1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 de l’Europe, c’est-à-dire au service d’une cause qui se confond aujourd’hui avec celle des hommes libres. Car en fin de co
2 raire : pour maintenir les risques de la liberté, qui ont fait la vraie grandeur de l’homme européen, et pour sauver, en fa
3 et des terres immenses de la fatalité, une Europe qui demeure la terre des hommes. a. Rougemont Denis de, « Extrait du d
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
4 partis, précisément, sont chargés de défendre, et qui nous ruinent, ils sentent que l’esprit manque trop souvent dans tout
5 pas grand-chose de raisonnable et de concret. Ce qui s’oppose à la fédération, dont la nécessité n’est plus même discutée,
6 ’un autre âge. On répète que ce sont les intérêts qui nous opposent : rien n’est plus faux. Les véritables intérêts calcule
7 rable. Ce sont, bien au contraire, les idéologies qui nous empêchent de voir les faits. Ce sont les préjugés de groupes, le
8 inistration, les égoïsmes ignorants mais énervés, qui se déguisent en « réalisme » et multiplient les raisons de ne rien fa
9 ects, sans attendre l’avis des pouvoirs officiels qui s’occupent normalement d’autre chose. Le Centre veut grouper ceux qu
10 ement d’autre chose. Le Centre veut grouper ceux qui sont responsables dans leur domaine particulier. Les créateurs et les
11 rticulier. Les créateurs et les initiateurs. Ceux qui se sont montrés capables, par conviction et par conscience profession
12 ntéressés, dans le double sens de ce terme : ceux qui jugent que le Centre peut utilement servir les vrais intérêts de leur
13 sposition des instruments de fédération ; et ceux qui approuvent nos buts, veulent suivre nos efforts, et cherchaient un mo
14 rt. Quelques milliers d’hommes et de femmes, ceux qui sont réveillés, dans chacun de nos pays. Un lien et une correspond
15 offrir un organe commun aux diverses associations qui se sont constituées sous les auspices du Centre, et celle d’entreteni
16 manence des contacts, un échange vivant avec ceux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on f
17 c ceux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait pour elle en dehors du plan politique.
18 ocher, amicalement, un excès de discrétion sur ce qui se fait au Centre. Si nous décidons aujourd’hui de rendre notre actio
19 e, ou pire : s’édifieront sans tenir compte de ce qui fait la valeur de l’Europe, aux yeux du monde entier et pour chacun d
20 réalisations, et déjà nous pouvons en montrer. Ce qui est fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent c
21 er. Ce qui est fait, ce qu’on peut donc faire, ce qui fonctionne dès à présent comme si l’Europe avait déjà fait son union,
22 omme si l’Europe avait déjà fait son union, voilà qui parle mieux que les grands orateurs, et ne soulève pas les mêmes méfi
23 ève pas les mêmes méfiances. Qu’on lise les pages qui suivent sur nos activités. On excusera peut-être leur sécheresse : ce
24 responsables, dans chacune des cellules vivantes qui font la vraie vie de l’Europe : foyers locaux de culture et universit
25 espèce. Nous en appelons aussi aux isolés, à ceux qui refusent l’engagement partisan, qui se méfient des plans et demandent
26 solés, à ceux qui refusent l’engagement partisan, qui se méfient des plans et demandent à voir, à ceux enfin qui dans leur
27 fient des plans et demandent à voir, à ceux enfin qui dans leur solitude, de plus en plus menacée de tous côtés, ne se veul
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
28 ril 1952)c Chacun connaît l’histoire du paysan qui affirmait sortir de l’église, non du café. « Ah tu étais à l’église ?
29 tionalisation de nos cultures Le nationalisme, qui atteint de nos jours ses conséquences extrêmes avec le concept d’auta
30 ion que l’on peut décrire comme suit : la culture qui était un bien commun des Européens s’est divisée en « cultures nation
31 ers et de mesures prétendues « protectionnistes » qui , loin de protéger, étouffent en réalité ce qu’elles enferment. Marché
32 tre part, presque automatiquement, favoriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui font le moins peur aux fonctionnaires, c
33 ment, favoriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui font le moins peur aux fonctionnaires, ceux qui, en un mot, ont l’âme
34 x qui font le moins peur aux fonctionnaires, ceux qui , en un mot, ont l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que les
35 venus nécessaires pour « organiser » des échanges qui s’opéraient spontanément jusqu’au xixe siècle, mais que les États on
36 us : notre raison d’être n’est pas d’organiser ce qui depuis longtemps existait sans nous, mais de créer des liens vivants,
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
37 culturel, un problème d’un autre ordre apparaît, qui se pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’es
38 omme de sa politique — d’une puissance matérielle qui fascine les esprits de la plupart des Européens. Toute fascination, c
39 ut bien constater que c’est notre public européen qui , librement, propage ces succès américains et leurs contrefaçons multi
40 moins officielle ou privée.) Ceci dans une Europe qui proclame sans relâche sa méfiance ou son hostilité à l’endroit de la
41 Il multiplie les enquêtes minutieuses pour savoir qui fait quoi, et où, et comment aider tel ou tel sans avoir l’air de fai
42 et, il fait ses comptes et son rapport au comité, qui se décide objectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en ré
43 apport au comité, qui se décide objectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en résulte un gaspillage d’efforts et
44 en résulte un gaspillage d’efforts et de capitaux qui d’une part compromet l’efficacité de l’aide américaine, et d’autre pa
45 écris on à dessein : car ce ne sont pas les mêmes qui , en Europe, font la culture et ont l’argent. Mais globalement, la sit
46 oix de plusieurs thèmes d’activité, retenir celui qui semblait avoir des chances d’intéresser l’argent américain, et renonc
47 intéresser l’argent américain, et renoncer à ceux qui intéresseraient l’Europe et les vrais moyens de l’unir. Inversement,
48 ’éducation, et d’une manière générale à n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la situation co
49 n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la situation concrète de l’Europe, mais dans le progra
50 le CEC prépare le plan d’une rencontre de travail qui aura pour objet principal d’éclaircir les malentendus entre l’Europe
51 gements formulés contre les USA par les Européens qui se proclament (curieusement) « neutralistes ». En voici un : « Dès le
52 r à la santé de notre pays une culture américaine qui attaque à leurs racines l’originalité et la cohésion mentale et moral
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
53 des jeunesses politiques ? Les hommes politiques qui se préoccupent du problème de l’union de nos pays considèrent que l’E
54 tats, au lieu de leur pure et simple intégration ( qui serait bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent
55 ait bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent le monde ? — on ne peut lui répondre qu’en se réclamant
56 , par rapport aux projets de la Pré-Constituante, qui doit coiffer d’un pouvoir politique l’armée européenne non encore rat
57 hysiques, éthiques — d’où naquirent les doctrines qui ont créé nos régimes — et par les formes de pensée philosophique qui
58 gimes — et par les formes de pensée philosophique qui ont permis le développement de nos sciences, et donc de notre puissan
59 de fer, l’électricité et le charbon, les sociétés qui les exploitent, les ouvriers qui les produisent, et les problèmes éle
60 on, les sociétés qui les exploitent, les ouvriers qui les produisent, et les problèmes électoraux qui en résultent : tout c
61 s qui les produisent, et les problèmes électoraux qui en résultent : tout cela n’est que résultats ou contrecoups épisodiqu
62 oups épisodiques. L’Europe, c’est tout d’abord ce qui a permis et permet seul encore ces inventions techniques, sans lesque
63 ’idées, de sentiments, d’inquiétudes de l’esprit, qui est la réalité créatrice de tout le reste. Négliger la culture, la te
64 rtant rien n’est plus naturel. L’homme de la rue ( qui est aussi l’électeur, accessoirement) se préoccupe de sa vie personne
65 ’un continent de plus de 300 millions d’individus qui cesseront peu à peu de chercher quel peut être le sens de leur vie di
66 me borne à en indiquer quatre. a) Un gouvernement qui augmenterait son budget de la défense aux dépens de son budget d’éduc
67 se de l’Europe a le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union augmentent très fortement leur budget
68 ment, la jeunesse demandera que les gouvernements qui se déclarent en faveur de la fédération européenne soutiennent matéri
69 pbach, et douze autres entreprises du même genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui
70 ême genre, qui sont à l’œuvre dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en feraient du meilleur si on leur en a
71 dans tous nos pays, qui font du bon travail, mais qui en feraient du meilleur si on leur en accordait les moyens. c) La jeu
72 d’un budget fédéral de la culture, — d’un budget qui ne soit pas simplement l’addition de mesquines soustractions aux budg
73 du peuple. Comment remédier à cet état de choses, qui peut devenir désastreux pour l’Europe ? L’exemple des guildes du livr
74 de nos pays, peut indiquer la solution. Pour ceux qui en ont le besoin réel (même inconscient) mais ne savent pas où la tro
75 s fins étatiques, comme le font les totalitaires ( qui eux, au moins, n’ont pas négligé le problème !). Mais au contraire, e
76 s conscients et en mesure de juger par eux-mêmes, qui seront demain l’Europe vivante. Il s’agit là d’une tâche de longue ha
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
77 des gouvernements, ni même du Mouvement européen, qui lui a cependant donné naissance et auquel le rattachent encore des li
78 par rapport aux autres instances internationales qui s’occupent également de la culture, comment le CEC définit-il son act
79 tâches possibles et imaginables celles-là seules qui nous paraissent urgentes et susceptibles de solutions pratiques et ra
80 r ailleurs avec soin les quelques doubles emplois qui pourraient se produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous c
81 si à l’Unesco, et sont donc en mesure de juger ce qui doit rester propre à l’Europe. L’action d’un Comité de ce genre est n
82 éation constante en vue de la liberté, une entité qui signifie quelque chose de concret — spirituellement aussi — pour la v
83 malentendus. Un bon service de public relations — qui nous manque encore — pourrait y remédier. Mais d’une manière plus gén
84 duit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait réparti entre 20 ou 30 personnes dans une organisation à l’amé
85 à l’actif. J’y rangerai d’abord trois entreprises qui ont déjà donné des résultats réels, quoique non encore suffisants dan
86 ns de causerie (tirés à l’200 000 exemplaires, et qui ont permis des centaines de conférences en 6 langues), et à l’Associa
87 es), et à l’Association des festivals de musique, qui groupe à deux ou trois exceptions près toutes les grandes manifestati
88 nes, d’autre part de la vaste ambition européenne qui a fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’a
89 e ambition européenne qui a fait naître le CEC et qui demeure sa raison d’être. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un grand
7 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
90 t ; non seulement chez les « hommes de culture », qui savent mieux de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’il s’agiss
91 t une aide à la culture. Quel est le gouvernement qui peut aider ainsi ? Servitudes de la culture organisée Il y eut
92 tat, donc de directives politiques. Si le produit qui émerge de leurs débats a par miracle forme humaine et valeur propreme
93 aire, un de ces irritants problèmes périphériques qui viennent encore s’ajouter aux problèmes harrassants de la lutte des p
94 nts.   1. Trop vaste. Une organisation culturelle qui survole toutes les civilisations de la planète ne peut se donner qu’u
95 s’est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun compte de nos récentes divisions administratives et d
96 s on ne saurait les « planifier » sur une échelle qui n’est plus celle du rayonnement normal et sensible des foyers de base
97 .   3. Initiative et contrôle gouvernementaux. Ce qui précède suffit à établir que l’initiative véritable, dans le domaine
98 rètes de la culture dans son état naissant. Et ce qui vaut pour les initiatives devrait valoir aussi pour le contrôle des t
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
99 érents pays européens. De plus, les compositeurs, qui avant la guerre avaient de nombreuses occasions de se rencontrer et d
100 oués. De nombreux problèmes de critique musicale, qui devraient être discutés sur un plan international, restent sans répon
101 uveaux publics populaires, ou le rôle du critique qui est d’interpréter ces techniques et les nouvelles œuvres basées sur e
102 collaboration. Tels sont entre autres les motifs qui ont amené le Centre européen de la culture à élaborer le projet d’une
103 ontribuera à combattre l’esprit de provincialisme qui gêne le développement de la musique contemporaine. 2. Enrichir le rép
104 tre a constitué un Comité d’honneur international qui comprend des compositeurs de renommée mondiale. Ont déjà accepté d’y
105 es négligées à tort, d) quelques œuvres anciennes qui ont considérablement influencé le développement de la musique au cour
106 s Prix internationaux aux trois meilleures œuvres qui auront été commandées à 12 jeunes compositeurs. Le règlement de ces p
107  Les Droits de l’Auteur ». Cinq thèmes principaux qui peuvent tous êtres subordonnés à ce titre général sont proposés par l
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
108 s, à partir de l’automne dernier. Le scepticisme, qui paralysait les réactions à cet effort d’union, se mue en opposition d
109 ottises : elles représentent un facteur politique qui , pour peu qu’on le néglige, peut devenir décisif. Expliquons-nous don
110 les intentions les plus cordiales, on demande ce qui se trouve changé en fait dans la situation de l’Europe. Et l’on répon
111 de l’Europe dans le monde qu’elle domina jadis et qui retourne contre elle ses propres armes, n’est en aucune mesure amélio
112 mie, quand les États-Unis renonceraient à tout ce qui rend leur aide suspecte aux yeux de certains, quand la paix entre les
113 par la Russie, à peu de frais. Ceux des Européens qui partageaient le point de vue de M. Vychinski, à savoir que la politiq
114 de politique. Le sentiment d’urgence et de danger qui poussait un grand nombre d’esprits à chercher le salut de l’Europe da
115 itaire, va se trouver rapidement neutralisé. Ceux qui ne voulaient prendre au sérieux (en Europe comme en Amérique) que la
116 ois à nos côtés, vont nous quitter. L’idée fausse qui les rameutait, à savoir qu’une fédération doit être faite contre quel
117 éprouvés qu’il appartiendra donc, durant les mois qui viennent, de mettre en valeur le côté positif de cette opération.
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
118 miques, militaires, culturelles, il y a celle-ci, qui n’est pas négligeable : rendre nos différentes nations indépendantes
119 ponsables de la politique mondiale des États-Unis qui souhaite nous réduire à l’état de satellites. Mais nos faiblesses, né
120 Ils ont créé entre eux le « grand marché commun » qui est la condition nécessaire de toute existence autonome dans notre mo
121 istoire de cette union. En 1787, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur
122 éticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primauté dans l’Union. C’est do
123 urent à la formation d’un grand système américain qui soit au-dessus du contrôle de toute force ou de toute influence europ
124 toute force ou de toute influence européenne, et qui leur permette de dicter les termes des relations entre l’Ancien et le
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
125 le répète que les quelques hommes d’État français qui ont agi pour l’union, « incapables de résoudre leurs problèmes nation
126 eté ou de courage, mais de simple sens politique, qui est le sens de la hiérarchie des problèmes. Si chaque nation pouvait
127 taire, la santé civique de telle ou telle nation) qui rendraient cette union superflue, et auxquelles d’ailleurs, sans unio
128 e plus vaste, qu’il s’agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensent encore la politique en termes péri
129 n ou mal compris de leurs électeurs, mais tout ce qui fait pour nous le sens même de la vie. L’Europe vaut plus que les
130 n par raison, du moins par consigne ; une Espagne qui refuse les droits de l’homme, tout en adhérant cyniquement à l’Unesco
131 adhérant cyniquement à l’Unesco ; une Angleterre qui se croit encore une île ; une Autriche occupée, et pillée par les Rus
132 eins de méfiance à l’égard du reste du continent, qui les a pourtant civilisés ; une Allemagne amputée d’un quart de sa pop
133 réfugiés, dévastée et désarmée ; une France enfin qui préfère les combats de coqs politiciens à l’existence politique dans
134 lisation : c’est-à-dire un système de références, qui transcende à la fois la nation et l’individu, les partis et leurs par
135  Il y a cet immense avenir tout neuf devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme dit
136 avenir tout neuf devant nous, qui nous attend et qui a besoin de nous, tant pis pour nous », comme dit Claudel. L’idée
137 ins, mais sur les seuls Européens — sur tous ceux qui n’ont pas compris qu’ils sont Européens, bon gré mal gré. Voilà ce qu
138 de comparaison plus humiliante pour les Européens qui laissent mourir l’Europe en discutant le dosage d’un cabinet, d’un co
139 voit plusieurs Dominions se tourner vers les USA, qui se détournent d’elle. Les socialistes allemands, ayant refusé l’Europ
140 r les uns et les autres une armée russe. Les USA, qui dénonçaient l’Europe « impérialiste », profitent de son désastre pour
141 pour l’Europe Existe-t-il des forces en Europe qui puissent renverser le cours d’un tel destin ? Le premier venu les énu
142 re à nous sauver. Mais je n’en vois pas une seule qui soit mobilisable dans l’état présent non pas des choses, mais des esp
143 ion sociale et civique se déclenche dans les mois qui viennent, chacune de ces choses reste possible moyennant un miracle,
144 en fait les forces qu’on vient de nommer. Forces qui cependant, une fois réactivées, seraient bien assez grandes pour nous
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
145 l’Europe a besoin d’un Parlement et d’un exécutif qui lui permettent d’exister politiquement, et donc de s’affirmer comme u
146 l’Histoire ne connaît pas de document de ce genre qui ne soit le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques
147 qui ne soit le produit de nombreux compromis, et qui n’engage des risques éventuels pour l’une ou l’autre des parties trai
148 , tout imparfait soit-il, peut servir à cette fin qui , elle, demeure indiscutable. Nous pensons qu’il le peut, pour trois r
149 . 1. Il est le seul Projet actuellement existant, qui ne résulte pas de l’initiative d’un groupe privé, mais de la vôtre. I
150 t forcément victimes du ressentiment des députés. Qui les suivrait ? 2. Le Projet a été discuté et rédigé par des parlement
151 à revenir après de longs détours à quelque chose qui serait très semblable à ce que vous auriez écarté. 3. Dans ses grande
152 er plus loin, nous dit-on. Précisément, le régime qui vous est proposé paraît propre à les faire mûrir. Le refuser serait f
153 e refuser serait faire perdre à l’Europe le temps qui peut suffire à d’autres pour l’abattre et pour l’asservir. Notre seco
154 et la prospérité de ses habitants. Le vrai danger qui doit nous fédérer ne vient pas des Russes, mais de nos divisions. L’o
155 ver le foyer d’une civilisation devenue mondiale, qui nous dépasse en tant qu’individus, et qui dépasse chacune de nos nati
156 ndiale, qui nous dépasse en tant qu’individus, et qui dépasse chacune de nos nations, mais dont nous sommes tous responsabl
157 une de nos vies dépend en fait d’une civilisation qui peut périr par notre désunion. 3. L’Europe que nous voulons ne sera p
158 nt plus guère que des prétextes à refuser l’union qui nous sauverait. Il est absurde de parler de la souveraineté d’une nat
159 absurde de parler de la souveraineté d’une nation qui ne pourrait pas se défendre au-delà de quelques heures contre l’attaq
160 ures contre l’attaque de l’un ou l’autre empire ; qui n’est pas en état de déclarer la guerre ou de conclure la paix isolém
161 r la guerre ou de conclure la paix isolément ; et qui ne peut plus rêver de vivre en autarcie. Renoncer à des droits illuso
162 n retirer (pour l’instant) certaines dispositions qui , dans l’état présent, font obstacle au vrai but : nous pensons par ex
163 par exemple au mot « indissoluble » (article 1), qui ne peut être accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte
164 t, il faut se garder d’y ajouter quoi que ce soit qui viendrait compromettre l’évolution normale vers une fédération : nous
165 onvient de l’accepter, même incomplet. Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays
166 let. Tous ceux qui ont distingué que le maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’inscrit dans les données concr
167 notre Histoire, tous ceux-là voudront le minimum, qui est le Projet de Communauté des Six, comme le plus court moyen vers u
168 are volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siècles exactement, avait cessé de v
169 t de faire le pool patriotique des faibles sommes qui devaient assurer leur salut. L’assaut fut décidé après des mois d’att
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
170 t de la culture. Et c’était sa section culturelle qui avait été chargée d’écrire et de présenter le Message aux Européens,
171 , le ME prépare un nouveau congrès d’économistes, qui doit avoir lieu à Londres au début de 1954. Après cinq ans d’action e
172 audir. Cependant, le souci des succès immédiats, qui nous est imposé par la crise de l’Europe, ne doit pas nous faire oubl
173 Or, ce rassemblement par-dessus le rideau de fer qui nous sépare encore de l’Est, et par-dessus le rideau de ferraille qui
174 re de l’Est, et par-dessus le rideau de ferraille qui nous sépare de l’extrême ouest du continent, suppose à la fois la con
175 nouvelles et influentes le rayonnement de l’idée qui est la raison d’être du Centre. En vue d’accomplir la première de ces
176 , certes trop ambitieuse pour ses moyens actuels, qui est de porter, maintenir et animer l’idéal de l’Europe unie, le Centr
177 de plus en plus le lieu de ralliement des esprits qui pensent l’union, ses conditions et ses effets, qui essaient de voir p
178 ui pensent l’union, ses conditions et ses effets, qui essaient de voir plus loin que les buts immédiats, qui explorent des
179 ssaient de voir plus loin que les buts immédiats, qui explorent des voies neuves et des techniques nouvelles, et mesurent,
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
180 meilleure devise pour la table ronde de l’Europe qui s’est tenue à Rome l’automne dernier. Pour situer rapidement cette en
181 rale. Et certes, nous perdrons tout cela, tout ce qui fait le sens même de nos vies, si nous persistons à demeurer une ving
182 contraire, nous pouvons tout sauver par une union qui ferait de l’Europe, dans la réalité vivante, ce qu’elle n’est aujourd
183 — et la conscience aussi des ressources immenses qui sont là, dont elle peut disposer, à la seule condition de les mettre
184 in n’est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendant six longues séances dans le huis-clos doré d’u
185 ependant. c’est l’angle de vision que l’on adopte qui permet finalement de s’accorder. J’avais donc suggéré aux rapporteurs
186 visions nationales, linguistiques et idéologiques qui nous fascinent aujourd’hui, apparaissent transitoires et relatives. À
187 u temps. Quelles sont donc les causes intérieures qui paralysent nos efforts vers l’union ? L’examen de notre crise spiritu
188 relations entre la souveraineté nationale (ou ce qui en reste) et la future communauté supranationale. Le diagnostic ainsi
189 par M. de Gasperi dans son discours introductif, qui nous a présenté le tableau cohérent de mesures institutionnelles capa
190 rigines, mais les buts qu’ils regardent ensemble, qui peuvent rendre les hommes fraternels. Devant l’antagonisme en apparen
191 nos pays, et celle de sauvegarder les diversités qui ont fait la richesse de l’Europe, elle a posé la nécessité de structu
192 upranationales, permettant de mettre en commun ce qui doit l’être normalement, afin de garantir et de faire vivre mieux ce
193 ment, afin de garantir et de faire vivre mieux ce qui doit normalement demeurer autonome, distinct, privé, original. Enfin,
15 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
194  La culture peut être définie simplement comme ce qui rend la vie digne d’être vécue ». On pourrait dire aussi que la cultu
195 la culture est l’ensemble des activités humaines qui ont pour fin de donner un sens à la vie. — La politique fait-elle par
196 aise éducation historique de l’opinion et de ceux qui disent la représenter. À cause de l’absence d’une conscience commune
197 dans le monde. Comment combattre ce nationalisme qui tue les patries, ces craintes absurdes, cette ignorance, cette mauvai
198 d’énergies, offre un point de repère aux esprits qui méditent sur l’Europe et son union, et plus simplement leur donne des
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
199 en peu voulaient encore s’occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-
200 nt encore s’occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste à nos yeux, l’union politique de l’Europe, c’est-à-dire sa fédé
201 urée Il était facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne pouvait modifier les données fondamen
202 e, ces décisions ne pouvaient écarter les menaces qui pèsent sur l’ensemble du continent, les impératifs de son économie, e
203 et cette grande nostalgie de l’homme occidental, qui demande beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une
204 ccidental, qui demande beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, s
205 ue au débat sur l’union de l’Europe : M. Molotov, qui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six, a proposé une Europe d
206 pagnie paraît assez mêlée. Mais les neutralistes, qui dénonçaient à grands cris la disproportion des forces au sein des Six
207 t que le projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considérés comme monnaie d’échange
208 et Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un fondement solide : no
209 nt solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peupl
210 , parmi lesquels celui d’une Communauté politique qui doit et peut passer prochainement au premier rang. La Hollande a rati
211 de guerre ; qu’elle serait soutenue même par ceux qui ne désirent pas y participer (les Anglais) ; et qu’enfin son heure a
212 issé entraîner dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée d
213 ent, afin de nous détourner du problème préalable qui reste, de toute évidence, l’union de l’Europe, condition de sa force.
214 Indochine. La Conférence, proposée par la France, qui hélas « ne peut autrement », est acceptée par ses alliés, et ce serai
215 rope. Première victoire du Kremlin. C’est Molotov qui impose son angle de vision. Pendant des mois, toute l’attention du mo
216 éenne, capable d’opposer aux Russes une puissance qui les tienne en respect. (Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprend
217 ans l’abîme par une poignée de députés en sursis, qui ont donc à peine le droit de parler au nom d’une seule ? C’est aux Fr
218 rançais d’abord qu’on voudrait s’adresser, à ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop angoissé pour ménager ses termes.
