1
guration du Centre (mai 1951)a Notre programme
n’
est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il reste ouvert
2
Notre programme n’est pas systématique, et il
n’
est pas non plus rigide. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire
3
qu’elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils
n’
ont pas grande confiance dans le jeu politique des États souverains et
4
la. Ils voudraient bien faire quelque chose, mais
ne
voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons.
5
’Europe signifie pratiquement la fédérer, ou bien
ne
signifie pas grand-chose de raisonnable et de concret. Ce qui s’oppos
6
e qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité
n’
est plus même discutée, c’est d’abord l’esprit de parti dans ses multi
7
que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien
n’
est plus faux. Les véritables intérêts calculent et jugent à l’unanimi
8
ent en « réalisme » et multiplient les raisons de
ne
rien faire. Les vrais obstacles à la fédération ne résident pas dans
9
e rien faire. Les vrais obstacles à la fédération
ne
résident pas dans les réalités, mais bien dans la paresse des esprits
10
lan de la culture, précisément — hors duquel nous
n’
avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens
11
asse. Il y a là quelque chose de neuf, plus qu’il
n’
y peut paraître à première vue. Insistons donc : le Centre fait appel,
12
os pays. Un lien et une correspondance Nous
ne
fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulleti
13
plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous
ne
voulions pas annoncer des projets sans avoir enregistré des réalisati
14
jets sans avoir enregistré des réalisations. Nous
ne
voulions pas tout embrasser sur le papier, vivre de plans et de manif
15
s aujourd’hui de rendre notre action publique, ce
n’
est point pour essayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à qu
16
(Notre budget demeure assez réduit pour que nous
n’
ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nou
17
voilà qui parle mieux que les grands orateurs, et
ne
soulève pas les mêmes méfiances. Qu’on lise les pages qui suivent sur
18
solitude, de plus en plus menacée de tous côtés,
ne
se veulent liés à rien d’autre qu’au sort commun de cette patrie spir
19
vient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays
ne
peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point de vue polit
20
nationalismes se trouve dépassée en fait. Mais il
n’
en subsiste pas seulement des cadres à la fois étroits et vermoulus (d
21
ganiser les échanges culturels ». Observons qu’il
n’
en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union
22
Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux,
ne
doivent pas chercher des moyens de correspondre plus facilement d’une
23
part, presque automatiquement, favoriser ceux qui
ne
gênent personne, ceux qui font le moins peur aux fonctionnaires, ceux
24
e où elles vivent. L’unité culturelle de l’Europe
n’
a plus à être faite : elle existait aux origines, et elle n’a cessé pe
25
être faite : elle existait aux origines, et elle
n’
a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille div
26
e reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il
ne
s’agit pas de la créer ou de l’organiser par décrets, mais simplement
27
ais simplement de la laisser se manifester, et de
ne
plus l’empêcher d’évoluer selon ses lois et sa liberté propres. L’Eur
28
eut-il intervenir dans ces mystères ? La question
n’
est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littéra
29
our étrangler. Quant à nous : notre raison d’être
n’
est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mais d
30
gende de son efficacité. Or ce reflux — dont rien
n’
indique qu’il soit simplement temporaire — découvre une situation nouv
31
à Paris, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique
n’
est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la
32
ue n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amérique
n’
est-elle pas plutôt la fille de l’Europe ? Ou mieux encore : la fille
33
erins », et d’une vaste contrée vierge. Une fille
n’
est pas une partie de son père. Elle peut tenir de lui mais agir autre
34
Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’il
n’
aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul,
35
agir autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle
ne
se définit point par rapport à lui seul, mais aussi par rapport au mo
36
ur ses diversités enracinées. Le malaise Il
n’
y aurait pas de problème ou plutôt pas de malaise, ou en tout cas, le
37
des rapports entre ces deux cultures en filiation
n’
aurait rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique ne disposait — à l’a
38
aurait rien d’irritant ni de grave, si l’Amérique
ne
disposait — à l’appui de sa culture comme de sa politique — d’une pui
39
est plus ancienne que ces griefs, et très souvent
ne
leur doit rien.) Quant aux motifs d’attrait, ce sont parfois les même
40
. Quant à la culture, la cause est entendue, vous
n’
êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comi
41
nous copions vos romans et vos danses. Mais vous
n’
avez même pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pense d
42
s USA. Les digests, que nous lisons par millions,
ne
sont tout de même pas distribués par M. Acheson, ni leur lecture impo
43
vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore
n’
a proposé de remède au mauvais goût, ni au goût des lectures faciles.
44
prestige suspect, d’autre part se voit accusé de
n’
être rien qu’un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté
45
y croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce
ne
sont pas les mêmes qui, en Europe, font la culture et ont l’argent. M
46
reprises d’éducation, et d’une manière générale à
n’
importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la s
47
ière générale à n’importe qui de se prononcer sur
n’
importe quoi qui n’est pas dans la situation concrète de l’Europe, mai
48
mporte qui de se prononcer sur n’importe quoi qui
n’
est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le programme
49
tte broussaille de malentendus ? La bonne volonté
n’
y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle n’a rien empêché. Né
50
n’y suffit pas ; elle est là, très souvent, elle
n’
a rien empêché. Nécessité d’un dialogue juste Depuis un certain
51
re doit être restreinte et non spectaculaire ; il
ne
s’agit pas d’un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Les r
52
és comme justifiés, dès le départ, et la question
ne
sera pas d’échanger de mauvaises notes, mais de trouver, après une an
53
s. Ils sont vitaux. Car si l’Europe et l’Amérique
n’
arrivent pas à s’entendre effectivement, comment rêver une entente mon
54
des deux empires qui se disputent le monde ? — on
ne
peut lui répondre qu’en se réclamant de nos traditions culturelles, a
55
chaque pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe
n’
est que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons
56
n’est que cela, admettons en toute sobriété qu’il
n’
y a guère de raisons de perdre son temps dans une commission « culture
57
c de notre puissance économique. Car l’Europe, ce
n’
est pas le chemin de fer, l’électricité et le charbon, les sociétés qu
58
problèmes électoraux qui en résultent : tout cela
n’
est que résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’a
59
les les « réalités concrètes » dont on nous parle
n’
existeraient pas. C’est une culture. Ce n’est pas une somme d’institut
60
s parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce
n’
est pas une somme d’institutions, de partis et de préjugés tombés du c
61
même matériels. L’Europe est une culture, ou elle
n’
a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détai
62
loniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela
ne
changerait rien à l’affaire, une fois le sens humain perdu). 3. Les p
63
gnent à l’endroit de leurs efforts. Pourtant rien
n’
est plus naturel. L’homme de la rue (qui est aussi l’électeur, accesso
64
c’est l’ambition démocratique). L’homme de la rue
ne
sait rien de Strasbourg. Il ne sait rien de l’Europe non plus. Et si
65
L’homme de la rue ne sait rien de Strasbourg. Il
ne
sait rien de l’Europe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Europe
66
’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il
n’
écoute même pas le bruit que font ces deux mots également privés de se
67
évidences. 4. Mais on va me dire : le mot culture
n’
a pas beaucoup plus de sens pour l’homme moyen. Si c’est vrai, tirons-
68
en. Si c’est vrai, tirons-en les conclusions : il
n’
y aura pas d’union valable de l’Europe sans participation des masses à
69
t, restera sans contenu spirituel ou social. Elle
n’
aura pas de signification humaine. Armée ou non, elle ne peut être déf
70
pas de signification humaine. Armée ou non, elle
ne
peut être défendue, et ne le sera pas avec le « moral » nécessaire. E
71
ine. Armée ou non, elle ne peut être défendue, et
ne
le sera pas avec le « moral » nécessaire. En revanche, vouloir l’Euro
72
t les cellules vivantes de l’union de demain. Ils
ne
demandent qu’à s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la
73
n budget fédéral de la culture, — d’un budget qui
ne
soit pas simplement l’addition de mesquines soustractions aux budgets
74
qui en ont le besoin réel (même inconscient) mais
ne
savent pas où la trouver, il s’agit d’apporter la culture à domicile,
75
cherche ailleurs. Si elle trouve la culture, elle
ne
tardera pas à découvrir l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre él
76
omme le font les totalitaires (qui eux, au moins,
n’
ont pas négligé le problème !). Mais au contraire, en vue de former de
77
oi, précisément, votre congrès doit estimer qu’il
n’
y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont Denis
78
tion internationale selon la loi suisse, et qu’il
ne
dépend ni du Conseil de l’Europe, ni des gouvernements, ni même du Mo
79
ésir réciproque de collaboration pratique. Le CEC
n’
est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le ré
80
n’est donc nullement un organisme politique, nous
ne
saurions trop le répéter. Mais par rapport aux autres instances inter
81
tions concrètes. Au surplus, on notera que le CEC
n’
est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structure, ni par
82
e d’un organisme privé. De plus, leur secrétariat
ne
dispose pas d’un organisme permanent d’exécution. Aussi le Comité a-t
83
culturels en vue de l’union de l’Europe. Et s’il
n’
existait pas, ou s’il disparaissait, les nécessités mêmes de cette coo
84
venter. Ceci, à condition, bien entendu, que l’on
ne
pense pas : l’Europe n’est qu’un problème politico-technocratique, et
85
n, bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe
n’
est qu’un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le mo
86
et rien de plus pour le moment. Le rôle du Centre
ne
devient concevable — mais alors il s’impose avec évidence — que si l’
87
pae2 » et brochures. La Commission universitaire
n’
a pas pris corps, des plans analogues au sien ayant été annoncés de di
88
s obstacles les plus sérieux que nous rencontrons
ne
sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde opposition à n
89
e défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous
n’
avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la conscience des Po
90
que de la collaboration des guildes dont le prix
n’
est qu’un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts e
91
plupart des instituts européens « sérieux », mais
n’
a pas encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre
92
randes manifestations de ce genre en Europe, nous
ne
pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse
93
un grand industriel français de mes amis3 : « Ce
n’
est pas au pied du mur qu’on connaît le maçon, c’est en haut. » 2.
94
e M. Torrès-Bodet, directeur général de l’Unesco,
ne
révèle certes pas une crise de la culture, mais bien du principe même
95
l’Unesco, les milieux proprement culturels. Nous
ne
voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans ce d
96
est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet
n’
a rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur
97
ntérêts d’un ministre, les rapports, s’il en est,
ne
sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Ma
98
e, reste loin d’épuiser la question. Car l’Unesco
n’
a jamais prétendu faire la culture, ou faire de la culture. L’Unesco v
99
a la paix. Or seule une aide toute désintéressée,
n’
ayant en vue que la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de sci
100
sur la seule démonstration de son excellence ? Il
n’
en obtient parfois, avec quelles peines, que s’il peut démontrer aux F
101
ger aussi à ses tâches. Les activités culturelles
n’
étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce
102
t fois ou mille fois plus. Mais le fait est qu’on
n’
y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion moyen
103
e on dit, se demandent alors si pour ce prix l’on
ne
pourrait pas les aider mieux qu’en finançant une grande machine pour
104
ant une grande machine pour les aider. La machine
n’
absorbe-t-elle pas plus d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait
105
chine n’absorbe-t-elle pas plus d’énergie qu’elle
n’
en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on fai
106
ui survole toutes les civilisations de la planète
ne
peut se donner qu’un but très vague, mal défini et presque vide de co
107
le pour la paix.) D’autre part, le cadre national
ne
correspond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’est toujours f
108
st toujours faite par un jeu de libre-échange qui
ne
tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et doua
109
ndiaux. 2. Centralisé. La réalité de la culture
ne
se trouve ni dans l’individu isolé, ni dans la nation, ni dans les va
110
ons peuvent et doivent être favorisées quand elle
ne
s’établissent pas spontanément. Mais on ne saurait les « planifier »
111
d elle ne s’établissent pas spontanément. Mais on
ne
saurait les « planifier » sur une échelle qui n’est plus celle du ray
112
ne saurait les « planifier » sur une échelle qui
n’
est plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base. F
113
avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous
n’
en parlons pas en doctrinaires, mais sur la base d’une expérience quot
114
s fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme
n’
est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on devait parler
115
d’une crise de l’Unesco, gageons que cette crise
ne
proviendrait que d’un manque d’appuis extérieurs, et non pas de la fo
116
rnementales se révèle là encore le plus pratique,
ne
fût-ce qu’en évitant les retards et les frais des grandes machines bu
117
es œuvres de jeunes compositeurs étrangers, si ce
n’
est pour des raisons de prestige ou des motifs extra-musicaux. La situ
118
ier les jeunes compositeurs étrangers, puisqu’ils
ne
sont pratiquement pas joués. De nombreux problèmes de critique musica
119
asées sur elles. En outre, les critiques musicaux
ne
peuvent que très rarement rencontrer de jeunes compositeurs et établi
120
Nabokov. Des « paying guests » seront admis, mais
ne
participeront pas aux discussions. Les étudiants en musique obtiendro
121
es la disent au point mort. Mais la contradiction
n’
est qu’apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour c
122
’élan fédéraliste s’est épuisé, puisque plus rien
ne
bouge apparemment. Le fait est que cet élan vient de rencontrer des r
123
sure de la contre-poussée qu’il provoque. Si l’on
ne
voit rien bouger pour le moment, on se tromperait en jugeant que la l
124
tous les pays. L’internationale de l’anti-Europe
n’
en est pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois
125
force politique cohérente lui serait fatale. Elle
n’
en représente pas moins un très sérieux danger : celui de la confusion
126
. D’où, paraît-il, crise de l’idée européenne. On
n’
oserait affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kre
127
ne. On n’oserait affirmer ici que ce raisonnement
n’
ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l’un des motifs maje
128
ement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il
ne
soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce que
129
des évidences. Les vrais motifs de notre union
n’
ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armist
130
s de « détente », signifient que l’URSS désormais
ne
nourrit plus à l’endroit de l’Occident que les intentions les plus co
131
l’homme et de ses libertés politiques et sociales
n’
a pas varié, que l’on sache, n’est pas moins menacée de l’intérieur et
132
tiques et sociales n’a pas varié, que l’on sache,
n’
est pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur. La division d
133
nent en 21 nations sottement rivales, dont aucune
n’
est plus à l’échelle soit de la concurrence des grands empires moderne
134
is et qui retourne contre elle ses propres armes,
n’
est en aucune mesure améliorée. Ces trois grands faits fondamentaux, c
135
tre la preuve que tout va changer en Russie : ils
ne
changent rien à ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meilleur
136
eulement déclarée mais faite, l’union de l’Europe
n’
en serait pas moins vitale ni moins urgente, pour les trois grandes ra
137
ndes raisons qu’on vient de rappeler. La question
n’
est pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si n
138
équence de tout cela, leur indépendance. Personne
n’
ayant pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solutio
139
ndre prouver que tel est bien le cas, la solution
ne
peut être cherchée que dans l’union. Vers une épuration européenne
140
s l’union. Vers une épuration européenne Il
n’
en reste pas moins probable que l’effet de propagande escompté sera pa
141
re, va se trouver rapidement neutralisé. Ceux qui
ne
voulaient prendre au sérieux (en Europe comme en Amérique) que la Com
142
ue chose, et par suite que le principe fédérateur
ne
peut être que négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils v
143
vont cesser de se croire fédéralistes. Comme ils
ne
l’ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, m
144
e que le monde entier, les communistes y compris,
ne
croyait pas que l’Amérique ni l’Europe songeaient à la « guerre préve
145
nditions de clarté, de sérieux, de sagesse, qu’on
ne
pouvait espérer naguère, lorsque régnait encore la crainte, la suspic
146
sens humain, la formule spirituelle ? La réponse
n’
est plus discutable. Elle tient en un seul mot : fédération. On ne fé
147
able. Elle tient en un seul mot : fédération. On
ne
fédère pas des armes et des machines, des équations et des doctrines,
148
in, la condition certainement nécessaire, si elle
n’
est pas certainement suffisante, d’une Renaissance offerte par l’Europ
149
es, militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui
n’
est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de
150
ine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’il
n’
est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Unis qu
151
action décisive, ainsi que nul écolier américain
ne
peut aujourd’hui l’ignorer. S’il fallait résumer en deux phrases le r
152
ur va comprendre l’extrême importance ; ces notes
n’
avaient d’autre intention que de l’introduire : Le monde peut être di
153
hors des milieux fédéralistes militants, personne
ne
parle plus de la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit é
154
ts, personne ne parle plus de la Constitution. On
ne
peut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouve
155
dire que le débat se soit éteint : simplement, il
n’
est pas ouvert. Cet ensemble de faits définit pour l’Europe une situat
156
ns une forme quelconque d’entraide européenne. Ce
n’
est pas une question de lâcheté ou de courage, mais de simple sens pol
157
rflue, et auxquelles d’ailleurs, sans union, l’on
ne
pourra jamais satisfaire. Trop de gens refusent encore de voir que la
158
encore de voir que la santé de chacun de nos pays
ne
pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vas
159
upart, dans leur forme nationale au sens moderne,
n’
ont qu’un passé des plus récents, et presque ridiculement court au reg
160
mmes tous responsables. Il est faux qu’une nation
n’
ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ce
161
. Si notre civilisation, menacée de toutes parts,
ne
peut pas s’appuyer sur des institutions continentales, elle va se dés
162
ropéens tels qu’ils se montrent. Si les Européens
n’
étaient menés que par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaie
163
l’a souvent fait. En revanche, personne au monde
n’
a jamais essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de r
164
faire l’Europe avec tout cela ? Pourtant, si nous
ne
la faisons pas, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous ra
165
ber, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe
n’
est pas la somme des Européens réels. Elle est tout à fait autre chose
166
péens réels. Elle est tout à fait autre chose. Je
ne
fais pas là du paradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout à f
167
aires. L’Europe est une notion de la personne. On
n’
y accède que par l’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à
168
malgré tout Seules les idées avancent. Et rien
n’
avance que par l’idée. Les choses, les hommes sans idées n’avancent ja
169
que par l’idée. Les choses, les hommes sans idées
n’
avancent jamais, ils se déplacent les uns les autres, tout au plus. Il
170
soulignaient. Mais ouvrez un journal aujourd’hui,
n’
importe lequel au hasard. L’éditorial une fois sur deux, et trois sur
171
réalité, quoique négative. Mais c’est peu, ou ce
n’
est rien, si cette réalité naissante reste incapable d’instituer un Po
172
ffort de construction européenne, si près du but,
ne
s’est vu plus gravement compromis. Pour la première fois je l’écris :
173
mais sur les seuls Européens — sur tous ceux qui
n’
ont pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il
174
r d’eux-mêmes. Ils crient la paix, la paix, et il
n’
y a point de paix, ils n’osent pas en regarder les conditions. Ils att
175
la paix, la paix, et il n’y a point de paix, ils
n’
osent pas en regarder les conditions. Ils attendent un miracle des Ber
176
. Ils attendent un miracle des Bermudes, mais ils
n’
attendent plus rien d’eux-mêmes. Ils semblent avoir choisi de se faire
177
, mais l’empereur combattait sur les remparts. Je
ne
connais pas de comparaison plus humiliante pour les Européens qui lai
178
retraite et des nationalistes psychopathes contre
n’
importe quelle forme d’initiative occidentale, tout concourt à rendre
179
le tableau : La Communauté européenne de défense
n’
est pas ratifiée. La Communauté politique est rejetée, presque sans ex
180
ns livrés par surcroît. Presque rien de tout cela
n’
est encore fatal ; mais tout peut le devenir en quelques mois : un peu
181
ons parlementaires, un peu plus d’atlantisme pour
ne
pas faire l’Europe, et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union
182
ue d’erreur de diagnostic, tant mieux. Mais qu’on
n’
écarte pas ces prévisions à l’aide d’un adjectif genre « alarmiste ».
183
ope, cela pourrait suffire à nous sauver. Mais je
n’
en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’état présent non pas
184
nant un miracle, pas autrement. Mais les miracles
ne
se produisent jamais là où personne n’est disposé à les recevoir et à
185
s miracles ne se produisent jamais là où personne
n’
est disposé à les recevoir et à y croire. Ils n’ont jamais sauvé les «
186
e n’est disposé à les recevoir et à y croire. Ils
n’
ont jamais sauvé les « races incrédules », car celles-ci les transform
187
bien assez grandes pour nous sauver. Que personne
ne
se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous, sans illusio
188
ppel qu’il me charge de vous adresser. Certes, il
ne
s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. M
189
à l’attention des responsables de l’Europe. Nous
ne
sommes pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne
190
ropagandistes d’une certaine idéologie, mais nous
ne
sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de dis
191
de nos jugements sur le Projet, cette convergence
ne
peut manquer de vous apparaître significative. Voici donc la première
192
prochains. Le Projet, certes, est discutable. Il
ne
peut satisfaire personne absolument : l’Histoire ne connaît pas de do
193
peut satisfaire personne absolument : l’Histoire
ne
connaît pas de document de ce genre qui ne soit le produit de nombreu
194
stoire ne connaît pas de document de ce genre qui
ne
soit le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques év
195
ne soit le produit de nombreux compromis, et qui
n’
engage des risques éventuels pour l’une ou l’autre des parties traitan
196
pour l’une ou l’autre des parties traitantes. Il
ne
s’agit donc pas de poser à son propos une espèce de « question de con
197
bsolument de faire l’Europe, tandis que le Projet
n’
est qu’un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imp
198
Il est le seul Projet actuellement existant, qui
ne
résulte pas de l’initiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. Il e
199
ication. De là ses défauts évidents : des députés
ne
sauraient proposer qu’un gouvernement d’assemblées. Mais quel autre r
200
t prévoit un Parlement élu et un exécutif dont on
ne
sait, à vrai dire, s’il sera fédéral ou simplement confédéral. C’est
201
es voies de la fédération nécessaire. Les esprits
ne
sont pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément,
202
culeusement des intérêts parfois contradictoires,
ne
fera jamais vivre l’Europe. Il sera lettre morte pour les Européens,
203
lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci
n’
auront pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auront pas voulu
204
’auront pas bien vu vers quel But on les mène, et
ne
l’auront pas voulu. La perspective dynamique dans laquelle il faut vo
205
s habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer
ne
vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offensive de paix sovi
206
de nos divisions. L’offensive de paix soviétique
ne
change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le
207
par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons
ne
sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et centralisé, ca
208
. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire,
ne
sera pas un super-État unifié et centralisé, car son génie s’appelle
209
ntralisé, car son génie s’appelle diversité. Elle
ne
sera pas non plus une Sainte-Alliance, ni une simple coalition, formu
210
t rétablie dans son sein. 5. Une telle fédération
ne
suppose pas « l’abandon de nos souverainetés », mais au contraire l’i
211
encore en fait ? On voit venir le temps où elles
ne
seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauver
212
rde de parler de la souveraineté d’une nation qui
ne
pourrait pas se défendre au-delà de quelques heures contre l’attaque
213
contre l’attaque de l’un ou l’autre empire ; qui
n’
est pas en état de déclarer la guerre ou de conclure la paix isolément
214
guerre ou de conclure la paix isolément ; et qui
ne
peut plus rêver de vivre en autarcie. Renoncer à des droits illusoire
215
deux gestes manqueraient également de sérieux. Il
n’
est qu’une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un
216
est qu’une seule indépendance imaginable, et elle
ne
peut avoir qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Euro
217
es États-Unis et de la Suisse. Le Projet, certes,
n’
est pas encore un Pacte, mais il prépare les voies de la fédération. S
218
exemple au mot « indissoluble » (article 1), qui
ne
peut être accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte de
219
est d’ouvrir, de ménager l’avenir, — que personne
n’
est en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et même un peu obs
220
moitié, puis se mit à pleurer misère. Les riches
ne
l’aidèrent point, se disant tous ruinés, et refusant de faire le pool
221
otto semblait être : la parole est aux actes ! Il
ne
recherchait point d’idées nouvelles, mais des réalisations immédiates
222
édiates, dans un cadre clairement défini. Et l’on
ne
saurait qu’y applaudir. Cependant, le souci des succès immédiats, qu
223
ts, qui nous est imposé par la crise de l’Europe,
ne
doit pas nous faire oublier cette maxime générale de l’action : on n’
224
re oublier cette maxime générale de l’action : on
n’
atteint des buts rapprochés qu’en tendant vers un but lointain. Précis
225
n but lointain. Précisons : la Communauté des Six
n’
est qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas attein
226
qu’une étape vers celle des Quinze, et risque de
n’
être pas atteinte si l’on en fait un but en soi. De même, l’union des
227
n fait un but en soi. De même, l’union des Quinze
n’
est qu’une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemb
228
in, il faut reconnaître que les uns et les autres
ne
serviront l’Europe en efficacité et vérité que s’ils agissent en rela
229
effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on
ne
nous a point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait re
230
vec les objectifs du Centre. En fait, rien de tel
ne
s’est produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été
231
plan, entourées de quinze publicistes influents,
ne
sera pas moins utile au CEC qu’au Conseil de l’Europe et à ses commis
232
enons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je
n’
imagine pas de meilleure devise pour la table ronde de l’Europe qui s’
233
raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous
ne
nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seulemen
234
de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle
n’
est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe po
235
salut tout proche et comme à portée de main ? Il
ne
lui manque peut-être qu’une seule chose : la conscience des périls qu
236
culturelle à la communauté politique Mon dessein
n’
est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendan
237
u’ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ils
ne
trouvent pas ensemble leur salut. La recherche des origines communes
238
ontre nous. Nous avons vu clairement que nos pays
n’
avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible que dans
239
e Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous
n’
avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous per
240
de notre unité compromise. Certes, la table ronde
n’
a pas trouvé de solutions faciles, ni de recettes miraculeuses pour su
241
es buts communs susceptibles de nous unir. Car ce
ne
sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ils regardent ens
242
ous perdons en apports extérieurs. La table ronde
n’
a pas dressé les plans d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré
243
mmées par les gouvernements des États membres, et
ne
suis donc responsable que du choix des thèmes et de leur répartition
244
s, de nations ou de classes. Dans ce sens, le CEC
ne
s’occupe pas de politique. — Le Centre veut-il être producteur de cul
245
uite par les personnes. Le Centre en tant que tel
ne
produit donc ni tableaux, ni poèmes, ni statues, ni théories scientif
246
ncièrement les initiatives culturelles. Nos États
ne
consacrent qu’à peine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne
247
eine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore
ne
s’agit-il pour eux que d’instruction publique, ou de propagande pour
248
’Europe ? — Certes. — Mais le problème de l’Union
n’
est-il pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit auj
249
’hui l’effort d’intégration politique de l’Europe
ne
va-t-elle pas rendre vaines vos activités culturelles ? — Cette crise
250
plus fort en faveur de l’existence du Centre. On
n’
a pas réussi à créer l’union fédérale de l’Europe dans le délai optimu
251
ntre ». Est-ce donc qu’il en existe d’autres ? Et
ne
ferait-il pas double emploi avec l’Unesco, par exemple ? — C’est impo
252
o, par exemple ? — C’est impossible, car l’Unesco
n’
a nullement pour but de favoriser l’union de l’Europe, ni l’éveil d’un
253
t-être, danger de double emploi7). Mais le Centre
ne
cessera pas pour autant de poursuivre la réalisation de ses initiativ
254
poursuivre la réalisation de ses initiatives : il
ne
s’agit pas ici d’une querelle de priorité, mais essentiellement de l’
255
’on vise. La mission proprement européenne du CEC
ne
court pas le risque d’être reprise en charge ni « dupliquée » par une
256
eaucratie mondiale, si riche soit-elle. Le danger
n’
est pas là… — À quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’il
257
plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’il
n’
en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’
258
u début de notre action réelle. Mais si le Centre
n’
existait pas, il faudrait l’inventer — la phrase n’est pas de nous — e
259
’existait pas, il faudrait l’inventer — la phrase
n’
est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’a
260
-t-on soutenir le CEC, afin qu’il dure ? — La vie
n’
est jamais qu’une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre
261
r que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin
ne
pouvait modifier les données fondamentales de l’Europe. Même si la Co
262
é l’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions
ne
pouvaient écarter les menaces qui pèsent sur l’ensemble du continent,
263
hec sur tous les points de l’ordre du jour, elles
n’
en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’unio
264
ne Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte
n’
est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à l’ouest du ri
265
istes, « une proposition constructive et que l’on
ne
saurait écarter sans un examen attentif ». Alors que la masse des Éta
266
européenne a fait de tels progrès que M. Molotov
ne
peut plus la combattre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte à t
267
olide : nous avions quelque chose à défendre, qui
n’
était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples.
