1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 ugemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)a Notre programme n’est pas systématique, et il n’est pas non plus rigide. Il
2 moins avec le fol espoir d’apaiser à jamais tous nos conflits, mais au contraire : pour maintenir les risques de la libert
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
3 es milliers d’hommes et de femmes, dans chacun de nos pays, s’inquiètent pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’
4 is, précisément, sont chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit manque trop souvent dans tout cela.
5 e voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » autant
6 ent ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » autant par s
7 comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » autant par son esprit que pa
8 on seulement menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit compre
9 autre âge. On répète que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les véritables intérêts calculent et
10 e. Ce sont, bien au contraire, les idéologies qui nous empêchent de voir les faits. Ce sont les préjugés de groupes, les rou
11 des esprits et des cœurs. Pour aboutir à fédérer nos peuples, il faut donc agir tout d’abord sur les esprits et sur les cœ
12 le plan de la culture, précisément — hors duquel nous n’avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moy
13 nt — hors duquel nous n’avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens les plus directs, sans attend
14 rative, dans des domaines précis. Le bulletin que nous lançons aujourd’hui s’adresse donc aux intéressés, dans le double sen
15 nstruments de fédération ; et ceux qui approuvent nos buts, veulent suivre nos efforts, et cherchaient un moyen d’y prendre
16 ; et ceux qui approuvent nos buts, veulent suivre nos efforts, et cherchaient un moyen d’y prendre part. Quelques milliers
17 e femmes, ceux qui sont réveillés, dans chacun de nos pays. Un lien et une correspondance Nous ne fondons pas « une r
18 de nos pays. Un lien et une correspondance Nous ne fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bull
19 s pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre technique autant que sp
20 change vivant avec ceux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait pour elle en dehors du p
21 l’on fait pour elle en dehors du plan politique. Nous avons attendu plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne vou
22 tendu plus d’un an, avant de publier ce bulletin. Nous ne voulions pas annoncer des projets sans avoir enregistré des réalis
23 s projets sans avoir enregistré des réalisations. Nous ne voulions pas tout embrasser sur le papier, vivre de plans et de ma
24 is, au risque de lasser les meilleures volontés.) Nous avons attendu qu’on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de d
25 leures volontés.) Nous avons attendu qu’on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de discrétion sur ce qui se fait au
26 ès de discrétion sur ce qui se fait au Centre. Si nous décidons aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’est point
27 au Centre. Si nous décidons aujourd’hui de rendre notre action publique, ce n’est point pour essayer de démontrer que le Cent
28 que le Centre « sert vraiment à quelque chose ». ( Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’ayons pas à le défendre a
29 se ». (Notre budget demeure assez réduit pour que nous n’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais
30 ous n’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’ac
31 fendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au
32 urope, aux yeux du monde entier et pour chacun de nous , dans nos vies quotidiennes comme dans la vie de l’esprit. Un travail
33 yeux du monde entier et pour chacun de nous, dans nos vies quotidiennes comme dans la vie de l’esprit. Un travail théorique
34 , les précédents créés, les réalisations, et déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui
35 s méfiances. Qu’on lise les pages qui suivent sur nos activités. On excusera peut-être leur sécheresse : celle de bulletins
36 ’action. Pour élargir cette œuvre en plein essor, nous en appelons maintenant à la coopération des meilleurs, des plus respo
37 échanges, il en est des milliers de toute espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ceux qui refusent l’engagement partis
38 ituelle qu’est l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lieu, le courrier de l’Europe vivante. b. R
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
39 plutôt contre ! » Le péché contre l’esprit, dans notre Europe en voie d’union, ce serait de vouloir organiser la culture, et
40 on, ce serait de vouloir organiser la culture, et notre Centre est « plutôt contre ». Car l’organisation est le fait de l’Éta
41 ier ressort, de la personne. Nationalisation de nos cultures Le nationalisme, qui atteint de nos jours ses conséquence
42 e nos cultures Le nationalisme, qui atteint de nos jours ses conséquences extrêmes avec le concept d’autarcie, a créé da
43 d’autres termes, pour s’être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’elles se tr
44 e formule de l’État totalitaire. Or la plupart de nos États démocratiques tendent obscurément vers cette limite, non par un
45 poids de leurs mécanismes administratifs. Toute notre vigilance doit s’exercer, dès maintenant, contre les risques d’extens
46 saires devient évident. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point de v
47 e La Haye à Strasbourg, ont cherché les moyens de nous libérer) ; il en subsiste aussi des habitudes mentales, des préjugés
48 les, des préjugés tenaces, et des pratiques qu’il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle beaucoup
49 pratiques qu’il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle beaucoup, par exemple, d’« organiser les é
50 vertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher
51 s de simples déplacements de forts en thème —, il nous faut dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges » et en mêm
52 travail dans toute l’étendue de l’Europe. Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’elles ont progressivement di
53 espèce de « plan Schuman de la culture », gardons- nous cependant de confondre les méthodes. Le charbon, l’acier, l’électrici
54 ces mystères ? La question n’est pas insoluble, à notre avis. La musique, la peinture et la littérature, comme les sciences e
55 reaucratie s’étaient unis pour étrangler. Quant à nous  : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps e
56 tie s’étaient unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait
57 d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous , mais de créer des liens vivants, et dès aujourd’hui de manifester l’
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
58 lectuelle, le stalinisme est en recul marqué dans nos pays. À Paris et à Rome, où il avait conquis au lendemain de la guerr
59 pper une civilisation certes proche parente de la nôtre , mais autonome ; la plus grande différence entre les deux étant que l
60 vocabulaire des staliniens) la marshallisation de nos cultures. À l’en croire, l’invasion de l’américanisme représenterait
61 l’invasion de l’américanisme représenterait pour nous un aussi grand danger que l’invasion du stalinisme russe. On sait les
62 Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur notre sol contre les Russes. (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancie
63 rts humains plus francs et plus cordiaux que chez nous . Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambivalente : aid
64 t ce que donne cette attitude ambivalente : aidez- nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, n
65 mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à no
66 l’impérialisme ; puis décampez, go home, laissez- nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la
67 rialisme ; puis décampez, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la cultu
68 z, go home, laissez-nous à nos combats de coqs et nous crierons à l’isolationnisme. Quant à la culture, la cause est entendu
69 ola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens d
70 pliqués et susceptibles, esquivant les réponses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu
71 upés à se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos do
72 te de payer, parlant de métaphysique mais prenant nos dollars. Je force à peine les traits, pour aller vite. Je rappelle d
73 stes, ou deviennent isolationnistes, ce sera bien notre faute dans les deux cas. Car il faut faire l’Europe, ou il faudra sub
74 Et si la « civilisation du digest » prévaut chez nous , ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, q
75 vilisation du digest » prévaut chez nous, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons
76 ncore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. Aches
77 que de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen qui, librement, propage ces succès américains et leur
78 américains et leurs contrefaçons multipliées chez nous . Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Pe
79 ains et leurs contrefaçons multipliées chez nous. Notre élite s’en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne
80 tmosphère plus saine, quelques conditions simples nous ont paru requises : a) La première rencontre doit être restreinte et
81 autre, et Pascal aux digests ou les gratte-ciel à nos pittoresques taudis ; parlons en égaux différents. Alors, entre les m
82 nente, il y aura vraiment rencontre créatrice. c) Nos griefs et critiques réciproques doivent être considérés comme justifi
83 ) « neutralistes ». En voici un : « Dès le début, nous avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre
84 ncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’originalité
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
85 ope-USA (août-septembre 1952)e L’éditorial de notre bulletin de juin-juillet a suscité de nombreux échos. Une trentaine d
86 politiques et militaires en prennent conscience. Nous en voyons une preuve nouvelle dans la multiplication des groupes de d
87 ècle. » De brefs comptes rendus de ces rencontres nous parviendront bientôt. Nos lecteurs en trouveront des extraits dans le
88 ndus de ces rencontres nous parviendront bientôt. Nos lecteurs en trouveront des extraits dans le prochain numéro de ce bul
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
89 ques qui se préoccupent du problème de l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiq
90 érance américaine, la nécessité absolue d’élargir nos marchés nationaux, la volonté de régler le vieux conflit franco-allem
91 ranco-allemand, la nostalgie de l’indépendance de nos pays. L’un des arguments que l’on invoque pour convaincre le grand pu
92 du patrimoine culturel de l’Europe, l’héritage de notre glorieuse civilisation et son culte de la personne humaine. Ces formu
93 t à demander : pourquoi l’union (si difficile) de nos États, au lieu de leur pure et simple intégration (qui serait bien pl
94 ? — on ne peut lui répondre qu’en se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous ont assu
95 ions culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la culture à
96 iques — d’où naquirent les doctrines qui ont créé nos régimes — et par les formes de pensée philosophique qui ont permis le
97 philosophique qui ont permis le développement de nos sciences, et donc de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’e
98 rmis le développement de nos sciences, et donc de notre puissance économique. Car l’Europe, ce n’est pas le chemin de fer, l’
99 ans lesquelles les « réalités concrètes » dont on nous parle n’existeraient pas. C’est une culture. Ce n’est pas une somme d
100 cience des problèmes de l’Europe en relation avec nos vies quotidiennes ; enfin pas de sentiment européen tant que la masse
101 rises du même genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en feraient du meilleur si on
102 livre et leur succès croissant dans la plupart de nos pays, peut indiquer la solution. Pour ceux qui en ont le besoin réel
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
103 uis deux ans, et pourtant, à plusieurs égards, il nous donne souvent l’impression d’être encore en pleine formation : l’élar
104 e encore en pleine formation : l’élargissement de notre Conseil, dès aujourd’hui, en est un signe, fort heureux d’ailleurs. V
105 rs. Vous allez entendre une série de rapports sur nos activités diverses, présentés par leurs animateurs et par nos conseil
106 s diverses, présentés par leurs animateurs et par nos conseillers techniques. Je puis donc me borner, pour ma part, à dégag
107 de l’évolution du CEC. I. Comment se situe notre action dans la réalité européenne d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’ab
108 CEC n’est donc nullement un organisme politique, nous ne saurions trop le répéter. Mais par rapport aux autres instances in
109 ’Unesco : mondiale, gouvernementale, riche, quand nous sommes pauvres, autonomes, et européens. Les méthodes de travail des
110 organismes sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrait appeler le stad
111 hes possibles et imaginables celles-là seules qui nous paraissent urgentes et susceptibles de solutions pratiques et rapides
112 nt se produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous cantonnons dans le plan des réalisations concrètes. Au surplus,
113 produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous cantonnons dans le plan des réalisations concrètes. Au surplus, on no
114 éaliser certains de ses plans. Les entretiens que nous ont ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en détail
115 péen. II. Esquissons maintenant le bilan de notre action depuis un an. Tout d’abord le passif : nos échecs, et nos manq
116 tre action depuis un an. Tout d’abord le passif : nos échecs, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort p
117 is un an. Tout d’abord le passif : nos échecs, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort pour informer un
118 s, et nos manques à gagner, si je puis dire, dans notre effort pour informer une manière de penser européenne. Prenons trois
119 penser européenne. Prenons trois exemples précis. Notre Commission des historiens a cessé de se réunir, à la suite de certain
120 ogues au sien ayant été annoncés de divers côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’en
121 s côtés. Nous avons craint le double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’en réalité tout reste à faire. Notre servic
122 ons aujourd’hui qu’en réalité tout reste à faire. Notre service d’articles de revues, Europa Features, a placé de bons articl
123 s il y a plus. Les obstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la sourde
124 echnique. Ils résultent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou priv
125 ent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou privés, politiques ou mêm
126 iques ou même « européens » d’étiquette. Parfois, nous découvrons que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des
127 ntendus. Un bon service de public relations — qui nous manque encore — pourrait y remédier. Mais d’une manière plus générale
128 e, les motifs des échecs encourus jusqu’ici ou de notre défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’avons pas vu assez
129 notre défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’avons pas vu assez grand, pas alerté suffisamment la conscience des
130 ope. Pourquoi cela ? Faute de temps et de moyens. Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travai
131 yens. Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait réparti entre 20 ou 30 personn
132 personnes dans une organisation à l’américaine. ( Nous nous contenterions de 2 ou 3.) Pourquoi ce manque de fonds ? Faute d’
133 onnes dans une organisation à l’américaine. (Nous nous contenterions de 2 ou 3.) Pourquoi ce manque de fonds ? Faute d’appui
134 es. Pourquoi enfin ce manque d’appuis ? Parce que nous nous occupons de culture, et non de politique. Passons à l’actif. J’y
135 ourquoi enfin ce manque d’appuis ? Parce que nous nous occupons de culture, et non de politique. Passons à l’actif. J’y rang
136 sultats réels, quoique non encore suffisants dans notre perspective. Le Laboratoire européen de physique nucléaire, dont le p
137 n verra tout à l’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exécution. Le Prix européen de littérature do
138 de littérature doit être décerné en mars 1953, et nous avons reçu 370 manuscrits. Mais il reste à savoir quelle sera la port
139 les grandes manifestations de ce genre en Europe, nous ne pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépa
140 ations de ce genre en Europe, nous ne pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup notr
141 atisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup notre attente. À ce même chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos
142 se de beaucoup notre attente. À ce même chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos deux derniers nés : la Communauté
143 me chapitre, nous voulons inscrire dès maintenant nos deux derniers nés : la Communauté des foyers de culture et les Agence
144 enfin les perspectives de développement du CEC ? Nous comptons pousser les actions en cours : reprendre les travaux de nos
145 r les actions en cours : reprendre les travaux de nos deux commissions d’historiens et de savants ; grouper non plus quelqu
146 culture ; accentuer le caractère « européen » de nos fédérations de guildes et de festivals ; établir un plan de recherche
147 composer une nouvelle série de plans de causerie… Nous comptons ensuite lancer plusieurs activités nouvelles, actuellement à
148 tout cela, le danger évident de la dispersion de nos actions spécialisées ? Toute notre insistance portera sur la coordina
149 la dispersion de nos actions spécialisées ? Toute notre insistance portera sur la coordination des quelque 18 activités en co
150 earing house que veut être le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une formule neuve pour notre réunion du Consei
151 ous inaugurons aujourd’hui une formule neuve pour notre réunion du Conseil supérieur : les responsables de nos activités vont
152 éunion du Conseil supérieur : les responsables de nos activités vont chacun présenter leur rapport, en sorte que chacun pou
153 s bases d’un dialogue, que j’espère fécond, entre nos différentes branches d’étude et d’action. Je vous prierai, en termina
154 e succès que je viens d’indiquer, c’est-à-dire de nos réalités quotidiennes, d’autre part de la vaste ambition européenne q
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
155 it de l’Unesco, les milieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans c
156 ilieux proprement culturels. Nous ne voyons, pour notre part, aucune raison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que
157 es. Les activités culturelles n’étant aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’une espèce de mal nécessaire, un
158 but en soi, non comme annexe d’une politique. Et nous venons de voir pourquoi c’est impossible : non point à cause d’une ma
159 eu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et douanières. Le champ d’action o
160 nautés organiques et dans les foyers de création. Nous entendons par là : les écoles de pensée et d’art ; les revues et les
161 ure, c’est la méthode du CEC depuis sa naissance. Nous avons bien souvent parlé d’un « centre décentralisé ». En bonne doctr
162 ts soit à l’échelle des Nations unies, soit comme nous le pensons préférable, à celle du Conseil de l’Europe ? Les tâches no
163 nations considéré). La formule fédéraliste Nous sera-t-il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes s
164 méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en
165 nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en doctrinaires, mais sur la base d’une expérience q
166 trois ans bientôt. Quoi qu’on pense du succès de nos efforts, le fait certain, c’est que les méthodes que nous suivons rép
167 orts, le fait certain, c’est que les méthodes que nous suivons répondent aux vœux et besoins exprimés par tous les « foyers 
168 oyers » autonomes fédérés sous l’égide du Centre. Notre organisme n’est pas plus que d’autres à l’abri du sort. Mais si l’on
169 ectes entre les petits exécutifs spécialisés dont nous parlions et les instances gouvernementales se révèle là encore le plu
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
170 ent de ces prix fera l’objet d’un communiqué dans notre prochain bulletin. ⁂ Le comité exécutif de la Conférence internationa
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
171 Mais laissons ces images et voyons le concret de notre situation. L’opposition mobilise Longtemps habitués à traiter d
172 nombre d’individus et de groupes d’intérêts dans nos divers pays se trouvent soudainement alarmés par une série de faits p
173 danger : celui de la confusion, précisément. Mais nous gardons sur elle un avantage certain : nous attendions depuis longtem
174 Mais nous gardons sur elle un avantage certain : nous attendions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur e
175 s attendions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Montreux, 1947). No
176 avance ( congrès de Montreux, 1947). Normalement, nous devons donc gagner, sur ce plan-là. Le Kominform démobilise Mai
177 est, tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous , de notre union, puisqu’il tend à la présenter tantôt comme l’effet d
178 t d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre union, puisqu’il tend à la présenter tantôt comme l’effet d’une paniq
179 même raisonnement, d’autre part, a pu jouer chez nous en faveur de l’union : il la fait apparaître, aux yeux de certains, c
180 ait accepter in extremis. Si maintenant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous ces
181 est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme européen perd sa seule raison d’
182 ’argument est absurde. Mais il sera populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’il est, il faut prendre au sérieux l
183 u’on le néglige, peut devenir décisif. Expliquons- nous donc bien clairement, sans hésiter à souligner des évidences. Les
184 à souligner des évidences. Les vrais motifs de notre union n’ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations
185 de l’intérieur et de l’extérieur. La division de notre continent en 21 nations sottement rivales, dont aucune n’est plus à l
186 ands faits fondamentaux, ces trois coordonnées de notre destin historique, demeurent les motifs impérieux de notre union fédé
187 tin historique, demeurent les motifs impérieux de notre union fédérative. Les sourires du Kremlin sont peut-être la preuve qu
188 ent rien à ces faits. Quand la Russie deviendrait notre meilleure amie, quand les États-Unis renonceraient à tout ce qui rend
189 ler. La question n’est pas de savoir si la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations sont encore capables
190 i la Russie nous fait plus ou moins peur, mais si nos 21 nations sont encore capables d’assurer, chacune pour soi, leur séc
191 ses récentes conclusions : l’URSS ayant décidé de nous rassurer, l’Europe doit changer de politique. Le sentiment d’urgence
192 t être les premiers à la croire inutile. Qu’avons- nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous
193 rs à la croire inutile. Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ceux que de mauva
194 s à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons- nous y gagner ? Tous ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois à nos
195 ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir q
196 aises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir qu’une fédération
197 s. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une épuration provoquée, u
198 par les chefs du Kremlin, mais cette fois-ci chez nous , et en fin de compte à leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés
199 suspicion générale, et le doute quant à savoir si nous aurions le temps de bâtir quelque chose de solide. L’état d’esprit de
200 natives, va faire place à une juste estimation de nos périls concrets mais aussi de nos chances. Le problème de l’Europe au
201 e estimation de nos périls concrets mais aussi de nos chances. Le problème de l’Europe au xxe siècle, en butte à l’hostili
202 parvenue à la veille de s’unir, — ce problème va nous apparaître dans sa plus nue réalité. Comment rendre à notre culture,
203 raître dans sa plus nue réalité. Comment rendre à notre culture, libératrice plus qu’aucune autre au monde des puissances amb
204 n et de rayonnement sur le monde ? Comment sauver nos trop petites nations de l’asphyxie économique ? Comment nous replacer
205 etites nations de l’asphyxie économique ? Comment nous replacer à l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le
206 nous replacer à l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien, par des déclarations invérifiables ou
207 l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien, par des déclarations invérifiables ou par des chiffre
208 érifiables ou par des chiffres alignés, mais dont nous gardons malgré tout, malgré nos infidélités, le sens humain, la formu
209 ignés, mais dont nous gardons malgré tout, malgré nos infidélités, le sens humain, la formule spirituelle ? La réponse n’es
210 leurs groupes. La Communauté politique sera donc notre but prochain, la condition certainement nécessaire, si elle n’est pas
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
211 y a celle-ci, qui n’est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes de l’aide américaine. J’écris ceci
212 la politique mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre ma
213 ouhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union, appellent dangereusement l’
214 ’état de satellites. Mais nos faiblesses, nées de notre manque d’union, appellent dangereusement l’Amérique à prendre en main
215 de débiteurs chroniques. Déjà, dans plusieurs de nos pays, nationalistes et communistes s’unissent pour dénoncer « l’empri
216 nts de la grandeur américaine ». Mais quel remède nous offre-t-on à cette situation humiliante ? Le statu quo ? L’éloquence
217 utal, incontestable, c’est qu’aussi longtemps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de soute
218 ition nécessaire de toute existence autonome dans notre monde du xxe siècle. On sait l’histoire de cette union. En 1787, les
219 d’aboyer, après avoir respiré quelque temps dans notre atmosphère. Les faits ont trop longtemps appuyé ces arrogantes préten
220 ces arrogantes prétentions des Européens. C’est à nous de relever l’honneur de la race humaine et d’enseigner la modération
221 ation à ces frères trop sûrs d’eux-mêmes. L’union nous en rendra capables. La désunion préparerait une nouvelle victime à le
222 la situation de départ de l’Amérique et celle de notre Europe en formation. Dans la mesure où les mêmes causes sont suscepti
223 eptibles de produire les mêmes effets, cette page nous dicte une politique. Regardons-nous dans ce miroir. l. Rougemont D
224 s, cette page nous dicte une politique. Regardons- nous dans ce miroir. l. Rougemont Denis de, « Aller et retour », Courri
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
225 juin 1953 (mai-juin 1953)m Crise Deux de nos grandes nations traversent une période de paralysie politique. Les Ru
226 ur Congrès menace de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’attention disponi
227 de réduire l’aide à certains de nos pays. Quant à notre opinion publique, dont le peu d’attention disponible est absorbé par
228 ésespérée, mais certainement la plus sérieuse que notre continent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le sens d
229 chie des problèmes Les manchettes des journaux nous cachent l’Histoire comme l’arbre cache la forêt. Un seul exemple : pe
230 on d’unir l’Europe ? Trop de gens posent encore à notre union des conditions préalables (comme de rétablir l’équilibre économ
231 refusent encore de voir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein et à partir d’un ensemble
232 cents, et presque ridiculement court au regard de notre histoire commune. Ce qu’il s’agit de sauver transcende par nature les
233 nations, car c’est une civilisation, de laquelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’une nation n’ait de comptes
234 et ces derniers à leurs intérêts individuels. Si notre civilisation, menacée de toutes parts, ne peut pas s’appuyer sur des
235 lle va se désintégrer, et avec elle non seulement nos nations et leurs partis, et les intérêts bien ou mal compris de leurs
236 is de leurs électeurs, mais tout ce qui fait pour nous le sens même de la vie. L’Europe vaut plus que les Européens En
237 s essayé de démontrer qu’il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés de barbelés douaniers. Cepen
238 ’ignorance, ou jouant sur elle. Dans plusieurs de nos pays européens, aujourd’hui, la politique signifie la lutte des parti
239 ment faire l’Europe avec tout cela ? Pourtant, si nous ne la faisons pas, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous
240 ? Pourtant, si nous ne la faisons pas, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’est p
241 as, l’Amérique nous laissera tomber, et la Russie nous ramassera. Certes l’Europe n’est pas la somme des Européens réels. El
242 quelle est antérieure et supérieure à l’individu. Nous voulons ici cette Europe, comme le moyen pour les Européens de se dép
243 comme le moyen pour les Européens de se dépasser. Nous travaillons à cette éducation. « Il y a cet immense avenir tout neuf
244 ion. « Il y a cet immense avenir tout neuf devant nous , qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme
245 y a cet immense avenir tout neuf devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme dit Claud
246 f devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous , tant pis pour nous », comme dit Claudel. L’idée avance, malgré to
247 ous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous  », comme dit Claudel. L’idée avance, malgré tout Seules les idé
248 avant le congrès de La Haye, quand un journal de nos pays passait un papier sur l’Europe, c’était un bon succès, nos bulle
249 it un papier sur l’Europe, c’était un bon succès, nos bulletins le soulignaient. Mais ouvrez un journal aujourd’hui, n’impo
250 (Et par exemple, une de ses conditions : la CED.) Notre « Utopie » d’il y a cinq ans seulement, déjà renverse des gouvernemen
251 ’il signifierait Dans l’indifférence générale, notre destin commun d’habitants de l’Europe s’est gravement infléchi depuis
252 fitent de son désastre pour s’emparer de l’Asie : nous lui serons livrés par surcroît. Presque rien de tout cela n’est encor
253 plus d’atlantisme pour ne pas faire l’Europe, et nous y sommes : l’abandon des efforts d’union est tacitement admis par les
254 ts, selon l’usage qu’ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’on me convainque d’erreur de
255 qu’ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’on me convainque d’erreur de diagnostic, tant mi
256 , au service de l’Europe, cela pourrait suffire à nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’é
257 présent non pas des choses, mais des esprits. Que nos élites politiques reprennent soudain de la tenue, que des hommes d’Ét
258 fois réactivées, seraient bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent !
259 e rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous , sans illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur.
260 Pour nous, sans illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie qu
261 illusions et presque sans appuis, nous tiendrons notre secteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie que de maudire l’o
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
262 de, peut servir de base à l’union. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlem
263 nion. Ces deux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui
264 ement, et donc de s’affirmer comme une puissance. Nous cherchons à savoir si le Projet répond à cette nécessité fondamentale
265 e Projet répond à cette nécessité fondamentale de notre histoire au xxe siècle. Telle est la raison d’être de notre Groupe d
266 ire au xxe siècle. Telle est la raison d’être de notre Groupe d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’il me char
267 dresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. Mais cette diversité représente
268 divers. Mais cette diversité représente justement notre vrai titre à l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes
269 titre à l’attention des responsables de l’Europe. Nous ne sommes pas les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous
270 les propagandistes d’une certaine idéologie, mais nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de
271 nous ne sommes pas non plus une simple académie. Nous sommes un groupe de discussion, réunissant juristes et penseurs polit
272 s et positives se dégagent de la confrontation de nos jugements sur le Projet, cette convergence ne peut manquer de vous ap
273 significative. Voici donc la première requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accept
274 ère requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’accepter le Projet comme base de vos tra
275 rvir à cette fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet a
276 its ne sont pas encore mûrs pour aller plus loin, nous dit-on. Précisément, le régime qui vous est proposé paraît propre à l
277 ire à d’autres pour l’abattre et pour l’asservir. Notre seconde requête porte sur la manière dont vous allez accepter le Proj
278 t fédéral, soit pour le rendre en fait inopérant. Nous vous demandons de saisir l’occasion historique. Nous vous demandons d
279 s vous demandons de saisir l’occasion historique. Nous vous demandons de lancer l’idée d’une Autorité politique. Nous vous d
280 andons de lancer l’idée d’une Autorité politique. Nous vous demandons, en somme, d’accepter le Projet dans une perspective d
281 elle Europe, et pour quelles fins humaines. Quand nos peuples seront conscients du pourquoi de l’Europe fédérée, quand ils
282 Projet, et peut-être le modifier, se définit pour nous par quelques grands repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut
283 éfinit pour nous par quelques grands repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’unisse pour redevenir
284 spérité de ses habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offensive d
285 oit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’offensive de paix soviétique ne change rien au fait fond
286 soviétique ne change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou revivr
287 le foyer d’une civilisation devenue mondiale, qui nous dépasse en tant qu’individus, et qui dépasse chacune de nos nations,
288 e en tant qu’individus, et qui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsables. Cette raison suffir
289 et qui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsables. Cette raison suffirait à elle seule, car le
290 rait à elle seule, car le sens même de chacune de nos vies dépend en fait d’une civilisation qui peut périr par notre désun
291 end en fait d’une civilisation qui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera
292 ui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié et cen
293 ’hui « satellites », changera la face du monde et notre sort à tous. Plus peuplée que l’Amérique et l’URSS additionnées, elle
294 ne telle fédération ne suppose pas « l’abandon de nos souverainetés », mais au contraire l’institution d’une souveraineté n
295 elle, et cette fois-ci réelle. Dans quelle mesure nos souverainetés existent-elles encore en fait ? On voit venir le temps
296 lus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la souveraineté d’une nation q
297 able, et elle ne peut avoir qu’un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Europe entière. Ce que l’on attend de la fé
298 dans l’état présent, font obstacle au vrai but : nous pensons par exemple au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut
299 omettre l’évolution normale vers une fédération : nous pensons au droit de veto, ou à des clauses d’avance paralysantes pour
300 istingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans les données concrètes de notre Histoire, t
301 ngt pays, s’inscrit dans les données concrètes de notre Histoire, tous ceux-là voudront le minimum, qui est le Projet de Comm
302 nière occasion de décider vous-mêmes du destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices
303 e décider vous-mêmes du destin de nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être conse
304 à coup sûr et à bref délai. On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
305 r l’occupant. Il dépend de vous, Messieurs, et de nous tous, d’écrire une autre Histoire pour une Europe nouvelle. Au nom du
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
306 ébut de 1954. Après cinq ans d’action européenne, nous nous trouvons donc en présence d’une situation nouvelle, caractérisée
307 de 1954. Après cinq ans d’action européenne, nous nous trouvons donc en présence d’une situation nouvelle, caractérisée à la
308 r. Cependant, le souci des succès immédiats, qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier c
309 est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier cette maxime générale de l’action : on n’atteint des bu
310 ce rassemblement par-dessus le rideau de fer qui nous sépare encore de l’Est, et par-dessus le rideau de ferraille qui nous
311 e l’Est, et par-dessus le rideau de ferraille qui nous sépare de l’extrême ouest du continent, suppose à la fois la constitu
312 sante mais nécessaire du succès final et total de notre union économique et politique consiste donc dans la vitalité de l’idé
313 Car là aussi résident les obstacles véritables à notre union, là surtout, plus que dans « les faits ». Il faut des congrès p
314 es politiques, en retour, voudront-ils apporter à notre effort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a point acc
315 ort certains appuis concrets dont jusqu’ici on ne nous a point accablés ? Quant à la table ronde de Rome, elle avait reçu po
316 t de « l’idée » et des moyens de l’illustrer dans nos pays. On aurait pu redouter le double emploi avec les objectifs du Ce
317 t comités d’experts : il leur appartient, comme à nous , de donner suite pratique aux directives dégagées par cette réflexion
318 ts ; enfin d’un foyer de réflexion permanente sur nos problèmes communs et de diffusion raisonnée des résultats de cette re
319 n beaucoup plus grand nombre d’usagers, dans tous nos pays ; d’autre part, d’élargir à des sphères nouvelles et influentes
320 rmées par le Mouvement européen. Les contacts que nous venons de reprendre dans plusieurs pays ont révélé l’existence d’un b
321 ent celui de la culture au sens technique du mot. Nous y travaillons. ⁂ En tant qu’il est chargé d’une mission générale, ce
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
322 plus célèbres de Gauguin s’intitule : D’où venons- nous  ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure dev
323 Gauguin s’intitule : D’où venons-nous ? Où sommes- nous  ? Où allons-nous ? Je n’imagine pas de meilleure devise pour la table
324 rise, partons de la deuxième question : où sommes- nous , Européens, en ce milieu du xxe siècle ? Une phrase déjà fameuse, pr
325 -Henri Spaak, répond d’une manière dramatique : «  Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peu
326 une manière dramatique : « Nous autres Européens, nous vivons, depuis la dernière guerre, dans la peur des Russes et de la c
327  » La raison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seule
328 ison de ce paradoxe est des plus simples. Nous ne nous sentons pas, en réalité, 325 millions d’Européens, mais seulement 42
329 , 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons et sentons par nations cloisonnées, dans l’ère des grands emp
330 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamné
331 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons, en conséquence, trop petits pour le siècle, et condamnés à p
332 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
333 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique et peut-être morale. Et certes, no
334 tique, économique et peut-être morale. Et certes, nous perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nou
335 drons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cant
336 la, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une vingtaine de nations, de cantons désunis. M
337 e nations, de cantons désunis. Mais au contraire, nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réa
338 a conscience des périls qu’elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressources immens
339 ion concrète et raisonnable en faveur de l’union, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses da
340 s littéraires, accueille avec un scepticisme amer nos plus éloquents hommes d’État. Il fallait donc d’une part approfondir
341 eux effort d’information. La tâche de méditer sur nos destins fut confiée à un petit groupe de six Sages, dont la compositi
342 ons nationales, linguistiques et idéologiques qui nous fascinent aujourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À cett
343 origines communes à tous les peuples de l’Europe, nous l’avons faite sous la conduite magistrale et souriante d’un des plus
344 e et souriante d’un des plus grands historiens de notre temps, M. Toynbee, appuyé par l’autorité d’un savant humaniste, M. Lö
345 ar l’autorité d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occide
346 enture collective de l’Occident : la naissance de notre civilisation au confluent des courants issus d’Athènes, de Rome et du
347 dans le monde entier ; l’exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secre
348 exportation pêle-mêle de nos idéaux religieux, de nos formes politiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre pu
349 tiques, aussi, et enfin des secrets techniques de notre puissance chez tous les peuples de la terre ; et puis soudain, au xxe
350 xxe siècle, le renversement subit et complet de notre position dans le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos di
351 le monde ; la montée des empires unifiés, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande m
352 és, devant nos divisions sanglantes ; la crise de nos idéaux, devant la propagande massive des dictatures ; les moyens maté
353 atures ; les moyens matériels et intellectuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pa
354 ntellectuels de notre domination retournés contre nous . Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue p
355 ctuels de notre domination retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratiqu
356 tournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possible q
357 ort de Toynbee : « Unissons l’Europe maintenant ! Nous n’avons pas de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous
358 temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paraly
359 s sont donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par sui
360 paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spirituelle et par suite culturelle et civique fut introduit av
361 munauté supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robe
362 té supranationale. Le diagnostic ainsi posé, nous nous sommes tournés vers l’avenir : où allons-nous ? Et c’est M. Robert Sc
363 M. de Gasperi dans son discours introductif, qui nous a présenté le tableau cohérent de mesures institutionnelles capables
364 tutionnelles capables d’assurer la renaissance de notre unité compromise. Certes, la table ronde n’a pas trouvé de solutions
365 n délai garanti. Mais elle a déterminé clairement nos responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et
366 s responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de nous
367 t elle a formulé les buts communs susceptibles de nous unir. Car ce ne sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’i
368 a contradiction apparente entre l’exigence d’unir nos pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse
369 evant le double défi qu’affronteront plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonial à l’association dans l’égal
370 dans l’égalité, et celui de compenser la perte de nos positions économiques dans le monde, la table ronde a conclu à la néc
371 a nécessité « d’opérer un changement radical dans nos rapports mutuels » (Toynbee), c’est-à- dire de regagner en prestige m
372 ’est-à- dire de regagner en prestige moral ce que nous perdons en apports extérieurs. La table ronde n’a pas dressé les plan
373 du monde. Un seul exemple : le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde ent
374 le nationalisme a été notre invention collective. Nous l’avons communiqué, « donné » au monde entier, et cette liqueur tout
375 ord enivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
376 ai sur les questions que posent les trois mots de notre nom : Centre, Européen et Culture. C — Je voudrais savoir d’abor
377 ntendez par Culture. — T. S. Eliot a répondu pour nous  : « La culture peut être définie simplement comme ce qui rend la vie
378 on de l’Europe et de son union propre à favoriser nos libertés. Non, si par politique on entend simplement l’action des pol
379 s pays du Continent ? — Il existe, dans chacun de nos pays, des organismes étatiques ou semi-privés chargés de servir la cu
380 aider financièrement les initiatives culturelles. Nos États ne consacrent qu’à peine 1/1000e de leur budget à la culture ;
381 ou de propagande pour les « valeurs nationales ». Nous travaillons sur un autre plan. Pour contribuer à rétablir la seconde
382 conde condition de la santé culturelle en Europe, nous avons conçu le projet d’une Fondation européenne de la culture, compa
383 t psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’il nous faut travailler, dans les esprits et dans les cœurs. — C’est la formu
384 t dans les cœurs. — C’est la formule consacrée… — Nous sommes là pour la prendre au sérieux. C — Vous disiez tout à l’
385 st loin d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons encore, après quatre ans, au début de notre action réell
386 in d’avoir exploité toutes ces possibilités. Nous nous sentons encore, après quatre ans, au début de notre action réelle. Ma
387 ous sentons encore, après quatre ans, au début de notre action réelle. Mais si le Centre n’existait pas, il faudrait l’invent
388 , il faudrait l’inventer — la phrase n’est pas de nous — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recrée
389 d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous les mêmes expériences et sans doute les mêmes erreurs, mais peut-être
390 une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bulletin est en grande partie consacré aux associations éducatives su
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
391 ope en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)r Notre Courrier, depuis des mois, s’est tu. Les lettres d’abonnés s’accumule
392 occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire sa fédération. La
393 t en mesure de discuter sur un fondement solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu q
394 s seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples. ⁂ Objectivement, la situation pouvait paraître, au lendemain
395 endemain de Berlin, l’une des plus favorables que nous ayons vécues depuis longtemps pour marquer des progrès réels vers not
396 uis longtemps pour marquer des progrès réels vers notre union. Replaçons-nous un moment dans l’atmosphère de mars 1954. Le da
397 uer des progrès réels vers notre union. Replaçons- nous un moment dans l’atmosphère de mars 1954. Le danger de guerre a dimin
398 mmédiat. La nécessité d’une entente étroite entre nos pays pour soutenir le niveau de vie européen, compromis par la révolt
399 lio des guerres locales d’Extrême-Orient, afin de nous détourner du problème préalable qui reste, de toute évidence, l’union
400 nce, l’union de l’Europe, condition de sa force. ( Notre opinion l’oublie, Molotov non.) L’offensive communiste vise au cœur :
401 ent désormais joue perdant. Le monde entier verra nos défaites militaires, et l’insolence des envoyés de l’Asie rouge distr
402 solence des envoyés de l’Asie rouge distribuant à nos hommes d’État des camouflets très peu « diplomatiques ». Pendant des
403 clarait en substance : — Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous
404 — Bas les pattes en Asie ! Notre tour est venu de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde pas, mais le
405 ne ne vous regarde pas, mais le problème allemand nous intéresse beaucoup… Un scandale historique Le colonialisme euro
406 es en Asie. Mais le colonialisme soviétique, lui, nous menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, e
407 i, nous menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix »
408 t du siège de Vienne par les Turcs ? C’est à quoi nous en sommes, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les dé
409 la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant que nous , et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas
410 e rendue consciente de sa vraie position pourrait nous sauver de Genève — ce Diên Biên Phu diplomatique — et proclamer l’uni
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
411 ou recouvrer la souveraineté ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ?
412 comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut apporté par notre ami Ernst Friedlae
413 otre opinion publique. Le premier fut apporté par notre ami Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’
414 Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifia
415 uveraineté nationale. Il n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur
416 tour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? Il nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe recouvre, entre les
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
417 tirer les conclusions de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met p
418 r les conclusions de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fi
419 ces deux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que
420 ntre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus
421 cela de l’ignorance presque totale où sont restés nos peuples et leurs élites, devant le problème européen ? Notre progr
422 et leurs élites, devant le problème européen ? Notre programme Si l’on a fait si peu pour éduquer et pour influencer l’
423 s d’histoire : l’anti-Europe a joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque… Et maintenant, comment aller pl
424 avec force et confiance, et sans plus de délais ? Nos lecteurs trouveront dans les pages qui suivent de ce bulletin l’annon
425 — si vous réussissez — mais voyez-vous, ce qu’il nous faut, c’est de l’action ! » Et l’on entend ou sous-entend par là : de
426 partout où elles apparaissent : voilà qui définit notre programme. 10. Proverbe qui repose sur l’ignorance des mœurs des o
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
427 ux qui n’ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une action. Action sur les esprits d’abord, com
428 convainquent mieux que les cris et les slogans.) Nous vivons dans un siècle où, très visiblement, ce n’est pas la politique
429 s et par ses points d’application. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la que
430 tion. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir où
431 voir où naissent les idées qui conduisent en fait notre monde. Là seulement, l’action peut porter. L’idée fédéraliste a été c
432 nce.) Ces deux faits indiquent très clairement où nous pouvons intervenir, d’une part en offrant des moyens d’expression et
433 mmune des Européens. Ceci n’est qu’un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstacles à l’avènement d’une
434 cipaux obstacles à l’avènement d’une Europe unie, nous trouvons trois zones marécageuses où viennent s’enliser la plupart de
435 t effectivement. Il s’agit donc de dresser devant nos contemporains la vision de ce que deviendrait leur existence au sein
436 rétablir un réseau européen d’échanges à travers nos frontières, peu à peu dévalorisées. Irrigation générale de l’Europe,
437 analyse qui précède a dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’à ce jour. Elle en indique aussi les développements pr
438 s dispersées, c’est l’office des associations que nous avons déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années dans
439 sciences, de l’éducation et de la presse. Situer nos problèmes dans le monde d’aujourd’hui, c’est l’office des dialogues i
440 els (avec les USA, l’Asie du Sud et l’islam) dont nous poursuivons la préparation : il s’agit là d’une œuvre de longue halei
441 cycle d’activité.) Orienter les espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’he
442 nclusions. ⁂ Au seuil de cette cinquième année de nos travaux, ce n’est pas un bilan qu’on vient de présenter mais un progr
443 statuts de la Fondation européenne de la culture. Nous attendrons, pour en dire davantage, son inauguration prévue pour ce p
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
444 Qu’as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit : Quand vous m’au
445 qu’on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et c’est
446 le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout, même quand on la combat. Elle est
447 us de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire des
448 ils offrent et imposent des certitudes massives.) Nous , au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, no
449 Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parl
450 ous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impres
451 ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans
452 pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos p
453 et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifique.
454 ions : le christianisme et l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par
455 esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certit
456 fique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce par
457 os incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Prenon
458 e par les deux forces principales qui ont produit notre civilisation, — voilà ce qui définit le mieux l’Europe. Et c’est par
459 rre, pour les convertir et les dominer, alors que nous Européens, n’avons jamais été découverts par personne, notez-le bien.
