1
qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis
je
ne sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout
2
revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre :
je
ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité
3
ple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits,
je
tire cette conclusion pratique : inutile de publier des poèmes. Éluar
4
cation est dans la logique de ses principes, mais
je
lui conteste le droit de faire suivre son manifeste de proses — Poiss
5
n à sa défense de la poésie pure. Les beautés que
j’
y vois ne me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuit
6
se de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne
me
seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidenc
7
fortuite coïncidence entre l’univers du poète et
le mien
? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être pa
8
coïncidence entre l’univers du poète et le mien ?
Je
comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être parfait
9
ends trop de choses dans ces poèmes qui devraient
m’
être parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton sera
10
qui devraient m’être parfaitement impénétrables.
Je
crois même voir que M. Breton serait un très curieux poète s’il ne s’
11
poème doit être une dictée non corrigée du Rêve.
Je
reconnais à chaque ligne de Poisson soluble cette « vieillerie poétiq
12
une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et
je
ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dè
13
part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis
m’
empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès lors, tou
14
ie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de
moi
. Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches co
15
meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt,
je
crois, une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtou
16
l’Asie est le subconscient du monde, formule qui,
je
pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d’en tirer de nouvelles
17
’impartialité. Son art bénéficie de cette vision.
Je
ne saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman san
18
iste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et
j’
imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la
19
à son propre corps de doctrines critiques. Dirai-
je
pourtant que je crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inc
20
rps de doctrines critiques. Dirai-je pourtant que
je
crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à g
21
moral, c’est-à-dire rationnel, dit M. Seillière —
me
paraît infiniment plus forte que celle d’un Maurras ou que celle d’un
22
e tous les jours aux vivants et aux morts : Mère,
je
sais très mal comme l’on cherche les morts… « … Cette chose haute à l
23
utel et le surréalisme l’ont enrichie d’images…).
Je
cite des noms : y a-t-il influence ou seulement co-génération ? Pour
24
cho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles.
J’
avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble
25
l’univers intérieur où il lui arrive de graviter
me
trouble mieux que son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini
26
ts, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent,
je
crois, de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ai
27
on d’idées en faits ou en situations dramatiques.
Je
donnerai tous les essais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou
28
e faire du bruit. Il songea : — C’est la fin pour
moi
. Puis : — Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde d
29
e est un enfant : va-t-il rire, va-t-il pleurer ?
m’
embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne
30
: va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou
me
tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empir
31
trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer.
Je
parle en général, sachant bien qu’un Romier, un Bainville, quelques a
32
a bêtise de tous les partis, on comprendra ce que
je
veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos pens
33
aient à l’action, c’est encore pour cultiver leur
moi
. Ils y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle
34
cultiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant,
je
ne sais quelle excitation, quelle révélation ou quel oubli. C’est un
35
listes adonnés à la culture et à la libération du
moi
paraissent bien les ancêtres des nouvelles générations de héros de ro
36
n d’étonnant : ils ne sont que les projections du
moi
de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardinale pour le créateur.
37
souvent, sur soi-même. On écrit pour cultiver son
moi
, pour l’éprouver et le prémunir, pour y découvrir des possibilités ne
38
équilibres entre la raison et les sens, entre le
moi
et le monde : l’ennui est venu avant l’épuisement des combinaisons po
39
rs ». « Pour nous, le salut n’est nulle part… » «
Je
comprends la révolte des autres et quelles prières cela fait à Dieu »
40
end en vain sa Révélation : « C’est peut-être que
je
suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop attaché
41
ne s’est autant attachée à chercher dans le seul
moi
les fondements d’une éthique. Presque tous sont hantés par la peur d’
42
’est vertu que de favoriser son expansion. — Mais
je
trouve en moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cult
43
e de favoriser son expansion. — Mais je trouve en
moi
ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cultive simultaném
44
n moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si
je
les cultive simultanément il est clair que les tendances négatives l’
45
ient la suprême liberté. Le désir se précisait en
moi
de commettre enfin l’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
46
’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
J’
avais goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous ch
47
ectuel sur lequel tout apparaît inutile et vain ?
Je
cite ces phrases, tirées d’un récit d’ailleurs admirable4, de Louis A
48
es, ni la pudeur, ni le remords, ni le respect de
moi
ni de mes rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m
49
pudeur, ni le remords, ni le respect de moi ni de
mes
rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m’empêchero
50
i toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui
m’
empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil
51
d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que
je
désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
52
ien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
me
sentir plus fort encore et de la vaincre. — Mais la joie d’une si hau
53
la perversion d’une vertu qui se brûle elle-même.
Je
ne vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par aill
54
on sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas
je
vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur
55
d’Arland, de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle.
Je
ne cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « g
56
lides suffirait à restaurer une élite, efficace. (
Je
vois Jean Prévost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois
57
uer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-
je
que l’abus des points d’exclamation — trait commun à presque toutes l
58
s les femmes auteur, et qui plaît aux lectrices —
m’
agace un peu ? C’est une vétille. s. Rougemont Denis de, « [Compte
59
tre qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui
me
paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’esthéti
60
es fantômes, sur le public. (Bientôt sur lui-même
je
le crains, pour renaître catholique.) Certes, il bannit le charme et
61
René Crevel,
Mon
corps et moi (mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la dé
62
René Crevel, Mon corps et
moi
(mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale
63
ite par curiosité passagère, il monologue. « Oui,
je
le redirai, tous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me per
64
ssagère, il monologue. « Oui, je le redirai, tous
mes
essais furent prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vér
65
je le redirai, tous mes essais furent prétextes à
me
dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se re
66
ous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à
me
perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se refuser à l’élan v
67
de tout ce qui est constructif et créateur, voilà
je
pense le véritable désordre. Une intelligence parvenue au point où el
68
Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel,
Mon
corps et moi », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
69
is de, « [Compte rendu] René Crevel, Mon corps et
moi
», Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p.
