1
de. Il reste ouvert à l’événement. J’oserais dire
qu’
à certains égards, il est moins décisif en soi que l’existence même de
2
qu’à certains égards, il est moins décisif en soi
que
l’existence même de ce Centre, par où j’entends que le principal, c’e
3
e l’existence même de ce Centre, par où j’entends
que
le principal, c’est qu’il y ait en Europe un lieu consacré à l’esprit
4
Centre, par où j’entends que le principal, c’est
qu’
il y ait en Europe un lieu consacré à l’esprit, où des hommes travaill
5
nt pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient
qu’
elle s’unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ont pas grande confia
6
partis, quand il s’agit de surmonter les égoïsmes
que
les États et les partis, précisément, sont chargés de défendre, et qu
7
gés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent
que
l’esprit manque trop souvent dans tout cela. Ils voudraient bien fair
8
is ne voient ni quoi, ni comment. C’est à ceux-là
que
nous nous adressons. Nous leur proposons une action « européenne » au
9
s une action « européenne » autant par son esprit
que
par ses buts, précise, modeste d’apparence, mais immédiate et totalem
10
menacée de l’extérieur, mais malade. Nous pensons
qu’
il faut la sauver pour deux raisons que chacun doit comprendre, qu’il
11
us pensons qu’il faut la sauver pour deux raisons
que
chacun doit comprendre, qu’il soit Européen ou non : — parce que l’Eu
12
ver pour deux raisons que chacun doit comprendre,
qu’
il soit Européen ou non : — parce que l’Europe fut et demeure depuis d
13
sprit de parti dans ses multiples manifestations,
qu’
il s’agisse des partis politiques proprement dits, ou des nationalisme
14
s nationalismes hérités d’un autre âge. On répète
que
ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les vé
15
tables intérêts calculent et jugent à l’unanimité
que
l’union leur serait favorable. Ce sont, bien au contraire, les idéolo
16
sément — hors duquel nous n’avons aucun pouvoir —
que
nous voulons agir et fédérer, par les moyens les plus directs, sans a
17
eur classe. Il y a là quelque chose de neuf, plus
qu’
il n’y peut paraître à première vue. Insistons donc : le Centre fait a
18
ion sincère et efficace — c’est tellement évident
qu’
on l’oublie dans tous les conseils des nations ; et non point à l’idéa
19
fédérative, dans des domaines précis. Le bulletin
que
nous lançons aujourd’hui s’adresse donc aux intéressés, dans le doubl
20
dans le double sens de ce terme : ceux qui jugent
que
le Centre peut utilement servir les vrais intérêts de leur œuvre, en
21
nce Nous ne fondons pas « une revue de plus »,
que
cela soit clair. Notre bulletin naît d’une double exigence ; d’ordre
22
d’une double exigence ; d’ordre technique autant
que
spirituel : celle d’offrir un organe commun aux diverses associations
23
r le sort de notre Europe, et qui se demandent ce
que
l’on fait pour elle en dehors du plan politique. Nous avons attendu p
24
sser les meilleures volontés.) Nous avons attendu
qu’
on puisse nous reprocher, amicalement, un excès de discrétion sur ce q
25
ublique, ce n’est point pour essayer de démontrer
que
le Centre « sert vraiment à quelque chose ». (Notre budget demeure as
26
ue nous n’ayons pas à le défendre au regard de ce
que
nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit maintenant
27
que nous avons fait.) Mais nous sommes convaincus
qu’
il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximum une prise de
28
déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce
qu’
on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent comme si l’Europe
29
avait déjà fait son union, voilà qui parle mieux
que
les grands orateurs, et ne soulève pas les mêmes méfiances. Qu’on lis
30
orateurs, et ne soulève pas les mêmes méfiances.
Qu’
on lise les pages qui suivent sur nos activités. On excusera peut-être
31
de tous côtés, ne se veulent liés à rien d’autre
qu’
au sort commun de cette patrie spirituelle qu’est l’Europe libre. Pour
32
tre qu’au sort commun de cette patrie spirituelle
qu’
est l’Europe libre. Pour tous ceux-là, notre bulletin veut être un lie
33
i donc le sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et
qu’
est-ce qu’il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! »
34
sujet du sermon ? — Euh… le péché. — Et qu’est-ce
qu’
il en a dit, le pasteur ? — Ben… il était plutôt contre ! » Le péché c
35
cie, a créé dans la vie de l’esprit une situation
que
l’on peut décrire comme suit : la culture qui était un bien commun de
36
res sont en voie de nationalisation, c’est-à-dire
qu’
elles se trouvent de plus en plus subordonnées à des nécessités économ
37
» qui, loin de protéger, étouffent en réalité ce
qu’
elles enferment. Marchés trop réduits (pour le film et le livre), écha
38
formes nécessaires devient évident. S’il est vrai
qu’
aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au tripl
39
mentales, des préjugés tenaces, et des pratiques
qu’
il nous appartient de dénoncer dans notre plan particulier. On parle b
40
d’« organiser les échanges culturels ». Observons
qu’
il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’u
41
ulture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés
que
les douaniers et les agents fiscaux sauront réduire à presque rien.
42
iser les échanges », c’est d’une part reconnaître
que
l’État reste le maître d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitrair
43
ont l’âme naturellement officielle. Si l’on veut
que
les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les période
44
le. Si l’on veut que les échanges redeviennent ce
qu’
ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des
45
Toutes nos cultures sont nées d’un fonds commun,
qu’
elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes
46
onséquences de cette brève analyse. S’il est vrai
que
le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le comparer parfoi
47
péraient spontanément jusqu’au xixe siècle, mais
que
les États ont tenté d’interdire. Si les experts aiment la culture et
48
importantes à faire : 1° supprimer les barrières
que
leurs mandants avaient dressées ; 2° aider les groupes et les institu
49
essées ; 2° aider les groupes et les institutions
que
les fiscs, les douanes et la bureaucratie s’étaient unis pour étrangl
50
ope unie tout comme si elle était faite, et telle
qu’
elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre la culture organisée
51
on efficacité. Or ce reflux — dont rien n’indique
qu’
il soit simplement temporaire — découvre une situation nouvelle. Dès l
52
s, André Malraux s’est écrié : « L’Amérique n’est
qu’
une partie de l’Europe ! » L’Amérique n’est-elle pas plutôt la fille d
53
père. Elle peut tenir de lui mais agir autrement
qu’
il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui
54
; la plus grande différence entre les deux étant
que
l’Amérique tend consciemment vers les standards de culture, tandis qu
55
res : la peur et l’attrait combinés. Il est clair
qu’
une partie sans cesse croissante de l’intelligentsia européenne redout
56
ia européenne redoute (ou affecte de redouter) ce
qu’
elle nomme l’américanisme, ou même (selon le vocabulaire des stalinien
57
me représenterait pour nous un aussi grand danger
que
l’invasion du stalinisme russe. On sait les motifs invoqués : richess
58
aires. Tout cela corsé de griefs politiques, tels
que
« l’impérialisme de Wall Street » et le danger d’une guerre menée sur
59
(Mais l’attitude antiaméricaine est plus ancienne
que
ces griefs, et très souvent ne leur doit rien.) Quant aux motifs d’at
60
sont parfois les mêmes, plus chez beaucoup l’idée
que
là-bas, la démocratie marche mieux, l’avenir est plus ouvert, et les
61
les rapports humains plus francs et plus cordiaux
que
chez nous. Politiquement, on sait ce que donne cette attitude ambival
62
cordiaux que chez nous. Politiquement, on sait ce
que
donne cette attitude ambivalente : aidez-nous avec vos dollars, mais
63
aidez-nous avec vos dollars, mais si vous exigez
que
votre aide soit efficace, nous crierons à l’impérialisme ; puis décam
64
à la culture, la cause est entendue, vous n’êtes
que
des barbares : digests, Collier’s, Coca-Cola, Hollywood, comics et wh
65
ca-Cola, Hollywood, comics et whisky. Il est vrai
que
nous copions vos romans et vos danses. Mais vous n’avez même pas le s
66
pas le sens de la lutte des classes ! On sait ce
que
pense de son côté l’Américain, rentrant d’un voyage en Europe : des B
67
s, occupés à se ruiner par des guerres nationales
qu’
on nous demande ensuite de payer, parlant de métaphysique mais prenant
68
siers, mais très courants1. Responsabilités
Que
les Américains deviennent impérialistes, ou deviennent isolationniste
69
aut chez nous, ce sera notre faute encore, autant
que
celle des USA. Les digests, que nous lisons par millions, ne sont tou
70
te encore, autant que celle des USA. Les digests,
que
nous lisons par millions, ne sont tout de même pas distribués par M.
71
e s’intoxique de jazz hot, il faut bien constater
que
c’est notre public européen qui, librement, propage ces succès améric
72
à l’endroit de la culture américaine, à tel point
que
tout institut que l’on croit à tort ou raison « soutenu par les Améri
73
culture américaine, à tel point que tout institut
que
l’on croit à tort ou raison « soutenu par les Américains » en tire d’
74
spect, d’autre part se voit accusé de n’être rien
qu’
un « instrument de la guerre froide ». Devant l’ambiguïté d’une pareil
75
sons de comparer, comme on le fait couramment, ce
qu’
il y a de pire d’un côté à ce qu’il y a de meilleur de l’autre, et Pas
76
t couramment, ce qu’il y a de pire d’un côté à ce
qu’
il y a de meilleur de l’autre, et Pascal aux digests ou les gratte-cie
77
1. Peu d’Américains « disent » vraiment cela,
qu’
ils pensent. Mais j’atténue plutôt la violence des jugements formulés
78
Dès le début, nous avons ici dénoncé… les dangers
que
faisait courir à la santé de notre pays une culture américaine qui at
79
et commenté dans un sens favorable. Il est clair
que
le problème des relations « culturelles » — au sens le plus large du
80
nt du problème de l’union de nos pays considèrent
que
l’Europe doit être unie pour des raisons politiques et économiques. C
81
de l’indépendance de nos pays. L’un des arguments
que
l’on invoque pour convaincre le grand public de la nécessité d’une co
82
se disputent le monde ? — on ne peut lui répondre
qu’
en se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi que des libertés
83
se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi
que
des libertés qu’elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empress
84
os traditions culturelles, ainsi que des libertés
qu’
elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’empresse de reléguer la
85
e pencher sur les problèmes bien plus « urgents »
que
pose l’attitude des conservateurs anglais, des socialistes allemands,
86
pays, et « voilà la réalité »… Si l’Europe n’est
que
cela, admettons en toute sobriété qu’il n’y a guère de raisons de per
87
urope n’est que cela, admettons en toute sobriété
qu’
il n’y a guère de raisons de perdre son temps dans une commission « cu
88
à plus tard. 2. Mais d’autre part, on peut penser
que
l’Europe qu’il s’agit de sauver, de ranimer et de rendre forte par le
89
2. Mais d’autre part, on peut penser que l’Europe
qu’
il s’agit de sauver, de ranimer et de rendre forte par le moyen de son
90
lisation, une réalité culturelle, — s’il est vrai
que
la culture est la prise de conscience de ce que signifie l’existence,
91
i que la culture est la prise de conscience de ce
que
signifie l’existence, un besoin perpétuel d’approfondir la significat
92
in perpétuel d’approfondir la signification de ce
que
l’on sent et fait, et d’augmenter le pouvoir qu’exerce l’homme à la f
93
que l’on sent et fait, et d’augmenter le pouvoir
qu’
exerce l’homme à la fois sur lui-même et sur les choses. Je constate q
94
fois sur lui-même et sur les choses. Je constate
que
l’Europe, cap de l’Asie, a dominé le monde pendant des siècles non po
95
mes électoraux qui en résultent : tout cela n’est
que
résultats ou contrecoups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abord ce
96
st une culture, ou elle n’a rien de mieux à faire
qu’
à se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela ne ch
97
nt de songer aux réalités électorales. Il demande
que
sa vie ait un sens. Qu’on lui en donne un sans discussion possible (e
98
s électorales. Il demande que sa vie ait un sens.
Qu’
on lui en donne un sans discussion possible (et c’est la chance des di
99
ible (et c’est la chance des dictatures), ou bien
qu’
on lui permette d’en chercher un, voire de le trouver parfois et de le
100
ien de l’Europe non plus. Et si vous lui apprenez
que
l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas
101
faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit
que
font ces deux mots également privés de sens pour lui. Toute propagand
102
otidiennes ; enfin pas de sentiment européen tant
que
la masse restera séparée de la culture, force principale de l’Europe.
103
ir l’Europe vraiment unie et forte, c’est vouloir
que
la vie ait un sens en Europe, c’est vouloir la culture, par suite ses
104
ope. La jeunesse de l’Europe a le devoir d’exiger
que
les États qui se disent en faveur de l’union augmentent très fortemen
105
fortement leur budget de culture, prouvant ainsi
qu’
ils veulent les moyens de leur fin. b) Pareillement, la jeunesse deman
106
leur fin. b) Pareillement, la jeunesse demandera
que
les gouvernements qui se déclarent en faveur de la fédération europée
107
européens (et non pas seulement nationaux), tels
que
Bruges, Genève, Nancy, Alpbach, et douze autres entreprises du même g
108
s vivantes de l’union de demain. Ils ne demandent
qu’
à s’ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la culture a créé
109
ope. d) Enfin, la jeunesse est consciente du fait
que
la culture apparaît trop souvent comme une activité lointaine de spéc
110
s itinérantes. (L’expérience des guildes a prouvé
qu’
il existe un public de lecteurs dix ou vingt fois plus vaste que celui
111
n public de lecteurs dix ou vingt fois plus vaste
que
celui que touchaient les libraires.) 5. La jeunesse montre peu d’inté
112
e lecteurs dix ou vingt fois plus vaste que celui
que
touchaient les libraires.) 5. La jeunesse montre peu d’intérêt pour l
113
l’Europe, et c’est seulement dans ce cadre élargi
qu’
elle verra la nécessité de certains engagements politiques. Une politi
114
pourquoi, précisément, votre congrès doit estimer
qu’
il n’y a pas une minute à perdre avant de s’y mettre. f. Rougemont
115
européenne d’aujourd’hui ? Je rappellerai d’abord
que
le CEC est une institution autonome, constituée en association intern
116
ssociation internationale selon la loi suisse, et
qu’
il ne dépend ni du Conseil de l’Europe, ni des gouvernements, ni même
117
ravail des deux organismes sont aussi différentes
que
leurs buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce qu’on pourrai
118
buts. Nous en sommes restés, volontairement, à ce
qu’
on pourrait appeler le stade artisanal, choisissant parmi toutes les t
119
raient se produire, d’autant plus rares, en fait,
que
nous nous cantonnons dans le plan des réalisations concrètes. Au surp
120
des réalisations concrètes. Au surplus, on notera
que
le CEC n’est à aucun titre « un Unesco européen » : ni par sa structu
121
de délégués des gouvernements. Mais il se trouve
que
la plupart de ces délégués siègent aussi à l’Unesco, et sont donc en
122
re est nécessairement plus lente et plus prudente
que
celle d’un organisme privé. De plus, leur secrétariat ne dispose pas
123
le Comité a-t-il proposé tant au Collège d’Europe
qu’
au CEC de réaliser certains de ses plans. Les entretiens que nous ont
124
de réaliser certains de ses plans. Les entretiens
que
nous ont ménagé les experts de Strasbourg ont permis d’explorer en dé
125
à le réinventer. Ceci, à condition, bien entendu,
que
l’on ne pense pas : l’Europe n’est qu’un problème politico-technocrat
126
n entendu, que l’on ne pense pas : l’Europe n’est
qu’
un problème politico-technocratique, et rien de plus pour le moment. L
127
ncevable — mais alors il s’impose avec évidence —
que
si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir d
128
ors il s’impose avec évidence — que si l’on tient
que
l’Europe fut d’abord, est encore, et doit devenir de plus en plus une
129
e double emploi. Mais nous constatons aujourd’hui
qu’
en réalité tout reste à faire. Notre service d’articles de revues, Eur
130
lé trop limité pour que l’agence marche autrement
qu’
au ralenti, donc à perte. Ce sont là des difficultés normales, les à-c
131
Mais il y a plus. Les obstacles les plus sérieux
que
nous rencontrons ne sont pas d’ordre technique. Ils résultent de la s
132
sultent de la sourde opposition à nos entreprises
que
nous sentons dans certains milieux, officiels ou privés, politiques o
133
européens » d’étiquette. Parfois, nous découvrons
que
ces résistances, ces refus de coopérer, sont dus à des malentendus. U
134
u le bénéfice moral, et l’on verra tout à l’heure
que
la moitié seulement de notre programme est en voie d’exécution. Le Pr
135
lle sera la portée « européenne » tant de ce prix
que
de la collaboration des guildes dont le prix n’est qu’un premier essa
136
e la collaboration des guildes dont le prix n’est
qu’
un premier essai. L’AIEE groupe déjà la plupart des instituts européen
137
is n’a pas encore entrepris les travaux en commun
que
l’on doit en attendre. Quant aux Plans de causerie (tirés à l’200 00
138
festations de ce genre en Europe, nous ne pouvons
que
nous déclarer très satisfaits de leur succès : il dépasse de beaucoup
139
ités en cours ou à l’étude. Il s’agit en principe
que
chacune serve à toutes les autres, et demande aux autres des services
140
s des services, par le moyen de ce clearing house
que
veut être le CEC. C’est pourquoi nous inaugurons aujourd’hui une form
141
hacun pourra prendre une vision plus claire de ce
que
font les autres, ainsi que de l’ensemble complexe du CEC. Du même cou
142
sion plus claire de ce que font les autres, ainsi
que
de l’ensemble complexe du CEC. Du même coup seront posées les bases d
143
même coup seront posées les bases d’un dialogue,
que
j’espère fécond, entre nos différentes branches d’étude et d’action.
144
ompte d’une part des motifs d’échecs et de succès
que
je viens d’indiquer, c’est-à-dire de nos réalités quotidiennes, d’aut
145
e CEC et qui demeure sa raison d’être. Car, ainsi
qu’
aimait à le répéter un grand industriel français de mes amis3 : « Ce n
146
çais de mes amis3 : « Ce n’est pas au pied du mur
qu’
on connaît le maçon, c’est en haut. » 2. Voir bulletin de mai 1951.
147
la politique. À ce titre, elle mérite un examen,
que
presque toutes les revues ont négligé de faire, en vertu de la curieu
148
ison d’affecter la pudeur dans ce domaine. Disons
que
la crise est grave, que le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien e
149
r dans ce domaine. Disons que la crise est grave,
que
le départ de M. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomatique, que c
150
. Jaime Torrès-Bodet n’a rien eu de diplomatique,
que
ce poète, ministre, et grand éducateur est parti en claquant la porte
151
aquant la porte, non sans avoir déclaré vertement
qu’
il avait cessé de croire à ce qu’il dirigeait. D’où vient le malaise
152
éclaré vertement qu’il avait cessé de croire à ce
qu’
il dirigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait qu’il existe un
153
rigeait. D’où vient le malaise ? Chacun sait
qu’
il existe un malaise général à l’endroit de l’Unesco, et cela non seul
154
mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois
qu’
il s’agisse vraiment d’eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’i
155
ire. Et peut-être facile à trouver. Car en somme,
qu’
est-ce que l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur p
156
ut-être facile à trouver. Car en somme, qu’est-ce
que
l’Unesco ? Un organisme qualifié de « culturel », mis sur pied par le
157
gués. Inutile de chercher plus loin. Il est clair
qu’
entre l’activité d’un peintre, d’un savant, d’un écrivain, et les inté
158
d’un ministre, les rapports, s’il en est, ne sont
qu’
accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais cette
159
pour le plaisir de l’art, mais parce qu’on pense
qu’
ainsi l’on servira la paix. Or seule une aide toute désintéressée, n’a
160
eule une aide toute désintéressée, n’ayant en vue
que
la qualité des œuvres d’art, de littérature ou de science, et leur di
161
ent. Comment un ministère pourrait-il donc (quels
que
soient les désirs de ses hauts fonctionnaires) obtenir un crédit pour
162
e ? Il n’en obtient parfois, avec quelles peines,
que
s’il peut démontrer aux Finances, au Parlement, aux présidents de ses
163
au Parlement, aux présidents de ses commissions,
que
tel ou tel projet « sert le pays », c’est-à-dire sert sa politique ou
164
privés, et finalement certains partis. Admettons
que
le projet soit retenu. La délégation nationale votera pour lui à l’As
165
aux yeux de nos gouvernements — et c’est normal —
qu’
une espèce de mal nécessaire, un de ces irritants problèmes périphériq
166
et de la politique générale, — il est bien clair
qu’
on leur donnera toujours le moins possible. Aux yeux du grand public,
167
, est gigantesque. Au regard des tâches mondiales
que
l’Unesco s’assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on
168
it cent fois ou mille fois plus. Mais le fait est
qu’
on n’y croit guère dans ces milieux, et tel étant l’état de l’opinion
169
pour ce prix l’on ne pourrait pas les aider mieux
qu’
en finançant une grande machine pour les aider. La machine n’absorbe-t
170
r. La machine n’absorbe-t-elle pas plus d’énergie
qu’
elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t
171
tres choses possibles et imaginables, supposerait
que
l’on traite la culture comme but en soi, non comme annexe d’une polit
172
Trois vices de construction C’est le système
qu’
il faut donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il s’agit de re
173
e fond en comble, — et non de comble en fond — ce
qu’
ont imaginé il y a sept ans les créateurs de l’Unesco. Le système souf
174
t il laisse aux gouvernements l’initiative autant
que
le contrôle. Reprenons brièvement ces trois points. 1. Trop vaste.
175
les civilisations de la planète ne peut se donner
qu’
un but très vague, mal défini et presque vide de contenu proprement cu
176
proprement culturel. (En fait, on se borne à dire
qu’
on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre national ne corresp
177
au « champ d’étude historique intelligible » tel
que
l’a délimité Toynbee : une société, une civilisation bien définie, co
178
d’enseignement ; les laboratoires, etc. C’est là
que
se forme le langage des créateurs individuels et que leurs œuvres app
179
se forme le langage des créateurs individuels et
que
leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là qu’il faut partir, de cet
180
t que leurs œuvres apparaissent. C’est donc de là
qu’
il faut partir, de cette base-là, non point d’une organisation abstrai
181
octrine fédéraliste, il serait plus exact de dire
que
le CEC veut être un lieu de rencontre et de prise de contact pour les
182
gouvernementaux. Ce qui précède suffit à établir
que
l’initiative véritable, dans le domaine de la culture, appartient en
183
e contrôle des tâches exécutées en collaboration.
Que
resterait-il alors à l’organisation constituée par les gouvernements
184
le fédéraliste Nous sera-t-il permis d’ajouter
que
ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles que nous avons adopt
185
ces méthodes éminemment fédéralistes sont celles
que
nous avons adoptées dès le départ au CEC, et que nous n’en parlons pa
186
que nous avons adoptées dès le départ au CEC, et
que
nous n’en parlons pas en doctrinaires, mais sur la base d’une expérie
187
du succès de nos efforts, le fait certain, c’est
que
les méthodes que nous suivons répondent aux vœux et besoins exprimés
188
efforts, le fait certain, c’est que les méthodes
que
nous suivons répondent aux vœux et besoins exprimés par tous les « fo
189
arle aujourd’hui d’une crise de l’Unesco, gageons
que
cette crise ne proviendrait que d’un manque d’appuis extérieurs, et n
190
l’Unesco, gageons que cette crise ne proviendrait
que
d’un manque d’appuis extérieurs, et non pas de la formule même du CEC
191
les intéressés seuls sont juges de leurs besoins.
Qu’
on leur laisse donc l’initiative, le contrôle et l’exécution ! Qu’ils
192
e donc l’initiative, le contrôle et l’exécution !
Qu’
ils s’associent directement entre eux, quand ils le trouvent utile, pa
193
r la base des initiatives émanant des intéressés,
que
les gouvernements ou la fédération s’attachent à leur rôle d’arbitrag
194
s se révèle là encore le plus pratique, ne fût-ce
qu’
en évitant les retards et les frais des grandes machines bureaucratiqu
195
ants de la vie musicale actuelle en Europe, c’est
que
des œuvres de compositeurs célèbres de la génération précédente figur
196
s compositeurs américains connaissent rarement ce
que
font leurs confrères européens ; la situation est la même pour les je
197
lles. En outre, les critiques musicaux ne peuvent
que
très rarement rencontrer de jeunes compositeurs et établir ainsi avec
198
é général du plan de distribution des prix, ainsi
que
des accords en cours de négociation avec la RAI (Radiodiffusion natio
199
t pour le Concours de composition. Il est convenu
que
les débats de la Conférence seront conduits de la manière suivante :
200
ines, entre la technique et le style, etc., ainsi
que
le problème du langage commun. Après une vive discussion, le titre su
201
derne sur le développement du langage musical. 5.
Qu’
est-ce qu’un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle
202
le développement du langage musical. 5. Qu’est-ce
qu’
un bon programme ? j. Rougemont Denis de, « Une nouvelle initiativ
203
disent au point mort. Mais la contradiction n’est
qu’
apparente, car les deux jugements sont exacts. En effet, pour changer
204
isque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est
que
cet élan vient de rencontrer des résistances contre lesquelles il s’a
205
Sa poussée croît à la mesure de la contre-poussée
qu’
il provoque. Si l’on ne voit rien bouger pour le moment, on se tromper
206
ouger pour le moment, on se tromperait en jugeant
que
la lutte a cessé ou que la tension est retombée. Les lutteurs affront
207
se tromperait en jugeant que la lutte a cessé ou
que
la tension est retombée. Les lutteurs affrontés corps à corps, presqu
208
stade de la levée en masse. Il se peut toutefois
qu’
elle y rêve. Toute tentative de s’organiser comme force politique cohé
209
antage certain : nous attendions depuis longtemps
qu’
elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès d
210
plan-là. Le Kominform démobilise Mais voici
qu’
un troisième facteur vient compliquer ce jeu normal de l’action et de
211
ion. Depuis plusieurs années, l’on entend répéter
que
la plus forte raison, sinon la seule, de vouloir une Europe unie, rés
212
rt du mouvement vers l’intégration. Il en résulte
que
toute détente à l’Est détendrait ce ressort. D’où, paraît-il, crise d
213
e de l’idée européenne. On n’oserait affirmer ici
que
ce raisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et qu’il ne soit l
214
aisonnement n’ait pas été tenu par le Kremlin, et
qu’
il ne soit l’un des motifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce
215
otifs majeurs de l’actuelle offensive de paix. Ce
que
l’on peut observer c’est qu’il est, tout d’abord, le fait des adversa
216
ffensive de paix. Ce que l’on peut observer c’est
qu’
il est, tout d’abord, le fait des adversaires, chez nous, de notre uni
217
aux yeux de certains, comme un expédient défensif
qu’
il fallait accepter in extremis. Si maintenant la Russie nous rassure,
218
i maintenant la Russie nous rassure, il est clair
que
tout est changé. Dès l’instant que nous cessons d’avoir peur, le fédé
219
, il est clair que tout est changé. Dès l’instant
que
nous cessons d’avoir peur, le fédéralisme européen perd sa seule rais
220
populaire. Et notre monde du xxe siècle étant ce
qu’
il est, il faut prendre au sérieux les pires sottises : elles représen
221
s représentent un facteur politique qui, pour peu
qu’
on le néglige, peut devenir décisif. Expliquons-nous donc bien clairem
222
fs de notre union n’ont pas changé Étant admis
que
la reprise des négociations d’armistice en Corée sur la base même que
223
égociations d’armistice en Corée sur la base même
que
l’on déclarait « grotesque » il y a deux mois, le retour de M. Vychin
224
accusés d’assassinat et l’emprisonnement de ceux
que
l’on venait de décorer pour délation, la répétition fréquente du mot
225
es signes irréfutables de « détente », signifient
que
l’URSS désormais ne nourrit plus à l’endroit de l’Occident que les in
226
sormais ne nourrit plus à l’endroit de l’Occident
que
les intentions les plus cordiales, on demande ce qui se trouve changé
227
es libertés politiques et sociales n’a pas varié,
que
l’on sache, n’est pas moins menacée de l’intérieur et de l’extérieur.
228
subsiste. La situation de l’Europe dans le monde
qu’
elle domina jadis et qui retourne contre elle ses propres armes, n’est
229
Les sourires du Kremlin sont peut-être la preuve
que
tout va changer en Russie : ils ne changent rien à ces faits. Quand l
230
ni moins urgente, pour les trois grandes raisons
qu’
on vient de rappeler. La question n’est pas de savoir si la Russie nou
231
ce. Personne n’ayant pu ni même prétendre prouver
que
tel est bien le cas, la solution ne peut être cherchée que dans l’uni
232
st bien le cas, la solution ne peut être cherchée
que
dans l’union. Vers une épuration européenne Il n’en reste pas m
233
on européenne Il n’en reste pas moins probable
que
l’effet de propagande escompté sera partiellement atteint par la Russ
234
geaient le point de vue de M. Vychinski, à savoir
que
la politique d’intégration repose uniquement sur la crainte, suivront
235
prendre au sérieux (en Europe comme en Amérique)
que
la Communauté de défense, vont être les premiers à la croire inutile.
236
ense, vont être les premiers à la croire inutile.
Qu’
avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ? Que pouvons-nous y gagn
237
Qu’avons-nous à y perdre, nous les fédéralistes ?
Que
pouvons-nous y gagner ? Tous ceux que de mauvaises raisons amenaient
238
éralistes ? Que pouvons-nous y gagner ? Tous ceux
que
de mauvaises raisons amenaient parfois à nos côtés, vont nous quitter
239
uitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir
qu’
une fédération doit être faite contre quelqu’un ou quelque chose, et p
240
e contre quelqu’un ou quelque chose, et par suite
que
le principe fédérateur ne peut être que négatif, cette idée perdant f
241
par suite que le principe fédérateur ne peut être
que
négatif, cette idée perdant force et opportunité, ils vont cesser de
242
à leurs dépens ! C’est aux fédéralistes éprouvés
qu’
il appartiendra donc, durant les mois qui viennent, de mettre en valeu
243
entier se remet à respirer : c’est donc la preuve
que
le monde entier, les communistes y compris, ne croyait pas que l’Amér
244
entier, les communistes y compris, ne croyait pas
que
l’Amérique ni l’Europe songeaient à la « guerre préventive ». Chacun
245
autrement le soulagement général ? Il en résulte
qu’
un nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’unir, et pour m
246
our s’unir, et pour mieux voir les vraies raisons
qu’
elle a de le faire. Et cela dans des conditions de clarté, de sérieux,
247
des conditions de clarté, de sérieux, de sagesse,
qu’
on ne pouvait espérer naguère, lorsque régnait encore la crainte, la s
248
enant encore les vrais secrets d’une civilisation
qu’
elle a rendue mondiale ; affaiblie par sa division mais déjà parvenue
249
Comment rendre à notre culture, libératrice plus
qu’
aucune autre au monde des puissances ambiguës de l’homme, son pouvoir
250
ue ? Comment nous replacer à l’avant d’un progrès
que
d’autres nous disputent, nous le savons bien, par des déclarations in
251
méricaine. J’écris ceci dans la pleine conviction
qu’
il n’est pas un des responsables de la politique mondiale des États-Un
252
communiste ? Le fait brutal, incontestable, c’est
qu’
aussi longtemps que nos pays resteront désunis et même rivaux, ils ser
253
t brutal, incontestable, c’est qu’aussi longtemps
que
nos pays resteront désunis et même rivaux, ils seront incapables de s
254
ent, après tout, la puissance, non moins redoutée
que
sollicitée, des USA ? Leur nom même suffit à répondre : ils sont unis
255
e se libérer de la tutelle britannique décidèrent
que
leur simple alliance confédérale devait être remplacée par une fédéra
256
C’est donc précisément dans la presse de New York
que
trois des rédacteurs de la Constitution, Hamilton, Jay et Madison, en
257
Federalist, exercèrent une action décisive, ainsi
que
nul écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’il fallait rés
258
le rôle et l’importance d’un tel écrit, je dirais
que
d’une part il a créé l’animation politique nécessaire à la vie de la
259
prudence des problèmes institutionnels. Or, voici
que
dans le onzième article ou, si l’on veut, au onzième chapitre de ce f
260
mportance ; ces notes n’avaient d’autre intention
que
de l’introduire : Le monde peut être divisé politiquement, comme géo
261
vement tombées sous sa domination. La supériorité
que
l’Europe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder c
262
supériorité physique, et ont sérieusement assuré
que
tous les animaux, ainsi que la race humaine, dégénéraient en Amérique
263
t sérieusement assuré que tous les animaux, ainsi
que
la race humaine, dégénéraient en Amérique ; que les chiens même perda
264
i que la race humaine, dégénéraient en Amérique ;
que
les chiens même perdaient la faculté d’aboyer, après avoir respiré qu
265
préparerait une nouvelle victime à leur triomphe.
Que
les Américains méprisent enfin d’être les instruments de la grandeur
266
’être les instruments de la grandeur européenne !
Que
les Treize États, réunis dans une étroite et indissoluble Union, conc
267
vous laisse le soin de commenter le parallélisme
qu’
un tel texte suggère et même impose à l’évidence, entre la situation d
268
e l’Ouest, elle perd de vue le problème européen,
qu’
elle commençait tout juste à distinguer. Depuis deux mois, hors des mi
269
ne parle plus de la Constitution. On ne peut dire
que
le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemb
270
nt désespérée, mais certainement la plus sérieuse
que
notre continent ait traversée depuis la dernière guerre. Quel est le
271
en panne, l’Amérique s’énerve et laisse entendre
qu’
elle serait prête à passer outre, sans la France. En même temps, l’opp
272
pe augmente, à gauche comme à droite. Elle répète
que
les quelques hommes d’État français qui ont agi pour l’union, « incap
273
oser au plan européen ». Je constate au contraire
que
ces problèmes (l’armée, les colonies, l’économie) sont sans issue dan
274
onomie) sont sans issue dans le cadre national et
qu’
il faut donc chercher leur solution dans une forme quelconque d’entrai
275
satisfaire. Trop de gens refusent encore de voir
que
la santé de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée qu’au sein
276
de chacun de nos pays ne pourrait être restaurée
qu’
au sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’agit de ranimer
277
qu’au sein et à partir d’un ensemble plus vaste,
qu’
il s’agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensen
278
bles. Et enfin, et surtout, trop de gens oublient
que
l’Europe est quelque chose de plus que la somme de 20 nations, dont l
279
s oublient que l’Europe est quelque chose de plus
que
la somme de 20 nations, dont la plupart, dans leur forme nationale au
280
dans leur forme nationale au sens moderne, n’ont
qu’
un passé des plus récents, et presque ridiculement court au regard de
281
ent court au regard de notre histoire commune. Ce
qu’
il s’agit de sauver transcende par nature les intérêts de chacune de c
282
quelle nous sommes tous responsables. Il est faux
qu’
une nation n’ait de comptes à rendre qu’à elle-même, c’est-à-dire à se
283
est faux qu’une nation n’ait de comptes à rendre
qu’
à elle-même, c’est-à-dire à ses députés, ceux-ci à leurs électeurs, et
284
ous le sens même de la vie. L’Europe vaut plus
que
les Européens En ce mois de juin 1953, il est plus facile que jama
285
ns En ce mois de juin 1953, il est plus facile
que
jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile que jamais de justifi
286
e jamais d’être « pour l’Europe », plus difficile
que
jamais de justifier et de défendre — contre l’URSS, l’Amérique, et l’
287
’URSS, l’Amérique, et l’Asie — les Européens tels
qu’
ils se montrent. Si les Européens n’étaient menés que par leurs intérê
288
ils se montrent. Si les Européens n’étaient menés
que
par leurs intérêts matériels et s’ils les comprenaient, ils voudraien
289
personne au monde n’a jamais essayé de démontrer
qu’
il était de l’intérêt de nos pays de rester divisés, rivaux, hérissés
290
ut pour qu’ils restent ainsi. Il faut donc croire
que
les Européens sont menés, en réalité, par des forces irrationnelles,
291
vertus et leurs vices, — c’est avec ces pays tels
qu’
ils sont qu’il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment fair
292
urs vices, — c’est avec ces pays tels qu’ils sont
qu’
il s’agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Europe a
293
chose. Je ne fais pas là du paradoxe. Chacun sent
que
le Couronnement est tout à fait autre chose que la somme des Anglais.
294
t que le Couronnement est tout à fait autre chose
que
la somme des Anglais. L’Europe est une culture, une civilisation : c’
295
rope est une notion de la personne. On n’y accède
que
par l’éducation, laquelle est antérieure et supérieure à l’individu.
296
ut Seules les idées avancent. Et rien n’avance
que
par l’idée. Les choses, les hommes sans idées n’avancent jamais, ils
297
iac. Mais la raison dernière de leur chute, c’est
qu’
ils voulaient ce que refuse encore un petit nombre dominant de leurs d
298
dernière de leur chute, c’est qu’ils voulaient ce
que
refuse encore un petit nombre dominant de leurs députés : l’Europe un
299
s de l’Europe entière. L’échec possible, et ce
qu’
il signifierait Dans l’indifférence générale, notre destin commun d
300
is. Pour la première fois je l’écris : il se peut
que
l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en retombera
301
s Européens — sur tous ceux qui n’ont pas compris
qu’
ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, vo
302
qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce
qu’
il faut leur dire, voilà ce qu’ils doivent comprendre à tout prix et i
303
mal gré. Voilà ce qu’il faut leur dire, voilà ce
qu’
ils doivent comprendre à tout prix et in extremis. Ils sont en train d
304
s entreprises, financées par certaines industries
que
l’idée seule d’Europe unie pousse aux dernières extrémités, je veux d
305
en tenir à leur souveraineté, d’ailleurs fictive.
Que
se passe-t-il alors ? La France, ayant refusé l’Europe au nom de ses
306
s deux, avec ou sans bombardements, selon l’usage
qu’
ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que
307
de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre.
Que
l’on me convainque d’erreur de diagnostic, tant mieux. Mais qu’on n’é
308
nvainque d’erreur de diagnostic, tant mieux. Mais
qu’
on n’écarte pas ces prévisions à l’aide d’un adjectif genre « alarmist
309
urs latentes, forces spirituelles et religieuses.
Que
l’une ou l’autre se manifeste sans réserve, expressément, au service
310
tat présent non pas des choses, mais des esprits.
Que
nos élites politiques reprennent soudain de la tenue, que des hommes
311
élites politiques reprennent soudain de la tenue,
que
des hommes d’État dignes du nom réussissent à s’imposer à temps, qu’u
312
at dignes du nom réussissent à s’imposer à temps,
qu’
une vague d’enthousiasme européen soulève les peuples, qu’un mouvement
313
ague d’enthousiasme européen soulève les peuples,
qu’
un mouvement puissant de rénovation sociale et civique se déclenche da
314
e de conscience du drame présent et des désastres
qu’
il annonce, car seule l’inconscience générale annule en fait les force
315
l’inconscience générale annule en fait les forces
qu’
on vient de nommer. Forces qui cependant, une fois réactivées, seraien
316
es, seraient bien assez grandes pour nous sauver.
Que
personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous,
317
es pour nous sauver. Que personne ne se rassure !
Que
quelques-uns se réveillent ! Pour nous, sans illusions et presque san
318
ecteur. « Il vaut mieux allumer une petite bougie
que
de maudire l’obscurité », dit un proverbe chinois, bonne devise pour
319
ux faits nous incitent à vous écrire. Nous voyons
que
l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui permettent
320
d’études et telle est aussi la raison de l’appel
qu’
il me charge de vous adresser. Certes, il ne s’agit pas d’un manifeste
321
eurs politiques d’écoles et de tendances variées,
qu’
anime un idéal précis : l’union de l’Europe. Si quelques conclusions c
322
tre significative. Voici donc la première requête
que
nous sommes unanimes à formuler : Nous vous demandons, Messieurs, d’a
323
question de confiance » : ou bien l’accepter tel
qu’
il est, ou bien renoncer à faire l’Europe. Car il importe absolument d
324
ent de faire l’Europe, tandis que le Projet n’est
qu’
un moyen. La seule question est de savoir si ce moyen, tout imparfait
325
fin qui, elle, demeure indiscutable. Nous pensons
qu’
il le peut, pour trois raisons. 1. Il est le seul Projet actuellement
326
source de la Constitution, cette Assemblée ad hoc
que
vous avez créée. Pratiquement, le sort de l’Europe serait donc confié
327
auts évidents : des députés ne sauraient proposer
qu’
un gouvernement d’assemblées. Mais quel autre régime peut-il être acce
328
rs à quelque chose qui serait très semblable à ce
que
vous auriez écarté. 3. Dans ses grandes lignes, le Projet prévoit un
329
ccepter le Projet dans une perspective dynamique.
Que
votre oui s’adresse moins au texte lui-même qu’au But qu’il vise et q
330
. Que votre oui s’adresse moins au texte lui-même
qu’
au But qu’il vise et que vous affirmerez, en déclarant clairement et s
331
e oui s’adresse moins au texte lui-même qu’au But
qu’
il vise et que vous affirmerez, en déclarant clairement et simplement
332
e moins au texte lui-même qu’au But qu’il vise et
que
vous affirmerez, en déclarant clairement et simplement pourquoi l’Eur
333
pe. Il sera lettre morte pour les Européens, tant
que
ceux-ci n’auront pas bien vu vers quel But on les mène, et ne l’auron
334
se définit pour nous par quelques grands repères,
que
nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’unisse pour redev
335
repères, que nous essayerons de fixer. 1. Il faut
que
l’Europe s’unisse pour redevenir une force, capable d’assurer l’indép
336
aix soviétique ne change rien au fait fondamental
que
nos pays sont trop petits pour le siècle, qu’ils mourront seuls ou re
337
tal que nos pays sont trop petits pour le siècle,
qu’
ils mourront seuls ou revivront ensemble. 2. Il faut que l’Europe s’un
338
mourront seuls ou revivront ensemble. 2. Il faut
que
l’Europe s’unisse pour sauver le foyer d’une civilisation devenue mon
339
on qui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe
que
nous voulons ne sera pas unitaire, ne sera pas un super-État unifié e
340
face du monde et notre sort à tous. Plus peuplée
que
l’Amérique et l’URSS additionnées, elle dictera la paix dans le reste
341
voit venir le temps où elles ne seront plus guère
que
des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de
342
estes manqueraient également de sérieux. Il n’est
qu’
une seule indépendance imaginable, et elle ne peut avoir qu’un seul su
343
le indépendance imaginable, et elle ne peut avoir
qu’
un seul sujet dans notre Europe du xxe siècle : l’Europe entière. Ce
344
otre Europe du xxe siècle : l’Europe entière. Ce
que
l’on attend de la fédération, c’est qu’elle instaure l’indépendance e
345
tière. Ce que l’on attend de la fédération, c’est
qu’
elle instaure l’indépendance européenne. C’est qu’elle crée une force
346
qu’elle instaure l’indépendance européenne. C’est
qu’
elle crée une force nouvelle. Et non point qu’elle renonce à des mots
347
est qu’elle crée une force nouvelle. Et non point
qu’
elle renonce à des mots vides de sens, à des privilèges périmés, et pl
348
s périmés, et plus anachroniques, au xxe siècle,
que
le pouvoir de faire lever le soleil, revendiqué par les rois-dieux. 6
349
s importent, dans un pacte fédéral (beaucoup plus
que
dans un traité), parce qu’ils engagent l’avenir des nations fédérées,
350
es voies de la fédération. S’il faut le modifier,
que
ce soit dans cette vue : afin de ménager son avenir fédéral. D’une pa
351
uble » (article 1), qui ne peut être accepté tant
qu’
une seule des parties se voit contrainte de se réserver un droit (hypo
352
L’essentiel est d’ouvrir, de ménager l’avenir, —
que
personne n’est en mesure de décréter. Le texte le plus simple, et mêm
353
cur, comme le voulait Napoléon, s’y prêtera mieux
que
tout perfectionnisme et que les compromis les plus subtils. 7. Pourvu
354
on, s’y prêtera mieux que tout perfectionnisme et
que
les compromis les plus subtils. 7. Pourvu que le Projet, carrément, o
355
et que les compromis les plus subtils. 7. Pourvu
que
le Projet, carrément, ouvre à l’Europe une chance de se fédérer demai
356
ter, même incomplet. Tous ceux qui ont distingué
que
le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans l
357
e un pas vers ces buts, vous détruirez l’obstacle
qu’
il faut redouter le plus : le scepticisme et l’inertie des masses. Au
358
nos pays, et de notre civilisation. Il est clair
que
certains sacrifices doivent être consentis par les uns et les autres.
359
r le souci de réalisations limitées mais rapides.
Que
devient, dans cet ensemble, le rôle du CEC, et comment apparaissent s
360
ns un cadre clairement défini. Et l’on ne saurait
qu’
y applaudir. Cependant, le souci des succès immédiats, qui nous est i
361
le de l’action : on n’atteint des buts rapprochés
qu’
en tendant vers un but lointain. Précisons : la Communauté des Six n’e
362
lointain. Précisons : la Communauté des Six n’est
qu’
une étape vers celle des Quinze, et risque de n’être pas atteinte si l
363
un but en soi. De même, l’union des Quinze n’est
qu’
une étape vers l’union de l’Europe tout entière. Or, ce rassemblement
364
uropéenne plus puissante, dans tous les domaines,
que
l’idéologie totalitaire appuyée par les nationalismes. « Pas d’action
365
ne Europe unie. Or, c’est la fonction même du CEC
que
de faire vivre cette idée, là où vivent et agissent les idées, « dans
366
tacles véritables à notre union, là surtout, plus
que
dans « les faits ». Il faut des congrès politiques. Il faut des plans
367
, l’Idée maîtresse. Et enfin, il faut reconnaître
que
les uns et les autres ne serviront l’Europe en efficacité et vérité q
368
res ne serviront l’Europe en efficacité et vérité
que
s’ils agissent en relations étroites et s’assurent continuellement de
369
tre. En fait, rien de tel ne s’est produit, ainsi
que
j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été chargé — à titre personne
370
à titre personnel — de la conduite des débats. Ce
que
la table ronde a fait avec éclat, grâce à la participation de six per
371
icistes influents, ne sera pas moins utile au CEC
qu’
au Conseil de l’Europe et à ses commissions, secrétariat et comités d’
372
estations destinées à devenir périodiques, telles
que
le Prix littéraire européen et la Conférence musicale. Il a ainsi dot
373
s formées par le Mouvement européen. Les contacts
que
nous venons de reprendre dans plusieurs pays ont révélé l’existence d
374
point, il sera proposé aux autres pays. Ajoutons
que
la création prochaine d’un Bureau européen de l’éducation des adultes
375
ons et ses effets, qui essaient de voir plus loin
que
les buts immédiats, qui explorent des voies neuves et des techniques
376
ts en chiffres, et cela donne le curieux résultat
que
voici : « À l’ouest du rideau de fer, 325 millions d’hommes vivent da
377
i ferait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce
qu’
elle n’est aujourd’hui que dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Eu
378
la réalité vivante, ce qu’elle n’est aujourd’hui
que
dans l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour se sauver, pour
379
u’elle n’est aujourd’hui que dans l’arithmétique.
Que
manque-t-il à l’Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout p
380
mme à portée de main ? Il ne lui manque peut-être
qu’
une seule chose : la conscience des périls qu’elle encourt, que tous n
381
tre qu’une seule chose : la conscience des périls
qu’
elle encourt, que tous nos pays courent ensemble, — et la conscience a
382
chose : la conscience des périls qu’elle encourt,
que
tous nos pays courent ensemble, — et la conscience aussi des ressourc
383
on, notre salut prochain. C’est ainsi, j’imagine,
que
l’on voyait les choses dans les milieux du Conseil de l’Europe où ger
384
ogue européen. Cependant. c’est l’angle de vision
que
l’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’avais donc suggéré
385
r le problème européen dans une perspective telle
que
les graves divisions nationales, linguistiques et idéologiques qui no
386
eur unité incontestable d’origines et par le fait
qu’
ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ils ne trouvent pas ensemb
387
n retournés contre nous. Nous avons vu clairement
que
nos pays n’avaient plus d’autre issue pratique, d’autre avenir possib
388
s d’autre issue pratique, d’autre avenir possible
que
dans l’union. Ce fut le dernier mot du rapport de Toynbee : « Unisson
389
s de temps à perdre. » Pourtant, chacun peut voir
que
nous perdons du temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui p
390
t nos responsabilités d’Européens devant le monde
que
nous avons changé, et elle a formulé les buts communs susceptibles de
391
sont pas seulement leurs origines, mais les buts
qu’
ils regardent ensemble, qui peuvent rendre les hommes fraternels. Deva
392
ct, privé, original. Enfin, devant le double défi
qu’
affronteront plusieurs de nos pays : celui de passer du régime colonia
393
), c’est-à- dire de regagner en prestige moral ce
que
nous perdons en apports extérieurs. La table ronde n’a pas dressé les
394
ns d’une civilisation modèle. Mais elle a déclaré
que
le devoir et le salut des Européens consistait aujourd’hui à édifier
395
nivrante est bientôt devenue poison. C’est à nous
qu’
il appartient donc d’inventer l’antidote de ce toxique et de créer un
396
r la table ronde : document d’autant plus notable
qu’
il fut rédigé le dernier jour par un Français et un Anglais, et reçut
397
a réunion. 4. Je le dis d’autant plus librement
qu’
invité par le secrétariat du Conseil de l’Europe à présider les débats
398
ts des États membres, et ne suis donc responsable
que
du choix des thèmes et de leur répartition aux rapporteurs. On pouvai
399
t 1954)q — Pouvez-vous me dire en deux mots ce
qu’
est le Centre européen de la culture ? — Je veux bien être bref, mais
400
ts. Ou plutôt je vous répondrai sur les questions
que
posent les trois mots de notre nom : Centre, Européen et Culture. C
401
t Culture. C — Je voudrais savoir d’abord ce
que
vous entendez par Culture. — T. S. Eliot a répondu pour nous : « La c
402
vie digne d’être vécue ». On pourrait dire aussi
que
la culture est l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de
403
initiatives culturelles. Nos États ne consacrent
qu’
à peine 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne s’agit-il pour
404
udget à la culture ; encore ne s’agit-il pour eux
que
d’instruction publique, ou de propagande pour les « valeurs nationale
405
pas surtout politique et économique ? Et la crise
que
subit aujourd’hui l’effort d’intégration politique de l’Europe ne va-
406
c’est un problème d’éducation. C’est un problème
qu’
un organisme comme le Centre a justement pour raison d’être de poser t
407
ord, puis d’étudier, et dans la mesure des moyens
qu’
on lui donne, de résoudre. Les obstacles sont psychologiques ? C’est d
408
es sont psychologiques ? C’est donc en profondeur
qu’
il nous faut travailler, dans les esprits et dans les cœurs. — C’est l
409
e : « un organisme comme le Centre ». Est-ce donc
qu’
il en existe d’autres ? Et ne ferait-il pas double emploi avec l’Unesc
410
s lequel ces projets sont développés, et des buts
que
l’on vise. La mission proprement européenne du CEC ne court pas le ri
411
quel danger pensez-vous donc ? — Non pas à celui
qu’
il y ait deux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui qu’il n’e
412
ux ou plusieurs centres concurrents, mais à celui
qu’
il n’en existe plus même un. — Que voulez-vous dire ? — Il est sain po
413
s, mais à celui qu’il n’en existe plus même un. —
Que
voulez-vous dire ? — Il est sain pour l’objectivité et pour la libert
414
la liberté du jugement de se représenter parfois
qu’
une chose à quoi l’on tient pourrait disparaître. Qu’en résulterait-il
415
une chose à quoi l’on tient pourrait disparaître.
