1 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
1 ’adversaire, ce qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût
2 sez malsain goût du sang. Tout cela s’est purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne
3 d’un de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signification ? P
4 anité ou de moins de santé ». À maintes reprises, dans cette œuvre d’affirmation, une telle inquiétude, un amer « à quoi bon
5 ons élevées où les éléments contraires s’unissent dans la grandeur. La paix qu’il appelle, c’est autre chose que l’absence d
6 va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre po
7 el durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle
8 te œuvre : je ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou dans la noblesse de sa soumiss
9 aison dans la force de la personnalité révélée ou dans la noblesse de sa soumission. Périlleuse carrière de la grandeur où M
10 erlant est entré de plain-pied, en même temps que dans la guerre. Que de sacrifices ne lui devra-t-il pas offrir ainsi les r
11 lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’il veut rester digne de son rôle et vraiment
12 ruelle et désolée comme cette « flamme pensante »  dans l’ossuaire de Douaumont. Puis la vie l’exalte de nouveau d’un large v
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
13 evenir notre poncif moderne, — si propre à égarer dans d’ingénieuses métaphores quiconque chercherait une idée là-dessous, —
14 rincipes ? Le Rêve est la seule matière poétique. Dans le monde du Rêve autant de cellules isolées que de rêveurs. Toute poé
15 tes pour faire un poème » cette mystification est dans la logique de ses principes, mais je lui conteste le droit de faire s
16 du poète et le mien ? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être parfaitement impénétrables. Je crois
17 avoue Rimbaud, entre encore pour une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuser Breton d
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
18 et sincères qui se croient une vocation, végètent dans des œuvres d’évangélisation, fondent des groupes dissidents. Le mirac
19 ivine violence le travaille. Elle jaillira enfin, dans l’éblouissement d’Arles, jusqu’au jour où cette consomption frénétiqu
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
20 ne notation d’artiste ou de psychologue se glisse dans leur flot. Voilà le lecteur entraîné, ébahi, passionné, contraint de
21 es syndicats et des capitalistes des villes. Mais dans une de ces provinces du Midi où le souvenir des luttes religieuses en
22 plutôt, je crois, une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtout dans la première partie, qui est confuse.
23 armonie générale dans le récit et le ton, surtout dans la première partie, qui est confuse. Non pas que le roman soit mal co
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
24 pre génie, l’Europe d’aujourd’hui semble chercher dans une confrontation avec l’Orient, plutôt qu’une réelle connaissance de
25 imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de la culture le péril n’existe que pour autant qu’on en p
26 ytique et organisateur d’occidental se perdra ici dans un ensemble kaléidoscopique d’idées et de jugements contradictoires,
27 s. Pour Valéry, la supériorité de l’Europe réside dans sa « puissance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit
28 e l’Europe réside dans sa « puissance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit la géométrie grecque. D’autres a
29 me, et la déplorent. Plusieurs jeunes songent que dans une Europe vieillie, les parfums puissants de l’Asie sauront encore é
30 el comme des tours de Babel, et une Asie immobile dans sa méditation éternelle. e. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] L
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
31 ommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve être le néant. Pour finir il «
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
32 endre la pittoresque définition de M. A. Eloesser dans l’Almanach du 25e anniversaire. Les révolutionnaires y faisaient pour
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
33 Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)h Dans l’atmosphère trouble où s’agite l’Allemagne nouvelle — et peut-être p
34 que et désolant à celui qui, revenu de l’étranger dans le désordre de son pays, suivra obstinément le « bon chemin » de la s
35 , p. 1163. i. Orthographié « Flasce » par erreur dans l’original.
