1 1951, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Extrait du discours prononcé par Denis de Rougemont à l’inauguration du Centre (mai 1951)
1 l’Europe, c’est-à-dire au service d’une cause qui se confond aujourd’hui avec celle des hommes libres. Car en fin de compt
2 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Présentation du Centre européen de la culture (mars 1952)
2 s d’hommes et de femmes, dans chacun de nos pays, s’ inquiètent pour l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’elle s’un
3 l’avenir immédiat de l’Europe. Ils voient qu’elle s’ unit trop lentement, peut-être mal. Ils n’ont pas grande confiance dan
4 ique des États souverains et des partis, quand il s’ agit de surmonter les égoïsmes que les États et les partis, précisémen
5 grand-chose de raisonnable et de concret. Ce qui s’ oppose à la fédération, dont la nécessité n’est plus même discutée, c’
6 de parti dans ses multiples manifestations, qu’il s’ agisse des partis politiques proprement dits, ou des nationalismes hér
7 tration, les égoïsmes ignorants mais énervés, qui se déguisent en « réalisme » et multiplient les raisons de ne rien faire
8 , sans attendre l’avis des pouvoirs officiels qui s’ occupent normalement d’autre chose. Le Centre veut grouper ceux qui s
9 ulier. Les créateurs et les initiateurs. Ceux qui se sont montrés capables, par conviction et par conscience professionnel
10 précis. Le bulletin que nous lançons aujourd’hui s’ adresse donc aux intéressés, dans le double sens de ce terme : ceux qu
11 ir un organe commun aux diverses associations qui se sont constituées sous les auspices du Centre, et celle d’entretenir e
12 ux qui ont à cœur le sort de notre Europe, et qui se demandent ce que l’on fait pour elle en dehors du plan politique. Nou
13 r, amicalement, un excès de discrétion sur ce qui se fait au Centre. Si nous décidons aujourd’hui de rendre notre action p
14 us avons fait.) Mais nous sommes convaincus qu’il s’ agit maintenant d’accélérer et d’élargir au maximum une prise de consc
15 de la politique resteront lettre morte, ou pire : s’ édifieront sans tenir compte de ce qui fait la valeur de l’Europe, aux
16 s, à ceux qui refusent l’engagement partisan, qui se méfient des plans et demandent à voir, à ceux enfin qui dans leur sol
17 litude, de plus en plus menacée de tous côtés, ne se veulent liés à rien d’autre qu’au sort commun de cette patrie spiritu
3 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Contre la culture organisée (avril 1952)
18 la culture qui était un bien commun des Européens s’ est divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou
19 st divisée en « cultures nationales » ; celles-ci se sont voulues ou crues indépendantes les unes des autres, à l’imitatio
20 ion des États « souverains » ; par là même, elles se sont rendues dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’être v
21 s dépendantes de l’État. En d’autres termes, pour s’ être voulues nationales, nos cultures sont en voie de nationalisation,
22 ismes administratifs. Toute notre vigilance doit s’ exercer, dès maintenant, contre les risques d’extension de ces pratiqu
23 ntraves dont souffre la vie de l’esprit en Europe se ramènent en dernière analyse à une seule et même cause : le cloisonne
24 rincipe des réformes nécessaires devient évident. S’ il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister
25 . S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut plus se défendre ni subsister seul, au triple point de vue politique, économi
26 réputés secondaires de la culture. Ils tentent de s’ en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges su
27 n, qu’elles ont progressivement diversifié. Elles se sont nourries les unes des autres, elles ont vécu de l’échange de leu
28 rigines, et elle n’a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la c
29 n’a cessé pendant les siècles de se reformer, de s’ enrichir de mille diversités. Il ne s’agit pas de la créer ou de l’org
30 eformer, de s’enrichir de mille diversités. Il ne s’ agit pas de la créer ou de l’organiser par décrets, mais simplement de
31 aniser par décrets, mais simplement de la laisser se manifester, et de ne plus l’empêcher d’évoluer selon ses lois et sa l
32 Tirons les conséquences de cette brève analyse. S’ il est vrai que le Centre est un pool, à sa manière, et si on a pu le
33 s nécessaires pour « organiser » des échanges qui s’ opéraient spontanément jusqu’au xixe siècle, mais que les États ont t
34 ons que les fiscs, les douanes et la bureaucratie s’ étaient unis pour étrangler. Quant à nous : notre raison d’être n’est
35 tout comme si elle était faite, et telle qu’elle se fera. c. Rougemont Denis de, « Contre la culture organisée », Bul
4 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue Europe-Amérique (juin-juillet 1952)
36 , médiocrement soutenu par le parti. Ses vedettes se taisent ou rompent avec lui, ses hebdomadaires périclitent ou meurent
37 ebdomadaires périclitent ou meurent, son prestige s’ évanouit avec la légende de son efficacité. Or ce reflux — dont rien n
38 turel, un problème d’un autre ordre apparaît, qui se pose lui aussi à l’ensemble de la vie de l’esprit en Europe : c’est l
39  L’Œuvre du xxe siècle », à Paris, André Malraux s’ est écrié : « L’Amérique n’est qu’une partie de l’Europe ! » L’Amériqu
40 r autrement qu’il n’aurait su l’imaginer. Elle ne se définit point par rapport à lui seul, mais aussi par rapport au monde
41 les réponses à nos questions directes, occupés à se ruiner par des guerres nationales qu’on nous demande ensuite de payer
42 on, ni leur lecture imposée par Ridgway. Quand on s’ écrase aux films de Hollywood, quand toute une jeunesse s’intoxique de
43 aux films de Hollywood, quand toute une jeunesse s’ intoxique de jazz hot, il faut bien constater que c’est notre public e
44 s contrefaçons multipliées chez nous. Notre élite s’ en plaint, il est vrai. Mais l’élite des USA aussi. Personne encore n’
45 oût des lectures faciles. (Le réalisme socialiste s’ est borné à les rendre obligatoires.) Les subventions à la culture
46 a culture Prenons un exemple précis. Dès qu’il s’ agit de créer un institut de recherches, d’enseignement ou de culture,
47 tire d’une part un prestige suspect, d’autre part se voit accusé de n’être rien qu’un « instrument de la guerre froide ».
48 l’ambiguïté d’une pareille situation, l’Américain se met sur ses gardes et commet des fautes méthodiques. Il multiplie les
49 on, tout en gardant un contrôle raisonnable. Puis s’ étant assuré d’une documentation dont l’ampleur bien souvent dépasse s
50 il fait ses comptes et son rapport au comité, qui se décide objectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en résul
51 rt au comité, qui se décide objectivement, et qui se trompe une fois sur deux. Il en résulte un gaspillage d’efforts et de
52 efuse d’en payer les frais courants ; l’Américain se demande si l’on y croit vraiment… (J’écris on à dessein : car ce ne s
53 e et ont l’argent. Mais globalement, la situation se présente ainsi aux yeux des Américains.) J’ai vu des comités, placés
54 virtuels proposent à des instituts de culture de s’ occuper de la « productivité », à des économistes d’établir des plans
55 ion, et d’une manière générale à n’importe qui de se prononcer sur n’importe quoi qui n’est pas dans la situation concrète
56 doit être restreinte et non spectaculaire ; il ne s’ agit pas d’un congrès, mais d’un séminaire de recherches. b) Les repr
57 x. Car si l’Europe et l’Amérique n’arrivent pas à s’ entendre effectivement, comment rêver une entente mondiale, comment pe
58 nts formulés contre les USA par les Européens qui se proclament (curieusement) « neutralistes ». En voici un : « Dès le dé
5 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Culture et politique européenne (octobre 1952)
59 jeunesses politiques ? Les hommes politiques qui se préoccupent du problème de l’union de nos pays considèrent que l’Euro
60 ssent des conclusions de discours. De plus, elles se révèlent parfois utiles. En effet, si quelqu’un vient à demander : po
61 bien plus économique) à l’un des deux empires qui se disputent le monde ? — on ne peut lui répondre qu’en se réclamant de
62 putent le monde ? — on ne peut lui répondre qu’en se réclamant de nos traditions culturelles, ainsi que des libertés qu’el
63 és qu’elles nous ont assurées. Mais cela fait, on s’ empresse de reléguer la culture à sa place d’objet de luxe (croit-on),
64 lture à sa place d’objet de luxe (croit-on), pour se pencher sur les problèmes bien plus « urgents » que pose l’attitude d
65 s d’autre part, on peut penser que l’Europe qu’il s’ agit de sauver, de ranimer et de rendre forte par le moyen de son unio
66 éalité de civilisation, une réalité culturelle, —  s’ il est vrai que la culture est la prise de conscience de ce que signif
67 e culture, ou elle n’a rien de mieux à faire qu’à se laisser coloniser (en bloc ou en détail, unie ou non : cela ne change
68 des partis et des groupes d’intérêts économiques se plaignent du manque de passion dont les masses et même les élites tém
69 la rue (qui est aussi l’électeur, accessoirement) se préoccupe de sa vie personnelle, avant de songer aux réalités élector
70 si vous lui apprenez que l’Europe est en train de se faire à Strasbourg, il n’écoute même pas le bruit que font ces deux m
71 principale de l’Europe. Tout le problème européen se ramène donc à celui de l’accès des masses à la culture (définie large
72 e l’Europe a le devoir d’exiger que les États qui se disent en faveur de l’union augmentent très fortement leur budget de
73 , la jeunesse demandera que les gouvernements qui se déclarent en faveur de la fédération européenne soutiennent matériell
74 accordait les moyens. c) La jeunesse de l’Europe s’ étonne de voir végéter par milliers les Foyers de culture régionaux et
75 ers les Foyers de culture régionaux et locaux, où s’ opère justement ce contact vital entre la culture générale et les réal
76 antes de l’union de demain. Ils ne demandent qu’à s’ ouvrir les uns aux autres. Le Centre européen de la culture a créé le
77 tion de budgets locaux, non nationaux), ensuite à se fédérer effectivement pour multiplier leurs échanges : c’est poser la
78 inconscient) mais ne savent pas où la trouver, il s’ agit d’apporter la culture à domicile, à l’atelier, à l’usine, au foye
79 eux-mêmes, qui seront demain l’Europe vivante. Il s’ agit là d’une tâche de longue haleine. Voilà pourquoi, précisément, vo
80 imer qu’il n’y a pas une minute à perdre avant de s’ y mettre. f. Rougemont Denis de, « Culture et politique européenne 
6 1952, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rapport moral présenté par M. Denis de Rougemont (novembre 1952)
81 es lignes de l’évolution du CEC. I. Comment se situe notre action dans la réalité européenne d’aujourd’hui ? Je rapp
82 rapport aux autres instances internationales qui s’ occupent également de la culture, comment le CEC définit-il son action
83 soin les quelques doubles emplois qui pourraient se produire, d’autant plus rares, en fait, que nous nous cantonnons dans
84 forts culturels en vue de l’union de l’Europe. Et s’ il n’existait pas, ou s’il disparaissait, les nécessités mêmes de cett
85 e l’union de l’Europe. Et s’il n’existait pas, ou s’ il disparaissait, les nécessités mêmes de cette coordination amèneraie
86 e du Centre ne devient concevable — mais alors il s’ impose avec évidence — que si l’on tient que l’Europe fut d’abord, est
87 récis. Notre Commission des historiens a cessé de se réunir, à la suite de certaines défections, mais aussi faute des fond
88 ns articles, mais le marché des revues existantes s’ est révélé trop limité pour que l’agence marche autrement qu’au ralent
89 ourus jusqu’ici ou de notre défaut de rayonnement se ramènent à ceci : nous n’avons pas vu assez grand, pas alerté suffisa
90 Notre personnel est trop réduit : chacun de nous se voit chargé d’un travail qui serait réparti entre 20 ou 30 personnes
91 aire, dont le premier plan fut élaboré au CEC, va se construire. Mais l’Unesco, chargée de le faire adopter par les États,
92 donnée de la culture ; il évite la bureaucratie, s’ en tient à une pratique artisanale et empirique ; enfin, il travaille
93 es quelque 18 activités en cours ou à l’étude. Il s’ agit en principe que chacune serve à toutes les autres, et demande aux
7 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À propos de la crise de l’Unesco (décembre-janvier 1953)
94  hommes de culture », qui savent mieux de quoi il s’ agit, tout en doutant parfois qu’il s’agisse vraiment d’eux ; mais aus
95 de quoi il s’agit, tout en doutant parfois qu’il s’ agisse vraiment d’eux ; mais aussi chez les fonctionnaires de l’instit
96 ain, et les intérêts d’un ministre, les rapports, s’ il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’agit d’ordres différents, dira
97 rapports, s’il en est, ne sont qu’accidentels. Il s’ agit d’ordres différents, dirait Pascal. Mais cette constatation, quoi
98 er la culture, et plus encore aider les peuples à se cultiver, non point d’ailleurs pour le plaisir de l’art, mais parce q
99 Il n’en obtient parfois, avec quelles peines, que s’ il peut démontrer aux Finances, au Parlement, aux présidents de ses co
100 lques fonctionnaires chargés de l’exécution. Puis se pose la question du budget. Il faut faire vivre l’Organisation, et so
101 tants problèmes périphériques qui viennent encore s’ ajouter aux problèmes harrassants de la lutte des partis, de l’économi
102 sque. Au regard des tâches mondiales que l’Unesco s’ assigne, il est simplement ridicule ; pire encore si l’on ose le compa
103 rosse somme. Les hommes de culture, comme on dit, se demandent alors si pour ce prix l’on ne pourrait pas les aider mieux
104 us d’énergie qu’elle n’en transmet ? Cela devrait se calculer, semble-t-il. Mais l’a-t-on fait ? En attendant, rêvons un p
105 donc réformer, et c’est encore trop peu dire : il s’ agit de refaire à l’inverse, de fond en comble, — et non de comble en
106 le toutes les civilisations de la planète ne peut se donner qu’un but très vague, mal défini et presque vide de contenu pr
107 vide de contenu proprement culturel. (En fait, on se borne à dire qu’on travaille pour la paix.) D’autre part, le cadre na
108 respond pas aux réalités de la culture : celle-ci s’ est toujours faite par un jeu de libre-échange qui ne tenait aucun com
109 islam, l’Asie du Sud, l’Extrême-Orient. Ceci doit se traduire par des organismes régionaux (comme on dit à l’Unesco) et no
110 nseignement ; les laboratoires, etc. C’est là que se forme le langage des créateurs individuels et que leurs œuvres appara
111 est par nature fédéraliste, donc décentralisé. Il se développe par des méthodes de coordination pratique, et non pas à cou
112 peuvent et doivent être favorisées quand elle ne s’ établissent pas spontanément. Mais on ne saurait les « planifier » sur
113 térieurs, et non pas de la formule même du CEC. ⁂ S’ il fallait résumer encore ces remarques déjà trop condensées, on souli
114 l’initiative, le contrôle et l’exécution ! Qu’ils s’ associent directement entre eux, quand ils le trouvent utile, par-dess
115 CEC, les directeurs de festivals). Cette méthode s’ est montrée la plus économique, la plus rapide et la plus efficace aus
116 ntéressés, que les gouvernements ou la fédération s’ attachent à leur rôle d’arbitrage entre les intérêts spécifiques de la
117 t nous parlions et les instances gouvernementales se révèle là encore le plus pratique, ne fût-ce qu’en évitant les retard
8 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Conférence de compositeurs, critiques musicaux et exécutants (décembre 1952-janvier 1953)
118 vant la guerre avaient de nombreuses occasions de se rencontrer et d’établir des contacts internationaux, en sont pratique
119 sique et du Concours international de composition s’ est réuni pour la première fois, au CEC, le 13 janvier 1953, sous la p
120 ue séance fera préparer 2 ou 3 communications, et s’ entendra avec 2 ou 3 autres participants du séminaire pour qu’ils inte
121 s des débats au moins. D’une manière générale, il s’ agirait d’étudier les rapports entre la libre expression individuelle
9 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en avril 1953 (avril 1953)
122 posées les premières bases de l’union, l’opinion se demande « si l’Europe est en panne ». Les uns voient la fédération en
123 e roule. Aux yeux de beaucoup, l’élan fédéraliste s’ est épuisé, puisque plus rien ne bouge apparemment. Le fait est que ce
124 e rencontrer des résistances contre lesquelles il s’ arc-boute de toutes ses forces. Sa poussée croît à la mesure de la con
125 e. Si l’on ne voit rien bouger pour le moment, on se tromperait en jugeant que la lutte a cessé ou que la tension est reto
126 ux yeux de l’opinion publique, tout cela vient de se produire en quelques mois, à partir de l’automne dernier. Le sceptici
127 ui paralysait les réactions à cet effort d’union, se mue en opposition déclarée, et cette opposition se cherche éperdument
128 e mue en opposition déclarée, et cette opposition se cherche éperdument des justifications tardives du côté des intérêts i
129 que, socialistes allemands et gaullistes français se découvrent frères et complices des insulaires de gauche et de droite,
130 est pas encore au stade de la levée en masse. Il se peut toutefois qu’elle y rêve. Toute tentative de s’organiser comme f
131 peut toutefois qu’elle y rêve. Toute tentative de s’ organiser comme force politique cohérente lui serait fatale. Elle n’en
132 ertain : nous attendions depuis longtemps qu’elle se déclare. Nous avons pris sur elle six ans d’avance ( congrès de Montr
133 perdant force et opportunité, ils vont cesser de se croire fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’agira pour n
134 e fédéralistes. Comme ils ne l’ont jamais été, il s’ agira pour nous non d’une perte d’effectifs, mais plutôt d’une épurati
135 Les Russes renonçant à la guerre, le monde entier se remet à respirer : c’est donc la preuve que le monde entier, les comm
136 nouveau délai de grâce est offert à l’Europe pour s’ unir, et pour mieux voir les vraies raisons qu’elle a de le faire. Et
137 par sa division mais déjà parvenue à la veille de s’ unir, — ce problème va nous apparaître dans sa plus nue réalité. Comme
10 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aller et retour (avril 1953)
138 usieurs de nos pays, nationalistes et communistes s’ unissent pour dénoncer « l’emprise économique des USA », représentée à
139 lon les inspirateurs de cette campagne — laquelle se branche sur le sentiment spontané de larges masses, latines surtout —
140 union. En 1787, les treize États qui venaient de se libérer de la tutelle britannique décidèrent que leur simple alliance
141 53.) Il restait à le faire ratifier. L’opposition se montra violente. Dans quelques villes, le projet fut brûlé par la pop
142 York était le plus réticent. Il fut le dernier à se rallier au régime qui devait assurer son essor et sa longue primauté
143 écolier américain ne peut aujourd’hui l’ignorer. S’ il fallait résumer en deux phrases le rôle et l’importance d’un tel éc
144 demi, les hommes d’État américains ont coutume de se référer aux maximes du Federalist comme à une sorte de jurisprudence
145 pe a depuis si longtemps conservée l’a disposée à se regarder comme la maîtresse de l’univers, et à croire le reste du gen
11 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en juin 1953 (mai-juin 1953)
146 de la Constitution. On ne peut dire que le débat se soit éteint : simplement, il n’est pas ouvert. Cet ensemble de faits
147 forêt. Un seul exemple : pendant que les Français s’ intéressent ou non aux combinaisons raffinées de leur Parlement, le re
148 e est ajournée, la CED reste en panne, l’Amérique s’ énerve et laisse entendre qu’elle serait prête à passer outre, sans la
149 sein et à partir d’un ensemble plus vaste, qu’il s’ agit de ranimer d’abord, et qui est l’Europe. Trop de gens pensent enc
150 n termes périmés de puissance nationale, quand il s’ agit de penser désormais en termes de coopération, à l’échelle des réa
151 urt au regard de notre histoire commune. Ce qu’il s’ agit de sauver transcende par nature les intérêts de chacune de ces na
152 ivilisation, menacée de toutes parts, ne peut pas s’ appuyer sur des institutions continentales, elle va se désintégrer, et
153 puyer sur des institutions continentales, elle va se désintégrer, et avec elle non seulement nos nations et leurs partis,
154 l’Amérique, et l’Asie — les Européens tels qu’ils se montrent. Si les Européens n’étaient menés que par leurs intérêts mat
155 étaient menés que par leurs intérêts matériels et s’ ils les comprenaient, ils voudraient tous instituer l’Europe unie, à t
156 Europe unie, à tout prix et sans délai. Cela peut se démontrer, et on l’a souvent fait. En revanche, personne au monde n’a
157 onnelles, au mépris de leurs intérêts. Ces forces s’ appellent les partis. Et si les Européens méprisent leurs intérêts, c’
158 ces, — c’est avec ces pays tels qu’ils sont qu’il s’ agit aujourd’hui de faire l’Europe. Mais comment faire l’Europe avec u
159 érant cyniquement à l’Unesco ; une Angleterre qui se croit encore une île ; une Autriche occupée, et pillée par les Russes
160 ette Europe, comme le moyen pour les Européens de se dépasser. Nous travaillons à cette éducation. « Il y a cet immense av
161 ses, les hommes sans idées n’avancent jamais, ils se déplacent les uns les autres, tout au plus. Il y a cinq ans, avant le
162 s nationales, les élections ou les traités : tout se suspend, tout se trouve suspendu à la question européenne. Des minist
163 rale, notre destin commun d’habitants de l’Europe s’ est gravement infléchi depuis quelques semaines. Il faut le dire : jam
164 rt de construction européenne, si près du but, ne s’ est vu plus gravement compromis. Pour la première fois je l’écris : il
165 compromis. Pour la première fois je l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’il doit en être ainsi, la faute en r
166 je l’écris : il se peut que l’Europe soit perdue. S’ il doit en être ainsi, la faute en retombera aux yeux de l’Histoire, n
167 us rien d’eux-mêmes. Ils semblent avoir choisi de se faire entretenir, en gardant le droit de cracher sur les billets mend
168 ou vidé par des cartels. Les nations décident de s’ en tenir à leur souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t-il al
169 enir à leur souveraineté, d’ailleurs fictive. Que se passe-t-il alors ? La France, ayant refusé l’Europe au nom de ses col
170 et de l’amitié des USA, voit plusieurs Dominions se tourner vers les USA, qui se détournent d’elle. Les socialistes allem
171 plusieurs Dominions se tourner vers les USA, qui se détournent d’elle. Les socialistes allemands, ayant refusé l’Europe a
172 « impérialiste », profitent de son désastre pour s’ emparer de l’Asie : nous lui serons livrés par surcroît. Presque rien
173 avec ou sans bombardements, selon l’usage qu’ils se proposent de faire de nos usines et de notre main-d’œuvre. Que l’on
174 ns à l’aide d’un adjectif genre « alarmiste ». Il s’ agit d’alarmer, précisément. Sens actuel de l’action pour l’Europe
175 spirituelles et religieuses. Que l’une ou l’autre se manifeste sans réserve, expressément, au service de l’Europe, cela po
176 que des hommes d’État dignes du nom réussissent à s’ imposer à temps, qu’une vague d’enthousiasme européen soulève les peup
177 uvement puissant de rénovation sociale et civique se déclenche dans les mois qui viennent, chacune de ces choses reste pos
178 t un miracle, pas autrement. Mais les miracles ne se produisent jamais là où personne n’est disposé à les recevoir et à y
179 n assez grandes pour nous sauver. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous, sans illusions
180 er. Que personne ne se rassure ! Que quelques-uns se réveillent ! Pour nous, sans illusions et presque sans appuis, nous t
12 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en août 1953 : Lettre aux Six (juillet-août 1953)
181 Dans chacun de vos pays, la question de l’Europe se voit liée au sort de votre ministère. Au début du mois d’août, vous v
182 ui permettent d’exister politiquement, et donc de s’ affirmer comme une puissance. Nous cherchons à savoir si le Projet rép
183 l qu’il me charge de vous adresser. Certes, il ne s’ agit pas d’un manifeste. Nos points de vue sont bien trop divers. Mais
184 pe. Si quelques conclusions communes et positives se dégagent de la confrontation de nos jugements sur le Projet, cette co
185 ur l’une ou l’autre des parties traitantes. Il ne s’ agit donc pas de poser à son propos une espèce de « question de confia
186 cer. Refuser de partir d’un tel Projet, ce serait se condamner soit à l’échec de tout contre-projet devant vos parlements,
187 élu et un exécutif dont on ne sait, à vrai dire, s’ il sera fédéral ou simplement confédéral. C’est assez pour rendre poss
188 jet dans une perspective dynamique. Que votre oui s’ adresse moins au texte lui-même qu’au But qu’il vise et que vous affir
189 et simplement pourquoi l’Europe doit aujourd’hui s’ unir, et quelle Europe, et pour quelles fins humaines. Quand nos peupl
190 il faut voir le Projet, et peut-être le modifier, se définit pour nous par quelques grands repères, que nous essayerons de
191 nous essayerons de fixer. 1. Il faut que l’Europe s’ unisse pour redevenir une force, capable d’assurer l’indépendance et l
192 ls ou revivront ensemble. 2. Il faut que l’Europe s’ unisse pour sauver le foyer d’une civilisation devenue mondiale, qui n
193 un super-État unifié et centralisé, car son génie s’ appelle diversité. Elle ne sera pas non plus une Sainte-Alliance, ni u
194 la souveraineté d’une nation qui ne pourrait pas se défendre au-delà de quelques heures contre l’attaque de l’un ou l’aut
195 s, et parce qu’en fait, dans une fédération, l’on s’ y réfère presque quotidiennement, comme le prouve l’expérience vécue d
196 acte, mais il prépare les voies de la fédération. S’ il faut le modifier, que ce soit dans cette vue : afin de ménager son
197 e peut être accepté tant qu’une seule des parties se voit contrainte de se réserver un droit (hypothétique) de sécession.
