1 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
1 eaucoup d’antérieures protestations belliqueuses. Il nous montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec
2 titude est responsable de ces carnages ». Naguère il était des premiers ; il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour
3 e ces carnages ». Naguère il était des premiers ; il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun,
4 gendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’ ils trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranimons
5 e vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranimons ces horreurs pour les vouloir éviter,
6 irent » du front dans notre paix lassée, ne prend- elle pas une pathétique signification ? Pourtant ici encore transparaît un
7 ontraires s’unissent dans la grandeur. La paix qu’ il appelle, c’est autre chose que l’absence de guerre, c’est une paix qu
8 travaillerait le levain des vertus guerrières. «  Il faut que la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souven
9 paix, c’est vers de plus sereines exaltations qu’ il va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antiqu
10 sereines exaltations qu’il va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rom
11 ent lorsqu’on parle de cette œuvre : je ne sais s’ il faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou da
12 dans la guerre. Que de sacrifices ne lui devra-t- il pas offrir ainsi les romans « intéressants » ou « curieux » ; le « gr
13 sme » à la Chateaubriand, voire à la Barrès, dont il est capable et qu’il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle
14 and, voire à la Barrès, dont il est capable et qu’ il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple inté
15 e vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’ il veut rester digne de son rôle et vraiment le coryphée d’une génératio
16 , flamme d’une pureté si rare en notre siècle, qu’ elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la moleste ni ne l’av
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
17 a significative pauvreté idéologique et morale qu’ il révèle. Le style brillant et elliptique qui tend à devenir notre ponc
18 a pensée. D’autant plus que les rares passages où il expose directement les principes de sa « révolution » semblent au con
19 e philosophie ou de psychanalyse. Ces principes ? Ils se laissent hélas résumer en un court article de dictionnaire : « Sur
20 ue ou morale. » (p. 42). Le surréalisme ne serait- il donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tout !
21 méthode des textes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’il est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable.
22 textes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’ il est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable. Mais par que
23 icheries plus ou moins conscientes M. Breton peut- il préconiser l’existence d’une littérature fondée sur de tels principes
24 enait, qui écrivit : « Quand les livres se liront- ils d’eux-mêmes, sans le secours des lecteurs ? Quand les hommes se compr
25 s des lecteurs ? Quand les hommes se comprendront- ils individuellement ? » Que M. Breton donne des « recettes pour faire un
26 sie pure. Les beautés que j’y vois ne me seraient- elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidence entre l’unive
27 voir que M. Breton serait un très curieux poète s’ il ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persua
28 l ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée non corrigé
29 nt rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée h
30 Ils érigent donc en doctrine leur impuissance. «  Il n’y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de
31 pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient- ils de métaphores comme d’autres de raisonnements. Plaisante ironie, si c
32 otestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud
33 dre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont ils se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté »
34 s, c’est que — pour reprendre un mot de Cocteau — ils « embaument de vieilles anarchies ». L’ironie qui sauva Dada du ridic
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
35 vrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922. Il contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’est contenté de n
36 le rebute pas. Une divine violence le travaille. Elle jaillira enfin, dans l’éblouissement d’Arles, jusqu’au jour où cette
37 nsomption frénétique terrassant un corps minable, il ne restera plus que les flammes, les soleils et aussi les grimaces de
38 et aussi les grimaces de douleur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’avoir rien caché des médiocrités de cette
39 M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne du
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
40 r scientifique, « Prix Goncourt », curieux homme. Il se livre à des travaux de précision : il calcule un plan, un poème. I
41 x homme. Il se livre à des travaux de précision : il calcule un plan, un poème. Il écrit un livre sur Einstein, des articl
42 vaux de précision : il calcule un plan, un poème. Il écrit un livre sur Einstein, des articles sur Valéry, St John Perse.
43 la liquidation des questions traitées est rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry,
44 e telle platitude est presque indispensable, mais il s’en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en tr
45 inertie du peuple qui donnait tant de mal lorsqu’ il fallait l’éveiller, l’entraîne au-delà du but. Le Tarramagnou voit so
46 ramagnou voit son œuvre sabotée par des meneurs ; il tente en vain de ressaisir les foules : déjà elles huent sa modératio
47 ; il tente en vain de ressaisir les foules : déjà elles huent sa modération. Alors il va se jeter au-devant des troupes accou
48 es foules : déjà elles huent sa modération. Alors il va se jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la p
49 s il va se jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand r
50 En fermant le livre on a presque l’impression qu’ il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de s
51 sion qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t- il  ? Un style ? L’absence de style, n’est-ce pas le meilleur style pour
52 ues. Chef-d’œuvre ou pas chef-d’œuvre d’ailleurs, il reste que le Tarramagnou est un livre émouvant, d’une saine puissance
53 nou est un livre émouvant, d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre a tenté, et en somme, réussi, une entreprise b
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
54 seulement qu’on a imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de la culture le péril n’existe que p
55 renouveau, c’est à quelques savants européens qu’ il le devra, tandis que d’un mouvement inverse, le christianisme débarra
56 e et les Gandhi, demi-européanisés. Ceci convenu, il faut reconnaître que l’enquête des Cahiers du Mois donne un fort inté
57 ymbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’ il s’agit, et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est
58 ation qui n’a de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un classement parmi les réponses d’une extraord
59 qui, eux, apportent des documents, savent de quoi ils parlent, ils se récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain gr
60 ortent des documents, savent de quoi ils parlent, ils se récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiri
61 avent de quoi ils parlent, ils se récusent lorsqu’ il s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos, a trouvé la formu
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
62 st fait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit- il . Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce
63 érieur, — ce fou que nous portons tous en nous, —  il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablemen
64 us, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouv
65 un absolu qui se trouve être le néant. Pour finir il « l’écrabouille ». L’expérience est terminée. Artificielle comme tout
66 st terminée. Artificielle comme toute expérience, elle n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’e
67 ration ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle a cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
68 gite l’Allemagne nouvelle — et peut-être parce qu’ il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son s
69 l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’ il vient de parcourir quelque superficialité, du moins faut-il le louer
70 e parcourir quelque superficialité, du moins faut- il le louer d’avoir conservé une vision générale de notre temps et un év
71 oman sans exposer et discuter toutes les idées qu’ elles illustrent. Les personnages discutent certes, mais leurs actions sont
72 et les fuites les plus folles hors de la réalité, ils forment un cortège pittoresque et désolant à celui qui, revenu de l’é
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
73 œuvre « d’importance européenne », croyez-vous qu’ il aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un somme
74 xemplaires ne suscitent un intérêt très profond : elles nous transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problè
75 être celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t- il pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels, très réels,
76 réels, de la réalité la plus intime, de celle qu’ ils se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être…
77 e ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’ ils veulent être, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu de
78 dello, s’ils veulent être, subissent, une fois qu’ ils sont, le grand malentendu de la personnalité. Tandis que chez Unamuno
79 esque inhumaine torture et conduit au crime. Et s’ ils s’imposent comme types, c’est encore et uniquement par leur obsédante
80 impression de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
81 nsée française (octobre 1925)k Peut-être n’est- il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau cha
82 Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’ il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme e
83 iellement chrétien sur le mysticisme naturiste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à déc
84 ur ce qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines
85 nes critiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’ il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légère
86 sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi il insiste sur le fait que Vinet se déclarait « un chrétien sans épithèt
