1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978) a Le terme d’engagement de l’écrivain s’est trouvé mondialement asso
2 la Deuxième Guerre mondiale. « Écrivain engagé » a pris couramment le sens d’écrivain procommuniste ou gauchiste, beauco
3 ce que les journalistes, suivis par la critique, ont brouillé, fabriqué, obscurci. L’engagement politique Vers 1932,
4 tique », dont je reproduis quelques extraits : J’ ai , pour la politique, une espèce d’aversion naturelle. L’aveu paraîtra
5 uoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’ avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : p
6 temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin de pe
7 ent aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en effet la pe
8 elle se fasse au réduit intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens de venir la brimer. Non tant, d’ailleurs, par d
9 racisme, mentalité du citoyen moyen. Le fascisme a montré à nu ces prétentions, mais les États bourgeois n’ont plus guèr
10 à nu ces prétentions, mais les États bourgeois n’ ont plus guère à lui envier qu’un degré supérieur de logique dans l’appli
11 plutôt pour qu’un jour des hommes comme moi qui n’ ont le goût ni des habiletés ni des contraintes qu’il y faut, puissent qu
12 itique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses résistances, et provoquer d
13 ne à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances
14 t offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût-elle dése
15 il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’ avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditions. Le
16 idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’elle n’ a plus de condition concrète. La pensée qui agit n’est pas libre, mais
17 erté de penser n’est réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de penser. On serait parfois tenté d
18 un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, — Nie
19 erbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ils n’ avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointa
20 , tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père des
21 te commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ ait été vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si le
22 a libération. En vérité, c’est le libéralisme qui a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’un esclavage. La libe
23 ne peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’ a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins
24 cle, un Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire, ont été les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bi
25 nons à ce mot d’engagement. […] Les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage de leur pensée devant la
26 menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, irresponsab
27 elques-uns des problèmes importants de ce siècle, ayant écrit p. 277 de Situations II que le sort de la littérature était lié
28 politiques et sociales que la poésie de l’avenir aura à assumer, Lamartine esquisse, dès 1837, le portrait d’un poète « res
29  ? », Gallimard, Paris, 1948. « L’ouvrier de 1947 a beaucoup à nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre te
30 L’ouvrier de 1947 a beaucoup à nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à Budapest, à Mun
31 ’Intellectuel contre l’Europe, PUF, Paris, 1977. a . Rougemont Denis de, « Contribution à une recherche éventuelle sur l
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
32 s perpétuent le souvenir et que d’autres peuples… auraient préservée jusqu’à nos jours ». C’est la préférence accordée par princ
33 rescapé in extremis de la révolution de 1956, qui a fait ses études en Suisse et professé dans une grande université amér
34 ant de revenir à Genève s’intégrer à l’équipe qui a mené, depuis près de trente ans, le Centre européen de la culture, pu
35 t anglo-saxon, celui de l’Europe de l’Est, et qui a nourri deux ouvrages marquants sur les rapports de l’anarchie et du m
36 ais commenter quelques thèses, parmi celles qui m’ ont retenu, éclairé, ou qui me paraissent plutôt appeler des objections,
37 teur occidental qui crée toujours contre ce qui l’ a précédé (Malraux), contre les modèles admirés de sa jeunesse, contre
38 es mêmes publient des revues que pas un ouvrier n’ aura jamais l’idée ou l’occasion d’ouvrir, pour ne rien dire de sa capacit
39 ale ». La justice y est basée « sur le respect qu’ ont pour elle les membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et voil
40 phent désormais dans le tiers-monde mais que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de notre continent — le seul qui ne co
41 e toutes les fautes et de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacques
42 t de l’expansion américaine : « En Amérique, nous avons été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est d
43 ue civilisation et s’acquitter des dettes qu’elle a contractées envers le monde dans sa tentative de l’unifier sous sa co
44 lle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en eff
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
45 personne, est mort ou doit mourir bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on ne voit
46 n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront encore s’épa
47 alitaire mondial. En préparant ce colloqueg, nous avons décidé de prendre au sérieux les théories sur la « mort de l’homme »
48 can. Quoique ces théories puissent passer, — on l’ a dit — pour un peu frivoles, ou pour des exercices de mandarins en Sor
49 ndarins en Sorbonne et au Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un temps, le symptôme clinique de q
50 de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un temps, le symptôme clinique de quelque chose de plus profond et in
51 elligentsia européenne au sujet des valeurs qui l’ ont constituée, qu’elle a propagées au monde entier, et qui se retournent
52 u sujet des valeurs qui l’ont constituée, qu’elle a propagées au monde entier, et qui se retournent aujourd’hui contre el
53 t qui se retournent aujourd’hui contre elle. On l’ a dit hier : la nouvelle de la mort de Dieu entraînant la mort de l’hom
54 était mort, comment le saurions-nous ? Personne n’ a jamais dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu’il ment. La ph
55 acun de ces slogans faciles à écarter — mais on n’ a écarté qu’un slogan — nous distinguons un dessein beaucoup moins mélo
56 lement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’on aura « traqué dans ses derniers retranchements l’illusion de sa liberté »
57 ait pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le dominait. Ce qui motive le
58 ers ». L’anthropologie évangélique et paulinienne a été la première à parler de la « mort de l’homme ». Paul revient sans
59 la réalité d’une communauté. Le terme de personne a été élaboré par les grands débats conciliaires de Nicée (325) et de C
60 Chalcédoine (452). Ces deux conciles œcuméniques avaient à résoudre un problème littéralement crucial pour les premiers docteu
61 Ils prirent alors le terme romain de persona, qui avait signifié d’abord le masque de l’acteur (indiquant un rôle tragique ou
62 eur (indiquant un rôle tragique ou comique), puis avait été transféré au citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que
63 . C’est à partir de cette antinomie que les Pères ont pensé la réalité humaine. Entre les conciles de Nicée et de Chalcédoi
64 ie siècle : de Descartes. Car c’est bien lui qui a fait de l’homme un « doublet » de chair et d’esprit. Il a si bien sép
65 e l’homme un « doublet » de chair et d’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’a plus su comment les rejoin
66 it. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’ a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse un peu aberrante
67 t illusion, voile de Maya ? En Europe, la matière a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’est incarné en elle. Des
68 e la christologie et de toutes les valeurs qui en ont été déduites (à tort ou à raison d’ailleurs9). Il y a dans toute l’œu
69 est-à-dire à l’évacuation du sujet humain. Il n’y a donc plus de sciences humaines possibles, n’y ayant plus d’homme, plu
70 y a donc plus de sciences humaines possibles, n’y ayant plus d’homme, plus de sujet à examiner… Et c’est aussi le résultat qu
71 nce beaucoup plus grave : elle refuse l’homme qui a fait l’Europe et dont l’Europe a pour mission de favoriser la reprodu
72 fuse l’homme qui a fait l’Europe et dont l’Europe a pour mission de favoriser la reproduction, la recréation permanente.
73 it donc à l’Europe des régions fédérées. Je pense avoir ici rejoint les conclusions que nous espérions pouvoir tirer de ce co
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
74 « Conseil européen : l’enlisement » — « Les Neuf ont étalé divergences et absence de volonté politique » — « Fallito del v
75 E » — « Europa auf der Flucht » — « Europe passes a milestone in lagging drive for unity ». La lecture de ces titres pose
76 c relatif, soit en quoi et pourquoi l’institution aurait fait faillite et comment « Bruxelles, c’est fini ! » équivaudrait à l
77 Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’elle n’ a jamais existé, et l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi longtem
78 n’était pas nous ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres, on dirait que « L’Europe agonisante », c’est quel
79 mmune et trois millénaires de cultures mêlées les ont formés, de l’Ibérie aux Pays-Baltes, de l’Écosse aux Balkans, et de l
80 ales. II. « La grande question » Les choses ont -elles vraiment changé depuis ces années presque nulles ? L’Europe a-t
81 hangé depuis ces années presque nulles ? L’Europe a-t -elle cessé d’être « le mot le plus ennuyeux de la langue française »
82 vait l’autre jour Jean Daniel ? Oui, tout change, a changé et va changer bien plus encore, avec l’ouverture de la campagn
83 aut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le député-maire P. Mauroy, ou
84 surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le député-maire P. Mauroy, ou de
85 de la géographie, de l’économie de l’histoire, on a buté sur des réalités précises, vivantes, concrètes, de l’Europe11.
86 orthodoxes) qui pour défendre « la vraie Europe » a sifflé et conspué l’Europe fédérale, pourtant admise par O. Guichard,
87 départageait… Oui, « pour parler d’Europe, on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’il n’y avait pas de querelle entre
88 on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’il n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-là et Marc
89 n « livre infâme » Depuis trente ans, M. Debré a beaucoup parlé de l’Europe, il a même écrit un ouvrage proposant de l
90 te ans, M. Debré a beaucoup parlé de l’Europe, il a même écrit un ouvrage proposant de la faire non step by step ou « pas
91 oute — ailleurs — sur l’évolution remarquable qui a conduit l’auteur de cette phrase excessive : « Quittons maintenant no
92 ux, bretons, lorrains, alsaciens, corses ». (Je n’ ai jamais rien écrit de pareil, ni dans mon dernier livre, ici visé, ni
93 e tout serait simple ! » On notera que M. Debré n’ a pas cité le titre du livre qu’il se borne à désigner comme mon « dern
94 xplication. Les Jeunes du RPR, donc de son parti, avaient adopté mon titre15 comme slogan pendant la dernière campagne électora
95 s selon la religion nationaliste L’adjectif m’ a d’abord fait penser au mot de Talleyrand : « tout ce qui est exagéré
96 es seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusions à se faire sur leur traduction en décrets, le cas éch
97 peut les expliquer. Telle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre européen de la culture16. Et nous
98 e dans le Monde, qui est la première, de Gaulle l’ a dit. En revanche, les péchés sont légion, comme prévu. Si le premier
99 mmandé par la Raison d’État et la Défense. Il n’y a plus de limite au vice, à l’anarchie, à l’infamie : « Dans le faux, t
100 e Napoléon est en effet le seul pays d’Europe qui ait imposé tout à la fois et par la force, dès 1792, une unité de langue,
101 entendez : stato-nationales), celles-là mêmes qui ont uniformisé dans leur sein les diversités régio-nationales… La France
102 r sein les diversités régio-nationales… La France ayant « défait » (en tant qu’États indépendants) la Bretagne, l’Occitanie,
103 aire de même de leur nation. C’est avouer qu’on n’ a rien compris à la nature même du fédéralisme. C’est oublier, de plus,
104 e le Duché de Bretagne et la Couronne de France n’ a nullement « défait » la Bretagne, — du moins tant que la France a res
105 fait » la Bretagne, — du moins tant que la France a respecté ses engagements sacrés. Or c’est à ce traité d’union que cor
106 n. 2. Lors de la Nuit du 4 août 1789, les députés ayant confondu « privilèges » et « libertés » ont renoncé, sans nulle compé
107 tés ayant confondu « privilèges » et « libertés » ont renoncé, sans nulle compétence pour ce faire, à tous les droits et à
108 s droits et à l’autonomie de leur province qu’ils avaient pour mandat d’affermir. Pareille trahison (portée aux nues par les ma
109 es manuels d’histoire français du xixe siècle) n’ a pas la moindre chance de se reproduire à l’échelle européenne : l’idé
110 rt, bien entendu. Pas plus d’ailleurs que je n’en avais donné au Nouvel Observateur qui, quelques mois auparavant, affichait
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
111 bach selon laquelle les philosophes, jusqu’ici, n’ ont fait qu’interpréter le monde, alors qu’il s’agit désormais de le tran
112 e le transformer ? Marx, auteur de cette thèse, n’ a transformé le monde qu’à la mesure de ses moyens de philosophe, c’est
113 Autant de sens du mot que d’écologistes ! » (Je l’ ai lu hier encore.) L’Écologie serait « une douce manie de rousseauistes
114 i des écologistes adversaires du nucléaire qu’ils ont été « traumatisés par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, eux n
115 r Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, eux n’ ont apparemment rien senti.) Enfin, une circulaire confidentielle de l’ED
116 identielle de l’EDF définit les écologistes comme ayant pour but véritable « d’entraver le fonctionnement des institutions ex
117  sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais si l’un ou l’autre s’avisait de prése
118 efani, sans l’aide desquelles la guerre de 1914 n’ eût pas été concevable. Développements presque aussitôt suivis par l’agre
119 protection des petits oiseaux et lutte contre les avions supersoniques qui risquent d’endommager la couche d’ozone ; parcs nat
120 onde à s’être développée industriellement, donc à avoir subi l’agression mécanique. On nous dit : « Le souci écologique est u
121 s premiers atteints par le mal industriel, qu’ils ont d’ailleurs inventé. C’est le souci de ceux qui ont déchaîné la Dénatu
122 nt d’ailleurs inventé. C’est le souci de ceux qui ont déchaîné la Dénature contre la Nature. De ceux qui ont inventé et pro
123 échaîné la Dénature contre la Nature. De ceux qui ont inventé et produit une civilisation qui tend à détruire du même mouve
124 ène, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, a pris soudain des proportions à ce point alarmantes que les gouverneme
125 civilisation industrielle, d’essence cartésienne, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’elle a créée au besoin —
126 voulu se développer sur une tabula rasa — qu’elle a créée au besoin — d’où ses liens de complicité essentielle avec la dé
127 lien fondamental entre les deux réalités. Il y en a d’autres. a) C’est au niveau régional que les mesures d’écologie conc
128 ntal entre les deux réalités. Il y en a d’autres. a ) C’est au niveau régional que les mesures d’écologie concrètes peuven
129 niées, refusées, minimisées par l’État-nation qui a peur qu’elles le divisent, il y a des exigences écologiques continent
130 ées, refusées ou minimisées par l’État-nation qui a peur qu’elles le dépassent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 million
131 talières : deux douzaines environ sur la carte qu’ avait dressée pour le colloque tenu au Conseil de l’Europe en 1972, V. von
132 lus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a démontré le contraire, d’une manière décisive, dans son célèbre ouvra
133 Neuf21. Encore un mot sur mon titre-slogan. Je n’ ai pas dit : même combat, mais bien : même avenir. Un combat peut être p
134 qu’il m’importait de souligner, c’est que nous n’ aurons ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obtenons pas
135 ser » grâce aux voix écologistes tel candidat qui aurait mérité le « label écologiste »… i. Rougemont Denis de, « Écologie,
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
136 oit qu’en fait la France, très ancienne nation, n’ a pas peur ; que la Grande-Bretagne, très ancienne nation, a presque au
137 r ; que la Grande-Bretagne, très ancienne nation, a presque aussi peur que l’Irlande, très jeune nation (toutes les deux
138 nguistiques posés par notre union22. Le français a rapidement pris une position dominante dans les Six et il l’a conserv
139 pris une position dominante dans les Six et il l’ a conservée même depuis l’adhésion de trois pays qui sont, ou bien angl
140 l’Assemblée européenne au suffrage universel, ils ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Quelq
141 ration 24. » On précise que le suffrage universel aurait essentiellement pour objet de donner, de façon spectaculaire, une cer
142 rtaine légitimité à l’organisation projetée25. On aura noté l’usage par de Gaulle du terme fédération en 1953. Il se fera de
143 arlement européen cite M. Couve de Murville comme ayant déclaré : « Une fédération est une confédération qui a réussi. » M.