198 nt qu’une seule des parties se voit contrainte de se réserver un droit (hypothétique) de sécession. Mais d’autre part, il
199 hétique) de sécession. Mais d’autre part, il faut se garder d’y ajouter quoi que ce soit qui viendrait compromettre l’évol
200 et même un peu obscur, comme le voulait Napoléon, s’ y prêtera mieux que tout perfectionnisme et que les compromis les plus
201 Projet, carrément, ouvre à l’Europe une chance de se fédérer demain, il convient de l’accepter, même incomplet. Tous ceux
202 maximum, qui est la fédération de nos vingt pays, s’ inscrit dans les données concrètes de notre Histoire, tous ceux-là vou
203 ant Constantinople, exigeaient un tribut avant de s’ éloigner : 10 millions de francs-or, environ. L’empereur en versa la m
204 -or, environ. L’empereur en versa la moitié, puis se mit à pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant tous
205 à pleurer misère. Les riches ne l’aidèrent point, se disant tous ruinés, et refusant de faire le pool patriotique des faib
206 . Byzance fut mise à sac. Les produits du pillage s’ élevèrent après trois jours à plus de 100 millions, sans compter le tr
13 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Perspectives du CEC (juillet octobre 1953)
207 de l’Europe, à La Haye, un autre congrès vient de se tenir dans la même ville et la même noble Salle des chevaliers. Le co
208 ye par le Mouvement européen, du 8 au 10 octobre, s’ est voulue plus restreinte, à la fois par le nombre des participants e
209 ar les six pays du plan Schuman. Dès le lendemain s’ ouvrait à Rome une table ronde, convoquée par le Conseil de l’Europe a
210 aimait à répéter Lénine, politicien « pratique » s’ il en fût. La condition non pas suffisante mais nécessaire du succès f
211 ne serviront l’Europe en efficacité et vérité que s’ ils agissent en relations étroites et s’assurent continuellement de la
212 érité que s’ils agissent en relations étroites et s’ assurent continuellement de la convergence de leurs efforts. À cet éga
213 le ronde de Rome, elle avait reçu pour mission de s’ occuper précisément de « l’idée » et des moyens de l’illustrer dans no
214 les objectifs du Centre. En fait, rien de tel ne s’ est produit, ainsi que j’ai pu m’en assurer chaque jour, ayant été cha
215 stitution reprend ses droits et ses devoirs quand s’ éteignent les projecteurs concentrés sur la table des vedettes. Per
216 tique, instrumentale, étant désormais établie, il s’ agit d’une part d’en faire bénéficier un beaucoup plus grand nombre d’
14 1953, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une prise de conscience européenne (novembre-décembre 1953)
217 L’une des œuvres les plus célèbres de Gauguin s’ intitule : D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Je n’i
218 lleure devise pour la table ronde de l’Europe qui s’ est tenue à Rome l’automne dernier. Pour situer rapidement cette entre
219 s l’arithmétique. Que manque-t-il à l’Europe pour se sauver, pour rejoindre un salut tout proche et comme à portée de main
220 juste ? Comment réveiller l’opinion ? Les slogans s’ usent très vite et la jeunesse actuelle, très sensible aux tribuns lit
221 ’est pas de résumer les péripéties des débats qui se déroulèrent pendant six longues séances dans le huis-clos doré d’un v
222 e vision que l’on adopte qui permet finalement de s’ accorder. J’avais donc suggéré aux rapporteurs d’envisager le problème
223 fait qu’ils succomberont demain aux mêmes périls, s’ ils ne trouvent pas ensemble leur salut. La recherche des origines com
224 d’un savant humaniste, M. Löfstedt. Nous avons vu se dessiner l’extraordinaire aventure collective de l’Occident : la nais
225 e créé par le hasard des désignations officielles s’ est révélé heureux. p. Rougemont Denis de, « Une prise de conscience
15 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales : trois questions, trois réponses (mai-juillet 1954)
226 de nations ou de classes. Dans ce sens, le CEC ne s’ occupe pas de politique. — Le Centre veut-il être producteur de cultur
227 eurs dans tous les domaines de la culture où cela se révèle utile et nécessaire : sciences, musique, livre, presse, histoi
228 e 1/1000e de leur budget à la culture ; encore ne s’ agit-il pour eux que d’instruction publique, ou de propagande pour les
229 saires ? — L’indépendance morale de l’Europe doit se payer. E — Le Centre est-il, ou veut-il être aussi, un agent d’
230 te vaste organisation gouvernementale et mondiale s’ occupe parfois sur un plan « régional » (en l’occurrence européen) de
231 rsuivre la réalisation de ses initiatives : il ne s’ agit pas ici d’une querelle de priorité, mais essentiellement de l’esp
232 r l’objectivité et pour la liberté du jugement de se représenter parfois qu’une chose à quoi l’on tient pourrait disparaît
233 ait l’inventer — la phrase n’est pas de nous — et s’ il venait à disparaître, il est certain que d’autres le recréeraient u
16 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Situation de l’Europe en mai 1954 : L’Europe bloquée (mai 1954)
234 e (mai 1954)r Notre Courrier, depuis des mois, s’ est tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t-il ? La ré
235 depuis des mois, s’est tu. Les lettres d’abonnés s’ accumulent : que se passe-t-il ? La réponse est dans les journaux. Dep
236 ’est tu. Les lettres d’abonnés s’accumulent : que se passe-t-il ? La réponse est dans les journaux. Depuis des mois, la co
237 de Berlin et de Genève. Bien peu voulaient encore s’ occuper de l’essentiel, qui était, et qui reste à nos yeux, l’union po
238 Il était facile de prévoir que rien de ce qui se passerait ou non à Berlin ne pouvait modifier les données fondamental
239 espoir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées par un échec sur tous les points de l’ordre du jour, ell
240 s Saint-Marin et Andorre, soit vingt-cinq, à quoi s’ ajouteraient la Russie et ses six satellites.) Cette grandiose allianc
241 Le cauchemar du « tête-à-tête avec l’Allemagne » s’ évanouit dès que l’on songe aux joies du bon voisinage avec l’alliée n
242 Deux mois plus tard, tout est changé. L’Occident s’ est laissé entraîner dans une « Conférence asiatique », qui s’ouvre à
243 entraîner dans une « Conférence asiatique », qui s’ ouvre à Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de m
244 non.) L’offensive communiste vise au cœur : elle se concentre sur la France, tout près de ratifier la CED, mais dont le s
245 . Pendant des mois, toute l’attention du monde va se concentrer sur le théâtre d’une bataille où l’Occident désormais joue
246 des humiliations de Genève, l’Europe saura-t-elle se souvenir de Nicopolis, de Mohacs, et du siège de Vienne par les Turcs
247 : est-il concevable que vingt nations européennes se laissent entraîner dans l’abîme par une poignée de députés en sursis,
248 seule ? C’est aux Français d’abord qu’on voudrait s’ adresser, à ceux qui sentiront l’amitié d’un appel trop angoissé pour
17 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux notes sur la souveraineté nationale (mai 1954)
249 mprise sur les cantons que dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »8. La division des petits États, leur im
250 e révision du Pacte fédéral, comme celle de 1832, se voyait repoussée à la fois par la gauche, qui lui reprochait son resp
251 ainetés dangereusement menacées9. La solution qui s’ imposa finalement au lendemain de la guerre civile dite du Sonderbund
252 s, la liberté et les droits du peuple… (etc.) On se demande quelles grandes et nouvelles raisons s’opposeraient aujourd’h
253 n se demande quelles grandes et nouvelles raisons s’ opposeraient aujourd’hui à l’adoption d’articles semblables par les Co
254 a prospérité sans plus dépendre de l’étranger, de se défendre plus de quelques heures contre les Russes ou les Américains 
255 es contre les Russes ou les Américains : bref, de se conduire en pirate ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives à
256 voirs concrets, elle est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de gloires passées, orgueils déçus,
257 la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’ adapter aux réalités changeantes du siècle, et même de les apercevoir.
258 qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie «  se perdre dans la masse informe d’une Europe unie ». Le second argument
259 l n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’ unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale.
18 1954, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (octobre-novembre 1954)
260 l, ils votèrent contre le remède. Aussitôt le mal se déclara. Mais pour quelque raison mystérieuse, ils en parurent soulag
261 du, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l’éducation européenne des peuples
262 d’une fédération politique. C’était pratiquement se rallier à la méthode britannique, dite « fonctionnelle », méthode du
263 Illusion profonde, comme on va le voir, mais qui s’ explique. Une enquête menée par le CEC au mois de septembre a donné le
264 depuis 1947 dans les 16 pays du CE et en Suisse, s’ élève à 491. Leur tirage total a légèrement dépassé 3 millions d’exemp
265 haque pays. Une goutte d’eau dans la mer. Comment s’ étonner après cela de l’ignorance presque totale où sont restés nos pe
266 luencer l’opinion, c’est donc d’une part que l’on s’ imaginait avoir fait le nécessaire, d’autre part que l’on ne jugeait p
267 un véritable plan d’action sur les esprits. Elles s’ efforcent aussi de créer les public relations qui ont manqué jusqu’ici
268 lesses les plus graves de l’Occident contemporain se révèle ici. Comment s’imagine-t-on l’action en général ? Comme ce qui
269 de l’Occident contemporain se révèle ici. Comment s’ imagine-t-on l’action en général ? Comme ce qui produit une nouvelle e
270 s agences de presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tous l
271 Il voit qu’elle commence dans les cours, qu’elle se poursuit dans les esprits, et qu’elle n’éclatera dans les faits qu’au
19 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Orienter les espoirs européens (décembre 1954-janvier 1955)
272 la terre n’en feront pas une action. ⁂ Une action se définit par son sens et par ses points d’application. On sait ce que
273 us visons. Mais quels sont nos moyens ? Puisqu’il s’ agit d’idées, la question se ramène à savoir où naissent les idées qui
274 os moyens ? Puisqu’il s’agit d’idées, la question se ramène à savoir où naissent les idées qui conduisent en fait notre mo
275 n peut porter. L’idée fédéraliste a été conçue et s’ élabore dans quelques cercles assez restreints. L’idée nationaliste qu
276 cercles assez restreints. L’idée nationaliste qui s’ y oppose, est entretenue sans relâche par d’innombrables haut-parleurs
277 haut-parleurs, porte-paroles et porte-plumes qui s’ alimentent dans le souvenir confus des manuels scolaires, eux-mêmes is
278 ous trouvons trois zones marécageuses où viennent s’ enliser la plupart des mesures d’union proposées par les économistes e
279 par les économistes et les hommes politiques. Il s’ agit là de forer des canaux collecteurs, qui transforment ces eaux sta
280 agine pas ce qui en résulterait effectivement. Il s’ agit donc de dresser devant nos contemporains la vision de ce que devi
281 le : Français et Allemands restent face à face, à se demander s’ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues « 
282 s et Allemands restent face à face, à se demander s’ ils doivent abaisser un peu ou élever encore les digues « traditionnel
283 nd reste insoluble dans son plan. En revanche, il se transforme et se résout en un problème européen commun dès que l’on e
284 e dans son plan. En revanche, il se transforme et se résout en un problème européen commun dès que l’on envisage la positi
285 uration du terrain. L’action nécessaire doit donc s’ appliquer d’une manière générale à orienter les espoirs et les volonté
286 ’islam) dont nous poursuivons la préparation : il s’ agit là d’une œuvre de longue haleine dans laquelle on ne peut progres
287 rogresser que lentement, mais dont le jalonnement se précise de mois en mois d’une manière encourageante. (La création réc
288 . (La création récente de « Liens avec l’Europe » se rattache manifestement à ce cycle d’activité.) Orienter les espoirs,
289 on pas les moyens potentiels de l’Europe, dont il s’ agit de susciter la mise en œuvre. La première action de ce genre entr
20 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle de la recherche en Europe (décembre 1954-janvier 1955)
290 ercheur occasionnel. Celui qui cherche une place, s’ il en trouve une très bonne, il cessera de mettre des annonces dans le
291 par leur être tout entier. Et le reste des hommes s’ arrête en chemin, plus ou moins loin, cherchant selon les cas, qui la
292 me, quel que soit le nom qu’on lui donne ou qu’on se refuse à lui donner. Ayant ainsi tenté de définir le sens dernier de
293 ux autres, passées, présentes ou en formation, on s’ aperçoit qu’elle s’en distingue par deux grands traits généralement te
294 présentes ou en formation, on s’aperçoit qu’elle s’ en distingue par deux grands traits généralement tenus pour des causes
295 par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’ explique d’une manière assez simple. Prenons l’exemple de l’homme chré
296 mmes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la vérité et de la sainteté. Dans cet effort sans fin n
297 cet effort sans fin ni cesse — ici encore — pour s’ approcher d’un but toujours fuyant, il est soutenu par sa confiance en
298 t le mieux l’Europe. Et c’est par là que l’Europe se distingue des civilisations antiques et asiatiques, comme des essais
299 e ? Problème immense et tout nouveau, qui viendra se substituer aux problèmes économiques et sociaux d’aujourd’hui, portan
300 au xviiie siècle un très grand mathématicien. Il s’ appelait Léonard Euler, et il était né à Bâle, entre France et Allemag
301 sa science abstraite ne devait pas l’empêcher de se rendre utile aux hommes. Aussi dessina-t-il, à temps perdu, les plans
302 paquebots traversent l’Océan, d’énormes capitaux s’ amassent... Cette histoire vraie se passe de commentaires. Nulle autre
303 ormes capitaux s’amassent... Cette histoire vraie se passe de commentaires. Nulle autre, me semble-t-il, n’était mieux fai
21 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Habeas Animam (été 1955)
304 les voies de la tyrannie collectiviste. Celle-ci s’ attaque aux fondements comme aux conquêtes de notre civilisation occid
305 de notre civilisation occidentale, parce qu’elle s’ attaque à la notion de l’homme qui fut l’origine décisive de cette civ
306 res de nos richesses tarissent. De grands marchés se ferment à nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, a
307 e ferment à nos produits. Des empires concurrents se dressent. Ainsi, au moment où les valeurs secondaires de notre civili
308 s économiques compromises. Mais surtout, l’Europe se sent impuissante devant cette montée des périls. Les 325 millions d’h
309 survivre, et sauver la civilisation, que si elle s’ unit. « D’ici vingt-cinq ans, disait récemment la reine Juliana, nous
310 es en partie fictives : aucun de nos pays ne peut se défendre seul plus de quelques heures ; — sectarisme politique, égoïs
311 siècle. Les efforts d’union entrepris depuis 1946 se voient aujourd’hui freinés par tous ces facteurs. Au moment où l’impu
312 8 nous amène tout près des résultats que celui-ci s’ était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasquent. Certes
313 ats que celui-ci s’était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasquent. Certes, les sondages de l’opinion réell
314 ’était proposé, les oppositions se raidissent, et se démasquent. Certes, les sondages de l’opinion réelle indiquent sans e
315 ssaires dans les parlements et dans la presse, de se conformer avec ensemble aux mots d’ordre lancés par les centrales, se
316 Europe disposerait encore à la seule condition de s’ unir — tous les traités et pactes que l’on pourra conclure seront insu
317 i au contraire le sentiment de leur destin commun se réveille chez les Européens, la plupart des obstacles existants aujou
318 ’hui paraîtront plus faciles à surmonter, ou même s’ évanouiront dans la mesure où ils consistent en préjugés, aveuglement
319 pour tous ceux qui ont compris que l’Europe doit s’ unir, mais que le développement de l’esprit européen reste la conditio
320 rope, et conscientes de leurs responsabilités, de se rencontrer, de s’informer mutuellement, d’échanger leurs vues constru
321 es de leurs responsabilités, de se rencontrer, de s’ informer mutuellement, d’échanger leurs vues constructives, de discute
322 s et en partie imprévisibles, selon ce que chacun se verra en mesure d’apporter, selon ce que chacun décidera d’engager da
323 , enfin selon le degré de cohésion éventuelle qui se manifestera dans le groupe. L’action individuelle des Amis sera la pr
324 ondition de l’efficacité du groupe. Celui-ci doit se composer de personnalités très diverses, mais ayant en commun ces deu
325 iaux, nationaux ou internationaux. Chacun devrait se charger d’une mission précise dans son milieu, en faveur de l’union e
326 ion, instrument de diffusion ou d’exécution. Mais s’ il est vrai que les chevaliers de la Table ronde agissaient d’ordinair
327 ient d’ordinaire isolément, ou deux par deux, ils se sentaient à chaque instant soutenus et obligés par leur appartenance
328 , à une « religion ». Il faudra donc que les Amis se sentent liés entre eux, autant qu’à la mission générale du Centre, pa
329 de dominer par la force. Ils ne souhaiteront pas s’ emparer des esprits, ils voudront au contraire les réveiller, les anim
330 t, quand elle est là, et qu’elle est vraie. Il ne s’ agit pas ici d’idéalisme facile, mais bien du véritable et du seul réa
331 mind. » L’empire européen, notre union fédérale, se fera dans les esprits d’abord. Mais l’esprit agit par nos mains, par
332 ents et de nos sacrifices personnels. L’Europe ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas créée par de discours et adjur
333 é de la masse, ni par des textes juridiques. Elle se fera par des hommes qui comprennent que son destin dépend de leur act
334 s peuvent beaucoup, et pour un très grand nombre, s’ ils le veulent, s’ils se groupent, et s’ils agissent à temps. x. R
335 , et pour un très grand nombre, s’ils le veulent, s’ ils se groupent, et s’ils agissent à temps. x. Rougemont Denis de,
336 our un très grand nombre, s’ils le veulent, s’ils se groupent, et s’ils agissent à temps. x. Rougemont Denis de, « Hab
337 d nombre, s’ils le veulent, s’ils se groupent, et s’ ils agissent à temps. x. Rougemont Denis de, « Habeas Animam », Bu
338 suivante : « L’idée naquit en décembre 1952. Elle se précisa jusqu’à l’été 1953, et les premiers qui en eurent connaissanc
339 1953, et les premiers qui en eurent connaissance s’ y montrèrent aussitôt favorables. Il s’agissait à la fois d’élargir le
340 nnaissance s’y montrèrent aussitôt favorables. Il s’ agissait à la fois d’élargir le cercle des amis du Centre européen de
341 Fondation à l’échelle européenne — des hommes qui s’ étaient signalés dans leur sphère d’influence par leur intérêt actif p
342 nquiers, hommes politiques et intellectuels — qui se réunirent le 14 novembre 1953 au Pavillon Henri IV, à Saint-Germain-e
22 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Lever de rideau culturel ? (octobre 1955)
343 court-circuit, c’est la détente. La question qui se pose désormais, dans cette situation « négative », mais qui ouvre pou
344 ont les bénéficiaires de la détente ? Beaucoup s’ inquiètent, des deux côtés du rideau de fer. La détente, si elle est v
345 nnaient une preuve de leur faiblesse. Que penser, s’ ils le lèvent aujourd’hui ? Ce qui paraît certain, c’est que l’échange
346 le à l’Occident, mais dans laquelle les Russes ne se sentent pas à l’aise. Leur idée du secret explique pourquoi. Citons i
347 ret un peu superficielle. Vous estimez qu’il faut se borner à protéger ce que l’on possède de nouveau ou d’important. Nous
348 st encore plus important que l’étranger ne puisse se rendre compte de ce qui n’existe pas. Vous admettrez que cacher ce qu
349 i n’existe pas exige bien plus de précautions que se contenter de dissimuler ce qui existe. » Je ne pus qu’acquiescer, et
350 nez donc voir ! mais laissez-nous regarder ce qui se passe chez vous si l’on en croit les communistes occidentaux et votre
351 intenant vers les Européens. Ils vont dire : mais s’ il y a détente, n’est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se dé
352 n’est-ce pas aussi le ressort de notre union qui se détend ? Redisons donc que les motifs profonds d’unir l’Europe ne dép
353 avec ses deux-cents divisions. Si l’Europe doit s’ unir pour survivre, c’est qu’elle est affaiblie par ses propres barriè
354 au plan mondial. Mais il y a plus. Si la détente se manifeste en réalités, et non pas seulement en déclarations, les écha
355 échanges culturels vont reprendre, un dialogue va s’ instituer. Quels en seront les interlocuteurs ? Du côté russe, la chos
356 . Les gouvernements ? Il est probable qu’ils vont s’ en charger. S’il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce serait nor
357 ments ? Il est probable qu’ils vont s’en charger. S’ il s’agissait de dialogues de pays à pays, ce serait normal : France-B
358  ? Il est probable qu’ils vont s’en charger. S’il s’ agissait de dialogues de pays à pays, ce serait normal : France-Biélor
359 as, — dans le style des jumelages de communes qui se multiplient fort heureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’il s
360 eureusement dans nos pays. Mais le fait est qu’il s’ agit de parler avec l’URSS, monolithe de deux-cents-millions d’hommes
361 es portant moralement l’uniforme du Kominform. Il s’ agit de confronter nos conceptions européennes de la vie et de la cult
362 lleurs nullement régir : c’est même par là qu’ils se distinguent radicalement des dictatures totalitaires. Un dialogue qui
363 la détente est vraie, un dialogue véritable doit s’ instituer entre Moscou d’une part, et l’Europe telle qu’elle est, d’au
364 n morale et culturelle de nos pays, la volonté de s’ unir et la conscience vivante d’une unité de destin et d’avenir, qui e
365 orme à l’essence même de la culture. N’ayant qu’à se montrer tel qu’il est, il peut et il doit souhaiter une liberté total
366 finit nos propres positions. Un échange vrai doit se produire au niveau de la culture vivante, non des slogans de la propa
367 de la propagande politique. C’est dire qu’il doit se produire entre personnes privées. De notre côté, c’est facile, et c’e
368 bien qui commande, et quelle discipline de pensée se voit exigée de ceux qui parlent. Mais qui sait si cette discipline ne
23 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour les grands festivals de musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)
369 es directeurs d’une quinzaine de grands festivals se réunissaient à Genève et décidaient, dans un enthousiasme unanime, de
370 s mesures, dont nous donnerons quelques exemples, se répartissent en trois groupes : I. Propagande pour les festivals et
371 e des expériences acquises. II. Échanges. — Après s’ être informés mutuellement de leurs projets pour la saison 1956, huit
372 recteur de l’Opéra d’Amsterdam, qu’il quitte pour se vouer à Genève au développement d’une œuvre « européenne », au sens l
24 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi nous persévérons (décembre 1955)
373 — et l’Europe de l’Ouest en particulier — devrait s’ abstenir de toute initiative dans le domaine culturel, du seul fait qu
374 dialogue, ou simplement de mieux connaître ce qui se fait en Occident, demeure très fort chez un grand nombre d’intellectu
375 ent à un désir longtemps frustré de savoir ce qui se fait et ce que l’on pense ailleurs, de respirer un peu plus librement
25 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aperçu historique des relations culturelles Europe-Russie (des débuts à la guerre de 1914) (décembre 1955)
376 emiers contacts de la Russie et de l’Europe ? Ils se produisent à partir du ix e siècle, quand les Slaves se voient simult
377 duisent à partir du ix e siècle, quand les Slaves se voient simultanément conquis par des Scandinaves (les Varègues13) qui
378 e et de la religion viennent de Byzance, elles ne se transposent guère qu’en ritualisme de plus en plus rigide et conserva
379 conservateur dans le peuple. (C’est le peuple qui s’ opposera, avec les Vieux Croyants, et au nom du ritualisme antique, au
380 nçais ou danois, et les tentatives de Luther pour s’ entendre avec les orthodoxes : c’est à peu près le bilan des « échange
381 Pierre, âgé de vingt-cinq ans, voyage en Europe, s’ engage comme charpentier à Saardam, en Hollande, travaille dans les co
382 ets, à l’exception des prêtres et des paysans, de se raser le menton et de se vêtir à la mode occidentale. Des coutumes ap
383 êtres et des paysans, de se raser le menton et de se vêtir à la mode occidentale. Des coutumes appartenant entièrement au
384 u « très-bouffon et très-ivre patriarche ». Il ne s’ agissait pas tant pour lui de transformer l’ancienne civilisation russ
385 effant des formes empruntées à l’Occident, que de s’ en débarrasser de la façon la plus expéditive et de bâtir ensuite, sur
386 d’articles d’importation, mais la nouvelle élite se les assimila si rapidement que, dès la fin du xviii e siècle, une cul
387 ui n’était pas encore une nation. Une mode russe se crée en Europe, comparable à la mode chinoise de l’époque : les Jeux
388 emier. La Russie a besoin de l’Occident ; tout en s’ assurant de ce côté certaines acquisitions territoriales, elle désire
389 s acquisitions territoriales, elle désire surtout s’ approprier ses techniques, ses arts, ses connaissances ; il suscite en
390 , plus ou moins féconde ». Quant à l’Occident, il se jette sans trop y réfléchir à la conquête culturelle de la Russie. C
391 t conservé le ballet classique à une époque où il s’ étiolait complètement dans ses pays d’origine, la France et l’Italie ;
392 ses pays d’origine, la France et l’Italie ; ainsi s’ épanouit à Saint-Pétersbourg une dernière fois, avant sa mort, la gran
393 xandre Ier, et à bien des égards cette domination se prolongea jusqu’à nos jours. Pendant près de deux siècles, le françai
394 s lui était plus familier que sa propre langue et s’ en servait de préférence pour rédiger ses lettres d’amour, ses missive
395 es notes de ses carnets intimes chaque fois qu’il s’ agissait de mettre quelque clarté dans des idées abstraites. Mais dan
396 Ier est lui-même un « humanitariste » russe, qui s’ entretient avec Owen des nouvelles tendances sociales et participe aux
397 e les acclimater dans cette contrée nouvelle ; il se pénètre du génie de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de l’
398 es plaintes d’être né Russe, un certain équilibre s’ établit entre l’influence occidentale et le génie national slave, au s
399 térieure à Beethoven) qu’au folklore musical dont se réclamait l’idéologie nationaliste de certains de ses représentants l
400 éations de la culture russe, ce n’est pas qu’elle s’ y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’y retrouve. Dostoïevski : « Nous
401 pas qu’elle s’y évade d’elle-même, c’est qu’elle s’ y retrouve. Dostoïevski : « Nous autres Russes avons deux patries, l’
402 airelle ou vert d’eau. Il est vrai que lorsqu’on se promène sur les quais, par une de ces nuits sans nuit du début de l’é
403 ts sans nuit du début de l’été, où le granit même se dissout dans le ciel décoloré et où les colonnes ne sont plus que des
404 avenir étant plutôt sombres, elles aussi, le tsar s’ en émut au point de statuer que l’auteur était un aliéné ; la revue fu
405 et partielle, sans prétention à l’universalité, — s’ est mué, pour l’intelligentsia russe, en une affirmation qui confinait
406 confinait à la révélation religieuse. Les Russes se donnent tout entiers, la réserve ou le criticisme sceptique leur est
407 à la science ces méthodes idolâtriques. Lorsqu’il s’ est fait darwinien, le darwinisme a été pour lui, non pas une théorie
408 ter toutes les idées sans exception (Weidlé) dont se nourrira la révolution russe. Mais elle les transformera en les assim
409 exil20, et si elle contraint les idées sociales à se réfugier dans la littérature — faisant de celle-ci « un acte unanime
410 ée par entente tacite dans le camp opposé, et qui s’ exprime par l’éreintement féroce dans toutes les feuilles et revues « 
411 ntin Balmont, Sologoub, Alexandre Blok. La Russie se livre à « une interprétation de l’œuvre de Gogol, de Tolstoï et surto
412 n et la portée », dans le même temps que l’Europe se passionne pour les premières traductions de ces œuvres (même tronquée
413 et 1925, et l’activité des Éditions Academia qui se poursuit plus tard encore. Des revues comme Le Monde de l’art, La Bal
414 nde de l’art, La Balance, La Toison d’or, Apollon s’ intéressaient pour le moins autant aux lettres étrangères qu’aux russe
26 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Que s’est-il passé à Genève ? (décembre 1955)
415 Que s’ est-il passé à Genève ? (décembre 1955)ae af La presse n’ayant pu
416 la délégation française, le 31 octobre 1955.) On se réfère aux directives des Quatre Grands (juillet) exprimant le désir
417 que cela répond « au désir naturel des hommes de se connaître et de rechercher ce qui unit ». D’où les propositions suiva
418 t au projet déposé au nom des trois ministres (il s’ agit des 17 points)… il contient une série de propositions qui constit
419 de propositions qui constituent une tentative de s’ immiscer dans les affaires intérieures de certains États… La délégatio
420 e démocratie populaire… Que faut-il donc faire ? S’ entendre sur « certaines indications essentielles » telles que « les p
421 ée acceptable par l’Union soviétique. Celle-ci ne s’ intéresse qu’aux contacts qui lui permettraient d’obtenir de précieuse
422 e processus (d’échanges) désormais en cours, même s’ il doit rester lent et inégal, puisse être aisément renversé. Tablea
423 érien Non ae. Rougemont Denis de, « Que s’ est-il passé à Genève ? », Bulletin du Centre européen de la culture :
27 1955, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Propositions (décembre 1955)
424 lle culture ne saurait accepter aujourd’hui, sans se renier, le principe du libre-échange total, donc de la libre discussi
425 étiques, acceptant au départ nos présuppositions, se rangeraient en esprit de notre côté, et cesseraient par là même de re
426 tuelles et selon la logique de leur dogme d’État. S’ ils nous demandaient de leur envoyer des délégations d’écrivains désig
427 difications et de mises au point éventuelles : il s’ agit d’hypothèses de travail, non pas d’un plan rigide à prendre ou à
428 jours existé en Europe. Pourtant, elle ne pouvait se réaliser avant que du côté russe également on la déclarât souhaitable
429 a déclarât souhaitable. Or, c’est ce qui vient de se passer. Le romancier A. Cholokhov publiait il y a peu de mois un arti
430 de voir comment une pareille table ronde pourrait se réaliser, sans que ni d’un côté ni de l’autre on n’ait l’impression q
431 e discussion intéressante. Du côté soviétique, on se demandera sans doute pourquoi nous tenons à ce dialogue. Répondons pa
432 aient récemment le désir que leurs collaborateurs s’ informent mieux des nouvelles méthodes sociologiques américaines. Ce v
433 istiques, auraient plus de chance que d’autres de se poursuivre indépendamment des a priori idéologiques ou politiques, —
434 uant à la valeur des contacts humains qui peuvent s’ établir au cours d’un effort commun et prolongé. C. Expositions iti
435 ises de part et d’autre pour empêcher qu’elles ne se transforment en abusifs manifestes d’une culture. Nous ne pouvons ent
436 t à la définition de la culture soviétique, et il s’ agirait de présenter celle-ci aux Européens dans son climat réel et da
437 ifiques. (Sinon le dialogue serait faussé, chacun se présentant à l’autre d’une manière artificielle, guindée, non conform
438 rôler et éduquer d’une manière bien définie. Mais s’ ils se déclarent favorables au principe des échanges culturels, commen
439 et éduquer d’une manière bien définie. Mais s’ils se déclarent favorables au principe des échanges culturels, comment pour
440 pe des échanges culturels, comment pourraient-ils s’ opposer à ce que l’on montre, au moins à leur public le mieux trié, le
441 ou un mutisme massif, les intellectuels européens se verraient obligés, du même coup, de penser que les propositions sovié
442 ce dix Soviétiques et dix Européens, ces derniers se composant de trois communistes, deux neutralistes pro-soviétiques, et
443 aux échanges culturels avec l’étranger. Ce désir s’ est manifesté au Conseil suprême de l’URSS, lorsque celui-ci, au cours
444 l’art décadent est trop facile. Ce qui est facile se répand vite… Picasso par exemple… Les décadents, surréalistes abstrai
28 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Relance européenne ? (février 1956)
445 à l’occasion de la CED. La question que l’on peut se poser, c’est de savoir si la méthode elle-même est la meilleure. Ceux
446 yens d’Europe, sous la forme d’un dilemme vital : s’ unir immédiatement, ou périr en ordre dispersé. Quant à la méthode pro
447 à la méthode proprement fédéraliste, elle semble s’ apparenter également à celle des autorités spécialisées et à celle de
448 plus lourdes sans valeur. Même si l’on arrivait à se mettre d’accord sur l’une des formules à réaliser (États-Unis, fédéra
449 re chose qu’on n’aurait pas prévu ni souhaité. Il se peut que l’application simultanée des trois méthodes reste la seule p
450 s élites et par les masses. Pour nous donc, il ne s’ agit pas de choisir une formule de « relance », mais d’accentuer notre
29 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une initiative des sénateurs belges (février 1956)
451 forts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’ est bornée à adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’a
452 e les capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’ y sont consacrés jusqu’ici, avec des moyens scandaleusement limités. O
30 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Europe-URSS : en attendant le dialogue (février 1956)
453 exposition d’art français organisée à Moscou. Il se déclare surpris par « l’uniformité de la peinture soviétique » (Franc
454 janvier 1956). Selon lui, les peintres russes ne s’ intéressent qu’aux scènes historiques et aux scènes de genre. « Le cli
455 stupéfaction et gêne du public quand les acteurs s’ embrassent sur la scène. ⁂ La revue Amerika reparaît à Moscou. C’est l
31 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). À pied d’œuvre (avril-mai 1956)
456 s juridiques, économiques et politiques que devra se donner l’Union ne sauraient fonctionner au bénéfice des personnes, gr
457 u bénéfice des personnes, groupes et nations, que s’ ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit
458 s ». Obéissant à ces directives initiales, le CEC s’ est intéressé dès ses débuts au domaine de l’Éducation populaire. Une
459 la convocation d’une conférence d’éducateurs, qui s’ est tenue à Genève du 18 au 20 mai 1953, et dont est né le Bureau euro
460 servir d’introduction générale à ces projets. Il se propose de situer le problème d’une éducation pour l’Europe. Historiq
461 es contextes sociaux et politiques. Il en vient à s’ imaginer que l’École actuelle aurait existé « de tout temps » et qu’el
32 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Former des Européens (avril-mai 1956)
462 La question n’est nullement « académique ». Car s’ il existe une telle conception spécifique, on voit tout de suite qu’el
463 gieux ou magique), tandis que la formation morale se confond avec un dressage de l’individu. En Europe, et surtout depuis
464 he à donner à l’élève les moyens intellectuels de se débrouiller dans la société, et l’on développe en lui un sens critiqu
465 rrait appeler un conditionnement des réflexes. Il s’ agissait de forcer l’individu à imiter exactement les conduites prescr
466 e traditionnelle. Danser, pour un hindou, c’est «  s’ inscrire dans le jeu circulaire de la terre et des astres » (Nyota Iny
467 e difficilement accessibles à des élèves pauvres, se voit dénoncé comme antidémocratique. Peut-on ramener tous ces contras
468 rope depuis des siècles, et n’ont jamais cessé de s’ y combattre avec des succès alternés, la première dominant au Moyen Âg
469 igueur et prestige du xvie au xixe siècle, pour se voir de nouveau refoulée, dans les pays totalitaires, au xxe siècle.
