1 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
1 Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925) a Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mène
2 il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun, en tête à tête avec le génie de la mort. Mais alors
3 ie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie. a . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Henry de Montherlant, Chant fu
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
4 tte mystification : la plupart des surréalistes n’ ont rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en do
5 igent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de métaph
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
6 s le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se
7 ents. Le miracle, c’est que le plus sauvage génie ait choisi un être de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer.
8 ur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’ avoir rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui suive
9 motif à l’admiration que tout le lyrisme dont on a voulu charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherch
10 harger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’ a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion de
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
11 accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand roman : autour d’un sujet de vaste envergu
12 le richesse psychologique. En fermant le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il 
13 fermant le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de sty
14 d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre a tenté, et en somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jour
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
15 our provoquer cette confrontation seulement qu’on a imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de
16 sentation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’ as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’i
17 Orient…, toi qui n’as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il s’agit, et Jean Schlumberger
18 rabie, Indes et Chine sous une dénomination qui n’ a de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un class
19 sance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit la géométrie grecque. D’autres attribuent cette supériorité a
20 tes ces opinions ; et ceux qui avouent n’en point avoir , sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conclusions ou int
21 utes les réponses, conclusions ou interrogations, ont le défaut de n’être pas suffisamment motivées par des faits et des do
22 ’éducation historique des peuples chrétiens qui n’ ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la re
23 on historique des peuples chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion
24 agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement p
25 ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « conscie
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
26 t un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’ a peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci p
27 r, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’ a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement da
28  il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’ a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve êt
29 n ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle a cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie d
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
30 dition Fischer passait pour « la centrale où l’on avait concentré la dynamite internationale qu’Ibsen voulait placer sous les
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
31 rce qu’il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses
32 gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quel
33 elque superficialité, du moins faut-il le louer d’ avoir conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’im
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
34 sion de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de bar
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
35 ns l’époque romantique un témoin dont le jugement eut « l’autorité d’un verdict essentiellement chrétien sur le mysticisme
36 qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’ a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines crit
37 oncerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critiques.
38 ritiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’ ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement l
39 n dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’ avait trouvé. Mais sa position purement chrétienne — un mysticisme de cadre
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
40 ez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’ ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-il influence ou seuleme
41 e l’ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t -il influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des
42 e, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers int
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
43 tte libération, un Yeats, un A.E., bien d’autres, ont su payer de leur personne. Effet, puisque l’héroïsme d’une révolution
44 s commentaires parfois un peu copieux ; mais elle a la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit d
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
45 avec ses écumeurs ? Déjà un Mac Orlan, un Kessel ont donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme
46 t tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction françai
47 s commençons aujourd’hui un roman bien différent, a vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une vill
48 les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église,
49 Anglais) : Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si f
50 : Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort
51 vitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’il avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin po
52 ière et peut-être du monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna ju
53 ique ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilité
14 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
54 époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court
55 fini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui ont perdu la croyance en un bonheur possible ou désirable subissent cette
56 els. Il y a encore les hommes politiques, mais on a si souvent l’impression qu’ils battent la mesure devant un orchestre
57 ttre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouv
58 tion ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière,
59 ’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils ont construit des édifices très différents de style, et dont les façades
60 vec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’ a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs aut
61 l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’ a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. I
62 de sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout a été essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne
63 udra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution toujours 
64 phlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement qu
65 derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’ a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la b
66 des inquiétudes modernes : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-ê
67 des façons de vivre autant que de penser qui les ont amenés aux positions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dan
68 cte vraiment indéfendable de tout point de vue… J’ avais goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chériss
69 es à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les
70 réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
71 pour marquer l’aboutissement d’une évolution qui a son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, l
72 tuite que prétendent mener les surréalistes, il n’ a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roman
73 toute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur
74 jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’on ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ense
75 pe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’ ont pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plus i
76 re d’avant-garde est fille de la fatigue. La Muse a trop veillé. L’amour moderne, nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, tro
77 gues est cet état presque inhumain de celui qui n’ a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automa
78 es, quels Niagaras 9 !) Quelques jeunes hommes l’ ont compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils sav
79 tres de leurs corps exercés, ils savent qu’il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté q
80 nsée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effor
81 nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur a l’eau claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente
82 Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
