1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 enouveler mes responsabilités dans cette affaire, et à débrouiller ce que les journalistes, suivis par la critique, ont br
2 aliste avec ses deux revues principales, Esprit et L’Ordre nouveau . Mon premier livre publié à Paris, Politique de la
3 tient lieu de vertu politique à ce siècle débile et fiévreux ? On se demande alors de quoi je me mêle. Je réponds que je
4 urd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activ
5 qu’il y faut, puissent quitter ce combat mauvais, et porter ailleurs leur violence. Ou plus exactement encore, si je fais
6 ou bien elle s’engage dans un conflit concret, —  et découvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’
7 oir autre chose, pouvoir choisir ses résistances, et provoquer des adversaires plus nobles. Est-ce que tout se ramène à de
8 est la bêtise qui s’occupe des affaires publiques et tout finit en dictature : plus question de pensée libre, j’entends :
9 tique de l’autruche. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau
10 Réactions, par leur volonté proclamée de rupture, et plus encore par leurs revendications constructives, révèlent peut-êtr
11 eut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de to
12 du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels, et si violemment accentué qu’il peut paraître suffisant pour définir un
13 ire. Le chapitre suivant s’intitule : « Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage ». J’y montrais que la pensée bourg
14 s’engage ». J’y montrais que la pensée bourgeoise et universitaire tout entière s’était mise à l’école de Montaigne : « Le
15 écite », croyant ainsi tirer son épingle du jeu. Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée
16 Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise aboutit à la con
17 ité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui concernent la moitié inférieure
18 nt la moitié inférieure de l’homme. (Pour le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-ils ; en attendant, ils les veule
19 ntellectuels prétendent « entrer dans l’action », et cela se traduit par de généreux manifestes, des formules vagues, à pe
20 manifestes, des formules vagues, à peine sonores et toujours anti-quelque chose. Ni l’adhésion à un programme « résolumen
21 rtain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueil
22 e de penser. Entre ces deux écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-t-il encore un détroit navigable ? Existe-t-il
23 ité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, —  et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une e
24 la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’indiquer les limites, la formule et le
25 tout au moins, d’indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions. Les buts, à mes yeux n’étaient pas la
26 Les buts, à mes yeux n’étaient pas la puissance et la production, mais « une politique à hauteur d’homme » (expression q
27 ne humaine. C’est une politique dont chaque temps et chaque but se trouvent subordonnés à la défense et à l’affirmation de
28 t chaque but se trouvent subordonnés à la défense et à l’affirmation de la personne, module universel des institutions. Ce
29 ique s’oppose au gigantisme américain, soviétique et capitaliste ; elle s’oppose à l’émiettement social de la démocratie i
30 oitation de l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards radiodiffusés. Elle refuse la dictature, parce que le
31 e en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement humains :
32 r une politique établie dès le départ à ce niveau et dans cette vue. Le style engage C’est dans Penser avec les ma
33 Penser avec les mains , écrit l’année suivante, et publié en 19362, que la notion d’engagement se trouve référée aux sou
34 , c’est-à-dire du passage de l’acte à la personne et de la personne à la communauté. Trois citations tirées de la dernière
35 t n’est pas libre, mais au contraire libératrice. Et c’est une tâche révolutionnaire qui s’impose à la France actuelle : n
36 ui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour que l’homme reste humain, ou le devienne. […] Seule, détient le
37 ionne au double sens du mot. Les clercs défendent et définissent une liberté de la pensée qui n’est au vrai qu’une assuran
38 nser n’est réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de penser. On serait parfois tenté de souhaiter
39 at à l’acte de penser, qui se forge ses fatalités et qui se crée ses propres risques et périls, si libéral que prétende êt
40 ses fatalités et qui se crée ses propres risques et périls, si libéral que prétende être le régime. « La supériorité véri
41 ans l’abstrait la volonté de s’ordonner à un but, et d’y soumettre ses moyens. Un style soumis à la rudesse nouvelle, non
42 , les figures. Que chaque phrase implique ce but, et le désigne par son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin et no
43 son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’il rappelle à la situation, au lieu
44 s’ordonne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’il rappelle à la situation, au lieu de rappeler des sources. Que n
45 té éthique immédiate à chaque progrès du discours et qu’il n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pou
46 limpidité naît d’une ardente volonté d’expliquer et de justifier son intuition, rien qu’elle, dégagée de toute allusion i
47 la Saison, étreignant la « réalité rugueuse »… «  Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus
48 nt devenu slogan se verra récupéré par les partis et par leurs intellectuels embrigadés. D’où la colère qui nous prend, à
49 yant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolut
50 dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant un
51 droite, et depuis lors y bêlent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé p
52 antité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples, et pour ses in
53 e lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples, et pour ses innocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco et cont
54 ocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco et contre Franco ; contre Dollfuss et pour Schuschnigg ; pour Thaelmann,
55  ; pour Franco et contre Franco ; contre Dollfuss et pour Schuschnigg ; pour Thaelmann, contre le Japon, à propos du tsar,
56 tes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d
57 ’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ig
58 ple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que réside son engagement. C’est au contraire,
59 dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de la transformer, donc finalement de le dominer. S’e
60 une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de sout
61 été les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’eng
62 mps dans les voies de « l’engagement » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintena
63 rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais dangers, c’e
64 des vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes et des vrais engagements. » Conclusion J.-P. Sartre, auquel nous
65 ricain au service des ploutocrates internationaux et des démocraties de l’Ouest. Une idéologie de style nazi se retourne,
66 on seulement les premiers résistants, mais aussi, et du même mouvement, les premiers fédéralistes européens organisés.
67 par la charge d’idées philosophiques, politiques et sociales que la poésie de l’avenir aura à assumer, Lamartine esquisse
68 1837, le portrait d’un poète « responsable, actif et engagé ». Les trois épithètes s’éclairent réciproquement. Elles impl
69 il d’articles parus pour la plupart dans Esprit et L’Ordre nouveau , et de conférences sur les principaux thèmes du per
70 ur la plupart dans Esprit et L’Ordre nouveau , et de conférences sur les principaux thèmes du personnalisme. 2. Pense
71 adrid, à Stalingrad, dans les maquis… » (p. 246). Et plus loin : « Le sort de la littérature est lié à celui de la classe
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
72 l’attitude de l’écrivain, de l’artiste, du savant et du militant qui consiste à prendre appui, en se définissant par rappo
73 s’agit d’une attitude spécifiquement européenne, et si peu étrangère ou extérieure à l’Europe que l’on peut lire dès la p
74 quelle « mondialité », je notai cette définition et la fis circuler mine de rien : « L’Européen ne serait-il pas cet homm
75 dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel qu’il i
76 meilleure dont nos mythes perpétuent le souvenir et que d’autres peuples… auraient préservée jusqu’à nos jours ». C’est l
77 » de transformation ou de conservation culturelle et politique extraeuropéens. C’est enfin « la tendance à favoriser systé
78 enfin « la tendance à favoriser systématiquement et inconditionnellement les modes intellectuelles qui attribuent à l’Eur
79 fice de citations — d’Hérodote louant les Scythes et Tacite les Germains, par les pages célèbres de Montaigne et les « cla
80 les Germains, par les pages célèbres de Montaigne et les « clameurs » de Bartholomé de las Casas sur l’innocence et les so
81 eurs » de Bartholomé de las Casas sur l’innocence et les souffrances des Indiens, et par l’aimable mythologie du xviiie —
82 s sur l’innocence et les souffrances des Indiens, et par l’aimable mythologie du xviiie — le sage Égyptien, le philosophe
83 6 jusqu’aux diatribes exaspérées d’un Franz Fanon et de son préfacier Jean-Paul Sartre invitant à « tirer à vue » sur l’Eu
84 ons puériles de la civilisation par son innocence et ses vertus simples ». Nous tenons enfin le Suisse au-dessus de tout s
85 aux Demoiselles d’Avignon, au Sacre du Printemps. Et tout débouche au xxe siècle sur une crise non seulement de la cultur
86 l’idée même de culture, sur le divorce entre art et société, sur l’impuissance de la révolte en soi et la mise au pas de
87 t société, sur l’impuissance de la révolte en soi et la mise au pas de l’artiste dans la moitié du monde non européen… L’e
88 volution de 1956, qui a fait ses études en Suisse et professé dans une grande université américaine avant de revenir à Gen
89 rsitaire d’études européennes. Culture littéraire et politique, qui comprend à la fois, outre les domaines français, allem
90 à la fois, outre les domaines français, allemand et anglo-saxon, celui de l’Europe de l’Est, et qui a nourri deux ouvrage
91 emand et anglo-saxon, celui de l’Europe de l’Est, et qui a nourri deux ouvrages marquants sur les rapports de l’anarchie e
92 ouvrages marquants sur les rapports de l’anarchie et du marxisme avec l’esthétique. Cent-cinquante pages seulement, mais q
93 ’on croyait bien connaître ou d’inconnus profonds et pittoresques ; soit par certaines ambiguïtés, par des raccourcis polé
94 t, se dit-on, d’au moins tripler ce mince volume, et surtout de lui donner des suites non plus seulement descriptives mais
95 nt descriptives mais normatives, programmatiques, et pour tout dire d’un mot dont l’auteur se méfie : plus « engagées ». L
96 l’optimisme d’un Saint-Simon, d’un Auguste Comte et d’un Marx, tous trois tenants d’un européocentrisme fanatique et d’un
97 ous trois tenants d’un européocentrisme fanatique et d’un progressisme qui n’admet aucune limitation, contestation, ou qua
98 pessimisme d’un Jacob Burckhardt, d’un Nietzsche et d’un Spengler ; à quoi l’on pourrait ajouter celui d’un Gobineau, pré
99 iers, qui savons que toute agglomération d’hommes et le mode de culture intellectuelle qui en résulte doivent périr. » « N
100 au moment même — relève l’auteur — « où Verlaine et les poètes du mouvement décadent transforment l’intuition de l’épuise
101 ns : le pessimisme des sages au sujet de l’Europe et de son avenir, va-t-il se nourrir aux mêmes sources dont les colonial
102 capitaines de l’expansion des machines, du béton et de la pollution universelle tirent cet orgueil dont l’Évangile nous d
103 cle : c’est le recours « au fond oublié, primitif et ancestral, d’un art européen archaïque ou de l’art pur, non médiatisé
104 ïque ou de l’art pur, non médiatisé, de l’Afrique et de l’Océanie » : années « nègres » de la peinture (de Matisse à Picas
105 ire du folklore russe, les sculptures du Cameroun et de la Nouvelle-Calédonie et les eaux-fortes issues des « palettes sau
106 culptures du Cameroun et de la Nouvelle-Calédonie et les eaux-fortes issues des « palettes sauvages » de Kandinsky, Franz
107 es « palettes sauvages » de Kandinsky, Franz Marc et Matisse ». À quoi s’ajoute bientôt l’engouement pour l’art enfantin :
108 ants du monde entier ». Dans ce mouvement profond et général de retour aux sources, André Reszler me paraît tenté de voir
109 moins de sa culture. Mais ne serait-ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouveau de l’aventure occidentale dans son av
110 qu’une culture faite depuis des siècles de rejets et d’innovation. Peut-être le seul vrai anti-Européen en art comme en li
111 ul vrai anti-Européen en art comme en littérature et en philosophie comme en morale, n’est-il tout simplement que le pompi
112 tale du personnage. Ses insultes contre la Patrie et la France ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront qu
113 oire de Staline « toi qui fais lever le soleil ». Et je reste témoin, pour ma part, de l’attachement profond d’André Breto
114 e l’ésotérisme renaissant, au romantisme allemand et à la pensée libertaire, de Pélage à Fourier en passant par les cathar
115 , de Pélage à Fourier en passant par les cathares et les alchimistes. Sans compter sa passion pour la peinture qui, à l’en
116 ent européenne… Reste le paradoxe de la modernité et de l’avant-garde : dans les arts et dans la politique, il s’agit de t
117 la modernité et de l’avant-garde : dans les arts et dans la politique, il s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’
118 xxe siècle prônent l’art social, fait pour tous et « par tous » (selon l’oracle de Lautréamont). En tant qu’elles ambiti
119 polémique sur l’Europe, sa spécificité culturelle et la possibilité de son union politique, résultent toutes ou presque —
120 que l’Europe « réaliste » se plaît à ridiculiser et que l’Europe des États absolutistes puis des États-nations de type na
121 s frappants — à une Europe rêvée, « décentralisée et fédérative », qui prendrait ses modèles, plutôt que « du pouvoir cent
122 té du peuple des Scythes, connu (nous disent Boas et Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’il poursuit dans sa recherc
123 respect qu’ont pour elle les membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et voilà qui évoque une fois de plus l’exempl
124 s membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et voilà qui évoque une fois de plus l’exemple des premiers Confédérés,
125 e fois de plus l’exemple des premiers Confédérés, et de leur Suisse d’avant le secret des banques. C’est cette Europe fill
126 n, celui que toute la terre copie au xxe siècle. Et je ne cesserai de dresser cette image comme celle du modèle directeur
127 entation des despotismes asiates, des théocraties et idéocraties absolutistes qui triomphent désormais dans le tiers-monde
128 serait-elle pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dénoncent comme utopie ou idylle naïve les conditions m
129 peut-être trop bref, mais ses formulations denses et nettes sont de nature à couper court à tous les procès d’intention qu
130 nt. Je hais l’impérialisme sous toutes ses formes et je me méfie fondamentalement des messianismes religieux ou laïques pa
131 rreur de vouloir la blanchir de toutes les fautes et de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’elle pourrait encore commettr
132 s les fautes et de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “
133 l, “notre civilisation est construite sur le sang et le vol, ressemblant en cela à toutes les civilisations” » (p. 147). C
134 toutes les civilisations” » (p. 147). Ceci posé, et maintenu fermement dans les conclusions de son essai, André Reszler s
135 européens de gauche, l’opinion permanente de Marx et d’Engels. « Loin de porter sur le colonialisme une condamnation globa
136 ur le colonialisme une condamnation globale, Marx et Engels aperçoivent dans l’expansion territoriale de l’Angleterre, des
137 nous avons été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement qu
138 te de l’Algérie par la France de « fait important et heureux pour le progrès de la civilisation ». Ainsi que l’écrit Miklo
139 ». Ainsi que l’écrit Miklos Molnar8 : « Pour Marx et Engels, la colonisation n’est au fond que l’épiphénomène ou le coroll
140 i l’Europe doit survivre en tant que civilisation et s’acquitter des dettes qu’elle a contractées envers le monde dans sa
141 bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se
142 détourne de l’Europe tout en reprenant ses idées et ses créations. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie
143 tions. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie centralisatrice. Il édifie des États puissants et jacobins q
144 ie centralisatrice. Il édifie des États puissants et jacobins qui défendent acariâtrement les frontières tracées par l’arb
145 industrielle incapable de maîtriser la pollution et qui provoque la rupture de l’équilibre écologique de la planète ». 5.
146 s’est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre survie de l’Europe dépendent désormais de notre capacité à
147 à présenter au monde — sans chercher à le vendre et encore moins à l’imposer — un modèle de fédération fondé sur les régi
148 éré. Il s’agit pour l’Europe de proposer au Monde et d’illustrer d’une manière convaincante, par une économie écologique e
149 manière convaincante, par une économie écologique et des institutions personnalistes, l’exemple salutaire du bon civilisé.
