1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 1)a Notre programme n’est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais d
2 as systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu’à certains égards, il e
3 l’événement. J’oserais dire qu’à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de ce Centre, par où j’
4 ommes libres. Car en fin de compte, pourquoi faut- il sauver l’Europe ? Non point pour l’opposer aux grandes nations nouvel
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
5 s’inquiètent pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ont pas gr
6 pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’ elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ont pas grande confiance
7 ent qu’elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ont pas grande confiance dans le jeu politique des États souverains
8 litique des États souverains et des partis, quand il s’agit de surmonter les égoïsmes que les États et les partis, précisé
9 t, sont chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit manque trop souvent dans tout cela. Ils voudraie
10 que l’esprit manque trop souvent dans tout cela. Ils voudraient bien faire quelque chose, mais ne voient ni quoi, ni comme
11 acée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’ il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il so
12 qu’il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et
13 pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’ il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis des
14 it de parti dans ses multiples manifestations, qu’ il s’agisse des partis politiques proprement dits, ou des nationalismes
15 et des cœurs. Pour aboutir à fédérer nos peuples, il faut donc agir tout d’abord sur les esprits et sur les cœurs. Le vrai
16 classe. Il y a là quelque chose de neuf, plus qu’ il n’y peut paraître à première vue. Insistons donc : le Centre fait app
17 Europe, et qui se demandent ce que l’on fait pour elle en dehors du plan politique. Nous avons attendu plus d’un an, avant d
18 nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’ il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximum une prise de co
19 maximum une prise de conscience de l’Europe. Sans elle , les constructions de la politique resteront lettre morte, ou pire :
20 ats et paroisses, groupes d’études ou d’échanges, il en est des milliers de toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolé
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
21 et du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’est-ce qu’ il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché con
22  Et qu’est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché contre l’esprit, dans notre Europe e
23 imitation des États « souverains » ; par là même, elles se sont rendues dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’êtr
24 sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’ elles se trouvent de plus en plus subordonnées à des nécessités économiques
25 mécanismes administratifs. Toute notre vigilance doit s’exercer, dès maintenant, contre les risques d’extension de ces prat
26 qui, loin de protéger, étouffent en réalité ce qu’ elles enferment. Marchés trop réduits (pour le film et le livre), échanges
27 ncipe des réformes nécessaires devient évident. S’ il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister s
28 es nationalismes se trouve dépassée en fait. Mais il n’en subsiste pas seulement des cadres à la fois étroits et vermoulus
29 sbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitudes mentales, des préjugés tenaces, et de
30 ntales, des préjugés tenaces, et des pratiques qu’ il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle bea
31  organiser les échanges culturels ». Observons qu’ il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’uni
32 s cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre plus facilement d’une prison
33 respondre plus facilement d’une prison à l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement », immédiat, sans co
34 dre plus facilement d’une prison à l’autre. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement », immédiat, sans condition.
35 des problèmes réputés secondaires de la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient
36 Si l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des éc
37 pas de simples déplacements de forts en thème —, il nous faut dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges » et e
38 utes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’ elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des a
39 commun, qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de
40 ifié. Elles se sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leurs découvertes et de leurs méthodes, de l
41 musicales et littéraires inventées ici ou là, et elles en vivent encore, dans la mesure où elles vivent. L’unité culturelle
42 là, et elles en vivent encore, dans la mesure où elles vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’a plus à être faite : elle e
43 té culturelle de l’Europe n’a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant les siècles de se re
44 lus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille
45 e se reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’organiser par décrets, mais simplem
46 Tirons les conséquences de cette brève analyse. S’ il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le co
47 par un ministère et représentant d’un État, peut- il intervenir dans ces mystères ? La question n’est pas insoluble, à not
48 les experts aiment la culture et veulent l’aider, ils ont maintenant deux choses fort importantes à faire : 1° supprimer le
49 urd’hui de manifester l’Europe unie tout comme si elle était faite, et telle qu’elle se fera. c. Rougemont Denis de, « C
50 unie tout comme si elle était faite, et telle qu’ elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre la culture organisée »,
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
51 recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerre d’importantes positions strat
52 efficacité. Or ce reflux — dont rien n’indique qu’ il soit simplement temporaire — découvre une situation nouvelle. Dès l’i
53 st qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est- elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille d’Europé
54 erge. Une fille n’est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. E
55 re. Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’ il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui se
56 mais agir autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul, mais aussi par rapport au
57 e sur ses diversités enracinées. Le malaise Il n’y aurait pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas,
58 contradictoires : la peur et l’attrait combinés. Il est clair qu’une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia eur
59 européenne redoute (ou affecte de redouter) ce qu’ elle nomme l’américanisme, ou même (selon le vocabulaire des staliniens) l
60 ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce sont parfois les mêmes, plus ch
61 ollier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez
62 , ce sera bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra subir soit leur intervention, soit
63 dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra subir soit leur intervention, soit leur retrait. Et si la « ci
64 quand toute une jeunesse s’intoxique de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen qui, librement, p
65 s multipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’a proposé de
66 à la culture Prenons un exemple précis. Dès qu’ il s’agit de créer un institut de recherches, d’enseignement ou de cultu
67 sur ses gardes et commet des fautes méthodiques. Il multiplie les enquêtes minutieuses pour savoir qui fait quoi, et où,
68 on dont l’ampleur bien souvent dépasse son objet, il fait ses comptes et son rapport au comité, qui se décide objectivemen
69 bjectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en résulte un gaspillage d’efforts et de capitaux qui d’une part comp
70 e malentendus ? La bonne volonté n’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’a rien empêché. Nécessité d’un dialog
71 lonté n’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’a rien empêché. Nécessité d’un dialogue juste Depuis un certa
72 n dialogue de cette nature soit juste, et pour qu’ il puisse créer une atmosphère plus saine, quelques conditions simples n
73 nous ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès,
74 ontre doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Le
75 s représentants de l’Amérique et ceux de l’Europe doivent être choisis au même niveau de culture et de responsabilité : cessons
76 créatrice. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifiés, dès le départ, et la question ne ser
77 es mais en actes, — voilà des objectifs concrets. Ils sont vitaux. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à s’entendr
78 1. Peu d’Américains « disent » vraiment cela, qu’ ils pensent. Mais j’atténue plutôt la violence des jugements formulés con
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
79 ut ou partie, et commenté dans un sens favorable. Il est clair que le problème des relations « culturelles » — au sens le
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
80 e de l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiques et économiques. Ces raisons, bi
81 fournissent des conclusions de discours. De plus, elles se révèlent parfois utiles. En effet, si quelqu’un vient à demander :
82 traditions culturelles, ainsi que des libertés qu’ elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la cultu
83 r rapport aux projets de la Pré-Constituante, qui doit coiffer d’un pouvoir politique l’armée européenne non encore ratifiée
84 pe n’est que cela, admettons en toute sobriété qu’ il n’y a guère de raisons de perdre son temps dans une commission « cult
85 ruire l’Europe sur la base des partis politiques, il faut renvoyer les « problèmes culturels » à plus tard. 2. Mais d’autr
86 Mais d’autre part, on peut penser que l’Europe qu’ il s’agit de sauver, de ranimer et de rendre forte par le moyen de son u
87 lité de civilisation, une réalité culturelle, — s’ il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie
88 rêts même matériels. L’Europe est une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en dé
89 nnelle, avant de songer aux réalités électorales. Il demande que sa vie ait un sens. Qu’on lui en donne un sans discussion
90 e). L’homme de la rue ne sait rien de Strasbourg. Il ne sait rien de l’Europe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Euro
91 e l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que font ces deux mots également privés de
92 our lui. Toute propagande européenne digne du nom doit partir de ces évidences. 4. Mais on va me dire : le mot culture n’a p
93 moyen. Si c’est vrai, tirons-en les conclusions : il n’y aura pas d’union valable de l’Europe sans participation des masse
94 n haut, restera sans contenu spirituel ou social. Elle n’aura pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être
95 ’aura pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire
96 suite ses conditions. Votre commission culturelle doit préciser ces conditions. Je me borne à en indiquer quatre. a) Un gouv
97 défense de l’Europe. La jeunesse de l’Europe a le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union augmentent
98 rtement leur budget de culture, prouvant ainsi qu’ ils veulent les moyens de leur fin. b) Pareillement, la jeunesse demander
99 sont les cellules vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’à s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de
100 culture a créé le noyau de leur fédération. Mais il faut les aider tout d’abord à survivre (c’est une question de budgets
101 me inconscient) mais ne savent pas où la trouver, il s’agit d’apporter la culture à domicile, à l’atelier, à l’usine, au f
102 tinérantes. (L’expérience des guildes a prouvé qu’ il existe un public de lecteurs dix ou vingt fois plus vaste que celui q
103 artis, moins encore pour la politique européenne. Elle cherche ailleurs. Si elle trouve la culture, elle ne tardera pas à dé
104 a politique européenne. Elle cherche ailleurs. Si elle trouve la culture, elle ne tardera pas à découvrir l’Europe, et c’est
105 Elle cherche ailleurs. Si elle trouve la culture, elle ne tardera pas à découvrir l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre
106 urope, et c’est seulement dans ce cadre élargi qu’ elle verra la nécessité de certains engagements politiques. Une politique
107 ar eux-mêmes, qui seront demain l’Europe vivante. Il s’agit là d’une tâche de longue haleine. Voilà pourquoi, précisément,
108 leine. Voilà pourquoi, précisément, votre congrès doit estimer qu’il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f.
109 rquoi, précisément, votre congrès doit estimer qu’ il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont De
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
110 depuis deux ans, et pourtant, à plusieurs égards, il nous donne souvent l’impression d’être encore en pleine formation : l
111 ciation internationale selon la loi suisse, et qu’ il ne dépend ni du Conseil de l’Europe, ni des gouvernements, ni même du
112 t également de la culture, comment le CEC définit- il son action propre ? On connaît l’Unesco : mondiale, gouvernementale,
113 Europe, formé de délégués des gouvernements. Mais il se trouve que la plupart de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et
114 l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est nécess
115 anisme permanent d’exécution. Aussi le Comité a-t- il proposé tant au Collège d’Europe qu’au CEC de réaliser certains de se
116 lui des autres organismes existants. Bien ou mal, il est le seul à tenter d’une manière systématique et suivie la coordina
117 rts culturels en vue de l’union de l’Europe. Et s’ il n’existait pas, ou s’il disparaissait, les nécessités mêmes de cette
118 l’union de l’Europe. Et s’il n’existait pas, ou s’ il disparaissait, les nécessités mêmes de cette coordination amèneraient
119 rôle du Centre ne devient concevable — mais alors il s’impose avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord,
120 on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une civilisation et une culture, une manière
121 e nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons
122 que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. Un bon service de public relations — qui nous manq
123 ts dans les administrations publiques ou auprès d’ elles . Pourquoi enfin ce manque d’appuis ? Parce que nous nous occupons de
124 voie d’exécution. Le Prix européen de littérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il
125 ars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la portée « européenne » tant de ce prix q
126 s encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre. Quant aux Plans de causerie (tirés à l’200 000 exemplai
127 ue nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup notre attente. À ce même chapitre, nous voulons i
128 ducteurs, dans une branche donnée de la culture ; il évite la bureaucratie, s’en tient à une pratique artisanale et empiri
129 t à une pratique artisanale et empirique ; enfin, il travaille à bon marché, grâce à sa décentralisation systématique.
130 n des quelque 18 activités en cours ou à l’étude. Il s’agit en principe que chacune serve à toutes les autres, et demande
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
131 culturels dépendants de la politique. À ce titre, elle mérite un examen, que presque toutes les revues ont négligé de faire,
132 ant la porte, non sans avoir déclaré vertement qu’ il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise ?
133 aré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’ il dirigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’il existe un m
134 eait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’ il existe un malaise général à l’endroit de l’Unesco, et cela non seulem
135 bablement superficielle dans ses jugements, quand elle en a sur cet objet ; non seulement chez les « hommes de culture », qu
136 s « hommes de culture », qui savent mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’il s’agisse vraiment d’eux ; mais
137 eux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’ il s’agisse vraiment d’eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’ins
138 lle-même, comme le prouve le départ de leur chef. Il doit y avoir un vice constitutif dans toute l’affaire. Et peut-être f
139 -même, comme le prouve le départ de leur chef. Il doit y avoir un vice constitutif dans toute l’affaire. Et peut-être facile
140 ar leurs délégués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair qu’entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’un écrivai
141 n, et les intérêts d’un ministre, les rapports, s’ il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait
142 es rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais cette constatation, q
143 et sur la seule démonstration de son excellence ? Il n’en obtient parfois, avec quelles peines, que s’il peut démontrer au
144 n’en obtient parfois, avec quelles peines, que s’ il peut démontrer aux Finances, au Parlement, aux présidents de ses comm
145 l’exécution. Puis se pose la question du budget. Il faut faire vivre l’Organisation, et songer aussi à ses tâches. Les ac
146 ie, de la défense, et de la politique générale, —  il est bien clair qu’on leur donnera toujours le moins possible. Aux yeu
147 gard des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on ose le comparer aux dép
148 de machine pour les aider. La machine n’absorbe-t- elle pas plus d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer,
149 La machine n’absorbe-t-elle pas plus d’énergie qu’ elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on
150 e pas plus d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on fait ? En attendant, rêvons u
151 ’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t- il . Mais l’a-t-on fait ? En attendant, rêvons un peu sur ces 9 millions
152 rois vices de construction C’est le système qu’ il faut donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il s’agit de refa
153 ut donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il s’agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble
154 esco. Le système souffre de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’i
155 uffre de trois vices majeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initiative autant qu
156 ajeurs : il est trop vaste, il est centralisé, et il laisse aux gouvernements l’initiative autant que le contrôle. Repreno
157 e, l’islam, l’Asie du Sud, l’Extrême-Orient. Ceci doit se traduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et
158 ue leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là qu’ il faut partir, de cette base-là, non point d’une organisation abstraite
159 el est par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des méthodes de coordination pratique, et non pas à
160 ions d’un ordre différent de celui de la culture. Il suppose certes des liaisons multipliées entre foyers de création. Ces
161 entre foyers de création. Ces liaisons peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on
162 liaisons peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on ne saurait les « planifier
163 re décentralisé ». En bonne doctrine fédéraliste, il serait plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre e
164 etits groupes, à de petits exécutifs spécialisés. Il serait donc naturel de calquer les organisations d’aide culturelle su
165 tat naissant. Et ce qui vaut pour les initiatives devrait valoir aussi pour le contrôle des tâches exécutées en collaboration.
166 tâches exécutées en collaboration. Que resterait- il alors à l’organisation constituée par les gouvernements soit à l’éche
167 sidéré). La formule fédéraliste Nous sera-t- il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles
168 plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler un jour d’une « crise du CEC », comme on parle aujourd’hui d’u
169 rieurs, et non pas de la formule même du CEC. ⁂ S’ il fallait résumer encore ces remarques déjà trop condensées, on soulign
170 onc l’initiative, le contrôle et l’exécution ! Qu’ ils s’associent directement entre eux, quand ils le trouvent utile, par-d
171 ! Qu’ils s’associent directement entre eux, quand ils le trouvent utile, par-dessus les frontières nationales (comme l’on f
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
172 précier les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’ ils ne sont pratiquement pas joués. De nombreux problèmes de critique mus
173 . De nombreux problèmes de critique musicale, qui devraient être discutés sur un plan international, restent sans réponse : ainsi
174 ces techniques et les nouvelles œuvres basées sur elles . En outre, les critiques musicaux ne peuvent que très rarement rencon
175 e compositeurs, critiques musicaux et exécutants. Elle aura lieu au printemps 1954, à Rome. Ses buts sont les suivants : 1.
176 le de musique et pour le Concours de composition. Il est convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la man
177 c 2 ou 3 autres participants du séminaire pour qu’ ils interviennent dans la discussion. Après quoi les auditeurs pourront p
178 ains des débats au moins. D’une manière générale, il s’agirait d’étudier les rapports entre la libre expression individuel
179 ique et politique. 2. La fonction musicale crée-t- elle encore ses organes ? 3. Technique, style, esthétique. 4. L’influence
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
180 s sont exacts. En effet, pour changer de vitesse, il faut passer par le point mort. Mais pendant ce temps la voiture roule
181 t de rencontrer des résistances contre lesquelles il s’arc-boute de toutes ses forces. Sa poussée croît à la mesure de la
182 poussée croît à la mesure de la contre-poussée qu’ il provoque. Si l’on ne voit rien bouger pour le moment, on se tromperai
183 ’en est pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’elle y rêve. Toute tentative de s’organiser comm
184 ade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’ elle y rêve. Toute tentative de s’organiser comme force politique cohérent
185 omme force politique cohérente lui serait fatale. Elle n’en représente pas moins un très sérieux danger : celui de la confus
186 la confusion, précisément. Mais nous gardons sur elle un avantage certain : nous attendions depuis longtemps qu’elle se déc
187 age certain : nous attendions depuis longtemps qu’ elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Mo
188 longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Montreux, 1947). Normalement, nous devo
189 e ( congrès de Montreux, 1947). Normalement, nous devons donc gagner, sur ce plan-là. Le Kominform démobilise Mais voici
190 le vrai ressort du mouvement vers l’intégration. Il en résulte que toute détente à l’Est détendrait ce ressort. D’où, par
191 tente à l’Est détendrait ce ressort. D’où, paraît- il , crise de l’idée européenne. On n’oserait affirmer ici que ce raisonn
192 onnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’ il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce q
193 nsive de paix. Ce que l’on peut observer c’est qu’ il est, tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre union
194 es adversaires, chez nous, de notre union, puisqu’ il tend à la présenter tantôt comme l’effet d’une panique, tantôt, et au
195 part, a pu jouer chez nous en faveur de l’union : il la fait apparaître, aux yeux de certains, comme un expédient défensif
196 yeux de certains, comme un expédient défensif qu’ il fallait accepter in extremis. Si maintenant la Russie nous rassure, i
197 n extremis. Si maintenant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir
198 ns à la vie normale. L’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il
199 ulaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’ il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représente
200 Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représentent un fa
201 , il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représentent un facteur politique qui, pour peu qu’on le néglige, peu
202 siste. La situation de l’Europe dans le monde qu’ elle domina jadis et qui retourne contre elle ses propres armes, n’est en
203 monde qu’elle domina jadis et qui retourne contre elle ses propres armes, n’est en aucune mesure améliorée. Ces trois grands
204 ut-être la preuve que tout va changer en Russie : ils ne changent rien à ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meill
205 dans l’union. Vers une épuration européenne Il n’en reste pas moins probable que l’effet de propagande escompté sera
206  : l’URSS ayant décidé de nous rassurer, l’Europe doit changer de politique. Le sentiment d’urgence et de danger qui poussai
207 sse qui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite que le pri
208 négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils vont cesser de se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été,
209 ils vont cesser de se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs
210 oire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une épur
211 leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés qu’ il appartiendra donc, durant les mois qui viennent, de mettre en valeur
212 d’où viendrait autrement le soulagement général ? Il en résulte qu’un nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’
213 s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’ elle a de le faire. Et cela dans des conditions de clarté, de sérieux, de
214 nt encore les vrais secrets d’une civilisation qu’ elle a rendue mondiale ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue à la
215 e spirituelle ? La réponse n’est plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fédère pas des armes et des
216 rochain, la condition certainement nécessaire, si elle n’est pas certainement suffisante, d’une Renaissance offerte par l’Eu
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
217 icaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’ il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis
218 ps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de soutenir la concurrence américaine, incapables d
219 itée, des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est
220 Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis. Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition né
221 e décidèrent que leur simple alliance confédérale devait être remplacée par une fédération. Un projet de constitution fut voté
222 projet similaire, à Strasbourg, le 10 mars 1953.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans qu
223 lique. L’État de New York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et
224 ent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primauté dans l’Union. C’est donc préc
225 colier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’ il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel écri
226 portance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la Constitution,
227 a vie de la Constitution, tandis que d’autre part il figurait le pendant libéral au Prince de Machiavel. Depuis un siècle
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
228 « bombes diplomatiques » de l’Est et de l’Ouest, elle perd de vue le problème européen, qu’elle commençait tout juste à dis
229 ’Ouest, elle perd de vue le problème européen, qu’ elle commençait tout juste à distinguer. Depuis deux mois, hors des milieu
230 ut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemble de faits définit pour l’Europe une sit
231 raffinées de leur Parlement, le reste de l’Europe doit marquer le pas et les Russes en profitent pour marquer des points. La
232 panne, l’Amérique s’énerve et laisse entendre qu’ elle serait prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opposit
233 ion à l’Europe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète que les quelques hommes d’État français qui ont agi pour l’uni
234 mie) sont sans issue dans le cadre national et qu’ il faut donc chercher leur solution dans une forme quelconque d’entraide
235 s problèmes. Si chaque nation pouvait surmonter à elle seule toutes ses difficultés, pourquoi parlerait-on d’unir l’Europe ?
236 ’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’ il s’agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensent
237 e en termes périmés de puissance nationale, quand il s’agit de penser désormais en termes de coopération, à l’échelle des
238 court au regard de notre histoire commune. Ce qu’ il s’agit de sauver transcende par nature les intérêts de chacune de ces
239 ation, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’es
240 pas s’appuyer sur des institutions continentales, elle va se désintégrer, et avec elle non seulement nos nations et leurs pa
241 ns continentales, elle va se désintégrer, et avec elle non seulement nos nations et leurs partis, et les intérêts bien ou ma
242 lus que les Européens En ce mois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile q
243 SS, l’Amérique, et l’Asie — les Européens tels qu’ ils se montrent. Si les Européens n’étaient menés que par leurs intérêts
244 aient menés que par leurs intérêts matériels et s’ ils les comprenaient, ils voudraient tous instituer l’Europe unie, à tout
245 urs intérêts matériels et s’ils les comprenaient, ils voudraient tous instituer l’Europe unie, à tout prix et sans délai. C
246 rsonne au monde n’a jamais essayé de démontrer qu’ il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés de
247 elés douaniers. Cependant, l’on fait tout pour qu’ ils restent ainsi. Il faut donc croire que les Européens sont menés, en r
248 endant, l’on fait tout pour qu’ils restent ainsi. Il faut donc croire que les Européens sont menés, en réalité, par des fo
249 taires, combinées avec l’ignorance, ou jouant sur elle . Dans plusieurs de nos pays européens, aujourd’hui, la politique sign
250 un honneur immérité en la traitant de byzantine. Elle est tout simplement sectaire, bornée, villageoise, ignorante, ineffic
251 tus et leurs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ ils sont qu’il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l
252 vices, — c’est avec ces pays tels qu’ils sont qu’ il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Europe ave
253 l’Europe n’est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun se
254 choses, les hommes sans idées n’avancent jamais, ils se déplacent les uns les autres, tout au plus. Il y a cinq ans, avant
255 . Mais la raison dernière de leur chute, c’est qu’ ils voulaient ce que refuse encore un petit nombre dominant de leurs dépu
256 e l’Europe entière. L’échec possible, et ce qu’ il signifierait Dans l’indifférence générale, notre destin commun d’h
257 ’est gravement infléchi depuis quelques semaines. Il faut le dire : jamais l’effort de construction européenne, si près du
258 ent compromis. Pour la première fois je l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute e
259 l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’ il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, non
260 écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, non sur
261 uropéens — sur tous ceux qui n’ont pas compris qu’ ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà
262 ’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’ il faut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre à tout prix et in
263 l gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce qu’ ils doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de d
264 é. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de démission
265 ls doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train de démissionner. Et de quoi ? De l’Europe, donc du meil
266 quoi ? De l’Europe, donc du meilleur d’eux-mêmes. Ils crient la paix, la paix, et il n’y a point de paix, ils n’osent pas e
267 leur d’eux-mêmes. Ils crient la paix, la paix, et il n’y a point de paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils
268 ient la paix, la paix, et il n’y a point de paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils attendent un miracle des
269 paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils attendent un miracle des Bermudes, mais ils n’attendent plus rien d’e
270 ions. Ils attendent un miracle des Bermudes, mais ils n’attendent plus rien d’eux-mêmes. Ils semblent avoir choisi de se fa
271 udes, mais ils n’attendent plus rien d’eux-mêmes. Ils semblent avoir choisi de se faire entretenir, en gardant le droit de
272 ant le droit de cracher sur les billets mendiés : ils appellent cela indépendance d’esprit et même Souveraineté nationale,
273 souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t- il alors ? La France, ayant refusé l’Europe au nom de ses colonies, perd
274 ions se tourner vers les USA, qui se détournent d’ elle . Les socialistes allemands, ayant refusé l’Europe au nom du pacifisme
275 eux, avec ou sans bombardements, selon l’usage qu’ ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’
276 sions à l’aide d’un adjectif genre « alarmiste ». Il s’agit d’alarmer, précisément. Sens actuel de l’action pour l’Euro
277 Sens actuel de l’action pour l’Europe Existe-t- il des forces en Europe qui puissent renverser le cours d’un tel destin 
278 sonne n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les « races incrédules », car celles-ci les transf
279 e conscience du drame présent et des désastres qu’ il annonce, car seule l’inconscience générale annule en fait les forces
280 sque sans appuis, nous tiendrons notre secteur. «  Il vaut mieux allumer une petite bougie que de maudire l’obscurité », di
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
281 études et telle est aussi la raison de l’appel qu’ il me charge de vous adresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste.
282 l’appel qu’il me charge de vous adresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers
283 aux prochains. Le Projet, certes, est discutable. Il ne peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne connaît pas de
284 els pour l’une ou l’autre des parties traitantes. Il ne s’agit donc pas de poser à son propos une espèce de « question de
285 estion de confiance » : ou bien l’accepter tel qu’ il est, ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument de
286 qu’il est, ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument de faire l’Europe, tandis que le Projet n’est qu’u
287 on est de savoir si ce moyen, tout imparfait soit- il , peut servir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous penson
288 t imparfait soit-il, peut servir à cette fin qui, elle , demeure indiscutable. Nous pensons qu’il le peut, pour trois raisons
289 qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’ il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet actuellement ex
290 ous pensons qu’il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet actuellement existant, qui ne résulte pas de l’ini
291 l’initiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. Il est né du labeur considérable effectué sur votre demande par les délé
292 rnement d’assemblées. Mais quel autre régime peut- il être accepté pour le moment ? Or, il faut commencer. Refuser de parti
293 régime peut-il être accepté pour le moment ? Or, il faut commencer. Refuser de partir d’un tel Projet, ce serait se conda
294 lu et un exécutif dont on ne sait, à vrai dire, s’ il sera fédéral ou simplement confédéral. C’est assez pour rendre possib
295 ui s’adresse moins au texte lui-même qu’au But qu’ il vise et que vous affirmerez, en déclarant clairement et simplement po
296 larant clairement et simplement pourquoi l’Europe doit aujourd’hui s’unir, et quelle Europe, et pour quelles fins humaines.
297 conscients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils seront convaincus de ses fins pacifiques, le comment suivra facilemen
298 s contradictoires, ne fera jamais vivre l’Europe. Il sera lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’auront pas b
299 pas voulu. La perspective dynamique dans laquelle il faut voir le Projet, et peut-être le modifier, se définit pour nous p
300 grands repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’unisse pour redevenir une force, capable d’assure
301 a prospérité de ses habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offens
302 que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ ils mourront seuls ou revivront ensemble. 2. Il faut que l’Europe s’uniss
303 , qu’ils mourront seuls ou revivront ensemble. 2. Il faut que l’Europe s’unisse pour sauver le foyer d’une civilisation de
304 ommes tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le sens même de chacune de nos vies dépend en fait d’une c
305 et centralisé, car son génie s’appelle diversité. Elle ne sera pas non plus une Sainte-Alliance, ni une simple coalition, fo
306 s traditions, mariant la liberté et l’efficacité, elle tend vers la fédération, vers l’union des autonomies. 4. Une fédérati
307 abitants pour commencer, de plus du double lorsqu’ elle aura regroupé l’une après l’autre toutes les nations à l’ouest du rid
308 us peuplée que l’Amérique et l’URSS additionnées, elle dictera la paix dans le reste du monde, l’ayant rétablie dans son sei
309 le. Dans quelle mesure nos souverainetés existent- elles encore en fait ? On voit venir le temps où elles ne seront plus guèr
310 elles encore en fait ? On voit venir le temps où elles ne seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sau
311 s prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la souveraineté d’une nation qui ne pourrait
312 es deux gestes manqueraient également de sérieux. Il n’est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’
313 Il n’est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’E
314 re. Ce que l’on attend de la fédération, c’est qu’ elle instaure l’indépendance européenne. C’est qu’elle crée une force nouv
315 elle instaure l’indépendance européenne. C’est qu’ elle crée une force nouvelle. Et non point qu’elle renonce à des mots vide
316 qu’elle crée une force nouvelle. Et non point qu’ elle renonce à des mots vides de sens, à des privilèges périmés, et plus a
317 éral (beaucoup plus que dans un traité), parce qu’ ils engagent l’avenir des nations fédérées, et parce qu’en fait, dans une
318 e Projet, certes, n’est pas encore un Pacte, mais il prépare les voies de la fédération. S’il faut le modifier, que ce soi
319 te, mais il prépare les voies de la fédération. S’ il faut le modifier, que ce soit dans cette vue : afin de ménager son av
320 : afin de ménager son avenir fédéral. D’une part, il peut être opportun d’en retirer (pour l’instant) certaines dispositio
321 t (hypothétique) de sécession. Mais d’autre part, il faut se garder d’y ajouter quoi que ce soit qui viendrait compromettr
322 ouvre à l’Europe une chance de se fédérer demain, il convient de l’accepter, même incomplet. Tous ceux qui ont distingué
323 n pas vers ces buts, vous détruirez l’obstacle qu’ il faut redouter le plus : le scepticisme et l’inertie des masses. Au co
324 du destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns
325 ivilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres. Certains risques doivent êt
326 entis par les uns et les autres. Certains risques doivent être encourus. Les refuser, pourtant, serait tout perdre, à coup sûr
327 faire le pool patriotique des faibles sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’attente. Byz
328 ses en commun », furent emportées par l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs, et de nous tous, d’écrire une autre Histoi
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
329 up de gong du départ à toute l’action européenne. Il avait esquissé des plans et des programmes embrassant les trois grand
330 ME prépare un nouveau congrès d’économistes, qui doit avoir lieu à Londres au début de 1954. Après cinq ans d’action europé
331 n motto semblait être : la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles, mais des réalisations immédia
332 qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette maxime générale de l’action : on n’attei
333 imait à répéter Lénine, politicien « pratique » s’ il en fût. La condition non pas suffisante mais nécessaire du succès fin
334 e union, là surtout, plus que dans « les faits ». Il faut des congrès politiques. Il faut des plans économiques. Mais il f
335 ns « les faits ». Il faut des congrès politiques. Il faut des plans économiques. Mais il faut en même temps des foyers où
336 s politiques. Il faut des plans économiques. Mais il faut en même temps des foyers où l’on maintienne, où l’on rappelle sa
337 igences du but final, l’Idée maîtresse. Et enfin, il faut reconnaître que les uns et les autres ne serviront l’Europe en e
338 serviront l’Europe en efficacité et vérité que s’ ils agissent en relations étroites et s’assurent continuellement de la co
339 Haye. Les hommes politiques, en retour, voudront- ils apporter à notre effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne
340 point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu pour mission de s’occuper précisément de « l’idée » et des
341 s commissions, secrétariat et comités d’experts : il leur appartient, comme à nous, de donner suite pratique aux directive
342 éflexion. L’institution reprend ses droits et ses devoirs quand s’éteignent les projecteurs concentrés sur la table des vedette
343 essionnelles dotées de statuts propres, mais dont il assure le secrétariat ; il a formé 3 commissions de savants (dont l’u
344 uts propres, mais dont il assure le secrétariat ; il a formé 3 commissions de savants (dont l’une a pris l’initiative du L
345 ix littéraire européen et la Conférence musicale. Il a ainsi doté l’Europe d’un instrument de coopération intellectuelle ;
346 pratique, instrumentale, étant désormais établie, il s’agit d’une part d’en faire bénéficier un beaucoup plus grand nombre
347 des charges » a été élaboré. Sitôt mis au point, il sera proposé aux autres pays. Ajoutons que la création prochaine d’un
348 tre menée à bien avec toute l’ampleur nécessaire, elle suppose l’appui d’un groupe de personnalités influentes dans les doma
349 chnique du mot. Nous y travaillons. ⁂ En tant qu’ il est chargé d’une mission générale, certes trop ambitieuse pour ses mo
350 nir et animer l’idéal de l’Europe unie, le Centre doit devenir de plus en plus le lieu de ralliement des esprits qui pensent
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
351 erait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’ elle n’est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe
352 aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t- il à l’Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout proche et com
353 un salut tout proche et comme à portée de main ? Il ne lui manque peut-être qu’une seule chose : la conscience des périls
354 qu’une seule chose : la conscience des périls qu’ elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi
355 e aussi des ressources immenses qui sont là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre en commun. Une pris
356 à réalisés. Comment réduire ces résistances là où elles sont, dans les esprits et dans les cœurs, selon la formule consacrée,
357 cepticisme amer nos plus éloquents hommes d’État. Il fallait donc d’une part approfondir l’idée même de l’Europe unie, par
358 ’Anglo-Saxon cherche une « approche » convenable. Il faut tenir compte de ce malentendu toujours instant dans le dialogue
359 unité incontestable d’origines et par le fait qu’ ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ils ne trouvent pas ensemble
360 it qu’ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ ils ne trouvent pas ensemble leur salut. La recherche des origines commun
361 ue fut introduit avec ampleur par M. Eugen Kogon. Il conclut à la nécessité d’instaurer tout d’abord une union politique,
362 al et assurer le bien dans un délai garanti. Mais elle a déterminé clairement nos responsabilités d’Européens devant le mond
363 ropéens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont
364 nt pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ ils regardent ensemble, qui peuvent rendre les hommes fraternels. Devant
365 diversités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structures supranationales, permettant de mett
366 nationales, permettant de mettre en commun ce qui doit l’être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui d
367 , afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit normalement demeurer autonome, distinct, privé, original. Enfin, deva
368 dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’
369 e civilisation modèle. Mais elle a déclaré que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier des modèle
370 rante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’ il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer un ty
371 a table ronde : document d’autant plus notable qu’ il fut rédigé le dernier jour par un Français et un Anglais, et reçut au
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
372 en de la culture ? — Je veux bien être bref, mais il me faut trois mots. Ou plutôt je vous répondrai sur les questions que
373 n de donner un sens à la vie. — La politique fait- elle partie de ces activités ? — Oui, en tant qu’elle implique une concept
374 -elle partie de ces activités ? — Oui, en tant qu’ elle implique une conception de l’homme et de la vie, par suite une concep
375 EC ne s’occupe pas de politique. — Le Centre veut- il être producteur de culture ou simplement organisateur de congrès, de
376 fiques, ni doctrines philosophiques propres. Mais il a créé et créera encore des associations de producteurs et de distrib
377 , enseignement, éducation5). — Le Centre pense-t- il avoir, de cette manière, vraiment servi ou aidé la culture, dans les
378 la culture, dans les divers pays du Continent ? — Il existe, dans chacun de nos pays, des organismes étatiques ou semi-pri
379 0e de leur budget à la culture ; encore ne s’agit- il pour eux que d’instruction publique, ou de propagande pour les « vale
380 nécessaires ? — L’indépendance morale de l’Europe doit se payer. E — Le Centre est-il, ou veut-il être aussi, un agent
381 e l’Europe doit se payer. E — Le Centre est- il , ou veut-il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. — Ma
382 oit se payer. E — Le Centre est-il, ou veut- il être aussi, un agent d’union de l’Europe ? — Certes. — Mais le problè
383 e ? — Certes. — Mais le problème de l’Union n’est- il pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit aujourd’h
384 ffort d’intégration politique de l’Europe ne va-t- elle pas rendre vaines vos activités culturelles ? — Cette crise est au co
385 sont psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’ il nous faut travailler, dans les esprits et dans les cœurs. — C’est la
386 « un organisme comme le Centre ». Est-ce donc qu’ il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi avec l’Unesco,
387 t-ce donc qu’il en existe d’autres ? Et ne ferait- il pas double emploi avec l’Unesco, par exemple ? — C’est impossible, ca
388 de poursuivre la réalisation de ses initiatives : il ne s’agit pas ici d’une querelle de priorité, mais essentiellement de
389 ée » par une bureaucratie mondiale, si riche soit- elle . Le danger n’est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas
390 ou plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’ il n’en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour
391 n existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’objectivité et pour la liberté du jugement de se repr
392 ’on tient pourrait disparaître. Qu’en résulterait- il  ? Je constate que le Centre, du seul fait qu’il existe, polarise des
393 t-il ? Je constate que le Centre, du seul fait qu’ il existe, polarise des possibilités, crée une certaine concentration d’
394 action réelle. Mais si le Centre n’existait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’est pas de nous — et s’il venait à
395 t l’inventer — la phrase n’est pas de nous — et s’ il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un
396 n’est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nou
397 ’enthousiasme… — Va-t-on soutenir le CEC, afin qu’ il dure ? — La vie n’est jamais qu’une suite de miracles. 5. Le prése
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
398 s lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t- il  ? La réponse est dans les journaux. Depuis des mois, la construction
399 tés et même certains hommes politiques ont cru qu’ elle dépendrait des conférences de Berlin et de Genève. Bien peu voulaient
400 La Russie à Berlin, ou l’Europe caricaturée Il était facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berl
401 un échec sur tous les points de l’ordre du jour, elles n’en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’u
402 que, cela saute aux yeux. Après tout l’Europe est- elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa juste pl
403 Europe est-elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa juste place, dans une conception sainement géog
404 rmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doit et peut passer prochainement au premier rang. La Hollande a ratifié l
405 lemagne, Hollande, Belgique et France prouvent qu’ il existe une forte majorité populaire en faveur de la fédération. M. Mo
406 à la fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’ elle ne peut plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle serait
407 plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’ elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (les A
408 lotov non.) L’offensive communiste vise au cœur : elle se concentre sur la France, tout près de ratifier la CED, mais dont l
409 , est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : elle a lieu en Europe. Première victoire du Kremlin. C’est Molotov qui imp
410 rope ne fera plus rien pour son union ; bien plus elle va laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou à raison — d’ins
411 vient de perdre ses dernières divisions actives. Elle ne peut donc plus adhérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y
412 plus adhérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y serait noyée et sans force. » Ce sophisme insultant va servir de sl
413 sme soviétique, lui, nous menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. I
414 six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la force, et « provocation bellic
415 u et des humiliations de Genève, l’Europe saura-t- elle se souvenir de Nicopolis, de Mohacs, et du siège de Vienne par les Tu
416 oviétique, une Europe persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la fois physique et morale. Marchés p
417 tienne en respect. (Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre que son élan irrépressible vers l’indépendance nationale n
418 détourné de ses fins par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant que nous, et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Ma
419 parlement français repousse demain la CED et avec elle ses suites et ses implications, la Communauté politique et son élargi
420 noms ! — inconscients de l’immensité du destin qu’ ils peuvent faire basculer. Toute discussion d’alinéas, de « préalables »
421 s libertés occidentales. Un tel sursaut vital est- il inconcevable ? Retournons la question : est-il concevable que vingt n
422 st-il inconcevable ? Retournons la question : est- il concevable que vingt nations européennes se laissent entraîner dans l
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
423 t d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »8. La division des petits États, leur
424 tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranquillement supprimé le problème de la souveraineté cantonale (o
425 expressément cette souveraineté, en même temps qu’ elle la limite, ou plutôt qu’elle en délègue partiellement l’exercice au P
426 té, en même temps qu’elle la limite, ou plutôt qu’ elle en délègue partiellement l’exercice au Pouvoir fédéral. Voici les tex
427 itée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au Pouvoir fédéral.
428 tituants de l’Europe fédérée. On n’en voit pas qu’ il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2. Abandonner ou r
429 Abandonner ou recouvrer la souveraineté ? Est- il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut fai
430 uveraineté ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai qu’il y a
431 re abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est- il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-ell
432 là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont- elles quelque réalité et consistance, en dehors des débats où elles figuren
433 e réalité et consistance, en dehors des débats où elles figurent comme prétexte à refuser les évidences européennes ? Voyons
434 e déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’entend, d’assurer sa prospérité sans plus dépendre de l’étranger, d
435 constances techniques, économiques et politiques. Il en résulte que la souveraineté nationale n’a plus guère d’autre exist
436 s les discours des députés adversaires de la CED. Elle atteint son degré de virulence extrême dans les centaines de lettres
437 aine des forces réelles et des pouvoirs concrets, elle est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de g
438 trée, et surtout angoisse de perdre son identité. Elle a donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficult
439 ècle, et même de les apercevoir. D’où la prise qu’ ils offrent aux manœuvres les plus grossières du communisme, jouant sur l
440 fut apporté par notre ami Ernst Friedlaender : «  Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur
441 der : « Il faut dire franchement à nos nations qu’ elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souverain
442 l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se per
443 que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent- ils , de voir leur patrie « se perdre dans la masse informe d’une Europe u
444 forme d’une Europe unie ». Le second argument est à M. Cotsaridas, publiciste grec : Dans les domaines militaire, écono
445 ui les décisions principales et le peuple n’a sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranationales (les
446 euple, car le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera dissipée la crain
447 ue suscite la perte de la souveraineté nationale. Il n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacri
448 donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’es
449 inale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ?