268
CED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne
n’
est pas revenue en arrière, l’Italie a décidé de poser la question à s
269
fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’elle
ne
peut plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle serait sou
270
uerre ; qu’elle serait soutenue même par ceux qui
ne
désirent pas y participer (les Anglais) ; et qu’enfin son heure a son
271
a Conférence, proposée par la France, qui hélas «
ne
peut autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serait peu : ell
272
peu « diplomatiques ». Pendant des mois, l’Europe
ne
fera plus rien pour son union ; bien plus elle va laisser pourrir la
273
t de perdre ses dernières divisions actives. Elle
ne
peut donc plus adhérer à l’alliance agressive baptisée CED. Elle y se
274
servir de slogan à la campagne neutraliste, si ce
n’
est même à certains nationalistes. Un revers français en Asie deviendr
275
u de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine
ne
vous regarde pas, mais le problème allemand nous intéresse beaucoup…
276
n scandale historique Le colonialisme européen
n’
existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et leur
277
élan irrépressible vers l’indépendance nationale
ne
sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fi
278
ant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe
ne
sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération de
279
ement de 20 ou 30 individus épisodiques — dont on
ne
saura jamais les noms ! — inconscients de l’immensité du destin qu’il
280
, si l’on a vu la situation mondiale — et si l’on
n’
est pas communiste. Seule une profonde révolte de l’Europe rendue cons
281
plus d’un siècle. Les partisans de l’Europe unie
ne
manquent pas de le citer en exemple. Mais combien savent comment ce m
282
naissance en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse
n’
était qu’une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur li
283
ien légal avait consisté dans une Diète, laquelle
n’
avait guère plus de pouvoirs que l’Assemblée consultative de Strasbour
284
uverains, pourvus du droit de veto, cette Diète «
n’
avait en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se
285
e a fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre
ne
peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’allianc
286
ons sont souverains en tant que leur souveraineté
n’
est pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exerc
287
, et comme tels, ils exercent tous les droits qui
ne
sont pas délégués au Pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération g
288
bles par les Constituants de l’Europe fédérée. On
n’
en voit pas qu’il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2
289
s ? Voyons le concret. La souveraineté nationale
n’
est exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme
290
par le droit applicable à chaque domaine ». Or on
ne
voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa
291
ase clos. Ces limites décisives à la souveraineté
ne
sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances t
292
ques. Il en résulte que la souveraineté nationale
n’
a plus guère d’autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œu
293
« Il faut dire franchement à nos nations qu’elles
ne
pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souveraineté
294
ujourd’hui les décisions principales et le peuple
n’
a sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranatio
295
suscite la perte de la souveraineté nationale. Il
n’
est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifie
296
ion européenne (octobre-novembre 1954)t Rien
n’
est perdu, tout reste à faire Deux événements politiques ont absorb
297
s ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED
ne
met pas fin à la construction européenne, comme on l’a répété bien à
298
devenue majorité grâce à l’appui des communistes)
n’
a pas encore senti la nécessité historique de cette construction — néc
299
rmer le principe supranational. En résumé : rien
n’
est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer pro
300
ational. En résumé : rien n’est perdu, mais rien
n’
est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus qu
301
autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on
ne
pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes », t
302
dopter l’une après l’autre par les parlements. On
n’
a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnair
303
’union ont déclenché leur propagande massive. Eux
n’
ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre
304
ondeur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on
n’
a pas sérieusement soutenue. II. Les mouvements de militants européen
305
t avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on
ne
jugeait pas utile et surtout pas urgent de faire beaucoup plus. Exemp
306
la tâche d’un organisme culturel comme le Centre
n’
est pas de suppléer à la carence d’une véritable propagande européenne
307
me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela
ne
fera certes aucun mal, fera même du bien dans l’ensemble — si vous ré
308
ion courante de l’action est celle des hommes qui
n’
agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez réfléchi sur la nature
309
e des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui
n’
ont pas assez réfléchi sur la nature des forces historiques. Une révol
310
des agences de presse, mais sans lesquelles rien
ne
se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tou
311
qu’elle se poursuit dans les esprits, et qu’elle
n’
éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa naissance.
312
tte maturation ; créer ses conditions là où elles
n’
existent pas ; les favoriser partout où elles apparaissent : voilà qui
313
Fédérer l’Europe semble une utopie pour ceux qui
n’
ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est un
314
cle, pas un seul événement historique d’envergure
n’
ait été le fait des partis de gauche ou de droite, ni des politiciens,
315
us vivons dans un siècle où, très visiblement, ce
n’
est pas la politique qui fait l’histoire ; mais une doctrine, une foi,
316
, une personne. On dit : la propagande. Mais elle
n’
est rien en soi, pas plus que l’écriture ou la typographie, et sans id
317
écriture ou la typographie, et sans idée personne
n’
en tirera rien qui vaille. Le communisme fut une idée, le fédéralisme
318
combinés au hasard : tous les micros de la terre
n’
en feront pas une action. ⁂ Une action se définit par son sens et par
319
s des théories hégéliennes du siècle dernier. (Ce
n’
est pas l’agitation du parti communiste, mais un certain enseignement
320
s juste de l’histoire commune des Européens. Ceci
n’
est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obs
321
On veut bien quelque union, confusément, mais on
n’
imagine pas ce qui en résulterait effectivement. Il s’agit donc de dre
322
igation générale de l’Europe, d’après un plan qui
ne
tienne pas compte du tracé arbitraire des propriétés, mais de la conf
323
là d’une œuvre de longue haleine dans laquelle on
ne
peut progresser que lentement, mais dont le jalonnement se précise de
324
seuil de cette cinquième année de nos travaux, ce
n’
est pas un bilan qu’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il
325
e de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il
n’
est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour l
326
t pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse
ne
vaut que pour le chercheur occasionnel. Celui qui cherche une place,
327
C’est une passion. Et cela revient à dire qu’elle
ne
peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’esprit d
328
pétit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche
n’
est pas un instinct animal, mais une passion spirituelle. Je ne saurai
329
instinct animal, mais une passion spirituelle. Je
ne
saurais mieux le définir qu’en vous résumant une légende de l’ancienn
330
le mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim.
N’
ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voi
331
arder en vie, ils aimaient leur baleine, mais ils
ne
savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent :
332
ands savants, un Newton, un Einstein par exemple,
n’
y vont que par l’intelligence mathématique, non par leur être tout ent
333
à formuler l’objet précis de leur recherche, qui
n’
est jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou inco
334
ouffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous
ne
cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impressio
335
illeurs esprits déplorent depuis des siècles ? Je
ne
pense pas que cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je
336
chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il
n’
y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être s
337
nvertir et les dominer, alors que nous Européens,
n’
avons jamais été découverts par personne, notez-le bien. C’est une pas
338
culturel et spirituel de notre civilisation. Rien
ne
serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir de
339
bouchant dans la culture des masses. En revanche,
n’
oublions jamais que la culture pure, la recherche pure, est l’origine
340
s choses, les turbines, c’est sérieux, la culture
n’
est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le c
341
re sa puissance de la turbine, mais après tout ce
n’
est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et tr
342
le piétisme, il pensait que sa science abstraite
ne
devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-
343
sse de commentaires. Nulle autre, me semble-t-il,
n’
était mieux faite pour servir d’épigraphe à cette journée, consacrée à
344
n, et qui en restera le plus haut achèvement. Ce
n’
est plus seulement la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui e
345
sclavage mental d’une grande partie de l’humanité
n’
est plus une utopie : ses moyens scientifiques existent, ils sont à l’
346
nonyme contre l’humain, phénomène dont l’histoire
n’
a pas vue le précédent. Mais l’Europe est elle-même en grand péril. Le
347
raison de cet apparent paradoxe est simple : nous
ne
nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seulement 42 millions
348
cause principale de son présent abaissement. Elle
ne
pourra survivre, et sauver la civilisation, que si elle s’unit. « D’i
349
t devenues en partie fictives : aucun de nos pays
ne
peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme politiqu
350
ge majorité des Européens veut l’union. Mais cela
n’
empêche pas des fractions importantes de ceux qui prétendent parler po
351
t né de semblables questions. Les Amis du Centre
ne
seront pas une organisation, ni un comité, ni un mouvement de plus. M
352
c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils
ne
rêveront pas de dominer par la force. Ils ne souhaiteront pas s’empar
353
Ils ne rêveront pas de dominer par la force. Ils
ne
souhaiteront pas s’emparer des esprits, ils voudront au contraire les
354
lent, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il
ne
s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritable et du seul
355
gements et de nos sacrifices personnels. L’Europe
ne
se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et ad
356
onnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle
ne
sera pas créée par de discours et adjurations passionnées, ni par un
357
H nous rejette aux risques de la paix. La détente
n’
a pas d’autre origine. Elle ne résulte pas des intentions vertueuses,
358
la paix. La détente n’a pas d’autre origine. Elle
ne
résulte pas des intentions vertueuses, ni du degré de sincérité, ni d
359
tique de l’un ou de l’autre des deux grands. Elle
ne
résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index lisi
360
le ne résulte pas de la conférence de Genève, qui
n’
en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fai
361
à tous, du seul fait de la puissance atomique. Ce
n’
est donc pas l’amour qui triomphe de la haine, ni la raison des folies
362
s presque également armés — et de cette arme — il
ne
peut plus y avoir ce que l’on nommait une guerre, mais simplement une
363
itale à l’Occident, mais dans laquelle les Russes
ne
se sentent pas à l’aise. Leur idée du secret explique pourquoi. Citon
364
ns qu’il est encore plus important que l’étranger
ne
puisse se rendre compte de ce qui n’existe pas. Vous admettrez que ca
365
e l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui
n’
existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui n’existe pas exige bien p
366
ui n’existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui
n’
existe pas exige bien plus de précautions que se contenter de dissimul
367
ue se contenter de dissimuler ce qui existe. » Je
ne
pus qu’acquiescer, et je lui déclarai en riant que je comprenais main
368
occidentaux et votre propagande culturelle, vous
n’
avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en con
369
Européens. Ils vont dire : mais s’il y a détente,
n’
est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons do
370
sons donc que les motifs profonds d’unir l’Europe
ne
dépendent pas de la menace soviétique. Ils seraient à peu près les mê
371
ique. Ils seraient à peu près les mêmes si l’URSS
n’
existait pas à nos frontières, avec ses deux-cents divisions. Si l’Eu
372
ique du xxe siècle. Ces impérieux motifs d’union
ne
dépendent ni de la menace russe, ni d’une pression américaine. Car le
373
cidentaux et leurs satellites intellectuels ? Ils
n’
ont rien à apprendre aux Russes. Ceux-ci jugeront sans intérêt un dial
374
stes ? Ce sont les défaitistes de l’Occident, ils
n’
ont rien de positif à proposer aux Russes, et ne peuvent pas prétendre
375
s n’ont rien de positif à proposer aux Russes, et
ne
peuvent pas prétendre à représenter l’opinion générale de l’Europe. L
376
otalitaire. Or il est clair que nos gouvernements
ne
sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni
377
e créatrices, ni de la culture en général, qu’ils
ne
prétendent d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’ils se d
378
ment des dictatures totalitaires. Un dialogue qui
n’
aurait donc lieu qu’entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS et
379
élégués officiels de telle ou telle nation isolée
ne
serait pas un dialogue sur pied d’égalité entre A et B, figurant deux
380
deux points de vue bien distincts et valables. Ce
ne
serait guère qu’une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A
381
ne doctrine unitaire et obligatoire, en Occident,
n’
est nullement une cause d’infériorité dans le dialogue avec la doctrin
382
n objective et scientifique des données actuelles
ne
présente qu’un seul danger pour nous : celui de nous rendre une bonne
383
des éléments premiers de notre force. L’Occident
n’
a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit d’un libre échange co
384
échange conforme à l’essence même de la culture.
N’
ayant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une
385
n d’appliquer nos principes, en toute confiance.
N’
espérons pas tout de suite une liberté totale d’aller parler chez eux
386
acile, et c’est même la seule chose possible. (On
ne
voit pas le Conseil de l’Europe désignant des penseurs attitrés et le
387
ux qui parlent. Mais qui sait si cette discipline
ne
deviendrait pas, qu’on le veuille ou non, l’objet principal du débat
388
Européens, à la faveur d’une telle confrontation,
ne
seraient-ils pas amenés à réviser quelques-uns de leurs préjugés anar
389
appliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé
n’
est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au t
390
insi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui
ne
conduirait pas forcément au triomphe d’un des camps sur l’autre, mais
391
ar remettre sans cesse en question l’Occident, ce
n’
est pas le renier, mais le vivre. 12. Pietro Quaroni, Croquis d’amb
392
on unité fondamentale d’inspiration. Mais l’idéal
ne
prouve sa force que dans les réalisations auxquelles il donne naissan
393
par le porte-parole des dirigeants de l’URSS. Il
n’
y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’à ce qu’une « détente » moins tr
394
ous paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il
n’
est pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux échan
395
discours prononcés à Genève sur ce sujet.) 2. On
ne
voit pas pourquoi l’Occident — et l’Europe de l’Ouest en particulier
396
omaine culturel, du seul fait que les Soviétiques
n’
ont pas donné les suites espérées à leurs ouvertures officielles de l’
397
souligné par M. Molotov — que l’Union soviétique
ne
veuille (et ne puisse) accepter aucune espèce de libre échange d’idée
398
. Molotov — que l’Union soviétique ne veuille (et
ne
puisse) accepter aucune espèce de libre échange d’idées, d’œuvres et
399
vres et de personnes sur une base de réciprocité,
n’
exclut pas la possibilité d’échanges surveillés, limités, filtrés par
400
distes officiels du type Ehrenbourg, les échanges
ne
sont qu’une occasion de présenter la dictature soviétique sous des as
401
endant quelques instants. Pour nous, les échanges
ne
sont qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence da
402
rinces semi-légendaires de Novgorod puis de Kiev,
ne
sont en fait pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’était g
403
it pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant,
n’
était gaulois. Les Scandinaves apportent une organisation politique ét
404
nsée et de la religion viennent de Byzance, elles
ne
se transposent guère qu’en ritualisme de plus en plus rigide et conse
405
e, et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme
ne
fut autre chose que la première révolution, dans le plein sens du mot
406
e du « très-bouffon et très-ivre patriarche ». Il
ne
s’agissait pas tant pour lui de transformer l’ancienne civilisation r
407
e, qui tienne de la filature et de la caserne, et
ne
soit pas sans rappeler les docks de Londres et les chantiers de Saard
408
res, des arts, de l’activité intellectuelle russe
ne
ressemble plus en rien à la technolâtrie barbare et au mélange babylo
409
nouvelle culture née de la révolution pétrovienne
n’
avait été au début qu’un amas hétéroclite d’articles d’importation, ma
410
nt des valeurs proprement russes, et si le peuple
ne
la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez na
411
et si le peuple ne la comprenait qu’à moitié, ce
n’
était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’éta
412
la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’elle
ne
fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore une na
413
le ne fut pas assez nationale, mais parce que lui
n’
était pas encore une nation. Une mode russe se crée en Europe, compar
414
non pas tant à son nouvel essor culturel, dont on
ne
sait pas encore grand-chose à l’étranger, qu’aux succès qu’il obtient
415
s dans le domaine de l’organisation politique, ce
n’
est pas l’Encyclopédie, c’est l’Allemagne, c’est la Prusse de Frédéric
416
e, de l’Italie, afin qu’aucune région de l’Europe
ne
soit dorénavant étrangère à la Russie. Et cependant, Pouchkine l’Eur
417
la culture européenne. Cette harmonie toutefois
ne
valait que pour la culture proprement dite, pour les hautes régions d
418
our les hautes régions de la vie nationale ; elle
n’
a pas été capable de pénétrer l’ensemble de la vie russe. Une des sour
419
sme ; elle y a pris part, elle l’a continué, elle
n’
a rien désavoué de son héritage. La musique russe à partir de Glinka d
420
profondément, bien que secrètement, religieuses,
n’
a pas retrouvé le chemin de la vieille peinture d’icones et n’est parv
421
ouvé le chemin de la vieille peinture d’icones et
n’
est parvenue à exprimer l’esprit national qu’à travers l’assimilation
422
e départ dans Schelling et dans Hegel, la science
ne
saurait faire autre chose que suivre la science occidentale, et la th
423
logique de la chrétienté orientale. Or, tout cela
n’
est pas dû à une simple imitation, mais à la découverte d’une parenté
424
i l’influence inverse de la Russie sur l’Occident
n’
est que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme r
425
comme rajeunie par l’apport neuf de la Russie. Il
n’
y a pas, depuis cinquante ans, dans les lettres européennes, de noms p
426
n Tchékhov ont été lus en France ou en Angleterre
n’
est pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement
427
mer les grandes créations de la culture russe, ce
n’
est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Do
428
dissout dans le ciel décoloré et où les colonnes
ne
sont plus que des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui v
429
né ; la revue fut interdite, la suite des Lettres
ne
parut point ; et pourtant ce causeur subversif qui n’écrivait qu’en f
430
arut point ; et pourtant ce causeur subversif qui
n’
écrivait qu’en français naturellement (le texte publié n’était qu’une
431
ait qu’en français naturellement (le texte publié
n’
était qu’une traduction) n’avait nullement récusé les tendances généra
432
ement (le texte publié n’était qu’une traduction)
n’
avait nullement récusé les tendances générales de la Russie moderne. I
433
ou plutôt plus strictement occidentale — qu’elle
ne
l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien d’enve
434
manique). Ils dépréciaient l’œuvre de Pierre Ier,
n’
y voyant que son aspect destructeur, ce qui leur valut les foudres du
435
éclencha des polémiques qui durent encore. Qu’on
ne
croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversaires de l’Occident
436
, que les slavophiles, adversaires de l’Occident,
ne
sont que des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe,
437
qui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce
n’
est pas l’ensemble des intellectuels proprement dits, mais plutôt une
438
qui caractérise un membre de l’intelligentsia, ce
n’
est pas tant sa qualité d’intellectuel (beaucoup de grands écrivains e
439
llectuel (beaucoup de grands écrivains et savants
n’
en font point partie) que son attitude d’opposition systématique à l’e
440
n de la nouvelle élite. » Or cette nouvelle élite
n’
est pas « libérale » au sens occidental du mot. « Il est très importan
441
rales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il
n’
y eut jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir une au
442
ussion, mais un dogme, et désormais tous ceux qui
n’
acceptaient pas ce dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck, é
443
ément sceptique leur est hétérogène, étranger, et
ne
pénétrera pas non plus leur matérialisme : celui-ci sera un matériali
444
(régime représentatif, libération des serfs). On
ne
leur en sait aucun gré (Alexandre II est assassiné). Tous pratiquent
445
de toutes les œuvres et de tous les écrivains qui
ne
veulent point payer un tribut obligatoire aux trivialités révolutionn
446
es. Tourguéniev, Gontcharov, Dostoïevski, Tolstoï
n’
ont pas échappé à la vigilance de cette seconde censure ; d’autres écr
447
ume et aussi à une certaine inertie de l’opinion,
n’
occupent pas la place qui leur revient de droit… La censure de « gauc
448
Isaiah Berlin, imposait le silence, mais du moins
n’
ordonnait-elle pas aux professeurs ce qu’ils avaient à enseigner. »
449
grandissantes21. Jamais encore le Russe cultivé
n’
avait montré un intérêt si vif pour l’ensemble de la pensée, des lettr
450
ée, des lettres et des arts de l’Occident, jamais
n’
y a-t-il autant voyagé, jamais les traductions des poètes, des romanci
451
iers, des historiens, des philosophes occidentaux
n’
avaient été aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement n’a-t-on fa
452
té aussi nombreuses. Dans aucun pays probablement
n’
a-t-on fait au cours de ces années une si grande consommation de litté
453
turels Russie-Europe : on l’oublie trop, quand on
ne
pense qu’aux journées de 1905 ou à Raspoutine. L’exemple des éditio
454
toute acuité. On voyait les différences, mais on
ne
les croyait pas irréductibles. On admettait les contrastes, mais en a
455
onnaissance intime que l’on prenait de l’Occident
ne
faisait, du reste, que seconder celle de la Russie. L’étude du Moyen
456
t compris, rien de ce qui fut créé à cette époque
n’
est concevable en dehors de ces nouvelles connaissances, de ces nouvea
457
rovoque à la fois la somnolence et l’insomnie. On
n’
arrivait plus à travailler ni à prendre du repos. On hésitait entre l’
458
ets lui seront empruntés dans cet « aperçu », qui
ne
prétend à rien d’original. 15. Nicolas Berdiaev, Les Sources et le s
459
ssé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse
n’
ayant pu donner que des résumés fragmentaires ou vagues de débats en e
460
eures de certains États… La délégation soviétique
ne
peut dire qu’une chose : elle ne peut pas accepter pour examen des pr
461
ation soviétique ne peut dire qu’une chose : elle
ne
peut pas accepter pour examen des propositions de ce genre et les con
462
s sont dénuées de tout fondement… Toutefois, nous
ne
cachons pas que l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’accorde
463
efois, nous ne cachons pas que l’Union soviétique
n’
accordait pas avant et n’accordera pas à l’avenir une telle « liberté
464
s que l’Union soviétique n’accordait pas avant et
n’
accordera pas à l’avenir une telle « liberté d’échanges d’idées » qui
465
remplie de haine à l’égard du genre humain… Nous
ne
pouvons pas accepter une « liberté » qui mènerait au déclenchement d’
466
la Grande-Bretagne et des États-Unis » — ceux qui
n’
affectent pas « le régime intérieur de tels ou tels États ». On pourra
467
concevoir les nécessités de l’autocratie. Mais je
ne
vois pas pourquoi nous devrions accepter une combinaison arbitraire d
468
Je m’inquiète de ce que la délégation soviétique
ne
semble pas gênée par l’échec de cette conférence… N’y aurait-il pas q
469
semble pas gênée par l’échec de cette conférence…
N’
y aurait-il pas quelque vérité dans ces mots frappants que j’entendais
470
é que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement
ne
saurait durer à jamais. Les livres occidentaux ne peuvent être pour t
471
ne saurait durer à jamais. Les livres occidentaux
ne
peuvent être pour toujours exclus comme subversifs, les journaux bann
472
journaux bannis comme corrupteurs. L’information
ne
peut indéfiniment passer pour de l’espionnage, ni les voyages n’être
473
iment passer pour de l’espionnage, ni les voyages
n’
être permis qu’à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’es
474
de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci
n’
est qu’une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derriè
475
’idées aux échanges techniques. Aucune indication
ne
nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être a
476
ratégiques. Ces contrôles, nous l’avons démontré,
n’
ont qu’une faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes
477
mbre) : Les voyages, pour le citoyen soviétique,
ne
sont pas ce qu’on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir,
478
ue est fondé sur des conditions artificielles qui
ne
peuvent tolérer le libre contact avec le monde extérieur. Les dirigea
479
gé de constater que le nouveau projet soviétique…
ne
contient pratiquement rien qui puisse permettre un échange d’idées ou
480
hange d’idées et d’informations entre nos peuples
n’
a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse
481
jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci
ne
s’intéresse qu’aux contacts qui lui permettraient d’obtenir de précie
482
ou des matériaux stratégiques. Cependant, nous
ne
croyons pas que le processus (d’échanges) désormais en cours, même s’
483
us nous rendons à l’évidence qu’une telle culture
ne
saurait accepter aujourd’hui, sans se renier, le principe du libre-éc
484
e » était admis par les interlocuteurs russes, il
n’
y aurait plus de dialogue Europe-URSS à proprement parler, car les int
485
in, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous
ne
reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent, le
486
ous serions obligés de nous récuser : rien de tel
n’
existe chez nous. En retour, nous ne saurions exiger une libre discuss
487
: rien de tel n’existe chez nous. En retour, nous
ne
saurions exiger une libre discussion avec des individus indépendants
488
d’écoles de pensée diverses en URSS : rien de tel
n’
existe chez eux, officiellement tout au moins. Il faut donc trouver au
489
t, à proposer des modes ou formes de dialogue qui
ne
nous paraissent point passibles des reproches que les dirigeants sovi
490
ilité a toujours existé en Europe. Pourtant, elle
ne
pouvait se réaliser avant que du côté russe également on la déclarât
491
ue cette table ronde, dans l’esprit de Cholokhov,
ne
devrait pas réunir seulement des Russes et des communistes occidentau
492
réaliser, sans que ni d’un côté ni de l’autre on
n’
ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se tr
493
s des partis communistes et de leurs filiales, et
ne
représentant chacun qu’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est éviden
494
rraient être organisées en dehors des séances. Il
n’
est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à
495
ent par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue
ne
serait pas vain : parce qu’il répondrait au désir exprimé par un très
496
ns et les autres, rapproche mieux les esprits que
n’
importe quelle discussion sur les principes. Telle est la conviction q
497
ngrès, tels que la conférence atomique de Genève,
ne
saurait remplacer le travail plus approfondi de telles équipes de rec
498
our un homme sans culture scientifique : celui-ci
n’
en retiendra que les explications simplifiées inscrites sur des pancar
499
ns. Les Soviétiques redoutent à juste titre qu’on
ne
les « utilise » à des fins politiques ou artistiquement subversives26
500
peinture inspirée par le « réalisme socialiste »
n’
entraîne l’adhésion soulagée du petit bourgeois de nos pays, incapable
501
ou Paul Klee ; et que cette adhésion, à son tour,
n’
entraîne des conclusions politiques absurdes. C’est pourquoi nous prop
502
doxe de l’expression), non spectaculaires, et qui
ne
cherchent pas à attirer la grande masse inéduquée, mais les artistes,
503
prises de part et d’autre pour empêcher qu’elles
ne
se transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvons
504
forment en abusifs manifestes d’une culture. Nous
ne
pouvons entrer ici dans plus de détails, mais cette précaution de pri
505
devait être formulée ; les modalités d’exécution
ne
seront pas difficiles à imaginer. Les exécutions musicales d’œuvres s
506
sérieux. Dans ce cas, les intellectuels européens
n’
auraient plus le choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous
507
us refuser avec énergie à cette éventualité. Nous
n’
avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres.
