1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 s 1978)a Le terme d’engagement de l’écrivain s’ est trouvé mondialement associé au nom de J.-P. Sartre après la Deuxième
2 i totalitaire ou un groupuscule subversif, ce qui est à peu près le contraire du sens que les personnalistes donnèrent au t
3 e. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que
4 n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait
5 s rusée que les bureaucrates. La brimade étatique est beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’int
6 s un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait
7 ouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’ était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir ch
8 tances, et provoquer des adversaires plus nobles. Est -ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx
9 que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est -ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot d
10 uerelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est -ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? P
11 Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa c
12 morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est
13 presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut dénoncer. C’est pour aider à changer
14 d’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que
15 tre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque
16 é ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût -elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels
17 e. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’ est -elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Plans, Ré
18 elle révolution française. Leur anticapitalisme n’ est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marx
19 is, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’ est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère princi
20 lques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte d
21 paraître suffisant pour définir un front unique, fût -il provisoire. Le chapitre suivant s’intitule : « Ridicule et impuis
22 pensée bourgeoise et universitaire tout entière s’ était mise à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’homme, je le réc
23 ispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agi
24 usement nos angoisses ; il est certain que cela n’ est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que d
25 sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’ est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté s
26 he précise : La première tâche des intellectuels est , aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés
27 buts de ces institutions. Les buts, à mes yeux n’ étaient pas la puissance et la production, mais « une politique à hauteur d’h
28 dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’ est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit
29 st pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une
30 mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent -ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement hu
31 le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra j
32 ntasme typique du bourgeois qui ne sait pas qu’il est lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre repose sur l’idée
33 rté de penser ne doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’elle n’a plus
34 plus de condition concrète. La pensée qui agit n’ est pas libre, mais au contraire libératrice. Et c’est une tâche révoluti
35 stes, pour que l’histoire dure, — après tout ce n’ est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour q
36 nd à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’ être . Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’est jamais séparabl
37 Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’ est jamais séparable de sa création qui la sanctionne au double sens du m
38 ent et définissent une liberté de la pensée qui n’ est au vrai qu’une assurance contre toute espèce de sanction. Il est clai
39 une assurance contre toute espèce de sanction. Il est clair que cette liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne sera
40 e liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne sera jamais que servitude pour le penseur, s’il sait que la violence de sa
41 la seule autorité valable. La liberté de penser n’ est réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de pe
42 a reconnu et qui accepte le danger de penser. On serait parfois tenté de souhaiter qu’en France l’activité de l’esprit redevi
43 urtout la « mise au pas » des dictatures. Mais ce sont là brimades extérieures, dont l’injustice ou la sottise ne confèrent
44 e que je veux dire, c’est que le danger de penser est immédiat à l’acte de penser, qui se forge ses fatalités et qui se cré
45 ropres risques et périls, si libéral que prétende être le régime. « La supériorité véritable produit elle-même la provision
46 », dit Kierkegaard. Penser avec les mains ne peut être en tout temps qu’une activité subversive, non moins qu’ordonnatrice.
47 ui s’engage dans leur lecture éprouve de tout son être la présence d’une réalité éthique immédiate à chaque progrès du disco
48 Alors, n’acceptons-nous plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens
49 n nommer quelques autres : Pascal, dont la phrase est brisée par cette raison qui brise la raison ; Descartes, dont la limp
50 ques extraits : Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des mouton
51 chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis lors
52 nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’ est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été ve
53 ommis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si le mond
54 terne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’ est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que rés
55 r, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’ est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son aut
56 engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’ est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutô
57 ’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’ est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’un
58 rité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’ est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique
59 d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’ est pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est
60 sme qui a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les l
61 un Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire, ont été les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bien à
62 te de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés égarés pour un temps dans les v
63 ent » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintenant tout est rentré dans l’ordre, les m
64 ls étaient en rupture de bercail. Maintenant tout est rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’é
65 nant tout est rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais
66 77 de Situations II que le sort de la littérature était lié à celui de la classe ouvrière, écrit p. 316 du même volume : Rie
67 volume : Rien ne nous assure que la littérature soit immortelle ; sa chance aujourd’hui, son unique chance, c’est la chanc
68 e la démocratie « enfin concrète », qui règne à l’ est de l’Europe sous toutes les apparences d’une dictature. Je ne cessera
69 peu, de professer une notion de l’engagement qui fut commune, dans les années 1930 de ce siècle, à ceux qui allaient deven
70 cinq ans de retard — que le terme d’engagement ne fut pas notre invention, objectivement du moins. Voici le passage : Préo
71 , 1972. 3. Cf. J.-P. Sartre, Situations II, « Qu’ est -ce que la Littérature ? », Gallimard, Paris, 1948. « L’ouvrier de 194
72  246). Et plus loin : « Le sort de la littérature est lié à celui de la classe ouvrière » (p. 277). 4. André Reszler, L’In
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
73 L’Intellectuel contre l’Europe ( été 1978)d Voici sans doute la description la plus complète jamais te
74 entée de la mauvaise conscience européenne5. « Qu’ est -ce que l’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’il tente à
75 et la fis circuler mine de rien : « L’Européen ne serait -il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesu
76 opéen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit , et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel qu’
77 ’il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel qu’il imagine, soit avec l’une des composantes
78 tifier soit avec l’homme universel qu’il imagine, soit avec l’une des composantes du grand complexe européen, dont il révèle
79 sens critique du lecteur s’endormir une seconde ; soit par la surprise de citations souvent stupéfiantes d’auteurs qu’on cro
80 onnaître ou d’inconnus profonds et pittoresques ; soit par certaines ambiguïtés, par des raccourcis polémiques, ou par une p
81 la volonté européenne : toute musique authentique est un chant du cygne ». Ainsi désormais, jusqu’à nous, le pessimisme eur
82 l’Europe ou tout au moins de sa culture. Mais ne serait -ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouveau de l’aventure occide
83 elle, par cet acte même il s’insère ? Peut-être n’ est -il rien au monde de plus difficile à rejeter qu’une culture faite dep
84 littérature et en philosophie comme en morale, n’ est -il tout simplement que le pompier ? Voire celui qui entend faire pass
85 Bien au contraire ! Les textes cités d’Aragon ne sont d’ailleurs typiques que de l’irresponsabilité congénitale du personna
86 ge. Ses insultes contre la Patrie et la France ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront quelques années plus
87 ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront quelques années plus tard les poèmes de « La Diane française », renou
88 r sa passion pour la peinture qui, à l’en croire, était exclusivement européenne… Reste le paradoxe de la modernité et de l’a
89 en dire de sa capacité de les comprendre. Mais il serait vain de chercher si pareille situation est conforme ou hostile à la t
90 il serait vain de chercher si pareille situation est conforme ou hostile à la tradition européenne : elle est tout simplem
91 forme ou hostile à la tradition européenne : elle est tout simplement l’une des constantes des prétentions intellectuelles
92 sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale est « fondée sur une base communale ». La justice y est basée « sur le re
93 t « fondée sur une base communale ». La justice y est basée « sur le respect qu’ont pour elle les membres de la tribu, et n
94 ne d’un parti unique. La véritable anti-Europe ne serait -elle pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dénoncent
95 nation ? 4. Sur le chapitre du colonialisme — qui est sans doute décisif pour définir le rôle mondial d’une bonne Europe —
96 e rôle mondial d’une bonne Europe — André Reszler est peut-être trop bref, mais ses formulations denses et nettes sont de n
97 trop bref, mais ses formulations denses et nettes sont de nature à couper court à tous les procès d’intention qu’une certain
98 tifiaient les volontés de domination. » Voilà qui est clair, mais voici qui est mieux encore : « Terre de civilisation, l’E
99 domination. » Voilà qui est clair, mais voici qui est mieux encore : « Terre de civilisation, l’Europe n’est pas à l’abri d
100 ieux encore : « Terre de civilisation, l’Europe n’ est pas à l’abri de tout soupçon. Je ne commettrai pas l’erreur de vouloi
101 me le remarque Jacques Ellul, “notre civilisation est construite sur le sang et le vol, ressemblant en cela à toutes les ci
102 ’expansion américaine : « En Amérique, nous avons été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’
103 la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Mexiqu
104 olnar8 : « Pour Marx et Engels, la colonisation n’ est au fond que l’épiphénomène ou le corollaire d’un processus historico-
105 ds : au service de la vocation mondiale qu’elle s’ est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre survie de l’
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
106 8)f I Si l’homme, au sens de la personne, est mort ou doit mourir bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ;
107 urront encore s’épanouir les personnes, puisqu’on sera tombé, probablement, dans un système totalitaire mondial. En préparan
108 ort de Dieu entraînant la mort de l’homme ne peut être qu’une fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’était pas
109 ne peut être qu’une fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mo
110 sse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’ était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait
111 it mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu, était mort, comment le saurions-nous ? Personne n’a jamais dit : « je suis
112 le saurions-nous ? Personne n’a jamais dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu’il ment. La phrase ne sera jamais dit
113  » sans démontrer par là qu’il ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière chac
114 l ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans faciles à
115 rase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans faciles à écarter — mais
116 n rivage… va s’effacer. » Le dessein bien affirmé est de dissoudre l’illusion de l’homme personnel, de l’homme sujet de son
117 nts l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss), il sera rendu à l’innocence, car on ne condamne pas un prévenu si l’on peut d
118 mne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’il n’ était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais
119 démontrer qu’il n’était pas responsable, que ce n’ est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le dominait
120 . L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’il n’ est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du même cou
121 ont il admet que l’activité de l’homme occidental serait le facteur principal d’accroissement. J’accepte sans réserve cette p
122 u problème. Pour moi, l’anthropologie évangélique est tout simplement la christologie — je vais dire pourquoi — d’où procèd
123 s ». L’anthropologie évangélique et paulinienne a été la première à parler de la « mort de l’homme ». Paul revient sans ces
124 ssité pour le « vieil homme » de « mourir ». Il n’ est question que de « dépouiller le vieil homme », de devenir une « nouve
125 veaux » de l’utopie dont on nous parlait hier, ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce que le « vieil homme 
126 ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’ est -ce que le « vieil homme » ? C’est l’homme naturel, l’homme de chair,
127 chains, car l’unicité même de sa vocation ne peut être assumée, agie, réalisée, que dans la réalité d’une communauté. Le ter
128 réalité d’une communauté. Le terme de personne a été élaboré par les grands débats conciliaires de Nicée (325) et de Chalc
129 e Saint-Esprit que les évangiles présentent comme étant tous les trois Dieu ? Pour ces trois fonctions différentes d’une seul
130 ndiquant un rôle tragique ou comique), puis avait été transféré au citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Die
131 à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Dieu était une seule essence manifestée en trois personnes ou rôles : le Père, l
132 rôles : le Père, le Fils, le Saint-Esprit. Et ce fut la deuxième personne qui fournit le modèle de la personne humaine. El
133 ui fournit le modèle de la personne humaine. Elle était la coexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ
134 nne humaine. Elle était la coexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vra
135 seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme à la fois ». C’est à partir de cett
136 istologique, antinomique, de la personne humaine, sera mis en forme par les frères de saint Victor, par Thomas d’Aquin, par
137 ses, explique que l’homme au sens moderne ne peut être pensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas,
138 it pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet est une création de la science moderne, mais pas du xviiie siècle : de D
139 un peu aberrante de la glande pinéale. Si l’homme est un doublet empirico-transcendental, il mourra donc avec la science ca
140 vérifie historiquement. Le dogme de l’Incarnation est en effet à l’origine de la science européenne. Comment imaginer des s
141 ans un monde — l’Inde par exemple — où la matière est illusion, voile de Maya ? En Europe, la matière a été reconnue par Di
142 illusion, voile de Maya ? En Europe, la matière a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’est incarné en elle. Descart
143 re a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’ est incarné en elle. Descartes (évidemment pour cette raison) : « Celui q
144 christologie et de toutes les valeurs qui en ont été déduites (à tort ou à raison d’ailleurs9). Il y a dans toute l’œuvre
145 où le dit-on hors de Paris ?). La « sauvagerie » est une notion spécifiquement européenne, voire plus précisément français
146 ilité personnelle augmente les chances du ça, qui est la tyrannie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’est pas vo
147 les chances du ça, qui est la tyrannie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’est pas vous qui parlez ou agissez —
148 ie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’ est pas vous qui parlez ou agissez — nous répètent les structuralistes —,
149 ur l’en dispenser. Le danger du structuralisme n’ est pas que cette doctrine fasse des millions d’adeptes, et qui décident
150 e ne rien faire parce que ça se débrouillera et n’ est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose les E
151 se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose les Européens à un état de passivi
152 lité. Car l’Europe ne se fera pas toute seule, ne sera jamais faite par le ça, mais uniquement par des personnes, à la fois
153 é, cesser de dire qu’on n’y peut rien. Le civisme est le fait de la personne. Mais point de personne hors d’une communauté,
154 encore la faut-il assez petite pour que l’homme y soit un prochain, un semblable pour qui l’on puisse agir. La personne se d
155  mort de l’homme », le projet d’une Europe qui ne sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères
156 nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera contre le puritanisme si l’on pense qu’il dérive nécessairement du ch
157 dérive nécessairement du christianisme (ce qui n’ est pas le cas), mais pour s’il est commandé par Staline, par Mao ou simp
158 ianisme (ce qui n’est pas le cas), mais pour s’il est commandé par Staline, par Mao ou simplement par Berlinguer. f. Roug
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
159 ncipe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’elle est peu vue. L’élimination des derniers droits de douane entre les neuf p
160 de douane entre les neuf pays du Marché commun s’ est effectuée le 1er juillet 1977, dans l’inattention générale. C’était p
161 éresse au sens fort les Européens d’aujourd’hui n’ est pas d’abord celle de l’économie et du libre-échange commercial, mais
162 question : de quelle Europe parlent-ils ? Quelle est l’Europe qui selon eux « agonise » ? Si c’est « L’Europe des Neuf »,
163 un. Et qu’on essaie alors de montrer sérieusement soit les raisons de son échec relatif, soit en quoi et pourquoi l’institut
164 rieusement soit les raisons de son échec relatif, soit en quoi et pourquoi l’institution aurait fait faillite et comment « B
165 udrait à la mort de l’Europe tout entière, ce qui est très loin d’être évident. S’il s’agit de l’Europe des États plus ou m
166 de l’Europe tout entière, ce qui est très loin d’ être évident. S’il s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou
167 ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle 
168 rente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pas « ago
169 ment jubilant, annoncer et accepter que tout cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas nous ? Aux yeux des journalis
170 que tout cela soit perdu, — comme si tout cela n’ était pas nous ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres, on d
171 gers, de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Mais sont -ils bien conscients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort concr
172 t le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationalistes 
173 de l’Europe dont ils parlent. Cette « Europe » ne serait -elle qu’un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’une alliance d’
174 ne alliance d’États souverains ? Ne doit-elle pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays, de leurs probl
175 Balkans, et de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’il soit bien entendu que cette chronique parlera de l’Europe vécue, celle des
176 t de ceux des neuf pays dont les gouvernements se sont associés à Bruxelles en vue d’harmoniser leurs politiques industriell
177 années presque nulles ? L’Europe a-t-elle cessé d’ être « le mot le plus ennuyeux de la langue française » comme l’écrivait l
178 uestion que se posent les états-majors des partis est la suivante : l’élection à l’assemblée européenne verra-t-elle ou non
179 ré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne serait même pas mentionnée par la presse. Un fait demeure : en France du moi
180 d rien venir d’outre-Manche — l’Europe ne cesse d’ être « ennuyeuse » que si elle ranime les querelles de partis. Voilà donc
181 erelles de partis. Voilà donc la passion, mais où est l’Europe ? On ne voit plus que les partis. Qui va traiter des vrais p
182 » (p. 35). On propose aujourd’hui cette élection. Est -il comblé ? Il en tremble de rage au contraire, disons de sainte indi
183 ues contre toute forme d’union de l’Europe qui ne soit pas l’Europe française. Pour Michel Debré, les choses sont simples, i
184 l’Europe française. Pour Michel Debré, les choses sont simples, insupportablement simples, comme elles le sont toujours aux
185 imples, insupportablement simples, comme elles le sont toujours aux yeux de l’homme en colère. Le régionalisme, qui est très
186 x yeux de l’homme en colère. Le régionalisme, qui est très solidement installé en Italie comme en RFA, qui est inscrit dans
187 s solidement installé en Italie comme en RFA, qui est inscrit dans la nouvelle Constitution de l’Espagne et plus encore dan
188 Grande-Bretagne, le régionalisme donc, ne cesse d’ être utopique, aux yeux de Michel Debré, que lorsqu’il révèle ou plutôt tr
189 nature de « complot contre la France ». M. Debré est fermement persuadé que les fédéralistes européens ne pensent qu’à ça 
190 « Les soi-disant régionalistes, déclame-t-il, ne sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’il exècre au point d’aller
191 l ajoute : « Un des grands auteurs supranationaux est Denis de Rougemont. Il est Suisse, donc Européen à bon compte. » (Je
192 auteurs supranationaux est Denis de Rougemont. Il est Suisse, donc Européen à bon compte. » (Je me permets de signaler ces
193 paraît difficilement évitable, dans la mesure où seraient pris au sérieux les propos de l’ancien Premier ministre.) M. Debré po
194 inistre.) M. Debré poursuit : « Son dernier livre est dédicacé (sic) à tous les peuples qu’écrase le colonialisme français 
195 , ici visé, ni ailleurs. Notre coléreux étourdi s’ est visiblement trompé de titre.) Conclusion : « Le livre infâme de Rouge
196 n effet, si la France n’existait plus, comme tout serait simple ! » On notera que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’i
197 ouvait tout de même pas leur révéler que ce titre était celui d’un livre « infâme ». IV. Vertus et vices selon la religion
198 fait penser au mot de Talleyrand : « tout ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait chez Debr
199 au mot de Talleyrand : « tout ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait chez Debré tout autre
200 ut ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait chez Debré tout autre chose que l’intention d’ins
201 y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en pareil cas. Il devient en revanche hautement intéressant de
202 stime justifié d’en venir à de telles extrémités ( fussent -elles seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusion
203 écrets, le cas échéant : taxer un livre d’infamie est un procédé typiquement terroriste, au sens précis de la Terreur exerc
204 ns donc la religion qui peut les expliquer. Telle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre europée
205 ts au Centre européen de la culture16. Et nous ne sommes heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous apprend « 
206 royants des trois religions abrahamiques.) Quelle est la religion de Michel Debré ? C’est celle de la France déifiée, de la
207 en dépend18. De cette religion simple, les vertus sont naïves : elles se réduisent en somme à l’unité et à l’indivisibilité
208 et imposer sa place naturelle dans le Monde, qui est la première, de Gaulle l’a dit. En revanche, les péchés sont légion,
209 mière, de Gaulle l’a dit. En revanche, les péchés sont légion, comme prévu. Si le premier se nomme supranationalité (voir pl
210 r plus haut), le nom du deuxième ne peut même pas être prononcé : c’est l’ignoble perversion de « l’infranational », du régi
211 e péché contre l’esprit des jacobins. Et le reste est fédéralisme, solidarité hypocrite permettant en réalité aux Autres d’
212 à l’anarchie, à l’infamie : « Dans le faux, tout est possible », dit la Logique de Vienne… Ces vices et ces vertus, à l’éc
213 édérée, si l’on en croit Michel Debré. La réponse est gênante. Pour lui. La France des jacobins et de Napoléon est en effet
214 . Pour lui. La France des jacobins et de Napoléon est en effet le seul pays d’Europe qui ait imposé tout à la fois et par l
215 ois auparavant, affichait dans Paris : « L’Avenir est votre affaire », pour annoncer son colloque « d’expérimentateurs soci
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
216 édérée : même avenir (printemps 1979)i Nous ne sommes pas réunis pour ébaucher un programme d’action militante, une politiq
217 logistes ! » (Je l’ai lu hier encore.) L’Écologie serait « une douce manie de rousseauistes épris d’idylle et entretenant la n
218 éclairage à la bougie ».) Ou au contraire : elle serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaire
219 s écologistes adversaires du nucléaire qu’ils ont été « traumatisés par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, eux n’ont
220 ent des institutions existantes ». Ces mouvements seraient « soutenus » (entendez : payés), affirme-t-on à l’EDF, par les « banq
221 Sakharov dit au contraire, selon Le Monde, qu’ils sont payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit que l’é
222 se. En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie n’ est pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’elle est
223 on mérite, mais sur les visées politiques qu’elle est censée traduire tout en les dissimulant. 2. Dans les écoles primaire
224 r les centrales nucléaires : celles-ci, bien sûr, sont « nécessaires », elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les en
225 celles-ci, bien sûr, sont « nécessaires », elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ce
226 sont « nécessaires », elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais si l
227 tion le rappellerait aussitôt à l’ordre, car « il est interdit de faire de la politique à l’École ». D’où cette nouvelle dé
228 tte nouvelle définition de la politique : si l’on est pour le nucléaire, on fait de l’information, si l’on est contre, on f
229 r le nucléaire, on fait de l’information, si l’on est contre, on fait de la politique. En fait, l’écologie est un terme cré
230 tre, on fait de la politique. En fait, l’écologie est un terme créé par le biologiste Ernst Haeckel en 1882, au moment où s
231 ans l’aide desquelles la guerre de 1914 n’eût pas été concevable. Développements presque aussitôt suivis par l’agression eu
232 naperçu, d’écologie, désignant les « rapports des êtres vivants avec leur milieu naturel ». « Écologie » va reparaître après
233 c. Aux yeux des politiciens de droite, l’écologie est un complot contre « la société existante », aux yeux des politiciens
234 s politiciens de gauche, sa fin principale paraît être « d’enlever des voix au parti socialiste » ou de défendre les privilè
235 dans son ensemble, c’est très simple : l’Écologie est une réaction de défense (peut-être de rejet) contre la civilisation i
236 , nous considérons ici le souci écologique, qui s’ est manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’est constitué en m
237 anifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’ est constitué en mouvement de plus en plus nettement politique après la c
238 éconisée dès lors par plusieurs gouvernements. Il est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première par
239 eurs gouvernements. Il est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première partie du monde à s’être dévelo
240 é d’abord en Europe, première partie du monde à s’ être développée industriellement, donc à avoir subi l’agression mécanique.