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
219 832, se voyait repoussée à la fois par la gauche, qui lui reprochait son respect excessif des souverainetés cantonales, et
220 f des souverainetés cantonales, et par la droite, qui jugeait ces souverainetés dangereusement menacées9. La solution qui s
221 uverainetés dangereusement menacées9. La solution qui s’imposa finalement au lendemain de la guerre civile dite du Sonderbu
222 é cantonale (ou nationale), et cela d’une manière qui me paraît pleine d’enseignements pour l’Europe d’aujourd’hui. Loin d’
223 rale, et comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au Pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédératio
224 domaine ». Or on ne voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire
225 lté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’
226 ques d’un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et
227 rême confusion et les éclats de passion saugrenus qui caractérisent les polémiques sur la souveraineté nationale. Lors des
228 fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se perdre dans la masse
229 s nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette
230 ouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe à ses nations. 8. William Rappard, La Constitution fédéral
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
231 ’elle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’instant qu’on la rejetait, sous prétexte d
232 sité historique de cette construction — nécessité qui demeure intacte après leur vote. — En revanche, il est douteux que le
233 ien n’est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l’éducation européenne
234 du petit à petit l’oiseau fait son nid10, méthode qui évite d’agiter « inutilement » les esprits et les passions, et qui pr
235 r « inutilement » les esprits et les passions, et qui préfère l’action diplomatique ou les combinaisons de coulisses parlem
236 res. Illusion profonde, comme on va le voir, mais qui s’explique. Une enquête menée par le CEC au mois de septembre a donné
237 e délais ? Nos lecteurs trouveront dans les pages qui suivent de ce bulletin l’annonce de nouvelles activités ou créations
238 s s’efforcent aussi de créer les public relations qui ont manqué jusqu’ici à l’entreprise Europe unie. Je sais bien ce que
239 ent s’imagine-t-on l’action en général ? Comme ce qui produit une nouvelle en gros titres dans les journaux : chute d’un mi
240 ception courante de l’action est celle des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez réfléchi sur la natu
241 celle des hommes qui n’agissent pas eux-mêmes, ou qui n’ont pas assez réfléchi sur la nature des forces historiques. Une ré
242 es et spirituelles, puis économiques et sociales, qui par nature restent invisibles à l’œil des agences de presse, mais san
243 s favoriser partout où elles apparaissent : voilà qui définit notre programme. 10. Proverbe qui repose sur l’ignorance d
244 oilà qui définit notre programme. 10. Proverbe qui repose sur l’ignorance des mœurs des oiseaux : ceux-ci construisent l
19 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
245 u Fédérer l’Europe semble une utopie pour ceux qui n’ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est
246 i n’ont pas vu que c’est une nécessité. Pour nous qui l’avons vu, c’est une action. Action sur les esprits d’abord, comme l
247 e où, très visiblement, ce n’est pas la politique qui fait l’histoire ; mais une doctrine, une foi, une folie, une personne
248 pographie, et sans idée personne n’en tirera rien qui vaille. Le communisme fut une idée, le fédéralisme européen en est un
249 question se ramène à savoir où naissent les idées qui conduisent en fait notre monde. Là seulement, l’action peut porter. L
250 ues cercles assez restreints. L’idée nationaliste qui s’y oppose, est entretenue sans relâche par d’innombrables haut-parle
251 bles haut-parleurs, porte-paroles et porte-plumes qui s’alimentent dans le souvenir confus des manuels scolaires, eux-mêmes
252 niste, mais un certain enseignement de l’histoire qui a tué la CED en France.) Ces deux faits indiquent très clairement où
253 yens d’expression et des appuis techniques à ceux qui « pensent l’Europe » ; d’autre part, en contribuant aux efforts entre
254 es. Il s’agit là de forer des canaux collecteurs, qui transforment ces eaux stagnantes en courants, puis en forces motrices
255 lque union, confusément, mais on n’imagine pas ce qui en résulterait effectivement. Il s’agit donc de dresser devant nos co
256 u ou élever encore les digues « traditionnelles » qui les séparent, alors que le flot russe menace de les submerger tous. L
257 Irrigation générale de l’Europe, d’après un plan qui ne tienne pas compte du tracé arbitraire des propriétés, mais de la c
258 e en relation les forces dispersées. ⁂ L’analyse qui précède a dicté les grandes lignes de notre activité jusqu’à ce jour.
259 des associations que nous avons déjà suscitées et qui fonctionnent depuis quelques années dans les divers domaines des arts
260 peut devenir l’Europe une fois unie, et voilà ce qui en résultera pour telle classe ou telle profession, pour tel pays, po
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
261 e en soi, il paraît facile de répondre : un homme qui cherche, c’est qu’il n’est pas satisfait de ce qu’il a. Mais cette ré
262 ne vaut que pour le chercheur occasionnel. Celui qui cherche une place, s’il en trouve une très bonne, il cessera de mettr
263 globale et définitive. Elle voulait quelque chose qui fût au-delà de toute réponse partielle, précise, utile : au-delà de t
264 min, plus ou moins loin, cherchant selon les cas, qui la sécurité ou la richesse, qui la puissance ou plus haut encore, le
265 nt selon les cas, qui la sécurité ou la richesse, qui la puissance ou plus haut encore, le savoir pur ou la beauté. La plup
266 eine à formuler l’objet précis de leur recherche, qui n’est jamais ceci ou cela seulement, mais un mélange — conscient ou i
267 lier de la recherche occidentale. La civilisation qui est née en Europe a dominé le monde pendant des siècles. Elle est enc
268 la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et
269 périence vérifiante. La même exigence de rigueur, qui d’une part, sans relâche vient remettre en question les certitudes qu
270 le est déterminée par les deux forces principales qui ont produit notre civilisation, — voilà ce qui définit le mieux l’Eur
271 es qui ont produit notre civilisation, — voilà ce qui définit le mieux l’Europe. Et c’est par là que l’Europe se distingue
272 ruine, semble-t-il. Et pourtant, c’est tout cela qui a fait l’Europe. Et cette Europe a dominé le monde, non point malgré
273 cela ! C’est une curiosité inquiète et insatiable qui a poussé les navigateurs de la Renaissance à découvrir les autres peu
274 er sans cesse le pouvoir de l’homme sur la nature qui est à l’origine des expériences physiologiques, physiques et mécaniqu
275 éré du travail, que va-t-il faire de ses loisirs, qui deviendront l’essentiel de sa vie ? Problème immense et tout nouveau,
276 iel de sa vie ? Problème immense et tout nouveau, qui viendra se substituer aux problèmes économiques et sociaux d’aujourd’
277 est en effet la technique et son progrès constant qui a permis à notre continent, simple « cap de l’Asie » comme on sait, d
278 anète. C’est la technique et son progrès constant qui doit maintenir nos positions, devant la concurrence croissante des em
279 evant la concurrence croissante des empires neufs qui ont adopté et développé nos procédés et nos méthodes. Mais le progrès
280 entreprise culturelle. J’allai voir un industriel qui fabrique d’énormes turbines. Il m’écouta, distrait d’abord, puis impa
281 e de la turbine, mais après tout ce n’est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouvai ceci : —
282 , mais après tout ce n’est pas lui qui l’inventa. Qui donc ? J’ouvris une encyclopédie, et trouvai ceci : — Il y avait au x
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
283 e, parce qu’elle s’attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civilisation, et qui en restera le pl
284 fut l’origine décisive de cette civilisation, et qui en restera le plus haut achèvement. Ce n’est plus seulement la liber
285 ent la liberté de la personne — l’habeas corpus — qui est contestée au xxe siècle, mais déjà son identité, le droit de cha
286 civilisés retournent contre elles les techniques qui avaient assuré sa puissance. Ceux qu’elle a exploités et opprimés ret
287 nt contre elle les idéaux de liberté et d’égalité qui avaient assuré son prestige. Les progrès de l’hygiène, répandus par l
288 e et d’autres groupes de nations. Le nationalisme qui nous divise devient, ailleurs, principe d’union à nos dépens. Les sou
289 ette montée des périls. Les 325 millions d’hommes qui l’habitent, à l’ouest du rideau de fer, vivent dans la peur de 200 mi
290 litique, économique, et par suite morale. Tout ce qui fait le sens même de nos vies. Le dilemme En vérité, l’Europe p
291 ent fétichiste à des « souverainetés nationales » qui ont épuisé leurs vertus au xixe siècle et sont devenues en partie fi
292 s ; — sectarisme politique, égoïsme à courte vue, qui empêchent les gouvernants autant que les masses de réaliser la nature
293 a n’empêche pas des fractions importantes de ceux qui prétendent parler pour l’opinion, et qui disposent des moyens nécessa
294 de ceux qui prétendent parler pour l’opinion, et qui disposent des moyens nécessaires dans les parlements et dans la press
295 ne série d’associations et communautés de travail qui fonctionnent dès maintenant sur un plan supranational, comme si déjà
296 pe était unie. Fort de ces premières réalisations qui lui assurent une base d’utilité technique, le Centre peut aborder mai
297 lliement et un foyer d’initiatives pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’unir, mais que le développement de l’
298 mune, enfin selon le degré de cohésion éventuelle qui se manifestera dans le groupe. L’action individuelle des Amis sera la
299 mission générale du Centre, par l’idéal européen qui les anime, et par les tâches communes dont ils assumeront la responsa
300 s orienter, en vue d’une grande tâche historique, qui est celle de cette génération. La force dont ils auront besoin est ce
301 es textes juridiques. Elle se fera par des hommes qui comprennent que son destin dépend de leur action d’abord. Il faut que
302 le se précisa jusqu’à l’été 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’y montrèrent aussitôt favorables. Il s’agiss
303 une Fondation à l’échelle européenne — des hommes qui s’étaient signalés dans leur sphère d’influence par leur intérêt acti
304 , banquiers, hommes politiques et intellectuels — qui se réunirent le 14 novembre 1953 au Pavillon Henri IV, à Saint-Germai
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
305 . Elle ne résulte pas de la conférence de Genève, qui n’en fut que l’index lisible. Elle se trouve imposée à tous, du seul
306 la puissance atomique. Ce n’est donc pas l’amour qui triomphe de la haine, ni la raison des folies partisanes, mais c’est
307 e ce court-circuit, c’est la détente. La question qui se pose désormais, dans cette situation « négative », mais qui ouvre
308 ésormais, dans cette situation « négative », mais qui ouvre pourtant des avenues, c’est de savoir quelles sont les chances
309 u rideau de fer. La détente, si elle est vraie, à qui profitera-t-elle ? Aux échanges culturels que l’Est propose — avec un
310 denauer — à ces échanges plus ou moins contrôlés, qui gagnera ? La réponse paraît simple : dans un vrai libre-échange, c’es
311  : dans un vrai libre-échange, c’est le plus fort qui doit gagner. Mais sur le plan de la culture, qu’est-ce que la force ?
312 sse. Que penser, s’ils le lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange est une forme de vie culturelle c
313 t que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui n’existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui n’existe pas exige bie
314 ce qui n’existe pas. Vous admettrez que cacher ce qui n’existe pas exige bien plus de précautions que se contenter de dissi
315 de précautions que se contenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus qu’acquiescer, et je lui déclarai en riant que je
316 nctionnaire de la Guépéou avait faite à quelqu’un qui lui demandait ce que l’on entendait par espionnage : « Vous rencontre
317 a tout à gagner à faire connaître aux Russes « ce qui existe ». Et la proposition spectaculaire du président Eisenhower — «
318 . Venez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui se passe chez vous si l’on en croit les communistes occidentaux et vo
319 nte, n’est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc que les motifs profonds d’unir l’Europe ne
320 qu’elle est affaiblie par ses propres barrières, qui paralysent non seulement sa défense, mais son essor social et culture
321  ? Du côté russe, la chose est claire : tous ceux qui parleront le feront au nom de Moscou et des principes fixés par le Po
322 cou et des principes fixés par le Politburo. Mais qui va parler pour l’Europe ? Les communistes occidentaux et leurs satell
323 oi pas, — dans le style des jumelages de communes qui se multiplient fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’i
324 calement des dictatures totalitaires. Un dialogue qui n’aurait donc lieu qu’entre l’URSS et ses partisans, ou entre l’URSS
325 cience vivante d’une unité de destin et d’avenir, qui est la condition nécessaire et presque suffisante de la fédération.
326 s rappelons sans relâche les conditions concrètes qui nous paraissent nécessaires pour un dialogue authentique : ce rappel
327 ’Europe réelle.) Du côté soviétique, on sait bien qui commande, et quelle discipline de pensée se voit exigée de ceux qui p
328 uelle discipline de pensée se voit exigée de ceux qui parlent. Mais qui sait si cette discipline ne deviendrait pas, qu’on
329 e pensée se voit exigée de ceux qui parlent. Mais qui sait si cette discipline ne deviendrait pas, qu’on le veuille ou non,
330 ncipes, comment les appliquons-nous ? Le problème qui est ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait
331 st ainsi posé n’est-il pas l’occasion d’un débat, qui ne conduirait pas forcément au triomphe d’un des camps sur l’autre, m
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
332 s à manifester l’esprit de coopération européenne qui l’anime, en même temps qu’à resserrer les liens professionnels entre
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
333 le dialogue, ou simplement de mieux connaître ce qui se fait en Occident, demeure très fort chez un grand nombre d’intelle
334 enir des informations scientifiques et techniques qui leur manquent encore. Pour les propagandistes officiels du type Ehren
335 résenter la dictature soviétique sous des aspects qui flattent notre intelligentsia dans certains de ses préjugés et dans s
336 draient à un désir longtemps frustré de savoir ce qui se fait et ce que l’on pense ailleurs, de respirer un peu plus librem
337 tin, et donneront lieu aux propositions concrètes qui le terminent. ⁂ Un rappel des phases principales de l’histoire des re
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
338 ment conquis par des Scandinaves (les Varègues13) qui leur imposent leur premier État, et civilisés par Byzance, qui les ch
339 sent leur premier État, et civilisés par Byzance, qui les christianise lentement. Rurik, Oleg et Igor, princes semi-légenda
340 énisées, plus l’idéal d’une Troisième Rome, idéal qui sera puissant jusqu’à nos jours, mais réservé à une élite (d’Église,
341 et conservateur dans le peuple. (C’est le peuple qui s’opposera, avec les Vieux Croyants, et au nom du ritualisme antique,
342 et Vienne, puis plus tard en Espagne et à Paris, qui le saluera comme un grand souverain. Pour Daniel Defoe, qui écrit sur
343 uera comme un grand souverain. Pour Daniel Defoe, qui écrit sur lui toute une étude, « il est le self-made-man modèle, un R
344 aisonnable et de régulier, quelque chose d’utile, qui tienne de la filature et de la caserne, et ne soit pas sans rappeler
345 lâtrie barbare et au mélange babylonien d’idiomes qui étaient de règle sous Pierre le Grand. Des architectes, des sculpteur
346 e champ de bataille… L’histoire des deux siècles qui suivent la réforme de Pierre le Grand — le xviii e et le xix e — repr
347 e, c’est l’Allemagne, c’est la Prusse de Frédéric qui va triompher, de Pierre III à Nicolas Ier, dont « l’empire knouto-ger
348 es directes avec l’Occident. Les officiers russes qui ont vu l’Europe reviendront dans leur patrie dotés d’une vision élarg
349 ndre Ier est lui-même un « humanitariste » russe, qui s’entretient avec Owen des nouvelles tendances sociales et participe
350 génie national slave, au sein d’une culture neuve qui va devenir partie intégrante de la culture européenne. Cette harmoni
351 s à toutes les cultures nationales de l’Europe et qui précisément par là garantissent son unité. La renaissance russe (
352 russe (d’Alexandre Ier à Nicolas II) Tout ce qui a été créé en Russie depuis Pouchkine relève tant de lui que du xix e
353 les plus illustres. La peinture russe, même celle qui , en la personne d’un Ivanov, d’un Sourikov ou d’un Wroubel, est resté
354 ivain) la place dans un messianisme russe, « mais qui puise sa force dans une foi profonde en la vocation européenne de la
355 des ombres blanches flottant dans un clair-obscur qui vous enveloppe l’âme et vous pique les yeux, la ville semble irréelle
356 nt perdu leur épaisseur, la plaine à perte de vue qui continue toujours, l’infinie étendue de l’humble Russie paysanne.
357 vophiles contre occidentalistes Le grand débat qui dominera la culture russe pendant tout le xix e siècle sera celui des
358 ne parut point ; et pourtant ce causeur subversif qui n’écrivait qu’en français naturellement (le texte publié n’était qu’u
359 re Ier, n’y voyant que son aspect destructeur, ce qui leur valut les foudres du camp adverse et déclencha des polémiques qu
360 udres du camp adverse et déclencha des polémiques qui durent encore. Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que les slavophiles,
361 intelligentsia — terme latin russifié à la hâte — qui apparaît vers le milieu du xix e siècle ? Ce n’est pas l’ensemble des
362 marchands, finalement même quelques paysans). Ce qui caractérise un membre de l’intelligentsia, ce n’est pas tant sa quali
363 presque toujours à y introduire le dogmatisme. Ce qui , en Occident, était théorie scientifique, sujette à la critique, hypo
364 , pour l’intelligentsia russe, en une affirmation qui confinait à la révélation religieuse. Les Russes se donnent tout enti
365 ère. Sans doute y a-t-il là une lacune, un défaut qui doit les faire tomber dans la confusion ou dans l’erreur, mais c’est
366 ans l’erreur, mais c’est aussi une sorte de vertu qui témoigne d’un élan religieux total de l’âme. L’intelligentsiste russe
367 discussion, mais un dogme, et désormais tous ceux qui n’acceptaient pas ce dogme, et, par exemple, les partisans de Lamarck
368 xercée par entente tacite dans le camp opposé, et qui s’exprime par l’éreintement féroce dans toutes les feuilles et revues
369 ard de toutes les œuvres et de tous les écrivains qui ne veulent point payer un tribut obligatoire aux trivialités révoluti
370 ine inertie de l’opinion, n’occupent pas la place qui leur revient de droit… La censure de « gauche » paraît ainsi plus to
371 e de Gogol, de Tolstoï et surtout de Dostoïevski, qui en révèle pour la première fois la signification et la portée », dans
372 1922 et 1925, et l’activité des Éditions Academia qui se poursuit plus tard encore. Des revues comme Le Monde de l’art, La
373 erne rendit possible celle des icônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable
374 es icônes. Rien de ce qui fut compris, rien de ce qui fut créé à cette époque n’est concevable en dehors de ces nouvelles c
375 randes villes l’odeur fade et sucrée de la fumée, qui provoque à la fois la somnolence et l’insomnie. On n’arrivait plus à
376 llemets lui seront empruntés dans cet « aperçu », qui ne prétend à rien d’original. 15. Nicolas Berdiaev, Les Sources et l
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
377 el des hommes de se connaître et de rechercher ce qui unit ». D’où les propositions suivantes : 1. « …que toute censure soi
378 sorte d’attaque nous est connue… Toutefois, ceux qui prendront connaissance de l’histoire de notre pays… pourront voir à q
379 17 points)… il contient une série de propositions qui constituent une tentative de s’immiscer dans les affaires intérieures
380 l’avenir une telle « liberté d’échanges d’idées » qui constituerait une « libre » propagande de guerre ou bien une propagan
381 ain… Nous ne pouvons pas accepter une « liberté » qui mènerait au déclenchement d’une activité subversive des déchets de la
382 de la Grande-Bretagne et des États-Unis » — ceux qui n’affectent pas « le régime intérieur de tels ou tels États ». On pou
383 efléter dans des accords bilatéraux respectifs ce qui intéresse surtout ces pays ». Une proposition de résolution commune,
384 ar nos directives… Que faire, devant une attitude qui proclame une liberté totale de commerce, mais exige des interdictions
385 techniques. Aucune indication ne nous est donnée qui permette d’espérer que la censure pourrait être allégée, qu’une infor
386 r certains avantages à l’État, spécialement en ce qui concerne les connaissances techniques. L’absence de progrès sur le
387 étique est fondé sur des conditions artificielles qui ne peuvent tolérer le libre contact avec le monde extérieur. Les diri
388 projet soviétique… ne contient pratiquement rien qui puisse permettre un échange d’idées ou d’informations. M. Dulles con
389 partiellement acceptés. Je souligne que tous ceux qui concernent le libre-échange d’idées, de nouvelles, d’informations non
390 viétique. Celle-ci ne s’intéresse qu’aux contacts qui lui permettraient d’obtenir de précieuses informations technologiques
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
391 pontanés d’intellectuels européens, curieux de ce qui diffère de nous, nos convictions les mieux motivées soit religieuses
392 rmé (sans toujours l’appliquer sévèrement22) mais qui prévaut au plus haut degré sous le régime actuel, pour des raisons hi
393 éliminerons par principe toutes les propositions qui pourraient contenir un piège politique ou cacher une manœuvre de prop
394 endrons pas à notre compte, dans les propositions qui suivent, les demandes « inacceptables » aux yeux des dirigeants sovié
395 séquent doit l’être. Nous nous bornerons, dans ce qui suit, à proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraisse
396 suit, à proposer des modes ou formes de dialogue qui ne nous paraissent point passibles des reproches que les dirigeants s
397 de quelques exemples, ces propositions de départ, qui sont toutes susceptibles de modifications et de mises au point éventu
398 galement on la déclarât souhaitable. Or, c’est ce qui vient de se passer. Le romancier A. Cholokhov publiait il y a peu de
399 ain dans l’autocritique (de la société où il vit, qui le publie et le lit). 3. Condition de l’écrivain et puissances d’arge
400 ussion sur les principes. Telle est la conviction qui inspire les deux propositions suivantes : Équipe de sociologues.— De
401 onc une convergence des besoins et des curiosités qui ouvre une possibilité pratique de coopération. Un groupe restreint de
402 btenir, ni quant à la valeur des contacts humains qui peuvent s’établir au cours d’un effort commun et prolongé. C. Expo
403 paradoxe de l’expression), non spectaculaires, et qui ne cherchent pas à attirer la grande masse inéduquée, mais les artist
404 ts. Le cinéma détient une puissance de suggestion qui déborde largement son message explicite, et ménage un espace immense
405 ons donc de limiter les échanges à quelques films qui seraient jugés par chaque partie soit représentatifs de son mode de v
406 tov). On retomberait alors dans la guerre froide, qui est la guerre tout court sur le plan de la culture. Nous avons toutes
407 ourquoi nous sommes prêts à accepter des échanges qui seraient libres chez nous, mais « autorisés » chez les Russes. Et cel
408 rtu de notre désir d’aboutir à si peu que ce soit qui puisse servir la paix, — objectif proclamé sans relâche par les Sovié
409 in d’octobre 1955. 26. À un journaliste français qui lui demandait l’autre jour (7 décembre 1955) pourquoi l’URSS interdis
410 … Le chemin de l’art décadent est trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… Les décadents, surréa
28 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
411 reste le même : créer une autorité supranationale qui sera finalement capable de parler au nom des quelque 330 millions d’E
412 ais la méthode, au fond, n’est pas renouvelée. Ce qui a échoué, c’est un essai de faire l’Europe par le moyen d’un traité m
413 En somme, ce qu’on « relance », c’est la méthode qui a réussi une première fois pour la CECA, échoué ensuite à l’occasion
414 ir si la méthode elle-même est la meilleure. Ceux qui pensent surtout au succès de la CECA répondent oui, ceux qui pensent
415 surtout au succès de la CECA répondent oui, ceux qui pensent davantage à l’échec de la CED répondent non, et ceux qui pens
416 antage à l’échec de la CED répondent non, et ceux qui pensent à la succession chronologique des deux événements hésitent, v
417 sont les autres méthodes proposées ? Il y a celle qui consisterait à faire l’Europe non par pièces et morceaux peu à peu im
418 s politiques. Elle cherche à construire une union qui serait l’expression organique d’une vaste et complexe réalité humaine
419 arvienne (peut-être) à les départager un jour… Ce qui nous semble sûr, c’est qu’aucune de ces méthodes n’a de chances d’abo
420 liberté et d’invention de l’homme, dans un monde qui l’attaque quand elle faiblit, mais ne cesse d’avoir besoin d’elle.