70
tence… construire les villes de notre temps ». Et
je
déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de ver
71
Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)w
Je
ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. F
72
e biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre
me
paraît liée à cette confusion. Mais s’il est bien établi que les lois
73
r toute communication directe entre l’œuvre et le
moi
, comme le fait M. Fernandez dans un essai sur l’Autobiographie et le
74
l’Autobiographie et le Roman, dont pour ma part
je
suis loin d’admettre plusieurs thèses beaucoup trop absolues. M. Fern
75
st-elle pas une façon particulière de s’essayer ?
Je
ne puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant q
76
autant que la position de l’auteur dans cet essai
me
paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’inter
77
l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité.
Je
me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ce
78
homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je
me
borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ces e
79
Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)x
J’
éprouve quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau to
80
s prairies espagnoles pleines de simple grandeur,
j’
ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurolo
81
ctacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que
j’
admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittoresque
82
de haut avec la nonchalance des vrais puissants,
je
compte qu’il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humai
83
paraison de l’idéal asiatique avec le nôtre. Mais
je
crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux crit
84
Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)ab «
Je
n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne s
85
nvier 1927)ab « Je n’admets pas qu’on reprenne
mes
paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité d
86
Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on
me
les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi
87
ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre
moi
et vous, c’est la guerre. » Voilà pour les critiques, « punaises glab
88
on d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils
m’
ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux
89
sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que
je
dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se cherche
90
sse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne
m’
empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus hardi
91
la jeune littérature française. Il le proclame «
J’
appartiens à la grande race des torrents ». Génie inégal s’il en fut,
92
un des plus significatifs du romantisme nouveau.
J’
ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendres
93
ies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce
me
semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme
94
Edmond Jaloux, Ô toi que
j’
eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’
95
ses bijoux sont taillés comme ceux de Giraudoux,
j’
y vois un signe charmant d’amitié de l’aîné au plus jeune, lequel envo
96
nis de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que
j’
eusse aimée… », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
97
la dispersion autant qu’à l’approfondissement du
moi
, soif de tout et pourtant mépris de tout, procédant d’un goût de l’ab
98
. Rops a-t-il trop négligé le rôle extérieur, que
je
crois décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini
99
père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’ils
m’
oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi.
100
re sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils
me
méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassem
101
inqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent !
Je
les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque
102
blient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner.
Je
salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque dans la description
103
t dont le profond ricanement se prolonge en nous.
Je
crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je ne n
104
re Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui,
je
ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez do
105
retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien,
je
suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner
106
e ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît
mon
orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort que cette bourgeois
107
ans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc
me
condamner d’être plus fort que cette bourgeoisie fatiguée, et de suiv
108
geoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous
m’
avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemo
109
ivre le destin que vous m’avez assigné à force de
m’
humilier et de me craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte ren
110
e vous m’avez assigné à force de m’humilier et de
me
craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Bernard Lecac
111
’on en vient à une conception de la sincérité qui
me
paraît proprement inhumaine. Tout dire, vraiment ? C’est l’exigence d
112
e », c’est encore l’« élan mortel » que décrivait
Mon
Corps et Moi. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de
113
core l’« élan mortel » que décrivait Mon Corps et
Moi
. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de Pierre ou de
114
de document humain, nuit à sa valeur littéraire.
Je
n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions tout
115
e tache de couleur, plus sentimental que cruel. «
J’
ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragiq
116
s le fond quelque chose de solide, d’authentique.
J’
aime cette violence de redressement où je distingue bien autre chose q
117
entique. J’aime cette violence de redressement où
je
distingue bien autre chose que les « éclats de l’impuissance ». Un pl
118
onner quelque vitalité à notre civilisation, — et
je
sais bien que c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chiru
119
vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter,
je
vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’e
120
une étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce
je
ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « ce
121
ire, intermittente, un peu émiettée, éventée, que
je
trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaud
122
œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai,
je
veux dire, plus rilkienne que ne fut Rilke. Rilke y apparaît comme un
123
u nom d’une science ou au nom de l’esprit. « Pour
moi
qui aime plus que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis R
124
us que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que
je
vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un o
125
poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke,
je
compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe
126
que je vis Rilke, je compris que cet univers dont
je
rêvais n’était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une te
127
is d’expérience ». Mais une telle « expérience »,
je
crois, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somm
128
« fatale », « si arbitraire et si facultative »,
je
me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette
129
fatale », « si arbitraire et si facultative », je
me
dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette att
130
logue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ?
J’
allais oublier que la littérature enfantine est le dernier bateau. Pou
131
est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne
m’
empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo so
132
ffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord,
je
soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont
133
seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à
mes
yeux, de considération. J’admire autant le talent de celui qui mène 6
134
i le rendrait digne à mes yeux, de considération.
J’
admire autant le talent de celui qui mène 60 parties d’échecs simultan
135
arties d’échecs simultanément, et c’est naturel :
je
m’en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne
136
ies d’échecs simultanément, et c’est naturel : je
m’
en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne de
137
et c’est naturel : je m’en avoue plus éloigné et
m’
en sais plus dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains que des
138
s éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible.
Je
ne demande aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ils les fa
139
ait vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi
j’
ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien
140
itte à renaître heureusement) sur des gens qui ne
m’
intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes drô
141
es chefs (c’est lui qui parle au nom de l’auteur,
je
pense) : « Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en fais
142
ui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : « Il
me
semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fai
143
u nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble que
je
lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’éva
144
lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que
je
fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — rêvé
145
lables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé.
