1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 ans les années 1930. À l’occasion du colloque qui nous réunitb, je tiens à renouveler mes responsabilités dans cette affaire
2 moins pour sauver le monde que pour accomplir les devoirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. […] Voici no
3 algré lui dans le désordre de l’époque. […] Voici notre désordre. On ne peut plus penser sans buter aussitôt contre un dilemm
4 changer cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa
5 se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rie
6  ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditi
7 liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous , se croit encore tranquille. On ne le laissera plus tranquille bien l
8 s n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas,
9 llement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société
10 iner l’axe de référence. La liberté de penser ne doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui do
11 histoire dure, — après tout ce n’est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour que l’homme reste h
12 a situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écrits figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ils revendiqu
13 espèce d’homme qui se hâte », écrivait Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’esp
14 e premier pas dans l’immédiat. Alors, n’acceptons- nous plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à no
15 plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, —
16 re ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, — Nietzsche qui, le
17 t la « réalité rugueuse »… « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus précédant le bon usage
18 « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus précédant le bon usage Dès le début de l’action
19 eurs intellectuels embrigadés. D’où la colère qui nous prend, à Esprit comme à L’Ordre nouveau devant la rapide dévalori
20 devant la rapide dévalorisation d’un terme clé de notre doctrine personnaliste. D’où l’article que je publie dans L’Ordre nou
21 ité. Et cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’engagement. […] Les écrivains qui ont décidé tout
22 gements. » Conclusion J.-P. Sartre, auquel nous devons tant de thèses célèbres encore que radicalement contradictoire
23 ts. » Conclusion J.-P. Sartre, auquel nous devons tant de thèses célèbres encore que radicalement contradictoires, sur
24 ouvrière, écrit p. 316 du même volume : Rien ne nous assure que la littérature soit immortelle ; sa chance aujourd’hui, so
25 de retard — que le terme d’engagement ne fut pas notre invention, objectivement du moins. Voici le passage : Préoccupé par
26 rd, Paris, 1948. « L’ouvrier de 1947 a beaucoup à nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à
27 nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à Budapest, à Munich, à Madrid, à Stalingrad, dans l
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
28 est aussi « la nostalgie d’une vie meilleure dont nos mythes perpétuent le souvenir et que d’autres peuples… auraient prése
29 que d’autres peuples… auraient préservée jusqu’à nos jours ». C’est la préférence accordée par principe aux « modèles » de
30 sation par son innocence et ses vertus simples ». Nous tenons enfin le Suisse au-dessus de tout soupçon ! L’éloge séculaire
31 cité sur la mortalité des civilisations : « C’est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération d’hom
32 talité des civilisations : « C’est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération d’hommes et le mode
33 le mode de culture intellectuelle qui en résulte doivent périr. » « Nous autres tard venus de l’humanité » s’exclame J. Burckh
34 intellectuelle qui en résulte doivent périr. » «  Nous autres tard venus de l’humanité » s’exclame J. Burckhardt au moment m
35 est un chant du cygne ». Ainsi désormais, jusqu’à nous , le pessimisme européen, entendons : le pessimisme des sages au sujet
36 on universelle tirent cet orgueil dont l’Évangile nous dit qu’il « va devant l’écrasement ». 2. Un autre aspect du pessimism
37 des constantes des prétentions intellectuelles de nos élites, des marquis moliéresques aux précieux du structuralisme de na
38 se fit l’Antiquité du peuple des Scythes, connu ( nous disent Boas et Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’il poursuit
39 a vraie tradition européenne, la seule qui puisse nous sauver de la tentation des despotismes asiates, des théocraties et id
40 triomphent désormais dans le tiers-monde mais que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de notre continent — le seul qui
41 que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de notre continent — le seul qui ne compte aujourd’hui ni dictature militaire
42 êmes de la liberté, j’entends l’union fédérale de nos peuples, au-delà des prétentions de l’État-nation ? 4. Sur le chapitr
43 core commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “ notre civilisation est construite sur le sang et le vol, ressemblant en cel
44 sujet de l’expansion américaine : « En Amérique, nous avons été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il
45 ns été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement que dans le
46 teur conclut dans un large finale : « Si l’Europe doit survivre en tant que civilisation et s’acquitter des dettes qu’elle a
47 sa tentative de l’unifier sous sa conduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne cesse
48 propre survie de l’Europe dépendent désormais de notre capacité à présenter au monde — sans chercher à le vendre et encore m
49 is, Presses universitaires de France, 1976. 6. «  Nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notr
50 6. « Nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jo
51 tons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollu
52 la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos t
53 fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G
54 tre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et
55 . 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et A. Lovejoy, Primit
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
56 Si l’homme, au sens de la personne, est mort ou doit mourir bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y
57 e totalitaire mondial. En préparant ce colloqueg, nous avons décidé de prendre au sérieux les théories sur la « mort de l’ho
58 de mandarins en Sorbonne et au Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un temps, le symptôme cliniqu
59 l’image de Dieu, était mort, comment le saurions- nous  ? Personne n’a jamais dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu
60 les à écarter — mais on n’a écarté qu’un slogan — nous distinguons un dessein beaucoup moins mélodramatique et plus sérieux,
61  dont les « hommes nouveaux » de l’utopie dont on nous parlait hier, ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce
62 turel, l’homme de chair, pécheur, corrompu. C’est notre donné empirique livré au déterminisme biologique et à celui du péché.