87 se déclarait « un chrétien sans épithète ». Croit- il éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien n’e
88 éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit- il pas que rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces r
89 isme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que ce
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
90 nges pour assembler un sourire ». Comme Max Jacob il lui arrive de situer une anecdote purement poétique dans un monde qu’
91 r une anecdote purement poétique dans un monde qu’ il s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du m
92 que dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du monde qu’il invente nous lasse
93 l est parfois facile : la description du monde qu’ il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourta
94 scription du monde qu’il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l
95 ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t- il influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des ca
96 nfluence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ ils sortent des cafés littéraires, nos poètes respirent le même air du te
97 Leur originalité se retrouve dans la manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où ils baignent. Celui-ci vient à peine
98 manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où ils baignent. Celui-ci vient à peine de quitter l’air dur des pampas. « L
99 s les étoiles. J’avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
100 que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’emballement et conserver dans l’admiration son sens cri
101 et ses commentaires parfois un peu copieux ; mais elle a la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
102 rète (décembre 1925)n La Révolution russe va-t- elle usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec ses é
103 romantisme, dans le détail de la vie d’une ville. Il sait qu’un grand mouvement est la résultante de millions de petits. V
104 femme, la vertueuse Véra avec un des Anglais) : Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Ma
105 rkovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’ il avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la
106 ’il avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin pour moi. Puis : — Quelle imprudence ! Avec l
107 lumière et peut-être du monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se tra
108 ment. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné du rédui
109 olant sa patrie. Une effroyable acceptation, mais elle peut se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne déterm
110 dre logique ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possi
111 d’explosion. Le géant russe est un enfant : va-t- il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lu
112 Le géant russe est un enfant : va-t-il rire, va-t- il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chos
113 rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empire. Il le r
114 de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empire. Il le renverse, pour voir. Pendant qu’il est encore ébahi du fracas, le
115 t l’empire. Il le renverse, pour voir. Pendant qu’ il est encore ébahi du fracas, le juif survient avec une méthode simplif
116 ages le suggèrent de toute la force du trouble qu’ ils créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secr
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
117 ressaisissement profond et la ruine. Mais certes, il est temps qu’une lueur de conscience inquiète quelques chefs, montre
118 politiques, mais on a si souvent l’impression qu’ ils battent la mesure devant un orchestre qui, sans eux, jouerait aussi b
119 ssi mal. Quant aux meneurs de l’opinion publique, il est trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en géné
120 nion publique, il est trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en général, sachant bien qu’un Romier, un
121 us les partis, on comprendra ce que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écri
122 à l’action, c’est encore pour cultiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle révél
123 vélation ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’ ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude fonciè
124 tantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière, une foi en la valeur de l’action.
125 une foi en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils ne peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est
126 à leurs tentatives morales, si singulières soient- elles — dont le grand public reste le témoin souvent sceptique ou railleur.
127 s dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’ il n’existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ».
128  : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils ont construit des édifices très différents de style, et dont les faça
129 viction ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est
130 ci la conception même de la littérature, telle qu’ elle apparaît chez les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’il fau
131 les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’ il faut préciser. L’éthique et l’esthétique convergent dans la littératu
132 uvrir des possibilités neuves, — pour le libérer. Il n’est pas question de rechercher ici les origines historiques d’une c
133 e s’y appliqua dans un de ses derniers articles2. Il rendait responsable de tout le « mal », le romantisme — et c’est plus
134 le romantisme — et c’est plus que probable. Mais il en tirait une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le
135 ndamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’elle seule perme
136 vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’ elle seule permet la suivante qui peut-être retrouvera une nouvelle face d
137 être l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience
138 ela fait à Dieu », disait Drieu la Rochelle. Mais il faudra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, e
139 ntaires la matière de quelques pamphlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme o
140 pamphlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement
141 des derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans
142 point d’y percevoir comme un appel du Dieu perdu. Il avoue enfin la cause secrète des inquiétudes modernes : la perte d’un
143 te des inquiétudes modernes : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut
144 s : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je suis médiocre
145 suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’ il est trop attaché encore à se regarder chercher, absorbant son attenti
146 ant son attention dans une sincérité si voulue qu’ elle va parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes mala
147 isolé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’ il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pas de peind
148 n’en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il serait temps de faire la critique des méthodes et des façons de vivre
149 ments mêlés de la personnalité. Toute tendance qu’ ils découvrent en eux est non seulement légitime à leurs yeux, mais « tab
150 on et folie, etc. Si je les cultive simultanément il est clair que les tendances négatives l’emportent, il est plus facile
151 st clair que les tendances négatives l’emportent, il est plus facile et plus enivrant de se laisser glisser que de constru
152 ’est justement de quoi se glorifient ses tenants, ils y voient la suprême liberté. Le désir se précisait en moi de commettr
153 e gratuite que prétendent mener les surréalistes, il n’a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des r
154 ose ; à la merci des circonstances extérieures qu’ il méprise toutes également ; n’attendant rien que de ses impulsions et
155 cidité parfois douloureuse ses propres actes dont il s’étonne mais qu’il se garde de juger5. Il y a véritablement une litt
156 ureuse ses propres actes dont il s’étonne mais qu’ il se garde de juger5. Il y a véritablement une littérature de l’acte gr
157 lité qu’on renoncera à la vertu, sous prétexte qu’ elle pousse à l’orgueil ; c’est par sincérité qu’on mentira, puisque parfo
158 n excès toute chose, au-delà de toutes limites. «  Il n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette f
159 des actes, rêves éveillés, tout cela ne dérive-t- il pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le rythme des jours
160 s de notre psychologie. Images des surréalistes — ils l’indiquent eux-mêmes —, calembours, expression métaphorique et symbo
161 elle d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout. Il ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort pour se li
162 ne génération de cobayes » remarque Paul Morand.) Il faut agir, ou bien être agi. Donner une conscience à l’époque, ou se
163 ner une conscience à l’époque, ou se défaire avec elle et dériver vers un Orient d’oubli — (mais avant de s’y perdre, quelle
164 garas 9 !) Quelques jeunes hommes l’ont compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour
165 sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutter il faut des armes et ne méprisent pas la cultu
166 nt pas de la Société ; ils savent que pour lutter il faut des armes et ne méprisent pas la culture ; sans autre parti pris
167 res de langage et maîtres de leurs corps exercés, ils savent qu’il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il
168 et maîtres de leurs corps exercés, ils savent qu’ il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de lib
169 a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’ il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur
170 lles ; et leur effort est de retrouver ces lois ; ils ne craignent pas de choisir parmi leurs instincts, ni de les améliore
171 leur misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’ ils s’en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant s
172 ui multipliant ses douleurs en les lui nommant », ils décrivent le tourment dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais
173 dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais qu’ ils sachent, quand viendra le moment, détourner les yeux de leur recherch
174 de leur recherche pour contempler un absolu ; qu’ ils osent se faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut mie
175 faire violence pour se hisser dans la lumière. «  Il vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord que les grands traits d
176 présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques.