Je
regrette seulement que Daniel-Rops se soit borné à une courte nouvell
146
Sherwood Anderson,
Mon
père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se se
147
Sherwood Anderson, Mon père et
moi
et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé e
148
Sherwood Anderson, Mon père et moi et
Je
suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé et légè
149
ndre d’un air connaisseur que c’est bien composé.
J’
avoue prendre cette autobiographie tellement au sérieux que j’ai été b
150
dre cette autobiographie tellement au sérieux que
j’
ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un h
151
doucement comique, si émouvant : « À cette époque
je
croyais fortement en l’existence d’une espèce de secrète et à peu prè
152
gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout,
moi
et les autres”, me disais-je parfois, et il y avait des moments où j’
153
ous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”,
me
disais-je parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à
154
ivrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-
je
parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à me convain
155
e disais-je parfois, et il y avait des moments où
j’
arrivais presque à me convaincre que si je m’approchais tout à coup pa
156
et il y avait des moments où j’arrivais presque à
me
convaincre que si je m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme
157
ents où j’arrivais presque à me convaincre que si
je
m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelc
158
s où j’arrivais presque à me convaincre que si je
m’
approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelconq
159
sais “houu !” il ou elle se secouerait enfin, que
moi
aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras
160
!” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi
je
me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous e
161
il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je
me
secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en r
162
a contribué davantage que n’importe quel autre de
mon
temps à faire aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrai
163
ont Denis de, « [Compte rendu] Sherwood Anderson,
Mon
père et moi et Je suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue
164
, « [Compte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et
moi
et Je suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
165
mpte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et moi et
Je
suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève
166
isme à son mépris pour la révélation évangélique.
Je
ne vois là que l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba.
167
la défense contre ses adversaires de tous bords.
Je
voudrais souligner seulement la beauté de l’effort désintéressé de Ju
168
de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure.
Je
suis loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur le plan philo
169
nda, sur le plan philosophique en particulier, où
je
me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda
170
, sur le plan philosophique en particulier, où je
me
sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda tr
171
ahit pas.) D’autre part, de plus impertinents que
moi
ne manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la c
172
n’en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui
me
viennent l’esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous app
173
Henri Michaux,
Mes
propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût
174
r que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez
Mes
Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au
175
émouvante bizarrerie (Mort d’un Page). Cependant
je
préfère ses proses : il y a ici plus qu’une manière et qu’un ton, il
176
mps — depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith —
je
n’avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans
177
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Henri Michaux,
Mes
propriétés », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, m
178
matin plein de mouettes — « Un beau bruit d’ailes
me
fait un ciel » — la vaporeuse beauté du lac de Neuchâtel. Mlle Kikou
179
e genre de livres — ils se multiplient — vient, à
mon
sens, de quelque chose qu’ils expriment sans doute inconsciemment et
180
on un peu hâtive à une « jeunesse » déjà démodée…
Je
crois que la jeunesse d’aujourd’hui s’éloigne plutôt de la grandiloqu
181
de ministres en retraite que de fauteuils. Et on
me
regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce châtea
182
s en retraite que de fauteuils. Et on me regarde.
J’
ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la riv
183
ur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux
me
faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où
184
ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de
mon
visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi.
185
re honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides
me
demandent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi d
186
visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où
je
n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des
187
ue la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss
m’
aura jamais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatig
188
mais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur,
je
suis fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une
189
cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué,
je
vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardes
190
u vestiaire, il enfilait une manche de pardessus,
me
donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore sortie… Dormir a
191
ns cette foule et ces musiques, deux visages amis
me
sourient. Ô liberté aérienne des arrivées, premiers regards aux rues
192
qui font des signes pour demain, présentations de
mes
Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’a pas bien compris les
193
tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle,
je
crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme
194
ossibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse…
Je
me suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui
195
ibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je
me
suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui est
196
. La recherche de l’objet inconnu Personne n’a
mon
adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en
197
e de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse,
je
n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier
198
on adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à
ma
chance hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la
199
ce hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez
moi
je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’at
200
ongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi
je
suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’atten
201
z moi je suis la proie de l’angoisse du courrier.
J’
attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois
202
e de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre,
j’
attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour n
203
oisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends
je
ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent
204
par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois
j’
imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciat
205
ver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va
m’
apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une miraculeuse et roy
206
le Venue. Dans le silence de l’adoration comblée,
j’
en sortirais de ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de p
207
us pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse.
J’
irai chercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, l
208
n temps cette angoisse. J’irai chercher moi-même,
me
suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qu
209
cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me suis-
je
dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait s
210
goisse. J’irai chercher moi-même, me suis-je dit,
je
ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d
211
choses pouvait offrir asile à l’objet inconnu que
je
chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. E
212
ai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici
mes
amis. Et la question terrible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êt
213
u’êtes-vous venu chercher jusque chez nous ? » On
me
demandera donc toujours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah !
214
me demandera donc toujours des passeports ? Dussè-
je
les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d
215
i d’expliquer pourquoi l’on est parti. Cependant,
mes
regards errant sur une bibliothèque, je crois y trouver mon salut : «
216
pendant, mes regards errant sur une bibliothèque,
je
crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabo
217
s errant sur une bibliothèque, je crois y trouver
mon
salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’éc
218
Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes,
m’
écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’
219
hl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-
je
, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user, ne
220
et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je,
mes
frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user, ne tard
221
vre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés !
me
paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malh
222
moins connaissiez ce qui causait votre malheur ;
moi
, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre, et c’était s
223
ait ce qu’il avait perdu, c’était son ombre. Mais
moi
qui cherche un Objet Inconnu ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à
224
e un Objet Inconnu ! — Ô Destin sans repos et qui
me
voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’em
225
s désirs les plus incompréhensibles s’emparent de
moi
comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie qui
226
s s’emparent de moi comme des superstitions. Tout
mon
avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et
227
rie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais,
je
crains bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indu
228
as de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais
je
ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à
229
jeunesse démodée se peignirent sur les traits de
mes
auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués.
