1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 de. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire qu’ à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de
2 qu’à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de ce Centre, par où j’entends que le principal, c’e
3 e l’existence même de ce Centre, par où j’entends que le principal, c’est qu’il y ait en Europe un lieu consacré à l’esprit
4 Centre, par où j’entends que le principal, c’est qu’ il y ait en Europe un lieu consacré à l’esprit, où des hommes travaill
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
5 nt pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’ elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ont pas grande confia
6 partis, quand il s’agit de surmonter les égoïsmes que les États et les partis, précisément, sont chargés de défendre, et qu
7 gés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit manque trop souvent dans tout cela. Ils voudraient bien fair
8 is ne voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là que nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » au
9 s une action « européenne » autant par son esprit que par ses buts, précise, modeste d’apparence, mais immédiate et totalem
10 menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons qu’ il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il
11 us pensons qu’il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Eu
12 ver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’ il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis d
13 sprit de parti dans ses multiples manifestations, qu’ il s’agisse des partis politiques proprement dits, ou des nationalisme
14 s nationalismes hérités d’un autre âge. On répète que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les vé
15 tables intérêts calculent et jugent à l’unanimité que l’union leur serait favorable. Ce sont, bien au contraire, les idéolo
16 sément — hors duquel nous n’avons aucun pouvoir — que nous voulons agir et fédérer, par les moyens les plus directs, sans a
17 eur classe. Il y a là quelque chose de neuf, plus qu’ il n’y peut paraître à première vue. Insistons donc : le Centre fait a
18 ion sincère et efficace — c’est tellement évident qu’ on l’oublie dans tous les conseils des nations ; et non point à l’idéa
19 fédérative, dans des domaines précis. Le bulletin que nous lançons aujourd’hui s’adresse donc aux intéressés, dans le doubl
20 dans le double sens de ce terme : ceux qui jugent que le Centre peut utilement servir les vrais intérêts de leur œuvre, en
21 nce Nous ne fondons pas « une revue de plus », que cela soit clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre
22 d’une double exigence ; d’ordre technique autant que spirituel : celle d’offrir un organe commun aux diverses associations
23 r le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait pour elle en dehors du plan politique. Nous avons attendu p
24 sser les meilleures volontés.) Nous avons attendu qu’ on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de discrétion sur ce q
25 ublique, ce n’est point pour essayer de démontrer que le Centre « sert vraiment à quelque chose ». (Notre budget demeure as
26 ue nous n’ayons pas à le défendre au regard de ce que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant
27 que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’ il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximum une prise de
28 déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce qu’ on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent comme si l’Europe
29 avait déjà fait son union, voilà qui parle mieux que les grands orateurs, et ne soulève pas les mêmes méfiances. Qu’on lis
30 orateurs, et ne soulève pas les mêmes méfiances. Qu’ on lise les pages qui suivent sur nos activités. On excusera peut-être
31 de tous côtés, ne se veulent liés à rien d’autre qu’ au sort commun de cette patrie spirituelle qu’est l’Europe libre. Pour
32 tre qu’au sort commun de cette patrie spirituelle qu’ est l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lie
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
33 i donc le sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’ est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! »
34 sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’est-ce qu’ il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché c
35 cie, a créé dans la vie de l’esprit une situation que l’on peut décrire comme suit : la culture qui était un bien commun de
36 res sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire qu’ elles se trouvent de plus en plus subordonnées à des nécessités économ
37  » qui, loin de protéger, étouffent en réalité ce qu’ elles enferment. Marchés trop réduits (pour le film et le livre), écha
38 formes nécessaires devient évident. S’il est vrai qu’ aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au tripl
39 mentales, des préjugés tenaces, et des pratiques qu’ il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle b
40 d’« organiser les échanges culturels ». Observons qu’ il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’u
41 ulture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que les douaniers et les agents fiscaux sauront réduire à presque rien.
42 iser les échanges », c’est d’une part reconnaître que l’État reste le maître d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitrair
43 ont l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les période
44 le. Si l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des
45 Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun, qu’ elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes
46 onséquences de cette brève analyse. S’il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfoi
47 péraient spontanément jusqu’au xixe siècle, mais que les États ont tenté d’interdire. Si les experts aiment la culture et
48 importantes à faire : 1° supprimer les barrières que leurs mandants avaient dressées ; 2° aider les groupes et les institu
49 essées ; 2° aider les groupes et les institutions que les fiscs, les douanes et la bureaucratie s’étaient unis pour étrangl
50 ope unie tout comme si elle était faite, et telle qu’ elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre la culture organisée
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
51 on efficacité. Or ce reflux — dont rien n’indique qu’ il soit simplement temporaire — découvre une situation nouvelle. Dès l
52 s, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’est qu’ une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fille d
53 père. Elle peut tenir de lui mais agir autrement qu’ il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui
54  ; la plus grande différence entre les deux étant que l’Amérique tend consciemment vers les standards de culture, tandis qu
55 res : la peur et l’attrait combinés. Il est clair qu’ une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia européenne redout
56 ia européenne redoute (ou affecte de redouter) ce qu’ elle nomme l’américanisme, ou même (selon le vocabulaire des stalinien
57 me représenterait pour nous un aussi grand danger que l’invasion du stalinisme russe. On sait les motifs invoqués : richess
58 aires. Tout cela corsé de griefs politiques, tels que « l’impérialisme de Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur
59 (Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancienne que ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Quant aux motifs d’at
60 sont parfois les mêmes, plus chez beaucoup l’idée que là-bas, la démocratie marche mieux, l’avenir est plus ouvert, et les
61 les rapports humains plus francs et plus cordiaux que chez nous. Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambival
62 cordiaux que chez nous. Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambivalente : aidez-nous avec vos dollars, mais
63 aidez-nous avec vos dollars, mais si vous exigez que votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décam
64 à la culture, la cause est entendue, vous n’êtes que des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics et wh
65 ca-Cola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai que nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le s
66 pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce que pense de son côté l’Américain, rentrant d’un voyage en Europe : des B
67 s, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu’ on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant
68 siers, mais très courants1. Responsabilités Que les Américains deviennent impérialistes, ou deviennent isolationniste
69 aut chez nous, ce sera notre faute encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tou
70 te encore, autant que celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M. 
71 e s’intoxique de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public européen qui, librement, propage ces succès améric
72 à l’endroit de la culture américaine, à tel point que tout institut que l’on croit à tort ou raison « soutenu par les Améri
73 culture américaine, à tel point que tout institut que l’on croit à tort ou raison « soutenu par les Américains » en tire d’
74 spect, d’autre part se voit accusé de n’être rien qu’ un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’une pareil
75 sons de comparer, comme on le fait couramment, ce qu’ il y a de pire d’un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pas
76 t couramment, ce qu’il y a de pire d’un côté à ce qu’ il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests ou les gratte-cie
77 1. Peu d’Américains « disent » vraiment cela, qu’ ils pensent. Mais j’atténue plutôt la violence des jugements formulés
78 Dès le début, nous avons ici dénoncé… les dangers que faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui at
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-USA (août-septembre 1952)
79 et commenté dans un sens favorable. Il est clair que le problème des relations « culturelles » — au sens le plus large du
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
80 nt du problème de l’union de nos pays considèrent que l’Europe doit être unie pour des raisons politiques et économiques. C
81 de l’indépendance de nos pays. L’un des arguments que l’on invoque pour convaincre le grand public de la nécessité d’une co
82 se disputent le monde ? — on ne peut lui répondre qu’ en se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi que des libertés
83 se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi que des libertés qu’elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empress
84 os traditions culturelles, ainsi que des libertés qu’ elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la
85 e pencher sur les problèmes bien plus « urgents » que pose l’attitude des conservateurs anglais, des socialistes allemands,
86 pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe n’est que cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons de per
87 urope n’est que cela, admettons en toute sobriété qu’ il n’y a guère de raisons de perdre son temps dans une commission « cu
88 à plus tard. 2. Mais d’autre part, on peut penser que l’Europe qu’il s’agit de sauver, de ranimer et de rendre forte par le
89 2. Mais d’autre part, on peut penser que l’Europe qu’ il s’agit de sauver, de ranimer et de rendre forte par le moyen de son
90 lisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’existence,
91 i que la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’existence, un besoin perpétuel d’approfondir la significat
92 in perpétuel d’approfondir la signification de ce que l’on sent et fait, et d’augmenter le pouvoir qu’exerce l’homme à la f
93 que l’on sent et fait, et d’augmenter le pouvoir qu’ exerce l’homme à la fois sur lui-même et sur les choses. Je constate q
94 fois sur lui-même et sur les choses. Je constate que l’Europe, cap de l’Asie, a dominé le monde pendant des siècles non po
95 mes électoraux qui en résultent : tout cela n’est que résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abord ce
96 st une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’ à se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela ne ch
97 nt de songer aux réalités électorales. Il demande que sa vie ait un sens. Qu’on lui en donne un sans discussion possible (e
98 s électorales. Il demande que sa vie ait un sens. Qu’ on lui en donne un sans discussion possible (et c’est la chance des di
99 ible (et c’est la chance des dictatures), ou bien qu’ on lui permette d’en chercher un, voire de le trouver parfois et de le
100 ien de l’Europe non plus. Et si vous lui apprenez que l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas
101 faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que font ces deux mots également privés de sens pour lui. Toute propagand
102 otidiennes ; enfin pas de sentiment européen tant que la masse restera séparée de la culture, force principale de l’Europe.
103 ir l’Europe vraiment unie et forte, c’est vouloir que la vie ait un sens en Europe, c’est vouloir la culture, par suite ses
104 ope. La jeunesse de l’Europe a le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union augmentent très fortemen
105 fortement leur budget de culture, prouvant ainsi qu’ ils veulent les moyens de leur fin. b) Pareillement, la jeunesse deman
106 leur fin. b) Pareillement, la jeunesse demandera que les gouvernements qui se déclarent en faveur de la fédération europée
107 européens (et non pas seulement nationaux), tels que Bruges, Genève, Nancy, Alpbach, et douze autres entreprises du même g
108 s vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’ à s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la culture a créé
109 ope. d) Enfin, la jeunesse est consciente du fait que la culture apparaît trop souvent comme une activité lointaine de spéc
110 s itinérantes. (L’expérience des guildes a prouvé qu’ il existe un public de lecteurs dix ou vingt fois plus vaste que celui
111 n public de lecteurs dix ou vingt fois plus vaste que celui que touchaient les libraires.) 5. La jeunesse montre peu d’inté
112 e lecteurs dix ou vingt fois plus vaste que celui que touchaient les libraires.) 5. La jeunesse montre peu d’intérêt pour l
113 l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre élargi qu’ elle verra la nécessité de certains engagements politiques. Une politi
114 pourquoi, précisément, votre congrès doit estimer qu’ il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont
7 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
115 européenne d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’abord que le CEC est une institution autonome, constituée en association intern
116 ssociation internationale selon la loi suisse, et qu’ il ne dépend ni du Conseil de l’Europe, ni des gouvernements, ni même
117 ravail des deux organismes sont aussi différentes que leurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrai
118 buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’ on pourrait appeler le stade artisanal, choisissant parmi toutes les t
119 raient se produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous cantonnons dans le plan des réalisations concrètes. Au surp
120 des réalisations concrètes. Au surplus, on notera que le CEC n’est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structu
121 de délégués des gouvernements. Mais il se trouve que la plupart de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et sont donc en
122 re est nécessairement plus lente et plus prudente que celle d’un organisme privé. De plus, leur secrétariat ne dispose pas
123 le Comité a-t-il proposé tant au Collège d’Europe qu’ au CEC de réaliser certains de ses plans. Les entretiens que nous ont
124 de réaliser certains de ses plans. Les entretiens que nous ont ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en dé
125 à le réinventer. Ceci, à condition, bien entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’est qu’un problème politico-technocrat
126 n entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’est qu’ un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le moment. L
127 ncevable — mais alors il s’impose avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir d
128 ors il s’impose avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une
129 e double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui qu’ en réalité tout reste à faire. Notre service d’articles de revues, Eur
130 lé trop limité pour que l’agence marche autrement qu’ au ralenti, donc à perte. Ce sont là des difficultés normales, les à-c
131 Mais il y a plus. Les obstacles les plus sérieux que nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la s
132 sultent de la sourde opposition à nos entreprises que nous sentons dans certains milieux, officiels ou privés, politiques o
133 européens » d’étiquette. Parfois, nous découvrons que ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. U
134 u le bénéfice moral, et l’on verra tout à l’heure que la moitié seulement de notre programme est en voie d’exécution. Le Pr
135 lle sera la portée « européenne » tant de ce prix que de la collaboration des guildes dont le prix n’est qu’un premier essa
136 e la collaboration des guildes dont le prix n’est qu’ un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts européen
137 is n’a pas encore entrepris les travaux en commun que l’on doit en attendre. Quant aux Plans de causerie (tirés à l’200 00
138 festations de ce genre en Europe, nous ne pouvons que nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup
139 ités en cours ou à l’étude. Il s’agit en principe que chacune serve à toutes les autres, et demande aux autres des services
140 s des services, par le moyen de ce clearing house que veut être le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une form
141 hacun pourra prendre une vision plus claire de ce que font les autres, ainsi que de l’ensemble complexe du CEC. Du même cou
142 sion plus claire de ce que font les autres, ainsi que de l’ensemble complexe du CEC. Du même coup seront posées les bases d
143 même coup seront posées les bases d’un dialogue, que j’espère fécond, entre nos différentes branches d’étude et d’action.
144 ompte d’une part des motifs d’échecs et de succès que je viens d’indiquer, c’est-à-dire de nos réalités quotidiennes, d’aut
145 e CEC et qui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’ aimait à le répéter un grand industriel français de mes amis3 : « Ce n
146 çais de mes amis3 : « Ce n’est pas au pied du mur qu’ on connaît le maçon, c’est en haut. » 2. Voir bulletin de mai 1951.
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
147 la politique. À ce titre, elle mérite un examen, que presque toutes les revues ont négligé de faire, en vertu de la curieu
148 ison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons que la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien e
149 r dans ce domaine. Disons que la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomatique, que c
150 . Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomatique, que ce poète, ministre, et grand éducateur est parti en claquant la porte
151 aquant la porte, non sans avoir déclaré vertement qu’ il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise
152 éclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce qu’ il dirigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’il existe un
153 rigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’ il existe un malaise général à l’endroit de l’Unesco, et cela non seul
154 mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’ il s’agisse vraiment d’eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’i
155 ire. Et peut-être facile à trouver. Car en somme, qu’ est-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur p
156 ut-être facile à trouver. Car en somme, qu’est-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur pied par le
157 gués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair qu’ entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’un écrivain, et les inté
158 d’un ministre, les rapports, s’il en est, ne sont qu’ accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais cette
159 pour le plaisir de l’art, mais parce qu’on pense qu’ ainsi l’on servira la paix. Or seule une aide toute désintéressée, n’a
160 eule une aide toute désintéressée, n’ayant en vue que la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de science, et leur di
161 ent. Comment un ministère pourrait-il donc (quels que soient les désirs de ses hauts fonctionnaires) obtenir un crédit pour
162 e ? Il n’en obtient parfois, avec quelles peines, que s’il peut démontrer aux Finances, au Parlement, aux présidents de ses
163 au Parlement, aux présidents de ses commissions, que tel ou tel projet « sert le pays », c’est-à-dire sert sa politique ou
164 privés, et finalement certains partis. Admettons que le projet soit retenu. La délégation nationale votera pour lui à l’As
165 aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal — qu’ une espèce de mal nécessaire, un de ces irritants problèmes périphériq
166 et de la politique générale, — il est bien clair qu’ on leur donnera toujours le moins possible. Aux yeux du grand public,
167 , est gigantesque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesco s’assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on
168 it cent fois ou mille fois plus. Mais le fait est qu’ on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion
169 pour ce prix l’on ne pourrait pas les aider mieux qu’ en finançant une grande machine pour les aider. La machine n’absorbe-t
170 r. La machine n’absorbe-t-elle pas plus d’énergie qu’ elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t
171 tres choses possibles et imaginables, supposerait que l’on traite la culture comme but en soi, non comme annexe d’une polit
172 Trois vices de construction C’est le système qu’ il faut donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il s’agit de re
173 e fond en comble, — et non de comble en fond — ce qu’ ont imaginé il y a sept ans les créateurs de l’Unesco. Le système souf
174 t il laisse aux gouvernements l’initiative autant que le contrôle. Reprenons brièvement ces trois points.   1. Trop vaste.
175 les civilisations de la planète ne peut se donner qu’ un but très vague, mal défini et presque vide de contenu proprement cu
176 proprement culturel. (En fait, on se borne à dire qu’ on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre national ne corresp
177 au « champ d’étude historique intelligible » tel que l’a délimité Toynbee : une société, une civilisation bien définie, co
178 d’enseignement ; les laboratoires, etc. C’est là que se forme le langage des créateurs individuels et que leurs œuvres app
179 se forme le langage des créateurs individuels et que leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là qu’il faut partir, de cet
180 t que leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là qu’ il faut partir, de cette base-là, non point d’une organisation abstrai
181 octrine fédéraliste, il serait plus exact de dire que le CEC veut être un lieu de rencontre et de prise de contact pour les
182 gouvernementaux. Ce qui précède suffit à établir que l’initiative véritable, dans le domaine de la culture, appartient en
183 e contrôle des tâches exécutées en collaboration. Que resterait-il alors à l’organisation constituée par les gouvernements
184 le fédéraliste Nous sera-t-il permis d’ajouter que ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adopt
185 ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pa
186 que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pas en doctrinaires, mais sur la base d’une expérie
187 du succès de nos efforts, le fait certain, c’est que les méthodes que nous suivons répondent aux vœux et besoins exprimés
188 efforts, le fait certain, c’est que les méthodes que nous suivons répondent aux vœux et besoins exprimés par tous les « fo
189 arle aujourd’hui d’une crise de l’Unesco, gageons que cette crise ne proviendrait que d’un manque d’appuis extérieurs, et n
190 l’Unesco, gageons que cette crise ne proviendrait que d’un manque d’appuis extérieurs, et non pas de la formule même du CEC
191 les intéressés seuls sont juges de leurs besoins. Qu’ on leur laisse donc l’initiative, le contrôle et l’exécution ! Qu’ils
192 e donc l’initiative, le contrôle et l’exécution ! Qu’ ils s’associent directement entre eux, quand ils le trouvent utile, pa
193 r la base des initiatives émanant des intéressés, que les gouvernements ou la fédération s’attachent à leur rôle d’arbitrag
194 s se révèle là encore le plus pratique, ne fût-ce qu’ en évitant les retards et les frais des grandes machines bureaucratiqu
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
195 ants de la vie musicale actuelle en Europe, c’est que des œuvres de compositeurs célèbres de la génération précédente figur
196 s compositeurs américains connaissent rarement ce que font leurs confrères européens ; la situation est la même pour les je
197 lles. En outre, les critiques musicaux ne peuvent que très rarement rencontrer de jeunes compositeurs et établir ainsi avec
198 é général du plan de distribution des prix, ainsi que des accords en cours de négociation avec la RAI (Radiodiffusion natio
199 t pour le Concours de composition. Il est convenu que les débats de la Conférence seront conduits de la manière suivante :
200 ines, entre la technique et le style, etc., ainsi que le problème du langage commun. Après une vive discussion, le titre su
201 derne sur le développement du langage musical. 5. Qu’ est-ce qu’un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle
202 le développement du langage musical. 5. Qu’est-ce qu’ un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle initiativ
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
203 disent au point mort. Mais la contradiction n’est qu’ apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour changer
204 isque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que cet élan vient de rencontrer des résistances contre lesquelles il s’a
205 Sa poussée croît à la mesure de la contre-poussée qu’ il provoque. Si l’on ne voit rien bouger pour le moment, on se tromper
206 ouger pour le moment, on se tromperait en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affront
207 se tromperait en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à corps, presqu
208 stade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’ elle y rêve. Toute tentative de s’organiser comme force politique cohé
209 antage certain : nous attendions depuis longtemps qu’ elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès d
210 plan-là. Le Kominform démobilise Mais voici qu’ un troisième facteur vient compliquer ce jeu normal de l’action et de
211 ion. Depuis plusieurs années, l’on entend répéter que la plus forte raison, sinon la seule, de vouloir une Europe unie, rés
212 rt du mouvement vers l’intégration. Il en résulte que toute détente à l’Est détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise d
213 e de l’idée européenne. On n’oserait affirmer ici que ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l
214 aisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’ il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce
215 otifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce que l’on peut observer c’est qu’il est, tout d’abord, le fait des adversa
216 ffensive de paix. Ce que l’on peut observer c’est qu’ il est, tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre uni
217 aux yeux de certains, comme un expédient défensif qu’ il fallait accepter in extremis. Si maintenant la Russie nous rassure,
218 i maintenant la Russie nous rassure, il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédé
219 , il est clair que tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme européen perd sa seule rais
220 populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce qu’ il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représen
221 s représentent un facteur politique qui, pour peu qu’ on le néglige, peut devenir décisif. Expliquons-nous donc bien clairem
222 fs de notre union n’ont pas changé Étant admis que la reprise des négociations d’armistice en Corée sur la base même que
223 égociations d’armistice en Corée sur la base même que l’on déclarait « grotesque » il y a deux mois, le retour de M. Vychin
224 accusés d’assassinat et l’emprisonnement de ceux que l’on venait de décorer pour délation, la répétition fréquente du mot
225 es signes irréfutables de « détente », signifient que l’URSS désormais ne nourrit plus à l’endroit de l’Occident que les in
226 sormais ne nourrit plus à l’endroit de l’Occident que les intentions les plus cordiales, on demande ce qui se trouve changé
227 es libertés politiques et sociales n’a pas varié, que l’on sache, n’est pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur.
228 subsiste. La situation de l’Europe dans le monde qu’ elle domina jadis et qui retourne contre elle ses propres armes, n’est
229 Les sourires du Kremlin sont peut-être la preuve que tout va changer en Russie : ils ne changent rien à ces faits. Quand l
230 ni moins urgente, pour les trois grandes raisons qu’ on vient de rappeler. La question n’est pas de savoir si la Russie nou
231 ce. Personne n’ayant pu ni même prétendre prouver que tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’uni
232 st bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’union. Vers une épuration européenne Il n’en reste pas m
233 on européenne Il n’en reste pas moins probable que l’effet de propagande escompté sera partiellement atteint par la Russ
234 geaient le point de vue de M. Vychinski, à savoir que la politique d’intégration repose uniquement sur la crainte, suivront
235 prendre au sérieux (en Europe comme en Amérique) que la Communauté de défense, vont être les premiers à la croire inutile.
236 ense, vont être les premiers à la croire inutile. Qu’ avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagn
237 Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ceux que de mauvaises raisons amenaient
238 éralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ceux que de mauvaises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter
239 uitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir qu’ une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque chose, et p
240 e contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite que le principe fédérateur ne peut être que négatif, cette idée perdant f
241 par suite que le principe fédérateur ne peut être que négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils vont cesser de
242 à leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés qu’ il appartiendra donc, durant les mois qui viennent, de mettre en valeu
243 entier se remet à respirer : c’est donc la preuve que le monde entier, les communistes y compris, ne croyait pas que l’Amér
244 entier, les communistes y compris, ne croyait pas que l’Amérique ni l’Europe songeaient à la « guerre préventive ». Chacun
245 autrement le soulagement général ? Il en résulte qu’ un nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’unir, et pour m
246 our s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’ elle a de le faire. Et cela dans des conditions de clarté, de sérieux,
247 des conditions de clarté, de sérieux, de sagesse, qu’ on ne pouvait espérer naguère, lorsque régnait encore la crainte, la s
248 enant encore les vrais secrets d’une civilisation qu’ elle a rendue mondiale ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue
249 Comment rendre à notre culture, libératrice plus qu’ aucune autre au monde des puissances ambiguës de l’homme, son pouvoir
250 ue ? Comment nous replacer à l’avant d’un progrès que d’autres nous disputent, nous le savons bien, par des déclarations in
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
251 méricaine. J’écris ceci dans la pleine conviction qu’ il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Un
252 communiste ? Le fait brutal, incontestable, c’est qu’ aussi longtemps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils ser
253 t brutal, incontestable, c’est qu’aussi longtemps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de s
254 ent, après tout, la puissance, non moins redoutée que sollicitée, des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis
255 e se libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur simple alliance confédérale devait être remplacée par une fédéra
256 C’est donc précisément dans la presse de New York que trois des rédacteurs de la Constitution, Hamilton, Jay et Madison, en
257 Federalist, exercèrent une action décisive, ainsi que nul écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’il fallait rés
258 le rôle et l’importance d’un tel écrit, je dirais que d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la
259 prudence des problèmes institutionnels. Or, voici que dans le onzième article ou, si l’on veut, au onzième chapitre de ce f
260 mportance ; ces notes n’avaient d’autre intention que de l’introduire : Le monde peut être divisé politiquement, comme géo
261 vement tombées sous sa domination. La supériorité que l’Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder c
262 supériorité physique, et ont sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine, dégénéraient en Amérique
263 t sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi que la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que les chiens même perda
264 i que la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que les chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après avoir respiré qu
265 préparerait une nouvelle victime à leur triomphe. Que les Américains méprisent enfin d’être les instruments de la grandeur
266 ’être les instruments de la grandeur européenne ! Que les Treize États, réunis dans une étroite et indissoluble Union, conc
267 vous laisse le soin de commenter le parallélisme qu’ un tel texte suggère et même impose à l’évidence, entre la situation d
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
268 e l’Ouest, elle perd de vue le problème européen, qu’ elle commençait tout juste à distinguer. Depuis deux mois, hors des mi
269 ne parle plus de la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemb
270 nt désespérée, mais certainement la plus sérieuse que notre continent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le
271 en panne, l’Amérique s’énerve et laisse entendre qu’ elle serait prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opp
272 pe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète que les quelques hommes d’État français qui ont agi pour l’union, « incap
273 oser au plan européen ». Je constate au contraire que ces problèmes (l’armée, les colonies, l’économie) sont sans issue dan
274 onomie) sont sans issue dans le cadre national et qu’ il faut donc chercher leur solution dans une forme quelconque d’entrai
275 satisfaire. Trop de gens refusent encore de voir que la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein
276 de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’ au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’agit de ranimer
277 qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’ il s’agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensen
278 bles. Et enfin, et surtout, trop de gens oublient que l’Europe est quelque chose de plus que la somme de 20 nations, dont l
279 s oublient que l’Europe est quelque chose de plus que la somme de 20 nations, dont la plupart, dans leur forme nationale au
280 dans leur forme nationale au sens moderne, n’ont qu’ un passé des plus récents, et presque ridiculement court au regard de
281 ent court au regard de notre histoire commune. Ce qu’ il s’agit de sauver transcende par nature les intérêts de chacune de c
282 quelle nous sommes tous responsables. Il est faux qu’ une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à se
283 est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre qu’ à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et
284 ous le sens même de la vie. L’Europe vaut plus que les Européens En ce mois de juin 1953, il est plus facile que jama
285 ns En ce mois de juin 1953, il est plus facile que jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile que jamais de justifi
286 e jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile que jamais de justifier et de défendre — contre l’URSS, l’Amérique, et l’
287 ’URSS, l’Amérique, et l’Asie — les Européens tels qu’ ils se montrent. Si les Européens n’étaient menés que par leurs intérê
288 ils se montrent. Si les Européens n’étaient menés que par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaient, ils voudraien
289 personne au monde n’a jamais essayé de démontrer qu’ il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés
290 ut pour qu’ils restent ainsi. Il faut donc croire que les Européens sont menés, en réalité, par des forces irrationnelles,
291 vertus et leurs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ ils sont qu’il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment fair
292 urs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ils sont qu’ il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Europe a
293 chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent que le Couronnement est tout à fait autre chose que la somme des Anglais.
294 t que le Couronnement est tout à fait autre chose que la somme des Anglais. L’Europe est une culture, une civilisation : c’
295 rope est une notion de la personne. On n’y accède que par l’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à l’individu.
296 ut Seules les idées avancent. Et rien n’avance que par l’idée. Les choses, les hommes sans idées n’avancent jamais, ils
297 iac. Mais la raison dernière de leur chute, c’est qu’ ils voulaient ce que refuse encore un petit nombre dominant de leurs d
298 dernière de leur chute, c’est qu’ils voulaient ce que refuse encore un petit nombre dominant de leurs députés : l’Europe un
299 s de l’Europe entière. L’échec possible, et ce qu’ il signifierait Dans l’indifférence générale, notre destin commun d
300 is. Pour la première fois je l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera
301 s Européens — sur tous ceux qui n’ont pas compris qu’ ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, vo
302 qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’ il faut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre à tout prix et i
303 mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce qu’ ils doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train d
304 s entreprises, financées par certaines industries que l’idée seule d’Europe unie pousse aux dernières extrémités, je veux d
305 en tenir à leur souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t-il alors ? La France, ayant refusé l’Europe au nom de ses
306 s deux, avec ou sans bombardements, selon l’usage qu’ ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que
307 de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’on me convainque d’erreur de diagnostic, tant mieux. Mais qu’on n’é
308 nvainque d’erreur de diagnostic, tant mieux. Mais qu’ on n’écarte pas ces prévisions à l’aide d’un adjectif genre « alarmist
309 urs latentes, forces spirituelles et religieuses. Que l’une ou l’autre se manifeste sans réserve, expressément, au service
310 tat présent non pas des choses, mais des esprits. Que nos élites politiques reprennent soudain de la tenue, que des hommes
311 élites politiques reprennent soudain de la tenue, que des hommes d’État dignes du nom réussissent à s’imposer à temps, qu’u
312 at dignes du nom réussissent à s’imposer à temps, qu’ une vague d’enthousiasme européen soulève les peuples, qu’un mouvement
313 ague d’enthousiasme européen soulève les peuples, qu’ un mouvement puissant de rénovation sociale et civique se déclenche da
314 e de conscience du drame présent et des désastres qu’ il annonce, car seule l’inconscience générale annule en fait les force
315 l’inconscience générale annule en fait les forces qu’ on vient de nommer. Forces qui cependant, une fois réactivées, seraien
316 es, seraient bien assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous,
317 es pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous, sans illusions et presque san
318 ecteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie que de maudire l’obscurité », dit un proverbe chinois, bonne devise pour
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
319 ux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons que l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui permettent
320 d’études et telle est aussi la raison de l’appel qu’ il me charge de vous adresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste
321 eurs politiques d’écoles et de tendances variées, qu’ anime un idéal précis : l’union de l’Europe. Si quelques conclusions c
322 tre significative. Voici donc la première requête que nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’a
323  question de confiance » : ou bien l’accepter tel qu’ il est, ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument d
324 ent de faire l’Europe, tandis que le Projet n’est qu’ un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparfait
325 fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’ il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet actuellement
326 source de la Constitution, cette Assemblée ad hoc que vous avez créée. Pratiquement, le sort de l’Europe serait donc confié
327 auts évidents : des députés ne sauraient proposer qu’ un gouvernement d’assemblées. Mais quel autre régime peut-il être acce
328 rs à quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes lignes, le Projet prévoit un
329 ccepter le Projet dans une perspective dynamique. Que votre oui s’adresse moins au texte lui-même qu’au But qu’il vise et q
330 . Que votre oui s’adresse moins au texte lui-même qu’ au But qu’il vise et que vous affirmerez, en déclarant clairement et s
331 e oui s’adresse moins au texte lui-même qu’au But qu’ il vise et que vous affirmerez, en déclarant clairement et simplement
332 e moins au texte lui-même qu’au But qu’il vise et que vous affirmerez, en déclarant clairement et simplement pourquoi l’Eur
333 pe. Il sera lettre morte pour les Européens, tant que ceux-ci n’auront pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auron
334 se définit pour nous par quelques grands repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’unisse pour redev
335 repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’unisse pour redevenir une force, capable d’assurer l’indép
336 aix soviétique ne change rien au fait fondamental que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou re
337 tal que nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ ils mourront seuls ou revivront ensemble. 2. Il faut que l’Europe s’un
338 mourront seuls ou revivront ensemble. 2. Il faut que l’Europe s’unisse pour sauver le foyer d’une civilisation devenue mon
339 on qui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié e
340 face du monde et notre sort à tous. Plus peuplée que l’Amérique et l’URSS additionnées, elle dictera la paix dans le reste
341 voit venir le temps où elles ne seront plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de
342 estes manqueraient également de sérieux. Il n’est qu’ une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seul su
343 le indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’ un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Europe entière. Ce
344 otre Europe du xxe siècle : l’Europe entière. Ce que l’on attend de la fédération, c’est qu’elle instaure l’indépendance e
345 tière. Ce que l’on attend de la fédération, c’est qu’ elle instaure l’indépendance européenne. C’est qu’elle crée une force
346 qu’elle instaure l’indépendance européenne. C’est qu’ elle crée une force nouvelle. Et non point qu’elle renonce à des mots
347 est qu’elle crée une force nouvelle. Et non point qu’ elle renonce à des mots vides de sens, à des privilèges périmés, et pl
348 s périmés, et plus anachroniques, au xxe siècle, que le pouvoir de faire lever le soleil, revendiqué par les rois-dieux. 6
349 s importent, dans un pacte fédéral (beaucoup plus que dans un traité), parce qu’ils engagent l’avenir des nations fédérées,
350 es voies de la fédération. S’il faut le modifier, que ce soit dans cette vue : afin de ménager son avenir fédéral. D’une pa
351 uble » (article 1), qui ne peut être accepté tant qu’ une seule des parties se voit contrainte de se réserver un droit (hypo
352 L’essentiel est d’ouvrir, de ménager l’avenir, —  que personne n’est en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et mêm
353 cur, comme le voulait Napoléon, s’y prêtera mieux que tout perfectionnisme et que les compromis les plus subtils. 7. Pourvu
354 on, s’y prêtera mieux que tout perfectionnisme et que les compromis les plus subtils. 7. Pourvu que le Projet, carrément, o
355 et que les compromis les plus subtils. 7. Pourvu que le Projet, carrément, ouvre à l’Europe une chance de se fédérer demai
356 ter, même incomplet. Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans l
357 e un pas vers ces buts, vous détruirez l’obstacle qu’ il faut redouter le plus : le scepticisme et l’inertie des masses. Au
358 nos pays, et de notre civilisation. Il est clair que certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres.
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
359 r le souci de réalisations limitées mais rapides. Que devient, dans cet ensemble, le rôle du CEC, et comment apparaissent s
360 ns un cadre clairement défini. Et l’on ne saurait qu’ y applaudir. Cependant, le souci des succès immédiats, qui nous est i
361 le de l’action : on n’atteint des buts rapprochés qu’ en tendant vers un but lointain. Précisons : la Communauté des Six n’e
362 lointain. Précisons : la Communauté des Six n’est qu’ une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas atteinte si l
363 un but en soi. De même, l’union des Quinze n’est qu’ une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemblement
364 uropéenne plus puissante, dans tous les domaines, que l’idéologie totalitaire appuyée par les nationalismes. « Pas d’action
365 ne Europe unie. Or, c’est la fonction même du CEC que de faire vivre cette idée, là où vivent et agissent les idées, « dans
366 tacles véritables à notre union, là surtout, plus que dans « les faits ». Il faut des congrès politiques. Il faut des plans
367 , l’Idée maîtresse. Et enfin, il faut reconnaître que les uns et les autres ne serviront l’Europe en efficacité et vérité q
368 res ne serviront l’Europe en efficacité et vérité que s’ils agissent en relations étroites et s’assurent continuellement de
369 tre. En fait, rien de tel ne s’est produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personne
370 à titre personnel — de la conduite des débats. Ce que la table ronde a fait avec éclat, grâce à la participation de six per
371 icistes influents, ne sera pas moins utile au CEC qu’ au Conseil de l’Europe et à ses commissions, secrétariat et comités d’
372 estations destinées à devenir périodiques, telles que le Prix littéraire européen et la Conférence musicale. Il a ainsi dot
373 s formées par le Mouvement européen. Les contacts que nous venons de reprendre dans plusieurs pays ont révélé l’existence d
374 point, il sera proposé aux autres pays. Ajoutons que la création prochaine d’un Bureau européen de l’éducation des adultes
375 ons et ses effets, qui essaient de voir plus loin que les buts immédiats, qui explorent des voies neuves et des techniques
15 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
376 ts en chiffres, et cela donne le curieux résultat que voici : « À l’ouest du rideau de fer, 325 millions d’hommes vivent da
377 i ferait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’ elle n’est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Eu
378 la réalité vivante, ce qu’elle n’est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour se sauver, pour
379 u’elle n’est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout p
380 mme à portée de main ? Il ne lui manque peut-être qu’ une seule chose : la conscience des périls qu’elle encourt, que tous n
381 tre qu’une seule chose : la conscience des périls qu’ elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience a
382 chose : la conscience des périls qu’elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressourc
383 on, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine, que l’on voyait les choses dans les milieux du Conseil de l’Europe où ger
384 ogue européen. Cependant. c’est l’angle de vision que l’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’avais donc suggéré
385 r le problème européen dans une perspective telle que les graves divisions nationales, linguistiques et idéologiques qui no
386 eur unité incontestable d’origines et par le fait qu’ ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ils ne trouvent pas ensemb
387 n retournés contre nous. Nous avons vu clairement que nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possib
388 s d’autre issue pratique, d’autre avenir possible que dans l’union. Ce fut le dernier mot du rapport de Toynbee : « Unisson
389 s de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir que nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui p
390 t nos responsabilités d’Européens devant le monde que nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de
391 sont pas seulement leurs origines, mais les buts qu’ ils regardent ensemble, qui peuvent rendre les hommes fraternels. Deva
392 ct, privé, original. Enfin, devant le double défi qu’ affronteront plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonia
393 ), c’est-à- dire de regagner en prestige moral ce que nous perdons en apports extérieurs. La table ronde n’a pas dressé les
394 ns d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré que le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier
395 nivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous qu’ il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer un
396 r la table ronde : document d’autant plus notable qu’ il fut rédigé le dernier jour par un Français et un Anglais, et reçut
397 a réunion. 4. Je le dis d’autant plus librement qu’ invité par le secrétariat du Conseil de l’Europe à présider les débats
398 ts des États membres, et ne suis donc responsable que du choix des thèmes et de leur répartition aux rapporteurs. On pouvai
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
399 t 1954)q — Pouvez-vous me dire en deux mots ce qu’ est le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais
400 ts. Ou plutôt je vous répondrai sur les questions que posent les trois mots de notre nom : Centre, Européen et Culture. C
401 t Culture. C — Je voudrais savoir d’abord ce que vous entendez par Culture. — T. S. Eliot a répondu pour nous : « La c
402 vie digne d’être vécue ». On pourrait dire aussi que la culture est l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de
403 initiatives culturelles. Nos États ne consacrent qu’ à peine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne s’agit-il pour
404 udget à la culture ; encore ne s’agit-il pour eux que d’instruction publique, ou de propagande pour les « valeurs nationale
405 pas surtout politique et économique ? Et la crise que subit aujourd’hui l’effort d’intégration politique de l’Europe ne va-
406 c’est un problème d’éducation. C’est un problème qu’ un organisme comme le Centre a justement pour raison d’être de poser t
407 ord, puis d’étudier, et dans la mesure des moyens qu’ on lui donne, de résoudre. Les obstacles sont psychologiques ? C’est d
408 es sont psychologiques ? C’est donc en profondeur qu’ il nous faut travailler, dans les esprits et dans les cœurs. — C’est l
409 e : « un organisme comme le Centre ». Est-ce donc qu’ il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi avec l’Unesc
410 s lequel ces projets sont développés, et des buts que l’on vise. La mission proprement européenne du CEC ne court pas le ri
411 quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui qu’ il y ait deux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’il n’e
412 ux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’ il n’en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain po
413 s, mais à celui qu’il n’en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’objectivité et pour la libert
414 la liberté du jugement de se représenter parfois qu’ une chose à quoi l’on tient pourrait disparaître. Qu’en résulterait-il
415 une chose à quoi l’on tient pourrait disparaître. Qu’ en résulterait-il ? Je constate que le Centre, du seul fait qu’il exis
416 t disparaître. Qu’en résulterait-il ? Je constate que le Centre, du seul fait qu’il existe, polarise des possibilités, crée
417 rait-il ? Je constate que le Centre, du seul fait qu’ il existe, polarise des possibilités, crée une certaine concentration
418 us — et s’il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous les mêmes expé
419 r le CEC, afin qu’il dure ? — La vie n’est jamais qu’ une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bulletin est e
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
420 s, s’est tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t-il ? La réponse est dans les journaux. Depuis des mois, la
421 éputés et même certains hommes politiques ont cru qu’ elle dépendrait des conférences de Berlin et de Genève. Bien peu voula
422 ’Europe caricaturée Il était facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne pouvait modifier les d
423 de l’homme occidental, qui demande beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et
424 x, a proposé une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à
425 x neutralistes, « une proposition constructive et que l’on ne saurait écarter sans un examen attentif ». Alors que la masse
426 ux yeux. Après tout l’Europe est-elle autre chose qu’ un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa juste place, dans une co
427 urieux : l’idée européenne a fait de tels progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans feindre de l’accepter d’abo
428 e. Et surtout, soulignons d’autant plus fortement que la presse a manqué de le faire, qu’à la conférence de Berlin l’idée d
429 lus fortement que la presse a manqué de le faire, qu’ à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie a constitué le plus sér
430 es dans leur confrontation avec Moscou. Non point que le projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aie
431 au lendemain de Berlin, l’une des plus favorables que nous ayons vécues depuis longtemps pour marquer des progrès réels ver
432 ent au premier rang. La Hollande a ratifié la CED que la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’est pas revenue en arrière
433 Allemagne, Hollande, Belgique et France prouvent qu’ il existe une forte majorité populaire en faveur de la fédération. M.
