1 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
1 pour de nouvelles conquêtes. Terriblement lucide, ce regard en arrière. Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore q
2 eurs plus encore que pour celles de l’adversaire, ce qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel rel
3 étant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne bea
4 sorte, les soldats déjà légendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il just
5 s grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est- ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’u
6 ain des vertus guerrières. « Il faut que la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-ê
7 ercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourr
8 Une soumission au réel durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient s
9 voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je n
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
10 liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous
11 d — dont ils se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surr
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
12 : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est- ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Mil
13 de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuv
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
14 t rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonn
15 romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître :
16 lever. C’est un descendant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un f
17 endant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un formidable mouvement
18 le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
19 anque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est- ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
20 urces pour s’y retremper. Les appels de l’Orient, ce sont les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plu
21 et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antid
22 out ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond
23 rsité — peut-être trop nombreuses — qui composent ce gros volume. Les points de vue sont si différents, si différentes mêm
24 s in abstracto qui le mènent à des conclusions de ce genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation histori
25 s amener l’Asie à comprendre la religion romaine ( ce christianisme méditerranéen si étroitement particularisé pourtant, à
26 ec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement par Orient : l’Asie est le subcons
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
27 ait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
28 être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en
29 soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, —  ce fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : R
30 n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante de
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
31 sent l’Almanach Fischer donnent une juste idée de ce que fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la m
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
32 uggestive, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
33 rop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapp
34 ont lui-même s’est fait le moderne champion. Pour ce qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de pei
35 elles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, V
36 sée plus vivante, ni de plus tonique que celle de ce « Pascal protestant ». k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Ern
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
37 1925)l « Quel est celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où se reflète le passage incessant
38 appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « des complicités étranges pour assembler un sourire ». Co
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
39 e parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’e
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
40 du parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette tr
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
41 uelques autres, sont parmi les plus conscients de ce temps ; mais si l’on songe aux bataillons de pâles opportunistes sans
42 en de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? N
43 goïstes avec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de l
44 t vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se vo
45 goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureu
46 te lassitude facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, m
47 ettre aucun acte volontaire et raisonné parce que ce serait fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieur
48 ffrait déjà une singulière préfiguration : Certes ce ne seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la p
49 effroi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si fo
50 . On voit assez à quel genre de sophismes conduit ce mouvement de l’esprit qui n’utilise une borne que pour sauter plus lo
51 mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliquer ce besoin de porter à son excès toute chose, au-delà de toutes limites.
52 ts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer un
53 compose d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de D
54 ue des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est
14 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
55 s et les vieilles dames à principes. Voilà, n’est- ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu con
56 malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi d
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
57 paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour —
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
58 révèlera peu à peu le sens divin de la destinée. Ce livre à thèse est plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
59 ean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a ré
60 peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’
61 fessionnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
62 oins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépass
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
63 il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
64 de la matière. Si Le Corbusier réalise son plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui
65 struire les villes de notre temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de verre et de c
66 lumineux à la place de nos cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des in
67 génieurs se sont mis à calculer la réalisation de ce phénomène de haute poésie — la « ville contemporaine ». Un labeur pré
68 e de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Roug
69 chitecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. Rougemont Denis de, « [Compte rend
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
70 Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante d
71 sonne et la morale et l’esthétique modernes. Et à ce propos, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvr
72 os, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre me paraît liée à cett
73 es neuves et fortes, mais péniblement comprimées. Ce défaut de forme est peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
74 quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore
75 e nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup m
76 beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Montherl
77 onné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines du désir certaines
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
78 contradictoires d’un individu. C’est pour traiter ce sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, q
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
79 Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphè
80 urait été si délicieusement invraisemblable… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenir
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
81 C’est encore une vision de l’Occident qui naît de ce petit livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe « 
82 milions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît d
83 La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse :
25 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
84 qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est
85 temps à recenser les incohérences pittoresques de ce petit livre. Quant à ceux que certaines envolées magnifiques et hagar
86 l ; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se
87 surréaliste. Devant cette ostentation de révolte, ce mélange de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de
88 les modernes, il bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres dél
89 boîte de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce n’est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un d
26 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
90 oires l’objet de l’amour. Mais les jeunes gens de ce temps ne cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plu
91 orale ne sait plus leur imposer de feindre encore ce que le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes ép
92 rd qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les at
93 s se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait
94 les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il so
95 ge, une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une c
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
96 auxquels il ne tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette faç
97 nifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par
98 et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne pe
99 ntement leur amour, à force de petites blessures. Ce n’est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu so
100 malies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie com
101 ité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquièt
102 le. Pourtant, qu’elle ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est mieux que charmant, — douloureu
28 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
103 u héros plus confiant et secrètement incertain de ce roman. À la veille de se marier, Jérôme Parseval, journaliste parisie
104 re une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la rever
105 hui un réalisme discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant qu
106 t le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements
107 notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ».
