1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 maladroit au seuil du livre que voici. Mais faut- il aimer davantage l’espèce d’adresse au jour le jour qui tient lieu de
2 r de colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dans son domai
3 » que se veuille en effet la pensée, si petite qu’ elle se fasse au réduit intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens
4 r. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’ elle saurait bien tourner, plus rusée que les bureaucrates. La brimade éta
5 . La brimade étatique est beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’intellectuel une adhésion sentim
6 nt le goût ni des habiletés ni des contraintes qu’ il y faut, puissent quitter ce combat mauvais, et porter ailleurs leur v
7 moins pour sauver le monde que pour accomplir les devoirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. […] Voici no
8 xactement, qu’on laisse aux prisonniers — ou bien elle s’engage dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il est soc
9 dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’ il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle av
10 ’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’ elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses résis
11 u politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses résistances, et provo
12 Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’ il faut dénoncer. C’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel d’a
13 changer cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa
14 sant outre à son dégoût, accepte le combat tel qu’ il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce
15 goût, accepte le combat tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politiqu
16 risque à la politique de l’autruche. L’issue fût- elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels que
17 ’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est- elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Plans, Réactio
18 t, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains obj
19 de ses points de repère principaux. Il se peut qu’ il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont co
20 i les intellectuels, et si violemment accentué qu’ il peut paraître suffisant pour définir un front unique, fût-il provisoi
21 aître suffisant pour définir un front unique, fût- il provisoire. Le chapitre suivant s’intitule : « Ridicule et impuissan
22 ur le cœur et la tête, on verra plus tard, disent- ils  ; en attendant, ils les veulent soumis.) Le peuple veut des programme
23 e, on verra plus tard, disent-ils ; en attendant, ils les veulent soumis.) Le peuple veut des programmes pratiques, mais se
24 ion publique, n’engagent à rien, personnellement. Il se peut que cela tranquillise des consciences faiblement troublées ;
25 anquillise des consciences faiblement troublées ; il se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il e
26 a dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d
27 x écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-t- il encore un détroit navigable ? Existe-t-il pour l’intellectuel une pos
28 xiste-t-il encore un détroit navigable ? Existe-t- il pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il
29 uel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autr
30 ectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de
31 gigantisme américain, soviétique et capitaliste ; elle s’oppose à l’émiettement social de la démocratie individualiste ; ell
32 ettement social de la démocratie individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’homme par ses créations, par l’État et
33 ons, par l’État et par les bavards radiodiffusés. Elle refuse la dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’est pas d
34 s n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas,
35 t être en chacun des citoyens conscients, fussent- ils , et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement humain
36 llement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société
37 eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’ il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y a
38 ophique ou littéraire, loin de se réduire — comme elle le fera chez Sartre, en 1948 — au service inconditionnel d’une classe
39 fantasme typique du bourgeois qui ne sait pas qu’ il est lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre repose sur l’i
40 iner l’axe de référence. La liberté de penser ne doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui do
41 au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’ elle n’a plus de condition concrète. La pensée qui agit n’est pas libre, m
42 e d’un conflit, c’est-à-dire la présence du réel. Il rend à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappe
43 a pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’est jamais séparable de
44 qu’une assurance contre toute espèce de sanction. Il est clair que cette liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne s
45 , ne sera jamais que servitude pour le penseur, s’ il sait que la violence de sa pensée fonde la seule autorité valable. La
46 appel aux « lois scélérates » ; pour d’autres, qu’ il témoigne d’un goût romantique du scandale ; enfin qu’il évoque surtou
47 oigne d’un goût romantique du scandale ; enfin qu’ il évoque surtout la « mise au pas » des dictatures. Mais ce sont là bri
48 istinguera par une double opposition : d’une part il opposera au conformisme la loi personnelle de l’homme, d’autre part,
49 isme la loi personnelle de l’homme, d’autre part, il opposera à l’évasion dans l’abstrait la volonté de s’ordonner à un bu
50 nne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’ il rappelle à la situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écr
51 figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ ils revendiquent. Qu’ils illustrent, dans leur structure, visible ou secr
52 smes de cet ordre nouveau qu’ils revendiquent. Qu’ ils illustrent, dans leur structure, visible ou secrète, la dialectique j
53 ique immédiate à chaque progrès du discours et qu’ il n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait
54 lle de correction dans les démarches de l’esprit. Il faudrait en nommer quelques autres : Pascal, dont la phrase est brisé
55 ’expliquer et de justifier son intuition, rien qu’ elle , dégagée de toute allusion impure ; Kierkegaard, si désespérément sou
56 gnant la « réalité rugueuse »… « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus précédant le bon
57 rier 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des moutons enragés. Fatigués de leur innocence, vo
58 ue l’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution enc
59 irs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et dep
60 euse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père
61 d’un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait
62 re. […] Pour qu’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalit
63 e pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignor
64 réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’ elle se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne
65 t suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’un parti, par exempl
66 se libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’une pensée supp
67 ifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés égarés pour un temps da
68 agement » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintenant tout est rentré dans l’ordr
69 ts. » Conclusion J.-P. Sartre, auquel nous devons tant de thèses célèbres encore que radicalement contradictoires, sur
70 Les trois épithètes s’éclairent réciproquement. Elles impliquent en outre une quatrième épithète : « libre ». 1. Publié
71 « L’ouvrier de 1947 a beaucoup à nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à Budapest, à M
72 ps 1978, p. 17-25. b. Indiquer de quel colloque il s’agit. c. Rougemont en rend compte dans ce même numéro de Cadmos, p
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
73 ’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’ il tente à la fin de son essai d’en récapituler les données. C’est tout
74 ations d’autres continents ». Par où l’on voit qu’ il s’agit d’une attitude spécifiquement européenne, et si peu étrangère
75 is circuler mine de rien : « L’Européen ne serait- il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure
76 anifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l
77 me Européen dans la mesure précise où il doute qu’ il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme unive
78 raire s’identifier soit avec l’homme universel qu’ il imagine, soit avec l’une des composantes du grand complexe européen,
79 des composantes du grand complexe européen, dont il révèle ainsi qu’il fait partie par le seul fait qu’il le conteste ? »
80 grand complexe européen, dont il révèle ainsi qu’ il fait partie par le seul fait qu’il le conteste ? » L’antieuropéanisme
81 évèle ainsi qu’il fait partie par le seul fait qu’ il le conteste ? » L’antieuropéanisme, c’est aussi « la nostalgie d’une
82 le mode de culture intellectuelle qui en résulte doivent périr. » « Nous autres tard venus de l’humanité » s’exclame J. Burckh
83 sages au sujet de l’Europe et de son avenir, va-t- il se nourrir aux mêmes sources dont les colonialistes puis les grands c
84 le tirent cet orgueil dont l’Évangile nous dit qu’ il « va devant l’écrasement ». 2. Un autre aspect du pessimisme européen
85 lles des musées d’ethnographie, écrit Paul Klee ; elles sommeillent également dans les chambres des enfants du monde entier »
86 tre la tradition dans laquelle, par cet acte même il s’insère ? Peut-être n’est-il rien au monde de plus difficile à rejet
87 , par cet acte même il s’insère ? Peut-être n’est- il rien au monde de plus difficile à rejeter qu’une culture faite depuis
88 térature et en philosophie comme en morale, n’est- il tout simplement que le pompier ? Voire celui qui entend faire passer
89 avant-garde : dans les arts et dans la politique, il s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’elles se veulent polit
90 il s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’ elles se veulent politiques, les avant-gardes du xxe siècle prônent l’art
91 ous » (selon l’oracle de Lautréamont). En tant qu’ elles ambitionnent de faire la mode, d’autres avant-gardes ou les mêmes pub
92 rien dire de sa capacité de les comprendre. Mais il serait vain de chercher si pareille situation est conforme ou hostile
93 t conforme ou hostile à la tradition européenne : elle est tout simplement l’une des constantes des prétentions intellectuel
94 Boas et Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’ il poursuit dans sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale est «
95 justice y est basée « sur le respect qu’ont pour elle les membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et voilà qui évoq
96 parti unique. La véritable anti-Europe ne serait- elle pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dénoncent comm
97 tellectuelle ne manquera pas, sinon d’instruire — elle ne le pourrait — du moins de suggérer qu’il y aurait lieu de l’instru
98 hir de toutes les fautes et de tous les crimes qu’ elle a pu — et qu’elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacque
99 fautes et de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’ elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “notre ci
100 de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Me
101 teur conclut dans un large finale : « Si l’Europe doit survivre en tant que civilisation et s’acquitter des dettes qu’elle a
102 ant que civilisation et s’acquitter des dettes qu’ elle a contractées envers le monde dans sa tentative de l’unifier sous sa
103 dans sa tentative de l’unifier sous sa conduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne c
104 sa tentative de l’unifier sous sa conduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne cesse
105 nduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’ elle lui a posée et qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde,
106 mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’ elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se détourne
107 ope tout en reprenant ses idées et ses créations. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie centralisatrice.
108 phie de l’efficacité et sa folie centralisatrice. Il édifie des États puissants et jacobins qui défendent acariâtrement le
109 j’entends : au service de la vocation mondiale qu’ elle s’est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre survie
110 rticipation des citoyens à leurs propres destins. Il ne s’agit plus désormais, de projeter dans l’espace lointain ni dans
111 smatique d’un bon sauvage ou d’un homme régénéré. Il s’agit pour l’Europe de proposer au Monde et d’illustrer d’une manièr
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
112 Si l’homme, au sens de la personne, est mort ou doit mourir bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y
113 de la personne, est mort ou doit mourir bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on
114 ôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’ il n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront encore
115 ollège de France, nous avons vu dans le succès qu’ elles eurent un temps, le symptôme clinique de quelque chose de plus profon
116 ux qui en déduisit le premier la mort de l’homme. Il s’agissait, on le voit, d’une théorie plus littéraire que philosophiq
117 nne au sujet des valeurs qui l’ont constituée, qu’ elle a propagées au monde entier, et qui se retournent aujourd’hui contre
118 e entier, et qui se retournent aujourd’hui contre elle . On l’a dit hier : la nouvelle de la mort de Dieu entraînant la mort
119 e fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’ il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homm
120 t, c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu, était mort,
121 s dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu’ il ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas
122 qu’il ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans facile
123 s « au sein desquelles — ajoute Michel Foucault — elle se perdra rapidement comme ce pli dans une nappe ou l’empreinte d’un
124 ements l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss), il sera rendu à l’innocence, car on ne condamne pas un prévenu si l’on p
125 condamne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’ il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le cri
126 rauss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’ il n’est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du mê
127 — et une bonne dose d’humour noir — oppose ce qu’ il appelle l’entropologie, c’est-à-dire la connaissance non de l’anthrop
128 sance non de l’anthropos mais de l’entropie, dont il admet que l’activité de l’homme occidental serait le facteur principa
129 nécessité pour le « vieil homme » de « mourir ». Il n’est question que de « dépouiller le vieil homme », de devenir une «
130 entité, les Pères ne trouvaient pas de mot grec. Ils prirent alors le terme romain de persona, qui avait signifié d’abord
131 té transféré au citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Dieu était une seule essence manifestée en trois perso
132 nne qui fournit le modèle de la personne humaine. Elle était la coexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-
133 saint Victor, par Thomas d’Aquin, par Calvin, et il domine encore toute l’anthropologie chrétienne. Rejoignant le sujet
134 e pensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas, nous dit-on, des instruments nécessaires pour pense
135 e l’homme ». Pour Athanase et les Pères de Nicée, il ne s’agissait pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet est une
136 t de l’homme un « doublet » de chair et d’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’a plus su comment les rejo
137 ’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’ il n’a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse un peu aberr
138 i l’homme est un doublet empirico-transcendental, il mourra donc avec la science cartésienne. Les dégâts resteront limités
139 ire observer aussi que, bien loin que la personne doive sa constitution à la science moderne, c’est l’inverse qui se vérifie
140 matière a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’ il s’est incarné en elle. Descartes (évidemment pour cette raison) : « C
141 ue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’est incarné en elle . Descartes (évidemment pour cette raison) : « Celui qui ne croit pas
142 la science, des sciences humaines en particulier, doit aboutir à la déshumanisation, c’est-à-dire à l’évacuation du sujet hu
143 ion, c’est-à-dire à l’évacuation du sujet humain. Il n’y a donc plus de sciences humaines possibles, n’y ayant plus d’homm
144 te entraîne une conséquence beaucoup plus grave : elle refuse l’homme qui a fait l’Europe et dont l’Europe a pour mission de
145 ce qui peut ressembler à une culture européenne. Ils en viennent à admirer n’importe quoi qu’on dit « sauvage » (mais où l
146 mettre en condition l’homme d’aujourd’hui pour qu’ il accepte toute la mythologie moderne des « impératifs » technologiques
147 raire du pouvoir, du ça qui va sans dire parce qu’ il n’osera jamais s’avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en d
148 ns dire parce qu’il n’osera jamais s’avouer et qu’ il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du structura
149 personne hors d’une communauté, et encore la faut- il assez petite pour que l’homme y soit un prochain, un semblable pour q
150 pas dans les petites unités, encore les faudra-t- il ouvertes les unes aux autres et fédérées, compensant de la sorte, com
151  : on sera contre le puritanisme si l’on pense qu’ il dérive nécessairement du christianisme (ce qui n’est pas le cas), mai
152 istianisme (ce qui n’est pas le cas), mais pour s’ il est commandé par Staline, par Mao ou simplement par Berlinguer. f.
