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Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
a
Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mène
2
il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour
avoir
contemplé Verdun, en tête à tête avec le génie de la mort. Mais alors
3
ie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie.
a
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Henry de Montherlant, Chant fu
4
tte mystification : la plupart des surréalistes n’
ont
rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en do
5
igent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y
a
pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de métaph
6
s le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en
a
connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se
7
ents. Le miracle, c’est que le plus sauvage génie
ait
choisi un être de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer.
8
ur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’
avoir
rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui suive
9
motif à l’admiration que tout le lyrisme dont on
a
voulu charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherch
10
harger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’
a
pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion de
11
accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre
avait
là les éléments d’un grand roman : autour d’un sujet de vaste envergu
12
le richesse psychologique. En fermant le livre on
a
presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il
13
fermant le livre on a presque l’impression qu’il
a
réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de sty
14
d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre
a
tenté, et en somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jour
15
our provoquer cette confrontation seulement qu’on
a
imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de
16
sentation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’
as
qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’i
17
Orient…, toi qui n’as qu’une valeur de symbole »,
a
dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il s’agit, et Jean Schlumberger
18
rabie, Indes et Chine sous une dénomination qui n’
a
de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un class
19
sance de choix », dans le génie d’abstraction qui
a
produit la géométrie grecque. D’autres attribuent cette supériorité a
20
tes ces opinions ; et ceux qui avouent n’en point
avoir
, sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conclusions ou int
21
utes les réponses, conclusions ou interrogations,
ont
le défaut de n’être pas suffisamment motivées par des faits et des do
22
’éducation historique des peuples chrétiens qui n’
ont
pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la re
23
on historique des peuples chrétiens qui n’ont pas
eu
de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion
24
agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos,
a
trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement p
25
ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous
aurons
entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « conscie
26
t un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’
a
peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci p
27
r, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’
a
isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement da
28
il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’
a
poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve êt
29
n ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle
a
cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie d
30
dition Fischer passait pour « la centrale où l’on
avait
concentré la dynamite internationale qu’Ibsen voulait placer sous les
31
rce qu’il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei
a
gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses
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gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on
a
pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quel
33
elque superficialité, du moins faut-il le louer d’
avoir
conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’im
34
sion de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y
a
pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de bar
35
ns l’époque romantique un témoin dont le jugement
eut
« l’autorité d’un verdict essentiellement chrétien sur le mysticisme
36
qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’
a
pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines crit
37
oncerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas
eu
trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critiques.
38
ritiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’
ait
été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement l
39
n dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’
avait
trouvé. Mais sa position purement chrétienne — un mysticisme de cadre
40
ez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’
ont
enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-il influence ou seuleme
41
e l’ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y
a-t
-il influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des
42
e, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho
a
dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers int
43
tte libération, un Yeats, un A.E., bien d’autres,
ont
su payer de leur personne. Effet, puisque l’héroïsme d’une révolution
44
s commentaires parfois un peu copieux ; mais elle
a
la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit d
45
avec ses écumeurs ? Déjà un Mac Orlan, un Kessel
ont
donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme
46
t tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon
a
même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction françai
47
s commençons aujourd’hui un roman bien différent,
a
vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une vill
48
les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur
a
dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église,
49
Anglais) : Ils s’embrassaient comme des gens qui
auraient
eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si f
50
: Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient
eu
faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort
51
vitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’il
avait
peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin po
52
ière et peut-être du monde dans l’appartement. Il
avait
si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna ju
53
ique ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y
a
pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilité
54
époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On
a
mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court
55
fini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui
ont
perdu la croyance en un bonheur possible ou désirable subissent cette
56
els. Il y a encore les hommes politiques, mais on
a
si souvent l’impression qu’ils battent la mesure devant un orchestre
57
ttre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains
ont
perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouv
58
tion ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’ils
ont
peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière,
59
’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils
ont
construit des édifices très différents de style, et dont les façades
60
vec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’
a
rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs aut
61
l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’
a
pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. I
62
de sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout
a
été essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne
63
udra bien se remettre à manger, tout de même nous
avons
un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution toujours
64
phlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il
a
touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement qu
65
derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’
a
pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la b
66
des inquiétudes modernes : la perte d’une foi. Il
a
besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-ê
67
des façons de vivre autant que de penser qui les
ont
amenés aux positions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dan
68
cte vraiment indéfendable de tout point de vue… J’
avais
goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chériss
69