83 a mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve a rêvé une histoire de passion mystique et de crime, intense et tragiqu
84 d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel. Il l’ a transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un songe,
85 aisement d’une vieillesse au soleil. Jouve semble avoir hésité entre plusieurs styles de roman. Un chapitre d’observation psy
86 onde. (Il serait aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de famille freudiens, ou d’analyses de démence
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
87 6)q Un artiste de grand talent à qui la guerre a fait perdre le goût des théories d’écoles et de quelques autres plais
88 te de ses péripéties. Quel dommage que l’auteur l’ ait alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût
89 éologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût gagné à être mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de M
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
90 emières pages, mais qu’il faut louer Mme Rivier d’ avoir posé courageusement. Dirai-je que l’abus des points d’exclamation — t
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
91 Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvr
92 étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de criti
93 de beaucoup les limites de cette école, et qu’il eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiq
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
94 sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’ a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec s
95 ntelligence parvenue au point où elle « ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une intelligence qui s
96 s cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait -il le courage de prier… u. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Re
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
97 est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’ avoir pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentemen
98 image puissante qui actionne notre esprit » après avoir été créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de
99 n en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’ avoir trouvé la formule même de tant d’aspirations modernes. Voici sans auc
100 pre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’ ont osé. Créer un espace architectural lumineux à la place de nos cités c
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
101 qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante du mouvement de construction et de
102 les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voic
103 issance personnelle. Après quoi il écrit : « II y a , en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’e
104  » — que la psychologie freudienne et proustienne a porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newm
105 les exemples d’un Meredith et d’un Stendhal, qui ont su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la v
106 le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’ a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
107 prairies espagnoles pleines de simple grandeur, j’ ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurologi
108 nt éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
109 Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphère trop
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
110 et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait p
111 points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne le paraissent point.
25 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
112 d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’ ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux qu
113 vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de
114 n des plus significatifs du romantisme nouveau. J’ ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendresse
26 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
115 froideur que l’on dirait désintéressée si elle n’ avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu
116 le qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’ a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre,
117 ée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur c
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
118 Edmond Jaloux, Ô toi que j’ eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un ho
119 emple rare d’un homme que son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’e
120 e Jaloux. Et peut-être que la comtesse Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’a
121 Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces co
122 Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’ aura pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facileme
123 me on aime une petite maison de province quand on a failli hériter de Chenonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovitch
124 ans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’ aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision pr
125 ans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé là un sujet qui convient admirablement à son art, où s’unissen
126 aison ignore ou tyrannise aveuglément, car « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est p
127 fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles ont fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incompris,
128 s de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que j’ eusse aimée…  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mars
28 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
129 le équilibre, les tendances que ses contemporains ont poussées à l’extrême avec moins de prudence mais aussi de lucidité. S
130 aits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t -il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditio
131 décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini quelques « positions en face de l’inquiétude », M. Rops consid
132 e paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’ a-t -il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprê
133 conjointes de l’inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. Rougemont Den
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
134 st un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’ a d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité
135 nd de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le pèr
136 oisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’ avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemont D
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
137 René Crevel, La Mort difficile (mai 1927) ai Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’inq
138 et un sérieux humain qui forcent la sympathie. ai . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel, La Mort difficile
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
139 tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’ ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragique
32 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
140 ine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres y ont apporté de secrètes complaisances, ou une arrière-pensée d’apologie,
141 u’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’est
142 les « éclats de l’impuissance ». Un plus délicat eut compris que certains des morceaux très divers qui composent ce livre
143 r chez les jeunes écrivains français un homme qui ait à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique d
144 e par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’ avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est que le triomphe de la litt
145 le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’ avoir su en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’au boutisine » qu
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
146 le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air
147 parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’ aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce p
34 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
148 res amours (août 1927)an Ces trois nouvelles n’ ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminisc
149 nt d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une
150 du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de v
151 éalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’ avoir su donner à ces œuvrettes une si exquise humanité : par lui le « char
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
152 la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait qu’on dirait
153 On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’ ont plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend un m
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
154 eur raconte dans une lettre à une amie comment il a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fami
155 milieu d’une effusion « lyrique », histoire de n’ avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de v
156 ue », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son bo
157 urité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres déda
158 de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages.
