1
s 1978)a Le terme d’engagement de l’écrivain s’
est
trouvé mondialement associé au nom de J.-P. Sartre après la Deuxième
2
i totalitaire ou un groupuscule subversif, ce qui
est
à peu près le contraire du sens que les personnalistes donnèrent au t
3
e. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais
été
forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que
4
n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel
est
le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait
5
s rusée que les bureaucrates. La brimade étatique
est
beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’int
6
s un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il
est
social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait
7
ouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’
était
pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir ch
8
tances, et provoquer des adversaires plus nobles.
Est
-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx
9
que tout se ramène à des querelles de gros sous ?
Est
-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot d
10
uerelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison,
est
-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? P
11
Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique
serait
le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa c
12
morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on
est
presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est
13
presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui
est
révoltant, c’est cela qu’il faut dénoncer. C’est pour aider à changer
14
d’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que
soit
par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que
15
tre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui
est
offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque
16
é ce risque à la politique de l’autruche. L’issue
fût
-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels
17
e. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’
est
-elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Plans, Ré
18
elle révolution française. Leur anticapitalisme n’
est
pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marx
19
is, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’
est
constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère princi
20
lques appuis occasionnels ; et certains objectifs
sont
communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte d
21
paraître suffisant pour définir un front unique,
fût
-il provisoire. Le chapitre suivant s’intitule : « Ridicule et impuis
22
pensée bourgeoise et universitaire tout entière s’
était
mise à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’homme, je le réc
23
ispense de porter sérieusement nos angoisses ; il
est
certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agi
24
usement nos angoisses ; il est certain que cela n’
est
pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que d
25
sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’
est
plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté s
26
he précise : La première tâche des intellectuels
est
, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés
27
buts de ces institutions. Les buts, à mes yeux n’
étaient
pas la puissance et la production, mais « une politique à hauteur d’h
28
dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’
est
pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit
29
st pas dans un organisme de contrainte, mais doit
être
en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une
30
mais doit être en chacun des citoyens conscients,
fussent
-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement hu
31
le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut
être
humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra j
32
ntasme typique du bourgeois qui ne sait pas qu’il
est
lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre repose sur l’idée
33
rté de penser ne doit pas signifier que la pensée
est
libre au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’elle n’a plus
34
plus de condition concrète. La pensée qui agit n’
est
pas libre, mais au contraire libératrice. Et c’est une tâche révoluti
35
stes, pour que l’histoire dure, — après tout ce n’
est
pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour q
36
nd à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’
être
. Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’est jamais séparabl
37
Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’
est
jamais séparable de sa création qui la sanctionne au double sens du m
38
ent et définissent une liberté de la pensée qui n’
est
au vrai qu’une assurance contre toute espèce de sanction. Il est clai
39
une assurance contre toute espèce de sanction. Il
est
clair que cette liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne sera
40
e liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne
sera
jamais que servitude pour le penseur, s’il sait que la violence de sa
41
la seule autorité valable. La liberté de penser n’
est
réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de pe
42
a reconnu et qui accepte le danger de penser. On
serait
parfois tenté de souhaiter qu’en France l’activité de l’esprit redevi
43
urtout la « mise au pas » des dictatures. Mais ce
sont
là brimades extérieures, dont l’injustice ou la sottise ne confèrent
44
e que je veux dire, c’est que le danger de penser
est
immédiat à l’acte de penser, qui se forge ses fatalités et qui se cré
45
ropres risques et périls, si libéral que prétende
être
le régime. « La supériorité véritable produit elle-même la provision
46
», dit Kierkegaard. Penser avec les mains ne peut
être
en tout temps qu’une activité subversive, non moins qu’ordonnatrice.
47
ui s’engage dans leur lecture éprouve de tout son
être
la présence d’une réalité éthique immédiate à chaque progrès du disco
48
Alors, n’acceptons-nous plus un seul maître ? Ce
serait
oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens
49
n nommer quelques autres : Pascal, dont la phrase
est
brisée par cette raison qui brise la raison ; Descartes, dont la limp
50
ques extraits : Chose étrange, le 6 février 1934
fut
une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des mouton
51
chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se
sont
jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis lors
52
nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’
est
pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été ve
53
ommis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait
été
vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si le mond
54
terne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’
est
pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que rés
55
r, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’
est
pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son aut
56
engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’
est
pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutô
57
’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’
est
pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’un
58
rité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’
est
pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique
59
d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’
est
pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est
60
sme qui a répandu l’idée que l’engagement ne peut
être
qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les l
61
un Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire, ont
été
les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bien à
62
te de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils
étaient
de vrais libéraux, irresponsables nés égarés pour un temps dans les v
63
ent » politique, et faisant amende honorable. Ils
étaient
en rupture de bercail. Maintenant tout est rentré dans l’ordre, les m
64
ls étaient en rupture de bercail. Maintenant tout
est
rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’é
65
nant tout est rentré dans l’ordre, les moutons se
sont
apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais
66
77 de Situations II que le sort de la littérature
était
lié à celui de la classe ouvrière, écrit p. 316 du même volume : Rie
67
volume : Rien ne nous assure que la littérature
soit
immortelle ; sa chance aujourd’hui, son unique chance, c’est la chanc
68
e la démocratie « enfin concrète », qui règne à l’
est
de l’Europe sous toutes les apparences d’une dictature. Je ne cessera
69
peu, de professer une notion de l’engagement qui
fut
commune, dans les années 1930 de ce siècle, à ceux qui allaient deven
70
cinq ans de retard — que le terme d’engagement ne
fut
pas notre invention, objectivement du moins. Voici le passage : Préo
71
, 1972. 3. Cf. J.-P. Sartre, Situations II, « Qu’
est
-ce que la Littérature ? », Gallimard, Paris, 1948. « L’ouvrier de 194
72
246). Et plus loin : « Le sort de la littérature
est
lié à celui de la classe ouvrière » (p. 277). 4. André Reszler, L’In
73
L’Intellectuel contre l’Europe (
été
1978)d Voici sans doute la description la plus complète jamais te
74
entée de la mauvaise conscience européenne5. « Qu’
est
-ce que l’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’il tente à
75
et la fis circuler mine de rien : « L’Européen ne
serait
-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesu
76
opéen dans la mesure précise où il doute qu’il le
soit
, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel qu’
77
’il le soit, et prétend au contraire s’identifier
soit
avec l’homme universel qu’il imagine, soit avec l’une des composantes
78
tifier soit avec l’homme universel qu’il imagine,
soit
avec l’une des composantes du grand complexe européen, dont il révèle
79
sens critique du lecteur s’endormir une seconde ;
soit
par la surprise de citations souvent stupéfiantes d’auteurs qu’on cro
80
onnaître ou d’inconnus profonds et pittoresques ;
soit
par certaines ambiguïtés, par des raccourcis polémiques, ou par une p
81
la volonté européenne : toute musique authentique
est
un chant du cygne ». Ainsi désormais, jusqu’à nous, le pessimisme eur
82
l’Europe ou tout au moins de sa culture. Mais ne
serait
-ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouveau de l’aventure occide
83
elle, par cet acte même il s’insère ? Peut-être n’
est
-il rien au monde de plus difficile à rejeter qu’une culture faite dep
84
littérature et en philosophie comme en morale, n’
est
-il tout simplement que le pompier ? Voire celui qui entend faire pass
85
Bien au contraire ! Les textes cités d’Aragon ne
sont
d’ailleurs typiques que de l’irresponsabilité congénitale du personna
86
ge. Ses insultes contre la Patrie et la France ne
sont
certes pas plus antieuropéennes que ne le seront quelques années plus
87
ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le
seront
quelques années plus tard les poèmes de « La Diane française », renou
88
r sa passion pour la peinture qui, à l’en croire,
était
exclusivement européenne… Reste le paradoxe de la modernité et de l’a
89
en dire de sa capacité de les comprendre. Mais il
serait
vain de chercher si pareille situation est conforme ou hostile à la t
90
il serait vain de chercher si pareille situation
est
conforme ou hostile à la tradition européenne : elle est tout simplem
91
forme ou hostile à la tradition européenne : elle
est
tout simplement l’une des constantes des prétentions intellectuelles
92
sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale
est
« fondée sur une base communale ». La justice y est basée « sur le re
93
t « fondée sur une base communale ». La justice y
est
basée « sur le respect qu’ont pour elle les membres de la tribu, et n
94
ne d’un parti unique. La véritable anti-Europe ne
serait
-elle pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dénoncent
95
nation ? 4. Sur le chapitre du colonialisme — qui
est
sans doute décisif pour définir le rôle mondial d’une bonne Europe —
96
e rôle mondial d’une bonne Europe — André Reszler
est
peut-être trop bref, mais ses formulations denses et nettes sont de n
97
trop bref, mais ses formulations denses et nettes
sont
de nature à couper court à tous les procès d’intention qu’une certain
98
tifiaient les volontés de domination. » Voilà qui
est
clair, mais voici qui est mieux encore : « Terre de civilisation, l’E
99
domination. » Voilà qui est clair, mais voici qui
est
mieux encore : « Terre de civilisation, l’Europe n’est pas à l’abri d
100
ieux encore : « Terre de civilisation, l’Europe n’
est
pas à l’abri de tout soupçon. Je ne commettrai pas l’erreur de vouloi
101
me le remarque Jacques Ellul, “notre civilisation
est
construite sur le sang et le vol, ressemblant en cela à toutes les ci
102
’expansion américaine : « En Amérique, nous avons
été
témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’
103
la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il
est
de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Mexiqu
104
olnar8 : « Pour Marx et Engels, la colonisation n’
est
au fond que l’épiphénomène ou le corollaire d’un processus historico-
105
ds : au service de la vocation mondiale qu’elle s’
est
donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre survie de l’
106
8)f I Si l’homme, au sens de la personne,
est
mort ou doit mourir bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ;
107
urront encore s’épanouir les personnes, puisqu’on
sera
tombé, probablement, dans un système totalitaire mondial. En préparan
108
ort de Dieu entraînant la mort de l’homme ne peut
être
qu’une fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’était pas
109
ne peut être qu’une fausse nouvelle, car si Dieu
est
mort, c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mo
110
sse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’
était
pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait
111
it mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu,
était
mort, comment le saurions-nous ? Personne n’a jamais dit : « je suis
112
le saurions-nous ? Personne n’a jamais dit : « je
suis
mort » sans démontrer par là qu’il ment. La phrase ne sera jamais dit
113
» sans démontrer par là qu’il ment. La phrase ne
sera
jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière chac
114
l ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle
est
dite, ne sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans faciles à
115
rase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne
sera
pas croyable. Derrière chacun de ces slogans faciles à écarter — mais
116
n rivage… va s’effacer. » Le dessein bien affirmé
est
de dissoudre l’illusion de l’homme personnel, de l’homme sujet de son
117
nts l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss), il
sera
rendu à l’innocence, car on ne condamne pas un prévenu si l’on peut d
118
mne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’il n’
était
pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais
119
démontrer qu’il n’était pas responsable, que ce n’
est
pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le dominait
120
. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’il n’
est
pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du même cou
121
ont il admet que l’activité de l’homme occidental
serait
le facteur principal d’accroissement. J’accepte sans réserve cette p
122
u problème. Pour moi, l’anthropologie évangélique
est
tout simplement la christologie — je vais dire pourquoi — d’où procèd
123
s ». L’anthropologie évangélique et paulinienne a
été
la première à parler de la « mort de l’homme ». Paul revient sans ces
124
ssité pour le « vieil homme » de « mourir ». Il n’
est
question que de « dépouiller le vieil homme », de devenir une « nouve
125
veaux » de l’utopie dont on nous parlait hier, ne
sont
que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce que le « vieil homme
126
ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’
est
-ce que le « vieil homme » ? C’est l’homme naturel, l’homme de chair,
127
chains, car l’unicité même de sa vocation ne peut
être
assumée, agie, réalisée, que dans la réalité d’une communauté. Le ter
128
réalité d’une communauté. Le terme de personne a
été
élaboré par les grands débats conciliaires de Nicée (325) et de Chalc
129
e Saint-Esprit que les évangiles présentent comme
étant
tous les trois Dieu ? Pour ces trois fonctions différentes d’une seul
130
ndiquant un rôle tragique ou comique), puis avait
été
transféré au citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Die
131
à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Dieu
était
une seule essence manifestée en trois personnes ou rôles : le Père, l
132
rôles : le Père, le Fils, le Saint-Esprit. Et ce
fut
la deuxième personne qui fournit le modèle de la personne humaine. El
133
ui fournit le modèle de la personne humaine. Elle
était
la coexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ
134
nne humaine. Elle était la coexistence en un seul
être
de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vra
135
seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ
fut
déclaré « vrai Dieu et vrai homme à la fois ». C’est à partir de cett
136
istologique, antinomique, de la personne humaine,
sera
mis en forme par les frères de saint Victor, par Thomas d’Aquin, par
137
ses, explique que l’homme au sens moderne ne peut
être
pensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas,
138
it pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet
est
une création de la science moderne, mais pas du xviiie siècle : de D
139
un peu aberrante de la glande pinéale. Si l’homme
est
un doublet empirico-transcendental, il mourra donc avec la science ca
140
vérifie historiquement. Le dogme de l’Incarnation
est
en effet à l’origine de la science européenne. Comment imaginer des s
141
ans un monde — l’Inde par exemple — où la matière
est
illusion, voile de Maya ? En Europe, la matière a été reconnue par Di
142
illusion, voile de Maya ? En Europe, la matière a
été
reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’est incarné en elle. Descart
143
re a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’
est
incarné en elle. Descartes (évidemment pour cette raison) : « Celui q
144
christologie et de toutes les valeurs qui en ont
été
déduites (à tort ou à raison d’ailleurs9). Il y a dans toute l’œuvre
145
où le dit-on hors de Paris ?). La « sauvagerie »
est
une notion spécifiquement européenne, voire plus précisément français
146
ilité personnelle augmente les chances du ça, qui
est
la tyrannie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’est pas vo
147
les chances du ça, qui est la tyrannie même, qui
est
le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’est pas vous qui parlez ou agissez —
148
ie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’
est
pas vous qui parlez ou agissez — nous répètent les structuralistes —,
149
ur l’en dispenser. Le danger du structuralisme n’
est
pas que cette doctrine fasse des millions d’adeptes, et qui décident
150
e ne rien faire parce que ça se débrouillera et n’
est
pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose les E
151
se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce qui
est
dangereux, c’est que ça prédispose les Européens à un état de passivi
152
lité. Car l’Europe ne se fera pas toute seule, ne
sera
jamais faite par le ça, mais uniquement par des personnes, à la fois
153
é, cesser de dire qu’on n’y peut rien. Le civisme
est
le fait de la personne. Mais point de personne hors d’une communauté,
154
encore la faut-il assez petite pour que l’homme y
soit
un prochain, un semblable pour qui l’on puisse agir. La personne se d
155
mort de l’homme », le projet d’une Europe qui ne
sera
pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères
156
nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on
sera
contre le puritanisme si l’on pense qu’il dérive nécessairement du ch
157
dérive nécessairement du christianisme (ce qui n’
est
pas le cas), mais pour s’il est commandé par Staline, par Mao ou simp
158
ianisme (ce qui n’est pas le cas), mais pour s’il
est
commandé par Staline, par Mao ou simplement par Berlinguer. f. Roug
159
ncipe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’elle
est
peu vue. L’élimination des derniers droits de douane entre les neuf p
160
de douane entre les neuf pays du Marché commun s’
est
effectuée le 1er juillet 1977, dans l’inattention générale. C’était p
161
éresse au sens fort les Européens d’aujourd’hui n’
est
pas d’abord celle de l’économie et du libre-échange commercial, mais
162
question : de quelle Europe parlent-ils ? Quelle
est
l’Europe qui selon eux « agonise » ? Si c’est « L’Europe des Neuf »,
163
un. Et qu’on essaie alors de montrer sérieusement
soit
les raisons de son échec relatif, soit en quoi et pourquoi l’institut
164
rieusement soit les raisons de son échec relatif,
soit
en quoi et pourquoi l’institution aurait fait faillite et comment « B
165
udrait à la mort de l’Europe tout entière, ce qui
est
très loin d’être évident. S’il s’agit de l’Europe des États plus ou m
166
de l’Europe tout entière, ce qui est très loin d’
être
évident. S’il s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou
167
ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle
est
nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle
168
rente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous
sommes
en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pas « ago
169
ment jubilant, annoncer et accepter que tout cela
soit
perdu, — comme si tout cela n’était pas nous ? Aux yeux des journalis
170
que tout cela soit perdu, — comme si tout cela n’
était
pas nous ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres, on d
171
gers, de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Mais
sont
-ils bien conscients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort concr
172
t le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ils
soient
pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationalistes
173
de l’Europe dont ils parlent. Cette « Europe » ne
serait
-elle qu’un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’une alliance d’
174
ne alliance d’États souverains ? Ne doit-elle pas
être
au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays, de leurs probl
175
Balkans, et de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’il
soit
bien entendu que cette chronique parlera de l’Europe vécue, celle des
176
t de ceux des neuf pays dont les gouvernements se
sont
associés à Bruxelles en vue d’harmoniser leurs politiques industriell
177
années presque nulles ? L’Europe a-t-elle cessé d’
être
« le mot le plus ennuyeux de la langue française » comme l’écrivait l
178
uestion que se posent les états-majors des partis
est
la suivante : l’élection à l’assemblée européenne verra-t-elle ou non
179
ré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne
serait
même pas mentionnée par la presse. Un fait demeure : en France du moi
180
d rien venir d’outre-Manche — l’Europe ne cesse d’
être
« ennuyeuse » que si elle ranime les querelles de partis. Voilà donc
181
erelles de partis. Voilà donc la passion, mais où
est
l’Europe ? On ne voit plus que les partis. Qui va traiter des vrais p
182
» (p. 35). On propose aujourd’hui cette élection.
