1
est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je
ne
sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout cel
2
. Et une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de
ne
pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste,
3
rs pour les vouloir éviter, et ces grandeurs pour
n’
en pas trop descendre ». N’est-ce pas une éclatante mise au point ? Et
4
et ces grandeurs pour n’en pas trop descendre ».
N’
est-ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Song
5
« descendirent » du front dans notre paix lassée,
ne
prend-elle pas une pathétique signification ? Pourtant ici encore tra
6
vient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je
ne
sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité rév
7
même temps que dans la guerre. Que de sacrifices
ne
lui devra-t-il pas offrir ainsi les romans « intéressants » ou « curi
8
elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine
ne
la moleste ni ne l’avive plus, cruelle et désolée comme cette « flamm
9
is, lorsque la tourmente humaine ne la moleste ni
ne
l’avive plus, cruelle et désolée comme cette « flamme pensante » dans
10
ores quiconque chercherait une idée là-dessous, —
ne
réussit pas toujours chez Breton à masquer la banalité de la pensée.
11
n esthétique ou morale. » (p. 42). Le surréalisme
ne
serait-il donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point
12
fense de la poésie pure. Les beautés que j’y vois
ne
me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncid
13
r que M. Breton serait un très curieux poète s’il
ne
s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader
14
grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je
ne
puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès l
15
cette mystification : la plupart des surréalistes
n’
ont rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en
16
s érigent donc en doctrine leur impuissance. « Il
n’
y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de mét
17
aisonnements. Plaisante ironie, si cette attitude
n’
était qu’une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle
18
tériaux de démolition abandonnés par Dada S.A. Ce
n’
est pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semble
19
Dada du ridicule le cède ici à un ton de mage qui
ne
fera plus longtemps impression. C’est grand dommage pour les lettres
20
uches copies de Millet. Mais son manque de talent
ne
le rebute pas. Une divine violence le travaille. Elle jaillira enfin,
21
mption frénétique terrassant un corps minable, il
ne
restera plus que les flammes, les soleils et aussi les grimaces de do
22
leur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de
n’
avoir rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui
23
charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin
n’
a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion d
24
notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui
ne
dut rien à l’homme, d’une œuvre de pur génie. Vincent Van Gogh, génie
25
ans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce
n’
est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître : «
26
ais il s’en permet d’autres qui le sont moins. On
n’
écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des maladresses et
27
isser des maladresses et des négligences. Mais on
ne
demande pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’être bien peign
28
ple rustique de France ». En effet — le phénomène
n’
est pas particulier à la France — les paysans sont en train de redeven
29
Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style,
n’
est-ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je croi
30
documents. La littérature de ces dernières années
n’
est qu’une forme de reportage international. L’Europe menant cette imm
31
e bien que dans le domaine de la culture le péril
n’
existe que pour autant qu’on en parle, la vraie « question asiatique »
32
résentation vague et poétique. « Orient…, toi qui
n’
as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu
33
Arabie, Indes et Chine sous une dénomination qui
n’
a de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un clas
34
ui à la suite de Claudel estiment que la question
ne
se pose pas, puisque nous sommes chrétiens. (Mais le christianisme, r
35
s. (Mais le christianisme, religion missionnaire,
ne
peut nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son pr
36
mbinent toutes ces opinions ; et ceux qui avouent
n’
en point avoir, sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conc
37
, conclusions ou interrogations, ont le défaut de
n’
être pas suffisamment motivées par des faits et des documents. Pour be
38
s faits et des documents. Pour beaucoup, l’Orient
n’
est qu’un prétexte à variations sur le thème favori. M. Massis, par ex
39
d nombre de citations à l’appui de ses sophismes,
ne
se livre pas moins à des déductions in abstracto qui le mènent à des
40
l’éducation historique des peuples chrétiens qui
n’
ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la
41
s sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes
ne
joue que soutenu par le contrôle que les autres nous imposent », dit
42
rminée. Artificielle comme toute expérience, elle
n’
en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est
43
partialité. Son art bénéficie de cette vision. Je
ne
saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman sans e
44
estive, telles sont les vertus de sa critique. Ce
n’
est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la
45
té. Nul doute que les Trois nouvelles exemplaires
ne
suscitent un intérêt très profond : elles nous transportent au cœur d
46
aussi bien être celui d’une pièce de Pirandello.
N’
annonce-t-il pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels,
47
ent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de
ne
pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent être, subiss
48
pression de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il
n’
y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de
49
la pensée française (octobre 1925)k Peut-être
n’
est-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouve
50
lement chrétien sur le mysticisme naturiste ». Il
ne
pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à découv
51
ce qui concerne le Vinet juge des romantiques, il
n’
a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines cri
52
critiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il
n’
ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèremen
53
isme » de tout son mysticisme protestant. Et cela
n’
est pas sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi il insiste s
54
roit-il éluder ainsi le protestantisme de Vinet ?