450 retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? Il nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe recouvre, entr
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
451 e la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’ elle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal
452 qu’on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce qu’ elle seule pouvait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement ce vertig
453 re plus simplement ce vertige de contradictions ? Il y faudrait une parabole. En voici une. Il y avait une fois des député
454 e. En voici une. Il y avait une fois des députés. Ils étaient très effrayés par une maladie dont ils craignaient la contagi
455 s. Ils étaient très effrayés par une maladie dont ils craignaient la contagion, et qu’ils nommaient réarmement allemand. On
456 maladie dont ils craignaient la contagion, et qu’ ils nommaient réarmement allemand. On leur proposa un vaccin. Ayant remar
457 de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme il arrive en général, ils votèrent contre le remède. Aussitôt le mal se
458 le nom de la maladie, comme il arrive en général, ils votèrent contre le remède. Aussitôt le mal se déclara. Mais pour quel
459 se déclara. Mais pour quelque raison mystérieuse, ils en parurent soulagés. Laissant aux historiens futurs le soin de tirer
460 ion européenne, comme on l’a répété bien à tort ; il montre simplement qu’une partie d’un Parlement (devenue majorité grâc
461 i demeure intacte après leur vote. — En revanche, il est douteux que les accords de Londres représentent « un premier pas
462 ropéenne », comme on l’a dit à Washington, puisqu’ ils renoncent à affirmer le principe supranational. En résumé : rien n’e
463 la CED — par complaisance à une double illusion : ils ont cru que le travail éducatif en profondeur, lent par nature, repré
464 ar nature, représenterait une perte de temps ; et ils ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examino
465 ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous po
466 ns tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièce
467 le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’ il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la fa
468 que de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’ il est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où il
469 e tourner les obstacles que de les attaquer là où ils sont : dans les routines de l’esprit nationaliste, autant et plus que
470 beaucoup plus. Exemple : le CEC voulait et aurait faire beaucoup plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il est s
471 oup plus. Les moyens matériels lui manquaient, et il est significatif qu’il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne le
472 tériels lui manquaient, et il est significatif qu’ il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les premières promesses d
473 ignificatif qu’il ait fallu tant de temps pour qu’ il obtienne les premières promesses d’un financement régulier. Il est cl
474 es premières promesses d’un financement régulier. Il est clair que la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’est
475 éritable propagande européenne. Tout au plus peut- il en étudier et formuler les thèmes les plus efficaces. Mais avant tout
476 brique générale d’éducation européenne. Chacune d’ elles constitue un des éléments d’un véritable plan d’action sur les esprit
477 nts d’un véritable plan d’action sur les esprits. Elles s’efforcent aussi de créer les public relations qui ont manqué jusqu’
478 ue beaucoup vont penser, car j’entends déjà ce qu’ ils me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela ne fera certes aucun
479 ble — si vous réussissez — mais voyez-vous, ce qu’ il nous faut, c’est de l’action ! » Et l’on entend ou sous-entend par là
480 n ne se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades préparatoires des révolutions réussie
481 se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous les stades préparatoires des révolutions réussies. L’
482 utions réussies. L’ambition du Centre est d’agir. Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle commence dans
483 d’agir. Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’elle commence dans les cours, qu’elle se poursuit dans les es
484 a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’ elle commence dans les cours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et qu’
485 enne. Il voit qu’elle commence dans les cours, qu’ elle se poursuit dans les esprits, et qu’elle n’éclatera dans les faits qu
486 ours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et qu’ elle n’éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa naissan
487 rer cette maturation ; créer ses conditions là où elles n’existent pas ; les favoriser partout où elles apparaissent : voilà
488 ù elles n’existent pas ; les favoriser partout où elles apparaissent : voilà qui définit notre programme. 10. Proverbe qui
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
489 d’abord, comme le veut la réalité du xxe siècle. Il est très remarquable en effet que, dans ce siècle, pas un seul événem
490 folie, une personne. On dit : la propagande. Mais elle n’est rien en soi, pas plus que l’écriture ou la typographie, et sans
491 nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’ il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir où naissent les idées
492 ées par les économistes et les hommes politiques. Il s’agit là de forer des canaux collecteurs, qui transforment ces eaux
493 ourants, puis en forces motrices. Première zone : elle est créée par l’absence de pente, le défaut d’orientation générale. O
494 ’imagine pas ce qui en résulterait effectivement. Il s’agit donc de dresser devant nos contemporains la vision de ce que d
495 existence au sein de l’union réalisée et grâce à elle  ; de peindre un tableau réaliste des changements sociaux et économiqu
496 t aussi de les rendre dynamiques. Deuxième zone : elle est créée par l’inconscience générale de la situation de l’Europe dan
497 et Allemands restent face à face, à se demander s’ ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues « traditionnelles
498 llemands restent face à face, à se demander s’ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues « traditionnelles » qui l
499 emand reste insoluble dans son plan. En revanche, il se transforme et se résout en un problème européen commun dès que l’o
500 la configuration du terrain. L’action nécessaire doit donc s’appliquer d’une manière générale à orienter les espoirs et les
501 grandes lignes de notre activité jusqu’à ce jour. Elle en indique aussi les développements prochains. Mettre en relation les
502 t l’islam) dont nous poursuivons la préparation : il s’agit là d’une œuvre de longue haleine dans laquelle on ne peut prog
503 he la plus urgente de l’heure. En quoi consiste-t- elle  ? Par exemple en ceci : projeter devant tous des images convaincantes
504 u’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’ il est, réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde enc
505 réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde encore les moyens dont dispose en propre le Centre, mais non
506 s non pas les moyens potentiels de l’Europe, dont il s’agit de susciter la mise en œuvre. La première action de ce genre e
507 un Laboratoire européen de recherches nucléaires. Elle a réussi, comme on sait, sous les auspices de douze gouvernements. Pl
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
508 n général ? Et pourquoi le besoin de chercher est- il vital pour les Européens ? À la première question, portant sur la rec
509 emière question, portant sur la recherche en soi, il paraît facile de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’est p
510 cile de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’ il n’est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pou
511 cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce qu’ il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Celu
512 cheur occasionnel. Celui qui cherche une place, s’ il en trouve une très bonne, il cessera de mettre des annonces dans le j
513 cherche une place, s’il en trouve une très bonne, il cessera de mettre des annonces dans le journal. La recherche dont je
514 ose. C’est une passion. Et cela revient à dire qu’ elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’espri
515 , d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’ il trouve, au lieu de l’apaiser, excite encore son appétit. Par où l’on
516 bitants d’un village avaient prise vivante, et qu’ ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’il
517 aient prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, ell
518 te, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, elle mangea tout, e
519 . Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim
520 lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lu
521 ls pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’ elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèr
522 vait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine, beaucoup plus riche. Là, su
523 lui apporta des quantités énormes de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’av
524 normes de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’ elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’avant et encore plus. Les gens
525 encore plus. Les gens voulaient la garder en vie, ils aimaient leur baleine, mais ils ne savaient plus comment la satisfair
526 la garder en vie, ils aimaient leur baleine, mais ils ne savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent
527 ne savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : N
528 faire. À la fin, ils lui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute la nourrit
529 ui demandèrent : Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit
530 : Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’aurez donné cent fois et mille fois plus, j’aurai
531 ent fois et mille fois plus, j’aurai encore faim. Ils lui dirent : Que veux-tu donc ? et elle dit enfin : Je veux Dieu ! Ce
532 core faim. Ils lui dirent : Que veux-tu donc ? et elle dit enfin : Je veux Dieu ! Cette légende marque le but extrême de tou
533 bsolu, le Tout, la réponse globale et définitive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà de toute réponse partielle, pré
534 — de tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples ani
535 ndiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ ils sont hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de dé
536 en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on
537 lle qu’on imite partout, même quand on la combat. Elle est donc encore la plus forte. Pourtant, si on la compare aux autres,
538 sées, présentes ou en formation, on s’aperçoit qu’ elle s’en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des cau
539 succès provisoire des régimes dits totalitaires : ils offrent et imposent des certitudes massives.) Nous, au contraire, en
540 ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’ ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont
541 nt aux sources vives de notre civilisation, et qu’ ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions :
542 ez simple. Prenons l’exemple de l’homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas un juste, pas même un
543 me chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’ il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait êtr
544 pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la
545 s un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
546 un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que
547 té vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et de la sainte
548 e tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et de la sainteté. Dans cet effo
549 de la sainteté. Dans cet effort sans fin ni cesse il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet
550 il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inqui
551 el, mais qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite
552 i sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’ elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi,
553 it qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’ elle est produite par sa foi, c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensui
554 ientifique. Celui-ci lit l’histoire des sciences. Elle lui fait voir que toutes les « vérités » qu’établissent les écoles su
555 core — pour s’approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en la raison et l’expérience vérifiante.
556 nquiétude perpétuelle, dont vous venez de voir qu’ elle est déterminée par les deux forces principales qui ont produit notre
557 tant de causes de faiblesse et de ruine, semble-t- il . Et pourtant, c’est tout cela qui a fait l’Europe. Et cette Europe a
558 homme. Mais cet homme libéré du travail, que va-t- il faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ? Problèm
559 e. C’est la technique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des empires
560 atre ou cinq ans. Je cherchais de l’argent, comme il arrive, pour une entreprise culturelle. J’allai voir un industriel qu
561 ir un industriel qui fabrique d’énormes turbines. Il m’écouta, distrait d’abord, puis impatient ; m’expliqua finalement qu
562 était d’abord de lutter contre le communisme, qu’ il confondait, je le crains, avec les réformes sociales. En sortant de c
563 it au xviiie siècle un très grand mathématicien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Alle
564 nd mathématicien. Il s’appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Allemagne, dans une atmosphère très
565 étrée de spiritualité. Influencé par le piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendr
566 piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à t
567 er de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t- il , à temps perdu, les plans d’une machine d’un type nouveau, qu’il bapt
568 du, les plans d’une machine d’un type nouveau, qu’ il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie d’Euler, au milieu culturel de
569 e passe de commentaires. Nulle autre, me semble-t- il , n’était mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacr
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
570 sme règne aujourd’hui sur un tiers de l’humanité. Il agit dans les deux autres tiers non seulement par sa propagande et sa
571 scination de ses mythes et par la terreur même qu’ il exerce. Dans les pays demeurés libres, le développement de l’étatisme
572 uêtes de notre civilisation occidentale, parce qu’ elle s’attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette
573 s une utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la
574 rope est elle-même en grand péril. Les peuples qu’ elle a civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient assuré
575 Les peuples qu’elle a civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’elle a exploi
576 chniques qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’ elle a exploités et opprimés retournent contre elle les idéaux de liberté
577 qu’elle a exploités et opprimés retournent contre elle les idéaux de liberté et d’égalité qui avaient assuré son prestige. L
578 e en perd naturellement le monopole, cependant qu’ elle voit ses valeurs fondamentales menacées, et ses positions économiques
579 lemme En vérité, l’Europe perdra tout cela, si elle persiste dans sa division en une vingtaine de petits États, cause pri
580 ats, cause principale de son présent abaissement. Elle ne pourra survivre, et sauver la civilisation, que si elle s’unit. « 
581 ourra survivre, et sauver la civilisation, que si elle s’unit. « D’ici vingt-cinq ans, disait récemment la reine Juliana, no
582 es qu’on vient de rappeler, et sur les slogans qu’ elles accréditent : « indépendance nationale », « danger allemand », « offe
583 de réveiller un sentiment commun des Européens Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale d
584 urmonter, ou même s’évanouiront dans la mesure où ils consistent en préjugés, aveuglement partisans, méfiances non fondés,
585 r contribuer à ce réveil du sentiment européen Il a commencé par agir dans les domaines de la vie culturelle où il semb
586 ar agir dans les domaines de la vie culturelle où il semblait possible d’obtenir rapidement des résultats concrets. Il a c
587 ible d’obtenir rapidement des résultats concrets. Il a créé une série d’associations et communautés de travail qui fonctio
588 tives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la condi
589 tre comme l’instrument d’exécution des projets qu’ ils pourraient élaborer en commun. ⁂ L’influence des Amis du Centre prend
590 ère condition de l’efficacité du groupe. Celui-ci doit se composer de personnalités très diverses, mais ayant en commun ces
591 els, sociaux, nationaux ou internationaux. Chacun devrait se charger d’une mission précise dans son milieu, en faveur de l’unio
592 n, instrument de diffusion ou d’exécution. Mais s’ il est vrai que les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinaire
593 issaient d’ordinaire isolément, ou deux par deux, ils se sentaient à chaque instant soutenus et obligés par leur appartenan
594 me on le disait au Moyen Âge, à une « religion ». Il faudra donc que les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’à la mi
595 en qui les anime, et par les tâches communes dont ils assumeront la responsabilité. Parmi ces tâches, la création d’une Fon
596 discret, sans statuts ni publicité, c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force.
597 té, c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils ne souhaiteront pas s’em
598 tre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils ne souhaiteront pas s’emparer des esprits, ils voudront au contraire
599 e. Ils ne souhaiteront pas s’emparer des esprits, ils voudront au contraire les réveiller, les animer et les orienter, en v
600 qui est celle de cette génération. La force dont ils auront besoin est certes d’ordre spirituel d’abord, mais toutes les a
601 abord, mais toutes les autres en découlent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile
602 les autres en découlent, quand elle est là, et qu’ elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véri
603 coulent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritable et du se
604 personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et adjurations passionnées, ni par
605 ontané de la masse, ni par des textes juridiques. Elle se fera par des hommes qui comprennent que son destin dépend de leur
606 ent que son destin dépend de leur action d’abord. Il faut que quelques-uns au moins relèvent ce défi de l’Histoire. Sans o
607 peuvent beaucoup, et pour un très grand nombre, s’ ils le veulent, s’ils se groupent, et s’ils agissent à temps. x. Roug
608 et pour un très grand nombre, s’ils le veulent, s’ ils se groupent, et s’ils agissent à temps. x. Rougemont Denis de, « 
609 nombre, s’ils le veulent, s’ils se groupent, et s’ ils agissent à temps. x. Rougemont Denis de, « Habeas Animam », Bulle
610 tion suivante : « L’idée naquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’à l’été 1953, et les premiers qui en eurent connaiss
611 connaissance s’y montrèrent aussitôt favorables. Il s’agissait à la fois d’élargir le cercle des amis du Centre européen
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
612 s de la paix. La détente n’a pas d’autre origine. Elle ne résulte pas des intentions vertueuses, ni du degré de sincérité, n
613 a tactique de l’un ou de l’autre des deux grands. Elle ne résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index l
614 ence de Genève, qui n’en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n
615 locs presque également armés — et de cette arme — il ne peut plus y avoir ce que l’on nommait une guerre, mais simplement
616 , des deux côtés du rideau de fer. La détente, si elle est vraie, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est
617 La détente, si elle est vraie, à qui profitera-t- elle  ? Aux échanges culturels que l’Est propose — avec une insistance part
618 ans un vrai libre-échange, c’est le plus fort qui doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’est-ce que la force ? On p
619 aient une preuve de leur faiblesse. Que penser, s’ ils le lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange es
620 eur Quaroni12. Dans un train roulant vers Moscou, il rencontre un procureur général de la Guépéou, lequel lui dit : « Vou
621 n du secret un peu superficielle. Vous estimez qu’ il faut se borner à protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’importa
622 tant. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’ il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte d
623 nage : « Vous rencontrez un étranger de vos amis. Il vous demande pourquoi vous avez l’air soucieux. Vous répondez je suis
624 — « photographiez toutes nos installations ! » — doit trouver son équivalent sur le plan de la culture et de la vie quotidi
625 e Tournons-nous maintenant vers les Européens. Ils vont dire : mais s’il y a détente, n’est-ce pas aussi le ressort de n
626 ’Europe ne dépendent pas de la menace soviétique. Ils seraient à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontièr
627 ères, avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’elle est affaiblie par ses propres bar
628 Si l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’ elle est affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seulement
629 ense, mais son essor social et culturel. C’est qu’ elle est menacée par la révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est q
630 volte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’ elle est sommée par l’Histoire de dépasser le stade des souverainetés abso
631 s occidentaux et leurs satellites intellectuels ? Ils n’ont rien à apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un d
632 ralistes ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils n’ont rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas préten
633 opinion générale de l’Europe. Les gouvernements ? Il est probable qu’ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues d
634 l’Europe. Les gouvernements ? Il est probable qu’ ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce se
635 nts ? Il est probable qu’ils vont s’en charger. S’ il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce serait normal : France-Bié
636 t heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’ il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions d’homm
637 emmes portant moralement l’uniforme du Kominform. Il s’agit de confronter nos conceptions européennes de la vie et de la c
638 de la culture avec une conception totalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos
639 t que créatrices, ni de la culture en général, qu’ ils ne prétendent d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’ils s
640 d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’ ils se distinguent radicalement des dictatures totalitaires. Un dialogue
641 . Si la détente est vraie, un dialogue véritable doit s’instituer entre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’elle est, d
642 uer entre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’ elle est, d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus que
643 t, d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus que jamais l’union morale et culturelle de nos pays, la vol
644 symbolisée par le règne de quelques trusts. Mais il se trouve que les communistes approuvent et favorisent tous les natio
645 ême de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’ il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels
646 a culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doi
647 N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doit donc dire
648 yant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doit donc dire oui,
649 it souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doit donc dire oui, sans réserve, aux offres répétées des Russes. Ces
650 souhaiter une liberté totale d’échanges réels. Il doit donc dire oui, sans réserve, aux offres répétées des Russes. Ces offr
651 une liberté totale d’aller parler chez eux comme ils parlent chez nous — comme M. Ehrenbourg, pendant que j’écris ceci, pa
652 el définit nos propres positions. Un échange vrai doit se produire au niveau de la culture vivante, non des slogans de la pr
653 slogans de la propagande politique. C’est dire qu’ il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est facile
654 gans de la propagande politique. C’est dire qu’il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est facile, et
655 octrine officielle d’ailleurs inexistante — moins ils représenteraient l’Europe réelle.) Du côté soviétique, on sait bien q
656 la faveur d’une telle confrontation, ne seraient- ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anarcho-individua
657 Russes ont leurs idées sur le civisme, et sur les devoirs de l’intelligentsia. Nous jugeons ces idées dangereuses et fausses, a
658 quons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’est- il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au triomph
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
659 ls de musique. Un an plus tard, le secrétariat qu’ ils avaient constitué au Centre, publiait une première brochure contenant
660 uve sa force que dans les réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable d’affronter les lentes et diffi
661 s les réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable d’affronter les lentes et difficiles périodes d’ada
662 es réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable d’affronter les lentes et difficiles périodes d’adaptati
663 iles périodes d’adaptation aux réalités telles qu’ elles sont, sans perdre pour autant son pouvoir d’entraînement au-delà de c
664 le poste de directeur de l’Opéra d’Amsterdam, qu’ il quitte pour se vouer à Genève au développement d’une œuvre « européen
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
665 ées par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’à ce qu’une « détente » moins
666 n nous paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’est pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux éc
667 ccident — et l’Europe de l’Ouest en particulier — devrait s’abstenir de toute initiative dans le domaine culturel, du seul fait
668 ctuels et d’artistes soviétiques, et nous fait un devoir de tout mettre en œuvre, avec une patience inlassable, pour manifeste
669 is échanges tout de même. Échangeons, échangeons, il en restera toujours quelque chose ! ⁂ Ceci marqué, la notion même d’é
670 Ceci marqué, la notion même d’échanges culturels doit être clarifiée. Pour les dirigeants soviétiques, les échanges ont un
671 s formes « d’échanges » sont trompeuses, parce qu’ elles sont à sens unique : volonté d’acquérir sans rien donner, volonté de
672 tion au problème actuel des échanges avec l’URSS. Il sera suivi d’un examen documenté de la situation présente, sur la bas
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
673 s premiers contacts de la Russie et de l’Europe ? Ils se produisent à partir du ix e siècle, quand les Slaves se voient sim
674 ) estime, comme le déclarera Ivan le Terrible, qu’ il doit « non seulement tenir les rênes du pouvoir mais sauver les âmes 
675 stime, comme le déclarera Ivan le Terrible, qu’il doit « non seulement tenir les rênes du pouvoir mais sauver les âmes ». À
676 la pensée et de la religion viennent de Byzance, elles ne se transposent guère qu’en ritualisme de plus en plus rigide et co
677 senta pour la Russie le règne de Pierre le Grand. Il fut « le premier technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’
678 Il fut « le premier technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la pr
679 aniel Defoe, qui écrit sur lui toute une étude, «  il est le self-made-man modèle, un Robinson couronné, dont l’île est un
680 son couronné, dont l’île est un immense empire où il fait triompher la civilisation par des moyens de fortune et en faisan
681 s de fortune et en faisant table rase du passé ». Il apprend les techniques de l’Europe, et les impose à la Russie : celle
682 s longues barbes patriarcales de ses courtisans ; il ordonna à tous ses sujets, à l’exception des prêtres et des paysans,
683 rodies de processions ecclésiastiques, auxquelles il prenait part lui-même et où son vieux précepteur Zotov, coiffé d’une
684 rôle du « très-bouffon et très-ivre patriarche ». Il ne s’agissait pas tant pour lui de transformer l’ancienne civilisatio
685 r impératrice sous le nom de Catherine, en 1724. ( Elle sera la « Catherine le Grand » du prince de Ligne et l’idéal des ency
686 e ne la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’ elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore une
687 répondent aux chinoiseries du temps de Louis XV. Il est en fait impossible d’imaginer le xviii e siècle européen sans ce
688 » où règne la correspondante des encyclopédistes. Il est clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et
689 encore grand-chose à l’étranger, qu’aux succès qu’ il obtient sur le champ de bataille… L’histoire des deux siècles qui su
690 de ce côté certaines acquisitions territoriales, elle désire surtout s’approprier ses techniques, ses arts, ses connaissanc
691 ier ses techniques, ses arts, ses connaissances ; il suscite en elle une curiosité plus ou moins intelligente, plus ou moi
692 ques, ses arts, ses connaissances ; il suscite en elle une curiosité plus ou moins intelligente, plus ou moins féconde ». Qu
693 nte, plus ou moins féconde ». Quant à l’Occident, il se jette sans trop y réfléchir à la conquête culturelle de la Russie.
694 fut conservé le ballet classique à une époque où il s’étiolait complètement dans ses pays d’origine, la France et l’Itali
695 que fut l’apport de l’Occident dans la vie russe, il faut y distinguer deux influences particulières, les plus puissantes
696 e les notes de ses carnets intimes chaque fois qu’ il s’agissait de mettre quelque clarté dans des idées abstraites. Mais
697 l’Europe, non point la Moscovie, est son passé. Il est le légataire de ses trésors les plus précieux, de ses souvenirs l
698 ropéen la patrie spirituelle de la Russie future. Il lit les grands poètes occidentaux afin de les acclimater dans cette c
699 n de les acclimater dans cette contrée nouvelle ; il se pénètre du génie de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de
700 te, pour les hautes régions de la vie nationale ; elle n’a pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des s
701 lution spirituelle déclenchée par le romantisme ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’a rien désavoué de son hérit
702 éclenchée par le romantisme ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’a rien désavoué de son héritage. La musique russ
703 mantisme ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’a rien désavoué de son héritage. La musique russe à partir de Glink
704 son héritage. La musique russe à partir de Glinka doit plus à la musique occidentale (surtout postérieure à Beethoven) qu’au
705 la chrétienté orientale. Or, tout cela n’est pas à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté essentiell
706 et comme rajeunie par l’apport neuf de la Russie. Il n’y a pas, depuis cinquante ans, dans les lettres européennes, de nom
707 es créations de la culture russe, ce n’est pas qu’ elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dostoïevski : « N
708 n’est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’ elle s’y retrouve. Dostoïevski : « Nous autres Russes avons deux patries,
709 ie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons que l’idée
710 tre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la
711 rs de plâtre jaune paille, airelle ou vert d’eau. Il est vrai que lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits
712 celui des occidentalistes et des slavophiles : or il est entièrement centré sur le rôle de l’Europe en Russie. En 1836, u
713 vue de Moscou sa première Lettre philosophique où il mettait en doute la logique intérieure du développement national de l
714 dent. Ses vues sur l’avenir étant plutôt sombres, elles aussi, le tsar s’en émut au point de statuer que l’auteur était un al
715 usé les tendances générales de la Russie moderne. Il désirait la voir, non pas moins, mais plus européenne — ou plutôt plu
716 nne — ou plutôt plus strictement occidentale — qu’ elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’e
717 le — qu’elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’envergure dans le camp des occidentaliste
718 nts de la vie sociale et culturelle de la Russie, il fallait les chercher, selon eux, dans la foi chrétienne, telle que le
719 d’origine nettement et exclusivement germanique). Ils dépréciaient l’œuvre de Pierre Ier, n’y voyant que son aspect destruc
720 s du camp adverse et déclencha des polémiques qui durent encore. Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversa
721 et culturelle : « La logique de l’histoire, écrit- il , prononce sa sentence contre la vie spirituelle de l’Europe occidenta
722 irituelle de l’Europe occidentale. » L’Europe, qu’ il découvre pendant son exil, lui paraît être « au bord de la perdition
723 est pas « libérale » au sens occidental du mot. «  Il est très important de répéter que les idées libérales ont toujours ét
724 ibérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’ il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir une
725 une attitude presque étrangère. Sans doute y a-t- il là une lacune, un défaut qui doit les faire tomber dans la confusion
726 Sans doute y a-t-il là une lacune, un défaut qui doit les faire tomber dans la confusion ou dans l’erreur, mais c’est aussi
727 ue à la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’ il s’est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théor
728 sme étrange : L’homme descend du singe, donc nous devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cette intel
729 eidlé) dont se nourrira la révolution russe. Mais elle les transformera en les assimilant. Elle les purifiera de tout libéra
730 se. Mais elle les transformera en les assimilant. Elle les purifiera de tout libéralisme, les poussera à leurs conséquences
731 u les rendra si religieusement intransigeantes qu’ elle aboutira à un véritable obscurantisme rationaliste (ou matérialiste).
732 cette intelligentsia russe des années 1860-1870. Il définit « ce désir si authentiquement russe de trouver une conception
733 laquelle on réponde à toutes les questions… » Et il ajoute : La science — c’est-à-dire les sciences naturelles — sera po
734 ure, stupidement exercée par des bureaucrates, si elle conduit Dostoïevski en Sibérie, Tchaadaïev dans un asile de fous, et
735 fous, et les penseurs politiques en exil20, et si elle contraint les idées sociales à se réfugier dans la littérature — fais
736 à l’aveugle et commet des bévues ridicules, mais il en existe une autre, plus redoutable encore, exercée par entente taci
737 n, imposait le silence, mais du moins n’ordonnait- elle pas aux professeurs ce qu’ils avaient à enseigner. » L’éclipse du
738 moins n’ordonnait-elle pas aux professeurs ce qu’ ils avaient à enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor culturel
739 lettres et des arts de l’Occident, jamais n’y a-t- il autant voyagé, jamais les traductions des poètes, des romanciers, des
740 étaient passionnément admirés en Russie alors qu’ ils étaient encore à peine connus en France, tandis que la peinture et la
741 âtrale de l’Occident. Mais voici l’été de 1914 : il surprend la Russie dans un état de malaise social et spirituel profon
742 exilés fut grande chez les dirigeants tsaristes. Elle est loin d’avoir disparu chez les dirigeants soviétiques. Ceux-ci son
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
743 Que s’est- il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu donner
744 des idées, le libre-échange des personnes » et qu’ ils estiment que cela répond « au désir naturel des hommes de se connaîtr
745 tion dans les capitales respectives… Tout citoyen devrait y avoir librement accès. » 3. Publication et distribution « aux insti
746 que des émissions de nouvelles et d’informations… devrait être supprimé. » 9. « …échange mensuel d’émissions de radio traitant
747 r à quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à quel point… tout le travail de no
748 ables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut donc nommer un comité d’experts pour convoquer une nouvelle conf
749 dans les échanges commerciaux ; pour la culture, il propose : d’organiser des conférences de spécialistes (technologie, a
750 uant au projet déposé au nom des trois ministres ( il s’agit des 17 points)… il contient une série de propositions qui cons
751 om des trois ministres (il s’agit des 17 points)… il contient une série de propositions qui constituent une tentative de s
752 délégation soviétique ne peut dire qu’une chose : elle ne peut pas accepter pour examen des propositions de ce genre et les
753 positions de ce genre et les considère déplacées. Il a été dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique a
754 socialisme et de démocratie populaire… Que faut- il donc faire ? S’entendre sur « certaines indications essentielles » te
755 e l’autocratie. Mais je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter une combinaison arbitraire des deux parce que, tout simpleme
756 n arbitraire des deux parce que, tout simplement, elle arrange le gouvernement soviétique. (16 novembre) : Je m’inquiète
757 gênée par l’échec de cette conférence… N’y aurait- il pas quelque vérité dans ces mots frappants que j’entendais l’autre jo
758 ranlé si le peuple était librement informé, comme il l’est ailleurs… (15 novembre) : Je regrette d’être obligé de const
759 processus (d’échanges) désormais en cours, même s’ il doit rester lent et inégal, puisse être aisément renversé. Tableau
760 cessus (d’échanges) désormais en cours, même s’il doit rester lent et inégal, puisse être aisément renversé. Tableau récap
761 Non ae. Rougemont Denis de, « Que s’est- il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture : « Eur
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
762 ussion publique et privée : cela reviendrait pour elle à accepter le point de vue spécifique de l’Occident, c’est-à-dire à t
763 tale » était admis par les interlocuteurs russes, il n’y aurait plus de dialogue Europe-URSS à proprement parler, car les
764 lement leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’ il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très partic
765 ime. Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particulière du dialo
766 ouvrir les bases, si étroites et précaires soient- elles . Nous éliminerons par principe toutes les propositions qui pourraien
767 it dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’ il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiellem
768 s nous voyons aussi qu’il est hors de question qu’ elles puissent être acceptées même partiellement par les dirigeants soviéti
769 elles et selon la logique de leur dogme d’État. S’ ils nous demandaient de leur envoyer des délégations d’écrivains désignés
770 n’existe chez eux, officiellement tout au moins. Il faut donc trouver autre chose, imaginer d’autres formules d’approche,
771 r que la chose demeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut sembler que toute espèce de dialogue réel soit exclue par de tel
772 emlin eux-mêmes est également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratiquement, quelque chose peut encore (ou
773 encore (ou déjà) être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes o
774 resse et la propagande dans l’un ou l’autre camp. Ils sont de trois types différents : — séminaires restreints réunissant d
775 modifications et de mises au point éventuelles : il s’agit d’hypothèses de travail, non pas d’un plan rigide à prendre ou
776 ossibilité a toujours existé en Europe. Pourtant, elle ne pouvait se réaliser avant que du côté russe également on la déclar
777 liait il y a peu de mois un article23 dans lequel il annonçait qu’en vertu de l’esprit de Genève, l’extension des liens cu
778 olokhov ajoutait : Les écrivains du monde entier devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes,
779 ns avoir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je
780 cette table ronde, dans l’esprit de Cholokhov, ne devrait pas réunir seulement des Russes et des communistes occidentaux (c’est
781 t déjà fait, d’une manière très « solide », comme il l’indique) mais bien des Russes et des non-communistes. Acceptant san
782 entant chacun qu’eux-mêmes et leur œuvre propre. ( Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur go
783 uvre propre. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouvernement, conformément aux principes en v
784 ncontre, chaque partie proposerait deux sujets qu’ elle souhaiterait voir traités par l’autre partie, et deux sujets qu’elle
785 oir traités par l’autre partie, et deux sujets qu’ elle souhaiterait traiter elle-même, soit huit en tout. Après élimination
786 ’une ou l’autre partie (ou des doubles éventuels) il faudrait arriver à six sujets. Chacun serait alors introduit par un r
787 l’écrivain dans l’autocritique (de la société où il vit, qui le publie et le lit). 3. Condition de l’écrivain et puissanc
788 issances d’argent. (L’écrivain européen souffre-t- il de ces puissances ? dans quelle mesure ? L’écrivain soviétique en est
789 dans quelle mesure ? L’écrivain soviétique en est- il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérésie.
790 n soviétique en est-il libéré ? À quel prix ?) 4. Devoir d’orthodoxie et droit à l’hérésie. (Dans les œuvres des écrivains, no
791 e chacun pense de ses portraits par l’autre. Faut- il favoriser ce genre littéraire ? Si oui, comment l’améliorer ?) Tous c
792 liorer ?) Tous ces sujets sont « brûlants », mais ils nous semblent ménager une mesure d’accord assez large pour que la mes
793 pourraient être organisées en dehors des séances. Il n’est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer
794 iterions au moins savoir : 1. pourquoi et en quoi ils sont jugés inacceptables ; 2. quels seraient les sujets jugés accepta
795 qu’un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’ il répondrait au désir exprimé par un très grand nombre d’intellectuels
796 certaines manifestations officielles25 ; parce qu’ il permettrait des contacts humains directs, loin de toute publicité et
797 uite libres de toute démagogie obligée ; parce qu’ il donnerait aux uns et aux autres l’occasion de repenser leurs certitud
798 t de mieux juger de leurs implications ; parce qu’ il obligerait les participants à réviser certains de leurs préjugés, et
799 ainsi recueillies et publiées, les conclusions qu’ il lui plairait. Équipes de recherches médicales.— Une formule analogue
800 ntive, etc.) de la biologie et de la psychiatrie. Il est clair que la participation, déjà acquise, de délégations de savan
801 rites sur des pancartes ou récitées par un guide. Il en va de même des expositions. Les Soviétiques redoutent à juste titr
802 utions prises de part et d’autre pour empêcher qu’ elles ne se transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvo
803 lus de détails, mais cette précaution de principe devait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à
804 ffet à la définition de la culture soviétique, et il s’agirait de présenter celle-ci aux Européens dans son climat réel et
805 e livres et de revues. Les Soviétiques peuvent et doivent redouter la libre diffusion de nos ouvrages et de nos revues dans un
806 e nos ouvrages et de nos revues dans un public qu’ ils entendent contrôler et éduquer d’une manière bien définie. Mais s’ils
807 ler et éduquer d’une manière bien définie. Mais s’ ils se déclarent favorables au principe des échanges culturels, comment p
808 incipe des échanges culturels, comment pourraient- ils s’opposer à ce que l’on montre, au moins à leur public le mieux trié,
809 À ce que l’on donne à ce public (si restreint qu’ ils le veuillent) une idée précise du nombre et de la qualité de nos publ
810 ent, nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraient faire campagne pour une autre forme de réciprocité, la seul
811 nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraient faire campagne pour une autre forme de réciprocité, la seule possible
812 pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ ils ne répondent en rien aux désirs concrets du peuple russe, ni aux nôtr
813 x désirs concrets du peuple russe, ni aux nôtres. Ils appartiennent à une ère désormais dépassée par l’évolution historique
814 s, fauves, ont tous une caractéristique commune : ils ne savent pas dessiner. » ag. Rougemont Denis de, « Propositions »,
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
815 persé. Quant à la méthode proprement fédéraliste, elle semble s’apparenter également à celle des autorités spécialisées et à
816 rités spécialisées et à celle de la Constituante. Elle préconise, en effet, à l’instar de la première, des unions fonctionne
817 professions), tandis qu’à l’instar de la seconde, elle réclame une solution globale, d’un type bien défini, dont les unions
818 de fédéraliste diffère en esprit des deux autres. Elle ne cherche pas à fabriquer une Europe articulée comme une machine, ni
819 s pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche à construire une union qui serait l’expression organique d’un
820 nt ou d’opportunité, de doctrine ou d’efficacité. Il est impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de mêm
821 . Il est impossible de peser ces raisons parce qu’ elles ne sont pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poid
822 aliser (États-Unis, fédération ou confédération), il resterait à savoir laquelle des trois méthodes a le plus de chances d
823 autre chose qu’on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée des trois méthodes reste la seul
824 par les élites et par les masses. Pour nous donc, il ne s’agit pas de choisir une formule de « relance », mais d’accentuer
825 avec la méthode fédéraliste), mais au contraire, elle nourrit l’ambition de les servir toutes. Nous semons, que d’autres ré
826 el est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’ elle rayonne à nouveau, foyer de liberté et d’invention de l’homme, dans u
827 ion de l’homme, dans un monde qui l’attaque quand elle faiblit, mais ne cesse d’avoir besoin d’elle. ai. Rougemont Denis
828 uand elle faiblit, mais ne cesse d’avoir besoin d’ elle . ai. Rougemont Denis de, « Relance européenne ? », Bulletin du Cen
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
829 de diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous apporte l’expérience de nombreuses années de travail au service
830 ope) puis de l’Unesco (problèmes de la jeunesse). Il assume également la tâche d’organiser et de réaliser le projet d’éduc
831 sen a cessé de remplir au Centre les fonctions qu’ il occupait depuis 1951. Le nouveau secrétaire général de l’Association
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Après le congrès de Trieste (février 1956)
832 « européanisation » de l’enseignement supérieur. Ils ont décidé la création d’une Association des universitaires d’Europe,
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
833 ur d’eux à Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils ont promis leur appui réclame en effet la collaboration de toutes les
834 s forces de bonne volonté disponibles en Europe. Il est trop clair qu’elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombr
835 onté disponibles en Europe. Il est trop clair qu’ elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont cons
836 sacrer leur volonté européenne et l’autorité dont ils disposent. an. Rougemont Denis de, « Une initiative des sénateurs
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
837 u sujet de notre numéro spécial de décembre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du
838 les de presse favorables à nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant, citons quelques informat
839 une exposition d’art français organisée à Moscou. Il se déclare surpris par « l’uniformité de la peinture soviétique » (Fr
840 idèrent Cézanne comme le début de la décadence ». Ils sont très hostiles à Picasso et Matisse. Indifférents aux qualités pl
841 lon la Gazette de Lausanne du 25 décembre 1955, il pourrait ajouter à la poétesse de huit ans les jeunes Russes de 4 à 1
842 e… Depuis huit ans, la sagesse prédomine, et avec elle la froideur des bons élèves. » ⁂ L’opéra célèbre du compositeur améri
843 Imprimée aux États-Unis, libre de toute censure, elle tire à 50 000 exemplaires distribués au public par les services offic
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
844 organes juridiques, économiques et politiques que devra se donner l’Union ne sauraient fonctionner au bénéfice des personnes,
845 bénéfice des personnes, groupes et nations, que s’ ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit êt
846 és et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être
847 désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générat
848 mais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations.