63 immanent et transcendant, le « modèle », dirions- nous , de la deuxième personne de la Trinité. Ce modèle christologique, ant
64 xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas, nous dit-on, des instruments nécessaires pour penser « ce doublet empirico
65 ire observer aussi que, bien loin que la personne doive sa constitution à la science moderne, c’est l’inverse qui se vérifie
66 la science, des sciences humaines en particulier, doit aboutir à la déshumanisation, c’est-à-dire à l’évacuation du sujet hu
67 gereux pour l’Europe, destructeur du civisme dont nous parlait ce matin Jacques Freymond. Tout ce qui réduit le sens de la r
68 nonyme. Ce n’est pas vous qui parlez ou agissez —  nous répètent les structuralistes —, c’est ça qui parle ou qui opère en vo
69 qu’il n’osera jamais s’avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du structuralisme n’est pas q
70 s. Je pense avoir ici rejoint les conclusions que nous espérions pouvoir tirer de ce colloque, en opposant à l’attitude ment
71 ’une Europe qui ne sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemp
72 ne sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera co
73 e par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera contre le puritanis
74 nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera contre le puritanisme si l’on pense qu
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
75 epuis plusieurs années la plupart des journaux de nos pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colo
76 ns « unis » ou « confédérés », dont les ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous so
77 uis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pa
78 cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas nous  ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres, on dirait que
79 matiques reflètent bien moins la réalité vécue de notre continent qu’une confusion générale des esprits quant à la vraie natu
80 nomique ? Qu’une alliance d’États souverains ? Ne doit -elle pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays,
81 lle des problèmes vitaux de tous les habitants de notre « cap de l’Asie », non pas seulement de ceux des neuf pays dont les g
82 à l’Europe et dont il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le dé
83 de cette phrase excessive : « Quittons maintenant notre province, je veux dire notre nation »13 jusqu’à l’espèce de délire ob
84  Quittons maintenant notre province, je veux dire notre nation »13 jusqu’à l’espèce de délire obsidional que traduisent ses d
85 ni dans mon dernier livre, ici visé, ni ailleurs. Notre coléreux étourdi s’est visiblement trompé de titre.) Conclusion : « L
86 iches bleu foncé assuraient que « L’Avenir, c’est notre affaire ! » Michel Debré ne pouvait tout de même pas leur révéler que
87 gique, militaire, dont le langage ou la stratégie nous déconcertent par quelque excès, abus, ou délire apparent, cherchons l
88 qui peut les expliquer. Telle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre européen de la culture16. E
89 elle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre européen de la culture16. Et nous ne sommes heureuse
90 nos débuts au Centre européen de la culture16. Et nous ne sommes heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous
91 eusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous apprend « que depuis des années l’état-major égyptien s’employait à m
92 . Paris, 1951, p. 28. 13. Op. cit., p. 29. 14. Nous citons ici les notes du discours de M. Debré, distribuées aux journal
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
93 Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)i Nous ne sommes pas réunis pour ébaucher un programme d’action militante, u
94 ’interpréter certains conflits qui sévissent dans notre siècle entre le monde mécanique et le monde organique, entre la machi
95 impératifs écologiques. Cela ne signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui
96 ogiques. Cela ne signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui vient. Que veut
97 les termes d’un débat, ici Écologie et Politique. Nous savons tous la vanité de ces définitions : trop faciles parce que tro
98 coutumière. C’est le moment où s’instituent dans nos pays les écoles primaires obligatoires et universelles : la conscript
99 aussi ce qu’en pense le tiers-monde.) En fait, si nous prenons un peu de recul pour considérer le phénomène dans son ensembl
100 3. Plutôt donc que de l’écologie comme science, nous considérons ici le souci écologique, qui s’est manifesté avec force a
101 ment, donc à avoir subi l’agression mécanique. On nous dit : « Le souci écologique est un souci de riches ! » Non. C’est le
102 rait dire, peut-être en simplifiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’économie
103 ns à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissance
104 l que les mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts,
105 s et régionalistes. 5. Mais je m’aperçois que je devrais préciser le sens que je donne au mot région. Il y a des régions ethni
106 Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent
107 . Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
108 s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart
109 devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au plus vite en relation avec les organisations régionalistes
110 nisations régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale. — en vue d’établir un programme com
111 ent. Ce qu’il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obt
112 ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune de ces trois vir
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
113 79)k Oui, c’est la France, parmi les Neuf, qui nous donne à la fois par certains de ses politiciens, les pires exemples d
114 les-ci soient moins attachées à leur identité que nous ne le sommes. Un sondage publié par la CEE de Bruxelles fin janvier
115 de l’avenir de la France dans une Europe unie : Nous risquons de voir sous nos yeux s’accomplir l’irrémédiable, c’est-à-di
116 ans une Europe unie : Nous risquons de voir sous nos yeux s’accomplir l’irrémédiable, c’est-à-dire la fusion de la France
117 ent, les industries vitales seront réparties sans notre accord ; naturellement, notre force nucléaire se trouvera petit à pet
118 ront réparties sans notre accord ; naturellement, notre force nucléaire se trouvera petit à petit démantelée ; naturellement,
119 rouvera petit à petit démantelée ; naturellement, notre langue sera éliminée ; sans nul doute les principes et les objectifs
120 les principes et les objectifs de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions
121 et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront traduites en « volapük ». À ces fantasmes, on ne sa
122 vérifiable des problèmes linguistiques posés par notre union22. Le français a rapidement pris une position dominante dans l
123 un référendum solennel de tous les Européens qui doit donner naissance à la fédération 24. » On précise que le suffrage uni
124 e périmé… Depuis cinquante ans, c’est une erreur… Nos descendants associeront sans doute la notion de souveraineté national
125  criminelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupés ici même, comme en témoign
126 ique, qui avait fait jadis la force de la Nation, devaient selon lui succéder les régions, nouvelle formule de la prospérité nat
127 ospérité nationale. Et ces régions, précisait-il, devaient « s’ouvrir » à leurs voisines, au-delà des frontières de l’État : le
128 n essentielle à l’avenir de la France. » (p. 53) Nos lecteurs savent assez à quel point, pour les fédéralistes européens,
129 ause des régions progresse au-delà de tout ce que nous pouvions espérer, il y a dix ans, lors de l’échec du référendum gaull
130 r les problèmes de la régionalisation, termes que nous faisons nôtres, la région en Europe doit être définie comme le territ
131 rmes que nous faisons nôtres, la région en Europe doit être définie comme le territoire d’une communauté humaine : « Cette c
132 e unité. » En aucun cas, le découpage régional ne devra établir de frontière au travers d’une telle communauté. 3. La région
133 e au travers d’une telle communauté. 3. La région doit bénéficier d’un régime démocratique, qui implique l’élection au suffr
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
134 — si on ose dire — de la défection générale dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dant
135 e quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois -tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te
136 iastiques et politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette révolution dan
137 prise de conscience de quelque chose de grand qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. E
138 qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un
139 is dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à «  notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé.
140 oire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : M
141 intenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes a
142 Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. L
143 dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes cha
144 , dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe,
145 Victor Hugo. Et au xxe siècle c’est encore un de nos plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Lége
146 Donoso Cortès, jusqu’aux « pères de l’Europe » de notre siècle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet et Paul-Henri Sp
147 réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États et les conduire à la paix
148 u Duce et du Führer, les plus grands écrivains de nos pays (à l’exception de quelques cas de nationalisme flamboyant comme
149 refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de
150 du congrès de Montreux, sera l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque cho
151 es conclusions. La deuxième solution est retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Lond
152 temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus,
153 el il définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelles : Peut-on défendre la culture française en ta
154 elle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons- nous donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette cultur
155 ne culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée
156 t en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’aura a
