1
plus rare qu’on ne le pense pour un intellectuel.
À
Paris, on fréquente et on ignore qui l’on veut. On se fait très facil
2
st que d’écrire des livres. Ce simple fait suffit
à
distinguer un tel milieu de « la vie ordinaire » — la vie de la grand
3
gagne-pain, j’avais perdu la possibilité de vivre
à
Paris. J’eus l’idée de demander autour de moi si l’on ne connaissait
4
a femme, au mois de novembre, et j’y restai jusqu’
à
l’été. L’année suivante, ce fut le Midi : là encore une maison abando
5
ue dans les villes, les jeunes ménages se ruinent
à
payer leurs « petits deux-pièces », agrémentés de la TSF des voisins.
6
voisins.) Chômeur, je me trouvais cependant rendu
à
mon travail le plus réel, qui est d’écrire. Cette situation paradoxal
7
ouvrir tout un monde. Elle m’a confronté au réel,
à
la vie quotidienne d’un peuple qui se trouvait tout ignorer de ma « q
8
voit contraint de vivre sans avoir pu les choisir
à
son goût. J’ai traité ces deux grandes questions de la culture et de
9
s . Mais tandis que j’y travaillais, je m’amusais
à
noter, au jour le jour, des anecdotes, des observations, des réflexio
10
e et des questions qu’il me posait. Je m’exerçais
à
cette discipline de la description objective, qui est devenue telleme
11
plus souvent. Quand on s’en aperçoit, on commence
à
comprendre la portée infinie de cette parole si simple : « Ne jugez p
12
erté qu’assure la pauvreté. Ce goût qu’elle donne
à
l’attente du lendemain et des signes providentiels. Et toutes les joi
13
ui n’ont pas de nom et dont personne ne songerait
à
parler, contemplation de la terre, ou d’une bestiole à son travail, s
14
ler, contemplation de la terre, ou d’une bestiole
à
son travail, sentiment de la journée vide, du temps qui a pris le ryt
15
tes, ou quelques chiffres qui peuvent être utiles
à
ceux qui voudraient vivre cette vie-là. Mon livre est véridique. Je n
16
2 mars 1662). Que dirions-nous alors du sort fait
à
celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire
17
jours s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur
à
la masse. Et ce n’est pas encore franchement s’avouer que de se compa
18
humanité. ⁂ Chômage. — On dit souvent qu’il faut
à
l’homme un minimum de confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir ré
19
« intellectuel » au chômage absolu, c’est-à-dire
à
l’arrêt de la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel
20
ensée créatrice. Mais quel est ce certain degré ?
À
quel niveau placer cette limite inférieure ? La question paraît insol
21
hemise entière : les morceaux du bras ayant servi
à
rapiécer les épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite d
22
peu d’argent de sa retraite de professeur servait
à
payer ses logeuses successives, et des remèdes contre ses effroyables
23
e ses effroyables maux de tête. De plus, il était
à
demi aveugle… ⁂ Confort et culture. — À ceux qui n’ont rien, il faut
24
il était à demi aveugle… ⁂ Confort et culture. —
À
ceux qui n’ont rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent
25
ort, afin qu’ils puissent concevoir d’autres buts
à
leur existence que la recherche d’un gain précaire. Mais à ceux qui o
26
istence que la recherche d’un gain précaire. Mais
à
ceux qui ont quelque chose, il faut rappeler que la recherche du conf
27
confort est ce qui s’oppose le plus radicalement
à
toute culture véritable. ⁂ Île de R. — La nuit ! Je l’avais oubliée
28
able. ⁂ Île de R. — La nuit ! Je l’avais oubliée
à
Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque dont il faut re
29
ouge et circulante, pleine de rumeurs, comparable
à
la fièvre. Plus lucide souvent que les jours. Ici, tout repose complè
30
de l’allée unique, entre les rosiers. Je trouve,
à
tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épai
31
et fuient soudain en gémissant. J’ai des lettres
à
porter à l’autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir
32
t soudain en gémissant. J’ai des lettres à porter
à
l’autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’éc
33
gar de la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’
à
ce que je rencontre l’ouverture de la boîte aux lettres. De loin, le
34
ces figures géométriques, dominées par le clocher
à
toit plat, et des fragments de silhouettes d’arbres devant les maison
35
Jamais plus que dans cette nuit. ⁂ Fin de séjour
à
A… (Gard). — Tout est en place. Je garderai toutefois le plan d’aména
36
mi-heure d’efforts haletants, qui n’ont abouti qu’
