1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 un parti totalitaire ou un groupuscule subversif, ce qui est à peu près le contraire du sens que les personnalistes donnèr
2 ponsabilités dans cette affaire, et à débrouiller ce que les journalistes, suivis par la critique, ont brouillé, fabriqué,
3 jour le jour qui tient lieu de vertu politique à ce siècle débile et fiévreux ? On se demande alors de quoi je me mêle. J
4 e activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en eff
5 ni des contraintes qu’il y faut, puissent quitter ce combat mauvais, et porter ailleurs leur violence. Ou plus exactement
6 t découvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, po
7 tôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir s
8 es, et provoquer des adversaires plus nobles. Est- ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a r
9 tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est- ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des
10 lles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est- ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? Pour
11 l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en quelque façon au bien ou au mal de beauco
12 lle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût-elle désespérée. Et
13 e marxiste, en dehors de laquelle s’est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se p
14 ais que par une politique établie dès le départ à ce niveau et dans cette vue. Le style engage C’est dans Penser a
15 marxistes, pour que l’histoire dure, — après tout ce n’est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et
16 ’incarner, l’idée qui crée un risque dans ma vie. Ce risque atteste l’existence d’un conflit, c’est-à-dire la présence du
17 u de sérieux aux esprits libres. Je sais bien que ce vœu signifie pour beaucoup un appel aux « lois scélérates » ; pour d’
18 e surtout la « mise au pas » des dictatures. Mais ce sont là brimades extérieures, dont l’injustice ou la sottise ne confè
19 quelque héroïsme à leurs victimes accidentelles. Ce que je veux dire, c’est que le danger de penser est immédiat à l’acte
20 e rythme, les figures. Que chaque phrase implique ce but, et le désigne par son allure même. Que le style s’ordonne à sa f
21 n sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme qui se hâte », écrivait Niet
22 tzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme qui demande à la lecture une
23 at. Alors, n’acceptons-nous plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je
24 oi interne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée q
25 former, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou s
26 r. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici
27 Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavag
28 autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique pol
29 vage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire,
30 ffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’engagement. […] Les écrivains qui ont décidé tout récemment de
31 evant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, i
32 res, sur quelques-uns des problèmes importants de ce siècle, ayant écrit p. 277 de Situations II que le sort de la littéra
33 gagement qui fut commune, dans les années 1930 de ce siècle, à ceux qui allaient devenir dès 1940 non seulement les premie
34 ’Europe 4, d’André Reszlerc, m’apprend — avec, en ce qui me concerne, quarante-cinq ans de retard — que le terme d’engagem
35 72. 3. Cf. J.-P. Sartre, Situations II, « Qu’est- ce que la Littérature ? », Gallimard, Paris, 1948. « L’ouvrier de 1947 a
36 oque il s’agit. c. Rougemont en rend compte dans ce même numéro de Cadmos, p. 76-82.
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
37 e de la mauvaise conscience européenne5. « Qu’est- ce que l’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’il tente à la
38 un élément constitutif de la pensée européenne. » Ce qui me rappelle irrésistiblement les débats de la première table rond
39 i attribuent à l’Europe la responsabilité de tout ce qui va mal dans le monde ». André Reszler illustre les étapes de cet
40 e Albert de Haller, du bon sauvage archétypique : ce « contemporain des habitants de l’Âge d’Or réduit à rien les prétenti
41 ilà qui mériterait, se dit-on, d’au moins tripler ce mince volume, et surtout de lui donner des suites non plus seulement
42 les chambres des enfants du monde entier ». Dans ce mouvement profond et général de retour aux sources, André Reszler me
43 pe ou tout au moins de sa culture. Mais ne serait- ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouveau de l’aventure occidenta
44 e du créateur occidental qui crée toujours contre ce qui l’a précédé (Malraux), contre les modèles admirés de sa jeunesse,
45 que, résultent toutes ou presque — y compris dans ce livre — de l’absence ou de l’oubli d’une distinction fondamentale ent
46 radition historique commune à tous les peuples de ce continent. Le mythe du « bon sauvage » que l’Europe « réaliste » se p
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
47 dans un système totalitaire mondial. En préparant ce colloqueg, nous avons décidé de prendre au sérieux les théories sur l
48 Michel Foucault — elle se perdra rapidement comme ce pli dans une nappe ou l’empreinte d’un visage dans le sable d’un riva
49 peut démontrer qu’il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le do
50 mis le crime, mais quelque chose qui le dominait. Ce qui motive les assertions structuralistes paraît donc simple : fuite
51 évi-Strauss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’il n’est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant
52 voit toujours défini par ce qu’il n’est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du même coup son moi, s
53 cidité — et une bonne dose d’humour noir — oppose ce qu’il appelle l’entropologie, c’est-à-dire la connaissance non de l’a
54 sont que des sécularisations à bon marché. Qu’est- ce que le « vieil homme » ? C’est l’homme naturel, l’homme de chair, péc
55 ou rôles : le Père, le Fils, le Saint-Esprit. Et ce fut la deuxième personne qui fournit le modèle de la personne humaine
56 ions-nous, de la deuxième personne de la Trinité. Ce modèle christologique, antinomique, de la personne humaine, sera mis
57 anthropologie chrétienne. Rejoignant le sujet de ce colloque, je voudrais rappeler maintenant que Michel Foucault, dans s
58 dit-on, des instruments nécessaires pour penser «  ce doublet empirico-transcendental qu’on appelle l’homme ». Pour Athanas
59 is totalitaire — du matérialisme le plus radical. Ce qui l’amène à écrire que l’effort de la science, des sciences humaine
60 t (au sens nietzschéen et schelerien) contre tout ce qui peut ressembler à une culture européenne. Ils en viennent à admir
61 us précisément française du xviiie siècle. C’est ce comportement, en tant qu’indicateur de tendances en partie inconscien
62 ’Europe, destructeur du civisme dont nous parlait ce matin Jacques Freymond. Tout ce qui réduit le sens de la responsabili
63 dont nous parlait ce matin Jacques Freymond. Tout ce qui réduit le sens de la responsabilité personnelle augmente les chan