508
s-propagandistes officiels, surveillés pas à pas,
ne
nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en rien au
509
ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils
ne
répondent en rien aux désirs concrets du peuple russe, ni aux nôtres.
510
e bulletin d’octobre 1955. 24. Par exemple, nous
ne
saurions accepter comme équitable, ni même honnête, un « dialogue » m
511
-communistes plus ou moins déclarés. (Cet exemple
n’
est pas imaginaire !) Il y aurait là maldonne et tricherie manifeste.
512
auves, ont tous une caractéristique commune : ils
ne
savent pas dessiner. » ag. Rougemont Denis de, « Propositions », Bu
513
ouest du rideau de fer. Mais la méthode, au fond,
n’
est pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe
514
registre l’échec global jusqu’à ce jour (l’Europe
n’
est pas encore unie) des approches partielles ou indirectes, des manœu
515
type bien défini, dont les unions fonctionnelles
ne
seraient que les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère
516
déraliste diffère en esprit des deux autres. Elle
ne
cherche pas à fabriquer une Europe articulée comme une machine, ni à
517
st impossible de peser ces raisons parce qu’elles
ne
sont pas de même nature : les meilleures pourraient être sans poids e
518
récisément, et non point à tout autre chose qu’on
n’
aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée
519
nous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes
n’
a de chances d’aboutir à la création d’une Europe vivante, sans le sou
520
les élites et par les masses. Pour nous donc, il
ne
s’agit pas de choisir une formule de « relance », mais d’accentuer no
521
nécessaire. Notre méthode éducative et culturelle
n’
exclut, certes, aucune des trois autres (nonobstant ses affinités prof
522
d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe
ne
meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, foyer de liberté e
523
s un monde qui l’attaque quand elle faiblit, mais
ne
cesse d’avoir besoin d’elle. ai. Rougemont Denis de, « Relance eur
524
e la réponse des gouvernements ainsi interpellés,
ne
décourage pas les sénateurs belges et les personnalités réunies autou
525
roth et Kowarski, etc. Notre bulletin du 1er juin
ne
manquera pas d’informer nos lecteurs sur les résultats de cette impor
526
t de notre numéro spécial de décembre 1955, elles
n’
ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du cô
527
19 janvier 1956). Selon lui, les peintres russes
ne
s’intéressent qu’aux scènes historiques et aux scènes de genre. « Le
528
ne, et à l’illustration photographique, leur goût
ne
diffère donc en rien de celui du « petit bourgeois réactionnaire de l
529
cices d’académie et d’observation. Aucune évasion
n’
est permise, aucune folie autorisée… Depuis huit ans, la sagesse prédo
530
tes représentent de 25 à 35 % du corps électoral)
n’
a reçu la permission de paraître en URSS. Aux USA, le parti communiste
531
omiques et politiques que devra se donner l’Union
ne
sauraient fonctionner au bénéfice des personnes, groupes et nations,
532
étiques qui forment le corps de ce numéro, et qui
n’
ont d’autre ambition que de présenter sous un juste éclairage l’esquis
533
de l’éducation occidentale au cours des âges : il
n’
existe pas, à notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation en
534
le suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle
n’
a guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !)
535
uement européenne de l’éducation ? La question
n’
est nullement « académique ». Car s’il existe une telle conception spé
536
Europe, c’est d’abord faire des Européens : or on
ne
fera pas de vrais Européens sans choisir des moyens convenables à cet
537
que, histoire, sciences, etc. Cette communication
ne
vise pas à initier l’individu à des mystères en tant que tels, mais a
538
ligieux, de tout prestige sacré, est distribuée à
n’
importe qui, sans autres graduations que celles qu’impose l’âge de l’é
539
ividualisme ? Oui sans doute, mais à condition de
ne
jamais perdre de vue le fait que ces tendances contraires coexistent
540
aires coexistent en Europe depuis des siècles, et
n’
ont jamais cessé de s’y combattre avec des succès alternés, la premièr
541
deux tendances — l’autoritaire et la libertaire —
n’
est peut-être qu’un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal dire
542
libertaire — n’est peut-être qu’un idéal, mais il
n’
en demeure pas moins l’idéal directeur d’une éducation méritant d’être
543
aliser cet équilibre, et bon éducateur, celui qui
ne
cessera d’y tendre. Deux extrêmes, et comment ils se rejoignent :
544
r une crise aiguë, que les observateurs étrangers
ne
sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’
545
imposer un effort intellectuel excessif aboutit à
ne
plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie de
546
s rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il
n’
a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais en
547
a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il
n’
a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tenden
548
ont formé une génération d’enfants que plus rien
ne
tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École
549
n ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement
n’
effraye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent compre
550
raye plus… L’École est devenue leur jouet, et ils
ne
peuvent comprendre qu’un maître les empêche de jouer avec lui comme i
551
mbreuses, et l’on peut craindre qu’à la fin elles
ne
remplacent complètement les mots. Le langage subit une dégradation an
552
commun dénominateur, et voici l’ironie : personne
n’
en tire bénéfice, même pas l’élève le plus ignare, car il voit son ign
553
est de plus en plus médiocre, l’école américaine
n’
en prétend pas moins préparer des « personnalités complètes et sociale
554
ocratique, entend éliminer tout individualisme et
ne
respecter que les droits de la collectivité. Le trait distinctif est
555
usement prescrit pour chaque spécialité : l’élève
n’
a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de
556
écialité : l’élève n’a aucun droit d’option et il
n’
existe pas de cours facultatifs, ni de cours de culture générale (stud
557
ulture générale (studium generale), à moins qu’on
ne
qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de marxis
558
marxisme-léninisme et de propagande du Parti, qui
n’
occupent que 6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 %
559
Pour former cet homme libre et responsable, il
ne
suffirait pas de juxtaposer une éducation libre et un dressage autori
560
à la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui
ne
serait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vr
561
ait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité,
ne
serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’un dress
562
é, ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui
n’
aurait subi qu’un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas,
563
urait subi qu’un dressage, sans liberté de choix,
ne
deviendrait pas, pour autant, un citoyen responsable. Liberté et resp
564
un citoyen responsable. Liberté et responsabilité
ne
peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent qu
565
peuvent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles
ne
s’actualisent que l’une par l’autre et dans leur existence simultanée
566
ducation pour la liberté manquera son but si elle
n’
est pas en même temps et du même mouvement une éducation du sens de la
567
en gardant bien dans l’esprit que cette formation
ne
peut réussir que dans la mesure où elle vise en même temps à rendre l
568
dividu se sent perdu dans la société actuelle. Il
n’
arrive plus à s’y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec
569
té actuelle. Il n’arrive plus à s’y retrouver. Il
ne
voit plus où il pourrait agir avec quelques chances de succès. Il se
570
leurs — sont pour lui autant de mystères, dont il
ne
connaît le nom, la puissance alléguée et le danger supposé que par la
571
e par la presse. Elles se passent loin de lui, il
ne
peut les comprendre, son sens critique reste sans prises sur elles. C
572
la presse les décrit. Les réalités qu’il perçoit
n’
ont rien de commun avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou qu’il
573
ours été de droite », ou d’un milieu social « qui
ne
peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre c
574
i l’Europe ? Tant que ce travail d’information
n’
aura pas été entrepris, il sera vain de parler « d’unir l’Europe » à d
575
in de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui
ne
savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme une
576
s qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils
ne
verront l’union comme une nécessité qu’à partir du moment où ils auro
577
on précaire de nos pays dans un monde où l’Europe
n’
est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut
578
Mais le mouvement inverse, de la partie au tout,
n’
est pas moins nécessaire et doit être opéré en même temps : c’est celu
579
entation générale et cette intégration locale, on
ne
peut les attendre de l’École, à aucun de ses trois degrés. Les progra
580
programmes sont déjà surchargés. Les « matières »
ne
cessent de devenir plus complexes et plus nombreuses. La durée des ét
581
complexes et plus nombreuses. La durée des études
ne
cesse de s’étendre vers la première enfance (dressage social et moral
582
aux horizons plus vastes, un grand espoir ! Elle
n’
est plus un slogan politique et abstrait, mais une aventure personnell
583
tes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais
n’
en demeure pas moins significative. 28. Joan Dunne, Retreat from Lear
584
uropéens. Tant que cette communauté de conscience
n’
aura pas été réveillée et informée, les efforts visant à fédérer nos p
585
’échelle mondiale (qui est celle du xxe siècle),
ne
cesseront de se heurter à l’obstacle majeur : la résistance des espri
586
Ce
n’
est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, pro
587
aux, pratiquement et au jour le jour… Et pourquoi
ne
pas le faire, aujourd’hui, pour les lecteurs de ce bulletin ? À l’app
588
vers les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce
n’
est pas encore l’heure des bilans, mais celle de se demander si le cap
589
tre page de couverture, au dos. Mais un programme
ne
vaut que ce qu’on en fait. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mo
590
ions de travail de 2 à 3 jours chacune, voilà qui
ne
semble pas une tâche surhumaine, encore qu’on se rende mal compte, en
591
r, les persuader de venir — et qui, de nos jours,
n’
est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter, au jour J
592
à le dire un grand chef d’industrie français, ce
n’
est pas au pied du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous p
593
de, organisation d’un dialogue Europe-Inde — pour
ne
parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout pr
594
minces encore au regard des plans en cours, rien
n’
est plus naturel et banal ; qu’ils soient satisfaisants, d’une manière
595
ns peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il
n’
est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumé
596
plus que tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe
ne
sera pas « faite » et sauvée par des plans, mais par des hommes qui l
597
de nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce
n’
est pas au pied du mur… », Bulletin du Centre européen de la culture,
598
Le Prix européen de littérature
n’
a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax Rédigé par les membre
599
européen de la culture le 13 juin. Il a décidé de
ne
pas attribuer le Prix cette année. Deux critères étaient fixés par le
600
tés littéraires particulières, mais qui cependant
n’
ont pas semblé répondre suffisamment au second critère. Sur la base de
601
de. Le nombre des écrivains de quelque talent qui
ne
sont pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infime.
602
é aux seuls manuscrits inédits court le risque de
ne
recevoir que des œuvres de second ordre — ou déjà refusées par de nom
603
emont Denis de, « Le Prix européen de littérature
n’
a pas été donné en 1956 », Bulletin du Centre européen de la culture,
604
resse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi
n’
est pas lancé par quelques Français à d’autres, mais par le Progrès à
605
ope. Mais cela suppose une révolution : l’Europe
ne
se fera pas d’elle-même, comme le dit « la berceuse conservatrice ».
606
comme le dit « la berceuse conservatrice ». Elle
ne
se fera que par une mutation profonde et brusque des esprits, car « l
607
dire « que l’Europe est une idée violente ». (Il
ne
s’agit pas d’une violence physique, on l’entend bien.) Ce livre devra
608
formules paradoxales, il est plus agressif qu’il
ne
s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin
609
n jour que leur modeste revendication personnelle
ne
peut être satisfaite que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s
610
dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils
n’
en demandent pas tant, on devra abattre pour eux quatre-mille kilomètr
611
errière elle, les flots des économies confrontées
ne
s’entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’est précipitée da
612
ne s’entrechoqueront pas plus que la Méditerranée
ne
s’est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez
613
rsqu’on a percé le canal de Suez : par contre, on
ne
verra plus des tonnes de charbon traverser l’océan parce qu’il en coû
614
oindra les civilisations antiques, et nos nations
n’
auront plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire.
615
nt à l’éducation générale ou pratique que l’école
ne
peut plus donner. L’extrême diversité des techniques et des structur
616
. Pourtant le besoin s’en fait sentir partout. Il
n’
est pas un responsable de « foyer » local, de « Volkshochschule », de
617
l, de « Volkshochschule », de « settlement », qui
ne
souhaite pouvoir bénéficier des expériences faites ailleurs, des tech
618
les organismes poserait plus de problèmes qu’elle
n’
en résoudrait. Mais leur offrir des services communs et une inspiratio
619
aux et locaux, plus ou moins spécialisés. Mais il
n’
y avait rien qui pût attirer l’attention d’un vaste public sur des œuv
620
le commerce, mais que, pour bien des raisons, ils
n’
allaient pas y chercher. (Par exemple : entrer dans une librairie, san
621
erre). Malgré l’affluence des manuscrits, le jury
ne
trouva pas cette fois-ci d’œuvre qui lui parut à la fois adaptée au p
622
que l’on adresse amicalement au Centre, c’est de
ne
pas faire suffisamment connaître ses réalisations. Ce bulletin de pre
623
y remédier. Mais les résultats obtenus par le CEC
ne
pourront être appréciés à leur juste valeur relative que si l’on conn
624
t se révéler aussi sérieuses et passionnantes que
ne
le furent jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se deva
625
-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous
n’
aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répondre
626
er, bien sûr. C’est peut-être impossible. Mais on
ne
fera pas l’Europe sans expliquer pourquoi. La passion militante n’y s
627
ope sans expliquer pourquoi. La passion militante
n’
y suffit pas. L’analyse scientifique non plus. Les gros livres ne sont
628
L’analyse scientifique non plus. Les gros livres
ne
sont pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on fai
629
s. Les gros livres ne sont pas lus, les pamphlets
ne
convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous avons essayé de répon
630
ité de base elle-même sera bientôt perdue si nous
n’
édifions pas l’union. La crise de l’unité rend donc impérative cette u
631
s chiffres et les faits permettant de juger. Nous
ne
visions pas l’originalité, l’éloquence ou la propagande. Nous voulion
632
mise au point finale lorsque la catastrophe « qui
n’
a de nom dans aucune langue » a fondu sur un peuple européen. Fallait-
633
: Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous
n’
avions rien entre les mains. La colère et la compassion, la honte au c
634
La colère et la compassion, la honte au cœur, ce
ne
sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pou
635
armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle
ne
pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous apportons ceci, comm
636
e Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle
n’
avait pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole, m
637
l’Europe parce que la souveraineté de ses nations
n’
est qu’un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit êtr
638
r assurer notre avenir économique, et parce qu’il
n’
est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration
639
ntaire et salutaire, pour beaucoup d’étourdis qui
n’
avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bat
640
nt, avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’il
n’
y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-Bre
641
multipliés sur le chemin de l’union par ceux qui
n’
ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Bud
642
nous courons tous ? La leçon de Budapest On
ne
pourra faire l’Europe, et la doter d’un pouvoir politique et d’un mar
643
ais les parlements restent cois. Suez et Budapest
n’
auraient-ils pas suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou ne ser
644
as suffi ? Faudra-t-il d’autres catastrophes ? Ou
ne
serait-t-il pas moins coûteux de soutenir des efforts constructifs, e
645
s sur le gazon d’Eton. Par un raccourci analogue,
ne
pourrait-on pas dire que ces deux grandes défaites européennes : la P
646
nté par les poètes « nationaux » du xixe siècle,
ne
pouvait être véritablement inculqué aux masses que par les manuels de
647
s manuels de l’école primaire. Ceux-ci, en effet,
ne
contribuent pas seulement à meubler l’esprit, mais à conditionner le
648
squ’il aborde ces débats — et 99 fois sur 100, il
n’
aura même pas l’occasion d’aller jusque-là —, le jeune homme a déjà re
649
videntes » dont il est loin de se douter qu’elles
ne
correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et simples p
650
la neutralité traditionnelle de son pays, ou d’on
ne
sait quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’être depuis lo
651
iculture, fortement développée pendant la guerre,
ne
peut se soutenir qu’avec l’aide de subventions de l’État. Ainsi la Su
652
isse conserve une situation privilégiée, mais qui
ne
peut se prolonger longtemps si ses voisins ne se relèvent pas des rui
653
qui ne peut se prolonger longtemps si ses voisins
ne
se relèvent pas des ruines de la guerre. 2. L’Europe détrônée et d
654
ue en plein essor, qu’aucun de nos pays européens
ne
peut plus se défendre seul, et qu’aucun ne peut plus vivre de ses seu
655
opéens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun
ne
peut plus vivre de ses seules ressources. La solidarité des nations e
656
st formé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il
n’
est qu’un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les État
657
st né. Mais il n’est qu’un organe consultatif. Il
n’
a pas de pouvoir exécutif. Les États qui le composent gardent toute le
658
e la Suisse. Le mouvement vers l’union européenne
ne
cesse donc de se développer. Il pourrait aboutir à une vaste fédérati
659
une position centrale dans notre continent, mais
n’
a pas de débouchés directs sur la mer. Une large proportion de ses éch
660
e l’Atlantique Nord, ou OTAN). De même, la Suisse
n’
est pas devenue membre du Conseil de l’Europe lors de la création de c
661
dans les vrais intérêts de l’Europe entière », et
ne
peut donc pas empêcher la Suisse de coopérer avec les institutions qu
662
eux un Marché commun. 5. La Suisse étant neutre
ne
peut adhérer aux alliances militaires des autres pays d’Europe, mais
663
éennes créées depuis 1949 ? 7. Pourquoi la Suisse
n’
est-elle pas membre des Nations unies ? 8. La neutralité suisse sert-e
664
festival ». Jamais, croyons-nous, un tel sondage
n’
avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’agissait d’une part d
665
ent-mille fois plus écoutent de la musique, et je
ne
dis pas que tous l’entendent, mais il n’y a pas seulement les million
666
e, et je ne dis pas que tous l’entendent, mais il
n’
y a pas seulement les millions d’auditeurs de la radio et de la TV, il
667
ion. Alors qu’au xviiie siècle par exemple, elle
ne
pouvait guère figurer qu’au chapitre de dépenses somptuaires de quelq
668
roissant de familles et d’individus. Bref, ce qui
n’
était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie.
669
t passé au rang d’industrie. Ces divers processus
ne
peuvent que s’accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automati
670
d’un festival Les promoteurs de cette enquête
ne
pouvaient s’attendre à une approbation unanime de la définition qu’il
671
ques nuances près, ce qui s’est produit. Personne
n’
a récusé les formules proposées, ou n’en a suggéré de tout autres. Bea
672
t. Personne n’a récusé les formules proposées, ou
n’
en a suggéré de tout autres. Beaucoup les approuvent entièrement. Mais
673
ental » des festivals. Sur le premier point, l’on
ne
peut que donner raison aux remarques de Lord Harewood, ou de critique
674
, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg que
n’
importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idyl
675
n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner
ne
doit rien aux « idylliques vallonnements franconiens », mais Bayreuth
676
ival en tant que fête, car le cadre et l’ambiance
ne
sont pas séparables de l’atmosphère festivale ou fériale. Mais le cad
677
re et l’ambiance, pour nécessaires qu’ils soient,
ne
peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage, ou
678
En fait, toute une série de festivals véritables
ne
sauraient être définis par un rapport sensible entre les œuvres et le
679
e où elles sont jouées. Leur ambiance très réelle
n’
est pas créée par la nature extérieure des lieux mais par la nature in
680
les lieux ou par l’homogénéité de la conception)
n’
exclut pas l’autre, et peut suffire sans l’autre. En fait, elles sont
681
ns la définition que nous proposions, et celle-ci
n’
aurait besoin que de légères retouches pour mieux indiquer qu’il exist
682
é et sur le caractère exceptionnel des programmes
ne
dit-elle pas d’une manière positive ce qu’une telle mise en garde aur
683
ur but de signaler ? Sans compter que le tourisme
ne
représente pas seulement un danger de commercialisation, mais d’abord
684
ne définition « idéale et normative » du festival
n’
était pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il
685
» semblait propre à concrétiser le problème. Elle
ne
pouvait manquer de provoquer les réactions animées et contradictoires
686
ue la question est désormais posée, et que l’idée
ne
semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de pr
687
l soit bien entendu que l’association comme telle
ne
prend pas position sur la question, et ne se propose pas comme jury !
688
e telle ne prend pas position sur la question, et
ne
se propose pas comme jury ! (Je crois bien qu’un ou deux de nos corre
689
n esprit de coopération européenne, l’association
ne
prétend pas représenter la seule formule définitive des festivals, ni
690
u nom. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs,
n’
y ont pas adhéré jusqu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre
691
es d’ailleurs, n’y ont pas adhéré jusqu’ici. L’un
ne
se veut pas « européen », l’autre a des craintes (bizarres) pour son
692
sième est encore un peu jeune, etc. L’Association
n’
est rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’
693
être ouvert et fermé à la fois ; car autrement il
ne
serait pas un club, mais un syndicat recruteur ou quelque société sec
694
ociant des festivals ? » Le nigaud qui a dit cela
ne
mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d
695
pécifique du génie propre de l’Europe. La musique
n’
aidera pas à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuple
696
naire. Et il est typique de l’Europe que personne
n’
ait cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insisten
697
les, ou de viser à un style nettement spécialisé,
ne
perdent jamais de vue que, ce faisant, ils participent à un ensemble,
698
et doivent être appliquées toutes les deux. Cela
ne
résout, bien entendu, aucun problème pratique une fois pour toutes. M
699
lques grands aînés, et parfois de leurs conseils.
Ne
manquaient en somme que les fonds, le siège, les hommes et l’expérien
700
s fonds, le siège, les hommes et l’expérience. Il
n’
y avait pas d’espoir de « trouver » l’expérience, cette aventure étant
701
cienne — que tant d’autres ont fait depuis lors —
ne
sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l
702
vons dû reconnaître que certaines tâches urgentes
ne
seraient pas entreprises ailleurs si le Centre lui-même, à ses risque
703
s si le Centre lui-même, à ses risques et périls,
ne
tentait de les assumer. Ce qui pouvait être réalisé sans plus attendr
704
de nos recettes35.) La fortune publique et privée
ne
croyait pas bien fort à l’union de l’Europe, et moins encore à l’effi
705
ur la plupart réalisés. Certes, toutes ses fusées
ne
sont pas parties du premier coup : mais on sait aujourd’hui que cela
706
u Marché commun des Six. Certes, le Marché commun
n’
est qu’un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne q
707
un ensemble de mesures économiques. Et certes, il
ne
concerne que six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ d’a
708
rel » peut servir à désigner (sinon à définir !),
n’
est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités
709
e des sources de la vitalité de notre culture. Il
ne
s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur
710
2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe
n’
est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoir
711
tions européennes officielles et le secteur privé
ne
pourront fournir l’aide requise que s’ils disposent d’une information
712
des études et des solutions qu’aucun de nos États
ne
peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul. Les dif
713
tout évident. En retour, nos différentes nations
ne
pourront engager le dialogue nécessaire avec les autres traditions de
714
t abouti, 9 ont été partiellement réalisées, et 2
n’
ont été suivies d’aucun effet jusqu’à ce jour (unification du droit et
715
es. C’est dire que les échecs possibles ici ou là
ne
seront guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître e
716
Sur les expériences en cours, on comprendra qu’il
ne
soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une série de
717
e entreprise. L’efficacité des autres expériences
ne
pourra être jugée qu’en 1959, au moment de rédiger le rapport final.
