1 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
1 e que « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit p
2 i des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun, en tête à tête avec le génie de la mort. Mais alors, à quoi sert d’exalt
3 pour les vouloir éviter, et ces grandeurs pour n’ en pas trop descendre ». N’est-ce pas une éclatante mise au point ? Et v
4 ît un doute, parfois : « On craint d’être injuste en décidant si… cette absence de haine ; cette épouvante, devant la guer
5 qu’on parle de cette œuvre : je ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou dans la no
6 r de toute faiblesse, flamme d’une pureté si rare en notre siècle, qu’elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
7 a périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous retiendra moins que la sig
8 se. Ces principes ? Ils se laissent hélas résumer en un court article de dictionnaire : « Surréalisme, n.m. Automatisme ps
9 tionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute p
10 ais savent admirablement parler. Ils érigent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée hors les mots » (
11 cifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont ils se réclament
12 , les surréalistes trouvent à montrer leur talent en des jeux moins lassants. Dada, éclat de rire d’un désespoir exaspéré,
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
13 oderne » est au moins le cinquième ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922. Il contient pourtant des vues assez
14 une telle manière que des conclusions critiques s’ en dégagent avec évidence. Van Gogh fut une proie du génie. L’homme tel
15 nous le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui
16 pour le tourmenter et le transfigurer. Vincent s’ en effraie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est-ce
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
17 cles sur Valéry, St John Perse. On le vit naguère en province liquider des stocks américains. Et ses romans, c’est aussi u
18 le platitude est presque indispensable, mais il s’ en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en trois v
19 autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des maladresses et des négligences. Mais
20 Le sujet du Tarramagnou, c’est « la nouvelle mise en servitude du peuple rustique de France ». En effet — le phénomène n’e
21 e jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand roman : au
22 s personnages d’une belle richesse psychologique. En fermant le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand ro
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
23 a culture le péril n’existe que pour autant qu’on en parle, la vraie « question asiatique » étant une question politique.
24 donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son principe le germe de sa destruction.) Il y a enfin ceux qui refon
25 inent toutes ces opinions ; et ceux qui avouent n’ en point avoir, sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conclu
26 je pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d’ en tirer de nouvelles raisons de maudire l’Orient ou chercher la guériso
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
27 l » qu’a peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci psychologique. « Tout homme normal est fait d
28 é par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé imp
29 inée. Artificielle comme toute expérience, elle n’ en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est av
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
30 Almanach 1925 (septembre 1925)g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maison d’édition Fischer pass
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
31 llemagne nouvelle — et peut-être parce qu’il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son sang-froi
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
32 l’on songe au service que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brûlante les richesses intell
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
33 é de l’auteur à l’endroit de cette âme irlandaise en laquelle s’allient une fantaisie et un réalisme également lyriques.
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
34 eau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’ en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction française de l’énorme c
35 vée, quelques regards sur la foule suffisent pour en préciser les conséquences. C’est ainsi qu’interviennent les trois Ang
36 revers de grandes qualités de réalisation d’idées en faits ou en situations dramatiques. Je donnerai tous les essais de M.