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
36 découvre un sommet ? Point. Précision, modération dans le jugement, humour léger, notation suggestive, telles sont les vertu
37 lles sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mesure de so
38 plus intime, de celle qu’ils se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être… ». Mais les héros de Pira
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
39 tianisme et du romantisme. M. Seillière cherchait dans l’époque romantique un témoin dont le jugement eut « l’autorité d’un
40 ue Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la substance originale de la plupart des i
41 vice que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brûlante les richesses intellectuelles et morales
42 is. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’avait trouvé. Mais sa posi
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
43 ère. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans sa profondeur, mais qui se penche sans vertige sur ses abîmes. Simpli
44 chose haute à la voix grave qu’on appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « des complicités étranges
45 i arrive de situer une anecdote purement poétique dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la d
46 e même air du temps. Leur originalité se retrouve dans la manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où ils baignent. Cel
47 du ciel. » Le gaucho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de grav
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
48 . Car elle veut éviter l’emballement et conserver dans l’admiration son sens critique de Parisienne. C’est une sympathie mal
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
49 e 1925)n La Révolution russe va-t-elle usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec ses écumeurs ? Déj
50 e chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction française de l’énorme cri de délivrance du p
51 en différent, a vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une ville. Il sait qu’un grand mouvement est la
52 de millions de petits. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une famille. Et une fois le grand bouleversement a
53 ts. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une famille. Et une fois le grand bouleversement accompli dans la « C
54 lle. Et une fois le grand bouleversement accompli dans la « Cité secrète » de la vie privée, quelques regards sur la foule s
55 M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église, pour constater que la foule ne réag
56 olu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église, pour constater que la foule ne réagit pas autrement que l
57 semaines. Qu’on veuille bien ne voir autre chose dans ces « procédés », d’ailleurs assez peu choquants, que le revers de gr
58 La Cité secrète. Pour celle-ci par exemple (caché dans un réduit, Markovitch, l’idéaliste, surprend sa femme, la vertueuse V
59 mprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta
60 e blottit là, sur le sol, les yeux grands ouverts dans le vide, sans rien voir. Ainsi le moujik devant le bolchévique viola
61 us proche. Il n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilités, à chaque instant, d’explosion. L
14 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
62 on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui on
63 s ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouvelles. Toute la jeune littérature décrit un type
64 ’est un dilettantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière, une foi en la valeur d
65 ervir. ⁂ On se complaît à répéter que nous vivons dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il n’existe pas d’esprit d
66 e, et dont les façades s’opposent avec hostilité. Dans l’intérieur des deux maisons pourtant se débattent les mêmes brouille
67 Mais quel est ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici l
68 er, dans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici la conception même de la littérature, telle qu’
69 ut préciser. L’éthique et l’esthétique convergent dans la littérature d’aujourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent ne pas
70 rnes en littérature. Jacques Rivière s’y appliqua dans un de ses derniers articles2. Il rendait responsable de tout le « mal
71 ances les plus aiguës prennent la place d’honneur dans des esthétiques construites en hâte à l’usage de sensibilités surmené
72 peu les « grands problèmes », et le voilà reparti dans un égoïsme triomphant, pur du désir d’action qui empêtrait Barrès dan
73 phant, pur du désir d’action qui empêtrait Barrès dans des dilemmes où l’art trouvait mal sa nourriture. Drieu la Rochelle t
74 usquerie de ses aînés. Encore un qui s’est complu dans son dégoût ; mais jusqu’au point d’y percevoir comme un appel du Dieu
75 e à se regarder chercher, absorbant son attention dans une sincérité si voulue qu’elle va parfois à l’encontre de son dessei
76 de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement isolé, commenté par ceu
77 ions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dans les livres des jeunes, dites-vous, le pire et le meilleur, toutes les
78 rce qu’aucune ne s’est autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’une éthique. Presque tous sont hantés pa
79 sances humaines. L’espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser a
80 l’aboutissement d’une évolution qui a son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, les Caves du Vatic
81 ssujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effort est de retrouver c
82 u claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente angoissée d’une révélation et dans la connaissance de leur
83 core dans l’attente angoissée d’une révélation et dans la connaissance de leur misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’i
84 u ; qu’ils osent se faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord que le
85 humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tout est fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de René Crevel ; les romans de Philip
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
86 e la volupté et de la mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve a rêvé une histoire de passion mystique et de crime, i
87 relation cinématographique. Mais tout cela baigne dans le même lyrisme et s’agite sur un fond sombre et riche de passions in
