1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 guration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’ est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert
2 Notre programme n’est pas systématique, et il n’ est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
3 qu’elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ ont pas grande confiance dans le jeu politique des États souverains et
4 la. Ils voudraient bien faire quelque chose, mais ne voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons.
5 ’Europe signifie pratiquement la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose de raisonnable et de concret. Ce qui s’oppos
6 e qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité n’ est plus même discutée, c’est d’abord l’esprit de parti dans ses multi
7 que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’ est plus faux. Les véritables intérêts calculent et jugent à l’unanimi
8 ent en « réalisme » et multiplient les raisons de ne rien faire. Les vrais obstacles à la fédération ne résident pas dans
9 e rien faire. Les vrais obstacles à la fédération ne résident pas dans les réalités, mais bien dans la paresse des esprits
10 lan de la culture, précisément — hors duquel nous n’ avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens
11 asse. Il y a là quelque chose de neuf, plus qu’il n’ y peut paraître à première vue. Insistons donc : le Centre fait appel,
12 os pays. Un lien et une correspondance Nous ne fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulleti
13 plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne voulions pas annoncer des projets sans avoir enregistré des réalisati
14 jets sans avoir enregistré des réalisations. Nous ne voulions pas tout embrasser sur le papier, vivre de plans et de manif
15 s aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’ est point pour essayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à qu
16 (Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’ ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nou
17 voilà qui parle mieux que les grands orateurs, et ne soulève pas les mêmes méfiances. Qu’on lise les pages qui suivent sur
18 solitude, de plus en plus menacée de tous côtés, ne se veulent liés à rien d’autre qu’au sort commun de cette patrie spir
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
19 vient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point de vue polit
20 nationalismes se trouve dépassée en fait. Mais il n’ en subsiste pas seulement des cadres à la fois étroits et vermoulus (d
21 ganiser les échanges culturels ». Observons qu’il n’ en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union
22 Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre plus facilement d’une
23 part, presque automatiquement, favoriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui font le moins peur aux fonctionnaires, ceux
24 e où elles vivent. L’unité culturelle de l’Europe n’ a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pe
25 être faite : elle existait aux origines, et elle n’ a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille div
26 e reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’organiser par décrets, mais simplement
27 ais simplement de la laisser se manifester, et de ne plus l’empêcher d’évoluer selon ses lois et sa liberté propres. L’Eur
28 eut-il intervenir dans ces mystères ? La question n’ est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littéra
29 our étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’ est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mais d
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
30 gende de son efficacité. Or ce reflux — dont rien n’ indique qu’il soit simplement temporaire — découvre une situation nouv
31 à Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’ est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la
32 ue n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’ est-elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille
33 erins », et d’une vaste contrée vierge. Une fille n’ est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autre
34 Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il n’ aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul,
35 agir autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul, mais aussi par rapport au mo
36 ur ses diversités enracinées. Le malaise Il n’ y aurait pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas, le
37 des rapports entre ces deux cultures en filiation n’ aurait rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’a
38 aurait rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’appui de sa culture comme de sa politique — d’une pui
39 est plus ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce sont parfois les même
40 . Quant à la culture, la cause est entendue, vous n’ êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comi
41 nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’ avez même pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pense d
42 s USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur lecture impo
43 vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’ a proposé de remède au mauvais goût, ni au goût des lectures faciles.
44 prestige suspect, d’autre part se voit accusé de n’ être rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté
45 y croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne sont pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et ont l’argent. M
46 reprises d’éducation, et d’une manière générale à n’ importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la s
47 ière générale à n’importe qui de se prononcer sur n’ importe quoi qui n’est pas dans la situation concrète de l’Europe, mai
48 mporte qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’ est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le programme
49 tte broussaille de malentendus ? La bonne volonté n’ y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’a rien empêché. Né
50 n’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’ a rien empêché. Nécessité d’un dialogue juste Depuis un certain
51 re doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’agit pas d’un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Les r
52 és comme justifiés, dès le départ, et la question ne sera pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une an
53 s. Ils sont vitaux. Car si l’Europe et l’Amérique n’ arrivent pas à s’entendre effectivement, comment rêver une entente mon
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
54 des deux empires qui se disputent le monde ? — on ne peut lui répondre qu’en se réclamant de nos traditions culturelles, a
55 chaque pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe n’ est que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons
56 n’est que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’ y a guère de raisons de perdre son temps dans une commission « culture
57 c de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’ est pas le chemin de fer, l’électricité et le charbon, les sociétés qu
58 problèmes électoraux qui en résultent : tout cela n’ est que résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’a
59 les les « réalités concrètes » dont on nous parle n’ existeraient pas. C’est une culture. Ce n’est pas une somme d’institut
60 s parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce n’ est pas une somme d’institutions, de partis et de préjugés tombés du c
61 même matériels. L’Europe est une culture, ou elle n’ a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détai
62 loniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela ne changerait rien à l’affaire, une fois le sens humain perdu). 3. Les p
63 gnent à l’endroit de leurs efforts. Pourtant rien n’ est plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accesso
64 c’est l’ambition démocratique). L’homme de la rue ne sait rien de Strasbourg. Il ne sait rien de l’Europe non plus. Et si
65 L’homme de la rue ne sait rien de Strasbourg. Il ne sait rien de l’Europe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Europe
66 ’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’ écoute même pas le bruit que font ces deux mots également privés de se
67 évidences. 4. Mais on va me dire : le mot culture n’ a pas beaucoup plus de sens pour l’homme moyen. Si c’est vrai, tirons-
68 en. Si c’est vrai, tirons-en les conclusions : il n’ y aura pas d’union valable de l’Europe sans participation des masses à
69 t, restera sans contenu spirituel ou social. Elle n’ aura pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être déf
70 pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. E
71 ine. Armée ou non, elle ne peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche, vouloir l’Euro
72 t les cellules vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’à s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la
73 n budget fédéral de la culture, — d’un budget qui ne soit pas simplement l’addition de mesquines soustractions aux budgets
74 qui en ont le besoin réel (même inconscient) mais ne savent pas où la trouver, il s’agit d’apporter la culture à domicile,
75 cherche ailleurs. Si elle trouve la culture, elle ne tardera pas à découvrir l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre él
76 omme le font les totalitaires (qui eux, au moins, n’ ont pas négligé le problème !). Mais au contraire, en vue de former de
77 oi, précisément, votre congrès doit estimer qu’il n’ y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont Denis
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
78 tion internationale selon la loi suisse, et qu’il ne dépend ni du Conseil de l’Europe, ni des gouvernements, ni même du Mo
79 ésir réciproque de collaboration pratique. Le CEC n’ est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le ré
80 n’est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le répéter. Mais par rapport aux autres instances inter
81 tions concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’ est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par
82 e d’un organisme privé. De plus, leur secrétariat ne dispose pas d’un organisme permanent d’exécution. Aussi le Comité a-t
83 culturels en vue de l’union de l’Europe. Et s’il n’ existait pas, ou s’il disparaissait, les nécessités mêmes de cette coo
84 venter. Ceci, à condition, bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’est qu’un problème politico-technocratique, et
85 n, bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’ est qu’un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le mo
86 et rien de plus pour le moment. Le rôle du Centre ne devient concevable — mais alors il s’impose avec évidence — que si l’
87 pae2 » et brochures. La Commission universitaire n’ a pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de di
88 s obstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde opposition à n
89 e défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’ avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la conscience des Po
90 que de la collaboration des guildes dont le prix n’ est qu’un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts e
91 plupart des instituts européens « sérieux », mais n’ a pas encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre
92 randes manifestations de ce genre en Europe, nous ne pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse
93 un grand industriel français de mes amis3 : « Ce n’ est pas au pied du mur qu’on connaît le maçon, c’est en haut. » 2.
7 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
94 e M. Torrès-Bodet, directeur général de l’Unesco, ne révèle certes pas une crise de la culture, mais bien du principe même
95 l’Unesco, les milieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans ce d
96 est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’ a rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur
97 ntérêts d’un ministre, les rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Ma
98 e, reste loin d’épuiser la question. Car l’Unesco n’ a jamais prétendu faire la culture, ou faire de la culture. L’Unesco v
99 a la paix. Or seule une aide toute désintéressée, n’ ayant en vue que la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de sci
100 sur la seule démonstration de son excellence ? Il n’ en obtient parfois, avec quelles peines, que s’il peut démontrer aux F
101 ger aussi à ses tâches. Les activités culturelles n’ étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce
102 t fois ou mille fois plus. Mais le fait est qu’on n’ y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion moyen
103 e on dit, se demandent alors si pour ce prix l’on ne pourrait pas les aider mieux qu’en finançant une grande machine pour
104 ant une grande machine pour les aider. La machine n’ absorbe-t-elle pas plus d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait
105 chine n’absorbe-t-elle pas plus d’énergie qu’elle n’ en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on fai
106 ui survole toutes les civilisations de la planète ne peut se donner qu’un but très vague, mal défini et presque vide de co
107 le pour la paix.) D’autre part, le cadre national ne correspond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’est toujours f
108 st toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et doua
109 ndiaux.   2. Centralisé. La réalité de la culture ne se trouve ni dans l’individu isolé, ni dans la nation, ni dans les va
110 ons peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on ne saurait les « planifier »
111 d elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on ne saurait les « planifier » sur une échelle qui n’est plus celle du ray
112 ne saurait les « planifier » sur une échelle qui n’ est plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base. F
113 avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’ en parlons pas en doctrinaires, mais sur la base d’une expérience quot
114 s fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme n’ est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler
115 d’une crise de l’Unesco, gageons que cette crise ne proviendrait que d’un manque d’appuis extérieurs, et non pas de la fo
116 rnementales se révèle là encore le plus pratique, ne fût-ce qu’en évitant les retards et les frais des grandes machines bu
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
117 es œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce n’ est pour des raisons de prestige ou des motifs extra-musicaux. La situ
118 ier les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’ils ne sont pratiquement pas joués. De nombreux problèmes de critique musica
119 asées sur elles. En outre, les critiques musicaux ne peuvent que très rarement rencontrer de jeunes compositeurs et établi
120 Nabokov. Des « paying guests » seront admis, mais ne participeront pas aux discussions. Les étudiants en musique obtiendro
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
121 es la disent au point mort. Mais la contradiction n’ est qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour c
122 ’élan fédéraliste s’est épuisé, puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet élan vient de rencontrer des r
123 sure de la contre-poussée qu’il provoque. Si l’on ne voit rien bouger pour le moment, on se tromperait en jugeant que la l
124 tous les pays. L’internationale de l’anti-Europe n’ en est pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois
125 force politique cohérente lui serait fatale. Elle n’ en représente pas moins un très sérieux danger : celui de la confusion
126 . D’où, paraît-il, crise de l’idée européenne. On n’ oserait affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kre
127 ne. On n’oserait affirmer ici que ce raisonnement n’ ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs maje
128 ement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce que
129 des évidences. Les vrais motifs de notre union n’ ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armist
130 s de « détente », signifient que l’URSS désormais ne nourrit plus à l’endroit de l’Occident que les intentions les plus co
131 l’homme et de ses libertés politiques et sociales n’ a pas varié, que l’on sache, n’est pas moins menacée de l’intérieur et
132 tiques et sociales n’a pas varié, que l’on sache, n’ est pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur. La division d
133 nent en 21 nations sottement rivales, dont aucune n’ est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires moderne
134 is et qui retourne contre elle ses propres armes, n’ est en aucune mesure améliorée. Ces trois grands faits fondamentaux, c
135 tre la preuve que tout va changer en Russie : ils ne changent rien à ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meilleur
136 eulement déclarée mais faite, l’union de l’Europe n’ en serait pas moins vitale ni moins urgente, pour les trois grandes ra
137 ndes raisons qu’on vient de rappeler. La question n’ est pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si n
138 équence de tout cela, leur indépendance. Personne n’ ayant pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solutio
139 ndre prouver que tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. Vers une épuration européenne
140 s l’union. Vers une épuration européenne Il n’ en reste pas moins probable que l’effet de propagande escompté sera pa
141 re, va se trouver rapidement neutralisé. Ceux qui ne voulaient prendre au sérieux (en Europe comme en Amérique) que la Com
142 ue chose, et par suite que le principe fédérateur ne peut être que négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils v
143 vont cesser de se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, m
144 e que le monde entier, les communistes y compris, ne croyait pas que l’Amérique ni l’Europe songeaient à la « guerre préve
145 nditions de clarté, de sérieux, de sagesse, qu’on ne pouvait espérer naguère, lorsque régnait encore la crainte, la suspic
146 sens humain, la formule spirituelle ? La réponse n’ est plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fé
147 able. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fédère pas des armes et des machines, des équations et des doctrines,
148 in, la condition certainement nécessaire, si elle n’ est pas certainement suffisante, d’une Renaissance offerte par l’Europ
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
149 es, militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’ est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de
150 ine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il n’ est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qu
151 action décisive, ainsi que nul écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’il fallait résumer en deux phrases le r
152 ur va comprendre l’extrême importance ; ces notes n’ avaient d’autre intention que de l’introduire : Le monde peut être di
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
153 hors des milieux fédéralistes militants, personne ne parle plus de la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit é
154 ts, personne ne parle plus de la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouve
155 dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’ est pas ouvert. Cet ensemble de faits définit pour l’Europe une situat
156 ns une forme quelconque d’entraide européenne. Ce n’ est pas une question de lâcheté ou de courage, mais de simple sens pol
157 rflue, et auxquelles d’ailleurs, sans union, l’on ne pourra jamais satisfaire. Trop de gens refusent encore de voir que la
158 encore de voir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vas
159 upart, dans leur forme nationale au sens moderne, n’ ont qu’un passé des plus récents, et presque ridiculement court au reg
160 mmes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ce
161 . Si notre civilisation, menacée de toutes parts, ne peut pas s’appuyer sur des institutions continentales, elle va se dés
162 ropéens tels qu’ils se montrent. Si les Européens n’ étaient menés que par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaie
163 l’a souvent fait. En revanche, personne au monde n’ a jamais essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de r
164 faire l’Europe avec tout cela ? Pourtant, si nous ne la faisons pas, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous ra
165 ber, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’ est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose
166 péens réels. Elle est tout à fait autre chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout à f
167 aires. L’Europe est une notion de la personne. On n’ y accède que par l’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à
168 malgré tout Seules les idées avancent. Et rien n’ avance que par l’idée. Les choses, les hommes sans idées n’avancent ja
169 que par l’idée. Les choses, les hommes sans idées n’ avancent jamais, ils se déplacent les uns les autres, tout au plus. Il
170 soulignaient. Mais ouvrez un journal aujourd’hui, n’ importe lequel au hasard. L’éditorial une fois sur deux, et trois sur
171 réalité, quoique négative. Mais c’est peu, ou ce n’ est rien, si cette réalité naissante reste incapable d’instituer un Po
172 ffort de construction européenne, si près du but, ne s’est vu plus gravement compromis. Pour la première fois je l’écris :
173 mais sur les seuls Européens — sur tous ceux qui n’ ont pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il
174 r d’eux-mêmes. Ils crient la paix, la paix, et il n’ y a point de paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils att
175 la paix, la paix, et il n’y a point de paix, ils n’ osent pas en regarder les conditions. Ils attendent un miracle des Ber
176 . Ils attendent un miracle des Bermudes, mais ils n’ attendent plus rien d’eux-mêmes. Ils semblent avoir choisi de se faire
177 , mais l’empereur combattait sur les remparts. Je ne connais pas de comparaison plus humiliante pour les Européens qui lai
178 retraite et des nationalistes psychopathes contre n’ importe quelle forme d’initiative occidentale, tout concourt à rendre
179 le tableau : La Communauté européenne de défense n’ est pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans ex
180 ns livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’ est encore fatal ; mais tout peut le devenir en quelques mois : un peu
181 ons parlementaires, un peu plus d’atlantisme pour ne pas faire l’Europe, et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union
182 ue d’erreur de diagnostic, tant mieux. Mais qu’on n’ écarte pas ces prévisions à l’aide d’un adjectif genre « alarmiste ».
183 ope, cela pourrait suffire à nous sauver. Mais je n’ en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’état présent non pas
184 nant un miracle, pas autrement. Mais les miracles ne se produisent jamais là où personne n’est disposé à les recevoir et à
185 s miracles ne se produisent jamais là où personne n’ est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les «
186 e n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ ont jamais sauvé les « races incrédules », car celles-ci les transform
187 bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous, sans illusio
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
188 ppel qu’il me charge de vous adresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. M
189 à l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne
190 ropagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de dis
191 de nos jugements sur le Projet, cette convergence ne peut manquer de vous apparaître significative. Voici donc la première
192 prochains. Le Projet, certes, est discutable. Il ne peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne connaît pas de do
193 peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne connaît pas de document de ce genre qui ne soit le produit de nombreu
194 stoire ne connaît pas de document de ce genre qui ne soit le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques év
195 ne soit le produit de nombreux compromis, et qui n’ engage des risques éventuels pour l’une ou l’autre des parties traitan
196 pour l’une ou l’autre des parties traitantes. Il ne s’agit donc pas de poser à son propos une espèce de « question de con
197 bsolument de faire l’Europe, tandis que le Projet n’ est qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imp
198 Il est le seul Projet actuellement existant, qui ne résulte pas de l’initiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. Il e
199 ication. De là ses défauts évidents : des députés ne sauraient proposer qu’un gouvernement d’assemblées. Mais quel autre r
200 t prévoit un Parlement élu et un exécutif dont on ne sait, à vrai dire, s’il sera fédéral ou simplement confédéral. C’est
201 es voies de la fédération nécessaire. Les esprits ne sont pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément,
202 culeusement des intérêts parfois contradictoires, ne fera jamais vivre l’Europe. Il sera lettre morte pour les Européens,
203 lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’ auront pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auront pas voulu
204 ’auront pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auront pas voulu. La perspective dynamique dans laquelle il faut vo
205 s habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offensive de paix sovi
206 de nos divisions. L’offensive de paix soviétique ne change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le
207 par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, ca
208 . L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, car son génie s’appelle
209 ntralisé, car son génie s’appelle diversité. Elle ne sera pas non plus une Sainte-Alliance, ni une simple coalition, formu
210 t rétablie dans son sein. 5. Une telle fédération ne suppose pas « l’abandon de nos souverainetés », mais au contraire l’i
211 encore en fait ? On voit venir le temps où elles ne seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauver
212 rde de parler de la souveraineté d’une nation qui ne pourrait pas se défendre au-delà de quelques heures contre l’attaque
213 contre l’attaque de l’un ou l’autre empire ; qui n’ est pas en état de déclarer la guerre ou de conclure la paix isolément
214 guerre ou de conclure la paix isolément ; et qui ne peut plus rêver de vivre en autarcie. Renoncer à des droits illusoire
215 deux gestes manqueraient également de sérieux. Il n’ est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un
216 est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Euro
217 es États-Unis et de la Suisse. Le Projet, certes, n’ est pas encore un Pacte, mais il prépare les voies de la fédération. S
218 exemple au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut être accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte de
219 est d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne n’ est en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et même un peu obs
220 moitié, puis se mit à pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant tous ruinés, et refusant de faire le pool
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
221 otto semblait être : la parole est aux actes ! Il ne recherchait point d’idées nouvelles, mais des réalisations immédiates
222 édiates, dans un cadre clairement défini. Et l’on ne saurait qu’y applaudir. Cependant, le souci des succès immédiats, qu
223 ts, qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette maxime générale de l’action : on n’
224 re oublier cette maxime générale de l’action : on n’ atteint des buts rapprochés qu’en tendant vers un but lointain. Précis
225 n but lointain. Précisons : la Communauté des Six n’ est qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas attein
226 qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’ être pas atteinte si l’on en fait un but en soi. De même, l’union des
227 n fait un but en soi. De même, l’union des Quinze n’ est qu’une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemb
228 in, il faut reconnaître que les uns et les autres ne serviront l’Europe en efficacité et vérité que s’ils agissent en rela
229 effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait re
230 vec les objectifs du Centre. En fait, rien de tel ne s’est produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été
231 plan, entourées de quinze publicistes influents, ne sera pas moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et à ses commis
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
232 enons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’ imagine pas de meilleure devise pour la table ronde de l’Europe qui s’
233 raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seulemen
234 de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’ est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe po
235 salut tout proche et comme à portée de main ? Il ne lui manque peut-être qu’une seule chose : la conscience des périls qu
236 culturelle à la communauté politique Mon dessein n’ est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendan
237 u’ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ils ne trouvent pas ensemble leur salut. La recherche des origines communes
238 ontre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’ avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible que dans
239 e Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’ avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous per
240 de notre unité compromise. Certes, la table ronde n’ a pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses pour su
241 es buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ils regardent ens
242 ous perdons en apports extérieurs. La table ronde n’ a pas dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré
243 mmées par les gouvernements des États membres, et ne suis donc responsable que du choix des thèmes et de leur répartition
15 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
244 s, de nations ou de classes. Dans ce sens, le CEC ne s’occupe pas de politique. — Le Centre veut-il être producteur de cul
245 uite par les personnes. Le Centre en tant que tel ne produit donc ni tableaux, ni poèmes, ni statues, ni théories scientif
246 ncièrement les initiatives culturelles. Nos États ne consacrent qu’à peine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne
247 eine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne s’agit-il pour eux que d’instruction publique, ou de propagande pour
248 ’Europe ? — Certes. — Mais le problème de l’Union n’ est-il pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit auj
249 ’hui l’effort d’intégration politique de l’Europe ne va-t-elle pas rendre vaines vos activités culturelles ? — Cette crise
250 plus fort en faveur de l’existence du Centre. On n’ a pas réussi à créer l’union fédérale de l’Europe dans le délai optimu
251 ntre ». Est-ce donc qu’il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi avec l’Unesco, par exemple ? — C’est impo
252 o, par exemple ? — C’est impossible, car l’Unesco n’ a nullement pour but de favoriser l’union de l’Europe, ni l’éveil d’un
253 t-être, danger de double emploi7). Mais le Centre ne cessera pas pour autant de poursuivre la réalisation de ses initiativ
254 poursuivre la réalisation de ses initiatives : il ne s’agit pas ici d’une querelle de priorité, mais essentiellement de l’
255 ’on vise. La mission proprement européenne du CEC ne court pas le risque d’être reprise en charge ni « dupliquée » par une
256 eaucratie mondiale, si riche soit-elle. Le danger n’ est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il
257 plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’il n’ en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’
258 u début de notre action réelle. Mais si le Centre n’ existait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’est pas de nous — e
259 ’existait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’ est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’a
260 -t-on soutenir le CEC, afin qu’il dure ? — La vie n’ est jamais qu’une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
261 r que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne pouvait modifier les données fondamentales de l’Europe. Même si la Co
262 é l’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions ne pouvaient écarter les menaces qui pèsent sur l’ensemble du continent,
263 hec sur tous les points de l’ordre du jour, elles n’ en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’unio
264 ne Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’ est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du ri
265 istes, « une proposition constructive et que l’on ne saurait écarter sans un examen attentif ». Alors que la masse des Éta
266 européenne a fait de tels progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte à t
267 olide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’ était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples.