Qu’
en résulterait-il ? Je constate que le Centre, du seul fait qu’il exis
416
t disparaître. Qu’en résulterait-il ? Je constate
que
le Centre, du seul fait qu’il existe, polarise des possibilités, crée
417
rait-il ? Je constate que le Centre, du seul fait
qu’
il existe, polarise des possibilités, crée une certaine concentration
418
us — et s’il venait à disparaître, il est certain
que
d’autres le recréeraient un jour, refaisant après nous les mêmes expé
419
r le CEC, afin qu’il dure ? — La vie n’est jamais
qu’
une suite de miracles. 5. Le présent numéro de notre bulletin est e
420
s, s’est tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent :
que
se passe-t-il ? La réponse est dans les journaux. Depuis des mois, la
421
éputés et même certains hommes politiques ont cru
qu’
elle dépendrait des conférences de Berlin et de Genève. Bien peu voula
422
’Europe caricaturée Il était facile de prévoir
que
rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne pouvait modifier les d
423
de l’homme occidental, qui demande beaucoup plus
que
la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et
424
x, a proposé une Europe des Trente-Deux. (J’avoue
que
le compte n’est pas facile à établir, mais on finit par dénombrer, à
425
x neutralistes, « une proposition constructive et
que
l’on ne saurait écarter sans un examen attentif ». Alors que la masse
426
ux yeux. Après tout l’Europe est-elle autre chose
qu’
un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa juste place, dans une co
427
urieux : l’idée européenne a fait de tels progrès
que
M. Molotov ne peut plus la combattre sans feindre de l’accepter d’abo
428
e. Et surtout, soulignons d’autant plus fortement
que
la presse a manqué de le faire, qu’à la conférence de Berlin l’idée d
429
lus fortement que la presse a manqué de le faire,
qu’
à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie a constitué le plus sér
430
es dans leur confrontation avec Moscou. Non point
que
le projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aie
431
au lendemain de Berlin, l’une des plus favorables
que
nous ayons vécues depuis longtemps pour marquer des progrès réels ver
432
ent au premier rang. La Hollande a ratifié la CED
que
la Belgique venait de voter, l’Allemagne n’est pas revenue en arrière
433
Allemagne, Hollande, Belgique et France prouvent
qu’
il existe une forte majorité populaire en faveur de la fédération. M.
434
oncourt donc à convaincre les hommes de bonne foi
que
la fédération européenne est à la fois nécessaire, possible et souhai
435
est à la fois nécessaire, possible et souhaitée ;
qu’
elle ne peut plus apparaître comme une machine de guerre ; qu’elle ser
436
eut plus apparaître comme une machine de guerre ;
qu’
elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (l
437
i ne désirent pas y participer (les Anglais) ; et
qu’
enfin son heure a sonné, si jamais signal clair fût donné par l’Histoi
438
torique Le colonialisme européen n’existe plus
que
dans les dénonciations que récitent les Russes et leurs satellites en
439
européen n’existe plus que dans les dénonciations
que
récitent les Russes et leurs satellites en Asie. Mais le colonialisme
440
, et c’est pire. Car une absurde conjoncture veut
que
les décisions vitales du pays dont dépend toute l’union de l’Europe,
441
(Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre
que
son élan irrépressible vers l’indépendance nationale ne sera plus arr
442
par la Russie. L’Asie, donc, doit vouloir autant
que
nous, et autant que l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera
443
ie, donc, doit vouloir autant que nous, et autant
que
l’Amérique, l’Europe unie.) Mais l’Europe ne sera pas unie en temps u
444
es noms ! — inconscients de l’immensité du destin
qu’
ils peuvent faire basculer. Toute discussion d’alinéas, de « préalable
445
able ? Retournons la question : est-il concevable
que
vingt nations européennes se laissent entraîner dans l’abîme par une
446
r au nom d’une seule ? C’est aux Français d’abord
qu’
on voudrait s’adresser, à ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop
447
se sans soulever d’objections. Tout le monde sait
que
son régime politique est l’un des plus stables du monde, depuis plus
448
e en 1848 ? Jusqu’à cette date, la Suisse n’était
qu’
une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur lien légal
449
ne Diète, laquelle n’avait guère plus de pouvoirs
que
l’Assemblée consultative de Strasbourg. Composée d’ambassadeurs des c
450
Diète « n’avait en fait d’emprise sur les cantons
que
dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »8. La division
451
it d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon
qu’
on a le tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranqu
452
ineté, en même temps qu’elle la limite, ou plutôt
qu’
elle en délègue partiellement l’exercice au Pouvoir fédéral. Voici les
453
onstituants de l’Europe fédérée. On n’en voit pas
qu’
il soit aisé d’avouer et de défendre sérieusement. 2. Abandonner ou
454
ner ou recouvrer la souveraineté ? Est-il vrai
que
nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut faire l’Euro
455
onnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-il vrai
qu’
il y ait là un obstacle à l’union ? Ces souverainetés ont-elles quelqu
456
La souveraineté nationale n’est exercée en fait
que
par l’État. M. van Kleffens l’a définie comme « la faculté, pour un É
457
ur un État, d’agir à sa guise, tant à l’intérieur
qu’
à l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaqu
458
hniques, économiques et politiques. Il en résulte
que
la souveraineté nationale n’a plus guère d’autre existence que psycho
459
aineté nationale n’a plus guère d’autre existence
que
psychologique. Où la voit-on à l’œuvre ? Non pas dans les faits mais
460
xtrême dans les centaines de lettres cravachantes
qu’
envoient aux rédactions des colonels en retraite. Refoulée du domaine
461
siècle, et même de les apercevoir. D’où la prise
qu’
ils offrent aux manœuvres les plus grossières du communisme, jouant su
462
aender : « Il faut dire franchement à nos nations
qu’
elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souv
463
ns qu’elles ne pourront sauver leur individualité
qu’
en sacrifiant leur souveraineté fictive. » (Étant entendu que l’accent
464
fiant leur souveraineté fictive. » (Étant entendu
que
l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux
465
endu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi
que
l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patri
466
organisations internationales existantes (telles
que
l’OTAN) prennent aujourd’hui les décisions principales et le peuple n
467
la aux masses, car ainsi sera dissipée la crainte
que
suscite la perte de la souveraineté nationale. Il n’est donc pas exac
468
a souveraineté nationale. Il n’est donc pas exact
que
nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de l
469
de Londres. Londres a réalisé dans l’euphorie ce
que
la CED était accusée à tort de préparer ; ce qu’elle avait pour objet
470
que la CED était accusée à tort de préparer ; ce
qu’
elle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fa
471
venir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’instant
qu’
on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce qu’elle seule pouvait empê
472
nt qu’on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce
qu’
elle seule pouvait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement ce ve
473
une maladie dont ils craignaient la contagion, et
qu’
ils nommaient réarmement allemand. On leur proposa un vaccin. Ayant re
474
lemand. On leur proposa un vaccin. Ayant remarqué
que
le nom de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme il arrive en
475
on l’a répété bien à tort ; il montre simplement
qu’
une partie d’un Parlement (devenue majorité grâce à l’appui des commun
476
te après leur vote. — En revanche, il est douteux
que
les accords de Londres représentent « un premier pas vers l’intégrati
477
ce qui vient de se passer prouve une fois de plus
que
l’éducation européenne des peuples, de leurs cadres et de leurs élite
478
complaisance à une double illusion : ils ont cru
que
le travail éducatif en profondeur, lent par nature, représenterait un
479
eprésenterait une perte de temps ; et ils ont cru
que
la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons les réali
480
ée européenne était faite. Examinons les réalités
que
cachaient ces deux illusions. I. À un moment ou à un autre, nous avon
481
à un autre, nous avons tous été tentés de penser
qu’
on ne pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes
482
tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union
que
par une série de mesures « concrètes », telles que l’OECE, la CECA, l
483
ue par une série de mesures « concrètes », telles
que
l’OECE, la CECA, la CED, qu’on espérait faire adopter l’une après l’a
484
concrètes », telles que l’OECE, la CECA, la CED,
qu’
on espérait faire adopter l’une après l’autre par les parlements. On n
485
re sur l’opinion publique le choc révolutionnaire
qu’
eût représenté l’exigence immédiate d’une fédération politique. C’étai
486
ns le voir aujourd’hui : elle consistait à croire
qu’
il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la
487
s facile de faire l’Europe par pièces et morceaux
que
de la faire dans un seul élan fédérateur ; qu’il est plus facile de t
488
ux que de la faire dans un seul élan fédérateur ;
qu’
il est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où
489
; qu’il est plus facile de tourner les obstacles
que
de les attaquer là où ils sont : dans les routines de l’esprit nation
490
routines de l’esprit nationaliste, autant et plus
que
dans les intérêts particuliers. Or cette attaque eût impliqué une cam
491
ût impliqué une campagne éducative en profondeur,
que
l’on a négligé de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue.
492
e en profondeur, que l’on a négligé de mener — ou
que
l’on n’a pas sérieusement soutenue. II. Les mouvements de militants
493
de la CED. En effet, cet échec a résulté du fait
qu’
on laissait le public dans l’ignorance de la vraie situation européenn
494
pour influencer l’opinion, c’est donc d’une part
que
l’on s’imaginait avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne j
495
’imaginait avoir fait le nécessaire, d’autre part
que
l’on ne jugeait pas utile et surtout pas urgent de faire beaucoup plu
496
matériels lui manquaient, et il est significatif
qu’
il ait fallu tant de temps pour qu’il obtienne les premières promesses
497
promesses d’un financement régulier. Il est clair
que
la tâche d’un organisme culturel comme le Centre n’est pas de supplée
498
ement de réponse. Ces activités nouvelles, telles
que
la Fondation européenne et « Liens avec l’Europe », tout comme les ac
499
u’ici à l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce
que
beaucoup vont penser, car j’entends déjà ce qu’ils me disent : « Tout
500
e que beaucoup vont penser, car j’entends déjà ce
qu’
ils me disent : « Tout cela est très joli. Tout cela ne fera certes au
501
semble — si vous réussissez — mais voyez-vous, ce
qu’
il nous faut, c’est de l’action ! » Et l’on entend ou sous-entend par
502
Il a pris au sérieux l’action européenne. Il voit
qu’
elle commence dans les cours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et
503
opéenne. Il voit qu’elle commence dans les cours,
qu’
elle se poursuit dans les esprits, et qu’elle n’éclatera dans les fait
504
s cours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et
qu’
elle n’éclatera dans les faits qu’au jour où tout sera mûr pour sa nai
505
les esprits, et qu’elle n’éclatera dans les faits
qu’
au jour où tout sera mûr pour sa naissance. Préparer cette maturation
506
rope semble une utopie pour ceux qui n’ont pas vu
que
c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une action. Acti
507
du xxe siècle. Il est très remarquable en effet
que
, dans ce siècle, pas un seul événement historique d’envergure n’ait é
508
ables et les progrès constants convainquent mieux
que
les cris et les slogans.) Nous vivons dans un siècle où, très visible
509
sens et par ses points d’application. On sait ce
que
nous visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, l
510
e de l’histoire commune des Européens. Ceci n’est
qu’
un exemple. Si nous cherchons encore où sont les principaux obstacles
511
dresser devant nos contemporains la vision de ce
que
deviendrait leur existence au sein de l’union réalisée et grâce à ell
512
u réaliste des changements sociaux et économiques
que
produirait l’union ; de canaliser les bonnes volontés anxieuses et au
513
orces dispersées, c’est l’office des associations
que
nous avons déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années
514
ongue haleine dans laquelle on ne peut progresser
que
lentement, mais dont le jalonnement se précise de mois en mois d’une
515
es espoirs, enfin : nous en sommes venus à penser
que
c’était la tâche la plus urgente de l’heure. En quoi consiste-t-elle
516
en. Dire aux peuples et à leurs élites : voilà ce
que
peut devenir l’Europe une fois unie, et voilà ce qui en résultera pou
517
uième année de nos travaux, ce n’est pas un bilan
qu’
on vient de présenter mais un programme. Tel qu’il est, réduit à l’urg
518
n qu’on vient de présenter mais un programme. Tel
qu’
il est, réduit à l’urgent et au possible, assez prochain, il déborde e
519
facile de répondre : un homme qui cherche, c’est
qu’
il n’est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut que p
520
ui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce
qu’
il a. Mais cette réponse ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Ce
521
tisfait de ce qu’il a. Mais cette réponse ne vaut
que
pour le chercheur occasionnel. Celui qui cherche une place, s’il en t
522
chose. C’est une passion. Et cela revient à dire
qu’
elle ne peut être satisfaite par aucun résultat concret et limité. L’e
523
sse, d’être indéfiniment avide. Chaque nourriture
qu’
il trouve, au lieu de l’apaiser, excite encore son appétit. Par où l’o
524
iser, excite encore son appétit. Par où l’on voit
que
l’esprit de recherche n’est pas un instinct animal, mais une passion
525
ssion spirituelle. Je ne saurais mieux le définir
qu’
en vous résumant une légende de l’ancienne Russie orthodoxe et mystiqu
526
Baleine11. Il y avait une fois une grande baleine
que
les habitants d’un village avaient prise vivante, et qu’ils aimaient
527
habitants d’un village avaient prise vivante, et
qu’
ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu
528
oup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce
qu’
ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore f
529
u’ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit
qu’
elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transpo
530
s énormes de nourriture, elle mangea tout, et dit
qu’
elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’avant et encore plus. Les
531
t dit qu’elle avait encore faim, aussi grand-faim
qu’
avant et encore plus. Les gens voulaient la garder en vie, ils aimaien
532
nt la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent :
Qu’
as-tu ? Elle dit : J’ai faim. Ils lui dirent : Nous t’avons donné tout
533
fois plus, j’aurai encore faim. Ils lui dirent :
Que
veux-tu donc ? et elle dit enfin : Je veux Dieu ! Cette légende marqu
534
se partielle, précise, utile : au-delà de tout ce
qu’
on peut avoir ou même savoir : au-delà même de notre angoisse fondamen
535
nts, un Newton, un Einstein par exemple, n’y vont
que
par l’intelligence mathématique, non par leur être tout entier. Et le
536
nge — conscient ou inconscient — de tous les buts
que
je viens d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même qu’ils son
537
nt — de tous les buts que je viens d’indiquer. Ce
qu’
ils ont en commun, du fait même qu’ils sont hommes et non pas simples
538
d’indiquer. Ce qu’ils ont en commun, du fait même
qu’
ils sont hommes et non pas simples animaux, c’est le besoin profond de
539
ciences — cet horizon dernier reste le même, quel
que
soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ai
540
rizon dernier reste le même, quel que soit le nom
qu’
on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de déf
541
le même, quel que soit le nom qu’on lui donne ou
qu’
on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernie
542
s siècles. Elle est encore, à notre époque, celle
qu’
on imite partout, même quand on la combat. Elle est donc encore la plu
543
passées, présentes ou en formation, on s’aperçoit
qu’
elle s’en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des
544
s plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes
que
nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire
545
au contraire, en Occident, et en Europe bien plus
qu’
en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude générale. Nous n
546
iétude fondamentale ? D’où, ce désordre permanent
que
les meilleurs esprits déplorent depuis des siècles ? Je ne pense pas
547
ts déplorent depuis des siècles ? Je ne pense pas
que
cette inquiétude et ce désordre soient accidentels. Je pense même qu’
548
et ce désordre soient accidentels. Je pense même
qu’
ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en so
549
ntent aux sources vives de notre civilisation, et
qu’
ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes tradition
550
homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures «
qu’
il n’y a pas un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait ê
551
« qu’il n’y a pas un juste, pas même un seul » et
que
pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être
552
» et que pourtant il devrait être saint. Il sait
que
le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous les
553
é consiste à être séparé de la Vérité vivante, et
que
tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rappr
554
qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait
qu’
elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par sa f
555
i lit l’histoire des sciences. Elle lui fait voir
que
toutes les « vérités » qu’établissent les écoles successives sont rel
556
es. Elle lui fait voir que toutes les « vérités »
qu’
établissent les écoles successives sont relatives et provisoires, ont
557
soires, ont été dépassées l’une après l’autre, et
que
pourtant la raison d’être de la Science est de saisir des vérités cer
558
relâche vient remettre en question les certitudes
que
l’on croyait acquises, d’autre part est le gage d’un progrès vers le
559
e inquiétude perpétuelle, dont vous venez de voir
qu’
elle est déterminée par les deux forces principales qui ont produit no
560
ce qui définit le mieux l’Europe. Et c’est par là
que
l’Europe se distingue des civilisations antiques et asiatiques, comme
561
ériences physiologiques, physiques et mécaniques,
que
certains eurent le courage de risquer à la même époque. Et voici, à p
562
dans son ensemble ? Déjà l’on nous fait entrevoir
que
les applications de l’énergie nucléaire et solaire permettront, vers
563
ion de l’homme. Mais cet homme libéré du travail,
que
va-t-il faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ?
564
uvelles recherches. J’ai tâché de vous faire voir
que
le génie de la recherche est le génie même de l’Europe. J’ajouterai u
565
serait donc plus faux ni plus dangereux pour nous
que
de maintenir des cloisons étanches entre la culture en général et la
566
ulture des masses. En revanche, n’oublions jamais
que
la culture pure, la recherche pure, est l’origine réelle de nos progr
567
t d’abord, puis impatient ; m’expliqua finalement
que
dans l’état des choses, les turbines, c’est sérieux, la culture n’est
568
es, les turbines, c’est sérieux, la culture n’est
qu’
un luxe, et que l’important était d’abord de lutter contre le communis
569
s, c’est sérieux, la culture n’est qu’un luxe, et
que
l’important était d’abord de lutter contre le communisme, qu’il confo
570
ant était d’abord de lutter contre le communisme,
qu’
il confondait, je le crains, avec les réformes sociales. En sortant de
571
iritualité. Influencé par le piétisme, il pensait
que
sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux
572
perdu, les plans d’une machine d’un type nouveau,
qu’
il baptisa turbine. Ainsi grâce au génie d’Euler, au milieu culturel d
573
fascination de ses mythes et par la terreur même
qu’
il exerce. Dans les pays demeurés libres, le développement de l’étatis
574
’Europe est elle-même en grand péril. Les peuples
qu’
elle a civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient as
575
techniques qui avaient assuré sa puissance. Ceux
qu’
elle a exploités et opprimés retournent contre elle les idéaux de libe
576
le ne pourra survivre, et sauver la civilisation,
que
si elle s’unit. « D’ici vingt-cinq ans, disait récemment la reine Jul
577
péenne sont actuellement d’ordre moral, bien plus
que
matériel. Voici les principaux : — manque de confiance des Européens
578
courte vue, qui empêchent les gouvernants autant
que
les masses de réaliser la nature des périls menaçant de tous côtés l’
579
a Haye en 1948 nous amène tout près des résultats
que
celui-ci s’était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasq
580
lle indiquent sans exception, dans tous nos pays,
qu’
une large majorité des Européens veut l’union. Mais cela n’empêche pas
581
campagne joue à plein sur les habitudes mentales
qu’
on vient de rappeler, et sur les slogans qu’elles accréditent : « indé
582
tales qu’on vient de rappeler, et sur les slogans
qu’
elles accréditent : « indépendance nationale », « danger allemand », «
583
aix russe », « impérialisme américain ». Le temps
que
l’on perd ainsi pour le salut de l’Europe, d’autres le gagnent pour s
584
iment commun des Européens Il est donc évident
que
le nœud du problème est dans l’attitude morale des Européens eux-même
585
de conscience assez rapide et générale du danger
que
courent ensemble tous nos pays, mais aussi des ressources immenses do
586
condition de s’unir — tous les traités et pactes
que
l’on pourra conclure seront insuffisants, viendront trop tard, ou res
587
oyer d’initiatives pour tous ceux qui ont compris
que
l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’esprit européen
588
ux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais
que
le développement de l’esprit européen reste la condition primordiale
589
Centre comme l’instrument d’exécution des projets
qu’
ils pourraient élaborer en commun. ⁂ L’influence des Amis du Centre pr
590
es multiples et en partie imprévisibles, selon ce
que
chacun se verra en mesure d’apporter, selon ce que chacun décidera d’
591
ue chacun se verra en mesure d’apporter, selon ce
que
chacun décidera d’engager dans l’action commune, enfin selon le degré
592
fluence incontestée dans des milieux aussi variés
que
possible : politiques, économiques, intellectuels, sociaux, nationaux
593
t de diffusion ou d’exécution. Mais s’il est vrai
que
les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinaire isolément, ou
594
au Moyen Âge, à une « religion ». Il faudra donc
que
les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’à la mission générale d
595
nc que les Amis se sentent liés entre eux, autant
qu’
à la mission générale du Centre, par l’idéal européen qui les anime, e
596
int, discret, sans statuts ni publicité, c’est ce
que
doivent être les Amis du Centre. Ils ne rêveront pas de dominer par l
597
es les autres en découlent, quand elle est là, et
qu’
elle est vraie. Il ne s’agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du
598
ques. Elle se fera par des hommes qui comprennent
que
son destin dépend de leur action d’abord. Il faut que quelques-uns au
599
son destin dépend de leur action d’abord. Il faut
que
quelques-uns au moins relèvent ce défi de l’Histoire. Sans orgueil, m
600
ulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut
que
l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul fait de la pu
601
s — et de cette arme — il ne peut plus y avoir ce
que
l’on nommait une guerre, mais simplement une espèce de court-circuit
602
voir quelles sont les chances de la culture telle
que
nous la concevons en Europe : le sens et le sel de nos vies, au-delà
603
, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels
que
l’Est propose — avec une insistance particulière dans la note invitan
604
qui doit gagner. Mais sur le plan de la culture,
qu’
est-ce que la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant
605
gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’est-ce
que
la force ? On pouvait soutenir que les Russes, en abaissant le rideau
606
ure, qu’est-ce que la force ? On pouvait soutenir
que
les Russes, en abaissant le rideau de fer, donnaient une preuve de le
607
u de fer, donnaient une preuve de leur faiblesse.
Que
penser, s’ils le lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est qu
608
lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est
que
l’échange est une forme de vie culturelle congénitale à l’Occident, m
609
tion du secret un peu superficielle. Vous estimez
qu’
il faut se borner à protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’impor
610
. Vous estimez qu’il faut se borner à protéger ce
que
l’on possède de nouveau ou d’important. Nous autres, au contraire, no
611
portant. Nous autres, au contraire, nous estimons
qu’
il est encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte
612
re, nous estimons qu’il est encore plus important
que
l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui n’existe pas. Vous ad
613
dre compte de ce qui n’existe pas. Vous admettrez
que
cacher ce qui n’existe pas exige bien plus de précautions que se cont
614
e qui n’existe pas exige bien plus de précautions
que
se contenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus qu’acquiescer,
615
ontenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus
qu’
acquiescer, et je lui déclarai en riant que je comprenais maintenant l
616
ne pus qu’acquiescer, et je lui déclarai en riant
que
je comprenais maintenant la réponse qu’un fonctionnaire de la Guépéou
617
en riant que je comprenais maintenant la réponse
qu’
un fonctionnaire de la Guépéou avait faite à quelqu’un qui lui demanda
618
péou avait faite à quelqu’un qui lui demandait ce
que
l’on entendait par espionnage : « Vous rencontrez un étranger de vos
619
sort de notre union qui se détend ? Redisons donc
que
les motifs profonds d’unir l’Europe ne dépendent pas de la menace sov
620
ns. Si l’Europe doit s’unir pour survivre, c’est
qu’
elle est affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seule
621
défense, mais son essor social et culturel. C’est
qu’
elle est menacée par la révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’e
622
révolte de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est
qu’
elle est sommée par l’Histoire de dépasser le stade des souverainetés
623
de l’Europe. Les gouvernements ? Il est probable
qu’
ils vont s’en charger. S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce
624
fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est
qu’
il s’agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions d’ho
625
avec une conception totalitaire. Or il est clair
que
nos gouvernements ne sont pas les porte-paroles de nos cultures en ta
626
tant que créatrices, ni de la culture en général,
qu’
ils ne prétendent d’ailleurs nullement régir : c’est même par là qu’il
627
nt d’ailleurs nullement régir : c’est même par là
qu’
ils se distinguent radicalement des dictatures totalitaires. Un dialog
628
totalitaires. Un dialogue qui n’aurait donc lieu
qu’
entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS et les sceptiques de l’
629
ue bien distincts et valables. Ce ne serait guère
qu’
une parlotte sans lendemain entre A et a, ou entre A et non-B, ou entr
630
tituer entre Moscou d’une part, et l’Europe telle
qu’
elle est, d’autre part — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus
631
rt — une et diverse. Et dans ce cas, il faut plus
que
jamais l’union morale et culturelle de nos pays, la volonté de s’unir
632
ar le règne de quelques trusts. Mais il se trouve
que
les communistes approuvent et favorisent tous les nationalismes, hors
633
hors de la sphère de leur puissance directe ; et
que
, sur les autres points que l’on vient de citer, la comparaison object
634
puissance directe ; et que, sur les autres points
que
l’on vient de citer, la comparaison objective et scientifique des don
635
et scientifique des données actuelles ne présente
qu’
un seul danger pour nous : celui de nous rendre une bonne conscience p
636
conforme à l’essence même de la culture. N’ayant
qu’
à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté t
637
e même de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel
qu’
il est, il peut et il doit souhaiter une liberté totale d’échanges rée
638
nous sont faites au nom de la paix, dans l’esprit
qu’
on nomme de nouveau « l’esprit de Genève ». Acceptons ce prétexte, ind
639
es slogans de la propagande politique. C’est dire
qu’
il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est faci
640
qui sait si cette discipline ne deviendrait pas,
qu’
on le veuille ou non, l’objet principal du débat ? Et pourquoi les Eur
641
ivals de musique. Un an plus tard, le secrétariat
qu’
ils avaient constitué au Centre, publiait une première brochure conten
642
le d’inspiration. Mais l’idéal ne prouve sa force
que
dans les réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être cap
643
ficiles périodes d’adaptation aux réalités telles
qu’
elles sont, sans perdre pour autant son pouvoir d’entraînement au-delà
644
, réunie au Centre les 8 et 9 octobre, a démontré
que
l’idéal primitif avait victorieusement subi l’épreuve de quatre ans d
645
les contacts internationaux des festivals, ainsi
que
d’aider à faire connaître tel d’entre eux dans tel autre pays. L’orga
646
ration, leur mise en scène et leurs décors, ainsi
que
sur les artistes, chefs d’orchestre, etc., seront mises à la disposit
647
e au nouveau secrétaire général de l’association,
que
l’assemblée générale a désigné en la personne de M. Abraham van der V
648
ans le poste de directeur de l’Opéra d’Amsterdam,
qu’
il quitte pour se vouer à Genève au développement d’une œuvre « europé
649
. Il n’y aurait plus lieu d’en parler, jusqu’à ce
qu’
une « détente » moins trompeuse nous soit proposée par le Kremlin. Cet
650
ondée, pour trois raisons : 1. Il n’est pas exact
que
les 17 propositions occidentales relatives aux échanges culturels aie
651
initiative dans le domaine culturel, du seul fait
que
les Soviétiques n’ont pas donné les suites espérées à leurs ouverture
652
e. Le fait évident — et souligné par M. Molotov —
que
l’Union soviétique ne veuille (et ne puisse) accepter aucune espèce d
653
fficiels du type Ehrenbourg, les échanges ne sont
qu’
une occasion de présenter la dictature soviétique sous des aspects qui
654
s soviétiques du type Cholokhov, on peut imaginer
que
les échanges répondraient à un désir longtemps frustré de savoir ce q
655
longtemps frustré de savoir ce qui se fait et ce
que
l’on pense ailleurs, de respirer un peu plus librement, de changer d’
656
uelques instants. Pour nous, les échanges ne sont
qu’
une forme naturelle et vitale d’exercice de l’intelligence dans la lib
657
rod puis de Kiev, ne sont en fait pas plus slaves
que
Charlemagne, un peu avant, n’était gaulois. Les Scandinaves apportent
658
sar) estime, comme le déclarera Ivan le Terrible,
qu’
il doit « non seulement tenir les rênes du pouvoir mais sauver les âme
659
lité des Slaves envers l’Europe paraît plus forte
que
leur résistance à l’occupant asiatique : Alexandre Nevski, vassal des
660
iennent de Byzance, elles ne se transposent guère
qu’
en ritualisme de plus en plus rigide et conservateur dans le peuple. (
661
Ier) Chacun connaît l’aventure révolutionnaire
que
représenta pour la Russie le règne de Pierre le Grand. Il fut « le pr
662
premier technocrate de l’histoire, et il apparaît
que
ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolu
663
technocrate de l’histoire, et il apparaît que ce
qu’
on appelle sa réforme ne fut autre chose que la première révolution, d
664
ue ce qu’on appelle sa réforme ne fut autre chose
que
la première révolution, dans le plein sens du mot, que connut l’Europ
665
a première révolution, dans le plein sens du mot,
que
connut l’Europe »14). Pierre, âgé de vingt-cinq ans, voyage en Europe
666
en y greffant des formes empruntées à l’Occident,
que
de s’en débarrasser de la façon la plus expéditive et de bâtir ensuit
667
sme et remplaçant l’ancien patriarchat. Rappelons
que
Pierre épouse la maîtresse de son favori, Martha Glück, fille d’un pa
668
fils comme Ivan le Terrible l’avait été du sien)
que
Custine écrira sa phrase célèbre : « Le gouvernement russe est une mo
669
de la révolution pétrovienne n’avait été au début
qu’
un amas hétéroclite d’articles d’importation, mais la nouvelle élite s
670
s la nouvelle élite se les assimila si rapidement
que
, dès la fin du xviii e siècle, une culture russe existait déjà, plus
671
russe existait déjà, plus homogène et plus stable
que
l’ancienne. Cette culture était russe dans le sens le plus strict du
672
oprement russes, et si le peuple ne la comprenait
qu’
à moitié, ce n’était pas qu’elle ne fut pas assez nationale, mais parc
673
uple ne la comprenait qu’à moitié, ce n’était pas
qu’
elle ne fut pas assez nationale, mais parce que lui n’était pas encore
674
ante des encyclopédistes. Il est clair, du reste,
que
le prestige du pays tient à cette époque, et plus tard encore, non pa
675
t on ne sait pas encore grand-chose à l’étranger,
qu’
aux succès qu’il obtient sur le champ de bataille… L’histoire des deu
676
as encore grand-chose à l’étranger, qu’aux succès
qu’
il obtient sur le champ de bataille… L’histoire des deux siècles qui
677
le second mouvement apparaît plus puissant encore
que
le premier. La Russie a besoin de l’Occident ; tout en s’assurant de
678
rope. Mais pour avoir une vue plus complète de ce
que
fut l’apport de l’Occident dans la vie russe, il faut y distinguer de
679
s, le français a été la première langue étrangère
qu’
apprenaient les enfants russes de bonne famille. Le plus grand poète d
680
onne famille. Le plus grand poète du pays avouait
que
le français lui était plus familier que sa propre langue et s’en serv
681
s avouait que le français lui était plus familier
que
sa propre langue et s’en servait de préférence pour rédiger ses lettr
682
e européenne. Cette harmonie toutefois ne valait
que
pour la culture proprement dite, pour les hautes régions de la vie na
683
réé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui
que
du xix e siècle européen. La littérature russe, de Lermontov et Gogol
684
que occidentale (surtout postérieure à Beethoven)
qu’
au folklore musical dont se réclamait l’idéologie nationaliste de cert
685
es et n’est parvenue à exprimer l’esprit national
qu’
à travers l’assimilation de la tradition occidentale moderne. La philo
686
ns Hegel, la science ne saurait faire autre chose
que
suivre la science occidentale, et la théologie même relève autant des
687
ions philosophiques et théologiques de l’Occident
que
de l’héritage théologique de la chrétienté orientale. Or, tout cela n
688
fluence inverse de la Russie sur l’Occident n’est
que
la restitution à l’Europe de sa propre âme enrichie et comme rajeunie
689
s les lettres européennes, de noms plus européens
que
ceux de Dostoïevski et de Tolstoï, et l’esprit dans lequel un Tourgue
690
n France ou en Angleterre n’est pas quelque chose
que
l’on puisse assimiler à un simple engouement pour des formes d’art ex
691
andes créations de la culture russe, ce n’est pas
qu’
elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dostoïevski :
692
ce n’est pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est
qu’
elle s’y retrouve. Dostoïevski : « Nous autres Russes avons deux patr
693
et lui devrons plus encore. » « Nous entrevoyons
que
l’idée russe, sera peut-être la synthèse de toutes les idées développ
694
jaune paille, airelle ou vert d’eau. Il est vrai
que
lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits sans nuit du
695
le ciel décoloré et où les colonnes ne sont plus
que
des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui vous enveloppe
696
lles aussi, le tsar s’en émut au point de statuer
que
l’auteur était un aliéné ; la revue fut interdite, la suite des Lettr
697
; et pourtant ce causeur subversif qui n’écrivait
qu’
en français naturellement (le texte publié n’était qu’une traduction)
698
n français naturellement (le texte publié n’était
qu’
une traduction) n’avait nullement récusé les tendances générales de la
699
péenne — ou plutôt plus strictement occidentale —
qu’
elle ne l’était devenue depuis cent ans ; il est le premier théoricien
700
hercher, selon eux, dans la foi chrétienne, telle
que
les Russes l’avaient toujours pratiquée, dans les institutions et cou
701
institutions et coutumes du peuple paysan, ainsi
que
dans les vestiges historiques de la Russie ancienne. Le peuple et l’h
702
ls dépréciaient l’œuvre de Pierre Ier, n’y voyant
que
son aspect destructeur, ce qui leur valut les foudres du camp adverse
703
e et déclencha des polémiques qui durent encore.
Qu’
on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles, adversaires de l’Occ
704
i durent encore. Qu’on ne croie pas, d’ailleurs,
que
les slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont que des réactionn
705
s slavophiles, adversaires de l’Occident, ne sont
que
des réactionnaires obtus. Le premier révolutionnaire russe, Alexandre
706
spirituelle de l’Europe occidentale. » L’Europe,
qu’
il découvre pendant son exil, lui paraît être « au bord de la perditio
707
ires17. Intelligentsia, révolution, censure
Qu’
est-ce que cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui
708
Intelligentsia, révolution, censure Qu’est-ce
que
cette intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui apparaît
709
ands écrivains et savants n’en font point partie)
que
son attitude d’opposition systématique à l’ensemble de la Russie offi
710
dental du mot. « Il est très important de répéter
que
les idées libérales ont toujours été faibles (en Russie), qu’il n’y e
711
s libérales ont toujours été faibles (en Russie),
qu’
il n’y eut jamais en Russie d’idéologie libérale capable de recevoir u
712
ant du xix e siècle, Vladimir Soloviev, a pu dire
que
les intelligentsistes russes pratiquaient une foi basée sur ce syllog
713
aimer les uns les autres.19 C’est à l’Occident
que
cette intelligentsia va emprunter toutes les idées sans exception (We
714
, ou les rendra si religieusement intransigeantes
qu’
elle aboutira à un véritable obscurantisme rationaliste (ou matérialis
715
nsure de « gauche » paraît ainsi plus totalitaire
que
celle de l’État. « La censure tsariste, écrit Isaiah Berlin, imposait
716
du moins n’ordonnait-elle pas aux professeurs ce
qu’
ils avaient à enseigner. » L’éclipse du nihilisme et l’essor cultur
717
Théâtre d’art. On sait l’influence prépondérante
que
ces mouvements vont exercer en Europe aux débuts de notre siècle : le
718
ovski, deviennent des gloires occidentales autant
que
russes. De même que le symbolisme et Oscar Wilde ont fait fureur à Pé
719
signification et la portée », dans le même temps
que
l’Europe se passionne pour les premières traductions de ces œuvres (m
720
ncore et y exercèrent une influence plus profonde
que
dans les patries respectives des deux grands écrivains du Nord. En v
721
ssie-Europe : on l’oublie trop, quand on ne pense
qu’
aux journées de 1905 ou à Raspoutine. L’exemple des éditions Sabachn
722
s de littérature mondiale » avait été si puissant
qu’
on l’imita même après la révolution, comme en témoigne la série Littér
723
aient pour le moins autant aux lettres étrangères
qu’
aux russes, et à la vie artistique de l’Occident qu’à celle de la Russ
724
’aux russes, et à la vie artistique de l’Occident
qu’
à celle de la Russie. Les discussions sur l’Orient et l’Occident, sur
725
rdants ou complémentaires. La connaissance intime
que
l’on prenait de l’Occident ne faisait, du reste, que seconder celle d
726
l’on prenait de l’Occident ne faisait, du reste,
que
seconder celle de la Russie. L’étude du Moyen Âge occidental éclaira
727
tat de malaise social et spirituel profond, celui
que
dépeignent les œuvres de Bounine, de Sologoub, de Biély et d’Alexandr
728
eants soviétiques. Ceux-ci sont payés pour savoir
que
leur révolution est venue de l’étranger, de l’Europe de l’Ouest, avec
729
ec Lénine. D’où les phrases violentes de Molotov,
qu’
on lira plus loin, au sujet des exilés. 21. Voir là-dessus B. Zenkovs
730
Que
s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant
731
cembre 1955)ae af La presse n’ayant pu donner
que
des résumés fragmentaires ou vagues de débats en eux-mêmes peu clairs
732
res ». Les trois ministres occidentaux soulignent
que
leurs gouvernements « ont toujours favorisé la libre communication de
733
et des idées, le libre-échange des personnes » et
qu’
ils estiment que cela répond « au désir naturel des hommes de se conna
734
libre-échange des personnes » et qu’ils estiment
que
cela répond « au désir naturel des hommes de se connaître et de reche
735
viétique (31 octobre 1955) M. Molotov rappelle
que
le Soviet suprême de l’URSS a décidé le 5 août 1955 que « l’établisse
736
Soviet suprême de l’URSS a décidé le 5 août 1955
que
« l’établissement de relations politiques, économiques et culturelles
737
» M. Molotov cite à l’appui de ces dires le fait
que
, du mois d’août au mois d’octobre, « vingt délégations britanniques o
738
t délégations britanniques ont visité l’URSS » et
que
« la semaine du film français en URSS et la visite de sportifs frança
739
rêt parmi les spectateurs soviétiques… Vous voyez
que
les premiers succès sont incontestables. Mais nous avons encore beauc
740
ains États… La délégation soviétique ne peut dire
qu’
une chose : elle ne peut pas accepter pour examen des propositions de
741
onsidère déplacées. Il a été dit ici (en juillet)
que
les dirigeants de l’Union soviétique auraient essayé d’isoler leur pe
742
de tout fondement… Toutefois, nous ne cachons pas
que
l’Union soviétique n’accordait pas avant et n’accordera pas à l’aveni
743
s pays du socialisme et de démocratie populaire…
Que
faut-il donc faire ? S’entendre sur « certaines indications essentiel
744
sur « certaines indications essentielles » telles
que
« les propositions déposées par la délégation soviétique, ainsi qu’un
745
ions déposées par la délégation soviétique, ainsi
qu’
un nombre de points du projet de la France, de la Grande-Bretagne et d
746
entifiques, techniques, sportifs et autres, ainsi
que
de la radio, de l’échange des publications, etc. On pourrait refléter
747
ientifiques, films documentaires et autres, ainsi
que
broadcasts, selon accords bilatéraux ou multilatéraux » et l’échange
748
à celui des personnes. …Mais les seules barrières
que
le gouvernement soviétique juge important de supprimer sont les contr
749
gique, objet clairement exclu par nos directives…
Que
faire, devant une attitude qui proclame une liberté totale de commerc
750
oviétique. (16 novembre) : Je m’inquiète de ce
que
la délégation soviétique ne semble pas gênée par l’échec de cette con
751
ait-il pas quelque vérité dans ces mots frappants
que
j’entendais l’autre jour : — Ce qu’il y a de terrible, c’est que le g
752
ots frappants que j’entendais l’autre jour : — Ce
qu’
il y a de terrible, c’est que le gouvernement russe craint davantage n
753
l’autre jour : — Ce qu’il y a de terrible, c’est
que
le gouvernement russe craint davantage notre amitié que notre hostili
754
gouvernement russe craint davantage notre amitié
que
notre hostilité… Et pourtant, cet isolement ne saurait durer à jamais
755
our de l’espionnage, ni les voyages n’être permis
qu’
à de petits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est qu’une mauvai
756
tits groupes sélectionnés. Après tout, ceci n’est
qu’
une mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu que derrière cett
757
mauvaise parodie du Moyen Âge. Je suis convaincu
que
derrière cette façade de xénophobie et d’insularité, il y a chez le R
758
ication ne nous est donnée qui permette d’espérer
que
la censure pourrait être allégée, qu’une information plus objective p
759
e d’espérer que la censure pourrait être allégée,
qu’
une information plus objective pourrait être mise à la disposition des
760
la disposition des populations… La seule réponse
que
fait le gouvernement soviétique à nos propositions constructives et c
761
ques. Ces contrôles, nous l’avons démontré, n’ont
qu’
une faible incidence sur le volume des échanges. Nous sommes convain
762
le volume des échanges. Nous sommes convaincus
qu’
une grande partie de la méfiance actuelle disparaîtrait, si les popula
763
étiques étaient en mesure de nous connaître, tels
que
nous sommes et non plus à travers les déformations de la propagande.
764
yages, pour le citoyen soviétique, ne sont pas ce
qu’
on nomme d’ordinaire voyages d’affaires ou de plaisir, mais un instrum
765
rès sur le point III (échanges) …confirme le fait
que
le système du bloc soviétique est fondé sur des conditions artificiel
766
rigeants soviétiques semblent effrayés par l’idée
que
leur système serait ébranlé si le peuple était librement informé, com
767
vembre) : Je regrette d’être obligé de constater
que
le nouveau projet soviétique… ne contient pratiquement rien qui puiss
768
ment semblent partiellement acceptés. Je souligne
que
tous ceux qui concernent le libre-échange d’idées, de nouvelles, d’in
769
e par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’intéresse
qu’
aux contacts qui lui permettraient d’obtenir de précieuses information
770
ux stratégiques. Cependant, nous ne croyons pas
que
le processus (d’échanges) désormais en cours, même s’il doit rester l
771
ic aérien Non ae. Rougemont Denis de, «
Que
s’est-il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la cultur
772
le libre-échange total des œuvres et des hommes —
que
l’on appelle aussi, d’une manière moins concrète, le libre-échange de
773
t en effet une liberté d’échanges de cette nature
que
nous nous efforçons non seulement d’établir avec les cultures différe
774
nes. Cependant, nous sommes très conscients de ce
que
la culture soviétique est fondée sur le principe autoritaire et unita
775
st fondée sur le principe autoritaire et unitaire
que
la plupart des tsars avaient affirmé (sans toujours l’appliquer sévèr
776
ctuel, pour des raisons historiques bien définies
que
M. Molotov vient de rappeler à Genève avec une franchise remarquable.
777
chise remarquable. Nous nous rendons à l’évidence
qu’
une telle culture ne saurait accepter aujourd’hui, sans se renier, le
778
e de l’Occident, c’est-à-dire à trahir la mission
que
l’idéologie soviétique lui attribue dans l’État. Autrement dit : si l
779
lablement leur régime. Ce paradoxe est aussi réel
qu’
il est gênant. Il nous force à serrer de plus près la nature très part
780
rigeants soviétiques — et déjà refusées par eux —
que
présentaient récemment à Genève les ministres occidentaux. Comme par
781
s jugeons de telles demandes normales et justes :
que
cela soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi qu’il est hors
782
soit dit en toute clarté. Mais nous voyons aussi
qu’
il est hors de question qu’elles puissent être acceptées même partiell
783
Mais nous voyons aussi qu’il est hors de question
qu’
elles puissent être acceptées même partiellement par les dirigeants so
784
imaginer d’autres formules d’approche, à supposer
que
la chose demeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut sembler que toute
785
emeure possible. ⁂ Théoriquement, il peut sembler
que
toute espèce de dialogue réel soit exclue par de telles données de fa
786
ent une donnée de fait. Elle nous incite à penser
que
, pratiquement, quelque chose peut encore (ou déjà) être tenté, — et p
787
ne nous paraissent point passibles des reproches
que
les dirigeants soviétiques, par leur porte-parole à Genève, ont adres
788
s occidentaux. II. Propositions Les projets
que
nous avons étudiés sont précis et modestes, non spectaculaires et non
789
peu de mois un article23 dans lequel il annonçait
qu’
en vertu de l’esprit de Genève, l’extension des liens culturels allait
790
arle de nous, écrivains soviétiques, je peux dire
que
nous voudrions sincèrement que nos relations amicales avec tous les é
791
ques, je peux dire que nous voudrions sincèrement
que
nos relations amicales avec tous les écrivains soient aussi étroites
792
les écrivains soient aussi étroites et efficaces
que
nos relations de plus en plus solides avec nos confrères (par la plum
793
mbreux pays d’Orient et d’Occident. On voit donc
que
cette table ronde, dans l’esprit de Cholokhov, ne devrait pas réunir
794
ni d’un côté ni de l’autre on n’ait l’impression
que
la partie est truquée, et que les résultats se trouvent impliqués d’a
795
n’ait l’impression que la partie est truquée, et
que
les résultats se trouvent impliqués d’avance soit dans la formule mêm
796
s et de leurs filiales, et ne représentant chacun
qu’
eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est évident que seuls les Russes d
797
u’eux-mêmes et leur œuvre propre. (Il est évident
que
seuls les Russes devraient être autorisés par leur gouvernement, conf
798
rencontre, chaque partie proposerait deux sujets
qu’
elle souhaiterait voir traités par l’autre partie, et deux sujets qu’e
799
t voir traités par l’autre partie, et deux sujets
qu’
elle souhaiterait traiter elle-même, soit huit en tout. Après éliminat
800
péens sur l’URSS et soviétiques sur l’Europe. (Ce
que
chacun pense de ses portraits par l’autre. Faut-il favoriser ce genre
801
es en dehors des séances. Il n’est pas impossible
que
tous les sujets que nous venons de suggérer (à simple titre d’exemple
802
nces. Il n’est pas impossible que tous les sujets
que
nous venons de suggérer (à simple titre d’exemples ou d’hypothèses de
803
inopportuns par les Soviétiques, pour des raisons
que
nous ignorons aujourd’hui. Dans ce cas, nous souhaiterions au moins s
804
les. Ainsi le refus même des thèmes de discussion
que
nous suggérons amorcerait une discussion intéressante. Du côté soviét
805
pondons par avance en toute franchise. Si anodins
que
soient peut-être les sujets que les deux parties finiraient par accep
806
chise. Si anodins que soient peut-être les sujets
que
les deux parties finiraient par accepter, nous pensons qu’un tel dial
807
eux parties finiraient par accepter, nous pensons
qu’
un tel dialogue ne serait pas vain : parce qu’il répondrait au désir e
808
es uns et les autres, rapproche mieux les esprits
que
n’importe quelle discussion sur les principes. Telle est la convictio
809
revues soviétiques exprimaient récemment le désir
que
leurs collaborateurs s’informent mieux des nouvelles méthodes sociolo
810
r des faits statistiques, auraient plus de chance
que
d’autres de se poursuivre indépendamment des a priori idéologiques ou
811
priori idéologiques ou politiques, — quitte à ce
que
chaque partie tire ensuite, des informations objectives ainsi recueil
812
es ainsi recueillies et publiées, les conclusions
qu’
il lui plairait. Équipes de recherches médicales.— Une formule analog
813
de la biologie et de la psychiatrie. Il est clair
que
la participation, déjà acquise, de délégations de savants soviétiques
814
s de savants soviétiques aux grands congrès, tels
que
la conférence atomique de Genève, ne saurait remplacer le travail plu
815
ns culture scientifique : celui-ci n’en retiendra
que
les explications simplifiées inscrites sur des pancartes ou récitées
816
ositions. Les Soviétiques redoutent à juste titre
qu’
on ne les « utilise » à des fins politiques ou artistiquement subversi
817
démocrates européens pouvons redouter, également,
que
la peinture inspirée par le « réalisme socialiste » n’entraîne l’adhé
818
pays, incapable d’aimer Picasso ou Paul Klee ; et
que
cette adhésion, à son tour, n’entraîne des conclusions politiques abs
819
écautions prises de part et d’autre pour empêcher
qu’
elles ne se transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne
820
concert et à la radio. Nous proposons simplement
qu’
en retour, les œuvres récentes des compositeurs occidentaux soient jou
821
européens ou américains. Nous proposons également
que
les commentaires des œuvres exécutées soient écrits ou prononcés par
822
n de nos ouvrages et de nos revues dans un public
qu’
ils entendent contrôler et éduquer d’une manière bien définie. Mais s’
823
culturels, comment pourraient-ils s’opposer à ce
que
l’on montre, au moins à leur public le mieux trié, les réalisations d
824
e mieux trié, les réalisations de l’Europe ? À ce
que
l’on donne à ce public (si restreint qu’ils le veuillent) une idée pr
825
e ? À ce que l’on donne à ce public (si restreint
qu’
ils le veuillent) une idée précise du nombre et de la qualité de nos p
826
ens se verraient obligés, du même coup, de penser
que
les propositions soviétiques d’échanges culturels sont vides de tout
827
auraient plus le choix. À défaut du dialogue réel
que
souhaitent, nous le savons, leurs confrères soviétiques, ils devraien
828
de la pression diffuse et sans cesse croissante,
qu’
exerce une partie au moins de l’intelligentsia soviétique en faveur d’
829
à pas, ne nous intéressent guère, du simple fait
qu’
ils ne répondent en rien aux désirs concrets du peuple russe, ni aux n
830
l de Marx a paru légalement sous les tsars, ainsi
que
les livres de Gogol, Tolstoï, Gorki, etc. 23. Traduit et reproduit i
831
tion commune de l’énergie (Euratom). En somme, ce
qu’
on « relance », c’est la méthode qui a réussi une première fois pour l
832
choué ensuite à l’occasion de la CED. La question
que
l’on peut se poser, c’est de savoir si la méthode elle-même est la me
833
romis entre partis traditionnels. On demande donc
que
la question européenne soit posée ouvertement, dans son ensemble, à t
834
éfini, dont les unions fonctionnelles ne seraient
que
les moyens. Mais en fait, l’attitude fédéraliste diffère en esprit de
835
é humaine. Disons, pour simplifier excessivement,
que
la méthode des autorités spécialisées est surtout économique ; celle
836
t-là précisément, et non point à tout autre chose
qu’
on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simult
837
qu’on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut
que
l’application simultanée des trois méthodes reste la seule possibilit
838
éthodes reste la seule possibilité pratique, — et
que
l’Histoire seule parvienne (peut-être) à les départager un jour… Ce q
839
départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est
qu’
aucune de ces méthodes n’a de chances d’aboutir à la création d’une Eu
840
rit l’ambition de les servir toutes. Nous semons,
que
d’autres récoltent ! L’essentiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est
841
semons, que d’autres récoltent ! L’essentiel est
que
l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire qu’elle rayonne à nouveau, foyer
842
ntiel est que l’Europe ne meurt pas, c’est-à-dire
qu’
elle rayonne à nouveau, foyer de liberté et d’invention de l’homme, da
843
delsen a cessé de remplir au Centre les fonctions
qu’
il occupait depuis 1951. Le nouveau secrétaire général de l’Associatio
844
occidentale. Toutefois, nous souhaitons vivement
que
la réponse des gouvernements ainsi interpellés, ne décourage pas les
845
volonté disponibles en Europe. Il est trop clair
qu’
elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont
846
avec des moyens scandaleusement limités. Obtenir
que
ces moyens soient augmentés, d’une manière massive et rapide, mais sa
847
. Selon lui, les peintres russes ne s’intéressent
qu’
aux scènes historiques et aux scènes de genre. « Le client essentiel d
848
sme photographique rappelant les dessins précieux
qu’
exécutaient jadis les vieilles dames et les célibataires sentimentaux.