718
ouvrages retenus par la collection. Ce projet qui
ne
manquait pas d’ambition et auquel on ne connaissait pas de précédent,
719
rojet qui ne manquait pas d’ambition et auquel on
ne
connaissait pas de précédent, est aujourd’hui en bonne voie de réalis
720
puis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous
ne
dirons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une géné
721
ujours plus conscientes. J’en dirai trois : 1. On
ne
peut pas faire l’Europe sans des Européens conscients de l’être : il
722
de les former, et d’abord de les informer. 2. On
ne
peut pas faire l’Europe sans l’aide de sa culture, ce serait vouloir
723
3. Les principaux obstacles à l’Union de l’Europe
ne
sont pas dans les « faits » mais bien dans les esprits : c’est donc l
724
itaire bien convaincu (communiste ou fasciste, il
n’
importe, c’est souvent le même « cas » psychologique), il peut suffire
725
trice du moi douteur. Pour former un Européen, il
n’
est pas de recette aussi simple. Car un Européen est par définition à
726
as question de pétrir une glaise indifférente. On
ne
coule pas un homme dans un moule. Le vrai problème d’une formation eu
727
se posent impliquent un cadre supranational : ce
ne
peut être utilement que celui de l’Europe, communauté de culture et d
728
optimum se trouve être local ou régional, mais il
ne
coïncide pas davantage avec les limites d’un État, découpage souvent
729
ent les grouper et qui appellent un effort commun
ne
sont pas nationales mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’
730
t commun ne sont pas nationales mais humaines, et
ne
prennent leur plein sens qu’à l’échelle de l’Europe, unité de civilis
731
organisme. L’information dont nous voulons parler
n’
est pas une activité au jour le jour, suivant pas à pas l’événement, m
732
! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains
n’
auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants l’ont parfois oub
733
ux qui détiennent une responsabilité quelconque à
n’
importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir l’
734
e société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe
n’
est pas simple affaire d’opinion — favorable ou non — et n’est pas jus
735
simple affaire d’opinion — favorable ou non — et
n’
est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts,
736
lons survivre, il faut l’union ; mais cette union
ne
se fera pas d’elle-même ou par l’opération de mystérieux technocrates
737
siciens et des mécènes de la culture. Mais le CEC
n’
est pas seul à travailler dans cet immense domaine. Une vingtaine d’in
738
aises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il
n’
est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les
739
puissance aient pris au sérieux ce grand fait. Il
ne
serait donc pas réaliste d’exposer la méthode culturelle sans définir
740
êmes de cette doctrine montrent d’ailleurs qu’ils
n’
y croient pas absolument, puisqu’ils inculquent par la force le marxis
741
s (toujours « fumeuses » à leurs yeux), par suite
n’
enseignent rien, n’ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement ba
742
ses » à leurs yeux), par suite n’enseignent rien,
n’
ont pas un sou pour cela — et sont régulièrement battus dans la compét
743
ur volonté de défendre « la cause de la liberté »
ne
doivent pas être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils n’
744
liberté » ne doivent pas être pris au sérieux, et
ne
le seront pas, tant qu’ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éduca
745
pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ils
n’
auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autant d’ef
746
c’est elle qui a produit leurs richesses. Car ce
ne
sont pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de
747
créé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce
ne
sont pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni
748
a culture paraît à certains si respectable qu’ils
n’
oseraient jamais la payer… Les Russes n’ont pas ces scrupules-là, ils
749
le qu’ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes
n’
ont pas ces scrupules-là, ils font ce qu’il faut ; ils gagneront sans
750
’il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous
ne
parvenons pas à persuader le capital privé et les États que le salut
751
ue leurs investissements dans le domaine culturel
ne
doivent plus être inscrits au chapitre des dons philanthropiques, mai
752
nt il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous
n’
avons plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs généraux auxquels le
753
risquer de subordonner les fins aux moyens, et de
ne
convertir à l’Europe que les techniciens au sens large, non les masse
754
n régime fédéraliste, c’est risquer d’une part de
ne
pas susciter des moyens assez puissants, d’autre part et à l’extrême,
755
est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il
ne
le comprend pas tout de suite ? La seule attitude efficace, en présen
756
des quatre méthodes se justifie en soi ; — aucune
ne
peut réussir à elle seule ; — elles n’ont donc de chances sérieuses d
757
; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles
n’
ont donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun que toutes ensem
758
e naïveté d’intellectuel contemplatif, « quand il
n’
y a rien encore à contempler » comme l’écrit Altiero Spinelli. Si j’ad
759
s équivoque, voire des partis pris polémiques. On
ne
fait rien de grand sans passion, c’est-à-dire sans partialité. Mais l
760
tradictoires. Il recherche en tout l’optimum, qui
ne
peut jamais être obtenu par la suppression d’une des réalités antinom
761
nsable. Mais notons que leurs « succès » alternés
n’
ont provoqué que de mémorables catastrophes. Au surplus, les uns et le
762
on voit que les catégories de gauche et de droite
ne
jouent plus aucun rôle reconnaissable. « Je me sens perdu ! », diront
763
t être définie par cette formule : les contraires
ne
s’excluent pas, mais s’impliquent mutuellement. Nos partis, routinie
764
te, en sont restés à une logique arithmétique qui
n’
a pas inventé la bombe H, laquelle domine pourtant la situation du siè
765
thode de pensée et de calcul antinomique. Si l’on
n’
arrive pas à penser la réalité physique, sociale, psychologique et pol
766
ar paires ou pluralités d’antinomies valables, on
ne
concevra jamais aucune solution réaliste et véritablement fédéraliste
767
nt que les réalités religieuses et philosophiques
n’
existent pas hors des contradictions irréductibles qui font le drame e
768
eaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes
n’
existent que dans les esprits », car la CECA n’aurait sans doute pas v
769
es n’existent que dans les esprits », car la CECA
n’
aurait sans doute pas vu le jour, et n’eût sûrement point passé le cap
770
ar la CECA n’aurait sans doute pas vu le jour, et
n’
eût sûrement point passé le cap des ratifications parlementaires sans
771
uloirs des parlements. Non seulement nos méthodes
ne
peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’efficacité, com
772
oint de vue de l’efficacité, comme si nulle autre
n’
agissait à côté d’elle ou n’avait agi avant elle, mais encore l’histor
773
comme si nulle autre n’agissait à côté d’elle ou
n’
avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’avo
774
e fédéralistes plus ou moins « constitutionnels »
ne
les rendra pas plus sérieux. Il me paraît bien plus intéressant de co
775
n pourrait donc penser que tous sont d’accord. Il
n’
en est rien. Car certains ne veulent élire au suffrage universel que l
776
ous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains
ne
veulent élire au suffrage universel que l’Assemblée des trois Communa
777
ats. Là-dessus les uns disent aux autres : — Vous
ne
voulez pas vraiment l’Europe unie ! Tandis que les autres répliquent
778
s autres répliquent : — Vous voulez une union qui
ne
serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et n
779
os Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce
ne
serait rien si les fédéralistes dominaient l’opinion et la vie politi
780
. Cette somme égale zéro dans le meilleur cas. Il
n’
y a pas de politique européenne. Pour un pacte de salut public
781
à faire face. Nasser, Bandung, Mao et le Kremlin
n’
agissent pas contre nous en ordre dispersé, même si leurs intérêts div
782
l’aide aux pays sous-développés. Aux menaces qui
ne
cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni
783
aces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous
ne
pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commun dans douze ans
784
e ces mouvements était peut-être inévitable. Elle
ne
deviendra fatale — au double sens du mot — que s’ils ne parviennent p
785
iendra fatale — au double sens du mot — que s’ils
ne
parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble et sans p
786
ses données et incertaine quant à son issue, qui
ne
dépend de vous qu’en partie, mais cette partie vous intéresse au prem
787
tre rencontre. Voici le principe à illustrer : on
ne
fera pas l’Europe sans sa culture, car ce serait faire l’Europe sans
788
faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui
ne
nous intéresse pas nécessairement. Et voici la situation concrète : l
789
es suites que les ministres ont pu lui donner. Il
n’
est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons deman
790
ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce
n’
était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! ce
791
ématurée ! Attention ! vous arriverez trop tard !
N’
en sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre,
792
s facultés, son corps professoral et ses diplômes
ne
paraît ni souhaitable, ni sérieusement souhaitée. b) Cependant, le do
793
r de l’idée d’une Université européenne, idée qui
ne
cesse d’être vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup.
794
’abord toute espèce de risques de malentendus. Il
ne
s’agit pas de former des techniciens de l’européisme en soi. Il ne s’
795
former des techniciens de l’européisme en soi. Il
ne
s’agit pas non plus d’enseigner telle discipline (la physique, les ma
796
quement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il
ne
s’agit pas de former des juristes ou des économistes, par exemple, qu
797
e dans nos pays ou toutes nos économies : car ils
ne
deviendraient pas plus européens par cette simple addition d’informat
798
mple addition d’informations nationales. L’Europe
n’
a pas besoin non plus d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes
799
restent en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce
n’
est qu’au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si impor
800
loppements de la physique nucléaire, par exemple,
ne
sauraient faire l’objet de cours réguliers dans les universités exist
801
la science et de la technologie. Leurs promoteurs
ne
manquent jamais d’insister sur la nécessité de réserver une large par
802
nstitut prévu par l’art. 9 du traité de l’Euratom
ne
se limiterait pas à un enseignement technique, mais y ajouterait un p
803
fertes par telle ou telle ville. Cette dispersion
ne
présenterait pas d’inconvénients majeurs, si les instituts restaient
804
ou le siège d’un futur Pouvoir fédéral européen,
ne
devraient pas intervenir à l’occasion du choix d’un Centre d’enseigne
805
ui qui exerce un art est appelé un artiste, et il
n’
est plus censé être seulement habile : il doit être « créateur ». De m
806
end digne d’être vécue, « worth living ». Mais ce
n’
est pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en
807
à des élites traditionnelles est un phénomène qui
n’
est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du dé
808
, l’enseignement scolaire par des professeurs qui
ne
sont pas nécessairement des praticiens de leur branche. Il y a ensuit
809
ux qui sont touchés par cette rumeur, cette aura,
ne
sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bo
810
cette aura, ne sont guère plus « culturels » que
ne
sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais i
811
s le début du siècle beaucoup de bons esprits. On
ne
cesse de nous répéter depuis Sorel et Spengler que l’Occident va vers
812
inévitable, et que la vulgarisation de la culture
ne
peut qu’abaisser son niveau. Je n’en crois rien, et je ne partage nul
813
de la culture ne peut qu’abaisser son niveau. Je
n’
en crois rien, et je ne partage nullement le pessimisme à la mode… d’h
814
qu’abaisser son niveau. Je n’en crois rien, et je
ne
partage nullement le pessimisme à la mode… d’hier, chez nos penseurs
815
isons souvent accidentelles) auprès de masses qui
ne
peuvent pas avoir la moindre idée de la nature et de l’importance sci
816
ore, dans quelle mesure on peut les convaincre de
ne
pas fonder toute leur politique de production et de distribution sur
817
que. Le microsillon, créé aux États-Unis en 1946,
ne
s’est guère répandu en Europe qu’à partir de 1950. C’est donc une ind
818
la crise du livre ; je les entends répéter qu’ils
ne
peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’aura pas de public,
819
e peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il
n’
aura pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il ne ressemble pas
820
pas de public, c’est-à-dire en fait, parce qu’il
ne
ressemble pas aux « succès » que ces éditeurs ont connus jusqu’à prés
821
trées, et de les vendre directement au public qui
n’
a pas l’habitude de fréquenter les librairies. Les initiateurs de l’en
822
z la première année 500 abonnés, la deuxième vous
n’
en aurez plus que 200 et la troisième année vous fermerez. » Or cette
823
ait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’il
n’
y avait en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas plus
824
aux, ce dont les éditeurs et libraires classiques
ne
peuvent que se féliciter. Il convient de signaler également l’extraor
825
t Camus, 6. Pearl Buck. On avouera que la qualité
n’
a rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la quantité. De ces
826
la technique moderne. Cette technique, en effet,
ne
permet pas seulement de produire livres et disques à meilleur marché,
827
ent une bonne fois à l’idée périmée que le succès
ne
récompense que la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’il
828
iteuropa (septembre 1959)bz Il est clair qu’on
ne
fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la faire sans eux
829
it bien avant les nations, et nulle d’entre elles
ne
saurait lui survivre. Elles peuvent la tuer par leurs rivalités, comm
830
Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous
n’
avons retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous
831
re sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup
ne
font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que r
832
re national : or il manque en partie son but s’il
n’
est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret
833
de leur utilité pour la cause de l’Europe. Enfin,
n’
oublions pas le problème particulier des organismes européens, tant of
834
oursiers, de leurs congrès et de leurs séminaires
n’
étant pas soutenus à l’échelon national comme les autres travaux spéci
835
par sa simplicité autant que par sa nouveauté, il
n’
en va pas de même de son exécution. Il s’agit en effet de choisir ou d
836
une part, la qualité littéraire ou intellectuelle
n’
est plus seule suffisante, et qu’il faut y ajouter l’exigence d’une si
837
excellent en soi, et très « vendable », mais s’il
n’
apporte pas de contribution certaine aux buts européens de l’associati
838
ine aux buts européens de l’association, celle-ci
n’
a pas de raison de l’inclure dans sa collection. En revanche, tel autr
839
s et inévitables qu’elles soient, ces difficultés
ne
sauraient nous arrêter, si nous considérons les avantages que la form
840
Dans cette vue de l’histoire, l’objectivité pure
ne
mènerait qu’à déchiffrer des documents. Or : « Au départ de tout trav
841
s traditionnelles. Les variations de son histoire
ne
s’expliquent que par un fond commun… Qui veut écrire l’histoire de l’
842
disparaît précisément du xie au xive siècle, et
ne
reparaît guère qu’avec les œuvres du pape Pie II (Æneas Silvius Picco
843
… Il y a là un beau paradoxe historique, que nous
ne
pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand avantage de
844
qui lui permet de se placer à un point de vue qui
n’
est ni français ni germanique, ni latin ni anglo-saxon, quant aux préj
845
notes, où — l’ayant pratiqué durant des mois — je
n’
ai trouvé que trois infimes erreurs de fait ou de dates. Une étude aus
846
et Friedrich Heer sont plus personnels, mais nul
n’
est plus solide, plus convaincant, moins discutable que Gollwitzer. Sa
847
istorique, religieux et philosophique de l’époque
ne
pourrait être critiquée que par un marxiste « vulgaire » ou par quelq
848
orains de Hegel ou de Ranke, longuement traités —
ne
se voient même pas mentionnés. Mais rien n’est plus injuste que de re
849
tés — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien
n’
est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, po
850
lus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il
n’
a pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il voul
851
ait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’il
n’
annonçait dans son titre et dans son sous-titre. L’ouvrage de Gollwitz
852
ollwitzer me paraît véritablement fondamental. Je
n’
en sais pas de plus reliable comme dit l’anglais. Sa traduction en Fra
853
de l’idée (ou de la conscience) européenne — dont
ne
peuvent témoigner indiscutablement que les écrits du passé, commentés
854
ction des problèmes majeurs de leur temps. Curcio
n’
a pas voulu refaire, après tant d’autres, une histoire de l’Europe dan
855
le mérite d’être complet : pas un auteur valable
ne
me paraît avoir été négligé. Il comble, notamment, une lacune habitue
856
u cours des deux derniers siècles. Certes, Curcio
n’
a pas tenté de nous imposer une interprétation systématique, à la Hege
857
nruh, etc., etc.). Et quant aux noms français, on
ne
sait où les chercher, car l’auteur cède à la curieuse habitude italie
858
lemands (Metternich, Goethe, Leibniz, etc., etc.)
ne
sont pas groupés sous V, comme il arrive dans les index américains, m
859
férence, précisément. Au reste, l’œuvre de Curcio
n’
est pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusion
860
hauteur d’un manifeste européen : « Le jour où il
ne
devrait plus y avoir qu’une définition unique et standard de l’Europe
861
nds auteurs de systèmes de l’Histoire ; mais pour
ne
pas les imiter. A-t-on remarqué que les génies systématiques sont rég
862
de l’Histoire ». Pour tous les autres, le mot fin
ne
signifie pas but mais décadence et chute. Notre auteur, au contraire,
863
au contraire, tient que « la mission de l’Europe
n’
est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’est réduite elle-mêm
864
tension des autres, qu’elle seule a permise, elle
n’
en demeure pas moins « l’antique matrice spirituelle » de la civilisat
865
» de la civilisation qu’elle a exportée, et cela
n’
est pas « expropriable ». Pourtant, nulle exaltation romantique dans c
866
é par ses œuvres — Diez del Corral, bon Espagnol,
ne
manque pas d’évoquer la grande ombre du Chevalier à la Triste Figure
867
à lui seul vaudrait la lecture de ce beau livre.
N’
est-il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne
868
possibilités comme aux principes du Centre. Nous
n’
avons pas cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut faire
869
es pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de
ne
pouvoir remercier ici que d’une manière collective les animateurs des
870
tel milieu. Ces possibilités, une fois reconnues,
ne
manqueront pas d’encourager certains d’entre eux à tenter à leur tour
871
ler vers les vastes récoltes futures. (Quand rien
n’
a pris, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il
872
, ces animateurs enthousiastes sans lesquels nous
n’
eussions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’un
873
persévérante et féconde peut être conduite. Nous
n’
avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieux m
874
signifie : en tirer davantage que la Nature seule
n’
eût produit. Un champ de blé, une maison, un poème, une statue, un out
875
es propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui
ne
sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position dans
876
sous d’autres formes purifiées et libérales — ce
n’
est rien de naturel, rien de purement physique ; c’est précisément la
877
f et créateur de la culture, à faire voir qu’elle
n’
est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En e
878
technique et donc des sciences ; or les sciences
ne
sont nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’en vertu du c
879
ences ; or les sciences ne sont nées en Europe et
ne
progressent dans l’univers qu’en vertu du complexe philosophique, édu
880
efusons cette question mal posée. Car une culture
ne
saurait être définie par des bornes-frontières et un cordon douanier,
881
ale et dans une vue théorique de la culture, rien
ne
semble moins nécessaire, ou disons-le : plus prétentieux, voire nocif
882
-même œuvre de créateur, bien entendu — un Centre
n’
écrit pas de poèmes — mais pour qu’il y ait quelque part en Europe un
883
tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’elle
ne
soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifié la ra
884
ue la raison d’être d’une institution de ce genre
n’
existe pas en théorie, mais qu’elle répond à des problèmes concrets. E
885
e l’adjectif « culturel » peut servir à désigner,
n’
est pas un mal en soi, bien au contraire. Elle traduit les diversités
886
e des sources de la vitalité de notre culture. Il
ne
s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur
887
2. Recherches à l’échelle européenne. L’Europe
n’
est pas seulement le Musée du Monde, elle doit en rester le Laboratoir
888
tions européennes officielles et le secteur privé
ne
pourront fournir l’aide requise que s’ils disposent d’une information
889
des études et des solutions qu’aucun de nos États
ne
peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul. Les dif
890
tout évident. En retour, nos différentes nations
ne
pourront engager le dialogue nécessaire avec les autres traditions de
891
de soi. Et en effet, durant des siècles, ces fins
n’
étaient guère contestées : un accord général existait quant à savoir s
892
uel modèle il s’agissait de former l’individu. Il
n’
en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec
893
dividu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous
ne
sommes plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc, du
894
drés du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous
ne
sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Not
895
stituent les prétextes généralement invoqués pour
ne
pas reposer la question des fins — objectivité scientifique, routines
896
lème unique que je me pose ici, et je crois qu’il
n’
est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un Marc-
897
s, tout change. La transmission des connaissances
n’
est plus initiation mais instruction publique, c’est-à-dire communicat
898
cation directe, sans préparation religieuse, et à
n’
importe qui, d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction ne vise p
899
, d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction
ne
vise pas à introduire au mystère, mais au contraire à l’éliminer. Ell
900
extrêmes, l’une autoritaire et l’autre libérale.
N’
allez pas croire, pourtant, que l’humanité devait fatalement passer de
901
r une crise aiguë, que les observateurs étrangers
ne
sont pas les seuls ni les premiers à détecter. Un nombre croissant d’
902
imposer un effort intellectuel excessif aboutit à
ne
plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il n’a pas envie de
903
s rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’il
n’
a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais en
904
a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il
n’
a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tenden
905
ont formé une génération d’enfants que plus rien
ne
tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École
906
n ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement
n’
effraye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils ne peuvent compre
907
raye plus. L’École est devenue leur jouet, et ils
ne
peuvent comprendre qu’un maître les empêche de jouer avec lui comme i
908
mbreuses, et l’on peut craindre qu’à la fin elles
ne
remplacent complètement les mots. Le langage subit une dégradation an
909
commun dénominateur, et voici l’ironie : personne
n’
en tire bénéfice, même pas l’élève le plus ignare, car il voit son ign
910
est de plus en plus médiocre, l’école américaine
n’
en prétend pas moins préparer des « personnalités complètes et sociale
911
on aboutit à faire des individus « ajustés » qui
n’
offrent plus de résistance aux modes, à la publicité, aux injonctions
912
ocratique, entend éliminer tout individualisme et
ne
respecter que les droits de la collectivité. Le trait distinctif est
913
usement prescrit pour chaque spécialité : l’élève
n’
a aucun droit d’option et il n’existe pas de cours facultatifs, ni de
914
écialité : l’élève n’a aucun droit d’option et il
n’
existe pas de cours facultatifs, ni de cours de culture générale (stud
915
ulture générale (studium generale), à moins qu’on
ne
qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de marxis
916
marxisme-léninisme et de propagande du Parti, qui
n’
occupent que 6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 %
917
américaine ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui,
n’
était que de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands tr
918
conditionnée selon les théories de Pavlov : elle
n’
a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ?