157 est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignons donc le
158 e faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que seule
159 ans la crise actuelle de civilisation, et qu’elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que celui de
160 i proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’une Ter
161 ous prenions conscience du fait fondamental que «  nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est
162 les frontières », « L’Europe sans la France », «  Notre Europe ». À quoi s’ajoutent chroniques et articles dans la plupart de
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
163 elle l’union de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’est constituée au cours des siècles par la composition
164 évale demeure l’idéal asymptotique de tout ce que notre époque croit avoir inventé sous le nom d’UER (unités d’enseignements
165 II. De l’Université aux « Facultés » Tout cela nous mène à la mise au pas napoléonienne des écoles, c’est-à-dire à la sup
166 ties, et la vertu totalisante qui est celle qu’on doit atteindre d’une universitas studii est définitivement évacuée. C’est
167 entrevoit la seule issue possiblement heureuse de notre crise. Petites unités autonomes de recherches et de contestation comp
168 ue la survie de la culture européenne dépendra de notre aptitude à optimaliser les dimensions de nos créations, de nos activi
169 de notre aptitude à optimaliser les dimensions de nos créations, de nos activités et de leurs cadres. Les conditions d’une
170 à optimaliser les dimensions de nos créations, de nos activités et de leurs cadres. Les conditions d’une renaissance des un
171 s mêmes que celles dont dépendent le sauvetage de notre environnement, et celui de notre économie, la restauration du civisme
172 le sauvetage de notre environnement, et celui de notre économie, la restauration du civisme, la paix elle-même : UER, région
173 alaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
174 isciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs prétendus de la croissance de production
175 ts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme, de sinologie, d’is
176 rdination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères sp
177 uasi ethnographique des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique su
178 era sans peine. L’introduction, si désirable dans nos mœurs universitaires, d’une année sabbatique de type américain, perme
179 emise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés
180 ale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés reviendraient à leur
181 l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul possible. L’Europe,
182 té, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose
183 ipliés par une culture qui a fait le Monde et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 40. Louis Halphen
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
184 nel, chez Thomas More, de cité idéale succédant à nos misères. J’essaierai de m’en tenir au sens étymologique, littéral, d’
185 reconnaît quand on les cite, disent eux aussi : «  Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente », décrivent l’homme comme « é
186 la Terre », ou déclarent que « dans les cieux est notre droit de cité » (notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les mystiq
187 t que « dans les cieux est notre droit de cité » ( notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les mystiques de l’Inde, de la Ch
188 ision, évoquant le monde physique ; mais le texte nous dit : « mesures d’hommes, qui sont aussi mesures d’anges », ou encore
189 a Nouvelle Jérusalem, anticipant ainsi sur ce qui doit se révéler et avoir lieu le temps venu, in illo tempore. Thomas More
190 règne vienne ! », donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire et notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien résiste
191 donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire et notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien résisterait-il toujours e
192 , dans le temps de l’Histoire et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiques. Tout cela va se p
193 et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiques. Tout cela va se produire dans l’époque même où
194 lles. On dirait qu’elle résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibles, — non pas du tout moralement, pa
195 rait qu’elle résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibles, — non pas du tout moralement, par conversio
196 bois, des feuilles, de la paille et du lin, elle nous compose un environnement de métal, de verre, de minéraux et de plasti
197 e-prothèse. Ainsi par peur de la mort choisissons- nous l’inanimé, contre la vie toujours mortelle. L’aventure technique relè
198 60 États-nations qui l’ont copié siègent à l’ONU. Nous sommes ici en présence d’une utopie réalisée non seulement à la lettr
199 tiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’il nous mène inexorablement, par les mécanismes déments des souverainetés nat
200 utopie. Il n’y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit a
201 uerre atomique, mettant fin au genre humain. Ceci nous permet d’espérer. 7. Mon propos dans tout cela n’est guère politique
202 au d’une société réelle entrée dans un déclin qui doit finir en chute, à moins que le mouvement descendant puisse être artif
203 ique du terme, est projection à terme indéfini de nos refus d’un présent exécré. Mais l’utopie spirituelle de la Nouvelle J
204 promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous irrésistiblement, comme la réalité même du temps, du mouvement de l’E
205 uturum aeternum ; du dieu qui vient sans fin vers nous — Dieu à-venir. 45. J’emprunte tout cela — hélas, beaucoup trop sim
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
206 ’esprit européen » (été 1980)o « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’il me semb
207 plus belle harmonie. » Or, toutes les analyses de nos tempéraments et de nos styles de création, anglais, français, italien
208 Or, toutes les analyses de nos tempéraments et de nos styles de création, anglais, français, italien et allemand, conduisen
209 nants de l’union européenne, à savoir de « fondre nos nations dans on ne sait quel magma informe ». Mme de Staël conçoit l’
210 aussi sont le message. Écoutons-là ! Les nations doivent se servir de guides les unes aux autres, et toutes auraient tort de s
211 i qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon par cela qui est plus profond encore que les racines
212 encore que les racines, étant au principe même de notre histoire, par le christianisme, — et je cite : La religion chrétienn
213 s siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les vainq
214 s les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici renvoyés au respect absolu
215 obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici renvoyés au respect absolu de la différence en tant que telle,
216 arisme napoléonien semble triompher, cette morale doit primer non seulement sur les intérêts privés et personnels, mais sur
217 e de Staël précise : L’intérêt national lui-même doit être subordonné aux pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et
218 ui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui l’État-nation : Quand une réunion quelconque d’h
219 e une exigence encore plus neuve, et qui prend de nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans la préface De l’Allemag
220 ires et devant les manipulations génétiques qu’on nous annonce pour demain. Mais j’en reviens à la critique de la nation. Ap
221 et famines dans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’eût pas préconisé l’union de l’Europe sur la base d’une Comm
222 ur cet homme elle eût proposé l’union fédérale de nos peuples, dans cet enthousiasme auquel elle consacre les trois dernier
223 Il était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être : — une tâche pour cette géné
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
224 les politiques et les poètes, et cela d’Hésiode à nos jours, au cours des 28 derniers siècles. Demandons-nous d’abord quel
225 ours, au cours des 28 derniers siècles. Demandons- nous d’abord quel est le plus grand commun dénominateur entre l’Europe de
226 ui fut le premier à parler de l’Europe comme de «  notre patrie » au roi de Bohême Georges Podiebrad, qui est le premier à par
227 litique virtuelle — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs rep
228 gloire ? Que t’ont servi tant de victoires, si tu devais si vite être menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir r
229 stance mutuelle « sans même qu’il l’ait requise à notre collègue attaqué » ; enfin, d’un budget fédéral, alimenté d’ailleurs
230 ue Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souvent,
231 l « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souvent, c’est sans doute la perception de
232 Est. Il y a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’in
233 e la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’ingratitude qui a t
234 tte méconnaissance de l’Europe véritable, qui est notre fait, de ce refus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’on l’a vue
235 à le bannir d’un pays à l’autre du continent. Il nous faut bien entendre que lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz n’enten
236 ranger comme à une enclume sourde : Ô despotisme, nous t’avons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du
237 s t’avons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid,
238 vons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid, et la
239 ombattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur nous , Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’ose
240 é, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais- nous  ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser
241 que d’autres n’osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Lib
242 nt même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que t
243 erser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne
244 e plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Nous avons entendu le même cri, en octobre 1956, lorsque
245 Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Nous avons entendu le même cri, en octobre 1956, lorsque le dernier poste
246 capable de répondre un dernier appel dramatique «  Nous t’avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. 