434 oncourt donc à convaincre les hommes de bonne foi que la fédération européenne est à la fois nécessaire, possible et souhai
435 est à la fois nécessaire, possible et souhaitée ; qu’ elle ne peut plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle ser
436 eut plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’ elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (l
437 i ne désirent pas y participer (les Anglais) ; et qu’ enfin son heure a sonné, si jamais signal clair fût donné par l’Histoi
438 torique Le colonialisme européen n’existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et leurs satellites en
439 européen n’existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et leurs satellites en Asie. Mais le colonialisme
440 , et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut que les décisions vitales du pays dont dépend toute l’union de l’Europe,
441 (Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre que son élan irrépressible vers l’indépendance nationale ne sera plus arr
442 par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant que nous, et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera
443 ie, donc, doit vouloir autant que nous, et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas unie en temps u
444 es noms ! — inconscients de l’immensité du destin qu’ ils peuvent faire basculer. Toute discussion d’alinéas, de « préalable
445 able ? Retournons la question : est-il concevable que vingt nations européennes se laissent entraîner dans l’abîme par une
446 r au nom d’une seule ? C’est aux Français d’abord qu’ on voudrait s’adresser, à ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
447 se sans soulever d’objections. Tout le monde sait que son régime politique est l’un des plus stables du monde, depuis plus
448 e en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’était qu’ une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur lien légal
449 ne Diète, laquelle n’avait guère plus de pouvoirs que l’Assemblée consultative de Strasbourg. Composée d’ambassadeurs des c
450 Diète « n’avait en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »8. La division
451 it d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’ on a le tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranqu
452 ineté, en même temps qu’elle la limite, ou plutôt qu’ elle en délègue partiellement l’exercice au Pouvoir fédéral. Voici les
453 onstituants de l’Europe fédérée. On n’en voit pas qu’ il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2. Abandonner ou
454 ner ou recouvrer la souveraineté ? Est-il vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Euro
455 onnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai qu’ il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-elles quelqu
456 La souveraineté nationale n’est exercée en fait que par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme « la faculté, pour un É
457 ur un État, d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’ à l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaqu
458 hniques, économiques et politiques. Il en résulte que la souveraineté nationale n’a plus guère d’autre existence que psycho
459 aineté nationale n’a plus guère d’autre existence que psychologique. Où la voit-on à l’œuvre ? Non pas dans les faits mais
460 xtrême dans les centaines de lettres cravachantes qu’ envoient aux rédactions des colonels en retraite. Refoulée du domaine
461 siècle, et même de les apercevoir. D’où la prise qu’ ils offrent aux manœuvres les plus grossières du communisme, jouant su
462 aender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’ elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souv
463 ns qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’ en sacrifiant leur souveraineté fictive. » (Étant entendu que l’accent
464 fiant leur souveraineté fictive. » (Étant entendu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux
465 endu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patri
466 organisations internationales existantes (telles que l’OTAN) prennent aujourd’hui les décisions principales et le peuple n
467 la aux masses, car ainsi sera dissipée la crainte que suscite la perte de la souveraineté nationale. Il n’est donc pas exac
468 a souveraineté nationale. Il n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de l
19 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
469 de Londres. Londres a réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet
470 que la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’ elle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fa
471 venir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’instant qu’ on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce qu’elle seule pouvait empê
472 nt qu’on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce qu’ elle seule pouvait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement ce ve
473 une maladie dont ils craignaient la contagion, et qu’ ils nommaient réarmement allemand. On leur proposa un vaccin. Ayant re
474 lemand. On leur proposa un vaccin. Ayant remarqué que le nom de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme il arrive en
475 on l’a répété bien à tort ; il montre simplement qu’ une partie d’un Parlement (devenue majorité grâce à l’appui des commun
476 te après leur vote. — En revanche, il est douteux que les accords de Londres représentent « un premier pas vers l’intégrati
477 ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l’éducation européenne des peuples, de leurs cadres et de leurs élite
478 complaisance à une double illusion : ils ont cru que le travail éducatif en profondeur, lent par nature, représenterait un
479 eprésenterait une perte de temps ; et ils ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons les réali
480 ée européenne était faite. Examinons les réalités que cachaient ces deux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avon
481 à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’ on ne pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes
482 tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes », telles que l’OECE, la CECA, l
483 ue par une série de mesures « concrètes », telles que l’OECE, la CECA, la CED, qu’on espérait faire adopter l’une après l’a
484  concrètes », telles que l’OECE, la CECA, la CED, qu’ on espérait faire adopter l’une après l’autre par les parlements. On n
485 re sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’ eût représenté l’exigence immédiate d’une fédération politique. C’étai
486 ns le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’ il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la
487 s facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’il est plus facile de t
488 ux que de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’ il est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où
489  ; qu’il est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où ils sont : dans les routines de l’esprit nation
490 routines de l’esprit nationaliste, autant et plus que dans les intérêts particuliers. Or cette attaque eût impliqué une cam
491 ût impliqué une campagne éducative en profondeur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue.
492 e en profondeur, que l’on a négligé de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue. II. Les mouvements de militants
493 de la CED. En effet, cet échec a résulté du fait qu’ on laissait le public dans l’ignorance de la vraie situation européenn
494 pour influencer l’opinion, c’est donc d’une part que l’on s’imaginait avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne j
495 ’imaginait avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne jugeait pas utile et surtout pas urgent de faire beaucoup plu
496 matériels lui manquaient, et il est significatif qu’ il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les premières promesses
497 promesses d’un financement régulier. Il est clair que la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’est pas de supplée
498 ement de réponse. Ces activités nouvelles, telles que la Fondation européenne et « Liens avec l’Europe », tout comme les ac
499 u’ici à l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce que beaucoup vont penser, car j’entends déjà ce qu’ils me disent : « Tout
500 e que beaucoup vont penser, car j’entends déjà ce qu’ ils me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela ne fera certes au
501 semble — si vous réussissez — mais voyez-vous, ce qu’ il nous faut, c’est de l’action ! » Et l’on entend ou sous-entend par
502 Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit qu’ elle commence dans les cours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et
503 opéenne. Il voit qu’elle commence dans les cours, qu’ elle se poursuit dans les esprits, et qu’elle n’éclatera dans les fait
504 s cours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et qu’ elle n’éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa nai
505 les esprits, et qu’elle n’éclatera dans les faits qu’ au jour où tout sera mûr pour sa naissance. Préparer cette maturation 
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
506 rope semble une utopie pour ceux qui n’ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une action. Acti
507 du xxe siècle. Il est très remarquable en effet que , dans ce siècle, pas un seul événement historique d’envergure n’ait é
508 ables et les progrès constants convainquent mieux que les cris et les slogans.) Nous vivons dans un siècle où, très visible
509 sens et par ses points d’application. On sait ce que nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, l
510 e de l’histoire commune des Européens. Ceci n’est qu’ un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstacles
511 dresser devant nos contemporains la vision de ce que deviendrait leur existence au sein de l’union réalisée et grâce à ell
512 u réaliste des changements sociaux et économiques que produirait l’union ; de canaliser les bonnes volontés anxieuses et au
513 orces dispersées, c’est l’office des associations que nous avons déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années
514 ongue haleine dans laquelle on ne peut progresser que lentement, mais dont le jalonnement se précise de mois en mois d’une
515 es espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser que c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En quoi consiste-t-elle 
516 en. Dire aux peuples et à leurs élites : voilà ce que peut devenir l’Europe une fois unie, et voilà ce qui en résultera pou
517 uième année de nos travaux, ce n’est pas un bilan qu’ on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il est, réduit à l’urg
518 n qu’on vient de présenter mais un programme. Tel qu’ il est, réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde e
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
519 facile de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’ il n’est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que p
520 ui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce qu’ il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Ce
521 tisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Celui qui cherche une place, s’il en t
522 chose. C’est une passion. Et cela revient à dire qu’ elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’e
523 sse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture qu’ il trouve, au lieu de l’apaiser, excite encore son appétit. Par où l’o
524 iser, excite encore son appétit. Par où l’on voit que l’esprit de recherche n’est pas un instinct animal, mais une passion
525 ssion spirituelle. Je ne saurais mieux le définir qu’ en vous résumant une légende de l’ancienne Russie orthodoxe et mystiqu
526 Baleine11. Il y avait une fois une grande baleine que les habitants d’un village avaient prise vivante, et qu’ils aimaient
527 habitants d’un village avaient prise vivante, et qu’ ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu
528 oup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore f
529 u’ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’ elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transpo
530 s énormes de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’ elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’avant et encore plus. Les
531 t dit qu’elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’ avant et encore plus. Les gens voulaient la garder en vie, ils aimaien
532 nt la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent : Qu’ as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné tout
533 fois plus, j’aurai encore faim. Ils lui dirent : Que veux-tu donc ? et elle dit enfin : Je veux Dieu ! Cette légende marqu
534 se partielle, précise, utile : au-delà de tout ce qu’ on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamen
535 nts, un Newton, un Einstein par exemple, n’y vont que par l’intelligence mathématique, non par leur être tout entier. Et le
536 nge — conscient ou inconscient — de tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils son
537 nt — de tous les buts que je viens d’indiquer. Ce qu’ ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples
538 d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ ils sont hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de
539 ciences — cet horizon dernier reste le même, quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ai
540 rizon dernier reste le même, quel que soit le nom qu’ on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de déf
541 le même, quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’ on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernie
542 s siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’ on imite partout, même quand on la combat. Elle est donc encore la plu
543 passées, présentes ou en formation, on s’aperçoit qu’ elle s’en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des
544 s plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire
545 au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’ en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous n
546 iétude fondamentale ? D’où, ce désordre permanent que les meilleurs esprits déplorent depuis des siècles ? Je ne pense pas
547 ts déplorent depuis des siècles ? Je ne pense pas que cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’
548 et ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’ ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en so
549 ntent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes tradition
550 homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures «  qu’ il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait ê
551 « qu’il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être
552  » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les
553 é consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rappr
554 qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’ elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa f
555 i lit l’histoire des sciences. Elle lui fait voir que toutes les « vérités » qu’établissent les écoles successives sont rel
556 es. Elle lui fait voir que toutes les « vérités » qu’ établissent les écoles successives sont relatives et provisoires, ont
557 soires, ont été dépassées l’une après l’autre, et que pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités cer
558 relâche vient remettre en question les certitudes que l’on croyait acquises, d’autre part est le gage d’un progrès vers le
559 e inquiétude perpétuelle, dont vous venez de voir qu’ elle est déterminée par les deux forces principales qui ont produit no
560 ce qui définit le mieux l’Europe. Et c’est par là que l’Europe se distingue des civilisations antiques et asiatiques, comme
561 ériences physiologiques, physiques et mécaniques, que certains eurent le courage de risquer à la même époque. Et voici, à p
562 dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait entrevoir que les applications de l’énergie nucléaire et solaire permettront, vers
563 ion de l’homme. Mais cet homme libéré du travail, que va-t-il faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ?
564 uvelles recherches. J’ai tâché de vous faire voir que le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai u
565 serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous que de maintenir des cloisons étanches entre la culture en général et la
566 ulture des masses. En revanche, n’oublions jamais que la culture pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progr
567 t d’abord, puis impatient ; m’expliqua finalement que dans l’état des choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’est
568 es, les turbines, c’est sérieux, la culture n’est qu’ un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communis
569 s, c’est sérieux, la culture n’est qu’un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confo
570 ant était d’abord de lutter contre le communisme, qu’ il confondait, je le crains, avec les réformes sociales. En sortant de
571 iritualité. Influencé par le piétisme, il pensait que sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux
572 perdu, les plans d’une machine d’un type nouveau, qu’ il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie d’Euler, au milieu culturel d
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
573 fascination de ses mythes et par la terreur même qu’ il exerce. Dans les pays demeurés libres, le développement de l’étatis
574 ’Europe est elle-même en grand péril. Les peuples qu’ elle a civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient as
575 techniques qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’ elle a exploités et opprimés retournent contre elle les idéaux de libe
576 le ne pourra survivre, et sauver la civilisation, que si elle s’unit. « D’ici vingt-cinq ans, disait récemment la reine Jul
577 péenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus que matériel. Voici les principaux : — manque de confiance des Européens
578 courte vue, qui empêchent les gouvernants autant que les masses de réaliser la nature des périls menaçant de tous côtés l’
579 a Haye en 1948 nous amène tout près des résultats que celui-ci s’était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasq
580 lle indiquent sans exception, dans tous nos pays, qu’ une large majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’empêche pas
581 campagne joue à plein sur les habitudes mentales qu’ on vient de rappeler, et sur les slogans qu’elles accréditent : « indé
582 tales qu’on vient de rappeler, et sur les slogans qu’ elles accréditent : « indépendance nationale », « danger allemand », «
583 aix russe », « impérialisme américain ». Le temps que l’on perd ainsi pour le salut de l’Europe, d’autres le gagnent pour s
584 iment commun des Européens Il est donc évident que le nœud du problème est dans l’attitude morale des Européens eux-même
585 de conscience assez rapide et générale du danger que courent ensemble tous nos pays, mais aussi des ressources immenses do
586 condition de s’unir — tous les traités et pactes que l’on pourra conclure seront insuffisants, viendront trop tard, ou res
587 oyer d’initiatives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen
588 ux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la condition primordiale
589 Centre comme l’instrument d’exécution des projets qu’ ils pourraient élaborer en commun. ⁂ L’influence des Amis du Centre pr
590 es multiples et en partie imprévisibles, selon ce que chacun se verra en mesure d’apporter, selon ce que chacun décidera d’
591 ue chacun se verra en mesure d’apporter, selon ce que chacun décidera d’engager dans l’action commune, enfin selon le degré
592 fluence incontestée dans des milieux aussi variés que possible : politiques, économiques, intellectuels, sociaux, nationaux
593 t de diffusion ou d’exécution. Mais s’il est vrai que les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinaire isolément, ou
594 au Moyen Âge, à une « religion ». Il faudra donc que les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’à la mission générale d
595 nc que les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’ à la mission générale du Centre, par l’idéal européen qui les anime, e
596 int, discret, sans statuts ni publicité, c’est ce que doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par l
597 es les autres en découlent, quand elle est là, et qu’ elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du
598 ques. Elle se fera par des hommes qui comprennent que son destin dépend de leur action d’abord. Il faut que quelques-uns au
599 son destin dépend de leur action d’abord. Il faut que quelques-uns au moins relèvent ce défi de l’Histoire. Sans orgueil, m
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
600 ulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de la pu
601 s — et de cette arme — il ne peut plus y avoir ce que l’on nommait une guerre, mais simplement une espèce de court-circuit
602 voir quelles sont les chances de la culture telle que nous la concevons en Europe : le sens et le sel de nos vies, au-delà
603 , à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est propose — avec une insistance particulière dans la note invitan
604 qui doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’ est-ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant
605 gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’est-ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant le rideau
606 ure, qu’est-ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant le rideau de fer, donnaient une preuve de le
607 u de fer, donnaient une preuve de leur faiblesse. Que penser, s’ils le lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est qu
608 lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange est une forme de vie culturelle congénitale à l’Occident, m
609 tion du secret un peu superficielle. Vous estimez qu’ il faut se borner à protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’impor
610 . Vous estimez qu’il faut se borner à protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’important. Nous autres, au contraire, no
611 portant. Nous autres, au contraire, nous estimons qu’ il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte
612 re, nous estimons qu’il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui n’existe pas. Vous ad
613 dre compte de ce qui n’existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui n’existe pas exige bien plus de précautions que se cont
614 e qui n’existe pas exige bien plus de précautions que se contenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus qu’acquiescer,
615 ontenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus qu’ acquiescer, et je lui déclarai en riant que je comprenais maintenant l
616 ne pus qu’acquiescer, et je lui déclarai en riant que je comprenais maintenant la réponse qu’un fonctionnaire de la Guépéou
617 en riant que je comprenais maintenant la réponse qu’ un fonctionnaire de la Guépéou avait faite à quelqu’un qui lui demanda
618 péou avait faite à quelqu’un qui lui demandait ce que l’on entendait par espionnage : « Vous rencontrez un étranger de vos
619 sort de notre union qui se détend ? Redisons donc que les motifs profonds d’unir l’Europe ne dépendent pas de la menace sov
620 ns. Si l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est qu’ elle est affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seule
621 défense, mais son essor social et culturel. C’est qu’ elle est menacée par la révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’e
622 révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est qu’ elle est sommée par l’Histoire de dépasser le stade des souverainetés
623 de l’Europe. Les gouvernements ? Il est probable qu’ ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce
624 fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’ il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions d’ho
625 avec une conception totalitaire. Or il est clair que nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en ta
626 tant que créatrices, ni de la culture en général, qu’ ils ne prétendent d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’il
627 nt d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’ ils se distinguent radicalement des dictatures totalitaires. Un dialog
628 totalitaires. Un dialogue qui n’aurait donc lieu qu’ entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS et les sceptiques de l’
629 ue bien distincts et valables. Ce ne serait guère qu’ une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-B, ou entr
630 tituer entre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’ elle est, d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus
631 rt — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus que jamais l’union morale et culturelle de nos pays, la volonté de s’unir
632 ar le règne de quelques trusts. Mais il se trouve que les communistes approuvent et favorisent tous les nationalismes, hors
633 hors de la sphère de leur puissance directe ; et que , sur les autres points que l’on vient de citer, la comparaison object
634 puissance directe ; et que, sur les autres points que l’on vient de citer, la comparaison objective et scientifique des don
635 et scientifique des données actuelles ne présente qu’ un seul danger pour nous : celui de nous rendre une bonne conscience p
636 conforme à l’essence même de la culture. N’ayant qu’ à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté t
637 e même de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’ il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges rée
638 nous sont faites au nom de la paix, dans l’esprit qu’ on nomme de nouveau « l’esprit de Genève ». Acceptons ce prétexte, ind
639 es slogans de la propagande politique. C’est dire qu’ il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est faci
640 qui sait si cette discipline ne deviendrait pas, qu’ on le veuille ou non, l’objet principal du débat ? Et pourquoi les Eur
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
641 ivals de musique. Un an plus tard, le secrétariat qu’ ils avaient constitué au Centre, publiait une première brochure conten
642 le d’inspiration. Mais l’idéal ne prouve sa force que dans les réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être cap
643 ficiles périodes d’adaptation aux réalités telles qu’ elles sont, sans perdre pour autant son pouvoir d’entraînement au-delà
644 , réunie au Centre les 8 et 9 octobre, a démontré que l’idéal primitif avait victorieusement subi l’épreuve de quatre ans d
645 les contacts internationaux des festivals, ainsi que d’aider à faire connaître tel d’entre eux dans tel autre pays. L’orga
646 ration, leur mise en scène et leurs décors, ainsi que sur les artistes, chefs d’orchestre, etc., seront mises à la disposit
647 e au nouveau secrétaire général de l’association, que l’assemblée générale a désigné en la personne de M. Abraham van der V
648 ans le poste de directeur de l’Opéra d’Amsterdam, qu’ il quitte pour se vouer à Genève au développement d’une œuvre « europé
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
649 . Il n’y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’à ce qu’ une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kremlin. Cet
650 ondée, pour trois raisons : 1. Il n’est pas exact que les 17 propositions occidentales relatives aux échanges culturels aie
651 initiative dans le domaine culturel, du seul fait que les Soviétiques n’ont pas donné les suites espérées à leurs ouverture
652 e. Le fait évident — et souligné par M. Molotov — que l’Union soviétique ne veuille (et ne puisse) accepter aucune espèce d
653 fficiels du type Ehrenbourg, les échanges ne sont qu’ une occasion de présenter la dictature soviétique sous des aspects qui
654 s soviétiques du type Cholokhov, on peut imaginer que les échanges répondraient à un désir longtemps frustré de savoir ce q
655 longtemps frustré de savoir ce qui se fait et ce que l’on pense ailleurs, de respirer un peu plus librement, de changer d’
656 uelques instants. Pour nous, les échanges ne sont qu’ une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence dans la lib
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
657 rod puis de Kiev, ne sont en fait pas plus slaves que Charlemagne, un peu avant, n’était gaulois. Les Scandinaves apportent
658 sar) estime, comme le déclarera Ivan le Terrible, qu’ il doit « non seulement tenir les rênes du pouvoir mais sauver les âme
659 lité des Slaves envers l’Europe paraît plus forte que leur résistance à l’occupant asiatique : Alexandre Nevski, vassal des
660 iennent de Byzance, elles ne se transposent guère qu’ en ritualisme de plus en plus rigide et conservateur dans le peuple. (
661 Ier) Chacun connaît l’aventure révolutionnaire que représenta pour la Russie le règne de Pierre le Grand. Il fut « le pr
662 premier technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolu
663 technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce qu’ on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolution, d
664 ue ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolution, dans le plein sens du mot, que connut l’Europ
665 a première révolution, dans le plein sens du mot, que connut l’Europe »14). Pierre, âgé de vingt-cinq ans, voyage en Europe
666 en y greffant des formes empruntées à l’Occident, que de s’en débarrasser de la façon la plus expéditive et de bâtir ensuit
667 sme et remplaçant l’ancien patriarchat. Rappelons que Pierre épouse la maîtresse de son favori, Martha Glück, fille d’un pa
668 fils comme Ivan le Terrible l’avait été du sien) que Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement russe est une mo
669 de la révolution pétrovienne n’avait été au début qu’ un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la nouvelle élite s
670 s la nouvelle élite se les assimila si rapidement que , dès la fin du xviii e siècle, une culture russe existait déjà, plus
671 russe existait déjà, plus homogène et plus stable que l’ancienne. Cette culture était russe dans le sens le plus strict du
672 oprement russes, et si le peuple ne la comprenait qu’ à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parc
673 uple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas qu’ elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore
674 ante des encyclopédistes. Il est clair, du reste, que le prestige du pays tient à cette époque, et plus tard encore, non pa
675 t on ne sait pas encore grand-chose à l’étranger, qu’ aux succès qu’il obtient sur le champ de bataille… L’histoire des deu
676 as encore grand-chose à l’étranger, qu’aux succès qu’ il obtient sur le champ de bataille… L’histoire des deux siècles qui
677 le second mouvement apparaît plus puissant encore que le premier. La Russie a besoin de l’Occident ; tout en s’assurant de
678 rope. Mais pour avoir une vue plus complète de ce que fut l’apport de l’Occident dans la vie russe, il faut y distinguer de
679 s, le français a été la première langue étrangère qu’ apprenaient les enfants russes de bonne famille. Le plus grand poète d
680 onne famille. Le plus grand poète du pays avouait que le français lui était plus familier que sa propre langue et s’en serv
681 s avouait que le français lui était plus familier que sa propre langue et s’en servait de préférence pour rédiger ses lettr
682 e européenne. Cette harmonie toutefois ne valait que pour la culture proprement dite, pour les hautes régions de la vie na
683 réé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e siècle européen. La littérature russe, de Lermontov et Gogol
684 que occidentale (surtout postérieure à Beethoven) qu’ au folklore musical dont se réclamait l’idéologie nationaliste de cert
685 es et n’est parvenue à exprimer l’esprit national qu’ à travers l’assimilation de la tradition occidentale moderne. La philo
686 ns Hegel, la science ne saurait faire autre chose que suivre la science occidentale, et la théologie même relève autant des
687 ions philosophiques et théologiques de l’Occident que de l’héritage théologique de la chrétienté orientale. Or, tout cela n
688 fluence inverse de la Russie sur l’Occident n’est que la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme rajeunie
689 s les lettres européennes, de noms plus européens que ceux de Dostoïevski et de Tolstoï, et l’esprit dans lequel un Tourgue
690 n France ou en Angleterre n’est pas quelque chose que l’on puisse assimiler à un simple engouement pour des formes d’art ex
691 andes créations de la culture russe, ce n’est pas qu’ elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dostoïevski :
692 ce n’est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’ elle s’y retrouve. Dostoïevski : « Nous autres Russes avons deux patr
693 et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons que l’idée russe, sera peut-être la synthèse de toutes les idées développ
694 jaune paille, airelle ou vert d’eau. Il est vrai que lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits sans nuit du
695 le ciel décoloré et où les colonnes ne sont plus que des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui vous enveloppe
696 lles aussi, le tsar s’en émut au point de statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettr
697 ; et pourtant ce causeur subversif qui n’écrivait qu’ en français naturellement (le texte publié n’était qu’une traduction)
698 n français naturellement (le texte publié n’était qu’ une traduction) n’avait nullement récusé les tendances générales de la
699 péenne — ou plutôt plus strictement occidentale — qu’ elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien
700 hercher, selon eux, dans la foi chrétienne, telle que les Russes l’avaient toujours pratiquée, dans les institutions et cou
701 institutions et coutumes du peuple paysan, ainsi que dans les vestiges historiques de la Russie ancienne. Le peuple et l’h
702 ls dépréciaient l’œuvre de Pierre Ier, n’y voyant que son aspect destructeur, ce qui leur valut les foudres du camp adverse
703 e et déclencha des polémiques qui durent encore. Qu’ on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversaires de l’Occ
704 i durent encore. Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont que des réactionn
705 s slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont que des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe, Alexandre
706 spirituelle de l’Europe occidentale. » L’Europe, qu’ il découvre pendant son exil, lui paraît être « au bord de la perditio
707 ires17. Intelligentsia, révolution, censure Qu’ est-ce que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui
708 Intelligentsia, révolution, censure Qu’est-ce que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui apparaît
709 ands écrivains et savants n’en font point partie) que son attitude d’opposition systématique à l’ensemble de la Russie offi
710 dental du mot. « Il est très important de répéter que les idées libérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y e
711 s libérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’ il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir u
712 ant du xix e siècle, Vladimir Soloviev, a pu dire que les intelligentsistes russes pratiquaient une foi basée sur ce syllog
713 aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident que cette intelligentsia va emprunter toutes les idées sans exception (We
714 , ou les rendra si religieusement intransigeantes qu’ elle aboutira à un véritable obscurantisme rationaliste (ou matérialis
715 nsure de « gauche » paraît ainsi plus totalitaire que celle de l’État. « La censure tsariste, écrit Isaiah Berlin, imposait
716 du moins n’ordonnait-elle pas aux professeurs ce qu’ ils avaient à enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor cultur
717 Théâtre d’art. On sait l’influence prépondérante que ces mouvements vont exercer en Europe aux débuts de notre siècle : le
718 ovski, deviennent des gloires occidentales autant que russes. De même que le symbolisme et Oscar Wilde ont fait fureur à Pé
719 signification et la portée », dans le même temps que l’Europe se passionne pour les premières traductions de ces œuvres (m
720 ncore et y exercèrent une influence plus profonde que dans les patries respectives des deux grands écrivains du Nord. En v
721 ssie-Europe : on l’oublie trop, quand on ne pense qu’ aux journées de 1905 ou à Raspoutine. L’exemple des éditions Sabachn
722 s de littérature mondiale » avait été si puissant qu’ on l’imita même après la révolution, comme en témoigne la série Littér
723 aient pour le moins autant aux lettres étrangères qu’ aux russes, et à la vie artistique de l’Occident qu’à celle de la Russ
724 ’aux russes, et à la vie artistique de l’Occident qu’ à celle de la Russie. Les discussions sur l’Orient et l’Occident, sur
725 rdants ou complémentaires. La connaissance intime que l’on prenait de l’Occident ne faisait, du reste, que seconder celle d
726 l’on prenait de l’Occident ne faisait, du reste, que seconder celle de la Russie. L’étude du Moyen Âge occidental éclaira
727 tat de malaise social et spirituel profond, celui que dépeignent les œuvres de Bounine, de Sologoub, de Biély et d’Alexandr
728 eants soviétiques. Ceux-ci sont payés pour savoir que leur révolution est venue de l’étranger, de l’Europe de l’Ouest, avec
729 ec Lénine. D’où les phrases violentes de Molotov, qu’ on lira plus loin, au sujet des exilés. 21. Voir là-dessus B. Zenkovs
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
730 Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant
731 cembre 1955)ae af La presse n’ayant pu donner que des résumés fragmentaires ou vagues de débats en eux-mêmes peu clairs
732 res ». Les trois ministres occidentaux soulignent que leurs gouvernements « ont toujours favorisé la libre communication de
733 et des idées, le libre-échange des personnes » et qu’ ils estiment que cela répond « au désir naturel des hommes de se conna
734 libre-échange des personnes » et qu’ils estiment que cela répond « au désir naturel des hommes de se connaître et de reche
735 viétique (31 octobre 1955) M. Molotov rappelle que le Soviet suprême de l’URSS a décidé le 5 août 1955 que « l’établisse
736 Soviet suprême de l’URSS a décidé le 5 août 1955 que « l’établissement de relations politiques, économiques et culturelles
737  » M. Molotov cite à l’appui de ces dires le fait que , du mois d’août au mois d’octobre, « vingt délégations britanniques o
738 t délégations britanniques ont visité l’URSS » et que « la semaine du film français en URSS et la visite de sportifs frança
739 rêt parmi les spectateurs soviétiques… Vous voyez que les premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beauc
740 ains États… La délégation soviétique ne peut dire qu’ une chose : elle ne peut pas accepter pour examen des propositions de
741 onsidère déplacées. Il a été dit ici (en juillet) que les dirigeants de l’Union soviétique auraient essayé d’isoler leur pe
742 de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas que l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’accordera pas à l’aveni
743 s pays du socialisme et de démocratie populaire… Que faut-il donc faire ? S’entendre sur « certaines indications essentiel
744 sur « certaines indications essentielles » telles que « les propositions déposées par la délégation soviétique, ainsi qu’un
745 ions déposées par la délégation soviétique, ainsi qu’ un nombre de points du projet de la France, de la Grande-Bretagne et d
746 entifiques, techniques, sportifs et autres, ainsi que de la radio, de l’échange des publications, etc. On pourrait refléter
747 ientifiques, films documentaires et autres, ainsi que broadcasts, selon accords bilatéraux ou multilatéraux » et l’échange
748 à celui des personnes. …Mais les seules barrières que le gouvernement soviétique juge important de supprimer sont les contr
749 gique, objet clairement exclu par nos directives… Que faire, devant une attitude qui proclame une liberté totale de commerc
750 oviétique. (16 novembre) : Je m’inquiète de ce que la délégation soviétique ne semble pas gênée par l’échec de cette con
751 ait-il pas quelque vérité dans ces mots frappants que j’entendais l’autre jour : — Ce qu’il y a de terrible, c’est que le g
752 ots frappants que j’entendais l’autre jour : — Ce qu’ il y a de terrible, c’est que le gouvernement russe craint davantage n
753 l’autre jour : — Ce qu’il y a de terrible, c’est que le gouvernement russe craint davantage notre amitié que notre hostili
754 gouvernement russe craint davantage notre amitié que notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer à jamais
755 our de l’espionnage, ni les voyages n’être permis qu’ à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu’une mauvai
756 tits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu’ une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière cett
757 mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière cette façade de xénophobie et d’insularité, il y a chez le R
758 ication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, qu’une information plus objective p
759 e d’espérer que la censure pourrait être allégée, qu’ une information plus objective pourrait être mise à la disposition des
760 la disposition des populations… La seule réponse que fait le gouvernement soviétique à nos propositions constructives et c
761 ques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’ont qu’ une faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes convain
762 le volume des échanges. Nous sommes convaincus qu’ une grande partie de la méfiance actuelle disparaîtrait, si les popula
763 étiques étaient en mesure de nous connaître, tels que nous sommes et non plus à travers les déformations de la propagande.
764 yages, pour le citoyen soviétique, ne sont pas ce qu’ on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir, mais un instrum
765 rès sur le point III (échanges) …confirme le fait que le système du bloc soviétique est fondé sur des conditions artificiel
766 rigeants soviétiques semblent effrayés par l’idée que leur système serait ébranlé si le peuple était librement informé, com
767 vembre) : Je regrette d’être obligé de constater que le nouveau projet soviétique… ne contient pratiquement rien qui puiss
768 ment semblent partiellement acceptés. Je souligne que tous ceux qui concernent le libre-échange d’idées, de nouvelles, d’in
769 e par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse qu’ aux contacts qui lui permettraient d’obtenir de précieuses information
770 ux stratégiques. Cependant, nous ne croyons pas que le processus (d’échanges) désormais en cours, même s’il doit rester l
771 ic aérien Non ae. Rougemont Denis de, «  Que s’est-il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la cultur
28 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
772 le libre-échange total des œuvres et des hommes — que l’on appelle aussi, d’une manière moins concrète, le libre-échange de
773 t en effet une liberté d’échanges de cette nature que nous nous efforçons non seulement d’établir avec les cultures différe
774 nes. Cependant, nous sommes très conscients de ce que la culture soviétique est fondée sur le principe autoritaire et unita
775 st fondée sur le principe autoritaire et unitaire que la plupart des tsars avaient affirmé (sans toujours l’appliquer sévèr
776 ctuel, pour des raisons historiques bien définies que M. Molotov vient de rappeler à Genève avec une franchise remarquable.
777 chise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence qu’ une telle culture ne saurait accepter aujourd’hui, sans se renier, le
778 e de l’Occident, c’est-à-dire à trahir la mission que l’idéologie soviétique lui attribue dans l’État. Autrement dit : si l
779 lablement leur régime. Ce paradoxe est aussi réel qu’ il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très part
780 rigeants soviétiques — et déjà refusées par eux — que présentaient récemment à Genève les ministres occidentaux. Comme par
781 s jugeons de telles demandes normales et justes : que cela soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors
782 soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’ il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiell
783 Mais nous voyons aussi qu’il est hors de question qu’ elles puissent être acceptées même partiellement par les dirigeants so
784 imaginer d’autres formules d’approche, à supposer que la chose demeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut sembler que toute
785 emeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut sembler que toute espèce de dialogue réel soit exclue par de telles données de fa
786 ent une donnée de fait. Elle nous incite à penser que , pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà) être tenté, — et p
787 ne nous paraissent point passibles des reproches que les dirigeants soviétiques, par leur porte-parole à Genève, ont adres
788 s occidentaux. II. Propositions Les projets que nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non
789 peu de mois un article23 dans lequel il annonçait qu’ en vertu de l’esprit de Genève, l’extension des liens culturels allait
790 arle de nous, écrivains soviétiques, je peux dire que nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les é
791 ques, je peux dire que nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les écrivains soient aussi étroites
792 les écrivains soient aussi étroites et efficaces que nos relations de plus en plus solides avec nos confrères (par la plum
793 mbreux pays d’Orient et d’Occident. On voit donc que cette table ronde, dans l’esprit de Cholokhov, ne devrait pas réunir
794 ni d’un côté ni de l’autre on n’ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se trouvent impliqués d’a
795 n’ait l’impression que la partie est truquée, et que les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dans la formule mêm
796 s et de leurs filiales, et ne représentant chacun qu’ eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est évident que seuls les Russes d
797 u’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est évident que seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouvernement, conf
798 rencontre, chaque partie proposerait deux sujets qu’ elle souhaiterait voir traités par l’autre partie, et deux sujets qu’e
799 t voir traités par l’autre partie, et deux sujets qu’ elle souhaiterait traiter elle-même, soit huit en tout. Après éliminat
800 péens sur l’URSS et soviétiques sur l’Europe. (Ce que chacun pense de ses portraits par l’autre. Faut-il favoriser ce genre
801 es en dehors des séances. Il n’est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à simple titre d’exemple
802 nces. Il n’est pas impossible que tous les sujets que nous venons de suggérer (à simple titre d’exemples ou d’hypothèses de
803 inopportuns par les Soviétiques, pour des raisons que nous ignorons aujourd’hui. Dans ce cas, nous souhaiterions au moins s
804 les. Ainsi le refus même des thèmes de discussion que nous suggérons amorcerait une discussion intéressante. Du côté soviét
805 pondons par avance en toute franchise. Si anodins que soient peut-être les sujets que les deux parties finiraient par accep
806 chise. Si anodins que soient peut-être les sujets que les deux parties finiraient par accepter, nous pensons qu’un tel dial
807 eux parties finiraient par accepter, nous pensons qu’ un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrait au désir e
808 es uns et les autres, rapproche mieux les esprits que n’importe quelle discussion sur les principes. Telle est la convictio
809 revues soviétiques exprimaient récemment le désir que leurs collaborateurs s’informent mieux des nouvelles méthodes sociolo
810 r des faits statistiques, auraient plus de chance que d’autres de se poursuivre indépendamment des a priori idéologiques ou
811 priori idéologiques ou politiques, — quitte à ce que chaque partie tire ensuite, des informations objectives ainsi recueil
812 es ainsi recueillies et publiées, les conclusions qu’ il lui plairait. Équipes de recherches médicales.— Une formule analog
813 de la biologie et de la psychiatrie. Il est clair que la participation, déjà acquise, de délégations de savants soviétiques
814 s de savants soviétiques aux grands congrès, tels que la conférence atomique de Genève, ne saurait remplacer le travail plu
815 ns culture scientifique : celui-ci n’en retiendra que les explications simplifiées inscrites sur des pancartes ou récitées
816 ositions. Les Soviétiques redoutent à juste titre qu’ on ne les « utilise » à des fins politiques ou artistiquement subversi
817 démocrates européens pouvons redouter, également, que la peinture inspirée par le « réalisme socialiste » n’entraîne l’adhé
818 pays, incapable d’aimer Picasso ou Paul Klee ; et que cette adhésion, à son tour, n’entraîne des conclusions politiques abs
819 écautions prises de part et d’autre pour empêcher qu’ elles ne se transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne
820 concert et à la radio. Nous proposons simplement qu’ en retour, les œuvres récentes des compositeurs occidentaux soient jou
821 européens ou américains. Nous proposons également que les commentaires des œuvres exécutées soient écrits ou prononcés par
822 n de nos ouvrages et de nos revues dans un public qu’ ils entendent contrôler et éduquer d’une manière bien définie. Mais s’
823 culturels, comment pourraient-ils s’opposer à ce que l’on montre, au moins à leur public le mieux trié, les réalisations d
824 e mieux trié, les réalisations de l’Europe ? À ce que l’on donne à ce public (si restreint qu’ils le veuillent) une idée pr
825 e ? À ce que l’on donne à ce public (si restreint qu’ ils le veuillent) une idée précise du nombre et de la qualité de nos p
826 ens se verraient obligés, du même coup, de penser que les propositions soviétiques d’échanges culturels sont vides de tout
827 auraient plus le choix. À défaut du dialogue réel que souhaitent, nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraien
828 de la pression diffuse et sans cesse croissante, qu’ exerce une partie au moins de l’intelligentsia soviétique en faveur d’
829 à pas, ne nous intéressent guère, du simple fait qu’ ils ne répondent en rien aux désirs concrets du peuple russe, ni aux n
830 l de Marx a paru légalement sous les tsars, ainsi que les livres de Gogol, Tolstoï, Gorki, etc. 23. Traduit et reproduit i
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
831 tion commune de l’énergie (Euratom). En somme, ce qu’ on « relance », c’est la méthode qui a réussi une première fois pour l
832 choué ensuite à l’occasion de la CED. La question que l’on peut se poser, c’est de savoir si la méthode elle-même est la me
833 romis entre partis traditionnels. On demande donc que la question européenne soit posée ouvertement, dans son ensemble, à t
834 éfini, dont les unions fonctionnelles ne seraient que les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère en esprit de
835 é humaine. Disons, pour simplifier excessivement, que la méthode des autorités spécialisées est surtout économique ; celle
836 t-là précisément, et non point à tout autre chose qu’ on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simult
837 qu’on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée des trois méthodes reste la seule possibilit
838 éthodes reste la seule possibilité pratique, — et que l’Histoire seule parvienne (peut-être) à les départager un jour… Ce q
839 départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est qu’ aucune de ces méthodes n’a de chances d’aboutir à la création d’une Eu
840 rit l’ambition de les servir toutes. Nous semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est
841 semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, foyer
842 ntiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’ elle rayonne à nouveau, foyer de liberté et d’invention de l’homme, da
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
843 delsen a cessé de remplir au Centre les fonctions qu’ il occupait depuis 1951. Le nouveau secrétaire général de l’Associatio
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
844 occidentale. Toutefois, nous souhaitons vivement que la réponse des gouvernements ainsi interpellés, ne décourage pas les
845 volonté disponibles en Europe. Il est trop clair qu’ elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont
846 avec des moyens scandaleusement limités. Obtenir que ces moyens soient augmentés, d’une manière massive et rapide, mais sa
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
847 . Selon lui, les peintres russes ne s’intéressent qu’ aux scènes historiques et aux scènes de genre. « Le client essentiel d
848 sme photographique rappelant les dessins précieux qu’ exécutaient jadis les vieilles dames et les célibataires sentimentaux.