37 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
159 yriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibilité.
38 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
160 et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où s
161 e perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’ avoir emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de lecteurs
162 rgue sous les yeux de poulpes géants. Jules Verne a véritablement soumis la science à la poésie. Et l’on ne veut voir que
39 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
163 Aragon, Traité du style (août 1928) as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à m
164 ’ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (be
165 r leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il est même un
166 l est même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré
167 it vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien f
168 ccède à des objets qui enfin valent le respect. as . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Aragon, Traité du style  », Bi
40 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
169 universellement méprisées. Mais les surréalistes ont leur responsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’est bornée
170 y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient
171 s beau style contre un monde très laid dont ils n’ ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. Rougemont Denis
41 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
172 ant de jeunes hommes de l’après-guerre, Malraux l’ a vécue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine est décisif : « La
173 grimace. Cette intelligence et cette sensibilité ont quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’elles s’appliquent
42 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
174 éçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son beau regard de
175 end que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ ait point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi
176 si rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’u
177 giner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’ a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ;
178 z morose ; mais à grande échelle. M. de Pourtalès a su rehausser le tableau avec beaucoup d’adresse et de charme : Wagner
179 ar hasard de moyens d’action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas
180 action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de
181 tion puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Lis
182 s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin,
183 il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’
184 qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’ a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc l
185 n’était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’ a résolu d’une façon fort adroite mais non moins franche. av. Rougem
43 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
186 rtaines scènes terrifiantes de la révolution : il a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il su
187 eillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’il a choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feintes
188 à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui ont connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé. Je reg
189 ique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez tra
44 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
190 vie avec une émouvante simplicité et il faudrait avoir la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur que c’est bien co
191 e cette autobiographie tellement au sérieux que j’ ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un hom
192 uchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie d
193 blâme, mais comme l’homme nommé Ford, de Détroit, a contribué davantage que n’importe quel autre de mon temps à faire abo
45 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
194 nnée dernière — un livre assez troublant et qu’on a trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre ch
195 nge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un peu ivre et capable de n’importe quoi, cet air dangereux e
196 Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Ma
46 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
197 entative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’il ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie le
47 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
198 tion dans un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cett
199 ù les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaissent la t
200 ble. Mais justement, la gloire de M. Benda sera d’ avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et qu
201 e de M. Benda sera d’avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croira
202 impossible. Et quand bien même elle croirait n’en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte aux s
48 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
203 Michaux, Mes propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous croyez q
204 depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith — je n’ avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans l’insol
49 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
205 use beauté du lac de Neuchâtel. Mlle Kikou Yamata a su le voir aussi « gris et ardent sous le soleil caché », ou bien, en
206 paysages, que dans ses dessins, dont Kikou Yamata a dit ailleurs la précision curieusement nipponne. Quelle admirable maî
207 uelle admirable maîtrise de sa technique ! Et qui eût pensé qu’avec un jeu de noirs et de gris l’on pût recréer toute la fe
50 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
208 livre se résout dans une amertume vague. Ceux qui ont lu la Mort difficile de René Crevel ne s’étonneront ni du sujet ni de
209 rès tant de sarcasmes contre l’enfer bourgeois, n’ a trouvé d’autre salut que l’abandon à quelques obsessions sexuelles. Q
51 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
210 , et peut-être va-t-il rentrer dans l’ombre après avoir été pendant quelques années l’idole et l’auteur-tabou du surréalisme.
