ;
2143 ais nous adjure de faire mentir ses prévisions et nous en montre les moyens ; ou bien a-t-il été le complice objectif des ca
2144 libérale », alors oui, il est bien certain que «  nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaires ». Mais que « l’indivi
2145 nisme, ou de sa culture — ne se passe pas hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et pa
2146 sa culture — ne se passe pas hors de nous et sans nous , collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui
2147 ous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement son prochain se comporte en ch
2148 ivement : il ne peut exister que dans nous et par nous . Celui qui aime activement son prochain se comporte en chrétien, et l
2149 es (ou seulement stato-nationaux, pour commencer) nous invitent à cette démission de la personne — dont ils résultent en vér
2150 moindre reste, et ne laissent aucun espace libre. Nous ne pouvons rien contre eux. Mais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez
2151 ais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et ac
2152 as ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’invention de formes neuves de la
2153 es de la liberté. « Invente, ou je te dévore ! », nous dit le Sphinx assis sur le seuil du futur. « 1984 » désignait le règn
2154 importe seulement qu’elles existent, pour nourrir notre espoir raisonnable de restructurer une cité qui mérite d’être appelée
91 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
2155 datent de 1964-1965, et que les premières études dues au Centre européen de la culture (CEC) et à l’Institut universitaire
2156 e bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le reconnaissions clairement. Il y a sans doute ici plusieurs spécial
2157 stituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en tant que telles seulement, des objets
2158 nt potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en tant que telles seulement, des objets de connaissance,
2159 iaget par ses nombreuses analyses établissant que notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de structu
2160 nombreuses analyses établissant que notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de structures tombées du
2161 ès et du plus loin, se rejoignent évidemment dans notre actualité la plus concrète. Je vais les traiter rapidement, dans une
2162 l, la région. ⁂ A. La première réponse possible à notre question, je la formulerai donc à partir des réalités les plus proche
2163 lie), centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous avons baptisée région lémano-alpine. Les fonctions essentielles qui a
2164 elle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous avions esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et p
2165 ait écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute mar
2166 rée dans la haine et le mépris du tiers-monde qui nous les rend), mais elles ont fouetté technique et industrie, qui ont cau
2167 plus obtus ou farfelus qui occupent le devant de notre scène politique, ou pour mieux dire, de notre guignol partisan. Or, l
2168 de notre scène politique, ou pour mieux dire, de notre guignol partisan. Or, les Européens ne s’uniront jamais sur la base d
2169 une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les régions fonctionnelles, d’aires diverses — chacune ayant p
2170 le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité de recréer des milieux de particip
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
2171 ouvenel observe une chose très simple : c’est que nous ne pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais sans p
2172 e passé, mais sans pouvoir le changer ; alors que nous avons liberté et puissance de changer l’avenir, mais sans le connaîtr
2173 tement l’antinomie démontrée par Heisenberg entre notre pouvoir de mesurer la vitesse d’un électron et celui de déterminer sa
2174 ussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mou
2175 rétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort p
2176 ien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort physique (selon le second prin
2177 nous en savons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort physique (selon le second principe de la thermodyn
2178 ur la vie, mais non pas sur l’esprit créateur. Et nous savons que la terre ayant des dimensions finies, ses ressources seron
2179 mais qui varieront très largement en fonction de nos appétits ou de notre sagesse. Voilà donc quelques certitudes quant à
2180 très largement en fonction de nos appétits ou de notre sagesse. Voilà donc quelques certitudes quant à l’avenir et à ses cad
2181 son déroulement, son histoire et ses dates, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». (À l’inverse, les historiens ne f
2182 ère de ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous , qu’une composition de faits passés, opérée à partir des problèmes du
2183 odifiable. Les dates seules y sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en
2184 on sa date. Mort de la terre et mort de chacun de nous . Une seule chose est imprévisible, par définition, et c’est la créati
2185 ion de l’esprit. Entre ces pôles se passe la vie, notre aventure collective et personnelle, éphémère et pourtant décisive, qu
2186 que, qu’il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrication par les centrales surgénératrice
2187 lui de rouler moins vite et de régler à 20 degrés nos thermostats, voire de payer plus cher demain une électricité produite
2188 évisionnels deviennent nocifs quand ils tendent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et néce
2189 ielle. Au type de prévision fausse et néfaste qui nous annonce comme un fait scientifique que désormais « la consommation d’
2190 les sept ans », j’oppose le type de prévision qui nous fait voir que la consommation d’électricité doit cesser de doubler to
2191 nous fait voir que la consommation d’électricité doit cesser de doubler tous les sept ans en Occident, car il serait au moi