88 e démences mystiques ; mais tout cela est sublimé dans un monde poétique où il paraît inconvenant d’introduire le jargon de
89 comme Rousseau sur les droits de la passion, — et dans sa trame quelques chapitres inspirés presque littéralement d’une anec
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
90 talent de Mme de Watteville paraît mieux à l’aise dans la description du milieu patricien que dans la création d’un caractèr
91 ’aise dans la description du milieu patricien que dans la création d’un caractère de grand peintre. Pourtant, malgré des lon
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
92 la découverte de Dieu par une jeune fille élevée dans l’athéisme. Invraisemblablement ignorante de toute religion jusqu’à 2
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
93 évèle simplement une volonté de construire jusque dans le grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] m
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
94 il n’a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec son corps qui se souvient — « mémoire, l’ennemie
95 ctions physiologiques dont la pauvreté le rejette dans une angoisse qu’il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
96 x conditions nouvelles de travail ou de repos, ni dans son plan ni dans le détail des rues. Congestion : « un cheval arrête
97 elles de travail ou de repos, ni dans son plan ni dans le détail des rues. Congestion : « un cheval arrête 1000 chevaux-vape
98 Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux discours aux édiles de Rome). Urbanisme est une étude tec
99 es de lyrisme. C’est d’une verve puissante jusque dans la statistique. On en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’av
100 ur d’un aérodrome-gare circulaire, prismes perdus dans le silence de l’azur au-dessus des rumeurs de la ville. Puis s’étende
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
101 nterait pas d’étudier les œuvres pour elles-mêmes dans leur signification historique ou technique, mais tâcherait d’épouser
102 isme spirituel qu’elle révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’il faut pour lui
103 cédentes. Parce qu’elles se sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d’un « Jugement » sans issue
104 que ; mais tenant compte de leur effort, il puise dans l’échec même de leurs analyses les éléments de sa synthèse, qui se tr
105 de ces expériences négatives est contenue surtout dans ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes, il était temps que
106 tre l’œuvre et le moi, comme le fait M. Fernandez dans un essai sur l’Autobiographie et le Roman, dont pour ma part je suis
107 es subtiles, d’autant que la position de l’auteur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vra
108 un Meredith et d’un Stendhal, qui ont su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la volée », et donc c
109 ychologie à la volée », et donc connaître l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je me borne à signaler encore un
110 e me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ces essais : l’esthétique du roman. Fernandez en formul
111 port à ses idées, on le sent un peu gauche encore dans les positions conquises. Il n’empêche que son livre manifeste une bel
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
112 sur ce nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucou
113 es de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup moins l’œuvre d’art que l’au
114 voit beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Month
115 s athlètes. Et c’est elle avant tout que j’admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittoresque. « Honneur
116 simplets d’esprit ! Qu’ils paissent éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné une grande gloire aux jeunes
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
117 ur traiter ce sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, qui finit par un naufrage dans la littérat
118 croisière de vacances, qui finit par un naufrage dans la littérature, le navire succombant sous les allégories. L’étonnant,
119 musant, et qu’il trouve une sorte d’unité vivante dans le rythme des désirs jamais simultanés de ses petits héros. M. Spitz
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
120 n amour réveillé l’envahit. Et Closain rencontre, dans l’inévitable bar, le couple de juifs espagnols qui va l’entraîner ave
121 pagnols qui va l’entraîner avec son mauvais cœur, dans une aventure incertaine et douloureuse ; enfin Orpha, sa maîtresse, l
25 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
122 it livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe « une barbarie attentivement ordonnée, où l’idée de la civil
123 vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est ent
26 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
124 uffon de ta propre détresse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne m’empêchera pas de le dire, Aragon possède le temp
125 fauts pareillement énormes. Il faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domination de la langue. Et
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
126 e de leurs rêves. Un malentendu grandit entre eux dans leur isolement, inexplicable et mal avoué. L’on songe à une fatalité
127 pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une certaine puissance de l’effet, aux de
128 issance de l’effet, aux dernières pages. Il règne dans la Maladère une étrange harmonie entre le climat des sentiments et ce
129 des visions où se condense le sentiment du récit. Dans le Cœur gros, c’était un parc avant l’orage, le rose sombre d’une jou
130 ge, le rose sombre d’une joue brûlante et fraîche dans le vent. Et dans la Maladère, un arbre coupé découvrant le manoir per
131 e d’une joue brûlante et fraîche dans le vent. Et dans la Maladère, un arbre coupé découvrant le manoir perdu, des fumées su
28 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
132 ’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir, qu’il manifes
133 naturel s’il parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu’il nous peint sont ici tant soit peu russe
134 juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquiète et un peu hau
135 stie de l’allure est rare autant que sympathique, dans le temps que sévit l’inflation littéraire la plus ridicule. Pourtant,
136 7. ae. Il manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition originale.