es à mépriser les longues vies heureuses que nous
avions
jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les
70
réalité morale absolue que certains d’entre nous
eussent
acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
71
pour marquer l’aboutissement d’une évolution qui
a
son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, l
72
tuite que prétendent mener les surréalistes, il n’
a
fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roman
73
toute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y
a
que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur
74
jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’on
ait
perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ense
75
pe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’
ont
pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plus i
76
re d’avant-garde est fille de la fatigue. La Muse
a
trop veillé. L’amour moderne, nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, tro
77
gues est cet état presque inhumain de celui qui n’
a
pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automa
78
es, quels Niagaras 9 !) Quelques jeunes hommes l’
ont
compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils sav
79
tres de leurs corps exercés, ils savent qu’il n’y
a
de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté q
80
nsée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y
a
de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effor
81
nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur
a
l’eau claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente
82
Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils
ont
fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière
83
a mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve
a
rêvé une histoire de passion mystique et de crime, intense et tragiqu
84
d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel. Il l’
a
transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un songe,
85
aisement d’une vieillesse au soleil. Jouve semble
avoir
hésité entre plusieurs styles de roman. Un chapitre d’observation psy
86
onde. (Il serait aisé de montrer quel parti Jouve
a
su tirer des complexes de famille freudiens, ou d’analyses de démence
87
6)q Un artiste de grand talent à qui la guerre
a
fait perdre le goût des théories d’écoles et de quelques autres plais
88
te de ses péripéties. Quel dommage que l’auteur l’
ait
alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût
89
éologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui
eût
gagné à être mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de M
90
emières pages, mais qu’il faut louer Mme Rivier d’
avoir
posé courageusement. Dirai-je que l’abus des points d’exclamation — t
91
Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il
ait
trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvr
92
étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau
a
réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de criti
93
de beaucoup les limites de cette école, et qu’il
eut
le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiq
94
sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’
a
plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec s
95
ntelligence parvenue au point où elle « ne semble
avoir
rien d’autre à faire que son propre procès », une intelligence qui s
96
s cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore
avait
-il le courage de prier… u. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Re
97
est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’
avoir
pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentemen
98
image puissante qui actionne notre esprit » après
avoir
été créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de
99
n en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’
avoir
trouvé la formule même de tant d’aspirations modernes. Voici sans auc
100
pre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’
ont
osé. Créer un espace architectural lumineux à la place de nos cités c
101
qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez
a
donné la première œuvre importante du mouvement de construction et de
102
les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez
a
tout le talent qu’il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voic
103
issance personnelle. Après quoi il écrit : « II y
a
, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’e
104
» — que la psychologie freudienne et proustienne
a
porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newm
105
les exemples d’un Meredith et d’un Stendhal, qui
ont
su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la v
106
le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’
a
pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme
107
prairies espagnoles pleines de simple grandeur, j’
ai
supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurologi
108
nt éternellement dans les prairies célestes, pour
avoir
donné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui
109
Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman
a
le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphère trop
110
et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y
a
pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait p
111
points de vue irréductibles, du moins M. Malraux
a
fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne le paraissent point.
112
d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’
ont
suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux qu
113
vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On
a
l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de
114
n des plus significatifs du romantisme nouveau. J’
ai
nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendresse
115
froideur que l’on dirait désintéressée si elle n’
avait
pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu
116
le qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’
a
pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre,
117
ée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies
ont
un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur c
118
Edmond Jaloux, Ô toi que j’
eusse
aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un ho
119
emple rare d’un homme que son évolution naturelle
a
rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’e
120
e Jaloux. Et peut-être que la comtesse Rezzovitch
a
rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’a
121
Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle
a
dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces co
122
Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’
aura
pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facileme
123
me on aime une petite maison de province quand on
a
failli hériter de Chenonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovitch
124
ans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’
aurait
peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision pr
125
ans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux
a
trouvé là un sujet qui convient admirablement à son art, où s’unissen
126
aison ignore ou tyrannise aveuglément, car « nous
avons
dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est p
127
fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles
ont
fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incompris,
128
s de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que j’
eusse
aimée… », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mars
129
le équilibre, les tendances que ses contemporains
ont
poussées à l’extrême avec moins de prudence mais aussi de lucidité. S
130
aits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops
a-t
-il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditio
131
décisif, des conditions de la vie moderne.) Après
avoir
défini quelques « positions en face de l’inquiétude », M. Rops consid
132
e paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’
a-t
-il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprê
133
conjointes de l’inquiétude et de la foi : « Si tu
as
trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. Rougemont Den
134
st un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’
a
d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité
135
nd de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob
a
renié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le pèr
136
oisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’
avez
assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemont D
137
René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
ai
Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’inq
138
et un sérieux humain qui forcent la sympathie.