919
n pour voler de la résistance de l’air, mais elle
n’
a pas reçu de « programme » invariable. Elle doit choisir sans cesse,
920
e, résister aux courants, prendre ses risques. On
ne
l’a préparée qu’à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or
921
ntinomiques, la liberté et la responsabilité, qui
ne
doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’autre,
922
. Quel est le but de la discipline ? Prenez
n’
importe lequel de nos problèmes traditionnels ou modernes, sociaux, ét
923
degré, mais tout le monde admet tacitement qu’il
ne
peut s’agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté et de
924
s deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un
ne
va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut que les contraintes s
925
s leçons, que ce soit donc non pas en vertu de je
ne
sais quelle idée de « correction » formaliste et vexante, et non pas
926
à gauche dans les chambrées, et surtout que rien
ne
dépasse !), plutôt qu’en fonction du but à atteindre, la concentratio
927
la concentration intellectuelle. En revanche, on
n’
exigeait pas assez quant à la discipline intellectuelle : rapidité des
928
ger d’eux, intellectuellement, plus encore qu’ils
ne
donnent, relativement au reste de la classe. Formation générale et
929
rsité — dans la préparation des élèves. Mais elle
ne
doit pas perdre de vue, pour autant, la nécessité fondamentale de mai
930
La vision du But Vous l’aurez remarqué : je
n’
ai guère parlé de méthodes. J’ai plutôt insisté sur le But — la person
931
l’Éducation. Oserai-je vous confesser ici que je
ne
crois plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles soient autoritai
932
inventer ? En effet, une méthode appliquée à tous
ne
peut préparer au mieux, si elle réussit, qu’un type humain uniforme,
933
la personne ? Il y a un saut à opérer. Le général
ne
conduit pas au particulier. Dans la mesure où nous décidons de créer
934
connaissances, alors bon, discutons méthodes. Il
n’
y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’es
935
nne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune
n’
est capable de conduire assurément au But, mais n’importe laquelle, ap
936
n’est capable de conduire assurément au But, mais
n’
importe laquelle, appliquée avec liberté et mise de côté quand il faut
937
e de la personne. Ces termes sont abstraits s’ils
ne
sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’homme p
938
pensez au noir. » J’avais compris ! Mais comme je
ne
bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus à ce que vous faites de vo
939
is ! Mais comme je ne bougeais pas, il ajouta : «
Ne
pensez plus à ce que vous faites de vos mains, aux mouvements que vou
940
t, et dans lequel je dirai tout au long ce que je
n’
ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film
941
tes à l’excès dramatisée et poussée au noir, mais
n’
en demeure pas moins significative. 46. Joan Dunne, Retreat from Lear
942
de droit divin, les théocraties et les dictatures
ne
demandent que l’obéissance de leurs sujets. Seul, le régime démocrati
943
tionne sans être compris et approuvé, c’est qu’il
n’
est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction publiqu
944
communes, il est bien clair que cette fédération
ne
tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens
945
r que cette fédération ne tombera pas du ciel, et
ne
sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs
946
— elle est déjà en train de se faire — mais elle
n’
aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle s
947
ens les rapports qu’on va lire. Une telle enquête
n’
a pas besoin d’être exhaustive ou « scientifique » pour être significa
948
ou « scientifique » pour être significative. Elle
ne
vise qu’à situer le problème d’une formation civique européenne dans
949
Länder est autonome à cet égard. En Suisse, « il
ne
s’agit plus de persuader la jeunesse de la supériorité d’un régime dé
950
choisies à la volée dans les textes qu’on va lire
ne
suffisent nullement à caractériser tout l’esprit de l’enseignement ci
951
nement civique dans tel ou tel pays. Pourtant, je
ne
les crois pas très facilement interchangeables. Elles nous signalent
952
déficiences communes. Mes remarques introductives
n’
ayant d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête,
953
cepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il
n’
apparaît pas comme une conquête révolutionnaire à imposer au reste de
954
xxe siècle. Tout se passe comme si la démocratie
n’
était qu’un système de gouvernement et de droits individuels isolable
955
et voter intelligemment ? 2° Les faits présentés
ne
sont pas suffisamment rattachés à des notions générales (telles que l
956
vont donc essayer d’amender, tandis que l’Europe
ne
s’inquiète aucunement de lacunes béantes, dont il lui reste encore à
957
égale obéissance au Parti La Russie soviétique
n’
a pas de ministère central de l’Éducation (chacun des États garde le s
958
rts de production48 ». Voilà donc un pays où l’on
ne
saurait se plaindre de ce que l’instruction civique ne tienne pas un
959
urait se plaindre de ce que l’instruction civique
ne
tienne pas un compte suffisant des réalités économiques ! Mais il est
960
r aussi que, dans ces conditions, le civisme réel
n’
existe plus, la liberté de choix et d’opinion du citoyen étant réduite
961
sée, et cela pour l’excellente raison que l’Ouest
n’
est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. A
962
l’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme
n’
est pas un système rigide, cohérent, unitaire, expliquant tout, de l’a
963
istoire, l’économie et la morale ! (Mais pourquoi
ne
pas dire dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu
964
ivique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’il
ne
prétend pas être ?). Conclusions introductives Ces quelques ape
965
roductives Ces quelques aperçus, je le répète,
n’
avaient d’autre ambition que d’introduire à une lecture mieux avertie
966
qui suivent. C’est plus encore ce que ces textes
ne
disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre consc
967
conscience du problème d’un civisme européen. Ils
ne
disent pas, et ils ne peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses
968
d’un civisme européen. Ils ne disent pas, et ils
ne
peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses, que notre enseigneme
969
fait corps avec le reste de nos programmes ; ils
ne
disent pas qu’il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’e
970
nt pas qu’il exprime une doctrine unique, et l’on
ne
peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt
971
ne unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils
ne
disent pas qu’il communique un intérêt vivant pour la chose publique,
972
cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils
ne
disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable c
973
ensions de sa personne et de son existence que je
n’
avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui ar
974
xantième année. Mais de sa carrière jusque-là, je
n’
entrevoyais que des bribes. M’aidant de ses notes (592 pages, en angla
975
ne ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je
ne
serais plus obligé d’être avant tout un patriote ! » Dès cet instant,
976
ettres en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il
n’
a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il
977
e paraître en volume à Paris. Mais la littérature
n’
est pas sa vocation. Ses essais de création littéraire sont vite aband
978
ite abandonnés : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je
ne
pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour An
979
s doute beaucoup plus occupé par les femmes qu’il
ne
veut le laisser entendre, mais sa carrière de « politicien privé » lu
980
es meilleures chances à l’action pour laquelle il
n’
a cessé de se préparer, à travers ses années nomades, studieuses et br
981
xister comme État depuis le partage de 1795. Elle
n’
a plus d’existence politique, ni sur le plan international ni sur le p
982
Prusse ayant décrété que l’enseignement primaire
ne
se ferait plus qu’en allemand. Chacune des trois puissances s’efforce
983
es trois régions et ceux de l’émigration, mais il
ne
suffit pas à inspirer et diriger une action politique commune, surtou
984
contre une puissance mais contre trois ! Personne
ne
parle plus au nom de la Pologne, et l’opinion mondiale, depuis longte
985
note simplement dans son livre sur Conrad : « Je
n’
ai pas revu cet ami depuis la guerre (de 14-18) et je ne puis retrouve
986
as revu cet ami depuis la guerre (de 14-18) et je
ne
puis retrouver son adresse. » (Lira-t-il peut-être ces lignes ? Elles
987
etrouvé sa terre après quarante années d’exil. Il
ne
dira qu’une phrase au terme de cette nuit-là : « Cher Joseph, c’est u
988
général, convaincu par ce geste que « Retinger »
n’
est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être ch
989
rde de deux soldats. Les heures passent, personne
ne
vient, et il commence à craindre qu’on l’arrête et qu’on le fouille :
990
pect que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je
n’
y suis pas autorisé. » « Notre conversation se poursuivit ainsi pendan
991
ns une cellule en compagnie d’un vieux Suisse qui
ne
sait pas non plus pourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réussi
992
iés.) Pour atteindre ces deux objectifs, Retinger
ne
dispose ni des fonds nécessaires, ni de l’appui d’une machine politiq
993
. Seul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il
n’
a que son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des con
994
motifs qu’il donne lui-même de son échec, car il
ne
les oubliera pas et prendra le plus grand soin de les éliminer lorsqu
995
essure groups, etc. Mais surtout, écrit-il : « Je
n’
avais pas encore bien vu que la question n’était pas seulement d’avoir
996
: « Je n’avais pas encore bien vu que la question
n’
était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaie
997
rmer une équipe de collaborateurs, sans quoi l’on
ne
peut rien faire dans un pays démocratique. Je croyais que du seul fai
998
es, tout le monde allait les accepter de même. Je
ne
comprenais pas comment la vie politique et les nécessités économiques
999
interfèrent avec les principes et l’idéologie. Je
ne
voyais pas les gens qu’il fallait, ou si je les voyais, je ne m’expri
1000
s les gens qu’il fallait, ou si je les voyais, je
ne
m’exprimais pas comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce fut un
1001
de Castellane. Ce grand dandy de la Belle Époque
ne
manque pas d’idées politiques originales. Il propose à Retinger de pa
1002
que, qu’il a négligé par la suite de le vérifier,
n’
étant plus suffisamment intéressé. Il semble considérer cette aventure
1003
Cependant, ces activités d’agent politique privé
ne
sauraient plaire à tout le monde. Les ambassadeurs russes à Paris et
1004
ce que vous y avez trop d’ennemis, et que si vous
ne
partez pas de votre propre gré, je me verrai contraint de vous expuls
1005
is sa tête à prix. Dans la hâte de son départ, il
n’
avait pris sur lui que peu d’argent, comptant faire venir par la suite
1006
. Un jour à Barcelone, près de mourir de faim, il
ne
fut sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distrib
1007
lors par les Américains. De 1919 à 1936, Retinger
n’
a pas fait moins de onze séjours dans ce pays, où seule la suite de ha
1008
ieurs États, sur lesquels le gouvernement central
n’
avait plus aucun pouvoir. Cette exploitation du pays par l’étranger ra
1009
ls, mais le privait aussi de son indépendance, et
ne
cessait de provoquer des révolutions locales, grèves, meurtres et sau
1010
up de leur saveur à être résumés, je crois bon de
ne
pas les omettre dans cette esquisse biographique : ils donnent ses vr
1011
posait alors la Pologne libérée aux bolchéviques.
N’
ayant plus de passeport, il pria ses amis de lui faire passer la front
1012
rd du Rio Bravo. Là, les bandits déclarent qu’ils
n’
oseront pas aller jusqu’à San Antonio comme prévu. Ils exigent 30 doll
1013
ses jambes en sang quand il atteint la route. Il
ne
voit pas de charrette, mais un agent de police. Il tente de lui expli
1014
excellent espagnol : « Un pauvre chien comme toi
ne
peut pas nous faire de mal ». Quelques kilomètres plus loin, la charr
1015
uation puis à recevoir un passeport polonais. Je
ne
trouve rien dans les notes sur ce séjour aux USA, ni sur le voyage en
1016
mme la police les lui a pris en l’incarcérant, il
ne
peut prouver qu’il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico o
1017
s prétentions jusqu’à ce que les amis de Retinger
ne
puissent plus payer. Les intérêts pétroliers sont prêts à tout pour m
1018
re-deux-guerres Sur les années 1922 à 1940, on
ne
trouve dans les notes que l’esquisse d’un long chapitre consacré aux
1019
onseil national socialiste de Pologne, bien qu’il
ne
soit pas membre du parti ; diverses démarches dans le cadre de l’Inte
1020
tafford commence même sur le sujet un livre qu’il
ne
pourra jamais terminer : il va devenir le Deputy Prime Minister du ca
1021
on chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il
ne
s’est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération synd
1022
les Soviets. En 1939, Retinger qui, jusque-là, «
n’
a jamais servi ni un homme ni une organisation en aucune qualité offic
1023
ir du 16 juin et atterrit à Bordeaux, où personne
ne
sait rien des Polonais. Dans la panique générale, Retinger finit par
1024
tant de détester les titres et décorations, et je
n’
en ai jamais accepté. » Le traité polono-russe de 1941 Au début
1025
enue par les Anglais mais envahie par les Russes,
ne
devînt pas un obstacle à la conduite d’une guerre commune contre Hitl
1026
eu de jours après, l’ambassadeur polonais désigné
n’
ayant pu partir, Retinger fut chargé de représenter les intérêts de so
1027
que la météo permette le départ pour la Pologne,
n’
ayant d’autre passe-temps que la lecture de Platon, dans la traduction
1028
’était le seul livre sérieux de la place, où l’on
ne
trouvait que des romans policiers. Socrate lui permit ainsi de lutter
1029
refusé tout entraînement autre que théorique51 et
ne
se sentait guère soutenu que par l’idée qu’en faisant son premier sau
1030
it, durant les trois mois que dura sa mission, il
ne
fut jamais découvert. Le sens inné de la conspiration dans un peuple
1031
olonais put l’engager. Bien persuadé que personne
ne
savait rien de sa venue, sauf quelques chefs clandestins, il se mit à
1032
ès d’une table occupée par cinq ou six hommes, ce
ne
fut pas sans terreur qu’il entendit soudain l’un d’eux dire à haute v
1033
rs ! » Deux officiers allemands, assis tout près,
ne
bronchèrent pas. La mission se déroulait selon les plans. Les contact
1034
oute hâte dans un autre établissement où personne
ne
pourrait aller le voir : on choisit un hôpital pour les pauvres attei
1035
n archiplein, en partance pour Cracovie. Comme on
ne
trouvait pas de place pour le coucher, le jeune Celt, qui l’accompagn
1036
arée pour l’avion anglais. Cependant, l’opération
ne
pouvait être retardée. L’avion anglais parut à l’heure prévue. Les pa
1037
ous les roues, puis couper les freins. L’appareil
ne
put décoller qu’après une heure et vingt minutes d’efforts frénétique
1038
moteurs emballés en pleine nuit, pas un Allemand
ne
s’était montré. L’atterrissage en Italie du Sud réussit également par
1039
er que ni le gouvernement britannique ni moi-même
ne
furent jamais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et qu’après
1040
er tous deux à Londres, puis emprisonné. Retinger
ne
réussit à le faire libérer qu’en s’adressant directement à Molotov, a
1041
aussitôt reperdue au profit des Russes, Retinger
ne
voyait plus ce qu’il pouvait faire pour son pays, dans le cadre de la
1042
ier cette politique. L’ultime salut de la Pologne
ne
pouvait venir, à ses yeux, que d’une Europe organisée, et c’est vers
1043
d’abord nommée Ligue indépendante, dans l’idée de
ne
pas en exclure les USA). Bientôt, au prix de voyages incessants, dont
1044
ue, Masaryk refusa, crainte de Moscou. Et Molotov
ne
répondit pas à une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui avait trans
1045
train de prendre corps. Aucune décision formelle
ne
fut annoncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger ne devait pa
1046
oncée ce jour-là. Cependant, la solution Retinger
ne
devait pas tarder à s’imposer, non point parce qu’il l’avait bien exp
1047
nts pour l’Europe unie, fédérée ou confédérée. Ce
ne
fut pas un congrès comme les autres, puisqu’il en résulta tout simple
1048
s, inspirent encore tous les « Européistes » : on
n’
a guère trouvé mieux depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui
1049
: on n’a guère trouvé mieux depuis lors, et l’on
ne
cesse de retrouver ce qui avait été proposé dès cette date. Mais plus
1050
celle des gouvernements devant une idée neuve. Il
ne
fut pas seulement le père spirituel, mais l’accoucheur du Conseil de
1051
il de l’Europe. Ce premier résultat spectaculaire
ne
saurait cependant le contenter. Grâce à lui, le Mouvement européen se
1052
and public européen tient pour toutes naturelles,
n’
eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster
1053
n’eussent probablement pas vu le jour. Certes, ce
n’
est pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni
1054
lace de ces institutions, et de bien d’autres. Je
ne
crois pas que Jean Monnet et Retinger ont jamais travaillé ensemble :
1055
ble : leurs méthodes étaient trop différentes, et
ne
pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que
1056
et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce
n’
est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature
1057
iation entre la CECA et la Grande-Bretagne. Et ce
n’
est pas sans raison qu’il se trouvait être, en 1960, le seul membre du
1058
l du CEC qui en eût fait partie dès l’origine, et
n’
eût jamais manqué une seule de ses séances. En fait, il est certain qu
1059
e ses séances. En fait, il est certain que le CEC
n’
eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de Retinger non seulement
1060
puis le groupe de Bilderberg, le rôle de Retinger
ne
fut pas moins décisif, pas moins « instrumental », au sens anglais du
1061
es membres suisses du Conseil, il ajouta : « Vous
ne
voulez pas faire de politique internationale, mais vous en avez fait
1062
débuts de sa carrière, mais Gide avait raison, il
n’
était pas un écrivain. Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettre
1063
Gide avait raison, il n’était pas un écrivain. Je
ne
connais pas d’articles de lui. Ses lettres n’étaient jamais que de qu
1064
Je ne connais pas d’articles de lui. Ses lettres
n’
étaient jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pa
1065
mais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il
n’
était pas non plus un orateur. Sa culture était vaste et variée. Chaqu
1066
de philosophie religieuse. Mais son travail réel
ne
commençait qu’à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fix
1067
antique, à la fin de sa vie. Les yeux non avertis
ne
le distinguaient pas, dans la cohue des Importants. Mais celui qui re
1068
des valeurs rassemblées. Les objectifs du groupe
n’
étaient pas toujours clairs pour beaucoup de ceux qui en faisaient par
1069
on idée est tellement importante qu’il vaut mieux
ne
pas en parler trop clairement. Puis il réunit tout son monde dans une
1070
totale absence d’ambitions personnelles. Beaucoup
ne
pouvaient simplement pas y croire, et le soupçonnaient de desseins to
1071
t le soupçonnaient de desseins tortueux, quand il
ne
faisait que suivre une idée simple et grande : celle de grouper nos f
1072
était si directe, et percutante, que ses victimes
n’
y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il
1073
ce, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il
n’
avait pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste selon
1074
prix, des remerciements et des hommages émus, on
ne
savait où le trouver. « Celui qui s’abaisse sera élevé », certes, mai
1075
a élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui
ne
pardonne pas la modestie si elle n’est pas feinte, et n’admire guère
1076
monde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle
n’
est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de br
1077
onne pas la modestie si elle n’est pas feinte, et
n’
admire guère que ceux qui ont pris la peine de briguer ses applaudisse
1078
vait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il
n’
avait plus de « responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il ne ce
1079
responsabilités » depuis plusieurs mois, mais il
ne
cessait de faire des plans, des démarches et des interventions au suj
1080
pidement durant ses dernières semaines, mais cela
n’
eut pas d’effets perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt qu’il p
1081
ra jusqu’au dernier jour. » 49. « Ces ouvrages
ne
passèrent pas inaperçus », écrit J. H. Retinger ; « Paul Valéry me di
1082
Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation
n’
a pas pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts
1083
yens de transport, etc.), plus rapidement qu’elle
n’
égalise les niveaux de vie, et sans rapprocher les cultures. Ces derni
1084
ux pays techniquement arriérés » : que cette aide
ne
soit pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une culture ; éducation
1085
yer de la civilisation technicienne. La technique
n’
y est pas née par hasard. Elle s’est développée dans un certain contex
1086
’expliquer d’abord à elle-même — que la technique
n’
est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’e
1087
la technique n’est pas l’essentiel de sa culture,
n’
en est qu’une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée
1088
étudie depuis longtemps les autres cultures, mais
n’
est guère étudiée par celles-ci en tant qu’ensemble ou unité. (Chaires
1089
l’Europe envoie en nombre croissant dans le monde
ne
sont pas préparées pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils
1090
pour représenter l’Europe dans son ensemble : ils
n’
ont qu’une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses
1091
de la culture européenne dans son ensemble : ils
n’
étudient qu’une branche isolée, en vue de leur profession, et ne conna
1092
une branche isolée, en vue de leur profession, et
ne
connaissent en général qu’un seul pays, d’après lequel ils jugent l’e
1093
ul pays, d’après lequel ils jugent l’ensemble. Il
n’
existe pas de « Relations culturelles européennes », mais seulement de
1094
avec lesquels engager le dialogue. De même qu’on
ne
sait où trouver le livre qui expliquerait la culture européenne aux é
1095
ropéenne aux étudiants venus d’autres régions, on
ne
sait où trouver le livre qui expliquerait utilement à un de nos « aid
1096
dantes les unes des autres. Aucun plan d’ensemble
ne
les guide, et aucune centrale d’information n’existe encore, à notre
1097
le ne les guide, et aucune centrale d’information
n’
existe encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous borner
1098
ris), publiées par des Africains en Europe. (Nous
ne
connaissons pas de revues sur l’Europe publiées en Asie ou en Afrique
1099
. Senghor ou de J. Jahn sur l’Afrique noire, pour
ne
citer que quelques-uns des plus connus, initient le dialogue nécessai
1100
turels. Les spécialistes d’une culture différente
n’
ont pas à se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations,
1101
ns principales : 1. Une addition de spécialités
ne
fait pas une culture vivante et ne la représente pas. (L’addition de
1102
de spécialités ne fait pas une culture vivante et
ne
la représente pas. (L’addition de vingt nationalismes ne représente p
1103
eprésente pas. (L’addition de vingt nationalismes
ne
représente pas non plus l’Europe, comme unité de culture et de civili
1104
., même s’ils épuisent chacun leur sujet spécial,
ne
font pas un Dialogue des cultures. Ils peuvent se multiplier à la sat
1105
techniques, il y a aujourd’hui un grand vide. Il
n’
y a pas de relais utiles. Pour préparer des hommes d’État, des diploma
1106
ecours : le temps manque pour les étudier, et ils
ne
sont pas assez actuels ou synthétiques. Pour préparer des aides techn
1107
et Orient, sont des catégories trop vastes. Elles
ne
correspondent pas à des réalités culturelles suffisamment définies ou
1108
l’Europe et que l’Amérique latine. Cette dernière
ne
connaît pas de problème des races, mais des problèmes de développemen
1109
in l’Europe, ancêtre culturelle des trois autres,
n’
a pas encore pu surmonter ses divisions nationales, qui ont failli la
1110
nales, qui ont failli la ruiner par deux fois, et
n’
a donc pas encore de politique commune, répondant à sa vocation, à l’é
1111
de la planète. L’Asie est un concept européen, et
ne
possède pas d’autre unité certaine, en dehors des traditions religieu
1112
églige complètement l’Afrique noire, c’est-à-dire
ne
correspond plus aux réalités du xxe siècle. Les régions culturelles q
1113
nnaître, parfois même à se découvrir. Le problème
n’
existe guère pour des ensembles comme l’URSS et les USA, qui sont fort
1114
la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il
n’
en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’est efforcé depuis un siècl
1115
s expériences spirituelles, il reste que les âmes
ne
communiquent pas encore sans que les hommes se rencontrent, et que le
1116
des de chercheurs et d’instituts d’outre-mer, qui
ne
disposaient jusqu’ici que de sources d’informations nationales) ; — F
1117
ne de capitales, auprès de services officiels qui
ne
sont pas toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal équ
1118
rtant sur l’ensemble de leur région). Les centres
ne
seraient pas nécessairement eux-mêmes les « interlocuteurs responsabl
1119
e ?) se poserait également pour chaque région. Il
ne
nous appartient pas de discuter ces problèmes dans le présent papier,
1120
iscuter ces problèmes dans le présent papier, qui
ne
veut qu’introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre aux
1121
la discussion de notre proposition, même si elle
n’
aboutit pas à des résultats immédiats dans toutes les régions représen
1122
remercier d’être venus à Genève pour ce colloque,
ne
sera pas simple affaire de routine. Je sais ce que représente pour ch
1123
elques-uns d’entre vous connaissent ce Centre. Je
ne
vais pas perdre un temps précieux à décrire ses activités. Qu’il me s
1124
faire face, ou que d’autres avaient déjà essayés,
ne
semblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc fi
1125
us avons donc finalement décidé que, puisque rien
ne
serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait commencer, prati
1126
plusieurs au cours de ces tout derniers jours. Je
n’
en salue que plus chaleureusement votre présence autour de cette table
1127
essages, raisons des absences.) Vous voyez qu’il
n’
est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quan
1128
es.) Vous voyez qu’il n’est pas facile de réunir
ne
fût-ce qu’une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre
1129
hui peut apparaître dérisoire. Non seulement nous
ne
pouvons nous prétendre les représentants les plus valables, régulière
1130
s et confirmés, de notre région, mais encore nous
n’
avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des anné
1131
e. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous
ne
pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’il fallait se réunir
1132
e réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous
ne
serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’e
1133
discours. Il est bien entendu que notre colloque
ne
prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donner le coup d
1134
nous constatons dans trois jours que son travail
ne
fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de
1135
s que son travail ne fait que commencer, et qu’il
n’
a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhai
1136
l’Europe, ou entre les musulmans et l’Inde — pour
ne
prendre que ces trois exemples — sont de nature politique avant tout.
1137
Et que, par conséquent, le dialogue des cultures
n’
est guère qu’un luxe, une activité secondaire et probablement vaine ta
1138
en était vraiment ainsi, le dialogue des cultures
ne
pourrait jamais avoir lieu, car il y aura toujours des tensions polit
1139
nt plus graves qu’une base d’entente fondamentale
n’
aura pas été établie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qu
1140
’abord, parce que, en tant qu’intellectuels, nous
ne
pouvons pas grand-chose sur le déroulement immédiat des événements. O
1141
se sur le déroulement immédiat des événements. On
ne
tiendrait aucun compte des solutions que nous pourrions proposer, et
1142
que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous
ne
serions pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre telle
1143
érie, Cuba, Berlin, Bizerte, le Laos, etc.). Nous
ne
chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la mêm
1144
spond à nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne
ne
le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiqu
1145
d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous
ne
le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégalités
1146
re entente politique —· et même économique — nous
ne
pourrons le faire qu’en travaillant à « améliorer le terrain », au se
1147
ialogue véritable ? Disons tout de suite que cela
ne
saurait être une succession de monologues, si éloquents et enflammés
1148
ents et enflammés soient-ils. Voilà pourquoi nous
n’
avons pas voulu convoquer aujourd’hui un grand congrès de plus. Dans u
1149
hui un grand congrès de plus. Dans un congrès, on
ne
parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous
1150
n ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui
n’
est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, com
1151
à notre époque, ennemi des conventions ! Pourquoi
ne
pas essayer dans ce domaine aussi, d’introduire un style d’avant-gard
1152
. Et de même, l’emploi du terme nationalisme, qui
n’
a pas du tout le même sens en Europe et dans le monde arabe, par exemp
1153
ont été discutés, parce qu’il me semble que nous
ne
sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première positio
1154
tes les variantes de la culture de l’humanité. Je
n’
irai pas jusqu’à dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Eu
1155
aloguer. Il s’agit que cette technique objectivée
ne
vienne pas maintenant briser, dissocier, des cultures qui sont justem
1156
el d’Arboussier disait très justement que son cas
n’
est pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils viennent d’acc
1157
, à partir de ce moment-là, d’égale à égale, avec
n’
importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce premier dialog
1158
ù elle arrive tout à fait de l’extérieur, où elle
ne
surgit pas du fond même de la culture comme c’est le cas en Europe. N
1159
sel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans
n’
importe quelle civilisation, nous savons exactement ce que cela veut d
1160
avec la technique chacune à leur manière, et qui
ne
doivent pas au moment même où elles reprennent leur autonomie se lais
1161
onomie se laisser uniformiser, bien plus qu’elles
ne
l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger
1162
ue ces cultures soient différenciées mais si l’on
ne
veut pas aboutir à des ruptures, comme il y en eut tant entre les nat
1163
publiée en 1964, comporte environ 2000 titres. On
n’
a retenu, à de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la dern
1164
a problématique ; ont été exclus les ouvrages qui
ne
traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports
1165
nus dans l’aire géographique de l’Europe mais qui
ne
sont pas étudiés et situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; ceux
1166
créées un jour ou l’autre par des Européens mais
ne
les envisagent pas expressément dans le contexte de notre unité de cu
1167
texte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui
n’
ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le suj
1168
rend d’écrire une thèse sur un sujet européen. Il
n’
a pas le temps de lire 2000 volumes. Il doit savoir quels sont les tit
1169
lité et les branches connexes de la culture. Nous
ne
voulons pas donner des notes, bonnes ou mauvaises, mais nous tâcheron
1170
de la bibliographie et de la Semaine du livre. Il
ne
vise qu’à décrire une coupe dans la production « européiste » contemp
1171
itique des publications européennes Certes, il
ne
faut décourager personne, et l’on doit se féliciter de voir autant d’
1172
tentative, entreprise par le CEC voici cinq ans,
n’
a rien pour les décourager. Si le pool Editeuropa, après un départ ent
1173
le pool Editeuropa, après un départ enthousiaste,
n’
a finalement rien produit sous son nom, c’est à cause de certaines err
1174
a variété de la production réelle et des besoins,
ne
convenait pas aux programmes de chacun des éditeurs membres. Les uns
1175
enfin craignaient que les premiers titres retenus
ne
soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés su
1176
donc qu’une politique de l’édition « européiste »
n’
est pas seulement souhaitable mais possible, moyennant une souplesse s
1177
communes, il est bien clair que cette fédération
ne
tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus instaurée par des moyens
1178
r que cette fédération ne tombera pas du ciel, et
ne
sera pas non plus instaurée par des moyens dictatoriaux : les échecs
1179
— elle est déjà en train de se faire — mais elle
n’
aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle s
1180
pays, son tonus civique), mais il est clair qu’on
ne
pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans les réponses of
1181
e renaissance des régions. Mon ami Roger Bigonnet
n’
a pas oublié que pour devenir membre de l’Association européenne des f
1182
ésentent, dans l’ensemble, une photographie qu’on
ne
pourrait souhaiter plus ressemblante des préoccupations, vœux, doutes
1183
justement nommé « la révolution régionale ». ⁂ On
ne
saurait reprocher à un colloque dont les ambitions initiales étaient
1184
ence les liens entre la culture et l’économie, de
n’
avoir pu qu’effleurer les aspects administratifs, politiques et civiqu
1185
ntenant avec l’ouverture du Marché commun — et ce
n’
est qu’un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe
1186
tés économiques, linguistiques et culturelles qui
n’
ont pas du tout les mêmes frontières ou extensions, si vous dévalorise
1187
la culture et ses chances, ses possibilités. Pour
n’
en donner qu’un exemple, que tout le monde connaît, je dirai que, grâc
1188
e que la spécialisation résultant de la technique
n’
est pas un danger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la
1189
semble des activités humaines. Le spécialiste qui
n’
est que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour
1190
écialisation technique, il faut bien le signaler,
n’
est pas moins dangereuse pour la technique elle-même que pour la cultu
1191
ions techniques, que la plupart de ces inventions
ne
sont pas dues à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’o
1192
à faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ils
ne
trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leurs spéc
1193
réateur de Los Alamos et de la bombe atomique. Il
n’
y a pas de progrès scientifique aujourd’hui, et par suite, pas de prog
1194
essaire dans beaucoup de branches de la technique
ne
crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que p
1195
ue ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui
ne
seraient éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul geste
1196
n décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier
n’
était que « le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspon
1197
érer. L’usine automatisée, l’usine sans ouvriers,
n’
a pas été obtenue par le marxisme mais par le développement même de la
1198
que, entre la technique et la culture, les liens
ne
sont pas seulement souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’
1199
rendre leur art en Italie, Dürer, Schütz, etc. Je
ne
vais pas élaborer davantage, je voulais simplement souligner le lien
1200
l’évolution économique. Notons que ces évolutions
ne
sont jamais parties d’une base « nationale » au sens contemporain du
1201
ent une quantité de nos frontières actuelles, qui
n’
étaient pas les mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles n
1202
ntières actuelles, qui n’étaient pas les mêmes ou
n’
existaient pas dans ces époques-là. Elles ne vont pas d’une nation à l
1203
es ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elles
ne
vont pas d’une nation à l’autre mais d’un foyer de création à un autr
1204
créer un foyer qui rayonnerait bien au-delà ? Je
ne
pense pas que la fonction première d’une métropole soit d’apporter la
1205
ille, qui a déjà une forte densité culturelle. Il
ne
s’agit pas ici d’une population culturellement sous-développée à laqu
1206
c’est quelque chose à quoi l’homme participe, ce
n’
est pas seulement quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il ne
1207
quelque chose qu’il reçoit ; et probablement, il
ne
peut en recevoir les dons que dans la mesure où il fait un effort cré
1208
ou d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui
n’
est pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent, d’u
1209
el va naturellement bien au-delà de sa source. Il
n’
est pas destiné seulement et en premier lieu aux gens du phare ou à ce
1210
soient très fiers, mais le but de leur phare, ce
n’
est pas eux, c’est le reste du monde. Toute culture est échange parce
1211
Toutes choses qui sont chères, toutes choses qui
ne
rapportent presque rien, et qui exigent un important mécénat public e
1212
crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il
n’
y a pas de meilleur investissement pour les grandes industries. Une mé
1213
partie elle-même son rayonnement. Autrement, elle
ne
serait qu’une succursale plus ou moins lointaine de la capitale natio
1214
n : Conseil de l’Europe, Marché commun. Mais elle
ne
deviendra vivante que par les citoyens qui la vivront, conscients de
1215
avenir. Or, comment devenir citoyen d’un pays qui
n’
en est pas un, puisqu’il n’a pas encore d’institutions, de politique c
1216
citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il
n’
a pas encore d’institutions, de politique commune et de gouvernement ?
