1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 extrême droite, c’est-à-dire d’écrivain embrigadé dans un parti totalitaire ou un groupuscule subversif, ce qui est à peu pr
2 du sens que les personnalistes donnèrent au terme dans les années 1930. À l’occasion du colloque qui nous réunitb, je tiens
3 éunitb, je tiens à renouveler mes responsabilités dans cette affaire, et à débrouiller ce que les journalistes, suivis par l
4 obscurci. L’engagement politique Vers 1932, dans la vie intellectuelle de Paris, apparaît le mouvement personnaliste a
5 it obligé de répondre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que
6 ère à lui envier qu’un degré supérieur de logique dans l’application du système. […] Je me défends en attaquant. Je préfère
7 accomplir les devoirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. […] Voici notre désordre. On ne peut plus pe
8 on laisse aux prisonniers — ou bien elle s’engage dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il est social ou politiq
9 revendications constructives, révèlent peut-être dans leur diversité, les premières lignes de force d’une nouvelle révoluti
10 t certains objectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte de présence à la misère du siè
11 électoral. Les intellectuels prétendent « entrer dans l’action », et cela se traduit par de généreux manifestes, des formul
12 e, parce que le centre vivant d’un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens con
13 ne politique établie dès le départ à ce niveau et dans cette vue. Le style engage C’est dans Penser avec les mains ,
14 u et dans cette vue. Le style engage C’est dans Penser avec les mains , écrit l’année suivante, et publié en 19362,
15 pouvoir de s’incarner, l’idée qui crée un risque dans ma vie. Ce risque atteste l’existence d’un conflit, c’est-à-dire la p
16 de l’homme, d’autre part, il opposera à l’évasion dans l’abstrait la volonté de s’ordonner à un but, et d’y soumettre ses mo
17 e nouveau qu’ils revendiquent. Qu’ils illustrent, dans leur structure, visible ou secrète, la dialectique joyeuse de la pers
18 se de la personne en acte. Que celui qui s’engage dans leur lecture éprouve de tout son être la présence d’une réalité éthiq
19 e injuste, une occasion de refuser le premier pas dans l’immédiat. Alors, n’acceptons-nous plus un seul maître ? Ce serait o
20 bérément la notion de style à celle de correction dans les démarches de l’esprit. Il faudrait en nommer quelques autres : Pa
21 trine personnaliste. D’où l’article que je publie dans L’Ordre nouveau de juin 1938, dont voici quelques extraits : Chose é
22 ne révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent d
23 aire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé par des
24 n’y gagne guère. […] Pour qu’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette
25 la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que réside son e
26 ée que réside son engagement. C’est au contraire, dans sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel
27 ent. C’est au contraire, dans sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la
28 , dans sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la transformer, donc final
29 ns son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la transformer, donc finalement de le dominer. S’engage
30 n Baudelaire, ont été les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons
31 libéraux, irresponsables nés égarés pour un temps dans les voies de « l’engagement » politique, et faisant amende honorable.
32 en rupture de bercail. Maintenant tout est rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’éclaircit. Vo
33 esser une notion de l’engagement qui fut commune, dans les années 1930 de ce siècle, à ceux qui allaient devenir dès 1940 no
34 c’est un recueil d’articles parus pour la plupart dans Esprit et L’Ordre nouveau , et de conférences sur les principaux t
35 sonnalisme. 2. Penser avec les mains, réédition dans la coll. Idées, Gallimard, Paris, 1972. 3. Cf. J.-P. Sartre, Situati
36 ou, à Budapest, à Munich, à Madrid, à Stalingrad, dans les maquis… » (p. 246). Et plus loin : « Le sort de la littérature es
37 colloque il s’agit. c. Rougemont en rend compte dans ce même numéro de Cadmos, p. 76-82.
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
38 cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contraire
39 l’Europe la responsabilité de tout ce qui va mal dans le monde ». André Reszler illustre les étapes de cet immense procès s
40 nera d’apprécier spécialement la découverte faite dans les Alpes suisses par le naturaliste Albert de Haller, du bon sauvage
41 re du bon sauvage conduit à celui du primitivisme dans les arts — de Gauguin aux masques nègres, aux Demoiselles d’Avignon,
42 la révolte en soi et la mise au pas de l’artiste dans la moitié du monde non européen… L’essai témoigne de la culture très
43 1956, qui a fait ses études en Suisse et professé dans une grande université américaine avant de revenir à Genève s’intégrer
44 tôt appeler des objections, des compléments. ⁂ 1. Dans un raccourci brillant, André Reszler observe qu’historiquement, c’est
45 cipe créateur », cependant que « Nietzsche décèle dans la musique wagnérienne la grande fatigue, cette maladie fatale de la
46 . Un autre aspect du pessimisme européen apparaît dans les arts au xxe siècle : c’est le recours « au fond oublié, primitif
47 emins de la création ne se trouvent pas seulement dans les salles des musées d’ethnographie, écrit Paul Klee ; elles sommeil
48 ie, écrit Paul Klee ; elles sommeillent également dans les chambres des enfants du monde entier ». Dans ce mouvement profond
49 dans les chambres des enfants du monde entier ». Dans ce mouvement profond et général de retour aux sources, André Reszler
50 e surtout, un renouveau de l’aventure occidentale dans son avidité de tout « comprendre », tout explorer, tout intégrer ? Pl
51 dèles admirés de sa jeunesse, contre la tradition dans laquelle, par cet acte même il s’insère ? Peut-être n’est-il rien au
52 abstraite », ou « pacifiste », ou « subversive ». Dans cette optique, l’explosion surréaliste ne m’apparaît nullement comme
53 le paradoxe de la modernité et de l’avant-garde : dans les arts et dans la politique, il s’agit de tendances inconciliables.
54 modernité et de l’avant-garde : dans les arts et dans la politique, il s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’elles
55 uère. 3. En vérité, les ambiguïtés qui subsistent dans la polémique sur l’Europe, sa spécificité culturelle et la possibilit
56 olitique, résultent toutes ou presque — y compris dans ce livre — de l’absence ou de l’oubli d’une distinction fondamentale
57 joy)7 « pour la Voie communautaire qu’il poursuit dans sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale est « fondée sur un
58 idéocraties absolutistes qui triomphent désormais dans le tiers-monde mais que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de
59 ons” » (p. 147). Ceci posé, et maintenu fermement dans les conclusions de son essai, André Reszler se livre à la malice de c
60 condamnation globale, Marx et Engels aperçoivent dans l’expansion territoriale de l’Angleterre, des États-Unis, la marche d
61 est de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Mexique) passe sous la tutelle des États-Unis ». Le même
62 unification du monde. » Sur quoi l’auteur conclut dans un large finale : « Si l’Europe doit survivre en tant que civilisatio
63 des dettes qu’elle a contractées envers le monde dans sa tentative de l’unifier sous sa conduite, elle doit bien mieux réso
64 destins. Il ne s’agit plus désormais, de projeter dans l’espace lointain ni dans le temps des origines, ni dans l’avenir, l’
65 désormais, de projeter dans l’espace lointain ni dans le temps des origines, ni dans l’avenir, l’image fantasmatique d’un b
66 espace lointain ni dans le temps des origines, ni dans l’avenir, l’image fantasmatique d’un bon sauvage ou d’un homme régéné
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
67 es personnes, puisqu’on sera tombé, probablement, dans un système totalitaire mondial. En préparant ce colloqueg, nous avons
68 x les théories sur la « mort de l’homme » lancées dans les années 1960 par les structuralistes français, notamment Lévi-Stra
69 n Sorbonne et au Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un temps, le symptôme clinique de quelque c
70 matique et plus sérieux, que Lévi-Strauss exprime dans sa Pensée sauvage : celui « de réintégrer la culture dans la nature »
71 Pensée sauvage : celui « de réintégrer la culture dans la nature » et finalement la vie dans l’ensemble des conditions physi
72 la culture dans la nature » et finalement la vie dans l’ensemble des conditions physico-chimiques « au sein desquelles — aj
73 Foucault — elle se perdra rapidement comme ce pli dans une nappe ou l’empreinte d’un visage dans le sable d’un rivage… va s’
74 ce pli dans une nappe ou l’empreinte d’un visage dans le sable d’un rivage… va s’effacer. » Le dessein bien affirmé est de
75 responsabilité. Du seul fait qu’on aura « traqué dans ses derniers retranchements l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss)
76 ocation ne peut être assumée, agie, réalisée, que dans la réalité d’une communauté. Le terme de personne a été élaboré par l
77 , puis avait été transféré au citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Dieu était une seule essence manifestée e
78 voudrais rappeler maintenant que Michel Foucault, dans son livre Les Mots et les Choses, explique que l’homme au sens modern
79 ment imaginer des sciences physiques ou chimiques dans un monde — l’Inde par exemple — où la matière est illusion, voile de
80 déduites (à tort ou à raison d’ailleurs9). Il y a dans toute l’œuvre de Lévi-Strauss l’affirmation de plus en plus nette et
81 e ses responsabilités ; c’est agir en homme libre dans la société, cesser de dire qu’on n’y peut rien. Le civisme est le fai
82 pour qui l’on puisse agir. La personne se dissout dans les grandes dimensions, celles des villes millionnaires par exemple.