177 u. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ ils écrivent des odes civiques. Mais que nos moralistes — presque tous le
178 t de penser en fonction du temps présent, soit qu’ ils veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer totalement.
179 s ? Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une man
180 gir sur l’époque, c’est une manière d’agir contre elle . 2. « La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’ét
181 ise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. «  Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. »
182 ahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle, s’ il voulait…) o. Rougemont Denis de, « Adieu, beau désordre… (Notes sur
14 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
183 tant d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel. Il l’a transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un so
184 tous les actes une signification plus profonde. ( Il serait aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de f
185 s tout cela est sublimé dans un monde poétique où il paraît inconvenant d’introduire le jargon de la science moderne.) Si
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
186 aux prises avec une petite cité patricienne dont il devra portraiturer les gentilshommes archéologiques et les vieilles d
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
187 avec la muse, parce que c’est dimanche, parce qu’ il pleut et qu’on s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire est mo
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
188 plètement résolu dès les premières pages, mais qu’ il faut louer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-je que l’abu
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
189 t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’ il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son
190 e Secret professionnel, etc.) Sans doute faudrait- il préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’éca
191 nnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce qu’ il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il ne
192 re, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il ne le conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite qu
193 volonté de construire jusque dans le grabuge, qu’ il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau
194 ’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’ il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incont
195 e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce
196 sse de beaucoup les limites de cette école, et qu’ il eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices po
197 ’audace est de se vouloir plus juste que bizarre. Il sait bien d’ailleurs que les miracles les plus étonnants sont ceux de
198 t bien la nouveauté de son théâtre et de l’art qu’ il défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de la
199 r la pédale à la poésie. (« Le poète ne rêve pas, il compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine luisante et tou
200 e précision, d’élégance mécanique et de rapidité. Il lassera, parce que c’est toujours le même déclic. Cocteau le sait, et
201 s le même déclic. Cocteau le sait, et pour varier il tire tantôt à gauche tantôt à droite, sur Barrès, sur Wagner, sur que
202 je le crains, pour renaître catholique.) Certes, il bannit le charme et toute grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal
203 e grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal, si elles sont sans parfum, ne se faneront pas. t. Rougemont Denis de, « [Co
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
204 sont encore à des symboles équivoques et, quoi qu’ ils en disent, « artistiqués », — ils n’osent plus le mensonge de l’art,
205 ues et, quoi qu’ils en disent, « artistiqués », —  ils n’osent plus le mensonge de l’art, et pas encore la vérité pure — Cre
206 ue de sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, av
207 la triste profession est de détruire le désir qu’ elle excite par curiosité passagère, il monologue. « Oui, je le redirai, t
208 le désir qu’elle excite par curiosité passagère, il monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais furent prétextes à m
209 dont la pauvreté le rejette dans une angoisse qu’ il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est constructif
210 e désordre. Une intelligence parvenue au point où elle « ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une
211 ectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-nous la force e
212 s sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait- il le courage de prier… u. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
213 u aux charmes troubles et inhumains de la nature. Il s’agit de créer à notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la g
214 n’avoir pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentement l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle
215 lentement l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle n’est plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, n
216 vilisation sous cet aspect comme sous les autres, il nous faut mieux que des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
217 s d’aujourd’hui. La « critique philosophique » qu’ il voudrait inaugurer « ne se contenterait pas d’étudier les œuvres pour
218 ais tâcherait d’épouser le dynamisme spirituel qu’ elle révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a to
219 nivers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’ il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voici enfin un critique q
220 eprises par les générations précédentes. Parce qu’ elles se sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pa
221 s se sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d’un « Jugement » sans issue sinon vers le passé
222 é catholique ; mais tenant compte de leur effort, il puise dans l’échec même de leurs analyses les éléments de sa synthèse
223 ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes, il était temps que l’on dénonce la confusion romantique de l’art avec la
224 morale et l’esthétique modernes. Et à ce propos, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide,
225 ne autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’ il est bien établi que les lois de la vie sont essentiellement différent
226 tiellement différentes des lois de l’œuvre d’art, il ne s’en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication dir
227 un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit : « II y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se
228 oir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’est- elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici une
229 me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’ il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’il la condamne
230 raiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’ il la condamne plutôt, à cause des confusions qu’il y décèle. Le meilleu
231 ’il la condamne plutôt, à cause des confusions qu’ il y décèle. Le meilleur morceau du livre est l’essai sur Proust et sa t
232 ité — « mosaïque de sensations juxtaposées » — qu’ il définit sa propre théorie de la « garantie des sentiments », où l’on
233 e et proustienne a porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newman, les exemples d’un Meredith et
234 théorie assez proche du cubisme littéraire, et qu’ il serait bien utile d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui s
235 es à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme : il est parfois agaçant de pressentir sous l’expression trop technique ou
236 philosophes, et trop philosophe aux littérateurs. Il manque à M. Fernandez un certain recul par rapport à ses idées, on le
237 n peu gauche encore dans les positions conquises. Il n’empêche que son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il
238 livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’ il propose quelques directions très nettes de synthèse. Avec une œuvre c
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
239 ires taurologiques avec lesquels, pour communier, il faudrait sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais il sera pa
240 sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais il sera pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien agaçants pour sa
241 ts bien agaçants pour sa souveraine désinvolture. Elle est tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout
242 tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que j’admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur suje
243 ité aux taureaux braves et simplets d’esprit ! Qu’ ils paissent éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné u
244 la nonchalance des vrais puissants, je compte qu’ il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humaines. x. Ro
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
245 c’est que le livre soit réellement amusant, et qu’ il trouve une sorte d’unité vivante dans le rythme des désirs jamais sim
246 aire sourire, on le sent ; pourtant l’on sourit : il faut bien croire qu’il y a là un talent, charmant, glacé, spirituelle
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
247 able… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenirs ; jusqu’au soir où la douleur nette d
25 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
248 Chinois et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a