460 ècle, à la technique. Or quel est le but final de notre effort technique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait e
461 echnique, considéré dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait entrevoir que les applications de l’énergie nucléaire et solaire
462 technique et son progrès constant qui a permis à notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, de dominer toute l
463 hnique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des empires neufs qui ont
464 nte des empires neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de l
465 neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès de la technique dépend de la recherche pure
466 tour de tout l’ensemble culturel et spirituel de notre civilisation. Rien ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour no
467 n ne serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des cloisons étanches entre la culture en général et
468 pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progrès techniques. Et là-dessus une petite histoire vraie. C’était i
469 , le directeur du CEC a prononcé un discours dont nous donnons ici de larges extraits. »
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
470 i s’attaque aux fondements comme aux conquêtes de notre civilisation occidentale, parce qu’elle s’attaque à la notion de l’ho
471 s scientifiques existent, ils sont à l’œuvre sous nos yeux. Situation de l’Europe Foyer de la civilisation occidental
472 d’autres groupes de nations. Le nationalisme qui nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources
473 nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands
474 d’union à nos dépens. Les sources extérieures de nos richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des
475 chesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, au moment où le
476 t. Ainsi, au moment où les valeurs secondaires de notre civilisation ont conquis le monde, l’Europe en perd naturellement le
477 . La raison de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seulement 42 milli
478 son de cet apparent paradoxe est simple : nous ne nous sentons pas 325 millions d’Européens, mais seulement 42 millions de F
479 , 8 millions de Belges, 3 millions de Norvégiens… Nous pensons encore nationalement, dans l’ère des grands empires, des gran
480 des grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons en conséquence trop petits pour le siècle, et condamnés
481 grands marchés, et de la stratégie mondiale. Nous nous sentons en conséquence trop petits pour le siècle, et condamnés à per
482 tits pour le siècle, et condamnés à perdre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, écon
483 dre, après nos dernières positions dans le monde, notre indépendance politique, économique, et par suite morale. Tout ce qui
484 ar suite morale. Tout ce qui fait le sens même de nos vies. Le dilemme En vérité, l’Europe perdra tout cela, si elle
485 ingt-cinq ans, disait récemment la reine Juliana, nous vivrons tous dans une même maison, ou nous mourrons tous dans les mêm
486 liana, nous vivrons tous dans une même maison, ou nous mourrons tous dans les mêmes ruines. » Nature des obstacles à l’un
487 le et sont devenues en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme
488 ement européen lors du congrès de La Haye en 1948 nous amène tout près des résultats que celui-ci s’était proposé, les oppos
489 pinion réelle indiquent sans exception, dans tous nos pays, qu’une large majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’e
490 e et générale du danger que courent ensemble tous nos pays, mais aussi des ressources immenses dont l’Europe disposerait en
491 yonnement de l’idée européenne non seulement dans nos différents pays, mais dans les différentes milieux responsables de ch
492 el et moral de l’Europe, en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. ⁂ Un groupe restrein
493 en restaurant le sens de notre indépendance et de notre vocation particulière. ⁂ Un groupe restreint, discret, sans statuts
494 re the empires of the mind. » L’empire européen, notre union fédérale, se fera dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit
495 dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnel
496 Mais l’esprit agit par nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas
497 nos mains, par le moyen de nos engagements et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne s
498 ar leur intérêt actif pour la cause de l’union de nos peuples. Une série de prises de contact préalables aboutit à la convo
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
499 Mettant fin aux chances de la guerre, la bombe H nous rejette aux risques de la paix. La détente n’a pas d’autre origine. E
500 quelles sont les chances de la culture telle que nous la concevons en Europe : le sens et le sel de nos vies, au-delà du ma
501 ous la concevons en Europe : le sens et le sel de nos vies, au-delà du machinal et de l’animal. Quels seront les bénéfic
502 er ce que l’on possède de nouveau ou d’important. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il est encore plus important q
503 ouveau ou d’important. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’il est encore plus important que l’étranger ne puisse se
504 du président Eisenhower — « photographiez toutes nos installations ! » — doit trouver son équivalent sur le plan de la cul
505 re et de la vie quotidienne. Tout est public chez nous , tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui
506 , tout est ouvert. Venez donc voir ! mais laissez- nous regarder ce qui se passe chez vous si l’on en croit les communistes o
507 turelle, vous n’avez vraiment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l
508 ment rien à y perdre. Et nous serons enchantés de nous en convaincre. La détente et l’union de l’Europe Tournons-nous
509 La détente et l’union de l’Europe Tournons- nous maintenant vers les Européens. Ils vont dire : mais s’il y a détente,
510 ’il y a détente, n’est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc que les motifs profonds d’unir l’
511 t à peu près les mêmes si l’URSS n’existait pas à nos frontières, avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’unir p
512 ommunes qui se multiplient fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe
513 l’uniforme du Kominform. Il s’agit de confronter nos conceptions européennes de la vie et de la culture avec une conceptio
514 c une conception totalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant q
515 os gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en tant que créatrices, ni de la culture en général, qu’ils
516 t plus que jamais l’union morale et culturelle de nos pays, la volonté de s’unir et la conscience vivante d’une unité de de
517 la doctrine totalitaire des Russes. L’étalage de nos diversités d’écoles et de jugements fait partie de la démonstration d
518 t de jugements fait partie de la démonstration de notre goût pour la liberté. Et cette démonstration, accompagnée d’une expos
519 tuite et ouverte à tous des résultats positifs de nos libres discussions, constitue l’argument fondamental de l’Occident. I
520 nt fondamental de l’Occident. Il y a certes, chez nous , des scandales, et pire encore, des résultats très négatifs de notre
521 s, et pire encore, des résultats très négatifs de notre goût de la liberté sans frein. Mentionnons les plus voyants : le nati
522 nées actuelles ne présente qu’un seul danger pour nous  : celui de nous rendre une bonne conscience purement relative, paraly
523 e présente qu’un seul danger pour nous : celui de nous rendre une bonne conscience purement relative, paralysant la critique
524 t relative, paralysant la critique nécessaire. Or notre droit de dénoncer nos propres « crimes » et de publier les scandales
525 a critique nécessaire. Or notre droit de dénoncer nos propres « crimes » et de publier les scandales attribués tantôt à nos
526  » et de publier les scandales attribués tantôt à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est u
527 t à nos dirigeants ou à leur opposition, tantôt à nos « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’Occi
528 « vertus » mêmes, est un des éléments premiers de notre force. L’Occident n’a donc pas de motif de redouter quoi que ce soit
529 serve, aux offres répétées des Russes. Ces offres nous sont faites au nom de la paix, dans l’esprit qu’on nomme de nouveau «
530 tons ce prétexte, indiscutable en soi. Au lieu de nous perdre en hypothèses invérifiables sur les motifs tactiques ou straté
531 ues des Russes, saisissons l’occasion d’appliquer nos principes, en toute confiance. N’espérons pas tout de suite une libe
532 le d’aller parler chez eux comme ils parlent chez nous — comme M. Ehrenbourg, pendant que j’écris ceci, parle à Genève au co
533 ppelons sans relâche les conditions concrètes qui nous paraissent nécessaires pour un dialogue authentique : ce rappel défin
534 pour un dialogue authentique : ce rappel définit nos propres positions. Un échange vrai doit se produire au niveau de la c
535 u’il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est facile, et c’est même la seule chose possible. (On ne voi
536 civisme, et sur les devoirs de l’intelligentsia. Nous jugeons ces idées dangereuses et fausses, au nom de nos principes, c’
537 geons ces idées dangereuses et fausses, au nom de nos principes, c’est entendu. Mais eux-mêmes, ces principes, comment les
538 eux-mêmes, ces principes, comment les appliquons- nous  ? Le problème qui est ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat,
539 en question des deux attitudes confrontées ? Pour nous autres, ce serait assez. Car remettre sans cesse en question l’Occide
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
540 ofessionnels entre ses membres. Ces mesures, dont nous donnerons quelques exemples, se répartissent en trois groupes : I. P
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
541 Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)ab Toute la presse occidentale a parlé
542 er, jusqu’à ce qu’une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, p
543 nous soit proposée par le Kremlin. Cette opinion nous paraît mal fondée, pour trois raisons : 1. Il n’est pas exact que les
544 anges culturels aient été rejetées uniformément. ( Nous donnons plus loin un résumé analytique des discours prononcés à Genèv
545 bre d’intellectuels et d’artistes soviétiques, et nous fait un devoir de tout mettre en œuvre, avec une patience inlassable,
546 re, avec une patience inlassable, pour manifester notre volonté d’y répondre. Le fait évident — et souligné par M. Molotov —
547 ictature soviétique sous des aspects qui flattent notre intelligentsia dans certains de ses préjugés et dans son désir de pai
548 de changer d’air pendant quelques instants. Pour nous , les échanges ne sont qu’une forme naturelle et vitale d’exercice de
549 l’intelligence dans la liberté et la cordialité. Notre désir d’échanges relève de la vocation occidentale de curiosité unive
550 uation présente, sur la base duquel sont établies nos propositions. ab. Rougemont Denis de, « Après l’échec de Genève :
551 nt Denis de, « Après l’échec de Genève : Pourquoi nous persévérons », Bulletin du Centre européen de la culture : « Europe-U
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
552 e Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église, de cour et de noblesse). D
553 des égards cette domination se prolongea jusqu’à nos jours. Pendant près de deux siècles, le français a été la première la
554 en. La littérature russe, de Lermontov et Gogol à nos jours, est tout entière issue de la révolution spirituelle déclenchée
555 ême, c’est qu’elle s’y retrouve. Dostoïevski : «  Nous autres Russes avons deux patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Eur
556 ous autres Russes avons deux patries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup
557 tries, l’Europe et notre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. »
558 otre Russie. » « L’Europe est notre seconde mère. Nous lui devons beaucoup et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons
559 i devons beaucoup et lui devrons plus encore. » «  Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la synthèse de toutes le
560 russe, Alexandre Herzen, partage leur mépris pour notre « décadence » morale et culturelle : « La logique de l’histoire, écri
561 llogisme étrange : L’homme descend du singe, donc nous devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cett
562 ange : L’homme descend du singe, donc nous devons nous aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cette intelligen
563 s mouvements vont exercer en Europe aux débuts de notre siècle : les peintres-décorateurs, Benois, Léon Bakst, Golovine, etc.
564 , La Russie absente et présente, Gallimard, 1949. Nous suivrons ce beau livre de très près et, sauf indication particulière,
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
565 ires ou vagues de débats en eux-mêmes peu clairs, nous jugeons utile (et peut-être important) d’établir ici un compte rendu
566 l’opinion publique en URSS… Cette sorte d’attaque nous est connue… Toutefois, ceux qui prendront connaissance de l’histoire
567 ceux qui prendront connaissance de l’histoire de notre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… I
568 istoire de notre pays… pourront voir à quel point notre peuple est épris de liberté… Il est également facile de constater à q
569 ile de constater à quel point… tout le travail de notre gouvernement (est) imprégné du souci du bien-être du peuple et du dés
570 que les premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beaucoup à faire… » Il faut donc nommer un comité d’expe
571 ations sont dénuées de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’acco
572 mique remplie de haine à l’égard du genre humain… Nous ne pouvons pas accepter une « liberté » qui mènerait au déclenchement
573 matériel stratégique, objet clairement exclu par nos directives… Que faire, devant une attitude qui proclame une liberté t
574 tés de l’autocratie. Mais je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter une combinaison arbitraire des deux parce que, tout
575 c’est que le gouvernement russe craint davantage notre amitié que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait dur
576 vernement russe craint davantage notre amitié que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer à jamais. Les
577 e nostalgie de savoir et de voir quelque chose de nos peuples. Toute la méfiance est au sommet. Toute l’amitié est en bas,
578 ées aux échanges techniques. Aucune indication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégé
579 ule réponse que fait le gouvernement soviétique à nos propositions constructives et conciliantes est de nous demander l’abo
580 propositions constructives et conciliantes est de nous demander l’abolition des contrôles stratégiques. Ces contrôles, nous
581 lition des contrôles stratégiques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’ont qu’une faible incidence sur le volume des éch
582 ne faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes convaincus qu’une grande partie de la méfiance actuelle dispar
583 les populations soviétiques étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformation
584 ues étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformations de la propagande. M. J
585 au libre-échange d’idées et d’informations entre nos peuples n’a été jugée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne
586 iques ou des matériaux stratégiques. Cependant, nous ne croyons pas que le processus (d’échanges) désormais en cours, même
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
587 ditions historiques et difficultés du dialogue Nos goûts spontanés d’intellectuels européens, curieux de ce qui diffère
588 llectuels européens, curieux de ce qui diffère de nous , nos convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes,
589 els européens, curieux de ce qui diffère de nous, nos convictions les mieux motivées soit religieuses soit humanistes, enfi
590 motivées soit religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux S
591 religieuses soit humanistes, enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux Soviétiques, et
592 enfin notre désir et notre volonté de paix : tout nous porterait à proposer aux Soviétiques, et même à revendiquer comme un
593 effet une liberté d’échanges de cette nature que nous nous efforçons non seulement d’établir avec les cultures différentes
594 t une liberté d’échanges de cette nature que nous nous efforçons non seulement d’établir avec les cultures différentes de l’
595 Asie et de l’islam, mais encore de rétablir entre nos propres nations européennes. Cependant, nous sommes très conscients d
596 entre nos propres nations européennes. Cependant, nous sommes très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur
597 rappeler à Genève avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter au
598 ler à Genève avec une franchise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence qu’une telle culture ne saurait accepter aujourd
599 es intellectuels soviétiques, acceptant au départ nos présuppositions, se rangeraient en esprit de notre côté, et cesseraie
600 nos présuppositions, se rangeraient en esprit de notre côté, et cesseraient par là même de représenter valablement leur régi
601 . Ce paradoxe est aussi réel qu’il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très particulière du dialogue d
602 près la nature très particulière du dialogue dont nous cherchons à découvrir les bases, si étroites et précaires soient-elle
603 es bases, si étroites et précaires soient-elles. Nous éliminerons par principe toutes les propositions qui pourraient conte
604 te censure, rétablir la vente libre des journaux. Nous irons plus loin, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne rep
605 us loin, à la rencontre des souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent,
606 s souhaits soviétiques. Nous ne reprendrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent, les demandes « inacceptabl
607 ionnels, etc. En tant qu’intellectuels européens, nous jugeons de telles demandes normales et justes : que cela soit dit en
608 justes : que cela soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors de question qu’elles puissent être accept
609 s et selon la logique de leur dogme d’État. S’ils nous demandaient de leur envoyer des délégations d’écrivains désignés par
610 rgeois et impérialiste », et de son parti unique, nous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En
611 , et de son parti unique, nous serions obligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous. En retour, nous ne saurions
612 ligés de nous récuser : rien de tel n’existe chez nous . En retour, nous ne saurions exiger une libre discussion avec des ind
613 user : rien de tel n’existe chez nous. En retour, nous ne saurions exiger une libre discussion avec des individus indépendan
614 eux-mêmes est également une donnée de fait. Elle nous incite à penser que, pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà
615 éjà) être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou formes de d
616 être tenté, — et par conséquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou formes de dialog
617 à proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraissent point passibles des reproches que les dirigeants soviétiqu
618 cidentaux. II. Propositions Les projets que nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non susc
619 destes, non spectaculaires et non susceptibles, à notre avis, d’être exploités par la presse et la propagande dans l’un ou l’
620 du monde entier devraient avoir leur table ronde. Nous pouvons avoir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir
621 oir des opinions différentes, mais une chose doit nous unir : l’effort à accomplir pour être utiles à l’homme. Et si je parl
622 lir pour être utiles à l’homme. Et si je parle de nous , écrivains soviétiques, je peux dire que nous voudrions sincèrement q
623 de nous, écrivains soviétiques, je peux dire que nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les écriva
624 , je peux dire que nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les écrivains soient aussi étroites et e
625 écrivains soient aussi étroites et efficaces que nos relations de plus en plus solides avec nos confrères (par la plume) d
626 es que nos relations de plus en plus solides avec nos confrères (par la plume) de nombreux pays d’Orient et d’Occident. On
627 er ?) Tous ces sujets sont « brûlants », mais ils nous semblent ménager une mesure d’accord assez large pour que la mesure d
628 . Il n’est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à simple titre d’exemples ou d’hypothèses de trav
629 portuns par les Soviétiques, pour des raisons que nous ignorons aujourd’hui. Dans ce cas, nous souhaiterions au moins savoir
630 isons que nous ignorons aujourd’hui. Dans ce cas, nous souhaiterions au moins savoir : 1. pourquoi et en quoi ils sont jugés
631 Ainsi le refus même des thèmes de discussion que nous suggérons amorcerait une discussion intéressante. Du côté soviétique,
632 é soviétique, on se demandera sans doute pourquoi nous tenons à ce dialogue. Répondons par avance en toute franchise. Si ano
633 ets que les deux parties finiraient par accepter, nous pensons qu’un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrai
634 ur quelques communautés en Europe d’abord, puis — nous l’espérons — en URSS. Ces travaux, portant essentiellement sur des fa
635 fins politiques ou artistiquement subversives26. Nous autres démocrates européens pouvons redouter, également, que la peint
636 ntraîne l’adhésion soulagée du petit bourgeois de nos pays, incapable d’aimer Picasso ou Paul Klee ; et que cette adhésion,
637 s conclusions politiques absurdes. C’est pourquoi nous proposons des expositions discrètes (malgré le paradoxe de l’expressi
638 expositions de peinture contemporaine (russe chez nous , européenne en URSS) résidera donc dans leur caractère limité et tech
639 transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvons entrer ici dans plus de détails, mais cette précaution de
640 Amérique et en Europe, au concert et à la radio. Nous proposons simplement qu’en retour, les œuvres récentes des compositeu
641 orchestres et des chefs européens ou américains. Nous proposons également que les commentaires des œuvres exécutées soient
642 à la propagande non formulée, voire involontaire. Nous proposons donc de limiter les échanges à quelques films qui seraient
643 s de ses recherches d’art et de technique. Enfin, nous insistons sur la nécessité de présenter de part et d’autre des exposi
644 peuvent et doivent redouter la libre diffusion de nos ouvrages et de nos revues dans un public qu’ils entendent contrôler e
645 redouter la libre diffusion de nos ouvrages et de nos revues dans un public qu’ils entendent contrôler et éduquer d’une man
646 t) une idée précise du nombre et de la qualité de nos publications, de leur apparence typographique et de leurs sujets ?
647 choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraient faire campagne
648 otoviens aux activités culturelles de l’URSS dans nos pays, c’est- à-dire l’interdiction pure et simple de ces activités so
649 t la guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventua
650 n de la culture. Nous avons toutes les raisons de nous refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien à redoute
651 de nous refuser avec énergie à cette éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libre
652 e éventualité. Nous n’avons rien à redouter, pour notre part, d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts
653 art, d’échanges totalement libres. C’est pourquoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, m
654 à accepter des échanges qui seraient libres chez nous , mais « autorisés » chez les Russes. Et cela par simple réalisme, en
655 Russes. Et cela par simple réalisme, en vertu de notre désir d’aboutir à si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — obj
656 jectif proclamé sans relâche par les Soviétiques. Nous sommes conscients de la pression diffuse et sans cesse croissante, qu
657 ropagandistes officiels, surveillés pas à pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ils ne répondent en rien aux dés
658 emain, en Russie même. Seul l’avenir pacifique de nos relations de peuple européen à peuple russe, et de culture à culture,
659 européen à peuple russe, et de culture à culture, nous tient à cœur. 22. Le Capital de Marx a paru légalement sous les ts
660 etc. 23. Traduit et reproduit intégralement dans notre bulletin d’octobre 1955. 24. Par exemple, nous ne saurions accepter
661 notre bulletin d’octobre 1955. 24. Par exemple, nous ne saurions accepter comme équitable, ni même honnête, un « dialogue 
662 aurait là maldonne et tricherie manifeste. 25. «  Notre pays a essayé de donner la plus grande envergure possible aux échange
663 icle de A. Cholokhov, cité plus haut, cf. p. 7 de notre bulletin d’octobre 1955. 26. À un journaliste français qui lui deman
664 tre célèbre, répondit : « Ce serait nuisible pour nos peintres… Le chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est fac
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
665 urope articulée comme une machine, ni à imposer à nos pays le cadre abstrait d’États-Unis politiques. Elle cherche à constr
666 enne (peut-être) à les départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes n’a de chances d’aboutir
667 gés acquis par les élites et par les masses. Pour nous donc, il ne s’agit pas de choisir une formule de « relance », mais d’
668 isir une formule de « relance », mais d’accentuer notre effort pour préparer les responsables de demain à vivre l’union néces
669 esponsables de demain à vivre l’union nécessaire. Notre méthode éducative et culturelle n’exclut, certes, aucune des trois au
670 re, elle nourrit l’ambition de les servir toutes. Nous semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meur
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
671 diriger le département de l’éducation du CEC. Il nous apporte l’expérience de nombreuses années de travail au service des œ
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
672 et de l’Union de l’Europe occidentale. Toutefois, nous souhaitons vivement que la réponse des gouvernements ainsi interpellé
673 uvelles confusions dans l’opinion publique, telle nous paraît être la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxell
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
674 e table ronde de l’Europe (février 1956)ap aq Nous avons rendu compte, ici même (bulletin de novembre-décembre 1953), de
675 et F. Baade, les savants Groth et Kowarski, etc. Notre bulletin du 1er juin ne manquera pas d’informer nos lecteurs sur les
676 e bulletin du 1er juin ne manquera pas d’informer nos lecteurs sur les résultats de cette importante réunion. ap. Rougem
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
677 néral très lentes, on assez brusques. Au sujet de notre numéro spécial de décembre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout
678 embre 1955, elles n’ont pas été brusques du tout. Nous attendrons donc, comme prévu. Du côté européen, en revanche, les réac
679 de Hollande, de France, de Suisse et du Danemark, nous parviennent des messages d’approbation et des articles de presse favo
680 pprobation et des articles de presse favorables à nos propositions. Mais il faut être deux pour dialoguer. En attendant, ci
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
681 ollande. En outre, on trouvera dans la plupart de nos bulletins des informations sur les Foyers de culture et des articles
682 ticles consacrés à leurs problèmes, témoignant de notre souci constant d’animer, dans le champ si vaste et presque vierge de
683 n européenne. Aujourd’hui, pour la première fois, nous abordons le sujet d’une manière systématique. C’est que nous avons en
684 ns le sujet d’une manière systématique. C’est que nous avons en vue les projets très concrets que prépare activement la Fond
685 apport au problème brûlant de l’union fédérale de nos peuples. De là les trois articles synthétiques qui forment le corps d
686 éducation pour l’Europe ». L’essentiel était pour nous de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons constaté,
687 s de situer le problème et d’orienter le lecteur. Nous avons constaté, en effet, que le grand public, même cultivé, ignore t
688 ccidentale au cours des âges : il n’existe pas, à notre connaissance, une seule Histoire de l’éducation en Europe faisant le
689 tre autres, par l’apparition spontanée, dans tous nos pays, d’entreprises privées d’éducation populaire (ou adult education
690 ur averti excuser les imperfections manifestes de notre tentative, en tenant compte du fait qu’elle est la première de son es
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
691 spécifique, on voit tout de suite qu’elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Faire l’Europe, c’est
692 ar le sacré religieux et social. (Équivalent dans notre xxe siècle : le drill militaire.) Mais la préparation à l’autonomie
693 pécifiquement européen de l’éducation réside dans notre volonté d’étendre à tous les hommes, sans distinction de classe, de r
694 n, de profession ou de croyance familiale, ce que nous appelons « les bienfaits de l’instruction » rendue publique, gratuite
695 , la profession, le degré d’initiation, etc. Chez nous , plus aucune précaution, plus aucune différenciation de principe : la
696 es sociétés fondées sur le respect de la caste et notre société ouverte aux luttes quotidiennes de la concurrence ? Ou plus g
697 gements de l’Europe à l’est et à l’extrême ouest, nous voyons ces tendances — entremêlées et « composées » chez nous — se di
698 ces tendances — entremêlées et « composées » chez nous — se dissocier, s’analyser, puis se reformer synthétiquement chacune
699 mieux dire, le dressage utilitaire de l’individu. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de libe
700 e Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi som
701 nir ce qu’est la voie européenne. Pourquoi sommes- nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les ressento
702 américain et soviétique ? Pourquoi les ressentons- nous comme des excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous, exige
703 s excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous , exigeant et actif, d’un équilibre nécessaire, d’une voie médiane, ou
704 té que d’occasions d’exercer ses responsabilités. Nous dirons donc, pour rester dans le concret, que le problème le plus urg
705 e siècle dans le fait bien connu que le monde où nous vivons paraît trop vaste pour nos prises et trop complexe pour notre
706 ue le monde où nous vivons paraît trop vaste pour nos prises et trop complexe pour notre jugement. L’individu se sent perdu
707 trop vaste pour nos prises et trop complexe pour notre jugement. L’individu se sent perdu dans la société actuelle. Il n’arr
708 électeur de hasard ou de tradition périmée. Voilà notre démocratie. Que peut faire un citoyen ? Comment veut-on qu’un c
709 esponsable ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, des « cadres », si l’o
710 nt appris : — quelle est la situation précaire de nos pays dans un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce que fut naguèr
711 e cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient le
712 u’elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalistes ; — enfin quels seraient les effets prévisibles
713 nt les effets prévisibles d’une union fédérale de nos forces, non seulement pour l’ensemble du continent mais pour telle ré
714 ns la communauté Montrer ce qu’est le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, rendre attentif aux li
715 aux liens concrets qui unissent la plus petite de nos communes aux destinées du continent, tel est le sens, le mouvement gé
716 de l’éducation des citoyens qui feront et vivront notre fédération. Il va de la réalité mondiale à celle de la commune et de
717 nt, et non les « militants » de bonne volonté qui nous répètent « unissez-vous ! » mais gardent les mains dans leurs poches.