470 sera d’y tendre. Deux extrêmes, et comment ils se rejoignent : USA et URSS Dans les prolongements de l’Europe à l’es
471 dances — entremêlées et « composées » chez nous — se dissocier, s’analyser, puis se reformer synthétiquement chacune de so
472 mêlées et « composées » chez nous — se dissocier, s’ analyser, puis se reformer synthétiquement chacune de son côté, et fin
473 sées » chez nous — se dissocier, s’analyser, puis se reformer synthétiquement chacune de son côté, et finalement s’exagére
474 ynthétiquement chacune de son côté, et finalement s’ exagérer jusqu’à la caricature de ce qu’elles étaient en Europe. Aux U
475 et le film27. (Signe, d’ailleurs, qu’une réaction s’ amorce !) La crainte de « créer des complexes » paralyse le maître et
476 les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’ abaisse jusqu’au plus bas commun dénominateur, et voici l’ironie : per
477 s, ils trouvent de moins en moins d’incitations à se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces ligne
478 nalités complètes et socialement adaptées ». Elle se substitue presque totalement à la famille, prenant l’enfant dès 3 ou
479 33 universités seulement). L’éducation technique se divise en cinq branches principales, qui se subdivisent en 24 sous-br
480 nique se divise en cinq branches principales, qui se subdivisent en 24 sous-branches, comprenant 295 spécialités et 510 so
481 elques jours après ses examens finaux, l’étudiant se voit assigner par l’État un poste de travail pratique, et ce stage du
482 ue américaine. À l’excès de liberté dans le choix s’ oppose l’absence totale de choix pour l’individu. Au respect de la per
483 ement de la discipline (intellectuelle ou morale) s’ opposent le mépris absolu des goûts individuels et le triomphe absolu
484 c’est voir en lui la personne qu’il peut devenir s’ il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’accomplir. Le former
485 tique et sociale) au sein de laquelle sa vocation s’ exercera. Trop de liberté sans effort, trop d’effort imposé sans liber
486 s, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de c
487 vent être vraies et réelles qu’ensemble. Elles ne s’ actualisent que l’une par l’autre et dans leur existence simultanée ;
488 vise en même temps à rendre libre.) L’individu se sent perdu dans le monde moderne Le grand obstacle à l’exercice de
489 et trop complexe pour notre jugement. L’individu se sent perdu dans la société actuelle. Il n’arrive plus à s’y retrouver
490 erdu dans la société actuelle. Il n’arrive plus à s’ y retrouver. Il ne voit plus où il pourrait agir avec quelques chances
491 pourrait agir avec quelques chances de succès. Il se juge trop petit devant des forces trop grandes, et au surplus trop ma
492 uée et le danger supposé que par la presse. Elles se passent loin de lui, il ne peut les comprendre, son sens critique res
493 ation — il a peine à les reconnaître telles qu’il se les imaginait et telles que la presse les décrit. Les réalités qu’il
494 nom de ses origines ou contre elles — alors qu’il s’ agit d’élire un député qui devra, lui, voter sur des problèmes nouveau
495 ue j’ai décrites, et qui sont hélas bien réelles, se sente un homme responsable ? Les communistes sont les seuls parmi nou
496 nt une explication « infaillible » de tout ce qui se passe. Conception fausse, explication démentie par les faits, tant qu
497 onsable (au sens le plus actif du terme), devrait se donner pour but d’informer ce jeune homme au sujet des réalités du mo
498 és du monde dans lequel il vit, et dans lequel il se prépare à courir son aventure individuelle. Elle devrait lui enseigne
499 lui enseigner : — d’où vient ce monde et comment s’ est formée sa civilisation ; — ce que sont les forces principales qui
500 économiques et politiques ; — comment ces forces se manifestent ou agissent à son échelle, dans le milieu qu’il connaît o
501 plus nombreuses. La durée des études ne cesse de s’ étendre vers la première enfance (dressage social et moral) et vers l’
502 e, aux dépens de l’éducation. Il convient donc de se tourner vers l’Éducation populaire, c’est-à-dire vers les formes d’en
503 ur le monde et sur les problèmes de l’Europe peut s’ illustrer d’une manière efficace au moyen d’exemples qui touchent dire
504 irectement la vie de l’habitant. Ces exemples, il s’ agit maintenant de les présenter aux auditeurs d’un cours du soir, aux
505 enants : ceux qui attendaient un but digne qu’ils s’ y dévouent, et qui demain voudront l’Europe comme leur avenir. 27.
506 en Europe, et signalé les problèmes généraux qui se posent dans ce domaine, au xxe siècle. Cette orientation préliminair
507 e (qui est celle du xxe siècle), ne cesseront de se heurter à l’obstacle majeur : la résistance des esprits, faite le plu
33 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Ce n’est pas au pied du mur… (juin-juillet 1956)
508 cadre ? » Nous essayons de leur expliquer ce qui se passe dans nos bureaux, pratiquement et au jour le jour… Et pourquoi
509 À l’approche du temps des vacances, il est bon de se retourner vers les mois de travail qu’on vient de vivre. Ce n’est pas
510 ’est pas encore l’heure des bilans, mais celle de se demander si le cap est bien fixé, et de vérifier les commandes. Le pr
511 r au milieu de juin, dix-neuf comités et conseils se sont tenus à notre siège, groupant près de deux-cents personnes venue
512 nes venues de tous les horizons européens. À quoi s’ ajoutent cinq commissions convoquées par le Centre dans différents pay
513 ne semble pas une tâche surhumaine, encore qu’on se rende mal compte, en général, du volume de correspondance et de démar
514 de les trouver, et au besoin de les former. Tout se ramène donc, une fois de plus, au problème de l’éducation. C’est vers
515 s, au problème de l’éducation. C’est vers lui que s’ oriente notre effort principal, et que convergent tout naturellement l
34 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Prix européen de littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)
516 munauté européenne des guildes et clubs du livre, s’ est réuni à Genève au Centre européen de la culture le 13 juin. Il a d
517 appelle quelques explications pour le public qui s’ intéresse au sort présent de la littérature. La formule du Prix organi
518 it espérer, à cette époque, que la perspective de se voir publié en plusieurs langues par des associations groupant plusie
519 e Prix… Il semble donc que le Prix européen doive s’ orienter vers une solution analogue à celle adoptée par la Fondation p
35 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). François Fontaine, La nation frein (juin-juillet 1956)
520 . Mais cela suppose une révolution : l’Europe ne se fera pas d’elle-même, comme le dit « la berceuse conservatrice ». Ell
521 mme le dit « la berceuse conservatrice ». Elle ne se fera que par une mutation profonde et brusque des esprits, car « l’ob
522 re « que l’Europe est une idée violente ». (Il ne s’ agit pas d’une violence physique, on l’entend bien.) Ce livre devrait
523 rmules paradoxales, il est plus agressif qu’il ne s’ en donne les airs (à l’inverse de tant d’autres aujourd’hui), enfin il
524 le charbon, que le paysan moissonne son blé. Ils s’ en moquent, soit. Chacun d’eux veut seulement pour lui la sécurité de
525 te que dans un bouleversement de l’Histoire. Même s’ ils n’en demandent pas tant, on devra abattre pour eux quatre-mille ki
526 ière elle, les flots des économies confrontées ne s’ entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’est précipitée dans
527 s’entrechoqueront pas plus que la Méditerranée ne s’ est précipitée dans la mer Rouge lorsqu’on a percé le canal de Suez :
528 tions antiques, et nos nations n’auront plus qu’à se laisser porter vers les cataractes de l’histoire. az. Rougemont D
36 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Bureau européen de l’éducation populaire (août-septembre 1956)
529 me nationale) dans ce domaine. Pourtant le besoin s’ en fait sentir partout. Il n’est pas un responsable de « foyer » local
530 sé qui puisse être atteint en Europe par ceux qui se préoccupent de répandre la culture et l’idée européennes. Une fédérat
37 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Prix européen de littérature : guildes et clubs du livre (août-septembre 1956)
531 suisses 10 000). Pour réaliser ce projet, le CEC s’ adressa aux guildes du livre. Ces entreprises, qui se sont rapidement
532 dressa aux guildes du livre. Ces entreprises, qui se sont rapidement développées après la guerre, ont réussi à créer un tr
38 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouvelles culturelles européennes (août-septembre 1956)
533 ans l’ordre intellectuel, social et moral. Et qui se préoccupe d’informer les Européens sur les problèmes vitaux de leur a
534 haque mois un bulletin destiné à la presse et qui s’ efforcera de combler cette lacune. Trois éditions différentes, en fran
535 notre civilisation, et l’ensemble des efforts qui se poursuivent dans le même sens. Les informations sur les autres instit
536 ), les nouvelles culturelles, au sens large, vont se révéler aussi sérieuses et passionnantes que ne le furent jusqu’ici l
537 squ’ici les nouvelles purement politiques. Le CEC se devait d’anticiper sur cette évolution inévitable, déjà sensible aux
39 1956, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe s’inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)
538 L’Europe s’ inscrit dans les faits [Introduction] (novembre 1956)bg Si le fameu
539 evant notre porte et voyant les plaques dont elle s’ orne, portant toutes l’adjectif « européen » en lettres d’or sur un fo
540  » en lettres d’or sur un fond vert, si cet homme s’ avisait d’entrer et de nous demander à brûle-pourpoint : Qu’est-ce que
541 ns communes. Sur cette base d’unité, l’union peut s’ édifier. L’unité est un fait, l’union serait une action. L’existence d
542 ble. Sa nécessité est inscrite dans les faits. Il s’ agit qu’elle s’inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chap
543 té est inscrite dans les faits. Il s’agit qu’elle s’ inscrive maintenant dans les volontés. ⁂ Nos neuf chapitres condensen
544 vail d’équipe poursuivi depuis plusieurs mois, et s’ appuyant sur les recherches menées au CEC et ailleurs par divers group
545 g. Rougemont Denis de, « [Introduction] L’Europe s’ inscrit dans les faits », Bulletin du Centre européen de la culture :
546 tin du Centre européen de la culture : « L’Europe s’ inscrit dans les faits », Genève, novembre 1956, p. 1-2.
40 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Au seuil d’une année décisive (février 1957)
547 européenne est la seule politique dont le Centre s’ occupe, et dont il doit se préoccuper pour des raisons bien évidentes 
548 olitique dont le Centre s’occupe, et dont il doit se préoccuper pour des raisons bien évidentes : l’avenir de notre cultur
549 a force de résister aux pressions formidables qui s’ exercent contre eux de l’extérieur. La crise de Suez a illustré cette
550 crise de Suez a illustré cette situation. On a vu se dresser contre nous, à l’ONU, le monde arabe soutenu par le groupe de
551 e qu’il n’est aucun de nos pays qui puisse encore s’ en tirer seul. Illustration : nous souffrons tous d’une certaine pénur
552 que nos voitures tombent en panne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses très éléme
553 nne, que nos usines se vident et que nos hôpitaux se remplissent. Leçon de choses très élémentaire et salutaire, pour beau
554 indifférents aux affaires politiques. La jeunesse se réveille dans les villes qui préparent l’élection d’un « Congrès du p
555 le projet de marché commun. Les Anglais eux-mêmes se réchauffent, et leurs ministres les préparent, avec prudence, à l’idé
556 urope fédérée a cessé d’être une utopie, et qu’il s’ agit maintenant d’élire une assemblée constituante européenne. Le comm
557 ps. Que manque-t-il donc encore pour que l’Europe se fasse ? Pour qu’on cesse d’en parler comme d’un beau rêve, alors qu’e
558 hé commun, que si l’on surmonte les obstacles qui s’ opposent à l’union immédiate, et qui résident principalement dans les
559 ans recours, mais on l’imite partout. Et ceux qui se croyaient sûrs de recueillir ses dépouilles, au nom de l’Avenir et d’
560 d’une Histoire fatale, ce sont ceux-là qui ont vu se révolter contre eux, au nom de l’Europe précisément, la jeunesse et l
561 opéen de conférences ». Et de notre plan — prêt à se réaliser — d’un pool européen de l’édition. C’est dans le même cadre
562 os spéciaux : Éducation européenne et L’Europe s’ inscrit dans les faits en 1956, L’Europe et l’École en 1957. Les mo
41 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aux racines de l’Europe de demain (avril 1957)
563 ement, et cela avant l’âge où le jeune homme peut se mettre à lire les journaux, à discuter les problèmes politiques avec
564 cuter les problèmes politiques avec les aînés qui s’ y connaissent, ou à lire pour son compte des ouvrages qui le rendent c
565 ant des « vérités évidentes » dont il est loin de se douter qu’elles ne correspondent plus à la réalité ou qu’elles sont d
566 uelle il est né et les manuels de son enfance, il se dira contre la CED par crainte de « l’Allemagne éternelle », contre l
567 t faire, puis une série d’informations sur ce qui se fait déjà. Nous préparons dès maintenant, comme suite à ce numéro, un
42 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La Suisse et l’Europe après 1945 (avril 1957)
568 astés par la guerre et les révolutions, la Suisse se retrouve en 1945 moralement et physiquement intacte, et plus prospère
569 nombreuses institutions internationales viennent s’ établir chez nous. L’Organisation des Nations unies (ONU) inaugure son
570 ociété des Nations. Les conférences diplomatiques se multiplient dans notre pays neutre et accueillant. Une ère de grande
571 ueillant. Une ère de grande prospérité économique s’ ouvre pour la Suisse. Les capitaux étrangers s’accumulent dans nos ban
572 ue s’ouvre pour la Suisse. Les capitaux étrangers s’ accumulent dans nos banques. La monnaie suisse reste la plus solide du
573 , fortement développée pendant la guerre, ne peut se soutenir qu’avec l’aide de subventions de l’État. Ainsi la Suisse con
574 serve une situation privilégiée, mais qui ne peut se prolonger longtemps si ses voisins ne se relèvent pas des ruines de l
575 ne peut se prolonger longtemps si ses voisins ne se relèvent pas des ruines de la guerre. 2. L’Europe détrônée et divi
576 es armements atomiques, les États-Unis et l’URSS, se partagent désormais la puissance politique, économique et militaire q
577 onies d’Asie et d’Afrique du Nord. Le monde arabe se révolte contre l’influence occidentale et menace les approvisionnemen
578 es divisions du continent, un mouvement d’opinion se forme dans de nombreux pays, dès 1945, en faveur d’une union des État
579 t retrouver sa prospérité économique. Si l’Europe s’ unissait, disent-ils, elle formerait une fédération de près de 430 mil
580 ssor, qu’aucun de nos pays européens ne peut plus se défendre seul, et qu’aucun ne peut plus vivre de ses seules ressource
581 iècle. 4. Premières réalisations Un congrès se réunit à La Haye en 1948, sous la présidence de M. Churchill. Il dema
582 ire européenne. L’année suivante, cette Assemblée se réunit pour la première fois à Strasbourg et un Comité de ministres d
583 n et de l’acier (CECA). Le siège de cet organisme s’ établit à Luxembourg. En 1957, les mêmes six pays font un pas de plus,
584 ouvement vers l’union européenne ne cesse donc de se développer. Il pourrait aboutir à une vaste fédération politique grou
585 Une large proportion de ses échanges commerciaux se fait avec ses voisins européens. La Suisse dépend donc de l’ensemble
586 monde. Les deux grands empires russe et américain se partagent l’Europe en zones d’influences. L’Europe est appauvrie par
587 reuses colonies. 3. L’idée d’une union européenne se répand rapidement. Les buts principaux de la fédération proposée sont
588 n vouloir écrire le chapitre du manuel d’histoire se rapportant à l’Europe. Ce chapitre, que nous donnons ci-dessous, a ét
43 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le rôle des festivals dans la vie culturelle de l’Europe [Commentaires] (mai 1957)
589 n’avait été opéré à l’échelle internationale. Il s’ agissait d’une part de mesurer le degré d’intérêt porté aux festivals,
590 ré d’intérêt porté aux festivals, d’autre part de se faire une idée des solutions souhaitées par les uns et les autres à q
591 utres à quelques-uns des principaux problèmes qui se posent aux organisateurs de festivals. Le nombre et la nature des rép
592 ge de travail, oubli des dates limites, etc.), on se réjouira de constater que ce résultat est largement supérieur à la mo
593 gatifs sur la formule même du festival de musique se sont réduits à quatre en tout ! L’enquête en soi fut donc un franc su
594 tre temps. ⁂ Quels problèmes ? dira l’amateur qui se contente bien de son plaisir. Qu’il songe pendant quelques instants à
595 l’État (apport de devises, tourisme, radio et TV s’ alimentant de plus en plus aux festivals, etc.), parfois dans la colon
596 d’industrie. Ces divers processus ne peuvent que s’ accélérer dans l’ère où nous entrons, ère de l’automatisation que cert
597 l Les promoteurs de cette enquête ne pouvaient s’ attendre à une approbation unanime de la définition qu’ils proposaient
598 . C’est pourtant, à quelques nuances près, ce qui s’ est produit. Personne n’a récusé les formules proposées, ou n’en a sug
599 ou même d’Helsinki (lié à la musique de Sibelius) se présentent tout d’abord à l’esprit de celui qui médite sur une défini
600 élément touristique propre à tout festival, qu’il se dise d’ailleurs international ou régional. L’insistance sur la qualit
601 notre Association de formuler les critères qu’ils s’ efforcent tous d’observer, chacun pour son compte, et qu’ils voudraien
602 rt, devant le foisonnement des manifestations qui se baptisent « festivals », il importait de trouver une base de jugement
603 base de jugement, permettant au public musical de s’ orienter. La suggestion de créer un jury international, qui aurait rec
604 r ? Seize voix pour un jury, seize contre (encore s’ agit-il plutôt de doutes et de craintes motivées que d’opposition de p
605 elle ne prend pas position sur la question, et ne se propose pas comme jury ! (Je crois bien qu’un ou deux de nos correspo
606 d’ailleurs, n’y ont pas adhéré jusqu’ici. L’un ne se veut pas « européen », l’autre a des craintes (bizarres) pour son ind
607 la musique et l’Europe, il résulte d’une part que s’ occuper de l’Europe et spécialement de sa culture, suppose que l’on s’
608 e et spécialement de sa culture, suppose que l’on s’ occupe de la musique ; et d’autre part, que la musique est l’expressio
609 entes, et non pas tout mêler indiscernablement ni s’ en tenir à l’unisson. En un mot fédérer, au lieu de centraliser dans l
610 r dans la monotonie abstraite, ou au contraire de s’ enfermer dans son autonomie locale. C’est en somme le problème que pos
44 1957, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Promesses du Marché commun [Avant-propos] (décembre 1957)
611 EC a fait paraître en novembre 1957. Cet opuscule se bornait à une description succincte du contenu des traités et des éta
612 vaux doit paraître prochainement en librairie. Il s’ est librement inspiré des débats et des conclusions de cet important g
613 posait de répondre à la question suivante : « Que se passerait-il si les frontières économiques étaient supprimées dans to
614 tentative de réponse réfléchie aux questions que se pose désormais le grand public européen, subitement confronté avec de
45 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le Centre européen de la culture : ce qu’il fait — d’où il vient — où il va (février 1958)
615 ordination scientifique, animée par Raoul Dautry, se réunit le 12 décembre et propose le plan, le lieu, la procédure et le
616 es directives dont d’autres organismes pourraient s’ inspirer. Ce beau rêve d’une Académie platonicienne — que tant d’autre
617 et des périodes de crise. Les premiers donateurs se lassaient, ou s’en remettaient aux États, auxquels l’Assemblée de Str
618 de crise. Les premiers donateurs se lassaient, ou s’ en remettaient aux États, auxquels l’Assemblée de Strasbourg, dès l’ét
619 fédérale donna vraiment suite à ce vœu, d’autres se contentant de « gestes symboliques » jusqu’en 1956, où la France, pui
620 oint de vue largement européen auquel le CEC doit se placer. Quant à l’institution elle-même, qu’en est-il ? Une constatat
621 lle-même, qu’en est-il ? Une constatation de fait s’ impose : au travers des années les plus ingrates pour la cause de l’un
622 ion et pour notre mission particulière, le Centre s’ est maintenu, il a duré, il a mis au point des méthodes, créé des inst
623 et pour obliger de larges catégories nouvelles à s’ intéresser d’une manière très concrète au problème européen. Dès 1957,
624 affluent, la nécessité de recherches coordonnées s’ impose à beaucoup d’esprits qu’elle laissait naguère sceptiques. Comme
625 aire face aux nouvelles possibilités d’action qui se dessinent ? Il nous paraît que trois tâches principales devraient dés
626 es sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’ agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur of
627 recherche d’avant-garde et l’éducation générale, se verrait rapidement liquidée dans la compétition impitoyable désormais
628 teur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culturelle
629 vaient présidé à la création du CEC et qu’il doit s’ attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extérieur
630 écessité de Relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles,
631 ec les autres traditions de culture, que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocation, donc ouve
632 ont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voie
46 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation européenne (février 1958)
633 écessité de notre union. De ces négociations, qui se poursuivirent pendant plusieurs années, marquées par les rencontres d
634 eu populaire. L’objectif général était double. Il s’ agissait d’une part d’expérimenter dans divers milieux sociaux, et en
635 d’expérimenter dans divers milieux sociaux, et en s’ appuyant sur des organismes déjà existants, les méthodes d’un futur en
636 les méthodes d’un futur enseignement européen. Il s’ agissait d’autre part de déceler et de former de nouveaux responsables
637 furent lancées dès l’automne 1956. D’autres vont s’ y ajouter en 1958. La plupart se poursuivront jusqu’en 1959, grâce à u
638 56. D’autres vont s’y ajouter en 1958. La plupart se poursuivront jusqu’en 1959, grâce à une subvention spéciale de la Fon
639 d’une généralisation ultérieure des méthodes qui se seront révélées les plus efficaces. C’est dire que les échecs possibl
640 peuvent exercer sur des élèves de 10 à 16 ans, en s’ inspirant dans leur enseignement d’une vision plus européenne de l’his
641 hures, et des experts d’autres pays. L’expérience se poursuit. Des rapports trimestriels sont envoyés au CEC. Une réunion
642 ein essor, où les problèmes du Marché commun vont se poser d’une manière très concrète. Exécution. Le CEC a initié une en
643 la Péninsule. L’action proprement « européenne » s’ exercera en 1958 par le moyen de cours et de journées d’étude groupant
644 stes ou officiels. D’autre part, des négociations se poursuivent pour une action dans la Vallée d’Aoste (Italie), patronné
645 Fribourg, qui montrent qu’une expérience réussie se prête aussitôt à une répétition généralisée dans le reste de l’Europe
646 , pourtant, il faut souligner que notre programme se déroule conformément aux plans du Comité d’éducateurs, et nous a perm