153 1978, p. 100-105. g. Préciser de quel colloque il s’agit.
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
154 pas du tout mal vue des Européens, en ce sens qu’ ils la considèrent en principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’ell
155 s la considèrent en principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’elle est peu vue. L’élimination des derniers droits de
156 n principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’ elle est peu vue. L’élimination des derniers droits de douane entre les ne
157 ue, son premier objectif pleinement atteint. Faut- il en conclure que « L’Europe n’intéresse plus », comme le répètent depu
158 ’est fini », dit la presse. Ou du moins le disait- elle jusqu’à l’annonce de l’élection du Parlement européen. Voici quelques
159 tres pose une question : de quelle Europe parlent- ils  ? Quelle est l’Europe qui selon eux « agonise » ? Si c’est « L’Europe
160 t entière, ce qui est très loin d’être évident. S’ il s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou « confédérés »
161 les ministres nous répètent depuis trente ans qu’ elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouve
162 : cette Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’ elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi lon
163 qu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’ elle voie le jour aussi longtemps que les États refuseront de rien céder d
164 n céder de leur souveraineté nationale. S’agirait- il enfin de l’Europe réelle, celle des Européens vivants, de leurs cultu
165 ose qui ne les concerne en rien, personnellement. Ils en parlent comme on parle de malheurs étrangers, de la mort qui n’arr
166 de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Mais sont- ils bien conscients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort concret d
167 s sont-ils bien conscients du fait inéluctable qu’ ils subiront le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ils soient pour
168 iront le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationa
169 esprits quant à la vraie nature de l’Europe dont ils parlent. Cette « Europe » ne serait-elle qu’un marché ? Qu’une commun
170 rope dont ils parlent. Cette « Europe » ne serait- elle qu’un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’une alliance d’États
171 nomique ? Qu’une alliance d’États souverains ? Ne doit -elle pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays,
172 ue ? Qu’une alliance d’États souverains ? Ne doit- elle pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays, de le
173 ux Balkans, et de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’ il soit bien entendu que cette chronique parlera de l’Europe vécue, cell
174 . II. « La grande question » Les choses ont- elles vraiment changé depuis ces années presque nulles ? L’Europe a-t-elle
175 é depuis ces années presque nulles ? L’Europe a-t- elle cessé d’être « le mot le plus ennuyeux de la langue française » comme
176 nte : l’élection à l’assemblée européenne verra-t- elle ou non la confirmation de la poussée socialiste, du recul du PC, de l
177 ération socialiste » consacrée à l’Europe et dont il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour obj
178 ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’ elle ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le député-maire P. Mauroy,
179 urope, on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’ il n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-
180 e — l’Europe ne cesse d’être « ennuyeuse » que si elle ranime les querelles de partis. Voilà donc la passion, mais où est l’
181 rente ans, M. Debré a beaucoup parlé de l’Europe, il a même écrit un ouvrage proposant de la faire non step by step ou « p
182 hill, mais « avec des bottes de sept lieues ! »12 Il s’agissait alors, pour lui gaulliste, d’une Europe des États, c’est v
183 . 35). On propose aujourd’hui cette élection. Est- il comblé ? Il en tremble de rage au contraire, disons de sainte indigna
184 opose aujourd’hui cette élection. Est-il comblé ? Il en tremble de rage au contraire, disons de sainte indignation. Je rev
185 es sont simples, insupportablement simples, comme elles le sont toujours aux yeux de l’homme en colère. Le régionalisme, qui
186 re utopique, aux yeux de Michel Debré, que lorsqu’ il révèle ou plutôt trahit sa vraie nature de « complot contre la France
187 France. « Les soi-disant régionalistes, déclame-t- il , ne sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’il exècre au poin
188 e sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’ il exècre au point d’aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et i
189 aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et il ajoute : « Un des grands auteurs supranationaux est Denis de Rougemon
190 ds auteurs supranationaux est Denis de Rougemont. Il est Suisse, donc Européen à bon compte. » (Je me permets de signaler
191 ra que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’ il se borne à désigner comme mon « dernier livre ». Pour qui s’en étonne
192  tout ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’il y avait chez Debré tout autre chose que l’intention d
193 un auteur mal pensant : c’est un blasphémateur qu’ il dénonçait, et il s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte
194 sant : c’est un blasphémateur qu’il dénonçait, et il s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en par
195 religion. Toute riposte est futile en pareil cas. Il devient en revanche hautement intéressant de rechercher par quelle lo
196 stifié d’en venir à de telles extrémités (fussent- elles seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusions à se
197 ent-elles seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusions à se faire sur leur traduction en décrets, le c
198 t indivisible. Dans sa dernière Lettre mensuelle, il concède que l’avenir du Monde en l’an 2000, et même l’avenir de l’Eur
199 e cette religion simple, les vertus sont naïves : elles se réduisent en somme à l’unité et à l’indivisibilité de la Républiqu
200 lement fermée et sans dépendance de quiconque. Si elle s’ouvre, c’est pour rayonner, manifester et imposer sa place naturell
201 vice commandé par la Raison d’État et la Défense. Il n’y a plus de limite au vice, à l’anarchie, à l’infamie : « Dans le f
202 inent entièrement dominé par la nation gaulliste. Ils condamnent toute fédération comme attentat délibéré à l’intégrité de
203 mme attentat délibéré à l’intégrité de la France. Ils n’admettent guère qu’une confédération avec veto et possibilité de re
204 jacobine ne conçoivent pas que l’Europe fédérée ( ils ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation fran
205 nsemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’ elle fit elle-même à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée et refou
206 re l’Europe fédérée, dont on feint de redouter qu’ elle prétende « uniformiser » les diversités nationales (entendez : stato-
207 s les droits et à l’autonomie de leur province qu’ ils avaient pour mandat d’affermir. Pareille trahison (portée aux nues pa
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
208 ogiques. Cela ne signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui vient. Que veut
209 ici, n’ont fait qu’interpréter le monde, alors qu’ il s’agit désormais de le transformer ? Marx, auteur de cette thèse, n’a
210 de l’éclairage à la bougie ».) Ou au contraire : elle serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adv
211 aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu’ ils ont été « traumatisés par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, e
212 ais Sakharov dit au contraire, selon Le Monde, qu’ ils sont payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit qu
213 sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’ elle est censée traduire tout en les dissimulant. 2. Dans les écoles prim
214 ires : celles-ci, bien sûr, sont « nécessaires », elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présent
215 sûr, sont « nécessaires », elles sont « sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais
216 rection le rappellerait aussitôt à l’ordre, car «  il est interdit de faire de la politique à l’École ». D’où cette nouvell
217 préconisée dès lors par plusieurs gouvernements. Il est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première
218 i des premiers atteints par le mal industriel, qu’ ils ont d’ailleurs inventé. C’est le souci de ceux qui ont déchaîné la Dé
219 d’abord en Europe, au xixe siècle puis aux USA. Elle s’étend à toutes les parties de la Terre où la civilisation européenn
220 e, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’ elle a créée au besoin — d’où ses liens de complicité essentielle avec la
221 de l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’ il s’agit de « meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriques
222 premier lien fondamental entre les deux réalités. Il y en a d’autres. a) C’est au niveau régional que les mesures d’écolog
223 l que les mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts,
224 usées, minimisées par l’État-nation qui a peur qu’ elles le divisent, il y a des exigences écologiques continentales, égalemen
225 ées ou minimisées par l’État-nation qui a peur qu’ elles le dépassent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonnes de
226 que les trois autres additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du
227 tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’ il s’oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépendamm
228 e siècle par les personnalistes à l’État-nation : il est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’éc
229 s et régionalistes. 5. Mais je m’aperçois que je devrais préciser le sens que je donne au mot région. Il y a des régions ethni
230 faire entendre et qu’on puisse lui répondre. 6. Il s’agit donc, si l’on veut arriver à des solutions écologiques, à rest
231 e répartition des pouvoirs est des plus simples : il consiste à situer les pouvoirs de décision au niveau communautaire le
232 ormulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’ il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
233 Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent
234 . Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
235 s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart
236 autonomie, à reprendre en main leurs destins »20. Il est faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a
237 r la première élection du Parlement européen. — S’ il est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’on croy
238 prévue des régionalistes et des écologistes ; — s’ il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-
239 rée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — s’ il est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus
240 tinentale, jamais à l’échelle nationale ; — alors il devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au
241 devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au plus vite en relation avec les organisations régionalistes
242 est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’ il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni
243 réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’ elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des
244 par le Shah avec l’aide des États-Unis, ne serait- elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste et d
245 la technologie rationaliste et du matérialisme qu’ elle favorise, contraire au Coran ? 20. The Ecologist, special on the Fu
246 of America, Sept. 1977. 21. Dans certains pays, il existe un parti écologiste : Parti radical italien, Parti radical née
247 mps 1979, p. 5-12. j. Préciser de quel colloque il s’agit.
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
248 la question : « Dans la CEE, votre pays risque-t- il de perdre sa culture et son originalité ? » B DK D F
249 de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront tradu
250 ement pris une position dominante dans les Six et il l’a conservée même depuis l’adhésion de trois pays qui sont, ou bien
251 hangement radical dans cette situation. En sera-t- il de même quand de nouvelles adhésions se présenteront ? C’est à voir.
252 es adhésions se présenteront ? C’est à voir. Mais il deviendra de moins en moins probable que la Communauté puisse s’offri
253 du danois en turc ? Ici, on touche à l’absurde. Il semble donc réaliste de conclure que la CEE atteindra, dans ce domain
254 u moins brève échéance, une « masse critique » où il sera simplement impossible de maintenir le régime linguistique actuel
255 lemand s’imposeront alors, qui pourrait le nier ? Il serait sage de s’en tenir là, non pas à cause de la valeur intrinsèqu
256 éale est impossible, on choisit la plus pratique. Il suffirait alors que les fonctionnaires de la Communauté puissent s’ex
257 de l’Assemblée européenne au suffrage universel, ils ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Q
258 un référendum solennel de tous les Européens qui doit donner naissance à la fédération 24. » On précise que le suffrage uni
259 ’usage par de Gaulle du terme fédération en 1953. Il se fera de plus en plus rare, cédant la place à « confédération ». Ma
260 l, déclare à l’Assemblée nationale, en 1959, « qu’ il s’est toujours montré partisan d’élections européennes ». En revanche
261 initiative « prématurée et dangereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’il s’honore d’avoir été l’un des membres du g
262 dangereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’ il s’honore d’avoir été l’un des membres du groupe de travail F. Dehouss
263 de cette assemblée au suffrage universel », mais il réitère ses conseils de prudence, en termes curieux à rappeler aujour
264 ence, en termes curieux à rappeler aujourd’hui : Il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs : il importe d’abord d
265 ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs : il importe d’abord d’étendre les compétences de cette assemblée. C’est p
266 nait Bruère : La souveraineté nationale, assurait- il , est « un dogme périmé… Depuis cinquante ans, c’est une erreur… Nos d
267 ui se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’ il est un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’hui se réclament ave
268 ompidou à Jacques Chirac et de Lipkowski à Debré, ils n’ont cessé de clamer, depuis dix ans, leur rejet indigné des régions
269 es régions dont le moins qu’on puisse dire est qu’ elle les « hérisse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’elle paraît
270 risse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’ elle paraît à d’autres « infâme » et « criminelle ». On sait que le thème
271 le terme ne figure même pas à l’index général 29. Il n’empêche que les principaux ténors de la doctrine — dont M. Debré es
272 destiné à « défaire » la France. Mais s’agissait- il bien de la doctrine du Général ? Celle-ci est exposée pour la premièr
273 ique, qui avait fait jadis la force de la Nation, devaient selon lui succéder les régions, nouvelle formule de la prospérité nat
274 a prospérité nationale. Et ces régions, précisait- il , devaient « s’ouvrir » à leurs voisines, au-delà des frontières de l’
275 ospérité nationale. Et ces régions, précisait-il, devaient « s’ouvrir » à leurs voisines, au-delà des frontières de l’État : le
276 régions. C’est sur cette grande idée nouvelle qu’ il a choisi de livrer la bataille décisive de son règne. Mais, en même t
277 isive de son règne. Mais, en même temps, n’aurait- il pas choisi de se faire renvoyer par les Français à la rédaction de se
278 esse de légendes », cette Iseut que, tel Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’il s’en voit séparé ? (D’où sa secrèt
279 , tel Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’ il s’en voit séparé ? (D’où sa secrète, mais active connivence avec les
280 précurseur de l’ère nouvelle, celle des régions. Il gagnait sur tous les tableaux, en perdant son référendum. Cette hypot
281 ent passé sous silence. Pour Philippe de Gaulle, il n’y avait pas de doute : l’intention du Général était de mettre la ré
282 éral Lalande, chef de son état-major particulier, il confie : Même si j’échoue je serai gagnant, car, aux yeux de l’histo