37 andes qualités de réalisation d’idées en faits ou en situations dramatiques. Je donnerai tous les essais de M. de Voguë su
38 cceptation, mais elle peut se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne détermine l’avenir le plus proche. Il
39 gèrent de toute la force du trouble qu’ils créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secrètement to
12 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
40 Adieu, beau désordre… (mars 1926)o L’époque s’ en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, da
41 rès sans fin. Même ceux qui ont perdu la croyance en un bonheur possible ou désirable subissent cette rage désespérée de c
42 s. Il leur manque une certitude foncière, une foi en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils ne peuvent prétendre à l’ac
43 par une même tempête. L’unité de notre temps est en profondeur : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils ont c
44 e révèle à la base de tous les problèmes modernes en littérature. Jacques Rivière s’y appliqua dans un de ses derniers art
45 romantisme — et c’est plus que probable. Mais il en tirait une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le sui
46 vérité. Bornons-nous à noter le phénomène, puis à en suivre quelques conséquences. Connaissance intégrale et culture de s
47 méthodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en sommes à cultiver certaines douleurs, plaisirs rares ; et les dissona
48 place d’honneur dans des esthétiques construites en hâte à l’usage de sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout a ét
49 ant et forcené gaspillage : la guerre. Certains s’ en tiennent à leur dégoût et l’exploitent. Ainsi se légitime le surréali
50 uellement isolé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pa
51 lé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pas de peindre
52 qu’il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’ en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il serait temps de faire
53 la personnalité. Toute tendance qu’ils découvrent en eux est non seulement légitime à leurs yeux, mais « tabou » ; et c’es
54 que de favoriser son expansion. — Mais je trouve en moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cultive simult
55 re. Et l’on y prend vite goût. Cela tourne alors en passion de détruire, en haine de toute stabilité, de toute forme. Att
56 goût. Cela tourne alors en passion de détruire, en haine de toute stabilité, de toute forme. Attitude parfaitement folle
57 voient la suprême liberté. Le désir se précisait en moi de commettre enfin l’acte vraiment indéfendable de tout point de
58 vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction du plan intellectuel sur l
59 fois nous sommes spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à considérer un certain immoralisme comme la seul
60 » à sa vie, à ses sensations, à ses automatismes. En art, la fatigue est un des états les plus riches de visions nouvelles
61 l’âme ; vouloir une foi… La morale de demain sera en réaction complète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous sommes à
62 misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’ils s’ en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant ses do
63 motions de l’âme, et lui multipliant ses douleurs en les lui nommant », ils décrivent le tourment dont sortira peut-être u
64 prenant à plein poing toutes ces petites misères, en compose d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met to
65 s les jeunes écrivains — se souviennent de penser en fonction du temps présent, soit qu’ils veuillent en améliorer les con
66 fonction du temps présent, soit qu’ils veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer totalement. — Alors, vou
67 yez à l’action sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refu
68 térature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsqu
69 e tout composer en soi, on veut tout cultiver, et en fait l’on se contente d’une violence, d’un vice, d’une inquiétude. 8
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
70 me chaque soir un nouveau ciel. Il l’a transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un songe, sans cesse br
14 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
71 généreuse que neuve, et qui eût gagné à être mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de Mme de Watteville para
72 et qui eût gagné à être mise en action plutôt qu’ en commentaires. Le talent de Mme de Watteville paraît mieux à l’aise da
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
73 une grâce un peu frileuse et se permet de bâiller en public. On connaît le danger… r. Rougemont Denis de, « [Compte ren
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
74 s le grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne
75 ’il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’ en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est le Secret professi
76 nouveauté de son théâtre et de l’art qu’il défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de la pénombre.
77 son théâtre et de l’art qu’il défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de la pénombre. Ôter la pédal
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
78 énération surréaliste. Mais tandis que la plupart en sont encore à des symboles équivoques et, quoi qu’ils en disent, « ar
79 encore à des symboles équivoques et, quoi qu’ils en disent, « artistiqués », — ils n’osent plus le mensonge de l’art, et
80 acle que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-nous la force et l
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
81 et beau. Or « la grande ville, phénomène de force en mouvement, est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’avoir pas
82 mphlet dont l’argumentation serrée éclate parfois en boutades mordantes, en brèves fusées de lyrisme. C’est d’une verve pu