150 (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et A. Lovejoy, Pr
151 s technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et A. Lovejoy, Primitivism and related Ideas in Antiquity, New York, 196
152 ity, New York, 1965. 8. M. Molnar, Marx, Engels et la politique internationale, 10/18, Paris 1976. d. Rougemont Denis
153 ble ronde de l’Europe » ( Preuves , janvier 1954) et « Une prise de conscience européenne » ( Bulletin du Centre européen
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
154 bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront e
155 listes français, notamment Lévi-Strauss, Foucault et Lacan. Quoique ces théories puissent passer, — on l’a dit — pour un p
156 s, ou pour des exercices de mandarins en Sorbonne et au Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un
157 ymptôme clinique de quelque chose de plus profond et inquiétant. Il y eut d’abord l’annonce nietzschéenne de la mort de Di
158 mort de Dieu, reprise d’une manière systématique et polémique par Sartre au lendemain de la guerre et par Camus, puis par
159 et polémique par Sartre au lendemain de la guerre et par Camus, puis par Malraux qui en déduisit le premier la mort de l’h
160 constituée, qu’elle a propagées au monde entier, et qui se retournent aujourd’hui contre elle. On l’a dit hier : la nouve
161 pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu, était mort, comment le saurions-n
162 tinguons un dessein beaucoup moins mélodramatique et plus sérieux, que Lévi-Strauss exprime dans sa Pensée sauvage : celui
163 celui « de réintégrer la culture dans la nature » et finalement la vie dans l’ensemble des conditions physico-chimiques « 
164 ’homme personnel, de l’homme sujet de son langage et de sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de
165 e son langage et de sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’
166 e sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’on aura « traqué d
167 rnière expression obsède les analyses de Foucault et de Lévi-Strauss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’il n’est
168 fini par ce qu’il n’est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du même coup son moi, sa fonction de suj
169 sociologique du terme, mais bien du christianisme et de son anthropologie, c’est-à-dire du modèle de la personne. À l’anth
170 sonne. À l’anthropologie évangélique, paulinienne et conciliaire, Lévi-Strauss avec une belle lucidité — et une bonne dose
171 nciliaire, Lévi-Strauss avec une belle lucidité — et une bonne dose d’humour noir — oppose ce qu’il appelle l’entropologie
172 procèdent les notions indissociables de personne et de communauté, tandis qu’à « l’entropologie » correspondent les notio
173 entropologie » correspondent les notions d’espèce et d’individu. Créativité, surprise, harmonisation, amour : c’est la nég
174 tiède de l’univers ». L’anthropologie évangélique et paulinienne a été la première à parler de la « mort de l’homme ». Pau
175 donné empirique livré au déterminisme biologique et à celui du péché. Un exemplaire de l’espèce, un individu. Et l’homme
176 du péché. Un exemplaire de l’espèce, un individu. Et l’homme nouveau ? Le même, mais converti, « mort à soi-même », réorie
177 me, mais converti, « mort à soi-même », réorienté et recréé par l’appel de sa vocation (c’est le même mot). Un but nouveau
178 par les grands débats conciliaires de Nicée (325) et de Chalcédoine (452). Ces deux conciles œcuméniques avaient à résoudr
179 rs de l’Église : comment définir le Père, le Fils et le Saint-Esprit que les évangiles présentent comme étant tous les tro
180 nes ou rôles : le Père, le Fils, le Saint-Esprit. Et ce fut la deuxième personne qui fournit le modèle de la personne huma
181 Elle était la coexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme à l
182 oexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme à la fois ». C’est
183 l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme à la fois ». C’est à partir de cette antinomie que les Pèr
184 é la réalité humaine. Entre les conciles de Nicée et de Chalcédoine, saint Augustin transpose à l’homme, créature de chair
185 t Augustin transpose à l’homme, créature de chair et d’esprit, à la fois immanent et transcendant, le « modèle », dirions-
186 créature de chair et d’esprit, à la fois immanent et transcendant, le « modèle », dirions-nous, de la deuxième personne de
187 de saint Victor, par Thomas d’Aquin, par Calvin, et il domine encore toute l’anthropologie chrétienne. Rejoignant le suj
188 nant que Michel Foucault, dans son livre Les Mots et les Choses, explique que l’homme au sens moderne ne peut être pensé q
189 scendental qu’on appelle l’homme ». Pour Athanase et les Pères de Nicée, il ne s’agissait pas d’un doublet, mais d’une uni
190 lui qui a fait de l’homme un « doublet » de chair et d’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’a plus su com
191 e chair et d’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse
192 fondamental du christianisme, de la christologie et de toutes les valeurs qui en ont été déduites (à tort ou à raison d’a
193 Lévi-Strauss l’affirmation de plus en plus nette et tranchante — je dirais totalitaire — du matérialisme le plus radical.
194 n’y ayant plus d’homme, plus de sujet à examiner… Et c’est aussi le résultat qu’obtient Foucault au terme (c’est à voir) d
195 s grave : elle refuse l’homme qui a fait l’Europe et dont l’Europe a pour mission de favoriser la reproduction, la recréat
196 par un profond ressentiment (au sens nietzschéen et schelerien) contre tout ce qui peut ressembler à une culture européen
197 » technologiques, des « nécessités » économiques, et des « exigences » de la défense nationale, ultima ratio de l’arbitrai
198 va sans dire parce qu’il n’osera jamais s’avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du str
199 que cette doctrine fasse des millions d’adeptes, et qui décident de ne rien faire parce que ça se débrouillera et n’est p
200 ent de ne rien faire parce que ça se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose
201 is uniquement par des personnes, à la fois libres et responsables. Les conditions d’un renouveau de l’homme et de l’Europe
202 nsables. Les conditions d’un renouveau de l’homme et de l’Europe conjointement se déduisent presque inévitablement de ces
203 ne. Mais point de personne hors d’une communauté, et encore la faut-il assez petite pour que l’homme y soit un prochain, u
204 core les faudra-t-il ouvertes les unes aux autres et fédérées, compensant de la sorte, comme le remarquait Rousseau, les i
205 u, les inconvénients de la petitesse par l’union, et les inconvénients de la grandeur par la liberté et l’autogestion loca
206 t les inconvénients de la grandeur par la liberté et l’autogestion locale. (Tout cela dans le Contrat social et dans le Go
207 gestion locale. (Tout cela dans le Contrat social et dans le Gouvernement de la Pologne). Une anthropologie personnaliste
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
208 aujourd’hui n’est pas d’abord celle de l’économie et du libre-échange commercial, mais bien celle des chances de la vie, c
209 es de la vie, c’est-à-dire des chances de la paix et du maintien des libertés, donc du progrès des responsabilités civique
210 ce, de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Europe en général : — « L’
211 l’enlisement » — « Les Neuf ont étalé divergences et absence de volonté politique » — « Fallito del vertico europeo » — « 
212 mmunauté économique européenne, ou Marché commun. Et qu’on essaie alors de montrer sérieusement soit les raisons de son éc
213 it les raisons de son échec relatif, soit en quoi et pourquoi l’institution aurait fait faillite et comment « Bruxelles, c
214 oi et pourquoi l’institution aurait fait faillite et comment « Bruxelles, c’est fini ! » équivaudrait à la mort de l’Europ
215 répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe
216 t pas « agoniser » puisqu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi longtemps que les États r
217 e, celle des Européens vivants, de leurs cultures et de leurs espoirs ? Mais alors comment pourrait-on avec un tel sang-fr
218 sang-froid, sans la moindre émotion dans la voix et parfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans la résignati
219 nation, voire de sournoisement jubilant, annoncer et accepter que tout cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas n
220 eurs pays, de leurs problèmes, de leurs souvenirs et de leurs espoirs, tels que douze siècles d’histoire commune et trois
221 spoirs, tels que douze siècles d’histoire commune et trois millénaires de cultures mêlées les ont formés, de l’Ibérie aux
222 ’Ibérie aux Pays-Baltes, de l’Écosse aux Balkans, et de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’il soit bien entendu que cette chr
223 n vue d’harmoniser leurs politiques industrielles et commerciales. II. « La grande question » Les choses ont-elles v
224 tre jour Jean Daniel ? Oui, tout change, a changé et va changer bien plus encore, avec l’ouverture de la campagne pour l’é
225 h ! pour parler d’Europe, on parlera de l’Europe. Et même on la mettra à toutes les sauces, annonce ">Le Figaro du 6 n
226 ? Cela, c’est du concret, du solide, du familier, et on s’y sent à l’aise10. Voyez plutôt. Il y a eu à Lille une « opérat
227 une « opération socialiste » consacrée à l’Europe et dont il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu
228 s) qui pour défendre « la vraie Europe » a sifflé et conspué l’Europe fédérale, pourtant admise par O. Guichard, mais auss
229 e que s’il n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-là et Marchais, entre Debré et Giscard, ou
230 lle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-là et Marchais, entre Debré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne
231 rrand, entre ces deux-là et Marchais, entre Debré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne serait même pas mentionné
232 et Marchais, entre Debré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne serait même pas mentionnée par la presse. Un fait
233 car on dirait que l’Allemagne reste indifférente, et l’on n’entend rien venir d’outre-Manche — l’Europe ne cesse d’être « 
234 nscrit dans la nouvelle Constitution de l’Espagne et plus encore dans le projet de Constitution de la Belgique, et qui, so
235 re dans le projet de Constitution de la Belgique, et qui, sous le nom de dévolution, pose un problème majeur à la Grande-B
236 d’aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et il ajoute : « Un des grands auteurs supranationaux est Denis de Rouge
237 était celui d’un livre « infâme ». IV. Vertus et vices selon la religion nationaliste L’adjectif m’a d’abord fait
238 pensant : c’est un blasphémateur qu’il dénonçait, et il s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en
239 rreur exercée par l’État jacobin, ses dignitaires et sa police). Devant tout adversaire politique, idéologique, militaire,
240 délire apparent, cherchons le système de valeurs et de tabous, cherchons donc la religion qui peut les expliquer. Telle e
241 ès nos débuts au Centre européen de la culture16. Et nous ne sommes heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist
242 nnaître les racines de la civilisation hébraïque, et que des universitaires israéliens, conseillers du Prince, travaillaie
243 ifiée, de la Puissance divine, donc sans limites, et de la mission universelle de la nation une et indivisible. Dans sa de
244 es, et de la mission universelle de la nation une et indivisible. Dans sa dernière Lettre mensuelle, il concède que l’aven
245 e, il concède que l’avenir du Monde en l’an 2000, et même l’avenir de l’Europe puissent intéresser VGE. Mais c’est pour so
246 nt naïves : elles se réduisent en somme à l’unité et à l’indivisibilité de la République française, idéalement fermée et s
247 ité de la République française, idéalement fermée et sans dépendance de quiconque. Si elle s’ouvre, c’est pour rayonner, m
248 Si elle s’ouvre, c’est pour rayonner, manifester et imposer sa place naturelle dans le Monde, qui est la première, de Gau
249 sme. C’est le péché contre l’esprit des jacobins. Et le reste est fédéralisme, solidarité hypocrite permettant en réalité
250 ation, limitation des droits sacrés à l’insolence et au mensonge en service commandé par la Raison d’État et la Défense. I
251 mensonge en service commandé par la Raison d’État et la Défense. Il n’y a plus de limite au vice, à l’anarchie, à l’infami
252 t possible », dit la Logique de Vienne… Ces vices et ces vertus, à l’échelle de l’Europe, ne permettent plus, pour l’honnê
253 n’admettent guère qu’une confédération avec veto et possibilité de retrait à tout moment de chacun des membres, c’est-à-d
254 nse est gênante. Pour lui. La France des jacobins et de Napoléon est en effet le seul pays d’Europe qui ait imposé tout à
255 seul pays d’Europe qui ait imposé tout à la fois et par la force, dès 1792, une unité de langue, de droit, d’enseignement
256 nement, de fiscalité, d’aménagement du territoire et même de mémoire historique (via l’École) à toutes ses nationalités, a
257 me à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée et refoulée des jacobins, des centralisateurs, des nationalistes à l’end
258 primées dans leur culture comme dans leurs droits et libertés traditionnelles : Bretagne, Pays basque, Roussillon catalan,
259 is, Toulousain, Provence, Corse, Alsace, Lorraine et Flandres — se retourne naturellement en haine contre l’Europe fédérée
260 a Bretagne, l’Occitanie, la Provence, etc., Debré et ses amis s’imaginent, c’est normal, que l’Europe va faire de même de
261 traité d’Union de 1532 entre le Duché de Bretagne et la Couronne de France n’a nullement « défait » la Bretagne, — du moin
262 t 1789, les députés ayant confondu « privilèges » et « libertés » ont renoncé, sans nulle compétence pour ce faire, à tous
263 nulle compétence pour ce faire, à tous les droits et à l’autonomie de leur province qu’ils avaient pour mandat d’affermir.