à
coincer le sommier au tournant, entre la balustrade et les parois de
37
ant de la décrocher un peu pour toucher davantage
à
l’assurance !) Il a bien fallu se rendre à l’évidence : ce sommier im
38
antage à l’assurance !) Il a bien fallu se rendre
à
l’évidence : ce sommier implacable restera dans l’escalier comme témo
39
émoin des bouleversements que nous avons infligés
à
la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il faut encore
40
la maison. Pas question d’aller quérir du renfort
à
A. Il faut encore boucler les valises, descendre mes caisses de livre
41
cler les valises, descendre mes caisses de livres
à
la gare, etc., et le train part dans une heure. Quand la propriétaire
42
opriétaire reviendra pour l’été, elle se heurtera
à
ce sommier monumental dans sa pose scandaleuse, et ma réputation sera
43
réputation sera faite ! Fuyons, fuyons ! ⁂ (Été
à
Paris.) Impossibilité du libre-échange humain. — Considération irrité
44
», dès que mon regard s’attache un peu longuement
à
un visage, au corps et aux vêtements, aux mains, à l’attitude distrai
45
un visage, au corps et aux vêtements, aux mains,
à
l’attitude distraite et vraie d’un être isolé près de moi. Je prends
46
ut-être acheté tout par hasard, comme il m’arrive
à
moi aussi, mais on se juge tout de même là-dessus… Je sors, je pense
47
se juge tout de même là-dessus… Je sors, je pense
à
autre chose, à quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne compr
48
même là-dessus… Je sors, je pense à autre chose,
à
quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourq
49
défend… » La grosse petite bonne qui tire sa robe
à
fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai. ⁂ (Conclusio
50
les ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir
à
les ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connus, dans leur r
51
Quand tu l’auras connu et accepté — tu es le seul
à
le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes incongrus e
52
entendras et tu ne comprendras jamais qu’un appel
à
devenir toi-même ce fait qui est plus fort que toi. Car il est tout c
53
e les épreuves de mon journal, je reçois une note
à
l’encre rouge, signée du correcteur de l’imprimerie. Je la recopie :
54
picerie et spécialiste”2 — L’auteur paraît croire
à
un rapprochement absurde. Il fait erreur. Nous sommes dans le Midi, o
55
pécialiste) sont le même mot. Tous deux remontent
à
species (latin). — Les espèces, devenues épices, étaient : gingembre,
56
érêt, condamné par l’église primitive. Il donnait
à
qui voulait. Après sa mort, on s’aperçut qu’il ne restait que 250 fr.
57
et si… (je supprime des adjectifs élogieux, tout
à
fait déplacés à mon avis) de M. de Rougemont, Journal d’un intellect
58
rime des adjectifs élogieux, tout à fait déplacés
à
mon avis) de M. de Rougemont, Journal d’un intellectuel en chômage ,
59
is de novembre. Soudain, le 10 avril, elle se met
à
pondre, et avec tant d’ardeur que, dès le 16, elle a treize gros œufs
60
treize gros œufs, que sans désemparer elle se met
à
couver. On regrette que M. de Rougemont ne nous ait pas présenté le c
61
stérieux… » Cette poule qui met trente-huit jours
à
une tâche que ses congénères accomplissent généralement en trois sema
62
’article se termine par une nouvelle impertinence
à
mon égard : le critique prétend que ce livre peut introduire le lecte
63
rès fort de cet article et s’est lâchement refusé
à
prendre la défense de ma vertu et de mon honneur vilipendés. Il s’en
64
mon honneur vilipendés. Il s’en fiche, il s’amuse
à
mes dépens après m’avoir livrée à la risée publique ! Comme si le rid
65
che, il s’amuse à mes dépens après m’avoir livrée
à
la risée publique ! Comme si le ridicule jeté sur moi ne l’atteignait
66
pas bien malins ! Il était si facile de répliquer
à
mon calomniateur bordelais que c’est lui qui ne connaît rien aux mœur
67
fs « garantis fécondés » que nos maîtres achètent
à
cet effet : que je n’avais donc pas eu à fabriquer moi-même les treiz
68
achètent à cet effet : que je n’avais donc pas eu
à
fabriquer moi-même les treize œufs et que cette histoire honteuse et
69
vérifier ses dates ! Enfin, mon innocence éclate
à
tous les yeux. Ce qu’on me reproche n’est imputable en vérité qu’à l’
70
Ce qu’on me reproche n’est imputable en vérité qu’
à
l’ignorance presque touchante de ce critique aussi présomptueux que b
71
a pièce où il travaille (toujours ce désordre !).