268 CED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’ est pas revenue en arrière, l’Italie a décidé de poser la question à s
269 fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’elle ne peut plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle serait sou
270 uerre ; qu’elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (les Anglais) ; et qu’enfin son heure a son
271 a Conférence, proposée par la France, qui hélas «  ne peut autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : ell
272 peu « diplomatiques ». Pendant des mois, l’Europe ne fera plus rien pour son union ; bien plus elle va laisser pourrir la
273 t de perdre ses dernières divisions actives. Elle ne peut donc plus adhérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y se
274 servir de slogan à la campagne neutraliste, si ce n’ est même à certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendr
275 u de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde pas, mais le problème allemand nous intéresse beaucoup…
276 n scandale historique Le colonialisme européen n’ existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et leur
277 élan irrépressible vers l’indépendance nationale ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fi
278 ant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération de
279 ement de 20 ou 30 individus épisodiques — dont on ne saura jamais les noms ! — inconscients de l’immensité du destin qu’il
280 , si l’on a vu la situation mondiale — et si l’on n’ est pas communiste. Seule une profonde révolte de l’Europe rendue cons
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
281 plus d’un siècle. Les partisans de l’Europe unie ne manquent pas de le citer en exemple. Mais combien savent comment ce m
282 naissance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’ était qu’une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur li
283 ien légal avait consisté dans une Diète, laquelle n’ avait guère plus de pouvoirs que l’Assemblée consultative de Strasbour
284 uverains, pourvus du droit de veto, cette Diète «  n’ avait en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se
285 e a fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’allianc
286 ons sont souverains en tant que leur souveraineté n’ est pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exerc
287 , et comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au Pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération g
288 bles par les Constituants de l’Europe fédérée. On n’ en voit pas qu’il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2
289 s ? Voyons le concret. La souveraineté nationale n’ est exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme
290 par le droit applicable à chaque domaine ». Or on ne voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa
291 ase clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances t
292 ques. Il en résulte que la souveraineté nationale n’ a plus guère d’autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œu
293 « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souveraineté
294 ujourd’hui les décisions principales et le peuple n’ a sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranatio
295 suscite la perte de la souveraineté nationale. Il n’ est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifie
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
296 ion européenne (octobre-novembre 1954)t Rien n’ est perdu, tout reste à faire Deux événements politiques ont absorb
297 s ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la construction européenne, comme on l’a répété bien à
298 devenue majorité grâce à l’appui des communistes) n’ a pas encore senti la nécessité historique de cette construction — néc
299 rmer le principe supranational. En résumé : rien n’ est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer pro
300 ational. En résumé : rien n’est perdu, mais rien n’ est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus qu
301 autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes », t
302 dopter l’une après l’autre par les parlements. On n’ a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnair
303 ’union ont déclenché leur propagande massive. Eux n’ ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre
304 ondeur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on n’ a pas sérieusement soutenue. II. Les mouvements de militants européen
305 t avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne jugeait pas utile et surtout pas urgent de faire beaucoup plus. Exemp
306 la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’ est pas de suppléer à la carence d’une véritable propagande européenne
307 me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela ne fera certes aucun mal, fera même du bien dans l’ensemble — si vous ré
308 ion courante de l’action est celle des hommes qui n’ agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez réfléchi sur la nature
309 e des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ ont pas assez réfléchi sur la nature des forces historiques. Une révol
310 des agences de presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tou
311 qu’elle se poursuit dans les esprits, et qu’elle n’ éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa naissance.
312 tte maturation ; créer ses conditions là où elles n’ existent pas ; les favoriser partout où elles apparaissent : voilà qui
19 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
313 Fédérer l’Europe semble une utopie pour ceux qui n’ ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est un
314 cle, pas un seul événement historique d’envergure n’ ait été le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens,
315 us vivons dans un siècle où, très visiblement, ce n’ est pas la politique qui fait l’histoire ; mais une doctrine, une foi,
316 , une personne. On dit : la propagande. Mais elle n’ est rien en soi, pas plus que l’écriture ou la typographie, et sans id
317 écriture ou la typographie, et sans idée personne n’ en tirera rien qui vaille. Le communisme fut une idée, le fédéralisme
318 combinés au hasard : tous les micros de la terre n’ en feront pas une action. ⁂ Une action se définit par son sens et par
319 s des théories hégéliennes du siècle dernier. (Ce n’ est pas l’agitation du parti communiste, mais un certain enseignement
320 s juste de l’histoire commune des Européens. Ceci n’ est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obs
321 On veut bien quelque union, confusément, mais on n’ imagine pas ce qui en résulterait effectivement. Il s’agit donc de dre
322 igation générale de l’Europe, d’après un plan qui ne tienne pas compte du tracé arbitraire des propriétés, mais de la conf
323 là d’une œuvre de longue haleine dans laquelle on ne peut progresser que lentement, mais dont le jalonnement se précise de
324 seuil de cette cinquième année de nos travaux, ce n’ est pas un bilan qu’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
325 e de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’ est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour l
326 t pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Celui qui cherche une place,
327 C’est une passion. Et cela revient à dire qu’elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’esprit d
328 pétit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’ est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurai
329 instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurais mieux le définir qu’en vous résumant une légende de l’ancienn
330 le mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim. N’ ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voi
331 arder en vie, ils aimaient leur baleine, mais ils ne savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent :
332 ands savants, un Newton, un Einstein par exemple, n’ y vont que par l’intelligence mathématique, non par leur être tout ent
333 à formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’ est jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou inco
334 ouffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impressio
335 illeurs esprits déplorent depuis des siècles ? Je ne pense pas que cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je
336 chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’ y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être s
337 nvertir et les dominer, alors que nous Européens, n’ avons jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une pas
338 culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir de
339 bouchant dans la culture des masses. En revanche, n’ oublions jamais que la culture pure, la recherche pure, est l’origine
340 s choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’ est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le c
341 re sa puissance de la turbine, mais après tout ce n’ est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et tr
342 le piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-
343 sse de commentaires. Nulle autre, me semble-t-il, n’ était mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
344 n, et qui en restera le plus haut achèvement. Ce n’ est plus seulement la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui e
345 sclavage mental d’une grande partie de l’humanité n’ est plus une utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’
346 nonyme contre l’humain, phénomène dont l’histoire n’ a pas vue le précédent. Mais l’Europe est elle-même en grand péril. Le
347 raison de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seulement 42 millions
348 cause principale de son présent abaissement. Elle ne pourra survivre, et sauver la civilisation, que si elle s’unit. « D’i
349 t devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme politiqu
350 ge majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’ empêche pas des fractions importantes de ceux qui prétendent parler po
351 t né de semblables questions. Les Amis du Centre ne seront pas une organisation, ni un comité, ni un mouvement de plus. M
352 c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils ne souhaiteront pas s’empar
353 Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils ne souhaiteront pas s’emparer des esprits, ils voudront au contraire les
354 lent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritable et du seul
355 gements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et ad
356 onnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et adjurations passionnées, ni par un
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
357 H nous rejette aux risques de la paix. La détente n’ a pas d’autre origine. Elle ne résulte pas des intentions vertueuses,
358 la paix. La détente n’a pas d’autre origine. Elle ne résulte pas des intentions vertueuses, ni du degré de sincérité, ni d
359 tique de l’un ou de l’autre des deux grands. Elle ne résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index lisi
360 le ne résulte pas de la conférence de Genève, qui n’ en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fai
361 à tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce n’ est donc pas l’amour qui triomphe de la haine, ni la raison des folies
362 s presque également armés — et de cette arme — il ne peut plus y avoir ce que l’on nommait une guerre, mais simplement une
363 itale à l’Occident, mais dans laquelle les Russes ne se sentent pas à l’aise. Leur idée du secret explique pourquoi. Citon
364 ns qu’il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui n’existe pas. Vous admettrez que ca
365 e l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui n’ existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui n’existe pas exige bien p
366 ui n’existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui n’ existe pas exige bien plus de précautions que se contenter de dissimul
367 ue se contenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus qu’acquiescer, et je lui déclarai en riant que je comprenais main
368 occidentaux et votre propagande culturelle, vous n’ avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en con
369 Européens. Ils vont dire : mais s’il y a détente, n’ est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons do
370 sons donc que les motifs profonds d’unir l’Europe ne dépendent pas de la menace soviétique. Ils seraient à peu près les mê
371 ique. Ils seraient à peu près les mêmes si l’URSS n’ existait pas à nos frontières, avec ses deux-cents divisions. Si l’Eu
372 ique du xxe siècle. Ces impérieux motifs d’union ne dépendent ni de la menace russe, ni d’une pression américaine. Car le
373 cidentaux et leurs satellites intellectuels ? Ils n’ ont rien à apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un dial
374 stes ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils n’ ont rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre
375 s n’ont rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre à représenter l’opinion générale de l’Europe. L
376 otalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni
377 e créatrices, ni de la culture en général, qu’ils ne prétendent d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’ils se d
378 ment des dictatures totalitaires. Un dialogue qui n’ aurait donc lieu qu’entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS et
379 élégués officiels de telle ou telle nation isolée ne serait pas un dialogue sur pied d’égalité entre A et B, figurant deux
380 deux points de vue bien distincts et valables. Ce ne serait guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A
381 ne doctrine unitaire et obligatoire, en Occident, n’ est nullement une cause d’infériorité dans le dialogue avec la doctrin
382 n objective et scientifique des données actuelles ne présente qu’un seul danger pour nous : celui de nous rendre une bonne
383 des éléments premiers de notre force. L’Occident n’ a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit d’un libre échange co
384 échange conforme à l’essence même de la culture. N’ ayant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une
385 n d’appliquer nos principes, en toute confiance. N’ espérons pas tout de suite une liberté totale d’aller parler chez eux
386 acile, et c’est même la seule chose possible. (On ne voit pas le Conseil de l’Europe désignant des penseurs attitrés et le
387 ux qui parlent. Mais qui sait si cette discipline ne deviendrait pas, qu’on le veuille ou non, l’objet principal du débat 
388 Européens, à la faveur d’une telle confrontation, ne seraient-ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anar
389 appliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’ est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au t
390 insi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au triomphe d’un des camps sur l’autre, mais
391 ar remettre sans cesse en question l’Occident, ce n’ est pas le renier, mais le vivre. 12. Pietro Quaroni, Croquis d’amb
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
392 on unité fondamentale d’inspiration. Mais l’idéal ne prouve sa force que dans les réalisations auxquelles il donne naissan
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
393 par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il n’ y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’à ce qu’une « détente » moins tr
394 ous paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’ est pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux échan
395 discours prononcés à Genève sur ce sujet.) 2. On ne voit pas pourquoi l’Occident — et l’Europe de l’Ouest en particulier
396 omaine culturel, du seul fait que les Soviétiques n’ ont pas donné les suites espérées à leurs ouvertures officielles de l’
397 souligné par M. Molotov — que l’Union soviétique ne veuille (et ne puisse) accepter aucune espèce de libre échange d’idée
398 . Molotov — que l’Union soviétique ne veuille (et ne puisse) accepter aucune espèce de libre échange d’idées, d’œuvres et
399 vres et de personnes sur une base de réciprocité, n’ exclut pas la possibilité d’échanges surveillés, limités, filtrés par
400 distes officiels du type Ehrenbourg, les échanges ne sont qu’une occasion de présenter la dictature soviétique sous des as
401 endant quelques instants. Pour nous, les échanges ne sont qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence da
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
402 rinces semi-légendaires de Novgorod puis de Kiev, ne sont en fait pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’était g
403 it pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’ était gaulois. Les Scandinaves apportent une organisation politique ét
404 nsée et de la religion viennent de Byzance, elles ne se transposent guère qu’en ritualisme de plus en plus rigide et conse
405 e, et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolution, dans le plein sens du mot
406 e du « très-bouffon et très-ivre patriarche ». Il ne s’agissait pas tant pour lui de transformer l’ancienne civilisation r
407 e, qui tienne de la filature et de la caserne, et ne soit pas sans rappeler les docks de Londres et les chantiers de Saard
408 res, des arts, de l’activité intellectuelle russe ne ressemble plus en rien à la technolâtrie barbare et au mélange babylo
409 nouvelle culture née de la révolution pétrovienne n’ avait été au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, ma
410 nt des valeurs proprement russes, et si le peuple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez na
411 et si le peuple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’ était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’éta
412 la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore une na
413 le ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’ était pas encore une nation. Une mode russe se crée en Europe, compar
414 non pas tant à son nouvel essor culturel, dont on ne sait pas encore grand-chose à l’étranger, qu’aux succès qu’il obtient
415 s dans le domaine de l’organisation politique, ce n’ est pas l’Encyclopédie, c’est l’Allemagne, c’est la Prusse de Frédéric
416 e, de l’Italie, afin qu’aucune région de l’Europe ne soit dorénavant étrangère à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Eur
417 la culture européenne. Cette harmonie toutefois ne valait que pour la culture proprement dite, pour les hautes régions d
418 our les hautes régions de la vie nationale ; elle n’ a pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sour
419 sme ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle n’ a rien désavoué de son héritage. La musique russe à partir de Glinka d
420 profondément, bien que secrètement, religieuses, n’ a pas retrouvé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’est parv
421 ouvé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’ est parvenue à exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation
422 e départ dans Schelling et dans Hegel, la science ne saurait faire autre chose que suivre la science occidentale, et la th
423 logique de la chrétienté orientale. Or, tout cela n’ est pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté
424 i l’influence inverse de la Russie sur l’Occident n’ est que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme r
425 comme rajeunie par l’apport neuf de la Russie. Il n’ y a pas, depuis cinquante ans, dans les lettres européennes, de noms p
426 n Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre n’ est pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement
427 mer les grandes créations de la culture russe, ce n’ est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Do
428 dissout dans le ciel décoloré et où les colonnes ne sont plus que des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui v
429 né ; la revue fut interdite, la suite des Lettres ne parut point ; et pourtant ce causeur subversif qui n’écrivait qu’en f
430 arut point ; et pourtant ce causeur subversif qui n’ écrivait qu’en français naturellement (le texte publié n’était qu’une
431 ait qu’en français naturellement (le texte publié n’ était qu’une traduction) n’avait nullement récusé les tendances généra
432 ement (le texte publié n’était qu’une traduction) n’ avait nullement récusé les tendances générales de la Russie moderne. I
433 ou plutôt plus strictement occidentale — qu’elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’enve
434 manique). Ils dépréciaient l’œuvre de Pierre Ier, n’ y voyant que son aspect destructeur, ce qui leur valut les foudres du
435 éclencha des polémiques qui durent encore. Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversaires de l’Occident
436 , que les slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont que des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe,
437 qui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’ est pas l’ensemble des intellectuels proprement dits, mais plutôt une
438 qui caractérise un membre de l’intelligentsia, ce n’ est pas tant sa qualité d’intellectuel (beaucoup de grands écrivains e
439 llectuel (beaucoup de grands écrivains et savants n’ en font point partie) que son attitude d’opposition systématique à l’e
440 n de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite n’ est pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très importan
441 rales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’ y eut jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir une au
442 ussion, mais un dogme, et désormais tous ceux qui n’ acceptaient pas ce dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck, é
443 ément sceptique leur est hétérogène, étranger, et ne pénétrera pas non plus leur matérialisme : celui-ci sera un matériali
444 (régime représentatif, libération des serfs). On ne leur en sait aucun gré (Alexandre II est assassiné). Tous pratiquent
445 de toutes les œuvres et de tous les écrivains qui ne veulent point payer un tribut obligatoire aux trivialités révolutionn
446 es. Tourguéniev, Gontcharov, Dostoïevski, Tolstoï n’ ont pas échappé à la vigilance de cette seconde censure ; d’autres écr
447 ume et aussi à une certaine inertie de l’opinion, n’ occupent pas la place qui leur revient de droit… La censure de « gauc
448 Isaiah Berlin, imposait le silence, mais du moins n’ ordonnait-elle pas aux professeurs ce qu’ils avaient à enseigner. »
449 grandissantes21. Jamais encore le Russe cultivé n’ avait montré un intérêt si vif pour l’ensemble de la pensée, des lettr
450 ée, des lettres et des arts de l’Occident, jamais n’ y a-t-il autant voyagé, jamais les traductions des poètes, des romanci
451 iers, des historiens, des philosophes occidentaux n’ avaient été aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fa
452 té aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’ a-t-on fait au cours de ces années une si grande consommation de litté
453 turels Russie-Europe : on l’oublie trop, quand on ne pense qu’aux journées de 1905 ou à Raspoutine. L’exemple des éditio
454 toute acuité. On voyait les différences, mais on ne les croyait pas irréductibles. On admettait les contrastes, mais en a
455 onnaissance intime que l’on prenait de l’Occident ne faisait, du reste, que seconder celle de la Russie. L’étude du Moyen
456 t compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’ est concevable en dehors de ces nouvelles connaissances, de ces nouvea
457 rovoque à la fois la somnolence et l’insomnie. On n’ arrivait plus à travailler ni à prendre du repos. On hésitait entre l’
458 ets lui seront empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend à rien d’original. 15. Nicolas Berdiaev, Les Sources et le s
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
459 ssé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ ayant pu donner que des résumés fragmentaires ou vagues de débats en e
460 eures de certains États… La délégation soviétique ne peut dire qu’une chose : elle ne peut pas accepter pour examen des pr
461 ation soviétique ne peut dire qu’une chose : elle ne peut pas accepter pour examen des propositions de ce genre et les con
462 s sont dénuées de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’accorde
463 efois, nous ne cachons pas que l’Union soviétique n’ accordait pas avant et n’accordera pas à l’avenir une telle « liberté
464 s que l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’ accordera pas à l’avenir une telle « liberté d’échanges d’idées » qui
465 remplie de haine à l’égard du genre humain… Nous ne pouvons pas accepter une « liberté » qui mènerait au déclenchement d’
466 la Grande-Bretagne et des États-Unis » — ceux qui n’ affectent pas « le régime intérieur de tels ou tels États ». On pourra
467 concevoir les nécessités de l’autocratie. Mais je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter une combinaison arbitraire d
468 Je m’inquiète de ce que la délégation soviétique ne semble pas gênée par l’échec de cette conférence… N’y aurait-il pas q
469 semble pas gênée par l’échec de cette conférence… N’ y aurait-il pas quelque vérité dans ces mots frappants que j’entendais
470 é que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour t
471 ne saurait durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour toujours exclus comme subversifs, les journaux bann
472 journaux bannis comme corrupteurs. L’information ne peut indéfiniment passer pour de l’espionnage, ni les voyages n’être
473 iment passer pour de l’espionnage, ni les voyages n’ être permis qu’à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’es
474 de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’ est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derriè
475 ’idées aux échanges techniques. Aucune indication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être a
476 ratégiques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’ ont qu’une faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes
477 mbre) : Les voyages, pour le citoyen soviétique, ne sont pas ce qu’on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir,
478 ue est fondé sur des conditions artificielles qui ne peuvent tolérer le libre contact avec le monde extérieur. Les dirigea
479 gé de constater que le nouveau projet soviétique… ne contient pratiquement rien qui puisse permettre un échange d’idées ou
480 hange d’idées et d’informations entre nos peuples n’ a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse
481 jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse qu’aux contacts qui lui permettraient d’obtenir de précie
482 ou des matériaux stratégiques. Cependant, nous ne croyons pas que le processus (d’échanges) désormais en cours, même s’
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
483 us nous rendons à l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter aujourd’hui, sans se renier, le principe du libre-éc
484 e » était admis par les interlocuteurs russes, il n’ y aurait plus de dialogue Europe-URSS à proprement parler, car les int
485 in, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent, le
486 ous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’ existe chez nous. En retour, nous ne saurions exiger une libre discuss
487 : rien de tel n’existe chez nous. En retour, nous ne saurions exiger une libre discussion avec des individus indépendants
488 d’écoles de pensée diverses en URSS : rien de tel n’ existe chez eux, officiellement tout au moins. Il faut donc trouver au
489 t, à proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraissent point passibles des reproches que les dirigeants sovi
490 ilité a toujours existé en Europe. Pourtant, elle ne pouvait se réaliser avant que du côté russe également on la déclarât
491 ue cette table ronde, dans l’esprit de Cholokhov, ne devrait pas réunir seulement des Russes et des communistes occidentau
492 réaliser, sans que ni d’un côté ni de l’autre on n’ ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se tr
493 s des partis communistes et de leurs filiales, et ne représentant chacun qu’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est éviden
494 rraient être organisées en dehors des séances. Il n’ est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à
495 ent par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrait au désir exprimé par un très
496 ns et les autres, rapproche mieux les esprits que n’ importe quelle discussion sur les principes. Telle est la conviction q
497 ngrès, tels que la conférence atomique de Genève, ne saurait remplacer le travail plus approfondi de telles équipes de rec
498 our un homme sans culture scientifique : celui-ci n’ en retiendra que les explications simplifiées inscrites sur des pancar
499 ns. Les Soviétiques redoutent à juste titre qu’on ne les « utilise » à des fins politiques ou artistiquement subversives26
500 peinture inspirée par le « réalisme socialiste » n’ entraîne l’adhésion soulagée du petit bourgeois de nos pays, incapable
501 ou Paul Klee ; et que cette adhésion, à son tour, n’ entraîne des conclusions politiques absurdes. C’est pourquoi nous prop
502 doxe de l’expression), non spectaculaires, et qui ne cherchent pas à attirer la grande masse inéduquée, mais les artistes,
503 prises de part et d’autre pour empêcher qu’elles ne se transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvons
504 forment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvons entrer ici dans plus de détails, mais cette précaution de pri
505 devait être formulée ; les modalités d’exécution ne seront pas difficiles à imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres s
506 sérieux. Dans ce cas, les intellectuels européens n’ auraient plus le choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous
507 us refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’ avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres.