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Personalia (février 1956)
421 ersonalia (février 1956)aj ak M. Pierre Moser, qui fut, jusqu’à l’automne dernier, le directeur de l’Institut internatio
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
422 Union de l’Europe occidentale, voire de l’Unesco, qui leur ont apporté des solutions encore partielles mais concrètes. Plus
423 horde les capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont consacrés jusqu’ici, avec des moyens scandaleusement limités
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une deuxième table ronde de l’Europe (février 1956)
424 chains, un groupe d’études de vingt-deux membres, qui sera chargé de discuter les rapports préparés par des savants, histor
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
425 e. « Le client essentiel du peintre est l’État », qui lui commande des sujets déterminés, lui achète des toiles et les expo
426 tesse de huit ans les jeunes Russes de 4 à 18 ans qui exposent dans une galerie de Londres. « Réalisme photographique rappe
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
427 mis la convocation d’une conférence d’éducateurs, qui s’est tenue à Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont est né le Bureau e
428 os peuples. De là les trois articles synthétiques qui forment le corps de ce numéro, et qui n’ont d’autre ambition que de p
429 ynthétiques qui forment le corps de ce numéro, et qui n’ont d’autre ambition que de présenter sous un juste éclairage l’esq
430 éenne de la Fondation. Le texte d’Henri Brugmans, qui leur fait suite, aborde de face, et d’un point de vue plus militant,
431 rivées d’éducation populaire (ou adult education) qui essaient de subvenir à ses carences. Il était nécessaire de rappeler
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
432 au jeune disciple un respect religieux des rites qui sont censés gouverner le réel (par exemple : rendre la terre et la fe
433 ociété, et l’on développe en lui un sens critique qui lui permettra de mettre en question les « résultats » mêmes qu’on lui
434 e tout prestige sacré, est distribuée à n’importe qui , sans autres graduations que celles qu’impose l’âge de l’élève. Le fa
435 ique. Peut-on ramener tous ces contrastes à celui qui oppose, d’une manière globale, les sociétés fondées sur le respect de
436 nommée européenne. Sera « bon Européen » l’homme qui aura su réaliser cet équilibre, et bon éducateur, celui qui ne cesser
437 u réaliser cet équilibre, et bon éducateur, celui qui ne cessera d’y tendre. Deux extrêmes, et comment ils se rejoignent
438 pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’à faire a
439 ces de pensée tendent à disparaître avec les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’abaisse jusqu’au plus bas comm
440 ar le moyen d’innombrables activités « sociales » qui absorbent les heures libres après la classe. Résultat global : baisse
441 ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses épreuves de sortie (après dix ans d’école) peut entrer d
442 technique se divise en cinq branches principales, qui se subdivisent en 24 sous-branches, comprenant 295 spécialités et 510
443 de marxisme-léninisme et de propagande du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacrés aux sciences et 6
444 ollectivité interprétés par le Parti et son État, qui déterminent l’éducation, ou pour mieux dire, le dressage utilitaire d
445 deux excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux r
446 gés. C’est ce type d’homme en équilibre dynamique qui mérite le nom de personne, et qui reste le but de toute éducation non
447 libre dynamique qui mérite le nom de personne, et qui reste le but de toute éducation non seulement en Europe mais pour l’E
448 iner à la faveur d’un savant dosage. Car un homme qui ne serait préparé qu’à la liberté, sans responsabilité, ne serait pas
449 ilité, ne serait pas vraiment libre ; et un homme qui n’aurait subi qu’un dressage, sans liberté de choix, ne deviendrait p
450 ucoup moins claires. Comme il est d’une famille «  qui a toujours été de droite », ou d’un milieu social « qui ne peut être
451 toujours été de droite », ou d’un milieu social «  qui ne peut être que de gauche », ou encore comme il est en révolte contr
452 ntre elles — alors qu’il s’agit d’élire un député qui devra, lui, voter sur des problèmes nouveaux, qui lui échappent d’ail
453 qui devra, lui, voter sur des problèmes nouveaux, qui lui échappent d’ailleurs tout autant qu’à son électeur de hasard ou d
454 ropéen, dans les conditions que j’ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme responsable ? Les communis
455 sable ? Les communistes sont les seuls parmi nous qui aient gardé le souci de former des élites, des « cadres », si l’on ve
456 onnent une explication « infaillible » de tout ce qui se passe. Conception fausse, explication démentie par les faits, tant
457 vilisation ; — ce que sont les forces principales qui le dominent, les désirs ou les rêves qui le guident et qui déterminen
458 ncipales qui le dominent, les désirs ou les rêves qui le guident et qui déterminent ses structures économiques et politique
459 minent, les désirs ou les rêves qui le guident et qui déterminent ses structures économiques et politiques ; — comment ces
460 a vain de parler « d’unir l’Europe » à des hommes qui ne savent pas quel est l’état du monde. Ils ne verront l’union comme
461 monde nouveau, rendre attentif aux liens concrets qui unissent la plus petite de nos communes aux destinées du continent, t
462 ort nécessaire en vue de l’éducation des citoyens qui feront et vivront notre fédération. Il va de la réalité mondiale à ce
463 re et doit être opéré en même temps : c’est celui qui consiste à intégrer le jeune individu dans sa communauté ou ses commu
464 communauté ou ses communautés locales. Car celui qui aura pris conscience de ce qu’il peut faire dans son rayon découvrira
465 rayon découvrira bientôt, en agissant, les liens qui unissent son existence de tous les jours à des réseaux de forces et d
466 ourra prendre enfin, à son échelle, des décisions qui auront un sens, un prolongement possible au-delà de son horizon. Déco
467 même éducateur. Or ce sont ces seuls responsables qui voudront l’Europe et la feront, et non les « militants » de bonne vol
468 feront, et non les « militants » de bonne volonté qui nous répètent « unissez-vous ! » mais gardent les mains dans leurs po
469 esponsables ; mais pas d’élite sans une éducation qui oriente l’individu dans le monde actuel et qui l’intègre d’une manièr
470 on qui oriente l’individu dans le monde actuel et qui l’intègre d’une manière active dans le milieu où il peut agir. Où
471 gnement plus concrètes et plus proches de la vie, qui prennent place à côté des heures et au-delà des périodes scolaires. L
472 ustrer d’une manière efficace au moyen d’exemples qui touchent directement la vie de l’habitant. Ces exemples, il s’agit ma
473 a mesure des jeunes les plus entreprenants : ceux qui attendaient un but digne qu’ils s’y dévouent, et qui demain voudront
474 attendaient un but digne qu’ils s’y dévouent, et qui demain voudront l’Europe comme leur avenir. 27. On a vu en Europe
475 exte est précédé du chapeau suivant : « Les pages qui précèdent ont esquissé à grands traits un tableau de l’éducation en E
476 tion en Europe, et signalé les problèmes généraux qui se posent dans ce domaine, au xxe siècle. Cette orientation prélimin
477 ns un ensemble enfin viable à l’échelle mondiale ( qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle ma
478 jugés antiques et d’ignorance. Seuls, les esprits qui auront vraiment “saisi” la nécessité de l’union, pourront devenir des
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
479 956)aw Ceux de nos amis, proches ou lointains, qui visitent pour la première fois notre Villa Moynier dans son grand par
480 s ce cadre ? » Nous essayons de leur expliquer ce qui se passe dans nos bureaux, pratiquement et au jour le jour… Et pourqu
481 sessions de travail de 2 à 3 jours chacune, voilà qui ne semble pas une tâche surhumaine, encore qu’on se rende mal compte,
482 au sens très large où nous prenons le mot), voilà qui pose des problèmes passionnants pour le très petit groupe de collabor
483 de l’Europe, les confronter avec les possibilités qui existent ou peuvent être créées, et concevoir des solutions pratiques
484 e devrait intéresser, les persuader de venir — et qui , de nos jours, n’est pas plus ou moins « surchargé » ? — puis leur pr
485 avons publié deux numéros spéciaux de ce bulletin qui représentent un effort original : sur les relations culturelles avec
486 ’est encore peu, au regard de nos plans. Les mois qui viennent doivent être ceux de la récolte effective des résultats ! Co
487 -Inde — pour ne parler que de ceux de nos projets qui , déjà, ont été conduits tout près de la ligne de départ… Que les résu
488 te » et sauvée par des plans, mais par des hommes qui la voudront de toute leur âme. Notre effort principal reste de les tr
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
489 munauté européenne des guildes et clubs du livre, qui organise le Prix. Les jurés ont considéré en dernier choix plusieurs
490 dant des qualités littéraires particulières, mais qui cependant n’ont pas semblé répondre suffisamment au second critère. S
491 exte appelle quelques explications pour le public qui s’intéresse au sort présent de la littérature. La formule du Prix org
492 a mode. Le nombre des écrivains de quelque talent qui ne sont pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infi
493 furent de loin les meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient le moins besoin d’être révélés par le Prix… Il semble donc qu
494 nouvelle, d’ores et déjà soumise à la Communauté qui en décidera lors de sa prochaine assemblée générale, cet automne. a
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
495 te comme la patrie du conservatisme — « rira bien qui bougera le dernier ! » serait sa devise — ce petit livre incisif trad
496 le Progrès à tous les Européens. Les autres défis qui occupent nos forces sont secondaires : celui du monde communiste, cel
497 cains et des Russes. On leur en propose le moyen, qui est de vivre à l’âge de l’Europe. Mais cela suppose une révolution :
498 nature », et nos peuples préféreront bientôt ceux qui oseront leur dire « que l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’ag
499 ». Ils peuvent modeler le régime du xxie siècle, qui fascinera les marxistes. Ou enfin cette conclusion, qui dit si bien
500 cinera les marxistes. Ou enfin cette conclusion, qui dit si bien l’angoisse de tous les militants de l’Europe unie : Ce q
501 isse de tous les militants de l’Europe unie : Ce qui est européen, c’est l’insatisfaction créatrice, et la volonté de tran
502 ompris cette chose qu’est l’homme. Mais aussi, ce qui est humain, c’est l’orgueil de la créature, et l’obstination à conser
503 l de la créature, et l’obstination à conserver ce qui est établi. C’est pourquoi il faut savoir, pour répondre à l’interrog
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
504 local, de « Volkshochschule », de « settlement », qui ne souhaite pouvoir bénéficier des expériences faites ailleurs, des t
505 on populaire groupe le plus vaste public organisé qui puisse être atteint en Europe par ceux qui se préoccupent de répandre
506 ganisé qui puisse être atteint en Europe par ceux qui se préoccupent de répandre la culture et l’idée européennes. Une fédé
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
507 septembre 1956)bc bd Il y avait le prix Nobel, qui est mondial. Il y avait d’innombrables prix nationaux et locaux, plus
508 plus ou moins spécialisés. Mais il n’y avait rien qui pût attirer l’attention d’un vaste public sur des œuvres nouvelles de
509 s’adressa aux guildes du livre. Ces entreprises, qui se sont rapidement développées après la guerre, ont réussi à créer un
510 isir dans une production qu’on connaît mal, voilà qui intimide des centaines de milliers de lecteurs potentiels.) En mai 19
511 rits, le jury ne trouva pas cette fois-ci d’œuvre qui lui parut à la fois adaptée au public des guildes membres (public qui
512 ois adaptée au public des guildes membres (public qui dépasse aujourd’hui 900 000 lecteurs) et présentant un intérêt assez
40 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
513 embre 1956)be bf Innombrables sont les agences qui fournissent à la presse des nouvelles sur les crimes (politiques et p
514 ès dans l’ordre intellectuel, social et moral. Et qui se préoccupe d’informer les Européens sur les problèmes vitaux de leu
515 avenir immédiat, sur les résultats des recherches qui manifestent le génie occidental, et sur les raisons d’espérer que nou
516 ra chaque mois un bulletin destiné à la presse et qui s’efforcera de combler cette lacune. Trois éditions différentes, en f
517 ans notre civilisation, et l’ensemble des efforts qui se poursuivent dans le même sens. Les informations sur les autres ins
518 évolution inévitable, déjà sensible aux USA, mais qui doit être orientée dès le début dans un sens positif et créateur. b
41 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
519 ’ensemble, quelques conférences éloquentes : rien qui puisse satisfaire notre homme. Nous savons assez bien ce qu’il voudra
520 tes les réponses en quelques pages. Quelque chose qui soit à la fois documenté et décanté, pressant et objectif, complet et
521 sa mise au point finale lorsque la catastrophe «  qui n’a de nom dans aucune langue » a fondu sur un peuple européen. Falla
522 gnage, comme une exhortation à répondre à l’appel qui survit au martyre de Budapest. Il faut absolument faire l’Europe, et
523 mais, à nos frères asservis de l’Est, à tous ceux qui sont morts pour « l’Europe notre mère », comme le disait un de leurs
42 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
524 le la force de résister aux pressions formidables qui s’exercent contre eux de l’extérieur. La crise de Suez a illustré cet
525 , le monde arabe soutenu par le groupe de Bandung qui est l’Asie tout entière et une partie de l’Afrique, l’URSS nous menaç
526 conomique, et parce qu’il n’est aucun de nos pays qui puisse encore s’en tirer seul. Illustration : nous souffrons tous d’u
527 s souffrons tous d’une certaine pénurie d’essence qui affecte également tous nos peuples, sans distinguer entre les bons et
528 lémentaire et salutaire, pour beaucoup d’étourdis qui n’avaient pas remarqué que nous sommes tous, en Europe, dans le même
529 litiques. La jeunesse se réveille dans les villes qui préparent l’élection d’un « Congrès du peuple européen ». La presse d
530 Match et Réalités, publient des appels à l’union qui ont l’éloquence urgente des faits et d’une sûre documentation. Les pa
531 à l’idée révolutionnaire qu’il n’y a plus d’îles qui comptent dans le monde actuel et que la Grande-Bretagne est une parti
532 iles multipliés sur le chemin de l’union par ceux qui n’ont pas encore vu le danger que nous courons tous ? La leçon de
533 marché commun, que si l’on surmonte les obstacles qui s’opposent à l’union immédiate, et qui résident principalement dans l
534 obstacles qui s’opposent à l’union immédiate, et qui résident principalement dans les esprits : préjugés hérités d’une his
535 ée sans recours, mais on l’imite partout. Et ceux qui se croyaient sûrs de recueillir ses dépouilles, au nom de l’Avenir et
536 ’Avenir et d’une Histoire fatale, ce sont ceux-là qui ont vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisément, la jeu
537 l’esprit de démission, d’autodénigrement morbide, qui affecte une bonne partie de notre « intelligentsia » trop longtemps f
538 avenir de l’Europe. C’est enfin la même intention qui rend compte du choix des sujets de nos derniers numéros spéciaux : É
539 en 1956, L’Europe et l’École en 1957. Les mois qui viennent vont sans doute enregistrer d’importants progrès vers l’unio
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
540 discuter les problèmes politiques avec les aînés qui s’y connaissent, ou à lire pour son compte des ouvrages qui le renden
541 nnaissent, ou à lire pour son compte des ouvrages qui le rendent capable de repenser ou de critiquer les vérités reçues sur
542 rs scolaires, devenus pour lui seconde nature, et qui lui sembleront par suite indiscutables, comme les proverbes, comme le
543 s, ou d’on ne sait quels « ennemis héréditaires » qui ont cessé de l’être depuis longtemps, tandis que de puissants ennemis
544 dire aux racines de l’Europe de demain. Les pages qui suivent apporteront d’abord des études générales sur ce qu’il faut fa
545 faut faire, puis une série d’informations sur ce qui se fait déjà. Nous préparons dès maintenant, comme suite à ce numéro,
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
546 a Suisse conserve une situation privilégiée, mais qui ne peut se prolonger longtemps si ses voisins ne se relèvent pas des
547 ont mis fin à la puissance mondiale de l’Europe, qui dominait la planète depuis des siècles. Deux grands empires unifiés e
548 s la puissance politique, économique et militaire qui était autrefois celle de l’Europe. Les Russes dominent les pays de l’
549 système d’aide financière dit « plan Marshall », qui aboutit à la création de l’Organisation européenne de coopération éco
550 ltatif. Il n’a pas de pouvoir exécutif. Les États qui le composent gardent toute leur souveraineté. Le Conseil est donc aus
551 but est de supprimer progressivement les douanes qui les séparent. Ainsi se trouve ouvert un vaste espace où le commerce s
552 êcher la Suisse de coopérer avec les institutions qui ont pour but d’unir nos peuples. Les intérêts de la Suisse et ceux de
553 i que l’année dernière a paru un livre de lecture qui contient de fort belles pages sur l’Europe par Gonzague de Reynold. M
45 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
554 es autres à quelques-uns des principaux problèmes qui se posent aux organisateurs de festivals. Le nombre et la nature des
555 e notre temps. ⁂ Quels problèmes ? dira l’amateur qui se contente bien de son plaisir. Qu’il songe pendant quelques instant
556 succès si rapidement croissant au xxe siècle et qui traduit dans le domaine des arts une remarquable transformation des m
557 , il y a tous les acheteurs de disques, tous ceux qui jouent d’un instrument, les chorales populaires, les Jeunesses musica
558 ébordant infiniment les petits cercles de l’élite qui la cultivaient autrefois. Mais elle est devenue en même temps un fact
559 re croissant de familles et d’individus. Bref, ce qui n’était autrefois que pur divertissement est passé au rang d’industri
560 mment déjà la seconde révolution industrielle, et qui promet des loisirs plus étendus à un nombre croissant d’hommes et de
561 le des festivals, et foisonnement des entreprises qui prennent ce nom. Sur la définition d’un festival Les promoteurs
562 ve ». C’est pourtant, à quelques nuances près, ce qui s’est produit. Personne n’a récusé les formules proposées, ou n’en a
563 ouvent entièrement. Mais nombreux sont aussi ceux qui souhaitent : — soit d’atténuer l’insistance sur « l’accord entre les
564 nt de plaisir à Copenhague qu’à Budapest », voilà qui est sûr ; mais en revanche, Mozart peut donner plus de joie à Salzbou
565 s) se présentent tout d’abord à l’esprit de celui qui médite sur une définition du festival en tant que fête, car le cadre
566 Ce serait donc ici le « caractère expérimental » qui définirait l’atmosphère spécifique de la manifestation. L’une de ces
567 e part, devant le foisonnement des manifestations qui se baptisent « festivals », il importait de trouver une base de jugem
568 er. La suggestion de créer un jury international, qui aurait recours à ces critères pour décerner ou non l’étiquette de « f
569 is posée, et que l’idée ne semble pas absurde. Ce qui serait absurde, ce serait évidemment de prendre cette idée au pied de
570 définitive des festivals, ni rassembler tous ceux qui sont dignes du nom. Quelques-uns, non des moindres d’ailleurs, n’y on
571 l’Europe en associant des festivals ? » Le nigaud qui a dit cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la
572 a dit cela ne mérite pas une réponse, mais voici qui est sérieux : la musique est d’Europe, en ce sens qu’elle est liée à
573 a nature, étant née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui le définit le mieux, quand on le comp
574 physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui le définit le mieux, quand on le compare à l’homme d’autres cultures
575 ché à le résoudre d’une manière unilatérale. Ceux qui insistent surtout sur la nécessité de maintenir bien vivantes les tra
576 propositions concrètes les conclusions générales qui me semblent résulter de notre enquête. bl. Rougemont Denis de, « 
46 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
577 des conclusions de cet important groupe d’études, qui proposait de répondre à la question suivante : « Que se passerait-il
47 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
578 ique.   1952. Rédaction de 25 plans de causeries, qui seront publiés par la Campagne européenne de la jeunesse en sept lang
579 risques et périls, ne tentait de les assumer. Ce qui pouvait être réalisé sans plus attendre, avec les moyens disponibles,
580 arder pour champ d’action la Grande Europe, celle qui doit un jour regrouper tous nos peuples, de Gibraltar à l’Oural si po
581 de faire face aux nouvelles possibilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient
582 Elle traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit
583 t de leurs ressources — mais celles-là seules ! —  qui bénéficieraient d’une intégration plus poussée. À l’heure où les inst
584 ération de peuples embarqués pour un même destin, qui négligerait encore la recherche d’avant-garde et l’éducation générale
585 ’une manière systématique l’une des grandes idées qui avaient présidé à la création du CEC et qu’il doit s’attacher mainten
586 on constante d’idéologies nées de ses œuvres mais qui lui opposent désormais un visage méconnaissable et parfois hostile, l
587 nde actuel. Il y a plus. Les difficultés immenses qui naissent du contact inévitable entre notre culture libérale et techni
588 la nécessité de Relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturell
589 es sont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des v
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
590 la nécessité de notre union. De ces négociations, qui se poursuivirent pendant plusieurs années, marquées par les rencontre
591 vue d’une généralisation ultérieure des méthodes qui se seront révélées les plus efficaces. C’est dire que les échecs poss
592 et de souvenirs antiques (grecs et romains), mais qui était en voie de dépeuplement, voir si l’on peut donner à ses habitan
593 oupant les responsables locaux et les professeurs qui ont conduit l’enquête sociologique, pour en tirer les conclusions imm
594 cution. Le CEC a initié une enquête sociologique, qui est conduite par le Prof. Lajugie (de Bordeaux), directeur de l’Insti
595 urope », organisé par le mouvement « Communita » ( qui est chargé de conduire l’expérience) et avec la participation de repr
596 llance. La presse locale rend compte des travaux, qui ont trouvé également un large écho dans la presse de la Péninsule. L’
597 eux définir ainsi les tâches précises et l’esprit qui doit les animer. Des possibilités nouvelles sont apparues, notamment
598 éfinitifs acquis jusqu’ici sont ceux de Fribourg, qui montrent qu’une expérience réussie se prête aussitôt à une répétition
599 iapositives en 1958, selon les directives du CEC, qui rédigera les commentaires. Le Conseil de l’Europe et la CECA ont acce
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
600 des ouvrages retenus par la collection. Ce projet qui ne manquait pas d’ambition et auquel on ne connaissait pas de précéde
601 re et sur le vocabulaire de la science politique, qui seront fournis par le Conseil de l’Europe. La publication du premier
602 iatement la signature des contrats d’association, qui doit avoir lieu au printemps. bp. Rougemont Denis de, « Pool europ
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
603 me un simple organe d’information sur les travaux qui se poursuivaient au CEC, le bulletin a paru sous cette forme de 1952
604 ie européenne, préparée avec l’aide de l’ΑΙΕΕ, et qui atteint rapidement un tirage très supérieur à celui des bulletins ord
605 d’un tirage initial moyen de 10 000 exemplaires, qui paraissent annuellement. Sur ces six bulletins, un seul présente l’en
606 exercé dans la plupart de nos pays une influence qui peut être mesurée par les comptes rendus de presse, mais plus encore
607 , mais plus encore par les très nombreux articles qui s’en sont inspiré, parfois littéralement, les conférences, et même le
608 les conférences, et même les films documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marc
609 me les films documentaires qui en ont déjà été ou qui vont en être tirés. De même, Promesses du Marché commun a été le seul
610 elles sur les langues parlées en Europe. Où ? par qui  ? par combien ? depuis quand ? Données correspondantes sur l’Asie, l’
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
611 donc une énergie, que nous désignerons par E, et qui est égale au produit de sa masse (étendue, matières premières, popula
612 de sa culture, ce serait vouloir la faire sans ce qui la définit : il s’agit donc de rendre à la culture sa fonction créatr
613 nces, à des hommes éminents dans leur branche, et qui , par suite, auront compris que les solutions aux problèmes qu’ils se
614 es limites d’un État, découpage souvent hasardeux qui prétend faire coïncider en dépit de toute évidence la langue et l’éco
615 s, ingénieurs, médecins, juristes : les questions qui peuvent les grouper et qui appellent un effort commun ne sont pas nat
616 ristes : les questions qui peuvent les grouper et qui appellent un effort commun ne sont pas nationales mais humaines, et n
617 u siècle et des ambitions raisonnables d’un homme qui veut créer, diriger et servir. Éducation des responsables de demain,
618 Éducation des responsables de demain, la minorité qui comptera. L’avenir de l’Europe dépend essentiellement des possibilité
619 u jugement, et c’est ici l’information européenne qui en tiendra lieu. Bien entendu, il s’agit d’autre chose que de multipl
620 e de préparer le terrain, d’éclairer les réalités qui comptent vraiment, et de situer l’Europe et ses problèmes dans le gra
621 nombre possible d’Européens, mais d’abord à ceux qui détiennent une responsabilité quelconque à n’importe quel niveau de n
622 ppeler constamment à l’opinion (et d’abord à ceux qui la font !) nous paraissent être les suivants : — Le renversement de l
623 mble par les grands empires et les grandes unions qui se sont dressés de toutes parts depuis 1945 ; mais se montrant incapa
624 ous les peuples. Or ces produits sans les valeurs qui les ont rendus possibles et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une
625 sans les valeurs qui les ont rendus possibles et qui en règlent ou modèrent l’usage, d’une part sont retournés contre l’Eu
626 s cultures différentes, plus ou moins archaïques, qui les adoptent. — Le déficit énergétique de l’Europe, et la dépendance
627 déficit énergétique de l’Europe, et la dépendance qui en résulte (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Amériques). — La colonis
628 S d’un quart de la population européenne à l’Est, qui dans sa grande majorité souhaite sa libération, c’est-à-dire son reto
629 olitiques.) — La communauté d’origines et de buts qui définit la culture, la civilisation et le mode de vie des Européens q
630 réalité nos matérialistes pratiques, en Occident, qui croient à la force des choses, dès lors qu’ils s’imaginent pouvoir co
631 tiennent la culture pour un luxe. Mais c’est elle qui a produit leurs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui on
632 rs richesses. Car ce ne sont pas eux, après tout, qui ont créé les moyens de la puissance de l’Europe ; ce ne sont pas eux,
633 ce de l’Europe ; ce ne sont pas eux, par exemple, qui ont inventé la machine à calculer, ni même la brouette, c’est Pascal 
634 mencée. Maintenant il faut souffler sur la flamme qui couve. Nous n’avons plus beaucoup de temps. Quant aux objectifs génér
635 e sans appuis mais avec la passion lucide de ceux qui luttent contre la montre, nous les résumerons comme suit : elle consi
636 s profonde de la communauté d’origines et de buts qui définit le mode de vie européen ; — une éducation de la liberté, créa
637 e et réaliste contribuant à susciter des volontés qui trouveront les moyens requis, ou les créeront. 38. Rappelons que l
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
638 urope digne de ce nom (si l’on tient compte de ce qui la distingue dans le monde). Ces deux nécessités, rythme et finalité,
639 i nous est-il assuré ? On est parti, bien sûr, et qui dit mieux ? Mais que feront d’ici-là tous nos autres pays ? Et ceux d
640 te39. Je connais les nécessités de la propagande, qui est action, et qui exige des choix sans équivoque, voire des partis p
641 s nécessités de la propagande, qui est action, et qui exige des choix sans équivoque, voire des partis pris polémiques. On
642 contradictoires. Il recherche en tout l’optimum, qui ne peut jamais être obtenu par la suppression d’une des réalités anti
643 l direct au peuple ; enfin une méthode culturelle qui prétend à la fois informer les masses et favoriser la créations d’éli
644 droite, en sont restés à une logique arithmétique qui n’a pas inventé la bombe H, laquelle domine pourtant la situation du
645 xistent pas hors des contradictions irréductibles qui font le drame et la grandeur de l’Occident. Convergence des méthod
646 odes Du point de vue fondamentalement européen qui est celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt édu
647 alement européen qui est celui de notre Centre et qui inspire sa méthode, quel intérêt éducatif et culturel présentent les
648 e depuis Marx ; et l’on espère que les mouvements qui s’en réclament sauront l’approfondir et l’illustrer avec autant de pa
649 era incapable de soutenir les procès en paternité qui diviseront nos successeurs41. Ces jeux restent frivoles, même si l’on
650 s les mouvements, associations et pressure groups qui se réclament des diverses méthodes qu’on vient de décrire. Résumons e
651 e les autres répliquent : — Vous voulez une union qui ne serait pas vraiment l’Europe ! Nous avons nos Bleus et nos Verts e
652 ch, deux camps une politique, dans une démocratie qui « joue ». Mais ce sont vingt partis, dix-huit États, et d’innombrable
653 les groupes économiques, et toutes leurs presses, qui entretiennent le tohu-bohu de gaffes parfois tragiques, d’actions dés
654 rêts divergent par ailleurs. C’est notre désunion qui les groupe aujourd’hui. Une Europe fédérée, capable de mener une poli
655 ce et succès la solution des problèmes différents qui se multiplient autour de nous, tels que la libération des pays de l’E
656 , et l’aide aux pays sous-développés. Aux menaces qui ne cessent de grandir à nos portes, nous ne pourrons opposer à temps
53 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
657 nt à ses données et incertaine quant à son issue, qui ne dépend de vous qu’en partie, mais cette partie vous intéresse au p
658 sa culture, car ce serait faire l’Europe sans ce qui la définit ; ce serait faire autre chose que l’Europe, quelque chose
659 ait faire autre chose que l’Europe, quelque chose qui ne nous intéresse pas nécessairement. Et voici la situation concrète 
660 ’elles se révèlent conformes ou non aux décisions qui pourront être prises ailleurs, et qu’il vous appartient d’influencer,
661 ncer en temps utile sur les questions à débattre, qui se trouvent avoir fait l’objet de fréquentes discussions, depuis dix
662 mercie particulièrement les auteurs des rapports, qui ont tenu des promesses qu’ils croyaient imprudentes, mais vous voyez
663 que les instances européennes, saisies du projet qui nous occupe, sont en droit, mais aussi en devoir — me semble-t-il — d
54 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
664 répondre à ce double besoin ? Car c’est bien lui qui constitue, à notre avis, la substance réelle des débats soulevés péri
665 utour de l’idée d’une Université européenne, idée qui ne cesse d’être vague que pour devenir inquiétante aux yeux de beauco
666 es mathématiques ou la littérature) d’une manière qui serait plus spécifiquement « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il
667 mer des juristes ou des économistes, par exemple, qui seraient dits « européens » parce qu’ils auraient étudié tous les dro
668 d’Européens synthétiques. Elle a besoin d’hommes qui soient aussi bien formés que possible dans une spécialité donnée mais
669 rmés que possible dans une spécialité donnée mais qui , en même temps, prennent conscience de l’ensemble culturel et humain
670 devra donc répondre aux deux exigences suivantes, qui le définissent : a) offrir à des gradués de certaines branches l’accè
671 s réguliers dans les universités existantes. Ceux qui auront à en tirer parti (pour la recherche ou l’application) les assi
672 r ingénieurs, patronné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir à Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux pr
673 des stages d’études européennes par professions, qui répondraient, eux aussi, à un besoin souvent exprimé en Europe. Agric
674 tes, sociologues, pharmaciens, hygiénistes, etc., qui ont à faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle
675 nc que la solution la plus réaliste des problèmes qui ont conduit à évoquer l’idée d’une Université européenne devrait être
55 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
676 ignifie le métier, l’habileté technique, et celui qui exerce un art est un artisan, qu’il soit peintre ou ingénieur. Mais à
677 ou ingénieur. Mais à partir du romantisme, celui qui exerce un art est appelé un artiste, et il n’est plus censé être seul
678 jusqu’au xixe siècle, l’homme cultivé est celui qui a reçu et assimilé des notions générales et une méthode de pensée : c
679 de T. S. Eliot, selon lequel la culture serait ce qui donne un sens à la vie, la rend digne d’être vécue, « worth living ».