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
849 Les organes juridiques, économiques et politiques que devra se donner l’Union ne sauraient fonctionner au bénéfice des pers
850 er au bénéfice des personnes, groupes et nations, que s’ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci d
851 ion culturelle, adoptée par le congrès, précisait que l’une des tâches immédiates du Centre européen de la culture — dont e
852 ordons le sujet d’une manière systématique. C’est que nous avons en vue les projets très concrets que prépare activement la
853 t que nous avons en vue les projets très concrets que prépare activement la Fondation européenne de la culture. Le numéro p
854 corps de ce numéro, et qui n’ont d’autre ambition que de présenter sous un juste éclairage l’esquisse du Projet d’Éducation
855 lus militant, quelques-uns des problèmes concrets que rencontrera toute tentative « d’éducation pour l’Europe ». L’essentie
856 ienter le lecteur. Nous avons constaté, en effet, que le grand public, même cultivé, ignore trop souvent le développement s
857 s, d’un point de vue supranational. Il en résulte que le grand public voit très mal le problème éducatif dans son ensemble
858 s sociaux et politiques. Il en vient à s’imaginer que l’École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu’elle suffit à
859 École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu’ elle suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent
860 à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) et que son
861 -cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) et que son insuffisance éducative est attestée, entre autres, par l’appariti
862 s raisons de leurs limitations volontaires, ainsi que la nature de leurs objectifs immédiats et à long terme. Puisse ce bre
863 stes de notre tentative, en tenant compte du fait qu’ elle est la première de son espèce. at. Rougemont Denis de, « À pie
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
864 elle conception spécifique, on voit tout de suite qu’ elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Fair
865 r des moyens convenables à cette fin : c’est dire que la méthode d’éducation doit être elle-même « européenne ». Précisons
866 e ; elle est remplacée par une instruction autant que possible neutre, c’est-à-dire par la communication — plus ou moins au
867 tra de mettre en question les « résultats » mêmes qu’ on lui a fait apprendre. Au lieu de croyances indiscutables et sacrées
868 nomie personnelle. Le dressage consistait dans ce que l’on pourrait appeler un conditionnement des réflexes. Il s’agissait
869 itiation, on parle d’initiative. En résumé : à ce qu’ on pourrait appeler l’in-ducation des sociétés traditionnelles, l’Euro
870 le rite. En Europe, au contraire, il est courant que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’il veut louer : « Bon trav
871 urant que le maître écrive au bas d’une rédaction qu’ il veut louer : « Bon travail, idées originales et style personnel. »
872 ition, de profession ou de croyance familiale, ce que nous appelons « les bienfaits de l’instruction » rendue publique, gra
873 stribuée à n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’impose l’âge de l’élève. Le fait que, malgré tout, certaine
874 n’importe qui, sans autres graduations que celles qu’ impose l’âge de l’élève. Le fait que, malgré tout, certaines études de
875 ns que celles qu’impose l’âge de l’élève. Le fait que , malgré tout, certaines études demeurent encore difficilement accessi
876 is à condition de ne jamais perdre de vue le fait que ces tendances contraires coexistent en Europe depuis des siècles, et
877 l’autoritaire et la libertaire — n’est peut-être qu’ un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal directeur d’une éduca
878 finalement s’exagérer jusqu’à la caricature de ce qu’ elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du respect de l’individu tr
879 ignement, au point d’y provoquer une crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à dé
880 ié par le livre et le film27. (Signe, d’ailleurs, qu’ une réaction s’amorce !) La crainte de « créer des complexes » paralys
881 ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’ il n’a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jama
882 ui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’ il n’a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement t
883 mais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’ à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent rég
884 tention. Elles ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye p
885 tion d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’ aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École est devenue leur jouet
886 devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’ un maître les empêche de jouer avec lui comme il leur plaît… L’idée gé
887 est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’ on en choisisse un plus facile, un plus « moderne »… Le caractère d’im
888 les images plus nombreuses, et l’on peut craindre qu’ à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit u
889 ns à se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’ on leur offre. Ces lignes sont extraites du livre qu’une institutrice
890 on leur offre. Ces lignes sont extraites du livre qu’ une institutrice écœurée vient de publier aux États-Unis28. Le diagnos
891 vient de publier aux États-Unis28. Le diagnostic qu’ elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de l
892 aux États-Unis28. Le diagnostic qu’elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pouss
893 . Mais précisons : si la formation intellectuelle qu’ elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en préte
894 tend éliminer tout individualisme et ne respecter que les droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécial
895 s de culture générale (studium generale), à moins qu’ on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de m
896 ninisme et de propagande du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 % à la spécia
897 fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’ est la voie européenne. Pourquoi sommes-nous choqués par les excès amé
898 specter l’individu, c’est voir en lui la personne qu’ il peut devenir s’il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’ac
899 onsables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, e
900 dividus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’e
901 savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’ à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et u
902 as vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’ un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas, pour autant, u
903 responsabilité ne peuvent être vraies et réelles qu’ ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l’autre et dans leur ex
904 es et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l’autre et dans leur existence simultanée ; et plus on veut
905 es dénature et les rend illusoires. Il en résulte que toute éducation pour la liberté manquera son but si elle n’est pas en
906 responsabilité. Ceci posé, il faut bien constater que , pratiquement, la société occidentale du xxe siècle semble offrir au
907 ècle semble offrir au jeune homme plus de liberté que d’occasions d’exercer ses responsabilités. Nous dirons donc, pour res
908 s. Nous dirons donc, pour rester dans le concret, que le problème le plus urgent de l’époque est de former des responsables
909 responsables. (Tout en gardant bien dans l’esprit que cette formation ne peut réussir que dans la mesure où elle vise en mê
910 dans l’esprit que cette formation ne peut réussir que dans la mesure où elle vise en même temps à rendre libre.) L’indiv
911 c., réside au xxe siècle dans le fait bien connu que le monde où nous vivons paraît trop vaste pour nos prises et trop com
912 s trop grandes, et au surplus trop mal connues. «  Qu’ est-ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que t
913 ndes, et au surplus trop mal connues. « Qu’est-ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal
914 eux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-Ouest, la conjoncture éco
915 ? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-Ouest, la conjoncture économique, le probl
916 rté, sa prospérité et sa vie même… Et il est vrai que toutes ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont pour lui a
917 e nom, la puissance alléguée et le danger supposé que par la presse. Elles se passent loin de lui, il ne peut les comprendr
918 obilisation — il a peine à les reconnaître telles qu’ il se les imaginait et telles que la presse les décrit. Les réalités q
919 connaître telles qu’il se les imaginait et telles que la presse les décrit. Les réalités qu’il perçoit n’ont rien de commun
920 et telles que la presse les décrit. Les réalités qu’ il perçoit n’ont rien de commun avec les grandes fictions qu’il redout
921 it n’ont rien de commun avec les grandes fictions qu’ il redoutait, ou qu’il souhaitait, sur la foi de son journal et de ses
922 mun avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou qu’ il souhaitait, sur la foi de son journal et de ses principes. Mais voi
923 oi de son journal et de ses principes. Mais voici qu’ on lui demande de voter pour un candidat inconnu, dont le parti promet
924 roite », ou d’un milieu social « qui ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famille o
925 ouveaux, qui lui échappent d’ailleurs tout autant qu’ à son électeur de hasard ou de tradition périmée. Voilà notre démocrat
926 de tradition périmée. Voilà notre démocratie. Que peut faire un citoyen ? Comment veut-on qu’un citoyen européen, da
927 Que peut faire un citoyen ? Comment veut-on qu’ un citoyen européen, dans les conditions que j’ai décrites, et qui son
928 ut-on qu’un citoyen européen, dans les conditions que j’ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme resp
929 fausse, explication démentie par les faits, tant qu’ on veut — mais du moins le militant communiste a le sentiment qu’il sa
930 is du moins le militant communiste a le sentiment qu’ il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une
931 militant communiste a le sentiment qu’il sait ce qu’ il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une éducation véri
932 a le sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et qu’ il fait quelque chose de réel. Une éducation véritable, préparant le j
933 de et comment s’est formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui le dominent, les désirs ou les rêves
934 festent ou agissent à son échelle, dans le milieu qu’ il connaît ou qu’il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut
935 nt à son échelle, dans le milieu qu’il connaît ou qu’ il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut agir ou réagir, s
936 r quels points, avec quels moyens à sa portée, ou qu’ il pourrait aider à développer. Pourquoi l’Europe ? Tant que ce
937 ider à développer. Pourquoi l’Europe ? Tant que ce travail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de pa
938 monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité qu’ à partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation pr
939 dans un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous auro
940 s reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce qu’ elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalist
941 Intégrer l’homme dans la communauté Montrer ce qu’ est le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, re
942 locales. Car celui qui aura pris conscience de ce qu’ il peut faire dans son rayon découvrira bientôt, en agissant, les lien
943 De proche en proche, il comprendra par expérience que son sort et celui de ses voisins dépendent du sort de tout l’ensemble
944 , dans le vif d’une situation locale ou régionale que l’on peut arriver à connaître en détail, l’information générale sur l
945 entreprenants : ceux qui attendaient un but digne qu’ ils s’y dévouent, et qui demain voudront l’Europe comme leur avenir.
946 de destin historique de tous les Européens. Tant que cette communauté de conscience n’aura pas été réveillée et informée,
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
947 est bon de se retourner vers les mois de travail qu’ on vient de vivre. Ce n’est pas encore l’heure des bilans, mais celle
948 de couverture, au dos. Mais un programme ne vaut que ce qu’on en fait. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que
949 verture, au dos. Mais un programme ne vaut que ce qu’ on en fait. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on
950 . Mais un programme ne vaut que ce qu’on en fait. Qu’ a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on réellement au
951 t. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on réellement au Centre ? De janvier au milieu de juin, dix-neuf
952 là qui ne semble pas une tâche surhumaine, encore qu’ on se rende mal compte, en général, du volume de correspondance et de
953 lume de correspondance et de démarches préalables que suppose un tel résultat. Mais poursuivre en même temps la préparation
954 s pratiques. Ensuite, il faut chercher les hommes que tel ou tel problème devrait intéresser, les persuader de venir — et q
955 nvisible et souvent décisive de l’action. Quelles qu’ en soient les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend
956 soient les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’ on nous attend. Car ainsi qu’aimait à le dire un grand chef d’industri
957 aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ainsi qu’ aimait à le dire un grand chef d’industrie français, ce n’est pas au p
958 d’industrie français, ce n’est pas au pied du mur qu’ on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouvons certes, dès mainten
959 sation d’un dialogue Europe-Inde — pour ne parler que de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la li
960 ont été conduits tout près de la ligne de départ… Que les résultats obtenus puissent sembler minces encore au regard des pl
961 lans en cours, rien n’est plus naturel et banal ; qu’ ils soient satisfaisants, d’une manière relative, au regard des moyens
962 pensons peut-être pour la première fois. Mais ce qu’ il n’est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches a
963 t-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’est qu’ honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumées par
964 ce qu’il n’est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumées par le Centre — « réveiller la conscien
965 européenne » et l’informer — vaut infiniment plus que tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sau
966 et l’informer — vaut infiniment plus que tout ce qu’ on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sauvée par des
967 plus, au problème de l’éducation. C’est vers lui que s’oriente notre effort principal, et que convergent tout naturellemen
968 vers lui que s’oriente notre effort principal, et que convergent tout naturellement l’ensemble assez varié de nos activités
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
969 européenne des guildes et clubs du livre. Encore qu’ il dise tout l’essentiel dans le peu d’espace réservé aux nouvelles de
970 a Communauté. On pouvait espérer, à cette époque, que la perspective de se voir publié en plusieurs langues par des associa
971 romans ou de récits souvent moins valables en soi que par rapport à tel prix spécialisé, ou telle « politique » à la mode.
972 manuscrits inédits court le risque de ne recevoir que des œuvres de second ordre — ou déjà refusées par de nombreuses maiso
973 besoin d’être révélés par le Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’orienter vers une solution analogue à celle
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
974 , La nation frein (juin-juillet 1956)az Autant qu’ un essai sur la France, décrite comme la patrie du conservatisme — « r
975 se — ce petit livre incisif traduit le grand défi que nous adresse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’est pas la
976 i du monde musulman seront surmontés ou non selon que nous deviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’être les cont
977 it « la berceuse conservatrice ». Elle ne se fera que par une mutation profonde et brusque des esprits, car « l’obstacle es
978 préféreront bientôt ceux qui oseront leur dire «  que l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’agit pas d’une violence ph
979 ar les formules paradoxales, il est plus agressif qu’ il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui),
980 ue le continent. C’est pour un marché continental que le mineur extrait le charbon, que le paysan moissonne son blé. Ils s’
981 ché continental que le mineur extrait le charbon, que le paysan moissonne son blé. Ils s’en moquent, soit. Chacun d’eux veu
982 soit. Mais il faudra bien qu’ils sachent un jour que leur modeste revendication personnelle ne peut être satisfaite que da
983 revendication personnelle ne peut être satisfaite que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils n’en demandent pas t
984 traverser l’océan parce qu’il en coûte moins cher que de traverser la frontière voisine. Ou encore ceci : Aux Européens e
985 de transformer les choses, y compris cette chose qu’ est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créa
986 r l’égoïsme atavique. Et l’on tremble à la pensée qu’ une telle décision puisse être l’enjeu d’une partie de « relance » jou
987 ilisations antiques, et nos nations n’auront plus qu’ à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az. Rougemo
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
988 t en suppléant à l’éducation générale ou pratique que l’école ne peut plus donner. L’extrême diversité des techniques et d
989 de tous les organismes poserait plus de problèmes qu’ elle n’en résoudrait. Mais leur offrir des services communs et une ins
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
990 ar là même des bénéfices beaucoup plus importants que le montant nominal du prix (fr. suisses 10 000). Pour réaliser ce pro
991 sis à leur intention, moins chers et mieux édités que ceux qu’ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien
992 r intention, moins chers et mieux édités que ceux qu’ ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien des rais
993 qu’ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que , pour bien des raisons, ils n’allaient pas y chercher. (Par exemple :
994 n savoir quel ouvrage choisir dans une production qu’ on connaît mal, voilà qui intimide des centaines de milliers de lecteu
995 l Marcel (France), Ignazio Silone (Italie), ainsi que Hans Oprecht (Communauté des guildes) et Denis de Rougemont (CEC). b
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
996 le génie occidental, et sur les raisons d’espérer que nous donnent chaque jour tant de savants, d’artistes, d’éducateurs, d
997 re évolution. Un des reproches les plus fréquents que l’on adresse amicalement au Centre, c’est de ne pas faire suffisammen
998 rront être appréciés à leur juste valeur relative que si l’on connaît mieux l’état des problèmes dans notre civilisation, e
999 nes tiendront donc autant de place, ou davantage, que les nouvelles du CEC lui-même. Un groupe de correspondants (par pays
1000 vont se révéler aussi sérieuses et passionnantes que ne le furent jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se d
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
1001 d’entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’ est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une
1002 et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une seule bro
1003 satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’ il voudrait : toutes les réponses en quelques pages. Quelque chose qui
1004 pas lus, les pamphlets ne convainquent personne. Que peut-on faire ? Nous avons essayé de répondre par la copieuse brochur
1005 avons essayé de répondre par la copieuse brochure que l’on va lire. ⁂ Voici le fil conducteur de nos neuf brefs chapitres.
1006 crise de l’unité rend donc impérative cette union qu’ on vient de voir possible. Sa nécessité est inscrite dans les faits. I
1007 nécessité est inscrite dans les faits. Il s’agit qu’ elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chapitres co
1008 e suite. Nous le devons à notre idéal tout autant qu’ à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le d
42 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
1009 des partisans de l’union. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre
1010 s nôtres au Moyen-Orient. Chacun voit aujourd’hui que nous devons faire l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n
1011 pe parce que la souveraineté de ses nations n’est qu’ un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être recou
1012 souveraineté de ses nations n’est qu’un mythe et que , dès lors, l’indépendance du continent doit être recouvrée au niveau
1013 jeu des forces mondiales. Chacun voit aujourd’hui qu’ il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et p
1014 seul dictateur d’un petit pays « sous-développé » que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hô
1015 us-développé » que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de cho
1016 res tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses très élémentaire et salu
1017 ur beaucoup d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité,
1018 tique. L’atmosphère a changé Il est certain que la cause européenne a fait d’immenses progrès au cours des derniers m
1019  Congrès du peuple européen ». La presse découvre que le sort de l’Europe est un sujet d’actualité. Des magazines à grand t
1020 té. Des magazines à grand tirage, en France, tels que Match et Réalités, publient des appels à l’union qui ont l’éloquence
1021 réparent, avec prudence, à l’idée révolutionnaire qu’ il n’y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grand
1022 plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-Bretagne est une partie de l’Europe. Adenauer proclame que
1023 gne est une partie de l’Europe. Adenauer proclame que l’Europe fédérée a cessé d’être une utopie, et qu’il s’agit maintenan
1024 ue l’Europe fédérée a cessé d’être une utopie, et qu’ il s’agit maintenant d’élire une assemblée constituante européenne. Le
1025 recul. Et l’idée d’un parti européen prend corps. Que manque-t-il donc encore pour que l’Europe se fasse ? Pour qu’on cesse
1026 ’union par ceux qui n’ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de Budapest On ne pourra faire l’E
1027 ter d’un pouvoir politique et d’un marché commun, que si l’on surmonte les obstacles qui s’opposent à l’union immédiate, et
1028 . Il faut donc persuader nos élites et nos masses que l’Europe reste la patrie des libertés fondamentales de l’homme modern
1029 me moderne, et le foyer vivant d’une civilisation que le monde entier lui jalouse : on l’attaque, on la dit décadente, mort
1030 e selon Karl Marx !31) Budapest a montré au monde que l’Europe divisée reste impuissante, mais aussi que l’idéal européen r
1031 ue l’Europe divisée reste impuissante, mais aussi que l’idéal européen reste plus fort et plus vivant au cœur des hommes qu
1032 reste plus fort et plus vivant au cœur des hommes que toutes les doctrines qu’on lui oppose, même appuyées par les moyens d
1033 ivant au cœur des hommes que toutes les doctrines qu’ on lui oppose, même appuyées par les moyens de persuasion les plus ins
1034 yens de persuasion les plus insidieux ou brutaux. Qu’ il faille faire l’Europe est maintenant évident. Mais que l’on puisse
1035 aille faire l’Europe est maintenant évident. Mais que l’on puisse la faire, c’est-à-dire qu’on la veuille, dépendra d’un im
1036 dent. Mais que l’on puisse la faire, c’est-à-dire qu’ on la veuille, dépendra d’un immense effort d’information, d’éducation
1037 t dire, d’hygiène civique. Notre tâche Plus que jamais résister à l’esprit de démission, d’autodénigrement morbide, q
1038 ns à représenter la « fatalité historique ». Plus que jamais affirmer la mission de l’Europe, l’universalité de son message
1039 e l’Europe, l’universalité de son message32. Plus que jamais informer l’opinion, former des cadres responsables, éduquer la
1040 l européen de l’édition. C’est dans le même cadre que prennent place nos deux séminaires de recherches sur le Marché commun
1041 les destins chancelants de la communauté humaine qu’ on nomme Europe. 31. Voir l’Ode à l’Europe, ci-après. 32. On lira
1042 pe, ci-après. 32. On lira plus loin le bel essai que nous donne sur ce grand sujet Stephen Spender. bh. Rougemont Denis
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
1043 l’Europe de demain (avril 1957)bi Chacun sait que les victoires anglaises sont nées sur le gazon d’Eton. Par un raccour
1044 ar un raccourci analogue, ne pourrait-on pas dire que ces deux grandes défaites européennes : la Première et la Seconde Gue
1045 cause principale de ces conflits. Or il est clair que le nationalisme fomenté par les campagnes napoléoniennes, mis en doct
1046 ne pouvait être véritablement inculqué aux masses que par les manuels de l’école primaire. Ceux-ci, en effet, ne contribuen
1047 vérités évidentes » dont il est loin de se douter qu’ elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et s
1048 er qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’ elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nation dans laquelle
1049 t apporteront d’abord des études générales sur ce qu’ il faut faire, puis une série d’informations sur ce qui se fait déjà.
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
1050 alement et physiquement intacte, et plus prospère que tous ses voisins. Sa neutralité l’a sauvée. De nombreuses institution
1051 u à l’influence de la Russie soviétique. C’est ce qu’ on appelle le « rideau de fer ». D’autre part, les barrières douanière
1052 développée pendant la guerre, ne peut se soutenir qu’ avec l’aide de subventions de l’État. Ainsi la Suisse conserve une sit
1053 ès de 430 millions d’habitants, c’est-à-dire plus que les États-Unis (165 millions) et l’URSS (210 millions) additionnés. E
1054 ents atomiques et de la technique en plein essor, qu’ aucun de nos pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun
1055 pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’ aucun ne peut plus vivre de ses seules ressources. La solidarité des n
1056 mé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est qu’ un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États qui l
1057 ur souveraineté. Le Conseil est donc aussi faible que l’était la Diète helvétique avant 1848. Désirant une union économique
1058 te au total 165 millions d’habitants, donc autant que les États-Unis.) Les territoires de l’Afrique dépendant de la France
1059 pant tous les États européens, de la même manière que la Confédération helvétique a groupé en 1848 tous les cantons suisses
1060 t avec les organisations européennes. C’est ainsi que la Suisse adhère déjà à l’OECE, passe des accords avec le CECA et le
1061 manuels d’enseignement de ce canton. C’est ainsi que l’année dernière a paru un livre de lecture qui contient de fort bell
1062 d’histoire se rapportant à l’Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous le
1063 nons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous les autres chapitres du manuel dont il forme la conclusion. »
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
1064 dates limites, etc.), on se réjouira de constater que ce résultat est largement supérieur à la moyenne obtenue par des enqu
1065 t donc un franc succès ; elle montre à l’évidence que les problèmes posés par l’existence des festivals tiennent une place
1066 ra l’amateur qui se contente bien de son plaisir. Qu’ il songe pendant quelques instants à la nouveauté même des festivals,
1067 ois plus écoutent de la musique, et je ne dis pas que tous l’entendent, mais il n’y a pas seulement les millions d’auditeur
1068 siècle par exemple, elle ne pouvait guère figurer qu’ au chapitre de dépenses somptuaires de quelque cours, elle figure aujo
1069 es et d’individus. Bref, ce qui n’était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces divers processu
1070 rang d’industrie. Ces divers processus ne peuvent que s’accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation que c
1071 ns l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation que certains nomment déjà la seconde révolution industrielle, et qui prom
1072 de vue des programmes et de l’éducation du public qu’ à celui des aspects économiques. Deux de ces options se trouvaient mis
1073 tendre à une approbation unanime de la définition qu’ ils proposaient comme « idéale et normative ». C’est pourtant, à quelq
1074 des festivals. Sur le premier point, l’on ne peut que donner raison aux remarques de Lord Harewood, ou de critiques tels qu
1075 remarques de Lord Harewood, ou de critiques tels que MM. Stuckenschmidt, Porter, Rostand et Vuillermoz, ou de compositeurs
1076 r, Rostand et Vuillermoz, ou de compositeurs tels que Boris Blacher, Vagn Holmboe et Frank Martin. « Bartók cause autant de
1077 in. « Bartók cause autant de plaisir à Copenhague qu’ à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner
1078 nche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « i
1079 lzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconiens », mai
1080 dispose au frisson wagnérien. Il est bien naturel que les exemples de Salzbourg, de Bayreuth, d’Aix-en-Provence, de Grenade
1081 le. Mais le cadre et l’ambiance, pour nécessaires qu’ ils soient, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que l
1082 peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que le paysage, ou l’esprit d’une cité, ou les traditions régionales ? En
1083 n fait, elles sont juxtaposées dans la définition que nous proposions, et celle-ci n’aurait besoin que de légères retouches
1084 que nous proposions, et celle-ci n’aurait besoin que de légères retouches pour mieux indiquer qu’il existe deux formules é
1085 soin que de légères retouches pour mieux indiquer qu’ il existe deux formules également acceptables. Il paraît plus malaisé
1086 de l’élément touristique propre à tout festival, qu’ il se dise d’ailleurs international ou régional. L’insistance sur la q
1087 grammes ne dit-elle pas d’une manière positive ce qu’ une telle mise en garde aurait pour but de signaler ? Sans compter que
1088 garde aurait pour but de signaler ? Sans compter que le tourisme ne représente pas seulement un danger de commercialisatio
1089 ion d’existence matérielle pour les festivals, et qu’ il peut être envisagé, comme l’a fait Enrique Franco, sous l’angle d’u
1090 res de notre Association de formuler les critères qu’ ils s’efforcent tous d’observer, chacun pour son compte, et qu’ils vou
1091 rcent tous d’observer, chacun pour son compte, et qu’ ils voudraient défendre et maintenir en commun. D’autre part, devant l
1092 rovoquer les réactions animées et contradictoires qu’ on vient de lire. Quelles conclusions pouvons-nous en tirer ? Seize vo
1093 ’agit-il plutôt de doutes et de craintes motivées que d’opposition de principe, sauf dans le cas d’un compositeur comme Bri
1094 Schramm) — cela permet tout au plus de constater que la question est désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde.
1095 constater que la question est désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidem
1096 d’interdictions de label, même bien fondées. Mais que ce jury voie le jour ou non, le seul fait de l’envisager et de le dis
1097 ter peut avoir une action. Le seul fait de penser qu’ il pourrait exister peut provoquer chez certains une inquiétude saluta
1098 e, chez d’autres une confiance en soi renforcée : qu’ ils viennent juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu que l’asso
1099 enforcée : qu’ils viennent juger, on verra bien ! Qu’ il soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas positi
1100 nt juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas position sur la question, et n
1101 peu jeune, etc. L’Association n’est rien de plus qu’ un club. Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être o
1102 rien de plus qu’un club. Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé à la fois ; car autrem
1103 est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’ elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse,
1104 tre la musique et l’Europe, il résulte d’une part que s’occuper de l’Europe et spécialement de sa culture, suppose que l’on
1105 e l’Europe et spécialement de sa culture, suppose que l’on s’occupe de la musique ; et d’autre part, que la musique est l’e
1106 ue l’on s’occupe de la musique ; et d’autre part, que la musique est l’expression la plus profonde et spécifique du génie p
1107 politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondam
1108 n de le répéter ? Saisir ensemble ces deux termes que la logique oppose, est un mouvement, un geste de l’esprit, caractéris
1109 son autonomie locale. C’est en somme le problème que posait, dans le domaine propre aux festivals, le troisième paragraphe
1110 otre questionnaire. Et il est typique de l’Europe que personne n’ait cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux
1111 le nettement spécialisé, ne perdent jamais de vue que , ce faisant, ils participent à un ensemble, ils donnent leur note dan
1112 la grande majorité de nos correspondants suggère qu’ elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes l
1113 ne fois pour toutes. Mais cela montre en tout cas que le double souci de spécifier les programmes sans renoncer aux échange
1114 nne digne du nom. Ceci dit, les trois suggestions qu’ apportent Ingmar Bengtsson, H. Burger et Enrique Franco (voir p. 36 et
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
1115 opos] (décembre 1957)bm C’est au début de 1958 que doit entrer en vigueur le traité instituant une Communauté économique
1116 née sous le nom de Marché commun des Six. L’étude que nous présentons aujourd’hui vient donc très exactement à son heure. E
1117 ommun et de l’Euratom (par questions et réponses) que le CEC a fait paraître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait à un
1118 on succincte du contenu des traités et des étapes qu’ ils prévoient dans la marche vers l’union. L’étude de M. Raymond Racin
1119 commun dans la vie économique de nos pays, ainsi que les répercussions possibles du traité sur les institutions, les forme
1120 de propagande, cet essai vise à situer l’aventure qu’ est encore le Marché commun, dans la perspective générale d’une politi
1121 proposait de répondre à la question suivante : «  Que se passerait-il si les frontières économiques étaient supprimées dans
1122 ière tentative de réponse réfléchie aux questions que se pose désormais le grand public européen, subitement confronté avec
47 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
1123 Le Centre européen de la culture : ce qu’ il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)bn Origines I
1124 parfois de leurs conseils. Ne manquaient en somme que les fonds, le siège, les hommes et l’expérience. Il n’y avait pas d’e
1125 irer. Ce beau rêve d’une Académie platonicienne — que tant d’autres ont fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais d
1126 le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître que certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises ailleurs si le
1127 arties du premier coup : mais on sait aujourd’hui que cela peut arriver dans les meilleures familles de l’Occident. Certain
1128 doit se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’ en est-il ? Une constatation de fait s’impose : au travers des années
1129 re ses activités passées et présentes avec celles qu’ avaient prévues le congrès de La Haye puis la conférence de Lausanne,
1130 mité des buts et des réalisations, si incomplètes que soient encore plusieurs d’entre elles, mais la séance continue. Re
1131 hé commun des Six. Certes, le Marché commun n’est qu’ un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que six
1132 de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ d’action la Gran
1133 herches coordonnées s’impose à beaucoup d’esprits qu’ elle laissait naguère sceptiques. Comment le CEC envisage-t-il de fair
1134 ilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient désormais requérir la priorité.  
1135 atives « européennes » dans le domaine très vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à désigner (sinon à définir !), n
1136 ante proclament leur volonté de concentrer autant que possible leurs services et leurs assemblées, un effort parallèle doit
1137 atoire, tant pour les sciences (économie incluse) que pour les idées politiques, sociales, morales et philosophiques. Elle
1138 nte par les capitaux réunis : au regard de l’aide qu’ apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’U
1139 ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et le secteur pr
1140 secteur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culture
1141 des savants disponibles et compétents. C’est dire que le moment est venu de former un Conseil des recherches européennes, r
1142 idées qui avaient présidé à la création du CEC et qu’ il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles
1143 oyen-Orient appellent des études et des solutions qu’ aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à l
1144 sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres cultures ou civili
1145 nécessaire avec les autres traditions de culture, que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocatio
1146 amples entreprises. Et c’est bien dans cette vue qu’ il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est a
1147 vue qu’il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’ il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain.
1148 nt, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’ il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 34. Sur les 23
1149 ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’ il pourra faire demain. 34. Sur les 23 résolutions de la conférence
1150 Denis de, « Le Centre européen de la culture : ce qu’ il fait — d’où il vient — où il va », Bulletin du Centre européen de l
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
1151 vues méthodiquement dans des milieux aussi variés que possible : tant sociaux et nationaux que professionnels. Elles doiven
1152 i variés que possible : tant sociaux et nationaux que professionnels. Elles doivent servir de tests et de mises au point co
1153 se seront révélées les plus efficaces. C’est dire que les échecs possibles ici ou là ne seront guère moins instructifs que
1154 ibles ici ou là ne seront guère moins instructifs que les succès. Un volume à paraître en automne 1959 rassemblera les mono
1155 rs Sur les expériences en cours, on comprendra qu’ il ne soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une sér
1156 pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’ une série de brèves indications portant sur les implantations, les mil
1157 Fribourg (Suisse) Objectif : mesurer l’action que les maîtres (primaires et secondaires) peuvent exercer sur des élèves
1158 tégration européenne, sur les problèmes éducatifs que pose cette intégration et sur certaines techniques particulières (jum
1159 uis jusqu’ici sont ceux de Fribourg, qui montrent qu’ une expérience réussie se prête aussitôt à une répétition généralisée
1160 acité des autres expériences ne pourra être jugée qu’ en 1959, au moment de rédiger le rapport final. D’ores et déjà, pourta
1161 inal. D’ores et déjà, pourtant, il faut souligner que notre programme se déroule conformément aux plans du Comité d’éducate
1162 i, professeur à l’Université de Messine ; — ainsi qu’ à titre occasionnel : MM. Frank Milligan, National Federation of Commu
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
1163 n pour les premières années. Elle décida en outre que le secrétariat du pool — lequel prit le nom d’Editeuropa — serait ass
1164 ir de se joindre au pool. On peut donc s’attendre que la collection paraisse simultanément en huit langues, dès la fin de 1
1165 urs au CEC sur l’automation et les loisirs, ainsi que des travaux sur l’enseignement de l’histoire et sur le vocabulaire de
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
1166 spéciaux consacrés à un thème unique. C’est ainsi qu’ en 1957 ont paru : L’Europe s’inscrit dans les faits (en français, al
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
1167 et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants a pu surimposer à ses données physiques pou
1168 rgie insoupçonnée. L’Europe est donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (éten
1169 uits se multiplient en progression géométrique et que nous symboliserons par c2 . Nous retrouvons ici une équation célèbre 
1170 us retrouvons ici une équation célèbre : E = mc2, que nous prendrons la liberté de lire comme suit : Europe = cap de l’Asi
1171 à l’échelle de l’Europe. Depuis bientôt dix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses p
1172 ix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses preuves, car il faut une génération pour vér
1173 aits » mais bien dans les esprits : c’est donc là qu’ il s’agit de les surmonter d’abord. Former des Européens Pour fo
1174 fférence personnelle : et c’est en cela seulement que nous nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser e
1175 s leur branche, et qui, par suite, auront compris que les solutions aux problèmes qu’ils se posent impliquent un cadre supr
1176 e, auront compris que les solutions aux problèmes qu’ ils se posent impliquent un cadre supranational : ce ne peut être util
1177 n cadre supranational : ce ne peut être utilement que celui de l’Europe, communauté de culture et de signification. Parfois
1178 Ruhr-Lorraine coupé par le milieu, sous prétexte qu’ à la surface, on parle français d’un côté, allemand de l’autre.) Ensui
1179 les mais humaines, et ne prennent leur plein sens qu’ à l’échelle de l’Europe, unité de civilisation. D’où le succès, typiqu
1180 c leur rappeler — ils le voient bien d’ailleurs — que nos États-nations sont trop petits et trop grands à la fois, étant in
1181 , là où le jeune homme peut commencer d’agir ; et que l’Europe seule, si toutefois elle s’unit, offrirait un domaine à la m
1182 end essentiellement des possibilités de promotion que la fédération saura ménager, de l’attention spéciale qu’elle portera
1183 fédération saura ménager, de l’attention spéciale qu’ elle portera aux meilleurs, des hiérarchies vivantes qu’elle se donner
1184 e portera aux meilleurs, des hiérarchies vivantes qu’ elle se donnera. Seuls jusqu’ici, les communistes ont pris ce problème
1185 s ont pris ce problème au sérieux, avec le succès que l’on sait. Dans les deux cas — coopération de compétences éprouvées e
1186 on de nouveaux responsables — on pourra constater que les exigences techniques et les perspectives de développement intelle
1187 ellement l’impératif européen. Encore faudra-t-il que les initiateurs de rencontres et les animateurs d’entreprises éducati
1188 endra lieu. Bien entendu, il s’agit d’autre chose que de multiplier les comptes rendus de congrès et les communiqués sur la
1189 ts la nécessité de notre union. Rien de plus vain que de répéter : « Unissons-nous ! Unissons-nous ! » — tant que nos conte
1190 éter : « Unissons-nous ! Unissons-nous ! » — tant que nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de milita
1191 mises au point objectives et bien documentées. Ce qu’ il faut absolument faire voir au plus grand nombre possible d’Européen
1192 e à n’importe quel niveau de notre société, c’est que la nécessité d’unir l’Europe n’est pas simple affaire d’opinion — fav
1193 préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais qu’ elle se trouve dictée par la conjoncture mondiale et par toute l’évolu
1194 dance. Ceci posé, les principaux groupes de faits qu’ une information européenne méthodique se doit de rappeler constamment
1195 urope, si elle s’unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois l
1196 vilisation et le mode de vie des Européens quelle que soit leur nation présente, par contraste avec les modes de vie, de pe
1197 s, chez les médecins et les pharmaciens… À mesure que s’élargit la base de ces initiatives culturelles (au sens le plus lar
1198 e constituer un Conseil européen de la Recherche, que nous avons émise ici même et dans d’autres revues dès le début de cet
1199 tel Conseil serait le couronnement de la méthode que nous exposons — et pratiquons. Allons-nous perdre nos meilleurs at
1200 us perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n
1201 r les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain que la bataille de la CED a été perdue dans les manuels d’histoire nation
1202 sont dans les esprits (non les faits) et c’est là qu’ il faut les combattre en premier lieu. En revanche, les meilleurs atou
1203 anche, les meilleurs atouts de l’Europe sont ceux que lui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les détenteurs
1204 ui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les détenteurs actuels des moyens matériels de puissance aient pris a
1205 e culturelle sans définir la nature des obstacles qu’ elle rencontre, et parfois suscite, dans notre société occidentale. No
1206 ite, dans notre société occidentale. Nous pensons que les vraies chances de l’Europe sont dans la liberté, non dans la forc
1207 un tiers au moins du genre humain ; elle prétend que la force des choses (et non l’esprit) régit les affaires humaines. Le
1208 s eux-mêmes de cette doctrine montrent d’ailleurs qu’ ils n’y croient pas absolument, puisqu’ils inculquent par la force le
1209 a pour enjeu principal les esprits. Il en résulte que l’éducation et la culture, forces principales de l’Europe sont scanda
1210 s être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant qu’ ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autan
1211 ion de la liberté autant d’efforts et de capitaux que les totalitaires en consacrent à enseigner les principes de la tyrann
1212 , c’est leur culture tout entière. Mais on dirait que la culture paraît à certains si respectable qu’ils n’oseraient jamais
1213 t que la culture paraît à certains si respectable qu’ ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes n’ont pas ces scrupules-là
1214 es Russes n’ont pas ces scrupules-là, ils font ce qu’ il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à pe
1215 ons pas à persuader le capital privé et les États que le salut de l’Europe (et de leurs propres affaires) exige une aide pu
1216 écise, de convaincre les détenteurs de ces moyens que leurs investissements dans le domaine culturel ne doivent plus être i
1217 réaliste de la situation planétaire, des dangers que nous courons tous ensemble en Europe, mais aussi des promesses qu’imp
1218 tous ensemble en Europe, mais aussi des promesses qu’ implique l’union future, — cette vision claire et réaliste contribuant
1219 moyens requis, ou les créeront. 38. Rappelons que la plupart de nos États réservent 1/1000e de leur budget à la culture
1220 réservent 1/1000e de leur budget à la culture et que les capitalistes libéraux s’en remettent généralement aux États sur c
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
1221 Un essai de synthèse (mai 1958)bt Les méthodes que l’on vient d’exposerbu sont difficilement comparables ; elles se meuv
1222 ute action commune, tandis qu’une quatrième pense qu’ une technique adroite, modifiant l’administration des choses, réduira
1223 ation quelques conclusions de bon sens. Dangers que présente chaque méthode en soi Institutionnelle. Faire confiance
1224 à la vertu fédérative des « solidarités de fait » que l’on peut instituer à l’aide des moyens existants — industriels, tech
1225 es fins aux moyens, et de ne convertir à l’Europe que les techniciens au sens large, non les masses. Fédéraliste réformist
1226 mmun les risques des quatre méthodes, on découvre qu’ ils se ramènent à une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si
1227 inalité, paraissent en fait aussi contradictoires que la vie et les raisons de vivre. Bien réussir s’oppose à réussir à tem
1228 ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que feront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’Est ? 3. La reven
1229 quinze ans pour convaincre le « peuple européen » qu’ il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pa
1230 ple européen » qu’il est un peuple, et au surplus qu’ il est perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude
1231 donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun que toutes ensemble. Approuver les quatre méthodes simultanément peut par
1232 te toutefois cette position, on voudra m’accorder que c’est en tant que philosophe et praticien de l’attitude fédéraliste39
1233 er des exigences valablement antagonistes, telles que la centralisation et l’autonomie, le plan d’État et les revendication
1234 ires, unitaires et séparatistes jugeront toujours que l’attitude fédéraliste est un compromis impensable. Mais notons que l
1235 éraliste est un compromis impensable. Mais notons que leurs « succès » alternés n’ont provoqué que de mémorables catastroph
1236 tons que leurs « succès » alternés n’ont provoqué que de mémorables catastrophes. Au surplus, les uns et les autres retarde
1237 s de pensée Entre une méthode institutionnelle que le grand patronat redoute comme dirigiste et socialiste, tandis que l
1238 es réactionnaires ; une méthode constitutionnelle que certains fédéralistes accusent d’antidémocratisme, alors qu’elle dema
1239 ses et favoriser la créations d’élites, — on voit que les catégories de gauche et de droite ne jouent plus aucun rôle recon
1240 eule voie praticable pour l’époque. C’est la voie que nous indiquent depuis près d’un demi-siècle les sciences physiques et
1241 ellement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’ à droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas invent
1242 e pourtant la situation du siècle, tant militaire que politique. Or la bombe H est née d’une méthode de pensée et de calcul
1243 pe » et aux exclusives formelles du xixe siècle, que Marx fut le premier à dépasser par son application de la dialectique
1244 s que Kierkegaard, puis Nietzsche, redécouvraient que les réalités religieuses et philosophiques n’existent pas hors des co
1245 s tendus par la politique officielle de nos États que la moyenne des adhérents de bonne volonté des autres mouvements. Quan
1246 e politique nouvelle depuis Marx ; et l’on espère que les mouvements qui s’en réclament sauront l’approfondir et l’illustre
1247 approfondir et l’illustrer avec autant de passion qu’ ils mettent aujourd’hui à déplorer les « déviations » ou les « excès »
1248 est entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu que nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les instituti
1249 cteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire que leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins à
1250 es faits » ; ils le sont beaucoup moins à ajouter que « les autres méthodes n’existent que dans les esprits », car la CECA
1251 ns à ajouter que « les autres méthodes n’existent que dans les esprits », car la CECA n’aurait sans doute pas vu le jour, e
1252 res sans la préparation des esprits — justement — que les fédéralistes (en ce temps unanimes) et les économistes de la LECE
1253 ure groups qui se réclament des diverses méthodes qu’ on vient de décrire. Résumons encore ce schéma : 1. Tous veulent une A
1254 mblée élue au suffrage universel. 2. Tous veulent que cette Assemblée élabore le statut politique ou la Constitution de l’E
1255 tion de l’Europe fédérée. On pourrait donc penser que tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire a
1256 r certains ne veulent élire au suffrage universel que l’Assemblée des trois Communautés (CECA, CEE, Euratom), actuellement
1257 ifférents qui se multiplient autour de nous, tels que la libération des pays de l’Est, la transition du régime colonial à l
1258 nt. C’est à ce résultat prochain, seul suffisant, que doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, —
1259 eul suffisant, que doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, — et les mouvements fédéralistes. La
1260 lle ne deviendra fatale — au double sens du mot — que s’ils ne parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble
1261 nion politique domine tout. Or c’est là justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de
1262 là justement que nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce.
1263 . C’est dans cette perspective d’urgence mondiale que les fédéralistes ont maintenant le devoir de se placer. Alors leurs d
1264 comme beaucoup le croient encore — dès l’instant qu’ on verra qu’elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès d
1265 oup le croient encore — dès l’instant qu’on verra qu’ elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès de Montreux,
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
1266 tudes sont exposés dans l’allocution de bienvenue que prononça au début des travaux le directeur du CEC, et dont nous repro
1267 t 5 observateurs. Vous voici vingt au rendez-vous que nous vous donnions il y a trois semaines à peine, et je vous remercie
1268 nes à peine, et je vous remercie de montrer ainsi que vous avez compris l’importance que peut avoir cette réunion, dans le
1269 montrer ainsi que vous avez compris l’importance que peut avoir cette réunion, dans le contexte de la construction europée
1270 certaine quant à son issue, qui ne dépend de vous qu’ en partie, mais cette partie vous intéresse au premier chef et justifi
1271 s ce qui la définit ; ce serait faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse pas nécessairement. Et
1272 té européenne. Nous avons appris un peu plus tard que la commission désignée pour rapporter sur cet objet devait remettre s
1273 ns encore le contenu de ce rapport, et les suites que les ministres ont pu lui donner. Il n’est donc pas question de se pro
1274 ur définir, en tout état de cause, vos positions, qu’ elles se révèlent conformes ou non aux décisions qui pourront être pri
1275 x décisions qui pourront être prises ailleurs, et qu’ il vous appartient d’influencer, si toutefois vous parlez à temps. Deu
1276 à l’Association des universitaires d’Europe ainsi qu’ à quelques observateurs de s’y joindre — d’informer de ce projet les C
1277 ébut de juillet un groupe d’études plus restreint que prévu, mais capable de se prononcer en temps utile sur les questions
1278 auteurs des rapports, qui ont tenu des promesses qu’ ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’était pas le cas.