283 it essentiel pour le pays. (p. 25) Le lendemain, il réitère, cette fois-ci à la RTF, devant tout le peuple français : Vo
284 tisfaction : celle d’avoir « réussi son départ ». Il disait par exemple : « J’ai pris la bonne sortie devant l’histoire, p
285 (p. 54) Dans mes mémoires, j’expliquerai pourquoi il fallait faire cette réforme… Elle était absolument nécessaire. C’étai
286 liquerai pourquoi il fallait faire cette réforme… Elle était absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. (p. 13
287 Messmer venu lui rendre visite le 16 juillet 1969 il redit que « partir sur le refus d’une grande réforme n’est pas mauvai
288 refus d’une grande réforme n’est pas mauvais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regrette pas pour moi, mai
289 la pensée gaullienne, sur le thème régional, sont- ils donc les fédéralistes européens ? Il y aurait beaucoup à nuancer, par
290 es régions se posent la question de leur taille : elles la voudraient « européenne », c’est-à-dire compétitive avec tel Land
291 le relais londonien. Mais, disent les Anglais, «  il est ridicule d’avoir des assemblées pour les Écossais et pour les Gal
292 au gouvernement de la Catalogne, la Generalitat. Elle a approuvé en 1978 la « pré-autonomie » du Pays basque (Euskadi), de
293 st en voie d’élaboration depuis plusieurs années. Il prévoit une répartition des pouvoirs entre quatre régions — wallonne,
294 ision que le xixe siècle eût imaginé sans peine, il prévoit beaucoup plus : la répartition du pouvoir étatique à des « so
295 nnelles dans certains secteurs. On trouvera parmi elles une quinzaine de régions transrhénanes, dont cinq ou six déjà fonctio
296 rmes que nous faisons nôtres, la région en Europe doit être définie comme le territoire d’une communauté humaine : « Cette c
297 e unité. » En aucun cas, le découpage régional ne devra établir de frontière au travers d’une telle communauté. 3. La région
298 e au travers d’une telle communauté. 3. La région doit bénéficier d’un régime démocratique, qui implique l’élection au suffr
299 istence d’un exécutif régional responsable devant elle . 4. Le principe de l’autonomie régionale s’applique à tous les domain
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
300 économiste ou réductionniste de modèle marxiste. Il n’est pas né de quelque stade spécifique de l’économie, ni d’une géog
301 conomie, ni d’une géographie éminemment variable. Il n’est pas né de telle étape ou de telle conjoncture historique de l’E
302 e conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes,
303 aissance et de la Réforme. Création culturelle s’ il en fût, unité composée contre toute vraisemblance, irréductible à tou
304 t gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’ il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne r
305 e quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois -tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te
306 es, au nom du Saint-Esprit, annoncent : « Combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être f
307 Esprit, annoncent : « Combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. » Deux
308 et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un ensemble humain et historique, non plus vaguement
309 istorique, non plus vaguement géographique32 dont il détaille les conditions ecclésiastiques et politiques, économiques et
310  », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre pa
311 rès de la paix et de la fédération des peuples qu’ il a traversés pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’acclama
312 pe est celle des penseurs politiques imaginatifs. Elle va du roi de Bohême Georges Podiebrad, contemporain et rival de Pie I
313 t de paix perpétuelle (1795), texte fédéraliste s’ il en fut, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des
314 1795), texte fédéraliste s’il en fut, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États », comme la conqu
315 source de guerres ». La possibilité de réaliser ( il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’éte
316 réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États et les conduire à la paix
317 le, peut se concevoir. […] Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États entretenant des relations réciproques, d’au
318 de l’Histoire dont l’Asie est le commencement ». Elle est le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil
319 e de soi » (Leçons de philosophie de l’Histoire). Il faudrait citer ici tous les philosophes romantiques allemands, Fichte
320 deur et de l’universalité de l’idée européenne qu’ ils illustrent — en vain d’ailleurs, car déjà l’État nationaliste, par se
321 ’une guerre générale que personne ne veut, paraît- il , que tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, dura
322 , sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à
323 pidement vaniteux, mais non moins suicidaires. Qu’ il suffise de citer les noms allemands de Spengler, Thomas Mann et Keyse
324 tellectuels » encore peu connus — et pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront
325 fascistes et des nazis34. Mais pour original qu’ il soit, pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance de
326 Mais pour original qu’il soit, pour efficace qu’ il aille se révéler à travers la Résistance de neuf pays35, le mouvement
327 la Volga et d’Oslo à Athènes. L’Anti-Europe va-t- elle tout écraser ? L’effort des groupes personnalistes et de leurs camara
328 mps, menant une lutte commune et clandestine, est- il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse, d
329 met, Campagnolo36, Jean Wahl et Jean Starobinski. Il s’agit de la première confrontation des intellectuels et de l’Europe
330 ns, le reste se perd, non dans le silence, hélas… Il en ira tout autrement du congrès fédéraliste de Montreux, un an plus
331 ants des pays de l’Axe, ou occupés par Hitler, qu’ ils ne connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinelli,
332 e preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’ elle n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je f
333 urés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent encore, et n’ont cessé de manifester, depuis trente ans, leu
334 300 et 400 aux deux autres) et c’est normal. Mais elle compte quelques-unes des gloires de la pensée du xxe siècle, comme B
335 ns exceptés. Mais quelques noms si prestigieux qu’ ils soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des
336 ue européenne. Sur les vingt-trois résolutions qu’ elle a votées, vingt-et-une ont été suivies de réalisation : proportion ce
337 u soutien de causes lointaines, comme le Vietnam. Ils abandonnent les problèmes prochains (et du prochain) aux soins — tour
338 tion successives de J.-P. Sartre. Sur ma demande, il avait envoyé à la conférence de Lausanne des fragments d’un long essa
339 sanne des fragments d’un long essai37 dans lequel il définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelle
340 rement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture française, pas plus que d’un
341 . Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne
342 oulons que la culture française reste, il faut qu’ elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. C’est en vi
343 ’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour
344 r38, on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’ elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle « fai
345  », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’ elle « agonise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au p
346 grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’ elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « c’es
347 onise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’ elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « en
348 sacrent à vue les Européens ». Car, ce faisant, «  ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté. Plus
349 ité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’ elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que celu
350 ans la crise actuelle de civilisation, et qu’elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que celui de
351 recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ ils se présentent en Afrique, mais bien plutôt ceux qui proposent, avec B
352 Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abord elle parvient à le vivre. Autrement, on ne la croira pas. Car ainsi que le
353  cartes en T » (un T inscrit dans un cercle) dont elle figurait le segment supérieur ou « domaine de Japhet », les deux autr
354 vers ce but unique le travail secret de leur âme… Ils ont en commun les mêmes aspirations les plus hautes et les plus profo
355 e plus haute. » 34. Pour les auteurs de thèses — elles se multiplient sur cette période — indiquons les numéros 5, 15 et 36
356 e le Centre européen de la culture », m’annonce-t- il , la Société européenne de culture, qui a son siège à Venise. 37. D’a
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
357 elle l’union de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’est constituée au cours des siècles par la composition
358 de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’est constituée au cours des siècles par la composition sans prémédi
359 ement parues dans des foyers très dispersés, d’où elles ont propagé à toutes les nations du continent des styles, des modes,
360 ges qui apparaissent à Bologne, Oxford et Paris : ils forment au sein de ces villes des entités en quelque sorte exterritor
361 c’est l’universitas magistrorum atque scholarium. Elles sont aussi des corporations du savoir : universitates studii et scien
362 es. Quant aux communes politiques ou économiques, elles relèvent de l’empereur (parfois du roi) et sont donc « immédiates à l
363 en 1291 les trois communes (aujourd’hui cantons), elles sont qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie
364 cantons), elles sont qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie siècle les communes ou corporations
365 , qui est Écossais. Parmi les maîtres importants, il se trouve, c’est sans doute un hasard, que pas un seul durant ce demi
366 e le sic et non, la dialectique des scolastiques. Ils se réunissent dans des salles exiguës, déménagent de quartier, voire
367 à l’autre. Ainsi les professeurs de Bologne sont- ils choisis par les étudiants et révocables par eux seuls. Ces étudiants
368 La « liberté académique » — comme on dira lorsqu’ elle ne sera plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment plein
369 s d’enseignements et de recherche), alors même qu’ elle détruit avec l’acharnement systématique et rancunier du bureaucrate,
370 irer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’ il soit, lequel en profite aussitôt pour décorer, récupérer, embrigader
371 vice de l’État-nation et de certaines industries. Elles préparent les jeunes gens à gagner leur vie, non plus à en comprendre
372 rojet de réforme d’Edgar Faure, un fait demeure : il n’a conduit qu’à l’éclatement définitif en instituts spécialisés de l
373 e l’Université de Paris, atteinte de gigantisme — elle comptait à l’époque près de 180 000 étudiants. L’ancienne Sorbonne a
374 ut à fait abusivement d’« universités », alors qu’ il ne s’agit en fait que de Facultés au sens qu’a gardé le terme dans le
375 ties, et la vertu totalisante qui est celle qu’on doit atteindre d’une universitas studii est définitivement évacuée. C’est
376 ue mutuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Quant au contenu : seuls
377 rdisciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’ il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos
378 ons ou découvertes de la science et des arts sont- elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utilitaires
379 comment y suppléer par les arts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’
380 ions tropicales, africaines, indaméricaines, etc. Il n’existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’européologi
381 s spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les continents de la plan
382 oge avec une anxiété mêlée d’arrogance, tandis qu’ elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire.
383 nce, tandis qu’elle s’interroge elle-même plus qu’ elle n’a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un tel c
384 autres rajeunis… Comment baptiser l’entreprise ? Elle pourrait se réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont
385 inatoria. Mais cet Institut de synthèse ne serait- il pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, d
386 Université européenne ? Vraie université, puisqu’ elle traiterait spécifiquement du général, en vue d’entretenir ou de forme
387 ge cohérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’ elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la form
388 ipliés par une culture qui a fait le Monde et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 40. Louis Halphen
389 urs « recteurs » français m’ont fait remarquer qu’ ils avaient dans l’État et donc sur la tribune officielle le même rang qu
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
390 ’utopies est dans la nature de l’homme en tant qu’ il est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des
391 est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des traits spécifiques de l’humain, selon les grandes rel
392 qui rien n’appartient, n’appartient plus à rien. Il est le Réalisé, en complète indifférence au monde et aux affaires du
393 fait détachement de tous liens. Sans feu ni lieu, il est comme Shiva le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est
394 , a-topique de l’homme — et cela d’autant plus qu’ il est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’il demeure plus anima
395 l est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’ il demeure plus animal ou attaché. 3. De fait, près de quatre siècles a
396 stique soufi Sohrawardi d’Alep (1155-1191). Ce qu’ il nomme en persan Nâ-kopââbâd signifie littéralement « le pays du Non-o
397 ctuellement vécu, une aventure que dès maintenant il vit par une suite d’illuminations qu’il décrit, merveilleusement, com
398 aintenant il vit par une suite d’illuminations qu’ il décrit, merveilleusement, comme autant de « clins d’œil hors du où »4
399 ps, bien plus : sa venue marque la fin des temps, elle est dans « ce qui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et r
400 du temps. Il y a coupure, et radicale. Pourtant, elle touche l’Histoire à sa fin, elle apparaît donc situable non dans l’Hi
401 icale. Pourtant, elle touche l’Histoire à sa fin, elle apparaît donc situable non dans l’Histoire, mais par rapport à l’Hist
402 s que l’ange utilisait » (selon les traductions). Il s’agit donc d’une cité idéale, transcendante, mais qui touche à l’His
403 a Nouvelle Jérusalem, anticipant ainsi sur ce qui doit se révéler et avoir lieu le temps venu, in illo tempore. Thomas More
404 e sait que le Royaume n’est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa seconde demande : « 
405 -temps terrestre. Comment le chrétien résisterait- il toujours et partout au glissement de sens et d’attitude de la mystiqu
406 ue, sécrète son architecture, comment résisterait- il au glissement surtout — symbole de tous les autres — du spirituel véc
407 ) et du temps : activité utopique par définition. Elle présente ceci de nouveau par rapport à toutes les autres activités co
408 outes les autres activités conçues auparavant, qu’ elle n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalité. L
409 t, qu’elle n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’ elle échappe à la mortalité. La technique en effet n’est régulée ni par sa
410 inalités génériques ou spirituelles. On dirait qu’ elle résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibles,
411 eu du bois, des feuilles, de la paille et du lin, elle nous compose un environnement de métal, de verre, de minéraux et de p
412 hnique relève de l’utopie dans toute la mesure où elle vise à l’élimination des contraintes de lieux et de dépendances natur
413 ontraintes de lieux et de dépendances naturelles. Elle ne bute contre ses limites qu’au moment où l’action de l’homme sur le