230
ent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes,
me
dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du réel. Mais
231
ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’on
m’
entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelq
232
andis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous
m’
avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet du R
233
sommes rentrés en Europe. Mais dès le lendemain,
m’
échappant du programme, il a bien fallu que je recherche le chemin du
234
in, m’échappant du programme, il a bien fallu que
je
recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit,
235
herche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez,
m’
avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que pers
236
stère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant,
je
savais bien que j’obéissais à ce que nos psychologues appellent une c
237
ozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien que
j’
obéissais à ce que nos psychologues appellent une conduite magique. Or
238
justifiable : c’est le plaisir même de l’enfance.
Je
portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme je fer
239
est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc
ma
vision d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au
240
l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et
je
grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinag
241
ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme
je
ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet incon
242
d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai,
je
pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On pas
243
is gravement comme je ferai, je pense, au jour de
mon
pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On passe une barrière, une c
244
au est vide. Et les babouches ? Pas de babouches.
Je
sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est
245
t devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-
je
pu contempler de plus « objectivement » étrange que ce lieu — inquiét
246
ntransigeant serait la seule conduite féconde. Il
me
semble que la servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un aspec
247
la sensibilité même qu’on impose une livrée. — «
Je
comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !…
248
é même qu’on impose une livrée. — « Je comprends,
me
dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !… » — Non, Mons
249
sieur, ce n’est pas joli, ce n’est pas fantaisie.
Je
parle simplement de vérité et de mensonge, opposant une réalité vivan
250
t, disait-on, du temps que l’on parlait français.
J’
expliquais donc que je ne voyage qu’au hasard, et pour rien ni personn
251
que l’on parlait français. J’expliquais donc que
je
ne voyage qu’au hasard, et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsie
252
devoirs. Nous voici plus à l’aise. Eh bien oui :
je
me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre cons
253
voirs. Nous voici plus à l’aise. Eh bien oui : je
me
ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre conserv
254
h bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout
mon
temps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce
255
onserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, —
j’
entends : leur monde, avec leurs « problèmes du plus haut intérêt », l
256
payer cher. Tout cela est langage de bourse. Pour
moi
, je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la fac
257
cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi,
je
poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face de
258
a est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai
mon
discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face des bouffons qui p
259
es mains dans leurs vastes poches insulaires pour
m’
informer de cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires,
260
t les affaires, axiome qui constitue à leurs yeux
ma
condamnation et celle des minus habentes qui me ressemblent. Au risqu
261
x ma condamnation et celle des minus habentes qui
me
ressemblent. Au risque de les voir trépigner, je continuerai à cherch
262
me ressemblent. Au risque de les voir trépigner,
je
continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze heures, temps qu’i
263
de les voir trépigner, je continuerai à chercher
mon
bien de midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à la masticati
264
l’on ose dire, à assurer cette mastication. Mais
je
m’égare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on
265
on ose dire, à assurer cette mastication. Mais je
m’
égare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on est
266
e que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que
je
trouve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je me défends d
267
ve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si
je
me défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, a
268
ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je
me
défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec
269
es presque excusables de ne le point apercevoir.)
Je
vais cependant dire quelque chose d’une scène pittoresque. Mais c’est
270
scène pittoresque. Mais c’est une autre fois que
je
l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit No
271
ffreusement belle dans un peignoir noir et blanc…
Je
ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Deh
272
dans un peignoir noir et blanc… Je ne puis avaler
mon
verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlon
273
mâchoire. 6. Doutes sur la nature du Sujet
Je
crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant
274
sur la nature du Sujet Je crois qu’il faut que
je
raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les cha
275
re du Sujet Je crois qu’il faut que je raconte
mon
voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui e
276
t envie, puis ceux qui en auront envie : car cela
m’
inciterait à chercher après coup des transitions, et c’est alors que l
277
d’un pays apparaissant en général au voyageur de
ma
sorte sous ses modalités sentimentales plus que documentaires, peut-ê
278
us que documentaires, peut-être serait-il bon que
je
parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beaucoup de chiff
279
si le lecteur superficiel aurait l’impression que
je
suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon suje
280
el aurait l’impression que je suis zur Sache, que
je
parle de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce q
281
impression que je suis zur Sache, que je parle de
mon
sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît
282
che, que je parle de mon sujet, — étant admis que
mon
sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine c
283
étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui
me
paraît infiniment baroque, à peine compréhensible, car on ne choisit
284
ndeloque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors
je
m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais f
285
loque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je
m’
en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais fein
286
e son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de
mon
voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux ce
287
oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause.
Je
vais feindre de prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’es
288
use. Je vais feindre de prendre au sérieux ce que
je
vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la lan
289
l’histoire du mot que vous avez sous la langue ;
je
vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vra
290
rand et gratuit, sacrifice.) … feuilletons un peu
ma
Hongrie. 7. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude
291
iducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre !
J’
y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des
292
s instable des huit reflets de leur dignité. Mais
je
n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adre
293
— et le mot « affable » reprend ici sa noblesse.