83 naires par exemple. Mais pour qu’on n’étouffe pas dans les petites unités, encore les faudra-t-il ouvertes les unes aux autr
84 ar la liberté et l’autogestion locale. (Tout cela dans le Contrat social et dans le Gouvernement de la Pologne). Une anthrop
85 tion locale. (Tout cela dans le Contrat social et dans le Gouvernement de la Pologne). Une anthropologie personnaliste condu
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
86 arché commun s’est effectuée le 1er juillet 1977, dans l’inattention générale. C’était pourtant le premier achèvement du gra
87 , tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colonnes ? Ou plutôt que l’Europe qui intéresse au sens fort le
88 hantillons de titres sur plusieurs colonnes parus dans les principaux journaux de France, de Suisse, de Belgique, d’Italie,
89 n avec un tel sang-froid, sans la moindre émotion dans la voix et parfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans l
90 rfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans la résignation, voire de sournoisement jubilant, annoncer et accepter
91 installé en Italie comme en RFA, qui est inscrit dans la nouvelle Constitution de l’Espagne et plus encore dans le projet d
92 nouvelle Constitution de l’Espagne et plus encore dans le projet de Constitution de la Belgique, et qui, sous le nom de dévo
93 nt diplomatique me paraît difficilement évitable, dans la mesure où seraient pris au sérieux les propos de l’ancien Premier
94 orses ». (Je n’ai jamais rien écrit de pareil, ni dans mon dernier livre, ici visé, ni ailleurs. Notre coléreux étourdi s’es
95 sion universelle de la nation une et indivisible. Dans sa dernière Lettre mensuelle, il concède que l’avenir du Monde en l’a
96 ayonner, manifester et imposer sa place naturelle dans le Monde, qui est la première, de Gaulle l’a dit. En revanche, les pé
97 ite permettant en réalité aux Autres d’intervenir dans les affaires intérieures de la Nation, limitation des droits sacrés à
98 de limite au vice, à l’anarchie, à l’infamie : «  Dans le faux, tout est possible », dit la Logique de Vienne… Ces vices et
99 fie ce terme) puisse faire à la nation française, dans son ensemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’elle fit elle-
100 s nationalistes à l’endroit des nations opprimées dans leur culture comme dans leurs droits et libertés traditionnelles : Br
101 oit des nations opprimées dans leur culture comme dans leurs droits et libertés traditionnelles : Bretagne, Pays basque, Rou
102 o-nationales), celles-là mêmes qui ont uniformisé dans leur sein les diversités régio-nationales… La France ayant « défait »
103 ervateur qui, quelques mois auparavant, affichait dans Paris : « L’Avenir est votre affaire », pour annoncer son colloque « 
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
104 ter d’interpréter certains conflits qui sévissent dans notre siècle entre le monde mécanique et le monde organique, entre la
105 est censée traduire tout en les dissimulant. 2. Dans les écoles primaires de Suisse romande, une compagnie productrice d’é
106 ciété coutumière. C’est le moment où s’instituent dans nos pays les écoles primaires obligatoires et universelles : la consc
107 e les taux de délinquance et le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens de droite, l’écologie est un c
108 nons un peu de recul pour considérer le phénomène dans son ensemble, c’est très simple : l’Écologie est une réaction de défe
109 exigences régionales. Mais l’obstacle est le même dans les deux cas : l’État-nation. Exemple : quand la CEE propose un plan
110 el gouvernement répond : d’accord, mais seulement dans une mesure compatible avec ma souveraineté nationale. Et l’on sait à
111 e, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart des sociologues et
112 geuse, tout marche mieux, sur une petite échelle, dans les autonomies locales. « Coopératives d’habitation, énergie solaire,
113 a démontré le contraire, d’une manière décisive, dans son célèbre ouvrage Small is beautiful. 7. Les relations d’interacti
114 c les organisations régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale. — en vue d’établir un prog
115 pecial on the Future of America, Sept. 1977. 21. Dans certains pays, il existe un parti écologiste : Parti radical italien,
116 n, Parti radical néerlandais, die Gruenen en RFA. Dans d’autres pays, le mode de scrutin permet ou interdit le panachage, do
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
117 u moment. I. Les identités nationales On lit dans Le Monde du 6 février 1979, signées par le « président de l’associati
118 retagne mise à part, les partenaires de la France dans l’Europe des Neuf sont de jeunes nations. L’on comprend que celles-ci
119 s résultats suivants en réponse à la question : «  Dans la CEE, votre pays risque-t-il de perdre sa culture et son originalit
120 étant îles de surcroît), de « perdre son identité dans une union européenne ». L’argument ne vaut strictement rien, ne tradu
121 président des « Fidèles » à la pensée gaullienne, dans le même article, citons encore cette description proprement déchirant
122 on proprement déchirante de l’avenir de la France dans une Europe unie : Nous risquons de voir sous nos yeux s’accomplir l’
123 irrémédiable, c’est-à-dire la fusion de la France dans une masse informe, modelée au gré des circonstances par les faucons o
124 français a rapidement pris une position dominante dans les Six et il l’a conservée même depuis l’adhésion de trois pays qui
125 ar un anglais n’apporte pas de changement radical dans cette situation. En sera-t-il de même quand de nouvelles adhésions se
126 e donc réaliste de conclure que la CEE atteindra, dans ce domaine, à plus ou moins brève échéance, une « masse critique » où
127 t national pourra toujours se faire traduire tout dans sa propre langue. L’option pour trois langues, dites « principales »,
128 s de la Communauté puissent s’exprimer couramment dans l’une de ces trois langues et comprendre l’une des deux autres. I
129 plusieurs centaines de ceux que cite Edmond Jouve dans ses deux énormes volumes sur Le Général de Gaulle et la construction
130 neté nationale ? La réponse a été donnée dès 1945 dans un volume intitulé Demain la paix 27 par un auteur qui signait Bruère
131 istes durs sur la région est totalement négative. Dans les deux volumes de M. Edmond Jouve cités plus haut, qui sont censés
132 éral ? Celle-ci est exposée pour la première fois dans son principe et dans ses développements immédiats lors du discours te
133 xposée pour la première fois dans son principe et dans ses développements immédiats lors du discours tenu par le Général à l
134 en perdant son référendum. Cette hypothèse trouve dans le livre de Jean Mauriac, Mort du général de Gaulle 31 plus de confir
135 (p. 27) On sait la suite, la démission immédiate dans la nuit même qui suit le rejet du oui au référendum, et la retraite à
136 ervice que je pouvais rendre à la France. (p. 54) Dans mes mémoires, j’expliquerai pourquoi il fallait faire cette réforme…
137 longtemps, de vraies régions et qui va se vautrer dans la médiocrité ». (p. 115) Les véritables héritiers de la pensée gaull
138 ivisée par les Alliés de 1945 en onze « Länder », dans l’intention avouée de l’affaiblir. En fait, ce régime fédéraliste et
139 permis l’accession au pouvoir du parti communiste dans plusieurs provinces importantes de la Péninsule, et donné de la sorte
140 e fédération de régions historiques, qui trouvent dans leur union — strictement limitée à certaines fonctions publiques — la
141 ajeurs du Royaume-Uni, et l’évolution se prononce dans l’ensemble — avec des à-coups importants — comme l’ont montré les réf
142 ums de mars 1979 en Écosse et en pays de Galles — dans le sens d’une autonomie croissante des régions ethniques, certains le
143 stitution adoptée en 1978 reconnaît non seulement dans son article 2 « le droit à l’autonomie des nationalités et des région
144 ie de formation ou d’ores et déjà opérationnelles dans certains secteurs. On trouvera parmi elles une quinzaine de régions t
145 tions analogues sont entrées en fonction dès 1975 dans la Regio Basiliensis et dans l’Euregio Nord. La région Alpazur (Côte
146 en fonction dès 1975 dans la Regio Basiliensis et dans l’Euregio Nord. La région Alpazur (Côte d’Azur, provinces d’Imperia e
147 la fois, qui confère à la population une cohésion dans la poursuite d’objectifs et d’intérêts communs. C’est cette cohésion,
148 égionale, donne aux régions le moyen d’intervenir dans la politique de construction et de gestion de l’Europe. 22. Extra
149 ionnelles à la décision de politique économique » dans le cadre de la régionalisation « se trouvaient déjà en germe ». (J.-L
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
150 a culture (automne 1979)l Le phénomène Europe, dans l’espace et le temps de planète, oppose une réaction de rejet quasi i
151 an mal an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans ses hiérarchies romaines, puis évangélisées par des ordres irlandais,
152 sacrer à Rome, pour restaurer l’unité des esprits dans la diversité normale et nécessaire des coutumes et des lois locales.