508 s-propagandistes officiels, surveillés pas à pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en rien au
509 ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en rien aux désirs concrets du peuple russe, ni aux nôtres.
510 e bulletin d’octobre 1955. 24. Par exemple, nous ne saurions accepter comme équitable, ni même honnête, un « dialogue » m
511 -communistes plus ou moins déclarés. (Cet exemple n’ est pas imaginaire !) Il y aurait là maldonne et tricherie manifeste.
512 auves, ont tous une caractéristique commune : ils ne savent pas dessiner. » ag. Rougemont Denis de, « Propositions », Bu
28 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
513 ouest du rideau de fer. Mais la méthode, au fond, n’ est pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe
514 registre l’échec global jusqu’à ce jour (l’Europe n’ est pas encore unie) des approches partielles ou indirectes, des manœu
515 type bien défini, dont les unions fonctionnelles ne seraient que les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère
516 déraliste diffère en esprit des deux autres. Elle ne cherche pas à fabriquer une Europe articulée comme une machine, ni à
517 st impossible de peser ces raisons parce qu’elles ne sont pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids e
518 récisément, et non point à tout autre chose qu’on n’ aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée
519 nous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes n’ a de chances d’aboutir à la création d’une Europe vivante, sans le sou
520 les élites et par les masses. Pour nous donc, il ne s’agit pas de choisir une formule de « relance », mais d’accentuer no
521 nécessaire. Notre méthode éducative et culturelle n’ exclut, certes, aucune des trois autres (nonobstant ses affinités prof
522 d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, foyer de liberté e
523 s un monde qui l’attaque quand elle faiblit, mais ne cesse d’avoir besoin d’elle. ai. Rougemont Denis de, « Relance eur
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
524 e la réponse des gouvernements ainsi interpellés, ne décourage pas les sénateurs belges et les personnalités réunies autou
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
525 roth et Kowarski, etc. Notre bulletin du 1er juin ne manquera pas d’informer nos lecteurs sur les résultats de cette impor
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
526 t de notre numéro spécial de décembre 1955, elles n’ ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du cô
527 19 janvier 1956). Selon lui, les peintres russes ne s’intéressent qu’aux scènes historiques et aux scènes de genre. « Le
528 ne, et à l’illustration photographique, leur goût ne diffère donc en rien de celui du « petit bourgeois réactionnaire de l
529 cices d’académie et d’observation. Aucune évasion n’ est permise, aucune folie autorisée… Depuis huit ans, la sagesse prédo
530 tes représentent de 25 à 35 % du corps électoral) n’ a reçu la permission de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
531 omiques et politiques que devra se donner l’Union ne sauraient fonctionner au bénéfice des personnes, groupes et nations,
532 étiques qui forment le corps de ce numéro, et qui n’ ont d’autre ambition que de présenter sous un juste éclairage l’esquis
533 de l’éducation occidentale au cours des âges : il n’ existe pas, à notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation en
534 le suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’ a guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !)
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
535 uement européenne de l’éducation ? La question n’ est nullement « académique ». Car s’il existe une telle conception spé
536 Europe, c’est d’abord faire des Européens : or on ne fera pas de vrais Européens sans choisir des moyens convenables à cet
537 que, histoire, sciences, etc. Cette communication ne vise pas à initier l’individu à des mystères en tant que tels, mais a
538 ligieux, de tout prestige sacré, est distribuée à n’ importe qui, sans autres graduations que celles qu’impose l’âge de l’é
539 ividualisme ? Oui sans doute, mais à condition de ne jamais perdre de vue le fait que ces tendances contraires coexistent
540 aires coexistent en Europe depuis des siècles, et n’ ont jamais cessé de s’y combattre avec des succès alternés, la premièr
541 deux tendances — l’autoritaire et la libertaire — n’ est peut-être qu’un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal dire
542 libertaire — n’est peut-être qu’un idéal, mais il n’ en demeure pas moins l’idéal directeur d’une éducation méritant d’être
543 aliser cet équilibre, et bon éducateur, celui qui ne cessera d’y tendre. Deux extrêmes, et comment ils se rejoignent :
544 r une crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’
545 imposer un effort intellectuel excessif aboutit à ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie de
546 s rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’ a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais en
547 a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’ a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tenden
548 ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École
549 n ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’ effraye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent compre
550 raye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les empêche de jouer avec lui comme i
551 mbreuses, et l’on peut craindre qu’à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit une dégradation an
552 commun dénominateur, et voici l’ironie : personne n’ en tire bénéfice, même pas l’élève le plus ignare, car il voit son ign
553 est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’ en prétend pas moins préparer des « personnalités complètes et sociale
554 ocratique, entend éliminer tout individualisme et ne respecter que les droits de la collectivité. Le trait distinctif est
555 usement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’ a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de
556 écialité : l’élève n’a aucun droit d’option et il n’ existe pas de cours facultatifs, ni de cours de culture générale (stud
557 ulture générale (studium generale), à moins qu’on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de marxis
558 marxisme-léninisme et de propagande du Parti, qui n’ occupent que 6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 %
559 Pour former cet homme libre et responsable, il ne suffirait pas de juxtaposer une éducation libre et un dressage autori
560 à la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vr
561 ait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’un dress
562 é, ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’ aurait subi qu’un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas,
563 urait subi qu’un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas, pour autant, un citoyen responsable. Liberté et resp
564 un citoyen responsable. Liberté et responsabilité ne peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent qu
565 peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l’autre et dans leur existence simultanée
566 ducation pour la liberté manquera son but si elle n’ est pas en même temps et du même mouvement une éducation du sens de la
567 en gardant bien dans l’esprit que cette formation ne peut réussir que dans la mesure où elle vise en même temps à rendre l
568 dividu se sent perdu dans la société actuelle. Il n’ arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec
569 té actuelle. Il n’arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec quelques chances de succès. Il se
570 leurs — sont pour lui autant de mystères, dont il ne connaît le nom, la puissance alléguée et le danger supposé que par la
571 e par la presse. Elles se passent loin de lui, il ne peut les comprendre, son sens critique reste sans prises sur elles. C
572 la presse les décrit. Les réalités qu’il perçoit n’ ont rien de commun avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou qu’il
573 ours été de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre c
574 i l’Europe ? Tant que ce travail d’information n’ aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à d
575 in de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une
576 s qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’à partir du moment où ils auro
577 on précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’ est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut
578 Mais le mouvement inverse, de la partie au tout, n’ est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celu
579 entation générale et cette intégration locale, on ne peut les attendre de l’École, à aucun de ses trois degrés. Les progra
580 programmes sont déjà surchargés. Les « matières » ne cessent de devenir plus complexes et plus nombreuses. La durée des ét
581 complexes et plus nombreuses. La durée des études ne cesse de s’étendre vers la première enfance (dressage social et moral
582 aux horizons plus vastes, un grand espoir ! Elle n’ est plus un slogan politique et abstrait, mais une aventure personnell
583 tes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’ en demeure pas moins significative. 28. Joan Dunne, Retreat from Lear
584 uropéens. Tant que cette communauté de conscience n’ aura pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos p
585 ’échelle mondiale (qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle majeur : la résistance des espri
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
586 Ce n’ est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, pro
587 aux, pratiquement et au jour le jour… Et pourquoi ne pas le faire, aujourd’hui, pour les lecteurs de ce bulletin ? À l’app
588 vers les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce n’ est pas encore l’heure des bilans, mais celle de se demander si le cap
589 tre page de couverture, au dos. Mais un programme ne vaut que ce qu’on en fait. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mo
590 ions de travail de 2 à 3 jours chacune, voilà qui ne semble pas une tâche surhumaine, encore qu’on se rende mal compte, en
591 r, les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’ est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter, au jour J
592 à le dire un grand chef d’industrie français, ce n’ est pas au pied du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous p
593 de, organisation d’un dialogue Europe-Inde — pour ne parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout pr
594 minces encore au regard des plans en cours, rien n’ est plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière
595 ns peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’ est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumé
596 plus que tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sauvée par des plans, mais par des hommes qui l
597 de nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce n’ est pas au pied du mur… », Bulletin du Centre européen de la culture,
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
598 Le Prix européen de littérature n’ a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membre
599 européen de la culture le 13 juin. Il a décidé de ne pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaient fixés par le
600 tés littéraires particulières, mais qui cependant n’ ont pas semblé répondre suffisamment au second critère. Sur la base de
601 de. Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne sont pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infime.
602 é aux seuls manuscrits inédits court le risque de ne recevoir que des œuvres de second ordre — ou déjà refusées par de nom
603 emont Denis de, « Le Prix européen de littérature n’ a pas été donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture,
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
604 resse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’ est pas lancé par quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à
605 ope. Mais cela suppose une révolution : l’Europe ne se fera pas d’elle-même, comme le dit « la berceuse conservatrice ».
606 comme le dit « la berceuse conservatrice ». Elle ne se fera que par une mutation profonde et brusque des esprits, car « l
607 dire « que l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’agit pas d’une violence physique, on l’entend bien.) Ce livre devra
608 formules paradoxales, il est plus agressif qu’il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin
609 n jour que leur modeste revendication personnelle ne peut être satisfaite que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s
610 dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils n’ en demandent pas tant, on devra abattre pour eux quatre-mille kilomètr
611 errière elle, les flots des économies confrontées ne s’entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’est précipitée da
612 ne s’entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez
613 rsqu’on a percé le canal de Suez : par contre, on ne verra plus des tonnes de charbon traverser l’océan parce qu’il en coû
614 oindra les civilisations antiques, et nos nations n’ auront plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire.
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
615 nt à l’éducation générale ou pratique que l’école ne peut plus donner. L’extrême diversité des techniques et des structur
616 . Pourtant le besoin s’en fait sentir partout. Il n’ est pas un responsable de « foyer » local, de « Volkshochschule », de
617 l, de « Volkshochschule », de « settlement », qui ne souhaite pouvoir bénéficier des expériences faites ailleurs, des tech
618 les organismes poserait plus de problèmes qu’elle n’ en résoudrait. Mais leur offrir des services communs et une inspiratio
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
619 aux et locaux, plus ou moins spécialisés. Mais il n’ y avait rien qui pût attirer l’attention d’un vaste public sur des œuv
620 le commerce, mais que, pour bien des raisons, ils n’ allaient pas y chercher. (Par exemple : entrer dans une librairie, san
621 erre). Malgré l’affluence des manuscrits, le jury ne trouva pas cette fois-ci d’œuvre qui lui parut à la fois adaptée au p
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
622 que l’on adresse amicalement au Centre, c’est de ne pas faire suffisamment connaître ses réalisations. Ce bulletin de pre
623 y remédier. Mais les résultats obtenus par le CEC ne pourront être appréciés à leur juste valeur relative que si l’on conn
624 t se révéler aussi sérieuses et passionnantes que ne le furent jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se deva
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
625 -ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’ aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre
626 er, bien sûr. C’est peut-être impossible. Mais on ne fera pas l’Europe sans expliquer pourquoi. La passion militante n’y s
627 ope sans expliquer pourquoi. La passion militante n’ y suffit pas. L’analyse scientifique non plus. Les gros livres ne sont
628 L’analyse scientifique non plus. Les gros livres ne sont pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on fai
629 s. Les gros livres ne sont pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous avons essayé de répon
630 ité de base elle-même sera bientôt perdue si nous n’ édifions pas l’union. La crise de l’unité rend donc impérative cette u
631 s chiffres et les faits permettant de juger. Nous ne visions pas l’originalité, l’éloquence ou la propagande. Nous voulion
632 mise au point finale lorsque la catastrophe « qui n’ a de nom dans aucune langue » a fondu sur un peuple européen. Fallait-
633  : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’ avions rien entre les mains. La colère et la compassion, la honte au c
634 La colère et la compassion, la honte au cœur, ce ne sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pou
635 armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous apportons ceci, comm
636 e Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’ avait pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole, m
41 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
637 l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n’ est qu’un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit êtr
638 r assurer notre avenir économique, et parce qu’il n’ est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration 
639 ntaire et salutaire, pour beaucoup d’étourdis qui n’ avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bat
640 nt, avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’il n’ y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-Bre
641 multipliés sur le chemin de l’union par ceux qui n’ ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Bud
642 nous courons tous ? La leçon de Budapest On ne pourra faire l’Europe, et la doter d’un pouvoir politique et d’un mar
643 ais les parlements restent cois. Suez et Budapest n’ auraient-ils pas suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne ser
644 as suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne serait-t-il pas moins coûteux de soutenir des efforts constructifs, e
42 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
645 s sur le gazon d’Eton. Par un raccourci analogue, ne pourrait-on pas dire que ces deux grandes défaites européennes : la P
646 nté par les poètes « nationaux » du xixe siècle, ne pouvait être véritablement inculqué aux masses que par les manuels de
647 s manuels de l’école primaire. Ceux-ci, en effet, ne contribuent pas seulement à meubler l’esprit, mais à conditionner le
648 squ’il aborde ces débats — et 99 fois sur 100, il n’ aura même pas l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme a déjà re
649 videntes » dont il est loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et simples p
650 la neutralité traditionnelle de son pays, ou d’on ne sait quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’être depuis lo
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
651 iculture, fortement développée pendant la guerre, ne peut se soutenir qu’avec l’aide de subventions de l’État. Ainsi la Su
652 isse conserve une situation privilégiée, mais qui ne peut se prolonger longtemps si ses voisins ne se relèvent pas des rui
653 qui ne peut se prolonger longtemps si ses voisins ne se relèvent pas des ruines de la guerre. 2. L’Europe détrônée et d
654 ue en plein essor, qu’aucun de nos pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun ne peut plus vivre de ses seu
655 opéens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun ne peut plus vivre de ses seules ressources. La solidarité des nations e
656 st formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’ est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les État
657 st né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il n’ a pas de pouvoir exécutif. Les États qui le composent gardent toute le
658 e la Suisse. Le mouvement vers l’union européenne ne cesse donc de se développer. Il pourrait aboutir à une vaste fédérati
659 une position centrale dans notre continent, mais n’ a pas de débouchés directs sur la mer. Une large proportion de ses éch
660 e l’Atlantique Nord, ou OTAN). De même, la Suisse n’ est pas devenue membre du Conseil de l’Europe lors de la création de c
661 dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et ne peut donc pas empêcher la Suisse de coopérer avec les institutions qu
662 eux un Marché commun. 5. La Suisse étant neutre ne peut adhérer aux alliances militaires des autres pays d’Europe, mais
663 éennes créées depuis 1949 ? 7. Pourquoi la Suisse n’ est-elle pas membre des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert-e
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
664 festival ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage n’ avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part d
665 ent-mille fois plus écoutent de la musique, et je ne dis pas que tous l’entendent, mais il n’y a pas seulement les million
666 e, et je ne dis pas que tous l’entendent, mais il n’ y a pas seulement les millions d’auditeurs de la radio et de la TV, il
667 ion. Alors qu’au xviiie siècle par exemple, elle ne pouvait guère figurer qu’au chapitre de dépenses somptuaires de quelq
668 roissant de familles et d’individus. Bref, ce qui n’ était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie.
669 t passé au rang d’industrie. Ces divers processus ne peuvent que s’accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automati
670 d’un festival Les promoteurs de cette enquête ne pouvaient s’attendre à une approbation unanime de la définition qu’il
671 ques nuances près, ce qui s’est produit. Personne n’ a récusé les formules proposées, ou n’en a suggéré de tout autres. Bea
672 t. Personne n’a récusé les formules proposées, ou n’ en a suggéré de tout autres. Beaucoup les approuvent entièrement. Mais
673 ental » des festivals. Sur le premier point, l’on ne peut que donner raison aux remarques de Lord Harewood, ou de critique
674 , Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg que n’ importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idyl
675 n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconiens », mais Bayreuth
676 ival en tant que fête, car le cadre et l’ambiance ne sont pas séparables de l’atmosphère festivale ou fériale. Mais le cad
677 re et l’ambiance, pour nécessaires qu’ils soient, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage, ou
678 En fait, toute une série de festivals véritables ne sauraient être définis par un rapport sensible entre les œuvres et le
679 e où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle n’ est pas créée par la nature extérieure des lieux mais par la nature in
680 les lieux ou par l’homogénéité de la conception) n’ exclut pas l’autre, et peut suffire sans l’autre. En fait, elles sont
681 ns la définition que nous proposions, et celle-ci n’ aurait besoin que de légères retouches pour mieux indiquer qu’il exist
682 é et sur le caractère exceptionnel des programmes ne dit-elle pas d’une manière positive ce qu’une telle mise en garde aur
683 ur but de signaler ? Sans compter que le tourisme ne représente pas seulement un danger de commercialisation, mais d’abord
684 ne définition « idéale et normative » du festival n’ était pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il
685 » semblait propre à concrétiser le problème. Elle ne pouvait manquer de provoquer les réactions animées et contradictoires
686 ue la question est désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de pr
687 l soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas position sur la question, et ne se propose pas comme jury !
688 e telle ne prend pas position sur la question, et ne se propose pas comme jury ! (Je crois bien qu’un ou deux de nos corre
689 n esprit de coopération européenne, l’association ne prétend pas représenter la seule formule définitive des festivals, ni
690 u nom. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’ y ont pas adhéré jusqu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre
691 es d’ailleurs, n’y ont pas adhéré jusqu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre a des craintes (bizarres) pour son
692 sième est encore un peu jeune, etc. L’Association n’ est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’
693 être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il ne serait pas un club, mais un syndicat recruteur ou quelque société sec
694 ociant des festivals ? » Le nigaud qui a dit cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d
695 pécifique du génie propre de l’Europe. La musique n’ aidera pas à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuple
696 naire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ ait cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insisten
697 les, ou de viser à un style nettement spécialisé, ne perdent jamais de vue que, ce faisant, ils participent à un ensemble,
698 et doivent être appliquées toutes les deux. Cela ne résout, bien entendu, aucun problème pratique une fois pour toutes. M
45 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
699 lques grands aînés, et parfois de leurs conseils. Ne manquaient en somme que les fonds, le siège, les hommes et l’expérien
700 s fonds, le siège, les hommes et l’expérience. Il n’ y avait pas d’espoir de « trouver » l’expérience, cette aventure étant
701 cienne — que tant d’autres ont fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l
702 vons dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même, à ses risque
703 s si le Centre lui-même, à ses risques et périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait être réalisé sans plus attendr
704 de nos recettes35.) La fortune publique et privée ne croyait pas bien fort à l’union de l’Europe, et moins encore à l’effi
705 ur la plupart réalisés. Certes, toutes ses fusées ne sont pas parties du premier coup : mais on sait aujourd’hui que cela
706 u Marché commun des Six. Certes, le Marché commun n’ est qu’un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne q
707 un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ d’a
708 rel » peut servir à désigner (sinon à définir !), n’ est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités
709 e des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur
710   2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’ est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoir
711 tions européennes officielles et le secteur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ils disposent d’une information
712 des études et des solutions qu’aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul. Les dif
713 tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec les autres traditions de
714 t abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2 n’ ont été suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et
46 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
715 es. C’est dire que les échecs possibles ici ou là ne seront guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître e
716 Sur les expériences en cours, on comprendra qu’il ne soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une série de
717 e entreprise. L’efficacité des autres expériences ne pourra être jugée qu’en 1959, au moment de rédiger le rapport final.