Est
-il comblé ? Il en tremble de rage au contraire, disons de sainte indi
183
ues contre toute forme d’union de l’Europe qui ne
soit
pas l’Europe française. Pour Michel Debré, les choses sont simples, i
184
l’Europe française. Pour Michel Debré, les choses
sont
simples, insupportablement simples, comme elles le sont toujours aux
185
imples, insupportablement simples, comme elles le
sont
toujours aux yeux de l’homme en colère. Le régionalisme, qui est très
186
x yeux de l’homme en colère. Le régionalisme, qui
est
très solidement installé en Italie comme en RFA, qui est inscrit dans
187
s solidement installé en Italie comme en RFA, qui
est
inscrit dans la nouvelle Constitution de l’Espagne et plus encore dan
188
Grande-Bretagne, le régionalisme donc, ne cesse d’
être
utopique, aux yeux de Michel Debré, que lorsqu’il révèle ou plutôt tr
189
nature de « complot contre la France ». M. Debré
est
fermement persuadé que les fédéralistes européens ne pensent qu’à ça
190
« Les soi-disant régionalistes, déclame-t-il, ne
sont
en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’il exècre au point d’aller
191
l ajoute : « Un des grands auteurs supranationaux
est
Denis de Rougemont. Il est Suisse, donc Européen à bon compte. » (Je
192
auteurs supranationaux est Denis de Rougemont. Il
est
Suisse, donc Européen à bon compte. » (Je me permets de signaler ces
193
paraît difficilement évitable, dans la mesure où
seraient
pris au sérieux les propos de l’ancien Premier ministre.) M. Debré po
194
inistre.) M. Debré poursuit : « Son dernier livre
est
dédicacé (sic) à tous les peuples qu’écrase le colonialisme français
195
, ici visé, ni ailleurs. Notre coléreux étourdi s’
est
visiblement trompé de titre.) Conclusion : « Le livre infâme de Rouge
196
n effet, si la France n’existait plus, comme tout
serait
simple ! » On notera que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’i
197
ouvait tout de même pas leur révéler que ce titre
était
celui d’un livre « infâme ». IV. Vertus et vices selon la religion
198
fait penser au mot de Talleyrand : « tout ce qui
est
exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait chez Debr
199
au mot de Talleyrand : « tout ce qui est exagéré
est
insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait chez Debré tout autre
200
ut ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais il
est
clair qu’il y avait chez Debré tout autre chose que l’intention d’ins
201
y voyait contraint par sa religion. Toute riposte
est
futile en pareil cas. Il devient en revanche hautement intéressant de
202
stime justifié d’en venir à de telles extrémités (
fussent
-elles seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusion
203
écrets, le cas échéant : taxer un livre d’infamie
est
un procédé typiquement terroriste, au sens précis de la Terreur exerc
204
ns donc la religion qui peut les expliquer. Telle
est
l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre europée
205
ts au Centre européen de la culture16. Et nous ne
sommes
heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous apprend «
206
royants des trois religions abrahamiques.) Quelle
est
la religion de Michel Debré ? C’est celle de la France déifiée, de la
207
en dépend18. De cette religion simple, les vertus
sont
naïves : elles se réduisent en somme à l’unité et à l’indivisibilité
208
et imposer sa place naturelle dans le Monde, qui
est
la première, de Gaulle l’a dit. En revanche, les péchés sont légion,
209
mière, de Gaulle l’a dit. En revanche, les péchés
sont
légion, comme prévu. Si le premier se nomme supranationalité (voir pl
210
r plus haut), le nom du deuxième ne peut même pas
être
prononcé : c’est l’ignoble perversion de « l’infranational », du régi
211
e péché contre l’esprit des jacobins. Et le reste
est
fédéralisme, solidarité hypocrite permettant en réalité aux Autres d’
212
à l’anarchie, à l’infamie : « Dans le faux, tout
est
possible », dit la Logique de Vienne… Ces vices et ces vertus, à l’éc
213
édérée, si l’on en croit Michel Debré. La réponse
est
gênante. Pour lui. La France des jacobins et de Napoléon est en effet
214
. Pour lui. La France des jacobins et de Napoléon
est
en effet le seul pays d’Europe qui ait imposé tout à la fois et par l
215
ois auparavant, affichait dans Paris : « L’Avenir
est
votre affaire », pour annoncer son colloque « d’expérimentateurs soci
216
édérée : même avenir (printemps 1979)i Nous ne
sommes
pas réunis pour ébaucher un programme d’action militante, une politiq
217
logistes ! » (Je l’ai lu hier encore.) L’Écologie
serait
« une douce manie de rousseauistes épris d’idylle et entretenant la n
218
éclairage à la bougie ».) Ou au contraire : elle
serait
une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adversaire
219
s écologistes adversaires du nucléaire qu’ils ont
été
« traumatisés par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, eux n’ont
220
ent des institutions existantes ». Ces mouvements
seraient
« soutenus » (entendez : payés), affirme-t-on à l’EDF, par les « banq
221
Sakharov dit au contraire, selon Le Monde, qu’ils
sont
payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit que l’é
222
se. En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie n’
est
pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’elle est
223
on mérite, mais sur les visées politiques qu’elle
est
censée traduire tout en les dissimulant. 2. Dans les écoles primaire
224
r les centrales nucléaires : celles-ci, bien sûr,
sont
« nécessaires », elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les en
225
celles-ci, bien sûr, sont « nécessaires », elles
sont
« sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ce
226
sont « nécessaires », elles sont « sûres », elles
sont
« propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais si l
227
tion le rappellerait aussitôt à l’ordre, car « il
est
interdit de faire de la politique à l’École ». D’où cette nouvelle dé
228
tte nouvelle définition de la politique : si l’on
est
pour le nucléaire, on fait de l’information, si l’on est contre, on f
229
r le nucléaire, on fait de l’information, si l’on
est
contre, on fait de la politique. En fait, l’écologie est un terme cré
230
tre, on fait de la politique. En fait, l’écologie
est
un terme créé par le biologiste Ernst Haeckel en 1882, au moment où s
231
ans l’aide desquelles la guerre de 1914 n’eût pas
été
concevable. Développements presque aussitôt suivis par l’agression eu
232
naperçu, d’écologie, désignant les « rapports des
êtres
vivants avec leur milieu naturel ». « Écologie » va reparaître après
233
c. Aux yeux des politiciens de droite, l’écologie
est
un complot contre « la société existante », aux yeux des politiciens
234
s politiciens de gauche, sa fin principale paraît
être
« d’enlever des voix au parti socialiste » ou de défendre les privilè
235
dans son ensemble, c’est très simple : l’Écologie
est
une réaction de défense (peut-être de rejet) contre la civilisation i
236
, nous considérons ici le souci écologique, qui s’
est
manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’est constitué en m
237
anifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’
est
constitué en mouvement de plus en plus nettement politique après la c
238
éconisée dès lors par plusieurs gouvernements. Il
est
normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première par
239
eurs gouvernements. Il est normal que ce souci se
soit
manifesté d’abord en Europe, première partie du monde à s’être dévelo
240
é d’abord en Europe, première partie du monde à s’
être
développée industriellement, donc à avoir subi l’agression mécanique.
241
on mécanique. On nous dit : « Le souci écologique
est
un souci de riches ! » Non. C’est le souci des premiers atteints par
242
turels et les communautés humaines. L’Agression s’
est
produite d’abord en Europe, au xixe siècle puis aux USA. Elle s’éten
243
dire, peut-être en simplifiant beaucoup, que nous
sommes
ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’économie (ou de
244
gouvernements de nos États nationaux — si lié que
soit
leur sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus contrai
245
r sort à celui de la croissance industrielle — se
sont
vus contraints de créer des ministères de l’Environnement (signes des
246
mèdes efficaces, les titulaires de ces ministères
sont
les premiers à le reconnaître.) Si la croissance de la civilisation i
247
la puissance, c’est-à-dire finalement la guerre,
est
un principe de leurs développements concomitants, et demeure leur « h
248
iel, du « développement ». De même, l’État-nation
est
né de la volonté d’uniformiser les humains, d’écraser leurs différenc
249
n de stimuler et de convaincre). L’École primaire
est
l’instrument par excellence de l’État-nation centralisé. Pour l’École
250
lisé. Pour l’École primaire, l’esprit de l’enfant
est
une tabula rasa ou maison vide qu’il s’agit de « meubler » de certitu
251
s mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent
être
élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts, agric
252
ntraîne des exigences régionales. Mais l’obstacle
est
le même dans les deux cas : l’État-nation. Exemple : quand la CEE pro
253
ue pays pollue souverainement, et s’assure que ce
sera
toujours moins que les trois autres additionnés… Même jeu quand il s’
254
iècle par les personnalistes à l’État-nation : il
est
à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échell
255
nimateur, d’arbitre, de protecteur. L’État-nation
est
donc l’obstacle commun aux solutions écologiques et régionales, d’où
256
osse, Flandres, Alsace, Corse, Sud Tyrol, etc. Ce
sont
les plus évidentes, les plus pittoresques, les plus explosives, celle
257
inentale. Le principe de répartition des pouvoirs
est
des plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au n
258
ulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’il
est
facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à une p
259
onfiez jamais à une plus grande unité ce qui peut
être
fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipali
260
onomie, à reprendre en main leurs destins »20. Il
est
faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a démo
261
leurs destins »20. Il est faux que le plus grand
soit
le plus efficace. E. F. Schumacher a démontré le contraire, d’une man
262
a première élection du Parlement européen. — S’il
est
vrai que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’on croyait
263
qui semblait endormie ou qu’on croyait perdue, s’
est
réveillée par l’intervention imprévue des régionalistes et des écolog
264
vue des régionalistes et des écologistes ; — s’il
est
vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci s
265
, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — s’il
est
vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’à
266
ai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent
être
résolus qu’à l’échelle régionale ou continentale, jamais à l’échelle
267
e combat, mais bien : même avenir. Un combat peut
être
perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’imp
268
iser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’elle
est
celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Eur
269
eprise par le Shah avec l’aide des États-Unis, ne
serait
-elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste
270
s partenaires de la France dans l’Europe des Neuf
sont
de jeunes nations. L’on comprend que celles-ci soient moins attachées
271
nt de jeunes nations. L’on comprend que celles-ci
soient
moins attachées à leur identité que nous ne le sommes. Un sondage pu
272
nt moins attachées à leur identité que nous ne le
sommes
. Un sondage publié par la CEE de Bruxelles fin janvier 1979 donne le
273
que l’Irlande, très jeune nation (toutes les deux
étant
îles de surcroît), de « perdre son identité dans une union européenne
274
Pentagone. Naturellement, les industries vitales
seront
réparties sans notre accord ; naturellement, notre force nucléaire se
275
à petit démantelée ; naturellement, notre langue
sera
éliminée ; sans nul doute les principes et les objectifs de l’éducati
276
es et les objectifs de l’éducation de nos enfants
seront
modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monume
277
l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il
est
vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront traduites
278
isemblable que les inscriptions sur nos monuments
seront
traduites en « volapük ». À ces fantasmes, on ne saurait opposer que
279
onservée même depuis l’adhésion de trois pays qui
sont
, ou bien anglophones, ou bien, en tout cas, éloignés du monde latin.
280
as de changement radical dans cette situation. En
sera-t
-il de même quand de nouvelles adhésions se présenteront ? C’est à voi
281
oins brève échéance, une « masse critique » où il
sera
simplement impossible de maintenir le régime linguistique actuel, par
282
and s’imposeront alors, qui pourrait le nier ? Il
serait
sage de s’en tenir là, non pas à cause de la valeur intrinsèque (litt
283
s trois-là, mais parce que, si la solution idéale
est
impossible, on choisit la plus pratique. Il suffirait alors que les f
284
e universel de l’Assemblée européenne, le général
est
positif : « On ne fera pas l’Europe si on ne la fait pas avec les peu
285
e Murville comme ayant déclaré : « Une fédération
est
une confédération qui a réussi. » M. J. Vendroux, beau-frère du Géné
286
clare à l’Assemblée nationale, en 1959, « qu’il s’
est
toujours montré partisan d’élections européennes ». En revanche, en 1
287
1, il déclare à la Chambre qu’il s’honore d’avoir
été
l’un des membres du groupe de travail F. Dehousse « qui a rédigé le p
288
acro-sainte souveraineté nationale ? La réponse a
été
donnée dès 1945 dans un volume intitulé Demain la paix 27 par un aute
289
Bruère : La souveraineté nationale, assurait-il,
est
« un dogme périmé… Depuis cinquante ans, c’est une erreur… Nos descen
290
à demi-sauvage de la vie des nations… Les nations
sont
toujours vivantes, mais leur pleine souveraineté est morte ». Bruère
291
toujours vivantes, mais leur pleine souveraineté
est
morte ». Bruère était le pseudonyme de résistance de Michel Debré. À
292
mais leur pleine souveraineté est morte ». Bruère
était
le pseudonyme de résistance de Michel Debré. À qui se fier ? IV. D
293
se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’il
est
un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’hui se réclament avec pa
294
urope des régions dont le moins qu’on puisse dire
est
qu’elle les « hérisse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’ell
295
infâme » et « criminelle ». On sait que le thème
est
celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupés ici même, c
296
admos 28 , et les deux volumes collectifs qui s’y
sont
ajoutés, de 1963 à 1979. La thèse des gaullistes durs sur la région e
297
1979. La thèse des gaullistes durs sur la région
est
totalement négative. Dans les deux volumes de M. Edmond Jouve cités p
298
x volumes de M. Edmond Jouve cités plus haut, qui
sont
censés rassembler tous les discours, propos et textes du Général et d
299
principaux ténors de la doctrine — dont M. Debré
est
le plus souvent et le plus volontiers cité par Jouve — n’ont cessé de
300
lamer que le régionalisme assimilé au séparatisme
était
l’une des formes les plus pernicieuses du « complot de l’Étranger » d
301
sait-il bien de la doctrine du Général ? Celle-ci
est
exposée pour la première fois dans son principe et dans ses développe
302
l n’y avait pas de doute : l’intention du Général
était
de mettre la régionalisation en place et de se retirer ensuite. (p. 1
303
e : Eh bien, je vais vous dire, si ça marche, ce
sera
très bien, naturellement ; si ça ne marche pas, ce sera très bien aus
304
rès bien, naturellement ; si ça ne marche pas, ce
sera
très bien aussi… (p. 19) Le 24 avril, au général Lalande, chef de so
305
jor particulier, il confie : Même si j’échoue je
serai
gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui est le seul plan qui me con
306
e serai gagnant, car, aux yeux de l’histoire, qui
est
le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur
307
seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai
été
renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. (p. 25) Le
308
enir dira que j’ai été renversé sur un projet qui
était
essentiel pour le pays. (p. 25) Le lendemain, il réitère, cette fois
309
engager le destin de la France, parce que, si je
suis
désavoué… sur ce sujet capital… je cesserai aussitôt d’exercer mes fo
310
ipation des citoyens et petites unités régionales
sont
en étroite dépendance. Pour ma part, j’ai toujours défini la région n
311
rai pourquoi il fallait faire cette réforme… Elle
était
absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. (p. 131) Ce
312
que « partir sur le refus d’une grande réforme n’
est
pas mauvais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regret
313
s de la pensée gaullienne, sur le thème régional,
sont
-ils donc les fédéralistes européens ? Il y aurait beaucoup à nuancer,
314
en. Rappelons d’abord que l’Allemagne fédérale a
été
divisée par les Alliés de 1945 en onze « Länder », dans l’intention a
315
mique, sociale et politique de la RFA. L’Italie s’
est
dotée, en 1946, après la chute du fascisme, d’une Constitution qui pr
316
Haut-Adige ; et de régions semi-autonomes qui ne
sont
devenues réalités qu’en 1970. Le régime régional a permis l’accession
317
garantie de leur autonomie. Plus frappante encore
est
l’évolution récente des trois pays qui ont forgé les premiers modèles
318
linguistiques. En France, le général de Gaulle a
été
le premier à déclarer que la formule de développement de son pays n’é
319
rer que la formule de développement de son pays n’
était
plus la centralisation, mais la région. L’organisation de 21 « région
320
anisation de 21 « régions de développement » s’en
est
suivie, chacune groupant de trois à huit départements. Plusieurs de c
321
u naguère annexées, de leurs libertés primitives,
est
devenu l’un des problèmes majeurs du Royaume-Uni, et l’évolution se p
322
relais londonien. Mais, disent les Anglais, « il
est
ridicule d’avoir des assemblées pour les Écossais et pour les Gallois
323
main de la restauration de la monarchie libérale,
est
sans doute exemplaire, et la meilleure annonciatrice du proche avenir
324
es, de provinces et des communautés autonomes qui
seront
constituées. Toutes ces entités jouissent d’une autonomie pour la ges
325
t. En Belgique, un projet de Constitution révisée
est
en voie d’élaboration depuis plusieurs années. Il prévoit une réparti
326
ton de Genève, la Haute-Savoie et le pays de Gex,
est
dotée d’une commission franco-suisse nommée par les gouvernements. De
327
par les gouvernements. Des institutions analogues
sont
entrées en fonction dès 1975 dans la Regio Basiliensis et dans l’Eure
328
niveau régional des ressortissants d’un pays de l’
Est
et de deux pays de l’Ouest. VI. Déclaration de Copenhague Adopt
329
. L’organisation politique de l’Europe en régions
est
la condition d’un développement harmonieux et pacifique des peuples e
330
que nous faisons nôtres, la région en Europe doit
être
définie comme le territoire d’une communauté humaine : « Cette commun
331
lle-ci sa personnalité et le désir d’exister et d’
être
considérée comme une unité. » En aucun cas, le découpage régional ne
332
omiste ou réductionniste de modèle marxiste. Il n’
est
pas né de quelque stade spécifique de l’économie, ni d’une géographie
333
ie, ni d’une géographie éminemment variable. Il n’
est
pas né de telle étape ou de telle conjoncture historique de l’Empire
334
science diffuse et très tardive de sa chute. Il n’
est
pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes, de Ro
335
ce et de la Réforme. Création culturelle s’il en
fût
, unité composée contre toute vraisemblance, irréductible à tout systè
336
oyens de production », le phénomène européen peut
être
décrit comme résultant de prises de conscience successives, nées chaq
337
on ose dire — de la défection générale dont nous
sommes
aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dante, 1308
338
ler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’
est
fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne reconna
339
s luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu
être
agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds e
340
elles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu
es
devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds en efforts cont
341
es, et tu te perds en efforts contradictoires. Tu
es
malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibili
342
au nom du Saint-Esprit, annoncent : « Combien il
est
bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu
343
rit, annoncent : « Combien il est bon, combien il
est
agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. » Deux siè
344
ien il est agréable de vivre avec des frères et d’
être
fondu en un. » Deux siècles et demi plus tard, le grand humaniste Æ
345
s notre propre maison, dans notre siège, que nous
sommes
attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe, ses mer
346
kiewicz, jusqu’aux admirables appels de celui qui
fut
sans doute le plus grand lyrique de l’idéal d’union européenne dans t
347
alogie des relations entre la culture et l’Europe
est
celle des penseurs politiques imaginatifs. Elle va du roi de Bohême G
348
aix perpétuelle (1795), texte fédéraliste s’il en
fut
, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États »
349
urs plus lourds et la hausse des prix, ne peuvent
être
enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux Princes et pa
350
vent être enrayées que si la souveraineté absolue
est
enlevée aux Princes et passe aux Peuples. (C’est la doctrine rousseau
351
ns sa pureté.) Le projet de fédération européenne
est
défini avec une grande rigueur dans ce traité, où le dogme de la souv
352
lors de la substitution de l’État au Roi en 1793,
est
expressément dénoncé comme « absence de légalité » et « source de gue
353
. Pour Hegel, une génération plus tard, l’Europe
est
vraiment « la fin de l’Histoire dont l’Asie est le commencement ». El
354
e est vraiment « la fin de l’Histoire dont l’Asie
est
le commencement ». Elle est le lieu où se couche le soleil physique «
355
’Histoire dont l’Asie est le commencement ». Elle
est
le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil int
356
ste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux
est
en bon train de conditionner les esprits, les corps, et les réflexes
357
sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle
est
prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à sau
358
alité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura
été
plus naturellement européenne, ni mieux consciente de ses raisons de
359
ropéenne, ni mieux consciente de ses raisons de l’
être
, qu’à la veille de l’agression totalitaire : son impuissance à orient
360
orienter ou seulement à influencer si peu que ce
soit
la politique des États-nations n’en apparaît que plus décourageante.