153 cette paix que seule procure l’unité essentielle dans la diversité de l’existence, Dante la voit compromise par la montée d
154 Philippe le Bel a fait gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur
155 istianitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un ensemble humain et hi
156 hui : culturelles au sens large. Cette révolution dans la conception et l’approche du phénomène européen s’explique à l’évid
157 es paroles créatrices du sentiment de communauté. Dans son traité Sur la chute de Constantinople et la guerre contre les Tur
158 la guerre contre les Turcs, pour la première fois dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison 
159 : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous so
160 t en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tu
161 dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poèt
162 plus grand lyrique de l’idéal d’union européenne dans tous les congrès de la paix et de la fédération des peuples qu’il a t
163 ommunes », « marché commun »33 — qu’on retrouvera dans tous les traités européens, des statuts du Conseil de l’Europe (1949)
164 peri, Jean Monnet et Paul-Henri Spaak. Mais c’est dans la généalogie des philosophes qu’on voit s’annoncer au xviiie siècle
165 erpétuelle (1795), texte fédéraliste s’il en fut, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États », comm
166 asse aux Peuples. (C’est la doctrine rousseauiste dans sa pureté.) Le projet de fédération européenne est défini avec une gr
167 ion européenne est défini avec une grande rigueur dans ce traité, où le dogme de la souveraineté nationale absolue, constitu
168 ope, sur ses origines culturelles, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédérali
169 es personnalistes et de leurs camarades européens dans les deux camps, menant une lutte commune et clandestine, est-il à tou
170 à part les cinq « engagés », qui se retrouveront dans les futurs congrès européens, le reste se perd, non dans le silence,
171 s futurs congrès européens, le reste se perd, non dans le silence, hélas… Il en ira tout autrement du congrès fédéraliste de
172 de réalisation : proportion certainement inégalée dans l’histoire des congrès — tout au moins dans le monde des libertés « f
173 galée dans l’histoire des congrès — tout au moins dans le monde des libertés « formelles » où les majorités ne dépassent pas
174 rence de Lausanne des fragments d’un long essai37 dans lequel il définissait les conditions d’une défense de nos diversités
175 e sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour réaliser une unité éc
176 s années plus tard, tout a changé diamétralement. Dans un écrit du même auteur38, on peut lire que l’Europe est « foutue »,
177 n générale des « intellectuels » face à l’Europe, dans les années 1950 et 196039. Ce que demandent aujourd’hui les fédéralis
178 éralistes européens, c’est la coopération active, dans le détail, des actions doctrinales, pratiques et politiques, qu’on pe
179 que l’Europe porte la plus lourde responsabilité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’elle doit au monde de lui mo
180 Toutes sont résolument « européennes » à la fois dans leurs finalités culturelles et dans leurs pratiques internationales :
181 s » à la fois dans leurs finalités culturelles et dans leurs pratiques internationales : traductions, débats à l’échelle con
182 a perdu son aura d’avant-garde. Quelques revues, dans les années 1950 et 1960, reprennent le flambeau européen : Preuves
183 à la mode que l’Europe, sinon son union fédérale, dans les milieux intellectuels français en cette fin des années 1970. 3
184 gienne, que par les « cartes en T » (un T inscrit dans un cercle) dont elle figurait le segment supérieur ou « domaine de Ja
185 « Marché commun » est déjà proposé par Nietzsche dans un de ses Fragments posthumes. Voir aussi Par-delà le bien et le mal,
186 urope ». À quoi s’ajoutent chroniques et articles dans la plupart des numéros ordinaires. 35. Sur l’action des personnalist
187 ordinaires. 35. Sur l’action des personnalistes dans la résistance européenne, voir L’Europe de demain, Éditions de la Bac
188 a son siège à Venise. 37. D’abord paru en entier dans Politique étrangère, 1948. 38. Préface aux Damnés de la Terre de Fra
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
189 nces, et d’écoles de pensée successivement parues dans des foyers très dispersés, d’où elles ont propagé à toutes les nation
190 les couveuses de la culture commune qui va éclore dans les cités commerçantes des xiie et xiiie siècles, quand les collège
191 sud du Saint-Empire romain de nation germanique. Dans les pactes que concluent en 1291 les trois communes (aujourd’hui cant
192 u savoir deviennent l’universitas par excellence. Dans un acte de 1229, les représentants de l’ensemble des collèges parisie
193 a dialectique des scolastiques. Ils se réunissent dans des salles exiguës, déménagent de quartier, voire émigrent dans une a
194 s exiguës, déménagent de quartier, voire émigrent dans une autre ville de la région parisienne, quand leurs rapports avec le
195 la médecine, l’université médiévale « correspond, dans son exigence même, à l’idée d’un studium generale, d’une totalisation
196 tapes, qui vont du fédéralisme empirique pratiqué dans le Saint-Empire au totalitarisme obtus imposé par Napoléon ; le moteu
197 nt le besoin qu’éprouvent les clercs d’intervenir dans les luttes politiques et de s’attirer pour ce faire les faveurs du Pr
198 Si mes espérances se réalisent, je veux trouver dans ce corps même une garantie contre les théories pernicieuses et subver
199 ies pernicieuses et subversives de l’ordre social dans un sens ou dans un autre. Il y a toujours eu dans les États bien orga
200 et subversives de l’ordre social dans un sens ou dans un autre. Il y a toujours eu dans les États bien organisés un corps d
201 dans un sens ou dans un autre. Il y a toujours eu dans les États bien organisés un corps destiné à régler les principes de l
202 fait que de Facultés au sens qu’a gardé le terme dans le reste du monde. Chacune de ces Facultés désormais isolée des autre
203 tudiants que la plupart des universités complètes dans les autres pays d’Europe. Le gigantisme, loin d’être éliminé, a donc
204 studii est définitivement évacuée. C’est pourtant dans le retour aux petites unités qu’ici, tout comme dans les structures é
205 s le retour aux petites unités qu’ici, tout comme dans les structures économiques, sociales et politiques, l’on entrevoit la
206 communautés et des grands moyens, tout se résume dans la formule de l’Europe des régions fédérées. V. La tour d’anti-Bab
207 à Florence, sous le nom d’Université européenne. Dans un grand parc, près de la mer, ou d’un lac, ou d’une large rivière, e
208 pelles, sans oublier plusieurs terrasses de café. Dans le centre aussi, un groupe de bâtiments contient la bibliothèque, jou
209 énérale d’admission : avoir prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la vie professionnelle, et démo
210 l’impérieux désir d’intégrer l’expérience acquise dans un ensemble plus compréhensif. Les activités intellectuelles de cette
211 es sujets qu’il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos facultés classiques. Voici quelques-un
212 gique ou les contradictions de leur développement dans la vie publique et privée de l’unité culturelle en question. Le probl
213 Le rôle créateur de l’interaction des disciplines dans l’histoire ancienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sou
214 dans l’histoire ancienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sous quelles conditions les inventions ou découverte
215 foi, du doute, de la méthode et des contingences dans les progrès de la connaissance en Occident. 3. Au-delà de la technolo
216 suppléer par les arts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme,
217 ’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un tel centre de synthèse et
218 maginera sans peine. L’introduction, si désirable dans nos mœurs universitaires, d’une année sabbatique de type américain, p
219 e, puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé et de notre ave
220 rs » français m’ont fait remarquer qu’ils avaient dans l’État et donc sur la tribune officielle le même rang qu’un préfet ou
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
221 on lié à un lieu. 2. La production d’utopies est dans la nature de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas seule
222 er et voyageur sur la Terre », ou déclarent que «  dans les cieux est notre droit de cité » (notre politeuma, saint Paul). Et
223 lent grammatical, mais non pas du tout spirituel, dans les œuvres du mystique soufi Sohrawardi d’Alep (1155-1191). Ce qu’il
224 de l’aventure spirituelle, on ne peut le comparer dans la tradition occidentale, chrétienne, qu’aux « Nouveaux Cieux », à la
225 plus : sa venue marque la fin des temps, elle est dans « ce qui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et radicale.
226 istoire à sa fin, elle apparaît donc situable non dans l’Histoire, mais par rapport à l’Histoire. Cette cité a des mesures (
227 table. Thomas More, en somme, n’a fait que placer dans le temps de l’Histoire et l’espace de la Terre une cité idéale inspir
228 mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa seconde demande : « Que Ton règne vienne ! », donc arrive, donc ai
229 Ton règne vienne ! », donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire et notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien r
230 pirituelle, son transfert de plus en plus abusif, dans le temps de l’Histoire et dans l’espace de nos propriétés privées et
231 us en plus abusif, dans le temps de l’Histoire et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiques. T
232 s territoires étatiques. Tout cela va se produire dans l’époque même où se développent les sciences physiques et la techniqu
233 sant à la faveur d’une « suspension du jugement » dans l’ordre éthique, c’est-à-dire d’une décision de ne pas tenir compte d
234 , mais seulement des processus mécaniques opérant dans un milieu artificiellement isolé. La technique, dès le xviiie siècle
235 mortelle. L’aventure technique relève de l’utopie dans toute la mesure où elle vise à l’élimination des contraintes de lieux
236 qui puisse s’opposer aux décrets de la capitale. Dans le géométrisme de ce plan, on aura reconnu la forme d’esprit schizoïd
237 umain. Ceci nous permet d’espérer. 7. Mon propos dans tout cela n’est guère politique, encore moins politologique. Il est p
238 s More, de Campanella, de Fourier, est projection dans un avenir et dans un espace donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui s
239 lla, de Fourier, est projection dans un avenir et dans un espace donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce n’est d’hier.