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
137 un homme que son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’espèce de romanti
138 eut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé là un sujet qu
139 ait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un cadre très moderne où s’agitent des personnages spirituellement de
140 joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le
141 s, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le masque d’une aimable
142 o de destinées… Le tragique du peut-être ; (comme dans l’une des dernières phrases de Sylvie : « Là était le bonheur, peut-ê
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
143 soit lu par tous ceux qui cherchent à s’orienter dans la crise moderne. M. Daniel-Rops unit en lui à l’état de velléités co
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
144 ien cacher qui le mène profond. Une famille juive dans le Marais. Le père est un tailleur, biblique, austère et probe, qui n
145 elligence, brutalité : les caractères se résument dans son avidité de puissance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge :
146 salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque dans la description du milieu juif, prend une âpre rapidité avec l’ascensi
32 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
147 s qui trahissent une écriture hâtive. Mais il y a dans l’œuvre de René Crevel un sens de la douleur et un sérieux humain qui
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
148 ouleurak, ce sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le plus séduisant, le plus dangereusement gra
149 ève, Genève, mai 1927, p. 693-694. ak. En romain dans l’édition originale.
34 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
150 Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)al « De quoi s’agit-il ? de détruire ou de raf
151 u, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le fond quelque chose de solide, d’authentique. J’aime cette violence
152 [Compte rendu] Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, ma
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
153 us calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a du bonheur 
154 enté de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans ses fantoches une malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son
155 qui lui fait jurer sur la Bible de ne pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela est sans importanc
156 « l’heure des petits arbres pourpres, l’heure où dans les bibliothèques désertes glisse un grand souffle oblique plein de f
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
157 s réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l’abandon de leurs méandres, peu à peu, se précisent les circonstance
158 Indulgence et regrets, un ton qui permet le tact dans la hardiesse. On reste ravi de tant d’adresse sous un air de facilité
159 mittente, un peu émiettée, éventée, que je trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’avoir
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
160 is une sorte de synthèse de l’homme et de l’homme dans son œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai, je veux dire, pl
38 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
161 nces (décembre 1927)ap Un jeune auteur raconte dans une lettre à une amie comment il a écrit, sur commande, une Promenade
162 e comment il a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et familier (un brin pédant et un brin vulgaire
163 tte sorte d’analyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais i
164 su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même est une
39 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
165 ne de le dire car la chose n’est pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux premiers chapitres de Catheri
166 non de dissertations lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel
167 u Perroquet Vert. Mais là-dessus, le roman repart dans une troisième action (l’amour de Catherine pour un aviateur français)
168 Perroquet Vert ne restera pas une réussite isolée dans l’œuvre purement romanesque de la princesse Bibesco, Catherine-Paris
169 s annonce par ailleurs un mémorialiste captivant, dans la tradition d’un Ligne par exemple. aq. Rougemont Denis de, « [Co
40 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
170 à la mode pour conduire des millions de lecteurs dans un monde purement fantaisiste où les équations tyranniques deviennent
171 illeux calembours, où les savants sont réellement dans la lune, ou bien descendent au fond des mers adorer la Liberté et jou
172 Et l’on ne veut voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivai
173 rons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne désabusé « em
174 ésabusé « emprunte l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de ce libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-n
41 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
175 ement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect.