47 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pool européen d’éditeurs (février 1958)
647 t de Grande-Bretagne (Weidenfeld & Nicolson), s’ est réuni à Genève le 25 mai et a décidé de constituer une Association
648 emier rang, dans autant de pays et de langues. Il s’ agissait de convaincre ces éditeurs de former, à cet effet, un pool ay
649 Portugal ont manifesté depuis lors leur désir de se joindre au pool. On peut donc s’attendre que la collection paraisse s
650 rs leur désir de se joindre au pool. On peut donc s’ attendre que la collection paraisse simultanément en huit langues, dès
48 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le bulletin du Centre (février 1958)
651 n simple organe d’information sur les travaux qui se poursuivaient au CEC, le bulletin a paru sous cette forme de 1952 à 1
652 ique. C’est ainsi qu’en 1957 ont paru : L’Europe s’ inscrit dans les faits (en français, allemand, anglais, italien, grec,
653 aductions en cours). Le succès du numéro L’Europe s’ inscrit dans les faits mérite d’être souligné. Première brochure expos
654 is plus encore par les très nombreux articles qui s’ en sont inspiré, parfois littéralement, les conférences, et même les f
655 vrage sur le sujet à paraître au moment précis où s’ ouvrait le Marché commun. La critique internationale et les instances
656 nes (avril). Trois manières de « faire l’Europe » se sont précisées au cours de ces dernières années : la méthode institut
657 ctualité. Éducation, pour quel type d’humanité ? S’ inspirant des travaux du 2e séminaire sur l’automation et les loisirs,
49 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La méthode culturelle, ou l’Europe par l’éducation des Européens (mai 1958)
658 petit cap a dominé la Terre pendant des siècles, s’ il en demeure le Musée et le Laboratoire, il le doit à ce quelque chos
659 soit m), par une culture dont les effets induits se multiplient en progression géométrique et que nous symboliserons par
660 mais nous voyons du moins sur quelles thèses elle se règle, vérifiées par l’usage et toujours plus conscientes. J’en dirai
661 rope sans des Européens conscients de l’être : il s’ agit donc de les former, et d’abord de les informer. 2. On ne peut pas
662 rait vouloir la faire sans ce qui la définit : il s’ agit donc de rendre à la culture sa fonction créatrice dans notre soci
663 mais bien dans les esprits : c’est donc là qu’il s’ agit de les surmonter d’abord. Former des Européens Pour former
664 oule. Le vrai problème d’une formation européenne se ramène en fait au problème de détecter des vocations, des compétences
665 rir un champ d’action européen. D’une part donc, s’ adresser d’abord aux compétences, à des hommes éminents dans leur bran
666 nt compris que les solutions aux problèmes qu’ils se posent impliquent un cadre supranational : ce ne peut être utilement
667 ien menée, les moins « idéologues » sont amenés à se conduire en fédéralistes pratiques, non point par choix sentimental o
668 is par conscience professionnelle. D’autre part, s’ adresser aux jeunes. Il s’agit de leur ouvrir un champ d’action où le
669 onnelle. D’autre part, s’adresser aux jeunes. Il s’ agit de leur ouvrir un champ d’action où le désir d’assumer des tâches
670 s de responsables trouve des chances nouvelles de se satisfaire. Il faut donc leur rappeler — ils le voient bien d’ailleur
671 d’agir ; et que l’Europe seule, si toutefois elle s’ unit, offrirait un domaine à la mesure du siècle et des ambitions rais
672 a aux meilleurs, des hiérarchies vivantes qu’elle se donnera. Seuls jusqu’ici, les communistes ont pris ce problème au sér
673 européenne qui en tiendra lieu. Bien entendu, il s’ agit d’autre chose que de multiplier les comptes rendus de congrès et
674 t pas à pas l’événement, mais au contraire : elle se propose de préparer le terrain, d’éclairer les réalités qui comptent
675 s survivre, il faut l’union ; mais cette union ne se fera pas d’elle-même ou par l’opération de mystérieux technocrates :
676 de faits qu’une information européenne méthodique se doit de rappeler constamment à l’opinion (et d’abord à ceux qui la fo
677 par ses propres nationalismes. — Le nationalisme s’ opposant à notre union, mais provoquant des unions étrangères contre n
678 par les grands empires et les grandes unions qui se sont dressés de toutes parts depuis 1945 ; mais se montrant incapable
679 e sont dressés de toutes parts depuis 1945 ; mais se montrant incapable de relever le défi à cause de sa division en petit
680 intellectuelles et sociales de l’Europe, si elle s’ unit. (Un seul exemple : le fait que nous sommes 340 millions à l’oues
681 versitaire, ou de recherches et de documentation, se consacrent au problème européen dans huit de nos pays (leur liaison é
682 s, thèses, brochures, numéros spéciaux de revues) s’ allonge chaque année d’une centaine de titres. Et des projets de coopé
683 ofessionnelle au niveau européen et pour l’Europe se dessinent chez les ingénieurs, chez les juristes, chez les médecins e
684 hez les médecins et les pharmaciens… À mesure que s’ élargit la base de ces initiatives culturelles (au sens le plus large
685 . Allons-nous perdre nos meilleurs atouts ? S’ il est vrai que les victoires anglaises ont été gagnées sur les pelous
686 Europe sont ceux que lui crée sa culture. Mais il s’ en faut de beaucoup que les détenteurs actuels des moyens matériels de
687 orce le marxisme-léninisme à des peuples entiers. S’ ils s’inclinaient devant les « faits matériels » — comme les salaires
688 e marxisme-léninisme à des peuples entiers. S’ils s’ inclinaient devant les « faits matériels » — comme les salaires et le
689 stème soviétique. Mais ce même paradoxe, inversé, se reproduit dans le camp de la liberté, car ce sont en réalité nos maté
690 ui croient à la force des choses, dès lors qu’ils s’ imaginent pouvoir combattre des idéologies avec des « faits », et le m
691 désormais requis pour l’éducation européenne. Il s’ agit, d’une façon précise, de convaincre les détenteurs de ces moyens
692 aux auxquels le CEC et tant d’autres institutions se dévouent presque sans appuis mais avec la passion lucide de ceux qui
693 get à la culture et que les capitalistes libéraux s’ en remettent généralement aux États sur ce chapitre, alors que le budg
50 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Un essai de synthèse (mai 1958)
694 ’exposerbu sont difficilement comparables ; elles se meuvent sur des plans différents. L’une compte sur la vertu d’une sai
695 tisfaisant du régime fédéral à établir, mais sans se préoccuper suffisamment des moyens de pression requis, c’est risquer
696 raisons de vivre la vie même. Constitutionnelle. Se préoccuper avant tout des moyens de pression nécessaires pour forcer
697 s risques des quatre méthodes, on découvre qu’ils se ramènent à une antinomie fondamentale. Il faut aller vite (si l’on t
698 que la vie et les raisons de vivre. Bien réussir s’ oppose à réussir à temps. Trois exemples : 1. Pour bien réussir, il fa
699 e Marché commun prévoit douze à dix-sept ans pour s’ établir dans six pays seulement. Ce délai nous est-il assuré ? On est
700 lue exprime l’impatience la mieux légitimée. Mais s’ il lui faut dix ou quinze ans pour convaincre le « peuple européen » q
701 u’il est un peuple, et au surplus qu’il est perdu s’ il ne le comprend pas tout de suite ? La seule attitude efficace, en p
702 es faits suivants : — chacune des quatre méthodes se justifie en soi ; — aucune ne peut réussir à elle seule ; — elles n’o
703 tre définie par cette formule : les contraires ne s’ excluent pas, mais s’impliquent mutuellement. Nos partis, routiniers
704 formule : les contraires ne s’excluent pas, mais s’ impliquent mutuellement. Nos partis, routiniers à gauche autant qu’à
705 puis Marx ; et l’on espère que les mouvements qui s’ en réclament sauront l’approfondir et l’illustrer avec autant de passi
706 n’avait agi avant elle, mais encore l’historien, s’ il est honnête, s’avouera incapable de soutenir les procès en paternit
707 elle, mais encore l’historien, s’il est honnête, s’ avouera incapable de soutenir les procès en paternité qui diviseront n
708 sseurs41. Ces jeux restent frivoles, même si l’on se fâche, et l’aigreur des propos entre fédéralistes plus ou moins « con
709 constater la convergence finale de nos méthodes, s’ agissant de la prochaine et décisive étape conduisant à la fédération 
710 s mouvements, associations et pressure groups qui se réclament des diverses méthodes qu’on vient de décrire. Résumons enco
711 t succès la solution des problèmes différents qui se multiplient autour de nous, tels que la libération des pays de l’Est,
712 ne deviendra fatale — au double sens du mot — que s’ ils ne parviennent pas à fédérer leurs forces pour exiger ensemble et
713 ons enregistré le moins de succès. Notre économie se renforce. Notre culture reprend conscience de ses pouvoirs et rayonne
714 que les fédéralistes ont maintenant le devoir de se placer. Alors leurs divergences et leurs rivalités apparaîtront de pe
51 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Une université européenne [Introduction] (juillet 1958)
715 e contexte de la construction européenne. De quoi s’ agit-il aujourd’hui ? D’un principe à illustrer, dans une situation co
716 ont pu lui donner. Il n’est donc pas question de se prononcer là-dessus. Nous vous avons demandé de venir ici pour défini
717 r, en tout état de cause, vos positions, qu’elles se révèlent conformes ou non aux décisions qui pourront être prises aill
718 ires d’Europe ainsi qu’à quelques observateurs de s’ y joindre — d’informer de ce projet les Conseils des ministres et les
719 ’études plus restreint que prévu, mais capable de se prononcer en temps utile sur les questions à débattre, qui se trouven
720 , le plus tôt serait encore le mieux. En fait, il s’ agit aujourd’hui de savoir ce que vous, représentants des Instituts un
721 z ou souhaitez d’une Université européenne. Et il s’ agit que vous vous prononciez sur ce sujet en toute indépendance et ob
52 1958, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La création d’un Centre européen d’enseignement postuniversitaire (juillet 1958)
722 usement souhaitée. b) Cependant, le double besoin se fait sentir d’une formation européenne générale pour les gradués de p
723 ord toute espèce de risques de malentendus. Il ne s’ agit pas de former des techniciens de l’européisme en soi. Il ne s’agi
724 mer des techniciens de l’européisme en soi. Il ne s’ agit pas non plus d’enseigner telle discipline (la physique, les mathé
725 ment « européenne » que l’ordinaire. Enfin, il ne s’ agit pas de former des juristes ou des économistes, par exemple, qui s
726 e de l’ensemble culturel et humain au sein duquel se développe cette spécialité, et dont elle se nourrit. 3. Un enseignem
727 uquel se développe cette spécialité, et dont elle se nourrit. 3. Un enseignement supérieur donné au niveau européen devra
728 hommes déjà en possession de leur « métier ». Il s’ agirait bien moins de cours magistraux que d’entretiens libres, répéto
729 gistraux que d’entretiens libres, répétons-le. Il s’ agirait en somme d’une formule comparable à celle des « ateliers » de
730 urs, patronné par la FEANI et le CEC, et qui doit se tenir à Lausanne en 1959, consacrera un tiers du temps aux problèmes
731 itut prévu par l’art. 9 du traité de l’Euratom ne se limiterait pas à un enseignement technique, mais y ajouterait un prog
732 t à assurer chacun son propre financement. Et ils se fixeront en des points différents de l’Europe, selon les facilités of
733 es « professeurs visitants » de premier ordre. On se disputera les mêmes hommes. Beaucoup d’entre eux reculeront devant le
734 tituts, et certains moniteurs d’études pourraient s’ occuper de deux ou plusieurs instituts, simultanément ou pour des sess
735 i ont à faire face à des problèmes professionnels se posant à l’échelle européenne, trouveraient là le lieu de rencontre q
736 s d’ordre politique, évidemment valables quand il s’ agit de choisir une capitale administrative ou le siège d’un futur Pou
53 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Éducation et loisirs : les mass médias (mai 1959)
737 que (ce qu’on appelait les Arts et Métiers), elle s’ acquérait dans des ateliers, « sur le tas » comme on dit aujourd’hui,
738 s « culturels » que ne sont « sportifs » ceux qui se bornent à assister à des matchs. Mais ils deviennent peu à peu perméa
739 n sortant du spectacle d’un match de football, on se sent plus alerte, physiquement euphorique. L’innovation la plus impor
740 u nombreux, et relativement isolés. Mais qui sait s’ ils sont aujourd’hui plus ou moins nombreux qu’hier ? Le grand nombre
741 re de très grands tirages. La grande question qui se pose est de savoir dans quelle mesure les esprits soucieux de mainten
742 seul intérêt commercial. Le danger serait qu’ils se bornent à prolonger et à copier des succès d’hier, et qu’ils négligen
743 . Le microsillon, créé aux États-Unis en 1946, ne s’ est guère répandu en Europe qu’à partir de 1950. C’est donc une indust
744 microsillons ont été consacrés, comme il fallait s’ y attendre, surtout à des œuvres dites légères, et généralement aux pl
745 ique. Une chose a porté l’autre, et plutôt que de se lamenter sur le succès d’un Tino Rossi, et de redouter qu’il abaisse
746 eau de la culture, il me semble qu’il y a lieu de se réjouir du fait que des compositeurs dont seuls quelques spécialistes
747 ation de la Guilde du livre de Suisse romande. Il s’ agissait de produire des ouvrages de qualité littéraire dans de belles
748 écrivain suisse français C. F. Ramuz. Ce dernier se montra sceptique. Je l’entends encore dire : « Vous aurez la première
749 hez des libraires. Bien d’autres guildes du livre se sont créées dans toute l’Europe. Trois en France, totalisant près de
750 s éditeurs et libraires classiques ne peuvent que se féliciter. Il convient de signaler également l’extraordinaire succès
751 orde largement le plan commercial. Il faut qu’ils s’ en convainquent. Il faut qu’ils comprennent tout d’abord quelles possi
752 s et disques à meilleur marché, en même temps que s’ accroît le pouvoir d’achat des masses ; mais surtout, elle permet de r
753 ement du sens de la responsabilité éducatrice qui se développera ou non chez les producteurs de mass médias. by. Rougem
54 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Editeuropa (septembre 1959)
754 avec elle. L’avenir de chaque nation du continent se confond donc avec l’avenir même de l’Europe, c’est-à-dire avec son un
755 e cadre national : or il manque en partie son but s’ il n’est lu que dans un seul pays, en une seule langue. Le problème co
756 ays, en une seule langue. Le problème concret qui se pose à l’écrivain « européen » est donc de trouver les moyens d’attei
757 eindre vite, et simultanément le public auquel il s’ adresse, c’est-à-dire les publics des pays différents dont il expose l
758 rature provoquée par les plans d’union, ensuite à s’ assurer que les ouvrages retenus sont susceptibles de trouver une audi
759 national comme les autres travaux spécialisés, il s’ agit de créer pour eux un système d’édition et de distribution à l’éch
760 ition contemporaine, a lancé le projet qui devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s’agit d’une association qui gr
761 i devait se réaliser sous le nom d’Editeuropa. Il s’ agit d’une association qui groupe actuellement 8 éditeurs, représentan
762 rs volumes doivent paraître au printemps 1960, et s’ échelonner à raison de 3 ou 4 par an. Les premiers titres proposés au
763 de la publication, à la majorité des deux tiers — se répartissent en trois catégories : Actualités européennes, ouvrages d
764 nt ainsi un bon début de solution. Mais si l’idée s’ impose par sa simplicité autant que par sa nouveauté, il n’en va pas d
765 auté, il n’en va pas de même de son exécution. Il s’ agit en effet de choisir ou de faire écrire des manuscrits répondant à
766 ences de la qualité et celles de la vente. Le jeu se complique, ici, du fait que d’une part, la qualité littéraire ou inte
767 être excellent en soi, et très « vendable », mais s’ il n’apporte pas de contribution certaine aux buts européens de l’asso
768 e d’être une « panne » totale dans tel pays, même s’ il est un succès dans plusieurs autres. D’où la nécessité d’un règleme
55 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Henri Brugmans, Les Origines de la civilisation européenne (septembre 1959)
769 isation européenne (septembre 1959)ca L’auteur se défend de croire à l’histoire éducative ou utile, celle d’un Bossuet
770 niste à la fois, que l’historien, selon Brugmans, se doit de répudier d’abord du seul point de vue de la méthode, sans mêm
771 etrouver l’existence d’une continuité nationale «  se perdant dans la nuit des temps » ? — Troisièmement : Est-il permis de
772 onal de son contexte général et de l’isoler comme s’ il était le phénomène déterminant qui, à lui seul, expliquerait l’hist
773 raditionnelles. Les variations de son histoire ne s’ expliquent que par un fond commun… Qui veut écrire l’histoire de l’Eur
774 nt connus de notre aventure, ceux durant lesquels se nouera la première synthèse spécifiquement européenne. Brugmans, comm
775 opéenne. Brugmans, comme Dawson et G. de Reynold, s’ attache à cette période pour mieux mettre en lumière la « maturité » q
776 xie siècle. Friedrich Heer tient que « l’Europe s’ est constituée aux xie et xiie siècles », et Marc Bloch écrivait que
777 ue de « naissance », tous ces auteurs catholiques s’ accordent à reconnaître dans le Moyen Âge le « sommet » de l’Europe. À
778 is de culture polyglotte. Voilà qui lui permet de se placer à un point de vue qui n’est ni français ni germanique, ni lati
56 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke (septembre 1959)
779 la première moitié du xixe siècle pouvaient-ils se faire de l’Europe ? C’est à cette seule question, strictement définie
780 ins de Hegel ou de Ranke, longuement traités — ne se voient même pas mentionnés. Mais rien n’est plus injuste que de repro
57 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Carlo Curcio, Europa, Storia di un’idea (septembre 1959)
781 ussi lucide que passionné, cet ouvrage monumental se lit sans un instant d’ennui ou de fatigue. Il nous mène du mythe grec
782 de, le pittoresque avec le raisonnable, mais dont se dégage finalement une idée générale de l’Europe, patrie d’élection de
783 de l’Europe, patrie d’élection des contrastes, et se distinguant par là même de toutes les autres civilisations. Effort un
784 que l’Europe serait née d’une succession d’écrits s’ inspirant les uns des autres, plutôt que de prises de position « concr
785 ires. Comparé à l’ouvrage de Gollwitzer — dont il s’ inspire expressément pour tout ce qui concerne les xviiie et xixe si
786 nre en ce qui concerne l’Italie — et l’on pouvait s’ y attendre, de la part d’un professeur napolitain, qui occupa des chai
787 tique, à la Hegel, de l’évolution de l’Europe. Il se borne à décrire, à citer, à situer, et par là rendra d’autres service
788 nd, etc., de telle sorte qu’il devient malaisé de se reporter à l’original. D’autre part, l’index fourmille de fautes. Les
789 us les initiales de leur nom de famille, comme il se doit. Vétilles sans doute, mais gênantes dans un ouvrage de référenc
790 reste, l’œuvre de Curcio n’est pas que cela. Elle s’ élève tout naturellement, dans ses conclusions, à la hauteur d’un mani
58 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Luis Diez del Corral, El rapto de Europa (septembre 1959)
791 e 1959)cd « Créatrice par excellence, l’Europe s’ est créé aussi, directement ou indirectement, la plupart de ses propre
792 ve mondiale. Comme Ortega, Diez del Corral aime à se référer aux philosophes et historiens allemands — Hegel, Nietzsche, M
793 n’est pas terminée, loin de là ». Car si l’Europe s’ est réduite elle-même par l’extension des autres, qu’elle seule a perm
794 ure prométhéenne du Faust européen, qui lentement se guérit de sa cécité — c’est-à-dire de sa superbe ignorance du monde a
795 Maranon, Madariaga, et plusieurs autres, auxquels s’ égale Diez del Corral ? Seul Valéry sut être aussi profond sans pédant
59 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Introduction] (décembre 1959)
796 lles expériences dans le domaine scolaire vinrent s’ ajouter à celle de Fribourg, seule prévue au début ; tandis que deux e
60 1959, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Neuf expériences d’éducation européenne [Conclusion] (décembre 1959)
797 pris, le jardinier cherche à savoir pourquoi ; et s’ il le trouve, il se rassure, car il saura faire mieux la prochaine foi
798 cherche à savoir pourquoi ; et s’il le trouve, il se rassure, car il saura faire mieux la prochaine fois.) Les moyens limi
799 cquises, le CEC et son département de l’éducation se donneront pour tâche, désormais, de seconder et de coordonner les eff
800 ais, de seconder et de coordonner les efforts qui se manifestent déjà, dans plusieurs pays, en vue de multiplier les campa
61 1960, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Trois initiales, ou raison d’être et objectifs du CEC (1959-1960)
801 qu’entendez-vous par culture ? — de quelle Europe s’ agit-il ? — pourquoi faut-il un Centre en pareil domaine ? Répondre à
802 on, l’esprit qui l’anime et les objectifs qu’elle s’ est donnés dès sa création.   CULTURE a la réputation d’être un mot v
803 tard en Angleterre — Newman, Matthew Arnold —, on se met à parler de la culture tout court, non plus seulement de la cultu
804 erme de civilisation. (Mais Français et Allemands s’ entendent mal sur la définition et la valeur des deux termes, distingu
805 r nous, qui ne sommes d’aucun parti nationaliste, s’ il fallait prendre position dans le débat, nous dirions que la culture
806 politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’ édifier. On nous demande : quelles seront ses limites ? Nous refusons
807 encombré de barrières et de chicanes périmées. Il s’ agit donc d’une part de libérer ses diversités créatrices, en favorisa
808 s pose bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’ il s’agit de culture ? D’une manière générale et dans une vue théoriqu
809 e bien souvent : pourquoi faut-il un Centre, s’il s’ agit de culture ? D’une manière générale et dans une vue théorique de
810 ret de ses problèmes. Voici le tableau, tel qu’il s’ offrait à nous il y a dix ans. À l’idée de culture en général, et d’un
811 lutions déjà tentées ou trouvées ailleurs. Chacun s’ épuise à découvrir son Amérique — quitte à se faire financer par elle,
812 acun s’épuise à découvrir son Amérique — quitte à se faire financer par elle, sous prétexte de sauvegarder sa sacro-sainte
813 s étaient ensemble… en Amérique. Mais ici, chacun se plaint de manquer de fonds, parce que chacun s’enferme dans son trop
814 n se plaint de manquer de fonds, parce que chacun s’ enferme dans son trop petit pays. Partout la concurrence tue les initi
815 pération ferait réussir. Il faut un Centre, et il se crée, à la suite des congrès de La Haye et de Lausanne. Non dans l’id
816 u’il y ait quelque part en Europe un lieu où l’on se préoccupe de poser les problèmes communs et de grouper ceux qui peuve
817 ans les mœurs, même culturelles. Les associations se sont multipliées : Instituts de recherches nucléaires, d’enseignement
818 dangers subsistent : les centres de coordination se sont multipliés au point de poser à leur tour un grave problème de co
819 rficielle. Un travail de recherches en profondeur s’ impose. Les années 1956 à 1960 voient donc apparaître, en réponse à ce
820 enève, puis Amsterdam, Bruxelles, Strasbourg) qui se proposent à la fois de regrouper et de financer les initiatives dispe
821 ond à des problèmes concrets. En voici trois, qui se posent avec une insistance croissante.   1. Regroupement des efforts.
