1 1937, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Introduction au Journal d’un intellectuel en chômage (août 1937)
1 avenir vivra la vie ordinaire des hommes, gagnant son pain par un métier quelconque. » C’est le contraire qui m’est arrivé 
2 ignore qui l’on veut. On se fait très facilement sa vie et son milieu parmi des gens qui écrivent ou qui lisent des livre
3 i l’on veut. On se fait très facilement sa vie et son milieu parmi des gens qui écrivent ou qui lisent des livres, ou qui s
4 it contraint de vivre sans avoir pu les choisir à son goût. J’ai traité ces deux grandes questions de la culture et de la c
5 trouvé que la province ne vaut guère mieux, dans son état présent. Partout les jeunes vous disent : « C’est mort ici ! » P
6 es mortelles ! C’est qu’on ne sait plus y trouver son prochain, mais seulement des « voisins inévitables » (comme l’a si bi
7 r, contemplation de la terre, ou d’une bestiole à son travail, sentiment de la journée vide, du temps qui a pris le rythme
2 1937, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Pages inédites du Journal d’un intellectuel en chômage (octobre 1937)
8 e second était si pauvre, au moment où il écrivit ses plus grandes œuvres, qu’il ne lui restait plus même une chemise entiè
9 er les épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite de professeur servait à payer ses logeuses successives, et d
10 gent de sa retraite de professeur servait à payer ses logeuses successives, et des remèdes contre ses effroyables maux de t
11 r ses logeuses successives, et des remèdes contre ses effroyables maux de tête. De plus, il était à demi aveugle… ⁂ Confor
12 lisse dans le hangar de la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ouverture de la boîte aux lettre
13 « Ce cochon-là » refuse, prétextant une hernie ; sa femme aussi, prétextant sa jambe « coupée ». (Bonne occasion pourtant
14 rétextant une hernie ; sa femme aussi, prétextant sa jambe « coupée ». (Bonne occasion pourtant de la décrocher un peu pou
15 té, elle se heurtera à ce sommier monumental dans sa pose scandaleuse, et ma réputation sera faite ! Fuyons, fuyons ! ⁂ (
16 « on se défend… » La grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai. ⁂ (Co
17 la mise en pages.) 1. Kierkegaard avait déposé sa fortune, réalisée en argent liquide, chez son beau-frère. Il était ad
18 posé sa fortune, réalisée en argent liquide, chez son beau-frère. Il était adversaire du prêt à intérêt, condamné par l’égl
19 église primitive. Il donnait à qui voulait. Après sa mort, on s’aperçut qu’il ne restait que 250 fr. dans le coffre. 2. V
3 1938, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Caquets d’une vieille poule noire (août 1938)
20 aisons connaissance page 92. L’auteur habite avec sa femme une maison prêtée ; avec la maison, il y a un jardin ; au fond
21 e poule qui met trente-huit jours à une tâche que ses congénères accomplissent généralement en trois semaines est en effet
22 e simplement que mon auteur a négligé de vérifier ses dates ! Enfin, mon innocence éclate à tous les yeux. Ce qu’on me repr
23 corer parmi les dossiers de mon auteur, épars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol de la pièce où il travail
24 dossiers de mon auteur, épars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol de la pièce où il travaille (toujours ce
25 otre expérience. Témoin la fameuse poule noire et ses treize poussins. Certains en sourient, de votre poule noire ; moi, je
26 mots » à tel point que Mme Meylan peut écrire de son livre : « Il est difficile d’accumuler plus d’âneries en moins de phr
27 a cru devoir hausser les épaules. Dans le fond de son cœur, toutefois, il a dû se sentir atteint. Et comment ne pas admirer
28 er le courage de cette Française4 qui, du fond de son Romorantin, se dresse, seule, contre toute l’opinion — quitte à passe