849
Les organes juridiques, économiques et politiques
que
devra se donner l’Union ne sauraient fonctionner au bénéfice des pers
850
er au bénéfice des personnes, groupes et nations,
que
s’ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci d
851
ion culturelle, adoptée par le congrès, précisait
que
l’une des tâches immédiates du Centre européen de la culture — dont e
852
ordons le sujet d’une manière systématique. C’est
que
nous avons en vue les projets très concrets que prépare activement la
853
t que nous avons en vue les projets très concrets
que
prépare activement la Fondation européenne de la culture. Le numéro p
854
corps de ce numéro, et qui n’ont d’autre ambition
que
de présenter sous un juste éclairage l’esquisse du Projet d’Éducation
855
lus militant, quelques-uns des problèmes concrets
que
rencontrera toute tentative « d’éducation pour l’Europe ». L’essentie
856
ienter le lecteur. Nous avons constaté, en effet,
que
le grand public, même cultivé, ignore trop souvent le développement s
857
s, d’un point de vue supranational. Il en résulte
que
le grand public voit très mal le problème éducatif dans son ensemble
858
s sociaux et politiques. Il en vient à s’imaginer
que
l’École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu’elle suffit à
859
École actuelle aurait existé « de tout temps » et
qu’
elle suffit à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère que cent
860
à l’éducation des jeunes, alors qu’elle n’a guère
que
cent à cent-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) et que son
861
-cinquante ans d’âge (comme le nationalisme !) et
que
son insuffisance éducative est attestée, entre autres, par l’appariti
862
s raisons de leurs limitations volontaires, ainsi
que
la nature de leurs objectifs immédiats et à long terme. Puisse ce bre
863
stes de notre tentative, en tenant compte du fait
qu’
elle est la première de son espèce. at. Rougemont Denis de, « À pie
864
elle conception spécifique, on voit tout de suite
qu’
elle devrait nous servir de guide dans l’entreprise fédéraliste. Fair
865
r des moyens convenables à cette fin : c’est dire
que
la méthode d’éducation doit être elle-même « européenne ». Précisons
866
e ; elle est remplacée par une instruction autant
que
possible neutre, c’est-à-dire par la communication — plus ou moins au
867
tra de mettre en question les « résultats » mêmes
qu’
on lui a fait apprendre. Au lieu de croyances indiscutables et sacrées
868
nomie personnelle. Le dressage consistait dans ce
que
l’on pourrait appeler un conditionnement des réflexes. Il s’agissait
869
itiation, on parle d’initiative. En résumé : à ce
qu’
on pourrait appeler l’in-ducation des sociétés traditionnelles, l’Euro
870
le rite. En Europe, au contraire, il est courant
que
le maître écrive au bas d’une rédaction qu’il veut louer : « Bon trav
871
urant que le maître écrive au bas d’une rédaction
qu’
il veut louer : « Bon travail, idées originales et style personnel. »
872
ition, de profession ou de croyance familiale, ce
que
nous appelons « les bienfaits de l’instruction » rendue publique, gra
873
stribuée à n’importe qui, sans autres graduations
que
celles qu’impose l’âge de l’élève. Le fait que, malgré tout, certaine
874
n’importe qui, sans autres graduations que celles
qu’
impose l’âge de l’élève. Le fait que, malgré tout, certaines études de
875
ns que celles qu’impose l’âge de l’élève. Le fait
que
, malgré tout, certaines études demeurent encore difficilement accessi
876
is à condition de ne jamais perdre de vue le fait
que
ces tendances contraires coexistent en Europe depuis des siècles, et
877
l’autoritaire et la libertaire — n’est peut-être
qu’
un idéal, mais il n’en demeure pas moins l’idéal directeur d’une éduca
878
finalement s’exagérer jusqu’à la caricature de ce
qu’
elles étaient en Europe. Aux USA, le souci du respect de l’individu tr
879
ignement, au point d’y provoquer une crise aiguë,
que
les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à dé
880
ié par le livre et le film27. (Signe, d’ailleurs,
qu’
une réaction s’amorce !) La crainte de « créer des complexes » paralys
881
ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare
qu’
il n’a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jama
882
ui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant
qu’
il n’a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement t
883
mais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a
qu’
à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent rég
884
tention. Elles ont formé une génération d’enfants
que
plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye p
885
tion d’enfants que plus rien ne tient en respect,
qu’
aucune loi ni règlement n’effraye plus… L’École est devenue leur jouet
886
devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre
qu’
un maître les empêche de jouer avec lui comme il leur plaît… L’idée gé
887
est la suivante : si un texte est trop difficile,
qu’
on en choisisse un plus facile, un plus « moderne »… Le caractère d’im
888
les images plus nombreuses, et l’on peut craindre
qu’
à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit u
889
ns à se surpasser (challenge) dans l’enseignement
qu’
on leur offre. Ces lignes sont extraites du livre qu’une institutrice
890
on leur offre. Ces lignes sont extraites du livre
qu’
une institutrice écœurée vient de publier aux États-Unis28. Le diagnos
891
vient de publier aux États-Unis28. Le diagnostic
qu’
elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de l
892
aux États-Unis28. Le diagnostic qu’elle porte, et
que
vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pouss
893
. Mais précisons : si la formation intellectuelle
qu’
elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en préte
894
tend éliminer tout individualisme et ne respecter
que
les droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécial
895
s de culture générale (studium generale), à moins
qu’
on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de m
896
ninisme et de propagande du Parti, qui n’occupent
que
6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 67 % à la spécia
897
fois posés, il nous est plus facile de définir ce
qu’
est la voie européenne. Pourquoi sommes-nous choqués par les excès amé
898
specter l’individu, c’est voir en lui la personne
qu’
il peut devenir s’il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’ac
899
onsables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce
qu’
ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, e
900
dividus à la recherche de leur vocation, et de ce
qu’
ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’e
901
savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé
qu’
à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas vraiment libre ; et u
902
as vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi
qu’
un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait pas, pour autant, u
903
responsabilité ne peuvent être vraies et réelles
qu’
ensemble. Elles ne s’actualisent que l’une par l’autre et dans leur ex
904
es et réelles qu’ensemble. Elles ne s’actualisent
que
l’une par l’autre et dans leur existence simultanée ; et plus on veut
905
es dénature et les rend illusoires. Il en résulte
que
toute éducation pour la liberté manquera son but si elle n’est pas en
906
responsabilité. Ceci posé, il faut bien constater
que
, pratiquement, la société occidentale du xxe siècle semble offrir au
907
ècle semble offrir au jeune homme plus de liberté
que
d’occasions d’exercer ses responsabilités. Nous dirons donc, pour res
908
s. Nous dirons donc, pour rester dans le concret,
que
le problème le plus urgent de l’époque est de former des responsables
909
responsables. (Tout en gardant bien dans l’esprit
que
cette formation ne peut réussir que dans la mesure où elle vise en mê
910
dans l’esprit que cette formation ne peut réussir
que
dans la mesure où elle vise en même temps à rendre libre.) L’indiv
911
c., réside au xxe siècle dans le fait bien connu
que
le monde où nous vivons paraît trop vaste pour nos prises et trop com
912
s trop grandes, et au surplus trop mal connues. «
Qu’
est-ce que je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que t
913
ndes, et au surplus trop mal connues. « Qu’est-ce
que
je peux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal
914
eux bien y faire ? », dit-il, quand il a constaté
que
tout va mal, que la bombe H, le conflit Est-Ouest, la conjoncture éco
915
? », dit-il, quand il a constaté que tout va mal,
que
la bombe H, le conflit Est-Ouest, la conjoncture économique, le probl
916
rté, sa prospérité et sa vie même… Et il est vrai
que
toutes ces choses — réelles ou mythiques d’ailleurs — sont pour lui a
917
e nom, la puissance alléguée et le danger supposé
que
par la presse. Elles se passent loin de lui, il ne peut les comprendr
918
obilisation — il a peine à les reconnaître telles
qu’
il se les imaginait et telles que la presse les décrit. Les réalités q
919
connaître telles qu’il se les imaginait et telles
que
la presse les décrit. Les réalités qu’il perçoit n’ont rien de commun
920
et telles que la presse les décrit. Les réalités
qu’
il perçoit n’ont rien de commun avec les grandes fictions qu’il redout
921
it n’ont rien de commun avec les grandes fictions
qu’
il redoutait, ou qu’il souhaitait, sur la foi de son journal et de ses
922
mun avec les grandes fictions qu’il redoutait, ou
qu’
il souhaitait, sur la foi de son journal et de ses principes. Mais voi
923
oi de son journal et de ses principes. Mais voici
qu’
on lui demande de voter pour un candidat inconnu, dont le parti promet
924
roite », ou d’un milieu social « qui ne peut être
que
de gauche », ou encore comme il est en révolte contre cette famille o
925
ouveaux, qui lui échappent d’ailleurs tout autant
qu’
à son électeur de hasard ou de tradition périmée. Voilà notre démocrat
926
de tradition périmée. Voilà notre démocratie.
Que
peut faire un citoyen ? Comment veut-on qu’un citoyen européen, da
927
Que peut faire un citoyen ? Comment veut-on
qu’
un citoyen européen, dans les conditions que j’ai décrites, et qui son
928
ut-on qu’un citoyen européen, dans les conditions
que
j’ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme resp
929
fausse, explication démentie par les faits, tant
qu’
on veut — mais du moins le militant communiste a le sentiment qu’il sa
930
is du moins le militant communiste a le sentiment
qu’
il sait ce qu’il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une
931
militant communiste a le sentiment qu’il sait ce
qu’
il doit faire, et qu’il fait quelque chose de réel. Une éducation véri
932
a le sentiment qu’il sait ce qu’il doit faire, et
qu’
il fait quelque chose de réel. Une éducation véritable, préparant le j
933
de et comment s’est formée sa civilisation ; — ce
que
sont les forces principales qui le dominent, les désirs ou les rêves
934
festent ou agissent à son échelle, dans le milieu
qu’
il connaît ou qu’il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut
935
nt à son échelle, dans le milieu qu’il connaît ou
qu’
il voudrait connaître ; — par suite, comment il peut agir ou réagir, s
936
r quels points, avec quels moyens à sa portée, ou
qu’
il pourrait aider à développer. Pourquoi l’Europe ? Tant que ce
937
ider à développer. Pourquoi l’Europe ? Tant
que
ce travail d’information n’aura pas été entrepris, il sera vain de pa
938
monde. Ils ne verront l’union comme une nécessité
qu’
à partir du moment où ils auront appris : — quelle est la situation pr
939
dans un monde où l’Europe n’est plus reine ; — ce
que
fut naguère cette Europe et ce qu’elle peut devenir dès que nous auro
940
s reine ; — ce que fut naguère cette Europe et ce
qu’
elle peut devenir dès que nous aurons renoncé à nos folies nationalist
941
Intégrer l’homme dans la communauté Montrer ce
qu’
est le monde où nous vivons, situer l’Europe dans ce monde nouveau, re
942
locales. Car celui qui aura pris conscience de ce
qu’
il peut faire dans son rayon découvrira bientôt, en agissant, les lien
943
De proche en proche, il comprendra par expérience
que
son sort et celui de ses voisins dépendent du sort de tout l’ensemble
944
, dans le vif d’une situation locale ou régionale
que
l’on peut arriver à connaître en détail, l’information générale sur l
945
entreprenants : ceux qui attendaient un but digne
qu’
ils s’y dévouent, et qui demain voudront l’Europe comme leur avenir.
946
de destin historique de tous les Européens. Tant
que
cette communauté de conscience n’aura pas été réveillée et informée,
947
est bon de se retourner vers les mois de travail
qu’
on vient de vivre. Ce n’est pas encore l’heure des bilans, mais celle
948
de couverture, au dos. Mais un programme ne vaut
que
ce qu’on en fait. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que
949
verture, au dos. Mais un programme ne vaut que ce
qu’
on en fait. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on
950
. Mais un programme ne vaut que ce qu’on en fait.
Qu’
a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ? Que fait-on réellement au
951
t. Qu’a-t-on fait dans ces murs depuis six mois ?
Que
fait-on réellement au Centre ? De janvier au milieu de juin, dix-neuf
952
là qui ne semble pas une tâche surhumaine, encore
qu’
on se rende mal compte, en général, du volume de correspondance et de
953
lume de correspondance et de démarches préalables
que
suppose un tel résultat. Mais poursuivre en même temps la préparation
954
s pratiques. Ensuite, il faut chercher les hommes
que
tel ou tel problème devrait intéresser, les persuader de venir — et q
955
nvisible et souvent décisive de l’action. Quelles
qu’
en soient les difficultés, c’est aux seuls résultats qu’on nous attend
956
soient les difficultés, c’est aux seuls résultats
qu’
on nous attend. Car ainsi qu’aimait à le dire un grand chef d’industri
957
aux seuls résultats qu’on nous attend. Car ainsi
qu’
aimait à le dire un grand chef d’industrie français, ce n’est pas au p
958
d’industrie français, ce n’est pas au pied du mur
qu’
on connaît l’ouvrier, c’est en haut ! Nous pouvons certes, dès mainten
959
sation d’un dialogue Europe-Inde — pour ne parler
que
de ceux de nos projets qui, déjà, ont été conduits tout près de la li
960
ont été conduits tout près de la ligne de départ…
Que
les résultats obtenus puissent sembler minces encore au regard des pl
961
lans en cours, rien n’est plus naturel et banal ;
qu’
ils soient satisfaisants, d’une manière relative, au regard des moyens
962
pensons peut-être pour la première fois. Mais ce
qu’
il n’est qu’honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches a
963
t-être pour la première fois. Mais ce qu’il n’est
qu’
honnête de souligner ici, c’est que l’ampleur des tâches assumées par
964
ce qu’il n’est qu’honnête de souligner ici, c’est
que
l’ampleur des tâches assumées par le Centre — « réveiller la conscien
965
européenne » et l’informer — vaut infiniment plus
que
tout ce qu’on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sau
966
et l’informer — vaut infiniment plus que tout ce
qu’
on vient de décrire. L’Europe ne sera pas « faite » et sauvée par des
967
plus, au problème de l’éducation. C’est vers lui
que
s’oriente notre effort principal, et que convergent tout naturellemen
968
vers lui que s’oriente notre effort principal, et
que
convergent tout naturellement l’ensemble assez varié de nos activités
969
européenne des guildes et clubs du livre. Encore
qu’
il dise tout l’essentiel dans le peu d’espace réservé aux nouvelles de
970
a Communauté. On pouvait espérer, à cette époque,
que
la perspective de se voir publié en plusieurs langues par des associa
971
romans ou de récits souvent moins valables en soi
que
par rapport à tel prix spécialisé, ou telle « politique » à la mode.
972
manuscrits inédits court le risque de ne recevoir
que
des œuvres de second ordre — ou déjà refusées par de nombreuses maiso
973
besoin d’être révélés par le Prix… Il semble donc
que
le Prix européen doive s’orienter vers une solution analogue à celle
974
, La nation frein (juin-juillet 1956)az Autant
qu’
un essai sur la France, décrite comme la patrie du conservatisme — « r
975
se — ce petit livre incisif traduit le grand défi
que
nous adresse l’Europe « à faire ». Il précise : Le défi n’est pas la
976
i du monde musulman seront surmontés ou non selon
que
nous deviendrons adultes ou pas… Les Européens rêvent d’être les cont
977
it « la berceuse conservatrice ». Elle ne se fera
que
par une mutation profonde et brusque des esprits, car « l’obstacle es
978
préféreront bientôt ceux qui oseront leur dire «
que
l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’agit pas d’une violence ph
979
ar les formules paradoxales, il est plus agressif
qu’
il ne s’en donne les airs (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui),
980
ue le continent. C’est pour un marché continental
que
le mineur extrait le charbon, que le paysan moissonne son blé. Ils s’
981
ché continental que le mineur extrait le charbon,
que
le paysan moissonne son blé. Ils s’en moquent, soit. Chacun d’eux veu
982
soit. Mais il faudra bien qu’ils sachent un jour
que
leur modeste revendication personnelle ne peut être satisfaite que da
983
revendication personnelle ne peut être satisfaite
que
dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ils n’en demandent pas t
984
traverser l’océan parce qu’il en coûte moins cher
que
de traverser la frontière voisine. Ou encore ceci : Aux Européens e
985
de transformer les choses, y compris cette chose
qu’
est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créa
986
r l’égoïsme atavique. Et l’on tremble à la pensée
qu’
une telle décision puisse être l’enjeu d’une partie de « relance » jou
987
ilisations antiques, et nos nations n’auront plus
qu’
à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az. Rougemo
988
t en suppléant à l’éducation générale ou pratique
que
l’école ne peut plus donner. L’extrême diversité des techniques et d
989
de tous les organismes poserait plus de problèmes
qu’
elle n’en résoudrait. Mais leur offrir des services communs et une ins
990
ar là même des bénéfices beaucoup plus importants
que
le montant nominal du prix (fr. suisses 10 000). Pour réaliser ce pro
991
sis à leur intention, moins chers et mieux édités
que
ceux qu’ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien
992
r intention, moins chers et mieux édités que ceux
qu’
ils auraient pu trouver dans le commerce, mais que, pour bien des rais
993
qu’ils auraient pu trouver dans le commerce, mais
que
, pour bien des raisons, ils n’allaient pas y chercher. (Par exemple :
994
n savoir quel ouvrage choisir dans une production
qu’
on connaît mal, voilà qui intimide des centaines de milliers de lecteu
995
l Marcel (France), Ignazio Silone (Italie), ainsi
que
Hans Oprecht (Communauté des guildes) et Denis de Rougemont (CEC). b
996
le génie occidental, et sur les raisons d’espérer
que
nous donnent chaque jour tant de savants, d’artistes, d’éducateurs, d
997
re évolution. Un des reproches les plus fréquents
que
l’on adresse amicalement au Centre, c’est de ne pas faire suffisammen
998
rront être appréciés à leur juste valeur relative
que
si l’on connaît mieux l’état des problèmes dans notre civilisation, e
999
nes tiendront donc autant de place, ou davantage,
que
les nouvelles du CEC lui-même. Un groupe de correspondants (par pays
1000
vont se révéler aussi sérieuses et passionnantes
que
ne le furent jusqu’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se d
1001
d’entrer et de nous demander à brûle-pourpoint :
Qu’
est-ce que l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une
1002
et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’est-ce
que
l’Europe ? Pourquoi faut-il l’unir ? nous n’aurions pas une seule bro
1003
satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce
qu’
il voudrait : toutes les réponses en quelques pages. Quelque chose qui
1004
pas lus, les pamphlets ne convainquent personne.
Que
peut-on faire ? Nous avons essayé de répondre par la copieuse brochur
1005
avons essayé de répondre par la copieuse brochure
que
l’on va lire. ⁂ Voici le fil conducteur de nos neuf brefs chapitres.
1006
crise de l’unité rend donc impérative cette union
qu’
on vient de voir possible. Sa nécessité est inscrite dans les faits. I
1007
nécessité est inscrite dans les faits. Il s’agit
qu’
elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chapitres co
1008
e suite. Nous le devons à notre idéal tout autant
qu’
à nos intérêts, nous le devons à nos fils comme à nos pères, nous le d
1009
des partisans de l’union. Chacun voit aujourd’hui
que
nous devons faire l’Europe, non plus pour empêcher des guerres entre
1010
s nôtres au Moyen-Orient. Chacun voit aujourd’hui
que
nous devons faire l’Europe parce que la souveraineté de ses nations n
1011
pe parce que la souveraineté de ses nations n’est
qu’
un mythe et que, dès lors, l’indépendance du continent doit être recou
1012
souveraineté de ses nations n’est qu’un mythe et
que
, dès lors, l’indépendance du continent doit être recouvrée au niveau
1013
jeu des forces mondiales. Chacun voit aujourd’hui
qu’
il nous faut faire l’Europe pour assurer notre avenir économique, et p
1014
seul dictateur d’un petit pays « sous-développé »
que
nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hô
1015
us-développé » que nos voitures tombent en panne,
que
nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de cho
1016
res tombent en panne, que nos usines se vident et
que
nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses très élémentaire et salu
1017
ur beaucoup d’étourdis qui n’avaient pas remarqué
que
nous sommes tous, en Europe, dans le même bateau. D’où la nécessité,
1018
tique. L’atmosphère a changé Il est certain
que
la cause européenne a fait d’immenses progrès au cours des derniers m
1019
Congrès du peuple européen ». La presse découvre
que
le sort de l’Europe est un sujet d’actualité. Des magazines à grand t
1020
té. Des magazines à grand tirage, en France, tels
que
Match et Réalités, publient des appels à l’union qui ont l’éloquence
1021
réparent, avec prudence, à l’idée révolutionnaire
qu’
il n’y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grand
1022
plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et
que
la Grande-Bretagne est une partie de l’Europe. Adenauer proclame que
1023
gne est une partie de l’Europe. Adenauer proclame
que
l’Europe fédérée a cessé d’être une utopie, et qu’il s’agit maintenan
1024
ue l’Europe fédérée a cessé d’être une utopie, et
qu’
il s’agit maintenant d’élire une assemblée constituante européenne. Le
1025
recul. Et l’idée d’un parti européen prend corps.
Que
manque-t-il donc encore pour que l’Europe se fasse ? Pour qu’on cesse
1026
’union par ceux qui n’ont pas encore vu le danger
que
nous courons tous ? La leçon de Budapest On ne pourra faire l’E
1027
ter d’un pouvoir politique et d’un marché commun,
que
si l’on surmonte les obstacles qui s’opposent à l’union immédiate, et
1028
. Il faut donc persuader nos élites et nos masses
que
l’Europe reste la patrie des libertés fondamentales de l’homme modern
1029
me moderne, et le foyer vivant d’une civilisation
que
le monde entier lui jalouse : on l’attaque, on la dit décadente, mort
1030
e selon Karl Marx !31) Budapest a montré au monde
que
l’Europe divisée reste impuissante, mais aussi que l’idéal européen r
1031
ue l’Europe divisée reste impuissante, mais aussi
que
l’idéal européen reste plus fort et plus vivant au cœur des hommes qu
1032
reste plus fort et plus vivant au cœur des hommes
que
toutes les doctrines qu’on lui oppose, même appuyées par les moyens d
1033
ivant au cœur des hommes que toutes les doctrines
qu’
on lui oppose, même appuyées par les moyens de persuasion les plus ins
1034
yens de persuasion les plus insidieux ou brutaux.
Qu’
il faille faire l’Europe est maintenant évident. Mais que l’on puisse
1035
aille faire l’Europe est maintenant évident. Mais
que
l’on puisse la faire, c’est-à-dire qu’on la veuille, dépendra d’un im
1036
dent. Mais que l’on puisse la faire, c’est-à-dire
qu’
on la veuille, dépendra d’un immense effort d’information, d’éducation
1037
t dire, d’hygiène civique. Notre tâche Plus
que
jamais résister à l’esprit de démission, d’autodénigrement morbide, q
1038
ns à représenter la « fatalité historique ». Plus
que
jamais affirmer la mission de l’Europe, l’universalité de son message
1039
e l’Europe, l’universalité de son message32. Plus
que
jamais informer l’opinion, former des cadres responsables, éduquer la
1040
l européen de l’édition. C’est dans le même cadre
que
prennent place nos deux séminaires de recherches sur le Marché commun
1041
les destins chancelants de la communauté humaine
qu’
on nomme Europe. 31. Voir l’Ode à l’Europe, ci-après. 32. On lira
1042
pe, ci-après. 32. On lira plus loin le bel essai
que
nous donne sur ce grand sujet Stephen Spender. bh. Rougemont Denis
1043
l’Europe de demain (avril 1957)bi Chacun sait
que
les victoires anglaises sont nées sur le gazon d’Eton. Par un raccour
1044
ar un raccourci analogue, ne pourrait-on pas dire
que
ces deux grandes défaites européennes : la Première et la Seconde Gue
1045
cause principale de ces conflits. Or il est clair
que
le nationalisme fomenté par les campagnes napoléoniennes, mis en doct
1046
ne pouvait être véritablement inculqué aux masses
que
par les manuels de l’école primaire. Ceux-ci, en effet, ne contribuen
1047
vérités évidentes » dont il est loin de se douter
qu’
elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont de purs et s
1048
er qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou
qu’
elles sont de purs et simples préjugés. Selon la nation dans laquelle
1049
t apporteront d’abord des études générales sur ce
qu’
il faut faire, puis une série d’informations sur ce qui se fait déjà.
1050
alement et physiquement intacte, et plus prospère
que
tous ses voisins. Sa neutralité l’a sauvée. De nombreuses institution
1051
u à l’influence de la Russie soviétique. C’est ce
qu’
on appelle le « rideau de fer ». D’autre part, les barrières douanière
1052
développée pendant la guerre, ne peut se soutenir
qu’
avec l’aide de subventions de l’État. Ainsi la Suisse conserve une sit
1053
ès de 430 millions d’habitants, c’est-à-dire plus
que
les États-Unis (165 millions) et l’URSS (210 millions) additionnés. E
1054
ents atomiques et de la technique en plein essor,
qu’
aucun de nos pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun
1055
pays européens ne peut plus se défendre seul, et
qu’
aucun ne peut plus vivre de ses seules ressources. La solidarité des n
1056
mé : le Conseil de l’Europe est né. Mais il n’est
qu’
un organe consultatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États qui l
1057
ur souveraineté. Le Conseil est donc aussi faible
que
l’était la Diète helvétique avant 1848. Désirant une union économique
1058
te au total 165 millions d’habitants, donc autant
que
les États-Unis.) Les territoires de l’Afrique dépendant de la France
1059
pant tous les États européens, de la même manière
que
la Confédération helvétique a groupé en 1848 tous les cantons suisses
1060
t avec les organisations européennes. C’est ainsi
que
la Suisse adhère déjà à l’OECE, passe des accords avec le CECA et le
1061
manuels d’enseignement de ce canton. C’est ainsi
que
l’année dernière a paru un livre de lecture qui contient de fort bell
1062
d’histoire se rapportant à l’Europe. Ce chapitre,
que
nous donnons ci-dessous, a été composé de la même manière que tous le
1063
nons ci-dessous, a été composé de la même manière
que
tous les autres chapitres du manuel dont il forme la conclusion. »
1064
dates limites, etc.), on se réjouira de constater
que
ce résultat est largement supérieur à la moyenne obtenue par des enqu
1065
t donc un franc succès ; elle montre à l’évidence
que
les problèmes posés par l’existence des festivals tiennent une place
1066
ra l’amateur qui se contente bien de son plaisir.
Qu’
il songe pendant quelques instants à la nouveauté même des festivals,
1067
ois plus écoutent de la musique, et je ne dis pas
que
tous l’entendent, mais il n’y a pas seulement les millions d’auditeur
1068
siècle par exemple, elle ne pouvait guère figurer
qu’
au chapitre de dépenses somptuaires de quelque cours, elle figure aujo
1069
es et d’individus. Bref, ce qui n’était autrefois
que
pur divertissement est passé au rang d’industrie. Ces divers processu
1070
rang d’industrie. Ces divers processus ne peuvent
que
s’accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation que c
1071
ns l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation
que
certains nomment déjà la seconde révolution industrielle, et qui prom
1072
de vue des programmes et de l’éducation du public
qu’
à celui des aspects économiques. Deux de ces options se trouvaient mis
1073
tendre à une approbation unanime de la définition
qu’
ils proposaient comme « idéale et normative ». C’est pourtant, à quelq
1074
des festivals. Sur le premier point, l’on ne peut
que
donner raison aux remarques de Lord Harewood, ou de critiques tels qu
1075
remarques de Lord Harewood, ou de critiques tels
que
MM. Stuckenschmidt, Porter, Rostand et Vuillermoz, ou de compositeurs
1076
r, Rostand et Vuillermoz, ou de compositeurs tels
que
Boris Blacher, Vagn Holmboe et Frank Martin. « Bartók cause autant de
1077
in. « Bartók cause autant de plaisir à Copenhague
qu’
à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner
1078
nche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbourg
que
n’importe où ailleurs. Et il est vrai que Wagner ne doit rien aux « i
1079
lzbourg que n’importe où ailleurs. Et il est vrai
que
Wagner ne doit rien aux « idylliques vallonnements franconiens », mai
1080
dispose au frisson wagnérien. Il est bien naturel
que
les exemples de Salzbourg, de Bayreuth, d’Aix-en-Provence, de Grenade
1081
le. Mais le cadre et l’ambiance, pour nécessaires
qu’
ils soient, ne peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments que l
1082
peuvent-ils pas être donnés par d’autres éléments
que
le paysage, ou l’esprit d’une cité, ou les traditions régionales ? En
1083
n fait, elles sont juxtaposées dans la définition
que
nous proposions, et celle-ci n’aurait besoin que de légères retouches
1084
que nous proposions, et celle-ci n’aurait besoin
que
de légères retouches pour mieux indiquer qu’il existe deux formules é
1085
soin que de légères retouches pour mieux indiquer
qu’
il existe deux formules également acceptables. Il paraît plus malaisé
1086
de l’élément touristique propre à tout festival,
qu’
il se dise d’ailleurs international ou régional. L’insistance sur la q
1087
grammes ne dit-elle pas d’une manière positive ce
qu’
une telle mise en garde aurait pour but de signaler ? Sans compter que
1088
garde aurait pour but de signaler ? Sans compter
que
le tourisme ne représente pas seulement un danger de commercialisatio
1089
ion d’existence matérielle pour les festivals, et
qu’
il peut être envisagé, comme l’a fait Enrique Franco, sous l’angle d’u
1090
res de notre Association de formuler les critères
qu’
ils s’efforcent tous d’observer, chacun pour son compte, et qu’ils vou
1091
rcent tous d’observer, chacun pour son compte, et
qu’
ils voudraient défendre et maintenir en commun. D’autre part, devant l
1092
rovoquer les réactions animées et contradictoires
qu’
on vient de lire. Quelles conclusions pouvons-nous en tirer ? Seize vo
1093
’agit-il plutôt de doutes et de craintes motivées
que
d’opposition de principe, sauf dans le cas d’un compositeur comme Bri
1094
Schramm) — cela permet tout au plus de constater
que
la question est désormais posée, et que l’idée ne semble pas absurde.
1095
constater que la question est désormais posée, et
que
l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidem
1096
d’interdictions de label, même bien fondées. Mais
que
ce jury voie le jour ou non, le seul fait de l’envisager et de le dis
1097
ter peut avoir une action. Le seul fait de penser
qu’
il pourrait exister peut provoquer chez certains une inquiétude saluta
1098
e, chez d’autres une confiance en soi renforcée :
qu’
ils viennent juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu que l’asso
1099
enforcée : qu’ils viennent juger, on verra bien !
Qu’
il soit bien entendu que l’association comme telle ne prend pas positi
1100
nt juger, on verra bien ! Qu’il soit bien entendu
que
l’association comme telle ne prend pas position sur la question, et n
1101
peu jeune, etc. L’Association n’est rien de plus
qu’
un club. Il est communément admis que l’essence d’un club est d’être o
1102
rien de plus qu’un club. Il est communément admis
que
l’essence d’un club est d’être ouvert et fermé à la fois ; car autrem
1103
est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens
qu’
elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dans sa genèse,
1104
tre la musique et l’Europe, il résulte d’une part
que
s’occuper de l’Europe et spécialement de sa culture, suppose que l’on
1105
e l’Europe et spécialement de sa culture, suppose
que
l’on s’occupe de la musique ; et d’autre part, que la musique est l’e
1106
ue l’on s’occupe de la musique ; et d’autre part,
que
la musique est l’expression la plus profonde et spécifique du génie p
1107
politique de nos peuples, mais elle atteste mieux
que
la science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondam
1108
n de le répéter ? Saisir ensemble ces deux termes
que
la logique oppose, est un mouvement, un geste de l’esprit, caractéris
1109
son autonomie locale. C’est en somme le problème
que
posait, dans le domaine propre aux festivals, le troisième paragraphe
1110
otre questionnaire. Et il est typique de l’Europe
que
personne n’ait cherché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux
1111
le nettement spécialisé, ne perdent jamais de vue
que
, ce faisant, ils participent à un ensemble, ils donnent leur note dan
1112
la grande majorité de nos correspondants suggère
qu’
elles sont valables simultanément, et doivent être appliquées toutes l
1113
ne fois pour toutes. Mais cela montre en tout cas
que
le double souci de spécifier les programmes sans renoncer aux échange
1114
nne digne du nom. Ceci dit, les trois suggestions
qu’
apportent Ingmar Bengtsson, H. Burger et Enrique Franco (voir p. 36 et
1115
opos] (décembre 1957)bm C’est au début de 1958
que
doit entrer en vigueur le traité instituant une Communauté économique
1116
née sous le nom de Marché commun des Six. L’étude
que
nous présentons aujourd’hui vient donc très exactement à son heure. E
1117
ommun et de l’Euratom (par questions et réponses)
que
le CEC a fait paraître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait à un
1118
on succincte du contenu des traités et des étapes
qu’
ils prévoient dans la marche vers l’union. L’étude de M. Raymond Racin
1119
commun dans la vie économique de nos pays, ainsi
que
les répercussions possibles du traité sur les institutions, les forme
1120
de propagande, cet essai vise à situer l’aventure
qu’
est encore le Marché commun, dans la perspective générale d’une politi
1121
proposait de répondre à la question suivante : «
Que
se passerait-il si les frontières économiques étaient supprimées dans
1122
ière tentative de réponse réfléchie aux questions
que
se pose désormais le grand public européen, subitement confronté avec
1123
Le Centre européen de la culture : ce
qu’
il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)bn Origines I
1124
parfois de leurs conseils. Ne manquaient en somme
que
les fonds, le siège, les hommes et l’expérience. Il n’y avait pas d’e
1125
irer. Ce beau rêve d’une Académie platonicienne —
que
tant d’autres ont fait depuis lors — ne sera jamais abandonné. Mais d
1126
le concret de l’Europe, nous avons dû reconnaître
que
certaines tâches urgentes ne seraient pas entreprises ailleurs si le
1127
arties du premier coup : mais on sait aujourd’hui
que
cela peut arriver dans les meilleures familles de l’Occident. Certain
1128
doit se placer. Quant à l’institution elle-même,
qu’
en est-il ? Une constatation de fait s’impose : au travers des années
1129
re ses activités passées et présentes avec celles
qu’
avaient prévues le congrès de La Haye puis la conférence de Lausanne,
1130
mité des buts et des réalisations, si incomplètes
que
soient encore plusieurs d’entre elles, mais la séance continue. Re
1131
hé commun des Six. Certes, le Marché commun n’est
qu’
un ensemble de mesures économiques. Et certes, il ne concerne que six
1132
de mesures économiques. Et certes, il ne concerne
que
six pays, alors que le CEC tient à garder pour champ d’action la Gran
1133
herches coordonnées s’impose à beaucoup d’esprits
qu’
elle laissait naguère sceptiques. Comment le CEC envisage-t-il de fair
1134
ilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît
que
trois tâches principales devraient désormais requérir la priorité.
1135
atives « européennes » dans le domaine très vaste
que
l’adjectif « culturel » peut servir à désigner (sinon à définir !), n
1136
ante proclament leur volonté de concentrer autant
que
possible leurs services et leurs assemblées, un effort parallèle doit
1137
atoire, tant pour les sciences (économie incluse)
que
pour les idées politiques, sociales, morales et philosophiques. Elle
1138
nte par les capitaux réunis : au regard de l’aide
qu’
apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’U
1139
ridiculement sous-développés ! Mais il est clair
que
les États, les organisations européennes officielles et le secteur pr
1140
secteur privé ne pourront fournir l’aide requise
que
s’ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culture
1141
des savants disponibles et compétents. C’est dire
que
le moment est venu de former un Conseil des recherches européennes, r
1142
idées qui avaient présidé à la création du CEC et
qu’
il doit s’attacher maintenant à promouvoir. 3. Relations culturelles
1143
oyen-Orient appellent des études et des solutions
qu’
aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à l
1144
sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites
que
la confrontation de leurs diversités avec d’autres cultures ou civili
1145
nécessaire avec les autres traditions de culture,
que
si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocatio
1146
amples entreprises. Et c’est bien dans cette vue
qu’
il convient, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce qu’il est a
1147
vue qu’il convient, croyons-nous, d’apprécier ce
qu’
il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain.
1148
nt, croyons-nous, d’apprécier ce qu’il a fait, ce
qu’
il est aujourd’hui, et ce qu’il pourra faire demain. 34. Sur les 23
1149
ce qu’il a fait, ce qu’il est aujourd’hui, et ce
qu’
il pourra faire demain. 34. Sur les 23 résolutions de la conférence
1150
Denis de, « Le Centre européen de la culture : ce
qu’
il fait — d’où il vient — où il va », Bulletin du Centre européen de l
1151
vues méthodiquement dans des milieux aussi variés
que
possible : tant sociaux et nationaux que professionnels. Elles doiven
1152
i variés que possible : tant sociaux et nationaux
que
professionnels. Elles doivent servir de tests et de mises au point co
1153
se seront révélées les plus efficaces. C’est dire
que
les échecs possibles ici ou là ne seront guère moins instructifs que
1154
ibles ici ou là ne seront guère moins instructifs
que
les succès. Un volume à paraître en automne 1959 rassemblera les mono
1155
rs Sur les expériences en cours, on comprendra
qu’
il ne soit pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus qu’une sér
1156
pas possible de donner aujourd’hui beaucoup plus
qu’
une série de brèves indications portant sur les implantations, les mil
1157
Fribourg (Suisse) Objectif : mesurer l’action
que
les maîtres (primaires et secondaires) peuvent exercer sur des élèves
1158
tégration européenne, sur les problèmes éducatifs
que
pose cette intégration et sur certaines techniques particulières (jum
1159
uis jusqu’ici sont ceux de Fribourg, qui montrent
qu’
une expérience réussie se prête aussitôt à une répétition généralisée
1160
acité des autres expériences ne pourra être jugée
qu’
en 1959, au moment de rédiger le rapport final. D’ores et déjà, pourta
1161
inal. D’ores et déjà, pourtant, il faut souligner
que
notre programme se déroule conformément aux plans du Comité d’éducate
1162
i, professeur à l’Université de Messine ; — ainsi
qu’
à titre occasionnel : MM. Frank Milligan, National Federation of Commu
1163
n pour les premières années. Elle décida en outre
que
le secrétariat du pool — lequel prit le nom d’Editeuropa — serait ass
1164
ir de se joindre au pool. On peut donc s’attendre
que
la collection paraisse simultanément en huit langues, dès la fin de 1
1165
urs au CEC sur l’automation et les loisirs, ainsi
que
des travaux sur l’enseignement de l’histoire et sur le vocabulaire de
1166
spéciaux consacrés à un thème unique. C’est ainsi
qu’
en 1957 ont paru : L’Europe s’inscrit dans les faits (en français, al
1167
et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chose
que
l’esprit de ses habitants a pu surimposer à ses données physiques pou
1168
rgie insoupçonnée. L’Europe est donc une énergie,
que
nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (éten
1169
uits se multiplient en progression géométrique et
que
nous symboliserons par c2 . Nous retrouvons ici une équation célèbre
1170
us retrouvons ici une équation célèbre : E = mc2,
que
nous prendrons la liberté de lire comme suit : Europe = cap de l’Asi
1171
à l’échelle de l’Europe. Depuis bientôt dix ans
que
nous la pratiquons, nous ne dirons pas que cette méthode a fait ses p
1172
ix ans que nous la pratiquons, nous ne dirons pas
que
cette méthode a fait ses preuves, car il faut une génération pour vér
1173
aits » mais bien dans les esprits : c’est donc là
qu’
il s’agit de les surmonter d’abord. Former des Européens Pour fo
1174
fférence personnelle : et c’est en cela seulement
que
nous nous ressemblons tous. Gardons-nous au surplus de nous laisser e
1175
s leur branche, et qui, par suite, auront compris
que
les solutions aux problèmes qu’ils se posent impliquent un cadre supr
1176
e, auront compris que les solutions aux problèmes
qu’
ils se posent impliquent un cadre supranational : ce ne peut être util
1177
n cadre supranational : ce ne peut être utilement
que
celui de l’Europe, communauté de culture et de signification. Parfois
1178
Ruhr-Lorraine coupé par le milieu, sous prétexte
qu’
à la surface, on parle français d’un côté, allemand de l’autre.) Ensui
1179
les mais humaines, et ne prennent leur plein sens
qu’
à l’échelle de l’Europe, unité de civilisation. D’où le succès, typiqu
1180
c leur rappeler — ils le voient bien d’ailleurs —
que
nos États-nations sont trop petits et trop grands à la fois, étant in
1181
, là où le jeune homme peut commencer d’agir ; et
que
l’Europe seule, si toutefois elle s’unit, offrirait un domaine à la m
1182
end essentiellement des possibilités de promotion
que
la fédération saura ménager, de l’attention spéciale qu’elle portera
1183
fédération saura ménager, de l’attention spéciale
qu’
elle portera aux meilleurs, des hiérarchies vivantes qu’elle se donner
1184
e portera aux meilleurs, des hiérarchies vivantes
qu’
elle se donnera. Seuls jusqu’ici, les communistes ont pris ce problème
1185
s ont pris ce problème au sérieux, avec le succès
que
l’on sait. Dans les deux cas — coopération de compétences éprouvées e
1186
on de nouveaux responsables — on pourra constater
que
les exigences techniques et les perspectives de développement intelle
1187
ellement l’impératif européen. Encore faudra-t-il
que
les initiateurs de rencontres et les animateurs d’entreprises éducati
1188
endra lieu. Bien entendu, il s’agit d’autre chose
que
de multiplier les comptes rendus de congrès et les communiqués sur la
1189
ts la nécessité de notre union. Rien de plus vain
que
de répéter : « Unissons-nous ! Unissons-nous ! » — tant que nos conte
1190
éter : « Unissons-nous ! Unissons-nous ! » — tant
que
nos contemporains n’auront pas vu pourquoi. (Nos mouvements de milita
1191
mises au point objectives et bien documentées. Ce
qu’
il faut absolument faire voir au plus grand nombre possible d’Européen
1192
e à n’importe quel niveau de notre société, c’est
que
la nécessité d’unir l’Europe n’est pas simple affaire d’opinion — fav
1193
préjugés, de nos complexes ou de nos goûts, mais
qu’
elle se trouve dictée par la conjoncture mondiale et par toute l’évolu
1194
dance. Ceci posé, les principaux groupes de faits
qu’
une information européenne méthodique se doit de rappeler constamment
1195
urope, si elle s’unit. (Un seul exemple : le fait
que
nous sommes 340 millions à l’ouest du rideau de fer, soit deux fois l
1196
vilisation et le mode de vie des Européens quelle
que
soit leur nation présente, par contraste avec les modes de vie, de pe
1197
s, chez les médecins et les pharmaciens… À mesure
que
s’élargit la base de ces initiatives culturelles (au sens le plus lar
1198
e constituer un Conseil européen de la Recherche,
que
nous avons émise ici même et dans d’autres revues dès le début de cet
1199
tel Conseil serait le couronnement de la méthode
que
nous exposons — et pratiquons. Allons-nous perdre nos meilleurs at
1200
us perdre nos meilleurs atouts ? S’il est vrai
que
les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelouses d’Eton, il n
1201
r les pelouses d’Eton, il n’est pas moins certain
que
la bataille de la CED a été perdue dans les manuels d’histoire nation
1202
sont dans les esprits (non les faits) et c’est là
qu’
il faut les combattre en premier lieu. En revanche, les meilleurs atou
1203
anche, les meilleurs atouts de l’Europe sont ceux
que
lui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup que les détenteurs
1204
ui crée sa culture. Mais il s’en faut de beaucoup
que
les détenteurs actuels des moyens matériels de puissance aient pris a
1205
e culturelle sans définir la nature des obstacles
qu’
elle rencontre, et parfois suscite, dans notre société occidentale. No
1206
ite, dans notre société occidentale. Nous pensons
que
les vraies chances de l’Europe sont dans la liberté, non dans la forc
1207
un tiers au moins du genre humain ; elle prétend
que
la force des choses (et non l’esprit) régit les affaires humaines. Le
1208
s eux-mêmes de cette doctrine montrent d’ailleurs
qu’
ils n’y croient pas absolument, puisqu’ils inculquent par la force le
1209
a pour enjeu principal les esprits. Il en résulte
que
l’éducation et la culture, forces principales de l’Europe sont scanda
1210
s être pris au sérieux, et ne le seront pas, tant
qu’
ils n’auront pas décidé de consacrer à l’éducation de la liberté autan
1211
ion de la liberté autant d’efforts et de capitaux
que
les totalitaires en consacrent à enseigner les principes de la tyrann
1212
, c’est leur culture tout entière. Mais on dirait
que
la culture paraît à certains si respectable qu’ils n’oseraient jamais
1213
t que la culture paraît à certains si respectable
qu’
ils n’oseraient jamais la payer… Les Russes n’ont pas ces scrupules-là
1214
es Russes n’ont pas ces scrupules-là, ils font ce
qu’
il faut ; ils gagneront sans coup férir, si nous ne parvenons pas à pe
1215
ons pas à persuader le capital privé et les États
que
le salut de l’Europe (et de leurs propres affaires) exige une aide pu
1216
écise, de convaincre les détenteurs de ces moyens
que
leurs investissements dans le domaine culturel ne doivent plus être i
1217
réaliste de la situation planétaire, des dangers
que
nous courons tous ensemble en Europe, mais aussi des promesses qu’imp
1218
tous ensemble en Europe, mais aussi des promesses
qu’
implique l’union future, — cette vision claire et réaliste contribuant
1219
moyens requis, ou les créeront. 38. Rappelons
que
la plupart de nos États réservent 1/1000e de leur budget à la culture
1220
réservent 1/1000e de leur budget à la culture et
que
les capitalistes libéraux s’en remettent généralement aux États sur c
1221
Un essai de synthèse (mai 1958)bt Les méthodes
que
l’on vient d’exposerbu sont difficilement comparables ; elles se meuv
1222
ute action commune, tandis qu’une quatrième pense
qu’
une technique adroite, modifiant l’administration des choses, réduira
1223
ation quelques conclusions de bon sens. Dangers
que
présente chaque méthode en soi Institutionnelle. Faire confiance
1224
à la vertu fédérative des « solidarités de fait »
que
l’on peut instituer à l’aide des moyens existants — industriels, tech
1225
es fins aux moyens, et de ne convertir à l’Europe
que
les techniciens au sens large, non les masses. Fédéraliste réformist
1226
mmun les risques des quatre méthodes, on découvre
qu’
ils se ramènent à une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si
1227
inalité, paraissent en fait aussi contradictoires
que
la vie et les raisons de vivre. Bien réussir s’oppose à réussir à tem
1228
? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais
que
feront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux de l’Est ? 3. La reven
1229
quinze ans pour convaincre le « peuple européen »
qu’
il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’il ne le comprend pa
1230
ple européen » qu’il est un peuple, et au surplus
qu’
il est perdu s’il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude
1231
donc de chances sérieuses d’aboutir au but commun
que
toutes ensemble. Approuver les quatre méthodes simultanément peut par
1232
te toutefois cette position, on voudra m’accorder
que
c’est en tant que philosophe et praticien de l’attitude fédéraliste39
1233
er des exigences valablement antagonistes, telles
que
la centralisation et l’autonomie, le plan d’État et les revendication
1234
ires, unitaires et séparatistes jugeront toujours
que
l’attitude fédéraliste est un compromis impensable. Mais notons que l
1235
éraliste est un compromis impensable. Mais notons
que
leurs « succès » alternés n’ont provoqué que de mémorables catastroph
1236
tons que leurs « succès » alternés n’ont provoqué
que
de mémorables catastrophes. Au surplus, les uns et les autres retarde
1237
s de pensée Entre une méthode institutionnelle
que
le grand patronat redoute comme dirigiste et socialiste, tandis que l
1238
es réactionnaires ; une méthode constitutionnelle
que
certains fédéralistes accusent d’antidémocratisme, alors qu’elle dema
1239
ses et favoriser la créations d’élites, — on voit
que
les catégories de gauche et de droite ne jouent plus aucun rôle recon
1240
eule voie praticable pour l’époque. C’est la voie
que
nous indiquent depuis près d’un demi-siècle les sciences physiques et
1241
ellement. Nos partis, routiniers à gauche autant
qu’
à droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas invent
1242
e pourtant la situation du siècle, tant militaire
que
politique. Or la bombe H est née d’une méthode de pensée et de calcul
1243
pe » et aux exclusives formelles du xixe siècle,
que
Marx fut le premier à dépasser par son application de la dialectique
1244
s que Kierkegaard, puis Nietzsche, redécouvraient
que
les réalités religieuses et philosophiques n’existent pas hors des co
1245
s tendus par la politique officielle de nos États
que
la moyenne des adhérents de bonne volonté des autres mouvements. Quan
1246
e politique nouvelle depuis Marx ; et l’on espère
que
les mouvements qui s’en réclament sauront l’approfondir et l’illustre
1247
approfondir et l’illustrer avec autant de passion
qu’
ils mettent aujourd’hui à déplorer les « déviations » ou les « excès »
1248
est entendu. Mais il devra tenir compte de ce peu
que
nous savons pour en avoir été témoins, parfois acteurs. Les instituti
1249
cteurs. Les institutionnels sont justifiés à dire
que
leur méthode « existe dans les faits » ; ils le sont beaucoup moins à
1250
es faits » ; ils le sont beaucoup moins à ajouter
que
« les autres méthodes n’existent que dans les esprits », car la CECA
1251
ns à ajouter que « les autres méthodes n’existent
que
dans les esprits », car la CECA n’aurait sans doute pas vu le jour, e
1252
res sans la préparation des esprits — justement —
que
les fédéralistes (en ce temps unanimes) et les économistes de la LECE
1253
ure groups qui se réclament des diverses méthodes
qu’
on vient de décrire. Résumons encore ce schéma : 1. Tous veulent une A
1254
mblée élue au suffrage universel. 2. Tous veulent
que
cette Assemblée élabore le statut politique ou la Constitution de l’E
1255
tion de l’Europe fédérée. On pourrait donc penser
que
tous sont d’accord. Il n’en est rien. Car certains ne veulent élire a
1256
r certains ne veulent élire au suffrage universel
que
l’Assemblée des trois Communautés (CECA, CEE, Euratom), actuellement
1257
ifférents qui se multiplient autour de nous, tels
que
la libération des pays de l’Est, la transition du régime colonial à l
1258
nt. C’est à ce résultat prochain, seul suffisant,
que
doivent concourir les méthodes que nous venons de voir nécessaires, —
1259
eul suffisant, que doivent concourir les méthodes
que
nous venons de voir nécessaires, — et les mouvements fédéralistes. La
1260
lle ne deviendra fatale — au double sens du mot —
que
s’ils ne parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble
1261
nion politique domine tout. Or c’est là justement
que
nous sommes le plus faibles, et que nous avons enregistré le moins de
1262
là justement que nous sommes le plus faibles, et
que
nous avons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce.