249 lraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’ ils ne le paraissent point. Et alors le relativisme angoissant qui sembla
250 ord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’est- il pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laisser sub
251 n’est-il pas de position plus périlleuse, puisqu’ elle risque de ne laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la des
26 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
252 magnifiques et hagardes pourraient enthousiasmer il leur réserve mieux encore : après une kyrielle d’injures qui ne font
253 nation d’autres fois si prestigieuse du poète : «  Ils m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort c
254 te : « Ils m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t- il  ; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y
255 plus original de la jeune littérature française. Il le proclame « J’appartiens à la grande race des torrents ». Génie iné
256 s à la grande race des torrents ». Génie inégal s’ il en fut, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s’i
257 des qualités et des défauts pareillement énormes. Il faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domi
258 e domination de la langue. Et parmi les modernes, il bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarrerie
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
259 de feindre encore ce que le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes époux de la Maladère pour se dépre
260 e meurtrir l’un l’autre. Pourtant, jusqu’au bout, il semble qu’un mot, un geste décisif, ou certaine amitié de la saison s
261 issiper le charme perfide qui les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mo
262 de qui les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’ ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient poss
263  : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il souffre d’une incurable adolescence, d’un défaitisme sentimental qui
264 n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’ il parvient à une certaine puissance de l’effet, aux dernières pages. Il
265 rtaine puissance de l’effet, aux dernières pages. Il règne dans la Maladère une étrange harmonie entre le climat des senti
266 des sentiments et celui des campagnes désolées où ils se développent. Paysages tristes et sans violence, autour de ces être
267 res dont la détresse est d’autant plus cruelle qu’ elle est contenue sous des dehors trop polis. Une fois fermé le livre de B
28 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
268 ur vie, ou l’aveu déguisé d’une insatisfaction qu’ elle leur laisse. Montclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne
269 ontclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra
270 aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir, qu’ il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le re
271 de ? heureux ? » pour lui, comme pour Barnabooth, il s’agit de « déjouer le complot de la commodité ». Mais plus voluptueu
272 lus voluptueux que philosophe, c’est à l’amour qu’ il ira demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son â
273 notre plaisir, un peu plus viennois que naturel s’ il parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu’i
274 art comme on fait dans Proust, si les passions qu’ il nous peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se con
275 sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de
276 stingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur que l’on dirait désintéressée s
277 orte de froideur que l’on dirait désintéressée si elle n’avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faibl
278 ner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu’ il recherche secrètement, parce que de ces « ratages » naît le perpétuel
279 la condition de son progrès moral. C’est ainsi qu’ il consent, non sans une imperceptible satisfaction, l’aveu d’une fondam
280 où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour n’est- il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténué
281 près seulement toutes les morts du plaisir », car elle sait « qu’entre les êtres, le bonheur est un lien sans durée. Seules
282 e secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de
283 flation littéraire la plus ridicule. Pourtant, qu’ elle ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est
284 vue de Genève, Genève, février 1927, p. 257. ae. Il manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition originale.
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
285 rte que l’espèce de romantisme à la Nerval auquel il aboutit coïncide avec un mouvement dont lui-même s’est plu à relever
286 les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’ il vient appuyer de son autorité de critique et surtout de son expérienc
287 se plaisent nos jeunes poètes cosmopolites, mais il garde une certaine discrétion, cet air de rêverie d’un homme qui en s
288 rêverie d’un homme qui en sait long… Et, certes, il faut être un peu mage pour porter tant de richesses avec cette mélanc
289 l’un de ses personnages pour remercier ; (pouvait- il mieux trouver qu’un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois l’o
290 tesse Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces
291 ra pas été tentée de lui faire ces confidences qu’ elle livre si facilement au héros plus confiant et secrètement incertain d
292 femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’ il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la reverra jam
293 attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime u
294 onfidence, un baiser, et il ne la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime une petite maison de provi
295 gagne la puissance d’une merveilleuse obsession. Il lui écrit de longues lettres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, e
296 l lui écrit de longues lettres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé,
297 tres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’ elle l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une
298 le l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé
299 s tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un ré
300 mer et celui du roman lyrique, par l’équilibre qu’ il maintient entre ces deux inconscients : l’époque et l’être secret du
301 nconscients : l’époque et l’être secret du héros. Il sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un cadre très
302 nt dessinés un de ces drames tout intérieurs dont il dit : « Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres,
303 as la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’ elles ont fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incomp
304 touche pour peindre un personnage épisodique : «  Il confondait la rose et la pivoine, l’orange et l’ananas… »). Une telle
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
305 Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvelles et leu
306 ême temps par cette solution universelle, la foi, il résume en lui cette inquiétude qui fait la grandeur et la misère de l
307 fait la grandeur et la misère de l’époque — et qu’ il avoue préférer à une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse ne
308 nte, où sa jeunesse ne verrait qu’une abdication. Il décrit la « génération nouvelle » avec une intelligente sympathie et
309 de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t- il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditions
310 ites qui s’offrent aux jeunes gens d’aujourd’hui. Il constate que l’une (celle de Gide) ne fait que différer notre inquiét
311 raît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t- il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprême
312 r en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont- elles vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant que le chemin qu
313 nquiétude autant que la sérénité… Au reste, n’est- elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirablement les e
314 inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. Rougemont Denis de, « [Compte
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
315 ance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique re
316 e honte et de douleur. « On vend de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. S
317 le père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’ ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur L
318  Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit gras
32 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
319 aiment ? C’est l’exigence d’une détresse cachée ; elle fait bientôt considérer toute joie comme illusoire et livre l’individ
320 l’individu pieds et poings liés à l’obsession qu’ il voulait avouer pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serai
321 ’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serait- elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de c
322 de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’ elle s’acharne sur le détail dégoûtant et mesquin de certain milieu bourge
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
323 ves éveillés, entre deux gorgées d’un élixir dont il voudrait bien nous faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup
324 verres, se posent sur les cordes d’une lyre dont ils font grésiller l’accord, une patte en l’air, becquètent le cœur d’une
325 e sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’ il s’agit de ne pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj.