247 dramatique « Nous t’avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. » Mea culpa… Mais ce colloque, au-del
248 a… Mais ce colloque, au-delà de toute neutralité, devrait enfin nous décider à percevoir la voix profonde et l’appel séculaire
249 loque, au-delà de toute neutralité, devrait enfin nous décider à percevoir la voix profonde et l’appel séculaire de nos frèr
250 ercevoir la voix profonde et l’appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leurs gardiens ! p. Rougem
251 et l’appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leurs gardiens ! p. Rougemont Denis de, « L’apport cu
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
252 l n’y en a guère. Une théologie rudimentaire, qui nous ramène au Dieu plus abstrait que transcendant de Léon Brunschwicg ou
253 é d’un effort de « dénonciation » qui, au lieu de nous faire mieux comprendre la nature du mal à combattre, insulte la mémoi
254 re. Ma seconde raison de parler est simplement un devoir de piété pour la mémoire d’Emmanuel Mounier, d’Arnaud Dandieu et de R
255 jeunesses bottées, nu-tête, chemise ouverte, dont notre presse aime à railler les uniformes ». Je lis cela, monte au grenier
256 jeunesses bottées, nu-tête, chemise ouverte, dont notre presse aime à railler les uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un att
257 tre presse aime à railler les uniformes, qu’avons- nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventr
258 Charles Dulot comme agnostique sympathisant avec nos positions. En fin de numéro, deux notes intitulées « Ceux qui ont com
259 « mesure nationale-socialiste ». Et j’écris : Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de
260 acte de foi contraire. Elles veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nous vou
261 vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure
262 la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne :
263 sure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus
264 eure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous . Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter
265 ses relations actives avec ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoud
266 x conflit de l’individu et de la masse. […] — Car notre force est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits gr
267 n seul et non le gigantisme national. Lévy croit devoir préciser (note 12 p. 249) que « le texte vise, plus spécifiquement, l
268 causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de nous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et XI Mais voilà qui
269 is voilà qui est plus grave encore et révèle chez notre auteur une incapacité fondamentale à comprendre le sens des trop rare
270 abord des “révolutions avortées”58) ». Reportons- nous aux pages citées dans mon livre. Quelques remarques de forme tout d’a
271 veau , n° 3), dont voici le texte : Que trouvons- nous , à l’origine permanente des erreurs qui, depuis vingt ans, nous ont v
272 ine permanente des erreurs qui, depuis vingt ans, nous ont valu la guerre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une
273 nt valu la guerre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une certaine attitude humaine. Cette attitude, qu’on appelle
274 sa dénonciation d’ennemis qui n’ont cessé d’être les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une carence, non moins pathéti
275 rophe nationale. (On veut bien ne pas l’imputer à notre action directe. Merci.) Quelles idées ? Pourrait-il les rappeler ? La
276 racisme déclaré ? C’étaient les thèmes majeurs de nos revues. En leur nom, nous ne cessions de dénoncer le stato-nationalis
277 nt les thèmes majeurs de nos revues. En leur nom, nous ne cessions de dénoncer le stato-nationalisme des « puissances » de l
278 ut-il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-il vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditiona
279 à la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées auraient-elles « accédé au pouvoir » à Vichy ? Un politicien co
280 i, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées personnalistes aient « accédé au pouvoir » à Vichy et cela « à
281 nationale » de juin 1940, comment se peut-il que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résistance avec
282 ignais. Chefs de file du mouvement personnaliste, nous avons tous été condamnés à de la prison pour des idées dont L’Express
283 mnés à de la prison pour des idées dont L’Express nous apprend qu’elles étaient au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les
284 ec les nazis triomphants. Tragique aveuglement de notre part ? Ou de la part de Vichy ? Ou falsification délirante de l’histo
285 s n’ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lévy figurera pour des semain
286 nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lévy figurera pour des semaines sur la liste des best-sellers
287 mes et des hommes de cette époque, en déduise que nous adhérions plus ou moins consciemment aux doctrines des fascistes et d
288 ocent soupçonnera-t-il que l’impayable sérieux de notre jeune lévite est aussi une recette de succès : déjà B.-H. Lévy a ses
289 unier ou de moi, textes destinés à : 1° démontrer notre « fascination » par Hitler, par le « dynamisme », la « vitalité », « 
290 nationalismes ». À cette « nécessité » la France doit opposer sa mission spécifique, qui est d’offrir au monde un modèle d’
291 ordre : « Chacun, sans renoncer à ses espérances, doit contribuer à mettre de l’ordre chez soi, — parce qu’à la France revie
292 Lévy sur des textes beaucoup plus discutables que les nôtres — surtout isolés de leur contexte, selon sa méthode habituelle. Et su
293 L’Ordre nouveau . Harro Schulze-Boysen était pour nous un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus tard le che
294 artir de la Révolution […] La jeunesse européenne doit apprendre à penser et surtout à agir sur un plan anticapitaliste et r
295 ront réellement capables de servir leur pays. […] Nous luttons tous, en effet, pour une cause commune ! Un an avant, dans l
296 e intitulé « Cause commune » où je me reportais à notre rencontre décisive au congrès des jeunesses révolutionnaires d’Europe
297 révolutionnaires d’Europe, à Francfort, en 1932. Nos liens d’amitié et d’action étaient étroits. Lors d’une rencontre en S
298 les eût distingués, voire opposés radicalement à nos critiques de la démocratie trahie par les parlementaires, par l’améri
299 C’est beaucoup plus « Collège de sociologie » que notre déclaration même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû
300 aration même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en suis un peu honteux. (Je fais surtout allusion
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
301 e quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois -tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes… » L’atte
302 de Byzance, sera le premier à nommer « l’Europe, notre patrie » : la conscience naît en général du sentiment d’une menace qu
303 , Pierre Mesnard écrit que le problème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelons l’État, à savoir la nation
304 lème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelons l’État, à savoir la nation organisée » (p. 480), ou encore :
305 peut, selon Jean Bodin et ses disciples (jusqu’à nous  !), résider dans trois Estats (et trois seulement) ou « trois sortes
306 rince à s’acquitter en conscience devant Dieu des devoirs de sa charge. La puissance absolue du prince — roi, peuple ou groupe
307 signer après ses victoires la nation française. » Nous rejoignons le sens donné au mot nation par la Révolution française.
308 ues du phénomène sociologique et/ou religieux qui devait aboutir, pendant la Révolution française, à la formation du premier É
309 se, à la formation du premier État moderne, et de nos jours à l’État-nation, « libéral » ou totalitaire. Je rappellerai ici
310 mise à mort du roi, sans appel ni délai. « Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive », avait proclamé Robespie
311 publiques qui ont tenu son rôle en France jusqu’à nos jours), cet État pourrait dire, non sans injustice d’ailleurs pour le
312 oi. c) Il y a continuité de l’État de Louis XIV à nos jours, si l’on en croit les très curieuses définitions de « l’État cl
313 er le « Dieu seul parle bien de Dieu » de Pascal… Nous sommes en plein délire de sacralisation stato-nationaliste. d) La nat
314 ssée, entretenue dès le xviiie siècle et jusqu’à nous , entre les termes de nation, de patrie, de peuple, de pays et d’État
315 ité impitoyable de ces confusions. Prenons encore nos exemples dans Littré, indicateur bien plus naïf, donc plus révélateur
316 e l’armée : « La conscription est le palladium de notre indépendance, parce que mettant la nation dans l’armée et l’armée dan
317 nt pour un nouveau bond en avant du PNB. 7. Où nous mène cette évolution ? Le stade suprême de la sacralisation de l’É
318 a mégamachine — qu’il a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une convention tacite lie les deux personnes
319 de décrire paraît inévitable, irréversible. Mais nous voyons que l’État-nation, qui en est le moteur, dépend lui-même, dans
320 e fédéraliste de l’État-nation. On le retrouve de nos jours dans les écrits de J. Buchmann, de Robert Lafont, d’Hervé Laven
321 concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits
322 ent au niveau des empires véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou écono
323 Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grand
324 tinentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasion des premières « Élections
325 ar les États-nations européens et dont l’addition devrait suffire à les déclarer en faillite. Dans l’état actuel de division
326 raison d’être. Dans leur état actuel de division, nos « souverainetés » ne peuvent en effet : — ni résister à la colonisati
327 de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre crise ; — ni assurer l’approvisionnement nécessaire en matières premi
328 et faute d’institutions communes de type fédéral, nos États-nations, retranchés dans leurs souverainetés nationales, ne pou