29 n — quitte à passer pour Dieu sait quoi — et rive son clou à l’insolent Helvète ! J’ai eu un autre vengeur en la personne d
30 i loin : il s’est contenté de se débrouiller avec sa pauvreté et, loin de la croire sacrée, il a essayé d’en sortir. Je si
31 ir, je vous confierai un renseignement qui a bien son prix. Beaucoup de critiques ont accusé mon auteur d’avoir usurpé le «
32 annoise, mais enfin le journal Curieux a présenté sa lettre comme celle d’une Française offensée, et moi je crois tout ce
33 par la vieille poule noire mise en scène p. 92 de son livre. Nos lecteurs jugeront eux-mêmes s’il faut voir là une preuve n
4 1939, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Puisque je suis un militaire… (septembre 1939)
34 uadrillé, tandis qu’Albert Mermoud, en travers de son lit, les hottes pendantes, dépouille le courrier de la Guilde… Je ne
35 et cette mention si belle, quand on y pense, dans son élémentaire grandeur : En campagne. Entendez : quelque part dans le p
36 C’est notre liberté. Pendant que Mermoud compose son Bulletin de guerre, j’ai bien envie de vous dire un peu de quoi se fa
37 e nom, qui n’a rien de spectaculaire, qui n’a pas sa photo dans les feuilles et qu’on peut seulement ressentir quand on a
38 ose d’immense et de sérieux. On y pénètre de tout son corps, de tout son sentiment charnel, on l’accepte avec toute la natu
39 sérieux. On y pénètre de tout son corps, de tout son sentiment charnel, on l’accepte avec toute la nature, sans préjugés n
40 se pudeur. Couché dans l’herbe grasse, écrasé par son sac, l’homme observe l’avant-terrain par-dessous la visière d’acier r
41 casque. L’homme tire la toile de tente qui couvre ses épaules et cherche à la caler sous son coude droit. Il sait que, d’un
42 qui couvre ses épaules et cherche à la caler sous son coude droit. Il sait que, d’une seconde à l’autre, peut venir l’ordre
5 1939, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Billet d’aller et retour (décembre 1939)
43 découvrirez que tout homme rêve une bonne part de sa vie. Mais il arrive aussi que certains rêves, et certains cauchemars,
44 t de la Suisse, telle qu’on la voit de loin, dans sa vérité séculaire. La déprimante architecture de notre Palais fédéral
6 1946, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Beekman Place (octobre 1946)
45 pes. Une blonde platinée, en peignoir rose, ouvre son frigidaire, sort de la glace, ôte enfin le peignoir, il fait trop cha
46 chambre, un vieux monsieur, pour arroser au tuyau ses arbustes. Soudain, passant la tranche ocrée d’un bâtiment de trente é
47 à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses canons glissait sans bruit, un énorme croiseur défilait, tout l’équip
7 1946, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Souvenir d’un orage en Virginie (novembre 1946)
48 es. « Et vous verrez ce qu’elle en a fait ! C’est sa manière de se venger de J. car c’était la maison de ses ancêtres, à l
49 nière de se venger de J. car c’était la maison de ses ancêtres, à lui. Elle la déteste. Elle n’aime vraiment que ses chevau
50 à lui. Elle la déteste. Elle n’aime vraiment que ses chevaux… » L’auto s’arrête devant un haut portique. Deux colonnes bla
51 e tient la bride d’une main et de l’autre porte à sa bouche une pomme qu’elle mord en galopant. Nouveaux éclairs. Tous les
52 ’arrêtent devant la barre du portail. Elle pousse son cheval, le portail cède et lui livre passage. C’est une grande femme
53 bottée, sauvage et belle, qui mord une pomme, et son torse paraît nu dans un fin sweater jaune. Elle rit, jette la pomme,
54 ue de la main. Le jeune homme mince, immobile sur son cheval, nous considère avec hostilité. Il a les yeux d’un bleu très p
55 eux d’un bleu très pâle et dur. Il n’a pas salué. Son silence nous supprime. C’est sans doute le nouvel intendant. « Je vou