361
nglais, belges, hollandais, allemands et suisses,
est
animée par des « intellectuels » encore peu connus — et pour cause :
362
scistes et des nazis34. Mais pour original qu’il
soit
, pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance de neuf
363
x camps, menant une lutte commune et clandestine,
est
-il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse
364
ités les « Rencontres internationales de Genève »
est
justement celui de l’Esprit européen. Un an plus tard, le problème po
365
olitique numéro un, sujet du congrès de Montreux,
sera
l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946
366
e à sauver. Beaucoup de choses significatives ont
été
dites sur le problème européen durant ces conférences et les débats p
367
Mais pour quelles suites ? Peu de participants se
sont
engagés. Je les compte sur les doigts d’une main : 5 ou 6 sur 36 orat
368
crois bien. Certes, leurs thèses principales ont
été
reprises un peu partout (notamment quelques-unes des miennes par Malr
369
e que l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n’
est
pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je formera
370
ut le moins les conclusions. La deuxième solution
est
retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Roy
371
n Centre européen de la culture : l’un et l’autre
seront
inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent e
372
e vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission
est
la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus, contre 300 et 4
373
xceptés. Mais quelques noms si prestigieux qu’ils
soient
ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des congrè
374
is résolutions qu’elle a votées, vingt-et-une ont
été
suivies de réalisation : proportion certainement inégalée dans l’hist
375
t de Lausanne sur les « intellectuels européens »
est
resté nul, sinon même négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas
376
ens » est resté nul, sinon même négatif. Ceux qui
étaient
engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes
377
me négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas
été
remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se trouvent dé
378
e et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus
être
question d’une culture française, pas plus que d’une culture hollanda
379
s que la culture française reste, il faut qu’elle
soit
intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. C’est en visant
380
is cette unité de culture n’aura aucun sens et ne
sera
faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort
381
écrit du même auteur38, on peut lire que l’Europe
est
« foutue », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agon
382
on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’elle
est
« en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle « fait ea
383
», qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’elle
est
« au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaî
384
sant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous
serons
ainsi du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que seule « la p
385
t appuyer la cause de la fédération européenne ne
sont
pas ceux qui se prévalent de la supériorité culturelle de l’Europe ;
386
de Progrès. Les vrais Européens d’aujourd’hui ne
sont
pas ceux qui recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se
387
erre ». Et que le seul problème sérieux du siècle
est
celui de son aménagement. Et que l’Europe seule peut en offrir le mod
388
que le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemple n’
est
pas le meilleur moyen d’agir sur les hommes, c’est le seul ». Appen
389
nce, Remizov, G. Ferrero, Carl Burckhardt… Toutes
sont
résolument « européennes » à la fois dans leurs finalités culturelles
390
ralistes français, européens, ou mondiaux. Rien n’
est
moins à la mode que l’Europe, sinon son union fédérale, dans les mili
391
s en cette fin des années 1970. 32. L’Europe n’
était
guère représentée, jusqu’à l’époque carolingienne, que par les « cart
392
l’intérieur du continent. 33. « Marché commun »
est
déjà proposé par Nietzsche dans un de ses Fragments posthumes. Voir a
393
oupçonner à quel point leur politique de désunion
est
fatalement une simple politique d’entracte — […] on méconnaît et on d
394
nion (G.-B.), etc. Le vocabulaire personnaliste y
est
partout perceptible. 36. Umberto Campagnolo fondera deux ou trois an
395
mmune et une coopération La culture européenne
est
l’unité de base sur laquelle l’union de l’Europe peut encore s’édifie
396
union de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’
être
. Elle s’est constituée au cours des siècles par la composition sans p
397
rope peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’
est
constituée au cours des siècles par la composition sans préméditation
398
. Les couvents de la civilisation bénédictine ont
été
les couveuses de la culture commune qui va éclore dans les cités comm
399
e, Cracovie, Tubingue… Les universités naissantes
sont
des communes. Qu’est-ce qu’une commune, au xiiie siècle ? C’est le c
400
Les universités naissantes sont des communes. Qu’
est
-ce qu’une commune, au xiiie siècle ? C’est le corps des habitants d’
401
l’universitas magistrorum atque scholarium. Elles
sont
aussi des corporations du savoir : universitates studii et scientiaru
402
elles relèvent de l’empereur (parfois du roi) et
sont
donc « immédiates à l’empire », lequel devient le garant de leurs lib
403
d’immédiateté impériale » : en effet, le Gothard
est
le seul col qui relie au croisement des deux principales chaînes alpe
404
1 les trois communes (aujourd’hui cantons), elles
sont
qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie sièc
405
ntons), elles sont qualifiées d’universitates. Il
est
remarquable que dès le xiiie siècle les communes ou corporations du
406
rien de national au sens actuel. La Sorbonne, qui
sera
le collège le plus célèbre de l’Université de Paris, compte parmi ses
407
é, Thomas d’Aquin, un jeune prince napolitain qui
est
le petit-neveu de l’empereur Frédéric Barberousse ; Bonaventure, qui
408
qui vient de la Belgique ; enfin, Duns Scot, qui
est
Écossais. Parmi les maîtres importants, il se trouve, c’est sans dout
409
n hasard, que pas un seul durant ce demi-siècle n’
est
français. L’université, c’est l’Europe. Les maîtres groupent autour d
410
oir » à l’autre. Ainsi les professeurs de Bologne
sont
-ils choisis par les étudiants et révocables par eux seuls. Ces étudia
411
évocables par eux seuls. Ces étudiants d’ailleurs
sont
d’âges très variés, de 16 à 75 ans, tous mêlés. La « liberté académiq
412
berté académique » — comme on dira lorsqu’elle ne
sera
plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine et ent
413
e ne sera plus qu’un souvenir et une prétention —
est
à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne s’appelle encore que
414
ne s’appelle encore que la chrétienté, n’a jamais
été
plus européenne. II. De l’autonomie à l’étatisation Avec ses se
415
che par la libre discussion. La période médiévale
est
l’âge par excellence des oppositions et des contradictions, du sic et
416
oppositions et des contradictions, du sic et non,
étant
bien entendu que ces oppositions se situent à l’intérieur même de l’U
417
re, même lorsqu’une autorité interne ou externe a
été
appelée à trancher le débat… La grande époque du Moyen Âge ne se cara
418
rrorisme, paralysant l’esprit de libre recherche,
est
la négation même de cette Université que le Moyen Âge a inventée. » J
419
de l’Université, à partir du déclin du Moyen Âge,
sera
celle d’une longue décadence, aussi nommée nationalisation de l’ensei
420
posé par Napoléon ; le moteur de cette involution
étant
le besoin qu’éprouvent les clercs d’intervenir dans les luttes politi
421
r pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’il
soit
, lequel en profite aussitôt pour décorer, récupérer, embrigader en la
422
principes de la morale et de la politique. Telle
fut
l’Université de Paris et ensuite la Sorbonne ; telles sont, en Italie
423
iversité de Paris et ensuite la Sorbonne ; telles
sont
, en Italie, les universités de Pavie, de Pise et de Padoue ; en Allem
424
; chez les Turcs, le corps des Ulémas. Ces corps,
étant
les premiers défenseurs de la cause de la morale et des principes de
425
pes de l’État, donneront les premiers l’éveil, et
seront
toujours prêts à résister aux théories dangereuses des esprits qui ch
426
gendarmerie intellectuelle, dont le grand Maître
est
le général en chef, et où les recteurs ont rang d’officiers supérieur
427
e durant la plus grande partie du xixe siècle et
sera
remplacé par celui de « Facultés », qui implique l’abandon de toute i
428
er. Séparées les unes des autres, les Facultés ne
sont
plus que des écoles professionnelles au service de l’État-nation et d
429
our à la grande liberté médiévale. Mais quels que
soient
les mérites intrinsèques du projet de réforme d’Edgar Faure, un fait
430
près de 180 000 étudiants. L’ancienne Sorbonne a
été
divisée en treize instituts distincts, qualifiés tout à fait abusivem
431
s les autres pays d’Europe. Le gigantisme, loin d’
être
éliminé, a donc été reporté du tout sur les parties, et la vertu tota
432
urope. Le gigantisme, loin d’être éliminé, a donc
été
reporté du tout sur les parties, et la vertu totalisante qui est cell
433
tout sur les parties, et la vertu totalisante qui
est
celle qu’on doit atteindre d’une universitas studii est définitivemen
434
lle qu’on doit atteindre d’une universitas studii
est
définitivement évacuée. C’est pourtant dans le retour aux petites uni
435
nt et favorisant l’échange interdisciplinaire qui
est
en fait échange des points de vue. Et je ne dis pas que les voies et
436
s pas que les voies et moyens d’un tel « retour »
soient
facilement imaginables, je dis seulement que la survie de la culture
437
ons d’une renaissance des universités européennes
sont
donc les mêmes que celles dont dépendent le sauvetage de notre enviro
438
je terminai ma description de la tour de Babel qu’
est
devenue l’Université, juxtaposition de spécialistes dont aucun n’ente
439
veries, et de les comparer, peut-être, à ce qui s’
est
fait par la suite à Florence, sous le nom d’Université européenne. D
440
vités intellectuelles de cette communauté peuvent
être
définies à grands traits comme suit : Quant à la forme : peu ou point
441
es risques et périls : toute déclaration publique
est
obligatoirement suivie d’une discussion réglée. Ici l’on n’impose pas
442
ir à la même spécialité. Quant au contenu : seuls
sont
portés au programme les sujets par essence interdisciplinaires. J’ent
443
sciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’il
serait
le plus malaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos facult
444
Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
serais
heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’avais à participer aux a
445
ventions ou découvertes de la science et des arts
sont
-elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utili
446
ts Combinatoria. Mais cet Institut de synthèse ne
serait
-il pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien
447
our fin de recréer l’union dans la diversité, qui
est
la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul
448
ne non lié à un lieu. 2. La production d’utopies
est
dans la nature de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas
449
opies est dans la nature de l’homme en tant qu’il
est
un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des trai
450
st dans la nature de l’homme en tant qu’il est un
être
spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des traits spéci
451
i rien n’appartient, n’appartient plus à rien. Il
est
le Réalisé, en complète indifférence au monde et aux affaires du mond
452
t détachement de tous liens. Sans feu ni lieu, il
est
comme Shiva le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est sa
453
le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre
est
sa demeure, le Ciel son toit. — bouddhisme : selon l’un des fondateur
454
eurs de cette doctrine en Chine, « la non-demeure
est
la nature originelle de l’homme. » — judaïsme et christianisme : ces
455
sur la Terre », ou déclarent que « dans les cieux
est
notre droit de cité » (notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les
456
-topique de l’homme — et cela d’autant plus qu’il
est
plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’il demeure plus animal ou
457
tant de « clins d’œil hors du où »45. Ce lieu qui
est
non-lieu physique (ou-topos), mais lieu réel de l’aventure spirituell
458
e différence fondamentale : la Nouvelle Jérusalem
est
à la fin des temps, bien plus : sa venue marque la fin des temps, ell
459
ien plus : sa venue marque la fin des temps, elle
est
dans « ce qui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et radic
460
mais le texte nous dit : « mesures d’hommes, qui
sont
aussi mesures d’anges », ou encore : « mesures humaines que l’ange ut
461
n illo tempore. Thomas More sait que le Royaume n’
est
pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dan
462
escartes que procède cette évolution. Descartes a
été
le lieu de cette métamorphose de la conscience européenne qui a rendu
463
es autres activités conçues auparavant, qu’elle n’
est
pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalité. La tech
464
e échappe à la mortalité. La technique en effet n’
est
régulée ni par sa fonction ni par ses finalités génériques ou spiritu
465
politique de la technocratie : l’État-nation. Qu’
est
-ce que l’État-nation ? La mainmise d’un appareil administratif sur un
466
» eût dit Descartes — les carrés ne puissent plus
être
bien réguliers). L’idée générale est de détruire le tissu vivant des
467
issent plus être bien réguliers). L’idée générale
est
de détruire le tissu vivant des attachements locaux — patriotiques au
468
e « aux rois d’Europe », en vertu du principe qui
sera
formulé quelques années plus tard par Hegel (à partir précisément de
469
ats-nations qui l’ont copié siègent à l’ONU. Nous
sommes
ici en présence d’une utopie réalisée non seulement à la lettre, mais
470
ule capitale et des seuls intérêts du parti qui s’
est
emparé des leviers de commande sur l’ensemble du territoire défini pa
471
re guerre. Jamais le lieu, jamais le topos n’aura
été
plus délibérément ignoré, arasé, rayé de la carte, jamais régime n’au
472
ré, arasé, rayé de la carte, jamais régime n’aura
été
plus littéralement u-topique. Je suis loin d’annoncer la fin de l’Éta
473
égime n’aura été plus littéralement u-topique. Je
suis
loin d’annoncer la fin de l’État-nation, comme on l’a dit. Je constat
474
s nationales absolues, à la guerre nucléaire, qui
sera
la fin de l’histoire — du moins de celle des civilisations. Contre l’
475
nir comme un « espace de participation civique »,
est
le contraire exact de l’utopie. Toute utopie est uniformisante, mais
476
est le contraire exact de l’utopie. Toute utopie
est
uniformisante, mais région signifie différence. « Une région ne se dé
477
isme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui
soit
assez grande pour déclencher une guerre atomique, mettant fin au genr
478
permet d’espérer. 7. Mon propos dans tout cela n’
est
guère politique, encore moins politologique. Il est proprement spirit
479
t guère politique, encore moins politologique. Il
est
proprement spirituel. Toute utopie au sens de Thomas More, de Campane
480
u sens de Thomas More, de Campanella, de Fourier,
est
projection dans un avenir et dans un espace donnés d’un modèle déduit
481
e donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce n’
est
d’hier. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « statiq
482
. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies
sont
« statiques par hypothèse ». Elles sont, et je le cite : « des progra
483
s utopies sont « statiques par hypothèse ». Elles
sont
, et je le cite : « des programmes d’action masqués sous le déguisemen
484
aginaire, et l’acte qu’elles essaient de susciter
est
presque toujours la fixation à un certain niveau d’une société réelle
485
chute, à moins que le mouvement descendant puisse
être
artificiellement arrêté. Immobiliser une descente est le but suprême
486
artificiellement arrêté. Immobiliser une descente
est
le but suprême auquel aspirent la plupart des Utopies, car elles ne s
487
uel aspirent la plupart des Utopies, car elles ne
sont
conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a perdu tout
488
utur. » Toute utopie, au sens politique du terme,
est
projection à terme indéfini de nos refus d’un présent exécré. Mais l’
489
de la Nouvelle Jérusalem (Apoc. ch. III et XXII)
est
la promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous irrésistible
490
Madame de Staël et « l’esprit européen » (
été
1980)o « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen
491
ase qu’il me semble avoir toujours connue, et qui
est
en effet parmi les plus souvent citées de Mme de Staël, sait-on qu’el
492
elle, empêcherait le génial Jean-Paul (Richter) d’
être
goûté hors de l’Allemagne ? J’ignorais cela jusqu’à ces derniers jour
493
ur en faire la devise de l’œuvre entière. Et ce n’
est
point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue sur la méda
494
ntenaire de son auteur. « L’esprit européen », ce
fut
le titre des premières Rencontres internationales de Genève, en 1946,
495
fin, de la Morale au-dessus de tous les intérêts,
fussent
-ils ceux de la Nation, de l’État, ou même des Sciences. 1. L’esprit
496
État, ou même des Sciences. 1. L’esprit européen
sera
donc d’abord ce qui fomente la Société des hommes de l’esprit, ou com
497
Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils
sont
dispersés souvent à de grandes distances l’un de l’autre ; mais quand
498
un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’
est
pas telle religion, telle opinion, tel genre d’études, c’est le culte
499
qui ranime la religion et la poésie ; enfin, ils
sont
vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore
500
z, d’une Académie de l’Europe ? L’idée vient d’en
être
reprise, du côté de Genève comme on pouvait s’y attendre, et je forme
501
se réalise, sous le patronage de celle qui en eût
été
l’inspiratrice et la présidente idéale, Germaine de Staël. 2. Au pri
502
ntarité des différences, voire des antinomies. Il
est
une tradition centrale de la philosophie européenne : celle qui d’Hér
503
ilité, à épouser et prolonger cette tradition qui
est
celle de la vitalité de la culture occidentale, et qui conduit en tou
504
au dont les contrastes mêmes et les nuances aussi
sont
le message. Écoutons-là ! Les nations doivent se servir de guides le
505
diversités, et nul homme quelque supérieur qu’il
soit
, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de c
506
e de l’esprit humain… Si chaque nation moderne en
était
réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre ?49 La c
507
erne en était réduite à ses propres trésors, elle
serait
toujours pauvre ?49 La complémentarité des opposés, richesse europé
508
es opposés, richesse européenne par excellence, n’
est
pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposi
509
est pas seulement nationale et linguistique, elle
est
aussi dans l’opposition climatérique, historique, culturelle et surto
510
posé par Mme de Staël aux débuts du xixe siècle
est
devenu le problème économique le plus brûlant de la fin du xxe siècl
511
Mais comment surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’il
est
vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ?
512
rofondes dans notre histoire ? Sinon par cela qui
est
plus profond encore que les racines, étant au principe même de notre
513
cela qui est plus profond encore que les racines,
étant
au principe même de notre histoire, par le christianisme, — et je cit
514
ianisme, — et je cite : La religion chrétienne a
été
le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dir
515
ient l’esprit des hommes énergiques. Ce mélange s’
est
fait lentement sans doute. La providence éternelle prodigue les siècl
516
nfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’
être
plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religio
517
le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce
sont
des puissances morales qui se développent dans les nations parce qu’e
518
e, politique et morale, mais avant que ce miracle
soit
accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doiven
519
ant que telle, à la coïncidentia oppositorum, qui
est
le principe de toute morale européenne. Or, cette morale, et voilà la
520
Staël précise : L’intérêt national lui-même doit
être
subordonné aux pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et elle
521
au nouveau sens, au sens politique du terme, qui
est
en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui
522
e réunion, dis-je, s’appelle une nation, tout lui
serait
permis pour se faire du bien ? Le mot de nation serait alors synonyme
523
t permis pour se faire du bien ? Le mot de nation
serait
alors synonyme de celui de légion que s’attribue le démon dans l’Évan
524
primauté de la morale sur l’intérêt national qui
est
déjà bien assez scandaleuse pour l’époque, Mme de Staël ajoute une ex
525
u, Mme de Staël a très bien vu que plus la nation
sera
grande, plus grande sera la tentation de « sacrifier la morale à l’in
526
en vu que plus la nation sera grande, plus grande
sera
la tentation de « sacrifier la morale à l’intérêt national » et plus
527
que qu’on sent inspirée de Rousseau en ce qu’elle
est
tout à la gloire du petit État : La grandeur des États chez les mode
528
a liberté peut exister, parce que les passions ne
sont
point excitées par aucun but, par aucun théâtre propre à les enflamme
529
ce complète, dont l’organisation des petits États
est
susceptible »55. Dira-t-on que c’est là supposer le problème résolu ?
530
x que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’il
soit
possible à l’homme de résoudre un problème humain, éthique, social ou
531
eprend jamais qu’à partir de l’avenir. Sa liberté
est
toujours en avant. Tout cela se lit ou se relit en filigrane dans De
532
il regretter qu’à l’ouvrage sur l’Allemagne — qui
est
en réalité, un grand traité de la culture européenne — au sens le plu
533
Politique déduite de la culture. Un tel livre eût
été
capable de modifier le débat contemporain sur la fédération européenn
534
e. Car elle savait que « la circulation des idées
est
, de tous les genres de commerce, celui dont les avantages sont les pl
535
les genres de commerce, celui dont les avantages
sont
les plus certains » — et comme Goethe l’a dit après elle : que la cul
536
union qui mérite le nom d’européenne, ne saurait
être
que l’homme lui-même, dans sa liberté responsable. L’homme européen,
537
itres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’il
est
de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux, parce « qu’il
538
même foyer57 ». L’Europe de l’enthousiasme ! Il
était
temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela po
539
ël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien
être
: — une tâche pour cette génération ! 47. Œuvres complètes, tome X
540
e Staël et “l’esprit européen” », Cadmos, Genève,
été
1980, p. 5-11.