822 es sources de la vitalité de notre culture. Il ne s’ agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur of
823 recherche d’avant-garde et l’éducation générale, se verrait rapidement liquidée dans la compétition impitoyable désormais
824 teur privé ne pourront fournir l’aide requise que s’ ils disposent d’une information sérieuse sur la conjoncture culturelle
825 aient présidé à la création du CEC, et qu’il doit s’ attacher maintenant à promouvoir.   3. Relations culturelles extérieur
826 écessité de Relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles
827 vec les autres traditions de culture que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocation, et donc o
828 ont les perspectives immédiates et prochaines qui s’ ouvrent à l’action du CEC, parce qu’il a su durer et préparer des voie
62 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La règle d’or, ou principe de l’éducation européenne (1960-1961)
829 ire ? Nous sommes ici dans une Europe en train de s’ unir, face à un monde transformé par elle, et disons plus : fait par s
830 nt reçu cette idée de la liberté et ces moyens de se libérer qu’ils ont hâte d’appliquer d’abord à ses dépens ! Au moment
831 au moment où les jeunes nationalismes d’outre-mer s’ affirment bruyamment et tendent à se grouper contre elle ; doublement
832 s d’outre-mer s’affirment bruyamment et tendent à se grouper contre elle ; doublement remise en question, l’Europe se voit
833 re elle ; doublement remise en question, l’Europe se voit contrainte de prendre une conscience neuve de ses buts généraux,
834 de l’homme. C’est le problème de l’Éducation qui se pose ici dans son ampleur et son urgence. Depuis des siècles, on a di
835 énéral existait quant à savoir sur quel modèle il s’ agissait de former l’individu. Il n’en va plus de même aujourd’hui. No
836 méthode comparative, dont un Marc-Antoine Jullien se fit l’avocat voici un siècle, pourra nous y aider. Mais avant de l’ap
837 sistait dans un conditionnement des réflexes : il s’ agissait de forcer le jeune homme à imiter exactement, et sans discuss
838 culture hindoue. Danser, pour un Indien, c’est «  s’ inscrire dans le jeu circulaire de la terre et des astres » comme l’éc
839 sens large du mot, trois régions bien distinctes se sont dessinées au cours du second tiers du xxe siècle : l’Europe, l’
840 rope, l’URSS et les USA. Vous allez voir qu’elles se définissent aisément selon le dosage d’autorité et de liberté qu’elle
841 dans l’Éducation.   a) Les États-Unis d’Amérique se caractérisent par la prédominance très marquée de la liberté sur l’au
842 les mots qui les traduisaient… Le niveau éducatif s’ abaisse jusqu’au plus bas commun dénominateur, et voici l’ironie : per
843 s, ils trouvent de moins en moins d’incitations à se surpasser (challenge) dans l’enseignement qu’on leur offre. Ces jugem
844 nalités complètes et socialement adaptées ». Elle se substitue presque totalement à la famille, prenant l’enfant dès 3 ou
845 33 universités seulement). L’éducation technique se divise en cinq branches principales, qui se subdivisent en 24 sous-br
846 nique se divise en cinq branches principales, qui se subdivisent en 24 sous-branches, comprenant 295 spécialités et 510 so
847 elques jours après ses examens finaux, l’étudiant se voit assigner par l’État un poste de travail pratique, et ce stage du
848 ue américaine. À l’excès de liberté dans le choix s’ oppose l’absence totale de choix pour l’individu. Au respect de la per
849 ement de la discipline (intellectuelle ou morale) s’ opposent le mépris absolu des goûts individuels et le triomphe absolu
850 c’est voir en lui la personne qu’il peut devenir s’ il découvre sa vocation et reçoit les moyens de l’accomplir. Le former
851 tique et sociale) au sein de laquelle sa vocation s’ exercera. Trop de liberté sans effort, trop d’effort imposé sans liber
852 s, c’est-à-dire conscients à la fois de ce qu’ils se doivent en tant qu’individus à la recherche de leur vocation, et de c
853 nes d’un retour à l’autorité aux USA, de même que se font jour dans la plus récente littérature soviétique des signes non
854 ous connaissez tous la colombe de Kant, celle qui s’ imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, sans la résistance fatiga
855 née selon les théories de Pavlov : elle n’a pas à se poser à chaque instant la question : que faire ? où aller ? Tout a ét
856 on dans une communauté humaine devant laquelle il se voit responsable. À partir de cette idée de l’homme, il devient possi
857 hiques ou même économiques, et vous verrez qu’ils se rattachent tous, en Europe, à des problèmes de dosage, d’équilibre vi
858 mais tout le monde admet tacitement qu’il ne peut s’ agir que d’un dosage des exigences contraires de liberté et de contrai
859 ressage suffisant pour lui permettre, un jour, de se débrouiller seul, de chasser pour son compte. Un Soviétique russe ou
860 plan. Notre conception la plus saine du dressage se situerait, me semble-t-il, à mi-chemin entre l’entraînement (au sens
861 ion technique Un autre problème, plus nouveau, se pose à l’éducateur européen de notre temps : c’est celui du dosage en
862 st aussi plus passionnant. Là encore, l’Europe va se voir amenée à assouplir et à diversifier ses méthodes, à admettre une
863 e, humaniste, libérale, au sens ancien, risque de se voir écrasée physiquement par les civilisations techniciennes. En rev
864 il est bien connu que la science et la technique se nourrissent d’autre chose que de recettes techniques et d’équations :
865 ndispensables certes, mais insuffisants lorsqu’il s’ agit de créer, d’innover librement. La vision du But Vous l’aur
866 it maniée par une personne qui a vu le But et qui se laisse guider et fasciner par lui. Vous serez de bons éducateurs dans
867 namique de la personne. Ces termes sont abstraits s’ ils ne sont pas sentis. En voici une autre version plus à la mode. L’h
63 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Guide européen de l’enseignement civique [introduction] (1960-1961)
868 tants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’
869 se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’un
870 es, au mieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. Mais de qu
871 er les rudiments du civisme au plan national ? Il s’ agit donc de voir en premier lieu quel est l’état actuel de l’enseigne
872 s ; en second lieu, comment cet enseignement peut se prêter à un élargissement au plan européen. C’est dans cet esprit que
873 raux affirmés par la Révolution de 1789, et qu’il s’ agit de réaffirmer de génération en génération et de garder purs, dans
874 ionalité qui fait le bon citoyen ». En Italie, il s’ agit d’abord « d’effacer tout résidu d’idéologie fasciste » puis, selo
875 nder est autonome à cet égard. En Suisse, « il ne s’ agit plus de persuader la jeunesse de la supériorité d’un régime démoc
876 ays — sauf peut-être en Allemagne, et encore — on se plaint de l’indifférence politique des élèves et de leur apathie civi
877 s circonstances de sa vie. On peut le déplorer ou s’ en réjouir, mais il importe d’abord de s’en rendre compte, — et de con
878 lorer ou s’en réjouir, mais il importe d’abord de s’ en rendre compte, — et de constater en même temps que la situation est
879 ou encore à l’état du Monde au xxe siècle. Tout se passe comme si la démocratie n’était qu’un système de gouvernement et
880 beaucoup plus clairement si nous regardons ce qui se passe aux USA et dans les pays communistes de l’Est. Aux USA : « C
881 nissant les droits et les devoirs de chacun, puis s’ arrêtent au moment où les problèmes concrets vont se poser. Celui-ci m
882 arrêtent au moment où les problèmes concrets vont se poser. Celui-ci me demande dès la première ligne : « Es-tu un bon cit
883 es conditions économiques et commerciales dont il s’ agit de tenir compte, etc. En somme, ce manuel nous propose une méthod
884 ous parle réellement de civisme, là où les nôtres se contentent de parler d’institutions. Est-ce à dire qu’aux USA tout es
885 et secondaire, le rapporteur pour les États-Unis se fait l’écho de deux séries de critiques généralement adressées dans s
886 t l’Europe, à cet égard, c’est que les États-Unis se plaignent d’insuffisances qu’ils vont donc essayer d’amender, tandis
887 nt donc essayer d’amender, tandis que l’Europe ne s’ inquiète aucunement de lacunes béantes, dont il lui reste encore à pre
888 contrôle par une police spéciale est le même : il s’ agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’agit partout de conva
889 s’agit partout d’un enseignement totalitaire. Il s’ agit partout de convaincre l’élève que la Russie a la forme la plus pa
890 uction48 ». Voilà donc un pays où l’on ne saurait se plaindre de ce que l’instruction civique ne tienne pas un compte suff
891 exprime une doctrine unique, et l’on ne peut que s’ en réjouir ; ils ne disent pas qu’il communique un intérêt vivant pour
64 1961, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Esquisse d’une biographie : J. H. Retinger (1960-1961)
892 it du titre d’Excellence, qui l’amusait, et qu’on s’ y contentait de lui faire signer la note. (C’est mon dernier snobisme,
893 ney. Et pourtant, je me pose la même question que se posait plus haut notre ami Pietro Quaroni : l’ai-je bien connu ? La l
894 nglais) et comblant quelques-unes des lacunes qui s’ y trouvent à l’aide d’un livre de souvenirs sur Joseph Conrad (qu’il a
895 au cours d’une promenade avec un de ses amis, il se découvre une vocation très différente. Les deux garçons parlaient de
896 rçons parlaient de leur avenir, et soudain Joseph s’ écrie : « Comme je voudrais que la Pologne ait enfin son indépendance 
897 publiée en librairie deux ans plus tard. Puis il s’ inscrit à l’École des sciences politiques, et il entreprend une Histoi
898 à Florence. En 1911 enfin, il débarque à Londres, s’ inscrit à la London School of Economics, se marie (avec une Polonaise)
899 ndres, s’inscrit à la London School of Economics, se marie (avec une Polonaise) et décide bientôt que l’Angleterre, après
900 chances à l’action pour laquelle il n’a cessé de se préparer, à travers ses années nomades, studieuses et brillantes.
901 usse ayant décrété que l’enseignement primaire ne se ferait plus qu’en allemand. Chacune des trois puissances s’efforce d’
902 plus qu’en allemand. Chacune des trois puissances s’ efforce d’empêcher que « ses » Polonais établissent des contacts avec
903 r une action politique commune, surtout lorsqu’il s’ agit de regagner l’indépendance non point contre une puissance mais co
904 l’opinion mondiale, depuis longtemps, a cessé de s’ intéresser à une cause qui paraît sans espoir. C’est sur cette opinion
905 Conrad Au cours de ces mêmes années, Retinger s’ était lié intimement avec Joseph Conrad, qu’il avait rencontré dès 190
906  : c’était celui de Nostromo, roman de Conrad qui se passe en Amérique latine. La pièce fut commencée cette nuit même, dan
907 forteresse de Wawel, dominant la cité, ils iront s’ agenouiller au pied du sombre crucifix de la Reine Jadwiga, « sur le s
908 jours lié à mon pays et avec tant de possibilités s’ offrant à moi à l’étranger ? » Tel fut ce retour au passé, le jour mêm
909 Zakopane, et décide de tenter sa chance, seul. Il se rend d’abord à Lemberg, où les leaders des Polonais de Galicie se son
910 à Lemberg, où les leaders des Polonais de Galicie se sont réunis clandestinement. L’archevêque Bilczewski et les chefs des
911 rsonne capable de lui donner un sauf-conduit pour se rendre à Vienne est le général Hoffmann, commandant la région de Lemb
912 ra l’occasion d’utiliser à plusieurs reprises. Il s’ adresse au Général non pas en allemand ni en polonais, mais en françai
913 Interrogé sur son identité, ses qualités, Joseph se contente de montrer du doigt le nom inscrit sur son passeport. Le gén
914 e chargé d’une mission importante, puisqu’il a pu se servir de la ligne directe du préfet de police, lui donne alors le pe
915 police, lui donne alors le permis nécessaire pour se rendre à Vienne, où le ministère de la Guerre lui accordera un visa d
916 is jours au lieu des douze heures habituelles, et se rend aussitôt au ministère, où il demande à voir le chef de l’état-ma
917 gnataires. À la fin de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’être reçu imm
918 la fin de l’après-midi, il décide de se fâcher et se met à injurier ses deux gardes, exigeant d’être reçu immédiatement. C
919 introduit chez un colonel, et la scène de Lemberg se reproduit. Retinger déclare en français qu’il lui faut un visa pour l
920 sseport… Après beaucoup d’hésitations, le Colonel se résout à signer un papier autorisant son porteur à se rendre en Suiss
921 ésout à signer un papier autorisant son porteur à se rendre en Suisse. C’est un premier résultat, mais Retinger veut davan
922 rang, viennent voir l’un après l’autre de quoi il s’ agit. Pendant qu’ils discutent vivement en français, un petit homme d’
923 je n’y suis pas autorisé. » « Notre conversation se poursuivit ainsi pendant quelques minutes, note encore Retinger, puis
924 ongue discussion, le ton monte, et le commissaire s’ écrie : « Si vous dites encore un mot, je vous coffre ! » Joseph pense
925 je vous coffre ! » Joseph pense en un éclair : «  S’ il me coffre, je resterai donc en France, et je pourrai me faire libér
926 e pourrai me faire libérer. » Il dit : merde ! et se voit arrêté sur le champ. De la prison de Pontarlier, il écrit au com
927 ne le Journal de Gide des 26 et 28 août 1914 — et se fait recevoir par plusieurs ministres auxquels il expose sa mission e
928 à la police, qui l’enferme à la Conciergerie. Il se réveille dans une cellule en compagnie d’un vieux Suisse qui ne sait
929 téléphonique au Quai d’Orsay — Philippe Berthelot se présente en personne à la prison, accompagné de Misia Sert, fait libé
930 et revers Enfin de retour à Londres, Retinger se donne pour mission : 1° de pénétrer dans les cercles intimes du gouve
931 rencontrer les hommes d’État et diplomates qu’il s’ agit de gagner à la cause. Une invitation à déjeuner à Downing Street,
932 charge Retinger d’une mission aux États-Unis : il s’ agit de voir jusqu’à quel point les Polonais d’Amérique sont prêts à p
933 nt être implantées dans un milieu donné, et qu’il s’ agissait de trouver ou de former une équipe de collaborateurs, sans qu
934 souvent évoqué le rêve d’une Pologne autonome qui se joindrait, comme « troisième Monarchie », à l’Empire austro-hongrois.
935 ord Northcliffe, le fameux propriétaire du Times, se laisse convaincre à son tour et fournit certains appuis. Le Prince Si
936 fonde pour qu’une paix séparée ait des chances de se conclure. Le projet sera donc abandonné, et Clemenceau plus tard pour
937 ’il l’ait jamais autorisé ni même connu… Retinger se demande, dans ses notes, si le rôle qu’il joua dans l’affaire fut aus
938 rtissements. Jusqu’à ce jour d’octobre 1917 où il se voit convoqué par le ministre de l’Intérieur. Je cite les notes : « M
939 comte Zamoyski. Puis le train partit. » Retinger se voyait donc banni de tous les pays alliés, cependant qu’Allemands et
940 mier-maître un mathématicien, et le second-maître s’ essayait à écrire, suivant l’exemple de Conrad. Ils semblaient peu ver
941 pays, Luis Negrete Morones. Pourquoi ce voyage ? se demande-t-il dans ses notes, et il répond : parce qu’il pensait qu’un
942 nd : parce qu’il pensait qu’un futur homme d’État se doit de connaître à fond une partie du monde telle que l’Amérique lat
943 Par son frère, professeur de chimie à Chicago, il s’ était fait envoyer de l’argent à l’Hôtel Lafayette, à La Havane. Il lu
944 rner à son expéditeur. Dès le lendemain, Retinger se procurait « l’un des deux jobs les plus étranges de sa vie » (il omet
945 indépendance réelle contre le « colosse du Nord » s’ identifia très vite pour lui avec celle de la Pologne luttant pour se
946 te pour lui avec celle de la Pologne luttant pour se libérer de la Russie. Les nombreux traits de caractère mexicain qu’il
947 its et théoriques de son activité là-bas est venu s’ ajouter, au cours des ans, un désir ardent et sincère de prêter main-f
948 fluences étrangères : nationaliser le pétrole. Il se reconnaît donc « partiellement responsable » de l’idée, tout en criti
949 marche dans le désert. Souffrant de la soif, ils s’ arrêtent à un petit ranch tenu par une vieille Indienne. Il y a là une
950 che de poussière. La vieille retire sa chemise et se met à filtrer le lait dans l’étoffe crasseuse, et Retinger, en buvant
951 e à la ville frontière de Laredo. En haillons, il se présente à la gare, offre à un agent de Pullmann le double du prix d’
952 t de Pullmann le double du prix d’un sleeping, et se glisse dans son compartiment. Quatre heures plus tard le train part p
953 e séjour aux USA, ni sur le voyage en Pologne qui s’ ensuivit. Un an plus tard, le général Obregon étant devenu président,
954 rison de Houston, Texas, puis à Laredo. Deux mois se passent avant qu’il puisse voir un juge fédéral. Celui-ci le déclare
955 ir Retinger à l’écart, jusqu’à ce que leurs plans se réalisent. (Ils échoueront d’ailleurs.) Enfin, après un nouveau mois
956 paix mondiale. La pensée de Retinger sur ce sujet se précise au fur et à mesure de ses divers engagements dans la politiqu
957 clandestine au service de l’unité européenne, en s’ assurant d’abord l’appui d’hommes du format de Benedetto Croce, dans p
958 e ». Enfin, peu avant la Seconde Guerre, Retinger se lie avec Sir Stafford et Lady Cripps, et tous les trois décident de f
959 t d’accéder au niveau où l’histoire non seulement se prépare, mais se fait. Aux côtés du général Sikorski Trois divi
960 veau où l’histoire non seulement se prépare, mais se fait. Aux côtés du général Sikorski Trois divisions polonaises,
961 0 000 hommes, commandées par le général Sikorski, se sont battues en Alsace et en Norvège jusqu’au printemps de 1940. La d
962 ision de Norvège vient de rentrer en France, pour se voir engloutie dans le chaos de la débâcle de juin. Anglais et Polona
963 chef. Il connaît Sikorski depuis 1916. Mais il ne s’ est lié avec lui que plus tard, en 1923, lorsque la Fédération syndica
964 les réfugiés. Il entre à la sous-préfecture sans s’ annoncer, monte, pousse une porte, et se trouve devant le général, qui
965 plus tard. Aux 30 000 combattants ainsi récupérés s’ ajoutèrent bientôt des volontaires venus de Pologne et d’Amérique, pui
966 s, et même le président de la République en exil, s’ étaient violemment opposés à toute négociation avec l’ennemi héréditai
967 par Churchill en personne, Sikorski et Retinger, se battant sur deux fronts, aboutirent à leurs fins. Le 31 juillet, l’ac
968 changés. Eden, Sikorski et Maïski ayant parlé, il se leva et dit d’une voix grave : « Ceci est un grand événement. Je suis
969 onoré d’en être le témoin. » À ce moment, sa voix se brisa, écrit Retinger, « et pour la première fois, je le vis pleurer 
970 u Proche-Orient, quand on lui annonça que l’avion s’ était écrasé à Gibraltar. Le général, ses compagnons et sa fille étaie
971 kolajczyk étant devenu Premier ministre, Retinger se convainquit peu à peu de la nécessité d’aller lui-même en Pologne occ
972 tique suivie par le gouvernement en exil, et pour se familiariser davantage avec l’état d’esprit de la résistance polonais
973 usé tout entraînement autre que théorique51 et ne se sentait guère soutenu que par l’idée qu’en faisant son premier saut à
974  comité de réception » furent repérées, la trappe s’ ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mit à tourner en cercle.
975 rappe s’ouvrit dans le plancher de l’appareil qui se mit à tourner en cercle. Des ballots de vivres et d’armes furent jeté
976 es et d’armes furent jetés d’abord, puis Retinger s’ approcha du trou. Un sergent le retint brusquement par le bras en hurl
977 omber avant le signal, et une discussion violente s’ en suivit, « qui m’empêcha de penser au saut et d’avoir cette sensatio
978 fêtés et questionnés avec avidité sur tout ce qui se passait « là-bas ». En dépit de toutes les précautions qui avaient ét
979 de sa venue, sauf quelques chefs clandestins, il se mit à fréquenter dès les premiers jours les cafés de la capitale qu’i
980 , assis tout près, ne bronchèrent pas. La mission se déroulait selon les plans. Les contacts avaient été pris dans la capi
981 Londres. Et subitement, à la fin de mai, Retinger se vit privé de toute liberté de mouvements par un mal qui devait le lai
982 ant d’un tram près de son domicile clandestin, il se sentit presque incapable de marcher. Trois jours plus tard, il était
983 er dans une clinique privée. Il souffrait peu, et se mit aussitôt à recevoir tous ses « correspondants ». La Gestapo l’aya
984 r l’entourage, J.H.R. refusa pendant des jours de se laisser baigner ! Mais bientôt, il s’arrangea pour recevoir malgré to
985 es jours de se laisser baigner ! Mais bientôt, il s’ arrangea pour recevoir malgré tout des visiteurs. Quand vint le moment
986 eux kilomètres de là, et qu’un appareil de chasse s’ était posé pour quelques minutes, l’après-midi même, sur la piste prép
987 teurs emballés en pleine nuit, pas un Allemand ne s’ était montré. L’atterrissage en Italie du Sud réussit également par mi
988 éussit également par miracle, l’avion sans freins s’ arrêtant au bout de la piste devant les ambulances qui attendaient. Ma
989 nons, Retinger reçut une dépêche lui demandant de se rendre au Caire. Il repartit sans hésiter le jour même, et passa la n
990 M. Mikolajczyk, Premier ministre, passait par là, se rendant à Moscou, et voulait prendre connaissance de toute urgence de
991 nné. Retinger ne réussit à le faire libérer qu’en s’ adressant directement à Molotov, avec lequel il avait entretenu de bon
992 urope organisée, et c’est vers ce grand but qu’il se tournera tout entier. Dès qu’il fut en mesure de marcher de nouveau (
993 cher de nouveau (mais il lui fallut jusqu’au bout s’ appuyer sur quelqu’un pour franchir une marche, ses jambes obéissant m
994 . Dans le même temps, plusieurs autres mouvements s’ étaient fondés. L’Union européenne des fédéralistes, dont la plupart d
995 étroitement rattachée au plan Marshall. Retinger se contenta d’émettre l’idée d’un congrès de l’Europe réuni sous les aus
996 dant, la solution Retinger ne devait pas tarder à s’ imposer, non point parce qu’il l’avait bien exposée — il parlait très
997 a d’un congrès sur l’unité européenne, qui allait se tenir en mai. C’était peu clair, Rappard restait sceptique. Retinger
998 parfois au bras d’un secrétaire, souvent seul et s’ aidant de sa canne, des « responsables » se mirent à l’œuvre, des comi
999 eul et s’aidant de sa canne, des « responsables » se mirent à l’œuvre, des comités se constituèrent, des rapports furent é
1000 « responsables » se mirent à l’œuvre, des comités se constituèrent, des rapports furent élaborés, des résolutions discutée
1001 doctrine. Aux amateurs d’impasses théoriques, il se bornait à opposer de mystérieuses allusions aux conditions sine qua n
1002 , sans y participer.) Le Congrès de l’Europe, qui s’ ouvrit à La Haye le 7 mai 1948 fut l’œuvre personnelle de Retinger, et
1003 mise en œuvre de l’union européenne. Tout ce qui s’ est accompli dans cet ordre, depuis douze ans, a pris son départ à La
1004 s entre l’Europe et le Monde. Lui qui d’ordinaire se bornait, dans les comités, à quelques interruptions d’une sagesse vol
1005 ’une sagesse volontiers sarcastique, tandis qu’il se taisait absolument dans les congrès dont il était l’inspirateur, il n
1006 les autres, mais aussi pour les Suisses ! » Puis, se tournant vers les membres suisses du Conseil, il ajouta : « Vous ne v
1007 uisses. » Le soir même, dînant seul avec nous, il se vantait en riant d’être devenu bavard dans les comités, et répétait q
1008 devenu bavard dans les comités, et répétait qu’il se sentait beaucoup moins fatigué que d’habitude et prêt à reprendre la
1009 son idée d’une Europe unie. Dans les deux cas, il s’ agissait peut-être moins d’un but en soi que d’une étape vers le plus
1010 ail réel ne commençait qu’à l’heure où il pouvait se mettre à téléphoner et à fixer des rendez-vous. C’est alors qu’il ent
1011 nts. Mais celui qui regardait les choses de près, s’ apercevait bientôt que la grande idée dont on parlait était celle de c
1012 crois que j’ai trouvé le secret de sa méthode. Il s’ assied seul à une petite table, commande une fine à l’eau, et l’idée l
1013 nit tout son monde dans une belle salle, retourne s’ asseoir à sa petite table, commande une fine à l’eau, et regarde ce qu
1014 , commande une fine à l’eau, et regarde ce qui va se passer. » Boothby répéta sur le champ l’histoire à Retinger, qui en f
1015 e il le fut une autre fois, quand je lui demandai s’ il était exact qu’il fût à la fois l’agent de l’IS, de la franc-maçonn
1016 licité déconcertante, il mettait tout en place et s’ effaçait. À l’heure de la distribution des prix, des remerciements et
1017 ges émus, on ne savait où le trouver. « Celui qui s’ abaisse sera élevé », certes, mais pas dans ce monde-ci, qui ne pardon
1018 mps son plus proche collaborateur, m’écrit : « Il s’ est confessé et il a reçu les derniers sacrements. Il avait certaineme
1019 et entreprises qui lui tenaient à cœur. Sa santé se détériora très rapidement durant ses dernières semaines, mais cela n’
65 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)
1020 les nouvelles unités de culture indépendantes qui se manifestent dans cette seconde moitié du xxe siècle, notamment celle
1021 ette fin ; 2° qu’un problème tout à fait analogue se posait aux nouvelles nations de l’Afrique et de l’Asie ; 3° que la me
1022 lier le compte rendu de ses travaux. Le colloque s’ est réuni à Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas
1023 tenso des débats. L’action lancée par le colloque se déroule actuellement sur tous les continents dans le climat très favo
66 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Principes et méthodes du dialogue entre les cultures (avril 1962)
1024 rs signes extérieurs traditionnels ; leurs élites s’ efforcent de les amener à une prise de conscience et à une affirmation
1025 hénomènes antagonistes. Les contacts inévitables, s’ ils restent extérieurs et purement subis, renforcent les préjugés mutu
1026 ne. La technique n’y est pas née par hasard. Elle s’ est développée dans un certain contexte religieux, philosophique, biop
1027 uve donc le besoin d’expliquer aux autres — et de s’ expliquer d’abord à elle-même — que la technique n’est pas l’essentiel
1028 onnelles. Dans le Dialogue des cultures, l’Europe se doit et doit au monde d’apporter son expérience de l’intégration diff
1029 pper ce dialogue qui lui est nécessaire, l’Europe se heurte à deux difficultés majeures : a) difficulté de présenter la cu
1030 i viennent dans nos universités ont grand-peine à se faire une idée de la culture européenne dans son ensemble : ils n’étu
1031 a entrepris l’étude des cultures différentes, en s’ inspirant des travaux du Centre international de Tokyo. 1 b) Instit
1032 s-Unis une trentaine. En Inde, quelques instituts se spécialisent dans l’étude de l’Iran, de l’islam, de l’Afrique, ou d’a
1033 es relations culturelles multilatérales. D’autres se limitent à un domaine particulier des relations culturelles : Philoso
1034 spécialistes d’une culture différente n’ont pas à se plaindre (en Occident du moins) : instituts, fondations, revues, édit
1035 ilosophie, de l’art ou de la religion, etc., même s’ ils épuisent chacun leur sujet spécial, ne font pas un Dialogue des cu
1036 ne font pas un Dialogue des cultures. Ils peuvent se multiplier à la satisfaction générale, sans qu’aucun des problèmes de
1037 semble soit touché. Le Dialogue des cultures doit s’ établir entre des ensembles, et porter sur des problèmes vivants : att
1038 ucoup moins étudiés jusqu’ici, ou mal connus. Ici se manifeste l’insuffisance des moyens d’information de base qui permett
1039 des très différentes, parfois opposées. La Russie s’ est séparée politiquement de l’Occident, mais elle en exagère certains
1040 entre nations trop petites, que le dialogue peut s’ instituer. 2. « Présenter » (expliquer et enseigner) ces régions et le
1041 tant à leurs habitants qu’aux autres régions. On se comprend mieux soi-même en s’expliquant aux autres ; et pour répondre
1042 autres régions. On se comprend mieux soi-même en s’ expliquant aux autres ; et pour répondre aux questions d’étrangers, on
1043 e aux questions d’étrangers, on est amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème n’existe guère po
1044 on est amené à mieux se connaître, parfois même à se découvrir. Le problème n’existe guère pour des ensembles comme l’URSS
1045 sembles est facile à « présenter », parce qu’elle s’ est constituée en somme selon les principes de la propagande éducative
1046 ur. Il n’en va pas de même pour l’Europe, où l’on s’ est efforcé depuis un siècle de former vingt « consciences nationales 
1047 er l’Europe. Un morcellement comparable risque de se créer en Afrique noire, et dans le monde arabe, comme conséquence de
1048 ce de la création de nations nouvelles, avides de s’ affirmer aussi sur le plan culturel. Le moyen le plus facile et le plu
1049 el. Le moyen le plus facile et le plus tentant de s’ affirmer, c’est de s’opposer à l’extérieur, c’est-à-dire d’abord à la
1050 facile et le plus tentant de s’affirmer, c’est de s’ opposer à l’extérieur, c’est-à-dire d’abord à la culture européenne et
1051 pour permettre aux interlocuteurs responsables de s’ informer, de se connaître, et d’entreprendre des tâches communes. V
1052 aux interlocuteurs responsables de s’informer, de se connaître, et d’entreprendre des tâches communes. VI. Vers la créa
1053 de représentants qualifiés d’autres cultures. Il s’ agit d’une « simple » question d’organisation, que beaucoup d’intellec
1054 t, même si l’on est persuadé que le vrai dialogue s’ institue au niveau des expériences spirituelles, il reste que les âmes
1055 es ne communiquent pas encore sans que les hommes se rencontrent, et que les rencontres souhaitables demandent à être orga
1056 centres fonctionneraient, on saurait où l’on peut s’ adresser pour recueillir des informations utiles de tous ordres, sur u
1057 res, sur une région donnée. (Aujourd’hui, on doit se renseigner dans une douzaine de capitales, auprès de services officie
1058 s centres (dans quel pays et dans quelle ville ?) se poserait également pour chaque région. Il ne nous appartient pas de d
67 1962, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Le dialogue des cultures [interventions] (avril 1962)
1059 ne pourrions pas même commencer à dialoguer ! Et s’ il fallait se réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serio
1060 pas même commencer à dialoguer ! Et s’il fallait se réunir pour plus de trois ou quatre jours, nous ne serions même pas u
1061 et le plus grand qui permette de converser, sans se lancer dans des discours. Il est bien entendu que notre colloque ne
1062 ’abord, je voudrais que ceci soit bien clair ! Il s’ agit ici d’un dialogue des cultures, et non pas d’un débat de politiqu
1063 aine tant que les tensions politiques subsistent. S’ il en était vraiment ainsi, le dialogue des cultures ne pourrait jamai
1064 , nos hommes d’État, et nos opinions publiques de s’ entendre, de s’arranger, et de régler les conflits encore plus graves,
1065 État, et nos opinions publiques de s’entendre, de s’ arranger, et de régler les conflits encore plus graves, à long terme.