240 n à un certain niveau d’une société réelle entrée dans un déclin qui doit finir en chute, à moins que le mouvement descendan
241 la plupart des Utopies, car elles ne sont conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a perdu toute espérance d
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
242 t « l’esprit européen » (été 1980)o « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’il me
243 s’appliquer à l’expression d’« esprit européen ». Dans les exemples invoqués revenaient sans cesse « l’esprit de parti », « 
244 , me semble-t-il, pourrait se définir assez bien, dans l’œuvre de Mme de Staël, comme le contraire de tous ces esprits-là. T
245 omme la complémentarité des diversités nationales dans les lettres, les sciences et les mœurs ; comme une aspiration à l’œcu
246 Société des hommes de l’esprit, ou comme elle dit dans De l’Allemagne : « l’association de tous les hommes qui pensent, d’un
247 es 1930 et aux fédéralistes actuels — sur l’unité dans la diversité. « Ce qui s’oppose coopère — dit Héraclite — et de ce qu
248 cidentale, et qui conduit en tous domaines à unir dans le respect et la force du divers, qu’il s’agisse de sagesse ou de sci
249 prit que la volonté d’uniformisation que montrait dans le même temps Napoléon. (Lecture des journaux interdite, sauf celle d
250 nion européenne, à savoir de « fondre nos nations dans on ne sait quel magma informe ». Mme de Staël conçoit l’esprit europé
251 se prêter. Il y a quelque chose de très singulier dans la différence d’un peuple à l’autre : le climat, l’aspect de la natur
252 ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air ;
253 ut pays d’accueillir les pensées étrangères ; car dans ce genre, l’hospitalité fait la fortune de celui qui reçoit.48 Ceci
254 la fortune de celui qui reçoit.48 Ceci encore, dans l’essai sur les traductions : Il n’y a pas de plus éminent service à
255 ulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposition climatérique, historique, culturelle et surtout religieu
256 t vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon par cela qui est plus profond encore que les r
257 Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des mœurs opposées ; et, rapprochant des ennemis,
258 pprochant des ennemis, elle en a fait des nations dans lesquelles les hommes énergiques fortifiaient le caractère des hommes
259 aincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religion chrétienne y a puissamment
260 ds. Le protestantisme et le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent da
261 ce sont des puissances morales qui se développent dans les nations parce qu’elles existent dans chaque homme. Et plus loin 
262 eloppent dans les nations parce qu’elles existent dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’un jour un cri d’union
263 nonyme de celui de légion que s’attribue le démon dans l’Évangile52 ». À cette affirmation de la primauté de la morale sur l
264 d de nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans la préface De l’Allemagne qu’elle écrit : Les progrès des sciences r
265 e, la politique toute négative.54 Au contraire, dans les petits pays, les citoyens restent capables de comprendre les affa
266 aires de la cité et d’y faire entre leur voix. «  Dans l’enceinte des petits États, la liberté peut exister, parce que les p
267 avant. Tout cela se lit ou se relit en filigrane dans De l’Allemagne, et les quelques phrases un peu plus explicites que je
268 ion et chômage en Occident, dictatures et famines dans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’eût pas préconisé l’uni
269 européenne, ne saurait être que l’homme lui-même, dans sa liberté responsable. L’homme européen, tel que l’ont fait au cours
270 elle eût proposé l’union fédérale de nos peuples, dans cet enthousiasme auquel elle consacre les trois derniers chapitres de
271 it plus qu’aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même foyer57 ». L’Europe de l’enthousiasme ! Il était temps, je c
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
272 as un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre
273 r l’Europe telle que l’ont vue, perçue et définie dans son ensemble les philosophes, les géographes, les politiques et les p
274 ongrois, il y a au contraire implantation durable dans 15 % de la population, les plus grandes familles demeurant généraleme
275 les combinaisons spéciales de quatre confessions dans les pays de l’Est, annoncent à la fois l’unité et les antinomies pers
276 post-stalinienne. Mais c’est déjà au xve siècle, dans la période de pré-Réformation, que sur ce fond religieux commun vont
277 Dubois et en précise les conséquences politiques dans un gros ouvrage écrit en latin, mais qui porte ce titre français : Tr
278 ire pièce, le projet de Podiebrad marque une date dans l’histoire de l’Europe : il constitue en quelque sorte la première pr
279 a été retrouvé à la veille de la dernière guerre dans les archives d’un orphelinat à Halle). L’idéal directeur de toute l’œ
280 le). L’idéal directeur de toute l’œuvre s’exprime dans ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’il est nécessaire d’éleve
281 r par l’éducation tous les hommes à l’humanité. » Dans la préface qu’il a donnée aux Pages choisies de Comenius publiées par
282 elle de la nature formatrice qui, en se reflétant dans l’esprit humain grâce au parallélisme de l’homme et de la nature, ent
283 urs du xixe siècle, mais que Comenius a entrevue dans la perspective de cette philosophie ; d’où l’ambition déconcertante d
284 re et d’avoir ainsi intégré le processus éducatif dans un système tel que ce processus en constitue même l’axe fondamental.
285 a mort une première grande édition de ses œuvres. Dans la bibliographie de l’Unesco, je vois que la Didactica Magna, écrite
286 ce que Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souv
287 eurs de l’Est. Il y a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une es
288 ickiewicz (1789-1855). Né en Pologne alors russe, dans une demeure paysanne, devenu professeur au Collège de France et mort
289 ignifie liberté des peuples. Mais il y a toujours dans le mot de Liberté, beaucoup plus que ce qu’on y met de revendications
290 s polonais, diatribe politique en forme de poème, dans laquelle il élève la plainte de ceux de l’Est que l’Ouest abandonne,
291 la France. Je cite : Lorsque la Liberté siégera dans la capitale du monde, elle jugera les nations. Et elle dira à la prem
292 Et la Liberté dira à la seconde nation : J’étais dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection de
293 it de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là où il y aura le sifflement du knout et le cliquetis d
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
294 q Note préliminaire « Procéder par ordre. Dans l’ordre de la preuve. Prudemment et pas à pas ». C’est la méthode que
295 pas ». C’est la méthode que préconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française. Il s’est si bien gardé de l’appliquer qu’il m’
296 prévalait sur l’Europe. Je me propose de montrer dans le détail — c’est ingrat, mais peut être amusant une fois repérés les
297 uns : il n’en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et tranchant, et pas un instant li
298 s, l’absence pathologique de toute trace d’humour dans ce livre est l’indicateur le plus sûr d’une disposition d’esprit tota
299 e on lit au Livre de Job58. Douze citations Dans son Idéologie française M. Bernard-Henri Lévy me prend à partie nommé
300 t pas une n’est honnête : la plupart signifiaient dans leur contexte tout à fait autre chose ou le contraire de ce qu’il veu
301 qu’il appelle la naissance du fascisme en France dans « une génération de faillis, de maudits, de réprouvés […], celle des
302 tits devant des “parlementaires ventrus” engoncés dans leurs “faux cols”, leurs “rosettes” et leurs “chapeaux melons”1) ». L
303 t ces mots, mais est-ce possible ? « “Engoncés” » dans leurs rosettes et leurs chapeaux melons… Cela ne peut pas être de moi
304 rsonnalisme, l’Action française et Romain Rolland dans un culte commun du fascisme, Lévy cite le fameux numéro 6 d’ Esprit
305 quis définitif du personnalisme » ne figurant pas dans ce numéro d’ Esprit , l’auteur éprouve le besoin d’étayer son inventi
306 u Sillon, [où on compromet] des forces généreuses dans de vagues compromissions politiques et une idéologie périmée. » Ce q
307 e falsification : — la phrase citée ne figure pas dans Esprit  ; — le « texte exact » cité en note ne la corrobore nullemen
308 ; — au surplus, inventé ou pas, rien n’est de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La démocratie, selon les pe
309 Penser avec les mains , paru en 1936, mais cité dans sa réédition de 1972. Qu’on se reporte à la page indiquée 140. Je vie
310 ’écris : Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de foi contraire. Elles veulent la force
311 era la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations actives avec ses prochains. C’est à nous qu’il incombe
312 orce est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a pour formule
313 lective. Elle réside dans les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a pour formule réelle — même là où l’on refu
314 esponsable. Ignore-t-il, comme J.-F. Revel61, que dans la distinction entre individu et personne se fonde la notion chrétien
315 end pour une « communauté » ? (J’ai écrit souvent dans les années 1930 : « C’est avec la poussière des individus que l’État
316 utôt qu’à des livres connus et encore accessibles dans les bibliothèques, voire en librairie, il est remarquable que les not
317 avortées”58) ». Reportons-nous aux pages citées dans mon livre. Quelques remarques de forme tout d’abord : — dans « le bea
318 vre. Quelques remarques de forme tout d’abord : — dans « le beau nom de totalitaire », l’adjectif « beau » est de Lévy, non
319 révolutions avortées » qu’il cite ne figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond : — je ne parle pas du tout
320 Toutes les citations précédentes sont concentrées dans le premier chapitre. La dernière figure à la fin du livre. Non seule
321 érique n’est pas mentionnée ni même sous-entendue dans le passage cité ( L’Ordre nouveau , n° 3), dont voici le texte : Que
322 mage qu’un jeune homme aussi passionnément motivé dans sa dénonciation d’ennemis qui n’ont cessé d’être les nôtres depuis bi
323 es à leurs adversaires de toujours, et de déceler dans leurs critiques et leurs refus autant de preuves de leur fascination
324 talitaire », ce dernier texte ayant été distribué dans le ciel des grandes villes des Pays-Bas occupés. « Nul besoin de prés
325 s-Bas occupés. « Nul besoin de présenter l’auteur dans ce pays, la RAF s’en est chargée pendant la guerre », disait le profe
326 pouvoir ? Tout cela ne serait presque rien si, dans L’Express n° 1546 du 13 février 1981, Raymond Aron lui-même n’avait d
327 quage des textes qu’il vient pourtant de dénoncer dans les premières pages de son article. Il a choisi de n’accorder créance
328 re et anti-individualiste » (Lévy), c’est-à-dire, dans la traduction au moins très libre de Raymond Aron « traditionaliste e
329 n commandement « de haut en bas » selon Pétain !) dans ces cénacles d’intellectuels parisiens qu’ils méprisaient plus que pe
330 ’École d’Uriage, puis faisant la grève de la faim dans sa cellule ; Robert Aron emprisonné comme Juif à Mérignac, puis caché
331 Aron emprisonné comme Juif à Mérignac, puis caché dans un grenier à Vichy même, puis de nouveau emprisonné en Espagne en ten
332 aulle ; Alexandre Marc pourchassé, obligé de fuir dans un camp de réfugiés en Suisse ; et moi, officier à l’état-major génér
333 vile (ouvertement) et militaire (clandestinement) dans l’ignorance où je me trouvais d’être le complice, bien plus : l’admir
334 exemplaires. Avec les articles louangeurs publiés dans la presse littéraire et la complaisance des médias cela fait un bon m
335 étais « parafasciste » et pronazi. Mieux encore : dans un périodique nommé Lu, un professeur agrégé de philosophie nommé D. 