À
ma stupéfaction, j’ai trouvé des dizaines d’articles pleins d’éloges
72
ma cause méprisée et, s’adressant courageusement
à
mon auteur, elle l’apostrophe dans ces termes : Il y a d’autres chos
73
ie tenté aussi un auteur qui « malmène les mots »
à
tel point que Mme Meylan peut écrire de son livre : « Il est difficil
74
es du vice : allant droit au fait, elle distingue
à
l’origine du livre de mon persécuteur la haine farouche de tout ce qu
75
le noire, savez-vous qu’il s’en prenait en vérité
à
la petite épargne, aux petits rentiers ! C’est ce que personne n’avai
76
se dresse, seule, contre toute l’opinion — quitte
à
passer pour Dieu sait quoi — et rive son clou à l’insolent Helvète !
77
e à passer pour Dieu sait quoi — et rive son clou
à
l’insolent Helvète ! J’ai eu un autre vengeur en la personne de M. Fr
78
s normales, composé, arrangé, factice, bizarre ».
À
quoi j’applaudis des deux pattes. Mais voici où les choses se gâtent.
79
se gâtent. L’auteur, conclut M. Porché, « a joué
à
la pauvreté ; quel sacrilège ! » Or, sacrilège veut dire : qui lèse l
80
ssayé d’en sortir. Je signale le cas de M. Porché
à
la vigilance de Mme Meylan, défenseur des rentes. Pour finir, je vous
81
e toujours. Mais c’était faire la part trop belle
à
mon auteur ! Je puis affirmer, d’après mon expérience, qu’il est plus
82
e le croit. Ne passait-il pas des heures entières
à
nous regarder amoureusement, moi et mes poussins ? Je sais bien que j
83
de même, après huit jours, les choses commencent
à
se situer. Les grandes masses de l’Europe, les grandes lignes de la g
84
envie de vous dire un peu de quoi se fait la vie
à
l’armée, dans les débuts d’une mobilisation. Les dames croient volont
85
ssant une sombre confusion qui se révèle ordonnée
à
l’heure H ; et beaucoup de choses très lourdes, bouclées et trimballé
86
es ensembles, objets numérotés, perdus, récupérés
à
la volée, c’est tout ce que l’homme dans le rang peut constater, si t
87
tard, au matin, quand l’attaque se prépare, un «
à
terre » prolongé à la lisière d’un bois, cela peut être un des plus b
88
and l’attaque se prépare, un « à terre » prolongé
à
la lisière d’un bois, cela peut être un des plus beaux moments de not
89
aison qu’il convient de parler de la pluie. C’est
à
cause d’une profonde affinité entre la vie en uniforme et ce que l’on
90
toile de tente qui couvre ses épaules et cherche
à
la caler sous son coude droit. Il sait que, d’une seconde à l’autre,
91
sous son coude droit. Il sait que, d’une seconde
à
l’autre, peut venir l’ordre de bondir. Ça ne l’empêche pas de s’insta
92
as de s’installer comme s’il n’avait rien d’autre
à
faire pendant des heures. (Est-ce une parabole de la vie ?) Il est bi
93
un instant de répit sous la menace. Alors on vit
à
plein. On sent le goût des choses. Et l’on est prêt à tout abandonner
94
maines. J’avais quitté mon train pendant l’arrêt,
à
la recherche d’un buffet quelconque, et je n’avais trouvé qu’un abri
95
— tandis que des sifflets annonçaient un départ.