264 ures , Éditions de la Baconnière, 1962, L’Europe et le Monde , Bulletin du CEC, 1965, mais aussi toute la collection des
265 L’Aventure occidentale de l’homme , Paris, 1957, et Les Chances de l’Europe , 1962. 17. Cf. Jean-Marie Benoist, « Le My
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
266 issent dans notre siècle entre le monde mécanique et le monde organique, entre la machine et le corps, entre les lois de l
267 mécanique et le monde organique, entre la machine et le corps, entre les lois de l’augmentation matérielle indéfinie et ce
268 e les lois de l’augmentation matérielle indéfinie et celles de la croissance naturelle, autoréglée, entre l’exploitation f
269 l’exploitation forcenée des « réussites » d’hier et l’aménagement de l’avenir désirable — expression qui définit une poli
270 uej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui vient. Que veut dire, en effet, la phrase fameuse des Thès
271 e par définir les termes d’un débat, ici Écologie et Politique. Nous savons tous la vanité de ces définitions : trop facil
272 initions : trop faciles parce que trop nombreuses et déformables à souhait, au gré de l’ignorance ou de la malveillance. L
273 ance. La définition la plus facile de l’écologie, et donc la plus courante, consiste à dire que c’est « une mode », ou enc
274 ncore : « Une tarte à la crème ! Ça signifie tout et rien ! Autant de sens du mot que d’écologistes ! » (Je l’ai lu hier e
275 « une douce manie de rousseauistes épris d’idylle et entretenant la nostalgie du jardin d’Eden » (var. : « du retour aux c
276 jardin d’Eden » (var. : « du retour aux cavernes et de l’éclairage à la bougie ».) Ou au contraire : elle serait une « n
277 la fois l’agression industrielle contre la Nature et l’agression étatique contre la société coutumière. C’est le moment où
278 t dans nos pays les écoles primaires obligatoires et universelles : la conscription obligatoire et universelle ; la grande
279 res et universelles : la conscription obligatoire et universelle ; la grande presse (grâce à l’invention de la linotypie)
280 ande presse (grâce à l’invention de la linotypie) et les agences d’État : Wolf, Reuter, Havas, Stefani, sans l’aide desque
281 oclites : à la fois protection des petits oiseaux et lutte contre les avions supersoniques qui risquent d’endommager la co
282 d’endommager la couche d’ozone ; parcs nationaux et dénonciation des grands ensembles ; mesures contre la pollution des e
283 océans ; relations entre les taux de délinquance et le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens de d
284 parti socialiste » ou de défendre les privilèges et le confort des riches. (C’est aussi ce qu’en pense le tiers-monde.) E
285 tre de rejet) contre la civilisation industrielle et ses agressions de plus en plus brutales contre la Nature et contre l’
286 essions de plus en plus brutales contre la Nature et contre l’homme qui vit de la Nature et en elle19. 3. Plutôt donc que
287 la Nature et contre l’homme qui vit de la Nature et en elle19. 3. Plutôt donc que de l’écologie comme science, nous cons
288 est manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima et s’est constitué en mouvement de plus en plus nettement politique aprè
289 tement politique après la crise du pétrole (1973) et la politique du « tout nucléaire » préconisée dès lors par plusieurs
290 énature contre la Nature. De ceux qui ont inventé et produit une civilisation qui tend à détruire du même mouvement — comm
291 e sans frein — à la fois les écosystèmes naturels et les communautés humaines. L’Agression s’est produite d’abord en Europ
292 la volonté de vivre contre la volonté de profit) et que le phénomène, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, a pris
293 s maladies de civilisation (physiques, psychiques et psychosomatiques.) Mais en même temps que l’agression industrielle se
294 un principe de leurs développements concomitants, et demeure leur « horizon indépassable ». La civilisation industrielle,
295 es ethniques, culturelles, coutumières, de régler et de contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’École primaire e
296 res, de régler et de contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’École primaire est l’instrument par excellence de l
297 tudes simples, abstraites, géométriques, alignées et les préparant à devenir des recrues alignables. Je vois donc une prof
298 ure entre agression industrielle contre la Nature et agression stato-nationale contre les communautés locales ou ethniques
299 onal que les mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau,
300 logie concrètes peuvent et doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts, agriculture, archi
301 que la conscience régionaliste alertée s’organise et entre en action. Voilà donc le premier temps : l’exigence écologique
302 mesure compatible avec ma souveraineté nationale. Et l’on sait à quelles résistances de la capitale et de sa police se heu
303 Et l’on sait à quelles résistances de la capitale et de sa police se heurtent les tentatives de prises de responsabilités
304 , de Hollande, chaque pays pollue souverainement, et s’assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés…
305 es additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du pillage des ressour
306 l est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle d’Éta
307 donc l’obstacle commun aux solutions écologiques et régionales, d’où l’identité d’intérêts politiques entre régionalistes
308 dentité d’intérêts politiques entre régionalistes et écologistes, mais aussi entre fédéralistes européens et régionalistes
309 logistes, mais aussi entre fédéralistes européens et régionalistes. 5. Mais je m’aperçois que je devrais préciser le sens
310 u au Conseil de l’Europe en 1972, V. von Malchus, et qui chevauchent parfois les frontières de trois pays, des calottes du
311 (Norvège, Suède, Finlande) à l’Öresund (Danemark et Suède), à l’Euregio (Rhin-Ems et Gueldre), à la Regio Basiliensis (Su
312 resund (Danemark et Suède), à l’Euregio (Rhin-Ems et Gueldre), à la Regio Basiliensis (Suisse, France, RFA), et sur l’arc
313 e), à la Regio Basiliensis (Suisse, France, RFA), et sur l’arc alpin, aux régions Alpes-Adriatique (Italie, Autriche, Slov
314 Autriche, Slovène), lémano-alpine (Suisse-France) et Alpazur (France-Italie). Mais il y a surtout, à mon sens, les régions
315 ttre à la voix d’un citoyen de s’y faire entendre et qu’on puisse lui répondre. 6. Il s’agit donc, si l’on veut arriver à
316 des solutions écologiques, à restaurer, maintenir et développer des écosystèmes viables, de dépasser l’État-nation d’un mê
317 d’instituer en interaction permanente les régions et la fédération continentale. Le principe de répartition des pouvoirs e
318 ux accordé aux dimensions de la tâche considérée, et toujours en partant d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C
319 té peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas l
320 prononcent aujourd’hui la plupart des sociologues et politologues européens, et nombre d’hommes politiques responsables au
321 lupart des sociologues et politologues européens, et nombre d’hommes politiques responsables aux USA : la décentralisation
322 SA : la décentralisation de l’État, de l’économie et des activités culturelles leur paraît la condition même d’une renaiss
323 dition même d’une renaissance civique, économique et culturelle de leur pays. À part les guerres d’agression et les centra
324 elle de leur pays. À part les guerres d’agression et les centrales nucléaires, qui exigent les unes et les autres une cent
325 et les centrales nucléaires, qui exigent les unes et les autres une centralisation ombrageuse, tout marche mieux, sur une
326 lée par l’intervention imprévue des régionalistes et des écologistes ; — s’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’
327 en relation avec les organisations régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale. — en vue
328 régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale. — en vue d’établir un programme commun aux
329 établir un programme commun aux trois mouvements, et de prévoir des tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’une
330 ais bien : même avenir. Un combat peut être perdu et c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait de
331 enir de chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens et de la Paix. 19
332 qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens et de la Paix. 19. Note de février 1979 : la révolte des chiites irani
333 phénomène de rejet de la technologie rationaliste et du matérialisme qu’elle favorise, contraire au Coran ? 20. The Ecol
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
334 pires exemples de délire nationaliste (gaullistes et communistes à l’envi) et par son peuple, les raisons les plus raisonn
335 nationaliste (gaullistes et communistes à l’envi) et par son peuple, les raisons les plus raisonnables de faire confiance
336 . Je le montrerai par quelques preuves chiffrées. Et je ferai voir aussi que le général de Gaulle, invoqué rituellement pa
337 néral de Gaulle, invoqué rituellement par les uns et les autres, leur donne à tous des raisons d’appeler ou de maudire l’u
338 CEE, votre pays risque-t-il de perdre sa culture et son originalité ? » B DK D F IRL I L NL GB CE oui
339 ne vaut strictement rien, ne traduit qu’ignorance et myopie historique. II. Le « volapük » européen Du même présiden
340 ngue sera éliminée ; sans nul doute les principes et les objectifs de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il es
341 fs de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront tr
342 pidement pris une position dominante dans les Six et il l’a conservée même depuis l’adhésion de trois pays qui sont, ou bi
343 dra alors inévitable. Que l’anglais, le français et l’allemand s’imposeront alors, qui pourrait le nier ? Il serait sage
344 primer couramment dans l’une de ces trois langues et comprendre l’une des deux autres. III. Du vain travail de citer d
345 tres. III. Du vain travail de citer de Gaulle et ses saints À propos de l’Europe, de la souveraineté nationale, et
346 propos de l’Europe, de la souveraineté nationale, et de l’élection de l’Assemblée européenne au suffrage universel, ils on
347 ropéenne au suffrage universel, ils ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Quelques exemples,
348 age universel, ils ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Quelques exemples, entre plusieurs
349 ses deux énormes volumes sur Le Général de Gaulle et la construction de l’Europe, 1940-1966 (884 p. et 972 p., Paris, 1967
350 et la construction de l’Europe, 1940-1966 (884 p. et 972 p., Paris, 1967) : Sur l’élection au suffrage universel de l’Asse
351 as l’Europe si on ne la fait pas avec les peuples et en les y associant23. ». « C’est un référendum solennel de tous les E
352 ain Peyrefitte juge cette initiative « prématurée et dangereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’il s’honore d’avoir
353 t ce que le communiqué de Bad-Godesberg a décidé, et voilà une décision que je salue avec une vive satisfaction26. Mais c
354 de Michel Debré. À qui se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’il est un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’
355 ensée du Général, c’est bien le sujet des régions et de l’Europe des régions : de Georges Pompidou à Jacques Chirac et de
356 es régions : de Georges Pompidou à Jacques Chirac et de Lipkowski à Debré, ils n’ont cessé de clamer, depuis dix ans, leur
357 idou, tandis qu’elle paraît à d’autres « infâme » et « criminelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus con
358 e est celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupés ici même, comme en témoignent les cinq numéros spéciaux du
359 x du Bulletin du CEC qui a précédé Cadmos 28 , et les deux volumes collectifs qui s’y sont ajoutés, de 1963 à 1979. La
360 sont censés rassembler tous les discours, propos et textes du Général et de ses proches touchant les problèmes de l’Europ
361 er tous les discours, propos et textes du Général et de ses proches touchant les problèmes de l’Europe, de 1940 à 1960, le
362 e la doctrine — dont M. Debré est le plus souvent et le plus volontiers cité par Jouve — n’ont cessé de proclamer que le r
363 t exposée pour la première fois dans son principe et dans ses développements immédiats lors du discours tenu par le Généra
364 ons, nouvelle formule de la prospérité nationale. Et ces régions, précisait-il, devaient « s’ouvrir » à leurs voisines, au
365 es de l’État : le Nord à la Belgique, la Lorraine et l’Alsace à la RFA, Rhône-Alpes à la Suisse, la Provence à l’Italie, l
366 e chute idéal. Le paladin de l’Europe des nations et d’une « certaine idée de la France » devenait aux yeux de l’Histoire
367 it en exiger. Jean Mauriac a noté au jour le jour et parfois d’heure en heure, les propos spontanés du Général et ses conf
368 d’heure en heure, les propos spontanés du Général et ses confidences (à l’Histoire ?) au cours de la semaine précédant le
369 néral était de mettre la régionalisation en place et de se retirer ensuite. (p. 18) Le 23 avril 1969, quatre jours avant
370 nuit même qui suit le rejet du oui au référendum, et la retraite à Colombey. Devant ses anciens collaborateurs, le Généra
371 édéralistes européens, participation des citoyens et petites unités régionales sont en étroite dépendance. Pour ma part, j
372 le refus d’une grande réforme n’est pas mauvais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regrette pas pour moi,
373 connaîtra pas, avant longtemps, de vraies régions et qui va se vautrer dans la médiocrité ». (p. 115) Les véritables hérit
374 en se rangeant au parti jacobin, antifédéraliste et antieuropéen. V. État de l’évolution vers les régions en Europe de
375 ée de l’affaiblir. En fait, ce régime fédéraliste et régionaliste explique en bonne partie le « miracle » de la restaurati
376  miracle » de la restauration économique, sociale et politique de la RFA. L’Italie s’est dotée, en 1946, après la chute du
377 d’Aoste, Sardaigne, Sicile, Frioul, Haut-Adige ; et de régions semi-autonomes qui ne sont devenues réalités qu’en 1970. L
378 plusieurs provinces importantes de la Péninsule, et donné de la sorte les premières démonstrations — et les seules jusqu’
379 donné de la sorte les premières démonstrations — et les seules jusqu’ici — d’un pouvoir « communiste » non totalitaire. L
380 on, c’est-à-dire de la mainmise d’un État central et centralisateur sur les nations voisines, annexées et alignées sans ég
381 centralisateur sur les nations voisines, annexées et alignées sans égard pour leurs intérêts propres ni pour leurs identit
382 ni pour leurs identités culturelles, coutumières et linguistiques. En France, le général de Gaulle a été le premier à déc
383 devenu l’un des problèmes majeurs du Royaume-Uni, et l’évolution se prononce dans l’ensemble — avec des à-coups importants
384 ont montré les référendums de mars 1979 en Écosse et en pays de Galles — dans le sens d’une autonomie croissante des régio
385 ridicule d’avoir des assemblées pour les Écossais et pour les Gallois, et non pour les régions anglaises ». Ce qui situe l
386 assemblées pour les Écossais et pour les Gallois, et non pour les régions anglaises ». Ce qui situe le problème à son nive
387 la monarchie libérale, est sans doute exemplaire, et la meilleure annonciatrice du proche avenir européen. Contre toute at
388 nir européen. Contre toute attente des sceptiques et des réalistes du reste de l’Europe, l’Espagne a restitué en fait et e
389 u reste de l’Europe, l’Espagne a restitué en fait et en droit l’autonomie au gouvernement de la Catalogne, la Generalitat.
390 a Galice, de l’Aragon, de la province de Valence, et des Canaries. Surtout, la Constitution adoptée en 1978 reconnaît non
391 ticle 2 « le droit à l’autonomie des nationalités et des régions qui composent la nation espagnole », mais déclare à l’art
392 que « l’État se compose de communes, de provinces et des communautés autonomes qui seront constituées. Toutes ces entités
393 . 143 à 158 définissent en détail les compétences et droits des communautés autonomes à créer — exact équivalent des régio
394 s « sous-régions » formées de communes associées, et que l’on a proposé d’appeler des « fédérations de pays », de communes
395 , la Savoie, le Val d’Aoste, des parties de l’Ain et de l’Isère, seize institutions universitaires, deux aéroports interco
396 universitaires, deux aéroports intercontinentaux et 80 % de la production horlogère du continent. Une partie seulement de
397 seulement de cette région, le bassin entre Alpes et Jura occupé par le canton de Genève, la Haute-Savoie et le pays de Ge
398 a occupé par le canton de Genève, la Haute-Savoie et le pays de Gex, est dotée d’une commission franco-suisse nommée par l
399 es en fonction dès 1975 dans la Regio Basiliensis et dans l’Euregio Nord. La région Alpazur (Côte d’Azur, provinces d’Impe
400 région Alpazur (Côte d’Azur, provinces d’Imperia et de Cuneo) bénéficie de l’appui de tous les élus départementaux (franç
401 ’appui de tous les élus départementaux (français) et provinciaux (italiens). La région triestine présente la caractéristiq
402 au régional des ressortissants d’un pays de l’Est et de deux pays de l’Ouest. VI. Déclaration de Copenhague Adoptée
403 ar la troisième Convention sur la régionalisation et la décentralisation réunie par l’Institut danois : 1. L’organisation
404 ns est la condition d’un développement harmonieux et pacifique des peuples européens. 2. Selon les termes mêmes de la décl
405 lation une cohésion dans la poursuite d’objectifs et d’intérêts communs. C’est cette cohésion, autour d’un certain nombre
406 é elle-même, qui donne à celle-ci sa personnalité et le désir d’exister et d’être considérée comme une unité. » En aucun c
407 à celle-ci sa personnalité et le désir d’exister et d’être considérée comme une unité. » En aucun cas, le découpage régio
408 e universel d’une Assemblée régionale délibérante et l’existence d’un exécutif régional responsable devant elle. 4. Le pri
409 ’applique à tous les domaines essentiels à la vie et au développement de la communauté. 5. Les accords et les conflits ent
410 au développement de la communauté. 5. Les accords et les conflits entre les régions, entre les régions et les États, entre
411 les conflits entre les régions, entre les régions et les États, entre les régions et l’Europe, font l’objet de procédures
412 entre les régions et les États, entre les régions et l’Europe, font l’objet de procédures de concertation et de conciliati
413 urope, font l’objet de procédures de concertation et de conciliation, incluant, en cas de nécessité, le recours à une Cour
414 en d’intervenir dans la politique de construction et de gestion de l’Europe. 22. Extrait de la brochure Pour une polit
415 égions IV , 1974 ; Les Régions transfrontalières et l’Europe , 1975. Voir également : Pour une métropole régionale : Aix
416 Étang de Berre , Éditions de la Baconnière, 1963, et par Charles Ricq et divers, La Région franco-genevoise : un exemple d
417 tions de la Baconnière, 1963, et par Charles Ricq et divers, La Région franco-genevoise : un exemple de coopération transf
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
418 omne 1979)l Le phénomène Europe, dans l’espace et le temps de planète, oppose une réaction de rejet quasi instantané à
419 romain, par exemple, mais plutôt de sa nostalgie et d’une prise de conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’e
420 sa nostalgie et d’une prise de conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque conve
421 uelque convergence miraculeuse d’Athènes, de Rome et de Jérusalem révélant une sorte d’idée platonicienne de l’Europe, com
422 t submergées par les coutumes ethniques, sociales et religieuses des Germains et des Celtes, des Vikings et des Ibères réo
423 s ethniques, sociales et religieuses des Germains et des Celtes, des Vikings et des Ibères réordonnées et composées bon an
424 ligieuses des Germains et des Celtes, des Vikings et des Ibères réordonnées et composées bon an mal an sous l’égide de l’É
425 des Celtes, des Vikings et des Ibères réordonnées et composées bon an mal an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans s
426 bon an mal an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans ses hiérarchies romaines, puis évangélisées par des ordres irlan
427 s évangélisées par des ordres irlandais, italiens et burgondes, jusqu’à la résurgence hellénistique, puis grecque classiqu
428 résurgence hellénistique, puis grecque classique et hébraïque, de la Renaissance et de la Réforme. Création culturelle s
429 grecque classique et hébraïque, de la Renaissance et de la Réforme. Création culturelle s’il en fût, unité composée contr
430 ginatifs, du roi Georges Podiebrad à William Penn et du duc de Sully à Aristide Briand ; enfin des intellectuels au sens m