Mon
voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet,
294
is semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois,
je
les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Mainte
295
thes sentimentaux qui gouverne les arguments. Ici
je
rentre dans mes chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosm
296
ux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans
mes
chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la politique
297
ents. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche
mon
cor. Macrocosme et microcosme : la politique des peuples ressemble à
298
Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses,
je
les ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sour
299
. Le roi. » 10. Visite à Babits Personne, à
ma
connaissance, ne se plaint de ce qu’il y a peu de poètes par le monde
300
ts « bien hongrois » dans un style académique qui
me
paraît être le contraire du style hongrois. Il y a aussi une extrême
301
la plus vivante du génie littéraire de cette race
me
paraît bien avoir été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occ
302
Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis
m’
emmènent le voir à Esztergóm, où il passe ses étés. Esztergóm est la p
303
t la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila,
me
dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence du Prince Primat. Au-
304
le la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est,
je
grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en bl
305
non point à celle des arrivistes. 14. Parce que
j’
« exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul Clerc qu
306
ler comme le seul Clerc qui n’ait pas trahi — qui
me
paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je sui
307
me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on
m’
expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit
308
re la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que
je
suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’admire est
309
ur la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que
j’
admire est, entre autres, belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne
310
it que j’admire est, entre autres, belliqueux. Or
je
suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais je crois que les pacifis
311
r je suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais
je
crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilatio
312
Les quatrains sont ici précédés de Fragments dont
je
me demande s’il était bien légitime de les traduire. On a respecté sc
313
quatrains sont ici précédés de Fragments dont je
me
demande s’il était bien légitime de les traduire. On a respecté scrup
314
mots isolés, des bribes de phrases… Or, si comme
je
le crois et voudrais l’établir plus longuement, le sens des poèmes de
315
les d’éveiller le sentiment rare et grandiose que
j’
appellerais celui du tragique de la pensée. « Insensé, — penses-tu de
316
nnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et
moi
, parmi les reflets fuyants de toutes sortes de faces et de paysages s
317
de faces et de paysages soudainement invisibles,
je
distingue le doux feu bleu de mon obsession. L’Objet Inconnu, — quand
318
ment invisibles, je distingue le doux feu bleu de
mon
obsession. L’Objet Inconnu, — quand je pense à ce qu’en imagineraient
319
u bleu de mon obsession. L’Objet Inconnu, — quand
je
pense à ce qu’en imagineraient les autres, si je leur en parlais… Il
320
je pense à ce qu’en imagineraient les autres, si
je
leur en parlais… Il leur suffirait de l’image d’un bibelot d’une sort
321
t inconnu et tellement fascinant à la fois, qu’il
me
préserve de tout amour pour quelque bien particulier où je serais ten
322
ve de tout amour pour quelque bien particulier où
je
serais tenté de me complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. — Le
323
ur quelque bien particulier où je serais tenté de
me
complaire. Oh ! je sais ! — Je ne sais plus. — Le train s’attarde dan
324
ticulier où je serais tenté de me complaire. Oh !
je
sais ! — Je ne sais plus. — Le train s’attarde dans sa fumée, on resp
325
je serais tenté de me complaire. Oh ! je sais ! —
Je
ne sais plus. — Le train s’attarde dans sa fumée, on respire une lour
326
on respire une lourde obscurité qui sent l’enfer.
Je
ne pense plus qu’ « au souffle »… Mais alors tout s’allume et voici l
327
ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque
j’
entre dans l’atelier du peintre. Je ne tarde pas à oublier ce qui est
328
sages, lorsque j’entre dans l’atelier du peintre.
Je
ne tarde pas à oublier ce qui est lent ou fixe ou pas-à-pas. Tout s’é
329
s la danse, ils incarnent l’allégresse rythmique.
Je
les vois frapper le sol du talon en levant un bras, la main à la nuqu
330
horizontales, soutenues par un long souffle vif.
J’
observe que les paroles autant que les gestes sont gouvernées par la s
331
selon les lois d’une plastique exubérante. Quand
je
dis que j’observe, je n’observe rien. Il y a des femmes si belles qu’
332
lois d’une plastique exubérante. Quand je dis que
j’
observe, je n’observe rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme
333
plastique exubérante. Quand je dis que j’observe,
je
n’observe rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme les yeux.
334
gs coups d’ailes en silence au-dessus du gouffre.
Je
vole sur place, mais tout se met à fuir, alors il faut voler plus vit
335
vite pour rattraper ces apparences adorables… Si
je
« lâchais » un instant, toutes choses disparaîtraient… Le vertige (la
336
aisser choir dans le Gris ? Rejoindre ?… Derrière
mes
paupières, dans ce désordre lumineux, le verrai-je naître à mon désir
337
s paupières, dans ce désordre lumineux, le verrai-
je
naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous, derrière ma tête, Sans No
338
dans ce désordre lumineux, le verrai-je naître à
mon
désir ? Rejoindre ! Mais vous, derrière ma tête, Sans Noms, ça ne ser
339
tre à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous, derrière
ma
tête, Sans Noms, ça ne sera pas encore pour cette fois. 13. Chanso
340
es mains pleines de drôleries ou de supplication.
Je
ne sais ce que disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le so
341
pplication. Je ne sais ce que disent les paroles.