680 est pas seulement la notion, c’est la chose aussi qui est récente, en ce sens que la diffusion de la culture au-delà des él
681 -delà des élites traditionnelles est un phénomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du
682 phénomène qui n’est apparu qu’au xxe siècle, et qui est exactement contemporain du développement de la technique. Jusqu’a
683 ique, l’enseignement scolaire par des professeurs qui ne sont pas nécessairement des praticiens de leur branche. Il y a ens
684 eur branche. Il y a ensuite ces moyens de culture qui sont le livre, le disque, la radio, la télévision et le cinéma. Il y
685 azines, la presse, les modes, cette espèce d’aura qui entoure le phénomène culturel, sans être elle-même de la culture. Ceu
686 culturel, sans être elle-même de la culture. Ceux qui sont touchés par cette rumeur, cette aura, ne sont guère plus « cultu
687 plus « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils deviennent peu à peu per
688 nnovation la plus importante me semble être celle qui intervient sous nos yeux dans le domaine de la consommation de la cul
689 est-il la conséquence. Ainsi la technique moderne qui résulte, comme j’ai tenté de le montrer ailleurs (notamment dans L’A
690 ujours peu nombreux, et relativement isolés. Mais qui sait s’ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’hier ? Le grand
691 vedettes célébrées par la presse et la radio, et qui relèvent à quelques titres de la culture, peut faire illusion : je ve
692 ués chaque année par centaines, ou de ces savants qui tout d’un coup atteignent à la grande popularité (pour des raisons so
693 s raisons souvent accidentelles) auprès de masses qui ne peuvent pas avoir la moindre idée de la nature et de l’importance
694 ux admirer un Robert Oppenheimer pour des raisons qui ont peu de rapport avec ses grands mérites scientifiques, plutôt que
695 mettre de très grands tirages. La grande question qui se pose est de savoir dans quelle mesure les esprits soucieux de main
696 nt. Il semblerait, à les en croire, que le public qui lit représente une petite masse invariable, ou même décroissante. Que
697 llustrées, et de les vendre directement au public qui n’a pas l’habitude de fréquenter les librairies. Les initiateurs de l
698 our la plupart, recrutés, détectés à domicile, et qui ont pris l’habitude de lire. Quant aux éditeurs, absolument hostiles
699 t sur le dogme qu’il n’y avait en Suisse romande ( qui compte 1 million d’habitants) pas plus de 5 à 6000 lecteurs potentiel
700 ais nolens volens une responsabilité d’éducateurs qui déborde largement le plan commercial. Il faut qu’ils s’en convainquen
701 ou non à une élévation du niveau culturel, voilà qui dépendra essentiellement du sens de la responsabilité éducatrice qui
702 iellement du sens de la responsabilité éducatrice qui se développera ou non chez les producteurs de mass médias. by. Rou
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
703 on appartenance à un ensemble humain et spirituel qui dépasse largement la nation, non seulement dans l’espace, mais dans l
704 t reconnaître que beaucoup ne font que répéter ce qui a déjà été écrit dans d’autres langues, que retracer le même historiq
705 ul pays, en une seule langue. Le problème concret qui se pose à l’écrivain « européen » est donc de trouver les moyens d’at
706 de l’éditeur, il consiste d’abord à découvrir ce qui est valable et neuf dans l’abondante littérature provoquée par les pl
707 urs de l’édition contemporaine, a lancé le projet qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s’agit d’une associat
708 le nom d’Editeuropa. Il s’agit d’une association qui groupe actuellement 8 éditeurs, représentant non pas leur pays mais l
709 ois de septembre 1958, à l’occasion d’une réunion qui coïncidait avec la Foire internationale du Livre, à Francfort : « … c
710 ésireux de les publier, et celui des institutions qui agissent à la fois comme auteurs et distributeurs, trouveraient ainsi
711 es traditions et susceptibilités nationales, etc. qui feront qu’un même ouvrage publié par la Collection européenne risque
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
712 , comme une prise de conscience du groupe humain, qui le prépare à sa mission présente « en l’émancipant de ses complexes »
713 l historique se trouve une philosophie implicite, qui est surtout dangereuse lorsqu’elle reste inconsciente. » Depuis cent
714 ’isoler comme s’il était le phénomène déterminant qui , à lui seul, expliquerait l’histoire ? En quelques pages nourries d’
715 tuteurs et autres enseignants, mais par tous ceux qui peuvent jouer un rôle dans l’édification de l’Europe unie, et que des
716 histoire ne s’expliquent que par un fond commun… Qui veut écrire l’histoire de l’Europe doit commencer par les héritages. 
717 qu’il est Hollandais de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer à un point de vue qui n’est ni français ni ge
718 ilà qui lui permet de se placer à un point de vue qui n’est ni français ni germanique, ni latin ni anglo-saxon, quant aux p
719 mportant que l’on écrive en français une histoire qui situe l’évolution « française » avant la lettre dans une perspective
720 ns inspirées par un nationalisme rétrospectif, et qui explique en remontant au plus haut (bien avant le jacobinisme !) cert
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
721 . Effort unique, et pour longtemps insurpassable, qui mérite d’être lu par tous les militants de la fédération européenne,
722 rend garde au titre et à l’objet même de l’œuvre, qui est de retracer la généalogie de l’idée (ou de la conscience) europée
723 zer — dont il s’inspire expressément pour tout ce qui concerne les xviiie et xixe siècles allemands — le livre de Curcio
724 ne habituelle dans les ouvrages de ce genre en ce qui concerne l’Italie — et l’on pouvait s’y attendre, de la part d’un pro
725 attendre, de la part d’un professeur napolitain, qui occupa des chaires à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nou
726 ui occupa des chaires à Pérouse et à Florence, et qui vit à Rome. Il nous offre, au surplus, des chapitres précieux, presqu
727 éditions subséquentes, sur deux points de méthode qui ont leur importance pratique. Les citations sont données en italien,
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
728 secrets de son efficacité. Elle a fait le monde, qui lui renvoie son image déformée, le plus souvent hostile. Cette immens
729 tion », voilà bien le nouvel Enlèvement d’Europe, qui fournit le thème central de la série d’essais réunis sous ce titre pa
730 ? Je crois bien que Hegel est la seule exception, qui persistait à voir dans l’Europe « la fin de l’Histoire ». Pour tous l
731 errière la figure prométhéenne du Faust européen, qui lentement se guérit de sa cécité — c’est-à-dire de sa superbe ignoran
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
732 n. La première consiste à créer des institutions, qui obligent à coopérer et bientôt conditionnent des réflexes communs. La
733 ’est la propagande. La troisième est l’éducation, qui est le contraire de la propagande parce qu’elle développe le jugement
734 1957 à 1959 qu’on trouvera réunis dans les pages qui suivent. Qu’il nous soit pardonné de ne pouvoir remercier ici que d’u
735 es Landes et en Sardaigne. Quant aux publications qui ont préparé les enquêtes ou qui en ont résulté, les références en ser
736 aux publications qui ont préparé les enquêtes ou qui en ont résulté, les références en seront données au cours des divers
737 es en seront données au cours des divers rapports qui forment le présent bulletin. ⁂ En décrivant d’abord les méthodes et m
738 s mis en œuvre, puis les résultats fort variables qui ont été obtenus, cette publication vise à dégager un certain nombre d
739 gager un certain nombre de conclusions pratiques, qui permettront éventuellement de généraliser nos expériences-pilotes. No
740 mais surtout les possibilités d’action efficaces qui existent dans tel ou tel milieu. Ces possibilités, une fois reconnues
61 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
741 rimenter. Notre manière fut celle d’un jardinier, qui donne des soins méticuleux à des pousses minuscules, insignifiantes,
742 ience plus lourd que le milieu qu’on a choisi, et qui l’écrase, ou en tout cas le modifie avant même qu’on ait pu l’observe
743 er ensuite, par le moyen de cette publication, ce qui peut être fait et ce qu’il reste à faire. Fort de ces expériences acq
744 sormais, de seconder et de coordonner les efforts qui se manifestent déjà, dans plusieurs pays, en vue de multiplier les ca
62 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
745 p la raison d’être de notre institution, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’est donnés dès sa création.   CUL
746 culturels, — artificiels. L’homme est cet animal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeuré virtuel, et q
747 omme est cet animal qui tire de la Nature tout ce qui , sans lui, serait demeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine
748 tout ce qui, sans lui, serait demeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine de l’humain ; domaine du sens et de l’opér
749 re des propagandes de guerre en 1914.) Pour nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’il fallait prendre position d
750 r ce grand paradoxe de l’Histoire : que l’Europe, qui représente à peine le 5 % des terres du globe, assez pauvre en matièr
751 Renaissance jusqu’aux débuts de notre siècle. Ce qui a permis de passer du « petit cap de l’Asie » à cette royauté longtem
752 Asie » à cette royauté longtemps incontestée — et qui peut renaître demain sous d’autres formes purifiées et libérales — ce
753 ’est très peu de chose plus une culture. Et voilà qui suffit, pratiquement, à définir le rôle actif et créateur de la cultu
754 plexe philosophique, éducatif, moral et spirituel qui demeure l’origine permanente de ce que nous appelons la culture, et d
755 lture, et de son dynamisme aventureux.   EUROPE, qui fut d’abord un mythe sémite et grec, puis une définition géographique
756 s combattre, en agissant en premier lieu sur ceux qui forment les esprits et l’opinion, mais également en saisissant toute
757 objets les plus divers et les plus éloignés ; et qui pis est, toutes ces images apparaissent particulièrement incompatible
758 ur opposent la notion de « cultures nationales », qui est aussi fausse en fait qu’en droit. La culture à la fois antique, c
759 antique, chrétienne, critique et scientifique, et qui est commune à tous nos peuples, se trouve cloisonnée par des barrière
760 européens. Certes, ce sont des Européens surtout qui viennent de fabriquer la première Bombe, parce qu’ils étaient ensembl
761 de poser les problèmes communs et de grouper ceux qui peuvent les résoudre. Cinq ans plus tard, 1955 : l’idée de coopératio
762 s (Genève, puis Amsterdam, Bruxelles, Strasbourg) qui se proposent à la fois de regrouper et de financer les initiatives di
763 fié la raison d’être de l’institution — pour ceux qui savent, tout au moins ; plus rarement, il est vrai, aux yeux d’un gra
764 répond à des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent avec une insistance croissante.   1. Regroupement des effor
765 Elle traduit les diversités réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’agit
766 et de leurs ressources — mais celles-là seules — qui bénéficieraient d’une intégration plus poussée. À l’heure où les inst
767 ération de peuples embarqués pour un même destin, qui négligerait encore la recherche d’avant-garde et l’éducation générale
768 ’une manière systématique l’une des grandes idées qui avaient présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’attacher mainte
769 on constante d’idéologies nées de ses œuvres mais qui lui opposent désormais un visage méconnaissable et parfois hostile, l
770 nde actuel. Il y a plus. Les difficultés immenses qui naissent du contact inévitable entre notre culture libérale et techni
771 la nécessité de Relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturel
772 es sont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des v
63 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
773 c’est bien à l’Europe qu’on le doit : c’est elle qui a découvert la Terre entière, c’est elle que l’on imite partout, et c
774 veut de l’homme. C’est le problème de l’Éducation qui se pose ici dans son ampleur et son urgence. Depuis des siècles, on a
775 De même, et a fortiori, toute méthode éducative. Qui veut la fin veut les moyens, dit le proverbe. Inversement, qui veut c
776 in veut les moyens, dit le proverbe. Inversement, qui veut certains moyens sert, consciemment ou non, certaines fins. Derri
777 is avant de l’appliquer aux trois grandes régions qui forment l’Occident moderne — l’Europe, l’URSS et les USA — rappelons
778 ecte, sans préparation religieuse, et à n’importe qui , d’un savoir déclaré objectif. Cette instruction ne vise pas à introd
779 rescrite, à l’extrême de la précision, les gestes qui symbolisent l’action d’un dieu. Toute variation individuelle, trahiss
780 pas envie de faire de l’arithmétique ce matin (et qui en a jamais envie ?) on lui répond en souriant qu’il n’a qu’à faire a
781 ces de pensée tendent à disparaître avec les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’abaisse jusqu’au plus bas comm
782 ar le moyen d’innombrables activités « sociales » qui absorbent les heures libres après la classe. Résultat global : baisse
783 tes, on aboutit à faire des individus « ajustés » qui n’offrent plus de résistance aux modes, à la publicité, aux injonctio
784 ici la spécialisation dirigée par l’État. L’élève qui a réussi ses épreuves de sorties (après dix ans d’école) peut entrer
785 technique se divise en cinq branches principales, qui se subdivisent en 24 sous-branches, comprenant 295 spécialités et 510
786 de marxisme-léninisme et de propagande du Parti, qui n’occupent que 6 % des études, 27 % étant consacré aux sciences et 67
787 ollectivité interprétés par le Parti et son État, qui déterminent l’éducation. On revient au dressage utilitaire de l’indiv
788 deux excès conduisent à des résultats analogues, qui sont le déclin du sens critique, la non-résistance aux modes ou aux r
789 gés. C’est ce type d’homme en équilibre dynamique qui mérite le nom de personne, et qui reste le but de toute éducation non
790 libre dynamique qui mérite le nom de personne, et qui reste le but de toute éducation non seulement en Europe mais pour l’E
791 s. Vous connaissez tous la colombe de Kant, celle qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, sans la résistance fat
792 es antinomiques, la liberté et la responsabilité, qui ne doivent jamais être séparées, jamais être sacrifiées l’une à l’aut
793 renouvelée et restaurée, cet équilibre dynamique, qui définit l’Europe et qui caractérise toute conduite méritant d’être qu
794 cet équilibre dynamique, qui définit l’Europe et qui caractérise toute conduite méritant d’être qualifiée vraiment d’europ
795 e d’or de la culture européenne et de l’éducation qui lui correspond, c’est cela : l’équilibre en tension entre l’autorité
796 le contraire qu’on observe en général. (De celui qui parle bien, les autres élèves disent : « Il raffine ! ») 2° La plupar
797 personne — car à mon sens, c’est la vision du But qui peut seule nous dicter les méthodes adéquates pour le rejoindre. « En
798 le condition qu’elle soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez d
799 e soit maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez de bons éducateurs d
800 me personnel, l’homme de sa vocation, c’est celui qui incarne le paradoxe formulé par Victor Hugo il y a un siècle, et repr
801 personne, c’est la réalité sentie de la personne qui doit nous inspirer les moyens de le rejoindre. Je terminerai par une
64 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
802 naires, au mieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. Mais de
803 stitutions existantes — et notamment de l’École — qui se trouvent chargées d’enseigner les rudiments du civisme au plan nat
804 odes d’instruction civique. Parcourant les études qui suivent, je tombe sur les formules suivantes : En France, l’instructi
805 té patriotique » et « le sentiment de nationalité qui fait le bon citoyen ». En Italie, il s’agit d’abord « d’effacer tout
806 développer chez l’élève, c’est la « personnalité… qui , en grandissant, accède à des responsabilités » au sein de la « commu
807 sque rien, dans les programmes analysés ci-après, qui prépare le jeune homme à vivre les droits et les devoirs qu’on lui a
808 ce aux problèmes concrets de la vie civique. Rien qui relie le civisme à autre chose qu’à la connaissance des formes légale
809 es d’un régime indiscuté ; rien, ou presque rien, qui situe et qualifie le civisme et les institutions du pays par rapport
810 sociales et économiques, aux principes et idéaux qui inspirent la civilisation européenne dans son ensemble, ou encore à l
811 me si l’Europe était isolable du reste du Monde — qui pourtant la met en question, ou parfois même vise expressément à détr
812 tre beaucoup plus clairement si nous regardons ce qui se passe aux USA et dans les pays communistes de l’Est. Aux USA :
813 e très vivante des arguments avancés, des groupes qui les avancent et pourquoi, de l’action de la presse locale, des condit
814 de l’URSS. Quel que soit le degré de fédéralisme qui subsiste dans le détail (il est impossible de conduire les classes de
815 titution soviétique et des « droits » du citoyen ( qui sont ses devoirs envers la « construction socialiste ») toutes les br
816 e l’évolution sociale est un processus historique qui suit des lois déterminées… Les idées sociales, les opinions politique
817 introduire à une lecture mieux avertie des textes qui suivent. C’est plus encore ce que ces textes ne disent pas que ce qu’
818 que ces textes ne disent pas que ce qu’ils disent qui doit nous engager à prendre conscience du problème d’un civisme europ
65 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
819 ment vif et résolu derrière un lorgnon démodé, et qui me dit avec un accent slave : « Votre discours était vraiment très bi
820 it parce qu’on l’y saluait du titre d’Excellence, qui l’amusait, et qu’on s’y contentait de lui faire signer la note. (C’es
821 en anglais) et comblant quelques-unes des lacunes qui s’y trouvent à l’aide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’i
822 précisions qu’à bien voulu me fournir Jan Pomian, qui fut longtemps son secrétaire, je tenterai dans les pages qui suivent
823 gtemps son secrétaire, je tenterai dans les pages qui suivent une première esquisse biographique. Les années d’apprentiss
824 elle figure de grand seigneur ascète et patriote, qui devient son tuteur vigilant. Zamoyski habite Paris, où il est né ; il
825 errière son monocle à ruban le poète Jean Moréas, qui chaque soir salue l’entrée de Joseph en déclamant un vers de Ronsard 
826 onnaissance de deux de ses grands amis des années qui suivront : Joseph Conrad et Sir Stafford Cripps. (C’est d’ailleurs pa
827 lus intime de la psychologie des nations et de ce qui peut lier les hommes au-delà du plan national. Et c’est la même curio
828 delà du plan national. Et c’est la même curiosité qui le fera fréquenter pendant toute sa jeunesse les salons du meilleur m
829 de vie lui convient le mieux, mais aussi le pays qui offre les meilleures chances à l’action pour laquelle il n’a cessé de
830 , dans la partie prussienne, les enfants polonais qui voudraient parler leur langue se trouvent privés d’instruction publiq
831 is longtemps, a cessé de s’intéresser à une cause qui paraît sans espoir. C’est sur cette opinion d’abord que Retinger esti
832 es nouvelles, des échos, des articles sur tout ce qui touche à la Pologne. Il fait circuler des pétitions et des protestati
833 oisi : c’était celui de Nostromo, roman de Conrad qui se passe en Amérique latine. La pièce fut commencée cette nuit même,
834 e notre temps.) En juillet 1914, Madame Retinger, qui séjournait en Pologne russe, invita les Conrad et leurs deux fils à p
835 erlin le 31, regardés de travers par les passants qui les entendent parler anglais, et arrivent à Cracovie le 1er août, tan
836 r au passé, le jour même où éclatait une guerre «  qui cachait dans son sein la réalisation des rêves toujours frustrés de n
837 signés par une vingtaine de hautes personnalités qui lui donnent pouvoir de traiter en leur nom avec les ministères des Af
838 ue le recommande au chef de la police de Lemberg, qui est Polonais. Celui-ci le reçoit fort aimablement, et lui indique que
839 isa de sortie. Le permis porte le numéro un, « ce qui me remplit d’une fierté puérile », note Retinger. Il arrive à Vienne
840 Il arrive à Vienne au matin d’un voyage épuisant qui lui a pris trois jours au lieu des douze heures habituelles, et se re
841 qu’on le fouille : il a dans sa poche le document qui démontrerait la déloyauté envers l’Autriche de ses vingt signataires.
