1
Introduction au Journal
d’
un intellectuel en chômage (août 1937)a Tolstoï disait, vers la fin
2
l en chômage (août 1937)a Tolstoï disait, vers
la
fin du siècle dernier : « L’artiste de l’avenir vivra la vie ordinair
3
Tolstoï disait, vers la fin du siècle dernier : «
L’
artiste de l’avenir vivra la vie ordinaire des hommes, gagnant son pai
4
sait, vers la fin du siècle dernier : « L’artiste
de
l’avenir vivra la vie ordinaire des hommes, gagnant son pain par un m
5
t, vers la fin du siècle dernier : « L’artiste de
l’
avenir vivra la vie ordinaire des hommes, gagnant son pain par un méti
6
du siècle dernier : « L’artiste de l’avenir vivra
la
vie ordinaire des hommes, gagnant son pain par un métier quelconque.
7
agnant son pain par un métier quelconque. » C’est
le
contraire qui m’est arrivé : j’ai perdu mon « métier quelconque », et
8
lconque », et c’est cela justement qui m’a permis
de
partager, pendant deux ans, « la vie ordinaire des hommes ». Cas plus
9
t qui m’a permis de partager, pendant deux ans, «
la
vie ordinaire des hommes ». Cas plus rare qu’on ne le pense pour un i
10
ie ordinaire des hommes ». Cas plus rare qu’on ne
le
pense pour un intellectuel. À Paris, on fréquente et on ignore qui l’
11
ellectuel. À Paris, on fréquente et on ignore qui
l’
on veut. On se fait très facilement sa vie et son milieu parmi des gen
12
t du moins — ou croient savoir — ce que c’est que
d’
écrire des livres. Ce simple fait suffit à distinguer un tel milieu de
13
Ce simple fait suffit à distinguer un tel milieu
de
« la vie ordinaire » — la vie de la grande majorité des hommes. Or, e
14
imple fait suffit à distinguer un tel milieu de «
la
vie ordinaire » — la vie de la grande majorité des hommes. Or, en mêm
15
istinguer un tel milieu de « la vie ordinaire » —
la
vie de la grande majorité des hommes. Or, en même temps que mon gagne
16
er un tel milieu de « la vie ordinaire » — la vie
de
la grande majorité des hommes. Or, en même temps que mon gagne-pain,
17
un tel milieu de « la vie ordinaire » — la vie de
la
grande majorité des hommes. Or, en même temps que mon gagne-pain, j’a
18
, en même temps que mon gagne-pain, j’avais perdu
la
possibilité de vivre à Paris. J’eus l’idée de demander autour de moi
19
que mon gagne-pain, j’avais perdu la possibilité
de
vivre à Paris. J’eus l’idée de demander autour de moi si l’on ne conn
20
vais perdu la possibilité de vivre à Paris. J’eus
l’
idée de demander autour de moi si l’on ne connaissait pas une maison v
21
rdu la possibilité de vivre à Paris. J’eus l’idée
de
demander autour de moi si l’on ne connaissait pas une maison vide que
22
Paris. J’eus l’idée de demander autour de moi si
l’
on ne connaissait pas une maison vide quelque part… On me la trouva bi
23
nnaissait pas une maison vide quelque part… On me
la
trouva bien vite : au bout du monde, dans une île de la côte Atlantiq
24
trouva bien vite : au bout du monde, dans une île
de
la côte Atlantique. J’allai m’y installer avec ma femme, au mois de n
25
uva bien vite : au bout du monde, dans une île de
la
côte Atlantique. J’allai m’y installer avec ma femme, au mois de nove
26
que. J’allai m’y installer avec ma femme, au mois
de
novembre, et j’y restai jusqu’à l’été. L’année suivante, ce fut le Mi
27
femme, au mois de novembre, et j’y restai jusqu’à
l’
été. L’année suivante, ce fut le Midi : là encore une maison abandonné
28
au mois de novembre, et j’y restai jusqu’à l’été.
L’
année suivante, ce fut le Midi : là encore une maison abandonnée qu’on
29
’y restai jusqu’à l’été. L’année suivante, ce fut
le
Midi : là encore une maison abandonnée qu’on nous prêtait. Il y en a
30
mme cela des centaines, des milliers, dans toutes
les
provinces de la France. (Tandis que dans les villes, les jeunes ménag
31
entaines, des milliers, dans toutes les provinces
de
la France. (Tandis que dans les villes, les jeunes ménages se ruinent
32
aines, des milliers, dans toutes les provinces de
la
France. (Tandis que dans les villes, les jeunes ménages se ruinent à
33
utes les provinces de la France. (Tandis que dans
les
villes, les jeunes ménages se ruinent à payer leurs « petits deux-piè
34
vinces de la France. (Tandis que dans les villes,
les
jeunes ménages se ruinent à payer leurs « petits deux-pièces », agrém
35
à payer leurs « petits deux-pièces », agrémentés
de
la TSF des voisins.) Chômeur, je me trouvais cependant rendu à mon tr
36
payer leurs « petits deux-pièces », agrémentés de
la
TSF des voisins.) Chômeur, je me trouvais cependant rendu à mon trava
37
eur, je me trouvais cependant rendu à mon travail
le
plus réel, qui est d’écrire. Cette situation paradoxale m’a fait déco
38
pendant rendu à mon travail le plus réel, qui est
d’
écrire. Cette situation paradoxale m’a fait découvrir tout un monde. E
39
vrir tout un monde. Elle m’a confronté au réel, à
la
vie quotidienne d’un peuple qui se trouvait tout ignorer de ma « qual
40
Elle m’a confronté au réel, à la vie quotidienne
d’
un peuple qui se trouvait tout ignorer de ma « qualité » d’intellectue
41
tidienne d’un peuple qui se trouvait tout ignorer
de
ma « qualité » d’intellectuel. Elle m’a posé et reposé chaque jour le
42
le qui se trouvait tout ignorer de ma « qualité »
d’
intellectuel. Elle m’a posé et reposé chaque jour le problème des rela
43
intellectuel. Elle m’a posé et reposé chaque jour
le
problème des relations possibles entre l’écrivain et le peuple, et au
44
ue jour le problème des relations possibles entre
l’
écrivain et le peuple, et aussi le « problème des gens », c’est-à-dire
45
blème des relations possibles entre l’écrivain et
le
peuple, et aussi le « problème des gens », c’est-à-dire des voisins,
46
possibles entre l’écrivain et le peuple, et aussi
le
« problème des gens », c’est-à-dire des voisins, des autres, avec les
47
s, des autres, avec lesquels on se voit contraint
de
vivre sans avoir pu les choisir à son goût. J’ai traité ces deux gran
48
quels on se voit contraint de vivre sans avoir pu
les
choisir à son goût. J’ai traité ces deux grandes questions de la cult
49
son goût. J’ai traité ces deux grandes questions
de
la culture et de la communauté dans un ouvrage théorique intitulé Pe
50
n goût. J’ai traité ces deux grandes questions de
la
culture et de la communauté dans un ouvrage théorique intitulé Pense
51
raité ces deux grandes questions de la culture et
de
la communauté dans un ouvrage théorique intitulé Penser avec les mai
52
té ces deux grandes questions de la culture et de
la
communauté dans un ouvrage théorique intitulé Penser avec les mains
53
ue j’y travaillais, je m’amusais à noter, au jour
le
jour, des anecdotes, des observations, des réflexions, déduites du dé
54
ons, des réflexions, déduites du détail quotidien
de
mes contacts avec les gens, ou des soucis de mon état. Je ne pensais
55
déduites du détail quotidien de mes contacts avec
les
gens, ou des soucis de mon état. Je ne pensais pas en faire un livre.
56
dien de mes contacts avec les gens, ou des soucis
de
mon état. Je ne pensais pas en faire un livre. Et pourtant ce n’était
57
n nomme un « journal intime ». Je n’y parlais pas
de
mes sentiments, mais de mon entourage et des questions qu’il me posai
58
ime ». Je n’y parlais pas de mes sentiments, mais
de
mon entourage et des questions qu’il me posait. Je m’exerçais à cette
59
qu’il me posait. Je m’exerçais à cette discipline
de
la description objective, qui est devenue tellement étrangère aux rom
60
il me posait. Je m’exerçais à cette discipline de
la
description objective, qui est devenue tellement étrangère aux romant
61
» que nous sommes tous plus ou moins. Peu à peu,
les
feuillets s’entassaient… Si j’en publie une partie aujourd’hui, ce n’
62
ans quelques intentions précises. D’abord montrer
l’
origine concrète des idées que j’exposais ailleurs sous une forme plus
63
ous une forme plus générale. Il ne s’agit ici que
de
la vie « commune », au double sens de ce mot ; il s’agit du réel que
64
une forme plus générale. Il ne s’agit ici que de
la
vie « commune », au double sens de ce mot ; il s’agit du réel que tou
65
git ici que de la vie « commune », au double sens
de
ce mot ; il s’agit du réel que tout le monde vit. Je crois que c’est
66
le monde vit. Je crois que c’est là seulement que
les
idées deviennent graves. Il m’a paru aussi que les façons de vivre et
67
es idées deviennent graves. Il m’a paru aussi que
les
façons de vivre et de penser des hommes réels, peuplant la France rée
68
viennent graves. Il m’a paru aussi que les façons
de
vivre et de penser des hommes réels, peuplant la France réelle, étaie
69
ves. Il m’a paru aussi que les façons de vivre et
de
penser des hommes réels, peuplant la France réelle, étaient en somme
70
de vivre et de penser des hommes réels, peuplant
la
France réelle, étaient en somme peu connues : ni les romans, ni les j
71
France réelle, étaient en somme peu connues : ni
les
romans, ni les journaux, ni les théories politiques ne m’en avaient d
72
étaient en somme peu connues : ni les romans, ni
les
journaux, ni les théories politiques ne m’en avaient donné la moindre
73
peu connues : ni les romans, ni les journaux, ni
les
théories politiques ne m’en avaient donné la moindre idée exacte. J’a
74
ni les théories politiques ne m’en avaient donné
la
moindre idée exacte. J’ai décrit les paysans parmi lesquels je vivais
75
avaient donné la moindre idée exacte. J’ai décrit
les
paysans parmi lesquels je vivais, quelques instituteurs, des chauffeu
76
je vivais, quelques instituteurs, des chauffeurs
d’
autocars, un pasteur, une femme de ménage, des communistes, des propri
77
des chauffeurs d’autocars, un pasteur, une femme
de
ménage, des communistes, des propriétaires… Ce sont des êtres mystéri
78
tres mystérieux. Mais leur mystère n’apparaît que
de
tout près. Il est au cœur même de leur vie et ils l’ignorent le plus
79
n’apparaît que de tout près. Il est au cœur même
de
leur vie et ils l’ignorent le plus souvent. Quand on s’en aperçoit, o
80
tout près. Il est au cœur même de leur vie et ils
l’
ignorent le plus souvent. Quand on s’en aperçoit, on commence à compre
81
Il est au cœur même de leur vie et ils l’ignorent
le
plus souvent. Quand on s’en aperçoit, on commence à comprendre la por
82
Quand on s’en aperçoit, on commence à comprendre
la
portée infinie de cette parole si simple : « Ne jugez pas. » On est d
83
rçoit, on commence à comprendre la portée infinie
de
cette parole si simple : « Ne jugez pas. » On est déjà tout près de l
84
mple : « Ne jugez pas. » On est déjà tout près de
l’
amour. On touche la vie, le grain de l’existence. Et c’est cela que je
85
as. » On est déjà tout près de l’amour. On touche
la
vie, le grain de l’existence. Et c’est cela que je voudrais faire tou
86
est déjà tout près de l’amour. On touche la vie,
le
grain de l’existence. Et c’est cela que je voudrais faire toucher. J’
87
tout près de l’amour. On touche la vie, le grain
de
l’existence. Et c’est cela que je voudrais faire toucher. J’ai tenté
88
ut près de l’amour. On touche la vie, le grain de
l’
existence. Et c’est cela que je voudrais faire toucher. J’ai tenté d’é
89
st cela que je voudrais faire toucher. J’ai tenté
d’
échapper aux villes inhumaines. Et j’ai trouvé que la province ne vaut
90
chapper aux villes inhumaines. Et j’ai trouvé que
la
province ne vaut guère mieux, dans son état présent. Partout les jeun
91
vaut guère mieux, dans son état présent. Partout
les
jeunes vous disent : « C’est mort ici ! » Phrase si courante qu’on a
92
est mort ici ! » Phrase si courante qu’on a cessé
de
sentir le drame immense qu’elle trahit. Province morte, et villes mor
93
ci ! » Phrase si courante qu’on a cessé de sentir
le
drame immense qu’elle trahit. Province morte, et villes mortelles ! C
94
mais seulement des « voisins inévitables » (comme
l’
a si bien dit Keyserling). En relisant mes notes, je m’aperçois que c’
95
). En relisant mes notes, je m’aperçois que c’est
la
nostalgie d’une vraie communauté qui constitue leur trame profonde. M
96
t mes notes, je m’aperçois que c’est la nostalgie
d’
une vraie communauté qui constitue leur trame profonde. Mais il y a au
97
constitue leur trame profonde. Mais il y a aussi
la
nature, l’océan et les landes désertes, et ces olivettes moirant les
98
leur trame profonde. Mais il y a aussi la nature,
l’
océan et les landes désertes, et ces olivettes moirant les dernières p
99
profonde. Mais il y a aussi la nature, l’océan et
les
landes désertes, et ces olivettes moirant les dernières pentes des Cé
100
et les landes désertes, et ces olivettes moirant
les
dernières pentes des Cévennes. Il y a aussi de ces rencontres qui sou
101
t les dernières pentes des Cévennes. Il y a aussi
de
ces rencontres qui soudain vous rendraient — est-ce trop dire ? — une
102
vous rendraient — est-ce trop dire ? — une sorte
de
confiance en l’homme. Il y a la liberté qu’assure la pauvreté. Ce goû
103
— est-ce trop dire ? — une sorte de confiance en
l’
homme. Il y a la liberté qu’assure la pauvreté. Ce goût qu’elle donne
104
ire ? — une sorte de confiance en l’homme. Il y a
la
liberté qu’assure la pauvreté. Ce goût qu’elle donne à l’attente du l
105
confiance en l’homme. Il y a la liberté qu’assure
la
pauvreté. Ce goût qu’elle donne à l’attente du lendemain et des signe
106
té qu’assure la pauvreté. Ce goût qu’elle donne à
l’
attente du lendemain et des signes providentiels. Et toutes les joies
107
lendemain et des signes providentiels. Et toutes
les
joies qui n’ont pas de nom et dont personne ne songerait à parler, co
108
providentiels. Et toutes les joies qui n’ont pas
de
nom et dont personne ne songerait à parler, contemplation de la terre
109
ont personne ne songerait à parler, contemplation
de
la terre, ou d’une bestiole à son travail, sentiment de la journée vi
110
personne ne songerait à parler, contemplation de
la
terre, ou d’une bestiole à son travail, sentiment de la journée vide,
111
songerait à parler, contemplation de la terre, ou
d’
une bestiole à son travail, sentiment de la journée vide, du temps qui
112
terre, ou d’une bestiole à son travail, sentiment
de
la journée vide, du temps qui a pris le rythme des vies simples. Et l
113
re, ou d’une bestiole à son travail, sentiment de
la
journée vide, du temps qui a pris le rythme des vies simples. Et la n
114
sentiment de la journée vide, du temps qui a pris
le
rythme des vies simples. Et la nuit retrouvée, la vraie nuit noire et
115
u temps qui a pris le rythme des vies simples. Et
la
nuit retrouvée, la vraie nuit noire et muette où rôdent les grandes m
116
le rythme des vies simples. Et la nuit retrouvée,
la
vraie nuit noire et muette où rôdent les grandes menaces originelles
117
etrouvée, la vraie nuit noire et muette où rôdent
les
grandes menaces originelles ! On l’avait oubliée dans les villes. ⁂ L
118
te où rôdent les grandes menaces originelles ! On
l’
avait oubliée dans les villes. ⁂ Là où l’on a coutume de placer dans u
119
des menaces originelles ! On l’avait oubliée dans
les
villes. ⁂ Là où l’on a coutume de placer dans un « journal » des effu
120
les ! On l’avait oubliée dans les villes. ⁂ Là où
l’
on a coutume de placer dans un « journal » des effusions lyriques, des
121
t oubliée dans les villes. ⁂ Là où l’on a coutume
de
placer dans un « journal » des effusions lyriques, des analyses du mo
122
alyses du moi, j’ai cru qu’il serait plus discret
de
donner, par exemple, mes comptes, ou quelques chiffres qui peuvent êt
123
idique. Je ne serais donc pas fâché qu’au lieu de
le
juger bien ou mal, on le considère tout simplement comme une « recett
124
pas fâché qu’au lieu de le juger bien ou mal, on
le
considère tout simplement comme une « recette pour vivre de peu ».
125
re tout simplement comme une « recette pour vivre
de
peu ». a. Rougemont Denis de, « Introduction au Journal d’un intel
126
ecette pour vivre de peu ». a. Rougemont Denis
de
, « Introduction au Journal d’un intellectuel en chômage », Bulletin
127
a. Rougemont Denis de, « Introduction au Journal
d’
un intellectuel en chômage », Bulletin de la Guilde du livre, Lausann
128
Journal d’un intellectuel en chômage », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, août 1937, p. 126-128.
129
rnal d’un intellectuel en chômage », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, août 1937, p. 126-128.
130
Pages inédites du Journal
d’
un intellectuel en chômage (octobre 1937)b Note pour une préface.
131
une préface. — « C’est une entreprise hardie que
d’
aller dire aux hommes qu’ils sont peu de chose », s’écrie Bossuet (Ser
132
sont peu de chose », s’écrie Bossuet (Sermon sur
la
mort, 22 mars 1662). Que dirions-nous alors du sort fait à celui qui
133
er aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que
l’
homme en général est peu de chose n’est pas trop humiliant pour qui se
134
chose n’est pas trop humiliant pour qui se flatte
d’
une image de soi composée dans la solitude : tant qu’on ne s’est pas a
135
pas trop humiliant pour qui se flatte d’une image
de
soi composée dans la solitude : tant qu’on ne s’est pas avoué devant
136
ur qui se flatte d’une image de soi composée dans
la
solitude : tant qu’on ne s’est pas avoué devant les autres, on peut t
137
a solitude : tant qu’on ne s’est pas avoué devant
les
autres, on peut toujours s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur
138
urs s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur à
la
masse. Et ce n’est pas encore franchement s’avouer que de se comparer
139
. Et ce n’est pas encore franchement s’avouer que
de
se comparer aux seuls humains que le métier ou notre rang social nous
140
s’avouer que de se comparer aux seuls humains que
le
métier ou notre rang social nous met en mesure d’approcher. L’épreuve
141
le métier ou notre rang social nous met en mesure
d’
approcher. L’épreuve décisive est celle que l’on subit au contact de v
142
notre rang social nous met en mesure d’approcher.
L’
épreuve décisive est celle que l’on subit au contact de voisins que ri
143
ure d’approcher. L’épreuve décisive est celle que
l’
on subit au contact de voisins que rien en nous, que rien dans notre v
144
euve décisive est celle que l’on subit au contact
de
voisins que rien en nous, que rien dans notre vie n’attendait et ne p
145
n’attendait et ne prévoyait. Ce n’est qu’au prix
d’
un désordre social — selon les préjugés du régime établi — que ces ren
146
Ce n’est qu’au prix d’un désordre social — selon
les
préjugés du régime établi — que ces rencontres deviennent possibles,
147
t à la fois se reconnaître en vérité et rejoindre
l’
humanité. ⁂ Chômage. — On dit souvent qu’il faut à l’homme un minimum
148
manité. ⁂ Chômage. — On dit souvent qu’il faut à
l’
homme un minimum de confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir réflé
149
— On dit souvent qu’il faut à l’homme un minimum
de
confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir réfléchir, se poser des
150
ent qu’il faut à l’homme un minimum de confort ou
d’
aisance matérielle pour pouvoir réfléchir, se poser des problèmes nouv
151
éfléchir, se poser des problèmes nouveaux, créer…
D’
où résulterait qu’un certain degré de pauvreté ou de misère physique c
152
eaux, créer… D’où résulterait qu’un certain degré
de
pauvreté ou de misère physique condamnerait même un « intellectuel »
153
où résulterait qu’un certain degré de pauvreté ou
de
misère physique condamnerait même un « intellectuel » au chômage abso
154
intellectuel » au chômage absolu, c’est-à-dire à
l’
arrêt de la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel es
155
ctuel » au chômage absolu, c’est-à-dire à l’arrêt
de
la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel est ce cer
156
el » au chômage absolu, c’est-à-dire à l’arrêt de
la
pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel est ce certai
157
’est-à-dire à l’arrêt de la pensée, tout au moins
de
la pensée créatrice. Mais quel est ce certain degré ? À quel niveau p
158
t-à-dire à l’arrêt de la pensée, tout au moins de
la
pensée créatrice. Mais quel est ce certain degré ? À quel niveau plac
159
? À quel niveau placer cette limite inférieure ?
La
question paraît insoluble dès qu’on la pose dans le concret d’une vie
160
férieure ? La question paraît insoluble dès qu’on
la
pose dans le concret d’une vie connue. Prenons deux hommes qui furent
161
question paraît insoluble dès qu’on la pose dans
le
concret d’une vie connue. Prenons deux hommes qui furent tous deux de
162
araît insoluble dès qu’on la pose dans le concret
d’
une vie connue. Prenons deux hommes qui furent tous deux de prodigieux
163
connue. Prenons deux hommes qui furent tous deux
de
prodigieux producteurs d’idées ; deux hommes qui ont écrit chacun une
164
es qui furent tous deux de prodigieux producteurs
d’
idées ; deux hommes qui ont écrit chacun une vingtaine de volumes en l
165
; deux hommes qui ont écrit chacun une vingtaine
de
volumes en l’espace de dix ans : Kierkegaard et Nietzsche. Le premier
166
qui ont écrit chacun une vingtaine de volumes en
l’
espace de dix ans : Kierkegaard et Nietzsche. Le premier était riche e
167
écrit chacun une vingtaine de volumes en l’espace
de
dix ans : Kierkegaard et Nietzsche. Le premier était riche et dépensa
168
il ne lui restait plus même une chemise entière :
les
morceaux du bras ayant servi à rapiécer les épaules et le plastron. L
169
ère : les morceaux du bras ayant servi à rapiécer
les
épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite de professeur
170
aux du bras ayant servi à rapiécer les épaules et
le
plastron. Le peu d’argent de sa retraite de professeur servait à paye
171
yant servi à rapiécer les épaules et le plastron.
Le
peu d’argent de sa retraite de professeur servait à payer ses logeuse
172
rvi à rapiécer les épaules et le plastron. Le peu
d’
argent de sa retraite de professeur servait à payer ses logeuses succe
173
iécer les épaules et le plastron. Le peu d’argent
de
sa retraite de professeur servait à payer ses logeuses successives, e
174
es et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite
de
professeur servait à payer ses logeuses successives, et des remèdes c
175
sent concevoir d’autres buts à leur existence que
la
recherche d’un gain précaire. Mais à ceux qui ont quelque chose, il f
176
r d’autres buts à leur existence que la recherche
d’
un gain précaire. Mais à ceux qui ont quelque chose, il faut rappeler
177
ceux qui ont quelque chose, il faut rappeler que
la
recherche du confort est ce qui s’oppose le plus radicalement à toute
178
r que la recherche du confort est ce qui s’oppose
le
plus radicalement à toute culture véritable. ⁂ Île de R. — La nuit !
179
alement à toute culture véritable. ⁂ Île de R. —
La
nuit ! Je l’avais oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette
180
te culture véritable. ⁂ Île de R. — La nuit ! Je
l’
avais oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque
181
Île de R. — La nuit ! Je l’avais oubliée à Paris.
La
nuit des villes n’est pas cette mort opaque dont il faut redouter je
182
rès. Nuit des villes, rouge et circulante, pleine
de
rumeurs, comparable à la fièvre. Plus lucide souvent que les jours. I
183
ge et circulante, pleine de rumeurs, comparable à
la
fièvre. Plus lucide souvent que les jours. Ici, tout repose complètem
184
, comparable à la fièvre. Plus lucide souvent que
les
jours. Ici, tout repose complètement. Un silence implacable et mat en
185
omplètement. Un silence implacable et mat enserre
l’
homme qui chemine sur la route incertaine, au milieu des menaces origi
186
implacable et mat enserre l’homme qui chemine sur
la
route incertaine, au milieu des menaces originelles. Par temps clair,
187
milieu des menaces originelles. Par temps clair,
les
étoiles sont très grosses et molles au-dessus du jardin. Mais il arri
188
et molles au-dessus du jardin. Mais il arrive que
le
noir soit compact. Je me dirige à peu près le long de l’allée unique,
189
soit compact. Je me dirige à peu près le long de
l’
allée unique, entre les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la
190
irige à peu près le long de l’allée unique, entre
les
rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’o
191
e unique, entre les rosiers. Je trouve, à tâtons,
le
verrou de la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici le
192
entre les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou
de
la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici les rues du
193
re les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de
la
porte du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici les rues du vil
194
ve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans
l’
odeur des lauriers épais. Voici les rues du village, illuminées comme
195
e du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici
les
rues du village, illuminées comme un décor blanc et vert. Des chiens
196
or blanc et vert. Des chiens surgissent des coins
d’
ombre, aboient horriblement, tournent autour de moi, me flairent avec
197
soudain en gémissant. J’ai des lettres à porter à
l’
autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’écho
198
utobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau
le
noir, et l’écho de mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me
199
aut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et
l’
écho de mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me glisse dans
200
loigner du village. De nouveau le noir, et l’écho
de
mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me glisse dans le hang
201
. De nouveau le noir, et l’écho de mes pas contre
les
murs des maisons mortes. Je me glisse dans le hangar de la grosse voi
202
re les murs des maisons mortes. Je me glisse dans
le
hangar de la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’à ce que je renc
203
s des maisons mortes. Je me glisse dans le hangar
de
la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ou
204
es maisons mortes. Je me glisse dans le hangar de
la
grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ouver
205
re et tâte ses flancs jusqu’à ce que je rencontre
l’
ouverture de la boîte aux lettres. De loin, le village apparaît fantas
206
es flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ouverture
de
la boîte aux lettres. De loin, le village apparaît fantastique : les
207
flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ouverture de
la
boîte aux lettres. De loin, le village apparaît fantastique : les bec
208
je rencontre l’ouverture de la boîte aux lettres.
De
loin, le village apparaît fantastique : les becs de gaz, très bas, éc
209
tre l’ouverture de la boîte aux lettres. De loin,
le
village apparaît fantastique : les becs de gaz, très bas, éclairent q
210
ttres. De loin, le village apparaît fantastique :
les
becs de gaz, très bas, éclairent quelques façades blanches, carrés et
211
arrés et rectangles détachés violemment au bas de
l’
énorme nuit. On ne voit que ces figures géométriques, dominées par le
212
e voit que ces figures géométriques, dominées par
le
clocher à toit plat, et des fragments de silhouettes d’arbres devant
213
nées par le clocher à toit plat, et des fragments
de
silhouettes d’arbres devant les maisons. La rumeur de la mer arrive p
214
cher à toit plat, et des fragments de silhouettes
d’
arbres devant les maisons. La rumeur de la mer arrive par bouffées. Pu
215
, et des fragments de silhouettes d’arbres devant
les
maisons. La rumeur de la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouve
216
ments de silhouettes d’arbres devant les maisons.
La
rumeur de la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouveau cet étran
217
ilhouettes d’arbres devant les maisons. La rumeur
de
la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouveau cet étrange écho de
218
ouettes d’arbres devant les maisons. La rumeur de
la
mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouveau cet étrange écho des p
219
nouveau cet étrange écho des pas, si proche dans
les
rues vides, et ces mêmes chiens qui reviennent, et pas une âme. — « V
220
chiens qui reviennent, et pas une âme. — « Vallée
de
l’ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » — Jamais plu
221
ens qui reviennent, et pas une âme. — « Vallée de
l’
ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » — Jamais plus q
222
reviennent, et pas une âme. — « Vallée de l’ombre
de
la mort… étranger et voyageur sur la terre… » — Jamais plus que dans
223
iennent, et pas une âme. — « Vallée de l’ombre de
la
mort… étranger et voyageur sur la terre… » — Jamais plus que dans cet
224
e de l’ombre de la mort… étranger et voyageur sur
la
terre… » — Jamais plus que dans cette nuit. ⁂ Fin de séjour à A… (Ga
225
erre… » — Jamais plus que dans cette nuit. ⁂ Fin
de
séjour à A… (Gard). — Tout est en place. Je garderai toutefois le pla
226
Gard). — Tout est en place. Je garderai toutefois
le
plan d’aménagement et de décoration des trois chambres du premier éta
227
Tout est en place. Je garderai toutefois le plan
d’
aménagement et de décoration des trois chambres du premier étage, on n
228
e. Je garderai toutefois le plan d’aménagement et
de
décoration des trois chambres du premier étage, on ne sait jamais… Le
229
ois chambres du premier étage, on ne sait jamais…
Les
vingt-deux pièces du dessus de cheminée ont été replacées au millimèt
230
n ne sait jamais… Les vingt-deux pièces du dessus
de
cheminée ont été replacées au millimètre, dans une symétrie impeccabl
231
llimètre, dans une symétrie impeccable. Mais tout
l’
effet de notre labeur risque d’être détruit par une odieuse malice du
232
, dans une symétrie impeccable. Mais tout l’effet
de
notre labeur risque d’être détruit par une odieuse malice du sort. No
233
eccable. Mais tout l’effet de notre labeur risque
d’
être détruit par une odieuse malice du sort. Nous avions descendu du d
234
euxième un lourd sommier, pour en faire un divan.
L’
escalier est étroit. La descente s’était opérée sans trop de mal, lors
235
r, pour en faire un divan. L’escalier est étroit.