108 ui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réalisme trop amer et c
109 entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le mas
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
110 nquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvelles et leurs maîtres soit lu par
111 ût de l’absolu à la fois mystique et anarchique : ce sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. R
112 tre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
113 masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son ap
114 thur, le roman vit et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le dét
115 et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le détail dégoûtant et m
116 incérité audacieuse mais sans bravade qui donne à ce livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n
117 ain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes faites qui tr
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
118 comme certaines herbes. Capitale de la douleurak, ce sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le
32 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
119 e certains des morceaux très divers qui composent ce livre sont bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais c
120 les jeunes écrivains français un homme qui ait à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique de la
121 signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Souvent maladroit, inc
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
122 femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentiment
123 t vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a
124 toches une malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient é
125 aurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui parle toujours de Weber
126 rs de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un
127  ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pas impunément concitoyen
128 e pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela est sans importance, car voici « l’heure des petits a
34 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
129 n’ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l
130 jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle «
131 t on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie
132  ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, inte
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
133 le Message de Rilke — sont du meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne des poètes scandinaves et d
134 omantiques allemands parce qu’il partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, q
135 ge avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, t
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
136 de voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de ce que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitra
37 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
137 e dissertations lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de
138 vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la technique du roman sont sauvée
139 illes spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointe
140 e ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémo
38 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
141 nventions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules
142 poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu
143 l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de ce libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-nous longtemps en
144 littérature enfantine est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsé
145 dant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont Denis de, « [Comp
39 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
146 Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeu
147 iment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien françai
148 est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et
149 . Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect. as
40 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
150 s loin et de prendre une connaissance positive de ce qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le cou
41 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
151 dré Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde
152 Et il ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, admirablement objectif, est aussi, mais à cou
153 que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre
154 veu de Garine est décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde re
155 aînement passionnant de l’action, il se dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intelligence et cette sen
42 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
156 I exalte et déçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son
157 l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’est- ce point trop demander à une existence bien indécise, que son échec même
158 st pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le laisser voir. La qualité de l’illusion dont se nou
159 ge central une résonance plus profonde. Louis II, ce chimérique, disposait par hasard de moyens d’action puissants : s’il
160 « l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient d
161 chiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un li
43 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
162 1928)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit se lie avec un inconnu qui se dit prince russe et entretient au
163 uer sa mort et qui est aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux q
164 ce dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avan
44 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
165 omme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur
166 ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce mo
167 le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sai
168 ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce mond
169 n ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce monde qui devient impuissant. Impossible d’évoquer un personnage préc
45 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
170 Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)ay Ce petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’
171 usés, sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit
172 e mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Res
173 et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’est- ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-el
46 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
174 songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Éloge
175 e serait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croi
176 ns l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros romans «
47 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
177 éville, Rimbaud le voyant (août 1929)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yogabb telle que l
178 de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût- ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle hont
48 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
179 n Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voi
180 s un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue
181 il tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dir
182 ent celles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la v
49 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
183 mais elle apparaît toujours sous forme d’objets. Ce comique triste, ces imaginations délirantes mais parfaitement concrèt
184 rimât avec une pareille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en nous à la fois de plus « problématique » et de plus quot
50 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
185 haussée d’une douzaine de lithographies de Meili. Ce peintre se montre plus occidental dans les beaux volumes pleins de ce
51 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
186 André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)bf Ce récit d’une élégante minceur décrit la passion d’une jeune fille de l
187 la manière de M. Jullien du Breuil. L’intérêt de ce genre de livres — ils se multiplient — vient, à mon sens, de quelque
52 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
188 u surréalisme. M. Pierre-Quint vient d’écrire sur ce poète, qu’on a traité de fou et d’ange, un essai remarquable de nette
189 nt dans les essais consacrés jusqu’ici à Ducasse. Ce « précurseur » d’une certaine littérature moderne n’a fait, en somme,
190 oir au-delà de sa tendresse pour les adolescents. Ce qui le caractérise le plus fortement, c’est sa « révolte absolue », f
191 Lautréamont ne va pas à la cheville de Rimbaud. ( Ce n’est pas avec un Dieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il n’
53 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
192 ’ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire h
193 et regarder jaillir sans fin contre soi l’eau de ce beau Danube jaune qui est le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans a
194 u ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m
195 s rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du
196 r. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une miraculeuse et royale Venue.