414 t où l’action de l’homme sur les écosystèmes dont il fait partie menace visiblement de déclencher des réactions en chaîne
415 réactions en chaîne de désintégration du vivant : il s’agit alors d’une hétérorégulation, que j’ai nommée ailleurs pédagog
416 et des libertés provinciales, sous le prétexte qu’ elles s’appelaient « privilèges » ; de tuer tout civisme qui puisse s’oppos
417 tablir par la guerre au-dehors la tranquillité qu’ il n’a plus au-dedans. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre et
418 géographiques, culturelles et sur des lieux dont elle ignore et nie les caractéristiques infiniment différentes, non compar
419 e l’État-nation, comme on l’a dit. Je constate qu’ il fonctionne de plus en plus malaisément, voir la révolte des régions,
420 thétiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’ il nous mène inexorablement, par les mécanismes déments des souveraineté
421 ifie différence. « Une région ne se délimite pas, elle se reconnaît », disait vers la fin du siècle passé le grand géographe
422 é le grand géographe français Vidal de la Blache. Il définissait là le contraire de l’utopie. Il n’y a pas deux régions pa
423 ache. Il définissait là le contraire de l’utopie. Il n’y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il
424 égions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour déclench
425 ’est guère politique, encore moins politologique. Il est proprement spirituel. Toute utopie au sens de Thomas More, de Cam
426 que les utopies sont « statiques par hypothèse ». Elles sont, et je le cite : « des programmes d’action masqués sous le dégui
427 e sociologie descriptive imaginaire, et l’acte qu’ elles essaient de susciter est presque toujours la fixation à un certain ni
428 au d’une société réelle entrée dans un déclin qui doit finir en chute, à moins que le mouvement descendant puisse être artif
429 prême auquel aspirent la plupart des Utopies, car elles ne sont conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a pe
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
430 e Staël et « l’esprit européen » (été 1980)o «  Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phras
431 ernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’ il me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi les plus s
432 s plus souvent citées de Mme de Staël, sait-on qu’ elle ne figure que tout incidemment, à titre d’amicale mise en garde contr
433 en garde contre l’excès d’originalité qui, selon elle , empêcherait le génial Jean-Paul (Richter) d’être goûté hors de l’All
434 e. Et ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’ elle figure en exergue sur la médaille que la Monnaie, en 1966, consacrait
435 ré sur les diverses significations du mot esprit. Il y en avait 29, dont une seule, la vingt et unième, paraissait pouvoir
436 esprit du corps ». L’esprit européen, me semble-t- il , pourrait se définir assez bien, dans l’œuvre de Mme de Staël, comme
437 ands livres, De la Littérature et De l’Allemagne, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’a
438 Littérature et De l’Allemagne, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’associer les esprit
439 la Morale au-dessus de tous les intérêts, fussent- ils ceux de la Nation, de l’État, ou même des Sciences. 1. L’esprit euro
440 mente la Société des hommes de l’esprit, ou comme elle dit dans De l’Allemagne : « l’association de tous les hommes qui pens
441 à l’autre ». On ne peut ici que citer : Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à de gra
442  : Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à de grandes distances l’un de l’autre ; mais
443 de grandes distances l’un de l’autre ; mais quand ils se rencontrent un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est p
444 is quand ils se rencontrent un mot suffit pour qu’ ils se reconnaissent. Ce n’est pas telle religion, telle opinion, tel gen
445 vérité qui les réunit. Tantôt, comme les mineurs, ils creusent jusqu’au fond de la terre, pour pénétrer, au sein de l’étern
446 le nuit, les mystères du monde ténébreux ; tantôt ils s’élèvent au sommet du Chimboraço, pour découvrir au point le plus él
447 é du globe, quelques phénomènes inconnus ; tantôt ils étudient les langues de l’Orient pour y chercher l’histoire primitive
448 chercher l’histoire primitive de l’homme ; tantôt ils vont à Jérusalem pour faire sortir des ruines saintes une étincelle q
449 elle qui ranime la religion et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas en
450 ée.47 Cette société des hommes de la pensée, qu’ elle ait pour champ la philosophie ou les lettres, les sciences physiques
451 ’archéologie, l’histoire ou la poésie, n’évoque-t- elle pas le rêve de Thomas More, puis le projet plus détaillé conçu et déc
452 n pouvait s’y attendre, et je forme ici le vœu qu’ elle se réalise, sous le patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice
453 émentarité des différences, voire des antinomies. Il est une tradition centrale de la philosophie européenne : celle qui d
454 à unir dans le respect et la force du divers, qu’ il s’agisse de sagesse ou de science, de religion et c’est l’œcuménisme,
455 aussi sont le message. Écoutons-là ! Les nations doivent se servir de guides les unes aux autres, et toutes auraient tort de s
456 toutes auraient tort de se priver des lumières qu’ elles peuvent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose de très singulie
457 ces diversités, et nul homme quelque supérieur qu’ il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit
458 Ceci encore, dans l’essai sur les traductions : Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à la littérature que de tr
459 n moderne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre ?49 La complémentarité des opposés, richesse
460 e, n’est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposition climatérique, historique, culturelle et s
461 e. Mais comment surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’ il est vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoi
462 surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’il est vrai qu’ elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon par ce
463 ne a été le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des mœurs opposées
464 des mœurs opposées ; et, rapprochant des ennemis, elle en a fait des nations dans lesquelles les hommes énergiques fortifiai
465 ué.50 Bien dira-t-on, mais la Réformation n’a-t- elle pas divisé, sans espoir, la chrétienté, Nord réformé, Sud catholique
466 ales qui se développent dans les nations parce qu’ elles existent dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’un jour u
467 les existent dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’universalité des c
468 s les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici renvoyés au respect absolu
469 arisme napoléonien semble triompher, cette morale doit primer non seulement sur les intérêts privés et personnels, mais sur
470 e de Staël précise : L’intérêt national lui-même doit être subordonné aux pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et
471 pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et elle a des mots très durs contre le phénomène de la nation au nouveau sens
472 on : Quand une réunion quelconque d’hommes, écrit- elle , « quand cette réunion, dis-je, s’appelle une nation, tout lui serait
473 tualité : c’est dans la préface De l’Allemagne qu’ elle écrit : Les progrès des sciences rendent nécessaires les progrès de
474 orale, car en augmentant la puissance de l’homme, il faut fortifier le frein qui l’empêche d’en abuser.53 Méditons cela
475 olitique qu’on sent inspirée de Rousseau en ce qu’ elle est tout à la gloire du petit État : La grandeur des États chez les
476 t, par aucun théâtre propre à les enflammer. D’où elle déduit que « si l’homme parvenait individuellement à dompter ses pass
477 ieux que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’ il soit possible à l’homme de résoudre un problème humain, éthique, soci
478 vre dès sa publication en 1810. Mais combien faut- il regretter qu’à l’ouvrage sur l’Allemagne — qui est en réalité, un gra
479 sur la culture, mais sur la morale, et que c’est elle , non la morale, qui imposerait à la politique ses prétendus « impérat
480 ’Europe sur la base d’une Communauté économique ; elle eût fondé plutôt la Communauté européenne de la culture. Car elle sav
481 lutôt la Communauté européenne de la culture. Car elle savait que « la circulation des idées est, de tous les genres de comm
482 s plus certains » — et comme Goethe l’a dit après elle  : que la culture « accroît autant que l’échange des produits et denré
483 se et le bien-être général de l’humanité »56. Car elle savait surtout que la vraie finalité d’une union qui mérite le nom d’
484 en de l’amour qui tout embrasse, — pour cet homme elle eût proposé l’union fédérale de nos peuples, dans cet enthousiasme au
485 rale de nos peuples, dans cet enthousiasme auquel elle consacre les trois derniers chapitres de son chef-d’œuvre, et dont el
486 s derniers chapitres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’il est de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux,
487 hapitres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’ il est de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux, parce « qu
488 iments celui qui rend le plus heureux, parce « qu’ il réunit plus qu’aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même fo
489 le même foyer57 ». L’Europe de l’enthousiasme ! Il était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que c
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
490 perception n’est pas un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je
491 re, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perçu)
492 compte des variétés de l’être européen, selon qu’ il a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard,
493 ndes familles demeurant généralement catholiques. Il serait passionnant de reconstituer l’homologie des structures de réac
494 Gdansk contestataire des ouvriers de l’été 1980. Il semble que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le fait des
495 ation de l’Europe, ce qui est plus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste et poète Æneas Sylvius
496 ) L’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI, auquel il est dédié. Podiebrad compte bien faire participer à son traité les ro
497 s le pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’ il ait échoué devant l’indifférence de Louis XI et la résistance de Pie
498 XI et la résistance de Pie II, au pouvoir duquel il entendait faire pièce, le projet de Podiebrad marque une date dans l’
499 rad marque une date dans l’histoire de l’Europe : il constitue en quelque sorte la première prise de conscience du contine
500 du continent comme unité politique virtuelle — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Europ
501 e — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’ il ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs reprises les hom
502 , gloire de l’univers, comment tout honneur s’est- il retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vi
503 gloire ? Que t’ont servi tant de victoires, si tu devais si vite être menée au triomphe de tes vainqueurs ? À quoi bon avoir r
504 mmune et d’une assistance mutuelle « sans même qu’ il l’ait requise à notre collègue attaqué » ; enfin, d’un budget fédéral
505 dans ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’ il est nécessaire d’élever par l’éducation tous les hommes à l’humanité.
506 ous les hommes à l’humanité. » Dans la préface qu’ il a donnée aux Pages choisies de Comenius publiées par l’Unesco, Jean P
507 rents très jeune et son éducation sera négligée : il ne peut commencer des études latines qu’à 16 ans. Il va étudier la th
508 ne peut commencer des études latines qu’à 16 ans. Il va étudier la théologie en Allemagne, revient en Bohême pour y être p
509 eur de l’Église réformée des frères moraves (dont il deviendra plus tard l’évêque). L’insurrection de Bohême, qui marque l
510 ussi le début de ses malheurs et pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et
511 ns : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Pologne, où les frères moraves
512 gne, où les frères moraves ont plusieurs centres. Il reprend le métier de maître, esquisse un premier grand projet de réfo
513 la pédagogie et par la conciliation des Églises. Il hésite un temps à accepter une invitation que lui adresse Richelieu à
514 de entreprendre la réforme des écoles de ce pays. Il y est bientôt suspect, en tant que Frère morave, aux yeux des luthéri
515 n tant que Frère morave, aux yeux des luthériens. Il se retire en Prusse-Orientale, puis pour un temps en Transylvanie. Re
516 ibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enfin, il s’établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée aprè
517 es manuscrits. Enfin, il s’établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée après sa mort une première grand
518 ant à le bannir d’un pays à l’autre du continent. Il nous faut bien entendre que lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz n’
519 continent. Il nous faut bien entendre que lorsqu’ il parle de Liberté, Mickiewicz n’entend pas — sauf à la fin de sa vie —
520 atribe politique en forme de poème, dans laquelle il élève la plainte de ceux de l’Est que l’Ouest abandonne, — le cri pro
521 royal invite les proscrits polonais à s’en aller. Il part pour Paris en 1832. C’est là qu’il écrira le Livre des Pèlerins,
522 en aller. Il part pour Paris en 1832. C’est là qu’ il écrira le Livre des Pèlerins, qui s’adresse en partie à la France. Je
523 que la Liberté siégera dans la capitale du monde, elle jugera les nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’étais at
524 la capitale du monde, elle jugera les nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’étais attaquée par les brigands, et
525 ef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tom
526 l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se
527 , elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle , il tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique eu
528 l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique europé
529 era point. Et du grand édifice politique européen il ne restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotisme é
530 e-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refr
531 s les Magyars, nous versons notre sang. Te faut- il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre
532 a… Mais ce colloque, au-delà de toute neutralité, devrait enfin nous décider à percevoir la voix profonde et l’appel séculaire
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
533 préconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française. Il s’est si bien gardé de l’appliquer qu’il m’oblige à le faire aux dépe
534 ançaise. Il s’est si bien gardé de l’appliquer qu’ il m’oblige à le faire aux dépens de son libelle. Je ne discuterai pas l
535 elle. Je ne discuterai pas le fond de l’ouvrage : il n’y en a guère. Une théologie rudimentaire, qui nous ramène au Dieu p
536 a moindre proposition ni de doctrine ni d’action. Il s’agit uniquement, pour l’auteur, de dénoncer comme fascistes et nazi
537 et, le « socialisme national » d’Hitler, alors qu’ il prévalait sur l’Europe. Je me propose de montrer dans le détail — c’e
538 s majeures de ne pas me taire. La première est qu’ il serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le problè
539 ’ont combattu les premiers, au face à face, quand il paraissait invincible. Ni les causes historiques et psychologiques, n
540 inis ou invoqués par Lévy. On distingue mal ce qu’ il reproche en fin de compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns : il n
541 de compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns : il n’en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours,
542 re. Ma seconde raison de parler est simplement un devoir de piété pour la mémoire d’Emmanuel Mounier, d’Arnaud Dandieu et de R
543 tout à fait autre chose ou le contraire de ce qu’ il veut y lire aujourd’hui ; celles qui sont correctement transcrites ne
544 es). Citations I et II Pour illustrer ce qu’ il appelle la naissance du fascisme en France dans « une génération de f