336 ce professeur, et quelques autres qui se sont mis dans le même cas, auraient à répondre de ces calomnies devant les tribunau
337 seul exemple, faute de place. Car c’est seulement dans le détail précis qu’on peut déceler le procédé — si contagieux chez l
338 , ah ! qu’il est commode de mettre tout le paquet dans les mains d’un homme, d’attendre les mots d’ordre et d’y obéir aveugl
339 le procédé, voici ce que vont faire les suiveurs. Dans la Quinzaine littéraire du 16 mars 1981, Louis Seguin rend compte du
340 sme » de la jeunesse allemande, mais il a oublié, dans sa hâte, quatre textes qui me paraissent bien plus indiscutables et p
341 i me paraissent bien plus indiscutables et précis dans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier
342 léteront le réquisitoire de Lévy. On les trouvera dans la « Lettre ouverte d’un jeune français à l’Allemagne »64 publiée dan
343 rte d’un jeune français à l’Allemagne »64 publiée dans le n° 5 d’ Esprit . « Mon témoignage sera, si tu veux bien, celui d’u
344 e leur volonté de vivre ». Plus téméraire encore, dans l’optimisme (Lévy dirait dans la complicité) : « Quant aux jeunes fra
345 s téméraire encore, dans l’optimisme (Lévy dirait dans la complicité) : « Quant aux jeunes français et allemands, s’ils dépo
346 bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phrases sont signées Raymond Aron. Elle
347 s sont signées Raymond Aron. Elles vont plus loin dans la volonté de dialogue, — on ne disait pas encore détente — que ne l’
348 ptum II Il est étrange de relire aujourd’hui, dans le même numéro d’ Esprit , à côté de l’article de Raymond Aron, la « 
349 en effet, pour une cause commune ! Un an avant, dans la revue suisse Présence , j’avais publié un article intitulé « Caus
350 ntre en Suisse (il avait réussi à se faire nommer dans la dernière délégation allemande à la SDN) il me montra les cicatrice
351 aient infligées. Aviateur, il occupa un poste-clé dans l’état-major de Goering, d’où il transmit aux Russes, via Lucerne, en
352 de toute vraie communauté ? Le 1er novembre 1938, dans le numéro 74 d’ Esprit , ils publient une « Déclaration du Collège de
353 évirilisation. Il n’hésite pas à en voir la cause dans le relâchement des liens actuels de la société, dans leur quasi-inexi
354 s le relâchement des liens actuels de la société, dans leur quasi-inexistence, en raison du développement de l’individualism
355 té la salle. Une certaine honnêteté régnait alors dans le milieu intellectuel. S’il était nécessaire de prouver que le « fas
356 ent qu’un, ces quelques lignes de Roger Caillois, dans une lettre qu’il m’adressait le 7 novembre 1938 au sujet de mon Jour
357 rtes — serait-ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on se reporte à mon Journal
358 on se reporte à mon Journal d’Allemagne , repris dans Journal d’une époque (Gallimard 1968) p. 308 : dans un dialogue ave
359 Journal d’une époque (Gallimard 1968) p. 308 : dans un dialogue avec un SA qui suit mes cours, je lui reproche « cette ma
360 . Cf mon essai « Les jacobins en chemise brune », dans L’Ordre nouveau de décembre 1936, et sous le même titre, les pages
361 ournal d’Allemagne, datées d’avril 1936, reprises dans Journal d’une époque, Gallimard, 1969, p 324-326. 63. Raymond Aron,
362 oire-fiction tirée d’un manuel de l’an 2000) paru dans la NRF du 1er janvier 1938, et repris dans les traductions en espag
363 paru dans la NRF du 1er janvier 1938, et repris dans les traductions en espagnol (Buenos Aires) et en hollandais du Journ
364 f. p. 346 à 348 de la réédition de ce petit livre dans Journal d’une époque , Gallimard, 1968. 67. « Le conflit était régl
365 religieux ou social. Il exigea d’entrer en armes dans les territoires sudètes. Une cession purement diplomatique n’eût pas
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
366 1. Quand natio signifiait « langue vulgaire » Dans les langues principales de l’Europe, le mot Nation, Nazione, Nación,
367 et dépendant de la seule autorité ecclésiastique. Dans le même temps, l’Ordre souverain de Malte est divisé en nations sous
368 ance, en Italie, en Allemagne, à un degré moindre dans les pays ibériques, des littératures en langues vulgaires apparaissen
369 son rêve n’a duré que quatorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’était fait appeler « roi des Gaules, de la G
370 n consterné de cette profonde révolution païenne. Dans son traité De Monarchia, qui date de 1308, il s’écrie : « Ô genre hum
371 l’autre (querelle des Investitures, par exemple). Dans son grand ouvrage sur la Civilisation de l’âge classique (Arthaud, Pa
372 et 1760, l’État classique voit ses moyens accrus dans une proportion variable de 200, 500, 1000 %. De là à affirmer qu’il e
373 [par le recrutement] se confronter puis se fondre dans une uniformisation sans cesse plus marquée de l’armée. Ce puissant in
374 ns. Ces nations ont pris conscience d’elles-mêmes dans l’affrontement des États. » (p. 68) « Or, que serait l’Europe sans se
375 e « l’État, malheureusement, s’écrit mieux encore dans l’Europe classique au pluriel qu’au singulier » (p. 69). Mais quoi ?