1279 ses qu’ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attentio
1280 n sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé qu’ à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit
1281 ieux. En fait, il s’agit aujourd’hui de savoir ce que vous, représentants des Instituts universitaires d’études européennes
1282 uhaitez d’une Université européenne. Et il s’agit que vous vous prononciez sur ce sujet en toute indépendance et objectivit
1283 ituts et de vos chaires, si justifiés soient-ils, qu’ au nom de votre expérience acquise et de votre foi dans l’union de l’E
1284 acquise et de votre foi dans l’union de l’Europe. Que représente le groupe ici réuni ? Vous avez devant vous la liste de se
1285 de ses membres et leurs titres. Elle dit assez ce que les instances européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
1286 dans ces mêmes disciplines, poussée au-delà de ce que peuvent donner les écoles supérieures existantes en Europe. La questi
1287 ersité européenne, idée qui ne cesse d’être vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup.   2. Éliminons d’abord
1288 ère qui serait plus spécifiquement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’agit pas de former des juristes ou des éc
1289 le a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une spécialité donnée mais qui, en même temps, prennent
1290 ncés de ces mêmes branches — en partant de l’idée que le progrès scientifique dépend au moins autant de la culture générale
1291 moins autant de la culture générale du chercheur que de sa spécialisation exclusive, et sans perdre de vue la nécessité d’
1292 s de travail. C’est plus tard et dans la pratique que le gradué assimilera les connaissances techniques nécessaires, le mét
1293 t en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce n’est qu’ au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si importantes
1294 maintenir l’Europe dans la compétition mondiale, que nous rencontrons la nécessité de formes d’enseignement nouvelles et d
1295 er ». Il s’agirait bien moins de cours magistraux que d’entretiens libres, répétons-le. Il s’agirait en somme d’une formule
1296 de culture générale, pendant les semaines ou mois que comportent les travaux. C’est ainsi que le Séminaire européen pour in
1297 s ou mois que comportent les travaux. C’est ainsi que le Séminaire européen pour ingénieurs, patronné par la FEANI et le CE
1298 les frais accrus et la multiplication des efforts qu’ entraînerait ce régime de dispersion. Avantages d’un regroupement
1299 ourrait mettre en pool les enseignements généraux qu’ ils prévoient. Les séminaires techniques restant distincts (à l’instar
1300 européenne, trouveraient là le lieu de rencontre qu’ ils cherchent, ainsi que l’appareil administratif et la documentation
1301 t là le lieu de rencontre qu’ils cherchent, ainsi que l’appareil administratif et la documentation nécessaires pour des ses
1302 ’études. Conclusions 7. Il nous paraît donc que la solution la plus réaliste des problèmes qui ont conduit à évoquer
55 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
1303 . La notion de culture est récente. Aussi récente que la notion d’Art avec une majuscule, considéré comme entité spirituell
1304 nique, et celui qui exerce un art est un artisan, qu’ il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui e
1305 désigne de plus en plus l’ensemble des activités qu’ exercent les artistes, plus ou moins séparés de la vie commune. Au xxe
1306 orte de way of life. Parmi toutes les définitions qu’ on en donne, je retiens celle de T. S. Eliot, selon lequel la culture
1307 c’est la chose aussi qui est récente, en ce sens que la diffusion de la culture au-delà des élites traditionnelles est un
1308 traditionnelles est un phénomène qui n’est apparu qu’ au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du développement de
1309 . Quant à l’éducation artistique et technique (ce qu’ on appelait les Arts et Métiers), elle s’acquérait dans des ateliers,
1310 eur, cette aura, ne sont guère plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mai
1311 maine de la consommation de la culture. Je répète que ce phénomène est contemporain du développement de la technique ; peut
1312 ne cesse de nous répéter depuis Sorel et Spengler que l’Occident va vers une décadence inévitable, et que la vulgarisation
1313 e l’Occident va vers une décadence inévitable, et que la vulgarisation de la culture ne peut qu’abaisser son niveau. Je n’e
1314 le, et que la vulgarisation de la culture ne peut qu’ abaisser son niveau. Je n’en crois rien, et je ne partage nullement le
1315 r, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair que les esprits créateurs resteront toujours peu nombreux, et relativemen
1316 ait s’ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’ hier ? Le grand nombre de vedettes célébrées par la presse et la radio
1317 ort avec ses grands mérites scientifiques, plutôt que d’ignorer jusqu’à son nom, et d’épuiser toutes ses facultés d’admirat
1318 sur le seul intérêt commercial. Le danger serait qu’ ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils né
1319 ent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ ils négligent le pouvoir qu’ils ont acquis désormais de guider et de s
1320 des succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir qu’ ils ont acquis désormais de guider et de stimuler les goûts du grand p
1321 ts-Unis en 1946, ne s’est guère répandu en Europe qu’ à partir de 1950. C’est donc une industrie tout à fait nouvelle. Les p
1322 , et généralement aux plus mauvaises. C’est ainsi qu’ on a vendu depuis quelques années plusieurs millions de disques du cha
1323 nde musique. Une chose a porté l’autre, et plutôt que de se lamenter sur le succès d’un Tino Rossi, et de redouter qu’il ab
1324 ter sur le succès d’un Tino Rossi, et de redouter qu’ il abaisse le niveau de la culture, il me semble qu’il y a lieu de se
1325 ’il abaisse le niveau de la culture, il me semble qu’ il y a lieu de se réjouir du fait que des compositeurs dont seuls quel
1326 il me semble qu’il y a lieu de se réjouir du fait que des compositeurs dont seuls quelques spécialistes avaient lu les manu
1327 ais 35 millions en 1957. Il est facile d’imaginer que ces millions de disques ont contribué à préparer un vaste public enti
1328 un autre exemple dans le domaine du livre. Depuis que je connais les éditeurs, je les entends parler de la crise du livre ;
1329 ler de la crise du livre ; je les entends répéter qu’ ils ne peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’aura pas de p
1330 fait, parce qu’il ne ressemble pas aux « succès » que ces éditeurs ont connus jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croi
1331 jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croire, que le public qui lit représente une petite masse invariable, ou même déc
1332 née 500 abonnés, la deuxième vous n’en aurez plus que 200 et la troisième année vous fermerez. » Or cette Guilde compte auj
1333 s, absolument hostiles au projet, ils déclarèrent que l’aventure échouerait, ou que si elle réussissait, elle leur enlèvera
1334 et, ils déclarèrent que l’aventure échouerait, ou que si elle réussissait, elle leur enlèverait des lecteurs. Ils vivaient
1335 nlèverait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme qu’ il n’y avait en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas
1336 e succès de la Guilde du livre prouve aujourd’hui qu’ il y avait en réalité dans ce pays des dizaines de milliers de lecteur
1337 t les éditeurs et libraires classiques ne peuvent que se féliciter. Il convient de signaler également l’extraordinaire succ
1338 Kafka, 5. Albert Camus, 6. Pearl Buck. On avouera que la qualité n’a rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la qu
1339 ant deux conclusions majeures. La première, c’est que la production et la consommation culturelles, au xxe siècle, sont de
1340 conomie de nos pays. La seconde conclusion, c’est que les fabricants et distributeurs de ces moyens de culture — éditeurs,
1341 qui déborde largement le plan commercial. Il faut qu’ ils s’en convainquent. Il faut qu’ils comprennent tout d’abord quelles
1342 ercial. Il faut qu’ils s’en convainquent. Il faut qu’ ils comprennent tout d’abord quelles possibilités de diffusion décuplé
1343 e générale de confiance envers le public. Il faut qu’ ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée que le succès ne récompe
1344 qu’ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée que le succès ne récompense que la facilité, la routine et la vulgarité.
1345 fois à l’idée périmée que le succès ne récompense que la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’ils visent plus h
1346 la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’ ils visent plus haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut qu’ils
1347 us haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut qu’ ils acceptent à la fois de miser sur l’exigence croissante des masses
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
1348 Editeuropa (septembre 1959)bz Il est clair qu’ on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la faire san
1349 ns eux ? Car c’est en bonne partie par leur moyen qu’ on l’a défaite : le Livre et le Manuel, autant que la Presse, ont fome
1350 qu’on l’a défaite : le Livre et le Manuel, autant que la Presse, ont fomenté depuis un siècle la plupart de nos nationalism
1351 nion nécessaire. C’est donc au Livre et au Manuel qu’ il appartient de combattre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir d
1352 et au Manuel qu’il appartient de combattre le mal qu’ ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réve
1353 en donnera quelque idée. Mais nous n’avons retenu que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons pu lire su
1354 u que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne
1355 s avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres la
1356 ’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer l
1357 er ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer le même historique, que regrouper les mêmes informations, ou
1358 ’autres langues, que retracer le même historique, que regrouper les mêmes informations, ou que redécouvrir les mêmes idées 
1359 torique, que regrouper les mêmes informations, ou que redécouvrir les mêmes idées : gaspillage d’énergie et perte d’efficac
1360 al : or il manque en partie son but s’il n’est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret qui se po
1361 voquée par les plans d’union, ensuite à s’assurer que les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une audience intern
1362 ticulier des organismes européens, tant officiels que privés : les travaux de leurs experts, de leurs boursiers, de leurs c
1363 pour tenter de répondre à ces questions nouvelles que le Centre européen de la culture, ayant recueilli les suggestions des
1364 Mais si l’idée s’impose par sa simplicité autant que par sa nouveauté, il n’en va pas de même de son exécution. Il s’agit
1365 es de la vente. Le jeu se complique, ici, du fait que d’une part, la qualité littéraire ou intellectuelle n’est plus seule
1366 ou intellectuelle n’est plus seule suffisante, et qu’ il faut y ajouter l’exigence d’une signification européenne ; tandis q
1367 ns et susceptibilités nationales, etc. qui feront qu’ un même ouvrage publié par la Collection européenne risque d’être une
1368 es de l’association. Pour réelles et inévitables qu’ elles soient, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous consi
1369 t nous arrêter, si nous considérons les avantages que la formule du pool peut offrir : aux auteurs, l’assurance d’être trad
1370 nnant un seul contrat ; aux éditeurs, la garantie que les ouvrages choisis bénéficieront du prestige et de la publicité rés
1371 international. Peut-être est-il permis d’imaginer que si le pool Editeuropa surmonte avec succès l’épreuve du feu, celle d’
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
1372 vue de l’histoire, l’objectivité pure ne mènerait qu’ à déchiffrer des documents. Or : « Au départ de tout travail historiqu
1373 miné par une doctrine le plus souvent informulée, que l’auteur définit comme le « natiocentrisme ». Doctrine évolutionniste
1374 lutionniste, idéaliste et déterministe à la fois, que l’historien, selon Brugmans, se doit de répudier d’abord du seul poin
1375 e parler des désastreuses conséquences politiques qu’ elle entraîna. Ici Brugmans pose trois questions : Premièrement : E
1376 se trois questions : Premièrement : Est-il vrai que l’État national actuel soit le produit naturel, normal et, dans une c
1377 oit répondre non aux trois questions ; il établit que l’Europe est antérieure à ses nations (qu’elle seule explique et non
1378 tablit que l’Europe est antérieure à ses nations ( qu’ elle seule explique et non l’inverse), et il formule les thèses direct
1379 r un rôle dans l’édification de l’Europe unie, et que des préjugés scolaires retiennent encore, au seuil d’agir. « Civilisa
1380 s. Les variations de son histoire ne s’expliquent que par un fond commun… Qui veut écrire l’histoire de l’Europe doit comme
1381 ent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes que l’on sait), vient d’être replacé dans sa plus juste perspective par G
1382 . de Reynold ; et il distingue plus soigneusement que d’autres l’héritage hébraïque de celui du christianisme. C’est avec s
1383 vec sa deuxième partie, les Expériences communes, que Brugmans aborde vraiment la « réinterprétation » annoncée. Et cela va
1384 iode pour mieux mettre en lumière la « maturité » qu’ elle prépare, et qu’inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que
1385 re en lumière la « maturité » qu’elle prépare, et qu’ inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’est con
1386 qu’inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’est constituée aux xie et xiie siècles », et Marc Bloc
1387 x xie et xiie siècles », et Marc Bloch écrivait que « l’Europe fut une création du haut Moyen Âge ». Enfin Reynold appell
1388 selon lui « la déformation de l’Europe ». Quelles que soient leurs variations d’un ou deux siècles dans l’appréciation de l
1389 ommet » de l’Europe. À quoi l’on pourrait opposer que le terme d’Europe, si fréquent sous les Carolingiens, disparaît préci
1390 ent du xie au xive siècle, et ne reparaît guère qu’ avec les œuvres du pape Pie II (Æneas Silvius Piccolomini) vers le mil
1391 e siècle… Il y a là un beau paradoxe historique, que nous ne pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand ava
1392 un beau paradoxe historique, que nous ne pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand avantage de Brugmans, é
1393 la formation du Saint-Empire, par exemple, c’est qu’ il est Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se pl
1394 littératures les plus variées. Il était important que l’on écrive en français une histoire qui situe l’évolution « français
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
1395 e seule question, strictement définie et limitée, qu’ entend répondre l’auteur, dans cet ouvrage de plus de 400 pages serrée
1396 l’ayant pratiqué durant des mois — je n’ai trouvé que trois infimes erreurs de fait ou de dates. Une étude aussi exhaustive
1397 t plus solide, plus convaincant, moins discutable que Gollwitzer. Sa manière de situer chaque auteur dans le contexte histo
1398 losophique de l’époque ne pourrait être critiquée que par un marxiste « vulgaire » ou par quelque impatient propagandiste.
1399 frappé par les étroites et nombreuses connexions que relève l’auteur entre la pensée d’un Herder, d’un Kant, d’un Gentz, d
1400 ire, du Saint-Empire romain de nation germanique, que toute la tradition nationaliste française (royaliste avant que jacobi
1401 lomnie tout simplement. Certes, on peut regretter que dans un ouvrage aussi scrupuleux et sincèrement supranationaliste, le
1402 même pas mentionnés. Mais rien n’est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour mieux passer sous
1403 ’est plus injuste que de reprocher à un auteur ce qu’ il n’a pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il
1404 pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’ il voulait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’il n’annonçait d
1405 l voulait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’ il n’annonçait dans son titre et dans son sous-titre. L’ouvrage de Gol
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
1406 une véritable orgie d’européanisme ! Aussi savant que militant, aussi lucide que passionné, cet ouvrage monumental se lit s
1407 éanisme ! Aussi savant que militant, aussi lucide que passionné, cet ouvrage monumental se lit sans un instant d’ennui ou d
1408 tion européenne, mais aussi par ses adversaires ; que l’on souhaite voir traduit bientôt dans toutes nos langues (comme il
1409 omme il va l’être prochainement en espagnol) ; et qu’ une cohorte de chercheurs et d’érudits pourrait certes amender sur plu
1410 ière histoire complète de l’idée européenne telle que l’ont exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passa
1411 s. On a reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée que l’Europe serait née d’une succession d’écrits s’inspirant les uns des
1412 n d’écrits s’inspirant les uns des autres, plutôt que de prises de position « concrètes » face à la conjoncture historique
1413 enne — dont ne peuvent témoigner indiscutablement que les écrits du passé, commentés en fonction des problèmes majeurs de l
1414 s précieux, presque exhaustifs, sur les jugements que les Russes, les Américains et les Européens ont portés les uns sur le
1415 s services aux étudiants de la réalité européenne qu’ un Spengler, un Toynbee, un Keyserling, voire un Ortega y Gasset. C’es
1416 iennes d’un auteur allemand, etc., de telle sorte qu’ il devient malaisé de se reporter à l’original. D’autre part, l’index
1417 récisément. Au reste, l’œuvre de Curcio n’est pas que cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusions, à la hau
1418 uropéen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir qu’ une définition unique et standard de l’Europe, celle-ci mourrait. L’id
1419 idée de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y cr
1420 auve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons qu’ elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire et une manièr
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
1421 sme, et en son nom, elle a donné au monde tout ce qu’ elle inventait pour elle-même. Elle a donné son nationalisme, son idée
1422 id. L’auteur est de l’école d’Ortega : c’est dire qu’ une vision poétique, imaginative, ou selon ses propres termes une « in
1423 re ; mais pour ne pas les imiter. A-t-on remarqué que les génies systématiques sont régulièrement amenés à des conclusions
1424 dence et chute. Notre auteur, au contraire, tient que « la mission de l’Europe n’est pas terminée, loin de là ». Car si l’E
1425 est réduite elle-même par l’extension des autres, qu’ elle seule a permise, elle n’en demeure pas moins « l’antique matrice
1426 ’antique matrice spirituelle » de la civilisation qu’ elle a exportée, et cela n’est pas « expropriable ». Pourtant, nulle e
1427 re du Chevalier à la Triste Figure : c’est-à-dire qu’ au-delà du monde technique, comme avant lui, les réalités spirituelles
1428 ctérisation du thème et de l’esprit de l’ouvrage, que de solides études sociologiques, politiques et esthétiques en constit
1429 ecture de ce beau livre. N’est-il pas remarquable que l’Espagne, pays de la périphérie européenne, ait nourri dans ce siècl
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
1430 les de leur communauté locale ? C’est la question que nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il exi
1431 ités dans le présent et dans l’avenir plus encore que dans le passé. Mais pour éveiller cette conscience, il faut aller jus
1432 expériences conduites à leur terme de 1957 à 1959 qu’ on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonn
1433 qu’on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’ il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière co
1434 il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière collective les animateurs des diverses actions et de le
1435 énéraliser nos expériences-pilotes. Nous espérons que les éducateurs — enseignants ou animateurs de centres locaux de cultu
62 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
1436 cules, insignifiantes, jusqu’au moment où il sent qu’ elles vont « partir », et qu’on peut les laisser aller vers les vastes
1437 au moment où il sent qu’elles vont « partir », et qu’ on peut les laisser aller vers les vastes récoltes futures. (Quand rie
1438 ouvent contraints à des improvisations empiriques que la science des sociologues jugera peut-être sévèrement. Mais ce défau
1439 électronique, un système d’expérience plus lourd que le milieu qu’on a choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie
1440 un système d’expérience plus lourd que le milieu qu’ on a choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie avant même qu’
1441 aits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler que certains succès ou échecs ont été obtenus par accident, comme en dépi
1442 efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti qu’ ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méthode, désormais,
1443 senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méthode, désormais, peut être généralisée : ainsi dans le domai
1444 u faire, mais avec lesquels désormais nous savons qu’ une action persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’avions p
1445 être conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition que de mieux voir d’abord, afin de mieux montrer ensuite, par le moyen de
1446 de cette publication, ce qui peut être fait et ce qu’ il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le CEC et son dépa
63 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
1447 ue généralement les trois questions suivantes : — qu’ entendez-vous par culture ? — de quelle Europe s’agit-il ? — pourquoi
1448 nstitution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’ elle s’est donnés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’être u
1449 la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’ on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les
1450 a terre ou l’esprit signifie : en tirer davantage que la Nature seule n’eût produit. Un champ de blé, une maison, un poème,
1451 lait prendre position dans le débat, nous dirions que la culture représente à nos yeux l’activité humaine créatrice de vale
1452 peut expliquer ce grand paradoxe de l’Histoire : que l’Europe, qui représente à peine le 5 % des terres du globe, assez pa
1453 sez pauvre en matières premières et moins peuplée que l’Inde ou que la Chine, ait en fait dominé le monde, de la Renaissanc
1454 matières premières et moins peuplée que l’Inde ou que la Chine, ait en fait dominé le monde, de la Renaissance jusqu’aux dé
1455 ôle actif et créateur de la culture, à faire voir qu’ elle n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuple
1456 t nées en Europe et ne progressent dans l’univers qu’ en vertu du complexe philosophique, éducatif, moral et spirituel qui d
1457 spirituel qui demeure l’origine permanente de ce que nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux.   EUROPE,
1458 rincipes et par sa force de rayonnement. L’Europe que nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son
1459 ême coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits que soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savo
1460 ns en proportion d’une telle mission, nous savons que cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tou
1461 mpris — et certains nous l’ont dit expressément — qu’ il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institu
1462 obstacles majeurs à cette union ? On nous répète qu’ ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pe
1463 s, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons qu’ ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs routines. C
1464 , leurs préjugés et leurs routines. C’est donc là que nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui
1465 s avec les réalités de la culture créatrice telle que l’on vient de les décrire. D’où la question (forme polie d’une object
1466 estion (forme polie d’une objection fondamentale) que l’on nous pose bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’il s’agit
1467 re, ou disons-le : plus prétentieux, voire nocif, que l’idée d’un Centre. Ceci posé, regardons notre époque et le concret d
1468 e concret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’ il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et
1469 ltures nationales », qui est aussi fausse en fait qu’ en droit. La culture à la fois antique, chrétienne, critique et scient
1470 gés partisans et nationalistes, plus paralysantes que les taxes frappant la circulation de ses instruments et de ses produi
1471 pays. Partout la concurrence tue les initiatives, qu’ un peu d’esprit de coopération ferait réussir. Il faut un Centre, et i
1472 CEC, en tout ceci, a parfois été décisive, encore qu’ elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifi
1473 n 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit que la raison d’être d’une institution de ce genre n’existe pas en théori
1474 itution de ce genre n’existe pas en théorie, mais qu’ elle répond à des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent av
1475 atives « européennes » dans le domaine très vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’est pas un mal en s
1476 ante proclament leur volonté de concentrer autant que possible leurs services et leurs assemblées, un effort parallèle doit
1477 atoire, tant pour les sciences (économie incluse) que pour les idées politiques, sociales, morales et philosophiques. Elle
1478 nte par les capitaux réunis : au regard de l’aide qu’ apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’U
1479 ridiculement sous-développés ! Mais il est clair que les États, les organisations européennes officielles et le secteur pr
1480 secteur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culture
1481 des savants disponibles et compétents. C’est dire que le moment semble venu de former un Conseil des Recherches européennes
1482 dées qui avaient présidé à la création du CEC, et qu’ il doit s’attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles
1483 yen-Orient, appellent des études et des solutions qu’ aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à l
1484 s. Et l’avenir de l’économie, désormais mondiale, que l’Europe seule peut à la fois équilibrer et animer, en dépend de tout
1485 sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres cultures ou civili
1486 nécessaire avec les autres traditions de culture que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocatio
64 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
1487 chacun le fait aujourd’hui, c’est bien à l’Europe qu’ on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle q
1488 elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on imite partout, et c’est d’elle enfin que les peuples ont reçu ce
1489 lle que l’on imite partout, et c’est d’elle enfin que les peuples ont reçu cette idée de la liberté et ces moyens de se lib
1490 te idée de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ ils ont hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépa
1491 e conscience neuve de ses buts généraux, et de ce qu’ elle veut de l’homme. C’est le problème de l’Éducation qui se pose ici
1492 ou non, certaines fins. Derrière l’écran de fumée que constituent les prétextes généralement invoqués pour ne pas reposer l
1493 dentale au xxe siècle ? C’est le problème unique que je me pose ici, et je crois qu’il n’est pas impossible d’y répondre.
1494 e problème unique que je me pose ici, et je crois qu’ il n’est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un
1495 l’URSS et les USA — rappelons en quelques mots ce qu’ a signifié l’Éducation dans les grandes sociétés humaines de l’Antiqui
1496 é le rite. En Europe au contraire, il est courant que le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’il veut louer :
1497 le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’ il veut louer : « Bon travail, idées originales et style personnel. »
1498 lle, vers l’autonomie, vers les risques… J’ai dit que les deux termes d’initiation et d’initiative marquent deux attitudes
1499 t l’autre libérale. N’allez pas croire, pourtant, que l’humanité devait fatalement passer de l’une de ces attitudes à l’aut
1500 devait abandonner l’une pour adopter l’autre, et que par suite l’autorité serait quelque chose de « périmé », de « réactio
1501 té sont aussi nécessaires à la vie de l’Éducation que la diastole et la systole du cœur à la circulation sanguine, ou que l
1502 la systole du cœur à la circulation sanguine, ou que l’attraction et la répulsion à l’animation de l’énergie nucléaire, de
1503 s de l’Éducation, selon les divers types d’hommes qu’ elle entend former. Quels sont, dans l’Occident moderne, ces types d’h
1504 le : l’Europe, l’URSS et les USA. Vous allez voir qu’ elles se définissent aisément selon le dosage d’autorité et de liberté
1505 aisément selon le dosage d’autorité et de liberté qu’ elles ménagent dans l’Éducation.   a) Les États-Unis d’Amérique se car
1506 ignement, au point d’y provoquer une crise aiguë, que les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à dé
1507 ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare qu’ il n’a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jama
1508 ui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’ il n’a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement t
1509 mais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’ à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent rég
1510 tention. Elles ont formé une génération d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye p
1511 tion d’enfants que plus rien ne tient en respect, qu’ aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École est devenue leur jouet
1512 devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre qu’ un maître les empêche de jouer avec lui comme il leur plaît. L’idée gé
1513 est la suivante : si un texte est trop difficile, qu’ on en choisisse un plus facile, un plus « moderne »… Le caractère d’im
1514 les images plus nombreuses, et l’on peut craindre qu’ à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit u
1515 ns à se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’ on leur offre. Ces jugements et cette description, je les extrais du l
1516 nts et cette description, je les extrais du livre qu’ une institutrice écœurée publiait il y a quelques années aux États-Uni
1517 a quelques années aux États-Unis46. Le diagnostic qu’ elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de l
1518 aux États-Unis46. Le diagnostic qu’elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pouss
1519 . Mais précisons : si la formation intellectuelle qu’ elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en préte
1520 tend éliminer tout individualisme et ne respecter que les droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécial
1521 s de culture générale (studium generale), à moins qu’ on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de m
1522 ninisme et de propagande du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 % à la spécial
1523 fois posés, il nous est plus facile de définir ce qu’ est la voie européenne. Posons-nous cette question très simple : Pourq
1524 specter l’individu, c’est voir en lui la personne qu’ il peut devenir s’il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’ac
1525 onsables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, e
1526 dividus à la recherche de leur vocation, et de ce qu’ ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’e
1527 se le soin de nuancer le tableau. Je vous accorde qu’ il existe aussi des signes d’un retour à l’autorité aux USA, de même q
1528 e nouvelle faim de liberté. Je vous accorde enfin qu’ en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi,
1529 té. Je vous accorde enfin qu’en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des ex
1530 ne ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui, n’était que de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands traits. Pou
1531 ie de mon exposé, j’aurai recours à une parabole, que j’appellerai la Parabole des trois colombes. Vous connaissez tous la
1532 ssez tous la colombe de Kant, celle qui s’imagine qu’ elle volerait mieux dans le vide, sans la résistance fatigante que l’a
1533 mieux dans le vide, sans la résistance fatigante que l’air oppose au libre jeu de ses ailes. C’est l’utopie de l’éducation
1534 n’a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ? Tout a été réglé d’avance par le Régime. La colomb
1535 par le Régime. La colombe européenne, elle, sait qu’ elle a besoin pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’a pas
1536 courants, prendre ses risques. On ne l’a préparée qu’ à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or Permettez-moi, m
1537 maintenant, cinq minutes de philosophie. J’ai dit qu’ à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne, c’est-à-
1538 de notre politique est l’unité dans la diversité ( que nous appelons en Suisse fédéralisme) ; et enfin l’éducation comporte
1539 es, tension maintenue entre deux pôles. Remarquez que la personne, telle que je la définis, est une réalité dialectique par
1540 ntre deux pôles. Remarquez que la personne, telle que je la définis, est une réalité dialectique par définition : elle est
1541 aux, éthiques ou même économiques, et vous verrez qu’ ils se rattachent tous, en Europe, à des problèmes de dosage, d’équili
1542 ons de degré, mais tout le monde admet tacitement qu’ il ne peut s’agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté
1543 ut le monde admet tacitement qu’il ne peut s’agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté et de contrainte. Les
1544 sons : les deux ensemble, bien plus, nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut que les contr
1545 e va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut que les contraintes soient conçues comme une préparation à la liberté, la
1546 ducation de leurs enfants, et l’un d’eux répondit que sa méthode était de les dresser « comme des chiots ». Indignation de
1547 ! Or ce Français à l’ancienne mode entendait dire qu’ il faut au jeune enfant un dressage suffisant pour lui permettre, un j
1548 lèves une certaine immobilité pendant les leçons, que ce soit donc non pas en vertu de je ne sais quelle idée de « correcti
1549 eux déviations du sens de la discipline scolaire, que j’ai observées à mes dépens quand j’étais sur les bancs de l’école pr
1550 s tournés à gauche dans les chambrées, et surtout que rien ne dépasse !), plutôt qu’en fonction du but à atteindre, la conc
1551 mbrées, et surtout que rien ne dépasse !), plutôt qu’ en fonction du but à atteindre, la concentration intellectuelle. En re
1552 la gaucherie gouailleuse) étant moins pénalisées que ridiculisées. C’est le contraire qu’on observe en général. (De celui
1553 s pénalisées que ridiculisées. C’est le contraire qu’ on observe en général. (De celui qui parle bien, les autres élèves dis
1554 t d’exiger d’eux, intellectuellement, plus encore qu’ ils ne donnent, relativement au reste de la classe. Formation génér
1555 mes complets, des personnes autonomes. C’est dire que votre rôle d’éducateurs est beaucoup plus difficile et complexe que c
1556 ducateurs est beaucoup plus difficile et complexe que celui de vos collègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est
1557 vos collègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’ il est aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à
1558 ces mêmes de sa créativité. Car il est bien connu que la science et la technique se nourrissent d’autre chose que de recett
1559 ence et la technique se nourrissent d’autre chose que de recettes techniques et d’équations : les plus grands savants novat
1560 le sont plus créatrices, pour les sciences mêmes, que les cours de sciences et de technologie, indispensables certes, mais
1561 odes de l’Éducation. Oserai-je vous confesser ici que je ne crois plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles soient aut
1562 je ne crois plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’ elles soient autoritaires ou libérales, actives ou fonctionnelles, tra
1563 tous ne peut préparer au mieux, si elle réussit, qu’ un type humain uniforme, une classe, un genre, une espèce d’hommes hom
1564 Il n’y en a pas de bonne, mais il y en a de pires que d’autres. Aucune n’est capable de conduire assurément au But, mais n’
1565 nd il faut, peut y conduire, à la seule condition qu’ elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse gui
1566 ejoindre. Je terminerai par une seconde parabole, que je nomme la Parabole du But. J’étais recrue dans l’armée suisse. J’
1567 e bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus à ce que vous faites de vos mains, aux mouvements que vous avez appris. Regard
1568 à ce que vous faites de vos mains, aux mouvements que vous avez appris. Regardez le noir de la cible, laissez-vous fasciner
1569 sa leçon toute une morale, et même tout un livre que je compte publier bientôt, et dans lequel je dirai tout au long ce qu
1570 bientôt, et dans lequel je dirai tout au long ce que je n’ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe l
1571 uel je dirai tout au long ce que je n’ai pu, ici, qu’ esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film Blackboard Jun
65 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
1572 n, les théocraties et les dictatures ne demandent que l’obéissance de leurs sujets. Seul, le régime démocratique exige, pou
1573 l fonctionne sans être compris et approuvé, c’est qu’ il n’est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction pu
1574 doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus inst
1575 n de l’Europe suppose en fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des
1576 des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’ elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais
1577 est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en r
1578 e — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anon
1579 gissement au plan européen. C’est dans cet esprit que nous avons demandé à des enseignants de huit pays européens les rappo
1580 s enseignants de huit pays européens les rapports qu’ on va lire. Une telle enquête n’a pas besoin d’être exhaustive ou « sc
1581 entifique » pour être significative. Elle ne vise qu’ à situer le problème d’une formation civique européenne dans ses diver
1582 ifférents Chacun de nos pays, en effet, estime qu’ il bénéficie ou pâtit d’une situation exceptionnelle ; et chacun justi
1583 s généraux affirmés par la Révolution de 1789, et qu’ il s’agit de réaffirmer de génération en génération et de garder purs,
1584 nt national » à cultiver comme vertu civique : ce que l’on vise à développer chez l’élève, c’est la « personnalité… qui, en
1585 ques formules choisies à la volée dans les textes qu’ on va lire ne suffisent nullement à caractériser tout l’esprit de l’en
1586 . Mes remarques introductives n’ayant d’autre but que d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête, et de sensibiliser s
1587 leur apathie civique. Cette constatation signifie que le régime actuel de nos pays est accepté par la majorité comme allant
1588 est accepté par la majorité comme allant de soi ; qu’ il n’apparaît pas comme une conquête révolutionnaire à imposer au rest
1589 le jeune homme à vivre les droits et les devoirs qu’ on lui a enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie civi
1590 civique. Rien qui relie le civisme à autre chose qu’ à la connaissance des formes légales d’un régime indiscuté ; rien, ou
1591 cle. Tout se passe comme si la démocratie n’était qu’ un système de gouvernement et de droits individuels isolable de tout c
1592 nsiste : là où nos manuels diraient par exemple : Qu’ est-ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel amé
1593 à où nos manuels diraient par exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel américain dit
1594 par exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’ est-ce que l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comm
1595 e : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comment payer
1596 ontentent de parler d’institutions. Est-ce à dire qu’ aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseignement civique d
1597 samment rattachés à des notions générales (telles que l’interdépendance mondiale, la coopération pour la paix, la révolutio
1598 nce entre les USA et l’Europe, à cet égard, c’est que les États-Unis se plaignent d’insuffisances qu’ils vont donc essayer
1599 t que les États-Unis se plaignent d’insuffisances qu’ ils vont donc essayer d’amender, tandis que l’Europe ne s’inquiète auc
1600 prême et le Conseil des ministres de l’URSS. Quel que soit le degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impo
1601 alitaire. Il s’agit partout de convaincre l’élève que la Russie a la forme la plus parfaite de « démocratie », et que toute
1602 a la forme la plus parfaite de « démocratie », et que toutes ses « victoires » économiques, scientifiques et sociales sont
1603 rce qu’il conduit au communisme final. C’est dire qu’ en dehors des leçons spécialement consacrées à l’étude de la Constitut
1604 font partie de l’instruction civique, en ce sens qu’ elles ramènent tout à la doctrine socialiste soviétique. Cette imprég
1605 grammes scolaires d’autres pays communistes, tels que la Pologne ou l’Allemagne de l’Est (DDR). Ainsi en Pologne : « Les pr
1606 rogrammes sont fondés sur le principe fondamental que l’évolution sociale est un processus historique qui suit des lois dét
1607 les programmes scolaires… On insiste sur le fait que l’histoire d’une société est celle des classes laborieuses… (donc) de
1608 donc un pays où l’on ne saurait se plaindre de ce que l’instruction civique ne tienne pas un compte suffisant des réalités
1609 es réalités économiques ! Mais il est clair aussi que , dans ces conditions, le civisme réel n’existe plus, la liberté de ch
1610 t le bonheur ». Et l’on doit inculquer aux élèves que la situation malheureuse de la jeunesse de l’Ouest « résulte de l’abs
1611 elle et imposée, et cela pour l’excellente raison que l’Ouest n’est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est so
1612 uest n’est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système
1613 as dire dans nos leçons d’instruction civique, ce qu’ il a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclus
1614 leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce qu’ il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductiv
1615 tion civique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce qu’ il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives Ces quelque
1616 aperçus, je le répète, n’avaient d’autre ambition que d’introduire à une lecture mieux avertie des textes qui suivent. C’es
1617 rtie des textes qui suivent. C’est plus encore ce que ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à
1618 C’est plus encore ce que ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problè
1619 lus encore ce que ces textes ne disent pas que ce qu’ ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un
1620 peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses, que notre enseignement civique fait corps avec le reste de nos programmes
1621 ec le reste de nos programmes ; ils ne disent pas qu’ il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils
1622 u’il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt vivant p
1623 l’on ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’ il communique un intérêt vivant pour la chose publique, et cela doit n
1624 r ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce que devrait être l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils
1625 ant existants ou possibles. La première tentative que présente ce Guide prouvera toute son utilité dans la mesure où elle é
1626 de l’Europe. Car c’est au plan européen seulement que les perspectives économiques et politiques de notre siècle peuvent êt
1627 peuvent être vues dans leurs vraies dimensions et que le défi lancé par l’Est trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant à
1628 ’est en apprenant à connaître l’ensemble européen que le jeune citoyen pourra comprendre à la fois ce que son pays représen
1629 e le jeune citoyen pourra comprendre à la fois ce que son pays représente de particulier et de valable, et ce qu’il doit à
1630 ys représente de particulier et de valable, et ce qu’ il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alo
66 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
1631 alace de Montreux, seconde patrie du roman russe, que j’ai rencontré Retinger, en septembre 1947. Je venais de prononcer le
1632 e, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants qu’ il préférait parce qu’on l’y saluait du titre d’Excellence, qui l’amus
1633 saluait du titre d’Excellence, qui l’amusait, et qu’ on s’y contentait de lui faire signer la note. (C’est mon dernier snob
1634 Ferney. Et pourtant, je me pose la même question que se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’ai-je bien connu ? L
1635 i-je bien connu ? La lecture des notes abondantes qu’ il avait préparées en vue de ses mémoires me révèle plusieurs dimensio
1636 urs dimensions de sa personne et de son existence que je n’avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il
1637 sa personne et de son existence que je n’avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui arrivait d’y f
1638 que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’ il lui arrivait d’y faire, sans insister. C’est l’Européen que j’ai co
1639 rivait d’y faire, sans insister. C’est l’Européen que j’ai connu, à partir de sa soixantième année. Mais de sa carrière jus
1640 . Mais de sa carrière jusque-là, je n’entrevoyais que des bribes. M’aidant de ses notes (592 pages, en anglais) et comblant
1641 l’aide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad ( qu’ il avait publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien v
1642 publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’ à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire,
1643 , et soudain Joseph s’écrie : « Comme je voudrais que la Pologne ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais p
1644 t Français, et c’est sans doute à son instigation que Retinger quitte Cracovie pour faire des études de lettres en Sorbonne
1645 es en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’a que 18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il devi
1646 seph en déclamant un vers de Ronsard : La Pologne que Mars et l’Hiver accompagnent ! Il connaît là Giraudoux, Blaise Cendra
1647 e dans un train entre Prague et Paris, et il note que c’est aussi dans un train et sur un quai de gare qu’il fera la connai
1648 c’est aussi dans un train et sur un quai de gare qu’ il fera la connaissance de deux de ses grands amis des années qui suiv
1649 r Stafford Cripps. (C’est d’ailleurs par Retinger que Gide et Larbaud ont connu Joseph Conrad.) En 1908, à 20 ans, il passe
1650 littérature française, du romantisme à nos jours, qu’ il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovi
1651 s : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas que vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour André Gide en ri
1652 es à corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce qu’ il cherche avant tout dans le milieu des artistes et des écrivains les
1653 et sans doute beaucoup plus occupé par les femmes qu’ il ne veut le laisser entendre, mais sa carrière de « politicien privé
1654 , se marie (avec une Polonaise) et décide bientôt que l’Angleterre, après tout, est non seulement le pays dont le style de
1655 s d’instruction publique, la Prusse ayant décrété que l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’en allemand. Chacune des
1656 été que l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’ en allemand. Chacune des trois puissances s’efforce d’empêcher que « s
1657 Chacune des trois puissances s’efforce d’empêcher que « ses » Polonais établissent des contacts avec leurs frères des pays
1658 raît sans espoir. C’est sur cette opinion d’abord que Retinger estime qu’il faut agir. À la faveur du libéralisme de la Dou
1659 est sur cette opinion d’abord que Retinger estime qu’ il faut agir. À la faveur du libéralisme de la Double Monarchie, un Co
1660 les voies d’une action beaucoup plus importante, que la guerre de 1914 va rendre possible. Amitié avec Joseph Conrad
1661 tinger s’était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’ il avait rencontré dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il a
1662 vait fait ses premières études dans le même lycée que Retinger, mais vingt ans plus tôt, Conrad avait déjà derrière lui, à
1663 il peut-être ces lignes ? Elles lui apprendraient qu’ il se trouve détenir l’un des inédits les plus curieux de notre temps.
1664 sa terre après quarante années d’exil. Il ne dira qu’ une phrase au terme de cette nuit-là : « Cher Joseph, c’est un grand b
1665 pu venir ici et montrer à ma femme et à mes fils qu’ il y a quelque chose derrière moi. » « Et moi », note ici Retinger, da
1666 times de ses souvenirs « je pensais en moi-même : que vais-je faire ? toujours lié à mon pays et avec tant de possibilités
1667 lui-ci le reçoit fort aimablement, et lui indique que la seule personne capable de lui donner un sauf-conduit pour se rendr
1668 fmann, commandant la région de Lemberg. Il ajoute que la préfecture de police est reliée par fil direct au quartier général
1669 mande à parler au Général. Il explique brièvement qu’ il lui faut un visa. « Venez me voir tout de suite », dit le Général.