545 vient de me procurer la photocopie de l’article. Il s’agit de deux pages de réponse à une enquête sur la jeunesse françai
546 vy.) Lévy disloque les termes de ma comparaison. Il les sépare par une douzaine de pages et cela change tout. Le premier
547 e, le second une déclaration d’amour aux nazis60. Il se garde, bien sûr, de rappeler que tout le contexte condamne sans ap
548 préciosité et vaut d’être suivi de très près, car il exemplifie la méthode de l’auteur. Les mots parfaitement incroyables
549 souci de précision, ici, touche au sublime !) : «  Il semble que toutes les tentatives de résistance au conformisme social
550 e l’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de
551 vaut ni que l’on meure ni qu’on se mobilise pour elle — pauvre “mesure morte” impossible à “ressusciter”12) » (p. 20-21). L
552 ns leur terme, au nom d’un acte de foi contraire. Elles veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du
553 Elles veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nous voulons la force personnelle
554 notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des me
555 eut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’ elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se
556 sures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’ elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations
557 lle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’ il se possède dans ses relations actives avec ses prochains. C’est à nou
558 tions actives avec ses prochains. C’est à nous qu’ il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoudra en
559 Car notre force est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a p
560 les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a pour formule réelle — même là où l’on refuse encore ce nom — la féd
561 n seul et non le gigantisme national. Lévy croit devoir préciser (note 12 p. 249) que « le texte vise, plus spécifiquement, l
562 vise, plus spécifiquement, l’individualisme ». S’ il m’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était v
563 cifiquement, l’individualisme ». S’il m’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la re
564 ndividualisme civiquement irresponsable. Ignore-t- il , comme J.-F. Revel61, que dans la distinction entre individu et perso
565 dition centrale de l’Occident, au nom de laquelle ils n’ont cessé de condamner sans rémission toutes formes d’idéologies to
566 es d’idéologies totalitaires. B.-H. Lévy ignore-t- il que la résultante de l’individualisme irresponsable est la masse aggl
567 lisme irresponsable est la masse agglomérée, — qu’ il prend pour une « communauté » ? (J’ai écrit souvent dans les années 1
568 e l’État totalitaire fait son ciment ».) Ignore-t- il tout, enfin, de ce qui a été écrit, de Tocqueville à Hannah Arendt en
569 ’État totalitaire ? C’est, en définitive parce qu’ il n’a pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de
570 pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’ il se permet de nous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et XI
571 e à comprendre le sens des trop rares ouvrages qu’ il juge opportun d’attaquer. Car plutôt qu’à des livres connus et encore
572 ibles dans les bibliothèques, voire en librairie, il est remarquable que les notes bibliographiques de B.-H. Lévy renvoien
573 c les mains (p. 127), m’attribue ceci : Méritent- elles même le beau nom de totalitaires, ces expériences « trop simples » où
574 intaines°. — les mots « révolutions avortées » qu’ il cite ne figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond :
575 onc selon B.-H. Lévy, antisémites ; non seulement ils sont anti-individualistes, donc antidémocratiques et donc fascistes ;
576 tidémocratiques et donc fascistes ; non seulement ils sont en « émoi » devant les bottes et les chemises ouvertes, donc naz
577 les chemises ouvertes, donc nazis ; non seulement ils se veulent plus totalitaires que les fascistes et les staliniens, mai
578 mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t-elle commis [
579 ntiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t- elle commis […] pour qu’on puisse l’accuser et avec une telle outrance, de
580 des choses, matérialiste et abstraite à la fois. Elle donne la primauté à l’avoir sur l’être, à l’anonyme sur le personnel,
581 a personne concrète. Machiniste et productiviste, elle consacre la pire dégradation qu’une « civilisation » ait imposée à l’
582 de preuves de leur fascination par les nazis, est- elle révélatrice de ses propres complexes ? Ce disciple fervent d’Althusse
583 vent d’Althusser, ce partisan déclaré de Mao, a-t- il jamais expliqué son trajet du totalitarisme marxiste et du national-s
584 t pour achever de décrire la méthode de l’auteur, il est intéressant de relever non seulement ses citations fausses, mal i
585 nt, Lévy choisit mal ses nazis. C’est qu’en somme il ignore à peu près tout de la vraie nature — religieuse — du prétendu
586 remier modèle bien français du fascisme, ou comme il dit : « d’un fascisme aux couleurs de la France ». Mais celui-là préc
587 uleurs de la France ». Mais celui-là précisément, il l’a raté62. L’idéologie personnaliste au pouvoir ? Tout cela ne
588 lui-même n’avait donné son aval à ces calomnies. Il écrit en effet : Les idéologies des années 1930, de type communautai
589 hors des cénacles de l’intelligentsia parisienne. Elles ont accédé au pouvoir à la faveur d’une catastrophe nationale. Là enc
590 la faveur d’une catastrophe nationale. Là encore elles sont demeurées un mixte de traditionalisme et de parafascisme. En éc
591 x produit de la méthode de truquage des textes qu’ il vient pourtant de dénoncer dans les premières pages de son article. I
592 dénoncer dans les premières pages de son article. Il a choisi de n’accorder créance à B.-H. Lévy que sur le point central
593 action directe. Merci.) Quelles idées ? Pourrait- il les rappeler ? La primauté de l’esprit sur les mythes collectifs et d
594 er des totalitarismes de l’Est. Raymond Aron peut- il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-il vra
595 chy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit- il vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditionaliste » ? C’était
596 établi » que dénoncera plus tard Esprit . Croit- il au contraire que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à c
597 ci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées auraient- elles « accédé au pouvoir » à Vichy ? Un politicien combinard comme Laval,
598 aval, un vieux militaire laïcard comme Pétain ont- ils vraiment puisé leur inspiration politique (Montoire et la collaborati
599 !) dans ces cénacles d’intellectuels parisiens qu’ ils méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’il est vrai, comme l
600 méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’ il est vrai, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées pe
601 strophe nationale » de juin 1940, comment se peut- il que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résist
602 son pour des idées dont L’Express nous apprend qu’ elles étaient au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les nazis triomphants
603 rante de l’histoire ? Mais à quelles fins ? Ce qu’ il importe de dénoncer ici, c’est l’injustice brutale qui fait qu’avec l
604 les « plumes autorisées » de L’Express, parce qu’ ils n’ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les
605 de lecteurs et de téléspectateurs qui croiront (s’ ils ne m’ont jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment,
606 rend compte avec ferveur du pamphlet de Lévy, et il écrit, à propos de l’avènement de Pétain : « Pêle-mêle les discours s
607 à répondre de ces calomnies devant les tribunaux, ils n’auraient de chances de s’en tirer qu’en plaidant l’irresponsabilité
608 er qu’en plaidant l’irresponsabilité au moment où ils écrivaient. De quoi la preuve ne serait pas difficile à produire : il
609 oi la preuve ne serait pas difficile à produire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’avaient cru, sur la foi de
610 s et des nazis. Ce lecteur innocent soupçonnera-t- il que l’impayable sérieux de notre jeune lévite est aussi une recette d
611 é », une « hauteur de ton », qui ne sont pas, dit- il , des « énergies méprisables ». Oui, il en convient lui-même, une « te
612 t pas, dit-il, des « énergies méprisables ». Oui, il en convient lui-même, une « tentation fasciste » plane sur la douce t
613 d le monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’ il est commode de mettre tout le paquet dans les mains d’un homme, d’att
614 ue Lévy change la phrase de Mounier en un aveu («  il en convient lui-même ») alors qu’il s’agit d’une constatation ; puis,
615 en un aveu (« il en convient lui-même ») alors qu’ il s’agit d’une constatation ; puis, qu’il remplace « le monde entier »
616 alors qu’il s’agit d’une constatation ; puis, qu’ il remplace « le monde entier » par « la douce terre de France », qui mo
617 pte du livre de Lévy et signale les attaques dont il a été l’objet, pour mieux prendre sa défense. La présence de Mounier
618 éologues » du fascisme à la française a, semble-t- il , particulièrement choqué… Et pourtant, les arguments de l’accusateur
619 les arguments de l’accusateur sont irrécusables. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit
620 es. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit trop peu. L’article
621 non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’ il en avait dit trop peu. L’article de 1934 où Mounier avoue « sa fascin
622 e. La « tentation » devient ici « fascination ». Elle ne menace plus le « monde entier » (déjà devenu « la douce terre de F
623 au « dynamisme » de la jeunesse allemande, mais il a oublié, dans sa hâte, quatre textes qui me paraissent bien plus ind
624 tables et précis dans l’acquiescement que ceux qu’ il a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier ou de moi, textes destinés à :
625 nationalismes ». À cette « nécessité » la France doit opposer sa mission spécifique, qui est d’offrir au monde un modèle d’
626 ordre : « Chacun, sans renoncer à ses espérances, doit contribuer à mettre de l’ordre chez soi, — parce qu’à la France revie
627 ne troubleront plus tant les Français le jour où ils auront eux aussi conscience de leur volonté de vivre ». Plus témérair
628 té) : « Quant aux jeunes français et allemands, s’ ils dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à être eux-mêmes, je s
629 allemands, s’ils dépouillent les idées reçues, s’ ils consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent e
630 consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces
631 joyeuse. » Ces phrases sont signées Raymond Aron. Elles vont plus loin dans la volonté de dialogue, — on ne disait pas encore
632 e. Et sur la présence de Maurice Clavel à Uriage. Il est vrai que c’est Clavel qui a lancé les « nouveaux philosophes ».
633 « nouveaux philosophes ». Post-scriptum II Il est étrange de relire aujourd’hui, dans le même numéro d’ Esprit , à
634 Lettre ouverte d’un jeune Allemand à la France ». Elle est signée Harro Schulze-Boysen, qui était alors l’animateur du Group
635 ous un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus tard le chef du célèbre groupe clandestin L’Orchestre rouge.
636 artir de la Révolution […] La jeunesse européenne doit apprendre à penser et surtout à agir sur un plan anticapitaliste et r
637 étaient étroits. Lors d’une rencontre en Suisse ( il avait réussi à se faire nommer dans la dernière délégation allemande
638 r dans la dernière délégation allemande à la SDN) il me montra les cicatrices des tortures que les nazis lui avaient infli
639 es que les nazis lui avaient infligées. Aviateur, il occupa un poste-clé dans l’état-major de Goering, d’où il transmit au
640 a un poste-clé dans l’état-major de Goering, d’où il transmit aux Russes, via Lucerne, en Suisse, des informations décisiv
641 ations décisives pour la défaite finale d’Hitler. Il était par sa mère le petit-fils de Bismarck. Post-scriptum III
642 l’héroïque sursaut de Bataille et de ses amis » — il s’agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs et durs du Co
643 1er novembre 1938, dans le numéro 74 d’ Esprit , ils publient une « Déclaration du Collège de sociologie » sur la crise ma
644 les prolégomènes à la Seconde Guerre mondiale : Il faut retenir l’attitude de l’opinion publique américaine, qui a donné
645 evant la guerre comme un signe de dévirilisation. Il n’hésite pas à en voir la cause dans le relâchement des liens actuels
646 de fascisme. Bataille, Caillois, Leiris, étaient- ils donc fascistes ? Je ne pense pas : c’étaient des amis. À l’invitation
647 Si un auditeur avait pensé que c’était fasciste, il m’aurait attaqué ou aurait quitté la salle. Une certaine honnêteté ré
648 teté régnait alors dans le milieu intellectuel. S’ il était nécessaire de prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau
649 ques lignes de Roger Caillois, dans une lettre qu’ il m’adressait le 7 novembre 1938 au sujet de mon Journal d’Allemagne ,
650 es et les chemises ouvertes — serait-ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on
651 té effective avec le prochain et la communauté où il vit. 64. De fait, la lettre n’est adressée qu’à E. Mounier, condisci
652 es Perrault, L’Orchestre rouge, Paris, 1967. 66. Il s’agit d’un « Air du mois » intitulé « Une page d’histoire » (en réal
653 totalitaire : l’impérialisme religieux ou social. Il exigea d’entrer en armes dans les territoires sudètes. Une cession pu
654 que n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
655 ment « réunies » (comme on dit) à la France. Mais il ne s’agit plus que d’ornements. En effet, dès la seconde moitié du xi
656 s — la langue européenne, en quelque sorte — mais elle sera de moins en moins la langue des relations quotidiennes : étudian
657 atorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’était fait appeler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie et
658 lus tard (962) à restaurer la dignité impériale : il fonde, en sa qualité de roi de Germanie et d’Italie, ce qui va deveni
659 de France est « empereur en son royaume » et qu’«  il ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de la suprém
660 . Dans son traité De Monarchia, qui date de 1308, il s’écrie : « Ô genre humain de quelles luttes et querelles, de quels n
661 e quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois -tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes… » L’atte
662 ontrôle des hommes, l’enracinement au sol. » Faut- il en conclure que la double fonction de l’État serait donc la police d’
663 variable de 200, 500, 1000 %. De là à affirmer qu’ il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemm
664 à affirmer qu’il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et
665 -on, cette souveraineté donnée pour absolue n’est- elle donc incitée, régulée, protégée, humanisée par rien au monde contre l
666 rince à s’acquitter en conscience devant Dieu des devoirs de sa charge. La puissance absolue du prince — roi, peuple ou groupe
667 e « sentiment du prince » est le seul interprète… Elle est donc pratiquement sans limites. 3. Confusion générale des conc
668 s textes du temps. Le siècle de Louis le Grand, s’ il fait peu de cas du peuple n’en célèbre que mieux les nations — qui es
669 ues du phénomène sociologique et/ou religieux qui devait aboutir, pendant la Révolution française, à la formation du premier É
670 t proclame la République une et indivisible. Puis elle vote à six voix de majorité sur 721 votants (soit 366 pour la mort, 3
671 mise à mort du roi, sans appel ni délai. « Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive », avait proclamé Robespie
672 sans appel ni délai. « Louis doit mourir parce qu’ il faut que la patrie vive », avait proclamé Robespierre. Louis en appel
673 lic chargé d’un pouvoir exécutif de dictature, qu’ il exercera jusqu’en 1795 ; — à cette date, création d’un Directoire de
674 ur sa personne tous les pouvoirs, — et cela fait, il sera élu empereur, en 1804, sous le nom de Napoléon Ier. II. Diale
675 eraineté royale se manifestait vers l’extérieur : elle consistait à ne reconnaître « aucun supérieur sur ses terres », ni em