144 laré : « Une fédération est une confédération qui a réussi. » M. J. Vendroux, beau-frère du Général, déclare à l’Assembl
145 En 1961, il déclare à la Chambre qu’il s’honore d’ avoir été l’un des membres du groupe de travail F. Dehousse « qui a rédigé
146 es membres du groupe de travail F. Dehousse « qui a rédigé le projet d’élection de cette assemblée au suffrage universel 
147 précisément ce que le communiqué de Bad-Godesberg a décidé, et voilà une décision que je salue avec une vive satisfaction
148 sacro-sainte souveraineté nationale ? La réponse a été donnée dès 1945 dans un volume intitulé Demain la paix 27 par un
149 u à Jacques Chirac et de Lipkowski à Debré, ils n’ ont cessé de clamer, depuis dix ans, leur rejet indigné des régions auton
150 inelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupés ici même, comme en témoignen
151 es cinq numéros spéciaux du Bulletin du CEC qui a précédé Cadmos 28 , et les deux volumes collectifs qui s’y sont ajou
152 souvent et le plus volontiers cité par Jouve — n’ ont cessé de proclamer que le régionalisme assimilé au séparatisme était
153 1968. À la séculaire centralisation étatique, qui avait fait jadis la force de la Nation, devaient selon lui succéder les rég
154 gions. C’est sur cette grande idée nouvelle qu’il a choisi de livrer la bataille décisive de son règne. Mais, en même tem
155 lle décisive de son règne. Mais, en même temps, n’ aurait -il pas choisi de se faire renvoyer par les Français à la rédaction de
156 e se quitter une fois de plus. Mais c’est lui qui a tout machiné, en posant le problème du Sénat…) Selon mon interprétati
157 e plus méfiant ne saurait en exiger. Jean Mauriac a noté au jour le jour et parfois d’heure en heure, les propos spontané
158 re, dont on comprend si bien que les gaullistes l’ aient passé sous silence. Pour Philippe de Gaulle, il n’y avait pas de dou
159 sé sous silence. Pour Philippe de Gaulle, il n’y avait pas de doute : l’intention du Général était de mettre la régionalisat
160 le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. (p. 25)
161 t quelquefois une certaine satisfaction : celle d’ avoir « réussi son départ ». Il disait par exemple : « J’ai pris la bonne s
162  réussi son départ ». Il disait par exemple : « J’ ai pris la bonne sortie devant l’histoire, parce que j’ai attiré l’atten
163 is la bonne sortie devant l’histoire, parce que j’ ai attiré l’attention du pays sur la participation essentielle à l’aveni
164 nales sont en étroite dépendance. Pour ma part, j’ ai toujours défini la région non pas comme une ethnie d’abord, ou comme
165 lien. Rappelons d’abord que l’Allemagne fédérale a été divisée par les Alliés de 1945 en onze « Länder », dans l’intenti
166 devenues réalités qu’en 1970. Le régime régional a permis l’accession au pouvoir du parti communiste dans plusieurs prov
167 encore est l’évolution récente des trois pays qui ont forgé les premiers modèles de l’État-nation, c’est-à-dire de la mainm
168 et linguistiques. En France, le général de Gaulle a été le premier à déclarer que la formule de développement de son pays
169 bre des communes, cependant que le pays de Galles a déjà un représentant accrédité auprès du gouvernement de Londres. Le
170 ’ensemble — avec des à-coups importants — comme l’ ont montré les référendums de mars 1979 en Écosse et en pays de Galles —
171 en. Mais, disent les Anglais, « il est ridicule d’ avoir des assemblées pour les Écossais et pour les Gallois, et non pour les
172 et des réalistes du reste de l’Europe, l’Espagne a restitué en fait et en droit l’autonomie au gouvernement de la Catalo
173 ouvernement de la Catalogne, la Generalitat. Elle a approuvé en 1978 la « pré-autonomie » du Pays basque (Euskadi), de la
174 ais au-delà de cette division que le xixe siècle eût imaginé sans peine, il prévoit beaucoup plus : la répartition du pouv
175 ions » formées de communes associées, et que l’on a proposé d’appeler des « fédérations de pays », de communes, de mini-r
176 régions. Jamais constitution d’un pays d’Europe n’ aura proposé une meilleure approximation du modèle fédéraliste intégral. R
177 s réunis sous les auspices du Conseil de l’Europe ont permis de dresser une carte provisoire des régions en voie de formati
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
178 pire. Cinq ans plus tôt, en 1303, Philippe le Bel a fait gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’est fait pr
179 tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’ as pas souci de nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfragab
180 ominant du xve siècle : la chute de Byzance, qui a précédé de cinq ans l’élection d’Æneas Sylvius au pontificat. Une foi
181 s, c’est l’angoisse, la menace et le désastre qui ont suscité la prise de conscience de quelque chose de grand qui nous eng
182 de la paix et de la fédération des peuples qu’il a traversés pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’acclamati
183 t se concevoir. […] Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États entretenant des relations réciproques, d’autre mo
184 a fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’ aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de ses raisons
185 s décourageante. La génération suivante, que l’on a baptisée celle des « non-conformistes des années 1930 », celle des je
186 ectuels » encore peu connus — et pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront géné
187 ne et clandestine, est-il à tout jamais perdu ? J’ ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse, durant mes années d’exil amé
188 septembre 1946, se produit quelque chose qu’on n’ avait pas vu depuis treize ans : non seulement Allemands et Français, Itali
189 urope à sauver. Beaucoup de choses significatives ont été dites sur le problème européen durant ces conférences et les déba
190 , je crois bien. Certes, leurs thèses principales ont été reprises un peu partout (notamment quelques-unes des miennes par
191 ombre de « non-conformistes des années 1930 » qui avaient collaboré aux groupes de L’Ordre nouveau ou d’ Esprit , et des cama
192 l, d’ailleurs présent et très souvent actif. On m’ a chargé d’organiser la commission culturelle du congrès, à côté de ses
193 tres commissions, la politique et l’économique. J’ ai demandé qu’on me donne une preuve que l’on prend la culture au sérieu
194 sérieux, qu’elle n’est pas un simple ornement. J’ ai proposé que la commission que je formerai rédige le Message initial o
195 Bruges et à Genève — où ils existent encore, et n’ ont cessé de manifester, depuis trente ans, leur vitalité créatrice. Pour
196 atrice. Pour composer la commission culturelle, j’ ai écrit à une centaine « d’intellectuels » d’Europe, jeunes et vieux. T
197 ctuels » d’Europe, jeunes et vieux. T. S. Eliot m’ a répondu : « I feel that at the present time one ought to do what one
198 sent time one ought to do what one can to support a movement of this kind, however desperate the attempt. » Et Salvador d
199 ndicalistes. La Conférence culturelle de Lausanne a initié ou créé des institutions importantes, telles que le Centre eur
200 ropéenne. Sur les vingt-trois résolutions qu’elle a votées, vingt-et-une ont été suivies de réalisation : proportion cert
201 -trois résolutions qu’elle a votées, vingt-et-une ont été suivies de réalisation : proportion certainement inégalée dans l’
202 sinon même négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se tro
203 n successives de J.-P. Sartre. Sur ma demande, il avait envoyé à la conférence de Lausanne des fragments d’un long essai37 da
204 que telle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons -nous donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette c
205 culture française ; mais cette unité de culture n’ aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans
206 que de l’Europe. Quelques années plus tard, tout a changé diamétralement. Dans un écrit du même auteur38, on peut lire q
207 nions conscience du fait fondamental que « nous n’ avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est celui d
208 rre de 1939-1945 ne surnage plus que la NRF qui a perdu son aura d’avant-garde. Quelques revues, dans les années 1950 e
209 1945 ne surnage plus que la NRF qui a perdu son aura d’avant-garde. Quelques revues, dans les années 1950 et 1960, reprenn
210 divisions morbides que la folie des nationalistes a mises et met encore entre les peuples de l’Europe, grâce aux politici
211 s les hommes un peu profonds et d’esprit large qu’ a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travail secret de leur
212 peu profonds et d’esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travail secret de leur âme… Ils ont en co
213 ce but unique le travail secret de leur âme… Ils ont en commun les mêmes aspirations les plus hautes et les plus profondes
214 nonce-t-il, la Société européenne de culture, qui a son siège à Venise. 37. D’abord paru en entier dans Politique étrang
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
215 parues dans des foyers très dispersés, d’où elles ont propagé à toutes les nations du continent des styles, des modes, des
216 Asie. Les couvents de la civilisation bénédictine ont été les couveuses de la culture commune qui va éclore dans les cités
217 abitants d’une ville, d’un bourg ou d’une vallée, ayant reçu par charte impériale ou royale le droit de se gouverner eux-même
218 excellence, ces communes du savoir, autogérées, n’ ont rien de national au sens actuel. La Sorbonne, qui sera le collège le
219 ope, qui ne s’appelle encore que la chrétienté, n’ a jamais été plus européenne. II. De l’autonomie à l’étatisation
220 ître, même lorsqu’une autorité interne ou externe a été appelée à trancher le débat… La grande époque du Moyen Âge ne se
221 égation même de cette Université que le Moyen Âge a inventée. » Je viens de citer Georges Gusdorf, professeur à Strasbour
222 al asymptotique de tout ce que notre époque croit avoir inventé sous le nom d’UER (unités d’enseignements et de recherche), a
223 al dans un sens ou dans un autre. Il y a toujours eu dans les États bien organisés un corps destiné à régler les principes
224 es vaines discussions qui, chez tous les peuples, ont si fréquemment tourmenté l’opinion publique. Commentaires de G. Gusd
225 Maître est le général en chef, et où les recteurs ont rang d’officiers supérieurs. »44 Le terme même d’Université au sens
226 une sorte de loi-cadre, élaborée par Edgar Faure a donné quelque temps l’impression d’une ouverture vers l’autonomie des
227 de réforme d’Edgar Faure, un fait demeure : il n’ a conduit qu’à l’éclatement définitif en instituts spécialisés de l’Uni
228 ue près de 180 000 étudiants. L’ancienne Sorbonne a été divisée en treize instituts distincts, qualifiés tout à fait abus
229 u’il ne s’agit en fait que de Facultés au sens qu’ a gardé le terme dans le reste du monde. Chacune de ces Facultés désorm
230 ays d’Europe. Le gigantisme, loin d’être éliminé, a donc été reporté du tout sur les parties, et la vertu totalisante qui
231 e, d’autre part. Condition générale d’admission : avoir prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la v
232 rais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’ avais à participer aux activités de la commune : 1. Les options fondamenta
233 ndis qu’elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’ a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un tel centr
234 lamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie européenne comme Tommaso Campanella et Comenius, ou d
235 hérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de
236 s terres du globe, multipliés par une culture qui a fait le Monde et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hom
237 cit., p. 72-73. Plusieurs « recteurs » français m’ ont fait remarquer qu’ils avaient dans l’État et donc sur la tribune offi
238 « recteurs » français m’ont fait remarquer qu’ils avaient dans l’État et donc sur la tribune officielle le même rang qu’un préf
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
239 ît quand on les cite, disent eux aussi : « Nous n’ avons pas ici-bas de cité permanente », décrivent l’homme comme « étranger
240 ’islam, de la chrétienté médiévale et renaissante ont toutes des sentences, poèmes, prières ou oraisons jaculatoires presqu
241 stoire, mais par rapport à l’Histoire. Cette cité a des mesures (ses remparts) indiquées avec précision, évoquant le mond
242 mais presque inévitable. Thomas More, en somme, n’ a fait que placer dans le temps de l’Histoire et l’espace de la Terre u
243 Descartes que procède cette évolution. Descartes a été le lieu de cette métamorphose de la conscience européenne qui a r
244 ette métamorphose de la conscience européenne qui a rendu possible la technique ; le lieu et la formulation d’une structu
245 t : il s’agit alors d’une hétérorégulation, que j’ ai nommée ailleurs pédagogie des catastrophes. 6. Cette même attitude,
246 en approchant des frontières — « mal compassées » eût dit Descartes — les carrés ne puissent plus être bien réguliers). L’i
247 e la capitale. Dans le géométrisme de ce plan, on aura reconnu la forme d’esprit schizoïde correspondant aux obsessions du m
248 r par la guerre au-dehors la tranquillité qu’il n’ a plus au-dedans. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre et des
249 r un Centre. Aujourd’hui, 160 États-nations qui l’ ont copié siègent à l’ONU. Nous sommes ici en présence d’une utopie réali
250 ernière guerre. Jamais le lieu, jamais le topos n’ aura été plus délibérément ignoré, arasé, rayé de la carte, jamais régime