34 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
326 e dans les idées (mai 1927)al « De quoi s’agit- il  ? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ces deux tentations, cédant
327 Celui-ci bat sa coulpe avec une saine rudesse. «  Il s’examine jusqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a est
328 usqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’es
329 magnifiquement jetés. Mais cette imperfection, s’ il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise q
330 ’il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t- il avec une franchise qui la rend sympathique. Et puis, tout de même, on
331 es au sérieux en France par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est q
332 r Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’ il n’est que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su e
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
333 attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t- elle revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui plaire,
334 irard : lui seul connaît l’adresse de Patsy, mais il ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites qu
335 es que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatig
336 rocédés lassants ». Pierre Girard n’écoute plus : il pense à des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous c
337 à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un end
338 lus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’ il force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par excès de facilité
339 us ne regardions que les jambes des femmes », dit- il , pour vous apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravi
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
340 Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intéri
341 ôté du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été
342 et d’une si subtile convenance avec son objet qu’ il en saisit sans mièvrerie ni vulgarité la grâce un peu trouble et l’in
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
343 fumeux pour caractériser tout lyrisme germanique, il faudra opposer l’excellent petit livre d’Edmond Jaloux. C’est un recu
344 scandinaves et des romantiques allemands parce qu’ il partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appel
345 is, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au moins obscurém
346 res pour qui elle est en somme inutile : parce qu’ ils possèdent déjà, au moins obscurément, le sens des réalités sur lesque
347 aux convertis — qui n’ont plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend un merveilleux piège sentimenta
348 piège sentimental à la raison raisonnante. Et qu’ il nous mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littérair
349 , de gazetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît- il , ne sont pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. R
38 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
350 auteur raconte dans une lettre à une amie comment il a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fa
351 rique », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son
352 « si arbitraire et si facultative », je me dis qu’ il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scie
353 e, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’ il était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre pl
354 ait de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages
355 s dédales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’ il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et le
39 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
356 anvier 1928)aq C’est un livre sympathique ; et il vaut la peine de le dire car la chose n’est pas si fréquente dans la
357 tions lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensib
358 r ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’ elle subit comme jeune épouse d’un comte polonais, grand seigneur médiatis
359 ais) assez peu intéressante à vrai dire, parce qu’ elle n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la te
360 es, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’ il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles mais
40 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
361 t — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où
362 oir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu’ elle ouvre des perspectives d’évasion — où seuls les poètes savent se perd
363 se jetaient sur ces volumes « au travers desquels ils respiraient l’air du monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonné
364 d’une conception de la littérature si pédante qu’ elle exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styli
365 t un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’ il n’est styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfan
366 ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que
41 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
367 e aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a
368 conséquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il est même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné qu
369 . Mais la seconde partie du livre est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’ex
370 our crier : Lâches, vous refusez d’avancer ! Mais il reste à portée de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le
371 e de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, d
42 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
372 es surréalistes débattent la question de savoir s’ ils vont se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur
373 leur point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes. Ils se tournent donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire — nous som
374 re un état de choses justement détesté, mais dont ils participent plus qu’ils ne le croient. Certes il était urgent de fair
375 tement détesté, mais dont ils participent plus qu’ ils ne le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « cette
376 ils participent plus qu’ils ne le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « cette réalité de premier plan
377 ance positive de ce qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret d
378 u’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils compre
379 e courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient que le « service dans le temple » s’accommode mal de t
380 en très beau style contre un monde très laid dont ils n’ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. Rougemont
43 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
381 es chefs pour l’une ou l’autre de ces attitudes. ( Elles ne sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux
382 les ne sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux manières de sentir l’unité d’une époque obsédée d’a
383 concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’ il décrive la vie intense et instable des acteurs du drame, l’aspect quo
384 it parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais il est plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne p
385 plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis
386 i, mais à coups de faits, une discussion d’idées. Il est surtout la description d’une angoisse que le nihilisme de M. Malr
387 t lui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : «  Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je
388 décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits.
389 évolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’ elle … » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’est ainsi que,
390 asqué par l’enchaînement passionnant de l’action, il se dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intellige
391 quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’ elles s’appliquent à distinguer les forces déterminantes de l’heure, à les
44 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
392 ssi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ain
393 aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’ il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d
394 l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’ il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez moros
395 u’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mais à grande éche
396 osait par hasard de moyens d’action puissants : s’ il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’
397 d’action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’ il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet d
398  : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’ il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopi
399 c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’ il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, do
400 llusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’ il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient de moin
45 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
401 autour de sa vie le plus grand mystère. Cependant il aime à raconter certaines scènes terrifiantes de la révolution : il a
402 certaines scènes terrifiantes de la révolution : il a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il
403 ntes de la révolution : il a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français
404 mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français par ces évocations et l’espèce de fièvre q
405 nçais par ces évocations et l’espèce de fièvre qu’ il y apporte. Mais plusieurs incidents éveillent les soupçons du « petit
406 éveillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’ il a choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feinte
407 vant-garde une confusion assez tragique, parce qu’ elle constitue une tentation pour tous les poètes. Le désir de « plus vrai
408 u. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il se reconnaît tributaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’il
409 butaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’ il la faudrait, sans rien fausser, transcender… aw. Rougemont Denis d
46 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
410 i raconte sa vie avec une émouvante simplicité et il faudrait avoir la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur qu
411 au sérieux que j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne
412 j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’ il écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne le voit pas enc
413 sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où il décrit des scènes de son enfance et de sa jeunesse comme ouvrier. L’a
414 nt dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve doucement comique, si émouvant : « À cette é
415 mme ou d’une femme quelconque, et disais “houu !” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que n
416 d’une femme quelconque, et disais “houu !” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous
417 la standardization à sa fin logique, ne pourrait- il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendr
47 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
418 re de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’en approcher avec une douceur patiente, et le laisser créer en
419 ilence particulier avant d’entendre les signes qu’ il nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à p
420 sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce qu’ elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des
421 ue dans le silence « aux yeux gelés de rêverie », il se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans
422 nfin « saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’est dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblai
423 réalité les choses dont elle s’est dégagée et qu’ elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un insi
424 ntiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est- elle pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est ici l’a
48 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
425 fait rencontrer des êtres bizarres avec lesquels il n’hésite pas à faire un bout de chemin, Hans le gardeur d’oies, le gu