47 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
718 ouvrages retenus par la collection. Ce projet qui ne manquait pas d’ambition et auquel on ne connaissait pas de précédent,
719 rojet qui ne manquait pas d’ambition et auquel on ne connaissait pas de précédent, est aujourd’hui en bonne voie de réalis
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
720 puis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une géné
721 ujours plus conscientes. J’en dirai trois : 1. On ne peut pas faire l’Europe sans des Européens conscients de l’être : il
722 de les former, et d’abord de les informer. 2. On ne peut pas faire l’Europe sans l’aide de sa culture, ce serait vouloir
723 3. Les principaux obstacles à l’Union de l’Europe ne sont pas dans les « faits » mais bien dans les esprits : c’est donc l
724 itaire bien convaincu (communiste ou fasciste, il n’ importe, c’est souvent le même « cas » psychologique), il peut suffire
725 trice du moi douteur. Pour former un Européen, il n’ est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à
726 as question de pétrir une glaise indifférente. On ne coule pas un homme dans un moule. Le vrai problème d’une formation eu
727 se posent impliquent un cadre supranational : ce ne peut être utilement que celui de l’Europe, communauté de culture et d
728 optimum se trouve être local ou régional, mais il ne coïncide pas davantage avec les limites d’un État, découpage souvent
729 ent les grouper et qui appellent un effort commun ne sont pas nationales mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’
730 t commun ne sont pas nationales mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’à l’échelle de l’Europe, unité de civilis
731 organisme. L’information dont nous voulons parler n’ est pas une activité au jour le jour, suivant pas à pas l’événement, m
732  ! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’ auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants l’ont parfois oub
733 ux qui détiennent une responsabilité quelconque à n’ importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir l’
734 e société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’ est pas simple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’est pas jus
735 simple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’ est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts,
736 lons survivre, il faut l’union ; mais cette union ne se fera pas d’elle-même ou par l’opération de mystérieux technocrates
737 siciens et des mécènes de la culture. Mais le CEC n’ est pas seul à travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’in
738 aises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n’ est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les
739 puissance aient pris au sérieux ce grand fait. Il ne serait donc pas réaliste d’exposer la méthode culturelle sans définir
740 êmes de cette doctrine montrent d’ailleurs qu’ils n’ y croient pas absolument, puisqu’ils inculquent par la force le marxis
741 s (toujours « fumeuses » à leurs yeux), par suite n’ enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement ba
742 ses » à leurs yeux), par suite n’enseignent rien, n’ ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement battus dans la compét
743 ur volonté de défendre « la cause de la liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’
744 liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éduca
745 pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’ auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autant d’ef
746 c’est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de
747 créé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne sont pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni
748 a culture paraît à certains si respectable qu’ils n’ oseraient jamais la payer… Les Russes n’ont pas ces scrupules-là, ils
749 le qu’ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes n’ ont pas ces scrupules-là, ils font ce qu’il faut ; ils gagneront sans
750 ’il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à persuader le capital privé et les États que le salut
751 ue leurs investissements dans le domaine culturel ne doivent plus être inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mai
752 nt il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’ avons plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs généraux auxquels le
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
753 risquer de subordonner les fins aux moyens, et de ne convertir à l’Europe que les techniciens au sens large, non les masse
754 n régime fédéraliste, c’est risquer d’une part de ne pas susciter des moyens assez puissants, d’autre part et à l’extrême,
755 est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude efficace, en présen
756 des quatre méthodes se justifie en soi ; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’ont donc de chances sérieuses d
757 ; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’ ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun que toutes ensem
758 e naïveté d’intellectuel contemplatif, « quand il n’ y a rien encore à contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j’ad
759 s équivoque, voire des partis pris polémiques. On ne fait rien de grand sans passion, c’est-à-dire sans partialité. Mais l
760 tradictoires. Il recherche en tout l’optimum, qui ne peut jamais être obtenu par la suppression d’une des réalités antinom
761 nsable. Mais notons que leurs « succès » alternés n’ ont provoqué que de mémorables catastrophes. Au surplus, les uns et le
762 on voit que les catégories de gauche et de droite ne jouent plus aucun rôle reconnaissable. « Je me sens perdu ! », diront
763 t être définie par cette formule : les contraires ne s’excluent pas, mais s’impliquent mutuellement. Nos partis, routinie
764 te, en sont restés à une logique arithmétique qui n’ a pas inventé la bombe H, laquelle domine pourtant la situation du siè
765 thode de pensée et de calcul antinomique. Si l’on n’ arrive pas à penser la réalité physique, sociale, psychologique et pol
766 ar paires ou pluralités d’antinomies valables, on ne concevra jamais aucune solution réaliste et véritablement fédéraliste
767 nt que les réalités religieuses et philosophiques n’ existent pas hors des contradictions irréductibles qui font le drame e
768 eaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’ existent que dans les esprits », car la CECA n’aurait sans doute pas v
769 es n’existent que dans les esprits », car la CECA n’ aurait sans doute pas vu le jour, et n’eût sûrement point passé le cap
770 ar la CECA n’aurait sans doute pas vu le jour, et n’ eût sûrement point passé le cap des ratifications parlementaires sans
771 uloirs des parlements. Non seulement nos méthodes ne peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’efficacité, com
772 oint de vue de l’efficacité, comme si nulle autre n’ agissait à côté d’elle ou n’avait agi avant elle, mais encore l’histor
773 comme si nulle autre n’agissait à côté d’elle ou n’ avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avo
774 e fédéralistes plus ou moins « constitutionnels » ne les rendra pas plus sérieux. Il me paraît bien plus intéressant de co
775 n pourrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’ en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel que l
776 ous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel que l’Assemblée des trois Communa
777 ats. Là-dessus les uns disent aux autres : — Vous ne voulez pas vraiment l’Europe unie ! Tandis que les autres répliquent 
778 s autres répliquent : — Vous voulez une union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et n
779 os Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les fédéralistes dominaient l’opinion et la vie politi
780 . Cette somme égale zéro dans le meilleur cas. Il n’ y a pas de politique européenne. Pour un pacte de salut public
781 à faire face. Nasser, Bandung, Mao et le Kremlin n’ agissent pas contre nous en ordre dispersé, même si leurs intérêts div
782 l’aide aux pays sous-développés. Aux menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni
783 aces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commun dans douze ans
784 e ces mouvements était peut-être inévitable. Elle ne deviendra fatale — au double sens du mot — que s’ils ne parviennent p
785 iendra fatale — au double sens du mot — que s’ils ne parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble et sans p
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
786 ses données et incertaine quant à son issue, qui ne dépend de vous qu’en partie, mais cette partie vous intéresse au prem
787 tre rencontre. Voici le principe à illustrer : on ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce serait faire l’Europe sans
788 faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse pas nécessairement. Et voici la situation concrète : l
789 es suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’ est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons deman
790 ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’ était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! ce
791 ématurée ! Attention ! vous arriverez trop tard ! N’ en sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre,
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
792 s facultés, son corps professoral et ses diplômes ne paraît ni souhaitable, ni sérieusement souhaitée. b) Cependant, le do
793 r de l’idée d’une Université européenne, idée qui ne cesse d’être vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup.
794 ’abord toute espèce de risques de malentendus. Il ne s’agit pas de former des techniciens de l’européisme en soi. Il ne s’
795 former des techniciens de l’européisme en soi. Il ne s’agit pas non plus d’enseigner telle discipline (la physique, les ma
796 quement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’agit pas de former des juristes ou des économistes, par exemple, qu
797 e dans nos pays ou toutes nos économies : car ils ne deviendraient pas plus européens par cette simple addition d’informat
798 mple addition d’informations nationales. L’Europe n’ a pas besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes
799 restent en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce n’ est qu’au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si impor
800 loppements de la physique nucléaire, par exemple, ne sauraient faire l’objet de cours réguliers dans les universités exist
801 la science et de la technologie. Leurs promoteurs ne manquent jamais d’insister sur la nécessité de réserver une large par
802 nstitut prévu par l’art. 9 du traité de l’Euratom ne se limiterait pas à un enseignement technique, mais y ajouterait un p
803 fertes par telle ou telle ville. Cette dispersion ne présenterait pas d’inconvénients majeurs, si les instituts restaient
804 ou le siège d’un futur Pouvoir fédéral européen, ne devraient pas intervenir à l’occasion du choix d’un Centre d’enseigne
52 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
805 ui qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’ est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De m
806 end digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce n’ est pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en
807 à des élites traditionnelles est un phénomène qui n’ est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du dé
808 , l’enseignement scolaire par des professeurs qui ne sont pas nécessairement des praticiens de leur branche. Il y a ensuit
809 ux qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bo
810 cette aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais i
811 s le début du siècle beaucoup de bons esprits. On ne cesse de nous répéter depuis Sorel et Spengler que l’Occident va vers
812 inévitable, et que la vulgarisation de la culture ne peut qu’abaisser son niveau. Je n’en crois rien, et je ne partage nul
813 de la culture ne peut qu’abaisser son niveau. Je n’ en crois rien, et je ne partage nullement le pessimisme à la mode… d’h
814 qu’abaisser son niveau. Je n’en crois rien, et je ne partage nullement le pessimisme à la mode… d’hier, chez nos penseurs
815 isons souvent accidentelles) auprès de masses qui ne peuvent pas avoir la moindre idée de la nature et de l’importance sci
816 ore, dans quelle mesure on peut les convaincre de ne pas fonder toute leur politique de production et de distribution sur
817 que. Le microsillon, créé aux États-Unis en 1946, ne s’est guère répandu en Europe qu’à partir de 1950. C’est donc une ind
818 la crise du livre ; je les entends répéter qu’ils ne peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’aura pas de public,
819 e peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’ aura pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il ne ressemble pas
820 pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il ne ressemble pas aux « succès » que ces éditeurs ont connus jusqu’à prés
821 trées, et de les vendre directement au public qui n’ a pas l’habitude de fréquenter les librairies. Les initiateurs de l’en
822 z la première année 500 abonnés, la deuxième vous n’ en aurez plus que 200 et la troisième année vous fermerez. » Or cette
823 ait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’il n’ y avait en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas plus
824 aux, ce dont les éditeurs et libraires classiques ne peuvent que se féliciter. Il convient de signaler également l’extraor
825 t Camus, 6. Pearl Buck. On avouera que la qualité n’ a rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la quantité. De ces
826 la technique moderne. Cette technique, en effet, ne permet pas seulement de produire livres et disques à meilleur marché,
827 ent une bonne fois à l’idée périmée que le succès ne récompense que la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’il
53 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
828 iteuropa (septembre 1959)bz Il est clair qu’on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la faire sans eux
829 it bien avant les nations, et nulle d’entre elles ne saurait lui survivre. Elles peuvent la tuer par leurs rivalités, comm
830 Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’ avons retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous
831 re sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que r
832 re national : or il manque en partie son but s’il n’ est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret
833 de leur utilité pour la cause de l’Europe. Enfin, n’ oublions pas le problème particulier des organismes européens, tant of
834 oursiers, de leurs congrès et de leurs séminaires n’ étant pas soutenus à l’échelon national comme les autres travaux spéci
835 par sa simplicité autant que par sa nouveauté, il n’ en va pas de même de son exécution. Il s’agit en effet de choisir ou d
836 une part, la qualité littéraire ou intellectuelle n’ est plus seule suffisante, et qu’il faut y ajouter l’exigence d’une si
837 excellent en soi, et très « vendable », mais s’il n’ apporte pas de contribution certaine aux buts européens de l’associati
838 ine aux buts européens de l’association, celle-ci n’ a pas de raison de l’inclure dans sa collection. En revanche, tel autr
839 s et inévitables qu’elles soient, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les avantages que la form
54 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
840 Dans cette vue de l’histoire, l’objectivité pure ne mènerait qu’à déchiffrer des documents. Or : « Au départ de tout trav
841 s traditionnelles. Les variations de son histoire ne s’expliquent que par un fond commun… Qui veut écrire l’histoire de l’
842 disparaît précisément du xie au xive siècle, et ne reparaît guère qu’avec les œuvres du pape Pie II (Æneas Silvius Picco
843 … Il y a là un beau paradoxe historique, que nous ne pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand avantage de
844 qui lui permet de se placer à un point de vue qui n’ est ni français ni germanique, ni latin ni anglo-saxon, quant aux préj
55 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
845 notes, où — l’ayant pratiqué durant des mois — je n’ ai trouvé que trois infimes erreurs de fait ou de dates. Une étude aus
846 et Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul n’ est plus solide, plus convaincant, moins discutable que Gollwitzer. Sa
847 istorique, religieux et philosophique de l’époque ne pourrait être critiquée que par un marxiste « vulgaire » ou par quelq
848 orains de Hegel ou de Ranke, longuement traités — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien n’est plus injuste que de re
849 tés — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien n’ est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, po
850 lus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’ a pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il voul
851 ait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’il n’ annonçait dans son titre et dans son sous-titre. L’ouvrage de Gollwitz
852 ollwitzer me paraît véritablement fondamental. Je n’ en sais pas de plus reliable comme dit l’anglais. Sa traduction en Fra
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
853 de l’idée (ou de la conscience) européenne — dont ne peuvent témoigner indiscutablement que les écrits du passé, commentés
854 ction des problèmes majeurs de leur temps. Curcio n’ a pas voulu refaire, après tant d’autres, une histoire de l’Europe dan
855 le mérite d’être complet : pas un auteur valable ne me paraît avoir été négligé. Il comble, notamment, une lacune habitue
856 u cours des deux derniers siècles. Certes, Curcio n’ a pas tenté de nous imposer une interprétation systématique, à la Hege
857 nruh, etc., etc.). Et quant aux noms français, on ne sait où les chercher, car l’auteur cède à la curieuse habitude italie
858 lemands (Metternich, Goethe, Leibniz, etc., etc.) ne sont pas groupés sous V, comme il arrive dans les index américains, m
859 férence, précisément. Au reste, l’œuvre de Curcio n’ est pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusion
860 hauteur d’un manifeste européen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir qu’une définition unique et standard de l’Europe
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
861 nds auteurs de systèmes de l’Histoire ; mais pour ne pas les imiter. A-t-on remarqué que les génies systématiques sont rég
862 de l’Histoire ». Pour tous les autres, le mot fin ne signifie pas but mais décadence et chute. Notre auteur, au contraire,
863 au contraire, tient que « la mission de l’Europe n’ est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’est réduite elle-mêm
864 tension des autres, qu’elle seule a permise, elle n’ en demeure pas moins « l’antique matrice spirituelle » de la civilisat
865  » de la civilisation qu’elle a exportée, et cela n’ est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltation romantique dans c
866 é par ses œuvres — Diez del Corral, bon Espagnol, ne manque pas d’évoquer la grande ombre du Chevalier à la Triste Figure 
867 à lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre. N’ est-il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
868 possibilités comme aux principes du Centre. Nous n’ avons pas cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut faire
869 es pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collective les animateurs des
870 tel milieu. Ces possibilités, une fois reconnues, ne manqueront pas d’encourager certains d’entre eux à tenter à leur tour
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
871 ler vers les vastes récoltes futures. (Quand rien n’ a pris, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il
872 , ces animateurs enthousiastes sans lesquels nous n’ eussions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’un
873 persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’ avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieux m
60 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
874 signifie : en tirer davantage que la Nature seule n’ eût produit. Un champ de blé, une maison, un poème, une statue, un out
875 es propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position dans
876 sous d’autres formes purifiées et libérales — ce n’ est rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la
877 f et créateur de la culture, à faire voir qu’elle n’ est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En e
878 technique et donc des sciences ; or les sciences ne sont nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du c
879 ences ; or les sciences ne sont nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du complexe philosophique, édu
880 efusons cette question mal posée. Car une culture ne saurait être définie par des bornes-frontières et un cordon douanier,
881 ale et dans une vue théorique de la culture, rien ne semble moins nécessaire, ou disons-le : plus prétentieux, voire nocif
882 -même œuvre de créateur, bien entendu — un Centre n’ écrit pas de poèmes — mais pour qu’il y ait quelque part en Europe un
883 tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la ra
884 ue la raison d’être d’une institution de ce genre n’ existe pas en théorie, mais qu’elle répond à des problèmes concrets. E
885 e l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’ est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités
886 e des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur
887   2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe n’ est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoir
888 tions européennes officielles et le secteur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ils disposent d’une information
889 des études et des solutions qu’aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul. Les dif
890 tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec les autres traditions de
61 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
891 de soi. Et en effet, durant des siècles, ces fins n’ étaient guère contestées : un accord général existait quant à savoir s
892 uel modèle il s’agissait de former l’individu. Il n’ en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec
893 dividu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc, du
894 drés du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Not
895 stituent les prétextes généralement invoqués pour ne pas reposer la question des fins — objectivité scientifique, routines
896 lème unique que je me pose ici, et je crois qu’il n’ est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un Marc-
897 s, tout change. La transmission des connaissances n’ est plus initiation mais instruction publique, c’est-à-dire communicat
898 cation directe, sans préparation religieuse, et à n’ importe qui, d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction ne vise p
899 , d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction ne vise pas à introduire au mystère, mais au contraire à l’éliminer. Ell
900 extrêmes, l’une autoritaire et l’autre libérale. N’ allez pas croire, pourtant, que l’humanité devait fatalement passer de
901 r une crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’
902 imposer un effort intellectuel excessif aboutit à ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie de
903 s rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’ a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais en
904 a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’ a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tenden
905 ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École
906 n ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’ effraye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent compre
907 raye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’un maître les empêche de jouer avec lui comme i
908 mbreuses, et l’on peut craindre qu’à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit une dégradation an
909 commun dénominateur, et voici l’ironie : personne n’ en tire bénéfice, même pas l’élève le plus ignare, car il voit son ign
910 est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’ en prétend pas moins préparer des « personnalités complètes et sociale
911 on aboutit à faire des individus « ajustés » qui n’ offrent plus de résistance aux modes, à la publicité, aux injonctions
912 ocratique, entend éliminer tout individualisme et ne respecter que les droits de la collectivité. Le trait distinctif est
913 usement prescrit pour chaque spécialité : l’élève n’ a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de
914 écialité : l’élève n’a aucun droit d’option et il n’ existe pas de cours facultatifs, ni de cours de culture générale (stud
915 ulture générale (studium generale), à moins qu’on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de marxis
916 marxisme-léninisme et de propagande du Parti, qui n’ occupent que 6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 %
917 américaine ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui, n’ était que de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands tr
918 conditionnée selon les théories de Pavlov : elle n’ a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ?