La
descente s’était opérée sans trop de mal, lors de notre arrivée. Mais
236
est étroit. La descente s’était opérée sans trop
de
mal, lors de notre arrivée. Mais nous n’avions pas prévu la remontée
237
rs de notre arrivée. Mais nous n’avions pas prévu
la
remontée ! Épuisés par une demi-heure d’efforts haletants, qui n’ont
238
as prévu la remontée ! Épuisés par une demi-heure
d’
efforts haletants, qui n’ont abouti qu’à coincer le sommier au tournan
239
’efforts haletants, qui n’ont abouti qu’à coincer
le
sommier au tournant, entre la balustrade et les parois de la cage d’e
240
abouti qu’à coincer le sommier au tournant, entre
la
balustrade et les parois de la cage d’escalier — au surplus fortement
241
er le sommier au tournant, entre la balustrade et
les
parois de la cage d’escalier — au surplus fortement rayées — nous avo
242
er au tournant, entre la balustrade et les parois
de
la cage d’escalier — au surplus fortement rayées — nous avons couru i
243
au tournant, entre la balustrade et les parois de
la
cage d’escalier — au surplus fortement rayées — nous avons couru impl
244
plus fortement rayées — nous avons couru implorer
l’
aide de Simard. « Ce cochon-là » refuse, prétextant une hernie ; sa fe
245
rtement rayées — nous avons couru implorer l’aide
de
Simard. « Ce cochon-là » refuse, prétextant une hernie ; sa femme aus
246
ant sa jambe « coupée ». (Bonne occasion pourtant
de
la décrocher un peu pour toucher davantage à l’assurance !) Il a bien
247
sa jambe « coupée ». (Bonne occasion pourtant de
la
décrocher un peu pour toucher davantage à l’assurance !) Il a bien fa
248
t de la décrocher un peu pour toucher davantage à
l’
assurance !) Il a bien fallu se rendre à l’évidence : ce sommier impla
249
tage à l’assurance !) Il a bien fallu se rendre à
l’
évidence : ce sommier implacable restera dans l’escalier comme témoin
250
à l’évidence : ce sommier implacable restera dans
l’
escalier comme témoin des bouleversements que nous avons infligés à la
251
oin des bouleversements que nous avons infligés à
la
maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il faut encore bo
252
que nous avons infligés à la maison. Pas question
d’
aller quérir du renfort à A. Il faut encore boucler les valises, desce
253
ler quérir du renfort à A. Il faut encore boucler
les
valises, descendre mes caisses de livres à la gare, etc., et le train
254
encore boucler les valises, descendre mes caisses
de
livres à la gare, etc., et le train part dans une heure. Quand la pro
255
er les valises, descendre mes caisses de livres à
la
gare, etc., et le train part dans une heure. Quand la propriétaire re
256
scendre mes caisses de livres à la gare, etc., et
le
train part dans une heure. Quand la propriétaire reviendra pour l’été
257
are, etc., et le train part dans une heure. Quand
la
propriétaire reviendra pour l’été, elle se heurtera à ce sommier monu
258
s une heure. Quand la propriétaire reviendra pour
l’
été, elle se heurtera à ce sommier monumental dans sa pose scandaleuse
259
te des « gens » en général — quand je ne fais que
les
jauger d’un regard — et sympathie violente, « élan vers », dès que mo
260
ns » en général — quand je ne fais que les jauger
d’
un regard — et sympathie violente, « élan vers », dès que mon regard s
261
n visage, au corps et aux vêtements, aux mains, à
l’
attitude distraite et vraie d’un être isolé près de moi. Je prends le
262
ments, aux mains, à l’attitude distraite et vraie
d’
un être isolé près de moi. Je prends le métro, malgré l’odeur de buand
263
e et vraie d’un être isolé près de moi. Je prends
le
métro, malgré l’odeur de buanderie et ce relent de fauves de certains
264
tre isolé près de moi. Je prends le métro, malgré
l’
odeur de buanderie et ce relent de fauves de certains parfums de femme
265
é près de moi. Je prends le métro, malgré l’odeur
de
buanderie et ce relent de fauves de certains parfums de femmes, rien
266
e métro, malgré l’odeur de buanderie et ce relent
de
fauves de certains parfums de femmes, rien que pour regarder des être
267
algré l’odeur de buanderie et ce relent de fauves
de
certains parfums de femmes, rien que pour regarder des êtres, et vivr
268
nderie et ce relent de fauves de certains parfums
de
femmes, rien que pour regarder des êtres, et vivre un moment auprès d
269
our regarder des êtres, et vivre un moment auprès
d’
eux, le temps de trois stations, le temps d’imaginer une rencontre, un
270
arder des êtres, et vivre un moment auprès d’eux,
le
temps de trois stations, le temps d’imaginer une rencontre, un échang
271
êtres, et vivre un moment auprès d’eux, le temps
de
trois stations, le temps d’imaginer une rencontre, un échange spontan
272
moment auprès d’eux, le temps de trois stations,
le
temps d’imaginer une rencontre, un échange spontané, une de ces décou
273
uprès d’eux, le temps de trois stations, le temps
d’
imaginer une rencontre, un échange spontané, une de ces découvertes fr
274
’imaginer une rencontre, un échange spontané, une
de
ces découvertes frémissantes telles que j’en ai sans doute vécues, ad
275
lescent — et sûrement ce serait bien autre chose…
La
femme descend sans se retourner ; l’homme déplie un journal que je n’
276
autre chose… La femme descend sans se retourner ;
l’
homme déplie un journal que je n’aime pas, qu’il a peut-être acheté to
277
plus pourquoi j’ai eu ce fort désir soudain, dans
le
métro, de tutoyer mes compagnons de route. Était-ce envie de donner o
278
uoi j’ai eu ce fort désir soudain, dans le métro,
de
tutoyer mes compagnons de route. Était-ce envie de donner ou de recev
279
soudain, dans le métro, de tutoyer mes compagnons
de
route. Était-ce envie de donner ou de recevoir ? Il me semble mainten
280
e tutoyer mes compagnons de route. Était-ce envie
de
donner ou de recevoir ? Il me semble maintenant que j’écris, que c’es
281
compagnons de route. Était-ce envie de donner ou
de
recevoir ? Il me semble maintenant que j’écris, que c’est profondémen
282
le maintenant que j’écris, que c’est profondément
le
même mouvement, l’amour. La même déception de l’amour, parce que rien
283
’écris, que c’est profondément le même mouvement,
l’
amour. La même déception de l’amour, parce que rien ne s’est produit,
284
ue c’est profondément le même mouvement, l’amour.
La
même déception de l’amour, parce que rien ne s’est produit, rien ne p
285
ent le même mouvement, l’amour. La même déception
de
l’amour, parce que rien ne s’est produit, rien ne peut se produire, p
286
le même mouvement, l’amour. La même déception de
l’
amour, parce que rien ne s’est produit, rien ne peut se produire, pour
287
es que nous tous. — Et alors, dira-t-on : « Faire
la
révolution ! » — Ce substitut, ce renvoi aux calendes de la Grande Co
288
lution ! » — Ce substitut, ce renvoi aux calendes
de
la Grande Communication… ⁂ Montparnasse. — Stupidité triste, parfois
289
ion ! » — Ce substitut, ce renvoi aux calendes de
la
Grande Communication… ⁂ Montparnasse. — Stupidité triste, parfois in
290
— Stupidité triste, parfois insolente, et lourde,
de
cette population de mannequins vides et mal truqués. Figures grises d
291
parfois insolente, et lourde, de cette population
de
mannequins vides et mal truqués. Figures grises devant des mentes fau
292
, « bagnoles », « Paris-Soir », « on se défend… »
La
grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du m
293
grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur
le
quai désert du métro, enfin un être vrai. ⁂ (Conclusion.) — S’occupe
294
occuper des « petits-faits-vrais » vaut mieux que
de
les ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec f
295
uper des « petits-faits-vrais » vaut mieux que de
les
ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec force
296
faits-vrais » vaut mieux que de les ignorer. Mais
l’
excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on
297
mieux que de les ignorer. Mais l’excellent, c’est
de
parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connus,
298
es ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir à
les
ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connus, dans leur réali
299
parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on
les
a bien connus, dans leur réalité sordide. Un petit fait vrai vaut plu
300
e, une grande idée embrassée avec force au mépris
de
soi-même et de l’utilité. Car elle peut devenir le fait dominateur. E
301
dée embrassée avec force au mépris de soi-même et
de
l’utilité. Car elle peut devenir le fait dominateur. En vérité, il n’
302
embrassée avec force au mépris de soi-même et de
l’
utilité. Car elle peut devenir le fait dominateur. En vérité, il n’y a
303
e soi-même et de l’utilité. Car elle peut devenir
le
fait dominateur. En vérité, il n’y a pas de faits grands ou petits en
304
venir le fait dominateur. En vérité, il n’y a pas
de
faits grands ou petits en soi et par comparaison. Il y a dans chaque
305
en soi et par comparaison. Il y a dans chaque vie
d’
homme à peu près digne de ce nom un fait qui commande tous les autres
306
. Il y a dans chaque vie d’homme à peu près digne
de
ce nom un fait qui commande tous les autres et qui est la mesure de t
307
eu près digne de ce nom un fait qui commande tous
les
autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’auras connu et accept
308
m un fait qui commande tous les autres et qui est
la
mesure de tout. Quand tu l’auras connu et accepté — tu es le seul à l
309
qui commande tous les autres et qui est la mesure
de
tout. Quand tu l’auras connu et accepté — tu es le seul à le connaîtr
310
les autres et qui est la mesure de tout. Quand tu
l’
auras connu et accepté — tu es le seul à le connaître — lève-toi et re
311
e tout. Quand tu l’auras connu et accepté — tu es
le
seul à le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes inco
312
and tu l’auras connu et accepté — tu es le seul à
le
connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes incongrus et m
313
u es le seul à le connaître — lève-toi et regarde
les
choses, les gestes incongrus et mécaniques des autres ; écoute bien c
314
à le connaître — lève-toi et regarde les choses,
les
gestes incongrus et mécaniques des autres ; écoute bien ce qu’ils dis
315
s autres ; écoute bien ce qu’ils disent à travers
les
paroles qu’ils croient dire ; essaie de les comprendre quand ils se p
316
travers les paroles qu’ils croient dire ; essaie
de
les comprendre quand ils se plaignent ou quand ils rient : tu ne verr
317
avers les paroles qu’ils croient dire ; essaie de
les
comprendre quand ils se plaignent ou quand ils rient : tu ne verras,
318
qui est plus fort que toi. Car il est tout ce que
le
monde attend, attend de toute éternité pour aujourd’hui et de toi seu
319
i. Car il est tout ce que le monde attend, attend
de
toute éternité pour aujourd’hui et de toi seul — et c’est ta foi. ⁂
320
end, attend de toute éternité pour aujourd’hui et
de
toi seul — et c’est ta foi. ⁂ Post-scriptum. — En même temps que les
321
est ta foi. ⁂ Post-scriptum. — En même temps que
les
épreuves de mon journal, je reçois une note à l’encre rouge, signée d
322
Post-scriptum. — En même temps que les épreuves
de
mon journal, je reçois une note à l’encre rouge, signée du correcteur
323
les épreuves de mon journal, je reçois une note à
l’
encre rouge, signée du correcteur de l’imprimerie. Je la recopie : « “
324
is une note à l’encre rouge, signée du correcteur
de
l’imprimerie. Je la recopie : « “Épicerie et spécialiste”2 — L’auteur
325
une note à l’encre rouge, signée du correcteur de
l’
imprimerie. Je la recopie : « “Épicerie et spécialiste”2 — L’auteur pa
326
e rouge, signée du correcteur de l’imprimerie. Je
la
recopie : « “Épicerie et spécialiste”2 — L’auteur paraît croire à un
327
e. Je la recopie : « “Épicerie et spécialiste”2 —
L’
auteur paraît croire à un rapprochement absurde. Il fait erreur. Nous
328
chement absurde. Il fait erreur. Nous sommes dans
le
Midi, où un sentiment obscur de latinité a survécu. Et épices (d’où é
329
Nous sommes dans le Midi, où un sentiment obscur
de
latinité a survécu. Et épices (d’où épicerie) et espèce (d’où spécial
330
entiment obscur de latinité a survécu. Et épices (
d’
où épicerie) et espèce (d’où spécialiste) sont le même mot. Tous deux
331
é a survécu. Et épices (d’où épicerie) et espèce (
d’
où spécialiste) sont le même mot. Tous deux remontent à species (latin
332
(d’où épicerie) et espèce (d’où spécialiste) sont
le
même mot. Tous deux remontent à species (latin). — Les espèces, deven
333
ême mot. Tous deux remontent à species (latin). —
Les
espèces, devenues épices, étaient : gingembre, muscade, cannelle, poi
334
étaient : gingembre, muscade, cannelle, poivre. “
Les
quatre espèces” (épices). J’amenderais cette partie, si j’étais l’aut
335
” (épices). J’amenderais cette partie, si j’étais
l’
auteur, esprit remarquable. » (Merci au correcteur ! Mais on ne pouvai
336
au correcteur ! Mais on ne pouvait plus modifier
la
mise en pages.) 1. Kierkegaard avait déposé sa fortune, réalisée en
337
était adversaire du prêt à intérêt, condamné par
l’
église primitive. Il donnait à qui voulait. Après sa mort, on s’aperçu
338
t, on s’aperçut qu’il ne restait que 250 fr. dans
le
coffre. 2. Voir la page 140 de l’édition de la Guilde du Livre. b.
339
l ne restait que 250 fr. dans le coffre. 2. Voir
la
page 140 de l’édition de la Guilde du Livre. b. Rougemont Denis de,
340
que 250 fr. dans le coffre. 2. Voir la page 140
de
l’édition de la Guilde du Livre. b. Rougemont Denis de, « Pages iné
341
e 250 fr. dans le coffre. 2. Voir la page 140 de
l’
édition de la Guilde du Livre. b. Rougemont Denis de, « Pages inédit
342
dans le coffre. 2. Voir la page 140 de l’édition
de
la Guilde du Livre. b. Rougemont Denis de, « Pages inédites du Jour
343
s le coffre. 2. Voir la page 140 de l’édition de
la
Guilde du Livre. b. Rougemont Denis de, « Pages inédites du Journal
344
ition de la Guilde du Livre. b. Rougemont Denis
de
, « Pages inédites du Journal d’un intellectuel en chômage », Bulleti
345
Rougemont Denis de, « Pages inédites du Journal
d’
un intellectuel en chômage », Bulletin de la Guilde du livre, Lausann
346
Journal d’un intellectuel en chômage », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, octobre 1937, p. 150-153.
347
rnal d’un intellectuel en chômage », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, octobre 1937, p. 150-153.
348
Caquets
d’
une vieille poule noire (août 1938)c d Eh bien ! en ont-ils fait de
349
istoire ! Je vivais ignorée et sereine. C’est par
la
faute de mon auteur que j’ai paru dans toutes les feuilles, et je me
350
la faute de mon auteur que j’ai paru dans toutes
les
feuilles, et je me vengerais bien si ce n’était de lui que dépend, ap
351
s feuilles, et je me vengerais bien si ce n’était
de
lui que dépend, après tout, mon existence. Ont-ils pu se moquer de mo
352
, après tout, mon existence. Ont-ils pu se moquer
de
mon aventure, tous les feuilletonistes indiscrets auxquels ce satané
353
tence. Ont-ils pu se moquer de mon aventure, tous
les
feuilletonistes indiscrets auxquels ce satané Journal livrait ma vi
354
crets auxquels ce satané Journal livrait ma vie
la
plus intime ! Vous allez pouvoir en juger. Dans un grand quotidien de
355
s allez pouvoir en juger. Dans un grand quotidien
de
Bordeaux, il a paru tout un article intitulé sur trois colonnes — et
356
is colonnes — et j’en sens ma crête en rougir — «
La
poule de M. de Rougemont ». Voici le début de ce libelle : Dans le l
357
es — et j’en sens ma crête en rougir — « La poule
de
M. de Rougemont ». Voici le début de ce libelle : Dans le livre si…
358
n rougir — « La poule de M. de Rougemont ». Voici
le
début de ce libelle : Dans le livre si… si… et si… (je supprime des
359
— « La poule de M. de Rougemont ». Voici le début
de
ce libelle : Dans le livre si… si… et si… (je supprime des adjectifs
360
Rougemont ». Voici le début de ce libelle : Dans
le
livre si… si… et si… (je supprime des adjectifs élogieux, tout à fait
361
ectifs élogieux, tout à fait déplacés à mon avis)
de
M. de Rougemont, Journal d’un intellectuel en chômage , il y a une p
362
déplacés à mon avis) de M. de Rougemont, Journal
d’
un intellectuel en chômage , il y a une poule. C’est une poule noire,
363
s dit-on, dont nous faisons connaissance page 92.
L’
auteur habite avec sa femme une maison prêtée ; avec la maison, il y a
364
eur habite avec sa femme une maison prêtée ; avec
la
maison, il y a un jardin ; au fond du jardin, cette poule. Elle n’a p
365
du jardin, cette poule. Elle n’a pas fait parler
d’
elle depuis le mois de novembre. Soudain, le 10 avril, elle se met à p
366
tte poule. Elle n’a pas fait parler d’elle depuis
le
mois de novembre. Soudain, le 10 avril, elle se met à pondre, et avec
367
e. Elle n’a pas fait parler d’elle depuis le mois
de
novembre. Soudain, le 10 avril, elle se met à pondre, et avec tant d’
368
arler d’elle depuis le mois de novembre. Soudain,
le
10 avril, elle se met à pondre, et avec tant d’ardeur que, dès le 16,
369
, le 10 avril, elle se met à pondre, et avec tant
d’
ardeur que, dès le 16, elle a treize gros œufs, que sans désemparer el
370
e se met à pondre, et avec tant d’ardeur que, dès
le
16, elle a treize gros œufs, que sans désemparer elle se met à couver
371
ette que M. de Rougemont ne nous ait pas présenté
le
coq, même par la plus discrète allusion. Puis on attend. M. de Rougem
372
ugemont ne nous ait pas présenté le coq, même par
la
plus discrète allusion. Puis on attend. M. de Rougemont écrit des pag
373
t écrit des pages pénétrantes à propos de Goethe.
La
poule couve, la poule couve toujours. 14 mai, 16 mai, 21 mai, rien, t
374
s pénétrantes à propos de Goethe. La poule couve,
la
poule couve toujours. 14 mai, 16 mai, 21 mai, rien, toujours rien. M.
375
ugemont cite Spinoza — mais il est inquiet : dans
la
nuit du 21 mai, n’y tenant plus, il retourne au poulailler, dérange l
376
y tenant plus, il retourne au poulailler, dérange
la
poule, aperçoit enfin un poulet… « C’est beau. C’est fascinant. C’est
377
rois semaines est en effet assez mystérieuse… Et
l’
article se termine par une nouvelle impertinence à mon égard : le crit
378
rmine par une nouvelle impertinence à mon égard :
le
critique prétend que ce livre peut introduire le lecteur « dans un mo
379
le critique prétend que ce livre peut introduire
le
lecteur « dans un monde où l’on pardonnera aux poules d’avoir des mœu
380
vre peut introduire le lecteur « dans un monde où
l’
on pardonnera aux poules d’avoir des mœurs un peu bizarres, parce que
381
eur « dans un monde où l’on pardonnera aux poules
d’
avoir des mœurs un peu bizarres, parce que les hommes en auront de plu
382
ules d’avoir des mœurs un peu bizarres, parce que
les
hommes en auront de plus naturelles et de plus droites ». Voyez-vous
383
cela : « des mœurs bizarres » ! Quel toupet ! Et
le
plus révoltant de l’affaire, c’est que mon auteur a ri très fort de c
384
s bizarres » ! Quel toupet ! Et le plus révoltant
de
l’affaire, c’est que mon auteur a ri très fort de cet article et s’es
385
izarres » ! Quel toupet ! Et le plus révoltant de
l’
affaire, c’est que mon auteur a ri très fort de cet article et s’est l
386
de l’affaire, c’est que mon auteur a ri très fort
de
cet article et s’est lâchement refusé à prendre la défense de ma vert
387
e cet article et s’est lâchement refusé à prendre
la
défense de ma vertu et de mon honneur vilipendés. Il s’en fiche, il s
388
hement refusé à prendre la défense de ma vertu et
de
mon honneur vilipendés. Il s’en fiche, il s’amuse à mes dépens après
389
e, il s’amuse à mes dépens après m’avoir livrée à
la
risée publique ! Comme si le ridicule jeté sur moi ne l’atteignait pa
390
rès m’avoir livrée à la risée publique ! Comme si
le
ridicule jeté sur moi ne l’atteignait pas, lui aussi ! Mais, chômeurs
391
e publique ! Comme si le ridicule jeté sur moi ne
l’
atteignait pas, lui aussi ! Mais, chômeurs ou non, — j’y reviendrai —
392
roît ne sont pas bien malins ! Il était si facile
de
répliquer à mon calomniateur bordelais que c’est lui qui ne connaît r
393
ux mœurs des poules ! Que nous n’avons pas besoin
d’
un coq pour pondre un œuf quand cela nous chante3 ; que nous ne couvon
394
: que je n’avais donc pas eu à fabriquer moi-même
les
treize œufs et que cette histoire honteuse et scandaleuse des prétend
395
se et scandaleuse des prétendus trente-huit jours
de
couvée prouve simplement que mon auteur a négligé de vérifier ses dat
396
couvée prouve simplement que mon auteur a négligé
de
vérifier ses dates ! Enfin, mon innocence éclate à tous les yeux. Ce
397
er ses dates ! Enfin, mon innocence éclate à tous
les
yeux. Ce qu’on me reproche n’est imputable en vérité qu’à l’ignorance
398
qu’on me reproche n’est imputable en vérité qu’à
l’
ignorance presque touchante de ce critique aussi présomptueux que bord
399
able en vérité qu’à l’ignorance presque touchante
de
ce critique aussi présomptueux que bordelais. Que dire des autres ! F
400
s. Que dire des autres ! Figurez-vous que j’ai eu
la
curiosité d’aller picorer parmi les dossiers de mon auteur, épars sur
401
es autres ! Figurez-vous que j’ai eu la curiosité
d’
aller picorer parmi les dossiers de mon auteur, épars sur son bureau,
402
us que j’ai eu la curiosité d’aller picorer parmi
les
dossiers de mon auteur, épars sur son bureau, sur son divan, et jusqu
403
u la curiosité d’aller picorer parmi les dossiers
de
mon auteur, épars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol
404
pars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur
le
sol de la pièce où il travaille (toujours ce désordre !). À ma stupéf
405
r son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol
de
la pièce où il travaille (toujours ce désordre !). À ma stupéfaction,
406
on bureau, sur son divan, et jusque sur le sol de
la
pièce où il travaille (toujours ce désordre !). À ma stupéfaction, j’
407
e !). À ma stupéfaction, j’ai trouvé des dizaines
d’
articles pleins d’éloges pour ce maudit Journal . Il est vrai qu’ils
408
ction, j’ai trouvé des dizaines d’articles pleins
d’
éloges pour ce maudit Journal . Il est vrai qu’ils étaient signés de
409
udit Journal . Il est vrai qu’ils étaient signés
de
noms que je crois fort obscurs, comme Mauriac, Ramuz, Halévy, Duhamel
410
lévy, Duhamel. Tout cela ne compte guère aux yeux
d’
une poule. Ce qui compte, c’est l’énorme étude de neuf colonnes parue,
411
guère aux yeux d’une poule. Ce qui compte, c’est
l’
énorme étude de neuf colonnes parue, pour ma vengeance, dans Curieux.
412
d’une poule. Ce qui compte, c’est l’énorme étude
de
neuf colonnes parue, pour ma vengeance, dans Curieux. Nul n’ignore qu
413
pour ma vengeance, dans Curieux. Nul n’ignore que
l’
hebdomadaire neuchâtelois a obtenu le concours régulier du plus fameux
414
n’ignore que l’hebdomadaire neuchâtelois a obtenu
le
concours régulier du plus fameux critique de Romorantin (Loir-et-Cher
415
tenu le concours régulier du plus fameux critique
de
Romorantin (Loir-et-Cher). Non pas que la Suisse romande manque de cr
416
ritique de Romorantin (Loir-et-Cher). Non pas que
la
Suisse romande manque de critiques très qualifiés, mais quand on a l’
417
ir-et-Cher). Non pas que la Suisse romande manque
de
critiques très qualifiés, mais quand on a l’aubaine de publier des pa
418
nque de critiques très qualifiés, mais quand on a
l’
aubaine de publier des pages signées V. Meylan-Malécot, il convient de
419
itiques très qualifiés, mais quand on a l’aubaine
de
publier des pages signées V. Meylan-Malécot, il convient de faire pas
420
des pages signées V. Meylan-Malécot, il convient
de
faire passer au second plan les considérations locales, toujours un p
421
lécot, il convient de faire passer au second plan
les
considérations locales, toujours un peu mesquines. Donc, cette dame d
422
et, s’adressant courageusement à mon auteur, elle
l’
apostrophe dans ces termes : Il y a d’autres choses bien instructives
423
s » est ironique) — dans votre expérience. Témoin
la
fameuse poule noire et ses treize poussins. Certains en sourient, de
424
ire et ses treize poussins. Certains en sourient,
de
votre poule noire ; moi, je lui trouve une vertu particulière. Voilà
425
ilà au moins un sujet substantiel, et qui a tenté
de
fort bons auteurs. Ce qu’on peut critiquer chez vous, ce n’est pas le
426
. Ce qu’on peut critiquer chez vous, ce n’est pas
le
sujet, c’est votre manière par trop naïve et enfantine de le traiter.
427
, c’est votre manière par trop naïve et enfantine
de
le traiter. Est-ce que, par hasard, il n’y aurait pas de poules dans
428
’est votre manière par trop naïve et enfantine de
le
traiter. Est-ce que, par hasard, il n’y aurait pas de poules dans vot
429
raiter. Est-ce que, par hasard, il n’y aurait pas
de
poules dans votre pays ? Ou bien est-ce que vous ne les aviez jamais
430
ules dans votre pays ? Ou bien est-ce que vous ne
les
aviez jamais regardées qu’il vous faille aller en Vendée pour voir éc
431
des poussins ? Voilà ! « Par trop naïf », c’est
le
mot qu’il fallait dire. Et l’on reconnaît enfin que moi, poule noire,
432
trop naïf », c’est le mot qu’il fallait dire. Et
l’
on reconnaît enfin que moi, poule noire, j’étais « un sujet substantie
433
e, j’étais « un sujet substantiel, et qui a tenté
de
fort bons auteurs ». Mon malheur a voulu que j’aie tenté aussi un aut
434
ulu que j’aie tenté aussi un auteur qui « malmène
les
mots » à tel point que Mme Meylan peut écrire de son livre : « Il est
435
les mots » à tel point que Mme Meylan peut écrire
de
son livre : « Il est difficile d’accumuler plus d’âneries en moins de
436
lan peut écrire de son livre : « Il est difficile
d’
accumuler plus d’âneries en moins de phrases. » Ça c’est tapé ! Je n’a
437
e son livre : « Il est difficile d’accumuler plus
d’
âneries en moins de phrases. » Ça c’est tapé ! Je n’aurais pas dit mie
438
est difficile d’accumuler plus d’âneries en moins
de
phrases. » Ça c’est tapé ! Je n’aurais pas dit mieux. Mais la dame cr
439
» Ça c’est tapé ! Je n’aurais pas dit mieux. Mais
la
dame critique de Romorantin (Loir-et-Cher) ne se contente pas de fust
440
Je n’aurais pas dit mieux. Mais la dame critique
de
Romorantin (Loir-et-Cher) ne se contente pas de fustiger les apparenc
441
e de Romorantin (Loir-et-Cher) ne se contente pas
de
fustiger les apparences du vice : allant droit au fait, elle distingu
442
tin (Loir-et-Cher) ne se contente pas de fustiger
les
apparences du vice : allant droit au fait, elle distingue à l’origine
443
du vice : allant droit au fait, elle distingue à
l’
origine du livre de mon persécuteur la haine farouche de tout ce qui e
444
roit au fait, elle distingue à l’origine du livre
de
mon persécuteur la haine farouche de tout ce qui est beau et noble. L
445
distingue à l’origine du livre de mon persécuteur
la
haine farouche de tout ce qui est beau et noble. Le génie seul a les
446
ine du livre de mon persécuteur la haine farouche
de
tout ce qui est beau et noble. Le génie seul a les yeux si perçants,
447
haine farouche de tout ce qui est beau et noble.
Le
génie seul a les yeux si perçants, le génie seul pouvait déjouer la r
448
de tout ce qui est beau et noble. Le génie seul a
les
yeux si perçants, le génie seul pouvait déjouer la ruse infâme de mon
449
u et noble. Le génie seul a les yeux si perçants,
le
génie seul pouvait déjouer la ruse infâme de mon auteur. Car, sous pr
450
s yeux si perçants, le génie seul pouvait déjouer
la
ruse infâme de mon auteur. Car, sous prétexte de décrire une poule no
451
nts, le génie seul pouvait déjouer la ruse infâme
de
mon auteur. Car, sous prétexte de décrire une poule noire, savez-vous
452
noire, savez-vous qu’il s’en prenait en vérité à
la
petite épargne, aux petits rentiers ! C’est ce que personne n’avait s
453
ait su deviner, avant Mme Malécot. « Mais vous ne
les
aurez pas, ces petits rentiers ! » clame-t-elle. Et pour le coup, je
454
as, ces petits rentiers ! » clame-t-elle. Et pour
le
coup, je m’y reconnais : cette logique est celle de la race. On sent
455
coup, je m’y reconnais : cette logique est celle
de
la race. On sent des siècles de cartésianisme derrière ce cri sublime
456
up, je m’y reconnais : cette logique est celle de
la
race. On sent des siècles de cartésianisme derrière ce cri sublime et
457
logique est celle de la race. On sent des siècles
de
cartésianisme derrière ce cri sublime et désintéressé. Naturellement,
458
on auteur, une fois de plus, a cru devoir hausser
les
épaules. Dans le fond de son cœur, toutefois, il a dû se sentir attei
459
s de plus, a cru devoir hausser les épaules. Dans
le
fond de son cœur, toutefois, il a dû se sentir atteint. Et comment ne
460
s, a cru devoir hausser les épaules. Dans le fond
de
son cœur, toutefois, il a dû se sentir atteint. Et comment ne pas adm
461
a dû se sentir atteint. Et comment ne pas admirer
le
courage de cette Française4 qui, du fond de son Romorantin, se dresse
462
tir atteint. Et comment ne pas admirer le courage
de
cette Française4 qui, du fond de son Romorantin, se dresse, seule, co
463
mirer le courage de cette Française4 qui, du fond
de
son Romorantin, se dresse, seule, contre toute l’opinion — quitte à p
464
de son Romorantin, se dresse, seule, contre toute
l’
opinion — quitte à passer pour Dieu sait quoi — et rive son clou à l’i
465
à passer pour Dieu sait quoi — et rive son clou à
l’
insolent Helvète ! J’ai eu un autre vengeur en la personne de M. Franç
466
l’insolent Helvète ! J’ai eu un autre vengeur en
la
personne de M. François Porché. Mais j’avoue que cet article de Paris
467
Helvète ! J’ai eu un autre vengeur en la personne
de
M. François Porché. Mais j’avoue que cet article de Parisien est moin
468
M. François Porché. Mais j’avoue que cet article
de
Parisien est moins heureux que celui de la Romorantine. M. Porché est
469
t article de Parisien est moins heureux que celui
de
la Romorantine. M. Porché estime que dans le Journal « tout est fau
470
rticle de Parisien est moins heureux que celui de
la
Romorantine. M. Porché estime que dans le Journal « tout est faux-s
471
elui de la Romorantine. M. Porché estime que dans
le
Journal « tout est faux-semblant, illusion… » et « demeure en dehor
472
À quoi j’applaudis des deux pattes. Mais voici où
les
choses se gâtent. L’auteur, conclut M. Porché, « a joué à la pauvreté
473
deux pattes. Mais voici où les choses se gâtent.