1670 énéral. En chemin, Retinger imagine un stratagème qu’ il aura l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Gé
1671 polonais, mais en français, et lui dit hardiment qu’ il veut aller en France. Interrogé sur son identité, ses qualités, Jos
1672 son passeport. Le général, convaincu par ce geste que « Retinger » n’est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui
1673  » n’est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui-ci doit être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se
1674 ent, personne ne vient, et il commence à craindre qu’ on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa poche le document qui d
1675 ient, et il commence à craindre qu’on l’arrête et qu’ on le fouille : il a dans sa poche le document qui démontrerait la dél
1676 emberg se reproduit. Retinger déclare en français qu’ il lui faut un visa pour la France, et que son nom est là, sur le pass
1677 rançais qu’il lui faut un visa pour la France, et que son nom est là, sur le passeport… Après beaucoup d’hésitations, le Co
1678  ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce passeport. —  Que ferez-vous en France ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez q
1679 r ce passeport. — Que ferez-vous en France ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vo
1680 ce ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier à moi. — Ave
1681 z donc vous confier à moi. — Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » « N
1682 nce ! dit-il en guise d’adieu, à quoi je répondis que j’espérais la mériter. » À la gare, une foule assiège les trains en
1683 a Guerre et l’ambassadeur d’Allemagne, et demande qu’ on lui réserve un sleeping jusqu’à la frontière suisse. Impressionné,
1684 sa mission et ses plans. Mais c’est en Angleterre qu’ il a décidé d’établir sa base d’opérations. Pendant qu’il attend le tr
1685 e crois, la première fois depuis plus d’un siècle qu’ un gouvernement reconnaissait ainsi la nationalité polonaise », remarq
1686 2° de secourir les Polonais internés et d’obtenir qu’ ils soient considérés comme Polonais, non plus comme Allemands ou Autr
1687 ul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il n’a que son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des contacts
1688 ont de rencontrer les hommes d’État et diplomates qu’ il s’agit de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing St
1689 ais, étrangement ignorants des réalités de l’Est, que le fait polonais peut revêtir une certaine importance politique, voir
1690 dans la poursuite de la guerre. Le grand argument que Retinger va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actue
1691 e grand argument que Retinger va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans trois a
1692 en uniforme, dans trois armées belligérantes, et qu’ au surplus, les descendants d’immigrés polonais sont plus de cinq mill
1693 nt de ces chiffres fait plus en quelques semaines que toute la propagande du Bureau qu’il a dirigé pendant trois ans. Dès c
1694 elques semaines que toute la propagande du Bureau qu’ il a dirigé pendant trois ans. Dès ce moment, la Pologne redevient un
1695 arrière. Il est intéressant de relever les motifs qu’ il donne lui-même de son échec, car il ne les oubliera pas et prendra
1696 in manque de préparation détaillée, tant pratique qu’ idéologique, une connaissance insuffisante du pays et de ses mœurs pol
1697 rtout, écrit-il : « Je n’avais pas encore bien vu que la question n’était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que c
1698 était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que ces idées devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’a
1699 devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’ il s’agissait de trouver ou de former une équipe de collaborateurs, sa
1700 rien faire dans un pays démocratique. Je croyais que du seul fait que je luttais honnêtement pour de bons principes, tout
1701 un pays démocratique. Je croyais que du seul fait que je luttais honnêtement pour de bons principes, tout le monde allait l
1702 incipes et l’idéologie. Je ne voyais pas les gens qu’ il fallait, ou si je les voyais, je ne m’exprimais pas comme il fallai
1703 imais pas comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime que ce fut une chance pour moi de recevoir une telle leçon au début de mo
1704 chez le comte Ledochowski, général des jésuites, qu’ il rencontre au château de Zizzers, près de Zurich — Retinger aboutit
1705 près de Zurich — Retinger aboutit à la conclusion qu’ en dépit de ce que souhaitent Charles, l’Impératrice Zita et leur ento
1706 etinger aboutit à la conclusion qu’en dépit de ce que souhaitent Charles, l’Impératrice Zita et leur entourage, la pénétrat
1707 a nier effrontément, devant la Chambre française, qu’ il l’ait jamais autorisé ni même connu… Retinger se demande, dans ses
1708 … Retinger se demande, dans ses notes, si le rôle qu’ il joua dans l’affaire fut aussi important qu’il lui apparaissait alor
1709 ôle qu’il joua dans l’affaire fut aussi important qu’ il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une manière bien typique, q
1710 alors. Et il ajoute, d’une manière bien typique, qu’ il a négligé par la suite de le vérifier, n’étant plus suffisamment in
1711 es raisons personnelles de le détester » (raisons que Retinger nous laisse ignorer) a cessé de le soutenir. « Il veut votre
1712 , j’ai de mauvaises nouvelles pour vous. Je pense que vous feriez mieux de quitter la France. — Et pourquoi ? — Parce que v
1713 quoi ? — Parce que vous y avez trop d’ennemis, et que si vous ne partez pas de votre propre gré, je me verrai contraint de
1714 ns la hâte de son départ, il n’avait pris sur lui que peu d’argent, comptant faire venir par la suite les fonds qu’il possé
1715 gent, comptant faire venir par la suite les fonds qu’ il possédait en France. Mais le gouvernement interdit tout transfert,
1716 ffamé et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce qu’ il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour à Barc
1717 arcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé que par une grève générale : l’auberge où il gîtait distribuait des repas
1718 onses à ses appels. Impressionnés par les rumeurs que les milieux officiels répandaient sur son compte, ses amis l’abandonn
1719 guer : la traversée dura 31 jours, presque autant que celle de Colomb. Sur le pont, un hangar abritait 30 vaches, dont plus
1720 urs furent mangées durant le voyage. (J.H.R. note qu’ au cours d’une tempête, il eut la seule occasion de sa vie d’observer
1721 ans ses notes, et il répond : parce qu’il pensait qu’ un futur homme d’État se doit de connaître à fond une partie du monde
1722 oit de connaître à fond une partie du monde telle que l’Amérique latine ; parce que le médecin lui avait conseillé la mer ;
1723 s aussi, et peut-être d’abord, parce que la femme qu’ il aimait alors vivait aux États-Unis, et qu’il espérait bien trouver
1724 emme qu’il aimait alors vivait aux États-Unis, et qu’ il espérait bien trouver le moyen de passer du Mexique aux États-Unis.
1725 taxi, dit au chauffeur de lui faire voir tout ce qu’ on pouvait voir de la ville pour 4 dollars, et descendit à l’hôtel san
1726 ns un sou en poche. À la réception, on lui apprit qu’ en effet une somme était venue à son adresse, mais que les règlements
1727 n effet une somme était venue à son adresse, mais que les règlements empêchant de la garder plus de 15 jours, on venait de
1728 les plus étranges de sa vie » (il omet de dire ce que fut l’autre) : lecteur à haute voix dans une fabrique de cigares, où
1729 ger au Mexique, engagé par Luis Negrete Morones — qu’ il a connu sur le cargo — dans les intrigues politiques et sociales d’
1730 éjours dans ce pays, où seule la suite de hasards qu’ on vient de voir l’avait conduit, mais dont la démesure naturelle et l
1731 Russie. Les nombreux traits de caractère mexicain qu’ il conte dans ses notes révèlent qu’il a vraiment aimé ce peuple, et q
1732 tère mexicain qu’il conte dans ses notes révèlent qu’ il a vraiment aimé ce peuple, et qu’aux motifs fortuits et théoriques
1733 otes révèlent qu’il a vraiment aimé ce peuple, et qu’ aux motifs fortuits et théoriques de son activité là-bas est venu s’aj
1734 duquel il déclara, pour mon intense satisfaction, que j’étais le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique san
1735 bondantes — pour que l’on puisse la retracer ici. Qu’ il suffise de rappeler qu’à cette époque, les compagnies étrangères, a
1736 puisse la retracer ici. Qu’il suffise de rappeler qu’ à cette époque, les compagnies étrangères, américaines surtout, posséd
1737 une période de la vie de ce « politicien privé » que nous avons vu débuter dans les salons, parmi les esthètes et les gran
1738 e Indienne. Il y a là une jarre de lait de chèvre que recouvre une épaisse couche de poussière. La vieille retire sa chemis
1739 asseuse, et Retinger, en buvant, comprend soudain qu’ il est devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait v
1740 n au bord du Rio Bravo. Là, les bandits déclarent qu’ ils n’oseront pas aller jusqu’à San Antonio comme prévu. Ils exigent 3
1741 ente de lui expliquer, dans son mauvais espagnol, qu’ il va voir un oncle malade dans un village voisin. L’agent lui jette u
1742 général Obregon étant devenu président, les amis que Retinger compte dans son gouvernement le rappellent au Mexique. C’est
1743 t le rappellent au Mexique. C’est alors seulement qu’ il entreprend une activité politique proprement dite dans ce pays. À l
1744 ille de Noël 1921, le président confie à Retinger qu’ il est entré en possession d’un très volumineux dossier (5000 pièces o
1745 dossier (5000 pièces originales ou photocopiées) qu’ un membre de l’ambassade des USA a vendu depuis un an au gouvernement.
1746 . Après avoir étudié le dossier, Retinger suggère que le Mexique en communique la substance à Herbert Hoover, alors Secréta
1747 r l’administration américaine. Il a beau déclarer qu’ il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lu
1748 s lui a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver qu’ il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et
1749 ième jour 15 000 dollars. Il laisse même entendre qu’ il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Ret
1750 l est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Retinger ne puissent plus payer. Les intérêts pétroliers
1751 out pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’ailleurs.) Enfin, après u
1752 s années 1922 à 1940, on ne trouve dans les notes que l’esquisse d’un long chapitre consacré aux chefs syndicalistes avec l
1753 rsonnels, jugements et anecdotes, on peut déduire que l’action propre de Retinger dans la vie syndicale fut conforme à sa v
1754 victimes des persécutions politiques. C’est ainsi que Retinger organise le premier congrès des unions syndicales de l’Améri
1755 ions syndicales de l’Amérique latine, en 1924, et qu’ il obtient des secours internationaux pour les victimes syndicalistes
1756 gué de la Pologne, cas unique. D’autres documents que j’ai pu consulter mentionnent, durant ces mêmes années, une mission a
1757 Sir Stafford commence même sur le sujet un livre qu’ il ne pourra jamais terminer : il va devenir le Deputy Prime Minister
1758 gne, séjournant beaucoup en Angleterre, il semble que J.H.R. ait vécu dans la misère, rançon de son extrême indépendance d’
1759 korski depuis 1916. Mais il ne s’est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération syndicale internationale l’
1760 , pour essayer de prévenir une campagne militaire que la Pologne semble prête à déclencher contre les Soviets. En 1939, Ret
1761 , et se trouve devant le général, qui est seul. «  Que venez-vous faire ici ? » « Je viens déjeuner avec vous, puis je vous
1762 vion ». Le général accepte sous deux conditions : que son retour dans les 48 heures soit assuré, et qu’il puisse voir Churc
1763 que son retour dans les 48 heures soit assuré, et qu’ il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent le soir même à
1764 rédigea aussitôt un mémoire pour Eden, suggérant qu’ un accord fût rapidement conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait
1765 utre part, si l’URSS était attaquée, il importait que la Pologne, soutenue par les Anglais mais envahie par les Russes, ne
1766 « Ceci est un grand événement. Je suis convaincu que votre accord va mettre une fin pacifique et amicale à la querelle qui
1767 rchant sur des béquilles, à cause des traitements qu’ on lui avait fait subir à la prison de Loubianka. Parachutage en Po
1768 polonaises du Proche-Orient, quand on lui annonça que l’avion s’était écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa
1769 e importante. Il y passa onze semaines à attendre que la météo permette le départ pour la Pologne, n’ayant d’autre passe-te
1770 part pour la Pologne, n’ayant d’autre passe-temps que la lecture de Platon, dans la traduction de Jowett : c’était le seul
1771 ul livre sérieux de la place, où l’on ne trouvait que des romans policiers. Socrate lui permit ainsi de lutter contre l’enn
1772 xiété : c’était en effet par un saut en parachute qu’ il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait to
1773 ues. Il avait donc refusé tout entraînement autre que théorique51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée qu’en faisa
1774 re que théorique51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée qu’en faisant son premier saut à 58 ans, il allait devenir
1775 e51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée qu’ en faisant son premier saut à 58 ans, il allait devenir le plus vieux
1776 gent le retint brusquement par le bras en hurlant qu’ il allait tomber avant le signal, et une discussion violente s’en suiv
1777 ignorait alors, et de fait, durant les trois mois que dura sa mission, il ne fut jamais découvert. Le sens inné de la consp
1778 nnelle) des Polonais put l’engager. Bien persuadé que personne ne savait rien de sa venue, sauf quelques chefs clandestins,
1779 r dès les premiers jours les cafés de la capitale qu’ il avait connus autrefois. Dans l’un d’eux, après avoir commandé une v
1780 ar cinq ou six hommes, ce ne fut pas sans terreur qu’ il entendit soudain l’un d’eux dire à haute voix : « Savez-vous la gra
1781 ena vers leur cachette. C’est à Londres seulement que Retinger « réalisa » que la Gestapo possédait alors sa photo et reche
1782 ’est à Londres seulement que Retinger « réalisa » que la Gestapo possédait alors sa photo et recherchait « un homme âgé par
1783 rmée secrète les entourait. On venait d’apprendre que les Allemands surveillaient la région depuis quelques jours, qu’un ré
1784 ds surveillaient la région depuis quelques jours, qu’ un régiment de cavalerie était signalé, qu’un groupe d’aviateurs avait
1785 jours, qu’un régiment de cavalerie était signalé, qu’ un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kilomètres de là
1786 it pris ses quartiers à deux kilomètres de là, et qu’ un appareil de chasse s’était posé pour quelques minutes, l’après-midi
1787 uis couper les freins. L’appareil ne put décoller qu’ après une heure et vingt minutes d’efforts frénétiques, et trois faux
1788 . La générosité du gouvernement anglais fut telle qu’ il paya même les frais de transport, tandis que d’autres dépenses (exp
1789 t payées de ma poche. Il est intéressant de noter que ni le gouvernement britannique ni moi-même ne furent jamais remerciés
1790 ais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et qu’ après que j’eus remis les dons anglais et quitté le Pologne, mes colla
1791 polonais. Les notes pour les Mémoires précisent que M. Celt, le compagnon de J.H.R. dans sa mission parachutée, et son pr
1792 mprisonné. Retinger ne réussit à le faire libérer qu’ en s’adressant directement à Molotov, avec lequel il avait entretenu d
1793 au profit des Russes, Retinger ne voyait plus ce qu’ il pouvait faire pour son pays, dans le cadre de la politique national
1794 salut de la Pologne ne pouvait venir, à ses yeux, que d’une Europe organisée, et c’est vers ce grand but qu’il se tournera
1795 ’une Europe organisée, et c’est vers ce grand but qu’ il se tournera tout entier. Dès qu’il fut en mesure de marcher de nouv
1796 al à sa volonté) il entreprit l’action européenne qu’ il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut s
1797 nès allèrent jusqu’à conclure un accord prévoyant que la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie formeraient le noyau d’u
1798 des, Dejean, et plus tard Massigli. Retinger note que l’idée du Benelux naquit au cours d’une de ces réunions. La mort acci
1799 e Moscou. Et Molotov ne répondit pas à une lettre que l’ambassadeur Bogomolov lui avait transmise. Dans le même temps, plus
1800 nécessité non d’une fédération réelle, mais de ce qu’ ils appelaient pudiquement une « union plus étroite de nos pays », adh
1801 Retinger. Au lendemain du discours d’introduction que j’avais prononcé, je me trouvai placé entre eux deux devant les micro
1802 il parlait très mal en public, et aussi rarement que possible — mais parce qu’il entreprit sans perdre un jour les centain
1803 harger de la partie culturelle du congrès. Sur ce qu’ il faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’il exprima me pa
1804 l faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’ il exprima me parurent vagues ou fausses, d’ailleurs visiblement impro
1805 inger avait bien joué. Il sentait depuis Montreux que j’étais « engagé », non seulement par ma conférence à ce congrès, et
1806 ment par ma conférence à ce congrès, et par celle que j’avais donnée un an plus tôt aux Rencontres internationales, mais pa
1807 x conditions sine qua non de réussite du congrès, qu’ il semblait le seul à contrôler, voire à connaître. Sa plus grande hab
1808 te période, fut sans doute de donner l’impression qu’ il était obligé de cacher son jeu, mais qu’il jouait en réalité au bén
1809 ession qu’il était obligé de cacher son jeu, mais qu’ il jouait en réalité au bénéfice de chacune des tendances avec lesquel
1810 cialistes de France, d’Angleterre et de Belgique, qu’ effrayait la stature de Churchill, président d’honneur du congrès. (Fi
1811 à La Haye, y compris les Allemands avec Adenauer, qu’ on connaissait à peine à cette époque, et qui au surplus demeura dans
1812 sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce qu’ avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance,
1813 parlementaires, des écrivains et philosophes tels que Bertrand Russell, Salvador de Madariaga, Étienne Gilson et Charles Mo
1814 roposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la réussite du Congrès de l’Europe fut la manière dont Retinger sut l
1815 olutions de La Haye aux gouvernements. Il obtient que la France défende le projet d’un Conseil de l’Europe devant les cinq
1816 l’idée européenne progresse en profondeur autant qu’ en extension dans les élites dirigeantes. Il est difficile de mesurer
1817 ation du terrain, mais sans lui, les réalisations que nous connaissons aujourd’hui et que le grand public européen tient po
1818 réalisations que nous connaissons aujourd’hui et que le grand public européen tient pour toutes naturelles, n’eussent prob
1819 , par exemple, ni Lausanne qui a créé le CEC ; ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont les conditions psychol
1820 nstitutions, et de bien d’autres. Je ne crois pas que Jean Monnet et Retinger ont jamais travaillé ensemble : leurs méthode
1821 es étaient trop différentes, et ne pouvaient être que complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut invit
1822 ue complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut invité à assister à la signature par Jean Monnet et Dunc
1823 t la Grande-Bretagne. Et ce n’est pas sans raison qu’ il se trouvait être, en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en
1824 une seule de ses séances. En fait, il est certain que le CEC n’eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de Retinger non
1825 ndation européenne, c’est encore grâce à Retinger que l’idée réussit à prendre corps. Ses avis et ses interventions furent
1826 upe complexe d’influences et de compétences, tels que la Commission des pays de l’Est (avec Harold Macmillan et Sir Edward
1827 s du mot, qui implique un élément créateur autant que réalisateur. Quelques semaines avant sa mort, lors du dernier Conseil
1828 s pays, puis de faire face aux problèmes immenses que posent les relations entre l’Europe et le Monde. Lui qui d’ordinaire
1829 ’être devenu bavard dans les comités, et répétait qu’ il se sentait beaucoup moins fatigué que d’habitude et prêt à reprendr
1830 répétait qu’il se sentait beaucoup moins fatigué que d’habitude et prêt à reprendre la rédaction de ses Mémoires. Mais qua
1831 émoires. Mais quand ma femme, à propos de projets que nous avions en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit t
1832 ochaine », il répondit très vite comme on signale qu’ on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et av
1833 as, il s’agissait peut-être moins d’un but en soi que d’une étape vers le plus grand Ensemble. Dans les deux cas, le problè
1834 ital d’Histoire, sans avoir d’autre mise initiale que l’Idée. Ni fonds ni meubles, ni régiments mobilisables, ni parti infl
1835 s d’articles de lui. Ses lettres n’étaient jamais que de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non plus un orat
1836 e religieuse. Mais son travail réel ne commençait qu’ à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-v
1837 egardait les choses de près, s’apercevait bientôt que la grande idée dont on parlait était celle de ce petit homme sans app
1838 de ce petit homme sans apparence et silencieux ; que le groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de met
1839 ux ; que le groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de mettre les intérêts personnels les plus variés,
1840 qui circulait d’un groupe à l’autre : « Je crois que j’ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul à une petite ta
1841 n nombre de personnalités. À chacune, il explique que son idée est tellement importante qu’il vaut mieux ne pas en parler t
1842 il explique que son idée est tellement importante qu’ il vaut mieux ne pas en parler trop clairement. Puis il réunit tout so
1843 utre fois, quand je lui demandai s’il était exact qu’ il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican
1844 l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican, ainsi qu’ on le chuchotait : il me pria de laisser entendre à qui voudrait que c
1845 t : il me pria de laisser entendre à qui voudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en fait, et ce qui
1846 nnaient de desseins tortueux, quand il ne faisait que suivre une idée simple et grande : celle de grouper nos forces et nos
1847 ncroyable : elle était si directe, et percutante, que ses victimes n’y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est v
1848 cte, et percutante, que ses victimes n’y voyaient qu’ insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’avait pas l
1849 nsolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’ il n’avait pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste s
1850 estie si elle n’est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de briguer ses applaudissements, selon les
1851 x des historiens futurs. (Puisse le petit ouvrage que nous publions aujourd’hui mettre en garde les chroniqueurs contre une
1852 ment d’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait ce qu’ il avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’avait plus de
1853 ets perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt qu’ il portait aux hommes et aux problèmes, ni même sur les plans et les p
1854 x problèmes, ni même sur les plans et les projets qu’ il élabora jusqu’au dernier jour. » 49. « Ces ouvrages ne passèrent
1855 rit J. H. Retinger ; « Paul Valéry me dit un jour qu’ ils lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils étaient pleins de c
1856 J.H.R., qui put le voir à l’œuvre tant en Pologne qu’ à Londres. 51. Voir la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils f
67 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1857 urs des ans et de l’évolution rapide du monde, 1° que la confrontation des Européens de divers pays avec d’autres cultures
1858 n des moyens les plus efficaces de cette fin ; 2° qu’ un problème tout à fait analogue se posait aux nouvelles nations de l’
1859 nouvelles nations de l’Afrique et de l’Asie ; 3° que la meilleure méthode possible pour favoriser les unions régionales sa
1860 rieur de la communauté européenne, le CEC a senti que le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mondial, et d’
1861 phiques et à l’élaboration du document de travail que nous publions ci-après, à titre d’introduction au compte rendu in ext
1862 tous les continents dans le climat très favorable qu’ ont créé les journées de septembre à Genève. cm. Rougemont Denis de
68 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1863 tume, moyens de transport, etc.), plus rapidement qu’ elle n’égalise les niveaux de vie, et sans rapprocher les cultures. Ce
1864 . Ils créent dans les élites qui les subissent ce que l’on a si justement décrit comme un état de névrose, une sorte de sch
1865 urs différentes, complémentaires, ou correctives, que peuvent leur apporter d’autres cultures. — des rencontres personnelle
1866 s de « l’aide aux pays techniquement arriérés » : que cette aide ne soit pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une cultu
1867 on évolution propre, par rapport au « challenge » que représente pour elle l’uniformisation croissante de la civilisation.
1868 autres — et de s’expliquer d’abord à elle-même — que la technique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une rés
1869 que n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’ une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de ses so
1870 iel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et qu’ elle peut être nocive une fois séparée de ses sources et de certaines
1871 t d’abord aux Européens. Les « aides techniques » que l’Europe envoie en nombre croissant dans le monde ne sont pas préparé
1872 eprésenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ont qu’ une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses sur le
1873 e choses sur leur propre culture, et souvent pire que rien sur celle des pays où ils vont aller. De même, les étudiants d’o
1874 ure européenne dans son ensemble : ils n’étudient qu’ une branche isolée, en vue de leur profession, et ne connaissent en gé
1875 de leur profession, et ne connaissent en général qu’ un seul pays, d’après lequel ils jugent l’ensemble. Il n’existe pas de
1876 ion où il va travailler. ⁂ Il faudrait maintenant que chacune des autres régions culturelles expose ses propres motifs de d
1877 ture de l’Inde, par exemple, est plus harmonieuse que celle de l’Europe, moins « dialogique » par sa nature même. Mais son
1878 à un problème de prise de conscience d’elle-même que le dialogue avec l’Europe, l’Amérique latine, le monde arabe, peut l’
1879 s.) Une des premières conditions du dialogue, tel que nous l’espérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler
1880 perspective mondiale, non tant ses revendications que ses besoins, ses motifs propres de poursuivre le dialogue, les bénéfi
1881 propres de poursuivre le dialogue, les bénéfices qu’ elle en attend, et enfin les apports qu’elle peut y faire. III. Éta
1882 bénéfices qu’elle en attend, et enfin les apports qu’ elle peut y faire. III. État présent des contacts et des échanges
1883 ide des moyens existants ? Rien de plus difficile que de recenser, d’analyser et surtout d’évaluer les efforts actuels dans
1884 ns Il existe quelques revues générales, telles que Phylon (Atlanta Univ., États-Unis), East and West (Prof. G. Tucci, Ro
1885 e la planète, mais il serait imprudent d’affirmer que ces ouvrages, dans l’ensemble, répandent plus de connaissances exacte
1886 ensemble, répandent plus de connaissances exactes que d’erreurs et de préjugés. En revanche, des livres tels que ceux de Ke
1887 eurs et de préjugés. En revanche, des livres tels que ceux de Keyserling sur l’Inde et sur l’Amérique latine ; de H. Zimmer
1888 ou de J. Jahn sur l’Afrique noire, pour ne citer que quelques-uns des plus connus, initient le dialogue nécessaire, parce
1889 sions générales de l’Unesco, plus administratives que culturelles, habituent des hommes de culture de toutes les régions à
1890 randes lacunes à combler Des quelques exemples qu’ on vient de donner, on serait tenté de conclure à une surproduction pl
1891 rait tenté de conclure à une surproduction plutôt qu’ à une disette, dans le domaine des échanges culturels. Les spécialiste
1892 n, bibliographies et bibliothèques sont si riches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser.
1893 iches que le problème est moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser. Enfin, les occasions de rencontres — congrè
1894 colloques, séminaires, etc. — sont si nombreuses qu’ il devient difficile de trouver assez d’hommes qui aient encore le tem
1895 ient encore le temps d’y participer. En admettant que ces activités soient suffisantes dans leur domaine et soient menées d
1896 e et de civilisation.) Tous les dialogues savants que peuvent tenir entre eux linguistes, folkloristes, archéologues, numis
1897 de firmes privées (qui envoient les représentants qu’ elles ont la chance de trouver, préparés ou non…). Enfin, une troisièm
1898 un tout autre ordre, qui est celui des faits plus que des méthodes.   3. Les relations culturelles entre l’Occident et les
1899 si décrite — possibilités, besoins, lacunes —, ce qu’ il nous reste à faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dial
1900 origine culturelle européenne. Mais il est clair que dans le dialogue avec l’Afrique noire, ou l’Inde, ou la Chine, ces qu
1901 plus matérialistes et plus idéalistes-moralistes que l’Europe et que l’Amérique latine. Cette dernière ne connaît pas de p
1902 tes et plus idéalistes-moralistes que l’Europe et que l’Amérique latine. Cette dernière ne connaît pas de problème des race
1903 nbee) sont à la fois moins vastes et moins vagues que le binôme Orient-Occident ; mais plus vastes et plus réelles (du poin
1904 vastes et plus réelles (du point de vue culturel) que les États-nations constitués partout sur un modèle emprunté au xixe
1905 inents trop vastes ou entre nations trop petites, que le dialogue peut s’instituer. 2. « Présenter » (expliquer et enseigne
1906 s de cohérence culturelle, tant à leurs habitants qu’ aux autres régions. On se comprend mieux soi-même en s’expliquant aux
1907 tement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’ impose le Parti à des peuples très divers, soit par le brassage contin
1908 — celle-ci pouvant être la même vers l’intérieur que vers l’extérieur. Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’est
1909 ucation des masses ; lutte contre le matérialisme que peut répandre la technique ; adaptation de la technique aux valeurs h
1910 centres culturels régionaux Les considérations que l’on vient de résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’il no
1911 de résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’ il nous importe de soumettre à l’examen de représentants qualifiés d’a
1912 s’agit d’une « simple » question d’organisation, que beaucoup d’intellectuels jugeront sans doute étrangère à leurs soucis
1913 s talents. Et pourtant, même si l’on est persuadé que le vrai dialogue s’institue au niveau des expériences spirituelles, i
1914 au niveau des expériences spirituelles, il reste que les âmes ne communiquent pas encore sans que les hommes se rencontren
1915 pas encore sans que les hommes se rencontrent, et que les rencontres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes
1916 e organisées. Nous sommes arrivés à la conviction que la création de centres analogues au CEC dans les diverses régions cul
1917 stituts d’outre-mer, qui ne disposaient jusqu’ici que de sources d’informations nationales) ; — Fichiers détaillés sur les
1918 s, leurs œuvres, leur action régionale, l’intérêt qu’ elles portent à d’autres cultures, leurs qualifications et leur dispon
1919 , stage, séminaire, voyage d’études. N.B. Plutôt que de rassembler au Centre même des archives encombrantes et coûteuses,
1920 difficiles à consulter, il suffit le plus souvent que le Centre sache où sont les sources existantes de renseignements sur
1921  : le CEC est en mesure de répondre aux questions qu’ on lui adresse sur les organisations européennes officielles, parce qu
1922 combleraient une des lacunes les plus frappantes que nous ayons rencontrées jusqu’ici ; — Accueil aux étudiants, professeu
1923 La création de centres régionaux selon la formule que l’on vient d’esquisser pose évidemment des problèmes de personnel, de
1924 ces problèmes dans le présent papier, qui ne veut qu’ introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre aux représen
1925 s et difficultés existant dans leur région, ainsi que sur les projets analogues qui auraient déjà fait l’objet de leurs pré
1926 objet de leurs préoccupations. Soulignons le fait que dans certaines régions (en Inde par exemple) des institutions déjà ex
1927 utatis mutandis. De toute manière, il nous semble que la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit pas à des
1928 e : « Au mois d’août 1961, le document de travail que nous reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les pers
69 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
1929 ne sera pas simple affaire de routine. Je sais ce que représente pour chacun de vous le sacrifice de cinq ou six journées c
1930 meilleur repos. Si vous êtes ici ce matin, c’est que vraiment vous êtes conscients de l’urgence et de l’importance de dial
1931 âches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur que je vous dis merci, et que je vous salue au nom du Centre européen de
1932 st donc du fond du cœur que je vous dis merci, et que je vous salue au nom du Centre européen de la culture. Quelques-uns d
1933 perdre un temps précieux à décrire ses activités. Qu’ il me suffise de vous dire en deux mots qu’il existe depuis onze ans,
1934 vités. Qu’il me suffise de vous dire en deux mots qu’ il existe depuis onze ans, qu’il est une entreprise privée, c’est-à-di
1935 s dire en deux mots qu’il existe depuis onze ans, qu’ il est une entreprise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que
1936 rise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que sa « politique » — j’entends sa policy, au sens anglais —- est ainsi
1937 tique nationale ou partisane. Il est tout naturel que cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à dialoguer avec d’autr
1938 fois reculé, pendant des années. Aucun des moyens que nous pouvions imaginer pour y faire face, ou que d’autres avaient déj
1939 que nous pouvions imaginer pour y faire face, ou que d’autres avaient déjà essayés, ne semblait proportionné à l’ampleur d
1940 e l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé que , puisque rien ne serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait
1941 r quelque chose de très petit. Rien de plus petit qu’ une graine. Mais rien de plus riche d’avenir. Semer quelques graines d
1942 u cours de ces tout derniers jours. Je n’en salue que plus chaleureusement votre présence autour de cette table. (Suit une
1943 des messages, raisons des absences.) Vous voyez qu’ il n’est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes,
1944 voyez qu’il n’est pas facile de réunir ne fût-ce qu’ une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre continents 
1945 s choses. Pour entreprendre une tâche aussi vaste que celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut a
1946 Pour entreprendre une tâche aussi vaste que celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut apparaître
1947 égion, mais encore nous n’avons à passer ensemble que trois jours, alors qu’il faudrait des années de travail ardu, mené pa
1948 se lancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose,
1949 endu que notre colloque ne prétend à rien de plus qu’ à amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, comme on dit dans u
1950 aura réussi, si nous constatons dans trois jours que son travail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver l
1951 nstatons dans trois jours que son travail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donne
1952 s jours que son travail ne fait que commencer, et qu’ il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je s
1953 on travail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhaite que c
1954 a nécessité de lui donner des suites. Je souhaite que cette première journée de conversation nous permette de vérifier notr
1955 cessité du dialogue. Et tout d’abord, je voudrais que ceci soit bien clair ! Il s’agit ici d’un dialogue des cultures, et n
1956 débat de politique mondiale. On me dira peut-être que les tensions les plus graves entre l’Europe et le monde arabe, ou ent
1957 u entre les musulmans et l’Inde — pour ne prendre que ces trois exemples — sont de nature politique avant tout. Et que, par
1958 xemples — sont de nature politique avant tout. Et que , par conséquent, le dialogue des cultures n’est guère qu’un luxe, une
1959 conséquent, le dialogue des cultures n’est guère qu’ un luxe, une activité secondaire et probablement vaine tant que les te
1960 ne activité secondaire et probablement vaine tant que les tensions politiques subsistent. S’il en était vraiment ainsi, le
1961 politiques, et elles seront d’autant plus graves qu’ une base d’entente fondamentale n’aura pas été établie. Or c’est préci
1962 t établir cette base d’entente. Même si la chance qu’ il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans re
1963 ments. On ne tiendrait aucun compte des solutions que nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’ac
1964 de légiférer, de rêver et d’agir. Or ces réalités qu’ on peut appeler culturelles sont les sources profondes des grands male
1965 —· et même économique — nous ne pourrons le faire qu’ en travaillant à « améliorer le terrain », au sens médical du terme, c
1966 un dialogue véritable, et un dialogue organisé. Qu’ est-ce alors qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite que cela
1967 s qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite que cela ne saurait être une succession de monologues, si éloquents et en
1968 op de congrès et de séminaires, où il me semblait que les participants « jouaient » à tenir un congrès ou un séminaire, jou
1969 objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1° que ce colloque aboutisse à une publication (par les soins du CEC) donnan
1970 dialogue et de ses méthodes. Et nous voudrions 2° que ce colloque aboutisse à une résolution tendant à la création de centr
1971 naux, et définissant leurs fonctions. Je souhaite que nos débats, loin de se complaire dans des généralités généreuses, et
1972 gestif d’études et d’action à très long terme, et qu’ il s’agit en conséquence d’entreprendre sans perdre une minute. Je pas
1973 le monde ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa
1974 laquelle nos cultures répondent à cette pression qu’ elles subissent toutes. De ces deux faits de base résultent des tensio
1975 evront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous demandent que soit précisé le sens du terme cul
1976 se peut aussi que certains d’entre vous demandent que soit précisé le sens du terme cultures (au pluriel), dans le contexte
1977 emandera sans doute plus de temps. Car il importe que chaque « région » représentée s’exprime ici tout à loisir, s’explique
1978 lique aux autres et devant les autres. Il importe que chaque région décrive son ou ses problèmes majeurs, mais indique auss
1979 n ou ses problèmes majeurs, mais indique aussi ce qu’ elle attend des cultures différentes, et ce qu’elle estime avoir à leu
1980 ce qu’elle attend des cultures différentes, et ce qu’ elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deu
1981 me avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deux premiers points — motifs généraux et motifs régionaux — sont
1982 ments qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première
1983 re position du problème par Bertrand de Jouvenel, que j’ai trouvée extrêmement heureuse : « Nous sommes tous des colonisés.
1984 nité. Je n’irai pas jusqu’à dire, comme M. Jargy, que nous les intellectuels d’Europe, sommes tous contre la technique : je
1985 urope, sommes tous contre la technique : je crois que ce stade est dépassé. Il y a eu dans la première partie du siècle une
1986 es régions différentes et cette réalité objective qu’ est devenue la technique. Première forme du dialogue, première raison
1987 dialogue, première raison de dialoguer. Il s’agit que cette technique objectivée ne vienne pas maintenant briser, dissocier
1988 right, Gabriel d’Arboussier disait très justement que son cas n’est pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils vie
1989 égale, avec n’importe quelle autre culture, quel que soit son âge. Ce premier dialogue entre la technique et les cultures,
1990 à cette brisure, à cette espèce de schizophrénie que risque de créer la technique dans des régions où elle arrive tout à f
1991 des cultures. J’avais prévu dans mon introduction que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de cul
1992 n que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de culture et de civilisation. Est-ce qu’il y a une cu
1993 les termes de culture et de civilisation. Est-ce qu’ il y a une culture de l’universel, ou est-ce qu’il y a des cultures ?
1994 e qu’il y a une culture de l’universel, ou est-ce qu’ il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui et non l
1995 rsel, ou est-ce qu’il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui et non là-dessus, il s’agit de distinguer.
1996 te quelle civilisation, nous savons exactement ce que cela veut dire. Ce sont les hommes qui réfléchissent, harmonisent, co
1997 leur autonomie se laisser uniformiser, bien plus qu’ elles ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que l
1998 été pendant la période colonialiste. Il me semble que le danger de l’uniformisation par la technique atteint maintenant le
1999 ultures se libèrent et se différencient. Je crois que la formule qu’il faudrait proposer ici, c’est la formule du fédéralis
2000 rent et se différencient. Je crois que la formule qu’ il faudrait proposer ici, c’est la formule du fédéralisme, c’est-à-dir
2001 pparaît la nécessité du dialogue. Il est très bon que ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à
2002 l’union dans la diversité. Et là-dessus, je crois que tout le monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ai excessivem
2003 tout le monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ai excessivement simplifié ? Voix — Non ! Non ! (applaudissements).