849 d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rend
850 pression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de
851 doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’
852 être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europ
853 mmédiates du Centre européen de la culture — dont elle demandait la création — serait « d’entretenir le sentiment de communa
854 é à servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose de situer le problème d’une éducation pour l’Europe. Histo
855 er de l’éducation occidentale au cours des âges : il n’existe pas, à notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation
856 ances actuelles, d’un point de vue supranational. Il en résulte que le grand public voit très mal le problème éducatif dan
857 mble et dans ses contextes sociaux et politiques. Il en vient à s’imaginer que l’École actuelle aurait existé « de tout te
858 le actuelle aurait existé « de tout temps » et qu’ elle suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent à c
859 qu’elle suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’ elle n’a guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme 
860 ucation) qui essaient de subvenir à ses carences. Il était nécessaire de rappeler succinctement ces données générales du p
861 s de notre tentative, en tenant compte du fait qu’ elle est la première de son espèce. at. Rougemont Denis de, « À pied d’
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
862 des Européens (avril-mai 1956)au av Existe-t- il une conception spécifiquement européenne de l’éducation ? La quest
863 La question n’est nullement « académique ». Car s’ il existe une telle conception spécifique, on voit tout de suite qu’elle
864 e conception spécifique, on voit tout de suite qu’ elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Faire l’
865 ception spécifique, on voit tout de suite qu’elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Faire l’Europe,
866 cette fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même « européenne ». Précisons cela par une rapide comparai
867 aux rites, au sacré social, tend à disparaître ; elle est remplacée par une instruction autant que possible neutre, c’est-à
868 pourrait appeler un conditionnement des réflexes. Il s’agissait de forcer l’individu à imiter exactement les conduites pre
869 rsonnelle va dans le sens contraire. À l’extrême, elle tend à libérer l’individu des conformismes, pour le mettre en mesure
870 ité du danseur, devient alors erreur ou impiété : elle frappe de nullité le rite. En Europe, au contraire, il est courant qu
871 appe de nullité le rite. En Europe, au contraire, il est courant que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’il veut lo
872 nt que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’ il veut louer : « Bon travail, idées originales et style personnel. » En
873 la libertaire — n’est peut-être qu’un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal directeur d’une éducation méritant d’ê
874 cessera d’y tendre. Deux extrêmes, et comment ils se rejoignent : USA et URSS Dans les prolongements de l’Europe à l
875 alement s’exagérer jusqu’à la caricature de ce qu’ elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du respect de l’individu triomph
876 plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’ il n’a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais
877 en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’ il n’a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement ten
878 l’intelligence, de la mémoire et de l’attention. Elles ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect,
879 ’effraye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les empêche de jouer avec lui comm
880 qu’un maître les empêche de jouer avec lui comme il leur plaît… L’idée générale est la suivante : si un texte est trop di
881 lus nombreuses, et l’on peut craindre qu’à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit une dégradation
882 re bénéfice, même pas l’élève le plus ignare, car il voit son ignorance acceptée comme la norme ! Quant aux plus intellige
883 tée comme la norme ! Quant aux plus intelligents, ils trouvent de moins en moins d’incitations à se surpasser (challenge) d
884 ent de publier aux États-Unis28. Le diagnostic qu’ elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la so
885 ais précisons : si la formation intellectuelle qu’ elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend p
886 ersonnalités complètes et socialement adaptées ». Elle se substitue presque totalement à la famille, prenant l’enfant dès 3
887 spécialité : l’élève n’a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de cours de culture générale (s
888 gé bien sûr, capricieux comme la mode, mais comme elle , contraignante pour l’esprit. La voie européenne Ces deux repèr
889 enne Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquo
890 quilibre nécessaire, d’une voie médiane, ou comme il me paraît préférable de dire : d’une mise en tension permanente, d’un
891 cter l’individu, c’est voir en lui la personne qu’ il peut devenir s’il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’acco
892 ’est voir en lui la personne qu’il peut devenir s’ il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’accomplir. Le former,
893 ement européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsabl
894 ables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et d
895 c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils
896 idus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est
897 à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type
898 e ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’homme en équilibre dynamique qui
899 es Pour former cet homme libre et responsable, il ne suffirait pas de juxtaposer une éducation libre et un dressage aut
900 té ne peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l’autre et dans leur existence simulta
901 ser, plus on les dénature et les rend illusoires. Il en résulte que toute éducation pour la liberté manquera son but si el
902 ute éducation pour la liberté manquera son but si elle n’est pas en même temps et du même mouvement une éducation du sens de
903 ducation du sens de la responsabilité. Ceci posé, il faut bien constater que, pratiquement, la société occidentale du xxe
904 e formation ne peut réussir que dans la mesure où elle vise en même temps à rendre libre.) L’individu se sent perdu dans
905 ’individu se sent perdu dans la société actuelle. Il n’arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir av
906 ciété actuelle. Il n’arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec quelques chances de succès. Il
907 n’arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec quelques chances de succès. Il se juge trop petit
908 il pourrait agir avec quelques chances de succès. Il se juge trop petit devant des forces trop grandes, et au surplus trop
909 es. « Qu’est-ce que je peux bien y faire ? », dit- il , quand il a constaté que tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-
910 st-ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-Ouest, la
911 arts sa liberté, sa prospérité et sa vie même… Et il est vrai que toutes ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — so
912 ailleurs — sont pour lui autant de mystères, dont il ne connaît le nom, la puissance alléguée et le danger supposé que par
913 alléguée et le danger supposé que par la presse. Elles se passent loin de lui, il ne peut les comprendre, son sens critique
914 que par la presse. Elles se passent loin de lui, il ne peut les comprendre, son sens critique reste sans prises sur elles
915 mprendre, son sens critique reste sans prises sur elles . Comment détecter leur action dans son existence quotidienne, comment
916 ent la vérifier et la combattre dans le milieu où il peut agir ? Si par hasard il constate leur présence dans le rayon de
917 re dans le milieu où il peut agir ? Si par hasard il constate leur présence dans le rayon de sa vie concrète — mettons l’a
918 gmentation du chômage, un ordre de mobilisation — il a peine à les reconnaître telles qu’il se les imaginait et telles que
919 lisation — il a peine à les reconnaître telles qu’ il se les imaginait et telles que la presse les décrit. Les réalités qu’
920 telles que la presse les décrit. Les réalités qu’ il perçoit n’ont rien de commun avec les grandes fictions qu’il redoutai
921 n’ont rien de commun avec les grandes fictions qu’ il redoutait, ou qu’il souhaitait, sur la foi de son journal et de ses p
922 avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou qu’ il souhaitait, sur la foi de son journal et de ses principes. Mais voici
923 mesures techniques beaucoup moins claires. Comme il est d’une famille « qui a toujours été de droite », ou d’un milieu so
924 qui ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famille ou ce milieu, il votera gauche ou
925 est en révolte contre cette famille ou ce milieu, il votera gauche ou droite au nom de ses origines ou contre elles — alor
926 gauche ou droite au nom de ses origines ou contre elles — alors qu’il s’agit d’élire un député qui devra, lui, voter sur des
927 au nom de ses origines ou contre elles — alors qu’ il s’agit d’élire un député qui devra, lui, voter sur des problèmes nouv
928 elles — alors qu’il s’agit d’élire un député qui devra , lui, voter sur des problèmes nouveaux, qui lui échappent d’ailleurs
929 de meneurs d’hommes, d’activistes, d’initiateurs. Ils leur inculquent une conception du monde, ils leur donnent une explica
930 urs. Ils leur inculquent une conception du monde, ils leur donnent une explication « infaillible » de tout ce qui se passe.
931 du moins le militant communiste a le sentiment qu’ il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une éd
932 litant communiste a le sentiment qu’il sait ce qu’ il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une éducation vérita
933 ant communiste a le sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une éducation véritable,
934 e sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et qu’ il fait quelque chose de réel. Une éducation véritable, préparant le jeu
935 nir responsable (au sens le plus actif du terme), devrait se donner pour but d’informer ce jeune homme au sujet des réalités du
936 homme au sujet des réalités du monde dans lequel il vit, et dans lequel il se prépare à courir son aventure individuelle.
937 lités du monde dans lequel il vit, et dans lequel il se prépare à courir son aventure individuelle. Elle devrait lui ensei
938 il se prépare à courir son aventure individuelle. Elle devrait lui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’est formée
939 prépare à courir son aventure individuelle. Elle devrait lui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’est formée sa civi
940 tent ou agissent à son échelle, dans le milieu qu’ il connaît ou qu’il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut ag
941 à son échelle, dans le milieu qu’il connaît ou qu’ il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut agir ou réagir, sur
942 u qu’il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut agir ou réagir, sur quels points, avec quels moyens à sa portée,
943 uels points, avec quels moyens à sa portée, ou qu’ il pourrait aider à développer. Pourquoi l’Europe ? Tant que ce tr
944 e travail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pa
945 ommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’à partir du moment où ils a
946 nion comme une nécessité qu’à partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans u
947 eine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’ elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ;
948 citoyens qui feront et vivront notre fédération. Il va de la réalité mondiale à celle de la commune et de l’individu. Mai
949 la partie au tout, n’est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeu
950 ales. Car celui qui aura pris conscience de ce qu’ il peut faire dans son rayon découvrira bientôt, en agissant, les liens
951 nts de pensée plus généraux. De proche en proche, il comprendra par expérience que son sort et celui de ses voisins dépend
952 , ces structures et courants deviennent visibles. Il pourra prendre enfin, à son échelle, des décisions qui auront un sens
953 nt possible au-delà de son horizon. Découvrant où il peut agir, il agira et entraînera les autres ; il deviendra lui-même
954 -delà de son horizon. Découvrant où il peut agir, il agira et entraînera les autres ; il deviendra lui-même éducateur. Or
955 il peut agir, il agira et entraînera les autres ; il deviendra lui-même éducateur. Or ce sont ces seuls responsables qui v
956 l’intègre d’une manière active dans le milieu où il peut agir. Où l’Europe devient une patrie Cette orientation gén
957 prend toute la place, aux dépens de l’éducation. Il convient donc de se tourner vers l’Éducation populaire, c’est-à-dire
958 t directement la vie de l’habitant. Ces exemples, il s’agit maintenant de les présenter aux auditeurs d’un cours du soir,
959 umain aux horizons plus vastes, un grand espoir ! Elle n’est plus un slogan politique et abstrait, mais une aventure personn
960 reprenants : ceux qui attendaient un but digne qu’ ils s’y dévouent, et qui demain voudront l’Europe comme leur avenir. 2
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
961 utes futaies, les pelouses et le ciel. Et souvent ils nous disent : « C’est trop beau ! Comment peut-on travailler dans ce
962 ce bulletin ? À l’approche du temps des vacances, il est bon de se retourner vers les mois de travail qu’on vient de vivre
963 les commandes. Le programme du Centre est connu : il suffit de lire les premières lignes de notre page de couverture, au d
964 llaborateurs formant l’équipe actuelle du Centre. Il faut d’abord diagnostiquer les besoins réels de l’Europe, les confron
965 s, et concevoir des solutions pratiques. Ensuite, il faut chercher les hommes que tel ou tel problème devrait intéresser,
966 faut chercher les hommes que tel ou tel problème devrait intéresser, les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’est pas
967 pour un atlas économique et culturel de l’Europe. Elle a décerné des bourses importantes à cinq jeunes compositeurs… Toutefo
968 eu, au regard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effective des résultats ! Conférences pédagog
969 s en cours, rien n’est plus naturel et banal ; qu’ ils soient satisfaisants, d’une manière relative, au regard des moyens do
970 nsons peut-être pour la première fois. Mais ce qu’ il n’est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches ass
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
971 nève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a décidé de ne pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaie
972 opéenne des guildes et clubs du livre. Encore qu’ il dise tout l’essentiel dans le peu d’espace réservé aux nouvelles de c
973 é, le Prix atteignit parfaitement ses objectifs : il révéla deux talents neufs, permit la traduction des deux romans en un
974 Prix. Aujourd’hui, les circonstances ont évolué. Il devient presque difficile, pour un débutant, de passer inaperçu des é
975 ncore inédits mais déjà acceptés par un éditeur — ils étaient admis cette fois-ci par le règlement modifié, et ce furent de
976 aient le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orienter vers une solution a
977 par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orienter vers une solution analogue à celle adoptée par la Fondatio
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
978 grand défi que nous adresse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’est pas lancé par quelques Français à d’autres,
979 même, comme le dit « la berceuse conservatrice ». Elle ne se fera que par une mutation profonde et brusque des esprits, car
980 eur dire « que l’Europe est une idée violente ». ( Il ne s’agit pas d’une violence physique, on l’entend bien.) Ce livre de
981 ne violence physique, on l’entend bien.) Ce livre devrait être lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’inst
982 nagers d’institutions inter- ou supranationales : il est bref, il remplace avec bonheur les développements par les formule
983 itutions inter- ou supranationales : il est bref, il remplace avec bonheur les développements par les formules paradoxales
984 les développements par les formules paradoxales, il est plus agressif qu’il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d
985 les formules paradoxales, il est plus agressif qu’ il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), en
986 (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin il doit porter : modifier son lecteur, brusquer ses préjugés tout en le
987 l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin il doit porter : modifier son lecteur, brusquer ses préjugés tout en le sédui
988 rait le charbon, que le paysan moissonne son blé. Ils s’en moquent, soit. Chacun d’eux veut seulement pour lui la sécurité
989 a garantie de l’écoulement et la paix, soit. Mais il faudra bien qu’ils sachent un jour que leur modeste revendication per
990 oulement et la paix, soit. Mais il faudra bien qu’ ils sachent un jour que leur modeste revendication personnelle ne peut êt
991 que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ ils n’en demandent pas tant, on devra abattre pour eux quatre-mille kilom
992 ’Histoire. Même s’ils n’en demandent pas tant, on devra abattre pour eux quatre-mille kilomètres de murailles, patiemment édi
993 ine à raser les frontières est au point. Derrière elle , les flots des économies confrontées ne s’entrechoqueront pas plus qu
994 des tonnes de charbon traverser l’océan parce qu’ il en coûte moins cher que de traverser la frontière voisine. Ou encore
995 titutions américaines paraîtront « historiques ». Ils peuvent modeler le régime du xxie siècle, qui fascinera les marxiste
996 ion à conserver ce qui est établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre à l’interrogation morale de notre époque,
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
997 ine. Pourtant le besoin s’en fait sentir partout. Il n’est pas un responsable de « foyer » local, de « Volkshochschule »,
998 tous les organismes poserait plus de problèmes qu’ elle n’en résoudrait. Mais leur offrir des services communs et une inspira
999 Le Bureau fonctionne depuis 1954. Affilié au CEC, il a son siège à Bergen (Hollande) et ses propres statuts. Buts générau
1000 talogue descriptif des organisations existantes ; il réunit des stages d’études dans différentes régions de l’Europe ; il
1001 s d’études dans différentes régions de l’Europe ; il favorise l’échange des expériences acquises ; il fournit aux « abonné
1002 il favorise l’échange des expériences acquises ; il fournit aux « abonnés » du matériel culturel à prix réduit (films, di
1003 it (films, disques, publications, cartes, etc.) ; il organise des voyages et séjours à l’étranger pour ses usagers et pour
1004 nger pour ses usagers et pour des conférenciers ; il envoie sur demande la documentation requise pour l’étude des problème
1005 ise pour l’étude des problèmes européens ; enfin, il publie sous le titre Notes et études un bulletin périodique. ba. R
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
1006 ionaux et locaux, plus ou moins spécialisés. Mais il n’y avait rien qui pût attirer l’attention d’un vaste public sur des
1007 ntention, moins chers et mieux édités que ceux qu’ ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien des raisons
1008 ans le commerce, mais que, pour bien des raisons, ils n’allaient pas y chercher. (Par exemple : entrer dans une librairie,
1009 rte à un très vaste public international. Le prix devait être décerné une seconde fois en 1956, par un jury composé de MM. Hel
1010 ubliés, a donc été soumise à l’étude des guildes. Elle sera annoncée en 1957. 30. MM. Gottfried Benn (Allemagne), Ole Kroy
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
1011 ’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se devait d’anticiper sur cette évolution inévitable, déjà sensible aux USA, ma
1012 ution inévitable, déjà sensible aux USA, mais qui doit être orientée dès le début dans un sens positif et créateur. be. R
42 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
1013 ant devant notre porte et voyant les plaques dont elle s’orne, portant toutes l’adjectif « européen » en lettres d’or sur un
1014 ourpoint : Qu’est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut- il l’unir ? nous n’aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hési
1015 isfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’ il voudrait : toutes les réponses en quelques pages. Quelque chose qui s
1016 ssible. Sa nécessité est inscrite dans les faits. Il s’agit qu’elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf c
1017 cessité est inscrite dans les faits. Il s’agit qu’ elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chapitres conden
1018 us une forme maniable la matière d’un gros livre. Ils résultent d’un travail d’équipe poursuivi depuis plusieurs mois, et s
1019 langue » a fondu sur un peuple européen. Fallait- il interrompre nos travaux ? Renvoyer leur publication à de meilleurs jo
1020 sion, la honte au cœur, ce ne sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’av
1021 des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous apportons ceci, c
1022 notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole
1023 ndre à l’appel qui survit au martyre de Budapest. Il faut absolument faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à no
1024 olument faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fil
1025 otre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à
1026 s le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qu
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
1027 seule politique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préoccuper pour des raisons bien évidentes : l’avenir de notr
1028 ule politique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préoccuper pour des raisons bien évidentes : l’avenir de notre cul
1029 sans de l’union. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre nos peuples
1030 pour empêcher des guerres entre nos peuples — car elles sont devenues pratiquement impensables — mais bien pour que nos peupl
1031 au Moyen-Orient. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n’est qu’un m
1032 the et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être recouvrée au niveau de l’Union. L’aventure franco-anglaise en Ég
1033 des forces mondiales. Chacun voit aujourd’hui qu’ il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et par
1034 pour assurer notre avenir économique, et parce qu’ il n’est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustrati
1035 les méchants, les neutres ou les « agresseurs ». Il dépend du seul dictateur d’un petit pays « sous-développé » que nos v
1036 pendance énergétique. L’atmosphère a changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses progrès au cour
1037 arent, avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’ il n’y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-
1038 l’Europe fédérée a cessé d’être une utopie, et qu’ il s’agit maintenant d’élire une assemblée constituante européenne. Le c
1039 dée d’un parti européen prend corps. Que manque-t- il donc encore pour que l’Europe se fasse ? Pour qu’on cesse d’en parler
1040 cesse d’en parler comme d’un beau rêve, alors qu’ elle est une dure nécessité ? Pour qu’elle balaye les « préalables » imbéc
1041 e, alors qu’elle est une dure nécessité ? Pour qu’ elle balaye les « préalables » imbéciles multipliés sur le chemin de l’uni
1042 lectuel et manque de foi dans l’idéal occidental. Il faut donc persuader nos élites et nos masses que l’Europe reste la pa
1043 s de persuasion les plus insidieux ou brutaux. Qu’ il faille faire l’Europe est maintenant évident. Mais que l’on puisse la
1044 es de succès dans nos différents parlements. Mais il serait insensé de crier victoire. La construction d’une Europe politi
1045 olitique reste à faire ou à reprendre à la base ; elle attend encore sa « relance ». L’opinion bouge, la jeunesse bouge, le
1046 lements restent cois. Suez et Budapest n’auraient- ils pas suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t-il pas
1047 z et Budapest n’auraient-ils pas suffi ? Faudra-t- il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t-il pas moins coûteux de souten
1048 audra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t- il pas moins coûteux de soutenir des efforts constructifs, et de finance
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
1049 taire fut la cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationalisme fomenté par les campagnes napoléonienne
1050 reçues sur l’histoire de son propre pays. Lorsqu’ il aborde ces débats — et 99 fois sur 100, il n’aura même pas l’occasion
1051 Lorsqu’il aborde ces débats — et 99 fois sur 100, il n’aura même pas l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme a déjà
1052 te. Son siège est fait, ses préjugés sont acquis. Il interprétera tout selon ses souvenirs scolaires, devenus pour lui sec
1053 militant d’un parti ou fonctionnaire de l’État — il ira répétant des « vérités évidentes » dont il est loin de se douter
1054 — il ira répétant des « vérités évidentes » dont il est loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou
1055 ités évidentes » dont il est loin de se douter qu’ elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et simple
1056 qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’ elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nation dans laquelle il es
1057 t simples préjugés. Selon la nation dans laquelle il est né et les manuels de son enfance, il se dira contre la CED par cr
1058 laquelle il est né et les manuels de son enfance, il se dira contre la CED par crainte de « l’Allemagne éternelle », contr
1059 re bulletin consacré à l’éducation européenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous conduit aujourd’hui, tout naturel
1060 n européenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous conduit aujourd’hui, tout naturellement, à étudier le problème d
1061 pporteront d’abord des études générales sur ce qu’ il faut faire, puis une série d’informations sur ce qui se fait déjà. No
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
1062 sa partie ouest et de l’URSS dans sa partie est. Elle est menacée de perdre son indépendance. 3. L’idée d’union européen
1063 périté économique. Si l’Europe s’unissait, disent- ils , elle formerait une fédération de près de 430 millions d’habitants, c
1064 é économique. Si l’Europe s’unissait, disent-ils, elle formerait une fédération de près de 430 millions d’habitants, c’est-à
1065 ) et l’URSS (210 millions) additionnés. En outre, il devient évident, à l’époque des armements atomiques et de la techniqu
1066 Haye en 1948, sous la présidence de M. Churchill. Il demanda la convocation d’une Assemblée parlementaire européenne. L’an
1067 s est formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les É
1068 e est né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États qui le composent gardent toute
1069 n leurs ressources de charbon, de fer et d’acier. Ils signent le pacte nommé Communauté européenne du charbon et de l’acier
1070 est connu sous le nom de « Petite Europe », mais il compte au total 165 millions d’habitants, donc autant que les États-U
1071 Afrique dépendant de la France et de la Belgique, doivent venir ajouter leurs vastes ressources en matières premières à ce puis
1072 ’union européenne ne cesse donc de se développer. Il pourrait aboutir à une vaste fédération politique groupant tous les É
1073 semble de l’Europe pour sa prospérité économique. Elle en dépendrait aussi pour sa défense contre une éventuelle attaque ato
1074 st du continent. La Suisse observe fidèlement son devoir de neutralité. Mais cette neutralité a été reconnue « dans les vrais
1075 se est le seul pays intact au centre de l’Europe. Elle connaît une grande prospérité. Mais cette prospérité peut être compro
1076 . Questionnaire 1. Quels pays européens ont- ils été épargnés par la Seconde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers menace
1077 créées depuis 1949 ? 7. Pourquoi la Suisse n’est- elle pas membre des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert-elle seul
1078 des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert- elle seulement les intérêts de la Suisse ? bj. Rougemont Denis de, « L
1079 ière que tous les autres chapitres du manuel dont il forme la conclusion. »
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
1080 age n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part de mesurer le degré d’intérêt porté aux festiva
1081 out ! L’enquête en soi fut donc un franc succès ; elle montre à l’évidence que les problèmes posés par l’existence des festi
1082 l’amateur qui se contente bien de son plaisir. Qu’ il songe pendant quelques instants à la nouveauté même des festivals, à
1083 ique, et je ne dis pas que tous l’entendent, mais il n’y a pas seulement les millions d’auditeurs de la radio et de la TV,
1084 les de l’élite qui la cultivaient autrefois. Mais elle est devenue en même temps un facteur point du tout négligeable dans l
1085 e nation. Alors qu’au xviiie siècle par exemple, elle ne pouvait guère figurer qu’au chapitre de dépenses somptuaires de qu
1086 hapitre de dépenses somptuaires de quelque cours, elle figure aujourd’hui dans la colonne des recettes de l’État (apport de
1087 n des loisirs vont dominer la société de demain ; ils imposent dès maintenant des options importantes tant au point de vue
1088 dre à une approbation unanime de la définition qu’ ils proposaient comme « idéale et normative ». C’est pourtant, à quelques
1089 de joie à Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franc
1090 importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconiens », mais Bayreuth, par
1091 val « consacré » prédispose au frisson wagnérien. Il est bien naturel que les exemples de Salzbourg, de Bayreuth, d’Aix-en
1092 Mais le cadre et l’ambiance, pour nécessaires qu’ ils soient, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le p
1093 iance, pour nécessaires qu’ils soient, ne peuvent- ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage, ou l’esprit d’u
1094 sensible entre les œuvres et le cadre physique où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’est pas créée par la nature
1095 s l’autre, et peut suffire sans l’autre. En fait, elles sont juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci
1096 n que de légères retouches pour mieux indiquer qu’ il existe deux formules également acceptables. Il paraît plus malaisé d’
1097 qu’il existe deux formules également acceptables. Il paraît plus malaisé d’introduire dans la définition la mise en garde
1098 l’élément touristique propre à tout festival, qu’ il se dise d’ailleurs international ou régional. L’insistance sur la qua
1099 r le caractère exceptionnel des programmes ne dit- elle pas d’une manière positive ce qu’une telle mise en garde aurait pour
1100 d’existence matérielle pour les festivals, et qu’ il peut être envisagé, comme l’a fait Enrique Franco, sous l’angle d’une
1101 tre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il importait aux membres de notre Association de formuler les critères q
1102 de notre Association de formuler les critères qu’ ils s’efforcent tous d’observer, chacun pour son compte, et qu’ils voudra
1103 nt tous d’observer, chacun pour son compte, et qu’ ils voudraient défendre et maintenir en commun. D’autre part, devant le f
1104 es manifestations qui se baptisent « festivals », il importait de trouver une base de jugement, permettant au public music
1105 ival » semblait propre à concrétiser le problème. Elle ne pouvait manquer de provoquer les réactions animées et contradictoi
1106 ze voix pour un jury, seize contre (encore s’agit- il plutôt de doutes et de craintes motivées que d’opposition de principe
1107 peut avoir une action. Le seul fait de penser qu’ il pourrait exister peut provoquer chez certains une inquiétude salutair
1108 chez d’autres une confiance en soi renforcée : qu’ ils viennent juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu que l’associa
1109 orcée : qu’ils viennent juger, on verra bien ! Qu’ il soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas position
1110 etc. L’Association n’est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fe
1111 d’être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, mais un syndicat recruteur ou quelque société
1112 sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’ elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse, mai
1113 ence et d’existence entre la musique et l’Europe, il résulte d’une part que s’occuper de l’Europe et spécialement de sa cu
1114 oblèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typique de l’Occident —
1115 nité fondamentale. Unité dans la diversité, — est- il besoin de le répéter ? Saisir ensemble ces deux termes que la logique
1116 e troisième paragraphe de notre questionnaire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ait cherché à le résoudre d’un
1117 ialisé, ne perdent jamais de vue que, ce faisant, ils participent à un ensemble, ils donnent leur note dans un accord plus
1118 e que, ce faisant, ils participent à un ensemble, ils donnent leur note dans un accord plus vaste, ils tiennent leur place
1119 ils donnent leur note dans un accord plus vaste, ils tiennent leur place bien définie dans le « concert européen ». Loin d
1120 grande majorité de nos correspondants suggère qu’ elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les de
1121 suggère qu’elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes les deux. Cela ne résout, bien entendu, aucun
1122 bonne place dans les débats de notre Association. Elles tendent toutes les trois à spécialiser mais aussi, et du même mouveme
47 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
1123 ] (décembre 1957)bm C’est au début de 1958 que doit entrer en vigueur le traité instituant une Communauté économique euro
1124 jourd’hui vient donc très exactement à son heure. Elle succède à un court précis du Marché commun et de l’Euratom (par quest
1125 succincte du contenu des traités et des étapes qu’ ils prévoient dans la marche vers l’union. L’étude de M. Raymond Racine v
1126 C en 1955 et 1956, et dont le recueil des travaux doit paraître prochainement en librairie. Il s’est librement inspiré des d
1127 travaux doit paraître prochainement en librairie. Il s’est librement inspiré des débats et des conclusions de cet importan
1128 ondre à la question suivante : « Que se passerait- il si les frontières économiques étaient supprimées dans toute l’Europe 
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
1129 Le Centre européen de la culture : ce qu’ il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)bn Origines Il
1130 tre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)bn Origines Il y a dix ans exa
1131 e la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)bn Origines Il y a dix ans exactement, au dé
1132 J. H. Retinger débarquait de l’avion de Londres. Il venait proposer à l’auteur de ces lignes de préparer la partie cultur
1133 encontre aux représentants de la culture, afin qu’ ils puissent exprimer un point de vue proprement européen sur les grandes
1134 les fonds, le siège, les hommes et l’expérience. Il n’y avait pas d’espoir de « trouver » l’expérience, cette aventure ét
1135 opéen de la culture. Aidés de deux sténodactylos, ils préparent le programme du Centre, et mettent sur pied la Conférence e
1136 e dans le palais du Tribunal fédéral, à Lausanne. Elle groupe 220 délégués de 22 pays, invités par les comités nationaux du
1137 miers pas dans le concret de l’Europe, nous avons reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises
1138 du point de vue largement européen auquel le CEC doit se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est-il ? Une consta
1139 lacer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est- il  ? Une constatation de fait s’impose : au travers des années les plus
1140 e mission particulière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instruments de trava
1141 articulière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des instruments de travail. Il est
1142 nt des méthodes, créé des instruments de travail. Il est aujourd’hui la plus ancienne institution existante à l’échelle eu
1143 i incomplètes que soient encore plusieurs d’entre elles , mais la séance continue. Regard sur l’avenir Cependant, la sit
1144 qu’un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ
1145 r pour champ d’action la Grande Europe, celle qui doit un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar à l’Oural si possibl
1146 ches coordonnées s’impose à beaucoup d’esprits qu’ elle laissait naguère sceptiques. Comment le CEC envisage-t-il de faire fa
1147 ait naguère sceptiques. Comment le CEC envisage-t- il de faire face aux nouvelles possibilités d’action qui se dessinent ?
1148 ouvelles possibilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient désormais requérir
1149 ent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient désormais requérir la priorité.   1. Regroupement des efforts. La mul
1150 r !), n’est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sourc
1151 ’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de l
1152 e s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expér
1153 services et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du Centre,
1154 . L’Europe n’est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire, tant pour les sciences (économie inclu
1155 urope n’est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire, tant pour les sciences (économie incluse) q
1156 politiques, sociales, morales et philosophiques. Elle le doit pour le reste du Monde comme pour elle-même. Car une fédérati
1157 ues, sociales, morales et philosophiques. Elle le doit pour le reste du Monde comme pour elle-même. Car une fédération de pe
1158 helle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. P
1159 , nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et
1160 ur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culturelle, p
1161 es qui avaient présidé à la création du CEC et qu’ il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles e
1162 qui avaient présidé à la création du CEC et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extéri
1163 ire avec les autres traditions de culture, que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocation, donc o
1164 chaines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’ il a su durer et préparer des voies pour le temps, désormais venu, où la
1165 ples entreprises. Et c’est bien dans cette vue qu’ il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est auj
1166 e qu’il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’ il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain.
1167 croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’ il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 34. Sur les 23 r
1168 qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’ il pourra faire demain. 34. Sur les 23 résolutions de la conférence d
1169 is de, « Le Centre européen de la culture : ce qu’ il fait — d’où il vient — où il va », Bulletin du Centre européen de la
1170 tre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève
1171 e la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va », Bulletin du Centre européen de la culture, Genève, février 1958
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
1172 D’autres vont être lancées en Italie et en Grèce. Elles visent à former des cadres de responsables, civiquement actifs et ani
1173 ucation populaire, rattaché au CEC mais autonome. Il a son siège à Bergen, en Hollande. Sous la direction de MM. Guermonpr
1174 Sous la direction de MM. Guermonprez et Schouten, il a déjà organisé de nombreux stages d’information pour éducateurs et p
1175 période allant de fin 1955 jusqu’en avril 1957 — devait permettre au Centre de développer un projet tout différent : celui d’
1176 ilieu populaire. L’objectif général était double. Il s’agissait d’une part d’expérimenter dans divers milieux sociaux, et
1177 s, les méthodes d’un futur enseignement européen. Il s’agissait d’autre part de déceler et de former de nouveaux responsab
1178 e à une subvention spéciale de la Fondation Ford. Elles ont été prévues méthodiquement dans des milieux aussi variés que poss
1179 e : tant sociaux et nationaux que professionnels. Elles doivent servir de tests et de mises au point concrètes en vue d’une g
1180 nt sociaux et nationaux que professionnels. Elles doivent servir de tests et de mises au point concrètes en vue d’une généralis
1181 Sur les expériences en cours, on comprendra qu’ il ne soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une série
1182 analogues en Suisse, France, Belgique et Italie ; ils devraient être lancés dès la rentrée d’automne 1958. Haute-Proven
1183 ogues en Suisse, France, Belgique et Italie ; ils devraient être lancés dès la rentrée d’automne 1958. Haute-Provence (France
1184 amique abbé Martel, et englobant cinq communes. —  Il a organisé une enquête sociologique sur la région (conduite par le Pr
1185 ministère de la Reconstruction et du Logement). —  Il a procuré des conférenciers, des films, des brochures, et des experts
1186 examiné les premiers résultats. Une monographie, due à M. Yves Laulan, est en cours de rédaction. En 1958, l’action éducat
1187 possibilités d’éducation populaire, et à travers elle , d’éducation européenne dans une ville de 30 000 habitants d’économie
1188 du mouvement « Communita » (comme en Sardaigne), elle a consisté jusqu’ici en cours professionnels et en « jumelages » de l
1189 définir ainsi les tâches précises et l’esprit qui doit les animer. Des possibilités nouvelles sont apparues, notamment en Al
1190 diger le rapport final. D’ores et déjà, pourtant, il faut souligner que notre programme se déroule conformément aux plans
1191 -mai 1956) et L’Europe et l’École (avril 1957). Ils ont été largement répandus dans les milieux touchés par nos expérienc
1192 ève ; Umberto Serafini, Associazione italiana per il Consiglio dei Comuni d’Europa, Rome ; Giorgio Spini, professeur à l’U
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
1193 premier rang, dans autant de pays et de langues. Il s’agissait de convaincre ces éditeurs de former, à cet effet, un pool
1194 et Vienne), Weidenfeld & Nicolson (Londres). Elle discuta les termes d’un contrat d’association, l’élargissement de la
1195 ramme de la collection pour les premières années. Elle décida en outre que le secrétariat du pool — lequel prit le nom d’Edi
1196 mmandés par le pool et déjà en cours de rédaction doivent inaugurer la série des Actualités européennes : Les Dix-Neuf Europes
1197 ment la signature des contrats d’association, qui doit avoir lieu au printemps. bp. Rougemont Denis de, « Pool européen d
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
1198 par les partisans les plus qualifiés de chacune d’ elles , et l’on tentera d’en tirer des conclusions d’ensemble. Un tableau de
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
1199 etit cap a dominé la Terre pendant des siècles, s’ il en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose
1200 cles, s’il en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimpo
1201 s’il en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à se
1202 ons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une génération pour vérifier les résultats d’une entreprise de c
1203 re ; mais nous voyons du moins sur quelles thèses elle se règle, vérifiées par l’usage et toujours plus conscientes. J’en di
1204 ’Europe sans des Européens conscients de l’être : il s’agit donc de les former, et d’abord de les informer. 2. On ne peut
1205 serait vouloir la faire sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre à la culture sa fonction créatrice dans notre s
1206 s » mais bien dans les esprits : c’est donc là qu’ il s’agit de les surmonter d’abord. Former des Européens Pour form
1207 talitaire bien convaincu (communiste ou fasciste, il n’importe, c’est souvent le même « cas » psychologique), il peut suff
1208 te, c’est souvent le même « cas » psychologique), il peut suffire d’un traumatisme provoquant l’adhésion à la violence et
1209 ératrice du moi douteur. Pour former un Européen, il n’est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition
1210 donc jamais conforme à un type collectif, puisqu’ il tient avant tout, en tant qu’Européen, à sa différence personnelle :
1211 auront compris que les solutions aux problèmes qu’ ils se posent impliquent un cadre supranational : ce ne peut être utileme
1212 re optimum se trouve être local ou régional, mais il ne coïncide pas davantage avec les limites d’un État, découpage souve
1213 français d’un côté, allemand de l’autre.) Ensuite il faut offrir à ces hommes compétents l’occasion de travailler ensemble
1214 ssionnelle. D’autre part, s’adresser aux jeunes. Il s’agit de leur ouvrir un champ d’action où le désir d’assumer des tâc
1215 es trouve des chances nouvelles de se satisfaire. Il faut donc leur rappeler — ils le voient bien d’ailleurs — que nos Éta
1216 es de se satisfaire. Il faut donc leur rappeler — ils le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations sont trop petits et
1217 ncer d’agir ; et que l’Europe seule, si toutefois elle s’unit, offrirait un domaine à la mesure du siècle et des ambitions r
1218 ération saura ménager, de l’attention spéciale qu’ elle portera aux meilleurs, des hiérarchies vivantes qu’elle se donnera. S
1219 ortera aux meilleurs, des hiérarchies vivantes qu’ elle se donnera. Seuls jusqu’ici, les communistes ont pris ce problème au
1220 turellement l’impératif européen. Encore faudra-t- il que les initiateurs de rencontres et les animateurs d’entreprises édu
1221 ion européenne qui en tiendra lieu. Bien entendu, il s’agit d’autre chose que de multiplier les comptes rendus de congrès
1222 uivant pas à pas l’événement, mais au contraire : elle se propose de préparer le terrain, d’éclairer les réalités qui compte
1223 scours et leurs appels.) L’information européenne doit avoir pour objectif général d’instruire l’opinion en lui fournissant
1224 es au point objectives et bien documentées. Ce qu’ il faut absolument faire voir au plus grand nombre possible d’Européens,
1225 éjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’ elle se trouve dictée par la conjoncture mondiale et par toute l’évolution
1226 tion moderne avec une rigueur inflexible, sans qu’ elle soit pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ;
1227 oit pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ; mais cette union ne se fera pas d’elle-même ou par l’o
1228 faits qu’une information européenne méthodique se doit de rappeler constamment à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !)
1229 ques, intellectuelles et sociales de l’Europe, si elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’o
1230 Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’ il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses
1231 nglaises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans l
1232 t dans les esprits (non les faits) et c’est là qu’ il faut les combattre en premier lieu. En revanche, les meilleurs atouts
1233 l’Europe sont ceux que lui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les détenteurs actuels des moyens matériels
1234 de puissance aient pris au sérieux ce grand fait. Il ne serait donc pas réaliste d’exposer la méthode culturelle sans défi
1235 ulturelle sans définir la nature des obstacles qu’ elle rencontre, et parfois suscite, dans notre société occidentale. Nous p
1236 es, règne sur un tiers au moins du genre humain ; elle prétend que la force des choses (et non l’esprit) régit les affaires
1237 ux-mêmes de cette doctrine montrent d’ailleurs qu’ ils n’y croient pas absolument, puisqu’ils inculquent par la force le mar
1238 illeurs qu’ils n’y croient pas absolument, puisqu’ ils inculquent par la force le marxisme-léninisme à des peuples entiers.
1239 ce le marxisme-léninisme à des peuples entiers. S’ ils s’inclinaient devant les « faits matériels » — comme les salaires et
1240 ls » — comme les salaires et le pouvoir d’achat — ils devraient conseiller à la classe ouvrière et aux pays sous-développés
1241 — comme les salaires et le pouvoir d’achat — ils devraient conseiller à la classe ouvrière et aux pays sous-développés d’adopter
1242 t, qui croient à la force des choses, dès lors qu’ ils s’imaginent pouvoir combattre des idéologies avec des « faits », et l
1243 le marxisme à coups de valeurs cotées en bourse. Ils professent un parfait mépris pour la pure théorie et les doctrines (t
1244 ns la compétition mondiale du xxe siècle, puisqu’ elle a pour enjeu principal les esprits. Il en résulte que l’éducation et
1245 , puisqu’elle a pour enjeu principal les esprits. Il en résulte que l’éducation et la culture, forces principales de l’Eur
1246 grands capitalistes de l’Europe de l’Ouest, quand ils proclament à chaque discours leur volonté de défendre « la cause de l
1247 volonté de défendre « la cause de la liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront p
1248 tre pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autant d
1249 sacrent à enseigner les principes de la tyrannie. Ils tiennent la culture pour un luxe. Mais c’est elle qui a produit leurs
1250 Ils tiennent la culture pour un luxe. Mais c’est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qu
1251 ue la culture paraît à certains si respectable qu’ ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes n’ont pas ces scrupules-là, i
1252 la payer… Les Russes n’ont pas ces scrupules-là, ils font ce qu’il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parven
1253 Russes n’ont pas ces scrupules-là, ils font ce qu’ il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à pers
1254 nt pas ces scrupules-là, ils font ce qu’il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à persuader le ca
1255 els désormais requis pour l’éducation européenne. Il s’agit, d’une façon précise, de convaincre les détenteurs de ces moye
1256 leurs investissements dans le domaine culturel ne doivent plus être inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mais à celu
1257 a conscience bourgeoise est commencée. Maintenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’avons plus beaucoup de
1258 ontre la montre, nous les résumerons comme suit : elle consiste à fomenter dans tous nos milieux sociaux et professionnels —
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
1259 ient d’exposerbu sont difficilement comparables ; elles se meuvent sur des plans différents. L’une compte sur la vertu d’une
1260 n les risques des quatre méthodes, on découvre qu’ ils se ramènent à une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si l’o
1261 qu’ils se ramènent à une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si l’on tient compte de la conjoncture mondiale) et
1262 l’on tient compte de la conjoncture mondiale) et il faut réussir une Europe digne de ce nom (si l’on tient compte de ce q
1263 r à temps. Trois exemples : 1. Pour bien réussir, il faut préparer le terrain, comme le veut la méthode éducative et cultu
1264 tablir dans six pays seulement. Ce délai nous est- il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que feront d
1265 e exprime l’impatience la mieux légitimée. Mais s’ il lui faut dix ou quinze ans pour convaincre le « peuple européen » qu’
1266 nze ans pour convaincre le « peuple européen » qu’ il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas
1267 européen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’ il est perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude e
1268 il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’ il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude efficace, en pré
1269 e, en présence de ces contradictions, nous paraît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits
1270 araît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits suivants : — chacune des quatre méthodes s
1271 devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregistrer les faits suivants : — chacune des quatre méthodes se jus
1272 s se justifie en soi ; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but comm
1273 n soi ; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun que toutes en
1274 une naïveté d’intellectuel contemplatif, « quand il n’y a rien encore à contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j
1275 fort, dans la tension des maxima contradictoires. Il recherche en tout l’optimum, qui ne peut jamais être obtenu par la su
1276 édéralistes accusent d’antidémocratisme, alors qu’ elle demande l’appel direct au peuple ; enfin une méthode culturelle qui p
1277 béraux et les anticléricaux fanatiques ; alors qu’ ils ont enfin une occasion de trouver la seule voie praticable pour l’épo
1278 lémentarité et de la logique des contradictoires. Elle pourrait être définie par cette formule : les contraires ne s’excluen
1279 utres mouvements. Quant à la méthode fédéraliste, elle apporte à mon sens la seule philosophie politique nouvelle depuis Mar
1280 rofondir et l’illustrer avec autant de passion qu’ ils mettent aujourd’hui à déplorer les « déviations » ou les « excès » de
1281 é politique, l’avenir jugera, c’est entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoin
1282 olitique, l’avenir jugera, c’est entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, par
1283 dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’existent
1284 icacité, comme si nulle autre n’agissait à côté d’ elle ou n’avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête,
1285 tre n’agissait à côté d’elle ou n’avait agi avant elle , mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avouera incapable de so
1286 ’avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’ il est honnête, s’avouera incapable de soutenir les procès en paternité
1287 onstitutionnels » ne les rendra pas plus sérieux. Il me paraît bien plus intéressant de constater la convergence finale de
1288 . On pourrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel qu
1289 les. Cette somme égale zéro dans le meilleur cas. Il n’y a pas de politique européenne. Pour un pacte de salut public
1290 C’est à ce résultat prochain, seul suffisant, que doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, — et les
1291 ité de ces mouvements était peut-être inévitable. Elle ne deviendra fatale — au double sens du mot — que s’ils ne parviennen
1292 deviendra fatale — au double sens du mot — que s’ ils ne parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble et san
1293 e mondiale que les fédéralistes ont maintenant le devoir de se placer. Alors leurs divergences et leurs rivalités apparaîtront
1294 le croient encore — dès l’instant qu’on verra qu’ elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès de Montreux, 1947
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
1295 xte de la construction européenne. De quoi s’agit- il aujourd’hui ? D’un principe à illustrer, dans une situation concrète,
1296 commission désignée pour rapporter sur cet objet devait remettre ses propositions le 1er juillet aux Conseils des ministres.