241 on mécanique. On nous dit : « Le souci écologique est un souci de riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par
242 turels et les communautés humaines. L’Agression s’ est produite d’abord en Europe, au xixe siècle puis aux USA. Elle s’éten
243 dire, peut-être en simplifiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’économie (ou de
244 gouvernements de nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus contrai
245 r sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus contraints de créer des ministères de l’Environnement (signes des
246 mèdes efficaces, les titulaires de ces ministères sont les premiers à le reconnaître.) Si la croissance de la civilisation i
247 la puissance, c’est-à-dire finalement la guerre, est un principe de leurs développements concomitants, et demeure leur « h
248 iel, du « développement ». De même, l’État-nation est né de la volonté d’uniformiser les humains, d’écraser leurs différenc
249 n de stimuler et de convaincre). L’École primaire est l’instrument par excellence de l’État-nation centralisé. Pour l’École
250 lisé. Pour l’École primaire, l’esprit de l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler » de certitu
251 s mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts, agric
252 ntraîne des exigences régionales. Mais l’obstacle est le même dans les deux cas : l’État-nation. Exemple : quand la CEE pro
253 ue pays pollue souverainement, et s’assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés… Même jeu quand il s’
254 iècle par les personnalistes à l’État-nation : il est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échell
255 nimateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation est donc l’obstacle commun aux solutions écologiques et régionales, d’où
256 osse, Flandres, Alsace, Corse, Sud Tyrol, etc. Ce sont les plus évidentes, les plus pittoresques, les plus explosives, celle
257 inentale. Le principe de répartition des pouvoirs est des plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au n
258 ulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une p
259 onfiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipali
260 onomie, à reprendre en main leurs destins »20. Il est faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a démo
261 leurs destins »20. Il est faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a démontré le contraire, d’une man
262 a première élection du Parlement européen. — S’il est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’on croyait
263 qui semblait endormie ou qu’on croyait perdue, s’ est réveillée par l’intervention imprévue des régionalistes et des écolog
264 vue des régionalistes et des écologistes ; — s’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci s
265 , ni celle-ci sans des régions à sa base ; — s’il est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’à
266 ai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’à l’échelle régionale ou continentale, jamais à l’échelle
267 e combat, mais bien : même avenir. Un combat peut être perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’imp
268 iser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Eur
269 eprise par le Shah avec l’aide des États-Unis, ne serait -elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
270 s partenaires de la France dans l’Europe des Neuf sont de jeunes nations. L’on comprend que celles-ci soient moins attachées
271 nt de jeunes nations. L’on comprend que celles-ci soient moins attachées à leur identité que nous ne le sommes. Un sondage pu
272 nt moins attachées à leur identité que nous ne le sommes . Un sondage publié par la CEE de Bruxelles fin janvier 1979 donne le
273 que l’Irlande, très jeune nation (toutes les deux étant îles de surcroît), de « perdre son identité dans une union européenne
274 Pentagone. Naturellement, les industries vitales seront réparties sans notre accord ; naturellement, notre force nucléaire se
275 à petit démantelée ; naturellement, notre langue sera éliminée ; sans nul doute les principes et les objectifs de l’éducati
276 es et les objectifs de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monume
277 l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront traduites
278 isemblable que les inscriptions sur nos monuments seront traduites en « volapük ». À ces fantasmes, on ne saurait opposer que
279 onservée même depuis l’adhésion de trois pays qui sont , ou bien anglophones, ou bien, en tout cas, éloignés du monde latin.
280 as de changement radical dans cette situation. En sera-t -il de même quand de nouvelles adhésions se présenteront ? C’est à voi
281 oins brève échéance, une « masse critique » où il sera simplement impossible de maintenir le régime linguistique actuel, par
282 and s’imposeront alors, qui pourrait le nier ? Il serait sage de s’en tenir là, non pas à cause de la valeur intrinsèque (litt
283 s trois-là, mais parce que, si la solution idéale est impossible, on choisit la plus pratique. Il suffirait alors que les f
284 e universel de l’Assemblée européenne, le général est positif : « On ne fera pas l’Europe si on ne la fait pas avec les peu
285 e Murville comme ayant déclaré : « Une fédération est une confédération qui a réussi. » M. J. Vendroux, beau-frère du Géné
286 clare à l’Assemblée nationale, en 1959, « qu’il s’ est toujours montré partisan d’élections européennes ». En revanche, en 1
287 1, il déclare à la Chambre qu’il s’honore d’avoir été l’un des membres du groupe de travail F. Dehousse « qui a rédigé le p
288 acro-sainte souveraineté nationale ? La réponse a été donnée dès 1945 dans un volume intitulé Demain la paix 27 par un aute
289 Bruère : La souveraineté nationale, assurait-il, est « un dogme périmé… Depuis cinquante ans, c’est une erreur… Nos descen
290 à demi-sauvage de la vie des nations… Les nations sont toujours vivantes, mais leur pleine souveraineté est morte ». Bruère
291 toujours vivantes, mais leur pleine souveraineté est morte ». Bruère était le pseudonyme de résistance de Michel Debré. À
292 mais leur pleine souveraineté est morte ». Bruère était le pseudonyme de résistance de Michel Debré. À qui se fier ? IV. D
293 se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’il est un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’hui se réclament avec pa
294 urope des régions dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle les « hérisse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’ell
295  infâme » et « criminelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupés ici même, c
296 admos 28 , et les deux volumes collectifs qui s’y sont ajoutés, de 1963 à 1979. La thèse des gaullistes durs sur la région e
297 1979. La thèse des gaullistes durs sur la région est totalement négative. Dans les deux volumes de M. Edmond Jouve cités p
298 x volumes de M. Edmond Jouve cités plus haut, qui sont censés rassembler tous les discours, propos et textes du Général et d
299 principaux ténors de la doctrine — dont M. Debré est le plus souvent et le plus volontiers cité par Jouve — n’ont cessé de
300 lamer que le régionalisme assimilé au séparatisme était l’une des formes les plus pernicieuses du « complot de l’Étranger » d
301 sait-il bien de la doctrine du Général ? Celle-ci est exposée pour la première fois dans son principe et dans ses développe
302 l n’y avait pas de doute : l’intention du Général était de mettre la régionalisation en place et de se retirer ensuite. (p. 1
303 e : Eh bien, je vais vous dire, si ça marche, ce sera très bien, naturellement ; si ça ne marche pas, ce sera très bien aus
304 rès bien, naturellement ; si ça ne marche pas, ce sera très bien aussi… (p. 19) Le 24 avril, au général Lalande, chef de so
305 jor particulier, il confie : Même si j’échoue je serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me con
306 e serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur
307 seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. (p. 25) Le
308 enir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. (p. 25) Le lendemain, il réitère, cette fois
309 engager le destin de la France, parce que, si je suis désavoué… sur ce sujet capital… je cesserai aussitôt d’exercer mes fo
310 ipation des citoyens et petites unités régionales sont en étroite dépendance. Pour ma part, j’ai toujours défini la région n
311 rai pourquoi il fallait faire cette réforme… Elle était absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. (p. 131) Ce
312 que « partir sur le refus d’une grande réforme n’ est pas mauvais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regret
313 s de la pensée gaullienne, sur le thème régional, sont -ils donc les fédéralistes européens ? Il y aurait beaucoup à nuancer,
314 en. Rappelons d’abord que l’Allemagne fédérale a été divisée par les Alliés de 1945 en onze « Länder », dans l’intention a
315 mique, sociale et politique de la RFA. L’Italie s’ est dotée, en 1946, après la chute du fascisme, d’une Constitution qui pr
316 Haut-Adige ; et de régions semi-autonomes qui ne sont devenues réalités qu’en 1970. Le régime régional a permis l’accession
317 garantie de leur autonomie. Plus frappante encore est l’évolution récente des trois pays qui ont forgé les premiers modèles
318 linguistiques. En France, le général de Gaulle a été le premier à déclarer que la formule de développement de son pays n’é
319 rer que la formule de développement de son pays n’ était plus la centralisation, mais la région. L’organisation de 21 « région
320 anisation de 21 « régions de développement » s’en est suivie, chacune groupant de trois à huit départements. Plusieurs de c
321 u naguère annexées, de leurs libertés primitives, est devenu l’un des problèmes majeurs du Royaume-Uni, et l’évolution se p
322 relais londonien. Mais, disent les Anglais, « il est ridicule d’avoir des assemblées pour les Écossais et pour les Gallois
323 main de la restauration de la monarchie libérale, est sans doute exemplaire, et la meilleure annonciatrice du proche avenir
324 es, de provinces et des communautés autonomes qui seront constituées. Toutes ces entités jouissent d’une autonomie pour la ges
325 t. En Belgique, un projet de Constitution révisée est en voie d’élaboration depuis plusieurs années. Il prévoit une réparti
326 ton de Genève, la Haute-Savoie et le pays de Gex, est dotée d’une commission franco-suisse nommée par les gouvernements. De
327 par les gouvernements. Des institutions analogues sont entrées en fonction dès 1975 dans la Regio Basiliensis et dans l’Eure
328 niveau régional des ressortissants d’un pays de l’ Est et de deux pays de l’Ouest. VI. Déclaration de Copenhague Adopt
329 . L’organisation politique de l’Europe en régions est la condition d’un développement harmonieux et pacifique des peuples e
330 que nous faisons nôtres, la région en Europe doit être définie comme le territoire d’une communauté humaine : « Cette commun
331 lle-ci sa personnalité et le désir d’exister et d’ être considérée comme une unité. » En aucun cas, le découpage régional ne
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
332 omiste ou réductionniste de modèle marxiste. Il n’ est pas né de quelque stade spécifique de l’économie, ni d’une géographie
333 ie, ni d’une géographie éminemment variable. Il n’ est pas né de telle étape ou de telle conjoncture historique de l’Empire
334 science diffuse et très tardive de sa chute. Il n’ est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes, de Ro
335 ce et de la Réforme. Création culturelle s’il en fût , unité composée contre toute vraisemblance, irréductible à tout systè
336 oyens de production », le phénomène européen peut être décrit comme résultant de prises de conscience successives, nées chaq
337 on ose dire — de la défection générale dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dante, 1308
338 ler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’ est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne reconna
339 s luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds e
340 elles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds en efforts cont
341 es, et tu te perds en efforts contradictoires. Tu es malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibili
342 au nom du Saint-Esprit, annoncent : « Combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu
343 rit, annoncent : « Combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. » Deux siè
344 ien il est agréable de vivre avec des frères et d’ être fondu en un. » Deux siècles et demi plus tard, le grand humaniste Æ
345 s notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe, ses mer
346 kiewicz, jusqu’aux admirables appels de celui qui fut sans doute le plus grand lyrique de l’idéal d’union européenne dans t
347 alogie des relations entre la culture et l’Europe est celle des penseurs politiques imaginatifs. Elle va du roi de Bohême G
348 aix perpétuelle (1795), texte fédéraliste s’il en fut , dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États »
349 urs plus lourds et la hausse des prix, ne peuvent être enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux Princes et pa
350 vent être enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux Princes et passe aux Peuples. (C’est la doctrine rousseau
351 ns sa pureté.) Le projet de fédération européenne est défini avec une grande rigueur dans ce traité, où le dogme de la souv
352 lors de la substitution de l’État au Roi en 1793, est expressément dénoncé comme « absence de légalité » et « source de gue
353 . Pour Hegel, une génération plus tard, l’Europe est vraiment « la fin de l’Histoire dont l’Asie est le commencement ». El
354 e est vraiment « la fin de l’Histoire dont l’Asie est le commencement ». Elle est le lieu où se couche le soleil physique «
355 ’Histoire dont l’Asie est le commencement ». Elle est le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil int
356 ste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner les esprits, les corps, et les réflexes
357 sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à sau
358 alité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de ses raisons de
359 ropéenne, ni mieux consciente de ses raisons de l’ être , qu’à la veille de l’agression totalitaire : son impuissance à orient
360 orienter ou seulement à influencer si peu que ce soit la politique des États-nations n’en apparaît que plus décourageante.