ai
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel, La Mort difficile
139
tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’
ai
la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragique
140
ine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres y
ont
apporté de secrètes complaisances, ou une arrière-pensée d’apologie,
141
u’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il
a
esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’est
142
les « éclats de l’impuissance ». Un plus délicat
eut
compris que certains des morceaux très divers qui composent ce livre
143
r chez les jeunes écrivains français un homme qui
ait
à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique d
144
e par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’
avoir
échappé au surréalisme en tant qu’il n’est que le triomphe de la litt
145
le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’
avoir
su en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’au boutisine » qu
146
le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous
avez
fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air
147
parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’
aviez
pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce p
148
res amours (août 1927)an Ces trois nouvelles n’
ont
guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminisc
149
nt d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui
aurait
pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une
150
du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils
ont
aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de v
151
éalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’
avoir
su donner à ces œuvrettes une si exquise humanité : par lui le « char
152
la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui
a
rencontré plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait qu’on dirait
153
On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’
ont
plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend un m
154
eur raconte dans une lettre à une amie comment il
a
écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fami
155
milieu d’une effusion « lyrique », histoire de n’
avoir
pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de v
156
ue », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il
a
des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son bo
157
urité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp
ait
prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres déda
158
de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il
a
su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages.
159
yriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y
a
plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibilité.
160
et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il
a
aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où s
161
e perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’
avoir
emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de lecteurs
162
rgue sous les yeux de poulpes géants. Jules Verne
a
véritablement soumis la science à la poésie. Et l’on ne veut voir que
163
Aragon, Traité du style (août 1928)
as
Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à m
164
’ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui
a
le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (be
165
r leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour,
a
dit conséquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il est même un
166
l est même un des très rares parmi les jeunes qui
ait
vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré
167
it vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’
ai
lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien f
168
ccède à des objets qui enfin valent le respect.
as
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Aragon, Traité du style », Bi
169
universellement méprisées. Mais les surréalistes
ont
leur responsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’est bornée
170
y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils
avaient
le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient
171
s beau style contre un monde très laid dont ils n’
ont
pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. Rougemont Denis
172
ant de jeunes hommes de l’après-guerre, Malraux l’
a
vécue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine est décisif : « La
173
grimace. Cette intelligence et cette sensibilité
ont
quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’elles s’appliquent
174
éçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer
ait
séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son beau regard de
175
end que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’
ait
point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi
176
si rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il
a
voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’u
177
giner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’
a
pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ;
178
z morose ; mais à grande échelle. M. de Pourtalès
a
su rehausser le tableau avec beaucoup d’adresse et de charme : Wagner
179
ar hasard de moyens d’action puissants : s’il les
a
gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas
180
action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il
a
eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de
181
tion puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a
eu
peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Lis
182
s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il
a
eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin,
183
il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a
eu
peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’
184
qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’
a
pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc l
185
n’était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’
a
résolu d’une façon fort adroite mais non moins franche. av. Rougem
186
rtaines scènes terrifiantes de la révolution : il