1263
. C’est dans cette perspective d’urgence mondiale
que
les fédéralistes ont maintenant le devoir de se placer. Alors leurs d
1264
comme beaucoup le croient encore — dès l’instant
qu’
on verra qu’elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès d
1265
oup le croient encore — dès l’instant qu’on verra
qu’
elle est impérative. 39. Cf. ma conférence au congrès de Montreux,
1266
tudes sont exposés dans l’allocution de bienvenue
que
prononça au début des travaux le directeur du CEC, et dont nous repro
1267
t 5 observateurs. Vous voici vingt au rendez-vous
que
nous vous donnions il y a trois semaines à peine, et je vous remercie
1268
nes à peine, et je vous remercie de montrer ainsi
que
vous avez compris l’importance que peut avoir cette réunion, dans le
1269
montrer ainsi que vous avez compris l’importance
que
peut avoir cette réunion, dans le contexte de la construction europée
1270
certaine quant à son issue, qui ne dépend de vous
qu’
en partie, mais cette partie vous intéresse au premier chef et justifi
1271
s ce qui la définit ; ce serait faire autre chose
que
l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse pas nécessairement. Et
1272
té européenne. Nous avons appris un peu plus tard
que
la commission désignée pour rapporter sur cet objet devait remettre s
1273
ns encore le contenu de ce rapport, et les suites
que
les ministres ont pu lui donner. Il n’est donc pas question de se pro
1274
ur définir, en tout état de cause, vos positions,
qu’
elles se révèlent conformes ou non aux décisions qui pourront être pri
1275
x décisions qui pourront être prises ailleurs, et
qu’
il vous appartient d’influencer, si toutefois vous parlez à temps. Deu
1276
à l’Association des universitaires d’Europe ainsi
qu’
à quelques observateurs de s’y joindre — d’informer de ce projet les C
1277
ébut de juillet un groupe d’études plus restreint
que
prévu, mais capable de se prononcer en temps utile sur les questions
1278
auteurs des rapports, qui ont tenu des promesses
qu’
ils croyaient imprudentes, mais vous voyez que ce n’était pas le cas.
1279
ses qu’ils croyaient imprudentes, mais vous voyez
que
ce n’était pas le cas. De plusieurs côtés, on nous a dit : — Attentio
1280
n sera-t-il pas toujours ainsi ? Nous avons pensé
qu’
à tout prendre, le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’agit
1281
ieux. En fait, il s’agit aujourd’hui de savoir ce
que
vous, représentants des Instituts universitaires d’études européennes
1282
uhaitez d’une Université européenne. Et il s’agit
que
vous vous prononciez sur ce sujet en toute indépendance et objectivit
1283
ituts et de vos chaires, si justifiés soient-ils,
qu’
au nom de votre expérience acquise et de votre foi dans l’union de l’E
1284
acquise et de votre foi dans l’union de l’Europe.
Que
représente le groupe ici réuni ? Vous avez devant vous la liste de se
1285
de ses membres et leurs titres. Elle dit assez ce
que
les instances européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en
1286
dans ces mêmes disciplines, poussée au-delà de ce
que
peuvent donner les écoles supérieures existantes en Europe. La questi
1287
ersité européenne, idée qui ne cesse d’être vague
que
pour devenir inquiétante aux yeux de beaucoup. 2. Éliminons d’abord
1288
ère qui serait plus spécifiquement « européenne »
que
l’ordinaire. Enfin, il ne s’agit pas de former des juristes ou des éc
1289
le a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés
que
possible dans une spécialité donnée mais qui, en même temps, prennent
1290
ncés de ces mêmes branches — en partant de l’idée
que
le progrès scientifique dépend au moins autant de la culture générale
1291
moins autant de la culture générale du chercheur
que
de sa spécialisation exclusive, et sans perdre de vue la nécessité d’
1292
s de travail. C’est plus tard et dans la pratique
que
le gradué assimilera les connaissances techniques nécessaires, le mét
1293
t en dehors du champ délimité ci-dessus. Ce n’est
qu’
au niveau des recherches supérieures et d’avant-garde, si importantes
1294
maintenir l’Europe dans la compétition mondiale,
que
nous rencontrons la nécessité de formes d’enseignement nouvelles et d
1295
er ». Il s’agirait bien moins de cours magistraux
que
d’entretiens libres, répétons-le. Il s’agirait en somme d’une formule
1296
de culture générale, pendant les semaines ou mois
que
comportent les travaux. C’est ainsi que le Séminaire européen pour in
1297
s ou mois que comportent les travaux. C’est ainsi
que
le Séminaire européen pour ingénieurs, patronné par la FEANI et le CE
1298
les frais accrus et la multiplication des efforts
qu’
entraînerait ce régime de dispersion. Avantages d’un regroupement
1299
ourrait mettre en pool les enseignements généraux
qu’
ils prévoient. Les séminaires techniques restant distincts (à l’instar
1300
européenne, trouveraient là le lieu de rencontre
qu’
ils cherchent, ainsi que l’appareil administratif et la documentation
1301
t là le lieu de rencontre qu’ils cherchent, ainsi
que
l’appareil administratif et la documentation nécessaires pour des ses
1302
’études. Conclusions 7. Il nous paraît donc
que
la solution la plus réaliste des problèmes qui ont conduit à évoquer
1303
. La notion de culture est récente. Aussi récente
que
la notion d’Art avec une majuscule, considéré comme entité spirituell
1304
nique, et celui qui exerce un art est un artisan,
qu’
il soit peintre ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui e
1305
désigne de plus en plus l’ensemble des activités
qu’
exercent les artistes, plus ou moins séparés de la vie commune. Au xxe
1306
orte de way of life. Parmi toutes les définitions
qu’
on en donne, je retiens celle de T. S. Eliot, selon lequel la culture
1307
c’est la chose aussi qui est récente, en ce sens
que
la diffusion de la culture au-delà des élites traditionnelles est un
1308
traditionnelles est un phénomène qui n’est apparu
qu’
au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du développement de
1309
. Quant à l’éducation artistique et technique (ce
qu’
on appelait les Arts et Métiers), elle s’acquérait dans des ateliers,
1310
eur, cette aura, ne sont guère plus « culturels »
que
ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mai
1311
maine de la consommation de la culture. Je répète
que
ce phénomène est contemporain du développement de la technique ; peut
1312
ne cesse de nous répéter depuis Sorel et Spengler
que
l’Occident va vers une décadence inévitable, et que la vulgarisation
1313
e l’Occident va vers une décadence inévitable, et
que
la vulgarisation de la culture ne peut qu’abaisser son niveau. Je n’e
1314
le, et que la vulgarisation de la culture ne peut
qu’
abaisser son niveau. Je n’en crois rien, et je ne partage nullement le
1315
r, chez nos penseurs et philosophes. Il est clair
que
les esprits créateurs resteront toujours peu nombreux, et relativemen
1316
ait s’ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux
qu’
hier ? Le grand nombre de vedettes célébrées par la presse et la radio
1317
ort avec ses grands mérites scientifiques, plutôt
que
d’ignorer jusqu’à son nom, et d’épuiser toutes ses facultés d’admirat
1318
sur le seul intérêt commercial. Le danger serait
qu’
ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils né
1319
ent à prolonger et à copier des succès d’hier, et
qu’
ils négligent le pouvoir qu’ils ont acquis désormais de guider et de s
1320
des succès d’hier, et qu’ils négligent le pouvoir
qu’
ils ont acquis désormais de guider et de stimuler les goûts du grand p
1321
ts-Unis en 1946, ne s’est guère répandu en Europe
qu’
à partir de 1950. C’est donc une industrie tout à fait nouvelle. Les p
1322
, et généralement aux plus mauvaises. C’est ainsi
qu’
on a vendu depuis quelques années plusieurs millions de disques du cha
1323
nde musique. Une chose a porté l’autre, et plutôt
que
de se lamenter sur le succès d’un Tino Rossi, et de redouter qu’il ab
1324
ter sur le succès d’un Tino Rossi, et de redouter
qu’
il abaisse le niveau de la culture, il me semble qu’il y a lieu de se
1325
’il abaisse le niveau de la culture, il me semble
qu’
il y a lieu de se réjouir du fait que des compositeurs dont seuls quel
1326
il me semble qu’il y a lieu de se réjouir du fait
que
des compositeurs dont seuls quelques spécialistes avaient lu les manu
1327
ais 35 millions en 1957. Il est facile d’imaginer
que
ces millions de disques ont contribué à préparer un vaste public enti
1328
un autre exemple dans le domaine du livre. Depuis
que
je connais les éditeurs, je les entends parler de la crise du livre ;
1329
ler de la crise du livre ; je les entends répéter
qu’
ils ne peuvent imprimer tel ou tel ouvrage parce qu’il n’aura pas de p
1330
fait, parce qu’il ne ressemble pas aux « succès »
que
ces éditeurs ont connus jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croi
1331
jusqu’à présent. Il semblerait, à les en croire,
que
le public qui lit représente une petite masse invariable, ou même déc
1332
née 500 abonnés, la deuxième vous n’en aurez plus
que
200 et la troisième année vous fermerez. » Or cette Guilde compte auj
1333
s, absolument hostiles au projet, ils déclarèrent
que
l’aventure échouerait, ou que si elle réussissait, elle leur enlèvera
1334
et, ils déclarèrent que l’aventure échouerait, ou
que
si elle réussissait, elle leur enlèverait des lecteurs. Ils vivaient
1335
nlèverait des lecteurs. Ils vivaient sur le dogme
qu’
il n’y avait en Suisse romande (qui compte 1 million d’habitants) pas
1336
e succès de la Guilde du livre prouve aujourd’hui
qu’
il y avait en réalité dans ce pays des dizaines de milliers de lecteur
1337
t les éditeurs et libraires classiques ne peuvent
que
se féliciter. Il convient de signaler également l’extraordinaire succ
1338
Kafka, 5. Albert Camus, 6. Pearl Buck. On avouera
que
la qualité n’a rien perdu à cette augmentation spectaculaire de la qu
1339
ant deux conclusions majeures. La première, c’est
que
la production et la consommation culturelles, au xxe siècle, sont de
1340
conomie de nos pays. La seconde conclusion, c’est
que
les fabricants et distributeurs de ces moyens de culture — éditeurs,
1341
qui déborde largement le plan commercial. Il faut
qu’
ils s’en convainquent. Il faut qu’ils comprennent tout d’abord quelles
1342
ercial. Il faut qu’ils s’en convainquent. Il faut
qu’
ils comprennent tout d’abord quelles possibilités de diffusion décuplé
1343
e générale de confiance envers le public. Il faut
qu’
ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée que le succès ne récompe
1344
qu’ils renoncent une bonne fois à l’idée périmée
que
le succès ne récompense que la facilité, la routine et la vulgarité.
1345
fois à l’idée périmée que le succès ne récompense
que
la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut qu’ils visent plus h
1346
la facilité, la routine et la vulgarité. Il faut
qu’
ils visent plus haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut qu’ils
1347
us haut, puisqu’ils le peuvent désormais. Il faut
qu’
ils acceptent à la fois de miser sur l’exigence croissante des masses
1348
Editeuropa (septembre 1959)bz Il est clair
qu’
on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais pourra-t-on la faire san
1349
ns eux ? Car c’est en bonne partie par leur moyen
qu’
on l’a défaite : le Livre et le Manuel, autant que la Presse, ont fome
1350
qu’on l’a défaite : le Livre et le Manuel, autant
que
la Presse, ont fomenté depuis un siècle la plupart de nos nationalism
1351
nion nécessaire. C’est donc au Livre et au Manuel
qu’
il appartient de combattre le mal qu’ils ont causé et de nous guérir d
1352
et au Manuel qu’il appartient de combattre le mal
qu’
ils ont causé et de nous guérir de nos réflexes nationalistes, en réve
1353
en donnera quelque idée. Mais nous n’avons retenu
que
le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages que nous avons pu lire su
1354
u que le meilleur. Parmi les centaines d’ouvrages
que
nous avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne
1355
s avons pu lire sur l’Europe, il faut reconnaître
que
beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres la
1356
’Europe, il faut reconnaître que beaucoup ne font
que
répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer l
1357
er ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues,
que
retracer le même historique, que regrouper les mêmes informations, ou
1358
’autres langues, que retracer le même historique,
que
regrouper les mêmes informations, ou que redécouvrir les mêmes idées
1359
torique, que regrouper les mêmes informations, ou
que
redécouvrir les mêmes idées : gaspillage d’énergie et perte d’efficac
1360
al : or il manque en partie son but s’il n’est lu
que
dans un seul pays, en une seule langue. Le problème concret qui se po
1361
voquée par les plans d’union, ensuite à s’assurer
que
les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une audience intern
1362
ticulier des organismes européens, tant officiels
que
privés : les travaux de leurs experts, de leurs boursiers, de leurs c
1363
pour tenter de répondre à ces questions nouvelles
que
le Centre européen de la culture, ayant recueilli les suggestions des
1364
Mais si l’idée s’impose par sa simplicité autant
que
par sa nouveauté, il n’en va pas de même de son exécution. Il s’agit
1365
es de la vente. Le jeu se complique, ici, du fait
que
d’une part, la qualité littéraire ou intellectuelle n’est plus seule
1366
ou intellectuelle n’est plus seule suffisante, et
qu’
il faut y ajouter l’exigence d’une signification européenne ; tandis q
1367
ns et susceptibilités nationales, etc. qui feront
qu’
un même ouvrage publié par la Collection européenne risque d’être une
1368
es de l’association. Pour réelles et inévitables
qu’
elles soient, ces difficultés ne sauraient nous arrêter, si nous consi
1369
t nous arrêter, si nous considérons les avantages
que
la formule du pool peut offrir : aux auteurs, l’assurance d’être trad
1370
nnant un seul contrat ; aux éditeurs, la garantie
que
les ouvrages choisis bénéficieront du prestige et de la publicité rés
1371
international. Peut-être est-il permis d’imaginer
que
si le pool Editeuropa surmonte avec succès l’épreuve du feu, celle d’
1372
vue de l’histoire, l’objectivité pure ne mènerait
qu’
à déchiffrer des documents. Or : « Au départ de tout travail historiqu
1373
miné par une doctrine le plus souvent informulée,
que
l’auteur définit comme le « natiocentrisme ». Doctrine évolutionniste
1374
lutionniste, idéaliste et déterministe à la fois,
que
l’historien, selon Brugmans, se doit de répudier d’abord du seul poin
1375
e parler des désastreuses conséquences politiques
qu’
elle entraîna. Ici Brugmans pose trois questions : Premièrement : E
1376
se trois questions : Premièrement : Est-il vrai
que
l’État national actuel soit le produit naturel, normal et, dans une c
1377
oit répondre non aux trois questions ; il établit
que
l’Europe est antérieure à ses nations (qu’elle seule explique et non
1378
tablit que l’Europe est antérieure à ses nations (
qu’
elle seule explique et non l’inverse), et il formule les thèses direct
1379
r un rôle dans l’édification de l’Europe unie, et
que
des préjugés scolaires retiennent encore, au seuil d’agir. « Civilisa
1380
s. Les variations de son histoire ne s’expliquent
que
par un fond commun… Qui veut écrire l’histoire de l’Europe doit comme
1381
ent exagéré jusqu’à l’absurde par les propagandes
que
l’on sait), vient d’être replacé dans sa plus juste perspective par G
1382
. de Reynold ; et il distingue plus soigneusement
que
d’autres l’héritage hébraïque de celui du christianisme. C’est avec s
1383
vec sa deuxième partie, les Expériences communes,
que
Brugmans aborde vraiment la « réinterprétation » annoncée. Et cela va
1384
iode pour mieux mettre en lumière la « maturité »
qu’
elle prépare, et qu’inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que
1385
re en lumière la « maturité » qu’elle prépare, et
qu’
inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’est con
1386
qu’inaugure le xie siècle. Friedrich Heer tient
que
« l’Europe s’est constituée aux xie et xiie siècles », et Marc Bloc
1387
x xie et xiie siècles », et Marc Bloch écrivait
que
« l’Europe fut une création du haut Moyen Âge ». Enfin Reynold appell
1388
selon lui « la déformation de l’Europe ». Quelles
que
soient leurs variations d’un ou deux siècles dans l’appréciation de l
1389
ommet » de l’Europe. À quoi l’on pourrait opposer
que
le terme d’Europe, si fréquent sous les Carolingiens, disparaît préci
1390
ent du xie au xive siècle, et ne reparaît guère
qu’
avec les œuvres du pape Pie II (Æneas Silvius Piccolomini) vers le mil
1391
e siècle… Il y a là un beau paradoxe historique,
que
nous ne pouvons que signaler dans cette brève recension. Le grand ava
1392
un beau paradoxe historique, que nous ne pouvons
que
signaler dans cette brève recension. Le grand avantage de Brugmans, é
1393
la formation du Saint-Empire, par exemple, c’est
qu’
il est Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se pl
1394
littératures les plus variées. Il était important
que
l’on écrive en français une histoire qui situe l’évolution « français
1395
e seule question, strictement définie et limitée,
qu’
entend répondre l’auteur, dans cet ouvrage de plus de 400 pages serrée
1396
l’ayant pratiqué durant des mois — je n’ai trouvé
que
trois infimes erreurs de fait ou de dates. Une étude aussi exhaustive
1397
t plus solide, plus convaincant, moins discutable
que
Gollwitzer. Sa manière de situer chaque auteur dans le contexte histo
1398
losophique de l’époque ne pourrait être critiquée
que
par un marxiste « vulgaire » ou par quelque impatient propagandiste.
1399
frappé par les étroites et nombreuses connexions
que
relève l’auteur entre la pensée d’un Herder, d’un Kant, d’un Gentz, d
1400
ire, du Saint-Empire romain de nation germanique,
que
toute la tradition nationaliste française (royaliste avant que jacobi
1401
lomnie tout simplement. Certes, on peut regretter
que
dans un ouvrage aussi scrupuleux et sincèrement supranationaliste, le
1402
même pas mentionnés. Mais rien n’est plus injuste
que
de reprocher à un auteur ce qu’il n’a pas dit, pour mieux passer sous
1403
’est plus injuste que de reprocher à un auteur ce
qu’
il n’a pas dit, pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce qu’il
1404
pour mieux passer sous silence l’essentiel de ce
qu’
il voulait dire, surtout si c’est bien plus encore qu’il n’annonçait d
1405
l voulait dire, surtout si c’est bien plus encore
qu’
il n’annonçait dans son titre et dans son sous-titre. L’ouvrage de Gol
1406
une véritable orgie d’européanisme ! Aussi savant
que
militant, aussi lucide que passionné, cet ouvrage monumental se lit s
1407
éanisme ! Aussi savant que militant, aussi lucide
que
passionné, cet ouvrage monumental se lit sans un instant d’ennui ou d
1408
tion européenne, mais aussi par ses adversaires ;
que
l’on souhaite voir traduit bientôt dans toutes nos langues (comme il
1409
omme il va l’être prochainement en espagnol) ; et
qu’
une cohorte de chercheurs et d’érudits pourrait certes amender sur plu
1410
ière histoire complète de l’idée européenne telle
que
l’ont exprimée d’Hésiode à Valéry et d’Aristote à Heidegger, en passa
1411
s. On a reproché à cet ouvrage de suggérer l’idée
que
l’Europe serait née d’une succession d’écrits s’inspirant les uns des
1412
n d’écrits s’inspirant les uns des autres, plutôt
que
de prises de position « concrètes » face à la conjoncture historique
1413
enne — dont ne peuvent témoigner indiscutablement
que
les écrits du passé, commentés en fonction des problèmes majeurs de l
1414
s précieux, presque exhaustifs, sur les jugements
que
les Russes, les Américains et les Européens ont portés les uns sur le
1415
s services aux étudiants de la réalité européenne
qu’
un Spengler, un Toynbee, un Keyserling, voire un Ortega y Gasset. C’es
1416
iennes d’un auteur allemand, etc., de telle sorte
qu’
il devient malaisé de se reporter à l’original. D’autre part, l’index
1417
récisément. Au reste, l’œuvre de Curcio n’est pas
que
cela. Elle s’élève tout naturellement, dans ses conclusions, à la hau
1418
uropéen : « Le jour où il ne devrait plus y avoir
qu’
une définition unique et standard de l’Europe, celle-ci mourrait. L’id
1419
idée de l’Europe sauve l’Europe… L’Europe sera ce
que
nous voudrons qu’elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y cr
1420
auve l’Europe… L’Europe sera ce que nous voudrons
qu’
elle soit, c’est-à-dire à la fois une manière d’y croire et une manièr
1421
sme, et en son nom, elle a donné au monde tout ce
qu’
elle inventait pour elle-même. Elle a donné son nationalisme, son idée
1422
id. L’auteur est de l’école d’Ortega : c’est dire
qu’
une vision poétique, imaginative, ou selon ses propres termes une « in
1423
re ; mais pour ne pas les imiter. A-t-on remarqué
que
les génies systématiques sont régulièrement amenés à des conclusions
1424
dence et chute. Notre auteur, au contraire, tient
que
« la mission de l’Europe n’est pas terminée, loin de là ». Car si l’E
1425
est réduite elle-même par l’extension des autres,
qu’
elle seule a permise, elle n’en demeure pas moins « l’antique matrice
1426
’antique matrice spirituelle » de la civilisation
qu’
elle a exportée, et cela n’est pas « expropriable ». Pourtant, nulle e
1427
re du Chevalier à la Triste Figure : c’est-à-dire
qu’
au-delà du monde technique, comme avant lui, les réalités spirituelles
1428
ctérisation du thème et de l’esprit de l’ouvrage,
que
de solides études sociologiques, politiques et esthétiques en constit
1429
ecture de ce beau livre. N’est-il pas remarquable
que
l’Espagne, pays de la périphérie européenne, ait nourri dans ce siècl
1430
les de leur communauté locale ? C’est la question
que
nous devions nous poser dès les débuts de l’entreprise du CEC. Il exi
1431
ités dans le présent et dans l’avenir plus encore
que
dans le passé. Mais pour éveiller cette conscience, il faut aller jus
1432
expériences conduites à leur terme de 1957 à 1959
qu’
on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonn
1433
qu’on trouvera réunis dans les pages qui suivent.
Qu’
il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’une manière co
1434
il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici
que
d’une manière collective les animateurs des diverses actions et de le
1435
énéraliser nos expériences-pilotes. Nous espérons
que
les éducateurs — enseignants ou animateurs de centres locaux de cultu
1436
cules, insignifiantes, jusqu’au moment où il sent
qu’
elles vont « partir », et qu’on peut les laisser aller vers les vastes
1437
au moment où il sent qu’elles vont « partir », et
qu’
on peut les laisser aller vers les vastes récoltes futures. (Quand rie
1438
ouvent contraints à des improvisations empiriques
que
la science des sociologues jugera peut-être sévèrement. Mais ce défau
1439
électronique, un système d’expérience plus lourd
que
le milieu qu’on a choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie
1440
un système d’expérience plus lourd que le milieu
qu’
on a choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie avant même qu’
1441
aits ? Non, dans la mesure où il pourrait sembler
que
certains succès ou échecs ont été obtenus par accident, comme en dépi
1442
efforts. Oui, dans la mesure où nous avons senti
qu’
ici ou là, quelques germes ont pris, et que telle méthode, désormais,
1443
senti qu’ici ou là, quelques germes ont pris, et
que
telle méthode, désormais, peut être généralisée : ainsi dans le domai
1444
u faire, mais avec lesquels désormais nous savons
qu’
une action persévérante et féconde peut être conduite. Nous n’avions p
1445
être conduite. Nous n’avions pas d’autre ambition
que
de mieux voir d’abord, afin de mieux montrer ensuite, par le moyen de
1446
de cette publication, ce qui peut être fait et ce
qu’
il reste à faire. Fort de ces expériences acquises, le CEC et son dépa
1447
ue généralement les trois questions suivantes : —
qu’
entendez-vous par culture ? — de quelle Europe s’agit-il ? — pourquoi
1448
nstitution, l’esprit qui l’anime et les objectifs
qu’
elle s’est donnés dès sa création. CULTURE a la réputation d’être u
1449
la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai
qu’
on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les
1450
a terre ou l’esprit signifie : en tirer davantage
que
la Nature seule n’eût produit. Un champ de blé, une maison, un poème,
1451
lait prendre position dans le débat, nous dirions
que
la culture représente à nos yeux l’activité humaine créatrice de vale
1452
peut expliquer ce grand paradoxe de l’Histoire :
que
l’Europe, qui représente à peine le 5 % des terres du globe, assez pa
1453
sez pauvre en matières premières et moins peuplée
que
l’Inde ou que la Chine, ait en fait dominé le monde, de la Renaissanc
1454
matières premières et moins peuplée que l’Inde ou
que
la Chine, ait en fait dominé le monde, de la Renaissance jusqu’aux dé
1455
ôle actif et créateur de la culture, à faire voir
qu’
elle n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour tous nos peuple
1456
t nées en Europe et ne progressent dans l’univers
qu’
en vertu du complexe philosophique, éducatif, moral et spirituel qui d
1457
spirituel qui demeure l’origine permanente de ce
que
nous appelons la culture, et de son dynamisme aventureux. EUROPE,
1458
rincipes et par sa force de rayonnement. L’Europe
que
nous voulons doit être à la mesure de cette force de rayonnement. Son
1459
ême coup la cause de l’unité mondiale. Si réduits
que
soient encore nos moyens en proportion d’une telle mission, nous savo
1460
ns en proportion d’une telle mission, nous savons
que
cette faiblesse matérielle est la rançon de notre indépendance de tou
1461
mpris — et certains nous l’ont dit expressément —
qu’
il était juste et nécessaire de laisser libre de tous liens un Institu
1462
obstacles majeurs à cette union ? On nous répète
qu’
ils seraient dans les faits, dans les intérêts matériels. Mais nous pe
1463
s, dans les intérêts matériels. Mais nous pensons
qu’
ils sont d’abord dans les esprits, leurs préjugés et leurs routines. C
1464
, leurs préjugés et leurs routines. C’est donc là
que
nous avons à les combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui
1465
s avec les réalités de la culture créatrice telle
que
l’on vient de les décrire. D’où la question (forme polie d’une object
1466
estion (forme polie d’une objection fondamentale)
que
l’on nous pose bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’il s’agit
1467
re, ou disons-le : plus prétentieux, voire nocif,
que
l’idée d’un Centre. Ceci posé, regardons notre époque et le concret d
1468
e concret de ses problèmes. Voici le tableau, tel
qu’
il s’offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et
1469
ltures nationales », qui est aussi fausse en fait
qu’
en droit. La culture à la fois antique, chrétienne, critique et scient
1470
gés partisans et nationalistes, plus paralysantes
que
les taxes frappant la circulation de ses instruments et de ses produi
1471
pays. Partout la concurrence tue les initiatives,
qu’
un peu d’esprit de coopération ferait réussir. Il faut un Centre, et i
1472
CEC, en tout ceci, a parfois été décisive, encore
qu’
elle ne soit pas toujours bien visible à l’œil nu. Elle a donc justifi
1473
n 1960, faut-il encore un Centre ? Nous avons dit
que
la raison d’être d’une institution de ce genre n’existe pas en théori
1474
itution de ce genre n’existe pas en théorie, mais
qu’
elle répond à des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent av
1475
atives « européennes » dans le domaine très vaste
que
l’adjectif « culturel » peut servir à désigner, n’est pas un mal en s
1476
ante proclament leur volonté de concentrer autant
que
possible leurs services et leurs assemblées, un effort parallèle doit
1477
atoire, tant pour les sciences (économie incluse)
que
pour les idées politiques, sociales, morales et philosophiques. Elle
1478
nte par les capitaux réunis : au regard de l’aide
qu’
apportent à la culture, aux recherches et à l’éducation les USA et l’U
1479
ridiculement sous-développés ! Mais il est clair
que
les États, les organisations européennes officielles et le secteur pr
1480
secteur privé ne pourront fournir l’aide requise
que
s’ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culture
1481
des savants disponibles et compétents. C’est dire
que
le moment semble venu de former un Conseil des Recherches européennes
1482
dées qui avaient présidé à la création du CEC, et
qu’
il doit s’attacher maintenant à promouvoir. 3. Relations culturelles
1483
yen-Orient, appellent des études et des solutions
qu’
aucun de nos États ne peut élaborer et encore moins faire accepter à l
1484
s. Et l’avenir de l’économie, désormais mondiale,
que
l’Europe seule peut à la fois équilibrer et animer, en dépend de tout
1485
sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites
que
la confrontation de leurs diversités avec d’autres cultures ou civili
1486
nécessaire avec les autres traditions de culture
que
si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocatio
1487
chacun le fait aujourd’hui, c’est bien à l’Europe
qu’
on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle q
1488
elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle
que
l’on imite partout, et c’est d’elle enfin que les peuples ont reçu ce
1489
lle que l’on imite partout, et c’est d’elle enfin
que
les peuples ont reçu cette idée de la liberté et ces moyens de se lib
1490
te idée de la liberté et ces moyens de se libérer
qu’
ils ont hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment où elle dépa
1491
e conscience neuve de ses buts généraux, et de ce
qu’
elle veut de l’homme. C’est le problème de l’Éducation qui se pose ici
1492
ou non, certaines fins. Derrière l’écran de fumée
que
constituent les prétextes généralement invoqués pour ne pas reposer l
1493
dentale au xxe siècle ? C’est le problème unique
que
je me pose ici, et je crois qu’il n’est pas impossible d’y répondre.
1494
e problème unique que je me pose ici, et je crois
qu’
il n’est pas impossible d’y répondre. La méthode comparative, dont un
1495
l’URSS et les USA — rappelons en quelques mots ce
qu’
a signifié l’Éducation dans les grandes sociétés humaines de l’Antiqui
1496
é le rite. En Europe au contraire, il est courant
que
le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève qu’il veut louer :
1497
le maître inscrive au bas d’une rédaction d’élève
qu’
il veut louer : « Bon travail, idées originales et style personnel. »
1498
lle, vers l’autonomie, vers les risques… J’ai dit
que
les deux termes d’initiation et d’initiative marquent deux attitudes
1499
t l’autre libérale. N’allez pas croire, pourtant,
que
l’humanité devait fatalement passer de l’une de ces attitudes à l’aut
1500
devait abandonner l’une pour adopter l’autre, et
que
par suite l’autorité serait quelque chose de « périmé », de « réactio
1501
té sont aussi nécessaires à la vie de l’Éducation
que
la diastole et la systole du cœur à la circulation sanguine, ou que l
1502
la systole du cœur à la circulation sanguine, ou
que
l’attraction et la répulsion à l’animation de l’énergie nucléaire, de
1503
s de l’Éducation, selon les divers types d’hommes
qu’
elle entend former. Quels sont, dans l’Occident moderne, ces types d’h
1504
le : l’Europe, l’URSS et les USA. Vous allez voir
qu’
elles se définissent aisément selon le dosage d’autorité et de liberté
1505
aisément selon le dosage d’autorité et de liberté
qu’
elles ménagent dans l’Éducation. a) Les États-Unis d’Amérique se car
1506
ignement, au point d’y provoquer une crise aiguë,
que
les observateurs étrangers ne sont pas les seuls ni les premiers à dé
1507
ne plus rien imposer du tout. Si un élève déclare
qu’
il n’a pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jama
1508
ui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant
qu’
il n’a qu’à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement t
1509
mais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a
qu’
à faire autre chose. Les méthodes nouvelles d’enseignement tendent rég
1510
tention. Elles ont formé une génération d’enfants
que
plus rien ne tient en respect, qu’aucune loi ni règlement n’effraye p
1511
tion d’enfants que plus rien ne tient en respect,
qu’
aucune loi ni règlement n’effraye plus. L’École est devenue leur jouet
1512
devenue leur jouet, et ils ne peuvent comprendre
qu’
un maître les empêche de jouer avec lui comme il leur plaît. L’idée gé
1513
est la suivante : si un texte est trop difficile,
qu’
on en choisisse un plus facile, un plus « moderne »… Le caractère d’im
1514
les images plus nombreuses, et l’on peut craindre
qu’
à la fin elles ne remplacent complètement les mots. Le langage subit u
1515
ns à se surpasser (challenge) dans l’enseignement
qu’
on leur offre. Ces jugements et cette description, je les extrais du l
1516
nts et cette description, je les extrais du livre
qu’
une institutrice écœurée publiait il y a quelques années aux États-Uni
1517
a quelques années aux États-Unis46. Le diagnostic
qu’
elle porte, et que vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de l
1518
aux États-Unis46. Le diagnostic qu’elle porte, et
que
vingt auteurs confirment, pourrait être résumé de la sorte : on pouss
1519
. Mais précisons : si la formation intellectuelle
qu’
elle offre est de plus en plus médiocre, l’école américaine n’en préte
1520
tend éliminer tout individualisme et ne respecter
que
les droits de la collectivité. Le trait distinctif est ici la spécial
1521
s de culture générale (studium generale), à moins
qu’
on ne qualifie ainsi les cours de science politique, c’est-à-dire de m
1522
ninisme et de propagande du Parti, qui n’occupent
que
6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67 % à la spécial
1523
fois posés, il nous est plus facile de définir ce
qu’
est la voie européenne. Posons-nous cette question très simple : Pourq
1524
specter l’individu, c’est voir en lui la personne
qu’
il peut devenir s’il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’ac
1525
onsables, c’est-à-dire conscients à la fois de ce
qu’
ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, e
1526
dividus à la recherche de leur vocation, et de ce
qu’
ils doivent à la communauté dans laquelle ils se trouvent engagés. C’e
1527
se le soin de nuancer le tableau. Je vous accorde
qu’
il existe aussi des signes d’un retour à l’autorité aux USA, de même q
1528
e nouvelle faim de liberté. Je vous accorde enfin
qu’
en Europe même, quel que soit notre idéal, nous souffrons nous aussi,
1529
té. Je vous accorde enfin qu’en Europe même, quel
que
soit notre idéal, nous souffrons nous aussi, dans la pratique, des ex
1530
ne ». Mais mon objet, ici et aujourd’hui, n’était
que
de vous proposer un cadre de références, dessiné à grands traits. Pou
1531
ie de mon exposé, j’aurai recours à une parabole,
que
j’appellerai la Parabole des trois colombes. Vous connaissez tous la
1532
ssez tous la colombe de Kant, celle qui s’imagine
qu’
elle volerait mieux dans le vide, sans la résistance fatigante que l’a
1533
mieux dans le vide, sans la résistance fatigante
que
l’air oppose au libre jeu de ses ailes. C’est l’utopie de l’éducation
1534
n’a pas à se poser à chaque instant la question :
que
faire ? où aller ? Tout a été réglé d’avance par le Régime. La colomb
1535
par le Régime. La colombe européenne, elle, sait
qu’
elle a besoin pour voler de la résistance de l’air, mais elle n’a pas
1536
courants, prendre ses risques. On ne l’a préparée
qu’
à « voler de ses propres ailes ». La Règle d’or Permettez-moi, m
1537
maintenant, cinq minutes de philosophie. J’ai dit
qu’
à mon sens, le but de l’éducation européenne est la personne, c’est-à-
1538
de notre politique est l’unité dans la diversité (
que
nous appelons en Suisse fédéralisme) ; et enfin l’éducation comporte
1539
es, tension maintenue entre deux pôles. Remarquez
que
la personne, telle que je la définis, est une réalité dialectique par
1540
ntre deux pôles. Remarquez que la personne, telle
que
je la définis, est une réalité dialectique par définition : elle est
1541
aux, éthiques ou même économiques, et vous verrez
qu’
ils se rattachent tous, en Europe, à des problèmes de dosage, d’équili
1542
ons de degré, mais tout le monde admet tacitement
qu’
il ne peut s’agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté
1543
ut le monde admet tacitement qu’il ne peut s’agir
que
d’un dosage des exigences contraires de liberté et de contrainte. Les
1544
sons : les deux ensemble, bien plus, nous pensons
que
l’un ne va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut que les contr
1545
e va pas sans l’autre. En fait la règle d’or veut
que
les contraintes soient conçues comme une préparation à la liberté, la
1546
ducation de leurs enfants, et l’un d’eux répondit
que
sa méthode était de les dresser « comme des chiots ». Indignation de
1547
! Or ce Français à l’ancienne mode entendait dire
qu’
il faut au jeune enfant un dressage suffisant pour lui permettre, un j
1548
lèves une certaine immobilité pendant les leçons,
que
ce soit donc non pas en vertu de je ne sais quelle idée de « correcti
1549
eux déviations du sens de la discipline scolaire,
que
j’ai observées à mes dépens quand j’étais sur les bancs de l’école pr
1550
s tournés à gauche dans les chambrées, et surtout
que
rien ne dépasse !), plutôt qu’en fonction du but à atteindre, la conc
1551
mbrées, et surtout que rien ne dépasse !), plutôt
qu’
en fonction du but à atteindre, la concentration intellectuelle. En re
1552
la gaucherie gouailleuse) étant moins pénalisées
que
ridiculisées. C’est le contraire qu’on observe en général. (De celui
1553
s pénalisées que ridiculisées. C’est le contraire
qu’
on observe en général. (De celui qui parle bien, les autres élèves dis
1554
t d’exiger d’eux, intellectuellement, plus encore
qu’
ils ne donnent, relativement au reste de la classe. Formation génér
1555
mes complets, des personnes autonomes. C’est dire
que
votre rôle d’éducateurs est beaucoup plus difficile et complexe que c
1556
ducateurs est beaucoup plus difficile et complexe
que
celui de vos collègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez qu’il est
1557
vos collègues de l’Est et de l’Ouest. Mais avouez
qu’
il est aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à
1558
ces mêmes de sa créativité. Car il est bien connu
que
la science et la technique se nourrissent d’autre chose que de recett
1559
ence et la technique se nourrissent d’autre chose
que
de recettes techniques et d’équations : les plus grands savants novat
1560
le sont plus créatrices, pour les sciences mêmes,
que
les cours de sciences et de technologie, indispensables certes, mais
1561
odes de l’Éducation. Oserai-je vous confesser ici
que
je ne crois plus guère aux méthodes pédagogiques, qu’elles soient aut
1562
je ne crois plus guère aux méthodes pédagogiques,
qu’
elles soient autoritaires ou libérales, actives ou fonctionnelles, tra
1563
tous ne peut préparer au mieux, si elle réussit,
qu’
un type humain uniforme, une classe, un genre, une espèce d’hommes hom
1564
Il n’y en a pas de bonne, mais il y en a de pires
que
d’autres. Aucune n’est capable de conduire assurément au But, mais n’
1565
nd il faut, peut y conduire, à la seule condition
qu’
elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse gui
1566
ejoindre. Je terminerai par une seconde parabole,
que
je nomme la Parabole du But. J’étais recrue dans l’armée suisse. J’
1567
e bougeais pas, il ajouta : « Ne pensez plus à ce
que
vous faites de vos mains, aux mouvements que vous avez appris. Regard
1568
à ce que vous faites de vos mains, aux mouvements
que
vous avez appris. Regardez le noir de la cible, laissez-vous fasciner
1569
sa leçon toute une morale, et même tout un livre
que
je compte publier bientôt, et dans lequel je dirai tout au long ce qu
1570
bientôt, et dans lequel je dirai tout au long ce
que
je n’ai pu, ici, qu’esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe l
1571
uel je dirai tout au long ce que je n’ai pu, ici,
qu’
esquisser devant vous. 45. On a vu en Europe le film Blackboard Jun
1572
n, les théocraties et les dictatures ne demandent
que
l’obéissance de leurs sujets. Seul, le régime démocratique exige, pou
1573
l fonctionne sans être compris et approuvé, c’est
qu’
il n’est pas conforme à sa définition. Voilà pourquoi l’instruction pu
1574
doter d’institutions communes, il est bien clair
que
cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus inst
1575
n de l’Europe suppose en fait les mêmes exigences
que
la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des
1576
des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable
qu’
elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais
1577
est déjà en train de se faire — mais elle n’aura
que
le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en r
1578
e — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie,
que
le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anon
1579
gissement au plan européen. C’est dans cet esprit
que
nous avons demandé à des enseignants de huit pays européens les rappo
1580
s enseignants de huit pays européens les rapports
qu’
on va lire. Une telle enquête n’a pas besoin d’être exhaustive ou « sc
1581
entifique » pour être significative. Elle ne vise
qu’
à situer le problème d’une formation civique européenne dans ses diver
1582
ifférents Chacun de nos pays, en effet, estime
qu’
il bénéficie ou pâtit d’une situation exceptionnelle ; et chacun justi
1583
s généraux affirmés par la Révolution de 1789, et
qu’
il s’agit de réaffirmer de génération en génération et de garder purs,
1584
nt national » à cultiver comme vertu civique : ce
que
l’on vise à développer chez l’élève, c’est la « personnalité… qui, en
1585
ques formules choisies à la volée dans les textes
qu’
on va lire ne suffisent nullement à caractériser tout l’esprit de l’en
1586
. Mes remarques introductives n’ayant d’autre but
que
d’orienter le lecteur au seuil de notre enquête, et de sensibiliser s
1587
leur apathie civique. Cette constatation signifie
que
le régime actuel de nos pays est accepté par la majorité comme allant
1588
est accepté par la majorité comme allant de soi ;
qu’
il n’apparaît pas comme une conquête révolutionnaire à imposer au rest
1589
le jeune homme à vivre les droits et les devoirs
qu’
on lui a enseignés, à faire face aux problèmes concrets de la vie civi
1590
civique. Rien qui relie le civisme à autre chose
qu’
à la connaissance des formes légales d’un régime indiscuté ; rien, ou
1591
cle. Tout se passe comme si la démocratie n’était
qu’
un système de gouvernement et de droits individuels isolable de tout c
1592
nsiste : là où nos manuels diraient par exemple :
Qu’
est-ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel amé
1593
à où nos manuels diraient par exemple : Qu’est-ce
que
le droit de vote ? ou Qu’est-ce que l’impôt ? le manuel américain dit
1594
par exemple : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou
Qu’
est-ce que l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comm
1595
e : Qu’est-ce que le droit de vote ? ou Qu’est-ce
que
l’impôt ? le manuel américain dit : Comment voter ? ou Comment payer
1596
ontentent de parler d’institutions. Est-ce à dire
qu’
aux USA tout est pour le mieux dans le meilleur enseignement civique d
1597
samment rattachés à des notions générales (telles
que
l’interdépendance mondiale, la coopération pour la paix, la révolutio
1598
nce entre les USA et l’Europe, à cet égard, c’est
que
les États-Unis se plaignent d’insuffisances qu’ils vont donc essayer
1599
t que les États-Unis se plaignent d’insuffisances
qu’
ils vont donc essayer d’amender, tandis que l’Europe ne s’inquiète auc
1600
prême et le Conseil des ministres de l’URSS. Quel
que
soit le degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impo
1601
alitaire. Il s’agit partout de convaincre l’élève
que
la Russie a la forme la plus parfaite de « démocratie », et que toute
1602
a la forme la plus parfaite de « démocratie », et
que
toutes ses « victoires » économiques, scientifiques et sociales sont
1603
rce qu’il conduit au communisme final. C’est dire
qu’
en dehors des leçons spécialement consacrées à l’étude de la Constitut
1604
font partie de l’instruction civique, en ce sens
qu’
elles ramènent tout à la doctrine socialiste soviétique. Cette imprég
1605
grammes scolaires d’autres pays communistes, tels
que
la Pologne ou l’Allemagne de l’Est (DDR). Ainsi en Pologne : « Les pr
1606
rogrammes sont fondés sur le principe fondamental
que
l’évolution sociale est un processus historique qui suit des lois dét
1607
les programmes scolaires… On insiste sur le fait
que
l’histoire d’une société est celle des classes laborieuses… (donc) de
1608
donc un pays où l’on ne saurait se plaindre de ce
que
l’instruction civique ne tienne pas un compte suffisant des réalités
1609
es réalités économiques ! Mais il est clair aussi
que
, dans ces conditions, le civisme réel n’existe plus, la liberté de ch
1610
t le bonheur ». Et l’on doit inculquer aux élèves
que
la situation malheureuse de la jeunesse de l’Ouest « résulte de l’abs
1611
elle et imposée, et cela pour l’excellente raison
que
l’Ouest n’est pas « capitaliste » de la même manière que l’Est est so
1612
uest n’est pas « capitaliste » de la même manière
que
l’Est est socialiste. Au surplus, le capitalisme n’est pas un système
1613
as dire dans nos leçons d’instruction civique, ce
qu’
il a été, ce qu’il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclus
1614
leçons d’instruction civique, ce qu’il a été, ce
qu’
il est, et ce qu’il ne prétend pas être ?). Conclusions introductiv
1615
tion civique, ce qu’il a été, ce qu’il est, et ce
qu’
il ne prétend pas être ?). Conclusions introductives Ces quelque
1616
aperçus, je le répète, n’avaient d’autre ambition
que
d’introduire à une lecture mieux avertie des textes qui suivent. C’es
1617
rtie des textes qui suivent. C’est plus encore ce
que
ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à
1618
C’est plus encore ce que ces textes ne disent pas
que
ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problè
1619
lus encore ce que ces textes ne disent pas que ce
qu’
ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un
1620
peuvent pas dire, dans l’état actuel des choses,
que
notre enseignement civique fait corps avec le reste de nos programmes
1621
ec le reste de nos programmes ; ils ne disent pas
qu’
il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’en réjouir ; ils
1622
u’il exprime une doctrine unique, et l’on ne peut
que
s’en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt vivant p
1623
l’on ne peut que s’en réjouir ; ils ne disent pas
qu’
il communique un intérêt vivant pour la chose publique, et cela doit n
1624
r ; enfin et surtout, ils ne disent pas encore ce
que
devrait être l’enseignement d’un véritable civisme européen, mais ils
1625
ant existants ou possibles. La première tentative
que
présente ce Guide prouvera toute son utilité dans la mesure où elle é
1626
de l’Europe. Car c’est au plan européen seulement
que
les perspectives économiques et politiques de notre siècle peuvent êt
1627
peuvent être vues dans leurs vraies dimensions et
que
le défi lancé par l’Est trouve sa vraie réponse. C’est en apprenant à
1628
’est en apprenant à connaître l’ensemble européen
que
le jeune citoyen pourra comprendre à la fois ce que son pays représen
1629
e le jeune citoyen pourra comprendre à la fois ce
que
son pays représente de particulier et de valable, et ce qu’il doit à
1630
ys représente de particulier et de valable, et ce
qu’
il doit à l’ensemble culturel et historique de notre civilisation. Alo
1631
alace de Montreux, seconde patrie du roman russe,
que
j’ai rencontré Retinger, en septembre 1947. Je venais de prononcer le
1632
e, à Strasbourg et à Vienne, dans les restaurants
qu’
il préférait parce qu’on l’y saluait du titre d’Excellence, qui l’amus
1633
saluait du titre d’Excellence, qui l’amusait, et
qu’
on s’y contentait de lui faire signer la note. (C’est mon dernier snob
1634
Ferney. Et pourtant, je me pose la même question
que
se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’ai-je bien connu ? L
1635
i-je bien connu ? La lecture des notes abondantes
qu’
il avait préparées en vue de ses mémoires me révèle plusieurs dimensio
1636
urs dimensions de sa personne et de son existence
que
je n’avais pu que soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il
1637
sa personne et de son existence que je n’avais pu
que
soupçonner à la faveur de quelques allusions qu’il lui arrivait d’y f
1638
que soupçonner à la faveur de quelques allusions
qu’
il lui arrivait d’y faire, sans insister. C’est l’Européen que j’ai co
1639
rivait d’y faire, sans insister. C’est l’Européen
que
j’ai connu, à partir de sa soixantième année. Mais de sa carrière jus
1640
. Mais de sa carrière jusque-là, je n’entrevoyais
que
des bribes. M’aidant de ses notes (592 pages, en anglais) et comblant
1641
l’aide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (
qu’
il avait publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions qu’à bien v
1642
publié à Londres en 1941) et grâce aux précisions
qu’
à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire,
1643
, et soudain Joseph s’écrie : « Comme je voudrais
que
la Pologne ait enfin son indépendance ! Parce qu’alors je ne serais p
1644
t Français, et c’est sans doute à son instigation
que
Retinger quitte Cracovie pour faire des études de lettres en Sorbonne
1645
es en Sorbonne. Il arrive à Paris en 1906. Il n’a
que
18 ans, mais il sait déjà cinq langues, et deux ans plus tard il devi
1646
seph en déclamant un vers de Ronsard : La Pologne
que
Mars et l’Hiver accompagnent ! Il connaît là Giraudoux, Blaise Cendra
1647
e dans un train entre Prague et Paris, et il note
que
c’est aussi dans un train et sur un quai de gare qu’il fera la connai
1648
c’est aussi dans un train et sur un quai de gare
qu’
il fera la connaissance de deux de ses grands amis des années qui suiv
1649
r Stafford Cripps. (C’est d’ailleurs par Retinger
que
Gide et Larbaud ont connu Joseph Conrad.) En 1908, à 20 ans, il passe
1650
littérature française, du romantisme à nos jours,
qu’
il achèvera à Munich49. Parallèlement, et dès 1909, il édite à Cracovi
1651
s : « Quoi qu’il en soit, Joseph, je ne pense pas
que
vous serez jamais un écrivain ! », lui a dit un jour André Gide en ri
1652
es à corriger le manuscrit d’un de ses contes. Ce
qu’
il cherche avant tout dans le milieu des artistes et des écrivains les
1653
et sans doute beaucoup plus occupé par les femmes
qu’
il ne veut le laisser entendre, mais sa carrière de « politicien privé
1654
, se marie (avec une Polonaise) et décide bientôt
que
l’Angleterre, après tout, est non seulement le pays dont le style de
1655
s d’instruction publique, la Prusse ayant décrété
que
l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’en allemand. Chacune des
1656
été que l’enseignement primaire ne se ferait plus
qu’
en allemand. Chacune des trois puissances s’efforce d’empêcher que « s
1657
Chacune des trois puissances s’efforce d’empêcher
que
« ses » Polonais établissent des contacts avec leurs frères des pays
1658
raît sans espoir. C’est sur cette opinion d’abord
que
Retinger estime qu’il faut agir. À la faveur du libéralisme de la Dou
1659
est sur cette opinion d’abord que Retinger estime
qu’
il faut agir. À la faveur du libéralisme de la Double Monarchie, un Co
1660
les voies d’une action beaucoup plus importante,
que
la guerre de 1914 va rendre possible. Amitié avec Joseph Conrad
1661
tinger s’était lié intimement avec Joseph Conrad,
qu’
il avait rencontré dès 1909. Originaire lui aussi de Cracovie, où il a
1662
vait fait ses premières études dans le même lycée
que
Retinger, mais vingt ans plus tôt, Conrad avait déjà derrière lui, à
1663
il peut-être ces lignes ? Elles lui apprendraient
qu’
il se trouve détenir l’un des inédits les plus curieux de notre temps.
1664
sa terre après quarante années d’exil. Il ne dira
qu’
une phrase au terme de cette nuit-là : « Cher Joseph, c’est un grand b
1665
pu venir ici et montrer à ma femme et à mes fils
qu’
il y a quelque chose derrière moi. » « Et moi », note ici Retinger, da
1666
times de ses souvenirs « je pensais en moi-même :
que
vais-je faire ? toujours lié à mon pays et avec tant de possibilités
1667
lui-ci le reçoit fort aimablement, et lui indique
que
la seule personne capable de lui donner un sauf-conduit pour se rendr
1668
fmann, commandant la région de Lemberg. Il ajoute
que
la préfecture de police est reliée par fil direct au quartier général
1669
mande à parler au Général. Il explique brièvement
qu’
il lui faut un visa. « Venez me voir tout de suite », dit le Général.