361 nglais, belges, hollandais, allemands et suisses, est animée par des « intellectuels » encore peu connus — et pour cause :
362 scistes et des nazis34. Mais pour original qu’il soit , pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance de neuf
363 x camps, menant une lutte commune et clandestine, est -il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse
364 ités les « Rencontres internationales de Genève » est justement celui de l’Esprit européen. Un an plus tard, le problème po
365 olitique numéro un, sujet du congrès de Montreux, sera l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946
366 e à sauver. Beaucoup de choses significatives ont été dites sur le problème européen durant ces conférences et les débats p
367 Mais pour quelles suites ? Peu de participants se sont engagés. Je les compte sur les doigts d’une main : 5 ou 6 sur 36 orat
368 crois bien. Certes, leurs thèses principales ont été reprises un peu partout (notamment quelques-unes des miennes par Malr
369 e que l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n’ est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je formera
370 ut le moins les conclusions. La deuxième solution est retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Roy
371 n Centre européen de la culture : l’un et l’autre seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent e
372 e vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus, contre 300 et 4
373 xceptés. Mais quelques noms si prestigieux qu’ils soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des congrè
374 is résolutions qu’elle a votées, vingt-et-une ont été suivies de réalisation : proportion certainement inégalée dans l’hist
375 t de Lausanne sur les « intellectuels européens » est resté nul, sinon même négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas
376 ens » est resté nul, sinon même négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes
377 me négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se trouvent dé
378 e et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture française, pas plus que d’une culture hollanda
379 s que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. C’est en visant
380 is cette unité de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort
381 écrit du même auteur38, on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agon
382 on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle « fait ea
383  », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaî
384 sant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que seule « la p
385 t appuyer la cause de la fédération européenne ne sont pas ceux qui se prévalent de la supériorité culturelle de l’Europe ;
386 de Progrès. Les vrais Européens d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se
387 erre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est celui de son aménagement. Et que l’Europe seule peut en offrir le mod
388 que le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemple n’ est pas le meilleur moyen d’agir sur les hommes, c’est le seul ». Appen
389 nce, Remizov, G. Ferrero, Carl Burckhardt… Toutes sont résolument « européennes » à la fois dans leurs finalités culturelles
390 ralistes français, européens, ou mondiaux. Rien n’ est moins à la mode que l’Europe, sinon son union fédérale, dans les mili
391 s en cette fin des années 1970. 32. L’Europe n’ était guère représentée, jusqu’à l’époque carolingienne, que par les « cart
392 l’intérieur du continent. 33. « Marché commun » est déjà proposé par Nietzsche dans un de ses Fragments posthumes. Voir a
393 oupçonner à quel point leur politique de désunion est fatalement une simple politique d’entracte — […] on méconnaît et on d
394 nion (G.-B.), etc. Le vocabulaire personnaliste y est partout perceptible. 36. Umberto Campagnolo fondera deux ou trois an
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
395 mmune et une coopération La culture européenne est l’unité de base sur laquelle l’union de l’Europe peut encore s’édifie
396 union de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’ être . Elle s’est constituée au cours des siècles par la composition sans p
397 rope peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’ est constituée au cours des siècles par la composition sans préméditation
398 . Les couvents de la civilisation bénédictine ont été les couveuses de la culture commune qui va éclore dans les cités comm
399 e, Cracovie, Tubingue… Les universités naissantes sont des communes. Qu’est-ce qu’une commune, au xiiie siècle ? C’est le c
400 Les universités naissantes sont des communes. Qu’ est -ce qu’une commune, au xiiie siècle ? C’est le corps des habitants d’
401 l’universitas magistrorum atque scholarium. Elles sont aussi des corporations du savoir : universitates studii et scientiaru
402 elles relèvent de l’empereur (parfois du roi) et sont donc « immédiates à l’empire », lequel devient le garant de leurs lib
403  d’immédiateté impériale » : en effet, le Gothard est le seul col qui relie au croisement des deux principales chaînes alpe
404 1 les trois communes (aujourd’hui cantons), elles sont qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie sièc
405 ntons), elles sont qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie siècle les communes ou corporations du
406 rien de national au sens actuel. La Sorbonne, qui sera le collège le plus célèbre de l’Université de Paris, compte parmi ses
407 é, Thomas d’Aquin, un jeune prince napolitain qui est le petit-neveu de l’empereur Frédéric Barberousse ; Bonaventure, qui
408 qui vient de la Belgique ; enfin, Duns Scot, qui est Écossais. Parmi les maîtres importants, il se trouve, c’est sans dout
409 n hasard, que pas un seul durant ce demi-siècle n’ est français. L’université, c’est l’Europe. Les maîtres groupent autour d
410 oir » à l’autre. Ainsi les professeurs de Bologne sont -ils choisis par les étudiants et révocables par eux seuls. Ces étudia
411 évocables par eux seuls. Ces étudiants d’ailleurs sont d’âges très variés, de 16 à 75 ans, tous mêlés. La « liberté académiq
412 berté académique » — comme on dira lorsqu’elle ne sera plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine et ent
413 e ne sera plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne s’appelle encore que
414 ne s’appelle encore que la chrétienté, n’a jamais été plus européenne. II. De l’autonomie à l’étatisation Avec ses se
415 che par la libre discussion. La période médiévale est l’âge par excellence des oppositions et des contradictions, du sic et
416 oppositions et des contradictions, du sic et non, étant bien entendu que ces oppositions se situent à l’intérieur même de l’U
417 re, même lorsqu’une autorité interne ou externe a été appelée à trancher le débat… La grande époque du Moyen Âge ne se cara
418 rrorisme, paralysant l’esprit de libre recherche, est la négation même de cette Université que le Moyen Âge a inventée. » J
419 de l’Université, à partir du déclin du Moyen Âge, sera celle d’une longue décadence, aussi nommée nationalisation de l’ensei
420 posé par Napoléon ; le moteur de cette involution étant le besoin qu’éprouvent les clercs d’intervenir dans les luttes politi
421 r pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’il soit , lequel en profite aussitôt pour décorer, récupérer, embrigader en la
422 principes de la morale et de la politique. Telle fut l’Université de Paris et ensuite la Sorbonne ; telles sont, en Italie
423 iversité de Paris et ensuite la Sorbonne ; telles sont , en Italie, les universités de Pavie, de Pise et de Padoue ; en Allem
424 ; chez les Turcs, le corps des Ulémas. Ces corps, étant les premiers défenseurs de la cause de la morale et des principes de
425 pes de l’État, donneront les premiers l’éveil, et seront toujours prêts à résister aux théories dangereuses des esprits qui ch
426 gendarmerie intellectuelle, dont le grand Maître est le général en chef, et où les recteurs ont rang d’officiers supérieur
427 e durant la plus grande partie du xixe siècle et sera remplacé par celui de « Facultés », qui implique l’abandon de toute i
428 er. Séparées les unes des autres, les Facultés ne sont plus que des écoles professionnelles au service de l’État-nation et d
429 our à la grande liberté médiévale. Mais quels que soient les mérites intrinsèques du projet de réforme d’Edgar Faure, un fait
430 près de 180 000 étudiants. L’ancienne Sorbonne a été divisée en treize instituts distincts, qualifiés tout à fait abusivem
431 s les autres pays d’Europe. Le gigantisme, loin d’ être éliminé, a donc été reporté du tout sur les parties, et la vertu tota
432 urope. Le gigantisme, loin d’être éliminé, a donc été reporté du tout sur les parties, et la vertu totalisante qui est cell
433 tout sur les parties, et la vertu totalisante qui est celle qu’on doit atteindre d’une universitas studii est définitivemen
434 lle qu’on doit atteindre d’une universitas studii est définitivement évacuée. C’est pourtant dans le retour aux petites uni
435 nt et favorisant l’échange interdisciplinaire qui est en fait échange des points de vue. Et je ne dis pas que les voies et
436 s pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient facilement imaginables, je dis seulement que la survie de la culture
437 ons d’une renaissance des universités européennes sont donc les mêmes que celles dont dépendent le sauvetage de notre enviro
438 je terminai ma description de la tour de Babel qu’ est devenue l’Université, juxtaposition de spécialistes dont aucun n’ente
439 veries, et de les comparer, peut-être, à ce qui s’ est fait par la suite à Florence, sous le nom d’Université européenne. D
440 vités intellectuelles de cette communauté peuvent être définies à grands traits comme suit : Quant à la forme : peu ou point
441 es risques et périls : toute déclaration publique est obligatoirement suivie d’une discussion réglée. Ici l’on n’impose pas
442 ir à la même spécialité. Quant au contenu : seuls sont portés au programme les sujets par essence interdisciplinaires. J’ent
443 sciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos facult
444 Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’avais à participer aux a
445 ventions ou découvertes de la science et des arts sont -elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utili
446 ts Combinatoria. Mais cet Institut de synthèse ne serait -il pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien
447 our fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
448 ne non lié à un lieu. 2. La production d’utopies est dans la nature de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas
449 opies est dans la nature de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des trai
450 st dans la nature de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des traits spéci
451 i rien n’appartient, n’appartient plus à rien. Il est le Réalisé, en complète indifférence au monde et aux affaires du mond
452 t détachement de tous liens. Sans feu ni lieu, il est comme Shiva le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est sa
453 le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est sa demeure, le Ciel son toit. — bouddhisme : selon l’un des fondateur
454 eurs de cette doctrine en Chine, « la non-demeure est la nature originelle de l’homme. » — judaïsme et christianisme : ces
455 sur la Terre », ou déclarent que « dans les cieux est notre droit de cité » (notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les
456 -topique de l’homme — et cela d’autant plus qu’il est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’il demeure plus animal ou
457 tant de « clins d’œil hors du où »45. Ce lieu qui est non-lieu physique (ou-topos), mais lieu réel de l’aventure spirituell
458 e différence fondamentale : la Nouvelle Jérusalem est à la fin des temps, bien plus : sa venue marque la fin des temps, ell
459 ien plus : sa venue marque la fin des temps, elle est dans « ce qui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et radic
460 mais le texte nous dit : « mesures d’hommes, qui sont aussi mesures d’anges », ou encore : « mesures humaines que l’ange ut
461 n illo tempore. Thomas More sait que le Royaume n’ est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dan
462 escartes que procède cette évolution. Descartes a été le lieu de cette métamorphose de la conscience européenne qui a rendu
463 es autres activités conçues auparavant, qu’elle n’ est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalité. La tech
464 e échappe à la mortalité. La technique en effet n’ est régulée ni par sa fonction ni par ses finalités génériques ou spiritu
465 politique de la technocratie : l’État-nation. Qu’ est -ce que l’État-nation ? La mainmise d’un appareil administratif sur un
466 » eût dit Descartes — les carrés ne puissent plus être bien réguliers). L’idée générale est de détruire le tissu vivant des
467 issent plus être bien réguliers). L’idée générale est de détruire le tissu vivant des attachements locaux — patriotiques au
468 e « aux rois d’Europe », en vertu du principe qui sera formulé quelques années plus tard par Hegel (à partir précisément de
469 ats-nations qui l’ont copié siègent à l’ONU. Nous sommes ici en présence d’une utopie réalisée non seulement à la lettre, mais
470 ule capitale et des seuls intérêts du parti qui s’ est emparé des leviers de commande sur l’ensemble du territoire défini pa
471 re guerre. Jamais le lieu, jamais le topos n’aura été plus délibérément ignoré, arasé, rayé de la carte, jamais régime n’au
472 ré, arasé, rayé de la carte, jamais régime n’aura été plus littéralement u-topique. Je suis loin d’annoncer la fin de l’Éta
473 égime n’aura été plus littéralement u-topique. Je suis loin d’annoncer la fin de l’État-nation, comme on l’a dit. Je constat
474 s nationales absolues, à la guerre nucléaire, qui sera la fin de l’histoire — du moins de celle des civilisations. Contre l’
475 nir comme un « espace de participation civique », est le contraire exact de l’utopie. Toute utopie est uniformisante, mais
476 est le contraire exact de l’utopie. Toute utopie est uniformisante, mais région signifie différence. « Une région ne se dé
477 isme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour déclencher une guerre atomique, mettant fin au genr
478 permet d’espérer. 7. Mon propos dans tout cela n’ est guère politique, encore moins politologique. Il est proprement spirit
479 t guère politique, encore moins politologique. Il est proprement spirituel. Toute utopie au sens de Thomas More, de Campane
480 u sens de Thomas More, de Campanella, de Fourier, est projection dans un avenir et dans un espace donnés d’un modèle déduit
481 e donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce n’ est d’hier. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « statiq
482 . Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « statiques par hypothèse ». Elles sont, et je le cite : « des progra
483 s utopies sont « statiques par hypothèse ». Elles sont , et je le cite : « des programmes d’action masqués sous le déguisemen
484 aginaire, et l’acte qu’elles essaient de susciter est presque toujours la fixation à un certain niveau d’une société réelle
485 chute, à moins que le mouvement descendant puisse être artificiellement arrêté. Immobiliser une descente est le but suprême
486 artificiellement arrêté. Immobiliser une descente est le but suprême auquel aspirent la plupart des Utopies, car elles ne s
487 uel aspirent la plupart des Utopies, car elles ne sont conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a perdu tout
488 utur. » Toute utopie, au sens politique du terme, est projection à terme indéfini de nos refus d’un présent exécré. Mais l’
489 de la Nouvelle Jérusalem (Apoc. ch. III et XXII) est la promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous irrésistible
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
490 Madame de Staël et « l’esprit européen » ( été 1980)o « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen
491 ase qu’il me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi les plus souvent citées de Mme de Staël, sait-on qu’el
492 elle, empêcherait le génial Jean-Paul (Richter) d’ être goûté hors de l’Allemagne ? J’ignorais cela jusqu’à ces derniers jour
493 ur en faire la devise de l’œuvre entière. Et ce n’ est point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue sur la méda
494 ntenaire de son auteur. « L’esprit européen », ce fut le titre des premières Rencontres internationales de Genève, en 1946,
495 fin, de la Morale au-dessus de tous les intérêts, fussent -ils ceux de la Nation, de l’État, ou même des Sciences. 1. L’esprit
496 État, ou même des Sciences. 1. L’esprit européen sera donc d’abord ce qui fomente la Société des hommes de l’esprit, ou com
497 Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à de grandes distances l’un de l’autre ; mais quand
498 un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’ est pas telle religion, telle opinion, tel genre d’études, c’est le culte
499 qui ranime la religion et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore
500 z, d’une Académie de l’Europe ? L’idée vient d’en être reprise, du côté de Genève comme on pouvait s’y attendre, et je forme
501 se réalise, sous le patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice et la présidente idéale, Germaine de Staël. 2. Au pri
502 ntarité des différences, voire des antinomies. Il est une tradition centrale de la philosophie européenne : celle qui d’Hér
503 ilité, à épouser et prolonger cette tradition qui est celle de la vitalité de la culture occidentale, et qui conduit en tou
504 au dont les contrastes mêmes et les nuances aussi sont le message. Écoutons-là ! Les nations doivent se servir de guides le
505 diversités, et nul homme quelque supérieur qu’il soit , ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de c
506 e de l’esprit humain… Si chaque nation moderne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre ?49 La c
507 erne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre ?49 La complémentarité des opposés, richesse europé
508 es opposés, richesse européenne par excellence, n’ est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposi
509 est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposition climatérique, historique, culturelle et surto
510 posé par Mme de Staël aux débuts du xixe siècle est devenu le problème économique le plus brûlant de la fin du xxe siècl
511 Mais comment surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’il est vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ?
512 rofondes dans notre histoire ? Sinon par cela qui est plus profond encore que les racines, étant au principe même de notre
513 cela qui est plus profond encore que les racines, étant au principe même de notre histoire, par le christianisme, — et je cit
514 ianisme, — et je cite : La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dir
515 ient l’esprit des hommes énergiques. Ce mélange s’ est fait lentement sans doute. La providence éternelle prodigue les siècl
516 nfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’ être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religio
517 le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent dans les nations parce qu’e
518 e, politique et morale, mais avant que ce miracle soit accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doiven
519 ant que telle, à la coïncidentia oppositorum, qui est le principe de toute morale européenne. Or, cette morale, et voilà la
520 Staël précise : L’intérêt national lui-même doit être subordonné aux pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et elle
521 au nouveau sens, au sens politique du terme, qui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui
522 e réunion, dis-je, s’appelle une nation, tout lui serait permis pour se faire du bien ? Le mot de nation serait alors synonyme
523 t permis pour se faire du bien ? Le mot de nation serait alors synonyme de celui de légion que s’attribue le démon dans l’Évan
524 primauté de la morale sur l’intérêt national qui est déjà bien assez scandaleuse pour l’époque, Mme de Staël ajoute une ex
525 u, Mme de Staël a très bien vu que plus la nation sera grande, plus grande sera la tentation de « sacrifier la morale à l’in
526 en vu que plus la nation sera grande, plus grande sera la tentation de « sacrifier la morale à l’intérêt national » et plus
527 que qu’on sent inspirée de Rousseau en ce qu’elle est tout à la gloire du petit État : La grandeur des États chez les mode
528 a liberté peut exister, parce que les passions ne sont point excitées par aucun but, par aucun théâtre propre à les enflamme
529 ce complète, dont l’organisation des petits États est susceptible »55. Dira-t-on que c’est là supposer le problème résolu ?
530 x que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’il soit possible à l’homme de résoudre un problème humain, éthique, social ou
531 eprend jamais qu’à partir de l’avenir. Sa liberté est toujours en avant. Tout cela se lit ou se relit en filigrane dans De
532 il regretter qu’à l’ouvrage sur l’Allemagne — qui est en réalité, un grand traité de la culture européenne — au sens le plu
533 Politique déduite de la culture. Un tel livre eût été capable de modifier le débat contemporain sur la fédération européenn
534 e. Car elle savait que « la circulation des idées est , de tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les pl
535 les genres de commerce, celui dont les avantages sont les plus certains » — et comme Goethe l’a dit après elle : que la cul
536 union qui mérite le nom d’européenne, ne saurait être que l’homme lui-même, dans sa liberté responsable. L’homme européen,
537 itres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’il est de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux, parce « qu’il
538 même foyer57 ». L’Europe de l’enthousiasme ! Il était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela po
539 ël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être  : — une tâche pour cette génération ! 47. Œuvres complètes, tome X
540 e Staël et “l’esprit européen” », Cadmos, Genève, été 1980, p. 5-11.