1297 t les suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons de
1298 définir, en tout état de cause, vos positions, qu’ elles se révèlent conformes ou non aux décisions qui pourront être prises a
1299 écisions qui pourront être prises ailleurs, et qu’ il vous appartient d’influencer, si toutefois vous parlez à temps. Deux
1300 elatif à la création d’une Université européenne, il a été décidé : — de réunir une conférence sur cet objet au mois d’oct
1301 on préparatoire tenue le 9 juin au CEC, à Genève, il a paru nécessaire — sur la foi de nouvelles informations laissant pré
1302 teurs des rapports, qui ont tenu des promesses qu’ ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’était pas le cas. De
1303 ttention ! vous arriverez trop tard ! N’en sera-t- il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt
1304 dre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit aujourd’hui de savoir ce que vous, représentants des Instituts
1305 utez ou souhaitez d’une Université européenne. Et il s’agit que vous vous prononciez sur ce sujet en toute indépendance et
1306 instituts et de vos chaires, si justifiés soient- ils , qu’au nom de votre expérience acquise et de votre foi dans l’union d
1307 ant vous la liste de ses membres et leurs titres. Elle dit assez ce que les instances européennes, saisies du projet qui nou
1308 jet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’attendre de vos résolutions. bv. Rougemont De
1309 sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t- il — d’attendre de vos résolutions. bv. Rougemont Denis de, « [Introd
55 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
1310 s d’abord toute espèce de risques de malentendus. Il ne s’agit pas de former des techniciens de l’européisme en soi. Il ne
1311 de former des techniciens de l’européisme en soi. Il ne s’agit pas non plus d’enseigner telle discipline (la physique, les
1312 ifiquement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’agit pas de former des juristes ou des économistes, par exemple,
1313 exemple, qui seraient dits « européens » parce qu’ ils auraient étudié tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos
1314 usage dans nos pays ou toutes nos économies : car ils ne deviendraient pas plus européens par cette simple addition d’infor
1315 n’a pas besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une
1316 ein duquel se développe cette spécialité, et dont elle se nourrit. 3. Un enseignement supérieur donné au niveau européen de
1317 n enseignement supérieur donné au niveau européen devra donc répondre aux deux exigences suivantes, qui le définissent : a) o
1318 péens spécialisés répondraient à cette nécessité. Ils offriraient ces occasions de prises de contact personnelles avec l’av
1319 des hommes déjà en possession de leur « métier ». Il s’agirait bien moins de cours magistraux que d’entretiens libres, rép
1320 magistraux que d’entretiens libres, répétons-le. Il s’agirait en somme d’une formule comparable à celle des « ateliers »
1321 génieurs, patronné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir à Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux problèm
1322 ra sans nul doute des instituts de ce genre. Mais ils naîtront d’initiatives dispersées. Ils auront à assurer chacun son pr
1323 enre. Mais ils naîtront d’initiatives dispersées. Ils auront à assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en
1324 uront à assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en des points différents de l’Europe, selon les facilités
1325 stituts restaient purement techniques. Mais comme ils prévoient tous — et fort heureusement — des cours généraux, il devien
1326 tous — et fort heureusement — des cours généraux, il deviendra difficile ou impossible de recruter pour chacun d’eux des «
1327 rait mettre en pool les enseignements généraux qu’ ils prévoient. Les séminaires techniques restant distincts (à l’instar de
1328 ropéenne, trouveraient là le lieu de rencontre qu’ ils cherchent, ainsi que l’appareil administratif et la documentation néc
1329 pour des sessions d’études. Conclusions 7. Il nous paraît donc que la solution la plus réaliste des problèmes qui o
1330 duit à évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être envisagée de la manière suivante : 1° création de 4 ou 5 institu
1331   8. Deux problèmes à discuter. I. Un tel Centre devrait être ouvert en principe aux Européens de tous les pays membres de l’O
1332 . Le cas des Espagnols, Yougoslaves et Finlandais devrait être examiné à part. (Ils pourraient être admis comme auditeurs, par
1333 laves et Finlandais devrait être examiné à part. ( Ils pourraient être admis comme auditeurs, par exemple.) II. L’implantati
1334 teurs, par exemple.) II. L’implantation du Centre devrait être étudiée en fonction des facilités matérielles (locaux, communica
1335 ions d’ordre politique, évidemment valables quand il s’agit de choisir une capitale administrative ou le siège d’un futur
1336 le siège d’un futur Pouvoir fédéral européen, ne devraient pas intervenir à l’occasion du choix d’un Centre d’enseignement postu
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
1337 ue, et celui qui exerce un art est un artisan, qu’ il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui exe
1338 celui qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». D
1339 e, et il n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme culti
1340 et il n’est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De même, jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé es
1341 echnique (ce qu’on appelait les Arts et Métiers), elle s’acquérait dans des ateliers, « sur le tas » comme on dit aujourd’hu
1342 ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméables à des valeurs culturelles, de même qu
1343 loppement de la technique ; peut-être même en est- il la conséquence. Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’ai te
1344 a mode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que les esprits créateurs resteront toujours peu nombreux,
1345 nombreux, et relativement isolés. Mais qui sait s’ ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’hier ? Le grand nombre de
1346 te rumeur ou aura dont je parlais tout à l’heure. Il peut certes fausser le sens des valeurs réelles dans le grand public.
1347 grand public. Mais en fin de comptes et au total, il sert le prestige de la culture. Peut-être vaut-il mieux admirer un Ro
1348 il sert le prestige de la culture. Peut-être vaut- il mieux admirer un Robert Oppenheimer pour des raisons qui ont peu de r
1349 évision, le cinéma, le disque et le journal, mais il est certainement permis d’y ajouter le livre, dès qu’il devient assez
1350 certainement permis d’y ajouter le livre, dès qu’ il devient assez bon marché pour permettre de très grands tirages. La gr
1351 r le seul intérêt commercial. Le danger serait qu’ ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils négli
1352 à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ ils négligent le pouvoir qu’ils ont acquis désormais de guider et de stim
1353 succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir qu’ ils ont acquis désormais de guider et de stimuler les goûts du grand publ
1354 st à cet égard la situation actuelle ? Justifie-t- elle le pessimisme à la mode ? Je prendrai tout d’abord l’exemple du disqu
1355 es premiers microsillons ont été consacrés, comme il fallait s’y attendre, surtout à des œuvres dites légères, et générale
1356 sur le succès d’un Tino Rossi, et de redouter qu’ il abaisse le niveau de la culture, il me semble qu’il y a lieu de se ré
1357 e redouter qu’il abaisse le niveau de la culture, il me semble qu’il y a lieu de se réjouir du fait que des compositeurs d
1358 e microsillons en 1954, mais 35 millions en 1957. Il est facile d’imaginer que ces millions de disques ont contribué à pré
1359 de la crise du livre ; je les entends répéter qu’ ils ne peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’aura pas de publ
1360 s ne peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’ il n’aura pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il ne ressemble
1361 ura pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’ il ne ressemble pas aux « succès » que ces éditeurs ont connus jusqu’à p
1362 ès » que ces éditeurs ont connus jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croire, que le public qui lit représente une pet
1363 création de la Guilde du livre de Suisse romande. Il s’agissait de produire des ouvrages de qualité littéraire dans de bel
1364 uant aux éditeurs, absolument hostiles au projet, ils déclarèrent que l’aventure échouerait, ou que si elle réussissait, el
1365 déclarèrent que l’aventure échouerait, ou que si elle réussissait, elle leur enlèverait des lecteurs. Ils vivaient sur le d
1366 ’aventure échouerait, ou que si elle réussissait, elle leur enlèverait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’il n’y ava
1367 e réussissait, elle leur enlèverait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’il n’y avait en Suisse romande (qui compte 1
1368 verait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’ il n’y avait en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas pl
1369 ois en Allemagne — dont la plus prospère réunit à elle seule 350 000 adhérents —, et bien d’autres en Autriche, en Suisse, e
1370 e, en Hollande, en Scandinavie : toutes ensemble, elles ont fait surgir plus de 2 millions de lecteurs nouveaux, ce dont les
1371 libraires classiques ne peuvent que se féliciter. Il convient de signaler également l’extraordinaire succès européen des l
1372 cateurs qui déborde largement le plan commercial. Il faut qu’ils s’en convainquent. Il faut qu’ils comprennent tout d’abor
1373 déborde largement le plan commercial. Il faut qu’ ils s’en convainquent. Il faut qu’ils comprennent tout d’abord quelles po
1374 lan commercial. Il faut qu’ils s’en convainquent. Il faut qu’ils comprennent tout d’abord quelles possibilités de diffusio
1375 ial. Il faut qu’ils s’en convainquent. Il faut qu’ ils comprennent tout d’abord quelles possibilités de diffusion décuplées
1376 oît le pouvoir d’achat des masses ; mais surtout, elle permet de raccourcir le temps de travail à l’usine, et de diminuer la
1377 attitude générale de confiance envers le public. Il faut qu’ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée que le succès n
1378 énérale de confiance envers le public. Il faut qu’ ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée que le succès ne récompense
1379 ense que la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’ils visent plus haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il fau
1380 facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’ ils visent plus haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut qu’ils acc
1381 ulgarité. Il faut qu’ils visent plus haut, puisqu’ ils le peuvent désormais. Il faut qu’ils acceptent à la fois de miser sur
1382 isent plus haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut qu’ils acceptent à la fois de miser sur l’exigence croissante de
1383 haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut qu’ ils acceptent à la fois de miser sur l’exigence croissante des masses et
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1384 Editeuropa (septembre 1959)bz Il est clair qu’on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-o
1385 n nécessaire. C’est donc au Livre et au Manuel qu’ il appartient de combattre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir de
1386 au Manuel qu’il appartient de combattre le mal qu’ ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveill
1387 existait bien avant les nations, et nulle d’entre elles ne saurait lui survivre. Elles peuvent la tuer par leurs rivalités, c
1388 , et nulle d’entre elles ne saurait lui survivre. Elles peuvent la tuer par leurs rivalités, comme elles l’ont déjà presque f
1389 Elles peuvent la tuer par leurs rivalités, comme elles l’ont déjà presque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles
1390 sque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles périraient avec elle. L’avenir de chaque nation du continent se confo
1391 ses dans notre siècle, mais elles périraient avec elle . L’avenir de chaque nation du continent se confond donc avec l’avenir
1392 s d’ouvrages que nous avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été é
1393 acité. De plus, tout ouvrage sur l’Europe veut et doit , par définition, dépasser le cadre national : or il manque en partie
1394 , par définition, dépasser le cadre national : or il manque en partie son but s’il n’est lu que dans un seul pays, en une
1395 cadre national : or il manque en partie son but s’ il n’est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème conc
1396 atteindre vite, et simultanément le public auquel il s’adresse, c’est-à-dire les publics des pays différents dont il expos
1397 c’est-à-dire les publics des pays différents dont il expose les intérêts communs. Quant au problème de l’éditeur, il cons
1398 ntérêts communs. Quant au problème de l’éditeur, il consiste d’abord à découvrir ce qui est valable et neuf dans l’abonda
1399 on national comme les autres travaux spécialisés, il s’agit de créer pour eux un système d’édition et de distribution à l’
1400 de l’édition contemporaine, a lancé le projet qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s’agit d’une association qui
1401 qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s’agit d’une association qui groupe actuellement 8 éditeurs, représen
1402 l’Europe ». La présidence de l’assemblée générale doit être exercée tour à tour, pour un an, par chacun des membres du pool.
1403 secrétariat est assuré par le CEC à Genève43, et il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la charge d’étudier l
1404 et il est entré en fonctions dès l’automne 1958. Il a la charge d’étudier les propositions émanant des membres du pool, d
1405 Collection européenne » dont les premiers volumes doivent paraître au printemps 1960, et s’échelonner à raison de 3 ou 4 par an
1406 se par sa simplicité autant que par sa nouveauté, il n’en va pas de même de son exécution. Il s’agit en effet de choisir o
1407 uveauté, il n’en va pas de même de son exécution. Il s’agit en effet de choisir ou de faire écrire des manuscrits répondan
1408 intellectuelle n’est plus seule suffisante, et qu’ il faut y ajouter l’exigence d’une signification européenne ; tandis que
1409 ndis que, d’autre part, les possibilités de vente doivent exister non pas dans un seul pays, mais dans huit au moins. Tel livre
1410 re excellent en soi, et très « vendable », mais s’ il n’apporte pas de contribution certaine aux buts européens de l’associ
1411 néral, ou impossible à lancer dans certains pays. Il faut tenir compte, en effet, de l’inégalité des huit marchés linguist
1412 d’être une « panne » totale dans tel pays, même s’ il est un succès dans plusieurs autres. D’où la nécessité d’un règlement
1413 de l’association. Pour réelles et inévitables qu’ elles soient, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considéron
1414 ltant d’un lancement international. Peut-être est- il permis d’imaginer que si le pool Editeuropa surmonte avec succès l’ép
1415 feu, celle d’une première année de publications, il pourra contribuer à l’élaboration d’une véritable politique de l’édit
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1416 Fénelon, pourvoyeuse de conseils politiques. Car il voit bien que l’on appelle « hardies ou téméraires, généreuses ou imp
1417 » des actions similaires, selon leur seule issue. Il conçoit l’histoire comme une « psychanalyse collective », comme une p
1418 phie implicite, qui est surtout dangereuse lorsqu’ elle reste inconsciente. » Depuis cent ans, l’enseignement de l’histoire e
1419 te à la fois, que l’historien, selon Brugmans, se doit de répudier d’abord du seul point de vue de la méthode, sans même par
1420 arler des désastreuses conséquences politiques qu’ elle entraîna. Ici Brugmans pose trois questions : Premièrement : Est-i
1421 gmans pose trois questions : Premièrement : Est- il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et, d
1422 rès ? — Deuxièmement : La science historique peut- elle , sans forcer les données dont elle dispose, retrouver l’existence d’u
1423 istorique peut-elle, sans forcer les données dont elle dispose, retrouver l’existence d’une continuité nationale « se perdan
1424 dans la nuit des temps » ? — Troisièmement : Est- il permis de séparer le phénomène national de son contexte général et de
1425 al de son contexte général et de l’isoler comme s’ il était le phénomène déterminant qui, à lui seul, expliquerait l’histoi
1426 exemples frappants, Brugmans montre pourquoi l’on doit répondre non aux trois questions ; il établit que l’Europe est antéri
1427 quoi l’on doit répondre non aux trois questions ; il établit que l’Europe est antérieure à ses nations (qu’elle seule expl
1428 lit que l’Europe est antérieure à ses nations (qu’ elle seule explique et non l’inverse), et il formule les thèses directrice
1429 ons (qu’elle seule explique et non l’inverse), et il formule les thèses directrices d’une interprétation générale de l’Eur
1430 nd commun… Qui veut écrire l’histoire de l’Europe doit commencer par les héritages. » L’auteur en décrit cinq : Rome, les Ba
1431 me. À la triade classique Athènes-Rome-Jérusalem, il ajoute à bon droit l’héritage des Barbares, Celtes, Germains et Slave
1432 sa plus juste perspective par G. de Reynold ; et il distingue plus soigneusement que d’autres l’héritage hébraïque de cel
1433 e pour mieux mettre en lumière la « maturité » qu’ elle prépare, et qu’inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que « l’
1434 formation du Saint-Empire, par exemple, c’est qu’ il est Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se plac
1435 invoqués dans les littératures les plus variées. Il était important que l’on écrive en français une histoire qui situe l’
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1436 t de la première moitié du xixe siècle pouvaient- ils se faire de l’Europe ? C’est à cette seule question, strictement défi
1437 Jakob Burckhardt — et je cite à dessein ceux dont il donne la meilleure analyse — avec la pensée d’un Rousseau, d’un Burke
1438 t plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’ il n’a pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il v
1439 ur mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’ il voulait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’il n’annonçait dan
1440 oulait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’ il n’annonçait dans son titre et dans son sous-titre. L’ouvrage de Gollw
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1441 tal se lit sans un instant d’ennui ou de fatigue. Il nous mène du mythe grec de l’Europe jusqu’au drame de la lutte actuel
1442 ir traduit bientôt dans toutes nos langues (comme il va l’être prochainement en espagnol) ; et qu’une cohorte de chercheur
1443 rope dans ses réalités politiques ou économiques. Il entend seulement nous donner une histoire des prises de conscience su
1444 énaires. Comparé à l’ouvrage de Gollwitzer — dont il s’inspire expressément pour tout ce qui concerne les xviiie et xixe
1445 approfondi dans l’exégèse de chaque auteur, mais il garde le mérite d’être complet : pas un auteur valable ne me paraît a
1446 un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il comble, notamment, une lacune habituelle dans les ouvrages de ce genr
1447 aires à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres précieux, presque exhaustifs, s
1448 ématique, à la Hegel, de l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer, à situer, et par là rendra d’autres serv
1449 que. Les citations sont données en italien, comme il est naturel ; mais leurs références renvoient trop souvent à des trad
1450 nes d’un auteur allemand, etc., de telle sorte qu’ il devient malaisé de se reporter à l’original. D’autre part, l’index fo
1451 iz, etc., etc.) ne sont pas groupés sous V, comme il arrive dans les index américains, mais répartis sous les initiales de
1452 sous les initiales de leur nom de famille, comme il se doit. Vétilles sans doute, mais gênantes dans un ouvrage de référ
1453 les initiales de leur nom de famille, comme il se doit . Vétilles sans doute, mais gênantes dans un ouvrage de référence, pr
1454 . Au reste, l’œuvre de Curcio n’est pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusions, à la hauteur d’un m
1455 la hauteur d’un manifeste européen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir qu’une définition unique et standard de l’Eur
1456 teur d’un manifeste européen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir qu’une définition unique et standard de l’Europe, celle-
1457 e l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’ elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire et une manière de
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1458 irectement, la plupart de ses propres malheurs. » Elle a créé l’idée de l’humanité, de l’universalisme, et en son nom, elle
1459 de l’humanité, de l’universalisme, et en son nom, elle a donné au monde tout ce qu’elle inventait pour elle-même. Elle a don
1460 , et en son nom, elle a donné au monde tout ce qu’ elle inventait pour elle-même. Elle a donné son nationalisme, son idée du
1461 u monde tout ce qu’elle inventait pour elle-même. Elle a donné son nationalisme, son idée du droit des peuples à disposer d’
1462 e, sa technique, son capitalisme et son marxisme. Elle a fait une immense publicité aux secrets de son efficacité. Elle a fa
1463 immense publicité aux secrets de son efficacité. Elle a fait le monde, qui lui renvoie son image déformée, le plus souvent
1464 ’érudition et la documentation — si vastes soient- elles — et cherche à saisir par l’intuition et par la sensibilité aux mythe
1465 réduite elle-même par l’extension des autres, qu’ elle seule a permise, elle n’en demeure pas moins « l’antique matrice spir
1466 l’extension des autres, qu’elle seule a permise, elle n’en demeure pas moins « l’antique matrice spirituelle » de la civili
1467 tique matrice spirituelle » de la civilisation qu’ elle a exportée, et cela n’est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exalt
1468 à ces essais, avec une efficacité extraordinaire. Il importe d’ajouter à cette très brève caractérisation du thème et de l
1469 seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’est- il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne, ait
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1470 ur communauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe en effet
1471 nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe en effet trois méthodes principales pour agir sur l’opinion. L
1472 n, qui est le contraire de la propagande parce qu’ elle développe le jugement, et sans laquelle les meilleures institutions r
1473 as cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut faire de l’Europe. Il faut faire des Européens, conscients de le
1474 : pour faire l’Europe, il faut faire de l’Europe. Il faut faire des Européens, conscients de leurs solidarités dans le pré
1475 ns le passé. Mais pour éveiller cette conscience, il faut aller jusqu’à ses sources collectives : l’École et le milieu loc
1476 orcées en milieu populaire (Val d’Aoste et Grèce) devaient être suspendues par suite de difficultés imprévisibles au départ. ⁂ C
1477 on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’ il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière coll
63 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1478 es minuscules, insignifiantes, jusqu’au moment où il sent qu’elles vont « partir », et qu’on peut les laisser aller vers l
1479 es, insignifiantes, jusqu’au moment où il sent qu’ elles vont « partir », et qu’on peut les laisser aller vers les vastes réco
1480 is, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’ il le trouve, il se rassure, car il saura faire mieux la prochaine fois.
1481 er cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il se rassure, car il saura faire mieux la prochaine fois.) Les moyens l
1482 pourquoi ; et s’il le trouve, il se rassure, car il saura faire mieux la prochaine fois.) Les moyens limités dont nous di
1483 , sommes-nous satisfaits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que certains succès ou échecs ont été obtenus par ac
1484 cette publication, ce qui peut être fait et ce qu’ il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le CEC et son départ
64 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1485 ndez-vous par culture ? — de quelle Europe s’agit- il  ? — pourquoi faut-il un Centre en pareil domaine ? Répondre à ces tro
1486  ? — de quelle Europe s’agit-il ? — pourquoi faut- il un Centre en pareil domaine ? Répondre à ces trois questions, très no
1487 itution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’ elle s’est donnés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’être un mo
1488 CULTURE a la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous n
1489 s. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme
1490 nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’ il fallait prendre position dans le débat, nous dirions que la culture r
1491 actif et créateur de la culture, à faire voir qu’ elle n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. E
1492 on économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ?
1493 a force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son découpage acciden
1494 r lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus grande Eu
1495 travaillons ici pour la plus grande Europe, pour elle seule, à son seul service, conscients de servir du même coup la cause
1496 is — et certains nous l’ont dit expressément — qu’ il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institut
1497 stacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous penso
1498 dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs routines. C’es
1499 ut encombré de barrières et de chicanes périmées. Il s’agit donc d’une part de libérer ses diversités créatrices, en favor
1500 ) que l’on nous pose bien souvent : pourquoi faut- il un Centre, s’il s’agit de culture ? D’une manière générale et dans un
1501 pose bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’ il s’agit de culture ? D’une manière générale et dans une vue théorique
1502 oncret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’ il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d
1503 ional croit avoir ses problèmes uniques, parce qu’ il ignore ceux des autres, et prétend les résoudre seul, en toute ignora
1504 rir son Amérique — quitte à se faire financer par elle , sous prétexte de sauvegarder sa sacro-sainte et fictive « souveraine
1505 viennent de fabriquer la première Bombe, parce qu’ ils étaient ensemble… en Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer
1506 qu’un peu d’esprit de coopération ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée, à la suite des congrès de La Haye et d
1507 coopération ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée, à la suite des congrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l
1508 , en tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’ elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la
1509 lle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la raison d’être de l’institution — pour ceux qui sav
1510 r ceux qui savent, tout au moins ; plus rarement, il est vrai, aux yeux d’un grand public indifférent à la culture. ⁂ En 1
1511 public indifférent à la culture. ⁂ En 1960, faut- il encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’être d’une institut
1512 tion de ce genre n’existe pas en théorie, mais qu’ elle répond à des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent avec u
1513 gner, n’est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sourc
1514 ’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de l
1515 e s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expér
1516 services et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. La vocation du CEC se t
1517 . L’Europe n’est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire, tant pour les sciences (économie inclu
1518 urope n’est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoire, tant pour les sciences (économie incluse) q
1519 politiques, sociales, morales et philosophiques. Elle le doit pour le reste du Monde comme pour elle-même. Car une fédérati
1520 ues, sociales, morales et philosophiques. Elle le doit pour le reste du Monde comme pour elle-même. Car une fédération de pe
1521 helle planétaire. Une aide puissante et cohérente doit être apportée sans retard à la recherche spécifiquement européenne. P
1522 , nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et
1523 ur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culturelle, p
1524 s qui avaient présidé à la création du CEC, et qu’ il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles e
1525 ui avaient présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extéri
1526 aire avec les autres traditions de culture que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocation, et don
1527 chaines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’ il a su durer et préparer des voies pour le temps, désormais venu, où la
65 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1528 n train de s’unir, face à un monde transformé par elle , et disons plus : fait par ses œuvres. Car si l’on peut parler du Mon
1529 fait aujourd’hui, c’est bien à l’Europe qu’on le doit  : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on im
1530 ’hui, c’est bien à l’Europe qu’on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on imite partout,
1531 ’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on imite partout, et c’est d’elle enfin que les peuples ont reç
1532 re, c’est elle que l’on imite partout, et c’est d’ elle enfin que les peuples ont reçu cette idée de la liberté et ces moyens
1533 idée de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ ils ont hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépasse
1534 e d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépasse ses vieux nationalismes et regroupe ses forces ; au moment où
1535 firment bruyamment et tendent à se grouper contre elle  ; doublement remise en question, l’Europe se voit contrainte de prend
1536 onscience neuve de ses buts généraux, et de ce qu’ elle veut de l’homme. C’est le problème de l’Éducation qui se pose ici dan
1537 d général existait quant à savoir sur quel modèle il s’agissait de former l’individu. Il n’en va plus de même aujourd’hui.
1538 r quel modèle il s’agissait de former l’individu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, a
1539 . Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle est- elle  ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogie, sa
1540 roblème unique que je me pose ici, et je crois qu’ il n’est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un Ma
1541 duire au mystère, mais au contraire à l’éliminer. Elle distribue, comme au hasard, une certaine « somme de connaissances »,
1542 consistait dans un conditionnement des réflexes : il s’agissait de forcer le jeune homme à imiter exactement, et sans disc
1543 autonomie va dans le sens contraire : idéalement, elle vise à libérer l’individu des conformismes périmés, des vérités toute
1544 ité du danseur, devient alors erreur ou impiété : elle frappe de nullité le rite. En Europe au contraire, il est courant que
1545 rappe de nullité le rite. En Europe au contraire, il est courant que le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’
1546 maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’ il veut louer : « Bon travail, idées originales et style personnel. » Le
1547 ale. N’allez pas croire, pourtant, que l’humanité devait fatalement passer de l’une de ces attitudes à l’autre en vertu de que
1548 à l’autre en vertu de quelque loi de l’Histoire, devait abandonner l’une pour adopter l’autre, et que par suite l’autorité se
1549 e l’Éducation, selon les divers types d’hommes qu’ elle entend former. Quels sont, dans l’Occident moderne, ces types d’homme
1550 : l’Europe, l’URSS et les USA. Vous allez voir qu’ elles se définissent aisément selon le dosage d’autorité et de liberté qu’e
1551 ément selon le dosage d’autorité et de liberté qu’ elles ménagent dans l’Éducation.   a) Les États-Unis d’Amérique se caractér
1552 plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’ il n’a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais
1553 en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’ il n’a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement ten
1554 l’intelligence, de la mémoire et de l’attention. Elles ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect,
1555 ’effraye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les empêche de jouer avec lui comm
1556 qu’un maître les empêche de jouer avec lui comme il leur plaît. L’idée générale est la suivante : si un texte est trop di
1557 lus nombreuses, et l’on peut craindre qu’à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit une dégradation
1558 re bénéfice, même pas l’élève le plus ignare, car il voit son ignorance acceptée comme la norme ! Quant aux plus intellige
1559 tée comme la norme ! Quant aux plus intelligents, ils trouvent de moins en moins d’incitations à se surpasser (challenge) d
1560 uelques années aux États-Unis46. Le diagnostic qu’ elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la so
1561 ais précisons : si la formation intellectuelle qu’ elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en prétend p
1562 ersonnalités complètes et socialement adaptées ». Elle se substitue presque totalement à la famille, prenant l’enfant dès 3
1563 spécialité : l’élève n’a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de cours de culture générale (s
1564 gé bien sûr, capricieux comme la mode, mais comme elle , contraignante pour l’esprit. Ainsi d’une part, la liberté anarchique
1565 t.   c) Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Posons-
1566 quilibre nécessaire, d’une voie médiane, ou comme il me paraît préférable de dire : d’une mise en tension permanente, d’un
1567 cter l’individu, c’est voir en lui la personne qu’ il peut devenir s’il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’acco
1568 ’est voir en lui la personne qu’il peut devenir s’ il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’accomplir. Le former,
1569 ement européenne apparaît alors bien clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsabl
1570 ables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et d
1571 c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils
1572 idus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est
1573 à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type
1574 e ce qu’ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’homme en équilibre dynamique qui
1575 le soin de nuancer le tableau. Je vous accorde qu’ il existe aussi des signes d’un retour à l’autorité aux USA, de même que
1576 z tous la colombe de Kant, celle qui s’imagine qu’ elle volerait mieux dans le vide, sans la résistance fatigante que l’air o
1577 moins conditionnée selon les théories de Pavlov : elle n’a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où alle
1578 lé d’avance par le Régime. La colombe européenne, elle , sait qu’elle a besoin pour voler de la résistance de l’air, mais ell
1579 r le Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’ elle a besoin pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’a pas reçu
1580 besoin pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cess
1581 is elle n’a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse, résister aux courants, prendre ses risques.
1582 le n’a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse, résister aux courants, prendre ses risques. On ne
1583 ation dans une communauté humaine devant laquelle il se voit responsable. À partir de cette idée de l’homme, il devient po
1584 t responsable. À partir de cette idée de l’homme, il devient possible d’interpréter d’une manière cohérente les principaux
1585 nis, est une réalité dialectique par définition : elle est la résultante de deux tendances antinomiques, la liberté et la re
1586 nomiques, la liberté et la responsabilité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre, mais ma
1587 , éthiques ou même économiques, et vous verrez qu’ ils se rattachent tous, en Europe, à des problèmes de dosage, d’équilibre
1588 me de la discipline scolaire par exemple. En faut‑ il plus ou moins ? Faut‑il rétablir les punitions corporelles, comme on
1589 aire par exemple. En faut‑il plus ou moins ? Faut‑ il rétablir les punitions corporelles, comme on le discute à la Chambre
1590 me on le discute à la Chambre des communes ? Faut‑ il laisser plus de place à la spontanéité anarchique de l’enfant ? Ou au
1591 a propreté dans la tenue des cahiers, etc. ? Faut‑ il plus de dressage, ou plus de développement du sens critique ? Les avi
1592 de degré, mais tout le monde admet tacitement qu’ il ne peut s’agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté et
1593 r ce Français à l’ancienne mode entendait dire qu’ il faut au jeune enfant un dressage suffisant pour lui permettre, un jou
1594 plus saine du dressage se situerait, me semble-t- il , à mi-chemin entre l’entraînement (au sens sportif) et l’hygiène ment
1595 elui qui parle bien, les autres élèves disent : «  Il raffine ! ») 2° La plupart des instituteurs suisses sont victimes d’u
1596 ’exiger d’eux, intellectuellement, plus encore qu’ ils ne donnent, relativement au reste de la classe. Formation générale
1597 ssionnelle, dans le cadre du Plan de production : ils veulent des techniciens efficaces. Les Américains au contraire sacrif
1598 crifient tout à la préparation à la vie sociale : ils veulent des citoyens bien adaptés. Nous voulons plus : nous voulons l
1599 collègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’ il est aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à a
1600 diversité — dans la préparation des élèves. Mais elle ne doit pas perdre de vue, pour autant, la nécessité fondamentale de
1601 té — dans la préparation des élèves. Mais elle ne doit pas perdre de vue, pour autant, la nécessité fondamentale de mainteni
1602 oir tarir les sources mêmes de sa créativité. Car il est bien connu que la science et la technique se nourrissent d’autre
1603 , indispensables certes, mais insuffisants lorsqu’ il s’agit de créer, d’innover librement. La vision du But Vous l’
1604 adéquates pour le rejoindre. « En toutes choses, il faut considérer la fin », dit le proverbe. Je dirais : « Avant toute
1605 considérez la fin. » La fin seule de l’Éducation doit et peut dicter les moyens, les méthodes de l’Éducation. Oserai-je vou
1606 ne crois plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’ elles soient autoritaires ou libérales, actives ou fonctionnelles, traditio
1607 de appliquée à tous ne peut préparer au mieux, si elle réussit, qu’un type humain uniforme, une classe, un genre, une espèce
1608 de connaissances, alors bon, discutons méthodes. Il n’y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n
1609 iscutons méthodes. Il n’y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’est capable de conduire assuré
1610 lle, appliquée avec liberté et mise de côté quand il faut, peut y conduire, à la seule condition qu’elle soit maniée par u
1611 il faut, peut y conduire, à la seule condition qu’ elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider
1612 mique de la personne. Ces termes sont abstraits s’ ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homm
1613 sonne, c’est la réalité sentie de la personne qui doit nous inspirer les moyens de le rejoindre. Je terminerai par une secon
1614 cependant, vint m’observer. « Vous tirez mal, dit- il , voulez-vous apprendre ? » — « Oh oui, mon lieutenant ! » — « C’est t
1615 J’avais compris ! Mais comme je ne bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus à ce que vous faites de vos mains, aux mouv
1616 n d’or. Ce jeune lieutenant avait le sens du But, il a donc pu me le communiquer en quelques mots, et cette initiation a r
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1617 compris par la majorité des habitants du pays où il règne. Dans la mesure où il fonctionne sans être compris et approuvé,
1618 habitants du pays où il règne. Dans la mesure où il fonctionne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’est pas confo
1619 onctionne sans être compris et approuvé, c’est qu’ il n’est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publ
1620 pagnes électorales, partis, presse, mass médias), elles réussissent à informer et à former des citoyens. Si maintenant nous v
1621 nos peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne ser
1622 e en fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europ
1623 fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Si
1624 par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de
1625 habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’ elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle
1626 n, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une dém
1627 même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; ell
1628 m d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les
1629 igner les rudiments du civisme au plan national ? Il s’agit donc de voir en premier lieu quel est l’état actuel de l’ensei
1630 tive ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise qu’à situer le problème d’une formation civique européenne da
1631 érents Chacun de nos pays, en effet, estime qu’ il bénéficie ou pâtit d’une situation exceptionnelle ; et chacun justifi
1632 ules suivantes : En France, l’instruction civique doit « permettre à chacun d’exercer ses droits », au nom des principes gén
1633 énéraux affirmés par la Révolution de 1789, et qu’ il s’agit de réaffirmer de génération en génération et de garder purs, d
1634 nationalité qui fait le bon citoyen ». En Italie, il s’agit d’abord « d’effacer tout résidu d’idéologie fasciste » puis, s
1635 nze Länder est autonome à cet égard. En Suisse, «  il ne s’agit plus de persuader la jeunesse de la supériorité d’un régime
1636 e les crois pas très facilement interchangeables. Elles nous signalent des différences d’approche, parfois profondes, nées de
1637 r son pays par rapport à l’ensemble européen dont il est une province. Problèmes communs et déficiences communes Ces
1638 accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’ il n’apparaît pas comme une conquête révolutionnaire à imposer au reste
1639 sa vie. On peut le déplorer ou s’en réjouir, mais il importe d’abord de s’en rendre compte, — et de constater en même temp
1640 prépare le jeune homme à vivre les droits et les devoirs qu’on lui a enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie
1641 puis continuent en définissant les droits et les devoirs de chacun, puis s’arrêtent au moment où les problèmes concrets vont s
1642 voter ? ou Comment payer ses impôts ? Et surtout, il apprend à l’élève comment chercher à comprendre les problèmes générau
1643 , des conditions économiques et commerciales dont il s’agit de tenir compte, etc. En somme, ce manuel nous propose une mét
1644 ue les États-Unis se plaignent d’insuffisances qu’ ils vont donc essayer d’amender, tandis que l’Europe ne s’inquiète aucune
1645 ne s’inquiète aucunement de lacunes béantes, dont il lui reste encore à prendre conscience ! En URSS : civisme égale ob
1646 degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail ( il est impossible de conduire les classes de la même manière dans les ne
1647 le contrôle par une police spéciale est le même : il s’agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’agit partout de co
1648 il s’agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’agit partout de convaincre l’élève que la Russie a la forme la plus
1649 res » économiques, scientifiques et sociales sont dues à son socialisme, parce qu’il conduit au communisme final. C’est dire
1650 et sociales sont dues à son socialisme, parce qu’ il conduit au communisme final. C’est dire qu’en dehors des leçons spéci
1651 étique et des « droits » du citoyen (qui sont ses devoirs envers la « construction socialiste ») toutes les branches de l’ensei
1652 nt partie de l’instruction civique, en ce sens qu’ elles ramènent tout à la doctrine socialiste soviétique. Cette imprégnatio
1653 compte suffisant des réalités économiques ! Mais il est clair aussi que, dans ces conditions, le civisme réel n’existe pl
1654 la liberté, le bien-être et le bonheur ». Et l’on doit inculquer aux élèves que la situation malheureuse de la jeunesse de l
1655 dire dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’ il a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusio
1656 çons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’ il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives
1657 n civique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’ il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives Ces quelques
1658 encore ce que ces textes ne disent pas que ce qu’ ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un ci
1659 ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un civisme européen.
1660 dre conscience du problème d’un civisme européen. Ils ne disent pas, et ils ne peuvent pas dire, dans l’état actuel des cho
1661 lème d’un civisme européen. Ils ne disent pas, et ils ne peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses, que notre enseign
1662 ique fait corps avec le reste de nos programmes ; ils ne disent pas qu’il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que
1663 le reste de nos programmes ; ils ne disent pas qu’ il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils n
1664 ctrine unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt vivant pour la chose publiq
1665 n ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’ il communique un intérêt vivant pour la chose publique, et cela doit nou
1666 un intérêt vivant pour la chose publique, et cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que de
1667 , et cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritabl
1668 enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils en mont
1669 nseignement d’un véritable civisme européen, mais ils en montrent, ici ou là, les points de départ dès maintenant existants
1670 uide prouvera toute son utilité dans la mesure où elle éveillera, chez les enseignants d’abord, une conscience plus aiguë de
1671 représente de particulier et de valable, et ce qu’ il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors
1672 résente de particulier et de valable, et ce qu’il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors, il
1673 turel et historique de notre civilisation. Alors, il verra dans l’Europe non plus seulement un problème politique, mais le
67 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1674 ie, maintenant venez vous asseoir ici. Bon Dieu ! il faut parler de la suite ! Et d’abord, garçon ! deux fines à l’eau ! »
1675 à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’ il préférait parce qu’on l’y saluait du titre d’Excellence, qui l’amusai
1676 gner la note. (C’est mon dernier snobisme, disait- il .) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pos
1677 la note. (C’est mon dernier snobisme, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la
1678 e bien connu ? La lecture des notes abondantes qu’ il avait préparées en vue de ses mémoires me révèle plusieurs dimensions
1679 e soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’ il lui arrivait d’y faire, sans insister. C’est l’Européen que j’ai conn
1680 ide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’ il avait publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien vou
1681 t intellectuelle. Parmi ses plus proches parents, il compte neuf professeurs d’université et l’un des premiers prix Nobel.
1682 bel. Enfance heureuse et sans histoire, affirme-t- il . Il est élevé dans le patriotisme polonais et le catholicisme le plus
1683 Enfance heureuse et sans histoire, affirme-t-il. Il est élevé dans le patriotisme polonais et le catholicisme le plus str
1684 olicisme le plus strict. Jusqu’à l’âge de 17 ans, il pense devenir prêtre. Et puis un beau jour, au cours d’une promenade
1685 ur, au cours d’une promenade avec un de ses amis, il se découvre une vocation très différente. Les deux garçons parlaient
1686 nt tout un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t- il , il a découvert l’interdépendance des peuples et la nécessité de meil
1687 out un patriote ! » Dès cet instant, écrira-t-il, il a découvert l’interdépendance des peuples et la nécessité de meilleur
1688 écessité de meilleures relations internationales. Il y consacrera sa vie. Ce jeune Polonais sans nation, mais non pas sans
1689 nt son tuteur vigilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que R
1690 r vigilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il est Français, et c’est sans doute à son instigation que Retinger quit
1691 vie pour faire des études de lettres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’a que 18 ans, mais il sait déjà cinq lan
1692 e lettres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard
1693 l arrive à Paris en 1906. Il n’a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il deviendra « le plus
1694 il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il deviendra « le plus jeune docteur ès lettres de l’Europe ». À Paris,
1695 mes des Godebski deviendront rapidement ses amis. Il fréquente le Café Vachette, où règne derrière son monocle à ruban le
1696 d : La Pologne que Mars et l’Hiver accompagnent ! Il connaît là Giraudoux, Blaise Cendrars, Bernard Grasset, François Maur
1697 t de l’intelligentsia parisienne de cette époque. Il a rencontré Gide dans un train entre Prague et Paris, et il note que
1698 ntré Gide dans un train entre Prague et Paris, et il note que c’est aussi dans un train et sur un quai de gare qu’il fera
1699 est aussi dans un train et sur un quai de gare qu’ il fera la connaissance de deux de ses grands amis des années qui suivro
1700 baud ont connu Joseph Conrad.) En 1908, à 20 ans, il passe en Sorbonne une thèse de doctorat sur Le Conte fantastique dans
1701 is, publiée en librairie deux ans plus tard. Puis il s’inscrit à l’École des sciences politiques, et il entreprend une His
1702 l s’inscrit à l’École des sciences politiques, et il entreprend une Histoire de la littérature française, du romantisme à
1703 térature française, du romantisme à nos jours, qu’ il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovie
1704 achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovie une revue littéraire polonaise, dans laquelle la Por
1705 ation littéraire sont vite abandonnés : « Quoi qu’ il en soit, Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! 