1670
énéral. En chemin, Retinger imagine un stratagème
qu’
il aura l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’adresse au Gé
1671
polonais, mais en français, et lui dit hardiment
qu’
il veut aller en France. Interrogé sur son identité, ses qualités, Jos
1672
son passeport. Le général, convaincu par ce geste
que
« Retinger » n’est pas le vrai nom de son interlocuteur, et que celui
1673
» n’est pas le vrai nom de son interlocuteur, et
que
celui-ci doit être chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se
1674
ent, personne ne vient, et il commence à craindre
qu’
on l’arrête et qu’on le fouille : il a dans sa poche le document qui d
1675
ient, et il commence à craindre qu’on l’arrête et
qu’
on le fouille : il a dans sa poche le document qui démontrerait la dél
1676
emberg se reproduit. Retinger déclare en français
qu’
il lui faut un visa pour la France, et que son nom est là, sur le pass
1677
rançais qu’il lui faut un visa pour la France, et
que
son nom est là, sur le passeport… Après beaucoup d’hésitations, le Co
1678
? — Vous pouvez voir mon nom sur ce passeport. —
Que
ferez-vous en France ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez q
1679
r ce passeport. — Que ferez-vous en France ? — Ce
que
mon devoir me dictera. — Vous savez que je suis le comte Tchirsky, vo
1680
ce ? — Ce que mon devoir me dictera. — Vous savez
que
je suis le comte Tchirsky, vous pouvez donc vous confier à moi. — Ave
1681
z donc vous confier à moi. — Avec tout le respect
que
je vous dois, Monsieur l’ambassadeur, je n’y suis pas autorisé. » « N
1682
nce ! dit-il en guise d’adieu, à quoi je répondis
que
j’espérais la mériter. » À la gare, une foule assiège les trains en
1683
a Guerre et l’ambassadeur d’Allemagne, et demande
qu’
on lui réserve un sleeping jusqu’à la frontière suisse. Impressionné,
1684
sa mission et ses plans. Mais c’est en Angleterre
qu’
il a décidé d’établir sa base d’opérations. Pendant qu’il attend le tr
1685
e crois, la première fois depuis plus d’un siècle
qu’
un gouvernement reconnaissait ainsi la nationalité polonaise », remarq
1686
2° de secourir les Polonais internés et d’obtenir
qu’
ils soient considérés comme Polonais, non plus comme Allemands ou Autr
1687
ul, apatride, sans expérience (à 26 ans !) il n’a
que
son ardeur sincère et totalement désintéressée, son sens des contacts
1688
ont de rencontrer les hommes d’État et diplomates
qu’
il s’agit de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing St
1689
ais, étrangement ignorants des réalités de l’Est,
que
le fait polonais peut revêtir une certaine importance politique, voir
1690
dans la poursuite de la guerre. Le grand argument
que
Retinger va faire valoir est que deux millions de Polonais sont actue
1691
e grand argument que Retinger va faire valoir est
que
deux millions de Polonais sont actuellement en uniforme, dans trois a
1692
en uniforme, dans trois armées belligérantes, et
qu’
au surplus, les descendants d’immigrés polonais sont plus de cinq mill
1693
nt de ces chiffres fait plus en quelques semaines
que
toute la propagande du Bureau qu’il a dirigé pendant trois ans. Dès c
1694
elques semaines que toute la propagande du Bureau
qu’
il a dirigé pendant trois ans. Dès ce moment, la Pologne redevient un
1695
arrière. Il est intéressant de relever les motifs
qu’
il donne lui-même de son échec, car il ne les oubliera pas et prendra
1696
in manque de préparation détaillée, tant pratique
qu’
idéologique, une connaissance insuffisante du pays et de ses mœurs pol
1697
rtout, écrit-il : « Je n’avais pas encore bien vu
que
la question n’était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais que c
1698
était pas seulement d’avoir de bonnes idées, mais
que
ces idées devaient être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’a
1699
devaient être implantées dans un milieu donné, et
qu’
il s’agissait de trouver ou de former une équipe de collaborateurs, sa
1700
rien faire dans un pays démocratique. Je croyais
que
du seul fait que je luttais honnêtement pour de bons principes, tout
1701
un pays démocratique. Je croyais que du seul fait
que
je luttais honnêtement pour de bons principes, tout le monde allait l
1702
incipes et l’idéologie. Je ne voyais pas les gens
qu’
il fallait, ou si je les voyais, je ne m’exprimais pas comme il fallai
1703
imais pas comme il fallait. Aujourd’hui, j’estime
que
ce fut une chance pour moi de recevoir une telle leçon au début de mo
1704
chez le comte Ledochowski, général des jésuites,
qu’
il rencontre au château de Zizzers, près de Zurich — Retinger aboutit
1705
près de Zurich — Retinger aboutit à la conclusion
qu’
en dépit de ce que souhaitent Charles, l’Impératrice Zita et leur ento
1706
etinger aboutit à la conclusion qu’en dépit de ce
que
souhaitent Charles, l’Impératrice Zita et leur entourage, la pénétrat
1707
a nier effrontément, devant la Chambre française,
qu’
il l’ait jamais autorisé ni même connu… Retinger se demande, dans ses
1708
… Retinger se demande, dans ses notes, si le rôle
qu’
il joua dans l’affaire fut aussi important qu’il lui apparaissait alor
1709
ôle qu’il joua dans l’affaire fut aussi important
qu’
il lui apparaissait alors. Et il ajoute, d’une manière bien typique, q
1710
alors. Et il ajoute, d’une manière bien typique,
qu’
il a négligé par la suite de le vérifier, n’étant plus suffisamment in
1711
es raisons personnelles de le détester » (raisons
que
Retinger nous laisse ignorer) a cessé de le soutenir. « Il veut votre
1712
, j’ai de mauvaises nouvelles pour vous. Je pense
que
vous feriez mieux de quitter la France. — Et pourquoi ? — Parce que v
1713
quoi ? — Parce que vous y avez trop d’ennemis, et
que
si vous ne partez pas de votre propre gré, je me verrai contraint de
1714
ns la hâte de son départ, il n’avait pris sur lui
que
peu d’argent, comptant faire venir par la suite les fonds qu’il possé
1715
gent, comptant faire venir par la suite les fonds
qu’
il possédait en France. Mais le gouvernement interdit tout transfert,
1716
ffamé et souvent sans toit. Il dut vendre tout ce
qu’
il avait emporté dans sa valise, jusqu’à ses mouchoirs. Un jour à Barc
1717
arcelone, près de mourir de faim, il ne fut sauvé
que
par une grève générale : l’auberge où il gîtait distribuait des repas
1718
onses à ses appels. Impressionnés par les rumeurs
que
les milieux officiels répandaient sur son compte, ses amis l’abandonn
1719
guer : la traversée dura 31 jours, presque autant
que
celle de Colomb. Sur le pont, un hangar abritait 30 vaches, dont plus
1720
urs furent mangées durant le voyage. (J.H.R. note
qu’
au cours d’une tempête, il eut la seule occasion de sa vie d’observer
1721
ans ses notes, et il répond : parce qu’il pensait
qu’
un futur homme d’État se doit de connaître à fond une partie du monde
1722
oit de connaître à fond une partie du monde telle
que
l’Amérique latine ; parce que le médecin lui avait conseillé la mer ;
1723
s aussi, et peut-être d’abord, parce que la femme
qu’
il aimait alors vivait aux États-Unis, et qu’il espérait bien trouver
1724
emme qu’il aimait alors vivait aux États-Unis, et
qu’
il espérait bien trouver le moyen de passer du Mexique aux États-Unis.
1725
taxi, dit au chauffeur de lui faire voir tout ce
qu’
on pouvait voir de la ville pour 4 dollars, et descendit à l’hôtel san
1726
ns un sou en poche. À la réception, on lui apprit
qu’
en effet une somme était venue à son adresse, mais que les règlements
1727
n effet une somme était venue à son adresse, mais
que
les règlements empêchant de la garder plus de 15 jours, on venait de
1728
les plus étranges de sa vie » (il omet de dire ce
que
fut l’autre) : lecteur à haute voix dans une fabrique de cigares, où
1729
ger au Mexique, engagé par Luis Negrete Morones —
qu’
il a connu sur le cargo — dans les intrigues politiques et sociales d’
1730
éjours dans ce pays, où seule la suite de hasards
qu’
on vient de voir l’avait conduit, mais dont la démesure naturelle et l
1731
Russie. Les nombreux traits de caractère mexicain
qu’
il conte dans ses notes révèlent qu’il a vraiment aimé ce peuple, et q
1732
tère mexicain qu’il conte dans ses notes révèlent
qu’
il a vraiment aimé ce peuple, et qu’aux motifs fortuits et théoriques
1733
otes révèlent qu’il a vraiment aimé ce peuple, et
qu’
aux motifs fortuits et théoriques de son activité là-bas est venu s’aj
1734
duquel il déclara, pour mon intense satisfaction,
que
j’étais le seul étranger qui, de son vivant, soit venu au Mexique san
1735
bondantes — pour que l’on puisse la retracer ici.
Qu’
il suffise de rappeler qu’à cette époque, les compagnies étrangères, a
1736
puisse la retracer ici. Qu’il suffise de rappeler
qu’
à cette époque, les compagnies étrangères, américaines surtout, posséd
1737
une période de la vie de ce « politicien privé »
que
nous avons vu débuter dans les salons, parmi les esthètes et les gran
1738
e Indienne. Il y a là une jarre de lait de chèvre
que
recouvre une épaisse couche de poussière. La vieille retire sa chemis
1739
asseuse, et Retinger, en buvant, comprend soudain
qu’
il est devenu tout pareil à ces personnages de Conrad, dont il avait v
1740
n au bord du Rio Bravo. Là, les bandits déclarent
qu’
ils n’oseront pas aller jusqu’à San Antonio comme prévu. Ils exigent 3
1741
ente de lui expliquer, dans son mauvais espagnol,
qu’
il va voir un oncle malade dans un village voisin. L’agent lui jette u
1742
général Obregon étant devenu président, les amis
que
Retinger compte dans son gouvernement le rappellent au Mexique. C’est
1743
t le rappellent au Mexique. C’est alors seulement
qu’
il entreprend une activité politique proprement dite dans ce pays. À l
1744
ille de Noël 1921, le président confie à Retinger
qu’
il est entré en possession d’un très volumineux dossier (5000 pièces o
1745
dossier (5000 pièces originales ou photocopiées)
qu’
un membre de l’ambassade des USA a vendu depuis un an au gouvernement.
1746
. Après avoir étudié le dossier, Retinger suggère
que
le Mexique en communique la substance à Herbert Hoover, alors Secréta
1747
r l’administration américaine. Il a beau déclarer
qu’
il est entré aux États-Unis avec 1500 dollars : comme la police les lu
1748
s lui a pris en l’incarcérant, il ne peut prouver
qu’
il a de quoi vivre. Entre-temps, les amis de Mexico ont été alertés et
1749
ième jour 15 000 dollars. Il laisse même entendre
qu’
il est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce que les amis de Ret
1750
l est prêt à augmenter ses prétentions jusqu’à ce
que
les amis de Retinger ne puissent plus payer. Les intérêts pétroliers
1751
out pour maintenir Retinger à l’écart, jusqu’à ce
que
leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’ailleurs.) Enfin, après u
1752
s années 1922 à 1940, on ne trouve dans les notes
que
l’esquisse d’un long chapitre consacré aux chefs syndicalistes avec l
1753
rsonnels, jugements et anecdotes, on peut déduire
que
l’action propre de Retinger dans la vie syndicale fut conforme à sa v
1754
victimes des persécutions politiques. C’est ainsi
que
Retinger organise le premier congrès des unions syndicales de l’Améri
1755
ions syndicales de l’Amérique latine, en 1924, et
qu’
il obtient des secours internationaux pour les victimes syndicalistes
1756
gué de la Pologne, cas unique. D’autres documents
que
j’ai pu consulter mentionnent, durant ces mêmes années, une mission a
1757
Sir Stafford commence même sur le sujet un livre
qu’
il ne pourra jamais terminer : il va devenir le Deputy Prime Minister
1758
gne, séjournant beaucoup en Angleterre, il semble
que
J.H.R. ait vécu dans la misère, rançon de son extrême indépendance d’
1759
korski depuis 1916. Mais il ne s’est lié avec lui
que
plus tard, en 1923, lorsque la Fédération syndicale internationale l’
1760
, pour essayer de prévenir une campagne militaire
que
la Pologne semble prête à déclencher contre les Soviets. En 1939, Ret
1761
, et se trouve devant le général, qui est seul. «
Que
venez-vous faire ici ? » « Je viens déjeuner avec vous, puis je vous
1762
vion ». Le général accepte sous deux conditions :
que
son retour dans les 48 heures soit assuré, et qu’il puisse voir Churc
1763
que son retour dans les 48 heures soit assuré, et
qu’
il puisse voir Churchill dès le lendemain. Ils arrivent le soir même à
1764
rédigea aussitôt un mémoire pour Eden, suggérant
qu’
un accord fût rapidement conclu entre la Pologne et l’URSS. Il y avait
1765
utre part, si l’URSS était attaquée, il importait
que
la Pologne, soutenue par les Anglais mais envahie par les Russes, ne
1766
« Ceci est un grand événement. Je suis convaincu
que
votre accord va mettre une fin pacifique et amicale à la querelle qui
1767
rchant sur des béquilles, à cause des traitements
qu’
on lui avait fait subir à la prison de Loubianka. Parachutage en Po
1768
polonaises du Proche-Orient, quand on lui annonça
que
l’avion s’était écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa
1769
e importante. Il y passa onze semaines à attendre
que
la météo permette le départ pour la Pologne, n’ayant d’autre passe-te
1770
part pour la Pologne, n’ayant d’autre passe-temps
que
la lecture de Platon, dans la traduction de Jowett : c’était le seul
1771
ul livre sérieux de la place, où l’on ne trouvait
que
des romans policiers. Socrate lui permit ainsi de lutter contre l’enn
1772
xiété : c’était en effet par un saut en parachute
qu’
il devait pénétrer en Pologne, or il était de santé frêle, et avait to
1773
ues. Il avait donc refusé tout entraînement autre
que
théorique51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée qu’en faisa
1774
re que théorique51 et ne se sentait guère soutenu
que
par l’idée qu’en faisant son premier saut à 58 ans, il allait devenir
1775
e51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée
qu’
en faisant son premier saut à 58 ans, il allait devenir le plus vieux
1776
gent le retint brusquement par le bras en hurlant
qu’
il allait tomber avant le signal, et une discussion violente s’en suiv
1777
ignorait alors, et de fait, durant les trois mois
que
dura sa mission, il ne fut jamais découvert. Le sens inné de la consp
1778
nnelle) des Polonais put l’engager. Bien persuadé
que
personne ne savait rien de sa venue, sauf quelques chefs clandestins,
1779
r dès les premiers jours les cafés de la capitale
qu’
il avait connus autrefois. Dans l’un d’eux, après avoir commandé une v
1780
ar cinq ou six hommes, ce ne fut pas sans terreur
qu’
il entendit soudain l’un d’eux dire à haute voix : « Savez-vous la gra
1781
ena vers leur cachette. C’est à Londres seulement
que
Retinger « réalisa » que la Gestapo possédait alors sa photo et reche
1782
’est à Londres seulement que Retinger « réalisa »
que
la Gestapo possédait alors sa photo et recherchait « un homme âgé par
1783
rmée secrète les entourait. On venait d’apprendre
que
les Allemands surveillaient la région depuis quelques jours, qu’un ré
1784
ds surveillaient la région depuis quelques jours,
qu’
un régiment de cavalerie était signalé, qu’un groupe d’aviateurs avait
1785
jours, qu’un régiment de cavalerie était signalé,
qu’
un groupe d’aviateurs avait pris ses quartiers à deux kilomètres de là
1786
it pris ses quartiers à deux kilomètres de là, et
qu’
un appareil de chasse s’était posé pour quelques minutes, l’après-midi
1787
uis couper les freins. L’appareil ne put décoller
qu’
après une heure et vingt minutes d’efforts frénétiques, et trois faux
1788
. La générosité du gouvernement anglais fut telle
qu’
il paya même les frais de transport, tandis que d’autres dépenses (exp
1789
t payées de ma poche. Il est intéressant de noter
que
ni le gouvernement britannique ni moi-même ne furent jamais remerciés
1790
ais remerciés par le gouvernement de Varsovie, et
qu’
après que j’eus remis les dons anglais et quitté le Pologne, mes colla
1791
polonais. Les notes pour les Mémoires précisent
que
M. Celt, le compagnon de J.H.R. dans sa mission parachutée, et son pr
1792
mprisonné. Retinger ne réussit à le faire libérer
qu’
en s’adressant directement à Molotov, avec lequel il avait entretenu d
1793
au profit des Russes, Retinger ne voyait plus ce
qu’
il pouvait faire pour son pays, dans le cadre de la politique national
1794
salut de la Pologne ne pouvait venir, à ses yeux,
que
d’une Europe organisée, et c’est vers ce grand but qu’il se tournera
1795
’une Europe organisée, et c’est vers ce grand but
qu’
il se tournera tout entier. Dès qu’il fut en mesure de marcher de nouv
1796
al à sa volonté) il entreprit l’action européenne
qu’
il avait si longuement méditée et préparée. Nous avons dit plus haut s
1797
nès allèrent jusqu’à conclure un accord prévoyant
que
la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie formeraient le noyau d’u
1798
des, Dejean, et plus tard Massigli. Retinger note
que
l’idée du Benelux naquit au cours d’une de ces réunions. La mort acci
1799
e Moscou. Et Molotov ne répondit pas à une lettre
que
l’ambassadeur Bogomolov lui avait transmise. Dans le même temps, plus
1800
nécessité non d’une fédération réelle, mais de ce
qu’
ils appelaient pudiquement une « union plus étroite de nos pays », adh
1801
Retinger. Au lendemain du discours d’introduction
que
j’avais prononcé, je me trouvai placé entre eux deux devant les micro
1802
il parlait très mal en public, et aussi rarement
que
possible — mais parce qu’il entreprit sans perdre un jour les centain
1803
harger de la partie culturelle du congrès. Sur ce
qu’
il faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles qu’il exprima me pa
1804
l faudrait faire, il avait peu d’idées, et celles
qu’
il exprima me parurent vagues ou fausses, d’ailleurs visiblement impro
1805
inger avait bien joué. Il sentait depuis Montreux
que
j’étais « engagé », non seulement par ma conférence à ce congrès, et
1806
ment par ma conférence à ce congrès, et par celle
que
j’avais donnée un an plus tôt aux Rencontres internationales, mais pa
1807
x conditions sine qua non de réussite du congrès,
qu’
il semblait le seul à contrôler, voire à connaître. Sa plus grande hab
1808
te période, fut sans doute de donner l’impression
qu’
il était obligé de cacher son jeu, mais qu’il jouait en réalité au bén
1809
ession qu’il était obligé de cacher son jeu, mais
qu’
il jouait en réalité au bénéfice de chacune des tendances avec lesquel
1810
cialistes de France, d’Angleterre et de Belgique,
qu’
effrayait la stature de Churchill, président d’honneur du congrès. (Fi
1811
à La Haye, y compris les Allemands avec Adenauer,
qu’
on connaissait à peine à cette époque, et qui au surplus demeura dans
1812
sa carrière. Nous étions quelques-uns à savoir ce
qu’
avait été son action quotidienne, astucieuse, sage à longue échéance,
1813
parlementaires, des écrivains et philosophes tels
que
Bertrand Russell, Salvador de Madariaga, Étienne Gilson et Charles Mo
1814
roposé dès cette date. Mais plus étonnante encore
que
la réussite du Congrès de l’Europe fut la manière dont Retinger sut l
1815
olutions de La Haye aux gouvernements. Il obtient
que
la France défende le projet d’un Conseil de l’Europe devant les cinq
1816
l’idée européenne progresse en profondeur autant
qu’
en extension dans les élites dirigeantes. Il est difficile de mesurer
1817
ation du terrain, mais sans lui, les réalisations
que
nous connaissons aujourd’hui et que le grand public européen tient po
1818
réalisations que nous connaissons aujourd’hui et
que
le grand public européen tient pour toutes naturelles, n’eussent prob
1819
, par exemple, ni Lausanne qui a créé le CEC ; ce
que
ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont les conditions psychol
1820
nstitutions, et de bien d’autres. Je ne crois pas
que
Jean Monnet et Retinger ont jamais travaillé ensemble : leurs méthode
1821
es étaient trop différentes, et ne pouvaient être
que
complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison que Retinger fut invit
1822
ue complémentaires. Mais ce n’est pas sans raison
que
Retinger fut invité à assister à la signature par Jean Monnet et Dunc
1823
t la Grande-Bretagne. Et ce n’est pas sans raison
qu’
il se trouvait être, en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en
1824
une seule de ses séances. En fait, il est certain
que
le CEC n’eût pas vu le jour sans les efforts tenaces de Retinger non
1825
ndation européenne, c’est encore grâce à Retinger
que
l’idée réussit à prendre corps. Ses avis et ses interventions furent
1826
upe complexe d’influences et de compétences, tels
que
la Commission des pays de l’Est (avec Harold Macmillan et Sir Edward
1827
s du mot, qui implique un élément créateur autant
que
réalisateur. Quelques semaines avant sa mort, lors du dernier Conseil
1828
s pays, puis de faire face aux problèmes immenses
que
posent les relations entre l’Europe et le Monde. Lui qui d’ordinaire
1829
’être devenu bavard dans les comités, et répétait
qu’
il se sentait beaucoup moins fatigué que d’habitude et prêt à reprendr
1830
répétait qu’il se sentait beaucoup moins fatigué
que
d’habitude et prêt à reprendre la rédaction de ses Mémoires. Mais qua
1831
émoires. Mais quand ma femme, à propos de projets
que
nous avions en commun, lui dit : « l’année prochaine », il répondit t
1832
ochaine », il répondit très vite comme on signale
qu’
on sera pris ce jour-là : « L’année prochaine, je serai mort » — et av
1833
as, il s’agissait peut-être moins d’un but en soi
que
d’une étape vers le plus grand Ensemble. Dans les deux cas, le problè
1834
ital d’Histoire, sans avoir d’autre mise initiale
que
l’Idée. Ni fonds ni meubles, ni régiments mobilisables, ni parti infl
1835
s d’articles de lui. Ses lettres n’étaient jamais
que
de quelques lignes dictées à la hâte. Il n’était pas non plus un orat
1836
e religieuse. Mais son travail réel ne commençait
qu’
à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-v
1837
egardait les choses de près, s’apercevait bientôt
que
la grande idée dont on parlait était celle de ce petit homme sans app
1838
de ce petit homme sans apparence et silencieux ;
que
le groupe était réuni grâce à lui seul ; que son art avait été de met
1839
ux ; que le groupe était réuni grâce à lui seul ;
que
son art avait été de mettre les intérêts personnels les plus variés,
1840
qui circulait d’un groupe à l’autre : « Je crois
que
j’ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’assied seul à une petite ta
1841
n nombre de personnalités. À chacune, il explique
que
son idée est tellement importante qu’il vaut mieux ne pas en parler t
1842
il explique que son idée est tellement importante
qu’
il vaut mieux ne pas en parler trop clairement. Puis il réunit tout so
1843
utre fois, quand je lui demandai s’il était exact
qu’
il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican
1844
l’IS, de la franc-maçonnerie et du Vatican, ainsi
qu’
on le chuchotait : il me pria de laisser entendre à qui voudrait que c
1845
t : il me pria de laisser entendre à qui voudrait
que
c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en fait, et ce qui
1846
nnaient de desseins tortueux, quand il ne faisait
que
suivre une idée simple et grande : celle de grouper nos forces et nos
1847
ncroyable : elle était si directe, et percutante,
que
ses victimes n’y voyaient qu’insolence, ou même manœuvre. Et il est v
1848
cte, et percutante, que ses victimes n’y voyaient
qu’
insolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi qu’il n’avait pas l
1849
nsolence, ou même manœuvre. Et il est vrai, aussi
qu’
il n’avait pas le physique ni les manières suaves du Grand Idéaliste s
1850
estie si elle n’est pas feinte, et n’admire guère
que
ceux qui ont pris la peine de briguer ses applaudissements, selon les
1851
x des historiens futurs. (Puisse le petit ouvrage
que
nous publions aujourd’hui mettre en garde les chroniqueurs contre une
1852
ment d’avoir accompli sa tâche et d’avoir fait ce
qu’
il avait voulu faire (sauf d’écrire ses mémoires). Il n’avait plus de
1853
ets perceptibles sur son humeur, ni sur l’intérêt
qu’
il portait aux hommes et aux problèmes, ni même sur les plans et les p
1854
x problèmes, ni même sur les plans et les projets
qu’
il élabora jusqu’au dernier jour. » 49. « Ces ouvrages ne passèrent
1855
rit J. H. Retinger ; « Paul Valéry me dit un jour
qu’
ils lui rappelaient un souvenir de plage, tant ils étaient pleins de c
1856
J.H.R., qui put le voir à l’œuvre tant en Pologne
qu’
à Londres. 51. Voir la lettre au Times du général Gubbins. 52. Ils f
1857
urs des ans et de l’évolution rapide du monde, 1°
que
la confrontation des Européens de divers pays avec d’autres cultures
1858
n des moyens les plus efficaces de cette fin ; 2°
qu’
un problème tout à fait analogue se posait aux nouvelles nations de l’
1859
nouvelles nations de l’Afrique et de l’Asie ; 3°
que
la meilleure méthode possible pour favoriser les unions régionales sa
1860
rieur de la communauté européenne, le CEC a senti
que
le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mondial, et d’
1861
phiques et à l’élaboration du document de travail
que
nous publions ci-après, à titre d’introduction au compte rendu in ext
1862
tous les continents dans le climat très favorable
qu’
ont créé les journées de septembre à Genève. cm. Rougemont Denis de
1863
tume, moyens de transport, etc.), plus rapidement
qu’
elle n’égalise les niveaux de vie, et sans rapprocher les cultures. Ce
1864
. Ils créent dans les élites qui les subissent ce
que
l’on a si justement décrit comme un état de névrose, une sorte de sch
1865
urs différentes, complémentaires, ou correctives,
que
peuvent leur apporter d’autres cultures. — des rencontres personnelle
1866
s de « l’aide aux pays techniquement arriérés » :
que
cette aide ne soit pas payée ou acceptée au prix de l’âme d’une cultu
1867
on évolution propre, par rapport au « challenge »
que
représente pour elle l’uniformisation croissante de la civilisation.
1868
autres — et de s’expliquer d’abord à elle-même —
que
la technique n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en est qu’une rés
1869
que n’est pas l’essentiel de sa culture, n’en est
qu’
une résultante, et qu’elle peut être nocive une fois séparée de ses so
1870
iel de sa culture, n’en est qu’une résultante, et
qu’
elle peut être nocive une fois séparée de ses sources et de certaines
1871
t d’abord aux Européens. Les « aides techniques »
que
l’Europe envoie en nombre croissant dans le monde ne sont pas préparé
1872
eprésenter l’Europe dans son ensemble : ils n’ont
qu’
une formation nationale, et technique. Ils savent peu de choses sur le
1873
e choses sur leur propre culture, et souvent pire
que
rien sur celle des pays où ils vont aller. De même, les étudiants d’o
1874
ure européenne dans son ensemble : ils n’étudient
qu’
une branche isolée, en vue de leur profession, et ne connaissent en gé
1875
de leur profession, et ne connaissent en général
qu’
un seul pays, d’après lequel ils jugent l’ensemble. Il n’existe pas de
1876
ion où il va travailler. ⁂ Il faudrait maintenant
que
chacune des autres régions culturelles expose ses propres motifs de d
1877
ture de l’Inde, par exemple, est plus harmonieuse
que
celle de l’Europe, moins « dialogique » par sa nature même. Mais son
1878
à un problème de prise de conscience d’elle-même
que
le dialogue avec l’Europe, l’Amérique latine, le monde arabe, peut l’
1879
s.) Une des premières conditions du dialogue, tel
que
nous l’espérons, serait d’inciter chaque région culturelle à formuler
1880
perspective mondiale, non tant ses revendications
que
ses besoins, ses motifs propres de poursuivre le dialogue, les bénéfi
1881
propres de poursuivre le dialogue, les bénéfices
qu’
elle en attend, et enfin les apports qu’elle peut y faire. III. Éta
1882
bénéfices qu’elle en attend, et enfin les apports
qu’
elle peut y faire. III. État présent des contacts et des échanges
1883
ide des moyens existants ? Rien de plus difficile
que
de recenser, d’analyser et surtout d’évaluer les efforts actuels dans
1884
ns Il existe quelques revues générales, telles
que
Phylon (Atlanta Univ., États-Unis), East and West (Prof. G. Tucci, Ro
1885
e la planète, mais il serait imprudent d’affirmer
que
ces ouvrages, dans l’ensemble, répandent plus de connaissances exacte
1886
ensemble, répandent plus de connaissances exactes
que
d’erreurs et de préjugés. En revanche, des livres tels que ceux de Ke
1887
eurs et de préjugés. En revanche, des livres tels
que
ceux de Keyserling sur l’Inde et sur l’Amérique latine ; de H. Zimmer
1888
ou de J. Jahn sur l’Afrique noire, pour ne citer
que
quelques-uns des plus connus, initient le dialogue nécessaire, parce
1889
sions générales de l’Unesco, plus administratives
que
culturelles, habituent des hommes de culture de toutes les régions à
1890
randes lacunes à combler Des quelques exemples
qu’
on vient de donner, on serait tenté de conclure à une surproduction pl
1891
rait tenté de conclure à une surproduction plutôt
qu’
à une disette, dans le domaine des échanges culturels. Les spécialiste
1892
n, bibliographies et bibliothèques sont si riches
que
le problème est moins de les multiplier que d’arriver à les utiliser.
1893
iches que le problème est moins de les multiplier
que
d’arriver à les utiliser. Enfin, les occasions de rencontres — congrè
1894
colloques, séminaires, etc. — sont si nombreuses
qu’
il devient difficile de trouver assez d’hommes qui aient encore le tem
1895
ient encore le temps d’y participer. En admettant
que
ces activités soient suffisantes dans leur domaine et soient menées d
1896
e et de civilisation.) Tous les dialogues savants
que
peuvent tenir entre eux linguistes, folkloristes, archéologues, numis
1897
de firmes privées (qui envoient les représentants
qu’
elles ont la chance de trouver, préparés ou non…). Enfin, une troisièm
1898
un tout autre ordre, qui est celui des faits plus
que
des méthodes. 3. Les relations culturelles entre l’Occident et les
1899
si décrite — possibilités, besoins, lacunes —, ce
qu’
il nous reste à faire apparaît plus clairement. V. Méthodes de dial
1900
origine culturelle européenne. Mais il est clair
que
dans le dialogue avec l’Afrique noire, ou l’Inde, ou la Chine, ces qu
1901
plus matérialistes et plus idéalistes-moralistes
que
l’Europe et que l’Amérique latine. Cette dernière ne connaît pas de p
1902
tes et plus idéalistes-moralistes que l’Europe et
que
l’Amérique latine. Cette dernière ne connaît pas de problème des race
1903
nbee) sont à la fois moins vastes et moins vagues
que
le binôme Orient-Occident ; mais plus vastes et plus réelles (du poin
1904
vastes et plus réelles (du point de vue culturel)
que
les États-nations constitués partout sur un modèle emprunté au xixe
1905
inents trop vastes ou entre nations trop petites,
que
le dialogue peut s’instituer. 2. « Présenter » (expliquer et enseigne
1906
s de cohérence culturelle, tant à leurs habitants
qu’
aux autres régions. On se comprend mieux soi-même en s’expliquant aux
1907
tement intégrés soit par l’unification doctrinale
qu’
impose le Parti à des peuples très divers, soit par le brassage contin
1908
— celle-ci pouvant être la même vers l’intérieur
que
vers l’extérieur. Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’est
1909
ucation des masses ; lutte contre le matérialisme
que
peut répandre la technique ; adaptation de la technique aux valeurs h
1910
centres culturels régionaux Les considérations
que
l’on vient de résumer nous amènent à une conclusion pratique qu’il no
1911
de résumer nous amènent à une conclusion pratique
qu’
il nous importe de soumettre à l’examen de représentants qualifiés d’a
1912
s’agit d’une « simple » question d’organisation,
que
beaucoup d’intellectuels jugeront sans doute étrangère à leurs soucis
1913
s talents. Et pourtant, même si l’on est persuadé
que
le vrai dialogue s’institue au niveau des expériences spirituelles, i
1914
au niveau des expériences spirituelles, il reste
que
les âmes ne communiquent pas encore sans que les hommes se rencontren
1915
pas encore sans que les hommes se rencontrent, et
que
les rencontres souhaitables demandent à être organisées. Nous sommes
1916
e organisées. Nous sommes arrivés à la conviction
que
la création de centres analogues au CEC dans les diverses régions cul
1917
stituts d’outre-mer, qui ne disposaient jusqu’ici
que
de sources d’informations nationales) ; — Fichiers détaillés sur les
1918
s, leurs œuvres, leur action régionale, l’intérêt
qu’
elles portent à d’autres cultures, leurs qualifications et leur dispon
1919
, stage, séminaire, voyage d’études. N.B. Plutôt
que
de rassembler au Centre même des archives encombrantes et coûteuses,
1920
difficiles à consulter, il suffit le plus souvent
que
le Centre sache où sont les sources existantes de renseignements sur
1921
: le CEC est en mesure de répondre aux questions
qu’
on lui adresse sur les organisations européennes officielles, parce qu
1922
combleraient une des lacunes les plus frappantes
que
nous ayons rencontrées jusqu’ici ; — Accueil aux étudiants, professeu
1923
La création de centres régionaux selon la formule
que
l’on vient d’esquisser pose évidemment des problèmes de personnel, de
1924
ces problèmes dans le présent papier, qui ne veut
qu’
introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre aux représen
1925
s et difficultés existant dans leur région, ainsi
que
sur les projets analogues qui auraient déjà fait l’objet de leurs pré
1926
objet de leurs préoccupations. Soulignons le fait
que
dans certaines régions (en Inde par exemple) des institutions déjà ex
1927
utatis mutandis. De toute manière, il nous semble
que
la discussion de notre proposition, même si elle n’aboutit pas à des
1928
e : « Au mois d’août 1961, le document de travail
que
nous reproduisons ici sans modifications fut envoyé à toutes les pers
1929
ne sera pas simple affaire de routine. Je sais ce
que
représente pour chacun de vous le sacrifice de cinq ou six journées c
1930
meilleur repos. Si vous êtes ici ce matin, c’est
que
vraiment vous êtes conscients de l’urgence et de l’importance de dial
1931
âches de notre siècle. C’est donc du fond du cœur
que
je vous dis merci, et que je vous salue au nom du Centre européen de
1932
st donc du fond du cœur que je vous dis merci, et
que
je vous salue au nom du Centre européen de la culture. Quelques-uns d
1933
perdre un temps précieux à décrire ses activités.
Qu’
il me suffise de vous dire en deux mots qu’il existe depuis onze ans,
1934
vités. Qu’il me suffise de vous dire en deux mots
qu’
il existe depuis onze ans, qu’il est une entreprise privée, c’est-à-di
1935
s dire en deux mots qu’il existe depuis onze ans,
qu’
il est une entreprise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et que
1936
rise privée, c’est-à-dire non gouvernementale, et
que
sa « politique » — j’entends sa policy, au sens anglais —- est ainsi
1937
tique nationale ou partisane. Il est tout naturel
que
cette « voix de l’Europe » cherche maintenant à dialoguer avec d’autr
1938
fois reculé, pendant des années. Aucun des moyens
que
nous pouvions imaginer pour y faire face, ou que d’autres avaient déj
1939
que nous pouvions imaginer pour y faire face, ou
que
d’autres avaient déjà essayés, ne semblait proportionné à l’ampleur d
1940
e l’entreprise. Nous avons donc finalement décidé
que
, puisque rien ne serait jamais assez grand, théoriquement, il fallait
1941
r quelque chose de très petit. Rien de plus petit
qu’
une graine. Mais rien de plus riche d’avenir. Semer quelques graines d
1942
u cours de ces tout derniers jours. Je n’en salue
que
plus chaleureusement votre présence autour de cette table. (Suit une
1943
des messages, raisons des absences.) Vous voyez
qu’
il n’est pas facile de réunir ne fût-ce qu’une vingtaine de personnes,
1944
voyez qu’il n’est pas facile de réunir ne fût-ce
qu’
une vingtaine de personnes, quand elles viennent de quatre continents
1945
s choses. Pour entreprendre une tâche aussi vaste
que
celle que nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut a
1946
Pour entreprendre une tâche aussi vaste que celle
que
nous envisageons, notre petite réunion d’aujourd’hui peut apparaître
1947
égion, mais encore nous n’avons à passer ensemble
que
trois jours, alors qu’il faudrait des années de travail ardu, mené pa
1948
se lancer dans des discours. Il est bien entendu
que
notre colloque ne prétend à rien de plus qu’à amorcer quelque chose,
1949
endu que notre colloque ne prétend à rien de plus
qu’
à amorcer quelque chose, à donner le coup d’envoi, comme on dit dans u
1950
aura réussi, si nous constatons dans trois jours
que
son travail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver l
1951
nstatons dans trois jours que son travail ne fait
que
commencer, et qu’il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donne
1952
s jours que son travail ne fait que commencer, et
qu’
il n’a pu que nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je s
1953
on travail ne fait que commencer, et qu’il n’a pu
que
nous prouver la nécessité de lui donner des suites. Je souhaite que c
1954
a nécessité de lui donner des suites. Je souhaite
que
cette première journée de conversation nous permette de vérifier notr
1955
cessité du dialogue. Et tout d’abord, je voudrais
que
ceci soit bien clair ! Il s’agit ici d’un dialogue des cultures, et n
1956
débat de politique mondiale. On me dira peut-être
que
les tensions les plus graves entre l’Europe et le monde arabe, ou ent
1957
u entre les musulmans et l’Inde — pour ne prendre
que
ces trois exemples — sont de nature politique avant tout. Et que, par
1958
xemples — sont de nature politique avant tout. Et
que
, par conséquent, le dialogue des cultures n’est guère qu’un luxe, une
1959
conséquent, le dialogue des cultures n’est guère
qu’
un luxe, une activité secondaire et probablement vaine tant que les te
1960
ne activité secondaire et probablement vaine tant
que
les tensions politiques subsistent. S’il en était vraiment ainsi, le
1961
politiques, et elles seront d’autant plus graves
qu’
une base d’entente fondamentale n’aura pas été établie. Or c’est préci
1962
t établir cette base d’entente. Même si la chance
qu’
il nous offre est faible, nous devons la saisir, et l’explorer sans re
1963
ments. On ne tiendrait aucun compte des solutions
que
nous pourrions proposer, et d’ailleurs, nous ne serions pas tous d’ac
1964
de légiférer, de rêver et d’agir. Or ces réalités
qu’
on peut appeler culturelles sont les sources profondes des grands male
1965
—· et même économique — nous ne pourrons le faire
qu’
en travaillant à « améliorer le terrain », au sens médical du terme, c
1966
un dialogue véritable, et un dialogue organisé.
Qu’
est-ce alors qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite que cela
1967
s qu’un dialogue véritable ? Disons tout de suite
que
cela ne saurait être une succession de monologues, si éloquents et en
1968
op de congrès et de séminaires, où il me semblait
que
les participants « jouaient » à tenir un congrès ou un séminaire, jou
1969
objectifs nous y invitent : car nous voudrions 1°
que
ce colloque aboutisse à une publication (par les soins du CEC) donnan
1970
dialogue et de ses méthodes. Et nous voudrions 2°
que
ce colloque aboutisse à une résolution tendant à la création de centr
1971
naux, et définissant leurs fonctions. Je souhaite
que
nos débats, loin de se complaire dans des généralités généreuses, et
1972
gestif d’études et d’action à très long terme, et
qu’
il s’agit en conséquence d’entreprendre sans perdre une minute. Je pas
1973
le monde ? Il s’agit en somme de vérifier d’abord
que
nous sommes tous conscients de l’urgence du problème, d’accord sur sa
1974
laquelle nos cultures répondent à cette pression
qu’
elles subissent toutes. De ces deux faits de base résultent des tensio
1975
evront être énumérés et définis. Il se peut aussi
que
certains d’entre vous demandent que soit précisé le sens du terme cul
1976
se peut aussi que certains d’entre vous demandent
que
soit précisé le sens du terme cultures (au pluriel), dans le contexte
1977
emandera sans doute plus de temps. Car il importe
que
chaque « région » représentée s’exprime ici tout à loisir, s’explique
1978
lique aux autres et devant les autres. Il importe
que
chaque région décrive son ou ses problèmes majeurs, mais indique auss
1979
n ou ses problèmes majeurs, mais indique aussi ce
qu’
elle attend des cultures différentes, et ce qu’elle estime avoir à leu
1980
ce qu’elle attend des cultures différentes, et ce
qu’
elle estime avoir à leur apporter en échange. Il est clair que les deu
1981
me avoir à leur apporter en échange. Il est clair
que
les deux premiers points — motifs généraux et motifs régionaux — sont
1982
ments qui ont été discutés, parce qu’il me semble
que
nous ne sommes pas très loin de nous entendre. Il y a eu une première
1983
re position du problème par Bertrand de Jouvenel,
que
j’ai trouvée extrêmement heureuse : « Nous sommes tous des colonisés.
1984
nité. Je n’irai pas jusqu’à dire, comme M. Jargy,
que
nous les intellectuels d’Europe, sommes tous contre la technique : je
1985
urope, sommes tous contre la technique : je crois
que
ce stade est dépassé. Il y a eu dans la première partie du siècle une
1986
es régions différentes et cette réalité objective
qu’
est devenue la technique. Première forme du dialogue, première raison
1987
dialogue, première raison de dialoguer. Il s’agit
que
cette technique objectivée ne vienne pas maintenant briser, dissocier
1988
right, Gabriel d’Arboussier disait très justement
que
son cas n’est pas celui des Africains d’Afrique qui, parce qu’ils vie
1989
égale, avec n’importe quelle autre culture, quel
que
soit son âge. Ce premier dialogue entre la technique et les cultures,
1990
à cette brisure, à cette espèce de schizophrénie
que
risque de créer la technique dans des régions où elle arrive tout à f
1991
des cultures. J’avais prévu dans mon introduction
que
nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi que sur les termes de cul
1992
n que nous aurions à discuter sur ce terme, ainsi
que
sur les termes de culture et de civilisation. Est-ce qu’il y a une cu
1993
les termes de culture et de civilisation. Est-ce
qu’
il y a une culture de l’universel, ou est-ce qu’il y a des cultures ?
1994
e qu’il y a une culture de l’universel, ou est-ce
qu’
il y a des cultures ? Je crois que nous pouvons tous dire oui et non l
1995
rsel, ou est-ce qu’il y a des cultures ? Je crois
que
nous pouvons tous dire oui et non là-dessus, il s’agit de distinguer.
1996
te quelle civilisation, nous savons exactement ce
que
cela veut dire. Ce sont les hommes qui réfléchissent, harmonisent, co
1997
leur autonomie se laisser uniformiser, bien plus
qu’
elles ne l’ont été pendant la période colonialiste. Il me semble que l
1998
été pendant la période colonialiste. Il me semble
que
le danger de l’uniformisation par la technique atteint maintenant le
1999
ultures se libèrent et se différencient. Je crois
que
la formule qu’il faudrait proposer ici, c’est la formule du fédéralis
2000
rent et se différencient. Je crois que la formule
qu’
il faudrait proposer ici, c’est la formule du fédéralisme, c’est-à-dir
2001
pparaît la nécessité du dialogue. Il est très bon
que
ces cultures soient différenciées mais si l’on ne veut pas aboutir à
2002
l’union dans la diversité. Et là-dessus, je crois
que
tout le monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous que j’ai excessivem
2003
tout le monde sera d’accord. Ou bien trouvez-vous
que
j’ai excessivement simplifié ? Voix — Non ! Non ! (applaudissements).
2004
? Voix — Non ! Non ! (applaudissements). Donc, ce
que
nous visons par ce dialogue, c’est une espèce de convergence vers une
2005
listes. Si vous êtes d’accord là-dessus, je crois
que
nous avons dit ce qu’il fallait dire sur ce premier point de l’ordre
2006
’accord là-dessus, je crois que nous avons dit ce
qu’
il fallait dire sur ce premier point de l’ordre du jour : nous avons v
2007
(février 1963)ct La Bibliographie européenne
que
prépare actuellement le CEC, et qui sera publiée en 1964, comporte en
2008
000 titres. On n’a retenu, à de rares exceptions,
que
les ouvrages parus depuis la dernière guerre. Le critère adopté pour
2009
que ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent
que
d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rapports de ce pays a
2010
unité de culture ; enfin, ceux qui n’ont l’Europe
que
dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le sujet est à la mode
2011
pe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis
que
le sujet est à la mode. Les deux-mille ouvrages retenus sont répartis
2012
assement, l’utilité pédagogique. J’entends par là
que
nous avons cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entrepr
2013
bliographie et de la Semaine du livre. Il ne vise
qu’
à décrire une coupe dans la production « européiste » contemporaine. L
2014
ture « d’actualité », qui vient toujours après ce
que
d’autres ont osé faire sans se demander d’abord si c’était à la mode,
2015
t le grand public. Certaines manières d’expliquer
que
« Jean Monnet avait raison et la preuve c’est qu’il a réussi » révèle
2016
que « Jean Monnet avait raison et la preuve c’est
qu’
il a réussi » révèlent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui de
2017
ela pose un autre problème, et c’est aux éditeurs
qu’
on voudrait demander de se montrer plus difficiles. Trop d’ouvrages de
2018
de faire du tort à la cause de l’union, non moins
qu’
en firent naguère l’indifférence ou la méfiance systématique. Les édit
2019
sous son nom, c’est à cause de certaines erreurs
qu’
il sera plus facile d’éviter désormais. La première fut de limiter à u
2020
res de format courant, d’autres enfin craignaient
que
les premiers titres retenus ne soient pas de bonne vente dans leur pa
2021
enus ne soient pas de bonne vente dans leur pays.
Qu’
ils se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le su
2022
se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce
qu’
a montré le succès qu’ont remporté depuis lors deux au moins des ouvra
2023
ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succès
qu’
ont remporté depuis lors deux au moins des ouvrages retenus au départ,
2024
és finalement par le pool. Il est juste d’ajouter
que
l’intérêt pour les publications « européistes » s’est fortement accru
2025
es » s’est fortement accru depuis deux ans, ainsi
que
nous l’avions prévu. D’autres entreprises collectives — au premier ra
2026
l’économie et du droit économique. Il semble donc
qu’
une politique de l’édition « européiste » n’est pas seulement souhaita
2027
auteurs possibles, les projets en cours, et ceux
qu’
il conviendrait d’encourager ou de susciter, — tels seraient, à notre
2028
doter d’institutions communes, il est bien clair
que
cette fédération ne tombera pas du ciel, et ne sera pas non plus inst
2029
n de l’Europe suppose en fait les mêmes exigences
que
la démocratie : elle doit être voulue et comprise par la majorité des
2030
des habitants de l’Europe. Sinon, il est probable
qu’
elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais
2031
est déjà en train de se faire — mais elle n’aura
que
le nom d’une démocratie, que le nom d’une fédération ; elle sera en r
2032
e — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie,
que
le nom d’une fédération ; elle sera en réalité une super-société anon
2033
d’un pays, son tonus civique), mais il est clair
qu’
on ne pouvait s’attendre à trouver pareille suggestion dans les répons
2034
paraissent résulter de notre enquête. C’est dire
que
la Campagne d’éducation civique était nécessaire, et qu’elle est poss
2035
Campagne d’éducation civique était nécessaire, et
qu’
elle est possible, mais qu’il lui reste à susciter d’immenses ressourc
2036
e était nécessaire, et qu’elle est possible, mais
qu’
il lui reste à susciter d’immenses ressources, ou plutôt à mobiliser l
2037
urelle, illustre d’une manière exemplaire le rôle
que
peut jouer un festival dans cette renaissance des régions. Mon ami Ro
2038
es régions. Mon ami Roger Bigonnet n’a pas oublié
que
pour devenir membre de l’Association européenne des festivals de musi
2039
i satisfait à ces deux critères avec tout l’éclat
que
l’on sait, se trouvait donc prédestiné à servir de point de départ à
2040
tre de directeur du CEC et de président de l’AEFM
que
je me félicite de pouvoir accueillir dans nos publications le compte
2041
té de leurs interventions en fait le prix, autant
que
les compétences si variées des orateurs. Le général Claude Clément, r
2042
rendu, a donc eu bien raison de conserver autant
que
possible le caractère parlé et improvisé de ces débats : ils présente
2043
ils présentent, dans l’ensemble, une photographie
qu’
on ne pourrait souhaiter plus ressemblante des préoccupations, vœux, d
2044
, face aux nécessités, désormais reconnues, de ce
que
l’on a si justement nommé « la révolution régionale ». ⁂ On ne saurai
2045
ens entre la culture et l’économie, de n’avoir pu
qu’
effleurer les aspects administratifs, politiques et civiques du problè
2046
juillet 1963)cr cs Il peut paraître paradoxal
qu’
au moment où nous nous efforçons de faire une vaste union européenne,
2047
t avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’est
qu’
un petit début — c’est une ouverture de tous les pays d’Europe les uns
2048
ortance des frontières nationales, ces frontières
que
le xix e et le xx e siècles ont imposées d’une manière assez arbitrai
2049
monde dans cette deuxième partie du xx e siècle,
qu’
il s’agisse de la culture européenne ou de l’africaine, ou de l’arabe,
2050
e se détacher de cette base, de ce foyer créateur
qu’
a été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes traditio
2051
ons retrouver notre équilibre en présence du défi
qu’
elle nous jette. Ceci étant valable également pour l’Occident, bien qu
2052
pessimiste, peut paraître se rattacher à tout ce
qu’
on a dit depuis un demi-siècle en Europe contre la technique destructr
2053
ous sommes tombés d’accord, à Genève, pour penser
que
la technique est un progrès, en ce sens qu’elle augmente à la fois le
2054
enser que la technique est un progrès, en ce sens
qu’
elle augmente à la fois les risques de la culture et ses chances, ses
2055
t ses chances, ses possibilités. Pour n’en donner
qu’
un exemple, que tout le monde connaît, je dirai que, grâce à la techni
2056
ses possibilités. Pour n’en donner qu’un exemple,
que
tout le monde connaît, je dirai que, grâce à la technique, aujourd’hu
2057
u’un exemple, que tout le monde connaît, je dirai
que
, grâce à la technique, aujourd’hui, la musique et la littérature trou
2058
c, à l’accession à la culture de couches immenses
que
nous assistons aujourd’hui. Autre point non moins important : la créa
2059
es voyages, par de la lecture. C’est dans ce sens
que
je pense que la technique signifie un progrès pour le développement d
2060
ar de la lecture. C’est dans ce sens que je pense
que
la technique signifie un progrès pour le développement de la culture,
2061
uïté de ce mot « progrès », la double possibilité
qu’
il représente : ou de ruiner la culture, ou de la porter bien au-delà
2062
colloque. La question était la suivante : est-ce
que
la spécialisation résultant de la technique n’est pas un danger pour
2063
ger pour la culture, étant entendu, d’autre part,
que
la technique apporte beaucoup à la culture ? La spécialisation est ce
2064
des activités humaines. Le spécialiste qui n’est
que
cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu pour la cult
2065
r la culture qui est, en fin de compte — je crois
que
c’est la définition la plus simple qu’on puisse en donner — ce qui do
2066
— je crois que c’est la définition la plus simple
qu’
on puisse en donner — ce qui donne un sens aux activités humaines. Mai
2067
pas moins dangereuse pour la technique elle-même
que
pour la culture. Pour la technique et pour le développement scientifi
2068
e et en Angleterre sur les inventions techniques,
que
la plupart de ces inventions ne sont pas dues à des techniciens spéci
2069
osités à faire des découvertes, à trouver du neuf
qu’
ils ne trouveraient pas s’ils étaient prisonniers des routines de leur
2070
us à restaurer les études générales ; à tel point
que
, dans un ouvrage récent publié en Amérique, qui compare l’éducation a
2071
’éducation soviétique, l’auteur américain prétend
que
le jeune soviétique de 7e année qui fait de l’anglais en sait davanta
2072
tage sur les littératures américaine et anglaise,
que
le jeune américain du même degré et du même âge. Nous assistons là à
2073
pour les créateurs. Il reste évidemment le danger
que
la spécialisation nécessaire dans beaucoup de branches de la techniqu
2074
de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués
que
pour une seule opération-modèle ou un seul geste, comme les ouvriers
2075
ielles. On a beaucoup répété depuis cinquante ans
que
la machine asservit l’homme. C’était vrai à un certain stade de la te
2076
sante asservissait l’homme à la machine. C’est ce
que
Marx a si bien décrit, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’étai
2077
Marx a si bien décrit, en son temps, en écrivant
que
l’ouvrier n’était que « le complément vivant d’un organisme mort ». C
2078
, en son temps, en écrivant que l’ouvrier n’était
que
« le complément vivant d’un organisme mort ». Cela correspondait à la
2079
de l’industrie, la période du charbon. Maintenant
que
nous sommes passés à la période blanche, la période de l’électricité,
2080
et de l’atomistique, tout change et on s’aperçoit
que
la technique, loin d’asservir l’homme, arrive à le libérer. L’usine a
2081
la technique. De ces considérations générales, ce
que
nous avons à retenir ici, je crois, c’est que, entre la technique et
2082
ce que nous avons à retenir ici, je crois, c’est
que
, entre la technique et la culture, les liens ne sont pas seulement so
2083
nt souhaitables d’un point de vue humaniste, mais
qu’
ils sont vitaux pour la technique et par suite pour l’industrie elle-m
2084
tion culturelle et l’évolution économique. Notons
que
ces évolutions ne sont jamais parties d’une base « nationale » au sen
2085
res s’ouvrent à des échanges plus libres, il faut
qu’
il y ait quelque chose à faire passer, des produits à échanger ! Cela
2086
er qui rayonnerait bien au-delà ? Je ne pense pas
que
la fonction première d’une métropole soit d’apporter la culture dans
2087
e participe, ce n’est pas seulement quelque chose
qu’
il reçoit ; et probablement, il ne peut en recevoir les dons que dans
2088
et probablement, il ne peut en recevoir les dons
que
dans la mesure où il fait un effort créateur d’une manière ou d’une a
2089
Je trouve cette image parfaitement exacte en ceci
qu’
elle évoque un pouvoir émetteur, lequel va naturellement bien au-delà
2090
tions, les échanges et les mouvements. Il se peut
que
ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de leur phare,
2091
es cours de la Renaissance italienne ou flamande.