197  ! me paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il
198 votre malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre, et c’était sa fortune, Peter Schlemihl savai
199 re, et c’était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’il avait perdu, c’était son ombre. Mais moi qui cherche un Objet I
200 s vous montrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges. L
201 s aux ciels pleins de démesure. Et, de Giorgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel il faut se taire pour écouter c
202 mme » devant lequel il faut se taire pour écouter ce qu’il entend. 3. Au tombeau de Gül Baba Dans Bude il y a des ru
203 ncre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien que j’obéissais à ce que nos psychologu
204 e matin brûlant, je savais bien que j’obéissais à ce que nos psychologues appellent une conduite magique. Or il est délici
205 ui en Hongrie. Il s’appelait en vérité Kehl Baba, ce qui signifie le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fai
206 . Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père des roses. Moyennant cette naturalisation il con
207 es babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé s
208 imson sentent le soufre. Trente degrés à l’ombre. Ce sanctuaire indigent est plutôt inexplicable que mystérieux. Aussi, la
209 contempler de plus « objectivement » étrange que ce lieu — inquiétant à la façon de certains regards lucides qu’il arrive
210 éologiques, d’ailleurs mensongers. Alors que dans ce domaine, plus visiblement qu’en tout autre, un non-conformisme intran
211 fantaisie, c’est bien joli !… » — Non, Monsieur, ce n’est pas joli, ce n’est pas fantaisie. Je parle simplement de vérité
212 ien joli !… » — Non, Monsieur, ce n’est pas joli, ce n’est pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et de mensonge, op
213 ois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs « problèmes du plus haut
214 ticismes, dont le plus simple consiste à traduire ce que l’on voit. Cette banque à la façade violette, or et bleue, aux gr
215 nge, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce raisonnement fin, encore que juste, mais s
216 sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je me défends du pittores
217 que juste, mais si je me défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec quoi l’on est trop souvent
218 tie par le comptoir (un écriteau porte simplement ce tarif : 5 pengö), en partie par un poêle immense, à plusieurs étages
219 oir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlons pas : le f
220 adant que c’est pour des raisons techniques. (Est- ce que cela ne devrait pas, au contraire, aggraver le cas ?) Or l’intérê
221 s sa particulière véracité, vertu décevante comme ce qui ne ressemble à rien, gênante comme un cadeau de pauvre, comme un
222 t seulement à condition de lui ressembler, ne fût- ce que de loin, — c’est alors ce qu’on appelait un paradoxe, du temps de
223 ressembler, ne fût-ce que de loin, — c’est alors ce qu’on appelait un paradoxe, du temps des petites manières. Cependant,
224 mentaires, peut-être serait-il bon que je parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beaucoup de chiffres vraisem
225 jet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine compréhensible, car on ne c
226 t sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous
227 nser quelque temps… Car on ne trouve vraiment que ce qu’on a consenti de ne pas trouver sur l’heure. (En petit et intéress
228 pas trouver sur l’heure. (En petit et intéressé, ce geste s’appelle coquetterie ; en grand et gratuit, sacrifice.) … feui
229 du Palais par les gardes présentant les armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne répondent que d
230 ur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé personnellement à l’homme, — 
231 se formule en revendications d’hommes d’affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est son droit, ses intérêts. Mais, en Hongr
232 us a volé les deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pas vous, maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de
233 ématique qui traça les frontières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’oppresseur devenant l’opprimé sans y perdre
234 ilité aux arguments de « droit » qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — i
235 a sympathie car l’orgueil hongrois n’est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un p
236 st point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; non point d’un parvenu, mais d’un aristocrate. Tous da
237 t qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une f
238 entiment, — en politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne
239 des peuples ressemble à celle des individus, pour ce qui est du moins, de mentir à soi-même. Mais les Hongrois ne renient
240 ent où l’Europe semblait abandonner à son malheur ce peuple turbulent et déchu, suffirent à faire d’un affairiste anglais
241 s plus symbolique qu’efficace. Et sans lendemain. Ce mélange, en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur, d’imaginati
242 inations absurdes et de souffrances vraies, n’est- ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie14. 9.