Je
vois des chevauchées sous le soleil, des campements nocturnes où le s
342
ue, conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon…
je
t’envierais presque. Celui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’
343
borodinesque, mais l’erreur n’est imputable qu’à
mon
instabilité rythmique. (Trop souvent ce que je vois traverse ce que j
344
à mon instabilité rythmique. (Trop souvent ce que
je
vois traverse ce que j’entends.) La plaine hongroise n’est pas monoto
345
que. (Trop souvent ce que je vois traverse ce que
j’
entends.) La plaine hongroise n’est pas monotone, parce qu’elle est d’
346
i fasse répétition. C’est ici le premier pays que
je
n’ai pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choi
347
emier pays que je n’ai pas envie d’élaguer ; dont
je
ne me compose pas de morceaux choisis16. Il y a une grande ville, un
348
pays que je n’ai pas envie d’élaguer ; dont je ne
me
compose pas de morceaux choisis16. Il y a une grande ville, un grand
349
estions sociales. La Puszta est une terre vierge,
je
veux dire que la bourgeoisie ne s’y est pas encore répandue. Il y a p
350
et artiste de la prodigalité. — « Ah ! répond-il,
j’
aimerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, dont
351
! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme
je
vis ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’elles parlent en
352
gue qu’elles apprennent de leurs mères ». Combien
j’
aime ces sœurs des Tziganes ! Les Tziganes vinrent en Europe conduits
353
allemand, c’est : Zigeuner ; hongrois : cigány ;
mien
: cigognes. D’ailleurs ces Égyptiens venaient des Indes, qui nous app
354
nous n’avons qu’au prix de tout ce qu’à Debrecen
je
viens admirer. On aime les Hongrois comme on aime l’enfance : or le r
355
’enfant, c’est de devenir une grande personne. On
me
l’a dit, c’est vrai : cette ville historique est aussi l’autre « Rome
356
sitaire tout rajeuni dans des jardins luisants ne
m’
empêchera pas de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’E
357
i dans des jardins luisants ne m’empêchera pas de
m’
y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Le hasard a
358
u bord extrême de l’Europe. Le hasard a voulu que
j’
y entende, un soir, une présentation de musiques hongroises, turques e
359
nte et basse, prolongée. Peut-être ce soir-là, ai-
je
compris la Grande Plaine, et que par sa musique j’étais aux marches d
360
e compris la Grande Plaine, et que par sa musique
j’
étais aux marches de l’Asie. En sortant du concert, j’ai erré aux terr
361
ais aux marches de l’Asie. En sortant du concert,
j’
ai erré aux terrasses des hôtels, dans le grandiose bavardage des Tzig
362
oici qu’une autre vient d’ailleurs, entraînée par
je
ne sais quel vent sonore qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’un
363
de celui qui succombe à l’excès du sommeil) — et
me
voici plus seul, avec une nostalgie qui ne veut pas de la romance à m
364
vec une nostalgie qui ne veut pas de la romance à
mon
oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d
365
as de la romance à mon oreille d’un violoneux qui
me
croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, co
366
ux fades du Balaton Deux jours après, dégrisé,
je
nageais dans les eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois, s’en vont
367
nageais dans les eaux fades du Balaton. Ces eaux,
je
crois, s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’e
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Ces eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire, et
je
n’en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais à brasses pruden
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, et je n’en connais pas les fées, c’est pourquoi
je
nageais à brasses prudentes avec, aux jambes, l’imperceptible angoiss
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presque belles dans leurs petits sweaters — vais-
je
pour vous m’arrêter quelques jours ? On ferait connaissance à table d
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es dans leurs petits sweaters — vais-je pour vous
m’
arrêter quelques jours ? On ferait connaissance à table d’hôte, on ira
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ant qu’ici la vie a parfois moins de hargne… Déjà
je
suis repris par le malaise que m’infligent les lieux faciles. Ô trist
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de hargne… Déjà je suis repris par le malaise que
m’
infligent les lieux faciles. Ô tristesse des crèmeries et des jardins
374
s jardins ! C’est devant une glace panachée qu’il
m’
arrive de douter de la vie, comme d’autres aux approches du mal de mer
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d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit,
j’
ai rôdé dans la campagne aux collines basses, d’apparence rocheuse — c
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la Lune et toutes lustrées de rêches végétations.
J’
ai traversé l’angoisse lunaire des villages vides aux portes aveugles
377
e lunaire des villages vides aux portes aveugles (
j’
avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers da
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des aux portes aveugles (j’avais peur du bruit de
mes
pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épi
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es (j’avais peur du bruit de mes pas). Au hasard,
j’
ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la venue d’une j
380
te où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que
je
me heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’être n’importe où. Une p
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où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que je
me
heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’être n’importe où. Une pani
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rdu… Un train dormait devant la gare campagnarde.
Je
me suis étendu dans un compartiment obscur, stores baissés, à l’abri
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… Un train dormait devant la gare campagnarde. Je
me
suis étendu dans un compartiment obscur, stores baissés, à l’abri de
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de la lune. Le contrôleur a dû jouer un rôle dans
mes
cauchemars. L’aube m’éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux
385
ur a dû jouer un rôle dans mes cauchemars. L’aube
m’
éveille dans les faubourgs de Budapest, cheveux en désordre, pantalon
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on plissé, et cet abruti de contrôleur qui rit et
me
dit je ne sais quoi, — alors que justement j’allais rattraper, comme
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sé, et cet abruti de contrôleur qui rit et me dit
je
ne sais quoi, — alors que justement j’allais rattraper, comme un pan
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et me dit je ne sais quoi, — alors que justement
j’
allais rattraper, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où j’ai dû
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per, comme un pan de la nuit fuyante, un songe où
j’
ai dû voir l’objet pour la première fois — ou bien était-ce un être ?
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s — ou bien était-ce un être ? 17. Insomnie
J’
éteignais la lampe et la veilleuse me rendait compagnon d’une momie bl
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Insomnie J’éteignais la lampe et la veilleuse
me
rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais peut-on se reposer vraim
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vraiment à cent à l’heure. Par-dessous le store,
je
voyais la Lune faire des bonds courts sur la plaine inondée de nuit.
393
e des bonds courts sur la plaine inondée de nuit.