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
541 riations religieuses, au sein d’une Curepente qui fut longtemps le nom de l’Europe, une culture commune se constitue au cou
542 éenne, et les diversités si caractéristiques de l’ être européen. La perception n’est pas un processus à sens unique : elle s
543 actéristiques de l’être européen. La perception n’ est pas un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-cro
544 jet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’ est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je
545 ois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je suis , ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que j
546 ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’il
547 … À vrai dire, ce que je connais des apports de l’ Est , ce qu’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est ê
548 ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perçu) — je
549 l’Est, ce qu’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perçu) — je ne l’ai connu que par le biais
550 ’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi ( être , c’est être perçu) — je ne l’ai connu que par le biais d’une recherch
551 ur moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perçu) — je ne l’ai connu que par le biais d’une recherche sur l’Euro
552 28 derniers siècles. Demandons-nous d’abord quel est le plus grand commun dénominateur entre l’Europe de l’Est et l’Europe
553 sur les incroyants. Mais la religion chrétienne n’ est pas plus uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses var
554 gion chrétienne n’est pas plus uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses variétés rendent compte des variétés
555 et ses variétés rendent compte des variétés de l’ être européen, selon qu’il a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l
556 te des variétés de l’être européen, selon qu’il a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard, brocha
557 européen, selon qu’il a été formé par Byzance à l’ Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard, brochant sur l’héritage commun d
558 r Wittenberg ou par Genève. Au binôme Byzance à l’ Est , Rome à l’Ouest, jusqu’à 1453, répond dès le xvie le binôme Réforme
559 s familles demeurant généralement catholiques. Il serait passionnant de reconstituer l’homologie des structures de réactions p
560 1560 et le Gdansk contestataire des ouvriers de l’ été 1980. Il semble que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le
561 le que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le fait des luttes entre luthériens, calvinistes et sociniens (antitr
562 péciales de quatre confessions dans les pays de l’ Est , annoncent à la fois l’unité et les antinomies persistantes entre nat
563 et les antinomies persistantes entre nations de l’ Est et de l’Ouest, du Moyen Âge à la dernière guerre et de celle-ci à la
564 s sur celui de l’organisation de l’Europe, ce qui est plus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste
565 lus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste et poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui fut le premie
566 niste et poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui fut le premier à parler de l’Europe comme de « notre patrie » au roi de B
567 patrie » au roi de Bohême Georges Podiebrad, qui est le premier à parler de l’Europe comme d’une Confédération. Georges P
568 rad (1420-1471), pauvre gentilhomme tchèque qui s’ est battu avec l’armée des hussites, est élu roi de Bohême en 1457 — l’an
569 chèque qui s’est battu avec l’armée des hussites, est élu roi de Bohême en 1457 — l’année même où Æneas Sylvius est élu pap
570 de Bohême en 1457 — l’année même où Æneas Sylvius est élu pape. Podiebrad fait la connaissance d’un inventeur, un astucieux
571 neurie de Venise, pour résister au Turc. (Byzance est tombée quatre ans plus tôt.) L’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI,
572 yzance est tombée quatre ans plus tôt.) L’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI, auquel il est dédié. Podiebrad compte bien
573 ’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI, auquel il est dédié. Podiebrad compte bien faire participer à son traité les rois d
574 gne et de Bavière ; mais le pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’il ait échoué devant l’indifférence de Louis XI et la
575 ntinent comme unité politique virtuelle — et il n’ est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de
576 il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs reprises les hommes de l
577 n de l’Est : à plusieurs reprises les hommes de l’ Est ont eu de l’ensemble européen une perception plus dramatique, plus ur
578 enté, gloire de l’univers, comment tout honneur s’ est -il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la
579 toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te p
580 ont servi tant de victoires, si tu devais si vite être menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la p
581 ebrad. Deux siècles plus tard, exactement, l’idée sera reprise, élargie aux dimensions d’un projet mystique, plus encore que
582 utre Tchèque : Amos Comenius. Ce plan toutefois n’ est à ses yeux qu’une partie de la tâche beaucoup plus vaste qu’exposent
583 resté inédit de son vivant et dont le manuscrit a été retrouvé à la veille de la dernière guerre dans les archives d’un orp
584 ns ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’il est nécessaire d’élever par l’éducation tous les hommes à l’humanité. » D
585 rement pédagogique de Comenius : L’idée centrale est sans doute celle de la nature formatrice qui, en se reflétant dans l’
586 ps avec le processus formateur qui anime tous les êtres et n’est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente o
587 processus formateur qui anime tous les êtres et n’ est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou « proce
588 cession », en quoi consiste la multiplication des êtres , correspond la remontée au niveau du travail humain, et cette remonté
589 le processus éducatif. C’est pourquoi celui-ci n’ est pas limité à l’action de l’école et de la famille, mais est solidaire
590 mité à l’action de l’école et de la famille, mais est solidaire de la vie sociale tout entière : la société humaine est une
591 la vie sociale tout entière : la société humaine est une société d’éducation, idée qui ne trouvera son expression positive
592 organisation internationale… Le génie de Comenius est d’avoir compris que l’éducation est l’un des aspects des mécanismes f
593 e de Comenius est d’avoir compris que l’éducation est l’un des aspects des mécanismes formateurs de la nature et d’avoir ai
594 xe fondamental. À quel point ce génie multiforme fut Européen, sa vie le fait bien savoir, vie des plus agitées. Comenius
595 nius perd ses parents très jeune et son éducation sera négligée : il ne peut commencer des études latines qu’à 16 ans. Il va
596 théologie en Allemagne, revient en Bohême pour y être pédagogue, puis pasteur de l’Église réformée des frères moraves (dont
597 : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Pologne, où les frères moraves ont
598 r en France un Collège pansophique (« Pansophie » est un terme parfois utilisé au xviie siècle pour désigner l’ensemble de
599 treprendre la réforme des écoles de ce pays. Il y est bientôt suspect, en tant que Frère morave, aux yeux des luthériens. I
600 établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée après sa mort une première grande édition de ses œuvres. Dans
601 e en tchèque et traduite par l’auteur en latin, a été traduite depuis un siècle en français, en anglais, en espagnol, en it
602 e saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous m
603 européen, de l’unité spirituelle de l’Europe qui fut et qui est encore, plus qu’on ne le croit, celle des grands penseurs
604 de l’unité spirituelle de l’Europe qui fut et qui est encore, plus qu’on ne le croit, celle des grands penseurs de l’Est. I
605 qu’on ne le croit, celle des grands penseurs de l’ Est . Il y a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos mi
606 e cette méconnaissance de l’Europe véritable, qui est notre fait, de ce refus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’on l
607 eux de l’Europe généreuse telle qu’on l’a vue à l’ Est , je vais vous donner un émouvant exemple, celui d’Adam Mickiewicz (17
608 e, dans laquelle il élève la plainte de ceux de l’ Est que l’Ouest abandonne, — le cri prophétique des victimes d’un Munich
609 e date de 1833. Mickiewicz exilé par les Russes s’ était réfugié en Saxe, mais un décret royal invite les proscrits polonais à
610 nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’ étais attaquée par les brigands, et je criai vers toi, nation, afin d’avoir
611 kases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’ étais dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protecti
612 ordonnances. Et la nation répondra : Madame quand êtes -vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous
613 es-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va do
614 kases. Je vous le dis en vérité, votre pèlerinage sera pour les Puissances une pierre d’achoppement Les Puissances ont rejet
615 vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri ser
616 ppée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri sera repris quinze ans plus tard par un autre grand poète, le Hongrois Ale
617 contre l’invasion russe, mais en vain, et Petőfi fut tué en combattant. Voici le début de son poème de 1848, intitulé Sile
618 appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leurs gardiens ! p. Rougemont Denis de, « L’apport culturel
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
619 Un falsificateur vu de près ( été 1981)q Note préliminaire « Procéder par ordre. Dans l’ordre d
620 onise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française. Il s’ est si bien gardé de l’appliquer qu’il m’oblige à le faire aux dépens de
621 i s’avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux qui furent vilipendés, condamnés et emprisonnés pour avoir combattu, par leurs é
622 montrer dans le détail — c’est ingrat, mais peut être amusant une fois repérés les procédés — la falsification systématique
623 m’en tiendrai à ceux que je connais le mieux, qui sont les miens, leur exemple valant pour les autres. De bons amis m’ont co
624 laissez tomber. Comme si un livre avait besoin d’ être bon pour faire du mal ! On va voir ce que celui-ci permet déjà d’écri
625 raisons majeures de ne pas me taire. La première est qu’il serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le
626 ajeures de ne pas me taire. La première est qu’il serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le problème du f
627 hologiques, ni les effets mortels du phénomène ne sont un seul instant définis ou invoqués par Lévy. On distingue mal ce qu’
628 athologique de toute trace d’humour dans ce livre est l’indicateur le plus sûr d’une disposition d’esprit totalitaire. Ma s
629 d’esprit totalitaire. Ma seconde raison de parler est simplement un devoir de piété pour la mémoire d’Emmanuel Mounier, d’A
630 unier, d’Arnaud Dandieu et de Robert Aron, qui ne sont plus là pour rétablir la vérité sur leur œuvre et sur leur combat. Af
631 ur œuvre et sur leur combat. Afin que ces amis ne soient plus impunément « livrés au caprice d’un gamin, jetés en proie à des
632 reprises, sur la foi de citations dont pas une n’ est honnête : la plupart signifiaient dans leur contexte tout à fait autr
633 de ce qu’il veut y lire aujourd’hui ; celles qui sont correctement transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son inv
634 hui ; celles qui sont correctement transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (les mot
635 ectement transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (les mots qui me sont attribués pa
636 son invention. Voici les textes (les mots qui me sont attribués par l’auteur sont en italiques). Citations I et II Po
637 xtes (les mots qui me sont attribués par l’auteur sont en italiques). Citations I et II Pour illustrer ce qu’il appell
638 admettant que j’aie vraiment écrit ces mots, mais est -ce possible ? « “Engoncés” » dans leurs rosettes et leurs chapeaux me
639 settes et leurs chapeaux melons… Cela ne peut pas être de moi, tout de même — qu’ai-je bien pu vouloir dire ? Probablement q
640 e gros ventres et de chapeaux melons. La France n’ est plus contemporaine des nations qui l’entourent et qui la menacent. Te
641 s nations qui l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait. Et j’ajoutais un peu plus loin que le problème de la jeunes
642 e » et le « cloaque » de ce grand corps malade qu’ est le tout-État démocrate ; mais c’est la vieille gauche aussi bien, cel
643 bérale et parlementaire » et dont la « critique » est , malgré ses « troubles origines », un « acquis définitif du personnal
644 sifications s’élève ici à la préciosité et vaut d’ être suivi de très près, car il exemplifie la méthode de l’auteur. Les mo
645 s la critique de la démocratie par l’A. F. aurait été qualifiée d’« acquis définitif du personnalisme » ne figurant pas dan
646 tatives de résistance au conformisme social aient été paralysées après guerre par le double cadre que leur offrait l’hérita
647 n a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’ est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de raiso
648 uillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de raisons de m’intéresser
649 nullement ; — au surplus, inventé ou pas, rien n’ est de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La démocratie,
650 II La démocratie, selon les personnalistes, ne serait « qu’une curiosité exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni qu’on se
651 elle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens po
652 ersonne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mo
653 as ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possè
654 mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations acti
655 l’individu et de la masse. […] — Car notre force est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits groupes, non
656 il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la religion collectiviste, rançon fatale d’un individualis
657 rqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la religion collectiviste, rançon fatale d’un individualisme civiquem
658 e la résultante de l’individualisme irresponsable est la masse agglomérée, — qu’il prend pour une « communauté » ? (J’ai éc
659 n ciment ».) Ignore-t-il tout, enfin, de ce qui a été écrit, de Tocqueville à Hannah Arendt en passant par les personnalist
660 isme comme maladie de l’individu dont le symptôme est l’absence de civisme, et la centralisation étatique en route vers l’É
661 Citations VIII, IX, X et XI Mais voilà qui est plus grave encore et révèle chez notre auteur une incapacité fondamen
662 es dans les bibliothèques, voire en librairie, il est remarquable que les notes bibliographiques de B.-H. Lévy renvoient po
663 n possèdent encore des collections, et la plupart sont introuvables, sauf à la Bibliothèque nationale. Ce procédé empêche pr
664 le droit de se vouloir totalitaire la vérité qui est totale, qui rend compte de tout l’homme57) ». Non (suis-je censé répo
665 otale, qui rend compte de tout l’homme57) ». Non ( suis -je censé répondre selon Lévy), « ces arrogants parangons du fascisme
666 elon Lévy), « ces arrogants parangons du fascisme sont aussi des fascistes au rabais. Les révolutions triomphantes sont auss
667 fascistes au rabais. Les révolutions triomphantes sont aussi et d’abord des “révolutions avortées”58) ». Reportons-nous aux
668 le beau nom de totalitaire », l’adjectif « beau » est de Lévy, non de moi, et cela change le sens du passage ; — je n’ai pa
669 le pas du tout « d’expériences » totalitaires qui seraient « trop simples » (Auschwitz ? Goulag ?), mais des fins dernières au n
670 Citation XII Toutes les citations précédentes sont concentrées dans le premier chapitre. La dernière figure à la fin du
671 a fin du livre. Non seulement les personnalistes sont anticapitalistes, donc contre l’Argent-roi, et donc selon B.-H. Lévy,
672 selon B.-H. Lévy, antisémites ; non seulement ils sont anti-individualistes, donc antidémocratiques et donc fascistes ; non
673 mocratiques et donc fascistes ; non seulement ils sont en « émoi » devant les bottes et les chemises ouvertes, donc nazis ;
674 encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t-elle commis […] po
675 Question pathétique, mais oiseuse : l’Amérique n’ est pas mentionnée ni même sous-entendue dans le passage cité ( L’Ordre n
676 maine. Cette attitude, qu’on appelle capitaliste, est , en réalité, pour qui va au fond des choses, matérialiste et abstrait
677 à la fois. Elle donne la primauté à l’avoir sur l’ être , à l’anonyme sur le personnel, à l’irresponsable sur le responsable,
678 dans sa dénonciation d’ennemis qui n’ont cessé d’ être les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une carence, non mo
679 ant de preuves de leur fascination par les nazis, est -elle révélatrice de ses propres complexes ? Ce disciple fervent d’Alt
680 our achever de décrire la méthode de l’auteur, il est intéressant de relever non seulement ses citations fausses, mal inter
681 i — toujours cette cruelle incertitude —, le fait est que ce B.-H. Lévy, qui me traite à tout hasard de fasciste et de nazi
682 re l’esprit totalitaire », ce dernier texte ayant été distribué dans le ciel des grandes villes des Pays-Bas occupés. « Nul
683 n de présenter l’auteur dans ce pays, la RAF s’en est chargée pendant la guerre », disait le professeur van Aasbeck introdu
684 isant une de mes conférences à Leyden en 1948. Je suis bien sûr qu’aucun auteur de langue française n’a publié autant de pag
685 ologie personnaliste au pouvoir ? Tout cela ne serait presque rien si, dans L’Express n° 1546 du 13 février 1981, Raymond A
686 veur d’une catastrophe nationale. Là encore elles sont demeurées un mixte de traditionalisme et de parafascisme. En écrivan
687 est, en tant que fourrier des totalitarismes de l’ Est . Raymond Aron peut-il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos
688 ses ? Croit-il vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditionaliste » ? C’était le nom de la Révolution pour Victor Con
689 rd Esprit . Croit-il au contraire que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à ce compte-là la revue de Gramsci,
690 que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à ce compte-là la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos id
691 prisaient plus que personne ? Mais surtout : s’il est vrai, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées person
692 destinement) dans l’ignorance où je me trouvais d’ être le complice, bien plus : l’admirateur « ému » selon Lévy de l’Adversa
693 file du mouvement personnaliste, nous avons tous été condamnés à de la prison pour des idées dont L’Express nous apprend q
694 ur des idées dont L’Express nous apprend qu’elles étaient au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les nazis triomphants. Tragiq
695 de jeunes gens liront Lévy, tant pis, mais ce qui est grave : croiront les « plumes autorisées » de L’Express, parce qu’ils
696 s » de L’Express, parce qu’ils n’ont pas connu, n’ étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lé
697 écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’ étais « parafasciste » et pronazi. Mieux encore : dans un périodique nommé
698 u cas où ce professeur, et quelques autres qui se sont mis dans le même cas, auraient à répondre de ces calomnies devant les
699 au moment où ils écrivaient. De quoi la preuve ne serait pas difficile à produire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy —
700 années 1930 » retenues par B.-H. Lévy ont toutes été choisies, sans exception, de telle manière qu’un lecteur d’aujourd’hu
701 -il que l’impayable sérieux de notre jeune lévite est aussi une recette de succès : déjà B.-H. Lévy a ses imitateurs. Je n’
702 lément de santé », une « hauteur de ton », qui ne sont pas, dit-il, des « énergies méprisables ». Oui, il en convient lui-mê
703 e monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’il est commode de mettre tout le paquet dans les mains d’un homme, d’attendr
704 i de loin, ni ici ni ailleurs. Mensonge pur.) Tel étant le procédé, voici ce que vont faire les suiveurs. Dans la Quinzaine l
705 u livre de Lévy et signale les attaques dont il a été l’objet, pour mieux prendre sa défense. La présence de Mounier parmi
706 hoqué… Et pourtant, les arguments de l’accusateur sont irrécusables. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en a
707 nce » chez Lévy), mais Mounier lui-même, lequel n’ est plus antinazi, mais profasciste. CQFD. En effet, on pourrait en rajou
708 iste, une révolution de la liberté dont la France serait responsable pour le monde entier. Voici ces textes qui compléteront l
709 publiée dans le n° 5 d’ Esprit . « Mon témoignage sera , si tu veux bien, celui d’un jeune français qui a éprouvé sur place l
710 la France doit opposer sa mission spécifique, qui est d’offrir au monde un modèle d’ordre : « Chacun, sans renoncer à ses e
711 revient l’initiative. » Si la France se décide à être elle-même, alors tout peut changer, « le dynamisme, la jeunesse arden
712 dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient
713 ées reçues, s’ils consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité
714 ilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phrases sont signées Raymond Aron. Elles vont plus loin dans la volonté de dialogu
715 crois pas un instant que Raymond Aron ait jamais été « fasciste à la française ». Je m’étonne seulement des motifs du sile
716 Et sur la présence de Maurice Clavel à Uriage. Il est vrai que c’est Clavel qui a lancé les « nouveaux philosophes ». Po
717 ouveaux philosophes ». Post-scriptum II Il est étrange de relire aujourd’hui, dans le même numéro d’ Esprit , à côté
718 e ouverte d’un jeune Allemand à la France ». Elle est signée Harro Schulze-Boysen, qui était alors l’animateur du Groupe Ge
719 ance ». Elle est signée Harro Schulze-Boysen, qui était alors l’animateur du Groupe Gegner (Les Adversaires) profondément ant
720 de près à L’Ordre nouveau . Harro Schulze-Boysen était pour nous un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus t
721 un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus tard le chef du célèbre groupe clandestin L’Orchestre rouge. Les
722 révolutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce n’ est pas en acceptant le joug barbare de la guerre impérialiste, de la lut
723 rancfort, en 1932. Nos liens d’amitié et d’action étaient étroits. Lors d’une rencontre en Suisse (il avait réussi à se faire n
724 ons décisives pour la défaite finale d’Hitler. Il était par sa mère le petit-fils de Bismarck. Post-scriptum III B.-H.
725 e bourgeois par L’Ordre nouveau et par Esprit était une preuve de fascisme ; la critique de l’Amérique était une preuve d
726 ne preuve de fascisme ; la critique de l’Amérique était une preuve de fascisme ; la moindre tentative de réfléchir sur le rel
727 e preuve de fascisme. Bataille, Caillois, Leiris, étaient -ils donc fascistes ? Je ne pense pas : c’étaient des amis. À l’invita
728 é régnait alors dans le milieu intellectuel. S’il était nécessaire de prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau et l’a
729 agraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en suis un peu honteux. (Je fais surtout allusion à ce que vous dites du côté
730 ment devant les bottes et les chemises ouvertes — serait -ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleur
731 roire, en effet, que la doctrine de la personne a été inventée par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son auteur
732 63. Raymond Aron, à la différence de B.-H. Lévy, est assez cultivé pour savoir que condamner l’individualisme, « cette mal
733 a communauté où il vit. 64. De fait, la lettre n’ est adressée qu’à E. Mounier, condisciple du scripteur à l’École normale.
734 d’une époque , Gallimard, 1968. 67. « Le conflit était réglé en principe. Mais alors Hitler démasqua l’aspect original (et n
735 n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol
736 propos de Bernard-Henri Lévy) », Cadmos, Genève, été 1981, p. 70-86.
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
737 e. Dans le même temps, l’Ordre souverain de Malte est divisé en nations sous le nom de langues. On retrouve cette quadripar
738 a langue européenne, en quelque sorte — mais elle sera de moins en moins la langue des relations quotidiennes : étudiants et
739 e ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’ était fait appeler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie et des pro
740 belins) remplira les trois siècles suivants et ne sera tranchée, en faveur du temporel, mais non de l’empire, que par les pr
741 ilippe le Bel vont proclamer que le roi de France est « empereur en son royaume » et qu’« il ne reconnaît aucun supérieur s
742 celle du pape, symboles de la christianitas — qui est alors le seul nom de l’Europe —, fonde le dogme occidental de la souv
743 umes, des nations et aujourd’hui des États. Dante sera le témoin consterné de cette profonde révolution païenne. Dans son tr
744 s luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes… » L’attentat d’A
745 elles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes… » L’attentat d’Anagni, fomenté
746 lippe le Bel contre le pape Boniface VIII, et qui sera bientôt suivi de la « captivité babylonienne de l’Église » en Avignon
747 que Pie II, au lendemain de la chute de Byzance, sera le premier à nommer « l’Europe, notre patrie » : la conscience naît e
748 d’entrée de jeu que « la civilisation classique a été la civilisation de l’État » et que « c’est au xviie siècle que l’Éta
749 t-il en conclure que la double fonction de l’État serait donc la police d’abord, et l’art de métamorphoser l’homme en légume ?
750 e en légume ? Les moyens de l’État, selon Chaunu, sont les finances et les armées. « Entre 1600 et 1760, l’État classique vo
751 iable de 200, 500, 1000 %. De là à affirmer qu’il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemment.