541
riations religieuses, au sein d’une Curepente qui
fut
longtemps le nom de l’Europe, une culture commune se constitue au cou
542
éenne, et les diversités si caractéristiques de l’
être
européen. La perception n’est pas un processus à sens unique : elle s
543
actéristiques de l’être européen. La perception n’
est
pas un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-cro
544
jet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’
est
pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je
545
ois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je
suis
, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que j
546
ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je
suis
ou non… À vrai dire, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’il
547
… À vrai dire, ce que je connais des apports de l’
Est
, ce qu’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est ê
548
ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ils
sont
pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perçu) — je
549
l’Est, ce qu’ils sont pour moi — au sens où esse
est
percipi (être, c’est être perçu) — je ne l’ai connu que par le biais
550
’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (
être
, c’est être perçu) — je ne l’ai connu que par le biais d’une recherch
551
ur moi — au sens où esse est percipi (être, c’est
être
perçu) — je ne l’ai connu que par le biais d’une recherche sur l’Euro
552
28 derniers siècles. Demandons-nous d’abord quel
est
le plus grand commun dénominateur entre l’Europe de l’Est et l’Europe
553
sur les incroyants. Mais la religion chrétienne n’
est
pas plus uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses var
554
gion chrétienne n’est pas plus uniforme que ne le
sont
l’islam ou le bouddhisme, et ses variétés rendent compte des variétés
555
et ses variétés rendent compte des variétés de l’
être
européen, selon qu’il a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l
556
te des variétés de l’être européen, selon qu’il a
été
formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard, brocha
557
européen, selon qu’il a été formé par Byzance à l’
Est
ou par Rome à l’Ouest, et plus tard, brochant sur l’héritage commun d
558
r Wittenberg ou par Genève. Au binôme Byzance à l’
Est
, Rome à l’Ouest, jusqu’à 1453, répond dès le xvie le binôme Réforme
559
s familles demeurant généralement catholiques. Il
serait
passionnant de reconstituer l’homologie des structures de réactions p
560
1560 et le Gdansk contestataire des ouvriers de l’
été
1980. Il semble que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le
561
le que l’échec final de la Réforme en Pologne ait
été
le fait des luttes entre luthériens, calvinistes et sociniens (antitr
562
péciales de quatre confessions dans les pays de l’
Est
, annoncent à la fois l’unité et les antinomies persistantes entre nat
563
et les antinomies persistantes entre nations de l’
Est
et de l’Ouest, du Moyen Âge à la dernière guerre et de celle-ci à la
564
s sur celui de l’organisation de l’Europe, ce qui
est
plus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste
565
lus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui
était
l’humaniste et poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui fut le premie
566
niste et poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui
fut
le premier à parler de l’Europe comme de « notre patrie » au roi de B
567
patrie » au roi de Bohême Georges Podiebrad, qui
est
le premier à parler de l’Europe comme d’une Confédération. Georges P
568
rad (1420-1471), pauvre gentilhomme tchèque qui s’
est
battu avec l’armée des hussites, est élu roi de Bohême en 1457 — l’an
569
chèque qui s’est battu avec l’armée des hussites,
est
élu roi de Bohême en 1457 — l’année même où Æneas Sylvius est élu pap
570
de Bohême en 1457 — l’année même où Æneas Sylvius
est
élu pape. Podiebrad fait la connaissance d’un inventeur, un astucieux
571
neurie de Venise, pour résister au Turc. (Byzance
est
tombée quatre ans plus tôt.) L’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI,
572
yzance est tombée quatre ans plus tôt.) L’ouvrage
est
offert en 1463 à Louis XI, auquel il est dédié. Podiebrad compte bien
573
’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI, auquel il
est
dédié. Podiebrad compte bien faire participer à son traité les rois d
574
gne et de Bavière ; mais le pape et l’empereur en
seront
exclus. Bien qu’il ait échoué devant l’indifférence de Louis XI et la
575
ntinent comme unité politique virtuelle — et il n’
est
pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de
576
il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait
été
l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs reprises les hommes de l
577
n de l’Est : à plusieurs reprises les hommes de l’
Est
ont eu de l’ensemble européen une perception plus dramatique, plus ur
578
enté, gloire de l’univers, comment tout honneur s’
est
-il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la
579
toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où
est
la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te p
580
ont servi tant de victoires, si tu devais si vite
être
menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la p
581
ebrad. Deux siècles plus tard, exactement, l’idée
sera
reprise, élargie aux dimensions d’un projet mystique, plus encore que
582
utre Tchèque : Amos Comenius. Ce plan toutefois n’
est
à ses yeux qu’une partie de la tâche beaucoup plus vaste qu’exposent
583
resté inédit de son vivant et dont le manuscrit a
été
retrouvé à la veille de la dernière guerre dans les archives d’un orp
584
ns ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’il
est
nécessaire d’élever par l’éducation tous les hommes à l’humanité. » D
585
rement pédagogique de Comenius : L’idée centrale
est
sans doute celle de la nature formatrice qui, en se reflétant dans l’
586
ps avec le processus formateur qui anime tous les
êtres
et n’est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente o
587
processus formateur qui anime tous les êtres et n’
est
qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou « proce
588
cession », en quoi consiste la multiplication des
êtres
, correspond la remontée au niveau du travail humain, et cette remonté
589
le processus éducatif. C’est pourquoi celui-ci n’
est
pas limité à l’action de l’école et de la famille, mais est solidaire
590
mité à l’action de l’école et de la famille, mais
est
solidaire de la vie sociale tout entière : la société humaine est une
591
la vie sociale tout entière : la société humaine
est
une société d’éducation, idée qui ne trouvera son expression positive
592
organisation internationale… Le génie de Comenius
est
d’avoir compris que l’éducation est l’un des aspects des mécanismes f
593
e de Comenius est d’avoir compris que l’éducation
est
l’un des aspects des mécanismes formateurs de la nature et d’avoir ai
594
xe fondamental. À quel point ce génie multiforme
fut
Européen, sa vie le fait bien savoir, vie des plus agitées. Comenius
595
nius perd ses parents très jeune et son éducation
sera
négligée : il ne peut commencer des études latines qu’à 16 ans. Il va
596
théologie en Allemagne, revient en Bohême pour y
être
pédagogue, puis pasteur de l’Église réformée des frères moraves (dont
597
: il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il
est
expulsé de Bohême et se réfugie en Pologne, où les frères moraves ont
598
r en France un Collège pansophique (« Pansophie »
est
un terme parfois utilisé au xviie siècle pour désigner l’ensemble de
599
treprendre la réforme des écoles de ce pays. Il y
est
bientôt suspect, en tant que Frère morave, aux yeux des luthériens. I
600
établit en Hollande où il finira ses jours, et où
sera
publiée après sa mort une première grande édition de ses œuvres. Dans
601
e en tchèque et traduite par l’auteur en latin, a
été
traduite depuis un siècle en français, en anglais, en espagnol, en it
602
e saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait
été
méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous m
603
européen, de l’unité spirituelle de l’Europe qui
fut
et qui est encore, plus qu’on ne le croit, celle des grands penseurs
604
de l’unité spirituelle de l’Europe qui fut et qui
est
encore, plus qu’on ne le croit, celle des grands penseurs de l’Est. I
605
qu’on ne le croit, celle des grands penseurs de l’
Est
. Il y a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos mi
606
e cette méconnaissance de l’Europe véritable, qui
est
notre fait, de ce refus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’on l
607
eux de l’Europe généreuse telle qu’on l’a vue à l’
Est
, je vais vous donner un émouvant exemple, celui d’Adam Mickiewicz (17
608
e, dans laquelle il élève la plainte de ceux de l’
Est
que l’Ouest abandonne, — le cri prophétique des victimes d’un Munich
609
e date de 1833. Mickiewicz exilé par les Russes s’
était
réfugié en Saxe, mais un décret royal invite les proscrits polonais à
610
nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’
étais
attaquée par les brigands, et je criai vers toi, nation, afin d’avoir
611
kases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’
étais
dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protecti
612
ordonnances. Et la nation répondra : Madame quand
êtes
-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous
613
es-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je
suis
venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va do
614
kases. Je vous le dis en vérité, votre pèlerinage
sera
pour les Puissances une pierre d’achoppement Les Puissances ont rejet
615
vous présentera un dos dur et froid, et la barre
sera
frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri ser
616
ppée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri
sera
repris quinze ans plus tard par un autre grand poète, le Hongrois Ale
617
contre l’invasion russe, mais en vain, et Petőfi
fut
tué en combattant. Voici le début de son poème de 1848, intitulé Sile
618
appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous
sommes
aussi leurs gardiens ! p. Rougemont Denis de, « L’apport culturel
619
Un falsificateur vu de près (
été
1981)q Note préliminaire « Procéder par ordre. Dans l’ordre d
620
onise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française. Il s’
est
si bien gardé de l’appliquer qu’il m’oblige à le faire aux dépens de
621
i s’avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux qui
furent
vilipendés, condamnés et emprisonnés pour avoir combattu, par leurs é
622
montrer dans le détail — c’est ingrat, mais peut
être
amusant une fois repérés les procédés — la falsification systématique
623
m’en tiendrai à ceux que je connais le mieux, qui
sont
les miens, leur exemple valant pour les autres. De bons amis m’ont co
624
laissez tomber. Comme si un livre avait besoin d’
être
bon pour faire du mal ! On va voir ce que celui-ci permet déjà d’écri
625
raisons majeures de ne pas me taire. La première
est
qu’il serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le
626
ajeures de ne pas me taire. La première est qu’il
serait
difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le problème du f
627
hologiques, ni les effets mortels du phénomène ne
sont
un seul instant définis ou invoqués par Lévy. On distingue mal ce qu’
628
athologique de toute trace d’humour dans ce livre
est
l’indicateur le plus sûr d’une disposition d’esprit totalitaire. Ma s
629
d’esprit totalitaire. Ma seconde raison de parler
est
simplement un devoir de piété pour la mémoire d’Emmanuel Mounier, d’A
630
unier, d’Arnaud Dandieu et de Robert Aron, qui ne
sont
plus là pour rétablir la vérité sur leur œuvre et sur leur combat. Af
631
ur œuvre et sur leur combat. Afin que ces amis ne
soient
plus impunément « livrés au caprice d’un gamin, jetés en proie à des
632
reprises, sur la foi de citations dont pas une n’
est
honnête : la plupart signifiaient dans leur contexte tout à fait autr
633
de ce qu’il veut y lire aujourd’hui ; celles qui
sont
correctement transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son inv
634
hui ; celles qui sont correctement transcrites ne
sont
pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (les mot
635
ectement transcrites ne sont pas de moi ; et deux
sont
de son invention. Voici les textes (les mots qui me sont attribués pa
636
son invention. Voici les textes (les mots qui me
sont
attribués par l’auteur sont en italiques). Citations I et II Po
637
xtes (les mots qui me sont attribués par l’auteur
sont
en italiques). Citations I et II Pour illustrer ce qu’il appell
638
admettant que j’aie vraiment écrit ces mots, mais
est
-ce possible ? « “Engoncés” » dans leurs rosettes et leurs chapeaux me
639
settes et leurs chapeaux melons… Cela ne peut pas
être
de moi, tout de même — qu’ai-je bien pu vouloir dire ? Probablement q
640
e gros ventres et de chapeaux melons. La France n’
est
plus contemporaine des nations qui l’entourent et qui la menacent. Te
641
s nations qui l’entourent et qui la menacent. Tel
est
le fait. Et j’ajoutais un peu plus loin que le problème de la jeunes
642
e » et le « cloaque » de ce grand corps malade qu’
est
le tout-État démocrate ; mais c’est la vieille gauche aussi bien, cel
643
bérale et parlementaire » et dont la « critique »
est
, malgré ses « troubles origines », un « acquis définitif du personnal
644
sifications s’élève ici à la préciosité et vaut d’
être
suivi de très près, car il exemplifie la méthode de l’auteur. Les mo
645
s la critique de la démocratie par l’A. F. aurait
été
qualifiée d’« acquis définitif du personnalisme » ne figurant pas dan
646
tatives de résistance au conformisme social aient
été
paralysées après guerre par le double cadre que leur offrait l’hérita
647
n a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’
est
pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de raiso
648
uillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de moi,
étant
signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de raisons de m’intéresser
649
nullement ; — au surplus, inventé ou pas, rien n’
est
de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La démocratie,
650
II La démocratie, selon les personnalistes, ne
serait
« qu’une curiosité exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni qu’on se
651
elle que donne la vérité. Notre mesure commune ne
sera
pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens po
652
ersonne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne
sera
pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mo
653
as ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle
sera
personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possè
654
mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle
sera
la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations acti
655
l’individu et de la masse. […] — Car notre force
est
personnelle, non collective. Elle réside dans les petits groupes, non
656
il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui
était
visé était la religion collectiviste, rançon fatale d’un individualis
657
rqué, et peut-être compris, que ce qui était visé
était
la religion collectiviste, rançon fatale d’un individualisme civiquem
658
e la résultante de l’individualisme irresponsable
est
la masse agglomérée, — qu’il prend pour une « communauté » ? (J’ai éc
659
n ciment ».) Ignore-t-il tout, enfin, de ce qui a
été
écrit, de Tocqueville à Hannah Arendt en passant par les personnalist
660
isme comme maladie de l’individu dont le symptôme
est
l’absence de civisme, et la centralisation étatique en route vers l’É
661
Citations VIII, IX, X et XI Mais voilà qui
est
plus grave encore et révèle chez notre auteur une incapacité fondamen
662
es dans les bibliothèques, voire en librairie, il
est
remarquable que les notes bibliographiques de B.-H. Lévy renvoient po
663
n possèdent encore des collections, et la plupart
sont
introuvables, sauf à la Bibliothèque nationale. Ce procédé empêche pr
664
le droit de se vouloir totalitaire la vérité qui
est
totale, qui rend compte de tout l’homme57) ». Non (suis-je censé répo
665
otale, qui rend compte de tout l’homme57) ». Non (
suis
-je censé répondre selon Lévy), « ces arrogants parangons du fascisme
666
elon Lévy), « ces arrogants parangons du fascisme
sont
aussi des fascistes au rabais. Les révolutions triomphantes sont auss
667
fascistes au rabais. Les révolutions triomphantes
sont
aussi et d’abord des “révolutions avortées”58) ». Reportons-nous aux
668
le beau nom de totalitaire », l’adjectif « beau »
est
de Lévy, non de moi, et cela change le sens du passage ; — je n’ai pa
669
le pas du tout « d’expériences » totalitaires qui
seraient
« trop simples » (Auschwitz ? Goulag ?), mais des fins dernières au n
670
Citation XII Toutes les citations précédentes
sont
concentrées dans le premier chapitre. La dernière figure à la fin du
671
a fin du livre. Non seulement les personnalistes
sont
anticapitalistes, donc contre l’Argent-roi, et donc selon B.-H. Lévy,
672
selon B.-H. Lévy, antisémites ; non seulement ils
sont
anti-individualistes, donc antidémocratiques et donc fascistes ; non
673
mocratiques et donc fascistes ; non seulement ils
sont
en « émoi » devant les bottes et les chemises ouvertes, donc nazis ;
674
encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils
sont
antiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t-elle commis […] po
675
Question pathétique, mais oiseuse : l’Amérique n’
est
pas mentionnée ni même sous-entendue dans le passage cité ( L’Ordre n
676
maine. Cette attitude, qu’on appelle capitaliste,
est
, en réalité, pour qui va au fond des choses, matérialiste et abstrait
677
à la fois. Elle donne la primauté à l’avoir sur l’
être
, à l’anonyme sur le personnel, à l’irresponsable sur le responsable,
678
dans sa dénonciation d’ennemis qui n’ont cessé d’
être
les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une carence, non mo
679
ant de preuves de leur fascination par les nazis,
est
-elle révélatrice de ses propres complexes ? Ce disciple fervent d’Alt
680
our achever de décrire la méthode de l’auteur, il
est
intéressant de relever non seulement ses citations fausses, mal inter
681
i — toujours cette cruelle incertitude —, le fait
est
que ce B.-H. Lévy, qui me traite à tout hasard de fasciste et de nazi
682
re l’esprit totalitaire », ce dernier texte ayant
été
distribué dans le ciel des grandes villes des Pays-Bas occupés. « Nul
683
n de présenter l’auteur dans ce pays, la RAF s’en
est
chargée pendant la guerre », disait le professeur van Aasbeck introdu
684
isant une de mes conférences à Leyden en 1948. Je
suis
bien sûr qu’aucun auteur de langue française n’a publié autant de pag
685
ologie personnaliste au pouvoir ? Tout cela ne
serait
presque rien si, dans L’Express n° 1546 du 13 février 1981, Raymond A
686
veur d’une catastrophe nationale. Là encore elles
sont
demeurées un mixte de traditionalisme et de parafascisme. En écrivan
687
est, en tant que fourrier des totalitarismes de l’
Est
. Raymond Aron peut-il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos
688
ses ? Croit-il vraiment que L’Ordre nouveau ait
été
« traditionaliste » ? C’était le nom de la Révolution pour Victor Con
689
rd Esprit . Croit-il au contraire que L’ON ait
été
« parafasciste », comme l’eût été à ce compte-là la revue de Gramsci,
690
que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût
été
à ce compte-là la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos id
691
prisaient plus que personne ? Mais surtout : s’il
est
vrai, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées person
692
destinement) dans l’ignorance où je me trouvais d’
être
le complice, bien plus : l’admirateur « ému » selon Lévy de l’Adversa
693
file du mouvement personnaliste, nous avons tous
été
condamnés à de la prison pour des idées dont L’Express nous apprend q
694
ur des idées dont L’Express nous apprend qu’elles
étaient
au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les nazis triomphants. Tragiq
695
de jeunes gens liront Lévy, tant pis, mais ce qui
est
grave : croiront les « plumes autorisées » de L’Express, parce qu’ils
696
s » de L’Express, parce qu’ils n’ont pas connu, n’
étant
pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lé
697
écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’
étais
« parafasciste » et pronazi. Mieux encore : dans un périodique nommé
698
u cas où ce professeur, et quelques autres qui se
sont
mis dans le même cas, auraient à répondre de ces calomnies devant les
699
au moment où ils écrivaient. De quoi la preuve ne
serait
pas difficile à produire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy —
700
années 1930 » retenues par B.-H. Lévy ont toutes
été
choisies, sans exception, de telle manière qu’un lecteur d’aujourd’hu
701
-il que l’impayable sérieux de notre jeune lévite
est
aussi une recette de succès : déjà B.-H. Lévy a ses imitateurs. Je n’
702
lément de santé », une « hauteur de ton », qui ne
sont
pas, dit-il, des « énergies méprisables ». Oui, il en convient lui-mê
703
e monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’il
est
commode de mettre tout le paquet dans les mains d’un homme, d’attendr
704
i de loin, ni ici ni ailleurs. Mensonge pur.) Tel
étant
le procédé, voici ce que vont faire les suiveurs. Dans la Quinzaine l
705
u livre de Lévy et signale les attaques dont il a
été
l’objet, pour mieux prendre sa défense. La présence de Mounier parmi
706
hoqué… Et pourtant, les arguments de l’accusateur
sont
irrécusables. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en a
707
nce » chez Lévy), mais Mounier lui-même, lequel n’
est
plus antinazi, mais profasciste. CQFD. En effet, on pourrait en rajou
708
iste, une révolution de la liberté dont la France
serait
responsable pour le monde entier. Voici ces textes qui compléteront l
709
publiée dans le n° 5 d’ Esprit . « Mon témoignage
sera
, si tu veux bien, celui d’un jeune français qui a éprouvé sur place l
710
la France doit opposer sa mission spécifique, qui
est
d’offrir au monde un modèle d’ordre : « Chacun, sans renoncer à ses e
711
revient l’initiative. » Si la France se décide à
être
elle-même, alors tout peut changer, « le dynamisme, la jeunesse arden
712
dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à
être
eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient
713
ées reçues, s’ils consentent à être eux-mêmes, je
suis
bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité
714
ilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phrases
sont
signées Raymond Aron. Elles vont plus loin dans la volonté de dialogu
715
crois pas un instant que Raymond Aron ait jamais
été
« fasciste à la française ». Je m’étonne seulement des motifs du sile
716
Et sur la présence de Maurice Clavel à Uriage. Il
est
vrai que c’est Clavel qui a lancé les « nouveaux philosophes ». Po
717
ouveaux philosophes ». Post-scriptum II Il
est
étrange de relire aujourd’hui, dans le même numéro d’ Esprit , à côté
718
e ouverte d’un jeune Allemand à la France ». Elle
est
signée Harro Schulze-Boysen, qui était alors l’animateur du Groupe Ge
719
ance ». Elle est signée Harro Schulze-Boysen, qui
était
alors l’animateur du Groupe Gegner (Les Adversaires) profondément ant
720
de près à L’Ordre nouveau . Harro Schulze-Boysen
était
pour nous un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus t
721
un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il
fut
plus tard le chef du célèbre groupe clandestin L’Orchestre rouge. Les
722
révolutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce n’
est
pas en acceptant le joug barbare de la guerre impérialiste, de la lut
723
rancfort, en 1932. Nos liens d’amitié et d’action
étaient
étroits. Lors d’une rencontre en Suisse (il avait réussi à se faire n
724
ons décisives pour la défaite finale d’Hitler. Il
était
par sa mère le petit-fils de Bismarck. Post-scriptum III B.-H.
725
e bourgeois par L’Ordre nouveau et par Esprit
était
une preuve de fascisme ; la critique de l’Amérique était une preuve d
726
ne preuve de fascisme ; la critique de l’Amérique
était
une preuve de fascisme ; la moindre tentative de réfléchir sur le rel
727
e preuve de fascisme. Bataille, Caillois, Leiris,
étaient
-ils donc fascistes ? Je ne pense pas : c’étaient des amis. À l’invita
728
é régnait alors dans le milieu intellectuel. S’il
était
nécessaire de prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau et l’a
729
agraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en
suis
un peu honteux. (Je fais surtout allusion à ce que vous dites du côté
730
ment devant les bottes et les chemises ouvertes —
serait
-ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleur
731
roire, en effet, que la doctrine de la personne a
été
inventée par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son auteur
732
63. Raymond Aron, à la différence de B.-H. Lévy,
est
assez cultivé pour savoir que condamner l’individualisme, « cette mal
733
a communauté où il vit. 64. De fait, la lettre n’
est
adressée qu’à E. Mounier, condisciple du scripteur à l’École normale.
734
d’une époque , Gallimard, 1968. 67. « Le conflit
était
réglé en principe. Mais alors Hitler démasqua l’aspect original (et n
735
n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il
était
le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le viol
736
propos de Bernard-Henri Lévy) », Cadmos, Genève,
été
1981, p. 70-86.
737
e. Dans le même temps, l’Ordre souverain de Malte
est
divisé en nations sous le nom de langues. On retrouve cette quadripar
738
a langue européenne, en quelque sorte — mais elle
sera
de moins en moins la langue des relations quotidiennes : étudiants et
739
e ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’
était
fait appeler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie et des pro
740
belins) remplira les trois siècles suivants et ne
sera
tranchée, en faveur du temporel, mais non de l’empire, que par les pr
741
ilippe le Bel vont proclamer que le roi de France
est
« empereur en son royaume » et qu’« il ne reconnaît aucun supérieur s
742
celle du pape, symboles de la christianitas — qui
est
alors le seul nom de l’Europe —, fonde le dogme occidental de la souv
743
umes, des nations et aujourd’hui des États. Dante
sera
le témoin consterné de cette profonde révolution païenne. Dans son tr
744
s luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu
être
agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes… » L’attentat d’A
745
elles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu
es
devenu un monstre aux multiples têtes… » L’attentat d’Anagni, fomenté
746
lippe le Bel contre le pape Boniface VIII, et qui
sera
bientôt suivi de la « captivité babylonienne de l’Église » en Avignon
747
que Pie II, au lendemain de la chute de Byzance,
sera
le premier à nommer « l’Europe, notre patrie » : la conscience naît e
748
d’entrée de jeu que « la civilisation classique a
été
la civilisation de l’État » et que « c’est au xviie siècle que l’Éta
749
t-il en conclure que la double fonction de l’État
serait
donc la police d’abord, et l’art de métamorphoser l’homme en légume ?