64 yrannie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’est pas vous qui parlez ou agissez — nous répètent les structuralis
65 que ça se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose les Européens à un état de
66 s conclusions que nous espérions pouvoir tirer de ce colloque, en opposant à l’attitude mentale qu’implique la théorie de
67 nse qu’il dérive nécessairement du christianisme ( ce qui n’est pas le cas), mais pour s’il est commandé par Staline, par M
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
68 n ne semble pas du tout mal vue des Européens, en ce sens qu’ils la considèrent en principe avec sympathie. Mais il faut a
69 équivaudrait à la mort de l’Europe tout entière, ce qui est très loin d’être évident. S’il s’agit de l’Europe des États p
70 ebré ne pouvait tout de même pas leur révéler que ce titre était celui d’un livre « infâme ». IV. Vertus et vices selon
71 d’abord fait penser au mot de Talleyrand : « tout ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait c
72 fédéralisme. V. « Défaire la France » ? En ce point, l’on se demande pourquoi la France seule deviendrait la victim
73 ivent pas que l’Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation française, dans son e
74 Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation française, dans son ensemble synthéti
75 son ensemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’elle fit elle-même à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée
76 nce a respecté ses engagements sacrés. Or c’est à ce traité d’union que correspondrait aujourd’hui un Pacte fédéral europé
77 ibertés » ont renoncé, sans nulle compétence pour ce faire, à tous les droits et à l’autonomie de leur province qu’ils ava
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
78 ve rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui vient. Que veut dire, en effet, la phrase fameuse des Thèses sur
79 , qu’ils sont payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie n’est pas jugée sur son mérite,
80 serne, des curiosités mêmes par la Presse, répond ce terme, qui passe alors inaperçu, d’écologie, désignant les « rapports
81 privilèges et le confort des riches. (C’est aussi ce qu’en pense le tiers-monde.) En fait, si nous prenons un peu de recul
82 rs par plusieurs gouvernements. Il est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première partie du monde à
83 Guerre mondiale, a pris soudain des proportions à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États nationaux — si li
84 haque pays pollue souverainement, et s’assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés… Même jeu quand
85 État-nation, par nature, s’oppose identiquement à ce qui le dépasse tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’il s’
86 n bas, c’est-à-dire qu’il s’oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépendamment de son contrôle. Critiq
87 ritique classique adressée dès les années 1930 de ce siècle par les personnalistes à l’État-nation : il est à la fois trop
88 Écosse, Flandres, Alsace, Corse, Sud Tyrol, etc. Ce sont les plus évidentes, les plus pittoresques, les plus explosives,
89 bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des
90 éens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire,
91 unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce q
92 peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et
93 peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le f
94 et c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-sociét
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
95 c réaliste de conclure que la CEE atteindra, dans ce domaine, à plus ou moins brève échéance, une « masse critique » où il
96 ersel, ils ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Quelques exemples, entre plusieurs centaine
97 compétences de cette assemblée. C’est précisément ce que le communiqué de Bad-Godesberg a décidé, et voilà une décision qu
98 emains de son retour définitif à Colombey. Citons ce petit livre, dont on comprend si bien que les gaullistes l’aient pass
99 lare : Eh bien, je vais vous dire, si ça marche, ce sera très bien, naturellement ; si ça ne marche pas, ce sera très bie
100 a très bien, naturellement ; si ça ne marche pas, ce sera très bien aussi… (p. 19) Le 24 avril, au général Lalande, chef
101 de la France, parce que, si je suis désavoué… sur ce sujet capital… je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions. (p. 27)
102 u projet gaullien, jugé par eux insuffisant. Mais ce qui éclate à l’évidence, c’est que les « fidèles » gaullistes trahiss
103 vers les régions en Europe de l’Ouest Pendant ce temps, la cause des régions progresse au-delà de tout ce que nous pou
104 s, la cause des régions progresse au-delà de tout ce que nous pouvions espérer, il y a dix ans, lors de l’échec du référen
105 dans l’intention avouée de l’affaiblir. En fait, ce régime fédéraliste et régionaliste explique en bonne partie le « mira
106 les Gallois, et non pour les régions anglaises ». Ce qui situe le problème à son niveau réel : celui de la communauté civi
107 ivalent des régions préconisées au chapitre IV de ce Rapport. En Belgique, un projet de Constitution révisée est en voie d
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
108 omini, devenu pape sous le nom de Pie II, donne à ce continent, naguère encore désigné comme le domaine de la chrétienté (
109 e, présenté par Aristide Briand à la SDN en 1930. Ce texte va fixer le vocabulaire et les formules de base — telles que « 
110 uropéenne est défini avec une grande rigueur dans ce traité, où le dogme de la souveraineté nationale absolue, constitué s
111 e à orienter ou seulement à influencer si peu que ce soit la politique des États-nations n’en apparaît que plus découragea
112 c et surtout des pouvoirs, qu’en une poussière de ce qu’on nommera trente ans plus tard des « groupuscules ». Survient la
113 46. Mais à mon premier retour en Europe, en 1946, ce que je découvre, c’est que le problème intellectuel prioritaire que p
114 mode, ni comme en Allemagne la philosophie, mais ce que représente effectivement la liste des seize délégués français à l
115 ubas « qui massacrent à vue les Européens ». Car, ce faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du
116 face à l’Europe, dans les années 1950 et 196039. Ce que demandent aujourd’hui les fédéralistes européens, c’est la coopér
117 hommes un peu profonds et d’esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travail secret de leur âme… Il
118 d’esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travail secret de leur âme… Ils ont en commun les mêmes
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
119 universités naissantes sont des communes. Qu’est- ce qu’une commune, au xiiie siècle ? C’est le corps des habitants d’une
120 ’est sans doute un hasard, que pas un seul durant ce demi-siècle n’est français. L’université, c’est l’Europe. Les maîtres
121 era plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne s’appelle encore que la ch
122 té médiévale demeure l’idéal asymptotique de tout ce que notre époque croit avoir inventé sous le nom d’UER (unités d’ense
123 r dans les luttes politiques et de s’attirer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’il soit, lequel en profite aussi