211 . Pierre-Quint vient d’écrire sur ce poète, qu’on a traité de fou et d’ange, un essai remarquable de netteté et souvent,
212 précurseur » d’une certaine littérature moderne n’ a fait, en somme, que reprendre, quitte à les parodier, les grands thèm
213 ier, les grands thèmes du romantisme. Mais il les a poussés à un paroxysme verbal qui induit à croire qu’il les sentait m
214 ment dangereuse. On sent bien ici que le critique a dominé son sujet. Mais pourquoi se refuse-t-il à tirer de ces remarqu
215 ieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il n’ a cure de cette littérature que Ducasse s’épuise à parodier.) Il semble
52 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
216 en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive,
217 lus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs
218 e gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des chaî
219 qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans avoir pu retrouver cette mélodie descendue d’un balcon où chantait la Schum
220 cendue d’un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heu
221 mann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quartiers si cla
222 quartiers si clairs, arbres et jets d’eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase,
223 la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m’ aura jamais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué,
224 mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’ a pas bien compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil,
225 2. La recherche de l’objet inconnu Personne n’ a mon adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongrois
226 n monde que les poètes essaient de décrire sans l’ avoir jamais vu, et dont nous savons seulement que tout y a son écho le plu
227 mais vu, et dont nous savons seulement que tout y a son écho le plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’ira
228 était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’il avait perdu, c’était son ombre. Mais moi qui cherche un Objet Inconnu ! — Ô
229 emparent de moi comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais
230 on avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’ a pas de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai
231 dis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’ avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet du Rozsa
232 Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous avons repassé un grand pont vibrant et nous sommes rentrés en Europe. Mais
233 is dès le lendemain, m’échappant du programme, il a bien fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez
234 rche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’ avait -on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que personne
235 de babouches dans une mosquée vide que personne n’ a plus l’idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui por
236  ; mais celui-là est véritablement voyageur qui n’ a pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par
237 u mur. Gül Baba est le dernier héros musulman qui ait fait parler de lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité Kehl Baba, ce
238 le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père des roses. Moyennant cette nat
239 , et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsieur a du temps à perdre ! » s’écrie le lecteur, et comme il est, lui, de l’
240 s, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs « problèmes
241 grandes lignes verticales peinturlurées — elle n’ a rien d’étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est
242 nfondre le bizarre. C’est le faux merveilleux qui a discrédité le vrai, lequel est quotidien, circonspect, souvent micros
243 vent microscopique, moralement microscopique. (Il a tellement l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le p
244 e pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, —
245 ire et regardent tristement les lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là ne chanta
246 , renonçant à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à cherch
247 les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à chercher après coup des transitions,
248 res vraisemblables ? Ainsi le lecteur superficiel aurait l’impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étan
249 s. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps…
250 que temps… Car on ne trouve vraiment que ce qu’on a consenti de ne pas trouver sur l’heure. (En petit et intéressé, ce ge
251 s, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des qua
252 affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur
253 ines, à Freudenau, lors du Derby viennois, je les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant da
254 nce, tangible absurdité de notre époque, beaucoup ont dû louer des taxis démodés, au tarif inférieur. Des chauffeurs vautré
255 Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la
256 « la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pas vous, maint
257 us les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici d
258 itable légitimité — on comprend que le Hongrois n’ ait point conservé une extrême sensibilité aux arguments de « droit » qui
259 randeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ ayant cure des statistiques — et sa douleur aussi, douleur d’orgueil blessé
260 es et des enfants. C’est parce que les Hongrois n’ ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voil
261 d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire opt
262 que par quelques pièces légères de Molnár, qui n’ ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu,
263 du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occident), revue fond
264 ’horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance d
265 passion » — pour parler comme le seul Clerc qui n’ ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’ex
266 des passions sont disciples d’Origène. Il doit y avoir d’autres solutions… bh. Rougemont Denis de, « Voyage en Hongrie I »
53 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
267 ce. La Mort d’Empédocle et les Poèmes de la folie ont paru simultanément, et l’on annonce Hypérion. Il ne manquera plus que
268 eaucoup de reconnaissance à M. André Babelon pour avoir traduit et introduit avec tant de justesse, voire de profondeur, la M
269 éritablement « posthumes », que Pierre Jean Jouve a traduits dans la langue fluide mais jamais abstraite qui est celle de
270 ues éveillées en lui par la voix de Hölderlin qui ont dû l’inciter à l’acte recréateur qu’est la traduction d’un poète par
271 ande s’il était bien légitime de les traduire. On a respecté scrupuleusement les « blancs » que Hölderlin indiquait avec