42 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
176 rouvent trop littérateurs. Rien d’étonnant à cela dans une époque où les valeurs de l’esprit sont en pratique universellemen
177 de l’esprit, ils comprendraient que le « service dans le temple » s’accommode mal de tant de gesticulations, de gros mots e
43 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
178 umain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — rêvée par tant de jeunes hommes
44 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
179 trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi des Lois — son expression amoureuse du silence et cet ensemb
180 ssidu aux sociétés de musique… » Barrès cherchait dans ses châteaux en Espagne lamentablement réalisés les témoignages de l’
181 iné, la peur d’étreindre aboutit à l’amour de soi dans « l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’il préfère par
45 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
182 e, et dont le mérite est d’être simple et précise dans l’exposé, sans rien simplifier ni préciser à l’excès dans le caractèr
183 xposé, sans rien simplifier ni préciser à l’excès dans le caractère. Daniel-Rops voit bien que l’épithète de mythomane n’épu
184 ortance dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’a
185 stée. Le mythomane brouille les cartes mais reste dans le jeu. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il se reconnaî
186 rouille les cartes mais reste dans le jeu. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il se reconnaît tributaire de la «
46 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
187 ne le voit pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où il décrit des scènes de son enfance et de
188 placeraient le couplet humanitariste, lui s’en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore parler
189 uplet humanitariste, lui s’en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore parler de sa mère avec
190 nous rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve
191 it l’assassinat du corps humain, mais qui raconte dans son autobiographie que son désir constant était que tous les hommes v
47 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
192 orps, que l’âme quitte, redevient minéral, statue dans le silence « aux yeux gelés de rêverie », il se confond avec l’ombre
193 l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’est dégagée et qu’elle voit dans
194 es choses dont elle s’est dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un insistant rega
195 ensité, en émotion. Des mots simples, mais chacun dans sa mûre saveur ; une phrase naturellement grave ; une voix douce et v
48 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
196 des songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Élo
197 onde à travers ses histoires comme son Pierangelo dans la vie. Le hasard, complice des poètes, lui fait rencontrer des êtres
198 nts surtout, dès le début, puis plus tard encore, dans les songes des grandes personnes, — puis tous se perdent, comme des s
199 es de pleurer. Quel dommage qu’il s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, soudain, devient plus tern
200 ossible et d’une désopilante poésie nous replonge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un peu ivre et c
201 ctuel n’est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de
202 jà dans l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros roman
203 bien faits ». Car il y a toujours assez de vérité dans une histoire où il y a de la poésie. az. Rougemont Denis de, « [Co
49 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
204 ui de toutes parts annoncent une rentrée de l’âme dans la littérature la plus spirituelle du monde. La thèse que défend l’au
50 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
205 Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à
206 une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-nous, — avec le Benda
207 r que la « fin de l’éternel », la chute de l’idée dans la matière, est un phénomène exactement aussi vieux que le monde. Mai
208 é tout court. Celle-là même qui paraît anarchique dans un monde où tout est bon à quelque chose, où rien plus n’est tenu pou
51 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
209 ’extrême pointe du singulier que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouvie
210 énuées de ces effets faciles qu’on aime à ménager dans un jardin à la française. Mais vous ne tarderez pas à remarquer que t
211 re qu’Henry Michaux, en se cantonnant franchement dans ses propriétés, y découvre sans cesse de nouvelles sources. Il défric
212 , il y a une vision du monde véritablement neuve, dans laquelle l’âme, agissant à la façon d’une force physique, déforme et
213 de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en nous à la fois de plus « problématique »
52 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
214 venir du Japon pour accueillir du premier regard, dans un matin plein de mouettes — « Un beau bruit d’ailes me fait un ciel 
215 vembre des chamois ». On s’émerveille de le voir, dans sa main rapide et minutieuse, décrire la vallée du jeune Rhin ou les
216 es de Meili. Ce peintre se montre plus occidental dans les beaux volumes pleins de ces paysages, que dans ses dessins, dont
217 ans les beaux volumes pleins de ces paysages, que dans ses dessins, dont Kikou Yamata a dit ailleurs la précision curieuseme
53 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
218 ourgeoisie pour une gamine qui lui sert de modèle dans son atelier. Autour de cet incident, assez émouvant, on entrevoit la
219 ffre, un jeune frère qui rêve. Le livre se résout dans une amertume vague. Ceux qui ont lu la Mort difficile de René Crevel
54 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
220 fut « quasi nulle », et peut-être va-t-il rentrer dans l’ombre après avoir été pendant quelques années l’idole et l’auteur-t
221 une intelligence que l’on rencontre bien rarement dans les essais consacrés jusqu’ici à Ducasse. Ce « précurseur » d’une cer
222 ire dément, — ses injures de Caliban littérateur. Dans un chapitre excellent et peut-être plus audacieux que les autres, M.