124 u complice des pouvoirs en mal d’établissement. À ce jeu, l’Université perdra son immédiateté papale ou impériale selon le
125 officiel et à la réduction de cet enseignement à ce qui peut servir à la mobilisation des esprits par les maîtres de la c
126 mes espérances se réalisent, je veux trouver dans ce corps même une garantie contre les théories pernicieuses et subversiv
127 up ces rêveries, et de les comparer, peut-être, à ce qui s’est fait par la suite à Florence, sous le nom d’Université euro
128 la coordination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des cara
129 et de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs
130 Institut de synthèse ne serait-il pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, depuis 1957, date d
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
131 du mystique soufi Sohrawardi d’Alep (1155-1191). Ce qu’il nomme en persan Nâ-kopââbâd signifie littéralement « le pays du
132 monde de l’amour, l’au-delà de tous les lieux de ce monde, la transcendance. Ou enfin : « le pays où ont lieu les événeme
133 nt, comme autant de « clins d’œil hors du où »45. Ce lieu qui est non-lieu physique (ou-topos), mais lieu réel de l’aventu
134 sa venue marque la fin des temps, elle est dans «  ce qui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et radicale. Pourt
135 nt de la Nouvelle Jérusalem, anticipant ainsi sur ce qui doit se révéler et avoir lieu le temps venu, in illo tempore. Tho
136 ore. Thomas More sait que le Royaume n’est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa secon
137 s et d’attitude de la mystique à l’histoire, de «  ce qui vient » sans fin à « ce qui s’établit », s’institue, sécrète son
138 ue à l’histoire, de « ce qui vient » sans fin à «  ce qui s’établit », s’institue, sécrète son architecture, comment résist
139 itique de la technocratie : l’État-nation. Qu’est- ce que l’État-nation ? La mainmise d’un appareil administratif sur un te
140 ux décrets de la capitale. Dans le géométrisme de ce plan, on aura reconnu la forme d’esprit schizoïde correspondant aux o
141 ité qu’il n’a plus au-dedans. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre et dessiné pour les besoins de la mobilisatio
142 espace donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce n’est d’hier. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « 
143 et XXII) est la promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous irrésistiblement, comme la réalité même du temps, du
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
144 nt pour en faire la devise de l’œuvre entière. Et ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue sur l
145 centenaire de son auteur. « L’esprit européen », ce fut le titre des premières Rencontres internationales de Genève, en 1
146 enda avec Georg Lukacs, spectacle peu croyable en ce lendemain de la guerre. J’eus alors la curiosité de consulter Littré
147 llemagne, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’associer les esprits les plus divers « 
148 Sciences. 1. L’esprit européen sera donc d’abord ce qui fomente la Société des hommes de l’esprit, ou comme elle dit dans
149 trent un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est pas telle religion, telle opinion, tel genre d’études, c’est le
150 listes actuels — sur l’unité dans la diversité. «  Ce qui s’oppose coopère — dit Héraclite — et de ce qui diverge procède l
151 « Ce qui s’oppose coopère — dit Héraclite — et de ce qui diverge procède la plus belle harmonie. » Or, toutes les analyses
152 et c’est le fédéralisme. Rien de plus étranger à ce mouvement de l’esprit que la volonté d’uniformisation que montrait da
153 mme quelque supérieur qu’il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de celui qui vit sur un
154 ys d’accueillir les pensées étrangères ; car dans ce genre, l’hospitalité fait la fortune de celui qui reçoit.48 Ceci en
155 rés développaient l’esprit des hommes énergiques. Ce mélange s’est fait lentement sans doute. La providence éternelle prod
156 stantisme et le catholicisme ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes et Luther. C’est une pauvre manière de considé
157 et le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent dans les nations parce
158 théologique, politique et morale, mais avant que ce miracle soit accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obé
159 ’une politique qu’on sent inspirée de Rousseau en ce qu’elle est tout à la gloire du petit État : La grandeur des États c
160 s, et le mathématicien répondra mieux que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’il soit possible à l’homme de résoudre
161 , je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être : — une tâche pour cette génération ! 4
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
162 tue dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je suis, ni
163 ue je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai di
164 re n’est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que je connais
165 ue l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ils sont pour moi — au sen
166 rai dire, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être
167 ècle, dans la période de pré-Réformation, que sur ce fond religieux commun vont se détacher et s’affronter les églises hum
168 it, mais sur celui de l’organisation de l’Europe, ce qui est plus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui était l’hu
169 oite des mines de charbon en Autriche voisine, et ce Marini lui a beaucoup parlé du Plan d’union des royaumes chrétiens qu
170 ns un gros ouvrage écrit en latin, mais qui porte ce titre français : Traité d’alliance et confédération entre le Roy Loui
171 politique, par un autre Tchèque : Amos Comenius. Ce plan toutefois n’est à ses yeux qu’une partie de la tâche beaucoup pl
172 L’idéal directeur de toute l’œuvre s’exprime dans ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’il est nécessaire d’élever p
173 nime tous les êtres et n’est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou « procession », en quoi consist
174 gré le processus éducatif dans un système tel que ce processus en constitue même l’axe fondamental. À quel point ce génie
175 n constitue même l’axe fondamental. À quel point ce génie multiforme fut Européen, sa vie le fait bien savoir, vie des pl
176 ôt en Suède entreprendre la réforme des écoles de ce pays. Il y est bientôt suspect, en tant que Frère morave, aux yeux de
177 e 1881 et 1957. On ne saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Oues
178 u ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souvent, c’est sans doute la perc
179 nce de l’Europe véritable, qui est notre fait, de ce refus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’on l’a vue à l’Est, je
180 oujours dans le mot de Liberté, beaucoup plus que ce qu’on y met de revendications précises — dangereusement plus ! De son
181 t refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri sera repris quinze ans plus tard par un autre grand poète, le Hon
182 as donné un article de gazette. » Mea culpa… Mais ce colloque, au-delà de toute neutralité, devrait enfin nous décider à p