272 a folie de Hölderlin que MM. Groethuysen et Jouve ont choisis et traduits à la suite des poèmes, ils ne sont pas ce que ce
54 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
273 poursuivre est une sorte d’enivrant péché. — Nous aurions une maison dans ce désert aux formes tendres et déjà familières, et l
274 resse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ ont plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’
275 Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les
276 rme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa mis
277 res et les belles manières. Et quant à ceux qui n’ ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auron
278 à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car c’est l’ivresse15 seulem
279 de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’ auront que cela, car c’est l’ivresse15 seulement qui permet à l’esprit de pa
280 avec les bras, comme on chante du Verdi, — elles ont des mouvements vifs du buste, et des mains pleines de drôleries ou de
281 e et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’ as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sin
282 elui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’il a du cœur, n’en revient plus. 15. La plaine et la musique L’ouver
283 se répétition. C’est ici le premier pays que je n’ ai pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis16
284 bourgeois supporterait difficilement l’ampleur qu’ ont ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ces vents vastes
285 symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le
286 rams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’ avoir pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu’à Debre
287 aignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’ avons qu’au prix de tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime les Hon
288 nt, c’est de devenir une grande personne. On me l’ a dit, c’est vrai : cette ville historique est aussi l’autre « Rome pro
289 ue est aussi l’autre « Rome protestante ». Mais d’ avoir vu ses profondes bibliothèques et son quartier universitaire tout raj
290 ’un monde, au bord extrême de l’Europe. Le hasard a voulu que j’y entende, un soir, une présentation de musiques hongrois
291 idente et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai -je compris la Grande Plaine, et que par sa musique j’étais aux marche
292 s aux marches de l’Asie. En sortant du concert, j’ ai erré aux terrasses des hôtels, dans le grandiose bavardage des Tzigan
293 Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’ as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des secrets qui
294 oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’ ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’u
295 triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le cons
296 un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’en so
297 Lève-toi, pars, et sans vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare a
298 faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur capric
299 nir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne… Déjà je suis repris par le malaise que m’inf
300 ’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce
301 Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’ ai traversé l’angoisse lunaire des villages vides aux portes aveugles (j
302 lunaire des villages vides aux portes aveugles (j’ avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans le
303 (j’avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joi
304 tores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubo
305 r, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’ ai dû voir l’objet pour la première fois — ou bien était-ce un être ?
306 èque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Sterne ou Goethe, mais, semblable à Gérard de Nerval, je sentais
307 t du temps tu vis, — c’en est fait, toutes choses ont revêtu cet air inaccoutumé qui signale que tu es parti. Voyager — ser
308 ais il faut voyager pour découvrir ce sens ! — Qu’ as -tu vu que tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir !
309 le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être véritable. Seul au milieu des miens,
310 . Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’ avais l’illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici,
311 e rayonnais, on me dessine. Mais en même temps, j’ ai découvert mes puissances d’évasion intérieure. Et souvent je pressens
312 rontière arrêtée au milieu de la plaine à l’heure A , — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils u
313 ds bien qu’il faudrait ouvrir ces valises, mais j’ ai perdu mes clefs. L’œil du douanier conseille des aveux complets. J’ai
314 L’œil du douanier conseille des aveux complets. J’ ai le feu à la tête, mais je suis innocent puisque enfin il n’est pas da
315 aines de voyage ? Cela va paraître improbable. On a dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi l’œil est implacabl
316 Rien, rien à déclarer, quelle tristesse. Mais qu’ a-t -on jamais pu « déclarer » d’important ? Je ne sais plus parler en ver
317 les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’ a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de
318 i exigent des apparences positives. Ainsi donc, j’ ai cherché la Pierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cher
319 quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’ a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Objet
320 de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ ai -je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intéri
321 connaître sont un seul et même acte. Peut-être l’ ai -je aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et en qui
322 e aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et en qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes a
323 ange sécurité. Présence, présence réelle… Comme j’ ai peine à m’imaginer que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière e
324 ables, en voyage, je me dis que c’est de là que j’ ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en f
325 s à cet endroit, en ce temps… Qui sait si tu ne l’ as pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… Oh ! bien
326 autre que sa fuite : n’est-il pas cet Objet qui n’ ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le
327 entiments indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’ as vu l’enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu e
55 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
328 pproximations, 4e série (novembre 1930)bk Je n’ ai jamais cherché rien d’autre que d’approcher mon sujet, en m’identifia
329 peut-être pas fortuitement que M. Charles Du Bos a placé cette parfaite définition de sa manière au seuil de la 4e série