251 ignoré, arasé, rayé de la carte, jamais régime n’ aura été plus littéralement u-topique. Je suis loin d’annoncer la fin de l
252 in d’annoncer la fin de l’État-nation, comme on l’ a dit. Je constate qu’il fonctionne de plus en plus malaisément, voir l
253 réponds que la région dont je parle, et que je n’ ai cessé de définir comme un « espace de participation civique », est le
254 l définissait là le contraire de l’utopie. Il n’y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a
255 pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour déclencher une
256 it d’aujourd’hui si ce n’est d’hier. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « statiques par hypothèse ». El
257 dans une quelconque société que lorsque celle-ci a perdu toute espérance de progrès futur. » Toute utopie, au sens polit
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
258 été 1980)o « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’il me semble avoir toujours conn
259 l’esprit européen ». Cette phrase qu’il me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi les plus souvent citées de
260 ces derniers jours et c’était bien. La postérité a eu raison de laisser éclore cette petite phrase hors d’un contexte in
261 es derniers jours et c’était bien. La postérité a eu raison de laisser éclore cette petite phrase hors d’un contexte inimp
262 acle peu croyable en ce lendemain de la guerre. J’ eus alors la curiosité de consulter Littré sur les diverses signification
263 es diverses significations du mot esprit. Il y en avait 29, dont une seule, la vingt et unième, paraissait pouvoir s’applique
264 e, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’associer les esprits les plus divers « d’un b
265 utre ». On ne peut ici que citer : Souvent ils n’ ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à de grandes d
266 Cette société des hommes de la pensée, qu’elle ait pour champ la philosophie ou les lettres, les sciences physiques et n
267 lle se réalise, sous le patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice et la présidente idéale, Germaine de Staël. 2. Au
268 e servir de guides les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prête
269 ncore, dans l’essai sur les traductions : Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à la littérature que de transpor
270 stianisme, — et je cite : La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi
271 été le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des mœurs opposées ;
272 s opposées ; et, rapprochant des ennemis, elle en a fait des nations dans lesquelles les hommes énergiques fortifiaient l
273 étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Euro
274 vers pays de l’Europe et la religion chrétienne y a puissamment contribué.50 Bien dira-t-on, mais la Réformation n’a-t-
275 tribué.50 Bien dira-t-on, mais la Réformation n’ a-t -elle pas divisé, sans espoir, la chrétienté, Nord réformé, Sud cathol
276 que ce miracle soit accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51 N
277 es plus hautes dont la vertu se compose. Et elle a des mots très durs contre le phénomène de la nation au nouveau sens,
278 itique de la nation. Après Rousseau, Mme de Staël a très bien vu que plus la nation sera grande, plus grande sera la tent
279 nes, et la concentration du pouvoir des monarques ont rendu pour ainsi dire, la politique toute négative.54 Au contraire,
280 le plus large du mot « culture » — Mme de Staël n’ ait pu donner pour suite une Politique déduite de la culture. Un tel livr
281 une Politique déduite de la culture. Un tel livre eût été capable de modifier le débat contemporain sur la fédération europ
282 la fédération européenne. Certes, Mme de Staël n’ a pas prévu que l’économie, au xxe siècle prendrait le pas non seuleme
283 ans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’ eût pas préconisé l’union de l’Europe sur la base d’une Communauté économ
284 pe sur la base d’une Communauté économique ; elle eût fondé plutôt la Communauté européenne de la culture. Car elle savait
285 ages sont les plus certains » — et comme Goethe l’ a dit après elle : que la culture « accroît autant que l’échange des pr
286 liberté responsable. L’homme européen, tel que l’ ont fait au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture, le s
287 l’amour qui tout embrasse, — pour cet homme elle eût proposé l’union fédérale de nos peuples, dans cet enthousiasme auquel
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
288 se est percipi (être, c’est être perçu) — je ne l’ ai connu que par le biais d’une recherche sur l’Europe telle que l’ont v
289 le biais d’une recherche sur l’Europe telle que l’ ont vue, perçue et définie dans son ensemble les philosophes, les géograp
290 mpte des variétés de l’être européen, selon qu’il a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard, br
291 semble que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le fait des luttes entre luthériens, calvinistes et sociniens (an
292 de charbon en Autriche voisine, et ce Marini lui a beaucoup parlé du Plan d’union des royaumes chrétiens que le Français
293 royaumes chrétiens que le Français Pierre Dubois a écrit cinquante ans plus tôt. Podiebrad reprend l’idée de Dubois et e
294 e pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’il ait échoué devant l’indifférence de Louis XI et la résistance de Pie II,
295 et il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs reprises les hommes
296 l’Est : à plusieurs reprises les hommes de l’Est ont eu de l’ensemble européen une perception plus dramatique, plus urgent
297 st : à plusieurs reprises les hommes de l’Est ont eu de l’ensemble européen une perception plus dramatique, plus urgente q
298 perception plus dramatique, plus urgente que n’en ont ceux de l’Ouest. L’ouvrage commence par une lamentation sur la misère
299 ent tout honneur s’est-il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vigueur de ton peuple ? Où,
300 nt ? Où, ta majesté royale ? Où ta gloire ? Que t’ ont servi tant de victoires, si tu devais si vite être menée au triomphe
301 menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir résisté à la puissance des chefs païens, si maintenant tu ne peux plu
302 et d’une assistance mutuelle « sans même qu’il l’ ait requise à notre collègue attaqué » ; enfin, d’un budget fédéral, alim
303 (resté inédit de son vivant et dont le manuscrit a été retrouvé à la veille de la dernière guerre dans les archives d’un
304 les hommes à l’humanité. » Dans la préface qu’il a donnée aux Pages choisies de Comenius publiées par l’Unesco, Jean Pia
305 ve qu’au cours du xixe siècle, mais que Comenius a entrevue dans la perspective de cette philosophie ; d’où l’ambition d
306 sation internationale… Le génie de Comenius est d’ avoir compris que l’éducation est l’un des aspects des mécanismes formateur
307 pects des mécanismes formateurs de la nature et d’ avoir ainsi intégré le processus éducatif dans un système tel que ce proces
308 e et se réfugie en Pologne, où les frères moraves ont plusieurs centres. Il reprend le métier de maître, esquisse un premie
309 ite en tchèque et traduite par l’auteur en latin, a été traduite depuis un siècle en français, en anglais, en espagnol, e
310 On ne saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que no
311 es et intellectuels, une espèce d’ingratitude qui a touché parfois à la trahison : Munich, Budapest, Prague, Poznań… De c
312 fus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’on l’ a vue à l’Est, je vais vous donner un émouvant exemple, celui d’Adam Mi
313 au Collège de France et mort en Grèce, Mickiewicz a lutté toute sa vie pour la libération de sa patrie, et n’a cessé d’ap
314 oute sa vie pour la libération de sa patrie, et n’ a cessé d’appeler à son aide l’Europe des peuples — celle des gouvernem
315 es brigands, et je criai vers toi, nation, afin d’ avoir un morceau de fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’
316 our défense et une poignée de poudre, et toi tu m’ as donné un article de gazette. Mais cette nation répondra : Quand m’ave
317 de gazette. Mais cette nation répondra : Quand m’ avez -vous appelée ? Et la Liberté répondra : J’ai appelé par la bouche de
318 m’avez-vous appelée ? Et la Liberté répondra : J’ ai appelé par la bouche de ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va
319 appelé par la bouche de ces pèlerins, et tu ne m’ as pas écoutée ; va donc en servitude, là où il y aura le sifflement du
320 ion : J’étais dans la peine et la misère, et je t’ ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et des secours, et toi t
321 rotection de tes lois et des secours, et toi tu m’ as jeté des ordonnances. Et la nation répondra : Madame quand êtes-vous
322 venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’ as méprisée ; va donc dans la servitude là où il y aura le sifflement du
323 uissances une pierre d’achoppement Les Puissances ont rejeté votre pierre de l’édifice européen, et voici que cette pierre
324 comme à une enclume sourde : Ô despotisme, nous t’ avons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau
325 it… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’ a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonné Ô M
326 pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ ont abandonné Ô Magyar ! Toi seul continues à combattre… Liberté, qu
327 ur que ta grâce daigne sur nous descendre ? Nous avons entendu le même cri, en octobre 1956, lorsque le dernier poste de rad
328 de répondre un dernier appel dramatique « Nous t’ avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. » Mea cu
329 tique « Nous t’avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. » Mea culpa… Mais ce colloque, au-delà d
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
330 e discuterai pas le fond de l’ouvrage : il n’y en a guère. Une théologie rudimentaire, qui nous ramène au Dieu plus abstr
331 furent vilipendés, condamnés et emprisonnés pour avoir combattu, par leurs écrits et par leur engagement concret, le « socia
332 ur exemple valant pour les autres. De bons amis m’ ont conseillé le silence : ce livre ne vaut rien, laissez tomber. Comme s
333 e ne vaut rien, laissez tomber. Comme si un livre avait besoin d’être bon pour faire du mal ! On va voir ce que celui-ci perm
334 et de publier — pas seulement à des imbéciles. J’ ai deux raisons majeures de ne pas me taire. La première est qu’il serai
335 e la mémoire et dénature les œuvres de ceux qui l’ ont combattu les premiers, au face à face, quand il paraissait invincible
336 herche en vain la revue citée. En admettant que j’ aie vraiment écrit ces mots, mais est-ce possible ? « “Engoncés” » dans l
337 … Cela ne peut pas être de moi, tout de même — qu’ ai -je bien pu vouloir dire ? Probablement qu’entre un vieux sénateur rad
338 ont notre presse aime à railler les uniformes, qu’ avons -nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros
339 n fin de numéro, deux notes intitulées « Ceux qui ont commencé » émanaient l’une de Mounier (E. M.) sur les mouvements cath
340 lesquels la critique de la démocratie par l’A. F. aurait été qualifiée d’« acquis définitif du personnalisme » ne figurant pas
341 es tentatives de résistance au conformisme social aient été paralysées après guerre par le double cadre que leur offrait l’hé
342 dit exactement » tout autre chose que ce que l’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de moi, étant s
343 pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’ avais guère de raisons de m’intéresser aux démêlés entre Maurras et le Vati
344 collective, extérieure à notre personne : cela n’ a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne
345 petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a pour formule réelle — même là où l’on refuse encore ce nom — la fédér
346 , plus spécifiquement, l’individualisme ». S’il m’ avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé étai
347 iquement, l’individualisme ». S’il m’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la religi
348 fonde la notion chrétienne de l’homme telle que l’ ont élaborée les grands conciles, de Nicée à Chalcédoine, saint Augustin
349 enfin Kant… Les personnalistes des années 1930 n’ ont fait que réactualiser en termes du xxe siècle cette tradition centra
350 centrale de l’Occident, au nom de laquelle ils n’ ont cessé de condamner sans rémission toutes formes d’idéologies totalita
351 mérée, — qu’il prend pour une « communauté » ? (J’ ai écrit souvent dans les années 1930 : « C’est avec la poussière des in
352 son ciment ».) Ignore-t-il tout, enfin, de ce qui a été écrit, de Tocqueville à Hannah Arendt en passant par les personna
353 totalitaire ? C’est, en définitive parce qu’il n’ a pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de nous
354 aires, ces expériences « trop simples » où l’on n’ a pas compris que « seule a le droit de se vouloir totalitaire la vérit
355 rop simples » où l’on n’a pas compris que « seule a le droit de se vouloir totalitaire la vérité qui est totale, qui rend
356 e moi, et cela change le sens du passage ; — je n’ ai pas écrit : « qui rend compte de tout l’homme », mais bien : « qui re
357 nt antiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t -elle commis […] pour qu’on puisse l’accuser et avec une telle outranc
358 consacrer la pire dégradation qu’une civilisation ait imposée à l’homme »55) ? Question pathétique, mais oiseuse : l’Améri
359 ermanente des erreurs qui, depuis vingt ans, nous ont valu la guerre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une cert
360 t abstraite à la fois. Elle donne la primauté à l’ avoir sur l’être, à l’anonyme sur le personnel, à l’irresponsable sur le re