55 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
223 cette perspective de voyage au hasard et commencé dans l’insomnie — vrai voyage à dormir debout… ………………………………………………………………………
224 ……………………………………………………………………………………… Le monde renaît dans des accords. Une mélodie hongroise éveille un vagabond angoissé, bien
225 t heures aux clochers de la capitale qui s’avance dans la lumière fauve d’un soir chaud sur la plaine, avec ses dômes et ses
226 n quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette foule et ces musiques, deux visages amis me sourient. Ô liberté
227 noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil, dans le léger étourdissement de l’amitié prochaine). Et la générosité des
228 elle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui est un Collège célèbr
229 u annonciateur d’une miraculeuse et royale Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’en sortirais de ces objets sans
230 pable d’incliner le Hasard ? Ô décevantes chasses dans les bazars, aux étalages des fêtes populaires, au fond des boutiques
231 ires, au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaient d’incroyables araignée
232 i comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais, je crains b
233 moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelques paysages
234 ce qu’il entend. 3. Au tombeau de Gül Baba Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encore le Turc. Tandis que nous y
235 verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que personne n’a plus l’idée de visiter. » Mais comm
236 moisies. On longe une galerie couverte, on tourne dans un escalier compliqué : c’est plein de colonnettes et de statues dégr
237 es maisons pauvres un peu plus bas, avec du linge dans des courettes poussiéreuses.) On aboutit à une plate-forme dallée, su
238 de rosiers, et qu’il paraît impossible de situer dans l’ensemble des constructions. C’est là qu’on entre. Murs nus. Un cata
239 e aucun symbole à développer noblement. Une chute dans le quotidien. Car, en somme, le Prophète Chauve est devenu le jardini
240 archéologiques, d’ailleurs mensongers. Alors que dans ce domaine, plus visiblement qu’en tout autre, un non-conformisme int
241 outefois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs « problèmes du plus ha
242 es bouffons qui plongent invariablement les mains dans leurs vastes poches insulaires pour m’informer de cette irrécusable v
243 que je l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit Noël, — la plus sombre de l’année par les rues vi
244 soient celles d’un ancien couvent. Nous pénétrons dans une grande salle vivement éclairée. Murs chaulés, et de nouveau de ha
245 s verres et des bouteilles sont placées au hasard dans l’espace vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur la banquette,
246 duisent en silence cette fumée, les yeux à terre, dans l’attente. Nous sommes assis autour d’une table et nous voyons, au mi
247 un arbre de Noël aux amples branches rayonnantes, dans une gloire de dorures, — et massées tout autour, frileuses dans leurs
248 e de dorures, — et massées tout autour, frileuses dans leurs dessous roses, les filles qui chantent une chanson populaire et
249 lles, des Tziganes, dont l’une affreusement belle dans un peignoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café tro
250 ) Or l’intérêt d’un récit de voyage ne réside pas dans sa vérité générale, mais bien se réfugie dans sa particulière véracit
251 pas dans sa vérité générale, mais bien se réfugie dans sa particulière véracité, vertu décevante comme ce qui ne ressemble à
252 ntaine de curieux, et quelques gardes. Traversant dans sa longueur toute l’immense place, les automobiles passèrent lentemen
253 dre gris à la terrasse du Jockey-Club. Maintenant dans leurs limousines armoriées — couronnes princières sur le bouchon du r
254 s aux chauffeurs de toutes les villes, conduisent dans la cour d’honneur ces reliques incroyables et les encensent à la benz
255 le président du Conseil, maigre, jaune et rigide dans son costume noir et or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue
256 temps de leur puissance, les allogènes infiltrés dans certaines régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les ob
257 tive et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans l’inextricable confusion d’injustices à quoi devait mener le wilsonis
258 e schématique qui traça les frontières actuelles, dans ce renversement des rôles, l’oppresseur devenant l’opprimé sans y per
259 ndale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une fois de plus, passent à
260 mentaux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la polit
261 dole du nationalisme magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures d
262 magyar. Son portrait affiché dans tous les cafés, dans les halls universitaires, brodé aux devantures des magasins de mode,
263 de ce qu’il y a peu de poètes par le monde. C’est dans l’ordre des choses, et l’on sait qu’il suffit de très peu de sel pour
264 nt pas enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près
265 e, mais qu’on peut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton. La littérature