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
183 autres. De bons amis m’ont conseillé le silence : ce livre ne vaut rien, laissez tomber. Comme si un livre avait besoin d’
184 besoin d’être bon pour faire du mal ! On va voir ce que celui-ci permet déjà d’écrire et de publier — pas seulement à des
185 néral et de ses résurgences toujours possibles. À ce danger s’ajoute celui de la stérilité d’un effort de « dénonciation »
186 nt définis ou invoqués par Lévy. On distingue mal ce qu’il reproche en fin de compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns 
187 absence pathologique de toute trace d’humour dans ce livre est l’indicateur le plus sûr d’une disposition d’esprit totalit
188 ntexte tout à fait autre chose ou le contraire de ce qu’il veut y lire aujourd’hui ; celles qui sont correctement transcri
189 taliques). Citations I et II Pour illustrer ce qu’il appelle la naissance du fascisme en France dans « une génératio
190 , B.-H. Lévy cite en premier lieu « cette nausée, ce dégoût, qui prend à la gorge le peuple des petits devant des “parleme
191 ttant que j’aie vraiment écrit ces mots, mais est- ce possible ? « “Engoncés” » dans leurs rosettes et leurs chapeaux melon
192 ge avec ardeur le « stupre » et le « cloaque » de ce grand corps malade qu’est le tout-État démocrate ; mais c’est la viei
193 e à « marcher avec n’importe quel type qui foutra ce régime par terre ». Le jeu des falsifications s’élève ici à la préci
194 définitif du personnalisme » ne figurant pas dans ce numéro d’ Esprit , l’auteur éprouve le besoin d’étayer son invention,
195 7, où l’on peut lire : Le texte dit exactement ( ce souci de précision, ici, touche au sublime !) : « Il semble que toute
196 omissions politiques et une idéologie périmée. » Ce que le lecteur peut vérifier, c’est que « le texte dit exactement » t
197 « le texte dit exactement » tout autre chose que ce que l’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de m
198 u surplus, inventé ou pas, rien n’est de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La démocratie, selon les perso
199 ur formule réelle — même là où l’on refuse encore ce nom — la fédération, non la masse ; et non la tyrannie d’un seul et n
200 it lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la religion collectiviste, rançon fatale d’un in
201 e fait son ciment ».) Ignore-t-il tout, enfin, de ce qui a été écrit, de Tocqueville à Hannah Arendt en passant par les pe
202 t introuvables, sauf à la Bibliothèque nationale. Ce procédé empêche pratiquement de vérifier les textes cités, tout en do
203 , est-elle révélatrice de ses propres complexes ? Ce disciple fervent d’Althusser, ce partisan déclaré de Mao, a-t-il jama
204 pres complexes ? Ce disciple fervent d’Althusser, ce partisan déclaré de Mao, a-t-il jamais expliqué son trajet du totalit
205 ours cette cruelle incertitude —, le fait est que ce B.-H. Lévy, qui me traite à tout hasard de fasciste et de nazi, se ga
206 occupés. « Nul besoin de présenter l’auteur dans ce pays, la RAF s’en est chargée pendant la guerre », disait le professe
207 L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à ce compte-là la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées a
208 n délirante de l’histoire ? Mais à quelles fins ? Ce qu’il importe de dénoncer ici, c’est l’injustice brutale qui fait qu’
209 lliers de jeunes gens liront Lévy, tant pis, mais ce qui est grave : croiront les « plumes autorisées » de L’Express, parc
210 ess qui avalise et amplifie ses calomnies, a tiré ce numéro à 649 950 exemplaires. Avec les articles louangeurs publiés da
211 ectateurs qui croiront (s’ils ne m’ont jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’étais « parafasc
212 aine de l’Argent, amour de la Nation… » Au cas où ce professeur, et quelques autres qui se sont mis dans le même cas, aura
213 iemment aux doctrines des fascistes et des nazis. Ce lecteur innocent soupçonnera-t-il que l’impayable sérieux de notre je
214 ne.) À la page 32 de son livre, Lévy s’indigne de ce qu’Emmanuel Mounier lui-même, le « chrétien », l’« homme de gauche »
215 leurs. Mensonge pur.) Tel étant le procédé, voici ce que vont faire les suiveurs. Dans la Quinzaine littéraire du 16 mars
216 e et révolutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce n’est pas en acceptant le joug barbare de la guerre impérialiste, de
217 re déclaration même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en suis un peu honteux. (Je fais surtout
218 suis un peu honteux. (Je fais surtout allusion à ce que vous dites du côté rituel de l’entrée en armes.)67 58. Job 1
219 vant les bottes et les chemises ouvertes — serait- ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs q
220 d’Allemagne . Cf. p. 346 à 348 de la réédition de ce petit livre dans Journal d’une époque , Gallimard, 1968. 67. « Le c
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
221 de, en sa qualité de roi de Germanie et d’Italie, ce qui va devenir sous ses descendants le Saint-Empire romain de nation
222 l ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de la suprématie de l’empereur et de celle du pape, symboles de
223 eul nom usuel, jusqu’au milieu du xve siècle, de ce que Pie II, au lendemain de la chute de Byzance, sera le premier à no
224 on quelles définitions ? J’ai lu les 708 pages de ce livre, admirablement illustré, et n’y ai trouvé qu’une seule définiti
225 niformisation sans cesse plus marquée de l’armée. Ce puissant instrument de la force de l’État a contribué un peu partout
226 le problème dont Bodin nous propose l’étude est «  ce que nous appelons l’État, à savoir la nation organisée » (p. 480), ou
227 é par la loi70, acte unilatéral et non contrat. «  Ce serait crime de lèse-majesté d’opposer le droit romain à l’ordonnance
228 rit des légistes de Philippe le Bel, et relançant ce « mouvement ininterrompu vers la définition d’une souveraineté absolu
229 de Louis Capet à la Nation » et défend à qui que ce soit d’y donner suite, à peine d’être poursuivi comme « coupable d’at
230 de la Révolution d’octobre 1917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’il est. Ces tautologies insistantes ne peuve
231 obre 1917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’il est. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoquer l
232 lution et vendues au profit de la nation. » C’est ce qu’on nomme aujourd’hui les nationalisations, ainsi définies par le P
233 dans. » (Philosophie des Rechtes, 1808, § 324). «  Ce qui sert maintenant le gouvernement de la France est forgé à chaud… L
234 il suffit de penser à l’industrie anglaise. Mais ce régime « sauvage » ne durera pas longtemps : à partir de Napoléon, la
235 trictement les ressources et la vie de la nation. Ce que les girondins commencent lorsqu’ils déclarent la guerre à l’Europ
236 à l’autre », ainsi que le dit Anarcharsis Cloots, ce baron hollandais, Prussien de naissance, et grand inspirateur des jac
237 de l’armée, non de la culture, et moins encore de ce qu’on nommera tourisme au xxe siècle. d) Le développement des commun
238 rs de journaux réduits au seul Moniteur officiel. Ce système, imposé à la France d’abord, a mis près de soixante-dix ans à