361 sacre la pire dégradation qu’une « civilisation » ait imposée à l’homme. Une fois de plus on dirait que Lévy n’a pas lu le
362 à l’homme. Une fois de plus on dirait que Lévy n’ a pas lu le contexte des citations qu’on lui aura fournies. Quel dommag
363 vy n’a pas lu le contexte des citations qu’on lui aura fournies. Quel dommage qu’un jeune homme aussi passionnément motivé d
364 ément motivé dans sa dénonciation d’ennemis qui n’ ont cessé d’être les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une ca
365 fervent d’Althusser, ce partisan déclaré de Mao, a-t -il jamais expliqué son trajet du totalitarisme marxiste et du nationa
366 articles, essais, pamphlets, chroniques que je n’ ai cessé de publier de 1933 à 1939, tels que « L’Ère des religions », « 
367 e contre l’esprit totalitaire », ce dernier texte ayant été distribué dans le ciel des grandes villes des Pays-Bas occupés. «
368 is bien sûr qu’aucun auteur de langue française n’ a publié autant de pages sur et contre Hitler. Vraiment, Lévy choisit m
369 s de la France ». Mais celui-là précisément, il l’ a raté62. L’idéologie personnaliste au pouvoir ? Tout cela ne ser
370  1546 du 13 février 1981, Raymond Aron lui-même n’ avait donné son aval à ces calomnies. Il écrit en effet : Les idéologies d
371 30, de type communautaire, anti-individualiste, n’ ont jamais débouché en dehors des cénacles de l’intelligentsia parisienne
372 es cénacles de l’intelligentsia parisienne. Elles ont accédé au pouvoir à la faveur d’une catastrophe nationale. Là encore
373 oncer dans les premières pages de son article. Il a choisi de n’accorder créance à B.-H. Lévy que sur le point central de
374 nd Aron « traditionaliste et parafasciste »63. On a bien entendu : les idées d’ Esprit et de L’Ordre nouveau , c’est-à-
375 et Arnaud Dandieu, d’Alexandre Marc, de moi-même, ont « accédé au pouvoir » à Vichy, à la faveur d’une catastrophe national
376 s de l’Est. Raymond Aron peut-il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-il vraiment que L’Ordre no
377 thèses ? Croit-il vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditionaliste » ? C’était le nom de la Révolution pour Victor
378 s tard Esprit . Croit-il au contraire que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à ce compte-là la revue de Gram
379 aire que L’ON ait été « parafasciste », comme l’ eût été à ce compte-là la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment no
380 de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées auraient -elles « accédé au pouvoir » à Vichy ? Un politicien combinard comme L
381 me Laval, un vieux militaire laïcard comme Pétain ont -ils vraiment puisé leur inspiration politique (Montoire et la collabo
382 blanc Raymond Aron, que nos idées personnalistes aient « accédé au pouvoir » à Vichy et cela « à la faveur » de la « catastr
383 s. Chefs de file du mouvement personnaliste, nous avons tous été condamnés à de la prison pour des idées dont L’Express nous
384  plumes autorisées » de L’Express, parce qu’ils n’ ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts
385 L’Express qui avalise et amplifie ses calomnies, a tiré ce numéro à 649 950 exemplaires. Avec les articles louangeurs pu
386 rs et de téléspectateurs qui croiront (s’ils ne m’ ont jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’ét
387 quelques autres qui se sont mis dans le même cas, auraient à répondre de ces calomnies devant les tribunaux, ils n’auraient de c
388 ndre de ces calomnies devant les tribunaux, ils n’ auraient de chances de s’en tirer qu’en plaidant l’irresponsabilité au moment
389 preuve ne serait pas difficile à produire : ils n’ avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’avaient cru, sur la foi de L’Express
390  : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’ avaient cru, sur la foi de L’Express. Post-scriptum I Les citations de
391 alistes des années 1930 » retenues par B.-H. Lévy ont toutes été choisies, sans exception, de telle manière qu’un lecteur d
392 est aussi une recette de succès : déjà B.-H. Lévy a ses imitateurs. Je n’en donnerai qu’un seul exemple, faute de place.
393 fidélités démocratiques, avec des élections qui n’ ont même pas la force de déplacer un préfet de police, avec des indignati
394 a coloration du texte. (Bien entendu E. Mounier n’ a rien écrit de pareil, de près ni de loin, ni ici ni ailleurs. Mensong
395 du livre de Lévy et signale les attaques dont il a été l’objet, pour mieux prendre sa défense. La présence de Mounier p
396 rmi les « idéologues » du fascisme à la française a , semble-t-il, particulièrement choqué… Et pourtant, les arguments de
397 s arguments de l’accusateur sont irrécusables. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit,
398 arguments de l’accusateur sont irrécusables. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit, mai
399 eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit trop peu. L’article de 1934 où
400 ulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit trop peu. L’article de 1934 où Mounier avoue « sa fascination » p
401 FD. En effet, on pourrait en rajouter. B.-H. Lévy a longuement cité les « éloges » adressés par L’Ordre nouveau au « dy
402 u « dynamisme » de la jeunesse allemande, mais il a oublié, dans sa hâte, quatre textes qui me paraissent bien plus indis
403 les et précis dans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier ou de moi, textes destinés à : 1°
404 a, si tu veux bien, celui d’un jeune français qui a éprouvé sur place la force actuellement inévitable des nationalismes 
405 troubleront plus tant les Français le jour où ils auront eux aussi conscience de leur volonté de vivre ». Plus téméraire encor
406 gue, — on ne disait pas encore détente — que ne l’ ont jamais fait les « idéologues des années 1930 » dénoncés aujourd’hui p
407 tant, je ne crois pas un instant que Raymond Aron ait jamais été « fasciste à la française ». Je m’étonne seulement des mot
408 Clavel à Uriage. Il est vrai que c’est Clavel qui a lancé les « nouveaux philosophes ». Post-scriptum II Il est ét
409 groupe clandestin L’Orchestre rouge. Les nazis l’ ont décapité à la hache, lui et sa femme, pendant la guerre65. Je citerai
410 se » supposait une Révolution dont Raymond Aron n’ a dit mot : La jeune génération du Reich ne peut faire autrement que d
411 Un an avant, dans la revue suisse Présence , j’ avais publié un article intitulé « Cause commune » où je me reportais à not
412 aient étroits. Lors d’une rencontre en Suisse (il avait réussi à se faire nommer dans la dernière délégation allemande à la S
413 tra les cicatrices des tortures que les nazis lui avaient infligées. Aviateur, il occupa un poste-clé dans l’état-major de Goer
414 e de sociologie. Que disaient ces auteurs qui les eût distingués, voire opposés radicalement à nos critiques de la démocrat
415 l’attitude de l’opinion publique américaine, qui a donné la mesure de l’inconscience, du pharisaïsme et d’un certain don
416 itant de « L’amour et la guerre ». Si un auditeur avait pensé que c’était fasciste, il m’aurait attaqué ou aurait quitté la s
417 n auditeur avait pensé que c’était fasciste, il m’ aurait attaqué ou aurait quitté la salle. Une certaine honnêteté régnait alo
418 ensé que c’était fasciste, il m’aurait attaqué ou aurait quitté la salle. Une certaine honnêteté régnait alors dans le milieu
419 on même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en suis un peu honteux. (Je fais surtout allusion à ce que
420 ons : impies (Ostervald), crapules (TOB). 59. On a pris l’habitude d’appeler « génération des années 1930 » celle qui la
421 chemises ouvertes — serait-ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on se report
422 croire, en effet, que la doctrine de la personne a été inventée par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son au
423 ires sudètes. Une cession purement diplomatique n’ eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
424 tats, par la Souveraineté L’Empire carolingien avait tenté de renouveler l’imperium romanum, et son roi franc avait tenu à
425 e renouveler l’imperium romanum, et son roi franc avait tenu à se faire sacrer par le pape de Rome : mais son rêve n’a duré q
426 aire sacrer par le pape de Rome : mais son rêve n’ a duré que quatorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’éta
427 e d’entrée de jeu que « la civilisation classique a été la civilisation de l’État » et que « c’est au xviie siècle que l
428 r quelles bases, et selon quelles définitions ? J’ ai lu les 708 pages de ce livre, admirablement illustré, et n’y ai trouv
429 pages de ce livre, admirablement illustré, et n’y ai trouvé qu’une seule définition de l’État : « L’État classique opte po
430 rmer qu’il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et voici
431 mée. Ce puissant instrument de la force de l’État a contribué un peu partout à façonner les nations. Ces nations ont pris
432 n peu partout à façonner les nations. Ces nations ont pris conscience d’elles-mêmes dans l’affrontement des États. » (p. 68
433 de nation, qui sert ici à définir celui d’État, n’ ait fait l’objet d’aucune définition aux pages précédentes de l’ouvrage.
434 d’une souveraineté absolue dont Imbart de la Tour a fait la caractéristique essentielle de la France moderne » (P. Mesnar
435 démocratie : la monarchie s’appelle quand un seul a la souveraineté et que le reste du peuple n’y a que voir ; la démocra
436 l a la souveraineté et que le reste du peuple n’y a que voir ; la démocratie ou l’estat populaire quand tout le peuple ou
437 nd tout le peuple ou la plupart d’iceluy en corps a la puissance souveraine ; l’aristocratie quand la moindre partie a la
438 uveraine ; l’aristocratie quand la moindre partie a la souveraineté en corps, et donne loy au reste du peuple ». Et de mo
439 française. 4. Naissance de l’État-nation J’ ai écrit ailleurs71 les émergences et quelques-unes des conséquences his
440 s dialectique des concepts (II), sans décider qui a commencé ou résulté, de la poule ou de l’œuf. I. Chronologie La
441 oit mourir parce qu’il faut que la patrie vive », avait proclamé Robespierre. Louis en appelle à la Nation — qui a élu la Con
442 é Robespierre. Louis en appelle à la Nation — qui a élu la Convention. Cette dernière annule « l’appel de Louis Capet à l
443 Napoléon Ier. II. Dialectique des concepts a ) Au cours de la première étape de la Révolution, la souveraineté a ét
444 première étape de la Révolution, la souveraineté a été transférée de la personne sociale au petit groupe des détenteurs
445 ni communes. b) Louis XIV, le roi par excellence, avait brisé les féodaux et les communes, les grands et les moyens feudatair
446 nds commis — dont Colbert est resté le type — qui avaient pour charge unique d’organiser et de faire fonctionner le pouvoir roy
447 l’ensemble constituait l’État. L’État c’est moi, aurait dit Louis XIV, comme tout patron de droit divin ou tout chef d’entrep
448 des trois monarchies et des cinq républiques qui ont tenu son rôle en France jusqu’à nos jours), cet État pourrait dire, n
449 ue est toujours, au départ, révolutionnaire ». On a bien lu : « Bien savoir qui est l’État, c’est savoir au profit de qui
450 roupes françaises lors de la canonnade de Valmy n’ avait pas plus de contenu objectif que le cri de guerre des bolchéviques en
451 éviques en 1917 : Les soviets partout ! — mais il a gagné la journée. Bonaparte faisait peu de cas du concret de la natio
452 ire des habitants de l’Hexagone. « Ces Français n’ ont aucun sens de la nationalité ! », écrit-il, de l’École de Brienne, au
453 paysans et soldats). Les deux slogans fameux n’en ont pas moins servi à populariser les deux dictatures. e) La confusion in
454 bles, ceux qui constituent la nation, et qui n’en ont jamais touché en retour un sou vaillant. « National » veut créer l’il
455 oici leur enchaînement depuis un siècle et demi : a ) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de se
456 scipline sans cesse accrue du citoyen. Napoléon l’ avait prévue dès son accession au pouvoir : il entendait tout mettre en uni
457 officiel. Ce système, imposé à la France d’abord, a mis près de soixante-dix ans à se faire accepter par l’Europe entière
458 le grand dessein de Napoléon, mais qui après lui avait soulevé tant de résistances dans les élites traditionnelles et libéra
459 tnam, du Proche-Orient, de l’Amérique latine… (On a compté 135 « guerres limitées » de 1945 à 1983). L’État-nation, né de
460 . Dès aujourd’hui, les ordinateurs des deux camps ont pour principal objectif de mesurer les progrès de l’armement d’en fac
461 is, l’URSS seulement 29 000 fois : ce missile gap aurait été rattrapé assez largement par les Russes. Tout va donc bien pour l
462 , naguère détenus par des millions de citoyens, n’ aura signifié pareille somme d’imperceptibles abandons individuels. Or, ce
463 l’Homme et contre lui, par la mégamachine — qu’il a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une conven
464 chine — qu’il a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une convention tacite lie les deux personnes du dr
465 enir, de Lewis Mumford, etc. — Alexandre Marc les ayant d’ailleurs tous précédés d’une trentaine d’années sur ce point —, en
466 neté, refusent de se fédérer à l’Ouest, ou qui, n’ ayant qu’une souveraineté surveillée, ne peuvent y renoncer à l’Est, force
467 ineté nationale devient absolue et s’annule J’ ai rappelé le transfert de la Souveraineté du Roi médiéval à l’État clas
468 5). « C’est une erreur de croire que l’Histoire n’ a vu d’autre changement concernant la Souveraineté que son déplacement.