83 tion serrée éclate parfois en boutades mordantes, en brèves fusées de lyrisme. C’est d’une verve puissante jusque dans la
84 ne verve puissante jusque dans la statistique. On en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’avoir trouvé la formule
85 soulignent de verdure l’horizontale des toitures en terrasses. Des perspectives régulières recoupées à 200 et 400 mètres
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
86 llet 1926)w Je ne crois pas exagéré de dire qu’ en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre
87 nt différentes des lois de l’œuvre d’art, il ne s’ en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication directe ent
88 ance personnelle. Après quoi il écrit : « II y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’essay
89 ie de la « garantie des sentiments », où l’on est en droit de voir le germe d’un moralisme nouveau qui se fonderait solide
90 de ces essais : l’esthétique du roman. Fernandez en formule une théorie assez proche du cubisme littéraire, et qu’il sera
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
91 indécise (décembre 1926)y L’auteur veut amuser en nous quelques idées graves en leur présentant les miroirs de personna
92 ’auteur veut amuser en nous quelques idées graves en leur présentant les miroirs de personnages cocasses à souhait, qui ma
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
93 endresse que ranime un soleil lointain va tourner en cruelle mélancolie. Pourquoi, Henri de Closain, quitter le domaine en
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
94 ent subordonnée à l’action ; notre individualisme en naît logiquement, et toutes nos catégories artificielles et nécessair
95 leuse, puisqu’elle risque de ne laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la destruction et de l’anarchie, exempt
23 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
96 la grande race des torrents ». Génie inégal s’il en fut, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s’impo
24 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
97 s. Cette façon de ne pas y tenir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sy
98 ennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas nous
99 ’une telle vie, cette sagesse un peu sombre qui s’ en dégage, sagesse qui veut « que nous appelions les âmes à la vie après
100 ence soit assez facile et « artiste » on hésite à en faire reproche à l’auteur. Cette espèce de modestie de l’allure est r
25 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
101 ine discrétion, cet air de rêverie d’un homme qui en sait long… Et, certes, il faut être un peu mage pour porter tant de r
102 me discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n
103 raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le
26 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
104 ienter dans la crise moderne. M. Daniel-Rops unit en lui à l’état de velléités contradictoires que son intelligence très n
105 oires que son intelligence très nuancée maintient en une sorte d’instable équilibre, les tendances que ses contemporains o
106 ar Gide ; admirant Maurras sans l’aimer ; saluant en Valéry une réussite unique mais presque inhumaine ; secrètement attir
107 par cette solution universelle, la foi, il résume en lui cette inquiétude qui fait la grandeur et la misère de l’époque —
108 , tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse qu’ en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la ri
109 le rester ? Ces deux solutions peuvent se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vraiment les deux
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
110 olents, et dont le profond ricanement se prolonge en nous. Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui
28 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
111 par l’acharnement angoissé qu’on y apporte, l’on en vient à une conception de la sincérité qui me paraît proprement inhum
112 gs liés à l’obsession qu’il voulait avouer pour s’ en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serait-elle à son tour que le
113 profond de ce roman, où l’on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son apaisement, pour Arthur, sa « maladie »,
114 uteur n’est pas encore détaché de la matière pour en tirer une œuvre d’art. La sincérité audacieuse mais sans bravade qui
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
115 lyre dont ils font grésiller l’accord, une patte en l’air, becquètent le cœur d’une femme qui va les étrangler doucement.
116 vue de Genève, Genève, mai 1927, p. 693-694. ak. En romain dans l’édition originale.
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
117 s. Mais cette imperfection, s’il ne peut encore s’ en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la rend sympathiq
118 ing, Ferrero, commencent à être prises au sérieux en France par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’avoir échappé
119 phe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’au boutisine » qui seul
120 rurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui s’ en exaspère. Souvent maladroit, incertain, brutal : mais faisons-lui con
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
121 Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentimental, bien décidé au fond, à r
122 ité que par recherche. Vous voilà même tenté de l’ en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans ses fantoches une malicieus
32 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
123 d’une si subtile convenance avec son objet qu’il en saisit sans mièvrerie ni vulgarité la grâce un peu trouble et l’insid
124 es ailes intactes ; l’évocation toute nervalienne en sa nostalgie, de la jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
125 ois Rilke, trace de lui un portrait qu’on dirait, en peinture, très « interprété ». Non pas une photographie morale, mais