56 etrouve à la maison ! », crie-t-elle. Et, piquant son cheval, penchée sur l’encolure, elle disparaît dans le tunnel de la c
57 eute de chiens de toutes les tailles s’élance sur ses traces en aboyant. Au fond d’une pièce vaste et noire une petite lamp
8 1946, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Noël à New York (décembre 1946)
58 rien n’empêche le Waldorf-Astoria d’annoncer que sa nuit de l’An « promet d’être la plus grande nuit de l’histoire de l’h
59 es enfants ? » La vendeuse ouvrit la bouche, puis ses yeux s’écarquillèrent largement : devant nous venait d’apparaître une
60 ense du Rockefeller Plaza, transporté avec toutes ses racines d’un parc où il sera replanté dès janvier, n’ayant coûté que
61 elle les respecte un peu trop… Times Square, tous ses feux rallumés, semblera célébrer un V Day, une nouvelle victoire sur
62 ù l’on peut déposer de l’argent sans descendre de sa voiture. Déjà les biches et les daims sont amenés dans les forêts de
9 1947, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Slums (janvier 1947)
63 pique — permettant l’examen à l’œil nu. Décrivons sa partie inférieure. La rue huileuse, parsemée de vieilles lettres, de
10 1947, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (décembre 1947)
64 irie prononcée par Me Duperrier lors du procès de son client Georges Oltramare. Ainsi dans la Gazette de Lausanne  : Un r
65 nis, l’avocat se croit dès lors fondé à assimiler sa situation à celle de son client. « Si ces deux hommes ont pris ensuit
66 ès lors fondé à assimiler sa situation à celle de son client. « Si ces deux hommes ont pris ensuite des chemins opposés, le
67 guement les passages où Denis de Rongement relate son activité d’homme de lettres à la radio américaine. J’ai l’honneur, M.
68 cat fait ensuite un parallèle entre l’attitude de son client et celle de l’écrivain Denis de Rougemont qui, constate le déf
69 ier, en me dénonçant devant un tribunal, a brandi ses preuves : mon Journal dans l’édition reliée de la Guilde. Tandis que
70 , c’est lui et non pas moi ; et si quelqu’un a vu ses livres censurés en Suisse, c’est moi et non pas lui. Avec Tite-Live e
71 isse, c’est moi et non pas lui. Avec Tite-Live et son commentateur, je suis pour les accusations mais contre les calomnies,
72 accusait Georges Oltramare, quelques jours avant son procès, je me suis dit, songeant à ma propre action pendant la guerre
73 sion d’un papier ». Si je comprends bien, il veut sa paix, et me laisse le soin de répondre aux téléphones. OK ! disent le
74 admet avec cet avocat que j’ai vraiment agi comme son client, l’alternative est la suivante : ou bien je suis coupable, mai
75 rbe d’avoir consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre avocat s’est
76 illé Oltramare, on s’est borné à le punir un peu. Son avocat garde le droit de me dénoncer pour avoir combattu l’hitlérisme
11 1948, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Lacs (août 1948)
77 qu’il offre aux ciels changeants, et si profonds ses lointains de lumière. La pente derrière moi, l’horizon des collines,
78 des collines, sont le cadre qui donne au tableau sa signification privilégiée. Ici le cœur et l’âme ont leur théâtre pur,
79 c du Saint Sacrement « pour la pureté lustrale de ses eaux »… Il me rappelait un peu de tous mes autres lacs, mais il était
80 la distingue infiniment du troupeau bavardant de ses compagnes. Si je rencontrais ses yeux, que deviendrais-je, et si elle
81 eau bavardant de ses compagnes. Si je rencontrais ses yeux, que deviendrais-je, et si elle devinait mon sentiment ? Pourtan
82 s au large, et le cœur du jeune homme bondit dans sa poitrine, exalté par l’effort et la vitesse. Mais soudain la tempête
83  ? se dit-il. Il faut en avoir le cœur net. (Tout son orgueil réside en la maîtrise de soi, idéal de sportif plus que de pu