1217
ons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi
n’
en ferait-elle pas aussi bien pour l’Europe, et pour la paix européenn
1218
te, elle se borne à décrire les institutions mais
ne
présente pas les problèmes vivants et réels de la vie publique ; 3° L
1219
nt l’initiative. Les textes que nous publions ici
ne
représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été présentés aux s
1220
us voudra bien garder dans l’esprit le fait qu’il
ne
s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long ter
1221
Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)cx Je
ne
suis pas du tout géographe, donc pas du tout compétent pour introduir
1222
prenne que la géographie précède l’histoire, mais
ne
la détermine pas. Et que les historiens nationalistes se moquent de n
1223
que je pose aux professeurs de géographie. Et je
ne
sais s’ils y répondront pendant ces journées d’étude, mais ils sauron
1224
Ainsi donc, l’origine de la diversité des langues
ne
serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargo
1225
t ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt
ne
se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses diverses facul
1226
jadis au point qu’un homme de couleur différente
ne
semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l
1227
de conflits peut-être atroces, mais dont l’issue
n’
est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théori
1228
interpénètrent, et certaines s’universalisent. On
n’
a jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a j
1229
appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On
n’
a jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques vo
1230
a découvert la terre entière, et personne d’autre
n’
est jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétien
1231
Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je
ne
leur vois guère de répondant dans les élites d’Asie, d’Arabie et d’Af
1232
n et de séparation, qui est proprement babélique,
ne
me paraît nulle part plus visible et plus facile à observer, hélas, q
1233
vives de la nouvelle culture mondiale. Or, qu’il
n’
y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux
1234
ue cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il
n’
y a plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui s
1235
ens synthétique ou universaliste. Nos universités
ne
sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souve
1236
les professionnelles et d’instituts de recherches
n’
ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration, par ail
1237
rit humain. La juxtaposition de facultés étanches
ne
fait pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un cor
1238
pas plus une université qu’une addition d’organes
ne
fait un corps vivant. Regardons cela d’un peu plus près. Sur l’explos
1239
era de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules
n’
auront pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, p. ex. où d
1240
trente-cinq ans, avions appris toute la chimie et
n’
en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle es
1241
toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous
ne
saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données num
1242
et peut-être en psychologie ; rien de comparable
ne
s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philo
1243
chologie ; rien de comparable ne s’est produit et
ne
saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les
1244
sophie, ni dans les lettres. Mais cette disparité
n’
a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
1245
de fonctionner normalement quand les informations
ne
peuvent plus être échangées entre les branches du savoir, ou entre le
1246
obale de conception, soit originelle soit finale,
ne
peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustrera ce poin
1247
ien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien,
ne
serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce
1248
glise jugea Galilée, parce que tout simplement il
ne
comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait
1249
ait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori
ne
saurait pas si le rapport entre les conclusions du physicien et la do
1250
positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien
ne
saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théolog
1251
forme ou non à la théologie, et fort probablement
ne
s’en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentant
1252
té, et les représentants des disciplines diverses
n’
ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou de
1253
ieux de catastrophe. Après tout, la tour de Babel
ne
s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée
1254
r ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée,
ne
sachant plus s’expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’a
1255
es, qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance
n’
ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent
1256
it humain, et particulièrement l’esprit européen,
ne
peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffise
1257
n, radicalement, par d’autres disciplines, et qui
ne
peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement sur
1258
éthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de
n’
être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sai
1259
tre plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela
ne
se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle corre
1260
ne observation attentive de nos universités, l’on
ne
trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pièces et de morceaux q
1261
e serait un beau sujet d’études !) Or rien de tel
ne
s’est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et ho
1262
res, tout est sacré. La distinction sacré-profane
n’
existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science, éthique et es
1263
et esthétique, sont réglées par les mêmes lois et
ne
connaissent pas de développements particuliers et divergents. L’origi
1264
culiers et divergents. L’originalité, pour elles,
n’
est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exéc
1265
tière et le corps pour essentiellement illusoires
n’
allait pas perdre à leur étude le meilleur de son temps de méditation.
1266
monter leur ignorance méthodique des domaines qui
ne
sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicie
1267
r par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit
ne
peut plus se présenter devant le monde, qu’elle a réveillé, dans le d
1268
oirs spécialisés et synthèse de nos connaissances
n’
est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence d
1269
opéen par excellence de l’union dans la diversité
n’
est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique
1270
toutes les facultés et instituts spécialisés. Je
n’
y crois guère. La presque totalité des expériences tentées dans cette
1271
étés me paraissent assez évidentes. La généralité
n’
est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que d
1272
énéralité n’est pas une matière enseignable. Elle
ne
peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux
1273
s propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe,
ne
laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires super-savants.
1274
sation du savoir, loin de représenter un progrès,
n’
est littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un
1275
s partiels, additionnés, dus à la spécialisation,
ne
combleront jamais, et toujours moins. C’est gagner le monde par petit
1276
le monde par petits bouts au prix de son âme. Il
n’
en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut all
1277
pas moins que la spécialisation dans l’Université
ne
peut aller qu’en croissant, sous la double pression que j’ai dite : t
1278
d d’étudiants et de futurs enseignants. Puisqu’on
ne
peut chercher de solution en arrière, il faut donc la chercher en ava
1279
fronter désormais à des options métaphysiques. Je
ne
l’imagine pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ont écrit.
1280
des synthèses nécessaires. c) Mais ces synthèses
ne
tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comm
1281
ais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles
n’
apparaîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une co
1282
beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce
n’
est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — c
1283
t même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils
ne
peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser ou
1284
e de l’explosion des effectifs universitaires, je
n’
aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste
1285
sprit la règle d’or de la culture européenne, qui
n’
est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations person
1286
r d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce
n’
est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociolog
1287
nent loin derrière, ou même en queue de liste. Je
n’
en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y
1288
s apparaîtront peut-être comme un rêve, mais rien
ne
devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des
1289
mme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui
n’
ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues da
1290
t de l’entropie au niveau de l’enseignement, mais
ne
répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés
1291
irement suivie d’une discussion réglée ; ici l’on
n’
impose pas une image du monde : on la cherche en commun, librement. Au
1292
utuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils
ne
peuvent appartenir à la même spécialité. Et quant au contenu : seuls
1293
ricaines, amérindiennesda, indonésiennes, etc. Il
n’
existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’études europée
1294
’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle
n’
a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sente
1295
histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez,
ne
demande qu’à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations ent
1296
’hui, plus que jamais, faire des hommes. 59. Je
n’
ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment,
1297
moyens d’une aide conçue de telle manière qu’elle
n’
augmente pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se retourne pa
1298
mente pas les déséquilibres existants, et qu’elle
ne
se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Européens se p
1299
ouveau et aux cultures différentes une Europe qui
ne
soit ni impérialiste ni démissionnaire, ni agressive ni masochiste, e
1300
e ni masochiste, et pour laquelle l’universalisme
ne
signifie plus l’ambition naïve d’imposer à la Terre entière une certa
1301
e en soi — ou c’est la guerre. Or d’une part nous
ne
pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, p
1302
tre part nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre
ne
peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par toute l’humanit
1303
à toutes les confusions imaginables. Pourtant, on
ne
peut plus l’esquiver. Il domine toute espèce de réflexion sur la cult
1304
ien plus profondément que les grandes découvertes
ne
le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé que le concours d’un
1305
chargées de proposer des solutions pratiques. Je
ne
parlerai ici que des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage
1306
es cultures orientales, dont on se demande si ils
ne
les tiennent pas, au fond et systématiquement, pour supérieures à la
1307
, de colons pas nécessairement très cultivés, qui
n’
avaient pas compris grand-chose aux propos des sages subtils de la Chi
1308
s, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il
ne
s’agit pas un instant, quoi qu’en aient pensé certains d’entre vous,
1309
se de l’aide au développement par les Occidentaux
ne
reposent-ils pas sur la notion inconsciente, indiscutée mais très dis
1310
res psychiques et religieux qui les distinguent ?
N’
y a-t-il pas là une tendance déshumanisante, anticulturelle, barbarisa
1311
relle, barbarisante ? L’exactitude de ces calculs
ne
suppose-t-elle pas que tous les peuples auraient accepté les options
1312
jours savoir où il va et nous emmène ? Les hommes
ne
sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’on nomme leurs besoins
1313
même coup radicalement faussées. Cette hypothèse
n’
est pas gratuite, ou farfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avan
1314
l’économie était en plein développement — et nous
n’
étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme, bi
1315
sque se répandit le brahmanisme, bientôt suivi on
ne
sait trop pourquoi ni comment par la vogue dans les castes supérieure
1316
des mennonites, qui interdit l’usage de l’auto et
n’
admet que le chariot à deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exe
1317
de développement économique d’une culture donnée
ne
saurait être évalué, calculé ou prévu, comme si tous les hommes étaie
1318
options fondamentales devant la vie et la nature
ne
jouaient qu’un rôle négligeable. En vérité, si l’on entend « développ
1319
ticulation de son âme et de son corps. Cela, nous
n’
avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommon
1320
ttraper », de dire aux Indiens par exemple qu’ils
ne
peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, manger leur
1321
réel et présent de l’explosion démographique. Ce
n’
est pas l’extinction du genre humain mais sa prolifération incontrôlée
1322
r rapidement la famine qu’elle voulait prévenir à
n’
importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme des peuples. Je ne vous par
1323
uel prix, fût-ce au prix de l’âme des peuples. Je
ne
vous parlerai pas ce matin des trois commissions finales qui auront à
1324
ve introduction à l’ensemble des rapports de base
ne
visait en somme qu’à rappeler l’ampleur des objectifs de ce congrès,
1325
ducation civique, voilà qui va de soi et personne
ne
demandera quel est le lien entre ces matières et la préparation civiq
1326
talitaires. Même à supposer que nul d’entre vous
ne
partage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le
1327
ser que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou
ne
se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et ci
1328
est certain que le lien entre culture et civisme
n’
est pas évident pour tous les Européens d’aujourd’hui, et leur paraît
1329
ur paraît à première vue un peu surprenant, si ce
n’
est inquiétant… J’estime donc opportun de poser le problème en toute f
1330
ple, y participent vraiment dans la mesure où ils
ne
se contentent pas d’écouter mais où ils prennent la parole ! Particip
1331
r mais où ils prennent la parole ! Participer, ce
n’
est pas seulement prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce n’
1332
prendre sa part, c’est aussi apporter sa part. Ce
n’
est pas seulement recevoir, c’est aussi donner. L’enfant, l’élève, le
1333
tout cas, c’est ce qu’elle devrait être — mais ce
n’
est pas encore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas
1334
ncore l’éducation au civisme. Celle-ci, en effet,
ne
doit pas se contenter d’inculquer un savoir, de donner des réflexes,
1335
me européen, le citoyen d’une de nos démocraties,
ne
saurait être un vrai démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’
1336
émocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’il
ne
comprenait pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne p
1337
t un bon Européen, s’il ne comprenait pas et s’il
ne
sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y avoir de liberté eff
1338
et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il
ne
peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsabilit
1339
’il ne peut y avoir de liberté effective là où il
n’
y a pas de responsabilité concrète ; et que, inversement, la condition
1340
de décision personnelle. Juridiquement, un homme
ne
peut être tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il étai
1341
signé tel document, commis telle action, et qu’il
n’
a pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de folie
1342
oqués devant les tribunaux. Inversement, un homme
ne
saurait se sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’était po
1343
ux. Inversement, un homme ne saurait se sentir et
ne
saurait être vraiment libre, si ce n’était pour faire quelque chose o
1344
e sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce
n’
était pour faire quelque chose ou pour refuser de faire quelque chose,
1345
r l’honneur ou pour le châtiment. L’irresponsable
n’
est pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’est pas responsable
1346
’est pas libre, et celui qui agit sous contrainte
n’
est pas responsable. Cette liaison fondamentale et indissoluble de la
1347
ctivisme tyrannique. Dans le premier cas, l’homme
n’
est pas responsable, dans le second, il n’est pas libre. Ni dans le pr
1348
l’homme n’est pas responsable, dans le second, il
n’
est pas libre. Ni dans le premier, ni dans le second de ces cas, il ne
1349
dans le premier, ni dans le second de ces cas, il
ne
saurait être considéré comme un citoyen véritable. De ces définitions
1350
ans les civilisations sacrées et les totalitaires
n’
est en somme qu’un immense catéchisme, un apprentissage des règles et
1351
lle. Ces deux exigences de l’éducation européenne
ne
sont contradictoires qu’en apparence. Elles sont en réalité complémen
1352
nce. Elles sont en réalité complémentaires, elles
ne
font que traduire la dialectique de la responsabilité et de la contes
1353
pouvoir. Éduquer un enfant, au sens européen, ce
n’
est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pa
1354
ement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce
n’
est pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléch
1355
s réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce
n’
est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (relig
1356
écouter ces chefs-d’œuvre. Mais cet apprentissage
ne
sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des tech
1357
l imite mal, son maître le corrigera. Mais à cela
ne
se borne pas son éducation artistique : l’imitation correcte des modè
1358
que : l’imitation correcte des modèles orthodoxes
n’
est pas sa fin, comme elle le serait pour un danseur hindou, par exemp
1359
re officiel sous Staline. L’imitation, en Europe,
n’
est qu’un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la perso
1360
nc, le créateur européen est celui pour qui l’art
n’
est plus seulement l’illustration des vérités orthodoxes, et des symbo
1361
la sanction suprême de la communauté — même s’il
ne
doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux caté
1362
spire de statues crétoises, etc. Jamais un siècle
n’
avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’a
1363
rouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun
n’
avait ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé européen et même
1364
istinctes, autonomes et rivales. Cette conception
n’
est pas seulement responsable des guerres absurdes, justifiées aux yeu
1365
le dans laquelle il s’est formé. Roland de Lassus
n’
appartient ni à la Belgique, ni à la France, ni à l’Italie actuelles,
1366
e, ni à l’Italie actuelles, de même que Grünewald
n’
est pas devenu un peintre français du fait de l’annexion de Colmar à l
1367
’architecture, de philosophie ou de science, pour
ne
rien dire de la religion qui les inspira toutes au départ, il n’est p
1368
la religion qui les inspira toutes au départ, il
n’
est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mill
1369
t pas une seule des branches de notre culture qui
ne
résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des Européens ; et
1370
es, tissant l’œuvre commune des Européens ; et il
n’
en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou
1371
ontières d’une seule de nos nations actuelles. Il
n’
y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande » ou
1372
ans relâche et en toute occasion à vos élèves, ce
n’
est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de fals
1373
st l’équivalent de l’histoire événementielle, qui
ne
tenait compte que des batailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on
1374
de la masse de ceux qui auraient bien voulu mais
n’
ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se contentent d’acheter
1375
s professionnels, ou d’en parler. Or une culture
n’
est pas vivante et n’est pas saine, si elle reste l’activité des seuls
1376
d’en parler. Or une culture n’est pas vivante et
n’
est pas saine, si elle reste l’activité des seuls artistes, savants ou
1377
ans chaque membre de la communauté. Tout le monde
n’
a pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la lit
1378
e, ou de spécialité auxiliaire et « optionnelle »
n’
intéressant que les sujets vraiment doués, devrait occuper une place i
1379
i 1967)dd 1. Mise en garde préalable Nous
ne
pensons pas que l’enseignement des langues et des littératures étrang
1380
it une directive pédagogique d’un de nos pays. Il
ne
s’agit pas d’utiliser l’enseignement au profit d’une bonne cause, fut
1381
s’ils le méritent, et non des peuples. Un peuple
n’
écrit rien, ne produit pas de littérature. Il arrive au contraire qu’u
1382
tent, et non des peuples. Un peuple n’écrit rien,
ne
produit pas de littérature. Il arrive au contraire qu’une nation, au
1383
propagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce
n’
est pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est
1384
ode des plus sombres de l’histoire, en France. Il
ne
s’agit pas non plus de « dégager les apports des différents pays », c
1385
958 par notre Centre européen de la culture. Cela
ne
correspondrait ni à la réalité historique (aucun pays, comme tel, ne
1386
i à la réalité historique (aucun pays, comme tel,
ne
s’est jamais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne s
1387
éoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on
ne
sait quel pool idéal), ni à la réalité de la création littéraire, qui
1388
cisif, l’Espagnol Unamuno ! Dans tous ces cas, ce
n’
est pas le passeport qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’e
1389
oit donc bien nettement souligné : notre campagne
ne
veut à aucun prix faire de l’enseignement un moyen de propagande pour
1390
histoire, de la géographie, ou de la littérature,
ne
trouve d’adéquation à son objet que dans le cadre européen. 2. Thè
1391
rée et diversifiée. La « littérature européenne »
ne
résulte pas de l’addition de littératures nationales qu’il s’agirait
1392
ure européenne. Dans ce domaine en tout cas, nous
n’
avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais à c
1393
avant cela, rappelons un grand fait de base qu’on
ne
voit plus parce que trop évident : l’Europe seule a conçu, et possède
1394
océdés, genres et structures de l’œuvre, que nous
ne
voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste la s
1395
e un rôle faible ou nul avant le xixe siècle, et
n’
existe plus au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture, n’est pas
1396
s au xxe siècle : l’École de Paris, en peinture,
n’
est pas « française », et le style dodécaphonique ou sériel n’est pas
1397
française », et le style dodécaphonique ou sériel
n’
est pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou l
1398
n’est pas plus « autrichien » que le ballet russe
ne
fut « russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Mais la diversité des
1399
par leurs emprunts mutuels dans l’ère moderne. Ce
n’
est pas le cas pour l’Inde, encore moins pour la Chine, dont souvent l
1400
n parle urdu, l’autre canada, un troisième tamil,
ne
peuvent s’entendre qu’en anglais et Nehru leur parlait en anglais. Le
1401
à l’unité qu’institue une organisation politique,
ne
nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune
1402
rganisation politique, ne nous oblige nullement à
ne
plus avoir qu’une seule allégeance commune ; elle signifie bien au co
1403
e lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer
n’
est pas mélanger Aux nationalistes maussades ou agressifs, conserva
1404
unie de demain soit un affreux méli-mélo, où l’on
ne
parle plus que l’esperanto ou le « volapuk » des utopistes détestés,
1405
re simplement ceci : — les fédéralistes européens
ne
demandent pas d’autre union que celle que permet l’unité existante de
1406
génie ». Les fédéralistes européens s’engagent à
ne
jamais faire aux nations du continent ce que les unitaires et central
1407
n : les effacer de force, en fait et en droit. Il
n’
y aura jamais d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée.
1408
urope ! » Il y a vingt-deux ans de cela. L’Europe
n’
est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pour
1409
plus illustre homme d’État de ce temps ? Un appel
ne
pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous en
1410
ablement importante de notre temps. »67 Mais qui
ne
voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité
1411
e véritablement importante de notre temps » ? Qui
ne
voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c
1412
oit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill
n’
est pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’Éta
1413
s » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle
ne
sera pas celui du triomphe de l’Internationale, comme Marx l’avait di
1414
ncore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on
ne
peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir,
1415
tion, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut ni
ne
veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’on d
1416
des réalités importantes de notre temps, mais je
ne
pense pas que le réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne
1417
réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il
ne
consiste pas non plus à nier ces maux, mais bien à faire en sorte qu’
1418
libéral, soit par une sécession, mais qui souvent
ne
serait en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s
1419
techniques et démographiques de notre temps. Ils
ne
me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de la n
1420
ominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui
ne
pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée
1421
pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle
n’
est pas surmontée à temps. Origines de l’État-nation La grande f
1422
rtelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre
n’
est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’abouti
1423
Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui
ne
connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence avec l
1424
faudrait montrer que les premiers États nationaux
n’
apparaissent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment a
1425
de moyenne grandeur centré sur l’Île-de-France «
ne
se reconnaît plus de supérieur au monde », traite donc l’empire de ha
1426
peine supportable quand un prince l’incarne, s’il
n’
est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante —
1427
n y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on
ne
fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, c’est-à-dire inta
1428
qui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout
n’
être qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à
1429
eligion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce
n’
est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le cult
1430
at peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que
ne
peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centralisé
1431
oirs des grands empires traditionnels, bien qu’il
n’
en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’uni
1432
e tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu
n’
est enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe si
1433
omique pour répondre au « défi américain » — cela
n’
a plus à être démontré — mais aussi pour répondre au défi du tiers-mon
1434
ns européens, depuis le congrès de La Haye, 1948,
n’
ont pas fait un seul pas effectif en direction de leur fédération poli
1435
, non de coopération. Leur mode de contact normal
n’
est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a ce
1436
va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il
n’
y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du problèm
1437
de mon côté : L’union, pour deux États-nations,
n’
est jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (com
1438
e par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce
n’
est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se s
1439
Invention de la région au xxe siècle Il
n’
est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion e
1440
ant les régions, réalités absolument modernes. Ce
ne
sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les
1441
s ; et enfin l’unité géographique. Cette dernière
n’
est d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée sur
1442
jà beaucoup plus large et solidement fondé que je
n’
osais l’espérer. Montée des régions Au cours de ces dernières an
1443
nçais. La lutte pour notre indépendance nationale
ne
peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera féd
1444
re de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou
ne
sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français
1445
nation doit réparation du tort ainsi causé79. On
n’
est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un
1446
jeunes et des cadres… » Le dépérissement régional
n’
est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la co
1447
est intéressant, me disent certains augures, mais
n’
allez pas y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si
1448
pas y attacher trop d’importance. L’État français
ne
sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et
1449
nt très bien en main, et vos excités de la région
ne
l’impressionnent pas. À quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle
1450
je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même
ne
peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est de
1451
’État est devenue largement illusoire, quand elle
n’
est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire n
1452
le n’est pas toute négative, j’entends quand elle
ne
se réduit pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consentir
1453
ion de pouvoirs à des organes fédéraux. Mais elle
ne
peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la première guerre de
1454
au surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille
n’
est qu’un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne su
1455
plus de temps que les pionniers de l’Europe unie
ne
l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers con
1456
les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et
ne
l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers congrès fédéralistes,
1457
de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous
n’
osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus se
1458
avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois,
ne
nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtr
1459
a nécessairement très lent, au jour le jour. Nous
n’
en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience d
1460
t institutionnelles. Des réalisations à ce niveau
ne
sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exig
1461
s jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je
ne
cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme d
1462
tendent aujourd’hui se partager le monde. Si nous
n’
en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en ta
1463
un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations
ne
sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.