243 s Personne, à ma connaissance, ne se plaint de ce qu’il y a peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des choses,
244 es beaucoup de nouilles. Mais voici, par exemple, ce qu’il faudrait essayer d’obtenir : que la grande majorité des gens ne
245 is qu’on peut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature ho
54 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
246 de le voir se mêler, dans la troisième version de ce drame, à des symboles nettement messianiques… Ce par quoi Hölderlin d
247 ce drame, à des symboles nettement messianiques… Ce par quoi Hölderlin diffère le plus peut-être des poètes français, c’e
248 là sa folie, qu’il pressent. Et M. Babelon cite à ce sujet des phrases très frappantes : « L’un garde encore la connaissan
249 encore palpiteront de pâles lueurs réminiscentes. Ce sont les quatrains du temps de la folie, poèmes véritablement « posth
250  germanique » des poètes français d’aujourd’hui ; ce sont les harmoniques éveillées en lui par la voix de Hölderlin qui on
251 t traduits à la suite des poèmes, ils ne sont pas ce que ce petit livre contient de moins bouleversant. bi. Rougemont D
252 its à la suite des poèmes, ils ne sont pas ce que ce petit livre contient de moins bouleversant. bi. Rougemont Denis de
55 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
253 iévré d’orgueil errant, de conquêtes vagues… Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en détails précis, se masse
254 d’enivrant péché. — Nous aurions une maison dans ce désert aux formes tendres et déjà familières, et le passage des train
255 on obsession. L’Objet Inconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il leur suffir
256 s l’atelier du peintre. Je ne tarde pas à oublier ce qui est lent ou fixe ou pas-à-pas. Tout s’épanouit dans un monde ryth
257 ser d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes !
258 e vertige (la peur et l’amour du vertige). Qu’est- ce qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejo
259 Gris ? Rejoindre ?… Derrière mes paupières, dans ce désordre lumineux, le verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais
260 eines de drôleries ou de supplication. Je ne sais ce que disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le soleil, des c
261 ble qu’à mon instabilité rythmique. (Trop souvent ce que je vois traverse ce que j’entends.) La plaine hongroise n’est pas
262 rythmique. (Trop souvent ce que je vois traverse ce que j’entends.) La plaine hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle
263 e la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? —  Ce qu’en raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses d
264 habitants de Debrecen se plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu’à Debrecen je
265 faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime l’
266 la chute stridente et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-je compris la Grande Plaine, et que par sa musique j’étai
267 dans le grandiose bavardage des Tziganes. Qu’est- ce qu’ils regardent en jouant ? Qu’est-ce qu’ils écoutent au-delà de leu
268 es. Qu’est-ce qu’ils regardent en jouant ? Qu’est- ce qu’ils écoutent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée la phra
269 l’infortuné roi Charles. Non, non, plutôt emmener ce désir, comme un tendre souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ic
270 pagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce sont des restes de volcans — blanches sous la Lune et toutes lustrées
271 toutes les actions précises et courageuses, tout ce qui t’appelle là-bas, maintenant, maintenant, où tu n’es pas — et tan
272 oir l’objet pour la première fois — ou bien était- ce un être ? 17. Insomnie J’éteignais la lampe et la veilleuse me
273 nt de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eussent tiré Sterne ou Goethe, mais, semblable à Gérard de Nerv
274 re chose… Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout
275 es contraintes que subissent nos gestes. Imaginer ce qui se produirait, si par quelque Décret l’on élevait la Morale du do
276 « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur désert, — cette zone vide qu’il faut
277 umé qui signale que tu es parti. Voyager — serait- ce brouiller les horaires ? Le voyage est un état d’âme et non pas une q
278 opre sens ! — Mais il faut voyager pour découvrir ce sens ! — Qu’as-tu vu que tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait a
279 t tragique… Une chose ? Un être ? L’Objet ? — Est- ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’un écla
280 à la fin on me refoule dans mon compartiment. Est- ce encore un rêve ? Je comprends bien qu’il faudrait ouvrir ces valises,
281 nocent puisque enfin il n’est pas dans ma valise, ce n’est que trop certain. Cependant, « rien à déclarer » après des sema
282 ble… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’un ministère… mais déjà l’œil s’éteint, le corps se p
283 e par la main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait- ce là tout ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où
284 in. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présenc
285 re ? Il est vrai que l’on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns disent qu’il faut connaître pour
286 re dont on a besoin et en qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pieux mensonges du cœur qui tr
287 e jamais plus je ne la reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songeant à cette minute et à d’autres sem
288 ndroit, ni même par lui, — mais à cet endroit, en ce temps… Qui sait si tu ne l’as pas reçue ? Une qualité, une tendresse,
289 , quelque similitude… Oh ! bien peu ! Mais qu’est- ce que ce voyage, si tu songes à tous les espaces à parcourir encore dan
290 ue similitude… Oh ! bien peu ! Mais qu’est-ce que ce voyage, si tu songes à tous les espaces à parcourir encore dans ce mo
291 songes à tous les espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies, pour ap
292 st-il pas cet Objet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir
293 tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière différen
294 acer ta dernière différence, — car on ne voit que ce qui est de soi-même, et conscient… C’est à cause d’un pari peut-être
295 ui porte sur des sentiments indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’as vu l’enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont inst
296 ntanés — que tu es parti ; et maintenant tu joues ce rôle, tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de t
297 intenant ?) 19. « Tous ceux qui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n
298 à le détruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce qu’il est : cela qui me rendrait acceptable ce monde…) Malheur à celu
299 re ce qu’il est : cela qui me rendrait acceptable ce monde…) Malheur à celui qui ne cherche pas. Malheur à celui qui ne tr
300 trouve pas. Malheur à celui qui se complaît dans ce qu’il trouve. 15. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la fa
56 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
301 pure, je persiste à tenir pour le plus efficace. Ce n’est peut-être pas fortuitement que M. Charles Du Bos a placé cette
302 style d’abord : on y retrouve, appliqué aux mots, ce même sens à la fois scrupuleux et assuré de la qualité, qui est ce qu
303 fois scrupuleux et assuré de la qualité, qui est ce qu’avant tout l’on doit admirer chez M. Du Bos. Et dans l’allure des
304 tir moins insistants, moins concertés. Mais n’est- ce pas là un défaut qui relève de la nature même d’un esprit « critique 
305 rellement nécessaire suffirait à l’indiquer. Mais ce qui l’établit sans conteste dans une classe internationale — comme on
306 lité, et c’est je crois l’éloge de choix. Mais de ce problème central, qui déborde le plan esthétique, la littérature ne c
307 qui tout ensemble lui conviennent. On le conçoit, ce n’est pas là se rendre la tâche facile. Cernant de toutes parts son s
308 acrifier jamais l’éthique à l’esthétique, et dans ce sens chez tant d’autres émoussé, et qu’il exerce avec une intelligenc