426 des bonheurs qui signifient plus de désespoir qu’ ils ne s’en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices
427 e malices et d’envies de pleurer. Quel dommage qu’ il s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, souda
428 t tendre que prennent les hommes en liberté. Mais ils ne sont jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, u
49 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
429 29)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’ il établit entre le yogabb telle que l’enseignaient les upanishads et la
430 a tentative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’ il ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie
431 voyance de Rimbaud — est une de ces évidences qu’ il est bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour
432 uiert l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement qu’ il n’élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on v
433 e à l’état sauvage », un catholique qui s’ignore, il n’est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le cath
50 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
434 ébat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’ elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaiss
435 e me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’ il attaque. (M. Benda trahit à son tour quand il tire argument contre un
436 qu’il attaque. (M. Benda trahit à son tour quand il tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin
437 e argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’ elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-nous
438 vieux que le monde. Mais M. Benda distinguera, et ils seront confondus. Car il y a un sophiste en M. Benda, un polémiste qu
439 qui joue de la raison ratiocinante tout comme si elle n’était pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui n
440 gênante que soit souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son poin
441 u’on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croirait n’en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intempor
442 . Mais ces affirmations sont exactement celles qu’ il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M
51 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
443 énètre dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d
444 ne court bientôt le risque de s’imiter soi-même : il semble au contraire qu’Henry Michaux, en se cantonnant franchement da
445 étés, y découvre sans cesse de nouvelles sources. Il défriche et il fabrique, soit qu’il se décrive comme un lieu de mirac
446 e sans cesse de nouvelles sources. Il défriche et il fabrique, soit qu’il se décrive comme un lieu de miracles le plus sou
447 lles sources. Il défriche et il fabrique, soit qu’ il se décrive comme un lieu de miracles le plus souvent malencontreux, o
448 de miracles le plus souvent malencontreux, ou qu’ il invente des animaux dont la complexité ne le cède en rien à celle de
449 rien à celle de l’introspection la plus poussée. Il invente aussi des mots et en fait de courts poèmes d’une divertissant
450 son gré. Seule compte la réalité intérieure, mais elle apparaît toujours sous forme d’objets. Ce comique triste, ces imagina
52 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
451 , Saisons suisses (mars 1930)be Peut-être faut- il venir du Japon pour accueillir du premier regard, dans un matin plein
452 les roseaux d’une baie ses poules d’eaux noires. Il y fallait cette féminité ingénue et précieuse, toujours prête à épous
453 épouser tout le sensible d’un paysage pour peu qu’ elle y découvre une secrète parenté de l’âme. Kikou Yamata peint la Suisse
53 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
454 lien du Breuil. L’intérêt de ce genre de livres — ils se multiplient — vient, à mon sens, de quelque chose qu’ils expriment
455 tiplient — vient, à mon sens, de quelque chose qu’ ils expriment sans doute inconsciemment et qui n’est rien de moins qu’une
456 s qu’une conception nouvelle de l’amour-passion : il apparaît ici sous la forme d’une obsession physique, parée d’une sort
54 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
457 On ne sait presque rien de Lautréamont, sinon qu’ il s’appelait Isidore Ducasse et qu’il composa vers sa vingtième année u
458 ont, sinon qu’il s’appelait Isidore Ducasse et qu’ il composa vers sa vingtième année un vaste poème en prose intitulé Les
459 influence fut « quasi nulle », et peut-être va-t- il rentrer dans l’ombre après avoir été pendant quelques années l’idole
460 emarquable de netteté et souvent, d’indépendance. Il dégage le sujet de l’épopée qu’est Maldoror — la révolte de l’homme c
461 — la révolte de l’homme contre son Créateur — et il analyse les principaux thèmes de l’œuvre avec une intelligence que l’
462 s parodier, les grands thèmes du romantisme. Mais il les a poussés à un paroxysme verbal qui induit à croire qu’il les sen
463 ssés à un paroxysme verbal qui induit à croire qu’ il les sentait moins profondément que ses devanciers. Son sadisme n’est
464 que a dominé son sujet. Mais pourquoi se refuse-t- il à tirer de ces remarques fort justes les conclusions qu’elles nécessi
465 r de ces remarques fort justes les conclusions qu’ elles nécessitent ? Celle-ci, entre autres, que Lautréamont ne va pas à la
466 un Dieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il n’a cure de cette littérature que Ducasse s’épuise à parodier.) Il se
467 tte littérature que Ducasse s’épuise à parodier.) Il semble qu’ici M. Pierre-Quint, malgré la liberté d’esprit dont il tém
468 M. Pierre-Quint, malgré la liberté d’esprit dont il témoigne en maint endroit, se soit laissé quelque peu impressionner p
469 ui s’y sont trompés. M. Gide déclarait naguère qu’ il fallait voir en Lautréamont « le maître des écluses pour la littératu
470 éraire » et des révoltes au hasard d’un Maldoror. Elle demande une pensée forte et orientée plutôt que ces éclats de voix sa
471 nt à l’orthodoxie instaurée par les surréalistes, elle appelle notre impertinence. Nous adorons ailleurs. bg. Rougemont D
55 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
472 r ? Le pont est encombré de jambes de dormeuses ; il faudrait réveiller tant de beautés redoutables pour atteindre la dern
473 êt le plus singulier pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ;
474 pour ce château sur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides
475 fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer, la mai
476 roise éveille un vagabond angoissé, bienheureux : il se lève, il reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de la capita
477 e un vagabond angoissé, bienheureux : il se lève, il reconnaît son rêve. Huit heures aux clochers de la capitale qui s’ava
478 malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’ il ne pouvait perdre, et c’était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce q
479 c’était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’ il avait perdu, c’était son ombre. Mais moi qui cherche un Objet Inconnu
480 montrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’ il en reste. Sur quoi l’on m’entraîna dans un musée sans sièges. Le Musé
481 orgione, ce « Portrait d’un homme » devant lequel il faut se taire pour écouter ce qu’il entend. 3. Au tombeau de Gül B
482 devant lequel il faut se taire pour écouter ce qu’ il entend. 3. Au tombeau de Gül Baba Dans Bude il y a des ruelles
483 Mais dès le lendemain, m’échappant du programme, il a bien fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verr
484 s psychologues appellent une conduite magique. Or il est délicieux de réaliser une idée fixe injustifiable : c’est le plai
485 r peu élevée, à demi recouverte de rosiers, et qu’ il paraît impossible de situer dans l’ensemble des constructions. C’est
486 s musulman qui ait fait parler de lui en Hongrie. Il s’appelait en vérité Kehl Baba, ce qui signifie le Prophète chauve. L
487 le Père des roses. Moyennant cette naturalisation il continue de protéger la ville (en collaboration avec saint Gellert, d
488 uiétant à la façon de certains regards lucides qu’ il arrive qu’on porte sur la vie, tout d’un coup, à trois heures de l’ap
489 e intransigeant serait la seule conduite féconde. Il me semble que la servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un as
490 sentiment… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que l’on parlait français. J’e
491 u temps à perdre ! » s’écrie le lecteur, et comme il est, lui, de l’autre école, il referme ces pages et vaque à ses devoi
492 lecteur, et comme il est, lui, de l’autre école, il referme ces pages et vaque à ses devoirs. Nous voici plus à l’aise. E
493 emps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’ il a pris dans ce monde, — j’entends : leur monde, avec leurs « problème
494 cher mon bien de midi à quatorze heures, temps qu’ ils réservent à la mastication, entre deux séries d’heures de travail con
495 ongrie l’on est assailli par le pittoresque, mais il s’agit de le déjouer au moyen de toutes sortes de ruses et de sceptic
496 ue, aux grandes lignes verticales peinturlurées — elle n’a rien d’étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n
497 souvent microscopique, moralement microscopique. ( Il a tellement l’air de rien que nous sommes presque excusables de ne le
498 n populaire et regardent tristement les lumières. Il y en a aussi qui se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là ne
499 degrés du poêle, celles-là ne chantant pas. Parmi elles , des Tziganes, dont l’une affreusement belle dans un peignoir noir et
500 6. Doutes sur la nature du Sujet Je crois qu’ il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écrire d’a
501 un vrai cadeau. Si le conteur ment, — pendant qu’ il y est, il ferait mieux de choisir un autre pays que la Hongrie archi-
502 adeau. Si le conteur ment, — pendant qu’il y est, il ferait mieux de choisir un autre pays que la Hongrie archi-connue, — 
503 mentales plus que documentaires, peut-être serait- il bon que je parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beauco
504 est symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël, il ne devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors
505 ges, à Bude, est une place vraiment royale. Vide, elle prend toute sa hauteur. Silencieuse, solennelle de nudité, entre le P
506 nne de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils n’étaient guère qu’une centaine de curieux, et quelques gardes. Trave
507 Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet, nomme à leur passage les Karolyi, les Festetics,
508 , pères et fils, revêtus des couleurs familiales. Ils se tiennent très droits, appuyés sur leurs sabres d’or recourbés dont
509 quelle gravité parmi les spectateurs. Reliques ? Elles conservent du moins toute leur efficace. Voici le Prince Primat, les
510 llez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, les allogènes infiltrés dans
511 au regard de l’antiquité d’une civilisation ; qu’ il s’agit ici de valeurs ; que si les populations des régions perdues ét
512 norité hongroise y comptait cependant pour plus ; elle était seule active et créatrice. Le reste : des porteurs d’eau… Dans
513 arguments de « droit » qui autorisèrent ce chaos. Il lui reste sa foi en la grandeur éternelle de la Hongrie — intemporell
514 que les Hongrois n’ont pas perdu le sentiment qu’ ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les
515 Budapest, témoignent des espérances démesurées qu’ il sut entretenir autour d’une action certes méritoire, mais plus symbol
516 e. C’est dans l’ordre des choses, et l’on sait qu’ il suffit de très peu de sel pour rendre mangeables beaucoup de nouilles
517 ucoup de nouilles. Mais voici, par exemple, ce qu’ il faudrait essayer d’obtenir : que la grande majorité des gens ne devie
518 ajorité des gens ne deviennent pas enragés dès qu’ ils perçoivent de la poésie dans l’air. Espoir sans doute chimérique, mai
519 lle destinée à remplir les revues bien pensantes. Elle traite de sujets « bien hongrois » dans un style académique qui me pa
520 file. Des amis m’emmènent le voir à Esztergóm, où il passe ses étés. Esztergóm est la plus vieille capitale de la Hongrie.