750
e en légume ? Les moyens de l’État, selon Chaunu,
sont
les finances et les armées. « Entre 1600 et 1760, l’État classique vo
751
iable de 200, 500, 1000 %. De là à affirmer qu’il
est
le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemment.
752
« les armées renforcent la cohésion des États et
sont
un facteur décisif de progrès technique » (p. 60 de op. cit.). À cela
753
ans l’affrontement des États. » (p. 68) « Or, que
serait
l’Europe sans ses nations ? » (p. 69) Et voilà justifiées par le bien
754
es armées dont on vient d’exalter les bienfaits ?
Soyons
sérieux. La première doctrine de l’État sera formulée en toute rigueu
755
? Soyons sérieux. La première doctrine de l’État
sera
formulée en toute rigueur par Jean Bodin, aux six livres de La Républ
756
, dès l’année 1576. Dans cette somme admirable qu’
est
L’Essor de la philosophie politique au xvie siècle, Pierre Mesnard é
757
t que le problème dont Bodin nous propose l’étude
est
« ce que nous appelons l’État, à savoir la nation organisée » (p. 480
758
s de l’ouvrage. En réalité, l’étude de Jean Bodin
est
bel et bien celle de la souveraineté, de « la puissance absolue et pe
759
gistrats élus pour un temps déterminé. Le citoyen
est
« franc sujet » du souverain, seule « source de toute autorité ». Ses
760
seule « source de toute autorité ». Ses droits ne
sont
que « privilèges » et révocables à tout instant par le souverain, leq
761
ocables à tout instant par le souverain, lequel n’
est
pas obligé par la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce serait
762
ar la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce
serait
crime de lèse-majesté d’opposer le droit romain à l’ordonnance de son
763
ance de donner et de casser la loi, sous laquelle
sont
compris tous les autres droits […] comme décerner la guerre ou faire
764
tous les mixtes de ces trois formes de l’État ne
sont
qu’erreur, et « formes corrompues ». Mais, dira-t-on, cette souverain
765
ra-t-on, cette souveraineté donnée pour absolue n’
est
-elle donc incitée, régulée, protégée, humanisée par rien au monde con
766
du prince — roi, peuple ou groupe privilégié — n’
est
limitée que par la volonté divine dont le « sentiment du prince » est
767
la volonté divine dont le « sentiment du prince »
est
le seul interprète… Elle est donc pratiquement sans limites. 3. Co
768
entiment du prince » est le seul interprète… Elle
est
donc pratiquement sans limites. 3. Confusion générale des concepts
769
ion, de peuples ou de langues, de pays ou d’États
sont
interchangeables, non seulement dans l’usage vulgaire, mais dans les
770
u peuple n’en célèbre que mieux les nations — qui
est
leur dénomination lyrique (« en vers : de trois syllabes » précise Li
771
cause des malheurs du genre humain. » La grandeur
est
un attribut de la nation, bien sûr, non de l’État, et moins encore du
772
encore du peuple, dont le mieux qu’on puisse dire
est
« bon peuple », celui qui croit un peu n’importe quoi. Les nations, p
773
un peu n’importe quoi. Les nations, pour Bossuet,
sont
« fières », « indomptables », « farouches », « belliqueuses », « rebe
774
de soldats va combattre contre des peuples qui ne
sont
que citoyens », écrit Montesquieu dans ses Considérations sur les Rom
775
elle vote à six voix de majorité sur 721 votants (
soit
366 pour la mort, 360 pour d’autres mesures) la mise à mort du roi, s
776
Louis Capet à la Nation » et défend à qui que ce
soit
d’y donner suite, à peine d’être poursuivi comme « coupable d’attenta
777
end à qui que ce soit d’y donner suite, à peine d’
être
poursuivi comme « coupable d’attentat contre la sûreté générale de la
778
d’un Directoire de 12 membres — lequel à son tour
sera
remplacé en 1799 par un Consulat de 3 membres dont le Premier Consul,
779
sa personne tous les pouvoirs, — et cela fait, il
sera
élu empereur, en 1804, sous le nom de Napoléon Ier. II. Dialectiqu
780
remière étape de la Révolution, la souveraineté a
été
transférée de la personne sociale au petit groupe des détenteurs du p
781
xclusif un groupe de grands commis — dont Colbert
est
resté le type — qui avaient pour charge unique d’organiser et de fair
782
ssique exerce son pouvoir au profit du groupe qui
est
l’État. Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui tra
783
profit du groupe qui est l’État. Bien savoir qui
est
l’État, c’est savoir au profit de qui travaille l’État. […] L’État ad
784
, […] en s’appuyant sur un groupe de service, qui
est
un groupe de techniciens. Le groupe de service est à l’origine une ha
785
st un groupe de techniciens. Le groupe de service
est
à l’origine une haute classe moyenne. C’est pourquoi l’État préclassi
786
lasse moyenne. C’est pourquoi l’État préclassique
est
toujours, au départ, révolutionnaire ». On a bien lu : « Bien savoir
787
volutionnaire ». On a bien lu : « Bien savoir qui
est
l’État, c’est savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’il soit
788
savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’il
soit
royal au xviie siècle, bourgeois dès 1793, ou prétendument « ouvrier
789
, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’il
est
. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoquer le « Dieu s
790
« Dieu seul parle bien de Dieu » de Pascal… Nous
sommes
en plein délire de sacralisation stato-nationaliste. d) La nation n’é
791
sacralisation stato-nationaliste. d) La nation n’
était
rien au départ de la Révolution, que la devise des révolutionnaires :
792
e nation, de patrie, de peuple, de pays et d’État
est
dénoncée par une très simple observation : on peut annexer des peuple
793
y lit : « National : qui concerne la nation, qui
est
de la nation. » Exemples : « L’honneur national… Les intérêts nationa
794
ropriété de certains moyens de production… en vue
soit
de mieux servir l’intérêt public, soit de mieux assurer l’indépendanc
795
on… en vue soit de mieux servir l’intérêt public,
soit
de mieux assurer l’indépendance de l’État. » Il est bien évident que
796
t de mieux assurer l’indépendance de l’État. » Il
est
bien évident que les « transferts » sont en fait des achats faits par
797
tat. » Il est bien évident que les « transferts »
sont
en fait des achats faits par l’État à son profit éventuel, avec l’arg
798
l’illusion que chacun en bénéficiera. « Étatisé »
serait
juste, mais moins bien toléré… 5. Né de la guerre et pour la guer
799
re et de la guerre totale — tous les bons esprits
sont
d’accord, mais peu l’avouent. Hegel annonce le premier la loi constit
800
qui sert maintenant le gouvernement de la France
est
forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, d
801
uvernement de la France est forgé à chaud… L’État
est
tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son
802
la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il
est
militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans
803
on de la nation et de l’armée : « La conscription
est
le palladium de notre indépendance, parce que mettant la nation dans
804
’autre, c’est l’état de siège en permanence — qui
sera
dès 1930 la formule des États totalitaires de Staline et de Mussolini
805
lini. L’administration des hommes et des choses y
est
plus mécanisée que dans n’importe quelle société humaine jusque-là. T
806
’importe quelle société humaine jusque-là. Tout y
est
militarisé, c’est-à-dire mobilisable à tout moment, esprit, corps et
807
es compensées par l’apport du très gros client qu’
est
l’armée, et par la protection de la police, si généreusement accordée
808
ement depuis un siècle et demi : a) L’État-nation
est
lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes, en direct
809
es étapes, en direction de la formule finale, qui
sera
l’État totalitaire. L’un donne naissance à l’autre, soit que l’État t
810
État totalitaire. L’un donne naissance à l’autre,
soit
que l’État tente d’éliminer les dissensions internes par le recours à
811
ensions internes par le recours à l’union sacrée,
soit
que les « nécessités de la guerre » contraignent à étatiser plus stri
812
et y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles
sont
les voies de l’administration d’abord, non du commerce ; puis de l’ar
813
ce, vraie religion du xxe siècle. Tout cela, qui
était
le grand dessein de Napoléon, mais qui après lui avait soulevé tant d
814
gadir), ou par procuration, selon le scénario qui
sera
plus tard celui de la guerre civile d’Espagne, puis des guerres de Co
815
prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce
seront
les deux guerres mondiales. Après quoi, faute de guerres nationales i
816
tantes durant deux ou trois décennies, comme tout
est
disposé en vue de la guerre — esprits et corps autant qu’infrastructu
817
ngère — vient mettre un terme à l’anarchie : elle
est
alors nationalisation du crime et de la lutte contre le crime, ainsi
818
RSS seulement 29 000 fois : ce missile gap aurait
été
rattrapé assez largement par les Russes. Tout va donc bien pour le mo
819
ette somme insensée de pouvoirs dont le citoyen s’
est
laissé dessaisir par égoïsme, par peur des risques ou gain de paix, d
820
peur des risques ou gain de paix, désormais peut
être
perdue d’un seul coup, sans retour, pour tous et par chacun. La masse
821
, nécessaire pour former la décision fatidique, n’
est
sans doute déjà plus maîtrisable. L’index de la main droite du présid
822
isable. L’index de la main droite du président ne
sera
plus que le dernier élément de transmission d’une décision prise hors
823
ni la vraie guerre ni la vraie paix ne sauraient
être
tolérées dans le jeu qui assure le pouvoir des deux grands, à la fois
824
et le brouillage des idéologies antagonistes, ne
sont
[pas] à l’abri des erreurs qualifiées d’« humaines » pour les minimis
825
peut devenir l’ennemi du pire Certes, le pire
est
devenu calculable, dès lors que pour la première fois dans son histoi
826
faut. Les probabilités d’une catastrophe globale
sont
plus grandes que celles de la paix. Mais nul calcul n’est garanti con
827
grandes que celles de la paix. Mais nul calcul n’
est
garanti contre l’erreur quand des facteurs humains y entrent en compt
828
sible. Mais nous voyons que l’État-nation, qui en
est
le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse et son évolution, de conti
829
ion, de contingences historiques, bien loin qu’il
soit
l’accomplissement d’une nécessité naturelle, définitive, inéluctable.
830
relle, définitive, inéluctable. Comme tout ce qui
est
né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mor
831
i est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas
être
entraîné dans sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se sont
832
sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se
sont
multipliés à la mesure de ses pires excès. Du temps de la montée de H
833
à la fois. » En effet, les États-nations d’Europe
sont
à la fois (à deux ou trois exceptions près dans les deux cas) — trop
834
problèmes spécifiques qui s’y posent. L’argument
est
devenu le pont aux ânes de toute critique fédéraliste de l’État-natio
835
elle de Daniel Bell aux USA : « Les gouvernements
sont
aujourd’hui trop petits pour régler les affaires mondiales, et trop g
836
aintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils
sont
dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules préte
837
tats-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur
être
et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous ve
838
. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception,
sont
à la fois trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale, et trop
839
vie politique qu’ils prétendent monopoliser. Ils
sont
trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou
840
ar les barrages antimissiles des deux grands. Ils
sont
trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi améric
841
pour répondre au défi du tiers-monde… Enfin, ils
sont
trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables
842
tion dans les affaires du monde […]. Parce qu’ils
sont
trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle conti
843
édérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils
sont
trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasio
844
ouveraineté surveillée, ne peuvent y renoncer à l’
Est
, force est de constater que les Européens, s’ils s’en tiennent aux se
845
surveillée, ne peuvent y renoncer à l’Est, force
est
de constater que les Européens, s’ils s’en tiennent aux seules forces
846
ls s’en tiennent aux seules forces nationales, ne
sont
capables d’assurer, en fait, aucune des tâches que le gouvernement d’
847
ucune des tâches que le gouvernement d’une nation
est
censé normalement assurer et qui représentent sa raison d’être. Dans
848
rmalement assurer et qui représentent sa raison d’
être
. Dans leur état actuel de division, nos « souverainetés » ne peuvent
849
i repousser une intervention militaire venue de l’
Est
; — ni lutter contre l’inflation sans augmenter le chômage ; — ni réd
850
nes décennies aux dangers énumérés, dont certains
sont
irréversibles et donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. El
851
rvivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne
soit
pas entraînée dans sa perte.76 9. Où la Souveraineté nationale d
852
des Seigneuries, 1609). Le prince souverain doit
être
fidèle à sa mission divine : « Il n’est libre ni quant à la fin qu’il
853
ain doit être fidèle à sa mission divine : « Il n’
est
libre ni quant à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’il emp
854
oi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il
est
lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de loi
855
le qui obéit. « Trois ordres de lois, dont toutes
seront
abrogées par le triple fait historique de l’irréligion, de la positiv
856
e » (p. 235) car « le peuple devenu souverain, il
est
contradictoire qu’il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge class
857
t l’âge classique : « Louis XIV dans sa majesté n’
est
qu’un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napoléon, profiteur d
858
cle. Cette liberté consiste pour le Souverain à n’
être
plus tenu par des règles ; désormais il formule les règles à sa guise
859
vont conférer à ce qu’ils nomment la nation — qui
est
le Peuple soumis à l’État — qu’ils incarnent. D’où, de nos jours, le
860
quel la souveraineté, jadis exercée par le roi, l’
est
aujourd’hui par l’ensemble des citoyens. » Si le peuple est ici décla
861
d’hui par l’ensemble des citoyens. » Si le peuple
est
ici déclaré souverain, c’est l’État qui dispose du pouvoir par la pol
862
porteur de la Souveraineté nationale absolutisée,
étant
ce que l’on vient de rappeler, et que personne ne peut contester de b
863
que personne ne peut contester de bonne foi, quel
est
l’obstacle majeur qui paralyse encore les deux réformes seules capabl
864
, à l’évidence, d’ouvrir un nouvel avenir, et qui
sont
la fédération européennne au-delà des États-nations et l’autonomie de
865
tence négative, et très active en tant que telle,
est
parfaitement concevable et vérifiable : la Souveraineté nationale nou
866
ertu novatrice ou positivement impérative. Elle n’
est
plus qu’une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qui exem
867
lus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce n’
est
plus toute-puissance, mais puissance de refuser, et bloquage de toute
868
prétention que l’on allègue arbitrairement. Ce n’
est
plus volonté, mais nolonté, qui est vouloir du non, vouloir du rien.
869
irement. Ce n’est plus volonté, mais nolonté, qui
est
vouloir du non, vouloir du rien. Tel est le nihilisme de l’État-natio
870
nté, qui est vouloir du non, vouloir du rien. Tel
est
le nihilisme de l’État-nation. Ce qui est tout simplement absurde, da
871
en. Tel est le nihilisme de l’État-nation. Ce qui
est
tout simplement absurde, dans les discours des « hommes d’État » cont
872
porains, c’est qu’ils affirment que leur but n’en
est
pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré
873
épètent comme Michel Debré qu’un « bon Européen »
est
celui qui — comme eux — « veut, en fonction d’une réalité fondamental
874
veut, en fonction d’une réalité fondamentale qui
est
celle des nations, faire l’Europe des États, l’Europe des patries. »
875
rançaise existe une et souveraine, ou bien elle n’
est
plus » (Lettre ouverte aux Français pour la conquête de la France, 19
876
ce et par définition à toute union sérieuse, tant
soit
peu contraignante, et faisant prévaloir la solidarité jurée sur l’int
877
par Toynbee Dans le résumé magistral de ce qui
fut
l’œuvre de sa vie, A Study of History 80, le plus grand philosophe de
878
sion du citoyen envers la cité particulière où il
était
né et l’administration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce
879
que plus vaste que Rome avait créée. Ce compromis
était
psychologiquement possible dans les seules communautés où l’idolâtrie
880
mprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il n’
est
pas nécessaire de souligner l’analogie entre le problème de la souver
881
utefois, à la lumière de l’Histoire grecque, nous
sommes
en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouvera sa s
882
stitution de la souveraineté nationale n’aura pas
été
érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons attendre de
883
Occident où chaque pensée et sentiment politiques
sont
liés à un esprit de clocher et hypnotisés par le prestige d’un glorie
884
notisés par le prestige d’un glorieux passé. Ce n’
est
pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever
885
ettra de donner plus de substance, avant qu’il ne
soit
trop tard, à l’organisation internationale ébauchée — réussira-t-elle
886
— réussira-t-elle ? Rien ne permet de l’affirmer.
Soyons
seulement assurés que, si ces précurseurs-là échouent, l’œuvre ne ser
887
s que, si ces précurseurs-là échouent, l’œuvre ne
sera
jamais accomplie par les dévots pétrifiés de cette idole : la souvera
888
les postes : ils n’ont rien accompli, l’Idole en
soit
témoin, et n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de
889
in, et n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils
sont
au-delà de tout soupçon de fédéralisme clandestin. Mais leur temps va
890
eunes générations. Or, l’histoire de l’humanité n’
est
pas faite seulement d’accidents, de victoires et défaites électorales
891
ales, économiques, voire militaires au loin. Elle
est
déterminée par ces prises de conscience imprévisibles, survenant dans
892
us fort Minorités favorisées « La vie politique
est
un combat » La vie politique est composition des diversités, voire de
893
La vie politique est un combat » La vie politique
est
composition des diversités, voire des contraires Réglementer et con
894
signifient pas que les citoyens d’un État-nation
sont
orgueilleux et ceux d’une fédération solidaires, mais signifie simple
895
ement, que le système requiert, pour fonctionner,
soit
l’affirmation de l’orgueil national, soit la pratique de la solidarit
896
ionner, soit l’affirmation de l’orgueil national,
soit
la pratique de la solidarité. Indépendamment de tout jugement sur les
897
Il se trouve que les « vertus » de la colonne II
sont
chrétiennes, celles de la colonne I idolâtres. 68. Le franco-prove
898
Le franco-provençal, parfois appelé burgondien, a
été
parlé du ixe siècle à la fin du xviiie siècle dans la région délimi
899
enoble, le sommet se situant au nord de Besançon.
Étaient
englobées la Franche-Comté, la Suisse romande actuelle, la Savoie, la
900
s prédécesseurs de Louis XIV. 71. Voir L’Avenir
est
notre affaire , 1977, et plus anciennement Vingt-huit siècles d’Euro
901
r aux vainqueurs. 74. L’essentiel de ce chapitre
est
repris des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir est notre affaire ,
902
repris des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir
est
notre affaire , paru en 1977. 75. Le titre de sa revue qui parut de
903
de sa revue qui parut de 1933 à la guerre, avait
été
créé par le socialiste français Victor Considérant, en 1848. Il fut a
904
cialiste français Victor Considérant, en 1848. Il
fut
aussi le titre de la revue de A. Gramsci : Ordine Nuovo (1919-1920).
905
ne Nuovo (1919-1920). Dans les trois cas, le sens
était
le même : création d’un ordre vrai contre le « désordre établi ». 76
906
pe , Stock, Paris, 1979. 77. « Si l’on estime qu’
être
opposé à tout abandon de souveraineté, c’est être nationaliste, alors
907
être opposé à tout abandon de souveraineté, c’est
être
nationaliste, alors oui, je suis nationaliste ». G. Marchais, 7 juin
908
veraineté, c’est être nationaliste, alors oui, je
suis
nationaliste ». G. Marchais, 7 juin 1979. Je pourrais reproduire ici
909
r, on pouvait lire : « [La souveraineté nationale
est
] un dogme périmé… depuis cinquante ans. Nos descendants associeront s
910
à demi sauvage de la vie des nations… Les nations
sont
toujours vivantes mais leur pleine souveraineté est morte. » Jacquier
911
t toujours vivantes mais leur pleine souveraineté
est
morte. » Jacquier était le pseudonyme de Résistance de Michel Debré.