718 e, au xxe siècle. Cette orientation préliminaire nous permettra maintenant de mieux définir le problème urgent et vital d’u
719 me urgent et vital d’une éducation pour l’Europe. Nous entendons par là : une éducation tendant à développer dans nos divers
720 par là : une éducation tendant à développer dans nos divers pays la conscience de la communauté de civilisation et de dest
721 veillée et informée, les efforts visant à fédérer nos pays dans un ensemble enfin viable à l’échelle mondiale (qui est cell
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
722 au pied du mur… (juin-juillet 1956)aw Ceux de nos amis, proches ou lointains, qui visitent pour la première fois notre
723 ou lointains, qui visitent pour la première fois notre Villa Moynier dans son grand parc, commencent par admirer le lac et l
724 futaies, les pelouses et le ciel. Et souvent ils nous disent : « C’est trop beau ! Comment peut-on travailler dans ce cadre
725 au ! Comment peut-on travailler dans ce cadre ? » Nous essayons de leur expliquer ce qui se passe dans nos bureaux, pratique
726 s essayons de leur expliquer ce qui se passe dans nos bureaux, pratiquement et au jour le jour… Et pourquoi ne pas le faire
727 connu : il suffit de lire les premières lignes de notre page de couverture, au dos. Mais un programme ne vaut que ce qu’on en
728 uin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venues de tous les horiz
729 fférents pays, et de nombreuses participations de nos collaborateurs à des réunions extérieures. Chacun de ces comités susc
730 tre a représenté des mois de préparation ; chacun nous a laissé, aussitôt dispersé, son programme « pour exécution immédiate
731 plus variés de la culture (au sens très large où nous prenons le mot), voilà qui pose des problèmes passionnants pour le tr
732 t intéresser, les persuader de venir — et qui, de nos jours, n’est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur présenter,
733 les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ainsi qu’aimait à le dire un grand chef d’industrie franç
734 d du mur qu’on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouvons certes, dès maintenant, énumérer quelques aboutissements conc
735 enant, énumérer quelques aboutissements concrets. Nous avons publié deux numéros spéciaux de ce bulletin qui représentent un
736 urelles avec l’Est et sur l’éducation européenne. Notre association des festivals a diffusé 160 000 exemplaires, en trois lan
737 es, en trois langues, de sa brochure Saison 1956. Notre service de presse APEA a fait paraître 170 articles sur les problèmes
738 iteurs… Toutefois, c’est encore peu, au regard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effectiv
739 prochains numéros spéciaux du bulletin, départ de nos expériences-pilotes d’éducation populaire, lancement international d’
740 logue Europe-Inde — pour ne parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la ligne de départ…
741 nière relative, au regard des moyens dont dispose notre équipe, nous le pensons peut-être pour la première fois. Mais ce qu’i
742 , au regard des moyens dont dispose notre équipe, nous le pensons peut-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’est qu’ho
743 par des hommes qui la voudront de toute leur âme. Notre effort principal reste de les trouver, et au besoin de les former. To
744 lème de l’éducation. C’est vers lui que s’oriente notre effort principal, et que convergent tout naturellement l’ensemble ass
745 gent tout naturellement l’ensemble assez varié de nos activités. aw. Rougemont Denis de, « Ce n’est pas au pied du mur… 
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
746 ce petit livre incisif traduit le grand défi que nous adresse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’est pas lancé p
747 tous les Européens. Les autres défis qui occupent nos forces sont secondaires : celui du monde communiste, celui du monde j
748 monde musulman seront surmontés ou non selon que nous deviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’être les contempor
749 nt dans les habitudes et non dans la nature », et nos peuples préféreront bientôt ceux qui oseront leur dire « que l’Europe
750 l’entend bien.) Ce livre devrait être lu par tous nos hommes d’État, parlementaires et managers d’institutions inter- ou su
751 savoir, pour répondre à l’interrogation morale de notre époque, si en nous l’Européen finira par discipliner l’humain, autrem
752 e à l’interrogation morale de notre époque, si en nous l’Européen finira par discipliner l’humain, autrement dit, si la volo
753 ropéenne rejoindra les civilisations antiques, et nos nations n’auront plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
754 généralement humain pour être traduite dans tous nos pays. Une nouvelle formule de prix, incluant les ouvrages déjà publié
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
755 énie occidental, et sur les raisons d’espérer que nous donnent chaque jour tant de savants, d’artistes, d’éducateurs, d’entr
756 ues sur les conditions de vie en Europe ; état de nos forces et sens de notre évolution. Un des reproches les plus fréquent
757 de vie en Europe ; état de nos forces et sens de notre évolution. Un des reproches les plus fréquents que l’on adresse amica
758 e si l’on connaît mieux l’état des problèmes dans notre civilisation, et l’ensemble des efforts qui se poursuivent dans le mê
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
759 g Si le fameux homme de la rue, passant devant notre porte et voyant les plaques dont elle s’orne, portant toutes l’adject
760 fond vert, si cet homme s’avisait d’entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-i
761 u’est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une seule brochure à lui tendre sans hésiter pour répon
762 re sans hésiter pour répondre à son intérêt. Dans nos archives, sans doute, quelques centaines d’épaisses ou minces publica
763 nférences éloquentes : rien qui puisse satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’il voudrait : toutes les réponses
764 quentes : rien qui puisse satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’il voudrait : toutes les réponses en quelques
765 ets ne convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous avons essayé de répondre par la copieuse brochure que l’on va lire. ⁂
766 re que l’on va lire. ⁂ Voici le fil conducteur de nos neuf brefs chapitres. L’Europe présente une unité de base incontestab
767 L’unité de base elle-même sera bientôt perdue si nous n’édifions pas l’union. La crise de l’unité rend donc impérative cett
768 ’elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chapitres condensent sous une forme maniable la matière d’un gro
769 rs groupes de savants, historiens et économistes. Nous nous sommes proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant
770 oupes de savants, historiens et économistes. Nous nous sommes proposés de résumer et d’ordonner les arguments militant pour
771 s, les chiffres et les faits permettant de juger. Nous ne visions pas l’originalité, l’éloquence ou la propagande. Nous voul
772 pas l’originalité, l’éloquence ou la propagande. Nous voulions présenter, dans le langage des faits, le dossier de l’Europe
773 du sur un peuple européen. Fallait-il interrompre nos travaux ? Renvoyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous avons
774 Renvoyer leur publication à de meilleurs jours ? Nous avons entendu l’appel suprême de la plus pure révolution de l’Histoir
775 ère radio libre à Budapest, une voix forte cria : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’avions rien entre les mai
776 cria : Nous mourons pour l’Europe ! Aidez-nous ! Nous n’avions rien entre les mains. La colère et la compassion, la honte a
777 au cœur, ce ne sont pas des armes. Ils appelaient notre Europe à l’aide. Elle ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix.
778 le ne pouvait répondre, elle n’avait pas de voix. Nous apportons ceci, comme une très pauvre obole, mais aussi comme un témo
779 faut absolument faire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons
780 aire l’Europe, et tout de suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme
781 te. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons
782 vons à notre idéal tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, dé
783 l tout autant qu’à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos f
784 à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de
785 êts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à to
786 os pères, nous le devons avant tout, désormais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe
787 l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disait un de leurs derniers poèmes, récité dans les
41 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
788 per pour des raisons bien évidentes : l’avenir de notre culture étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, c
789 re étant lié à l’union politique et économique de nos peuples, comme l’âme est liée au corps ; ni plus ni moins. L’année 19
790 partisans de l’union. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre nos p
791 ’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre nos peuples — car elles sont devenues pratiquement impensables — mais bie
792 ues pratiquement impensables — mais bien pour que nos peuples trouvent ensemble la force de résister aux pressions formidab
793 lustré cette situation. On a vu se dresser contre nous , à l’ONU, le monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’A
794 e tout entière et une partie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant de détruire nos capitales par projectiles téléguidés, enfin
795 ie de l’Afrique, l’URSS nous menaçant de détruire nos capitales par projectiles téléguidés, enfin les États-Unis eux-mêmes
796 tres au Moyen-Orient. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n’est
797 s forces mondiales. Chacun voit aujourd’hui qu’il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et parce qu
798 d’hui qu’il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et parce qu’il n’est aucun de nos pays qui puisse
799 avenir économique, et parce qu’il n’est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : nous souffrons
800 qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : nous souffrons tous d’une certaine pénurie d’essence qui affecte également
801 aine pénurie d’essence qui affecte également tous nos peuples, sans distinguer entre les bons et les méchants, les neutres
802 dictateur d’un petit pays « sous-développé » que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpita
803 éveloppé » que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses
804 tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses très élémentaire et salutair
805 eaucoup d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité, deven
806 é commun et de l’Euratom, conditions à la fois de notre prospérité et de notre indépendance énergétique. L’atmosphère a ch
807 m, conditions à la fois de notre prospérité et de notre indépendance énergétique. L’atmosphère a changé Il est certain
808 on par ceux qui n’ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Budapest On ne pourra faire l’Europe
809 i dans l’idéal occidental. Il faut donc persuader nos élites et nos masses que l’Europe reste la patrie des libertés fondam
810 occidental. Il faut donc persuader nos élites et nos masses que l’Europe reste la patrie des libertés fondamentales de l’h
811 ucation, et pour tout dire, d’hygiène civique. Notre tâche Plus que jamais résister à l’esprit de démission, d’autodéni
812 igrement morbide, qui affecte une bonne partie de notre « intelligentsia » trop longtemps fascinée et bluffée par l’arrogance
813 les moyens de réaliser l’union. Le programme de notre institution tient presque tout entier dans ces deux paragraphes. Notr
814 nt presque tout entier dans ces deux paragraphes. Notre but général reste de faire l’Europe en formant des Européens. Voilà p
815 opéennes, à l’usage d’un millier de journaux dans nos trois langues principales. Et voilà la raison de la récente création
816 les. Et voilà la raison de la récente création de notre « Service européen de conférences ». Et de notre plan — prêt à se réa
817 notre « Service européen de conférences ». Et de notre plan — prêt à se réaliser — d’un pool européen de l’édition. C’est da
818 tion. C’est dans le même cadre que prennent place nos deux séminaires de recherches sur le Marché commun et les loisirs — l
819 intention qui rend compte du choix des sujets de nos derniers numéros spéciaux : Éducation européenne et L’Europe s’ins
820 Euratom ont d’assez fortes chances de succès dans nos différents parlements. Mais il serait insensé de crier victoire. La c
821 ci-après. 32. On lira plus loin le bel essai que nous donne sur ce grand sujet Stephen Spender. bh. Rougemont Denis de, «
42 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
822 ère et la Seconde Guerre mondiale, sont nées dans nos manuels d’histoire ? Car le nationalisme belliqueux puis totalitaire
823 que de puissants ennemis — très réels ceux-là ! —  nous entourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ «
824 nnemis — très réels ceux-là ! — nous entourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ « Faire l’Europe, c
825 ntourent et nous guettent, prêts à tirer parti de nos divisions. ⁂ « Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens ». C
826 e, illustré et commenté tout au long du numéro de notre bulletin consacré à l’éducation européenne 33, doit inspirer l’activi
827 uropéenne 33, doit inspirer l’activité du CEC. Il nous conduit aujourd’hui, tout naturellement, à étudier le problème de la
828 une série d’informations sur ce qui se fait déjà. Nous préparons dès maintenant, comme suite à ce numéro, un ensemble d’étud
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
829 titutions internationales viennent s’établir chez nous . L’Organisation des Nations unies (ONU) inaugure son siège européen à
830 Les conférences diplomatiques se multiplient dans notre pays neutre et accueillant. Une ère de grande prospérité économique s
831 Suisse. Les capitaux étrangers s’accumulent dans nos banques. La monnaie suisse reste la plus solide du continent. Cependa
832 ’Europe. Les Russes dominent les pays de l’Est de notre continent (Pologne, Tchécoslovaquie, Allemagne orientale, Hongrie, Bu
833 es et de la technique en plein essor, qu’aucun de nos pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun ne peut plu
834 vée ? La Suisse occupe une position centrale dans notre continent, mais n’a pas de débouchés directs sur la mer. Une large pr
835 rer avec les institutions qui ont pour but d’unir nos peuples. Les intérêts de la Suisse et ceux de l’Europe entière sont i
836 conde Guerre mondiale ? 2. Quels dangers menacent notre prospérité ? 3. Quelles ont été les conséquences des deux guerres mon
837 Gonzague de Reynold. M. l’abbé Pfulg a demandé à notre directeur de bien vouloir écrire le chapitre du manuel d’histoire se
838 stoire se rapportant à l’Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous les aut
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
839 x créateurs et responsables de la vie musicale de nos pays l’occasion d’exprimer leurs vues sur « le phénomène festival ».
840 es sur « le phénomène festival ». Jamais, croyons- nous , un tel sondage n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’ag
841 aux : en effet, sur 80 questionnaires envoyés, 43 nous sont revenus remplis, dans les délais prévus. Si l’on fait la part de
842 vals tiennent une place importante dans la vie de notre temps. ⁂ Quels problèmes ? dira l’amateur qui se contente bien de son
843 et Tchaïkovski sifflotés dans les rues de toutes nos villes. Pour le meilleur et pour le pire, la musique est entrée dans
844 lleur et pour le pire, la musique est entrée dans nos mœurs quotidiennes, débordant infiniment les petits cercles de l’élit
845 rocessus ne peuvent que s’accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation que certains nomment déjà la seconde
846 ces options se trouvaient mises en discussion par notre questionnaire : définition de la formule des festivals, et foisonneme
847 it, elles sont juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci n’aurait besoin que de légères retouches pour
848 éale et normative » du festival n’était pas, dans notre esprit, un simple jeu académique. D’une part, il importait aux membre
849 adémique. D’une part, il importait aux membres de notre Association de formuler les critères qu’ils s’efforcent tous d’observ
850 qu’on vient de lire. Quelles conclusions pouvons- nous en tirer ? Seize voix pour un jury, seize contre (encore s’agit-il pl
851 pas comme jury ! (Je crois bien qu’un ou deux de nos correspondants l’ont entendu de cette manière.) Groupement tout amica
852 à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typiq
853 a science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondamentale. Unité dans la diversité, — est-il besoin de le ré
854 ilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence, le politique et l’institutionnel, l’économique et l’artist
855 t l’institutionnel, l’économique et l’artistique, nous retrouverons toujours le même type de problèmes : unir sans uniformis
856 propre aux festivals, le troisième paragraphe de notre questionnaire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ait cherc
857 s deux solutions proposées, la grande majorité de nos correspondants suggère qu’elles sont valables simultanément, et doive
858 tent de figurer en bonne place dans les débats de notre Association. Elles tendent toutes les trois à spécialiser mais aussi,
859 conclusions générales qui me semblent résulter de notre enquête. bl. Rougemont Denis de, « Commentaires », Bulletin du Ce
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
860 sous le nom de Marché commun des Six. L’étude que nous présentons aujourd’hui vient donc très exactement à son heure. Elle s
861 érales du Marché commun dans la vie économique de nos pays, ainsi que les répercussions possibles du traité sur les institu
46 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
862 ologie et du droit ». Pour réaliser ce programme, nous disposions de la sympathie sincère de quelques grands aînés, et parfo
863 cumentaires sur l’Europe. Regard en arrière Nous étions partis de l’idée d’un centre de rencontres personnelles, et pr
864 depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais dès nos premiers pas dans le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître q
865 dès nos premiers pas dans le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas en
866 e, avec les moyens disponibles, détermina bientôt notre action quotidienne. Action de coordination, d’animation, d’informatio
867 sse et Genève, commencèrent à fournir une part de nos recettes35.) La fortune publique et privée ne croyait pas bien fort à
868 es plus ingrates pour la cause de l’union et pour notre mission particulière, le Centre s’est maintenu, il a duré, il a mis a
869 nde Europe, celle qui doit un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar à l’Oural si possible ! Mais la seule annonce d
870 elles possibilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient désormais requérir la p
871 ques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
872 ux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États
873 immenses qui naissent du contact inévitable entre notre culture libérale et technique et les cultures traditionnelles de l’As
874 appellent des études et des solutions qu’aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul
875 se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
876 commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
877 ces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
878 ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
879 rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
880 c’est bien dans cette vue qu’il convient, croyons- nous , d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il p
881 l’émission de médailles d’or en 1952 et 1953, et nos publications (abonnements et ventes). 36. Son Bureau d’études (ouver
47 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
882 comprendre d’une manière vivante la nécessité de notre union. De ces négociations, qui se poursuivirent pendant plusieurs an
883 à Bruges, au Collège d’Europe, les dirigeants de nos expériences en cours, plus des représentants d’œuvres d’éducation des
884 ée dans le reste de l’Europe, et justifient ainsi notre entreprise. L’efficacité des autres expériences ne pourra être jugée
885 . D’ores et déjà, pourtant, il faut souligner que notre programme se déroule conformément aux plans du Comité d’éducateurs, e
886 conformément aux plans du Comité d’éducateurs, et nous a permis d’intéresser activement à une entreprise européenne des cent
887 é largement répandus dans les milieux touchés par nos expériences-pilotes. En 1958, les premières enquêtes sociologiques or
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
888 ues à la fin de 1957, a exercé dans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesurée par les comptes rendus de pr
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
889 mc2 L’Europe physique tient peu de place sur notre globe : 4 % des terres et un septième (diminuant) de la population mo
890 insoupçonnée. L’Europe est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (étendue,
891 se multiplient en progression géométrique et que nous symboliserons par c2 . Nous retrouvons ici une équation célèbre : E =
892 on géométrique et que nous symboliserons par c2 . Nous retrouvons ici une équation célèbre : E = mc2, que nous prendrons la
893 etrouvons ici une équation célèbre : E = mc2, que nous prendrons la liberté de lire comme suit : Europe = cap de l’Asie mul
894 ’échelle de l’Europe. Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuve
895 . Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une g
896 résultats d’une entreprise de cette nature ; mais nous voyons du moins sur quelles thèses elle se règle, vérifiées par l’usa
897 de rendre à la culture sa fonction créatrice dans notre société, et de la libérer tout d’abord des entraves du nationalisme.
898 ence personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser entraî
899 personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser entraîner p
900 seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons- nous au surplus de nous laisser entraîner par des images trop facilement l
901 nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser entraîner par des images trop facilement liées au verbe « for
902 ur rappeler — ils le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations sont trop petits et trop grands à la fois, étant ineffi
903 relations de chaque organisme. L’information dont nous voulons parler n’est pas une activité au jour le jour, suivant pas à
904 nière à faire voir dans les faits la nécessité de notre union. Rien de plus vain que de répéter : « Unissons-nous ! Unissons-
905 on. Rien de plus vain que de répéter : « Unissons- nous  ! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pour
906 vain que de répéter : « Unissons-nous ! Unissons- nous  ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. (Nos mouve
907  : « Unissons-nous ! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de militants
908 que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. ( Nos mouvements de militants l’ont parfois oublié dans leurs discours et l
909 ponsabilité quelconque à n’importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’est pas simple affa
910 — favorable ou non — et n’est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’elle se trouve di
911 on — et n’est pas justiciable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’elle se trouve dictée par la conjo
912 sticiable de nos préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’elle se trouve dictée par la conjoncture mondiale et p
913 lexible, sans qu’elle soit pour autant fatale. Si nous voulons survivre, il faut l’union ; mais cette union ne se fera pas d
914 e ou par l’opération de mystérieux technocrates : nous la voudrons pour le salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à
915 technocrates : nous la voudrons pour le salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre i
916 salut de nos libertés, ou d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre indépendance. Ceci posé, les principaux gr
917 d’autres l’imposeront à nos dépens et au prix de notre indépendance. Ceci posé, les principaux groupes de faits qu’une infor
918 ent à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renversement de la conjoncture mo
919 es nationalismes. — Le nationalisme s’opposant à notre union, mais provoquant des unions étrangères contre nous (exemples de
920 ion, mais provoquant des unions étrangères contre nous (exemples de la République arabe et de Bandung). — L’Europe mise au d
921 e, si elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois la pop
922 resser des perspectives complètement faussées par nos complexes psychologiques et par certaines propagandes politiques.) —
923 moyens à créer Pour appliquer la méthode dont nous venons de décrire les principes et les buts, de quels moyens dispose-
924 , se consacrent au problème européen dans huit de nos pays (leur liaison étant assurée par le secrétariat de l’AIEE au Cent
925 nstituer un Conseil européen de la Recherche, que nous avons émise ici même et dans d’autres revues dès le début de cette an
926 Conseil serait le couronnement de la méthode que nous exposons — et pratiquons. Allons-nous perdre nos meilleurs atouts 
927 hode que nous exposons — et pratiquons. Allons- nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires angl
928 s exposons — et pratiquons. Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires anglaises ont é
929 acles qu’elle rencontre, et parfois suscite, dans notre société occidentale. Nous pensons que les vraies chances de l’Europe
930 parfois suscite, dans notre société occidentale. Nous pensons que les vraies chances de l’Europe sont dans la liberté, non
931 ans le camp de la liberté, car ce sont en réalité nos matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la force des chos
932 s de l’Europe sont scandaleusement négligées dans nos budgets publics et privés38. Les États et les grands capitalistes de
933 ce qu’il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à persuader le capital privé et les États que le sal
934 rêt bien compris, de la défense de l’Europe et de notre survie. Cette révolution dans la conscience bourgeoise est commencée.