239 ’il prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux guerres mondiales. Après quoi, faute de guerres natio
240 viron 32 000 fois, l’URSS seulement 29 000 fois : ce missile gap aurait été rattrapé assez largement par les Russes. Tout
241 avertissent sans relâche les gouvernants de tout ce qui se passe, ou seulement se prépare, dans les esprits, dans les usi
242 té naturelle, définitive, inéluctable. Comme tout ce qui est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dan
243 lleurs tous précédés d’une trentaine d’années sur ce point —, en Europe, et dans des déclarations plus récentes comme cell
244 x Européens (1970), je retrouvais et développais ce thème : Regardons maintenant ces États-nations unitaires tels qu’ils
245 supérieur : c’est le sens étymologique. » Suivons ce guide dont la science assurée ne nuit jamais à l’impeccable élégance
246 er jacobinisme simplificateur et même terroriste. Ce jacobinisme a émancipé le Souverain, en renversant l’empire antérieur
247 omités de la Révolution française vont conférer à ce qu’ils nomment la nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ils
248 r de la Souveraineté nationale absolutisée, étant ce que l’on vient de rappeler, et que personne ne peut contester de bonn
249 une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qui exempte de toute raison donnée ou à trouver. La Souveraineté de l
250 é de l’État ne peut donc plus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce n’est plus toute-puissance, mais puissance de re
251 onc plus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce n’est plus toute-puissance, mais puissance de refuser, et bloquage de
252 ec la prétention que l’on allègue arbitrairement. Ce n’est plus volonté, mais nolonté, qui est vouloir du non, vouloir du
253 r du rien. Tel est le nihilisme de l’État-nation. Ce qui est tout simplement absurde, dans les discours des « hommes d’Éta
254 noncée par Toynbee Dans le résumé magistral de ce qui fut l’œuvre de sa vie, A Study of History 80, le plus grand philo
255 mplètement incompatible avec une telle idolâtrie. Ce principe reposait sur une « double citoyenneté » exigeant la soumissi
256 ration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce compromis était psychologiquement possible dans les seules communauté
257 t hypnotisés par le prestige d’un glorieux passé. Ce n’est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut
258 le prestige d’un glorieux passé. Ce n’est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever les yeux d
259 bon fonctionnement, mais favorisés en retour par ce même fonctionnement, et inculqués dès lors par l’instruction publique
260 es deux colonnes, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comportements requis pour que le sys
261 éfutation de cette thèse par B. de Jouvenel, pour ce qui concerne les prédécesseurs de Louis XIV. 71. Voir L’Avenir est
262 de se rallier aux vainqueurs. 74. L’essentiel de ce chapitre est repris des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir est no
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
263 al d’abord 1. Le cas de la France Prenons ce pays de la clarté pour illustrer de manière exemplaire une situation
264 ent leurs candidats à l’élection du 17 juin. Mais ce que l’on voit se définir avec la plus grande netteté, c’est la commun
265 traverser les actuelles frontières nationales. » Ce qui rejoint les positions et propositions défendues dans toute la sui
266 ptent désormais un programme commun, créant ainsi ce qu’on eût appelé jadis une « Internationale écologiste », mais qu’il
267 ques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point d’équilibre entre
268 génération de politiciens européens pour lesquels ce n’est plus la guerre, mais bien la paix qui est le vrai cas d’urgence
269 stifié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pour être une superpuissance, sauf la volonté. » L’un des
270 péenne » — encore qu’elle reste à définir — voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager nos États-nations, parvenus n
271 ager nos États-nations, parvenus non sans peine à ce qu’ils considèrent comme leur « souveraineté absolue ». Seule une rei
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
272 is aperçu un peu tard, c’est-à-dire cette nuit et ce matin même, que j’avais accepté une tâche absolument impossible, cell
273 objectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’aurais à dire sur l’ensemble de ce colloque. Je crois que c’est
274 ns, dans ce que j’aurais à dire sur l’ensemble de ce colloque. Je crois que c’est le seul moyen de m’en tirer, au moins en
275 ur le reste auprès de vous tous. Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a
276 tions précises pour une continuation indéfinie de ce genre de rencontres. Je retiens, parmi d’autres qui sont peut-être pl
277 985, c’était notre ami Boldizsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est-ce qu’on prépare déjà un forum pour l’ann
278 r qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est- ce qu’on prépare déjà un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu’il
279 t un Forum scientifique, qui a déjà eu lieu, puis ce Forum culturel. Il s’agit, si j’ai bien compris, d’une réunion interg
280 ? — la totalité représentant six-cents personnes. Ce n’est donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas
281 donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la m
282 nterrogés sur la manière de désigner cette chose, ce « machin » aurait dit un général que vous connaissez. Il y a eu toute
283 ui vend le mieux sa marchandise. Il y aura certes ce côté-là dans ce qui va se passer à Budapest. Et puis, foire vient aus
284 sa marchandise. Il y aura certes ce côté-là dans ce qui va se passer à Budapest. Et puis, foire vient aussi de feria, jou
285 feria, jour férié, et là, cela voudrait dire que ce forum, comme tous les forums de ce genre, ne fera rien. Nous avons do
286 drait dire que ce forum, comme tous les forums de ce genre, ne fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thèm
287 ont insisté là-dessus, de nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tou
288 ccuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suite que j’ai toujours eu
289 problème. Les intellectuels vont d’instinct vers ce qui peut séparer, ne fût-ce qu’en apparence, et peut donner lieu à un
290 vont d’instinct vers ce qui peut séparer, ne fût- ce qu’en apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils étaient
291 aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est, dans le cas présent, la seule voie praticable. Il
292 sinon cela ne servira absolument à rien. Chercher ce qui nous unit, surtout dans le domaine de la culture, qui est d’abord
293 ntéressant, très détaillé, de M. Grossrieder, sur ce que j’appellerai irrévérencieusement « la langue de bois de Madrid »,
294 uter et nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame. Dans votre introduction, traitant
295 elle byzantine, et celle de l’Europe occidentale. Ce qui, selon vous, définit l’héritage de Byzance est devenu, de toute é
296 e Georges Nivat aux littératures de l’Ouest, dans ce siècle, dans leurs rapports avec le pouvoir et avec les oppositions ?