1464
ablement, les remplacera84. » Mais tout le monde
n’
a pas lu Renan… Et cette succession qu’il annonce, ce « remplacement »
1465
ement » des États-nations par la fédération, cela
ne
se fera point par le jeu spontané du fameux « mouvement de l’histoire
1466
és par elles-mêmes, et aussi, par sa sobriété, de
ne
pas réveiller les illusions de l’absolutisme, les délires de la souve
1467
tionales se sont définies ou constituées et elles
ne
peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’aba
1468
rel qui a résulté partout de la colonisation. Qui
ne
voit en revanche que la région articulée dans une fédération continen
1469
chef d’État. Contre ces passions-là, nul argument
ne
vaut et je perdrais mon temps à en écrire ici. Mais des objections ap
1470
des cent régions, qui est encore hypothétique. Je
ne
voudrais indiquer dans cette première esquisse que le principe des ré
1471
ulle au cours des vingt-deux dernières années, il
n’
est pas difficile de faire mieux. La construction fédérale à partir de
1472
ion fédérale à partir des régions a l’avantage de
ne
pas heurter de front et d’entrée de jeu les souverainetés nationales,
1473
nant (sans attendre ni exiger des permissions qui
ne
viendront jamais) des centaines de réseaux européens, un tissu toujou
1474
s ordres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra qu’il
n’
y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe
1475
s ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral
n’
est devenu possible qu’à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’obje
1476
impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on
ne
peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart des objections portant
1477
penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations
ne
se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle est une contradiction dans
1478
it de l’indépendance des Indes. Celle de l’Écosse
ne
saurait surprendre davantage. 70. Petit « Domaine royal » des Capéti
1479
La région
n’
est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)df 1. Les objections
1480
objection. Dans la plupart des cas, la résistance
ne
provient pas d’un refus motivé des positions régionalistes, mais d’un
1481
sant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’on
ne
déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de chercher
1482
moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il
n’
est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objec
1483
plus sûr. Objections tactiques « Comme s’il
n’
était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’aj
1484
ompliquant le problème avec votre utopie ! » « On
ne
peut passer des nations souveraines aux régions fédérées sans transit
1485
té industrielle. » Principes d’une réponse : — a)
N’
est-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la
1486
ase des États-nations ? Sinon, pour quelle raison
ne
l’a-t-on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait r
1487
ion d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il
n’
y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou
1488
« les régions sont encore à naître ». « Les gens
n’
en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils préfèrent mendier des su
1489
Ces réflexes passionnels, étourderies et boutades
ne
sont guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées
1490
d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui
n’
a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’e
1491
Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça
ne
se tient pas. » « La Bretagne n’est pas une entité économique viable.
1492
d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne
n’
est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? »
1493
reton à Rennes ? » « Les ethnies et les économies
ne
coïncident presque jamais. » Chose étrange, c’est ce dernier groupe d
1494
e l’on va tenter d’analyser. 2. Que la région
ne
doit pas être conçue comme un État-nation en réduction Presque tou
1495
es régimes, mais toujours contribuables. L’Église
n’
a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de s
1496
ie Gutenberg » si génialement décrite par McLuhan
ne
peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. Dans ce monde-là, l’expre
1497
et dans son système de représentation, la région
ne
saurait apparaître que sous la forme d’un mini-État centralisé, et d’
1498
ation du citoyen à la vie d’une région de ce type
ne
seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont
1499
vie communale — seule école efficace du civisme —
ne
serait pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays
1500
ative que d’accroître les libertés civiques. Elle
ne
serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de struc
1501
lations humaines et de structure du pouvoir. Elle
ne
représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours entendu ce
1502
n, au sens où j’ai toujours entendu ce terme, qui
ne
signifie pas « tout casser », mais au contraire : poser un nouvel ord
1503
au nombre desquels je me suis toujours rangé. Il
n’
en reste pas moins probable qu’elle va constituer le premier stade, no
1504
ato-nationalistes dont, je le répète, nul de nous
n’
est indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échapper
1505
intellectuelles, spirituelles ou affectives, qui
n’
ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tout.
1506
gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne
ne
m’a démontré qu’entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictat
1507
on contemporain, la continuité est indéniable… Ce
n’
est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, ave
1508
ifférents tout ce qui aura été séparé et défini ;
ne
rien laisser dans l’indivision 93. Proudhon entend réduire les attri
1509
ation des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce
n’
est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le
1510
e marasme gagne la nation devenue hydrocéphale.
Ne
rien laisser dans l’indivision : grande maxime, qui conteste un monde
1511
es totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il
ne
s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentrer (
1512
Les unités de base politiques et leurs structures
ne
sont pas, en principe, superposables aux unités de base économiques (
1513
pécifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce
ne
serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition per
1514
n France, et le Land badois en RFA. Rien au monde
ne
saurait empêcher les citoyens, habitant cette région économique, de c
1515
ou un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui
n’
est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible,
1516
ous, d’une manière uniforme, sans choix possible,
n’
est pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le
1517
s sont les paysages de son cœur. Et aucun de nous
n’
exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs
1518
ationalité et ses institutions étatiques. Mais ce
n’
est pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient
1519
fours ». 95. Il est certain que le Marché commun
ne
cessera d’être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront
1520
tre menacé par les États-nations tant que ceux-ci
n’
auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se ser
1521
renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et
ne
se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits
1522
qu’ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il
n’
y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale, la
1523
ationaux ». df. Rougemont Denis de, « La région
n’
est pas un mini-État-nation », Bulletin du Centre européen de la cultu
1524
outrance de la campagne électorale, bien qu’elle
ne
concernât que des enjeux municipaux ou provinciaux… ». Voilà pris en
1525
cule mais de très loin la plus courante du terme,
ne
signifie rien de plus que la rivalité des sectes ou factions dénommée
1526
s ou factions dénommées « partis politiques », et
n’
a strictement rien à voir avec la définition correcte — dérivée de pol
1527
fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel
ne
manquera pas de s’en emparer un jour — après quoi, logiquement, l’Éta
1528
tler, Brejnev, Mao — égale Police plus Idéologie.
N’
importe quelle idéologie, d’ailleurs, jacobine ou fasciste, marxiste o
1529
te, socialiste ou franquiste : le contenu allégué
ne
change rien aux formes institutionnelles, seules contraignantes. L’Ét
1530
soviets locaux ou régionaux. 2. Les idéologies
ne
comptent pas, au regard des structures de l’État. L’espagnole et la r
1531
it dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On
ne
trouvera de nuances un peu marquées que dans l’esprit des communistes
1532
« fascistes assassins », mais murmurent « qu’ils
ne
peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées » l
1533
nt « qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que
ne
soient pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contre d
1534
s condamnations de Leningrad contre des Juifs qui
n’
ont d’autre tort que de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi d
1535
leurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti
ne
change rien à leur action concrète. Je ne renvoie pas dos à dos ces f
1536
e parti ne change rien à leur action concrète. Je
ne
renvoie pas dos à dos ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas
1537
as dos à dos ces fascistes et ces communistes, je
ne
dis pas qu’ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelque
1538
se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela
ne
compte pas. Les structures qui gouvernent ces deux nations relèvent d
1539
e entité politique. Au reste, l’État totalitaire
n’
est que le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant
1540
ste moins efficace que Déroulède, cette injustice
n’
est due qu’aux circonstances, non à la différence des talents. 3. Ni
1541
3. Ni l’Internationale ouvrière ni la catholicité
ne
tiennent plus devant la vraie religion de notre temps. Quand le pape
1542
ait encore un bras séculier et qui s’en serve. On
ne
brûle plus les hérétiques du christianisme mais on fusille ou pend ce
1543
faire l’État-nation. Défaire l’État-nation (et je
ne
dis pas détruire l’État, j’y reviendrai), c’est la seule hérésie créa
1544
tion civique, par suite, aucune révolution réelle
ne
sont imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en d
1545
s et les émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie
ne
sera qu’une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour
1546
ura suffisamment empoisonnée pour prouver qu’elle
n’
est pas saine. 5. La véritable alternative du siècle. En 1949, à la
1547
au congrès fédéraliste de Montreux en 1947 : Il
n’
y a, dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, de
1548
politiques, deux attitudes humaines possibles. Ce
ne
sont pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans
1549
sque indiscernables dans leurs manifestations. Ce
ne
sont pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire nat
1550
ndant à se faire national et l’autre étatique. Ce
ne
sont pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendr
1551
i prétendent également défendre la liberté. Et ce
ne
sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossibl
1552
» est une expression de journalistes. L’humanité
ne
se reproduit pas tous les vingt-cinq ans et par tranches. À tout inst
1553
venir de l’humanité, mais les énervés de Nanterre
ne
veulent pas en entendre parler : ils discutent avec une rage froide d
1554
ir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’à
ne
pas exister comme système. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on admet
1555
ersité jusqu’à ne pas exister comme système. (Nul
ne
l’a jamais défini.) Si l’on admet que la droite se définit par le sou
1556
lus polluantes les unes que les autres. La droite
ne
« conserve » rien que le pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Natur
1557
change, si l’on veut que la vie continue, mais ce
ne
sera qu’au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feron
1558
er le contact avec les masses », dites-vous. Vous
ne
croyez pas en Dieu, que vous n’avez jamais vu. Avez-vous vu les masse
1559
dites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu, que vous
n’
avez jamais vu. Avez-vous vu les masses, auxquelles vous croyez ? Moi,
1560
e foule. Mais les partis qui invoquent les masses
ne
rassemblent jamais que des minorités, comme on le voit dans les élect
1561
RSS d’abord. Vous me dites que le problème là-bas
ne
se pose plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’étant appropri
1562
eut voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce
ne
sont pas les classes 99. Chacun peut voir les différences qui subsist
1563
e, la condition d’un ouvrier d’usine nationalisée
ne
diffère pas de celle d’un ouvrier d’usine privée, mais diffère largem
1564
rgeois ? ou la dictature du prolétariat ? Ou bien
ne
faites-vous que répéter un mot d’ordre du siècle passé ? Entretenir l
1565
dictature, indépendante de toute idéologie et qui
ne
peut être, par définition, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, j
1566
tion, exercée par le Prolétariat100. Cela dit, je
ne
vais pas esquiver la réponse. Je suis contre la lutte des classes, pa
1567
la dictature fasciste, ni l’étatisme soviétique,
n’
envisagent la suppression de cette forme moderne de l’esclavage.101
1568
égation (Aufhebung) de la condition prolétarienne
ne
sera pas obtenue par l’étatisation des instruments de production — la
1569
tisation des instruments de production — laquelle
ne
change rien, on vient de le voir, à l’existence concrète des ouvriers
1570
t-ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous
ne
comprenez pas, voyez Mao : sa Révolution « culturelle », vous ne lui
1571
s, voyez Mao : sa Révolution « culturelle », vous
ne
lui avez donc jamais demandé ce que ça veut dire ? C’est le renversem
1572
du marxisme. Relisez Marx : de 1844 à la fin, il
n’
a pas varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti que la révolut
1573
ne erreur de Marx, même si c’est décrété par Mao,
n’
est pas nécessairement une vérité empiriquement vérifiable. La culture
1574
e valeurs, donc de références ou de jugements, on
ne
peut agir sur elle que par la création et la diffusion efficace d’œuv
1575
éducation : procédés à moyen ou à long terme, qui
ne
s’accordent pas avec l’idée de révolution violente. Dans un sens beau
1576
l’union de l’Europe sera culturelle d’abord ou
ne
sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la
1577
, capitalistes, socialistes et fascistes. Mais ce
n’
est pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargi
1578
nomie, qui est le domaine propre des Communautés,
ne
fait pas partie de la politique ? Que celle-ci serait donc « autre ch
1579
litique au sens des relations entre États-nations
n’
est pas démocratique et ne peut sans doute pas l’être. Elle est encore
1580
ons entre États-nations n’est pas démocratique et
ne
peut sans doute pas l’être. Elle est encore de type dynastique, en ta
1581
eloppement des personnes. C’est que l’État-nation
ne
s’est pas constitué en vue de certaines tâches sociales définies, mai
1582
ourd’hui. L’agent souverain de cette politique-là
n’
est jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’il fallait servi
1583
l’on voit que le « politique d’abord » de Maurras
ne
veut rien dire, car il n’y a pas de politique à priori, ni de stratég
1584
ue d’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il
n’
y a pas de politique à priori, ni de stratégie dans le vide ; il y fau
1585
s’il faut le redire autrement : L’acte politique
ne
consiste nullement à décider en son âme et conscience et au plus près
1586
z vite que réduire tel ou tel paramètre isolément
ne
peut au mieux que différer, au pire que rapprocher l’échéance fatale.
1587
t du pillage des ressources terrestres. Voilà qui
ne
peut se décider dans la rue, dans ce « discours » dont les barricades
1588
ra capable de prendre de telles décisions. Or, il
n’
y aura de gouvernement européen que sur la base des régions, et nous v
1589
on que j’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui
ne
peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en r
1590
les, le pouvoir régional si l’on préfère, non, ce
n’
est pas un truc électoral, un système plus ou moins astucieux, mais un
1591
es, à ce problème fondamental que les démocraties
ne
voyaient même pas : le problème de la communauté. La révolte des étud
1592
vine ou je te dévore ! dit le Sphinx à Œdipe, qui
n’
a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est EU
1593
Éditions de la Baconnière, 1948, p. 80-81. 99.
Ne
pourrait-on dire, en revanche, qu’à l’Est comme à l’Ouest, les différ
1594
urgeoisie mentale inclut l’ex-classe ouvrière qui
n’
a pas développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeois
1595
ut l’ex-classe ouvrière qui n’a pas développé, ou
ne
pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeoisie petite, moyenne ou
1596
voir et à l’écrire : « Le triomphe du prolétariat
ne
le rend pas maître absolu de la société, car il ne peut triompher qu’
1597
e le rend pas maître absolu de la société, car il
ne
peut triompher qu’en s’abolissant lui-même en même temps que son anti
1598
puscules qui ont usurpé ce titre, L’Ordre nouveau
ne
confondait pas l’ordre avec la mise au pas, ni le nouveau avec le rét
1599
ces, d’urbanisation et de taux de croissance, qui
ne
saurait coïncider que par accident et temporairement avec un territoi
1600
langue maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce
n’
est qu’en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’
1601
l aurait même été habilement saboté. L’expression
n’
est pas trop forte. Il a suffi quelquefois d’enseigner l’allemand, ou
1602
rizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mais nous
ne
trouvons pas de données sur la diffusion de cette même presse en Suis
1603
up moins écoutée. La TV ayant une portée moindre,
ne
peut être reçue dans de nombreuses régions que s’il y a des relais. O
1604
s’il y a des relais. Or on observe que les relais
ne
sont installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère enco
1605
aguère encore à majorité francophone se plaint de
n’
avoir pas de retransmission de la TV suisse romande mais seulement de
1606
s émissions locales de l’ORTF en langue allemande
ne
soient pas limitées à des quarts d’heure symboliques. Les observateur
1607
conséquent de capter la TV allemande. En 1959, il
n’
y avait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 !
1608
x, de Haute-Savoie et de Savoie ; mais nul relais
ne
transmet aux Français la TV suisse de langue française. 4. Le théâtr
1609
de langue française. 4. Le théâtre et la musique
ne
souffrent pas des mêmes entraves nationalistes. Il n’y a pas là de pr
1610
ouffrent pas des mêmes entraves nationalistes. Il
n’
y a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne c
1611
oblèmes sérieux. On a beau répéter que la musique
ne
connaît pas de frontières : d’une manière générale, le rayonnement de
1612
t des opéras et des orchestres demeure municipal,
n’
atteint pas les dimensions régionales. 5. Les livres, en principe, pas
1613
nnement (Rhin, Léman, etc.). « La carte des États
ne
coïncide pas avec la carte des peuples ; et les écarts définissent le
1614
é » à des réalités hétérogènes par nature, et qui
ne
sont superposables ni dans l’espace ni dans le temps : le sous-sol et
1615
ngereuses » mentionnées dans son introduction. Il
n’
y a pas de « juste frontière » imaginable, dès lors qu’elle est polyva
1616
inable, dès lors qu’elle est polyvalente. Et cela
n’
irait pas mieux si on la déplaçait. Car il n’y a pas de bonne frontièr
1617
cela n’irait pas mieux si on la déplaçait. Car il
n’
y a pas de bonne frontière nationale, la moins mauvaise étant tout sim
1618
celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il
n’
y a pas de cultures nationales Mais il faut bien admettre aussi que
1619
réalités ethniques et des dynamismes économiques,
n’
est que la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle
1620
aux dans cet enseignement. La culture, en Europe,
n’
est pas la juxtaposition de vingt-cinq « cultures nationales », puisqu
1621
s enfermer dans les frontières d’un même État. Il
n’
est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion
1622
iste — de la Volga. Les « frontières naturelles »
ne
sont pas moins chères à l’école — ni plus vraies pour autant. Cette n
1623
nord de Trieste… Non, les frontières de nos États
n’
ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et arbitraires
1624
ippies d’un pays s’accorderont mieux avec ceux de
n’
importe quel autre qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne so
1625
tre qu’avec les conformistes de chez eux, etc. Ce
ne
sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment,
1626
de vie. Supprimez les frontières nationales, vous
n’
appauvrirez en rien les diversités de l’Europe : au contraire, vous le
1627
bilisant à Paris tous les esprits de mérite qu’il
n’
a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre cultur
1628
rs locaux, unité et diversité, l’échelon national
ne
joue aucun rôle, est simplement omis, inexistant. Les régions culture
1629
inexistant. Les régions culturelles ou ethniques
ne
coïncident pas avec les régions administratives, qui sont inadéquates
1630
ionale de faire coïncider ces entités hétérogènes
ne
peut engendrer que crises inutiles et conflits aberrants. V. Néces
1631
s en place par les puissances colonisantes : rien
ne
pourra mieux servir les desseins des deux grands (qui ne seront grand
1632
ra mieux servir les desseins des deux grands (qui
ne
seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symboliq
1633
ertait Paris, qui appelait Chamonix, et déjà l’on
ne
savait plus de quoi il s’agissait. Le tunnel permet un accès rapide e
1634
l’échelon national, c’est-à-dire entre capitales,
ne
peut qu’étouffer les problèmes ou les rendre explosifs. (De même que
1635
au jour où il provoque des séparatismes.) 4. Ceci
ne
signifie pas l’abolition anarchiste ou le « dépérissement » marxiste
1636
me européen et que la régionalisation de nos pays
ne
serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen. Enseig
1637
on de nos pays ne serait même pas concevable s’il
n’
y avait l’horizon européen. Enseigner les réalités de la région et l’
1638
onaux, concernent des objets économiques que rien
ne
les a préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l’économi
1639
entales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il
ne
s’agit pas de savoir si « l’Alsace va basculer dans l’orbite économiq
1640
ingues, écoles techniques et professionnelles. Je
ne
fais qu’indiquer des directions de recherches à poursuivre en toute p
1641
en va de même pour l’écologie : que la pollution
ne
connaisse pas de frontières politiques, voilà un fait que tout élève
1642
problèmes continentaux. Une commune, une région,
n’
ont pas les moyens de recherches requis, dans aucun de ces domaines :
1643
qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions,
ne
peut rêver de faire seul.) En retour, l’exécution des mesures jugées
1644
gales, des définitions territoriales différentes,
ne
rendraient pas leur administration aussi difficile que certains l’ima
1645
il est absolument certain que l’Italie comme État
n’
a que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège 66, la Tchécoslovaquie,
1646
té réelle dans nos pays — même si les mass médias
ne
s’en sont pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si…
1647
litiques — les premiers reprochant aux seconds de
ne
pas tenir compte des « possibilités », c’est-à-dire des situations ac
1648
assiques ; les seconds reprochant aux premiers de
ne
pas tenir compte des « nécessités », c’est-à-dire des besoins vitaux
1649
ntraire, la souveraineté absolue de l’État-nation
n’
est qu’un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’a
1650
ue de l’État-nation n’est qu’un mythe, quand elle
n’
est pas simple prétexte à refuser de s’adapter aux réalités du xxe si
1651
endre en main leurs destinées, car sinon personne
n’
y songera. Les premiers estiment que « l’audace » est quelque chose qu
1652
e louer, à condition que l’on prenne bien soin de
ne
pratiquer que la prudence. Les seconds estiment avec moi que « la pru
1653
Le Rapport de base est un monument. Notre résumé
ne
saurait en donner qu’une idée forcément abstraite, mais suffisante, n
1654
revêtir leur vraie valeur. ⁂ Les cinq rapporteurs
ne
se connaissaient pas lorsqu’ils rédigèrent leurs textes. Le Rapport d
1655
u’ils rédigèrent leurs textes. Le Rapport de base
ne
fut distribué qu’à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine
1656
territoriale. « Le tracé des régions frontalières
ne
doit jouer qu’un rôle secondaire » précise très opportunément un des
1657
unément un des sous-titres du Rapport de base. Il
n’
est nullement question de « découper » des régions en Europe comme les
1658
Un découpage régional pensé depuis les capitales
n’
a pas de chances d’être utile… À la stricte définition territoriale de
1659
ut cela dans le Rapport J. André. Quant à moi, je
n’
ai cessé depuis des décennies de préconiser des régions fonctionnelles
1660
e de la région. Comment définir une région, si ce
n’
est plus une affaire de pourtour extérieur, un nouveau tracé de fronti
1661
lques régions (notamment la Regio). Certes, elles
n’
ont pas encore obtenu les compétences juridiques ni les moyens financi
1662
e assurées de l’octroi des moyens nécessaires, il
n’
y aurait jamais de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous n
1663
lichés habituels après de telles rencontres. Nous
ne
parlerons ni d’étape décisive, ni de tournant de l’histoire, ni même
1664
information sur les réalités du xxe siècle, qui
ne
savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien comp
1665
i ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui
n’
ont pas très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a
1666
, ou qui n’ont pas très bien compris pourquoi. Je
ne
sais, on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont
1667
it qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils
n’
ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas i
1668
, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce
n’
est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien
1669
s d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui
ne
sont pas ici, mais dans le seul souci de bien préciser mon point de d
1670
is deux siècles, éliminée. Mais ce premier succès
ne
suffisait pas : il était négatif, en quelque sorte. 2e motif. — Il
1671
èmes économiques et commerciaux, on a vu que cela
ne
suffisait pas. Restaurer l’industrie, augmenter la productivité, anim
1672
la Suisse avait 1 700 000 habitants en 1817. Elle
n’
a doublé qu’en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle a
1673
, mais il faudra manger debout ! » Seulement, il
n’
est pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’acc
1674
alisés, le tiers-monde — il faut oser le dire ! —
n’
a aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vi
1675
t impossible. En effet, les ressources naturelles
ne
sont pas du tout inépuisables comme tous les hommes l’ont cru naïveme
1676
ent — la pollution, ou la natalité, par exemple —
ne
peut au mieux que différer de vingt à trente ans, et au pire risque d
1677
t du pillage des ressources naturelles. Voilà qui
ne
peut se décider dans la rue, dans ce « discours révolutionnaire » don
1678
ons et les imposer ? Un gouvernement mondial ? Il
n’
existe pas et n’existera pas en temps utile. Mais observons que presqu
1679
er ? Un gouvernement mondial ? Il n’existe pas et
n’
existera pas en temps utile. Mais observons que presque tout le mal vi
1680
ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos
ne
pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce sera fait. L’URSS, le
1681
r la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien,
n’
est-ce pas, un motif formidable, écrasant même, d’unir enfin en une pu
1682
Quel est le sens de ma vie dans cette société qui
n’
en est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son f
1683
s cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle
n’
est plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quo
1684
iveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle
ne
le sait pas elle-même. Cette question, et surtout qu’elle demeure san
1685
me nation sans structures où il se voient perdus,
n’
est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader
1686
s où il se voient perdus, n’est pas leur affaire,
ne
peut que les briser, et les oblige à s’évader dans la drogue, dans la
1687
l le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on
ne
lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge s
1688
l se trompe d’une manière pathétique, parce qu’on
ne
peut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’a pas de princip
1689
pathétique, parce qu’on ne peut renverser ce qui
ne
tient pas debout — ce qui n’a pas de principe de cohésion interne. Pa
1690
eut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui
n’
a pas de principe de cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans
1691
e ou du navet communautaire… Et pourtant, rien
ne
bouge : pourquoi ? Mais s’il en est ainsi des motifs de l’union, s
1692
ts d’évidence, si tout pousse à l’union, pourquoi
n’
est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas
1693
on, pourquoi n’est-elle pas faite ? Que personne
ne
me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent :
1694
elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle
n’
intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent : tous les derniers s
1695
meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’il
n’
en naît. ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y avoir
1696
d’anti-Européens qu’il n’en naît. ») Si l’Europe
n’
est pas faite, malgré tout, il doit y avoir à cela une grande et grave
1697
sant barrage dans nos esprits, si énorme que nous
ne
le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes m’ont c
1698
du nécessaire dans la conviction que cet obstacle
n’
est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souver
1699
rains — et qu’ensuite on irait plus loin. Or nous
n’
avons pas progressé d’un pas dans le sens d’une vraie fédération. Et p
1700
d’une vraie fédération. Et pourquoi ? Parce qu’on
ne
peut pas fonder l’union sur les obstacles par excellence à toute unio
1701
e. Car ou bien vous faites une amicale, mais vous
n’
êtes plus des misanthropes. Ou bien vous restez misanthropes, et alors
1702
se moquent de nous : ils savent très bien qu’ils
ne
pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ils n’en ont ni l’intentio
1703
ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ils
n’
en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale absol
1704
is qu’il s’agit de refuser quelque mesure d’union
n’
est plus qu’un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncem
1705
-à-dire à rendre manifeste le fait que leurs pays
n’
étaient plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence que n
1706
eurs pays n’étaient plus « souverains ». Ce mythe
n’
a plus d’autre existence que négative. En son nom l’on peut refuser, m
1707
e négative. En son nom l’on peut refuser, mais on
ne
peut rien bâtir, rien payer, rien unir et rien créer. On ne peut rien
1708
en bâtir, rien payer, rien unir et rien créer. On
ne
peut rien animer, si l’on peut tout bloquer… Si donc on veut unir l’E
1709
en plus énormes et pareilles les unes aux autres
ne
tendent pas à recréer dans leur propre sein des différences situées s
1710
es sujets, par l’entremise des manuels scolaires,
n’
est en fait qu’une forme politique récente, et cette forme se révèle d
1711
jouer un rôle réel à l’échelle planétaire. Aucun
ne
peut plus assurer seul sa défense militaire et sa prospérité, son équ
1712
uanier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne,
n’
est plus capable d’assurer la prospérité des provinces et d’y permettr
1713
irable encore que le chauvinisme national si elle
ne
répondait en réalité à une prise de conscience européenne et d’horizo
1714
al et dépasser ce modèle périmé. Mais le problème
n’
est pas seulement spéculatif et prospectif ! Il est posé en vrac, en t
1715
pagne) fournit 50 % des impôts de tout le pays et
ne
reçoit en retour que 12 % de subventions de l’État central. Alors, ce
1716
nées du hasard des guerres et des traités, et qui
ne
correspondent plus à nulle réalité ni ethnique ni économique. Sur tou
1717
rrants », comme l’écrit J.-F. Gravier115. Rien
n’
empêche… Voici maintenant mon utopie — tout ce qui m’intéresse chez
1718
construction européenne. 1° Faire une région, ce
n’
est pas faire un mini-État-nation, ce n’est pas tout fourrer dans les
1719
égion, ce n’est pas faire un mini-État-nation, ce
n’
est pas tout fourrer dans les mêmes frontières préalablement « délimit
1720
nucléaires : autant de problèmes écologiques qui
ne
connaissent pas de frontières politiques, et qui appellent des soluti
1721
-dire quelques organismes vivants et utiles, rien
n’
empêchera ces régions de nouer entre elles et leurs voisines de l’inté
1722
ord privées, s’étendant à tout le continent. Rien
n’
empêchera ces associations de nommer des délégués qui se rencontreront
1723
on préfère, d’une concertation continentale. Rien
n’
empêchera que les mêmes assemblées nomment, dans leur sein ou au-dehor
1724
et de coordonner les échanges régionaux. Et rien
n’
empêchera ces personnes de constituer dans leur domaine propre des age
1725
miques des pays membres et de leurs régions. Rien
n’
empêchera, enfin, que ces assemblées ne fonctionnent en fait comme des
1726
ions. Rien n’empêchera, enfin, que ces assemblées
ne
fonctionnent en fait comme des Chambres européennes, que ces agences
1727
t comme des Chambres européennes, que ces agences
ne
constituent en fait des ministères, non officiels certes, mais plus e
1728
ais plus efficaces que les officiels, et qu’elles
ne
créent un Conseil européen composé de leurs chefs. Et tout d’un coup
1729
ution européenne sera virtuellement accomplie. Il
n’
y aura pas besoin de fortes secousses pour rompre les liens stato-nati
1730
avait jadis « réunies » de gré ou de force, rien
ne
les en empêchera, c’est l’évidence. Pourquoi détruire ce qui garde sa
1731
e ce qui garde sa raison d’être dès lors que cela
ne
bloque plus l’évolution fédérative et peut même lui servir par exempl
1732
« économies nationales » censées correspondre, on
ne
sait par quel miracle, aux territoires délimités depuis le xixe sièc
1733
adre du continent. Jamais une frontière politique
n’
a arrêté la pollution de l’air et des eaux, ni celle des esprits par l
1734
les, former des régions et leurs administrateurs,
n’
est-ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons-nous le temps de
1735
ée des arbres d’une essence très spéciale. « Vous
n’
y pensez pas, Monsieur le Maréchal, s’écria le jardinier, ces arbres m
1736
s à pousser ! — Tu vois bien, riposta Lyautey, il
n’
y a pas une minute à perdre ! » L’autogestion, ou le pouvoir sur so
1737
Je lui répondrai ceci : les révolutions violentes
n’
ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’à une tyrannie accrue. La
1738
aboutit à Staline. À ceux qui me répètent : « On
ne
fait pas d’omelette sans casser des œufs ! » je réponds qu’il ne suff
1739
melette sans casser des œufs ! » je réponds qu’il
ne
suffit pas de casser des œufs pour faire une omelette. La non-violenc
1740
xerce en fin de compte sur nous, à nos dépens. On
ne
cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’hui, de nouveaux « po
1741
’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous
ne
sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’aven
1742
andes béances de l’histoire (printemps 1974)dn
Ne
cherchez pas, vous ne trouverez le mot ni dans Larousse ni dans Littr
1743
toire (printemps 1974)dn Ne cherchez pas, vous
ne
trouverez le mot ni dans Larousse ni dans Littré, mais il s’explique
1744
ance doit rester absolue et son État indivisible,
ne
font que prolonger le xixe siècle. Mais les ouvrages des seconds dém
1745
e de l’histoire. Illustrons cela de citations qui
n’
appellent que très peu de commentaires. L’État-nation est le bien su
1746
(Erreur sur la féodalité, système juridique qui
n’
a rien à voir avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’est p
1747
avec la région ; erreur aussi sur la région, qui
n’
est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel Deb
1748
re quelle résistance des peuples on a dû vaincre,
ne
fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire
1749
et les réduire au statut de patois !) La région
ne
doit à aucun prix être une arme ou un moyen dirigé contre l’État… Soy
1750
tat… Soyons nationaux et Français ! (Mais l’État
n’
existerait-il que dans la capitale ?) Enfin M. Sanguinetti, secrétaire
1751
rope des régions, qui est une absurdité ». Ce qui
n’
a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nation
1752
le chef de l’État, au lieu de saluer l’événement,
ne
parlaient que des dangers de la réforme, et précisaient surtout ce qu
1753
de la réforme, et précisaient surtout ce qu’elle
ne
devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’on
1754
ance et lesdits intérêts. Personne, que je sache,
n’
a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de ses droits. Per
1755
France, si tous ont parlé de ses droits. Personne
n’
a invoqué la solidarité — pourtant factuelle, quoi qu’on en pense — de
1756
s que déclament les hommes de l’État, dont pas un
ne
paraît même soupçonner que son discours est démodé depuis cent ans, c
1757
une nation par un appareil étatique — formule qui
ne
peut mener qu’à la guerre totale et aux régimes totalitaires, comme v
1758
tous les liens particuliers entre les hommes, qui
ne
sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ».