2004 ? Voix — Non ! Non ! (applaudissements). Donc, ce que nous visons par ce dialogue, c’est une espèce de convergence vers une
2005 listes. Si vous êtes d’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’il fallait dire sur ce premier point de l’ordre
2006 ’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce qu’ il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jour : nous avons v
70 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
2007 (février 1963)ct La Bibliographie européenne que prépare actuellement le CEC, et qui sera publiée en 1964, comporte en
2008 000 titres. On n’a retenu, à de rares exceptions, que les ouvrages parus depuis la dernière guerre. Le critère adopté pour
2009 que ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports de ce pays a
2010 unité de culture ; enfin, ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode
2011 pe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis
2012 assement, l’utilité pédagogique. J’entends par là que nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entrepr
2013 bliographie et de la Semaine du livre. Il ne vise qu’ à décrire une coupe dans la production « européiste » contemporaine. L
2014 ture « d’actualité », qui vient toujours après ce que d’autres ont osé faire sans se demander d’abord si c’était à la mode,
2015 t le grand public. Certaines manières d’expliquer que « Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’il a réussi » révèle
2016 que « Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’ il a réussi » révèlent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui de
2017 ela pose un autre problème, et c’est aux éditeurs qu’ on voudrait demander de se montrer plus difficiles. Trop d’ouvrages de
2018 de faire du tort à la cause de l’union, non moins qu’ en firent naguère l’indifférence ou la méfiance systématique. Les édit
2019 sous son nom, c’est à cause de certaines erreurs qu’ il sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à u
2020 res de format courant, d’autres enfin craignaient que les premiers titres retenus ne soient pas de bonne vente dans leur pa
2021 enus ne soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ ils se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le su
2022 se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’ a montré le succès qu’ont remporté depuis lors deux au moins des ouvra
2023 ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succès qu’ ont remporté depuis lors deux au moins des ouvrages retenus au départ,
2024 és finalement par le pool. Il est juste d’ajouter que l’intérêt pour les publications « européistes » s’est fortement accru
2025 es » s’est fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’autres entreprises collectives — au premier ra
2026 l’économie et du droit économique. Il semble donc qu’ une politique de l’édition « européiste » n’est pas seulement souhaita
2027 auteurs possibles, les projets en cours, et ceux qu’ il conviendrait d’encourager ou de susciter, — tels seraient, à notre
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
2028 doter d’institutions communes, il est bien clair que cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus inst
2029 n de l’Europe suppose en fait les mêmes exigences que la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des
2030 des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’ elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais
2031 est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en r
2032 e — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anon
2033 d’un pays, son tonus civique), mais il est clair qu’ on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans les répons
2034 paraissent résulter de notre enquête. C’est dire que la Campagne d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle est poss
2035 Campagne d’éducation civique était nécessaire, et qu’ elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressourc
2036 e était nécessaire, et qu’elle est possible, mais qu’ il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou plutôt à mobiliser l
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
2037 urelle, illustre d’une manière exemplaire le rôle que peut jouer un festival dans cette renaissance des régions. Mon ami Ro
2038 es régions. Mon ami Roger Bigonnet n’a pas oublié que pour devenir membre de l’Association européenne des festivals de musi
2039 i satisfait à ces deux critères avec tout l’éclat que l’on sait, se trouvait donc prédestiné à servir de point de départ à
2040 tre de directeur du CEC et de président de l’AEFM que je me félicite de pouvoir accueillir dans nos publications le compte
2041 té de leurs interventions en fait le prix, autant que les compétences si variées des orateurs. Le général Claude Clément, r
2042 rendu, a donc eu bien raison de conserver autant que possible le caractère parlé et improvisé de ces débats : ils présente
2043 ils présentent, dans l’ensemble, une photographie qu’ on ne pourrait souhaiter plus ressemblante des préoccupations, vœux, d
2044 , face aux nécessités, désormais reconnues, de ce que l’on a si justement nommé « la révolution régionale ». ⁂ On ne saurai
2045 ens entre la culture et l’économie, de n’avoir pu qu’ effleurer les aspects administratifs, politiques et civiques du problè
73 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
2046 juillet 1963)cr cs Il peut paraître paradoxal qu’ au moment où nous nous efforçons de faire une vaste union européenne,
2047 t avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’est qu’ un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe les uns
2048 ortance des frontières nationales, ces frontières que le xix e et le xx e siècles ont imposées d’une manière assez arbitrai
2049 monde dans cette deuxième partie du xx e siècle, qu’ il s’agisse de la culture européenne ou de l’africaine, ou de l’arabe,
2050 e se détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’ a été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes traditio
2051 ons retrouver notre équilibre en présence du défi qu’ elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien qu
2052 pessimiste, peut paraître se rattacher à tout ce qu’ on a dit depuis un demi-siècle en Europe contre la technique destructr
2053 ous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser que la technique est un progrès, en ce sens qu’elle augmente à la fois le
2054 enser que la technique est un progrès, en ce sens qu’ elle augmente à la fois les risques de la culture et ses chances, ses
2055 t ses chances, ses possibilités. Pour n’en donner qu’ un exemple, que tout le monde connaît, je dirai que, grâce à la techni
2056 ses possibilités. Pour n’en donner qu’un exemple, que tout le monde connaît, je dirai que, grâce à la technique, aujourd’hu
2057 u’un exemple, que tout le monde connaît, je dirai que , grâce à la technique, aujourd’hui, la musique et la littérature trou
2058 c, à l’accession à la culture de couches immenses que nous assistons aujourd’hui. Autre point non moins important : la créa
2059 es voyages, par de la lecture. C’est dans ce sens que je pense que la technique signifie un progrès pour le développement d
2060 ar de la lecture. C’est dans ce sens que je pense que la technique signifie un progrès pour le développement de la culture,
2061 uïté de ce mot « progrès », la double possibilité qu’ il représente : ou de ruiner la culture, ou de la porter bien au-delà
2062 colloque. La question était la suivante : est-ce que la spécialisation résultant de la technique n’est pas un danger pour
2063 ger pour la culture, étant entendu, d’autre part, que la technique apporte beaucoup à la culture ? La spécialisation est ce
2064 des activités humaines. Le spécialiste qui n’est que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la cult
2065 r la culture qui est, en fin de compte — je crois que c’est la définition la plus simple qu’on puisse en donner — ce qui do
2066 — je crois que c’est la définition la plus simple qu’ on puisse en donner — ce qui donne un sens aux activités humaines. Mai
2067 pas moins dangereuse pour la technique elle-même que pour la culture. Pour la technique et pour le développement scientifi
2068 e et en Angleterre sur les inventions techniques, que la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spéci
2069 osités à faire des découvertes, à trouver du neuf qu’ ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leur
2070 us à restaurer les études générales ; à tel point que , dans un ouvrage récent publié en Amérique, qui compare l’éducation a
2071 ’éducation soviétique, l’auteur américain prétend que le jeune soviétique de 7e année qui fait de l’anglais en sait davanta
2072 tage sur les littératures américaine et anglaise, que le jeune américain du même degré et du même âge. Nous assistons là à
2073 pour les créateurs. Il reste évidemment le danger que la spécialisation nécessaire dans beaucoup de branches de la techniqu
2074 de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul geste, comme les ouvriers
2075 ielles. On a beaucoup répété depuis cinquante ans que la machine asservit l’homme. C’était vrai à un certain stade de la te
2076 sante asservissait l’homme à la machine. C’est ce que Marx a si bien décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’étai
2077 Marx a si bien décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’était que « le complément vivant d’un organisme mort ». C
2078 , en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’était que « le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait à la
2079 de l’industrie, la période du charbon. Maintenant que nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité,
2080 et de l’atomistique, tout change et on s’aperçoit que la technique, loin d’asservir l’homme, arrive à le libérer. L’usine a
2081 la technique. De ces considérations générales, ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et
2082 ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est que , entre la technique et la culture, les liens ne sont pas seulement so
2083 nt souhaitables d’un point de vue humaniste, mais qu’ ils sont vitaux pour la technique et par suite pour l’industrie elle-m
2084 tion culturelle et l’évolution économique. Notons que ces évolutions ne sont jamais parties d’une base « nationale » au sen
2085 res s’ouvrent à des échanges plus libres, il faut qu’ il y ait quelque chose à faire passer, des produits à échanger ! Cela
2086 er qui rayonnerait bien au-delà ? Je ne pense pas que la fonction première d’une métropole soit d’apporter la culture dans
2087 e participe, ce n’est pas seulement quelque chose qu’ il reçoit ; et probablement, il ne peut en recevoir les dons que dans
2088 et probablement, il ne peut en recevoir les dons que dans la mesure où il fait un effort créateur d’une manière ou d’une a
2089 Je trouve cette image parfaitement exacte en ceci qu’ elle évoque un pouvoir émetteur, lequel va naturellement bien au-delà
2090 tions, les échanges et les mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de leur phare,
2091 es cours de la Renaissance italienne ou flamande. Qu’ est-ce que ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une répons
2092 e la Renaissance italienne ou flamande. Qu’est-ce que ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse à leurs
2093 s tard sur ce point… capital ! […] Nous avons vu qu’ une métropole, cela consiste en un attrait, un climat, et des ressourc
2094 ra en retour. La culture et l’éducation, je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investi
2095 e-même son rayonnement. Autrement, elle ne serait qu’ une succursale plus ou moins lointaine de la capitale nationale qui co
2096 sse de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce qu’ était autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d’Anvers
2097 ou de Bruges au temps de la Renaissance, ou à ce qu’ étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un temple
2098 conscients de leur interdépendance vitale, de ce qu’ ils doivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ils peuvent s’a
2099 s doivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ ils peuvent s’apporter les uns aux autres. Je suggère cette idée de fo
2100 e par l’économie régionale, non pas dans l’espoir qu’ elle soit acceptée ni même discutée sérieusement aujourd’hui, mais par
2101 ieusement aujourd’hui, mais parce qu’il me semble qu’ elle pourrait servir à concrétiser, dans les conversations qui suivron
74 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
2102 pe, Marché commun. Mais elle ne deviendra vivante que par les citoyens qui la vivront, conscients de leurs devoirs envers c
2103 ensemble qui est leur civilisation et des droits que l’union seule pourra leur assurer dans l’avenir. Or, comment devenir
2104 : l’École. Car l’Europe fait des citoyens pour ce qu’ elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour l
2105 e faire des citoyens pour la nation. Et l’on sait qu’ elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres
2106 ation. Et l’on sait qu’elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferai
2107 culture assurant le secrétariat de l’entreprise, qu’ il avait préparée par plusieurs publications57. Le comité a lancé la C
2108 aide apportée ont été extrêmement encourageants ; que ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à
2109 lui ont permis l’organisation de ces stages ainsi qu’ aux Communautés européennes et au Conseil de l’Europe, qui ont apporté
2110 ion dont ils prendraient l’initiative. Les textes que nous publions ici ne représentent qu’une faible partie de ceux qui on
2111 Les textes que nous publions ici ne représentent qu’ une faible partie de ceux qui ont été présentés aux stages organisés d
2112 jà tenus voudra bien garder dans l’esprit le fait qu’ il ne s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à lon
2113 bien garder dans l’esprit le fait qu’il ne s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long terme. Les pro
2114 sprit le fait qu’il ne s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long terme. Les prochains stages auront
75 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
2115 t vous dire, à vous professeurs de géographie, ce que je voudrais que l’on m’enseigne si j’avais le bonheur de retourner à
2116 ous professeurs de géographie, ce que je voudrais que l’on m’enseigne si j’avais le bonheur de retourner à l’école, et d’êt
2117 de retourner à l’école, et d’être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne que la géographie précède l
2118 être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais qu’ on m’apprenne que la géographie précède l’histoire, mais ne la détermi
2119 tôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne que la géographie précède l’histoire, mais ne la détermine pas. Et que le
2120 précède l’histoire, mais ne la détermine pas. Et que les historiens nationalistes se moquent de nous quand ils prétendent
2121 onalistes se moquent de nous quand ils prétendent que telle chaîne de montagnes ou tel fleuve divisent deux peuples, fatale
2122 faire la guerre, alors qu’on peut aussi bien dire qu’ ils unissent et relient ces mêmes peuples. Le Rhin divise Français et
2123 donc ! C’est l’histoire du trait d’union : est-ce qu’ il sépare deux mots, ou est-ce qu’il les unit ? L’historien nationalis
2124 ’union : est-ce qu’il sépare deux mots, ou est-ce qu’ il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’il les sépare. L’histor
2125 ce qu’il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’ il les sépare. L’historien fédéraliste européen dira qu’il les unit en
2126 les sépare. L’historien fédéraliste européen dira qu’ il les unit en respectant leur diversité. Pas question de soumettre l’
2127 nier, professeur à la Sorbonne. Je voudrais aussi qu’ on m’enseigne les faits géographiques qui définissent l’unité de notre
2128  éternelles » est souvent arbitraire. Je voudrais qu’ on me dise que l’Europe est un pays de grande densité humaine : 20 hab
2129 est souvent arbitraire. Je voudrais qu’on me dise que l’Europe est un pays de grande densité humaine : 20 habitants au km2
2130 yenne dans le monde, 57,85 en Europe. Je voudrais qu’ on me démolisse l’absurde théorie des « frontières naturelles » qui no
2131 Ruhr-Lorraine-Luxembourg-Belgique, sous prétexte que les gens, à la surface, parlaient des langues un peu différentes et a
2132 s rois ou des États différents. Je voudrais enfin qu’ on me montre comment, dans une Europe politiquement unie, les régions
2133 nent reprendraient vie. Car voici le raisonnement que je me tiens (sans doute naïf ? pas sûr) : les États actuels coupent l
2134 qui les opposaient artificiellement, des amitiés que la nature propose, et que la ressemblance de culture encourage, et qu
2135 ciellement, des amitiés que la nature propose, et que la ressemblance de culture encourage, et que seules les administratio
2136 , et que la ressemblance de culture encourage, et que seules les administrations nationalistes centralisées interdisaient,
2137 j’insiste sur le mot, car trop de gens prétendent que le projet européen est une sorte de rouleau compresseur qui va tout m
2138 passage. Telles sont quelques-unes des questions que je pose aux professeurs de géographie. Et je ne sais s’ils y répondro
2139 t ces journées d’étude, mais ils sauront au moins qu’ un Européen d’aujourd’hui se les pose, et que c’est cela qui l’intéres
2140 oins qu’un Européen d’aujourd’hui se les pose, et que c’est cela qui l’intéresse et que c’est peut-être dans ces directions
2141 se les pose, et que c’est cela qui l’intéresse et que c’est peut-être dans ces directions qu’ils feraient bien d’orienter l
2142 éresse et que c’est peut-être dans ces directions qu’ ils feraient bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils seraient t
76 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
2143 us actuels, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux
2144 s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que
2145 pés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langu
2146 igine de la diversité des langues ne serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargons de métier — sp
2147 Ceci m’évoque d’abord la description de l’Europe que nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société des es
2148 ette institution dont le nom même semble indiquer qu’ elle devrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités
2149 onger à cette tour du Savoir, tellement démesurée qu’ il faut, pour l’édifier, diviser maîtres d’œuvre et ouvriers en équipe
2150 ur d’elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page que je viens de vous lire sur l’origine de la pluralité des langues, Dant
2151 Europe. Les races qui s’ignoraient jadis au point qu’ un homme de couleur différente ne semblait pas vraiment humain, se rec
2152 rt plus visible et plus facile à observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler :
2153 galaxies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes contemporains. D’où résultent les deux
2154 rdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire que tout langage commun se perd, entre les branches sans cesse multipliée
2155 ches sans cesse multipliées du savoir, c’est dire que la commune mesure d’une civilisation est en train de s’évanouir — j’e
2156 ources vives de la nouvelle culture mondiale. Or, qu’ il n’y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts f
2157 ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux s’obscurcissent, il faut bien voir que cela veut dire
2158 es buts finaux s’obscurcissent, il faut bien voir que cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y a plus d’Universit
2159 voir que cela veut dire aussi, très concrètement, qu’ il n’y a plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas,
2160 ste. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souvent fortuites d’écoles professi
2161 s de recherches n’ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration, par ailleurs accablée de soucis matériels
2162 ucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés de l’esprit humain. La juxtap
2163 facultés étanches ne fait pas plus une université qu’ une addition d’organes ne fait un corps vivant. Regardons cela d’un pe
2164 il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’ il sera de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu vari
2165 mer et d’autres savants américains nous affirment que 85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire, sont v
2166 imie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’ un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que
2167 rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’ elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour image
2168 qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour images, sont probablement vraies en gros dans le domai
2169 ut dire « version à l’unité »…) Toute l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous
2170 ous en terminologies incomparables. L’université, que l’on pourrait considérer comme un grand appareil distributeur d’infor
2171 Un exemple précis illustrera ce point. Supposons que la théologie ait gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos
2172 estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou
2173 lines diverses n’ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou des préjugés mutuels hérités de confli
2174 ps périmés59. Faudra-t-il donc nous résigner à ce que l’accroissement même du savoir entraîne pour conséquence la division
2175 observateur non prévenu, jugeant seulement sur ce qu’ il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Euro
2176 ement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Européens trouve que cela peut fort bien
2177 que la très grande majorité des Européens trouve que cela peut fort bien continuer ainsi, sans nul danger sérieux de catas
2178 niversité, dans nos pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’être abandonnée, elle attire une foule croissante de
2179 lleurs et de curieux. L’industrie et l’État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses t
2180 t devenue trop petite pour ses tâches immédiates, qu’ on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’ont jamais été mortelles
2181 ement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’existence
2182 lines, et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’ en se fermant méthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’êtr
2183 tion attentive de nos universités, l’on ne trouve qu’ une sorte de monstre, assemblage de pièces et de morceaux que seuls le
2184 e de monstre, assemblage de pièces et de morceaux que seuls les vêtements tiendraient ensemble, ou la force de l’habitude !
2185 otivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domaine de l’Université, et qu’elles
2186 ons débordent le seul domaine de l’Université, et qu’ elles affectent tout l’ensemble de la culture européenne. Mais c’est p
2187 a culture européenne. Mais c’est par l’Université que les hommes d’outre-mer viennent au contact de la culture européenne,
2188 au contact de la culture européenne, et c’est là qu’ ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une i
2189 oins en moins armés pour y répondre. Le problème qu’ on soulève ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civ
2190 s recherches particulières à l’aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatibl
2191 rticulières à l’aventure, advienne que pourra, et qu’ on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l
2192 aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l’image du monde
2193 que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l’image du monde communément admise.
2194 ion de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’ elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce
2195 liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’ elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet d’é
2196 études !) Or rien de tel ne s’est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homogènes de l’Asie brahmani
2197 istinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science, éthique et esthétique, sont réglées par
2198 ar l’explication et la programmation universelles que figure le marxisme-léninisme (ou, au moins, le Parti qui l’interprète
2199 cherchez-vous à accroître la productivité plutôt que la sagesse ? et à contrôler la matière plutôt que vos passions et vos
2200 que la sagesse ? et à contrôler la matière plutôt que vos passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de
2201 s l’Occident christianisé — alors qu’il est clair qu’ une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellement illuso
2202 Temps, de l’Évolution et du Progrès, il faudrait que le théologien soit capable de se référer non seulement aux conciles e
2203 portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les physiciens qui en discutent sachent que la dialectique de leurs p
2204 drait que les physiciens qui en discutent sachent que la dialectique de leurs problèmes actuels sur le temps, la matière et
2205 e gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’ il m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’Europe de l’espri
2206 qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde, qu’el
2207 esprit ne peut plus se présenter devant le monde, qu’ elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babé
2208 références à un langage commun. Le grand problème que l’Europe seule me paraît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l
2209 isés et synthèse de nos connaissances n’est guère qu’ un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence de l’union dan
2210 opéenne, dans sa forme fédéraliste, non unitaire, que je tiens pour la seule possible et désirable. ⁂ Comment résoudre ce p
2211 ière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux implications générales, aux
2212 ales, aux ramifications interdisciplinaires de ce que l’on est en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte,
2213 ndre chance de succès ; et l’éducation permanente qu’ on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait
2214 galement pour illusoire. Certes, on peut soutenir que la spécialisation du savoir, loin de représenter un progrès, n’est li
2215 in de représenter un progrès, n’est littéralement qu’ une monstruosité : le développement excessif d’un organe aux dépens de
2216 semble humain est une perte absolue, essentielle, que tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne com
2217 bouts au prix de son âme. Il n’en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’en croissant, so
2218 la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’ en croissant, sous la double pression que j’ai dite : toujours plus de
2219 ut aller qu’en croissant, sous la double pression que j’ai dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujour
2220 s de son cheminement à déboucher sur des domaines que la vertueuse méthode, naguère, interdisait rigoureusement. Un neurolo
2221 e l’irréversibilité du temps est amené à écrire «  qu’ une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étriquée ; et que
2222 ne stricto sensu du cosmos est trop étriquée ; et que la Physique de demain risque de se trouver obligée d’entrer dans un d
2223 e beaucoup plus compréhensive61 ». Et chacun sait que c’est en poussant l’exigence de l’analyse jusqu’aux anomalies les plu
2224 de l’analyse jusqu’aux anomalies les plus fines, que les savants contemporains ont créé la science nucléaire : or, les imp
2225 nucléaire : or, les impasses et les paralogismes qu’ ils y rencontrent semblent les confronter désormais à des options méta
2226 eu. » Si je la transpose au domaine moins sublime que j’essaie aujourd’hui d’explorer, elle me paraît rendre compte du fait
2227 d’explorer, elle me paraît rendre compte du fait que ce sont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plu
2228 mouvement, rythme et structure dynamique, autant que dans leurs implications jusqu’alors inaperçues. C’est dire que l’œuvr
2229 s implications jusqu’alors inaperçues. C’est dire que l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture et de no
2230 rs inaperçues. C’est dire que l’œuvre de synthèse qu’ exige l’état présent de notre culture et de nos universités devrait d’
2231 mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — car là sans
2232 omme un résultat objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dans un
2233 e qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’ elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement
2234 s, son utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’ il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse
2235 leur excellence en tant que tels par le fait même qu’ ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être
2236 le fait même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoris
2237 n, voilà sans doute le genre de solution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au pr
2238 tifs universitaires, je n’aurais guère à proposer qu’ une solution de bon sens presque simpliste : il me semble que le seul
2239 tion de bon sens presque simpliste : il me semble que le seul moyen de sauver la qualité des universités existantes et leur
2240 velles pourraient librement s’accorder aux optima que votre Conférence se préoccupe d’établir et que proposent avec beaucou
2241 ma que votre Conférence se préoccupe d’établir et que proposent avec beaucoup de sagesse, me semble-t-il, les rapports d’ex
2242 de la culture européenne, qui n’est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations personnelles, condition de
2243 ys ou université. Ce n’est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le t
2244 n’est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’ a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel,
2245 iversités, maintenues dans les petites dimensions qu’ exige leur rendement optimum, peut freiner l’accroissement de l’entrop
2246 ionnelle, et démontrer d’une manière convaincante qu’ on éprouve l’impérieux désir d’intégrer l’expérience acquise dans un e
2247 nterdisciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’ il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés cla
2248 s facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que , pour ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j
2249 é du milieu et de paix, des disciplines farouches qu’ imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la crois
2250 nce, à l’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’ elle n’a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous l
2251 Cette liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’ à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel ce
2252 de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs dét
2253 ombinatoria. Mais surtout, et c’est la conclusion que je souhaite que vous tiriez de mes propos, cet institut de synthèse s
2254 s surtout, et c’est la conclusion que je souhaite que vous tiriez de mes propos, cet institut de synthèse serait idéalement
2255 ui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 59. Je n’ignore pas les tentatives qui se
2256 haut niveau de précision ; mais on peut craindre que le langage mathématique, même une fois maîtrisé par nos économistes,
77 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
2257 nes idéologies, certaines formes de vie publique, que cette culture seule expliquait. Alors parut un troisième motif d’unio
2258 îtresse qui l’inspire est la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et réalise sa vocation particulière dans le
2259 echnologique née du complexe européen ; — il faut que les Européens prennent l’initiative de coopérer à l’établissement d’u
2260 ela les moyens d’une aide conçue de telle manière qu’ elle n’augmente pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se reto
2261 le n’augmente pas les déséquilibres existants, et qu’ elle ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Europée
2262 ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Européens se préoccupent de présenter au monde nouveau et aux cul
2263 me des cultures entrant en dialogue, et admettant qu’ elles sont autant de manifestations valables, précieuses et nécessaire
2264 cidentales ; d’autre part nous savons aujourd’hui qu’ aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par
2265 ourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’ elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue e
2266 estion toutes nos valeurs, bien plus profondément que les grandes découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous avons donc
2267 le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé que le concours d’un grand nombre de compétences éprouvées pourrait aider
2268 ipaux d’un programme très vaste, avec l’ambition ( que certains jugeront presque délirante) de couvrir l’ensemble des questi
2269 utres vous seront présentés oralement. C’est dire que la réponse a dépassé la demande, quoique avec un certain retard, qui
2270 poser des solutions pratiques. Je ne parlerai ici que des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage cet après-midi e
2271 Il était juste de relever d’abord le rôle décisif qu’ ont joué les Européens, et eux seuls, des stoïciens grecs et romains a
2272 d’expliquer aux Occidentaux d’aujourd’hui autant qu’ aux hommes du tiers-monde, comment et pourquoi ces sous-développés qu’
2273 rs-monde, comment et pourquoi ces sous-développés qu’ étaient les Européens du Moyen Âge et de la Renaissance par rapport au
2274 stance technique, ont fourni la carrière mondiale que l’on sait. Un troisième groupe de rapports traite des liens entre le
2275 ent représentée, consiste au contraire à soutenir que face au tiers-monde il convient que les Européens reprennent conscien
2276 re à soutenir que face au tiers-monde il convient que les Européens reprennent conscience de leurs vertus fondamentales et
2277 e et de l’autre attitude. Car il est bien certain que les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’une sorte d’arrog
2278 ldats les jugeaient un peu enfantins… Imaginez ce que donnerait le récit par des marchands malais ou malgaches, d’une visit
2279 rment contre l’Europe et pour lui faire la leçon, que toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire ob
2280 galement valables, il est juste de faire observer que des Européens, presque seuls, ont pu penser cela ! Toutes les grandes
2281 font aujourd’hui dans le tiers-monde encore plus que chez nous. Retenons donc la notion de l’égalité de toutes les culture
2282 toute sincérité, sobriété et bonne conscience ce que nous autres, les Européens, avons à faire entendre dans le concert de
2283 origine : le nationalisme ; mais aussi de l’usage que le tiers-monde voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre
2284 s-monde voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre libéralisme et du droit d’opposition, de nos formules syndic
2285 très importants lui sont soumis, et il me semble que chacun à sa manière, si différentes que soient ces manières et si opp
2286 me semble que chacun à sa manière, si différentes que soient ces manières et si opposées qu’elles puissent paraître, ces ci
2287 ifférentes que soient ces manières et si opposées qu’ elles puissent paraître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui e
2288 t, me passionneraient le plus, parce que c’est là que j’aurais le plus à apprendre, mais aussi les plus naïves questions à
2289 s questions à poser. Est-il certain, par exemple, que le développement industriel et technique sur le modèle occidental soi
2290 L’exactitude de ces calculs ne suppose-t-elle pas que tous les peuples auraient accepté les options fondamentales, les vale
2291 hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce que l’on nomme leurs besoins élémentaires. Ceux-ci peuvent varier dans un
2292 e de facteurs religieux, psychiques ou culturels, que toutes les lois de l’économie s’effondrent, si justes qu’elles soient
2293 es les lois de l’économie s’effondrent, si justes qu’ elles soient localement dans un milieu convenablement conditionné et r
2294 onné et réglé, comme l’Occident moderne. Supposez qu’ une épidémie de mystique ascétique se déclare dans une région de l’hum
2295 onites, qui interdit l’usage de l’auto et n’admet que le chariot à deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exemples me
2296 exemples me paraissent de nature à nous rappeler que le niveau de développement économique d’une culture donnée ne saurait
2297 damentales devant la vie et la nature ne jouaient qu’ un rôle négligeable. En vérité, si l’on entend « développer » à l’occi
2298 un pays de culture différente, il faut bien voir que du même coup on s’attaque à son âme, ou en tout cas au mode de joncti
2299 pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous av
2300 au contraire le devoir impérieux de leur dire ce qu’ il va leur en coûter d’essayer de nous « rattraper », de dire aux Indi
2301 us « rattraper », de dire aux Indiens par exemple qu’ ils ne peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, mange
2302 ge et Lord Russell nous répètent depuis Hiroshima que l’humanité est menacée d’extinction par la Bombe, et ce danger virtue
2303 ts qui vous sont soumis insistent sur la priorité qu’ il faudrait donner à une planification démographique sur la planificat
2304 soire, et peut même aggraver rapidement la famine qu’ elle voulait prévenir à n’importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme d
2305 ’ensemble des rapports de base ne visait en somme qu’ à rappeler l’ampleur des objectifs de ce congrès, et que le problème q
2306 appeler l’ampleur des objectifs de ce congrès, et que le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et diso
2307 r des objectifs de ce congrès, et que le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et disons-le, si formid
2308 s-le, si formidable, au sens étymologique du mot, que si nous arrivions seulement à le poser avec la clarté et la franchise
78 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
2309 et culture (notamment artistique) (mai 1967)dc Que l’on s’occupe d’enseignement de l’histoire et de la géographie, des i
2310 tières et la préparation civique des élèves. Mais que l’on en vienne à s’occuper aussi, dans le même cadre, de l’enseigneme
2311 des doutes. Par exemple, beaucoup peuvent douter qu’ il y ait un rapport bien certain entre la culture d’une part, qu’ils c
2312 rapport bien certain entre la culture d’une part, qu’ ils considèrent comme un luxe réservé à une élite disposant de loisirs
2313 ie politique, économique et sociale d’autre part, qu’ ils considèrent comme le solide et le sérieux de l’existence de tous l
2314 actérise les États totalitaires. Même à supposer que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces questions, i
2315 outes ou ne se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et civisme n’est pas évident pour tous les Euro
2316 ’appuient mutuellement dans l’optique de l’Europe que nous voulons unir, cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout d’ab
2317 e de l’Europe que nous voulons unir, cette Europe qu’ il s’agit de faire vivre tout d’abord dans l’esprit et le sentiment de
2318 nes générations confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’ est-ce que le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot
2319 tions confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’est-ce que le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot — qui est
2320 eignement. ⁂ Qu’est-ce que le civisme ? Je crois qu’ on peut le définir par un seul mot — qui est le mot-clé de la doctrine
2321 ticipation active de l’individu à la vie commune, qu’ il s’agisse du cercle familial, professionnel et communal pour commenc
2322 ociété, dans nos démocraties. Tout cela, c’est ce que l’on nomme l’instruction civique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle d
2323 l’instruction civique — ou en tout cas, c’est ce qu’ elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. C
2324 t pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’ il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsa
2325 à où il n’y a pas de responsabilité concrète ; et que , inversement, la condition de toute responsabilité réelle, c’est la l
2326 ment, un homme ne peut être tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’il était libre au moment où il a signé tel
2327 tenu pour responsable que si l’on peut démontrer qu’ il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle acti
2328 il a signé tel document, commis telle action, et qu’ il n’a pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de f
2329 se réalise et s’actualise dans la responsabilité, que ce soit pour le bien ou pour le mal, pour l’honneur ou pour le châtim
2330 ations sacrées et les totalitaires n’est en somme qu’ un immense catéchisme, un apprentissage des règles et des réponses, l’
2331 de l’éducation européenne ne sont contradictoires qu’ en apparence. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que
2332 es sont en réalité complémentaires, elles ne font que traduire la dialectique de la responsabilité et de la contestation (a
2333 fin de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce qu’ est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble
2334 maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Europe, à celle que
2335 ormelle ressemble étrangement, en Europe, à celle que je viens de donner du civisme. En effet, la culture pour un Européen,
2336 œuvres qui représentent la culture européenne, —  qu’ il s’agisse de livres ou de monuments, de tableaux ou de symphonies, d
2337 -d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace que si l’élève est initié à quelques rudiments des techniques artistiques
2338 iciel sous Staline. L’imitation, en Europe, n’est qu’ un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la personnalité
2339 n moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la personnalité, la différence personnelle puisse apparaître. Cette d
2340 ntre, un poète, un musicien, veut d’abord dire ce qu’ il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en m
2341 il ambitionne d’être joué en public, c’est-à-dire qu’ il cherche aussi l’approbation et la sanction suprême de la communauté
2342 me de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir qu’ à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentale
2343 gories fondamentales : liberté et responsabilité. Qu’ il s’agisse du citoyen actif ou de l’artiste créateur, le problème est
2344 mais en même temps d’assumer les responsabilités qu’ il entraîne dans la communauté. Au couple antinomique inséparable libe
2345 le bon artiste européen. L’éducation européenne, qu’ il s’agisse de civisme ou de culture trouve ainsi sa formule caractéri
2346 r Koestler. Et Stephen Spender de son côté, pense que « seule la culture européenne a su allier la plus grande force révolu
2347 nt et illustrant par de nombreux exemples le fait que l’artiste européen, formé à l’école des grands prédécesseurs, affirme
2348 niers grands » parmi les maîtres de leur jeunesse que les peintres fondent une nouvelle école, et découvrent leur style. Or
2349 leurs yeux, de peintres beaucoup plus anciens, et que leurs successeurs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi qu’à l’
2350 seurs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi qu’ à l’époque du cubisme et du fauvisme, qui rompent avec les réalistes e
2351 cello et Georges de Latour, tandis qu’un Raphaël, qu’ un Van Dyck, qu’un Ribera ou un Holbein s’effacent, — de même qu’avec
2352 de Latour, tandis qu’un Raphaël, qu’un Van Dyck, qu’ un Ribera ou un Holbein s’effacent, — de même qu’avec Stravinsky s’eff
2353 avec des yeux neufs. Quoi de plus révolutionnaire qu’ un Picasso, qu’un Joyce ? Mais quoi de plus traditionnel que leurs sou
2354 eufs. Quoi de plus révolutionnaire qu’un Picasso, qu’ un Joyce ? Mais quoi de plus traditionnel que leurs sources et modèles
2355 sso, qu’un Joyce ? Mais quoi de plus traditionnel que leurs sources et modèles ! Ulysse de Joyce est une transposition de l
2356 siècle n’avait été plus farouchement iconoclaste que le nôtre, jamais aucun n’avait ressuscité autant de modes et d’œuvres
2357 ls seront rarement aussi parlants et convaincants que les chefs-d’œuvre de nos arts, comparés et compris dans leur généalog
2358 européen — c’est le nationalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le mi
2359 l’Espagne à la Bohême, et redescend vers l’Italie qu’ elle enrichit de ses nombreuses découvertes, jusqu’au xvie siècle, qu
2360 ayreuth. C’est alors auprès des maîtres allemands que les premiers compositeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg apprennen
2361 . Au début du xxe siècle, plusieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront à leur tour la musique occidentale, en impo
2362 réation, des maîtres, et non pas des nations : ce que l’on nomme parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’un musici
2363 de Colmar à la France des siècles après sa mort. Qu’ il s’agisse de musique, de peinture, d’architecture, de philosophie ou
2364 mune des Européens ; et il n’en est pas une seule que l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou intelligible dans le ch
2365 lles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande » ou de « mathématiques soviétiques », car avan
2366 t montrer son unité fondamentale, base de l’union qu’ il reste à faire. Troisième thème : L’Art, comme activité de tous
2367 ont besoin d’être aménagées esthétiquement autant que socialement et politiquement. L’enseignement de l’histoire des arts,
2368 e l’histoire événementielle, qui ne tenait compte que des batailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on en est venu à sép
2369 alité auxiliaire et « optionnelle » n’intéressant que les sujets vraiment doués, devrait occuper une place importante dans
2370 olaires. Car s’il est vrai comme le dirait Pascal que le principe de toute morale est de bien penser, il faut dire aussi qu
2371 ute morale est de bien penser, il faut dire aussi que le principe de toute culture c’est de bien sentir. Tout cela se tient
79 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
2372 1. Mise en garde préalable Nous ne pensons pas que l’enseignement des langues et des littératures étrangères doive se pr
2373 le rendre conforme à son objet : or il se trouve que cet objet est un phénomène 1° européen et non pas national, 2° littér
2374 national, 2° littéraire et non pas politique. Ce qu’ il s’agit ici d’inspirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’il
2375 roduit pas de littérature. Il arrive au contraire qu’ une nation, au sens moderne, soit en partie le produit de certains aut
2376 Siècle qui a fait Racine, c’est à cause de Racine qu’ on parle du Grand Siècle, pour désigner une période des plus sombres d
2377 spect des peuples », « apports des pays »), c’est qu’ elles traduisent l’obsession nationale dont l’enseignement littéraire
2378 égion où s’est formée sa sensibilité, la religion qu’ il suit ou qu’il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et pol
2379 formée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’ il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et politiques, ou en
2380 ues, ou encore sa formation professionnelle, etc. Que ceci soit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à auc
2381 serait contraire à notre idée de l’Europe autant qu’ à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’en
2382 de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’enseignement de l’histoire, de la géographie, ou de la littérature,
2383 a littérature, ne trouve d’adéquation à son objet que dans le cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europe est une unit
2384 ulte pas de l’addition de littératures nationales qu’ il s’agirait aujourd’hui, de rapprocher et de comparer, voire d’unifie
2385 spécifiants de l’« unité intelligible » (Toynbee) qu’ est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentio
2386 mais avant cela, rappelons un grand fait de base qu’ on ne voit plus parce que trop évident : l’Europe seule a conçu, et po
2387 éter la vérité de ce texte ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : e
2388 te ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succ
2389 ela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept mêm
2390 ujourd’hui : est-ce que cela a du succès ? est-ce qu’ on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spéc
2391 éléments communs, relevons : a) Les civilisations que nous continuons. — Égypte, Mésopotamie, Crête, Grèce, Rome, Jérusalem
2392 éristique essentielle de la littérature, signifie que la littérature du passé peut toujours être active dans celle du prése
2393 de des procédés, genres et structures de l’œuvre, que nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atte
2394 ) Les thèmes. — Ceux hérités de l’Antiquité, tels que le défi au destin ou l’acceptation des décrets des dieux, le civisme
2395 ux lois, etc. Ceux hérités du christianisme, tels que le salut par la grâce ou par les œuvres, le péché, la vocation person
2396 tif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques, qu’ on retrouve dans nos littératures dès le début du xixe siècle ; enfin
2397 aphonique ou sériel n’est pas plus « autrichien » que le ballet russe ne fut « russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Ma
2398 canada, un troisième tamil, ne peuvent s’entendre qu’ en anglais et Nehru leur parlait en anglais. Les Chinois recourent à l
2399 ffisent à constituer son unité, tant structurelle que spirituelle, au-delà des diversités linguistiques. c) Les styles et
2400 e dissemblance entre auteurs non moins importants que les langues par ces mêmes auteurs utilisées, altérées ou rénovées. Qu
2401 auteurs utilisées, altérées ou rénovées. Quelles que soient les différences entre les romantiques allemands, français, ang
2402 , anglais, ils se ressemblent davantage entre eux que chacun d’eux aux auteurs classiques (ou aux auteurs surréalistes) de
2403 plus rigoureux et spécifique d’une langue, celui qu’ en fait un vrai poète, qu’apparaît dans toute sa fécondité la communau
2404 que d’une langue, celui qu’en fait un vrai poète, qu’ apparaît dans toute sa fécondité la communauté littéraire de l’Europe 
2405 Cette unité culturelle, contrairement à l’unité qu’ institue une organisation politique, ne nous oblige nullement à ne plu
2406 litique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir qu’ une seule allégeance commune ; elle signifie bien au contraire une plu
2407 pluralité des allégeances. Il est faux de penser que le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il
2408 surtout de la française) qui prétendent redouter que l’Europe unie de demain soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle p
2409 soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle plus que l’esperanto ou le « volapuk » des utopistes détestés, je propose de r
2410 ralistes européens ne demandent pas d’autre union que celle que permet l’unité existante de notre culture. Unité dans la di
2411 uropéens ne demandent pas d’autre union que celle que permet l’unité existante de notre culture. Unité dans la diversité, c
2412 ent à ne jamais faire aux nations du continent ce que les unitaires et centralisateurs qui les combattent au nom de l’indép
80 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
2413 à l’aide de cordes si elles étaient plus courtes que le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice, il en mourut. C
2414 stituer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit, il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vin
2415 ment dans le sens de la nation. »66 Il est vrai que le même André Malraux quelques jours plus tard, interrogé par des jeu
2416 importante de notre temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité fondamen
2417 voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité fondamentale du siècle », que serait la nation, est p
2418 et que cette « réalité fondamentale du siècle », que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « s
2419 blement importante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parc
2420 te de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’ appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parce que les nation
2421 hill n’est pas faite, c’est parce que les nations qu’ exalte le ministre d’État du général de Gaulle s’y opposent encore irr
2422 ations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Internationale, com
2423 it prévu, mais bien le siècle des nations, est-ce qu’ on s’en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des nations 
2424 tions, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des nations » comme on dirait « l’année de ma pn
2425 de ma pneumonie » ? Autre chose est de constater que la réalité politique de notre temps est encore la nation, autre chose
2426 est encore la nation, autre chose est d’affirmer qu’ on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut b
2427 affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme.
2428 ut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’ il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les mal
2429 changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’ on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont a
2430 importantes de notre temps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne consiste pas
2431 essent d’être réels. L’État-nation en crise Que les nations soient encore bien réelles, et très fortes à quelques éga
2432 le démontre avec une évidence presque écrasante. Que les nations soient en même temps mal adaptées (pour dire le moins) à
2433 par le mécontentement irrépressible d’une région que brime l’État central — cas du Sud-Tyrol, du Jura bernois, du Guipusco
2434 de la Catalogne —, crises dont il est concevable qu’ elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régime plus différe
2435 une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’ un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ajouter des crises
2436 ions unies (comme l’Ukraine et la Biélorussie)69. Que dire alors de la France, qui est le pays du monde le plus centralisé,
2437 qui est le pays du monde le plus centralisé, mais que ses propres « Plans », décidés à Paris, vouent à l’inexorable renaiss
2438 inces rajeunies ? Je reviendrai sur la révolution que préparent ses universités et deux de ses partis de gauche et de droit
2439 s longtemps. Elle est plus grave et significative que la revendication d’un État occitan ou les plasticages en Bretagne, qu
2440 patrie de la centralisation la plus systématique que l’histoire ait connue, la plus follement rationaliste… Tandis qu’en S
2441 de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de la nation », mais bien plutôt que
2442 oue dans le sens de la nation », mais bien plutôt que nous atteignons le stade de crise finale d’une forme d’association qu
2443 mé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée à temps.
2444 nation La grande force de l’État-nation, c’est que les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui ont passé par l’école et c
2445 l’école et croient savoir l’histoire s’imaginent qu’ il y a toujours eu des États, que les nations sont immortelles (en tou
2446 oire s’imaginent qu’il y a toujours eu des États, que les nations sont immortelles (en tout cas la leur !), que rien d’autr
2447 nations sont immortelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nati
2448 leur !), que rien d’autre n’est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutissement final, logique, n
2449 é de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’ après la préhistoire qui ne connaissait que les tribus et leurs clans,
2450 ppeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence avec les grands empire
2451 arlemagne, puis Saint-Empire. Il faudrait montrer que les premiers États nationaux n’apparaissent qu’après tout cela, au cœ
2452 r que les premiers États nationaux n’apparaissent qu’ après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment aux dépens de l’e
2453 é du globe, de l’universalité du genre humain. Et que la naissance de la première nation, la France, peut être datée de cet
2454 e est empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’un domaine de moyenne grandeur centré sur l’Île-d
2455 n, et avec son appui réalise aux dépens des juifs qu’ il fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’il fait exécuter, un
2456 qu’il fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’ il fait exécuter, une merveilleuse opération sur l’or ! Cet exemple de
2457 ances universelles — sauf celle dont il se trouve qu’ on peut la contrôler — sera vite suivi par les rois d’Espagne et d’Ang
2458 ntôt imité dans toute l’Europe monarchique autant que républicaine, et au xxe siècle dans le reste du monde. Qu’est-ce en
2459 icaine, et au xxe siècle dans le reste du monde. Qu’ est-ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le rés
2460 siècle dans le reste du monde. Qu’est-ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le résultat d’une volonté
2461 x, si l’on y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, c’est-à-d
2462 intangible en nos esprits, qui résistent à l’idée qu’ il pourrait après tout n’être qu’une forme transitoire, comme tant d’a
2463 sistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’être qu’ une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à toute cr
2464 l’État peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centrali
2465 é, complet, suffisant en soi tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts mais de
2466 s. C’est donc une partie qui se veut aussi grande que le tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’est enfin qu’un
2467 at-nation moderne, unitaire et absolu n’est enfin qu’ un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe siècle des nati
2468 pos une constatation des plus paradoxales : c’est que , si tous les États-nations unitaires en tant que tels ont été et sont
2469 rdons maintenant ces États-nations unitaires tels qu’ ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seul
2470 s leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils
2471 oyens une participation réelle à la vie politique qu’ ils prétendent monopoliser. Le problème du petit État dans le monde de
2472 environ cent-trente pays (plus souverains les uns que les autres) confrontés aux trois seuls vrais Grands. Ils sont trop pe
2473 t et de l’Ouest leur pose un dilemme aussi simple qu’ inexorable : — ou bien ils se contentent de proclamer leur volonté far
2474 lement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’ il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de résiste
2475 ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ ils décident de résister tous ensemble — et alors ils renoncent à leur
2476 fédération qui les protège. C’est ce second parti qu’ ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en
2477 ur fédération politique. Force est donc de penser qu’ il y a quelque chose d’essentiel dans leur nature même, quelque chose
2478 ui les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et consti
2479 ir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et constitutive de l’État-natio
2480 on et par structure, non par méchanceté ou bêtise que les États-nations sont impropres à l’union. Leurs relations normales
2481 ts-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’ il le reste en pratique dans l’état actuel de ses données72, il va fal
2482 -à-dire chercher à fonder l’union sur autre chose que les États-nations. Renoncer à résoudre le problème de l’union, c’est
2483 le problème de l’union, c’est faire, en somme, ce que l’on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à pr
2484 : L’union, pour deux États-nations, n’est jamais qu’ une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (comme par exemple
2485 ll en juin 1940), autrement dit : ce n’est jamais qu’ une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent trop faibl
2486 veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâtir sur autre chose que sur le
2487 cteurs de division, il faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles à l’union ; opérer sur un autre plan que celui-là,
2488 es obstacles à l’union ; opérer sur un autre plan que celui-là, précisément, où le problème se révèle insoluble. Il faut se
2489 e nouveau, à la fois plus grande et plus complexe que la cité antique, mais plus dense, mieux structurée et offrant un meil
2490 frant un meilleur milieu de participation civique que la nation telle que nous l’a léguée le siècle dernier : — la région.7
2491 lieu de participation civique que la nation telle que nous l’a léguée le siècle dernier : — la région.74 Invention de
2492 s’occupent avec plus de passion en Europe. C’est qu’ en effet, il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyon
2493 et, il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement prendre forme au seuil de ce dernier tiers de n
2494 nt peu à peu sur le fonds chaotique de la société que le xixe a laissé se faire au petit bonheur, la société stato-nationa
2495 naître de la combinaison de forces très diverses qu’ il s’agit de capter et d’harmoniser, et dont les principales sont : l’
2496 is au contraire par la force de rayonnement de ce qu’ on appelle une « métropole », grande ville ou complexe de villes moyen
2497 tenter de faire sentir le concret du problème tel que je l’ai découvert (après bien d’autres), voici un exemple vécu. Il y
2498 e me trouvais le seul non-Français : j’en conclus que j’étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne. Invité
2499 à parler tout au début, j’improvisai sur le thème que voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge de l’union de
2500 que voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’ à l’âge de l’union des nations et des intégrations continentales, vous
2501 moins autonome. L’effort d’union, et votre effort qu’ on soupçonnera de vouloir la division, peuvent sembler logiquement con
2502 lémentaires, concomitants. Car au fur et à mesure que se dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont
2503 d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’ à la surface les gens parlaient allemand d’un côté, français de l’autr
2504 lations d’échanges aussi nombreuses et fréquentes que possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, se
2505 s réduites au rôle mineur et invisible à l’œil nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses : simples commodit
2506 civil et la gendarmerie. Et c’est sur ces régions que nous bâtirons l’Europe, non sur les cadres en bonne partie vidés des
2507 rent un écho pour moi des plus inattendus : c’est qu’ elles venaient à la rencontre non seulement des souhaits des organisat
2508 que, déjà beaucoup plus large et solidement fondé que je n’osais l’espérer. Montée des régions Au cours de ces derniè
2509 r notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera
2510 pression quasi coloniale de la région si ancienne que Saint-Brieuc était l’endroit tout indiqué pour tenir le premier collo
2511 es : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est devenue largement illusoir
2512 n régionaliste naissante, il y a bien autre chose qu’ un mécontentement accidentel, il y a de sérieuses nécessités, appelant
2513 très loin… Ce sont ces nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir convoquer en 1961 le très important c
2514 que de Bruxelles sur les économies régionales, et que ses six États-nations membres y aient pris part. C’est l’arriération,
2515 la régionalisation du territoire. On s’est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la structure de l’État
2516 itants d’une région s’étendant en Belgique autant qu’ en France, et au surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’est q
2517 rplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’est qu’ un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne sur trois
2518 s régions à la fédération Imaginons maintenant que dans ces métropoles, peu à peu, se forment ces centres de décision ré
2519 e décision régionaux dont tout le monde parle, et qu’ ils acquièrent de la force : lorsqu’ils auront pris en fait (sinon en
2520 droit) plus d’importance économique et culturelle que les bureaux de la capitale, la révolution régionale sera faite. Et du
2521 pe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers de l’Europ
2522 peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient da
2523 e unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le département et même que la nation82. Qu’une telle déclaration ait
2524 up plus opérationnelle que le département et même que la nation82. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, e
2525 elle que le département et même que la nation82. Qu’ une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément
2526 onomies régionales, voilà qui nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe unie, est bien plus
2527 condition de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le proc
2528 ur le jour. Nous n’en sommes encore, aujourd’hui, qu’ au stade de la prise de conscience du phénomène région et des motifs d
2529 peine avons-nous pris la mesure des perspectives qu’ il nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisatio
2530 ent être décrétées sans transition. Il est normal qu’ elles exigent une longue période de mise en place silencieuse des réal
2531 ’une génération, vingt à trente ans, en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notr
2532 ant que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’ à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard
2533 communauté aussi nouvelle dans notre civilisation que le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans
2534 , dans la société grecque archaïque. Et l’on sait que la polis devint en moins d’un siècle l’unité de base de toute vie soc
2535 se partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’ à la petite aube de la formation des régions en tant qu’éléments de ba
2536 ut le monde n’a pas lu Renan… Et cette succession qu’ il annonce, ce « remplacement » des États-nations par la fédération, c
2537 du fameux « mouvement de l’histoire ». Il faudra que la succession, le remplacement s’opèrent dans les esprits d’abord, pa
2538 ont vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et que nous ont inculquées tous les classiques de la philosophie politique,
2539 mutations de concepts et de catégories politiques qu’ exige la prise de conscience du phénomène régional opposé au stato-nat
2540 oujours par là. Voici une définition de la région que j’emprunte aux travaux du colloque de Bruxelles : L’activité économi
2541 ux et volontiers ombrageux. Louis Armand remarque que « la notion d’indépendance économique a changé complètement de conten
2542 t chercher à être aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispensables 86. » Je proposerais, pour ma par
2543 ndispensables 86. » Je proposerais, pour ma part, que l’on substitue au terme d’indépendance celui d’autonomie, qui a l’ava
2544 es États-nations. Enfin, il est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumière, c’est celle de la plu
2545 rince maître de tout, et d’autant plus absolument qu’ il devenait anonyme et sans visage. La devise de Guillaume Postel et d
2546 tôme d’une grave névrose (ou psychose) politique, qu’ on nommera le complexe de Procuste. Au contraire, dans le monde des ré
2547 sme. Vers une politique des régions On a vu que la notion de région s’est imposée à l’attention des économistes d’ava
2548 sont définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’abaissent et to
2549 es et elles ne peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’abaissent et tombent ; c) l’analyse du sou
2550 , ses Provençaux, ses Italiens et ses Corses — et que sera-ce demain en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Yougoslavie…) appr
2551 7. L’intention du présent article est de proposer qu’ en tenant compte de ces facteurs, on reconnaisse la nécessité de franc
2552 naisse la nécessité de franchir un pas décisif et que l’on décide en conséquence de passer à l’élaboration rapide d’un plan
2553 nt en Europe dégage les deux notions bien connues que voici : a) l’isolement, le repliement sur soi d’une communauté région
2554 rtout de la colonisation. Qui ne voit en revanche que la région articulée dans une fédération continentale a) retrouve sa v
2555 tes (continentales, mondiales). II apparaît ainsi que le fédéralisme politique — cas particulier d’un processus général d’o
2556 lontiers grandiloquents, à gauche au moins autant qu’ à droite, se disposent à contrer de toutes leurs forces et par tous le
2557 ur eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuel
2558 , que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuelles de notre État-nation, c’est-à-dire d’une Bre
2559 ne voudrais indiquer dans cette première esquisse que le principe des réponses aux trois objections : a) La vitesse du prog
2560 de tous ordres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra qu’ il n’y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une E
2561 usqu’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’y a plus qu’ à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe « faite » d
2562 s, de produits cartésiens, etc.). Or il se trouve que c’est par la théorie des ensembles que l’on aborde aujourd’hui l’ense
2563 se trouve que c’est par la théorie des ensembles que l’on aborde aujourd’hui l’enseignement des mathématiques aux plus jeu
2564 ant les nécessités régionales aussi bien sociales qu’ économiques, culturelles que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les
2565 s aussi bien sociales qu’économiques, culturelles que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons ! J’ai dit ailleurs q
2566 s ordinateurs, nous les avons ! J’ai dit ailleurs que le fédéralisme intégral n’est devenu possible qu’à partir de l’avènem
2567 que le fédéralisme intégral n’est devenu possible qu’ à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’objection de la « trop gran
2568 jection portant sur l’existence même des régions, que beaucoup tiennent pour douteuse, ou difficile à promouvoir sinon tout
2569 s aux régions, puis des régions à la fédération — que par un vigoureux effort d’information sur ce qui existe déjà et sur c
2570 n des flux de biens et de services tant culturels qu’ économiques et techniques, enfin chercherait à prévoir les structures
2571 ux, La Haye, Lausanne, Westminster et Bruxelles — que l’Europe se ferait lorsque la volonté européenne l’emporterait sur le
2572 nales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’el
2573 tats-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’ elle est une contradiction dans les termes, une utopie, et pire que ce
2574 ontradiction dans les termes, une utopie, et pire que cela : un objectif anachronique. L’Europe se fera — et sera fédérale
2575 , 30 octobre-5 novembre 1967. 68. II est évident que les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les États-nations
2576 le Malraux sont en réalité les États-nations tels que les a formés le xixe siècle, et pas du tout les nations au sens prem
2577 ux communes du parti séparatiste écossais annonce que « d’ici trois ans » son pays aura son siège à l’ONU, « between Saudi
2578 dmettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile, qu’ une seule d’entre elles consentira jamais à remettre une part de ses p
2579 ls qui devraient être perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio ? (sans évoquer jamais le concept essentielleme
2580 çais-centraliste de « provincialisme »). 84. Cf. Qu’ est-ce qu’une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence s
2581 aliste de « provincialisme »). 84. Cf. Qu’est-ce qu’ une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence sur les éco
81 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
2582 fait l’objet du présent colloque. Je note d’abord que le terme de difficulté est souvent plus exact que celui d’objection.