J’
essayais de penser par-dessous le rythme obstiné de cette hurlante bou
394
ulade sur place qu’est un voyage en express. Mais
je
ne trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec
395
e en express. Mais je ne trouvais pas la pente de
mon
esprit, et tout en le parcourant avec une soif qui annonçait le déser
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parcourant avec une soif qui annonçait le désert,
je
traçais des plans d’œuvres sablonneuses. Je composais un traité des v
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sert, je traçais des plans d’œuvres sablonneuses.
Je
composais un traité des voyages : les titres en étaient de Sénèque ou
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les titres en étaient de Sénèque ou de Swift, et
je
voyais très bien ce qu’en eussent tiré Sterne ou Goethe, mais, sembla
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ne ou Goethe, mais, semblable à Gérard de Nerval,
je
sentais qu’il s’agissait d’autre chose… Il s’agit toujours d’autre ch
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depuis un moment, c’est que la ligne est droite.
Je
ne sais plus dans quel sens je roule. J’aime ces heures désorientées
401
ligne est droite. Je ne sais plus dans quel sens
je
roule. J’aime ces heures désorientées ; le sentiment du « non-sens »
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droite. Je ne sais plus dans quel sens je roule.
J’
aime ces heures désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie
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s, naturellement… (Encore un qui se réveille dans
ma
tête.) — On ne voyage jamais que dans son propre sens ! — Mais il fau
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er). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie !
Je
sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être véritable
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cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que
ma
vie a un but. M’approcher de mon être véritable. Seul au milieu des m
406
e la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but.
M’
approcher de mon être véritable. Seul au milieu des miens, j’oubliais
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ais seulement que ma vie a un but. M’approcher de
mon
être véritable. Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race, j’avais
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de mon être véritable. Seul au milieu des miens,
j’
oubliais ma race, j’avais l’illusion de n’être rien que… moi-même. Ide
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e véritable. Seul au milieu des miens, j’oubliais
ma
race, j’avais l’illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mo
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le. Seul au milieu des miens, j’oubliais ma race,
j’
avais l’illusion de n’être rien que… moi-même. Identique à mon centre.
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llusion de n’être rien que… moi-même. Identique à
mon
centre. Ici, comparé à tant d’autres, je perds mes préjugés sur mon a
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tique à mon centre. Ici, comparé à tant d’autres,
je
perds mes préjugés sur mon apparence, je me découvre localisé dans un
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on centre. Ici, comparé à tant d’autres, je perds
mes
préjugés sur mon apparence, je me découvre localisé dans un type huma
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omparé à tant d’autres, je perds mes préjugés sur
mon
apparence, je me découvre localisé dans un type humain. Immobile, j’é
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’autres, je perds mes préjugés sur mon apparence,
je
me découvre localisé dans un type humain. Immobile, j’étais presque i
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tres, je perds mes préjugés sur mon apparence, je
me
découvre localisé dans un type humain. Immobile, j’étais presque infi
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découvre localisé dans un type humain. Immobile,
j’
étais presque infiniment variable, indéterminé. Et c’est le voyage qui
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ent variable, indéterminé. Et c’est le voyage qui
me
fixe. Je rayonnais, on me dessine. Mais en même temps, j’ai découvert
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ble, indéterminé. Et c’est le voyage qui me fixe.
Je
rayonnais, on me dessine. Mais en même temps, j’ai découvert mes puis
420
Et c’est le voyage qui me fixe. Je rayonnais, on
me
dessine. Mais en même temps, j’ai découvert mes puissances d’évasion
421
Je rayonnais, on me dessine. Mais en même temps,
j’
ai découvert mes puissances d’évasion intérieure. Et souvent je presse
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on me dessine. Mais en même temps, j’ai découvert
mes
puissances d’évasion intérieure. Et souvent je pressens qu’il existe
423
t mes puissances d’évasion intérieure. Et souvent
je
pressens qu’il existe une clef : délivré de moi, j’entrerais en plein
424
nt je pressens qu’il existe une clef : délivré de
moi
, j’entrerais en plein Moi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me permettr
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pressens qu’il existe une clef : délivré de moi,
j’
entrerais en plein Moi… Une clef ? Plutôt « cela » qui me permettrait
426
e une clef : délivré de moi, j’entrerais en plein
Moi
… Une clef ? Plutôt « cela » qui me permettrait de combler l’écart ent
427
rais en plein Moi… Une clef ? Plutôt « cela » qui
me
permettrait de combler l’écart entre moi et Moi qui est la seule réal
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ela » qui me permettrait de combler l’écart entre
moi
et Moi qui est la seule réalité absolument tragique… Une chose ? Un ê
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ui me permettrait de combler l’écart entre moi et
Moi
qui est la seule réalité absolument tragique… Une chose ? Un être ? L
430
que… Une chose ? Un être ? L’Objet ? — Est-ce que
je
dors dans mes pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’un éclat bleu
431
e ? Un être ? L’Objet ? — Est-ce que je dors dans
mes
pensées ? La veilleuse fleurit soudain d’un éclat bleu douloureux, le
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est obstruée par un douanier, tant qu’à la fin on
me
refoule dans mon compartiment. Est-ce encore un rêve ? Je comprends b
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un douanier, tant qu’à la fin on me refoule dans
mon
compartiment. Est-ce encore un rêve ? Je comprends bien qu’il faudrai
434
le dans mon compartiment. Est-ce encore un rêve ?
Je
comprends bien qu’il faudrait ouvrir ces valises, mais j’ai perdu mes
435
ends bien qu’il faudrait ouvrir ces valises, mais
j’
ai perdu mes clefs. L’œil du douanier conseille des aveux complets. J’
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u’il faudrait ouvrir ces valises, mais j’ai perdu
mes
clefs. L’œil du douanier conseille des aveux complets. J’ai le feu à
437
. L’œil du douanier conseille des aveux complets.