431 tellectuels au sens moderne, de Vico, Montesquieu et Rousseau jusqu’aux grands écrivains européens de la première moitié d
432 omme le premier Manifeste européen, philosophique et politique. C’est un appel à l’empereur Henri VII, qui vient se faire
433 rer l’unité des esprits dans la diversité normale et nécessaire des coutumes et des lois locales. Or, cette paix que seule
434 s la diversité normale et nécessaire des coutumes et des lois locales. Or, cette paix que seule procure l’unité essentiell
435 u monde en paix sous « le divin Auguste monarque, et Paul nomma cet état très heureux la plénitude des temps », la voici «
436 voici « déchirée par les ongles de la cupidité ». Et Dante s’écrie : Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, de q
437 ante s’écrie : Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un mo
438 té ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te perds en efforts contradictoires. Tu es malade en l’un et l’aut
439 en efforts contradictoires. Tu es malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas s
440 u es malade en l’un et l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nourrir l’intellect su
441 combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. » Deux siècles et demi plus tard, le grand huma
442 es frères et d’être fondu en un. » Deux siècles et demi plus tard, le grand humaniste Æneas Sylvius Piccolomini, devenu
443 la chrétienté (christianitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un
444 e générale, il le décrit comme un ensemble humain et historique, non plus vaguement géographique32 dont il détaille les co
445 2 dont il détaille les conditions ecclésiastiques et politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : cultu
446 itions ecclésiastiques et politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette
447 u sens large. Cette révolution dans la conception et l’approche du phénomène européen s’explique à l’évidence par le fait
448 at. Une fois de plus, c’est l’angoisse, la menace et le désastre qui ont suscité la prise de conscience de quelque chose d
449 e chose de grand qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un gran
450 périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un homme de l’esprit, un poè
451 é. Dans son traité Sur la chute de Constantinople et la guerre contre les Turcs, pour la première fois dans l’Histoire, Pi
452 aison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe, ses merveilleuses d
453 s chantant l’Europe, ses merveilleuses diversités et sa passion de la liberté, se poursuit jusqu’au xixe siècle romantiqu
454 rd (Die Christenheit oder Europa) puis des Petöfi et des Mickiewicz, jusqu’aux admirables appels de celui qui fut sans dou
455 union européenne dans tous les congrès de la paix et de la fédération des peuples qu’il a traversés pendant vingt ans, env
456 d’un long tonnerre d’acclamations : Victor Hugo. Et au xxe siècle c’est encore un de nos plus grands poètes, Saint-John
457 la SDN en 1930. Ce texte va fixer le vocabulaire et les formules de base — telles que « solidarités de fait », « institut
458 e autre généalogie des relations entre la culture et l’Europe est celle des penseurs politiques imaginatifs. Elle va du ro
459 du roi de Bohême Georges Podiebrad, contemporain et rival de Pie II, par Sully, William Penn, Gentz, Burke, Saint-Simon,
460 cle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet et Paul-Henri Spaak. Mais c’est dans la généalogie des philosophes qu’on
461 ens actuel du terme : cela se passe entre Leibniz et Kant — Leibniz, auteur d’un projet d’Académie européenne ou fédératio
462 de la Russie le trait d’union entre l’Europe unie et la Chine, et enfin de divers projets œcuméniques. Et Kant, auteur du
463 le trait d’union entre l’Europe unie et la Chine, et enfin de divers projets œcuméniques. Et Kant, auteur du Projet de pai
464 la Chine, et enfin de divers projets œcuméniques. Et Kant, auteur du Projet de paix perpétuelle (1795), texte fédéraliste
465 ée des impôts, les armements toujours plus lourds et la hausse des prix, ne peuvent être enrayées que si la souveraineté a
466 i la souveraineté absolue est enlevée aux Princes et passe aux Peuples. (C’est la doctrine rousseauiste dans sa pureté.) L
467 nationale absolue, constitué sous Philippe le Bel et qui allait prendre sa forme la plus radicale lors de la substitution
468 xpressément dénoncé comme « absence de légalité » et « source de guerres ». La possibilité de réaliser (il s’agit de réal
469 i doit s’étendre progressivement à tous les États et les conduire à la paix perpétuelle, peut se concevoir. […] Aux yeux d
470 r s’accommoder de la contrainte publique des lois et former ainsi un « État des nations (civitas gentium) » croissant sans
471 lle est le lieu où se couche le soleil physique «  et où se lève le soleil intérieur de la conscience de soi » (Leçons de p
472 Comte, qui attribue à l’Europe le rôle « d’agent et de théâtre de la révolution sociale la plus complète » du genre humai
473 de Proudhon, de Jacob Burckhardt, d’Ernest Renan et de Dostoïevski donnent une juste idée de la profondeur et de l’univer
474 stoïevski donnent une juste idée de la profondeur et de l’universalité de l’idée européenne qu’ils illustrent — en vain d’
475 l’État nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner les esprits, les corps,
476 bon train de conditionner les esprits, les corps, et les réflexes de l’âme collective, en vue d’une guerre générale que pe
477 que personne ne veut, paraît-il, que tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, durant le premier tiers d
478 ue tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, durant le premier tiers du xxe siècle, jusqu’à l’irruption
479 régimes totalitaires du Père des peuples, du Duce et du Führer, les plus grands écrivains de nos pays (à l’exception de qu
480 de nationalisme flamboyant comme Kipling, Barrès et d’Annunzio) écrivent tous sur l’Europe, sur ses origines culturelles,
481 raliste d’union pour les diversités à sauvegarder et la fascination mortelle de nationalismes stupidement vaniteux, mais n
482 citer les noms allemands de Spengler, Thomas Mann et Keyserling ; français de Sorel, Valéry, Gide, Jules Romains et Romain
483  ; français de Sorel, Valéry, Gide, Jules Romains et Romain Rolland ; anglais d’Hilaire Belloc, Christopher Dawson, T. S.
484 iot ; espagnols d’Ortega y Gasset, Unamuno, d’Ors et Madariaga ; italien de Croce ; autrichien de Hofmannstahl… — tous aut
485 ais majestueux sur l’Europe, son génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires
486 névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nationalistes ; et surtout, sur l’Europe comme patrie des
487 tion universaliste et ses délires nationalistes ; et surtout, sur l’Europe comme patrie des hommes libres et du refus de l
488 tout, sur l’Europe comme patrie des hommes libres et du refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura é
489 français, anglais, belges, hollandais, allemands et suisses, est animée par des « intellectuels » encore peu connus — et
490 mée par des « intellectuels » encore peu connus — et pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxqu
491 nnus — et pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront généreusement parmi les aî
492 nt généreusement parmi les aînés Jacques Maritain et Nicolas Berdiaev, Gabriel Marcel, puis Karl Jaspers. C’est cette géné
493 ateur de culture au service de la cité en général et de la Cité européenne plus particulièrement. Les deux revues principa
494 vues principales du mouvement en France, Esprit et L’Ordre nouveau , consacrent chacune plusieurs numéros spéciaux aux
495 s frontières nationales, du fédéralisme européen, et de l’Anti-Europe des fascistes et des nazis34. Mais pour original qu
496 lisme européen, et de l’Anti-Europe des fascistes et des nazis34. Mais pour original qu’il soit, pour efficace qu’il aill
497 iste ne consiste encore, aux yeux du grand public et surtout des pouvoirs, qu’en une poussière de ce qu’on nommera trente
498 l’occupation du continent des Pyrénées à la Volga et d’Oslo à Athènes. L’Anti-Europe va-t-elle tout écraser ? L’effort des
499 out écraser ? L’effort des groupes personnalistes et de leurs camarades européens dans les deux camps, menant une lutte co
500 ens dans les deux camps, menant une lutte commune et clandestine, est-il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bo
501 as vu depuis treize ans : non seulement Allemands et Français, Italiens et Anglais dialoguent, mais aussi démocrates et co
502 s : non seulement Allemands et Français, Italiens et Anglais dialoguent, mais aussi démocrates et communistes, poètes et p
503 iens et Anglais dialoguent, mais aussi démocrates et communistes, poètes et philosophes. Il y a là Benda, Bernanos, Flora,
504 ent, mais aussi démocrates et communistes, poètes et philosophes. Il y a là Benda, Bernanos, Flora, Guéhenno, Jaspers, Luk
505 lora, Guéhenno, Jaspers, Lukacs, Rougemont, Salis et Spender comme conférenciers ; et parmi leurs interlocuteurs désignés,
506 Rougemont, Salis et Spender comme conférenciers ; et parmi leurs interlocuteurs désignés, Jeanne Hersch, François Bondy, M
507 e Druon, Ernest Ansermet, Campagnolo36, Jean Wahl et Jean Starobinski. Il s’agit de la première confrontation des intellec
508 it de la première confrontation des intellectuels et de l’Europe à sauver. Beaucoup de choses significatives ont été dites
509 s sur le problème européen durant ces conférences et les débats publics qui les prolongeaient le lendemain. Presque tout l
510 rd. Où vont se retrouver, après six ans de guerre et de résistance, nombre de « non-conformistes des années 1930 » qui ava
511 é aux groupes de L’Ordre nouveau ou d’ Esprit , et des camarades résistants des pays de l’Axe, ou occupés par Hitler, qu
512 idence d’honneur de Churchill, d’ailleurs présent et très souvent actif. On m’a chargé d’organiser la commission culturell
513 côté de ses deux autres commissions, la politique et l’économique. J’ai demandé qu’on me donne une preuve que l’on prend l
514 ngrès, chaque virgule du Message aux Européens , et chaque alinéa du Rapport culturel. Ce dernier propose entre autres la
515 entre autres la création d’un Collège de l’Europe et d’un Centre européen de la culture : l’un et l’autre seront inaugurés
516 rope et d’un Centre européen de la culture : l’un et l’autre seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où
517 utre seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent encore, et n’ont cessé de manifester, depu
518 rd à Bruges et à Genève — où ils existent encore, et n’ont cessé de manifester, depuis trente ans, leur vitalité créatrice
519 une centaine « d’intellectuels » d’Europe, jeunes et vieux. T. S. Eliot m’a répondu : « I feel that at the present time on
520 nt of this kind, however desperate the attempt. » Et Salvador de Madariaga : « Je donnerai volontiers (à la commission) un
521 use du congrès (150 personnes au plus, contre 300 et 400 aux deux autres) et c’est normal. Mais elle compte quelques-unes
522 onnes au plus, contre 300 et 400 aux deux autres) et c’est normal. Mais elle compte quelques-unes des gloires de la pensée
523 des historiens, des sociologues, des enseignants et des syndicalistes, un monsignor représentant le Vatican, un évêque re
524 un évêque représentant Canterbury, des sénateurs et députés de tous les partis, communistes staliniens exceptés. Mais que
525 ise à l’évidence : par « culture », les Européens et les européistes d’aujourd’hui n’entendent plus comme en Grande-Bretag
526 sse, André George, assistant de Louis de Broglie, et musicologue, Gabriel Marcel, écrivain et philosophe, Paul Montel, doy
527 Broglie, et musicologue, Gabriel Marcel, écrivain et philosophe, Paul Montel, doyen honoraire de la Faculté des sciences d
528 nationale française pour l’éducation, la science et la culture, Wladimir Porché, directeur général de la Radiodiffusion f
529 entifiques, littéraires, sociologues, philosophes et juristes, directeurs d’agences nationales de la presse ou de la radio
530 ales de la presse ou de la radio, hommes d’Église et syndicalistes. La Conférence culturelle de Lausanne a initié ou créé
531 Vietnam. Ils abandonnent les problèmes prochains ( et du prochain) aux soins — tournés en dérision — des technocrates. Cett
532 re le problème d’une façon entièrement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une cult
533 e ; mais cette unité de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un
534 p plus profond pour réaliser une unité économique et politique de l’Europe. Quelques années plus tard, tout a changé diam
535 qu’elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignon
536 ades de peur ». Joignons donc le FLN des Angolais et autres Balubas « qui massacrent à vue les Européens ». Car, ce faisan
537 , ce faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que
538 ture de l’Europe. Etc. Ces palinodies passionnées et hargneuses jalonnent l’évolution générale des « intellectuels » face
539 llectuels » face à l’Europe, dans les années 1950 et 196039. Ce que demandent aujourd’hui les fédéralistes européens, c’es
540 ans le détail, des actions doctrinales, pratiques et politiques, qu’on peut attendre d’un intellectuel engagé. Ceux qui vi
541 nsabilité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation
542 bien plutôt ceux qui proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « no
543 it fondamental que « nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est celui de son aménagement.
544 e sérieux du siècle est celui de son aménagement. Et que l’Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abord elle parvient
545 hommes, c’est le seul ». Appendice : les revues et l’Europe À la génération des grands écrivains, poètes, essayistes
546 grands écrivains, poètes, essayistes, romanciers et philosophes des années 1900 à 1935, correspondent de grandes revues l
547 a Nouvelle Revue française (Paris) de J. Rivière et Gide puis Jean Paulhan ; Die Neue Rundschau (Francfort) de Thomas Man
548 nnes » à la fois dans leurs finalités culturelles et dans leurs pratiques internationales : traductions, débats à l’échell
549 vant-garde. Quelques revues, dans les années 1950 et 1960, reprennent le flambeau européen : Preuves et La Table ronde à
550 1960, reprennent le flambeau européen : Preuves et La Table ronde à Paris, Encounter à Londres, Tempo Presente à Rome, F
551 esente à Rome, Forum à Vienne, Merkur à Stuttgart et Der Monat à Berlin. Plusieurs ne survivront pas à la dissolution du C
552 t place de L’Ordre nouveau , disparu depuis 1938 et d’ Esprit , qui dure encore, mais ne parle de l’Europe que pour mettr
553 ope que pour mettre en garde contre les illusions et les dangers de l’européisme, on ne trouve aujourd’hui en France que d
554 ments figurant le « domaine de Cham » (l’Afrique) et le « Domaine de Sem » (l’Asie). Mais dès les débuts du xive siècle e
555 m » (l’Asie). Mais dès les débuts du xive siècle et surtout au xve siècle se multiplient les cartes dites portulans, qui
556 Fragments posthumes. Voir aussi Par-delà le bien et le mal, par. 256 : « Grâce aux divisions morbides que la folie des na
557 s morbides que la folie des nationalistes a mises et met encore entre les peuples de l’Europe, grâce aux politiciens à la
558 e l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes qui règnent aujourd’hui avec l’aide du patriotisme
559 ne simple politique d’entracte — […] on méconnaît et on déforme mensongèrement les signes qui prouvent de la manière la pl
560 veut devenir une. Tous les hommes un peu profonds et d’esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le tra
561 t en commun les mêmes aspirations les plus hautes et les plus profondes ; c’est l’âme de l’Europe, de l’Europe une, qui, s
562 t sur cette période — indiquons les numéros 5, 15 et 36 de L’Ordre nouveau , 74 d’ Esprit , intitulés : « Lettre à Hitler
563 », « Notre Europe ». À quoi s’ajoutent chroniques et articles dans la plupart des numéros ordinaires. 35. Sur l’action de
564 e Frantz Fanon. 39. Cf. Appendice sur les revues et l’Europe. l. Rougemont Denis de, « L’Europe comme invention de la c
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
565 L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)m I. L’Université européenne : une commun
566 9)m I. L’Université européenne : une commune et une coopération La culture européenne est l’unité de base sur laqu
567 aquelle l’union de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’être. Elle s’est constituée au cours des siècles par la compos
568 leurs religieuses — grecques, mazdéennes, romanes et judéo-chrétiennes — de procédures intellectuelles et juridiques, de m
569 judéo-chrétiennes — de procédures intellectuelles et juridiques, de monuments sacrés et d’œuvres d’art, plus tard de scien
570 ntellectuelles et juridiques, de monuments sacrés et d’œuvres d’art, plus tard de sciences, et d’écoles de pensée successi
571 sacrés et d’œuvres d’art, plus tard de sciences, et d’écoles de pensée successivement parues dans des foyers très dispers
572 ent des styles, des modes, des manières de sentir et d’agir dont l’extrême diversité peut apparaître, paradoxalement, comm
573 i va éclore dans les cités commerçantes des xiie et xiiie siècles, quand les collèges de guildes et les écoles d’évêchés
574 et xiiie siècles, quand les collèges de guildes et les écoles d’évêchés s’organiseront en universités, à Bologne dès 110
575 i des collèges qui apparaissent à Bologne, Oxford et Paris : ils forment au sein de ces villes des entités en quelque sort
576 ption de juridiction, assurent leur propre police et ne dépendent ni des pouvoirs de la ville ni de ceux de l’Évêque, ni m
577 és groupe en une seule communauté les enseignants et étudiants des trois degrés, les bacheliers, les maîtres et les docteu
578 nts des trois degrés, les bacheliers, les maîtres et les docteurs : c’est l’universitas magistrorum atque scholarium. Elle
579 des corporations du savoir : universitates studii et scientiarum, groupant la totalité des études et des sciences. Quant a
580 i et scientiarum, groupant la totalité des études et des sciences. Quant aux communes politiques ou économiques, elles rel
581 es, elles relèvent de l’empereur (parfois du roi) et sont donc « immédiates à l’empire », lequel devient le garant de leur
582 stières » (Waldstätten en allemand) d’Uri, Schwyz et Nidwald, qui commandent les abords du col du Gothard, reçoivent au xi
583 eux principales chaînes alpestres, la moitié nord et la moitié sud du Saint-Empire romain de nation germanique. Dans les p
584 contestation intellectuelle, c’est-à-dire le sic et non, la dialectique des scolastiques. Ils se réunissent dans des sall
585 s) c’est-à-dire en groupes désignés par l’origine et la langue — normande, allemande, flamande, anglaise, picarde, etc. La
586 re, douze à treize ans pour le grade de docteur. ( Et l’on se plaint aujourd’hui de l’allongement des études !) Les règleme
587 ’allongement des études !) Les règlements, les us et les coutumes, varient très largement d’une « communauté de savoir » à
588 urs de Bologne sont-ils choisis par les étudiants et révocables par eux seuls. Ces étudiants d’ailleurs sont d’âges très v
589 e on dira lorsqu’elle ne sera plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne
590 uvenir et une prétention — est à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne s’appelle encore que la chrétienté, n’a jam
591 arts libéraux, le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astr
592 le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie) — qui ré
593 — qui réunissent au lieu de les séparer les arts et les sciences, et avec ses facultés dites supérieures, la théologie, l
594 au lieu de les séparer les arts et les sciences, et avec ses facultés dites supérieures, la théologie, le droit et la méd
595 acultés dites supérieures, la théologie, le droit et la médecine, l’université médiévale « correspond, dans son exigence m
596 édiévale est l’âge par excellence des oppositions et des contradictions, du sic et non, étant bien entendu que ces opposit
597 nce des oppositions et des contradictions, du sic et non, étant bien entendu que ces oppositions se situent à l’intérieur
598 ns se situent à l’intérieur même de l’Université, et ne cessent de renaître, même lorsqu’une autorité interne ou externe a
599 de citer Georges Gusdorf, professeur à Strasbourg et son petit livre admirable, L’Université en question 42 dont je déduis
600 inventé sous le nom d’UER (unités d’enseignements et de recherche), alors même qu’elle détruit avec l’acharnement systémat
601 e qu’elle détruit avec l’acharnement systématique et rancunier du bureaucrate, au nom de la neutralité du savoir pur et de
602 ureaucrate, au nom de la neutralité du savoir pur et de l’objectivité de la science, les finalités mêmes de l’institution.