912
is leur pleine souveraineté est morte. » Jacquier
était
le pseudonyme de Résistance de Michel Debré. 79. D. de Rougemont, pa
913
étation (Gallimard). 81. En 1953, Arnold Toynbee
fut
l’un des six « Sages » (les autres étant Alcide de Gasperi, Robert Sc
914
ld Toynbee fut l’un des six « Sages » (les autres
étant
Alcide de Gasperi, Robert Schuman, le professeur allemand Eugen Kogon
915
n sourire avant de remarquer : — Cette élection n’
est
guère plus importante qu’une cantonale » (Le Monde, 6 février). Mais
916
’au contraire « l’enjeu des élections européennes
était
d’abord national » (Georges Marchais, pour le PC), que « la bataille
917
ais, pour le PC), que « la bataille pour l’Europe
était
d’abord une bataille pour la France », car « avant de faire l’Europe
918
rd ? » Problèmes, on le voit, dont l’importance n’
est
pas plus cantonale qu’européenne, mais décisive et bien réelle, donc
919
roblème se réduit à savoir si l’Europe — quel que
soit
son régime — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notre soc
920
l que soit son régime — unitaire ou fédéraliste —
sera
« le rempart de notre société » (S. Veil) ou « la condition d’une soc
921
la droite et Lionel Jospin pour la gauche. Il en
est
résulté à l’évidence que ni la droite ni la gauche ne considèrent l’E
922
e, l’union seule peut les y aider. Pas un mot n’a
été
prononcé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur son contenu ni
923
Il s’agissait de savoir si la gauche ou la droite
étaient
plus ou moins cohérentes avec leur image de combat, et laquelle allai
924
pas un mot sur les sacrifices qu’aucun pays ne s’
est
dit prêt à consentir à l’œuvre, pourtant déclarée si « désirable » pa
925
avant tout nationale… C’est à celui qui promet d’
être
le plus exigeant avec la CEE dans l’intérêt strictement financier du
926
aume-Uni (Le Monde, 23 mai 1984). Mrs. Thatcher s’
est
félicitée d’avoir pu « arracher », à ses partenaires des Dix, des ris
927
ards de livres, « alors que le Labour n’avait pas
été
capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de « bloquer l’
928
du Parti conservateur en faveur de la Communauté
est
sans ambiguïté… Mr. Kinnock, pour le Parti travailliste, a exigé, lui
929
ïté (au sens courant de l’expression) : le Labour
est
franchement contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie Il a été très
930
t contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie Il a
été
très précisément exposé dans un article du Corriere della Sera (20 ma
931
opa senza passione », par Michele Tito. Précision
est
ici synonyme de cruauté, mais certes pas pour l’Italie plus que pour
932
. De l’Irlande à la Grèce, le Parlement européen
est
un pur prétexte à confrontations et rencontres sur d’autres thèmes. E
933
ce, en Allemagne, en Angleterre et en Italie, qui
sont
les quatre pays les plus importants de la Communauté, il a constitué
934
te. (On pourrait dire que le discours politicien
est
un hommage que les nationalismes les plus obtus rendent à l’idéal eur
935
rcher Zeitung du 17 mai), l’enjeu réel du 17 juin
est
d’offrir aux électeurs des grands partis une occasion de se compter82
936
le veuillent ou non, avec des prises de position
soit
pour l’Europe « impossible » des États-nations, soit pour l’Europe vi
937
t pour l’Europe « impossible » des États-nations,
soit
pour l’Europe vitalement nécessaire de la souveraineté fédérale du co
938
Europe des régions fédérées À l’heure où ceci
est
écrit, nul ne sait encore combien des listes annoncées par les petits
939
u’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils
soient
simplement considérés comme tels. Quelques exemples. Les jeunes gisca
940
e : une partie de la dimension nationale disparue
sera
affectée à la dimension européenne, une autre partie à la dimension r
941
sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir
est
notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se croirait à droite. « L
942
erver la nature pour que survivent les hommes » n’
est
pas un slogan de « gauchistes », « manipulés » ou non, mais pourrait
943
gauchistes », « manipulés » ou non, mais pourrait
être
qualifié à plus juste titre de conservateur. Quant aux destructeurs d
944
océans qui font tout l’oxygène que respirent les
êtres
vivants — ces destructeurs sont des industriels, rarement « de gauche
945
ue respirent les êtres vivants — ces destructeurs
sont
des industriels, rarement « de gauche »…). Pour les verts français, q
946
et le Parti écologiste, quatre priorités absolues
sont
formulées dans un tract diffusé au début de mars : L’Europe de la qu
947
: le blocage institutionnel dû aux États-nations
est
dépassé des deux côtés ; des régions politiquement adultes, une Europ
948
echnocrates ». « La prééminence des États-nations
est
un frein au développement des régions de l’Europe. » Signe des temps
949
dis une « Internationale écologiste », mais qu’il
serait
plus exact, en l’occurrence, de baptiser la Première interrégionale e
950
européenne. Une alliance des huit partis verts a
été
formée en janvier dernier, en l’absence toutefois des verts ouest-all
951
et des écologistes luxembourgeois. Cette absence
est
due au refus de l’alliance d’accueillir en son sein des communistes,
952
ouest-allemands souhaitaient que le rassemblement
fût
ouvert à tous. Les huit partis membres de l’alliance sont les suivant
953
ert à tous. Les huit partis membres de l’alliance
sont
les suivants : l’Agalev (belge flamand), le Parti écologiste (belge f
954
t la recevabilité financière semble encore loin d’
être
assurée. (On sait que le dépôt d’une garantie remboursable de 4,6 mil
955
e remboursable de 4,6 millions de francs français
est
exigé pour chaque liste.) Signalons parmi ces groupes l’Action fédéra
956
FSL) qui insiste sur le fait que ses propositions
sont
« par nature et par définition, de caractère européen, et non pas ins
957
éjà des députés dans leur parlement national. Ils
sont
très fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanimes da
958
s fortement minoritaires dans leur pays, mais ils
sont
unanimes dans leurs propositions européennes, et ceci corrigera cela,
959
monde semble avoir oublié que l’enjeu du 17 juin
est
le renouvellement du Parlement européen : personne n’en parle ou pres
960
aspects positifs du PE — oui, tout arrive — nous
sommes
heureux de citer : Le Parlement européen est le lieu de la création,
961
sommes heureux de citer : Le Parlement européen
est
le lieu de la création, de la discussion publique et transparente d’u
962
ation de politiciens européens pour lesquels ce n’
est
plus la guerre, mais bien la paix qui est le vrai cas d’urgence. L’
963
ls ce n’est plus la guerre, mais bien la paix qui
est
le vrai cas d’urgence. L’ex-ambassadrice des USA auprès des Nations
964
on récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pour
être
une superpuissance, sauf la volonté. » L’un des Français lui dit : —
965
les États membres et leurs représentants, après s’
être
arrogé, au mépris des traités qui les lient, des pouvoirs exécutifs e
966
n avec les défis majeurs du temps présent. […] Il
est
temps que le réalisme, garant du futur qu’ils proclament, succède à l
967
ué suivant : la reine Béatrix aux députés : il n’
est
de souveraineté qu’européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Majesté la
968
1984, Sa Majesté la reine Béatrix des Pays-Bas s’
est
adressée aux députés européens. La reine a insisté sur l’idée que les
969
parlementaires debout : « La démocratie politique
est
née au xviiie siècle, la démocratie sociale a fait son apparition au
970
, hiver 1967-1968, n° 5-6, hiver 1969-1970, n° 6,
été
1972, n° 1, printemps 1974, n° 1-2, printemps-été 1975 ; « Les région
971
Conclusions (été-automne 1984)t u Je me
suis
aperçu un peu tard, c’est-à-dire cette nuit et ce matin même, que j’a
972
ue comme celui-ci où le plus important ne saurait
être
résumé. Les mots qui ont fusé de partout, les échanges rapides, c’est
973
ue je ne pourrai pas mener à bien. Alors, je vais
être
aussi peu objectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’a
974
que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a
été
de loin le plus riche par le nombre et par l’importance des thèmes ab
975
’importance des thèmes abordés. J’espère qu’il ne
sera
pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pour une cont
976
nre de rencontres. Je retiens, parmi d’autres qui
sont
peut-être plus importants, les trois thèmes qui nous ont le plus long
977
ui nous ont le plus longuement retenus et qui ont
été
dans l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et sa préparati
978
p d’autres que nous pourrions examiner, et cela a
été
une journée extrêmement instructive, pour tout le monde je crois, un
979
re ami Boldizsar qui avait choisi ce thème, je me
suis
dit : est-ce qu’on prépare déjà un forum pour l’année prochaine ? Je
980
izsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit :
est
-ce qu’on prépare déjà un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu
981
e ? Je croyais qu’il parlait de notre colloque. J’
étais
absolument à côté de la réalité. Et je crois que je n’étais pas le se
982
lument à côté de la réalité. Et je crois que je n’
étais
pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été extrêmem
983
seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a
été
extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que le Forum culturel d
984
s tous. J’ai appris que le Forum culturel dont il
était
question allait commencer à s’organiser en novembre à Budapest et se
985
dapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’il
était
la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle avait donné naissance
986
ale comprenant deux espèces de membres : ceux qui
sont
désignés comme « des personnes libres », c’est presque incroyable, et
987
gouvernementaux » — faut-il comprendre qu’ils ne
sont
ni des personnes, ni libres ? — la totalité représentant six-cents pe
988
a totalité représentant six-cents personnes. Ce n’
est
donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par ha
989
pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’
est
pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière
990
la un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous
sommes
longuement interrogés sur la manière de désigner cette chose, ce « ma
991
ar a proposé « dialogue multilatéral », mais il n’
était
pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une conversa
992
onc appris tout cela, et que le thème de Budapest
sera
une discussion générale, donc un forum culturel, sur la sécurité en E
993
Grossrieder, M. Haber et M. Boldizsar. Ce dernier
sera
l’un des hôtes, l’un des organisateurs de Budapest. Il nous a surtout
994
uels vont d’instinct vers ce qui peut séparer, ne
fût
-ce qu’en apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils étaie
995
ence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils
étaient
d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce
996
lloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit
est
, dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut trouver,
997
unit, surtout dans le domaine de la culture, qui
est
d’abord une question de langage. Et ceci nous a amenés, durant la deu
998
a fait encore plus d’effet. Les vraies recherches
sont
sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord,
999
. Les vraies recherches sont sémiologiques, ou ne
sont
pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmement int
1000
Madrid », c’est-à-dire le genre de termes qui ont
été
retenus, pour préparer Budapest, en étant absolument sûr que cela ne
1001
s qui ont été retenus, pour préparer Budapest, en
étant
absolument sûr que cela ne risquerait pas d’aboutir à des conclusions
1002
dans le développement de l’Empire byzantin, je me
suis
permis de relever deux remarques qui me paraissent aller très loin. V
1003
érence de l’Europe morcelée du Moyen Âge, Byzance
est
restée une monarchie centralisée où les doctrines politiques de l’emp
1004
Ce qui, selon vous, définit l’héritage de Byzance
est
devenu, de toute évidence, celui de la Russie, non seulement au Moyen
1005
ès la révolution d’Octobre, où beaucoup de traits
sont
proprement byzantins. Dans l’Empire byzantin, dites-vous, l’individu
1006
État, à l’empereur et à l’Église. Le parallélisme
est
frappant avec des situations que nous connaissons — en remplaçant l’É
1007
ope va très loin, d’autant plus loin qu’elle ne s’
est
pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moins ethniq
1008
par l’intermédiaire de l’Église orthodoxe. Je me
suis
demandé s’il n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai
1009
rieder, mais sur la production littéraire. Le ton
était
tranquille, objectif, aimable, je tiens à le souligner, et d’autant p
1010
nses venues de l’autre côté, et je crois que cela
est
tout à fait important. Il y a eu des moments où l’on sentait la tensi
1011
lité extrêmement dense, dirais-je, et puis tout s’
est
détendu quand notre président a pris la parole pour dire que les prop
1012
la même analyse que Nivat venait d’appliquer à l’
Est
. Cela m’a frappé d’autant plus que j’avais eu la même idée en même te
1013
vous ai lu mes notes juste après que le président
soit
intervenu. C’était en substance : pourquoi ne pas appliquer la méthod
1014
littérature terrienne, comme celle de Ramuz qui s’
est
fait une langue qu’il voulait absolument purifiée de toute idéologie.
1015
ment purifiée de toute idéologie. Le parallélisme
est
intéressant, et on a pu constater qu’il y avait des conflits parfois
1016
raire, même religieuse, comme Nivat l’a souligné,
était
un phénomène universel qu’il fallait étudier de près. Voilà encore un
1017
dans un petit cercle européocentrique, et que ce
serait
drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je crois que, là, vou
1018
nstituts pour l’étude de la culture européenne, a
été
de glorifier la culture européenne des siècles passés, tout en laissa
1019
en parlant des réactions du tiers-monde, car s’il
est
urgent de définir la culture commune des Européens, c’est pour prendr
1020
t d’une manière endémique, et puis, ensuite, on s’
est
aperçu que cela détruisait des équilibres écologiques millénaires, et
1021
uveau sujet de colloque extrêmement important. Ce
serait
un Dialogue des cultures, un dialogue entre l’ensemble de la culture
1022
c’est une chose à reprendre. Le troisième thème a
été
centré sur la culture européenne. Là-dessus, il m’est difficile de dé
1023
centré sur la culture européenne. Là-dessus, il m’
est
difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujou
1024
r que des conclusions personnelles, auxquelles je
suis
arrivé déjà depuis une trentaine d’années, sur la culture commune des
1025
’est la diversité extraordinaire des sources, qui
est
beaucoup plus grande qu’on ne veut bien le dire d’habitude. Tout le m
1026
e. Tout le monde, dans les pays latins surtout, a
été
enthousiasmé par la définition de Paul Valéry : est absolument europé
1027
é enthousiasmé par la définition de Paul Valéry :
est
absolument européen tout ce qui a été touché ou formé par ces trois s
1028
ul Valéry : est absolument européen tout ce qui a
été
touché ou formé par ces trois sources : Athènes, Rome et Jérusalem, a
1029
. Simone Weil avait très bien montré en quoi Rome
était
au fond incompatible avec Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais
1030
Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais ce n’
est
pas tout. Il y a en plus des trois sources selon Valéry la source ger
1031
ois sources selon Valéry la source germanique qui
est
considérable ; la population germanique a fait un bon tiers de la pop
1032
iers de la population de l’Europe, un autre tiers
étant
la population celte. Ce sont les deux grandes sources qui sont venues
1033
ope, un autre tiers étant la population celte. Ce
sont
les deux grandes sources qui sont venues s’ajouter pour compliquer fo
1034
ation celte. Ce sont les deux grandes sources qui
sont
venues s’ajouter pour compliquer formidablement le jeu, pendant tout
1035
le roman, toute la littérature, y compris l’opéra
sont
sortis de là, et le reste est sorti de la civilisation germanique, no
1036
y compris l’opéra sont sortis de là, et le reste
est
sorti de la civilisation germanique, notamment les notions de communa
1037
de communauté et tout le droit communautaire qui
est
tellement important ; si l’on veut faire des fédérations, c’est à cel
1038
te parfois. La source slave, à partir du xixe , a
été
considérable pour nous, ne fût-ce que par l’influence des romanciers
1039
partir du xixe , a été considérable pour nous, ne
fût
-ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xixe , puis
1040
re européenne, c’était peut-être M. Boldizsar. Il
était
onze heures du matin, et je l’ai noté. À cinq heures de l’après-midi,
1041
cinq définitions de la culture européenne. Cela s’
était
passé très vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’arrête
1042
ison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui
était
définition de la culture n’était pas culture, il avait raison aussi.
1043
que tout ce qui était définition de la culture n’
était
pas culture, il avait raison aussi. Donc, la culture européenne peut-
1044
éfinitions toutes justes, c’est-à-dire capables d’
être
intégrées et exemplifiées par des œuvres et par des personnes. Il peu
1045
rsonnes. Il peut y en avoir des millions, et cela
sera
juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégreront à leu
1046
millions, et cela sera juste dans la mesure où ce
seront
des personnes qui intégreront à leur manière, selon leur vocation uni
1047
vocation unique, sans précédent, tout ce qui leur
est
venu de partout — les objets de leur piraterie ! Je propose donc cett
1048
ette seconde conclusion : la culture européenne n’
est
pas la plus belle, n’est pas la seule, n’est pas la plus centrale du
1049
la culture européenne n’est pas la plus belle, n’
est
pas la seule, n’est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doi
1050
ne n’est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’
est
pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses di
1051
s activités humaines, non pas seulement, comme on
est
toujours tenté de le dire, littéraires et artistiques, mais peut-être
1052
ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous
sommes
tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous t
1053
enre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je
suis
donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter cela dans
1054
eaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous
serons
tous très heureux de répéter cela dans les mêmes conditions, aussi so
1055
Ouest », Cadmos, Genève, p. 231-238. u. Ce texte
est
la conclusion d’un colloque organisé du 10 au 12 mai 1984 à Genève pa
1056
mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (
été
1985)v L’article que l’on va lire a paru d’abord dans la Rivista d
1057
deux responsabilités Il existe deux manières d’
être
responsable. Celle de l’homme d’État au pouvoir, dont la charge est d
1058
elle de l’homme d’État au pouvoir, dont la charge
est
de saisir et de créer toutes opportunités de se rapprocher d’un grand
1059
ée militante, qui exige que les moyens préconisés
soient
ceux du but et non du seul pouvoir à conserver. Celle qui répond de l
1060
ités et des limites spécifiques de ma charge, qui
est
d’un homme de pensée soucieux d’agir et d’un militant sans relâche de
1061
u Conseil de l’Europe Le Conseil de l’Europe a
été
conçu durant la préparation du premier Congrès de l’Europe, qui allai
1062
e même salle des Chevaliers — le Ridderzaal — qui
fut
le siège de notre manifestation fondatrice, qu’il y avait pris part p
1063
décisions qui ont fait l’histoire du xxe siècle
furent
prises ici. Et il ajoutait un peu plus tard à Strasbourg, devant le P
1064
a pris forme, c’était au congrès de La Haye. J’y
étais
et j’y croyais. » Le congrès avait réuni, sous la présidence d’honneu
1065
ns . J’avais obtenu de haute lutte que ce message
fût
rédigé par la commission culturelle du congrès. Organisateur et rappo
1066
rteur de la commission, j’eus donc l’honneur d’en
être
aussi le lecteur. En voici le texte : Message aux Européens L’Europ
1067
voici le texte : Message aux Européens L’Europe
est
menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
1068
sage aux Européens L’Europe est menacée, l’Europe
est
divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e
1069
ente nous exposera demain à l’unification forcée,
soit
par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
1070
e, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
soit
par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend
1071
it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure
est
venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous
1072
. L’heure est venue d’entreprendre une action qui
soit
à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av
1073
. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront
été
mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péri
1074
vocation de l’Europe se définit clairement. Elle
est
d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi
1075
est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui
est
celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son
1076
rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui
sont
celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche
1077
il cherche, la voie des libertés organisées. Elle
est
de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr
1078
’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force
est
dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau
1079
homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel
est
l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises
1080
ope joue son destin et celui de la paix du monde.
Soit
donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v
1081
le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que
soit
respectée la Charte. 4. Nous voulons une Assemblée européenne où soie
1082
arte. 4. Nous voulons une Assemblée européenne où
soient
représentées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous preno
1083
Strasbourg. Faute d’un siège propre qui ne devait
être
inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous la p
1084
ous l’avions voulue législative ; cette assemblée
était
formée de délégués représentant les parlements, non pas de députés él
1085
nos nations ». Cela changeait tout. Mais l’homme
est
ainsi fait : curiosité d’abord. Avec Raymond Silva, secrétaire généra
1086
» né, lui aussi, du congrès de La Haye et dont je
suis
le directeur désigné, nous débarquions à Strasbourg en août 1949, pou
1087
tient l’assemblée, le premier rencontré se trouve
être
Coudenhove-Kalergi, que je n’avais pas revu depuis New York, pendant
1088
vous celui dont l’idée se réalise ici ! » (Ce qui
est
légèrement excessif : je ne suis de loin pas le seul à avoir préconis
1089
e ici ! » (Ce qui est légèrement excessif : je ne
suis
de loin pas le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle est encore
1090
as le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle
est
encore loin de se réaliser…) En fait, il ne va rien se passer à cette
1091
es Européens » ont décidé de manifester : ils ont
été
à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas une douz
1092
une cinquantaine de « délégués » — puisqu’ils ne
sont
pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du titre — mo
1093
ièrement élus et donc dignes du titre — mon siège
est
fait : il s’agit de modifier essentiellement la formule même de l’Ass
1094
nt la formule même de l’Assemblée, et d’obtenir —
fût
-ce par un coup d’État européen — que cette Assemblée soit élue. 3.
1095
par un coup d’État européen — que cette Assemblée
soit
élue. 3. L’année de la grande contestation La deuxième année du
1096
paraît aujourd’hui d’autant plus frappante que je
suis
bien placé pour savoir qu’elle ne fut en rien concertée. Je les rappo
1097
nte que je suis bien placé pour savoir qu’elle ne
fut
en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vécues, e
1098
ux députés européens et de la réception qui leur
fut
réservée par l’Assemblée ; d’un projet de nouveau Serment de Strasbou
1099
l’Europe. Messieurs les députés européens, Vous
êtes
ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Fair
1100
ou bien ne signifie pas grand-chose […]. Nous ne
sommes
pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille v
1101
és accumulées sur votre route vers l’unité. Elles
sont
connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter […]
1102
route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’
est
moins, c’est votre volonté de les surmonter […]. Pour tout dire en st
1103
s de perles du genre de Festina lente, Paris ne s’
est
pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence es
1104
ur, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence
est
mère de sûreté, chi va piano va sano, wait and see, step by step. Les
1105
ds ont l’humeur proverbiale, mais votre Assemblée
est
trop jeune. Je lui propose quelques slogans nouveaux et quelques amen
1106
a sagesse des peuples : Petit à petit, Paris ne s’
est
pas fait, mais par deux ou trois décisions, dont celle du baron Hauss
1107
eux pas, sauf franchir un fossé. — Si votre œuvre
est
de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout est préma
1108
haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout
est
prématuré, pour celui qui ne veut rien. — Chi va piano perd la Corée.