1066 rs fonctions. Je souhaite que nos débats, loin de se complaire dans des généralités généreuses, et loin de prétendre à épu
1067 d’études et d’action à très long terme, et qu’il s’ agit en conséquence d’entreprendre sans perdre une minute. Je passerai
1068 ltant de la situation actuelle dans le monde ? Il s’ agit en somme de vérifier d’abord que nous sommes tous conscients de l
1069 s peuvent et devront être énumérés et définis. Il se peut aussi que certains d’entre vous demandent que soit précisé le se
1070 Car il importe que chaque « région » représentée s’ exprime ici tout à loisir, s’explique aux autres et devant les autres.
1071 région » représentée s’exprime ici tout à loisir, s’ explique aux autres et devant les autres. Il importe que chaque région
1072 uses, et à toute notre histoire. Maintenant, elle se dégage de ce contexte et elle s’objective, elle devient un même phéno
1073 Maintenant, elle se dégage de ce contexte et elle s’ objective, elle devient un même phénomène imposé à toutes les variante
1074 rme du dialogue, première raison de dialoguer. Il s’ agit que cette technique objectivée ne vienne pas maintenant briser, d
1075 cier, des cultures qui sont justement en train de s’ autonomiser, de prendre conscience d’elles-mêmes… À propos de Richard
1076 ultures, ce premier dialogue est universel, et il s’ agit pour nous de le maintenir en cet état, sinon nous aboutirons à de
1077 e nous pouvons tous dire oui et non là-dessus, il s’ agit de distinguer. Il y a le phénomène culture, qui est faire, créer,
1078 ce de plusieurs continents, de cultures qui enfin se dégagent, peut-être grâce à la technique d’ailleurs, mais qui doivent
1079 grâce à la technique d’ailleurs, mais qui doivent s’ expliquer avec la technique chacune à leur manière, et qui ne doivent
1080 au moment même où elles reprennent leur autonomie se laisser uniformiser, bien plus qu’elles ne l’ont été pendant la pério
1081 la, paradoxalement au moment même où les cultures se libèrent et se différencient. Je crois que la formule qu’il faudrait
1082 ent au moment même où les cultures se libèrent et se différencient. Je crois que la formule qu’il faudrait proposer ici, c
68 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Deux-mille volumes sur l’Europe (février 1963)
1083 vrages qui ne traitent que d’un de nos pays (sauf s’ ils ont pour sujet les rapports de ce pays avec l’ensemble européen) ;
1084 ortance de l’ouvrage, son niveau scientifique, et s’ il apporte soit des faits, soit une méthode, soit des arguments inédit
1085 méthode, soit des arguments inédits ; ou encore, s’ il a joué un rôle déterminant dans l’évolution des idées qui a précédé
1086 rines, lors de la Semaine européenne du livre qui se prépare, sur notre initiative, et qui aura lieu au printemps de cette
1087 ivres sur l’Europe ? Les ouvrages sur l’Europe se multiplient déjà d’une manière anarchique, je veux dire : sans tenir
1088 débat ses idées, ses critiques, ses panacées, qui se veulent toutes « fondées sur le terrain solide des réalités ». Leur u
1089 leurs. Ils sont parfois pleins de redites, chacun se croyant tenu de refaire l’historique de la construction européenne, d
1090 fficace à la cause. La préoccupation craintive de se tenir « les pieds sur la terre » leur coupe les ailes. L’homme d’acti
1091 toujours après ce que d’autres ont osé faire sans se demander d’abord si c’était à la mode, si cela intéressait le grand p
1092 lisme politique. Mais quoi ! le succès d’une idée se mesure aussi au grand nombre de ceux qui s’imaginent la découvrir, qu
1093 idée se mesure aussi au grand nombre de ceux qui s’ imaginent la découvrir, quitte à faire la leçon à ses initiateurs.
1094 tes, il ne faut décourager personne, et l’on doit se féliciter de voir autant d’esprits préoccupés de mettre en ordre leur
1095 occupés de mettre en ordre leurs idées sur ce qui se passe dans notre monde. Mais publier tout cela pose un autre problème
1096 et c’est aux éditeurs qu’on voudrait demander de se montrer plus difficiles. Trop d’ouvrages de seconde main sur l’Europe
1097 diteurs auraient tout avantage à connaître ce qui s’ est fait jusqu’à présent : ils verraient mieux quelles sont les lacune
1098 de grands ouvrages d’art, les autres préféraient se limiter à des livres de format courant, d’autres enfin craignaient qu
1099 soient pas de bonne vente dans leur pays. Qu’ils se soient trompés sur ce dernier point, c’est ce qu’a montré le succès q
1100 e l’intérêt pour les publications « européistes » s’ est fortement accru depuis deux ans, ainsi que nous l’avions prévu. D’
1101 e d’éditeurs54 qui publie la collection Eurolibri s’ est spécialisé dans le domaine de l’économie et du droit économique. I
69 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Enquête sur l’enseignement civique dans les pays européens [Avant-propos] (mai 1963)
1102 ien défini d’étudier le terrain sur lequel allait se développer la Campagne d’éducation civique européenne. Les considérat
1103 tants de l’Europe. Sinon, il est probable qu’elle se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’
1104 se fera tout de même — elle est déjà en train de se faire — mais elle n’aura que le nom d’une démocratie, que le nom d’un
1105 es, au mieux technocrates. Le problème urgent qui se pose est donc celui de la promotion d’un civisme européen. ⁂ Au term
1106 péen. ⁂ Au terme d’un colloque universitaire qui se tint à Genève en mai 1961 sous les auspices de la Journée européenne
1107 uropéennes dans cet enseignement. Un vaste effort s’ imposait donc de toute urgence. Il exigeait la coopération de tous les
1108 s stages internationaux. Le premier de ces stages se tint à Bruxelles en début janvier 1963 sous les auspices et avec l’ap
1109 révus, à quelques semaines près. Comme il fallait s’ y attendre, ces réponses font ressortir surtout les lacunes et l’insuf
1110 . Il reste à trouver, ou à former, les hommes qui se chargeront de ces tâches, et les moyens financiers nécessaires. Ces d
1111 onus civique), mais il est clair qu’on ne pouvait s’ attendre à trouver pareille suggestion dans les réponses officielles.
1112 lièrement frappante dans des pays qui, jusqu’ici, se sont tenus à l’écart de l’entreprise des Six, voire même du Conseil d
70 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [Avant-propos] (juillet 1963)
1113 , compositeurs de musique, écrivains et critiques s’ y trouvaient pour une fois réunis autour d’une même table avec de haut
71 1963, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pour une métropole régionale Aix-Marseille-Étang de Berre [interventions] (juillet 1963)
1114 aradoxe est purement apparent. En réalité, ce qui se produit maintenant avec l’ouverture du Marché commun — et ce n’est qu
1115 res, anciennes, ou nouvelles, ou renouvelées, qui se partagent le monde dans cette deuxième partie du xx e siècle, qu’il s
1116 dans cette deuxième partie du xx e siècle, qu’il s’ agisse de la culture européenne ou de l’africaine, ou de l’arabe, ou d
1117 la culture européenne, mais elle est en train de s’ objectiver, de se détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’a ét
1118 éenne, mais elle est en train de s’objectiver, de se détacher de cette base, de ce foyer créateur qu’a été l’Europe, et de
1119 se, de ce foyer créateur qu’a été l’Europe, et de se confronter avec toutes les anciennes traditions culturelles. Dans ce
1120 e disait récemment à Genève Bertrand de Jouvenel, s’ adressant à des représentants de cultures très diverses, nous sommes t
1121 tte thèse peut paraître pessimiste, peut paraître se rattacher à tout ce qu’on a dit depuis un demi-siècle en Europe contr
1122 inquante ans encore. En Amérique, il a paru et il s’ est vendu, en 1960, 360 millions de livres de poche, donc à peu près u
1123 ifique, une spécialisation trop poussée et fermée s’ oppose au progrès même, à l’invention. Il résulte d’une série d’études
1124 des techniciens spécialisés mais à des hommes qui s’ occupent de toutes sortes d’autres choses, qui ont un éventail très la
1125 tes, à trouver du neuf qu’ils ne trouveraient pas s’ ils étaient prisonniers des routines de leurs spécialisations. Les plu
1126 st un problème d’éducation. Un phénomène analogue se produit dans l’évolution des techniques industrielles. On a beaucoup
1127 ectronique et de l’atomistique, tout change et on s’ aperçoit que la technique, loin d’asservir l’homme, arrive à le libére
1128 et de l’économie. La peinture et la musique qui se développent en Italie du Nord au xiv e siècle et au xv e siècle se tr
1129 Italie du Nord au xiv e siècle et au xv e siècle se transmettent aux Flandres, le long du grand axe commercial de l’époqu
1130 ercial de l’époque qui était Venise-Bruges. Elles se développent dans les Flandres, redescendent par la Bourgogne. Les pei
1131 is d’un foyer de création à un autre foyer. Elles se propagent de lieu en lieu ; elles sont les créations d’artistes évide
1132 qui nous réunit. […] Au moment où les frontières s’ ouvrent à des échanges plus libres, il faut qu’il y ait quelque chose
1133 e, qui a déjà une forte densité culturelle. Il ne s’ agit pas ici d’une population culturellement sous-développée à laquell
1134 le on devrait apporter les lumières de Paris ! Il s’ agit bien plutôt de faire participer l’ensemble d’une population activ
1135 ommunications, les échanges et les mouvements. Il se peut que ceux qui le gardent en soient très fiers, mais le but de leu
1136 des questions ennuyeuses sur leur politique, tout se passe très bien. La chose est parfaitement admise et considérée comme
1137 e bénéficiaire pour l’ensemble des États-Unis. Il s’ agirait d’obtenir des conditions analogues en Europe. Un projet de loi
1138 dre les uns et les autres et de ce qu’ils peuvent s’ apporter les uns aux autres. Je suggère cette idée de fondation, dotée
72 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Campagne pour l’Europe des citoyens (septembre 1964)
1139 ore « faite », et le citoyen pas encore européen, se regardent comme la poule possible et l’œuf virtuel, et chacun dit à l
1140 ? Pour sortir du cercle vicieux où les sceptiques se croyaient enfermés, des militants de l’Europe librement fédérée — c’e
1141 ec l’aide des enseignants. ⁂ Une première réunion s’ est tenue à Genève en mai 1961 pour étudier les possibilités de l’ense
1142 t des élèves pour la chose publique et leçons qui s’ y rapportent ; 2° Une carence de l’éducation civique : là où elle exis
1143 de l’éducation civique : là où elle existe, elle se borne à décrire les institutions mais ne présente pas les problèmes v
1144 présentés aux stages organisés de 1962 à 1964. On s’ est borné à reproduire l’essentiel des communications qui ont recueill
1145 voudra bien garder dans l’esprit le fait qu’il ne s’ agit que d’un départ, et que l’action de la Campagne est à long terme.
1146 tard, le Conseil de coopération culturelle (CCC) s’ étant constitué, [le Conseil de l’Europe] a délégué au comité de la Ca
1147 tion européenne de la culture). 57. Cf. L’Europe s’ inscrit dans les faits (éditions française, allemande, anglaise, grecq
73 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stage d’Oosterbeek (septembre 1964)
1148 étermine pas. Et que les historiens nationalistes se moquent de nous quand ils prétendent que telle chaîne de montagnes ou
1149 deux peuples, fatalement, et les obligent donc à se faire la guerre, alors qu’on peut aussi bien dire qu’ils unissent et
1150 par des frontières arbitraires. Si ces frontières se dévalorisent (comme celles des Six, ou celles des cantons suisses), l
1151 pose aux professeurs de géographie. Et je ne sais s’ ils y répondront pendant ces journées d’étude, mais ils sauront au moi
1152 ils sauront au moins qu’un Européen d’aujourd’hui se les pose, et que c’est cela qui l’intéresse et que c’est peut-être da
74 1964, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Université et universalité dans l’Europe d’aujourd’hui (décembre 1964)
1153 matériaux par mer ou par terre ; et chaque groupe s’ appliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés
1154 es langues diverses, et incapables de plus jamais s’ entendre pour accomplir leur dessein. En effet, chacun des groupes exe
1155 t barbarius loquuntur). Si bien que les seuls qui s’ en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendr
1156 x qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’ étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travaill
1157 des esprits, publiée vers 1920 : « Les Européens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les
1158 uvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses diverses facultés
1159 uts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’ enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Essayons de poser le problèm
1160 vitesse des communications. Les nations tendent à se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents, et
1161 ications. Les nations tendent à se regrouper et à s’ organiser en de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Europe
1162 r continents, et d’abord en Europe. Les races qui s’ ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semblai
1163 uleur différente ne semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demai
1164 semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’ admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissa
1165 plus ancien symbole des divisions de l’humanité, s’ interpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’a jamais autant ap
1166 ons de l’humanité, s’interpénètrent, et certaines s’ universalisent. On n’a jamais autant appris de deuxièmes et de troisiè
1167 sation… Voilà le premier mouvement, mondial. Tout se rapproche, tout interfère, tout coopère ou tout se mêle, pour le meil
1168 e rapproche, tout interfère, tout coopère ou tout se mêle, pour le meilleur et pour le pire. Arrêtons-nous quelques instan
1169 ur du monde. Mais en même temps que cette culture se mondialise, dans la mesure où partout, on exige ses produits, on imit
1170 its, on imite ses techniques et procédés, et l’on se réclame, fût-ce pour les retourner contre l’Europe, de ses doctrines
1171 es et de certaines de ses valeurs — en même temps se manifeste et se prononce, précisément au cœur de cette culture qui fu
1172 es de ses valeurs — en même temps se manifeste et se prononce, précisément au cœur de cette culture qui fut l’agent de la
1173 enseignement supérieur : explosion du savoir, qui se traduit par un accroissement continuel à la fois du nombre et de l’ex
1174 humain, facultés et spécialités sont en train de s’ éloigner les unes des autres avec une vitesse croissante, comme autant
1175 t commun, des fins dernières de l’entreprise, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire que tout langage
1176 l’inconcevable. Mais dire que tout langage commun se perd, entre les branches sans cesse multipliées du savoir, c’est dire
1177 commune mesure d’une civilisation est en train de s’ évanouir — j’entends par là, sa conception de l’homme universel, cet i
1178 e plus, de langage commun, et que les buts finaux s’ obscurcissent, il faut bien voir que cela veut dire aussi, très concrè
1179 lles de la Sorbonne, p. ex. où déjà les étudiants s’ écrasent une heure avant les grands cours.) L’explosion du savoir est
1180 peut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’ est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosop
1181 rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les lettres. Ma
1182 originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’ exercer. Un exemple précis illustrera ce point. Supposons que la théol
1183 me ou non à la théologie, et fort probablement ne s’ en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentants d
1184 x de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’ est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, n
1185 , ils l’ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’ expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’avaient entrepris
1186 n, et particulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à jus
1187 insécurité. L’intellectuel européen d’aujourd’hui se sent tributaire de disciplines forcément partielles, susceptibles à t
1188 et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’être peu
1189 plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle correspo
1190 a à la fois, sans choix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domain
1191 tact de la culture européenne, et c’est là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insista
1192 risation de la philosophie et de la recherche qui s’ est manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie siècl
1193 erait un beau sujet d’études !) Or rien de tel ne s’ est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homog
1194 moins, le Parti qui l’interprète). L’Europe seule se voit obligée de rechercher sans cesse, en d’infinis débats, les princ
1195 donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se récuse méthodiquement et met dans ce refus tout son sérieux. Et je vo
1196 de la réalité de la matière et du corps, où Dieu se manifeste) et le développement des sciences physiques et naturelles d
1197 qui leur posent ces questions fondamentales, ils se verraient conduits à dépasser leur régime de spécialités académiques,
1198 ès, il faudrait que le théologien soit capable de se référer non seulement aux conciles et aux textes sacrés, mais aux fon
1199 mple, c’est que l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde, qu’elle a réveillé, dans le désordre spiri
1200 et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’ étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre
1201 super-savants. Pic de la Mirandole, aujourd’hui, se verrait contraint de choisir entre une carrière de brillant vulgarisa
1202 de la recherche la plus hautement spécialisée qui s’ est vue conduite par les nécessités internes de son cheminement à débo
1203 rs d’entre eux l’ont écrit. Une phrase de Spinoza s’ est fixée dans mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous c
1204 t à partir desquels l’esprit de synthèse pourrait s’ exercer. Le nombre optimum des participants de tels groupes me paraît
1205 enre, c’est la qualité personnelle des hommes qui s’ y livrent : sinon une bonne machine électronique, convenablement infor
1206 ire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’ opère dans le vide, ou au ciel des Idées — car là sans doute toutes le
1207 stent déjà en puissance ; et pas non plus qu’elle s’ inscrive devant nous, sur quelque carte perforée, comme un résultat ob
1208 objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’ actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car
1209 porte, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’ opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement elle pe
1210 nthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’ incarne une sorte de conscience conjoncturelle de l’évolution de nos r
1211 ls auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser ou fomenter ce
1212 ns des universités nouvelles pourraient librement s’ accorder aux optima que votre Conférence se préoccupe d’établir et que
1213 rement s’accorder aux optima que votre Conférence se préoccupe d’établir et que proposent avec beaucoup de sagesse, me sem
1214 Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel, et qui se base sur le nombre de prix Nobel de sciences par million d’habitants
1215 cifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les continents de la planète
1216 une anxiété mêlée d’arrogance, à l’heure où elle s’ interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire. C
1217 liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’à s’ allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel centre
1218 is… Comment baptiser l’entreprise ? Elle pourrait se réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Acadé
1219 hommes. 59. Je n’ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment, pour faire de la mathématique un
75 1965, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). L’Europe et le monde [Introduction] (février 1965)
1220 tous les pays en guerre — y compris l’Allemagne — se réunirent en petits colloques, puis en congrès de plus en plus specta
1221 te pas les déséquilibres existants, et qu’elle ne se retourne pas contre l’Europe ; — et il faut que les Européens se préo
1222 contre l’Europe ; — et il faut que les Européens se préoccupent de présenter au monde nouveau et aux cultures différentes
1223 d’une unité finale, dans la vérité, sinon chacun s’ enferme en soi — ou c’est la guerre. Or d’une part nous ne pouvons plu
1224 fronter honnêtement. Un petit groupe d’animateurs s’ est réuni à Genève et à Paris dès 1961, pour faire du « brainstorming 
1225 e mieux voir comment il faut le faire). Le groupe s’ est ensuite occupé de sonder l’opinion de nos élites, et de réunir des
1226 e parlerai ici que des premières, celles qui vont se mettre à l’ouvrage cet après-midi et demain matin. À la première comm
1227 actéristiques des élites européennes de ce siècle se dessinent dans ces rapports. Les uns comme M. Joseph Needham, le gran
1228 umilité » devant les cultures orientales, dont on se demande si ils ne les tiennent pas, au fond et systématiquement, pour
1229 nnent conscience de leurs vertus fondamentales et se concertent pour adopter une politique commune. Les uns nous mettent e
1230 rogance naïve à l’égard des autres cultures. Cela s’ explique : ils les connaissaient mal, ils les connaissaient surtout pa
1231 et de l’Inde : parce que ces sages essayaient de se mettre à la portée de leur intelligence souvent fruste, nos marins, m
1232 ont pu penser cela ! Toutes les grandes cultures se sont considérées, partout et de tout temps, comme la vraie, la seule,
1233 Européens, dès le xviiie siècle, ont accepté de se relativiser et de se juger objectivement, avec mesure et discriminati
1234 iiie siècle, ont accepté de se relativiser et de se juger objectivement, avec mesure et discrimination, sans se renier né
1235 bjectivement, avec mesure et discrimination, sans se renier nécessairement, comme beaucoup le font aujourd’hui dans le tie
1236 e concert des cultures. La deuxième commission va s’ occuper des doctrines et formes de vie politique de l’Europe, et de le
1237 et de nos formules fédéralistes. Là encore, il ne s’ agit pas un instant, quoi qu’en aient pensé certains d’entre vous, de
1238 alable soient réunies. La troisième commission va s’ atteler à la tâche capitale d’une évaluation critique du concept de so
1239 e kilo, le mètre ou l’erg, à laquelle on pourrait se référer en toute certitude ? L’idée si répandue dans le tiers-monde d
1240 s ou culturels, que toutes les lois de l’économie s’ effondrent, si justes qu’elles soient localement dans un milieu conven
1241 e. Supposez qu’une épidémie de mystique ascétique se déclare dans une région de l’humanité : toutes les prétendues lois de
1242 é : toutes les prétendues lois de la consommation s’ en trouveraient du même coup radicalement faussées. Cette hypothèse n’
1243 et nous n’étions alors que des sauvages — lorsque se répandit le brahmanisme, bientôt suivi on ne sait trop pourquoi ni co
1244 ient nulles et fausses si une région tout entière se convertissait à la croyance des mennonites, qui interdit l’usage de l
1245 différente, il faut bien voir que du même coup on s’ attaque à son âme, ou en tout cas au mode de jonction et d’articulatio
1246 ni de le cacher à ceux que nous nommons — et qui se nomment eux-mêmes — sous-développés. Nous avons au contraire le devoi
1247 soumis à notre quatrième commission62, celle qui s’ occupera de plusieurs sujets groupés sous l’étiquette de questions soc
76 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Civisme et culture (notamment artistique) (mai 1967)
1248 e (notamment artistique) (mai 1967)dc Que l’on s’ occupe d’enseignement de l’histoire et de la géographie, des instituti
1249 ion civique des élèves. Mais que l’on en vienne à s’ occuper aussi, dans le même cadre, de l’enseignement des arts plastiqu
1250 blique et civique — domaine du sérieux. On pourra s’ inquiéter aussi de nous voir intégrer les arts dans la préparation civ
1251 que nul d’entre vous ne partage ces doutes ou ne se pose ces questions, il est certain que le lien entre culture et civis
1252 si elles sont bien comprises, elles convergent et s’ appuient mutuellement dans l’optique de l’Europe que nous voulons unir
1253 ’Europe que nous voulons unir, cette Europe qu’il s’ agit de faire vivre tout d’abord dans l’esprit et le sentiment des jeu
1254 tion active de l’individu à la vie commune, qu’il s’ agisse du cercle familial, professionnel et communal pour commencer, e
1255 , y participent vraiment dans la mesure où ils ne se contentent pas d’écouter mais où ils prennent la parole ! Participer,
1256 ation au civisme. Celle-ci, en effet, ne doit pas se contenter d’inculquer un savoir, de donner des réflexes, de disciplin
1257 er l’individu, mais elle doit l’inciter à agir, à se manifester activement dans la communauté, à y tenir sa place selon se
1258 rai démocrate, un bon citoyen et un bon Européen, s’ il ne comprenait pas et s’il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il
1259 yen et un bon Européen, s’il ne comprenait pas et s’ il ne sentait pas, presque d’instinct, qu’il ne peut y avoir de libert
1260 t les tribunaux. Inversement, un homme ne saurait se sentir et ne saurait être vraiment libre, si ce n’était pour faire qu
1261 de la communauté. En d’autres termes, la liberté se réalise et s’actualise dans la responsabilité, que ce soit pour le bi
1262 uté. En d’autres termes, la liberté se réalise et s’ actualise dans la responsabilité, que ce soit pour le bien ou pour le
1263 des civilisations totalitaires dans lesquelles il s’ agit avant tout d’être conforme, d’obéir strictement aux modèles colle
1264 teur. Participer à la culture, c’est tout d’abord se cultiver. Placé devant l’ensemble des œuvres qui représentent la cult
1265 s qui représentent la culture européenne, — qu’il s’ agisse de livres ou de monuments, de tableaux ou de symphonies, de sta
1266 tour. Il commencera naturellement par imiter, et s’ il imite mal, son maître le corrigera. Mais à cela ne se borne pas son
1267 mite mal, son maître le corrigera. Mais à cela ne se borne pas son éducation artistique : l’imitation correcte des modèles
1268 e personnelle puisse apparaître. Cette différence se manifeste d’abord comme une erreur. Il appartient au bon maître de di
1269 on et la sanction suprême de la communauté — même s’ il ne doit l’obtenir qu’à titre posthume. Nous retrouvons ici nos deux
1270 fondamentales : liberté et responsabilité. Qu’il s’ agisse du citoyen actif ou de l’artiste créateur, le problème est le m
1271 dans sa forme et dans ses étapes dialectiques. Il s’ agit d’abord d’acquérir une certaine somme d’informations, puis de se
1272 quérir une certaine somme d’informations, puis de se former le jugement ou le sentiment ou la main ; puis de voler de ses
1273 n artiste européen. L’éducation européenne, qu’il s’ agisse de civisme ou de culture trouve ainsi sa formule caractéristiqu
1274 artiste commence par le pastiche », mais c’est en s’ opposant aux « derniers grands » parmi les maîtres de leur jeunesse qu
1275 phaël, qu’un Van Dyck, qu’un Ribera ou un Holbein s’ effacent, — de même qu’avec Stravinsky s’effacent Wagner, Berlioz, Sch
1276 Holbein s’effacent, — de même qu’avec Stravinsky s’ effacent Wagner, Berlioz, Schumann et Gluck, tandis qu’on redécouvre V
1277 tantôt remonte au dessin des vases grecs, tantôt s’ amuse à refaire Les Ménines de Vélasquez, ou s’inspire de statues crét
1278 ôt s’amuse à refaire Les Ménines de Vélasquez, ou s’ inspire de statues crétoises, etc. Jamais un siècle n’avait été plus f
1279 simultanées de la tradition et de la révolution, se nourrissant, se fécondant l’une l’autre. Et l’historien peut en donne
1280 la tradition et de la révolution, se nourrissant, se fécondant l’une l’autre. Et l’historien peut en donner d’innombrables
1281 supérieure aux « cultures nationales » Ce qui s’ oppose à l’union de l’Europe et à la formation d’une conscience commun
1282 lemands qui croyaient défendre leur Kultur — elle se dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’Histoire, et très par
1283 avec le chant grégorien au vie siècle en Italie, s’ enrichit au couvent de Saint-Gall avec les séquences et les tropes, se
1284 t de Saint-Gall avec les séquences et les tropes, se constitue d’une manière autonome avec les troubadours du Languedoc, d
1285 Bruges, les échanges de compositeurs et de styles se multiplient au xve siècle ; Guillaume Dufay en est l’illustration. U