521 s sur son large front, belle carrure ruisselante, il nous sourit, dans l’eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons
522 vins dorés et doux que nous verse Ilonka Babits ( elle est aussi poète, et très belle), nous inscrivons nos noms au charbon
523 gyai fouille la plaine à la longue-vue et rêve qu’ il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre
524 ntre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’ il fait beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a
525 re société est fondée sur la peur du risque. 13. Il faut ajouter aux autres causes de l’incompréhension des journalistes
526 mpréhension des journalistes la ruse hongroise qu’ ils ne peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à la faç
527 mutilation des passions sont disciples d’Origène. Il doit y avoir d’autres solutions… bh. Rougemont Denis de, « Voyage e
56 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
528 ont paru simultanément, et l’on annonce Hypérion. Il ne manquera plus que les longs poèmes de la maturité — mais ceux-là d
529 impression bizarre d’être d’aujourd’hui. C’est qu’ elle est de demain plutôt, — tout comme Nietzsche qui en fut obsédé. Empéd
530 n fut obsédé. Empédocle est de ces mythes tels qu’ il n’est peut-être pas donné à une race d’en créer plus d’un, c’est-à-di
531 rgueil, et finit par succomber à son « hybris » : il se jette dans l’Etna pour mieux communier avec la divine Nature. Myth
532 u, par excellence, germanique ; mythe païen, mais il est bien troublant de le voir se mêler, dans la troisième version de
533 ’expression d’une philosophie à l’état naissant ; il est la vibration même d’une pensée en travail de mythes, sur lesquels
534 ercera la réflexion consciente. (Vers l’époque où il ébauche son Empédocle, note M. Babelon, Hölderlin écrit de nombreux e
535 ilosophiques.) Le tragique de Hölderlin, c’est qu’ il parviendra de moins en moins à « réfléchir » sa création. De là sa fo
536 s à « réfléchir » sa création. De là sa folie, qu’ il pressent. Et M. Babelon cite à ce sujet des phrases très frappantes :
537 grand poète n’est jamais abandonné par lui-même ; il peut au-dessus de lui-même, s’élever aussi loin qu’il le veut. On peu
538 eut au-dessus de lui-même, s’élever aussi loin qu’ il le veut. On peut tomber dans la hauteur tout comme dans la profondeur
539 de « s’élever au-dessus de lui-même aussi loin qu’ il le veut ». Mais Hölderlin est sans doute d’une constitution trop faib
540 riser l’inspiration, qui peu à peu le « gagne » ; il va brusquement succomber. Buisson ardent auquel un souffle tempétueux
541 nt ici précédés de Fragments dont je me demande s’ il était bien légitime de les traduire. On a respecté scrupuleusement le
542 de points ne lui servaient qu’à noter des mètres, il apparaît que la traduction de tels fragments est illusoire, car on ne
543 syllabes de valeur rythmique équivalente. Quoi qu’ il en soit, et tels qu’ils nous sont ici livrés, ces fragments sont capa
544 mique équivalente. Quoi qu’il en soit, et tels qu’ ils nous sont ici livrés, ces fragments sont capables d’éveiller le senti
545 ve ont choisis et traduits à la suite des poèmes, ils ne sont pas ce que ce petit livre contient de moins bouleversant. b
57 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
546 ovembre 1930)bj 11. Le retour d’Esztergóm Il faut se pencher aux portières et laisser l’air furieux emmêler les ch
547 imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’une sorte bizarre. Alors que
548 ment inconnu et tellement fascinant à la fois, qu’ il me préserve de tout amour pour quelque bien particulier où je serais
549 e l’ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lors
550 omme un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’entre dans l’ateli
551 vresse, leurs yeux s’agrandissent. Dans la danse, ils incarnent l’allégresse rythmique. Je les vois frapper le sol du talon
552 geant de main ; saisir la danseuse sous les bras ( elle pose alors ses mains sur les épaules du cavalier) et la faire pirouet
553 tendent les bras en riant pour qu’on les relève. Elles  : des Vénitiennes aux yeux de plaine, comme les autres ont des yeux d
554 res des bras en balançant vivement la tête. Quand elles parlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, l
555 rlent, la voix un peu rauque, voluptueuse ; quand elles chantent, les moires et l’ondulation des rubans de vents chauds sur l
556 la seule logique d’un rythme constamment imprévu. Il s’agit moins de comprendre que de s’abandonner d’une certaine manière
557 n en ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il n’y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et qu’on soigne
558 é, et en effet, que serait un lyrisme distingué ? Il faut choisir entre les bonnes manières et les belles manières. Et qua
559 ant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car c’est l’ivresse15
560 e dans d’autres, — et c’est même en ce passage qu’ elle consiste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, lon
561 Je vole sur place, mais tout se met à fuir, alors il faut voler plus vite pour rattraper ces apparences adorables… Si je «
562 Oberland : ici la mélancolie même est passionnée. Elles chantent avec le corps entier — non pas avec les bras, comme on chant
563 on pas avec les bras, comme on chante du Verdi, —  elles ont des mouvements vifs du buste, et des mains pleines de drôleries o
564 ralités) Les Allemands aiment les femmes comme ils aiment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’ils sont technicie
565 iment les saucisses ou les catastrophes, selon qu’ ils sont techniciens ou intellectuels. Les Français aiment par goût d’en
566 . Celui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’ il a du cœur, n’en revient plus. 15. La plaine et la musique L’ouv
567 La plaine hongroise n’est pas monotone, parce qu’ elle est d’un seul tenant. Rien qui fasse répétition. C’est ici le premier
568 à cet artiste de la prodigalité. — « Ah ! répond- il , j’aimerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, d
569 s ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’ elles parlent en égyptien, « car c’est la langue qu’elles apprennent de leu
570 les parlent en égyptien, « car c’est la langue qu’ elles apprennent de leurs mères ». Combien j’aime ces sœurs des Tziganes !
