1 1937, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Pages inédites du Journal d’un intellectuel en chômage (octobre 1937)
1 ’ils sont peu de chose », s’écrie Bossuet (Sermon sur la mort, 22 mars 1662). Que dirions-nous alors du sort fait à celui q
2 nce implacable et mat enserre l’homme qui chemine sur la route incertaine, au milieu des menaces originelles. Par temps cla
3 allée de l’ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » — Jamais plus que dans cette nuit. ⁂ Fin de séjour à A…
4 La grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai. ⁂ (Conclusion.) — S’occ
2 1938, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Caquets d’une vieille poule noire (août 1938)
5 38)c d Eh bien ! en ont-ils fait des histoires sur ma petite histoire ! Je vivais ignorée et sereine. C’est par la faute
6 n de Bordeaux, il a paru tout un article intitulé sur trois colonnes — et j’en sens ma crête en rougir — « La poule de M. d
7 e à la risée publique ! Comme si le ridicule jeté sur moi ne l’atteignait pas, lui aussi ! Mais, chômeurs ou non, — j’y rev
8 r picorer parmi les dossiers de mon auteur, épars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol de la pièce où il tra
9 les dossiers de mon auteur, épars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol de la pièce où il travaille (toujours
10 r, épars sur son bureau, sur son divan, et jusque sur le sol de la pièce où il travaille (toujours ce désordre !). À ma stu
3 1939, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Puisque je suis un militaire… (septembre 1939)
11 de. Cette chambre paysanne ou j’écris maintenant, sur un bon papier quadrillé, tandis qu’Albert Mermoud, en travers de son
12 onserve, tuniques mouillées, paperasses. Revanche sur des journées de discipline et de paquetages alignés au cordeau. Parti
13 pantalon colle au mollet, les doigts sont rouges sur le fusil luisant. Les gouttes de la visière glissent d’un coup sur la
14 ant. Les gouttes de la visière glissent d’un coup sur la gauche quand on lève un peu le nez pour voir si rien ne vient. Non
4 1939, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Billet d’aller et retour (décembre 1939)
15 urtant des corps, guettant des phares sans reflet sur le macadam. Tout au bas, tout au fond de l’ombre, dans la pierre et d
16 s. Le grand secret de ce pays, ce qu’il faut lire sur ces façades à la fois patinées et toujours neuves, c’est la continuit
17 est une victoire de tous les jours, et de chacun, sur l’esprit de laisser-aller d’où naissent les réactions désespérées, le
5 1946, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Beekman Place (octobre 1946)
18 ue, c’est bien New York… Si je me retourne un peu sur ma terrasse, voici la perspective de l’East River jusqu’à Brooklyn. U
19 unes femmes en maillot de bain. Elles se penchent sur leurs géraniums, elles ajustent des lunettes noires… Quelques jeunes
20 le soir. Un violoniste s’escrime à vingt reprises sur le deuxième Concerto brandebourgeois, mais deux radios martèlent ce T
21 ain d’ocres, de roses, d’argents et d’éclats d’or sur les fenêtres des usines. Des fumées traînent, les ponts s’éteignent,
22 heure en heure, je me lève et sors. Je me promène sur cette terrasse qui fait le tour de mes chambres blanches, posées sur
23 qui fait le tour de mes chambres blanches, posées sur le onzième étage et festonnées de tuiles provençales. La brique est c
24 tent à souffler fort dans la brume d’été flottant sur la rivière… Une langue de lumière orangée vient râper doucement le cr
25 ngée vient râper doucement le crépi des murs bas, sur la terrasse toute voisine. Un autre jour, le même amour, mais le cœur
26 on délivrant — et je me donne au jour américain ! Sur le grand fond sonore à bouche fermée des usines de l’autre rive, les
27 ne phallique, l’autre en Moïse de Michel-Ange. Et sur une terrasse dormante, deux ou trois étages plus bas, quelqu’un sorta
28 rée d’un bâtiment de trente étages, à mi-hauteur, sur la rivière, une proue grise et ses canons glissait sans bruit, un éno
6 1946, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Souvenir d’un orage en Virginie (novembre 1946)
29 zon bleu des Appalaches. Pendant que nous roulons sur une route de campagne, au creux des haies, le ciel se couvre. « C’est
30 aigles de lutrin. De nouveau des ifs non taillés sur un pré d’un vert sombre enclos de murs. Du lierre partout. Çà et là,
31 près d’un socle brisé. Le pré s’élève et s’ouvre sur la cour sablée des écuries. Celles-ci se déploient en demi-cercle, or
32 la Chute, comme ils l’appellent… Premiers éclairs sur les prairies. Par la charmille, où il fait presque nuit — mais on dev
33 ges nus, en pente douce. Très loin, en silhouette sur la crête d’une colline, nous voyons deux chevaux au galop. Ils dispar
34 salue de la main. Le jeune homme mince, immobile sur son cheval, nous considère avec hostilité. Il a les yeux d’un bleu tr
35 ! », crie-t-elle. Et, piquant son cheval, penchée sur l’encolure, elle disparaît dans le tunnel de la charmille, tandis qu’
36 ne meute de chiens de toutes les tailles s’élance sur ses traces en aboyant. Au fond d’une pièce vaste et noire une petite
7 1946, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Noël à New York (décembre 1946)
37 r au milieu de l’An Un d’une ère de paix profonde sur la plus grande menace de toute l’Histoire. Les enfants, comme les gou