1706 à corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce qu’ il cherche avant tout dans le milieu des artistes et des écrivains les p
1707 sans doute beaucoup plus occupé par les femmes qu’ il ne veut le laisser entendre, mais sa carrière de « politicien privé »
1708 es. De 1909 à 1911, nous le trouvons à Munich, où il poursuit des études de psychologie, puis à Florence. En 1911 enfin, i
1709 s de psychologie, puis à Florence. En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’inscrit à la London School of Economics, se mar
1710 e les meilleures chances à l’action pour laquelle il n’a cessé de se préparer, à travers ses années nomades, studieuses et
1711 é d’exister comme État depuis le partage de 1795. Elle n’a plus d’existence politique, ni sur le plan international ni sur l
1712 s des trois régions et ceux de l’émigration, mais il ne suffit pas à inspirer et diriger une action politique commune, sur
1713 iger une action politique commune, surtout lorsqu’ il s’agit de regagner l’indépendance non point contre une puissance mais
1714 sur cette opinion d’abord que Retinger estime qu’ il faut agir. À la faveur du libéralisme de la Double Monarchie, un Cons
1715 é par un groupe de patriotes résidant en Galicie. Il offre au jeune publiciste de 23 ans de le représenter à Londres et d’
1716 ne polonaise et du fameux ethnographe Malinowski. Il publie un pamphlet intitulé La Pologne et la Prusse, dans lequel il a
1717 let intitulé La Pologne et la Prusse, dans lequel il attaque les récentes lois scolaires antipolonaises. Il fournit aux ré
1718 taque les récentes lois scolaires antipolonaises. Il fournit aux rédactions des nouvelles, des échos, des articles sur tou
1719 des articles sur tout ce qui touche à la Pologne. Il fait circuler des pétitions et des protestations signées par des diza
1720 des dizaines de milliers d’enfants polonais. Bref il réussit en deux ou trois ans à sensibiliser quelque peu l’opinion bri
1721 ger s’était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’ il avait rencontré dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il ava
1722 ré dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il avait fait ses premières études dans le même lycée que Retinger, mais
1723 te sa carrière d’officier de la marine marchande. Il avait publié Lord Jim, et il commençait à connaître un modeste succès
1724 la marine marchande. Il avait publié Lord Jim, et il commençait à connaître un modeste succès d’écrivain dans son pays d’a
1725 aillèrent chaque week-end pendant plusieurs mois. Ils avaient décidé de l’écrire en français, langue de théâtre par excelle
1726 8) et je ne puis retrouver son adresse. » (Lira-t- il peut-être ces lignes ? Elles lui apprendraient qu’il se trouve déteni
1727 son adresse. » (Lira-t-il peut-être ces lignes ? Elles lui apprendraient qu’il se trouve détenir l’un des inédits les plus c
1728 peut-être ces lignes ? Elles lui apprendraient qu’ il se trouve détenir l’un des inédits les plus curieux de notre temps.)
1729 la vieille forteresse de Wawel, dominant la cité, ils iront s’agenouiller au pied du sombre crucifix de la Reine Jadwiga, «
1730 a retrouvé sa terre après quarante années d’exil. Il ne dira qu’une phrase au terme de cette nuit-là : « Cher Joseph, c’es
1731 e, Zakopane, et décide de tenter sa chance, seul. Il se rend d’abord à Lemberg, où les leaders des Polonais de Galicie se
1732 n esprit de parti et avec toute la hardiesse dont il sera capable ». On lui remet des documents signés par une vingtaine d
1733 re importance pour sa patrie. Mais cette mission, il devra l’accomplir en passant d’abord chez l’ennemi. Problème urgent :
1734 importance pour sa patrie. Mais cette mission, il devra l’accomplir en passant d’abord chez l’ennemi. Problème urgent : comme
1735 énéral Hoffmann, commandant la région de Lemberg. Il ajoute que la préfecture de police est reliée par fil direct au quart
1736 nger, laissé seul devant le téléphone, a compris. Il décroche l’appareil et demande à parler au Général. Il explique brièv
1737 croche l’appareil et demande à parler au Général. Il explique brièvement qu’il lui faut un visa. « Venez me voir tout de s
1738 de à parler au Général. Il explique brièvement qu’ il lui faut un visa. « Venez me voir tout de suite », dit le Général. En
1739 ral. En chemin, Retinger imagine un stratagème qu’ il aura l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Géné
1740 aura l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Général non pas en allemand ni en polonais, mais en fran
1741 lonais, mais en français, et lui dit hardiment qu’ il veut aller en France. Interrogé sur son identité, ses qualités, Josep
1742 le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la
1743 doit être chargé d’une mission importante, puisqu’ il a pu se servir de la ligne directe du préfet de police, lui donne alo
1744 me remplit d’une fierté puérile », note Retinger. Il arrive à Vienne au matin d’un voyage épuisant qui lui a pris trois jo
1745 habituelles, et se rend aussitôt au ministère, où il demande à voir le chef de l’état-major général. On le regarde avec st
1746 oldats. Les heures passent, personne ne vient, et il commence à craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa
1747 e à craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa poche le document qui démontrerait la déloyauté envers l’Au
1748 ses vingt signataires. À la fin de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’
1749 erg se reproduit. Retinger déclare en français qu’ il lui faut un visa pour la France, et que son nom est là, sur le passep
1750 n premier résultat, mais Retinger veut davantage. Il donne à son taxi l’adresse de l’ambassade d’Allemagne. C’est l’heure
1751 ut rang, viennent voir l’un après l’autre de quoi il s’agit. Pendant qu’ils discutent vivement en français, un petit homme
1752 l’un après l’autre de quoi il s’agit. Pendant qu’ ils discutent vivement en français, un petit homme d’une soixantaine d’an
1753 d’années apparaît et demande à Retinger pourquoi il veut absolument aller en France. « J’ai certains devoirs à accomplir
1754 veut absolument aller en France. « J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. — Qui êtes-vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur
1755 seport. — Que ferez-vous en France ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vous pouvez d
1756 confier à moi. — Avec tout le respect que je vous dois , Monsieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » « Notre conversa
1757 passeport. — Je vous souhaite bonne chance ! dit- il en guise d’adieu, à quoi je répondis que j’espérais la mériter. » À
1758 e vous coffre ! » Joseph pense en un éclair : « S’ il me coffre, je resterai donc en France, et je pourrai me faire libérer
1759 donc en France, et je pourrai me faire libérer. » Il dit : merde ! et se voit arrêté sur le champ. De la prison de Pontarl
1760 arrêté sur le champ. De la prison de Pontarlier, il écrit au comte Zamoyski, qui a de grandes relations parisiennes. Troi
1761 jours plus tard, le voilà libéré. Sitôt à Paris, il court chez Philippe Berthelot, secrétaire général des Affaires étrang
1762 quitter la France, et sur la foi de ce document, il obtient un visa britannique. Il revoit ses amis parisiens, raconte pa
1763 i de ce document, il obtient un visa britannique. Il revoit ses amis parisiens, raconte partout son aventure — comme en té
1764 se fait recevoir par plusieurs ministres auxquels il expose sa mission et ses plans. Mais c’est en Angleterre qu’il a déci
1765 mission et ses plans. Mais c’est en Angleterre qu’ il a décidé d’établir sa base d’opérations. Pendant qu’il attend le trai
1766 décidé d’établir sa base d’opérations. Pendant qu’ il attend le train pour Londres, à la gare Saint-Lazare, vers 3 h du mat
1767 met à la police, qui l’enferme à la Conciergerie. Il se réveille dans une cellule en compagnie d’un vieux Suisse qui ne sa
1768 s non plus pourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réussi à faire passer un message téléphonique au Quai d’Orsay — Phi
1769 sait ainsi la nationalité polonaise », remarque-t- il non sans fierté. Pour la Pologne : succès et revers Enfin de re
1770 de secourir les Polonais internés et d’obtenir qu’ ils soient considérés comme Polonais, non plus comme Allemands ou Autrich
1771 sés. Seul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il n’a que son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des
1772 ignorés du public où résident les pouvoirs réels. Il a aussi le salon de Lady Cunard, dont il redevient l’un des habitués,
1773 s réels. Il a aussi le salon de Lady Cunard, dont il redevient l’un des habitués, et l’amitié de quelques grandes dames qu
1774 de rencontrer les hommes d’État et diplomates qu’ il s’agit de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing Stre
1775 itié réelle avec le Premier ministre, chez lequel il aura désormais ses entrées. Il obtient en quelques semaines la libéra
1776 istre, chez lequel il aura désormais ses entrées. Il obtient en quelques semaines la libération de plusieurs centaines de
1777 de plusieurs centaines de Polonais internés, dont il a dressé la liste. Mais le plus difficile reste à faire : persuader l
1778 ues semaines que toute la propagande du Bureau qu’ il a dirigé pendant trois ans. Dès ce moment, la Pologne redevient un fa
1779 th charge Retinger d’une mission aux États-Unis : il s’agit de voir jusqu’à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts
1780 es leçons décisives pour la suite de sa carrière. Il est intéressant de relever les motifs qu’il donne lui-même de son éch
1781 ière. Il est intéressant de relever les motifs qu’ il donne lui-même de son échec, car il ne les oubliera pas et prendra le
1782 les motifs qu’il donne lui-même de son échec, car il ne les oubliera pas et prendra le plus grand soin de les éliminer lor
1783 prendra le plus grand soin de les éliminer lorsqu’ il lancera plus tard sa campagne européenne : — un certain manque de pré
1784 dicats, pressure groups, etc. Mais surtout, écrit- il  : « Je n’avais pas encore bien vu que la question n’était pas seuleme
1785 ement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’agissait de trouver
1786 aient être implantées dans un milieu donné, et qu’ il s’agissait de trouver ou de former une équipe de collaborateurs, sans
1787 ipes et l’idéologie. Je ne voyais pas les gens qu’ il fallait, ou si je les voyais, je ne m’exprimais pas comme il fallait.
1788 ou si je les voyais, je ne m’exprimais pas comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce fut une chance pour moi de rece
1789 e, Retinger reprend — et non sans succès semble-t- il — son action personnelle auprès des gouvernements anglais et français
1790 ts de la presse, et les leaders de divers partis. Il fait paraître deux ouvrages sur La Pologne et l’équilibre européen (1
1791 Négociations secrètes avec l’Autriche À Paris, il a retrouvé Boni de Castellane. Ce grand dandy de la Belle Époque ne m
1792 oque ne manque pas d’idées politiques originales. Il propose à Retinger de participer à des négociations secrètes en vue d
1793 r accepte d’entrer dans le grand dessein de Boni. Il obtient des encouragements verbaux de Clemenceau et d’Asquith qui l’a
1794 ez le comte Ledochowski, général des jésuites, qu’ il rencontre au château de Zizzers, près de Zurich — Retinger aboutit à
1795 ier effrontément, devant la Chambre française, qu’ il l’ait jamais autorisé ni même connu… Retinger se demande, dans ses no
1796 etinger se demande, dans ses notes, si le rôle qu’ il joua dans l’affaire fut aussi important qu’il lui apparaissait alors.
1797 qu’il joua dans l’affaire fut aussi important qu’ il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une manière bien typique, qu’
1798 aussi important qu’il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une manière bien typique, qu’il a négligé par la suite de l
1799 ors. Et il ajoute, d’une manière bien typique, qu’ il a négligé par la suite de le vérifier, n’étant plus suffisamment inté
1800 le vérifier, n’étant plus suffisamment intéressé. Il semble considérer cette aventure comme un simple exercice dans son ap
1801 er nous laisse ignorer) a cessé de le soutenir. «  Il veut votre peau », lui dit Philippe Berthelot. Mais sûr de lui et de
1802 avertissements. Jusqu’à ce jour d’octobre 1917 où il se voit convoqué par le ministre de l’Intérieur. Je cite les notes :
1803 hésitations, et visiblement à son cœur défendant, il me dit : — Mon cher Joseph, j’ai de mauvaises nouvelles pour vous. Je
1804 ez-vous faire venir votre chef de cabinet. Lorsqu’ il fut là, je le priai de consulter un horaire et de m’indiquer l’heure
1805 uer l’heure du premier train quittant la France. ( Il était 11 h du matin.) — Il y a un train à 16 h pour l’Espagne. — Très
1806 t mis sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’avait pris sur lui que peu d’argent, comptant faire venir par la su
1807 t, comptant faire venir par la suite les fonds qu’ il possédait en France. Mais le gouvernement interdit tout transfert, et
1808 sère la plus totale, affamé et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses mo
1809 e la plus totale, affamé et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses moucho
1810 mé et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’ il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour à Barcel
1811 irs. Un jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait dist
1812 t sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distribuait des repas gratuits aux grévistes. De Paris et de L
1813 omas Lipton l’adresse d’un Cafecl de la Marina où il trouverait de belles femmes nues, et seul Joseph Conrad lui fit tenir
1814 Joseph Conrad lui fit tenir quelque argent. Comme il souffrait d’insomnies et d’une mauvaise condition cardiaque, un médec
1815 s’essayait à écrire, suivant l’exemple de Conrad. Ils semblaient peu versés dans l’art de naviguer : la traversée dura 31 j
1816 e voyage. (J.H.R. note qu’au cours d’une tempête, il eut la seule occasion de sa vie d’observer des vaches atteintes du ma
1817 egrete Morones. Pourquoi ce voyage ? se demande-t- il dans ses notes, et il répond : parce qu’il pensait qu’un futur homme
1818 oi ce voyage ? se demande-t-il dans ses notes, et il répond : parce qu’il pensait qu’un futur homme d’État se doit de conn
1819 ande-t-il dans ses notes, et il répond : parce qu’ il pensait qu’un futur homme d’État se doit de connaître à fond une part
1820 : parce qu’il pensait qu’un futur homme d’État se doit de connaître à fond une partie du monde telle que l’Amérique latine ;
1821 ussi, et peut-être d’abord, parce que la femme qu’ il aimait alors vivait aux États-Unis, et qu’il espérait bien trouver le
1822 e qu’il aimait alors vivait aux États-Unis, et qu’ il espérait bien trouver le moyen de passer du Mexique aux États-Unis. (
1823 .) Par son frère, professeur de chimie à Chicago, il s’était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il
1824 yer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lui restait 4 dollars en arrivant au port. Il prit un taxi, dit au ch
1825 ne. Il lui restait 4 dollars en arrivant au port. Il prit un taxi, dit au chauffeur de lui faire voir tout ce qu’on pouvai
1826 l’un des deux jobs les plus étranges de sa vie » ( il omet de dire ce que fut l’autre) : lecteur à haute voix dans une fabr
1827 oix dans une fabrique de cigares, où les ouvriers devaient travailler sans ouvrir la bouche ; d’où la nécessité de les distraire
1828 au Mexique, engagé par Luis Negrete Morones — qu’ il a connu sur le cargo — dans les intrigues politiques et sociales d’un
1829 politiques et sociales d’une extrême violence qui devaient aboutir ultérieurement à la nationalisation des puits de pétrole expl
1830 sie. Les nombreux traits de caractère mexicain qu’ il conte dans ses notes révèlent qu’il a vraiment aimé ce peuple, et qu’
1831 e mexicain qu’il conte dans ses notes révèlent qu’ il a vraiment aimé ce peuple, et qu’aux motifs fortuits et théoriques de
1832 orte à des amis. Si bien qu’arrivé en aventurier, il devait quitter le pays en bienfaiteur public. « De fait, écrit-il, lo
1833 e à des amis. Si bien qu’arrivé en aventurier, il devait quitter le pays en bienfaiteur public. « De fait, écrit-il, lorsque j
1834 r le pays en bienfaiteur public. « De fait, écrit- il , lorsque je quittai le Mexique pour de bon en 1936, le président Call
1835 t Calles donna un dîner pour moi, au cours duquel il déclara, pour mon intense satisfaction, que j’étais le seul étranger
1836 u et en reparte sans un sou. C’est à quoi j’avais leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des matières… » L’h
1837 n sou. C’est à quoi j’avais dû leur confiance, et ils m’avaient consulté en bien des matières… » L’histoire de la nationali
1838 dantes — pour que l’on puisse la retracer ici. Qu’ il suffise de rappeler qu’à cette époque, les compagnies étrangères, amé
1839 es surtout, possédaient 90 % du pétrole mexicain. Elles entretenaient parfois des armées de mercenaires indigènes et dominaie
1840 ur la première fois consulté par le gouvernement, il conseilla sans hésiter la seule mesure qui lui paraissait propre à él
1841 influences étrangères : nationaliser le pétrole. Il se reconnaît donc « partiellement responsable » de l’idée, tout en cr
1842 és avec quelque détail dans les Notes, et bien qu’ ils perdent beaucoup de leur saveur à être résumés, je crois bon de ne pa
1843 as les omettre dans cette esquisse biographique : ils donnent ses vraies couleurs à toute une période de la vie de ce « pol
1844 s mois avec Luis Morones et le groupe d’amis dont il était le chef. Ils formaient une sorte de société secrète de jeunes p
1845 orones et le groupe d’amis dont il était le chef. Ils formaient une sorte de société secrète de jeunes patriotes, nommée si
1846 à l’état naissant en Amérique latine. Cependant, il pensait toujours à gagner les USA. Il souhaitait aussi participer à l
1847 Cependant, il pensait toujours à gagner les USA. Il souhaitait aussi participer à la lutte qui opposait alors la Pologne
1848 érée aux bolchéviques. N’ayant plus de passeport, il pria ses amis de lui faire passer la frontière en contrebande. On le
1849 s de marche dans le désert. Souffrant de la soif, ils s’arrêtent à un petit ranch tenu par une vieille Indienne. Il y a là
1850 euse, et Retinger, en buvant, comprend soudain qu’ il est devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait vou
1851 enu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait voulu, sept ans auparavant, faire les héros d’une pièce de théâ
1852 paravant, faire les héros d’une pièce de théâtre… Ils parviennent enfin au bord du Rio Bravo. Là, les bandits déclarent qu’
1853 u bord du Rio Bravo. Là, les bandits déclarent qu’ ils n’oseront pas aller jusqu’à San Antonio comme prévu. Ils exigent 30 d
1854 seront pas aller jusqu’à San Antonio comme prévu. Ils exigent 30 dollars et disparaissent. Retinger fait un paquet de ses v
1855 it sur la route pour le mener à San Antonio. Mais il lui faut traverser d’abord une étendue couverte de touffes de cactées
1856 ements sont en lambeaux, ses jambes en sang quand il atteint la route. Il ne voit pas de charrette, mais un agent de polic
1857 ux, ses jambes en sang quand il atteint la route. Il ne voit pas de charrette, mais un agent de police. Il tente de lui ex
1858 e voit pas de charrette, mais un agent de police. Il tente de lui expliquer, dans son mauvais espagnol, qu’il va voir un o
1859 e de lui expliquer, dans son mauvais espagnol, qu’ il va voir un oncle malade dans un village voisin. L’agent lui jette un
1860 au lieu de le conduire à San Antonio, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène à la ville frontière de Laredo. En haill
1861 re à San Antonio, où Morones devait le rejoindre, elle le ramène à la ville frontière de Laredo. En haillons, il se présente
1862 mène à la ville frontière de Laredo. En haillons, il se présente à la gare, offre à un agent de Pullmann le double du prix
1863 e rappellent au Mexique. C’est alors seulement qu’ il entreprend une activité politique proprement dite dans ce pays. À la
1864 e de Noël 1921, le président confie à Retinger qu’ il est entré en possession d’un très volumineux dossier (5000 pièces ori
1865 Chargé de cette mission secrète par le président, il part pour Washington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il est a
1866 ashington. À son passage à Saint-Louis, Missouri, il est arrêté et jeté en prison, sans pouvoir communiquer avec l’extérie
1867 xas, puis à Laredo. Deux mois se passent avant qu’ il puisse voir un juge fédéral. Celui-ci le déclare innocent, lui serre
1868 être une charge pour l’administration américaine. Il a beau déclarer qu’il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : co
1869 ’administration américaine. Il a beau déclarer qu’ il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lui
1870 comme la police les lui a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexic
1871 ui a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’ il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et c
1872 rs 10 000, puis le troisième jour 15 000 dollars. Il laisse même entendre qu’il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu
1873 e jour 15 000 dollars. Il laisse même entendre qu’ il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Retin
1874 ’écart, jusqu’à ce que leurs plans se réalisent. ( Ils échoueront d’ailleurs.) Enfin, après un nouveau mois de cachot, Retin
1875 entre le Mexique et l’Amérique officielle, auquel il a travaillé, sera réalisé à la faveur du changement d’administration
1876 s syndicales de l’Amérique latine, en 1924, et qu’ il obtient des secours internationaux pour les victimes syndicalistes de
1877 u Conseil national socialiste de Pologne, bien qu’ il ne soit pas membre du parti ; diverses démarches dans le cadre de l’I
1878 olitique internationale, de 1916 à 1924. En 1924, il tente pour la première fois, avec le parlementaire anglais E. D. More
1879 avec le parlementaire anglais E. D. Morel — dont il épousera bientôt la fille — de créer une organisation clandestine au
1880 s, avec l’aide de quelques députés travaillistes, il dresse le plan d’une Encyclopédie qui démontrerait, à coup d’exemples
1881 r Stafford commence même sur le sujet un livre qu’ il ne pourra jamais terminer : il va devenir le Deputy Prime Minister du
1882 sujet un livre qu’il ne pourra jamais terminer : il va devenir le Deputy Prime Minister du cabinet Churchill. Durant tout
1883 et la Pologne, séjournant beaucoup en Angleterre, il semble que J.H.R. ait vécu dans la misère, rançon de son extrême indé
1884 e un avion pour aller à la recherche de son chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’est lié avec lui que plus
1885 e son chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération s
1886 , a décidé de lier son sort à celui de Sikorski : il a confiance en son honnêteté absolue, en ses dons de chef, en son ins
1887 te ville de la Gironde, envahie par les réfugiés. Il entre à la sous-préfecture sans s’annoncer, monte, pousse une porte,
1888 son retour dans les 48 heures soit assuré, et qu’ il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent le soir même à l
1889 et qu’il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent le soir même à l’hôtel Dorchester. L’évacuation des troupes
1890 de deux millions de déportés polonais en Russie : il fallait les libérer, et permettre à beaucoup d’entre eux de reprendre
1891 Sikorski. D’autre part, si l’URSS était attaquée, il importait que la Pologne, soutenue par les Anglais mais envahie par l
1892 guerre hitléro-soviétique éclata. Dès le 23 juin, il prononçait à la radio un discours offrant aux Russes des négociations
1893 e échangés. Eden, Sikorski et Maïski ayant parlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci est un grand événement. Je s
1894 trois-cents ans entre les Polonais et les Russes. Il représente un tournant décisif dans l’histoire d’une partie de l’Euro
1895 s relations polono-russes sur une base nouvelle : il reconnaissait le gouvernement polonais en exil, il dénonçait les acco
1896 l reconnaissait le gouvernement polonais en exil, il dénonçait les accords Ribbentrop-Molotov concernant la Pologne, il ré
1897 accords Ribbentrop-Molotov concernant la Pologne, il rétablissait les relations diplomatiques, et surtout il libérait les
1898 ablissait les relations diplomatiques, et surtout il libérait les deux millions de Polonais prisonniers et déportés en URS
1899 son pays à Moscou et de faire appliquer l’accord. Il partit en hydravion, via Arkhangelsk, et fut reçu à l’aérodrome de Mo
1900 ée du plénipotentiaire de Sikorski. Le lendemain, il eut la joie de rencontrer les premiers officiers polonais libérés, et
1901 avec l’état d’esprit de la résistance polonaise. Il finit par persuader le général Sir Colin Gubbins, chef du SOE50, de l
1902 de Bari, où le SOE possédait une base importante. Il y passa onze semaines à attendre que la météo permette le départ pour
1903 té : c’était en effet par un saut en parachute qu’ il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait touj
1904 : c’était en effet par un saut en parachute qu’il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait toujours ép
1905 en parachute qu’il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait toujours éprouvé une répugnance marqué
1906 ne répugnance marquée pour les efforts physiques. Il avait donc refusé tout entraînement autre que théorique51 et ne se se
1907 r l’idée qu’en faisant son premier saut à 58 ans, il allait devenir le plus vieux parachutiste du monde ! Le décollage eut
1908 t le retint brusquement par le bras en hurlant qu’ il allait tomber avant le signal, et une discussion violente s’en suivit
1909 des nazis quelques heures après son arrivée, mais il l’ignorait alors, et de fait, durant les trois mois que dura sa missi
1910 fait, durant les trois mois que dura sa mission, il ne fut jamais découvert. Le sens inné de la conspiration dans un peup
1911 ien de sa venue, sauf quelques chefs clandestins, il se mit à fréquenter dès les premiers jours les cafés de la capitale q
1912 ès les premiers jours les cafés de la capitale qu’ il avait connus autrefois. Dans l’un d’eux, après avoir commandé une vod
1913 Dans l’un d’eux, après avoir commandé une vodka, il eut l’heureuse surprise de voir le vieux serveur lui apporter aussi u
1914 e, docteur ». Mais dans un autre établissement où il dînait, près d’une table occupée par cinq ou six hommes, ce ne fut pa
1915 cinq ou six hommes, ce ne fut pas sans terreur qu’ il entendit soudain l’un d’eux dire à haute voix : « Savez-vous la grand
1916 Bor qui, de son petit appartement de Varsovie, où il vivait pauvrement, en civil, commandait en chef une armée d’un demi-m
1917 ivé de toute liberté de mouvements par un mal qui devait le laisser à demi infirme pour le reste de ses jours. Descendant d’un
1918 endant d’un tram près de son domicile clandestin, il se sentit presque incapable de marcher. Trois jours plus tard, il éta
1919 sque incapable de marcher. Trois jours plus tard, il était paralysé des jambes et des mains. Le médecin diagnostiqua une p
1920 et le fit hospitaliser dans une clinique privée. Il souffrait peu, et se mit aussitôt à recevoir tous ses « correspondant
1921 es « correspondants ». La Gestapo l’ayant appris, il fallut le transporter en toute hâte dans un autre établissement où pe
1922 t des jours de se laisser baigner ! Mais bientôt, il s’arrangea pour recevoir malgré tout des visiteurs. Quand vint le mom
1923 rs. Quand vint le moment de son retour à Londres, il était encore incapable de marcher. Il fallut le transporter comme un
1924 à Londres, il était encore incapable de marcher. Il fallut le transporter comme un bagage dans un train archiplein, en pa
1925 it toute proche. Celt l’ayant chargé sur son dos, ils passèrent tranquillement entre deux haies d’agents de la Gestapo, ent
1926 cements très pénibles, en train puis en droschka, ils atteignirent un petit village où ils passèrent une semaine chez le cu
1927 en droschka, ils atteignirent un petit village où ils passèrent une semaine chez le curé. Le son des canons leur parvenait
1928 de très loin. Les Russes avançaient. Et un matin ils virent passer cinquante avions américains. Le dernier soir, un char d
1929 he. Mais les roues étaient bloquées dans la boue. Il fallut évacuer l’avion à deux reprises, creuser sous les roues, puis
1930 une dépêche lui demandant de se rendre au Caire. Il repartit sans hésiter le jour même, et passa la nuit dans les baraque
1931 zi. Le lendemain, après avoir survolé Tobrouk, où il avait passé une journée mémorable pendant le siège, lorsqu’il accompa
1932 sé une journée mémorable pendant le siège, lorsqu’ il accompagnait Sikorski en route vers la Russie, il fut débarqué au Cai
1933 il accompagnait Sikorski en route vers la Russie, il fut débarqué au Caire, où il apprit enfin le but de son voyage : M. M
1934 oute vers la Russie, il fut débarqué au Caire, où il apprit enfin le but de son voyage : M. Mikolajczyk, Premier ministre,
1935 Dalton, président du Board of Trade. De la sorte, il me fut possible d’obtenir pour mon pays 15 kilomètres de ponts Bailey
1936 a générosité du gouvernement anglais fut telle qu’ il paya même les frais de transport, tandis que d’autres dépenses (exper
1937 ses (experts polonais) furent payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernement britannique ni moi-mê
1938 e, au moment où Retinger montait dans l’avion qui devait les ramener tous deux à Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit
1939 en s’adressant directement à Molotov, avec lequel il avait entretenu de bons rapports durant sa mission à Moscou. Celt réu
1940 profit des Russes, Retinger ne voyait plus ce qu’ il pouvait faire pour son pays, dans le cadre de la politique nationale
1941 le cadre de la politique nationale intérieure, et il jugeait inefficace toute action menée en exil pour modifier cette pol
1942 e Europe organisée, et c’est vers ce grand but qu’ il se tournera tout entier. Dès qu’il fut en mesure de marcher de nouvea
1943 e grand but qu’il se tournera tout entier. Dès qu’ il fut en mesure de marcher de nouveau (mais il lui fallut jusqu’au bout
1944 s qu’il fut en mesure de marcher de nouveau (mais il lui fallut jusqu’au bout s’appuyer sur quelqu’un pour franchir une ma
1945 ne marche, ses jambes obéissant mal à sa volonté) il entreprit l’action européenne qu’il avait si longuement méditée et pr
1946 à sa volonté) il entreprit l’action européenne qu’ il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut ses
1947 es premières tentatives dans ce sens, avant 1939. Il faut rappeler maintenant une période peu connue, mais importante, de
1948 u. Mais Retinger suivait son idée. Le 8 mai 1946, il inaugura sa campagne par une conférence à Chatham House intitulée : A
1949 plus tard, à Bruxelles, avec M. Paul van Zeeland, il créait la Ligue européenne de coopération économique (d’abord nommée
1950 essité non d’une fédération réelle, mais de ce qu’ ils appelaient pudiquement une « union plus étroite de nos pays », adhérè
1951 ée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’avait bien exposée —
1952 devait pas tarder à s’imposer, non point parce qu’ il l’avait bien exposée — il parlait très mal en public, et aussi rareme
1953 ser, non point parce qu’il l’avait bien exposée — il parlait très mal en public, et aussi rarement que possible — mais par
1954 c, et aussi rarement que possible — mais parce qu’ il entreprit sans perdre un jour les centaines de démarches nécessaires
1955 ues mois plus tard — en janvier ou février 1948 — il m’annonçait sa venue à Genève, et dès ce moment je fus en mesure d’ob
1956 je fus en mesure d’observer de près sa technique. Il me demandait de le mettre en contact avec le professeur William Rappa
1957 nner sa réponse. M’ayant ainsi pris dans son jeu, il vint chez moi et me demanda de me charger de la partie culturelle du
1958 ger de la partie culturelle du congrès. Sur ce qu’ il faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’il exprima me paru
1959 lturelle du congrès. Sur ce qu’il faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’il exprima me parurent vagues ou faus
1960 audrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’ il exprima me parurent vagues ou fausses, d’ailleurs visiblement improvi
1961 mettre un peu d’ordre. Retinger avait bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’étais « engagé », non seulement par ma
1962 de doctrine. Aux amateurs d’impasses théoriques, il se bornait à opposer de mystérieuses allusions aux conditions sine qu
1963 onditions sine qua non de réussite du congrès, qu’ il semblait le seul à contrôler, voire à connaître. Sa plus grande habil
1964 période, fut sans doute de donner l’impression qu’ il était obligé de cacher son jeu, mais qu’il jouait en réalité au bénéf
1965 ion qu’il était obligé de cacher son jeu, mais qu’ il jouait en réalité au bénéfice de chacune des tendances avec lesquelle
1966 bénéfice de chacune des tendances avec lesquelles il négociait. Et en fin de compte, c’était vrai, car grâce à lui, chacun
1967 Ce ne fut pas un congrès comme les autres, puisqu’ il en résulta tout simplement la mise en œuvre de l’union européenne. To
1968 t l’exploiter. Au cours des semaines qui suivent, il multiplie les démarches personnelles auprès des Premiers ministres et
1969 que, France, Grande-Bretagne, Hollande et Italie. Il transforme le Comité international des mouvements pour l’Europe unie
1970 ments pour l’Europe unie en Mouvement européen et il en devient le secrétaire général. En cette qualité, il forme et condu
1971 devient le secrétaire général. En cette qualité, il forme et conduit, avec Duncan Sandys, président du Mouvement, des dél
1972 ent les résolutions de La Haye aux gouvernements. Il obtient que la France défende le projet d’un Conseil de l’Europe deva
1973 devant les cinq puissances du Pacte de Bruxelles. Il élabore la procédure qui va conduire à l’adoption du projet en janvie
1974  : celle des gouvernements devant une idée neuve. Il ne fut pas seulement le père spirituel, mais l’accoucheur du Conseil
1975 tant qu’en extension dans les élites dirigeantes. Il est difficile de mesurer exactement l’efficacité de ce vaste effort d
1976 a Grande-Bretagne. Et ce n’est pas sans raison qu’ il se trouvait être, en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en eû
1977 jamais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’eût pas vu le jour sans les efforts tenaces
1978 e congrès de La Haye. J’ai dit plus haut comment il vint me chercher à Ferney, en février 1948, pour m’embarquer dans cet
1979 caces au cours des deux années de préparation qui devaient aboutir à la constitution d’un imposant Conseil de gouverneurs, couro
1980 nt sa mort, lors du dernier Conseil du CEC auquel il prit part — le 24 mars 1960 —, ce fut lui encore qui lança l’idée d’u
1981 s d’une sagesse volontiers sarcastique, tandis qu’ il se taisait absolument dans les congrès dont il était l’inspirateur, i
1982 qu’il se taisait absolument dans les congrès dont il était l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloque
1983 ent dans les congrès dont il était l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloquence pressante et sans ap
1984 r les principes qui avaient conduit sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action européenne. Il rappela le rôle
1985 nspirer selon lui, toute notre action européenne. Il rappela le rôle décisif des idées, des doctrines, de la culture enfin
1986 es, et de l’entreprise européenne en particulier. Il évoqua la mission particulière de la Suisse dans cette perspective :
1987 se tournant vers les membres suisses du Conseil, il ajouta : « Vous ne voulez pas faire de politique internationale, mais
1988 s Suisses. » Le soir même, dînant seul avec nous, il se vantait en riant d’être devenu bavard dans les comités, et répétai
1989 re devenu bavard dans les comités, et répétait qu’ il se sentait beaucoup moins fatigué que d’habitude et prêt à reprendre
1990 vions en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit très vite comme on signale qu’on sera pris ce jour-là : « L’
1991 ré son idée d’une Europe unie. Dans les deux cas, il s’agissait peut-être moins d’un but en soi que d’une étape vers le pl
1992 es, ni parti influent, ni grand mouvement social. Il fallait inventer les moyens de l’Idée. Et tout d’abord convaincre ceu
1993 ut d’abord convaincre ceux qui pouvaient y aider. Il avait publié plusieurs ouvrages, surtout aux débuts de sa carrière, m
1994 ux débuts de sa carrière, mais Gide avait raison, il n’était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses let
1995 jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Ch
1996 e et variée. Chaque matin, réveillé dès 5 heures, il lisait de gros livres d’histoire, de politique, ou de philosophie rel
1997 is son travail réel ne commençait qu’à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-vous. C’est alor
1998 phoner et à fixer des rendez-vous. C’est alors qu’ il entrait en action créatrice. Sa méthode était l’entretien, et de préf
1999 Je crois que j’ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul à une petite table, commande une fine à l’eau, et l’idé
2000 le un certain nombre de personnalités. À chacune, il explique que son idée est tellement importante qu’il vaut mieux ne pa
2001 explique que son idée est tellement importante qu’ il vaut mieux ne pas en parler trop clairement. Puis il réunit tout son
2002 vaut mieux ne pas en parler trop clairement. Puis il réunit tout son monde dans une belle salle, retourne s’asseoir à sa p
2003 amp l’histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’il f
2004 il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’ il était exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonner
2005 e fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’ il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican,
2006 nnerie et du Vatican, ainsi qu’on le chuchotait : il me pria de laisser entendre à qui voudrait que c’était vrai, mais inc
2007 e qui explique les attaques et les calomnies dont il fut trop souvent l’objet, c’était son désintéressement presque incroy
2008 , et le soupçonnaient de desseins tortueux, quand il ne faisait que suivre une idée simple et grande : celle de grouper no
2009 sses, de manière à les faire servir, comme malgré elles , au bien commun. Sa franchise également paraissait incroyable : elle
2010 n. Sa franchise également paraissait incroyable : elle était si directe, et percutante, que ses victimes n’y voyaient qu’ins
2011 s n’y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’avait pas le physique ni les manières suaves
2012 lence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’ il n’avait pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste sel
2013 t à la chaîne, et d’une simplicité déconcertante, il mettait tout en place et s’effaçait. À l’heure de la distribution des
2014 s ce monde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de
2015 applaudissements, selon les règles publicitaires. Il était l’exemple type d’une activité décisive, unissant toutes les qua
2016 gtemps son plus proche collaborateur, m’écrit : «  Il s’est confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certain
2017 e collaborateur, m’écrit : « Il s’est confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement le sentiment d’
2018 st confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certainement le sentiment d’avoir accompli sa tâche et d’avoir
2019 t d’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait ce qu’ il avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’avait plus de « 
2020 l avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’avait plus de « responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne
2021 e « responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne cessait de faire des plans, des démarches et des interventions au
2022 perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt qu’ il portait aux hommes et aux problèmes, ni même sur les plans et les pro
2023 roblèmes, ni même sur les plans et les projets qu’ il élabora jusqu’au dernier jour. » 49. « Ces ouvrages ne passèrent p
2024 J. H. Retinger ; « Paul Valéry me dit un jour qu’ ils lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils étaient pleins de coqu
2025 qu’ils lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils étaient pleins de coquilles ! » (Joseph Conrad, p. 37). 50. Ces init
2026 it 3000 officiers, 2000 femmes et 300 soldats, et il fournit un « splendid job », selon le jugement de J.H.R., qui put le
2027 Voir la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils furent poursuivis quelque temps à Moscou avec Sir Stafford Cripps, et
68 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
2028 initial et principal du CEC, et le demeure. Mais il est apparu, au cours des ans et de l’évolution rapide du monde, 1° qu
2029 dial, et d’en instituer les conditions pratiques. Il remercie la Fondation européenne de la culture de lui avoir fourni le
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
2030 e, irréversible, et littéralement superficielle : elle tend à uniformiser les apparences, c’est-à-dire le cadre de la vie (a
2031 e, moyens de transport, etc.), plus rapidement qu’ elle n’égalise les niveaux de vie, et sans rapprocher les cultures. Ces de
2032 nomènes antagonistes. Les contacts inévitables, s’ ils restent extérieurs et purement subis, renforcent les préjugés mutuels
2033 tent les ententes politiques et même économiques. Ils peuvent provoquer des heurts violents, une dégradation des valeurs, d
2034 et fermées, ou revendicatives et propagandistes. Ils créent dans les élites qui les subissent ce que l’on a si justement d
2035 es valeurs particulières de la culture à laquelle ils appartiennent, nourris de ces valeurs et y croyant pour l’essentiel ;
2036 par rapport au « challenge » que représente pour elle l’uniformisation croissante de la civilisation. II. Les motifs du
2037 es autres cultures pour une raison fondamentale : elle est elle-même une culture de dialogue, née de la synthèse difficile e
2038 ures régionales (africaines, asiatiques, arabes…) doit contribuer à rendre aux Européens de nos vingt pays le sentiment de l
2039 icienne. La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’est développée dans un certain contexte religieux, philosophique, b
2040 de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’ elle peut être nocive une fois séparée de ses sources et de certaines rési
2041 elles. Dans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration difficile
2042 ans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration difficile, voire
2043 ées pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ont qu’une formation nationale, et technique. Ils savent peu de cho
2044 s n’ont qu’une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses sur leur propre culture, et souvent pire que rie
2045 e, et souvent pire que rien sur celle des pays où ils vont aller. De même, les étudiants d’outre-mer qui viennent dans nos
2046 idée de la culture européenne dans son ensemble : ils n’étudient qu’une branche isolée, en vue de leur profession, et ne co
2047 issent en général qu’un seul pays, d’après lequel ils jugent l’ensemble. Il n’existe pas de « Relations culturelles europée
2048 seul pays, d’après lequel ils jugent l’ensemble. Il n’existe pas de « Relations culturelles européennes », mais seulement
2049 s « aides techniques » la culture de la région où il va travailler. ⁂ Il faudrait maintenant que chacune des autres région
2050  » la culture de la région où il va travailler. ⁂ Il faudrait maintenant que chacune des autres régions culturelles expose
2051 variables) pour chaque région. Quant aux motifs, ils sont sans doute très différents. La culture de l’Inde, par exemple, e
2052 emple : la culture renaissante de l’Afrique noire doit faire face à des problèmes d’éducation qui nécessitent évidemment les
2053 , le monde arabe, peut l’aider à élucider. L’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons ê
2054 er. L’Inde doit sauver son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. (« Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! »
2055 opres de poursuivre le dialogue, les bénéfices qu’ elle en attend, et enfin les apports qu’elle peut y faire. III. État pr
2056 éfices qu’elle en attend, et enfin les apports qu’ elle peut y faire. III. État présent des contacts et des échanges Da
2057 s quelle mesure les besoins ainsi définis peuvent- ils être satisfaits à l’aide des moyens existants ? Rien de plus difficil
2058 des comparatistes. Répartis dans le monde entier, ils dépendent d’innombrables initiatives indépendantes les unes des autre
2059 s des civilisations et de leurs publications, qui devrait être mis à jour.) Société internationale pour les études comparées d
2060 ngères contribuent aux échanges dans la mesure où ils peuvent répondre à des demandes venant d’autres pays ou régions, mais
2061 ser leur culture nationale. 2. Publications Il existe quelques revues générales, telles que Phylon (Atlanta Univ., É
2062 ntaux pour les autres régions de la planète, mais il serait imprudent d’affirmer que ces ouvrages, dans l’ensemble, répand
2063 connus, initient le dialogue nécessaire, parce qu’ ils prennent pour sujet réel la confrontation des cultures, considérées d
2064 ues d’intellectuels venus de tous les continents. Il entretient des centres culturels en Afrique. La Fondation européenne
2065 lloques, séminaires, etc. — sont si nombreuses qu’ il devient difficile de trouver assez d’hommes qui aient encore le temps
2066 e cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles répondent aux conditions d’un vrai Dialogue des cultures, et ceci pou
2067 osophie, de l’art ou de la religion, etc., même s’ ils épuisent chacun leur sujet spécial, ne font pas un Dialogue des cultu
2068 et spécial, ne font pas un Dialogue des cultures. Ils peuvent se multiplier à la satisfaction générale, sans qu’aucun des p
2069 d’ensemble soit touché. Le Dialogue des cultures doit s’établir entre des ensembles, et porter sur des problèmes vivants :
2070 es, techniques, il y a aujourd’hui un grand vide. Il n’y a pas de relais utiles. Pour préparer des hommes d’État, des dipl
2071 de secours : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont pas assez actuels ou synthétiques. Pour préparer des aides te
2072 firmes privées (qui envoient les représentants qu’ elles ont la chance de trouver, préparés ou non…). Enfin, une troisième lac
2073 décrite — possibilités, besoins, lacunes —, ce qu’ il nous reste à faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dialog
2074 ident et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles ne correspondent pas à des réalités culturelles suffisamment définies
2075 n chrétienne, origine culturelle européenne. Mais il est clair que dans le dialogue avec l’Afrique noire, ou l’Inde, ou la
2076 e s’est séparée politiquement de l’Occident, mais elle en exagère certains traits au-delà de toute mesure, privés de leurs c
2077 d’inégalité sociale, et contrairement à l’Europe, elle regorge de richesses potentielles en matières premières et en espace.