603 es clercs d’intervenir dans les luttes politiques et de s’attirer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’il soit, le
604 ritoriaux ; perdra ses conditions d’universalité, et formera de plus en plus des magistrats, mais non des clercs. III.
605 ntral des trois degrés de l’enseignement officiel et à la réduction de cet enseignement à ce qui peut servir à la mobilisa
606 ême une garantie contre les théories pernicieuses et subversives de l’ordre social dans un sens ou dans un autre. Il y a t
607 corps destiné à régler les principes de la morale et de la politique. Telle fut l’Université de Paris et ensuite la Sorbon
608 de la politique. Telle fut l’Université de Paris et ensuite la Sorbonne ; telles sont, en Italie, les universités de Pavi
609 ont, en Italie, les universités de Pavie, de Pise et de Padoue ; en Allemagne, celles de Göttingen et d’Iéna ; en Espagne,
610 et de Padoue ; en Allemagne, celles de Göttingen et d’Iéna ; en Espagne, celle de Salamanque ; en Angleterre, celle d’Oxf
611 les premiers défenseurs de la cause de la morale et des principes de l’État, donneront les premiers l’éveil, et seront to
612 ncipes de l’État, donneront les premiers l’éveil, et seront toujours prêts à résister aux théories dangereuses des esprits
613 uses des esprits qui cherchent à se singulariser, et qui, de période en période, renouvellent ces vaines discussions qui,
614 lle, dont le grand Maître est le général en chef, et où les recteurs ont rang d’officiers supérieurs. »44 Le terme même d
615 ance durant la plus grande partie du xixe siècle et sera remplacé par celui de « Facultés », qui implique l’abandon de to
616 disciplinarité, de convergence des arts libéraux, et surtout de totalité, c’est-à-dire d’universitas au sens premier. Sépa
617 oles professionnelles au service de l’État-nation et de certaines industries. Elles préparent les jeunes gens à gagner leu
618 miné, a donc été reporté du tout sur les parties, et la vertu totalisante qui est celle qu’on doit atteindre d’une univers
619 t comme dans les structures économiques, sociales et politiques, l’on entrevoit la seule issue possiblement heureuse de no
620 tre crise. Petites unités autonomes de recherches et de contestation comparables aux collèges du Paris médiéval, permettan
621 rables aux collèges du Paris médiéval, permettant et favorisant l’échange interdisciplinaire qui est en fait échange des p
622 inaire qui est en fait échange des points de vue. Et je ne dis pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient faci
623 des points de vue. Et je ne dis pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient facilement imaginables, je dis seul
624 les dimensions de nos créations, de nos activités et de leurs cadres. Les conditions d’une renaissance des universités eur
625 nt dépendent le sauvetage de notre environnement, et celui de notre économie, la restauration du civisme, la paix elle-mêm
626 ur combiner les avantages des petites communautés et des grands moyens, tout se résume dans la formule de l’Europe des rég
627 ssemblée de la Conférence permanente des recteurs et vice-chanceliers d’Europe à Göttingen, je terminai ma description de
628 opie qu’on voulut bien considérer comme idyllique et rousseauiste. C’était quatre ans avant « les événements » de Mai 68.
629 D’où l’intérêt de relire après coup ces rêveries, et de les comparer, peut-être, à ce qui s’est fait par la suite à Floren
630 ais pas trop loin d’une ville de moyenne grandeur et de vie culturelle et sociale animée, une ou deux-centaines de maisons
631 ne ville de moyenne grandeur et de vie culturelle et sociale animée, une ou deux-centaines de maisons familiales, dispersé
632 deux-centaines de maisons familiales, dispersées, et un centre de type villageois : hôtels, auberges, marché, boutiques, c
633  hommes de synthèses » : professeurs de tous âges et de toutes spécialités, et futurs professeurs déjà gradués, d’une part
634 rofesseurs de tous âges et de toutes spécialités, et futurs professeurs déjà gradués, d’une part ; responsables de domaine
635 de domaines variés de la vie publique, économique et sociale, d’autre part. Condition générale d’admission : avoir prouvé
636 au moins du savoir, ou de la vie professionnelle, et démontrer d’une manière convaincante qu’on éprouve l’impérieux désir
637 nner une conférence, le soir, c’est à ses risques et périls : toute déclaration publique est obligatoirement suivie d’une
638 tique mutuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Quant au contenu : se
639 our ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j’avais à participer aux activités de la commune : 1. L
640 des cultures, notamment de la culture européenne, et la logique ou les contradictions de leur développement dans la vie pu
641 ctions de leur développement dans la vie publique et privée de l’unité culturelle en question. Le problème des possibles c
642 roblème des possibles convergences entre l’Orient et l’Occident, entre une certaine sagesse et une certaine puissance créa
643 ’Orient et l’Occident, entre une certaine sagesse et une certaine puissance créatrice, formerait un centre particulier d’a
644 eraction des disciplines dans l’histoire ancienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sous quelles conditions le
645 cienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sous quelles conditions les inventions ou découvertes de la science e
646 tions les inventions ou découvertes de la science et des arts sont-elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité,
647 tion débridée, de la foi, du doute, de la méthode et des contingences dans les progrès de la connaissance en Occident. 3.
648 nheur individuel (santé mentale, beauté du milieu et paix) des disciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos cont
649 ératifs prétendus de la croissance de production, et de l’aide aux « sous-développés » ? 4. Possibilité d’un langage unive
650 d’un langage universel, basé sur la cybernétique et sur la sémiologie de Saussure. Recherche générale de procédés de tran
651 translation des méthodes, démarches spécifiques, et résultats de diverses branches du savoir. Limites d’un tel langage, e
652 ses branches du savoir. Limites d’un tel langage, et comment y suppléer par les arts. 5. Européologie. Il existe dans la p
653 prudence, l’unification de leurs mesures sociales et la coordination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque e
654 ant aux relations entre un tel centre de synthèse et les universités existantes, on les imaginera sans peine. L’introducti
655 aucoup de professeurs à cet institut de recyclage et de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons
656 t de recyclage et de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an,
657 vé l’Académie européenne comme Tommaso Campanella et Comenius, ou d’hommes qui méditaient sur la nécessité d’un langage co
658 ’un langage commun aux sciences exactes, aux arts et à la théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Arts Co
659 théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Arts Combinatoria. Mais cet Institut de synthèse ne serait-il pas
660 iversité, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul possible. L’Europe, c’est très peu
661 e, multipliés par une culture qui a fait le Monde et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 40. Loui
662 s m’ont fait remarquer qu’ils avaient dans l’État et donc sur la tribune officielle le même rang qu’un préfet ou un généra
663 Rougemont Denis de, « L’Université par l’Europe et vice versa », Cadmos, Genève, hiver 1979, p. 31-39.
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
664 re de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des traits spécifiques de l’h
665 est le Réalisé, en complète indifférence au monde et aux affaires du monde, en parfait détachement de tous liens. Sans feu
666 u ni lieu, il est comme Shiva le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est sa demeure, le Ciel son toit. — bouddh
667 est la nature originelle de l’homme. » — judaïsme et christianisme : ces versets que tout homme cultivé en Occident connaî
668 permanente », décrivent l’homme comme « étranger et voyageur sur la Terre », ou déclarent que « dans les cieux est notre
669 re droit de cité » (notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les mystiques de l’Inde, de la Chine, de la Perse, de l’isla
670 la Perse, de l’islam, de la chrétienté médiévale et renaissante ont toutes des sentences, poèmes, prières ou oraisons jac
671 s sur la nature pérégrine, a-topique de l’homme — et cela d’autant plus qu’il est plus spirituel ou libéré, d’autant moins
672 ui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et radicale. Pourtant, elle touche l’Histoire à sa fin, elle apparaît do
673 endante, mais qui touche à l’Histoire, la termine et s’y substitue. 4. Le passage, le glissement de la Nouvelle Jérusalem
674 , n’a fait que placer dans le temps de l’Histoire et l’espace de la Terre une cité idéale inspirée du non-lieu transcendan
675 alem, anticipant ainsi sur ce qui doit se révéler et avoir lieu le temps venu, in illo tempore. Thomas More sait que le Ro
676 », donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire et notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien résisterait-il touj
677 stre. Comment le chrétien résisterait-il toujours et partout au glissement de sens et d’attitude de la mystique à l’histoi
678 rait-il toujours et partout au glissement de sens et d’attitude de la mystique à l’histoire, de « ce qui vient » sans fin
679 sation, la profanisation du non-lieu transcendant et de la cité spirituelle, son transfert de plus en plus abusif, dans le
680 plus en plus abusif, dans le temps de l’Histoire et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiqu
681 stoire et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiques. Tout cela va se produire dans l’époque
682 que même où se développent les sciences physiques et la technique, et à partir des mêmes attitudes mentales qui conduisent
683 veloppent les sciences physiques et la technique, et à partir des mêmes attitudes mentales qui conduisent logiquement à ce
684 entales qui conduisent logiquement à ces sciences et conditionnent ces techniques. 5. On parle toujours de Francis Bacon,
685 éenne qui a rendu possible la technique ; le lieu et la formulation d’une structure mentale mécaniste, géométrique, analyt
686 nt cette activité de l’homme en soi, indépendante et qui le rend indépendant du lieu (topos) et du temps : activité utopiq
687 ndante et qui le rend indépendant du lieu (topos) et du temps : activité utopique par définition. Elle présente ceci de no
688 ent : au lieu du bois, des feuilles, de la paille et du lin, elle nous compose un environnement de métal, de verre, de min
689 un environnement de métal, de verre, de minéraux et de plastique, bref de matériaux non biodégradables ; puis par la mult
690 tificiels ou artefacts, des gadgets électroniques et des appareils inusables et parfaitement immuns remplaçant reins ou pa
691 gadgets électroniques et des appareils inusables et parfaitement immuns remplaçant reins ou pancréas, mains ou jambes, bi
692 lle vise à l’élimination des contraintes de lieux et de dépendances naturelles. Elle ne bute contre ses limites qu’au mome
693 agogie des catastrophes. 6. Cette même attitude, et cette même mentalité névrotique vont rendre possible et bientôt néces
694 te même mentalité névrotique vont rendre possible et bientôt nécessaire la forme politique de la technocratie : l’État-nat
695 ise d’un appareil administratif sur un territoire et sa population, l’encadrement géométrique et le quadrillage policier d
696 toire et sa population, l’encadrement géométrique et le quadrillage policier d’une réalité vivante et mouvante, ethnolingu
697 et le quadrillage policier d’une réalité vivante et mouvante, ethnolinguistique et affective, qu’on appelait autrefois la
698 ne réalité vivante et mouvante, ethnolinguistique et affective, qu’on appelait autrefois la patrie (terre des pères) puis
699 a Révolution française, la communauté idéologique et passionnelle des républicains). Cela commence en 1789 avec le discour
700 otiques au sens premier — des réalités régionales et des libertés provinciales, sous le prétexte qu’elles s’appelaient « p
701 l’évolution de la psychologie, de la psychiatrie et de la pensée politique en cette fin du xviiie siècle.46 Tout cela v
702 s. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre et dessiné pour les besoins de la mobilisation la plus rapide par un Cen
703 réalités historiques, géographiques, culturelles et sur des lieux dont elle ignore et nie les caractéristiques infiniment
704 es, culturelles et sur des lieux dont elle ignore et nie les caractéristiques infiniment différentes, non comparables, c’e
705 rentes, non comparables, c’est-à-dire concrètes ; et cela, en vertu d’une préoccupation unique : la préparation à la guerr
706 on à la guerre nationale, le contrôle préfectoral et la levée des impôts au nom et au profit de la seule capitale et des s
707 ontrôle préfectoral et la levée des impôts au nom et au profit de la seule capitale et des seuls intérêts du parti qui s’e
708 s impôts au nom et au profit de la seule capitale et des seuls intérêts du parti qui s’est emparé des leviers de commande
709 Grande-Bretagne, ses échecs pathétiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’il nous mène inexorablement, par les méca
710 ions. Contre l’État-nation, expression implacable et proprement catastrophique de l’utopie technocratique, une seule parad
711 pie pure. Je réponds que la région dont je parle, et que je n’ai cessé de définir comme un « espace de participation civiq
712 x régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour décle
713 anella, de Fourier, est projection dans un avenir et dans un espace donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce n’est d’
714 ies sont « statiques par hypothèse ». Elles sont, et je le cite : « des programmes d’action masqués sous le déguisement d’
715 uisement d’une sociologie descriptive imaginaire, et l’acte qu’elles essaient de susciter est presque toujours la fixation
716 irituelle de la Nouvelle Jérusalem (Apoc. ch. III et XXII) est la promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous ir
717 sprit toujours instant, dynamisme pur de l’avenir et du futurum aeternum ; du dieu qui vient sans fin vers nous — Dieu à-v
718 a — hélas, beaucoup trop simplifié — au très haut et profond chef-d’œuvre d’Henry Corbin, En islam iranien, 4 vol., Gallim
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
719 Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)o « Il faut, dans nos temps modern
720 tte phrase qu’il me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi les plus souvent citées de Mme de Staël, sait-
721 agne ? J’ignorais cela jusqu’à ces derniers jours et c’était bien. La postérité a eu raison de laisser éclore cette petite
722 rtant pour en faire la devise de l’œuvre entière. Et ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue su
723 sprit. Il y en avait 29, dont une seule, la vingt et unième, paraissait pouvoir s’appliquer à l’expression d’« esprit euro
724 esse « l’esprit de parti », « l’esprit national » et « l’esprit du corps ». L’esprit européen, me semble-t-il, pourrait se
725 long de ses deux grands livres, De la Littérature et De l’Allemagne, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout
726 la Littérature et De l’Allemagne, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’associer les e
727 ersités nationales dans les lettres, les sciences et les mœurs ; comme une aspiration à l’œcuménisme entre catholiques et
728 e une aspiration à l’œcuménisme entre catholiques et protestants, et comme le règne, enfin, de la Morale au-dessus de tous
729 à l’œcuménisme entre catholiques et protestants, et comme le règne, enfin, de la Morale au-dessus de tous les intérêts, f
730 ines saintes une étincelle qui ranime la religion et la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qu
731 qui ne désespèrent pas encore de la race humaine, et veulent lui conserver l’empire de la pensée.47 Cette société des ho
732 hilosophie ou les lettres, les sciences physiques et naturelles ou la religion, l’archéologie, l’histoire ou la poésie, n’
733 e Thomas More, puis le projet plus détaillé conçu et décrit par Leibniz, d’une Académie de l’Europe ? L’idée vient d’en êt
734 du côté de Genève comme on pouvait s’y attendre, et je forme ici le vœu qu’elle se réalise, sous le patronage de celle qu