842 ce. « J’ai certains devoirs à accomplir là-bas. —  Qui êtes-vous ? — Vous pouvez voir mon nom sur ce passeport. — Que ferez-
843 ndant fait évacuer un compartiment pour Retinger, qui trois jours plus tard atteint sans encombres la Suisse. À Berne, l’am
844 prison de Pontarlier, il écrit au comte Zamoyski, qui a de grandes relations parisiennes. Trois jours plus tard, le voilà l
845 elot, secrétaire général des Affaires étrangères, qui lui signe une autorisation de quitter la France, et sur la foi de ce
846 du sauf-conduit et du visa, le remet à la police, qui l’enferme à la Conciergerie. Il se réveille dans une cellule en compa
847 e dans une cellule en compagnie d’un vieux Suisse qui ne sait pas non plus pourquoi on l’a mis là. Le soir même — il a réus
848 es contacts humains, et ce flair très particulier qui lui fera toujours deviner quels sont les hommes qui vont l’aider et l
849 i lui fera toujours deviner quels sont les hommes qui vont l’aider et les milieux ignorés du public où résident les pouvoir
850 s habitués, et l’amitié de quelques grandes dames qui lui permettront de rencontrer les hommes d’État et diplomates qu’il s
851 ent la libération de la Pologne. De cette mission qui , selon lui, échoua complètement, Retinger tire des leçons décisives p
852 r a souvent évoqué le rêve d’une Pologne autonome qui se joindrait, comme « troisième Monarchie », à l’Empire austro-hongro
853 encouragements verbaux de Clemenceau et d’Asquith qui l’autorisent à explorer les chances d’une paix séparée, mais à ses ri
854 créent de constantes difficultés. Georges Mandel, qui est l’homme de Clemenceau, répand sur lui des bruits fâcheux. Lord No
855 d sur lui des bruits fâcheux. Lord Northcliffe, «  qui avait des raisons personnelles de le détester » (raisons que Retinger
856 aussi huit passagers, parmi lesquels un Mexicain qui allait devenir l’un des chefs politiques de son pays, Luis Negrete Mo
857 ues politiques et sociales d’une extrême violence qui devaient aboutir ultérieurement à la nationalisation des puits de pét
858 ntense satisfaction, que j’étais le seul étranger qui , de son vivant, soit venu au Mexique sans un sou et en reparte sans u
859 nement, il conseilla sans hésiter la seule mesure qui lui paraissait propre à éliminer les influences étrangères : national
860 es USA. Il souhaitait aussi participer à la lutte qui opposait alors la Pologne libérée aux bolchéviques. N’ayant plus de p
861 o, où notre vagabond finit par retrouver Morones, qui lui paie un costume neuf et un billet pour Washington. Une fois dans
862 e, Retinger va trouver son ami Felix Frankfurter, qui occupe un poste gouvernemental, et qui l’aidera à régulariser sa situ
863 ankfurter, qui occupe un poste gouvernemental, et qui l’aidera à régulariser sa situation puis à recevoir un passeport polo
864 ur ce séjour aux USA, ni sur le voyage en Pologne qui s’ensuivit. Un an plus tard, le général Obregon étant devenu présiden
865 ur pendant une semaine, et sans motif allégué, ce qui est contraire à la loi. De Saint-Louis, on le transfère à la prison d
866 aliste ; enfin les premières manifestations de ce qui deviendra sa passion principale : l’union de l’Europe. Nous avons vu
867 ami anglais de Boni, Arthur Capel (mort en 1919), qui avait lancé avant 1914 l’idée d’une fédération régionale de l’Europe,
868 availlistes, il dresse le plan d’une Encyclopédie qui démontrerait, à coup d’exemples et d’analyses économiques, l’opportun
869 déclencher contre les Soviets. En 1939, Retinger qui , jusque-là, « n’a jamais servi ni un homme ni une organisation en auc
870 e générale, Retinger finit par trouver une piste, qui le conduit dans une petite ville de la Gironde, envahie par les réfug
871 pousse une porte, et se trouve devant le général, qui est seul. « Que venez-vous faire ici ? » « Je viens déjeuner avec vou
872 sés à toute négociation avec l’ennemi héréditaire qui venait de trahir une fois de plus la Pologne. Cependant, soutenus par
873 mettre une fin pacifique et amicale à la querelle qui a duré trois-cents ans entre les Polonais et les Russes. Il représent
874 agnons et sa fille étaient morts. Durant les mois qui suivirent, M. Mikolajczyk étant devenu Premier ministre, Retinger se
875 la trappe s’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mit à tourner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes furent j
876 signal, et une discussion violente s’en suivit, «  qui m’empêcha de penser au saut et d’avoir cette sensation horrible de tr
877 re Polonais de Londres, le jeune lieutenant Celt, qui l’accompagnait, passèrent le reste de la nuit dans une maison de camp
878 ne, fêtés et questionnés avec avidité sur tout ce qui se passait « là-bas ». En dépit de toutes les précautions qui avaient
879 it « là-bas ». En dépit de toutes les précautions qui avaient été prises à Londres et en Italie, la présence de Retinger à
880 les chefs militaires — dont le fameux général Bor qui , de son petit appartement de Varsovie, où il vivait pauvrement, en ci
881 t privé de toute liberté de mouvements par un mal qui devait le laisser à demi infirme pour le reste de ses jours. Descenda
882 vait pas de place pour le coucher, le jeune Celt, qui l’accompagnait avec un infirmier, alla trouver le chef de poste allem
883 gnon de prendre la sortie réservée aux Allemands, qui était toute proche. Celt l’ayant chargé sur son dos, ils passèrent tr
884 o, entourés de l’admiration générale des Polonais qui assistaient de loin à la scène. Une voiture les attendait devant la g
885 rrêtant au bout de la piste devant les ambulances qui attendaient. Mais au lieu de poursuivre son voyage vers Londres, avec
886 sovie, au moment où Retinger montait dans l’avion qui devait les ramener tous deux à Londres, puis emprisonné. Retinger ne
887 u connue, mais importante, de la préparation à ce qui allait devenir le Mouvement européen. Dès 1941, à l’instigation de Re
888 les États baltes. Parmi les autres hommes d’État qui participèrent aux délibérations londoniennes : le comte Raczynski, Ja
889 ux hommes politiques formés avant la guerre. Ceux qui admettaient la nécessité non d’une fédération réelle, mais de ce qu’i
890 ité de liaison des mouvements pour l’Europe unie, qui était en train de prendre corps. Aucune décision formelle ne fut anno
891 tinger parla d’un congrès sur l’unité européenne, qui allait se tenir en mai. C’était peu clair, Rappard restait sceptique.
892 uer, qu’on connaissait à peine à cette époque, et qui au surplus demeura dans sa chambre d’hôtel, suivant de près les trava
893 vaux, sans y participer.) Le Congrès de l’Europe, qui s’ouvrit à La Haye le 7 mai 1948 fut l’œuvre personnelle de Retinger,
894 t la mise en œuvre de l’union européenne. Tout ce qui s’est accompli dans cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à
895 eux depuis lors, et l’on ne cesse de retrouver ce qui avait été proposé dès cette date. Mais plus étonnante encore que la r
896 t Retinger sut l’exploiter. Au cours des semaines qui suivent, il multiplie les démarches personnelles auprès des Premiers
897 n Sandys, président du Mouvement, des délégations qui présentent les résolutions de La Haye aux gouvernements. Il obtient q
898 es du Pacte de Bruxelles. Il élabore la procédure qui va conduire à l’adoption du projet en janvier 1949, au palais de Sain
899 an Sandys, alors président du Mouvement européen, qui met sur pied les grands congrès politique de Bruxelles, économique de
900 pas vu le jour. Certes, ce n’est pas Westminster qui a créé techniquement la CECA, par exemple, ni Lausanne qui a créé le
901 é techniquement la CECA, par exemple, ni Lausanne qui a créé le CEC ; ce que ces deux congrès ont créé en revanche, ce sont
902 sont les conditions psychologiques et politiques qui ont permis la mise en place de ces institutions, et de bien d’autres.
903 t être, en 1960, le seul membre du Conseil du CEC qui en eût fait partie dès l’origine, et n’eût jamais manqué une seule de
904 efficaces au cours des deux années de préparation qui devaient aboutir à la constitution d’un imposant Conseil de gouverneu
905 s moins « instrumental », au sens anglais du mot, qui implique un élément créateur autant que réalisateur. Quelques semaine
906 prit part — le 24 mars 1960 —, ce fut lui encore qui lança l’idée d’une nouvelle Conférence européenne de la culture, ayan
907 ent les relations entre l’Europe et le Monde. Lui qui d’ordinaire se bornait, dans les comités, à quelques interruptions d’
908 eut-être prémonitoire de réaffirmer les principes qui avaient conduit sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notr
909 irmer les principes qui avaient conduit sa vie et qui devaient inspirer selon lui, toute notre action européenne. Il rappel
910 moyens de l’Idée. Et tout d’abord convaincre ceux qui pouvaient y aider. Il avait publié plusieurs ouvrages, surtout aux dé
911 ent pas, dans la cohue des Importants. Mais celui qui regardait les choses de près, s’apercevait bientôt que la grande idée
912 et même les vanités, au service de quelque chose qui dépassait inexplicablement la somme des valeurs rassemblées. Les obje
913 étaient pas toujours clairs pour beaucoup de ceux qui en faisaient partie, mais les résultats finissaient par parler d’eux-
914 s un jour à Bob Boothby, en lui montrant Retinger qui circulait d’un groupe à l’autre : « Je crois que j’ai trouvé le secre
915 e table, commande une fine à l’eau, et regarde ce qui va se passer. » Boothby répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qu
916 oothby répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qui en fut ravi. Comme il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’
917 le chuchotait : il me pria de laisser entendre à qui voudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en fai
918 ui voudrait que c’était vrai, mais incomplet ! Ce qui était vrai, en fait, et ce qui explique les attaques et les calomnies
919 ais incomplet ! Ce qui était vrai, en fait, et ce qui explique les attaques et les calomnies dont il fut trop souvent l’obj
920 ommages émus, on ne savait où le trouver. « Celui qui s’abaisse sera élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne par
921 sera élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne pardonne pas la modestie si elle n’est pas feinte, et n’admire guè
922 elle n’est pas feinte, et n’admire guère que ceux qui ont pris la peine de briguer ses applaudissements, selon les règles p
923 chroniqueurs contre une omission d’importance, et qui fausserait le tableau des vraies forces qui ont fait notre temps.) In
924 e, et qui fausserait le tableau des vraies forces qui ont fait notre temps.) Interrogé sur les derniers jours de notre ami,
925 sur les derniers jours de notre ami, Jan Pomian, qui fut longtemps son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’est con
926 ons au sujet de différentes causes et entreprises qui lui tenaient à cœur. Sa santé se détériora très rapidement durant ses
927 un « splendid job », selon le jugement de J.H.R., qui put le voir à l’œuvre tant en Pologne qu’à Londres. 51. Voir la lett
66 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
928 s premières publications du CEC apparaît une idée qui reviendra par la suite comme un leitmotiv : entreprendre un dialogue
929 art les nouvelles unités de culture indépendantes qui se manifestent dans cette seconde moitié du xxe siècle, notamment ce
67 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
930 dance à réagir contre cette croissante uniformité qui les prive de leurs signes extérieurs traditionnels ; leurs élites s’e
931 entendus profonds (souvent de nature spirituelle) qui compromettent les ententes politiques et même économiques. Ils peuven
932 ves et propagandistes. Ils créent dans les élites qui les subissent ce que l’on a si justement décrit comme un état de névr
933 vingt pays divisés par un siècle de nationalisme qui a conduit à deux guerres mondiales. La comparaison entre les principe
934 oment d’entreprendre et de développer ce dialogue qui lui est nécessaire, l’Europe se heurte à deux difficultés majeures :
935 ls vont aller. De même, les étudiants d’outre-mer qui viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de
936 alogue. De même qu’on ne sait où trouver le livre qui expliquerait la culture européenne aux étudiants venus d’autres régio
937 d’autres régions, on ne sait où trouver le livre qui expliquerait utilement à un de nos « aides techniques » la culture de
938 e » par sa nature même. Mais son problème majeur, qui est celui de l’intégration de la civilisation technicienne à son gran
939 noire doit faire face à des problèmes d’éducation qui nécessitent évidemment les échanges, mais d’abord à un problème de pr
940 tudes des civilisations et de leurs publications, qui devrait être mis à jour.) Société internationale pour les études com
941 Chiraz, Le Caire, Ibadan, Khartoum, Tunis, etc., qui ont tous permis de confronter les vues d’intellectuels venus de tous
942 qu’il devient difficile de trouver assez d’hommes qui aient encore le temps d’y participer. En admettant que ces activités
943 et soient menées d’une manière satisfaisante — ce qui est généralement le cas — nous constatons cependant que peu d’entre e
944 oppement dépend des décisions de nations isolées ( qui ont en vue des buts politiques d’abord) ; ou d’organismes purement éc
945 d’abord) ; ou d’organismes purement économiques ( qui négligent les aspects spirituels et psychologiques des problèmes) ; o
946 hologiques des problèmes) ; ou de firmes privées ( qui envoient les représentants qu’elles ont la chance de trouver, préparé
947 ème lacune nous frappe, dans un tout autre ordre, qui est celui des faits plus que des méthodes.   3. Les relations culture
948 e l’insuffisance des moyens d’information de base qui permettraient un dialogue multilatéral des cultures. La situation ain
949 pas encore pu surmonter ses divisions nationales, qui ont failli la ruiner par deux fois, et n’a donc pas encore de politiq
950 rs des traditions religieuses issues de l’Inde et qui ont marqué d’empreintes inégalement profondes le Centre, le Sud-Est e
951 x réalités du xxe siècle. Les régions culturelles qui constituent de nos jours des « champs d’étude intelligibles » (Toynbe
952 guère pour des ensembles comme l’URSS et les USA, qui sont fortement intégrés soit par l’unification doctrinale qu’impose l
953 d’attachés culturels nationaux, mais pas un seul qui soit chargé de représenter l’Europe. Un morcellement comparable risqu
954 itaire d’un occidentalisme technicien — chez ceux qui entendent lutter contre l’Occident. Réveiller la notion et la conscie
955 ients des valeurs de leur propre culture et de ce qui la distingue des autres, mais aussi des possibilités complémentaires
956 un lieu de rencontre et de coopération aux hommes qui peuvent résoudre ces problèmes ; puis placer les résultats de ces tra
957 emandes de chercheurs et d’instituts d’outre-mer, qui ne disposaient jusqu’ici que de sources d’informations nationales) ;
958 uzaine de capitales, auprès de services officiels qui ne sont pas toujours en contact avec la culture vivante, et sont mal
959 personnel, de financement et de statut juridique, qui varient considérablement d’une région à l’autre. La question du siège
960 de discuter ces problèmes dans le présent papier, qui ne veut qu’introduire le sujet. Le colloque de Genève doit permettre
961 leur région, ainsi que sur les projets analogues qui auraient déjà fait l’objet de leurs préoccupations. Soulignons le fai
962 documentation, statut, etc.) fournit un précédent qui peut être instructif pour d’autres régions, mutatis mutandis. De tout
68 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
963 eekend, au travail personnel, ou à la méditation, qui est à la fois le meilleur travail et le meilleur repos. Si vous êtes
964 rtance de dialoguer sur ce dialogue des cultures, qui est l’une des grandes tâches de notre siècle. C’est donc du fond du c
965 nze ans, de réunir en vue de tâches communes ceux qui veulent agir et parler en tant qu’Européens, membres d’un même ensemb
966 nous ne serions même pas une vingtaine — chiffre qui nous a paru optimum, c’est-à-dire le plus petit qui permette encore d
967 i nous a paru optimum, c’est-à-dire le plus petit qui permette encore de représenter cinq ou six régions, et le plus grand
968 représenter cinq ou six régions, et le plus grand qui permette de converser, sans se lancer dans des discours. Il est bien
969 ie. Or c’est précisément le dialogue des cultures qui pourrait établir cette base d’entente. Même si la chance qu’il nous o
970 des principes fondamentaux. C’est cela seulement qui correspond à nos pouvoirs d’intellectuels. Et personne ne le fera, si
971 des réalités beaucoup plus durables et profondes, qui sont nos cultures au sens large du terme, c’est-à-dire nos manières p
972 sont les sources profondes des grands malentendus qui opposent nos régions sur le plan politique, économique et social. La
973 nnaissance de ces réalités « culturelles » est ce qui empêche le plus souvent nos négociateurs, nos hommes d’État, et nos o
974 s, on ne parle pas à l’Autre, on parle au public, qui n’est personne. Si nous voulons un vrai dialogue entre nos cultures,
975 t du colloque me paraît être, curieusement, celui qui reste le plus conventionnel à notre époque, ennemi des conventions !
976 examinant la première page du document de travail qui vous a été remis. Je me suis borné à y rappeler deux grands faits : d
977 résultent des tensions virtuelles, ou actuelles, qui me paraissent appeler d’urgence le dialogue. Bien entendu, d’autres m
978 ogue. Et de même, l’emploi du terme nationalisme, qui n’a pas du tout le même sens en Europe et dans le monde arabe, par ex
979 is essayer de rassembler les différents arguments qui ont été discutés, parce qu’il me semble que nous ne sommes pas très l
980 utes nos cultures différentes, d’un même problème qui est l’industrialisation, la technique. Je parlais dans mon introducti
981 formisation superficielle, venant de l’extérieur, qui nous met tous dans la même situation, et qui nous amène au dialogue —
982 eur, qui nous met tous dans la même situation, et qui nous amène au dialogue — pour quelle raison ? Parce que cette techniq
983 es sont sorties. Il y a donc un premier dialogue, qui est universel, entre la culture dans chacune des régions différentes
984 ne pas maintenant briser, dissocier, des cultures qui sont justement en train de s’autonomiser, de prendre conscience d’ell
985 e son cas n’est pas celui des Africains d’Afrique qui , parce qu’ils viennent d’accéder à l’indépendance, reprennent conscie
986 ’agit de distinguer. Il y a le phénomène culture, qui est faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nou
987 ui est faire, créer, comme l’a dit M. Liscano, et qui est universel. Nous pouvons parler d’hommes de culture dans n’importe
988 ctement ce que cela veut dire. Ce sont les hommes qui réfléchissent, harmonisent, concrétisent et créent. En même temps, da
989 indépendance de plusieurs continents, de cultures qui enfin se dégagent, peut-être grâce à la technique d’ailleurs, mais qu
990 , peut-être grâce à la technique d’ailleurs, mais qui doivent s’expliquer avec la technique chacune à leur manière, et qui
991 quer avec la technique chacune à leur manière, et qui ne doivent pas au moment même où elles reprennent leur autonomie se l
992 l’universel, évitant à la fois l’uniformisation, qui est le risque de la technique, et la création de monades nationaliste
69 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
993 e européenne que prépare actuellement le CEC, et qui sera publiée en 1964, comporte environ 2000 titres. On n’a retenu, à
994 est des plus simples : ont été cités les ouvrages qui , dans tous les domaines, traitent de l’ensemble européen et de sa pro
995 de sa problématique ; ont été exclus les ouvrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ils ont pour sujet les rappo
996 ports de ce pays avec l’ensemble européen) ; ceux qui décrivent des événements historiques survenus dans l’aire géographiqu
997 urvenus dans l’aire géographique de l’Europe mais qui ne sont pas étudiés et situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; c
998 situés dans leurs rapports avec l’ensemble ; ceux qui parlent d’œuvres d’art ou de pensée créées un jour ou l’autre par des
999 contexte de notre unité de culture ; enfin, ceux qui n’ont l’Europe que dans le titre — ils sont fréquents, depuis que le
1000 ubriques et la répartition entre elles d’ouvrages qui , bien souvent, relèvent à la fois de l’histoire, de la philosophie, d
1001 ns cherché à nous mettre à la place de l’étudiant qui entreprend d’écrire une thèse sur un sujet européen. Il n’a pas le te
1002 000 volumes. Il doit savoir quels sont les titres qui intéressent sa spécialité et les branches connexes de la culture. Nou
1003 ué un rôle déterminant dans l’évolution des idées qui a précédé et qui soutient les constructions économiques et politiques
1004 inant dans l’évolution des idées qui a précédé et qui soutient les constructions économiques et politiques, lesquelles serv
1005 s thèses soutenues dans toutes nos universités et qui traitent d’un problème européen. Vers une Semaine européenne du liv
1006 vitrines, lors de la Semaine européenne du livre qui se prépare, sur notre initiative, et qui aura lieu au printemps de ce
1007 du livre qui se prépare, sur notre initiative, et qui aura lieu au printemps de cette année (du 30 mars au 6 avril) avec l’
1008 x seront décernés lors d’une cérémonie de clôture qui sera tenue à Genève. Le présent numéro de notre bulletin reflète les
1009 au débat ses idées, ses critiques, ses panacées, qui se veulent toutes « fondées sur le terrain solide des réalités ». Leu
1010 iori ; ils sont souvent trop longs, comme tout ce qui est improvisé et manque un peu de rigueur, ou de modestie. Enfin et s
1011 s pour la plupart de ce style de pensée créatrice qui serait seul capable d’entraîner une adhésion efficace à la cause. La
1012 t d’objet pour cette littérature « d’actualité », qui vient toujours après ce que d’autres ont osé faire sans se demander d
1013 révèlent chez leurs auteurs une tournure d’esprit qui devait les rendre hostiles à la CECA en ses débuts, et qui reste oppo
1014 t les rendre hostiles à la CECA en ses débuts, et qui reste opposée, foncièrement, aux développements prochains et nécessai
1015 ’une idée se mesure aussi au grand nombre de ceux qui s’imaginent la découvrir, quitte à faire la leçon à ses initiateurs.