a
été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il su
187
eillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’il
a
choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feintes
188
à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui
ont
connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé. Je reg
189
ique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on
a
vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez tra
190
vie avec une émouvante simplicité et il faudrait
avoir
la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur que c’est bien co
191
e cette autobiographie tellement au sérieux que j’
ai
été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un hom
192
uchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’
ont
plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie d
193
blâme, mais comme l’homme nommé Ford, de Détroit,
a
contribué davantage que n’importe quel autre de mon temps à faire abo
194
nnée dernière — un livre assez troublant et qu’on
a
trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre ch
195
nge dans une atmosphère autre, où les personnages
ont
cet air un peu ivre et capable de n’importe quoi, cet air dangereux e
196
Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous
avons
besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Ma
197
entative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’il
ait
fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie le
198
tion dans un débat où les voix les mieux écoutées
ont
dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cett
199
ù les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles
avaient
à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaissent la t
200
ble. Mais justement, la gloire de M. Benda sera d’
avoir
soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et qu
201
e de M. Benda sera d’avoir soutenu que l’humanité
a
besoin qu’on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croira
202
impossible. Et quand bien même elle croirait n’en
avoir
plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte aux s
203
Michaux, Mes propriétés (mars 1930)bd Si vous
avez
la curiosité, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous croyez q
204
depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith — je n’
avais
pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans l’insol
205
use beauté du lac de Neuchâtel. Mlle Kikou Yamata
a
su le voir aussi « gris et ardent sous le soleil caché », ou bien, en
206
paysages, que dans ses dessins, dont Kikou Yamata
a
dit ailleurs la précision curieusement nipponne. Quelle admirable maî
207
uelle admirable maîtrise de sa technique ! Et qui
eût
pensé qu’avec un jeu de noirs et de gris l’on pût recréer toute la fe
208
livre se résout dans une amertume vague. Ceux qui
ont
lu la Mort difficile de René Crevel ne s’étonneront ni du sujet ni de
209
rès tant de sarcasmes contre l’enfer bourgeois, n’
a
trouvé d’autre salut que l’abandon à quelques obsessions sexuelles. Q
210
, et peut-être va-t-il rentrer dans l’ombre après
avoir
été pendant quelques années l’idole et l’auteur-tabou du surréalisme.
211
. Pierre-Quint vient d’écrire sur ce poète, qu’on
a
traité de fou et d’ange, un essai remarquable de netteté et souvent,
212
précurseur » d’une certaine littérature moderne n’
a
fait, en somme, que reprendre, quitte à les parodier, les grands thèm
213
ier, les grands thèmes du romantisme. Mais il les
a
poussés à un paroxysme verbal qui induit à croire qu’il les sentait m
214
ment dangereuse. On sent bien ici que le critique
a
dominé son sujet. Mais pourquoi se refuse-t-il à tirer de ces remarqu
215
ieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il n’
a
cure de cette littérature que Ducasse s’épuise à parodier.) Il semble
216
en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’
ai
beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive,
217
lus singulier pour ce château sur la rive, ils en
ont
tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs
218
e gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’
ai
pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des chaî
219
qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans
avoir
pu retrouver cette mélodie descendue d’un balcon où chantait la Schum
220
cendue d’un balcon où chantait la Schumann ; sans
avoir
pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heu
221
mann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on
a
reconduit à sa villa, vers cinq heures à travers ces quartiers si cla
222
quartiers si clairs, arbres et jets d’eau ; sans
avoir
pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase,
223
la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m’
aura
jamais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué,
224
mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’
a
pas bien compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil,
225
2. La recherche de l’objet inconnu Personne n’
a
mon adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongrois
226
n monde que les poètes essaient de décrire sans l’
avoir
jamais vu, et dont nous savons seulement que tout y a son écho le plu
227
mais vu, et dont nous savons seulement que tout y
a
son écho le plus pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’ira
228
était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’il
avait
perdu, c’était son ombre. Mais moi qui cherche un Objet Inconnu ! — Ô
229
emparent de moi comme des superstitions. Tout mon
avoir
se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais
230
on avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’
a
pas de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai
231
dis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’
avez
montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet du Rozsa
232
Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait, nous
avons
repassé un grand pont vibrant et nous sommes rentrés en Europe. Mais
233
is dès le lendemain, m’échappant du programme, il
a
bien fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez
234