Ne
voit-il pas que rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Ma
55
protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien
n’
est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves sont de
56
e exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il
n’
est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que celle
57
x lente aux méandres songeurs, une simplicité qui
n’
est pas familière. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans s
58
tion du monde qu’il invente nous lasse quand elle
ne
l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’on
59
tion en faveur du passé, révolution tout de même,
ne
pouvait produire qu’une littérature très neuve de forme et traditiona
60
re irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry
ne
fait pas. Car elle veut éviter l’emballement et conserver dans l’admi
61
, lui, commence son roman quelques mois avant que
n’
éclate le sinistre, et s’arrête au moment où l’on est sûr que ça brûle
62
ntôt dans une église, pour constater que la foule
ne
réagit pas autrement que les individus. L’auteur, qui est l’un de ces
63
doit sauter quelques semaines. Qu’on veuille bien
ne
voir autre chose dans ces « procédés », d’ailleurs assez peu choquant
64
er instantanément en révolte. Aucun cadre logique
ne
détermine l’avenir le plus proche. Il n’y a pas même des forces endor
65
logique ne détermine l’avenir le plus proche. Il
n’
y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibil
66
des ruines. On sait le reste. Tout cela, Walpole
ne
le dit pas. Mais ses personnages le suggèrent de toute la force du tr
67
mars 1926)o L’époque s’en va très vite vers on
ne
sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini
68
tiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant, je
ne
sais quelle excitation, quelle révélation ou quel oubli. C’est un dil
69
foi en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils
ne
peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est au
70
que l’époque réclame 1. C’est aussi pourquoi l’on
ne
saurait accorder trop d’importance à leurs tentatives morales, si sin
71
ans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il
n’
existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ». Mai
72
avec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui
n’
a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs au
73
ion ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils
ne
sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est ve
74
re d’aujourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent
ne
pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amus
75
déjà reconnaissent ne pas pouvoir les séparer. On
n’
écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser un public. Un livre est une
76
ir des possibilités neuves, — pour le libérer. Il
n’
est pas question de rechercher ici les origines historiques d’une conc
77
rait une raison nouvelle de le condamner, et nous
ne
pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’est
78
e l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il
n’
a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3.
79
ût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien
ne
retient. (Or on ne crée que contre quelque chose, contre soi, contre
80
connaît trop, et que plus rien ne retient. (Or on
ne
crée que contre quelque chose, contre soi, contre une difficulté.) Dé
81
ord. Révolution toujours ». « Pour nous, le salut
n’
est nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et quelles priè
82
us faire du pain ; et c’est très beau, Aragon, de
ne
plus rien attendre du monde, mais on voudrait que de moins de gloriol
83
s derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il
n’
a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la
84
x qu’il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens
n’
en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il serait temps de fair
85
paradoxes, le chaos, etc. — Certes, aucune époque
ne
fut à la fois plus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne s’est
86
ois plus morale et plus immorale, parce qu’aucune
ne
s’est autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’un
87
martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
n’
était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émouss
88
pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien
n’
était émoussé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction du plan in
89
ratuite que prétendent mener les surréalistes, il
n’
a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roma
90
nces extérieures qu’il méprise toutes également ;
n’
attendant rien que de ses impulsions et contemplant avec une lucidité
91
ait déjà une singulière préfiguration : Certes ce
ne
seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la pude
92
vaincre. — Mais la joie d’une si haute victoire —
n’
est pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désir
93
ne si haute victoire — n’est pas si douce encore,
n’
est pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans ba
94
de sophismes conduit ce mouvement de l’esprit qui
n’
utilise une borne que pour sauter plus loin. Ainsi, c’est par humilité
95
xcès toute chose, au-delà de toutes limites. « Il
n’
y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fure
96
perversion d’une vertu qui se brûle elle-même. Je
ne
vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par ailleur
97
ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous
ne
pensons plus par ensembles7 : symptôme de fatigue. Mais tout cela : d
98
s pensées et des actes, rêves éveillés, tout cela
ne
dérive-t-il pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le ryth
99
oppe une civilisation mécanicienne. (Les machines
n’
ont pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plu
100
logues est cet état presque inhumain de celui qui
n’
a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses autom
101
e d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout. Il
ne
s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort pour se libér
102
selle hypocrisie accompli par des générations qui
ne
lèguent aux suivantes que leur lassitude : sachons au contraire profi
103
jeunes hommes l’ont compris. Ils sont modestes —
ne
s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutter il faut des
104
; ils savent que pour lutter il faut des armes et
ne
méprisent pas la culture ; sans autre parti pris que celui de vivre,
105
maîtres de leurs corps exercés, ils savent qu’il
n’
y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de libert
106
e pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il
n’
y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur ef
107
; et leur effort est de retrouver ces lois ; ils
ne
craignent pas de choisir parmi leurs instincts, ni de les améliorer 1
108
ns la lumière. « Il vaut mieux, dit encore Vinet,
ne
voir d’abord que les grands traits de sa nature, ne connaître que les
109
voir d’abord que les grands traits de sa nature,
ne
connaître que les grands mots de la langue morale, suivre à l’égard d
110
sence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1. Il
ne
s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mai
111
Arland, de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle. Je
ne
cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût
112
de construire et de nous construire. Jamais l’on
ne
fut plus loin de l’idéal goethéen : au lieu de tout composer en soi,
113
ogiques et les vieilles dames à principes. Voilà,
n’
est-ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un p
114
grand peintre. Pourtant, malgré des longueurs, on
ne
lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en vain
115
est moins fatigant. « Le paon dédaigne encor mais
ne
fait plus sa roue. » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant d
116
et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il
ne
le conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite que s
117
malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il
ne
l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jo
118
pénombre. Ôter la pédale à la poésie. (« Le poète
ne
rêve pas, il compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine lu
119
ses fleurs de cristal, si elles sont sans parfum,
ne
se faneront pas. t. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Jean Coct
120
, Mon corps et moi (mai 1926)u Les témoignages
ne
manquent pas sur la détresse morale de la génération surréaliste. Mai
121
et, quoi qu’ils en disent, « artistiqués », — ils
n’
osent plus le mensonge de l’art, et pas encore la vérité pure — Crevel
122
de sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il
n’
a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec
123
dre. Une intelligence parvenue au point où elle «
ne
semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une intel
124
t, est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour
n’
avoir pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit len
125
ment l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle
n’
est plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, ni d
126
au 100 à l’heure des autos. Les maisons habitées
ne
sont plus que des enceintes transparentes, et minces en regard de leu
127
Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)w Je
ne
crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fern
128
itique philosophique » qu’il voudrait inaugurer «
ne
se contenterait pas d’étudier les œuvres pour elles-mêmes dans leur s
129
e sont souvent enlisées dans leurs recherches, il
ne
les condamne pas d’un « Jugement » sans issue sinon vers le passé cat
130
llement différentes des lois de l’œuvre d’art, il
ne
s’en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication direct
131
ez tente de prouver par exemple que l’œuvre d’art
ne
peut être un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit :
132
concevoir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre
n’
est-elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer
133
elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je
ne
puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant que
134
re le plus encombré et le plus impur qui soit. On
n’
a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa form
135
eu gauche encore dans les positions conquises. Il
n’
empêche que son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il pr
136
e… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir, il
ne
sait plus de quels souvenirs ; jusqu’au soir où la douleur nette d’un
137
e que son silence devient insupportable : « Orpha
ne
comprenait pas comment on pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». C
138
omprenait pas comment on pouvait tant souffrir et
ne
plus aimer ». Closain se tue pour finir le livre. Livre charmant et b
139
araît parfois et nous fait regretter que l’auteur
ne
se soit pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf.