676 supérieur sur ses terres », ni empire ni papauté. Elle se double, en 1793, d’une souveraineté une et indivisible qui se mani
677 le qui se manifeste cette fois vers l’intérieur : elle consiste dès lors à ne reconnaître aucune autonomie sur son territoir
678 st savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’ il soit royal au xviie siècle, bourgeois dès 1793, ou prétendument « ou
679 917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’ il est. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoquer le « Di
680 lchéviques en 1917 : Les soviets partout ! — mais il a gagné la journée. Bonaparte faisait peu de cas du concret de la nat
681 ais n’ont aucun sens de la nationalité ! », écrit- il , de l’École de Brienne, au grand chef corse Paoli73. Quant à Lénine,
682 nne, au grand chef corse Paoli73. Quant à Lénine, il détruisit en fait le pouvoir des soviets (conseils d’ouvriers, paysan
683 soit de mieux assurer l’indépendance de l’État. » Il est bien évident que les « transferts » sont en fait des achats faits
684 emier la loi constitutive de l’État-nation lorsqu’ il écrit : « Les nations divisées en elles-mêmes cherchent par la guerre
685 de la France est forgé à chaud… L’État est tout… Il est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, d
686 la nation dans l’armée et l’armée dans la nation, elle fournit à la défense des ressources inépuisables. » Le modèle de soci
687 ans liens d’aucune sorte avec l’État en général : il suffit de penser à l’industrie anglaise. Mais ce régime « sauvage » n
688 la nation. Ce que les girondins commencent lorsqu’ ils déclarent la guerre à l’Europe des rois pour remédier aux troubles in
689 n, d’abord en vue de la guerre et bientôt grâce à elle . b) Les nécessités d’une mobilisation rapide entraînent la centralisa
690 pitale et y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles sont les voies de l’administration d’abord, non du commerce ; puis de
691 éon l’avait prévue dès son accession au pouvoir : il entendait tout mettre en uniforme, élèves des trois degrés, conscrits
692 L’État-nation, né de la guerre et progressant par elle , comme elle par lui, conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu
693 n, né de la guerre et progressant par elle, comme elle par lui, conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu’il prépare
694 conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu’ il prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux guer
695 et corps autant qu’infrastructure industrielle — il se produit une recrudescence « inexplicable » de délinquance juvénile
696 étrangère — vient mettre un terme à l’anarchie : elle est alors nationalisation du crime et de la lutte contre le crime, ai
697 s progrès de l’armement d’en face. On m’assure qu’ il existe dans le monde l’équivalent de 4 tonnes de TNT par habitant. Il
698 nde l’équivalent de 4 tonnes de TNT par habitant. Il semblait, vers 1977, que les USA pouvaient tuer tous les hommes exist
699 de l’Homme et contre lui, par la mégamachine — qu’ il a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une conv
700 a mégamachine — qu’il a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une convention tacite lie les deux personnes
701 dans son histoire, l’Homme dispose des moyens qu’ il faut. Les probabilités d’une catastrophe globale sont plus grandes qu
702 lution, de contingences historiques, bien loin qu’ il soit l’accomplissement d’une nécessité naturelle, définitive, inéluct
703 éfinitive, inéluctable. Comme tout ce qui est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort… Les
704 ns maintenant ces États-nations unitaires tels qu’ ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules
705 ns une participation réelle à la vie politique qu’ ils prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seuls,
706 à la vie politique qu’ils prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petit
707 ée par les barrages antimissiles des deux grands. Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi a
708 ussi pour répondre au défi du tiers-monde… Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires vérita
709 a satellisation politique ou économique. Par quoi ils manquent doublement à la fonction de tout gouvernement : sécuriser le
710 cipation dans les affaires du monde […]. Parce qu’ ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle
711 Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grand
712 se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’oc
713 continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasion des premières «
714 tinentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasion des premières « Élections
715 ar les États-nations européens et dont l’addition devrait suffire à les déclarer en faillite. Dans l’état actuel de division
716 ’Est, force est de constater que les Européens, s’ ils s’en tiennent aux seules forces nationales, ne sont capables d’assure
717 ains sont irréversibles et donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit
718 donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte
719 mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte.76
720 t concernant la Souveraineté que son déplacement. Elle a surtout vu la construction de cette Souveraineté sans limites ni rè
721 ne nuit jamais à l’impeccable élégance du propos. Il nous montre d’abord « le passage d’une souveraineté relative, la mona
722 aicté des Seigneuries, 1609). Le prince souverain doit être fidèle à sa mission divine : « Il n’est libre ni quant à la fin
723 ouverain doit être fidèle à sa mission divine : «  Il n’est libre ni quant à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’
724 on divine : « Il n’est libre ni quant à la fin qu’ il poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. » Il doit respecter la l
725 t à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’ il emploie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de Di
726 il poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il
727 poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il est l
728 a loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il est lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de
729 ant que celles de Dieu. Enfin, il est lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de lois, dont toutes seron
730 uple » (p. 235) car « le peuple devenu souverain, il est contradictoire qu’il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge c
731 peuple devenu souverain, il est contradictoire qu’ il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge classique : « Louis XIV da
732 ain à n’être plus tenu par des règles ; désormais il formule les règles à sa guise… » (p. 237) Jean Bodin l’avait déjà déc
733 de la Révolution française vont conférer à ce qu’ ils nomment la nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ils incarn
734 a nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ ils incarnent. D’où, de nos jours, les définitions courantes de la souve
735 frontières étatiques — et souvent même à travers elles  ? Réponse : — Cet empêchement majeur, inlassablement invoqué par les
736 isible, d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’ elle n’a plus d’existence opérationnelle démontrable hormis sa faculté de
737 toute vertu novatrice ou positivement impérative. Elle n’est plus qu’une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qu
738 urs des « hommes d’État » contemporains, c’est qu’ ils affirment que leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils n
739 leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré qu’un « bon Européen » est celui qui
740 ation française existe une et souveraine, ou bien elle n’est plus » (Lettre ouverte aux Français pour la conquête de la Fran
741 ux Français pour la conquête de la France, 1980). Il ne reste en fait que l’État qui puisse revendiquer la souveraineté ab
742 emière approche d’une communauté continentale. Et il compare cette situation avec celle de l’Europe au lendemain de la Deu
743 mission du citoyen envers la cité particulière où il était né et l’administration politique plus vaste que Rome avait créé
744 ale emprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il n’est pas nécessaire de souligner l’analogie entre le problème de la
745 350) Puis, faisant allusion aux négociations qui devaient donner naissance à l’ONU — mais cela s’applique mieux encore aux init
746 t la création du Conseil de l’Europe, avec lequel il allait entrer en contact81 — Toynbee posait la question décisive : C
747 s permettra de donner plus de substance, avant qu’ il ne soit trop tard, à l’organisation internationale ébauchée — réussir
748 organisation internationale ébauchée — réussira-t- elle  ? Rien ne permet de l’affirmer. Soyons seulement assurés que, si ces
749 renouvellent leurs serments sur tous les postes : ils n’ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et n’accompliront jamais
750 témoin, et n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de tout soupçon de fédéralisme clandestin. Mais leur tem
751 va passer inexorablement, et les crises mêmes qu’ ils gèrent chacun à sa manière risquent de provoquer en s’aggravant des p
752 ectorales, économiques, voire militaires au loin. Elle est déterminée par ces prises de conscience imprévisibles, survenant
753 umanité) Nota bene. 1. Dans les deux colonnes, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comp
754 tés morales des habitants des pays considérés. 2. Il se trouve que les « vertus » de la colonne II sont chrétiennes, celle
755 socialiste français Victor Considérant, en 1848. Il fut aussi le titre de la revue de A. Gramsci : Ordine Nuovo (1919-192
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
756 interrogé sur l’élection du Parlement européen, «  il avait eu un sourire avant de remarquer : — Cette élection n’est guère
757 e pour la France », car « avant de faire l’Europe il faut refaire la France » (Claude Labbé pour le RPR), tandis que Le Mo
758 r l’ascension de M. Le Pen ? — Mme Veil placera-t- elle l’opposition au-dessus de la barre des 50 % ? — La gauche peut-elle c
759 au-dessus de la barre des 50 % ? — La gauche peut- elle combler une partie de son retard ? » Problèmes, on le voit, dont l’im
760 e Veil (UDF) déclare à propos de Chirac (RPR) : «  Il se fout de l’Europe ! » Cependant que Lionel Jospin estime « qu’à l’E
761 ospin estime « qu’à l’Europe de Georges Marchais, il manque une petite chose, et c’est justement l’Europe, c’est-à-dire l’
762 acques Chirac réplique le lendemain que la droite doit « se défoncer » pour que la liste de Simone Veil fasse la plus grande
763 l pour la droite et Lionel Jospin pour la gauche. Il en est résulté à l’évidence que ni la droite ni la gauche ne considèr
764 he ne considèrent l’Europe comme quelque chose qu’ il faut unir d’abord. Ni l’un ni l’autre des debaters ne semble avoir im
765 un journaliste. Justement, personne n’en parlait. Il s’agissait de savoir si la gauche ou la droite étaient plus ou moins
766 ait pas été capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de « bloquer l’accroissement des ressources de la Communau
767 etagne ne reçoit pas sa ristourne pour 1983 ». Et elle exige le maintien du veto au Conseil des ministres de la CEE, veto « 
768 ous donne une grande puissance ». Moyennant quoi, elle affirme que l’engagement du Parti conservateur en faveur de la Commun
769 hement contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie Il a été très précisément exposé dans un article du Corriere della Sera
770 quatre pays les plus importants de la Communauté, il a constitué très nettement, sinon exclusivement, une occasion d’évalu
771 ce. (M. Craxi a d’ailleurs refusé la démission qu’ ils lui offraient.) 4. Le cas de la RFA Là encore, un problème « n
772 siles américains sur le territoire allemand. Mais il se trouve que la situation à la fois historique, diplomatique et géog
773 uve ici posé dans son urgence dramatique83. Faut- il aller vers un rétablissement de la pleine souveraineté de l’Allemagne
774 le parapluie américain — ou bien la RFA pourra-t- elle saisir sa chance de passer directement de son régime actuel de provis
775 sponsable à la souveraineté de l’Europe fédérée ? Il résulte de cette situation que les prises de position des partis « na
776 tions du 17 juin, s’identifient objectivement, qu’ ils le veuillent ou non, avec des prises de position soit pour l’Europe «
777 propositions pour l’union de l’Europe, et cela qu’ ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simplement considé
778 la qu’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ ils soient simplement considérés comme tels. Quelques exemples. Les jeune
779 sance du « citoyen européen » (qui, reconnaissent- ils , suppose « une véritable révolution des mentalités ») acceptant « le
780 t « le concept d’une Europe fédérale ». Pour eux, il va sans dire que « la revendication européenne devra s’accompagner à
781 il va sans dire que « la revendication européenne devra s’accompagner à terme d’une revendication régionaliste : une partie d
782 nne, une autre partie à la dimension régionale ». Ils expriment l’espoir que leur génération « au sein de laquelle l’idée e
783 enne ne se heurte pas trop à l’idée nationale, qu’ elle transcende sans peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ont pas s
784 t pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajoutent (selon le Figaro , même date) : « Les régions, dans le cadr
785 égions unies d’Europe : le blocage institutionnel aux États-nations est dépassé des deux côtés ; des régions politiquem
786 jadis une « Internationale écologiste », mais qu’ il serait plus exact, en l’occurrence, de baptiser la Première interrégi
787 des écologistes luxembourgeois. Cette absence est due au refus de l’alliance d’accueillir en son sein des communistes, alor
788 t non pas inspirées par des intérêts nationaux ». Elle se déclare « pour une France fédérale dans une Europe fédérée ». Elle
789 ur une France fédérale dans une Europe fédérée ». Elle affirme donc, elle aussi, que « la suprême garantie contre l’omnipote
790 ale dans une Europe fédérée ». Elle affirme donc, elle aussi, que « la suprême garantie contre l’omnipotence d’un État techn
791 nt déjà des députés dans leur parlement national. Ils sont très fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanim
792 très fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanimes dans leurs propositions européennes, et ceci corrigera
793 sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’ il faut pour être une superpuissance, sauf la volonté. » L’un des França
794 onté. » L’un des Français lui dit : — C’est dur ! Elle , souriant : — Non, c’est vrai. Le président du mouvement européen, G
795 tion avec les défis majeurs du temps présent. […] Il est temps que le réalisme, garant du futur qu’ils proclament, succède
796 Il est temps que le réalisme, garant du futur qu’ ils proclament, succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’ils prati
797 , succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’ ils pratiquent. Quant à la Tribune pour l’Europe, information du Parlem
798 pour l’Europe, information du Parlement européen, elle publie en tête de son numéro du 17 février 1984, le bref communiqué s
799 muniqué suivant : la reine Béatrix aux députés : il n’est de souveraineté qu’européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Maje
800 sisté sur l’idée que les solutions communautaires doivent primer sur les options étroitement nationales. « Vous avez raison de
801 mander un accroissement de vos compétences », a-t- elle dit aux députés, en ajoutant que la Communauté devrait rompre avec le
802 le dit aux députés, en ajoutant que la Communauté devrait rompre avec le principe des votes à l’unanimité, principe que « nous
803 n au xixe siècle. Et si la démocratie européenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne nous reste plus que seize ans ! »
804 atie européenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne nous reste plus que seize ans ! » « Une souveraineté européenne »
805  ! » « Une souveraineté européenne » — encore qu’ elle reste à définir — voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager no