126 e de ces âmes mystiques et raffinées telles qu’on en découvre chez certaines femmes et l’on y voit une préciosité sentimen
34 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
127 arbitraire et si facultative », je me dis qu’il n’ en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scientifi
128 les joyeuses révoltes de sa verve « interfèrent » en lui. Et aussi (presque imperceptible, mais ici décisive), une secrète
35 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
129 vertissant et spirituel. Pourquoi ne veut-on voir en Jules Verne qu’un précurseur ? Jules Verne est un créateur, dont les
130 vers desquels ils respiraient l’air du monde ». N’ en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisa
36 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
131 s d’échecs simultanément, et c’est naturel : je m’ en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne dema
132 t c’est naturel : je m’en avoue plus éloigné et m’ en sais plus dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains que des r
133 phes ». Mais donner l’air bête à ceux qui le sont en créant une belle œuvre serait, par exemple, plus efficace. Aragon se
37 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
134 llement vers l’action, c’est-à-dire — nous sommes en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littérature voien
135 a dans une époque où les valeurs de l’esprit sont en pratique universellement méprisées. Mais les surréalistes ont leur re
136 nt de gesticulations, de gros mots et de discours en très beau style contre un monde très laid dont ils n’ont pas encore r
38 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
137 e 1928)au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en q
138 au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques hommes d’action les forces caractéristiques du temps — argen
139 et poétique. Mais cette fois tout est concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’il décrive la vie intense et inst
140 e. Mais cette fois tout est concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’il décrive la vie intense et instable des ac
141 fois tout est concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’il décrive la vie intense et instable des acteurs du dram
142 l me semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnai
143 s forces déterminantes de l’heure, à les exprimer en un tel drame, et voici André Malraux au premier rang des romanciers c
39 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
144 de musique… » Barrès cherchait dans ses châteaux en Espagne lamentablement réalisés les témoignages de l’éthique de cet «
40 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
145 u entraîne tout un branle-bas d’évocations hautes en couleur, de rêves, de visages, tandis que ç[à] et là s’ouvrent des pe
146 utres placeraient le couplet humanitariste, lui s’ en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encor
147 émouvant : « À cette époque je croyais fortement en l’existence d’une espèce de secrète et à peu près universelle conspir
148 que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout le
149 que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout le reste, nous amusant comme des fous 
41 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
150 es est comme une initiation au silence. Il faut s’ en approcher avec une douceur patiente, et le laisser créer en nous son
151 er avec une douceur patiente, et le laisser créer en nous son silence particulier avant d’entendre les signes qu’il nous p
152 te des Gravitations est ici descendu plus profond en soi-même ; son art y gagne en densité, en émotion. Des mots simples,
153 scendu plus profond en soi-même ; son art y gagne en densité, en émotion. Des mots simples, mais chacun dans sa mûre saveu
154 profond en soi-même ; son art y gagne en densité, en émotion. Des mots simples, mais chacun dans sa mûre saveur ; une phra
42 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
155 eur d’oies, le gueux Joseph qui parle à son chien en mourant, une fille qui chante et des enfants surtout, dès le début, p
156 eurs qui signifient plus de désespoir qu’ils ne s’ en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices et d’env
157 t air dangereux et tendre que prennent les hommes en liberté. Mais ils ne sont jamais méchants, et seulement aux dernières
43 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
158 sabelle Rimbaud ? Si Claudel s’est montré partial en faisant de Rimbaud, « mystique à l’état sauvage », un catholique qui
44 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
159 s désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je suis loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur l
160 , et ils seront confondus. Car il y a un sophiste en M. Benda, un polémiste qui joue de la raison ratiocinante tout comme
161 ui ne s’entend définir et classer choses et idées en catégories « rationnelles », c’est-à-dire fausses mais claires, qui l
162 l’impossible. Et quand bien même elle croirait n’ en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte
163 besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte aux sarcasmes des extrémistes de droite et de gauche, n’en appa
164 rcasmes des extrémistes de droite et de gauche, n’ en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui me viennent l’esprit : Ju
45 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
165 i-même : il semble au contraire qu’Henry Michaux, en se cantonnant franchement dans ses propriétés, y découvre sans cesse
166 invente des animaux dont la complexité ne le cède en rien à celle de l’introspection la plus poussée. Il invente aussi des
167 ion la plus poussée. Il invente aussi des mots et en fait de courts poèmes d’une divertissante et parfois émouvante bizarr
168 e pareille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en nous à la fois de plus « problématique » et de plus quotidien. bd.