2192 e. Mais le meilleur exemple d’une prévision utile nous est donné par les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils n
2193 ent à cinquante ans du point de départ choisi, si nous laissons les choses aller dans leur mouvement selon les lois de l’ine
2194 s leur mouvement selon les lois de l’inertie. Ils nous réveillent et nous incitent, avec une calme cruauté de thérapeutes, m
2195 lon les lois de l’inertie. Ils nous réveillent et nous incitent, avec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils ne nous imp
2196 vec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils ne nous imposent rien. En présence de cette agression libératrice, il n’y a q
2197 st donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en garde, mais contre l’illusion fataliste et fatale qui nous
2198 e, mais contre l’illusion fataliste et fatale qui nous ferait croire, désormais, qu’il revient à l’ordinateur d’orienter not
2199 ésormais, qu’il revient à l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective doit nous montrer la nécessité de choisir,
2200 nateur d’orienter notre politique. La prospective doit nous montrer la nécessité de choisir, et non pas faire le choix à not
2201 r d’orienter notre politique. La prospective doit nous montrer la nécessité de choisir, et non pas faire le choix à notre pl
2202 nécessité de choisir, et non pas faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabi
2203 ir, et non pas faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabilité civique, en nou
2204 x à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabilité civique, en nous faisant découvrir le sy
2205 en nous le sens de la responsabilité civique, en nous faisant découvrir le système des répercussions politiques et sociales
2206 tiques et sociales de tous ordres d’un projet qui nous paraissait « purement privé ». Mais je vois au contraire les promoteu
2207 phénomènes qui auraient lieu de toute façon sans nous , sans notre action, hors de nos prises, « parce que c’est nécessaire,
2208 qui auraient lieu de toute façon sans nous, sans notre action, hors de nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’est
2209 toute façon sans nous, sans notre action, hors de nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’est pas raisonnable » a
2210 discours pousse au crime de désertion civique, et devrait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de cons
2211 rtée et d’un sens exigeant du témoignage civique. Nous retrouvons ici l’attitude de pensée essentiellement irresponsable que
2212 nsable que j’entends ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire que la société, la civilisation, leur crise et le systèm
2213 inateur a parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjug
2214 s préjugés. Tel est le succès de la projection de nos désirs sur une Nécessité impersonnelle, qu’on peut se demander si les
2215 l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’utopie au sens originel,
2216 at de guerre en permanence, et toute technocratie nous y conduit aussi sûrement que le racisme, le marxisme-léninisme et les
2217 devient exponentielle. Le long terme, au surplus, devrait compter avec tant de facteurs non chiffrables, et leurs interactions
2218 r une prospective intuitive L’avenir dépend de nos passions, pas de nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont
2219 uitive L’avenir dépend de nos passions, pas de nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont prévisibles en fin d
2220 le calendrier, n’est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces techniques, nous le voyons bien aujo
2221 otre politique, car les effets de ces techniques, nous le voyons bien aujourd’hui, sont trop nombreux, trop ramifiés et inte
2222 entifique qu’artistique, de la saisie du réel par notre esprit, mais dans la crise présente de notre civilisation, comment su
2223 par notre esprit, mais dans la crise présente de notre civilisation, comment suffirait-elle à nous guider dans le système ul
2224 e de notre civilisation, comment suffirait-elle à nous guider dans le système ultracomplexe des interactions dont dépend not
2225 ystème ultracomplexe des interactions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en fa
2226 ètres éventuellement décisifs pour l’évolution de notre société, tels que « la peur de l’avenir en général, ou du chômage en
2227 ace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel ministre de la guerre favorise
2228 ême où il participait de la finalité guerrière de nos États-nations de modèle napoléonien. »129 Mais une fois reconnues ce
2229 e (dont le stalinisme allait donner le modèle) et notre société de consommation, — selon que l’on serait au début ou à la fin
2230 se déclarait, il y a peu, incapable de dire « si nous verrons jamais le jour où il sera possible d’isoler les variables clé
2231 mbreux développements collectifs du passé peuvent nous éclairer sur l’avenir. La Rome des jeux, avec ses deux-cents jours fé
2232 singulière de l’Empire, la charte d’indépendance devait être accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle av
2233 ance devait être accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec notre ère totalitaire : la dépersonnalis
2234 trepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec notre ère totalitaire : la dépersonnalisation détruit les engagements civiq
2235 même prévoir l’allure de sa courbe historique, et nous allons voir qu’on l’a fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noya
2236 oissement du PNB, ni même la défense militaire de nos frontières. La plupart des critères de ce type, qu’utilisent couramme
2237 ques et comme il semble bien que l’avaient oublié nos plus savants économistes. Les moyens technologiques, accordés par leu
2238 t de la société de l’autre. Exemple : — Quand on nous dit : « Il va falloir dans les dix ans qui viennent plus d’autos pour