L’
auteur, conclut M. Porché, « a joué à la pauvreté ; quel sacrilège ! »
474
e gâtent. L’auteur, conclut M. Porché, « a joué à
la
pauvreté ; quel sacrilège ! » Or, sacrilège veut dire : qui lèse le s
475
sacrilège ! » Or, sacrilège veut dire : qui lèse
le
sacré. On en déduit que M. Porché tient la pauvreté pour sacrée. Là,
476
i lèse le sacré. On en déduit que M. Porché tient
la
pauvreté pour sacrée. Là, j’avoue que je ne puis le suivre. Ce serait
477
pauvreté pour sacrée. Là, j’avoue que je ne puis
le
suivre. Ce serait donner dans les pires utopies. Et mon auteur lui-mê
478
e que je ne puis le suivre. Ce serait donner dans
les
pires utopies. Et mon auteur lui-même n’a pas été si loin : il s’est
479
lui-même n’a pas été si loin : il s’est contenté
de
se débrouiller avec sa pauvreté et, loin de la croire sacrée, il a es
480
té de se débrouiller avec sa pauvreté et, loin de
la
croire sacrée, il a essayé d’en sortir. Je signale le cas de M. Porch
481
auvreté et, loin de la croire sacrée, il a essayé
d’
en sortir. Je signale le cas de M. Porché à la vigilance de Mme Meylan
482
roire sacrée, il a essayé d’en sortir. Je signale
le
cas de M. Porché à la vigilance de Mme Meylan, défenseur des rentes.
483
acrée, il a essayé d’en sortir. Je signale le cas
de
M. Porché à la vigilance de Mme Meylan, défenseur des rentes. Pour fi
484
ayé d’en sortir. Je signale le cas de M. Porché à
la
vigilance de Mme Meylan, défenseur des rentes. Pour finir, je vous co
485
ir. Je signale le cas de M. Porché à la vigilance
de
Mme Meylan, défenseur des rentes. Pour finir, je vous confierai un re
486
prix. Beaucoup de critiques ont accusé mon auteur
d’
avoir usurpé le « titre » de chômeur (comme l’écrit curieusement M. Br
487
de critiques ont accusé mon auteur d’avoir usurpé
le
« titre » de chômeur (comme l’écrit curieusement M. Brasillach). Ils
488
ont accusé mon auteur d’avoir usurpé le « titre »
de
chômeur (comme l’écrit curieusement M. Brasillach). Ils disaient qu’u
489
eur d’avoir usurpé le « titre » de chômeur (comme
l’
écrit curieusement M. Brasillach). Ils disaient qu’un intellectuel ne
490
e, et donc travaille toujours. Mais c’était faire
la
part trop belle à mon auteur ! Je puis affirmer, d’après mon expérien
491
mon expérience, qu’il est plus paresseux qu’on ne
le
croit. Ne passait-il pas des heures entières à nous regarder amoureus
492
orme : Denis de Rougemont. 3. Me permettra-t-on
d’
ajouter ma petite remarque aux déclarations judicieuses de ma poule no
493
r ma petite remarque aux déclarations judicieuses
de
ma poule noire ? Ce ne sont pas seulement les poules qui jouissent de
494
uses de ma poule noire ? Ce ne sont pas seulement
les
poules qui jouissent de cette faculté. Il y a plus de mots que d’idée
495
Ce ne sont pas seulement les poules qui jouissent
de
cette faculté. Il y a plus de mots que d’idées fécondes dans ce monde
496
oules qui jouissent de cette faculté. Il y a plus
de
mots que d’idées fécondes dans ce monde. 4. Il est vrai qu’on la dit
497
uissent de cette faculté. Il y a plus de mots que
d’
idées fécondes dans ce monde. 4. Il est vrai qu’on la dit Lausannoise
498
ées fécondes dans ce monde. 4. Il est vrai qu’on
la
dit Lausannoise, mais enfin le journal Curieux a présenté sa lettre c
499
Il est vrai qu’on la dit Lausannoise, mais enfin
le
journal Curieux a présenté sa lettre comme celle d’une Française offe
500
journal Curieux a présenté sa lettre comme celle
d’
une Française offensée, et moi je crois tout ce qui est imprimé. c.
501
ois tout ce qui est imprimé. c. Rougemont Denis
de
, « Caquets d’une vieille poule noire », Bulletin de la Guilde du livr
502
i est imprimé. c. Rougemont Denis de, « Caquets
d’
une vieille poule noire », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, a
503
, « Caquets d’une vieille poule noire », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, août 1938, p. 115-117. d. Précédé du c
504
Caquets d’une vieille poule noire », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, août 1938, p. 115-117. d. Précédé du chap
505
8, p. 115-117. d. Précédé du chapeau suivant : «
L’
auteur du Journal d’un intellectuel en chômage nous remet ces pages
506
écédé du chapeau suivant : « L’auteur du Journal
d’
un intellectuel en chômage nous remet ces pages qu’il prétend avoir é
507
avoir été écrites (ou, comme on dit, pondues) par
la
vieille poule noire mise en scène p. 92 de son livre. Nos lecteurs ju
508
s) par la vieille poule noire mise en scène p. 92
de
son livre. Nos lecteurs jugeront eux-mêmes s’il faut voir là une preu
509
t eux-mêmes s’il faut voir là une preuve nouvelle
d’
une grossière supercherie. » Dans l’édition Albin Michel que nous avon
510
euve nouvelle d’une grossière supercherie. » Dans
l’
édition Albin Michel que nous avons mis en ligne, c’est en pages 98-99
511
ligne, c’est en pages 98-99 qu’est mise en scène
la
poule noire.
512
un camarade. — Pas trop. Mais pour sûr on y est !
L’
impression générale, c’est qu’on nous a « mis dedans ». (Je dis on, je
513
ns ». (Je dis on, je ne sais pas qui c’est. Comme
le
brave paysan vaudois, après la grêle, qui désignait d’un doigt le cie
514
s qui c’est. Comme le brave paysan vaudois, après
la
grêle, qui désignait d’un doigt le ciel coupable : « Je n’accuse pers
515
ave paysan vaudois, après la grêle, qui désignait
d’
un doigt le ciel coupable : « Je n’accuse personne, mais c’est dégoûta
516
vaudois, après la grêle, qui désignait d’un doigt
le
ciel coupable : « Je n’accuse personne, mais c’est dégoûtant ! ») Nou
517
’est dégoûtant ! ») Nous voilà faits, refaits par
l’
événement, plongés d’un coup dans le détail technique de ces grandes c
518
ous voilà faits, refaits par l’événement, plongés
d’
un coup dans le détail technique de ces grandes choses terribles qu’on
519
, refaits par l’événement, plongés d’un coup dans
le
détail technique de ces grandes choses terribles qu’on imaginait, qu’
520
ement, plongés d’un coup dans le détail technique
de
ces grandes choses terribles qu’on imaginait, qu’on redoutait, qu’on
521
i nous trouvent sans peur et sans préparation dès
l’
instant qu’elles deviennent présentes, cessent d’être imaginées, ou mê
522
l’instant qu’elles deviennent présentes, cessent
d’
être imaginées, ou même imaginables. Tout de même, après huit jours, l
523
même imaginables. Tout de même, après huit jours,
les
choses commencent à se situer. Les grandes masses de l’Europe, les gr
524
ès huit jours, les choses commencent à se situer.
Les
grandes masses de l’Europe, les grandes lignes de la guerre, et çà et
525
choses commencent à se situer. Les grandes masses
de
l’Europe, les grandes lignes de la guerre, et çà et là, dans nos fron
526
ses commencent à se situer. Les grandes masses de
l’
Europe, les grandes lignes de la guerre, et çà et là, dans nos frontiè
527
cent à se situer. Les grandes masses de l’Europe,
les
grandes lignes de la guerre, et çà et là, dans nos frontières, des se
528
es grandes masses de l’Europe, les grandes lignes
de
la guerre, et çà et là, dans nos frontières, des secteurs minuscules,
529
grandes masses de l’Europe, les grandes lignes de
la
guerre, et çà et là, dans nos frontières, des secteurs minuscules, co
530
secteurs minuscules, comme au hasard, qu’on voit
d’
un coup avec une précision quasi absurde. Cette chambre paysanne ou j’
531
r quadrillé, tandis qu’Albert Mermoud, en travers
de
son lit, les hottes pendantes, dépouille le courrier de la Guilde… Je
532
tandis qu’Albert Mermoud, en travers de son lit,
les
hottes pendantes, dépouille le courrier de la Guilde… Je ne puis pas
533
avers de son lit, les hottes pendantes, dépouille
le
courrier de la Guilde… Je ne puis pas vous dire où cela se trouve san
534
lit, les hottes pendantes, dépouille le courrier
de
la Guilde… Je ne puis pas vous dire où cela se trouve sans contreveni
535
t, les hottes pendantes, dépouille le courrier de
la
Guilde… Je ne puis pas vous dire où cela se trouve sans contrevenir a
536
ire où cela se trouve sans contrevenir aux ordres
les
plus stricts, mais c’est très bien ainsi, Denis de Rougemont et le di
537
mais c’est très bien ainsi, Denis de Rougemont et
le
directeur de la Guilde « en campagne », car nous sommes n’importe où,
538
ès bien ainsi, Denis de Rougemont et le directeur
de
la Guilde « en campagne », car nous sommes n’importe où, sans raison
539
bien ainsi, Denis de Rougemont et le directeur de
la
Guilde « en campagne », car nous sommes n’importe où, sans raison rai
540
raison raisonnable ou prévisible. J’aime beaucoup
les
adresses militaires. Deux ou trois chiffres pour les initiés, et cett
541
adresses militaires. Deux ou trois chiffres pour
les
initiés, et cette mention si belle, quand on y pense, dans son élémen
542
ndeur : En campagne. Entendez : quelque part dans
le
pays, dans les champs anonymes, sous la pluie, dans les vergers où l’
543
pagne. Entendez : quelque part dans le pays, dans
les
champs anonymes, sous la pluie, dans les vergers où l’on écrase des p
544
part dans le pays, dans les champs anonymes, sous
la
pluie, dans les vergers où l’on écrase des pommes mal mûres, dans des
545
ys, dans les champs anonymes, sous la pluie, dans
les
vergers où l’on écrase des pommes mal mûres, dans des cuisines de fer
546
amps anonymes, sous la pluie, dans les vergers où
l’
on écrase des pommes mal mûres, dans des cuisines de ferme, dans cette
547
on écrase des pommes mal mûres, dans des cuisines
de
ferme, dans cette chambre boisée… Confort paysan, seul authentique en
548
pays. Aux parois, des versets bibliques, lettres
d’
argent et myosotis, autour de la photo jaunie du Chœur mixte en 1913.
549
ibliques, lettres d’argent et myosotis, autour de
la
photo jaunie du Chœur mixte en 1913. Deux bons lits de bois aux « duv
550
oto jaunie du Chœur mixte en 1913. Deux bons lits
de
bois aux « duvets » écrasants. Pour le reste, un désordre exemplaire,
551
bons lits de bois aux « duvets » écrasants. Pour
le
reste, un désordre exemplaire, courroies, bandes molletières, cigaret
552
courroies, bandes molletières, cigarettes, boîtes
de
conserve, tuniques mouillées, paperasses. Revanche sur des journées d
553
mouillées, paperasses. Revanche sur des journées
de
discipline et de paquetages alignés au cordeau. Partirons-nous au mil
554
asses. Revanche sur des journées de discipline et
de
paquetages alignés au cordeau. Partirons-nous au milieu de la nuit ?
555
s alignés au cordeau. Partirons-nous au milieu de
la
nuit ? Ou passerons-nous l’hiver ici ? Plus rien ne dépend de nous. C
556
ons-nous au milieu de la nuit ? Ou passerons-nous
l’
hiver ici ? Plus rien ne dépend de nous. C’est notre liberté. Pendant
557
passerons-nous l’hiver ici ? Plus rien ne dépend
de
nous. C’est notre liberté. Pendant que Mermoud compose son Bulletin d
558
liberté. Pendant que Mermoud compose son Bulletin
de
guerre, j’ai bien envie de vous dire un peu de quoi se fait la vie à
559
d compose son Bulletin de guerre, j’ai bien envie
de
vous dire un peu de quoi se fait la vie à l’armée, dans les débuts d’
560
ai bien envie de vous dire un peu de quoi se fait
la
vie à l’armée, dans les débuts d’une mobilisation. Les dames croient
561
nvie de vous dire un peu de quoi se fait la vie à
l’
armée, dans les débuts d’une mobilisation. Les dames croient volontier
562
ire un peu de quoi se fait la vie à l’armée, dans
les
débuts d’une mobilisation. Les dames croient volontiers que c’est par
563
de quoi se fait la vie à l’armée, dans les débuts
d’
une mobilisation. Les dames croient volontiers que c’est parades et bo
564
ie à l’armée, dans les débuts d’une mobilisation.
Les
dames croient volontiers que c’est parades et bottes, fanfares, rythm
565
ythmes virils, flatteuses géométries garantissant
l’
ordre social contre le mystérieux Esprit de subversion. Ces dames sont
566
ses géométries garantissant l’ordre social contre
le
mystérieux Esprit de subversion. Ces dames sont en retard d’au moins
567
issant l’ordre social contre le mystérieux Esprit
de
subversion. Ces dames sont en retard d’au moins deux guerres ou victi
568
ux Esprit de subversion. Ces dames sont en retard
d’
au moins deux guerres ou victimes d’expressions telles que « sous les
569
ont en retard d’au moins deux guerres ou victimes
d’
expressions telles que « sous les drapeaux ». En vérité, l’armée c’est
570
erres ou victimes d’expressions telles que « sous
les
drapeaux ». En vérité, l’armée c’est tout d’abord un cliquetis de cas
571
ions telles que « sous les drapeaux ». En vérité,
l’
armée c’est tout d’abord un cliquetis de casques et d’ustensiles gross
572
n vérité, l’armée c’est tout d’abord un cliquetis
de
casques et d’ustensiles grossiers ; des mouvements brusques en tout s
573
mée c’est tout d’abord un cliquetis de casques et
d’
ustensiles grossiers ; des mouvements brusques en tout sens, tissant u
574
ant une sombre confusion qui se révèle ordonnée à
l’
heure H ; et beaucoup de choses très lourdes, bouclées et trimballées
575
trimballées dans une hâte hargneuse et fouaillée
de
jurons, précipitant des hommes mal réveillés vers des attentes inexpl
576
al réveillés vers des attentes inexplicables sous
la
pluie. Mangeailles, arrêts, ahans, monotonie, ignorance des ensembles
577
ensembles, objets numérotés, perdus, récupérés à
la
volée, c’est tout ce que l’homme dans le rang peut constater, si tout
578
, perdus, récupérés à la volée, c’est tout ce que
l’
homme dans le rang peut constater, si toutefois la fatigue lui laisse
579
upérés à la volée, c’est tout ce que l’homme dans
le
rang peut constater, si toutefois la fatigue lui laisse la faculté de
580
l’homme dans le rang peut constater, si toutefois
la
fatigue lui laisse la faculté de constater quoi que ce soit, hors l’e
581
eut constater, si toutefois la fatigue lui laisse
la
faculté de constater quoi que ce soit, hors l’envie de boire et de se
582
er, si toutefois la fatigue lui laisse la faculté
de
constater quoi que ce soit, hors l’envie de boire et de se coucher. E
583
se la faculté de constater quoi que ce soit, hors
l’
envie de boire et de se coucher. Eh bien ! de tout cela se dégage un l
584
culté de constater quoi que ce soit, hors l’envie
de
boire et de se coucher. Eh bien ! de tout cela se dégage un lyrisme.
585
stater quoi que ce soit, hors l’envie de boire et
de
se coucher. Eh bien ! de tout cela se dégage un lyrisme. De cela préc
586
hors l’envie de boire et de se coucher. Eh bien !
de
tout cela se dégage un lyrisme. De cela précisément qui n’a pas de no
587
her. Eh bien ! de tout cela se dégage un lyrisme.
De
cela précisément qui n’a pas de nom, qui n’a rien de spectaculaire, q
588
égage un lyrisme. De cela précisément qui n’a pas
de
nom, qui n’a rien de spectaculaire, qui n’a pas sa photo dans les feu
589
cela précisément qui n’a pas de nom, qui n’a rien
de
spectaculaire, qui n’a pas sa photo dans les feuilles et qu’on peut s
590
rien de spectaculaire, qui n’a pas sa photo dans
les
feuilles et qu’on peut seulement ressentir quand on a les pieds dans
591
lles et qu’on peut seulement ressentir quand on a
les
pieds dans la boue, vers quatre heures du matin, après l’alarme. La p
592
eut seulement ressentir quand on a les pieds dans
la
boue, vers quatre heures du matin, après l’alarme. La plupart des hom
593
dans la boue, vers quatre heures du matin, après
l’
alarme. La plupart des hommes le ressentent, presque aucun n’oserait l
594
s du matin, après l’alarme. La plupart des hommes
le
ressentent, presque aucun n’oserait l’avouer. On croit que la poésie
595
des hommes le ressentent, presque aucun n’oserait
l’
avouer. On croit que la poésie n’existe qu’héroïque ou sentimentale, e
596
t, presque aucun n’oserait l’avouer. On croit que
la
poésie n’existe qu’héroïque ou sentimentale, et l’on ne sait plus la
597
a poésie n’existe qu’héroïque ou sentimentale, et
l’
on ne sait plus la reconnaître au ras du sol, au niveau des choses bru
598
qu’héroïque ou sentimentale, et l’on ne sait plus
la
reconnaître au ras du sol, au niveau des choses brutes et brutales. P
599
rien n’est plus poétique qu’un rassemblement dans
la
nuit, grouillant de casques, de reflets sourds et de gamelles entrech
600
ique qu’un rassemblement dans la nuit, grouillant
de
casques, de reflets sourds et de gamelles entrechoquées. Et, plus tar
601
assemblement dans la nuit, grouillant de casques,
de
reflets sourds et de gamelles entrechoquées. Et, plus tard, au matin,
602
nuit, grouillant de casques, de reflets sourds et
de
gamelles entrechoquées. Et, plus tard, au matin, quand l’attaque se p
603
les entrechoquées. Et, plus tard, au matin, quand
l’
attaque se prépare, un « à terre » prolongé à la lisière d’un bois, ce
604
d l’attaque se prépare, un « à terre » prolongé à
la
lisière d’un bois, cela peut être un des plus beaux moments de notre
605
se prépare, un « à terre » prolongé à la lisière
d’
un bois, cela peut être un des plus beaux moments de notre furtive exi
606
un bois, cela peut être un des plus beaux moments
de
notre furtive existence. Surtout quand il tombe une pluie fine. Ce n’
607
une pluie fine. Ce n’est pas seulement à cause de
la
saison qu’il convient de parler de la pluie. C’est à cause d’une prof
608
pas seulement à cause de la saison qu’il convient
de
parler de la pluie. C’est à cause d’une profonde affinité entre la vi
609
ent à cause de la saison qu’il convient de parler
de
la pluie. C’est à cause d’une profonde affinité entre la vie en unifo
610
à cause de la saison qu’il convient de parler de
la
pluie. C’est à cause d’une profonde affinité entre la vie en uniforme
611
’il convient de parler de la pluie. C’est à cause
d’
une profonde affinité entre la vie en uniforme et ce que l’on nomme pa
612
luie. C’est à cause d’une profonde affinité entre
la
vie en uniforme et ce que l’on nomme par convention le mauvais temps.
613
fonde affinité entre la vie en uniforme et ce que
l’
on nomme par convention le mauvais temps. La pluie en ville et la plui
614
e en uniforme et ce que l’on nomme par convention
le
mauvais temps. La pluie en ville et la pluie « en campagne » sont deu
615
e que l’on nomme par convention le mauvais temps.
La
pluie en ville et la pluie « en campagne » sont deux phénomènes bien
616
convention le mauvais temps. La pluie en ville et
la
pluie « en campagne » sont deux phénomènes bien distincts, aussi dist
617
ux phénomènes bien distincts, aussi distincts que
la
vie civile et la vie militaire en général. La pluie civile n’est guèr
618
n distincts, aussi distincts que la vie civile et
la
vie militaire en général. La pluie civile n’est guère qu’un embêtemen
619
que la vie civile et la vie militaire en général.
La
pluie civile n’est guère qu’un embêtement dont on se préserve comme s
620
’isole avec soin, avec dédain, des éléments. Mais
la
pluie militaire, comment dire, c’est quelque chose d’immense et de sé
621
luie militaire, comment dire, c’est quelque chose
d’
immense et de sérieux. On y pénètre de tout son corps, de tout son sen
622
e, comment dire, c’est quelque chose d’immense et
de
sérieux. On y pénètre de tout son corps, de tout son sentiment charne
623
elque chose d’immense et de sérieux. On y pénètre
de
tout son corps, de tout son sentiment charnel, on l’accepte avec tout
624
se et de sérieux. On y pénètre de tout son corps,
de
tout son sentiment charnel, on l’accepte avec toute la nature, sans p
625
tout son corps, de tout son sentiment charnel, on
l’
accepte avec toute la nature, sans préjugés ni fausse pudeur. Couché d
626
ut son sentiment charnel, on l’accepte avec toute
la
nature, sans préjugés ni fausse pudeur. Couché dans l’herbe grasse, é
627
ture, sans préjugés ni fausse pudeur. Couché dans
l’
herbe grasse, écrasé par son sac, l’homme observe l’avant-terrain par-
628
. Couché dans l’herbe grasse, écrasé par son sac,
l’
homme observe l’avant-terrain par-dessous la visière d’acier régulière
629
herbe grasse, écrasé par son sac, l’homme observe
l’
avant-terrain par-dessous la visière d’acier régulièrement ourlée de g
630
sac, l’homme observe l’avant-terrain par-dessous
la
visière d’acier régulièrement ourlée de gouttes. Le vent siffle à tra
631
me observe l’avant-terrain par-dessous la visière
d’
acier régulièrement ourlée de gouttes. Le vent siffle à travers les tr
632
r-dessous la visière d’acier régulièrement ourlée
de
gouttes. Le vent siffle à travers les trous du casque. L’homme tire l
633
visière d’acier régulièrement ourlée de gouttes.
Le
vent siffle à travers les trous du casque. L’homme tire la toile de t
634
ement ourlée de gouttes. Le vent siffle à travers
les
trous du casque. L’homme tire la toile de tente qui couvre ses épaule
635
es. Le vent siffle à travers les trous du casque.
L’
homme tire la toile de tente qui couvre ses épaules et cherche à la ca
636
iffle à travers les trous du casque. L’homme tire
la
toile de tente qui couvre ses épaules et cherche à la caler sous son
637
ravers les trous du casque. L’homme tire la toile
de
tente qui couvre ses épaules et cherche à la caler sous son coude dro
638
oile de tente qui couvre ses épaules et cherche à
la
caler sous son coude droit. Il sait que, d’une seconde à l’autre, peu
639
che à la caler sous son coude droit. Il sait que,
d’
une seconde à l’autre, peut venir l’ordre de bondir. Ça ne l’empêche p
640
Il sait que, d’une seconde à l’autre, peut venir
l’
ordre de bondir. Ça ne l’empêche pas de s’installer comme s’il n’avait
641
que, d’une seconde à l’autre, peut venir l’ordre
de
bondir. Ça ne l’empêche pas de s’installer comme s’il n’avait rien d’
642
de à l’autre, peut venir l’ordre de bondir. Ça ne
l’
empêche pas de s’installer comme s’il n’avait rien d’autre à faire pen
643
peut venir l’ordre de bondir. Ça ne l’empêche pas
de
s’installer comme s’il n’avait rien d’autre à faire pendant des heure
644
mpêche pas de s’installer comme s’il n’avait rien
d’
autre à faire pendant des heures. (Est-ce une parabole de la vie ?) Il
645
à faire pendant des heures. (Est-ce une parabole
de
la vie ?) Il est bien. Merveilleusement bien. Libéré. Sans passé, san
646
faire pendant des heures. (Est-ce une parabole de
la
vie ?) Il est bien. Merveilleusement bien. Libéré. Sans passé, sans a
647
ement bien. Libéré. Sans passé, sans avenir. Tout
le
présent limité par ces herbes où circulent des bestioles maladroites.
648
es herbes où circulent des bestioles maladroites.
Le
drap du pantalon colle au mollet, les doigts sont rouges sur le fusil
649
maladroites. Le drap du pantalon colle au mollet,
les
doigts sont rouges sur le fusil luisant. Les gouttes de la visière gl
650
talon colle au mollet, les doigts sont rouges sur
le
fusil luisant. Les gouttes de la visière glissent d’un coup sur la ga
651
let, les doigts sont rouges sur le fusil luisant.
Les
gouttes de la visière glissent d’un coup sur la gauche quand on lève
652
gts sont rouges sur le fusil luisant. Les gouttes
de
la visière glissent d’un coup sur la gauche quand on lève un peu le n
653
sont rouges sur le fusil luisant. Les gouttes de
la
visière glissent d’un coup sur la gauche quand on lève un peu le nez
654
fusil luisant. Les gouttes de la visière glissent
d’
un coup sur la gauche quand on lève un peu le nez pour voir si rien ne
655
Les gouttes de la visière glissent d’un coup sur
la
gauche quand on lève un peu le nez pour voir si rien ne vient. Non, r
656
sent d’un coup sur la gauche quand on lève un peu
le
nez pour voir si rien ne vient. Non, rien ne vient. Grisaille, monoto
657
rien ne vient. Grisaille, monotonie, envoûtement
de
l’esprit par le corps – pourvu que ça dure encore quelques secondes,
658
en ne vient. Grisaille, monotonie, envoûtement de
l’
esprit par le corps – pourvu que ça dure encore quelques secondes, ça
659
Grisaille, monotonie, envoûtement de l’esprit par
le
corps – pourvu que ça dure encore quelques secondes, ça ressemble tel
660
, ça ressemble tellement au bonheur ! Un cri dans
le
vent va tout détruire. Oui, c’est bien ça, c’est toujours ça, le bonh
661
détruire. Oui, c’est bien ça, c’est toujours ça,
le
bonheur : un instant de répit sous la menace. Alors on vit à plein. O
662
en ça, c’est toujours ça, le bonheur : un instant
de
répit sous la menace. Alors on vit à plein. On sent le goût des chose
663
oujours ça, le bonheur : un instant de répit sous
la
menace. Alors on vit à plein. On sent le goût des choses. Et l’on est
664
pit sous la menace. Alors on vit à plein. On sent
le
goût des choses. Et l’on est prêt à tout abandonner au premier signe
665
rs on vit à plein. On sent le goût des choses. Et
l’
on est prêt à tout abandonner au premier signe du destin, parce qu’on
666
ier signe du destin, parce qu’on vient de remplir
les
limites du réel et d’accomplir un seul instant parfait. e. Rougemo
667
rce qu’on vient de remplir les limites du réel et
d’
accomplir un seul instant parfait. e. Rougemont Denis de, « Puisque
668
ir un seul instant parfait. e. Rougemont Denis
de
, « Puisque je suis un militaire… », Bulletin de la Guilde du livre, L
669
s de, « Puisque je suis un militaire… », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, septembre 1939, p. 131-133.
670
e, « Puisque je suis un militaire… », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, septembre 1939, p. 131-133.
671
Billet
d’
aller et retour (décembre 1939)f Je l’ai pourtant quittée, cette ch
672
Billet d’aller et retour (décembre 1939)f Je
l’
ai pourtant quittée, cette chambre paysanne, mais j’y suis pour peu qu
673
pour peu que j’y pense, et c’est souvent. Faites
le
compte de vos heures et vous découvrirez que tout homme rêve une bonn
674
que j’y pense, et c’est souvent. Faites le compte
de
vos heures et vous découvrirez que tout homme rêve une bonne part de
675
us découvrirez que tout homme rêve une bonne part
de
sa vie. Mais il arrive aussi que certains rêves, et certains cauchema
676
cela trois jours plus tard, dans une grande gare
de
cette Europe qui ne sait plus répondre aux menaces que par l’extincti
677
ope qui ne sait plus répondre aux menaces que par
l’
extinction des lumières, — de toutes les lumières humaines. J’avais qu
678
aux menaces que par l’extinction des lumières, —
de
toutes les lumières humaines. J’avais quitté mon train pendant l’arrê
679
es que par l’extinction des lumières, — de toutes
les
lumières humaines. J’avais quitté mon train pendant l’arrêt, à la rec
680
mières humaines. J’avais quitté mon train pendant
l’
arrêt, à la recherche d’un buffet quelconque, et je n’avais trouvé qu’
681
ines. J’avais quitté mon train pendant l’arrêt, à
la
recherche d’un buffet quelconque, et je n’avais trouvé qu’un abri sou
682
quitté mon train pendant l’arrêt, à la recherche
d’
un buffet quelconque, et je n’avais trouvé qu’un abri souterrain au bo
683
bri souterrain au bout du quai. Pendant ce temps,
l’
express avait changé de voie. Dans la bleuâtre obscurité, nul écriteau
684
du quai. Pendant ce temps, l’express avait changé
de
voie. Dans la bleuâtre obscurité, nul écriteau lisible et nul visage
685
nt ce temps, l’express avait changé de voie. Dans
la
bleuâtre obscurité, nul écriteau lisible et nul visage reconnaissable
686
naissable. Une course haletante et bousculée dans
le
dédale des passages sous voie encombrés de sacs de sable, au long d’é
687
e dans le dédale des passages sous voie encombrés
de
sacs de sable, au long d’étroits couloirs où je coudoyais des soldats
688
e dédale des passages sous voie encombrés de sacs
de
sable, au long d’étroits couloirs où je coudoyais des soldats sourds
689
ges sous voie encombrés de sacs de sable, au long
d’
étroits couloirs où je coudoyais des soldats sourds et muets — tous le
690
ù je coudoyais des soldats sourds et muets — tous
les
numéros arrachés — tandis que des sifflets annonçaient un départ. À l
691
tandis que des sifflets annonçaient un départ. À
la
fin, je retrouve un wagon qui me paraît être le mien, mais je l’avais
692
ouve un wagon qui me paraît être le mien, mais je
l’
avais quitté presque vide et il est plein de dormeurs débraillés, de m
693
is je l’avais quitté presque vide et il est plein
de
dormeurs débraillés, de musettes et de masques à gaz. Déjà nous roulo
694
sque vide et il est plein de dormeurs débraillés,
de
musettes et de masques à gaz. Déjà nous roulons lourdement. Le nom de
695
est plein de dormeurs débraillés, de musettes et
de
masques à gaz. Déjà nous roulons lourdement. Le nom de cette gare — c
696
t de masques à gaz. Déjà nous roulons lourdement.
Le
nom de cette gare — comme de toutes les autres — était camouflé, illi
697
sques à gaz. Déjà nous roulons lourdement. Le nom
de
cette gare — comme de toutes les autres — était camouflé, illisible.
698
roulons lourdement. Le nom de cette gare — comme
de
toutes les autres — était camouflé, illisible. Je ne saurai jamais si
699
ourdement. Le nom de cette gare — comme de toutes
les
autres — était camouflé, illisible. Je ne saurai jamais si j’ai rêvé.