752 « les armées renforcent la cohésion des États et sont un facteur décisif de progrès technique » (p. 60 de op. cit.). À cela
753 ans l’affrontement des États. » (p. 68) « Or, que serait l’Europe sans ses nations ? » (p. 69) Et voilà justifiées par le bien
754 es armées dont on vient d’exalter les bienfaits ? Soyons sérieux. La première doctrine de l’État sera formulée en toute rigueu
755  ? Soyons sérieux. La première doctrine de l’État sera formulée en toute rigueur par Jean Bodin, aux six livres de La Républ
756 , dès l’année 1576. Dans cette somme admirable qu’ est L’Essor de la philosophie politique au xvie siècle, Pierre Mesnard é
757 t que le problème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelons l’État, à savoir la nation organisée » (p. 480
758 s de l’ouvrage. En réalité, l’étude de Jean Bodin est bel et bien celle de la souveraineté, de « la puissance absolue et pe
759 gistrats élus pour un temps déterminé. Le citoyen est « franc sujet » du souverain, seule « source de toute autorité ». Ses
760 seule « source de toute autorité ». Ses droits ne sont que « privilèges » et révocables à tout instant par le souverain, leq
761 ocables à tout instant par le souverain, lequel n’ est pas obligé par la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce serait
762 ar la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce serait crime de lèse-majesté d’opposer le droit romain à l’ordonnance de son
763 ance de donner et de casser la loi, sous laquelle sont compris tous les autres droits […] comme décerner la guerre ou faire
764 tous les mixtes de ces trois formes de l’État ne sont qu’erreur, et « formes corrompues ». Mais, dira-t-on, cette souverain
765 ra-t-on, cette souveraineté donnée pour absolue n’ est -elle donc incitée, régulée, protégée, humanisée par rien au monde con
766 du prince — roi, peuple ou groupe privilégié — n’ est limitée que par la volonté divine dont le « sentiment du prince » est
767 la volonté divine dont le « sentiment du prince » est le seul interprète… Elle est donc pratiquement sans limites. 3. Co
768 entiment du prince » est le seul interprète… Elle est donc pratiquement sans limites. 3. Confusion générale des concepts
769 ion, de peuples ou de langues, de pays ou d’États sont interchangeables, non seulement dans l’usage vulgaire, mais dans les
770 u peuple n’en célèbre que mieux les nations — qui est leur dénomination lyrique (« en vers : de trois syllabes » précise Li
771 cause des malheurs du genre humain. » La grandeur est un attribut de la nation, bien sûr, non de l’État, et moins encore du
772 encore du peuple, dont le mieux qu’on puisse dire est « bon peuple », celui qui croit un peu n’importe quoi. Les nations, p
773 un peu n’importe quoi. Les nations, pour Bossuet, sont « fières », « indomptables », « farouches », « belliqueuses », « rebe
774 de soldats va combattre contre des peuples qui ne sont que citoyens », écrit Montesquieu dans ses Considérations sur les Rom
775 elle vote à six voix de majorité sur 721 votants ( soit 366 pour la mort, 360 pour d’autres mesures) la mise à mort du roi, s
776 Louis Capet à la Nation » et défend à qui que ce soit d’y donner suite, à peine d’être poursuivi comme « coupable d’attenta
777 end à qui que ce soit d’y donner suite, à peine d’ être poursuivi comme « coupable d’attentat contre la sûreté générale de la
778 d’un Directoire de 12 membres — lequel à son tour sera remplacé en 1799 par un Consulat de 3 membres dont le Premier Consul,
779 sa personne tous les pouvoirs, — et cela fait, il sera élu empereur, en 1804, sous le nom de Napoléon Ier. II. Dialectiqu
780 remière étape de la Révolution, la souveraineté a été transférée de la personne sociale au petit groupe des détenteurs du p
781 xclusif un groupe de grands commis — dont Colbert est resté le type — qui avaient pour charge unique d’organiser et de fair
782 ssique exerce son pouvoir au profit du groupe qui est l’État. Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui tra
783 profit du groupe qui est l’État. Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui travaille l’État. […] L’État ad
784 , […] en s’appuyant sur un groupe de service, qui est un groupe de techniciens. Le groupe de service est à l’origine une ha
785 st un groupe de techniciens. Le groupe de service est à l’origine une haute classe moyenne. C’est pourquoi l’État préclassi
786 lasse moyenne. C’est pourquoi l’État préclassique est toujours, au départ, révolutionnaire ». On a bien lu : « Bien savoir
787 volutionnaire ». On a bien lu : « Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’il soit
788 savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’il soit royal au xviie siècle, bourgeois dès 1793, ou prétendument « ouvrier
789 , l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’il est . Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoquer le « Dieu s
790 « Dieu seul parle bien de Dieu » de Pascal… Nous sommes en plein délire de sacralisation stato-nationaliste. d) La nation n’é
791 sacralisation stato-nationaliste. d) La nation n’ était rien au départ de la Révolution, que la devise des révolutionnaires :
792 e nation, de patrie, de peuple, de pays et d’État est dénoncée par une très simple observation : on peut annexer des peuple
793 y lit : « National : qui concerne la nation, qui est de la nation. » Exemples : « L’honneur national… Les intérêts nationa
794 ropriété de certains moyens de production… en vue soit de mieux servir l’intérêt public, soit de mieux assurer l’indépendanc
795 on… en vue soit de mieux servir l’intérêt public, soit de mieux assurer l’indépendance de l’État. » Il est bien évident que
796 t de mieux assurer l’indépendance de l’État. » Il est bien évident que les « transferts » sont en fait des achats faits par
797 tat. » Il est bien évident que les « transferts » sont en fait des achats faits par l’État à son profit éventuel, avec l’arg
798 l’illusion que chacun en bénéficiera. « Étatisé » serait juste, mais moins bien toléré… 5. Né de la guerre et pour la guer
799 re et de la guerre totale — tous les bons esprits sont d’accord, mais peu l’avouent. Hegel annonce le premier la loi constit
800 qui sert maintenant le gouvernement de la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, d
801 uvernement de la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son
802 la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans
803 on de la nation et de l’armée : « La conscription est le palladium de notre indépendance, parce que mettant la nation dans
804 ’autre, c’est l’état de siège en permanence — qui sera dès 1930 la formule des États totalitaires de Staline et de Mussolini
805 lini. L’administration des hommes et des choses y est plus mécanisée que dans n’importe quelle société humaine jusque-là. T
806 ’importe quelle société humaine jusque-là. Tout y est militarisé, c’est-à-dire mobilisable à tout moment, esprit, corps et
807 es compensées par l’apport du très gros client qu’ est l’armée, et par la protection de la police, si généreusement accordée
808 ement depuis un siècle et demi : a) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes, en direct
809 es étapes, en direction de la formule finale, qui sera l’État totalitaire. L’un donne naissance à l’autre, soit que l’État t
810 État totalitaire. L’un donne naissance à l’autre, soit que l’État tente d’éliminer les dissensions internes par le recours à
811 ensions internes par le recours à l’union sacrée, soit que les « nécessités de la guerre » contraignent à étatiser plus stri
812 et y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles sont les voies de l’administration d’abord, non du commerce ; puis de l’ar
813 ce, vraie religion du xxe siècle. Tout cela, qui était le grand dessein de Napoléon, mais qui après lui avait soulevé tant d
814 gadir), ou par procuration, selon le scénario qui sera plus tard celui de la guerre civile d’Espagne, puis des guerres de Co
815 prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux guerres mondiales. Après quoi, faute de guerres nationales i
816 tantes durant deux ou trois décennies, comme tout est disposé en vue de la guerre — esprits et corps autant qu’infrastructu
817 ngère — vient mettre un terme à l’anarchie : elle est alors nationalisation du crime et de la lutte contre le crime, ainsi
818 RSS seulement 29 000 fois : ce missile gap aurait été rattrapé assez largement par les Russes. Tout va donc bien pour le mo
819 ette somme insensée de pouvoirs dont le citoyen s’ est laissé dessaisir par égoïsme, par peur des risques ou gain de paix, d
820 peur des risques ou gain de paix, désormais peut être perdue d’un seul coup, sans retour, pour tous et par chacun. La masse
821 , nécessaire pour former la décision fatidique, n’ est sans doute déjà plus maîtrisable. L’index de la main droite du présid
822 isable. L’index de la main droite du président ne sera plus que le dernier élément de transmission d’une décision prise hors
823 ni la vraie guerre ni la vraie paix ne sauraient être tolérées dans le jeu qui assure le pouvoir des deux grands, à la fois
824 et le brouillage des idéologies antagonistes, ne sont [pas] à l’abri des erreurs qualifiées d’« humaines » pour les minimis
825 peut devenir l’ennemi du pire Certes, le pire est devenu calculable, dès lors que pour la première fois dans son histoi
826 faut. Les probabilités d’une catastrophe globale sont plus grandes que celles de la paix. Mais nul calcul n’est garanti con
827 grandes que celles de la paix. Mais nul calcul n’ est garanti contre l’erreur quand des facteurs humains y entrent en compt
828 sible. Mais nous voyons que l’État-nation, qui en est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse et son évolution, de conti
829 ion, de contingences historiques, bien loin qu’il soit l’accomplissement d’une nécessité naturelle, définitive, inéluctable.
830 relle, définitive, inéluctable. Comme tout ce qui est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mor
831 i est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se sont
832 sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se sont multipliés à la mesure de ses pires excès. Du temps de la montée de H
833 à la fois. » En effet, les États-nations d’Europe sont à la fois (à deux ou trois exceptions près dans les deux cas) — trop
834 problèmes spécifiques qui s’y posent. L’argument est devenu le pont aux ânes de toute critique fédéraliste de l’État-natio
835 elle de Daniel Bell aux USA : « Les gouvernements sont aujourd’hui trop petits pour régler les affaires mondiales, et trop g
836 aintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules préte
837 tats-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous ve
838 . Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale, et trop
839 vie politique qu’ils prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou
840 ar les barrages antimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi améric
841 pour répondre au défi du tiers-monde… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables
842 tion dans les affaires du monde […]. Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle conti
843 édérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasio
844 ouveraineté surveillée, ne peuvent y renoncer à l’ Est , force est de constater que les Européens, s’ils s’en tiennent aux se
845 surveillée, ne peuvent y renoncer à l’Est, force est de constater que les Européens, s’ils s’en tiennent aux seules forces
846 ls s’en tiennent aux seules forces nationales, ne sont capables d’assurer, en fait, aucune des tâches que le gouvernement d’
847 ucune des tâches que le gouvernement d’une nation est censé normalement assurer et qui représentent sa raison d’être. Dans
848 rmalement assurer et qui représentent sa raison d’ être . Dans leur état actuel de division, nos « souverainetés » ne peuvent
849 i repousser une intervention militaire venue de l’ Est  ; — ni lutter contre l’inflation sans augmenter le chômage ; — ni réd
850 nes décennies aux dangers énumérés, dont certains sont irréversibles et donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. El
851 rvivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte.76 9. Où la Souveraineté nationale d
852 des Seigneuries, 1609). Le prince souverain doit être fidèle à sa mission divine : « Il n’est libre ni quant à la fin qu’il
853 ain doit être fidèle à sa mission divine : « Il n’ est libre ni quant à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’il emp
854 oi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il est lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de loi
855 le qui obéit. « Trois ordres de lois, dont toutes seront abrogées par le triple fait historique de l’irréligion, de la positiv
856 e » (p. 235) car « le peuple devenu souverain, il est contradictoire qu’il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge class
857 t l’âge classique : « Louis XIV dans sa majesté n’ est qu’un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napoléon, profiteur d
858 cle. Cette liberté consiste pour le Souverain à n’ être plus tenu par des règles ; désormais il formule les règles à sa guise
859 vont conférer à ce qu’ils nomment la nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ils incarnent. D’où, de nos jours, le
860 quel la souveraineté, jadis exercée par le roi, l’ est aujourd’hui par l’ensemble des citoyens. » Si le peuple est ici décla
861 d’hui par l’ensemble des citoyens. » Si le peuple est ici déclaré souverain, c’est l’État qui dispose du pouvoir par la pol
862 porteur de la Souveraineté nationale absolutisée, étant ce que l’on vient de rappeler, et que personne ne peut contester de b
863 que personne ne peut contester de bonne foi, quel est l’obstacle majeur qui paralyse encore les deux réformes seules capabl
864 , à l’évidence, d’ouvrir un nouvel avenir, et qui sont la fédération européennne au-delà des États-nations et l’autonomie de
865 tence négative, et très active en tant que telle, est parfaitement concevable et vérifiable : la Souveraineté nationale nou
866 ertu novatrice ou positivement impérative. Elle n’ est plus qu’une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qui exem
867 lus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce n’ est plus toute-puissance, mais puissance de refuser, et bloquage de toute
868 prétention que l’on allègue arbitrairement. Ce n’ est plus volonté, mais nolonté, qui est vouloir du non, vouloir du rien.
869 irement. Ce n’est plus volonté, mais nolonté, qui est vouloir du non, vouloir du rien. Tel est le nihilisme de l’État-natio
870 nté, qui est vouloir du non, vouloir du rien. Tel est le nihilisme de l’État-nation. Ce qui est tout simplement absurde, da
871 en. Tel est le nihilisme de l’État-nation. Ce qui est tout simplement absurde, dans les discours des « hommes d’État » cont
872 porains, c’est qu’ils affirment que leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré
873 épètent comme Michel Debré qu’un « bon Européen » est celui qui — comme eux — « veut, en fonction d’une réalité fondamental
874  veut, en fonction d’une réalité fondamentale qui est celle des nations, faire l’Europe des États, l’Europe des patries. »
875 rançaise existe une et souveraine, ou bien elle n’ est plus » (Lettre ouverte aux Français pour la conquête de la France, 19
876 ce et par définition à toute union sérieuse, tant soit peu contraignante, et faisant prévaloir la solidarité jurée sur l’int
877 par Toynbee Dans le résumé magistral de ce qui fut l’œuvre de sa vie, A Study of History 80, le plus grand philosophe de
878 sion du citoyen envers la cité particulière où il était né et l’administration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce
879 que plus vaste que Rome avait créée. Ce compromis était psychologiquement possible dans les seules communautés où l’idolâtrie
880 mprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il n’ est pas nécessaire de souligner l’analogie entre le problème de la souver
881 utefois, à la lumière de l’Histoire grecque, nous sommes en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouvera sa s
882 stitution de la souveraineté nationale n’aura pas été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons attendre de
883 Occident où chaque pensée et sentiment politiques sont liés à un esprit de clocher et hypnotisés par le prestige d’un glorie
884 notisés par le prestige d’un glorieux passé. Ce n’ est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever
885 ettra de donner plus de substance, avant qu’il ne soit trop tard, à l’organisation internationale ébauchée — réussira-t-elle
886 — réussira-t-elle ? Rien ne permet de l’affirmer. Soyons seulement assurés que, si ces précurseurs-là échouent, l’œuvre ne ser
887 s que, si ces précurseurs-là échouent, l’œuvre ne sera jamais accomplie par les dévots pétrifiés de cette idole : la souvera
888 les postes : ils n’ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de
889 in, et n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de tout soupçon de fédéralisme clandestin. Mais leur temps va
890 eunes générations. Or, l’histoire de l’humanité n’ est pas faite seulement d’accidents, de victoires et défaites électorales
891 ales, économiques, voire militaires au loin. Elle est déterminée par ces prises de conscience imprévisibles, survenant dans
892 us fort Minorités favorisées « La vie politique est un combat » La vie politique est composition des diversités, voire de
893 La vie politique est un combat » La vie politique est composition des diversités, voire des contraires Réglementer et con
894 signifient pas que les citoyens d’un État-nation sont orgueilleux et ceux d’une fédération solidaires, mais signifie simple
895 ement, que le système requiert, pour fonctionner, soit l’affirmation de l’orgueil national, soit la pratique de la solidarit
896 ionner, soit l’affirmation de l’orgueil national, soit la pratique de la solidarité. Indépendamment de tout jugement sur les
897 Il se trouve que les « vertus » de la colonne II sont chrétiennes, celles de la colonne I idolâtres. 68. Le franco-prove
898 Le franco-provençal, parfois appelé burgondien, a été parlé du ixe siècle à la fin du xviiie siècle dans la région délimi
899 enoble, le sommet se situant au nord de Besançon. Étaient englobées la Franche-Comté, la Suisse romande actuelle, la Savoie, la
900 s prédécesseurs de Louis XIV. 71. Voir L’Avenir est notre affaire , 1977, et plus anciennement Vingt-huit siècles d’Euro
901 r aux vainqueurs. 74. L’essentiel de ce chapitre est repris des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir est notre affaire ,
902 repris des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir est notre affaire , paru en 1977. 75. Le titre de sa revue qui parut de
903 de sa revue qui parut de 1933 à la guerre, avait été créé par le socialiste français Victor Considérant, en 1848. Il fut a
904 cialiste français Victor Considérant, en 1848. Il fut aussi le titre de la revue de A. Gramsci : Ordine Nuovo (1919-1920).
905 ne Nuovo (1919-1920). Dans les trois cas, le sens était le même : création d’un ordre vrai contre le « désordre établi ». 76
906 pe , Stock, Paris, 1979. 77. « Si l’on estime qu’ être opposé à tout abandon de souveraineté, c’est être nationaliste, alors
907 être opposé à tout abandon de souveraineté, c’est être nationaliste, alors oui, je suis nationaliste ». G. Marchais, 7 juin
908 veraineté, c’est être nationaliste, alors oui, je suis nationaliste ». G. Marchais, 7 juin 1979. Je pourrais reproduire ici
909 r, on pouvait lire : « [La souveraineté nationale est ] un dogme périmé… depuis cinquante ans. Nos descendants associeront s
910 à demi sauvage de la vie des nations… Les nations sont toujours vivantes mais leur pleine souveraineté est morte. » Jacquier
911 t toujours vivantes mais leur pleine souveraineté est morte. » Jacquier était le pseudonyme de Résistance de Michel Debré.