46 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
169 « gris et ardent sous le soleil caché », ou bien, en un printemps liquide et glacé, balançant parmi les roseaux d’une baie
170 a vallée du jeune Rhin ou les pentes de Chésières en les parant d’une grâce malicieuse et sensuelle dont nos yeux helvètes
47 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
171 il composa vers sa vingtième année un vaste poème en prose intitulé Les Chants de Maldoror. De 1870 jusqu’à la guerre son
172 audacieux que les autres, M. Pierre-Quint montre en quoi cette révolte est puérile et insuffisante. Une fois de plus, l’i
173 uint, malgré la liberté d’esprit dont il témoigne en maint endroit, se soit laissé quelque peu impressionner par le fanati
174 pés. M. Gide déclarait naguère qu’il fallait voir en Lautréamont « le maître des écluses pour la littérature de demain ».
48 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
175 Voyage en Hongrie I (octobre 1930)bh à Albert Gyergyai. 1. Le dormeur au
176 a juste autant de vieilles dames et de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’inté
177 e plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; le
178 phrase que Richard Strauss m’aura jamais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué, je vais au lit… » C
179 ends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse
180 Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’ en sortirais de ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de per
181 fêtes populaires, au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un château prussien où tissaient d’incro
182 ntrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée d
183 assé un grand pont vibrant et nous sommes rentrés en Europe. Mais dès le lendemain, m’échappant du programme, il a bien fa
184 re, une cour vide ; on prend le sentier qui monte en zigzag à travers des jardins dont les arbustes sèchent, vers une espè
185 ce de grande villa baroque assez décrépite, décor en pierre brune peu solide, rongé de petites roses cramoisies. On longe
186 ce, ou bannière, avec des caractères turcs brodés en or. L’histoire de Gül Baba est racontée sur un papier jauni encadré e
187 dernier héros musulman qui ait fait parler de lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité Kehl Baba, ce qui signifie le Prophè
188 fie le Prophète chauve. Les Hongrois, par erreur, en ont fait Gül Baba, ce qui signifie le Père des roses. Moyennant cette
189 naturalisation il continue de protéger la ville ( en collaboration avec saint Gellert, dont la statue colossale, sur un ro
190 s. Alors que dans ce domaine, plus visiblement qu’ en tout autre, un non-conformisme intransigeant serait la seule conduite
191 gare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le dé
192 n’a rien d’étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce raisonnement fin, encore qu
193 longe trois des parois, la quatrième est occupée en partie par le comptoir (un écriteau porte simplement ce tarif : 5 pen
194 un écriteau porte simplement ce tarif : 5 pengö), en partie par un poêle immense, à plusieurs étages et marches. Deux ou t
195 la banquette, quelques bougres isolés produisent en silence cette fumée, les yeux à terre, dans l’attente. Nous sommes as
196 ulaire et regardent tristement les lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là ne chan
197 e », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à ch
198 ord les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à chercher après coup des transi
199 e mentir, si fort tenté que l’on cède à coup sûr, en se persuadant que c’est pour des raisons techniques. (Est-ce que cela
200 par la Hongrie. — Mais puisqu’enfin nous y voici, en cette Hongrie… Le tombeau de Gül Baba est symboliquement vide. Quant
201 que insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je m’ en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindr
202 qu’on a consenti de ne pas trouver sur l’heure. ( En petit et intéressé, ce geste s’appelle coquetterie ; en grand et grat
203 it et intéressé, ce geste s’appelle coquetterie ; en grand et gratuit, sacrifice.) … feuilletons un peu ma Hongrie. 7.
204 feuilletons un peu ma Hongrie. 7. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude, est une place vraiment royal
205 armes. À ce salut, les quelques députés bourgeois en redingote ne répondent que du bout des doigts, crainte, sans doute, d
206 e, tout seul, un archiduc. On salue profondément, en silence (cliquetis des rangées de décorations sur l’uniforme kaki, et
207 orme kaki, et du sabre balancé). Une auto encore, en retard le président du Conseil, maigre, jaune et rigide dans son cost
208 e noir et or. Si le comte Bethlen venait à la SDN en tenue de magnat, beaucoup de gens comprendraient mieux sa politique.