297 is comparables à celles que Nivat soulignait chez ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous, nous appelions cela l’ex
298 pour une autre année ! Je crois bien que, lors de ce débat, de l’exposé de Nivat et des réponses que nos deux délégués sov
299 ché peut-être le nœud du problème qui se posait à ce colloque. Il y avait quelque chose de nodal, de central, et j’ai eu l
300 st assez émouvant à vivre, je crois. Je crois que ce moment-là a entièrement justifié notre colloque. Il y a eu une extrêm
301 e colloque. Il y a eu une extrême richesse aussi, ce jour-là, dans les interventions qui ont suivi ces exposés plus longs,
302 ait dans un petit cercle européocentrique, et que ce serait drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je crois que,
303 en laissant entendre : attendez, vous allez voir ce que l’on va faire… C’est un exercice absolument stérile. Je pense que
304 Européens, c’est pour prendre mieux conscience de ce que l’Europe a fait dans le reste du monde, en diffusant sans la moin
305 crois que cet exemple symbolise un des aspects de ce qu’a déchaîné sur le monde la civilisation occidentale. Je vois là un
306 nouveau sujet de colloque extrêmement important. Ce serait un Dialogue des cultures, un dialogue entre l’ensemble de la c
307 il m’est difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujourd’hui même. Je ne puis guère vous donner qu
308 ur la culture commune des Européens. Je pense que ce qui distingue notre culture européenne, c’est la diversité extraordin
309 ion de Paul Valéry : est absolument européen tout ce qui a été touché ou formé par ces trois sources : Athènes, Rome et Jé
310 avec Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais ce n’est pas tout. Il y a en plus des trois sources selon Valéry la sour
311 Europe, un autre tiers étant la population celte. Ce sont les deux grandes sources qui sont venues s’ajouter pour compliqu
312 ir du xixe , a été considérable pour nous, ne fût- ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xixe , puis de
313 e , puis de la musique des débuts du xxe siècle. Ce qu’on peut dire sur l’Europe, s’il faut définir d’un mot sa culture,
314 cune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était définition de la culture n’était pas culture, il avait rais
315 ut-être, en première approximation, définie comme ce qui admet un nombre non limité et sans cesse croissant de définitions
316 es millions, et cela sera juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégreront à leur manière, selon leur vocat
317 selon leur vocation unique, sans précédent, tout ce qui leur est venu de partout — les objets de leur piraterie ! Je prop
318 s doute le sujet d’un autre colloque encore, pour ce groupe. Mais, bien plus, il me semble que c’est là, en quelque sorte,
319 t la peine d’organiser sur le modèle de celui-ci. Ce qui me paraît justifier, ou au moins excuser, ou simplement lever les
320 t sans doute l’atmosphère joyeuse qui a régné sur ce colloque depuis trois jours. Je crois bien n’avoir jamais autant ri a
321 ’avoir jamais autant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convainc
322 ébat Est-Ouest », Cadmos, Genève, p. 231-238. u. Ce texte est la conclusion d’un colloque organisé du 10 au 12 mai 1984 à
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
323 ue. En soulignant dans son introduction au numéro ce que l’auteur n’avait pas hésité à qualifier de « cafouillage politiqu
324 ale du siècle », le professeur Vedovato a donné à ce texte la valeur d’une conclusion quelque peu contestataire aux vœux p
325 aux Européens . J’avais obtenu de haute lutte que ce message fût rédigé par la commission culturelle du congrès. Organisat
326 en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péril et cette grande espérance, la vocation de l’Europe se déf
327 emblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les ci
328 projet, suivie le 5 mai de l’Acte de naissance du CE , signé à Saint James’s Palace, à Londres. La première session de l’A
329 lue en vous celui dont l’idée se réalise ici ! » ( Ce qui est légèrement excessif : je ne suis de loin pas le seul à avoir
330 a formule même de l’Assemblée, et d’obtenir — fût- ce par un coup d’État européen — que cette Assemblée soit élue. 3. L’
331 sur votre route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter […]. Pour tout
332 a vertu des audacieux […]. Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de
333 tés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas
334 de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illuso
335 uverainetés illusoires — comment faire abandon de ce qu’on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer
336 ais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre u
337 bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbou
338 ourg » s’engageraient à rester en session jusqu’à ce qu’une Constitution fédérale de l’Europe soit décidée. Philip ajoute
339 t sur les décisions et sur les événements, qu’est- ce donc qui peut arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’est e
340 qu’y seront-ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, consommer le suicide du Conseil de l’Europe,
341 ume, qu’ils jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ils aient donné à l’Europe une constitution fédérale qui sera soum
342 vote par 98 voix sur 98 présents le patronage du CE pour notre Centre européen de la culture. Guy Mollet me promet de fai
343 e. Tous les fédéralistes présents à Strasbourg en ce mois de novembre 1950, et beaucoup de jeunes, mais aussi des représen
344 s du 24 août : « Avec Mouskhély, mise au point de ce qu’il appelle la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que
345 de l’Assemblée — le texte d’un serment de plus : ce sera le troisième de la saison ! Serment Nous jurons que, par tous l