1109
rien. — Chi va piano perd la Corée. — La prudence
est
le vice des timides et la vertu des audacieux […]. Messieurs les dépu
1110
ertu des audacieux […]. Messieurs les députés, ce
serait
pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’aveni
1111
ver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui
est
. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — c
1112
au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’
est
pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abando
1113
tent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne
suis
pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple, n’es
1114
voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple, n’
est
pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est
1115
Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’
êtes
pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplemen
1116
, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais
sont
élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de
1117
e vrais députés, car les vrais sont élus, et vous
êtes
simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire élire. U
1118
ions ait quelque chose à faire. Qu’un but concret
soit
assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discute
1119
urope. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet
été
, en septembre, à Strasbourg […]. Si vous me dites que c’est prématuré
1120
oment, et sous quelles conditions, cela cessera d’
être
prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’o
1121
ïve, je vous demanderai si quelque chose au monde
est
plus difficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie,
1122
-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en
est
temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettres que
1123
fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet
été
, en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettres que je viens de cit
1124
fera très probablement » et que « Paul Reynaud en
est
». À la fin du concert, André Philip m’expose enfin l’affaire en dix
1125
squ’à ce qu’une Constitution fédérale de l’Europe
soit
décidée. Philip ajoute qu’il y aura un dîner après-demain pour arrête
1126
ssez : toutes les nations de l’Europe occidentale
sont
aujourd’hui totalement solidaires pour la guerre ou pour la paix, pou
1127
s. Si dans les circonstances actuelles l’Europe n’
est
pas capable de se donner une voix dans le concert international, si e
1128
ement sur les décisions et sur les événements, qu’
est
-ce donc qui peut arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’es
1129
arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’
est
engagé ? Si les délégués des peuples européens réunis à Strasbourg ne
1130
Strasbourg ne font pas l’Europe cette année, qu’y
seront
-ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, cons
1131
nt donné à l’Europe une constitution fédérale qui
sera
soumise à la ratification des parlements ou à l’approbation directe d
1132
l’Europe entre les fils de Charlemagne. 1950 doit
être
la date d’un second serment qui l’unira. Il est très difficile d’espé
1133
être la date d’un second serment qui l’unira. Il
est
très difficile d’espérer que jamais les gouvernements européens concl
1134
fédéral. En revanche, des députés réunis ici, il
est
permis d’attendre un acte de courage, s’ils sentent que l’opinion pub
1135
blique les approuvera et les soutiendra […]. Nous
sommes
à Strasbourg un groupe qui avec des moyens sérieux tente de lancer et
1136
sser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous ne
sommes
certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à nos am
1137
demandons à nos amis de nous croire : le succès n’
est
pas exclu. Comment ne pas admirer la convergence des exigences de Vi
1138
l : « Le document peut-être capital de Strasbourg
est
écrit. Dodo. » Le 24 août : « À 11 h, Carlo Schmid, Retinger et d’aut
1139
naud, les Hollandais, les Allemands. Carlo Schmid
est
sorti furieux du meeting. » Le 25 août : « À 11 h, à l’Assemblée, dis
1140
un mot — j’ai appris que la motion Jacquet avait
été
refusée. Tout simplement. 3. Le Conseil de l’Orangerie. Suite, sans
1141
a troisième manifestation d’impatience européenne
fut
le fait d’une importante fraction de l’Assemblée, et prit le nom de C
1142
gilance. Sur une initiative dont, aujourd’hui, je
suis
incapable de désigner la source (mais plusieurs survivants de l’événe
1143
sis dans le parc, en face du Palais de l’Europe,
fut
aménagé en salle de parlement pour les séances du conseil contestatai
1144
les trois quarts de la salle, les premiers rangs
étant
réservés aux députés de l’Assemblée dont on attendait qu’ils traverse
1145
dant en direction du Comité des ministres : il ne
fut
pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeure. Je
1146
il appelle la Marche sur Strasbourg, idée qui lui
est
venue et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l
1147
gmans et Silva. Je l’y encourage vivement. » Nous
sommes
à Strasbourg de nouveau, Silva, Dadelsen et moi le 17 novembre, pour
1148
européen, et notre CEC. On nous apprend que tout
est
prêt en vue de l’accueil d’au moins 3000 jeunes gens dès le 27 novemb
1149
e texte du message que le porte-parole des jeunes
sera
chargé de présenter à l’Assemblée. Voilà qui nous promet, à Dadelsen
1150
Conseil de l’Europe Au mois d’août dernier, nous
étions
trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux frontières,
1151
mbre, nous avons forcé les frontières, et si nous
sommes
ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulo
1152
n — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulons
être
bien assurés de nous faire entendre par vous directement. Vous avez l
1153
rons demain, peut-être même de notre vie. Nous ne
sommes
pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n
1154
u rythme actuel de vos travaux, enfermés que vous
êtes
dans un statut d’impuissance, vous le savez aussi bien que nous : l’E
1155
ne se fera pas dans le délai très court qui nous
est
encore imparti. C’est donc la sagesse même qui vous commande l’audace
1156
politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous
sommes
ici pour proclamer des nécessités et un but. L’heure est venue pour v
1157
pour proclamer des nécessités et un but. L’heure
est
venue pour vous d’accomplir l’acte révolutionnaire qui seul peut nous
1158
rs. C’est sur vos actes et sur eux seuls que vous
serez
jugés. Prend place alors — pour être dit après la réponse du préside
1159
s que vous serez jugés. Prend place alors — pour
être
dit après la réponse du président de l’Assemblée — le texte d’un serm
1160
l’Assemblée — le texte d’un serment de plus : ce
sera
le troisième de la saison ! Serment Nous jurons que, par tous les mo
1161
mais seulement comme une patrie commune. L’Europe
est
présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste cur
1162
ens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’elle
serait
aujourd’hui simplement impensable : ils exigeraient de « passer à la
1163
: ils exigeraient de « passer à la télé », ce qui
est
facile, mais aussi des frais de voyage, ce qui l’est moins. Nous vivi
1164
facile, mais aussi des frais de voyage, ce qui l’
est
moins. Nous vivions l’époque héroïque des gens — jeunes de tout âge —
1165
eil de l’Europe Les trois années qui suivirent
furent
celles des conclusions, lentement dégagées par l’histoire, des impass
1166
l’Assemblée ad hoc, dont le mandat et les tâches
étaient
définis par les résolutions de Luxembourg et par l’art. 38 du traité
1167
utionnelle — dont le rédacteur principal et final
fut
le professeur et sénateur belge Fernand Dehousse ? Personne, à ma con
1168
il dépasse, on dirait que la Communauté proposée
est
une confédération d’États, mais capable, dans les seuls domaines où l
1169
mais capable, dans les seuls domaines où l’union
est
indispensable, de fonctionner comme une fédération. Il est utile à ce
1170
pensable, de fonctionner comme une fédération. Il
est
utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous a
1171
ent sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’
est
proprement qu’un « exécutif » comparable à celui que prévoit le proje
1172
e Communauté européenne. La quadrature du cercle
était
enfin démontrée : par l’exemple irréfutable d’une confédération et/ou
1173
à la satisfaction générale, et dont la recette n’
était
pas trop complexe : non pas « abandonner », mais « dépasser » les sou
1174
finalement condamné par le rejet de la CED, qu’il
était
censé « chapeauter » avec la CECA. Cette belle initiative, si bien c
1175
on vient de le rappeler — devait à son origine d’
être
orientée dès le départ vers ce qui allait devenir dès 1955 les Commun
1176
urope94. Entre-temps, Paul-Henri Spaak, qui avait
été
le premier président de l’Assemblée consultative du CE, avait repris
1177
allemand et pour en vérifier la traduction, je me
suis
reporté à mes notes de journal de 1950 : il me semblait que j’allais
1178
lait que j’allais y retrouver quelque chose qui n’
était
pas sans relation avec cette parole de Spaak. Et en effet, en date du
1179
le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que
soit
respectée la Charte », si l’on reprend les termes du Message de La
1180
u Message de La Haye. Des succès importants ont
été
obtenus dans ce domaine : les droits de la personne, à de nombreuses
1181
On ne saurait dire que cela répond, si peu que ce
soit
, au besoin de repenser le problème européen à partir de ses données d
1182
lénaire des 21 pays de l’Ouest et des 8 pays de l’
Est
, non moins européens par leurs traditions culturelles, et plus europé
1183
même mouvement l’Europe et sa culture commune. Il
est
vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ont guère pris force
1184
oquer, survenus dans le domaine propre du CE, qui
est
le domaine politique au sens large, incluant celui des droits de l’ho
1185
rès les échecs subis dans son domaine propre, qui
est
l’économique. Car on sent bien que le double fait que le Conseil de l
1186
culture ». Encore faut-il que le verbe commencer
soit
pris ici dans toute la force de son sens d’initiation, d’instauration
1187
de mise en marche ; et que le concept de culture
soit
pris au sens actif de création (non de consommation ni d’ornement) ;
1188
éalisation du Conseil de l’Europe dans ce domaine
fut
également la plus fidèle aux exigences d’une culture des valeurs qui
1189
’unissent pour les défendre et les illustrer : ce
fut
la table ronde de l’Europe, réunie à Rome en octobre 1953. Elle siége
1190
ropéens (que j’eus l’honneur de présider) avaient
été
chargés d’introduire les grands thèmes historiques, religieux, philos
1191
’unité fondamentale des Européens. Ces Sept Sages
étaient
Alcide de Gasperi, l’ambassadeur néerlandais van Kleffens, le profess
1192
L’originalité de l’action culturelle du Conseil
est
de chercher à susciter la mise en œuvre de mesures qui viennent appor
1193
au nécessaire — et je dis halte ! Si la culture n’
est
pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui m
1194
e dis halte ! Si la culture n’est pas première, n’
est
pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en sou
1195
remière, n’est pas directrice et rectrice, elle n’
est
rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambitions à
1196
e hélas parfait d’une situation de ce type nous a
été
récemment fourni par l’épisode de la Déclaration européenne sur les o
1197
r une Charte européenne de la culture. Une charte
est
un document juridique qui engage très sérieusement ses signataires. U
1198
es aussi « souveraines » que leurs fonctionnaires
sont
anonymes — la Conférence des ministres de la Culture rejetait l’idée
1199
sur les objectifs culturels dont le but principal
sera
de soumettre aux parties à la Convention culturelle européenne des ob
1200
européenne des objectifs culturels susceptibles d’
être
pris en compte dans leur politique en tous domaines et de contribuer
1201
auts fonctionnaires (des ministres de la Culture)
fut
à nouveau rejeté, et c’est une troisième version que les hauts foncti
1202
. Ils affirment que « la finalité de nos sociétés
est
de permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté et l’attachement
1203
en français). Les intentions de MM. les ministres
sont
irréprochables. Mais : 1° On chercherait en vain dans la Déclaration
1204
considérants » allégués en tête de la Déclaration
sont
à peu près indéfendables, non seulement dans leur forme, mais dans le
1205
ième : « Considérant que les cultures européennes
sont
fondées notamment sur une tradition séculaire d’humanisme laïque et r
1206
ensuite que le fondement premier de ces cultures
est
une tradition d’« humanisme laïque » (d’où l’adjectif « séculaire »,
1207
f « séculaire », tandis que l’humanisme religieux
est
deux fois millénaire, comme on sait). Faut-il en conclure que les nat
1208
rence permanente des pouvoirs locaux et régionaux
est
à peu près l’inverse du précédent. Ici, l’on est parti non des mythes
1209
néralement à portée de la main. Et peu à peu l’on
est
passé de l’échelle communale à la région, selon la logique des réalit
1210
remarquable, en l’occurrence, c’est que la région
est
désormais en mesure d’apporter des réponses concrètes aux vœux émis c
1211
a région : le citoyen ne peut se sentir libre, et
être
libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer des r
1212
, et être libre en vérité, que là seulement où il
est
en mesure d’assumer des responsabilités réelles, dans un milieu dont
1213
en les problèmes et les ressources. Tout le reste
est
littérature. Il n’y a pas de libertés sans responsabilités correspond
1214
abilités correspondantes, comme, en retour, nul n’
est
tenu pour responsable de ses actes s’il ne les a pas commis librement
1215
l ne les a pas commis librement : le bon soldat n’
est
pas tenu pour assassin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Dans
1216
itique, le Conseil de l’Europe, sans contredit, s’
est
placé au tout premier rang des constructeurs d’une Europe fédérale.
1217
n : une urgence nouvelle Trente-cinq ans, ce n’
est
pas l’heure des bilans, mais d’une prise de conscience plus impérieus
1218
de l’Europe. J’écrivais en 1952 : Europe jadis
fut
enlevée à l’Asie par une fougueuse divinité de l’Occident, Jupiter ch
1219
nous dit qu’Europe aujourd’hui risque à nouveau d’
être
séduite, cette fois-ci par un Ours ou par un Aigle. Craignons plutôt
1220
udes sur la CEE de Bruxelles et ses problèmes. Je
suis
de près les activités culturelles et régionalistes du CE, et j’y part
1221
r le maintien de la paix continentale. Quels que
soient
les jugements que l’on porte sur les trente-cinq années du CE et les
1222
et les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’il en
soit
des qualités et des défauts intrinsèques de chaque institution — la q
1223
emeure ouverte et qui exige une réponse immédiate
est
de savoir si nous allons enfin prendre conscience d’un scandale qui n
1224
lons enfin prendre conscience d’un scandale qui n’
est
pas, comme on semble le croire, un fait de nature, mais un cafouillag
1225
phique, c’est-à-dire de contestation, pourra-t-il
être
une occasion privilégiée de la prise de conscience que j’appelle ? Ve
1226
tiative d’en tirer d’immédiates conclusions ? Qui
est
le mieux placé pour le faire ? Je vois seulement ce qui est urgent, e
1227
ux placé pour le faire ? Je vois seulement ce qui
est
urgent, et qui commande le reste : — il s’agit d’unifier les actions
1228
institutions européennes actuellement existantes
sont
adaptées aux réalités et aux exigences de l’Europe de demain. » En mê
1229
nseil de l’Europe. » 85. Ces six organisations
étaient
alors : United Europe (fondée par Churchill), le Comité pour l’Europe
1230
xandre Marc, Raymond Silva), qui avait sans cesse
été
à l’avant-garde de l’action sur l’opinion publique. Ces six associati
1231
s le nom de Mouvement européen, dont le président
était
Duncan Sandys, jeune ancien ministre anglais des Armements et gendre
1232
e général, le Polonais Joseph Retinger, qui avait
été
« l’éminence grise du congrès de La Haye ». 86. Mon ami Richard Heyd
1233
à l’université, L. Benvenuti, député italien (il
sera
plus tard secrétaire général du CE), dont les interventions rapportée
1234
ru de premier ordre. Il me dit : « Monsieur, vous
êtes
l’homme qui nous oblige tous à méditer. » Puis, au service de presse,
1235
tous mes collègues, je vous assure, l’impression
est
profonde. D’ailleurs, Bidault vous a déjà cité hier à l’assemblée. »
1236
« Quoi ? » — « Vos fameuses, voyons ! Comme vous
êtes
pessimiste ! Comme vous nous arrangez ! » Le 24 août, Victor Larock (
1237
r le patronage : 98 oui sur 98 présents. — « Vous
êtes
le triomphateur de la journée, me dit un délégué belge. Vous devenez
1238
Brugmans, Alexandre Marc et Raymond Silva avaient
été
les fondateurs, relayés en 1948 par Henri Frenay, Altiero Spinelli et
1239
e professeur Mouskhély, d’origine géorgienne, qui
fut
le maître d’œuvre de cette opération hautement risquée et réalisée sa
1240
in qui compta 7 numéros, d’avril 1953 à mai 1954,
fut
l’organe du Groupe des Vingt, comprenant la plupart des meilleurs pol
1241
férence et sa Déclaration finale dans le numéro d’
été
1972 du Bulletin du Centre européen de la culture , à Genève. 101.
1242
aincu : le Conseil de l’Europe », Cadmos, Genève,
été
1985, p. 17-43. w. Rougemont en rend compte dans un article de la re
1243
intemps 1986)x y Monsieur de Rougemont, quelle
est
votre activité actuelle ? Je recommence à travailler, après trois moi
1244
on involontaire due à une série de maladies. Ce n’
est
pas très facile à résumer : j’ai à peine recommencé à travailler. Mai
1245
tenant, c’est terminer douze livres dont certains
sont
en bonne partie écrits, ce sont des thèmes d’essai que je peux termin
1246
res dont certains sont en bonne partie écrits, ce
sont
des thèmes d’essai que je peux terminer rapidement, et puis deux livr
1247
construction fédérale de l’Europe. Voilà. Quel a
été
le chemin qui vous a permis de devenir écrivain, essayiste, homme pol
1248
me politique ? Je vous dirai d’abord que quand je
suis
sorti de l’enfance, lorsque j’avais 14-15 ans, j’ai commencé à me dem
1249
de crèmes qu’il fabriquait avec de la colle. J’ai
été
fasciné par cela, je me suis mis à l’imiter et à essayer de refaire d
1250
vec de la colle. J’ai été fasciné par cela, je me
suis
mis à l’imiter et à essayer de refaire des plantes. Je faisais des cr
1251
e-là où les questions de croissance, de génétique
sont
très passionnantes — je voyais de petites cellules se former, monter,
1252
it une sorte de champignon ou presque de fleur. J’
étais
fasciné par ce genre de chose, je ne faisais que ça. J’étais décidé à
1253
né par ce genre de chose, je ne faisais que ça. J’
étais
décidé à devenir chimiste, j’ai été jusqu’à lire de gros traités de c
1254
s que ça. J’étais décidé à devenir chimiste, j’ai
été
jusqu’à lire de gros traités de chimie qui étaient très difficiles po
1255
ai été jusqu’à lire de gros traités de chimie qui
étaient
très difficiles pour moi parce que là, on était très loin de mes mani
1256
étaient très difficiles pour moi parce que là, on
était
très loin de mes manipulations imaginatives, on était dans les choses
1257
t très loin de mes manipulations imaginatives, on
était
dans les choses plus sérieuses. Et puis je suis entré au gymnase scie
1258
était dans les choses plus sérieuses. Et puis je
suis
entré au gymnase scientifique de Neuchâtel à 16 ans, trois ans avant
1259
himie sérieuses au gymnase, j’ai compris que je m’
étais
entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma vocation. Ces trois an
1260
ris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’
était
pas là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent vraiment ép
1261
as là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot
furent
vraiment épouvantables pour moi : j’avais quatorze heures de mathémat
1262
par semaine. J’en ai beaucoup souffert, et je me
suis
mis, pour essayer de compenser cette erreur d’aiguillage au départ, à
1263
beau jour, comme je faisais beaucoup de sport, j’
étais
passionné de football, j’ai lu un livre de Montherlant qui était à la
1264
de football, j’ai lu un livre de Montherlant qui
était
à la gloire du football, intitulé Le Paradis à l’ombre des épées, un
1265
Paradis à l’ombre des épées, un beau titre. J’ai
été
tellement enthousiasmé par cette lecture (surtout quand j’ai appris q
1266
’ai appris que Montherlant jouait au goal — moi j’
étais
presque toujours goal-keeper, plutôt que centre avant), que je me sui
1267
goal-keeper, plutôt que centre avant), que je me
suis
mis à écrire un article sur son livre. Je l’ai envoyé à une revue, la
1268
une revue, la seule revue que je connaissais, qui
était
La Semaine littéraire, à Genève, et j’ai reçu trois jours après au Gy
1269
médiate du directeur (sans doute croyait-il que j’
étais
un jeune professeur d’université). Je me suis révélé ainsi à mes prof
1270
j’étais un jeune professeur d’université). Je me
suis
révélé ainsi à mes professeurs de sciences qui ont compris pourquoi j
1271
s qui lui ont immédiatement valu la notoriété. Ce
fut
une période de grande créativité. À Paris, j’ai découvert toutes sort
1272
Kierkegaard, devenu un de mes grands maîtres, qui
était
aussi théologien ; alors j’ai commencé à m’intéresser à la théologie.