700
rêvé. Mais au matin, oui, c’était bien Paris, et
les
sirènes d’une fin d’alerte. ⁂ Imaginez un Paris englouti dans l’épais
701
au matin, oui, c’était bien Paris, et les sirènes
d’
une fin d’alerte. ⁂ Imaginez un Paris englouti dans l’épaisse nuit des
702
oui, c’était bien Paris, et les sirènes d’une fin
d’
alerte. ⁂ Imaginez un Paris englouti dans l’épaisse nuit des campagnes
703
e fin d’alerte. ⁂ Imaginez un Paris englouti dans
l’
épaisse nuit des campagnes, mais une nuit sans clair de lune, sans arb
704
res et sans abois lointains. On y rôde en frôlant
les
murs, heurtant des corps, guettant des phares sans reflet sur le maca
705
nt des corps, guettant des phares sans reflet sur
le
macadam. Tout au bas, tout au fond de l’ombre, dans la pierre et dans
706
reflet sur le macadam. Tout au bas, tout au fond
de
l’ombre, dans la pierre et dans les vestiges d’une civilisation qui d
707
flet sur le macadam. Tout au bas, tout au fond de
l’
ombre, dans la pierre et dans les vestiges d’une civilisation qui dése
708
cadam. Tout au bas, tout au fond de l’ombre, dans
la
pierre et dans les vestiges d’une civilisation qui déserte… Je me sui
709
, tout au fond de l’ombre, dans la pierre et dans
les
vestiges d’une civilisation qui déserte… Je me suis enfermé dans ma c
710
d de l’ombre, dans la pierre et dans les vestiges
d’
une civilisation qui déserte… Je me suis enfermé dans ma chambre d’hôt
711
n qui déserte… Je me suis enfermé dans ma chambre
d’
hôtel et j’ai écrit pendant deux jours ces conférences que j’allais fa
712
eut-être plus, qui était réduit à se défendre par
le
suicide, la Hollande inondée, disait-on. ⁂ Et voici sous la pluie et
713
s, qui était réduit à se défendre par le suicide,
la
Hollande inondée, disait-on. ⁂ Et voici sous la pluie et la brume, à
714
, la Hollande inondée, disait-on. ⁂ Et voici sous
la
pluie et la brume, à l’horizon des marécages, une confusion de silhou
715
e inondée, disait-on. ⁂ Et voici sous la pluie et
la
brume, à l’horizon des marécages, une confusion de silhouettes griffu
716
isait-on. ⁂ Et voici sous la pluie et la brume, à
l’
horizon des marécages, une confusion de silhouettes griffues : moulins
717
a brume, à l’horizon des marécages, une confusion
de
silhouettes griffues : moulins, clochers, grues, cheminées, au-dessus
718
: moulins, clochers, grues, cheminées, au-dessus
de
faubourgs luisants de briques et de verreries. C’est Rotterdam. C’est
719
grues, cheminées, au-dessus de faubourgs luisants
de
briques et de verreries. C’est Rotterdam. C’est le chaos d’une Renais
720
es, au-dessus de faubourgs luisants de briques et
de
verreries. C’est Rotterdam. C’est le chaos d’une Renaissance américan
721
e briques et de verreries. C’est Rotterdam. C’est
le
chaos d’une Renaissance américanisée ! Le train passe au-dessus des p
722
et de verreries. C’est Rotterdam. C’est le chaos
d’
une Renaissance américanisée ! Le train passe au-dessus des ports, dan
723
. C’est le chaos d’une Renaissance américanisée !
Le
train passe au-dessus des ports, dans la puissante vibration d’un pon
724
anisée ! Le train passe au-dessus des ports, dans
la
puissante vibration d’un pont de fer, au-dessus de canaux reflétant l
725
au-dessus des ports, dans la puissante vibration
d’
un pont de fer, au-dessus de canaux reflétant les décors d’une grandio
726
des ports, dans la puissante vibration d’un pont
de
fer, au-dessus de canaux reflétant les décors d’une grandiose activit
727
a puissante vibration d’un pont de fer, au-dessus
de
canaux reflétant les décors d’une grandiose activité marchande. Ici,
728
n d’un pont de fer, au-dessus de canaux reflétant
les
décors d’une grandiose activité marchande. Ici, les sirènes annoncent
729
de fer, au-dessus de canaux reflétant les décors
d’
une grandiose activité marchande. Ici, les sirènes annoncent l’approch
730
s décors d’une grandiose activité marchande. Ici,
les
sirènes annoncent l’approche des richesses de la terre. ⁂ Une connais
731
se activité marchande. Ici, les sirènes annoncent
l’
approche des richesses de la terre. ⁂ Une connaissance intime et perso
732
i, les sirènes annoncent l’approche des richesses
de
la terre. ⁂ Une connaissance intime et personnelle de ce que l’on app
733
les sirènes annoncent l’approche des richesses de
la
terre. ⁂ Une connaissance intime et personnelle de ce que l’on appell
734
a terre. ⁂ Une connaissance intime et personnelle
de
ce que l’on appellera l’âme hollandaise, je doute qu’elle en apprenne
735
Une connaissance intime et personnelle de ce que
l’
on appellera l’âme hollandaise, je doute qu’elle en apprenne au voyage
736
ce intime et personnelle de ce que l’on appellera
l’
âme hollandaise, je doute qu’elle en apprenne au voyageur davantage qu
737
davantage qu’une vision intense du paysage urbain
de
la Hollande. Tout ce que je sais de ce pays, après deux semaines de v
738
antage qu’une vision intense du paysage urbain de
la
Hollande. Tout ce que je sais de ce pays, après deux semaines de voya
739
aysage urbain de la Hollande. Tout ce que je sais
de
ce pays, après deux semaines de voyage et une centaine de conversatio
740
ut ce que je sais de ce pays, après deux semaines
de
voyage et une centaine de conversations, je puis le lire et le relire
741
ys, après deux semaines de voyage et une centaine
de
conversations, je puis le lire et le relire dans l’architecture d’Ams
742
voyage et une centaine de conversations, je puis
le
lire et le relire dans l’architecture d’Amsterdam, de Rotterdam, ou d
743
une centaine de conversations, je puis le lire et
le
relire dans l’architecture d’Amsterdam, de Rotterdam, ou des petites
744
conversations, je puis le lire et le relire dans
l’
architecture d’Amsterdam, de Rotterdam, ou des petites cités du centre
745
je puis le lire et le relire dans l’architecture
d’
Amsterdam, de Rotterdam, ou des petites cités du centre. Je vois côte
746
ire et le relire dans l’architecture d’Amsterdam,
de
Rotterdam, ou des petites cités du centre. Je vois côte à côte un pal
747
es cités du centre. Je vois côte à côte un palais
de
la Renaissance flamande, un hôtel du xviiie siècle, un gratte-ciel e
748
cités du centre. Je vois côte à côte un palais de
la
Renaissance flamande, un hôtel du xviiie siècle, un gratte-ciel et d
749
u xviiie siècle, un gratte-ciel et des entrepôts
de
marchandises venues des Indes. Cette même rue se prolonge par des vil
750
Indes. Cette même rue se prolonge par des villas
d’
une incroyable variété de formes ultramodernes, puis se perd peu à peu
751
prolonge par des villas d’une incroyable variété
de
formes ultramodernes, puis se perd peu à peu dans la campagne, par de
752
formes ultramodernes, puis se perd peu à peu dans
la
campagne, par des courbes douces et nettes. Nul disparate en tout cel
753
ces et nettes. Nul disparate en tout cela : voilà
le
miracle hollandais. Je ne crois pas que la lumière fauve et le grenat
754
voilà le miracle hollandais. Je ne crois pas que
la
lumière fauve et le grenat des façades de briques renversées dans l’e
755
llandais. Je ne crois pas que la lumière fauve et
le
grenat des façades de briques renversées dans l’eau jaune des canaux
756
pas que la lumière fauve et le grenat des façades
de
briques renversées dans l’eau jaune des canaux suffisent à expliquer
757
le grenat des façades de briques renversées dans
l’
eau jaune des canaux suffisent à expliquer cette harmonie solide, luxu
758
iquer cette harmonie solide, luxueusement nourrie
de
contrastes et de surprises. Le grand secret de ce pays, ce qu’il faut
759
nie solide, luxueusement nourrie de contrastes et
de
surprises. Le grand secret de ce pays, ce qu’il faut lire sur ces faç
760
xueusement nourrie de contrastes et de surprises.
Le
grand secret de ce pays, ce qu’il faut lire sur ces façades à la fois
761
ie de contrastes et de surprises. Le grand secret
de
ce pays, ce qu’il faut lire sur ces façades à la fois patinées et tou
762
ades à la fois patinées et toujours neuves, c’est
la
continuité d’une tradition et d’une volonté créatrice qui n’ont jamai
763
patinées et toujours neuves, c’est la continuité
d’
une tradition et d’une volonté créatrice qui n’ont jamais perdu la mes
764
rs neuves, c’est la continuité d’une tradition et
d’
une volonté créatrice qui n’ont jamais perdu la mesure de l’humain. Po
765
et d’une volonté créatrice qui n’ont jamais perdu
la
mesure de l’humain. Point de coupure ici, point de Révolution, point
766
olonté créatrice qui n’ont jamais perdu la mesure
de
l’humain. Point de coupure ici, point de Révolution, point de scissio
767
nté créatrice qui n’ont jamais perdu la mesure de
l’
humain. Point de coupure ici, point de Révolution, point de scission d
768
i n’ont jamais perdu la mesure de l’humain. Point
de
coupure ici, point de Révolution, point de scission de l’Histoire et
769
a mesure de l’humain. Point de coupure ici, point
de
Révolution, point de scission de l’Histoire et de la nation en deux c
770
Point de coupure ici, point de Révolution, point
de
scission de l’Histoire et de la nation en deux camps longuement irréd
771
upure ici, point de Révolution, point de scission
de
l’Histoire et de la nation en deux camps longuement irréductibles et
772
re ici, point de Révolution, point de scission de
l’
Histoire et de la nation en deux camps longuement irréductibles et app
773
de Révolution, point de scission de l’Histoire et
de
la nation en deux camps longuement irréductibles et appauvris chacun
774
Révolution, point de scission de l’Histoire et de
la
nation en deux camps longuement irréductibles et appauvris chacun de
775
amps longuement irréductibles et appauvris chacun
de
tout ce que l’autre annexe. Ce mariage de l’ancien et du moderne n’es
776
chacun de tout ce que l’autre annexe. Ce mariage
de
l’ancien et du moderne n’est pas seulement une réussite technique, un
777
acun de tout ce que l’autre annexe. Ce mariage de
l’
ancien et du moderne n’est pas seulement une réussite technique, une h
778
té si intérieure à chaque individu qu’elle permet
la
plus grande diversité dans les formes qui la manifestent. Quand je so
779
vidu qu’elle permet la plus grande diversité dans
les
formes qui la manifestent. Quand je songe à l’ennui, au désespoir qu’
780
rmet la plus grande diversité dans les formes qui
la
manifestent. Quand je songe à l’ennui, au désespoir qu’expriment les
781
s les formes qui la manifestent. Quand je songe à
l’
ennui, au désespoir qu’expriment les quartiers ouvriers les plus moder
782
and je songe à l’ennui, au désespoir qu’expriment
les
quartiers ouvriers les plus modernes des villes allemandes, je compre
783
au désespoir qu’expriment les quartiers ouvriers
les
plus modernes des villes allemandes, je comprends, que dis-je : je vo
784
es allemandes, je comprends, que dis-je : je vois
l’
opposition tragique dont cette guerre est sortie, et qui est celle des
785
ie, et qui est celle des deux grandes conceptions
de
« l’ordre » qui se partagent notre Europe : harmonie intérieure ou un
786
t qui est celle des deux grandes conceptions de «
l’
ordre » qui se partagent notre Europe : harmonie intérieure ou uniform
787
ralisme ou totalitarisme. Je comprends et je vois
le
secret de la paix : c’est une victoire de tous les jours, et de chacu
788
totalitarisme. Je comprends et je vois le secret
de
la paix : c’est une victoire de tous les jours, et de chacun, sur l’e
789
talitarisme. Je comprends et je vois le secret de
la
paix : c’est une victoire de tous les jours, et de chacun, sur l’espr
790
je vois le secret de la paix : c’est une victoire
de
tous les jours, et de chacun, sur l’esprit de laisser-aller d’où nais
791
le secret de la paix : c’est une victoire de tous
les
jours, et de chacun, sur l’esprit de laisser-aller d’où naissent les
792
a paix : c’est une victoire de tous les jours, et
de
chacun, sur l’esprit de laisser-aller d’où naissent les réactions dés
793
une victoire de tous les jours, et de chacun, sur
l’
esprit de laisser-aller d’où naissent les réactions désespérées, les m
794
ire de tous les jours, et de chacun, sur l’esprit
de
laisser-aller d’où naissent les réactions désespérées, les mises au p
795
ours, et de chacun, sur l’esprit de laisser-aller
d’
où naissent les réactions désespérées, les mises au pas brutalisantes
796
acun, sur l’esprit de laisser-aller d’où naissent
les
réactions désespérées, les mises au pas brutalisantes et le triomphe
797
er-aller d’où naissent les réactions désespérées,
les
mises au pas brutalisantes et le triomphe des caporaux autodidactes e
798
ns désespérées, les mises au pas brutalisantes et
le
triomphe des caporaux autodidactes et simplificateurs. Les petits peu
799
phe des caporaux autodidactes et simplificateurs.
Les
petits peuples protestants de l’Europe ont réalisé ce miracle de l’éq
800
t simplificateurs. Les petits peuples protestants
de
l’Europe ont réalisé ce miracle de l’équilibre entre l’Un et le Diver
801
implificateurs. Les petits peuples protestants de
l’
Europe ont réalisé ce miracle de l’équilibre entre l’Un et le Divers.
802
es protestants de l’Europe ont réalisé ce miracle
de
l’équilibre entre l’Un et le Divers. Ils ont la charge de créer les s
803
protestants de l’Europe ont réalisé ce miracle de
l’
équilibre entre l’Un et le Divers. Ils ont la charge de créer les seul
804
t réalisé ce miracle de l’équilibre entre l’Un et
le
Divers. Ils ont la charge de créer les seules bases vivantes de la pa
805
e de l’équilibre entre l’Un et le Divers. Ils ont
la
charge de créer les seules bases vivantes de la paix. Ils ont la char
806
ilibre entre l’Un et le Divers. Ils ont la charge
de
créer les seules bases vivantes de la paix. Ils ont la charge de tout
807
tre l’Un et le Divers. Ils ont la charge de créer
les
seules bases vivantes de la paix. Ils ont la charge de tout le xxe s
808
ont la charge de créer les seules bases vivantes
de
la paix. Ils ont la charge de tout le xxe siècle. Mais nous reparler
809
t la charge de créer les seules bases vivantes de
la
paix. Ils ont la charge de tout le xxe siècle. Mais nous reparlerons
810
éer les seules bases vivantes de la paix. Ils ont
la
charge de tout le xxe siècle. Mais nous reparlerons de toutes ces ch
811
ules bases vivantes de la paix. Ils ont la charge
de
tout le xxe siècle. Mais nous reparlerons de toutes ces choses. Et d
812
es vivantes de la paix. Ils ont la charge de tout
le
xxe siècle. Mais nous reparlerons de toutes ces choses. Et de la Sui
813
rge de tout le xxe siècle. Mais nous reparlerons
de
toutes ces choses. Et de la Suisse, telle qu’on la voit de loin, dans
814
e. Mais nous reparlerons de toutes ces choses. Et
de
la Suisse, telle qu’on la voit de loin, dans sa vérité séculaire. La
815
Mais nous reparlerons de toutes ces choses. Et de
la
Suisse, telle qu’on la voit de loin, dans sa vérité séculaire. La dép
816
e toutes ces choses. Et de la Suisse, telle qu’on
la
voit de loin, dans sa vérité séculaire. La déprimante architecture de
817
ces choses. Et de la Suisse, telle qu’on la voit
de
loin, dans sa vérité séculaire. La déprimante architecture de notre P
818
qu’on la voit de loin, dans sa vérité séculaire.
La
déprimante architecture de notre Palais fédéral — où je termine ces n
819
s sa vérité séculaire. La déprimante architecture
de
notre Palais fédéral — où je termine ces notes de voyage — me découra
820
de notre Palais fédéral — où je termine ces notes
de
voyage — me décourage un peu, ce soir. On dirait une école primaire d
821
ir. On dirait une école primaire démesurée. C’est
le
contraire de ce qui fonde nos vraies valeurs et notre raison d’être ;
822
une école primaire démesurée. C’est le contraire
de
ce qui fonde nos vraies valeurs et notre raison d’être ; c’est l’imag
823
e ce qui fonde nos vraies valeurs et notre raison
d’
être ; c’est l’image même en pierre verdâtre, de ce qu’il nous faut co
824
nos vraies valeurs et notre raison d’être ; c’est
l’
image même en pierre verdâtre, de ce qu’il nous faut combattre impitoy
825
n d’être ; c’est l’image même en pierre verdâtre,
de
ce qu’il nous faut combattre impitoyablement si nous voulons mériter
826
voulons mériter notre paix. f. Rougemont Denis
de
, « Billet d’aller et retour », Bulletin de la Guilde du livre, Lausan
827
er notre paix. f. Rougemont Denis de, « Billet
d’
aller et retour », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, décembre
828
Denis de, « Billet d’aller et retour », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, décembre 1939, p. 190-191.
829
nis de, « Billet d’aller et retour », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, décembre 1939, p. 190-191.
830
Beekman Place (octobre 1946)g h Parallèle à
l’
East-River dont la sépare une rangée d’hôtels particuliers à cinq étag
831
octobre 1946)g h Parallèle à l’East-River dont
la
sépare une rangée d’hôtels particuliers à cinq étages, cette rue très
832
arallèle à l’East-River dont la sépare une rangée
d’
hôtels particuliers à cinq étages, cette rue très courte est l’une des
833
ois dans Manhattan — qui à la fois ne portent pas
de
numéro et ne coupent point les avenues à angle droit. Hors-série, mod
834
fois ne portent pas de numéro et ne coupent point
les
avenues à angle droit. Hors-série, modèle de grand luxe, elle s’orne
835
int les avenues à angle droit. Hors-série, modèle
de
grand luxe, elle s’orne d’arbres, de silence et de grands portiers ga
836
it. Hors-série, modèle de grand luxe, elle s’orne
d’
arbres, de silence et de grands portiers galonnés. Une buée bleue, pen
837
érie, modèle de grand luxe, elle s’orne d’arbres,
de
silence et de grands portiers galonnés. Une buée bleue, pendant l’été
838
e grand luxe, elle s’orne d’arbres, de silence et
de
grands portiers galonnés. Une buée bleue, pendant l’été, emplit cet e
839
grands portiers galonnés. Une buée bleue, pendant
l’
été, emplit cet espace fermé par les hauts bâtiments de la 51e rue, en
840
bleue, pendant l’été, emplit cet espace fermé par
les
hauts bâtiments de la 51e rue, en brique vernie, tous luisants de fen
841
, emplit cet espace fermé par les hauts bâtiments
de
la 51e rue, en brique vernie, tous luisants de fenêtres dépourvues d’
842
mplit cet espace fermé par les hauts bâtiments de
la
51e rue, en brique vernie, tous luisants de fenêtres dépourvues d’orn
843
ts de la 51e rue, en brique vernie, tous luisants
de
fenêtres dépourvues d’ornements. Beekman Place est un de ces lieux où
844
ique vernie, tous luisants de fenêtres dépourvues
d’
ornements. Beekman Place est un de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Ma
845
tres dépourvues d’ornements. Beekman Place est un
de
ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est l’Europe ! » parce qu’il
846
d’ornements. Beekman Place est un de ces lieux où
l’
exilé s’écrie : « Mais c’est l’Europe ! » parce qu’il y trouve un char
847
un de ces lieux où l’exilé s’écrie : « Mais c’est
l’
Europe ! » parce qu’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je l
848
’il y trouve un charme, simplement. Mais quand je
la
vois du haut de mon douzième étage, en enfilade, petite tranchée d’as
849
charme, simplement. Mais quand je la vois du haut
de
mon douzième étage, en enfilade, petite tranchée d’asphalte et de bri
850
mon douzième étage, en enfilade, petite tranchée
d’
asphalte et de brique jaune et rose dans un chaos géométrique, c’est b
851
étage, en enfilade, petite tranchée d’asphalte et
de
brique jaune et rose dans un chaos géométrique, c’est bien New York…
852
… Si je me retourne un peu sur ma terrasse, voici
la
perspective de l’East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de m
853
urne un peu sur ma terrasse, voici la perspective
de
l’East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau
854
e un peu sur ma terrasse, voici la perspective de
l’
East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau. L
855
l’East River jusqu’à Brooklyn. Un paysage immense
de
minéral et d’eau. La rivière, sillonnée de remorqueurs toussotants, l
856
usqu’à Brooklyn. Un paysage immense de minéral et
d’
eau. La rivière, sillonnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat
857
Brooklyn. Un paysage immense de minéral et d’eau.
La
rivière, sillonnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat d’étai
858
mmense de minéral et d’eau. La rivière, sillonnée
de
remorqueurs toussotants, luit d’un éclat d’étain pâli. Les ponts imme
859
vière, sillonnée de remorqueurs toussotants, luit
d’
un éclat d’étain pâli. Les ponts immenses, vers Brooklyn, font une den
860
onnée de remorqueurs toussotants, luit d’un éclat
d’
étain pâli. Les ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle d’un
861
queurs toussotants, luit d’un éclat d’étain pâli.
Les
ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle d’un kilomètre, tout
862
ponts immenses, vers Brooklyn, font une dentelle
d’
un kilomètre, toute menue dans la distance. Cheminées, mâts, clochers,
863
ont une dentelle d’un kilomètre, toute menue dans
la
distance. Cheminées, mâts, clochers, usines plates, basses, et réclam
864
es, basses, et réclames lumineuses en plein jour.
Le
seul vestige de nature — car l’eau même est canalisée — ce sont ces t
865
éclames lumineuses en plein jour. Le seul vestige
de
nature — car l’eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots de gr
866
es en plein jour. Le seul vestige de nature — car
l’
eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots de granit noir couver
867
’eau même est canalisée — ce sont ces trois îlots
de
granit noir couverts de mouettes et signalés par deux petits phares d
868
— ce sont ces trois îlots de granit noir couverts
de
mouettes et signalés par deux petits phares dont clignotent irréguliè
869
eux petits phares dont clignotent irrégulièrement
le
feu vert — cinq secondes de révolution — et le feu rouge — six ou sep
870
otent irrégulièrement le feu vert — cinq secondes
de
révolution — et le feu rouge — six ou sept secondes. Tout ce qu’embra
871
nt le feu vert — cinq secondes de révolution — et
le
feu rouge — six ou sept secondes. Tout ce qu’embrasse mon regard, tou
872
es. Tout ce qu’embrasse mon regard, tout est fait
de
main d’homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois écon
873
ce qu’embrasse mon regard, tout est fait de main
d’
homme, sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois économiques
874
e mon regard, tout est fait de main d’homme, sauf
les
mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois économiques et de leurs fat
875
s. Qu’on ne me parle plus des lois économiques et
de
leurs fatales réalités : car ce sont les réalités d’un monde tout art
876
miques et de leurs fatales réalités : car ce sont
les
réalités d’un monde tout artificiel que nous, les hommes, avons bâti
877
leurs fatales réalités : car ce sont les réalités
d’
un monde tout artificiel que nous, les hommes, avons bâti selon nos ca
878
les réalités d’un monde tout artificiel que nous,
les
hommes, avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raisons fo
879
et nos raisons folles. Si nous changions un jour
de
goûts et d’ambition, ce paysage se transformerait. Si je me tourne ve
880
ons folles. Si nous changions un jour de goûts et
d’
ambition, ce paysage se transformerait. Si je me tourne vers le nord,
881
e paysage se transformerait. Si je me tourne vers
le
nord, je vois un monde de terrasses, du dixième au trentième étage du
882
t. Si je me tourne vers le nord, je vois un monde
de
terrasses, du dixième au trentième étage du River Club, où vivent les
883
xième au trentième étage du River Club, où vivent
les
milliardaires et les acteurs. Et tout près, ces jardins suspendus où
884
age du River Club, où vivent les milliardaires et
les
acteurs. Et tout près, ces jardins suspendus où circulent de jeunes f
885
Et tout près, ces jardins suspendus où circulent
de
jeunes femmes en maillot de bain. Elles se penchent sur leurs géraniu
886
uspendus où circulent de jeunes femmes en maillot
de
bain. Elles se penchent sur leurs géraniums, elles ajustent des lunet
887
es… Quelques jeunes gens viennent boire un verre,
le
soir. Un violoniste s’escrime à vingt reprises sur le deuxième Concer
888
artèlent ce Tchaïkovski qu’on entend siffler dans
la
rue… Je me souviens de ce que j’ai sous les yeux : je le vois déjà co
889
qu’on entend siffler dans la rue… Je me souviens
de
ce que j’ai sous les yeux : je le vois déjà comme je me le rappellera
890
r dans la rue… Je me souviens de ce que j’ai sous
les
yeux : je le vois déjà comme je me le rappellerai, une fois de retour
891
Je me souviens de ce que j’ai sous les yeux : je
le
vois déjà comme je me le rappellerai, une fois de retour en Europe. J
892
j’ai sous les yeux : je le vois déjà comme je me
le
rappellerai, une fois de retour en Europe. J’en connais par avance la
893
le vois déjà comme je me le rappellerai, une fois
de
retour en Europe. J’en connais par avance la nostalgie. Le soir vient
894
fois de retour en Europe. J’en connais par avance
la
nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain d’ocres, de roses, d’
895
en Europe. J’en connais par avance la nostalgie.
Le
soir vient dans un luxe américain d’ocres, de roses, d’argents et d’é
896
a nostalgie. Le soir vient dans un luxe américain
d’
ocres, de roses, d’argents et d’éclats d’or sur les fenêtres des usine
897
ie. Le soir vient dans un luxe américain d’ocres,
de
roses, d’argents et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fu
898
r vient dans un luxe américain d’ocres, de roses,
d’
argents et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fumées traîn
899
un luxe américain d’ocres, de roses, d’argents et
d’
éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les pont
900
méricain d’ocres, de roses, d’argents et d’éclats
d’
or sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les ponts s’éteig
901
d’ocres, de roses, d’argents et d’éclats d’or sur
les
fenêtres des usines. Des fumées traînent, les ponts s’éteignent, le s
902
sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent,
les
ponts s’éteignent, le sommet des gratte-ciel se met à luire sous la l
903
ines. Des fumées traînent, les ponts s’éteignent,
le
sommet des gratte-ciel se met à luire sous la lune, au-dessus des pre
904
nt, le sommet des gratte-ciel se met à luire sous
la
lune, au-dessus des premiers nuages. Une grande nuit s’ouvre au trava
905
ges. Une grande nuit s’ouvre au travail paisible.
D’
heure en heure, je me lève et sors. Je me promène sur cette terrasse q
906
t sors. Je me promène sur cette terrasse qui fait
le
tour de mes chambres blanches, posées sur le onzième étage et festonn
907
Je me promène sur cette terrasse qui fait le tour
de
mes chambres blanches, posées sur le onzième étage et festonnées de t
908
anches, posées sur le onzième étage et festonnées
de
tuiles provençales. La brique est chaude encore sous mes pieds nus. À
909
nzième étage et festonnées de tuiles provençales.