919 n pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’ a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse,
920 e, résister aux courants, prendre ses risques. On ne l’a préparée qu’à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or
921 ntinomiques, la liberté et la responsabilité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre,
922 . Quel est le but de la discipline ? Prenez n’ importe lequel de nos problèmes traditionnels ou modernes, sociaux, ét
923 degré, mais tout le monde admet tacitement qu’il ne peut s’agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté et de
924 s deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut que les contraintes s
925 s leçons, que ce soit donc non pas en vertu de je ne sais quelle idée de « correction » formaliste et vexante, et non pas
926 à gauche dans les chambrées, et surtout que rien ne dépasse !), plutôt qu’en fonction du but à atteindre, la concentratio
927 la concentration intellectuelle. En revanche, on n’ exigeait pas assez quant à la discipline intellectuelle : rapidité des
928 ger d’eux, intellectuellement, plus encore qu’ils ne donnent, relativement au reste de la classe. Formation générale et
929 rsité — dans la préparation des élèves. Mais elle ne doit pas perdre de vue, pour autant, la nécessité fondamentale de mai
930 La vision du But Vous l’aurez remarqué : je n’ ai guère parlé de méthodes. J’ai plutôt insisté sur le But — la person
931 l’Éducation. Oserai-je vous confesser ici que je ne crois plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles soient autoritai
932 inventer ? En effet, une méthode appliquée à tous ne peut préparer au mieux, si elle réussit, qu’un type humain uniforme,
933 la personne ? Il y a un saut à opérer. Le général ne conduit pas au particulier. Dans la mesure où nous décidons de créer
934 connaissances, alors bon, discutons méthodes. Il n’ y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’es
935 nne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’ est capable de conduire assurément au But, mais n’importe laquelle, ap
936 n’est capable de conduire assurément au But, mais n’ importe laquelle, appliquée avec liberté et mise de côté quand il faut
937 e de la personne. Ces termes sont abstraits s’ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homme p
938 pensez au noir. » J’avais compris ! Mais comme je ne bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus à ce que vous faites de vo
939 is ! Mais comme je ne bougeais pas, il ajouta : «  Ne pensez plus à ce que vous faites de vos mains, aux mouvements que vou
940 t, et dans lequel je dirai tout au long ce que je n’ ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film
941 tes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais n’ en demeure pas moins significative. 46. Joan Dunne, Retreat from Lear
62 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
942 de droit divin, les théocraties et les dictatures ne demandent que l’obéissance de leurs sujets. Seul, le régime démocrati
943 tionne sans être compris et approuvé, c’est qu’il n’ est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publiqu
944 communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens
945 r que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs
946  — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’ aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle s
947 ens les rapports qu’on va lire. Une telle enquête n’ a pas besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour être significa
948 ou « scientifique » pour être significative. Elle ne vise qu’à situer le problème d’une formation civique européenne dans
949 Länder est autonome à cet égard. En Suisse, « il ne s’agit plus de persuader la jeunesse de la supériorité d’un régime dé
950 choisies à la volée dans les textes qu’on va lire ne suffisent nullement à caractériser tout l’esprit de l’enseignement ci
951 nement civique dans tel ou tel pays. Pourtant, je ne les crois pas très facilement interchangeables. Elles nous signalent
952 déficiences communes. Mes remarques introductives n’ ayant d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête,
953 cepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il n’ apparaît pas comme une conquête révolutionnaire à imposer au reste de
954 xxe siècle. Tout se passe comme si la démocratie n’ était qu’un système de gouvernement et de droits individuels isolable
955 et voter intelligemment ? 2° Les faits présentés ne sont pas suffisamment rattachés à des notions générales (telles que l
956 vont donc essayer d’amender, tandis que l’Europe ne s’inquiète aucunement de lacunes béantes, dont il lui reste encore à
957 égale obéissance au Parti La Russie soviétique n’ a pas de ministère central de l’Éducation (chacun des États garde le s
958 rts de production48 ». Voilà donc un pays où l’on ne saurait se plaindre de ce que l’instruction civique ne tienne pas un
959 urait se plaindre de ce que l’instruction civique ne tienne pas un compte suffisant des réalités économiques ! Mais il est
960 r aussi que, dans ces conditions, le civisme réel n’ existe plus, la liberté de choix et d’opinion du citoyen étant réduite
961 sée, et cela pour l’excellente raison que l’Ouest n’ est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. A
962 l’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’ est pas un système rigide, cohérent, unitaire, expliquant tout, de l’a
963 istoire, l’économie et la morale ! (Mais pourquoi ne pas dire dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu
964 ivique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives Ces quelques ape
965 roductives Ces quelques aperçus, je le répète, n’ avaient d’autre ambition que d’introduire à une lecture mieux avertie
966 qui suivent. C’est plus encore ce que ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre consc
967 conscience du problème d’un civisme européen. Ils ne disent pas, et ils ne peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses
968 d’un civisme européen. Ils ne disent pas, et ils ne peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses, que notre enseigneme
969 fait corps avec le reste de nos programmes ; ils ne disent pas qu’il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’e
970 nt pas qu’il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt
971 ne unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt vivant pour la chose publique,
972 cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable c
63 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
973 ensions de sa personne et de son existence que je n’ avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui ar
974 xantième année. Mais de sa carrière jusque-là, je n’ entrevoyais que des bribes. M’aidant de ses notes (592 pages, en angla
975 ne ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais plus obligé d’être avant tout un patriote ! » Dès cet instant,
976 ettres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’ a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il
977 e paraître en volume à Paris. Mais la littérature n’ est pas sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite aband
978 ite abandonnés : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour An
979 s doute beaucoup plus occupé par les femmes qu’il ne veut le laisser entendre, mais sa carrière de « politicien privé » lu
980 es meilleures chances à l’action pour laquelle il n’ a cessé de se préparer, à travers ses années nomades, studieuses et br
981 xister comme État depuis le partage de 1795. Elle n’ a plus d’existence politique, ni sur le plan international ni sur le p
982 Prusse ayant décrété que l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’en allemand. Chacune des trois puissances s’efforce
983 es trois régions et ceux de l’émigration, mais il ne suffit pas à inspirer et diriger une action politique commune, surtou
984 contre une puissance mais contre trois ! Personne ne parle plus au nom de la Pologne, et l’opinion mondiale, depuis longte
985 note simplement dans son livre sur Conrad : « Je n’ ai pas revu cet ami depuis la guerre (de 14-18) et je ne puis retrouve
986 as revu cet ami depuis la guerre (de 14-18) et je ne puis retrouver son adresse. » (Lira-t-il peut-être ces lignes ? Elles
987 etrouvé sa terre après quarante années d’exil. Il ne dira qu’une phrase au terme de cette nuit-là : « Cher Joseph, c’est u
988 général, convaincu par ce geste que « Retinger » n’ est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être ch
989 rde de deux soldats. Les heures passent, personne ne vient, et il commence à craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille :
990 pect que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je n’ y suis pas autorisé. » « Notre conversation se poursuivit ainsi pendan
991 ns une cellule en compagnie d’un vieux Suisse qui ne sait pas non plus pourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réussi
992 iés.) Pour atteindre ces deux objectifs, Retinger ne dispose ni des fonds nécessaires, ni de l’appui d’une machine politiq
993 . Seul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il n’ a que son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des con
994 motifs qu’il donne lui-même de son échec, car il ne les oubliera pas et prendra le plus grand soin de les éliminer lorsqu
995 essure groups, etc. Mais surtout, écrit-il : « Je n’ avais pas encore bien vu que la question n’était pas seulement d’avoir
996 : « Je n’avais pas encore bien vu que la question n’ était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaie
997 rmer une équipe de collaborateurs, sans quoi l’on ne peut rien faire dans un pays démocratique. Je croyais que du seul fai
998 es, tout le monde allait les accepter de même. Je ne comprenais pas comment la vie politique et les nécessités économiques
999 interfèrent avec les principes et l’idéologie. Je ne voyais pas les gens qu’il fallait, ou si je les voyais, je ne m’expri
1000 s les gens qu’il fallait, ou si je les voyais, je ne m’exprimais pas comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce fut un
1001 de Castellane. Ce grand dandy de la Belle Époque ne manque pas d’idées politiques originales. Il propose à Retinger de pa
1002 que, qu’il a négligé par la suite de le vérifier, n’ étant plus suffisamment intéressé. Il semble considérer cette aventure
1003 Cependant, ces activités d’agent politique privé ne sauraient plaire à tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et
1004 ce que vous y avez trop d’ennemis, et que si vous ne partez pas de votre propre gré, je me verrai contraint de vous expuls
1005 is sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il n’ avait pris sur lui que peu d’argent, comptant faire venir par la suite
1006 . Un jour à Barcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distrib
1007 lors par les Américains. De 1919 à 1936, Retinger n’ a pas fait moins de onze séjours dans ce pays, où seule la suite de ha
1008 ieurs États, sur lesquels le gouvernement central n’ avait plus aucun pouvoir. Cette exploitation du pays par l’étranger ra
1009 ls, mais le privait aussi de son indépendance, et ne cessait de provoquer des révolutions locales, grèves, meurtres et sau
1010 up de leur saveur à être résumés, je crois bon de ne pas les omettre dans cette esquisse biographique : ils donnent ses vr
1011 posait alors la Pologne libérée aux bolchéviques. N’ ayant plus de passeport, il pria ses amis de lui faire passer la front
1012 rd du Rio Bravo. Là, les bandits déclarent qu’ils n’ oseront pas aller jusqu’à San Antonio comme prévu. Ils exigent 30 doll
1013 ses jambes en sang quand il atteint la route. Il ne voit pas de charrette, mais un agent de police. Il tente de lui expli
1014 excellent espagnol : « Un pauvre chien comme toi ne peut pas nous faire de mal ». Quelques kilomètres plus loin, la charr
1015 uation puis à recevoir un passeport polonais. Je ne trouve rien dans les notes sur ce séjour aux USA, ni sur le voyage en
1016 mme la police les lui a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico o
1017 s prétentions jusqu’à ce que les amis de Retinger ne puissent plus payer. Les intérêts pétroliers sont prêts à tout pour m
1018 re-deux-guerres Sur les années 1922 à 1940, on ne trouve dans les notes que l’esquisse d’un long chapitre consacré aux
1019 onseil national socialiste de Pologne, bien qu’il ne soit pas membre du parti ; diverses démarches dans le cadre de l’Inte
1020 tafford commence même sur le sujet un livre qu’il ne pourra jamais terminer : il va devenir le Deputy Prime Minister du ca
1021 on chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération synd
1022 les Soviets. En 1939, Retinger qui, jusque-là, «  n’ a jamais servi ni un homme ni une organisation en aucune qualité offic
1023 ir du 16 juin et atterrit à Bordeaux, où personne ne sait rien des Polonais. Dans la panique générale, Retinger finit par
1024 tant de détester les titres et décorations, et je n’ en ai jamais accepté. » Le traité polono-russe de 1941 Au début
1025 enue par les Anglais mais envahie par les Russes, ne devînt pas un obstacle à la conduite d’une guerre commune contre Hitl
1026 eu de jours après, l’ambassadeur polonais désigné n’ ayant pu partir, Retinger fut chargé de représenter les intérêts de so
1027 que la météo permette le départ pour la Pologne, n’ ayant d’autre passe-temps que la lecture de Platon, dans la traduction
1028 ’était le seul livre sérieux de la place, où l’on ne trouvait que des romans policiers. Socrate lui permit ainsi de lutter
1029 refusé tout entraînement autre que théorique51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée qu’en faisant son premier sau
1030 it, durant les trois mois que dura sa mission, il ne fut jamais découvert. Le sens inné de la conspiration dans un peuple
1031 olonais put l’engager. Bien persuadé que personne ne savait rien de sa venue, sauf quelques chefs clandestins, il se mit à
1032 ès d’une table occupée par cinq ou six hommes, ce ne fut pas sans terreur qu’il entendit soudain l’un d’eux dire à haute v
1033 rs ! » Deux officiers allemands, assis tout près, ne bronchèrent pas. La mission se déroulait selon les plans. Les contact
1034 oute hâte dans un autre établissement où personne ne pourrait aller le voir : on choisit un hôpital pour les pauvres attei
1035 n archiplein, en partance pour Cracovie. Comme on ne trouvait pas de place pour le coucher, le jeune Celt, qui l’accompagn
1036 arée pour l’avion anglais. Cependant, l’opération ne pouvait être retardée. L’avion anglais parut à l’heure prévue. Les pa
1037 ous les roues, puis couper les freins. L’appareil ne put décoller qu’après une heure et vingt minutes d’efforts frénétique
1038 moteurs emballés en pleine nuit, pas un Allemand ne s’était montré. L’atterrissage en Italie du Sud réussit également par
1039 er que ni le gouvernement britannique ni moi-même ne furent jamais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et qu’après
1040 er tous deux à Londres, puis emprisonné. Retinger ne réussit à le faire libérer qu’en s’adressant directement à Molotov, a
1041 aussitôt reperdue au profit des Russes, Retinger ne voyait plus ce qu’il pouvait faire pour son pays, dans le cadre de la
1042 ier cette politique. L’ultime salut de la Pologne ne pouvait venir, à ses yeux, que d’une Europe organisée, et c’est vers
1043 d’abord nommée Ligue indépendante, dans l’idée de ne pas en exclure les USA). Bientôt, au prix de voyages incessants, dont
1044 ue, Masaryk refusa, crainte de Moscou. Et Molotov ne répondit pas à une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui avait trans
1045 train de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut annoncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pa
1046 oncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’avait bien exp
1047 nts pour l’Europe unie, fédérée ou confédérée. Ce ne fut pas un congrès comme les autres, puisqu’il en résulta tout simple
1048 s, inspirent encore tous les « Européistes » : on n’ a guère trouvé mieux depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui
1049  : on n’a guère trouvé mieux depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui avait été proposé dès cette date. Mais plus
1050 celle des gouvernements devant une idée neuve. Il ne fut pas seulement le père spirituel, mais l’accoucheur du Conseil de
1051 il de l’Europe. Ce premier résultat spectaculaire ne saurait cependant le contenter. Grâce à lui, le Mouvement européen se
1052 and public européen tient pour toutes naturelles, n’ eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster
1053 n’eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’ est pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni
1054 lace de ces institutions, et de bien d’autres. Je ne crois pas que Jean Monnet et Retinger ont jamais travaillé ensemble :
1055 ble : leurs méthodes étaient trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que
1056 et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’ est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature
1057 iation entre la CECA et la Grande-Bretagne. Et ce n’ est pas sans raison qu’il se trouvait être, en 1960, le seul membre du
1058 l du CEC qui en eût fait partie dès l’origine, et n’ eût jamais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain qu
1059 e ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’ eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de Retinger non seulement
1060 puis le groupe de Bilderberg, le rôle de Retinger ne fut pas moins décisif, pas moins « instrumental », au sens anglais du
1061 es membres suisses du Conseil, il ajouta : « Vous ne voulez pas faire de politique internationale, mais vous en avez fait
1062 débuts de sa carrière, mais Gide avait raison, il n’ était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettre
1063 Gide avait raison, il n’était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’étaient jamais que de qu
1064 Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’ étaient jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pa
1065 mais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’ était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaqu
1066 de philosophie religieuse. Mais son travail réel ne commençait qu’à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fix
1067 antique, à la fin de sa vie. Les yeux non avertis ne le distinguaient pas, dans la cohue des Importants. Mais celui qui re
1068 des valeurs rassemblées. Les objectifs du groupe n’ étaient pas toujours clairs pour beaucoup de ceux qui en faisaient par
1069 on idée est tellement importante qu’il vaut mieux ne pas en parler trop clairement. Puis il réunit tout son monde dans une
1070 totale absence d’ambitions personnelles. Beaucoup ne pouvaient simplement pas y croire, et le soupçonnaient de desseins to
1071 t le soupçonnaient de desseins tortueux, quand il ne faisait que suivre une idée simple et grande : celle de grouper nos f
1072 était si directe, et percutante, que ses victimes n’ y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il
1073 ce, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’ avait pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste selon
1074 prix, des remerciements et des hommages émus, on ne savait où le trouver. « Celui qui s’abaisse sera élevé », certes, mai
1075 a élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’est pas feinte, et n’admire guère
1076 monde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’ est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de br
1077 onne pas la modestie si elle n’est pas feinte, et n’ admire guère que ceux qui ont pris la peine de briguer ses applaudisse
1078 vait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’ avait plus de « responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne ce
1079  responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne cessait de faire des plans, des démarches et des interventions au suj
1080 pidement durant ses dernières semaines, mais cela n’ eut pas d’effets perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt qu’il p
1081 ra jusqu’au dernier jour. » 49. « Ces ouvrages ne passèrent pas inaperçus », écrit J. H. Retinger ; « Paul Valéry me di
64 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1082 Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’ a pas pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts
65 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1083 yens de transport, etc.), plus rapidement qu’elle n’ égalise les niveaux de vie, et sans rapprocher les cultures. Ces derni
1084 ux pays techniquement arriérés » : que cette aide ne soit pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une culture ; éducation
1085 yer de la civilisation technicienne. La technique n’ y est pas née par hasard. Elle s’est développée dans un certain contex
1086 ’expliquer d’abord à elle-même — que la technique n’ est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’e
1087 la technique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’ en est qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée
1088 étudie depuis longtemps les autres cultures, mais n’ est guère étudiée par celles-ci en tant qu’ensemble ou unité. (Chaires
1089 l’Europe envoie en nombre croissant dans le monde ne sont pas préparées pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils
1090 pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ ont qu’une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses
1091 de la culture européenne dans son ensemble : ils n’ étudient qu’une branche isolée, en vue de leur profession, et ne conna
1092 une branche isolée, en vue de leur profession, et ne connaissent en général qu’un seul pays, d’après lequel ils jugent l’e
1093 ul pays, d’après lequel ils jugent l’ensemble. Il n’ existe pas de « Relations culturelles européennes », mais seulement de
1094 avec lesquels engager le dialogue. De même qu’on ne sait où trouver le livre qui expliquerait la culture européenne aux é
1095 ropéenne aux étudiants venus d’autres régions, on ne sait où trouver le livre qui expliquerait utilement à un de nos « aid
1096 dantes les unes des autres. Aucun plan d’ensemble ne les guide, et aucune centrale d’information n’existe encore, à notre
1097 le ne les guide, et aucune centrale d’information n’ existe encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous borner
1098 ris), publiées par des Africains en Europe. (Nous ne connaissons pas de revues sur l’Europe publiées en Asie ou en Afrique
1099 . Senghor ou de J. Jahn sur l’Afrique noire, pour ne citer que quelques-uns des plus connus, initient le dialogue nécessai
1100 turels. Les spécialistes d’une culture différente n’ ont pas à se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations,
1101 ns principales :   1. Une addition de spécialités ne fait pas une culture vivante et ne la représente pas. (L’addition de
1102 de spécialités ne fait pas une culture vivante et ne la représente pas. (L’addition de vingt nationalismes ne représente p
1103 eprésente pas. (L’addition de vingt nationalismes ne représente pas non plus l’Europe, comme unité de culture et de civili
1104 ., même s’ils épuisent chacun leur sujet spécial, ne font pas un Dialogue des cultures. Ils peuvent se multiplier à la sat
1105 techniques, il y a aujourd’hui un grand vide. Il n’ y a pas de relais utiles. Pour préparer des hommes d’État, des diploma
1106 ecours : le temps manque pour les étudier, et ils ne sont pas assez actuels ou synthétiques. Pour préparer des aides techn
1107 et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles ne correspondent pas à des réalités culturelles suffisamment définies ou
1108 l’Europe et que l’Amérique latine. Cette dernière ne connaît pas de problème des races, mais des problèmes de développemen
1109 in l’Europe, ancêtre culturelle des trois autres, n’ a pas encore pu surmonter ses divisions nationales, qui ont failli la
1110 nales, qui ont failli la ruiner par deux fois, et n’ a donc pas encore de politique commune, répondant à sa vocation, à l’é
1111 de la planète. L’Asie est un concept européen, et ne possède pas d’autre unité certaine, en dehors des traditions religieu
1112 églige complètement l’Afrique noire, c’est-à-dire ne correspond plus aux réalités du xxe siècle. Les régions culturelles q
1113 nnaître, parfois même à se découvrir. Le problème n’ existe guère pour des ensembles comme l’URSS et les USA, qui sont fort
1114 la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il n’ en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’est efforcé depuis un siècl
1115 s expériences spirituelles, il reste que les âmes ne communiquent pas encore sans que les hommes se rencontrent, et que le
1116 des de chercheurs et d’instituts d’outre-mer, qui ne disposaient jusqu’ici que de sources d’informations nationales) ; — F
1117 ne de capitales, auprès de services officiels qui ne sont pas toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équ
1118 rtant sur l’ensemble de leur région). Les centres ne seraient pas nécessairement eux-mêmes les « interlocuteurs responsabl
1119 e ?) se poserait également pour chaque région. Il ne nous appartient pas de discuter ces problèmes dans le présent papier,
1120 iscuter ces problèmes dans le présent papier, qui ne veut qu’introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre aux
1121 la discussion de notre proposition, même si elle n’ aboutit pas à des résultats immédiats dans toutes les régions représen
66 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
1122 remercier d’être venus à Genève pour ce colloque, ne sera pas simple affaire de routine. Je sais ce que représente pour ch
1123 elques-uns d’entre vous connaissent ce Centre. Je ne vais pas perdre un temps précieux à décrire ses activités. Qu’il me s
1124 faire face, ou que d’autres avaient déjà essayés, ne semblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc fi
1125 us avons donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait commencer, prati
1126 plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je n’ en salue que plus chaleureusement votre présence autour de cette table
1127 essages, raisons des absences.) Vous voyez qu’il n’ est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quan
1128 es.) Vous voyez qu’il n’est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre
1129 hui peut apparaître dérisoire. Non seulement nous ne pouvons nous prétendre les représentants les plus valables, régulière
1130 s et confirmés, de notre région, mais encore nous n’ avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des anné
1131 e. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’il fallait se réunir
1132 e réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’e
1133 discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donner le coup d
1134 nous constatons dans trois jours que son travail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de
1135 s que son travail ne fait que commencer, et qu’il n’ a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhai
1136 l’Europe, ou entre les musulmans et l’Inde — pour ne prendre que ces trois exemples — sont de nature politique avant tout.
1137 Et que, par conséquent, le dialogue des cultures n’ est guère qu’un luxe, une activité secondaire et probablement vaine ta
1138 en était vraiment ainsi, le dialogue des cultures ne pourrait jamais avoir lieu, car il y aura toujours des tensions polit
1139 nt plus graves qu’une base d’entente fondamentale n’ aura pas été établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qu
1140 ’abord, parce que, en tant qu’intellectuels, nous ne pouvons pas grand-chose sur le déroulement immédiat des événements. O
1141 se sur le déroulement immédiat des événements. On ne tiendrait aucun compte des solutions que nous pourrions proposer, et
1142 que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre telle
1143 érie, Cuba, Berlin, Bizerte, le Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la mêm
1144 spond à nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiqu
1145 d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégalités
1146 re entente politique —· et même économique — nous ne pourrons le faire qu’en travaillant à « améliorer le terrain », au se
1147 ialogue véritable ? Disons tout de suite que cela ne saurait être une succession de monologues, si éloquents et enflammés
1148 ents et enflammés soient-ils. Voilà pourquoi nous n’ avons pas voulu convoquer aujourd’hui un grand congrès de plus. Dans u
1149 hui un grand congrès de plus. Dans un congrès, on ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous
1150 n ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’ est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, com
1151 à notre époque, ennemi des conventions ! Pourquoi ne pas essayer dans ce domaine aussi, d’introduire un style d’avant-gard
1152 . Et de même, l’emploi du terme nationalisme, qui n’ a pas du tout le même sens en Europe et dans le monde arabe, par exemp
1153 ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première positio
1154 tes les variantes de la culture de l’humanité. Je n’ irai pas jusqu’à dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Eu
1155 aloguer. Il s’agit que cette technique objectivée ne vienne pas maintenant briser, dissocier, des cultures qui sont justem
1156 el d’Arboussier disait très justement que son cas n’ est pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’acc
1157 , à partir de ce moment-là, d’égale à égale, avec n’ importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce premier dialog
1158 ù elle arrive tout à fait de l’extérieur, où elle ne surgit pas du fond même de la culture comme c’est le cas en Europe. N
1159 sel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’ importe quelle civilisation, nous savons exactement ce que cela veut d
1160 avec la technique chacune à leur manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennent leur autonomie se lais
1161 onomie se laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger
1162 ue ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à des ruptures, comme il y en eut tant entre les nat
67 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
1163 publiée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’ a retenu, à de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la dern
1164 a problématique ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports
1165 nus dans l’aire géographique de l’Europe mais qui ne sont pas étudiés et situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; ceux
1166 créées un jour ou l’autre par des Européens mais ne les envisagent pas expressément dans le contexte de notre unité de cu
1167 texte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui n’ ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le suj
1168 rend d’écrire une thèse sur un sujet européen. Il n’ a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les tit
1169 lité et les branches connexes de la culture. Nous ne voulons pas donner des notes, bonnes ou mauvaises, mais nous tâcheron
1170 de la bibliographie et de la Semaine du livre. Il ne vise qu’à décrire une coupe dans la production « européiste » contemp
1171 itique des publications européennes Certes, il ne faut décourager personne, et l’on doit se féliciter de voir autant d’
1172 tentative, entreprise par le CEC voici cinq ans, n’ a rien pour les décourager. Si le pool Editeuropa, après un départ ent
1173 le pool Editeuropa, après un départ enthousiaste, n’ a finalement rien produit sous son nom, c’est à cause de certaines err
1174 a variété de la production réelle et des besoins, ne convenait pas aux programmes de chacun des éditeurs membres. Les uns
1175 enfin craignaient que les premiers titres retenus ne soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés su
1176 donc qu’une politique de l’édition « européiste » n’ est pas seulement souhaitable mais possible, moyennant une souplesse s
68 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
1177 communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens
1178 r que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs
1179 — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’ aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle s
1180 pays, son tonus civique), mais il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans les réponses of
69 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
1181 e renaissance des régions. Mon ami Roger Bigonnet n’ a pas oublié que pour devenir membre de l’Association européenne des f
1182 ésentent, dans l’ensemble, une photographie qu’on ne pourrait souhaiter plus ressemblante des préoccupations, vœux, doutes
1183 justement nommé « la révolution régionale ». ⁂ On ne saurait reprocher à un colloque dont les ambitions initiales étaient
1184 ence les liens entre la culture et l’économie, de n’ avoir pu qu’effleurer les aspects administratifs, politiques et civiqu
70 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
1185 ntenant avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’ est qu’un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe
1186 tés économiques, linguistiques et culturelles qui n’ ont pas du tout les mêmes frontières ou extensions, si vous dévalorise
1187 la culture et ses chances, ses possibilités. Pour n’ en donner qu’un exemple, que tout le monde connaît, je dirai que, grâc
1188 e que la spécialisation résultant de la technique n’ est pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la
1189 semble des activités humaines. Le spécialiste qui n’ est que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour
1190 écialisation technique, il faut bien le signaler, n’ est pas moins dangereuse pour la technique elle-même que pour la cultu
1191 ions techniques, que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’o
1192 à faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leurs spéc
1193 réateur de Los Alamos et de la bombe atomique. Il n’ y a pas de progrès scientifique aujourd’hui, et par suite, pas de prog
1194 essaire dans beaucoup de branches de la technique ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que p
1195 ue ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul geste
1196 n décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’ était que « le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspon
1197 érer. L’usine automatisée, l’usine sans ouvriers, n’ a pas été obtenue par le marxisme mais par le développement même de la
1198 que, entre la technique et la culture, les liens ne sont pas seulement souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’
1199 rendre leur art en Italie, Dürer, Schütz, etc. Je ne vais pas élaborer davantage, je voulais simplement souligner le lien
1200 l’évolution économique. Notons que ces évolutions ne sont jamais parties d’une base « nationale » au sens contemporain du
1201 ent une quantité de nos frontières actuelles, qui n’ étaient pas les mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles n
1202 ntières actuelles, qui n’étaient pas les mêmes ou n’ existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont pas d’une nation à l
1203 es ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont pas d’une nation à l’autre mais d’un foyer de création à un autr
1204 créer un foyer qui rayonnerait bien au-delà ? Je ne pense pas que la fonction première d’une métropole soit d’apporter la
1205 ille, qui a déjà une forte densité culturelle. Il ne s’agit pas ici d’une population culturellement sous-développée à laqu
1206 c’est quelque chose à quoi l’homme participe, ce n’ est pas seulement quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne
1207 quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne peut en recevoir les dons que dans la mesure où il fait un effort cré
1208 ou d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui n’ est pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent, d’u
1209 el va naturellement bien au-delà de sa source. Il n’ est pas destiné seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à ce
1210 soient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’ est pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce
1211 Toutes choses qui sont chères, toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exigent un important mécénat public e
1212 crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’ y a pas de meilleur investissement pour les grandes industries. Une mé
1213 partie elle-même son rayonnement. Autrement, elle ne serait qu’une succursale plus ou moins lointaine de la capitale natio
71 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
1214 n : Conseil de l’Europe, Marché commun. Mais elle ne deviendra vivante que par les citoyens qui la vivront, conscients de
1215 avenir. Or, comment devenir citoyen d’un pays qui n’ en est pas un, puisqu’il n’a pas encore d’institutions, de politique c
1216 citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il n’ a pas encore d’institutions, de politique commune et de gouvernement ?