209 me de la plupart des États de l’Europe se formule en revendications d’hommes d’affaires. Ce qu’on prétend défendre, c’est
210 nd défendre, c’est son droit, ses intérêts. Mais, en Hongrie, le nationalisme est une passion toute nue, qui exprime l’êtr
211 s populations des régions perdues étaient parfois en majorité roumaines ou slovaques, la minorité hongroise y comptait cep
212  » qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle, n’ayant cure des
213 Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêche
214 ssentiel13. Rien n’est grave, que le sentiment, —  en politique comme ailleurs. Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemb
215 ’étalait le sourire optimiste de Lord Rothermere, en soie blanche sur fond noir. Quelques articles favorables à la Hongrie
216 é aux devantures des magasins de mode, et son nom en lettres géantes sur une montagne chauve, voisine de Budapest, témoign
217 lique qu’efficace. Et sans lendemain. Ce mélange, en toutes choses, d’enfantillage et de grandeur, d’imaginations absurdes
218 sier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’horizon es
219 agine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’air… 12. Rappelons que notre s
220 res solutions… bh. Rougemont Denis de, « Voyage en Hongrie I », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, oct
49 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
221 est de demain plutôt, — tout comme Nietzsche qui en fut obsédé. Empédocle est de ces mythes tels qu’il n’est peut-être pa
222 tels qu’il n’est peut-être pas donné à une race d’ en créer plus d’un, c’est-à-dire de s’en libérer. Ainsi la France conçut
223 une race d’en créer plus d’un, c’est-à-dire de s’ en libérer. Ainsi la France conçut l’homme rationnel ; Empédocle, au con
224 naissant ; il est la vibration même d’une pensée en travail de mythes, sur lesquels, bientôt après, s’exercera la réflexi
225 que de Hölderlin, c’est qu’il parviendra de moins en moins à « réfléchir » sa création. De là sa folie, qu’il pressent. Et
226 d’aujourd’hui ; ce sont les harmoniques éveillées en lui par la voix de Hölderlin qui ont dû l’inciter à l’acte recréateur
227 labes de valeur rythmique équivalente. Quoi qu’il en soit, et tels qu’ils nous sont ici livrés, ces fragments sont capable
228 ue de la pensée. « Insensé, — penses-tu de figure en figure — voir l’âme ? — Tu iras dans les flammes. » Quant aux documen
50 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
229 Voyage en Hongrie II (novembre 1930)bj 11. Le retour d’Esztergóm Il fau
230 Tout ce qui est de la terre renonce à s’affirmer en détails précis, se masse dans une confusion de violet sombre, et par
231 chaque soir plus infime, à cause de l’éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle tou
232 ession. L’Objet Inconnu, — quand je pense à ce qu’ en imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de
233 e à ce qu’en imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’une sorte bizarr
234 se rythmique. Je les vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon
235 main à la nuque ; frapper le sol de l’autre talon en changeant de main ; saisir la danseuse sous les bras (elle pose alors
236 billonner, pousser de grands cris ; tourbillonner en sens inverse ; frapper des talons toujours plus vite, mains à la nuqu
237 , mains à la hanche, mains à la danseuse ; partir en martelant le parquet jusqu’à produire un roulement continu, marteler
238 e un roulement continu, marteler encore plus vite en tourbillonnant, choir enfin dans une vaste culbute sur les divans où
239 seuses secouent leurs cheveux et tendent les bras en riant pour qu’on les relève. Elles : des Vénitiennes aux yeux de plai
240 n pas désordonnés, et des gestes tendres des bras en balançant vivement la tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauqu
241 endre que de s’abandonner d’une certaine manière. En France, chacun parle pour son compte, paraphe son épigramme, jette so
242 n’observe rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’
243 e l’ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa mise en scène, qu’on sauvegarde sa qualité. Ailleurs, on la laisse traîner da
244 passer d’une forme dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’elle consiste — ô Danses ! avènement de l’âme aux geste
245 ’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole sur place, mais tout se met à f
246 ait mis à tourbillonner sur place. 14. L’amour en Hongrie (généralités) Les Allemands aiment les femmes comme ils ai
247 ou intellectuels. Les Français aiment par goût d’ en bien parler. Les Suisses aiment avec une bonne ou une mauvaise consci
248 ples qui savent être à la fois cocasses et fades. En Italie… Mais l’amour hongrois t’emportera dans une inénarrable confus
249 sens de la musique, conserve quelque espoir de t’ en tirer. Sinon… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Hongrie
250 pour la Hongrie sans talisman, s’il a du cœur, n’ en revient plus. 15. La plaine et la musique L’ouverture de Stravi
251 est pas encore répandue. Il y a peu de bourgeois en Hongrie. Il y a de petits nobles déclassés, des juifs, des paysans, d
252 s cigognes, dont Andersen assure qu’elles parlent en égyptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent de leurs mères ».