735 patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice et la présidente idéale, Germaine de Staël. 2. Au principe dynamique et
736 ale, Germaine de Staël. 2. Au principe dynamique et structurant de l’esprit européen, Madame de Staël retrouve le secret
737 onde le réel humain sur l’harmonie des contraires et la coïncidence des opposés, sur le principe des diversa non adversa,
738 opposés, sur le principe des diversa non adversa, et plus tard, — de J.-J. Rousseau aux personnalistes des années 1930 et
739 J.-J. Rousseau aux personnalistes des années 1930 et aux fédéralistes actuels — sur l’unité dans la diversité. « Ce qui s’
740 sité. « Ce qui s’oppose coopère — dit Héraclite — et de ce qui diverge procède la plus belle harmonie. » Or, toutes les an
741 ie. » Or, toutes les analyses de nos tempéraments et de nos styles de création, anglais, français, italien et allemand, co
742 os styles de création, anglais, français, italien et allemand, conduisent Mme de Staël par un mouvement qu’on dirait simpl
743 qu’on dirait simplement de sensibilité, à épouser et prolonger cette tradition qui est celle de la vitalité de la culture
744 t celle de la vitalité de la culture occidentale, et qui conduit en tous domaines à unir dans le respect et la force du di
745 i conduit en tous domaines à unir dans le respect et la force du divers, qu’il s’agisse de sagesse ou de science, de relig
746 il s’agisse de sagesse ou de science, de religion et c’est l’œcuménisme, ou de politique et c’est le fédéralisme. Rien de
747 e religion et c’est l’œcuménisme, ou de politique et c’est le fédéralisme. Rien de plus étranger à ce mouvement de l’espri
748 ropéen comme un tableau dont les contrastes mêmes et les nuances aussi sont le message. Écoutons-là ! Les nations doivent
749 doivent se servir de guides les unes aux autres, et toutes auraient tort de se priver des lumières qu’elles peuvent mutue
750 e, le gouvernement, contribuent à ces diversités, et nul homme quelque supérieur qu’il soit, ne peut deviner ce qui se dév
751 t dans l’esprit de celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air ; on se trouvera donc bien en tout pays d’accuei
752 nne par excellence, n’est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposition climatérique, historiq
753 l’opposition climatérique, historique, culturelle et surtout religieuse entre le nord et le midi du continent. Je note ici
754 e, culturelle et surtout religieuse entre le nord et le midi du continent. Je note ici, pour y revenir tout à l’heure, que
755 e même de notre histoire, par le christianisme, —  et je cite : La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord e
756 gion chrétienne a été le lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des
757 re, dans une opinion commune des mœurs opposées ; et , rapprochant des ennemis, elle en a fait des nations dans lesquelles
758 es fortifiaient le caractère des hommes éclairés, et les hommes éclairés développaient l’esprit des hommes énergiques. Ce
759 les siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les
760 esseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n
761 irrite et s’en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans les diver
762 u’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religion chrétienne y a puissamment contribué.50 Bien dira-t-on,
763 poir, la chrétienté, Nord réformé, Sud catholique et orthodoxe ? Réponse de Mme de Staël : Le protestantisme et le cathol
764 xe ? Réponse de Mme de Staël : Le protestantisme et le catholicisme ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes et Lut
765 me ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes et Luther. C’est une pauvre manière de considérer l’histoire que de l’at
766 e de l’attribuer à des hasards. Le protestantisme et le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances
767 tions parce qu’elles existent dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’u
768  : Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’universalité des chrétiens aspire à professer la même religion
769 professer la même religion théologique, politique et morale, mais avant que ce miracle soit accompli, tous les hommes qui
770 le soit accompli, tous les hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici r
771 ipe de toute morale européenne. Or, cette morale, et voilà la nouveauté très singulière à cette date de 1809 où le césaris
772 doit primer non seulement sur les intérêts privés et personnels, mais sur les intérêts publics et nationaux. Mme de Staël
773 ivés et personnels, mais sur les intérêts publics et nationaux. Mme de Staël précise : L’intérêt national lui-même doit ê
774 ux pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et elle a des mots très durs contre le phénomène de la nation au nouveau
775 erme, qui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui l’État-nation : Quand une réunion quelc
776 e de Staël ajoute une exigence encore plus neuve, et qui prend de nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans la pré
777 3 Méditons cela devant les centrales nucléaires et devant les manipulations génétiques qu’on nous annonce pour demain. M
778 n de « sacrifier la morale à l’intérêt national » et plus l’État se gardera de faire participer les citoyens aux affaires
779 État : La grandeur des États chez les modernes, et la concentration du pouvoir des monarques ont rendu pour ainsi dire,
780 nt capables de comprendre les affaires de la cité et d’y faire entre leur voix. « Dans l’enceinte des petits États, la li
781 ’est là supposer le problème résolu ? Oui certes, et le mathématicien répondra mieux que moi sur ce point. Je doute d’aill
782 lit ou se relit en filigrane dans De l’Allemagne, et les quelques phrases un peu plus explicites que je viens de citer suf
783 t à faire comprendre pourquoi Napoléon fit saisir et détruire le livre dès sa publication en 1810. Mais combien faut-il re
784 e la culture européenne — au sens le plus moderne et le plus large du mot « culture » — Mme de Staël n’ait pu donner pour
785 non seulement sur la culture, mais sur la morale, et que c’est elle, non la morale, qui imposerait à la politique ses prét
786 iques » avec les succès que l’on sait : inflation et chômage en Occident, dictatures et famines dans le tiers-monde. Mme d
787 it : inflation et chômage en Occident, dictatures et famines dans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’eût pas pr
788 lui dont les avantages sont les plus certains » — et comme Goethe l’a dit après elle : que la culture « accroît autant que
789 lture « accroît autant que l’échange des produits et denrées la richesse et le bien-être général de l’humanité »56. Car el
790 que l’échange des produits et denrées la richesse et le bien-être général de l’humanité »56. Car elle savait surtout que l
791 fait au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture, le sens grec de la mesure, mais aussi de l’aventure, le s
792 ête spirituelle, plus tard un peu de folie slave, et le sens chrétien de l’amour qui tout embrasse, — pour cet homme elle
793 les trois derniers chapitres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’il est de tous les sentiments celui qui rend le plus
794 fluence des passions sur le bonheur des individus et des nations, 1796, Introduction, p. 19-20. 56. Op. cit., Tome XI, D
795 s traductions, 1814, Œuvres complètes, Tome XVII, et Goethe : Gespräche (zu Mickiewicz), 1829. o. Rougemont Denis de, « 
796 1829. o. Rougemont Denis de, « Madame de Staël et “l’esprit européen” », Cadmos, Genève, été 1980, p. 5-11.
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
797 (printemps 1981)p À la fois terreau nourricier et floraison de ces variations religieuses, au sein d’une Curepente qui
798 rtir de sources au moins diverses : Athènes, Rome et Jérusalem, bien sûr, mais aussi les apports germaniques, celtiques, p
799 apports germaniques, celtiques, plus tard arabes, et enfin slaves, partout agissant mais inégalement. D’où l’unité, ou la
800 u la communauté de base de la culture européenne, et les diversités si caractéristiques de l’être européen. La perception
801 elle se constitue dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce
802 echerche sur l’Europe telle que l’ont vue, perçue et définie dans son ensemble les philosophes, les géographes, les politi
803 e les philosophes, les géographes, les politiques et les poètes, et cela d’Hésiode à nos jours, au cours des 28 derniers s
804 es, les géographes, les politiques et les poètes, et cela d’Hésiode à nos jours, au cours des 28 derniers siècles. Demando
805 grand commun dénominateur entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest. Ni race, ni langue, ni conditions naturelles, gé
806 inateur entre les Européens de Gibraltar à Moscou et du cercle polaire à l’île de Chypre, c’est sans doute la religion chr
807 e Chypre, c’est sans doute la religion chrétienne et son empreinte même sur les incroyants. Mais la religion chrétienne n’
808 uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses variétés rendent compte des variétés de l’être européen, selon qu
809 formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard, brochant sur l’héritage commun de Rome, par Wittenberg ou
810 éforme de Luther dominant le Nord, les Allemagnes et la Scandinavie, et Réforme de Calvin pénétrant la France du Midi, l’E
811 minant le Nord, les Allemagnes et la Scandinavie, et Réforme de Calvin pénétrant la France du Midi, l’Espagne pour un temp
812 Espagne pour un temps bref, l’Écosse, la Hollande et la Rhénanie durablement, mais aussi la Pologne et la Hongrie. Je ne p
813 et la Rhénanie durablement, mais aussi la Pologne et la Hongrie. Je ne puis ici qu’indiquer l’importance historique de l’i
814 e des structures de réactions politiques au xvie et au xixe siècle, par exemple entre le Gdansk réformé des bourgeois pr
815 dansk réformé des bourgeois progressistes de 1560 et le Gdansk contestataire des ouvriers de l’été 1980. Il semble que l’é
816 le fait des luttes entre luthériens, calvinistes et sociniens (antitrinitaires), entre factions ou sectes, comme c’est le
817 . Le plus grand dénominateur commun des Européens et les combinaisons spéciales de quatre confessions dans les pays de l’E
818 ns les pays de l’Est, annoncent à la fois l’unité et les antinomies persistantes entre nations de l’Est et de l’Ouest, du
819 es antinomies persistantes entre nations de l’Est et de l’Ouest, du Moyen Âge à la dernière guerre et de celle-ci à la pér
820 et de l’Ouest, du Moyen Âge à la dernière guerre et de celle-ci à la période post-stalinienne. Mais c’est déjà au xve si
821 que sur ce fond religieux commun vont se détacher et s’affronter les églises humaines au sein de l’Église du Christ, et pa
822 s églises humaines au sein de l’Église du Christ, et par exemple au xve siècle l’Église hussite de Bohême contre l’Église
823 nisation de l’Europe, ce qui est plus surprenant. Et il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste et poète Æneas Sylvi
824 il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste et poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui fut le premier à parler de l
825 l’humaniste et poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui fut le premier à parler de l’Europe comme de « notre patrie » au
826 xploite des mines de charbon en Autriche voisine, et ce Marini lui a beaucoup parlé du Plan d’union des royaumes chrétiens
827 ans plus tôt. Podiebrad reprend l’idée de Dubois et en précise les conséquences politiques dans un gros ouvrage écrit en
828 s qui porte ce titre français : Traité d’alliance et confédération entre le Roy Louis XI, Georges roy de Bohême et la seig
829 tion entre le Roy Louis XI, Georges roy de Bohême et la seigneurie de Venise, pour résister au Turc. (Byzance est tombée q
830 faire participer à son traité les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais le p
831 ne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais le pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’il
832 es ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais le pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’il ait échoué devant l’indiffére
833 u’il ait échoué devant l’indifférence de Louis XI et la résistance de Pie II, au pouvoir duquel il entendait faire pièce,
834 ce du continent comme unité politique virtuelle — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Eu
835 diebrad décrit longuement, en phrases redondantes et fleuries, les organes d’une véritable Confédération continentale, lim
836 emblée fédérale formée d’ambassadeurs des Princes et des communes, munis des plus larges pouvoirs et votant à la majorité
837 s et des communes, munis des plus larges pouvoirs et votant à la majorité simple ; d’une Cour de justice ; d’une procédure
838 e d’arbitrage international ; d’une armée commune et d’une assistance mutuelle « sans même qu’il l’ait requise à notre col
839 dernier article qui provoqua la colère de Pie II et l’échec du Plan de Podiebrad. Deux siècles plus tard, exactement, l’i
840 exposent sa Didactica magna ou Grande Didactique, et son traité de la « Panpaedie » (resté inédit de son vivant et dont le
841 é de la « Panpaedie » (resté inédit de son vivant et dont le manuscrit a été retrouvé à la veille de la dernière guerre da
842 l’esprit humain grâce au parallélisme de l’homme et de la nature, entraîne, par son ordre même, le processus éducatif. C’
843 le principe enseignant, mais c’est un ordre actif et l’éducateur ne saurait accomplir sa tâche qu’en demeurant un instrume
844 c le processus formateur qui anime tous les êtres et n’est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou «
845 rrespond la remontée au niveau du travail humain, et cette remontée préparant le retour millénaire fusionne en un même tou
846 même tout le développement spontané de la nature et le processus éducatif. C’est pourquoi celui-ci n’est pas limité à l’a
847 i celui-ci n’est pas limité à l’action de l’école et de la famille, mais est solidaire de la vie sociale tout entière : la
848 l’idée « pansophique » : « enseigner tout à tous et à tous les points de vue », ainsi que l’union fondamentale de l’idéal
849 insi que l’union fondamentale de l’idéal éducatif et de l’idéal d’organisation internationale… Le génie de Comenius est d’
850 es aspects des mécanismes formateurs de la nature et d’avoir ainsi intégré le processus éducatif dans un système tel que c
851 lus agitées. Comenius perd ses parents très jeune et son éducation sera négligée : il ne peut commencer des études latines
852 Trente Ans, marque aussi le début de ses malheurs et pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est
853 ses malheurs et pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Po
854 ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Pologne, où les frères moraves ont plusieurs centres. I
855 rojet de réforme du genre humain par la pédagogie et par la conciliation des Églises. Il hésite un temps à accepter une in
856 irs philosophiques, théologiques, scientifiques), et se décide finalement à aller plutôt en Suède entreprendre la réforme
857 en Pologne, d’où l’invasion suédoise le chassera, et au passage brûlera sa bibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enf
858 e chassera, et au passage brûlera sa bibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enfin, il s’établit en Hollande où il fin
859 il s’établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée après sa mort une première grande édition de ses œuvr
860 je vois que la Didactica Magna, écrite en tchèque et traduite par l’auteur en latin, a été traduite depuis un siècle en fr
861 is, en anglais, en espagnol, en italien deux fois et en allemand cinq fois ! Par ailleurs, on donne une liste de 32 volume
862 des développées consacrées à Comenius, entre 1881 et 1957. On ne saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été mécon
863 opéen, de l’unité spirituelle de l’Europe qui fut et qui est encore, plus qu’on ne le croit, celle des grands penseurs de
864 a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’ingratitud
865 dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’ingratitude qui a touché parfois à la tra
866 paysanne, devenu professeur au Collège de France et mort en Grèce, Mickiewicz a lutté toute sa vie pour la libération de
867 tté toute sa vie pour la libération de sa patrie, et n’a cessé d’appeler à son aide l’Europe des peuples — celle des gouve
868 ologne annexée par les Autrichiens, les Allemands et surtout les Russes. Liberté, pour lui, signifie liberté des peuples.