1217 ons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’ en ferait-elle pas aussi bien pour l’Europe, et pour la paix européenn
1218 te, elle se borne à décrire les institutions mais ne présente pas les problèmes vivants et réels de la vie publique ; 3° L
1219 nt l’initiative. Les textes que nous publions ici ne représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été présentés aux s
1220 us voudra bien garder dans l’esprit le fait qu’il ne s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long ter
72 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
1221 Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)cx Je ne suis pas du tout géographe, donc pas du tout compétent pour introduir
1222 prenne que la géographie précède l’histoire, mais ne la détermine pas. Et que les historiens nationalistes se moquent de n
1223 que je pose aux professeurs de géographie. Et je ne sais s’ils y répondront pendant ces journées d’étude, mais ils sauron
73 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
1224 Ainsi donc, l’origine de la diversité des langues ne serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargo
1225 t ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses diverses facul
1226 jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l
1227 de conflits peut-être atroces, mais dont l’issue n’ est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théori
1228 interpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’ a jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a j
1229 appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’ a jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques vo
1230 a découvert la terre entière, et personne d’autre n’ est jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétien
1231 Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites d’Asie, d’Arabie et d’Af
1232 n et de séparation, qui est proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plus facile à observer, hélas, q
1233 vives de la nouvelle culture mondiale. Or, qu’il n’ y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux
1234 ue cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’ y a plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui s
1235 ens synthétique ou universaliste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souve
1236 les professionnelles et d’instituts de recherches n’ ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration, par ail
1237 rit humain. La juxtaposition de facultés étanches ne fait pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un cor
1238 pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un corps vivant. Regardons cela d’un peu plus près. Sur l’explos
1239 era de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’ auront pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, p. ex. où d
1240 trente-cinq ans, avions appris toute la chimie et n’ en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle es
1241 toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données num
1242 et peut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philo
1243 chologie ; rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les
1244 sophie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’ a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
1245 de fonctionner normalement quand les informations ne peuvent plus être échangées entre les branches du savoir, ou entre le
1246 obale de conception, soit originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustrera ce poin
1247 ien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien, ne serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce
1248 glise jugea Galilée, parce que tout simplement il ne comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait
1249 ait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physicien et la do
1250 positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théolog
1251 forme ou non à la théologie, et fort probablement ne s’en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentant
1252 té, et les représentants des disciplines diverses n’ ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou de
1253 ieux de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée
1254 r ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’a
1255 es, qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’ ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent
1256 it humain, et particulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffise
1257 n, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement sur
1258 éthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’ être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sai
1259 tre plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle corre
1260 ne observation attentive de nos universités, l’on ne trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pièces et de morceaux q
1261 e serait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et ho
1262 res, tout est sacré. La distinction sacré-profane n’ existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science, éthique et es
1263 et esthétique, sont réglées par les mêmes lois et ne connaissent pas de développements particuliers et divergents. L’origi
1264 culiers et divergents. L’originalité, pour elles, n’ est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exéc
1265 tière et le corps pour essentiellement illusoires n’ allait pas perdre à leur étude le meilleur de son temps de méditation.
1266 monter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicie
1267 r par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde, qu’elle a réveillé, dans le d
1268 oirs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’ est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence d
1269 opéen par excellence de l’union dans la diversité n’ est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique
1270 toutes les facultés et instituts spécialisés. Je n’ y crois guère. La presque totalité des expériences tentées dans cette
1271 étés me paraissent assez évidentes. La généralité n’ est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que d
1272 énéralité n’est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux
1273 s propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires super-savants.
1274 sation du savoir, loin de représenter un progrès, n’ est littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un
1275 s partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est gagner le monde par petit
1276 le monde par petits bouts au prix de son âme. Il n’ en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut all
1277 pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’en croissant, sous la double pression que j’ai dite : t
1278 d d’étudiants et de futurs enseignants. Puisqu’on ne peut chercher de solution en arrière, il faut donc la chercher en ava
1279 fronter désormais à des options métaphysiques. Je ne l’imagine pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ont écrit.
1280 des synthèses nécessaires. c) Mais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comm
1281 ais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles n’ apparaîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une co
1282 beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’ est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — c
1283 t même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser ou
1284 e de l’explosion des effectifs universitaires, je n’ aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste 
1285 sprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’ est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations person
1286 r d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’ est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociolog
1287 nent loin derrière, ou même en queue de liste. Je n’ en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y
1288 s apparaîtront peut-être comme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des
1289 mme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues da
1290 t de l’entropie au niveau de l’enseignement, mais ne répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés
1291 irement suivie d’une discussion réglée ; ici l’on n’ impose pas une image du monde : on la cherche en commun, librement. Au
1292 utuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Et quant au contenu : seuls
1293 ricaines, amérindiennesda, indonésiennes, etc. Il n’ existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’études europée
1294 ’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’ a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sente
1295 histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations ent
1296 ’hui, plus que jamais, faire des hommes. 59. Je n’ ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment,
74 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
1297 moyens d’une aide conçue de telle manière qu’elle n’ augmente pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se retourne pa
1298 mente pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Européens se p
1299 ouveau et aux cultures différentes une Europe qui ne soit ni impérialiste ni démissionnaire, ni agressive ni masochiste, e
1300 e ni masochiste, et pour laquelle l’universalisme ne signifie plus l’ambition naïve d’imposer à la Terre entière une certa
1301 e en soi — ou c’est la guerre. Or d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, p
1302 tre part nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanit
1303 à toutes les confusions imaginables. Pourtant, on ne peut plus l’esquiver. Il domine toute espèce de réflexion sur la cult
1304 ien plus profondément que les grandes découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé que le concours d’un
1305 chargées de proposer des solutions pratiques. Je ne parlerai ici que des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage
1306 es cultures orientales, dont on se demande si ils ne les tiennent pas, au fond et systématiquement, pour supérieures à la
1307 , de colons pas nécessairement très cultivés, qui n’ avaient pas compris grand-chose aux propos des sages subtils de la Chi
1308 s, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il ne s’agit pas un instant, quoi qu’en aient pensé certains d’entre vous,
1309 se de l’aide au développement par les Occidentaux ne reposent-ils pas sur la notion inconsciente, indiscutée mais très dis
1310 res psychiques et religieux qui les distinguent ? N’ y a-t-il pas là une tendance déshumanisante, anticulturelle, barbarisa
1311 relle, barbarisante ? L’exactitude de ces calculs ne suppose-t-elle pas que tous les peuples auraient accepté les options
1312 jours savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’on nomme leurs besoins
1313 même coup radicalement faussées. Cette hypothèse n’ est pas gratuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avan
1314 l’économie était en plein développement — et nous n’ étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme, bi
1315 sque se répandit le brahmanisme, bientôt suivi on ne sait trop pourquoi ni comment par la vogue dans les castes supérieure
1316 des mennonites, qui interdit l’usage de l’auto et n’ admet que le chariot à deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exe
1317 de développement économique d’une culture donnée ne saurait être évalué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaie
1318 options fondamentales devant la vie et la nature ne jouaient qu’un rôle négligeable. En vérité, si l’on entend « développ
1319 ticulation de son âme et de son corps. Cela, nous n’ avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommon
1320 ttraper », de dire aux Indiens par exemple qu’ils ne peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, manger leur
1321 réel et présent de l’explosion démographique. Ce n’ est pas l’extinction du genre humain mais sa prolifération incontrôlée
1322 r rapidement la famine qu’elle voulait prévenir à n’ importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous par
1323 uel prix, fût-ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous parlerai pas ce matin des trois commissions finales qui auront à
1324 ve introduction à l’ensemble des rapports de base ne visait en somme qu’à rappeler l’ampleur des objectifs de ce congrès,
75 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
1325 ducation civique, voilà qui va de soi et personne ne demandera quel est le lien entre ces matières et la préparation civiq
1326 talitaires. Même à supposer que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le
1327 ser que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et ci
1328 est certain que le lien entre culture et civisme n’ est pas évident pour tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît
1329 ur paraît à première vue un peu surprenant, si ce n’ est inquiétant… J’estime donc opportun de poser le problème en toute f
1330 ple, y participent vraiment dans la mesure où ils ne se contentent pas d’écouter mais où ils prennent la parole ! Particip
1331 r mais où ils prennent la parole ! Participer, ce n’ est pas seulement prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’
1332 prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’ est pas seulement recevoir, c’est aussi donner. L’enfant, l’élève, le
1333 tout cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce n’ est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas
1334 ncore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se contenter d’inculquer un savoir, de donner des réflexes,
1335 me européen, le citoyen d’une de nos démocraties, ne saurait être un vrai démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’
1336 émocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’il ne comprenait pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne p
1337 t un bon Européen, s’il ne comprenait pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y avoir de liberté eff
1338 et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsabilit
1339 ’il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’ y a pas de responsabilité concrète ; et que, inversement, la condition
1340 de décision personnelle. Juridiquement, un homme ne peut être tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il étai
1341 signé tel document, commis telle action, et qu’il n’ a pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de folie
1342 oqués devant les tribunaux. Inversement, un homme ne saurait se sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’était po
1343 ux. Inversement, un homme ne saurait se sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’était pour faire quelque chose o
1344 e sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’ était pour faire quelque chose ou pour refuser de faire quelque chose,
1345 r l’honneur ou pour le châtiment. L’irresponsable n’ est pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’est pas responsable
1346 ’est pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’ est pas responsable. Cette liaison fondamentale et indissoluble de la
1347 ctivisme tyrannique. Dans le premier cas, l’homme n’ est pas responsable, dans le second, il n’est pas libre. Ni dans le pr
1348 l’homme n’est pas responsable, dans le second, il n’ est pas libre. Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne
1349 dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne saurait être considéré comme un citoyen véritable. De ces définitions
1350 ans les civilisations sacrées et les totalitaires n’ est en somme qu’un immense catéchisme, un apprentissage des règles et
1351 lle. Ces deux exigences de l’éducation européenne ne sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémen
1352 nce. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialectique de la responsabilité et de la contes
1353 pouvoir. Éduquer un enfant, au sens européen, ce n’ est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pa
1354 ement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’ est pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléch
1355 s réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’ est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (relig
1356 écouter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des tech
1357 l imite mal, son maître le corrigera. Mais à cela ne se borne pas son éducation artistique : l’imitation correcte des modè
1358 que : l’imitation correcte des modèles orthodoxes n’ est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemp
1359 re officiel sous Staline. L’imitation, en Europe, n’ est qu’un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la perso
1360 nc, le créateur européen est celui pour qui l’art n’ est plus seulement l’illustration des vérités orthodoxes, et des symbo
1361 la sanction suprême de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux caté
1362 spire de statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’ avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’a
1363 rouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’ avait ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé européen et même
1364 istinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’ est pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeu
1365 le dans laquelle il s’est formé. Roland de Lassus n’ appartient ni à la Belgique, ni à la France, ni à l’Italie actuelles,
1366 e, ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald n’ est pas devenu un peintre français du fait de l’annexion de Colmar à l
1367 ’architecture, de philosophie ou de science, pour ne rien dire de la religion qui les inspira toutes au départ, il n’est p
1368 la religion qui les inspira toutes au départ, il n’ est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mill
1369 t pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des Européens ; et
1370 es, tissant l’œuvre commune des Européens ; et il n’ en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou
1371 ontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’ y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande » ou
1372 ans relâche et en toute occasion à vos élèves, ce n’ est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de fals
1373 st l’équivalent de l’histoire événementielle, qui ne tenait compte que des batailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on
1374 de la masse de ceux qui auraient bien voulu mais n’ ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se contentent d’acheter
1375 s professionnels, ou d’en parler. Or une culture n’ est pas vivante et n’est pas saine, si elle reste l’activité des seuls
1376 d’en parler. Or une culture n’est pas vivante et n’ est pas saine, si elle reste l’activité des seuls artistes, savants ou
1377 ans chaque membre de la communauté. Tout le monde n’ a pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la lit
1378 e, ou de spécialité auxiliaire et « optionnelle » n’ intéressant que les sujets vraiment doués, devrait occuper une place i
76 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
1379 i 1967)dd 1. Mise en garde préalable Nous ne pensons pas que l’enseignement des langues et des littératures étrang
1380 it une directive pédagogique d’un de nos pays. Il ne s’agit pas d’utiliser l’enseignement au profit d’une bonne cause, fut
1381 s’ils le méritent, et non des peuples. Un peuple n’ écrit rien, ne produit pas de littérature. Il arrive au contraire qu’u
1382 tent, et non des peuples. Un peuple n’écrit rien, ne produit pas de littérature. Il arrive au contraire qu’une nation, au
1383 propagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’ est pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est
1384 ode des plus sombres de l’histoire, en France. Il ne s’agit pas non plus de « dégager les apports des différents pays », c
1385 958 par notre Centre européen de la culture. Cela ne correspondrait ni à la réalité historique (aucun pays, comme tel, ne
1386 i à la réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’est jamais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne s
1387 éoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne sait quel pool idéal), ni à la réalité de la création littéraire, qui
1388 cisif, l’Espagnol Unamuno ! Dans tous ces cas, ce n’ est pas le passeport qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’e
1389 oit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix faire de l’enseignement un moyen de propagande pour
1390 histoire, de la géographie, ou de la littérature, ne trouve d’adéquation à son objet que dans le cadre européen. 2. Thè
1391 rée et diversifiée. La « littérature européenne » ne résulte pas de l’addition de littératures nationales qu’il s’agirait
1392 ure européenne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’ avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à c
1393 avant cela, rappelons un grand fait de base qu’on ne voit plus parce que trop évident : l’Europe seule a conçu, et possède
1394 océdés, genres et structures de l’œuvre, que nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste la s
1395 e un rôle faible ou nul avant le xixe siècle, et n’ existe plus au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture, n’est pas
1396 s au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture, n’ est pas « française », et le style dodécaphonique ou sériel n’est pas
1397 française », et le style dodécaphonique ou sériel n’ est pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou l
1398 n’est pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Mais la diversité des
1399 par leurs emprunts mutuels dans l’ère moderne. Ce n’ est pas le cas pour l’Inde, encore moins pour la Chine, dont souvent l
1400 n parle urdu, l’autre canada, un troisième tamil, ne peuvent s’entendre qu’en anglais et Nehru leur parlait en anglais. Le
1401 à l’unité qu’institue une organisation politique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune
1402 rganisation politique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au co
1403 e lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer n’ est pas mélanger Aux nationalistes maussades ou agressifs, conserva
1404 unie de demain soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle plus que l’esperanto ou le « volapuk » des utopistes détestés,
1405 re simplement ceci : — les fédéralistes européens ne demandent pas d’autre union que celle que permet l’unité existante de
1406  génie ». Les fédéralistes européens s’engagent à ne jamais faire aux nations du continent ce que les unitaires et central
1407 n : les effacer de force, en fait et en droit. Il n’ y aura jamais d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée.
77 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
1408 urope ! » Il y a vingt-deux ans de cela. L’Europe n’ est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pour
1409 plus illustre homme d’État de ce temps ? Un appel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous en
1410 ablement importante de notre temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité
1411 e véritablement importante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c
1412 oit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’ est pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’Éta
1413 s » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’avait di
1414 ncore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir,
1415 tion, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’on d
1416 des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne
1417 réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne consiste pas non plus à nier ces maux, mais bien à faire en sorte qu’
1418 libéral, soit par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s
1419 techniques et démographiques de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de la n
1420 ominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée
1421 pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’ est pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grande f
1422 rtelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’ est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’abouti
1423 Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence avec l
1424 faudrait montrer que les premiers États nationaux n’ apparaissent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment a
1425 de moyenne grandeur centré sur l’Île-de-France «  ne se reconnaît plus de supérieur au monde », traite donc l’empire de ha
1426 peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’ est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante —
1427 n y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, c’est-à-dire inta
1428 qui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’ être qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à
1429 eligion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’ est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le cult
1430 at peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centralisé
1431 oirs des grands empires traditionnels, bien qu’il n’ en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’uni
1432 e tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’ est enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe si
1433 omique pour répondre au « défi américain » — cela n’ a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-mon
1434 ns européens, depuis le congrès de La Haye, 1948, n’ ont pas fait un seul pas effectif en direction de leur fédération poli
1435 , non de coopération. Leur mode de contact normal n’ est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a ce
1436 va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’ y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du problèm
1437 de mon côté : L’union, pour deux États-nations, n’ est jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (com
1438 e par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce n’ est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se s
1439 Invention de la région au xxe siècle Il n’ est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion e
1440 ant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les
1441 s ; et enfin l’unité géographique. Cette dernière n’ est d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée sur
1442 jà beaucoup plus large et solidement fondé que je n’ osais l’espérer. Montée des régions Au cours de ces dernières an
1443 nçais. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera féd
1444 re de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français
1445 nation doit réparation du tort ainsi causé79. On n’ est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un
1446 jeunes et des cadres… » Le dépérissement régional n’ est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la co
1447 est intéressant, me disent certains augures, mais n’ allez pas y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si
1448 pas y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et
1449 nt très bien en main, et vos excités de la région ne l’impressionnent pas. À quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle
1450 je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est de
1451 ’État est devenue largement illusoire, quand elle n’ est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire n
1452 le n’est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consentir
1453 ion de pouvoirs à des organes fédéraux. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la première guerre de
1454 au surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’ est qu’un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne su
1455 plus de temps que les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers con
1456 les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers congrès fédéralistes,
1457 de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’ osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus se
1458 avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtr
1459 a nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’ en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience d
1460 t institutionnelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exig
1461 s jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme d
1462 tendent aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’ en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en ta
1463 un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.
1464 ablement, les remplacera84. » Mais tout le monde n’ a pas lu Renan… Et cette succession qu’il annonce, ce « remplacement »
1465 ement » des États-nations par la fédération, cela ne se fera point par le jeu spontané du fameux « mouvement de l’histoire
1466 és par elles-mêmes, et aussi, par sa sobriété, de ne pas réveiller les illusions de l’absolutisme, les délires de la souve
1467 tionales se sont définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’aba
1468 rel qui a résulté partout de la colonisation. Qui ne voit en revanche que la région articulée dans une fédération continen
1469 chef d’État. Contre ces passions-là, nul argument ne vaut et je perdrais mon temps à en écrire ici. Mais des objections ap
1470 des cent régions, qui est encore hypothétique. Je ne voudrais indiquer dans cette première esquisse que le principe des ré
1471 ulle au cours des vingt-deux dernières années, il n’ est pas difficile de faire mieux. La construction fédérale à partir de
1472 ion fédérale à partir des régions a l’avantage de ne pas heurter de front et d’entrée de jeu les souverainetés nationales,
1473 nant (sans attendre ni exiger des permissions qui ne viendront jamais) des centaines de réseaux européens, un tissu toujou
1474 s ordres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’ y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe
1475 s ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’ est devenu possible qu’à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’obje
1476 impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart des objections portant
1477 penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle est une contradiction dans
1478 it de l’indépendance des Indes. Celle de l’Écosse ne saurait surprendre davantage. 70. Petit « Domaine royal » des Capéti
78 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
1479 La région n’ est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)df 1. Les objections
1480 objection. Dans la plupart des cas, la résistance ne provient pas d’un refus motivé des positions régionalistes, mais d’un
1481 sant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de chercher
1482 moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’ est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objec
1483 plus sûr. Objections tactiques « Comme s’il n’ était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’aj
1484 ompliquant le problème avec votre utopie ! » « On ne peut passer des nations souveraines aux régions fédérées sans transit
1485 té industrielle. » Principes d’une réponse : — a) N’ est-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la
1486 ase des États-nations ? Sinon, pour quelle raison ne l’a-t-on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait r
1487 ion d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’ y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou
1488 « les régions sont encore à naître ». « Les gens n’ en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils préfèrent mendier des su
1489 Ces réflexes passionnels, étourderies et boutades ne sont guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées
1490 d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’ a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’e
1491 Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’est pas une entité économique viable.