1016 préoccupés de mettre en ordre leurs idées sur ce qui se passe dans notre monde. Mais publier tout cela pose un autre probl
1017 es éditeurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lac
1018 ion en pool, mais pour une seule espèce de livres qui sont de grands volumes illustrés. De même, le groupe d’éditeurs54 qui
1019 olumes illustrés. De même, le groupe d’éditeurs54 qui publie la collection Eurolibri s’est spécialisé dans le domaine de l’
70 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
1020 naires, au mieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. ⁂ Au t
1021 européen. ⁂ Au terme d’un colloque universitaire qui se tint à Genève en mai 1961 sous les auspices de la Journée européen
1022 oche. Il reste à trouver, ou à former, les hommes qui se chargeront de ces tâches, et les moyens financiers nécessaires. Ce
1023 ommes encore, sur ce chapitre, loin de compte. Ce qui est plus rassurant, c’est la bonne volonté manifestée par tous les mi
1024 rve, est particulièrement frappante dans des pays qui , jusqu’ici, se sont tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire mê
1025 ropéenne, pour résoudre des tâches nationales, et qui étaient même, naguère, le domaine réservé des influences les plus nat
1026 ropéen, telles sont les deux conclusions majeures qui me paraissent résulter de notre enquête. C’est dire que la Campagne d
1027 es ressources, ou plutôt à mobiliser les volontés qui suffiraient sans doute à réunir ces ressources. 55. Les organismes
1028 ont le nom est suivi d’une astérisque * sont ceux qui ont apporté leur contribution au financement du groupe ad hoc et de l
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
1029 3)cv La renaissance des régions dans les États qui ouvrent leurs frontières à des unions plus vastes, voilà bien l’un de
1030 tes, voilà bien l’un des phénomènes contemporains qui méritent le mieux de retenir l’attention du Centre européen de la cul
1031 ulture, et du jeune Institut d’études européennes qui vient d’être créé dans ses murs. D’autre part, l’initiative hardie de
1032 un rayonnement international. Le festival d’Aix, qui satisfait à ces deux critères avec tout l’éclat que l’on sait, se tro
1033 ambitions initiales étaient d’ordre culturel, et qui a si bien réussi, au surplus, à mettre en évidence les liens entre la
72 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
1034 Le paradoxe est purement apparent. En réalité, ce qui se produit maintenant avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’est
1035 risation du cadre national, surtout dans les pays qui étaient fortement centralisés, comme la France, et une libération des
1036 éalités économiques, linguistiques et culturelles qui n’ont pas du tout les mêmes frontières ou extensions, si vous dévalor
1037 ultures, anciennes, ou nouvelles, ou renouvelées, qui se partagent le monde dans cette deuxième partie du xx e siècle, qu’i
1038 u d’un même défi : la civilisation technologique, qui a fait le tour du monde. Elle est née en Europe de toute évidence, da
1039 ture trouvent des moyens de diffusion prodigieux, qui étaient inimaginables il y a vingt ou trente ans. Le développement du
1040 nt poussée, développe enfin ses effets véritables qui sont de créer des loisirs, de diminuer le temps de travail. Ce loisir
1041 re en quelques mots à la question très pertinente qui m’a été posée par le professeur de Vernejoul, concernant les rapports
1042 pports de la technique et de la culture, question qui touche un des points vitaux, je crois, des préoccupations de ce collo
1043 out autre domaine général, c’est-à-dire à tout ce qui définit le sens même de sa spécialité dans l’ensemble des activités h
1044 l’ensemble des activités humaines. Le spécialiste qui n’est que cela fait littéralement un travail insensé. Il est perdu po
1045 un travail insensé. Il est perdu pour la culture qui est, en fin de compte — je crois que c’est la définition la plus simp
1046 nition la plus simple qu’on puisse en donner — ce qui donne un sens aux activités humaines. Mais la spécialisation techniqu
1047 s à des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’occupent de toutes sortes d’autres choses, qui ont un éventail très
1048 qui s’occupent de toutes sortes d’autres choses, qui ont un éventail très large de curiosités variées, et qui sont amenés
1049 un éventail très large de curiosités variées, et qui sont amenés par ces curiosités à faire des découvertes, à trouver du
1050 de spécialisation presque délirante sous Staline, qui les avait amenés à diviser les études en plusieurs centaines de spéci
1051 t que, dans un ouvrage récent publié en Amérique, qui compare l’éducation américaine et l’éducation soviétique, l’auteur am
1052 icain prétend que le jeune soviétique de 7e année qui fait de l’anglais en sait davantage sur les littératures américaine e
1053 hnique ne crée une sorte de caste, de sous-hommes qui ne seraient éduqués que pour une seule opération-modèle ou un seul ge
1054 erce et de l’économie. La peinture et la musique qui se développent en Italie du Nord au xiv e siècle et au xv e siècle se
1055 dres, le long du grand axe commercial de l’époque qui était Venise-Bruges. Elles se développent dans les Flandres, redescen
1056 coupent une quantité de nos frontières actuelles, qui n’étaient pas les mêmes ou n’existaient pas dans ces époques-là. Elle
1057 s attirés par un certain milieu local ou régional qui leur offre une tradition, une subsistance économique, un public, bref
1058 . Et ceci nous conduit à l’idée de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les fron
1059 e de « métropole », qui est à la base du colloque qui nous réunit. […] Au moment où les frontières s’ouvrent à des échange
1060 oyers de production renforcée, des « métropoles » qui soient autant d’expressions locales ou régionales de la culture humai
1061 n d’un lieu ? Ou, au contraire, de créer un foyer qui rayonnerait bien au-delà ? Je ne pense pas que la fonction première d
1062 ture dans une région comme celle d’Aix-Marseille, qui a déjà une forte densité culturelle. Il ne s’agit pas ici d’une popul
1063 es, à la création d’un grand foyer de production, qui serait la métropole. J’insiste sur ce mot participation. La culture,
1064 ère ou d’une autre. M. Bigonnet a avancé l’image, qui n’est pas originale mais tout à fait pertinente dans le cas présent,
1065 nt et en premier lieu aux gens du phare ou à ceux qui habitent autour, sur son île. Il est destiné à permettre et assurer l
1066 s échanges et les mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de leur phare, ce n’est
1067 échange parce qu’elle est d’abord expression, et qui dit expression dit communication, tendance à une communication. À mon
1068 ion communautaire. Autrefois, c’étaient les cours qui offraient cela, qui offraient en plus des titres et pensions, des ama
1069 utrefois, c’étaient les cours qui offraient cela, qui offraient en plus des titres et pensions, des amateurs éclairés, des
1070 es prix, des compétitions diverses. Toutes choses qui sont chères, toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exi
1071 ses. Toutes choses qui sont chères, toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exigent un important mécénat publi
1072 toutes choses qui ne rapportent presque rien, et qui exigent un important mécénat public et privé, des richesses assez lib
1073 l est dense, il est plein de possibilités variées qui sont à l’état naissant ou renaissant. Quant à l’argent et aux devoirs
1074 directeur des Cahiers du Sud, c’est à l’économie, qui le produit, de le faire servir au développement culturel dont elle vi
1075 plus ou moins lointaine de la capitale nationale qui consentirait à lui octroyer quelques subventions, et l’on retomberait
1076 ment constituer cette masse de manœuvre monétaire qui correspondrait à ce qu’était autrefois la fortune d’un prince où d’un
1077 ou à ce qu’étaient les grandes familles d’Athènes qui faisaient édifier un temple sur l’Acropole ou à Delphes ? Quel est l’
1078 e et la culture. Elle est nourrie par l’économie, qui à travers elle dirige ses dons vers la culture en espérant en recevoi
1079 oir les bénéfices à long terme. C’est une formule qui a fait ses preuves aux États-Unis où quelques milliers de fondations
1080 Cette fortune provient d’une mesure très simple, qui est la détaxation des revenus versés à une fondation. En dotant riche
1081 montant de leurs impôts. Finalement, c’est l’État qui fait le sacrifice, mais l’habitude est prise en Amérique, et, à part
1082 e, tendant à généraliser ce régime de détaxation, qui favoriserait la création ou l’enrichissement rapide de très nombreuse
1083 on dans la métropole Aix-Marseille serait un test qui permettrait de mesurer la vitalité de cette métropole, c’est-à-dire d
1084 rait servir à concrétiser, dans les conversations qui suivront ce colloque, le problème de la métropole à la fois culturell
1085 mique, et le problème des responsabilités de ceux qui entreprendront de l’animer.   cr. Rougemont Denis de, « [Intervent
73 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
1086 is elle ne deviendra vivante que par les citoyens qui la vivront, conscients de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui
1087 scients de leurs devoirs envers ce grand ensemble qui est leur civilisation et des droits que l’union seule pourra leur ass
1088 s l’avenir. Or, comment devenir citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’il n’a pas encore d’institutions, de politiqu
1089 est encore une histoire de la poule et de l’œuf : qui a commencé ? L’œuf, mais pondu par quelle poule ? La poule, mais née
1090 tir nous a paru de nous appuyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et qui joue un rôle important dans la vie de chaq
1091 uyer sur quelque chose qui existe bel et bien, et qui joue un rôle important dans la vie de chaque Européen : l’École. Car
1092 grant des élèves pour la chose publique et leçons qui s’y rapportent ; 2° Une carence de l’éducation civique : là où elle e
1093 ie ; 4° Le manque de préparation des enseignants, qui demandent à être mieux informés et formés. ⁂ Afin de répondre aux vœu
1094 commencer ? Par un regroupement de ceux, d’abord, qui ont pris conscience de ces problèmes. Par des stages de discussion, d
1095 onnalités — du ministre au maire ou bourgmestre — qui lui ont permis l’organisation de ces stages ainsi qu’aux Communautés
1096 ommunautés européennes et au Conseil de l’Europe, qui ont apporté à la Campagne leur appui matériel et moral. Le rôle de ch
1097 ici ne représentent qu’une faible partie de ceux qui ont été présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’est borné
1098 borné à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueilli l’accord le plus général. Le lecteur de ces textes et d
74 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
1099 is aussi qu’on m’enseigne les faits géographiques qui définissent l’unité de notre continent, et qui fassent voir combien s
1100 es qui définissent l’unité de notre continent, et qui fassent voir combien sa division en nations « éternelles » est souven
1101 e l’absurde théorie des « frontières naturelles » qui nous a conduits à couper en deux, trois ou quatre pays un bassin natu
1102 uer entre elles, au-delà des anciennes frontières qui les opposaient artificiellement, des amitiés que la nature propose, e
1103 jet européen est une sorte de rouleau compresseur qui va tout mélanger et uniformiser, tout écraser sur son passage. Telles
1104 péen d’aujourd’hui se les pose, et que c’est cela qui l’intéresse et que c’est peut-être dans ces directions qu’ils feraien
75 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
1105 tifices non seulement la Nature mais le Naturant, qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensui
1106 eu, et il entreprit d’édifier une Tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette
1107 Tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour, il espérait escalader le Cie
1108 l et jetés dans une confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la
1109 me langue, p. ex. les architectes entre eux, ceux qui roulaient les pierres, entre eux, et ceux qui les taillaient, et ains
1110 eux qui roulaient les pierres, entre eux, et ceux qui les taillaient, et ainsi de chaque groupe spécialisé (et sic de singu
1111 nc et barbarius loquuntur). Si bien que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de pre
1112 s qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart
1113 ation exigée par les dimensions mêmes d’un projet qui consistait à dépasser la mesure naturelle par l’artifice humain. Cec
1114 péens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les données initiales “naturelles” de la vie, non
1115 es d’œuvre et ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses div
1116 e ces facultés, et tous les instituts spécialisés qui autour d’elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page que je viens de
1117 icitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise les hommes depuis l’aube des temps : les langues certes, mais
1118 xxe siècle, à deux mouvements de sens contraire, qui affectent ces facteurs traditionnels de division du genre humain. Mou
1119 , par continents, et d’abord en Europe. Les races qui s’ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semb
1120 es décennies encore, c’est la culture occidentale qui domine tout, unifie tout, uniformise les apparences de la vie quotidi
1121 araît évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre
1122 répugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après c
1123 formes de vie — disons d’un mot : par sa culture, qui a fait littéralement le tour du monde. Mais en même temps que cette c
1124 se prononce, précisément au cœur de cette culture qui fut l’agent de la convergence mondiale, un mouvement radicalement con
1125 nt de dissociation, de division et de séparation, qui est proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plu
1126 s d’enseignement supérieur : explosion du savoir, qui se traduit par un accroissement continuel à la fois du nombre et de l
1127 ent entre les facultés mais entre les spécialités qui prolifèrent dans une même faculté tendent à devenir infranchissables.
1128 ntemporains. D’où résultent les deux conséquences qui définissent le phénomène de Babel : la disparition rapide de toute la
1129 u but commun, des fins dernières de l’entreprise, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire que tout langa
1130 sse européenne, mais aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle cul
1131 ersité, aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont le sens corporatif, communautaire, et le sens synthétique ou uni
1132 ion, par ailleurs accablée de soucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facult
1133 rkinson. Mais il y a le point de vue de l’esprit, qui est différent. L’esprit humain, et particulièrement l’esprit européen
1134 stion, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement s
1135 ur y répondre. Le problème qu’on soulève ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît a
1136 Seule en effet parmi toutes les grandes cultures qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un dév
1137 cularisation de la philosophie et de la recherche qui s’est manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie si
1138 bablement au xiiie siècle — à l’époque justement qui a vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à P
1139 ure le marxisme-léninisme (ou, au moins, le Parti qui l’interprète). L’Europe seule se voit obligée de rechercher sans cess
1140 tout son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui aient osé relever, par exemple, la relation de continuité entre le do
1141 christianisé — alors qu’il est clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellement illusoires n’allai
1142 dre aux Asiatiques, aux Africains, ou aux Arabes, qui leur posent ces questions fondamentales, ils se verraient conduits à
1143 surmonter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physi
1144 sicien et du théologien. Pour répondre à l’hindou qui interroge l’Occident sur son obsession de l’Histoire, du Temps, de l’
1145 de la doctrine physique du Temps, aux discussions qui durent déjà depuis un siècle sur le principe de Carnot et Clausius, s
1146  flèche du temps » et l’entropie, notions de base qui ont une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les phys
1147 e indiscutable. Et il faudrait que les physiciens qui en discutent sachent que la dialectique de leurs problèmes actuels su
1148 r allusions rapides, peut-être obscures, un sujet qui demanderait de gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’il
1149 ble. ⁂ Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université ? Trois solutions me parais
1150 s ; et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vi
1151 vulgarisateur scientifique et une spécialisation qui lui vaudrait sans doute le prix Nobel, mais au prix de son ambition m
1152 pline particulière va déboucher sur des problèmes qui relèvent d’autres disciplines, parfois connexes mais souvent très dis
1153 rde de la recherche la plus hautement spécialisée qui s’est vue conduite par les nécessités internes de son cheminement à d
1154 re, science des systèmes de signes, l’explication qui lui manquait de la prohibition de l’inceste ; cependant que des biolo
1155 même théorie saussurienne les schèmes structuraux qui permettent aux uns d’interpréter la transmission du patrimoine hérédi
1156 ont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus loin dans l’analyse de certains cas particuliers, qui no
1157 loin dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général, ou tout au moins au seui
1158 e de discours. Ce détail a son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entreprise de ce genre, c’est la
1159 ce genre, c’est la qualité personnelle des hommes qui s’y livrent : sinon une bonne machine électronique, convenablement in
1160 informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au cie
1161 e carte perforée, comme un résultat objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc dans
1162 plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes
1163 e synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’incarne une sorte de conscience conjoncturelle de l’évolution de no
1164 s. Ces hommes seront d’abord des spécialistes, et qui prouveront leur excellence en tant que tels par le fait même qu’ils a
1165 e sagesse, me semble-t-il, les rapports d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde à l’esprit la règle d’or de la cultur
1166 l’esprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations per
1167 ulement à l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la proximité — mais aussi au maximum du pouvoir créateur d’un m
1168 elge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel, et qui se base sur le nombre de prix Nobel de sciences par million d’habitan
1169 901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le Dan
1170 s conclusions plus personnelles et plus précises, qui vous apparaîtront peut-être comme un rêve, mais rien ne devient jamai
1171 e comme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues
1172 x dire supranationale. J’en imagine le prototype, qui serait une tour d’anti-Babel. Dans un grand parc, près de la mer, ou
1173 coordination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractèr
1174 réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie européenne, comme Tommaso Campanella ou d’Amos Co
1175 e plan de son Conseil de la lumière ; ou d’hommes qui méditaient sur la nécessité d’un langage commun aux sciences exactes,
1176 it pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le
1177 t des terres du globe multipliées par une culture qui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des
1178 ltipliées par une culture qui a fait le monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 59. Je n’ignor
1179 des hommes. 59. Je n’ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment, pour faire de la mathématique
76 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
1180 veau motif, le motif planétaire. L’idée maîtresse qui l’inspire est la suivante : — il faut que l’Europe tienne sa place et
1181 de nouveau et aux cultures différentes une Europe qui ne soit ni impérialiste ni démissionnaire, ni agressive ni masochiste
1182 passé la demande, quoique avec un certain retard, qui explique le déluge de papier auquel vous êtes soumis en dernière heur
1183 ues. Je ne parlerai ici que des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage cet après-midi et demain matin. À la premi
1184 s-midi et demain matin. À la première commission, qui traitera des valeurs européennes reconsidérées dans une optique mondi
1185 ulier aux Européens, et de l’aventure européenne, qui commence avec Prométhée, avec Ulysse, avec Icare, et qui aboutit aux
1186 mence avec Prométhée, avec Ulysse, avec Icare, et qui aboutit aux sciences et à la technique moderne. Il paraît indispensab
1187 l’Europe est traitée par deux ou trois rapports, qui décrivent la faculté d’assimilation de l’Europe, non seulement du poi
1188 ands, de colons pas nécessairement très cultivés, qui n’avaient pas compris grand-chose aux propos des sages subtils de la
1189 de ce grand sage occidental ! En revanche, à ceux qui affirment contre l’Europe et pour lui faire la leçon, que toutes les
1190 paraître, ces cinq rapports ont une vertu commune qui est de mettre en question les clichés de l’économisme pur et d’un phi
1191 sme naïf. Ce sont les travaux de cette commission qui , personnellement, me passionneraient le plus, parce que c’est là que
1192 erselle et nécessairement bénéfique ? Les calculs qui sont à la base de l’aide au développement par les Occidentaux ne repo
1193 limination des caractères psychiques et religieux qui les distinguent ? N’y a-t-il pas là une tendance déshumanisante, anti
1194 ne doctrine de l’Absolu et de l’Âme impersonnelle qui eut pour effet immédiat de ralentir et presque de bloquer tout le pro
1195 re se convertissait à la croyance des mennonites, qui interdit l’usage de l’auto et n’admet que le chariot à deux grandes r
1196 orer ni de le cacher à ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons au contraire le de
1197 orts soumis à notre quatrième commission62, celle qui s’occupera de plusieurs sujets groupés sous l’étiquette de questions
1198 du genre humain mais sa prolifération incontrôlée qui devrait épouvanter et pousser à une action immédiate à grande échelle
1199 médiate à grande échelle ! Plusieurs des rapports qui vous sont soumis insistent sur la priorité qu’il faudrait donner à un
1200 rlerai pas ce matin des trois commissions finales qui auront à étudier une série de résolutions pratiques tendant toutes à
77 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
1201 e cadre d’une Campagne d’éducation civique, voilà qui va de soi et personne ne demandera quel est le lien entre ces matière
1202 tiques, de la littérature et de la musique, voilà qui peut poser des questions, susciter des doutes. Par exemple, beaucoup
1203 pandue dans nos démocraties bourgeoises, attitude qui consiste à séparer radicalement l’Art, domaine des activités libres,
1204 domaine du jeu, et les dures nécessités concrètes qui sont celles de la vie publique et civique — domaine du sérieux. On po
1205 i aux artistes et aux écrivains, selon l’ambition qui caractérise les États totalitaires. Même à supposer que nul d’entre
1206 au seuil de ce stage. Et comme c’est un problème qui résulte à mon avis d’une double erreur très courante sur la fonction
1207 Je crois qu’on peut le définir par un seul mot — qui est le mot-clé de la doctrine de Proudhon, ancêtre de la nouvelle éco
1208 miler les règles de conduite, lois et conventions qui régissent la vie en société, dans nos démocraties. Tout cela, c’est c
1209 timent. L’irresponsable n’est pas libre, et celui qui agit sous contrainte n’est pas responsable. Cette liaison fondamental
1210 a conformité et du non-conformisme, — dialectique qui définit l’homme européen, dynamique et progressif, par contraste avec
1211 d se cultiver. Placé devant l’ensemble des œuvres qui représentent la culture européenne, — qu’il s’agisse de livres ou de
1212 é à quelques rudiments des techniques artistiques qui ont permis la création de ces tableaux, monuments, œuvres littéraires
1213 le le serait pour un danseur hindou, par exemple, qui doit exécuter exactement les rites, ou pour un peintre officiel sous
1214 guer l’erreur due à la maladresse de l’« erreur » qui révèle l’exigence intime d’une personnalité, et dans laquelle le bon
1215 issance donc, le créateur européen est celui pour qui l’art n’est plus seulement l’illustration des vérités orthodoxes, et
1216 cathédrale, mais l’expression d’une personnalité qui assume son risque dans la cité, librement, en innovant. Cependant, la
1217 le antinomique inséparable liberté-responsabilité qui définit le bon citoyen européen, correspond exactement le couple orig
1218 d exactement le couple originalité-communication, qui définit le bon artiste européen. L’éducation européenne, qu’il s’agis
1219 dologiques, déduites des considérations générales qui précèdent. Premier thème : Tradition et innovation dans les arts en
1220 st ainsi qu’à l’époque du cubisme et du fauvisme, qui rompent avec les réalistes et les impressionnistes, on redécouvre suc
1221 e et supérieure aux « cultures nationales » Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et à la formation d’une conscience com
1222 ent défendre la Civilisation contre les Allemands qui croyaient défendre leur Kultur — elle se dissipe comme brume au solei
1223 du grand axe commercial de la Renaissance, celui qui relie Venise et Bruges, les échanges de compositeurs et de styles se
1224 e ou de science, pour ne rien dire de la religion qui les inspira toutes au départ, il n’est pas une seule des branches de
1225 n’est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des Européens ;
1226 communauté de créations et d’influences mutuelles qui s’appelle l’Europe dans l’histoire de l’esprit humain. Montrer cela s
1227 C’est l’équivalent de l’histoire événementielle, qui ne tenait compte que des batailles, des règnes, des traités. Ainsi, l
1228 er radicalement « l’artiste » de la masse de ceux qui auraient bien voulu mais n’ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs
1229 mais n’ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se contentent d’acheter les œuvres cotées des professionnels, ou d’en
78 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
1230 le produit de certains auteurs et des propagandes qui s’en sont inspirées. De même, ce n’est pas le génie de la France du G
1231 e n’est pas le génie de la France du Grand Siècle qui a fait Racine, c’est à cause de Racine qu’on parle du Grand Siècle, p
1232 déal), ni à la réalité de la création littéraire, qui est toujours le fait d’un individu (celui-ci certes utilise des instr
1233 ont là pour tous, et lui seul en tire cette œuvre qui nous intéresse, non telle autre, née au même moment, dans le même mil
1234 no ! Dans tous ces cas, ce n’est pas le passeport qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’est formée sa sensibilité
1235 se proposée L’Europe est une unité de culture, qui s’est constituée par la confluence de plusieurs courants civilisateur
1236 isme, Celtes, Germains, puis Arabes et Slaves) et qui s’est, au cours des âges, à la fois intégrée et diversifiée. La « lit
1237 unifier (horribile dictu !), mais c’est l’inverse qui est vrai : nos littératures « nationales » résultent d’une différenci
1238 nstater, faire voir, expliquer, une unité de base qui est notre passé, lequel conditionne et permet notre avenir commun.
1239 notre ère jusqu’à la domination anglaise, tout ce qui s’écrit en Inde est poésie ou prose sacrée, religieuse, rituelle, sym
1240 tras, textes sacrés et commentaires — et si celui qui les lit à haute voix met l’accent sur la mauvaise syllabe, il s’endor
1241 ethe)… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’évanouit dès qu’on la morcelle… Le « présent intemporel », qui est
1242 dès qu’on la morcelle… Le « présent intemporel », qui est une caractéristique essentielle de la littérature, signifie que l
1243 dividu, le débat sur la responsabilité de l’homme qui a contrevenu aux lois, etc. Ceux hérités du christianisme, tels que l
1244 on personnelle, le sacrifice par amour, etc. Ceux qui viennent d’autres sources : l’honneur, la passion amoureuse, la légen
1245 vrai sens du terme, puis la légende de Don Juan, qui en est le négatif. Les thèmes sociaux, politiques, économiques, qu’on
1246 4. Mais la diversité des langues ? C’est cela qui obnubile l’enseignement et la critique, depuis l’avènement presque si
1247 situer ce phénomène dans une perspective mondiale qui le ramène à ses justes proportions. a) Nos langues littéraires, en Eu
1248 dérer comme le devoir suprême de l’individu celui qui le lierait à quelque super-État.65 5. Fédérer n’est pas mélanger
1249 toutes nos langues (mais surtout de la française) qui prétendent redouter que l’Europe unie de demain soit un affreux méli-
1250 ture. Unité dans la diversité, communauté de base qui donne sens et relief aux inventions, innovations, révolutions fomenté
1251 continent ce que les unitaires et centralisateurs qui les combattent au nom de l’indépendance, de la liberté et de la diver
79 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
1252 Attique, étendait sur un lit de fer les étrangers qui lui demandaient l’hospitalité. Il leur coupait les jambes si elles dé
1253 on Churchill appelle la création de quelque chose qui « s’appellera — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il s’écrie :
1254 pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes, co
1255 éritablement importante de notre temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réal
1256 le », que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacle à cette « seule chose véritablement importante de notre
1257 chose véritablement importante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite
1258 delà des nations, partout ressenti et déclaré, et qui a donné naissance au Marché commun notamment, enfin par l’existence d
1259 férencié et libéral, soit par une sécession, mais qui souvent ne serait en fait qu’un rattachement à l’État-nation voisin),
1260 s’ajouter des crises plus amples et dramatiques, qui affectent l’être même de plusieurs États-nations européens, et non de
1261 t la Biélorussie)69. Que dire alors de la France, qui est le pays du monde le plus centralisé, mais que ses propres « Plans
1262 d’un État occitan ou les plasticages en Bretagne, qui parfois attirent l’attention légèrement irritée des journalistes. Tou
1263 ’étatisme de Berne au nom d’une ethnie différente qui se veut nation, cependant que tout près de là, Bâle devient le centre
1264 ut près de là, Bâle devient le centre d’une Regio qui englobe des territoires suisses, allemands et français : deux exemple
1265 e stade de crise finale d’une forme d’association qui a dominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que
1266 a dominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmon
1267 c’est que les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui ont passé par l’école et croient savoir l’histoire s’imaginent qu’il
1268 d’où viennent la nation, l’État, et l’État-nation qui est né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la pr
1269 rne. Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence ave
1270 e Roy de France est empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’un domaine de moyenne grandeur cent
1271 ces de l’Italie, de l’Europe de l’Est et du Nord, qui l’un après l’autre se déclareront eux aussi « souverains absolus », s
1272 s selon la formule du xive siècle. Ce spectacle, qui est celui de la naissance des nations, remplit d’effroi les sages de
1273 s son traité De la Monarchie, appel désespéré, et qui restera vain, à l’empire condamné et bafoué. Les cinq siècles suivan
1274 us l’idée fatale de la souveraineté absolue, idée qui est à peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’est pas un
1275 ncarne, s’il n’est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante — et par ailleurs massivement meurtrièr
1276 urs massivement meurtrière — quand c’est un parti qui s’en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins puis d
1277 ion de l’idéal national par l’appareil étatique — qui est l’œuvre des jacobins et de Napoléon —, la nationalisation de l’Ét
1278 tisation de la nation révolutionnaire, c’est cela qui va créer dans la première décennie du xixe siècle le modèle de l’Éta
1279 ésultat d’une volonté abstraite, peut-être folle, qui entend faire coïncider à tout prix dans les mêmes limites imposées du
1280 nu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait après tout n’être qu’une forme tran
1281 ts mais de ceux des autres. C’est donc une partie qui se veut aussi grande que le tout. L’État-nation moderne, unitaire et
1282 le retrait des puissances naguère coloniales, et qui vivent mal… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au ni
1283 ir politiquement au niveau des empires véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation pol
1284 és humaines : et cela c’est la plus grave maladie qui puisse miner un corps politique. Double dilemme Telle étant la
1285 r souveraineté absolue au profit d’une fédération qui les protège. C’est ce second parti qu’ont adopté en 1848 nos vingt-ci
1286 même, quelque chose de profond et de constitutif qui les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant
1287 lue, donc d’indépendance totale, donc d’autarcie, qui est son ambition proprement impériale. C’est par définition et par st
1288 à une indépendance de moins en moins croyable, et qui se borne en fait à la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépe
1289 , Louis Armand formulait récemment une règle d’or qui trouve ici son application majeure : Développons en commun ce qui es
1290 n application majeure : Développons en commun ce qui est neuf. Laissons de côté les héritages du passé dont l’unification
1291 ème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je
1292 un à deux millions et maximum de six millions. Ce qui donnerait, par exemple, neuf régions plus Paris pour la France, une d
1293 e sont les résultantes de ces complexes de forces qui dénotent, définissent et mesurent les régions — plus d’une centaine d
1294 l’on coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle qui est d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’à la surface
1295 elon leur voisinage, selon les réalités nouvelles qui les auront formées, par-dessus les anciennes frontières nationales dé
1296 ement des souhaits des organisateurs du colloque, qui connaissaient les besoins de leur région, mais de tout un mouvement d
1297 préoccupations des sociologues, et chez les Six, qui dès 1961 réunissaient à Bruxelles un important colloque sur ce problè
1298 les à l’échelle de l’Europe — toutes propositions qui étaient encore proprement impensables pour un esprit français, il y a
1299 fs, législatifs et judiciaires comparables à ceux qui existent, par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les États régi
1300 es nécessités, appelant des réformes de structure qui , de proche en proche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités qui
1301 roche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoir convoquer en 1961 le t
1302 e la France, de l’Italie, ou même de l’Allemagne, qui a obligé les gouvernements de ces pays à étudier très sérieusement le
1303 iques plurinationales. Prenez la région lilloise, qui touche la Belgique. Vue de Paris, Lille est une gare terminus, et Rou
1304 mmun de demain tout change : effacée la frontière qui depuis cent-cinquante ans coupait la région de son aire d’expansion n
1305 usqu’au souvenir des autonomies régionales, voilà qui nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Eu
1306 aux vrais empires centralistes et monopolisateurs qui prétendent aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en sommes enco
1307 au crépuscule de la période des États-nations. Ce qui empêche la plupart des hommes d’aujourd’hui de le voir, ou d’en croir
1308 e des nationalismes, et de cette religion civique qui prend la place de la foi chrétienne dans l’esprit des masses et la mo
1309 suscite dans l’espace des formes de polarisation qui naissent de relations d’interdépendance et de complémentarité géograp
1310 part de subjectivité dans l’appréciation. En ce qui concerne l’emplacement exact des limites, une certaine indéterminatio
1311 de nous faire sortir de l’ère néolithique, celle qui a été marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires
1312 ribus nomades sur des territoires cultivés, celle qui a donc été dominée pendant dix à douze millénaires par les notions de
1313 r les réalités et les valeurs de la paysannerie — qui brusquement font place aux réalités et aux valeurs de la société indu
1314 stitue au terme d’indépendance celui d’autonomie, qui a l’avantage de rappeler le gouvernement des cités par elles-mêmes, e
1315 publiques et de tout bord. Les phénomènes majeurs qui ont motivé ces prises de conscience successives sont faciles à énumér
1316 ethniques et économiques de la région — et voilà qui provoque une réflexion en progrès intensif et extensif vers quelque t
1317 duit à cette forme de vide économique et culturel qui a résulté partout de la colonisation. Qui ne voit en revanche que la
1318 ulturel qui a résulté partout de la colonisation. Qui ne voit en revanche que la région articulée dans une fédération conti
1319 ubordonnée à l’existence réelle des cent régions, qui est encore hypothétique. Je ne voudrais indiquer dans cette première
1320 intenant (sans attendre ni exiger des permissions qui ne viendront jamais) des centaines de réseaux européens, un tissu tou
1321 des pouvoirs stato-nationaux : mais on saura déjà qui a gagné. b) La géométrie plane et euclidienne, celle des arpenteurs,
1322 que par un vigoureux effort d’information sur ce qui existe déjà et sur ce qui est en train de se faire, de toutes parts.