376 ux six livres de La République, dès l’année 1576. Dans cette somme admirable qu’est L’Essor de la philosophie politique au x
377 main à l’ordonnance de son prince », écrit Bodin, dans l’esprit des légistes de Philippe le Bel, et relançant ce « mouvement
378 (P. Mesnard, op. cit., p. 490). Tout cela culmine dans la définition de la souveraineté, « puissance de donner et de casser
379 Bodin et ses disciples (jusqu’à nous !), résider dans trois Estats (et trois seulement) ou « trois sortes de républiques, à
380 s ou d’États sont interchangeables, non seulement dans l’usage vulgaire, mais dans les écrits des savants, historiens, philo
381 eables, non seulement dans l’usage vulgaire, mais dans les écrits des savants, historiens, philosophes, juristes mêmes. On e
382 nt d’exemples qu’il y a d’emplois de ces vocables dans les œuvres connues de l’époque. Qu’un seul suffise : dans L’Esprit de
383 œuvres connues de l’époque. Qu’un seul suffise : dans L’Esprit des lois (Livre XIXe, chap. XXVII), Montesquieu parlant de l
384 té pour définir l’État, nom qui apparaît rarement dans les textes du temps. Le siècle de Louis le Grand, s’il fait peu de ca
385 es, qui en disent plus que les définitions, comme dans cette phrase de Rousseau : « Grandeur des nations, étendue des États 
386 les qui ne sont que citoyens », écrit Montesquieu dans ses Considérations sur les Romains. Et voici qui résume tout cela dan
387 ns sur les Romains. Et voici qui résume tout cela dans Littré (1865) : « La grande nation, nom donné d’abord à la France rép
388  ». Peu après (avril 1793), la Convention désigne dans son sein un Comité de salut public chargé d’un pouvoir exécutif de di
389 le de ces confusions. Prenons encore nos exemples dans Littré, indicateur bien plus naïf, donc plus révélateur que les défin
390 forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvem
391 tat est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements », écrit Edmun
392 st militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements », écrit Edmund Burke, ennemi de
393 son principe, dans ses maximes, dans son esprit, dans tous ses mouvements », écrit Edmund Burke, ennemi de la Révolution (1
394 e notre indépendance, parce que mettant la nation dans l’armée et l’armée dans la nation, elle fournit à la défense des ress
395 rce que mettant la nation dans l’armée et l’armée dans la nation, elle fournit à la défense des ressources inépuisables. » L
396 des hommes et des choses y est plus mécanisée que dans n’importe quelle société humaine jusque-là. Tout y est militarisé, c’
397 le et demi : a) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes, en direction de la formule fin
398 nistration et des moyens de communication. Ainsi, dans le modèle jacobin, Paris devient le centre nerveux d’où part « le cou
399 utes, partent de la capitale et y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles sont les voies de l’administration d’abord, no
400 s qui après lui avait soulevé tant de résistances dans les élites traditionnelles et libérales, finit par s’imposer à tous l
401 us les États de l’Europe à peu près simultanément dans les années 1872-1885, années qui voient aussi le départ de la colonis
402 , par leur formule même, et souvent consciemment. Dans un premier temps, le potentiel belliqueux ainsi dégagé va se dépenser
403 tade suprême de la sacralisation de l’État-nation dans sa souveraineté sans limites verra la guerre elle-même se retourner c
404 de l’armement d’en face. On m’assure qu’il existe dans le monde l’équivalent de 4 tonnes de TNT par habitant. Il semblait, v
405 de tout ce qui se passe, ou seulement se prépare, dans les esprits, dans les usines, dans les mers, sous la terre et dans le
406 passe, ou seulement se prépare, dans les esprits, dans les usines, dans les mers, sous la terre et dans les cieux. Mais loin
407 nt se prépare, dans les esprits, dans les usines, dans les mers, sous la terre et dans les cieux. Mais loin de conférer au p
408 dans les usines, dans les mers, sous la terre et dans les cieux. Mais loin de conférer au président le pouvoir le plus gran
409 tes les libertés et volontés civiques concentrées dans la liberté et dans la volonté d’un seul individu. Jamais pareil cumul
410 volontés civiques concentrées dans la liberté et dans la volonté d’un seul individu. Jamais pareil cumul de pouvoirs décisi
411 uerre ni la vraie paix ne sauraient être tolérées dans le jeu qui assure le pouvoir des deux grands, à la fois sur leurs pro
412 urs qualifiées d’« humaines » pour les minimiser, dans les installations nucléaires. Un beau jour, ou l’autre plutôt — dies
413 nu calculable, dès lors que pour la première fois dans son histoire, l’Homme dispose des moyens qu’il faut. Les probabilités
414 at-nation, qui en est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse et son évolution, de contingences historiques, bien loin qu
415 ourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se sont multipliés à l
416 l’État-nation — terme d’ailleurs lancé par lui — dans la proposition aujourd’hui bien connue : « Trop petit et trop grand à
417 e sont à la fois (à deux ou trois exceptions près dans les deux cas) — trop petits pour jouer un rôle effectif à l’échelle
418 ste de l’État-nation. On le retrouve de nos jours dans les écrits de J. Buchmann, de Robert Lafont, d’Hervé Lavenir, de Lewi
419 trentaine d’années sur ce point —, en Europe, et dans des déclarations plus récentes comme celle de Daniel Bell aux USA : «
420 t trop grands pour régler les affaires locales. » Dans ma Lettre ouverte aux Européens (1970), je retrouvais et développai
421 nant ces États-nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétention
422 ont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans except
423 ntimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi américain », mais aussi
424 auté, et assurer l’efficacité de sa participation dans les affaires du monde […]. Parce qu’ils sont trop petits, les États-n
425 ent assurer et qui représentent sa raison d’être. Dans leur état actuel de division, nos « souverainetés » ne peuvent en eff
426 mers océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier
427 es de type fédéral, nos États-nations, retranchés dans leurs souverainetés nationales, ne pourront échapper au cours des pro
428 urvivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte.76 9. Où la Souveraineté nationale devient absolue et s
429 sur une remarque capitale de Bertrand de Jouvenel dans son traité De la Souveraineté (Paris, 1955). « C’est une erreur de cr
430 » (p. 234) Survient l’âge classique : « Louis XIV dans sa majesté n’est qu’un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napo
431 guise… » (p. 237) Jean Bodin l’avait déjà décrété dans sa Respublique (1576) : la souveraineté du prince consiste dans son p
432 lique (1576) : la souveraineté du prince consiste dans son pouvoir « de poser et de casser les loys ». On touche à la souver
433 éfinitions courantes de la souveraineté nationale dans les dictionnaires les plus répandus. Ainsi le Petit Larousse : « Souv
434 naît d’autres limites que celles que lui imposent dans le fait la pluralité des États et l’absurde égoïsme des autres. Exact
435 ’État-nation. Ce qui est tout simplement absurde, dans les discours des « hommes d’État » contemporains, c’est qu’ils affirm
436 des États, voire l’Europe des patries, confondues dans un même pot-pourri conceptuel, c’est vouloir, au fait et au prendre,
437 la Souveraineté nationale dénoncée par Toynbee Dans le résumé magistral de ce qui fut l’œuvre de sa vie, A Study of Histo
438 ée. Ce compromis était psychologiquement possible dans les seules communautés où l’idolâtrie de la cité-État n’avait pas acq
439 logie entre le problème de la souveraineté locale dans le monde hellénique et le problème correspondant dans le nôtre, aujou
440 le monde hellénique et le problème correspondant dans le nôtre, aujourd’hui. Toutefois, à la lumière de l’Histoire grecque,
441 ution — pour autant qu’on puisse en trouver une — dans quelque partie de l’Europe où l’institution de la souveraineté nation
442 épiméthéen que notre société peut lever les yeux dans l’espérance d’y découvrir quelque forme d’association internationale
443 té (sans cela inévitable) de notre anéantissement dans un conflit fatal. (p. 349-350) Puis, faisant allusion aux négociatio
444 ces prises de conscience imprévisibles, survenant dans des groupuscules d’où sortent des formules nouvelles et des mots d’or
445 il total encouru par l’humanité) Nota bene. 1. Dans les deux colonnes, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y
446 le système fonctionne. Exemple : orgueil national dans la colonne I, et solidarité vitale dans la colonne II, ne signifient
447 national dans la colonne I, et solidarité vitale dans la colonne II, ne signifient pas que les citoyens d’un État-nation so
448 é parlé du ixe siècle à la fin du xviiie siècle dans la région délimitée grosso modo par les trois côtés d’un triangle don
449 a revue de A. Gramsci : Ordine Nuovo (1919-1920). Dans les trois cas, le sens était le même : création d’un ordre vrai contr
450 urt : c’est à quoi sert encore « le Sacré ». 78. Dans un volume intitulé Demain la paix, paru en 1945, et signé Jacquier, o
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
451 e situation ni plus ni moins complexe en fait que dans n’importe quel pays des Dix, mais qui devient ici plus lisible qu’ail
452 mité des passions partisanes qui ne s’obtient que dans les grands périls pour la patrie, n’implique aucun accord sur la ques
453 plus juste » (tous les chefs socialistes). C’est dans le débat des partis, tant de la droite que de la gauche, que l’argume
454 Interrogée par le journal La Croix sur ses alliés dans la liste des droites, Simone Veil (UDF) déclare à propos de Chirac (R
455 llait, le 17 juin, « passer la barre des 50 % ». Dans les autres pays des Dix, même processus : pas un mot sur l’urgence de
456 ui qui promet d’être le plus exigeant avec la CEE dans l’intérêt strictement financier du Royaume-Uni (Le Monde, 23 mai 1984
457 s de l’Italie Il a été très précisément exposé dans un article du Corriere della Sera (20 mai 1984) intitulé « L’Europa s
458 et autonome des Européens qui se trouve ici posé dans son urgence dramatique83. Faut-il aller vers un rétablissement de la
459 des partis « nationaux » et des verts allemands, dans la préparation des élections du 17 juin, s’identifient objectivement,
460 rs propositions ; c’est leur opposition, déclarée dans les mêmes termes, aux partis classiques et à leurs discours partisans
461 t (selon le Figaro , même date) : « Les régions, dans le cadre de l’Europe, pourront traverser les actuelles frontières nat