À
la fin, je retrouve un wagon qui me paraît être le mien, mais je l’av
96
de dormeurs débraillés, de musettes et de masques
à
gaz. Déjà nous roulons lourdement. Le nom de cette gare — comme de to
97
s qui n’existait peut-être plus, qui était réduit
à
se défendre par le suicide, la Hollande inondée, disait-on. ⁂ Et voic
98
disait-on. ⁂ Et voici sous la pluie et la brume,
à
l’horizon des marécages, une confusion de silhouettes griffues : moul
99
renversées dans l’eau jaune des canaux suffisent
à
expliquer cette harmonie solide, luxueusement nourrie de contrastes e
100
sises religieuses fondant une unité si intérieure
à
chaque individu qu’elle permet la plus grande diversité dans les form
101
ans les formes qui la manifestent. Quand je songe
à
l’ennui, au désespoir qu’expriment les quartiers ouvriers les plus mo
102
Beekman Place (octobre 1946)g h Parallèle
à
l’East-River dont la sépare une rangée d’hôtels particuliers à cinq é
103
r dont la sépare une rangée d’hôtels particuliers
à
cinq étages, cette rue très courte est l’une des rares — j’en connais
104
ent pas de numéro et ne coupent point les avenues
à
angle droit. Hors-série, modèle de grand luxe, elle s’orne d’arbres,
105
rasse, voici la perspective de l’East River jusqu’
à
Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau. La rivière, sillonn
106
boire un verre, le soir. Un violoniste s’escrime
à
vingt reprises sur le deuxième Concerto brandebourgeois, mais deux ra
107
nts s’éteignent, le sommet des gratte-ciel se met
à
luire sous la lune, au-dessus des premiers nuages. Une grande nuit s’
108
. La brique est chaude encore sous mes pieds nus.
À
ma hauteur, et un peu plus bas, et puis beaucoup plus bas, dans les b
109
rocher, quand les premiers remorqueurs se mettent
à
souffler fort dans la brume d’été flottant sur la rivière… Une langue
110
onne au jour américain ! Sur le grand fond sonore
à
bouche fermée des usines de l’autre rive, les sirènes des ferry-boats
111
la tranche ocrée d’un bâtiment de trente étages,
à
mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses canons glissait sa
112
ragment du Journal des deux mondes qui paraîtra
à
la Guilde du Livre. »
113
ds plateaux onduleux et livrés aux chevaux, jusqu’
à
l’horizon bleu des Appalaches. Pendant que nous roulons sur une route
114
s, le ciel se couvre. « C’est là-haut, me dit-on,
à
mi-pente des coteaux. » On ne distingue pas encore cette maison célèb
115
nger de J. car c’était la maison de ses ancêtres,
à
lui. Elle la déteste. Elle n’aime vraiment que ses chevaux… » L’auto
116
hiens sortent, le museau bas, et l’un vient vomir
à
nos pieds des morceaux de cire mal mâchés. Une servante les poursuit
117
stibule sombre. La maîtresse de maison est sortie
à
cheval. Promenons-nous en l’attendant. L’odeur des chiens imprègne le
118
es chiens imprègne les corridors. Dans un fumoir,
à
droite, en contrebas, deux hommes en veste de chasse et deux jeunes f
119
n énorme cadran. Voici le carrosse de Washington,
à
l’abandon. La peinture craquelée tombe par morceaux, les coussins de
120
lle tient la bride d’une main et de l’autre porte
à
sa bouche une pomme qu’elle mord en galopant. Nouveaux éclairs. Tous
121
ux éclairs. Tous les chiens du chenil se sont mis
à
hurler ensemble. Est-ce l’orage ou l’approche de leur maîtresse ? Les
122
ans doute le nouvel intendant. « Je vous retrouve
à
la maison ! », crie-t-elle. Et, piquant son cheval, penchée sur l’enc
123
en veste de chasse qui tient des verres de whisky
à
la main. Deux femmes blondes entrent et vont s’asseoir un peu à l’éca
124
x femmes blondes entrent et vont s’asseoir un peu
à
l’écart de notre groupe. Un autre homme apporte un plateau. On le ren
125
regard d’acier du jeune homme silencieux de tout
à
l’heure. Des chiens se glissent entre les meubles, humides et trembla
126
Noël
à
New York (décembre 1946)j New York, 15 décembre 1945. Le 1er décem
127
5 et les rayons de jouets sont déjà presque vides
à
New York. Cet an de grâce rationnée 1945 se termine en pleine équivoq
128
l de petites bombes atomiques. Trois d’entre eux,
à
Brooklyn, viennent d’être blessés sérieusement, en jouant à faire sau
129
, viennent d’être blessés sérieusement, en jouant
à
faire sauter le monde. Les trois Grands, à Moscou, seront-ils plus ad
130
jouant à faire sauter le monde. Les trois Grands,
à
Moscou, seront-ils plus adroits dans ce même jeu ? On ne le croirait