469 cernant la Souveraineté que son déplacement. Elle a surtout vu la construction de cette Souveraineté sans limites ni règl
470 ineté sans limites ni règles, dont nos ancêtres n’ avaient pas l’idée. » (p. 216) « Quand on disait alors souverain, on entendai
471 V dans sa majesté n’est qu’un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napoléon, profiteur d’un premier jacobinisme simp
472 simplificateur et même terroriste. Ce jacobinisme a émancipé le Souverain, en renversant l’empire antérieur de la Loy. Li
473 le les règles à sa guise… » (p. 237) Jean Bodin l’ avait déjà décrété dans sa Respublique (1576) : la souveraineté du prince c
474 du pouvoir par la police et par l’argent. Et l’on a vu (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres limites que celles que lu
475 d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’elle n’ a plus d’existence opérationnelle démontrable hormis sa faculté de bloq
476 à l’occasion des élections européennes. Mais vous auriez tort de penser que le recours à la « souveraineté nationale » ne peut
477 « Nation », en réalité : de l’État — comme nous l’ avons montré — la Souveraineté a perdu toute substance et toute vertu novat
478 tat — comme nous l’avons montré — la Souveraineté a perdu toute substance et toute vertu novatrice ou positivement impéra
479 résumé magistral de ce qui fut l’œuvre de sa vie, A Study of History 80, le plus grand philosophe de l’Histoire, en notre
480 lie qui veut que la décadence du monde hellénique ait résulté « de l’incapacité de ceux à qui la tâche incombait de dépasse
481 de la cité-État ». D’où le triomphe de Rome, qui avait su établir un compromis entre la cité-État et la communauté impériale
482 et l’administration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce compromis était psychologiquement possible dans les seules
483 ules communautés où l’idolâtrie de la cité-État n’ avait pas acquis une totale emprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. I
484 e où l’institution de la souveraineté nationale n’ aura pas été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons atte
485 ellent leurs serments sur tous les postes : ils n’ ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et n’accompliront jamais rien.
486 lors par l’instruction publique et les médias. On a tenté de les ranger ici, schématiquement, sur deux colonnes de « vert
487 ) Nota bene. 1. Dans les deux colonnes, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comporteme
488 . Le franco-provençal, parfois appelé burgondien, a été parlé du ixe siècle à la fin du xviiie siècle dans la région dé
489 de Napoléon, le général Charles-Marie Bonaparte, avait commandé l’arrière-garde de l’armée de Paoli, battue par les Français
490 titre de sa revue qui parut de 1933 à la guerre, avait été créé par le socialiste français Victor Considérant, en 1848. Il f
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
491 errogé sur l’élection du Parlement européen, « il avait eu un sourire avant de remarquer : — Cette élection n’est guère plus
492 sur l’élection du Parlement européen, « il avait eu un sourire avant de remarquer : — Cette élection n’est guère plus imp
493 e innocence apparente : « Trois interventions qui ont dominé le week-end politique, résumant parfaitement les interrogation
494 ’abord. Ni l’un ni l’autre des debaters ne semble avoir imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des chances de su
495 r imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des chances de surmonter sa crise nationale, l’union seule peut les y
496 ale, l’union seule peut les y aider. Pas un mot n’ a été prononcé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur son conten
497 des travaillistes pour les élections européennes a confirmé, le 21 mai, que les deux grands partis considèrent la consul
498 de, 23 mai 1984). Mrs. Thatcher s’est félicitée d’ avoir pu « arracher », à ses partenaires des Dix, des ristournes budgétaire
499 de 2 milliards de livres, « alors que le Labour n’ avait pas été capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de « bl
500 biguïté… Mr. Kinnock, pour le Parti travailliste, a exigé, lui, « le rapatriement » des pouvoirs « ravis au Parlement bri
501 ent contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie Il a été très précisément exposé dans un article du Corriere della Sera (2
502 tre pays les plus importants de la Communauté, il a constitué très nettement, sinon exclusivement, une occasion d’évaluer
503 les ministres sociaux-démocrates, accusés l’un d’ avoir appartenu à la fameuse loge P2, les deux autres de complaisance. (M.
504 ge P2, les deux autres de complaisance. (M. Craxi a d’ailleurs refusé la démission qu’ils lui offraient.) 4. Le cas de
505 sans peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajoutent (selon l
506 ormais un programme commun, créant ainsi ce qu’on eût appelé jadis une « Internationale écologiste », mais qu’il serait plu
507 e européenne. Une alliance des huit partis verts a été formée en janvier dernier, en l’absence toutefois des verts ouest
508 remarquables sur l’Europe Tout le monde semble avoir oublié que l’enjeu du 17 juin est le renouvellement du Parlement euro
509 par deux journalistes français, le 6 avril 1984, a confirmé et justifié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu
510 é et justifié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pour être une superpuissance, sauf la volonté. » L
511 as s’est adressée aux députés européens. La reine a insisté sur l’idée que les solutions communautaires doivent primer su
512 er sur les options étroitement nationales. « Vous avez raison de demander un accroissement de vos compétences », a-t-elle di
513 e demander un accroissement de vos compétences », a-t -elle dit aux députés, en ajoutant que la Communauté devrait rompre av
514 est née au xviiie siècle, la démocratie sociale a fait son apparition au xixe siècle. Et si la démocratie européenne d
515 eraineté absolue ». Seule une reine incontestable a su, en cette matière, se montrer généreuse, intelligente, et véritabl
516 n de s’appuyer mieux et plus sur les forces qui l’ ont portée au pouvoir ». L’Europe prétexte, une fois de plus. 83. « Défe
517 eut aussi impliquer une solution du type CED (qui a échoué en 1954) ou mieux, la création d’un modèle neuf : défense clas
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
518 , c’est-à-dire cette nuit et ce matin même, que j’ avais accepté une tâche absolument impossible, celle de résumer un colloque
519 us important ne saurait être résumé. Les mots qui ont fusé de partout, les échanges rapides, c’est tellement plus important
520 pourrait tirer de nos débats, que je crois que j’ ai entrepris quelque chose que je ne pourrai pas mener à bien. Alors, je
521 que possible dans mes conclusions, dans ce que j’ aurais à dire sur l’ensemble de ce colloque. Je crois que c’est le seul moye
522 Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a été de loin le plus riche par le n
523 s que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a été de loin le plus riche par le nombre et par l’importance des thème
524 t-être plus importants, les trois thèmes qui nous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème du
525 es qui nous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et sa prépa
526 Forum culturel de Budapest et sa préparation, qui a occupé la première journée. Deuxième thème, la sémantique : nous avon
527 ère journée. Deuxième thème, la sémantique : nous avons consacré toute une journée à l’examen des langues de bois diverses de
528 ines littératures, pas toutes, mais enfin il y en a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une jour
529 oup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une journée extrêmement instructive, pour tout le monde je crois,
530 e commune des Européens, mais juste esquissé ; on a indiqué des pistes à suivre ou à développer, plutôt qu’on ne l’a fait
531 istes à suivre ou à développer, plutôt qu’on ne l’ a fait vraiment. Sur le Forum culturel, premier thème, je vous avouerai
532 m culturel, premier thème, je vous avouerai que j’ ai tout appris ici. Je n’en savais rien. Quand j’ai vu cela sur le progr
533 ’ai tout appris ici. Je n’en savais rien. Quand j’ ai vu cela sur le programme, quand j’ai vu que certains avaient choisi c
534 ien. Quand j’ai vu cela sur le programme, quand j’ ai vu que certains avaient choisi comme thème le Forum culturel, considé
535 cela sur le programme, quand j’ai vu que certains avaient choisi comme thème le Forum culturel, considérations sur le Forum cul
536 lturel 1984-1985, c’était notre ami Boldizsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est-ce qu’on prépare déjà un forum
537 e seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que le Forum cultur
538 e. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ ai appris que le Forum culturel dont il était question allait commencer
539 en novembre à Budapest et se tiendrait en 1985. J’ ai appris qu’il était la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle ava
540 it la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle avait donné naissance à la conférence de Madrid, dont les déclarations fina
541 ons finales appelaient un Forum scientifique, qui a déjà eu lieu, puis ce Forum culturel. Il s’agit, si j’ai bien compris
542 eu lieu, puis ce Forum culturel. Il s’agit, si j’ ai bien compris, d’une réunion intergouvernementale, formée de trente-ci
543 la manière de désigner cette chose, ce « machin » aurait dit un général que vous connaissez. Il y a eu toutes sortes de propos
544 a eu toutes sortes de propositions. M. Boldizsar a proposé « dialogue multilatéral », mais il n’était pas sûr que cela p
545 ’était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une conversation ». Quant à moi, j’ai eu l’impertinence de
546 ont suggéré « une conversation ». Quant à moi, j’ ai eu l’impertinence de proposer le mot « foire », parce que cela me par
547 t suggéré « une conversation ». Quant à moi, j’ai eu l’impertinence de proposer le mot « foire », parce que cela me paraît
548 e tous les forums de ce genre, ne fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thème de Budapest sera une discussio
549 Europe. De cette discussion, de ces thèmes, nous ont parlé avec beaucoup de pertinence, de réalisme et de sagesse, M. Lipa
550 ôtes, l’un des organisateurs de Budapest. Il nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nommer ont i
551 andé, et plusieurs de ceux que je viens de nommer ont insisté là-dessus, de nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutô
552 nous sépare. Je vous avouerai tout de suite que j’ ai toujours eu quelque méfiance pour cette approche du problème. Les int
553 Je vous avouerai tout de suite que j’ai toujours eu quelque méfiance pour cette approche du problème. Les intellectuels v
554 à une discussion. S’ils étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est, dans
555 est d’abord une question de langage. Et ceci nous a amenés, durant la deuxième journée, à une discussion qui a roulé sur
556 durant la deuxième journée, à une discussion qui a roulé sur la sémantique, ou mieux encore, la sémiologie ; cela fait e
557 sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmement intéressant, très détaillé, de M.
558 ogiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu , d’abord, le rapport extrêmement intéressant, très détaillé, de M. Gr
559 de Madrid », c’est-à-dire le genre de termes qui ont été retenus, pour préparer Budapest, en étant absolument sûr que cela
560 pas oublier de mettre en valeur un intermède qui a occupé, je crois, tout l’après-midi du jeudi : Mme Oudaltsova nous a
561 tout l’après-midi du jeudi : Mme Oudaltsova nous a fait une communication trop modestement intitulée Byzance, ville d’ar
562 destement intitulée Byzance, ville d’art, et nous a projeté ensuite une série de diapositives d’une telle beauté que cela
563 de diapositives d’une telle beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images sur
564 e beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’il n’y avait
565 us a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter
566 avoir vu ces images sur un grand écran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel hommage à ce q
567 cran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame.
568 s levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame. Dans votre introduction, traitant de la culture urbai
569 écisive sur toute la culture et l’idéologie. Vous avez souligné, de la sorte, une distinction typologique importante entre l
570 ment ecclésiastique, religieuse, théologique, qui a imprimé des traits durables à toute la population russe, par l’interm
571 e l’Église orthodoxe. Je me suis demandé s’il n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai d’autres — de nouveau c
572 euxième thème, la sémantique. M. Grossrieder nous a donc appris mille choses importantes sur le langage propre aux congrè
573 re aux congrès, et ensuite, M. Georges Nivat nous a montré, par une analyse à mon sens admirablement raffinée et portant
574 et puis tout s’est détendu quand notre président a pris la parole pour dire que les propos de Georges Nivat lui avaient
575 ole pour dire que les propos de Georges Nivat lui avaient suggéré d’appliquer à l’Ouest la même analyse que Nivat venait d’appl
576 lyse que Nivat venait d’appliquer à l’Est. Cela m’ a frappé d’autant plus que j’avais eu la même idée en même temps que lu
577 quer à l’Est. Cela m’a frappé d’autant plus que j’ avais eu la même idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu le moin
578 l’Est. Cela m’a frappé d’autant plus que j’avais eu la même idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu le moindre
579 la même idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu le moindre échange. Je l’avais notée, et je vous ai lu mes notes j
580 e idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu le moindre échange. Je l’avais notée, et je vous ai lu mes notes just
581 , sans que nous ayons eu le moindre échange. Je l’ avais notée, et je vous ai lu mes notes juste après que le président soit i
582 le moindre échange. Je l’avais notée, et je vous ai lu mes notes juste après que le président soit intervenu. C’était en
583 tionaliste, de classe, bourgeoise dans notre cas, a provoqué des réactions littéraires parfois violentes, parfois compara
584 ables à celles que Nivat soulignait chez ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous, nous appelions cela l’explosion
585 me assez remarquable, le même phénomène que Nivat a souligné : pour échapper à l’idéologie, le retour à la littérature pa
586 idéologie. Le parallélisme est intéressant, et on a pu constater qu’il y avait des conflits parfois comparables des deux
587 rement littéraire, même religieuse, comme Nivat l’ a souligné, était un phénomène universel qu’il fallait étudier de près.