462 i rejoint les positions et propositions défendues dans toute la suite de nos études sur l’Europe et les régions 84 et dans
463 e de nos études sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se croirait
464 logiste, quatre priorités absolues sont formulées dans un tract diffusé au début de mars : L’Europe de la qualité de la vie
465 aux ». Elle se déclare « pour une France fédérale dans une Europe fédérée ». Elle affirme donc, elle aussi, que « la suprême
466 d’un État technocratique et bureaucratique réside dans la répartition des pouvoirs en faveur de communautés territoriales et
467 olitiques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point d’équilibre ent
468 nt à des mouvements qui comptent déjà des députés dans leur parlement national. Ils sont très fortement minoritaires dans le
469 nt national. Ils sont très fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanimes dans leurs propositions européennes
470 noritaires dans leur pays, mais ils sont unanimes dans leurs propositions européennes, et ceci corrigera cela, si les partis
471 t du mouvement européen, Giuseppe Petrilli, écrit dans la revue Europe (1/2 1984) au lendemain de l’échec d’Athènes : Les c
472 nimité, principe que « nous n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, longuement ovationnée par les
473 s démocrates unitaires » et PSU), et qui annonce ( dans Le Monde du 18 mai) que l’élection des députés au PE « peut donner à
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
474 ors, je vais être aussi peu objectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’aurais à dire sur l’ensemble de ce col
475 i peu objectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’aurais à dire sur l’ensemble de ce colloque. Je crois que c’
476 ous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et sa préparation, q
477 mieux sa marchandise. Il y aura certes ce côté-là dans ce qui va se passer à Budapest. Et puis, foire vient aussi de feria,
478 es. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est, dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut trouver, en ef
479 lument à rien. Chercher ce qui nous unit, surtout dans le domaine de la culture, qui est d’abord une question de langage. Et
480 hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame. Dans votre introduction, traitant de la culture urbaine dans le développem
481 otre introduction, traitant de la culture urbaine dans le développement de l’Empire byzantin, je me suis permis de relever d
482 où beaucoup de traits sont proprement byzantins. Dans l’Empire byzantin, dites-vous, l’individu se dissolvait dans la socié
483 re byzantin, dites-vous, l’individu se dissolvait dans la société, alors que toute l’idée de grandeur exprimée dans l’idéolo
484 iété, alors que toute l’idée de grandeur exprimée dans l’idéologie, la littérature et l’art, ne s’appliquait qu’à l’État, à
485 eu des moments où l’on sentait la tension monter dans un silence d’une qualité extrêmement dense, dirais-je, et puis tout s
486 éthode Georges Nivat aux littératures de l’Ouest, dans ce siècle, dans leurs rapports avec le pouvoir et avec les opposition
487 ivat aux littératures de l’Ouest, dans ce siècle, dans leurs rapports avec le pouvoir et avec les oppositions ? On verrait p
488 angue de bois nationaliste, de classe, bourgeoise dans notre cas, a provoqué des réactions littéraires parfois violentes, pa
489 c amitié, autour d’une même table, sans animosité dans la manière de discuter. Et tout cela, dans une conjoncture mondiale q
490 mosité dans la manière de discuter. Et tout cela, dans une conjoncture mondiale qui, justement, semble opposer radicalement
491 Il y a eu une extrême richesse aussi, ce jour-là, dans les interventions qui ont suivi ces exposés plus longs, interventions
492 discussions : l’impression que tout cela tournait dans un petit cercle européocentrique, et que ce serait drôlement reçu ou
493 ique, et que ce serait drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je crois que, là, vous avez touché, cher ami, quelque
494 rendre mieux conscience de ce que l’Europe a fait dans le reste du monde, en diffusant sans la moindre précaution, sans la m
495 tténué ou presque supprimé les risques de malaria dans les pays où elle régnait d’une manière endémique, et puis, ensuite, o
496 n ne veut bien le dire d’habitude. Tout le monde, dans les pays latins surtout, a été enthousiasmé par la définition de Paul
497 e de l’amour en Europe. J’ai essayé de le montrer dans un livre de jeunesse, que je crois que Hans Mayer connaît, il en a pa
498 peut y en avoir des millions, et cela sera juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégreront à leur manière,
499 que nous serons tous très heureux de répéter cela dans les mêmes conditions, aussi souvent que possible. Merci Jacques Freym
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
500 85)v L’article que l’on va lire a paru d’abord dans la Rivista di Studi Politici Internazionali, publiée à Florence par l
501 mais exercé aucune charge publique. En soulignant dans son introduction au numéro ce que l’auteur n’avait pas hésité à quali
502 alifier de « cafouillage politique sans précédent dans l’histoire de l’Europe » et « d’aberration maximale du siècle », le p
503 nités de se rapprocher d’un grand but politique — dans notre cas, l’union de l’Europe — et celle de l’homme de pensée milita
504 rès dont François Mitterrand rappelait récemment, dans un discours devant le Parlement hollandais prononcé sous le dais maje
505 eur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin
506 elle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver n
507 t, déclarons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les résolutions adoptées par
508 congrès : 1. Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des
509 e foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos
510 e tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et synd
511 s, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes
512 et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouverneme
513 rtant une déception perçait et très vite prévalut dans tous les groupes activement intéressés : on nous donnait une Assemblé
514 oudenhove : « L’Europe Charlemagne, nous l’aurons dans dix ans », me dit-il en me serrant la main. Quelques marches plus hau
515 les rapporte ici telles que je les ai vécues, et dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’agit de mes Lettres aux dépu
516 é une fois pour toutes qu’il faut aller lentement dans tous les cas […]. Vous allez me parler, je le sais bien, des grandes
517 s prudences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre première session consultative (au second
518 syndicats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation, de polémique eur
519 est plus difficile que je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose au monde est pl
520 est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettres que je viens de citer, qui firent du bruit88, j’avais r
521 nt l’entracte d’un concert donné pour l’Assemblée dans la cour du Palais de Rohan (préfecture du Bas-Rhin), j’entends parler
522 néantissement ou pour de nouvelles floraisons. Si dans les circonstances actuelles l’Europe n’est pas capable de se donner u
523 l’Europe n’est pas capable de se donner une voix dans le concert international, si elle s’enlise dans cette division qui l’
524 x dans le concert international, si elle s’enlise dans cette division qui l’empêche aujourd’hui de peser efficacement sur le
525 s à Strasbourg peut réveiller la volonté de vivre dans notre Europe aujourd’hui paralysée par le sentiment de son impuissanc
526 Dadelsen vient de s’en aller à 3 h 15, et j’écris dans mon journal : « Le document peut-être capital de Strasbourg est écrit
527 ont sans doute nous le rappeler), un bâtiment sis dans le parc, en face du Palais de l’Europe, fut aménagé en salle de parle
528 d de principe des gouvernements. On pouvait voir, dans cette dernière disposition, un geste accommodant en direction du Comi
529 ope des peuples et non pas des États. Je retrouve dans mes notes du 24 août : « Avec Mouskhély, mise au point de ce qu’il ap
530 hme actuel de vos travaux, enfermés que vous êtes dans un statut d’impuissance, vous le savez aussi bien que nous : l’Europe
531 vez aussi bien que nous : l’Europe ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’est donc la sagess
532 entants de la nation européenne et qu’ils exigent dans une motion l’établissement d’une Constitution fédérale. Délégués de S
533 s impasses et contradictions manifestes contenues dans le statut du Conseil de l’Europe — celles-là mêmes qui avaient motivé
534 ieux fait en moins de mots que J.-P. de Dadelsen, dans le n° 1 du Courrier fédéral 92 daté d’avril 1953 : S’il fallait à
535 osée est une confédération d’États, mais capable, dans les seuls domaines où l’union est indispensable, de fonctionner comme
536 la souveraineté au sens strict continue à résider dans les 22 cantons qui la composent : en « associant » leurs souveraineté
537 où les Sages nous ont conduits ? » Relisant cela dans un journal allemand et pour en vérifier la traduction, je me suis rep
538 llait. Pour tous ceux qui avaient mis leur espoir dans l’avenir du Conseil de l’Europe, il y avait là un très sérieux averti
539 de La Haye. Des succès importants ont été obtenus dans ce domaine : les droits de la personne, à de nombreuses reprises, ont
540 t » automatiquement invoquées. Mais c’est surtout dans deux autres domaines qui, par leur nature même et par ma profession,
541 ique, que les seuls intérêts économiques, et cela dans 10 pays seulement, c’est-à-dire un peu moins de la moitié des 21 qui
542 s européens encore par les espoirs qu’ils mettent dans un avenir d’union qui traduirait en libertés proprement politiques le
543 e refus d’évoluer qu’on vient d’évoquer, survenus dans le domaine propre du CE, qui est le domaine politique au sens large,
544 culturel au sein de la CEE après les échecs subis dans son domaine propre, qui est l’économique. Car on sent bien que le dou
545 core faut-il que le verbe commencer soit pris ici dans toute la force de son sens d’initiation, d’instauration, de mise en m
546 us remarquable réalisation du Conseil de l’Europe dans ce domaine fut également la plus fidèle aux exigences d’une culture d
547 égendaires de la Résistance en Allemagne nazie et dans ses camps, le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund, Rob
548 ducation et la propagation des études européennes dans les écoles aux trois degrés. Mais en suivant le Guide succinct sur le
549 t l’idée d’une Charte (pourtant proposée par elle dans sa session de 1978) et décidait … d’élaborer une Déclaration europée