La
brique est chaude encore sous mes pieds nus. À ma hauteur, et un peu
910
un peu plus bas, et puis beaucoup plus bas, dans
les
buildings voisins séparés de ma terrasse par un gouffre profond mais
911
coup plus bas, dans les buildings voisins séparés
de
ma terrasse par un gouffre profond mais étroit, je vois des couples e
912
née, en peignoir rose, ouvre son frigidaire, sort
de
la glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop chaud. Des rires vienne
913
, en peignoir rose, ouvre son frigidaire, sort de
la
glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent
914
ouvre son frigidaire, sort de la glace, ôte enfin
le
peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent d’une terrasse obscu
915
peignoir, il fait trop chaud. Des rires viennent
d’
une terrasse obscure, un cliquetis de tiges de verre dans les highball
916
res viennent d’une terrasse obscure, un cliquetis
de
tiges de verre dans les highballs. Je rentre et j’aligne mes mots. Pe
917
ent d’une terrasse obscure, un cliquetis de tiges
de
verre dans les highballs. Je rentre et j’aligne mes mots. Petits mati
918
asse obscure, un cliquetis de tiges de verre dans
les
highballs. Je rentre et j’aligne mes mots. Petits matins déjà doux de
919
s. Petits matins déjà doux des terrasses, moments
les
plus aigus de la vie, au jour qui point, quand toutes choses et les s
920
s déjà doux des terrasses, moments les plus aigus
de
la vie, au jour qui point, quand toutes choses et les souvenirs d’hie
921
éjà doux des terrasses, moments les plus aigus de
la
vie, au jour qui point, quand toutes choses et les souvenirs d’hier c
922
la vie, au jour qui point, quand toutes choses et
les
souvenirs d’hier changent de poids et de millésime, quand les mouette
923
r qui point, quand toutes choses et les souvenirs
d’
hier changent de poids et de millésime, quand les mouettes éclosent du
924
nd toutes choses et les souvenirs d’hier changent
de
poids et de millésime, quand les mouettes éclosent du rocher, quand l
925
oses et les souvenirs d’hier changent de poids et
de
millésime, quand les mouettes éclosent du rocher, quand les premiers
926
s d’hier changent de poids et de millésime, quand
les
mouettes éclosent du rocher, quand les premiers remorqueurs se metten
927
miers remorqueurs se mettent à souffler fort dans
la
brume d’été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vi
928
orqueurs se mettent à souffler fort dans la brume
d’
été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vient râper
929
à souffler fort dans la brume d’été flottant sur
la
rivière… Une langue de lumière orangée vient râper doucement le crépi
930
a brume d’été flottant sur la rivière… Une langue
de
lumière orangée vient râper doucement le crépi des murs bas, sur la t
931
e langue de lumière orangée vient râper doucement
le
crépi des murs bas, sur la terrasse toute voisine. Un autre jour, le
932
vient râper doucement le crépi des murs bas, sur
la
terrasse toute voisine. Un autre jour, le même amour, mais le cœur s’
933
as, sur la terrasse toute voisine. Un autre jour,
le
même amour, mais le cœur s’ouvre — l’aube est l’heure du pardon déliv
934
toute voisine. Un autre jour, le même amour, mais
le
cœur s’ouvre — l’aube est l’heure du pardon délivrant — et je me donn
935
autre jour, le même amour, mais le cœur s’ouvre —
l’
aube est l’heure du pardon délivrant — et je me donne au jour américai
936
le même amour, mais le cœur s’ouvre — l’aube est
l’
heure du pardon délivrant — et je me donne au jour américain ! Sur le
937
élivrant — et je me donne au jour américain ! Sur
le
grand fond sonore à bouche fermée des usines de l’autre rive, les sir
938
r le grand fond sonore à bouche fermée des usines
de
l’autre rive, les sirènes des ferry-boats poussaient leur solo de dés
939
onore à bouche fermée des usines de l’autre rive,
les
sirènes des ferry-boats poussaient leur solo de désastre, de faux dés
940
les sirènes des ferry-boats poussaient leur solo
de
désastre, de faux désastre et d’appel commercial, dans le matin strid
941
des ferry-boats poussaient leur solo de désastre,
de
faux désastre et d’appel commercial, dans le matin strident de l’East
942
saient leur solo de désastre, de faux désastre et
d’
appel commercial, dans le matin strident de l’East River. Un quadrimot
943
tre, de faux désastre et d’appel commercial, dans
le
matin strident de l’East River. Un quadrimoteur argenté passait très
944
tre et d’appel commercial, dans le matin strident
de
l’East River. Un quadrimoteur argenté passait très haut entre deux to
945
et d’appel commercial, dans le matin strident de
l’
East River. Un quadrimoteur argenté passait très haut entre deux tours
946
r arroser au tuyau ses arbustes. Soudain, passant
la
tranche ocrée d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la ri
947
u ses arbustes. Soudain, passant la tranche ocrée
d’
un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue
948
. Soudain, passant la tranche ocrée d’un bâtiment
de
trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses c
949
d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur
la
rivière, une proue grise et ses canons glissait sans bruit, un énorme
950
ait sans bruit, un énorme croiseur défilait, tout
l’
équipage en fête saluant New York d’adieux, filant pavois au vent vers
951
éfilait, tout l’équipage en fête saluant New York
d’
adieux, filant pavois au vent vers l’Europe et la guerre… g. Rougem
952
ant New York d’adieux, filant pavois au vent vers
l’
Europe et la guerre… g. Rougemont Denis de, « Beekman Place », Bull
953
d’adieux, filant pavois au vent vers l’Europe et
la
guerre… g. Rougemont Denis de, « Beekman Place », Bulletin de la G
954
vers l’Europe et la guerre… g. Rougemont Denis
de
, « Beekman Place », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, octobre
955
Rougemont Denis de, « Beekman Place », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, octobre 1946, p. 243-245. h. Précédé d
956
ougemont Denis de, « Beekman Place », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, octobre 1946, p. 243-245. h. Précédé de l
957
, Lausanne, octobre 1946, p. 243-245. h. Précédé
de
la note suivante : « Fragment du Journal des deux mondes qui paraît
958
ausanne, octobre 1946, p. 243-245. h. Précédé de
la
note suivante : « Fragment du Journal des deux mondes qui paraîtra
959
gment du Journal des deux mondes qui paraîtra à
la
Guilde du Livre. »
960
Souvenir
d’
un orage en Virginie (novembre 1946)i Grands plateaux onduleux et l
961
plateaux onduleux et livrés aux chevaux, jusqu’à
l’
horizon bleu des Appalaches. Pendant que nous roulons sur une route de
962
ppalaches. Pendant que nous roulons sur une route
de
campagne, au creux des haies, le ciel se couvre. « C’est là-haut, me
963
ns sur une route de campagne, au creux des haies,
le
ciel se couvre. « C’est là-haut, me dit-on, à mi-pente des coteaux. »
964
ngue pas encore cette maison célèbre, cachée dans
les
bosquets au bout d’une longue allée qui monte entre des barrières bla
965
us verrez ce qu’elle en a fait ! C’est sa manière
de
se venger de J. car c’était la maison de ses ancêtres, à lui. Elle la
966
qu’elle en a fait ! C’est sa manière de se venger
de
J. car c’était la maison de ses ancêtres, à lui. Elle la déteste. Ell
967
! C’est sa manière de se venger de J. car c’était
la
maison de ses ancêtres, à lui. Elle la déteste. Elle n’aime vraiment
968
manière de se venger de J. car c’était la maison
de
ses ancêtres, à lui. Elle la déteste. Elle n’aime vraiment que ses ch
969
ar c’était la maison de ses ancêtres, à lui. Elle
la
déteste. Elle n’aime vraiment que ses chevaux… » L’auto s’arrête deva
970
déteste. Elle n’aime vraiment que ses chevaux… »
L’
auto s’arrête devant un haut portique. Deux colonnes blanches entre de
971
nts, comme des ailes noires. Je n’en ai jamais vu
d’
aussi grands, ils montent jusqu’aux fenêtres du deuxième étage. Une od
972
s du deuxième étage. Une odeur écœurante vient de
la
porte dont un battant s’entrouvre devant nous. Trois grands longs chi
973
e devant nous. Trois grands longs chiens sortent,
le
museau bas, et l’un vient vomir à nos pieds des morceaux de cire mal
974
bas, et l’un vient vomir à nos pieds des morceaux
de
cire mal mâchés. Une servante les poursuit armée d’une cravache. Elle
975
eds des morceaux de cire mal mâchés. Une servante
les
poursuit armée d’une cravache. Elle crie qu’ils viennent encore de ma
976
cire mal mâchés. Une servante les poursuit armée
d’
une cravache. Elle crie qu’ils viennent encore de manger les bougies d
977
d’une cravache. Elle crie qu’ils viennent encore
de
manger les bougies du carrosse de George Washington. (C’est une pièce
978
vache. Elle crie qu’ils viennent encore de manger
les
bougies du carrosse de George Washington. (C’est une pièce de musée q
979
viennent encore de manger les bougies du carrosse
de
George Washington. (C’est une pièce de musée que nous allons voir, re
980
u carrosse de George Washington. (C’est une pièce
de
musée que nous allons voir, remisée sous la colonnade des écuries.) N
981
pièce de musée que nous allons voir, remisée sous
la
colonnade des écuries.) Nous pénétrons dans un vestibule sombre. La m
982
curies.) Nous pénétrons dans un vestibule sombre.
La
maîtresse de maison est sortie à cheval. Promenons-nous en l’attendan
983
de maison est sortie à cheval. Promenons-nous en
l’
attendant. L’odeur des chiens imprègne les corridors. Dans un fumoir,
984
t sortie à cheval. Promenons-nous en l’attendant.
L’
odeur des chiens imprègne les corridors. Dans un fumoir, à droite, en
985
-nous en l’attendant. L’odeur des chiens imprègne
les
corridors. Dans un fumoir, à droite, en contrebas, deux hommes en ves
986
oir, à droite, en contrebas, deux hommes en veste
de
chasse et deux jeunes femmes très blondes boivent des whiskies, sans
987
whiskies, sans se déranger. Nous traversons toute
la
maison, puis une large galerie ouverte, encombrée de vieux meubles et
988
maison, puis une large galerie ouverte, encombrée
de
vieux meubles et de pièces de bois sculptées, stalles d’églises, aigl
989
ge galerie ouverte, encombrée de vieux meubles et
de
pièces de bois sculptées, stalles d’églises, aigles de lutrin. De nou
990
ouverte, encombrée de vieux meubles et de pièces
de
bois sculptées, stalles d’églises, aigles de lutrin. De nouveau des i
991
x meubles et de pièces de bois sculptées, stalles
d’
églises, aigles de lutrin. De nouveau des ifs non taillés sur un pré d
992
èces de bois sculptées, stalles d’églises, aigles
de
lutrin. De nouveau des ifs non taillés sur un pré d’un vert sombre en
993
lutrin. De nouveau des ifs non taillés sur un pré
d’
un vert sombre enclos de murs. Du lierre partout. Çà et là, des statue
994
fs non taillés sur un pré d’un vert sombre enclos
de
murs. Du lierre partout. Çà et là, des statues de faunes et de chiens
995
de murs. Du lierre partout. Çà et là, des statues
de
faunes et de chiens gisent le nez dans l’herbe, près d’un socle brisé
996
ierre partout. Çà et là, des statues de faunes et
de
chiens gisent le nez dans l’herbe, près d’un socle brisé. Le pré s’él
997
et là, des statues de faunes et de chiens gisent
le
nez dans l’herbe, près d’un socle brisé. Le pré s’élève et s’ouvre su
998
statues de faunes et de chiens gisent le nez dans
l’
herbe, près d’un socle brisé. Le pré s’élève et s’ouvre sur la cour sa
999
nes et de chiens gisent le nez dans l’herbe, près
d’
un socle brisé. Le pré s’élève et s’ouvre sur la cour sablée des écuri
1000
isent le nez dans l’herbe, près d’un socle brisé.
Le
pré s’élève et s’ouvre sur la cour sablée des écuries. Celles-ci se d
1001
s d’un socle brisé. Le pré s’élève et s’ouvre sur
la
cour sablée des écuries. Celles-ci se déploient en demi-cercle, ornée
1002
es. Celles-ci se déploient en demi-cercle, ornées
d’
une colonnade et d’un clocheton de brique portant l’œil blanc d’un éno
1003
ploient en demi-cercle, ornées d’une colonnade et
d’
un clocheton de brique portant l’œil blanc d’un énorme cadran. Voici l
1004
-cercle, ornées d’une colonnade et d’un clocheton
de
brique portant l’œil blanc d’un énorme cadran. Voici le carrosse de W
1005
une colonnade et d’un clocheton de brique portant
l’
œil blanc d’un énorme cadran. Voici le carrosse de Washington, à l’aba
1006
e et d’un clocheton de brique portant l’œil blanc
d’
un énorme cadran. Voici le carrosse de Washington, à l’abandon. La pei
1007
que portant l’œil blanc d’un énorme cadran. Voici
le
carrosse de Washington, à l’abandon. La peinture craquelée tombe par
1008
l’œil blanc d’un énorme cadran. Voici le carrosse
de
Washington, à l’abandon. La peinture craquelée tombe par morceaux, le
1009
énorme cadran. Voici le carrosse de Washington, à
l’
abandon. La peinture craquelée tombe par morceaux, les coussins de vel
1010
an. Voici le carrosse de Washington, à l’abandon.
La
peinture craquelée tombe par morceaux, les coussins de velours rouge
1011
bandon. La peinture craquelée tombe par morceaux,
les
coussins de velours rouge sont moisis. Nous redescendons. Le ciel est
1012
inture craquelée tombe par morceaux, les coussins
de
velours rouge sont moisis. Nous redescendons. Le ciel est devenu noir
1013
de velours rouge sont moisis. Nous redescendons.
Le
ciel est devenu noir. Du portique, entre les hautes colonnes blanches
1014
dons. Le ciel est devenu noir. Du portique, entre
les
hautes colonnes blanches et ces ifs dramatiques, on domine un paysage
1015
ches et ces ifs dramatiques, on domine un paysage
de
pluies lointaines et de prairies dorées. Soudain, un coup de vent vio
1016
ues, on domine un paysage de pluies lointaines et
de
prairies dorées. Soudain, un coup de vent violent a jeté contre la fa
1017
s. Soudain, un coup de vent violent a jeté contre
la
façade et nos visages un tourbillon de feuilles et de grosses gouttes
1018
eté contre la façade et nos visages un tourbillon
de
feuilles et de grosses gouttes obliques. Entrée de l’automne ! The Fa
1019
açade et nos visages un tourbillon de feuilles et
de
grosses gouttes obliques. Entrée de l’automne ! The Fall, la Chute, c
1020
e feuilles et de grosses gouttes obliques. Entrée
de
l’automne ! The Fall, la Chute, comme ils l’appellent… Premiers éclai
1021
euilles et de grosses gouttes obliques. Entrée de
l’
automne ! The Fall, la Chute, comme ils l’appellent… Premiers éclairs
1022
gouttes obliques. Entrée de l’automne ! The Fall,
la
Chute, comme ils l’appellent… Premiers éclairs sur les prairies. Par
1023
trée de l’automne ! The Fall, la Chute, comme ils
l’
appellent… Premiers éclairs sur les prairies. Par la charmille, où il
1024
hute, comme ils l’appellent… Premiers éclairs sur
les
prairies. Par la charmille, où il fait presque nuit — mais on devine
1025
appellent… Premiers éclairs sur les prairies. Par
la
charmille, où il fait presque nuit — mais on devine encore quelques s
1026
re quelques statues décapitées ou renversées dans
les
branchages — nous arrivons au coin d’un bâtiment de ferme. C’est le c
1027
rsées dans les branchages — nous arrivons au coin
d’
un bâtiment de ferme. C’est le chenil. Le parc s’arrête ici, et s’ouvr
1028
branchages — nous arrivons au coin d’un bâtiment
de
ferme. C’est le chenil. Le parc s’arrête ici, et s’ouvrent les espace
1029
us arrivons au coin d’un bâtiment de ferme. C’est
le
chenil. Le parc s’arrête ici, et s’ouvrent les espaces de pâturages n
1030
au coin d’un bâtiment de ferme. C’est le chenil.
Le
parc s’arrête ici, et s’ouvrent les espaces de pâturages nus, en pent
1031
est le chenil. Le parc s’arrête ici, et s’ouvrent
les
espaces de pâturages nus, en pente douce. Très loin, en silhouette su
1032
l. Le parc s’arrête ici, et s’ouvrent les espaces
de
pâturages nus, en pente douce. Très loin, en silhouette sur la crête
1033
nus, en pente douce. Très loin, en silhouette sur
la
crête d’une colline, nous voyons deux chevaux au galop. Ils disparais
1034
ente douce. Très loin, en silhouette sur la crête
d’
une colline, nous voyons deux chevaux au galop. Ils disparaissent dans
1035
rs nous sans ralentir. Une femme en jaune, suivie
d’
un homme. Comme ils s’approchent, on voit qu’elle tient la bride d’une
1036
me. Comme ils s’approchent, on voit qu’elle tient
la
bride d’une main et de l’autre porte à sa bouche une pomme qu’elle mo
1037
ils s’approchent, on voit qu’elle tient la bride
d’
une main et de l’autre porte à sa bouche une pomme qu’elle mord en gal
1038
ent, on voit qu’elle tient la bride d’une main et
de
l’autre porte à sa bouche une pomme qu’elle mord en galopant. Nouveau
1039
qu’elle mord en galopant. Nouveaux éclairs. Tous
les
chiens du chenil se sont mis à hurler ensemble. Est-ce l’orage ou l’a
1040
s du chenil se sont mis à hurler ensemble. Est-ce
l’
orage ou l’approche de leur maîtresse ? Les cavaliers ralentissent et
1041
se sont mis à hurler ensemble. Est-ce l’orage ou
l’
approche de leur maîtresse ? Les cavaliers ralentissent et s’arrêtent
1042
s à hurler ensemble. Est-ce l’orage ou l’approche
de
leur maîtresse ? Les cavaliers ralentissent et s’arrêtent devant la b
1043
Est-ce l’orage ou l’approche de leur maîtresse ?
Les
cavaliers ralentissent et s’arrêtent devant la barre du portail. Elle
1044
? Les cavaliers ralentissent et s’arrêtent devant
la
barre du portail. Elle pousse son cheval, le portail cède et lui livr
1045
vant la barre du portail. Elle pousse son cheval,
le
portail cède et lui livre passage. C’est une grande femme bottée, sau
1046
aît nu dans un fin sweater jaune. Elle rit, jette
la
pomme, et nous salue de la main. Le jeune homme mince, immobile sur s
1047
er jaune. Elle rit, jette la pomme, et nous salue
de
la main. Le jeune homme mince, immobile sur son cheval, nous considèr
1048
jaune. Elle rit, jette la pomme, et nous salue de
la
main. Le jeune homme mince, immobile sur son cheval, nous considère a
1049
le rit, jette la pomme, et nous salue de la main.
Le
jeune homme mince, immobile sur son cheval, nous considère avec hosti
1050
r son cheval, nous considère avec hostilité. Il a
les
yeux d’un bleu très pâle et dur. Il n’a pas salué. Son silence nous s
1051
val, nous considère avec hostilité. Il a les yeux
d’
un bleu très pâle et dur. Il n’a pas salué. Son silence nous supprime.
1052
alué. Son silence nous supprime. C’est sans doute
le
nouvel intendant. « Je vous retrouve à la maison ! », crie-t-elle. Et
1053
s doute le nouvel intendant. « Je vous retrouve à
la
maison ! », crie-t-elle. Et, piquant son cheval, penchée sur l’encolu
1054
crie-t-elle. Et, piquant son cheval, penchée sur
l’
encolure, elle disparaît dans le tunnel de la charmille, tandis qu’une
1055
eval, penchée sur l’encolure, elle disparaît dans
le
tunnel de la charmille, tandis qu’une meute de chiens de toutes les t
1056
hée sur l’encolure, elle disparaît dans le tunnel
de
la charmille, tandis qu’une meute de chiens de toutes les tailles s’é
1057
sur l’encolure, elle disparaît dans le tunnel de
la
charmille, tandis qu’une meute de chiens de toutes les tailles s’élan
1058
ns le tunnel de la charmille, tandis qu’une meute
de
chiens de toutes les tailles s’élance sur ses traces en aboyant. Au f
1059
el de la charmille, tandis qu’une meute de chiens
de
toutes les tailles s’élance sur ses traces en aboyant. Au fond d’une
1060
harmille, tandis qu’une meute de chiens de toutes
les
tailles s’élance sur ses traces en aboyant. Au fond d’une pièce vaste
1061
illes s’élance sur ses traces en aboyant. Au fond
d’
une pièce vaste et noire une petite lampe fait une flaque rose. « Je n
1062
te lampe fait une flaque rose. « Je ne trouve pas
les
prises ! explique-t-elle, je ne mets jamais les pieds dans ce dégoûta
1063
s les prises ! explique-t-elle, je ne mets jamais
les
pieds dans ce dégoûtant salon ! » Des éclairs illuminent longuement l
1064
ûtant salon ! » Des éclairs illuminent longuement
les
meubles lourds, une bibliothèque, des boiseries. Le lustre enfin s’al
1065
meubles lourds, une bibliothèque, des boiseries.
Le
lustre enfin s’allume par degrés. Elle court aux fenêtres et ferme av
1066
intérieurs, en chêne clair, puis elle tire encore
les
rideaux. « Les orages me rendent folle, j’ai tellement peur, et vous
1067
chêne clair, puis elle tire encore les rideaux. «
Les
orages me rendent folle, j’ai tellement peur, et vous ? Vous êtes mue
1068
r, et vous ? Vous êtes muets ? Vous avez soif ? »
Les
coups de tonnerre se succèdent sans répit, et parfois les lumières va
1069
? Vous êtes muets ? Vous avez soif ? » Les coups
de
tonnerre se succèdent sans répit, et parfois les lumières vacillent,
1070
s de tonnerre se succèdent sans répit, et parfois
les
lumières vacillent, baissent, remontent… Paraît dans la porte du fond
1071
ières vacillent, baissent, remontent… Paraît dans
la
porte du fond un homme en veste de chasse qui tient des verres de whi
1072
t… Paraît dans la porte du fond un homme en veste
de
chasse qui tient des verres de whisky à la main. Deux femmes blondes
1073
un homme en veste de chasse qui tient des verres
de
whisky à la main. Deux femmes blondes entrent et vont s’asseoir un pe
1074
veste de chasse qui tient des verres de whisky à
la
main. Deux femmes blondes entrent et vont s’asseoir un peu à l’écart
1075
femmes blondes entrent et vont s’asseoir un peu à
l’
écart de notre groupe. Un autre homme apporte un plateau. On le renvoi
1076
londes entrent et vont s’asseoir un peu à l’écart
de
notre groupe. Un autre homme apporte un plateau. On le renvoie cherch
1077
tre groupe. Un autre homme apporte un plateau. On
le
renvoie chercher des verres et des bouteilles. Qui sont ces gens ? El
1078
outeilles. Qui sont ces gens ? Elle dit : « Je ne
le
sais pas plus que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou trois
1079
« Je ne le sais pas plus que vous. Ils sont dans
la
maison depuis deux ou trois jours et se disent les amis de Jim. — Mai
1080
la maison depuis deux ou trois jours et se disent
les
amis de Jim. — Mais où est Jim ? — Je ne sais pas ? Il est parti. » J
1081
depuis deux ou trois jours et se disent les amis
de
Jim. — Mais où est Jim ? — Je ne sais pas ? Il est parti. » Jim était
1082
im ? — Je ne sais pas ? Il est parti. » Jim était
l’
intendant, une sorte de géant toujours en bottes, qu’elle emmenait par
1083
Il est parti. » Jim était l’intendant, une sorte
de
géant toujours en bottes, qu’elle emmenait partout avec elle. Je pens
1084
le emmenait partout avec elle. Je pense au regard
d’
acier du jeune homme silencieux de tout à l’heure. Des chiens se gliss
1085
pense au regard d’acier du jeune homme silencieux
de
tout à l’heure. Des chiens se glissent entre les meubles, humides et
1086
egard d’acier du jeune homme silencieux de tout à
l’
heure. Des chiens se glissent entre les meubles, humides et tremblants
1087
x de tout à l’heure. Des chiens se glissent entre
les
meubles, humides et tremblants. « Mais je ne sais pas recevoir ! dit-
1088
peur… » — Eh bien ? m’ont demandé mes amis dans
la
voiture qui nous emporte sous la pluie, qu’en pensez-vous ? — J’ai pe
1089
dé mes amis dans la voiture qui nous emporte sous
la
pluie, qu’en pensez-vous ? — J’ai pensé que, pour la première fois de
1090
ez-vous ? — J’ai pensé que, pour la première fois
de
ma vie, je me sens tenté d’écrire la suite du roman. i. Rougemont
1091
pour la première fois de ma vie, je me sens tenté
d’
écrire la suite du roman. i. Rougemont Denis de, « Souvenir d’un or
1092
remière fois de ma vie, je me sens tenté d’écrire
la
suite du roman. i. Rougemont Denis de, « Souvenir d’un orage en Vi
1093
d’écrire la suite du roman. i. Rougemont Denis
de
, « Souvenir d’un orage en Virginie », Bulletin de la Guilde du livre,
1094
te du roman. i. Rougemont Denis de, « Souvenir
d’
un orage en Virginie », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, nove
1095
de, « Souvenir d’un orage en Virginie », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, novembre 1946, p. 282-284.
1096
« Souvenir d’un orage en Virginie », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, novembre 1946, p. 282-284.
1097
k (décembre 1946)j New York, 15 décembre 1945.
Le
1er décembre au matin, la ruée vers les magasins s’est déclenchée dan
1098
York, 15 décembre 1945. Le 1er décembre au matin,
la
ruée vers les magasins s’est déclenchée dans toute l’Amérique, inaugu
1099
mbre 1945. Le 1er décembre au matin, la ruée vers
les
magasins s’est déclenchée dans toute l’Amérique, inaugurant officiell
1100
uée vers les magasins s’est déclenchée dans toute
l’
Amérique, inaugurant officiellement le Yuletide, la saison de Noël. No
1101
dans toute l’Amérique, inaugurant officiellement
le
Yuletide, la saison de Noël. Nous sommes le 15 et les rayons de jouet
1102
’Amérique, inaugurant officiellement le Yuletide,
la
saison de Noël. Nous sommes le 15 et les rayons de jouets sont déjà p
1103
inaugurant officiellement le Yuletide, la saison
de
Noël. Nous sommes le 15 et les rayons de jouets sont déjà presque vid
1104
ement le Yuletide, la saison de Noël. Nous sommes
le
15 et les rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. Cet an
1105
Yuletide, la saison de Noël. Nous sommes le 15 et
les
rayons de jouets sont déjà presque vides à New York. Cet an de grâce
1106
a saison de Noël. Nous sommes le 15 et les rayons
de
jouets sont déjà presque vides à New York. Cet an de grâce rationnée
1107
jouets sont déjà presque vides à New York. Cet an
de
grâce rationnée 1945 se termine en pleine équivoque : est-ce la paix
1108
nnée 1945 se termine en pleine équivoque : est-ce
la
paix déjà ? La guerre encore ? Interférences de disette et de luxe, d
1109
rmine en pleine équivoque : est-ce la paix déjà ?
La
guerre encore ? Interférences de disette et de luxe, d’appétits ranim
1110
e la paix déjà ? La guerre encore ? Interférences
de
disette et de luxe, d’appétits ranimés et d’amertumes durables. Et No
1111
? La guerre encore ? Interférences de disette et
de
luxe, d’appétits ranimés et d’amertumes durables. Et Noël va tomber a
1112
rre encore ? Interférences de disette et de luxe,
d’
appétits ranimés et d’amertumes durables. Et Noël va tomber au milieu
1113
nces de disette et de luxe, d’appétits ranimés et
d’
amertumes durables. Et Noël va tomber au milieu de l’An Un d’une ère d
1114
mertumes durables. Et Noël va tomber au milieu de
l’
An Un d’une ère de paix profonde sur la plus grande menace de toute l’
1115
durables. Et Noël va tomber au milieu de l’An Un
d’
une ère de paix profonde sur la plus grande menace de toute l’Histoire
1116
Et Noël va tomber au milieu de l’An Un d’une ère
de
paix profonde sur la plus grande menace de toute l’Histoire. Les enfa
1117
milieu de l’An Un d’une ère de paix profonde sur
la
plus grande menace de toute l’Histoire. Les enfants, comme les gouver
1118
ne ère de paix profonde sur la plus grande menace
de
toute l’Histoire. Les enfants, comme les gouvernements, demandent pou
1119
paix profonde sur la plus grande menace de toute
l’
Histoire. Les enfants, comme les gouvernements, demandent pour leur No
1120
de sur la plus grande menace de toute l’Histoire.
Les
enfants, comme les gouvernements, demandent pour leur Noël de petites
1121
de menace de toute l’Histoire. Les enfants, comme
les
gouvernements, demandent pour leur Noël de petites bombes atomiques.
1122
comme les gouvernements, demandent pour leur Noël
de
petites bombes atomiques. Trois d’entre eux, à Brooklyn, viennent d’ê
1123
tomiques. Trois d’entre eux, à Brooklyn, viennent
d’
être blessés sérieusement, en jouant à faire sauter le monde. Les troi
1124
re blessés sérieusement, en jouant à faire sauter
le
monde. Les trois Grands, à Moscou, seront-ils plus adroits dans ce mê
1125
sérieusement, en jouant à faire sauter le monde.
Les
trois Grands, à Moscou, seront-ils plus adroits dans ce même jeu ? On
1126
seront-ils plus adroits dans ce même jeu ? On ne
le
croirait pas, à les voir. Curieux trio : un loup déguisé en mouton et
1127
roits dans ce même jeu ? On ne le croirait pas, à
les
voir. Curieux trio : un loup déguisé en mouton et deux moutons vêtus
1128
: un loup déguisé en mouton et deux moutons vêtus
de
leur vraie peau. Mais rien n’empêche le Waldorf-Astoria d’annoncer qu
1129
ons vêtus de leur vraie peau. Mais rien n’empêche
le
Waldorf-Astoria d’annoncer que sa nuit de l’An « promet d’être la plu
1130
raie peau. Mais rien n’empêche le Waldorf-Astoria
d’
annoncer que sa nuit de l’An « promet d’être la plus grande nuit de l’
1131
empêche le Waldorf-Astoria d’annoncer que sa nuit
de
l’An « promet d’être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à
1132
êche le Waldorf-Astoria d’annoncer que sa nuit de
l’
An « promet d’être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à pa
1133
f-Astoria d’annoncer que sa nuit de l’An « promet
d’
être la plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de $ 20 l
1134
ia d’annoncer que sa nuit de l’An « promet d’être
la
plus grande nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de $ 20 la place
1135
nuit de l’An « promet d’être la plus grande nuit
de
l’histoire de l’hôtel — à partir de $ 20 la place ». Nous fûmes hier
1136
it de l’An « promet d’être la plus grande nuit de
l’
histoire de l’hôtel — à partir de $ 20 la place ». Nous fûmes hier che
1137
« promet d’être la plus grande nuit de l’histoire
de
l’hôtel — à partir de $ 20 la place ». Nous fûmes hier chez Schwartz,
1138
romet d’être la plus grande nuit de l’histoire de
l’
hôtel — à partir de $ 20 la place ». Nous fûmes hier chez Schwartz, gr
1139
nuit de l’histoire de l’hôtel — à partir de $ 20
la
place ». Nous fûmes hier chez Schwartz, grand magasin de jouets de la
1140
e ». Nous fûmes hier chez Schwartz, grand magasin
de
jouets de la Cinquième Avenue. « Auriez-vous, dis-je d’un ton suave,
1141
fûmes hier chez Schwartz, grand magasin de jouets
de
la Cinquième Avenue. « Auriez-vous, dis-je d’un ton suave, quelque ch
1142
ets de la Cinquième Avenue. « Auriez-vous, dis-je
d’
un ton suave, quelque chose qui ressemble à un modèle de la bombe atom
1143
on suave, quelque chose qui ressemble à un modèle
de
la bombe atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvrit la bouche,
1144
suave, quelque chose qui ressemble à un modèle de
la
bombe atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvrit la bouche, pui
1145
i ressemble à un modèle de la bombe atomique pour
les
enfants ? » La vendeuse ouvrit la bouche, puis ses yeux s’écarquillèr
1146
modèle de la bombe atomique pour les enfants ? »
La
vendeuse ouvrit la bouche, puis ses yeux s’écarquillèrent largement :
1147
atomique pour les enfants ? » La vendeuse ouvrit
la
bouche, puis ses yeux s’écarquillèrent largement : devant nous venait
1148
x s’écarquillèrent largement : devant nous venait
d’
apparaître une jeune femme au visage anguleux et couvert de taches de
1149
tre une jeune femme au visage anguleux et couvert
de
taches de rousseur, la tête serrée dans un foulard de soie rose feu.
1150
une femme au visage anguleux et couvert de taches
de
rousseur, la tête serrée dans un foulard de soie rose feu. « Papa, me
1151
visage anguleux et couvert de taches de rousseur,
la
tête serrée dans un foulard de soie rose feu. « Papa, me dit mon peti
1152
aches de rousseur, la tête serrée dans un foulard
de
soie rose feu. « Papa, me dit mon petit garçon, c’est Miss Hepburn !