1759
icht : Comme aucun des grands problèmes mondiaux
ne
peut être résolu dans un cadre national, la raison exige l’édificatio
1760
l’homme et la croissance 120. que jusqu’ici l’on
n’
a guère étudié « que les structures et le mode de fonctionnement des É
1761
er que, sans changements majeurs de ce modèle, on
n’
aboutira pas à des solutions valables ». Et de proposer aussitôt la cr
1762
demande H. Kahn. Et de constater que « la France
n’
a pas une économie nécessairement plus saine que celle de la Belgique,
1763
aine que celle de la Belgique, et aucune des deux
n’
a une économie plus saine que le Luxembourg ». De même, la France n’e
1764
us saine que le Luxembourg ». De même, la France
n’
est pas plus en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’est plus
1765
us en sécurité que la Belgique et aucune des deux
n’
est plus en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous so
1766
e actuel. Traduisons : les États-nations éclatés
ne
sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régio
1767
« Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle
n’
a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait tenu à organise
1768
s de confirmation que l’historien le plus méfiant
ne
saurait en exiger. À la veille du référendum, de Gaulle déclara au gé
1769
nce. » « Partir sur le refus d’une grande réforme
n’
est pas mauvais. Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France q
1770
refus d’une grande réforme n’est pas mauvais. Je
ne
le regrette pas pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas av
1771
le regrette pas pour moi, mais pour la France qui
ne
connaîtra pas avant longtemps de vraies régions 123, et qui va se vau
1772
dans le nombre des « grandes choses », la région
n’
était pas la moindre. 117. Rien de commun avec le mouvement de tend
1773
intitule honnêtement Things to Come. L’« assaut »
n’
exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamism
1774
it le plus européen de tous les Suisses, et qu’il
ne
pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suisse de
1775
e de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’il
n’
y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centr
1776
i italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie
n’
aient tenté de réunir en un État-nation à la française toutes leurs ci
1777
ntain cousin de l’historien de la Renaissance, je
ne
pense pas qu’il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir europ
1778
Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen qui
ne
peut séparer la pensée de l’action, ni la passion de la lucidité — bi
1779
ssant de la vie et son sens du service de la cité
n’
ont cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pres
1780
rand physicien et le monstre sacré du cinéma, qui
ne
sont, après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appe
1781
i, archétypal, avant tous titres décernés, C.J.B.
n’
avait pas seulement la prestance, mais la simplicité et la maîtrise de
1782
it l’affaire une fois pour toutes. Mais la guerre
n’
est que « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évi
1783
récemment, les implications complètes de ce fait
n’
avaient pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme
1784
ouche à sa fin et la littérature du totalitarisme
n’
est pas encore apparue et demeure à peine imaginable. Commentaire Je
1785
ut ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui,
ne
serait-ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait p
1786
nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils
n’
ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’avance
1787
ihilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui
n’
est nullement l’effet, mais bien la cause, tant de l’effondrement chré
1788
ulement parce que le capitalisme (libéral ou non)
n’
est pas lié au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif n’a pas
1789
au christianisme (libéral ou non, — et l’adjectif
n’
a pas le même sens dans les deux cas), mais surtout parce que l’événem
1790
effondrement du christianisme, ou de sa culture —
ne
se passe pas hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut e
1791
as hors de nous et sans nous, collectivement : il
ne
peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement son
1792
existe en lui, quand même il serait seul. Mais ce
n’
est pas « le christianisme » institué qui aime un humain, ou cesse de
1793
bureaucratique. Et que les socialismes au pouvoir
ne
vont mener nulle part à plus de liberté, partout à des régimes totali
1794
mais toujours militaires en fait. En revanche, il
n’
a pas su montrer l’alternative personnaliste à l’individualisme en pro
1795
des Allemands au moins ont plébiscité Hitler : ce
n’
est pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont c
1796
d’hui la terre entière, sans le moindre reste, et
ne
laissent aucun espace libre. Nous ne pouvons rien contre eux. Mais sa
1797
re reste, et ne laissent aucun espace libre. Nous
ne
pouvons rien contre eux. Mais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez pa
1798
rien contre eux. Mais sans eux, malgré eux ? Vous
ne
voyez pas ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici d
1799
En tant qu’il est discuté en public, le problème
ne
date guère que des années soixante de ce siècle. La bibliographie des
1800
s (IUEE) de Genève remontent à 1963 et 1967. Cela
ne
suffit pas toujours pour établir aux yeux des instances officielles —
1801
yeux du grand public. Ni les uns, ni les autres,
n’
ont encore bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le rec
1802
l’analyse scientifique. Eh bien non ! Les régions
ne
sont pas un problème scientifique d’abord, mais politique. Pas un pro
1803
hologique, éthique avant toute chose. La question
n’
est pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’elle est, mais de const
1804
ommes seuls peuvent la faire devenir. Les régions
ne
sont pas des objets à étudier mais à constituer. Elles sont potentiel
1805
établissant que notre savoir, notre connaissance,
ne
proviennent ni des sens, ni de structures tombées du Ciel des Idées,
1806
tion de l’homme. Dans ce sens, on peut dire qu’il
n’
y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour
1807
re qu’il n’y aura jamais de région, que la région
ne
sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour
1808
région ne sera jamais une réalité pour celui qui
ne
veut pas la faire ; ou pour celui qui n’accepterait qu’on se soucie d
1809
elui qui ne veut pas la faire ; ou pour celui qui
n’
accepterait qu’on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord
1810
ire ici : en termes simples, non jargonnants, qui
ne
visent pas à épater les collègues, mais à convaincre les responsables
1811
ntre la pollution arrêtée par les frontières, qui
ne
laissent passer que la pollution elle-même (des airs, des eaux, des o
1812
nit le problème des régions frontalières. Mais ce
n’
est pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réa
1813
pparaissent lésées ou paralysées par la frontière
ne
sont pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à
1814
nscience d’une entité régionale sous-jacente, qui
ne
demanderait, pour exister, qu’à être libérée de cette frontière dont
1815
et dispersés d’une Commission internationale qui
ne
peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans po
1816
pouvoir et de chercheurs isolés, risquent bien de
ne
pas suffire à enrayer le mal avant le point de non-retour. Les mêmes
1817
ble d’une région écologique d’un seul tenant, qui
ne
tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutio
1818
ne tiendrait pas plus compte de la frontière que
ne
le font les pollutions et les nuisances de toute espèce. Troisième ex
1819
upart des départements de Rhône-Alpes. Entité qui
n’
est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous
1820
crit trois opuscules dans cette langue, dont nous
ne
connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute marqué
1821
rd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui
n’
en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du comm
1822
la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000,
ne
les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, entassement méga
1823
avec les résultats que chacun peut constater. Ils
ne
sauraient donc éluder leur responsabilité, puisqu’ils sont fondés sur
1824
s et en vue de guerres à venir. Les États-nations
ne
peuvent éluder leur responsabilité après deux siècles de droit absolu
1825
fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens
ne
s’unissent pas, ils seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Es
1826
ire, de notre guignol partisan. Or, les Européens
ne
s’uniront jamais sur la base des États-nations, c’est-à-dire sur la b
1827
Il faut défaire et dépasser l’État-nation si l’on
ne
veut pas aller irréversiblement vers une guerre atomique. Et pour cel
1828
lement vers une guerre atomique. Et pour cela, il
ne
faut pas de bazookas et de plastic. Il ne s’agit pas de renverser des
1829
ela, il ne faut pas de bazookas et de plastic. Il
ne
s’agit pas de renverser des idoles aux pieds d’argile, mais d’éduquer
1830
ous, est bien schématique. J’en conviens, mais je
ne
vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui est inscrit dans les fai
1831
e recouvrer la dimension civique sans laquelle il
n’
est pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temps.
1832
yant pour extension le territoire de sa réalité —
ne
naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité de recréer des
1833
de nouveau libre, parce que responsable. L’homme
ne
peut être libre et responsable qu’à l’échelle de la commune. (Tocquev
1834
non de bonté ou de méchanceté de l’homme. Ici, ce
ne
sont ni l’économie, ni l’écologie, ni l’énergétique, ni l’éducation q
1835
t relié — c’est-à-dire en tant que personne. Je
n’
ai rien dit de neuf et ce n’était pas mon but. Je voulais seulement gr
1836
nt que personne. Je n’ai rien dit de neuf et ce
n’
était pas mon but. Je voulais seulement grouper des arguments — les re
1837
el observe une chose très simple : c’est que nous
ne
pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais sans pouv
1838
ment : — Si l’avenir est totalement imprévisible,
ne
prétendez pas gouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu, que
1839
de gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie
ne
sont pas aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne s
1840
radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous
ne
savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mourro
1841
éroulement, son histoire et ses dates, « car nous
ne
savons ni le jour ni l’heure ». (À l’inverse, les historiens ne font
1842
jour ni l’heure ». (À l’inverse, les historiens
ne
font plus mystère de ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous,
1843
toriens ne font plus mystère de ce que l’Histoire
n’
est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits passés, opéré
1844
able. Les dates seules y sont certaines…) Si nous
ne
savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en pa
1845
rofit. Ils ont démontré que jamais le tiers-monde
ne
pourra rejoindre le niveau de vie de l’Occident d’aujourd’hui. Ils on
1846
fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils
ne
disent pas : voilà ce qui se passera en 2025 (comme le fait l’impuden
1847
, avec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils
ne
nous imposent rien. En présence de cette agression libératrice, il n’
1848
n. En présence de cette agression libératrice, il
n’
y a qu’une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modèle
1849
t commencer par y croire. Car si on le récuse, on
ne
fera rien pour échapper à ce qu’il annonce, et il deviendra vrai dans
1850
n déguise en données scientifiques à des fins qui
ne
veulent pas s’avouer (décrocher un contrat, pousser les ventes) des p
1851
e subordonner ses décisions à des prédictions qui
ne
seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenan
1852
tout ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce
n’
est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en gard
1853
e nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce
n’
est pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers
1854
ut se passe en dehors des volontés humaines. « On
n’
y peut rien. » Elle voudrait substituer au sentiment de sourde culpabi
1855
la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il
n’
est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le
1856
les « modèles » que manipulent les futurologistes
ne
jouent pas un rôle comparable à celui de ces figurines que le sorcier
1857
pte. Le seul problème étant de gagner la guerre à
n’
importe quel prix financier ou humain, rien ne vient brouiller les cal
1858
e à n’importe quel prix financier ou humain, rien
ne
vient brouiller les calculs. Mais, du même coup, se vérifie cette loi
1859
a prospective scientifique et de l’état de guerre
ne
peut manquer de jouer le rôle d’une sorte de propagande clandestine e
1860
Le court terme est seul calculable. Le long terme
ne
peut faire ressortir que l’absurdité de la croissance dès qu’elle dev
1861
Liée au passé qu’elle tend à fixer plutôt qu’elle
ne
le prolonge en création ; soumise aux seules lois de la matière (méca
1862
s de nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement,
ne
sont prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de
1863
ke et Kahn, entre autres, dressent le calendrier,
n’
est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces
1864
ont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on
ne
peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu
1865
la se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela
ne
se mesure pas) ; et aussi la possibilité d’éprouver jusqu’au désespoi
1866
citations de consommer. En second lieu, Forrester
ne
tient pas compte d’un facteur qui me paraît responsable plus que tout
1867
emander si le dogme de la croissance industrielle
n’
est pas devenu sacro-saint dans la mesure même où il participait de la
1868
ul, il faut admettre aussi qu’une société humaine
n’
est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans tout
1869
u’une société humaine n’est pas une mécanique, ou
ne
l’est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autr
1870
au les événements du xxe siècle que ses méthodes
n’
eussent pu prévoir, en tant que « surprenants ou inattendus ». Je relè
1871
ce dépit est bien compréhensible : car les faits
ne
pouvant avoir tort, c’est la méthode qui sort ruinée d’un tel échec p
1872
cqueville à Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour
ne
citer que les plus grands noms.130 Certes, ils ont tous nourri leurs
1873
ultiplient depuis près de deux siècles, et que je
n’
ai cessé de risquer dans mes livres : j’en donnerai plus loin des exem
1874
cipées, choses fort bonnes en soi mais que l’État
n’
accorde qu’en échange du droit d’aînesse des citoyens sur l’appareil b
1875
orte au séparatisme : Diviser pour régner, Rome
ne
connaissait pas d’autre formule de gouvernement. Pour empêcher l’alli
1876
uitablement les avantages et les responsabilités,
n’
aurait pas vu se produire ces soulèvements. […] Limiter une expansion
1877
soulèvements. […] Limiter une expansion malsaine
n’
aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres
1878
de l’Égypte ou du Proche-Orient — Isis, Mithra —
ne
pouvait être senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui, qu’au
1879
er cette prospective personnaliste, parce qu’elle
ne
voit de sens possible à l’avenir que dans l’accomplissement de la per
1880
ollective, en cela chimérique mais mesurable, qui
ne
serait qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aura
1881
bi des vocations reniées. De fait, la prospective
n’
aurait plus de raison d’être si l’on ne croyait plus à la liberté de l
1882
rospective n’aurait plus de raison d’être si l’on
ne
croyait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu
1883
yait plus à la liberté de l’homme. Elle existe et
n’
a d’intérêt qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurai
1884
qu’à seule fin d’orienter une politique, mais il
n’
y aurait plus de politique possible dans un monde soumis aux seuls « i
1885
comptable. La prospective utile et significative
ne
peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes dési
1886
a vocation : aliénantes. Vos prévisions chiffrées
ne
m’intéressent que dans la mesure où j’ai en tête quelque finalité plu
1887
me lève pour prendre le train ou l’avion : elles
n’
ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques.
1888
prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je
n’
ai pas à deviner mais à décider mon avenir. « Dans ma fin est mon com
1889
ve seront choisis comme idoines à mes fins133, et
ne
seront donc ni la rentabilité, ni le profit monétaire aux dépens du b
1890
désastre inévitable, du seul fait que la finitude
n’
est pas capable d’infini — finitus non capax infiniti — comme le savai
1891
porte en elle-même ses principes régulateurs. Ce
n’
est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lo
1892
lupart des gadgets qu’on nous offre ; ou encore «
n’
importe où », comme l’auto ; ou vers quelque chose d’angoissant et que
1893
nucléaires. Cette analyse des motifs et des fins
n’
est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la pr
1894
iner et d’inventer. Car l’objet de la prospective
n’
est nullement de prévoir et de calculer des phénomènes indépendants de
1895
t déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous
n’
aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins,
1896
e lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui
ne
sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel
1897
’en comprendre le mécanisme, avant que l’appareil
ne
s’écrase sur une montagne ou ne tombe en panne sèche. » Première réac
1898
nt que l’appareil ne s’écrase sur une montagne ou
ne
tombe en panne sèche. » Première réaction devant ce texte : le gosse
1899
e. » Première réaction devant ce texte : le gosse
n’
a pas une chance, sauf intuition, de deviner les manettes qu’il convie
1900
d’avoir su ; et « l’intuition » du geste à faire
ne
pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de con
1901
iste partout des Anciens, même en Europe. Mais il
n’
y a de Modernes, et loués comme tels, qu’en Europe et en Amérique. (Il
1902
am, etc.) La Querelle des Anciens et des Modernes
n’
a jamais eu de sens qu’en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore
1903
stes occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui
n’
est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figurine
1904
blèmes culturels, dont l’importance, assure-t-on,
ne
saurait être sous-estimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer
1905
ces forces sont religieuses à l’origine, si elles
ne
s’avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose
1906
aces de Karl Barth, a montré que le christianisme
n’
est pas une religion à proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose
1907
ne religion à proprement parler, c’est-à-dire : —
ne
propose et n’impose pas un système de rites et de tabous, un code sac
1908
proprement parler, c’est-à-dire : — ne propose et
n’
impose pas un système de rites et de tabous, un code sacré ; — n’a pas
1909
système de rites et de tabous, un code sacré ; —
n’
a pas de Livres sacrés sur les relations sexuelles, économiques, socia
1910
, de Sumer aux Mayas et de l’Inde à la Chine ; —
n’
a pas pour fonction principale de maintenir l’ordo mundi et de conserv
1911
choses espérées, ferme assurance de celles qu’on
ne
voit point », aux certitudes de la religion gageant le passé, la trad
1912
inévitable et « humain, trop humain ». Mais cela
n’
ôte pas la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité n’est plus dés
1913
s la nouveauté radicale de l’Évangile : la vérité
n’
est plus désormais dans le Passé. Le référentiel absolu n’est plus « c
1914
us désormais dans le Passé. Le référentiel absolu
n’
est plus « ce qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui es
1915
ue par toutes les autres religions, parce qu’elle
n’
est concevable, en effet, que dans une société travaillée par le messa
1916
Les Européens ont découvert le Monde, et personne
n’
est jamais venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous perm
1917
tôt rejetée. Les chinoiseries du xviiie français
ne
sont qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameub
1918
es du xviiie français ne sont qu’une mode et qui
n’
influence guère que la vaisselle et l’ameublement des plus riches. Au
1919
ans lui apporter rien d’essentiel que la Bretagne
n’
ait formé d’abord. Il en va de même pour l’influence passagère de l’ar
1920
ontre le debussysme, un Pierre Boulez aujourd’hui
ne
lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’il choisit de se rat
1921
un sens précis, concret, les a créées. Tel émirat
n’
est qu’un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie
1922
role est « arabe », dit-on, mais sans l’Europe il
n’
existerait pas. Et dans ce sens concret, « il vient de l’Europe ».
1923
nges matériels et des contacts humains, voilà qui
ne
cesse de multiplier et d’aggraver les causes de conflits politiques e
1924
’on impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel
n’
est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que sub
1925
est pas en mesure d’en déchiffrer le message : il
ne
peut donc que subir cette forme comme une contrainte stérilisante. L
1926
et de plus exaltant. Voilà l’Europe suprême, elle
n’
ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesure d’exiger davan
1927
mets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle
n’
est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées.
1928
sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il
n’
entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident,
1929
machines sont transportables et vendables, ce que
ne
sont pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellectue
1930
li, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi
n’
y joignez-vous pas un petit livre expliquant d’où viennent ces objets,
1931
t une chanson dans le goût de ce pays ». Mais ils
ne
purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur
1932
ils ne purent écrire que de petites mélodies qui
ne
rappelaient rien de leur musique indonésienne et ne faisaient que réi
1933
rappelaient rien de leur musique indonésienne et
ne
faisaient que réinventer les lieux communs de nos chansons européenne
1934
lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils
n’
avaient jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en fait,
1935
mpérieusement d’autres ensembles de valeurs, mais
ne
pouvant les communiquer, les expliquer et les faire vivre, au sens le
1936
ion culturelle », marquant ainsi que la modernité
ne
saurait se développer spontanément dans un peuple que toute sa tradit
1937
er chaque jour à des millions de travailleurs : «
Ne
préconisez jamais l’hégémonie ». (Il est clair que cela vise d’abord
1938
tions, dont les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et
n’
en sont que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale
1939
». C’est la forme politique de la paranoïa. Elle
ne
se pose qu’en s’opposant aux voisins et aux « impérialismes internati
1940
nces, de plus en plus difficiles à distinguer. Ce
ne
sont donc pas à proprement parler des conflits idéologiques qui nous
1941
n vient de citer141. Or la souveraineté nationale
ne
sera bientôt plus garantie que par la possession de l’arme nucléaire.
1942
tions, qu’une guerre atomique, même si aucun État
ne
la souhaite, éclate « par accident » avant la fin du siècle, prévenan
1943
il appartient de modifier ces conditions, et l’on
ne
voit pas de raisons d’espérer que des solutions radicales puissent ve
1944
cales puissent venir d’ailleurs. Si les Européens
ne
parviennent pas à s’unir au-delà de leurs États-nations, ni à résoudr
1945
leurs sacro-saintes souverainetés nationales, on
ne
voit pas comment le tiers-monde perdrait sa croyance aveugle dans la
1946
cage de toute mesure efficace contre des maux qui
ne
connaissent pas de frontières. dt. Rougemont Denis de, « Rôle de la
1947
Chers amis, Tant d’éloges, mérités ou non, ce
n’
est pas à moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir
1948
e devenir, que dire en pareille circonstance ? Il
n’
y a plus qu’à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Fests
1949
ultiples qui cachent parfois plus encore qu’elles
ne
la révèlent, sa personne. Il y a là de quoi passionner le personnalis
1950
ntiments de culpabilité à leur égard, c’est qu’on
n’
a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne recommen
1951
vent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je
ne
recommencerai pas, c’est juré ! À Genève, le 8 septembre 1976. du.