550 tifs culturels susceptibles d’être pris en compte dans leur politique en tous domaines et de contribuer ainsi à une prise de
551 sociétés est de permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté et l’attachement solidaire aux droits de l’homme »98 et qu
552 irréprochables. Mais : 1° On chercherait en vain dans la Déclaration la moindre allusion aux moyens à mettre en œuvre pour
553 tion sont à peu près indéfendables, non seulement dans leur forme, mais dans leur couleur. Je me borne à citer ici le deuxiè
554 ndéfendables, non seulement dans leur forme, mais dans leur couleur. Je me borne à citer ici le deuxième : « Considérant que
555 à travers — trois problèmes majeurs de la culture dans ses rapports avec l’Europe de l’Histoire et avec la construction à ve
556 le absolue, mais au contraire des besoins humains dans leur réalité la plus immédiate — à l’échelle de la commune — ces beso
557 enregistrer symboliquement les progrès accomplis dans toute l’Europe par l’idée régionaliste, enfin reconnue en Italie, en
558 et de l’évolution très prometteuse qui se dessine dans l’invention de relations socioéconomiques et culturelles et de statut
559 porter des réponses concrètes aux vœux émis comme dans le vide des intentions idéalistes par la Déclaration des objectifs cu
560 en mesure d’assumer des responsabilités réelles, dans un milieu dont il connaît bien les problèmes et les ressources. Tout
561 assassin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Dans ce domaine clé du progrès politique, le Conseil de l’Europe, sans con
562 ique — donc fait de main d’homme — sans précédent dans l’histoire de l’Europe. L’ensemble d’études politiques auquel j’appor
563 Constitution répondant aux nécessités de l’unité dans la diversité, et de l’union des autonomies, régionales plus encore qu
564 né d’une délégation de souveraineté des membres, dans des domaines majeurs strictement limités ; avec, en retour, la garant
565 temps ni celui de mes lecteurs. P.-S. — Je lis dans le numéro de janvier 1985 du Forum du Conseil de l’Europe les lignes
566 e demande expressément à la Commission d’examiner dans quelle mesure les institutions européennes actuellement existantes so
567 or Larock (rapporteur général) me cite trois fois dans son discours : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’il nous a
568 me cite trois fois dans son discours : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’il nous adresse… », puis le sénateur Cas
569 s soumis à la Conférence et sa Déclaration finale dans le numéro d’été 1972 du Bulletin du Centre européen de la culture ,
570 Malchus n’en recense pas moins d’une cinquantaine dans toute l’Europe. v. Rougemont Denis de, « Trente-cinq ans d’attente
571 été 1985, p. 17-43. w. Rougemont en rend compte dans un article de la revue Preuves et du Bulletin du Centre européen d
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
572 s. Cela va boucler un peu l’ensemble de mon œuvre dans différents domaines, littéraire, métaphysique ou politique. Et puis,
573 j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire dans la vie, comme on le fait à cet âge-là, et j’ai décidé que j’allais de
574 biologiques en mélangeant des acides et des bases dans des espèces de crèmes qu’il fabriquait avec de la colle. J’ai été fas
575 omposais longuement, d’après ce qu’il m’indiquait dans ses livres, je les mettais au fond d’une éprouvette, et avec une stup
576 loin de mes manipulations imaginatives, on était dans les choses plus sérieuses. Et puis je suis entré au gymnase scientifi
577 à fait extraordinaires, qu’on appelle maintenant dans plusieurs livres qui ont paru en France « les années 1930 ». On décou
578 personnalistes qui continuent aujourd’hui encore dans la revue Esprit , et une autre petite revue à laquelle j’étais plus
579 s problèmes ». Nos idées ont joué un certain rôle dans le développement politique français, à cette époque. Puis nous avons
580 oncé cette nouvelle tyrannie moderne qui consiste dans le fait que nos sociétés sont dirigées par l’État, c’est-à-dire par d
581 amentale pour tous mes livres : l’homme est libre dans la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être responsable de
582 le. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre. De même qu’en justice, on sait tr
583 t de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas mal de domaines de la politique et de la vie des idées politiques
584 de suite mobilisé en Suisse où j’étais lieutenant dans l’armée. J’étais d’abord en campagne dans mon canton de Neuchâtel, pu
585 utenant dans l’armée. J’étais d’abord en campagne dans mon canton de Neuchâtel, puis je fus appelé à Berne à l’état-major, d
586 hâtel, puis je fus appelé à Berne à l’état-major, dans la section « Armée et foyer », qui s’occupait des liaisons entre l’ar
587 a vie. Le 15 juin 1940, mon ordonnance est entrée dans mon bureau et m’a dit : « Mon premier-lieutenant, on vient d’entendre
588 eutenant, on vient d’entendre qu’Hitler est entré dans Paris. » Comme j’avais habité Paris pendant douze ans, cela m’a fait
589 r une seconde que cela produirait un déchaînement dans le grand état-major et chez le général. J’ai été mis aux arrêts imméd
590 énéral vous condamne à quinze jours de forteresse dans le Valais, au pain, à l’eau, sans visites ni courrier. Vous avez bien
591 ue je vous demande, c’est de ne pas vous afficher dans les rues de Berne avec une petite femme à chaque bras, parce qu’on a
592 ué parce qu’elle comptait des membres clandestins dans l’armée. Si bien que quand la Fondation Pro Helvetia a proposé que j’
593 venir faire une conférence sur l’Europe à Genève, dans une nouvelle organisation qui s’appelait « Rencontres internationales
594 nsable, par opposition à l’individu anonyme perdu dans la masse. Mais quel est le rapport de l’homme à la société, à quels d
595 non pas l’inverse, comme on a l’air de le croire dans les sociétés totalitaires, où l’on pense que la société est le but de
596 et maître de soi, de perdre sa liberté parce que, dans ce monde immense des États-nations, il perd sa responsabilité. Il ne
597 re et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appelait « les non-confo
598 ables, ils proviennent tous de la même cause, car dans le monde des États-nations, dans ce monde dont le seul but est la pui
599 même cause, car dans le monde des États-nations, dans ce monde dont le seul but est la puissance, on oublie l’essentiel, c’
600 enant l’exemple de l’amour et du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’est pas une passion égoïste, purement physique, sexu
601 n subit, l’amour romantique. Ce n’est pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif où l’homme est actif po
602 ais j’aime à donner aux mots leur véritable sens. Dans quelles circonstances avez-vous écrit le livre L’Amour et l’Occident
603 livre L’Amour et l’Occident  ? Eh bien, c’était dans les deux ou trois premières années de mon premier mariage. Je sortais
604 coup, de dire pourquoi. J’ai commencé à l’écrire dans un état de concentration et de passion littéraire considérables. Au m
605 is dû remettre mon manuscrit, qui devait paraître dans une collection, j’ai dû céder mon tour. J’ai reçu une lettre de l’édi
606 tout le temps, mais je n’avais rien écrit. C’est dans un état de fièvre et de concentration extraordinaires que je m’y suis
607 trois mois, un gros livre de 380 pages. Vraiment dans un état de transe, car cela supposait une quantité de recherches auxq
608 lement citoyen ? Comment l’homme peut-il réaliser dans la vie quotidienne les principes que vous énoncez ? Pour servir les f
609 communautés. Nous ne sommes pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralisés, sous la direction de l’État et d
610 ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région,
611 Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu
612 e dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu j’ai retrouvé ma tradi
613 qui est naturelle, dont les habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous sommes, à Genève, dans le canton de Vaud et ce
614 ie, dans le pays de Gex où nous sommes, à Genève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des intérêts communs. De to
615 , on pourrait m’accuser peut-être d’en avoir trop dans les détails. Ce que j’ai fait, conformément à ma doctrine, était de l
616 initiateur d’idées neuves, d’activités concrètes dans la grande perspective d’une fédération européenne. Ce fut là le premi
617 s. Nous avons fait aussi de nombreuses incursions dans le domaine de l’éducation, en nous disant que si on veut faire l’Euro
618 pèce de fédération des efforts déployés en Europe dans tous les domaines. Tous les domaines où les valeurs culturelles peuve
619 ominer le tiers-monde. Ils s’entendent, je crois, dans le fond très bien, beaucoup mieux qu’on ne le croit, et c’est l’Europ
620 ’unira jamais. Regardez les difficultés actuelles dans le Marché commun : personne ne veut faire de sacrifices. Ce que les h
621 ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Ouest. C’est par la culture qu’on arrivera à les rappro
622 ça, sans nous. Si on veut que les choses avancent dans le sens de la paix, c’est sur nous que cela repose, c’est sur notre a
623 dis donc que cela n’a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, en souligner les succès. Les autres
624 onnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premiers rangs des écologistes, il y a de cela quinze, vingt ans.
625 que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journaux. Vous pouvez ouvrir n’importe quel journal, vous ve
626 a mort des forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croi
627 re, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’impose dans le monde entier. On nous parle de la manière de se nourrir, de la man
628 cause écologique a fait des progrès gigantesques dans le monde entier. Voilà donc aussi une raison d’optimisme, en tout cas
629 reconnaître. J’en suis venu à résumer cette idée dans mon dernier livre, à l’avant-dernière page je crois, en une seule phr
630 s qui se partagent l’humanité et qui fonctionnent dans tout homme, la puissance d’une part et la liberté de l’autre. Dans le
631 la puissance d’une part et la liberté de l’autre. Dans les deux cas, il s’agit d’un pouvoir. La puissance, écoutez bien cela
632 nt est mort à Genève le vendredi 6 décembre 1985, dans sa quatre-vingtième année. L’interview que nous vous présentons a été
633 e italienne. Cadmos a tenu à en rendre le contenu dans toute la fraîcheur et la spontanéité du langage parlé. C’est dans la
634 aîcheur et la spontanéité du langage parlé. C’est dans la maison de Denis de Rougemont à Saint-Genis-Pouilly, en France, à q