140
nois et sympathiser avec son idéal de culture. Il
n’
y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fai
141
x a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils
ne
le paraissent point. Et alors le relativisme angoissant qui semblait
142
qui tord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être
n’
est-il pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laiss
143
e position plus périlleuse, puisqu’elle risque de
ne
laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la destruction et d
144
agon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)ab « Je
n’
admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont
145
’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce
ne
sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est la
146
e mieux encore : après une kyrielle d’injures qui
ne
font pas honneur à l’imagination d’autres fois si prestigieuse du poè
147
tresse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût
ne
m’empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus har
148
s, des pages d’un lyrisme inouï. Que Louis Aragon
ne
se croie pas tenu de justifier ses visions par le moyen d’une métaphy
149
s est une suite de promenades dont la composition
n’
est pas sans rappeler celle des Nuits d’octobre de Nerval ; forme qui
150
te de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce
n’
est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un des
151
bjet de l’amour. Mais les jeunes gens de ce temps
ne
cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plus leur im
152
cultivent point cette fièvre. Et comme la morale
ne
sait plus leur imposer de feindre encore ce que le cœur ne ressent pl
153
lus leur imposer de feindre encore ce que le cœur
ne
ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes époux de la Malad
154
t qu’on les attendrait, plus franche d’allure. On
ne
sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacque
155
une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce
n’
est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une cert
156
Barbey, on oublie la justesse de son analyse pour
n’
évoquer plus que des visions où se condense le sentiment du récit. Dan
157
ad L’on aime que, pour certains hommes, écrire
ne
soit que le recensement passionné de leur vie, ou l’aveu déguisé d’un
158
clar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il
ne
tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra da
159
ndra dans l’armoire aux souvenirs. Cette façon de
ne
pas y tenir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-êtr
160
de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et
ne
peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froi
161
de froideur que l’on dirait désintéressée si elle
n’
avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faibless
162
mence où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour
n’
est-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas e
163
ible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir
n’
a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre
164
ment leur amour, à force de petites blessures. Ce
n’
est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu sombr
165
on littéraire la plus ridicule. Pourtant, qu’elle
ne
laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est mie
166
Parfois l’on se demande si l’Auber de Jean Cassou
ne
va pas s’attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-
167
l Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid,
n’
aura pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si faci
168
tend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il
ne
la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime une
169
de ce qui détermine nos actes avant que la raison
n’
intervienne, mouvements de nos passions à nous-mêmes inavoués, rêves é
170
mper sur tout ce qui est profond en nous, et elle
ne
manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réali
171
s drames tout intérieurs dont il dit : « Personne
ne
peut juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même
172
nt, des amours impossibles, des histoires dont on
ne
sait pas la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles ont fai
173
une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse
ne
verrait qu’une abdication. Il décrit la « génération nouvelle » avec
174
ujourd’hui. Il constate que l’une (celle de Gide)
ne
fait que différer notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine not
175
e différer notre inquiétude, tandis que l’autre «
ne
ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu
176
e ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui
ne
vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix presque
177
ude paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops
n’
a-t-il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, su
178
lles vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une
n’
étant que le chemin qui mène à l’autre ? Car la foi naît de l’inquiétu
179
se l’inquiétude autant que la sérénité… Au reste,
n’
est-elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirableme
180
1927)ah Voici un livre dur et sans grâces, qui
ne
manque pas d’une beauté assez brutale, pour nous choquer et s’imposer
181
présente le problème juif avec une obstination à
ne
rien cacher qui le mène profond. Une famille juive dans le Marais. Le
182
est un tailleur, biblique, austère et probe, qui
n’
a d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualit
183
Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je
ne
nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc
184
uer pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité
ne
serait-elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet
185
milieu bourgeois, et l’on voit bien que l’auteur
n’
est pas encore détaché de la matière pour en tirer une œuvre d’art. La
186
document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je
n’
aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes
187
d’élégant, de « bien français » ; et le mot sang
n’
évoque ici qu’une tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’ai
188
un certain tragique, mais au filet si acéré qu’on
ne
sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne pas c
189
e pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de
ne
pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj. Rougemont De
190
et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau
n’
est pas beau, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le f
191
gnifiquement jetés. Mais cette imperfection, s’il
ne
peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui
192
rieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il
n’
est que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su en g
193
rd : lui seul connaît l’adresse de Patsy, mais il
ne
veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que,
194
enger, vous lui dites que, « d’abord », son livre
n’
est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géogr
195
us parlez de « procédés lassants ». Pierre Girard
n’
écoute plus : il pense à des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bie
196
responsable de cette douceur de vivre. Déjà vous
ne
niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force un p
197
« Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous
ne
regardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendre !
198
, pour vous apprendre ! — sans se douter que rien
ne
saurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approc
199
ui parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous
n’
aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de
200
evoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on
n’
est pas impunément concitoyen de cet oncle Abraham qui interdit à Pate
201
ir la nuit, et qui lui fait jurer sur la Bible de
ne
pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela es
202
ières amours (août 1927)an Ces trois nouvelles
n’
ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes rémin
203
étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je
ne
sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette
204
aie que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que
ne
fut Rilke. Rilke y apparaît comme une de ces âmes mystiques et raffin
205
Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais
n’
était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une telle « expé
206
ience ». Mais une telle « expérience », je crois,
ne
peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile
207
réalités sur lesquelles s’opère l’expérience. On
ne
prouve la religion qu’aux convertis — qui n’ont plus besoin de preuve
208
. On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui
n’
ont plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend u
209
gazetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-il,
ne
sont pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. Rouge
210
au milieu d’une effusion « lyrique », histoire de
n’
avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes
211
i arbitraire et si facultative », je me dis qu’il
n’
en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scienti
212
édales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’il
n’
y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et leur
213
que ; et il vaut la peine de le dire car la chose
n’
est pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux prem
214
ns lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il
n’
y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibili
215
assez peu intéressante à vrai dire, parce qu’elle
n’
est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la techn
216
es spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce
n’
est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes »
217
malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il
ne
s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles mais ce
218
té ou quelques « pointes » faciles mais cela même
ne
manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas
219
ue pas de naturel… On peut regretter que ce livre
ne
réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémoires. Mai
220
son début permet de croire que le Perroquet Vert
ne
restera pas une réussite isolée dans l’œuvre purement romanesque de l
221
r les autres, divertissant et spirituel. Pourquoi
ne
veut-on voir en Jules Verne qu’un précurseur ? Jules Verne est un cré
222
ntions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce
ne
sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Ve
223
itablement soumis la science à la poésie. Et l’on
ne
veut voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand c
224
ravers desquels ils respiraient l’air du monde ».
N’
en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civili
225
n de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il
n’
est styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants
226
ne est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui
ne
m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo
227
aine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau
n’
est autre que La Liberté. ar. Rougemont Denis de, « [Compte rendu]
228
Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce
n’
est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeux,
229
loigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je
ne
demande aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ils les favor
230
s locales. (Quant à Goethe, traité de clown, cela
ne
va pas loin.) C’est une belle rage (ô combien partagée !) vainement p
231
(quitte à renaître heureusement) sur des gens qui
ne
m’intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes
232
sur des gens qui ne m’intéressent pas ou bien qui
ne
sont pas atteints par ces épithètes drôles ou quelconques. Mais la se
233
rtie du livre est admirable ; il suffit. Le titre
ne
ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent
234
oir s’ils vont se taire ou non. Mais leur silence
ne
doit pas entraîner, à leur point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes
235
nt détesté, mais dont ils participent plus qu’ils
ne
le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « cette ré
236
rès beau style contre un monde très laid dont ils
n’
ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. Rougemont Den
237
fs pour l’une ou l’autre de ces attitudes. (Elles
ne
sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux ma
238
us nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il
ne
se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, a
239
Garine est décisif : « La Révolution… tout ce qui
n’
est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve
240
comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais
ne
l’ait point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’
241
ges de l’éthique de cet « illustre réfractaire ».
N’
est-ce point trop demander à une existence bien indécise, que son éche
242
à une existence bien indécise, que son échec même
ne
relève pas, et qui tire sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourta
243
sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourtalès
n’
hésite pas à baptiser son héros « prince de l’illusion et de la solitu
244
lusion et de la solitude ». Mais un prince rêveur
n’
est pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien
245
La qualité de l’illusion dont se nourrit Louis II
n’
est ni aussi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu
246
st qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il
n’
a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc
247
atres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce
n’
est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un livre
248
s, réussir un livre attrayant sur une vie manquée
n’
était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’a résolu d’une façon f
249
e mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement,
n’
étonnera pas ceux qui ont connu de semblables mythomanes. Le cas mérit
250
Daniel-Rops voit bien que l’épithète de mythomane
n’
épuise pas une question dont l’importance dépasse celle du cas patholo
251
se tout, peut conduire à préférer un mensonge qui
n’
est, hélas, qu’une déformation de cette réalité détestée. Le mythomane
252
crit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on
ne