J’
ai le feu à la tête, mais je suis innocent puisque enfin il n’est pas
438
e des aveux complets. J’ai le feu à la tête, mais
je
suis innocent puisque enfin il n’est pas dans ma valise, ce n’est que
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je suis innocent puisque enfin il n’est pas dans
ma
valise, ce n’est que trop certain. Cependant, « rien à déclarer » apr
440
e ? Cela va paraître improbable. On a dû voir sur
moi
que je le cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs
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va paraître improbable. On a dû voir sur moi que
je
le cherche, c’est pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans me
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pourquoi l’œil est implacable… Pas de clefs dans
mes
onze poches. Seulement ce papier timbré d’un ministère… mais déjà l’œ
443
is qu’a-t-on jamais pu « déclarer » d’important ?
Je
ne sais plus parler en vers et la prose n’indique que les choses les
444
est bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois
je
me suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre philosophale. Pe
445
bien pourquoi l’Objet n’a pas de nom. Parfois je
me
suis demandé s’il n’était pas une sorte de pierre philosophale. Peut-
446
ces deux mots suffiraient-ils à l’indiquer quand
je
m’en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui ex
447
s deux mots suffiraient-ils à l’indiquer quand je
m’
en parle ? Tout en donnant le change à celles de mes pensées qui exige
448
’en parle ? Tout en donnant le change à celles de
mes
pensées qui exigent des apparences positives. Ainsi donc, j’ai cherch
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qui exigent des apparences positives. Ainsi donc,
j’
ai cherché la Pierre des philosophes. D’autres aussi, peut-être, la ch
450
sirer de la voir, apparaît la « Loge » invisible.
J’
attends, j’appelle quelqu’un qui vienne me prendre par la main. Ainsi
451
voir, apparaît la « Loge » invisible. J’attends,
j’
appelle quelqu’un qui vienne me prendre par la main. Ainsi je quitte l
452
isible. J’attends, j’appelle quelqu’un qui vienne
me
prendre par la main. Ainsi je quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce
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uelqu’un qui vienne me prendre par la main. Ainsi
je
quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle m’a donné ? Cette not
454
e quitte la Hongrie. Serait-ce là tout ce qu’elle
m’
a donné ? Cette notion plus vive d’un univers où la présence de l’Obje
455
l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien n’ai-
je
su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie intérieur
456
ien n’ai-je su voir autre chose que la Hongrie de
mes
rêves, ma Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on connaît depuis to
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su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves,
ma
Hongrie intérieure ? Il est vrai que l’on connaît depuis toujours ce
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nnaître sont un seul et même acte. Peut-être l’ai-
je
aimée d’un amour égoïste, comme un être dont on a besoin et en qui l’
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cun être ? Et s’il fallait attendre pour aimer !…
Je
me souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et
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être ? Et s’il fallait attendre pour aimer !… Je
me
souviens de ces terrains de sable noir, piqués de petits arbres et d’
461
rande Plaine encore rougeâtre de soleil couchant.
J’
y suis venu par hasard, en flânant ; je me suis sans doute perdu et po
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couchant. J’y suis venu par hasard, en flânant ;
je
me suis sans doute perdu et pourtant je n’éprouve qu’une étrange sécu
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uchant. J’y suis venu par hasard, en flânant ; je
me
suis sans doute perdu et pourtant je n’éprouve qu’une étrange sécurit
464
flânant ; je me suis sans doute perdu et pourtant
je
n’éprouve qu’une étrange sécurité. Présence, présence réelle… Comme j
465
trange sécurité. Présence, présence réelle… Comme
j’
ai peine à m’imaginer que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière
466
té. Présence, présence réelle… Comme j’ai peine à
m’
imaginer que jamais plus je ne la reverrai, cette lumière en ce lieu,
467
le… Comme j’ai peine à m’imaginer que jamais plus
je
ne la reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songe
468
cette minute et à d’autres semblables, en voyage,
je
me dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncièr
469
te minute et à d’autres semblables, en voyage, je
me
dis que c’est de là que j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière q
470
blables, en voyage, je me dis que c’est de là que
j’
ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il m’arrive d’éprouver en
471
j’ai tiré le sentiment d’absurdité foncière qu’il
m’
arrive d’éprouver en face d’une action purement raisonnable. Ah ! quel
472
tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore :
m’
arrêter à Vienne à cause des serrures… Peut-être y passer une nuit — r
473
Lune le renvoie sur Terre en forme de pluie. » Si
je
trouvais un jour l’Objet, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussi
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de pluie. » Si je trouvais un jour l’Objet, il ne
me
resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce qu’
475
t, il ne me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt
je
commence à comprendre ce qu’il est : cela qui me rendrait acceptable
476
je commence à comprendre ce qu’il est : cela qui
me
rendrait acceptable ce monde…) Malheur à celui qui ne cherche pas. Ma
477
os, Approximations, 4e série (novembre 1930)bk
Je
n’ai jamais cherché rien d’autre que d’approcher mon sujet, en m’iden
478
n’ai jamais cherché rien d’autre que d’approcher
mon
sujet, en m’identifiant d’aussi près qu’il m’était possible, non seul
479
herché rien d’autre que d’approcher mon sujet, en
m’
identifiant d’aussi près qu’il m’était possible, non seulement au poin
480
er mon sujet, en m’identifiant d’aussi près qu’il
m’
était possible, non seulement au point de vue, mais à la complexion, à
481
nt implicite que, sur le plan de la qualité pure,
je
persiste à tenir pour le plus efficace. Ce n’est peut-être pas fortui
482
le problème de l’homme dans sa totalité, et c’est
je
crois l’éloge de choix. Mais de ce problème central, qui déborde le p
483
on pourrait l’appeler une critique des obstacles.
Je
veux dire par là que M. Du Bos parvient à recréer comme pour son comp