Qu’
est-ce que ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une répons
2092
e la Renaissance italienne ou flamande. Qu’est-ce
que
ces cours offraient ? Un appel aux créateurs, et une réponse à leurs
2093
s tard sur ce point… capital ! […] Nous avons vu
qu’
une métropole, cela consiste en un attrait, un climat, et des ressourc
2094
ra en retour. La culture et l’éducation, je crois
que
nous sommes tous d’accord là-dessus, il n’y a pas de meilleur investi
2095
e-même son rayonnement. Autrement, elle ne serait
qu’
une succursale plus ou moins lointaine de la capitale nationale qui co
2096
sse de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce
qu’
était autrefois la fortune d’un prince où d’un grand marchand d’Anvers
2097
ou de Bruges au temps de la Renaissance, ou à ce
qu’
étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un temple
2098
conscients de leur interdépendance vitale, de ce
qu’
ils doivent attendre les uns et les autres et de ce qu’ils peuvent s’a
2099
s doivent attendre les uns et les autres et de ce
qu’
ils peuvent s’apporter les uns aux autres. Je suggère cette idée de fo
2100
e par l’économie régionale, non pas dans l’espoir
qu’
elle soit acceptée ni même discutée sérieusement aujourd’hui, mais par
2101
ieusement aujourd’hui, mais parce qu’il me semble
qu’
elle pourrait servir à concrétiser, dans les conversations qui suivron
2102
pe, Marché commun. Mais elle ne deviendra vivante
que
par les citoyens qui la vivront, conscients de leurs devoirs envers c
2103
ensemble qui est leur civilisation et des droits
que
l’union seule pourra leur assurer dans l’avenir. Or, comment devenir
2104
: l’École. Car l’Europe fait des citoyens pour ce
qu’
elle veut. Elle est chargée par nos États de faire des citoyens pour l
2105
e faire des citoyens pour la nation. Et l’on sait
qu’
elle y a bien réussi, mais que nous l’avons payé par les deux guerres
2106
ation. Et l’on sait qu’elle y a bien réussi, mais
que
nous l’avons payé par les deux guerres mondiales. Pourquoi n’en ferai
2107
culture assurant le secrétariat de l’entreprise,
qu’
il avait préparée par plusieurs publications57. Le comité a lancé la C
2108
aide apportée ont été extrêmement encourageants ;
que
ce soit à Bruxelles, à Tutzing, à Zurich, à La Haye, à Oosterbeek, à
2109
lui ont permis l’organisation de ces stages ainsi
qu’
aux Communautés européennes et au Conseil de l’Europe, qui ont apporté
2110
ion dont ils prendraient l’initiative. Les textes
que
nous publions ici ne représentent qu’une faible partie de ceux qui on
2111
Les textes que nous publions ici ne représentent
qu’
une faible partie de ceux qui ont été présentés aux stages organisés d
2112
jà tenus voudra bien garder dans l’esprit le fait
qu’
il ne s’agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à lon
2113
bien garder dans l’esprit le fait qu’il ne s’agit
que
d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long terme. Les pro
2114
sprit le fait qu’il ne s’agit que d’un départ, et
que
l’action de la Campagne est à long terme. Les prochains stages auront
2115
t vous dire, à vous professeurs de géographie, ce
que
je voudrais que l’on m’enseigne si j’avais le bonheur de retourner à
2116
ous professeurs de géographie, ce que je voudrais
que
l’on m’enseigne si j’avais le bonheur de retourner à l’école, et d’êt
2117
de retourner à l’école, et d’être enseigné plutôt
que
d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne que la géographie précède l
2118
être enseigné plutôt que d’enseigner. Je voudrais
qu’
on m’apprenne que la géographie précède l’histoire, mais ne la détermi
2119
tôt que d’enseigner. Je voudrais qu’on m’apprenne
que
la géographie précède l’histoire, mais ne la détermine pas. Et que le
2120
précède l’histoire, mais ne la détermine pas. Et
que
les historiens nationalistes se moquent de nous quand ils prétendent
2121
onalistes se moquent de nous quand ils prétendent
que
telle chaîne de montagnes ou tel fleuve divisent deux peuples, fatale
2122
faire la guerre, alors qu’on peut aussi bien dire
qu’
ils unissent et relient ces mêmes peuples. Le Rhin divise Français et
2123
donc ! C’est l’histoire du trait d’union : est-ce
qu’
il sépare deux mots, ou est-ce qu’il les unit ? L’historien nationalis
2124
’union : est-ce qu’il sépare deux mots, ou est-ce
qu’
il les unit ? L’historien nationaliste dira qu’il les sépare. L’histor
2125
ce qu’il les unit ? L’historien nationaliste dira
qu’
il les sépare. L’historien fédéraliste européen dira qu’il les unit en
2126
les sépare. L’historien fédéraliste européen dira
qu’
il les unit en respectant leur diversité. Pas question de soumettre l’
2127
nier, professeur à la Sorbonne. Je voudrais aussi
qu’
on m’enseigne les faits géographiques qui définissent l’unité de notre
2128
éternelles » est souvent arbitraire. Je voudrais
qu’
on me dise que l’Europe est un pays de grande densité humaine : 20 hab
2129
est souvent arbitraire. Je voudrais qu’on me dise
que
l’Europe est un pays de grande densité humaine : 20 habitants au km2
2130
yenne dans le monde, 57,85 en Europe. Je voudrais
qu’
on me démolisse l’absurde théorie des « frontières naturelles » qui no
2131
Ruhr-Lorraine-Luxembourg-Belgique, sous prétexte
que
les gens, à la surface, parlaient des langues un peu différentes et a
2132
s rois ou des États différents. Je voudrais enfin
qu’
on me montre comment, dans une Europe politiquement unie, les régions
2133
nent reprendraient vie. Car voici le raisonnement
que
je me tiens (sans doute naïf ? pas sûr) : les États actuels coupent l
2134
qui les opposaient artificiellement, des amitiés
que
la nature propose, et que la ressemblance de culture encourage, et qu
2135
ciellement, des amitiés que la nature propose, et
que
la ressemblance de culture encourage, et que seules les administratio
2136
, et que la ressemblance de culture encourage, et
que
seules les administrations nationalistes centralisées interdisaient,
2137
j’insiste sur le mot, car trop de gens prétendent
que
le projet européen est une sorte de rouleau compresseur qui va tout m
2138
passage. Telles sont quelques-unes des questions
que
je pose aux professeurs de géographie. Et je ne sais s’ils y répondro
2139
t ces journées d’étude, mais ils sauront au moins
qu’
un Européen d’aujourd’hui se les pose, et que c’est cela qui l’intéres
2140
oins qu’un Européen d’aujourd’hui se les pose, et
que
c’est cela qui l’intéresse et que c’est peut-être dans ces directions
2141
se les pose, et que c’est cela qui l’intéresse et
que
c’est peut-être dans ces directions qu’ils feraient bien d’orienter l
2142
éresse et que c’est peut-être dans ces directions
qu’
ils feraient bien d’orienter l’esprit de leurs élèves : ils seraient t
2143
us actuels, et aussi des plus angoissants de ceux
que
nous a légués l’antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux
2144
s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce
qu’
ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que
2145
pés par le Ciel et jetés dans une confusion telle
que
tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langu
2146
igine de la diversité des langues ne serait autre
que
la spécialisation des métiers et par suite des jargons de métier — sp
2147
Ceci m’évoque d’abord la description de l’Europe
que
nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société des es
2148
ette institution dont le nom même semble indiquer
qu’
elle devrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités
2149
onger à cette tour du Savoir, tellement démesurée
qu’
il faut, pour l’édifier, diviser maîtres d’œuvre et ouvriers en équipe
2150
ur d’elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page
que
je viens de vous lire sur l’origine de la pluralité des langues, Dant
2151
Europe. Les races qui s’ignoraient jadis au point
qu’
un homme de couleur différente ne semblait pas vraiment humain, se rec
2152
rt plus visible et plus facile à observer, hélas,
que
dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler :
2153
galaxies dans le cosmos en expansion vertigineuse
que
nous décrivent les astronomes contemporains. D’où résultent les deux
2154
rdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire
que
tout langage commun se perd, entre les branches sans cesse multipliée
2155
ches sans cesse multipliées du savoir, c’est dire
que
la commune mesure d’une civilisation est en train de s’évanouir — j’e
2156
ources vives de la nouvelle culture mondiale. Or,
qu’
il n’y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts f
2157
ait plus, ou presque plus, de langage commun, et
que
les buts finaux s’obscurcissent, il faut bien voir que cela veut dire
2158
es buts finaux s’obscurcissent, il faut bien voir
que
cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y a plus d’Universit
2159
voir que cela veut dire aussi, très concrètement,
qu’
il n’y a plus d’Université, aux deux sens primitifs de l’universitas,
2160
ste. Nos universités ne sont plus guère, en fait,
que
des agglomérats ou juxtapositions souvent fortuites d’écoles professi
2161
s de recherches n’ayant plus d’autres liens réels
que
ceux d’une administration, par ailleurs accablée de soucis matériels
2162
ucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter
que
de méditer sur la synthèse des facultés de l’esprit humain. La juxtap
2163
facultés étanches ne fait pas plus une université
qu’
une addition d’organes ne fait un corps vivant. Regardons cela d’un pe
2164
il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit
qu’
il sera de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu vari
2165
mer et d’autres savants américains nous affirment
que
85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire, sont v
2166
imie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions
qu’
un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que
2167
rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce
qu’
elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour image
2168
qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques,
que
je prends pour images, sont probablement vraies en gros dans le domai
2169
ut dire « version à l’unité »…) Toute l’évolution
que
j’ai dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous
2170
ous en terminologies incomparables. L’université,
que
l’on pourrait considérer comme un grand appareil distributeur d’infor
2171
Un exemple précis illustrera ce point. Supposons
que
la théologie ait gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos
2172
estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute
que
le physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou
2173
lines diverses n’ont souvent plus guère en commun
que
des platitudes quotidiennes ou des préjugés mutuels hérités de confli
2174
ps périmés59. Faudra-t-il donc nous résigner à ce
que
l’accroissement même du savoir entraîne pour conséquence la division
2175
observateur non prévenu, jugeant seulement sur ce
qu’
il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Euro
2176
ement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait
que
la très grande majorité des Européens trouve que cela peut fort bien
2177
que la très grande majorité des Européens trouve
que
cela peut fort bien continuer ainsi, sans nul danger sérieux de catas
2178
niversité, dans nos pays, paraît plus florissante
que
jamais : loin d’être abandonnée, elle attire une foule croissante de
2179
lleurs et de curieux. L’industrie et l’État, plus
que
jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses t
2180
t devenue trop petite pour ses tâches immédiates,
qu’
on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’ont jamais été mortelles
2181
ement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce
que
les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’existence
2182
lines, et qui ne peuvent défendre leur « vérité »
qu’
en se fermant méthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’êtr
2183
tion attentive de nos universités, l’on ne trouve
qu’
une sorte de monstre, assemblage de pièces et de morceaux que seuls le
2184
e de monstre, assemblage de pièces et de morceaux
que
seuls les vêtements tiendraient ensemble, ou la force de l’habitude !
2185
otivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai
que
ces questions débordent le seul domaine de l’Université, et qu’elles
2186
ons débordent le seul domaine de l’Université, et
qu’
elles affectent tout l’ensemble de la culture européenne. Mais c’est p
2187
a culture européenne. Mais c’est par l’Université
que
les hommes d’outre-mer viennent au contact de la culture européenne,
2188
au contact de la culture européenne, et c’est là
qu’
ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une i
2189
oins en moins armés pour y répondre. Le problème
qu’
on soulève ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civ
2190
s recherches particulières à l’aventure, advienne
que
pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatibl
2191
rticulières à l’aventure, advienne que pourra, et
qu’
on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l
2192
aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce
que
l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l’image du monde
2193
que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera,
que
cela soit compatible ou non avec l’image du monde communément admise.
2194
ion de l’Université est liée à ce phénomène, soit
qu’
elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce
2195
liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit
qu’
elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet d’é
2196
études !) Or rien de tel ne s’est produit, autant
que
l’on sache, dans les cultures sacrées et homogènes de l’Asie brahmani
2197
istinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens
que
sagesse spirituelle, science, éthique et esthétique, sont réglées par
2198
ar l’explication et la programmation universelles
que
figure le marxisme-léninisme (ou, au moins, le Parti qui l’interprète
2199
cherchez-vous à accroître la productivité plutôt
que
la sagesse ? et à contrôler la matière plutôt que vos passions et vos
2200
que la sagesse ? et à contrôler la matière plutôt
que
vos passions et vos désirs ? — bien peu d’entre nous sont capables de
2201
s l’Occident christianisé — alors qu’il est clair
qu’
une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellement illuso
2202
Temps, de l’Évolution et du Progrès, il faudrait
que
le théologien soit capable de se référer non seulement aux conciles e
2203
portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait
que
les physiciens qui en discutent sachent que la dialectique de leurs p
2204
drait que les physiciens qui en discutent sachent
que
la dialectique de leurs problèmes actuels sur le temps, la matière et
2205
e gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce
qu’
il m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’Europe de l’espri
2206
qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c’est
que
l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde, qu’el
2207
esprit ne peut plus se présenter devant le monde,
qu’
elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babé
2208
références à un langage commun. Le grand problème
que
l’Europe seule me paraît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l
2209
isés et synthèse de nos connaissances n’est guère
qu’
un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence de l’union dan
2210
opéenne, dans sa forme fédéraliste, non unitaire,
que
je tiens pour la seule possible et désirable. ⁂ Comment résoudre ce p
2211
ière enseignable. Elle ne peut vraiment consister
que
dans une attention en éveil permanent aux implications générales, aux
2212
ales, aux ramifications interdisciplinaires de ce
que
l’on est en train d’étudier dans le détail60. La vie est trop courte,
2213
ndre chance de succès ; et l’éducation permanente
qu’
on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait
2214
galement pour illusoire. Certes, on peut soutenir
que
la spécialisation du savoir, loin de représenter un progrès, n’est li
2215
in de représenter un progrès, n’est littéralement
qu’
une monstruosité : le développement excessif d’un organe aux dépens de
2216
semble humain est une perte absolue, essentielle,
que
tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne com
2217
bouts au prix de son âme. Il n’en reste pas moins
que
la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’en croissant, so
2218
la spécialisation dans l’Université ne peut aller
qu’
en croissant, sous la double pression que j’ai dite : toujours plus de
2219
ut aller qu’en croissant, sous la double pression
que
j’ai dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujour
2220
s de son cheminement à déboucher sur des domaines
que
la vertueuse méthode, naguère, interdisait rigoureusement. Un neurolo
2221
e l’irréversibilité du temps est amené à écrire «
qu’
une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étriquée ; et que
2222
ne stricto sensu du cosmos est trop étriquée ; et
que
la Physique de demain risque de se trouver obligée d’entrer dans un d
2223
e beaucoup plus compréhensive61 ». Et chacun sait
que
c’est en poussant l’exigence de l’analyse jusqu’aux anomalies les plu
2224
de l’analyse jusqu’aux anomalies les plus fines,
que
les savants contemporains ont créé la science nucléaire : or, les imp
2225
nucléaire : or, les impasses et les paralogismes
qu’
ils y rencontrent semblent les confronter désormais à des options méta
2226
eu. » Si je la transpose au domaine moins sublime
que
j’essaie aujourd’hui d’explorer, elle me paraît rendre compte du fait
2227
d’explorer, elle me paraît rendre compte du fait
que
ce sont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plu
2228
mouvement, rythme et structure dynamique, autant
que
dans leurs implications jusqu’alors inaperçues. C’est dire que l’œuvr
2229
s implications jusqu’alors inaperçues. C’est dire
que
l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture et de no
2230
rs inaperçues. C’est dire que l’œuvre de synthèse
qu’
exige l’état présent de notre culture et de nos universités devrait d’
2231
mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas
que
la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées — car là sans
2232
omme un résultat objectif ; ce qui importe, c’est
que
la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dans un
2233
e qui importe, c’est que la synthèse s’actualise,
qu’
elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement
2234
s, son utilité au sens le plus élevé du terme. Ce
qu’
il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse
2235
leur excellence en tant que tels par le fait même
qu’
ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être
2236
le fait même qu’ils auront pris conscience de ce
qu’
ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoris
2237
n, voilà sans doute le genre de solution concrète
que
nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au pr
2238
tifs universitaires, je n’aurais guère à proposer
qu’
une solution de bon sens presque simpliste : il me semble que le seul
2239
tion de bon sens presque simpliste : il me semble
que
le seul moyen de sauver la qualité des universités existantes et leur
2240
velles pourraient librement s’accorder aux optima
que
votre Conférence se préoccupe d’établir et que proposent avec beaucou
2241
ma que votre Conférence se préoccupe d’établir et
que
proposent avec beaucoup de sagesse, me semble-t-il, les rapports d’ex
2242
de la culture européenne, qui n’est rien d’autre
que
la mesure humaine, le module des relations personnelles, condition de
2243
ys ou université. Ce n’est pas du tout par hasard
que
dans le tableau qu’a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le t
2244
n’est pas du tout par hasard que dans le tableau
qu’
a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel,
2245
iversités, maintenues dans les petites dimensions
qu’
exige leur rendement optimum, peut freiner l’accroissement de l’entrop
2246
ionnelle, et démontrer d’une manière convaincante
qu’
on éprouve l’impérieux désir d’intégrer l’expérience acquise dans un e
2247
nterdisciplinaires. J’entends par là : les sujets
qu’
il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés cla
2248
s facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux
que
, pour ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j
2249
é du milieu et de paix, des disciplines farouches
qu’
imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la crois
2250
nce, à l’heure où elle s’interroge elle-même plus
qu’
elle n’a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous l
2251
Cette liste de thèmes, vous le sentez, ne demande
qu’
à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel ce
2252
de remise en question générale, et c’est aussi ce
que
nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs dét
2253
ombinatoria. Mais surtout, et c’est la conclusion
que
je souhaite que vous tiriez de mes propos, cet institut de synthèse s
2254
s surtout, et c’est la conclusion que je souhaite
que
vous tiriez de mes propos, cet institut de synthèse serait idéalement
2255
ui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus
que
jamais, faire des hommes. 59. Je n’ignore pas les tentatives qui se
2256
haut niveau de précision ; mais on peut craindre
que
le langage mathématique, même une fois maîtrisé par nos économistes,
2257
nes idéologies, certaines formes de vie publique,
que
cette culture seule expliquait. Alors parut un troisième motif d’unio
2258
îtresse qui l’inspire est la suivante : — il faut
que
l’Europe tienne sa place et réalise sa vocation particulière dans le
2259
echnologique née du complexe européen ; — il faut
que
les Européens prennent l’initiative de coopérer à l’établissement d’u
2260
ela les moyens d’une aide conçue de telle manière
qu’
elle n’augmente pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se reto
2261
le n’augmente pas les déséquilibres existants, et
qu’
elle ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Europée
2262
ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut
que
les Européens se préoccupent de présenter au monde nouveau et aux cul
2263
me des cultures entrant en dialogue, et admettant
qu’
elles sont autant de manifestations valables, précieuses et nécessaire
2264
cidentales ; d’autre part nous savons aujourd’hui
qu’
aucune guerre ne peut être gagnée, et qu’elles sont toutes perdues par
2265
ourd’hui qu’aucune guerre ne peut être gagnée, et
qu’
elles sont toutes perdues par toute l’humanité. Le sujet du dialogue e
2266
estion toutes nos valeurs, bien plus profondément
que
les grandes découvertes ne le firent au xvie siècle. Nous avons donc
2267
le firent au xvie siècle. Nous avons donc pensé
que
le concours d’un grand nombre de compétences éprouvées pourrait aider
2268
ipaux d’un programme très vaste, avec l’ambition (
que
certains jugeront presque délirante) de couvrir l’ensemble des questi
2269
utres vous seront présentés oralement. C’est dire
que
la réponse a dépassé la demande, quoique avec un certain retard, qui
2270
poser des solutions pratiques. Je ne parlerai ici
que
des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage cet après-midi e
2271
Il était juste de relever d’abord le rôle décisif
qu’
ont joué les Européens, et eux seuls, des stoïciens grecs et romains a
2272
d’expliquer aux Occidentaux d’aujourd’hui autant
qu’
aux hommes du tiers-monde, comment et pourquoi ces sous-développés qu’
2273
rs-monde, comment et pourquoi ces sous-développés
qu’
étaient les Européens du Moyen Âge et de la Renaissance par rapport au
2274
stance technique, ont fourni la carrière mondiale
que
l’on sait. Un troisième groupe de rapports traite des liens entre le
2275
ent représentée, consiste au contraire à soutenir
que
face au tiers-monde il convient que les Européens reprennent conscien
2276
re à soutenir que face au tiers-monde il convient
que
les Européens reprennent conscience de leurs vertus fondamentales et
2277
e et de l’autre attitude. Car il est bien certain
que
les Européens ont fait preuve, jusqu’à ce siècle, d’une sorte d’arrog
2278
ldats les jugeaient un peu enfantins… Imaginez ce
que
donnerait le récit par des marchands malais ou malgaches, d’une visit
2279
rment contre l’Europe et pour lui faire la leçon,
que
toutes les cultures sont également valables, il est juste de faire ob
2280
galement valables, il est juste de faire observer
que
des Européens, presque seuls, ont pu penser cela ! Toutes les grandes
2281
font aujourd’hui dans le tiers-monde encore plus
que
chez nous. Retenons donc la notion de l’égalité de toutes les culture
2282
toute sincérité, sobriété et bonne conscience ce
que
nous autres, les Européens, avons à faire entendre dans le concert de
2283
origine : le nationalisme ; mais aussi de l’usage
que
le tiers-monde voudrait faire de notre socialisme plutôt que de notre
2284
s-monde voudrait faire de notre socialisme plutôt
que
de notre libéralisme et du droit d’opposition, de nos formules syndic
2285
très importants lui sont soumis, et il me semble
que
chacun à sa manière, si différentes que soient ces manières et si opp
2286
me semble que chacun à sa manière, si différentes
que
soient ces manières et si opposées qu’elles puissent paraître, ces ci
2287
ifférentes que soient ces manières et si opposées
qu’
elles puissent paraître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui e
2288
t, me passionneraient le plus, parce que c’est là
que
j’aurais le plus à apprendre, mais aussi les plus naïves questions à
2289
s questions à poser. Est-il certain, par exemple,
que
le développement industriel et technique sur le modèle occidental soi
2290
L’exactitude de ces calculs ne suppose-t-elle pas
que
tous les peuples auraient accepté les options fondamentales, les vale
2291
hommes ne sont pas tous pareils, même pas dans ce
que
l’on nomme leurs besoins élémentaires. Ceux-ci peuvent varier dans un
2292
e de facteurs religieux, psychiques ou culturels,
que
toutes les lois de l’économie s’effondrent, si justes qu’elles soient
2293
es les lois de l’économie s’effondrent, si justes
qu’
elles soient localement dans un milieu convenablement conditionné et r
2294
onné et réglé, comme l’Occident moderne. Supposez
qu’
une épidémie de mystique ascétique se déclare dans une région de l’hum
2295
onites, qui interdit l’usage de l’auto et n’admet
que
le chariot à deux grandes roues ou la marche à pied. Ces exemples me
2296
exemples me paraissent de nature à nous rappeler
que
le niveau de développement économique d’une culture donnée ne saurait
2297
damentales devant la vie et la nature ne jouaient
qu’
un rôle négligeable. En vérité, si l’on entend « développer » à l’occi
2298
un pays de culture différente, il faut bien voir
que
du même coup on s’attaque à son âme, ou en tout cas au mode de joncti
2299
pas le droit de l’ignorer ni de le cacher à ceux
que
nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous av
2300
au contraire le devoir impérieux de leur dire ce
qu’
il va leur en coûter d’essayer de nous « rattraper », de dire aux Indi
2301
us « rattraper », de dire aux Indiens par exemple
qu’
ils ne peuvent pas copier notre industrie et garder leurs rites, mange
2302
ge et Lord Russell nous répètent depuis Hiroshima
que
l’humanité est menacée d’extinction par la Bombe, et ce danger virtue
2303
ts qui vous sont soumis insistent sur la priorité
qu’
il faudrait donner à une planification démographique sur la planificat
2304
soire, et peut même aggraver rapidement la famine
qu’
elle voulait prévenir à n’importe quel prix, fût-ce au prix de l’âme d
2305
’ensemble des rapports de base ne visait en somme
qu’
à rappeler l’ampleur des objectifs de ce congrès, et que le problème q
2306
appeler l’ampleur des objectifs de ce congrès, et
que
le problème que nous allons aborder est si vital, si central, et diso
2307
r des objectifs de ce congrès, et que le problème
que
nous allons aborder est si vital, si central, et disons-le, si formid
2308
s-le, si formidable, au sens étymologique du mot,
que
si nous arrivions seulement à le poser avec la clarté et la franchise
2309
et culture (notamment artistique) (mai 1967)dc
Que
l’on s’occupe d’enseignement de l’histoire et de la géographie, des i
2310
tières et la préparation civique des élèves. Mais
que
l’on en vienne à s’occuper aussi, dans le même cadre, de l’enseigneme
2311
des doutes. Par exemple, beaucoup peuvent douter
qu’
il y ait un rapport bien certain entre la culture d’une part, qu’ils c
2312
rapport bien certain entre la culture d’une part,
qu’
ils considèrent comme un luxe réservé à une élite disposant de loisirs
2313
ie politique, économique et sociale d’autre part,
qu’
ils considèrent comme le solide et le sérieux de l’existence de tous l
2314
actérise les États totalitaires. Même à supposer
que
nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces questions, i
2315
outes ou ne se pose ces questions, il est certain
que
le lien entre culture et civisme n’est pas évident pour tous les Euro
2316
’appuient mutuellement dans l’optique de l’Europe
que
nous voulons unir, cette Europe qu’il s’agit de faire vivre tout d’ab
2317
e de l’Europe que nous voulons unir, cette Europe
qu’
il s’agit de faire vivre tout d’abord dans l’esprit et le sentiment de
2318
nes générations confiées à votre enseignement. ⁂
Qu’
est-ce que le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot
2319
tions confiées à votre enseignement. ⁂ Qu’est-ce
que
le civisme ? Je crois qu’on peut le définir par un seul mot — qui est
2320
eignement. ⁂ Qu’est-ce que le civisme ? Je crois
qu’
on peut le définir par un seul mot — qui est le mot-clé de la doctrine
2321
ticipation active de l’individu à la vie commune,
qu’
il s’agisse du cercle familial, professionnel et communal pour commenc
2322
ociété, dans nos démocraties. Tout cela, c’est ce
que
l’on nomme l’instruction civique — ou en tout cas, c’est ce qu’elle d
2323
l’instruction civique — ou en tout cas, c’est ce
qu’
elle devrait être — mais ce n’est pas encore l’éducation au civisme. C
2324
t pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct,
qu’
il ne peut y avoir de liberté effective là où il n’y a pas de responsa
2325
à où il n’y a pas de responsabilité concrète ; et
que
, inversement, la condition de toute responsabilité réelle, c’est la l
2326
ment, un homme ne peut être tenu pour responsable
que
si l’on peut démontrer qu’il était libre au moment où il a signé tel
2327
tenu pour responsable que si l’on peut démontrer
qu’
il était libre au moment où il a signé tel document, commis telle acti
2328
il a signé tel document, commis telle action, et
qu’
il n’a pas agi sous contrainte, ou dans un état d’inconscience ou de f
2329
se réalise et s’actualise dans la responsabilité,
que
ce soit pour le bien ou pour le mal, pour l’honneur ou pour le châtim
2330
ations sacrées et les totalitaires n’est en somme
qu’
un immense catéchisme, un apprentissage des règles et des réponses, l’
2331
de l’éducation européenne ne sont contradictoires
qu’
en apparence. Elles sont en réalité complémentaires, elles ne font que
2332
es sont en réalité complémentaires, elles ne font
que
traduire la dialectique de la responsabilité et de la contestation (a
2333
fin de compte. ⁂ Si nous demandons maintenant ce
qu’
est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble
2334
maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir
que
sa définition formelle ressemble étrangement, en Europe, à celle que
2335
ormelle ressemble étrangement, en Europe, à celle
que
je viens de donner du civisme. En effet, la culture pour un Européen,
2336
œuvres qui représentent la culture européenne, —
qu’
il s’agisse de livres ou de monuments, de tableaux ou de symphonies, d
2337
-d’œuvre. Mais cet apprentissage ne sera efficace
que
si l’élève est initié à quelques rudiments des techniques artistiques
2338
iciel sous Staline. L’imitation, en Europe, n’est
qu’
un moyen de maîtriser une technique de telle sorte que la personnalité
2339
n moyen de maîtriser une technique de telle sorte
que
la personnalité, la différence personnelle puisse apparaître. Cette d
2340
ntre, un poète, un musicien, veut d’abord dire ce
qu’
il est seul à pouvoir dire (surtout à partir du romantisme), mais en m
2341
il ambitionne d’être joué en public, c’est-à-dire
qu’
il cherche aussi l’approbation et la sanction suprême de la communauté
2342
me de la communauté — même s’il ne doit l’obtenir
qu’
à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux catégories fondamentale
2343
gories fondamentales : liberté et responsabilité.
Qu’
il s’agisse du citoyen actif ou de l’artiste créateur, le problème est
2344
mais en même temps d’assumer les responsabilités
qu’
il entraîne dans la communauté. Au couple antinomique inséparable libe
2345
le bon artiste européen. L’éducation européenne,
qu’
il s’agisse de civisme ou de culture trouve ainsi sa formule caractéri
2346
r Koestler. Et Stephen Spender de son côté, pense
que
« seule la culture européenne a su allier la plus grande force révolu
2347
nt et illustrant par de nombreux exemples le fait
que
l’artiste européen, formé à l’école des grands prédécesseurs, affirme
2348
niers grands » parmi les maîtres de leur jeunesse
que
les peintres fondent une nouvelle école, et découvrent leur style. Or
2349
leurs yeux, de peintres beaucoup plus anciens, et
que
leurs successeurs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi qu’à l’
2350
seurs immédiats avaient fait oublier. C’est ainsi
qu’
à l’époque du cubisme et du fauvisme, qui rompent avec les réalistes e
2351
cello et Georges de Latour, tandis qu’un Raphaël,
qu’
un Van Dyck, qu’un Ribera ou un Holbein s’effacent, — de même qu’avec
2352
de Latour, tandis qu’un Raphaël, qu’un Van Dyck,
qu’
un Ribera ou un Holbein s’effacent, — de même qu’avec Stravinsky s’eff
2353
avec des yeux neufs. Quoi de plus révolutionnaire
qu’
un Picasso, qu’un Joyce ? Mais quoi de plus traditionnel que leurs sou
2354
eufs. Quoi de plus révolutionnaire qu’un Picasso,
qu’
un Joyce ? Mais quoi de plus traditionnel que leurs sources et modèles
2355
sso, qu’un Joyce ? Mais quoi de plus traditionnel
que
leurs sources et modèles ! Ulysse de Joyce est une transposition de l
2356
siècle n’avait été plus farouchement iconoclaste
que
le nôtre, jamais aucun n’avait ressuscité autant de modes et d’œuvres
2357
ls seront rarement aussi parlants et convaincants
que
les chefs-d’œuvre de nos arts, comparés et compris dans leur généalog
2358
européen — c’est le nationalisme ; et chacun sait
que
le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le mi
2359
l’Espagne à la Bohême, et redescend vers l’Italie
qu’
elle enrichit de ses nombreuses découvertes, jusqu’au xvie siècle, qu
2360
ayreuth. C’est alors auprès des maîtres allemands
que
les premiers compositeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg apprennen
2361
. Au début du xxe siècle, plusieurs Russes, tels
que
Stravinsky, influenceront à leur tour la musique occidentale, en impo
2362
réation, des maîtres, et non pas des nations : ce
que
l’on nomme parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’un musici
2363
de Colmar à la France des siècles après sa mort.
Qu’
il s’agisse de musique, de peinture, d’architecture, de philosophie ou
2364
mune des Européens ; et il n’en est pas une seule
que
l’on puisse étudier d’une manière sérieuse ou intelligible dans le ch
2365
lles. Il n’y a pas plus de « peinture française »
que
de « chimie allemande » ou de « mathématiques soviétiques », car avan
2366
t montrer son unité fondamentale, base de l’union
qu’
il reste à faire. Troisième thème : L’Art, comme activité de tous
2367
ont besoin d’être aménagées esthétiquement autant
que
socialement et politiquement. L’enseignement de l’histoire des arts,
2368
e l’histoire événementielle, qui ne tenait compte
que
des batailles, des règnes, des traités. Ainsi, l’on en est venu à sép
2369
alité auxiliaire et « optionnelle » n’intéressant
que
les sujets vraiment doués, devrait occuper une place importante dans
2370
olaires. Car s’il est vrai comme le dirait Pascal
que
le principe de toute morale est de bien penser, il faut dire aussi qu
2371
ute morale est de bien penser, il faut dire aussi
que
le principe de toute culture c’est de bien sentir. Tout cela se tient
2372
1. Mise en garde préalable Nous ne pensons pas
que
l’enseignement des langues et des littératures étrangères doive se pr
2373
le rendre conforme à son objet : or il se trouve
que
cet objet est un phénomène 1° européen et non pas national, 2° littér
2374
national, 2° littéraire et non pas politique. Ce
qu’
il s’agit ici d’inspirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’il
2375
roduit pas de littérature. Il arrive au contraire
qu’
une nation, au sens moderne, soit en partie le produit de certains aut
2376
Siècle qui a fait Racine, c’est à cause de Racine
qu’
on parle du Grand Siècle, pour désigner une période des plus sombres d
2377
spect des peuples », « apports des pays »), c’est
qu’
elles traduisent l’obsession nationale dont l’enseignement littéraire
2378
égion où s’est formée sa sensibilité, la religion
qu’
il suit ou qu’il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et pol
2379
formée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou
qu’
il a rejetée, ou ses prises de parti idéologiques et politiques, ou en
2380
ues, ou encore sa formation professionnelle, etc.
Que
ceci soit donc bien nettement souligné : notre campagne ne veut à auc
2381
serait contraire à notre idée de l’Europe autant
qu’
à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’en
2382
de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée
que
l’enseignement de l’histoire, de la géographie, ou de la littérature,
2383
a littérature, ne trouve d’adéquation à son objet
que
dans le cadre européen. 2. Thèse proposée L’Europe est une unit
2384
ulte pas de l’addition de littératures nationales
qu’
il s’agirait aujourd’hui, de rapprocher et de comparer, voire d’unifie
2385
spécifiants de l’« unité intelligible » (Toynbee)
qu’
est la littérature européenne sont faciles à énumérer. Nous les mentio
2386
mais avant cela, rappelons un grand fait de base
qu’
on ne voit plus parce que trop évident : l’Europe seule a conçu, et po
2387
éter la vérité de ce texte ? Nous disons : est-ce
que
c’est vrai ? est-ce que cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : e
2388
te ? Nous disons : est-ce que c’est vrai ? est-ce
que
cela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce que cela a du succ
2389
ela m’intéresse ? m’amuse ? (aujourd’hui : est-ce
que
cela a du succès ? est-ce qu’on en a parlé à la TV ?). Le concept mêm
2390
ujourd’hui : est-ce que cela a du succès ? est-ce
qu’
on en a parlé à la TV ?). Le concept même de littérature est donc spéc
2391
éléments communs, relevons : a) Les civilisations
que
nous continuons. — Égypte, Mésopotamie, Crête, Grèce, Rome, Jérusalem
2392
éristique essentielle de la littérature, signifie
que
la littérature du passé peut toujours être active dans celle du prése
2393
de des procédés, genres et structures de l’œuvre,
que
nous ne voyons plus parce que trop évidente, est décisive : elle atte
2394
) Les thèmes. — Ceux hérités de l’Antiquité, tels
que
le défi au destin ou l’acceptation des décrets des dieux, le civisme
2395
ux lois, etc. Ceux hérités du christianisme, tels
que
le salut par la grâce ou par les œuvres, le péché, la vocation person
2396
tif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques,
qu’
on retrouve dans nos littératures dès le début du xixe siècle ; enfin
2397
aphonique ou sériel n’est pas plus « autrichien »
que
le ballet russe ne fut « russe », ou le dadaïsme « suisse ». 4. Ma
2398
canada, un troisième tamil, ne peuvent s’entendre
qu’
en anglais et Nehru leur parlait en anglais. Les Chinois recourent à l
2399
ffisent à constituer son unité, tant structurelle
que
spirituelle, au-delà des diversités linguistiques. c) Les styles et
2400
e dissemblance entre auteurs non moins importants
que
les langues par ces mêmes auteurs utilisées, altérées ou rénovées. Qu
2401
auteurs utilisées, altérées ou rénovées. Quelles
que
soient les différences entre les romantiques allemands, français, ang
2402
, anglais, ils se ressemblent davantage entre eux
que
chacun d’eux aux auteurs classiques (ou aux auteurs surréalistes) de
2403
plus rigoureux et spécifique d’une langue, celui
qu’
en fait un vrai poète, qu’apparaît dans toute sa fécondité la communau
2404
que d’une langue, celui qu’en fait un vrai poète,
qu’
apparaît dans toute sa fécondité la communauté littéraire de l’Europe
2405
Cette unité culturelle, contrairement à l’unité
qu’
institue une organisation politique, ne nous oblige nullement à ne plu
2406
litique, ne nous oblige nullement à ne plus avoir
qu’
une seule allégeance commune ; elle signifie bien au contraire une plu
2407
pluralité des allégeances. Il est faux de penser
que
le seul devoir de l’individu serait son devoir envers l’État ; et il
2408
surtout de la française) qui prétendent redouter
que
l’Europe unie de demain soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle p
2409
soit un affreux méli-mélo, où l’on ne parle plus
que
l’esperanto ou le « volapuk » des utopistes détestés, je propose de r
2410
ralistes européens ne demandent pas d’autre union
que
celle que permet l’unité existante de notre culture. Unité dans la di
2411
uropéens ne demandent pas d’autre union que celle
que
permet l’unité existante de notre culture. Unité dans la diversité, c
2412
ent à ne jamais faire aux nations du continent ce
que
les unitaires et centralisateurs qui les combattent au nom de l’indép
2413
à l’aide de cordes si elles étaient plus courtes
que
le lit. Thésée lui ayant fait subir ce même supplice, il en mourut. C
2414
stituer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom
que
ce soit, il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vin
2415
ment dans le sens de la nation. »66 Il est vrai
que
le même André Malraux quelques jours plus tard, interrogé par des jeu
2416
importante de notre temps. »67 Mais qui ne voit
que
ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité fondamen
2417
voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et
que
cette « réalité fondamentale du siècle », que serait la nation, est p
2418
et que cette « réalité fondamentale du siècle »,
que
serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « s
2419
blement importante de notre temps » ? Qui ne voit
que
si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parc
2420
te de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe
qu’
appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parce que les nation
2421
hill n’est pas faite, c’est parce que les nations
qu’
exalte le ministre d’État du général de Gaulle s’y opposent encore irr
2422
ations « souveraines » ?68 Quand on nous affirme
que
le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’Internationale, com
2423
it prévu, mais bien le siècle des nations, est-ce
qu’
on s’en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des nations
2424
tions, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce
que
l’on dit « le siècle des nations » comme on dirait « l’année de ma pn
2425
de ma pneumonie » ? Autre chose est de constater
que
la réalité politique de notre temps est encore la nation, autre chose
2426
est encore la nation, autre chose est d’affirmer
qu’
on ne peut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut b
2427
affirmer qu’on ne peut ni ne veut rien y changer,
que
c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme.
2428
ut ni ne veut rien y changer, que c’est là-dessus
qu’
il faut bâtir, et qu’on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les mal
2429
changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et
qu’
on doit appeler ça réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont a
2430
importantes de notre temps, mais je ne pense pas
que
le réalisme consiste à le proclamer avec emphase. Il ne consiste pas
2431
essent d’être réels. L’État-nation en crise
Que
les nations soient encore bien réelles, et très fortes à quelques éga
2432
le démontre avec une évidence presque écrasante.
Que
les nations soient en même temps mal adaptées (pour dire le moins) à
2433
par le mécontentement irrépressible d’une région
que
brime l’État central — cas du Sud-Tyrol, du Jura bernois, du Guipusco
2434
de la Catalogne —, crises dont il est concevable
qu’
elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régime plus différe
2435
une sécession, mais qui souvent ne serait en fait
qu’
un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ajouter des crises
2436
ions unies (comme l’Ukraine et la Biélorussie)69.
Que
dire alors de la France, qui est le pays du monde le plus centralisé,
2437
qui est le pays du monde le plus centralisé, mais
que
ses propres « Plans », décidés à Paris, vouent à l’inexorable renaiss
2438
inces rajeunies ? Je reviendrai sur la révolution
que
préparent ses universités et deux de ses partis de gauche et de droit
2439
s longtemps. Elle est plus grave et significative
que
la revendication d’un État occitan ou les plasticages en Bretagne, qu
2440
patrie de la centralisation la plus systématique
que
l’histoire ait connue, la plus follement rationaliste… Tandis qu’en S
2441
de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer
que
« l’évolution joue dans le sens de la nation », mais bien plutôt que
2442
oue dans le sens de la nation », mais bien plutôt
que
nous atteignons le stade de crise finale d’une forme d’association qu
2443
mé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait
que
tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée à temps.
2444
nation La grande force de l’État-nation, c’est
que
les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui ont passé par l’école et c
2445
l’école et croient savoir l’histoire s’imaginent
qu’
il y a toujours eu des États, que les nations sont immortelles (en tou
2446
oire s’imaginent qu’il y a toujours eu des États,
que
les nations sont immortelles (en tout cas la leur !), que rien d’autr
2447
nations sont immortelles (en tout cas la leur !),
que
rien d’autre n’est donc possible, et que d’ailleurs l’État et la nati
2448
leur !), que rien d’autre n’est donc possible, et
que
d’ailleurs l’État et la nation sont l’aboutissement final, logique, n
2449
é de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler
qu’
après la préhistoire qui ne connaissait que les tribus et leurs clans,
2450
ppeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait
que
les tribus et leurs clans, l’histoire commence avec les grands empire
2451
arlemagne, puis Saint-Empire. Il faudrait montrer
que
les premiers États nationaux n’apparaissent qu’après tout cela, au cœ
2452
r que les premiers États nationaux n’apparaissent
qu’
après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment aux dépens de l’e
2453
é du globe, de l’universalité du genre humain. Et
que
la naissance de la première nation, la France, peut être datée de cet
2454
e est empereur en son royaume », ce qui veut dire
que
le chef de l’État d’un domaine de moyenne grandeur centré sur l’Île-d
2455
n, et avec son appui réalise aux dépens des juifs
qu’
il fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’il fait exécuter, un
2456
qu’il fait dépouiller et des chevaliers du Temple
qu’
il fait exécuter, une merveilleuse opération sur l’or ! Cet exemple de
2457
ances universelles — sauf celle dont il se trouve
qu’
on peut la contrôler — sera vite suivi par les rois d’Espagne et d’Ang
2458
ntôt imité dans toute l’Europe monarchique autant
que
républicaine, et au xxe siècle dans le reste du monde. Qu’est-ce en
2459
icaine, et au xxe siècle dans le reste du monde.
Qu’
est-ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le rés
2460
siècle dans le reste du monde. Qu’est-ce en somme
que
l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le résultat d’une volonté
2461
x, si l’on y réfléchit, mais c’est précisément ce
que
l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, c’est-à-d
2462
intangible en nos esprits, qui résistent à l’idée
qu’
il pourrait après tout n’être qu’une forme transitoire, comme tant d’a
2463
sistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’être
qu’
une forme transitoire, comme tant d’autres. On le soustrait à toute cr
2464
l’État peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce
que
ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centrali
2465
é, complet, suffisant en soi tant pour sa culture
que
pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts mais de
2466
s. C’est donc une partie qui se veut aussi grande
que
le tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’est enfin qu’un
2467
at-nation moderne, unitaire et absolu n’est enfin
qu’
un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe siècle des nati
2468
pos une constatation des plus paradoxales : c’est
que
, si tous les États-nations unitaires en tant que tels ont été et sont
2469
rdons maintenant ces États-nations unitaires tels
qu’
ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seul
2470
s leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt
que
tous, sans exception, sont à la fois trop petits et trop grands. Ils
2471
oyens une participation réelle à la vie politique
qu’
ils prétendent monopoliser. Le problème du petit État dans le monde de
2472
environ cent-trente pays (plus souverains les uns
que
les autres) confrontés aux trois seuls vrais Grands. Ils sont trop pe
2473
t et de l’Ouest leur pose un dilemme aussi simple
qu’
inexorable : — ou bien ils se contentent de proclamer leur volonté far
2474
lement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce
qu’
il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de résiste
2475
ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire
qu’
ils décident de résister tous ensemble — et alors ils renoncent à leur
2476
fédération qui les protège. C’est ce second parti
qu’
ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en
2477
ur fédération politique. Force est donc de penser
qu’
il y a quelque chose d’essentiel dans leur nature même, quelque chose
2478
ui les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce
que
c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et consti
2479
ir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant
que
nous avons défini l’ambition profonde et constitutive de l’État-natio
2480
on et par structure, non par méchanceté ou bêtise
que
les États-nations sont impropres à l’union. Leurs relations normales
2481
ts-nations paraissant insoluble en théorie autant
qu’
il le reste en pratique dans l’état actuel de ses données72, il va fal
2482
-à-dire chercher à fonder l’union sur autre chose
que
les États-nations. Renoncer à résoudre le problème de l’union, c’est
2483
le problème de l’union, c’est faire, en somme, ce
que
l’on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à pr
2484
: L’union, pour deux États-nations, n’est jamais
qu’
une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (comme par exemple
2485
ll en juin 1940), autrement dit : ce n’est jamais
qu’
une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent trop faibl
2486
veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose
que
de ses facteurs de division, il faut bâtir sur autre chose que sur le
2487
cteurs de division, il faut bâtir sur autre chose
que
sur les obstacles à l’union ; opérer sur un autre plan que celui-là,
2488
es obstacles à l’union ; opérer sur un autre plan
que
celui-là, précisément, où le problème se révèle insoluble. Il faut se
2489
e nouveau, à la fois plus grande et plus complexe
que
la cité antique, mais plus dense, mieux structurée et offrant un meil
2490
frant un meilleur milieu de participation civique
que
la nation telle que nous l’a léguée le siècle dernier : — la région.7
2491
lieu de participation civique que la nation telle
que
nous l’a léguée le siècle dernier : — la région.74 Invention de
2492
s’occupent avec plus de passion en Europe. C’est
qu’
en effet, il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyon
2493
et, il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf,
que
nous voyons lentement prendre forme au seuil de ce dernier tiers de n
2494
nt peu à peu sur le fonds chaotique de la société
que
le xixe a laissé se faire au petit bonheur, la société stato-nationa
2495
naître de la combinaison de forces très diverses
qu’
il s’agit de capter et d’harmoniser, et dont les principales sont : l’
2496
is au contraire par la force de rayonnement de ce
qu’
on appelle une « métropole », grande ville ou complexe de villes moyen
2497
tenter de faire sentir le concret du problème tel
que
je l’ai découvert (après bien d’autres), voici un exemple vécu. Il y
2498
e me trouvais le seul non-Français : j’en conclus
que
j’étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne. Invité
2499
à parler tout au début, j’improvisai sur le thème
que
voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge de l’union de
2500
que voici : Il peut sembler curieux, Messieurs,
qu’
à l’âge de l’union des nations et des intégrations continentales, vous
2501
moins autonome. L’effort d’union, et votre effort
qu’
on soupçonnera de vouloir la division, peuvent sembler logiquement con
2502
lémentaires, concomitants. Car au fur et à mesure
que
se dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont
2503
d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte
qu’
à la surface les gens parlaient allemand d’un côté, français de l’autr
2504
lations d’échanges aussi nombreuses et fréquentes
que
possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, se
2505
s réduites au rôle mineur et invisible à l’œil nu
que
jouent les délimitations entre les cantons suisses : simples commodit
2506
civil et la gendarmerie. Et c’est sur ces régions
que
nous bâtirons l’Europe, non sur les cadres en bonne partie vidés des
2507
rent un écho pour moi des plus inattendus : c’est
qu’
elles venaient à la rencontre non seulement des souhaits des organisat
2508
que, déjà beaucoup plus large et solidement fondé
que
je n’osais l’espérer. Montée des régions Au cours de ces derniè
2509
r notre indépendance nationale ne peut être menée
que
dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera
2510
pression quasi coloniale de la région si ancienne
que
Saint-Brieuc était l’endroit tout indiqué pour tenir le premier collo
2511
es : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main…
que
son État. Or la souveraineté de l’État est devenue largement illusoir
2512
n régionaliste naissante, il y a bien autre chose
qu’
un mécontentement accidentel, il y a de sérieuses nécessités, appelant
2513
très loin… Ce sont ces nécessités qui expliquent
que
le Marché commun ait cru devoir convoquer en 1961 le très important c
2514
que de Bruxelles sur les économies régionales, et
que
ses six États-nations membres y aient pris part. C’est l’arriération,
2515
la régionalisation du territoire. On s’est aperçu
que
ce sous-développement provenait directement de la structure de l’État
2516
itants d’une région s’étendant en Belgique autant
qu’
en France, et au surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’est q
2517
rplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’est
qu’
un exemple entre bien d’autres. La Regio Basiliensis rayonne sur trois
2518
s régions à la fédération Imaginons maintenant
que
dans ces métropoles, peu à peu, se forment ces centres de décision ré
2519
e décision régionaux dont tout le monde parle, et
qu’
ils acquièrent de la force : lorsqu’ils auront pris en fait (sinon en
2520
droit) plus d’importance économique et culturelle
que
les bureaux de la capitale, la révolution régionale sera faite. Et du
2521
pe se révélera immédiatement possible. Il se peut
que
cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers de l’Europ
2522
peut que cette évolution exige bien plus de temps
que
les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient da
2523
e unité géographique beaucoup plus opérationnelle
que
le département et même que la nation82. Qu’une telle déclaration ait
2524
up plus opérationnelle que le département et même
que
la nation82. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, e
2525
elle que le département et même que la nation82.