935 ntenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’avons plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs généraux auxquels
936 sion lucide de ceux qui luttent contre la montre, nous les résumerons comme suit : elle consiste à fomenter dans tous nos mi
937 s comme suit : elle consiste à fomenter dans tous nos milieux sociaux et professionnels — une conscience plus profonde de l
938 liste de la situation planétaire, des dangers que nous courons tous ensemble en Europe, mais aussi des promesses qu’implique
939 les créeront. 38. Rappelons que la plupart de nos États réservent 1/1000e de leur budget à la culture et que les capita
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
940 n politique, et à l’extrême : de perdre au nom de nos raisons de vivre la vie même. Constitutionnelle. Se préoccuper avant
941 e part et à l’extrême, de perdre au nom de la vie nos raisons de vivre. Culturelle-éducative. Tenter d’éduquer des élites
942 pour s’établir dans six pays seulement. Ce délai nous est-il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que f
943 et qui dit mieux ? Mais que feront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’Est ? 3. La revendication d’une Constituan
944 tude efficace, en présence de ces contradictions, nous paraît devoir être celle d’un œcuménisme pratique. Elle doit enregist
945 la pensée occidentale au xxe siècle. Réformer nos catégories de pensée Entre une méthode institutionnelle que le gra
946 voie praticable pour l’époque. C’est la voie que nous indiquent depuis près d’un demi-siècle les sciences physiques et la p
947 s’excluent pas, mais s’impliquent mutuellement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’à droite, en sont restés à une
948 de vue fondamentalement européen qui est celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt éducatif et culturel p
949 des pièges tendus par la politique officielle de nos États que la moyenne des adhérents de bonne volonté des autres mouvem
950 entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les institutionnel
951 n dans les couloirs des parlements. Non seulement nos méthodes ne peuvent être estimées une à une, du point de vue de l’eff
952 e soutenir les procès en paternité qui diviseront nos successeurs41. Ces jeux restent frivoles, même si l’on se fâche, et l
953 intéressant de constater la convergence finale de nos méthodes, s’agissant de la prochaine et décisive étape conduisant à l
954 z une union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce
955 qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait
956 t pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les
957 t l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts et nos jeux doctrinaux comme Byzance. Ce ne serait rien si les fédéralistes
958 ’humiliations représentant la somme européenne de nos politiques nationales. Cette somme égale zéro dans le meilleur cas. I
959 Bandung, Mao et le Kremlin n’agissent pas contre nous en ordre dispersé, même si leurs intérêts divergent par ailleurs. C’e
960 e si leurs intérêts divergent par ailleurs. C’est notre désunion qui les groupe aujourd’hui. Une Europe fédérée, capable de m
961 problèmes différents qui se multiplient autour de nous , tels que la libération des pays de l’Est, la transition du régime co
962 veloppés. Aux menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commu
963 x menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps ni le succès du Marché commun dans douze
964 suffisant, que doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, — et les mouvements fédéralistes. La mult
965 ction d’une Assemblée européenne chargée de doter nos peuples d’un pouvoir politique commun. Le problème de l’union politiq
966 politique domine tout. Or c’est là justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succ
967 justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notr
968 et que nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre culture reprend conscience de ses pouvoir
969 é le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre culture reprend conscience de ses pouvoirs et rayonne dans le monde e
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
970 au début des travaux le directeur du CEC, et dont nous reproduisons ici de larges extraits :   Messieurs Nous souhaitions ré
971 reproduisons ici de larges extraits :   Messieurs Nous souhaitions réunir une vingtaine de personnes : 10 représentants de l
972 observateurs. Vous voici vingt au rendez-vous que nous vous donnions il y a trois semaines à peine, et je vous remercie de m
973 partie vous intéresse au premier chef et justifie notre rencontre. Voici le principe à illustrer : on ne fera pas l’Europe sa
974 re autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse pas nécessairement. Et voici la situation concrète : les tr
975 leur décision de créer une Université européenne. Nous avons appris un peu plus tard que la commission désignée pour rapport
976 itions le 1er juillet aux Conseils des ministres. Nous ignorons encore le contenu de ce rapport, et les suites que les minis
977 ’est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé de venir ici pour définir, en tout état de cause,
978 ’objet de fréquentes discussions, depuis dix ans. Nous avons proposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes
979 ns proposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans
980 oposé aussitôt les dates des 4 et 5 juillet. Nous nous sommes engagés à convoquer, préparer et tenir cette réunion dans un d
981 que ce n’était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attention ! cette réunion est prématurée ! Attention ! vous
982 z trop tard ! N’en sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En
983 les instances européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d’atte
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
984 uble besoin ? Car c’est bien lui qui constitue, à notre avis, la substance réelle des débats soulevés périodiquement depuis u
985 ils auraient étudié tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos économies : car ils ne deviendraient pas plus euro
986 tous les droits en usage dans nos pays ou toutes nos économies : car ils ne deviendraient pas plus européens par cette sim
987 pline particulière dans une conception globale de notre société et de son évolution. Nécessité d’instituts techniques 4
988 ntenir l’Europe dans la compétition mondiale, que nous rencontrons la nécessité de formes d’enseignement nouvelles et d’une
989 enseignement nouvelles et d’une mise en commun de nos meilleures forces à l’échelle européenne. En effet, les derniers déve
990 oupes, autour de savants de premier rang venus de nos divers pays, des gradués récents et des hommes déjà en possession de
991 ur des sessions d’études. Conclusions 7. Il nous paraît donc que la solution la plus réaliste des problèmes qui ont co
53 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
992 siècle dernier, les choses changent entièrement. Nous sommes en présence aujourd’hui de trois manières de diffuser et de tr
993 portante me semble être celle qui intervient sous nos yeux dans le domaine de la consommation de la culture. Je répète que
994 s et attitudes spirituelles et intellectuelles de notre civilisation européenne, ramène aujourd’hui à la culture des masses d
995 u siècle beaucoup de bons esprits. On ne cesse de nous répéter depuis Sorel et Spengler que l’Occident va vers une décadence
996 e nullement le pessimisme à la mode… d’hier, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que les esprits créateurs reste
997 la quantité. De ces quelques faits statistiques, nous pouvons tirer dès maintenant deux conclusions majeures. La première,
998 t forment une branche importante de l’économie de nos pays. La seconde conclusion, c’est que les fabricants et distributeur
999 Les motifs d’optimisme sont nombreux et solides, nous en avons administré les preuves. Quant à savoir si l’élargissement de
54 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1000 resse, ont fomenté depuis un siècle la plupart de nos nationalismes, derniers et pires obstacles à l’union nécessaire. C’es
1001 rtient de combattre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveillant dans chacun de no
1002 ttre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réveillant dans chacun de nos peuples le s
1003 lexes nationalistes, en réveillant dans chacun de nos peuples le sens de son appartenance à un ensemble humain et spirituel
1004 lles l’ont déjà presque fait à deux reprises dans notre siècle, mais elles périraient avec elle. L’avenir de chaque nation du
1005 ope comme ensemble va chaque année croissant dans nos divers pays. Notre Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n
1006 e va chaque année croissant dans nos divers pays. Notre Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’avons retenu que l
1007 Notre Bibliographie en donnera quelque idée. Mais nous n’avons retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que no
1008 e le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font
1009 les qu’elles soient, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les avantages que la formule du pool peu
1010 nt, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous considérons les avantages que la formule du pool peut offrir : aux au
1011 s, l’assurance d’être traduits simultanément dans nos principales langues, moyennant un seul contrat ; aux éditeurs, la gar
55 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1012 ment la « réinterprétation » annoncée. Et cela va nous conduire de Constantin à Grégoire VII, à travers les siècles les moin
1013 vers les siècles les moins généralement connus de notre aventure, ceux durant lesquels se nouera la première synthèse spécifi
1014 iècle… Il y a là un beau paradoxe historique, que nous ne pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand avantage
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1015 t son « objet » scientifique. En fait, Gollwitzer nous donne ici le plus pénétrant ouvrage d’histoire intellectuelle paru ju
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1016 uieu, Rousseau, Voltaire, jusqu’à 36 ou 40 fois ! Nous voici les témoins enchantés d’une véritable orgie d’européanisme ! Au
1017 se lit sans un instant d’ennui ou de fatigue. Il nous mène du mythe grec de l’Europe jusqu’au drame de la lutte actuelle po
1018 l’Europe jusqu’au drame de la lutte actuelle pour notre union, à travers 27 siècles de pensée où le sublime voisine avec l’ab
1019 ue l’on souhaite voir traduit bientôt dans toutes nos langues (comme il va l’être prochainement en espagnol) ; et qu’une co
1020 mais non pas remplacer ni déclasser de sitôt. Car nous tenons, avec cet ouvrage, la première histoire complète de l’idée eur
1021 storiens, philosophes et poètes de presque toutes nos langues. On a reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe
1022 és politiques ou économiques. Il entend seulement nous donner une histoire des prises de conscience successives et contradic
1023 s de conscience successives et contradictoires de notre unité de culture, pendant trois millénaires. Comparé à l’ouvrage de G
1024 es à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres précieux, presque exhaustifs, sur le
1025 derniers siècles. Certes, Curcio n’a pas tenté de nous imposer une interprétation systématique, à la Hegel, de l’évolution d
1026 de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire
1027 manière d’y croire et une manière de la vouloir, notre vocation et notre conquête. » cc. Rougemont Denis de, « [Compte re
1028 e et une manière de la vouloir, notre vocation et notre conquête. » cc. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Carlo Curcio,
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1029 à des conclusions pessimistes sur les destins de notre Europe ? Je crois bien que Hegel est la seule exception, qui persista
1030 fin ne signifie pas but mais décadence et chute. Notre auteur, au contraire, tient que « la mission de l’Europe n’est pas te
1031 e siècle la plus brillante école d’interprètes de notre culture : Unamuno, Ortega, Maranon, Madariaga, et plusieurs autres, a
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1032 de leur communauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe e
1033 nauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il existe en effet trois
1034 e aux possibilités comme aux principes du Centre. Nous n’avons pas cessé de le répéter ici : pour faire l’Europe, il faut fa
1035 local. ⁂ Au printemps 1956, un numéro spécial de notre bulletin 44 donnait le plan d’une série d’expériences-pilotes d’éduca
1036 trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collectiv
1037 es, qui permettront éventuellement de généraliser nos expériences-pilotes. Nous espérons que les éducateurs — enseignants o
1038 uellement de généraliser nos expériences-pilotes. Nous espérons que les éducateurs — enseignants ou animateurs de centres lo
1039 es locaux de culture — ayant pris connaissance de nos tentatives, verront mieux non seulement les erreurs à éviter, mais su
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1040 tion européenne [Conclusion] (décembre 1959)cf Nous avions deux objectifs principaux : essayer des méthodes et détecter d
1041 ssayer des méthodes et détecter des responsables. Nous voulions expérimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui do
1042 ter des responsables. Nous voulions expérimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à de
1043 mieux la prochaine fois.) Les moyens limités dont nous disposions nous ont souvent contraints à des improvisations empirique
1044 ne fois.) Les moyens limités dont nous disposions nous ont souvent contraints à des improvisations empiriques que la science
1045 ogues jugera peut-être sévèrement. Mais ce défaut nous a mis à l’abri de la tentation majeure dans ce domaine : celle de pla
1046 même qu’on ait pu l’observer dans sa vie propre. Nos moyens étaient comparables à ceux de l’homéopathie, permettant d’inci
1047 ssus sociaux. Similia similibus. Au total, sommes- nous satisfaits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que certains
1048 s ont été obtenus par accident, comme en dépit de nos efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti qu’ici ou là, quelqu
1049 e en dépit de nos efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méth
1050 olaire. Oui, encore et surtout, dans la mesure où nous avons trouvé partout ces responsables réalistes, ces animateurs entho
1051 istes, ces animateurs enthousiastes sans lesquels nous n’eussions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu
1052 sions rien pu faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’une action persévérante et féconde peut être conduite. Nous
1053 ction persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieu
61 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1054 aison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)cg Notre nom même provoque généralement les trois questions suivantes : — qu’e
1055 ce sera définir du même coup la raison d’être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’est donn
1056 n lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens co
1057 omme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès notre Antiquité gréco-romaine, « cultiver » la terre ou l’esprit signifie :
1058 ut faire des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous , qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre posit
1059 ste, s’il fallait prendre position dans le débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créat
1060 e débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créatrice de valeurs, de sens, d’œuvres nouve
1061 é le monde, de la Renaissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette
1062 pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuples. En effet, leur niveau de vie et leur statut social dépendent
1063 rituel qui demeure l’origine permanente de ce que nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux.   EUROPE, qui f
1064 ie étant à Sem, l’Afrique à Cham — l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les a
1065 et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union économique et politique de nos peuples
1066 es nationales, l’union économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles
1067 os peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question m
1068 r. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons cette question mal posée. Car une culture ne saurait être dé
1069 ipes et par sa force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son déco
1070 , dépend d’un jeu de forces politiques sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement.
1071 es sur lequel nous sommes sans pouvoir, mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus gr
1072 , mais dont nous devons anticiper le dépassement. Nous travaillons ici pour la plus grande Europe, pour elle seule, à son se
1073 de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faibl
1074 ore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépend
1075 s que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tous partis, intérêts nationaux, groupements d’États
1076 tionaux, groupements d’États ou même super-États. Nous entretenons avec eux tous des contacts souvent utiles et toujours ami
1077 cts souvent utiles et toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et ce
1078 et toujours amicaux. Plusieurs nous ont aidé dans notre tâche. Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont di
1079 Mais tous paraissent avoir compris — et certains nous l’ont dit expressément — qu’il était juste et nécessaire de laisser l
1080 Où sont les obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. M
1081 dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs
1082 urs préjugés et leurs routines. C’est donc là que nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forme
1083 par leur faute et par leur mérite. Voilà définie notre Europe : c’est un champ de forces culturelles, sans frontières à l’ex
1084 orme polie d’une objection fondamentale) que l’on nous pose bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’il s’agit de cultur
1085 cif, que l’idée d’un Centre. Ceci posé, regardons notre époque et le concret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’
1086 roblèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’unité de culture
1087 itique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrières de préjugés partisans
1088 inéastes, hygiénistes, pédagogues, sportifs même… Nous sommes sur la bonne voie. Mais deux dangers subsistent : les centres
1089 la culture. ⁂ En 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’être d’une institution de ce genre n’existe
1090 ques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
1091 ux recherches et à l’éducation les USA et l’URSS, nous sommes ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États
1092 sérieuse sur la conjoncture culturelle, par quoi nous entendons l’état des besoins existants, des recherches en cours ou à
1093 immenses qui naissent du contact inévitable entre notre culture libérale et technique et les cultures traditionnelles de l’As
1094 appellent des études et des solutions qu’aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à lui tout seul
1095 se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
1096 ommune de ces forces vis-à-vis du reste du monde, nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
1097 es vis-à-vis du reste du monde, nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
1098 ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
1099 rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
62 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1100 maîtres de classes du primaire et du secondaire ? Nous sommes ici dans une Europe en train de s’unir, face à un monde transf
1101 l’individu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, avec ses idéaux bien encadrés du clerc,
1102 encadrés du clerc, du chevalier et de l’artisan. Nous ne sommes plus à l’âge classique, avec son idéal de l’honnête homme.
1103 âge classique, avec son idéal de l’honnête homme. Notre idée de l’homme a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à pa
1104 idée de l’homme a changé. Mais quelle est-elle ? Nous continuons à parler de méthode d’éducation et de pédagogie, sans décl
1105 tés pratiques à surmonter d’abord, etc. — saurons- nous distinguer les buts humains de l’éducation occidentale au xxe siècle
1106 e Jullien se fit l’avocat voici un siècle, pourra nous y aider. Mais avant de l’appliquer aux trois grandes régions qui form
1107 e l’Antiquité, de l’Orient et de l’Europe jusqu’à nos jours. Éduquer l’homme, dans tous les temps et dans toutes les cultur
1108 aux canons religieux établis et indiscutés. Dans nos sociétés modernes, pluralistes et profanes, tout change. La transmiss
1109  c’est-à-dire psychiques ou psychologiques, comme nous le dirions aujourd’hui. En revanche, au dressage antique, les société
1110 onnel. » Le vrai sens de l’action d’éduquer, dans notre ère, devient alors conforme à l’étymologie même de ce verbe : e-ducer
1111 ligieuses, où tout est prescrit sans discussions. Nous sommes ici aux antipodes de la pratique américaine. À l’excès de libe
1112   c) Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’est la voie européenne. Posons-nous
1113 e de définir ce qu’est la voie européenne. Posons- nous cette question très simple : Pourquoi sommes-nous choqués par les exc
1114 nous cette question très simple : Pourquoi sommes- nous choqués par les excès américain et soviétique ? Pourquoi les ressento
1115 américain et soviétique ? Pourquoi les ressentons- nous comme des excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous, exige
1116 s excès ? Sinon parce que le sentiment demeure en nous , exigeant et actif, d’un équilibre nécessaire, d’une voie médiane, ou
1117 us accorde enfin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès alterné
1118 fin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès alternés de la tend
1119 e même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des excès alternés de la tendance « russe »
1120 ’une manière cohérente les principaux domaines de notre civilisation. Ainsi notre idéal civique comporte à la fois la vocatio
1121 principaux domaines de notre civilisation. Ainsi notre idéal civique comporte à la fois la vocation personnelle et l’amour d
1122 r du prochain : la tendance axiale, normative, de notre politique est l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse
1123 otre politique est l’unité dans la diversité (que nous appelons en Suisse fédéralisme) ; et enfin l’éducation comporte à la
1124 de la discipline ? Prenez n’importe lequel de nos problèmes traditionnels ou modernes, sociaux, éthiques ou même économ
1125 contrainte seule, les Américains liberté seule ; nous disons : les deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un ne va pa
1126 ule ; nous disons : les deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut q
1127 riction de la liberté et de l’autonomie. Et quand nous critiquons telle conception de la discipline, c’est toujours au nom d
1128 qué le rendement technique dans le cadre du plan. Notre conception la plus saine du dressage se situerait, me semble-t-il, à
1129 ellectuelle et de l’homogénéité des esprits. Dans nos classes règnent la haine du cancre, la méfiance envers les meilleurs,
1130 , plus nouveau, se pose à l’éducateur européen de notre temps : c’est celui du dosage entre la préparation générale et la for
1131 sociale : ils veulent des citoyens bien adaptés. Nous voulons plus : nous voulons les deux choses à la fois et une troisièm
1132 nt des citoyens bien adaptés. Nous voulons plus : nous voulons les deux choses à la fois et une troisième en plus. Nous voul
1133 s deux choses à la fois et une troisième en plus. Nous voulons à la fois préparer de bons citoyens, de bons professionnels,
1134 cet équilibre en tension, dépend la fécondité de notre civilisation. Une civilisation trop purement classique, humaniste, li
1135 ’équations : les plus grands savants novateurs de notre temps sont tous d’accord sur ce point. La poésie, la philosophie, l’i
1136 à mon sens, c’est la vision du But qui peut seule nous dicter les méthodes adéquates pour le rejoindre. « En toutes choses,
1137 ne conduit pas au particulier. Dans la mesure où nous décidons de créer une certaine classe d’hommes, d’inculquer un certai
1138 , c’est la réalité sentie de la personne qui doit nous inspirer les moyens de le rejoindre. Je terminerai par une seconde pa
63 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1139 on publique obligatoire est née en même temps que nos démocraties. Celles-ci méritent leur nom dans la mesure même où, soit
1140 informer et à former des citoyens. Si maintenant nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter
1141 nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que c
1142 otion d’un civisme européen. Mais de quoi pouvons- nous partir, sinon des institutions existantes — et notamment de l’École —
1143 est l’état actuel de l’enseignement civique dans nos pays ; en second lieu, comment cet enseignement peut se prêter à un é
1144 ement au plan européen. C’est dans cet esprit que nous avons demandé à des enseignants de huit pays européens les rapports q
1145 ux. Objectifs nationaux différents Chacun de nos pays, en effet, estime qu’il bénéficie ou pâtit d’une situation excep
1146 crois pas très facilement interchangeables. Elles nous signalent des différences d’approche, parfois profondes, nées de circ
1147 d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête, et de sensibiliser son attention, je me bornerai à deux indi
1148 ations rapides, à titre d’exemples : 1° Dans tous nos pays — sauf peut-être en Allemagne, et encore — on se plaint de l’ind
1149 tte constatation signifie que le régime actuel de nos pays est accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’il n’appara
1150 ente dans le reste du Monde. 2° Dans presque tous nos pays, l’enseignement civique est pratiquement limité à la description
1151 olable de tout contenu concret, comme si l’une de nos nations était isolable de l’Europe, et comme si l’Europe était isolab
1152 Cette difficulté et cette déficience, communes à nos enseignements civiques nationaux, vont apparaître beaucoup plus clair
1153 naux, vont apparaître beaucoup plus clairement si nous regardons ce qui se passe aux USA et dans les pays communistes de l’E
1154 me sens jeté dans la réalité vivante du civisme. Nos manuels commencent par définir l’État et ses institutions, puis conti
1155 jury, écrire à son député, etc. J’insiste : là où nos manuels diraient par exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu
1156 s’agit de tenir compte, etc. En somme, ce manuel nous propose une méthode pratique de jugement, impliquant d’ailleurs une m
1157 jugement, impliquant d’ailleurs une morale, là où les nôtres définissent des concepts, des principes généraux et des cadres ; ce m
1158 des principes généraux et des cadres ; ce manuel nous parle réellement de civisme, là où les nôtres se contentent de parler
1159 ce manuel nous parle réellement de civisme, là où les nôtres se contentent de parler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout
1160 s et de conceptions morales, etc.). Ces critiques nous paraissent valables pour tout l’Occident. La grande différence entre
1161 5 sont consacrées aux « fondements politiques de notre État », 6 aux « organes publics », 3 à « l’élection des représentants
1162 ie et la morale ! (Mais pourquoi ne pas dire dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’
1163 extes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un civisme européen. Ils n
1164 vent pas dire, dans l’état actuel des choses, que notre enseignement civique fait corps avec le reste de nos programmes ; ils
1165 enseignement civique fait corps avec le reste de nos programmes ; ils ne disent pas qu’il exprime une doctrine unique, et
1166 térêt vivant pour la chose publique, et cela doit nous inquiéter ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait
1167 enseignants d’abord, une conscience plus aiguë de nos manques et une volonté plus déterminée de résoudre les difficultés re
1168 que les perspectives économiques et politiques de notre siècle peuvent être vues dans leurs vraies dimensions et que le défi
1169 qu’il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alors, il verra dans l’Europe non plus seulement un pro
64 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1170 arçon ! deux fines à l’eau ! » À cette « suite », nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemb
1171 nous avons collaboré pendant près de treize ans. Nous avons préparé ensemble plusieurs congrès, et vingt rencontres aux all
1172 ques-unes ont abouti à des créations durables. Et nous avons passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’éta
1173 avons passé d’innombrables soirées à bavarder de nos affaires — c’était sa vraie manière de travailler — à Londres et à Br
1174 ernier snobisme, disait-il.) Il fut aussi l’un de nos familiers à Ferney. Et pourtant, je me pose la même question que se p
1175 me pose la même question que se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’ai-je bien connu ? La lecture des notes abonda
1176 oire de la littérature française, du romantisme à nos jours, qu’il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édit
1177 dans l’esquisse de ses mémoires. De 1909 à 1911, nous le trouvons à Munich, où il poursuit des études de psychologie, puis
1178 our la Pologne : débuts politiques Essayons de nous représenter la situation d’un patriote polonais vers 1910. La Pologne
1179 ouve détenir l’un des inédits les plus curieux de notre temps.) En juillet 1914, Madame Retinger, qui séjournait en Pologne r
1180 ein la réalisation des rêves toujours frustrés de nos pères, la venue prochaine de la liberté de notre pays ». Aventures
1181 de nos pères, la venue prochaine de la liberté de notre pays ». Aventures à travers l’Europe en guerre Impossible de re
1182 ieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » «  Notre conversation se poursuivit ainsi pendant quelques minutes, note encor
1183 rsonnelles de le détester » (raisons que Retinger nous laisse ignorer) a cessé de le soutenir. « Il veut votre peau », lui d
1184 nalisation du pétrole Quelques mois plus tard, nous retrouvons Retinger au Mexique, engagé par Luis Negrete Morones — qu’
1185 étrole est trop complexe en soi — et les notes de notre ami sur ce sujet trop incomplètes, quoique abondantes — pour que l’on
1186 période de la vie de ce « politicien privé » que nous avons vu débuter dans les salons, parmi les esthètes et les grandes d
1187 spagnol : « Un pauvre chien comme toi ne peut pas nous faire de mal ». Quelques kilomètres plus loin, la charrette apparaît.