588 et des réponses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être le nœud du problème qui se posait
589 ue nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être le nœud du problème qui se posait à ce colloque. Il
590 y avait quelque chose de nodal, de central, et j’ ai eu l’impression de vivre un moment important : pour la première fois,
591 avait quelque chose de nodal, de central, et j’ai eu l’impression de vivre un moment important : pour la première fois, je
592 s grand péril jamais encouru par l’humanité. Nous avons eu l’impression qu’autour de cette table, quelque chose se nouait, qu
593 d péril jamais encouru par l’humanité. Nous avons eu l’impression qu’autour de cette table, quelque chose se nouait, qui p
594 vant à vivre, je crois. Je crois que ce moment-là a entièrement justifié notre colloque. Il y a eu une extrême richesse a
595 sse aussi, ce jour-là, dans les interventions qui ont suivi ces exposés plus longs, interventions de MM. Diez del Corral, A
596 de Luis Diez del Corral, sur l’impression qu’ils ont ressentie à Madrid en lisant tous les jours les communiqués de presse
597 reçu dans le tiers-monde. Je crois que, là, vous avez touché, cher ami, quelque chose de tout à fait important. Le grand da
598 e tout à fait important. Le grand danger que nous avons couru au cours des trente dernières années, en tenant nos colloques,
599 instituts pour l’étude de la culture européenne, a été de glorifier la culture européenne des siècles passés, tout en la
600 un exercice absolument stérile. Je pense que vous avez posé le doigt sur le vrai problème en parlant des réactions du tiers-
601 pour prendre mieux conscience de ce que l’Europe a fait dans le reste du monde, en diffusant sans la moindre précaution,
602 te ambivalence de notre science. Au début, le DDT a sauvé des récoltes immenses auparavant dévastées par les insectes, il
603 mmenses auparavant dévastées par les insectes, il a atténué ou presque supprimé les risques de malaria dans les pays où e
604 s maux encore pires que la malaria, si bien qu’on a dû interdire le DDT. Je crois que cet exemple symbolise un des aspect
605 que cet exemple symbolise un des aspects de ce qu’ a déchaîné sur le monde la civilisation occidentale. Je vois là un nouv
606 rentes cultures qui se partagent le monde. Nous l’ avons essayé il y a quelques années, au CEC, cela avait l’air prometteur. J
607 e c’est une chose à reprendre. Le troisième thème a été centré sur la culture européenne. Là-dessus, il m’est difficile d
608 ficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujourd’hui même. Je ne puis guère vous donner que des conclusio
609 ude. Tout le monde, dans les pays latins surtout, a été enthousiasmé par la définition de Paul Valéry : est absolument eu
610 Paul Valéry : est absolument européen tout ce qui a été touché ou formé par ces trois sources : Athènes, Rome et Jérusale
611 créatrices ou conflits irréductibles. Simone Weil avait très bien montré en quoi Rome était au fond incompatible avec Athènes
612 e qui est considérable ; la population germanique a fait un bon tiers de la population de l’Europe, un autre tiers étant
613 ces, mais sur la doctrine de l’amour en Europe. J’ ai essayé de le montrer dans un livre de jeunesse, que je crois que Hans
614 nesse, que je crois que Hans Mayer connaît, il en a parlé l’an dernier… Finalement, il y a la source slave, à laquelle Va
615 fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’il a jamais lu Dostoïevski, j’en doute parfois. La source slave, à partir
616 oute parfois. La source slave, à partir du xixe , a été considérable pour nous, ne fût-ce que par l’influence des romanci
617 Le jeudi matin, je ne sais plus qui d’entre nous a dit qu’il connaissait quatre-vingts définitions de la culture europée
618 Boldizsar. Il était onze heures du matin, et je l’ ai noté. À cinq heures de l’après-midi, un autre orateur a parlé de deux
619 . À cinq heures de l’après-midi, un autre orateur a parlé de deux-cent-quarante-cinq définitions de la culture européenne
620 s’était passé très vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était défi
621 et il n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était définition de la culture n’était pas cultur
622 définition de la culture n’était pas culture, il avait raison aussi. Donc, la culture européenne peut-être, en première appr
623 par des œuvres et par des personnes. Il peut y en avoir des millions, et cela sera juste dans la mesure où ce seront des pers
624 ou simplement lever les scrupules que je devrais avoir à vous présenter des conclusions aussi exorbitantes, c’est sans doute
625 tantes, c’est sans doute l’atmosphère joyeuse qui a régné sur ce colloque depuis trois jours. Je crois bien n’avoir jamai
626 r ce colloque depuis trois jours. Je crois bien n’ avoir jamais autant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
627 ’Europe (été 1985)v L’article que l’on va lire a paru d’abord dans la Rivista di Studi Politici Internazionali, publié
628 e substitut du Secrétaire d’État du Vatican — à n’ avoir jamais exercé aucune charge publique. En soulignant dans son introduc
629 dans son introduction au numéro ce que l’auteur n’ avait pas hésité à qualifier de « cafouillage politique sans précédent dans
630 tion maximale du siècle », le professeur Vedovato a donné à ce texte la valeur d’une conclusion quelque peu contestataire
631 temps, quoi qu’il arrive. Je dirai donc comment j’ ai perçu et vécu le problème du Conseil de l’Europe, selon ma vocation d
632 du Conseil de l’Europe Le Conseil de l’Europe a été conçu durant la préparation du premier Congrès de l’Europe, qui a
633 délégués français, et que bien des décisions qui ont fait l’histoire du xxe siècle furent prises ici. Et il ajoutait un p
634 ment après la fin de la guerre, l’idée européenne a pris forme, c’était au congrès de La Haye. J’y étais et j’y croyais. 
635 e La Haye. J’y étais et j’y croyais. » Le congrès avait réuni, sous la présidence d’honneur de Churchill, 800 délégués des pa
636 rs des six grandes associations pour l’Europe qui avaient conjointement organisé le congrès85. La séance de clôture se termina
637 na par la lecture d’un Message aux Européens . J’ avais obtenu de haute lutte que ce message fût rédigé par la commission cul
638 s. Organisateur et rapporteur de la commission, j’ eus donc l’honneur d’en être aussi le lecteur. En voici le texte : Mess
639 ique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’ aura connu un si puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la guerre,
640 libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’ auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand
641 ous donnait une Assemblée consultative, et nous l’ avions voulue législative ; cette assemblée était formée de délégués représe
642 ontré se trouve être Coudenhove-Kalergi, que je n’ avais pas revu depuis New York, pendant la guerre, mais que j’avais connu d
643 vu depuis New York, pendant la guerre, mais que j’ avais connu dès 1928, alors qu’étudiant à Vienne je corrigeais les traducti
644 s traductions françaises de sa revue Paneuropa. J’ ai rencontré peu d’hommes aussi directs que Coudenhove : « L’Europe Char
645 s que Coudenhove : « L’Europe Charlemagne, nous l’ aurons dans dix ans », me dit-il en me serrant la main. Quelques marches plu
646 ement excessif : je ne suis de loin pas le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle est encore loin de se réaliser…) En fa
647 nseils de prudence. Mais 300 « jeunes Européens » ont décidé de manifester : ils ont été à la frontière franco-allemande to
648 jeunes Européens » ont décidé de manifester : ils ont été à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas une
649 é à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas une douzaine de poteaux frontières, en brandissant le drapea
650 concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vécues, et dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’agit de mes
651 écidés à « bousculer les gouvernements », comme l’ avait suggéré Paul-Henri Spaak. 1. Au printemps de 1950, j’avais écrit cin
652 éré Paul-Henri Spaak. 1. Au printemps de 1950, j’ avais écrit cinq Lettres aux députés européens , et j’avais obtenu de leur
653 écrit cinq Lettres aux députés européens , et j’ avais obtenu de leur éditeur86 qu’il aille lui-même en placer une copie sur
654 le reprochent certains qui, par principe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’il faut aller lentement dans tous les
655 sano, wait and see, step by step. Les vieillards ont l’humeur proverbiale, mais votre Assemblée est trop jeune. Je lui pro
656 é. — Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui ne veut
657 illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’ a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvai
658 » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes,
659 s peuples sans une propagande massive. Personne n’ a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une ca
660 rmes, il faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux.
661 ai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’ai
662 que je viens de citer, qui firent du bruit88, j’ avais repris, en y ajoutant quelques rosseries, les thèses majeures de mes
663 vistes, les Volontaires d’Europe, avec lesquels j’ ai déjà eu quelques contacts. Idée générale : organiser un « Serment du
664 les Volontaires d’Europe, avec lesquels j’ai déjà eu quelques contacts. Idée générale : organiser un « Serment du Jeu de P
665 s jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ils aient donné à l’Europe une constitution fédérale qui sera soumise à la rati
666 rendum. Un premier serment de Strasbourg, en 842, a préludé au partage de l’Europe entre les fils de Charlemagne. 1950 do
667 Villey et sa femme au Café de France jusqu’à 1 h a .m. Vendredi 25 août : « À 10 h, à l’Assemblée, Jacquet me dit que le
668 oies privées — la presse n’en dira pas un mot — j’ ai appris que la motion Jacquet avait été refusée. Tout simplement. 3.
669 ra pas un mot — j’ai appris que la motion Jacquet avait été refusée. Tout simplement. 3. Le Conseil de l’Orangerie. Suite, s
670 s la responsabilité du professeur Mouskhély. Il m’ avait averti de son projet dès fin août. Il me demande aujourd’hui de rédig
671 e… Le Conseil de l’Europe, averti de l’événement, a fait bâtir une passerelle qui dominera la foule, et sur laquelle le p
672 er, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux frontières, symbole des souverainetés nationales né
673 es, c’est la jeunesse européenne entière que nous avons conscience de représenter ici. Si une nouvelle fois, mais en plus gra
674 ne nouvelle fois, mais en plus grand nombre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison — la
675 de nous faire entendre par vous directement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers
676 Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos lenteurs et vos hésita
677 on fédérale. Délégués de Strasbourg, dès que vous aurez eu le courage de cet acte simple, vous sentirez monter vers vous notr
678 érale. Délégués de Strasbourg, dès que vous aurez eu le courage de cet acte simple, vous sentirez monter vers vous notre f
679 intacte. Ne trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne pouvez plus multiplier les professions d
680 ope, mais alors qu’ils le disent clairement. Nous avons le droit d’attendre que vos actes répondent à vos discours. C’est sur
681 ernier par la France et l’Allemagne fédérale, qui ont eu l’audace de « simplifier les formalités douanières » entre leurs d
682 er par la France et l’Allemagne fédérale, qui ont eu l’audace de « simplifier les formalités douanières » entre leurs deux
683 atut du Conseil de l’Europe — celles-là mêmes qui avaient motivé la grande protestation de l’année cinquante. On vit paraître s
684 e : ce projet de Constitution européenne que nous avions en vain espéré de Strasbourg. Mais il naquit d’une décision prise, à
685 nand Dehousse ? Personne, à ma connaissance, ne l’ a mieux fait en moins de mots que J.-P. de Dadelsen, dans le n° 1 du C
686 etés sans en aucune façon les « abandonner », ils ont donné naissance à un pouvoir central93, strictement délimité, qui ne
687 représentants des souverainetés nationales — qui avaient pris soin de lier son sort à celui de la CED, comme on vient de le ra
688 Communautés économiques européennes ou CEE : elle eût , de toute manière, échappé à la sphère politique du Conseil de l’Euro
689 de l’Europe94. Entre-temps, Paul-Henri Spaak, qui avait été le premier président de l’Assemblée consultative du CE, avait rep
690 mier président de l’Assemblée consultative du CE, avait repris sa charge de ministre des Affaires étrangères de Belgique. De
691 ir les Fous — ne voyez-vous pas où les Sages nous ont conduits ? » Relisant cela dans un journal allemand et pour en vérifi
692 en même temps il s’en allait. Pour tous ceux qui avaient mis leur espoir dans l’avenir du Conseil de l’Europe, il y avait là u
693 e l’Europe Dès la fin des années 1950, faute d’ avoir résolu le vrai problème : celui de ses finalités politiques au sens l
694 es du Message de La Haye. Des succès importants ont été obtenus dans ce domaine : les droits de la personne, à de nombreu
695 droits de la personne, à de nombreuses reprises, ont prévalu sur les « raisons d’État » automatiquement invoquées. Mais c’
696 t comme prédestinées, du Conseil de l’Europe. On a souvent cité, ces derniers temps — et surtout depuis les « échecs » s
697 efaire, je commencerais par la culture. » Et l’on a vu la CEE soutenir discrètement des congrès comme celui, tout récent,
698 libertés proprement politiques les principes qui ont formé d’un même mouvement l’Europe et sa culture commune. Il est vrai
699 t vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ ont guère pris force qu’à partir de 1953, c’est-à-dire là aussi à la suit
700 inents penseurs et hommes d’État européens (que j’ eus l’honneur de présider) avaient été chargés d’introduire les grands th
701 ’État européens (que j’eus l’honneur de présider) avaient été chargés d’introduire les grands thèmes historiques, religieux, ph
702 iches de ces temps héroïques. Par la suite, le CE a constitué un Comité de coopération culturelle (CDCC) auquel on doit d
703 ple hélas parfait d’une situation de ce type nous a été récemment fourni par l’épisode de la Déclaration européenne sur l
704 is de mai 1980, sur la base d’un texte que l’on m’ avait demandé de préparer. Un an plus tard — les documents originaux ayant
705 éparer. Un an plus tard — les documents originaux ayant passé à la moulinette de commissions nationales aussi « souveraines »
706 ortance des valeurs culturelles. À cette fin, ils ont invité le Comité des ministres du Conseil de l’Europe à demander au C
707 ous apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas une culture commune des Européens (formée au cours de trois millé
708 on sait). Faut-il en conclure que les nations où ont prévalu les cultures « humanistes laïques » issues de l’Aufklärung, d
709 la révolution jacobine, et surtout de Karl Marx, ont toutes fait et font encore preuve d’un attachement « inaliénable » à
710 On est parti de ces besoins les mieux connus, on a reconnu rapidement les causes d’insuffisances, et de malfonctionnemen
711 blème crucial des régions transfrontalières (on n’ avait pas osé le dire franchement, pudeur stato-nationaliste oblige) du typ
712 ressources. Tout le reste est littérature. Il n’y a pas de libertés sans responsabilités correspondantes, comme, en retou
713 st tenu pour responsable de ses actes s’il ne les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour assassin pou
714 : le bon soldat n’est pas tenu pour assassin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Dans ce domaine clé du progrès politiqu
715 d’Europe par un escargot. Avouons que les choses ont empiré depuis. On dirait que les Européens, désormais, ont pris l’hab
716 é depuis. On dirait que les Européens, désormais, ont pris l’habitude du sur-place ; qu’ils ont pris leur parti d’avoir pas
717 ormais, ont pris l’habitude du sur-place ; qu’ils ont pris leur parti d’avoir passé un tiers de siècle à ne plus avancer, à
718 itude du sur-place ; qu’ils ont pris leur parti d’ avoir passé un tiers de siècle à ne plus avancer, à parler de l’union sans
719 struction européenne » — situation que personne n’ a prévue et moins encore voulue, mais qui consiste, au fait et au prend
720 eux assemblées sans nuls liens et dont les vœux n’ ont guère de poids au regard des intérêts particuliers des États membres.