le voit pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premiers
253
este, nous amusant comme des fous ». Mais non, on
ne
le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui
254
cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui
n’
ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joi
255
qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on
ne
sait plus créer avec joie des formes belles, ce monde qui devient imp
256
nommé Ford, de Détroit, a contribué davantage que
n’
importe quel autre de mon temps à faire aboutir la standardization à s
257
aire aboutir la standardization à sa fin logique,
ne
pourrait-il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son ép
258
e les signes qu’il nous propose. Une telle poésie
n’
offre aux sens que peu d’images (à peine quelques « motifs », objets u
259
douce et virile ; et quel beau titre ! « Saisir »
n’
est-ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’
260
e essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable
n’
est-elle pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est
261
onges (août 1929)az Après cet austère Pays qui
n’
est à personne paru l’année dernière — un livre assez troublant et qu’
262
it rencontrer des êtres bizarres avec lesquels il
n’
hésite pas à faire un bout de chemin, Hans le gardeur d’oies, le gueux
263
souvenirs attristés par le temps, des visages qui
ne
sont plus tout à fait les mêmes, des bonheurs qui signifient plus de
264
bonheurs qui signifient plus de désespoir qu’ils
ne
s’en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices et
265
personnages ont cet air un peu ivre et capable de
n’
importe quoi, cet air dangereux et tendre que prennent les hommes en l
266
ndre que prennent les hommes en liberté. Mais ils
ne
sont jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, un p
267
un peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui
ne
serait fait que de ces intermèdes ; pur de tout souci de vraisemblanc
268
r de tout souci de vraisemblance extérieure ; qui
ne
serait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces m
269
nous avons besoin pour croire que le monde actuel
n’
est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou,
270
st bon de proposer à la réflexion de notre temps,
ne
fût-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une tel
271
rt l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement qu’il
n’
élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on veut
272
l’état sauvage », un catholique qui s’ignore, il
n’
est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le catholi
273
e à son mépris pour la révélation évangélique. Je
ne
vois là que l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba. Ro
274
enda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce
n’
est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voix l
275
son des Clercs 11, thèse dont la Fin de l’Éternel
ne
fait que reprendre la défense contre ses adversaires de tous bords. J
276
nd cela serait ! dirons-nous, — avec le Benda qui
ne
trahit pas.) D’autre part, de plus impertinents que moi ne manqueront
277
pas.) D’autre part, de plus impertinents que moi
ne
manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la chut
278
joue de la raison ratiocinante tout comme si elle
n’
était pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui ne s
279
traire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui
ne
s’entend définir et classer choses et idées en catégories « rationnel
280
te que soit souvent son adresse de logicien, elle
ne
doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son point d
281
de l’impossible. Et quand bien même elle croirait
n’
en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en but
282
sarcasmes des extrémistes de droite et de gauche,
n’
en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui me viennent l’esprit :
283
s qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on
ne
viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la vérité tou
284
nde où tout est bon à quelque chose, où rien plus
n’
est tenu pour vrai que relativement à un rendement. Rien, pas même la
285
ménager dans un jardin à la française. Mais vous
ne
tarderez pas à remarquer que tout, ici, est original, indigène, tant
286
urs, que les animaux qui circulent. Un auteur qui
n’
imite personne court bientôt le risque de s’imiter soi-même : il sembl
287
, ou qu’il invente des animaux dont la complexité
ne
le cède en rien à celle de l’introspection la plus poussée. Il invent
288
— depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith — je
n’
avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans l’
289
ge, l’artiste fait une belle grimace : le lecteur
ne
l’imitera pas. be. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Kikou Yama
290
Ceux qui ont lu la Mort difficile de René Crevel
ne
s’étonneront ni du sujet ni de la manière de M. Jullien du Breuil. L’
291
qu’ils expriment sans doute inconsciemment et qui
n’
est rien de moins qu’une conception nouvelle de l’amour-passion : il a
292
après tant de sarcasmes contre l’enfer bourgeois,
n’
a trouvé d’autre salut que l’abandon à quelques obsessions sexuelles.
293
e de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)bg On
ne
sait presque rien de Lautréamont, sinon qu’il s’appelait Isidore Duca
294
« précurseur » d’une certaine littérature moderne
n’
a fait, en somme, que reprendre, quitte à les parodier, les grands thè
295
oins profondément que ses devanciers. Son sadisme
n’
est pas beaucoup plus « horrible » que celui des rêveries de certaines
296
de certaines pubertés ; quant à l’amour, Maldoror
ne
paraît pas de taille à le concevoir au-delà de sa tendresse pour les
297
ssitent ? Celle-ci, entre autres, que Lautréamont
ne
va pas à la cheville de Rimbaud. (Ce n’est pas avec un Dieu pour rire
298
utréamont ne va pas à la cheville de Rimbaud. (Ce
n’
est pas avec un Dieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il n’a c
299
Dieu pour rire que Rimbaud est aux prises, et il
n’
a cure de cette littérature que Ducasse s’épuise à parodier.) Il sembl
300
age gris ; leurs yeux stupides me demandent où je
n’
ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des ch
301
e pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main
n’
étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étrange nuit
302
e mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on
n’
a pas bien compris les noms, on échange, à la dérobée, des coups d’œil
303
2. La recherche de l’objet inconnu Personne
n’
a mon adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroi
304
e l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je
n’
attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier rév
305
se du courrier. J’attends la lettre, j’attends je
ne
sais quoi de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’
306
quoi de très important… Trois déceptions par jour
ne
peuvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’ap
307