rche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’
avait
-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que personne
235
de babouches dans une mosquée vide que personne n’
a
plus l’idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui por
236
; mais celui-là est véritablement voyageur qui n’
a
pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par
237
u mur. Gül Baba est le dernier héros musulman qui
ait
fait parler de lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité Kehl Baba, ce
238
le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en
ont
fait Gül Baba, ce qui signifie le Père des roses. Moyennant cette nat
239
, et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsieur
a
du temps à perdre ! » s’écrie le lecteur, et comme il est, lui, de l’
240
s, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il
a
pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs « problèmes
241
grandes lignes verticales peinturlurées — elle n’
a
rien d’étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est
242
nfondre le bizarre. C’est le faux merveilleux qui
a
discrédité le vrai, lequel est quotidien, circonspect, souvent micros
243
vent microscopique, moralement microscopique. (Il
a
tellement l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le p
244
e pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’
ai
vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, —
245
ire et regardent tristement les lumières. Il y en
a
aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là ne chanta
246
, renonçant à écrire d’abord les chapitres qui en
ont
envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à cherch
247
les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en
auront
envie : car cela m’inciterait à chercher après coup des transitions,
248
res vraisemblables ? Ainsi le lecteur superficiel
aurait
l’impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étan
249
s. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous
avez
sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps…
250
que temps… Car on ne trouve vraiment que ce qu’on
a
consenti de ne pas trouver sur l’heure. (En petit et intéressé, ce ge
251
s, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’y
ai
vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des qua
252
affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui
a
la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur
253
ines, à Freudenau, lors du Derby viennois, je les
ai
vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant da
254
nce, tangible absurdité de notre époque, beaucoup
ont
dû louer des taxis démodés, au tarif inférieur. Des chauffeurs vautré
255
Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous
a
reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la
256
« la Hongrie mutilée ». — « Savez-vous qu’on nous
a
volé les deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pas vous, maint
257
us les obligeriez à vous répondre que les nombres
ont
tort au regard de l’antiquité d’une civilisation ; qu’il s’agit ici d
258
itable légitimité — on comprend que le Hongrois n’
ait
point conservé une extrême sensibilité aux arguments de « droit » qui
259
randeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’
ayant
cure des statistiques — et sa douleur aussi, douleur d’orgueil blessé
260
es et des enfants. C’est parce que les Hongrois n’
ont
pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voil
261
d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les
ai
rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sourire opt
262
que par quelques pièces légères de Molnár, qui n’
ont
de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien entendu,
263
du génie littéraire de cette race me paraît bien
avoir
été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occident), revue fond
264
’horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout
a
de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance d
265
passion » — pour parler comme le seul Clerc qui n’
ait
pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’ex
266
des passions sont disciples d’Origène. Il doit y
avoir
d’autres solutions… bh. Rougemont Denis de, « Voyage en Hongrie I »
267
ce. La Mort d’Empédocle et les Poèmes de la folie
ont
paru simultanément, et l’on annonce Hypérion. Il ne manquera plus que
268
eaucoup de reconnaissance à M. André Babelon pour
avoir
traduit et introduit avec tant de justesse, voire de profondeur, la M
269
éritablement « posthumes », que Pierre Jean Jouve
a
traduits dans la langue fluide mais jamais abstraite qui est celle de
270
ues éveillées en lui par la voix de Hölderlin qui
ont
dû l’inciter à l’acte recréateur qu’est la traduction d’un poète par
271
ande s’il était bien légitime de les traduire. On
a
respecté scrupuleusement les « blancs » que Hölderlin indiquait avec
272
a folie de Hölderlin que MM. Groethuysen et Jouve
ont
choisis et traduits à la suite des poèmes, ils ne sont pas ce que ce
273
poursuivre est une sorte d’enivrant péché. — Nous
aurions
une maison dans ce désert aux formes tendres et déjà familières, et l
274
resse considérée comme un des beaux-arts Ils n’
ont
plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’
275
Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres
ont
des yeux de mer. Des grâces d’amazones avec un coup de talon qui les
276
rme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y
a
plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa mis
277
res et les belles manières. Et quant à ceux qui n’
ont
pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auron
278
à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils
auront
toujours raison, mais n’auront que cela, car c’est l’ivresse15 seulem
279
de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’
auront
que cela, car c’est l’ivresse15 seulement qui permet à l’esprit de pa
280
avec les bras, comme on chante du Verdi, — elles
ont
des mouvements vifs du buste, et des mains pleines de drôleries ou de
281
e et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’
as
pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sin
282