869 sement plus ! De son œuvre considérable, poétique et politique indissolublement, je ne citerai ici que le Livre des Pèleri
870 ns la capitale du monde, elle jugera les nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’étais attaquée par les brigands
871 re : Voilà que j’étais attaquée par les brigands, et je criai vers toi, nation, afin d’avoir un morceau de fer pour défens
872 tion, afin d’avoir un morceau de fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Ma
873 eau de fer pour défense et une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Mais cette nation répondra :
874 tte nation répondra : Quand m’avez-vous appelée ? Et la Liberté répondra : J’ai appelé par la bouche de ces pèlerins, et t
875 ndra : J’ai appelé par la bouche de ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où il y aura le sif
876 servitude, là où il y aura le sifflement du knout et le cliquetis des ukases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’é
877 e sifflement du knout et le cliquetis des ukases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’étais dans la peine et la mis
878 dira à la seconde nation : J’étais dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et
879 onde nation : J’étais dans la peine et la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et des secours,
880 t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la nation répond
881 nation, la protection de tes lois et des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la nation répondra : Madame quan
882 des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la nation répondra : Madame quand êtes-vous venue à moi ? Et la Liber
883 n répondra : Madame quand êtes-vous venue à moi ? Et la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerin
884 Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerins, et tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là où il y aura le siffl
885 servitude là où il y aura le sifflement du knout et le cliquetis des ukases. Je vous le dis en vérité, votre pèlerinage s
886 es ont rejeté votre pierre de l’édifice européen, et voici que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef de vo
887 ci que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera,
888 ngulaire et la clef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera
889  ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se relèvera point
890 et celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique européen il ne re
891 contre elle, il tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique européen il ne restera pas pierre sur pier
892 européen il ne restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotisme étranger comme à une enclume sourde : Ô de
893 uvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et r
894 ions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reco
895 rteau. Et il vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pa
896 era un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri sera repris qu
897 qui lutta contre l’invasion russe, mais en vain, et Petőfi fut tué en combattant. Voici le début de son poème de 1848, in
898 ope se tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonn
899 appel dramatique « Nous t’avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. » Mea culpa… Mais ce colloque
900 t enfin nous décider à percevoir la voix profonde et l’appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leur
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
901 par ordre. Dans l’ordre de la preuve. Prudemment et pas à pas ». C’est la méthode que préconise B.-H. Lévy dans L’Idéolog
902 ement, pour l’auteur, de dénoncer comme fascistes et nazis bien moins ceux qui s’avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux
903 tes et nazis bien moins ceux qui s’avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux qui furent vilipendés, condamnés et emprisonn
904 hèrent, que ceux qui furent vilipendés, condamnés et emprisonnés pour avoir combattu, par leurs écrits et par leur engagem
905 emprisonnés pour avoir combattu, par leurs écrits et par leur engagement concret, le « socialisme national » d’Hitler, alo
906 ! On va voir ce que celui-ci permet déjà d’écrire et de publier — pas seulement à des imbéciles. J’ai deux raisons majeure
907 ait B.-H. Lévy le problème du fascisme en général et de ses résurgences toujours possibles. À ce danger s’ajoute celui de
908 la nature du mal à combattre, insulte la mémoire et dénature les œuvres de ceux qui l’ont combattu les premiers, au face
909 paraissait invincible. Ni les causes historiques et psychologiques, ni les effets mortels du phénomène ne sont un seul in
910 ascistes noirs, rouges ou bruns : il n’en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et t
911 même pas dans le ton de son discours, arbitraire et tranchant, et pas un instant libéral. D’ailleurs, l’absence pathologi
912 le ton de son discours, arbitraire et tranchant, et pas un instant libéral. D’ailleurs, l’absence pathologique de toute t
913 r la mémoire d’Emmanuel Mounier, d’Arnaud Dandieu et de Robert Aron, qui ne sont plus là pour rétablir la vérité sur leur
914 nt plus là pour rétablir la vérité sur leur œuvre et sur leur combat. Afin que ces amis ne soient plus impunément « livrés
915 ont correctement transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (les mots qui me sont at
916 s par l’auteur sont en italiques). Citations I et II Pour illustrer ce qu’il appelle la naissance du fascisme en Fra
917 engoncés dans leurs “faux cols”, leurs “rosettes” et leurs “chapeaux melons”1) ». La note1) renvoie à un article de moi pu
918 ite les déclarations non moins antiparlementaires et antidémocratiques d’autres pionniers du fascisme français tels que Th
919 çais tels que Thorez, Drieu, Romain Rolland, Aron et Dandieu, Mounier, Jean Giraudoux, etc. À la p. 30, nouvelle citation
920 ce du jeune nazi (« fier de son corps vigoureux » et « appuyé sur sa race ») et comparez l’émoi de Denis de Rougemont deva
921 son corps vigoureux » et « appuyé sur sa race ») et comparez l’émoi de Denis de Rougemont devant ces « jeunesses bottées,
922 -ce possible ? « “Engoncés” » dans leurs rosettes et leurs chapeaux melons… Cela ne peut pas être de moi, tout de même — q
923 blement qu’entre un vieux sénateur radical décoré et un jeune SA, le dialogue me semblait difficile. C’était exact. Un ami
924 e réponse à une enquête sur la jeunesse française et la guerre. Voici le passage incriminé — et disloqué, comme on va le v
925 nçaise et la guerre. Voici le passage incriminé — et disloqué, comme on va le voir — par Lévy : En face de jeunesses bott
926 l de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qu
927 st plus contemporaine des nations qui l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait. Et j’ajoutais un peu plus loin que
928 l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait. Et j’ajoutais un peu plus loin que le problème de la jeunesse française
929 celui de « la destruction des tyrannies racistes et collectivistes au nom de la personne, seul fondement de l’universel »
930 paraison. Il les sépare par une douzaine de pages et cela change tout. Le premier terme devient une déclaration de guerre
931 le contexte condamne sans appel fascisme, nazisme et stalinisme. Citations III, IV et V Pour accréditer l’idée parti
932 isme, nazisme et stalinisme. Citations III, IV et V Pour accréditer l’idée particulièrement aberrante d’une collusio
933 lusion entre le personnalisme, l’Action française et Romain Rolland dans un culte commun du fascisme, Lévy cite le fameux
934 (1933) intitulé « Rupture entre l’ordre chrétien et le désordre établi ». Mounier et Maritain s’y exprimaient comme catho
935 l’ordre chrétien et le désordre établi ». Mounier et Maritain s’y exprimaient comme catholiques, André Philip et moi comme
936 n s’y exprimaient comme catholiques, André Philip et moi comme protestants, Nicolas Berdiaev comme orthodoxe, et Charles D
937 me protestants, Nicolas Berdiaev comme orthodoxe, et Charles Dulot comme agnostique sympathisant avec nos positions. En fi
938 , bien sûr, qui fustige avec ardeur le « stupre » et le « cloaque » de ce grand corps malade qu’est le tout-État démocrate
939 t la vieille gauche aussi bien, celle de Barbusse et de Rolland, qui chante les « cuisses dures d’une dictature qui chevau
940 s dures d’une dictature qui chevauche les peuples et les libère des clôtures de la pseudo-démocratie ». C’est les nouveaux
941 utta courageusement contre la démocratie libérale et parlementaire » et dont la « critique » est, malgré ses « troubles or
942 contre la démocratie libérale et parlementaire » et dont la « critique » est, malgré ses « troubles origines », un « acqu
943 s », un « acquis définitif du personnalisme7) » ; et c’est la jeune droite qui, avec Bardèche ou Drieu, s’engage à « march
944 eu des falsifications s’élève ici à la préciosité et vaut d’être suivi de très près, car il exemplifie la méthode de l’aut
945 utta courageusement contre la démocratie libérale et parlementaire, mais au profit d’un conformisme traditionaliste compro
946 néreuses dans de vagues compromissions politiques et une idéologie périmée. » Ce que le lecteur peut vérifier, c’est que
947 u surplus, il n’est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de raisons de m’intéresser aux démêlés en
948 raisons de m’intéresser aux démêlés entre Maurras et le Vatican.) Il y a donc triple falsification : — la phrase citée ne
949 n’est de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La démocratie, selon les personnalistes, ne serait « qu’une cu
950 de parler longuement de la « mesure soviétique » et de la « mesure nationale-socialiste ». Et j’écris : Si nous condamno
951 tique » et de la « mesure nationale-socialiste ». Et j’écris : Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, a
952 ’un acte de foi contraire. Elles veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nou
953 la vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre m
954 soudra en création le vieux conflit de l’individu et de la masse. […] — Car notre force est personnelle, non collective. E
955 use encore ce nom — la fédération, non la masse ; et non la tyrannie d’un seul et non le gigantisme national. Lévy croit
956 tion, non la masse ; et non la tyrannie d’un seul et non le gigantisme national. Lévy croit devoir préciser (note 12 p. 2
957 dividualisme ». S’il m’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la religion collectivi
958 . Revel61, que dans la distinction entre individu et personne se fonde la notion chrétienne de l’homme telle que l’ont éla
959 Augustin entre les deux, plus tard Thomas d’Aquin et les frères de Saint-Victor, enfin Kant… Les personnalistes des années
960 dividu dont le symptôme est l’absence de civisme, et la centralisation étatique en route vers l’État totalitaire ? C’est,
961 ous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et XI Mais voilà qui est plus grave encore et révèle chez notre auteu
962 , X et XI Mais voilà qui est plus grave encore et révèle chez notre auteur une incapacité fondamentale à comprendre le
963 tun d’attaquer. Car plutôt qu’à des livres connus et encore accessibles dans les bibliothèques, voire en librairie, il est
964 plupart à des petites revues publiées entre 1932 et la guerre. Un nombre infime de lecteurs d’aujourd’hui en possèdent en
965 ’aujourd’hui en possèdent encore des collections, et la plupart sont introuvables, sauf à la Bibliothèque nationale. Ce pr
966 u rabais. Les révolutions triomphantes sont aussi et d’abord des “révolutions avortées”58) ». Reportons-nous aux pages ci
967 e », l’adjectif « beau » est de Lévy, non de moi, et cela change le sens du passage ; — je n’ai pas écrit : « qui rend com
968 mais bien : « qui rend compte du tout de l’homme et de ses fins les plus lointaines°. — les mots « révolutions avortées »
969 tées » qu’il cite ne figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond : — je ne parle pas du tout « d’expérience
970 ion entre la sommation (au double sens d’ordonner et de totaliser) que Dieu adresse à l’homme, d’une part, — et l’ensemble
971 aliser) que Dieu adresse à l’homme, d’une part, —  et l’ensemble des décrets d’un tyran d’autre part, ne mérite pas le nom
972 sont anticapitalistes, donc contre l’Argent-roi, et donc selon B.-H. Lévy, antisémites ; non seulement ils sont anti-indi
973 sont anti-individualistes, donc antidémocratiques et donc fascistes ; non seulement ils sont en « émoi » devant les bottes
974 seulement ils sont en « émoi » devant les bottes et les chemises ouvertes, donc nazis ; non seulement ils se veulent plus
975 ls se veulent plus totalitaires que les fascistes et les staliniens, mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils
976 que les fascistes et les staliniens, mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Am
977 scistes et les staliniens, mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Amérique !