329 ains sont irréversibles et donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit
330 mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte.76
331 e cette Souveraineté sans limites ni règles, dont nos ancêtres n’avaient pas l’idée. » (p. 216) « Quand on disait alors sou
332 nuit jamais à l’impeccable élégance du propos. Il nous montre d’abord « le passage d’une souveraineté relative, la monarchie
333 aicté des Seigneuries, 1609). Le prince souverain doit être fidèle à sa mission divine : « Il n’est libre ni quant à la fin
334 poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il est l
335 ant que celles de Dieu. Enfin, il est lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de lois, dont toutes seron
336 ple soumis à l’État — qu’ils incarnent. D’où, de nos jours, les définitions courantes de la souveraineté nationale dans le
337 cevable et vérifiable : la Souveraineté nationale nous le fait voir en 1984 mieux encore qu’en 1979, à l’occasion des électi
338 de la « Nation », en réalité : de l’État — comme nous l’avons montré — la Souveraineté a perdu toute substance et toute ver
339 but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré qu’un « bon Européen » est celui qui — co
340 ry 80, le plus grand philosophe de l’Histoire, en notre siècle, Arnold Toynbee, fait sienne la thèse solidement établie qui v
341 onde hellénique et le problème correspondant dans le nôtre , aujourd’hui. Toutefois, à la lumière de l’Histoire grecque, nous som
342 i. Toutefois, à la lumière de l’Histoire grecque, nous sommes en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouve
343 toire grecque, nous sommes en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouvera sa solution — pour autant qu’on p
344 a pas été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons attendre de salut d’aucun des États nationaux d’Occident
345 ’est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever les yeux dans l’espérance d’y découvrir quelque fo
346 drait ainsi la calamité (sans cela inévitable) de notre anéantissement dans un conflit fatal. (p. 349-350) Puis, faisant all
347 350) Puis, faisant allusion aux négociations qui devaient donner naissance à l’ONU — mais cela s’applique mieux encore aux init
348 e tentative — pour bâtir un édifice politique qui nous permettra de donner plus de substance, avant qu’il ne soit trop tard,
349 édécesseurs de Louis XIV. 71. Voir L’Avenir est notre affaire , 1977, et plus anciennement Vingt-huit siècles d’Europe , 1
350 is des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir est notre affaire , paru en 1977. 75. Le titre de sa revue qui parut de 1933 à
351 onale est] un dogme périmé… depuis cinquante ans. Nos descendants associeront sans doute la notion de souveraineté national
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
352 — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notre société » (S. Veil) ou « la condition d’une société plus juste » (tou
353 acques Chirac réplique le lendemain que la droite doit « se défoncer » pour que la liste de Simone Veil fasse la plus grande
354 mble avoir imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des chances de surmonter sa crise nationale, l’union seule p
355 to au Conseil des ministres de la CEE, veto « qui nous donne une grande puissance ». Moyennant quoi, elle affirme que l’enga
356 il va sans dire que « la revendication européenne devra s’accompagner à terme d’une revendication régionaliste : une partie d
357 e transcende sans peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajout
358 et propositions défendues dans toute la suite de nos études sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre aff
359 l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se croirait à droite. « Les Ver
360 titre de conservateur. Quant aux destructeurs de notre environnement, à commencer par les forêts et océans qui font tout l’o
361 vie : de cette contrée, la plus polluée du monde, nous voulons faire la championne du monde de la dépollution. L’Europe de l
362 égions unies d’Europe : le blocage institutionnel aux États-nations est dépassé des deux côtés ; des régions politiquem
363 des écologistes luxembourgeois. Cette absence est due au refus de l’alliance d’accueillir en son sein des communistes, alor
364 péens viennent de publier leur programme commun : nous en donnons ici les titres de chapitres. Vers la paix en Europe fondé
365 e l’équilibre écologique, qui assure les bases de notre vie par-delà les frontières nationales ou européennes. Vers une polit
366 ns Bretagne), qui annonce ainsi son programme : NOUS VOULONS : — la construction des États-Unis d’Europe, sur une base féd
367 é aux aspects positifs du PE — oui, tout arrive — nous sommes heureux de citer : Le Parlement européen est le lieu de la cr
368 sisté sur l’idée que les solutions communautaires doivent primer sur les options étroitement nationales. « Vous avez raison de
369 le dit aux députés, en ajoutant que la Communauté devrait rompre avec le principe des votes à l’unanimité, principe que « nous
370 principe des votes à l’unanimité, principe que «  nous n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, lon
371 é, principe que « nous n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, longuement ovationnée par les parl
372 n au xixe siècle. Et si la démocratie européenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne nous reste plus que seize ans ! »
373 uropéenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne nous reste plus que seize ans ! » « Une souveraineté européenne » — encor
374 voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager nos États-nations, parvenus non sans peine à ce qu’ils considèrent comme
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
375 onclusions solennelles que l’on pourrait tirer de nos débats, que je crois que j’ai entrepris quelque chose que je ne pourr
376 tous. Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a été de loin le plus riche pa
377 t peut-être plus importants, les trois thèmes qui nous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème
378 première journée. Deuxième thème, la sémantique : nous avons consacré toute une journée à l’examen des langues de bois diver
379 outes, mais enfin il y en a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une journée extrêmement instructive
380 érations sur le Forum culturel 1984-1985, c’était notre ami Boldizsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est-ce qu’o
381 r l’année prochaine ? Je croyais qu’il parlait de notre colloque. J’étais absolument à côté de la réalité. Et je crois que je
382 is pas le dire. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que le Forum culturel dont il était question allait
383 appelle cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de désigner cette ch
384 le cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de désigner cette chose,
385 comme tous les forums de ce genre, ne fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thème de Budapest sera une dis
386 té en Europe. De cette discussion, de ces thèmes, nous ont parlé avec beaucoup de pertinence, de réalisme et de sagesse, M.
387 des hôtes, l’un des organisateurs de Budapest. Il nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nommer ont
388 que je viens de nommer ont insisté là-dessus, de nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare
389 isté là-dessus, de nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suit
390 surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suite que j’ai toujours eu quelque m
391 pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est, dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut
392 dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut trouver, en effet, d’abord un langage commun, sinon cela ne serv
393 ela ne servira absolument à rien. Chercher ce qui nous unit, surtout dans le domaine de la culture, qui est d’abord une ques
394 qui est d’abord une question de langage. Et ceci nous a amenés, durant la deuxième journée, à une discussion qui a roulé su
395 sont sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmement intéressant, très détaillé,
396 rois, tout l’après-midi du jeudi : Mme Oudaltsova nous a fait une communication trop modestement intitulée Byzance, ville d’
397 op modestement intitulée Byzance, ville d’art, et nous a projeté ensuite une série de diapositives d’une telle beauté que ce
398 série de diapositives d’une telle beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images su
399 telle beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’il n’y
400 and écran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, M
401 avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame. Dans votre introduction, traitant de la culture
402 parallélisme est frappant avec des situations que nous connaissons — en remplaçant l’Église par le Parti — et je crois que c
403 autres — de nouveau colloque. Mais j’en reviens à notre deuxième thème, la sémantique. M. Grossrieder nous a donc appris mill
404 tre deuxième thème, la sémantique. M. Grossrieder nous a donc appris mille choses importantes sur le langage propre aux cong
405 propre aux congrès, et ensuite, M. Georges Nivat nous a montré, par une analyse à mon sens admirablement raffinée et portan
406 ense, dirais-je, et puis tout s’est détendu quand notre président a pris la parole pour dire que les propos de Georges Nivat
407 s eu la même idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu le moindre échange. Je l’avais notée, et je vous ai lu mes n
408 de bois nationaliste, de classe, bourgeoise dans notre cas, a provoqué des réactions littéraires parfois violentes, parfois
409 it chez ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous , nous appelions cela l’explosion antibourgeoise : Dada, le surréalism
410 z ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous, nous appelions cela l’explosion antibourgeoise : Dada, le surréalisme et p
411 e débat, de l’exposé de Nivat et des réponses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être le