1323 rt d’information sur ce qui existe déjà et sur ce qui est en train de se faire, de toutes parts. Imaginons un tableau des r
1324 rts. Imaginons un tableau des régions de l’Europe qui décrirait leurs réalités actuelles et virtuelles, recenserait leurs r
1325 ain de la guerre, dans l’enthousiasme des congrès qui lancèrent le mouvement européen — Montreux, La Haye, Lausanne, Westmi
1326 donc des États impérialistes, non des communautés qui revendiquent contre leur État-nation l’autonomie dont il les a frustr
1327 de nations comme celles de la vieille Europe […], qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile, qu’une se
1328 s et le désert français de Jean-François Gravier, qui ouvre les feux dès 1947 ; Décoloniser les provinces de Patrick de Ruf
1329 Décoloniser les provinces de Patrick de Ruffray, qui a fourni le slogan de l’action régionaliste ; La gauche et les région
1330 te ; La gauche et les régions de M. Phlipponneau, qui dédouane la région de l’embargo maurrassien ; et enfin La Révolution
1331 litique et civitas donne civisme, synonymes réels qui devraient être perçus et vécus comme tels… Que pourrait donner regio 
80 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
1332 les objections les plus fréquentes à l’entreprise qui fait l’objet du présent colloque. Je note d’abord que le terme de dif
1333 on aujourd’hui encore impondérable, d’une volonté qui peut surgir demain, posant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’
1334 est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objectivité scientifique » dissimulant une démission civiq
1335 s sans transition. Cela prendra des décennies. Ce qui est urgent, c’est le prix du lait et le taux d’accroissement de la pr
1336 as encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en ne
1337 ndier des subventions à Paris. Voyez les Bretons, qui votent gaulliste. » « Les conflits entre les régions seront forcément
1338 ons d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne
1339 etagne n’est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? » « Les ethnies et les économies ne coïnciden
1340 est ce dernier groupe d’objections ou difficultés qui est la cause principale de l’ajournement des solutions régionalistes,
1341 ire de l’incertitude ou insécurité intellectuelle qui caractérise la plupart des projets d’Europe fédérale, dès qu’on abord
1342 mesures des arpenteurs sur le terrain. — Tout ce qui relève du domaine public (économie, politique, transports, enseigneme
1343 euple devient une « nation immortelle » et l’État qui agit en son nom dispose de la vie et de la mort de ses membres, plus
1344 ues, mais l’État a le devoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes (objecteurs de conscience, par exemple,
1345 iècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c’est leur prépar
1346 t leur préparation, leur conduite et leurs suites qui ont notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des dess
1347 l’identification de « voir » et de « comprendre » qui s’en suit. L’homme de la civilisation visuelle, de l’imprimé, de la l
1348 ution, au sens où j’ai toujours entendu ce terme, qui ne signifie pas « tout casser », mais au contraire : poser un nouvel
1349 ans compter la paresse naturelle de notre esprit, qui cherche en tout et avant tout la réduction à la rassurante unité, ou
1350 é ? C’est un problème d’éducation ou de recyclage qui va nous prendre au moins douze ans si nous commençons tout de suite.
1351 iées des tâches entreprises et des cadres sociaux qui leur offrent appui. Qu’on me permette un exemple personnel, pour alle
1352 nce culturelle. Mais je suis aussi protestant, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’étais commu
1353 les, intellectuelles, spirituelles ou affectives, qui n’ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tou
1354 n un seul lieu, accaparés par l’État national, et qui le seraient, demain, par l’État régional. 4. Vers une formule fédé
1355 — je veux dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer en
1356 oir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires différen
1357 ntre organes ou fonctionnaires différents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision 93. Pr
1358 e rien laisser dans l’indivision : grande maxime, qui conteste un monde, celui de la République une et indivisible des jaco
1359 indivisible des jacobins, de l’Empire napoléonien qui la continue, et des totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne
1360 i la continue, et des totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser, ni
1361 ence ou un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui n’est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possibl
1362 ines bien définis. Le Marché commun, par exemple, qui est un pouvoir économique, doit-il entretenir des visées politiques,
1363 ion de régions libérées de leur État-nation, mais qui jugeraient souhaitable de renouer librement des liens de type nationa
1364 s, sociaux ou culturels noués ailleurs. cl) Voilà qui nous donnera, sans aucun doute, plusieurs Europes régionales de défin
1365 uelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur. Et aucun d
81 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
1366 ieu, celui que Bakounine comparait à Bismarck, et qui pensait que l’État doit être fort pour servir fortement le Prolétaria
1367 tat dépérira. Or, sous Lénine, c’est le contraire qui se produit : l’État conquis par le petit groupe des bolchéviques, les
1368 ours révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en sont emparé. Et quant à leurs doctrines collectivistes, de droit
1369 quées que dans l’esprit des communistes français, qui dénoncent les « fascistes assassins », mais murmurent « qu’ils ne peu
1370 » les condamnations de Leningrad contre des Juifs qui n’ont d’autre tort que de l’être. D’ailleurs, la bonne ou mauvaise fo
1371 raisons, mais cela ne compte pas. Les structures qui gouvernent ces deux nations relèvent d’une seule et même implacable l
1372 s se voient accusés d’ingérence dans des affaires qui relèvent, leur dit-on, de la seule souveraineté nationale — c’est-à-d
1373 eté nationale — c’est-à-dire de la seule religion qui ait encore un bras séculier et qui s’en serve. On ne brûle plus les h
1374 seule religion qui ait encore un bras séculier et qui s’en serve. On ne brûle plus les hérétiques du christianisme mais on
1375 participation des citoyens à toutes les affaires qui les regardent. Ce qui suppose nécessairement : une fédération contine
1376 oyens à toutes les affaires qui les regardent. Ce qui suppose nécessairement : une fédération continentale dont les régions
1377 tique. Ce ne sont pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendre la liberté. Et ce ne sont pas non plus
1378 plaisiez dans cette mauvaise conscience narquoise qui est la bonne conscience du gauchiste. Quand Sartre, à la suite de Fan
1379 leurs aînés leur ont parlé à partir de Mai 68, et qui pousse la perversité jusqu’à ne pas exister comme système. (Nul ne l’
1380 l’écologie. C’est décidément la droite patronale qui est responsable de la destruction du milieu naturel et du confort des
1381 eu naturel et du confort des citadins, c’est elle qui refuse encore, parce que trop coûteuses, les normes et régulations qu
1382 t, en prenant ses bains de foule. Mais les partis qui invoquent les masses ne rassemblent jamais que des minorités, comme o
1383 dans les élections libres. Et quand un philosophe qui veut parler aux masses monte sur un tonneau devant les usines Renault
1384 e jeunes que les sectes gauchistes. Et c’est cela qui comptera lors d’élections à l’échelle de l’Europe. Les sondages montr
1385 de production. Bien. Mais chacun peut voir que ce qui est aboli, c’est la lutte, ce ne sont pas les classes 99. Chacun peut
1386 les classes 99. Chacun peut voir les différences qui subsistent entre ouvriers d’usine, paysans des kolkhozes, apparatchik
1387 tte des classes ? Voulez-vous entretenir la haine qui pousse à la révolte ? Voulez-vous la destruction physique ou morale d
1388 mot d’ordre du siècle passé ? Entretenir la haine qui pousse à la révolte (tendance gauchiste) ? Ce serait en fait mainteni
1389 mes contradictoires ou mutuellement exclusifs. Ce qui existe et que l’on veut cacher derrière l’écran de ce pseudo-concept,
1390 la dictature, indépendante de toute idéologie et qui ne peut être, par définition, exercée par le Prolétariat100. Cela dit
1391 es de la machine. Aujourd’hui, c’est l’automation qui nous permet d’atteindre l’objectif que visait le Service civil. La né
1392 l’étiquette « culturelle » fait attaquer le Parti qui , sous sa direction, avait tenté d’appliquer Marx. Mais le contraire d
1393 r l’éducation : procédés à moyen ou à long terme, qui ne s’accordent pas avec l’idée de révolution violente. Dans un sens b
1394 à, dans la tête de nos politiciens. C’est l’école qui a formé des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former
1395 ormé des générations de nationalistes, c’est elle qui doit former la première génération européenne103.   f) « Vous voulez
1396 a politique », que veut-on dire ? Que l’économie, qui est le domaine propre des Communautés, ne fait pas partie de la polit
1397 atégique — puis l’art de participer aux décisions qui , aux divers niveaux communautaires (de la municipalité aux agences co
1398 e et telquellisant. Car ces décisions dramatiques qui absorbent le plus clair des énergies d’une jeunesse ivre de vocables,
1399 domaine, l’acte politique tel que je l’ai défini, qui est le choix des priorités104 en vertu d’une certaine échelle des val
1400 on et du pillage des ressources terrestres. Voilà qui ne peut se décider dans la rue, dans ce « discours » dont les barrica
1401 mains, 1933-1936. « La révolution que j’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en tr
1402 lution que j’appelle, qui fera seule l’Europe, et qui ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, e
1403 lus ou moins astucieux, mais un moyen de créer ce qui nous manque le plus en Occident — de la Californie au fleuve Amour —,
1404 Devine ou je te dévore ! dit le Sphinx à Œdipe, qui n’a le droit de répondre que d’un mot. La réponse, aujourd’hui, c’est
1405 96. Et Trotski aussi, quoi qu’on dise. C’est lui qui fait écraser au canon la révolte des matelots de Cronstadt coupables
1406 lement grâce au triomphe des valeurs bourgeoises, qui englobent tout le monde sauf les hippies et autres houligans ? Cette
1407 e bourgeoisie mentale inclut l’ex-classe ouvrière qui n’a pas développé, ou ne pratique pas, d’autres valeurs que la bourge
1408 ard. Contrairement aux mouvements et groupuscules qui ont usurpé ce titre, L’Ordre nouveau ne confondait pas l’ordre avec l
82 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
1409 e, résultant de la discussion de ces rapports, et qui fut adoptée à l’unanimité. Nous faisons précéder ces textes d’un résu
83 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
1410 es, éthiques, esthétiques, juridiques et sociales qui caractérisent la société en question. Appelons région le champ d’acti
1411 plus ou moins étroite avec une aire géographique qui variera d’ailleurs selon la nature du phénomène considéré et selon so
1412 ervices, d’urbanisation et de taux de croissance, qui ne saurait coïncider que par accident et temporairement avec un terri
1413 rce) dans un État national beaucoup plus grand et qui entend effacer leurs limites traditionnelles, ou bien divisées d’une
1414 trative des régions ethniques et socioéconomiques qui crée la plupart des problèmes culturels, dont nous avons à traiter ic
1415 e, c’est-à-dire dans les « régions frontalières » qui séparent nos 26 États-nations, des effets paralysants du stato-nation
1416 ns, des effets paralysants du stato-nationalisme, qui selon les cas interdit expressément ou bloque en fait : — la mobilité
1417 audience ont fait l’objet d’études très poussées ( qui vont jusqu’à compter combien de lecteurs du Progrès de Lyon et du Dau
1418 e en France voisine. Là encore, l’ignorance de ce qui se passe à quelques kilomètres de chez soi est générale. La radio de
1419 talienne. Quant à l’Alsace : « nombreux sont ceux qui désireraient que les émissions locales de l’ORTF en langue allemande
1420 éés par les frontières. Et ce sont les frontières qui empêchent de les résoudre. Ou plus exactement : c’est le dogme de la
1421 elles ont été fixées pour des raisons historiques qui , pour la plupart, ont cessé d’être des raisons. Le caractère indiscut
1422 sacré » à des réalités hétérogènes par nature, et qui ne sont superposables ni dans l’espace ni dans le temps : le sous-sol
1423 s entre départements français. Dans le temps : ce qui rend manifeste la dysfonction de la frontière unique, c’est la dispar
1424 abilité de leurs limites ; tandis que l’économie, qui est en partie liée au sol (climat, secteur primaire maritime ou agric
1425 le, la moins mauvaise étant tout simplement celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y a pas de cultures nationa
1426 école nous a conté que chaque État est une entité qui comporte une langue nationale, une culture nationale et une économie
1427 on récente de nos États-nations112. Le mot natio qui désignait d’abord les groupes d’étudiants de même langue maternelle d
1428 école — ni plus vraies pour autant. Cette notion, qui a son origine sous Louis XIV, est mise en forme par la Révolution (di
1429 essentiellement contestataire de son génie — mais qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vi
1430 qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nou
1431 etc. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, mais des écoles de pensée, des styles de
1432 coïncident pas avec les régions administratives, qui sont inadéquates pour définir les régions économiques, et moins encor
1433 pourra mieux servir les desseins des deux grands ( qui ne seront grands que de nos persistantes divisions). 2. Exemple symbo
1434 aient s’adresser à Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Chamonix, et déjà l’on ne savait plus de quoi il s’agissait.
1435 ythes de l’État-nation souverain et des mensonges qui seuls les ont accrédités dans les esprits depuis quatre ou cinq génér
1436 esprits depuis quatre ou cinq générations, voilà qui suppose une rénovation radicale des programmes officiels, lesquels ta
1437 n sont d’excellents exemples internationaux de ce qui pourrait être fait à l’échelon régional : lycées communs là où la lan
1438 n autre projet de coopération est à citer : celui qui tend à grouper dans une coopération régionale les universités de Neuc
1439 Besançon, et de nombreux instituts universitaires qui s’y rattachent. Objectifs : favoriser la mobilité des étudiants et de
1440 sauver le Léman suppose des recherches théoriques qui relèvent de l’échelon continental, mais sont d’exécution typiquement
1441 agences européennes (relevant d’assemblées élues qui contrôlent leurs budgets), capables d’établir des normes et des plans
1442 ets), capables d’établir des normes et des plans, qui les mettent en état d’orienter et d’informer les agences régionales.
84 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
1443 action fédéraliste, régionaliste et communaliste, qui sont en train de passer au premier rang de l’actualité réelle dans no
1444 e ailleurs « la campagne des congrès »113), voilà qui est de nature à rallumer l’espoir en dépit des échecs encourus par l’
1445 ion, tel qu’ils l’ont apprise à l’école — et ceux qui parlent d’autonomies régionales ou communales sont à la fois de doux
1446 udacieux ». Il est frappant que la seule prudence qui ait passé dans la « Déclaration finale » de Strasbourg ait été celle
1447 iale, éducative, écologique, énergétique, etc. Ce qui me conduit à écrire en conclusion de mon rapport culturel : « Chacune
1448 lesquelles un problème fonctionnel se posera, et qui choisiront d’adhérer au syndicat intercommunal capable d’y faire face
1449 syndicat sera suprafrontalier, comme le problème qui l’aura suscité. Il va de soi, également, à mes yeux tout au moins, qu
1450 , ni même de victoire d’une certaine tendance. Ce qui nous paraît important, c’est qu’une doctrine régionaliste européenne
85 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
1451 tre XIIIe année. Les difficultés de divers ordres qui ont motivé cette interruption temporaire sont aujourd’hui résolues. N
1452 présente livraison étant la quatrième de la série qui a commencé en hiver 1967 avec « Naissance de l’Europe des régions » e
1453 lus, et allons l’être mieux encore, par tous ceux qui ont à cœur de sauver une Europe non pas des chiffres mais des hommes.
1454 des communes et des régions, une Europe fédérale qui peut être l’innovation majeure du siècle. dk. Rougemont Denis de,
86 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
1455 oute information sur les réalités du xxe siècle, qui ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien c
1456 , qui ne savent pas qu’il faut faire l’Europe, ou qui n’ont pas très bien compris pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y e
1457 pourquoi. Je ne sais, on me dit qu’il y en a. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pa
1458 plus d’excuse en 1971. Et ce n’est pas pour eux, qui ne sont pas ici, mais dans le seul souci de bien préciser mon point d
1459 nscience par les Européens, les motifs principaux qui nous ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignen
1460 nous ont amenés à l’idée d’union de l’Europe, et qui nous contraignent maintenant à réussir cette union, au plus tard, dan
1461 te union, au plus tard, dans les dix à quinze ans qui viennent.   1er motif. — En 1946, tout le monde voyait très bien qu’
1462 t, l’accroissement de la production industrielle, qui permet cette prolifération délirante de l’homme sur la terre, entraîn
1463 turelles, et donc aussi la pollution, par 200, ce qui est matériellement impossible. En effet, les ressources naturelles ne
1464 ! L’épuisement des forêts et des océans, c’est ce qui menace l’ensemble de l’humanité. Tout cela peut vous sembler délirant
1465 Dans ce domaine, l’acte politique par excellence, qui consiste à traduire les finalités d’une société en mesures publiques
1466 rtout du pillage des ressources naturelles. Voilà qui ne peut se décider dans la rue, dans ce « discours révolutionnaire »
1467 ai 68 ont été comme les signes flamboyants. Voilà qui suppose un certain nombre de décisions drastiques, de sacrifices à im
1468 ce tout simplement survive. Et alors, la question qui vient immédiatement aux lèvres est celle-ci : Qui pourra prendre ces
1469 qui vient immédiatement aux lèvres est celle-ci : Qui pourra prendre ces décisions et les imposer ? Un gouvernement mondial
1470 es facteurs de croissance dans les deux décennies qui viennent, l’essentiel serait obtenu, les destins pourraient être renv
1471 puissante fédération les 480 millions d’Européens qui vivent aujourd’hui divisés en 25 nations à peu près souveraines, une
1472 e motif. — Mais il y a plus. Il y a quelque chose qui est peut-être plus effrayant que les prévisions apocalyptiques des éc
1473 ons apocalyptiques des écologistes, quelque chose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle,
1474 e chose qui est là parmi nous, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait d
1475 la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement
1476 posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement éclaté dans les universités de tout l’Occident et dans l
1477 à ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut so
1478 n, et surtout qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béant sur
1479 ée par la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le désordre le plus p
1480 s ». Car le désordre le plus profond, c’est celui qui est au cœur de cette société matérialiste, dont le seul principe abso
1481 ière pathétique, parce qu’on ne peut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’a pas de principe de cohésion interne.
1482 ne peut renverser ce qui ne tient pas debout — ce qui n’a pas de principe de cohésion interne. Pas grand-chose à détruire d
1483 tre société ! Il faut créer une société nouvelle, qui offre un sens et qui permette à la personne de se construire, d’agir,
1484 créer une société nouvelle, qui offre un sens et qui permette à la personne de se construire, d’agir, de se manifester dan
1485 t entier, et par lui toutes les races de la terre qui copient notre civilisation industrielle scientifico-technique, quanti
1486 dérisoires (mais si sérieuses !) de nos ministres qui s’épuisent en « marathons » dont l’objet se réduit parfois à rogner 1
1487 es et régionales, bien en deçà des nations. Voilà qui explique le paradoxe apparent que j’ai l’air de soutenir en préconisa
1488 récemment : « On peut se demander si nos sociétés qui deviennent de plus en plus énormes et pareilles les unes aux autres n
1489 alyse des motifs extrêmement divers en apparence, qui ont amené la plupart des pays européens à poser le problème régional.
1490 u géographique, traditionnelle ou prospective, ce qui est frappant, c’est qu’ils jouent tous dans le même sens. De leur ens
1491 lle de foyers librement rayonnants. L’État-nation qui règne seul, depuis un siècle, sur la science de ses professeurs et la
1492 tique fédéraliste de l’État-nation. L’État-nation qui se prétend souverain absolu est manifestement trop petit pour jouer u
1493 dans la création d’agences fédérales européennes, qui seraient compétentes partout où les tâches se révéleraient d’échelle
1494 s — ce carcan militaire, idéologique et douanier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la
1495 ou du petit Jura bernois ; les révoltes ethniques qui couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandres ; les poussées
1496 es ensuite. Les plans d’aménagement du territoire qui se donnent pour but de réduire les disparités économiques intra-natio
1497 st posé par les régions naturelles ou économiques qui se trouvent coupées par des frontières politiques nées du hasard des
1498 ues nées du hasard des guerres et des traités, et qui ne correspondent plus à nulle réalité ni ethnique ni économique. Sur
1499 empêche… Voici maintenant mon utopie — tout ce qui m’intéresse chez un homme est de savoir quelle est son utopie de la v
1500 r de Genève. Genève est une cité sans hinterland, qui est à la fois mondiale et coupée des campagnes voisines par une front
1501 voise, ou plutôt, de plusieurs régions genevoises qui apparaissent immédiatement possibles ou souhaitables, selon la nature
1502  : — les quelque 20 000116 travailleurs français qui viennent tous les matins à Genève et rentrent le soir dans leur villa
1503 t une région économique plus vaste, plus fluente, qui est encore en bonne partie virtuelle, et qui appelle des mesures de d
1504 nte, qui est encore en bonne partie virtuelle, et qui appelle des mesures de développement transfrontalières. — le sauvetag
1505 ales nucléaires : autant de problèmes écologiques qui ne connaissent pas de frontières politiques, et qui appellent des sol
1506 i ne connaissent pas de frontières politiques, et qui appellent des solutions régionales dans un cadre continental. — enfin
1507 la frontière définissent une région universitaire qui peut aller de Neuchâtel à Lyon, et d’Aoste à Besançon, par Lausanne e
1508 empêchera ces associations de nommer des délégués qui se rencontreront périodiquement en assemblées générales au plan europ
1509 plus particuliers, dans le cadre de l’État-nation qui les avait jadis « réunies » de gré ou de force, rien ne les en empêch
1510 empêchera, c’est l’évidence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’être dès lors que cela ne bloque plus l’évolution f
1511 êtes à coups de canon, d’exactions et de parjures qui seule a réussi à imposer l’hégémonie des rois de la petite Francie ca
1512 à la base par l’idée de « frontières naturelles » qui amène à enseigner que les Pyrénées séparent Français et Espagnols, al
1513 autre condition de réussite du projet européen — qui découle de la réforme des écoles — est de former des administrateurs
1514 La révolution d’Octobre aboutit à Staline. À ceux qui me répètent : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ! » je
1515 oir jeune, pouvoir régional, etc. Le seul pouvoir qui importe est celui que l’on a sur soi-même, car il est synonyme de lib
1516 . 114. Il s’agit de la première esquisse de ce qui allait devenir le fameux rapport du club de Rome : The Limits to Grow
1517 Meadows et son équipe, publié aux USA en 1972, et qui a secoué tous les tabous de l’Occident industriel. 115. Auteur de La
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
1518 pensée que l’on observe dans le même temps, mais qui appartiennent à des ères différentes de l’histoire humaine, il y a bé
1519 éance de l’histoire. Illustrons cela de citations qui n’appellent que très peu de commentaires. L’État-nation est le bien
1520 seulement me hérisse, mais me fait dire que ceux qui l’emploient font un étrange retour en arrière. Il y a déjà eu l’Europ
1521 ité. (Erreur sur la féodalité, système juridique qui n’a rien à voir avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’es
1522 voir avec la région ; erreur aussi sur la région, qui n’est pas une souveraineté ni un fief, ni un État.) À quoi M. Michel
1523 orant l’histoire », « des inadaptés », « des gens qui agissent pour le compte de l’étranger », « des réactionnaires ou des
1524 in mythe européen, celui de l’Europe des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet,
1525 l’Europe des régions, qui est une absurdité ». Ce qui n’a pas à être démontré puisqu’en effet, selon le dogme de l’État-nat
1526 n garde remplaçaient les vœux de succès confiants qui sont de routine en pareille occasion. Au lieu du coup d’envoi, un imp
1527 que son discours est démodé depuis cent ans, ceux qui réfléchissent sur notre société et sur les causes de sa crise aboutis
1528 n d’une nation par un appareil étatique — formule qui ne peut mener qu’à la guerre totale et aux régimes totalitaires, comm
1529 de tous les liens particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus ensemble que par leur commun servage envers l’État
1530 iction avec les besoins vitaux » du monde actuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, so
1531 u monde actuel, qui est donc condamné à terme, et qui doit être remplacé au plus vite, sous peine de catastrophes aisément
1532 disposition de leurs richesses aux gouvernements qui administrent ces territoires. Ce schéma de l’administration de notre
1533 riques… Chacun s’est forgé une histoire nationale qui démontre que son développement était inévitable, et son destin arrang
1534 er à tolérer de faire partie d’un État plus grand qui lève ses impôts, se moque de ses allures et de son dialecte… Il est p
1535 e, je serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé
1536 car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui ét
1537 l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. » Devant ses anciens collaborateurs réu
1538 ne le regrette pas pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas avant longtemps de vraies régions 123, et qui va se
1539 tra pas avant longtemps de vraies régions 123, et qui va se vautrer dans la médiocrité. » « Dans mes Mémoires, j’expliquera
1540 de commun avec le mouvement de tendance fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Rééditi
1541 endance fasciste qui a usurpé ce titre en 1968 et qui a été dissous en 1973. 118. Réédition chez Hachette, Paris, 1972. 1
1542 rotestons contre la coutume des éditeurs français qui croient bon d’améliorer les titres originaux : le livre de H. Kahn s’
1543 me ». 122. Grasset, Paris, 1972. 123. C’est moi qui souligne. 124. C’est moi qui souligne. dn. Rougemont Denis de, « L
1544 72. 123. C’est moi qui souligne. 124. C’est moi qui souligne. dn. Rougemont Denis de, « Les grandes béances de l’histoi
88 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
1545 é intellectuel, et surtout point de langue unique qui se soit imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibil
1546 e unique qui se soit imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité d’un écrivain qui mériterait d’être a
1547 qui paraît interdire la possibilité d’un écrivain qui mériterait d’être appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste al
1548 ément, de cette pluralité des données culturelles qui , moins forts, moins doués, les eût neutralisés. Lointain cousin de l’
1549 opolitisme, mais aussi germanisme et latinité, et qui rend plus sensible à l’oreille intérieure les arythmies annonciatrice
1550 J. Burckhardt a incarné le type d’homme goethéen qui ne peut séparer la pensée de l’action, ni la passion de la lucidité —
1551 la passion de la lucidité — bien plus, de l’homme qui se réalise en plénitude par le style même de sa pensée, de son action
1552 us. Son expérience des hommes et de l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire a certes confirmé son pessimisme inné,
1553 isme inné, sa profonde méfiance à l’endroit de ce qui vient et du « progrès » de notre monde moderne en général, mais son g
1554 itions civiques et culturelles des Suisses. Voilà qui suffira peut-être à justifier l’existence autonome de ce pays, dans u
1555 le grand physicien et le monstre sacré du cinéma, qui ne sont, après tout, que des spécialistes. « C.J.B. », comme nous l’a
1556 lieu de l’âge mûr, mais ce Voyage d’Asie Mineure, qui date de 1925 et qui est l’un des écrits les plus chargés d’affectivit
1557 ais ce Voyage d’Asie Mineure, qui date de 1925 et qui est l’un des écrits les plus chargés d’affectivité contenue, les [p. 