1153
rn ! » — « C’est moi ! », dit-elle en lui pinçant
la
joue, et la vendeuse nous planta là. Il neigeait sur la Cinquième Av
1154
’est moi ! », dit-elle en lui pinçant la joue, et
la
vendeuse nous planta là. Il neigeait sur la Cinquième Avenue, sur le
1155
nta là. Il neigeait sur la Cinquième Avenue, sur
les
paquets enrubannés, sur les fourrures, sur l’arbre immense du Rockefe
1156
Cinquième Avenue, sur les paquets enrubannés, sur
les
fourrures, sur l’arbre immense du Rockefeller Plaza, transporté avec
1157
ur les paquets enrubannés, sur les fourrures, sur
l’
arbre immense du Rockefeller Plaza, transporté avec toutes ses racines
1158
efeller Plaza, transporté avec toutes ses racines
d’
un parc où il sera replanté dès janvier, n’ayant coûté que 100 dollars
1159
planté dès janvier, n’ayant coûté que 100 dollars
de
location à Mr. John D. Rockefeller, car tout se sait. Des haut-parleu
1160
sait. Des haut-parleurs répandaient sans relâche
l’
Adeste Fideles et des carols transformés en jazz hot par les klaxons d
1161
Fideles et des carols transformés en jazz hot par
les
klaxons d’interminables embarras de trafic. Aux vitrines triomphait l
1162
es carols transformés en jazz hot par les klaxons
d’
interminables embarras de trafic. Aux vitrines triomphait le rêve amér
1163
jazz hot par les klaxons d’interminables embarras
de
trafic. Aux vitrines triomphait le rêve américain, le clinquant, l’ir
1164
ables embarras de trafic. Aux vitrines triomphait
le
rêve américain, le clinquant, l’irréel, le rose et le doré. Rêve d’en
1165
rafic. Aux vitrines triomphait le rêve américain,
le
clinquant, l’irréel, le rose et le doré. Rêve d’enfance et d’innocenc
1166
rines triomphait le rêve américain, le clinquant,
l’
irréel, le rose et le doré. Rêve d’enfance et d’innocence universelle,
1167
mphait le rêve américain, le clinquant, l’irréel,
le
rose et le doré. Rêve d’enfance et d’innocence universelle, bercé de
1168
êve américain, le clinquant, l’irréel, le rose et
le
doré. Rêve d’enfance et d’innocence universelle, bercé de musiques no
1169
le clinquant, l’irréel, le rose et le doré. Rêve
d’
enfance et d’innocence universelle, bercé de musiques nostalgiques. No
1170
, l’irréel, le rose et le doré. Rêve d’enfance et
d’
innocence universelle, bercé de musiques nostalgiques. Noël, ici, devi
1171
Rêve d’enfance et d’innocence universelle, bercé
de
musiques nostalgiques. Noël, ici, devient la fête du Bébé Cadum des r
1172
ercé de musiques nostalgiques. Noël, ici, devient
la
fête du Bébé Cadum des réclames et non plus de cet Enfant vrai qui na
1173
nt la fête du Bébé Cadum des réclames et non plus
de
cet Enfant vrai qui naquit tant bien que mal dans la paille, sous le
1174
cet Enfant vrai qui naquit tant bien que mal dans
la
paille, sous le souffle d’un bœuf malodorant. Plus que dix jours pour
1175
qui naquit tant bien que mal dans la paille, sous
le
souffle d’un bœuf malodorant. Plus que dix jours pour acquérir dans c
1176
tant bien que mal dans la paille, sous le souffle
d’
un bœuf malodorant. Plus que dix jours pour acquérir dans cette aimabl
1177
jours pour acquérir dans cette aimable bousculade
la
bonne conscience que représente une table de famille chargée de cadea
1178
lade la bonne conscience que représente une table
de
famille chargée de cadeaux enveloppés de papiers brillants, verts, ro
1179
ience que représente une table de famille chargée
de
cadeaux enveloppés de papiers brillants, verts, rouges, argent et mor
1180
ne table de famille chargée de cadeaux enveloppés
de
papiers brillants, verts, rouges, argent et mordorés. Pourquoi ces éc
1181
anges éperdus ? Est-ce en souvenir du seul cadeau
de
paix jamais fait à l’humanité ? Ou bien cette fièvre de rivaliser dan
1182
en souvenir du seul cadeau de paix jamais fait à
l’
humanité ? Ou bien cette fièvre de rivaliser dans la dépense, en fin d
1183
x jamais fait à l’humanité ? Ou bien cette fièvre
de
rivaliser dans la dépense, en fin d’année, est-elle comme chez les pr
1184
humanité ? Ou bien cette fièvre de rivaliser dans
la
dépense, en fin d’année, est-elle comme chez les primitifs une manièr
1185
cette fièvre de rivaliser dans la dépense, en fin
d’
année, est-elle comme chez les primitifs une manière de conjurer le so
1186
s la dépense, en fin d’année, est-elle comme chez
les
primitifs une manière de conjurer le sort et de se rendre l’an nouvea
1187
ée, est-elle comme chez les primitifs une manière
de
conjurer le sort et de se rendre l’an nouveau propice ? Plus que dix
1188
comme chez les primitifs une manière de conjurer
le
sort et de se rendre l’an nouveau propice ? Plus que dix jours pour s
1189
les primitifs une manière de conjurer le sort et
de
se rendre l’an nouveau propice ? Plus que dix jours pour s’assurer un
1190
s une manière de conjurer le sort et de se rendre
l’
an nouveau propice ? Plus que dix jours pour s’assurer une place dans
1191
Plus que dix jours pour s’assurer une place dans
le
monde des familles, un droit à la chaleur des groupes. Et ceux qui se
1192
une place dans le monde des familles, un droit à
la
chaleur des groupes. Et ceux qui seront laissés dehors, ceux qui n’ap
1193
ppartiennent pas à une cellule sociale, formeront
la
foule de Times Square. Le coudoiement universel leur tiendra lieu d’i
1194
ent pas à une cellule sociale, formeront la foule
de
Times Square. Le coudoiement universel leur tiendra lieu d’intimité…
1195
lule sociale, formeront la foule de Times Square.
Le
coudoiement universel leur tiendra lieu d’intimité… Pour moi, j’irai
1196
quare. Le coudoiement universel leur tiendra lieu
d’
intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année à la messe de minuit des
1197
d’intimité… Pour moi, j’irai comme chaque année à
la
messe de minuit des protestants, dans la plus grande église gothique
1198
é… Pour moi, j’irai comme chaque année à la messe
de
minuit des protestants, dans la plus grande église gothique du monde,
1199
année à la messe de minuit des protestants, dans
la
plus grande église gothique du monde, la Cathédrale de Saint-Jean-de-
1200
ts, dans la plus grande église gothique du monde,
la
Cathédrale de Saint-Jean-de-Dieu, siège de l’évêque anglican de New Y
1201
us grande église gothique du monde, la Cathédrale
de
Saint-Jean-de-Dieu, siège de l’évêque anglican de New York. Dix mille
1202
monde, la Cathédrale de Saint-Jean-de-Dieu, siège
de
l’évêque anglican de New York. Dix mille personnes y chanteront des c
1203
de, la Cathédrale de Saint-Jean-de-Dieu, siège de
l’
évêque anglican de New York. Dix mille personnes y chanteront des caro
1204
de Saint-Jean-de-Dieu, siège de l’évêque anglican
de
New York. Dix mille personnes y chanteront des carols avant la proces
1205
Dix mille personnes y chanteront des carols avant
la
procession du chœur et du clergé, précédée de porteurs de torches à l
1206
ant la procession du chœur et du clergé, précédée
de
porteurs de torches à la Burne Jones. Et, comme chaque année, j’enten
1207
ssion du chœur et du clergé, précédée de porteurs
de
torches à la Burne Jones. Et, comme chaque année, j’entendrai le Cred
1208
r et du clergé, précédée de porteurs de torches à
la
Burne Jones. Et, comme chaque année, j’entendrai le Credo de Gretchan
1209
Burne Jones. Et, comme chaque année, j’entendrai
le
Credo de Gretchaninov et le motet de Prætorius, Une rose est née… Et
1210
nes. Et, comme chaque année, j’entendrai le Credo
de
Gretchaninov et le motet de Prætorius, Une rose est née… Et je me dir
1211
ue année, j’entendrai le Credo de Gretchaninov et
le
motet de Prætorius, Une rose est née… Et je me dirai que l’Amérique n
1212
j’entendrai le Credo de Gretchaninov et le motet
de
Prætorius, Une rose est née… Et je me dirai que l’Amérique n’a pas en
1213
e Prætorius, Une rose est née… Et je me dirai que
l’
Amérique n’a pas encore très bien compris les traditions, parce qu’ell
1214
i que l’Amérique n’a pas encore très bien compris
les
traditions, parce qu’elle les respecte un peu trop… Times Square, tou
1215
e très bien compris les traditions, parce qu’elle
les
respecte un peu trop… Times Square, tous ses feux rallumés, semblera
1216
lera célébrer un V Day, une nouvelle victoire sur
le
temps, comme si ce n’était pas lui qui gagne à tous les coups. Qu’app
1217
mps, comme si ce n’était pas lui qui gagne à tous
les
coups. Qu’apportera cette fin d’année ? Un dernier speech de La Guard
1218
ui gagne à tous les coups. Qu’apportera cette fin
d’
année ? Un dernier speech de La Guardia à la radio, révélant une derni
1219
u’apportera cette fin d’année ? Un dernier speech
de
La Guardia à la radio, révélant une dernière recette aux ménagères po
1220
pportera cette fin d’année ? Un dernier speech de
La
Guardia à la radio, révélant une dernière recette aux ménagères pour
1221
e fin d’année ? Un dernier speech de La Guardia à
la
radio, révélant une dernière recette aux ménagères pour cuire la dind
1222
ant une dernière recette aux ménagères pour cuire
la
dinde. Politicien rusé autant qu’honnête, gros petit homme à la face
1223
ticien rusé autant qu’honnête, gros petit homme à
la
face de clown, Fiorello, la Fleurette ou le Chapeau, comme le peuple
1224
usé autant qu’honnête, gros petit homme à la face
de
clown, Fiorello, la Fleurette ou le Chapeau, comme le peuple l’a bapt
1225
e, gros petit homme à la face de clown, Fiorello,
la
Fleurette ou le Chapeau, comme le peuple l’a baptisé, saisissant la b
1226
mme à la face de clown, Fiorello, la Fleurette ou
le
Chapeau, comme le peuple l’a baptisé, saisissant la baguette des main
1227
lown, Fiorello, la Fleurette ou le Chapeau, comme
le
peuple l’a baptisé, saisissant la baguette des mains du chef dirigera
1228
ello, la Fleurette ou le Chapeau, comme le peuple
l’
a baptisé, saisissant la baguette des mains du chef dirigera pour la d
1229
Chapeau, comme le peuple l’a baptisé, saisissant
la
baguette des mains du chef dirigera pour la dernière fois l’orchestre
1230
des mains du chef dirigera pour la dernière fois
l’
orchestre ou la fanfare d’un grand meeting. Sur le coup de minuit, le
1231
hef dirigera pour la dernière fois l’orchestre ou
la
fanfare d’un grand meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre, no
1232
a pour la dernière fois l’orchestre ou la fanfare
d’
un grand meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons
1233
l’orchestre ou la fanfare d’un grand meeting. Sur
le
coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de Ne
1234
tre ou la fanfare d’un grand meeting. Sur le coup
de
minuit, le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de New York.
1235
anfare d’un grand meeting. Sur le coup de minuit,
le
31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de New York. Tammany rev
1236
le coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons
le
meilleur maire de New York. Tammany reviendra au pouvoir. Et Roosevel
1237
, le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire
de
New York. Tammany reviendra au pouvoir. Et Roosevelt n’est pas rempla
1238
uvoir. Et Roosevelt n’est pas remplacé… Et toutes
les
utopies prévues par l’avant-guerre entreront dans la voie des réalisa
1239
t pas remplacé… Et toutes les utopies prévues par
l’
avant-guerre entreront dans la voie des réalisations. Déjà l’on met en
1240
utopies prévues par l’avant-guerre entreront dans
la
voie des réalisations. Déjà l’on met en vente la « bicyclette du ciel
1241
rre entreront dans la voie des réalisations. Déjà
l’
on met en vente la « bicyclette du ciel », un petit avion de 1000 doll
1242
la voie des réalisations. Déjà l’on met en vente
la
« bicyclette du ciel », un petit avion de 1000 dollars. Déjà les banq
1243
n vente la « bicyclette du ciel », un petit avion
de
1000 dollars. Déjà les banques de Buffalo ouvrent des guichets extéri
1244
e du ciel », un petit avion de 1000 dollars. Déjà
les
banques de Buffalo ouvrent des guichets extérieurs où l’on peut dépos
1245
un petit avion de 1000 dollars. Déjà les banques
de
Buffalo ouvrent des guichets extérieurs où l’on peut déposer de l’arg
1246
ues de Buffalo ouvrent des guichets extérieurs où
l’
on peut déposer de l’argent sans descendre de sa voiture. Déjà les bic
1247
rent des guichets extérieurs où l’on peut déposer
de
l’argent sans descendre de sa voiture. Déjà les biches et les daims s
1248
t des guichets extérieurs où l’on peut déposer de
l’
argent sans descendre de sa voiture. Déjà les biches et les daims sont
1249
s où l’on peut déposer de l’argent sans descendre
de
sa voiture. Déjà les biches et les daims sont amenés dans les forêts
1250
er de l’argent sans descendre de sa voiture. Déjà
les
biches et les daims sont amenés dans les forêts de chasse au moyen de
1251
sans descendre de sa voiture. Déjà les biches et
les
daims sont amenés dans les forêts de chasse au moyen de taxis aériens
1252
re. Déjà les biches et les daims sont amenés dans
les
forêts de chasse au moyen de taxis aériens. Déjà la télévision en cou
1253
s biches et les daims sont amenés dans les forêts
de
chasse au moyen de taxis aériens. Déjà la télévision en couleurs prou
1254
forêts de chasse au moyen de taxis aériens. Déjà
la
télévision en couleurs prouve qu’elle ne le cède en rien à la photogr
1255
Déjà la télévision en couleurs prouve qu’elle ne
le
cède en rien à la photographie pour « le brillant et la précision du
1256
n en couleurs prouve qu’elle ne le cède en rien à
la
photographie pour « le brillant et la précision du détail », qualités
1257
’elle ne le cède en rien à la photographie pour «
le
brillant et la précision du détail », qualités préférées de l’América
1258
e en rien à la photographie pour « le brillant et
la
précision du détail », qualités préférées de l’Américain. Déjà l’on n
1259
t et la précision du détail », qualités préférées
de
l’Américain. Déjà l’on nous annonce de Hollywood un superfilm sur la
1260
t la précision du détail », qualités préférées de
l’
Américain. Déjà l’on nous annonce de Hollywood un superfilm sur la bom
1261
détail », qualités préférées de l’Américain. Déjà
l’
on nous annonce de Hollywood un superfilm sur la bombe atomique, où le
1262
préférées de l’Américain. Déjà l’on nous annonce
de
Hollywood un superfilm sur la bombe atomique, où le love interest ne
1263
à l’on nous annonce de Hollywood un superfilm sur
la
bombe atomique, où le love interest ne manquera pas ; cependant que d
1264
Hollywood un superfilm sur la bombe atomique, où
le
love interest ne manquera pas ; cependant que déjà le New Yorker se m
1265
ove interest ne manquera pas ; cependant que déjà
le
New Yorker se moque des clichés à la mode au sujet de cette invention
1266
ant que déjà le New Yorker se moque des clichés à
la
mode au sujet de cette invention « qui signifie la fin de l’humanité
1267
a mode au sujet de cette invention « qui signifie
la
fin de l’humanité ou l’aube d’un âge d’or » à votre choix. Déjà, le S
1268
au sujet de cette invention « qui signifie la fin
de
l’humanité ou l’aube d’un âge d’or » à votre choix. Déjà, le Syndicat
1269
sujet de cette invention « qui signifie la fin de
l’
humanité ou l’aube d’un âge d’or » à votre choix. Déjà, le Syndicat de
1270
invention « qui signifie la fin de l’humanité ou
l’
aube d’un âge d’or » à votre choix. Déjà, le Syndicat des ouvriers de
1271
ion « qui signifie la fin de l’humanité ou l’aube
d’
un âge d’or » à votre choix. Déjà, le Syndicat des ouvriers de l’indus
1272
signifie la fin de l’humanité ou l’aube d’un âge
d’
or » à votre choix. Déjà, le Syndicat des ouvriers de l’industrie auto
1273
té ou l’aube d’un âge d’or » à votre choix. Déjà,
le
Syndicat des ouvriers de l’industrie automobile offre à Ford un contr
1274
r » à votre choix. Déjà, le Syndicat des ouvriers
de
l’industrie automobile offre à Ford un contrat collectif qui le proté
1275
à votre choix. Déjà, le Syndicat des ouvriers de
l’
industrie automobile offre à Ford un contrat collectif qui le protéger
1276
automobile offre à Ford un contrat collectif qui
le
protégera, lui le patron, contre les grèves irrégulières. Car la forc
1277
à Ford un contrat collectif qui le protégera, lui
le
patron, contre les grèves irrégulières. Car la force et l’initiative
1278
collectif qui le protégera, lui le patron, contre
les
grèves irrégulières. Car la force et l’initiative ont changé de camp,
1279
ui le patron, contre les grèves irrégulières. Car
la
force et l’initiative ont changé de camp, et les vainqueurs se montre
1280
, contre les grèves irrégulières. Car la force et
l’
initiative ont changé de camp, et les vainqueurs se montrent généreux.
1281
gulières. Car la force et l’initiative ont changé
de
camp, et les vainqueurs se montrent généreux. Et déjà les pasteurs et
1282
r la force et l’initiative ont changé de camp, et
les
vainqueurs se montrent généreux. Et déjà les pasteurs et les prêtres
1283
, et les vainqueurs se montrent généreux. Et déjà
les
pasteurs et les prêtres se préparent à parler du message de Noël aux
1284
urs se montrent généreux. Et déjà les pasteurs et
les
prêtres se préparent à parler du message de Noël aux « hommes de bonn
1285
s et les prêtres se préparent à parler du message
de
Noël aux « hommes de bonne volonté », répétant sans scrupules avec M.
1286
réparent à parler du message de Noël aux « hommes
de
bonne volonté », répétant sans scrupules avec M. Romains une grave er
1287
t sans scrupules avec M. Romains une grave erreur
de
traduction. Car l’Évangile dans le texte original dit simplement : «
1288
ec M. Romains une grave erreur de traduction. Car
l’
Évangile dans le texte original dit simplement : « Paix sur la terre,
1289
e grave erreur de traduction. Car l’Évangile dans
le
texte original dit simplement : « Paix sur la terre, bonne volonté (d
1290
ans le texte original dit simplement : « Paix sur
la
terre, bonne volonté (de Dieu) envers les hommes ». Est-il besoin de
1291
simplement : « Paix sur la terre, bonne volonté (
de
Dieu) envers les hommes ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves,
1292
Paix sur la terre, bonne volonté (de Dieu) envers
les
hommes ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves, et de la famine e
1293
onté (de Dieu) envers les hommes ». Est-il besoin
de
la bombe, et des grèves, et de la famine européenne, et de la guerre
1294
é (de Dieu) envers les hommes ». Est-il besoin de
la
bombe, et des grèves, et de la famine européenne, et de la guerre end
1295
s ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves, et
de
la famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, e
1296
. Est-il besoin de la bombe, et des grèves, et de
la
famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et d
1297
be, et des grèves, et de la famine européenne, et
de
la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la pe
1298
et des grèves, et de la famine européenne, et de
la
guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la peur
1299
e européenne, et de la guerre endémique dans tout
l’
Orient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui président aux
1300
et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et
de
la méfiance et de la peur réciproques qui président aux rapports des
1301
de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de
la
méfiance et de la peur réciproques qui président aux rapports des nat
1302
ndémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et
de
la peur réciproques qui président aux rapports des nations, et de l’a
1303
mique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de
la
peur réciproques qui président aux rapports des nations, et de l’anti
1304
roques qui président aux rapports des nations, et
de
l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de
1305
ues qui président aux rapports des nations, et de
l’
antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de l’E
1306
x rapports des nations, et de l’antisémitisme, et
de
l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de l’Europe, pour que nous
1307
apports des nations, et de l’antisémitisme, et de
l’
antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de l’Europe, pour que nous co
1308
et de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et
de
l’antiaméricanisme de l’Europe, pour que nous comprenions que les hom
1309
de l’antisémitisme, et de l’antisoviétisme, et de
l’
antiaméricanisme de l’Europe, pour que nous comprenions que les hommes
1310
et de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme
de
l’Europe, pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bo
1311
de l’antisoviétisme, et de l’antiaméricanisme de
l’
Europe, pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bonne
1312
anisme de l’Europe, pour que nous comprenions que
les
hommes ont fort peu de bonne volonté ? La plupart sont involontaires.
1313
nt que subir leur condition. À Times Square, dans
la
foule compacte et lente, dans la rumeur assourdissante des petites tr
1314
mes Square, dans la foule compacte et lente, dans
la
rumeur assourdissante des petites trompettes de foire et des crécelle
1315
s la rumeur assourdissante des petites trompettes
de
foire et des crécelles, GI Joe, le combattant moyen, se dira : « Well
1316
tes trompettes de foire et des crécelles, GI Joe,
le
combattant moyen, se dira : « Well, c’était donc pour tout cela… »
1317
tait donc pour tout cela… » j. Rougemont Denis
de
, « Noël à New York », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, décem
1318
Rougemont Denis de, « Noël à New York », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, décembre 1946, p. 295-296.
1319
gemont Denis de, « Noël à New York », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, décembre 1946, p. 295-296.
1320
Slums (janvier 1947)k l
La
75e rue n’a rien de particulier. Elle part luxueusement de la Cinquiè
1321
Slums (janvier 1947)k l La 75e rue n’a rien
de
particulier. Elle part luxueusement de la Cinquième Avenue et de Cent
1322
e n’a rien de particulier. Elle part luxueusement
de
la Cinquième Avenue et de Central Park, traverse en direction de l’es
1323
Elle part luxueusement de la Cinquième Avenue et
de
Central Park, traverse en direction de l’est de beaux quartiers gris
1324
Avenue et de Central Park, traverse en direction
de
l’est de beaux quartiers gris clair d’un gothique sobre et astiqué, c
1325
enue et de Central Park, traverse en direction de
l’
est de beaux quartiers gris clair d’un gothique sobre et astiqué, chan
1326
t de Central Park, traverse en direction de l’est
de
beaux quartiers gris clair d’un gothique sobre et astiqué, change sub
1327
direction de l’est de beaux quartiers gris clair
d’
un gothique sobre et astiqué, change subitement d’aspect et tourne au
1328
d’un gothique sobre et astiqué, change subitement
d’
aspect et tourne au populaire un demi-block après Lexington Avenue, pe
1329
n Avenue, perd toute tenue dès qu’elle a traversé
les
piliers du métro aérien qui longe encore la Troisième Avenue, s’anime
1330
la Troisième Avenue, s’anime alors dangereusement
d’
enfants s’exerçant au base-ball parmi des seaux d’ordures plus hauts q
1331
d’enfants s’exerçant au base-ball parmi des seaux
d’
ordures plus hauts qu’eux et des tourbillons fous de papiers sales, po
1332
ordures plus hauts qu’eux et des tourbillons fous
de
papiers sales, pour s’ouvrir enfin toute béante sur les fumées de l’E
1333
piers sales, pour s’ouvrir enfin toute béante sur
les
fumées de l’East River, au terme d’un parcours rectiligne d’un kilomè
1334
, pour s’ouvrir enfin toute béante sur les fumées
de
l’East River, au terme d’un parcours rectiligne d’un kilomètre et dem
1335
our s’ouvrir enfin toute béante sur les fumées de
l’
East River, au terme d’un parcours rectiligne d’un kilomètre et demi,
1336
e béante sur les fumées de l’East River, au terme
d’
un parcours rectiligne d’un kilomètre et demi, sans changer de largeur
1337
e l’East River, au terme d’un parcours rectiligne
d’
un kilomètre et demi, sans changer de largeur. (Seuls les trottoirs se
1338
s rectiligne d’un kilomètre et demi, sans changer
de
largeur. (Seuls les trottoirs se rétrécissent.) Cette rue, comme cent
1339
ilomètre et demi, sans changer de largeur. (Seuls
les
trottoirs se rétrécissent.) Cette rue, comme cent autres pareilles, f
1340
, comme cent autres pareilles, fait voir en coupe
la
société américaine. C’est une coupe mégaloscopique — le contraire de
1341
iété américaine. C’est une coupe mégaloscopique —
le
contraire de microscopique — permettant l’examen à l’œil nu. Décrivon
1342
ne. C’est une coupe mégaloscopique — le contraire
de
microscopique — permettant l’examen à l’œil nu. Décrivons sa partie i
1343
ique — le contraire de microscopique — permettant
l’
examen à l’œil nu. Décrivons sa partie inférieure. La rue huileuse, p
1344
ontraire de microscopique — permettant l’examen à
l’
œil nu. Décrivons sa partie inférieure. La rue huileuse, parsemée de
1345
amen à l’œil nu. Décrivons sa partie inférieure.
La
rue huileuse, parsemée de vieilles lettres, de bouts de bois et d’écl
1346
sa partie inférieure. La rue huileuse, parsemée
de
vieilles lettres, de bouts de bois et d’éclats de verre. Des tas de n
1347
. La rue huileuse, parsemée de vieilles lettres,
de
bouts de bois et d’éclats de verre. Des tas de neige noircissent au r
1348
huileuse, parsemée de vieilles lettres, de bouts
de
bois et d’éclats de verre. Des tas de neige noircissent au rebord des
1349
parsemée de vieilles lettres, de bouts de bois et
d’
éclats de verre. Des tas de neige noircissent au rebord des trottoirs.
1350
de vieilles lettres, de bouts de bois et d’éclats
de
verre. Des tas de neige noircissent au rebord des trottoirs. Les enfa
1351
s, de bouts de bois et d’éclats de verre. Des tas
de
neige noircissent au rebord des trottoirs. Les enfants qui ne jouent
1352
tas de neige noircissent au rebord des trottoirs.
Les
enfants qui ne jouent plus à la balle parce que la nuit vient de desc
1353
d des trottoirs. Les enfants qui ne jouent plus à
la
balle parce que la nuit vient de descendre — depuis cinq ans que je c
1354
s enfants qui ne jouent plus à la balle parce que
la
nuit vient de descendre — depuis cinq ans que je circule dans cette v
1355
cette ville, je n’ai jamais été touché, ils sont
d’
une folle brutalité, mais surpassée par leur adresse — allument des fe
1356
leur adresse — allument des feux avec des arbres
de
Noël roussis, des morceaux de caisses, d’immenses cartonnages goudron
1357
eux avec des arbres de Noël roussis, des morceaux
de
caisses, d’immenses cartonnages goudronnés. Flammes gaies sur le couc
1358
arbres de Noël roussis, des morceaux de caisses,
d’
immenses cartonnages goudronnés. Flammes gaies sur le couchant rose et
1359
mmenses cartonnages goudronnés. Flammes gaies sur
le
couchant rose et fuligineux, en rectangle au bout de la rue, légèreme
1360
chant rose et fuligineux, en rectangle au bout de
la
rue, légèrement mordue par la silhouette des escaliers de sauvetage.
1361
ectangle au bout de la rue, légèrement mordue par
la
silhouette des escaliers de sauvetage. Ces grands seaux à ordures en
1362
légèrement mordue par la silhouette des escaliers
de
sauvetage. Ces grands seaux à ordures en métal, rarement ou mal vidés
1363
ment ou mal vidés dans ce quartier, débordent sur
la
neige entre les escaliers de quatre marches qui conduisent aux portes
1364
és dans ce quartier, débordent sur la neige entre
les
escaliers de quatre marches qui conduisent aux portes d’entrée. Porte
1365
rtier, débordent sur la neige entre les escaliers
de
quatre marches qui conduisent aux portes d’entrée. Portes étroites, o
1366
liers de quatre marches qui conduisent aux portes
d’
entrée. Portes étroites, ouvrant sur des couloirs hauts et profonds où
1367
nds où deux personnes peuvent à peine se croiser.
L’
angoisse me prend chaque fois que j’y pénètre. (Rappel inconscient de
1368
chaque fois que j’y pénètre. (Rappel inconscient
de
la naissance, me dirait un psychanalyste.) Les boîtes à lettres porte
1369
aque fois que j’y pénètre. (Rappel inconscient de
la
naissance, me dirait un psychanalyste.) Les boîtes à lettres portent
1370
ent de la naissance, me dirait un psychanalyste.)
Les
boîtes à lettres portent des noms en cek, nous sommes dans le quartie
1371
lettres portent des noms en cek, nous sommes dans
le
quartier slovaque. Je gravis l’escalier jusqu’au troisième. La porte
1372
nous sommes dans le quartier slovaque. Je gravis
l’
escalier jusqu’au troisième. La porte donne dans la cuisine. En face d
1373
lovaque. Je gravis l’escalier jusqu’au troisième.
La
porte donne dans la cuisine. En face du fourneau à charbon, qui est c
1374
’escalier jusqu’au troisième. La porte donne dans
la
cuisine. En face du fourneau à charbon, qui est censé chauffer l’appa
1375
ace du fourneau à charbon, qui est censé chauffer
l’
appartement, une espèce de baignoire couverte et fort étroite se dress
1376
qui est censé chauffer l’appartement, une espèce
de
baignoire couverte et fort étroite se dresse sur quatre pieds de font
1377
uverte et fort étroite se dresse sur quatre pieds
de
fonte : il faudrait monter sur une chaise pour y entrer. De la cuisin
1378
il faudrait monter sur une chaise pour y entrer.
De
la cuisine, on passe par une baie sans porte dans le front room, qui
1379
faudrait monter sur une chaise pour y entrer. De
la
cuisine, on passe par une baie sans porte dans le front room, qui don
1380
la cuisine, on passe par une baie sans porte dans
le
front room, qui donne sur la rue. De l’autre côté de la cuisine, deux
1381
baie sans porte dans le front room, qui donne sur
la
rue. De l’autre côté de la cuisine, deux petites chambres sans fenêtr
1382
s porte dans le front room, qui donne sur la rue.
De
l’autre côté de la cuisine, deux petites chambres sans fenêtres ni po
1383
front room, qui donne sur la rue. De l’autre côté
de
la cuisine, deux petites chambres sans fenêtres ni portes, suivies d’
1384
nt room, qui donne sur la rue. De l’autre côté de
la
cuisine, deux petites chambres sans fenêtres ni portes, suivies d’une
1385
petites chambres sans fenêtres ni portes, suivies
d’
une autre pièce plus large sur la cour. Ce logis, qui n’est guère qu’u
1386
portes, suivies d’une autre pièce plus large sur
la
cour. Ce logis, qui n’est guère qu’un corridor légèrement cloisonné,
1387
’un corridor légèrement cloisonné, s’annonce dans
les
journaux : « cinq pièces, eau chaude et bains ». Il existe dans Manha
1388
t bains ». Il existe dans Manhattan des centaines
de
milliers de logis construits sur ce même type : deux pièces claires s
1389
l existe dans Manhattan des centaines de milliers
de
logis construits sur ce même type : deux pièces claires sur cour et s
1390
reliées par deux ou trois alvéoles aveugles. Tout
l’
East Side populaire est ainsi, sur une vingtaine de kilomètres. Je me
1391
’East Side populaire est ainsi, sur une vingtaine
de
kilomètres. Je me penche à la fenêtre, au-dessus de la cour. Le sol e
1392
, sur une vingtaine de kilomètres. Je me penche à
la
fenêtre, au-dessus de la cour. Le sol est jonché de plâtras, de journ
1393
kilomètres. Je me penche à la fenêtre, au-dessus
de
la cour. Le sol est jonché de plâtras, de journaux, de chiffons qui b
1394
lomètres. Je me penche à la fenêtre, au-dessus de
la
cour. Le sol est jonché de plâtras, de journaux, de chiffons qui boug
1395
Je me penche à la fenêtre, au-dessus de la cour.
Le
sol est jonché de plâtras, de journaux, de chiffons qui bougent, ou c
1396
fenêtre, au-dessus de la cour. Le sol est jonché
de
plâtras, de journaux, de chiffons qui bougent, ou ce sont peut-être d
1397
-dessus de la cour. Le sol est jonché de plâtras,
de
journaux, de chiffons qui bougent, ou ce sont peut-être des chats. De
1398
cour. Le sol est jonché de plâtras, de journaux,
de
chiffons qui bougent, ou ce sont peut-être des chats. Des cordes tend
1399
sont peut-être des chats. Des cordes tendues sur
l’
abîme supportent des lessives et de grands draps claquants. Du haut en
1400
es tendues sur l’abîme supportent des lessives et
de
grands draps claquants. Du haut en bas des façades de brique zigzague
1401
rands draps claquants. Du haut en bas des façades
de
brique zigzaguent les noirs escaliers de sauvetage. Dans un sous-sol
1402
. Du haut en bas des façades de brique zigzaguent
les
noirs escaliers de sauvetage. Dans un sous-sol violemment éclairé, je
1403
façades de brique zigzaguent les noirs escaliers
de
sauvetage. Dans un sous-sol violemment éclairé, je vois quelques Chin
1404
se femme en peignoir qui se farde à gestes menus.