412 ses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être le nœud du problème qui se posait à ce colloqu
413 e plus grand péril jamais encouru par l’humanité. Nous avons eu l’impression qu’autour de cette table, quelque chose se noua
414 Je crois que ce moment-là a entièrement justifié notre colloque. Il y a eu une extrême richesse aussi, ce jour-là, dans les
415 ose de tout à fait important. Le grand danger que nous avons couru au cours des trente dernières années, en tenant nos collo
416 u au cours des trente dernières années, en tenant nos colloques, ou en créant des instituts pour l’étude de la culture euro
417 s, sans le moindre sens des cultures différentes, notre civilisation scientifico-technique. Je prends le DDT comme exemple ty
418 DDT comme exemple typique de cette ambivalence de notre science. Au début, le DDT a sauvé des récoltes immenses auparavant dé
419 maux encore pires que la malaria, si bien qu’on a interdire le DDT. Je crois que cet exemple symbolise un des aspects d
420 s différentes cultures qui se partagent le monde. Nous l’avons essayé il y a quelques années, au CEC, cela avait l’air prome
421 t difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujourd’hui même. Je ne puis guère vous donner que des con
422 mune des Européens. Je pense que ce qui distingue notre culture européenne, c’est la diversité extraordinaire des sources, qu
423 slave, à partir du xixe , a été considérable pour nous , ne fût-ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xix
424 stes. Le jeudi matin, je ne sais plus qui d’entre nous a dit qu’il connaissait quatre-vingts définitions de la culture europ
425 est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses diversités mêmes et par sa nécessité d’intégration pe
426 ses mesures fondamentales, cette culture commune devrait nous imposer des systèmes de prudence, je dirais des modes d’emploi,
427 ures fondamentales, cette culture commune devrait nous imposer des systèmes de prudence, je dirais des modes d’emploi, au se
428 excuser, ou simplement lever les scrupules que je devrais avoir à vous présenter des conclusions aussi exorbitantes, c’est sans
429 ais autant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous s
430 utant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons
431 ous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter cela dans les mêmes conditions, a
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
432 de se rapprocher d’un grand but politique — dans notre cas, l’union de l’Europe — et celle de l’homme de pensée militante, q
433 Chevaliers — le Ridderzaal — qui fut le siège de notre manifestation fondatrice, qu’il y avait pris part parmi les délégués
434 circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
435 r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
436 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
437 oderne. À défaut d’une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
438 nion librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
439 oit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées
440 s édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
441 politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
442 défense et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, l’Europe
443 rce est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en él
444 t l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les
445 our en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union, l’Europe joue so
446 ce à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union, l’Europe joue son destin et celui de la p
447 de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous , Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce
448 peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les rés
449 ivants, qui résument les résolutions adoptées par notre congrès : 1. Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son éten
450 t les résolutions adoptées par notre congrès : 1. Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre cir
451 irculation des hommes, des idées et des biens. 2. Nous voulons une Charte des droits de l’homme garantissant les libertés de
452 le libre exercice d’une opposition politique. 3. Nous voulons une Cour de justice capable d’appliquer les sanctions nécessa
453 nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4. Nous voulons une Assemblée européenne où soient représentées les forces vi
454 où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de to
455 ées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
456 enons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Égli
457 l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos mili
458 s nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicau
459 ns nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et
460 n public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements
461 1949 à Strasbourg. Faute d’un siège propre qui ne devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous
462 dans tous les groupes activement intéressés : on nous donnait une Assemblée consultative, et nous l’avions voulue législati
463  : on nous donnait une Assemblée consultative, et nous l’avions voulue législative ; cette assemblée était formée de délégué
464 és élus représentant « les forces vives de toutes nos nations ». Cela changeait tout. Mais l’homme est ainsi fait : curiosi
465 de La Haye et dont je suis le directeur désigné, nous débarquions à Strasbourg en août 1949, pour la première session de l’
466 directs que Coudenhove : « L’Europe Charlemagne, nous l’aurons dans dix ans », me dit-il en me serrant la main. Quelques ma
467 Palais de l’Europe 6000 jeunes gens venus de tous nos pays et décidés à « bousculer les gouvernements », comme l’avait sugg
468 fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose […]. Nous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’
469 ous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempér
470 par doctrine, par manie ou par tempérament, comme nous le reprochent certains qui, par principe ceux-là, ont décidé une fois
471 dire en style familier, ces éternelles prudences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre pre
472 f qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en u
473 aites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux quelles, et quelles sabotent […]. Ils no
474 vaut mieux quelles, et quelles sabotent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces diffic
475 et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massiv
476 icats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation, de polémique europée
477 le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un régime
478 salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espéranc
479 rte son texte, dont voici le passage essentiel : Nous ne le redirons jamais assez : toutes les nations de l’Europe occident
480 eront-ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, consommer le suicide du Conseil de l’Europe, sonner p
481 trasbourg peut réveiller la volonté de vivre dans notre Europe aujourd’hui paralysée par le sentiment de son impuissance, et
482 e de l’Europe entre les fils de Charlemagne. 1950 doit être la date d’un second serment qui l’unira. Il est très difficile d
483 on publique les approuvera et les soutiendra […]. Nous sommes à Strasbourg un groupe qui avec des moyens sérieux tente de la
484 t de pousser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous ne sommes certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandon
485 mes certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Com
486 oins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Comment ne pas admi
487 rés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Comment ne pas admirer la conver
488 si disponible que merveilleusement intelligent89, nous travaillons jusqu’à 3 h du matin : reprenons le texte Jacquet (les « 
489 res à l’hôtel. Il semble que le Serment va rater, notre texte grignoté par Paul Reynaud, les Hollandais, les Allemands. Carlo
490 r 98 voix sur 98 présents le patronage du CE pour notre Centre européen de la culture. Guy Mollet me promet de faire le néces
491 faire le nécessaire pour que la Banque de France nous subventionne. À 23 h, Villey et sa femme au Café de France jusqu’à 1
492 urs survivants de l’événement pourront sans doute nous le rappeler), un bâtiment sis dans le parc, en face du Palais de l’Eu
493 de Villey et mes mises en demeure. Je le répète : nos gouvernements ne voulaient pas l’Europe unie. Ils ne croyaient au mie
494 che sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l’y encourage vivem
495 c Brugmans et Silva. Je l’y encourage vivement. » Nous sommes à Strasbourg de nouveau, Silva, Dadelsen et moi le 17 novembre
496 instituts universitaires, le cinéma européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au moins
497 versitaires, le cinéma européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au moins 3000 jeunes
498 sera chargé de présenter à l’Assemblée. Voilà qui nous promet, à Dadelsen et à moi, une nouvelle nuit de bon travail à l’Hôt
499 ak, entouré des membres du bureau de l’Assemblée, doit recevoir le message des jeunes et lui répondre. Voici le discours qu’
500 ve du Conseil de l’Europe Au mois d’août dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux fron
501 dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux frontières, symbole des souverainetés nationa
502 ouverainetés nationales néfastes et périmées dont nous espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nous voici six-mille a
503 us espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nous voici six-mille accourus vers Strasbourg de tous les horizons du cont
504 érentes, c’est la jeunesse européenne entière que nous avons conscience de représenter ici. Si une nouvelle fois, mais en pl
505 Si une nouvelle fois, mais en plus grand nombre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison
506 nd nombre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nou
507 s, et si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire
508 t votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire entendre par vous directement
509 c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire entendre par vous directement. Vous avez le devoir d’écouter no
510 faire entendre par vous directement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous par
511 r vous directement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos len
512 ment. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos lenteurs et vos
513 os lenteurs et vos hésitations, vos prudences que nous comprenons mal devant les catastrophes qui s’approchent — c’est nous
514 devant les catastrophes qui s’approchent — c’est nous les jeunes qui les paierons demain, peut-être même de notre vie. Nous
515 jeunes qui les paierons demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souveraineté
516 les paierons demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés national
517 tre même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de m
518 ous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de mourir que pour des raisons de vivre. Proclamez ces
519 tatut d’impuissance, vous le savez aussi bien que nous  : l’Europe ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encor
520 urope ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’est donc la sagesse même qui vous commande l’au
521 vous commande l’audace. Vous connaissez mieux que nous la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour
522 s la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour proclamer des nécessités et un but. L’heure est venue
523 d’accomplir l’acte révolutionnaire qui seul peut nous sauver. Nous demandons que les délégués conscients des dangers imméd
524 ’acte révolutionnaire qui seul peut nous sauver. Nous demandons que les délégués conscients des dangers immédiats se procla
525 e cet acte simple, vous sentirez monter vers vous notre ferveur ; vous rendrez à nos vieux pays envahis aujourd’hui par l’ind
526 z monter vers vous notre ferveur ; vous rendrez à nos vieux pays envahis aujourd’hui par l’indifférence et le doute une gra
527 housiasme qui balaiera devant vous les obstacles. Nous venons ici vous apporter le témoignage d’une foi encore intacte. Ne t
528 moignage d’une foi encore intacte. Ne trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne pouvez plus multipl
529 ncore intacte. Ne trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne pouvez plus multiplier les professions
530 l’Europe, mais alors qu’ils le disent clairement. Nous avons le droit d’attendre que vos actes répondent à vos discours. C’e
531 us : ce sera le troisième de la saison ! Serment Nous jurons que, par tous les moyens en notre pouvoir et par toutes les fo
532 Serment Nous jurons que, par tous les moyens en notre pouvoir et par toutes les forces que nous donne la légitimité de notr
533 ens en notre pouvoir et par toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur de no
534 toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur de nous-mêmes à l’avènement de la
535 forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur de nous-mêmes à l’avènement de la fédération
536 -mêmes à l’avènement de la fédération européenne. Nous jurons de ne plus reconnaître, à partir d’aujourd’hui, les frontières
537 onnaître, à partir d’aujourd’hui, les frontières. Nous déclarons que nous défendrons l’Europe, mais seulement comme une patr
538 d’aujourd’hui, les frontières. Nous déclarons que nous défendrons l’Europe, mais seulement comme une patrie commune. L’Europ
539 me une patrie commune. L’Europe est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce q
540 atrie commune. L’Europe est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que ces j
541 est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que ces jeunes d’alors pensent
542 is aussi des frais de voyage, ce qui l’est moins. Nous vivions l’époque héroïque des gens — jeunes de tout âge — qui « march
543 ajeure : ce projet de Constitution européenne que nous avions en vain espéré de Strasbourg. Mais il naquit d’une décision pr
544 borer un avant-projet de traité. Cette commission devait terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’elle fit ponctuellemen
545 opos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous avec toutes les apparences d’une nation et d’une fédération, se nomme
546 celui de la CED, comme on vient de le rappeler — devait à son origine d’être orientée dès le départ vers ce qui allait deveni
547 nt agir les Fous — ne voyez-vous pas où les Sages nous ont conduits ? » Relisant cela dans un journal allemand et pour en vé
548 part des diversités mêmes qui font la richesse de notre civilisation, le prépare beaucoup mieux que la CEE à « commencer par
549 Comité de coopération culturelle (CDCC) auquel on doit de fécondes études sur l’éducation et la propagation des études europ
550 ’exemple hélas parfait d’une situation de ce type nous a été récemment fourni par l’épisode de la Déclaration européenne sur
551 rticipation ». Ils affirment que « la finalité de nos sociétés est de permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté et l
552 et avec la construction à venir de son Union. On nous apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas une culture commu
553 vrai, la signification principale du document… On nous apprend ensuite que le fondement premier de ces cultures est une trad
554 administrative et décisionnelle de la plupart de nos États européens empêche de prendre en compte et à plus forte raison d
555 nité de l’Occident, Jupiter changé en Taureau. On nous dit qu’Europe aujourd’hui risque à nouveau d’être séduite, cette fois
556 qui exige une réponse immédiate est de savoir si nous allons enfin prendre conscience d’un scandale qui n’est pas, comme on
557 rope de demain. » En même temps, la Commission ne devra pas perdre de vue « que l’Europe comprend d’autres pays que les démoc
558 tion sur l’opinion publique. Ces six associations devaient se donner une organisation faîtière, au lendemain du congrès de La Ha
559 re. Il me dit : « Monsieur, vous êtes l’homme qui nous oblige tous à méditer. » Puis, au service de presse, Robert Bichet, c
560 deux jours après, Spaak descendant l’escalier de notre hôtel : « Je les ai lues, enfin ! » Moi : « Quoi ? » — « Vos fameuses
561 voyons ! Comme vous êtes pessimiste ! Comme vous nous arrangez ! » Le 24 août, Victor Larock (rapporteur général) me cite t
562 : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’il nous adresse… », puis le sénateur Casati, à propos du Centre européen de l
563 éler journées des dupes, hélas. 89. Il deviendra notre collaborateur le plus actif au Centre européen de la culture, dès la
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
564 s trois mois au moins d’interruption involontaire due à une série de maladies. Ce n’est pas très facile à résumer : j’ai à
565 i à peine recommencé à travailler. Mais ce que je dois faire maintenant, c’est terminer douze livres dont certains sont en b
566 r, le philosophe allemand. Et puis avec mes amis, nous avons très vite fondé des groupes de pensée autour d’une idée de l’ho
567 ndividu, ce que Marx appelait l’individu atomisé. Nous avions repris un peu de cette critique-là, tout en étant très antimar
568 , tout en étant très antimarxistes pour le reste. Nous avons alors fondé les groupes personnalistes qui continuent aujourd’h
569 de commun évidemment avec le mouvement fasciste. Nous avons développé des théories sur l’actualité, sur l’évolution du mond
570 l’évolution du monde, de l’Europe en particulier. Nous nous sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise é
571 lution du monde, de l’Europe en particulier. Nous nous sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise était
572 sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise était « ni gauche, ni droite, mais en avant, devant les problè
573 ni droite, mais en avant, devant les problèmes ». Nos idées ont joué un certain rôle dans le développement politique frança
574 oppement politique français, à cette époque. Puis nous avons développé des théories politiques constructives, curieusement s
575 a centralisation. Il est vrai qu’il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avait un Russe, il y avait des Alleman
576 t un Russe, il y avait des Allemands, un Italien. Nous avions beaucoup d’amis, presque des disciples déjà, en Angleterre, en
577 e des disciples déjà, en Angleterre, en Belgique. Nous avons alors élaboré, d’une manière encore très théorique, une concept
578 qu’il fallait fédérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce terme d’État-nation qui est utilisé maintenant un peu
579 nation qui est utilisé maintenant un peu partout. Nous avons dénoncé cette nouvelle tyrannie moderne qui consiste dans le fa
580 le tyrannie moderne qui consiste dans le fait que nos sociétés sont dirigées par l’État, c’est-à-dire par des corps de fonc
581 mentale sur laquelle repose toute la critique que nous avons fait de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas m
582 tiques en Europe, après la tragédie de la guerre. Nous étions en train de voir la guerre des nations, des États-nations, se
583 s staliniens en Russie, faire tous la même chose. Nous nous opposions à tout cela, la personne, l’homme libre et responsable
584 liniens en Russie, faire tous la même chose. Nous nous opposions à tout cela, la personne, l’homme libre et responsable étan
585 , la personne, l’homme libre et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la
586 et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a écl
587 re la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différentes nationalit
588 Et là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différentes nationalités. Je fus tout de suite mobilisé en
589 ntrer en fonction contre les Allemands. Alors que nous étions en train d’organiser cette Ligue du Gothard avec des gens que