2078 ndes le Centre, le Sud-Est et l’Est du continent. Il est difficile de trouver un dénominateur commun aux problèmes de l’In
2079 ux ensembles est facile à « présenter », parce qu’ elle s’est constituée en somme selon les principes de la propagande éducat
2080 re la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’est efforcé depuis un si
2081 résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’ il nous importe de soumettre à l’examen de représentants qualifiés d’aut
2082 men de représentants qualifiés d’autres cultures. Il s’agit d’une « simple » question d’organisation, que beaucoup d’intel
2083 ’institue au niveau des expériences spirituelles, il reste que les âmes ne communiquent pas encore sans que les hommes se
2084 systématique et complète de plus de 2000 titres. Il peut ainsi répondre aux demandes de chercheurs et d’instituts d’outre
2085 leurs œuvres, leur action régionale, l’intérêt qu’ elles portent à d’autres cultures, leurs qualifications et leur disponibili
2086 mbrantes et coûteuses, et difficiles à consulter, il suffit le plus souvent que le Centre sache où sont les sources exista
2087 s organisations européennes officielles, parce qu’ il est en relations constantes avec leurs services d’information. En rev
2088 s avec leurs services d’information. En revanche, il a constitué ses propres archives sur vingt-cinq instituts d’études eu
2089 ons, par l’intermédiaire de leur centre culturel. Ils seraient conçus en vue de l’information des éducateurs, publicistes,
2090 techniques, industriels, hommes politiques, etc. Ils combleraient une des lacunes les plus frappantes que nous ayons renco
2091 s ordres, sur une région donnée. (Aujourd’hui, on doit se renseigner dans une douzaine de capitales, auprès de services offi
2092 rs responsables » dont on a vu la nécessité, mais ils seraient en tout cas les moyens de détecter ces interlocuteurs (parfo
2093 ille ?) se poserait également pour chaque région. Il ne nous appartient pas de discuter ces problèmes dans le présent papi
2094 eut qu’introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre aux représentants des diverses régions de donner leur opini
2095 tres régions, mutatis mutandis. De toute manière, il nous semble que la discussion de notre proposition, même si elle n’ab
2096 e que la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit pas à des résultats immédiats dans toutes les régions repré
2097 temps utile, avant que l’on vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir négligé les co
70 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
2098 dre un temps précieux à décrire ses activités. Qu’ il me suffise de vous dire en deux mots qu’il existe depuis onze ans, qu
2099 és. Qu’il me suffise de vous dire en deux mots qu’ il existe depuis onze ans, qu’il est une entreprise privée, c’est-à-dire
2100 ire en deux mots qu’il existe depuis onze ans, qu’ il est une entreprise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que s
2101 État, ou d’une politique nationale ou partisane. Il est tout naturel que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à
2102 rien ne serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait commencer, pratiquement, par quelque chose de très petit. Rie
2103 d’hui. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi, à ce propos, quelques mots d’explication sur la
2104 , quelques mots d’explication sur la manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de pe
2105 cepté de venir, mais par la suite, nombre d’entre elles ont été empêchées, dont plusieurs au cours de ces tout derniers jours
2106 s messages, raisons des absences.) Vous voyez qu’ il n’est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, q
2107 ir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre continents ! Et ceci, soit dit en passant, illustr
2108 avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’ il faudrait des années de travail ardu, mené par des centaines de person
2109 e pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’ il fallait se réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions
2110 de converser, sans se lancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à am
2111 d’envoi, comme on dit dans un match de football. Il aura réussi, si nous constatons dans trois jours que son travail ne f
2112 ours que son travail ne fait que commencer, et qu’ il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je sou
2113 t d’abord, je voudrais que ceci soit bien clair ! Il s’agit ici d’un dialogue des cultures, et non pas d’un débat de polit
2114 ne tant que les tensions politiques subsistent. S’ il en était vraiment ainsi, le dialogue des cultures ne pourrait jamais
2115 ar il y aura toujours des tensions politiques, et elles seront d’autant plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’aura
2116 tablir cette base d’entente. Même si la chance qu’ il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans reta
2117 me si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux raison
2118 ons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux raisons principales. 1° Tout d’abord, parce que, en tant qu
2119 n de monologues, si éloquents et enflammés soient- ils . Voilà pourquoi nous n’avons pas voulu convoquer aujourd’hui un grand
2120 ai assisté à trop de congrès et de séminaires, où il me semblait que les participants « jouaient » à tenir un congrès ou u
2121 tif d’études et d’action à très long terme, et qu’ il s’agit en conséquence d’entreprendre sans perdre une minute. Je passe
2122 ésultant de la situation actuelle dans le monde ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients d
2123 quelle nos cultures répondent à cette pression qu’ elles subissent toutes. De ces deux faits de base résultent des tensions vi
2124 ialogue. Bien entendu, d’autres motifs peuvent et devront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous
2125 tifs peuvent et devront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous demandent que soit précisé le
2126 Ceci nous demandera sans doute plus de temps. Car il importe que chaque « région » représentée s’exprime ici tout à loisir
2127 isir, s’explique aux autres et devant les autres. Il importe que chaque région décrive son ou ses problèmes majeurs, mais
2128 u ses problèmes majeurs, mais indique aussi ce qu’ elle attend des cultures différentes, et ce qu’elle estime avoir à leur ap
2129 qu’elle attend des cultures différentes, et ce qu’ elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux pr
2130 qu’elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points — motifs généraux et motifs ré
2131 fférents arguments qui ont été discutés, parce qu’ il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a e
2132 — pour quelle raison ? Parce que cette technique, elle est sortie tout de même, on l’a rappelé à plusieurs reprises, du cont
2133 lusieurs reprises, du contexte culturel européen. Elle est absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à tout
2134 ligieuses, et à toute notre histoire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et elle s’objective, elle devient un même ph
2135 ire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et elle s’objective, elle devient un même phénomène imposé à toutes les varia
2136 lle se dégage de ce contexte et elle s’objective, elle devient un même phénomène imposé à toutes les variantes de la culture
2137 is nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de la technique aux valeurs du contexte de cult
2138 technique aux valeurs du contexte de culture dont elles sont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, ent
2139 forme du dialogue, première raison de dialoguer. Il s’agit que cette technique objectivée ne vienne pas maintenant briser
2140 t pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ ils viennent d’accéder à l’indépendance, reprennent conscience de leurs v
2141 s cultures, ce premier dialogue est universel, et il s’agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à
2142 risque de créer la technique dans des régions où elle arrive tout à fait de l’extérieur, où elle ne surgit pas du fond même
2143 ons où elle arrive tout à fait de l’extérieur, où elle ne surgit pas du fond même de la culture comme c’est le cas en Europe
2144 que nous pouvons tous dire oui et non là-dessus, il s’agit de distinguer. Il y a le phénomène culture, qui est faire, cré
2145 ut-être grâce à la technique d’ailleurs, mais qui doivent s’expliquer avec la technique chacune à leur manière, et qui ne doive
2146 ec la technique chacune à leur manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennent leur autonomie se laisser unif
2147 manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennent leur autonomie se laisser uniformiser, bien plus qu’elles
2148 ur autonomie se laisser uniformiser, bien plus qu’ elles ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le dan
2149 les ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’uniformisation par la technique atteint
2150 t et se différencient. Je crois que la formule qu’ il faudrait proposer ici, c’est la formule du fédéralisme, c’est-à-dire
2151 n conflit. Ici apparaît la nécessité du dialogue. Il est très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne ve
2152 si l’on ne veut pas aboutir à des ruptures, comme il y en eut tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vu
2153 e il y en eut tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vue cette culture de l’universel dont parlait d’Ar
2154 cord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’ il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jour : nous avons vér
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
2155 ages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ ils ont pour sujet les rapports de ce pays avec l’ensemble européen) ; ce
2156 nfin, ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouv
2157 es discuter ces rubriques et la répartition entre elles d’ouvrages qui, bien souvent, relèvent à la fois de l’histoire, de la
2158 reprend d’écrire une thèse sur un sujet européen. Il n’a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les
2159 ropéen. Il n’a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titres qui intéressent sa spécialité et le
2160 éen. Il n’a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les titres qui intéressent sa spécialité et les bra
2161 tance de l’ouvrage, son niveau scientifique, et s’ il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédits 
2162 éthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’ il a joué un rôle déterminant dans l’évolution des idées qui a précédé e
2163 es de la bibliographie et de la Semaine du livre. Il ne vise qu’à décrire une coupe dans la production « européiste » cont
2164 olide des réalités ». Leur unanimité fondamentale devrait -elle nous rendre optimistes sur l’avenir de l’union de l’Europe ? J’e
2165 s réalités ». Leur unanimité fondamentale devrait- elle nous rendre optimistes sur l’avenir de l’union de l’Europe ? J’en dou
2166 .) Défauts communs à la plupart de ces ouvrages : ils sont écrits à la hâte, pour « coller à l’actualité », et par suite en
2167 ypographie, et surtout de hiérarchie des valeurs. Ils sont parfois pleins de redites, chacun se croyant tenu de refaire l’h
2168 cours son appréciation personnelle a posteriori ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un
2169 peu de rigueur, ou de modestie. Enfin et surtout, ils sont dépourvus pour la plupart de ce style de pensée créatrice qui se
2170 s ailes. L’homme d’action marche, court et vole ; il est d’abord un visionnaire. Sans visionnaires à la Colomb, pas d’Euro
2171 « Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’ il a réussi » révèlent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui deva
2172 lent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui devait les rendre hostiles à la CECA en ses débuts, et qui reste opposée, fo
2173 politique des publications européennes Certes, il ne faut décourager personne, et l’on doit se féliciter de voir autant
2174 Certes, il ne faut décourager personne, et l’on doit se féliciter de voir autant d’esprits préoccupés de mettre en ordre l
2175 e à connaître ce qui s’est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacunes à combler, et quels problème
2176 uels problèmes nouveaux attendent d’être traités. Ils pourraient établir une politique des publications sur l’Europe : suje
2177 us son nom, c’est à cause de certaines erreurs qu’ il sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à un
2178 effet, la variété des publications envisagées, si elle correspondait bien à la variété de la production réelle et des besoin
2179 s ne soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ ils se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succè
2180 s au départ, puis écartés finalement par le pool. Il est juste d’ajouter que l’intérêt pour les publications « européistes
2181 reprises collectives — au premier rang desquelles il faut citer l’édition en six langues de l’Histoire de l’Europe et du g
2182 le domaine de l’économie et du droit économique. Il semble donc qu’une politique de l’édition « européiste » n’est pas se
2183 teurs possibles, les projets en cours, et ceux qu’ il conviendrait d’encourager ou de susciter, — tels seraient, à notre av
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
2184 nos peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne ser
2185 e en fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europ
2186 fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des habitants de l’Europe. Si
2187 par la majorité des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de
2188 habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’ elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle
2189 n, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une dém
2190 même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; ell
2191 m d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anonyme, gouvernée comme toutes les
2192 Un vaste effort s’imposait donc de toute urgence. Il exigeait la coopération de tous les organismes préoccupés d’éducation
2193 première séance à Genève les 5 et 6 janvier 1962. Il élabora le plan général d’une Campagne d’éducation civique européenne
2194 t, et donna l’impulsion nécessaire à la Campagne. Il établit le plan du Guide du maître actuellement en cours de rédaction
2195 es délais prévus, à quelques semaines près. Comme il fallait s’y attendre, ces réponses font ressortir surtout les lacunes
2196 enseignement civique dans la plupart de nos pays. Elles définissent d’une manière très concrète la nature des obstacles à sur
2197 ation, leçons types, échange d’expériences. Bref, elles confirment l’ampleur des tâches à accomplir et dessinent quelques voi
2198 accomplir et dessinent quelques voies d’approche. Il reste à trouver, ou à former, les hommes qui se chargeront de ces tâc
2199 t les moyens financiers nécessaires. Ces derniers devraient être empruntés, à mon avis, au budget d’une défense nationale bien co
2200 donc le moral d’un pays, son tonus civique), mais il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion d
2201 pagne d’éducation civique était nécessaire, et qu’ elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressources,
2202 tait nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’ il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou plutôt à mobiliser les
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
2203 ciation européenne des festivals de musique, dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représent
2204 que, dont il fut l’un des fondateurs, un festival doit être tout d’abord représentatif d’un genius loci, d’un climat régiona
2205 e le caractère parlé et improvisé de ces débats : ils présentent, dans l’ensemble, une photographie qu’on ne pourrait souha
74 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
2206 de Berre [interventions] (juillet 1963)cr cs Il peut paraître paradoxal qu’au moment où nous nous efforçons de faire
2207 nde dans cette deuxième partie du xx e siècle, qu’ il s’agisse de la culture européenne ou de l’africaine, ou de l’arabe, o
2208 ation technologique, qui a fait le tour du monde. Elle est née en Europe de toute évidence, dans le contexte de la culture e
2209 , dans le contexte de la culture européenne, mais elle est en train de s’objectiver, de se détacher de cette base, de ce foy
2210 par cette même civilisation technologique et nous devons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jette. Cec
2211 retrouver notre équilibre en présence du défi qu’ elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien que l’
2212 tation à la technique beaucoup plus vaste, puisqu’ il a accompagné le développement de la technique, et grandi avec elle de
2213 le développement de la technique, et grandi avec elle depuis cent cinquante ans. Cette thèse peut paraître pessimiste, peut
2214 er que la technique est un progrès, en ce sens qu’ elle augmente à la fois les risques de la culture et ses chances, ses poss
2215 xistant il y a cinquante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, d
2216 a cinquante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, donc à peu prè
2217 Nous arrivons au moment où la technique, parce qu’ elle est suffisamment poussée, développe enfin ses effets véritables qui s
2218 é de ce mot « progrès », la double possibilité qu’ il représente : ou de ruiner la culture, ou de la porter bien au-delà de
2219 ture, ou de la porter bien au-delà des milieux où elle était cultivée, si je puis dire, autrefois. Les chances augmentant en
2220 t que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la culture qui est, en fin de compte — je crois que c’
2221 vités humaines. Mais la spécialisation technique, il faut bien le signaler, n’est pas moins dangereuse pour la technique e
2222 t fermée s’oppose au progrès même, à l’invention. Il résulte d’une série d’études récentes faites en Amérique et en Anglet
2223 ues, que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupent de tou
2224 tés à faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leurs s
2225 s, à trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ ils étaient prisonniers des routines de leurs spécialisations. Les plus g
2226 , créateur de Los Alamos et de la bombe atomique. Il n’y a pas de progrès scientifique aujourd’hui, et par suite, pas de p
2227 s aucune possibilité d’option pour les étudiants, ils en sont venus à restaurer les études générales ; à tel point que, dan
2228 es. Ceci, pour les meilleurs, pour les créateurs. Il reste évidemment le danger que la spécialisation nécessaire dans beau
2229 souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ ils sont vitaux pour la technique et par suite pour l’industrie elle-même
2230 e commercial de l’époque qui était Venise-Bruges. Elles se développent dans les Flandres, redescendent par la Bourgogne. Les
2231 base « nationale » au sens contemporain du terme. Elles coupent une quantité de nos frontières actuelles, qui n’étaient pas l
2232 es mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont pas d’une nation à l’autre mais d’un foyer de création à un a
2233 tre mais d’un foyer de création à un autre foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les créations d’artistes év
2234 autre foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les créations d’artistes évidemment individuels, mais attirés pa
2235 frontières s’ouvrent à des échanges plus libres, il faut qu’il y ait quelque chose à faire passer, des produits à échange
2236 rseille, qui a déjà une forte densité culturelle. Il ne s’agit pas ici d’une population culturellement sous-développée à l
2237 tion culturellement sous-développée à laquelle on devrait apporter les lumières de Paris ! Il s’agit bien plutôt de faire parti
2238 uelle on devrait apporter les lumières de Paris ! Il s’agit bien plutôt de faire participer l’ensemble d’une population ac
2239 articipe, ce n’est pas seulement quelque chose qu’ il reçoit ; et probablement, il ne peut en recevoir les dons que dans la
2240 ent quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne peut en recevoir les dons que dans la mesure où il fait un effort
2241 e peut en recevoir les dons que dans la mesure où il fait un effort créateur d’une manière ou d’une autre. M. Bigonnet a a
2242 trouve cette image parfaitement exacte en ceci qu’ elle évoque un pouvoir émetteur, lequel va naturellement bien au-delà de s
2243 equel va naturellement bien au-delà de sa source. Il n’est pas destiné seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à
2244 phare ou à ceux qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et assurer les communications, les échanges e
2245 s communications, les échanges et les mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de
2246 este du monde. Toute culture est échange parce qu’ elle est d’abord expression, et qui dit expression dit communication, tend
2247 ce à une communication. À mon sens, une métropole devrait jouer, mutatis mutandis, le rôle des petites cours de la Renaissance
2248 ssure la production et le rayonnement. Le climat, il existe ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est
2249 nt. Le climat, il existe ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui s
2250 l existe ici, on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état nai
2251 on l’a décrit hier. Il est heureux, il est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renai
2252 t naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs de l’argent, dont parlait si justement et si éloquemment Jean Ballard
2253 de le faire servir au développement culturel dont elle vivra en retour. La culture et l’éducation, je crois que nous sommes
2254 je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investissement pour les grandes industries. Une
2255 grandes industries. Une métropole digne de ce nom devrait donc financer en grande partie elle-même son rayonnement. Autrement,
2256 ande partie elle-même son rayonnement. Autrement, elle ne serait qu’une succursale plus ou moins lointaine de la capitale na
2257 énat ? C’est la « fondation », de type américain. Elle paraît être la formule de coopération idéale entre l’économie et la c
2258 oopération idéale entre l’économie et la culture. Elle est nourrie par l’économie, qui à travers elle dirige ses dons vers l
2259 e. Elle est nourrie par l’économie, qui à travers elle dirige ses dons vers la culture en espérant en recevoir les bénéfices
2260 omme bénéficiaire pour l’ensemble des États-Unis. Il s’agirait d’obtenir des conditions analogues en Europe. Un projet de
2261 conditions analogues en Europe. Un projet de loi doit être déposé à cet effet devant le Conseil de l’Europe, tendant à géné
2262 pide de très nombreuses fondations. En attendant, il existe en Europe quelques 400 fondations culturelles, pour la plupart
2263 nscients de leur interdépendance vitale, de ce qu’ ils doivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ils peuvent s’appo
2264 ents de leur interdépendance vitale, de ce qu’ils doivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ils peuvent s’apporter les
2265 oivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ ils peuvent s’apporter les uns aux autres. Je suggère cette idée de fonda
2266 ar l’économie régionale, non pas dans l’espoir qu’ elle soit acceptée ni même discutée sérieusement aujourd’hui, mais parce q
2267 discutée sérieusement aujourd’hui, mais parce qu’ il me semble qu’elle pourrait servir à concrétiser, dans les conversatio
2268 sement aujourd’hui, mais parce qu’il me semble qu’ elle pourrait servir à concrétiser, dans les conversations qui suivront ce
75 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
2269 sation : Conseil de l’Europe, Marché commun. Mais elle ne deviendra vivante que par les citoyens qui la vivront, conscients
2270 les citoyens qui la vivront, conscients de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui est leur civilisation et des droits que
2271 nir citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’ il n’a pas encore d’institutions, de politique commune et de gouvernemen
2272 e tout engendrement, et en dépit de Zénon d’Élée, il aboutit souvent à des naissances réelles. Le motif de notre Campagne
2273 ’École. Car l’Europe fait des citoyens pour ce qu’ elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour la na
2274 l’Europe fait des citoyens pour ce qu’elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour la nation. Et l’
2275 aire des citoyens pour la nation. Et l’on sait qu’ elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres mond
2276 les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferait- elle pas aussi bien pour l’Europe, et pour la paix européenne ? Pour sorti
2277 ibilités de l’enseignement d’un civisme européen. Elle a donné naissance à un comité d’action où sont représentés le Conseil
2278 lture assurant le secrétariat de l’entreprise, qu’ il avait préparée par plusieurs publications57. Le comité a lancé la Cam
2279 t ; 2° Une carence de l’éducation civique : là où elle existe, elle se borne à décrire les institutions mais ne présente pas
2280 rence de l’éducation civique : là où elle existe, elle se borne à décrire les institutions mais ne présente pas les problème
2281 d’enseignants. Pour les atteindre, par où fallait- il commencer ? Par un regroupement de ceux, d’abord, qui ont pris consci
2282 leur établissement, leur ville, leur région dont ils prendraient l’initiative. Les textes que nous publions ici ne représe
2283 tenus voudra bien garder dans l’esprit le fait qu’ il ne s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
2284 historiens nationalistes se moquent de nous quand ils prétendent que telle chaîne de montagnes ou tel fleuve divisent deux
2285 re la guerre, alors qu’on peut aussi bien dire qu’ ils unissent et relient ces mêmes peuples. Le Rhin divise Français et All
2286 c ! C’est l’histoire du trait d’union : est-ce qu’ il sépare deux mots, ou est-ce qu’il les unit ? L’historien nationaliste
2287 ion : est-ce qu’il sépare deux mots, ou est-ce qu’ il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’il les sépare. L’historie
2288 qu’il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’ il les sépare. L’historien fédéraliste européen dira qu’il les unit en r
2289 sépare. L’historien fédéraliste européen dira qu’ il les unit en respectant leur diversité. Pas question de soumettre l’hi
2290 strielles et commerciales vont être revalorisées. Elles vont respirer, délivrées du carcan État. Elles vont devenir des métro
2291 s. Elles vont respirer, délivrées du carcan État. Elles vont devenir des métropoles, des centres d’animation culturelle, et p
2292 oles, des centres d’animation culturelle, et puis elles vont renouer entre elles, au-delà des anciennes frontières qui les op
2293 tion culturelle, et puis elles vont renouer entre elles , au-delà des anciennes frontières qui les opposaient artificiellement
2294 se aux professeurs de géographie. Et je ne sais s’ ils y répondront pendant ces journées d’étude, mais ils sauront au moins
2295 s y répondront pendant ces journées d’étude, mais ils sauront au moins qu’un Européen d’aujourd’hui se les pose, et que c’e
2296 sse et que c’est peut-être dans ces directions qu’ ils feraient bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils seraient tout
2297 raient bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils seraient tout à fait sûrs, alors d’être écoutés avec passion, et d’êt
77 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
2298 ment la Nature mais le Naturant, qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel
2299 , ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour, il espérait escalader le Ciel : tentant ainsi non seulement d’égaler mai
2300 ppliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que tou
2301 venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant des langues diverses, et incapables de plus jamais
2302 mes différents, divisant le genre humain. Et plus ils excellaient dans leur activité spéciale, plus ils parlaient en jargon
2303 ils excellaient dans leur activité spéciale, plus ils parlaient en jargon barbare (tanto rudius nunc et barbarius loquuntur
2304 oderne tout entier. Et à l’intérieur de l’Europe, elle fait songer irrésistiblement à cette institution dont le nom même sem
2305 e institution dont le nom même semble indiquer qu’ elle devrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités int
2306 titution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités intellectue
2307 ctivités intellectuelles, et donc artificielles — elle fait songer à cette tour du Savoir, tellement démesurée qu’il faut, p
2308 er à cette tour du Savoir, tellement démesurée qu’ il faut, pour l’édifier, diviser maîtres d’œuvre et ouvriers en équipes
2309 s, et tous les instituts spécialisés qui autour d’ elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page que je viens de vous lire sur
2310 es instituts spécialisés qui autour d’elles ou en elles , prolifèrent. Dans la page que je viens de vous lire sur l’origine de
2311 l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t- il , au xxe siècle, à deux mouvements de sens contraire, qui affectent c
2312 réponse me paraît évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découve
2313 ugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après combien
2314 ces vives de la nouvelle culture mondiale. Or, qu’ il n’y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts fin
2315 e commun, et que les buts finaux s’obscurcissent, il faut bien voir que cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y
2316 r que cela veut dire aussi, très concrètement, qu’ il n’y a plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas, qu
2317 des étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000
2318 est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’ il sera de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu varier
2319 n oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’ elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour images, s
2320 parité n’a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et les distances entre le savoir et le croire,
2321 l’Église jugea Galilée, parce que tout simplement il ne comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saur
2322 lusions du physicien et la dogmatique de l’Église doit être estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicie
2323 tés de conflits dès longtemps périmés59. Faudra-t- il donc nous résigner à ce que l’accroissement même du savoir entraîne p
2324 ervateur non prévenu, jugeant seulement sur ce qu’ il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Europé
2325 , jugeant seulement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Européens trouve que cela
2326 e Babel ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux a
2327 s’expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus f
2328 florissante que jamais : loin d’être abandonnée, elle attire une foule croissante de travailleurs et de curieux. L’industri
2329 ndustrie et l’État, plus que jamais, ont besoin d’ elle . Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédiates, qu’on l’
2330 et l’État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédiates, qu’on l’agrandiss
2331 t jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent au contraire leur régime normal d’existence, selon la lo
2332 savoir humain. Dans le Temple même de la Science, il faut bien que les lévites, même sceptiques quant aux fins de leur rel
2333 ites, donnent leurs cours… Mais quel dieu servent- ils encore ? À quelle idée de l’homme, divine ou idéale, correspond aujou
2334 l’Université occidentale ? Quel type d’homme a-t- elle en vue, veut-elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de le d
2335 dentale ? Quel type d’homme a-t-elle en vue, veut- elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de le déduire d’une obser
2336 re osseuse, et très peu d’articulations… Au vrai, il est devenu presque impossible de répondre à une telle question, et c’
2337 on la pose si rarement. Notre enseignement vise-t- il à former des personnes réelles et complètes, ou seulement de futurs p
2338 choix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de l’Université,
2339 débordent le seul domaine de l’Université, et qu’ elles affectent tout l’ensemble de la culture européenne. Mais c’est par l’
2340 contact de la culture européenne, et c’est là qu’ ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insi
2341 de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’ elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce sera
2342 e à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’ elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet d’étude
2343 s particuliers et divergents. L’originalité, pour elles , n’est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’
2344 — ou simple erreur d’exécution. Mutatis mutandis, il en va de même dans les cultures totalitaires du xxe siècle, dominées
2345 ons naïves et pénétrantes : pourquoi l’Europe a-t- elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourquoi cherch
2346 aturelles dans l’Occident christianisé — alors qu’ il est clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentie
2347 bes, qui leur posent ces questions fondamentales, ils se verraient conduits à dépasser leur régime de spécialités académiqu
2348 Histoire, du Temps, de l’Évolution et du Progrès, il faudrait que le théologien soit capable de se référer non seulement a
2349 a doctrine physique du Temps, aux discussions qui durent déjà depuis un siècle sur le principe de Carnot et Clausius, sur la d
2350 qui ont une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les physiciens qui en discutent sachent que la dialectiq
2351 ros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’ il m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit
2352 rit ne peut plus se présenter devant le monde, qu’ elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babéliqu
2353 e seule me paraît en mesure de résoudre, parce qu’ elle seule l’a posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers égal
2354 La généralité n’est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent
2355 tielle, que tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est g
2356 ner le monde par petits bouts au prix de son âme. Il n’en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut
2357 uisqu’on ne peut chercher de solution en arrière, il faut donc la chercher en avant : accepter le mouvement de spécialisat
2358 cléaire : or, les impasses et les paralogismes qu’ ils y rencontrent semblent les confronter désormais à des options métaphy
2359 oins sublime que j’essaie aujourd’hui d’explorer, elle me paraît rendre compte du fait que ce sont les meilleurs spécialiste
2360 . c) Mais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une
2361 at présent de notre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des dis
2362 r leur réunion physique en séminaires restreints, ils créeraient ces « carrefours de vérités hétérogènes » sur lesquels et
2363 estions et de réponses, le dialogue en un mot, et il exclut l’intervention monologuante sous forme de discours. Ce détail
2364 s existent déjà en puissance ; et pas non plus qu’ elle s’inscrive devant nous, sur quelque carte perforée, comme un résultat
2365 ui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’ elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement elle
2366 ns un esprit, dans une personne, car là seulement elle peut trouver ses significations humaines, ses mesures, son utilité au
2367 son utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’ il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse,
2368 r excellence en tant que tels par le fait même qu’ ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être se
2369 fait même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser
2370 r qu’une solution de bon sens presque simpliste : il me semble que le seul moyen de sauver la qualité des universités exis
2371 e proposent avec beaucoup de sagesse, me semble-t- il , les rapports d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde à l’espri
2372 avoir, dont je vous ai plus longuement entretenu, il me tarde de vous proposer des conclusions plus personnelles et plus p
2373 savoir en langages spécialisés. Pour y répondre, il faut envisager la création d’instituts ou de centres de synthèse, éta
2374 ue mutuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Et quant au contenu : seu
2375 rdisciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’ il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés class
2376 ons ou découvertes de la science et des arts sont- elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utilitaires
2377 comment y suppléer par les arts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’
2378 africaines, amérindiennesda, indonésiennes, etc. Il n’existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’études euro
2379 s spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les continents de la plan
2380 avec une anxiété mêlée d’arrogance, à l’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire.
2381 , à l’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’ elle n’a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le se
2382 autres rajeunis… Comment baptiser l’entreprise ? Elle pourrait se réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont
2383 e Université européenne. Vraie université, puisqu’ elle traiterait spécifiquement du général, en vue d’entretenir ou de forme
2384 ge cohérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’ elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la form
2385 liées par une culture qui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 59. Je n’ignore pas
78 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
2386 ’idée maîtresse qui l’inspire est la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et réalise sa vocation particulière
2387 lle et technologique née du complexe européen ; — il faut que les Européens prennent l’initiative de coopérer à l’établiss
2388 les moyens d’une aide conçue de telle manière qu’ elle n’augmente pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se retourne
2389 n’augmente pas les déséquilibres existants, et qu’ elle ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Européens s
2390 qu’elle ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Européens se préoccupent de présenter au monde nouveau e
2391 des cultures entrant en dialogue, et admettant qu’ elles sont autant de manifestations valables, précieuses et nécessaires, au
2392 Or d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, par la faute ou par la vertu de
2393 d’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’ elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue est im
2394 ute l’humanité. Le sujet du dialogue est immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les conf
2395 gue est immense, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les confusions imaginables. Pourtant, on
2396 nse, il est littéralement planétaire, il prête et il invite à toutes les confusions imaginables. Pourtant, on ne peut plus
2397 maginables. Pourtant, on ne peut plus l’esquiver. Il domine toute espèce de réflexion sur la culture, au seuil du dernier
2398 ulture, au seuil du dernier tiers du xxe siècle. Il remet en question toutes nos valeurs, bien plus profondément que les
2399 re ce dont nous tentons ici de mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’est ensuite occupé de sonder l’opinion de
2400 lité des hommes, de la liberté et de l’esclavage. Il était juste de relever d’abord le rôle décisif qu’ont joué les Europé
2401 i aboutit aux sciences et à la technique moderne. Il paraît indispensable, en effet, d’expliquer aux Occidentaux d’aujourd
2402 alisme oriental » : dans quelle mesure traduisent- ils des réalités, et dans quel contexte faut-il les replacer ? Enfin, la
2403 sent-ils des réalités, et dans quel contexte faut- il les replacer ? Enfin, la question des influences culturelles réciproq
2404 lettre excusant son absence forcée de ce congrès, il est en Chine ces jours-ci) critiquent vivement toute tentative d’affi
2405 nt les cultures orientales, dont on se demande si ils ne les tiennent pas, au fond et systématiquement, pour supérieures à
2406 e au contraire à soutenir que face au tiers-monde il convient que les Européens reprennent conscience de leurs vertus fond
2407 re en faveur de l’une et de l’autre attitude. Car il est bien certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle
2408 à l’égard des autres cultures. Cela s’explique : ils les connaissaient mal, ils les connaissaient surtout par les récits d
2409 res. Cela s’explique : ils les connaissaient mal, ils les connaissaient surtout par les récits de marins, de marchands, de
2410 que toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire observer que des Européens, presque seuls, ont pu
2411 ales, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il ne s’agit pas un instant, quoi qu’en aient pensé certains d’entre vou
2412 Cinq rapports très importants lui sont soumis, et il me semble que chacun à sa manière, si différentes que soient ces mani
2413 érentes que soient ces manières et si opposées qu’ elles puissent paraître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui est de
2414 mais aussi les plus naïves questions à poser. Est- il certain, par exemple, que le développement industriel et technique su
2415 au développement par les Occidentaux ne reposent- ils pas sur la notion inconsciente, indiscutée mais très discutable d’une
2416 hiques et religieux qui les distinguent ? N’y a-t- il pas là une tendance déshumanisante, anticulturelle, barbarisante ? L’
2417 isante ? L’exactitude de ces calculs ne suppose-t- elle pas que tous les peuples auraient accepté les options fondamentales,
2418 industriel et technique de l’Occident moderne est- il une mesure fixe, comme le kilo, le mètre ou l’erg, à laquelle on pour
2419 ns le tiers-monde de « rattraper » l’Occident a-t- elle un sens, quand l’Occident change et bouge tout le temps et de plus en
2420 de plus en plus vite, et sans toujours savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne sont pas tous pareils, même pas dan
2421 les lois de l’économie s’effondrent, si justes qu’ elles soient localement dans un milieu convenablement conditionné et réglé,
2422  » à l’occidentale un pays de culture différente, il faut bien voir que du même coup on s’attaque à son âme, ou en tout ca
2423 mes — sous-développés. Nous avons au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’il va leur en coûter d’essayer de nous «
2424 contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’ il va leur en coûter d’essayer de nous « rattraper », de dire aux Indien
2425 « rattraper », de dire aux Indiens par exemple qu’ ils ne peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, manger l
2426 enre humain mais sa prolifération incontrôlée qui devrait épouvanter et pousser à une action immédiate à grande échelle ! Plusi
2427 qui vous sont soumis insistent sur la priorité qu’ il faudrait donner à une planification démographique sur la planificatio
2428 re, et peut même aggraver rapidement la famine qu’ elle voulait prévenir à n’importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme des p
79 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
2429 port bien certain entre la culture d’une part, qu’ ils considèrent comme un luxe réservé à une élite disposant de loisirs, e
2430 politique, économique et sociale d’autre part, qu’ ils considèrent comme le solide et le sérieux de l’existence de tous les
2431 e partage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et civisme n’est pas évident po
2432 ux réalités. Je voudrais vous montrer comment, si elles sont bien comprises, elles convergent et s’appuient mutuellement dans
2433 us montrer comment, si elles sont bien comprises, elles convergent et s’appuient mutuellement dans l’optique de l’Europe que
2434 e l’Europe que nous voulons unir, cette Europe qu’ il s’agit de faire vivre tout d’abord dans l’esprit et le sentiment des
2435 ipation active de l’individu à la vie commune, qu’ il s’agisse du cercle familial, professionnel et communal pour commencer
2436 e. Celle-ci existe déjà au niveau de la culture ; il faut maintenant la faire exister au niveau des réalités politiques, a
2437 exemple, y participent vraiment dans la mesure où ils ne se contentent pas d’écouter mais où ils prennent la parole ! Parti
2438 ure où ils ne se contentent pas d’écouter mais où ils prennent la parole ! Participer, ce n’est pas seulement prendre sa pa
2439 ecevoir, c’est-à-dire par apprendre et assimiler. Il doit apprendre le système des institutions et des principes sur lesqu
2440 voir, c’est-à-dire par apprendre et assimiler. Il doit apprendre le système des institutions et des principes sur lesquels o
2441 s et des principes sur lesquels on les a fondées. Il doit assimiler les règles de conduite, lois et conventions qui régiss
2442 t des principes sur lesquels on les a fondées. Il doit assimiler les règles de conduite, lois et conventions qui régissent l
2443 instruction civique — ou en tout cas, c’est ce qu’ elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. Celle
2444 uction civique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en
2445 re l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se contenter d’inculquer un savoir, de donner des réflexes, de di
2446 ner des réflexes, de discipliner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté,
2447 es réflexes, de discipliner l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté, à y
2448 i démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’ il ne comprenait pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il n
2449 n et un bon Européen, s’il ne comprenait pas et s’ il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y avoir de liberté
2450 as et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’ il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsabi
2451 qu’il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsabilité concrète ; et que, inversement, la condit
2452 nu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’ il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle action
2453 ’on peut démontrer qu’il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle action, et qu’il n’a pas agi sous
2454 a signé tel document, commis telle action, et qu’ il n’a pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de fol
2455 est le trait caractéristique du civisme européen. Elle représente la santé de la démocratie, dont les deux maladies typiques
2456 s, l’homme n’est pas responsable, dans le second, il n’est pas libre. Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il
2457 Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne saurait être considéré comme un citoyen véritable. De ces définiti
2458 insi le rôle de l’éducateur européen est double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventions de la vie
2459 i le rôle de l’éducateur européen est double : il doit d’une part inculquer à l’élève les lois et conventions de la vie soci
2460 vie sociale et communautaire, mais d’autre part, il doit préparer l’élève à agir librement, selon son jugement, une fois
2461 e sociale et communautaire, mais d’autre part, il doit préparer l’élève à agir librement, selon son jugement, une fois sorti
2462 t, selon son jugement, une fois sorti de l’école. Il doit donc d’une part initier l’enfant aux règles communes, d’autre pa
2463 selon son jugement, une fois sorti de l’école. Il doit donc d’une part initier l’enfant aux règles communes, d’autre part le
2464 ropéenne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialec
2465 apparence. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialectique de la responsabilité et de la con
2466 me des civilisations totalitaires dans lesquelles il s’agit avant tout d’être conforme, d’obéir strictement aux modèles co
2467 vres qui représentent la culture européenne, — qu’ il s’agisse de livres ou de monuments, de tableaux ou de symphonies, de
2468 l’enfant, l’adolescent, le débutant de tout âge, doit d’abord en recevoir des impressions et tenter de les assimiler, de le
2469 es assimiler, de les analyser, de les comprendre. Il doit prendre connaissance des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comme
2470 assimiler, de les analyser, de les comprendre. Il doit prendre connaissance des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment il
2471 nce des chefs-d’œuvre, apprendre quand et comment ils ont été créés, dans quel contexte historique, à quelles fins religieu
2472 s fins religieuses et sociales, dans quel esprit. Il doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire, à écouter ces chefs-
2473 ins religieuses et sociales, dans quel esprit. Il doit donc tout d’abord apprendre à voir, à lire, à écouter ces chefs-d’œuv
2474 une idée de la manière dont tout cela a été fait, il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commencera naturellem
2475 , il lui viendra le désir de le faire à son tour. Il commencera naturellement par imiter, et s’il imite mal, son maître le
2476 our. Il commencera naturellement par imiter, et s’ il imite mal, son maître le corrigera. Mais à cela ne se borne pas son é
2477 te des modèles orthodoxes n’est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exac
2478 e serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les rites, ou pour un peintre officiel sous Stali
2479 différence se manifeste d’abord comme une erreur. Il appartient au bon maître de distinguer l’erreur due à la maladresse d
2480 l appartient au bon maître de distinguer l’erreur due à la maladresse de l’« erreur » qui révèle l’exigence intime d’une pe
2481 e, un poète, un musicien, veut d’abord dire ce qu’ il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en mêm
2482 rtout à partir du romantisme), mais en même temps il publie, il expose, il ambitionne d’être joué en public, c’est-à-dire
2483 tir du romantisme), mais en même temps il publie, il expose, il ambitionne d’être joué en public, c’est-à-dire qu’il cherc
2484 ntisme), mais en même temps il publie, il expose, il ambitionne d’être joué en public, c’est-à-dire qu’il cherche aussi l’
2485 ambitionne d’être joué en public, c’est-à-dire qu’ il cherche aussi l’approbation et la sanction suprême de la communauté —
2486 et la sanction suprême de la communauté — même s’ il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux c
2487 sanction suprême de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégorie
2488 ies fondamentales : liberté et responsabilité. Qu’ il s’agisse du citoyen actif ou de l’artiste créateur, le problème est l
2489 me dans sa forme et dans ses étapes dialectiques. Il s’agit d’abord d’acquérir une certaine somme d’informations, puis de
2490 is en même temps d’assumer les responsabilités qu’ il entraîne dans la communauté. Au couple antinomique inséparable libert
2491 bon artiste européen. L’éducation européenne, qu’ il s’agisse de civisme ou de culture trouve ainsi sa formule caractérist
2492 , et découvrent leur style. Or, presque toujours, ils redécouvrent en même temps les mérites, curieusement « modernes » à l
2493 rien peut en donner d’innombrables exemples, mais ils seront rarement aussi parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre
2494 es Allemands qui croyaient défendre leur Kultur — elle se dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’Histoire, et très
2495 e : celui de l’évolution de la musique en Europe. Elle naît avec le chant grégorien au vie siècle en Italie, s’enrichit au
2496 s les Flandres avec Ockeghem et Josquin des Prés. Elle rayonne en Bourgogne, en France, et de l’Espagne à la Bohême, et rede
2497 spagne à la Bohême, et redescend vers l’Italie qu’ elle enrichit de ses nombreuses découvertes, jusqu’au xvie siècle, quand
2498 e une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas de
2499 plement l’école locale ou régionale dans laquelle il s’est formé. Roland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la
2500 Colmar à la France des siècles après sa mort. Qu’ il s’agisse de musique, de peinture, d’architecture, de philosophie ou d
2501 de la religion qui les inspira toutes au départ, il n’est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de m
2502 anges, tissant l’œuvre commune des Européens ; et il n’en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse
2503 frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande »
2504 ontrer son unité fondamentale, base de l’union qu’ il reste à faire. Troisième thème : L’Art, comme activité de tous
2505 ire. Et de même, dans nos démocraties, tout homme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait-il seul à rester une s
2506 it et peut être un citoyen. Pourquoi l’art serait- il seul à rester une spécialité de luxe, réservée aux seuls artistes pro
2507 culture n’est pas vivante et n’est pas saine, si elle reste l’activité des seuls artistes, savants ou écrivains professionn
2508 nt passif et en dehors du coup. Une culture saine doit être vivante dans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’a p
2509 ens civique : ce rapport devient manifeste dès qu’ il s’agit de discuter et de voter un plan d’urbanisme, ou de sauvegarder
2510 le » n’intéressant que les sujets vraiment doués, devrait occuper une place importante dans tous nos programmes scolaires. Car
2511 ortante dans tous nos programmes scolaires. Car s’ il est vrai comme le dirait Pascal que le principe de toute morale est d
2512 e le principe de toute morale est de bien penser, il faut dire aussi que le principe de toute culture c’est de bien sentir
2513 gne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter une campagne pour l’éducation artistique des futurs citoyen
2514 tistique des futurs citoyens — et peut-être même, doit -elle commencer par là. 63. Ces déclarations sont extraites de deux
2515 que des futurs citoyens — et peut-être même, doit- elle commencer par là. 63. Ces déclarations sont extraites de deux conf
80 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
2516 nement des langues et des littératures étrangères doive se proposer « d’inspirer à l’élève le respect des peuples étrangers »
2517 e dit une directive pédagogique d’un de nos pays. Il ne s’agit pas d’utiliser l’enseignement au profit d’une bonne cause,
2518 r l’enseignement au profit d’une bonne cause, fut- elle européenne, mais de le rendre conforme à son objet : or il se trouve
2519 enne, mais de le rendre conforme à son objet : or il se trouve que cet objet est un phénomène 1° européen et non pas natio
2520 tional, 2° littéraire et non pas politique. Ce qu’ il s’agit ici d’inspirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’ils
2521 spirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’ ils le méritent, et non des peuples. Un peuple n’écrit rien, ne produit p
2522 uple n’écrit rien, ne produit pas de littérature. Il arrive au contraire qu’une nation, au sens moderne, soit en partie le
2523 ériode des plus sombres de l’histoire, en France. Il ne s’agit pas non plus de « dégager les apports des différents pays »
2524 ngue, traditions, croyances du milieu, etc., mais ils sont là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse
2525 ct des peuples », « apports des pays »), c’est qu’ elles traduisent l’obsession nationale dont l’enseignement littéraire devra
2526 bsession nationale dont l’enseignement littéraire devrait se guérir s’il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son o
2527 ont l’enseignement littéraire devrait se guérir s’ il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son objet. Quand il
2528 r à la vérité et à la réalité de son objet. Quand il faut caractériser en peu de mots une œuvre, une vie, ces réflexes ou
2529 on où s’est formée sa sensibilité, la religion qu’ il suit ou qu’il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et polit
2530 rmée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’ il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et politiques, ou enco
2531 pe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’enseignement de l’histoire, de la géographi
2532 e pas de l’addition de littératures nationales qu’ il s’agirait aujourd’hui, de rapprocher et de comparer, voire d’unifier
2533 haute voix met l’accent sur la mauvaise syllabe, il s’endort pour l’éternité… Les écrits hindous (ou aztèques, incas, man
2534 ensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Homère à Goethe)… E
2535 période de vingt-six siècles (d’Homère à Goethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’évanouit dès qu’on la mor
2536 yons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste la spécificité et l’unité fondamentale des activités littérai
2537 e, du nationalisme, et de l’instruction publique. Il importe de situer ce phénomène dans une perspective mondiale qui le r
2538 tre les romantiques allemands, français, anglais, ils se ressemblent davantage entre eux que chacun d’eux aux auteurs class
2539 t la langue la plus riche pour un poète, parce qu’ elle combine la plus grande diversité de sources et d’influences européenn
2540 à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au contraire une pluralité des allégeances. Il est faux
2541 bien au contraire une pluralité des allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir
2542 es allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant
2543 enser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir su
2544 e l’individu serait son devoir envers l’État ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu ce
2545 tat ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait à quelque super-État.65
2546 tion : les effacer de force, en fait et en droit. Il n’y aura jamais d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée.