266 ensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans un style académique qui me paraît être le contraire du style hongrois
267 cette plaine onduleuse dont les vagues se perdent dans une poussière violacée à l’horizon — chez les Tchèques déjà… Nous all
268 s Tchèques déjà… Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle
269 front, belle carrure ruisselante, il nous sourit, dans l’eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la pet
270 n de toit par-dessus, une baraque à peine visible dans les vignes, à peine détachée du flanc de la colline, pour que les ven
271 , le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’air… 12. Rappelons que notre société est fondée sur la peur du r
56 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
272 init par succomber à son « hybris » : il se jette dans l’Etna pour mieux communier avec la divine Nature. Mythe grec, mais d
273 , mais il est bien troublant de le voir se mêler, dans la troisième version de ce drame, à des symboles nettement messianiqu
274 s’élever aussi loin qu’il le veut. On peut tomber dans la hauteur tout comme dans la profondeur ». Comment ne point songer i
275 e veut. On peut tomber dans la hauteur tout comme dans la profondeur ». Comment ne point songer ici au génie qui, dans le mê
276 deur ». Comment ne point songer ici au génie qui, dans le même temps, figure l’antithèse de Hölderlin : l’« économie » d’un
277 t « posthumes », que Pierre Jean Jouve a traduits dans la langue fluide mais jamais abstraite qui est celle de ses Noces. Jo
278 poèmes de la maturité de Hölderlin est à chercher dans leur rythme seulement, — si ces mots séparés par des suites de points
279 s-tu de figure en figure — voir l’âme ? — Tu iras dans les flammes. » Quant aux documents sur la folie de Hölderlin que MM.
57 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
280 renonce à s’affirmer en détails précis, se masse dans une confusion de violet sombre, et par la seule ligne dure de l’horiz
281 très peu d’or rose s’évanouit… Le train serpente dans un de ces paysages de nulle part qui sont les plus émouvants, entre d
282 sorte d’enivrant péché. — Nous aurions une maison dans ce désert aux formes tendres et déjà familières, et le passage des tr
283 je sais ! — Je ne sais plus. — Le train s’attarde dans sa fumée, on respire une lourde obscurité qui sent l’enfer. Je ne pen
284 qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’entre dans l’atelier du peintre. Je ne tarde pas à oublier ce qui est lent ou fi
285 ui est lent ou fixe ou pas-à-pas. Tout s’épanouit dans un monde rythmé, fusant, tournoyant, sans frontières. Eux : leurs pet
286 omme des paysans, beaux hommes aux traits lourds. Dans l’ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’
287 ourds. Dans l’ivresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper l
288 r encore plus vite en tourbillonnant, choir enfin dans une vaste culbute sur les divans où l’ivresse les lâche, affalés, tan
289 mes si belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art.
290 egarde sa qualité. Ailleurs, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, e
291 Ailleurs, on la laisse traîner dans la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça n’est pas distingué, et en effet, que se
292 ement qui permet à l’esprit de passer d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’elle consiste — ô Danses !
293 qu’il y aurait de l’autre côté ? Se laisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière mes paupières, dans ce désordre lumin
294 ns le Gris ? Rejoindre ?… Derrière mes paupières, dans ce désordre lumineux, le verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! M
295 , les yeux fixes, le visage impassible. Mais rien dans la chanson hongroise ne rappelle la nostalgie traînante des lieder de
296 perdition illimitée… Les Hongrois se sont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude d
297 des. En Italie… Mais l’amour hongrois t’emportera dans une inénarrable confusion de sentimentalisme et de passion, et c’est
298 grie tout de même a quelque chose de « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme égyptien du peuple
299 signes parlent, et certains sages : nous entrons dans une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agr
300 d’hôtels modernes, de statues, de pylônes plantés dans un grand désordre de piétons et de chars à bœufs parmi les trams. Les
301 hèques et son quartier universitaire tout rajeuni dans des jardins luisants ne m’empêchera pas de m’y sentir au bout d’un mo
302 t du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans le grandiose bavardage des Tziganes. Qu’est-ce qu’ils regardent en jo
303 plus : il gouverne avec une vertigineuse docilité dans les voies d’un amour ineffable et se perd avec lui vers le désert et
304 connu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des secrets qui feraient p
305 Balaton Deux jours après, dégrisé, je nageais dans les eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noi
306 toutes ces Maritza rieuses et déjà presque belles dans leurs petits sweaters — vais-je pour vous m’arrêter quelques jours ? 