131
adroits dans ce même jeu ? On ne le croirait pas,
à
les voir. Curieux trio : un loup déguisé en mouton et deux moutons vê
132
is-je d’un ton suave, quelque chose qui ressemble
à
un modèle de la bombe atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvri
133
anvier, n’ayant coûté que 100 dollars de location
à
Mr. John D. Rockefeller, car tout se sait. Des haut-parleurs répandai
134
ce en souvenir du seul cadeau de paix jamais fait
à
l’humanité ? Ou bien cette fièvre de rivaliser dans la dépense, en fi
135
er une place dans le monde des familles, un droit
à
la chaleur des groupes. Et ceux qui seront laissés dehors, ceux qui n
136
ront laissés dehors, ceux qui n’appartiennent pas
à
une cellule sociale, formeront la foule de Times Square. Le coudoieme
137
u d’intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année
à
la messe de minuit des protestants, dans la plus grande église gothiq
138
œur et du clergé, précédée de porteurs de torches
à
la Burne Jones. Et, comme chaque année, j’entendrai le Credo de Gretc
139
r le temps, comme si ce n’était pas lui qui gagne
à
tous les coups. Qu’apportera cette fin d’année ? Un dernier speech de
140
tte fin d’année ? Un dernier speech de La Guardia
à
la radio, révélant une dernière recette aux ménagères pour cuire la d
141
liticien rusé autant qu’honnête, gros petit homme
à
la face de clown, Fiorello, la Fleurette ou le Chapeau, comme le peup
142
ion en couleurs prouve qu’elle ne le cède en rien
à
la photographie pour « le brillant et la précision du détail », quali
143
ndant que déjà le New Yorker se moque des clichés
à
la mode au sujet de cette invention « qui signifie la fin de l’humani
144
ie la fin de l’humanité ou l’aube d’un âge d’or »
à
votre choix. Déjà, le Syndicat des ouvriers de l’industrie automobile
145
icat des ouvriers de l’industrie automobile offre
à
Ford un contrat collectif qui le protégera, lui le patron, contre les
146
Et déjà les pasteurs et les prêtres se préparent
à
parler du message de Noël aux « hommes de bonne volonté », répétant s
147
olontaires. Ils ne font que subir leur condition.
À
Times Square, dans la foule compacte et lente, dans la rumeur assourd
148
our tout cela… » j. Rougemont Denis de, « Noël
à
New York », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, décembre 1946,
149
contraire de microscopique — permettant l’examen
à
l’œil nu. Décrivons sa partie inférieure. La rue huileuse, parsemée
150
ord des trottoirs. Les enfants qui ne jouent plus
à
la balle parce que la nuit vient de descendre — depuis cinq ans que j
151
ette des escaliers de sauvetage. Ces grands seaux
à
ordures en métal, rarement ou mal vidés dans ce quartier, débordent s
152
aissance, me dirait un psychanalyste.) Les boîtes
à
lettres portent des noms en cek, nous sommes dans le quartier slovaqu
153
porte donne dans la cuisine. En face du fourneau
à
charbon, qui est censé chauffer l’appartement, une espèce de baignoir
154
si, sur une vingtaine de kilomètres. Je me penche
à
la fenêtre, au-dessus de la cour. Le sol est jonché de plâtras, de jo
155
quième, une grosse femme en peignoir qui se farde
à
gestes menus. Le concierge irlandais hurle dans l’escalier. Des enfan
156
Consolation
à
Me Duperrier sur un procès perdu (décembre 1947)m Ta douleur, du
157
gemont, Journal des deux mondes , se lance alors
à
corps perdu dans une accusation qui ne laisse pas de susciter l’étonn
158
r l’étonnement de l’auditoire. Après s’être livré
à
quelques persiflages de fort mauvais goût contre l’écrivain neuchâtel
159
de correspondant attitré de notre journal, il lit
à
la cour l’admirable morceau que de Rougemont a dédié à Paris envahi p
160
cour l’admirable morceau que de Rougemont a dédié
à
Paris envahi par les Allemands et qui, paru dans la Gazette en juin 1
161
les États-Unis, l’avocat se croit dès lors fondé
à
assimiler sa situation à celle de son client. « Si ces deux hommes on
162
se croit dès lors fondé à assimiler sa situation
à
celle de son client. « Si ces deux hommes ont pris ensuite des chemin
163
Rongement relate son activité d’homme de lettres
à
la radio américaine. J’ai l’honneur, M. le procureur général, s’écrie
164
Peu de temps auparavant, les Éditions Fontaine,
à
Paris, avaient publié le recueil des conférences prononcées l’hiver d
165
ernier en Sorbonne sous les auspices de l’Unesco.