806 os États-nations, parvenus non sans peine à ce qu’ ils considèrent comme leur « souveraineté absolue ». Seule une reine inco
807 véritablement européenne. 82. Grands partis : il convient d’y ajouter un groupuscule intitulé La 3e gauche, formé de «
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
808 — je m’excuse pour le reste auprès de vous tous. Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble de
809 par l’importance des thèmes abordés. J’espère qu’ il ne sera pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pour
810 de certaines littératures, pas toutes, mais enfin il y en a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été u
811 à un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu’ il parlait de notre colloque. J’étais absolument à côté de la réalité. E
812 nous tous. J’ai appris que le Forum culturel dont il était question allait commencer à s’organiser en novembre à Budapest
813 Budapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’ il était la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle avait donné nais
814 ique, qui a déjà eu lieu, puis ce Forum culturel. Il s’agit, si j’ai bien compris, d’une réunion intergouvernementale, for
815 rt, les « fonctionnaires gouvernementaux » — faut- il comprendre qu’ils ne sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité
816 nnaires gouvernementaux » — faut-il comprendre qu’ ils ne sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité représentant six-
817 ldizsar a proposé « dialogue multilatéral », mais il n’était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une
818 un des hôtes, l’un des organisateurs de Budapest. Il nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nomme
819 pparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ ils étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, cher
820 er lieu à une discussion. S’ils étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit
821 t, dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut trouver, en effet, d’abord un langage commun, sinon cela ne
822 après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’ il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel homm
823 ypes d’Europe va très loin, d’autant plus loin qu’ elle ne s’est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moi
824 majorité de l’Asie centrale, mais pas de Byzance, il s’agit donc d’une transmission purement culturelle comme on dit aujou
825 iaire de l’Église orthodoxe. Je me suis demandé s’ il n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai d’autres — d
826 ble, je tiens à le souligner, et d’autant plus qu’ il en alla de même pour les réponses venues de l’autre côté, et je crois
827 comme celle de Ramuz qui s’est fait une langue qu’ il voulait absolument purifiée de toute idéologie. Le parallélisme est i
828 vat l’a souligné, était un phénomène universel qu’ il fallait étudier de près. Voilà encore un autre colloque à préparer po
829 rque de Luis Diez del Corral, sur l’impression qu’ ils ont ressentie à Madrid en lisant tous les jours les communiqués de pr
830 me en parlant des réactions du tiers-monde, car s’ il est urgent de définir la culture commune des Européens, c’est pour pr
831 s immenses auparavant dévastées par les insectes, il a atténué ou presque supprimé les risques de malaria dans les pays où
832 supprimé les risques de malaria dans les pays où elle régnait d’une manière endémique, et puis, ensuite, on s’est aperçu qu
833 maux encore pires que la malaria, si bien qu’on a interdire le DDT. Je crois que cet exemple symbolise un des aspects d
834 été centré sur la culture européenne. Là-dessus, il m’est difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait
835 l’on veut faire des fédérations, c’est à cela qu’ il faut se rapporter. Et puis, ensuite, l’influence du monde arabe à tra
836 de jeunesse, que je crois que Hans Mayer connaît, il en a parlé l’an dernier… Finalement, il y a la source slave, à laquel
837 ne fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’ il a jamais lu Dostoïevski, j’en doute parfois. La source slave, à parti
838 u xxe siècle. Ce qu’on peut dire sur l’Europe, s’ il faut définir d’un mot sa culture, c’est que c’est une culture qui acc
839 matin, je ne sais plus qui d’entre nous a dit qu’ il connaissait quatre-vingts définitions de la culture européenne, c’éta
840 lture européenne, c’était peut-être M. Boldizsar. Il était onze heures du matin, et je l’ai noté. À cinq heures de l’après
841 . Cela s’était passé très vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui étai
842 ait définition de la culture n’était pas culture, il avait raison aussi. Donc, la culture européenne peut-être, en premièr
843 exemplifiées par des œuvres et par des personnes. Il peut y en avoir des millions, et cela sera juste dans la mesure où ce
844 est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses diversités mêmes et par sa nécessité d’intégration pe
845 ses mesures fondamentales, cette culture commune devrait nous imposer des systèmes de prudence, je dirais des modes d’emploi,
846 colloque encore, pour ce groupe. Mais, bien plus, il me semble que c’est là, en quelque sorte, le sujet de tous les colloq
847 quelque sorte, le sujet de tous les colloques qu’ il vaut la peine d’organiser sur le modèle de celui-ci. Ce qui me paraît
848 excuser, ou simplement lever les scrupules que je devrais avoir à vous présenter des conclusions aussi exorbitantes, c’est sans
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
849 l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Il s’agit du n° 3 de 1984 consacré au 35e anniversaire du Conseil de l’E
850 sacré au 35e anniversaire du Conseil de l’Europe. Il émane du seul des quinze collaborateurs — cinq présidents et ex-prési
851 ent au sommaire. 1. Les deux responsabilités Il existe deux manières d’être responsable. Celle de l’homme d’État au p
852 Les responsables politiques, hommes de pouvoir, s’ ils échouent, se retirent purement et simplement — ou restent au pouvoir
853 les rappellent en temps et hors de temps, quoi qu’ il arrive. Je dirai donc comment j’ai perçu et vécu le problème du Conse
854 t l’histoire du xxe siècle furent prises ici. Et il ajoutait un peu plus tard à Strasbourg, devant le Parlement européen 
855 , la vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la div
856 la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’ il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pou
857 e qu’il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’ill
858 défense et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, l’Europe
859 1949 à Strasbourg. Faute d’un siège propre qui ne devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous
860 qui ne devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous la présidence rassurante d’Édouard Herri
861 Charlemagne, nous l’aurons dans dix ans », me dit- il en me serrant la main. Quelques marches plus haut, Léon Maccas, délég
862 aquelle est encore loin de se réaliser…) En fait, il ne va rien se passer à cette première session, que des échanges de co
863 0 « jeunes Européens » ont décidé de manifester : ils ont été à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas
864 ct avec une cinquantaine de « délégués » — puisqu’ ils ne sont pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du ti
865 us et donc dignes du titre — mon siège est fait : il s’agit de modifier essentiellement la formule même de l’Assemblée, et
866 s frappante que je suis bien placé pour savoir qu’ elle ne fut en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vé
867 écues, et dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’agit de mes Lettres aux députés européens et de la réception qui
868 uropéens , et j’avais obtenu de leur éditeur86 qu’ il aille lui-même en placer une copie sur chaque pupitre de « délégué »
869 ncipe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’ il faut aller lentement dans tous les cas […]. Vous allez me parler, je
870 ficultés accumulées sur votre route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonte
871 un fossé. — Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui n
872 z-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux quelles, et quelles sabote
873 qui vaut mieux quelles, et quelles sabotent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces d
874 ûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle . » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écou
875 it qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les so
876 le. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craint
877 Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédé
878 professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation
879 le campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’ elle comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement auss
880 selon l’issue des élections. En d’autres termes, il faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Q
881 ré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’ il faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de S
882 proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’
883 faites-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’ il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettre
884 nt de Strasbourg ». Je ne sais pas encore de quoi il s’agit, mais des députés m’avertissent en passant « qu’il se fera trè
885 t, mais des députés m’avertissent en passant « qu’ il se fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est ». À la fin
886 é Philip m’expose enfin l’affaire en dix minutes. Il s’agit d’un projet conçu par Daniel Villey, jeune professeur à la Fac
887 donner une voix dans le concert international, si elle s’enlise dans cette division qui l’empêche aujourd’hui de peser effic
888 peut arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s’est engagé ? Si les délégués des peuples européens réunis à Strasbo
889 urg ne font pas l’Europe cette année, qu’y seront- ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, consomme
890 itisme fataliste qui s’empare de ses populations. Il faut que les délégués à Strasbourg rompent avec leur ordre du jour et
891 t avec leur ordre du jour et avec leur statut, qu’ ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’ils jurent de demeurer en
892 u’ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’ ils jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ils aient donné à l’Europ
893 u’ils jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ ils aient donné à l’Europe une constitution fédérale qui sera soumise à l
894 e de l’Europe entre les fils de Charlemagne. 1950 doit être la date d’un second serment qui l’unira. Il est très difficile d
895 oit être la date d’un second serment qui l’unira. Il est très difficile d’espérer que jamais les gouvernements européens c
896 cte fédéral. En revanche, des députés réunis ici, il est permis d’attendre un acte de courage, s’ils sentent que l’opinion
897 i, il est permis d’attendre un acte de courage, s’ ils sentent que l’opinion publique les approuvera et les soutiendra […].
898 h, Carlo Schmid, Retinger et d’autres à l’hôtel. Il semble que le Serment va rater, notre texte grignoté par Paul Reynaud
899 s aux députés de l’Assemblée dont on attendait qu’ ils traversent l’avenue de l’Europe, le Rubicon, en l’occurrence, séparan
900 eraient de siéger à Strasbourg aussi longtemps qu’ il le faudrait pour faire voter par l’Assemblée la mise en discussion d’
901 ccommodant en direction du Comité des ministres : il ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeu
902 nos gouvernements ne voulaient pas l’Europe unie. Ils ne croyaient au mieux qu’à une coalition contre Staline, dont ils s’i
903 au mieux qu’à une coalition contre Staline, dont ils s’imaginaient d’ailleurs que « l’aide américaine » les dispenserait d
904 4 août : « Avec Mouskhély, mise au point de ce qu’ il appelle la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous
905 t sous la responsabilité du professeur Mouskhély. Il m’avait averti de son projet dès fin août. Il me demande aujourd’hui
906 ly. Il m’avait averti de son projet dès fin août. Il me demande aujourd’hui de rédiger le texte du message que le porte-pa
907 ak, entouré des membres du bureau de l’Assemblée, doit recevoir le message des jeunes et lui répondre. Voici le discours qu’
908 des jeunes et lui répondre. Voici le discours qu’ il entendra : Aux Délégués de l’Assemblée consultative du Conseil de l’
909 faire entendre par vous directement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous par
910 t les représentants de la nation européenne et qu’ ils exigent dans une motion l’établissement d’une Constitution fédérale.
911 e tout en reculant aussitôt devant les mesures qu’ elles commandent. Libre à certains de refuser l’Europe, mais alors qu’ils l
912 bre à certains de refuser l’Europe, mais alors qu’ ils le disent clairement. Nous avons le droit d’attendre que vos actes ré
913 retiens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’ elle serait aujourd’hui simplement impensable : ils exigeraient de « passe
914 u’elle serait aujourd’hui simplement impensable : ils exigeraient de « passer à la télé », ce qui est facile, mais aussi de
915 ue nous avions en vain espéré de Strasbourg. Mais il naquit d’une décision prise, à Luxembourg, par les ministres des six
916 urg et par l’art. 38 du traité instituant la CED… Elle tint sa première session cinq jours plus tard et nomma une commission
917 borer un avant-projet de traité. Cette commission devait terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’elle fit ponctuellemen
918 it terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’ elle fit ponctuellement. Comment caractériser en peu de mots l’originalité
919 1 du Courrier fédéral 92 daté d’avril 1953 : S’ il fallait à tout prix expliquer le projet selon le vocabulaire ancien q
920 rojet selon le vocabulaire ancien que précisément il dépasse, on dirait que la Communauté proposée est une confédération d
921 dispensable, de fonctionner comme une fédération. Il est utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à no
922 rainetés sans en aucune façon les « abandonner », ils ont donné naissance à un pouvoir central93, strictement délimité, qui
923 ra finalement condamné par le rejet de la CED, qu’ il était censé « chapeauter » avec la CECA. Cette belle initiative, si
924 celui de la CED, comme on vient de le rappeler — devait à son origine d’être orientée dès le départ vers ce qui allait deveni
925 les Communautés économiques européennes ou CEE : elle eût, de toute manière, échappé à la sphère politique du Conseil de l’
926 me suis reporté à mes notes de journal de 1950 : il me semblait que j’allais y retrouver quelque chose qui n’était pas sa
927 -H. Spaak : — Les fédéralistes veulent tout, mais ils ne tiennent pas compte des obstacles réels. Moi — Il faut des utopist
928 ne tiennent pas compte des obstacles réels. Moi — Il faut des utopistes qui affirment le but, cela seul rend possible bien
929 ignait enfin les fédéralistes, mais en même temps il s’en allait. Pour tous ceux qui avaient mis leur espoir dans l’avenir
930 lles, et plus européens encore par les espoirs qu’ ils mettent dans un avenir d’union qui traduirait en libertés proprement
931 un même mouvement l’Europe et sa culture commune. Il est vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ont guère pris fo
932 urtout à la défense des libertés politiques et qu’ il représente la totalité des peuples de l’Ouest du continent, donc de l
933 a CEE à « commencer par la culture ». Encore faut- il que le verbe commencer soit pris ici dans toute la force de son sens
934 moyens politiques et les activités économiques qu’ elle met en œuvre à leur service. La plus remarquable réalisation du Conse
935 ronde de l’Europe, réunie à Rome en octobre 1953. Elle siégea sous les lambris dorés du Palais Aldobrandini, et la séance de
936 des travaux de Rome. D’une manière significative, ils se divisèrent en un groupe civilisation, rapporteur le philosophe Gab
937 Comité de coopération culturelle (CDCC) auquel on doit de fécondes études sur l’éducation et la propagation des études europ
938 t pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambiti
939 l’échelle de l’Europe, inutile d’en parler ici. S’ il entend n’affirmer que des généralités acceptables par des ministres r
940 ration européenne sur les objectifs culturels 96. Il s’agissait, à l’origine, de proposer une Charte européenne de la cult
941 jetait l’idée d’une Charte (pourtant proposée par elle dans sa session de 1978) et décidait … d’élaborer une Déclaration eu
942 ’importance des valeurs culturelles. À cette fin, ils ont invité le Comité des ministres du Conseil de l’Europe à demander
943 surer la liberté — promouvoir la participation ». Ils affirment que « la finalité de nos sociétés est de permettre à chacun
944 n. On nous apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas une culture commune des Européens (formée au cours de trois
945 ux est deux fois millénaire, comme on sait). Faut- il en conclure que les nations où ont prévalu les cultures « humanistes
946 bre, et être libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer des responsabilités réelles, dans un milieu d
947 des responsabilités réelles, dans un milieu dont il connaît bien les problèmes et les ressources. Tout le reste est litté
948 et les ressources. Tout le reste est littérature. Il n’y a pas de libertés sans responsabilités correspondantes, comme, en
949 r, nul n’est tenu pour responsable de ses actes s’ il ne les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour ass
950 désormais, ont pris l’habitude du sur-place ; qu’ ils ont pris leur parti d’avoir passé un tiers de siècle à ne plus avance
951 du CE et les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’ il en soit des qualités et des défauts intrinsèques de chaque institutio
952 osophique, c’est-à-dire de contestation, pourra-t- il être une occasion privilégiée de la prise de conscience que j’appelle
953 t ce qui est urgent, et qui commande le reste : — il s’agit d’unifier les actions parallèles du CE et de la CEE, — et de l
954 de la Constitution fédérale de la Suisse (1848), il préconise un Pouvoir fédéral né d’une délégation de souveraineté des
955 rope de demain. » En même temps, la Commission ne devra pas perdre de vue « que l’Europe comprend d’autres pays que les démoc
956 tion sur l’opinion publique. Ces six associations devaient se donner une organisation faîtière, au lendemain du congrès de La Ha
957 ût, à l’université, L. Benvenuti, député italien ( il sera plus tard secrétaire général du CE), dont les interventions rapp
958 portées par Le Monde m’ont paru de premier ordre. Il me dit : « Monsieur, vous êtes l’homme qui nous oblige tous à méditer
959 rs : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’ il nous adresse… », puis le sénateur Casati, à propos du Centre européen
960 laient se révéler journées des dupes, hélas. 89. Il deviendra notre collaborateur le plus actif au Centre européen de la
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
961 s trois mois au moins d’interruption involontaire due à une série de maladies. Ce n’est pas très facile à résumer : j’ai à
962 i à peine recommencé à travailler. Mais ce que je dois faire maintenant, c’est terminer douze livres dont certains sont en b
963 et puis deux livres très importants pour moi, qu’ il faudra que je réécrive presque entièrement, bien que j’aie déjà cent,
964 r, l’abandonner en chemin comme un pauvre enfant. Il faut absolument que je mette sur pied avec de nouveaux collaborateurs
965 acides et des bases dans des espèces de crèmes qu’ il fabriquait avec de la colle. J’ai été fasciné par cela, je me suis mi
966 crèmes que je composais longuement, d’après ce qu’ il m’indiquait dans ses livres, je les mettais au fond d’une éprouvette,
967 te qui poussait en deux ou cinq minutes, et quand elle arrivait en haut de l’éprouvette cela donnait une sorte de champignon
968 éponse immédiate du directeur (sans doute croyait- il que j’étais un jeune professeur d’université). Je me suis révélé ains
969 phie, Denis de Rougemont est parti pour Paris, où il a travaillé auprès de maisons d’édition et écrit les premières œuvres
970 la France est le pays même de la centralisation. Il est vrai qu’il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avai
971 ique, une conception de l’Europe, d’une Europe qu’ il fallait fédérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce terme
972 s responsabilités en leur donnant le sentiment qu’ ils ne sont pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma philo
973 mes livres : l’homme est libre dans la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans l
974 est libre dans la mesure où il est responsable. S’ il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’es
975 être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre. De même qu’en justice, on sait très bien que si vous
976 tique que nous avons fait de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas mal de domaines de la politique et de la
977 États-nations, se préparer ; les totalitaires, qu’ ils soient de gauche ou de droite, les fascistes italiens, les nazis alle
978 sistance qui ait été créé en Europe, heureusement il n’a jamais eu à entrer en fonction contre les Allemands. Alors que no
979 anuscrit à mon beau-frère qui était à la censure. Il m’a dit : « Tu peux être tranquille, ça ne passera jamais, c’est beau
980 ette de Lausanne sans plus penser à mon article. Il était en première page, et le titre en était : « À cette heure où Par
981 e tombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’ il ne voulait pas s’occuper de la chose. Le général Guisan m’a donné alo
982 ez bien compris ? Répétez. » J’ai répété comme on doit le faire, puis il m’a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous
983 pétez. » J’ai répété comme on doit le faire, puis il m’a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous des observations
984 comme on doit le faire, puis il m’a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous des observations à présenter ? » J’ai ré
985 s cette insolence, on a bu un verre ensemble puis il m’a dit : « Alors vous avez bien compris : à partir de maintenant, vo
986 , mais cela devenait difficile et risqué parce qu’ elle comptait des membres clandestins dans l’armée. Si bien que quand la F
987 en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’ai m’y débrouiller. Denis de Rougemont est resté aux États-Unis jusqu’en
988 Rougemont est resté aux États-Unis jusqu’en 1946. Il donne des cours à l’École libre des hautes études, puis entre à l’Off
989 des, puis entre à l’Office of War Information, où il devint le principal rédacteur de la « Voix de l’Amérique », en langue
990 e la « Voix de l’Amérique », en langue française. Il fréquente alors le groupe des surréalistes exilés, se lie d’amitié av
991 n, Consuelo et Antoine de Saint-Exupéry. En 1944, il reçoit un « fellowship » de la Fondation Bollingen qui lui permet d’é
992 nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une chose à faire, c’est une fédération européenne. Je n’
993 port de l’homme à la société, à quels dangers est- il exposé ? Notre mouvement, qui s’appelait « mouvement personnaliste »
994 s pensé que la société est au service de l’homme, doit l’être. Or c’est exactement le contraire qui se passe aujourd’hui. Vo
995 rce que, dans ce monde immense des États-nations, il perd sa responsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre et resp
996 nse des États-nations, il perd sa responsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que
997 que pour l’Europe. Les dangers sont innombrables, ils proviennent tous de la même cause, car dans le monde des États-nation
998 américaines, à la demande de la Maison-Blanche : il est parfaitement établi aujourd’hui qu’une guerre atomique, même loca
999 quoi ? Parce que l’homme a oublié les finalités : il croit que la finalité c’est la puissance. Or, la finalité c’est évide
1000 monde, les puissances d’argent, manipulent comme ils le veulent, mais comme un sujet, un homme libre et responsable, ce qu
1001 appelons une personne. Donc, et là je me répète, il faut que la société soit faite pour l’homme, et non le contraire. Les
1002 le contraire. Les deux grandes finalités que l’on doit rechercher en faisant une société, ce n’est pas la puissance, mais c’
1003 te vers autrui. Mais comment ce sentiment devient- il un facteur de libération et de dépassement pour l’homme ? Ne peut-il
1004 bération et de dépassement pour l’homme ? Ne peut- il devenir facteur de destruction de l’autre et de soi-même ? Quand on p
1005 ’on est en train de fabriquer, le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vrai amour.
1006 les. Au moment, prévu par le contrat, où j’aurais remettre mon manuscrit, qui devait paraître dans une collection, j’ai
1007 ntrat, où j’aurais dû remettre mon manuscrit, qui devait paraître dans une collection, j’ai dû céder mon tour. J’ai reçu une l
1008 it, qui devait paraître dans une collection, j’ai céder mon tour. J’ai reçu une lettre de l’éditeur me disant : « J’ai
1009 ecevoir un manuscrit d’un jeune colonel français. Il s’agit d’un livre qui s’appelle La France et son armée. » L’auteur s’
1010 mmée « société de masse » : l’individu s’y dilue, il est difficile d’en comprendre les mécanismes, d’y faire ses choix en
1011 issance de cause. À quelle condition l’homme peut- il se sentir véritablement citoyen ? Comment l’homme peut-il réaliser da
1012 ntir véritablement citoyen ? Comment l’homme peut- il réaliser dans la vie quotidienne les principes que vous énoncez ? Pou
1013 re et responsable, et aimer d’une manière active, il faut absolument de petites communautés. Nous ne sommes pas faits pour
1014 e centralisatrice apparaît en Suisse, tendance qu’ il nous faut combattre. Si les finalités sont liberté, responsabilité, a
1015 munautés en sont la condition. Ces communautés ne doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucu
1016 utés ne doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucune communauté n’est suffisante en soi, n
1017 en soi, ne peut constituer une petite autarcie : elles doivent communiquer entre elles, elles ont des intérêts communs. Par
1018 i, ne peut constituer une petite autarcie : elles doivent communiquer entre elles, elles ont des intérêts communs. Par exemple,
1019 petite autarcie : elles doivent communiquer entre elles , elles ont des intérêts communs. Par exemple, il y a une communauté q
1020 autarcie : elles doivent communiquer entre elles, elles ont des intérêts communs. Par exemple, il y a une communauté qu’il no
1021 ts communs. Par exemple, il y a une communauté qu’ il nous faut restaurer : je pense à la région où j’habite, celle du lac
1022 ue ces régions ont en commun depuis des siècles), il faudrait arriver à faire une sorte d’unité nouvelle, définie par l’ha
1023 traires, en morceaux qui ne correspondent à rien. Il faut d’abord concevoir, imaginer, et ensuite réaliser de proche en pr
1024 réelles s’unissant peu à peu, librement. C’est à elles de choisir avec qui elles veulent s’unir, se fédérer, se confédérer,
1025 peu, librement. C’est à elles de choisir avec qui elles veulent s’unir, se fédérer, se confédérer, comme les Suisses l’ont fa
1026 ù la voix d’un homme peut se faire entendre. Donc il nous faut recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions et abouti
1027 rme mon action ? Eh bien, je me suis dit : puisqu’ il nous faut partir d’une finalité de l’homme et des valeurs les plus co
1028 es plus communes aux Européens, cela veut dire qu’ il nous faut partir de la culture. Je conçois la culture comme l’ensembl
1029 et des valeurs communes à tous les Européens, qu’ ils soient Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont beauc
1030 Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont beaucoup de choses en commun depuis des siècles, depuis des millé
1031 cles, depuis des millénaires, et c’est de cela qu’ il faut partir, c’est là-dessus qu’il faut bâtir. Non pas sur l’obsessio
1032 est de cela qu’il faut partir, c’est là-dessus qu’ il faut bâtir. Non pas sur l’obsession de fabriquer des armes qui pourro
1033 séance de clôture lit le Message aux Européens qu’ il a été chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » cha
1034 sage aux Européens qu’il a été chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » chargé d’organiser la Conférenc
1035 ion, en nous disant que si on veut faire l’Europe il faut d’abord faire des Européens, et non pas de petits Français, de p
1036 fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’e
1037 nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimensions nécess
1038 ué en lui un sentiment de solitude et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous
1039 itude et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous con
1040 l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est attelé avec passion aura pour titre La Morale du But , la politi
1041 it la dernière guerre du genre humain, après quoi il n’y aurait plus personne pour en parler. Éviter la guerre, concrèteme
1042 ment, cela leur permet de dominer le tiers-monde. Ils s’entendent, je crois, dans le fond très bien, beaucoup mieux qu’on n
1043 si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut être mangé à la
1044 ricains 230, total 490 millions. Les Européens, s’ ils s’unissent tous, non seulement ceux de l’Ouest, mais ceux de l’Est, R
1045 ceux de l’Est, Russes exclus, savez-vous combien ils seraient ? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes et les Amér
1046 e que l’Europe est écrasée entre les deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’est pas unie. Donc la première chose
1047 re les deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’ elle n’est pas unie. Donc la première chose à faire, c’est une union europ
1048 et empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’ il est utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europ
1049 que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça. J’en ai des preuves quasi quotidiennes : j’ai de
1050 es quasi quotidiennes : j’ai de bons amis là-bas, ils m’écrivent souvent, me téléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu
1051 me téléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu’ ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Oues
1052 ous que cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste : si on laisse les choses aller — et elles ne po
1053 e pessimiste : si on laisse les choses aller — et elles ne pourraient qu’aller plus mal vers la catastrophe totale — en revan
1054 s mal vers la catastrophe totale — en revanche on doit être optimiste si on est actif et si on peut mesurer les progrès de c
1055 tiques, qui disaient encore il y a trente ans : «  Il faut faire l’Europe sur des réalités solides, réalistes, économiques 
1056 i voulaient baser l’Europe sur l’économie. Lorsqu’ il me parlait un peu, de temps en temps, de ce que je faisais, il me reg
1057 un peu, de temps en temps, de ce que je faisais, il me regardait avec un sourire condescendant, l’air de penser : il y a
1058 n, on lui attribue cette phrase, je ne sais pas s’ il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’
1059 ette phrase, je ne sais pas s’il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’était à recommencer, j
1060 données. Il y a le grand problème de l’écologie. Il faut éviter que la préparation à la guerre détruise notre nature, not
1061 déjà deux objectifs immenses, et pour y parvenir il faut donner aux hommes d’aujourd’hui l’idée que leur sort dépend d’eu
1062 d’aujourd’hui l’idée que leur sort dépend d’eux. Il faut dire aux hommes : « Vous devez choisir maintenant, est-ce que vo
1063 rt dépend d’eux. Il faut dire aux hommes : « Vous devez choisir maintenant, est-ce que vous voulez être libres, ou préférez-v
1064 ésir de liberté et un certain désir de puissance, il faut le reconnaître. J’en suis venu à résumer cette idée dans mon der
1065 part et la liberté de l’autre. Dans les deux cas, il s’agit d’un pouvoir. La puissance, écoutez bien cela, car toute ma pe
1066 outer là-dessus. J’ai formulé les grands buts que doivent se fixer à peu près en même temps, simultanément, les personnes et la
1067 ment, les personnes et la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-nous à tout prix la puissance sur le