1492 d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’ est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? »
1493 reton à Rennes ? » « Les ethnies et les économies ne coïncident presque jamais. » Chose étrange, c’est ce dernier groupe d
1494 e l’on va tenter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction Presque tou
1495 es régimes, mais toujours contribuables. L’Église n’ a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de s
1496 ie Gutenberg » si génialement décrite par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. Dans ce monde-là, l’expre
1497 et dans son système de représentation, la région ne saurait apparaître que sous la forme d’un mini-État centralisé, et d’
1498 ation du citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont
1499 vie communale — seule école efficace du civisme — ne serait pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays
1500 ative que d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de struc
1501 lations humaines et de structure du pouvoir. Elle ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours entendu ce
1502 n, au sens où j’ai toujours entendu ce terme, qui ne signifie pas « tout casser », mais au contraire : poser un nouvel ord
1503 au nombre desquels je me suis toujours rangé. Il n’ en reste pas moins probable qu’elle va constituer le premier stade, no
1504 ato-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’ est indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échapper
1505 intellectuelles, spirituelles ou affectives, qui n’ ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tout.
1506 gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’a démontré qu’entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictat
1507 on contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’ est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, ave
1508 ifférents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Proudhon entend réduire les attri
1509 ation des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’ est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le
1510 e marasme gagne la nation devenue hydrocéphale. Ne rien laisser dans l’indivision : grande maxime, qui conteste un monde
1511 es totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentrer (
1512 Les unités de base politiques et leurs structures ne sont pas, en principe, superposables aux unités de base économiques (
1513 pécifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition per
1514 n France, et le Land badois en RFA. Rien au monde ne saurait empêcher les citoyens, habitant cette région économique, de c
1515 ou un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui n’ est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible,
1516 ous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’ est pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le
1517 s sont les paysages de son cœur. Et aucun de nous n’ exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs
1518 ationalité et ses institutions étatiques. Mais ce n’ est pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient
1519 fours ». 95. Il est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront
1520 tre menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’ auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se ser
1521 renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits 
1522 qu’ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’ y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale, la
1523 ationaux ». df. Rougemont Denis de, « La région n’ est pas un mini-État-nation », Bulletin du Centre européen de la cultu
79 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
1524 outrance de la campagne électorale, bien qu’elle ne concernât que des enjeux municipaux ou provinciaux… ». Voilà pris en
1525 cule mais de très loin la plus courante du terme, ne signifie rien de plus que la rivalité des sectes ou factions dénommée
1526 s ou factions dénommées « partis politiques », et n’ a strictement rien à voir avec la définition correcte — dérivée de pol
1527 fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne manquera pas de s’en emparer un jour — après quoi, logiquement, l’Éta
1528 tler, Brejnev, Mao — égale Police plus Idéologie. N’ importe quelle idéologie, d’ailleurs, jacobine ou fasciste, marxiste o
1529 te, socialiste ou franquiste : le contenu allégué ne change rien aux formes institutionnelles, seules contraignantes. L’Ét
1530 soviets locaux ou régionaux.   2. Les idéologies ne comptent pas, au regard des structures de l’État. L’espagnole et la r
1531 it dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On ne trouvera de nuances un peu marquées que dans l’esprit des communistes
1532 « fascistes assassins », mais murmurent « qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées » l
1533 nt « qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contre d
1534 s condamnations de Leningrad contre des Juifs qui n’ ont d’autre tort que de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi d
1535 leurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti ne change rien à leur action concrète. Je ne renvoie pas dos à dos ces f
1536 e parti ne change rien à leur action concrète. Je ne renvoie pas dos à dos ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas
1537 as dos à dos ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelque
1538 se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela ne compte pas. Les structures qui gouvernent ces deux nations relèvent d
1539 e entité politique. Au reste, l’État totalitaire n’ est que le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant
1540 ste moins efficace que Déroulède, cette injustice n’ est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni
1541 3. Ni l’Internationale ouvrière ni la catholicité ne tiennent plus devant la vraie religion de notre temps. Quand le pape
1542 ait encore un bras séculier et qui s’en serve. On ne brûle plus les hérétiques du christianisme mais on fusille ou pend ce
1543 faire l’État-nation. Défaire l’État-nation (et je ne dis pas détruire l’État, j’y reviendrai), c’est la seule hérésie créa
1544 tion civique, par suite, aucune révolution réelle ne sont imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en d
1545 s et les émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie ne sera qu’une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour
1546 ura suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle n’ est pas saine.   5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à la
1547 au congrès fédéraliste de Montreux en 1947 : Il n’ y a, dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, de
1548 politiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne sont pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans
1549 sque indiscernables dans leurs manifestations. Ce ne sont pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire nat
1550 ndant à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendr
1551 i prétendent également défendre la liberté. Et ce ne sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossibl
1552  » est une expression de journalistes. L’humanité ne se reproduit pas tous les vingt-cinq ans et par tranches. À tout inst
1553 venir de l’humanité, mais les énervés de Nanterre ne veulent pas en entendre parler : ils discutent avec une rage froide d
1554 ir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’à ne pas exister comme système. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on admet
1555 ersité jusqu’à ne pas exister comme système. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on admet que la droite se définit par le sou
1556 lus polluantes les unes que les autres. La droite ne « conserve » rien que le pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Natur
1557 change, si l’on veut que la vie continue, mais ce ne sera qu’au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feron
1558 er le contact avec les masses », dites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu, que vous n’avez jamais vu. Avez-vous vu les masse
1559 dites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu, que vous n’ avez jamais vu. Avez-vous vu les masses, auxquelles vous croyez ? Moi,
1560 e foule. Mais les partis qui invoquent les masses ne rassemblent jamais que des minorités, comme on le voit dans les élect
1561 RSS d’abord. Vous me dites que le problème là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’étant appropri
1562 eut voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut voir les différences qui subsist
1563 e, la condition d’un ouvrier d’usine nationalisée ne diffère pas de celle d’un ouvrier d’usine privée, mais diffère largem
1564 rgeois ? ou la dictature du prolétariat ? Ou bien ne faites-vous que répéter un mot d’ordre du siècle passé ? Entretenir l
1565 dictature, indépendante de toute idéologie et qui ne peut être, par définition, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, j
1566 tion, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, je ne vais pas esquiver la réponse. Je suis contre la lutte des classes, pa
1567 la dictature fasciste, ni l’étatisme soviétique, n’ envisagent la suppression de cette forme moderne de l’esclavage.101
1568 égation (Aufhebung) de la condition prolétarienne ne sera pas obtenue par l’étatisation des instruments de production — la
1569 tisation des instruments de production — laquelle ne change rien, on vient de le voir, à l’existence concrète des ouvriers
1570 t-ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas, voyez Mao : sa Révolution « culturelle », vous ne lui
1571 s, voyez Mao : sa Révolution « culturelle », vous ne lui avez donc jamais demandé ce que ça veut dire ? C’est le renversem
1572 du marxisme. Relisez Marx : de 1844 à la fin, il n’ a pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti que la révolut
1573 ne erreur de Marx, même si c’est décrété par Mao, n’ est pas nécessairement une vérité empiriquement vérifiable. La culture
1574 e valeurs, donc de références ou de jugements, on ne peut agir sur elle que par la création et la diffusion efficace d’œuv
1575 éducation : procédés à moyen ou à long terme, qui ne s’accordent pas avec l’idée de révolution violente. Dans un sens beau
1576   l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la
1577 , capitalistes, socialistes et fascistes. Mais ce n’ est pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargi
1578 nomie, qui est le domaine propre des Communautés, ne fait pas partie de la politique ? Que celle-ci serait donc « autre ch
1579 litique au sens des relations entre États-nations n’ est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore
1580 ons entre États-nations n’est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore de type dynastique, en ta
1581 eloppement des personnes. C’est que l’État-nation ne s’est pas constitué en vue de certaines tâches sociales définies, mai
1582 ourd’hui. L’agent souverain de cette politique-là n’ est jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’il fallait servi
1583 l’on voit que le « politique d’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’y a pas de politique à priori, ni de stratég
1584 ue d’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’ y a pas de politique à priori, ni de stratégie dans le vide ; il y fau
1585 s’il faut le redire autrement : L’acte politique ne consiste nullement à décider en son âme et conscience et au plus près
1586 z vite que réduire tel ou tel paramètre isolément ne peut au mieux que différer, au pire que rapprocher l’échéance fatale.
1587 t du pillage des ressources terrestres. Voilà qui ne peut se décider dans la rue, dans ce « discours » dont les barricades
1588 ra capable de prendre de telles décisions. Or, il n’ y aura de gouvernement européen que sur la base des régions, et nous v
1589 on que j’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en r
1590 les, le pouvoir régional si l’on préfère, non, ce n’ est pas un truc électoral, un système plus ou moins astucieux, mais un
1591 es, à ce problème fondamental que les démocraties ne voyaient même pas : le problème de la communauté. La révolte des étud
1592 vine ou je te dévore ! dit le Sphinx à Œdipe, qui n’ a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est EU
1593 Éditions de la Baconnière, 1948, p. 80-81. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’Est comme à l’Ouest, les différ
1594 urgeoisie mentale inclut l’ex-classe ouvrière qui n’ a pas développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeois
1595 ut l’ex-classe ouvrière qui n’a pas développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeoisie petite, moyenne ou
1596 voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat ne le rend pas maître absolu de la société, car il ne peut triompher qu’
1597 e le rend pas maître absolu de la société, car il ne peut triompher qu’en s’abolissant lui-même en même temps que son anti
1598 puscules qui ont usurpé ce titre, L’Ordre nouveau ne confondait pas l’ordre avec la mise au pas, ni le nouveau avec le rét
80 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
1599 ces, d’urbanisation et de taux de croissance, qui ne saurait coïncider que par accident et temporairement avec un territoi
1600 langue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’ est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’
1601 l aurait même été habilement saboté. L’expression n’ est pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou
1602 rizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mais nous ne trouvons pas de données sur la diffusion de cette même presse en Suis
1603 up moins écoutée. La TV ayant une portée moindre, ne peut être reçue dans de nombreuses régions que s’il y a des relais. O
1604 s’il y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère enco
1605 aguère encore à majorité francophone se plaint de n’ avoir pas de retransmission de la TV suisse romande mais seulement de
1606 s émissions locales de l’ORTF en langue allemande ne soient pas limitées à des quarts d’heure symboliques. Les observateur
1607 conséquent de capter la TV allemande. En 1959, il n’ y avait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 !
1608 x, de Haute-Savoie et de Savoie ; mais nul relais ne transmet aux Français la TV suisse de langue française. 4. Le théâtr
1609 de langue française. 4. Le théâtre et la musique ne souffrent pas des mêmes entraves nationalistes. Il n’y a pas là de pr
1610 ouffrent pas des mêmes entraves nationalistes. Il n’ y a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne c
1611 oblèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne connaît pas de frontières : d’une manière générale, le rayonnement de
1612 t des opéras et des orchestres demeure municipal, n’ atteint pas les dimensions régionales. 5. Les livres, en principe, pas
1613 nnement (Rhin, Léman, etc.). « La carte des États ne coïncide pas avec la carte des peuples ; et les écarts définissent le
1614 é » à des réalités hétérogènes par nature, et qui ne sont superposables ni dans l’espace ni dans le temps : le sous-sol et
1615 ngereuses » mentionnées dans son introduction. Il n’ y a pas de « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est polyva
1616 inable, dès lors qu’elle est polyvalente. Et cela n’ irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y a pas de bonne frontièr
1617 cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’ y a pas de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout sim
1618 celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’ y a pas de cultures nationales Mais il faut bien admettre aussi que
1619 réalités ethniques et des dynamismes économiques, n’ est que la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle
1620 aux dans cet enseignement. La culture, en Europe, n’ est pas la juxtaposition de vingt-cinq « cultures nationales », puisqu
1621 s enfermer dans les frontières d’un même État. Il n’ est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion
1622 iste — de la Volga. Les « frontières naturelles » ne sont pas moins chères à l’école — ni plus vraies pour autant. Cette n
1623 nord de Trieste… Non, les frontières de nos États n’ ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires
1624 ippies d’un pays s’accorderont mieux avec ceux de n’ importe quel autre qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne so
1625 tre qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment,
1626 de vie. Supprimez les frontières nationales, vous n’ appauvrirez en rien les diversités de l’Europe : au contraire, vous le
1627 bilisant à Paris tous les esprits de mérite qu’il n’ a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre cultur
1628 rs locaux, unité et diversité, l’échelon national ne joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant. Les régions culture
1629 inexistant. Les régions culturelles ou ethniques ne coïncident pas avec les régions administratives, qui sont inadéquates
1630 ionale de faire coïncider ces entités hétérogènes ne peut engendrer que crises inutiles et conflits aberrants. V. Néces
1631 s en place par les puissances colonisantes : rien ne pourra mieux servir les desseins des deux grands (qui ne seront grand
1632 ra mieux servir les desseins des deux grands (qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symboliq
1633 ertait Paris, qui appelait Chamonix, et déjà l’on ne savait plus de quoi il s’agissait. Le tunnel permet un accès rapide e
1634 l’échelon national, c’est-à-dire entre capitales, ne peut qu’étouffer les problèmes ou les rendre explosifs. (De même que
1635 au jour où il provoque des séparatismes.) 4. Ceci ne signifie pas l’abolition anarchiste ou le « dépérissement » marxiste
1636 me européen et que la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen. Enseig
1637 on de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’ y avait l’horizon européen. Enseigner les réalités de la région et l’
1638 onaux, concernent des objets économiques que rien ne les a préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l’économi
1639 entales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il ne s’agit pas de savoir si « l’Alsace va basculer dans l’orbite économiq
1640 ingues, écoles techniques et professionnelles. Je ne fais qu’indiquer des directions de recherches à poursuivre en toute p
1641 en va de même pour l’écologie : que la pollution ne connaisse pas de frontières politiques, voilà un fait que tout élève
1642 problèmes continentaux. Une commune, une région, n’ ont pas les moyens de recherches requis, dans aucun de ces domaines :
1643 qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En retour, l’exécution des mesures jugées
1644 gales, des définitions territoriales différentes, ne rendraient pas leur administration aussi difficile que certains l’ima
1645 il est absolument certain que l’Italie comme État n’ a que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège 66, la Tchécoslovaquie,
81 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
1646 té réelle dans nos pays — même si les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si…
1647 litiques — les premiers reprochant aux seconds de ne pas tenir compte des « possibilités », c’est-à-dire des situations ac
1648 assiques ; les seconds reprochant aux premiers de ne pas tenir compte des « nécessités », c’est-à-dire des besoins vitaux
1649 ntraire, la souveraineté absolue de l’État-nation n’ est qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’a
1650 ue de l’État-nation n’est qu’un mythe, quand elle n’ est pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe si
1651 endre en main leurs destinées, car sinon personne n’ y songera. Les premiers estiment que « l’audace » est quelque chose qu
1652 e louer, à condition que l’on prenne bien soin de ne pratiquer que la prudence. Les seconds estiment avec moi que « la pru
1653 Le Rapport de base est un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’une idée forcément abstraite, mais suffisante, n
1654 revêtir leur vraie valeur. ⁂ Les cinq rapporteurs ne se connaissaient pas lorsqu’ils rédigèrent leurs textes. Le Rapport d
1655 u’ils rédigèrent leurs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine
1656 territoriale. « Le tracé des régions frontalières ne doit jouer qu’un rôle secondaire » précise très opportunément un des
1657 unément un des sous-titres du Rapport de base. Il n’ est nullement question de « découper » des régions en Europe comme les
1658 Un découpage régional pensé depuis les capitales n’ a pas de chances d’être utile… À la stricte définition territoriale de
1659 ut cela dans le Rapport J. André. Quant à moi, je n’ ai cessé depuis des décennies de préconiser des régions fonctionnelles
1660 e de la région. Comment définir une région, si ce n’ est plus une affaire de pourtour extérieur, un nouveau tracé de fronti
1661 lques régions (notamment la Regio). Certes, elles n’ ont pas encore obtenu les compétences juridiques ni les moyens financi
1662 e assurées de l’octroi des moyens nécessaires, il n’ y aurait jamais de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous n
1663 lichés habituels après de telles rencontres. Nous ne parlerons ni d’étape décisive, ni de tournant de l’histoire, ni même
82 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
1664 information sur les réalités du xxe siècle, qui ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien comp
1665 i ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’ ont pas très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a
1666 , ou qui n’ont pas très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont
1667 it qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas i
1668 , c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’ est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien
1669 s d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien préciser mon point de d
1670 is deux siècles, éliminée. Mais ce premier succès ne suffisait pas : il était négatif, en quelque sorte.   2e motif. — Il
1671 èmes économiques et commerciaux, on a vu que cela ne suffisait pas. Restaurer l’industrie, augmenter la productivité, anim
1672 la Suisse avait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’ a doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle a
1673 , mais il faudra manger debout ! » Seulement, il n’ est pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’acc
1674 alisés, le tiers-monde — il faut oser le dire ! —  n’ a aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vi
1675 t impossible. En effet, les ressources naturelles ne sont pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ont cru naïveme
1676 ent — la pollution, ou la natalité, par exemple — ne peut au mieux que différer de vingt à trente ans, et au pire risque d
1677 t du pillage des ressources naturelles. Voilà qui ne peut se décider dans la rue, dans ce « discours révolutionnaire » don
1678 ons et les imposer ? Un gouvernement mondial ? Il n’ existe pas et n’existera pas en temps utile. Mais observons que presqu
1679 er ? Un gouvernement mondial ? Il n’existe pas et n’ existera pas en temps utile. Mais observons que presque tout le mal vi
1680 ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce sera fait. L’URSS, le
1681 r la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien, n’ est-ce pas, un motif formidable, écrasant même, d’unir enfin en une pu
1682 Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’ en est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son f
1683 s cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’ est plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quo
1684 iveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surtout qu’elle demeure san
1685 me nation sans structures où il se voient perdus, n’ est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader
1686 s où il se voient perdus, n’est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader dans la drogue, dans la
1687 l le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge s
1688 l se trompe d’une manière pathétique, parce qu’on ne peut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’a pas de princip
1689 pathétique, parce qu’on ne peut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’a pas de principe de cohésion interne. Pa
1690 eut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’ a pas de principe de cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans
1691 e ou du navet communautaire… Et pourtant, rien ne bouge : pourquoi ? Mais s’il en est ainsi des motifs de l’union, s
1692 ts d’évidence, si tout pousse à l’union, pourquoi n’ est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas
1693 on, pourquoi n’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent :
1694 elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’ intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent : tous les derniers s
1695 meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’il n’ en naît. ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir
1696 d’anti-Européens qu’il n’en naît. ») Si l’Europe n’ est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave
1697 sant barrage dans nos esprits, si énorme que nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes m’ont c
1698 du nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’ est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souver
1699 rains — et qu’ensuite on irait plus loin. Or nous n’ avons pas progressé d’un pas dans le sens d’une vraie fédération. Et p
1700 d’une vraie fédération. Et pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas fonder l’union sur les obstacles par excellence à toute unio
1701 e. Car ou bien vous faites une amicale, mais vous n’ êtes plus des misanthropes. Ou bien vous restez misanthropes, et alors
1702 se moquent de nous : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’en ont ni l’intentio
1703 ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’ en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale absol
1704 is qu’il s’agit de refuser quelque mesure d’union n’ est plus qu’un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncem
1705 -à-dire à rendre manifeste le fait que leurs pays n’ étaient plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence que n
1706 eurs pays n’étaient plus « souverains ». Ce mythe n’ a plus d’autre existence que négative. En son nom l’on peut refuser, m
1707 e négative. En son nom l’on peut refuser, mais on ne peut rien bâtir, rien payer, rien unir et rien créer. On ne peut rien
1708 en bâtir, rien payer, rien unir et rien créer. On ne peut rien animer, si l’on peut tout bloquer… Si donc on veut unir l’E
1709 en plus énormes et pareilles les unes aux autres ne tendent pas à recréer dans leur propre sein des différences situées s
1710 es sujets, par l’entremise des manuels scolaires, n’ est en fait qu’une forme politique récente, et cette forme se révèle d
1711 jouer un rôle réel à l’échelle planétaire. Aucun ne peut plus assurer seul sa défense militaire et sa prospérité, son équ
1712 uanier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’ est plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettr
1713 irable encore que le chauvinisme national si elle ne répondait en réalité à une prise de conscience européenne et d’horizo
1714 al et dépasser ce modèle périmé. Mais le problème n’ est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en t
1715 pagne) fournit 50 % des impôts de tout le pays et ne reçoit en retour que 12 % de subventions de l’État central. Alors, ce
1716 nées du hasard des guerres et des traités, et qui ne correspondent plus à nulle réalité ni ethnique ni économique. Sur tou
1717 rrants », comme l’écrit J.-F. Gravier115. Rien n’ empêche… Voici maintenant mon utopie — tout ce qui m’intéresse chez
1718 construction européenne. 1° Faire une région, ce n’ est pas faire un mini-État-nation, ce n’est pas tout fourrer dans les
1719 égion, ce n’est pas faire un mini-État-nation, ce n’ est pas tout fourrer dans les mêmes frontières préalablement « délimit
1720 nucléaires : autant de problèmes écologiques qui ne connaissent pas de frontières politiques, et qui appellent des soluti
1721 -dire quelques organismes vivants et utiles, rien n’ empêchera ces régions de nouer entre elles et leurs voisines de l’inté
1722 ord privées, s’étendant à tout le continent. Rien n’ empêchera ces associations de nommer des délégués qui se rencontreront
1723 on préfère, d’une concertation continentale. Rien n’ empêchera que les mêmes assemblées nomment, dans leur sein ou au-dehor
1724 et de coordonner les échanges régionaux. Et rien n’ empêchera ces personnes de constituer dans leur domaine propre des age
1725 miques des pays membres et de leurs régions. Rien n’ empêchera, enfin, que ces assemblées ne fonctionnent en fait comme des
1726 ions. Rien n’empêchera, enfin, que ces assemblées ne fonctionnent en fait comme des Chambres européennes, que ces agences
1727 t comme des Chambres européennes, que ces agences ne constituent en fait des ministères, non officiels certes, mais plus e
1728 ais plus efficaces que les officiels, et qu’elles ne créent un Conseil européen composé de leurs chefs. Et tout d’un coup
1729 ution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’ y aura pas besoin de fortes secousses pour rompre les liens stato-nati
1730 avait jadis « réunies » de gré ou de force, rien ne les en empêchera, c’est l’évidence. Pourquoi détruire ce qui garde sa
1731 e ce qui garde sa raison d’être dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même lui servir par exempl
1732 « économies nationales » censées correspondre, on ne sait par quel miracle, aux territoires délimités depuis le xixe sièc
1733 adre du continent. Jamais une frontière politique n’ a arrêté la pollution de l’air et des eaux, ni celle des esprits par l
1734 les, former des régions et leurs administrateurs, n’ est-ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons-nous le temps de
1735 ée des arbres d’une essence très spéciale. « Vous n’ y pensez pas, Monsieur le Maréchal, s’écria le jardinier, ces arbres m
1736 s à pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il n’ y a pas une minute à perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur so
1737 Je lui répondrai ceci : les révolutions violentes n’ ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’à une tyrannie accrue. La
1738 aboutit à Staline. À ceux qui me répètent : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ! » je réponds qu’il ne suff
1739 melette sans casser des œufs ! » je réponds qu’il ne suffit pas de casser des œufs pour faire une omelette. La non-violenc
1740 xerce en fin de compte sur nous, à nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’hui, de nouveaux « po
1741 ’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’aven
83 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
1742 andes béances de l’histoire (printemps 1974)dn Ne cherchez pas, vous ne trouverez le mot ni dans Larousse ni dans Littr
1743 toire (printemps 1974)dn Ne cherchez pas, vous ne trouverez le mot ni dans Larousse ni dans Littré, mais il s’explique
1744 ance doit rester absolue et son État indivisible, ne font que prolonger le xixe siècle. Mais les ouvrages des seconds dém
1745 e de l’histoire. Illustrons cela de citations qui n’ appellent que très peu de commentaires. L’État-nation est le bien su
1746 (Erreur sur la féodalité, système juridique qui n’ a rien à voir avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’est p
1747 avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’ est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel Deb
1748 re quelle résistance des peuples on a dû vaincre, ne fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire
1749 et les réduire au statut de patois !) La région ne doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soy
1750 tat… Soyons nationaux et Français ! (Mais l’État n’ existerait-il que dans la capitale ?) Enfin M. Sanguinetti, secrétaire
1751 rope des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’ a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation
1752 le chef de l’État, au lieu de saluer l’événement, ne parlaient que des dangers de la réforme, et précisaient surtout ce qu
1753 de la réforme, et précisaient surtout ce qu’elle ne devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on
1754 ance et lesdits intérêts. Personne, que je sache, n’ a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Per
1755 France, si tous ont parlé de ses droits. Personne n’ a invoqué la solidarité — pourtant factuelle, quoi qu’on en pense — de
1756 s que déclament les hommes de l’État, dont pas un ne paraît même soupçonner que son discours est démodé depuis cent ans, c
1757 une nation par un appareil étatique — formule qui ne peut mener qu’à la guerre totale et aux régimes totalitaires, comme v
1758 tous les liens particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ».