81 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
2547 les étrangers qui lui demandaient l’hospitalité. Il leur coupait les jambes si elles dépassaient, ou les leur étirait à l
2548 ient l’hospitalité. Il leur coupait les jambes si elles dépassaient, ou les leur étirait à l’aide de cordes si elles étaient
2549 saient, ou les leur étirait à l’aide de cordes si elles étaient plus courtes que le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même
2550 it. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice, il en mourut. C’est l’histoire des États-nations, offrant une hospitalit
2551 ellera — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il s’écrie : « Je dois vous donner un avertissement. Le temps presse. Si
2552 — les États-Unis d’Europe » et il s’écrie : « Je dois vous donner un avertissement. Le temps presse. Si nous devons constit
2553 donner un avertissement. Le temps presse. Si nous devons constituer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit, il
2554 tats-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit, il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vingt-deux ans
2555 Sans corps constitué, sans tête, comment pourrait- elle donc répondre à l’appel pathétique du plus illustre homme d’État de c
2556 ncontestablement dans le sens de la nation. »66 Il est vrai que le même André Malraux quelques jours plus tard, interrog
2557 ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’ il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les malad
2558 r, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont aussi de
2559 le réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne consiste pas non plus à nier ces maux, mais bien à faire en sorte
2560 us à nier ces maux, mais bien à faire en sorte qu’ ils cessent d’être réels. L’État-nation en crise Que les nations so
2561 uipuscoa basque ou de la Catalogne —, crises dont il est concevable qu’elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un
2562 la Catalogne —, crises dont il est concevable qu’ elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régime plus différencié
2563 droite, le centre étant acquis depuis longtemps. Elle est plus grave et significative que la revendication d’un État occita
2564 trop souvent confondues avec le fédéralisme dont ils sont deux négations ; l’autre d’un dépassement du fédéralisme interét
2565 ues, techniques et démographiques de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de l
2566 i ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grand
2567 vitable du progrès. Pour dissiper cette illusion, il faudrait enseigner dans nos écoles un minimum d’histoire générale de
2568 État-nation qui est né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait que les
2569 Europe, empire de Charlemagne, puis Saint-Empire. Il faudrait montrer que les premiers États nationaux n’apparaissent qu’a
2570 et avec son appui réalise aux dépens des juifs qu’ il fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’il fait exécuter, une
2571 il fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’ il fait exécuter, une merveilleuse opération sur l’or ! Cet exemple de r
2572 e toutes instances universelles — sauf celle dont il se trouve qu’on peut la contrôler — sera vite suivi par les rois d’Es
2573 à peine supportable quand un prince l’incarne, s’ il n’est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltant
2574 angible en nos esprits, qui résistent à l’idée qu’ il pourrait après tout n’être qu’une forme transitoire, comme tant d’aut
2575 e, on vénère ses statues sur toutes les places. «  Il faut une religion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’est plu
2576 ouvoirs des grands empires traditionnels, bien qu’ il n’en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’
2577 et linguistique, ni le caractère d’universalité. Il se rêve et se veut fermé, complet, suffisant en soi tant pour sa cult
2578 ns maintenant ces États-nations unitaires tels qu’ ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules
2579 ption, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont tro
2580 op petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en juge par leur incapacité d’animer leurs r
2581 ns une participation réelle à la vie politique qu’ ils prétendent monopoliser. Le problème du petit État dans le monde des G
2582 autres) confrontés aux trois seuls vrais Grands. Ils sont trop petits « à l’échelle des moyens techniques modernes, à la m
2583 954 Jean Monnet (Lettre de démission de la CECA). Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petit
2584 ée par les barrages antimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi a
2585 ces naguère coloniales, et qui vivent mal… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires vérita
2586 satellisation politique ou économique. Par quoi ils manquent doublement à la fonction de toute autorité : sécuriser les m
2587 urs citoyens puissent y exercer normalement leurs devoirs civiques et participer effectivement à la vie de la cité ; donc trop
2588 e à prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle
2589 Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grand
2590 se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède
2591 continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile à prescrire, ma
2592 tinentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile à prescrire, mais presque
2593 un dilemme aussi simple qu’inexorable : — ou bien ils se contentent de proclamer leur volonté farouche d’indépendance et le
2594 d’indépendance et leur souveraineté absolue, dont ils refusent de rien déléguer à une autorité supranationale, fédérale — e
2595 une autorité supranationale, fédérale — et alors ils seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il fa
2596 seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils déciden
2597 ent satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’ il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de résister
2598 qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ ils décident de résister tous ensemble — et alors ils renoncent à leur so
2599 ils décident de résister tous ensemble — et alors ils renoncent à leur souveraineté absolue au profit d’une fédération qui
2600 de la Première Internationale à Genève, en 1867, il avait dénoncé l’impossibilité de constituer les États-Unis d’Europe s
2601 nations paraissant insoluble en théorie autant qu’ il le reste en pratique dans l’état actuel de ses données72, il va fallo
2602 en pratique dans l’état actuel de ses données72, il va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y aura plus de pr
2603 il va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du prob
2604 absorber les voisins. Si l’on veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâ
2605 ir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles à l’union ; opérer s
2606 précisément, où le problème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réali
2607 .74 Invention de la région au xxe siècle Il n’est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passio
2608 vec plus de passion en Europe. C’est qu’en effet, il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement
2609 ître de la combinaison de forces très diverses qu’ il s’agit de capter et d’harmoniser, et dont les principales sont : l’ex
2610 au début, j’improvisai sur le thème que voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge de l’union des nations et
2611 se dessiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde,
2612 ples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde, elles noueront entre elles des relations d’échanges aussi nombreuses et fré
2613 lité, ouvertes sur le monde, elles noueront entre elles des relations d’échanges aussi nombreuses et fréquentes que possible.
2614 nges aussi nombreuses et fréquentes que possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisina
2615 ècle. La politique d’union européenne, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversi
2616 t un écho pour moi des plus inattendus : c’est qu’ elles venaient à la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs
2617 lisé du continent et le plus allergique, semblait- il , au fédéralisme à base régionale : j’entends la République française
2618 s78 et une bonne centaine d’études substantielles dues à des sociologues, à des politologues, à des économistes, à des juris
2619 s accentué de vastes régions de France. La nation doit réparation du tort ainsi causé79. On n’est pas loin de l’agitation p
2620 de l’État est devenue largement illusoire, quand elle n’est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dir
2621 nd elle n’est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consen
2622 à consentir un abandon (parfois opportun). Ainsi, elle permet aux États de procéder à leur désarmement tarifaire, de renonce
2623 e renoncer aux droits de douane ; ou au contraire elle leur sert de prétextes à refuser toute délégation de pouvoirs à des o
2624 légation de pouvoirs à des organes fédéraux. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la première guerre
2625 sités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir convoquer en 1961 le très important colloque de Bruxelles sur les éco
2626 ayonne sur trois pays, Suisse, France, Allemagne. Il pourrait en aller de même d’une Regio Genevensis englobant les ethnie
2627 écision régionaux dont tout le monde parle, et qu’ ils acquièrent de la force : lorsqu’ils auront pris en fait (sinon en dro
2628 parle, et qu’ils acquièrent de la force : lorsqu’ ils auront pris en fait (sinon en droit) plus d’importance économique et
2629 n de l’Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionnier
2630 mpire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t- elle fondée sur des réalités en plein essor, non sur des vieilles carcasse
2631 y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’en so
2632 ine avons-nous pris la mesure des perspectives qu’ il nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations
2633 veau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exigent une longue période de mise en place silen
2634 être décrétées sans transition. Il est normal qu’ elles exigent une longue période de mise en place silencieuse des réalités
2635 e base de toute vie sociale et publique en Grèce. Elle donna même son nom à cette forme d’activité : la politique 83. De mêm
2636 d’hui de le voir, ou d’en croire leurs yeux quand ils le voient, c’est le dogme inculqué dans les esprits pendant plusieurs
2637  Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et il ajoutait : « La confédération e
2638 pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et il ajoutait : « La confédération européenne, probablem
2639 éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Et il ajoutait : « La confédération européenne, probablement, les remplacer
2640 le monde n’a pas lu Renan… Et cette succession qu’ il annonce, ce « remplacement » des États-nations par la fédération, cel
2641 u spontané du fameux « mouvement de l’histoire ». Il faudra que la succession, le remplacement s’opèrent dans les esprits
2642 tiguës de taille donnée, en sorte que ces limites doivent être tracées avec une certaine liberté de jugement 85. Ainsi : là où
2643 ans l’histoire, la cité se détache du territoire, elle « décolle » ; une unité politique se définit non plus en termes de li
2644 ’échanges, de “flux” diraient les scientifiques : il faut chercher à être aussi indispensables aux autres que les autres n
2645 soire dont se vantaient les États-nations. Enfin, il est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumi
2646 ce maître de tout, et d’autant plus absolument qu’ il devenait anonyme et sans visage. La devise de Guillaume Postel et de
2647 lurinationales se sont définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’
2648 gionales. Cette étape me paraît décisive parce qu’ elle marque le dépassement de l’ère des États-nations prétendus souverains
2649 e nulle au cours des vingt-deux dernières années, il n’est pas difficile de faire mieux. La construction fédérale à partir
2650 tous ordres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra qu’ il n’y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Eur
2651 s et de cibles, de produits cartésiens, etc.). Or il se trouve que c’est par la théorie des ensembles que l’on aborde aujo
2652 s-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’ elle est une contradiction dans les termes, une utopie, et pire que cela :
2653 ons au sens premier — peuples, régions, ethnies ; elles sont du type France, Espagne, Grande-Bretagne, non du type Bretagne,
2654 non du type Bretagne, Catalogne, pays de Galles ; elles sont donc des États impérialistes, non des communautés qui revendique
2655 ndiquent contre leur État-nation l’autonomie dont il les a frustrées. 69. Déjà, le député aux communes du parti séparatis
2656 Suisse elle-même est un empire réussi, en tant qu’ elle groupe sous une égide suprême et arbitrale (supranationale) une plura
2657 les notes essentielles de l’empire. 72. « Quand il s’agit de nations comme celles de la vieille Europe […], qui pourrait
2658 à moins d’être un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais à remettre une part de ses pouvoirs à une autorité
2659 4. Cf. Janus, n° 15, été 1967, p. 84. 75. L’URSS devra bien restituer un jour ou l’autre à la libre disposition de leurs hab
2660 que et civitas donne civisme, synonymes réels qui devraient être perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio ? (sans év
82 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
2661 ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’ob
2662 en plus sûr. Objections tactiques « Comme s’ il n’était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d
2663 ustrielle. » Principes d’une réponse : — a) N’est- il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la base
2664 exactement, du 17 février au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur à cette date sans la moindre mesure de transitio
2665 lation d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur,
2666 gens n’en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils préfèrent mendier des subventions à Paris. Voyez les Bretons, qui vot
2667 uelles seront leurs frontières exactes ? » « Faut- il qu’elles aient des superficies ou des populations à peu près égales ?
2668 seront leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’ elles aient des superficies ou des populations à peu près égales ? La régio
2669 ’on va tenter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction Presque toutes l
2670 propositions axiomatiques de ce genre : — L’État doit être unique et indivisible. — De son siège unique, dans la capitale,
2671 enseignement, fiscalité, défense, tourisme, etc.) doit dépendre d’un seul et même organisme, l’État, dans les limites d’un s
2672 droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes (objecteurs de
2673 par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’ il voit. Dans ce monde-là, l’expression « Faut-il vous faire un dessin ?
2674 qu’il voit. Dans ce monde-là, l’expression « Faut- il vous faire un dessin ? » évoque le modèle même de toute explication p
2675 opre à convaincre les plus ignares, jusqu’à ce qu’ ils disent : « Ah ! oui, je vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien,
2676 pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’ elles sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civisme
2677 nistrative que d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de st
2678 de relations humaines et de structure du pouvoir. Elle ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours entendu
2679 ux, au nombre desquels je me suis toujours rangé. Il n’en reste pas moins probable qu’elle va constituer le premier stade,
2680 ujours rangé. Il n’en reste pas moins probable qu’ elle va constituer le premier stade, non pas certes de l’ordre nouveau féd
2681 ne série de raisons (pas seulement militaires) qu’ il serait trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la sécur
2682 es) qu’il serait trop long de développer ici : qu’ il suffise d’évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéralis
2683 moins douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous faut apprendre à penser par problèmes et non par nations. Devant
2684 participation civique, université, par exemple), il nous faut apprendre : 1° à déterminer les éléments de base ou modules
2685 siècle il y ait d’autres différences que celles dues aux moyens techniques de mise au pas d’une nation. Et de Napoléon à t
2686 cadres et ses mécanismes. Je demande seulement qu’ il corresponde aux réalités humaines et qu’il les serve, au lieu de prét
2687 ent qu’il corresponde aux réalités humaines et qu’ il les serve, au lieu de prétendre à les régir en souverain. Je demande
2688 de son Principe fédératif, où Proudhon estime qu’ il « résume toute sa science constitutionnelle », je trouve cette propos
2689 le, de garantie mutuelle et de surveillance ». Et il estime puéril de restreindre la séparation des pouvoirs aux membres d
2690 est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les provinces et
2691 t des totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentre
2692 eintes, enfin fédération de fédérations (Europe). Il faut aller plus loin. 1° Les pouvoirs politiques peuvent très bien ad
2693 emment, sont parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut que les régions politiques soient définies demain comme les i
2694 ntes, définissant des régions spécifiques. « Faut- il vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer,
2695 ple, ma définition personnelle, donnée plus haut. Il est assez facile de visualiser l’appartenance d’un élément à deux ou
2696 l’on passe à quatre ensembles, c’est difficile ; il faut recourir à des abscisses et ordonnées ; au-delà, c’est irréalisa
2697 es remarques définissent, est à peine exploré. a) Il faudrait commencer par opérer la dissociation et la distribution néce
2698 mmun, par exemple, qui est un pouvoir économique, doit -il entretenir des visées politiques, ou laisser ce soin soit à une au
2699 par exemple, qui est un pouvoir économique, doit- il entretenir des visées politiques, ou laisser ce soin soit à une autre
2700 ormules de participation civique et l’urbanisme : il serait facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau
2701 es de régions ouvre un autre champ de recherches. Il s’agirait ici de la réunion de régions libérées de leur État-nation,
2702 chacun de nous sait très bien à quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont l
2703 s sait très bien à quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de
2704 le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’ il pense à autre chose qu’à la France. 90. Les auteurs de manuels s’ins
2705 stratégie politique de la fédération européenne, il est probable que le chemin conduisant de l’État-nation à la région de
2706 le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra passer par la supranationalité et ses institutions étatiques. Mais ce
2707 propose le terme de « régions carrefours ». 95. Il est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les Éta
2708 entités politiques, des « droits » économiques qu’ ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’y aura pas, au niveau con
2709 ues qu’ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’ il n’y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale,
2710 fédérale, la Commission et le Parlement de la CEE devront s’efforcer d’y suppléer en revendiquant des pouvoirs « supranationaux
83 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
2711 ion à outrance de la campagne électorale, bien qu’ elle ne concernât que des enjeux municipaux ou provinciaux… ». Voilà pris
2712 re époque. Une approche aphoristique, me semble-t- il , s’y prêtera mieux qu’un discours ordonné.   1. L’État-nation totalit
2713 e comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne manquera pa
2714 doctrines collectivistes, de droite ou de gauche, il a vite fait de les réduire à leur dénominateur commun : la bureaucrat
2715 les à mort, et par quelles différences cela s’est- il traduit dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On ne trouvera de
2716 les « fascistes assassins », mais murmurent « qu’ ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées 
2717 es fascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, mais
2718 nistes, je ne dis pas qu’ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela ne compte pas. Les
2719 ul domaine. Pour passer au plus sanglant racisme, il suffirait que la France prenne au sérieux les paroles de son chant sa
2720 ins efficace que Déroulède, cette injustice n’est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni l’Inte
2721 nt de la double condamnation à mort de Leningrad, ils se voient accusés d’ingérence dans des affaires qui relèvent, leur di
2722 n l’aura suffisamment empoisonnée pour prouver qu’ elle n’est pas saine.   5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à
2723 r un incipit. Carlo Schmid s’écrie sans hésiter : Il faut faire l’Europe, ou il faut faire la guerre ! Aujourd’hui, il fau
2724 s’écrie sans hésiter : Il faut faire l’Europe, ou il faut faire la guerre ! Aujourd’hui, il faut faire une révolution si l
2725 Europe, ou il faut faire la guerre ! Aujourd’hui, il faut faire une révolution si l’on veut « faire l’Europe, non la guerr
2726 n si l’on veut « faire l’Europe, non la guerre ». Il faut défaire et dépasser l’État-nation, fauteur de guerre, et seul ob
2727 dis au congrès fédéraliste de Montreux en 1947 : Il n’y a, dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques,
2728 ne sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’ il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’hui
2729 , comme la vie. Cette antithèse domine le siècle. Elle est son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, son
2730 ritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle , sont secondaires ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui son
2731 e est l’âge des clichés, pour la grande masse, si elle est l’âge du génie pour quelques scientifiques, et de la grande poési
2732 is pas. b) Seul compte le combat de la gauche. c) Il faut garder le contact avec les masses. d) Et que faites-vous de la l
2733 uropéens », vous l’applaudissez sans remarquer qu’ il vient de crever votre alibi.   b) « Seul compte le combat de la gauch
2734 s et du sommeil par l’industrie et par l’auto est- elle un produit spécifique de notre société de consommation et du capitali
2735 s de Nanterre ne veulent pas en entendre parler : ils discutent avec une rage froide des moyens théoriques et pratiques — o
2736 milieu naturel et du confort des citadins, c’est elle qui refuse encore, parce que trop coûteuses, les normes et régulation
2737 que trop coûteuses, les normes et régulations qu’ il s’agit d’imposer de toute urgence au développement des industries (au
2738 pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Nature qu’ elle bouleverse et des populations urbaines qu’elle intoxique. La gauche a
2739 qu’elle bouleverse et des populations urbaines qu’ elle intoxique. La gauche alors, dans cette affaire ? Elle proteste contre
2740 intoxique. La gauche alors, dans cette affaire ? Elle proteste contre la pollution, à l’exemple et à la suite d’intellectue
2741 à la suite d’intellectuels bourgeois, mais refuse elle aussi les mesures nécessaires pour arrêter la pollution, parce qu’ell
2742 s nécessaires pour arrêter la pollution, parce qu’ elle redoute leurs incidences sur le pouvoir d’achat des « masses ». Final
2743 eau de vie quantitatif au mode de vie qualitatif. Il faudra bien que cela change, si l’on veut que la vie continue, mais c
2744 s monte sur un tonneau devant les usines Renault, il réunit deux-cents curieux. Curieux d’entendre un produit si typique d
2745 ». Si les masses signifient les ouvriers d’usine, elles sont partout minoritaires, et de plus elles fondent à vue d’œil au pr
2746 sine, elles sont partout minoritaires, et de plus elles fondent à vue d’œil au profit du secteur tertiaire. L’automation doit
2747 ’œil au profit du secteur tertiaire. L’automation doit supprimer à terme la condition prolétarienne. Où seront les masses ?
2748 lité très différente de celle dont je traite ici. Elle me paraît indépendante du problème de l’État-nation, et c’est même to
2749 oblème de l’État-nation, et c’est même tout ce qu’ elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’hui d
2750 t nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est- il aujourd’hui de la lutte des classes ? En URSS d’abord. Vous me dites
2751 l’entreprise, fixées par le Plan à Moscou. (Faut- il penser qu’« objectivement », ce serait la haine des ouvriers plus enc
2752 sairement au progrès technique, dans la mesure où il peut être libérateur. Détruire la bourgeoisie (slogan anarchiste) ? Q
2753 a bourgeoisie (slogan anarchiste) ? Que resterait- il , à part une poignée de meurtriers, eux-mêmes bourgeois ? Mais non, v
2754 alistes : vous voulez ce que veut le Parti, et qu’ il appelle dictature du Prolétariat. C’est vouloir quelque chose d’impos
2755 est la classe non possédante, aliénée de ce fait, il cesse d’être Prolétariat dès l’instant qu’il accède au pouvoir et à l
2756 ait, il cesse d’être Prolétariat dès l’instant qu’ il accède au pouvoir et à la propriété des moyens de production. Proléta
2757 se. Je suis contre la lutte des classes, parce qu’ il faut supprimer la condition prolétarienne et non pas assurer sa « vic
2758 anarchique et inhumain des débuts du xixe siècle doit être abolie par une technique enfin soumise aux possibilités libératr
2759 « La culture, qu’est-ce que c’est ? », me disent- ils encore. Si vous ne comprenez pas, voyez Mao : sa Révolution « culture
2760 ent du marxisme. Relisez Marx : de 1844 à la fin, il n’a pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti que la révo
2761 e références ou de jugements, on ne peut agir sur elle que par la création et la diffusion efficace d’œuvres « marquantes »,
2762 up moins romantique, non violent, non instantané, il est clair que la révolution qu’implique et que représentera au total
2763 tale des régions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos polit
2764 i a formé des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former la première génération européenne103.   f) « Vous vou
2765 des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former la première génération européenne103.   f) « Vous voulez donc
2766 parle de « politique » dans les journaux comme s’ il allait de soi que c’est une activité distincte de l’économie, de la c
2767 olitique écologique — quelle politique en soi est- elle imaginable ? Toutes les réalités sérieuses une fois déduites, que res
2768 réalités sérieuses une fois déduites, que reste-t- il  ? Les jeux, plus ou moins passionnants, de la rivalité des partis à l
2769 es États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le sens courant du
2770 as démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de type dynastique, en tant que son but pratique reste la
2771 jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’ il fallait servir.) En revanche, si l’on admet avec Aristote que la pol
2772 ment des relations humaines dans la cité (polis), elle devient : l’art de formuler, composer et hiérarchiser les finalités d
2773 tique d’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’y a pas de politique à priori, ni de stratégie dans le vide ; il y
2774 olitique à priori, ni de stratégie dans le vide ; il y faut une finalité (ou cause finale) et des contenus, plus ou moins
2775 à organiser, orienter, dynamiser et animer. Ou, s’ il faut le redire autrement : L’acte politique ne consiste nullement à d
2776 ne catastrophe générale entre 2020 et 2060, ce qu’ il faut décider aujourd’hui, ce sont les conditions de survie du genre h
2777 er la hiérarchie des sacrifices nécessaires. Faut- il réduire la natalité ? la pollution ? le niveau de vie ? les investiss
2778 tion des ressources naturelles ? En tous les cas, il faut réduire quelque chose. Mais il apparaît assez vite que réduire t
2779 tous les cas, il faut réduire quelque chose. Mais il apparaît assez vite que réduire tel ou tel paramètre isolément ne peu
2780 sera capable de prendre de telles décisions. Or, il n’y aura de gouvernement européen que sur la base des régions, et nou
2781 le… possède un caractère d’universalité, parce qu’ elle part du point de vue de l’individu particulier réel, parce que la cit
2782 1. « La conquête de la personne, … et l’effort qu’ il nous faut entreprendre… pour situer en ce centre de l’homme le centre
2783 t ne le rend pas maître absolu de la société, car il ne peut triompher qu’en s’abolissant lui-même en même temps que son a
84 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
2784 onfrontation européenne des régions frontalières. Elle a réuni environ cent-cinquante élus locaux et nationaux des régions f
2785 es techniques de la coopération dans ces régions. Elle s’est tenue dans la Maison de l’Europe, les séances plénières ayant l
2786 s d’un résumé analytique du Rapport de base, dont il nous est malheureusement impossible de publier le texte intégral : il
2787 usement impossible de publier le texte intégral : il occuperait à lui seul plus de deux-cent-cinquante pages de notre bull
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
2788 erritoires bien plus précisément déterminés, mais il est rare qu’elles coïncident avec les frontières étatiques décidées a
2789 plus précisément déterminés, mais il est rare qu’ elles coïncident avec les frontières étatiques décidées au hasard des trait
2790 s Alsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’ il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école primaire, deux
2791 gues ou trilingues). Quant aux francophones purs, ils étaient 32 432 dans le Bas-Rhin et 22 500 dans le Haut-Rhin.106 Rie
2792 çon à être pour ainsi dire inefficace. Ici et là, il aurait même été habilement saboté. L’expression n’est pas trop forte.
2793 lement saboté. L’expression n’est pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou de réclamer l’enseigne
2794 le xixe siècle a prétendu imposer sa pensée, fût- elle précisément absence de vraie pensée, pur conformisme politique, et ce
2795 pensée, pur conformisme politique, et ce faisant, il s’est lui-même dénaturé : au lieu d’être au service de la communauté,
2796 uré : au lieu d’être au service de la communauté, il est devenu — au moins en prétention — le Souverain totalitaire. 2. L’
2797 ret professionnel, dit-on. (Les chiffres seraient- ils trop bas pour être avoués ?) La réciproque est vraie pour la diffusio
2798 ar conséquent de capter la TV allemande. En 1959, il n’y avait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 00
2799 e souffrent pas des mêmes entraves nationalistes. Il n’y a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique n
2800 les stéréotypes nationaux, et pour montrer (comme il serait aisé de le faire dans une région frontalière) que ces clichés
2801 éralement hostiles aux voisins se justifient mal. Ils naissent le plus souvent dans la presse des capitales, lorsqu’on y pr
2802 sacro-sainte, matérialisé par les frontières. Or il est clair pour quiconque, aujourd’hui, que le tracé des frontières ét
2803 llution, les ondes, les tempêtes, la propagande ; elles bloquent les échanges qu’il faudrait favoriser, mais sont impuissante
2804 s, la propagande ; elles bloquent les échanges qu’ il faudrait favoriser, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’il
2805 r, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’ il faudrait arrêter. D’une manière générale, elles coupent arbitrairemen
2806 s qu’il faudrait arrêter. D’une manière générale, elles coupent arbitrairement des régions homogènes, des nationalités ou eth
2807 celui du lit de Procuste qu’on nomme État-nation. Il procède de la volonté, en somme démente, d’imposer une même frontière
2808 dangereuses » mentionnées dans son introduction. Il n’y a pas de « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est pol
2809 as de « juste frontière » imaginable, dès lors qu’ elle est polyvalente. Et cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il
2810 Et cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y a pas de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout
2811 nt celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y a pas de cultures nationales Mais il faut bien admettre aussi
2812 IV. Il n’y a pas de cultures nationales Mais il faut bien admettre aussi que la nocivité des frontières, résultant de
2813 ion de vingt-cinq « cultures nationales », puisqu’ elle existait bien avant la formation récente de nos États-nations112. Le
2814 tendu aux peuples parlant la même langue, sans qu’ il fût question pour autant de les enfermer dans les frontières d’un mêm
2815 les enfermer dans les frontières d’un même État. Il n’est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffus
2816 et le Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses te
2817 Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoire
2818 ritoires actuels. Quant à la langue allemande, si elle devait coïncider avec un État, il faudrait annexer à la République fé
2819 res actuels. Quant à la langue allemande, si elle devait coïncider avec un État, il faudrait annexer à la République fédérale,
2820 allemande, si elle devait coïncider avec un État, il faudrait annexer à la République fédérale, outre la DDR, la Suisse al
2821 res de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires, comme les conflits armés dont elle
2822 les et arbitraires, comme les conflits armés dont elles figurent les traces. En nous présentant l’Europe comme un puzzle de n
2823 tissée de contradictions dans sa genèse même ; qu’ elle s’est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, c
2824 es, arabes et slaves, souvent incompatibles entre elles — de là le caractère essentiellement contestataire de son génie — mai
2825 l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est- il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme
2826 s diversités tant vantées, et à juste titre ? Est- il vrai, comme le disent les discours officiels, que ces « précieuses di
2827 Europe est d’autant plus riche et plus intense qu’ elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen
2828 mobilisant à Paris tous les esprits de mérite qu’ il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre cul
2829 e de l’Europe entre ces deux sortes d’influences, il est clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusemen
2830 isions). 2. Exemple symbolique : les gens d’Aoste doivent pouvoir parler directement avec ceux de Chamonix — comme le permet au
2831 e tunnel du Mont-Blanc — alors que naguère encore ils devaient s’adresser à Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Cha
2832 nnel du Mont-Blanc — alors que naguère encore ils devaient s’adresser à Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Chamonix, et
2833 ait Chamonix, et déjà l’on ne savait plus de quoi il s’agissait. Le tunnel permet un accès rapide et direct. Il nous faut
2834 sait. Le tunnel permet un accès rapide et direct. Il nous faut des tunnels partout où il y a une montagne, des cols, des a
2835 des cols, des autobus, des routes sans barrière. Il faut que les relations proches et concrètes prennent le pas sur les r
2836 itaire étouffe la vie régionale, jusqu’au jour où il provoque des séparatismes.) 4. Ceci ne signifie pas l’abolition anarc
2837 supérieur (fédération nationale ou continentale) doit garder un rôle d’impulsion, de concertation, et de contrôle (au sens
2838 e (au sens d’expertise plutôt que de coercition). Il doit défendre les droits du général contre ceux du singulier. Il est
2839 au sens d’expertise plutôt que de coercition). Il doit défendre les droits du général contre ceux du singulier. Il est aussi
2840 e les droits du général contre ceux du singulier. Il est aussi le dépositaire des finalités civiques à chaque niveau commu
2841 tés proches de l’élève, donc régionales, alors qu’ elles sont axées depuis un siècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que
2842 et de géographie de l’Académie de Strasbourg : «  Il faut actualiser et régionaliser l’enseignement. » Les deux efforts vo
2843 ation de nos pays ne serait même pas concevable s’ il n’y avait l’horizon européen. Enseigner les réalités de la région et
2844 ivaient l’étude, voire la seule mention. De plus, il est urgent d’introduire un enseignement économique au degré secondair
2845 tinentales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il ne s’agit pas de savoir si « l’Alsace va basculer dans l’orbite écono
2846 ans l’orbite économique allemande », mais comment elle peut développer son économie d’une manière équilibrée, au sein du sys
2847 scolaires paraissent peu conciliables en tant qu’ ils traduisent des schémas uniformément imposés par la capitale, et non p
2848 e fait comprendre la nécessité des régions, et si elle peut être enseignée le plus concrètement à l’échelon régional d’abord
2849 égional d’abord, mais aussitôt après continental, il en va de même pour l’écologie : que la pollution ne connaisse pas de
2850 ar la région Tous les problèmes régionaux — qu’ ils soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à de
2851 ons seraient ainsi immédiates à l’Europe, même si elles choisissaient, comme c’est probable, de rester liées à l’échelon nati
2852 administrativement par un syndicat de communes. ( Elles seraient abonnées à la région écologique, par exemple, comme un parti
2853 uel État français remonte à Philippe le Bel, mais il est absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’All
86 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
2854 ansfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de l’historien futur l’évolution de
2855 ne route si riche en « tournants historiques » qu’ elle nous ramène périodiquement au point de départ. Les étapes de l’évolut
2856 s, et finalement adoptées à chaud les thèses d’où devaient sortir non seulement les institutions de Strasbourg, Luxembourg et Br
2857 seule réalité est celle de l’État-nation, tel qu’ ils l’ont apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régionales
2858 absolue de l’État-nation n’est qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe
2859 Les politiciens courtisent l’État central pour qu’ il « consente » ou qu’il « octroie » ce que l’intérêt général exige en p
2860 sent l’État central pour qu’il « consente » ou qu’ il « octroie » ce que l’intérêt général exige en particulier dans chaque
2861 rs estiment que « l’audace » est quelque chose qu’ il convient de louer, à condition que l’on prenne bien soin de ne pratiq
2862 e vice des timides mais la vertu des audacieux ». Il est frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaratio
2863 les sous-titres au moins : dans leur sécheresse, ils révéleront à beaucoup l’existence du problème régional, les vraies di
2864 s cinq rapporteurs ne se connaissaient pas lorsqu’ ils rédigèrent leurs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’à l’o
2865 e lire le texte intégral ou le résumé analytique. Elle nous paraît se résumer en trois points.   1. Définition de la région 
2866 ritoriale. « Le tracé des régions frontalières ne doit jouer qu’un rôle secondaire » précise très opportunément un des sous-
2867 ortunément un des sous-titres du Rapport de base. Il n’est nullement question de « découper » des régions en Europe comme
2868 s départements dans le tissu vivant de leur pays. Il s’agit d’organiser des « collectivités humaines » et non pas de créer
2869 frontalier, comme le problème qui l’aura suscité. Il va de soi, également, à mes yeux tout au moins, qu’une commune pourra
2870 , et plus spécifiquement au Rapport André, lorsqu’ il précise que « les aires d’application géographique et administrative
2871 t Orianne est encore plus explicite sur ce point. Il rappelle d’abord la question posée par un député aux ministres néerla
2872 la réponse positive des ministres. Mais surtout, il appuie sans réserve la Recommandation n° 470 de l’Assemblée consultat
2873 ns quelques régions (notamment la Regio). Certes, elles n’ont pas encore obtenu les compétences juridiques ni les moyens fina
2874 s financiers nécessaires, mais l’essentiel est qu’ elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles attenda
2875 nt, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles attendaient pour exister d’être assurées de l’octroi des moyens néces
2876 être assurées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’y aurait jamais de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nou
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
2877 ormais quatre fois par an : un numéro par saison. Il comportera chaque année : — un (ou deux) numéro consacré à l’Europe d
2878 de l’Institut universitaire d’études européennes. Ils publieront des monographies sur des sujets de politologie, de philoso
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
2879 les réalités du xxe siècle, qui ne savent pas qu’ il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien compris pourquoi. Je
2880 s bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’ il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971.