2583 que le terme de difficulté est souvent plus exact que celui d’objection. Dans la plupart des cas, la résistance ne provient
2584 e groupes parmi les objections et « difficultés » que l’on oppose au concept de région et aux projets fondés sur lui. Obj
2585 u et créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’ on veut, il n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui se
2586 un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’y a qu’ une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou révolut
2587 s seront forcément plus nombreux et plus mesquins que les conflits entre nos nations. » « Voulez-vous donc balkaniser l’Eu
2588 les seront leurs frontières exactes ? » « Faut-il qu’ elles aient des superficies ou des populations à peu près égales ? La
2589 ses 9 ou 10 millions d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas.
2590 bitants, est plus petite que le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’est pa
2591 litique. C’est donc ce dernier groupe d’arguments que l’on va tenter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conç
2592 d’arguments que l’on va tenter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction
2593 ltés, obscurités, incertitudes, blocages mentaux, qu’ éprouve un homme de cette seconde moitié du xxe siècle à concevoir un
2594 une Europe des régions, proviennent du « modèle » que l’École (aux trois degrés) a imposé depuis un siècle au moins. L’homm
2595 t leurs suites qui ont notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des desseins politiques d’un État et non pa
2596 t décrite par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. Dans ce monde-là, l’expression « Faut-il vous faire un
2597 te par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’ il voit. Dans ce monde-là, l’expression « Faut-il vous faire un dessin
2598 propre à convaincre les plus ignares, jusqu’à ce qu’ ils disent : « Ah ! oui, je vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergie
2599 , je vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous peu ou prou, et dans son système de représentation,
2600 e représentation, la région ne saurait apparaître que sous la forme d’un mini-État centralisé, et d’une mini-nation régie p
2601 nt pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’ elles sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civ
2602 pays en neuf ou dix régions, par exemple, plutôt qu’ en quatre-vingt-onze départements. La région en tant qu’État-nation ré
2603 chances de favoriser l’inquisition administrative que d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un mo
2604 toujours rangé. Il n’en reste pas moins probable qu’ elle va constituer le premier stade, non pas certes de l’ordre nouveau
2605 grands États-nations européens. (C’est un peu ce que l’on voit se dessiner — encore un terme visuel ! — avec les essais de
2606 mieux assuré, de nos jours, par les petits États que par les ex-puissances — et cela pour une série de raisons (pas seulem
2607 r une série de raisons (pas seulement militaires) qu’ il serait trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la séc
2608 aires) qu’il serait trop long de développer ici : qu’ il suffise d’évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéral
2609 ses et des cadres sociaux qui leur offrent appui. Qu’ on me permette un exemple personnel, pour aller vite et rester dans le
2610 uvent pas de frontières du tout. Si l’on exigeait que tout cela soit unifié et uniformisé dans les limites géographiques d’
2611 fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’a démontré qu’ entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictateur du xxe siècl
2612 teur du xxe siècle il y ait d’autres différences que celles dues aux moyens techniques de mise au pas d’une nation. Et de
2613 orain, la continuité est indéniable… Ce n’est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, avec ses cadre
2614 es cadres et ses mécanismes. Je demande seulement qu’ il corresponde aux réalités humaines et qu’il les serve, au lieu de pr
2615 lement qu’il corresponde aux réalités humaines et qu’ il les serve, au lieu de prétendre à les régir en souverain. Je demand
2616 de foyers, et sa répartition à autant de niveaux, qu’ il y a de fonctions diverses dans l’humanité et d’ordres de grandeur d
2617 lle de son Principe fédératif, où Proudhon estime qu’ il « résume toute sa science constitutionnelle », je trouve cette prop
2618 e n’est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les province
2619 t parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut que les régions politiques soient définies demain comme les intersections
2620 t le carrefour ou l’intersection94. La résistance qu’ opposent certains esprits à concevoir cette liberté (pluralité ou vari
2621 ramme d’études Le champ d’études régionaliste, que ces quelques remarques définissent, est à peine exploré. a) Il faudra
2622 es paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs plates, s
2623 968, p. 107, note 24. 89. Mais quand Malraux dit que la nation est le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pe
2624 st le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’ il pense à autre chose qu’à la France. 90. Les auteurs de manuels s’i
2625 u xxe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’ à la France. 90. Les auteurs de manuels s’inspirent eux-mêmes de la t
2626 ique de la fédération européenne, il est probable que le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra passer par la
2627 me de « régions carrefours ». 95. Il est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-nations tant
2628 cessera d’être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs e
2629 qu’entités politiques, des « droits » économiques qu’ ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’y aura pas, au niveau
2630 miques qu’ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’ il n’y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédéral
82 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
2631 la campagne électorale, bien qu’elle ne concernât que des enjeux municipaux ou provinciaux… ». Voilà pris en flagrant délit
2632 plus courante du terme, ne signifie rien de plus que la rivalité des sectes ou factions dénommées « partis politiques », e
2633 e aphoristique, me semble-t-il, s’y prêtera mieux qu’ un discours ordonné.   1. L’État-nation totalitaire du xxe siècle acc
2634 eune », comme l’appelaient Aron et Dandieu, celui que Bakounine comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être f
2635 ue Bakounine comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne
2636 t-nation s’est toujours révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont emparé. Et quant à leurs doctrines colle
2637 urgos ? On ne trouvera de nuances un peu marquées que dans l’esprit des communistes français, qui dénoncent les « fascistes
2638 ent les « fascistes assassins », mais murmurent «  qu’ ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivé
2639 murent « qu’ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contr
2640 Leningrad contre des Juifs qui n’ont d’autre tort que de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti ne
2641 s ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas qu’ ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, m
2642 té politique. Au reste, l’État totalitaire n’est que le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant sur to
2643 our passer au plus sanglant racisme, il suffirait que la France prenne au sérieux les paroles de son chant sacré « Qu’un sa
2644 renne au sérieux les paroles de son chant sacré «  Qu’ un sang impur abreuve nos sillons ! » Duclos, Séguy et le PC français
2645 de l’indépendance nationale » avec autant de feu que Debré. Et si la « Diane française » d’Aragon reste moins efficace que
2646 « Diane française » d’Aragon reste moins efficace que Déroulède, cette injustice n’est due qu’aux circonstances, non à la d
2647 efficace que Déroulède, cette injustice n’est due qu’ aux circonstances, non à la différence des talents.   3. Ni l’Internat
2648 ues du christianisme mais on fusille ou pend ceux que l’on accuse d’intelligences avec l’ennemi. On emprisonne les objecteu
2649 ucune révolution réelle ne sont imaginables. Tant qu’ on laissera nos États-nations affirmer en dépit de tout leur souverain
2650 émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie ne sera qu’ une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour prouver
2651 . On l’aura suffisamment empoisonnée pour prouver qu’ elle n’est pas saine.   5. La véritable alternative du siècle. En 194
2652 n 1947 : Il n’y a, dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne
2653 ce ne sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’ il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’h
2654 , qu’il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’ en principe. Aujourd’hui — repoussant tous ces anciens débats à l’arri
2655 pour deux ou trois par siècle. Certains me disent que la Jeunesse dit aujourd’hui (c’est leur écho) : a) L’Europe, connais
2656 Il faut garder le contact avec les masses. d) Et que faites-vous de la lutte des classes ? e) La culture est un piège bour
2657 e réponds dans cet ordre fortuit. (Tout en notant que « la Jeunesse » est une expression de journalistes. L’humanité ne se
2658 quelques semaines à Riazan : vous comprendrez ce que tous les autres au monde ont si nettement et rageusement compris tand
2659 nd Sartre, à la suite de Fanon, se félicite de ce que les Angolais « massacrent à vue les Européens », vous l’applaudissez
2660 s Européens », vous l’applaudissez sans remarquer qu’ il vient de crever votre alibi.   b) « Seul compte le combat de la gau
2661 ystème. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on admet que la droite se définit par le souci de conservation et d’ordre, la gauc
2662 rce que trop coûteuses, les normes et régulations qu’ il s’agit d’imposer de toute urgence au développement des industries (
2663 et de leurs innovations plus polluantes les unes que les autres. La droite ne « conserve » rien que le pouvoir de s’enrich
2664 es que les autres. La droite ne « conserve » rien que le pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Nature qu’elle bouleverse e
2665 le pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Nature qu’ elle bouleverse et des populations urbaines qu’elle intoxique. La gauc
2666 re qu’elle bouleverse et des populations urbaines qu’ elle intoxique. La gauche alors, dans cette affaire ? Elle proteste co
2667 tif. Il faudra bien que cela change, si l’on veut que la vie continue, mais ce ne sera qu’au prix d’une révolution dont la
2668 si l’on veut que la vie continue, mais ce ne sera qu’ au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feront les fra
2669 masses », dites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu, que vous n’avez jamais vu. Avez-vous vu les masses, auxquelles vous croye
2670 is qui invoquent les masses ne rassemblent jamais que des minorités, comme on le voit dans les élections libres. Et quand u
2671 listes européens touchent beaucoup plus de jeunes que les sectes gauchistes. Et c’est cela qui comptera lors d’élections à
2672 helle de l’Europe. Les sondages montrent en effet que 65 % des personnes interrogées dans les pays de la CEE se déclarent f
2673 se déclarent favorables à l’union de l’Europe, et que les jeunes de 18 à 35 ans constituent 75 % de cette majorité.)   d)
2674 dalisés, comme d’autres intégristes s’écrieraient que j’ai oublié le péché originel, tout simplement ! Eh bien, la lutte de
2675 problème de l’État-nation, et c’est même tout ce qu’ elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’h
2676 u’elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’ en est-il aujourd’hui de la lutte des classes ? En URSS d’abord. Vous
2677 utte des classes ? En URSS d’abord. Vous me dites que le problème là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat est au pou
2678 moyens de production. Bien. Mais chacun peut voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chac
2679 sans des kolkhozes, apparatchiks et membres de ce qu’ on appelle chez nous les professions libérales. En France, la conditio
2680 ise, fixées par le Plan à Moscou. (Faut-il penser qu’ « objectivement », ce serait la haine des ouvriers plus encore que de
2681 nt », ce serait la haine des ouvriers plus encore que de la bourgeoisie que traduisaient les prises de position pro-Est des
2682 ne des ouvriers plus encore que de la bourgeoisie que traduisaient les prises de position pro-Est des jeunes gens de l’Oues
2683 dictature du prolétariat ? Ou bien ne faites-vous que répéter un mot d’ordre du siècle passé ? Entretenir la haine qui pous
2684 ur. Détruire la bourgeoisie (slogan anarchiste) ? Que resterait-il, à part une poignée de meurtriers, eux-mêmes bourgeois ?
2685 érieux, disciplinés et réalistes : vous voulez ce que veut le Parti, et qu’il appelle dictature du Prolétariat. C’est voulo
2686 réalistes : vous voulez ce que veut le Parti, et qu’ il appelle dictature du Prolétariat. C’est vouloir quelque chose d’imp
2687 e fait, il cesse d’être Prolétariat dès l’instant qu’ il accède au pouvoir et à la propriété des moyens de production. Prolé
2688 oires ou mutuellement exclusifs. Ce qui existe et que l’on veut cacher derrière l’écran de ce pseudo-concept, c’est la réal
2689 se, l’ensemble du travail automatique et inhumain que le rationalisme bourgeois imposait aux seuls prolétaires.102 La con
2690 automation qui nous permet d’atteindre l’objectif que visait le Service civil. La négation (Aufhebung) de la condition prol
2691 velles excitées mais incultes.   e) « La culture, qu’ est-ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas,
2692 itées mais incultes.   e) « La culture, qu’est-ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas, voyez Mao 
2693 urelle », vous ne lui avez donc jamais demandé ce que ça veut dire ? C’est le renversement du marxisme. Relisez Marx : de 1
2694 varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti que la révolution met en mesure de manipuler les mécanismes de production
2695 érences ou de jugements, on ne peut agir sur elle que par la création et la diffusion efficace d’œuvres « marquantes », et
2696 ntique, non violent, non instantané, il est clair que la révolution qu’implique et que représentera au total   l’union de l
2697 t, non instantané, il est clair que la révolution qu’ implique et que représentera au total   l’union de l’Europe sera cultu
2698 né, il est clair que la révolution qu’implique et que représentera au total   l’union de l’Europe sera culturelle d’abord o
2699 ra culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens que l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédération continentale de
2700 d’« élargir la CEE pour englober la politique », que veut-on dire ? Que l’économie, qui est le domaine propre des Communau
2701 pour englober la politique », que veut-on dire ? Que l’économie, qui est le domaine propre des Communautés, ne fait pas pa
2702 Communautés, ne fait pas partie de la politique ? Que celle-ci serait donc « autre chose » ? Mais quelle chose ? On parle d
2703 ique » dans les journaux comme s’il allait de soi que c’est une activité distincte de l’économie, de la culture… Or, en deh
2704 Toutes les réalités sérieuses une fois déduites, que reste-t-il ? Les jeux, plus ou moins passionnants, de la rivalité des
2705 États-nations, et du prestige moral et militaire que les États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair
2706 entent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair qu’ une Europe fédérée serait, selon le sens courant du terme « politique 
2707 litique », radicalement dépolitisée. (Je note ici que la politique au sens des relations entre États-nations n’est pas démo
2708 tout le libre développement des personnes. C’est que l’État-nation ne s’est pas constitué en vue de certaines tâches socia
2709 st jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi qu’ il fallait servir.) En revanche, si l’on admet avec Aristote que la p
2710 ervir.) En revanche, si l’on admet avec Aristote que la politique est l’aménagement des relations humaines dans la cité (p
2711 deux énoncés impliquant le service des finalités que l’on assigne à la cité, et non pas le service de la cité comme le vou
2712 urras, Staline, Hitler et le Duce. D’où l’on voit que le « politique d’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’y a p
2713 à une catastrophe générale entre 2020 et 2060, ce qu’ il faut décider aujourd’hui, ce sont les conditions de survie du genre
2714 nre humain. Dans ce domaine, l’acte politique tel que je l’ai défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une cert
2715 éduire quelque chose. Mais il apparaît assez vite que réduire tel ou tel paramètre isolément ne peut au mieux que différer,
2716 e tel ou tel paramètre isolément ne peut au mieux que différer, au pire que rapprocher l’échéance fatale. Les calculs prévi
2717 isolément ne peut au mieux que différer, au pire que rapprocher l’échéance fatale. Les calculs prévisionnels du MIT que l’
2718 échéance fatale. Les calculs prévisionnels du MIT que l’on vient de soumettre au Congrès des USA105 concluent que le seul e
2719 ient de soumettre au Congrès des USA105 concluent que le seul espoir est dans une réduction simultanée, de 20 à 75 % selon
2720 s et leur ôterait toute « signifiance », pour peu que la police refuse de jouer le jeu et de tenir son rôle convenu dans le
2721 cisions. Or, il n’y aura de gouvernement européen que sur la base des régions, et nous voici ramenés au concept clé de tout
2722 1931. « La conquête de la personne, … et l’effort qu’ il nous faut entreprendre… pour situer en ce centre de l’homme le cent
2723 enser avec les mains, 1933-1936. « La révolution que j’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par
2724 ui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable analogie
2725 onne puisse librement participer. C’était le défi que ma génération affrontait dans les années 1930. Les nazis, les fascist
2726 es communistes tentaient de donner des solutions, que nous jugions fausses, à ce problème fondamental que les démocraties n
2727 e nous jugions fausses, à ce problème fondamental que les démocraties ne voyaient même pas : le problème de la communauté.
2728 t le Sphinx à Œdipe, qui n’a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est EUROPE. Janvier 1971. 96.
2729 s matelots de Cronstadt coupables d’avoir demandé que les dirigeants soviétiques « tiennent compte de l’avis des ouvriers »
2730 p. 80-81. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche, qu’ à l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies cultu
2731 s développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourgeoisie petite, moyenne ou grande — cette dernière ayant absor
2732 re absolu de la société, car il ne peut triompher qu’ en s’abolissant lui-même en même temps que son antithèse, la propriété
83 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
2733 bornerons donc à donner une idée aussi objective que possible de son contenu, en commentant brièvement sa table des matièr
2734 matières complète, et en le citant aussi souvent que possible ; chaque fois, notamment, que la plus grande précision dans
2735 si souvent que possible ; chaque fois, notamment, que la plus grande précision dans le choix des termes paraîtra requise. O
84 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
2736 t de taux de croissance, qui ne saurait coïncider que par accident et temporairement avec un territoire délimité ne varietu
2737 ien plus précisément déterminés, mais il est rare qu’ elles coïncident avec les frontières étatiques décidées au hasard des
2738 lèmes culturels, dont nous avons à traiter ici et que nous allons énumérer. II. Problèmes culturels des régions frontali
2739 maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’ en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école p
2740 des Alsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952 qu’ il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école primaire, de
2741 rents répondent oui à la question : « Voulez-vous que l’allemand soit enseigné à vos enfants dès l’école primaire ? » Mais
2742 1964, le député alsacien Henri Ulrich peut écrire que depuis la fin de la dernière guerre « l’enseignement de l’allemand en
2743 e nos divers pays est généralement mieux entendue que la TV dans les régions de même langue, mais beaucoup moins écoutée. L
2744 re, ne peut être reçue dans de nombreuses régions que s’il y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés q
2745 es régions que s’il y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aost
2746 s. Or on observe que les relais ne sont installés qu’ à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à majorité franc
2747 l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient que les émissions locales de l’ORTF en langue allemande ne soient pas lim
2748 servateurs non alsaciens relèvent d’ailleurs tous que les Alsaciens ont commencé à acheter des téléviseurs à partir du jour
2749 r la TV allemande. En 1959, il n’y avait en effet que 4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 ! »109 La Suisse rom
2750 a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter que la musique ne connaît pas de frontières : d’une manière générale, le
2751 ait aisé de le faire dans une région frontalière) que ces clichés généralement hostiles aux voisins se justifient mal. Ils
2752 des capitales, lorsqu’on y prépare une guerre ou qu’ on la fait. Tout se passe comme si les gouvernements comptaient sur la
2753 onale ». III. Les frontières Les problèmes qu’ on vient d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce sont les front
2754 res. Or il est clair pour quiconque, aujourd’hui, que le tracé des frontières étatiques est accidentel, sans plus d’utilité
2755 s est accidentel, sans plus d’utilité démontrable qu’ administrative, et très nuisible à tout autre égard. Les frontières so
2756 êtes, la propagande ; elles bloquent les échanges qu’ il faudrait favoriser, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’
2757 iser, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’ il faudrait arrêter. D’une manière générale, elles coupent arbitrairem
2758 rontières politiques est celui du lit de Procuste qu’ on nomme État-nation. Il procède de la volonté, en somme démente, d’im
2759 r dans un espace unique, mais aussi dans un temps qu’ on dirait arrêté pour l’occasion. Dans l’espace : les frontières sont
2760 ières sont d’autant plus rigides et plurivalentes que l’État est plus totalitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État
2761 isses et les Länder allemands : pas plus gênantes que les démarcations entre départements français. Dans le temps : ce qui
2762 mais la frontière politique unique et omnivalente que l’État-nation prétend imposer tant aux ethnies qu’à l’économie se tro
2763 ue l’État-nation prétend imposer tant aux ethnies qu’ à l’économie se trouve modifiée deux ou trois fois par siècle, sans li
2764 es nationales Mais il faut bien admettre aussi que la nocivité des frontières, résultant de la non-coïncidence des limit
2765 és ethniques et des dynamismes économiques, n’est que la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle et indi
2766 opagande les plus efficaces. L’école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue nationale, une cul
2767 les frontières d’un même État. Il n’est pas vrai que nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’une langue. D
2768 t-nation, dès la fin du xixe siècle. C’est ainsi qu’ on nous a inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de
2769 u xixe siècle. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de ses rives, tandis que
2770 les où l’Europe a failli périr. La vérité, c’est que la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradicti
2771 ue tissée de contradictions dans sa genèse même ; qu’ elle s’est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latine
2772 ariables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes
2773 otre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’a
2774 ée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’ en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vr
2775 -il vrai, comme le disent les discours officiels, que ces « précieuses diversités » soient celles de nos nations ? Je propo
2776 x de pays différents s’entendront mieux entre eux qu’ avec les fanatiques de leur propre nation ; les hippies d’un pays s’ac
2777 corderont mieux avec ceux de n’importe quel autre qu’ avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenanc
2778 en Europe est d’autant plus riche et plus intense qu’ elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Mo
2779 et plus intense qu’elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création s
2780 en mobilisant à Paris tous les esprits de mérite qu’ il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre c
2781 ïncider ces entités hétérogènes ne peut engendrer que crises inutiles et conflits aberrants. V. Nécessité de dépasser le
2782 lières sont les seules unités déjà conformes à ce que sera inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une véritabl
2783 entre ces deux sortes d’influences, il est clair que les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement respectés, l
2784 es desseins des deux grands (qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : les gens d’Ao
2785 s, des autobus, des routes sans barrière. Il faut que les relations proches et concrètes prennent le pas sur les relations
2786 quelles tomberont lentement en désuétude à mesure qu’ un tissu solide d’échanges de biens, de services et de personnes, se n
2787 n national, c’est-à-dire entre capitales, ne peut qu’ étouffer les problèmes ou les rendre explosifs. (De même que le centra
2788 ation, et de contrôle (au sens d’expertise plutôt que de coercition). Il doit défendre les droits du général contre ceux du
2789 s un siècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi que l’ont demandé en mai 1972 les professeurs d’histoire et de géographie
2790 fforts vont de pair, soulignons-le, d’autant plus que l’actualité englobe le problème européen et que la régionalisation de
2791 s que l’actualité englobe le problème européen et que la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y
2792 aux, régionaux, concernent des objets économiques que rien ne les a préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l
2793 ce plus concrète de l’économie ferait voir à tous que les réalités, dans ce domaine, sont régionales et continentales, mais
2794 écoles techniques et professionnelles. Je ne fais qu’ indiquer des directions de recherches à poursuivre en toute prudence :
2795 riche de contenus, et moins difficile à réaliser qu’ au niveau national. Des essais de coopération, limitée mais précise, o
2796 s continental, il en va de même pour l’écologie : que la pollution ne connaisse pas de frontières politiques, voilà un fait
2797 aisse pas de frontières politiques, voilà un fait que tout élève du degré primaire ou secondaire saisit du premier coup d’œ
2798 e par la région Tous les problèmes régionaux — qu’ ils soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à
2799 nève, réalisent au service de l’Europe entière ce qu’ aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire
2800 de libres fédérations. Conclusions Le fait que les régions fonctionnelles auraient des aires inégales, des définitio
2801 endraient pas leur administration aussi difficile que certains l’imaginent. Tout s’éclaire et s’ordonne en effet si l’on ac
2802 des communes. Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un s
2803 ale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’Europe que je préconise : la complexité des régions rendra justice à nos féconde
2804 is surtout de la sensibilité et du respect de soi que représente le sabotage de la langue maternelle par l’État national, l
2805 la Sorbonne. 112. On peut admettre à la rigueur que l’actuel État français remonte à Philippe le Bel, mais il est absolum
2806 à Philippe le Bel, mais il est absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège
2807 st absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège 66, la Tchécoslovaquie, la Y
85 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
2808 lusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable qu’ aux yeux de l’historien futur l’évolution de l’union européenne prenne
2809 d’une route si riche en « tournants historiques » qu’ elle nous ramène périodiquement au point de départ. Les étapes de l’év
2810 et Lausanne 1949, Bruxelles et Rome 1950… Le fait que la « Confrontation » récente de Strasbourg ait donné à plusieurs l’im
2811 de Strasbourg ait donné à plusieurs l’impression qu’ on renouait avec les traditions de l’époque militante (que j’ai nommée
2812 nouait avec les traditions de l’époque militante ( que j’ai nommée ailleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est d
2813 la seule réalité est celle de l’État-nation, tel qu’ ils l’ont apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régiona
2814 e, la souveraineté absolue de l’État-nation n’est qu’ un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adapter
2815 rtisent l’État central pour qu’il « consente » ou qu’ il « octroie » ce que l’intérêt général exige en particulier dans chaq
2816 l pour qu’il « consente » ou qu’il « octroie » ce que l’intérêt général exige en particulier dans chaque région ; les polit
2817 sinon personne n’y songera. Les premiers estiment que « l’audace » est quelque chose qu’il convient de louer, à condition q
2818 miers estiment que « l’audace » est quelque chose qu’ il convient de louer, à condition que l’on prenne bien soin de ne prat
2819 uelque chose qu’il convient de louer, à condition que l’on prenne bien soin de ne pratiquer que la prudence. Les seconds es
2820 ndition que l’on prenne bien soin de ne pratiquer que la prudence. Les seconds estiment avec moi que « la prudence est le v
2821 er que la prudence. Les seconds estiment avec moi que « la prudence est le vice des timides mais la vertu des audacieux ».
2822 es mais la vertu des audacieux ». Il est frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration finale » de Str
2823 st un monument. Notre résumé ne saurait en donner qu’ une idée forcément abstraite, mais suffisante, nous l’espérons, pour f
2824 leurs textes. Le Rapport de base ne fut distribué qu’ à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine commune, des plus
2825 « Le tracé des régions frontalières ne doit jouer qu’ un rôle secondaire » précise très opportunément un des sous-titres du
2826 t culturel : « Chacune des régions fonctionnelles que nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un
2827 ontières ? La réponse unanime des rapporteurs est que l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ensemble
2828 l va de soi, également, à mes yeux tout au moins, qu’ une commune pourra se rattacher à autant de syndicats différents par l
2829 syndicats différents par l’étendue et la mission qu’ il y aura de fonctions différentes à assumer. Là-dessus, on se référer
2830 pécifiquement au Rapport André, lorsqu’il précise que « les aires d’application géographique et administrative des fonctio
2831 vu, par le résumé analytique du Rapport de base, que des commissions régionales de ce type existent déjà dans quelques rég
2832 yens financiers nécessaires, mais l’essentiel est qu’ elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles at
2833 aires, mais l’essentiel est qu’elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles attendaient pour exister
2834 ine tendance. Ce qui nous paraît important, c’est qu’ une doctrine régionaliste européenne s’élabore au moment précis où la
86 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
2835 -mille selon les sujets abordés, mais nous savons que nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qu
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
2836 ur les réalités du xxe siècle, qui ne savent pas qu’ il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien compris pourquoi. J
2837 très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’ il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 197
2838 on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont
2839 e seul souci de bien préciser mon point de départ que je rappellerai tout d’abord, dans l’ordre chronologique de leur appar
2840 te fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi que l’OECE (organisation correspondant au plan Marshall), puis le Marché
2841 ces problèmes économiques et commerciaux, on a vu que cela ne suffisait pas. Restaurer l’industrie, augmenter la productivi
2842 r, à peine fait, ou mis en train, on s’est aperçu que tout cela posait aussitôt des problèmes encore plus difficiles. Le su
2843 vait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’a doublé qu’ en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle aura doublé e
2844 démographes, tous les trente ans, de telle sorte qu’ elle comptera, si cela continue, 7 milliards en 2000, 8000 milliards e
2845 r debout ! » Seulement, il n’est pas du tout sûr que l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’accroissement de la produc
2846 ves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant qu’ il y aura du pétrole dans les moteurs. Et puis quand nous en aurons as
2847 a encore des espaces libres et où l’on s’imagine qu’ on pourra faire l’économie de très coûteuses mesures de lutte contre l
2848 matériel). Pour y arriver, en effet, on a calculé qu’ il faudrait multiplier l’exploitation des ressources naturelles, et do
2849 dans les déserts et les mers le double du pétrole qu’ on exploite aujourd’hui, avec l’augmentation de la population et de la
2850 e quelque chose. Or, les écologistes ont constaté que réduire telle ou telle variable isolément — la pollution, ou la natal
2851 n, ou la natalité, par exemple — ne peut au mieux que différer de vingt à trente ans, et au pire risque de rapprocher l’éch
2852 cher l’échéance fatale. Les calculs prévisionnels que le MIT a soumis au Congrès américain dès 1970 (rapport du Prof. J. W.
2853 0 (rapport du Prof. J. W. Forrester)114 concluent que le seul espoir est dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’
2854 st dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’ il s’agit de la consommation, des investissements, du taux de natalité
2855 drastiques, de sacrifices à imposer si l’on veut que notre espèce tout simplement survive. Et alors, la question qui vient
2856 et n’existera pas en temps utile. Mais observons que presque tout le mal vient de l’Occident — USA, Europe, URSS, à quoi s
2857 tenu, les destins pourraient être renversés. Mais que voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les aut
2858 ous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les autos ne pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce sera fai
2859 origine de tout le bien et de presque tout le mal qu’ entraîne la civilisation industrielle, l’Europe divisée, sans pouvoir
2860 a quelque chose qui est peut-être plus effrayant que les prévisions apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui est
2861 toutes nos grandes villes au mois de mai 1968 : — Que faisons-nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n
2862 pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne
2863 le sait pas elle-même. Cette question, et surtout qu’ elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, p
2864 idéologies sans point d’appui, dans le sentiment que la cité, l’énorme nation sans structures où il se voient perdus, n’es
2865 se voient perdus, n’est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’évader dans la drogue, dans la révoluti
2866 ivique des majorités silencieuses. Il est normal qu’ un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et qu’il
2867 d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et qu’ il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que
2868 t qu’il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’ on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il j
2869 dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge sévèrement la soc
2870 onde que par des coups de matraque. Il est normal qu’ il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dénonce son anarch
2871 qu’il juge sévèrement la société matérialiste et qu’ il dénonce son anarchie profonde, mal quadrillée par la police ; il es
2872 de, mal quadrillée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le dé
2873 de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens, qu’ il revient d’inventer les anticorps de ce virus dont nous avons infect
2874 lèmes de notre société, et les repose. Vous voyez qu’ il déborde largement et qu’il balaie — impatiemment — nos petites caté
2875 les repose. Vous voyez qu’il déborde largement et qu’ il balaie — impatiemment — nos petites catégories politiciennes de gau
2876 ousse à l’union, pourquoi n’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y
2877 i n’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise qu’ elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent : tous les der
2878 ne me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ ils s’y opposent : tous les derniers sondages opérés dans les pays du
2879 opérés dans les pays du Marché commun ont prouvé que 65 % des Européens dans leur ensemble souhaitent l’union, et que de c
2880 ropéens dans leur ensemble souhaitent l’union, et que de ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement, sont des jeunes
2881 : « Il meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’ il n’en naît. ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y a
2882 très puissant barrage dans nos esprits, si énorme que nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes
2883 confirmé au-delà du nécessaire dans la conviction que cet obstacle n’est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nat
2884 e dans la conviction que cet obstacle n’est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souveraineté absolu
2885 on et sa souveraineté absolue. L’État-nation, tel que le définissait dès 1932 le groupe personnaliste de L’Ordre nouveau —
2886 baptisés la nation. Si l’on veut faire l’Europe, que tout ordonne de faire, il faut défaire et dépasser l’État-nation, dan
2887 vons accepté, nous les fédéralistes, un compromis que nous voulions purement tactique avec les grands hommes politiques gro
2888 du prestigieux Winston Churchill. Nous avons cru que , dans un premier stade, il serait possible de fonder « une sorte de c
2889 ch, sur la base des États-nations souverains — et qu’ ensuite on irait plus loin. Or nous n’avons pas progressé d’un pas dan
2890 urope des patries ou l’Europe des États, c’est ce que l’on nomme en logique un « énoncé contradictoire ». Comme on le voit
2891 qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et qu’ ils n’en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale
2892 agit de refuser quelque mesure d’union n’est plus qu’ un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncement de sourc
2893 r guerre, c’est-à-dire à rendre manifeste le fait que leurs pays n’étaient plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre e
2894 souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence que négative. En son nom l’on peut refuser, mais on ne peut rien bâtir, r
2895 veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose que des obstacles à toute union, d’un autre plan que celui-là, justement,
2896 que des obstacles à toute union, d’un autre plan que celui-là, justement, où le problème se révèle insoluble. Il faut part
2897 des réalités en train de se faire. Et nous voyons qu’ elles sont d’une part continentales, bien au-delà des nations, d’autre
2898 nations. Voilà qui explique le paradoxe apparent que j’ai l’air de soutenir en préconisant à la fois de petites régions et
2899 re sein des différences situées sur d’autres axes que ceux où se développent les similarités. » Cette suggestion rejoint le
2900 rités. » Cette suggestion rejoint les conclusions que j’ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des
2901 des pays européens à poser le problème régional. Que ces motifs soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou g
2902 nnelle ou prospective, ce qui est frappant, c’est qu’ ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble hétéroclite se dég
2903 l’entremise des manuels scolaires, n’est en fait qu’ une forme politique récente, et cette forme se révèle déjà inadéquate,
2904 à Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident qu’ il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour les transports, pour l
2905 s territoriales à des réalités aussi hétéroclites que la langue parlée à la surface du sol et le minerai du sous-sol, l’éco
2906 , c’est-à-dire plus universel et plus particulier que celui des nations modèle xixe siècle. On nous a appris que les front
2907 des nations modèle xixe siècle. On nous a appris que les frontières dites « historiques » étaient aussi « naturelles », en
2908 le Rhin divise, mais le Rhône unit ! Or à mesure que ces frontières se dévalorisent, entre les pays de la CEE notamment, d
2909 e d’un chauvinisme local plus irrespirable encore que le chauvinisme national si elle ne répondait en réalité à une prise d
2910 econnaissance de l’obstacle majeur à cette union, que constituent les prétentions de l’État-nation à une souveraineté sans
2911 ne souveraineté sans limites, amènent à constater que si l’on veut faire l’Europe, il faut dissoudre le cadre stato-nationa
2912 des impôts de tout le pays et ne reçoit en retour que 12 % de subventions de l’État central. Alors, certaines ethnies exige
2913 ces difficultés concrètes en dépit de l’obstacle que constituent les frontières nationales, dessinées aux hasards d’un aut
2914 oopération pratique, dans les différents domaines que j’ai cités : socioéconomique, culturel, écologique, universitaire. Ce
2915 d’une concertation continentale. Rien n’empêchera que les mêmes assemblées nomment, dans leur sein ou au-dehors, des person
2916 res et de leurs régions. Rien n’empêchera, enfin, que ces assemblées ne fonctionnent en fait comme des Chambres européennes
2917 ctionnent en fait comme des Chambres européennes, que ces agences ne constituent en fait des ministères, non officiels cert
2918 stères, non officiels certes, mais plus efficaces que les officiels, et qu’elles ne créent un Conseil européen composé de l
2919 certes, mais plus efficaces que les officiels, et qu’ elles ne créent un Conseil européen composé de leurs chefs. Et tout d’
2920 e leurs chefs. Et tout d’un coup l’on s’apercevra que l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’imag
2921 ra que l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’ elle est faite à l’image de la fédération suisse, avec ses département
2922 . Le jour où les ordinateurs consultés répondront que les liens concrets tissés entre les régions, le tissu des relations n
2923 ions nouées entre elles sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstraits subsistant entre chaq
2924 tionaux peu à peu tombés en désuétude, à supposer qu’ ils soient considérés par les habitants des régions comme des subsista
2925 t européen et de se battre pour ses compétences : qu’ elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dime
2926 munales, dans le cadre des plans continentaux. Que faire ? En ce point, vous allez me poser deux questions : À la pre
2927 s allez me poser deux questions : À la première : Que faut-il faire pour que réussisse ce grand projet ? ma réponse est sim
2928 ela, il faut réformer notre enseignement. Il faut que l’École, à tous les degrés, cesse immédiatement de former des nationa
2929 sse immédiatement de former des nationalistes, et qu’ elle remplace immédiatement l’enseignement nationaliste par un enseign
2930 ional, puis européen et mondial. Toute l’histoire qu’ on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par un
2931 e « frontières naturelles » qui amène à enseigner que les Pyrénées séparent Français et Espagnols, alors qu’en réalité ces
2932 d-ouest et par des Catalans au sud-est, ou encore que le Rhin « sépare » alors que le Rhône « unit » les peuples. Toute l’é
2933 és par l’État central. Et c’est pourquoi j’ai dit qu’ il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le temps d
2934 t : le temps de former une nouvelle génération et qu’ elle arrive « aux affaires ». Aurons-nous le temps ? Vous me pos
2935 tastrophes écologiques, économiques et nucléaires que tout annonce ? À cela je répondrai par une anecdote tirée de la vie d
2936 nce de Rabat, et il avait demandé à son jardinier que l’on plante à droite et à gauche de l’entrée des arbres d’une essence
2937 L’autogestion, ou le pouvoir sur soi-même Ce que j’ai tenté de vous faire sentir, c’est que le problème européen dépas
2938 Ce que j’ai tenté de vous faire sentir, c’est que le problème européen dépasse largement les problèmes discutés dans la
2939 s problèmes de notre société, et c’est à ce titre qu’ il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finali
2940 d’un sens et de finalités nouvelles. Il est vrai que ma description d’une Europe unie s’instaurant en dix ou quinze ans pa
2941 entes n’ont jamais abouti en Europe à autre chose qu’ à une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à Napoléon. La révo
2942 as d’omelette sans casser des œufs ! » je réponds qu’ il ne suffit pas de casser des œufs pour faire une omelette. La non-vi
2943 ional, etc. Le seul pouvoir qui importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de res
2944 sponsabilité. C’est à cause de cela, finalement, que je vous parle de l’Europe, de son union, et plus encore, des régions.