1286 e Dufay en est l’illustration. Une nouvelle école s’ épanouit dans les Flandres avec Ockeghem et Josquin des Prés. Elle ray
1287 ard, les Allemands comme Heinrich Schütz viennent s’ initier auprès des maîtres vénitiens. Bach copie avec application des
1288 le, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Bayre
1289 ment l’école locale ou régionale dans laquelle il s’ est formé. Roland de Lassus n’appartient ni à la Belgique, ni à la Fra
1290 lmar à la France des siècles après sa mort. Qu’il s’ agisse de musique, de peinture, d’architecture, de philosophie ou de s
1291 unauté de créations et d’influences mutuelles qui s’ appelle l’Europe dans l’histoire de l’esprit humain. Montrer cela sans
1292 s n’ont pas pu (ou l’inverse) et des amateurs qui se contentent d’acheter les œuvres cotées des professionnels, ou d’en pa
1293 de la communauté. Tout le monde n’a pas besoin de se consacrer à la peinture ou à la musique ou à la littérature et d’en f
1294 faire sa carrière, mais tout le monde a besoin de s’ exprimer, de créer le cadre de son existence quotidienne, d’en compose
1295 civique : ce rapport devient manifeste dès qu’il s’ agit de discuter et de voter un plan d’urbanisme, ou de sauvegarder un
1296 mportante dans tous nos programmes scolaires. Car s’ il est vrai comme le dirait Pascal que le principe de toute morale est
1297 de toute culture c’est de bien sentir. Tout cela se tient très étroitement. Thème conclusif L’art, comme le civisme
1298 lusif L’art, comme le civisme, est un moyen de s’ exprimer librement en tant qu’homme responsable — selon la formule eur
77 1967, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vingt langues, une littérature (mai 1967)
1299 des langues et des littératures étrangères doive se proposer « d’inspirer à l’élève le respect des peuples étrangers » co
1300 une directive pédagogique d’un de nos pays. Il ne s’ agit pas d’utiliser l’enseignement au profit d’une bonne cause, fut-el
1301 nal, 2° littéraire et non pas politique. Ce qu’il s’ agit ici d’inspirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’ils le
1302 inspirer à l’élève, c’est le respect des auteurs, s’ ils le méritent, et non des peuples. Un peuple n’écrit rien, ne produi
1303 roduit de certains auteurs et des propagandes qui s’ en sont inspirées. De même, ce n’est pas le génie de la France du Gran
1304 des plus sombres de l’histoire, en France. Il ne s’ agit pas non plus de « dégager les apports des différents pays », comm
1305 la réalité historique (aucun pays, comme tel, ne s’ est jamais préoccupé de faire un « apport » littéraire, à l’on ne sait
1306 nationale dont l’enseignement littéraire devrait se guérir s’il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son obje
1307 dont l’enseignement littéraire devrait se guérir s’ il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son objet. Quand i
1308 seignement littéraire devrait se guérir s’il veut se conformer à la vérité et à la réalité de son objet. Quand il faut car
1309 ort qui caractérise l’écrivain, mais la région où s’ est formée sa sensibilité, la religion qu’il suit ou qu’il a rejetée,
1310 tant qu’à notre idée de l’enseignement. Mais elle se fonde sur l’idée que l’enseignement de l’histoire, de la géographie,
1311 roposée L’Europe est une unité de culture, qui s’ est constituée par la confluence de plusieurs courants civilisateurs (
1312 , Celtes, Germains, puis Arabes et Slaves) et qui s’ est, au cours des âges, à la fois intégrée et diversifiée. La « littér
1313 as de l’addition de littératures nationales qu’il s’ agirait aujourd’hui, de rapprocher et de comparer, voire d’unifier (ho
1314 e ère jusqu’à la domination anglaise, tout ce qui s’ écrit en Inde est poésie ou prose sacrée, religieuse, rituelle, symbol
1315 ute voix met l’accent sur la mauvaise syllabe, il s’ endort pour l’éternité… Les écrits hindous (ou aztèques, incas, mandar
1316 )… Elle constitue une « unité intelligible », qui s’ évanouit dès qu’on la morcelle… Le « présent intemporel », qui est une
1317 u, l’autre canada, un troisième tamil, ne peuvent s’ entendre qu’en anglais et Nehru leur parlait en anglais. Les Chinois r
1318 les romantiques allemands, français, anglais, ils se ressemblent davantage entre eux que chacun d’eux aux auteurs classiqu
1319 e école, un « génie ». Les fédéralistes européens s’ engagent à ne jamais faire aux nations du continent ce que les unitair
78 1968, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Vers une fédération des régions (hiver 1967-1968)
1320 rchill appelle la création de quelque chose qui «  s’ appellera — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il s’écrie : « Je
1321 era — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il s’ écrie : « Je dois vous donner un avertissement. Le temps presse. Si no
1322 vait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes, comme
1323 te de notre temps. »67 Mais qui ne voit que ceci s’ oppose à cela, dramatiquement, et que cette « réalité fondamentale du
1324 qu’exalte le ministre d’État du général de Gaulle s’ y opposent encore irréductiblement, de tout leur être de nations « sou
1325 vu, mais bien le siècle des nations, est-ce qu’on s’ en félicite, ou bien est-ce que l’on dit « le siècle des nations » com
1326 talogne —, crises dont il est concevable qu’elles se résolvent un jour (soit par l’octroi d’un régime plus différencié et
1327 un rattachement à l’État-nation voisin), viennent s’ ajouter des crises plus amples et dramatiques, qui affectent l’être mê
1328 tégral, on voit le Jura francophone et catholique se révolter contre l’étatisme de Berne au nom d’une ethnie différente qu
1329 tisme de Berne au nom d’une ethnie différente qui se veut nation, cependant que tout près de là, Bâle devient le centre d’
1330 nt passé par l’école et croient savoir l’histoire s’ imaginent qu’il y a toujours eu des États, que les nations sont immort
1331 sent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment aux dépens de l’empire et de la papauté, voire contre ces sym
1332 moyenne grandeur centré sur l’Île-de-France « ne se reconnaît plus de supérieur au monde », traite donc l’empire de haut
1333 te donc l’empire de haut en bas (faute d’avoir pu se faire élire empereur), fait gifler le pape, puis confisque la papauté
1334 urope de l’Est et du Nord, qui l’un après l’autre se déclareront eux aussi « souverains absolus », superiorem in terris no
1335 , tu es devenu un monstre aux multiples têtes ! » s’ écrie Dante dans son traité De la Monarchie, appel désespéré, et qui r
1336 mné et bafoué. Les cinq siècles suivants verront se renforcer et se sacraliser de plus en plus l’idée fatale de la souver
1337 Les cinq siècles suivants verront se renforcer et se sacraliser de plus en plus l’idée fatale de la souveraineté absolue,
1338 st à peine supportable quand un prince l’incarne, s’ il n’est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révolta
1339 massivement meurtrière — quand c’est un parti qui s’ en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins puis des
1340 re unique de décision, par le moyen de bureaux où se concentrent tous les pouvoirs administratifs, civils et militaires, f
1341 te de la patrie étatisée, seul Absolu auquel tout s’ ordonne, et au nom duquel les maîtres de l’État peuvent mettre à mort
1342 s, Dieu merci. L’État-nation centralisé et unifié s’ arroge ainsi tous les pouvoirs des grands empires traditionnels, bien
1343 linguistique, ni le caractère d’universalité. Il se rêve et se veut fermé, complet, suffisant en soi tant pour sa culture
1344 ue, ni le caractère d’universalité. Il se rêve et se veut fermé, complet, suffisant en soi tant pour sa culture que pour s
1345 ais de ceux des autres. C’est donc une partie qui se veut aussi grande que le tout. L’État-nation moderne, unitaire et abs
1346 démission de la CECA). Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou moyenne force de fra
1347 ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands,
1348 ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Remède facile à prescrire, mais presque im
1349 ilemme aussi simple qu’inexorable : — ou bien ils se contentent de proclamer leur volonté farouche d’indépendance et leur
1350 e de profond et de constitutif qui les retient de s’ unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons déf
1351 e indépendance de moins en moins croyable, et qui se borne en fait à la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépenda
1352 e concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absor
1353 re plan que celui-là, précisément, où le problème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir
1354 ment, où le problème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de no
1355 ècle Il n’est rien dont les jeunes sociologues s’ occupent avec plus de passion en Europe. C’est qu’en effet, il s’agit
1356 plus de passion en Europe. C’est qu’en effet, il s’ agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement pre
1357 de notre siècle, comme un visage dont les traits se composent et s’illuminent peu à peu sur le fonds chaotique de la soci
1358 , comme un visage dont les traits se composent et s’ illuminent peu à peu sur le fonds chaotique de la société que le xixe
1359 nds chaotique de la société que le xixe a laissé se faire au petit bonheur, la société stato-nationaliste et industrielle
1360 ent quadrillée par l’administration et la police, se détachent maintenant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne
1361 e de la combinaison de forces très diverses qu’il s’ agit de capter et d’harmoniser, et dont les principales sont : l’explo
1362 plus le Luxembourg et j’imagine (bien que la CEE se taise sur ce point) au moins trois régions pour la Belgique. Au-delà
1363 d’intense production industrielle, où sont venues s’ implanter les plus importantes usines atomiques françaises. Parmi les
1364 ntaires, concomitants. Car au fur et à mesure que se dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont se
1365 frontières de nos États-nations, les régions vont se mettre à vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-natio
1366 et économiques, les régions vont très rapidement se dessiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et
1367 es, les régions vont très rapidement se dessiner, s’ organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, plei
1368 vont très rapidement se dessiner, s’organiser et s’ affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, pleines de vitalité
1369 t fréquentes que possible. Elles seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réalit
1370 ions Au cours de ces dernières années, on a vu se multiplier les recherches scientifiques, les articles de journaux, le
1371 que et de renouvellement des conceptions de base, se développe un véritable mouvement de revendications politiques. Les ca
1372 n’est pas toute négative, j’entends quand elle ne se réduit pas à dire non à des mesures positives, ou bien à consentir un
1373 problème de la régionalisation du territoire. On s’ est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la struc
1374 l’exploitation des régions par l’État central. On s’ est intéressé très spécialement aux régions périphériques, les plus né
1375 ole de près d’un million d’habitants d’une région s’ étendant en Belgique autant qu’en France, et au surplus liée au sud de
1376 ncophones périphériques du Mont-Blanc. Et les Six s’ intéressent beaucoup à d’autres régions limitrophes bi- ou trinational
1377 ns maintenant que dans ces métropoles, peu à peu, se forment ces centres de décision régionaux dont tout le monde parle, e
1378 faite. Et du même coup la fédération de l’Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige
1379 e l’Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers d
1380 ration, vingt à trente ans, en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre histoi
1381 s et son régime de participation civique intense, s’ opposa durant des siècles à la monarchie autoritaire et belliqueuse, c
1382 re civilisation européenne ; de même la région va s’ opposer aux faux comme aux vrais empires centralistes et monopolisateu
1383 tes et monopolisateurs qui prétendent aujourd’hui se partager le monde. Si nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de
1384 n sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernest Renan s’ était écrié dans un discours célèbre à la Sorbonne : « Les nations ne
1385 nt » des États-nations par la fédération, cela ne se fera point par le jeu spontané du fameux « mouvement de l’histoire ».
1386 e ». Il faudra que la succession, le remplacement s’ opèrent dans les esprits d’abord, par la révolution la plus difficile
1387 gories de pensée non seulement invétérées jusqu’à se confondre avec une sorte d’instinct acquis, non seulement chargées d’
1388 ent liées, gravitant autour de centres urbains où se localisent d’importantes fonctions économiques, en particulier les fo
1389 xagère leur taille, les régions tendent ou bien à se confondre avec les unités nationales ou bien à perdre leur significat
1390 itoriale considérée, de sorte que celle-ci tend à se confondre avec la simple unité locale. Mais entre ces limites supérie
1391 et sur des chiffres absolus de la population, on se préoccupe de fonctions, de potentiels et de densités. Tout se passe
1392 de fonctions, de potentiels et de densités. Tout se passe comme si l’évolution moderne venait subitement de nous faire so
1393 aussi un symbole de durée. La région au contraire se définit par des dynamismes combinés, par leurs résultantes variables,
1394 l. Pour la première fois dans l’histoire, la cité se détache du territoire, elle « décolle » ; une unité politique se défi
1395 erritoire, elle « décolle » ; une unité politique se définit non plus en termes de limites, mais en termes de rayonnement,
1396 ses de l’indépendance absolue mais illusoire dont se vantaient les États-nations. Enfin, il est une grande notion que les
1397 son action seront garanties par la possibilité de se rattacher et de donner son allégeance à des ensembles différents à la
1398 ue des régions On a vu que la notion de région s’ est imposée à l’attention des économistes d’avant-garde, puis des soci
1399 ionales de 1961) ; b) des régions plurinationales se sont définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à
1400 t définies ou constituées et elles ne peuvent que se multiplier à mesure que les barrières douanières s’abaissent et tombe
1401 multiplier à mesure que les barrières douanières s’ abaissent et tombent ; c) l’analyse du sous-développement de nombreuse
1402 Car les stato-nationalistes, désormais, auront à se défendre sur deux fronts — et telle est la faiblesse à long terme de
1403 ptimisation des maxima contradictoires —, loin de se réduire à un système d’alliances interétatiques ou internationales, t
1404 diloquents, à gauche au moins autant qu’à droite, se disposent à contrer de toutes leurs forces et par tous les moyens adm
1405 e activités de tous ordres. Jusqu’au jour où l’on s’ apercevra qu’il n’y a plus qu’à formaliser et couronner d’un exécutif
1406 ce qui existe déjà et sur ce qui est en train de se faire, de toutes parts. Imaginons un tableau des régions de l’Europe
1407 Lausanne, Westminster et Bruxelles — que l’Europe se ferait lorsque la volonté européenne l’emporterait sur les volontés n
1408 ser aujourd’hui que l’Europe des États-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle est une contradiction dans les
1409 que l’Europe des États-nations ne se fera pas ou se fera trop tard, qu’elle est une contradiction dans les termes, une ut
1410 ire que cela : un objectif anachronique. L’Europe se fera — et sera fédérale — lorsque les volontés locales et régionales
1411 s notes essentielles de l’empire. 72. « Quand il s’ agit de nations comme celles de la vieille Europe […], qui pourrait ad
79 1970, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La région n’est pas un mini-État-nation (hiver 1969-1970)
1412 s en plus sûr. Objections tactiques « Comme s’ il n’était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et
1413 ousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas. » « La Bretagne n’est pas une entité économique viable. Et
1414 d’un seul et même territoire sur lequel cet État se déclare souverain. — Cette superposition forcée de réalités radicalem
1415 entification de « voir » et de « comprendre » qui s’ en suit. L’homme de la civilisation visuelle, de l’imprimé, de la lect
1416 — c’est-à-dire gouvernée par un pouvoir unique et s’ exerçant dans tous les domaines clés : le politique, l’économique, le
1417 nations européens. (C’est un peu ce que l’on voit se dessiner — encore un terme visuel ! — avec les essais de « régionalis
1418 t de l’Italie.)91 Certains motifs psychologiques s’ ajoutent d’ailleurs au refus instinctif du saut qualitatif et révoluti
1419 totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’ agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser, ni de déconcentrer (est
1420 rer, de diviser, de partager. Seulement, Proudhon s’ en tient à un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géo
1421 ructures correspondantes : les unes et les autres se chevauchent, se recoupent différemment, sont parfois englobées l’une
1422 ondantes : les unes et les autres se chevauchent, se recoupent différemment, sont parfois englobées l’une par l’autre. Il
1423 ent, sont parfois englobées l’une par l’autre. Il se peut que les régions politiques soient définies demain comme les inte
1424 ns l’exemple le plus simple. La Regio basiliensis s’ étend sur trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse, le Haut-Rhin
1425 habitant cette région économique, de continuer à se rattacher politiquement à l’une des trois nations dont la Regio est l
1426 de régions ouvre un autre champ de recherches. Il s’ agirait ici de la réunion de régions libérées de leur État-nation, mai
1427 chose qu’à la France. 90. Les auteurs de manuels s’ inspirent eux-mêmes de la tradition unitaire, exclusivement : Bodin, H
1428 oncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits » é
1429 tés politiques, des « droits » économiques qu’ils s’ arrogent en barons pillards. Tant qu’il n’y aura pas, au niveau contin
1430 , la Commission et le Parlement de la CEE devront s’ efforcer d’y suppléer en revendiquant des pouvoirs « supranationaux ».
80 1971, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Dépolitiser la politique (printemps 1971)
1431 poque. Une approche aphoristique, me semble-t-il, s’ y prêtera mieux qu’un discours ordonné.   1. L’État-nation totalitaire
1432 rtement le Prolétariat, lequel ne manquera pas de s’ en emparer un jour — après quoi, logiquement, l’État dépérira. Or, sou
1433 dépérira. Or, sous Lénine, c’est le contraire qui se produit : l’État conquis par le petit groupe des bolchéviques, les ph
1434 utionnelles, seules contraignantes. L’État-nation s’ est toujours révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’en son
1435 révélé beaucoup plus fort que les mouvements qui s’ en sont emparé. Et quant à leurs doctrines collectivistes, de droite o
1436 des structures de l’État. L’espagnole et la russe se veulent hostiles à mort, et par quelles différences cela s’est-il tra
1437 hostiles à mort, et par quelles différences cela s’ est-il traduit dans les procès de Leningrad et de Burgos ? On ne trouv
1438 es, je ne dis pas qu’ils sont tous les mêmes. Ils se haïssent, non sans quelques raisons, mais cela ne compte pas. Les str
1439 e nos sillons ! » Duclos, Séguy et le PC français se font « champions de l’indépendance nationale » avec autant de feu que
1440 ce des accusés de Burgos, et quand un PC européen s’ inquiète poliment de la double condamnation à mort de Leningrad, ils s
1441 e la double condamnation à mort de Leningrad, ils se voient accusés d’ingérence dans des affaires qui relèvent, leur dit-o
1442 e religion qui ait encore un bras séculier et qui s’ en serve. On ne brûle plus les hérétiques du christianisme mais on fus
1443 n les privant de leurs droits civiques. La gauche s’ en moque et la droite s’en réjouit. Seul, un député de Nancy ose refus
1444 roits civiques. La gauche s’en moque et la droite s’ en réjouit. Seul, un député de Nancy ose refuser le salut à l’État, te
1445 mer en dépit de tout leur souveraineté absolue et s’ en autoriser non seulement pour refuser toute mesure d’union concrète
1446 r demande de me suggérer un incipit. Carlo Schmid s’ écrie sans hésiter : Il faut faire l’Europe, ou il faut faire la guerr
1447 s le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et le
1448 est une expression de journalistes. L’humanité ne se reproduit pas tous les vingt-cinq ans et par tranches. À tout instant
1449 du gauchiste. Quand Sartre, à la suite de Fanon, se félicite de ce que les Angolais « massacrent à vue les Européens », v
1450 e l’a jamais défini.) Si l’on admet que la droite se définit par le souci de conservation et d’ordre, la gauche par une vo
1451 e confort prétendu bourgeois, voyons comment cela se traduit dans la réalité du siècle. Prenons le problème majeur de l’éc
1452 e trop coûteuses, les normes et régulations qu’il s’ agit d’imposer de toute urgence au développement des industries (auto,
1453 La droite ne « conserve » rien que le pouvoir de s’ enrichir aux dépens de la Nature qu’elle bouleverse et des populations
1454 ses ». Finalement, gauche et droite politiciennes s’ accordent en fait pour préférer le niveau de vie quantitatif au mode d
1455 nes pensent… disent… refusent… exigent… » Si l’on s’ en tient aux nombres, les mouvements fédéralistes européens touchent b
1456 des personnes interrogées dans les pays de la CEE se déclarent favorables à l’union de l’Europe, et que les jeunes de 18 à
1457 es dévots scandalisés, comme d’autres intégristes s’ écrieraient que j’ai oublié le péché originel, tout simplement ! Eh bi
1458 d’abord. Vous me dites que le problème là-bas ne se pose plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’étant approprié l
1459 pose plus, puisque le Prolétariat est au pouvoir, s’ étant approprié les moyens de production. Bien. Mais chacun peut voir
1460 lue et en pouvoir d’achat) mais privé du droit de s’ en plaindre, du droit de grève, et de toute participation aux décision
1461 ieux nourrir sa lutte, et cette politique du pire s’ opposerait donc nécessairement au progrès technique, dans la mesure où
1462 ction économique, ou infrastructure, du même coup se rend maître de déterminer les phénomènes de la superstructure politiq
1463 cation : procédés à moyen ou à long terme, qui ne s’ accordent pas avec l’idée de révolution violente. Dans un sens beaucou
1464 On parle de « politique » dans les journaux comme s’ il allait de soi que c’est une activité distincte de l’économie, de la
1465 ppement des personnes. C’est que l’État-nation ne s’ est pas constitué en vue de certaines tâches sociales définies, mais p
1466 , à organiser, orienter, dynamiser et animer. Ou, s’ il faut le redire autrement : L’acte politique ne consiste nullement à
1467 lage des ressources terrestres. Voilà qui ne peut se décider dans la rue, dans ce « discours » dont les barricades sont le
1468 i ne peut être faite que par l’Europe en train de se faire, consiste, en remarquable analogie avec la Renaissance et ses é
1469 ouvriers » (Résolution de mars 1921). 97. Lénine se définit comme un jacobin lié à l’organisation du prolétariat, relève
1470 olu de la société, car il ne peut triompher qu’en s’ abolissant lui-même en même temps que son antithèse, la propriété priv
81 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Note liminaire] (été 1972)
1471 t de la Conférence européenne des pouvoirs locaux s’ est tenue à Strasbourg, du 29 juin au 1er juillet 1972, la première Co
1472 chniques de la coopération dans ces régions. Elle s’ est tenue dans la Maison de l’Europe, les séances plénières ayant lieu
1473 ts soumis aux quatre commissions entre lesquelles se sont répartis les participants, puis la Déclaration finale, résultant
82 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières (été 1972)
1474 des manières de sentir, de penser, de juger et de s’ exprimer les plus communément pratiquées par les membres de cette soci
1475 lèmes culturels des régions frontalières 1. On se bornera à un ou deux exemples de chacun des groupes principaux de pro
1476 que les sentiments patriotiques d’un homme osant s’ élever contre la résistance plus ou moins officielle de certaines admi
1477 oient mis en doute »107. Des problèmes similaires se posent aux Valdotains et Piémontais de langue française, aux Roussill
1478 sée, pur conformisme politique, et ce faisant, il s’ est lui-même dénaturé : au lieu d’être au service de la communauté, il
1479 France voisine. Là encore, l’ignorance de ce qui se passe à quelques kilomètres de chez soi est générale. La radio de nos
1480 ne peut être reçue dans de nombreuses régions que s’ il y a des relais. Or on observe que les relais ne sont installés qu’à
1481 Val d’Aoste naguère encore à majorité francophone se plaint de n’avoir pas de retransmission de la TV suisse romande mais
1482 ouanes en franchise. En réalité, 1) les douaniers se réservent le droit de permettre ou non leur passage, selon les titres
1483 que ces clichés généralement hostiles aux voisins se justifient mal. Ils naissent le plus souvent dans la presse des capit
1484 qu’on y prépare une guerre ou qu’on la fait. Tout se passe comme si les gouvernements comptaient sur la persistance des st
1485 la moins mauvaise étant tout simplement celle qui se laisse le mieux traverser. IV. Il n’y a pas de cultures nationales
1486 langue maternelle dans les villes universitaires, s’ est étendu aux peuples parlant la même langue, sans qu’il fût question
1487 oste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’ amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoires a
1488 e de contradictions dans sa genèse même ; qu’elle s’ est formée à partir d’influences indo-européennes, gréco-latines, celt
1489 plupart des cas, les libéraux de pays différents s’ entendront mieux entre eux qu’avec les fanatiques de leur propre natio
1490 ues de leur propre nation ; les hippies d’un pays s’ accorderont mieux avec ceux de n’importe quel autre qu’avec les confor
1491 à ce que sera inévitablement l’Europe de demain — s’ il y a demain une véritable Europe, et non pas seulement une colonie é
1492 ont-Blanc — alors que naguère encore ils devaient s’ adresser à Rome, laquelle alertait Paris, qui appelait Chamonix, et dé
1493 Chamonix, et déjà l’on ne savait plus de quoi il s’ agissait. Le tunnel permet un accès rapide et direct. Il nous faut des
1494 d’échanges de biens, de services et de personnes, se nouera entre les régions. 3. Les solutions aux problèmes énumérés sou
1495 isation de nos pays ne serait même pas concevable s’ il n’y avait l’horizon européen. Enseigner les réalités de la région
1496 ales, mais non pas stato-nationales. (Ex. : il ne s’ agit pas de savoir si « l’Alsace va basculer dans l’orbite économique
1497 nçon, et de nombreux instituts universitaires qui s’ y rattachent. Objectifs : favoriser la mobilité des étudiants et des p
1498 entre croissance industrielle et équilibre humain s’ illustre aisément à ce niveau. Les choix à faire par le citoyen devien
1499 on aussi difficile que certains l’imaginent. Tout s’ éclaire et s’ordonne en effet si l’on accepte le principe d’une organi
1500 icile que certains l’imaginent. Tout s’éclaire et s’ ordonne en effet si l’on accepte le principe d’une organisation de la
83 1972, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Confrontation des régions transfrontalières [Nos conclusions] (été 1972)
1501 réelle dans nos pays — même si les mass médias ne s’ en sont pas aperçu, ou bien ont reçu le conseil de faire comme si… Il
1502 approche interétatique. ⁂ Comme toujours, on a vu s’ affronter à Strasbourg deux écoles de pensée et d’action : les « réali
1503 quand elle n’est pas simple prétexte à refuser de s’ adapter aux réalités du xxe siècle. Les politiciens courtisent l’État
1504 êtir leur vraie valeur. ⁂ Les cinq rapporteurs ne se connaissaient pas lorsqu’ils rédigèrent leurs textes. Le Rapport de b
1505 pendant, une doctrine commune, des plus précises, se dégage des cinq documents dont on vient de lire le texte intégral ou
1506 ntégral ou le résumé analytique. Elle nous paraît se résumer en trois points.   1. Définition de la région : fonctionnelle
1507 épartements dans le tissu vivant de leur pays. Il s’ agit d’organiser des « collectivités humaines » et non pas de créer de
1508 n fonctionnelle. » Ainsi, « la région frontalière se définit par l’exercice en commun de part et d’autre de la frontière,
1509 ou complémentaires », chaque action spécifique «  se développant dans son aire propre » et « ces aires d’application varia