elui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’il
a
du cœur, n’en revient plus. 15. La plaine et la musique L’ouver
283
se répétition. C’est ici le premier pays que je n’
ai
pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis16
284
bourgeois supporterait difficilement l’ampleur qu’
ont
ici toutes choses, cette atmosphère de nomadisme, et ces vents vastes
285
symbole de la liberté. Si la Hongrie tout de même
a
quelque chose de « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le
286
rams. Les habitants de Debrecen se plaignent de n’
avoir
pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu’à Debre
287
aignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’
avons
qu’au prix de tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime les Hon
288
nt, c’est de devenir une grande personne. On me l’
a
dit, c’est vrai : cette ville historique est aussi l’autre « Rome pro
289
ue est aussi l’autre « Rome protestante ». Mais d’
avoir
vu ses profondes bibliothèques et son quartier universitaire tout raj
290
’un monde, au bord extrême de l’Europe. Le hasard
a
voulu que j’y entende, un soir, une présentation de musiques hongrois
291
idente et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là,
ai
-je compris la Grande Plaine, et que par sa musique j’étais aux marche
292
s aux marches de l’Asie. En sortant du concert, j’
ai
erré aux terrasses des hôtels, dans le grandiose bavardage des Tzigan
293
Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’
as
caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des secrets qui
294
oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’
ont
amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’u
295
triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’
ont
égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le cons
296
un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’
ont
perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’en so
297
Lève-toi, pars, et sans vider ton verre — il n’y
a
pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare a
298
faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous
a
paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur capric
299
nir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie
a
parfois moins de hargne… Déjà je suis repris par le malaise que m’inf
300
’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’
ai
rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce
301
Lune et toutes lustrées de rêches végétations. J’
ai
traversé l’angoisse lunaire des villages vides aux portes aveugles (j
302
lunaire des villages vides aux portes aveugles (j’
avais
peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans le
303
(j’avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’
ai
suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joi
304
tores baissés, à l’abri de la lune. Le contrôleur
a
dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubo
305
r, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’
ai
dû voir l’objet pour la première fois — ou bien était-ce un être ?
306
èque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en
eussent
tiré Sterne ou Goethe, mais, semblable à Gérard de Nerval, je sentais
307
t du temps tu vis, — c’en est fait, toutes choses
ont
revêtu cet air inaccoutumé qui signale que tu es parti. Voyager — ser
308
ais il faut voyager pour découvrir ce sens ! — Qu’
as
-tu vu que tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir !
309
le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie
a
un but. M’approcher de mon être véritable. Seul au milieu des miens,
310
. Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’
avais
l’illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici,
311
e rayonnais, on me dessine. Mais en même temps, j’
ai
découvert mes puissances d’évasion intérieure. Et souvent je pressens
312
rontière arrêtée au milieu de la plaine à l’heure
A
, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils u
313
ds bien qu’il faudrait ouvrir ces valises, mais j’
ai
perdu mes clefs. L’œil du douanier conseille des aveux complets. J’ai
314
L’œil du douanier conseille des aveux complets. J’
ai
le feu à la tête, mais je suis innocent puisque enfin il n’est pas da
315
aines de voyage ? Cela va paraître improbable. On
a
dû voir sur moi que je le cherche, c’est pourquoi l’œil est implacabl
316
Rien, rien à déclarer, quelle tristesse. Mais qu’
a-t
-on jamais pu « déclarer » d’important ? Je ne sais plus parler en ver
317
les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet n’
a
pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de
318
i exigent des apparences positives. Ainsi donc, j’
ai
cherché la Pierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être, la cher
319
quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’
a
donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Objet
320
de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’
ai
-je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intéri
321
connaître sont un seul et même acte. Peut-être l’
ai
-je aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et en qui
322
e aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on
a
besoin et en qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes a
323
ange sécurité. Présence, présence réelle… Comme j’
ai
peine à m’imaginer que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière e
324
ables, en voyage, je me dis que c’est de là que j’
ai
tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en f
325
s à cet endroit, en ce temps… Qui sait si tu ne l’
as
pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… Oh ! bien
326
autre que sa fuite : n’est-il pas cet Objet qui n’
ait
rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le
327
entiments indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’
as
vu l’enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu e
328
pproximations, 4e série (novembre 1930)bk Je n’
ai
jamais cherché rien d’autre que d’approcher mon sujet, en m’identifia
329
peut-être pas fortuitement que M. Charles Du Bos
a
placé cette parfaite définition de sa manière au seuil de la 4e série