2881 me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pa
2882 tif. — En 1946, tout le monde voyait très bien qu’ il fallait faire l’Europe pour empêcher le retour des guerres entre nos
2883 iminée. Mais ce premier succès ne suffisait pas : il était négatif, en quelque sorte.   2e motif. — Il fallait faire l’Eu
2884 l était négatif, en quelque sorte.   2e motif. —  Il fallait faire l’Europe dans les années 1950 pour relever ses ruines,
2885 er son industrie, son commerce et sa technologie. Il fallait unir à cette fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi q
2886 à des accords commerciaux et monétaires, lesquels devaient conduire à une politique économique commune à tous nos pays, et pas s
2887 les élites techniciennes, et c’est peu dire, car il s’agit en vérité de quatre causes virtuelles d’apocalypse du genre hu
2888 és : la Suisse avait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’a doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et ell
2889 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle aura doublé encore vers 1987 en quatre-vingt-cinq ans de nouveau, alo
2890 mographes, tous les trente ans, de telle sorte qu’ elle comptera, si cela continue, 7 milliards en 2000, 8000 milliards en 23
2891 es au mètre carré vers 2500. Vingt ans plus tard, il se touchent tous, et là s’arrêtent forcément mes calculs… Comme le di
2892 hétique : « On pourra nourrir tout le monde, mais il faudra manger debout ! » Seulement, il n’est pas du tout sûr que l’h
2893 nde, mais il faudra manger debout ! » Seulement, il n’est pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’
2894 à celle des pays industrialisés, le tiers-monde — il faut oser le dire ! — n’a aucune possibilité matérielle de rejoindre
2895 ériel). Pour y arriver, en effet, on a calculé qu’ il faudrait multiplier l’exploitation des ressources naturelles, et donc
2896 consommation, tout le pétrole de la terre semble devoir être brûlé d’ici trente ans selon les uns, quatre-vingts ans selon le
2897 r la hiérarchie des sacrifices nécessaires : faut- il réduire la natalité ? ou les investissements ? ou la pollution ? ou l
2898  ? ou le niveau de vie matériel ? En tous les cas il faut réduire quelque chose. Or, les écologistes ont constaté que rédu
2899 dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’ il s’agit de la consommation, des investissements, du taux de natalité,
2900 isions et les imposer ? Un gouvernement mondial ? Il n’existe pas et n’existera pas en temps utile. Mais observons que pre
2901 e dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’ elle n’est plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers
2902 son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit- elle  ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surtout qu’elle d
2903 eux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surtout qu’elle demeure
2904 sait pas elle-même. Cette question, et surtout qu’ elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce
2905 t surtout qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur le néant
2906 t que la cité, l’énorme nation sans structures où il se voient perdus, n’est pas leur affaire, ne peut que les briser, et
2907 l’imbécilité civique des majorités silencieuses. Il est normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cel
2908 ujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et qu’ il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que pa
2909 out cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il es
2910 ’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dén
2911 e que par des coups de matraque. Il est normal qu’ il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dénonce son anarchie
2912 ’il juge sévèrement la société matérialiste et qu’ il dénonce son anarchie profonde, mal quadrillée par la police ; il est
2913 anarchie profonde, mal quadrillée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désord
2914 n argent. Le jeune homme rêve de la renverser, et il se trompe d’une manière pathétique, parce qu’on ne peut renverser ce
2915 . Pas grand-chose à détruire dans notre société ! Il faut créer une société nouvelle, qui offre un sens et qui permette à
2916 trielle scientifico-technique, quantitative. Mais elle est née de l’Europe, de ses systèmes de valeurs et de leurs conflits.
2917 de ses systèmes de valeurs et de leurs conflits. Elle est née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute l
2918 nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’ il revient d’inventer les anticorps de ce virus dont nous avons infecté
2919 es de notre société, et les repose. Vous voyez qu’ il déborde largement et qu’il balaie — impatiemment — nos petites catégo
2920 repose. Vous voyez qu’il déborde largement et qu’ il balaie — impatiemment — nos petites catégories politiciennes de gauch
2921 Et pourtant, rien ne bouge : pourquoi ? Mais s’ il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, aussi
2922 Mais s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ ils sont aussi nombreux, aussi peu contestés, aussi écrasants d’évidence,
2923 vidence, si tout pousse à l’union, pourquoi n’est- elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les peup
2924 ’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’ elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent : tous les dernier
2925 me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ ils s’y opposent : tous les derniers sondages opérés dans les pays du Mar
2926 es de 18 à 35 ans. (Comme disait Louis Armand : «  Il meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’il n’en naît. ») Si l’E
2927  Il meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’ il n’en naît. ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avo
2928 aît. ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave raison, un très puissant barr
2929 . ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave raison, un très puissant barrage d
2930 n veut faire l’Europe, que tout ordonne de faire, il faut défaire et dépasser l’État-nation, dans nos mentalités et dans l
2931 chill. Nous avons cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « une sorte de confédération » comme disait
2932 efs d’État des « Puissances » européennes — comme elles se nomment encore sans rire — multiplient les promesses d’union, prud
2933 n, prudentes sans doute, mais d’union quand même, ils se moquent de nous : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais t
2934 mais d’union quand même, ils se moquent de nous : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu
2935 ils se moquent de nous : ils savent très bien qu’ ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’en ont ni l’inten
2936 ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ ils n’en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale ab
2937 uvoir. La « souveraineté nationale absolue » dont ils se réclament toutes les fois qu’il s’agit de refuser quelque mesure d
2938 bsolue » dont ils se réclament toutes les fois qu’ il s’agit de refuser quelque mesure d’union n’est plus qu’un mythe. On l
2939 peut tout bloquer… Si donc on veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose que des obstacles à toute union, d’un autre
2940 à, justement, où le problème se révèle insoluble. Il faut partir des réalités en train de se faire. Et nous voyons qu’elle
2941 réalités en train de se faire. Et nous voyons qu’ elles sont d’une part continentales, bien au-delà des nations, d’autre part
2942 lle ou prospective, ce qui est frappant, c’est qu’ ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble hétéroclite se dégage
2943 ques. Le seul remède aux trop petites dimensions, il faut le voir dans la création d’agences fédérales européennes, qui se
2944 s nucléaires, la CEE à Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour l
2945 Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’ il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour les transports, pour l’é
2946 appelle la fédération continentale ; trop grand, il appelle les régions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se co
2947 rrespirable encore que le chauvinisme national si elle ne répondait en réalité à une prise de conscience européenne et d’hor
2948 nent à constater que si l’on veut faire l’Europe, il faut dissoudre le cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé.
2949 me n’est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradi
2950 onomique (par rapport à l’ensemble national) dont elles rendent responsable l’État centralisateur. Ainsi, pour m’en tenir à u
2951 r rattachement immédiat à l’Europe fédérée dès qu’ elle sera faite. Motifs économiques ensuite. Les plans d’aménagement du te
2952 sur la base des régions, d’ici dix à quinze ans. Il faut d’abord faire des régions, dans nos nations et à travers leurs f
2953 s nos nations et à travers leurs frontières. Puis il faut unir ces régions, et trouver ou créer les moyens de cette fin. I
2954 iles, rien n’empêchera ces régions de nouer entre elles et leurs voisines de l’intérieur des liens de coopération pratique, d
2955 tes, mais plus efficaces que les officiels, et qu’ elles ne créent un Conseil européen composé de leurs chefs. Et tout d’un co
2956 que l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’ elle est faite à l’image de la fédération suisse, avec ses départements fé
2957 les régions, le tissu des relations nouées entre elles sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et a
2958 volution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses pour rompre les liens stato-n
2959 naux peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ ils soient considérés par les habitants des régions comme des subsistance
2960 s choisissent de conserver ou de renouveler entre elles des liens plus particuliers, dans le cadre de l’État-nation qui les a
2961 a dernière étape vers la fédération continentale, il suffira sans doute d’élire alors un véritable Parlement européen et d
2962 uropéen et de se battre pour ses compétences : qu’ elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimension
2963 s compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimensions européennes — mais là seul
2964 e poser deux questions : À la première : Que faut- il faire pour que réussisse ce grand projet ? ma réponse est simple : il
2965 ussisse ce grand projet ? ma réponse est simple : il nous faut éduquer et former dès maintenant les Européens de demain, e
2966 maintenant les Européens de demain, et pour cela, il faut réformer notre enseignement. Il faut que l’École, à tous les deg
2967 t pour cela, il faut réformer notre enseignement. Il faut que l’École, à tous les degrés, cesse immédiatement de former de
2968 immédiatement de former des nationalistes, et qu’ elle remplace immédiatement l’enseignement nationaliste par un enseignemen
2969 l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volonté de propagande nationale, tran
2970 er l’union de nos peuples, au-delà de nos États : elle jugera cela tout naturel. Une autre condition de réussite du projet e
2971 par l’État central. Et c’est pourquoi j’ai dit qu’ il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le temps de
2972 le temps de former une nouvelle génération et qu’ elle arrive « aux affaires ». Aurons-nous le temps ? Vous me poserez
2973 yautey. On construisait sa résidence de Rabat, et il avait demandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de
2974 ans à pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il n’y a pas une minute à perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur
2975 èmes discutés dans la presse sous cette rubrique. Il résume en réalité tous les problèmes de notre société, et c’est à ce
2976 roblèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’ il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finalité
2977 lèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finalités nou
2978 sse en quête d’un sens et de finalités nouvelles. Il est vrai que ma description d’une Europe unie s’instaurant en dix ou
2979 d’omelette sans casser des œufs ! » je réponds qu’ il ne suffit pas de casser des œufs pour faire une omelette. La non-viol
2980 ui importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de responsabilité. C’est à cause
2981 o-industrielle démesurée et sans cadres, pourrait- il de nouveau se sentir responsable, s’accepter soi-même, communiquer av
2982 sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la première esquisse de ce qui allait devenir le fameux rap
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
2983 erez le mot ni dans Larousse ni dans Littré, mais il s’explique sans eux, me semble-t-il. Entre certains comportements pol
2984 Littré, mais il s’explique sans eux, me semble-t- il . Entre certains comportements politiques et certaines attitudes de pe
2985 nation est le bien suprême, que son indépendance doit rester absolue et son État indivisible, ne font que prolonger le xixe
2986 e discours de Poitiers, M. Pompidou rappelle « qu’ il a fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité natio
2987 ». (C’est dire quelle résistance des peuples on a vaincre, ne fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et
2988 les réduire au statut de patois !) La région ne doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soyons n
2989 ationaux et Français ! (Mais l’État n’existerait- il que dans la capitale ?) Enfin M. Sanguinetti, secrétaire général du p
2990 ngers de la réforme, et précisaient surtout ce qu’ elle ne devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu
2991 la réforme, et précisaient surtout ce qu’elle ne devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on en att
2992  » à la présidence de la République française, qu’ ils soient de gauche ou de droite, ou gaullistes, revendiquent tous dans
2993 la défense prioritaire des intérêts du pays (dont ils sont juges) et sa présence dans les conseils et colloques internation
2994 s intérêts. Personne, que je sache, n’a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Personne n’a invoqué l
2995 eau 117 se livre à une critique radicale de ce qu’ il nomme l’État-nation — résultat de la confiscation d’une nation par un
2996 d ouvrage Du Pouvoir 118, où tout en annonçant qu’ il va se borner à « rechercher les causes et le mode de croissance du Po
2997 mode de croissance du Pouvoir dans la Société », il dénonce en fait l’étatisation de la nation, étouffant les libertés lo
2998 nde actuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous peine de catastrophes aisément calcu
2999 nternational actuel est basé sur la conception qu’ il est raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la surf
3000 niques qu’avec les besoins vitaux de notre monde. Il s’accorde mal avec les principes de l’économie, comme avec les exigen
3001 es États-nations nous paraît tellement normale qu’ il nous arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées su
3002 ières naturelles »… Le grand État unifié offre-t- il à ses habitants plus et mieux que le petit État ? se demande H. Kahn.
3003 on (ou un Sicilien, ou un Écossais ou un Flamand) devrait -il continuer à tolérer de faire partie d’un État plus grand qui lève
3004 n Sicilien, ou un Écossais ou un Flamand) devrait- il continuer à tolérer de faire partie d’un État plus grand qui lève ses
3005 pôts, se moque de ses allures et de son dialecte… Il est peut-être temps que les nations submergées de l’Europe renaissent
3006 -nations européens sont en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alor
3007 éens sont en train de disparaître ; il se peut qu’ elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées
3008 e peut qu’elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors être remplacées. […] une Europe constituée d’États-nati
3009 ésidence de la République proclament à l’envie qu’ ils sauront faire prévaloir « les intérêts de la France ». L’égoïsme sacr
3010 . L’égoïsme sacré, propre à tous les pays, serait- il en passe d’être si contesté qu’il faille en faire un point de program
3011 es pays, serait-il en passe d’être si contesté qu’ il faille en faire un point de programme électoral ? De Gaulle seul avai
3012 les voies et moyens du passage à l’ère nouvelle. Il les avait évoqués dans son discours de Lyon en 1968 : à la séculaire
3013 en 1968 : à la séculaire centralisation étatique devaient succéder les régions, nouvelle formule de la prospérité ; et ces régi
3014 ouvelle formule de la prospérité ; et ces régions devaient « s’ouvrir » à leurs voisines au-delà de la frontière nationale : Nor
3015 e n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’ il avait tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le pr
3016 précurseur de l’ère nouvelle, celle des régions. Il gagnait sur tous les tableaux. Il opérait la grande soudure du xxe s
3017 le des régions. Il gagnait sur tous les tableaux. Il opérait la grande soudure du xxe siècle. Cette hypothèse, émise dès
3018 collaborateurs réunis à Colombey après sa chute, il manifeste « une certaine satisfaction : celle d’avoir réussi son dépa
3019 tisfaction : celle d’avoir réussi son départ. […] Il se montrait préoccupé du jugement que l’histoire porterait sur son re
3020 té. » « Dans mes Mémoires, j’expliquerai pourquoi il fallait faire cette réforme des régions… Elle était absolument nécess
3021 rquoi il fallait faire cette réforme des régions… Elle était absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. »124
3022 es choses que connaîtront d’autres générations. » Il est certain que dans le nombre des « grandes choses », la région n’ét
90 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
3023 ur du Centre européen de la culture, je savais qu’ il accepterait parce qu’il était le plus européen de tous les Suisses, e
3024 la culture, je savais qu’il accepterait parce qu’ il était le plus européen de tous les Suisses, et qu’il ne pouvait l’ign
3025 était le plus européen de tous les Suisses, et qu’ il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suisse
3026 ’il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’ il était le plus suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il
3027 isse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’ il n’y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands ce
3028 re et la carrière de Carl J. Burckhardt. C’est qu’ il fut l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la formule
3029 l’historien de la Renaissance, je ne pense pas qu’ il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous le
3030 e de Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’ il a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d
3031 fin mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’ il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen q
3032 ois au Tyrol, et parfois de loup en Pologne, mais il était aussi le meilleur prosateur de son pays : il faut relire non se
3033 l était aussi le meilleur prosateur de son pays : il faut relire non seulement le monumental Richelieu de l’âge mûr, mais
3034 a hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’ il faut d’arbitraire dans les jugements, lucide avec mélancolie mais nul
91 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
3035 Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’il
3036 un texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’ il est une affaire entendue parmi les intellectuels autant que dans le g
3037 ec Kafka et bien peu d’autres. D’autant plus faut- il l’attaquer dans les domaines où son autorité, gagnée ailleurs, peut é
3038 es où son autorité, gagnée ailleurs, peut égarer. Il écrivait en 1939, aux premiers jours de la guerre, un texte sur leque
3039 Orwell Une nouvelle guerre européenne a éclaté. Il se peut qu’elle dure plusieurs années et mette en pièces la civilisat
3040 ouvelle guerre européenne a éclaté. Il se peut qu’ elle dure plusieurs années et mette en pièces la civilisation occidentale 
3041 tte en pièces la civilisation occidentale ; ou qu’ elle se termine d’une manière indécise et prépare une autre guerre qui rég
3042 ue « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrem
3043 ure, du moins sous la forme que nous connaissons, devra passer par une mort temporaire. La littérature du libéralisme touche
3044 histoire donne entièrement raison : si tout ce qu’ ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ont ri
3045 ient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’avan
3046 — m’incite à poser cette question : l’auteur a-t- il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue
3047 isions et nous en montre les moyens ; ou bien a-t- il été le complice objectif des catastrophes à venir, par prévision auto
3048 trophes à venir, par prévision autoréalisante ? S’ il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du
3049 t de la culture chrétienne libérale », alors oui, il est bien certain que « nous entrons dans l’âge des dictatures totalit
3050 e pas hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement
3051 istianisme par cet acte existe en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’est pas « le christianisme » institué qui aime
3052 ndre. Quand Orwell écrit son essai, le malheur qu’ il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même qu
3053 essai, le malheur qu’il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même qui l’annonce. Car cette phrase
3054 se trahit et déclare la démission du spirituel qu’ elle dit fatale. Ce qu’il s’agit de savoir en réalité, c’est si le monde
3055 démission du spirituel qu’elle dit fatale. Ce qu’ il s’agit de savoir en réalité, c’est si le monde de l’Esprit existe ou
3056 e, mais toujours militaires en fait. En revanche, il n’a pas su montrer l’alternative personnaliste à l’individualisme en
3057 invitent à cette démission de la personne — dont ils résultent en vérité ! — et la présentent comme une fatalité. Ils couv
3058 n vérité ! — et la présentent comme une fatalité. Ils couvrent aujourd’hui la terre entière, sans le moindre reste, et ne l
3059 algré eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’inve
3060 tés clandestines, ces régions sans institutions : il importe seulement qu’elles existent, pour nourrir notre espoir raison
3061 gions sans institutions : il importe seulement qu’ elles existent, pour nourrir notre espoir raisonnable de restructurer une c
3062 humaine. ds. Rougemont Denis de, « Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) », Bulletin du Centre eu
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
3063 objet en question semble avoir fait son temps, qu’ il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on pu
3064 ps, qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’ il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Pourquoi
3065 e, c’est que l’objet est encore trop jeune, et qu’ il convient, avant de s’en occuper, de s’assurer de sa réalité. Le secon
3066 lui des régions, du problème régional. En tant qu’ il est discuté en public, le problème ne date guère que des années soixa
3067 » datent de 1958 : Paul Romus, J. Boudeville ; qu’ elles sont suivies par une série de publications dans les cahiers de l’ISEA
3068 datent de 1964-1965, et que les premières études dues au Centre européen de la culture (CEC) et à l’Institut universitaire
3069 n’ont encore bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le reconnaissions clairement. Il y a sans doute ici plu
3070 sont bien assez connues, et même rabâchées, et qu’ il s’agit maintenant de pousser en profondeur et d’affiner l’analyse sci
3071 n’est pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’ elle est, mais de construire une réalité habitable, telle que des hommes s
3072 sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et
3073 ’action de l’homme. Dans ce sens, on peut dire qu’ il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité p
3074 cie de la faire que si on lui prouvait d’abord qu’ elle existe. Celui qui nie toute valeur « scientifique » à l’action de con
3075 rante par opposition à la nature naturée. Mais si elle dépend de la volonté humaine, il est décisif pour sa réalisation qu’o
3076 turée. Mais si elle dépend de la volonté humaine, il est décisif pour sa réalisation qu’on puisse expliquer avec efficacit
3077 a dégradation de toute existence communautaire qu’ il subit aujourd’hui, et qui appelle comme remède immédiat, structurel,
3078 te-Savoie), et des négociations franco-suisses qu’ elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commissi
3079 pour les diplômés d’une université « étrangère », il est quasi nul. Pourtant, l’extraordinaire densité des établissements
3080 prend les réalités locales, la leçon est claire : il faut susciter la région pour que la vie continue, tout simplement.  
3081 stion ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Il
3082 hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont tout calculé en fonction de leur « indépendance nationale », de l
3083 c., avec les résultats que chacun peut constater. Ils ne sauraient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ils sont fondés
3084 sauraient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ ils sont fondés sur le dogme de la souveraineté illimitée dans leurs fron
3085 nfin sur la vie et la mort des citoyens, selon qu’ ils se conforment ou non aux dogmes de la religion stato-nationale, dont
3086 uniquement et absolument, car à tout autre égard il est absurde. Né des guerres de la Révolution française et constitué d
3087 le mépris du tiers-monde qui nous les rend), mais elles ont fouetté technique et industrie, qui ont causé surpopulation, fami
3088 s relations humaines. Devant la contre-attaque qu’ elle a provoqué par son action, l’Europe se voit aujourd’hui sans force :
3089 cela aussi qui l’empêche de résoudre la crise qu’ elle a fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas
3090 he de résoudre la crise qu’elle a fomentée, et qu’ elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront colonisés
3091 e entretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Est ou par l’Ouest, ou
3092 politique du siècle finissant m’apparaît clair : il faut défaire et dépasser l’État-nation parce qu’il est la cause effic
3093 l faut défaire et dépasser l’État-nation parce qu’ il est la cause efficiente et immédiate de la crise mondiale, et l’empêc
3094 un facteur décisif de la solution de cette crise. Il faut défaire et dépasser l’État-nation si l’on ne veut pas aller irré
3095 siblement vers une guerre atomique. Et pour cela, il ne faut pas de bazookas et de plastic. Il ne s’agit pas de renverser
3096 r cela, il ne faut pas de bazookas et de plastic. Il ne s’agit pas de renverser des idoles aux pieds d’argile, mais d’éduq
3097 gile, mais d’éduquer des hommes vivants et forts. Il s’agit, dans le cadre branlant des États-nations subsistants, de cons
3098 estion posée est indépendante des deux premières. Elle procède en effet d’un ordre de considération radicalement différent,
3099 l’ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient- il sa puissance actuelle, sinon du vide civique créé par l’urbanisation
3100 de la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient participer ? Recréer une communauté où l’homme puisse rec
3101 isse recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’est pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temp
3102 nfin prendre en main leurs affaires communes — qu’ il s’agisse de réalités culturelles ou énergétiques, écologiques ou soci
3103 : si l’homme moderne vit dans l’angoisse parce qu’ il sent que « tout lui échappe », et que « ils » sont seuls responsables
3104 rce qu’il sent que « tout lui échappe », et que «  ils  » sont seuls responsables, « ils » c’est-à-dire l’État, des réseaux d
3105 appe », et que « ils » sont seuls responsables, «  ils  » c’est-à-dire l’État, des réseaux de fonctionnaires — cela tient aux
3106 ndes, l’homme s’y sent irrémédiablement perdu. Et il a raison. Si l’on veut refaire une communauté humaine (et non pas un
3107 ne communauté humaine (et non pas une termitière) il faut donc faire des régions. Là, l’homme pourra se sentir de nouveau
93 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
3108 nir dans les termes les plus propres, me semble-t- il , à poser le problème fondamental de toute prospective. Il serait faci
3109 ser le problème fondamental de toute prospective. Il serait facile d’en déduire un sophisme du gouvernement : — Si l’aveni
3110 termes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car
3111 s y sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en parler — la politique é
3112 udrait tellement être en état de prévoir, mais qu’ il faut faire, à tous risques et périls, et, faute d’une impossible conn
3113 n termes quantitatifs de production ou de profit. Ils ont démontré que jamais le tiers-monde ne pourra rejoindre le niveau
3114 dre le niveau de vie de l’Occident d’aujourd’hui. Ils ont fait voir accessoirement qu’il y a là pour le tiers-monde une cha
3115 là pour le tiers-monde une chance historique, qu’ il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la
3116 ance historique, qu’il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrication par les centrales s
3117 les calculs prévisionnels deviennent nocifs quand ils tendent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois p
3118 nous fait voir que la consommation d’électricité doit cesser de doubler tous les sept ans en Occident, car il serait au moi
3119 ser de doubler tous les sept ans en Occident, car il serait au moins difficile, et à coup sûr superflu, de produire 16 foi
3120 les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils ne disent pas : voilà ce qui se passera en 2025 (comme le fait l’impu
3121 dans leur mouvement selon les lois de l’inertie. Ils nous réveillent et nous incitent, avec une calme cruauté de thérapeut
3122 tent, avec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils ne nous imposent rien. En présence de cette agression libératrice, il
3123 rien. En présence de cette agression libératrice, il n’y a qu’une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modè
3124 èle (comme l’espèrent sans nul doute ses auteurs) il faut commencer par y croire. Car si on le récuse, on ne fera rien pou
3125 le récuse, on ne fera rien pour échapper à ce qu’ il annonce, et il deviendra vrai dans les délais prévus, de même qu’on c
3126 ne fera rien pour échapper à ce qu’il annonce, et il deviendra vrai dans les délais prévus, de même qu’on calcule au centi
3127 prévisions évidemment conditionnelles. Car autant il est nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entrepr
3128 oursuivre ou non en connaissance d’effets, autant il est dangereux, égarant, de subordonner ses décisions à des prédiction
3129 ites (ou laissez faire) dès maintenant tout ce qu’ il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’est donc pas contre la prospect
3130 faire) dès maintenant tout ce qu’il faut pour qu’ elles se vérifient. Ce n’est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de
3131 fient. Ce n’est donc pas contre la prospective qu’ il s’agit de nous mettre en garde, mais contre l’illusion fataliste et f
3132 e et fatale qui nous ferait croire, désormais, qu’ il revient à l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective doi
3133 nateur d’orienter notre politique. La prospective doit nous montrer la nécessité de choisir, et non pas faire le choix à not
3134 choisir, et non pas faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabilité civique
3135 ir, et non pas faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabilité civique, en nou
3136 Progrès », les « besoins » de l’économie, comme s’ il s’agissait-là de données objectives — comme le retour d’une comète, u
3137 discours pousse au crime de désertion civique, et devrait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de cons
3138 lus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle au contraire fait preuve d’une conscience alertée et d’un sens exigea
3139 lement irresponsable que j’entends ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire que la société, la civilisation, leur cris
3140 hors des volontés humaines. « On n’y peut rien. » Elle voudrait substituer au sentiment de sourde culpabilité qui accompagne
3141 lé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’ il n’est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est
3142 d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’être qu’ elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou dans son
3143 manipulant son « modèle », le futurologiste croit- il vraiment qu’il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il a pris soin
3144 « modèle », le futurologiste croit-il vraiment qu’ il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il a pris soin d’introduire da
3145 ment qu’il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’ il a pris soin d’introduire dans le modèle quelques bribes de réalité d’
3146 sûr, tout comme le magicien mêle à la glaise dont il pétrit sa figurine quelques poils ou des rognures d’ongles de sa vict
3147 toute rétroaction financière, sociale ou morale, il est fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : t
3148 on financière, sociale ou morale, il est fatal qu’ elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute la technologie
3149 nologie actuelle vient de la guerre et y conduit. Elle répond aux défis de la « dernière », et en appelle d’autres, fût-ce à
3150 soumettre l’avenir à court terme au passé. Quand elle annonce que « la consommation va plus que doubler durant la prochaine
3151 la prochaine décennie » (Time, 17 novembre 1973), elle décide en fait que l’avenir prochain est déjà joué dans le passé réce
3152 ressortir que l’absurdité de la croissance dès qu’ elle devient exponentielle. Le long terme, au surplus, devrait compter ave
3153 devient exponentielle. Le long terme, au surplus, devrait compter avec tant de facteurs non chiffrables, et leurs interactions
3154 rables, et leurs interactions mal prévisibles, qu’ il échappe aux calculs sérieux, ou conduit à des conclusions tout arbitr
3155 de 20 000 dollars par tête. Mais comment pourrait- il le savoir, puisque après tout, le long terme passe par le court, et s
3156 , et an-historique en tant que « sans surprise ». Elle peut donc être qualifiée de conservatisme utopique. Il y a plus grave
3157 sme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé qu’ elle tend à fixer plutôt qu’elle ne le prolonge en création ; soumise aux
3158 ave. Liée au passé qu’elle tend à fixer plutôt qu’ elle ne le prolonge en création ; soumise aux seules lois de la matière (m
3159 ation au lieu de la libérer, et dans la mesure où elle se montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle est un facteur d’
3160 le se montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle est un facteur d’entropie, et de déperdition du patrimoine humain. To
3161 l’improbable création. Car dans la mesure même où il est vivant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend
3162 ur que leurs résultantes puissent être évaluées : il faudrait tout savoir sur l’homme, ses régularités et ses folies ; tou
3163 ster, je répondais ainsi à cette question : Faut- il en désespoir de cause faire confiance à la fameuse intuition ? Je res
3164 ce à la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’ elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création, ta
3165 présente de notre civilisation, comment suffirait- elle à nous guider dans le système ultracomplexe des interactions dont dép
3166 plexe des interactions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confia
3167 ing 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’ il est préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtien
3168 s à la manière de Forrester, tout en déplorant qu’ ils échouent à prendre en compte des paramètres éventuellement décisifs p
3169 outrance, je veux parler de la menace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que t
3170 e l’hygiène sociale cherche à la diminuer ; c’est elle qui pousse aux investissements industriels, à l’exploitation maximale
3171 à la pollution ; et finalement le seul facteur qu’ elle fasse diminuer, c’est la qualité de vie. Si bien qu’on peut se demand
3172 est pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la finalité guerrière de nos États-nations de modèle n
3173 reconnues ces limites à l’intuition et au calcul, il faut admettre aussi qu’une société humaine n’est pas une mécanique, o
3174 que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose — ensemble de systèmes plus ou moins intégrés, référe
3175 nt-hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’ il soit, les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils on
3176 e en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car
3177 née d’un tel échec prévisionnel. D’autant plus qu’ il se trouve que ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles ont f
3178 ur ne citer que les plus grands noms.130 Certes, ils ont tous nourri leurs intuitions d’une connaissance directe et passio
3179 l’homme de leur temps, dans les contradictions qu’ ils y décelaient entre valeurs alléguées et conduites réelles, c’est donc
3180 est donc au secret de la psyché de leur époque qu’ ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la morale
3181 pable de dire « si nous verrons jamais le jour où il sera possible d’isoler les variables clés qui déterminent le surgisse
3182 chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que
3183 s s’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’ il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de
3184 ment. Pour empêcher l’alliance de cités vassales, elle s’efforçait d’attiser leurs rivalités, jusqu’au jour où une province
3185 e cette indépendance. Et dans d’autres provinces, il semble que les hérésies chrétiennes, qui dressaient les fidèles contr
3186 temporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beaucoup trop tard pour que Rome, en reconnaissant ces tendance
3187 singulière de l’Empire, la charte d’indépendance devait être accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle av
3188 rrait être aussi bien baptisée subjective, puisqu’ elle prend son appui dans l’homme sujet de l’Histoire. La futurologie sera
3189 a futurologie serait alors « objective » parce qu’ elle part des objets, des « faits », c’est-à-dire de l’Histoire déjà faite
3190 « faits », c’est-à-dire de l’Histoire déjà faite. Elle tient que l’homme, fait par l’Histoire, est son objet, un objet parmi
3191 nommer cette prospective personnaliste, parce qu’ elle ne voit de sens possible à l’avenir que dans l’accomplissement de la
3192 si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu’à seule fin d’orienter une politique, mais
3193 rêt qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait plus de politique possible dans un monde soumis aux seuls
3194 t l’on ira six fois plus vite avec Astra. »), car elle tendrait alors à rendre l’homme prisonnier des rythmes du passé ou de
3195 barrées, les grèves possibles, et à quelle heure il faudra que je me lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ont
3196 que je me lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques
3197 iti — comme le savaient les scolastiques et comme il semble bien que l’avaient oublié nos plus savants économistes. Les mo
3198 té de l’autre. Exemple : — Quand on nous dit : «  Il va falloir dans les dix ans qui viennent plus d’autos pour plus d’hom
3199 même, dès qu’on la laisse proliférer sans freins… Il s’agit donc d’écarter tous moyens dont l’emploi non réglé par quelque
3200 , et si son prix valait vraiment les avantages qu’ elle offre à la communauté qui l’a payée, et aux assassins du week-end. En
3201 week-end. Enfin, le modèle d’avenir qu’on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communauté qui le réal
3202 hance, sauf intuition, de deviner les manettes qu’ il convient de manier. Et encore faudrait-il que le tableau de bord lui
3203 ttes qu’il convient de manier. Et encore faudrait- il que le tableau de bord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou
3204 ableau de bord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapab
3205 choses dont il ait (ou ait eu) quelque idée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter au moindre échange vi
3206 nscient accumulé dans les cellules et le cerveau. Elle peut nous informer aussi sur le social, par sympathie, réaction conso
3207 ante aux affects de l’espèce ou d’un groupe. Mais elle reste sans prises sur une mécanique : là, il s’agit de savoir, ou d’a
3208 is elle reste sans prises sur une mécanique : là, il s’agit de savoir, ou d’avoir su ; et « l’intuition » du geste à faire
94 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
3209 ment, le concept exprimé par ces mots signifie qu’ il est entendu, avant tout discussion et comme allant de soi que : — la
3210 mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de traditio
3211 ujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’ elle soit chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considèrent
3212 chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considèrent toute innovation comme une hérésie, ou une maladresse, un
3213 e erreur obstinée ou une tendance déviationniste. Il existe partout des Anciens, même en Europe. Mais il n’y a de Modernes
3214 existe partout des Anciens, même en Europe. Mais il n’y a de Modernes, et loués comme tels, qu’en Europe et en Amérique.
3215 t loués comme tels, qu’en Europe et en Amérique. ( Il y en eut en Russie jusqu’à Staline : Stravinsky, Malevitch, Kandinsky
3216 rimitive ou tel masque polynésien d’usage rituel, il serait en effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce q
3217 rités reçues et remet en question les traditions, elle s’oppose dans le temps et l’espace à toutes les cultures sauf une seu
3218 entaux et eux seuls ? Et d’où vient qu’en tant qu’ ils renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’en révèlent tributai
3219 qu’ils renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’en révèlent tributaires, mais se privent de comprendre les autres,
3220 res, mais se privent de comprendre les autres, qu’ ils admirent par malentendu ? II. Approche proposée Le problème des
3221 s (économiques, démographiques, militaires). Et s’ il reste du temps en fin de congrès, ou à l’heure des toasts, on cite bi
3222 s. Or ces forces sont religieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je po
3223 endront dans l’avenir immédiat et lointain, comme elles ont dépendu de tous temps, 1° de la nature des valeurs culturelles (a
3224 tures. III. Le concept de révolution Mais s’ il est vrai que toute culture vient d’une religion et la prolonge en exp
3225 gions et celle qui domine l’Occident ? La réponse doit être cherchée dans la théologie du xxe siècle qui, sur les traces de
3226 au passage du « vieil homme » à l’homme régénéré, il est décrit comme une rupture, comme une métamorphose subite. Saul de
3227 ôtre dans les instants d’une crise aveuglante. Et il écrit, un peu plus tard, qu’au retour du Christ : « Nous serons tous
3228 exclue par toutes les autres religions, parce qu’ elle n’est concevable, en effet, que dans une société travaillée par le me
3229 À partir du xve siècle, que fait l’Europe quand elle emprunte au Monde, faute de « valeurs », des formes ou des rythmes ?
3230 faute de « valeurs », des formes ou des rythmes ? Elle les pose « en collage » sur ses compositions. Hors du contexte sacré,
3231 d’essentiel que la Bretagne n’ait formé d’abord. Il en va de même pour l’influence passagère de l’art japonais sur Van Go
3232 hances de durée en Europe. Dans la mesure même où ils ont signifié trop facilement la « modernité » pendant deux ou trois d
3233 la « modernité » pendant deux ou trois décennies, ils sont rejetés par les nouvelles générations de créateurs, d’avant-gard
3234 e debussysme, un Pierre Boulez aujourd’hui ne lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’il choisit de se rattacher. M
3235 lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’ il choisit de se rattacher. Mais dans le même temps, par la force et la
3236 ’information scientifique, venue de l’Europe et d’ elle seule, qui a révélé ces richesses naturelles et dans un sens précis,
3237 audra des milliards de dollars. Ce mouvement va-t- il de l’Europe vers le Monde, ou l’inverse ? Il va de la source scientif
3238 va-t-il de l’Europe vers le Monde, ou l’inverse ? Il va de la source scientifico-technique d’information, vers le pays où
3239 pétrole est « arabe », dit-on, mais sans l’Europe il n’existerait pas. Et dans ce sens concret, « il vient de l’Europe ».
3240 e il n’existerait pas. Et dans ce sens concret, «  il vient de l’Europe ». V. « … et tout en est venu, ou presque » J
3241 la liste impressionnante des inventions majeures dues à l’Europe, dans tous les ordres138 : arts et sciences, philosophies
3242 n, de guérison des corps et de massacres massifs. Il en résulte à l’évidence que le monde moderne tout entier, en tant que
3243 re appelé une création européenne. Que se passe-t- il quand le monde adopte ces inventions, ces procédés, ces formes ? D’un
3244 n’est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que subir cette forme comme une contrainte stérilisante.
3245 fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe suprême, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesure d’exiger da
3246 s sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créé
3247 n’est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ;
3248 ous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ; ils voient plus facilement ce qui est beaucoup plus bas, au niveau du con
3249 hés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occide
3250 vague, une espèce de rumeur insensée… Seulement, elle est issue du même complexe, et elle répond dans le monde de l’âme au
3251 e… Seulement, elle est issue du même complexe, et elle répond dans le monde de l’âme au même défi que la science dans le mon
3252 vous avez eu l’idée de les construire et comment ils expriment et transportent, en fait, tout un monde de valeurs complète
3253 nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui est Hollandaise, donnait des leçons de s
3254 ge aux enfants d’une école de Djakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : « Composez ma
3255 quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : « Composez maintenant une chanson dans le goût de ce pays 
3256 enant une chanson dans le goût de ce pays ». Mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de l
3257 les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en fa
3258 caces et plus puissants, car c’est aux pensées qu’ ils commandent, aux sentiments, aux sources mêmes de l’invention et de la
3259 t de l’Europe et d’un empire, la Chine : — qu’a-t- elle reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine a pris d’abord l’idé
3260  : — qu’a-t-elle reçu de l’Europe ? et qu’en fait- elle  ? La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est bien l’idée l
3261 ’est-à-dire de complémentarité du yin et du yang. Elle a reçu toute faite, « clé en main », la doctrine de la révolution iss
3262 ustrielle du xixe siècle européen : le marxisme. Elle a reçu la technique, et elle développe une science empruntée (sauf po
3263 opéen : le marxisme. Elle a reçu la technique, et elle développe une science empruntée (sauf pour la médecine) à l’Occident
3264 ustriels. Or la Chine est une grande paysannerie. Il va falloir la moderniser. Et ce sera cette exigence de rejoindre les
3265 révolution marxiste que Mao appellera révolution. Il parlera d’abord de « bond en avant » (marquant ainsi sa volonté de ru
3266 le passé, non plus d’évolution harmonieuse). Puis il parlera de « révolution culturelle », marquant ainsi que la modernité
3267 u, le moderne, comme représentant l’erreur même : il faut donc que l’État force le processus par une série de secousses et
3268 es années : je veux parler du stato-nationalisme. Il semble bien que Mao en ait vu le danger et prenne des mesures pour im
3269 ailleurs : « Ne préconisez jamais l’hégémonie ». ( Il est clair que cela vise d’abord le grand voisin, mais enfin le slogan
3270 mites se présente toujours comme quelque chose qu’ il s’agit de « protéger » contre les « ingérences étrangères ». C’est la
3271 gères ». C’est la forme politique de la paranoïa. Elle ne se pose qu’en s’opposant aux voisins et aux « impérialismes intern
3272 isins et aux « impérialismes internationaux ». Si elle s’oppose à l’impérialisme américain, elle conduit à une République po
3273 x ». Si elle s’oppose à l’impérialisme américain, elle conduit à une République populaire nationale et démocratique à dictat
3274 e à dictature militaire résolument socialiste. Si elle s’oppose à l’impérialisme soviétique, elle conduit à une République p
3275 te. Si elle s’oppose à l’impérialisme soviétique, elle conduit à une République populaire nationale et socialiste à dictatur
3276 mer au-delà de toute raison contre des ennemis qu’ elles se créent, dont elles ont besoin pour survivre et assurer leur « cohé
3277 aison contre des ennemis qu’elles se créent, dont elles ont besoin pour survivre et assurer leur « cohérence nationale », et
3278 mais à la portée de toutes les mafias politiques. Il est donc fatal, dans ces conditions, qu’une guerre atomique, même si
3279 effets encore plus destructeurs qu’auraient sans elle les famines continentales ou une diminution catastrophique de l’oxygè
3280 ace mais globalement nocive). C’est à l’Europe qu’ il appartient de modifier ces conditions, et l’on ne voit pas de raisons
3281 nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pou
3282 ir l’exemple au monde, et dont on peut espérer qu’ elle exercerait sur lui une attraction puissante, consisterait dans la pri
3283 ui me paraissent propres à guider une relance, qu’ il faut souhaiter, aussi prochaine que possible, du Dialogue des culture
95 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
3284 Que devenir, que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Fe
3285 acun a raison d’une certaine manière, selon ce qu’ il est lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait re
3286 e, selon ce qu’il est lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait ressemble à son auteur, et tous les p
3287 edoutablement instructif pour son récipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’il a pu être dans les yeux d’autrui, il va d
3288 r son récipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’ il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage
3289 enfin ce qu’il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personnage, les apparences toujours multiples q
3290 ours multiples qui cachent parfois plus encore qu’ elles ne la révèlent, sa personne. Il y a là de quoi passionner le personna
3291 quoi m’amuser indéfiniment pendant les années qu’ il me reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec le
3292 nous sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’ elle devrait dominer et orienter L’Aventure occidentale de l’homme , et q
3293 sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’elle devrait dominer et orienter L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’en ell
3294 ter L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’en elle sont Les Chances de l’Europe . Merci, mes chers amis, pour ce cadeau
3295 et le plus respectable des éditeurs suisses, ont sacrifier à la préparation de ce livre de fête une partie de leurs va