1188 ures plus tard le train part pour San Antonio, où notre vagabond finit par retrouver Morones, qui lui paie un costume neuf et
1189 ndra sa passion principale : l’union de l’Europe. Nous avons vu déjà quelques-unes des sources de l’européisme de Retinger :
1190 ne qu’il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut ses premières tentatives dans ce sens, avant 1939
1191 ppelaient pudiquement une « union plus étroite de nos pays », adhérèrent au United Europe Movement fondé par Churchill à la
1192 ger, et peut-être le couronnement de sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’avait été son action quotidienne,
1193 n du terrain, mais sans lui, les réalisations que nous connaissons aujourd’hui et que le grand public européen tient pour to
1194 ’aventure. Lorsque plus tard, avec Raymond Silva, nous en vînmes à reconnaître la nécessité de créer à côté du CEC une Fonda
1195 ne douzaine d’années d’activités à l’intérieur de nos pays, puis de faire face aux problèmes immenses que posent les relati
1196 dans les congrès dont il était l’inspirateur, il nous frappa ce jour-là par une sorte d’éloquence pressante et sans apprêt,
1197 sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action européenne. Il rappela le rôle décisif des idées, des doctrine
1198 ous les Suisses. » Le soir même, dînant seul avec nous , il se vantait en riant d’être devenu bavard dans les comités, et rép
1199 res. Mais quand ma femme, à propos de projets que nous avions en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit très v
1200 ivre une idée simple et grande : celle de grouper nos forces et nos faiblesses, de manière à les faire servir, comme malgré
1201 simple et grande : celle de grouper nos forces et nos faiblesses, de manière à les faire servir, comme malgré elles, au bie
1202 s historiens futurs. (Puisse le petit ouvrage que nous publions aujourd’hui mettre en garde les chroniqueurs contre une omis
1203 sserait le tableau des vraies forces qui ont fait notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qu
1204 notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qui fut longtemps son plus proche collaborateur, m’é
65 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1205 ues et à l’élaboration du document de travail que nous publions ci-après, à titre d’introduction au compte rendu in extenso
66 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1206 La nécessité du dialogue existe pour chacune de nos cultures, mais certains motifs varient de l’une à l’autre. Je prendra
1207 rabes…) doit contribuer à rendre aux Européens de nos vingt pays le sentiment de leur unité réelle. 3. L’Europe a été le fo
1208 ianisme, de sinologie, d’études arabes, etc. dans nos grandes universités, mais on aurait peine à trouver des chaires d’eur
1209 même, les étudiants d’outre-mer qui viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de la culture europée
1210 ouver le livre qui expliquerait utilement à un de nos « aides techniques » la culture de la région où il va travailler. ⁂ I
1211 son passé, l’Afrique noire doit le découvrir. («  Nous allons être obligés de trouver son Histoire ! », disait récemment un
1212 Une des premières conditions du dialogue, tel que nous l’espérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler, en
1213 aucune centrale d’information n’existe encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelq
1214 te encore, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelques exemples pris dans chaque catégo
1215 core, à notre connaissance, dans ce domaine. Nous nous bornerons donc à citer quelques exemples pris dans chaque catégorie d
1216 e (Paris), publiées par des Africains en Europe. ( Nous ne connaissons pas de revues sur l’Europe publiées en Asie ou en Afri
1217 satisfaisante — ce qui est généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre elles répondent aux conditions d
1218 r, préparés ou non…). Enfin, une troisième lacune nous frappe, dans un tout autre ordre, qui est celui des faits plus que de
1219 rite — possibilités, besoins, lacunes —, ce qu’il nous reste à faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dialogue
1220 iècle. Les régions culturelles qui constituent de nos jours des « champs d’étude intelligibles » (Toynbee) sont à la fois m
1221 emprunté au xixe siècle européen. Pratiquement, nous pouvons distinguer une douzaine de régions culturelles assez bien déf
1222 x Les considérations que l’on vient de résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l
1223 umer nous amènent à une conclusion pratique qu’il nous importe de soumettre à l’examen de représentants qualifiés d’autres c
1224 contres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de centres analogues a
1225 bleraient une des lacunes les plus frappantes que nous ayons rencontrées jusqu’ici ; — Accueil aux étudiants, professeurs, c
1226 ) se poserait également pour chaque région. Il ne nous appartient pas de discuter ces problèmes dans le présent papier, qui
1227 s régions, mutatis mutandis. De toute manière, il nous semble que la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit
1228 oute manière, il nous semble que la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit pas à des résultats immédiats dan
1229 e dialogue, en temps utile, avant que l’on vienne nous dire : — Il est trop tard, la sagesse a perdu la partie pour avoir né
1230 « Au mois d’août 1961, le document de travail que nous reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les personnal
67 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
1231 des cultures, qui est l’une des grandes tâches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur que je vous dis merci, et que je v
1232 ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre — des instruments
1233 logue entre les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous sommes efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches com
1234 entre les cultures. Ici, dans cette maison, nous nous sommes efforcés, depuis onze ans, de réunir en vue de tâches communes
1235 âche est immense, et avant de l’aborder de front, nous avons réfléchi, hésité, et parfois reculé, pendant des années. Aucun
1236 reculé, pendant des années. Aucun des moyens que nous pouvions imaginer pour y faire face, ou que d’autres avaient déjà ess
1237 emblait proportionné à l’ampleur de l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé que, puisque rien ne serait jamais assez
1238 d’avenir, c’est là, vraiment, toute l’ambition de notre colloque d’aujourd’hui. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il
1239 toute l’ambition de notre colloque d’aujourd’hui. Nous avons voulu ce colloque restreint, et il l’est. Permettez-moi, à ce p
1240 d’explication sur la manière dont il fut composé. Notre idée de départ était de réunir une vingtaine de personnalités, représ
1241 quelques observateurs ou consultants, capables de nous renseigner sur d’autres régions ou sur d’autres efforts d’échanges cu
1242 entreprendre une tâche aussi vaste que celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut apparaître déris
1243 tâche aussi vaste que celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut apparaître dérisoire. Non seulement
1244 ourd’hui peut apparaître dérisoire. Non seulement nous ne pouvons nous prétendre les représentants les plus valables, réguli
1245 paraître dérisoire. Non seulement nous ne pouvons nous prétendre les représentants les plus valables, régulièrement élus et
1246 lus valables, régulièrement élus et confirmés, de notre région, mais encore nous n’avons à passer ensemble que trois jours, a
1247 t élus et confirmés, de notre région, mais encore nous n’avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des a
1248 s de personnes, pour débrouiller scientifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions
1249 r scientifiquement notre problème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialogue
1250 oblème. Mais quoi ! Si nous étions des centaines, nous ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’il fallait se réun
1251 ait se réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum,
1252 s ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dire le plus petit qui permette encore de rep
1253 ancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose, à donn
1254 dit dans un match de football. Il aura réussi, si nous constatons dans trois jours que son travail ne fait que commencer, et
1255 ravail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhaite que cette
1256 uhaite que cette première journée de conversation nous permette de vérifier notre accord quant à la nature et à la nécessité
1257 journée de conversation nous permette de vérifier notre accord quant à la nature et à la nécessité du dialogue. Et tout d’abo
1258 lir cette base d’entente. Même si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. N
1259 e. Même si la chance qu’il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux
1260 nous devons la saisir, et l’explorer sans retard. Nous le devons pour deux raisons principales. 1° Tout d’abord, parce que,
1261 out d’abord, parce que, en tant qu’intellectuels, nous ne pouvons pas grand-chose sur le déroulement immédiat des événements
1262 s. On ne tiendrait aucun compte des solutions que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord
1263 tions que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’accord sur la meilleure manière de résoudre tel
1264 l’Algérie, Cuba, Berlin, Bizerte, le Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la
1265 e Laos, etc.). Nous ne chercherons donc pas ici à nous mettre d’accord pour dire tous la même chose, mais seulement à nous m
1266 rd pour dire tous la même chose, mais seulement à nous mettre d’accord pour dialoguer, sur des principes fondamentaux. C’est
1267 ndamentaux. C’est cela seulement qui correspond à nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le faiso
1268 voirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégali
1269 e le fera, si nous ne le faisons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégalités économiques, il y a des réalité
1270 isons pas. 2° Derrière nos conflits politiques et nos inégalités économiques, il y a des réalités beaucoup plus durables et
1271 tés beaucoup plus durables et profondes, qui sont nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propres de
1272 nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières propres de penser, de sentir et de croire, de légiférer, de
1273 ces profondes des grands malentendus qui opposent nos régions sur le plan politique, économique et social. La méconnaissanc
1274  culturelles » est ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’enten
1275 ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’arranger
1276 s souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’arranger, et de régler les con
1277 onflits encore plus graves, à long terme. Si donc nous voulons contribuer à une meilleure entente politique —· et même écono
1278 illeure entente politique —· et même économique — nous ne pourrons le faire qu’en travaillant à « améliorer le terrain », au
1279 d’assurer une meilleure connaissance mutuelle de nos cultures. Et cela suppose un dialogue véritable, et un dialogue organ
1280 éloquents et enflammés soient-ils. Voilà pourquoi nous n’avons pas voulu convoquer aujourd’hui un grand congrès de plus. Dan
1281 Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commençons donc nous-mêm
1282 personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures, commençons donc nous-mêmes, ici et maintenant, par dialogue
1283 eusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque, ennemi des conventions ! Pourquoi ne pas essayer dans ce doma
1284 de, plus rapide, plus spontané et plus efficace ? Nous sommes assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectif
1285 us efficace ? Nous sommes assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrio
1286 assez peu nombreux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque abo
1287 reux pour nous le permettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse à une pu
1288 ettre ici. Et nos objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse à une publication (par les soi
1289 èse des motifs du dialogue et de ses méthodes. Et nous voudrions 2° que ce colloque aboutisse à une résolution tendant à la
1290 , et définissant leurs fonctions. Je souhaite que nos débats, loin de se complaire dans des généralités généreuses, et loin
1291 ses, et loin de prétendre à épuiser leurs thèmes, nous permettent plutôt de tracer les grandes lignes d’un programme suggest
1292 ai donc sans transition à un bref commentaire sur notre ordre du jour de ce matin. Premier point : Quels sont les motifs géné
1293 onde ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa posi
1294 ntés sont alertées, les imaginations travaillent. Nous pourrons vérifier et préciser cet accord en examinant la première pag
1295 ts : d’une part, la mise en contact inévitable de nos différentes cultures par une force superficiellement uniformisante, l
1296 nationaliste », ou différenciatrice, par laquelle nos cultures répondent à cette pression qu’elles subissent toutes. De ces
1297 exemple. Une fois cette première mise au point de notre situation de départ effectuée nous pourrons aborder le deuxième point
1298 e au point de notre situation de départ effectuée nous pourrons aborder le deuxième point : Quels sont les motifs spécifique
1299 écifiques du dialogue, pour chaque région ? Ceci nous demandera sans doute plus de temps. Car il importe que chaque « régio
1300 s qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première posi
1301 ’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première position du problème par Bertrand de
1302 uvenel, que j’ai trouvée extrêmement heureuse : «  Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence,
1303 e : « Nous sommes tous des colonisés. » En effet, nous sommes tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un m
1304 effet, nous sommes tous en présence, dans toutes nos cultures différentes, d’un même problème qui est l’industrialisation,
1305 isation superficielle, venant de l’extérieur, qui nous met tous dans la même situation, et qui nous amène au dialogue — pour
1306 qui nous met tous dans la même situation, et qui nous amène au dialogue — pour quelle raison ? Parce que cette technique, e
1307 xte culturel européen. Elle est absolument liée à nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Maintena
1308 nos bases métaphysiques, religieuses, et à toute notre histoire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et elle s’objecti
1309 . Je n’irai pas jusqu’à dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tous contre la technique : je croi
1310 e levée de boucliers contre le matérialisme. Mais nous sommes en train d’intégrer, difficilement il est vrai, les valeurs de
1311 premier dialogue est universel, et il s’agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à des oppositions
1312 agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à des oppositions violentes. Donc, première raison du dial
1313 ntes. Donc, première raison du dialogue : comment nous adapter, how to cope with technology, chacun à notre manière, pour ar
1314 us adapter, how to cope with technology, chacun à notre manière, pour arriver à un développement harmonieux, et non pas à cet
1315 même de la culture comme c’est le cas en Europe. Nous en arrivons alors à cette question de la culture ou des cultures. J’a
1316 cultures. J’avais prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture
1317 , ou est-ce qu’il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui et non là-dessus, il s’agit de distinguer. Il y
1318 , comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’importe quelle civilisation
1319 es de culture dans n’importe quelle civilisation, nous savons exactement ce que cela veut dire. Ce sont les hommes qui réflé
1320 lisme, c’est-à-dire de l’union dans la diversité. Nous sommes tous en faveur de la différenciation, de la prise de conscienc
1321 l y en eut tant entre les nations européennes, il nous faut avoir en vue cette culture de l’universel dont parlait d’Arbouss
1322 ix — Non ! Non ! (applaudissements). Donc, ce que nous visons par ce dialogue, c’est une espèce de convergence vers une cult
1323 es. Si vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jo
1324 it dire sur ce premier point de l’ordre du jour : nous avons vérifié notre accord de base sur la nécessité du dialogue.
1325 ier point de l’ordre du jour : nous avons vérifié notre accord de base sur la nécessité du dialogue. cp. Rougemont Deni
68 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
1326 é exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports de ce pays avec l’ensemb
1327 s envisagent pas expressément dans le contexte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre —
1328 la philosophie, du droit et de la politique, etc. Nous avons pris pour guide, dans ce classement, l’utilité pédagogique. J’e
1329 ment, l’utilité pédagogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d
1330 ogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrire une thèse sur
1331 pécialité et les branches connexes de la culture. Nous ne voulons pas donner des notes, bonnes ou mauvaises, mais nous tâche
1332 s pas donner des notes, bonnes ou mauvaises, mais nous tâcherons d’indiquer brièvement — par des notices de quelques lignes
1333 jet à la plupart des thèses soutenues dans toutes nos universités et qui traitent d’un problème européen. Vers une Semain
1334 a Semaine européenne du livre qui se prépare, sur notre initiative, et qui aura lieu au printemps de cette année (du 30 mars
1335 lft. Plusieurs centaines de librairies, dans tous nos pays, seront invitées à composer des vitrines « européennes ». Des pr
1336 ure qui sera tenue à Genève. Le présent numéro de notre bulletin reflète les travaux préparatoires de la bibliographie et de
1337 contemporaine. L’examen de cette coupe appelle, à notre avis, deux remarques fondamentales. Trop de livres sur l’Europe ?
1338 oposées à ces problèmes depuis des siècles, ou de nos jours. Chacun brûle d’apporter au débat ses idées, ses critiques, ses
1339 lités ». Leur unanimité fondamentale devrait-elle nous rendre optimistes sur l’avenir de l’union de l’Europe ? J’en doute un
1340 tre en ordre leurs idées sur ce qui se passe dans notre monde. Mais publier tout cela pose un autre problème, et c’est aux éd
1341 s’est fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’autres entreprises collectives — au premier rang de
1342 t d’encourager ou de susciter, — tels seraient, à notre avis, les éléments de base d’un pool européen de l’édition. 53. Éd
69 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
1343 ens [Avant-propos] (mai 1963)cu L’enquête dont nous publions aujourd’hui l’analyse avait pour objectif bien défini d’étud
1344 on avec l’Association européenne des enseignants. Nous écrivions notamment en 1960 : Si maintenant nous voulons faire l’Eur
1345 Nous écrivions notamment en 1960 : Si maintenant nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter
1346 nous voulons faire l’Europe, c’est-à-dire fédérer nos peuples et les doter d’institutions communes, il est bien clair que c
1347 démodé de l’instruction civique dans presque tous nos pays, mais encore la quasi-inexistence des perspectives européennes d
1348 ance de l’enseignement civique dans la plupart de nos pays. Elles définissent d’une manière très concrète la nature des obs
1349 areille suggestion dans les réponses officielles. Nous sommes encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassu
1350 onclusions majeures qui me paraissent résulter de notre enquête. C’est dire que la Campagne d’éducation civique était nécessa
70 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
1351 EFM que je me félicite de pouvoir accueillir dans nos publications le compte rendu du colloque réuni à Aix au mois de juill
1352 en avait traité peu de temps auparavant, à Lyon. Nous avons jugé opportun de reproduire à la suite du compte rendu d’Aix, l
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
1353 cs Il peut paraître paradoxal qu’au moment où nous nous efforçons de faire une vaste union européenne, ici, à Aix, vous
1354 Il peut paraître paradoxal qu’au moment où nous nous efforçons de faire une vaste union européenne, ici, à Aix, vous vous
1355 omène européen d’aujourd’hui consiste à supprimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités. L’effort entr
1356 rimer nos divisions pour donner leur jeu normal à nos diversités. L’effort entrepris ici par M. Bigonnet me paraît donc all
1357 igonnet me paraît donc aller dans le droit fil de notre effort européen. […] Toutes les cultures, anciennes, ou nouvelles, o
1358 nt à des représentants de cultures très diverses, nous sommes tous colonisés par cette même civilisation technologique et no
1359 isés par cette même civilisation technologique et nous devons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jet
1360 vilisation technologique et nous devons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci étant valable
1361 ouver notre équilibre en présence du défi qu’elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien que l’Occid
1362 a technique destructrice de la civilisation. Mais nous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un
1363 l’accession à la culture de couches immenses que nous assistons aujourd’hui. Autre point non moins important : la création
1364 int non moins important : la création de loisirs. Nous arrivons au moment où la technique, parce qu’elle est suffisamment po
1365 nions émises au cours de cette première partie de nos débats, je voudrais répondre en quelques mots à la question très pert
1366 le jeune américain du même degré et du même âge. Nous assistons là à un phénomène d’auto-régulation, non pas au nom d’un id
1367 idéal « d’humanités », mais simplement parce que nous sommes conduits, par les nécessités mêmes du progrès technique et de
1368 ’industrie, la période du charbon. Maintenant que nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité, de l
1369 echnique. De ces considérations générales, ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et la cu
1370 temporain du terme. Elles coupent une quantité de nos frontières actuelles, qui n’étaient pas les mêmes ou n’existaient pas
1371 ref, une réponse à leur travail créateur. Et ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui
1372 « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontières s’ouvrent à des échanges plu
1373 reviendrai plus tard sur ce point… capital ! […] Nous avons vu qu’une métropole, cela consiste en un attrait, un climat, et
1374 n retour. La culture et l’éducation, je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investisseme
72 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
1375 tit souvent à des naissances réelles. Le motif de notre Campagne d’éducation civique européenne, c’est la nécessité de sortir
1376 és encore à naître. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et q
1377 tre. Le moyen pratique d’en sortir nous a paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et qui joue un rôle
1378 toyens pour ce qu’elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour la nation. Et l’on sait qu’elle y a
1379 n. Et l’on sait qu’elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferait-ell
1380 a tâche de la Campagne est immense : il y a, dans nos divers pays des centaines de milliers d’enseignants. Pour les atteind
1381 w, l’accueil le plus bienveillant a été réservé à nos stages par les autorités locales, régionales et nationales. Le secrét
1382 dont ils prendraient l’initiative. Les textes que nous publions ici ne représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été
73 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
1383 Et que les historiens nationalistes se moquent de nous quand ils prétendent que telle chaîne de montagnes ou tel fleuve divi
1384 es faits géographiques qui définissent l’unité de notre continent, et qui fassent voir combien sa division en nations « étern
1385 absurde théorie des « frontières naturelles » qui nous a conduits à couper en deux, trois ou quatre pays un bassin naturel (
1386 ope politiquement unie, les régions naturelles de notre continent reprendraient vie. Car voici le raisonnement que je me tien
74 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
1387 ctuels, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origi
1388 i m’évoque d’abord la description de l’Europe que nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société des esprits
1389 vrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités intellectuelles, et donc artificielles — elle fait songer à
1390 oubli des buts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Essayons de poser
1391 oblème dans son ensemble, à l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle, à deux mouvements de sens
1392 mêle, pour le meilleur et pour le pire. Arrêtons- nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le mote
1393 our le pire. Arrêtons-nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le moteur et l’agent de ce mouvemen
1394 isible et plus facile à observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous ass
1395 . Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’e
1396 xies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes contemporains. D’où résultent les deux consé
1397 is aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle culture mondiale. Or,
1398 autaire, et le sens synthétique ou universaliste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxta
1399 ’un peu plus près. Sur l’explosion des effectifs, nous disposons d’une grande richesse de statistiques. Un seul exemple peut
1400 Robert Oppenheimer et d’autres savants américains nous affirment que 85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’hi
1401 s Armand me disait un jour : si vous et moi, dans nos années d’études, il y a trente à trente-cinq ans, avions appris toute
1402 ppris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données
1403 t gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un théologien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicie
1404 onflits dès longtemps périmés59. Faudra-t-il donc nous résigner à ce que l’accroissement même du savoir entraîne pour conséq
1405 ateur non prévenu, jugeant seulement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Européens t
1406 ils l’avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’être abandonnée, el
1407 L’incommunicabilité des savoirs est ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure intime, et comme une
1408 tait de le déduire d’une observation attentive de nos universités, l’on ne trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pi
1409 c’est pourquoi sans doute on la pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il à former des personnes réelles et complètes, o
1410 là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênante — car nous voici de moins en m
1411 nous les posent avec une insistance gênante — car nous voici de moins en moins armés pour y répondre. Le problème qu’on sou
1412 ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absolument spécifique de l’Europe. Seule en e
1413 licité des disciplines spécialisées provient chez nous de la sécularisation de la philosophie et de la recherche qui s’est m
1414 es hommes nourris de culture différentes viennent nous poser leurs grandes questions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Euro
1415 e vos passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se
1416 elations entre savoirs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen
1417 as seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’intégration européenne, dans sa forme fédéraliste, non un
1418 ⁂ Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université ? Trois solutions me paraissent
1419 . La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le promet, jusqu’à une moyenne de 90 ans, pour que l’espoir de maîtri
1420 hance de succès ; et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère l
1421 mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
1422 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. » Si je la transpose au domaine moins sublime que j
1423 dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général, ou tout au moins au seuil des
1424 ue l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des grou
1425 se qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs
1426 e, convenablement informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le
1427 sance ; et pas non plus qu’elle s’inscrive devant nous , sur quelque carte perforée, comme un résultat objectif ; ce qui impo
1428 utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un ty
1429 élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de p
1430 te de conscience conjoncturelle de l’évolution de nos recherches, un sens constamment alerté de leurs corrélations virtuell
1431 oilà sans doute le genre de solution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problèm
1432 lution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problème posé par l’accroissement bab
1433 erait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
1434 isciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de production, et de l’
1435 ts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme, de sinologie, d’is
1436 rdination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères sp
1437 uasi ethnographique des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique su
1438 nera sans peine. L’introduction si désirable dans nos mœurs universitaires d’une année sabbatique de type américain, permet
1439 emise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés
1440 ale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés reviendraient à leur
1441 l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe,
1442 é, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose
1443 langage mathématique, même une fois maîtrisé par nos économistes, philosophes, psychologues, politistes, biologistes, voir
1444 fectives et personnelles, essentielles au sens de nos vies. 60. Ainsi Comenius, dans sa grande utopie pansophique, la Pane
75 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
1445 our affirmer leur volonté d’empêcher le retour de nos guerres nationales, c’est-à-dire de nos guerres civiles européennes.