Le
concierge irlandais hurle dans l’escalier. Des enfants pleurent parmi
1405
à gestes menus. Le concierge irlandais hurle dans
l’
escalier. Des enfants pleurent parmi les radios nostalgiques, des fenê
1406
hurle dans l’escalier. Des enfants pleurent parmi
les
radios nostalgiques, des fenêtres s’allument et s’éteignent. On peut
1407
ais dans un cadre strictement rectangulaire. Tous
les
objets qu’on voit sont des rectangles, à part les chiffons et les cha
1408
les objets qu’on voit sont des rectangles, à part
les
chiffons et les chats. Les façades, hauts rectangles troués de lumièr
1409
voit sont des rectangles, à part les chiffons et
les
chats. Les façades, hauts rectangles troués de lumières et de scènes
1410
des rectangles, à part les chiffons et les chats.
Les
façades, hauts rectangles troués de lumières et de scènes du soir, s’
1411
t les chats. Les façades, hauts rectangles troués
de
lumières et de scènes du soir, s’étagent en silhouettes sur le ciel r
1412
s façades, hauts rectangles troués de lumières et
de
scènes du soir, s’étagent en silhouettes sur le ciel rouge. Une radio
1413
t de scènes du soir, s’étagent en silhouettes sur
le
ciel rouge. Une radio clame Amapola, plus fort que tout, dans la cour
1414
Une radio clame Amapola, plus fort que tout, dans
la
cour où les draps au vent font de grands gestes frénétiques. New York
1415
lame Amapola, plus fort que tout, dans la cour où
les
draps au vent font de grands gestes frénétiques. New York possède aus
1416
que tout, dans la cour où les draps au vent font
de
grands gestes frénétiques. New York possède aussi deux-cents gratte-c
1417
ew York possède aussi deux-cents gratte-ciel pour
les
bureaux, et quelques belles avenues de résidences pour les directeurs
1418
ciel pour les bureaux, et quelques belles avenues
de
résidences pour les directeurs de bureaux. C’est ce qu’on en voit de
1419
ux, et quelques belles avenues de résidences pour
les
directeurs de bureaux. C’est ce qu’on en voit de l’étranger. k. Ro
1420
belles avenues de résidences pour les directeurs
de
bureaux. C’est ce qu’on en voit de l’étranger. k. Rougemont Denis
1421
les directeurs de bureaux. C’est ce qu’on en voit
de
l’étranger. k. Rougemont Denis de, « Slums », Bulletin de la Guild
1422
directeurs de bureaux. C’est ce qu’on en voit de
l’
étranger. k. Rougemont Denis de, « Slums », Bulletin de la Guilde d
1423
u’on en voit de l’étranger. k. Rougemont Denis
de
, « Slums », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, janvier 1947, p
1424
er. k. Rougemont Denis de, « Slums », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, janvier 1947, p. 15-16. l. Précédé de
1425
k. Rougemont Denis de, « Slums », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, janvier 1947, p. 15-16. l. Précédé de la
1426
re, Lausanne, janvier 1947, p. 15-16. l. Précédé
de
la note suivante : « Extrait du Journal des deux mondes . »
1427
Lausanne, janvier 1947, p. 15-16. l. Précédé de
la
note suivante : « Extrait du Journal des deux mondes . »
1428
Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle ? Et
les
tristes discours… … Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Ne se r
1429
e se retrouve pas ? Malherbe Différence entre
les
Accusations et les Calomnies. On ne peut donner aux gardiens de la li
1430
Malherbe Différence entre les Accusations et
les
Calomnies. On ne peut donner aux gardiens de la liberté d’un État un
1431
et les Calomnies. On ne peut donner aux gardiens
de
la liberté d’un État un droit plus utile et plus nécessaire que celui
1432
les Calomnies. On ne peut donner aux gardiens de
la
liberté d’un État un droit plus utile et plus nécessaire que celui de
1433
ies. On ne peut donner aux gardiens de la liberté
d’
un État un droit plus utile et plus nécessaire que celui de pouvoir ac
1434
un droit plus utile et plus nécessaire que celui
de
pouvoir accuser, soit devant le peuple, soit devant un magistrat ou t
1435
essaire que celui de pouvoir accuser, soit devant
le
peuple, soit devant un magistrat ou tribunal quelconque, les citoyens
1436
soit devant un magistrat ou tribunal quelconque,
les
citoyens qui auraient commis un délit contre cette liberté… Mais auta
1437
cusations sont utiles dans une république, autant
les
calomnies sont dangereuses et sans but… On accuse les citoyens devant
1438
calomnies sont dangereuses et sans but… On accuse
les
citoyens devant les magistrats, on les calomnie sur les places publiq
1439
reuses et sans but… On accuse les citoyens devant
les
magistrats, on les calomnie sur les places publiques, dans les assemb
1440
On accuse les citoyens devant les magistrats, on
les
calomnie sur les places publiques, dans les assemblées particulières.
1441
toyens devant les magistrats, on les calomnie sur
les
places publiques, dans les assemblées particulières. Machiavel : Dis
1442
s, on les calomnie sur les places publiques, dans
les
assemblées particulières. Machiavel : Discours sur la Première Décad
1443
res. Machiavel : Discours sur la Première Décade
de
Tite-Live, chap. VII. Une accusation Le 13 novembre 1947, on po
1444
ade de Tite-Live, chap. VII. Une accusation
Le
13 novembre 1947, on pouvait lire dans notre presse de copieux compte
1445
novembre 1947, on pouvait lire dans notre presse
de
copieux comptes rendus de la plaidoirie prononcée par Me Duperrier lo
1446
lire dans notre presse de copieux comptes rendus
de
la plaidoirie prononcée par Me Duperrier lors du procès de son client
1447
re dans notre presse de copieux comptes rendus de
la
plaidoirie prononcée par Me Duperrier lors du procès de son client Ge
1448
idoirie prononcée par Me Duperrier lors du procès
de
son client Georges Oltramare. Ainsi dans la Gazette de Lausanne :
1449
rocès de son client Georges Oltramare. Ainsi dans
la
Gazette de Lausanne : Un rapprochement surprenant Me Duperrier, br
1450
client Georges Oltramare. Ainsi dans la Gazette
de
Lausanne : Un rapprochement surprenant Me Duperrier, brandissant le
1451
approchement surprenant Me Duperrier, brandissant
le
livre de Denis de Rougemont, Journal des deux mondes , se lance alor
1452
ent surprenant Me Duperrier, brandissant le livre
de
Denis de Rougemont, Journal des deux mondes , se lance alors à corps
1453
corps perdu dans une accusation qui ne laisse pas
de
susciter l’étonnement de l’auditoire. Après s’être livré à quelques p
1454
dans une accusation qui ne laisse pas de susciter
l’
étonnement de l’auditoire. Après s’être livré à quelques persiflages d
1455
sation qui ne laisse pas de susciter l’étonnement
de
l’auditoire. Après s’être livré à quelques persiflages de fort mauvai
1456
ion qui ne laisse pas de susciter l’étonnement de
l’
auditoire. Après s’être livré à quelques persiflages de fort mauvais g
1457
itoire. Après s’être livré à quelques persiflages
de
fort mauvais goût contre l’écrivain neuchâtelois auquel il décerne fa
1458
quelques persiflages de fort mauvais goût contre
l’
écrivain neuchâtelois auquel il décerne faussement le titre de corresp
1459
crivain neuchâtelois auquel il décerne faussement
le
titre de correspondant attitré de notre journal, il lit à la cour l’a
1460
euchâtelois auquel il décerne faussement le titre
de
correspondant attitré de notre journal, il lit à la cour l’admirable
1461
erne faussement le titre de correspondant attitré
de
notre journal, il lit à la cour l’admirable morceau que de Rougemont
1462
correspondant attitré de notre journal, il lit à
la
cour l’admirable morceau que de Rougemont a dédié à Paris envahi par
1463
ondant attitré de notre journal, il lit à la cour
l’
admirable morceau que de Rougemont a dédié à Paris envahi par les Alle
1464
rceau que de Rougemont a dédié à Paris envahi par
les
Allemands et qui, paru dans la Gazette en juin 1940, lui valut une sa
1465
Paris envahi par les Allemands et qui, paru dans
la
Gazette en juin 1940, lui valut une sanction de la censure. L’écrivai
1466
s la Gazette en juin 1940, lui valut une sanction
de
la censure. L’écrivain ayant quitté peu après la Suisse pour les État
1467
a Gazette en juin 1940, lui valut une sanction de
la
censure. L’écrivain ayant quitté peu après la Suisse pour les États-U
1468
juin 1940, lui valut une sanction de la censure.
L’
écrivain ayant quitté peu après la Suisse pour les États-Unis, l’avoca
1469
de la censure. L’écrivain ayant quitté peu après
la
Suisse pour les États-Unis, l’avocat se croit dès lors fondé à assimi
1470
L’écrivain ayant quitté peu après la Suisse pour
les
États-Unis, l’avocat se croit dès lors fondé à assimiler sa situation
1471
t quitté peu après la Suisse pour les États-Unis,
l’
avocat se croit dès lors fondé à assimiler sa situation à celle de son
1472
t dès lors fondé à assimiler sa situation à celle
de
son client. « Si ces deux hommes ont pris ensuite des chemins opposés
1473
deux hommes ont pris ensuite des chemins opposés,
le
départ est le même », affirme l’avocat qui cite longuement les passag
1474
t pris ensuite des chemins opposés, le départ est
le
même », affirme l’avocat qui cite longuement les passages où Denis de
1475
chemins opposés, le départ est le même », affirme
l’
avocat qui cite longuement les passages où Denis de Rongement relate s
1476
t le même », affirme l’avocat qui cite longuement
les
passages où Denis de Rongement relate son activité d’homme de lettres
1477
assages où Denis de Rongement relate son activité
d’
homme de lettres à la radio américaine. J’ai l’honneur, M. le procureu
1478
où Denis de Rongement relate son activité d’homme
de
lettres à la radio américaine. J’ai l’honneur, M. le procureur généra
1479
ongement relate son activité d’homme de lettres à
la
radio américaine. J’ai l’honneur, M. le procureur général, s’écrie Me
1480
té d’homme de lettres à la radio américaine. J’ai
l’
honneur, M. le procureur général, s’écrie Me Duperrier, de me faire ic
1481
lettres à la radio américaine. J’ai l’honneur, M.
le
procureur général, s’écrie Me Duperrier, de me faire ici le dénonciat
1482
r, M. le procureur général, s’écrie Me Duperrier,
de
me faire ici le dénonciateur de Denis de Rougemont. et dans la Feuil
1483
ur général, s’écrie Me Duperrier, de me faire ici
le
dénonciateur de Denis de Rougemont. et dans la Feuille d’Avis de Neu
1484
rie Me Duperrier, de me faire ici le dénonciateur
de
Denis de Rougemont. et dans la Feuille d’Avis de Neuchâtel : Les pl
1485
i le dénonciateur de Denis de Rougemont. et dans
la
Feuille d’Avis de Neuchâtel : Les plaidoiries au procès Oltramare :
1486
iateur de Denis de Rougemont. et dans la Feuille
d’
Avis de Neuchâtel : Les plaidoiries au procès Oltramare : où il est q
1487
de Denis de Rougemont. et dans la Feuille d’Avis
de
Neuchâtel : Les plaidoiries au procès Oltramare : où il est question
1488
emont. et dans la Feuille d’Avis de Neuchâtel :
Les
plaidoiries au procès Oltramare : où il est question de Denis de Roug
1489
idoiries au procès Oltramare : où il est question
de
Denis de Rougemont L’avocat fait ensuite un parallèle entre l’attitud
1490
ramare : où il est question de Denis de Rougemont
L’
avocat fait ensuite un parallèle entre l’attitude de son client et cel
1491
ougemont L’avocat fait ensuite un parallèle entre
l’
attitude de son client et celle de l’écrivain Denis de Rougemont qui,
1492
avocat fait ensuite un parallèle entre l’attitude
de
son client et celle de l’écrivain Denis de Rougemont qui, constate le
1493
parallèle entre l’attitude de son client et celle
de
l’écrivain Denis de Rougemont qui, constate le défenseur d’Oltramare,
1494
allèle entre l’attitude de son client et celle de
l’
écrivain Denis de Rougemont qui, constate le défenseur d’Oltramare, es
1495
le de l’écrivain Denis de Rougemont qui, constate
le
défenseur d’Oltramare, est allé se mettre au service de la BBO. Il se
1496
ain Denis de Rougemont qui, constate le défenseur
d’
Oltramare, est allé se mettre au service de la BBO. Il se demande si,
1497
enseur d’Oltramare, est allé se mettre au service
de
la BBO. Il se demande si, ce faisant, Denis de Rougemont n’a pas mis
1498
eur d’Oltramare, est allé se mettre au service de
la
BBO. Il se demande si, ce faisant, Denis de Rougemont n’a pas mis la
1499
de si, ce faisant, Denis de Rougemont n’a pas mis
la
sécurité du pays en danger. Une calomnie Peu de temps auparava
1500
ger. Une calomnie Peu de temps auparavant,
les
Éditions Fontaine, à Paris, avaient publié le recueil des conférences
1501
t, les Éditions Fontaine, à Paris, avaient publié
le
recueil des conférences prononcées l’hiver dernier en Sorbonne sous l
1502
ient publié le recueil des conférences prononcées
l’
hiver dernier en Sorbonne sous les auspices de l’Unesco. À la page 100
1503
ences prononcées l’hiver dernier en Sorbonne sous
les
auspices de l’Unesco. À la page 100 de ce recueil, M. Aragon déclare
1504
ées l’hiver dernier en Sorbonne sous les auspices
de
l’Unesco. À la page 100 de ce recueil, M. Aragon déclare que je n’ai
1505
l’hiver dernier en Sorbonne sous les auspices de
l’
Unesco. À la page 100 de ce recueil, M. Aragon déclare que je n’ai « j
1506
nier en Sorbonne sous les auspices de l’Unesco. À
la
page 100 de ce recueil, M. Aragon déclare que je n’ai « jamais cessé
1507
onne sous les auspices de l’Unesco. À la page 100
de
ce recueil, M. Aragon déclare que je n’ai « jamais cessé au temps de
1508
lare que je n’ai « jamais cessé au temps de Vichy
d’
être publié en France », et il insinue que si j’attaque aujourd’hui le
1509
nce », et il insinue que si j’attaque aujourd’hui
le
nationalisme, c’est pour mieux « passer sous silence l’hitlérisme ».
1510
ionalisme, c’est pour mieux « passer sous silence
l’
hitlérisme ». Qui croire ? Ainsi donc, selon Me Duperrier, j’ai
1511
e ? Ainsi donc, selon Me Duperrier, j’ai passé
le
temps de la guerre à « mettre en danger la sécurité de mon pays », et
1512
nsi donc, selon Me Duperrier, j’ai passé le temps
de
la guerre à « mettre en danger la sécurité de mon pays », et cela par
1513
donc, selon Me Duperrier, j’ai passé le temps de
la
guerre à « mettre en danger la sécurité de mon pays », et cela par mo
1514
passé le temps de la guerre à « mettre en danger
la
sécurité de mon pays », et cela par mon activité antinazie, tandis qu
1515
mps de la guerre à « mettre en danger la sécurité
de
mon pays », et cela par mon activité antinazie, tandis que, d’après A
1516
nazie, tandis que, d’après Aragon, j’aurais passé
le
même temps à « passer sous silence » le nazisme et l’antisémitisme, e
1517
ais passé le même temps à « passer sous silence »
le
nazisme et l’antisémitisme, et cela pour publier mes livres sous Vich
1518
ême temps à « passer sous silence » le nazisme et
l’
antisémitisme, et cela pour publier mes livres sous Vichy, c’est-à-dir
1519
blier mes livres sous Vichy, c’est-à-dire du côté
d’
Oltramare. Ces deux griefs s’accordant mal, qui devons-nous croire ? R
1520
tribunal, a brandi ses preuves : mon Journal dans
l’
édition reliée de la Guilde. Tandis que M. Aragon, devant une « assemb
1521
i ses preuves : mon Journal dans l’édition reliée
de
la Guilde. Tandis que M. Aragon, devant une « assemblée particulière
1522
es preuves : mon Journal dans l’édition reliée de
la
Guilde. Tandis que M. Aragon, devant une « assemblée particulière »,
1523
été bien empêché, car si quelqu’un n’a pas cessé
d’
être publié sous Vichy, c’est lui et non pas moi ; et si quelqu’un a v
1524
Avec Tite-Live et son commentateur, je suis pour
les
accusations mais contre les calomnies, parce que je suis pour la libe
1525
ntateur, je suis pour les accusations mais contre
les
calomnies, parce que je suis pour la liberté qui est du courage mais
1526
mais contre les calomnies, parce que je suis pour
la
liberté qui est du courage mais contre la licence qui est du fanatism
1527
is pour la liberté qui est du courage mais contre
la
licence qui est du fanatisme, ou de la lâcheté, ou simplement (reston
1528
e mais contre la licence qui est du fanatisme, ou
de
la lâcheté, ou simplement (restons courtois) de l’étourderie. Où j
1529
ais contre la licence qui est du fanatisme, ou de
la
lâcheté, ou simplement (restons courtois) de l’étourderie. Où je m
1530
u de la lâcheté, ou simplement (restons courtois)
de
l’étourderie. Où je me vois sommé de répondre Lorsque j’ai lu d
1531
e la lâcheté, ou simplement (restons courtois) de
l’
étourderie. Où je me vois sommé de répondre Lorsque j’ai lu de q
1532
courtois) de l’étourderie. Où je me vois sommé
de
répondre Lorsque j’ai lu de quoi l’on accusait Georges Oltramare,
1533
ù je me vois sommé de répondre Lorsque j’ai lu
de
quoi l’on accusait Georges Oltramare, quelques jours avant son procès
1534
vois sommé de répondre Lorsque j’ai lu de quoi
l’
on accusait Georges Oltramare, quelques jours avant son procès, je me
1535
me suis dit, songeant à ma propre action pendant
la
guerre : « Quel curieux parallèle et quel joli contraste ! Se trouver
1536
joli contraste ! Se trouvera-t-il quelqu’un pour
les
relever ? » Et puis les circonstances de ma vie ne m’ont plus laissé
1537
uvera-t-il quelqu’un pour les relever ? » Et puis
les
circonstances de ma vie ne m’ont plus laissé le loisir d’y penser, ni
1538
un pour les relever ? » Et puis les circonstances
de
ma vie ne m’ont plus laissé le loisir d’y penser, ni même de bien lir
1539
les circonstances de ma vie ne m’ont plus laissé
le
loisir d’y penser, ni même de bien lire les journaux. Mais voici ce m
1540
nstances de ma vie ne m’ont plus laissé le loisir
d’
y penser, ni même de bien lire les journaux. Mais voici ce matin sur m
1541
e m’ont plus laissé le loisir d’y penser, ni même
de
bien lire les journaux. Mais voici ce matin sur mon bureau une de ces
1542
laissé le loisir d’y penser, ni même de bien lire
les
journaux. Mais voici ce matin sur mon bureau une de ces lettres-éclai
1543
journaux. Mais voici ce matin sur mon bureau une
de
ces lettres-éclair de notre directeur : « Les journalistes, dit-il, m
1544
ce matin sur mon bureau une de ces lettres-éclair
de
notre directeur : « Les journalistes, dit-il, m’accablent de téléphon
1545
une de ces lettres-éclair de notre directeur : «
Les
journalistes, dit-il, m’accablent de téléphones et dérangent mon trav
1546
recteur : « Les journalistes, dit-il, m’accablent
de
téléphones et dérangent mon travail pour me demander mon opinion sur
1547
emander mon opinion sur cette affaire… » Il joint
l’
extrait de la Gazette qu’on vient de lire et m’enjoint de « saisir l
1548
n opinion sur cette affaire… » Il joint l’extrait
de
la Gazette qu’on vient de lire et m’enjoint de « saisir l’occasion
1549
pinion sur cette affaire… » Il joint l’extrait de
la
Gazette qu’on vient de lire et m’enjoint de « saisir l’occasion d’u
1550
de la Gazette qu’on vient de lire et m’enjoint
de
« saisir l’occasion d’un papier ». Si je comprends bien, il veut sa p
1551
tte qu’on vient de lire et m’enjoint de « saisir
l’
occasion d’un papier ». Si je comprends bien, il veut sa paix, et me l
1552
vient de lire et m’enjoint de « saisir l’occasion
d’
un papier ». Si je comprends bien, il veut sa paix, et me laisse le so
1553
je comprends bien, il veut sa paix, et me laisse
le
soin de répondre aux téléphones. OK ! disent les Américains. Pendant
1554
rends bien, il veut sa paix, et me laisse le soin
de
répondre aux téléphones. OK ! disent les Américains. Pendant qu’il ad
1555
e le soin de répondre aux téléphones. OK ! disent
les
Américains. Pendant qu’il administre, amusons-nous. Où je réponds
1556
ministre, amusons-nous. Où je réponds Voici
le
raisonnement qu’a tenu devant la cour le bouillant Me Duperrier : — R
1557
réponds Voici le raisonnement qu’a tenu devant
la
cour le bouillant Me Duperrier : — Rougemont s’est mis au service d’u
1558
Voici le raisonnement qu’a tenu devant la cour
le
bouillant Me Duperrier : — Rougemont s’est mis au service d’une propa
1559
t Me Duperrier : — Rougemont s’est mis au service
d’
une propagande étrangère, comme Oltramare ; il a parlé à la radio, com
1560
pagande étrangère, comme Oltramare ; il a parlé à
la
radio, comme Oltramare ; et hors de Suisse, comme Oltramare encore. L
1561
mare ; et hors de Suisse, comme Oltramare encore.
Les
deux cas étant identiques, il faut donc condamner Rougemont, mais il
1562
n est pas un, mais combine deux absurdités. 1. Si
l’
on admet avec cet avocat que j’ai vraiment agi comme son client, l’alt
1563
et avocat que j’ai vraiment agi comme son client,
l’
alternative est la suivante : ou bien je suis coupable, mais alors Olt
1564
vraiment agi comme son client, l’alternative est
la
suivante : ou bien je suis coupable, mais alors Oltramare l’est aussi
1565
: ou bien je suis coupable, mais alors Oltramare
l’
est aussi, la plaidoirie devient un réquisitoire, et l’avocat fait une
1566
suis coupable, mais alors Oltramare l’est aussi,
la
plaidoirie devient un réquisitoire, et l’avocat fait une drôle de fig
1567
aussi, la plaidoirie devient un réquisitoire, et
l’
avocat fait une drôle de figure. Ou bien il faut acquitter Oltramare,
1568
vient un réquisitoire, et l’avocat fait une drôle
de
figure. Ou bien il faut acquitter Oltramare, mais alors il n’y avait
1569
itter Oltramare, mais alors il n’y avait pas lieu
de
me dénoncer, tout ce discours retombe à plat, et notre avocat perd la
1570
ce discours retombe à plat, et notre avocat perd
la
face. 2. Mais où est l’homme sain d’esprit qui peut admettre que j’a
1571
at, et notre avocat perd la face. 2. Mais où est
l’
homme sain d’esprit qui peut admettre que j’aie vraiment agi comme Olt
1572
avocat perd la face. 2. Mais où est l’homme sain
d’
esprit qui peut admettre que j’aie vraiment agi comme Oltramare ? Nous
1573
ie vraiment agi comme Oltramare ? Nous avons tous
les
deux écrit pour la radio, hors de Suisse, sur la politique. Soit. Mai
1574
e Oltramare ? Nous avons tous les deux écrit pour
la
radio, hors de Suisse, sur la politique. Soit. Mais un avocat qui veu
1575
les deux écrit pour la radio, hors de Suisse, sur
la
politique. Soit. Mais un avocat qui veut s’en tenir à la seule ressem
1576
tique. Soit. Mais un avocat qui veut s’en tenir à
la
seule ressemblance des mots tombe dans le calembour juridique. Car il
1577
tenir à la seule ressemblance des mots tombe dans
le
calembour juridique. Car il est vrai que les deux cas s’énoncent et s
1578
dans le calembour juridique. Car il est vrai que
les
deux cas s’énoncent et se prononcent de même, mais par ce procédé l’o
1579
ent et se prononcent de même, mais par ce procédé
l’
on pourrait accuser la ville de Lyon des méfaits d’un lion du désert,
1580
e même, mais par ce procédé l’on pourrait accuser
la
ville de Lyon des méfaits d’un lion du désert, et Malherbe d’avoir co
1581
ais par ce procédé l’on pourrait accuser la ville
de
Lyon des méfaits d’un lion du désert, et Malherbe d’avoir consolé Dup
1582
’on pourrait accuser la ville de Lyon des méfaits
d’
un lion du désert, et Malherbe d’avoir consolé Duperrier — celui qui a
1583
Lyon des méfaits d’un lion du désert, et Malherbe
d’
avoir consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès. La seule quest
1584
consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès.
La
seule question sérieuse qui se posait, notre avocat s’est bien gardé
1585
euse qui se posait, notre avocat s’est bien gardé
de
la formuler : c’est celle du contenu des émissions. Oltramare a parlé
1586
e qui se posait, notre avocat s’est bien gardé de
la
formuler : c’est celle du contenu des émissions. Oltramare a parlé en
1587
ramare a parlé en faveur des nazis, ennemis jurés
de
toute démocratie, donc de la Suisse. J’écrivais contre les nazis, pou
1588
es nazis, ennemis jurés de toute démocratie, donc
de
la Suisse. J’écrivais contre les nazis, pour les démocraties, donc po
1589
nazis, ennemis jurés de toute démocratie, donc de
la
Suisse. J’écrivais contre les nazis, pour les démocraties, donc pour
1590
démocratie, donc de la Suisse. J’écrivais contre
les
nazis, pour les démocraties, donc pour la Suisse. Il en résulte à l’é
1591
c de la Suisse. J’écrivais contre les nazis, pour
les
démocraties, donc pour la Suisse. Il en résulte à l’évidence que je f
1592
contre les nazis, pour les démocraties, donc pour
la
Suisse. Il en résulte à l’évidence que je faisais en Amérique exactem
1593
démocraties, donc pour la Suisse. Il en résulte à
l’
évidence que je faisais en Amérique exactement le contraire d’Oltramar
1594
l’évidence que je faisais en Amérique exactement
le
contraire d’Oltramare à Paris. Si Me Duperrier ne sent pas la différe
1595
ue je faisais en Amérique exactement le contraire
d’
Oltramare à Paris. Si Me Duperrier ne sent pas la différence, essayons
1596
d’Oltramare à Paris. Si Me Duperrier ne sent pas
la
différence, essayons de l’éclairer par une fable. Fable J’ai ta
1597
Me Duperrier ne sent pas la différence, essayons
de
l’éclairer par une fable. Fable J’ai tant et si bien parlé à la
1598
Duperrier ne sent pas la différence, essayons de
l’
éclairer par une fable. Fable J’ai tant et si bien parlé à la ra
1599
e fable. Fable J’ai tant et si bien parlé à
la
radio américaine, qu’à la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà c
1600
tant et si bien parlé à la radio américaine, qu’à
la
fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ramèn
1601
si bien parlé à la radio américaine, qu’à la fin
les
nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ramène sous b
1602
adio américaine, qu’à la fin les nazis ont occupé
la
Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ramène sous bonne escorte. Le Gau
1603
ce que c’est ! On m’y ramène sous bonne escorte.
Le
Gauleiter, un nommé Oltramare, me fait emprisonner, puis juger sommai
1604
uger sommairement, et Me Duperrier se voit chargé
d’
office de ma défense. Que va-t-il dire ? Il n’hésite pas : il dit que
1605
airement, et Me Duperrier se voit chargé d’office
de
ma défense. Que va-t-il dire ? Il n’hésite pas : il dit que j’ai fait
1606
ond que ça ne prend pas, que j’ai fait exactement
le
contraire. On me fusille et on le pend d’office. Fin de la douleur de
1607
fait exactement le contraire. On me fusille et on
le
pend d’office. Fin de la douleur de Duperrier. Mais voilà… Les
1608
ctement le contraire. On me fusille et on le pend
d’
office. Fin de la douleur de Duperrier. Mais voilà… Les Américai
1609
traire. On me fusille et on le pend d’office. Fin
de
la douleur de Duperrier. Mais voilà… Les Américains ont gagné l
1610
ire. On me fusille et on le pend d’office. Fin de
la
douleur de Duperrier. Mais voilà… Les Américains ont gagné la g
1611
fusille et on le pend d’office. Fin de la douleur
de
Duperrier. Mais voilà… Les Américains ont gagné la guerre. La S
1612
Fin de la douleur de Duperrier. Mais voilà…
Les
Américains ont gagné la guerre. La Suisse subsiste, intacte et libre.
1613
rrier. Mais voilà… Les Américains ont gagné
la
guerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’a pas fusillé Oltr
1614
ais voilà… Les Américains ont gagné la guerre.
La
Suisse subsiste, intacte et libre. On n’a pas fusillé Oltramare, on s
1615
e. On n’a pas fusillé Oltramare, on s’est borné à
le
punir un peu. Son avocat garde le droit de me dénoncer pour avoir com
1616
n s’est borné à le punir un peu. Son avocat garde
le
droit de me dénoncer pour avoir combattu l’hitlérisme, et Aragon le d
1617
orné à le punir un peu. Son avocat garde le droit
de
me dénoncer pour avoir combattu l’hitlérisme, et Aragon le droit de m
1618
garde le droit de me dénoncer pour avoir combattu
l’
hitlérisme, et Aragon le droit de me calomnier sous un prétexte exacte
1619
oncer pour avoir combattu l’hitlérisme, et Aragon
le
droit de me calomnier sous un prétexte exactement inverse. Je garde l
1620
r avoir combattu l’hitlérisme, et Aragon le droit
de
me calomnier sous un prétexte exactement inverse. Je garde le droit d
1621
ier sous un prétexte exactement inverse. Je garde
le
droit de répondre, et même de rire. Et vous, lecteurs, vous gardez le
1622
un prétexte exactement inverse. Je garde le droit
de
répondre, et même de rire. Et vous, lecteurs, vous gardez le droit de
1623
t inverse. Je garde le droit de répondre, et même
de
rire. Et vous, lecteurs, vous gardez le droit de juger toute cette af
1624
, et même de rire. Et vous, lecteurs, vous gardez
le
droit de juger toute cette affaire, mon livre en main, selon votre co
1625
de rire. Et vous, lecteurs, vous gardez le droit
de
juger toute cette affaire, mon livre en main, selon votre conscience
1626
ffaire, mon livre en main, selon votre conscience
de
citoyens de la plus vieille démocratie du monde. Jugez donc ! et dite
1627
livre en main, selon votre conscience de citoyens
de
la plus vieille démocratie du monde. Jugez donc ! et dites avec moi q
1628
re en main, selon votre conscience de citoyens de
la
plus vieille démocratie du monde. Jugez donc ! et dites avec moi que
1629
du monde. Jugez donc ! et dites avec moi que nous
l’
avons échappé belle ! Et que le désordre tolérable et tolérant où nous
1630
avec moi que nous l’avons échappé belle ! Et que
le
désordre tolérable et tolérant où nous voici tout de même encore viva
1631
s des morts, ou je ne sais quels esclaves honteux
de
vivre. À Ferney-Voltaire, le 20 novembre 1947. m. Rougemont Denis
1632
els esclaves honteux de vivre. À Ferney-Voltaire,
le
20 novembre 1947. m. Rougemont Denis de, « Consolation à Me Duper
1633
aire, le 20 novembre 1947. m. Rougemont Denis
de
, « Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu », Bulletin de la G
1634
on à Me Duperrier sur un procès perdu », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, décembre 1947, p. 326‑328.