s plus exténuantes, et qui sait si tant d’erreurs
ne
composeront pas un jour une sorte d’incantation capable d’incliner le
308
Dussè-je les inventer… Ah ! l’embarras de voyager
n’
est rien auprès de celui d’expliquer pourquoi l’on est parti. Cependan
309
s traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user,
ne
tarde pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô
310
lheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il
ne
pouvait perdre, et c’était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’i
311
mon avoir se fond dans une loterie qui peut-être
n’
a pas de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai
312
de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je
ne
parviendrai à le regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à pe
313
u que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous
n’
y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée v
314
e de babouches dans une mosquée vide que personne
n’
a plus l’idée de visiter. » Mais comment ne pas voir qu’un lieu qui po
315
rsonne n’a plus l’idée de visiter. » Mais comment
ne
pas voir qu’un lieu qui porte un nom pareil est par là même extraordi
316
pareil est par là même extraordinaire. Celui qui
ne
croit pas à la vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais cel
317
ns ; mais celui-là est véritablement voyageur qui
n’
a pas renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb pa
318
babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce
n’
est pas l’heure de visiter : le Père des roses est peut-être allé se p
319
able que mystérieux. Aussi, la confusion des noms
ne
comporte aucun symbole à développer noblement. Une chute dans le quot
320
ok’s tickets remplacent l’exigence intérieure. On
n’
avoue que des désirs archéologiques, d’ailleurs mensongers. Alors que
321
ntaisie, c’est bien joli !… » — Non, Monsieur, ce
n’
est pas joli, ce n’est pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et
322
joli !… » — Non, Monsieur, ce n’est pas joli, ce
n’
est pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et de mensonge, oppos
323
e l’on parlait français. J’expliquais donc que je
ne
voyage qu’au hasard, et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsieur
324
rêt », le « prix de l’action » et leur morale qui
ne
parle que d’obligations dont on ne saurait à la légère se débarrasser
325
eur morale qui ne parle que d’obligations dont on
ne
saurait à la légère se débarrasser sans courir les risques12 les plus
326
ux grandes lignes verticales peinturlurées — elle
n’
a rien d’étrange, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce n’es
327
, si l’on songe que nous sommes en Hongrie. Et ce
n’
est pas que je trouve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si j
328
e juste, mais si je me défends du pittoresque, ce
n’
est qu’amour jaloux du merveilleux, avec quoi l’on est trop souvent te
329
air de rien que nous sommes presque excusables de
ne
le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une scèn
330
sur un long corridor hanté d’ombres drapées, qui
ne
sont pas des nonnes, bien que les voûtes soient celles d’un ancien co
331
se réchauffent sur les degrés du poêle, celles-là
ne
chantant pas. Parmi elles, des Tziganes, dont l’une affreusement bell
332
eusement belle dans un peignoir noir et blanc… Je
ne
puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors
333
e café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous
ne
parlons pas : le froid paralyse la mâchoire. 6. Doutes sur la natu
334
est pour des raisons techniques. (Est-ce que cela
ne
devrait pas, au contraire, aggraver le cas ?) Or l’intérêt d’un récit
335
raver le cas ?) Or l’intérêt d’un récit de voyage
ne
réside pas dans sa vérité générale, mais bien se réfugie dans sa part
336
rticulière véracité, vertu décevante comme ce qui
ne
ressemble à rien, gênante comme un cadeau de pauvre, comme un vrai ca
337
nale, et seulement à condition de lui ressembler,
ne
fût-ce que de loin, — c’est alors ce qu’on appelait un paradoxe, du t
338
nfiniment baroque, à peine compréhensible, car on
ne
choisit pas un sujet : on est sujet. Et tout ceci n’est rien que le v
339
choisit pas un sujet : on est sujet. Et tout ceci
n’
est rien que le voyage du Sujet à la recherche de son Objet, — en pass
340
symboliquement vide. Quant à l’arbre de Noël, il
ne
devait à nulle pendeloque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je
341
e vous avez sous la langue ; je vous conseille de
n’
y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vraiment que ce qu’on a
342
onseille de n’y plus penser quelque temps… Car on
ne
trouve vraiment que ce qu’on a consenti de ne pas trouver sur l’heure
343
on ne trouve vraiment que ce qu’on a consenti de
ne
pas trouver sur l’heure. (En petit et intéressé, ce geste s’appelle c
344
de saint Étienne. Auprès du porche du Palais, ils
n’
étaient guère qu’une centaine de curieux, et quelques gardes. Traversa
345
alut, les quelques députés bourgeois en redingote
ne
répondent que du bout des doigts, crainte, sans doute, de troubler l’
346
nstable des huit reflets de leur dignité. Mais je
n’
oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adressé
347
te nue, qui exprime l’être profond de la race. On
ne
discute pas cet amour, on ne réfute pas cette haine. Ici, la sympathi
348
ofond de la race. On ne discute pas cet amour, on
ne
réfute pas cette haine. Ici, la sympathie est un devoir de politesse.
349
a volé les deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce
n’
est pas vous, maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la
350
éritable légitimité — on comprend que le Hongrois
n’
ait point conservé une extrême sensibilité aux arguments de « droit »
351
grandeur éternelle de la Hongrie — intemporelle,
n’
ayant cure des statistiques — et sa douleur aussi, douleur d’orgueil b
352
s qui emporte la sympathie car l’orgueil hongrois
n’
est point de ce que l’on gagne sur autrui, mais de ce que l’on est ; n
353
ines et des enfants. C’est parce que les Hongrois
n’
ont pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. V
354
sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on
ne
dit pas dans les dépêches d’agence : les journalistes, une fois de pl
355
is de plus, passent à côté de l’essentiel13. Rien
n’
est grave, que le sentiment, — en politique comme ailleurs. Songez à c
356
du moins, de mentir à soi-même. Mais les Hongrois
ne
renient pas leur romantisme. Quelle revanche prendrait la Hongrie, su
357
d’imaginations absurdes et de souffrances vraies,
n’
est-ce point le climat de la passion ? — C’est celui de la Hongrie14.
358
Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous
ne
venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à B
359
. Visite à Babits Personne, à ma connaissance,
ne
se plaint de ce qu’il y a peu de poètes par le monde. C’est dans l’or
360
sayer d’obtenir : que la grande majorité des gens
ne
deviennent pas enragés dès qu’ils perçoivent de la poésie dans l’air.