346 verons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que ces jeunes d’alors pensent aujourd’hui, c’est-à-dire trente-quatr
347 leurs deux pays, membres de la CEE… Mais surtout, ce que je retiens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’elle serait a
348 nsable : ils exigeraient de « passer à la télé », ce qui est facile, mais aussi des frais de voyage, ce qui l’est moins. N
349 e qui est facile, mais aussi des frais de voyage, ce qui l’est moins. Nous vivions l’époque héroïque des gens — jeunes de
350 itique de belle allure et d’opportunité majeure : ce projet de Constitution européenne que nous avions en vain espéré de S
351 n devait terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’elle fit ponctuellement. Comment caractériser en peu de mots l’ori
352 fonctionner comme une fédération. Il est utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous avec toutes
353 à son origine d’être orientée dès le départ vers ce qui allait devenir dès 1955 les Communautés économiques européennes o
354 premier président de l’Assemblée consultative du CE , avait repris sa charge de ministre des Affaires étrangères de Belgiq
355 . Et en effet, en date du 23 août 1950, je trouve ce bref échange : P.-H. Spaak : — Les fédéralistes veulent tout, mais i
356 Haye. Des succès importants ont été obtenus dans ce domaine : les droits de la personne, à de nombreuses reprises, ont pr
357 t. On ne saurait dire que cela répond, si peu que ce soit, au besoin de repenser le problème européen à partir de ses donn
358 Il est vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ont guère pris force qu’à partir de 1953, c’est-à-dire là aussi à l
359 ent d’évoquer, survenus dans le domaine propre du CE , qui est le domaine politique au sens large, incluant celui des droit
360 marquable réalisation du Conseil de l’Europe dans ce domaine fut également la plus fidèle aux exigences d’une culture des
361 s s’unissent pour les défendre et les illustrer : ce fut la table ronde de l’Europe, réunie à Rome en octobre 1953. Elle s
362 s riches de ces temps héroïques. Par la suite, le CE a constitué un Comité de coopération culturelle (CDCC) auquel on doit
363 processus de développement économique et social. Ce qui revient à « ajouter » un peu de superflu au nécessaire — et je di
364 ssion. L’exemple hélas parfait d’une situation de ce type nous a été récemment fourni par l’épisode de la Déclaration euro
365 iter les États membres à procéder, sur la base de ce projet, selon les voies qui leur sembleront les mieux appropriées, à
366 es réunis à Berlin en mai de cette année. Que dit ce document ? En substance, les ministres « invitent les États membres,
367 ment des cultures européennes (donc nationales) : ce qui évacuerait, si c’était vrai, la signification principale du docum
368 l’homme ? Les régions. Le cas de la division du CE qui anime la Conférence permanente des pouvoirs locaux et régionaux e
369 rence des régions frontalières, tenue au siège du CE en 1972100, à l’initiative de l’Assemblée consultative, envisagea le
370 nce, très activement poussé par le secrétariat au CE , vit ses efforts officiellement reconnus par l’adjonction du terme « 
371 tes par la Déclaration des objectifs culturels du CE . Le problème de la participation civique, notamment, ne trouve sa sol
372 sin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Dans ce domaine clé du progrès politique, le Conseil de l’Europe, sans contre
373 lusion : une urgence nouvelle Trente-cinq ans, ce n’est pas l’heure des bilans, mais d’une prise de conscience plus imp
374 rès les activités culturelles et régionalistes du CE , et j’y participe chaque fois qu’on me le propose. Nulle part je ne v
375 ents que l’on porte sur les trente-cinq années du CE et les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’il en soit des qualités e
376 le mieux placé pour le faire ? Je vois seulement ce qui est urgent, et qui commande le reste : — il s’agit d’unifier les
377 : — il s’agit d’unifier les actions parallèles du CE et de la CEE, — et de les rendre convergentes, sous le signe d’une Co
378 limités ; avec, en retour, la garantie donnée par ce Pouvoir aux souverainetés subsistantes des membres. Qui oserait, aujo
379 ad hoc sur les questions institutionnelles ». Le CE , pour sa part, a institué, fin 1984, la « Commission Colombo », formé
380 8. Je retrouve des notes de mon journal datées de ce séjour d’août à Strasbourg. Le premier jour, 21 août, à l’université,
381 italien (il sera plus tard secrétaire général du CE ), dont les interventions rapportées par Le Monde m’ont paru de premie
382 lié par le Centre européen de la culture, Genève, ce bulletin qui compta 7 numéros, d’avril 1953 à mai 1954, fut l’organe
383 ace. 96. Voir la brochure de 44 p. éditée par le CE et intitulée Déclaration européenne sur les objectifs culturels, 4e C
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
384 ruption involontaire due à une série de maladies. Ce n’est pas très facile à résumer : j’ai à peine recommencé à travaille
385 umer : j’ai à peine recommencé à travailler. Mais ce que je dois faire maintenant, c’est terminer douze livres dont certai
386 livres dont certains sont en bonne partie écrits, ce sont des thèmes d’essai que je peux terminer rapidement, et puis deux
387 ue j’avais 14-15 ans, j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire dans la vie, comme on le fait à cet âge-là, et j’a
388 s des crèmes que je composais longuement, d’après ce qu’il m’indiquait dans ses livres, je les mettais au fond d’une éprou
389 ampignon ou presque de fleur. J’étais fasciné par ce genre de chose, je ne faisais que ça. J’étais décidé à devenir chimis
390 compris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent vra
391 vres qui lui ont immédiatement valu la notoriété. Ce fut une période de grande créativité. À Paris, j’ai découvert toutes