Qu’
une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément
2526
onomies régionales, voilà qui nous donne à penser
que
la révolution régionaliste, condition de l’Europe unie, est bien plus
2527
condition de l’Europe unie, est bien plus avancée
que
nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le proc
2528
ur le jour. Nous n’en sommes encore, aujourd’hui,
qu’
au stade de la prise de conscience du phénomène région et des motifs d
2529
peine avons-nous pris la mesure des perspectives
qu’
il nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisatio
2530
ent être décrétées sans transition. Il est normal
qu’
elles exigent une longue période de mise en place silencieuse des réal
2531
’une génération, vingt à trente ans, en admettant
que
tout se passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notr
2532
ant que tout se passe bien plus vite de nos jours
qu’
à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard
2533
communauté aussi nouvelle dans notre civilisation
que
le fut au vie siècle avant notre ère l’apparition de la polis, dans
2534
, dans la société grecque archaïque. Et l’on sait
que
la polis devint en moins d’un siècle l’unité de base de toute vie soc
2535
se partager le monde. Si nous n’en sommes encore
qu’
à la petite aube de la formation des régions en tant qu’éléments de ba
2536
ut le monde n’a pas lu Renan… Et cette succession
qu’
il annonce, ce « remplacement » des États-nations par la fédération, c
2537
du fameux « mouvement de l’histoire ». Il faudra
que
la succession, le remplacement s’opèrent dans les esprits d’abord, pa
2538
ont vécu tous nos ancêtres depuis des siècles, et
que
nous ont inculquées tous les classiques de la philosophie politique,
2539
mutations de concepts et de catégories politiques
qu’
exige la prise de conscience du phénomène régional opposé au stato-nat
2540
oujours par là. Voici une définition de la région
que
j’emprunte aux travaux du colloque de Bruxelles : L’activité économi
2541
ux et volontiers ombrageux. Louis Armand remarque
que
« la notion d’indépendance économique a changé complètement de conten
2542
t chercher à être aussi indispensables aux autres
que
les autres nous sont indispensables 86. » Je proposerais, pour ma par
2543
ndispensables 86. » Je proposerais, pour ma part,
que
l’on substitue au terme d’indépendance celui d’autonomie, qui a l’ava
2544
es États-nations. Enfin, il est une grande notion
que
les régions nous amèneront à mettre en lumière, c’est celle de la plu
2545
rince maître de tout, et d’autant plus absolument
qu’
il devenait anonyme et sans visage. La devise de Guillaume Postel et d
2546
tôme d’une grave névrose (ou psychose) politique,
qu’
on nommera le complexe de Procuste. Au contraire, dans le monde des ré
2547
sme. Vers une politique des régions On a vu
que
la notion de région s’est imposée à l’attention des économistes d’ava
2548
sont définies ou constituées et elles ne peuvent
que
se multiplier à mesure que les barrières douanières s’abaissent et to
2549
es et elles ne peuvent que se multiplier à mesure
que
les barrières douanières s’abaissent et tombent ; c) l’analyse du sou
2550
, ses Provençaux, ses Italiens et ses Corses — et
que
sera-ce demain en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Yougoslavie…) appr
2551
7. L’intention du présent article est de proposer
qu’
en tenant compte de ces facteurs, on reconnaisse la nécessité de franc
2552
naisse la nécessité de franchir un pas décisif et
que
l’on décide en conséquence de passer à l’élaboration rapide d’un plan
2553
nt en Europe dégage les deux notions bien connues
que
voici : a) l’isolement, le repliement sur soi d’une communauté région
2554
rtout de la colonisation. Qui ne voit en revanche
que
la région articulée dans une fédération continentale a) retrouve sa v
2555
tes (continentales, mondiales). II apparaît ainsi
que
le fédéralisme politique — cas particulier d’un processus général d’o
2556
lontiers grandiloquents, à gauche au moins autant
qu’
à droite, se disposent à contrer de toutes leurs forces et par tous le
2557
ur eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie,
que
nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins que les dimensions actuel
2558
, que nous soyons tenants d’un plus ou d’un moins
que
les dimensions actuelles de notre État-nation, c’est-à-dire d’une Bre
2559
ne voudrais indiquer dans cette première esquisse
que
le principe des réponses aux trois objections : a) La vitesse du prog
2560
de tous ordres. Jusqu’au jour où l’on s’apercevra
qu’
il n’y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une E
2561
usqu’au jour où l’on s’apercevra qu’il n’y a plus
qu’
à formaliser et couronner d’un exécutif fédéral une Europe « faite » d
2562
s, de produits cartésiens, etc.). Or il se trouve
que
c’est par la théorie des ensembles que l’on aborde aujourd’hui l’ense
2563
se trouve que c’est par la théorie des ensembles
que
l’on aborde aujourd’hui l’enseignement des mathématiques aux plus jeu
2564
ant les nécessités régionales aussi bien sociales
qu’
économiques, culturelles que techniques. Or, ces ordinateurs, nous les
2565
s aussi bien sociales qu’économiques, culturelles
que
techniques. Or, ces ordinateurs, nous les avons ! J’ai dit ailleurs q
2566
s ordinateurs, nous les avons ! J’ai dit ailleurs
que
le fédéralisme intégral n’est devenu possible qu’à partir de l’avènem
2567
que le fédéralisme intégral n’est devenu possible
qu’
à partir de l’avènement de l’ordinateur. L’objection de la « trop gran
2568
jection portant sur l’existence même des régions,
que
beaucoup tiennent pour douteuse, ou difficile à promouvoir sinon tout
2569
s aux régions, puis des régions à la fédération —
que
par un vigoureux effort d’information sur ce qui existe déjà et sur c
2570
n des flux de biens et de services tant culturels
qu’
économiques et techniques, enfin chercherait à prévoir les structures
2571
ux, La Haye, Lausanne, Westminster et Bruxelles —
que
l’Europe se ferait lorsque la volonté européenne l’emporterait sur le
2572
nales. Nous sommes plusieurs à penser aujourd’hui
que
l’Europe des États-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’el
2573
tats-nations ne se fera pas ou se fera trop tard,
qu’
elle est une contradiction dans les termes, une utopie, et pire que ce
2574
ontradiction dans les termes, une utopie, et pire
que
cela : un objectif anachronique. L’Europe se fera — et sera fédérale
2575
, 30 octobre-5 novembre 1967. 68. II est évident
que
les « nations » dont parle Malraux sont en réalité les États-nations
2576
le Malraux sont en réalité les États-nations tels
que
les a formés le xixe siècle, et pas du tout les nations au sens prem
2577
ux communes du parti séparatiste écossais annonce
que
« d’ici trois ans » son pays aura son siège à l’ONU, « between Saudi
2578
dmettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile,
qu’
une seule d’entre elles consentira jamais à remettre une part de ses p
2579
ls qui devraient être perçus et vécus comme tels…
Que
pourrait donner regio ? (sans évoquer jamais le concept essentielleme
2580
çais-centraliste de « provincialisme »). 84. Cf.
Qu’
est-ce qu’une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence s
2581
aliste de « provincialisme »). 84. Cf. Qu’est-ce
qu’
une nation ? Paris, 1882. 85. Documents de la Conférence sur les éco
2582
fait l’objet du présent colloque. Je note d’abord
que
le terme de difficulté est souvent plus exact que celui d’objection.
2583
que le terme de difficulté est souvent plus exact
que
celui d’objection. Dans la plupart des cas, la résistance ne provient
2584
e groupes parmi les objections et « difficultés »
que
l’on oppose au concept de région et aux projets fondés sur lui. Obj
2585
u et créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce
qu’
on veut, il n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui se
2586
un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’y a
qu’
une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou révolut
2587
s seront forcément plus nombreux et plus mesquins
que
les conflits entre nos nations. » « Voulez-vous donc balkaniser l’Eu
2588
les seront leurs frontières exactes ? » « Faut-il
qu’
elles aient des superficies ou des populations à peu près égales ? La
2589
ses 9 ou 10 millions d’habitants, est plus petite
que
le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas.
2590
bitants, est plus petite que le Limousin, qui n’a
que
0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’est pa
2591
litique. C’est donc ce dernier groupe d’arguments
que
l’on va tenter d’analyser. 2. Que la région ne doit pas être conç
2592
d’arguments que l’on va tenter d’analyser. 2.
Que
la région ne doit pas être conçue comme un État-nation en réduction
2593
ltés, obscurités, incertitudes, blocages mentaux,
qu’
éprouve un homme de cette seconde moitié du xxe siècle à concevoir un
2594
une Europe des régions, proviennent du « modèle »
que
l’École (aux trois degrés) a imposé depuis un siècle au moins. L’homm
2595
t leurs suites qui ont notamment accrédité l’idée
que
l’économie est au service des desseins politiques d’un État et non pa
2596
t décrite par McLuhan ne peut vraiment comprendre
que
ce qu’il voit. Dans ce monde-là, l’expression « Faut-il vous faire un
2597
te par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce
qu’
il voit. Dans ce monde-là, l’expression « Faut-il vous faire un dessin
2598
propre à convaincre les plus ignares, jusqu’à ce
qu’
ils disent : « Ah ! oui, je vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergie
2599
, je vois ! » Aux yeux de cet homme gutenbergien,
que
nous sommes tous peu ou prou, et dans son système de représentation,
2600
e représentation, la région ne saurait apparaître
que
sous la forme d’un mini-État centralisé, et d’une mini-nation régie p
2601
nt pas d’un ordre essentiellement différent de ce
qu’
elles sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civ
2602
pays en neuf ou dix régions, par exemple, plutôt
qu’
en quatre-vingt-onze départements. La région en tant qu’État-nation ré
2603
chances de favoriser l’inquisition administrative
que
d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un mo
2604
toujours rangé. Il n’en reste pas moins probable
qu’
elle va constituer le premier stade, non pas certes de l’ordre nouveau
2605
grands États-nations européens. (C’est un peu ce
que
l’on voit se dessiner — encore un terme visuel ! — avec les essais de
2606
mieux assuré, de nos jours, par les petits États
que
par les ex-puissances — et cela pour une série de raisons (pas seulem
2607
r une série de raisons (pas seulement militaires)
qu’
il serait trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la séc
2608
aires) qu’il serait trop long de développer ici :
qu’
il suffise d’évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéral
2609
ses et des cadres sociaux qui leur offrent appui.
Qu’
on me permette un exemple personnel, pour aller vite et rester dans le
2610
uvent pas de frontières du tout. Si l’on exigeait
que
tout cela soit unifié et uniformisé dans les limites géographiques d’
2611
fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’a démontré
qu’
entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictateur du xxe siècl
2612
teur du xxe siècle il y ait d’autres différences
que
celles dues aux moyens techniques de mise au pas d’une nation. Et de
2613
orain, la continuité est indéniable… Ce n’est pas
que
je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, avec ses cadre
2614
es cadres et ses mécanismes. Je demande seulement
qu’
il corresponde aux réalités humaines et qu’il les serve, au lieu de pr
2615
lement qu’il corresponde aux réalités humaines et
qu’
il les serve, au lieu de prétendre à les régir en souverain. Je demand
2616
de foyers, et sa répartition à autant de niveaux,
qu’
il y a de fonctions diverses dans l’humanité et d’ordres de grandeur d
2617
lle de son Principe fédératif, où Proudhon estime
qu’
il « résume toute sa science constitutionnelle », je trouve cette prop
2618
e n’est pas seulement entre sept ou huit élus […]
que
doit être partagé le gouvernement d’un pays, c’est entre les province
2619
t parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut
que
les régions politiques soient définies demain comme les intersections
2620
t le carrefour ou l’intersection94. La résistance
qu’
opposent certains esprits à concevoir cette liberté (pluralité ou vari
2621
ramme d’études Le champ d’études régionaliste,
que
ces quelques remarques définissent, est à peine exploré. a) Il faudra
2622
es paysages de son cœur. Et aucun de nous n’exige
que
tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs plates, s
2623
968, p. 107, note 24. 89. Mais quand Malraux dit
que
la nation est le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pe
2624
st le phénomène dominant du xxe siècle, on doute
qu’
il pense à autre chose qu’à la France. 90. Les auteurs de manuels s’i
2625
u xxe siècle, on doute qu’il pense à autre chose
qu’
à la France. 90. Les auteurs de manuels s’inspirent eux-mêmes de la t
2626
ique de la fédération européenne, il est probable
que
le chemin conduisant de l’État-nation à la région devra passer par la
2627
me de « régions carrefours ». 95. Il est certain
que
le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-nations tant
2628
cessera d’être menacé par les États-nations tant
que
ceux-ci n’auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs e
2629
qu’entités politiques, des « droits » économiques
qu’
ils s’arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’y aura pas, au niveau
2630
miques qu’ils s’arrogent en barons pillards. Tant
qu’
il n’y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédéral
2631
la campagne électorale, bien qu’elle ne concernât
que
des enjeux municipaux ou provinciaux… ». Voilà pris en flagrant délit
2632
plus courante du terme, ne signifie rien de plus
que
la rivalité des sectes ou factions dénommées « partis politiques », e
2633
e aphoristique, me semble-t-il, s’y prêtera mieux
qu’
un discours ordonné. 1. L’État-nation totalitaire du xxe siècle acc
2634
eune », comme l’appelaient Aron et Dandieu, celui
que
Bakounine comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être f
2635
ue Bakounine comparait à Bismarck, et qui pensait
que
l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétariat, lequel ne
2636
t-nation s’est toujours révélé beaucoup plus fort
que
les mouvements qui s’en sont emparé. Et quant à leurs doctrines colle
2637
urgos ? On ne trouvera de nuances un peu marquées
que
dans l’esprit des communistes français, qui dénoncent les « fascistes
2638
ent les « fascistes assassins », mais murmurent «
qu’
ils ne peuvent manquer de regretter » que ne soient pas « mieux motivé
2639
murent « qu’ils ne peuvent manquer de regretter »
que
ne soient pas « mieux motivées » les condamnations de Leningrad contr
2640
Leningrad contre des Juifs qui n’ont d’autre tort
que
de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise foi des gens de parti ne
2641
s ces fascistes et ces communistes, je ne dis pas
qu’
ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, m
2642
té politique. Au reste, l’État totalitaire n’est
que
le stade ultime du stato-nationalisme « démocratique » régnant sur to
2643
our passer au plus sanglant racisme, il suffirait
que
la France prenne au sérieux les paroles de son chant sacré « Qu’un sa
2644
renne au sérieux les paroles de son chant sacré «
Qu’
un sang impur abreuve nos sillons ! » Duclos, Séguy et le PC français
2645
de l’indépendance nationale » avec autant de feu
que
Debré. Et si la « Diane française » d’Aragon reste moins efficace que
2646
« Diane française » d’Aragon reste moins efficace
que
Déroulède, cette injustice n’est due qu’aux circonstances, non à la d
2647
efficace que Déroulède, cette injustice n’est due
qu’
aux circonstances, non à la différence des talents. 3. Ni l’Internat
2648
ues du christianisme mais on fusille ou pend ceux
que
l’on accuse d’intelligences avec l’ennemi. On emprisonne les objecteu
2649
ucune révolution réelle ne sont imaginables. Tant
qu’
on laissera nos États-nations affirmer en dépit de tout leur souverain
2650
émigrants virtuels, etc.), l’Europe unie ne sera
qu’
une malingre chimère. On l’aura suffisamment empoisonnée pour prouver
2651
. On l’aura suffisamment empoisonnée pour prouver
qu’
elle n’est pas saine. 5. La véritable alternative du siècle. En 194
2652
n 1947 : Il n’y a, dans le monde du xxe siècle,
que
deux camps, deux politiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne
2653
ce ne sont pas non plus la Justice et la Liberté,
qu’
il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’h
2654
, qu’il est aussi impossible d’opposer en réalité
qu’
en principe. Aujourd’hui — repoussant tous ces anciens débats à l’arri
2655
pour deux ou trois par siècle. Certains me disent
que
la Jeunesse dit aujourd’hui (c’est leur écho) : a) L’Europe, connais
2656
Il faut garder le contact avec les masses. d) Et
que
faites-vous de la lutte des classes ? e) La culture est un piège bour
2657
e réponds dans cet ordre fortuit. (Tout en notant
que
« la Jeunesse » est une expression de journalistes. L’humanité ne se
2658
quelques semaines à Riazan : vous comprendrez ce
que
tous les autres au monde ont si nettement et rageusement compris tand
2659
nd Sartre, à la suite de Fanon, se félicite de ce
que
les Angolais « massacrent à vue les Européens », vous l’applaudissez
2660
s Européens », vous l’applaudissez sans remarquer
qu’
il vient de crever votre alibi. b) « Seul compte le combat de la gau
2661
ystème. (Nul ne l’a jamais défini.) Si l’on admet
que
la droite se définit par le souci de conservation et d’ordre, la gauc
2662
rce que trop coûteuses, les normes et régulations
qu’
il s’agit d’imposer de toute urgence au développement des industries (
2663
et de leurs innovations plus polluantes les unes
que
les autres. La droite ne « conserve » rien que le pouvoir de s’enrich
2664
es que les autres. La droite ne « conserve » rien
que
le pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Nature qu’elle bouleverse e
2665
le pouvoir de s’enrichir aux dépens de la Nature
qu’
elle bouleverse et des populations urbaines qu’elle intoxique. La gauc
2666
re qu’elle bouleverse et des populations urbaines
qu’
elle intoxique. La gauche alors, dans cette affaire ? Elle proteste co
2667
tif. Il faudra bien que cela change, si l’on veut
que
la vie continue, mais ce ne sera qu’au prix d’une révolution dont la
2668
si l’on veut que la vie continue, mais ce ne sera
qu’
au prix d’une révolution dont la gauche comme la droite feront les fra
2669
masses », dites-vous. Vous ne croyez pas en Dieu,
que
vous n’avez jamais vu. Avez-vous vu les masses, auxquelles vous croye
2670
is qui invoquent les masses ne rassemblent jamais
que
des minorités, comme on le voit dans les élections libres. Et quand u
2671
listes européens touchent beaucoup plus de jeunes
que
les sectes gauchistes. Et c’est cela qui comptera lors d’élections à
2672
helle de l’Europe. Les sondages montrent en effet
que
65 % des personnes interrogées dans les pays de la CEE se déclarent f
2673
se déclarent favorables à l’union de l’Europe, et
que
les jeunes de 18 à 35 ans constituent 75 % de cette majorité.) d)
2674
dalisés, comme d’autres intégristes s’écrieraient
que
j’ai oublié le péché originel, tout simplement ! Eh bien, la lutte de
2675
problème de l’État-nation, et c’est même tout ce
qu’
elle peut nous apprendre à son sujet. En effet, qu’en est-il aujourd’h
2676
u’elle peut nous apprendre à son sujet. En effet,
qu’
en est-il aujourd’hui de la lutte des classes ? En URSS d’abord. Vous
2677
utte des classes ? En URSS d’abord. Vous me dites
que
le problème là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat est au pou
2678
moyens de production. Bien. Mais chacun peut voir
que
ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chac
2679
sans des kolkhozes, apparatchiks et membres de ce
qu’
on appelle chez nous les professions libérales. En France, la conditio
2680
ise, fixées par le Plan à Moscou. (Faut-il penser
qu’
« objectivement », ce serait la haine des ouvriers plus encore que de
2681
nt », ce serait la haine des ouvriers plus encore
que
de la bourgeoisie que traduisaient les prises de position pro-Est des
2682
ne des ouvriers plus encore que de la bourgeoisie
que
traduisaient les prises de position pro-Est des jeunes gens de l’Oues
2683
dictature du prolétariat ? Ou bien ne faites-vous
que
répéter un mot d’ordre du siècle passé ? Entretenir la haine qui pous
2684
ur. Détruire la bourgeoisie (slogan anarchiste) ?
Que
resterait-il, à part une poignée de meurtriers, eux-mêmes bourgeois ?
2685
érieux, disciplinés et réalistes : vous voulez ce
que
veut le Parti, et qu’il appelle dictature du Prolétariat. C’est voulo
2686
réalistes : vous voulez ce que veut le Parti, et
qu’
il appelle dictature du Prolétariat. C’est vouloir quelque chose d’imp
2687
e fait, il cesse d’être Prolétariat dès l’instant
qu’
il accède au pouvoir et à la propriété des moyens de production. Prolé
2688
oires ou mutuellement exclusifs. Ce qui existe et
que
l’on veut cacher derrière l’écran de ce pseudo-concept, c’est la réal
2689
se, l’ensemble du travail automatique et inhumain
que
le rationalisme bourgeois imposait aux seuls prolétaires.102 La con
2690
automation qui nous permet d’atteindre l’objectif
que
visait le Service civil. La négation (Aufhebung) de la condition prol
2691
velles excitées mais incultes. e) « La culture,
qu’
est-ce que c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas,
2692
itées mais incultes. e) « La culture, qu’est-ce
que
c’est ? », me disent-ils encore. Si vous ne comprenez pas, voyez Mao
2693
urelle », vous ne lui avez donc jamais demandé ce
que
ça veut dire ? C’est le renversement du marxisme. Relisez Marx : de 1
2694
varié sur ce point : la classe ou plutôt le parti
que
la révolution met en mesure de manipuler les mécanismes de production
2695
érences ou de jugements, on ne peut agir sur elle
que
par la création et la diffusion efficace d’œuvres « marquantes », et
2696
ntique, non violent, non instantané, il est clair
que
la révolution qu’implique et que représentera au total l’union de l
2697
t, non instantané, il est clair que la révolution
qu’
implique et que représentera au total l’union de l’Europe sera cultu
2698
né, il est clair que la révolution qu’implique et
que
représentera au total l’union de l’Europe sera culturelle d’abord o
2699
ra culturelle d’abord ou ne sera pas : en ce sens
que
l’obstacle à l’union de nos peuples par la fédération continentale de
2700
d’« élargir la CEE pour englober la politique »,
que
veut-on dire ? Que l’économie, qui est le domaine propre des Communau
2701
pour englober la politique », que veut-on dire ?
Que
l’économie, qui est le domaine propre des Communautés, ne fait pas pa
2702
Communautés, ne fait pas partie de la politique ?
Que
celle-ci serait donc « autre chose » ? Mais quelle chose ? On parle d
2703
ique » dans les journaux comme s’il allait de soi
que
c’est une activité distincte de l’économie, de la culture… Or, en deh
2704
Toutes les réalités sérieuses une fois déduites,
que
reste-t-il ? Les jeux, plus ou moins passionnants, de la rivalité des
2705
États-nations, et du prestige moral et militaire
que
les États-nations tentent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair
2706
entent d’imposer à l’extérieur. Il est donc clair
qu’
une Europe fédérée serait, selon le sens courant du terme « politique
2707
litique », radicalement dépolitisée. (Je note ici
que
la politique au sens des relations entre États-nations n’est pas démo
2708
tout le libre développement des personnes. C’est
que
l’État-nation ne s’est pas constitué en vue de certaines tâches socia
2709
st jamais le Peuple mais l’État, substitut du roi
qu’
il fallait servir.) En revanche, si l’on admet avec Aristote que la p
2710
ervir.) En revanche, si l’on admet avec Aristote
que
la politique est l’aménagement des relations humaines dans la cité (p
2711
deux énoncés impliquant le service des finalités
que
l’on assigne à la cité, et non pas le service de la cité comme le vou
2712
urras, Staline, Hitler et le Duce. D’où l’on voit
que
le « politique d’abord » de Maurras ne veut rien dire, car il n’y a p
2713
à une catastrophe générale entre 2020 et 2060, ce
qu’
il faut décider aujourd’hui, ce sont les conditions de survie du genre
2714
nre humain. Dans ce domaine, l’acte politique tel
que
je l’ai défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une cert
2715
éduire quelque chose. Mais il apparaît assez vite
que
réduire tel ou tel paramètre isolément ne peut au mieux que différer,
2716
e tel ou tel paramètre isolément ne peut au mieux
que
différer, au pire que rapprocher l’échéance fatale. Les calculs prévi
2717
isolément ne peut au mieux que différer, au pire
que
rapprocher l’échéance fatale. Les calculs prévisionnels du MIT que l’
2718
échéance fatale. Les calculs prévisionnels du MIT
que
l’on vient de soumettre au Congrès des USA105 concluent que le seul e
2719
ient de soumettre au Congrès des USA105 concluent
que
le seul espoir est dans une réduction simultanée, de 20 à 75 % selon
2720
s et leur ôterait toute « signifiance », pour peu
que
la police refuse de jouer le jeu et de tenir son rôle convenu dans le
2721
cisions. Or, il n’y aura de gouvernement européen
que
sur la base des régions, et nous voici ramenés au concept clé de tout
2722
1931. « La conquête de la personne, … et l’effort
qu’
il nous faut entreprendre… pour situer en ce centre de l’homme le cent
2723
enser avec les mains, 1933-1936. « La révolution
que
j’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par
2724
ui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite
que
par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable analogie
2725
onne puisse librement participer. C’était le défi
que
ma génération affrontait dans les années 1930. Les nazis, les fascist
2726
es communistes tentaient de donner des solutions,
que
nous jugions fausses, à ce problème fondamental que les démocraties n
2727
e nous jugions fausses, à ce problème fondamental
que
les démocraties ne voyaient même pas : le problème de la communauté.
2728
t le Sphinx à Œdipe, qui n’a le droit de répondre
que
d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est EUROPE. Janvier 1971. 96.
2729
s matelots de Cronstadt coupables d’avoir demandé
que
les dirigeants soviétiques « tiennent compte de l’avis des ouvriers »
2730
p. 80-81. 99. Ne pourrait-on dire, en revanche,
qu’
à l’Est comme à l’Ouest, les différences de classes sont abolies cultu
2731
s développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs
que
la bourgeoisie petite, moyenne ou grande — cette dernière ayant absor
2732
re absolu de la société, car il ne peut triompher
qu’
en s’abolissant lui-même en même temps que son antithèse, la propriété
2733
bornerons donc à donner une idée aussi objective
que
possible de son contenu, en commentant brièvement sa table des matièr
2734
matières complète, et en le citant aussi souvent
que
possible ; chaque fois, notamment, que la plus grande précision dans
2735
si souvent que possible ; chaque fois, notamment,
que
la plus grande précision dans le choix des termes paraîtra requise. O
2736
t de taux de croissance, qui ne saurait coïncider
que
par accident et temporairement avec un territoire délimité ne varietu
2737
ien plus précisément déterminés, mais il est rare
qu’
elles coïncident avec les frontières étatiques décidées au hasard des
2738
lèmes culturels, dont nous avons à traiter ici et
que
nous allons énumérer. II. Problèmes culturels des régions frontali
2739
maternelle des Alsaciens, est supprimé. Ce n’est
qu’
en 1952 qu’il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école p
2740
des Alsaciens, est supprimé. Ce n’est qu’en 1952
qu’
il est rétabli dans les deux dernières classes de l’école primaire, de
2741
rents répondent oui à la question : « Voulez-vous
que
l’allemand soit enseigné à vos enfants dès l’école primaire ? » Mais
2742
1964, le député alsacien Henri Ulrich peut écrire
que
depuis la fin de la dernière guerre « l’enseignement de l’allemand en
2743
e nos divers pays est généralement mieux entendue
que
la TV dans les régions de même langue, mais beaucoup moins écoutée. L
2744
re, ne peut être reçue dans de nombreuses régions
que
s’il y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés q
2745
es régions que s’il y a des relais. Or on observe
que
les relais ne sont installés qu’à des fins politiques : le Val d’Aost
2746
s. Or on observe que les relais ne sont installés
qu’
à des fins politiques : le Val d’Aoste naguère encore à majorité franc
2747
l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient
que
les émissions locales de l’ORTF en langue allemande ne soient pas lim
2748
servateurs non alsaciens relèvent d’ailleurs tous
que
les Alsaciens ont commencé à acheter des téléviseurs à partir du jour
2749
r la TV allemande. En 1959, il n’y avait en effet
que
4000 récepteurs ; en 1964 on en a compté 80 000 ! »109 La Suisse rom
2750
a pas là de problèmes sérieux. On a beau répéter
que
la musique ne connaît pas de frontières : d’une manière générale, le
2751
ait aisé de le faire dans une région frontalière)
que
ces clichés généralement hostiles aux voisins se justifient mal. Ils
2752
des capitales, lorsqu’on y prépare une guerre ou
qu’
on la fait. Tout se passe comme si les gouvernements comptaient sur la
2753
onale ». III. Les frontières Les problèmes
qu’
on vient d’évoquer sont créés par les frontières. Et ce sont les front
2754
res. Or il est clair pour quiconque, aujourd’hui,
que
le tracé des frontières étatiques est accidentel, sans plus d’utilité
2755
s est accidentel, sans plus d’utilité démontrable
qu’
administrative, et très nuisible à tout autre égard. Les frontières so
2756
êtes, la propagande ; elles bloquent les échanges
qu’
il faudrait favoriser, mais sont impuissantes contre les nuisances qu’
2757
iser, mais sont impuissantes contre les nuisances
qu’
il faudrait arrêter. D’une manière générale, elles coupent arbitrairem
2758
rontières politiques est celui du lit de Procuste
qu’
on nomme État-nation. Il procède de la volonté, en somme démente, d’im
2759
r dans un espace unique, mais aussi dans un temps
qu’
on dirait arrêté pour l’occasion. Dans l’espace : les frontières sont
2760
ières sont d’autant plus rigides et plurivalentes
que
l’État est plus totalitaire d’ambition. Si la souveraineté de l’État
2761
isses et les Länder allemands : pas plus gênantes
que
les démarcations entre départements français. Dans le temps : ce qui
2762
mais la frontière politique unique et omnivalente
que
l’État-nation prétend imposer tant aux ethnies qu’à l’économie se tro
2763
ue l’État-nation prétend imposer tant aux ethnies
qu’
à l’économie se trouve modifiée deux ou trois fois par siècle, sans li
2764
es nationales Mais il faut bien admettre aussi
que
la nocivité des frontières, résultant de la non-coïncidence des limit
2765
és ethniques et des dynamismes économiques, n’est
que
la traduction du dogme de la souveraineté totale, universelle et indi
2766
opagande les plus efficaces. L’école nous a conté
que
chaque État est une entité qui comporte une langue nationale, une cul
2767
les frontières d’un même État. Il n’est pas vrai
que
nos États-nations correspondent à l’aire de diffusion d’une langue. D
2768
t-nation, dès la fin du xixe siècle. C’est ainsi
qu’
on nous a inculqué que le Rhin sépare « naturellement » les peuples de
2769
u xixe siècle. C’est ainsi qu’on nous a inculqué
que
le Rhin sépare « naturellement » les peuples de ses rives, tandis que
2770
les où l’Europe a failli périr. La vérité, c’est
que
la culture de tous nos peuples est une, quoique tissée de contradicti
2771
ue tissée de contradictions dans sa genèse même ;
qu’
elle s’est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latine
2772
ariables, et qui ont éduqué notre vision du réel,
que
nous le sachions ou non, que nous soyons « cultivés » ou non. Toutes
2773
otre vision du réel, que nous le sachions ou non,
que
nous soyons « cultivés » ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’a
2774
ée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais
qu’
en est-il de nos diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vr
2775
-il vrai, comme le disent les discours officiels,
que
ces « précieuses diversités » soient celles de nos nations ? Je propo
2776
x de pays différents s’entendront mieux entre eux
qu’
avec les fanatiques de leur propre nation ; les hippies d’un pays s’ac
2777
corderont mieux avec ceux de n’importe quel autre
qu’
avec les conformistes de chez eux, etc. Ce ne sont pas nos appartenanc
2778
en Europe est d’autant plus riche et plus intense
qu’
elle est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Mo
2779
et plus intense qu’elle est moins centralisée et
que
ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen Âge, ces foyers de création s
2780
en mobilisant à Paris tous les esprits de mérite
qu’
il n’a pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre c
2781
ïncider ces entités hétérogènes ne peut engendrer
que
crises inutiles et conflits aberrants. V. Nécessité de dépasser le
2782
lières sont les seules unités déjà conformes à ce
que
sera inévitablement l’Europe de demain — s’il y a demain une véritabl
2783
entre ces deux sortes d’influences, il est clair
que
les gouvernements stato-nationaux seront scrupuleusement respectés, l
2784
es desseins des deux grands (qui ne seront grands
que
de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbolique : les gens d’Ao
2785
s, des autobus, des routes sans barrière. Il faut
que
les relations proches et concrètes prennent le pas sur les relations
2786
quelles tomberont lentement en désuétude à mesure
qu’
un tissu solide d’échanges de biens, de services et de personnes, se n
2787
n national, c’est-à-dire entre capitales, ne peut
qu’
étouffer les problèmes ou les rendre explosifs. (De même que le centra
2788
ation, et de contrôle (au sens d’expertise plutôt
que
de coercition). Il doit défendre les droits du général contre ceux du
2789
s un siècle sur les seuls mythes nationaux. Ainsi
que
l’ont demandé en mai 1972 les professeurs d’histoire et de géographie
2790
fforts vont de pair, soulignons-le, d’autant plus
que
l’actualité englobe le problème européen et que la régionalisation de
2791
s que l’actualité englobe le problème européen et
que
la régionalisation de nos pays ne serait même pas concevable s’il n’y
2792
aux, régionaux, concernent des objets économiques
que
rien ne les a préparés à évaluer. Une connaissance plus concrète de l
2793
ce plus concrète de l’économie ferait voir à tous
que
les réalités, dans ce domaine, sont régionales et continentales, mais
2794
écoles techniques et professionnelles. Je ne fais
qu’
indiquer des directions de recherches à poursuivre en toute prudence :
2795
riche de contenus, et moins difficile à réaliser
qu’
au niveau national. Des essais de coopération, limitée mais précise, o
2796
s continental, il en va de même pour l’écologie :
que
la pollution ne connaisse pas de frontières politiques, voilà un fait
2797
aisse pas de frontières politiques, voilà un fait
que
tout élève du degré primaire ou secondaire saisit du premier coup d’œ
2798
e par la région Tous les problèmes régionaux —
qu’
ils soient économiques, écologiques ou éducatifs — sont liés en fait à
2799
nève, réalisent au service de l’Europe entière ce
qu’
aucun de nos États, a fortiori de nos régions, ne peut rêver de faire
2800
de libres fédérations. Conclusions Le fait
que
les régions fonctionnelles auraient des aires inégales, des définitio
2801
endraient pas leur administration aussi difficile
que
certains l’imaginent. Tout s’éclaire et s’ordonne en effet si l’on ac
2802
des communes. Chacune des régions fonctionnelles
que
nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement par un s
2803
ale. Voici donc le modèle fédéraliste de l’Europe
que
je préconise : la complexité des régions rendra justice à nos féconde
2804
is surtout de la sensibilité et du respect de soi
que
représente le sabotage de la langue maternelle par l’État national, l
2805
la Sorbonne. 112. On peut admettre à la rigueur
que
l’actuel État français remonte à Philippe le Bel, mais il est absolum
2806
à Philippe le Bel, mais il est absolument certain
que
l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège
2807
st absolument certain que l’Italie comme État n’a
que
110 ans, l’Allemagne 101 ans, la Norvège 66, la Tchécoslovaquie, la Y
2808
lusions] (été 1972)dj Il est fort peu probable
qu’
aux yeux de l’historien futur l’évolution de l’union européenne prenne
2809
d’une route si riche en « tournants historiques »
qu’
elle nous ramène périodiquement au point de départ. Les étapes de l’év
2810
et Lausanne 1949, Bruxelles et Rome 1950… Le fait
que
la « Confrontation » récente de Strasbourg ait donné à plusieurs l’im
2811
de Strasbourg ait donné à plusieurs l’impression
qu’
on renouait avec les traditions de l’époque militante (que j’ai nommée
2812
nouait avec les traditions de l’époque militante (
que
j’ai nommée ailleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est d
2813
la seule réalité est celle de l’État-nation, tel
qu’
ils l’ont apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régiona
2814
e, la souveraineté absolue de l’État-nation n’est
qu’
un mythe, quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’adapter
2815
rtisent l’État central pour qu’il « consente » ou
qu’
il « octroie » ce que l’intérêt général exige en particulier dans chaq
2816
l pour qu’il « consente » ou qu’il « octroie » ce
que
l’intérêt général exige en particulier dans chaque région ; les polit
2817
sinon personne n’y songera. Les premiers estiment
que
« l’audace » est quelque chose qu’il convient de louer, à condition q
2818
miers estiment que « l’audace » est quelque chose
qu’
il convient de louer, à condition que l’on prenne bien soin de ne prat
2819
uelque chose qu’il convient de louer, à condition
que
l’on prenne bien soin de ne pratiquer que la prudence. Les seconds es
2820
ndition que l’on prenne bien soin de ne pratiquer
que
la prudence. Les seconds estiment avec moi que « la prudence est le v
2821
er que la prudence. Les seconds estiment avec moi
que
« la prudence est le vice des timides mais la vertu des audacieux ».
2822
es mais la vertu des audacieux ». Il est frappant
que
la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration finale » de Str
2823
st un monument. Notre résumé ne saurait en donner
qu’
une idée forcément abstraite, mais suffisante, nous l’espérons, pour f
2824
leurs textes. Le Rapport de base ne fut distribué
qu’
à l’ouverture des débats. Et cependant, une doctrine commune, des plus
2825
« Le tracé des régions frontalières ne doit jouer
qu’
un rôle secondaire » précise très opportunément un des sous-titres du
2826
t culturel : « Chacune des régions fonctionnelles
que
nous avons énumérées serait ainsi formée, administrativement, par un
2827
ontières ? La réponse unanime des rapporteurs est
que
l’aire d’une région fonctionnelle sera simplement celle de l’ensemble
2828
l va de soi, également, à mes yeux tout au moins,
qu’
une commune pourra se rattacher à autant de syndicats différents par l
2829
syndicats différents par l’étendue et la mission
qu’
il y aura de fonctions différentes à assumer. Là-dessus, on se référer
2830
pécifiquement au Rapport André, lorsqu’il précise
que
« les aires d’application géographique et administrative des fonctio
2831
vu, par le résumé analytique du Rapport de base,
que
des commissions régionales de ce type existent déjà dans quelques rég
2832
yens financiers nécessaires, mais l’essentiel est
qu’
elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles at
2833
aires, mais l’essentiel est qu’elles existent, et
que
d’autres se créent à leur exemple : si elles attendaient pour exister
2834
ine tendance. Ce qui nous paraît important, c’est
qu’
une doctrine régionaliste européenne s’élabore au moment précis où la
2835
-mille selon les sujets abordés, mais nous savons
que
nous sommes bien lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qu
2836
ur les réalités du xxe siècle, qui ne savent pas
qu’
il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien compris pourquoi. J
2837
très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit
qu’
il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 197
2838
on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est
qu’
ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont
2839
e seul souci de bien préciser mon point de départ
que
je rappellerai tout d’abord, dans l’ordre chronologique de leur appar
2840
te fin nos maigres forces nationales. C’est ainsi
que
l’OECE (organisation correspondant au plan Marshall), puis le Marché
2841
ces problèmes économiques et commerciaux, on a vu
que
cela ne suffisait pas. Restaurer l’industrie, augmenter la productivi
2842
r, à peine fait, ou mis en train, on s’est aperçu
que
tout cela posait aussitôt des problèmes encore plus difficiles. Le su
2843
vait 1 700 000 habitants en 1817. Elle n’a doublé
qu’
en 1902 (c’est-à-dire en quatre-vingt-cinq ans), et elle aura doublé e
2844
démographes, tous les trente ans, de telle sorte
qu’
elle comptera, si cela continue, 7 milliards en 2000, 8000 milliards e
2845
r debout ! » Seulement, il n’est pas du tout sûr
que
l’humanité survivra jusque-là. En effet, l’accroissement de la produc
2846
ves, de nos mers et de nos dernières forêts, tant
qu’
il y aura du pétrole dans les moteurs. Et puis quand nous en aurons as
2847
a encore des espaces libres et où l’on s’imagine
qu’
on pourra faire l’économie de très coûteuses mesures de lutte contre l
2848
matériel). Pour y arriver, en effet, on a calculé
qu’
il faudrait multiplier l’exploitation des ressources naturelles, et do
2849
dans les déserts et les mers le double du pétrole
qu’
on exploite aujourd’hui, avec l’augmentation de la population et de la
2850
e quelque chose. Or, les écologistes ont constaté
que
réduire telle ou telle variable isolément — la pollution, ou la natal
2851
n, ou la natalité, par exemple — ne peut au mieux
que
différer de vingt à trente ans, et au pire risque de rapprocher l’éch
2852
cher l’échéance fatale. Les calculs prévisionnels
que
le MIT a soumis au Congrès américain dès 1970 (rapport du Prof. J. W.
2853
0 (rapport du Prof. J. W. Forrester)114 concluent
que
le seul espoir est dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’
2854
st dans une réduction allant de 20 % à 75 % selon
qu’
il s’agit de la consommation, des investissements, du taux de natalité
2855
drastiques, de sacrifices à imposer si l’on veut
que
notre espèce tout simplement survive. Et alors, la question qui vient
2856
et n’existera pas en temps utile. Mais observons
que
presque tout le mal vient de l’Occident — USA, Europe, URSS, à quoi s
2857
tenu, les destins pourraient être renversés. Mais
que
voyons-nous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé que les aut
2858
ous ? Les USA ont un gouvernement. Nixon a décidé
que
les autos ne pollueront plus l’air des villes en 1975, et ce sera fai
2859
origine de tout le bien et de presque tout le mal
qu’
entraîne la civilisation industrielle, l’Europe divisée, sans pouvoir
2860
a quelque chose qui est peut-être plus effrayant
que
les prévisions apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui est
2861
toutes nos grandes villes au mois de mai 1968 : —
Que
faisons-nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n
2862
pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ?
Que
vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne
2863
le sait pas elle-même. Cette question, et surtout
qu’
elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, p
2864
idéologies sans point d’appui, dans le sentiment
que
la cité, l’énorme nation sans structures où il se voient perdus, n’es
2865
se voient perdus, n’est pas leur affaire, ne peut
que
les briser, et les oblige à s’évader dans la drogue, dans la révoluti
2866
ivique des majorités silencieuses. Il est normal
qu’
un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et qu’il
2867
d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et
qu’
il le crie même dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde que
2868
t qu’il le crie même dans la rue ; il est anormal
qu’
on ne lui réponde que par des coups de matraque. Il est normal qu’il j
2869
dans la rue ; il est anormal qu’on ne lui réponde
que
par des coups de matraque. Il est normal qu’il juge sévèrement la soc
2870
onde que par des coups de matraque. Il est normal
qu’
il juge sévèrement la société matérialiste et qu’il dénonce son anarch
2871
qu’il juge sévèrement la société matérialiste et
qu’
il dénonce son anarchie profonde, mal quadrillée par la police ; il es
2872
de, mal quadrillée par la police ; il est anormal
que
ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le dé
2873
de nos nationalismes, et c’est à nous, Européens,
qu’
il revient d’inventer les anticorps de ce virus dont nous avons infect
2874
lèmes de notre société, et les repose. Vous voyez
qu’
il déborde largement et qu’il balaie — impatiemment — nos petites caté
2875
les repose. Vous voyez qu’il déborde largement et
qu’
il balaie — impatiemment — nos petites catégories politiciennes de gau
2876
ousse à l’union, pourquoi n’est-elle pas faite ?
Que
personne ne me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y
2877
i n’est-elle pas faite ? Que personne ne me dise
qu’
elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’y opposent : tous les der
2878
ne me dise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou
qu’
ils s’y opposent : tous les derniers sondages opérés dans les pays du
2879
opérés dans les pays du Marché commun ont prouvé
que
65 % des Européens dans leur ensemble souhaitent l’union, et que de c
2880
ropéens dans leur ensemble souhaitent l’union, et
que
de ces 65 %, les trois-quarts, soit 75 % exactement, sont des jeunes
2881
: « Il meurt tous les jours plus d’anti-Européens
qu’
il n’en naît. ») Si l’Europe n’est pas faite, malgré tout, il doit y a
2882
très puissant barrage dans nos esprits, si énorme
que
nous ne le voyons plus. Plus de vingt-cinq ans de luttes fédéralistes
2883
confirmé au-delà du nécessaire dans la conviction
que
cet obstacle n’est autre que l’État-nation, la religion de l’État-nat
2884
e dans la conviction que cet obstacle n’est autre
que
l’État-nation, la religion de l’État-nation et sa souveraineté absolu
2885
on et sa souveraineté absolue. L’État-nation, tel
que
le définissait dès 1932 le groupe personnaliste de L’Ordre nouveau —
2886
baptisés la nation. Si l’on veut faire l’Europe,
que
tout ordonne de faire, il faut défaire et dépasser l’État-nation, dan
2887
vons accepté, nous les fédéralistes, un compromis
que
nous voulions purement tactique avec les grands hommes politiques gro
2888
du prestigieux Winston Churchill. Nous avons cru
que
, dans un premier stade, il serait possible de fonder « une sorte de c
2889
ch, sur la base des États-nations souverains — et
qu’
ensuite on irait plus loin. Or nous n’avons pas progressé d’un pas dan
2890
urope des patries ou l’Europe des États, c’est ce
que
l’on nomme en logique un « énoncé contradictoire ». Comme on le voit
2891
qu’ils ne pourront jamais tenir ces promesses, et
qu’
ils n’en ont ni l’intention ni le pouvoir. La « souveraineté nationale
2892
agit de refuser quelque mesure d’union n’est plus
qu’
un mythe. On l’a vu lors de la guerre de Suez : un froncement de sourc
2893
r guerre, c’est-à-dire à rendre manifeste le fait
que
leurs pays n’étaient plus « souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre e
2894
souverains ». Ce mythe n’a plus d’autre existence
que
négative. En son nom l’on peut refuser, mais on ne peut rien bâtir, r
2895
veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose
que
des obstacles à toute union, d’un autre plan que celui-là, justement,
2896
que des obstacles à toute union, d’un autre plan
que
celui-là, justement, où le problème se révèle insoluble. Il faut part
2897
des réalités en train de se faire. Et nous voyons
qu’
elles sont d’une part continentales, bien au-delà des nations, d’autre
2898
nations. Voilà qui explique le paradoxe apparent
que
j’ai l’air de soutenir en préconisant à la fois de petites régions et
2899
re sein des différences situées sur d’autres axes
que
ceux où se développent les similarités. » Cette suggestion rejoint le
2900
rités. » Cette suggestion rejoint les conclusions
que
j’ai tirées pour ma part, depuis plusieurs années, d’une analyse des
2901
des pays européens à poser le problème régional.
Que
ces motifs soient de nature ethnique ou économique, linguistique ou g
2902
nnelle ou prospective, ce qui est frappant, c’est
qu’
ils jouent tous dans le même sens. De leur ensemble hétéroclite se dég
2903
l’entremise des manuels scolaires, n’est en fait
qu’
une forme politique récente, et cette forme se révèle déjà inadéquate,
2904
à Bruxelles pour l’économie. Il est bien évident
qu’
il faut en créer d’autres, pour l’énergie, pour les transports, pour l
2905
s territoriales à des réalités aussi hétéroclites
que
la langue parlée à la surface du sol et le minerai du sous-sol, l’éco
2906
, c’est-à-dire plus universel et plus particulier
que
celui des nations modèle xixe siècle. On nous a appris que les front
2907
des nations modèle xixe siècle. On nous a appris
que
les frontières dites « historiques » étaient aussi « naturelles », en
2908
le Rhin divise, mais le Rhône unit ! Or à mesure
que
ces frontières se dévalorisent, entre les pays de la CEE notamment, d
2909
e d’un chauvinisme local plus irrespirable encore
que
le chauvinisme national si elle ne répondait en réalité à une prise d
2910
econnaissance de l’obstacle majeur à cette union,
que
constituent les prétentions de l’État-nation à une souveraineté sans
2911
ne souveraineté sans limites, amènent à constater
que
si l’on veut faire l’Europe, il faut dissoudre le cadre stato-nationa
2912
des impôts de tout le pays et ne reçoit en retour
que
12 % de subventions de l’État central. Alors, certaines ethnies exige
2913
ces difficultés concrètes en dépit de l’obstacle
que
constituent les frontières nationales, dessinées aux hasards d’un aut
2914
oopération pratique, dans les différents domaines
que
j’ai cités : socioéconomique, culturel, écologique, universitaire. Ce
2915
d’une concertation continentale. Rien n’empêchera
que
les mêmes assemblées nomment, dans leur sein ou au-dehors, des person
2916
res et de leurs régions. Rien n’empêchera, enfin,
que
ces assemblées ne fonctionnent en fait comme des Chambres européennes
2917
ctionnent en fait comme des Chambres européennes,
que
ces agences ne constituent en fait des ministères, non officiels cert
2918
stères, non officiels certes, mais plus efficaces
que
les officiels, et qu’elles ne créent un Conseil européen composé de l
2919
certes, mais plus efficaces que les officiels, et
qu’
elles ne créent un Conseil européen composé de leurs chefs. Et tout d’
2920
e leurs chefs. Et tout d’un coup l’on s’apercevra
que
l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est faite à l’imag
2921
ra que l’Europe fédérale est virtuellement faite,
qu’
elle est faite à l’image de la fédération suisse, avec ses département
2922
. Le jour où les ordinateurs consultés répondront
que
les liens concrets tissés entre les régions, le tissu des relations n
2923
ions nouées entre elles sont devenus plus solides
que
les liens juridiques traditionnels et abstraits subsistant entre chaq
2924
tionaux peu à peu tombés en désuétude, à supposer
qu’
ils soient considérés par les habitants des régions comme des subsista
2925
t européen et de se battre pour ses compétences :
qu’
elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dime
2926
munales, dans le cadre des plans continentaux.