361
près d’être comblé dans ce pays où les courtiers
ne
donnent pas encore le ton. La littérature hongroise n’est guère connu
362
nnent pas encore le ton. La littérature hongroise
n’
est guère connue à l’étranger que par quelques pièces légères de Molná
363
er que par quelques pièces légères de Molnár, qui
n’
ont de hongrois que l’auteur, d’ailleurs israélite. Il y a, bien enten
364
tachée du flanc de la colline, pour que les vents
ne
l’emportent pas. L’après-midi est immense. Nous buvons des vins dorés
365
hension des journalistes la ruse hongroise qu’ils
ne
peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à la façon
366
e passion » — pour parler comme le seul Clerc qui
n’
ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m
367
autres, belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment
ne
pas l’être ? Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la
368
paru simultanément, et l’on annonce Hypérion. Il
ne
manquera plus que les longs poèmes de la maturité — mais ceux-là diff
369
ut obsédé. Empédocle est de ces mythes tels qu’il
n’
est peut-être pas donné à une race d’en créer plus d’un, c’est-à-dire
370
autre seulement d’une plus faible… Le grand poète
n’
est jamais abandonné par lui-même ; il peut au-dessus de lui-même, s’é
371
hauteur tout comme dans la profondeur ». Comment
ne
point songer ici au génie qui, dans le même temps, figure l’antithèse
372
t, — si ces mots séparés par des suites de points
ne
lui servaient qu’à noter des mètres, il apparaît que la traduction de
373
raduction de tels fragments est illusoire, car on
ne
peut songer à remplacer ces mots-notes par des syllabes de valeur ryt
374
nt choisis et traduits à la suite des poèmes, ils
ne
sont pas ce que ce petit livre contient de moins bouleversant. bi.
375
serais tenté de me complaire. Oh ! je sais ! — Je
ne
sais plus. — Le train s’attarde dans sa fumée, on respire une lourde
376
respire une lourde obscurité qui sent l’enfer. Je
ne
pense plus qu’ « au souffle »… Mais alors tout s’allume et voici la n
377
ivresse considérée comme un des beaux-arts Ils
n’
ont plus de noms, ils ne sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque
378
un des beaux-arts Ils n’ont plus de noms, ils
ne
sont qu’une ivresse aux cent visages, lorsque j’entre dans l’atelier
379
es, lorsque j’entre dans l’atelier du peintre. Je
ne
tarde pas à oublier ce qui est lent ou fixe ou pas-à-pas. Tout s’épan
380
stique exubérante. Quand je dis que j’observe, je
n’
observe rien. Il y a des femmes si belles qu’on en ferme les yeux. Que
381
n ferme les yeux. Quel style dans la liberté ! Il
n’
y a plus qu’ici qu’on aime l’ivresse comme un art. Et qu’on soigne sa
382
ns la sciure ou dans le gâtisme. On trouve que ça
n’
est pas distingué, et en effet, que serait un lyrisme distingué ? Il f
383
ières et les belles manières. Et quant à ceux qui
n’
ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’au
384
ir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais
n’
auront que cela, car c’est l’ivresse15 seulement qui permet à l’esprit
385
ndre ! Mais vous, derrière ma tête, Sans Noms, ça
ne
sera pas encore pour cette fois. 13. Chansons hongroises Les Su
386
e impassible. Mais rien dans la chanson hongroise
ne
rappelle la nostalgie traînante des lieder de l’Oberland : ici la mél
387
mains pleines de drôleries ou de supplication. Je
ne
sais ce que disent les paroles. Je vois des chevauchées sous le solei
388
sme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu
n’
as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer. S
389
rt pour la Hongrie sans talisman, s’il a du cœur,
n’
en revient plus. 15. La plaine et la musique L’ouverture de Stra
390
ne Symphonie-Dichtung borodinesque, mais l’erreur
n’
est imputable qu’à mon instabilité rythmique. (Trop souvent ce que je
391
s traverse ce que j’entends.) La plaine hongroise
n’
est pas monotone, parce qu’elle est d’un seul tenant. Rien qui fasse r
392
asse répétition. C’est ici le premier pays que je
n’
ai pas envie d’élaguer ; dont je ne me compose pas de morceaux choisis
393
er pays que je n’ai pas envie d’élaguer ; dont je
ne
me compose pas de morceaux choisis16. Il y a une grande ville, un gra
394
une terre vierge, je veux dire que la bourgeoisie
ne
s’y est pas encore répandue. Il y a peu de bourgeois en Hongrie. Il y
395
trams. Les habitants de Debrecen se plaignent de
n’
avoir pas ce faux confort que nous n’avons qu’au prix de tout ce qu’à
396
plaignent de n’avoir pas ce faux confort que nous
n’
avons qu’au prix de tout ce qu’à Debrecen je viens admirer. On aime le
397
versitaire tout rajeuni dans des jardins luisants
ne
m’empêchera pas de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de
398
i qu’une autre vient d’ailleurs, entraînée par je
ne
sais quel vent sonore qui l’étire et l’égare, et l’enroule et d’un co
399
l’égare, et l’enroule et d’un coup la subtilise,
ne
laissant plus qu’un long silence soutenu, comme un appel à la rafale
400
la vague toujours un peu plus haute que profonde
ne
fut l’attente, et lâche tout. C’est l’âme qui joue aux montagnes russ
401
ici que le petit train en rumeur depuis un moment
ne
redescend plus : il gouverne avec une vertigineuse docilité dans les
402
e perd avec lui vers le désert et ses mirages. On
ne
sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple
403
sert et ses mirages. On ne sait d’où tu viens, tu
ne
sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi
404
) — et me voici plus seul, avec une nostalgie qui
ne
veut pas de la romance à mon oreille d’un violoneux qui me croit tris
405
musique seule s’en souvient. Trésor si pur qu’on
ne
doit même pas savoir qu’on le possède… Tout près d’ici, peut-être, ma
406
ble. Lève-toi, pars, et sans vider ton verre — il
n’
y a pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égar
407
s eaux, je crois, s’en vont à la mer Noire, et je
n’
en connais pas les fées, c’est pourquoi je nageais à brasses prudentes
408
épiant la venue d’une joie inconnue. Joie d’être
n’