2239 d’un caprice, comme la plupart des gadgets qu’on nous offre ; ou encore « n’importe où », comme l’auto ; ou vers quelque ch
2240 week-end. Enfin, le modèle d’avenir qu’on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communauté qui le réal
2241 ommunauté qui le réalisera, et dès maintenant sur notre faculté d’imaginer et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’est
2242 ve d’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des
2243 serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fin
2244 ’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusq
2245 es chemins vers nos fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou
2246 ins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non,
2247 sible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre aff
2248 nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des
2249 courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des lois mythiques derrière lesquelles nous
2250 pas celle des lois mythiques derrière lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais d
2251 is mythiques derrière lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Be
2252 de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’Art de la conjecture, P
2253 ssance, publié par le club de Rome : « En vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup dému
2254 ivant, psychique ou sympathique. L’intuition peut nous informer sur le vivant par recours au savoir inconscient accumulé dan
2255 cumulé dans les cellules et le cerveau. Elle peut nous informer aussi sur le social, par sympathie, réaction consonante ou d
2256 D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspondent au chapitre 6 de ce livre ; de
93 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
2257 mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de traditio
2258 s’avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose donc que les relations entre l’Europe et le Monde dépe
2259 gions et celle qui domine l’Occident ? La réponse doit être cherchée dans la théologie du xxe siècle qui, sur les traces de
2260 sont promis, remplaçant ceux qui existent devant nos yeux.   Tous ces traits définissent une anti-religion. Que les Église
2261 rit, un peu plus tard, qu’au retour du Christ : «  Nous serons tous transformés, en un instant » (grec : en atomo), c’est-à-d
2262 iennent, de Bagdad par l’Afrique, les Arabes, qui nous apportent l’aristotélisme, l’algèbre, et bien plus que cela : le conc
2263 t sa rhétorique, qui vont influencer profondément nos manières de sentir et de rêver, à travers la poésie des troubadours e
2264 venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous permet de faire ici l’économie de l’énumération des découvertes et in
2265 ou magique. Et sans plus de souci de l’intégrer à notre tradition chrétienne137. En sorte que la greffe sera bientôt rejetée.
2266 mon enfance ! Ces apports émotifs ou plastiques à nos arts ont peu de chances de durée en Europe. Dans la mesure même où il
2267 e debussysme, un Pierre Boulez aujourd’hui ne lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’il choisit de se rattacher. M
2268 la liste impressionnante des inventions majeures dues à l’Europe, dans tous les ordres138 : arts et sciences, philosophies
2269 ces formes ? D’une manière globale, je crois que nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècles, e
2270 conflits politiques et militaires. Trois exemples nous permettront d’illustrer le principe de cette crise mondiale et l’impa
2271 de « ce qui est venu de l’Europe ».   A. Prenons notre premier exemple au niveau microscopique des effets d’une forme (ici m
2272 de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ; ils voient plus facilem
2273 niveau du contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont crian
2274 coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il
2275 s armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas
2276 , et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
2277 en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
2278 voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
2279 tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
2280 jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : « Composez maintenant une chanson dans le goût
2281 ne faisaient que réinventer les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaqu
2282 achine exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
2283 t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
2284 Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
2285 nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
2286 de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernements t
2287 et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernements transportent au l
2288 ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernements transportent au loin des champs de f
2289 à proprement parler des conflits idéologiques qui nous menacent, mais c’est le mécanisme même des prétentions stato-national
2290 ailleurs que les anticorps des virus répandus par nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés,
2291 e les anticorps des virus répandus par nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’
2292 virus répandus par nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’être. L’union fédér
2293 nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pou
2294 élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pourrait seule permettre une lutte efficace contre les périls
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94 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
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2298 sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’elle devrait dominer et orienter L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’en ell
2299 et le plus respectable des éditeurs suisses, ont sacrifier à la préparation de ce livre de fête une partie de leurs va