1273
vions repris un peu de cette critique-là, tout en
étant
très antimarxistes pour le reste. Nous avons alors fondé les groupes
1274
Esprit , et une autre petite revue à laquelle j’
étais
plus étroitement attaché, qui s’appelait L’Ordre nouveau , rien de c
1275
n du monde, de l’Europe en particulier. Nous nous
sommes
tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise était « ni ga
1276
e suite situés en dehors des partis. Notre devise
était
« ni gauche, ni droite, mais en avant, devant les problèmes ». Nos id
1277
éralisme, je dis curieusement parce que la France
est
le pays même de la centralisation. Il est vrai qu’il y avait parmi no
1278
France est le pays même de la centralisation. Il
est
vrai qu’il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avait un
1279
smes. Nous avons forgé ce terme d’État-nation qui
est
utilisé maintenant un peu partout. Nous avons dénoncé cette nouvelle
1280
oderne qui consiste dans le fait que nos sociétés
sont
dirigées par l’État, c’est-à-dire par des corps de fonctionnaires qui
1281
est-à-dire par des corps de fonctionnaires qui se
sont
emparés de l’ensemble des activités de la nation, privant les hommes
1282
nsabilités en leur donnant le sentiment qu’ils ne
sont
pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma philosophie p
1283
responsable, les deux termes, les deux adjectifs
étant
absolument liés. Je n’en ai jamais démordu, de cette théorie-là qui e
1284
e n’en ai jamais démordu, de cette théorie-là qui
est
fondamentale pour tous mes livres : l’homme est libre dans la mesure
1285
i est fondamentale pour tous mes livres : l’homme
est
libre dans la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être res
1286
s livres : l’homme est libre dans la mesure où il
est
responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vi
1287
la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas
être
responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre. De m
1288
responsable de son rôle dans la vie civique, il n’
est
pas libre. De même qu’en justice, on sait très bien que si vous avez
1289
ime et que votre avocat peut démontrer que vous n’
étiez
pas libre quand vous l’avez commis, vous n’êtes pas tenu non plus pou
1290
’étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous n’
êtes
pas tenu non plus pour responsable. Voilà une chose fondamentale sur
1291
s en Europe, après la tragédie de la guerre. Nous
étions
en train de voir la guerre des nations, des États-nations, se prépare
1292
s-nations, se préparer ; les totalitaires, qu’ils
soient
de gauche ou de droite, les fascistes italiens, les nazis allemands,
1293
t cela, la personne, l’homme libre et responsable
étant
notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-di
1294
ente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’
est
dissout puisque nous étions de différentes nationalités. Je fus tout
1295
à tout notre mouvement s’est dissout puisque nous
étions
de différentes nationalités. Je fus tout de suite mobilisé en Suisse
1296
isque nous étions de différentes nationalités. Je
fus
tout de suite mobilisé en Suisse où j’étais lieutenant dans l’armée.
1297
tés. Je fus tout de suite mobilisé en Suisse où j’
étais
lieutenant dans l’armée. J’étais d’abord en campagne dans mon canton
1298
é en Suisse où j’étais lieutenant dans l’armée. J’
étais
d’abord en campagne dans mon canton de Neuchâtel, puis je fus appelé
1299
en campagne dans mon canton de Neuchâtel, puis je
fus
appelé à Berne à l’état-major, dans la section « Armée et foyer », qu
1300
population et aussi du moral des troupes. Je m’y
suis
senti à l’aise, car je pouvais commencer à appliquer mes idées sur le
1301
c’est le premier mouvement de résistance qui ait
été
créé en Europe, heureusement il n’a jamais eu à entrer en fonction co
1302
en fonction contre les Allemands. Alors que nous
étions
en train d’organiser cette Ligue du Gothard avec des gens que nous av
1303
cours de ma vie. Le 15 juin 1940, mon ordonnance
est
entrée dans mon bureau et m’a dit : « Mon premier-lieutenant, on vien
1304
premier-lieutenant, on vient d’entendre qu’Hitler
est
entré dans Paris. » Comme j’avais habité Paris pendant douze ans, cel
1305
s pendant douze ans, cela m’a fait un choc. Je me
suis
mis à écrire à toute vitesse deux pages que j’ai envoyées à la Gazet
1306
n, j’ai montré mon manuscrit à mon beau-frère qui
était
à la censure. Il m’a dit : « Tu peux être tranquille, ça ne passera j
1307
re qui était à la censure. Il m’a dit : « Tu peux
être
tranquille, ça ne passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’e
1308
passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’
est
pas du tout neutre. » Le lundi matin, je suis arrivé à mon bureau à s
1309
ce n’est pas du tout neutre. » Le lundi matin, je
suis
arrivé à mon bureau à sept heures, près de la gare de Berne, où j’ava
1310
e de Lausanne sans plus penser à mon article. Il
était
en première page, et le titre en était : « À cette heure où Paris exs
1311
rticle. Il était en première page, et le titre en
était
: « À cette heure où Paris exsangue voile sa face de nuages et se tai
1312
dans le grand état-major et chez le général. J’ai
été
mis aux arrêts immédiatement pour atteinte à la neutralité suisse et
1313
inte à la neutralité suisse et même bien pire : j’
étais
accusé de mettre en péril la sécurité de la Suisse, ce qui était vrai
1314
mettre en péril la sécurité de la Suisse, ce qui
était
vraiment l’accusation la plus grave que l’on pouvait porter contre qu
1315
le chef de l’armée a le droit de faire. Cela m’a
été
annoncé par un gros colonel bernois, qui est venu chez moi — j’avais
1316
m’a été annoncé par un gros colonel bernois, qui
est
venu chez moi — j’avais loué une petite maison sur les pentes du Gurt
1317
pondu : « Non, mon colonel, aucune, j’ai toujours
été
pour les vacances payées. » Après cette insolence, on a bu un verre e
1318
avez bien compris : à partir de maintenant, vous
êtes
au fort de Saint-Maurice en Valais. Tout ce que je vous demande, c’es
1319
aravant, mis en musique par Arthur Honegger, on a
été
trop content de pouvoir se débarrasser de ma personne : j’étais deven
1320
tent de pouvoir se débarrasser de ma personne : j’
étais
devenu gênant en Suisse, on m’a donné un passeport diplomatique, et a
1321
deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a
été
toute une odyssée que d’arriver en Amérique en cargo, en 1940. Il y e
1322
ue et j’ai dû m’y débrouiller. Denis de Rougemont
est
resté aux États-Unis jusqu’en 1946. Il donne des cours à l’École libr
1323
is sans cesse à ce qu’on pourrait faire si Hitler
était
battu, si nous pourrions rentrer en Europe. J’avais beaucoup d’amis d
1324
s de ma vie, ou à peu près. Superbe traversée. Je
suis
arrivé à Paris où j’ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’étai
1325
où j’ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’
était
devenue l’Europe après ces années d’occupation. Puis je suis allé che
1326
e l’Europe après ces années d’occupation. Puis je
suis
allé chez mes parents près de Neuchâtel. J’ai préparé ma conférence p
1327
t une brochette de conférenciers remarquables qui
étaient
, entre autres, pour la France, Georges Bernanos et Julien Benda, pour
1328
ers, le philosophe marxiste hongrois Lukacs. Nous
étions
neuf conférenciers, dont j’étais le plus jeune, et j’ai parlé des mal
1329
is Lukacs. Nous étions neuf conférenciers, dont j’
étais
le plus jeune, et j’ai parlé des maladies de l’Europe, de la mauvaise
1330
nq ans d’Amérique. Sans que je m’en doute, cela a
été
mon premier acte d’engagement européen. J’avais conçu une théorie de
1331
l’individu anonyme perdu dans la masse. Mais quel
est
le rapport de l’homme à la société, à quels dangers est-il exposé ?
1332
rapport de l’homme à la société, à quels dangers
est
-il exposé ? Notre mouvement, qui s’appelait « mouvement personnalist
1333
ciétés totalitaires, où l’on pense que la société
est
le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au se
1334
l’homme. Nous avons toujours pensé que la société
est
au service de l’homme, doit l’être. Or c’est exactement le contraire
1335
que la société est au service de l’homme, doit l’
être
. Or c’est exactement le contraire qui se passe aujourd’hui. Vous me d
1336
tions, il perd sa responsabilité. Il ne peut plus
être
un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans
1337
e mon action politique pour l’Europe. Les dangers
sont
innombrables, ils proviennent tous de la même cause, car dans le mond
1338
des États-nations, dans ce monde dont le seul but
est
la puissance, on oublie l’essentiel, c’est-à-dire les finalités de ce
1339
bien de faire des recherches scientifiques. J’ai
été
passionné dès le début par des amis physiciens qui me parlaient de ce
1340
ches. Je trouvais cela très bien, mais quand on s’
est
mis à les appliquer sans aucune mesure, sans aucune finalité, sans au
1341
éantissement. Car vous savez, c’est une chose qui
est
connue maintenant, qui a été vérifiée par toutes les commissions scie
1342
c’est une chose qui est connue maintenant, qui a
été
vérifiée par toutes les commissions scientifiques américaines, à la d
1343
éricaines, à la demande de la Maison-Blanche : il
est
parfaitement établi aujourd’hui qu’une guerre atomique, même localisé
1344
s, aboutirait à la fin de toute vie sur terre, ne
serait
-ce que par l’apparition de ce qu’on appelle « l’hiver nucléaire ». Ce
1345
Donc, et là je me répète, il faut que la société
soit
faite pour l’homme, et non le contraire. Les deux grandes finalités q
1346
l’on doit rechercher en faisant une société, ce n’
est
pas la puissance, mais c’est la liberté et la responsabilité liées, c
1347
ité liées, comme je l’ai dit, et l’amour. L’amour
est
un des grands thèmes de Denis de Rougemont. Au plus profond de l’homm
1348
férentes, et quelquefois tout à fait opposées. Je
suis
arrivé, en écrivant mon livre L’Amour et l’Occident , à mettre cela
1349
mour et du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’
est
pas une passion égoïste, purement physique, sexuelle, ou romantique e
1350
l’amour que l’on subit, l’amour romantique. Ce n’
est
pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif où l’h
1351
age, que je décris comme l’amour actif où l’homme
est
actif pour le bien de la femme et la femme pour le bien de l’homme pa
1352
généralement à des catastrophes, recherché comme
étant
plus romantique, tandis que l’amour sérieux, vécu tous les jours, et
1353
que l’amour sérieux, vécu tous les jours, et qui
est
un véritable amour — on veut le bien de l’autre — passe pour ennuyeux
1354
ou vivre une vie catastrophique comme celle qu’on
est
en train de fabriquer, le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs,
1355
e celle qu’on est en train de fabriquer, le choix
est
fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vr
1356
est en train de fabriquer, le choix est fait. Il
est
facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je
1357
e choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’
est
pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je voudrais donc qu’on rétabliss
1358
e définition satisfaisante de Dieu qui ait jamais
été
donnée, c’est celle de saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce
1359
is été donnée, c’est celle de saint Jean : « Dieu
est
amour. » Évidemment ce n’est pas l’amour sentimental, c’est l’amour-a
1360
saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce n’
est
pas l’amour sentimental, c’est l’amour-action, l’amour du prochain. C
1361
eois, d’un peu orageuse. J’y ai bien appris ce qu’
était
l’amour-passion, et à quelles catastrophes cela pouvait mener. J’ai é
1362
disant : « Mon patriotisme français, bien que je
sois
Suisse, me commande de vous céder mon tour, je vais faire ce sacrific
1363
on tour, je vais faire ce sacrifice. » En fait, j’
étais
délivré d’un poids énorme, car je n’avais pas encore écrit une ligne
1364
re et de concentration extraordinaires que je m’y
suis
mis. J’ai écrit ce livre en trois mois, un gros livre de 380 pages. V
1365
passion, de l’amour, l’histoire du mariage, je me
suis
dit : « Voilà, ou bien j’y passe toute ma vie, je ne fais rien d’autr
1366
mois avant la guerre. La société d’aujourd’hui n’
est
pas à tort nommée « société de masse » : l’individu s’y dilue, il est
1367
e « société de masse » : l’individu s’y dilue, il
est
difficile d’en comprendre les mécanismes, d’y faire ses choix en tout
1368
l faut absolument de petites communautés. Nous ne
sommes
pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralisés, sous l
1369
irection de l’État et de ses fonctionnaires. Nous
sommes
faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans
1370
e de fédéralisme poussé encore plus loin que ce n’
est
le cas aujourd’hui, où une tendance centralisatrice apparaît en Suiss
1371
dance qu’il nous faut combattre. Si les finalités
sont
liberté, responsabilité, amour actif du prochain, de petites communau
1372
mour actif du prochain, de petites communautés en
sont
la condition. Ces communautés ne doivent pas être fermées sur elles-m
1373
sont la condition. Ces communautés ne doivent pas
être
fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucune commun
1374
lles ne pourraient pas vivre. Aucune communauté n’
est
suffisante en soi, ne peut constituer une petite autarcie : elles doi
1375
lle du lac Léman. Il y a une région lémanique qui
est
naturelle, dont les habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous
1376
habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous
sommes
, à Genève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des intérêt
1377
réer un cadre à l’intérieur duquel l’homme puisse
être
un homme, un cadre de liberté et de responsabilité. La responsabilité
1378
de dimension de la communauté. Vous ne pouvez pas
être
responsable quand la communauté compte 55 millions d’habitants, ou 30
1379
55 millions d’habitants, ou 300 millions. Vous n’
êtes
responsable qu’à l’échelle de la commune ou de la région, là où la vo
1380
édérer les régions et aboutir à une Europe qui ne
soit
pas une coalition d’États surarmés, pour être assez forte contre les
1381
ne soit pas une coalition d’États surarmés, pour
être
assez forte contre les attaques russes ou contre les ripostes américa
1382
ns. Sous quelle forme mon action ? Eh bien, je me
suis
dit : puisqu’il nous faut partir d’une finalité de l’homme et des val
1383
des valeurs communes à tous les Européens, qu’ils
soient
Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont beaucoup de
1384
r un milieu social, une société où l’homme puisse
être
libre et responsable et pratiquer l’amour d’une manière active. J’en
1385
ls. Ce que j’ai fait, conformément à ma doctrine,
était
de l’engagement, et non pas de la théorie pure. J’ai tout de suite co
1386
à travailler pour créer une cellule en Europe qui
soit
consacrée à la culture, au service de l’Europe, de l’Europe au servic
1387
e de clôture lit le Message aux Européens qu’il a
été
chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » chargé d’
1388
rande perspective d’une fédération européenne. Ce
fut
là le premier résultat de sa vision d’une Europe nouvelle. Une de nos
1389
premières activités issues du congrès de La Haye
fut
de mettre ensemble des savants pour que leurs recherches soient utili
1390
re ensemble des savants pour que leurs recherches
soient
utilisées au bénéfice de l’Europe unie. Cela a été la première idée d
1391
nt utilisées au bénéfice de l’Europe unie. Cela a
été
la première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’est fait depuis
1392
urope unie. Cela a été la première idée de ce qui
est
devenu le CERN, qui s’est fait depuis lors tout autour de l’endroit o
1393
première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’
est
fait depuis lors tout autour de l’endroit où j’habite. Je suis entour
1394
uis lors tout autour de l’endroit où j’habite. Je
suis
entouré par un grand anneau que le CERN construit maintenant, qui a 2
1395
construit maintenant, qui a 27 km de long. Cela s’
est
appelé le Centre européen de recherches nucléaires, par analogie avec
1396
nalogie avec le Centre européen de la culture. Ce
fut
notre première création. Puis, sous l’égide de l’Unesco, le CERN a pa
1397
on européenne des festivals de musique, dont j’ai
été
président pendant plus de trente ans, avec 40 festivals européens, un
1398
grands musiciens. Il y a toute une évolution qui
est
commune à l’ensemble des Européens. C’est un trésor commun qui s’est
1399
emble des Européens. C’est un trésor commun qui s’
est
fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre mainte
1400
rce que ça va rapporter. On ne se doute pas qu’on
est
en train de détruire ainsi la société. Alors il y a là une tâche imme
1401
ougemont nous laisse un dernier livre : L’Avenir
est
notre affaire , un livre courageux, percutant, critiquant violemment
1402
avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il
est
attelé avec passion aura pour titre La Morale du But , la politique
1403
problème, c’est d’éviter la guerre, parce que ce
serait
la dernière guerre du genre humain, après quoi il n’y aurait plus per
1404
concrètement, c’est faire une Europe fédérale. Je
suis
entièrement persuadé que les Russes et les Américains sont très conte
1405
èrement persuadé que les Russes et les Américains
sont
très contents comme ça, ne vont pas s’envoyer de bombes atomiques l’u
1406
qu’on ne le croit, et c’est l’Europe qui risque d’
être
victime de leur politique. L’Europe, on l’a souvent dit, risque d’êtr
1407
politique. L’Europe, on l’a souvent dit, risque d’
être
leur otage ou leur champ de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Eu
1408
’être leur otage ou leur champ de bataille. Ce ne
serait
pas le cas si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a
1409
de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Europe
était
unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a pas d’autre moyen d’union vé
1410
a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut
être
mangé à la sauce des États-nations, on ne s’unira jamais. Regardez le
1411
e vous livre simplement ces chiffres : les Russes
sont
260 millions d’habitants, les Américains 230, total 490 millions. Les
1412
us, non seulement ceux de l’Ouest, mais ceux de l’
Est
, Russes exclus, savez-vous combien ils seraient ? 535 millions, c’est
1413
x de l’Est, Russes exclus, savez-vous combien ils
seraient
? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes et les Américains ad
1414
s. Alors qu’on ne vienne pas me dire que l’Europe
est
écrasée entre les deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’e
1415
deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’
est
pas unie. Donc la première chose à faire, c’est une union européenne,
1416
empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’il
est
utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europe ?
1417
as qu’il est utopique de penser que les pays de l’
Est
peuvent s’unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça. J’en ai des preu
1418
éléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu’ils
sont
plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Ouest. C’
1419
ai à certains égards. Je ne veux pas dire que je
suis
optimiste. J’ai intitulé un de mes premiers articles politiques : « P
1420
cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut
être
pessimiste : si on laisse les choses aller — et elles ne pourraient q
1421
vers la catastrophe totale — en revanche on doit
être
optimiste si on est actif et si on peut mesurer les progrès de cette
1422
totale — en revanche on doit être optimiste si on
est
actif et si on peut mesurer les progrès de cette action. Par exemple,
1423
urer les progrès de cette action. Par exemple, je
suis
frappé de voir comment presque tous les hommes politiques, qui disaie
1424
se de Jean Monnet, peu avant sa mort. Jean Monnet
était
l’exemple type de ceux qui voulaient baser l’Europe sur l’économie. L
1425
rase, je ne sais pas s’il l’a écrite, mais elle a
été
souvent citée ces derniers mois : « Si c’était à recommencer, je comm
1426
tièrement raison après une trentaine d’années. Je
suis
optimiste quand je vois que le rôle de la culture est de plus en plus
1427
optimiste quand je vois que le rôle de la culture
est
de plus en plus reconnu, que beaucoup de ministres viennent maintenan
1428
urs et des finalités communes de la culture. Pour
être
plus concret, plus précis : la question des régions fait des progrès
1429
stion des régions fait des progrès immenses. J’en
suis
très content et je suis optimiste parce que j’ai énormément œuvré pou
1430
es progrès immenses. J’en suis très content et je
suis
optimiste parce que j’ai énormément œuvré pour cela : je me dis donc
1431
œuvré pour cela : je me dis donc que cela n’a pas
été
perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, en soulign
1432
ccès. Les autres questions, qui viennent après, y
sont
subordonnées. Il y a le grand problème de l’écologie. Il faut éviter
1433
nvironnement, et par conséquent notre santé. J’ai
été
dans les premiers rangs des écologistes, il y a de cela quinze, vingt
1434
i ce que nous disions et qui paraissait subversif
est
dans tous les journaux. Vous pouvez ouvrir n’importe quel journal, vo
1435
ter la guerre, éviter la destruction de la nature
sont
déjà deux objectifs immenses, et pour y parvenir il faut donner aux h
1436
ire aux hommes : « Vous devez choisir maintenant,
est
-ce que vous voulez être libres, ou préférez-vous faire partie d’une n
1437
devez choisir maintenant, est-ce que vous voulez
être
libres, ou préférez-vous faire partie d’une nation puissante ? » Chaq
1438
re partie d’une nation puissante ? » Chaque homme
est
aussi un petit peu impérialiste pour soi-même. Cela nous ne pouvons p
1439
désir de puissance, il faut le reconnaître. J’en
suis
venu à résumer cette idée dans mon dernier livre, à l’avant-dernière
1440
on précise en introduction : « Denis de Rougemont
est
mort à Genève le vendredi 6 décembre 1985, dans sa quatre-vingtième a
1441
ème année. L’interview que nous vous présentons a
été
réalisé à la fin septembre par M. Guido Ferrari de la Télévision suis
1442
quelques kilomètres de Genève, que l’interview s’
est
déroulé. Ce document apparaît aujourd’hui comme un testament spiritue
1443
iste commet ici une erreur, car Robert Schuman ne
fut
pas présent en 1948 à La Haye.