Que
faire ? En ce point, vous allez me poser deux questions : À la pre
2927
s allez me poser deux questions : À la première :
Que
faut-il faire pour que réussisse ce grand projet ? ma réponse est sim
2928
ela, il faut réformer notre enseignement. Il faut
que
l’École, à tous les degrés, cesse immédiatement de former des nationa
2929
sse immédiatement de former des nationalistes, et
qu’
elle remplace immédiatement l’enseignement nationaliste par un enseign
2930
ional, puis européen et mondial. Toute l’histoire
qu’
on nous a enseignée est à refaire. Elle était faussée à la base par un
2931
e « frontières naturelles » qui amène à enseigner
que
les Pyrénées séparent Français et Espagnols, alors qu’en réalité ces
2932
d-ouest et par des Catalans au sud-est, ou encore
que
le Rhin « sépare » alors que le Rhône « unit » les peuples. Toute l’é
2933
és par l’État central. Et c’est pourquoi j’ai dit
qu’
il nous faudra dix à quinze ans pour fédérer le continent : le temps d
2934
t : le temps de former une nouvelle génération et
qu’
elle arrive « aux affaires ». Aurons-nous le temps ? Vous me pos
2935
tastrophes écologiques, économiques et nucléaires
que
tout annonce ? À cela je répondrai par une anecdote tirée de la vie d
2936
nce de Rabat, et il avait demandé à son jardinier
que
l’on plante à droite et à gauche de l’entrée des arbres d’une essence
2937
L’autogestion, ou le pouvoir sur soi-même Ce
que
j’ai tenté de vous faire sentir, c’est que le problème européen dépas
2938
Ce que j’ai tenté de vous faire sentir, c’est
que
le problème européen dépasse largement les problèmes discutés dans la
2939
s problèmes de notre société, et c’est à ce titre
qu’
il doit être considéré par la jeunesse en quête d’un sens et de finali
2940
d’un sens et de finalités nouvelles. Il est vrai
que
ma description d’une Europe unie s’instaurant en dix ou quinze ans pa
2941
entes n’ont jamais abouti en Europe à autre chose
qu’
à une tyrannie accrue. La Terreur jacobine aboutit à Napoléon. La révo
2942
as d’omelette sans casser des œufs ! » je réponds
qu’
il ne suffit pas de casser des œufs pour faire une omelette. La non-vi
2943
ional, etc. Le seul pouvoir qui importe est celui
que
l’on a sur soi-même, car il est synonyme de liberté mais aussi de res
2944
sponsabilité. C’est à cause de cela, finalement,
que
je vous parle de l’Europe, de son union, et plus encore, des régions.
2945
ciplines sociales uniformes et dépersonnalisantes
que
cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, a
2946
: créer des régions et les fédérer, avec tout ce
que
cela suppose, nous l’avons vu, d’autogestion à tous les degrés, de re
2947
le but. L’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé
que
nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de devine
2948
our essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire
que
nous sommes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’agit de la
2949
ir. C’est à le faire que nous sommes appelés — et
que
je vous appelle. 114. Il s’agit de la première esquisse de ce qui
2950
ments politiques et certaines attitudes de pensée
que
l’on observe dans le même temps, mais qui appartiennent à des ères di
2951
ers réaffirmant avec une sorte d’emphase anxieuse
que
l’unité de la nation est le bien suprême, que son indépendance doit r
2952
use que l’unité de la nation est le bien suprême,
que
son indépendance doit rester absolue et son État indivisible, ne font
2953
t rester absolue et son État indivisible, ne font
que
prolonger le xixe siècle. Mais les ouvrages des seconds démontrant q
2954
siècle. Mais les ouvrages des seconds démontrant
que
l’État-nation est une formule dépassée, se trouvent anticiper sur le
2955
ire. Illustrons cela de citations qui n’appellent
que
très peu de commentaires. L’État-nation est le bien suprême Disc
2956
gions non seulement me hérisse, mais me fait dire
que
ceux qui l’emploient font un étrange retour en arrière. Il y a déjà e
2957
même discours de Poitiers, M. Pompidou rappelle «
qu’
il a fallu mille ans d’efforts en France pour créer notre identité nat
2958
résistance des peuples on a dû vaincre, ne fût-ce
que
pour oblitérer sept langues par une seule, et les réduire au statut d
2959
onaux et Français ! (Mais l’État n’existerait-il
que
dans la capitale ?) Enfin M. Sanguinetti, secrétaire général du parti
2960
rétaire général du parti gaulliste UDR, convaincu
que
les militants autonomistes en France sont « des imbéciles ignorant l’
2961
nationale ». Je m’étais étonné, en janvier 1974,
qu’
au moment où la « réforme fondamentale » qu’était censée représenter l
2962
1974, qu’au moment où la « réforme fondamentale »
qu’
était censée représenter la création des régions en France entrait en
2963
État, au lieu de saluer l’événement, ne parlaient
que
des dangers de la réforme, et précisaient surtout ce qu’elle ne devai
2964
dangers de la réforme, et précisaient surtout ce
qu’
elle ne devait pas être. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantage
2965
e. Pas un mot sur sa nécessité, sur les avantages
qu’
on en attendait pour la prospérité économique, et plus encore : pour u
2966
impérieux coup de frein. Je constate aujourd’hui
que
les candidats « sérieux » à la présidence de la République française,
2967
eux » à la présidence de la République française,
qu’
ils soient de gauche ou de droite, ou gaullistes, revendiquent tous da
2968
adite indépendance et lesdits intérêts. Personne,
que
je sache, n’a parlé des devoirs de la France, si tous ont parlé de se
2969
de l’État, dont pas un ne paraît même soupçonner
que
son discours est démodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur n
2970
ouveau 117 se livre à une critique radicale de ce
qu’
il nomme l’État-nation — résultat de la confiscation d’une nation par
2971
un appareil étatique — formule qui ne peut mener
qu’
à la guerre totale et aux régimes totalitaires, comme vont le confirme
2972
rand ouvrage Du Pouvoir 118, où tout en annonçant
qu’
il va se borner à « rechercher les causes et le mode de croissance du
2973
entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble
que
par leur commun servage envers l’État ». Depuis quelques années, le t
2974
e international actuel est basé sur la conception
qu’
il est raisonnable et conforme à la nature des choses de diviser la su
2975
oses de diviser la surface du globe en parcelles,
que
nous désignons comme des territoires nationaux, et d’abandonner le po
2976
si bien avec la structure des systèmes techniques
qu’
avec les besoins vitaux de notre monde. Il s’accorde mal avec les prin
2977
apport de Tokyo sur l’homme et la croissance 120.
que
jusqu’ici l’on n’a guère étudié « que les structures et le mode de fo
2978
ssance 120. que jusqu’ici l’on n’a guère étudié «
que
les structures et le mode de fonctionnement des États-nations existan
2979
stants. Or, on s’accorde de plus en plus à penser
que
, sans changements majeurs de ce modèle, on n’aboutira pas à des solut
2980
e ces États-nations nous paraît tellement normale
qu’
il nous arrive d’oublier que leurs frontières actuelles… sont fondées
2981
aît tellement normale qu’il nous arrive d’oublier
que
leurs frontières actuelles… sont fondées sur une longue série d’accid
2982
n s’est forgé une histoire nationale qui démontre
que
son développement était inévitable, et son destin arrangé par la Prov
2983
t unifié offre-t-il à ses habitants plus et mieux
que
le petit État ? se demande H. Kahn. Et de constater que « la France n
2984
petit État ? se demande H. Kahn. Et de constater
que
« la France n’a pas une économie nécessairement plus saine que celle
2985
ce n’a pas une économie nécessairement plus saine
que
celle de la Belgique, et aucune des deux n’a une économie plus saine
2986
e, et aucune des deux n’a une économie plus saine
que
le Luxembourg ». De même, la France n’est pas plus en sécurité que l
2987
». De même, la France n’est pas plus en sécurité
que
la Belgique et aucune des deux n’est plus en sécurité que le Luxembou
2988
elgique et aucune des deux n’est plus en sécurité
que
le Luxembourg (lequel d’ailleurs a dissous son armée). Pourquoi, dans
2989
llures et de son dialecte… Il est peut-être temps
que
les nations submergées de l’Europe renaissent… De sérieux troubles po
2990
ropéens sont en train de disparaître ; il se peut
qu’
elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors être rempl
2991
it former une communauté politique plus effective
que
le système actuel. Traduisons : les États-nations éclatés ne sont au
2992
duisons : les États-nations éclatés ne sont autre
que
les régions. L’avenir serait donc à l’Europe des régions. À Paris, le
2993
présidence de la République proclament à l’envie
qu’
ils sauront faire prévaloir « les intérêts de la France ». L’égoïsme s
2994
s les pays, serait-il en passe d’être si contesté
qu’
il faille en faire un point de programme électoral ? De Gaulle seul av
2995
etc., jusqu’à « Normandie aux Anglais ». On sait
que
de Gaulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum qu’il avait te
2996
ulle n’a pas été suivi à l’occasion du référendum
qu’
il avait tenu à organiser — contre l’avis de ses conseillers — sur le
2997
rt du général de Gaulle 122, plus de confirmation
que
l’historien le plus méfiant ne saurait en exiger. À la veille du réfé
2998
i est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira
que
j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » D
2999
départ. […] Il se montrait préoccupé du jugement
que
l’histoire porterait sur son retrait ». « J’ai pris la bonne sortie d
3000
a réforme des régions, c’était le dernier service
que
je pouvais rendre à la France. » « Partir sur le refus d’une grande r
3001
nir par mes Mémoires, l’avenir des grandes choses
que
connaîtront d’autres générations. » Il est certain que dans le nombre
3002
onnaîtront d’autres générations. » Il est certain
que
dans le nombre des « grandes choses », la région n’était pas la moind
3003
ment Things to Come. L’« assaut » n’exprime guère
que
l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasse
3004
e. L’« assaut » n’exprime guère que l’idée banale
que
nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasset, Paris, 1972. 1
3005
nneur du Centre européen de la culture, je savais
qu’
il accepterait parce qu’il était le plus européen de tous les Suisses,
3006
il était le plus européen de tous les Suisses, et
qu’
il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi qu’il était le plus suis
3007
qu’il ne pouvait l’ignorer. Mais je savais aussi
qu’
il était le plus suisse de tous les grands écrivains de l’Europe. Qu’i
3008
suisse de tous les grands écrivains de l’Europe.
Qu’
il n’y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands
3009
œuvre et la carrière de Carl J. Burckhardt. C’est
qu’
il fut l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la formul
3010
de l’historien de la Renaissance, je ne pense pas
qu’
il ait tenu de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous
3011
les lettres à Hofmannsthal du cadet), mais plutôt
qu’
on pourrait l’attribuer à leur commune formation bâloise d’historiens
3012
lone de Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements
qu’
il a vécus et qu’il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type
3013
enfin mémorialiste d’événements qu’il a vécus et
qu’
il avait prévus, Carl J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen
3014
rce, en toute indépendance d’esprit, peut-on dire
que
ces traits composent une personnalité typiquement suisse ? Je constat
3015
une personnalité typiquement suisse ? Je constate
qu’
on les trouve réunis chez quelques-uns des hommes les mieux liés par t
3016
tellement plus exemplaire pour l’humanité à venir
que
le champion qu’on adule aujourd’hui dans tous les ordres, du chef d’É
3017
xemplaire pour l’humanité à venir que le champion
qu’
on adule aujourd’hui dans tous les ordres, du chef d’État au cycliste
3018
monstre sacré du cinéma, qui ne sont, après tout,
que
des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’appelions, était un homme
3019
r la hauteur, affable mais non sans malice, et ce
qu’
il faut d’arbitraire dans les jugements, lucide avec mélancolie mais n
3020
e mais nul cynisme, plus de sensibilité aux êtres
qu’
aux idées, et aux situations qu’aux systèmes, d’où son sens politique
3021
ibilité aux êtres qu’aux idées, et aux situations
qu’
aux systèmes, d’où son sens politique intuitif et ses vues parfois pro
3022
isse la dimension qui manque le plus à ce pays et
que
j’aime à nommer la dimension princière. do. Rougemont Denis de, «
3023
e affaire entendue parmi les intellectuels autant
que
dans le grand public européen, c’est que George Orwell a prévu notre
3024
s autant que dans le grand public européen, c’est
que
George Orwell a prévu notre destin inéluctable d’Occidentaux promis à
3025
e nouvelle guerre européenne a éclaté. Il se peut
qu’
elle dure plusieurs années et mette en pièces la civilisation occident
3026
mette en pièces la civilisation occidentale ; ou
qu’
elle se termine d’une manière indécise et prépare une autre guerre qui
3027
ffaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’est
que
« la paix intensifiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident qu
3028
fiée ». Guerre ou pas guerre, il est bien évident
que
ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme li
3029
ient pas été prévues, car on imaginait en général
que
le socialisme pouvait préserver et même étendre le climat du libérali
3030
e étouffé, devient inexistant. Mais cela signifie
que
la littérature, du moins sous la forme que nous connaissons, devra pa
3031
gnifie que la littérature, du moins sous la forme
que
nous connaissons, devra passer par une mort temporaire. La littératur
3032
l’histoire donne entièrement raison : si tout ce
qu’
ils annonçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas qu’ils n’ont
3033
nçaient nous arrive aujourd’hui, ne serait-ce pas
qu’
ils n’ont rien fait pour l’empêcher ? Et tout fait pour accréditer d’a
3034
ophétie trop bien réalisée — et peu le sont mieux
que
celle d’Orwell — m’incite à poser cette question : l’auteur a-t-il ét
3035
nir, par prévision autoréalisante ? S’il est vrai
que
« ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme
3036
tienne libérale », alors oui, il est bien certain
que
« nous entrons dans l’âge des dictatures totalitaires ». Mais que « l
3037
ns dans l’âge des dictatures totalitaires ». Mais
que
« l’individu autonome » soit annihilé, évacué, devienne « inexistant
3038
is bien la cause, tant de l’effondrement chrétien
que
l’on allègue, que de l’avènement totalitaire que l’on subit. La posit
3039
tant de l’effondrement chrétien que l’on allègue,
que
de l’avènement totalitaire que l’on subit. La position du problème me
3040
que l’on allègue, que de l’avènement totalitaire
que
l’on subit. La position du problème me paraît fausse, non pas seuleme
3041
et sans nous, collectivement : il ne peut exister
que
dans nous et par nous. Celui qui aime activement son prochain se comp
3042
ffondre. Quand Orwell écrit son essai, le malheur
qu’
il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même
3043
hrase trahit et déclare la démission du spirituel
qu’
elle dit fatale. Ce qu’il s’agit de savoir en réalité, c’est si le mo
3044
la démission du spirituel qu’elle dit fatale. Ce
qu’
il s’agit de savoir en réalité, c’est si le monde de l’Esprit existe o
3045
la liste des best-sellers religieux. Orwell a vu
que
les substituts du christianisme, de l’Église et du cléricalisme seron
3046
alisme, le Parti et l’appareil bureaucratique. Et
que
les socialismes au pouvoir ne vont mener nulle part à plus de liberté
3047
, malgré eux ? Vous ne voyez pas ? On nous répète
qu’
ils sont la seule réalité… Nous voici donc contraints et acculés à l’i
3048
régions sans institutions : il importe seulement
qu’
elles existent, pour nourrir notre espoir raisonnable de restructurer
3049
p Quand on pose une question de ce type, c’est
que
l’objet en question semble avoir fait son temps, qu’il survit peut-êt
3050
l’objet en question semble avoir fait son temps,
qu’
il survit peut-être à sa raison d’être, qu’il est trop vieux. Et l’on
3051
temps, qu’il survit peut-être à sa raison d’être,
qu’
il est trop vieux. Et l’on publie : Pourquoi des philosophes ? Pourquo
3052
? Pourquoi l’Université ? Ou au contraire, c’est
que
l’objet est encore trop jeune, et qu’il convient, avant de s’en occup
3053
aire, c’est que l’objet est encore trop jeune, et
qu’
il convient, avant de s’en occuper, de s’assurer de sa réalité. Le sec
3054
est discuté en public, le problème ne date guère
que
des années soixante de ce siècle. La bibliographie des études régiona
3055
ssance de l’Europe des régions (1968) me rappelle
que
les premières études « régionalistes » datent de 1958 : Paul Romus, J
3056
es » datent de 1958 : Paul Romus, J. Boudeville ;
qu’
elles sont suivies par une série de publications dans les cahiers de l
3057
egio Basiliensis (5 vol.) datent de 1964-1965, et
que
les premières études dues au Centre européen de la culture (CEC) et à
3058
ncore bien compris pourquoi des régions ? Il faut
que
nous le reconnaissions clairement. Il y a sans doute ici plusieurs sp
3059
es problèmes qui pourraient être tentés de croire
que
les raisons de faire des régions sont bien assez connues, et même rab
3060
ns sont bien assez connues, et même rabâchées, et
qu’
il s’agit maintenant de pousser en profondeur et d’affiner l’analyse s
3061
ion n’est pas d’étudier une réalité donnée, telle
qu’
elle est, mais de construire une réalité habitable, telle que des homm
3062
, mais de construire une réalité habitable, telle
que
des hommes seuls peuvent la faire devenir. Les régions ne sont pas de
3063
ré Piaget par ses nombreuses analyses établissant
que
notre savoir, notre connaissance, ne proviennent ni des sens, ni de s
3064
e l’action de l’homme. Dans ce sens, on peut dire
qu’
il n’y aura jamais de région, que la région ne sera jamais une réalité
3065
ns, on peut dire qu’il n’y aura jamais de région,
que
la région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la fa
3066
ut pas la faire ; ou pour celui qui n’accepterait
qu’
on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord qu’elle existe
3067
lui qui n’accepterait qu’on se soucie de la faire
que
si on lui prouvait d’abord qu’elle existe. Celui qui nie toute valeur
3068
soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord
qu’
elle existe. Celui qui nie toute valeur « scientifique » à l’action de
3069
que ? D’écologie ou de morale civique ?) Je pense
que
la région est un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est so
3070
ce et du suffixe turus, devant être fait.) Disons
que
la région relève de la nature naturante par opposition à la nature na
3071
lonté humaine, il est décisif pour sa réalisation
qu’
on puisse expliquer avec efficacité ses raisons d’être, ou plutôt de d
3072
le de citoyens. Les régions seront, ou non, selon
que
leur raison d’être aura été exposée d’une manière active et convainca
3073
est donc sur l’argumentation du problème régional
que
je voudrais centrer mes réflexions. À la question Pourquoi des région
3074
e la dégradation de toute existence communautaire
qu’
il subit aujourd’hui, et qui appelle comme remède immédiat, structurel
3075
, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait
que
les données du problème général des régions dans le cadre de l’État-n
3076
ait de la frontière, qui divise arbitrairement ce
que
la Nature, l’Histoire, les ethnies, ou les intérêts avaient uni. Près
3077
s frontières, on voit et on ressent immédiatement
que
les solutions aux problèmes qu’on vient de citer sont rendues diffici
3078
ent immédiatement que les solutions aux problèmes
qu’
on vient de citer sont rendues difficiles ou impossibles du simple fai
3079
rendues difficiles ou impossibles du simple fait
que
l’État-nation se veut souverain unique, indivisible et absolu, dans t
3080
rrêtée par les frontières, qui ne laissent passer
que
la pollution elle-même (des airs, des eaux, des ondes et des tempêtes
3081
’Italie), centrée sur la « cuvette genevoise » et
que
nous avons baptisée région lémano-alpine. Les fonctions essentielles
3082
e sous-jacente, qui ne demanderait, pour exister,
qu’
à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la ra
3083
Haute-Savoie), et des négociations franco-suisses
qu’
elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Com
3084
iations franco-suisses qu’elles ont occasionnées,
qu’
on en est venu à constituer la première Commission régionale transfron
3085
logique des choses. Car les problèmes écologiques
que
la bipartition nationale du bassin lémanique a empêché jusqu’ici de t
3086
ter convenablement, sont plus graves à long terme
que
les problèmes de l’emploi. Le Léman, au milieu duquel passe la fronti
3087
ersés d’une Commission internationale qui ne peut
que
transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et
3088
qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière
que
ne le font les pollutions et les nuisances de toute espèce. Troisième
3089
ités de Suisse romande et de Rhône-Alpes. On sait
que
la collaboration interuniversitaire, déjà difficile entre les cantons
3090
éjà difficile entre les cantons romands, est plus
que
ténue entre universités suisses et françaises. Les professeurs frança
3091
giner la richesse des possibilités de coopération
qu’
ouvrirait l’organisation d’une région universitaire. Englobant celles
3092
dans cette langue, dont nous ne connaissons plus
que
quelques mots mais qui a sans aucun doute marqué toute la culture de
3093
es dans l’inconscient de ses habitants.) Ajoutons
que
cette « plus grande région » est aussi celle de l’horlogerie européen
3094
idiennement vécus, et le fait aisément vérifiable
que
seule la frontière les rend insolubles, voilà qui enseigne la région,
3095
tion du « Pourquoi des régions ? » à partir de ce
que
tout un chacun peut vérifier. Pour qui voit et comprend les réalités
3096
l’évidence. Je propose les étapes de raisonnement
que
voici : La crise mondiale — dont parlent tous les mass médias, depui
3097
ain vivant aujourd’hui, et vivent dans la crainte
que
l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme p
3098
t vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est
qu’
à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, enta
3099
leur monnaie nationale, etc., avec les résultats
que
chacun peut constater. Ils ne sauraient donc éluder leur responsabili
3100
, enfin sur la vie et la mort des citoyens, selon
qu’
ils se conforment ou non aux dogmes de la religion stato-nationale, do
3101
des relations humaines. Devant la contre-attaque
qu’
elle a provoqué par son action, l’Europe se voit aujourd’hui sans forc
3102
est cela aussi qui l’empêche de résoudre la crise
qu’
elle a fomentée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’unissent
3103
pêche de résoudre la crise qu’elle a fomentée, et
qu’
elle entretient. Si les Européens ne s’unissent pas, ils seront coloni
3104
t enfin prendre en main leurs affaires communes —
qu’
il s’agisse de réalités culturelles ou énergétiques, écologiques ou so
3105
es ou sociales. Et voilà qui représente bien plus
qu’
une mesure opportune de « décentralisation » des pouvoirs engorgés de
3106
omme moderne vit dans l’angoisse parce qu’il sent
que
« tout lui échappe », et que « ils » sont seuls responsables, « ils »
3107
sse parce qu’il sent que « tout lui échappe », et
que
« ils » sont seuls responsables, « ils » c’est-à-dire l’État, des rés
3108
nsable. L’homme ne peut être libre et responsable
qu’
à l’échelle de la commune. (Tocqueville l’a bien vu et bien dit.) C’es
3109
Jouvenel observe une chose très simple : c’est
que
nous ne pouvons connaître avec quelque certitude que le passé, mais s
3110
nous ne pouvons connaître avec quelque certitude
que
le passé, mais sans pouvoir le changer ; alors que nous avons liberté
3111
ouverner. Mais si l’avenir est entièrement connu,
que
sert alors de gouverner ? En fait, les termes de l’antinomie ne sont
3112
as aussi radicaux. Il serait absurde de prétendre
que
nous ne savons rien de l’avenir, car nous en savons l’essentiel : nou
3113
ons l’essentiel : nous mourrons tous. Nous savons
que
la mort physique (selon le second principe de la thermodynamique) l’e
3114
ais non pas sur l’esprit créateur. Et nous savons
que
la terre ayant des dimensions finies, ses ressources seront épuisées
3115
nverse, les historiens ne font plus mystère de ce
que
l’Histoire n’est pratiquement, pour nous, qu’une composition de faits
3116
ce que l’Histoire n’est pratiquement, pour nous,
qu’
une composition de faits passés, opérée à partir des problèmes du prés
3117
ve et personnelle, éphémère et pourtant décisive,
que
l’on voudrait tellement être en état de prévoir, mais qu’il faut fair
3118
voudrait tellement être en état de prévoir, mais
qu’
il faut faire, à tous risques et périls, et, faute d’une impossible co
3119
dispensables pour opposer les quelques certitudes
qu’
on vient de rappeler aux emportements du « Progrès » évalué en termes
3120
tifs de production ou de profit. Ils ont démontré
que
jamais le tiers-monde ne pourra rejoindre le niveau de vie de l’Occid
3121
t d’aujourd’hui. Ils ont fait voir accessoirement
qu’
il y a là pour le tiers-monde une chance historique, qu’il serait fou
3122
y a là pour le tiers-monde une chance historique,
qu’
il serait fou de mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore que l
3123
e mépriser. Et ils peuvent nous convaincre encore
que
la fabrication par les centrales surgénératrices de tonnes de plutoni
3124
iennent constitue un danger infiniment plus grave
que
celui de rouler moins vite et de régler à 20 degrés nos thermostats,
3125
nt nocifs quand ils tendent à nous faire accroire
qu’
une seule croissance est à la fois possible et nécessaire, celle de la
3126
faste qui nous annonce comme un fait scientifique
que
désormais « la consommation d’électricité va doubler tous les sept an
3127
j’oppose le type de prévision qui nous fait voir
que
la consommation d’électricité doit cesser de doubler tous les sept an
3128
présence de cette agression libératrice, il n’y a
qu’
une attitude raisonnable : si l’on veut faire mentir ce modèle (comme
3129
on le récuse, on ne fera rien pour échapper à ce
qu’
il annonce, et il deviendra vrai dans les délais prévus, de même qu’on
3130
ins dans l’inexactitude des calculs prévisionnels
que
dans le mauvais usage qu’on en fait, surtout quand on déguise en donn
3131
s calculs prévisionnels que dans le mauvais usage
qu’
on en fait, surtout quand on déguise en données scientifiques à des fi
3132
nécessaire de se demander ce qui résultera de ce
que
l’on entreprend, et de poursuivre ou non en connaissance d’effets, au
3133
isions à des prédictions qui ne seront « justes »
que
si vous faites (ou laissez faire) dès maintenant tout ce qu’il faut p
3134
faites (ou laissez faire) dès maintenant tout ce
qu’
il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’est donc pas contre la prospe
3135
érifient. Ce n’est donc pas contre la prospective
qu’
il s’agit de nous mettre en garde, mais contre l’illusion fataliste et
3136
iste et fatale qui nous ferait croire, désormais,
qu’
il revient à l’ordinateur d’orienter notre politique. La prospective d
3137
t nécessaire, si ce n’est pas raisonnable » ainsi
que
l’avouait récemment l’un des pionniers de la physique atomique, lors
3138
Rien de plus déprimant pour la santé d’un peuple
que
l’obsédant recours à la « nécessité » contre la liberté du choix mora
3139
ix moral et de la décision politique. Car quelles
que
soient ses intentions conscientes, ce discours pousse au crime de dés
3140
ait à ce titre être puni beaucoup plus sévèrement
que
l’objection de conscience, qui elle au contraire fait preuve d’une co
3141
’attitude de pensée essentiellement irresponsable
que
j’entends ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire que la socié
3142
ds ici dénoncer : elle voudrait nous faire croire
que
la société, la civilisation, leur crise et le système de leur crise,
3143
parlé, la cause est jugée. On oublie de nous dire
qu’
il n’est que la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel e
3144
use est jugée. On oublie de nous dire qu’il n’est
que
la voix de ses programmateurs et de leurs préjugés. Tel est le succès
3145
on de nos désirs sur une Nécessité impersonnelle,
qu’
on peut se demander si les « modèles » que manipulent les futurologist
3146
nnelle, qu’on peut se demander si les « modèles »
que
manipulent les futurologistes ne jouent pas un rôle comparable à celu
3147
t pas un rôle comparable à celui de ces figurines
que
le sorcier transperce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’être q
3148
ier transperce d’une aiguille ou mutile, persuadé
que
l’être qu’elles figurent subira les effets correspondants dans son co
3149
rce d’une aiguille ou mutile, persuadé que l’être
qu’
elles figurent subira les effets correspondants dans son corps ou dans
3150
on « modèle », le futurologiste croit-il vraiment
qu’
il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il a pris soin d’introduire
3151
ction financière, sociale ou morale, il est fatal
qu’
elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute la techno
3152
ission de l’homme devant l’État. D’où l’on déduit
que
l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et l
3153
toute technocratie nous y conduit aussi sûrement
que
le racisme, le marxisme-léninisme et les fascismes, aux dépens de la
3154
avenir à court terme au passé. Quand elle annonce
que
« la consommation va plus que doubler durant la prochaine décennie »
3155
Quand elle annonce que « la consommation va plus
que
doubler durant la prochaine décennie » (Time, 17 novembre 1973), elle
3156
e » (Time, 17 novembre 1973), elle décide en fait
que
l’avenir prochain est déjà joué dans le passé récent : c’est le contr
3157
calculable. Le long terme ne peut faire ressortir
que
l’absurdité de la croissance dès qu’elle devient exponentielle. Le lo
3158
iffrables, et leurs interactions mal prévisibles,
qu’
il échappe aux calculs sérieux, ou conduit à des conclusions tout arbi
3159
arbitraires, comme celles d’Herman Kahn annonçant
qu’
en 2050, les vingt milliards d’habitants couvrant la terre jouiront (?
3160
atisme utopique. Il y a plus grave. Liée au passé
qu’
elle tend à fixer plutôt qu’elle ne le prolonge en création ; soumise
3161
grave. Liée au passé qu’elle tend à fixer plutôt
qu’
elle ne le prolonge en création ; soumise aux seules lois de la matièr
3162
adoxalement, ne sont prévisibles en fin de compte
que
les phénomènes qui dépendent de facteurs non quantitatifs, non calcul
3163
istoire de l’Auto… Mais quand le calcul échoue et
que
pourtant l’on se voit sommé de prévoir, quel est le recours ? Au cour
3164
iance à la fameuse intuition ? Je reste convaincu
qu’
elle est la voie royale de la recherche fondamentale et de la création
3165
fondamentale et de la création, tant scientifique
qu’
artistique, de la saisie du réel par notre esprit, mais dans la crise
3166
ions dont dépend notre avenir ? Il est trop clair
qu’
on ne peut conduire un Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition,
3167
Boeing 747 en faisant confiance à l’intuition, et
qu’
il est préférable d’analyser d’abord les effets combinés que l’on obti
3168
préférable d’analyser d’abord les effets combinés
que
l’on obtient en manipulant les commandes et les boutons du tableau de
3169
èles à la manière de Forrester, tout en déplorant
qu’
ils échouent à prendre en compte des paramètres éventuellement décisif
3170
décisifs pour l’évolution de notre société, tels
que
« la peur de l’avenir en général, ou du chômage en particulier, capab
3171
ompte d’un facteur qui me paraît responsable plus
que
tout autre de l’expansion à outrance, je veux parler de la menace de
3172
à modifier tous nos paramètres : c’est en son nom
que
tel ministre de la guerre favorise une forte natalité, alors que son
3173
nc à la pollution ; et finalement le seul facteur
qu’
elle fasse diminuer, c’est la qualité de vie. Si bien qu’on peut se de
3174
l’intuition et au calcul, il faut admettre aussi
qu’
une société humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’est que partielle
3175
iété humaine n’est pas une mécanique, ou ne l’est
que
partiellement, et que dans toute la mesure où elle est autre chose —
3176
une mécanique, ou ne l’est que partiellement, et
que
dans toute la mesure où elle est autre chose — ensemble de systèmes p
3177
roupe en un tableau les événements du xxe siècle
que
ses méthodes n’eussent pu prévoir, en tant que « surprenants ou inatt
3178
industrielle des Américains d’avant-hier, on sent
que
l’auteur, pour débonnaire qu’il soit, les juge en somme déplacés, san
3179
avant-hier, on sent que l’auteur, pour débonnaire
qu’
il soit, les juge en somme déplacés, sans justification sérieuse. Ils
3180
ruinée d’un tel échec prévisionnel. D’autant plus
qu’
il se trouve que ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles ont
3181
échec prévisionnel. D’autant plus qu’il se trouve
que
ces mêmes événements méthodiquement imprévisibles ont fait l’objet de
3182
à Jacob Burckhardt et à Nietzsche, pour ne citer
que
les plus grands noms.130 Certes, ils ont tous nourri leurs intuition
3183
de l’homme de leur temps, dans les contradictions
qu’
ils y décelaient entre valeurs alléguées et conduites réelles, c’est d
3184
c’est donc au secret de la psyché de leur époque
qu’
ils ont surpris l’avenir comme à l’état naissant. À leurs yeux, la mor
3185
modèle) et notre société de consommation, — selon
que
l’on serait au début ou à la fin d’un vaste effort collectif, comme c
3186
s prévisions impossibles sont justement de celles
que
les auteurs plus intuitifs que scientifiques cités plus haut multipli
3187
ustement de celles que les auteurs plus intuitifs
que
scientifiques cités plus haut multiplient depuis près de deux siècles
3188
haut multiplient depuis près de deux siècles, et
que
je n’ai cessé de risquer dans mes livres : j’en donnerai plus loin de
3189
s exemples à propos d’Hitler notamment. Serait-ce
qu’
une chance imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’étaient se
3190
s ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai
que
le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’
3191
ns l’homme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ; et
que
de là, et de nulle part ailleurs, ni de la force des choses ni du cie
3192
raites anticipées, choses fort bonnes en soi mais
que
l’État n’accorde qu’en échange du droit d’aînesse des citoyens sur l’
3193
oses fort bonnes en soi mais que l’État n’accorde
qu’
en échange du droit d’aînesse des citoyens sur l’appareil bureaucratiq
3194
ansion malsaine n’aurait pas été moins nécessaire
que
d’assurer l’autonomie des centres régionaux. Au ve siècle, par suite
3195
dépendance. Et dans d’autres provinces, il semble
que
les hérésies chrétiennes, qui dressaient les fidèles contre l’autorit
3196
moignaient d’une secrète aspiration à l’autonomie
que
l’État temporel avait obstinément refusé de satisfaire. Il était beau
3197
iiie siècle ? Non, car l’appel au Christ plutôt
qu’
aux déités de l’Égypte ou du Proche-Orient — Isis, Mithra — ne pouvait
3198
senti et connu, en ce temps-là comme aujourd’hui,
qu’
au plus intime de chaque personne et dans la seule qualité de son ango
3199
de l’homme et peut s’y lire d’abord, car c’est là
que
l’Histoire se noue. De même que c’est dans la cellule et dans la doub
3200
et dans la double chaîne tressée des chromosomes
qu’
on peut déceler des maladies comme le cancer, c’est dans l’attente sec
3201
vidu et la formule de sa relation avec les autres
qu’
on pouvait déceler l’hitlérisme et même prévoir l’allure de sa courbe
3202
lure de sa courbe historique, et nous allons voir
qu’
on l’a fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noyau humain, physio
3203
d’une prospective personnaliste La prospective
que
j’ai dite intuitive pourrait être aussi bien baptisée subjective, pui
3204
c’est-à-dire de l’Histoire déjà faite. Elle tient
que
l’homme, fait par l’Histoire, est son objet, un objet parmi d’autres,
3205
parce qu’elle ne voit de sens possible à l’avenir
que
dans l’accomplissement de la personne, c’est-à-dire dans sa liberté,
3206
en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait
qu’
alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’aurait plus de
3207
liberté de l’homme. Elle existe et n’a d’intérêt
qu’
à seule fin d’orienter une politique, mais il n’y aurait plus de polit
3208
spective utile et significative ne peut donc être
que
libératrice (« Fais l’avenir à l’image de tes désirs ! ») ou monitoir
3209
nantes. Vos prévisions chiffrées ne m’intéressent
que
dans la mesure où j’ai en tête quelque finalité plus ou moins formula
3210
les grèves possibles, et à quelle heure il faudra
que
je me lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ont pas à me di
3211
e le train ou l’avion : elles n’ont pas à me dire
que
je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’ai pas à dev
3212
cement », disent les mystiques. C’est de mes fins
que
je vais partir, non du passé que l’inertie porte à durer aux dépens d
3213
’est de mes fins que je vais partir, non du passé
que
l’inertie porte à durer aux dépens du devenir personnel. Les critères
3214
s frontières. La plupart des critères de ce type,
qu’
utilisent couramment les technologues, portent en soi des fins de croi
3215
n avant vers un désastre inévitable, du seul fait
que
la finitude n’est pas capable d’infini — finitus non capax infiniti —
3216
de là plus d’autoroutes à mettre en train », — et
qu’
après dix ans écoulés, il y a dans l’ensemble européen moins d’habitan
3217
es, c’est-à-dire une croissance illimitée — celle
que
l’on « justifiait » naguère par la croissance démographique… Or toute
3218
ener dans l’hypothèse d’un succès maximum. Est-ce
que
cela va dans le sens de mes besoins réels, ou de mes désirs profonds,
3219
ité ou d’un caprice, comme la plupart des gadgets
qu’
on nous offre ; ou encore « n’importe où », comme l’auto ; ou vers que
3220
me l’auto ; ou vers quelque chose d’angoissant et
que
l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entend
3221
uoi, et si son prix valait vraiment les avantages
qu’
elle offre à la communauté qui l’a payée, et aux assassins du week-end
3222
assassins du week-end. Enfin, le modèle d’avenir
qu’
on élabore doit rester flou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communa
3223
qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et
que
nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers no
3224
erminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions
qu’
à subir. C’est l’art d’aménager des chemins vers nos fins, et non pas
3225
os fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit
que
nous agissions ou que nous laissions courir, que nous le voulions ou
3226
possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou
que
nous laissions courir, que nous le voulions ou non, l’avenir est notr
3227
que nous agissions ou que nous laissions courir,
que
nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Et non pas celle
3228
lles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont
que
les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouvenel, L’Art d
3229
e chance, sauf intuition, de deviner les manettes
qu’
il convient de manier. Et encore faudrait-il que le tableau de bord lu
3230
s qu’il convient de manier. Et encore faudrait-il
que
le tableau de bord lui rappelle certaines choses dont il ait (ou ait
3231
« l’intuition » du geste à faire ne pourrait être
que
réminiscence. Faute de quoi, l’on fera mieux de consulter le mode d’e
3232
e 1975, p. 30-43. dr. Une note liminaire précise
que
ce texte « réunit quelques brefs chapitres extraits d’un ouvrage en p
3233
ences, un colloque, et tout un congrès134. Plutôt
que
de résumer ici mes conclusions — qui restent ouvertes — ou d’essayer
3234
clament, le concept exprimé par ces mots signifie
qu’
il est entendu, avant tout discussion et comme allant de soi que : — l
3235
ndu, avant tout discussion et comme allant de soi
que
: — la nouveauté vaut mieux que l’ancienneté ; — l’originalité vaut m
3236
mme allant de soi que : — la nouveauté vaut mieux
que
l’ancienneté ; — l’originalité vaut mieux que les vérités reçues ; —
3237
eux que l’ancienneté ; — l’originalité vaut mieux
que
les vérités reçues ; — le choc vaut mieux que l’équilibration ; — la
3238
ux que les vérités reçues ; — le choc vaut mieux
que
l’équilibration ; — la mise en question vaut mieux que la mise en ord
3239
’équilibration ; — la mise en question vaut mieux
que
la mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré
3240
la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt
que
certifiée moderne, à toute espèce de tradition, si toutefois l’on pré
3241
on prétend se tenir à l’avant-garde de son temps.
Qu’
on m’entende bien : quantité d’intellectuels et d’artistes européens,
3242
t aujourd’hui encore des tenants de la tradition,
qu’
elle soit chrétienne, classique, rationaliste ou marxiste. Ils considè
3243
. Mais il n’y a de Modernes, et loués comme tels,
qu’
en Europe et en Amérique. (Il y en eut en Russie jusqu’à Staline : Str
3244
des Anciens et des Modernes n’a jamais eu de sens
qu’
en Europe. Tout le monde sait cela et l’ignore à la fois, par refus d’
3245
tuel, il serait en effet difficile de reconnaître
que
la modernité, étant ce qui récuse les vérités reçues et remet en ques
3246
’occidentale. D’où viennent ces erreurs radicales
que
commettent au sujet de leur propre culture les Occidentaux et eux seu
3247
ture les Occidentaux et eux seuls ? Et d’où vient
qu’
en tant qu’ils renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’en rév
3248
taires, mais se privent de comprendre les autres,
qu’
ils admirent par malentendu ? II. Approche proposée Le problème
3249
ne saurait être sous-estimée (nonobstant tout ce
qu’
on vient de montrer que l’on tient pour vraiment sérieux). Je voudrais
3250
stimée (nonobstant tout ce qu’on vient de montrer
que
l’on tient pour vraiment sérieux). Je voudrais inverser cette échelle
3251
ligieuses à l’origine, si elles ne s’avouent plus
que
culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose donc que les relati
3252
relles ou idéologiques de nos jours. Je pose donc
que
les relations entre l’Europe et le Monde dépendront dans l’avenir imm
3253
I. Le concept de révolution Mais s’il est vrai
que
toute culture vient d’une religion et la prolonge en expressions vari
3254
iècle qui, sur les traces de Karl Barth, a montré
que
le christianisme n’est pas une religion à proprement parler, c’est-à-
3255
litique (ses rites et ses conduites sociales) tel
que
l’ont fondé les ancêtres ; mais au contraire : — oppose le « nouvel
3256
ce des choses espérées, ferme assurance de celles
qu’
on ne voit point », aux certitudes de la religion gageant le passé, la
3257
ale et irrémédiable de l’actuel ordre des choses (
que
toutes les autres religions avaient pour mission de maintenir), et so
3258
Tous ces traits définissent une anti-religion.
Que
les Églises plus tard aient recréé les éléments d’une religion chréti
3259
crise aveuglante. Et il écrit, un peu plus tard,
qu’
au retour du Christ : « Nous serons tous transformés, en un instant »
3260
igions, parce qu’elle n’est concevable, en effet,
que
dans une société travaillée par le message chrétien. Idée profondémen
3261
mpire d’Alexandrie, on peut bien dire avec Valéry
que
« tout est venu à l’Europe » : population, alphabet, droit, cosmogoni
3262
ie — mythe de la Création et astronomie. C’est ce
que
symbolise le mythe de l’Enlèvement d’Europe. Europe, princesse de Tyr
3263
pportent l’aristotélisme, l’algèbre, et bien plus
que
cela : le concept de l’amour-passion, sa mystique et sa rhétorique, q
3264
ui me paraît définitive. À partir du xve siècle,
que
fait l’Europe quand elle emprunte au Monde, faute de « valeurs », des
3265
tée. Les chinoiseries du xviiie français ne sont
qu’
une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublement de
3266
çais ne sont qu’une mode et qui n’influence guère
que
la vaisselle et l’ameublement des plus riches. Au xixe , la Polynésie
3267
éduit Gauguin, sans lui apporter rien d’essentiel
que
la Bretagne n’ait formé d’abord. Il en va de même pour l’influence pa
3268
», comme l’écrit d’une manière pertinente autant
qu’
originale, Charles-Albert Cingria : on ignore très généralement que le
3269
rles-Albert Cingria : on ignore très généralement
que
les negro spirituals utilisent des mélodies populaires du pays de Gal
3270
es populaires du pays de Galles — celles-là mêmes
que
les « revivalists » des années 1830 utilisèrent pour tant de cantique
3271
es années 1830 utilisèrent pour tant de cantiques
qu’
on chante encore en Suisse romande. C’est ainsi que l’audition des pre
3272
u’on chante encore en Suisse romande. C’est ainsi
que
l’audition des premiers disques de negro spirituals réveilla d’abord
3273
ne lui doit rien, et c’est précisément à Debussy
qu’
il choisit de se rattacher. Mais dans le même temps, par la force et l
3274
s précis, concret, les a créées. Tel émirat n’est
qu’
un désert ; ajoutez-y l’art du forage des puits et l’industrie automob
3275
de massacres massifs. Il en résulte à l’évidence
que
le monde moderne tout entier, en tant que tel, peut être appelé une c
3276
ue tel, peut être appelé une création européenne.
Que
se passe-t-il quand le monde adopte ces inventions, ces procédés, ces
3277
dés, ces formes ? D’une manière globale, je crois
que
nous sommes en droit de dire que l’Europe, depuis deux ou trois siècl
3278
lobale, je crois que nous sommes en droit de dire
que
l’Europe, depuis deux ou trois siècles, exporte sans relâche ses prod
3279
tous les termes de l’échange aussi bien culturel
que
commercial. Mais, que le dialogue sur les finalités de la culture et
3280
échange aussi bien culturel que commercial. Mais,
que
le dialogue sur les finalités de la culture et de ses produits devien
3281
croscopique des effets d’une forme (ici musicale)
que
l’on impose à la sensibilité d’un peuple, — lequel n’est pas en mesur
3282
sure d’en déchiffrer le message : il ne peut donc
que
subir cette forme comme une contrainte stérilisante. L’énoncé des pl
3283
de chose toute tentative verbale pour exprimer ce
que
l’homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltan
3284
t elle répond dans le monde de l’âme au même défi
que
la science dans le monde des corps et de l’intellect. Les structures
3285
les machines sont transportables et vendables, ce
que
ne sont pas les sensibilités ni les valeurs spirituelles. Un intellec
3286
traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte
que
sa femme, qui est Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfa
3287
s le goût de ce pays ». Mais ils ne purent écrire
que
de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musique indonésie
3288
rien de leur musique indonésienne et ne faisaient
que
réinventer les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’av
3289
er les lieux communs de nos chansons européennes,
qu’
ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée est, en
3290
fficaces et plus puissants, car c’est aux pensées
qu’
ils commandent, aux sentiments, aux sources mêmes de l’invention et de
3291
contact de l’Europe et d’un empire, la Chine : —
qu’
a-t-elle reçu de l’Europe ? et qu’en fait-elle ? La Chine a pris d’abo
3292
e, la Chine : — qu’a-t-elle reçu de l’Europe ? et
qu’
en fait-elle ? La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est b
3293
ine) à l’Occident — entendons aux États-Unis plus
qu’
à la mère-patrie européenne. Cet ensemble d’options fondamentales, de
3294
une partie de Das Kapital. Karl Marx avait prévu
que
sa révolution se produirait dans les pays industriels. Or la Chine es
3295
ejoindre les conditions d’une révolution marxiste
que
Mao appellera révolution. Il parlera d’abord de « bond en avant » (ma
3296
lera de « révolution culturelle », marquant ainsi
que
la modernité ne saurait se développer spontanément dans un peuple que
3297
saurait se développer spontanément dans un peuple
que
toute sa tradition préparait à refuser le nouveau, le moderne, comme
3298
, comme représentant l’erreur même : il faut donc
que
l’État force le processus par une série de secousses et de bonds en a
3299
et de bonds en avant bien calculés. Mao a précisé
qu’
il y aurait lieu de renouveler périodiquement la « révolution culturel
3300
société industrielle de demain s’annonce si long
que
les dangers de la croissance illimitée sont encore inconcevables dans
3301
ore inconcevables dans ce monde-là. D’autant plus
que
Mao, très sagement, freine les développements les plus nocifs de la t
3302
bile. C. Reste le virus le plus sûrement mortel
que
l’Europe ait propagé dans le monde en le colonisant intensivement pen
3303
si l’on en juge par l’une des directives récentes
que
« le Grand Timonier » fait répéter chaque jour à des millions de trav
3304
Ne préconisez jamais l’hégémonie ». (Il est clair
que
cela vise d’abord le grand voisin, mais enfin le slogan paraît valoir
3305
’européanise par l’extérieur, — contraste avec ce
que
pratiquent la plupart des autres régimes asiatiques et africains hâti
3306
t les 4/5e ont moins de 30 ans d’âge et n’en sont
que
plus aptes à revendiquer leur souveraineté stato-nationale illimitée.
3307
limites se présente toujours comme quelque chose
qu’
il s’agit de « protéger » contre les « ingérences étrangères ». C’est
3308
a forme politique de la paranoïa. Elle ne se pose
qu’
en s’opposant aux voisins et aux « impérialismes internationaux ». Si
3309
neufs de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est, ainsi
qu’
une bonne moitié des pays depuis longtemps décolonisés de l’Amérique l
3310
’armer au-delà de toute raison contre des ennemis
qu’
elles se créent, dont elles ont besoin pour survivre et assurer leur «
3311
ons de répondre victorieusement aux défis mortels
qu’
on vient de citer141. Or la souveraineté nationale ne sera bientôt plu
3312
veraineté nationale ne sera bientôt plus garantie
que
par la possession de l’arme nucléaire. Mais l’arme nucléaire est déso
3313
litiques. Il est donc fatal, dans ces conditions,
qu’
une guerre atomique, même si aucun État ne la souhaite, éclate « par a
3314
le, prévenant les effets encore plus destructeurs
qu’
auraient sans elle les famines continentales ou une diminution catastr
3315
Vocation de l’Europe Les conditions critiques
que
l’on vient de rappeler ont été créées par l’Occident, et d’abord par
3316
ficace mais globalement nocive). C’est à l’Europe
qu’
il appartient de modifier ces conditions, et l’on ne voit pas de raiso
3317
ditions, et l’on ne voit pas de raisons d’espérer
que
des solutions radicales puissent venir d’ailleurs. Si les Européens n
3318
rait être évitée. C’est en Europe et non ailleurs
que
les anticorps des virus répandus par nos États, notre technologie, no
3319
s conceptions du monde, à leur way of life, ainsi
qu’
à leurs données géohistoriques, écologiques et ethno-culturelles. La v
3320
ffrir l’exemple au monde, et dont on peut espérer
qu’
elle exercerait sur lui une attraction puissante, consisterait dans la
3321
s qui me paraissent propres à guider une relance,
qu’
il faut souhaiter, aussi prochaine que possible, du Dialogue des cultu
3322
ne relance, qu’il faut souhaiter, aussi prochaine
que
possible, du Dialogue des cultures. 134. Cf. L’Aventure occidenta
3323
moi d’en décider, me laissent presque sans voix.
Que
devenir, que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se mo
3324
ider, me laissent presque sans voix. Que devenir,
que
dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se montrer bonhomm
3325
que dire en pareille circonstance ? Il n’y a plus
qu’
à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschrift ou de
3326
ges représentent un genre littéraire bien défini,
que
je connais un peu, pour avoir collaboré à une bonne quinzaine d’entre
3327
lus délicieuses — ou les plus inquiétantes, selon
que
l’on se sent « deviné », « vraiment compris », traduisons : loué sans
3328
s mérites ; ou au contraire mécompris, entendez :
qu’
on aurait pu tout de même dire mieux et plus… Cela, c’est le risque, l
3329
si, le joyeux, les jugements de fait, plus encore
que
de valeur, en flagrante contradiction terme à terme, bien que portés
3330
rieux et la gravité du regard… » Je suis persuadé
que
dans ce beau volume je vais trouver quelques exemples intéressants de
3331
ra très bien ! Car voici ce qui me frappe : c’est
que
chacun a raison d’une certaine manière, selon ce qu’il est lui-même e
3332
chacun a raison d’une certaine manière, selon ce
qu’
il est lui-même et la manière dont il voit les autres : tout portrait
3333
pour son récipiendaire : il va découvrir enfin ce
qu’
il a pu être dans les yeux d’autrui, il va donc découvrir son personna
3334
oujours multiples qui cachent parfois plus encore
qu’
elles ne la révèlent, sa personne. Il y a là de quoi passionner le per
3335
ne. Il y a là de quoi passionner le personnaliste
que
je suis, et de quoi rendre encore plus mystérieux le complexe nodal,
3336
de quoi m’amuser indéfiniment pendant les années
qu’
il me reste à vivre, à agir et à méditer, c’est-à-dire à Penser avec
3337
ont nous sommes tous d’accord, ici, pour affirmer
qu’
elle devrait dominer et orienter L’Aventure occidentale de l’homme ,
3338
orienter L’Aventure occidentale de l’homme , et
qu’
en elle sont Les Chances de l’Europe . Merci, mes chers amis, pour ce
3339
cette salle. Une seule ombre au tableau : l’idée
que
les trois réalisateurs de l’ouvrage, mes deux collaborateurs et amis
3340
vacances et de leurs travaux personnels… Tout ce
que
je peux leur dire pour atténuer mes sentiments de culpabilité à leur
3341
mes sentiments de culpabilité à leur égard, c’est
qu’
on n’a pas souvent 70 ans, et que, pour ma part en tous cas, je ne rec
3342
eur égard, c’est qu’on n’a pas souvent 70 ans, et
que
, pour ma part en tous cas, je ne recommencerai pas, c’est juré ! À Ge