912 is leur pleine souveraineté est morte. » Jacquier était le pseudonyme de Résistance de Michel Debré. 79. D. de Rougemont, pa
913 étation (Gallimard). 81. En 1953, Arnold Toynbee fut l’un des six « Sages » (les autres étant Alcide de Gasperi, Robert Sc
914 ld Toynbee fut l’un des six « Sages » (les autres étant Alcide de Gasperi, Robert Schuman, le professeur allemand Eugen Kogon
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
915 n sourire avant de remarquer : — Cette élection n’ est guère plus importante qu’une cantonale » (Le Monde, 6 février). Mais
916 ’au contraire « l’enjeu des élections européennes était d’abord national » (Georges Marchais, pour le PC), que « la bataille
917 ais, pour le PC), que « la bataille pour l’Europe était d’abord une bataille pour la France », car « avant de faire l’Europe
918 rd ? » Problèmes, on le voit, dont l’importance n’ est pas plus cantonale qu’européenne, mais décisive et bien réelle, donc
919 roblème se réduit à savoir si l’Europe — quel que soit son régime — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notre soc
920 l que soit son régime — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notre société » (S. Veil) ou « la condition d’une soc
921 la droite et Lionel Jospin pour la gauche. Il en est résulté à l’évidence que ni la droite ni la gauche ne considèrent l’E
922 e, l’union seule peut les y aider. Pas un mot n’a été prononcé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur son contenu ni
923 Il s’agissait de savoir si la gauche ou la droite étaient plus ou moins cohérentes avec leur image de combat, et laquelle allai
924 pas un mot sur les sacrifices qu’aucun pays ne s’ est dit prêt à consentir à l’œuvre, pourtant déclarée si « désirable » pa
925 avant tout nationale… C’est à celui qui promet d’ être le plus exigeant avec la CEE dans l’intérêt strictement financier du
926 aume-Uni (Le Monde, 23 mai 1984). Mrs. Thatcher s’ est félicitée d’avoir pu « arracher », à ses partenaires des Dix, des ris
927 ards de livres, « alors que le Labour n’avait pas été capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de « bloquer l’
928 du Parti conservateur en faveur de la Communauté est sans ambiguïté… Mr. Kinnock, pour le Parti travailliste, a exigé, lui
929 ïté (au sens courant de l’expression) : le Labour est franchement contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie Il a été très
930 t contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie Il a été très précisément exposé dans un article du Corriere della Sera (20 ma
931 opa senza passione », par Michele Tito. Précision est ici synonyme de cruauté, mais certes pas pour l’Italie plus que pour
932 . De l’Irlande à la Grèce, le Parlement européen est un pur prétexte à confrontations et rencontres sur d’autres thèmes. E
933 ce, en Allemagne, en Angleterre et en Italie, qui sont les quatre pays les plus importants de la Communauté, il a constitué
934 te. (On pourrait dire que le discours politicien est un hommage que les nationalismes les plus obtus rendent à l’idéal eur
935 rcher Zeitung du 17 mai), l’enjeu réel du 17 juin est d’offrir aux électeurs des grands partis une occasion de se compter82
936 le veuillent ou non, avec des prises de position soit pour l’Europe « impossible » des États-nations, soit pour l’Europe vi
937 t pour l’Europe « impossible » des États-nations, soit pour l’Europe vitalement nécessaire de la souveraineté fédérale du co
938 Europe des régions fédérées À l’heure où ceci est écrit, nul ne sait encore combien des listes annoncées par les petits
939 u’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simplement considérés comme tels. Quelques exemples. Les jeunes gisca
940 e : une partie de la dimension nationale disparue sera affectée à la dimension européenne, une autre partie à la dimension r
941 sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se croirait à droite. « L
942 erver la nature pour que survivent les hommes » n’ est pas un slogan de « gauchistes », « manipulés » ou non, mais pourrait
943 gauchistes », « manipulés » ou non, mais pourrait être qualifié à plus juste titre de conservateur. Quant aux destructeurs d
944 océans qui font tout l’oxygène que respirent les êtres vivants — ces destructeurs sont des industriels, rarement « de gauche
945 ue respirent les êtres vivants — ces destructeurs sont des industriels, rarement « de gauche »…). Pour les verts français, q
946 et le Parti écologiste, quatre priorités absolues sont formulées dans un tract diffusé au début de mars : L’Europe de la qu
947  : le blocage institutionnel dû aux États-nations est dépassé des deux côtés ; des régions politiquement adultes, une Europ
948 echnocrates ». « La prééminence des États-nations est un frein au développement des régions de l’Europe. » Signe des temps 
949 dis une « Internationale écologiste », mais qu’il serait plus exact, en l’occurrence, de baptiser la Première interrégionale e
950 européenne. Une alliance des huit partis verts a été formée en janvier dernier, en l’absence toutefois des verts ouest-all
951 et des écologistes luxembourgeois. Cette absence est due au refus de l’alliance d’accueillir en son sein des communistes,
952 ouest-allemands souhaitaient que le rassemblement fût ouvert à tous. Les huit partis membres de l’alliance sont les suivant
953 ert à tous. Les huit partis membres de l’alliance sont les suivants : l’Agalev (belge flamand), le Parti écologiste (belge f
954 t la recevabilité financière semble encore loin d’ être assurée. (On sait que le dépôt d’une garantie remboursable de 4,6 mil
955 e remboursable de 4,6 millions de francs français est exigé pour chaque liste.) Signalons parmi ces groupes l’Action fédéra
956 FSL) qui insiste sur le fait que ses propositions sont « par nature et par définition, de caractère européen, et non pas ins
957 éjà des députés dans leur parlement national. Ils sont très fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanimes da
958 s fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanimes dans leurs propositions européennes, et ceci corrigera cela,
959 monde semble avoir oublié que l’enjeu du 17 juin est le renouvellement du Parlement européen : personne n’en parle ou pres
960 aspects positifs du PE — oui, tout arrive — nous sommes heureux de citer : Le Parlement européen est le lieu de la création,
961 sommes heureux de citer : Le Parlement européen est le lieu de la création, de la discussion publique et transparente d’u
962 ation de politiciens européens pour lesquels ce n’ est plus la guerre, mais bien la paix qui est le vrai cas d’urgence. L’
963 ls ce n’est plus la guerre, mais bien la paix qui est le vrai cas d’urgence. L’ex-ambassadrice des USA auprès des Nations
964 on récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pour être une superpuissance, sauf la volonté. » L’un des Français lui dit : —
965 les États membres et leurs représentants, après s’ être arrogé, au mépris des traités qui les lient, des pouvoirs exécutifs e
966 n avec les défis majeurs du temps présent. […] Il est temps que le réalisme, garant du futur qu’ils proclament, succède à l
967 ué suivant : la reine Béatrix aux députés : il n’ est de souveraineté qu’européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Majesté la
968 1984, Sa Majesté la reine Béatrix des Pays-Bas s’ est adressée aux députés européens. La reine a insisté sur l’idée que les
969 parlementaires debout : « La démocratie politique est née au xviiie siècle, la démocratie sociale a fait son apparition au
970 , hiver 1967-1968, n° 5-6, hiver 1969-1970, n° 6, été 1972, n° 1, printemps 1974, n° 1-2, printemps-été 1975 ; « Les région
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
971 Conclusions (été-automne 1984)t u Je me suis aperçu un peu tard, c’est-à-dire cette nuit et ce matin même, que j’a
972 ue comme celui-ci où le plus important ne saurait être résumé. Les mots qui ont fusé de partout, les échanges rapides, c’est
973 ue je ne pourrai pas mener à bien. Alors, je vais être aussi peu objectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’a
974 que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a été de loin le plus riche par le nombre et par l’importance des thèmes ab
975 ’importance des thèmes abordés. J’espère qu’il ne sera pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pour une cont
976 nre de rencontres. Je retiens, parmi d’autres qui sont peut-être plus importants, les trois thèmes qui nous ont le plus long
977 ui nous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et sa préparati
978 p d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une journée extrêmement instructive, pour tout le monde je crois, un
979 re ami Boldizsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est-ce qu’on prépare déjà un forum pour l’année prochaine ? Je
980 izsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est -ce qu’on prépare déjà un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu
981 e ? Je croyais qu’il parlait de notre colloque. J’ étais absolument à côté de la réalité. Et je crois que je n’étais pas le se
982 lument à côté de la réalité. Et je crois que je n’ étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été extrêmem
983 seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que le Forum culturel d
984 s tous. J’ai appris que le Forum culturel dont il était question allait commencer à s’organiser en novembre à Budapest et se
985 dapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’il était la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle avait donné naissance
986 ale comprenant deux espèces de membres : ceux qui sont désignés comme « des personnes libres », c’est presque incroyable, et
987 gouvernementaux » — faut-il comprendre qu’ils ne sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité représentant six-cents pe
988 a totalité représentant six-cents personnes. Ce n’ est donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par ha
989 pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’ est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière
990 la un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de désigner cette chose, ce « ma
991 ar a proposé « dialogue multilatéral », mais il n’ était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une conversa
992 onc appris tout cela, et que le thème de Budapest sera une discussion générale, donc un forum culturel, sur la sécurité en E
993 Grossrieder, M. Haber et M. Boldizsar. Ce dernier sera l’un des hôtes, l’un des organisateurs de Budapest. Il nous a surtout
994 uels vont d’instinct vers ce qui peut séparer, ne fût -ce qu’en apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils étaie
995 ence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce
996 lloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est , dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut trouver,
997 unit, surtout dans le domaine de la culture, qui est d’abord une question de langage. Et ceci nous a amenés, durant la deu
998 a fait encore plus d’effet. Les vraies recherches sont sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord,
999 . Les vraies recherches sont sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmement int
1000 Madrid », c’est-à-dire le genre de termes qui ont été retenus, pour préparer Budapest, en étant absolument sûr que cela ne
1001 s qui ont été retenus, pour préparer Budapest, en étant absolument sûr que cela ne risquerait pas d’aboutir à des conclusions
1002 dans le développement de l’Empire byzantin, je me suis permis de relever deux remarques qui me paraissent aller très loin. V
1003 érence de l’Europe morcelée du Moyen Âge, Byzance est restée une monarchie centralisée où les doctrines politiques de l’emp
1004 Ce qui, selon vous, définit l’héritage de Byzance est devenu, de toute évidence, celui de la Russie, non seulement au Moyen
1005 ès la révolution d’Octobre, où beaucoup de traits sont proprement byzantins. Dans l’Empire byzantin, dites-vous, l’individu
1006 État, à l’empereur et à l’Église. Le parallélisme est frappant avec des situations que nous connaissons — en remplaçant l’É
1007 ope va très loin, d’autant plus loin qu’elle ne s’ est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moins ethniq
1008 par l’intermédiaire de l’Église orthodoxe. Je me suis demandé s’il n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai
1009 rieder, mais sur la production littéraire. Le ton était tranquille, objectif, aimable, je tiens à le souligner, et d’autant p
1010 nses venues de l’autre côté, et je crois que cela est tout à fait important. Il y a eu des moments où l’on sentait la tensi
1011 lité extrêmement dense, dirais-je, et puis tout s’ est détendu quand notre président a pris la parole pour dire que les prop
1012 la même analyse que Nivat venait d’appliquer à l’ Est . Cela m’a frappé d’autant plus que j’avais eu la même idée en même te
1013 vous ai lu mes notes juste après que le président soit intervenu. C’était en substance : pourquoi ne pas appliquer la méthod
1014 littérature terrienne, comme celle de Ramuz qui s’ est fait une langue qu’il voulait absolument purifiée de toute idéologie.
1015 ment purifiée de toute idéologie. Le parallélisme est intéressant, et on a pu constater qu’il y avait des conflits parfois
1016 raire, même religieuse, comme Nivat l’a souligné, était un phénomène universel qu’il fallait étudier de près. Voilà encore un
1017 dans un petit cercle européocentrique, et que ce serait drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je crois que, là, vou
1018 nstituts pour l’étude de la culture européenne, a été de glorifier la culture européenne des siècles passés, tout en laissa
1019 en parlant des réactions du tiers-monde, car s’il est urgent de définir la culture commune des Européens, c’est pour prendr
1020 t d’une manière endémique, et puis, ensuite, on s’ est aperçu que cela détruisait des équilibres écologiques millénaires, et
1021 uveau sujet de colloque extrêmement important. Ce serait un Dialogue des cultures, un dialogue entre l’ensemble de la culture
1022 c’est une chose à reprendre. Le troisième thème a été centré sur la culture européenne. Là-dessus, il m’est difficile de dé
1023 centré sur la culture européenne. Là-dessus, il m’ est difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujou
1024 r que des conclusions personnelles, auxquelles je suis arrivé déjà depuis une trentaine d’années, sur la culture commune des
1025 ’est la diversité extraordinaire des sources, qui est beaucoup plus grande qu’on ne veut bien le dire d’habitude. Tout le m
1026 e. Tout le monde, dans les pays latins surtout, a été enthousiasmé par la définition de Paul Valéry : est absolument europé
1027 é enthousiasmé par la définition de Paul Valéry : est absolument européen tout ce qui a été touché ou formé par ces trois s
1028 ul Valéry : est absolument européen tout ce qui a été touché ou formé par ces trois sources : Athènes, Rome et Jérusalem, a
1029 . Simone Weil avait très bien montré en quoi Rome était au fond incompatible avec Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais
1030 Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais ce n’ est pas tout. Il y a en plus des trois sources selon Valéry la source ger
1031 ois sources selon Valéry la source germanique qui est considérable ; la population germanique a fait un bon tiers de la pop
1032 iers de la population de l’Europe, un autre tiers étant la population celte. Ce sont les deux grandes sources qui sont venues
1033 ope, un autre tiers étant la population celte. Ce sont les deux grandes sources qui sont venues s’ajouter pour compliquer fo
1034 ation celte. Ce sont les deux grandes sources qui sont venues s’ajouter pour compliquer formidablement le jeu, pendant tout
1035 le roman, toute la littérature, y compris l’opéra sont sortis de là, et le reste est sorti de la civilisation germanique, no
1036 y compris l’opéra sont sortis de là, et le reste est sorti de la civilisation germanique, notamment les notions de communa
1037 de communauté et tout le droit communautaire qui est tellement important ; si l’on veut faire des fédérations, c’est à cel
1038 te parfois. La source slave, à partir du xixe , a été considérable pour nous, ne fût-ce que par l’influence des romanciers
1039 partir du xixe , a été considérable pour nous, ne fût -ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xixe , puis
1040 re européenne, c’était peut-être M. Boldizsar. Il était onze heures du matin, et je l’ai noté. À cinq heures de l’après-midi,
1041 cinq définitions de la culture européenne. Cela s’ était passé très vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’arrête
1042 ison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était définition de la culture n’était pas culture, il avait raison aussi.
1043 que tout ce qui était définition de la culture n’ était pas culture, il avait raison aussi. Donc, la culture européenne peut-
1044 éfinitions toutes justes, c’est-à-dire capables d’ être intégrées et exemplifiées par des œuvres et par des personnes. Il peu
1045 rsonnes. Il peut y en avoir des millions, et cela sera juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégreront à leu
1046 millions, et cela sera juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégreront à leur manière, selon leur vocation uni
1047 vocation unique, sans précédent, tout ce qui leur est venu de partout — les objets de leur piraterie ! Je propose donc cett
1048 ette seconde conclusion : la culture européenne n’ est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’est pas la plus centrale du
1049 la culture européenne n’est pas la plus belle, n’ est pas la seule, n’est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doi
1050 ne n’est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’ est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses di
1051 s activités humaines, non pas seulement, comme on est toujours tenté de le dire, littéraires et artistiques, mais peut-être
1052 ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous t
1053 enre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter cela dans
1054 eaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter cela dans les mêmes conditions, aussi so
1055 Ouest », Cadmos, Genève, p. 231-238. u. Ce texte est la conclusion d’un colloque organisé du 10 au 12 mai 1984 à Genève pa
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
1056 mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe ( été 1985)v L’article que l’on va lire a paru d’abord dans la Rivista d
1057 deux responsabilités Il existe deux manières d’ être responsable. Celle de l’homme d’État au pouvoir, dont la charge est d
1058 elle de l’homme d’État au pouvoir, dont la charge est de saisir et de créer toutes opportunités de se rapprocher d’un grand
1059 ée militante, qui exige que les moyens préconisés soient ceux du but et non du seul pouvoir à conserver. Celle qui répond de l
1060 ités et des limites spécifiques de ma charge, qui est d’un homme de pensée soucieux d’agir et d’un militant sans relâche de
1061 u Conseil de l’Europe Le Conseil de l’Europe a été conçu durant la préparation du premier Congrès de l’Europe, qui allai
1062 e même salle des Chevaliers — le Ridderzaal — qui fut le siège de notre manifestation fondatrice, qu’il y avait pris part p
1063 décisions qui ont fait l’histoire du xxe siècle furent prises ici. Et il ajoutait un peu plus tard à Strasbourg, devant le P
1064 a pris forme, c’était au congrès de La Haye. J’y étais et j’y croyais. » Le congrès avait réuni, sous la présidence d’honneu
1065 ns . J’avais obtenu de haute lutte que ce message fût rédigé par la commission culturelle du congrès. Organisateur et rappo
1066 rteur de la commission, j’eus donc l’honneur d’en être aussi le lecteur. En voici le texte : Message aux Européens L’Europ
1067 voici le texte : Message aux Européens L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
1068 sage aux Européens L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e
1069 ente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
1070 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend
1071 it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous
1072 . L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av
1073 . Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péri
1074 vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi
1075 est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son
1076 rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche
1077 il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr
1078 ’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau
1079 homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises
1080 ope joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v
1081 le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4. Nous voulons une Assemblée européenne où soie
1082 arte. 4. Nous voulons une Assemblée européenne où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous preno
1083 Strasbourg. Faute d’un siège propre qui ne devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous la p
1084 ous l’avions voulue législative ; cette assemblée était formée de délégués représentant les parlements, non pas de députés él
1085 nos nations ». Cela changeait tout. Mais l’homme est ainsi fait : curiosité d’abord. Avec Raymond Silva, secrétaire généra
1086 » né, lui aussi, du congrès de La Haye et dont je suis le directeur désigné, nous débarquions à Strasbourg en août 1949, pou
1087 tient l’assemblée, le premier rencontré se trouve être Coudenhove-Kalergi, que je n’avais pas revu depuis New York, pendant
1088 vous celui dont l’idée se réalise ici ! » (Ce qui est légèrement excessif : je ne suis de loin pas le seul à avoir préconis
1089 e ici ! » (Ce qui est légèrement excessif : je ne suis de loin pas le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle est encore
1090 as le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle est encore loin de se réaliser…) En fait, il ne va rien se passer à cette
1091 es Européens » ont décidé de manifester : ils ont été à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas une douz
1092 une cinquantaine de « délégués » — puisqu’ils ne sont pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du titre — mo
1093 ièrement élus et donc dignes du titre — mon siège est fait : il s’agit de modifier essentiellement la formule même de l’Ass
1094 nt la formule même de l’Assemblée, et d’obtenir — fût -ce par un coup d’État européen — que cette Assemblée soit élue. 3.
1095 par un coup d’État européen — que cette Assemblée soit élue. 3. L’année de la grande contestation La deuxième année du
1096 paraît aujourd’hui d’autant plus frappante que je suis bien placé pour savoir qu’elle ne fut en rien concertée. Je les rappo
1097 nte que je suis bien placé pour savoir qu’elle ne fut en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vécues, e
1098 ux députés européens et de la réception qui leur fut réservée par l’Assemblée ; d’un projet de nouveau Serment de Strasbou
1099 l’Europe. Messieurs les députés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Fair
1100 ou bien ne signifie pas grand-chose […]. Nous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille v
1101 és accumulées sur votre route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter […]
1102 route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’ est moins, c’est votre volonté de les surmonter […]. Pour tout dire en st
1103 s de perles du genre de Festina lente, Paris ne s’ est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence es
1104 ur, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère de sûreté, chi va piano va sano, wait and see, step by step. Les
1105 ds ont l’humeur proverbiale, mais votre Assemblée est trop jeune. Je lui propose quelques slogans nouveaux et quelques amen
1106 a sagesse des peuples : Petit à petit, Paris ne s’ est pas fait, mais par deux ou trois décisions, dont celle du baron Hauss
1107 eux pas, sauf franchir un fossé. — Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout est préma
1108 haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui ne veut rien. — Chi va piano perd la Corée.