1446 retour de nos guerres nationales, c’est-à-dire de nos guerres civiles européennes. Le motif dominant de l’union était alors
1447 nferme en soi — ou c’est la guerre. Or d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique
1448 est la guerre. Or d’une part nous ne pouvons plus nous enfermer, il est trop tard, déjà tout communique, par la faute ou par
1449 tout communique, par la faute ou par la vertu de nos techniques occidentales ; d’autre part nous savons aujourd’hui qu’auc
1450 rtu de nos techniques occidentales ; d’autre part nous savons aujourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles
1451 tiers du xxe siècle. Il remet en question toutes nos valeurs, bien plus profondément que les grandes découvertes ne le fir
1452 grandes découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé que le concours d’un grand nombre de compétences épr
1453 sont occupés dans le tiers-monde à faire ce dont nous tentons ici de mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’est
1454 roupe s’est ensuite occupé de sonder l’opinion de nos élites, et de réunir des rapports sur les points principaux d’un prog
1455 nte-huit figurent dans vos dossiers, quelques-uns nous sont arrivés hier, d’autres vous seront présentés oralement. C’est di
1456 européenne, du sécularisme — phénomène typique de notre culture —, du problème des missions, et des vieux clichés sur le « ma
1457 i) critiquent vivement toute tentative d’affirmer nos valeurs et nos responsabilités européennes, recommandent de développe
1458 ivement toute tentative d’affirmer nos valeurs et nos responsabilités européennes, recommandent de développer au contraire
1459 u fond et systématiquement, pour supérieures à la nôtre , par une sorte de réflexe de surcompensation. La seconde tendance, pl
1460 rtent pour adopter une politique commune. Les uns nous mettent en garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre espr
1461 que commune. Les uns nous mettent en garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre esprit missionnaire ; les autres,
1462 s uns nous mettent en garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre esprit missionnaire ; les autres, contre notre ma
1463 n garde contre notre orgueil, notre impérialisme, notre esprit missionnaire ; les autres, contre notre mauvaise conscience ex
1464 e, notre esprit missionnaire ; les autres, contre notre mauvaise conscience excessive, notre défaitisme, notre vertige de déc
1465 tres, contre notre mauvaise conscience excessive, notre défaitisme, notre vertige de décadence. Il y a beaucoup à dire en fav
1466 mauvaise conscience excessive, notre défaitisme, notre vertige de décadence. Il y a beaucoup à dire en faveur de l’une et de
1467 à la portée de leur intelligence souvent fruste, nos marins, marchands et soldats les jugeaient un peu enfantins… Imaginez
1468 ourd’hui dans le tiers-monde encore plus que chez nous . Retenons donc la notion de l’égalité de toutes les cultures, comme u
1469 te sincérité, sobriété et bonne conscience ce que nous autres, les Européens, avons à faire entendre dans le concert des cul
1470 l’adoption par le tiers-monde du plus néfaste de nos produits d’origine : le nationalisme ; mais aussi de l’usage que le t
1471 i de l’usage que le tiers-monde voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre libéralisme et du droit d’opposition,
1472 voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre libéralisme et du droit d’opposition, de nos formules syndicales, et
1473 de notre libéralisme et du droit d’opposition, de nos formules syndicales, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il n
1474 t d’opposition, de nos formules syndicales, et de nos formules fédéralistes. Là encore, il ne s’agit pas un instant, quoi q
1475 u’en aient pensé certains d’entre vous, de vanter nos produits, ou d’essayer de les vendre au rabais dans le tiers-monde, m
1476 en plus vite, et sans toujours savoir où il va et nous emmène ? Les hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’
1477 arfelue. Dans l’Inde védique, de 1500 à 500 avant notre ère, l’économie était en plein développement — et nous n’étions alors
1478 ère, l’économie était en plein développement — et nous n’étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme,
1479 he à pied. Ces exemples me paraissent de nature à nous rappeler que le niveau de développement économique d’une culture donn
1480 d’articulation de son âme et de son corps. Cela, nous n’avons pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nom
1481 le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons a
1482 — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’il va leur
1483 leur dire ce qu’il va leur en coûter d’essayer de nous « rattraper », de dire aux Indiens par exemple qu’ils ne peuvent pas
1484 Indiens par exemple qu’ils ne peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, manger leurs vaches et continuer à l
1485 core et l’on y viendra avec les rapports soumis à notre quatrième commission62, celle qui s’occupera de plusieurs sujets grou
1486 on. Les publicistes à gros tirage et Lord Russell nous répètent depuis Hiroshima que l’humanité est menacée d’extinction par
1487 Bombe, et ce danger virtuel d’explosion atomique nous obsède et nous fascine au point de nous faire oublier le danger bien
1488 anger virtuel d’explosion atomique nous obsède et nous fascine au point de nous faire oublier le danger bien réel et présent
1489 atomique nous obsède et nous fascine au point de nous faire oublier le danger bien réel et présent de l’explosion démograph
1490 nteuse, comme l’affirme assez bizarrement l’un de nos rapporteurs. Cette brève introduction à l’ensemble des rapports de ba
1491 s objectifs de ce congrès, et que le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et disons-le, si formidable,
1492 i formidable, au sens étymologique du mot, que si nous arrivions seulement à le poser avec la clarté et la franchise nécessa
76 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
1493 e doute résulte d’une attitude très répandue dans nos démocraties bourgeoises, attitude qui consiste à séparer radicalement
1494 omaine du sérieux. On pourra s’inquiéter aussi de nous voir intégrer les arts dans la préparation civique, et l’on nous soup
1495 rer les arts dans la préparation civique, et l’on nous soupçonnera peut-être de vouloir soumettre l’esthétique à quelque doc
1496 uient mutuellement dans l’optique de l’Europe que nous voulons unir, cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout d’abord d
1497 conventions qui régissent la vie en société, dans nos démocraties. Tout cela, c’est ce que l’on nomme l’instruction civique
1498 nécessaire. L’homme européen, le citoyen d’une de nos démocraties, ne saurait être un vrai démocrate, un bon citoyen et un
1499 sion. C’est là l’un des principes fondamentaux de notre droit, et l’un des plus fréquemment invoqués devant les tribunaux. In
1500 vers son risque personnel, en fin de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa dé
1501 i nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Euro
1502 même s’il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales : liberté et respons
1503 ’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentales : liberté et responsabilité. Qu’il s’ag
1504 cle n’avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre , jamais aucun n’avait ressuscité autant de modes et d’œuvres du passé
1505 parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos arts, comparés et compris dans leur généalogie et dans leurs « messag
1506 une glorieuse indifférence une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
1507 au départ, il n’est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
1508 le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de
1509 rselle, gratuite et obligatoire. Et de même, dans nos démocraties, tout homme doit et peut être un citoyen. Pourquoi l’art
1510 s, devrait occuper une place importante dans tous nos programmes scolaires. Car s’il est vrai comme le dirait Pascal que le
1511 ble — selon la formule européenne. Voilà pourquoi notre Campagne pour l’éducation civique des jeunes Européens doit comporter
77 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
1512 e (mai 1967)dd 1. Mise en garde préalable Nous ne pensons pas que l’enseignement des langues et des littératures étr
1513  » comme le dit une directive pédagogique d’un de nos pays. Il ne s’agit pas d’utiliser l’enseignement au profit d’une bonn
1514 e dit un Guide de l’enseignant publié en 1958 par notre Centre européen de la culture. Cela ne correspondrait ni à la réalité
1515 là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse, non telle autre, née au même moment, dans le même milieu).
1516 etc. Que ceci soit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à aucun prix faire de l’enseignement un moyen de pro
1517 ion politique de l’Europe : ce serait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais elle
1518 it contraire à notre idée de l’Europe autant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’enseignem
1519 ile dictu !), mais c’est l’inverse qui est vrai : nos littératures « nationales » résultent d’une différenciation (souvent
1520 térature européenne. Dans ce domaine en tout cas, nous n’avons pas à revendiquer une union à venir (certes souhaitée), mais
1521 faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3. Élémen
1522 qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun. 3. Éléments de notre unité Les agents formateurs
1523 et permet notre avenir commun. 3. Éléments de notre unité Les agents formateurs et spécifiants de l’« unité intelligib
1524 a littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentionnerons tout à l’heure, mais avant cela, rappelons un grand
1525 oman. Au contraire, du troisième millénaire avant notre ère jusqu’à la domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est p
1526 ent : comment interpréter la vérité de ce texte ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amus
1527 ents communs, relevons : a) Les civilisations que nous continuons. — Égypte, Mésopotamie, Crête, Grèce, Rome, Jérusalem, chr
1528 christianisme, Celtes, Germains, Arabes, Slaves : nous avons tous subi ces influences, tout ce passé reste présent et agit d
1529 luences, tout ce passé reste présent et agit dans nos écrits : La littérature européenne est coextensive dans le temps, av
1530 higénie de Racine et dans celle de Goethe. Ou, de nos jours, Les Mille et Une Nuits et Calderón dans Hofmannsthal, l’Odyssé
1531 es procédés, genres et structures de l’œuvre, que nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atteste l
1532 aux, politiques, économiques, qu’on retrouve dans nos littératures dès le début du xixe siècle ; enfin les thèmes psycholo
1533 ndiale qui le ramène à ses justes proportions. a) Nos langues littéraires, en Europe, sont étroitement apparentées (à la se
1534 é européenne de culture. b) La différenciation de nos littératures par leur langue est relativement récente. Le français de
1535 ’unité qu’institue une organisation politique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’une seule allégeance commune ; el
1536 servateurs frileux et puristes méfiants de toutes nos langues (mais surtout de la française) qui prétendent redouter que l’
1537 e union que celle que permet l’unité existante de notre culture. Unité dans la diversité, communauté de base qui donne sens e
78 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
1538 vent forcée à leurs ethnies et à leurs régions. À nous Thésée, libérateur, héros de l’Europe des régions ! L’État-nation
1539 vous donner un avertissement. Le temps presse. Si nous devons constituer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce so
1540 ire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes, comme celle d’An
1541 pe est la seule chose véritablement importante de notre temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement
1542 à cette « seule chose véritablement importante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n
1543 eur être de nations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Interna
1544 hose est de constater que la réalité politique de notre temps est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’on ne peut
1545 s mentales sont aussi des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste à le proclamer a
1546 al adaptées (pour dire le moins) à l’évolution de notre société, la preuve incontestable en est fournie par les deux guerres
1547 -développement de nombreuses et vastes régions de nos plus grands pays, contrepartie de l’engorgement déjà presque intoléra
1548 ues, économiques, techniques et démographiques de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans l
1549 dans le sens de la nation », mais bien plutôt que nous atteignons le stade de crise finale d’une forme d’association qui a d
1550 ssiper cette illusion, il faudrait enseigner dans nos écoles un minimum d’histoire générale de l’humanité et des formes pol
1551 tion est devenu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’être qu’u
1552 r celui de Napoléon, les seuls empires réussis de notre temps se trouvent être des fédérations : les USA et l’URSS71. Trop
1553 concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits
1554 ent au niveau des empires véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou écono
1555 rescrire, mais presque impossible à appliquer par nos États-nations, dirait-on. En effet, l’existence des empires de l’Est
1556 tège. C’est ce second parti qu’ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en a pris. Mais les ving
1557 d et de constitutif qui les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambitio
1558 Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et constitutive de l’État-nation, sa
1559 que l’on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à prétendre à une indépendance de moins en moins croy
1560 est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner par là une unité d’un type nouveau, à la
1561 de participation civique que la nation telle que nous l’a léguée le siècle dernier : — la région.74 Invention de la ré
1562 il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement prendre forme au seuil de ce dernier tiers de notre
1563 ent prendre forme au seuil de ce dernier tiers de notre siècle, comme un visage dont les traits se composent et s’illuminent
1564 érique du Nord. Ce sont vraiment des créations de notre temps, des organismes en train de naître de la combinaison de forces
1565 et à mesure que se dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont se mettre à vivre et respirer de plus
1566 l et la gendarmerie. Et c’est sur ces régions que nous bâtirons l’Europe, non sur les cadres en bonne partie vidés des vieil
1567 n européenne, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces paroles éve
1568 r à effacer nos divisions pour donner libre jeu à nos diversités 76. Ces paroles éveillèrent un écho pour moi des plus ina
1569 progrès social », je lis ces quelques phrases : Nous proclamons la nécessité de la Révolution fédéraliste et progressiste
1570 nçaise pour la construction d’une VIe République. Nous réclamons la création d’États régionaux français. Ces États régionaux
1571 eraineté à l’État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Euro
1572 ous les préfets de la République : L’Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans le cadre
1573 ’au souvenir des autonomies régionales, voilà qui nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe
1574 ition de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus
1575 ancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra néc
1576 trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’en sommes
1577 raîtra nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscienc
1578 s motifs de son apparition en ce moment précis de notre histoire et de l’évolution de notre société occidentale. À peine avon
1579 ent précis de notre histoire et de l’évolution de notre société occidentale. À peine avons-nous pris la mesure des perspectiv
1580 ution de notre société occidentale. À peine avons- nous pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, notamme
1581 avons-nous pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations à ce
1582 en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce
1583 ien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région
1584 pour une forme de communauté aussi nouvelle dans notre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition d
1585 otre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans la société grecque archaïque. Et l
1586 i prétendent aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en
1587 de base de l’Europe fédérale à venir, en revanche nous touchons déjà au crépuscule de la période des États-nations. Ce qui e
1588 atégories de pensée dans lesquelles ont vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées tous les clas
1589 vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées tous les classiques de la philosophie politique, de Bo
1590 comme si l’évolution moderne venait subitement de nous faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a été marquée par la fix
1591 re aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensables 86. » Je proposerais, pour ma part, que l’on subs
1592 . Enfin, il est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière, c’est celle de la pluralité des allége
1593 ement de quelques hommes d’État, grands commis de nos républiques et de tout bord. Les phénomènes majeurs qui ont motivé ce
1594 reprise des fédéralistes régionalistes. Pour eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plu
1595 ux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuelles d
1596 lus ou d’un moins que les dimensions actuelles de notre État-nation, c’est-à-dire d’une Bretagne, d’une Catalogne, d’une Écos
1597 ne Catalogne, d’une Écosse — ou de l’Europe. Mais nous serons aussi de doux rêveurs, des esprits brumeux, idéalistes utopist
1598 i. Mais des objections apparemment plus réalistes nous sont faites par les partisans « malgré tout » d’une Europe composée d
1599 culturelles que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est deven
1600 oir sinon tout à fait impossible dans certains de nos pays. À quoi l’on ne peut répondre — comme d’ailleurs à la plupart de
1601 ns la vie créatrice et quotidienne des Européens. Nous pensions tous, au lendemain de la guerre, dans l’enthousiasme des con
1602 péenne l’emporterait sur les volontés nationales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations
79 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
1603 nombreux et plus mesquins que les conflits entre nos nations. » « Voulez-vous donc balkaniser l’Europe ? » (Ces réflexes
1604 une réfutation.) Résistances conditionnées par nos habitudes visuelles et les atlas scolaires (une couleur par pays)
1605 omade fixé au sol à partir du Xe millénaire avant notre ère). Au cours des siècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres
1606 vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous peu ou prou, et dans son système de représentation, la ré
1607 épublicain. Or ce pouvoir paraît mieux assuré, de nos jours, par les petits États que par les ex-puissances — et cela pour
1608 es stato-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’est indemne. 3. De la pluralité des allégeances Comment échap
1609 de de cinq), sans compter la paresse naturelle de notre esprit, qui cherche en tout et avant tout la réduction à la rassurant
1610 st un problème d’éducation ou de recyclage qui va nous prendre au moins douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous
1611 cyclage qui va nous prendre au moins douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous faut apprendre à penser par problèm
1612 ns douze ans si nous commençons tout de suite. Il nous faut apprendre à penser par problèmes et non par nations. Devant un p
1613 rticipation civique, université, par exemple), il nous faut apprendre : 1° à déterminer les éléments de base ou modules util
1614 rses dans l’humanité et d’ordres de grandeur dans nos projets. Je demande la dissociation et la répartition fédéraliste des
1615 ociaux ou culturels noués ailleurs. cl) Voilà qui nous donnera, sans aucun doute, plusieurs Europes régionales de définition
1616 mpossibles à dessiner… Mais après tout chacun de nous sait très bien à quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, q
1617 quels sont les paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleu
1618 ses institutions étatiques. Mais ce n’est pas ici notre sujet. 92. Si le Languedoc et la Provence parlaient encore généralem
80 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
1619 ue et de l’adjectif politisé, devenu courant dans nos journaux, à la TV et dans tous nos débats. La politique, dans cette a
1620 u courant dans nos journaux, à la TV et dans tous nos débats. La politique, dans cette acception ridicule mais de très loin
1621 e plus près le sens de quelques-uns des mots-clés notre époque. Une approche aphoristique, me semble-t-il, s’y prêtera mieux
1622 to-nationalisme « démocratique » régnant sur tous nos pays. Nulle discontinuité des uns à l’autre, dans nul domaine. Pour p
1623 les de son chant sacré « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! » Duclos, Séguy et le PC français se font « champions de l’
1624 cité ne tiennent plus devant la vraie religion de notre temps. Quand le pape demande la grâce des accusés de Burgos, et quand
1625 n réelle ne sont imaginables. Tant qu’on laissera nos États-nations affirmer en dépit de tout leur souveraineté absolue et
1626 e et par l’auto est-elle un produit spécifique de notre société de consommation et du capitalisme de profit ? La destruction
1627 l’État-nation, et c’est même tout ce qu’elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’hui de la lutte
1628 apparatchiks et membres de ce qu’on appelle chez nous les professions libérales. En France, la condition d’un ouvrier d’usi
1629 Arnaud Dandieu écrivaient dans L’Ordre nouveau : Nous avons les moyens techniques d’abolir la condition prolétarienne, et n
1630 e la machine. Aujourd’hui, c’est l’automation qui nous permet d’atteindre l’objectif que visait le Service civil. La négatio
1631 sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédération continentale des régions est d’ordre cultur
1632 ions est d’ordre culturel, éducatif ; il est dans nos manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politiciens. C’est
1633 os manuels d’histoire et, par là, dans la tête de nos politiciens. C’est l’école qui a formé des générations de nationalist
1634 s, socialistes et fascistes. Mais ce n’est pas là notre définition de la politique. Quand on parle d’« élargir la CEE pour en
1635 ernement européen que sur la base des régions, et nous voici ramenés au concept clé de toute révolution digne aujourd’hui de
1636 4. « Sur le plan de la tradition révolutionnaire, nous rencontrons, d’une part, un mouvement vers l’universel où l’individua
1637 « La conquête de la personne, … et l’effort qu’il nous faut entreprendre… pour situer en ce centre de l’homme le centre de l
1638 ou moins astucieux, mais un moyen de créer ce qui nous manque le plus en Occident — de la Californie au fleuve Amour —, à sa
1639 ommunistes tentaient de donner des solutions, que nous jugions fausses, à ce problème fondamental que les démocraties ne voy
81 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
1640 sultative. Avec l’autorisation des organisateurs, nous donnons ici le texte intégral des rapports soumis aux quatre commissi
1641 e ces rapports, et qui fut adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résumé analytique du Rapport de base
1642 ’un résumé analytique du Rapport de base, dont il nous est malheureusement impossible de publier le texte intégral : il occu
1643 t à lui seul plus de deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective
1644 s de deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective que possible de
1645 deux-cent-cinquante pages de notre bulletin. Nous nous bornerons donc à donner une idée aussi objective que possible de son
1646 es paraîtra requise. On trouvera en fin de numéro nos propres conclusions sur cet événement important dans l’histoire de l’
82 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
1647 qui crée la plupart des problèmes culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes cul
1648 s culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels des régions frontalières
1649 umiliante et démoralisante108. C’est grave. Car «  notre langage fabrique notre pensée pour nous » (Georges Mounin). En briman
1650 nte108. C’est grave. Car « notre langage fabrique notre pensée pour nous » (Georges Mounin). En brimant, ridiculisant, interd
1651 e. Car « notre langage fabrique notre pensée pour nous  » (Georges Mounin). En brimant, ridiculisant, interdisant la langue m
1652 re dans les « régions frontalières » qui séparent nos 26 États-nations, des effets paralysants du stato-nationalisme, qui s
1653 ur horizontal 668 ; d’un autre type, 211 »). Mais nous ne trouvons pas de données sur la diffusion de cette même presse en S
1654 kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos divers pays est généralement mieux entendue que la TV dans les région
1655 isons. Le caractère indiscutablement pathogène de nos frontières politiques est celui du lit de Procuste qu’on nomme État-n
1656 agents de propagande les plus efficaces. L’école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue nation
1657 ’elle existait bien avant la formation récente de nos États-nations112. Le mot natio qui désignait d’abord les groupes d’é
1658 frontières d’un même État. Il n’est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’une langue. Dans
1659 on, dès la fin du xixe siècle. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de ses ri
1660 jusqu’au nord de Trieste… Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
1661 conflits armés dont elles figurent les traces. En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes plates, et
1662 i périr. La vérité, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradictions dans sa genèse même
1663 ntiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
1664 us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultiv
1665 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les g
1666 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’archit
1667 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et
1668 té de notre culture commune. Mais qu’en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme le dis
1669 ue ces « précieuses diversités » soient celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier.
1670 eux observations faciles à vérifier. 1. Chacun de nos pays a un nord et un midi, des croyants et des incroyants, des hommes
1671 les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais des éco
1672 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais des écoles de pensée, des styles de vie.
1673 nnis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, je le vois dans cette interaction perpétuelle des
1674 eins des deux grands (qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : les gens d’Aoste doi
1675 t. Le tunnel permet un accès rapide et direct. Il nous faut des tunnels partout où il y a une montagne, des cols, des autobu
1676 le problème européen et que la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y avait l’horizon européen.