1510 communes pour lesquelles un problème fonctionnel se posera, et qui choisiront d’adhérer au syndicat intercommunal capable
1511 , à mes yeux tout au moins, qu’une commune pourra se rattacher à autant de syndicats différents par l’étendue et la missio
1512 de fonctions différentes à assumer. Là-dessus, on se référera à de nombreuses indications dans le Rapport de base (par exe
1513 bilité de former des associations intercommunales s’ étendant « de part et d’autre de la frontière » et la réponse positive
1514 e de la frontière ». Cette recommandation unanime s’ est traduite dans la Déclaration finale au point C.3.   3. Enfin, plus
1515 ’essentiel est qu’elles existent, et que d’autres se créent à leur exemple : si elles attendaient pour exister d’être assu
1516 nt, c’est qu’une doctrine régionaliste européenne s’ élabore au moment précis où la situation politique l’appelle dans tout
1517 flagrante, où les solutions purement économiques s’ avèrent insuffisantes pour convaincre les peuples, et où, en revanche,
1518 avenir fédéraliste, régionaliste et communaliste, se propose désormais à l’imagination, aux esprits et aux volontés. Gouve
84 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Nouveau départ (printemps 1974)
1519 départ (printemps 1974)dk Deux ans ou presque se sont écoulés depuis la parution du dernier numéro de notre XIIIe anné
1520 967 avec « Naissance de l’Europe des régions » et s’ est poursuivie par « L’Europe des régions II » (hiver 1969) et « L’Eur
85 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Stratégie de l’Europe des régions (printemps 1974)
1521 de modèle. Or, à peine fait, ou mis en train, on s’ est aperçu que tout cela posait aussitôt des problèmes encore plus dif
1522 s élites techniciennes, et c’est peu dire, car il s’ agit en vérité de quatre causes virtuelles d’apocalypse du genre humai
1523 au mètre carré vers 2500. Vingt ans plus tard, il se touchent tous, et là s’arrêtent forcément mes calculs… Comme le disai
1524 . Vingt ans plus tard, il se touchent tous, et là s’ arrêtent forcément mes calculs… Comme le disait un savant expert en al
1525 e, où il y a encore des espaces libres et où l’on s’ imagine qu’on pourra faire l’économie de très coûteuses mesures de lut
1526 le charbon, le pétrole et les métaux non ferreux s’ épuisent d’une manière calculable. Selon certains experts, même si l’o
1527 s. Pour la première fois dans l’histoire, l’homme se voit contraint de choisir librement son avenir et de décider aujourd’
1528 s une réduction allant de 20 % à 75 % selon qu’il s’ agit de la consommation, des investissements, du taux de natalité, de
1529 lage des ressources naturelles. Voilà qui ne peut se décider dans la rue, dans ce « discours révolutionnaire » dont les ba
1530 l vient de l’Occident — USA, Europe, URSS, à quoi s’ ajoute le Japon : ces quatre parties du monde produisent la plus grand
1531 e divisée, sans pouvoir fédéral, est incapable de s’ imposer la moindre politique d’ensemble. Et voilà bien, n’est-ce pas,
1532 uestion du siècle, une question pure, béante, qui se posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement éc
1533 ue la cité, l’énorme nation sans structures où il se voient perdus, n’est pas leur affaire, ne peut que les briser, et les
1534 affaire, ne peut que les briser, et les oblige à s’ évader dans la drogue, dans la révolution verbale des minorités vocifé
1535 s. Il est normal qu’un jeune homme d’aujourd’hui se demande à quoi tout cela rime et qu’il le crie même dans la rue ; il
1536 ar la police ; il est anormal que ce soit lui qui se voie traité de « fauteur de désordres ». Car le désordre le plus prof
1537 rgent. Le jeune homme rêve de la renverser, et il se trompe d’une manière pathétique, parce qu’on ne peut renverser ce qui
1538 ui offre un sens et qui permette à la personne de se construire, d’agir, de se manifester dans une communauté vivante. Cet
1539 rmette à la personne de se construire, d’agir, de se manifester dans une communauté vivante. Cette crise morale affecte l’
1540 soires (mais si sérieuses !) de nos ministres qui s’ épuisent en « marathons » dont l’objet se réduit parfois à rogner 1/2 
1541 tres qui s’épuisent en « marathons » dont l’objet se réduit parfois à rogner 1/2 % sur les droits de vente de la betterave
1542 Et pourtant, rien ne bouge : pourquoi ? Mais s’ il en est ainsi des motifs de l’union, s’ils sont aussi nombreux, auss
1543 Mais s’il en est ainsi des motifs de l’union, s’ ils sont aussi nombreux, aussi peu contestés, aussi écrasants d’éviden
1544 ise qu’elle n’intéresse pas les peuples ou qu’ils s’ y opposent : tous les derniers sondages opérés dans les pays du Marché
1545 entalités et dans les faits. À partir de là, tout s’ enchaîne avec une logique simple et implacable, dont je vais dire main
1546 ce serait une amicale des misanthropes. Cela peut s’ écrire, non se faire. Car ou bien vous faites une amicale, mais vous n
1547 amicale des misanthropes. Cela peut s’écrire, non se faire. Car ou bien vous faites une amicale, mais vous n’êtes plus des
1548 État des « Puissances » européennes — comme elles se nomment encore sans rire — multiplient les promesses d’union, prudent
1549 rudentes sans doute, mais d’union quand même, ils se moquent de nous : ils savent très bien qu’ils ne pourront jamais teni
1550 r. La « souveraineté nationale absolue » dont ils se réclament toutes les fois qu’il s’agit de refuser quelque mesure d’un
1551 lue » dont ils se réclament toutes les fois qu’il s’ agit de refuser quelque mesure d’union n’est plus qu’un mythe. On l’a
1552 utre plan que celui-là, justement, où le problème se révèle insoluble. Il faut partir des réalités en train de se faire. E
1553 nsoluble. Il faut partir des réalités en train de se faire. Et nous voyons qu’elles sont d’une part continentales, bien au
1554 laude Lévi-Strauss écrivait récemment : « On peut se demander si nos sociétés qui deviennent de plus en plus énormes et pa
1555 différences situées sur d’autres axes que ceux où se développent les similarités. » Cette suggestion rejoint les conclusio
1556 s dans le même sens. De leur ensemble hétéroclite se dégage une loi générale : à l’excessive distension répondent quasi mé
1557 it qu’une forme politique récente, et cette forme se révèle déjà inadéquate, à la fois trop petite et trop grande par rapp
1558 e fédéraliste de l’État-nation. L’État-nation qui se prétend souverain absolu est manifestement trop petit pour jouer un r
1559 s, qui seraient compétentes partout où les tâches se révéleraient d’échelle continentale — et là, seulement. De telles age
1560 appelle les régions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se commandent mutuellement dans le monde d’aujourd’hui, à
1561 gions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se commandent mutuellement dans le monde d’aujourd’hui, à la fois planét
1562 is le Rhône unit ! Or à mesure que ces frontières se dévalorisent, entre les pays de la CEE notamment, des régions naturel
1563 idère l’ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager deux classes de motifs principaux, les ethniques et les écono
1564 nsuite. Les plans d’aménagement du territoire qui se donnent pour but de réduire les disparités économiques intra-national
1565 s entre limites politiques et espaces économiques se révèlent intolérables ou « manifestement aberrants », comme l’écrit J
1566 prendre la forme d’associations, d’abord privées, s’ étendant à tout le continent. Rien n’empêchera ces associations de nom
1567 chera ces associations de nommer des délégués qui se rencontreront périodiquement en assemblées générales au plan européen
1568 dans leur domaine propre des agences européennes, s’ occupant des transports, de l’énergie, des plans écologiques continent
1569 s continents — tout à fait comme le CERN à Genève s’ occupe des recherches nucléaires de dimensions continentales, ou encor
1570 les, ou encore comme le Marché commun à Bruxelles s’ occupe de coordonner les activités économiques des pays membres et de
1571 en composé de leurs chefs. Et tout d’un coup l’on s’ apercevra que l’Europe fédérale est virtuellement faite, qu’elle est f
1572 élire alors un véritable Parlement européen et de se battre pour ses compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’
1573 ompétences : qu’elles soient très fortes quand il s’ agira de régler des tâches de dimensions européennes — mais là seuleme
1574 ale. « Vous n’y pensez pas, Monsieur le Maréchal, s’ écria le jardinier, ces arbres mettent cent ans à pousser ! — Tu vois
1575 Il est vrai que ma description d’une Europe unie s’ instaurant en dix ou quinze ans par une révolution non violente peut p
1576 ernière analyse, est une sorte d’autochâtiment et s’ exerce en fin de compte sur nous, à nos dépens. On ne cesse de revendi
1577 ique de l’Europe — et de l’Occident tout entier — se ramène à cela : — comment l’homme, dans la société technico-industrie
1578 démesurée et sans cadres, pourrait-il de nouveau se sentir responsable, s’accepter soi-même, communiquer avec autrui, acc
1579 es, pourrait-il de nouveau se sentir responsable, s’ accepter soi-même, communiquer avec autrui, accéder enfin au pouvoir n
1580 mmes appelés — et que je vous appelle. 114. Il s’ agit de la première esquisse de ce qui allait devenir le fameux rappor
86 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Les grandes béances de l’histoire (printemps 1974)
1581 z le mot ni dans Larousse ni dans Littré, mais il s’ explique sans eux, me semble-t-il. Entre certains comportements politi
1582 2, le groupe personnaliste de L’Ordre nouveau 117 se livre à une critique radicale de ce qu’il nomme l’État-nation — résul
1583 age Du Pouvoir 118, où tout en annonçant qu’il va se borner à « rechercher les causes et le mode de croissance du Pouvoir
1584 ues qu’avec les besoins vitaux de notre monde. Il s’ accorde mal avec les principes de l’économie, comme avec les exigences
1585 onctionnement des États-nations existants. Or, on s’ accorde de plus en plus à penser que, sans changements majeurs de ce m
1586 onsidérer la possibilité d’une Europe des régions se substituant dans un laps de temps prévisible au régime des États-nati
1587 ’accidents et de coïncidences historiques… Chacun s’ est forgé une histoire nationale qui démontre que son développement ét
1588 à ses habitants plus et mieux que le petit État ? se demande H. Kahn. Et de constater que « la France n’a pas une économie
1589 partie d’un État plus grand qui lève ses impôts, se moque de ses allures et de son dialecte… Il est peut-être temps que l
1590 même l’indépendance totale… Le processus pourrait s’ étendre à l’Europe tout entière. Le rôle essentiel d’un État-nation —
1591 Le rôle essentiel d’un État-nation — la défense — s’ est fortement amenuisé. Les exemples de la Finlande, de la Norvège et
1592 tions européens sont en train de disparaître ; il se peut qu’elles soient historiquement dépassées ; elles peuvent alors ê
1593 mule de la prospérité ; et ces régions devaient «  s’ ouvrir » à leurs voisines au-delà de la frontière nationale : Nord à B
1594 faction : celle d’avoir réussi son départ. […] Il se montrait préoccupé du jugement que l’histoire porterait sur son retra
1595 avant longtemps de vraies régions 123, et qui va se vautrer dans la médiocrité. » « Dans mes Mémoires, j’expliquerai pour
1596 liorer les titres originaux : le livre de H. Kahn s’ intitule honnêtement Things to Come. L’« assaut » n’exprime guère que
1597 ’exprime guère que l’idée banale que nos éditeurs se font du « dynamisme ». 122. Grasset, Paris, 1972. 123. C’est moi qu
87 1974, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). C.J.B. l’Européen, 1891-1974 (printemps 1974)
1598 tellectuel, et surtout point de langue unique qui se soit imposée à ces patries, voilà qui paraît interdire la possibilité
1599 us leurs pays. Pourtant je vois cette possibilité s’ illustrer d’une manière exemplaire dans l’œuvre et la carrière de Carl
1600 onne, le style, la formule créatrice résultent et se composent, précisément, de cette pluralité des données culturelles qu
1601 héritiers d’une longue tradition d’humanistes où se mêlent intimement esprit de la cité et cosmopolitisme, mais aussi ger
1602 assion de la lucidité — bien plus, de l’homme qui se réalise en plénitude par le style même de sa pensée, de son action, d
1603 grande et en partie secrète. Trop passionné pour se montrer jamais sentimental, trop pessimiste pour moraliser, et avec t
88 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Quand même il serait seul… (Sur un texte de George Orwell) (automne 1975)
1604 ur un texte de George Orwell) (automne 1975)ds S’ il est une affaire entendue parmi les intellectuels autant que dans le
1605 well Une nouvelle guerre européenne a éclaté. Il se peut qu’elle dure plusieurs années et mette en pièces la civilisation
1606 n pièces la civilisation occidentale ; ou qu’elle se termine d’une manière indécise et prépare une autre guerre qui régler
1607 cette idée était fausse, voilà ce qui commence à se faire sentir. Presque certainement, nous allons vers un âge de dictat
1608 astrophes à venir, par prévision autoréalisante ? S’ il est vrai que « ce qui est en train d’arriver, c’est l’effondrement
1609 ondrement du christianisme, ou de sa culture — ne se passe pas hors de nous et sans nous, collectivement : il ne peut exis
1610 par nous. Celui qui aime activement son prochain se comporte en chrétien, et le christianisme par cet acte existe en lui,
1611 stitué qui aime un humain, ou cesse de l’aimer et s’ effondre. Quand Orwell écrit son essai, le malheur qu’il prévoit est d
1612 ai, le malheur qu’il prévoit est déjà arrivé : il se produit dans et par la phrase même qui l’annonce. Car cette phrase tr
1613 ission du spirituel qu’elle dit fatale. Ce qu’il s’ agit de savoir en réalité, c’est si le monde de l’Esprit existe ou non
89 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Pourquoi des régions ? (printemps-été 1975)
1614 st encore trop jeune, et qu’il convient, avant de s’ en occuper, de s’assurer de sa réalité. Le second cas est évidemment c
1615 une, et qu’il convient, avant de s’en occuper, de s’ assurer de sa réalité. Le second cas est évidemment celui des régions,
1616 t bien assez connues, et même rabâchées, et qu’il s’ agit maintenant de pousser en profondeur et d’affiner l’analyse scient
1617 la faire ; ou pour celui qui n’accepterait qu’on se soucie de la faire que si on lui prouvait d’abord qu’elle existe. Cel
1618 out savoir, de toute connaissance réelle. On a pu se demander si la région est un fait de nature ou de culture ? (De géogr
1619 e réponses, partant du plus près et du plus loin, se rejoignent évidemment dans notre actualité la plus concrète. Je vais
1620 es, énergétiques, éducatifs, sociaux et culturels se multiplient et s’exacerbent dans toutes les régions frontalières de l
1621 éducatifs, sociaux et culturels se multiplient et s’ exacerbent dans toutes les régions frontalières de l’Europe, avec une
1622 cadre de l’État-nation (plus ou moins centralisé) se compliquent ici du fait de la frontière, qui divise arbitrairement ce
1623 s ou impossibles du simple fait que l’État-nation se veut souverain unique, indivisible et absolu, dans tous les domaines
1624 iques, sociales et culturelles du xxe siècle qui se « déclare » dans les régions frontalières. C’est aussi et surtout l’i
1625 Genève. Dès ses premières séances, la Commission s’ est donné un programme qui déborde le problème des frontaliers et s’ét
1626 gramme qui déborde le problème des frontaliers et s’ étend déjà, prudemment, vers les domaines de l’environnement et de la
1627 bilité des étudiants, un peu plus égale en droit, se voit limitée en fait par l’absence d’équivalence des diplômes. Quant
1628 nt ? L’État-nation. Ils sont 150 aujourd’hui, qui se partagent toute la terre sans reste ! Ils ont tout calculé en fonctio
1629 sur la vie et la mort des citoyens, selon qu’ils se conforment ou non aux dogmes de la religion stato-nationale, dont le
1630 taque qu’elle a provoqué par son action, l’Europe se voit aujourd’hui sans force : sa division en État-nations souverains
1631 entée, et qu’elle entretient. Si les Européens ne s’ unissent pas, ils seront colonisés d’ici dix ou quinze ans par l’Est o
1632 , de notre guignol partisan. Or, les Européens ne s’ uniront jamais sur la base des États-nations, c’est-à-dire sur la base
1633 , il ne faut pas de bazookas et de plastic. Il ne s’ agit pas de renverser des idoles aux pieds d’argile, mais d’éduquer de
1634 e, mais d’éduquer des hommes vivants et forts. Il s’ agit, dans le cadre branlant des États-nations subsistants, de constru
1635 n prendre en main leurs affaires communes — qu’il s’ agisse de réalités culturelles ou énergétiques, écologiques ou sociale
1636 ensions de la collectivité. Trop grandes, l’homme s’ y sent irrémédiablement perdu. Et il a raison. Si l’on veut refaire u
1637 l faut donc faire des régions. Là, l’homme pourra se sentir de nouveau libre, parce que responsable. L’homme ne peut être
90 1975, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Paradoxes de la prospective (automne 1975)
1638 tion, l’intervention de l’esprit. Entre ces pôles se passe la vie, notre aventure collective et personnelle, éphémère et p
1639 r et de Meadows. Ils ne disent pas : voilà ce qui se passera en 2025 (comme le fait l’impudent Herman Kahn), mais bien : v
1640 l’impudent Herman Kahn), mais bien : voilà ce qui se passera nécessairement à cinquante ans du point de départ choisi, si
1641 nnées scientifiques à des fins qui ne veulent pas s’ avouer (décrocher un contrat, pousser les ventes) des prévisions évide
1642 conditionnelles. Car autant il est nécessaire de se demander ce qui résultera de ce que l’on entreprend, et de poursuivre
1643 ) dès maintenant tout ce qu’il faut pour qu’elles se vérifient. Ce n’est donc pas contre la prospective qu’il s’agit de no
1644 nt. Ce n’est donc pas contre la prospective qu’il s’ agit de nous mettre en garde, mais contre l’illusion fataliste et fata
1645 vois au contraire les promoteurs de la croissance se servir des calculs prévisionnels pour couper court à toute critique e
1646 u Progrès », les « besoins » de l’économie, comme s’ il s’agissait-là de données objectives — comme le retour d’une comète,
1647 grès », les « besoins » de l’économie, comme s’il s’ agissait-là de données objectives — comme le retour d’une comète, une
1648 ion, leur crise et le système de leur crise, tout se passe en dehors des volontés humaines. « On n’y peut rien. » Elle vou
1649 ésirs sur une Nécessité impersonnelle, qu’on peut se demander si les « modèles » que manipulent les futurologistes ne joue
1650 ancière, sociale ou morale, il est fatal qu’elles se retournent contre l’homme à plus long terme : toute la technologie ac
1651 vient brouiller les calculs. Mais, du même coup, se vérifie cette loi : l’exactitude des prévisions quantitatives mesure
1652 faveur des situations sociales ou des régimes qui se prêtent le mieux aux calculs prévisionnels. L’État totalitaire, c’est
1653 au lieu de la libérer, et dans la mesure où elle se montre active, c’est-à-dire autoréalisante, elle est un facteur d’ent
1654 Mais quand le calcul échoue et que pourtant l’on se voit sommé de prévoir, quel est le recours ? Au cours d’une conférenc
1655 e de liberté (“La liberté est une sensation. Cela se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela ne se mesure pas) ; et au
1656 se respire” — écrivait Paul Valéry — donc cela ne se mesure pas) ; et aussi la possibilité d’éprouver jusqu’au désespoir e
1657 nuer, c’est la qualité de vie. Si bien qu’on peut se demander si le dogme de la croissance industrielle n’est pas devenu s
1658 , sans justification sérieuse. Ils ont eu tort de se produire. Et ce dépit est bien compréhensible : car les faits ne pouv
1659 te fatale du tiers-monde et la décolonisation qui s’ en suivrait. Et l’atomisation individualiste d’une société trop rapide
1660 ns précis. L’un des responsables du Plan français se déclarait, il y a peu, incapable de dire « si nous verrons jamais le
1661 ce imméritée m’ait fait retrouver la clé dont ils s’ étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’il est bien vrai que le
1662 ils s’étaient servis ? Oui, dans un certain sens, s’ il est bien vrai que le secret de l’avenir est dans l’homme, au cœur d
1663 Pour empêcher l’alliance de cités vassales, elle s’ efforçait d’attiser leurs rivalités, jusqu’au jour où une province ent
1664 rivalités, jusqu’au jour où une province entière se soulevait, et remettait en cause sa suprématie. Un régime fondé sur l
1665 avantages et les responsabilités, n’aurait pas vu se produire ces soulèvements. […] Limiter une expansion malsaine n’aurai
1666 pécificité religieuse, et le besoin qui peut-être s’ en faisait sentir dans le monde romanisé du iiie siècle ? Non, car l’
1667 goisse. L’avenir sensible au cœur Ce qui va se passer dans le monde s’annonce au cœur de l’homme et peut s’y lire d’
1668 ible au cœur Ce qui va se passer dans le monde s’ annonce au cœur de l’homme et peut s’y lire d’abord, car c’est là que
1669 ans le monde s’annonce au cœur de l’homme et peut s’ y lire d’abord, car c’est là que l’Histoire se noue. De même que c’est
1670 eut s’y lire d’abord, car c’est là que l’Histoire se noue. De même que c’est dans la cellule et dans la double chaîne tres
1671 ous allons voir qu’on l’a fait. Tout ce qui peut s’ observer dans le noyau humain, physiologique mais aussi psychique, s’i
1672 noyau humain, physiologique mais aussi psychique, s’ inscrira dans l’Histoire un jour ou l’autre. Telle est la loi de l’évo
1673 e (« Si tu fais cela, prends garde ! Voilà ce qui s’ en suivra. ») mais jamais contraignante ou simplement publicitaire (« 
1674 e, dès qu’on la laisse proliférer sans freins… Il s’ agit donc d’écarter tous moyens dont l’emploi non réglé par quelque po
1675 pourrait favoriser l’équilibre dans le mouvement, s’ agissant de l’espèce, et plus de liberté-responsabilité, s’agissant de
1676 t de l’espèce, et plus de liberté-responsabilité, s’ agissant des personnes. D’où la règle suivante : devant toute innovati
1677 des fins n’est faite aujourd’hui par personne. On se borne à protester dans la presse du lundi contre « la route meurtrièr
1678 lundi contre « la route meurtrière », au lieu de se demander qui a fait la route et pourquoi, et si son prix valait vraim
1679 vérité, nous sommes comme un enfant bien doué qui se retrouverait tout à coup démuni dans le poste de pilotage d’un avion
1680 cadrans et de manettes du tableau de bord, et qui s’ efforce désespérément d’en comprendre le mécanisme, avant que l’appare
1681 comprendre le mécanisme, avant que l’appareil ne s’ écrase sur une montagne ou ne tombe en panne sèche. » Première réactio
1682 dée… Car il est devant une mécanique incapable de se prêter au moindre échange vivant, psychique ou sympathique. L’intuiti
1683 elle reste sans prises sur une mécanique : là, il s’ agit de savoir, ou d’avoir su ; et « l’intuition » du geste à faire ne
91 1976, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). Rôle de la modernité dans les relations Europe-Monde (hiver 1975-1976)
1684 les intellectuels et les artistes occidentaux qui s’ en réclament, le concept exprimé par ces mots signifie qu’il est enten
1685 te espèce de tradition, si toutefois l’on prétend se tenir à l’avant-garde de son temps. Qu’on m’entende bien : quantité d
1686 tistes européens, américains et russes ont été et se veulent aujourd’hui encore des tenants de la tradition, qu’elle soit
1687 reçues et remet en question les traditions, elle s’ oppose dans le temps et l’espace à toutes les cultures sauf une seule 
1688 ls renient les valeurs qui ont fait l’Europe, ils s’ en révèlent tributaires, mais se privent de comprendre les autres, qu’
1689 ait l’Europe, ils s’en révèlent tributaires, mais se privent de comprendre les autres, qu’ils admirent par malentendu ?
1690 ées (économiques, démographiques, militaires). Et s’ il reste du temps en fin de congrès, ou à l’heure des toasts, on cite
1691 forces sont religieuses à l’origine, si elles ne s’ avouent plus que culturelles ou idéologiques de nos jours. Je pose don
1692 ultures. III. Le concept de révolution Mais s’ il est vrai que toute culture vient d’une religion et la prolonge en e
1693 Passé. Le référentiel absolu n’est plus « ce qui s’ est toujours fait », mais, au contraire, ce qui est déjà en train de s
1694 , mais, au contraire, ce qui est déjà en train de se faire au nom de la Fin universelle, donc de l’Avenir. Quant au passag
1695 vilisation minoenne, nourrie du Proche-Orient, va se transmettre aux Mycéniens et à la Grèce continentale. Le peuplement d
1696 la Grèce continentale. Le peuplement de l’Europe s’ est produit à partir du nord (Scythes, Doriens, Indo-Européens), de l’
1697 e l’histoire où le courant des échanges culturels s’ inverse d’une manière qui me paraît définitive. À partir du xve siècl
1698 aponais sur Van Gogh. Le xxe siècle européen va s’ ouvrir sur la vogue de l’art nègre, dès avant la Première Guerre mondi
1699 , et c’est précisément à Debussy qu’il choisit de se rattacher. Mais dans le même temps, par la force et la ruse, les Euro
1700 ême temps, par la force et la ruse, les Européens s’ approprient d’immenses réserves de minerais, d’or, d’aliments et de pé
1701 el, peut être appelé une création européenne. Que se passe-t-il quand le monde adopte ces inventions, ces procédés, ces fo
1702 de plus en plus défectueux ou inepte, tandis que s’ accélère le rythme de croissance des échanges matériels et des contact
1703 corps et de l’intellect. Les structures musicales se raccordent au psychisme de l’homme européen qui a conçu les machines
1704 ons, constitue sa modernité. L’idée de révolution se manifeste par la volonté de rompre avec la tradition la plus indiscut
1705 Européen typique : un Juif allemand, dont le père s’ était fait protestant, et qui écrivait dans les salles du British Muse
1706 Kapital. Karl Marx avait prévu que sa révolution se produirait dans les pays industriels. Or la Chine est une grande pays
1707 lle », marquant ainsi que la modernité ne saurait se développer spontanément dans un peuple que toute sa tradition prépara
1708 iodiquement la « révolution culturelle », et cela s’ explique aisément. Car cette « révolution » est en réalité, la moderni
1709 iers-monde vers la société industrielle de demain s’ annonce si long que les dangers de la croissance illimitée sont encore
1710 isant intensivement pendant un siècle140, puis en se retirant en quelques années : je veux parler du stato-nationalisme. I
1711 e la manière raisonnée et maîtrisée dont la Chine s’ européanise par l’extérieur, — contraste avec ce que pratiquent la plu
1712 enre humain. Car cette souveraineté sans limites se présente toujours comme quelque chose qu’il s’agit de « protéger » co
1713 es se présente toujours comme quelque chose qu’il s’ agit de « protéger » contre les « ingérences étrangères ». C’est la fo
1714 C’est la forme politique de la paranoïa. Elle ne se pose qu’en s’opposant aux voisins et aux « impérialismes internationa
1715 e politique de la paranoïa. Elle ne se pose qu’en s’ opposant aux voisins et aux « impérialismes internationaux ». Si elle
1716 et aux « impérialismes internationaux ». Si elle s’ oppose à l’impérialisme américain, elle conduit à une République popul
1717 ictature militaire résolument socialiste. Si elle s’ oppose à l’impérialisme soviétique, elle conduit à une République popu
1718 epuis longtemps décolonisés de l’Amérique latine, se partagent à peu près également entre les deux tendances, de plus en p
1719 entions stato-nationales qui oblige 150 nations à s’ armer au-delà de toute raison contre des ennemis qu’elles se créent, d
1720 -delà de toute raison contre des ennemis qu’elles se créent, dont elles ont besoin pour survivre et assurer leur « cohéren
1721 urer leur « cohérence nationale », et qui un jour se matérialiseront sous la forme de victimes de tirs atomiques « prévent
1722 préventifs ». Dans un état du Monde où l’humanité se voit menacée 1°) par l’explosion démographique des régions les plus p
1723 d’ailleurs. Si les Européens ne parviennent pas à s’ unir au-delà de leurs États-nations, ni à résoudre le complexe systémi
92 1977, Bulletin du Centre européen de la culture, articles (1951–1977). La réponse de Denis de Rougemont (1977)
1724 ire en pareille circonstance ? Il n’y a plus qu’à se montrer bonhomme, si on le peut… Les volumes de Festschrift ou de mél
1725 ieuses — ou les plus inquiétantes, selon que l’on se sent « deviné », « vraiment compris », traduisons : loué sans réserve
1726 et violent. Mais à l’entendre parler… » l’auteur se déclare rassuré. Le second article commence ainsi : « Denis de Rougem