1109 rien. — Chi va piano perd la Corée. — La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux […]. Messieurs les dépu
1110 ertu des audacieux […]. Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’aveni
1111 ver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est . La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — c
1112 au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’ est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abando
1113 tent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple, n’es
1114 voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple, n’ est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est
1115 Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’ êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplemen
1116 , vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de
1117 e vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire élire. U
1118 ions ait quelque chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discute
1119 urope. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été , en septembre, à Strasbourg […]. Si vous me dites que c’est prématuré
1120 oment, et sous quelles conditions, cela cessera d’ être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’o
1121 ïve, je vous demanderai si quelque chose au monde est plus difficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie,
1122 -vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettres que
1123 fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été , en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettres que je viens de cit
1124 fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est  ». À la fin du concert, André Philip m’expose enfin l’affaire en dix
1125 squ’à ce qu’une Constitution fédérale de l’Europe soit décidée. Philip ajoute qu’il y aura un dîner après-demain pour arrête
1126 ssez : toutes les nations de l’Europe occidentale sont aujourd’hui totalement solidaires pour la guerre ou pour la paix, pou
1127 s. Si dans les circonstances actuelles l’Europe n’ est pas capable de se donner une voix dans le concert international, si e
1128 ement sur les décisions et sur les événements, qu’ est -ce donc qui peut arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’es
1129 arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’ est engagé ? Si les délégués des peuples européens réunis à Strasbourg ne
1130 Strasbourg ne font pas l’Europe cette année, qu’y seront -ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, cons
1131 nt donné à l’Europe une constitution fédérale qui sera soumise à la ratification des parlements ou à l’approbation directe d
1132 l’Europe entre les fils de Charlemagne. 1950 doit être la date d’un second serment qui l’unira. Il est très difficile d’espé
1133 être la date d’un second serment qui l’unira. Il est très difficile d’espérer que jamais les gouvernements européens concl
1134 fédéral. En revanche, des députés réunis ici, il est permis d’attendre un acte de courage, s’ils sentent que l’opinion pub
1135 blique les approuvera et les soutiendra […]. Nous sommes à Strasbourg un groupe qui avec des moyens sérieux tente de lancer et
1136 sser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous ne sommes certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à nos am
1137 demandons à nos amis de nous croire : le succès n’ est pas exclu. Comment ne pas admirer la convergence des exigences de Vi
1138 l : « Le document peut-être capital de Strasbourg est écrit. Dodo. » Le 24 août : « À 11 h, Carlo Schmid, Retinger et d’aut
1139 naud, les Hollandais, les Allemands. Carlo Schmid est sorti furieux du meeting. » Le 25 août : « À 11 h, à l’Assemblée, dis
1140 un mot — j’ai appris que la motion Jacquet avait été refusée. Tout simplement. 3. Le Conseil de l’Orangerie. Suite, sans
1141 a troisième manifestation d’impatience européenne fut le fait d’une importante fraction de l’Assemblée, et prit le nom de C
1142 gilance. Sur une initiative dont, aujourd’hui, je suis incapable de désigner la source (mais plusieurs survivants de l’événe
1143 sis dans le parc, en face du Palais de l’Europe, fut aménagé en salle de parlement pour les séances du conseil contestatai
1144 les trois quarts de la salle, les premiers rangs étant réservés aux députés de l’Assemblée dont on attendait qu’ils traverse
1145 dant en direction du Comité des ministres : il ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeure. Je
1146 il appelle la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l
1147 gmans et Silva. Je l’y encourage vivement. » Nous sommes à Strasbourg de nouveau, Silva, Dadelsen et moi le 17 novembre, pour
1148 européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au moins 3000 jeunes gens dès le 27 novemb
1149 e texte du message que le porte-parole des jeunes sera chargé de présenter à l’Assemblée. Voilà qui nous promet, à Dadelsen
1150 Conseil de l’Europe Au mois d’août dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux frontières,
1151 mbre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulo
1152 n — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire entendre par vous directement. Vous avez l
1153 rons demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n
1154 u rythme actuel de vos travaux, enfermés que vous êtes dans un statut d’impuissance, vous le savez aussi bien que nous : l’E
1155 ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’est donc la sagesse même qui vous commande l’audace
1156 politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour proclamer des nécessités et un but. L’heure est venue pour v
1157 pour proclamer des nécessités et un but. L’heure est venue pour vous d’accomplir l’acte révolutionnaire qui seul peut nous
1158 rs. C’est sur vos actes et sur eux seuls que vous serez jugés. Prend place alors — pour être dit après la réponse du préside
1159 s que vous serez jugés. Prend place alors — pour être dit après la réponse du président de l’Assemblée — le texte d’un serm
1160 l’Assemblée — le texte d’un serment de plus : ce sera le troisième de la saison ! Serment Nous jurons que, par tous les mo
1161 mais seulement comme une patrie commune. L’Europe est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste cur
1162 ens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’elle serait aujourd’hui simplement impensable : ils exigeraient de « passer à la
1163 : ils exigeraient de « passer à la télé », ce qui est facile, mais aussi des frais de voyage, ce qui l’est moins. Nous vivi
1164 facile, mais aussi des frais de voyage, ce qui l’ est moins. Nous vivions l’époque héroïque des gens — jeunes de tout âge —
1165 eil de l’Europe Les trois années qui suivirent furent celles des conclusions, lentement dégagées par l’histoire, des impass
1166 l’Assemblée ad hoc, dont le mandat et les tâches étaient définis par les résolutions de Luxembourg et par l’art. 38 du traité
1167 utionnelle — dont le rédacteur principal et final fut le professeur et sénateur belge Fernand Dehousse ? Personne, à ma con
1168 il dépasse, on dirait que la Communauté proposée est une confédération d’États, mais capable, dans les seuls domaines où l
1169 mais capable, dans les seuls domaines où l’union est indispensable, de fonctionner comme une fédération. Il est utile à ce
1170 pensable, de fonctionner comme une fédération. Il est utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous a
1171 ent sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’ est proprement qu’un « exécutif » comparable à celui que prévoit le proje
1172 e Communauté européenne. La quadrature du cercle était enfin démontrée : par l’exemple irréfutable d’une confédération et/ou
1173 à la satisfaction générale, et dont la recette n’ était pas trop complexe : non pas « abandonner », mais « dépasser » les sou
1174 finalement condamné par le rejet de la CED, qu’il était censé « chapeauter » avec la CECA. Cette belle initiative, si bien c
1175 on vient de le rappeler — devait à son origine d’ être orientée dès le départ vers ce qui allait devenir dès 1955 les Commun
1176 urope94. Entre-temps, Paul-Henri Spaak, qui avait été le premier président de l’Assemblée consultative du CE, avait repris
1177 allemand et pour en vérifier la traduction, je me suis reporté à mes notes de journal de 1950 : il me semblait que j’allais
1178 lait que j’allais y retrouver quelque chose qui n’ était pas sans relation avec cette parole de Spaak. Et en effet, en date du
1179 le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte », si l’on reprend les termes du Message de La
1180 u Message de La Haye. Des succès importants ont été obtenus dans ce domaine : les droits de la personne, à de nombreuses
1181 On ne saurait dire que cela répond, si peu que ce soit , au besoin de repenser le problème européen à partir de ses données d
1182 lénaire des 21 pays de l’Ouest et des 8 pays de l’ Est , non moins européens par leurs traditions culturelles, et plus europé
1183 même mouvement l’Europe et sa culture commune. Il est vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ont guère pris force
1184 oquer, survenus dans le domaine propre du CE, qui est le domaine politique au sens large, incluant celui des droits de l’ho
1185 rès les échecs subis dans son domaine propre, qui est l’économique. Car on sent bien que le double fait que le Conseil de l
1186 culture ». Encore faut-il que le verbe commencer soit pris ici dans toute la force de son sens d’initiation, d’instauration
1187 de mise en marche ; et que le concept de culture soit pris au sens actif de création (non de consommation ni d’ornement) ;
1188 éalisation du Conseil de l’Europe dans ce domaine fut également la plus fidèle aux exigences d’une culture des valeurs qui
1189 ’unissent pour les défendre et les illustrer : ce fut la table ronde de l’Europe, réunie à Rome en octobre 1953. Elle siége
1190 ropéens (que j’eus l’honneur de présider) avaient été chargés d’introduire les grands thèmes historiques, religieux, philos
1191 ’unité fondamentale des Européens. Ces Sept Sages étaient Alcide de Gasperi, l’ambassadeur néerlandais van Kleffens, le profess
1192 L’originalité de l’action culturelle du Conseil est de chercher à susciter la mise en œuvre de mesures qui viennent appor
1193 au nécessaire — et je dis halte ! Si la culture n’ est pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui m
1194 e dis halte ! Si la culture n’est pas première, n’ est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en sou
1195 remière, n’est pas directrice et rectrice, elle n’ est rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambitions à
1196 e hélas parfait d’une situation de ce type nous a été récemment fourni par l’épisode de la Déclaration européenne sur les o
1197 r une Charte européenne de la culture. Une charte est un document juridique qui engage très sérieusement ses signataires. U
1198 es aussi « souveraines » que leurs fonctionnaires sont anonymes — la Conférence des ministres de la Culture rejetait l’idée
1199 sur les objectifs culturels dont le but principal sera de soumettre aux parties à la Convention culturelle européenne des ob
1200 européenne des objectifs culturels susceptibles d’ être pris en compte dans leur politique en tous domaines et de contribuer
1201 auts fonctionnaires (des ministres de la Culture) fut à nouveau rejeté, et c’est une troisième version que les hauts foncti
1202 . Ils affirment que « la finalité de nos sociétés est de permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté et l’attachement
1203 en français). Les intentions de MM. les ministres sont irréprochables. Mais : 1° On chercherait en vain dans la Déclaration
1204 considérants » allégués en tête de la Déclaration sont à peu près indéfendables, non seulement dans leur forme, mais dans le
1205 ième : « Considérant que les cultures européennes sont fondées notamment sur une tradition séculaire d’humanisme laïque et r
1206 ensuite que le fondement premier de ces cultures est une tradition d’« humanisme laïque » (d’où l’adjectif « séculaire »,
1207 f « séculaire », tandis que l’humanisme religieux est deux fois millénaire, comme on sait). Faut-il en conclure que les nat
1208 rence permanente des pouvoirs locaux et régionaux est à peu près l’inverse du précédent. Ici, l’on est parti non des mythes
1209 néralement à portée de la main. Et peu à peu l’on est passé de l’échelle communale à la région, selon la logique des réalit
1210 remarquable, en l’occurrence, c’est que la région est désormais en mesure d’apporter des réponses concrètes aux vœux émis c
1211 a région : le citoyen ne peut se sentir libre, et être libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer des r
1212 , et être libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer des responsabilités réelles, dans un milieu dont
1213 en les problèmes et les ressources. Tout le reste est littérature. Il n’y a pas de libertés sans responsabilités correspond
1214 abilités correspondantes, comme, en retour, nul n’ est tenu pour responsable de ses actes s’il ne les a pas commis librement
1215 l ne les a pas commis librement : le bon soldat n’ est pas tenu pour assassin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Dans
1216 itique, le Conseil de l’Europe, sans contredit, s’ est placé au tout premier rang des constructeurs d’une Europe fédérale.
1217 n : une urgence nouvelle Trente-cinq ans, ce n’ est pas l’heure des bilans, mais d’une prise de conscience plus impérieus
1218 de l’Europe. J’écrivais en 1952 : Europe jadis fut enlevée à l’Asie par une fougueuse divinité de l’Occident, Jupiter ch
1219 nous dit qu’Europe aujourd’hui risque à nouveau d’ être séduite, cette fois-ci par un Ours ou par un Aigle. Craignons plutôt
1220 udes sur la CEE de Bruxelles et ses problèmes. Je suis de près les activités culturelles et régionalistes du CE, et j’y part
1221 r le maintien de la paix continentale. Quels que soient les jugements que l’on porte sur les trente-cinq années du CE et les
1222 et les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’il en soit des qualités et des défauts intrinsèques de chaque institution — la q
1223 emeure ouverte et qui exige une réponse immédiate est de savoir si nous allons enfin prendre conscience d’un scandale qui n
1224 lons enfin prendre conscience d’un scandale qui n’ est pas, comme on semble le croire, un fait de nature, mais un cafouillag
1225 phique, c’est-à-dire de contestation, pourra-t-il être une occasion privilégiée de la prise de conscience que j’appelle ? Ve
1226 tiative d’en tirer d’immédiates conclusions ? Qui est le mieux placé pour le faire ? Je vois seulement ce qui est urgent, e
1227 ux placé pour le faire ? Je vois seulement ce qui est urgent, et qui commande le reste : — il s’agit d’unifier les actions
1228 institutions européennes actuellement existantes sont adaptées aux réalités et aux exigences de l’Europe de demain. » En mê
1229 nseil de l’Europe. » 85. Ces six organisations étaient alors : United Europe (fondée par Churchill), le Comité pour l’Europe
1230 xandre Marc, Raymond Silva), qui avait sans cesse été à l’avant-garde de l’action sur l’opinion publique. Ces six associati
1231 s le nom de Mouvement européen, dont le président était Duncan Sandys, jeune ancien ministre anglais des Armements et gendre
1232 e général, le Polonais Joseph Retinger, qui avait été « l’éminence grise du congrès de La Haye ». 86. Mon ami Richard Heyd
1233 à l’université, L. Benvenuti, député italien (il sera plus tard secrétaire général du CE), dont les interventions rapportée
1234 ru de premier ordre. Il me dit : « Monsieur, vous êtes l’homme qui nous oblige tous à méditer. » Puis, au service de presse,
1235 tous mes collègues, je vous assure, l’impression est profonde. D’ailleurs, Bidault vous a déjà cité hier à l’assemblée. »
1236 « Quoi ? » — « Vos fameuses, voyons ! Comme vous êtes pessimiste ! Comme vous nous arrangez ! » Le 24 août, Victor Larock (
1237 r le patronage : 98 oui sur 98 présents. — « Vous êtes le triomphateur de la journée, me dit un délégué belge. Vous devenez
1238 Brugmans, Alexandre Marc et Raymond Silva avaient été les fondateurs, relayés en 1948 par Henri Frenay, Altiero Spinelli et
1239 e professeur Mouskhély, d’origine géorgienne, qui fut le maître d’œuvre de cette opération hautement risquée et réalisée sa
1240 in qui compta 7 numéros, d’avril 1953 à mai 1954, fut l’organe du Groupe des Vingt, comprenant la plupart des meilleurs pol
1241 férence et sa Déclaration finale dans le numéro d’ été 1972 du Bulletin du Centre européen de la culture , à Genève. 101.
1242 aincu : le Conseil de l’Europe », Cadmos, Genève, été 1985, p. 17-43. w. Rougemont en rend compte dans un article de la re
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
1243 intemps 1986)x y Monsieur de Rougemont, quelle est votre activité actuelle ? Je recommence à travailler, après trois moi
1244 on involontaire due à une série de maladies. Ce n’ est pas très facile à résumer : j’ai à peine recommencé à travailler. Mai
1245 tenant, c’est terminer douze livres dont certains sont en bonne partie écrits, ce sont des thèmes d’essai que je peux termin
1246 res dont certains sont en bonne partie écrits, ce sont des thèmes d’essai que je peux terminer rapidement, et puis deux livr
1247 construction fédérale de l’Europe. Voilà. Quel a été le chemin qui vous a permis de devenir écrivain, essayiste, homme pol
1248 me politique ? Je vous dirai d’abord que quand je suis sorti de l’enfance, lorsque j’avais 14-15 ans, j’ai commencé à me dem
1249 de crèmes qu’il fabriquait avec de la colle. J’ai été fasciné par cela, je me suis mis à l’imiter et à essayer de refaire d
1250 vec de la colle. J’ai été fasciné par cela, je me suis mis à l’imiter et à essayer de refaire des plantes. Je faisais des cr
1251 e-là où les questions de croissance, de génétique sont très passionnantes — je voyais de petites cellules se former, monter,
1252 it une sorte de champignon ou presque de fleur. J’ étais fasciné par ce genre de chose, je ne faisais que ça. J’étais décidé à
1253 né par ce genre de chose, je ne faisais que ça. J’ étais décidé à devenir chimiste, j’ai été jusqu’à lire de gros traités de c
1254 s que ça. J’étais décidé à devenir chimiste, j’ai été jusqu’à lire de gros traités de chimie qui étaient très difficiles po
1255 ai été jusqu’à lire de gros traités de chimie qui étaient très difficiles pour moi parce que là, on était très loin de mes mani
1256 étaient très difficiles pour moi parce que là, on était très loin de mes manipulations imaginatives, on était dans les choses
1257 t très loin de mes manipulations imaginatives, on était dans les choses plus sérieuses. Et puis je suis entré au gymnase scie
1258 était dans les choses plus sérieuses. Et puis je suis entré au gymnase scientifique de Neuchâtel à 16 ans, trois ans avant
1259 himie sérieuses au gymnase, j’ai compris que je m’ étais entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma vocation. Ces trois an
1260 ris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’ était pas là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent vraiment ép
1261 as là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent vraiment épouvantables pour moi : j’avais quatorze heures de mathémat
1262 par semaine. J’en ai beaucoup souffert, et je me suis mis, pour essayer de compenser cette erreur d’aiguillage au départ, à
1263 beau jour, comme je faisais beaucoup de sport, j’ étais passionné de football, j’ai lu un livre de Montherlant qui était à la
1264 de football, j’ai lu un livre de Montherlant qui était à la gloire du football, intitulé Le Paradis à l’ombre des épées, un
1265 Paradis à l’ombre des épées, un beau titre. J’ai été tellement enthousiasmé par cette lecture (surtout quand j’ai appris q
1266 ’ai appris que Montherlant jouait au goal — moi j’ étais presque toujours goal-keeper, plutôt que centre avant), que je me sui
1267 goal-keeper, plutôt que centre avant), que je me suis mis à écrire un article sur son livre. Je l’ai envoyé à une revue, la
1268 une revue, la seule revue que je connaissais, qui était La Semaine littéraire, à Genève, et j’ai reçu trois jours après au Gy
1269 médiate du directeur (sans doute croyait-il que j’ étais un jeune professeur d’université). Je me suis révélé ainsi à mes prof
1270 j’étais un jeune professeur d’université). Je me suis révélé ainsi à mes professeurs de sciences qui ont compris pourquoi j
1271 s qui lui ont immédiatement valu la notoriété. Ce fut une période de grande créativité. À Paris, j’ai découvert toutes sort
1272 Kierkegaard, devenu un de mes grands maîtres, qui était aussi théologien ; alors j’ai commencé à m’intéresser à la théologie.