importe où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que je me heurte, c
409
me heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’être
n’
importe où. Une panique balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où v
410
i t’appelle là-bas, maintenant, maintenant, où tu
n’
es pas — et tant d’amour perdu… Un train dormait devant la gare campag
411
et cet abruti de contrôleur qui rit et me dit je
ne
sais quoi, — alors que justement j’allais rattraper, comme un pan de
412
de sur place qu’est un voyage en express. Mais je
ne
trouvais pas la pente de mon esprit, et tout en le parcourant avec un
413
puis un moment, c’est que la ligne est droite. Je
ne
sais plus dans quel sens je roule. J’aime ces heures désorientées ; l
414
rientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie
n’
est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur désert, —
415
érer nos raisons de vivre. La maladie aussi. Rien
ne
ressemble au voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au dépar
416
vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune,
ne
sachant plus en quel endroit du temps tu vis, — c’en est fait, toutes
417
pas une question de transport. Un vrai voyage, on
ne
sait jamais où cela mène, c’est une aventure qui relève de la métaphy
418
t… (Encore un qui se réveille dans ma tête.) — On
ne
voyage jamais que dans son propre sens ! — Mais il faut voyager pour
419
ger pour découvrir ce sens ! — Qu’as-tu vu que tu
n’
étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! La vie est presq
420
La vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui
ne
peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de l
421
miens, j’oubliais ma race, j’avais l’illusion de
n’
être rien que… moi-même. Identique à mon centre. Ici, comparé à tant d
422
à la tête, mais je suis innocent puisque enfin il
n’
est pas dans ma valise, ce n’est que trop certain. Cependant, « rien à
423
ent puisque enfin il n’est pas dans ma valise, ce
n’
est que trop certain. Cependant, « rien à déclarer » après des semaine
424
qu’a-t-on jamais pu « déclarer » d’important ? Je
ne
sais plus parler en vers et la prose n’indique que les choses les plu
425
tant ? Je ne sais plus parler en vers et la prose
n’
indique que les choses les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet
426
s les plus évidentes. C’est bien pourquoi l’Objet
n’
a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il n’était pas une sorte de
427
t n’a pas de nom. Parfois je me suis demandé s’il
n’
était pas une sorte de pierre philosophale. Peut-être ces deux mots su
428
-être, la cherchent. Et qui sait si vraiment elle
n’
existe plus, l’Hermétique Société18 de ceux qui ne désespèrent pas en
429
’existe plus, l’Hermétique Société18 de ceux qui
ne
désespèrent pas encore du Grand Œuvre ? Cela seul est certain : qu’il
430
ce de l’Objet deviendrait plus probable ? Ou bien
n’
ai-je su voir autre chose que la Hongrie de mes rêves, ma Hongrie inté
431
le dont tout le monde se réclame et dont personne
ne
vit… Et certes un tel amour est un amour mineur. Mais qui saura jamai
432
nant ; je me suis sans doute perdu et pourtant je
n’
éprouve qu’une étrange sécurité. Présence, présence réelle… Comme j’ai
433
Comme j’ai peine à m’imaginer que jamais plus je
ne
la reverrai, cette lumière en ce lieu, secrète et familière. Songeant
434
— mais à cet endroit, en ce temps… Qui sait si tu
ne
l’as pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… Oh !
435
vies, pour approcher de tous côtés un But dont tu
ne
sais rien d’autre que sa fuite : n’est-il pas cet Objet qui n’ait rie
436
n But dont tu ne sais rien d’autre que sa fuite :
n’
est-il pas cet Objet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais de t
437
d’autre que sa fuite : n’est-il pas cet Objet qui
n’
ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais
438
u monde, effacer ta dernière différence, — car on
ne
voit que ce qui est de soi-même, et conscient… C’est à cause d’un par
439
sentiments indéfinis, à cause de ce pari dont tu
n’
as vu l’enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu
440
ne — lit-on dans les upanishads. — Or si un homme
n’
est pas satisfait dans la lune, celle-ci le libère (le laisse aller ch
441
me de pluie. » Si je trouvais un jour l’Objet, il
ne
me resterait qu’à le détruire. (Aussitôt je commence à comprendre ce
442
endrait acceptable ce monde…) Malheur à celui qui
ne
cherche pas. Malheur à celui qui ne trouve pas. Malheur à celui qui s
443
r à celui qui ne cherche pas. Malheur à celui qui
ne
trouve pas. Malheur à celui qui se complaît dans ce qu’il trouve.
444
e de Rakoczy est l’œuvre d’une Tzigane. 18. L’or
n’
était qu’un prétexte. Déjà une blague de passeport. bj. Rougemont De
445
Approximations, 4e série (novembre 1930)bk Je
n’
ai jamais cherché rien d’autre que d’approcher mon sujet, en m’identif
446
re, je persiste à tenir pour le plus efficace. Ce
n’
est peut-être pas fortuitement que M. Charles Du Bos a placé cette par
447
es sentir moins insistants, moins concertés. Mais
n’
est-ce pas là un défaut qui relève de la nature même d’un esprit « cri
448
borde un Pater, un George non pas autrement qu’il
n’
aborderait un génie français, et sur un pied véritablement européen. L
449
l, qui déborde le plan esthétique, la littérature
ne
constitue pas moins un cas privilégié. Et parce que M. Du Bos ne cess
450
s moins un cas privilégié. Et parce que M. Du Bos
ne
cesse de la soumettre à des contrôles éthiques autant qu’esthétiques,
451
tout ensemble lui conviennent. On le conçoit, ce
n’
est pas là se rendre la tâche facile. Cernant de toutes parts son suje
452
ées, et progresse par des voies si subtiles qu’il
ne
doit qu’à un sens exceptionnel de l’orientation dans le monde de l’es
453
eur plus conscient de ses propres difficultés que
ne
saurait l’être le créateur. Car une telle conscience appartient au cr
454
s des personnages ! Mais la grandeur d’un Du Bos,
n’
est-elle pas précisément dans son refus de sacrifier jamais l’éthique