38 joue, et la vendeuse nous planta là. Il neigeait sur la Cinquième Avenue, sur les paquets enrubannés, sur les fourrures, s
39 planta là. Il neigeait sur la Cinquième Avenue, sur les paquets enrubannés, sur les fourrures, sur l’arbre immense du Roc
40 la Cinquième Avenue, sur les paquets enrubannés, sur les fourrures, sur l’arbre immense du Rockefeller Plaza, transporté a
41 e, sur les paquets enrubannés, sur les fourrures, sur l’arbre immense du Rockefeller Plaza, transporté avec toutes ses raci
42 semblera célébrer un V Day, une nouvelle victoire sur le temps, comme si ce n’était pas lui qui gagne à tous les coups. Qu’
43 ois l’orchestre ou la fanfare d’un grand meeting. Sur le coup de minuit, le 31 décembre, nous perdrons le meilleur maire de
44 Déjà l’on nous annonce de Hollywood un superfilm sur la bombe atomique, où le love interest ne manquera pas ; cependant qu
45 le dans le texte original dit simplement : « Paix sur la terre, bonne volonté (de Dieu) envers les hommes ». Est-il besoin
8 1947, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Slums (janvier 1947)
46 e papiers sales, pour s’ouvrir enfin toute béante sur les fumées de l’East River, au terme d’un parcours rectiligne d’un ki
47 d’immenses cartonnages goudronnés. Flammes gaies sur le couchant rose et fuligineux, en rectangle au bout de la rue, légèr
48 rarement ou mal vidés dans ce quartier, débordent sur la neige entre les escaliers de quatre marches qui conduisent aux por
49 ent aux portes d’entrée. Portes étroites, ouvrant sur des couloirs hauts et profonds où deux personnes peuvent à peine se c
50 e de baignoire couverte et fort étroite se dresse sur quatre pieds de fonte : il faudrait monter sur une chaise pour y entr
51 se sur quatre pieds de fonte : il faudrait monter sur une chaise pour y entrer. De la cuisine, on passe par une baie sans p
52 une baie sans porte dans le front room, qui donne sur la rue. De l’autre côté de la cuisine, deux petites chambres sans fen
53 s ni portes, suivies d’une autre pièce plus large sur la cour. Ce logis, qui n’est guère qu’un corridor légèrement cloisonn
54 tan des centaines de milliers de logis construits sur ce même type : deux pièces claires sur cour et sur rue, reliées par d
55 construits sur ce même type : deux pièces claires sur cour et sur rue, reliées par deux ou trois alvéoles aveugles. Tout l’
56 ur ce même type : deux pièces claires sur cour et sur rue, reliées par deux ou trois alvéoles aveugles. Tout l’East Side po
57 s aveugles. Tout l’East Side populaire est ainsi, sur une vingtaine de kilomètres. Je me penche à la fenêtre, au-dessus de
58 u ce sont peut-être des chats. Des cordes tendues sur l’abîme supportent des lessives et de grands draps claquants. Du haut
59 es et de scènes du soir, s’étagent en silhouettes sur le ciel rouge. Une radio clame Amapola, plus fort que tout, dans la c
9 1947, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (décembre 1947)
60 Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (décembre 1947)m Ta douleur, du Périer, sera donc
61 s citoyens devant les magistrats, on les calomnie sur les places publiques, dans les assemblées particulières. Machiavel :
62 s assemblées particulières. Machiavel : Discours sur la Première Décade de Tite-Live, chap. VII. Une accusation Le 1
63 me de bien lire les journaux. Mais voici ce matin sur mon bureau une de ces lettres-éclair de notre directeur : « Les journ
64 érangent mon travail pour me demander mon opinion sur cette affaire… » Il joint l’extrait de la Gazette qu’on vient de li
65 ous les deux écrit pour la radio, hors de Suisse, sur la politique. Soit. Mais un avocat qui veut s’en tenir à la seule res
66 Rougemont Denis de, « Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu », Bulletin de la Guilde du livre, Lausanne, décembre
10 1948, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Lacs (août 1948)
67 t donner la sérénade. Et nous montons à ce balcon sur l’eau, accroché aux très hautes murailles qui sans raison, grandiloqu
68 e les flancs du noir Monte Baldo coiffé de neige, sur l’autre rive, un orage s’illumine par moments, et dans l’échappée ver
69 e le ciel, le petit phare de la baie de Sirmione… Sur les lacs sinueux de la Prusse-Orientale, nous allions ramer vers minu
70 isait fête à des adieux… Petits déjeuners suisses sur un balcon d’hôtel à Vevey, à Montreux, patries du roman russe. Et le
71 uprès d’un lac n’est jamais sans douceur. Je suis sur la jetée, près du hangar des trams, et l’eau n’est pas plus noire que
72 iens. J’ai refusé de raconter devant tous, debout sur un tonneau comme le veut la coutume, l’histoire de mes Premières Amou
73 aux. Nous, les garçons, tenons notre « colloque » sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Nous parlons entre nous d’un air grave,
74 vais pas me suicider. Je mentirai ! Je suis assis sur un banc près du port, la promenade est déserte et mon cœur assoiffé.
75 un chandail au col roulé, pédale à longues pesées sur le chemin de la plaine, luttant contre un vent impétueux. L’orage est
76 tée d’un bois de pins. Que vient-il donc chercher sur ces rivages désertés par le crépuscule ? Quelle est cette hâte inconn
77 plus que de puritain.) Il ralentit, pose un pied sur le sol, et s’appuie de la main au tronc d’un pin. Ce qui lui arrive e
78 ans la nue, et le jeune homme savait en repartant sur le sentier obscur, vers les roseaux, qu’avant le rendez-vous ce qui l