1273 vions repris un peu de cette critique-là, tout en étant très antimarxistes pour le reste. Nous avons alors fondé les groupes
1274 Esprit , et une autre petite revue à laquelle j’ étais plus étroitement attaché, qui s’appelait L’Ordre nouveau , rien de c
1275 n du monde, de l’Europe en particulier. Nous nous sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise était « ni ga
1276 e suite situés en dehors des partis. Notre devise était « ni gauche, ni droite, mais en avant, devant les problèmes ». Nos id
1277 éralisme, je dis curieusement parce que la France est le pays même de la centralisation. Il est vrai qu’il y avait parmi no
1278 France est le pays même de la centralisation. Il est vrai qu’il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avait un
1279 smes. Nous avons forgé ce terme d’État-nation qui est utilisé maintenant un peu partout. Nous avons dénoncé cette nouvelle
1280 oderne qui consiste dans le fait que nos sociétés sont dirigées par l’État, c’est-à-dire par des corps de fonctionnaires qui
1281 est-à-dire par des corps de fonctionnaires qui se sont emparés de l’ensemble des activités de la nation, privant les hommes
1282 nsabilités en leur donnant le sentiment qu’ils ne sont pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma philosophie p
1283 responsable, les deux termes, les deux adjectifs étant absolument liés. Je n’en ai jamais démordu, de cette théorie-là qui e
1284 e n’en ai jamais démordu, de cette théorie-là qui est fondamentale pour tous mes livres : l’homme est libre dans la mesure
1285 i est fondamentale pour tous mes livres : l’homme est libre dans la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être res
1286 s livres : l’homme est libre dans la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vi
1287 la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre. De m
1288 responsable de son rôle dans la vie civique, il n’ est pas libre. De même qu’en justice, on sait très bien que si vous avez
1289 ime et que votre avocat peut démontrer que vous n’ étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous n’êtes pas tenu non plus pou
1290 ’étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous n’ êtes pas tenu non plus pour responsable. Voilà une chose fondamentale sur
1291 s en Europe, après la tragédie de la guerre. Nous étions en train de voir la guerre des nations, des États-nations, se prépare
1292 s-nations, se préparer ; les totalitaires, qu’ils soient de gauche ou de droite, les fascistes italiens, les nazis allemands,
1293 t cela, la personne, l’homme libre et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-di
1294 ente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’ est dissout puisque nous étions de différentes nationalités. Je fus tout
1295 à tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différentes nationalités. Je fus tout de suite mobilisé en Suisse
1296 isque nous étions de différentes nationalités. Je fus tout de suite mobilisé en Suisse où j’étais lieutenant dans l’armée.
1297 tés. Je fus tout de suite mobilisé en Suisse où j’ étais lieutenant dans l’armée. J’étais d’abord en campagne dans mon canton
1298 é en Suisse où j’étais lieutenant dans l’armée. J’ étais d’abord en campagne dans mon canton de Neuchâtel, puis je fus appelé
1299 en campagne dans mon canton de Neuchâtel, puis je fus appelé à Berne à l’état-major, dans la section « Armée et foyer », qu
1300 population et aussi du moral des troupes. Je m’y suis senti à l’aise, car je pouvais commencer à appliquer mes idées sur le
1301 c’est le premier mouvement de résistance qui ait été créé en Europe, heureusement il n’a jamais eu à entrer en fonction co
1302 en fonction contre les Allemands. Alors que nous étions en train d’organiser cette Ligue du Gothard avec des gens que nous av
1303 cours de ma vie. Le 15 juin 1940, mon ordonnance est entrée dans mon bureau et m’a dit : « Mon premier-lieutenant, on vien
1304 premier-lieutenant, on vient d’entendre qu’Hitler est entré dans Paris. » Comme j’avais habité Paris pendant douze ans, cel
1305 s pendant douze ans, cela m’a fait un choc. Je me suis mis à écrire à toute vitesse deux pages que j’ai envoyées à la Gazet
1306 n, j’ai montré mon manuscrit à mon beau-frère qui était à la censure. Il m’a dit : « Tu peux être tranquille, ça ne passera j
1307 re qui était à la censure. Il m’a dit : « Tu peux être tranquille, ça ne passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’e
1308 passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’ est pas du tout neutre. » Le lundi matin, je suis arrivé à mon bureau à s
1309 ce n’est pas du tout neutre. » Le lundi matin, je suis arrivé à mon bureau à sept heures, près de la gare de Berne, où j’ava
1310 e de Lausanne sans plus penser à mon article. Il était en première page, et le titre en était : « À cette heure où Paris exs
1311 rticle. Il était en première page, et le titre en était  : « À cette heure où Paris exsangue voile sa face de nuages et se tai
1312 dans le grand état-major et chez le général. J’ai été mis aux arrêts immédiatement pour atteinte à la neutralité suisse et
1313 inte à la neutralité suisse et même bien pire : j’ étais accusé de mettre en péril la sécurité de la Suisse, ce qui était vrai
1314 mettre en péril la sécurité de la Suisse, ce qui était vraiment l’accusation la plus grave que l’on pouvait porter contre qu
1315 le chef de l’armée a le droit de faire. Cela m’a été annoncé par un gros colonel bernois, qui est venu chez moi — j’avais
1316 m’a été annoncé par un gros colonel bernois, qui est venu chez moi — j’avais loué une petite maison sur les pentes du Gurt
1317 pondu : « Non, mon colonel, aucune, j’ai toujours été pour les vacances payées. » Après cette insolence, on a bu un verre e
1318 avez bien compris : à partir de maintenant, vous êtes au fort de Saint-Maurice en Valais. Tout ce que je vous demande, c’es
1319 aravant, mis en musique par Arthur Honegger, on a été trop content de pouvoir se débarrasser de ma personne : j’étais deven
1320 tent de pouvoir se débarrasser de ma personne : j’ étais devenu gênant en Suisse, on m’a donné un passeport diplomatique, et a
1321 deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyssée que d’arriver en Amérique en cargo, en 1940. Il y e
1322 ue et j’ai dû m’y débrouiller. Denis de Rougemont est resté aux États-Unis jusqu’en 1946. Il donne des cours à l’École libr
1323 is sans cesse à ce qu’on pourrait faire si Hitler était battu, si nous pourrions rentrer en Europe. J’avais beaucoup d’amis d
1324 s de ma vie, ou à peu près. Superbe traversée. Je suis arrivé à Paris où j’ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’étai
1325 où j’ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’ était devenue l’Europe après ces années d’occupation. Puis je suis allé che
1326 e l’Europe après ces années d’occupation. Puis je suis allé chez mes parents près de Neuchâtel. J’ai préparé ma conférence p
1327 t une brochette de conférenciers remarquables qui étaient , entre autres, pour la France, Georges Bernanos et Julien Benda, pour
1328 ers, le philosophe marxiste hongrois Lukacs. Nous étions neuf conférenciers, dont j’étais le plus jeune, et j’ai parlé des mal
1329 is Lukacs. Nous étions neuf conférenciers, dont j’ étais le plus jeune, et j’ai parlé des maladies de l’Europe, de la mauvaise
1330 nq ans d’Amérique. Sans que je m’en doute, cela a été mon premier acte d’engagement européen. J’avais conçu une théorie de
1331 l’individu anonyme perdu dans la masse. Mais quel est le rapport de l’homme à la société, à quels dangers est-il exposé ?
1332 rapport de l’homme à la société, à quels dangers est -il exposé ? Notre mouvement, qui s’appelait « mouvement personnalist
1333 ciétés totalitaires, où l’on pense que la société est le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au se
1334 l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au service de l’homme, doit l’être. Or c’est exactement le contraire
1335 que la société est au service de l’homme, doit l’ être . Or c’est exactement le contraire qui se passe aujourd’hui. Vous me d
1336 tions, il perd sa responsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans
1337 e mon action politique pour l’Europe. Les dangers sont innombrables, ils proviennent tous de la même cause, car dans le mond
1338 des États-nations, dans ce monde dont le seul but est la puissance, on oublie l’essentiel, c’est-à-dire les finalités de ce
1339 bien de faire des recherches scientifiques. J’ai été passionné dès le début par des amis physiciens qui me parlaient de ce
1340 ches. Je trouvais cela très bien, mais quand on s’ est mis à les appliquer sans aucune mesure, sans aucune finalité, sans au
1341 éantissement. Car vous savez, c’est une chose qui est connue maintenant, qui a été vérifiée par toutes les commissions scie
1342 c’est une chose qui est connue maintenant, qui a été vérifiée par toutes les commissions scientifiques américaines, à la d
1343 éricaines, à la demande de la Maison-Blanche : il est parfaitement établi aujourd’hui qu’une guerre atomique, même localisé
1344 s, aboutirait à la fin de toute vie sur terre, ne serait -ce que par l’apparition de ce qu’on appelle « l’hiver nucléaire ». Ce
1345 Donc, et là je me répète, il faut que la société soit faite pour l’homme, et non le contraire. Les deux grandes finalités q
1346 l’on doit rechercher en faisant une société, ce n’ est pas la puissance, mais c’est la liberté et la responsabilité liées, c
1347 ité liées, comme je l’ai dit, et l’amour. L’amour est un des grands thèmes de Denis de Rougemont. Au plus profond de l’homm
1348 férentes, et quelquefois tout à fait opposées. Je suis arrivé, en écrivant mon livre L’Amour et l’Occident , à mettre cela
1349 mour et du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’ est pas une passion égoïste, purement physique, sexuelle, ou romantique e
1350 l’amour que l’on subit, l’amour romantique. Ce n’ est pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif où l’h
1351 age, que je décris comme l’amour actif où l’homme est actif pour le bien de la femme et la femme pour le bien de l’homme pa
1352 généralement à des catastrophes, recherché comme étant plus romantique, tandis que l’amour sérieux, vécu tous les jours, et
1353 que l’amour sérieux, vécu tous les jours, et qui est un véritable amour — on veut le bien de l’autre — passe pour ennuyeux
1354 ou vivre une vie catastrophique comme celle qu’on est en train de fabriquer, le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs,
1355 e celle qu’on est en train de fabriquer, le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vr
1356 est en train de fabriquer, le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je
1357 e choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’ est pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je voudrais donc qu’on rétabliss
1358 e définition satisfaisante de Dieu qui ait jamais été donnée, c’est celle de saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce
1359 is été donnée, c’est celle de saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce n’est pas l’amour sentimental, c’est l’amour-a
1360 saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce n’ est pas l’amour sentimental, c’est l’amour-action, l’amour du prochain. C
1361 eois, d’un peu orageuse. J’y ai bien appris ce qu’ était l’amour-passion, et à quelles catastrophes cela pouvait mener. J’ai é
1362 disant : « Mon patriotisme français, bien que je sois Suisse, me commande de vous céder mon tour, je vais faire ce sacrific
1363 on tour, je vais faire ce sacrifice. » En fait, j’ étais délivré d’un poids énorme, car je n’avais pas encore écrit une ligne 
1364 re et de concentration extraordinaires que je m’y suis mis. J’ai écrit ce livre en trois mois, un gros livre de 380 pages. V
1365 passion, de l’amour, l’histoire du mariage, je me suis dit : « Voilà, ou bien j’y passe toute ma vie, je ne fais rien d’autr
1366 mois avant la guerre. La société d’aujourd’hui n’ est pas à tort nommée « société de masse » : l’individu s’y dilue, il est
1367 e « société de masse » : l’individu s’y dilue, il est difficile d’en comprendre les mécanismes, d’y faire ses choix en tout
1368 l faut absolument de petites communautés. Nous ne sommes pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralisés, sous l
1369 irection de l’État et de ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans
1370 e de fédéralisme poussé encore plus loin que ce n’ est le cas aujourd’hui, où une tendance centralisatrice apparaît en Suiss
1371 dance qu’il nous faut combattre. Si les finalités sont liberté, responsabilité, amour actif du prochain, de petites communau
1372 mour actif du prochain, de petites communautés en sont la condition. Ces communautés ne doivent pas être fermées sur elles-m
1373 sont la condition. Ces communautés ne doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucune commun
1374 lles ne pourraient pas vivre. Aucune communauté n’ est suffisante en soi, ne peut constituer une petite autarcie : elles doi
1375 lle du lac Léman. Il y a une région lémanique qui est naturelle, dont les habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous
1376 habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous sommes , à Genève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des intérêt
1377 réer un cadre à l’intérieur duquel l’homme puisse être un homme, un cadre de liberté et de responsabilité. La responsabilité
1378 de dimension de la communauté. Vous ne pouvez pas être responsable quand la communauté compte 55 millions d’habitants, ou 30
1379 55 millions d’habitants, ou 300 millions. Vous n’ êtes responsable qu’à l’échelle de la commune ou de la région, là où la vo
1380 édérer les régions et aboutir à une Europe qui ne soit pas une coalition d’États surarmés, pour être assez forte contre les
1381 ne soit pas une coalition d’États surarmés, pour être assez forte contre les attaques russes ou contre les ripostes américa
1382 ns. Sous quelle forme mon action ? Eh bien, je me suis dit : puisqu’il nous faut partir d’une finalité de l’homme et des val
1383 des valeurs communes à tous les Européens, qu’ils soient Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont beaucoup de
1384 r un milieu social, une société où l’homme puisse être libre et responsable et pratiquer l’amour d’une manière active. J’en
1385 ls. Ce que j’ai fait, conformément à ma doctrine, était de l’engagement, et non pas de la théorie pure. J’ai tout de suite co
1386 à travailler pour créer une cellule en Europe qui soit consacrée à la culture, au service de l’Europe, de l’Europe au servic
1387 e de clôture lit le Message aux Européens qu’il a été chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » chargé d’
1388 rande perspective d’une fédération européenne. Ce fut là le premier résultat de sa vision d’une Europe nouvelle. Une de nos
1389 premières activités issues du congrès de La Haye fut de mettre ensemble des savants pour que leurs recherches soient utili
1390 re ensemble des savants pour que leurs recherches soient utilisées au bénéfice de l’Europe unie. Cela a été la première idée d
1391 nt utilisées au bénéfice de l’Europe unie. Cela a été la première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’est fait depuis
1392 urope unie. Cela a été la première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’est fait depuis lors tout autour de l’endroit o
1393 première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’ est fait depuis lors tout autour de l’endroit où j’habite. Je suis entour
1394 uis lors tout autour de l’endroit où j’habite. Je suis entouré par un grand anneau que le CERN construit maintenant, qui a 2
1395 construit maintenant, qui a 27 km de long. Cela s’ est appelé le Centre européen de recherches nucléaires, par analogie avec
1396 nalogie avec le Centre européen de la culture. Ce fut notre première création. Puis, sous l’égide de l’Unesco, le CERN a pa
1397 on européenne des festivals de musique, dont j’ai été président pendant plus de trente ans, avec 40 festivals européens, un
1398 grands musiciens. Il y a toute une évolution qui est commune à l’ensemble des Européens. C’est un trésor commun qui s’est
1399 emble des Européens. C’est un trésor commun qui s’ est fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre mainte
1400 rce que ça va rapporter. On ne se doute pas qu’on est en train de détruire ainsi la société. Alors il y a là une tâche imme
1401 ougemont nous laisse un dernier livre : L’Avenir est notre affaire , un livre courageux, percutant, critiquant violemment
1402 avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est attelé avec passion aura pour titre La Morale du But , la politique
1403 problème, c’est d’éviter la guerre, parce que ce serait la dernière guerre du genre humain, après quoi il n’y aurait plus per
1404 concrètement, c’est faire une Europe fédérale. Je suis entièrement persuadé que les Russes et les Américains sont très conte
1405 èrement persuadé que les Russes et les Américains sont très contents comme ça, ne vont pas s’envoyer de bombes atomiques l’u
1406 qu’on ne le croit, et c’est l’Europe qui risque d’ être victime de leur politique. L’Europe, on l’a souvent dit, risque d’êtr
1407 politique. L’Europe, on l’a souvent dit, risque d’ être leur otage ou leur champ de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Eu
1408 ’être leur otage ou leur champ de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a
1409 de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a pas d’autre moyen d’union vé
1410 a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut être mangé à la sauce des États-nations, on ne s’unira jamais. Regardez le
1411 e vous livre simplement ces chiffres : les Russes sont 260 millions d’habitants, les Américains 230, total 490 millions. Les
1412 us, non seulement ceux de l’Ouest, mais ceux de l’ Est , Russes exclus, savez-vous combien ils seraient ? 535 millions, c’est
1413 x de l’Est, Russes exclus, savez-vous combien ils seraient  ? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes et les Américains ad
1414 s. Alors qu’on ne vienne pas me dire que l’Europe est écrasée entre les deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’e
1415 deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’ est pas unie. Donc la première chose à faire, c’est une union européenne,
1416 empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’il est utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europe ?
1417 as qu’il est utopique de penser que les pays de l’ Est peuvent s’unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça. J’en ai des preu
1418 éléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu’ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Ouest. C’
1419 ai à certains égards. Je ne veux pas dire que je suis optimiste. J’ai intitulé un de mes premiers articles politiques : « P
1420 cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste : si on laisse les choses aller — et elles ne pourraient q
1421 vers la catastrophe totale — en revanche on doit être optimiste si on est actif et si on peut mesurer les progrès de cette
1422 totale — en revanche on doit être optimiste si on est actif et si on peut mesurer les progrès de cette action. Par exemple,
1423 urer les progrès de cette action. Par exemple, je suis frappé de voir comment presque tous les hommes politiques, qui disaie
1424 se de Jean Monnet, peu avant sa mort. Jean Monnet était l’exemple type de ceux qui voulaient baser l’Europe sur l’économie. L
1425 rase, je ne sais pas s’il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’était à recommencer, je comm
1426 tièrement raison après une trentaine d’années. Je suis optimiste quand je vois que le rôle de la culture est de plus en plus
1427 optimiste quand je vois que le rôle de la culture est de plus en plus reconnu, que beaucoup de ministres viennent maintenan
1428 urs et des finalités communes de la culture. Pour être plus concret, plus précis : la question des régions fait des progrès
1429 stion des régions fait des progrès immenses. J’en suis très content et je suis optimiste parce que j’ai énormément œuvré pou
1430 es progrès immenses. J’en suis très content et je suis optimiste parce que j’ai énormément œuvré pour cela : je me dis donc
1431 œuvré pour cela : je me dis donc que cela n’a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, en soulign
1432 ccès. Les autres questions, qui viennent après, y sont subordonnées. Il y a le grand problème de l’écologie. Il faut éviter
1433 nvironnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premiers rangs des écologistes, il y a de cela quinze, vingt
1434 i ce que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journaux. Vous pouvez ouvrir n’importe quel journal, vo
1435 ter la guerre, éviter la destruction de la nature sont déjà deux objectifs immenses, et pour y parvenir il faut donner aux h
1436 ire aux hommes : « Vous devez choisir maintenant, est -ce que vous voulez être libres, ou préférez-vous faire partie d’une n
1437 devez choisir maintenant, est-ce que vous voulez être libres, ou préférez-vous faire partie d’une nation puissante ? » Chaq
1438 re partie d’une nation puissante ? » Chaque homme est aussi un petit peu impérialiste pour soi-même. Cela nous ne pouvons p
1439 désir de puissance, il faut le reconnaître. J’en suis venu à résumer cette idée dans mon dernier livre, à l’avant-dernière
1440 on précise en introduction : « Denis de Rougemont est mort à Genève le vendredi 6 décembre 1985, dans sa quatre-vingtième a
1441 ème année. L’interview que nous vous présentons a été réalisé à la fin septembre par M. Guido Ferrari de la Télévision suis
1442 quelques kilomètres de Genève, que l’interview s’ est déroulé. Ce document apparaît aujourd’hui comme un testament spiritue
1443 iste commet ici une erreur, car Robert Schuman ne fut pas présent en 1948 à La Haye.