721 a qualité des hommes ne faisant aucun doute, on l’ a vu par les noms cités plus haut — la seule question qui demeure ouver
722 jourd’hui, refuser cela ? Si le présent article n’ avait d’autre utilité que de poser la question à nouveau, aujourd’hui, je n
723 de poser la question à nouveau, aujourd’hui, je n’ aurais pas perdu mon temps ni celui de mes lecteurs. P.-S. — Je lis dans l
724 té européenne et le Conseil de l’Europe. » La CEE a constitué un « Comité ad hoc sur les questions institutionnelles ». L
725 estions institutionnelles ». Le CE, pour sa part, a institué, fin 1984, la « Commission Colombo », formée de personnalité
726 nri Brugmans, Alexandre Marc, Raymond Silva), qui avait sans cesse été à l’avant-garde de l’action sur l’opinion publique. Ce
727 rétaire général, le Polonais Joseph Retinger, qui avait été « l’éminence grise du congrès de La Haye ». 86. Mon ami Richard
728 lendes, Neuchâtel, Suisse. 87. Note de 1984. On aura reconnu là le raisonnement que tinrent les partisans de l’Europe unie
729 dont les interventions rapportées par Le Monde m’ ont paru de premier ordre. Il me dit : « Monsieur, vous êtes l’homme qui
730 chef des fédéralistes catholiques : « Vos lettres ont vraiment remué tous mes collègues, je vous assure, l’impression est p
731 impression est profonde. D’ailleurs, Bidault vous a déjà cité hier à l’assemblée. » Maurice Schumann : « Vos lettres, mon
732 k descendant l’escalier de notre hôtel : « Je les ai lues, enfin ! » Moi : « Quoi ? » — « Vos fameuses, voyons ! Comme vou
733 s du Centre européen de la culture (pour lequel j’ ai demandé le patronage du Conseil), puis Senghor, puis Mme Rehling (RFA
734 t Henri Brugmans, Alexandre Marc et Raymond Silva avaient été les fondateurs, relayés en 1948 par Henri Frenay, Altiero Spinell
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
735 maladies. Ce n’est pas très facile à résumer : j’ ai à peine recommencé à travailler. Mais ce que je dois faire maintenant
736 a que je réécrive presque entièrement, bien que j’ aie déjà cent, cent-cinquante pages de chacun, écrites depuis quinze ou v
737 étaphysique ou politique. Et puis, à part cela, j’ ai encore mes activités européennes. Je compte me retirer maintenant, vu
738 grand âge, du Centre européen de la culture que j’ ai créé en 1948 et inauguré en 1950. Mais je ne vais pas le laisser, l’a
739 a construction fédérale de l’Europe. Voilà. Quel a été le chemin qui vous a permis de devenir écrivain, essayiste, homme
740 e l’Europe. Voilà. Quel a été le chemin qui vous a permis de devenir écrivain, essayiste, homme politique ? Je vous dira
741 d que quand je suis sorti de l’enfance, lorsque j’ avais 14-15 ans, j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire dans la
742 sorti de l’enfance, lorsque j’avais 14-15 ans, j’ ai commencé à me demander ce que j’allais faire dans la vie, comme on le
743 dans la vie, comme on le fait à cet âge-là, et j’ ai décidé que j’allais devenir chimiste. Pourquoi ? Parce que j’avais lu
744 j’allais devenir chimiste. Pourquoi ? Parce que j’ avais lu par hasard un ouvrage d’un chimiste français un tout petit peu far
745 n chimiste français un tout petit peu farfelu qui avait fait des croissances imitant des croissances végétales ou biologiques
746 es de crèmes qu’il fabriquait avec de la colle. J’ ai été fasciné par cela, je me suis mis à l’imiter et à essayer de refai
747 sais que ça. J’étais décidé à devenir chimiste, j’ ai été jusqu’à lire de gros traités de chimie qui étaient très difficile
748 x ans de leçons de chimie sérieuses au gymnase, j’ ai compris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma
749 bachot furent vraiment épouvantables pour moi : j’ avais quatorze heures de mathématiques par semaine. J’en ai beaucoup souffe
750 uatorze heures de mathématiques par semaine. J’en ai beaucoup souffert, et je me suis mis, pour essayer de compenser cette
751 aucoup de sport, j’étais passionné de football, j’ ai lu un livre de Montherlant qui était à la gloire du football, intitul
752 Le Paradis à l’ombre des épées, un beau titre. J’ ai été tellement enthousiasmé par cette lecture (surtout quand j’ai appr
753 t enthousiasmé par cette lecture (surtout quand j’ ai appris que Montherlant jouait au goal — moi j’étais presque toujours
754 suis mis à écrire un article sur son livre. Je l’ ai envoyé à une revue, la seule revue que je connaissais, qui était La S
755 , qui était La Semaine littéraire, à Genève, et j’ ai reçu trois jours après au Gymnase de Neuchâtel, qui avait la même adr
756 çu trois jours après au Gymnase de Neuchâtel, qui avait la même adresse que l’Université, une réponse immédiate du directeur
757 is révélé ainsi à mes professeurs de sciences qui ont compris pourquoi j’avais tant de peine à faire des maths et de la chi
758 rofesseurs de sciences qui ont compris pourquoi j’ avais tant de peine à faire des maths et de la chimie. Je les trahissais en
759 sant de la littérature. C’était très mal vu. Je n’ ai plus fait que ça depuis lors. Après ses études universitaires en lett
760 e, Denis de Rougemont est parti pour Paris, où il a travaillé auprès de maisons d’édition et écrit les premières œuvres q
761 s d’édition et écrit les premières œuvres qui lui ont immédiatement valu la notoriété. Ce fut une période de grande créativ
762 fut une période de grande créativité. À Paris, j’ ai découvert toutes sortes d’écoles de pensée nouvelles. C’était en 1931
763 u’on appelle maintenant dans plusieurs livres qui ont paru en France « les années 1930 ». On découvrait la pensée existenti
764 M. Sartre. On découvrait les auteurs allemands. J’ ai découvert Kierkegaard, devenu un de mes grands maîtres, qui était aus
765 nds maîtres, qui était aussi théologien ; alors j’ ai commencé à m’intéresser à la théologie. J’ai découvert Heidegger, le
766 rs j’ai commencé à m’intéresser à la théologie. J’ ai découvert Heidegger, le philosophe allemand. Et puis avec mes amis, n
767 philosophe allemand. Et puis avec mes amis, nous avons très vite fondé des groupes de pensée autour d’une idée de l’homme, e
768 du, ce que Marx appelait l’individu atomisé. Nous avions repris un peu de cette critique-là, tout en étant très antimarxistes
769 t en étant très antimarxistes pour le reste. Nous avons alors fondé les groupes personnalistes qui continuent aujourd’hui enc
770 ommun évidemment avec le mouvement fasciste. Nous avons développé des théories sur l’actualité, sur l’évolution du monde, de
771 mais en avant, devant les problèmes ». Nos idées ont joué un certain rôle dans le développement politique français, à cett
772 ent politique français, à cette époque. Puis nous avons développé des théories politiques constructives, curieusement sur la
773 Russe, il y avait des Allemands, un Italien. Nous avions beaucoup d’amis, presque des disciples déjà, en Angleterre, en Belgiq
774 disciples déjà, en Angleterre, en Belgique. Nous avons alors élaboré, d’une manière encore très théorique, une conception de
775 l fallait fédérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce terme d’État-nation qui est utilisé maintenant un peu partou
776 n qui est utilisé maintenant un peu partout. Nous avons dénoncé cette nouvelle tyrannie moderne qui consiste dans le fait que
777 t le sentiment qu’ils ne sont pas responsables. J’ ai commencé à poser les bases de ma philosophie politique, à ce moment-l
778 les deux adjectifs étant absolument liés. Je n’en ai jamais démordu, de cette théorie-là qui est fondamentale pour tous me
779 même qu’en justice, on sait très bien que si vous avez commis une grave faute ou un crime et que votre avocat peut démontrer
780 démontrer que vous n’étiez pas libre quand vous l’ avez commis, vous n’êtes pas tenu non plus pour responsable. Voilà une cho
781 le sur laquelle repose toute la critique que nous avons fait de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas mal de
782 que nous avons fait de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas mal de domaines de la politique et de la vi
783 sponsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et
784 t redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions
785 ais commencer à appliquer mes idées sur le vif. J’ ai fondé en même temps avec un ami de Zurich, Theophil Spoerri, professe
786 up), c’est le premier mouvement de résistance qui ait été créé en Europe, heureusement il n’a jamais eu à entrer en fonctio
787 nce qui ait été créé en Europe, heureusement il n’ a jamais eu à entrer en fonction contre les Allemands. Alors que nous é
788 it été créé en Europe, heureusement il n’a jamais eu à entrer en fonction contre les Allemands. Alors que nous étions en t
789 ser cette Ligue du Gothard avec des gens que nous avions pris à droite et à gauche conformément à ma philosophie « ni gauche n
790 devant les problèmes », il y a eu un incident qui a changé le cours de ma vie. Le 15 juin 1940, mon ordonnance est entrée
791 0, mon ordonnance est entrée dans mon bureau et m’ a dit : « Mon premier-lieutenant, on vient d’entendre qu’Hitler est ent
792 ntendre qu’Hitler est entré dans Paris. » Comme j’ avais habité Paris pendant douze ans, cela m’a fait un choc. Je me suis mis
793 me j’avais habité Paris pendant douze ans, cela m’ a fait un choc. Je me suis mis à écrire à toute vitesse deux pages que
794 uis mis à écrire à toute vitesse deux pages que j’ ai envoyées à la Gazette de Lausanne . Le lendemain, dimanche 16 juin,
795 e de Lausanne . Le lendemain, dimanche 16 juin, j’ ai montré mon manuscrit à mon beau-frère qui était à la censure. Il m’a
796 rit à mon beau-frère qui était à la censure. Il m’ a dit : « Tu peux être tranquille, ça ne passera jamais, c’est beaucoup
797 eau à sept heures, près de la gare de Berne, où j’ avais acheté ma Gazette de Lausanne sans plus penser à mon article. Il ét
798 nt dans le grand état-major et chez le général. J’ ai été mis aux arrêts immédiatement pour atteinte à la neutralité suisse
799 oque. Finalement le chef de la Justice de l’armée a déclaré que je ne tombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’il
800 it pas s’occuper de la chose. Le général Guisan m’ a donné alors une punition personnelle, ce que seul le chef de l’armée
801 ition personnelle, ce que seul le chef de l’armée a le droit de faire. Cela m’a été annoncé par un gros colonel bernois,
802 ul le chef de l’armée a le droit de faire. Cela m’ a été annoncé par un gros colonel bernois, qui est venu chez moi — j’av
803 n gros colonel bernois, qui est venu chez moi — j’ avais loué une petite maison sur les pentes du Gurten, au-dessus de Berne.