307 aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — ce sont des r
308 t de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être
309 c’est au silence que je me heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’être n’importe où. Une panique balaye la nuit déserte j
310 ait devant la gare campagnarde. Je me suis étendu dans un compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de la lune. Le contr
311 abri de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, chev
312 uer un rôle dans mes cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et c
313 hose que de ce qu’on dit. (L’imprudence de penser dans l’insomnie ! Cela tourne tout de suite à la débauche. Notre liberté d
314 coup, tous les refoulés qui explosent, le chômage dans la gendarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’en tire avec un
315 t, c’est que la ligne est droite. Je ne sais plus dans quel sens je roule. J’aime ces heures désorientées ; le sentiment du
316 oin » signifie qu’il vient d’être très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’év
317 tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel endroit du temps tu vis, — c
318 — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans ma tête.) — On ne voyage jamais que dans son propre sens ! — Mais il
319 réveille dans ma tête.) — On ne voyage jamais que dans son propre sens ! — Mais il faut voyager pour découvrir ce sens ! — Q
320 éjugés sur mon apparence, je me découvre localisé dans un type humain. Immobile, j’étais presque infiniment variable, indéte
321 chose ? Un être ? L’Objet ? — Est-ce que je dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux
322 e A, — l’heure des arrivées et des adieux… Il y a dans tous les réveils une détresse et une délivrance étrangement mêlées.
323 e par un douanier, tant qu’à la fin on me refoule dans mon compartiment. Est-ce encore un rêve ? Je comprends bien qu’il fau
324 mais je suis innocent puisque enfin il n’est pas dans ma valise, ce n’est que trop certain. Cependant, « rien à déclarer »
325 c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans mes onze poches. Seulement ce papier timbré d’un ministère… mais déjà
326 grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une révélation, non point de cet endroit, ni m
327 i tu songes à tous les espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies, pour
328 s les espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies, pour approcher de tou
329 parcourir encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies, pour approcher de tous côtés un But
330 dans ce monde et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies, pour approcher de tous côtés un But dont tu ne sais ri
331 ême en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière différence, — car on ne voi
332 les rues noires aux palais vides mais hantés, et dans les grands cafés du centre… Quelle autre rencontre espérer — maintena
333 eux qui quittent ce monde vont à la Lune — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, ce
334 upanishads. — Or si un homme n’est pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (le laisse aller chez Brahma) ; mais si u
335 ui ne trouve pas. Malheur à celui qui se complaît dans ce qu’il trouve. 15. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la
58 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
336 u’avant tout l’on doit admirer chez M. Du Bos. Et dans l’allure des phrases, le rythme même de sa pensée. Parfois certes, un
337 relève de la nature même d’un esprit « critique » dans l’exercice de sa probité ? Défaut combien plus précieux que l’éléganc
338 x que l’élégance à bon marché qu’on nous prodigue dans la presse. Les sujets : Walter Pater, Tolstoï, Hardy, Stefan George,
339 Du Bos mérite aujourd’hui l’un des premiers rangs dans la critique européenne, l’ampleur du champ qui lui est naturellement
340 à l’indiquer. Mais ce qui l’établit sans conteste dans une classe internationale — comme on dirait en style sportif — c’est
341 e sa critique qu’elle pose le problème de l’homme dans sa totalité, et c’est je crois l’éloge de choix. Mais de ce problème
342 e doit qu’à un sens exceptionnel de l’orientation dans le monde de l’esprit la sécurité de sa marche vers le centre d’une œu
343 grandeur d’un Du Bos, n’est-elle pas précisément dans son refus de sacrifier jamais l’éthique à l’esthétique, et dans ce se
344 de sacrifier jamais l’éthique à l’esthétique, et dans ce sens chez tant d’autres émoussé, et qu’il exerce avec une intellig