253 ime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits par le noir Duc d’Égypte ; aussi les nomma-t-on gipsy
254 laine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’ en raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debr
255 que par sa musique j’étais aux marches de l’Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terrasses des hôtels, dans le grand
256 avardage des Tziganes. Qu’est-ce qu’ils regardent en jouant ? Qu’est-ce qu’ils écoutent au-delà de leur musique — car auss
257 x montagnes russes, mais voici que le petit train en rumeur depuis un moment ne redescend plus : il gouverne avec une vert
258 rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’ en souvient. Trésor si pur qu’on ne doit même pas savoir qu’on le possèd
259 les eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’ en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi
260 eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire, et je n’ en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais à brasses prudentes a
261 s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur caprice, tandis que
262 on irait ensemble à Tihany — elle a l’air d’être en Italie sur sa presqu’île — par cet instable bateau-mouche qui naguère
263 ir, comme un tendre souvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne… Déjà je suis repris
264 m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pantalon plissé, et cet abruti de contrôleur qui rit et me
265 te hurlante bousculade sur place qu’est un voyage en express. Mais je ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en l
266 e ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le désert, je traçais des p
267 . Je composais un traité des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’en eusse
268 Sénèque ou de Swift, et je voyais très bien ce qu’ en eussent tiré Sterne ou Goethe, mais, semblable à Gérard de Nerval, je
269 endarmerie et les fakirs débordés. L’hypocrisie s’ en tire avec une volte-face.) Quelle heure est-il ? La Lune se tient ass
270 t’éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel endroit du temps tu vis, — c’en est fait, toutes choses ont revê
271 voir ! La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie… (une sorte de cauchemar de la p
272 teint, le corps se plie, fait demi-tour et puis s’ en va. Rien, rien à déclarer, quelle tristesse. Mais qu’a-t-on jamais pu
273 « déclarer » d’important ? Je ne sais plus parler en vers et la prose n’indique que les choses les plus évidentes. C’est b
274 deux mots suffiraient-ils à l’indiquer quand je m’ en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exigent
275 aient-ils à l’indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exigent des apparences
276 amour égoïste, comme un être dont on a besoin et en qui l’on chérit surtout ce dont on manque : touchantes annexions, pie
277 tre de soleil couchant. J’y suis venu par hasard, en flânant ; je me suis sans doute perdu et pourtant je n’éprouve qu’une
278 que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songeant à cette minute et à d’autres
279 Songeant à cette minute et à d’autres semblables, en voyage, je me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurd
280 miracle imminent… ou moins encore : l’image, née en rêve, d’une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la te
281 t endroit, ni même par lui, — mais à cet endroit, en ce temps… Qui sait si tu ne l’as pas reçue ? Une qualité, une tendres
282 it rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde,
283 de passeport. bj. Rougemont Denis de, « Voyage en Hongrie II », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, no
51 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
284 s cherché rien d’autre que d’approcher mon sujet, en m’identifiant d’aussi près qu’il m’était possible, non seulement au p
285 dans une classe internationale — comme on dirait en style sportif — c’est l’aisance avec laquelle il aborde un Pater, un
286 enquête suppose une Weltanschauung correspondante en profondeur. Il la possède. On peut dire de sa critique qu’elle pose l
287 nant un nom à chaque problème, l’« hypostasiant » en quelque mesure, elle risque de nous laisser l’image d’un auteur plus