1635
à Me Duperrier sur un procès perdu », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, décembre 1947, p. 326‑328.
1636
ien j’aimai ce lac aux rives glauques ! sans rien
d’
alpestre, et dont les eaux, comme celles d’un marécage, longtemps se m
1637
ux rives glauques ! sans rien d’alpestre, et dont
les
eaux, comme celles d’un marécage, longtemps se mêlent à la terre, et
1638
s rien d’alpestre, et dont les eaux, comme celles
d’
un marécage, longtemps se mêlent à la terre, et filtrent entre les ros
1639
comme celles d’un marécage, longtemps se mêlent à
la
terre, et filtrent entre les roseaux. L’Immoraliste. Près de ces ea
1640
longtemps se mêlent à la terre, et filtrent entre
les
roseaux. L’Immoraliste. Près de ces eaux, ma vie sentimentale est n
1641
êlent à la terre, et filtrent entre les roseaux.
L’
Immoraliste. Près de ces eaux, ma vie sentimentale est née. Et depuis
1642
Et depuis lors elle est restée lacustre. « Odeur
de
l’eau pour toute la vie », écrivait un Paysan du Danube , et vingt a
1643
depuis lors elle est restée lacustre. « Odeur de
l’
eau pour toute la vie », écrivait un Paysan du Danube , et vingt ans
1644
est restée lacustre. « Odeur de l’eau pour toute
la
vie », écrivait un Paysan du Danube , et vingt ans ne l’ont pas déme
1645
, écrivait un Paysan du Danube , et vingt ans ne
l’
ont pas démenti. Je dénombre mes lacs et ne puis retrouver que du bonh
1646
nheur à ces souvenirs. Non qu’ils me parlent tous
de
jours heureux, mais la mémoire des plus amers ou des plus seuls a gar
1647
Non qu’ils me parlent tous de jours heureux, mais
la
mémoire des plus amers ou des plus seuls a gardé le charme des eaux.
1648
mémoire des plus amers ou des plus seuls a gardé
le
charme des eaux. Faut-il penser que la souffrance au bord d’un lac n’
1649
ls a gardé le charme des eaux. Faut-il penser que
la
souffrance au bord d’un lac n’est jamais sans quelque douceur ? Cherc
1650
lac n’est jamais sans quelque douceur ? Cherchant
d’
où vient cet agrément, et pourquoi dans le monde lacustre on ressent l
1651
erchant d’où vient cet agrément, et pourquoi dans
le
monde lacustre on ressent la vie mieux qu’ailleurs, plus savoureuse e
1652
nt, et pourquoi dans le monde lacustre on ressent
la
vie mieux qu’ailleurs, plus savoureuse et plus présente, je me dis :
1653
un vrai lac est un univers clos, si grands soient
les
miroirs qu’il offre aux ciels changeants, et si profonds ses lointain
1654
ux ciels changeants, et si profonds ses lointains
de
lumière. La pente derrière moi, l’horizon des collines, sont le cadre
1655
ngeants, et si profonds ses lointains de lumière.
La
pente derrière moi, l’horizon des collines, sont le cadre qui donne a
1656
ses lointains de lumière. La pente derrière moi,
l’
horizon des collines, sont le cadre qui donne au tableau sa significat
1657
pente derrière moi, l’horizon des collines, sont
le
cadre qui donne au tableau sa signification privilégiée. Ici le cœur
1658
onne au tableau sa signification privilégiée. Ici
le
cœur et l’âme ont leur théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue
1659
leau sa signification privilégiée. Ici le cœur et
l’
âme ont leur théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue à l’infini.
1660
r théâtre pur, où tout est sens, écho, dialogue à
l’
infini. Ici la joie trouve un espace où se déployer sans se perdre, la
1661
où tout est sens, écho, dialogue à l’infini. Ici
la
joie trouve un espace où se déployer sans se perdre, la méditation de
1662
e trouve un espace où se déployer sans se perdre,
la
méditation des ciels bas, la passion des orages complets, et la peine
1663
oyer sans se perdre, la méditation des ciels bas,
la
passion des orages complets, et la peine une baie secrète, où les cri
1664
des ciels bas, la passion des orages complets, et
la
peine une baie secrète, où les cris des oiseaux dans la brume s’occup
1665
orages complets, et la peine une baie secrète, où
les
cris des oiseaux dans la brume s’occupent d’une vie bien différente…
1666
ne une baie secrète, où les cris des oiseaux dans
la
brume s’occupent d’une vie bien différente… Enfin la variété des obje
1667
où les cris des oiseaux dans la brume s’occupent
d’
une vie bien différente… Enfin la variété des objets, des lumières, de
1668
brume s’occupent d’une vie bien différente… Enfin
la
variété des objets, des lumières, des premiers plans et des éloigneme
1669
satisfait comme nul autre paysage ce goût profond
de
composer, de contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’
1670
me nul autre paysage ce goût profond de composer,
de
contraster, de voiler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, d
1671
ysage ce goût profond de composer, de contraster,
de
voiler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de
1672
rofond de composer, de contraster, de voiler puis
de
découvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de bo
1673
oser, de contraster, de voiler puis de découvrir,
de
plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux,
1674
raster, de voiler puis de découvrir, de plonger à
l’
abandonnée, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer,
1675
ler puis de découvrir, de plonger à l’abandonnée,
de
s’écarter, de revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler
1676
couvrir, de plonger à l’abandonnée, de s’écarter,
de
revenir, de boire des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l
1677
plonger à l’abandonnée, de s’écarter, de revenir,
de
boire des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où l’on a reconn
1678
née, de s’écarter, de revenir, de boire des yeux,
de
comparer, de contempler sans fin, où l’on a reconnu l’amour, comme il
1679
rter, de revenir, de boire des yeux, de comparer,
de
contempler sans fin, où l’on a reconnu l’amour, comme il aime à s’y r
1680
des yeux, de comparer, de contempler sans fin, où
l’
on a reconnu l’amour, comme il aime à s’y retrouver. Je nage à Baveno
1681
mparer, de contempler sans fin, où l’on a reconnu
l’
amour, comme il aime à s’y retrouver. Je nage à Baveno dans l’eau tièd
1682
me il aime à s’y retrouver. Je nage à Baveno dans
l’
eau tiède et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de l
1683
Je nage à Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est
la
fin de l’après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rê
1684
à Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la fin
de
l’après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux
1685
Baveno dans l’eau tiède et dorée, c’est la fin de
l’
après-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nom
1686
de et dorée, c’est la fin de l’après-midi, devant
la
proue de l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés d
1687
ée, c’est la fin de l’après-midi, devant la proue
de
l’Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés de dieux,
1688
c’est la fin de l’après-midi, devant la proue de
l’
Isola Bella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés de dieux, pas
1689
-midi, devant la proue de l’Isola Bella, vaisseau
de
rêve aux nombreux ponts chargés de dieux, passagers immobiles, un bra
1690
ella, vaisseau de rêve aux nombreux ponts chargés
de
dieux, passagers immobiles, un bras levé… J’habite au lac de Garde un
1691
assagers immobiles, un bras levé… J’habite au lac
de
Garde un palais délabré, au-dessus de jardins en terrasses pleins de
1692
bite au lac de Garde un palais délabré, au-dessus
de
jardins en terrasses pleins de lucioles à la nuit, quand les violoneu
1693
délabré, au-dessus de jardins en terrasses pleins
de
lucioles à la nuit, quand les violoneux du village viennent donner la
1694
ssus de jardins en terrasses pleins de lucioles à
la
nuit, quand les violoneux du village viennent donner la sérénade. Et
1695
en terrasses pleins de lucioles à la nuit, quand
les
violoneux du village viennent donner la sérénade. Et nous montons à c
1696
t, quand les violoneux du village viennent donner
la
sérénade. Et nous montons à ce balcon sur l’eau, accroché aux très ha
1697
nner la sérénade. Et nous montons à ce balcon sur
l’
eau, accroché aux très hautes murailles qui sans raison, grandiloquent
1698
railles qui sans raison, grandiloquentes, bordent
la
rive. (Elles furent élevées, dit-on, par un ministre fou.) Cyprès au
1699
brusque sauvagerie des hautes pentes, échevelées
de
châtaigniers. Contre les flancs du noir Monte Baldo coiffé de neige,
1700
hautes pentes, échevelées de châtaigniers. Contre
les
flancs du noir Monte Baldo coiffé de neige, sur l’autre rive, un orag
1701
ers. Contre les flancs du noir Monte Baldo coiffé
de
neige, sur l’autre rive, un orage s’illumine par moments, et dans l’é
1702
re rive, un orage s’illumine par moments, et dans
l’
échappée vers la plaine, où l’eau rejoint presque le ciel, le petit ph
1703
e s’illumine par moments, et dans l’échappée vers
la
plaine, où l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie d
1704
ar moments, et dans l’échappée vers la plaine, où
l’
eau rejoint presque le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Su
1705
échappée vers la plaine, où l’eau rejoint presque
le
ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de
1706
vers la plaine, où l’eau rejoint presque le ciel,
le
petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse
1707
où l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare
de
la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nou
1708
l’eau rejoint presque le ciel, le petit phare de
la
baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous a
1709
ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur
les
lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minuit,
1710
hare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux
de
la Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minuit, heure où le crép
1711
e de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de
la
Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minuit, heure où le crépusc
1712
ientale, nous allions ramer vers minuit, heure où
le
crépuscule enfin se meurt dans l’aube, à l’horizon des landes et de l
1713
inuit, heure où le crépuscule enfin se meurt dans
l’
aube, à l’horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au
1714
re où le crépuscule enfin se meurt dans l’aube, à
l’
horizon des landes et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la
1715
n se meurt dans l’aube, à l’horizon des landes et
de
la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la vallée, où tournoyaient
1716
e meurt dans l’aube, à l’horizon des landes et de
la
mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de la vallée, où tournoyaient de
1717
des et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond
de
la vallée, où tournoyaient des voiles inclinées… Balaton, lac de plai
1718
et de la mer… Tyrol, et ce lac sombre au fond de
la
vallée, où tournoyaient des voiles inclinées… Balaton, lac de plaine
1719
ù tournoyaient des voiles inclinées… Balaton, lac
de
plaine aux eaux fades, environné de collines pointues et de valses au
1720
Balaton, lac de plaine aux eaux fades, environné
de
collines pointues et de valses aux jardins publics — là j’étais seul…
1721
aux eaux fades, environné de collines pointues et
de
valses aux jardins publics — là j’étais seul… Rade de Genève par un b
1722
alses aux jardins publics — là j’étais seul… Rade
de
Genève par un beau temps cruel, qui faisait fête à des adieux… Petits
1723
es adieux… Petits déjeuners suisses sur un balcon
d’
hôtel à Vevey, à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de l’air
1724
l à Vevey, à Montreux, patries du roman russe. Et
le
bleu de l’air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintil
1725
y, à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu
de
l’air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintillement d
1726
à Montreux, patries du roman russe. Et le bleu de
l’
air matinal, l’argent transparent des montagnes, le scintillement des
1727
ries du roman russe. Et le bleu de l’air matinal,
l’
argent transparent des montagnes, le scintillement des eaux sous la br
1728
’air matinal, l’argent transparent des montagnes,
le
scintillement des eaux sous la brume légère, tout était si pur et si
1729
ent des montagnes, le scintillement des eaux sous
la
brume légère, tout était si pur et si frais qu’il semblait que le mon
1730
tout était si pur et si frais qu’il semblait que
le
monde venait de s’éveiller, luisant et neuf, de la première nuit… Et
1731
e le monde venait de s’éveiller, luisant et neuf,
de
la première nuit… Et ces deux grands étés américains, dans les demeur
1732
re nuit… Et ces deux grands étés américains, dans
les
demeures trop vastes du Lake George, nommé jadis lac du Saint Sacreme
1733
George, nommé jadis lac du Saint Sacrement « pour
la
pureté lustrale de ses eaux »… Il me rappelait un peu de tous mes aut
1734
lac du Saint Sacrement « pour la pureté lustrale
de
ses eaux »… Il me rappelait un peu de tous mes autres lacs, mais il é
1735
tous mes autres lacs, mais il était surtout celui
d’
Œil de faucon et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je le trouvai
1736
es autres lacs, mais il était surtout celui d’Œil
de
faucon et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je le trouvais bien
1737
celui d’Œil de faucon et du dernier des Mohicans
de
mon enfance. Je le trouvais bien beau. Pourquoi l’ai-je quitté ? … Et
1738
con et du dernier des Mohicans de mon enfance. Je
le
trouvais bien beau. Pourquoi l’ai-je quitté ? … Et nous n’irons jamai
1739
e mon enfance. Je le trouvais bien beau. Pourquoi
l’
ai-je quitté ? … Et nous n’irons jamais au lac d’Amatitlan, au pied du
1740
l’ai-je quitté ? … Et nous n’irons jamais au lac
d’
Amatitlan, au pied du fabuleux volcan de Sant’Anna, mais je l’emporte
1741
is au lac d’Amatitlan, au pied du fabuleux volcan
de
Sant’Anna, mais je l’emporte avec les autres sans remords, s’il est v
1742
au pied du fabuleux volcan de Sant’Anna, mais je
l’
emporte avec les autres sans remords, s’il est vrai que d’aucuns je n’
1743
uleux volcan de Sant’Anna, mais je l’emporte avec
les
autres sans remords, s’il est vrai que d’aucuns je n’ai su tant d’his
1744
e avec les autres sans remords, s’il est vrai que
d’
aucuns je n’ai su tant d’histoires et qu’il détient certains de mes se
1745
mords, s’il est vrai que d’aucuns je n’ai su tant
d’
histoires et qu’il détient certains de mes secrets. Je dénombre mes la
1746
’ai su tant d’histoires et qu’il détient certains
de
mes secrets. Je dénombre mes lacs, et la mémoire encore investit du c
1747
certains de mes secrets. Je dénombre mes lacs, et
la
mémoire encore investit du charme des eaux l’adolescence même, aux ch
1748
et la mémoire encore investit du charme des eaux
l’
adolescence même, aux chagrins taciturnes. Souffrir auprès d’un lac n’
1749
ce même, aux chagrins taciturnes. Souffrir auprès
d’
un lac n’est jamais sans douceur. Je suis sur la jetée, près du hangar
1750
s d’un lac n’est jamais sans douceur. Je suis sur
la
jetée, près du hangar des trams, et l’eau n’est pas plus noire que mo
1751
e suis sur la jetée, près du hangar des trams, et
l’
eau n’est pas plus noire que mon cœur humilié. Dans ce « local » empua
1752
que mon cœur humilié. Dans ce « local » empuanti
de
tabac de pipes et de bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’i
1753
cœur humilié. Dans ce « local » empuanti de tabac
de
pipes et de bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’initiation
1754
. Dans ce « local » empuanti de tabac de pipes et
de
bière renversée, je viens de subir l’épreuve d’initiation d’une socié
1755
de pipes et de bière renversée, je viens de subir
l’
épreuve d’initiation d’une société de collégiens. J’ai refusé de racon
1756
t de bière renversée, je viens de subir l’épreuve
d’
initiation d’une société de collégiens. J’ai refusé de raconter devant
1757
nversée, je viens de subir l’épreuve d’initiation
d’
une société de collégiens. J’ai refusé de raconter devant tous, debout
1758
ens de subir l’épreuve d’initiation d’une société
de
collégiens. J’ai refusé de raconter devant tous, debout sur un tonnea
1759
itiation d’une société de collégiens. J’ai refusé
de
raconter devant tous, debout sur un tonneau comme le veut la coutume,
1760
raconter devant tous, debout sur un tonneau comme
le
veut la coutume, l’histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué.
1761
devant tous, debout sur un tonneau comme le veut
la
coutume, l’histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué. J’ai 16
1762
, debout sur un tonneau comme le veut la coutume,
l’
histoire de mes Premières Amours. On m’a conspué. J’ai 16 ans. C’est h
1763
r un tonneau comme le veut la coutume, l’histoire
de
mes Premières Amours. On m’a conspué. J’ai 16 ans. C’est horrible. Mo
1764
rrible. Mon seul amour doit rester mon secret. Je
la
guette à midi, quand elle descend dans le cortège des jeunes filles s
1765
ret. Je la guette à midi, quand elle descend dans
le
cortège des jeunes filles sortant de l’école des Terreaux. Nous, les
1766
descend dans le cortège des jeunes filles sortant
de
l’école des Terreaux. Nous, les garçons, tenons notre « colloque » su
1767
cend dans le cortège des jeunes filles sortant de
l’
école des Terreaux. Nous, les garçons, tenons notre « colloque » sur l
1768
nes filles sortant de l’école des Terreaux. Nous,
les
garçons, tenons notre « colloque » sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
1769
Nous, les garçons, tenons notre « colloque » sur
la
place de l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’
1770
s garçons, tenons notre « colloque » sur la place
de
l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’un air de
1771
arçons, tenons notre « colloque » sur la place de
l’
Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave, d’un air de ne
1772
lace de l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous
d’
un air grave, d’un air de ne pas regarder les filles qui passent, mais
1773
de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave,
d’
un air de ne pas regarder les filles qui passent, mais je la vois veni
1774
Nous parlons entre nous d’un air grave, d’un air
de
ne pas regarder les filles qui passent, mais je la vois venir de loin
1775
nous d’un air grave, d’un air de ne pas regarder
les
filles qui passent, mais je la vois venir de loin. Elle porte un gran
1776
e ne pas regarder les filles qui passent, mais je
la
vois venir de loin. Elle porte un grand chapeau flottant d’un rose so
1777
nir de loin. Elle porte un grand chapeau flottant
d’
un rose sombre. Tout la distingue infiniment du troupeau bavardant de
1778
un grand chapeau flottant d’un rose sombre. Tout
la
distingue infiniment du troupeau bavardant de ses compagnes. Si je re
1779
out la distingue infiniment du troupeau bavardant
de
ses compagnes. Si je rencontrais ses yeux, que deviendrais-je, et si
1780
-je, et si elle devinait mon sentiment ? Pourtant
la
semaine prochaine, l’épreuve recommencera. Odeur de l’eau qui dort, p
1781
it mon sentiment ? Pourtant la semaine prochaine,
l’
épreuve recommencera. Odeur de l’eau qui dort, pénétrante, amicale. Un
1782
semaine prochaine, l’épreuve recommencera. Odeur
de
l’eau qui dort, pénétrante, amicale. Un poisson saute et ride un mome
1783
maine prochaine, l’épreuve recommencera. Odeur de
l’
eau qui dort, pénétrante, amicale. Un poisson saute et ride un moment
1784
ante, amicale. Un poisson saute et ride un moment
le
miroir… Non, je ne vais pas me suicider. Je mentirai ! Je suis assis
1785
entirai ! Je suis assis sur un banc près du port,
la
promenade est déserte et mon cœur assoiffé. Personne ne passe jamais,
1786
on cœur assoiffé. Personne ne passe jamais, voilà
la
vie ! Mais si ce soir une femme venait à moi comme le miracle que j’a
1787
ie ! Mais si ce soir une femme venait à moi comme
le
miracle que j’attends, je lui dirais : c’est un malentendu. Je suis d
1788
passez, Madame… J’ai 19 ans. Je n’aime encore que
la
nature, et ma solitude avec elle. Et vraiment, à cet âge, elle me l’a
1789
litude avec elle. Et vraiment, à cet âge, elle me
l’
a bien rendu. (Quand on revient la voir à deux, plus tard, aux mêmes l
1790
et âge, elle me l’a bien rendu. (Quand on revient
la
voir à deux, plus tard, aux mêmes lieux, elle se réserve… Elle ne ser
1791
out à fait comme avant.) Ce soir, elle est encore
d’
une présence envoûtante. Le soleil s’est caché derrière le Trou de Bou
1792
soir, elle est encore d’une présence envoûtante.
Le
soleil s’est caché derrière le Trou de Bourgogne. La grande rougeur d
1793
ésence envoûtante. Le soleil s’est caché derrière
le
Trou de Bourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée, de vague e
1794
nvoûtante. Le soleil s’est caché derrière le Trou
de
Bourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée, de vague en vague
1795
soleil s’est caché derrière le Trou de Bourgogne.
La
grande rougeur du lac s’est retirée, de vague en vague vers l’autre r
1796
ourgogne. La grande rougeur du lac s’est retirée,
de
vague en vague vers l’autre rive. Elle caresse en passant l’épaule de
1797
vague vers l’autre rive. Elle caresse en passant
l’
épaule des collines, elle monte, elle embrase longtemps d’une sereine
1798
des collines, elle monte, elle embrase longtemps
d’
une sereine incandescence les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets
1799
lle embrase longtemps d’une sereine incandescence
les
Alpes déployées au fond du ciel. Sommets d’où l’on voit l’Italie… Et
1800
ence les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets
d’
où l’on voit l’Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de
1801
les Alpes déployées au fond du ciel. Sommets d’où
l’
on voit l’Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de temp
1802
déployées au fond du ciel. Sommets d’où l’on voit
l’
Italie… Et le rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de temps diaphane
1803
fond du ciel. Sommets d’où l’on voit l’Italie… Et
le
rêve s’éteint, guirlande morte, un peu de temps diaphane à l’horizon.
1804
eint, guirlande morte, un peu de temps diaphane à
l’
horizon. Paysage emphatique et sombre, tout cerné de prodiges sévères,
1805
horizon. Paysage emphatique et sombre, tout cerné
de
prodiges sévères, et l’œil ne s’en évade au bas du ciel — vers l’oues
1806
que et sombre, tout cerné de prodiges sévères, et
l’
œil ne s’en évade au bas du ciel — vers l’ouest — que par cet or loint
1807
res, et l’œil ne s’en évade au bas du ciel — vers
l’
ouest — que par cet or lointain que l’eau n’a point doublé, déjà prise
1808
ciel — vers l’ouest — que par cet or lointain que
l’
eau n’a point doublé, déjà prise de nuit, rêvant jusqu’à mes pieds. Pa
1809
r lointain que l’eau n’a point doublé, déjà prise
de
nuit, rêvant jusqu’à mes pieds. Par une chaude soirée du mois d’août
1810
jusqu’à mes pieds. Par une chaude soirée du mois
d’
août 192…, un jeune homme, simplement vêtu d’un pantalon de flanelle g
1811
mois d’août 192…, un jeune homme, simplement vêtu
d’
un pantalon de flanelle grise et d’un chandail au col roulé, pédale à
1812
2…, un jeune homme, simplement vêtu d’un pantalon
de
flanelle grise et d’un chandail au col roulé, pédale à longues pesées
1813
implement vêtu d’un pantalon de flanelle grise et
d’
un chandail au col roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de la
1814
handail au col roulé, pédale à longues pesées sur
le
chemin de la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est im
1815
col roulé, pédale à longues pesées sur le chemin
de
la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est imminent. No
1816
l roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de
la
plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est imminent. Notre
1817
n de la plaine, luttant contre un vent impétueux.
L’
orage est imminent. Notre héros, qui paraît âgé d’une vingtaine d’anné
1818
L’orage est imminent. Notre héros, qui paraît âgé
d’
une vingtaine d’années, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre les
1819
nent. Notre héros, qui paraît âgé d’une vingtaine
d’
années, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et d
1820
raît âgé d’une vingtaine d’années, se dirige vers
le
lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et dont les longues vagues li
1821
nnées, se dirige vers le lac qu’on aperçoit entre
les
peupliers, et dont les longues vagues limoneuses accablent sans relâc
1822
e lac qu’on aperçoit entre les peupliers, et dont
les
longues vagues limoneuses accablent sans relâche les roseaux de la ba
1823
longues vagues limoneuses accablent sans relâche
les
roseaux de la baie. Des nuées menaçantes courent très bas, tirant des
1824
ues limoneuses accablent sans relâche les roseaux
de
la baie. Des nuées menaçantes courent très bas, tirant des pluies au
1825
limoneuses accablent sans relâche les roseaux de
la
baie. Des nuées menaçantes courent très bas, tirant des pluies au lar
1826
courent très bas, tirant des pluies au large, et
le
cœur du jeune homme bondit dans sa poitrine, exalté par l’effort et l
1827
u jeune homme bondit dans sa poitrine, exalté par
l’
effort et la vitesse. Mais soudain la tempête a fait silence autour de
1828
e bondit dans sa poitrine, exalté par l’effort et
la
vitesse. Mais soudain la tempête a fait silence autour de lui, et seu
1829
, exalté par l’effort et la vitesse. Mais soudain
la
tempête a fait silence autour de lui, et seul reste distinct le bruit
1830
ait silence autour de lui, et seul reste distinct
le
bruit profond des vagues. Il roule maintenant dans l’ombre tiède et a
1831
ruit profond des vagues. Il roule maintenant dans
l’
ombre tiède et abritée d’un bois de pins. Que vient-il donc chercher s
1832
Il roule maintenant dans l’ombre tiède et abritée
d’
un bois de pins. Que vient-il donc chercher sur ces rivages désertés p
1833
aintenant dans l’ombre tiède et abritée d’un bois
de
pins. Que vient-il donc chercher sur ces rivages désertés par le crép
1834
ent-il donc chercher sur ces rivages désertés par
le
crépuscule ? Quelle est cette hâte inconnue, qu’il se flattait de n’é
1835
Quelle est cette hâte inconnue, qu’il se flattait
de
n’éprouver jamais, bien au contraire, avant un rendez-vous ? Cette en
1836
au contraire, avant un rendez-vous ? Cette envie
de
crier : « J’accours ! Attends !… » Ah ! mais qu’est-ce qu’il m’arrive
1837
t-ce qu’il m’arrive ? se dit-il. Il faut en avoir
le
cœur net. (Tout son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal de sp
1838
en avoir le cœur net. (Tout son orgueil réside en
la
maîtrise de soi, idéal de sportif plus que de puritain.) Il ralentit,
1839
cœur net. (Tout son orgueil réside en la maîtrise
de
soi, idéal de sportif plus que de puritain.) Il ralentit, pose un pie
1840
t son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal
de
sportif plus que de puritain.) Il ralentit, pose un pied sur le sol,
1841
en la maîtrise de soi, idéal de sportif plus que
de
puritain.) Il ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de la ma
1842
s que de puritain.) Il ralentit, pose un pied sur
le
sol, et s’appuie de la main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive est
1843
Il ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie
de
la main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’at
1844
ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de
la
main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’atten
1845
pied sur le sol, et s’appuie de la main au tronc
d’
un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme l’attente du pays sous l
1846
c d’un pin. Ce qui lui arrive est solennel, comme
l’
attente du pays sous le ciel orageux. Oui, c’est bien cela qu’il sent,
1847
arrive est solennel, comme l’attente du pays sous
le
ciel orageux. Oui, c’est bien cela qu’il sent, il ne peut s’y tromper
1848
st bien cela qu’il sent, il ne peut s’y tromper :
la
brûlure douce au cœur, le sang plus vite, le soulèvement plus ample d
1849
l ne peut s’y tromper : la brûlure douce au cœur,
le
sang plus vite, le soulèvement plus ample de la respiration. Tout ce
1850
er : la brûlure douce au cœur, le sang plus vite,
le
soulèvement plus ample de la respiration. Tout ce que disent les poèt
1851
œur, le sang plus vite, le soulèvement plus ample
de
la respiration. Tout ce que disent les poètes qu’il dédaigne, tous le
1852
, le sang plus vite, le soulèvement plus ample de
la
respiration. Tout ce que disent les poètes qu’il dédaigne, tous leurs
1853
plus ample de la respiration. Tout ce que disent
les
poètes qu’il dédaigne, tous leurs clichés, c’était donc vrai ? Il ne
1854
hés, c’était donc vrai ? Il ne sait quelle ardeur
le
pénètre… Mais il sent qu’il va dire les grands mots impossibles, dans
1855
lle ardeur le pénètre… Mais il sent qu’il va dire
les
grands mots impossibles, dans un fol abandon, et ce sera vrai. Comme
1856
sera vrai. Comme tout est facile et violent quand
les
portes du cœur ont cédé ! Le lac était d’un bleu très sombre, le ciel
1857
le et violent quand les portes du cœur ont cédé !
Le
lac était d’un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs de chaleur
1858
quand les portes du cœur ont cédé ! Le lac était
d’
un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient d
1859
ur ont cédé ! Le lac était d’un bleu très sombre,
le
ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient dans la nue, et le jeune
1860
t d’un bleu très sombre, le ciel bas, des éclairs
de
chaleur palpitaient dans la nue, et le jeune homme savait en repartan
1861
ciel bas, des éclairs de chaleur palpitaient dans
la
nue, et le jeune homme savait en repartant sur le sentier obscur, ver
1862
es éclairs de chaleur palpitaient dans la nue, et
le
jeune homme savait en repartant sur le sentier obscur, vers les rosea
1863
la nue, et le jeune homme savait en repartant sur
le
sentier obscur, vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l’av
1864
e savait en repartant sur le sentier obscur, vers
les
roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l’avait rejoint, c’était cett
1865
sur le sentier obscur, vers les roseaux, qu’avant
le
rendez-vous ce qui l’avait rejoint, c’était cette chose absurde et ma
1866
vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui
l’
avait rejoint, c’était cette chose absurde et magnifique, entre haut m
1867
ut mal et bien suprême, qu’on nomme si légèrement
l’
amour. n. Rougemont Denis de, « Lacs », Bulletin de la Guilde du li
1868
omme si légèrement l’amour. n. Rougemont Denis
de
, « Lacs », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, août 1948, p. 19
1869
our. n. Rougemont Denis de, « Lacs », Bulletin
de
la Guilde du livre, Lausanne, août 1948, p. 192-194. o. Le titre app
1870
. n. Rougemont Denis de, « Lacs », Bulletin de
la
Guilde du livre, Lausanne, août 1948, p. 192-194. o. Le titre appell
1871
de du livre, Lausanne, août 1948, p. 192-194. o.
Le
titre appelle cette note de la rédaction : « Tiré de Suite neuchâtel
1872
1948, p. 192-194. o. Le titre appelle cette note
de
la rédaction : « Tiré de Suite neuchâteloise , admirablement édité p
1873
8, p. 192-194. o. Le titre appelle cette note de
la
rédaction : « Tiré de Suite neuchâteloise , admirablement édité par
1874
titre appelle cette note de la rédaction : « Tiré
de
Suite neuchâteloise , admirablement édité par Ides et Calendes. »