392 omme, en tant que personne, opposée à l’individu, ce que Marx appelait l’individu atomisé. Nous avions repris un peu de ce
393 dérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce terme d’État-nation qui est utilisé maintenant un peu partout. Nous a
394 à poser les bases de ma philosophie politique, à ce moment-là, à la préciser un peu sur l’idée de la personne, par opposi
395 libre et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-ne
396 a ne passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’est pas du tout neutre. » Le lundi matin, je suis arrivé à mon bure
397 cusé de mettre en péril la sécurité de la Suisse, ce qui était vraiment l’accusation la plus grave que l’on pouvait porter
398 Guisan m’a donné alors une punition personnelle, ce que seul le chef de l’armée a le droit de faire. Cela m’a été annoncé
399 ous êtes au fort de Saint-Maurice en Valais. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas vous afficher dans les rues de B
400 Bien entendu, à New York, je pensais sans cesse à ce qu’on pourrait faire si Hitler était battu, si nous pourrions rentrer
401 Paris où j’ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’était devenue l’Europe après ces années d’occupation. Puis je suis
402 ître de soi, de perdre sa liberté parce que, dans ce monde immense des États-nations, il perd sa responsabilité. Il ne peu
403 être un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on ap
404 des années 1930 ». C’est là le fondement de tout ce que j’écris et de toute mon action politique pour l’Europe. Les dange
405 cause, car dans le monde des États-nations, dans ce monde dont le seul but est la puissance, on oublie l’essentiel, c’est
406 oublie l’essentiel, c’est-à-dire les finalités de ce que l’on fait. Par exemple, on invente ce qui permet de faire des bom
407 ités de ce que l’on fait. Par exemple, on invente ce qui permet de faire des bombes atomiques. C’est très bien de faire de
408 tirait à la fin de toute vie sur terre, ne serait- ce que par l’apparition de ce qu’on appelle « l’hiver nucléaire ». Cela
409 e sur terre, ne serait-ce que par l’apparition de ce qu’on appelle « l’hiver nucléaire ». Cela on le sait. Pourquoi ? Parc
410 pas comme un objet que l’État ou les puissants de ce monde, les puissances d’argent, manipulent comme ils le veulent, mais
411 is comme un sujet, un homme libre et responsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me répète, il faut que
412 que l’on doit rechercher en faisant une société, ce n’est pas la puissance, mais c’est la liberté et la responsabilité li
413 excellence qui le porte vers autrui. Mais comment ce sentiment devient-il un facteur de libération et de dépassement pour
414 e l’amour et du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’est pas une passion égoïste, purement physique, sexuelle, ou romant
415 c’est l’amour que l’on subit, l’amour romantique. Ce n’est pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif
416 er, le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je voudrais donc qu’on rét
417 le de saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce n’est pas l’amour sentimental, c’est l’amour-action, l’amour du proch
418 bourgeois, d’un peu orageuse. J’y ai bien appris ce qu’était l’amour-passion, et à quelles catastrophes cela pouvait mene
419 la pouvait mener. J’ai éprouvé le besoin d’écrire ce livre ; c’est toujours difficile, après coup, de dire pourquoi. J’ai
420 me commande de vous céder mon tour, je vais faire ce sacrifice. » En fait, j’étais délivré d’un poids énorme, car je n’ava
421 n extraordinaires que je m’y suis mis. J’ai écrit ce livre en trois mois, un gros livre de 380 pages. Vraiment dans un éta
422 suisse de fédéralisme poussé encore plus loin que ce n’est le cas aujourd’hui, où une tendance centralisatrice apparaît en
423 elui du Valais, ont des intérêts communs. De tout ce qui concerne les problèmes du lac, de sa santé, de sa protection (pro
424 ble et faire son métier d’homme. Voilà la base de ce que je peux appeler la révolution personnaliste, à laquelle j’ai cons
425 cuser peut-être d’en avoir trop dans les détails. Ce que j’ai fait, conformément à ma doctrine, était de l’engagement, et
426 a grande perspective d’une fédération européenne. Ce fut là le premier résultat de sa vision d’une Europe nouvelle. Une de
427 de l’Europe unie. Cela a été la première idée de ce qui est devenu le CERN, qui s’est fait depuis lors tout autour de l’e
428 r analogie avec le Centre européen de la culture. Ce fut notre première création. Puis, sous l’égide de l’Unesco, le CERN
429 ivique, notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre depuis maintenant presque quarante ans.
430 que celle de notre Centre européen de la culture, ce qui me permettrait de me retirer et de finir les douze livres dont je
431 ier problème, c’est d’éviter la guerre, parce que ce serait la dernière guerre du genre humain, après quoi il n’y aurait p
432 sque d’être leur otage ou leur champ de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, ca
433 hé commun : personne ne veut faire de sacrifices. Ce que les hommes feraient entre eux, les États ne veulent pas le faire.
434 orsqu’il me parlait un peu, de temps en temps, de ce que je faisais, il me regardait avec un sourire condescendant, l’air
435 eaucoup de nous. On nous appelait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos », et cela suffisait pour nous couvrir de rid
436 fisait pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journa
437 aux hommes : « Vous devez choisir maintenant, est- ce que vous voulez être libres, ou préférez-vous faire partie d’une nati
438 sonnes et la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-nous à tout prix la puissance sur les autres,
439 omètres de Genève, que l’interview s’est déroulé. Ce document apparaît aujourd’hui comme un testament spirituel. » z. Le