571 e de « moderne », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme égyptien du peuple errant qui lui donna sa musique
572 folkloriste aux yeux ardents et au visage mongol. Il jouait des phrases simples, tragiques, à peine modulées, qui donnent
573 le grandiose bavardage des Tziganes. Qu’est-ce qu’ ils regardent en jouant ? Qu’est-ce qu’ils écoutent au-delà de leur musiq
574 ’est-ce qu’ils regardent en jouant ? Qu’est-ce qu’ ils écoutent au-delà de leur musique — car aussitôt donnée la phrase, voi
575 in en rumeur depuis un moment ne redescend plus : il gouverne avec une vertigineuse docilité dans les voies d’un amour ine
576 à mon oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent to
577 croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on l
578 amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme ils égarent tout d’un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’u
579 ong d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s
580 isible. Lève-toi, pars, et sans vider ton verre —  il n’y a pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’é
581 resse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Dés
582 une onde trop légère. Mais pour connaître un lac, il faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en fair
583 lac, il faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’ il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur
584 ance à table d’hôte, on irait ensemble à Tihany —  elle a l’air d’être en Italie sur sa presqu’île — par cet instable bateau-
585 des jardins ! C’est devant une glace panachée qu’ il m’arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de
586 mais, semblable à Gérard de Nerval, je sentais qu’ il s’agissait d’autre chose… Il s’agit toujours d’autre chose que de ce
587 erval, je sentais qu’il s’agissait d’autre chose… Il s’agit toujours d’autre chose que de ce qu’on dit. (L’imprudence de p
588 s’en tire avec une volte-face.) Quelle heure est- il  ? La Lune se tient assez bien depuis un moment, c’est que la ligne es
589 es ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est- il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur désert, — cette
590 iques appellent leur désert, — cette zone vide qu’ il faut traverser avant de parvenir à la Réalité. Entre « déjà plus » et
591 oisse au départ, le même dépaysement au retour. «  Il revient de loin » signifie qu’il vient d’être très malade. Si dans ta
592 ent au retour. « Il revient de loin » signifie qu’ il vient d’être très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’end
593 e voyage jamais que dans son propre sens ! — Mais il faut voyager pour découvrir ce sens ! — Qu’as-tu vu que tu n’étais pr
594 — Qu’as-tu vu que tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! La vie est presque partout la même… — Mais en
595 e, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut- il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un b
596 s d’évasion intérieure. Et souvent je pressens qu’ il existe une clef : délivré de moi, j’entrerais en plein Moi… Une clef 
597 e étrangement mêlées. 18. Les clefs perdues Il faudrait sortir à l’air frais, mais chaque porte est obstruée par un
598 ent. Est-ce encore un rêve ? Je comprends bien qu’ il faudrait ouvrir ces valises, mais j’ai perdu mes clefs. L’œil du doua
599 eu à la tête, mais je suis innocent puisque enfin il n’est pas dans ma valise, ce n’est que trop certain. Cependant, « rie
600 bjet n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’ il n’était pas une sorte de pierre philosophale. Peut-être ces deux mots
601 philosophale. Peut-être ces deux mots suffiraient- ils à l’indiquer quand je m’en parle ? Tout en donnant le change à celles
602 peut-être, la cherchent. Et qui sait si vraiment elle n’existe plus, l’Hermétique Société18  de ceux qui ne désespèrent pas
603 ncore du Grand Œuvre ? Cela seul est certain : qu’ il existe des signes. Peut-être faut-il d’abord les découvrir tous par s
604 certain : qu’il existe des signes. Peut-être faut- il d’abord les découvrir tous par soi-même. Et c’est alors seulement qu’
605 nsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’ elle m’a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présence de l’O
606 la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on connaît depuis toujours ce qu’une fois l’on aimera.
607 ce qu’une fois l’on aimera. Et les uns disent qu’ il faut connaître pour aimer ; les autres, aimer pour connaître, alors q
608 qui saura jamais la vérité sur aucun être ? Et s’ il fallait attendre pour aimer !… Je me souviens de ces terrains de sabl
609 ue j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’ il m’arrive d’éprouver en face d’une action purement raisonnable. Ah ! q
610 dont tu ne sais rien d’autre que sa fuite : n’est- il pas cet Objet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-mêm
611 forme de pluie. » Si je trouvais un jour l’Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à comprendre
612 étruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce qu’ il est : cela qui me rendrait acceptable ce monde…) Malheur à celui qui
613 e pas. Malheur à celui qui se complaît dans ce qu’ il trouve. 15. Toute l’échelle des ivresses : ivresses de la faim, de
58 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
614 ocher mon sujet, en m’identifiant d’aussi près qu’ il m’était possible, non seulement au point de vue, mais à la complexion
615 e au seuil de la 4e série de ses Approximations ; elles forment, tant par les sujets abordés que par le style des « approches
616 en style sportif — c’est l’aisance avec laquelle il aborde un Pater, un George non pas autrement qu’il n’aborderait un gé
617 l aborde un Pater, un George non pas autrement qu’ il n’aborderait un génie français, et sur un pied véritablement européen
618 une Weltanschauung correspondante en profondeur. Il la possède. On peut dire de sa critique qu’elle pose le problème de l
619 ur. Il la possède. On peut dire de sa critique qu’ elle pose le problème de l’homme dans sa totalité, et c’est je crois l’élo
620 e à des contrôles éthiques autant qu’esthétiques, il lui rend l’humilité et la dignité qui tout ensemble lui conviennent.
621 ignées, et progresse par des voies si subtiles qu’ il ne doit qu’à un sens exceptionnel de l’orientation dans le monde de l
622 opre à dégager l’élément spécifique des génies qu’ elle « approche » : on pourrait l’appeler une critique des obstacles. Je v
623 os parvient à recréer comme pour son compte, tant il y apporte de pressante intuition, les « problèmes » qui contraigniren
624 e problème, l’« hypostasiant » en quelque mesure, elle risque de nous laisser l’image d’un auteur plus conscient de ses prop
625 artient au critique avant tout, et c’est pourquoi il fait de la critique en présence des obstacles qu’il rencontre, là où
626 fait de la critique en présence des obstacles qu’ il rencontre, là où le créateur, supposant le problème résolu (Racine),
627 deux de résoudre ses antinomies (Goethe) ; que si elles y échouent, il restera du moins des personnages ! Mais la grandeur d’
628 es antinomies (Goethe) ; que si elles y échouent, il restera du moins des personnages ! Mais la grandeur d’un Du Bos, n’es
629 personnages ! Mais la grandeur d’un Du Bos, n’est- elle pas précisément dans son refus de sacrifier jamais l’éthique à l’esth
630 et dans ce sens chez tant d’autres émoussé, et qu’ il exerce avec une intelligence et une autorité aujourd’hui sans seconde