804 au pain, à l’eau, sans visites ni courrier. Vous avez bien compris ? Répétez. » J’ai répété comme on doit le faire, puis il
805 i courrier. Vous avez bien compris ? Répétez. » J’ ai répété comme on doit le faire, puis il m’a dit, comme on doit le fair
806 . » J’ai répété comme on doit le faire, puis il m’ a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous des observations à pr
807 puis il m’a dit, comme on doit le faire aussi : «  Avez -vous des observations à présenter ? » J’ai répondu : « Non, mon colon
808  : « Avez-vous des observations à présenter ? » J’ ai répondu : « Non, mon colonel, aucune, j’ai toujours été pour les vaca
809  ? » J’ai répondu : « Non, mon colonel, aucune, j’ ai toujours été pour les vacances payées. » Après cette insolence, on a
810 les vacances payées. » Après cette insolence, on a bu un verre ensemble puis il m’a dit : « Alors vous avez bien compris
811 te insolence, on a bu un verre ensemble puis il m’ a dit : « Alors vous avez bien compris : à partir de maintenant, vous ê
812 un verre ensemble puis il m’a dit : « Alors vous avez bien compris : à partir de maintenant, vous êtes au fort de Saint-Mau
813 avec une petite femme à chaque bras, parce qu’on a besoin de vous au bureau. » J’ai continué à participer à la Ligue du
814 bras, parce qu’on a besoin de vous au bureau. » J’ ai continué à participer à la Ligue du Gothard, mais cela devenait diffi
815 rmée. Si bien que quand la Fondation Pro Helvetia a proposé que j’aille en Amérique pour un bref voyage faire jouer à la
816 ew York un oratorio sur Nicolas de Flue , dont j’ avais écrit le texte un an auparavant, mis en musique par Arthur Honegger,
817 uparavant, mis en musique par Arthur Honegger, on a été trop content de pouvoir se débarrasser de ma personne : j’étais d
818 personne : j’étais devenu gênant en Suisse, on m’ a donné un passeport diplomatique, et allez ouste, départ avec toute ma
819 ma famille (ma première femme et deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyssée que d’arriver en Améri
820 t deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyssée que d’arriver en Amérique en cargo, en 1940. Il
821 La guerre entre le Japon et les États-Unis. Je n’ ai donc pas pu revenir en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’ai
822 ts-Unis. Je n’ai donc pas pu revenir en Europe. J’ ai passé six ans en Amérique et j’ai dû m’y débrouiller. Denis de Rougem
823 ir en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’ ai dû m’y débrouiller. Denis de Rougemont est resté aux États-Unis jusqu
824 ait battu, si nous pourrions rentrer en Europe. J’ avais beaucoup d’amis de tous les pays européens, réfugiés là-bas, avec qui
825 sions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une chose à faire, c’est une fédération européenne. Je n’avais pas
826 se à faire, c’est une fédération européenne. Je n’ avais pas du tout d’argent pour rentrer, aucun job ni rien, et voilà que je
827  » comme on dit en anglais : un cadeau du ciel. J’ ai pris un avion pour la première fois de ma vie, ou à peu près. Superbe
828 s. Superbe traversée. Je suis arrivé à Paris où j’ ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’était devenue l’Europe aprè
829 e suis allé chez mes parents près de Neuchâtel. J’ ai préparé ma conférence pour les « Rencontres internationales » et l’ai
830 ence pour les « Rencontres internationales » et l’ ai donnée le jour même de mes 40 ans, le 8 septembre 1946. Cela a très b
831 our même de mes 40 ans, le 8 septembre 1946. Cela a très bien marché, il y avait une brochette de conférenciers remarquab
832 f conférenciers, dont j’étais le plus jeune, et j’ ai parlé des maladies de l’Europe, de la mauvaise mine que je lui trouva
833 cinq ans d’Amérique. Sans que je m’en doute, cela a été mon premier acte d’engagement européen. J’avais conçu une théorie
834 a a été mon premier acte d’engagement européen. J’ avais conçu une théorie de l’engagement de l’écrivain, mais là je passais d
835 e l’intérêt de Denis de Rougemont il y a toujours eu , comme nous l’avons vu, l’homme, en tant que personne libre et respon
836 nis de Rougemont il y a toujours eu, comme nous l’ avons vu, l’homme, en tant que personne libre et responsable, par oppositio
837 ment, qui s’appelait « mouvement personnaliste », a porté toute sa réflexion sur l’homme, but de la société, et non pas l
838 pense que la société est le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au service de l’homme, doit l’être.
839 rès bien de faire des recherches scientifiques. J’ ai été passionné dès le début par des amis physiciens qui me parlaient d
840 mes ou de gagner le plus possible de milliards, j’ ai vu commencer là la grande crise du monde moderne qui peut le conduire
841 z, c’est une chose qui est connue maintenant, qui a été vérifiée par toutes les commissions scientifiques américaines, à
842  ». Cela on le sait. Pourquoi ? Parce que l’homme a oublié les finalités : il croit que la finalité c’est la puissance. O
843 la liberté et la responsabilité liées, comme je l’ ai dit, et l’amour. L’amour est un des grands thèmes de Denis de Rougemo
844 ndis que l’amour-passion, comme le mot l’indique, a pour étymologie « pati », en latin, qui veut dire subir, souffrir. L’
845 que la seule définition satisfaisante de Dieu qui ait jamais été donnée, c’est celle de saint Jean : « Dieu est amour. » Év
846 s leur véritable sens. Dans quelles circonstances avez -vous écrit le livre L’Amour et l’Occident  ? Eh bien, c’était dans l
847 emier mariage. Je sortais d’une jeunesse que l’on aurait qualifiée, en milieu bourgeois, d’un peu orageuse. J’y ai bien appris
848 fiée, en milieu bourgeois, d’un peu orageuse. J’y ai bien appris ce qu’était l’amour-passion, et à quelles catastrophes ce
849 , et à quelles catastrophes cela pouvait mener. J’ ai éprouvé le besoin d’écrire ce livre ; c’est toujours difficile, après
850 ujours difficile, après coup, de dire pourquoi. J’ ai commencé à l’écrire dans un état de concentration et de passion litté
851 sidérables. Au moment, prévu par le contrat, où j’ aurais dû remettre mon manuscrit, qui devait paraître dans une collection, j
852 scrit, qui devait paraître dans une collection, j’ ai dû céder mon tour. J’ai reçu une lettre de l’éditeur me disant : « J’
853 re dans une collection, j’ai dû céder mon tour. J’ ai reçu une lettre de l’éditeur me disant : « J’ai une grande requête à
854 J’ai reçu une lettre de l’éditeur me disant : « J’ ai une grande requête à vous faire : pourriez-vous céder votre tour de d
855 L’auteur s’appelait le colonel de Gaulle. Alors j’ ai répondu par une lettre un peu humoristique, disant : « Mon patriotism
856 fait, j’étais délivré d’un poids énorme, car je n’ avais pas encore écrit une ligne ! Je pensais à mon livre tout le temps, ma
857 ! Je pensais à mon livre tout le temps, mais je n’ avais rien écrit. C’est dans un état de fièvre et de concentration extraord
858 centration extraordinaires que je m’y suis mis. J’ ai écrit ce livre en trois mois, un gros livre de 380 pages. Vraiment da
859 supposait une quantité de recherches auxquelles j’ aurais pu passer ma vie. Quand j’ai commencé à mesurer mon ignorance en hist
860 hes auxquelles j’aurais pu passer ma vie. Quand j’ ai commencé à mesurer mon ignorance en histoire, sur l’histoire de la pa
861 brouiller mes idées là-dessus, et en trois mois j’ ai bouclé le livre qui a paru en 1939, quelques mois avant la guerre. La
862 dessus, et en trois mois j’ai bouclé le livre qui a paru en 1939, quelques mois avant la guerre. La société d’aujourd’hui
863 notre petite région, et c’est là que peu à peu j’ ai retrouvé ma tradition suisse de fédéralisme poussé encore plus loin q
864 ie : elles doivent communiquer entre elles, elles ont des intérêts communs. Par exemple, il y a une communauté qu’il nous f
865 enève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des intérêts communs. De tout ce qui concerne les problèmes du lac, d
866 anté, de sa protection (problèmes que ces régions ont en commun depuis des siècles), il faudrait arriver à faire une sorte
867 aussi. Leur développement au cours de l’histoire a malheureusement coupé ces régions par des frontières absolument arbit
868 r, se fédérer, se confédérer, comme les Suisses l’ ont fait de tout temps. Non pour créer une puissance guerrière, mais pour
869 appeler la révolution personnaliste, à laquelle j’ ai consacré non seulement beaucoup de livres, mais mon action depuis qua
870 nçais, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont beaucoup de choses en commun depuis des siècles, depuis des millénair
871 e cohérence, on pourrait m’accuser peut-être d’en avoir trop dans les détails. Ce que j’ai fait, conformément à ma doctrine,
872 t-être d’en avoir trop dans les détails. Ce que j’ ai fait, conformément à ma doctrine, était de l’engagement, et non pas d
873 de l’engagement, et non pas de la théorie pure. J’ ai tout de suite commencé à travailler pour créer une cellule en Europe
874 nce de clôture lit le Message aux Européens qu’il a été chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » charg
875 ient utilisées au bénéfice de l’Europe unie. Cela a été la première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’est fait dep
876 rand anneau que le CERN construit maintenant, qui a 27 km de long. Cela s’est appelé le Centre européen de recherches nuc
877 création. Puis, sous l’égide de l’Unesco, le CERN a passé aux gouvernements, sortant ainsi de nos mains : mais nous en av
878 ements, sortant ainsi de nos mains : mais nous en avions fait la conception première. Ensuite nous avons créé de nombreuses as
879 avions fait la conception première. Ensuite nous avons créé de nombreuses associations, très différentes les unes des autres
880 ation européenne des festivals de musique, dont j’ ai été président pendant plus de trente ans, avec 40 festivals européens
881 pération européenne sur un plan bien précis. Nous avons fait aussi de nombreuses incursions dans le domaine de l’éducation, e
882 nalistes, mais des Européens qui sachent que nous avons des valeurs communes qui nous viennent de Rome, d’Athènes, de Jérusal
883 e vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre depuis maintenant presque quarante ans. Il y a eu des
884 uarante ans. Il y a eu des hauts et des bas. Nous avons traversé une crise assez forte ces dernières années. Cela m’a obligé
885 ne crise assez forte ces dernières années. Cela m’ a obligé de continuer à m’occuper du Centre européen de la culture, bie
886 uper du Centre européen de la culture, bien que j’ aie largement dépassé l’âge de la retraite. Cela va m’obliger à m’en occu
887 berté de l’homme. Un livre souvent incompris, qui a provoqué en lui un sentiment de solitude et d’amertume. Il nous dit :
888 et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous confiant
889 que l’œuvre à laquelle il est attelé avec passion aura pour titre La Morale du But , la politique des finalités. Une œuvre
890 ernière guerre du genre humain, après quoi il n’y aurait plus personne pour en parler. Éviter la guerre, concrètement, c’est f
891 d’être victime de leur politique. L’Europe, on l’ a souvent dit, risque d’être leur otage ou leur champ de bataille. Ce n
892 rope était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut être mangé à la sauce
893 s’unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça. J’en ai des preuves quasi quotidiennes : j’ai de bons amis là-bas, ils m’écri
894 ue ça. J’en ai des preuves quasi quotidiennes : j’ ai de bons amis là-bas, ils m’écrivent souvent, me téléphonent, traduise
895 her de l’emprise de la dictature soviétique. Là j’ ai de l’espoir. Vous me demanderez si j’ai l’espoir que cette fédération
896 que. Là j’ai de l’espoir. Vous me demanderez si j’ ai l’espoir que cette fédération européenne se réalisera. J’en ai à cert
897 ue cette fédération européenne se réalisera. J’en ai à certains égards. Je ne veux pas dire que je suis optimiste. J’ai in
898 rds. Je ne veux pas dire que je suis optimiste. J’ ai intitulé un de mes premiers articles politiques : « Principes d’une p
899 r des réalités solides, réalistes, économiques », ont maintenant complètement changé. On a beaucoup cité une phrase de Jean
900 omiques », ont maintenant complètement changé. On a beaucoup cité une phrase de Jean Monnet, peu avant sa mort. Jean Monn
901 lui attribue cette phrase, je ne sais pas s’il l’ a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’étai
902 phrase, je ne sais pas s’il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’était à recommencer, je
903 uis très content et je suis optimiste parce que j’ ai énormément œuvré pour cela : je me dis donc que cela n’a pas été perd
904 ément œuvré pour cela : je me dis donc que cela n’ a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, en
905 e environnement, et par conséquent notre santé. J’ ai été dans les premiers rangs des écologistes, il y a de cela quinze, v
906 vous parle de la mort des forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On ne voulait
907 er la nature, et je pense que la cause écologique a fait des progrès gigantesques dans le monde entier. Voilà donc aussi
908 oi-même. Cela nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de liberté et un certain désir de puiss
909 ut prendre sur soi-même. Voilà, je crois que je n’ ai rien à ajouter là-dessus. J’ai formulé les grands buts que doivent se
910 je crois que je n’ai rien à ajouter là-dessus. J’ ai formulé les grands buts que doivent se fixer à peu près en même temps
911 tième année. L’interview que nous vous présentons a été réalisé à la fin septembre par M. Guido Ferrari de la Télévision
912 Ferrari de la Télévision suisse italienne. Cadmos a tenu à en rendre le contenu dans toute la fraîcheur et la spontanéité