À
la page 100 de ce recueil, M. Aragon déclare que je n’ai « jamais ces
166
on Me Duperrier, j’ai passé le temps de la guerre
à
« mettre en danger la sécurité de mon pays », et cela par mon activit
167
que, d’après Aragon, j’aurais passé le même temps
à
« passer sous silence » le nazisme et l’antisémitisme, et cela pour p
168
jours avant son procès, je me suis dit, songeant
à
ma propre action pendant la guerre : « Quel curieux parallèle et quel
169
ropagande étrangère, comme Oltramare ; il a parlé
à
la radio, comme Oltramare ; et hors de Suisse, comme Oltramare encore
170
pas lieu de me dénoncer, tout ce discours retombe
à
plat, et notre avocat perd la face. 2. Mais où est l’homme sain d’es
171
litique. Soit. Mais un avocat qui veut s’en tenir
à
la seule ressemblance des mots tombe dans le calembour juridique. Car
172
s démocraties, donc pour la Suisse. Il en résulte
à
l’évidence que je faisais en Amérique exactement le contraire d’Oltra
173
s en Amérique exactement le contraire d’Oltramare
à
Paris. Si Me Duperrier ne sent pas la différence, essayons de l’éclai
174
une fable. Fable J’ai tant et si bien parlé
à
la radio américaine, qu’à la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voil
175
i tant et si bien parlé à la radio américaine, qu’
à
la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ra
176
bre. On n’a pas fusillé Oltramare, on s’est borné
à
le punir un peu. Son avocat garde le droit de me dénoncer pour avoir
177
s, ou je ne sais quels esclaves honteux de vivre.
À
Ferney-Voltaire, le 20 novembre 1947. m. Rougemont Denis de, « Co
178
re 1947. m. Rougemont Denis de, « Consolation
à
Me Duperrier sur un procès perdu », Bulletin de la Guilde du livre, L
179
, comme celles d’un marécage, longtemps se mêlent
à
la terre, et filtrent entre les roseaux. L’Immoraliste. Près de ces
180
mbre mes lacs et ne puis retrouver que du bonheur
à
ces souvenirs. Non qu’ils me parlent tous de jours heureux, mais la m
181
eur théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue
à
l’infini. Ici la joie trouve un espace où se déployer sans se perdre,
182
ntraster, de voiler puis de découvrir, de plonger
à
l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de compare
183
ans fin, où l’on a reconnu l’amour, comme il aime
à
s’y retrouver. Je nage à Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la f
184
u l’amour, comme il aime à s’y retrouver. Je nage
à
Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devan
185
dessus de jardins en terrasses pleins de lucioles
à
la nuit, quand les violoneux du village viennent donner la sérénade.
186
lage viennent donner la sérénade. Et nous montons
à
ce balcon sur l’eau, accroché aux très hautes murailles qui sans rais
187
eure où le crépuscule enfin se meurt dans l’aube,
à
l’horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de
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Genève par un beau temps cruel, qui faisait fête
à
des adieux… Petits déjeuners suisses sur un balcon d’hôtel à Vevey, à
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x… Petits déjeuners suisses sur un balcon d’hôtel
à
Vevey, à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’air matina
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déjeuners suisses sur un balcon d’hôtel à Vevey,
à
Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’air matinal, l’arge
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n seul amour doit rester mon secret. Je la guette
à
midi, quand elle descend dans le cortège des jeunes filles sortant de
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, voilà la vie ! Mais si ce soir une femme venait
à
moi comme le miracle que j’attends, je lui dirais : c’est un malenten
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la nature, et ma solitude avec elle. Et vraiment,
à
cet âge, elle me l’a bien rendu. (Quand on revient la voir à deux, pl
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elle me l’a bien rendu. (Quand on revient la voir
à
deux, plus tard, aux mêmes lieux, elle se réserve… Elle ne sera plus
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x, elle se réserve… Elle ne sera plus jamais tout
à
fait comme avant.) Ce soir, elle est encore d’une présence envoûtante
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éteint, guirlande morte, un peu de temps diaphane
à
l’horizon. Paysage emphatique et sombre, tout cerné de prodiges sévèr
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’a point doublé, déjà prise de nuit, rêvant jusqu’
à
mes pieds. Par une chaude soirée du mois d’août 192…, un jeune homme,
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nelle grise et d’un chandail au col roulé, pédale
à
longues pesées sur le chemin de la plaine, luttant contre un vent imp