1677 ent au service de l’Europe entière ce qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En re
1678 e entière ce qu’aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire seul.) En retour, l’exécution des mes
1679 ises, entre l’échelon continental et le régional. Nous pouvons donc imaginer le modèle suivant d’une Europe fédérée : — des
1680 communes. Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un syndic
1681 nise : la complexité des régions rendra justice à nos fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’unité
83 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
1682 Confrontation des régions transfrontalières [ Nos conclusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable qu’aux yeux de
1683 ute si riche en « tournants historiques » qu’elle nous ramène périodiquement au point de départ. Les étapes de l’évolution s
1684 passer au premier rang de l’actualité réelle dans nos pays — même si les mass médias ne s’en sont pas aperçu, ou bien ont r
1685 audacieux. ⁂ Le Rapport de base est un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’une idée forcément abstraite, mais suf
1686 qu’une idée forcément abstraite, mais suffisante, nous l’espérons, pour faire sentir l’ampleur et la diversité des expérienc
1687 en, régions rhénanes et arc alpin. C’est pourquoi nous avons tenu à en reproduire intégralement les titres et les sous-titre
1688 e le texte intégral ou le résumé analytique. Elle nous paraît se résumer en trois points.   1. Définition de la région : fon
1689 lturel : « Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un syndi
1690 s de régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous nous garderons bien, ici, des clichés habituels après de telles renco
1691 régions, par suite jamais d’Europe viable. ⁂ Nous nous garderons bien, ici, des clichés habituels après de telles rencontres
1692 des clichés habituels après de telles rencontres. Nous ne parlerons ni d’étape décisive, ni de tournant de l’histoire, ni mê
1693 même de victoire d’une certaine tendance. Ce qui nous paraît important, c’est qu’une doctrine régionaliste européenne s’éla
1694 Paris, n° 211, 1968. dj. Rougemont Denis de, « [ Nos conclusions] Confrontation des régions transfrontalières », Bulletin
84 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
1695 t écoulés depuis la parution du dernier numéro de notre XIIIe année. Les difficultés de divers ordres qui ont motivé cette in
1696 nterruption temporaire sont aujourd’hui résolues. Nous repartons à neuf, non seulement pour une quatorzième année et la suit
1697 La Politique commerciale des Communautés. Enfin, nous prévoyons la publication dès la rentrée d’octobre 1974 d’une série de
1698 eux à quatre-mille selon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par t
1699 le selon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont
85 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
1700 ence par les Européens, les motifs principaux qui nous ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent mai
1701 s ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant à réussir cette union, au plus tard, dans les
1702 ’Europe pour empêcher le retour des guerres entre nos soi-disant « grandes puissances ». La CECA puis la CEE ont permis à l
1703 ce et sa technologie. Il fallait unir à cette fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi que l’OECE (organisation corre
1704 onduire à une politique économique commune à tous nos pays, et pas seulement à ceux de la CEE d’ici 1980.   3e motif. — Ma
1705 re, entraînera l’accroissement de la pollution de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant q
1706 l’accroissement de la pollution de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’il y aura du
1707 de la pollution de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’il y aura du pétrole dans le
1708 n de nos cités, de nos fleuves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’il y aura du pétrole dans les moteurs. Et p
1709 y aura du pétrole dans les moteurs. Et puis quand nous en aurons assez de respirer ou de manger des poisons, certains seront
1710 sons, certains seront tentés par l’exportation de nos industries, donc de la pollution industrielle, dans le tiers-monde, o
1711 aucune possibilité matérielle de rejoindre jamais notre niveau de vie (matériel). Pour y arriver, en effet, on a calculé qu’i
1712 comme tous les hommes l’ont cru naïvement jusqu’à nous  : le charbon, le pétrole et les métaux non ferreux s’épuisent d’une m
1713 stiques, de sacrifices à imposer si l’on veut que notre espèce tout simplement survive. Et alors, la question qui vient imméd
1714 estins pourraient être renversés. Mais que voyons- nous  ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollue
1715 s des écologistes, quelque chose qui est là parmi nous , bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une question pure,
1716 tés de tout l’Occident et dans les rues de toutes nos grandes villes au mois de mai 1968 : — Que faisons-nous là ? Quel est
1717 randes villes au mois de mai 1968 : — Que faisons- nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas u
1718 é ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surt
1719 t qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur le néant, lai
1720 ui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur le néant, laisse des millions de jeunes — et d’autre
1721 cohésion interne. Pas grand-chose à détruire dans notre société ! Il faut créer une société nouvelle, qui offre un sens et qu
1722 par lui toutes les races de la terre qui copient notre civilisation industrielle scientifico-technique, quantitative. Mais e
1723 s. Elle est née aussi des guerres dans lesquelles nous avons entraîné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nati
1724 îné toute la planète, et ces guerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’il revient d’inventer l
1725 uerres sont nées de nos nationalismes, et c’est à nous , Européens, qu’il revient d’inventer les anticorps de ce virus dont n
1726 revient d’inventer les anticorps de ce virus dont nous avons infecté la terre entière. Dernière et peut-être suprême raison
1727 pe aujourd’hui résume ainsi tous les problèmes de notre société, et les repose. Vous voyez qu’il déborde largement et qu’il b
1728 éborde largement et qu’il balaie — impatiemment — nos petites catégories politiciennes de gauche et de droite, et les intri
1729 les intrigues dérisoires (mais si sérieuses !) de nos ministres qui s’épuisent en « marathons » dont l’objet se réduit parf
1730 de et grave raison, un très puissant barrage dans nos esprits, si énorme que nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans
1731 puissant barrage dans nos esprits, si énorme que nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes m’on
1732 , il faut défaire et dépasser l’État-nation, dans nos mentalités et dans les faits. À partir de là, tout s’enchaîne avec un
1733 is dire maintenant les principales articulations. Nous sommes partis du mauvais pied quand, au premier Congrès de l’Europe,
1734 u premier Congrès de l’Europe, à La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions
1735 l’Europe, à La Haye en 1948, nous avons accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions purement tactique av
1736 accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions purement tactique avec les grands hommes politiques groupés
1737 groupés autour du prestigieux Winston Churchill. Nous avons cru que, dans un premier stade, il serait possible de fonder « 
1738 souverains — et qu’ensuite on irait plus loin. Or nous n’avons pas progressé d’un pas dans le sens d’une vraie fédération. E
1739 doute, mais d’union quand même, ils se moquent de nous  : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses,
1740 faut partir des réalités en train de se faire. Et nous voyons qu’elles sont d’une part continentales, bien au-delà des natio
1741 uss écrivait récemment : « On peut se demander si nos sociétés qui deviennent de plus en plus énormes et pareilles les unes
1742 ier que celui des nations modèle xixe siècle. On nous a appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « nat
1743 , voire contradictoires d’un pays à l’autre. Tous nos États ont à faire face à des problèmes régionaux de nature très diver
1744 ni économique. Sur toutes les frontières de tous nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans divisés par les Py
1745 inze ans. Il faut d’abord faire des régions, dans nos nations et à travers leurs frontières. Puis il faut unir ces régions,
1746 isse ce grand projet ? ma réponse est simple : il nous faut éduquer et former dès maintenant les Européens de demain, et pou
1747 ropéens de demain, et pour cela, il faut réformer notre enseignement. Il faut que l’École, à tous les degrés, cesse immédiate
1748 puis européen et mondial. Toute l’histoire qu’on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par une volon
1749 le catalan et l’allemand. Toute la géographie de nos manuels est à refaire, faussée à la base par l’idée de « frontières n
1750 tionaux, sera seule capable d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États : elle jugera cela tout naturel. Une au
1751 ble d’accepter l’union de nos peuples, au-delà de nos États : elle jugera cela tout naturel. Une autre condition de réussit
1752 l’État central. Et c’est pourquoi j’ai dit qu’il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le temps de forme
1753 ion et qu’elle arrive « aux affaires ». Aurons- nous le temps ? Vous me poserez alors une seconde question grave : Réfo
1754 serez alors une seconde question grave : Réformer nos écoles, former des régions et leurs administrateurs, n’est-ce pas une
1755 -ce pas une entreprise de longue haleine ? Aurons- nous le temps de faire tout cela, avant les catastrophes écologiques, éco
1756 rique. Il résume en réalité tous les problèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’il doit être considéré par la jeuness
1757 le vrai processus de la création organique, dans notre monde humain, social ou psychique. La non-violence est ouverture au m
1758 d’autochâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous , à nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’
1759 hâtiment et s’exerce en fin de compte sur nous, à nos dépens. On ne cesse de revendiquer, dans la société d’aujourd’hui, de
1760 philosophiques et moraux, cela signifie : voulons- nous à tout prix un certain niveau de vie, avec les disciplines sociales u
1761 dépersonnalisantes que cela signifie ? Ou voulons- nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, ce
1762 tes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, celles de construi
1763 exaltantes, celles de construire jour après jour notre personne comme une œuvre d’art ? En termes d’organisation pratique et
1764 ns et les fédérer, avec tout ce que cela suppose, nous l’avons vu, d’autogestion à tous les degrés, de responsables à tous l
1765 communauté retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons- nous  ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni m
1766 ut. L’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’a
1767 essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la prem
86 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
1768 histoire humaine, il y a béance. Et par exemple : nos ministres et nos penseurs vivent aujourd’hui dans des temps différent
1769 il y a béance. Et par exemple : nos ministres et nos penseurs vivent aujourd’hui dans des temps différents. Les discours d
1770 trouvent anticiper sur le xxie  : entre les deux, notre xxe est en pleine béance de l’histoire. Illustrons cela de citations
1771 a fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité nationale, notre existence nationale ». (C’est dire quelle r
1772 ts en France pour créer notre identité nationale, notre existence nationale ». (C’est dire quelle résistance des peuples on a
1773 émodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur notre société et sur les causes de sa crise aboutissent à des conclusions p
1774 de diviser la surface du globe en parcelles, que nous désignons comme des territoires nationaux, et d’abandonner le pouvoir
1775 ces territoires. Ce schéma de l’administration de notre terre est en contradiction aussi bien avec la structure des systèmes
1776 systèmes techniques qu’avec les besoins vitaux de notre monde. Il s’accorde mal avec les principes de l’économie, comme avec
1777 paru chez Laffont en 1973, à Paris : Aujourd’hui nous tenons pour acquise la légitimité des États-nations existant en Europ
1778 usieurs siècles. L’existence de ces États-nations nous paraît tellement normale qu’il nous arrive d’oublier que leurs fronti
1779 États-nations nous paraît tellement normale qu’il nous arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées sur une
1780 ’« assaut » n’exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasset, Paris, 1972. 123.
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
1781 de sa pensée, de son action, de sa présence parmi nous . Son expérience des hommes et de l’irrationnel qui conduit leurs affa
1782 à l’endroit de ce qui vient et du « progrès » de notre monde moderne en général, mais son goût puissant de la vie et son sen
1783 rès tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions, était un homme de stature imposante et d’autorité calme,
1784 s mais chose plus rare, les plus ennoblissants de notre siècle. Du prince en soi, archétypal, avant tous titres décernés, C.J
88 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
1785 public européen, c’est que George Orwell a prévu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à l’impitoyable sollicitude d
1786 ains les plus importants et les plus émouvants de notre siècle, avec Kafka et bien peu d’autres. D’autant plus faut-il l’atta
1787 commence à se faire sentir. Presque certainement, nous allons vers un âge de dictatures totalitaires, un âge dans lequel la
1788 ie que la littérature, du moins sous la forme que nous connaissons, devra passer par une mort temporaire. La littérature du
1789 ntièrement raison : si tout ce qu’ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ont rien fait pour l’em
1790 cher ? Et tout fait pour accréditer d’avance dans nos esprits l’idée de fatalités peut-être désastreuses, mais qui auront l
1791 -être désastreuses, mais qui auront l’avantage de nous innocenter ? Toute prophétie trop bien réalisée — et peu le sont mieu
1792 elui qui avertit, qui annonce l’issue tragique de nos manèges, mais nous adjure de faire mentir ses prévisions et nous en m
1793 qui annonce l’issue tragique de nos manèges, mais nous adjure de faire mentir ses prévisions et nous en montre les moyens ;
1794 ais nous adjure de faire mentir ses prévisions et nous en montre les moyens ; ou bien a-t-il été le complice objectif des ca
1795 libérale », alors oui, il est bien certain que «  nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaires ». Mais que « l’indivi
1796 nisme, ou de sa culture — ne se passe pas hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et pa
1797 sa culture — ne se passe pas hors de nous et sans nous , collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui
1798 ous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement son prochain se comporte en ch
1799 ivement : il ne peut exister que dans nous et par nous . Celui qui aime activement son prochain se comporte en chrétien, et l
1800 es (ou seulement stato-nationaux, pour commencer) nous invitent à cette démission de la personne — dont ils résultent en vér
1801 moindre reste, et ne laissent aucun espace libre. Nous ne pouvons rien contre eux. Mais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez
1802 ais sans eux, malgré eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et ac
1803 as ? On nous répète qu’ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’invention de formes neuves de la
1804 es de la liberté. « Invente, ou je te dévore ! », nous dit le Sphinx assis sur le seuil du futur. « 1984 » désignait le règn
1805 importe seulement qu’elles existent, pour nourrir notre espoir raisonnable de restructurer une cité qui mérite d’être appelée
89 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
1806 e bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le reconnaissions clairement. Il y a sans doute ici plusieurs spécial
1807 stituer. Elles sont potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en tant que telles seulement, des objets
1808 nt potentiellement des objets de notre action, de notre volonté, et en tant que telles seulement, des objets de connaissance,
1809 iaget par ses nombreuses analyses établissant que notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de structu
1810 nombreuses analyses établissant que notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de structures tombées du
1811 ès et du plus loin, se rejoignent évidemment dans notre actualité la plus concrète. Je vais les traiter rapidement, dans une
1812 l, la région. ⁂ A. La première réponse possible à notre question, je la formulerai donc à partir des réalités les plus proche
1813 lie), centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous avons baptisée région lémano-alpine. Les fonctions essentielles qui a
1814 elle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous avions esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et p
1815 ait écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute mar
1816 rée dans la haine et le mépris du tiers-monde qui nous les rend), mais elles ont fouetté technique et industrie, qui ont cau
1817 plus obtus ou farfelus qui occupent le devant de notre scène politique, ou pour mieux dire, de notre guignol partisan. Or, l
1818 de notre scène politique, ou pour mieux dire, de notre guignol partisan. Or, les Européens ne s’uniront jamais sur la base d
1819 une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les régions fonctionnelles, d’aires diverses — chacune ayant p
1820 le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité de recréer des milieux de particip
90 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
1821 ouvenel observe une chose très simple : c’est que nous ne pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais sans p
1822 e passé, mais sans pouvoir le changer ; alors que nous avons liberté et puissance de changer l’avenir, mais sans le connaîtr
1823 tement l’antinomie démontrée par Heisenberg entre notre pouvoir de mesurer la vitesse d’un électron et celui de déterminer sa
1824 ussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mou
1825 rétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort p
1826 ien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort physique (selon le second prin
1827 nous en savons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort physique (selon le second principe de la thermodyn
1828 ur la vie, mais non pas sur l’esprit créateur. Et nous savons que la terre ayant des dimensions finies, ses ressources seron
1829 mais qui varieront très largement en fonction de nos appétits ou de notre sagesse. Voilà donc quelques certitudes quant à
1830 très largement en fonction de nos appétits ou de notre sagesse. Voilà donc quelques certitudes quant à l’avenir et à ses cad
1831 son déroulement, son histoire et ses dates, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». (À l’inverse, les historiens ne f
1832 ère de ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous , qu’une composition de faits passés, opérée à partir des problèmes du
1833 odifiable. Les dates seules y sont certaines…) Si nous ne savions pas cela, il serait superflu d’avoir une politique et d’en
1834 on sa date. Mort de la terre et mort de chacun de nous . Une seule chose est imprévisible, par définition, et c’est la créati
1835 ion de l’esprit. Entre ces pôles se passe la vie, notre aventure collective et personnelle, éphémère et pourtant décisive, qu
1836 que, qu’il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrication par les centrales surgénératrice
1837 lui de rouler moins vite et de régler à 20 degrés nos thermostats, voire de payer plus cher demain une électricité produite
1838 évisionnels deviennent nocifs quand ils tendent à nous faire accroire qu’une seule croissance est à la fois possible et néce
1839 ielle. Au type de prévision fausse et néfaste qui nous annonce comme un fait scientifique que désormais « la consommation d’
1840 les sept ans », j’oppose le type de prévision qui nous fait voir que la consommation d’électricité doit cesser de doubler to
1841 e. Mais le meilleur exemple d’une prévision utile nous est donné par les fameux graphiques de Forrester et de Meadows. Ils n
1842 ent à cinquante ans du point de départ choisi, si nous laissons les choses aller dans leur mouvement selon les lois de l’ine
1843 s leur mouvement selon les lois de l’inertie. Ils nous réveillent et nous incitent, avec une calme cruauté de thérapeutes, m
1844 lon les lois de l’inertie. Ils nous réveillent et nous incitent, avec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils ne nous imp
1845 vec une calme cruauté de thérapeutes, mais ils ne nous imposent rien. En présence de cette agression libératrice, il n’y a q
1846 st donc pas contre la prospective qu’il s’agit de nous mettre en garde, mais contre l’illusion fataliste et fatale qui nous
1847 e, mais contre l’illusion fataliste et fatale qui nous ferait croire, désormais, qu’il revient à l’ordinateur d’orienter not
1848 ésormais, qu’il revient à l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective doit nous montrer la nécessité de choisir,
1849 r d’orienter notre politique. La prospective doit nous montrer la nécessité de choisir, et non pas faire le choix à notre pl
1850 nécessité de choisir, et non pas faire le choix à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabi
1851 x à notre place. Elle devrait tendre à éduquer en nous le sens de la responsabilité civique, en nous faisant découvrir le sy
1852 en nous le sens de la responsabilité civique, en nous faisant découvrir le système des répercussions politiques et sociales
1853 tiques et sociales de tous ordres d’un projet qui nous paraissait « purement privé ». Mais je vois au contraire les promoteu
1854 phénomènes qui auraient lieu de toute façon sans nous , sans notre action, hors de nos prises, « parce que c’est nécessaire,
1855 qui auraient lieu de toute façon sans nous, sans notre action, hors de nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’est
1856 toute façon sans nous, sans notre action, hors de nos prises, « parce que c’est nécessaire, si ce n’est pas raisonnable » a
1857 rtée et d’un sens exigeant du témoignage civique. Nous retrouvons ici l’attitude de pensée essentiellement irresponsable que
1858 nsable que j’entends ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire que la société, la civilisation, leur crise et le systèm
1859 inateur a parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjug
1860 s préjugés. Tel est le succès de la projection de nos désirs sur une Nécessité impersonnelle, qu’on peut se demander si les
1861 l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est l’utopie au sens originel,
1862 at de guerre en permanence, et toute technocratie nous y conduit aussi sûrement que le racisme, le marxisme-léninisme et les
1863 r une prospective intuitive L’avenir dépend de nos passions, pas de nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont
1864 uitive L’avenir dépend de nos passions, pas de nos calculs. C’est pourquoi, paradoxalement, ne sont prévisibles en fin d
1865 le calendrier, n’est pas d’un grand secours pour notre politique, car les effets de ces techniques, nous le voyons bien aujo
1866 otre politique, car les effets de ces techniques, nous le voyons bien aujourd’hui, sont trop nombreux, trop ramifiés et inte
1867 entifique qu’artistique, de la saisie du réel par notre esprit, mais dans la crise présente de notre civilisation, comment su
1868 par notre esprit, mais dans la crise présente de notre civilisation, comment suffirait-elle à nous guider dans le système ul
1869 e de notre civilisation, comment suffirait-elle à nous guider dans le système ultracomplexe des interactions dont dépend not
1870 ystème ultracomplexe des interactions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’on ne peut conduire un Boeing 747 en fa
1871 ètres éventuellement décisifs pour l’évolution de notre société, tels que « la peur de l’avenir en général, ou du chômage en
1872 ace de guerre. Elle est de nature à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel ministre de la guerre favorise
1873 ême où il participait de la finalité guerrière de nos États-nations de modèle napoléonien. »129 Mais une fois reconnues ce
1874 e (dont le stalinisme allait donner le modèle) et notre société de consommation, — selon que l’on serait au début ou à la fin
1875 se déclarait, il y a peu, incapable de dire « si nous verrons jamais le jour où il sera possible d’isoler les variables clé
1876 mbreux développements collectifs du passé peuvent nous éclairer sur l’avenir. La Rome des jeux, avec ses deux-cents jours fé
1877 ance devait être accordée sans contrepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec notre ère totalitaire : la dépersonnalis
1878 trepartie.132 Nous retrouvons le parallèle avec notre ère totalitaire : la dépersonnalisation détruit les engagements civiq
1879 même prévoir l’allure de sa courbe historique, et nous allons voir qu’on l’a fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noya
1880 oissement du PNB, ni même la défense militaire de nos frontières. La plupart des critères de ce type, qu’utilisent couramme
1881 ques et comme il semble bien que l’avaient oublié nos plus savants économistes. Les moyens technologiques, accordés par leu
1882 t de la société de l’autre. Exemple : — Quand on nous dit : « Il va falloir dans les dix ans qui viennent plus d’autos pour
1883 d’un caprice, comme la plupart des gadgets qu’on nous offre ; ou encore « n’importe où », comme l’auto ; ou vers quelque ch
1884 ommunauté qui le réalisera, et dès maintenant sur notre faculté d’imaginer et d’inventer. Car l’objet de la prospective n’est
1885 ve d’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des
1886 serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fin
1887 ’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusq
1888 es chemins vers nos fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou
1889 ins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non,
1890 sible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre aff
1891 nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des
1892 courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle des lois mythiques derrière lesquelles nous
1893 pas celle des lois mythiques derrière lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais d
1894 is mythiques derrière lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Be
1895 de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’Art de la conjecture, P
1896 ssance, publié par le club de Rome : « En vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup dému
1897 ivant, psychique ou sympathique. L’intuition peut nous informer sur le vivant par recours au savoir inconscient accumulé dan
1898 cumulé dans les cellules et le cerveau. Elle peut nous informer aussi sur le social, par sympathie, réaction consonante ou d
1899 D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspondent au chapitre 6 de ce livre ; de
91 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
1900 s’avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose donc que les relations entre l’Europe et le Monde dépe
1901 sont promis, remplaçant ceux qui existent devant nos yeux.   Tous ces traits définissent une anti-religion. Que les Église
1902 rit, un peu plus tard, qu’au retour du Christ : «  Nous serons tous transformés, en un instant » (grec : en atomo), c’est-à-d
1903 iennent, de Bagdad par l’Afrique, les Arabes, qui nous apportent l’aristotélisme, l’algèbre, et bien plus que cela : le conc
1904 t sa rhétorique, qui vont influencer profondément nos manières de sentir et de rêver, à travers la poésie des troubadours e
1905 venu les découvrir. Cette constatation symbolique nous permet de faire ici l’économie de l’énumération des découvertes et in
1906 ou magique. Et sans plus de souci de l’intégrer à notre tradition chrétienne137. En sorte que la greffe sera bientôt rejetée.
1907 mon enfance ! Ces apports émotifs ou plastiques à nos arts ont peu de chances de durée en Europe. Dans la mesure même où il
1908 ces formes ? D’une manière globale, je crois que nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècles, e
1909 conflits politiques et militaires. Trois exemples nous permettront d’illustrer le principe de cette crise mondiale et l’impa
1910 de « ce qui est venu de l’Europe ».   A. Prenons notre premier exemple au niveau microscopique des effets d’une forme (ici m
1911 de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ; ils voient plus facilem
1912 niveau du contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont crian
1913 coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il
1914 s armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas
1915 , et tout l’Orient les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
1916 en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
1917 voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
1918 tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
1919 jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : « Composez maintenant une chanson dans le goût
1920 ne faisaient que réinventer les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaqu
1921 achine exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
1922 t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
1923 Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
1924 nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
1925 de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernements t
1926 et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernements transportent au l
1927 ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernements transportent au loin des champs de f
1928 à proprement parler des conflits idéologiques qui nous menacent, mais c’est le mécanisme même des prétentions stato-national
1929 ailleurs que les anticorps des virus répandus par nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés,
1930 e les anticorps des virus répandus par nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’
1931 virus répandus par nos États, notre technologie, notre matérialisme, doivent être élaborés, et peuvent l’être. L’union fédér
1932 élaborés, et peuvent l’être. L’union fédérale de nos peuples pourrait seule permettre une lutte efficace contre les périls
1933 ficace contre les périls écologiques qui menacent notre continent (pollution du Rhin, de la Méditerranée, de l’Atlantique, pé
92 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
1934 mples intéressants de semblables… nuances, dirons- nous , dans la description (« petit, trapu… » contrastant avec « grand et s
1935 les mains cette Politique de la personne dont nous sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’elle devrait dominer et o