1759 icht : Comme aucun des grands problèmes mondiaux ne peut être résolu dans un cadre national, la raison exige l’édificatio
1760 l’homme et la croissance 120. que jusqu’ici l’on n’ a guère étudié « que les structures et le mode de fonctionnement des É
1761 er que, sans changements majeurs de ce modèle, on n’ aboutira pas à des solutions valables ». Et de proposer aussitôt la cr
1762 demande H. Kahn. Et de constater que « la France n’ a pas une économie nécessairement plus saine que celle de la Belgique,
1763 aine que celle de la Belgique, et aucune des deux n’ a une économie plus saine que le Luxembourg ». De même, la France n’e
1764 us saine que le Luxembourg ». De même, la France n’ est pas plus en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’est plus
1765 us en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’ est plus en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous so
1766 e actuel. Traduisons : les États-nations éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régio
1767 « Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’ a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organise
1768 s de confirmation que l’historien le plus méfiant ne saurait en exiger. À la veille du référendum, de Gaulle déclara au gé
1769 nce. » « Partir sur le refus d’une grande réforme n’ est pas mauvais. Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France q
1770 refus d’une grande réforme n’est pas mauvais. Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas av
1771 le regrette pas pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas avant longtemps de vraies régions 123, et qui va se vau
1772 dans le nombre des « grandes choses », la région n’ était pas la moindre. 117. Rien de commun avec le mouvement de tend
1773 intitule honnêtement Things to Come. L’« assaut » n’ exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamism
84 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
1774 it le plus européen de tous les Suisses, et qu’il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suisse de
1775 e de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il n’ y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centr
1776 i italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie n’ aient tenté de réunir en un État-nation à la française toutes leurs ci
1777 ntain cousin de l’historien de la Renaissance, je ne pense pas qu’il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir europ
1778 Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen qui ne peut séparer la pensée de l’action, ni la passion de la lucidité — bi
1779 ssant de la vie et son sens du service de la cité n’ ont cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pres
1780 rand physicien et le monstre sacré du cinéma, qui ne sont, après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appe
1781 i, archétypal, avant tous titres décernés, C.J.B. n’ avait pas seulement la prestance, mais la simplicité et la maîtrise de
85 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
1782 it l’affaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’ est que « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évi
1783 récemment, les implications complètes de ce fait n’ avaient pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme
1784 ouche à sa fin et la littérature du totalitarisme n’ est pas encore apparue et demeure à peine imaginable. Commentaire Je
1785 ut ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait p
1786 nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’avance
1787 ihilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’ est nullement l’effet, mais bien la cause, tant de l’effondrement chré
1788 ulement parce que le capitalisme (libéral ou non) n’ est pas lié au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’a pas
1789 au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’ a pas le même sens dans les deux cas), mais surtout parce que l’événem
1790 effondrement du christianisme, ou de sa culture —  ne se passe pas hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut e
1791 as hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement son
1792 existe en lui, quand même il serait seul. Mais ce n’ est pas « le christianisme » institué qui aime un humain, ou cesse de
1793 bureaucratique. Et que les socialismes au pouvoir ne vont mener nulle part à plus de liberté, partout à des régimes totali
1794 mais toujours militaires en fait. En revanche, il n’ a pas su montrer l’alternative personnaliste à l’individualisme en pro
1795 des Allemands au moins ont plébiscité Hitler : ce n’ est pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont c
1796 d’hui la terre entière, sans le moindre reste, et ne laissent aucun espace libre. Nous ne pouvons rien contre eux. Mais sa
1797 re reste, et ne laissent aucun espace libre. Nous ne pouvons rien contre eux. Mais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez pa
1798 rien contre eux. Mais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici d
86 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
1799 En tant qu’il est discuté en public, le problème ne date guère que des années soixante de ce siècle. La bibliographie des
1800 s (IUEE) de Genève remontent à 1963 et 1967. Cela ne suffit pas toujours pour établir aux yeux des instances officielles —
1801 yeux du grand public. Ni les uns, ni les autres, n’ ont encore bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le rec
1802 l’analyse scientifique. Eh bien non ! Les régions ne sont pas un problème scientifique d’abord, mais politique. Pas un pro
1803 hologique, éthique avant toute chose. La question n’ est pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est, mais de const
1804 ommes seuls peuvent la faire devenir. Les régions ne sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiel
1805 établissant que notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de structures tombées du Ciel des Idées,
1806 tion de l’homme. Dans ce sens, on peut dire qu’il n’ y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour
1807 re qu’il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour
1808 région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour celui qui n’accepterait qu’on se soucie d
1809 elui qui ne veut pas la faire ; ou pour celui qui n’ accepterait qu’on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord
1810 ire ici : en termes simples, non jargonnants, qui ne visent pas à épater les collègues, mais à convaincre les responsables
1811 ntre la pollution arrêtée par les frontières, qui ne laissent passer que la pollution elle-même (des airs, des eaux, des o
1812 nit le problème des régions frontalières. Mais ce n’ est pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réa
1813 pparaissent lésées ou paralysées par la frontière ne sont pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à
1814 nscience d’une entité régionale sous-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’à être libérée de cette frontière dont
1815 et dispersés d’une Commission internationale qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans po
1816 pouvoir et de chercheurs isolés, risquent bien de ne pas suffire à enrayer le mal avant le point de non-retour. Les mêmes
1817 ble d’une région écologique d’un seul tenant, qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutio
1818 ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutions et les nuisances de toute espèce. Troisième ex
1819 upart des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’ est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous
1820 crit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute marqué
1821 rd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’ en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du comm
1822 la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, entassement méga
1823 avec les résultats que chacun peut constater. Ils ne sauraient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ils sont fondés sur
1824 s et en vue de guerres à venir. Les États-nations ne peuvent éluder leur responsabilité après deux siècles de droit absolu
1825 fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Es
1826 ire, de notre guignol partisan. Or, les Européens ne s’uniront jamais sur la base des États-nations, c’est-à-dire sur la b
1827 Il faut défaire et dépasser l’État-nation si l’on ne veut pas aller irréversiblement vers une guerre atomique. Et pour cel
1828 lement vers une guerre atomique. Et pour cela, il ne faut pas de bazookas et de plastic. Il ne s’agit pas de renverser des
1829 ela, il ne faut pas de bazookas et de plastic. Il ne s’agit pas de renverser des idoles aux pieds d’argile, mais d’éduquer
1830 ous, est bien schématique. J’en conviens, mais je ne vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui est inscrit dans les fai
1831 e recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’ est pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temps.
1832 yant pour extension le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité de recréer des
1833 de nouveau libre, parce que responsable. L’homme ne peut être libre et responsable qu’à l’échelle de la commune. (Tocquev
1834 non de bonté ou de méchanceté de l’homme. Ici, ce ne sont ni l’économie, ni l’écologie, ni l’énergétique, ni l’éducation q
1835 t relié — c’est-à-dire en tant que personne.   Je n’ ai rien dit de neuf et ce n’était pas mon but. Je voulais seulement gr
1836 nt que personne.   Je n’ai rien dit de neuf et ce n’ était pas mon but. Je voulais seulement grouper des arguments — les re
87 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
1837 el observe une chose très simple : c’est que nous ne pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais sans pouv
1838 ment : — Si l’avenir est totalement imprévisible, ne prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu, que
1839 de gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne s
1840 radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mourro
1841 éroulement, son histoire et ses dates, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». (À l’inverse, les historiens ne font
1842 jour ni l’heure ». (À l’inverse, les historiens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous,
1843 toriens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n’ est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits passés, opéré
1844 able. Les dates seules y sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en pa
1845 rofit. Ils ont démontré que jamais le tiers-monde ne pourra rejoindre le niveau de vie de l’Occident d’aujourd’hui. Ils on
1846 fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils ne disent pas : voilà ce qui se passera en 2025 (comme le fait l’impuden
1847 , avec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils ne nous imposent rien. En présence de cette agression libératrice, il n’
1848 n. En présence de cette agression libératrice, il n’ y a qu’une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modèle
1849 t commencer par y croire. Car si on le récuse, on ne fera rien pour échapper à ce qu’il annonce, et il deviendra vrai dans
1850 n déguise en données scientifiques à des fins qui ne veulent pas s’avouer (décrocher un contrat, pousser les ventes) des p
1851 e subordonner ses décisions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenan
1852 tout ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’ est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en gard
1853 e nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’ est pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers
1854 ut se passe en dehors des volontés humaines. « On n’ y peut rien. » Elle voudrait substituer au sentiment de sourde culpabi
1855 la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’ est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le
1856 les « modèles » que manipulent les futurologistes ne jouent pas un rôle comparable à celui de ces figurines que le sorcier
1857 pte. Le seul problème étant de gagner la guerre à n’ importe quel prix financier ou humain, rien ne vient brouiller les cal
1858 e à n’importe quel prix financier ou humain, rien ne vient brouiller les calculs. Mais, du même coup, se vérifie cette loi
1859 a prospective scientifique et de l’état de guerre ne peut manquer de jouer le rôle d’une sorte de propagande clandestine e
1860 Le court terme est seul calculable. Le long terme ne peut faire ressortir que l’absurdité de la croissance dès qu’elle dev
1861 Liée au passé qu’elle tend à fixer plutôt qu’elle ne le prolonge en création ; soumise aux seules lois de la matière (méca
1862 s de nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de
1863 ke et Kahn, entre autres, dressent le calendrier, n’ est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces
1864 ont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu
1865 la se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela ne se mesure pas) ; et aussi la possibilité d’éprouver jusqu’au désespoi
1866 citations de consommer. En second lieu, Forrester ne tient pas compte d’un facteur qui me paraît responsable plus que tout
1867 emander si le dogme de la croissance industrielle n’ est pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la
1868 ul, il faut admettre aussi qu’une société humaine n’ est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans tout
1869 u’une société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autr
1870 au les événements du xxe siècle que ses méthodes n’ eussent pu prévoir, en tant que « surprenants ou inattendus ». Je relè
1871 ce dépit est bien compréhensible : car les faits ne pouvant avoir tort, c’est la méthode qui sort ruinée d’un tel échec p
1872 cqueville à Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour ne citer que les plus grands noms.130 Certes, ils ont tous nourri leurs
1873 ultiplient depuis près de deux siècles, et que je n’ ai cessé de risquer dans mes livres : j’en donnerai plus loin des exem
1874 cipées, choses fort bonnes en soi mais que l’État n’ accorde qu’en échange du droit d’aînesse des citoyens sur l’appareil b
1875 orte au séparatisme : Diviser pour régner, Rome ne connaissait pas d’autre formule de gouvernement. Pour empêcher l’alli
1876 uitablement les avantages et les responsabilités, n’ aurait pas vu se produire ces soulèvements. […] Limiter une expansion
1877 soulèvements. […] Limiter une expansion malsaine n’ aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres
1878 de l’Égypte ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait être senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui, qu’au
1879 er cette prospective personnaliste, parce qu’elle ne voit de sens possible à l’avenir que dans l’accomplissement de la per
1880 ollective, en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aura
1881 bi des vocations reniées. De fait, la prospective n’ aurait plus de raison d’être si l’on ne croyait plus à la liberté de l
1882 rospective n’aurait plus de raison d’être si l’on ne croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu
1883 yait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’ a d’intérêt qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurai
1884 qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il n’ y aurait plus de politique possible dans un monde soumis aux seuls « i
1885 comptable. La prospective utile et significative ne peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes dési
1886 a vocation : aliénantes. Vos prévisions chiffrées ne m’intéressent que dans la mesure où j’ai en tête quelque finalité plu
1887 me lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques.
1888 prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’ ai pas à deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon com
1889 ve seront choisis comme idoines à mes fins133, et ne seront donc ni la rentabilité, ni le profit monétaire aux dépens du b
1890 désastre inévitable, du seul fait que la finitude n’ est pas capable d’infini — finitus non capax infiniti — comme le savai
1891 porte en elle-même ses principes régulateurs. Ce n’ est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lo
1892 lupart des gadgets qu’on nous offre ; ou encore «  n’ importe où », comme l’auto ; ou vers quelque chose d’angoissant et que
1893 nucléaires. Cette analyse des motifs et des fins n’ est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la pr
1894 iner et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’ est nullement de prévoir et de calculer des phénomènes indépendants de
1895 t déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’ aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins,
1896 e lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel
1897 ’en comprendre le mécanisme, avant que l’appareil ne s’écrase sur une montagne ou ne tombe en panne sèche. » Première réac
1898 nt que l’appareil ne s’écrase sur une montagne ou ne tombe en panne sèche. » Première réaction devant ce texte : le gosse
1899 e. » Première réaction devant ce texte : le gosse n’ a pas une chance, sauf intuition, de deviner les manettes qu’il convie
1900 d’avoir su ; et « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de con
88 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
1901 iste partout des Anciens, même en Europe. Mais il n’ y a de Modernes, et loués comme tels, qu’en Europe et en Amérique. (Il
1902 am, etc.) La Querelle des Anciens et des Modernes n’ a jamais eu de sens qu’en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore
1903 stes occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui n’ est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine
1904 blèmes culturels, dont l’importance, assure-t-on, ne saurait être sous-estimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer
1905 ces forces sont religieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose
1906 aces de Karl Barth, a montré que le christianisme n’ est pas une religion à proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose
1907 ne religion à proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose et n’impose pas un système de rites et de tabous, un code sac
1908 proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose et n’ impose pas un système de rites et de tabous, un code sacré ; — n’a pas
1909 système de rites et de tabous, un code sacré ; — n’ a pas de Livres sacrés sur les relations sexuelles, économiques, socia
1910 , de Sumer aux Mayas et de l’Inde à la Chine ; — n’ a pas pour fonction principale de maintenir l’ordo mundi et de conserv
1911 choses espérées, ferme assurance de celles qu’on ne voit point », aux certitudes de la religion gageant le passé, la trad
1912 inévitable et « humain, trop humain ». Mais cela n’ ôte pas la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité n’est plus dés
1913 s la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité n’ est plus désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’est plus « c
1914 us désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’ est plus « ce qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui es
1915 ue par toutes les autres religions, parce qu’elle n’ est concevable, en effet, que dans une société travaillée par le messa
1916 Les Européens ont découvert le Monde, et personne n’ est jamais venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous perm
1917 tôt rejetée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameub
1918 es du xviiie français ne sont qu’une mode et qui n’ influence guère que la vaisselle et l’ameublement des plus riches. Au
1919 ans lui apporter rien d’essentiel que la Bretagne n’ ait formé d’abord. Il en va de même pour l’influence passagère de l’ar
1920 ontre le debussysme, un Pierre Boulez aujourd’hui ne lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’il choisit de se rat
1921 un sens précis, concret, les a créées. Tel émirat n’ est qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie
1922 role est « arabe », dit-on, mais sans l’Europe il n’ existerait pas. Et dans ce sens concret, « il vient de l’Europe ».
1923 nges matériels et des contacts humains, voilà qui ne cesse de multiplier et d’aggraver les causes de conflits politiques e
1924 ’on impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’ est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que sub
1925 est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que subir cette forme comme une contrainte stérilisante. L
1926 et de plus exaltant. Voilà l’Europe suprême, elle n’ ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesure d’exiger davan
1927 mets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’ est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées.
1928 sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’ entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident,
1929 machines sont transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellectue
1930 li, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’ y joignez-vous pas un petit livre expliquant d’où viennent ces objets,
1931 t une chanson dans le goût de ce pays ». Mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur
1932 ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musique indonésienne et ne faisaient que réi
1933 rappelaient rien de leur musique indonésienne et ne faisaient que réinventer les lieux communs de nos chansons européenne
1934 lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’ avaient jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en fait,
1935 mpérieusement d’autres ensembles de valeurs, mais ne pouvant les communiquer, les expliquer et les faire vivre, au sens le
1936 ion culturelle », marquant ainsi que la modernité ne saurait se développer spontanément dans un peuple que toute sa tradit
1937 er chaque jour à des millions de travailleurs : «  Ne préconisez jamais l’hégémonie ». (Il est clair que cela vise d’abord
1938 tions, dont les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’ en sont que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale
1939  ». C’est la forme politique de la paranoïa. Elle ne se pose qu’en s’opposant aux voisins et aux « impérialismes internati
1940 nces, de plus en plus difficiles à distinguer. Ce ne sont donc pas à proprement parler des conflits idéologiques qui nous
1941 n vient de citer141. Or la souveraineté nationale ne sera bientôt plus garantie que par la possession de l’arme nucléaire.
1942 tions, qu’une guerre atomique, même si aucun État ne la souhaite, éclate « par accident » avant la fin du siècle, prévenan
1943 il appartient de modifier ces conditions, et l’on ne voit pas de raisons d’espérer que des solutions radicales puissent ve
1944 cales puissent venir d’ailleurs. Si les Européens ne parviennent pas à s’unir au-delà de leurs États-nations, ni à résoudr
1945 leurs sacro-saintes souverainetés nationales, on ne voit pas comment le tiers-monde perdrait sa croyance aveugle dans la
1946 cage de toute mesure efficace contre des maux qui ne connaissent pas de frontières. dt. Rougemont Denis de, « Rôle de la
89 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
1947 Chers amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce n’ est pas à moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir
1948 e devenir, que dire en pareille circonstance ? Il n’ y a plus qu’à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Fests
1949 ultiples qui cachent parfois plus encore qu’elles ne la révèlent, sa personne. Il y a là de quoi passionner le personnalis
1950 ntiments de culpabilité à leur égard, c’est qu’on n’ a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne recommen
1951 vent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne recommencerai pas, c’est juré ! À Genève, le 8 septembre 1976. du.