590 rganiser cette Ligue du Gothard avec des gens que nous avions pris à droite et à gauche conformément à ma philosophie « ni g
591 ez bien compris ? Répétez. » J’ai répété comme on doit le faire, puis il m’a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous
592 comme on doit le faire, puis il m’a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous des observations à présenter ? » J’ai ré
593 en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’ai m’y débrouiller. Denis de Rougemont est resté aux États-Unis jusqu’en
594 ce qu’on pourrait faire si Hitler était battu, si nous pourrions rentrer en Europe. J’avais beaucoup d’amis de tous les pays
595 ous les pays européens, réfugiés là-bas, avec qui nous nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une
596 es pays européens, réfugiés là-bas, avec qui nous nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une chose
597 réfugiés là-bas, avec qui nous nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une chose à faire, c’est un
598 Jaspers, le philosophe marxiste hongrois Lukacs. Nous étions neuf conférenciers, dont j’étais le plus jeune, et j’ai parlé
599 t de Denis de Rougemont il y a toujours eu, comme nous l’avons vu, l’homme, en tant que personne libre et responsable, par o
600 me à la société, à quels dangers est-il exposé ? Notre mouvement, qui s’appelait « mouvement personnaliste », a porté toute
601 l’on pense que la société est le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au service de l’homme, doit l
602 s pensé que la société est au service de l’homme, doit l’être. Or c’est exactement le contraire qui se passe aujourd’hui. Vo
603 n citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appelait « 
604 nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appelait « les non-conformistes des années 1930 ». C’est là
605 e un sujet, un homme libre et responsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me répète, il faut que la socié
606 le contraire. Les deux grandes finalités que l’on doit rechercher en faisant une société, ce n’est pas la puissance, mais c’
607 les. Au moment, prévu par le contrat, où j’aurais remettre mon manuscrit, qui devait paraître dans une collection, j’ai
608 ntrat, où j’aurais dû remettre mon manuscrit, qui devait paraître dans une collection, j’ai dû céder mon tour. J’ai reçu une l
609 it, qui devait paraître dans une collection, j’ai céder mon tour. J’ai reçu une lettre de l’éditeur me disant : « J’ai
610 ctive, il faut absolument de petites communautés. Nous ne sommes pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralis
611 la direction de l’État et de ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abor
612 fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’e
613 sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu
614 s notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu j’ai retrouvé ma tradition s
615 entralisatrice apparaît en Suisse, tendance qu’il nous faut combattre. Si les finalités sont liberté, responsabilité, amour
616 munautés en sont la condition. Ces communautés ne doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucu
617 i, ne peut constituer une petite autarcie : elles doivent communiquer entre elles, elles ont des intérêts communs. Par exemple,
618 communs. Par exemple, il y a une communauté qu’il nous faut restaurer : je pense à la région où j’habite, celle du lac Léman
619 t les habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous sommes, à Genève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des
620 a voix d’un homme peut se faire entendre. Donc il nous faut recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions et aboutir à u
621 mon action ? Eh bien, je me suis dit : puisqu’il nous faut partir d’une finalité de l’homme et des valeurs les plus commune
622 plus communes aux Européens, cela veut dire qu’il nous faut partir de la culture. Je conçois la culture comme l’ensemble des
623 sultat de sa vision d’une Europe nouvelle. Une de nos premières activités issues du congrès de La Haye fut de mettre ensemb
624 gie avec le Centre européen de la culture. Ce fut notre première création. Puis, sous l’égide de l’Unesco, le CERN a passé au
625 CERN a passé aux gouvernements, sortant ainsi de nos mains : mais nous en avions fait la conception première. Ensuite nous
626 gouvernements, sortant ainsi de nos mains : mais nous en avions fait la conception première. Ensuite nous avons créé de nom
627 us en avions fait la conception première. Ensuite nous avons créé de nombreuses associations, très différentes les unes des
628 e coopération européenne sur un plan bien précis. Nous avons fait aussi de nombreuses incursions dans le domaine de l’éducat
629 ses incursions dans le domaine de l’éducation, en nous disant que si on veut faire l’Europe il faut d’abord faire des Europé
630 nationalistes, mais des Européens qui sachent que nous avons des valeurs communes qui nous viennent de Rome, d’Athènes, de J
631 i sachent que nous avons des valeurs communes qui nous viennent de Rome, d’Athènes, de Jérusalem, de la Germanie, des Celtes
632 ’est fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce
633 fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’e
634 a que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimensions
635 nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimensions nécess
636 nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimensions nécessaires à notre vie politique, notre vie civ
637 cela qui nous donne les dimensions nécessaires à notre vie politique, notre vie civique, notre vie active de tous les jours.
638 les dimensions nécessaires à notre vie politique, notre vie civique, notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous av
639 ssaires à notre vie politique, notre vie civique, notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre
640 notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre depuis maintenant presque quarante ans. Il y a e
641 que quarante ans. Il y a eu des hauts et des bas. Nous avons traversé une crise assez forte ces dernières années. Cela m’a o
642 ttre sur pied quelque chose de plus ambitieux que notre Centre, c’est-à-dire une espèce de fédération des efforts déployés en
643 il y a là une tâche immense pour la culture, que nous pourrions réaliser sous une forme beaucoup plus vaste que celle de no
644 r sous une forme beaucoup plus vaste que celle de notre Centre européen de la culture, ce qui me permettrait de me retirer et
645 gement européen. Quel avenir ? Denis de Rougemont nous laisse un dernier livre : L’Avenir est notre affaire , un livre cour
646 mont nous laisse un dernier livre : L’Avenir est notre affaire , un livre courageux, percutant, critiquant violemment les po
647 en lui un sentiment de solitude et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inv
648 itude et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous con
649 oute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est at
650 fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est attelé avec passion aura pour
651 s qu’ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Ouest. C’est par la culture qu’on arrivera à les r
652 s que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous . Si on veut que les choses avancent dans le sens de la paix, c’est su
653 hoses avancent dans le sens de la paix, c’est sur nous que cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste
654 a paix, c’est sur nous que cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste : si on laisse les choses aller
655 s mal vers la catastrophe totale — en revanche on doit être optimiste si on est actif et si on peut mesurer les progrès de c
656 ut éviter que la préparation à la guerre détruise notre nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été
657 la préparation à la guerre détruise notre nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premi
658 re nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premiers rangs des écologistes, il y a de ce
659 cela quinze, vingt ans. On se moquait beaucoup de nous . On nous appelait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos », et ce
660 ze, vingt ans. On se moquait beaucoup de nous. On nous appelait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos », et cela suffis
661 qui rime avec « rigolos », et cela suffisait pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissai
662 pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journaux. Vous
663 l’on vous parle de la mort des forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On ne
664 forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire, et au
665 rticles il y a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’impose dans le monde e
666 une réalité qui s’impose dans le monde entier. On nous parle de la manière de se nourrir, de la manière d’attaquer ou de ne
667 rt dépend d’eux. Il faut dire aux hommes : « Vous devez choisir maintenant, est-ce que vous voulez être libres, ou préférez-v
668 ssi un petit peu impérialiste pour soi-même. Cela nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de
669 our soi-même. Cela nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de liberté et un certain désir de
670 nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de liberté et un certain désir de puissance, il faut
671 outer là-dessus. J’ai formulé les grands buts que doivent se fixer à peu près en même temps, simultanément, les personnes et la
672 simultanément, les personnes et la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-nous à tout prix la puiss
673 ment, les personnes et la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-nous à tout prix la puissance sur le
674 nous qui devons faire ce premier choix : voulons- nous à tout prix la puissance sur les autres, la puissance qui ne peut men
675 ner qu’à la mort et à la catastrophe ? Ou voulons- nous la liberté et ses risques ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien] D
676 , dans sa quatre-vingtième année. L’interview que nous vous présentons a été réalisé à la fin septembre par M. Guido Ferrari