1558 tiques : C.J.B. ajoutait à la Suisse la dimension qui manque le plus à ce pays et que j’aime à nommer la dimension princièr
89 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
1559 ’une manière indécise et prépare une autre guerre qui réglerait l’affaire une fois pour toutes. Mais la guerre n’est que « 
1560 Guerre ou pas guerre, il est bien évident que ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral (
1561 alisme. Combien cette idée était fausse, voilà ce qui commence à se faire sentir. Presque certainement, nous allons vers un
1562 l’idée de fatalités peut-être désastreuses, mais qui auront l’avantage de nous innocenter ? Toute prophétie trop bien réal
1563 uteur a-t-il été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tragique de nos manèges, mais nous adjur
1564 été un vrai prophète, à savoir celui qui avertit, qui annonce l’issue tragique de nos manèges, mais nous adjure de faire me
1565 prévision autoréalisante ? S’il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement du capitalisme libéral e
1566 annihilé, évacué, devienne « inexistant », voilà qui n’est nullement l’effet, mais bien la cause, tant de l’effondrement c
1567 ne peut exister que dans nous et par nous. Celui qui aime activement son prochain se comporte en chrétien, et le christian
1568 . Mais ce n’est pas « le christianisme » institué qui aime un humain, ou cesse de l’aimer et s’effondre. Quand Orwell écrit
1569 arrivé : il se produit dans et par la phrase même qui l’annonce. Car cette phrase trahit et déclare la démission du spiritu
1570 moins ont plébiscité Hitler : ce n’est pas Hitler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choisi leur Führer,
1571 ler qui les a privés de leur autonomie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’ont fait leur libéra
1572 autonomie, c’est eux qui ont choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’ont fait leur libérateur, celui qui venait les l
1573 ux qui ont choisi leur Führer, qui l’ont produit, qui l’ont fait leur libérateur, celui qui venait les libérer de leur resp
1574 nt produit, qui l’ont fait leur libérateur, celui qui venait les libérer de leur responsabilité, c’est-à-dire de leur liber
1575 notre espoir raisonnable de restructurer une cité qui mérite d’être appelée humaine. ds. Rougemont Denis de, « Quand mêm
90 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
1576 ce siècle. La bibliographie des études régionales qui clôt le Bulletin du CEC intitulé Naissance de l’Europe des régions (1
1577 doute ici plusieurs spécialistes de ces problèmes qui pourraient être tentés de croire que les raisons de faire des régions
1578 e la région ne sera jamais une réalité pour celui qui ne veut pas la faire ; ou pour celui qui n’accepterait qu’on se souci
1579 ur celui qui ne veut pas la faire ; ou pour celui qui n’accepterait qu’on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’ab
1580 si on lui prouvait d’abord qu’elle existe. Celui qui nie toute valeur « scientifique » à l’action de construire, nie la so
1581 est un phénomène de nature au sens actif du mot, qui est son sens étymologique : Natura = ce qui engendre, l’engendrante,
1582 mot, qui est son sens étymologique : Natura = ce qui engendre, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est à naître. (Du
1583 que : Natura = ce qui engendre, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est à naître. (Du radical indo-européen gna indiq
1584 i engendre, l’engendrante, ce qui fait naître, ce qui est à naître. (Du radical indo-européen gna indiquant naissance et du
1585 ut dire ici : en termes simples, non jargonnants, qui ne visent pas à épater les collègues, mais à convaincre les responsab
1586 aincre, c’est le moment décisif dans toute action qui relève de la volonté humaine. C’est donc sur l’argumentation du probl
1587 nses possibles : — à partir des réalités locales qui exigent la région ; — à partir de la crise mondiale qui exige la régi
1588 igent la région ; — à partir de la crise mondiale qui exige la région. Ces deux types de réponses, partant du plus près et
1589 istence communautaire qu’il subit aujourd’hui, et qui appelle comme remède immédiat, structurel, la région. ⁂ A. La premièr
1590 sité particulièrement marquée le long d’une ligne qui va du Schleswig-Holstein par la Frise, la Hollande, la Belgique, le L
1591 lisé) se compliquent ici du fait de la frontière, qui divise arbitrairement ce que la Nature, l’Histoire, les ethnies, ou l
1592 e contre la pollution arrêtée par les frontières, qui ne laissent passer que la pollution elle-même (des airs, des eaux, de
1593 onomiques, sociales et culturelles du xxe siècle qui se « déclare » dans les régions frontalières. C’est aussi et surtout
1594 plus loin possible des prises concrètes, de ceux qui en subiront les conséquences. Quelles sont, parmi les fonctions néces
1595 la vie d’une communauté de type européen, celles qui souffrent le plus du fait de la frontière, ou, à plus proprement parl
1596 Bâle-Alsace-Bade, ou de la région franco-suisse ( qui pourrait englober à certains égards le Val d’Aoste, région autonome d
1597 région lémano-alpine. Les fonctions essentielles qui apparaissent lésées ou paralysées par la frontière ne sont pas seulem
1598 es échanges commerciaux et agricoles (vitaux mais qui peuvent être interrompus d’une heure à l’autre par décret de Paris, o
1599 in et la Haute-Savoie, mais travaillant à Genève, qui a éveillé chez les Genevois comme chez leurs voisins la conscience d’
1600 a conscience d’une entité régionale sous-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’à être libérée de cette frontière do
1601 s séances, la Commission s’est donné un programme qui déborde le problème des frontaliers et s’étend déjà, prudemment, vers
1602 essionnelle, en attendant d’autres élargissements qui sont inscrits dans la logique des choses. Car les problèmes écologiqu
1603 mortellement menacé par un ensemble de pollutions qui appellent un ensemble de mesures préventives et curatives ; mais en l
1604 difs et dispersés d’une Commission internationale qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans
1605 is dans le pays de Gex et le canton de Genève, et qui appellent d’urgence la gestion d’une autorité régionale, sous le cont
1606 aitable d’une région écologique d’un seul tenant, qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollu
1607 les nuisances de toute espèce. Troisième exemple, qui concerne la fonction de l’enseignement : celui des universités de Sui
1608 a plupart des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont n
1609 ’un d’entre eux, avec l’aire du franco-provençal, qui y fut parlé, écrit et chanté du ixe siècle jusqu’aux débuts du xixe
1610 t nous ne connaissons plus que quelques mots mais qui a sans aucun doute marqué toute la culture de la région et laissé des
1611 que seule la frontière les rend insolubles, voilà qui enseigne la région, convainc de sa nécessité, répond à la question du
1612 rtir de ce que tout un chacun peut vérifier. Pour qui voit et comprend les réalités locales, la leçon est claire : il faut
1613 ités mondiales, de la crise globale et des leçons qui en découlent à l’évidence. Je propose les étapes de raisonnement que
1614 ujourd’hui, et vivent dans la crainte que l’URSS, qui n’en est qu’à 29 000, ne les dépasse), gaspillage comme principe du c
1615 âches. Beaux résultats ! Brillante gestion ! Mais qui était le gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se par
1616 gérant ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont tout calculé en fonc
1617 ns et pour la guerre, l’État-nation et sa morale, qui est le nationalisme totalitaire, a provoqué les deux guerres européen
1618 opérée dans la haine et le mépris du tiers-monde qui nous les rend), mais elles ont fouetté technique et industrie, qui on
1619 ), mais elles ont fouetté technique et industrie, qui ont causé surpopulation, famines, pollution des océans et de l’atmosp
1620 force : sa division en État-nations souverains — qui a causé les guerres mondiales et donc sa ruine — c’est cela aussi qui
1621 res mondiales et donc sa ruine — c’est cela aussi qui l’empêche de résoudre la crise qu’elle a fomentée, et qu’elle entreti
1622 ’Est ou par l’Ouest, ou les deux à la fois. Voilà qui devient évident même aux esprits les plus obtus ou farfelus qui occup
1623 ident même aux esprits les plus obtus ou farfelus qui occupent le devant de notre scène politique, ou pour mieux dire, de n
1624 s de base de la fédération européenne. Fédération qui sera l’élément décisif d’une résolution de la crise mondiale. Tout ce
1625 is je ne vois pas le moyen d’échapper à ce schéma qui est inscrit dans les faits, bien loin de l’être dans l’esprit des féd
1626 er une communauté dans l’humanité d’aujourd’hui — qui , sinon, finira bientôt dans le chaos de la délinquance universelle. C
1627 tion sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse qui en résulte chez les individus perdus dans les foules solitaires, dans
1628 u énergétiques, écologiques ou sociales. Et voilà qui représente bien plus qu’une mesure opportune de « décentralisation »
1629 , ni l’écologie, ni l’énergétique, ni l’éducation qui « indiquent » la région, mais la définition de l’homme même en tant q
91 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
1630 seront épuisées dans des délais calculables, mais qui varieront très largement en fonction de nos appétits ou de notre sage
1631 nératrices de tonnes de plutonium dans les années qui viennent constitue un danger infiniment plus grave que celui de roule
1632 atérielle. Au type de prévision fausse et néfaste qui nous annonce comme un fait scientifique que désormais « la consommati
1633 ous les sept ans », j’oppose le type de prévision qui nous fait voir que la consommation d’électricité doit cesser de doubl
1634 ester et de Meadows. Ils ne disent pas : voilà ce qui se passera en 2025 (comme le fait l’impudent Herman Kahn), mais bien 
1635 ait l’impudent Herman Kahn), mais bien : voilà ce qui se passera nécessairement à cinquante ans du point de départ choisi,
1636 nd on déguise en données scientifiques à des fins qui ne veulent pas s’avouer (décrocher un contrat, pousser les ventes) de
1637 s. Car autant il est nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend, et de poursuivre ou non en conna
1638 t, de subordonner ses décisions à des prédictions qui ne seront « justes » que si vous faites (ou laissez faire) dès mainte
1639 garde, mais contre l’illusion fataliste et fatale qui nous ferait croire, désormais, qu’il revient à l’ordinateur d’oriente
1640 politiques et sociales de tous ordres d’un projet qui nous paraissait « purement privé ». Mais je vois au contraire les pro
1641 ogiste, de l’urbaniste, du médecin, ou du citoyen qui assume son rôle dans la cité, les « impératifs du développement », le
1642 — échappant à toute discussion ; ou de phénomènes qui auraient lieu de toute façon sans nous, sans notre action, hors de no
1643 up plus sévèrement que l’objection de conscience, qui elle au contraire fait preuve d’une conscience alertée et d’un sens e
1644 ait substituer au sentiment de sourde culpabilité qui accompagne nécessairement tout acte libre et novateur, une sorte de t
1645 re et novateur, une sorte de terreur déterministe qui exonère l’individu des risques de la liberté. Roma locuta, — l’ordina
1646 voire seules à l’être — ont été jusqu’ici celles qui portaient sur des techniques indépendantes du jeu des forces sociales
1647 me particulièrement répugnante de la technologie, qui pourrait aboutir à la création d’un État policier électronique »127.
1648 rainiens, les houligans et autres Tupamaros, ceux qui les aident, ou les approuvent, ou pourraient le faire, et finalement
1649 ’État. D’où l’on déduit que l’économie de guerre, qui est le modèle de toutes nos prévisions et leur idéal inconscient, est
1650 part », donc de pure théorie. C’est une économie qui opère dans un état d’apesanteur sociale, de vide civique, exempte de
1651 en faveur des situations sociales ou des régimes qui se prêtent le mieux aux calculs prévisionnels. L’État totalitaire, c’
1652 importants mais changés de signe ! La futurologie qui procède par la méthode kahnienne des « projections sans surprise » es
1653 ules lois de la matière (mécaniques et physiques) qui tendent toujours à l’uniformité selon le second principe de la thermo
1654 ant, l’homme est imprévisible à lui-même. Tout ce qui prétend prévoir pour lui le soumet aux seules lois du passé, et l’ali
1655 t prévisibles en fin de compte que les phénomènes qui dépendent de facteurs non quantitatifs, non calculables, passionnels.
1656 lieu, Forrester ne tient pas compte d’un facteur qui me paraît responsable plus que tout autre de l’expansion à outrance,
1657 ygiène sociale cherche à la diminuer ; c’est elle qui pousse aux investissements industriels, à l’exploitation maximale des
1658 emple, ici, me suffira. À la page 54 de l’ouvrage qui l’a rendu célèbre, L’An 2000, Herman Kahn groupe en un tableau les év
1659 les faits ne pouvant avoir tort, c’est la méthode qui sort ruinée d’un tel échec prévisionnel. D’autant plus qu’il se trouv
1660 évolte fatale du tiers-monde et la décolonisation qui s’en suivrait. Et l’atomisation individualiste d’une société trop rap
1661 dans les Lettres à von Preen du grand Burckhardt, qui datent de 1882. Et le condominium USA-URSS est là, dès 1856, dans la
1662 r où il sera possible d’isoler les variables clés qui déterminent le surgissement de forces irrationnelles au sein de la so
1663 e. Un régime fondé sur la coopération volontaire, qui aurait partagé équitablement les avantages et les responsabilités, n’
1664 rovinces, il semble que les hérésies chrétiennes, qui dressaient les fidèles contre l’autorité du pouvoir religieux, témoig
1665 tianisme, sa spécificité religieuse, et le besoin qui peut-être s’en faisait sentir dans le monde romanisé du iiie siècle 
1666 son angoisse. L’avenir sensible au cœur Ce qui va se passer dans le monde s’annonce au cœur de l’homme et peut s’y l
1667 que, et nous allons voir qu’on l’a fait. Tout ce qui peut s’observer dans le noyau humain, physiologique mais aussi psychi
1668 ce collective, en cela chimérique mais mesurable, qui ne serait qu’alibi des vocations reniées. De fait, la prospective n’a
1669 toire (« Si tu fais cela, prends garde ! Voilà ce qui s’en suivra. ») mais jamais contraignante ou simplement publicitaire
1670 l’atteindre. Et les seules prévisions objectives qui m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barr
1671 prévisions objectives qui m’importent sont celles qui m’indiqueront quelles sont les voies barrées, les grèves possibles, e
1672 portent en soi des fins de croissance illimitée, qui condamnent le système à la fuite en avant vers un désastre inévitable
1673 nd on nous dit : « Il va falloir dans les dix ans qui viennent plus d’autos pour plus d’hommes sur la terre, de là plus d’a
1674 e n’est pas le cas de la croissance industrielle, qui est contraire aux lois de la vie et qui met en péril la vie même, dès
1675 strielle, qui est contraire aux lois de la vie et qui met en péril la vie même, dès qu’on la laisse proliférer sans freins…
1676 ant et que l’on a peine à formuler, comme tout ce qui touche à la mort, j’entends les centrales nucléaires. Cette analyse d
1677 e « la route meurtrière », au lieu de se demander qui a fait la route et pourquoi, et si son prix valait vraiment les avant
1678 iment les avantages qu’elle offre à la communauté qui l’a payée, et aux assassins du week-end. Enfin, le modèle d’avenir qu
1679 lou. Sinon, ce sera la tyrannie sur la communauté qui le réalisera, et dès maintenant sur notre faculté d’imaginer et d’inv
1680 mais de déterminer les conditions de toute action qui conduise aux fins souhaitées. C’est la recherche créatrice, élaborant
1681 nt la prévision donnée pour objective d’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises, et que nous n’aurions qu’à
1682 s nos fins, et non pas de soumettre nos fins à ce qui fut « possible » jusqu’ici. Soit que nous agissions ou que nous laiss
1683 rière lesquelles nous essayons de nous cacher, et qui ne sont que les alibis de nos vrais désirs. 126. Bertrand de Jouve
1684  En vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans le poste de pilotage d’un avi
1685 de cadrans et de manettes du tableau de bord, et qui s’efforce désespérément d’en comprendre le mécanisme, avant que l’app
1686 ts d’un ouvrage en préparation de D. de Rougemont qui sera intitulé : L’Avenir est notre affaire  ». Les extraits correspo
92 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
1687 s134. Plutôt que de résumer ici mes conclusions — qui restent ouvertes — ou d’essayer de faire le point — très provisoire —
1688 hez les intellectuels et les artistes occidentaux qui s’en réclament, le concept exprimé par ces mots signifie qu’il est en
1689 e la mise en ordre. Au total, la modernité est ce qui doit être préféré, sitôt que certifiée moderne, à toute espèce de tra
1690 artistes occidentaux, prompts à valoriser tout ce qui n’est pas d’Europe et à traiter « d’étonnamment moderne » telle figur
1691 fficile de reconnaître que la modernité, étant ce qui récuse les vérités reçues et remet en question les traditions, elle s
1692 d’où vient qu’en tant qu’ils renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’en révèlent tributaires, mais se privent de
1693 du monde sont conditionnées par les mêmes forces qui déterminent les structures et les finalités de l’économie d’une socié
1694 eurs culturelles (au sens le plus large du terme) qui animent l’Europe et les différents secteurs du tiers-monde ; 2° des m
1695 fondamentale entre les autres religions et celle qui domine l’Occident ? La réponse doit être cherchée dans la théologie d
1696 it être cherchée dans la théologie du xxe siècle qui , sur les traces de Karl Barth, a montré que le christianisme n’est pa
1697 une nouvelle Terre » sont promis, remplaçant ceux qui existent devant nos yeux.   Tous ces traits définissent une anti-reli
1698 s le Passé. Le référentiel absolu n’est plus « ce qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train d
1699 qui s’est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se faire au nom de la Fin universelle, donc de l
1700 age chrétien. Idée profondément antireligieuse et qui , d’ailleurs, fut ressentie et dénoncée comme telle par les Romains.
1701 où l’alphabet fut inventé — est enlevée par Zeus qui la conduit en Crête, d’où la civilisation minoenne, nourrie du Proche
1702 es peuplades germaniques, descendant du Nord-Est, qui apportent jusqu’en Ibérie leur droit communautaire, si différent du d
1703 is viennent, de Bagdad par l’Afrique, les Arabes, qui nous apportent l’aristotélisme, l’algèbre, et bien plus que cela : le
1704 de l’amour-passion, sa mystique et sa rhétorique, qui vont influencer profondément nos manières de sentir et de rêver, à tr
1705 nt des échanges culturels s’inverse d’une manière qui me paraît définitive. À partir du xve siècle, que fait l’Europe quan
1706 Hors du contexte sacré, religieux, traditionnel, qui donnait sa valeur réelle à cette forme plastique, musicale, ou magiqu
1707 series du xviiie français ne sont qu’une mode et qui n’influence guère que la vaisselle et l’ameublement des plus riches.
1708 scientifique, venue de l’Europe et d’elle seule, qui a révélé ces richesses naturelles et dans un sens précis, concret, le
1709 échanges matériels et des contacts humains, voilà qui ne cesse de multiplier et d’aggraver les causes de conflits politique
1710 e mondiale et l’impact sur le tiers-monde de « ce qui est venu de l’Europe ».   A. Prenons notre premier exemple au niveau
1711 uprême, elle n’ira pas plus haut, peut-être, mais qui serait en mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le mond
1712 pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les autres l’ignorent ; ils
1713 autres l’ignorent ; ils voient plus facilement ce qui est beaucoup plus bas, au niveau du contact brutal entre leurs coutum
1714 es se raccordent au psychisme de l’homme européen qui a conçu les machines et la personne. Mais les machines sont transport
1715 s ? » Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui est Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’une écol
1716 Mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musique indonésienne et ne faisaient que
1717 rnements transportent au loin des champs de force qui vont agir anarchiquement, détruisant les bases mêmes d’équilibres anc
1718 e ? La Chine a pris d’abord l’idée de révolution, qui est bien l’idée la plus contraire à sa tradition millénaire d’équilib
1719 llemand, dont le père s’était fait protestant, et qui écrivait dans les salles du British Museum, pour le New York Daily Tr
1720 and organe du capitalisme américain) des articles qui le faisaient vivre, et qui formeront une partie de Das Kapital. Karl
1721 méricain) des articles qui le faisaient vivre, et qui formeront une partie de Das Kapital. Karl Marx avait prévu que sa rév
1722 pas à proprement parler des conflits idéologiques qui nous menacent, mais c’est le mécanisme même des prétentions stato-nat
1723 e mécanisme même des prétentions stato-nationales qui oblige 150 nations à s’armer au-delà de toute raison contre des ennem
1724 vivre et assurer leur « cohérence nationale », et qui un jour se matérialiseront sous la forme de victimes de tirs atomique
1725 une lutte efficace contre les périls écologiques qui menacent notre continent (pollution du Rhin, de la Méditerranée, de l
1726 icipation des citoyens à leurs affaires communes, qui est la seule prévention efficace contre la délinquance générale ; — 3
1727 s personnes. Telles sont les grandes orientations qui me paraissent propres à guider une relance, qu’il faut souhaiter, aus
1728 lture, Genève, n° 1-2, automne 1965, 168 p. 135. Qui inclut les USA, le Canada, certaines couches sociales de l’Amérique l
1729 s nationales dans la lutte contre ces dangers. Ce qui signifie pratiquement le blocage de toute mesure efficace contre des
1730 blocage de toute mesure efficace contre des maux qui ne connaissent pas de frontières. dt. Rougemont Denis de, « Rôle de
93 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
1731 n essai, un poème, un chapitre de livre en train, qui , d’une manière ou d’une autre, volontairement ou par coïncidence, pou
1732 — et celle-là peut réserver à l’heureuse personne qui en est l’objet ou l’occasion, les surprises les plus délicieuses — ou
1733 et souple »). Et ce sera très bien ! Car voici ce qui me frappe : c’est que chacun a raison d’une certaine manière, selon c
1734 eints par Rembrandt à ses autoportraits. C’est ce qui rend un volume comme celui-ci redoutablement instructif pour son réci
1735 son personnage, les apparences toujours multiples qui cachent parfois plus encore qu’elles ne la révèlent, sa personne. Il