2945 ciplines sociales uniformes et dépersonnalisantes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, a
2946  : créer des régions et les fédérer, avec tout ce que cela suppose, nous l’avons vu, d’autogestion à tous les degrés, de re
2947 le but. L’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de devine
2948 our essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la
2949 ir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la première esquisse de ce qui
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
2950 ments politiques et certaines attitudes de pensée que l’on observe dans le même temps, mais qui appartiennent à des ères di
2951 ers réaffirmant avec une sorte d’emphase anxieuse que l’unité de la nation est le bien suprême, que son indépendance doit r
2952 use que l’unité de la nation est le bien suprême, que son indépendance doit rester absolue et son État indivisible, ne font
2953 t rester absolue et son État indivisible, ne font que prolonger le xixe siècle. Mais les ouvrages des seconds démontrant q
2954 siècle. Mais les ouvrages des seconds démontrant que l’État-nation est une formule dépassée, se trouvent anticiper sur le
2955 ire. Illustrons cela de citations qui n’appellent que très peu de commentaires. L’État-nation est le bien suprême Disc
2956 gions non seulement me hérisse, mais me fait dire que ceux qui l’emploient font un étrange retour en arrière. Il y a déjà e
2957 même discours de Poitiers, M. Pompidou rappelle «  qu’ il a fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité nat
2958 résistance des peuples on a dû vaincre, ne fût-ce que pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire au statut d
2959 onaux et Français ! (Mais l’État n’existerait-il que dans la capitale ?) Enfin M. Sanguinetti, secrétaire général du parti
2960 rétaire général du parti gaulliste UDR, convaincu que les militants autonomistes en France sont « des imbéciles ignorant l’
2961 nationale ». Je m’étais étonné, en janvier 1974, qu’ au moment où la « réforme fondamentale » qu’était censée représenter l
2962 1974, qu’au moment où la « réforme fondamentale » qu’ était censée représenter la création des régions en France entrait en
2963 État, au lieu de saluer l’événement, ne parlaient que des dangers de la réforme, et précisaient surtout ce qu’elle ne devai
2964 dangers de la réforme, et précisaient surtout ce qu’ elle ne devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantage
2965 e. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages qu’ on en attendait pour la prospérité économique, et plus encore : pour u
2966 impérieux coup de frein. Je constate aujourd’hui que les candidats « sérieux » à la présidence de la République française,
2967 eux » à la présidence de la République française, qu’ ils soient de gauche ou de droite, ou gaullistes, revendiquent tous da
2968 adite indépendance et lesdits intérêts. Personne, que je sache, n’a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de se
2969 de l’État, dont pas un ne paraît même soupçonner que son discours est démodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur n
2970 ouveau 117 se livre à une critique radicale de ce qu’ il nomme l’État-nation — résultat de la confiscation d’une nation par
2971 un appareil étatique — formule qui ne peut mener qu’ à la guerre totale et aux régimes totalitaires, comme vont le confirme
2972 rand ouvrage Du Pouvoir 118, où tout en annonçant qu’ il va se borner à « rechercher les causes et le mode de croissance du
2973 entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État ». Depuis quelques années, le t
2974 e international actuel est basé sur la conception qu’ il est raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la su
2975 oses de diviser la surface du globe en parcelles, que nous désignons comme des territoires nationaux, et d’abandonner le po
2976 si bien avec la structure des systèmes techniques qu’ avec les besoins vitaux de notre monde. Il s’accorde mal avec les prin
2977 apport de Tokyo sur l’homme et la croissance 120. que jusqu’ici l’on n’a guère étudié « que les structures et le mode de fo
2978 ssance 120. que jusqu’ici l’on n’a guère étudié «  que les structures et le mode de fonctionnement des États-nations existan
2979 stants. Or, on s’accorde de plus en plus à penser que , sans changements majeurs de ce modèle, on n’aboutira pas à des solut
2980 e ces États-nations nous paraît tellement normale qu’ il nous arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées
2981 aît tellement normale qu’il nous arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées sur une longue série d’accid
2982 n s’est forgé une histoire nationale qui démontre que son développement était inévitable, et son destin arrangé par la Prov
2983 t unifié offre-t-il à ses habitants plus et mieux que le petit État ? se demande H. Kahn. Et de constater que « la France n
2984 petit État ? se demande H. Kahn. Et de constater que « la France n’a pas une économie nécessairement plus saine que celle
2985 ce n’a pas une économie nécessairement plus saine que celle de la Belgique, et aucune des deux n’a une économie plus saine
2986 e, et aucune des deux n’a une économie plus saine que le Luxembourg ». De même, la France n’est pas plus en sécurité que l
2987 ». De même, la France n’est pas plus en sécurité que la Belgique et aucune des deux n’est plus en sécurité que le Luxembou
2988 elgique et aucune des deux n’est plus en sécurité que le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous son armée). Pourquoi, dans
2989 llures et de son dialecte… Il est peut-être temps que les nations submergées de l’Europe renaissent… De sérieux troubles po
2990 ropéens sont en train de disparaître ; il se peut qu’ elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors être rempl
2991 it former une communauté politique plus effective que le système actuel. Traduisons : les États-nations éclatés ne sont au
2992 duisons : les États-nations éclatés ne sont autre que les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À Paris, le
2993 présidence de la République proclament à l’envie qu’ ils sauront faire prévaloir « les intérêts de la France ». L’égoïsme s
2994 s les pays, serait-il en passe d’être si contesté qu’ il faille en faire un point de programme électoral ? De Gaulle seul av
2995 etc., jusqu’à « Normandie aux Anglais ». On sait que de Gaulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait te
2996 ulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’ il avait tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le
2997 rt du général de Gaulle 122, plus de confirmation que l’historien le plus méfiant ne saurait en exiger. À la veille du réfé
2998 i est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » D
2999 départ. […] Il se montrait préoccupé du jugement que l’histoire porterait sur son retrait ». « J’ai pris la bonne sortie d
3000 a réforme des régions, c’était le dernier service que je pouvais rendre à la France. » « Partir sur le refus d’une grande r
3001 nir par mes Mémoires, l’avenir des grandes choses que connaîtront d’autres générations. » Il est certain que dans le nombre
3002 onnaîtront d’autres générations. » Il est certain que dans le nombre des « grandes choses », la région n’était pas la moind
3003 ment Things to Come. L’« assaut » n’exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasse
3004 e. L’« assaut » n’exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasset, Paris, 1972. 1
89 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
3005 nneur du Centre européen de la culture, je savais qu’ il accepterait parce qu’il était le plus européen de tous les Suisses,
3006 il était le plus européen de tous les Suisses, et qu’ il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suis
3007 qu’il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’ il était le plus suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’i
3008 suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’ il n’y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands
3009 œuvre et la carrière de Carl J. Burckhardt. C’est qu’ il fut l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la formul
3010 de l’historien de la Renaissance, je ne pense pas qu’ il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous
3011 les lettres à Hofmannsthal du cadet), mais plutôt qu’ on pourrait l’attribuer à leur commune formation bâloise d’historiens
3012 lone de Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’ il a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type
3013 enfin mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’ il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen
3014 rce, en toute indépendance d’esprit, peut-on dire que ces traits composent une personnalité typiquement suisse ? Je constat
3015 une personnalité typiquement suisse ? Je constate qu’ on les trouve réunis chez quelques-uns des hommes les mieux liés par t
3016 tellement plus exemplaire pour l’humanité à venir que le champion qu’on adule aujourd’hui dans tous les ordres, du chef d’É
3017 xemplaire pour l’humanité à venir que le champion qu’ on adule aujourd’hui dans tous les ordres, du chef d’État au cycliste
3018 monstre sacré du cinéma, qui ne sont, après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions, était un homme
3019 r la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’ il faut d’arbitraire dans les jugements, lucide avec mélancolie mais n
3020 e mais nul cynisme, plus de sensibilité aux êtres qu’ aux idées, et aux situations qu’aux systèmes, d’où son sens politique
3021 ibilité aux êtres qu’aux idées, et aux situations qu’ aux systèmes, d’où son sens politique intuitif et ses vues parfois pro
3022 isse la dimension qui manque le plus à ce pays et que j’aime à nommer la dimension princière. do. Rougemont Denis de, « 
90 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
3023 e affaire entendue parmi les intellectuels autant que dans le grand public européen, c’est que George Orwell a prévu notre
3024 s autant que dans le grand public européen, c’est que George Orwell a prévu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à
3025 e nouvelle guerre européenne a éclaté. Il se peut qu’ elle dure plusieurs années et mette en pièces la civilisation occident
3026 mette en pièces la civilisation occidentale ; ou qu’ elle se termine d’une manière indécise et prépare une autre guerre qui
3027 ffaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’est que « la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident qu
3028 fiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme li
3029 ient pas été prévues, car on imaginait en général que le socialisme pouvait préserver et même étendre le climat du libérali
3030 e étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie que la littérature, du moins sous la forme que nous connaissons, devra pa
3031 gnifie que la littérature, du moins sous la forme que nous connaissons, devra passer par une mort temporaire. La littératur
3032 l’histoire donne entièrement raison : si tout ce qu’ ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ont
3033 nçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’a
3034 ophétie trop bien réalisée — et peu le sont mieux que celle d’Orwell — m’incite à poser cette question : l’auteur a-t-il ét
3035 nir, par prévision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme
3036 tienne libérale », alors oui, il est bien certain que « nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaires ». Mais que « l
3037 ns dans l’âge des dictatures totalitaires ». Mais que « l’individu autonome » soit annihilé, évacué, devienne « inexistant 
3038 is bien la cause, tant de l’effondrement chrétien que l’on allègue, que de l’avènement totalitaire que l’on subit. La posit
3039 tant de l’effondrement chrétien que l’on allègue, que de l’avènement totalitaire que l’on subit. La position du problème me
3040 que l’on allègue, que de l’avènement totalitaire que l’on subit. La position du problème me paraît fausse, non pas seuleme
3041 et sans nous, collectivement : il ne peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement son prochain se comp
3042 ffondre. Quand Orwell écrit son essai, le malheur qu’ il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même
3043 hrase trahit et déclare la démission du spirituel qu’ elle dit fatale. Ce qu’il s’agit de savoir en réalité, c’est si le mo
3044 la démission du spirituel qu’elle dit fatale. Ce qu’ il s’agit de savoir en réalité, c’est si le monde de l’Esprit existe o
3045 la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu que les substituts du christianisme, de l’Église et du cléricalisme seron
3046 alisme, le Parti et l’appareil bureaucratique. Et que les socialismes au pouvoir ne vont mener nulle part à plus de liberté
3047 , malgré eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète qu’ ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’i
3048 régions sans institutions : il importe seulement qu’ elles existent, pour nourrir notre espoir raisonnable de restructurer
91 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
3049 p Quand on pose une question de ce type, c’est que l’objet en question semble avoir fait son temps, qu’il survit peut-êt
3050 l’objet en question semble avoir fait son temps, qu’ il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on
3051 temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’être, qu’ il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Pourquo
3052  ? Pourquoi l’Université ? Ou au contraire, c’est que l’objet est encore trop jeune, et qu’il convient, avant de s’en occup
3053 aire, c’est que l’objet est encore trop jeune, et qu’ il convient, avant de s’en occuper, de s’assurer de sa réalité. Le sec
3054 est discuté en public, le problème ne date guère que des années soixante de ce siècle. La bibliographie des études régiona
3055 ssance de l’Europe des régions (1968) me rappelle que les premières études « régionalistes » datent de 1958 : Paul Romus, J
3056 es » datent de 1958 : Paul Romus, J. Boudeville ; qu’ elles sont suivies par une série de publications dans les cahiers de l
3057 egio Basiliensis (5 vol.) datent de 1964-1965, et que les premières études dues au Centre européen de la culture (CEC) et à
3058 ncore bien compris pourquoi des régions ? Il faut que nous le reconnaissions clairement. Il y a sans doute ici plusieurs sp
3059 es problèmes qui pourraient être tentés de croire que les raisons de faire des régions sont bien assez connues, et même rab
3060 ns sont bien assez connues, et même rabâchées, et qu’ il s’agit maintenant de pousser en profondeur et d’affiner l’analyse s
3061 ion n’est pas d’étudier une réalité donnée, telle qu’ elle est, mais de construire une réalité habitable, telle que des homm
3062 , mais de construire une réalité habitable, telle que des hommes seuls peuvent la faire devenir. Les régions ne sont pas de
3063 ré Piaget par ses nombreuses analyses établissant que notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de s
3064 e l’action de l’homme. Dans ce sens, on peut dire qu’ il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité
3065 ns, on peut dire qu’il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la fa
3066 ut pas la faire ; ou pour celui qui n’accepterait qu’ on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord qu’elle existe
3067 lui qui n’accepterait qu’on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord qu’elle existe. Celui qui nie toute valeur
3068 soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord qu’ elle existe. Celui qui nie toute valeur « scientifique » à l’action de
3069 que ? D’écologie ou de morale civique ?) Je pense que la région est un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est so
3070 ce et du suffixe turus, devant être fait.) Disons que la région relève de la nature naturante par opposition à la nature na
3071 lonté humaine, il est décisif pour sa réalisation qu’ on puisse expliquer avec efficacité ses raisons d’être, ou plutôt de d
3072 le de citoyens. Les régions seront, ou non, selon que leur raison d’être aura été exposée d’une manière active et convainca
3073 est donc sur l’argumentation du problème régional que je voudrais centrer mes réflexions. À la question Pourquoi des région
3074 e la dégradation de toute existence communautaire qu’ il subit aujourd’hui, et qui appelle comme remède immédiat, structurel
3075 , et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait que les données du problème général des régions dans le cadre de l’État-n
3076 ait de la frontière, qui divise arbitrairement ce que la Nature, l’Histoire, les ethnies, ou les intérêts avaient uni. Près
3077 s frontières, on voit et on ressent immédiatement que les solutions aux problèmes qu’on vient de citer sont rendues diffici
3078 ent immédiatement que les solutions aux problèmes qu’ on vient de citer sont rendues difficiles ou impossibles du simple fai
3079 rendues difficiles ou impossibles du simple fait que l’État-nation se veut souverain unique, indivisible et absolu, dans t
3080 rrêtée par les frontières, qui ne laissent passer que la pollution elle-même (des airs, des eaux, des ondes et des tempêtes
3081 ’Italie), centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous avons baptisée région lémano-alpine. Les fonctions essentielles
3082 e sous-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’ à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la ra
3083 Haute-Savoie), et des négociations franco-suisses qu’ elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Com
3084 iations franco-suisses qu’elles ont occasionnées, qu’ on en est venu à constituer la première Commission régionale transfron
3085 logique des choses. Car les problèmes écologiques que la bipartition nationale du bassin lémanique a empêché jusqu’ici de t
3086 ter convenablement, sont plus graves à long terme que les problèmes de l’emploi. Le Léman, au milieu duquel passe la fronti
3087 ersés d’une Commission internationale qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et
3088 qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutions et les nuisances de toute espèce. Troisième
3089 ités de Suisse romande et de Rhône-Alpes. On sait que la collaboration interuniversitaire, déjà difficile entre les cantons
3090 éjà difficile entre les cantons romands, est plus que ténue entre universités suisses et françaises. Les professeurs frança
3091 giner la richesse des possibilités de coopération qu’ ouvrirait l’organisation d’une région universitaire. Englobant celles
3092 dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute marqué toute la culture de
3093 es dans l’inconscient de ses habitants.) Ajoutons que cette « plus grande région » est aussi celle de l’horlogerie européen
3094 idiennement vécus, et le fait aisément vérifiable que seule la frontière les rend insolubles, voilà qui enseigne la région,
3095 tion du « Pourquoi des régions ? » à partir de ce que tout un chacun peut vérifier. Pour qui voit et comprend les réalités
3096 l’évidence. Je propose les étapes de raisonnement que voici : La crise mondiale — dont parlent tous les mass médias, depui
3097 ain vivant aujourd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme p
3098 t vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’ à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, enta
3099 leur monnaie nationale, etc., avec les résultats que chacun peut constater. Ils ne sauraient donc éluder leur responsabili
3100 , enfin sur la vie et la mort des citoyens, selon qu’ ils se conforment ou non aux dogmes de la religion stato-nationale, do
3101 des relations humaines. Devant la contre-attaque qu’ elle a provoqué par son action, l’Europe se voit aujourd’hui sans forc
3102 est cela aussi qui l’empêche de résoudre la crise qu’ elle a fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’unissent
3103 pêche de résoudre la crise qu’elle a fomentée, et qu’ elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront coloni
3104 t enfin prendre en main leurs affaires communes — qu’ il s’agisse de réalités culturelles ou énergétiques, écologiques ou so
3105 es ou sociales. Et voilà qui représente bien plus qu’ une mesure opportune de « décentralisation » des pouvoirs engorgés de
3106 omme moderne vit dans l’angoisse parce qu’il sent que « tout lui échappe », et que « ils » sont seuls responsables, « ils »
3107 sse parce qu’il sent que « tout lui échappe », et que « ils » sont seuls responsables, « ils » c’est-à-dire l’État, des rés
3108 nsable. L’homme ne peut être libre et responsable qu’ à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a bien vu et bien dit.) C’es
92 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
3109 Jouvenel observe une chose très simple : c’est que nous ne pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais s
3110 nous ne pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais sans pouvoir le changer ; alors que nous avons liberté
3111 ouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu, que sert alors de gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne sont
3112 as aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre que nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nou
3113 ons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons que la mort physique (selon le second principe de la thermodynamique) l’e
3114 ais non pas sur l’esprit créateur. Et nous savons que la terre ayant des dimensions finies, ses ressources seront épuisées
3115 nverse, les historiens ne font plus mystère de ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits
3116 ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous, qu’ une composition de faits passés, opérée à partir des problèmes du prés
3117 ve et personnelle, éphémère et pourtant décisive, que l’on voudrait tellement être en état de prévoir, mais qu’il faut fair
3118 voudrait tellement être en état de prévoir, mais qu’ il faut faire, à tous risques et périls, et, faute d’une impossible co
3119 dispensables pour opposer les quelques certitudes qu’ on vient de rappeler aux emportements du « Progrès » évalué en termes
3120 tifs de production ou de profit. Ils ont démontré que jamais le tiers-monde ne pourra rejoindre le niveau de vie de l’Occid
3121 t d’aujourd’hui. Ils ont fait voir accessoirement qu’ il y a là pour le tiers-monde une chance historique, qu’il serait fou
3122 y a là pour le tiers-monde une chance historique, qu’ il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que l
3123 e mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que la fabrication par les centrales surgénératrices de tonnes de plutoni
3124 iennent constitue un danger infiniment plus grave que celui de rouler moins vite et de régler à 20 degrés nos thermostats,
3125 nt nocifs quand ils tendent à nous faire accroire qu’ une seule croissance est à la fois possible et nécessaire, celle de la
3126 faste qui nous annonce comme un fait scientifique que désormais « la consommation d’électricité va doubler tous les sept an
3127 j’oppose le type de prévision qui nous fait voir que la consommation d’électricité doit cesser de doubler tous les sept an
3128 présence de cette agression libératrice, il n’y a qu’ une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modèle (comme
3129 on le récuse, on ne fera rien pour échapper à ce qu’ il annonce, et il deviendra vrai dans les délais prévus, de même qu’on
3130 ins dans l’inexactitude des calculs prévisionnels que dans le mauvais usage qu’on en fait, surtout quand on déguise en donn
3131 s calculs prévisionnels que dans le mauvais usage qu’ on en fait, surtout quand on déguise en données scientifiques à des fi
3132 nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend, et de poursuivre ou non en connaissance d’effets, au
3133 isions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès maintenant tout ce qu’il faut p
3134 faites (ou laissez faire) dès maintenant tout ce qu’ il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’est donc pas contre la prospe
3135 érifient. Ce n’est donc pas contre la prospective qu’ il s’agit de nous mettre en garde, mais contre l’illusion fataliste et
3136 iste et fatale qui nous ferait croire, désormais, qu’ il revient à l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective d
3137 t nécessaire, si ce n’est pas raisonnable » ainsi que l’avouait récemment l’un des pionniers de la physique atomique, lors
3138 Rien de plus déprimant pour la santé d’un peuple que l’obsédant recours à la « nécessité » contre la liberté du choix mora
3139 ix moral et de la décision politique. Car quelles que soient ses intentions conscientes, ce discours pousse au crime de dés
3140 ait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle au contraire fait preuve d’une co
3141 ’attitude de pensée essentiellement irresponsable que j’entends ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire que la socié
3142 ds ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire que la société, la civilisation, leur crise et le système de leur crise,
3143 parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire qu’ il n’est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel e
3144 use est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le succès
3145 on de nos désirs sur une Nécessité impersonnelle, qu’ on peut se demander si les « modèles » que manipulent les futurologist
3146 nnelle, qu’on peut se demander si les « modèles » que manipulent les futurologistes ne jouent pas un rôle comparable à celu
3147 t pas un rôle comparable à celui de ces figurines que le sorcier transperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’être q
3148 ier transperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’être qu’elles figurent subira les effets correspondants dans son co
3149 rce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’être qu’ elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou dans
3150 on « modèle », le futurologiste croit-il vraiment qu’ il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il a pris soin d’introduire
3151 ction financière, sociale ou morale, il est fatal qu’ elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute la techno
3152 ission de l’homme devant l’État. D’où l’on déduit que l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et l
3153 toute technocratie nous y conduit aussi sûrement que le racisme, le marxisme-léninisme et les fascismes, aux dépens de la
3154 avenir à court terme au passé. Quand elle annonce que « la consommation va plus que doubler durant la prochaine décennie »
3155 Quand elle annonce que « la consommation va plus que doubler durant la prochaine décennie » (Time, 17 novembre 1973), elle
3156 e » (Time, 17 novembre 1973), elle décide en fait que l’avenir prochain est déjà joué dans le passé récent : c’est le contr
3157 calculable. Le long terme ne peut faire ressortir que l’absurdité de la croissance dès qu’elle devient exponentielle. Le lo
3158 iffrables, et leurs interactions mal prévisibles, qu’ il échappe aux calculs sérieux, ou conduit à des conclusions tout arbi
3159 arbitraires, comme celles d’Herman Kahn annonçant qu’ en 2050, les vingt milliards d’habitants couvrant la terre jouiront (?
3160 atisme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé qu’ elle tend à fixer plutôt qu’elle ne le prolonge en création ; soumise
3161 grave. Liée au passé qu’elle tend à fixer plutôt qu’ elle ne le prolonge en création ; soumise aux seules lois de la matièr
3162 adoxalement, ne sont prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de facteurs non quantitatifs, non calcul
3163 istoire de l’Auto… Mais quand le calcul échoue et que pourtant l’on se voit sommé de prévoir, quel est le recours ? Au cour
3164 iance à la fameuse intuition ? Je reste convaincu qu’ elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création
3165 fondamentale et de la création, tant scientifique qu’ artistique, de la saisie du réel par notre esprit, mais dans la crise
3166 ions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair qu’ on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition,
3167 Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition, et qu’ il est préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obti
3168 préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obtient en manipulant les commandes et les boutons du tableau de
3169 èles à la manière de Forrester, tout en déplorant qu’ ils échouent à prendre en compte des paramètres éventuellement décisif
3170 décisifs pour l’évolution de notre société, tels que « la peur de l’avenir en général, ou du chômage en particulier, capab
3171 ompte d’un facteur qui me paraît responsable plus que tout autre de l’expansion à outrance, je veux parler de la menace de
3172 à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom que tel ministre de la guerre favorise une forte natalité, alors que son
3173 nc à la pollution ; et finalement le seul facteur qu’ elle fasse diminuer, c’est la qualité de vie. Si bien qu’on peut se de
3174 l’intuition et au calcul, il faut admettre aussi qu’ une société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’est que partielle
3175 iété humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose —
3176 une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose — ensemble de systèmes p
3177 roupe en un tableau les événements du xxe siècle que ses méthodes n’eussent pu prévoir, en tant que « surprenants ou inatt
3178 industrielle des Américains d’avant-hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’il soit, les juge en somme déplacés, san
3179 avant-hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire qu’ il soit, les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils
3180 ruinée d’un tel échec prévisionnel. D’autant plus qu’ il se trouve que ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles ont
3181 échec prévisionnel. D’autant plus qu’il se trouve que ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles ont fait l’objet de
3182 à Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour ne citer que les plus grands noms.130 Certes, ils ont tous nourri leurs intuition
3183 de l’homme de leur temps, dans les contradictions qu’ ils y décelaient entre valeurs alléguées et conduites réelles, c’est d
3184 c’est donc au secret de la psyché de leur époque qu’ ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la mor
3185 modèle) et notre société de consommation, — selon que l’on serait au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme c
3186 s prévisions impossibles sont justement de celles que les auteurs plus intuitifs que scientifiques cités plus haut multipli
3187 ustement de celles que les auteurs plus intuitifs que scientifiques cités plus haut multiplient depuis près de deux siècles
3188 haut multiplient depuis près de deux siècles, et que je n’ai cessé de risquer dans mes livres : j’en donnerai plus loin de
3189 s exemples à propos d’Hitler notamment. Serait-ce qu’ une chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’étaient se
3190 s ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’
3191 ns l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ; et que de là, et de nulle part ailleurs, ni de la force des choses ni du cie
3192 raites anticipées, choses fort bonnes en soi mais que l’État n’accorde qu’en échange du droit d’aînesse des citoyens sur l’
3193 oses fort bonnes en soi mais que l’État n’accorde qu’ en échange du droit d’aînesse des citoyens sur l’appareil bureaucratiq
3194 ansion malsaine n’aurait pas été moins nécessaire que d’assurer l’autonomie des centres régionaux. Au ve siècle, par suite
3195 dépendance. Et dans d’autres provinces, il semble que les hérésies chrétiennes, qui dressaient les fidèles contre l’autorit
3196 moignaient d’une secrète aspiration à l’autonomie que l’État temporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beau
3197 iiie siècle ? Non, car l’appel au Christ plutôt qu’ aux déités de l’Égypte ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait
3198 senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui, qu’ au plus intime de chaque personne et dans la seule qualité de son ango
3199 de l’homme et peut s’y lire d’abord, car c’est là que l’Histoire se noue. De même que c’est dans la cellule et dans la doub
3200 et dans la double chaîne tressée des chromosomes qu’ on peut déceler des maladies comme le cancer, c’est dans l’attente sec
3201 vidu et la formule de sa relation avec les autres qu’ on pouvait déceler l’hitlérisme et même prévoir l’allure de sa courbe
3202 lure de sa courbe historique, et nous allons voir qu’ on l’a fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noyau humain, physio
3203 d’une prospective personnaliste La prospective que j’ai dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, pui
3204 c’est-à-dire de l’Histoire déjà faite. Elle tient que l’homme, fait par l’Histoire, est son objet, un objet parmi d’autres,
3205 parce qu’elle ne voit de sens possible à l’avenir que dans l’accomplissement de la personne, c’est-à-dire dans sa liberté,
3206 en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait qu’ alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aurait plus de
3207 liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt qu’ à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait plus de polit
3208 spective utile et significative ne peut donc être que libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou monitoir
3209 nantes. Vos prévisions chiffrées ne m’intéressent que dans la mesure où j’ai en tête quelque finalité plus ou moins formula
3210 les grèves possibles, et à quelle heure il faudra que je me lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ont pas à me di
3211 e le train ou l’avion : elles n’ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’ai pas à dev
3212 cement », disent les mystiques. C’est de mes fins que je vais partir, non du passé que l’inertie porte à durer aux dépens d
3213 ’est de mes fins que je vais partir, non du passé que l’inertie porte à durer aux dépens du devenir personnel. Les critères
3214 s frontières. La plupart des critères de ce type, qu’ utilisent couramment les technologues, portent en soi des fins de croi
3215 n avant vers un désastre inévitable, du seul fait que la finitude n’est pas capable d’infini — finitus non capax infiniti —
3216 de là plus d’autoroutes à mettre en train », — et qu’ après dix ans écoulés, il y a dans l’ensemble européen moins d’habitan
3217 es, c’est-à-dire une croissance illimitée — celle que l’on « justifiait » naguère par la croissance démographique… Or toute
3218 ener dans l’hypothèse d’un succès maximum. Est-ce que cela va dans le sens de mes besoins réels, ou de mes désirs profonds,
3219 ité ou d’un caprice, comme la plupart des gadgets qu’ on nous offre ; ou encore « n’importe où », comme l’auto ; ou vers que
3220 me l’auto ; ou vers quelque chose d’angoissant et que l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entend
3221 uoi, et si son prix valait vraiment les avantages qu’ elle offre à la communauté qui l’a payée, et aux assassins du week-end
3222 assassins du week-end. Enfin, le modèle d’avenir qu’ on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communa
3223 qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers no
3224 erminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’ à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non pas
3225 os fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou
3226  possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notr
3227 que nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle
3228 lles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’Art d
3229 e chance, sauf intuition, de deviner les manettes qu’ il convient de manier. Et encore faudrait-il que le tableau de bord lu
3230 s qu’il convient de manier. Et encore faudrait-il que le tableau de bord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait
3231 « l’intuition » du geste à faire ne pourrait être que réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de consulter le mode d’e
3232 e 1975, p. 30-43. dr. Une note liminaire précise que ce texte « réunit quelques brefs chapitres extraits d’un ouvrage en p
93 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
3233 ences, un colloque, et tout un congrès134. Plutôt que de résumer ici mes conclusions — qui restent ouvertes — ou d’essayer
3234 clament, le concept exprimé par ces mots signifie qu’ il est entendu, avant tout discussion et comme allant de soi que : — l
3235 ndu, avant tout discussion et comme allant de soi que  : — la nouveauté vaut mieux que l’ancienneté ; — l’originalité vaut m
3236 mme allant de soi que : — la nouveauté vaut mieux que l’ancienneté ; — l’originalité vaut mieux que les vérités reçues ; —
3237 eux que l’ancienneté ; — l’originalité vaut mieux que les vérités reçues ; — le choc vaut mieux que l’équilibration ; — la
3238 ux que les vérités reçues ; — le choc vaut mieux que l’équilibration ; — la mise en question vaut mieux que la mise en ord
3239 ’équilibration ; — la mise en question vaut mieux que la mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré
3240 la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de tradition, si toutefois l’on pré
3241 on prétend se tenir à l’avant-garde de son temps. Qu’ on m’entende bien : quantité d’intellectuels et d’artistes européens,
3242 t aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’ elle soit chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considè
3243 . Mais il n’y a de Modernes, et loués comme tels, qu’ en Europe et en Amérique. (Il y en eut en Russie jusqu’à Staline : Str
3244 des Anciens et des Modernes n’a jamais eu de sens qu’ en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore à la fois, par refus d’
3245 tuel, il serait en effet difficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récuse les vérités reçues et remet en ques
3246 ’occidentale. D’où viennent ces erreurs radicales que commettent au sujet de leur propre culture les Occidentaux et eux seu
3247 ture les Occidentaux et eux seuls ? Et d’où vient qu’ en tant qu’ils renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’en rév
3248 taires, mais se privent de comprendre les autres, qu’ ils admirent par malentendu ? II. Approche proposée Le problème
3249 ne saurait être sous-estimée (nonobstant tout ce qu’ on vient de montrer que l’on tient pour vraiment sérieux). Je voudrais
3250 stimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer que l’on tient pour vraiment sérieux). Je voudrais inverser cette échelle
3251 ligieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose donc que les relati
3252 relles ou idéologiques de nos jours. Je pose donc que les relations entre l’Europe et le Monde dépendront dans l’avenir imm
3253 I. Le concept de révolution Mais s’il est vrai que toute culture vient d’une religion et la prolonge en expressions vari
3254 iècle qui, sur les traces de Karl Barth, a montré que le christianisme n’est pas une religion à proprement parler, c’est-à-
3255 litique (ses rites et ses conduites sociales) tel que l’ont fondé les ancêtres ; mais au contraire : — oppose le « nouvel
3256 ce des choses espérées, ferme assurance de celles qu’ on ne voit point », aux certitudes de la religion gageant le passé, la
3257 ale et irrémédiable de l’actuel ordre des choses ( que toutes les autres religions avaient pour mission de maintenir), et so
3258   Tous ces traits définissent une anti-religion. Que les Églises plus tard aient recréé les éléments d’une religion chréti
3259 crise aveuglante. Et il écrit, un peu plus tard, qu’ au retour du Christ : « Nous serons tous transformés, en un instant »
3260 igions, parce qu’elle n’est concevable, en effet, que dans une société travaillée par le message chrétien. Idée profondémen
3261 mpire d’Alexandrie, on peut bien dire avec Valéry que « tout est venu à l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogoni
3262 ie — mythe de la Création et astronomie. C’est ce que symbolise le mythe de l’Enlèvement d’Europe. Europe, princesse de Tyr
3263 pportent l’aristotélisme, l’algèbre, et bien plus que cela : le concept de l’amour-passion, sa mystique et sa rhétorique, q
3264 ui me paraît définitive. À partir du xve siècle, que fait l’Europe quand elle emprunte au Monde, faute de « valeurs », des
3265 tée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont qu’ une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublement de
3266 çais ne sont qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublement des plus riches. Au xixe , la Polynésie
3267 éduit Gauguin, sans lui apporter rien d’essentiel que la Bretagne n’ait formé d’abord. Il en va de même pour l’influence pa
3268  », comme l’écrit d’une manière pertinente autant qu’ originale, Charles-Albert Cingria : on ignore très généralement que le
3269 rles-Albert Cingria : on ignore très généralement que les negro spirituals utilisent des mélodies populaires du pays de Gal
3270 es populaires du pays de Galles — celles-là mêmes que les « revivalists » des années 1830 utilisèrent pour tant de cantique
3271 es années 1830 utilisèrent pour tant de cantiques qu’ on chante encore en Suisse romande. C’est ainsi que l’audition des pre
3272 u’on chante encore en Suisse romande. C’est ainsi que l’audition des premiers disques de negro spirituals réveilla d’abord
3273 ne lui doit rien, et c’est précisément à Debussy qu’ il choisit de se rattacher. Mais dans le même temps, par la force et l
3274 s précis, concret, les a créées. Tel émirat n’est qu’ un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie automob
3275 de massacres massifs. Il en résulte à l’évidence que le monde moderne tout entier, en tant que tel, peut être appelé une c
3276 ue tel, peut être appelé une création européenne. Que se passe-t-il quand le monde adopte ces inventions, ces procédés, ces
3277 dés, ces formes ? D’une manière globale, je crois que nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècl
3278 lobale, je crois que nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècles, exporte sans relâche ses prod
3279 tous les termes de l’échange aussi bien culturel que commercial. Mais, que le dialogue sur les finalités de la culture et
3280 échange aussi bien culturel que commercial. Mais, que le dialogue sur les finalités de la culture et de ses produits devien
3281 croscopique des effets d’une forme (ici musicale) que l’on impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’est pas en mesur
3282 sure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc que subir cette forme comme une contrainte stérilisante. L’énoncé des pl
3283 de chose toute tentative verbale pour exprimer ce que l’homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltan
3284 t elle répond dans le monde de l’âme au même défi que la science dans le monde des corps et de l’intellect. Les structures
3285 les machines sont transportables et vendables, ce que ne sont pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellec
3286 traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui est Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfa
3287 s le goût de ce pays ». Mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musique indonésie
3288 rien de leur musique indonésienne et ne faisaient que réinventer les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’av
3289 er les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en
3290 fficaces et plus puissants, car c’est aux pensées qu’ ils commandent, aux sentiments, aux sources mêmes de l’invention et de
3291 contact de l’Europe et d’un empire, la Chine : — qu’ a-t-elle reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine a pris d’abo
3292 e, la Chine : — qu’a-t-elle reçu de l’Europe ? et qu’ en fait-elle ? La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est b
3293 ine) à l’Occident — entendons aux États-Unis plus qu’ à la mère-patrie européenne. Cet ensemble d’options fondamentales, de
3294 une partie de Das Kapital. Karl Marx avait prévu que sa révolution se produirait dans les pays industriels. Or la Chine es
3295 ejoindre les conditions d’une révolution marxiste que Mao appellera révolution. Il parlera d’abord de « bond en avant » (ma
3296 lera de « révolution culturelle », marquant ainsi que la modernité ne saurait se développer spontanément dans un peuple que
3297 saurait se développer spontanément dans un peuple que toute sa tradition préparait à refuser le nouveau, le moderne, comme
3298 , comme représentant l’erreur même : il faut donc que l’État force le processus par une série de secousses et de bonds en a
3299 et de bonds en avant bien calculés. Mao a précisé qu’ il y aurait lieu de renouveler périodiquement la « révolution culturel
3300 société industrielle de demain s’annonce si long que les dangers de la croissance illimitée sont encore inconcevables dans
3301 ore inconcevables dans ce monde-là. D’autant plus que Mao, très sagement, freine les développements les plus nocifs de la t
3302 bile.   C. Reste le virus le plus sûrement mortel que l’Europe ait propagé dans le monde en le colonisant intensivement pen
3303 si l’on en juge par l’une des directives récentes que « le Grand Timonier » fait répéter chaque jour à des millions de trav
3304 Ne préconisez jamais l’hégémonie ». (Il est clair que cela vise d’abord le grand voisin, mais enfin le slogan paraît valoir
3305 ’européanise par l’extérieur, — contraste avec ce que pratiquent la plupart des autres régimes asiatiques et africains hâti
3306 t les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’en sont que plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimitée.
3307 limites se présente toujours comme quelque chose qu’ il s’agit de « protéger » contre les « ingérences étrangères ». C’est
3308 a forme politique de la paranoïa. Elle ne se pose qu’ en s’opposant aux voisins et aux « impérialismes internationaux ». Si
3309 neufs de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est, ainsi qu’ une bonne moitié des pays depuis longtemps décolonisés de l’Amérique l
3310 ’armer au-delà de toute raison contre des ennemis qu’ elles se créent, dont elles ont besoin pour survivre et assurer leur «
3311 ons de répondre victorieusement aux défis mortels qu’ on vient de citer141. Or la souveraineté nationale ne sera bientôt plu
3312 veraineté nationale ne sera bientôt plus garantie que par la possession de l’arme nucléaire. Mais l’arme nucléaire est déso
3313 litiques. Il est donc fatal, dans ces conditions, qu’ une guerre atomique, même si aucun État ne la souhaite, éclate « par a
3314 le, prévenant les effets encore plus destructeurs qu’ auraient sans elle les famines continentales ou une diminution catastr
3315 Vocation de l’Europe Les conditions critiques que l’on vient de rappeler ont été créées par l’Occident, et d’abord par
3316 ficace mais globalement nocive). C’est à l’Europe qu’ il appartient de modifier ces conditions, et l’on ne voit pas de raiso
3317 ditions, et l’on ne voit pas de raisons d’espérer que des solutions radicales puissent venir d’ailleurs. Si les Européens n
3318 rait être évitée. C’est en Europe et non ailleurs que les anticorps des virus répandus par nos États, notre technologie, no
3319 s conceptions du monde, à leur way of life, ainsi qu’ à leurs données géohistoriques, écologiques et ethno-culturelles. La v
3320 ffrir l’exemple au monde, et dont on peut espérer qu’ elle exercerait sur lui une attraction puissante, consisterait dans la
3321 s qui me paraissent propres à guider une relance, qu’ il faut souhaiter, aussi prochaine que possible, du Dialogue des cultu
3322 ne relance, qu’il faut souhaiter, aussi prochaine que possible, du Dialogue des cultures. 134. Cf. L’Aventure occidenta
94 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
3323 moi d’en décider, me laissent presque sans voix. Que devenir, que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se mo
3324 ider, me laissent presque sans voix. Que devenir, que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se montrer bonhomm
3325 que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’ à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschrift ou de
3326 ges représentent un genre littéraire bien défini, que je connais un peu, pour avoir collaboré à une bonne quinzaine d’entre
3327 lus délicieuses — ou les plus inquiétantes, selon que l’on se sent « deviné », « vraiment compris », traduisons : loué sans
3328 s mérites ; ou au contraire mécompris, entendez : qu’ on aurait pu tout de même dire mieux et plus… Cela, c’est le risque, l
3329 si, le joyeux, les jugements de fait, plus encore que de valeur, en flagrante contradiction terme à terme, bien que portés
3330 rieux et la gravité du regard… » Je suis persuadé que dans ce beau volume je vais trouver quelques exemples intéressants de
3331 ra très bien ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun a raison d’une certaine manière, selon ce qu’il est lui-même e
3332 chacun a raison d’une certaine manière, selon ce qu’ il est lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait
3333 pour son récipiendaire : il va découvrir enfin ce qu’ il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personna
3334 oujours multiples qui cachent parfois plus encore qu’ elles ne la révèlent, sa personne. Il y a là de quoi passionner le per
3335 ne. Il y a là de quoi passionner le personnaliste que je suis, et de quoi rendre encore plus mystérieux le complexe nodal,
3336 de quoi m’amuser indéfiniment pendant les années qu’ il me reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec
3337 ont nous sommes tous d’accord, ici, pour affirmer qu’ elle devrait dominer et orienter L’Aventure occidentale de l’homme ,
3338 orienter L’Aventure occidentale de l’homme , et qu’ en elle sont Les Chances de l’Europe . Merci, mes chers amis, pour ce
3339 cette salle. Une seule ombre au tableau : l’idée que les trois réalisateurs de l’ouvrage, mes deux collaborateurs et amis
3340 vacances et de leurs travaux personnels… Tout ce que je peux leur dire pour atténuer mes sentiments de culpabilité à leur
3341 mes sentiments de culpabilité à leur égard, c’est qu’ on n’a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne rec
3342 eur égard, c’est qu’on n’a pas souvent 70 ans, et que , pour ma part en tous cas, je ne recommencerai pas, c’est juré ! À Ge