978 e a-t-elle commis […] pour qu’on puisse l’accuser et avec une telle outrance, de « consacrer la pire dégradation qu’une ci
979 is vingt ans, nous ont valu la guerre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une certaine attitude humaine. Cette a
980 ité, pour qui va au fond des choses, matérialiste et abstraite à la fois. Elle donne la primauté à l’avoir sur l’être, à l
981 à l’irresponsable sur le responsable, à la masse et à l’individu abstrait sur la personne concrète. Machiniste et product
982 idu abstrait sur la personne concrète. Machiniste et productiviste, elle consacre la pire dégradation qu’une « civilisatio
983 s personnalistes à leurs adversaires de toujours, et de déceler dans leurs critiques et leurs refus autant de preuves de l
984 s de toujours, et de déceler dans leurs critiques et leurs refus autant de preuves de leur fascination par les nazis, est-
985 ais expliqué son trajet du totalitarisme marxiste et du national-socialisme chinois au capitalisme libéral et à la défense
986 ational-socialisme chinois au capitalisme libéral et à la défense de l’Argent comme symbole de la démocratie ? Citation
987 ’une psychanalyse de ces palinodies inexpliquées, et pour achever de décrire la méthode de l’auteur, il est intéressant de
988 -H. Lévy, qui me traite à tout hasard de fasciste et de nazi, se garde bien de citer un seul de mes ouvrages intégralement
989 seul de mes ouvrages intégralement antifascistes et antinazis, de Politique de la personne (1934) à La Part du diable
990 e langue française n’a publié autant de pages sur et contre Hitler. Vraiment, Lévy choisit mal ses nazis. C’est qu’en somm
991 e — du prétendu « socialisme national » d’Hitler, et de ses profondes analogies avec le jacobinisme, premier modèle bien f
992 elles sont demeurées un mixte de traditionalisme et de parafascisme. En écrivant cela, le président du comité de rédacti
993 tion du personnalisme en tant que « communautaire et anti-individualiste » (Lévy), c’est-à-dire, dans la traduction au moi
994 oins très libre de Raymond Aron « traditionaliste et parafasciste »63. On a bien entendu : les idées d’ Esprit et de L’O
995 ste »63. On a bien entendu : les idées d’ Esprit et de L’Ordre nouveau , c’est-à-dire de Mounier, de Robert Aron et Arna
996 nouveau , c’est-à-dire de Mounier, de Robert Aron et Arnaud Dandieu, d’Alexandre Marc, de moi-même, ont « accédé au pouvoi
997 La primauté de l’esprit sur les mythes collectifs et de la personne sur l’État-nation ? Le minimum vital ? Le service civi
998 ce compte-là la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées auraient-elles « accédé au pouvoir » à Vichy ? Un p
999 aiment puisé leur inspiration politique (Montoire et la collaboration, le Vel’ d’Hiv’ et l’antisémitisme, l’État central,
1000 que (Montoire et la collaboration, le Vel’ d’Hiv’ et l’antisémitisme, l’État central, exerçant son commandement « de haut
1001 ersonnalistes aient « accédé au pouvoir » à Vichy et cela « à la faveur » de la « catastrophe nationale » de juin 1940, co
1002 ligé de fuir dans un camp de réfugiés en Suisse ; et moi, officier à l’état-major général de l’armée suisse, organisant en
1003 ment de résistance à la fois civile (ouvertement) et militaire (clandestinement) dans l’ignorance où je me trouvais d’être
1004 appui des mass médias, de la publicité éditoriale et du goût parisien de créer une école de pensée tous les deux ans, ou à
1005 nu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lévy figurera pour des semaines sur la list
1006 la liste des best-sellers. L’Express qui avalise et amplifie ses calomnies, a tiré ce numéro à 649 950 exemplaires. Avec
1007 cles louangeurs publiés dans la presse littéraire et la complaisance des médias cela fait un bon million de lecteurs et de
1008 e des médias cela fait un bon million de lecteurs et de téléspectateurs qui croiront (s’ils ne m’ont jamais lu) ce qu’écri
1009 nt jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’étais « parafasciste » et pronazi. Mieux encore : da
1010 Aron, et notamment, que j’étais « parafasciste » et pronazi. Mieux encore : dans un périodique nommé Lu, un professeur ag
1011 ni, rend compte avec ferveur du pamphlet de Lévy, et il écrit, à propos de l’avènement de Pétain : « Pêle-mêle les discour
1012 uriféraires, bien connus, les Drieu, de Rougemont et autres Doriot et Darquier de Pellepoix : recours à la Terre, rappel d
1013 connus, les Drieu, de Rougemont et autres Doriot et Darquier de Pellepoix : recours à la Terre, rappel de la Race, éloge
1014 t, amour de la Nation… » Au cas où ce professeur, et quelques autres qui se sont mis dans le même cas, auraient à répondre
1015 duire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’avaient cru, sur la foi de L’Express. Post-scriptum I Les cit
1016 hui ne sachant que très peu ou rien des problèmes et des hommes de cette époque, en déduise que nous adhérions plus ou moi
1017 ou moins consciemment aux doctrines des fascistes et des nazis. Ce lecteur innocent soupçonnera-t-il que l’impayable série
1018 n », l’« homme de gauche », cède au grand vertige et reconnaisse aux fascismes un « élément de santé », une « hauteur de t
1019 n’en peut plus, quand le monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’il est commode de mettre tout le paquet dans les ma
1020 les mains d’un homme, d’attendre les mots d’ordre et d’y obéir aveuglément sous l’alcool de discours héroïques ! Mais tent
1021 s 1981, Louis Seguin rend compte du livre de Lévy et signale les attaques dont il a été l’objet, pour mieux prendre sa déf
1022 rançaise a, semble-t-il, particulièrement choqué… Et pourtant, les arguments de l’accusateur sont irrécusables. Il a eu be
1023 textes qui me paraissent bien plus indiscutables et précis dans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron et Dandieu,
1024 ans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier ou de moi, textes destinés à : 1° démontrer notre
1025 uveau , d’opposer aux révolutions fasciste, nazie et communiste, une révolution de la liberté dont la France serait respon
1026 dans la complicité) : « Quant aux jeunes français et allemands, s’ils dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à êtr
1027 eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phrases sont signé
1028 és de leur contexte, selon sa méthode habituelle. Et sur la présence de Maurice Clavel à Uriage. Il est vrai que c’est Cla
1029 pe Gegner (Les Adversaires) profondément antinazi et lié de près à L’Ordre nouveau . Harro Schulze-Boysen était pour nous
1030 tait pour nous un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus tard le chef du célèbre groupe clandestin L’Orche
1031 e rouge. Les nazis l’ont décapité à la hache, lui et sa femme, pendant la guerre65. Je citerai quelques phrases de sa « Le
1032 du Reich ne peut faire autrement que de condamner et de combattre la tentative d’union entre la France et l’Allemagne d’au
1033 de combattre la tentative d’union entre la France et l’Allemagne d’aujourd’hui… Le problème de l’union franco-allemande ne
1034 …] La jeunesse européenne doit apprendre à penser et surtout à agir sur un plan anticapitaliste et révolutionnaire, c’est-
1035 ser et surtout à agir sur un plan anticapitaliste et révolutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce n’est pas en acceptan
1036 ’Europe, à Francfort, en 1932. Nos liens d’amitié et d’action étaient étroits. Lors d’une rencontre en Suisse (il avait ré
1037 de Bismarck. Post-scriptum III B.-H. Lévy et ses suiveurs opposent aux personnalistes d’ Esprit et de L’Ordre no
1038 s suiveurs opposent aux personnalistes d’ Esprit et de L’Ordre nouveau « l’ultime, l’héroïque sursaut de Bataille et de
1039 uveau « l’ultime, l’héroïque sursaut de Bataille et de ses amis » — il s’agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les
1040 le et de ses amis » — il s’agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs et durs du Collège de sociologie. Que dis
1041 de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs et durs du Collège de sociologie. Que disaient ces auteurs qui les eût d
1042 s parlementaires, par l’américanisme d’imitation, et par l’individualisme bourgeois destructeur de toute vraie communauté 
1043 de sociologie » sur la crise mal dénouée à Munich et sur les prolégomènes à la Seconde Guerre mondiale : Il faut retenir
1044 donné la mesure de l’inconscience, du pharisaïsme et d’un certain don-quichottisme platonique qui paraît de plus en plus c
1045 me individualisme bourgeois par L’Ordre nouveau et par Esprit était une preuve de fascisme ; la critique de l’Amérique
1046 au Collège de sociologie le chapitre de L’Amour et l’Occident traitant de « L’amour et la guerre ». Si un auditeur avai
1047 de L’Amour et l’Occident traitant de « L’amour et la guerre ». Si un auditeur avait pensé que c’était fasciste, il m’au
1048 prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau et l’antifascisme « héroïque » du Collège de sociologie ne faisaient qu’
1049 30 » celle qui lança dès 1932 les revues Esprit et L’Ordre nouveau . Cf la thèse bien connue de J.-L. Loubet del Bayle
1050 Lévy m’attribue si bizarrement devant les bottes et les chemises ouvertes — serait-ce le sien ? Il n’y en a pas traces da
1051 octrine de la personne a été inventée par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 févrie
1052 brune », dans L’Ordre nouveau de décembre 1936, et sous le même titre, les pages de mon Journal d’Allemagne, datées d’av
1053 us de toute solidarité effective avec le prochain et la communauté où il vit. 64. De fait, la lettre n’est adressée qu’à
1054 ’an 2000) paru dans la NRF du 1er janvier 1938, et repris dans les traductions en espagnol (Buenos Aires) et en hollanda
1055 s dans les traductions en espagnol (Buenos Aires) et en hollandais du Journal d’Allemagne . Cf. p. 346 à 348 de la réédit
1056 pe. Mais alors Hitler démasqua l’aspect original ( et non plus jacobin) de la dictature totalitaire : l’impérialisme religi
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
1057 ècle prend un sens très précis, désignant au sein et autour des universités où l’enseignement et les discussions se font e
1058 sein et autour des universités où l’enseignement et les discussions se font en latin, les communautés d’étudiants étrange
1059 Picardie », « la vénérable nation de Normandie », et « la constante nation de Germanie ». L’ensemble des universités médié
1060 li au-dessus des autorités du pays ou de la ville et dépendant de la seule autorité ecclésiastique. Dans le même temps, l’
1061 des provinces espagnoles, italiennes, allemandes et flamandes, nouvellement « réunies » (comme on dit) à la France. Mais
1062 plus en plus la langue savante de l’enseignement et celle de la liturgie, ainsi que la langue des relations entre « natio
1063 la langue des relations quotidiennes : étudiants et maîtres, entre eux, usent couramment de langues vulgaires, cependant
1064 étend en Angleterre, où l’on use aussi du normand et des vieux langages celtes : bas allemand, moyen et haut allemand auto
1065 t des vieux langages celtes : bas allemand, moyen et haut allemand autour desquels se réalise la cristallisation ; castill
1066 esquels se réalise la cristallisation ; castillan et catalan ; toscan et padouan, napolitain, sicilien, etc. En France, en
1067 a cristallisation ; castillan et catalan ; toscan et padouan, napolitain, sicilien, etc. En France, en Italie, en Allemagn
1068 es littératures en langues vulgaires apparaissent et se développent69. 2. Des royaumes aux États, par la Souveraineté
1069 ien avait tenté de renouveler l’imperium romanum, et son roi franc avait tenu à se faire sacrer par le pape de Rome : mais
1070 ler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie et des provinces voisines ». Un autre Germain, Otton Ier le Grand, réuss
1071 e Germain, Otton Ier le Grand, réussira un siècle et demi plus tard (962) à restaurer la dignité impériale : il fonde, en
1072 iale : il fonde, en sa qualité de roi de Germanie et d’Italie, ce qui va devenir sous ses descendants le Saint-Empire roma
1073 pe latin ou de l’empereur germanique (les guelfes et les gibelins) remplira les trois siècles suivants et ne sera tranchée
1074 les gibelins) remplira les trois siècles suivants et ne sera tranchée, en faveur du temporel, mais non de l’empire, que pa
1075 is, plus tard le castillan, entre la fin du xiie et les débuts du xiiie siècle. Les légistes de Philippe le Bel vont pro
1076 le roi de France est « empereur en son royaume » et qu’« il ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de l
1077 erres » : ce rejet de la suprématie de l’empereur et de celle du pape, symboles de la christianitas — qui est alors le seu
1078 absolue, des rois, puis des royaumes, des nations et aujourd’hui des États. Dante sera le témoin consterné de cette profon
1079 , il s’écrie : « Ô genre humain de quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un mo
1080 par Philippe le Bel contre le pape Boniface VIII, et qui sera bientôt suivi de la « captivité babylonienne de l’Église » e
1081 quer l’avènement de l’ère des nations souveraines et rivales succédant à l’ère de la christianitas, seul nom usuel, jusqu’
1082 rer son caractère absolu, inviolable, inaliénable et pour tout dire : sacré, de cette usurpation par les royaumes des pouv
1083 us sans conteste par la papauté pour le spirituel et par l’empire pour le temporel, nonobstant la longue querelle née de l
1084 ation classique a été la civilisation de l’État » et que « c’est au xviie siècle que l’État moderne se constitue ». Mais
1085 t moderne se constitue ». Mais sur quelles bases, et selon quelles définitions ? J’ai lu les 708 pages de ce livre, admira
1086 es 708 pages de ce livre, admirablement illustré, et n’y ai trouvé qu’une seule définition de l’État : « L’État classique
1087 fonction de l’État serait donc la police d’abord, et l’art de métamorphoser l’homme en légume ? Les moyens de l’État, selo
1088 moyens de l’État, selon Chaunu, sont les finances et les armées. « Entre 1600 et 1760, l’État classique voit ses moyens ac
1089 nu, sont les finances et les armées. « Entre 1600 et 1760, l’État classique voit ses moyens accrus dans une proportion var
1090 à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et voici pour l’armée : « Entre 1600 et 1760, les armées de l’Europe cla
1091 es finances. Et voici pour l’armée : « Entre 1600 et 1760, les armées de l’Europe classique quintuplent en nombre, connais
1092 multiplication par cent de leur puissance de feu et surtout changent radicalement de méthode et de technique. » Certes, l
1093 e feu et surtout changent radicalement de méthode et de technique. » Certes, le coût des armes décuple, mais « les armées
1094 ais « les armées renforcent la cohésion des États et sont un facteur décisif de progrès technique » (p. 60 de op. cit.). À
1095 a ne se bornent pas leurs bienfaits : « Dialectes et genres de vie fort divers viennent aussi [par le recrutement] se conf
1096 que serait l’Europe sans ses nations ? » (p. 69) Et voilà justifiées par le bien des États les guerres de succession de P
1097 s de succession de Pologne, d’Espagne, d’Autriche et la guerre de Sept Ans, sans oublier l’écrasante défaite subie par Sou
1098 ferait-on ces guerres qui demeurent les premières et dernières justifications de ces armées dont on vient d’exalter les bi
1099 uvrage. En réalité, l’étude de Jean Bodin est bel et bien celle de la souveraineté, de « la puissance absolue et perpétuel
1100 lle de la souveraineté, de « la puissance absolue et perpétuelle d’une république », qui n’appartient qu’au prince et non
1101 d’une république », qui n’appartient qu’au prince et non aux magistrats élus pour un temps déterminé. Le citoyen est « fra
1102 autorité ». Ses droits ne sont que « privilèges » et révocables à tout instant par le souverain, lequel n’est pas obligé p
1103 el n’est pas obligé par la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce serait crime de lèse-majesté d’opposer le droit rom
1104 n, dans l’esprit des légistes de Philippe le Bel, et relançant ce « mouvement ininterrompu vers la définition d’une souver
1105 inition de la souveraineté, « puissance de donner et de casser la loi, sous laquelle sont compris tous les autres droits [
1106 strats, imposer ou exempter les sujets de charges et subsides, hausser ou baisser le titre, valeur et pied des monnoyes, d
1107 et subsides, hausser ou baisser le titre, valeur et pied des monnoyes, donner la loi à tous en général et à chacun en par
1108 ied des monnoyes, donner la loi à tous en général et à chacun en particulier, et ne la recevoir que de Dieu ». Or cette pu
1109 loi à tous en général et à chacun en particulier, et ne la recevoir que de Dieu ». Or cette puissance ou souveraineté peut
1110 puissance ou souveraineté peut, selon Jean Bodin et ses disciples (jusqu’à nous !), résider dans trois Estats (et trois s
1111 ples (jusqu’à nous !), résider dans trois Estats ( et trois seulement) ou « trois sortes de républiques, à savoir la monarc
1112 épubliques, à savoir la monarchie, l’aristocratie et la démocratie : la monarchie s’appelle quand un seul a la souverainet
1113 narchie s’appelle quand un seul a la souveraineté et que le reste du peuple n’y a que voir ; la démocratie ou l’estat popu
1114 and la moindre partie a la souveraineté en corps, et donne loy au reste du peuple ». Et de montrer longuement que tous les
1115 neté en corps, et donne loy au reste du peuple ». Et de montrer longuement que tous les mixtes de ces trois formes de l’Ét
1116 de ces trois formes de l’État ne sont qu’erreur, et « formes corrompues ». Mais, dira-t-on, cette souveraineté donnée pou
1117 aire ? Bodin répond par sa doctrine de la justice et du « sentiment de la justice » qui oblige le prince à s’acquitter en
1118 libre, cette nation (deux fois), puis cet État — et ainsi de suite pendant tout le chapitre. Le Moyen Âge ne parle guère
1119 itre. Le Moyen Âge ne parle guère que de royaumes et de peuples. Le xvie siècle élabore et précise la notion de souverain
1120 e royaumes et de peuples. Le xvie siècle élabore et précise la notion de souveraineté pour définir l’État, nom qui appara
1121 classique mélange un peu tout, non sans subtiles et précises nuances, qui en disent plus que les définitions, comme dans
1122 randeur des nations, étendue des États : première et principale cause des malheurs du genre humain. » La grandeur est un a
1123 n attribut de la nation, bien sûr, non de l’État, et moins encore du peuple, dont le mieux qu’on puisse dire est « bon peu
1124 ises aux vautours », toujours nées pour la guerre et la domination, et non pour le bonheur du peuple. Le lien originel ent
1125 », toujours nées pour la guerre et la domination, et non pour le bonheur du peuple. Le lien originel entre guerre et natio
1126 bonheur du peuple. Le lien originel entre guerre et nation se retrouve même chez les auteurs les plus modérés de l’époque
1127 tesquieu dans ses Considérations sur les Romains. Et voici qui résume tout cela dans Littré (1865) : « La grande nation, n
1128 tion, nom donné d’abord à la France républicaine, et dont l’empereur Napoléon Ier se servit pour désigner après ses victoi
1129 at-nation J’ai écrit ailleurs71 les émergences et quelques-unes des conséquences historiques du phénomène sociologique
1130 onséquences historiques du phénomène sociologique et /ou religieux qui devait aboutir, pendant la Révolution française, à l
1131 rançaise, à la formation du premier État moderne, et de nos jours à l’État-nation, « libéral » ou totalitaire. Je rappelle
1132 mbinée avec les armements nucléaires, biologiques et chimiques (guerre ABC) peut entraîner la fin du genre humain. Étapes
1133 e au suffrage universel, destitue le roi en 1792, et proclame la République une et indivisible. Puis elle vote à six voix
1134 tue le roi en 1792, et proclame la République une et indivisible. Puis elle vote à six voix de majorité sur 721 votants (s
1135 ère annule « l’appel de Louis Capet à la Nation » et défend à qui que ce soit d’y donner suite, à peine d’être poursuivi c
1136 a concentrer sur sa personne tous les pouvoirs, — et cela fait, il sera élu empereur, en 1804, sous le nom de Napoléon Ier
1137 . Elle se double, en 1793, d’une souveraineté une et indivisible qui se manifeste cette fois vers l’intérieur : elle consi
1138 V, le roi par excellence, avait brisé les féodaux et les communes, les grands et les moyens feudataires du royaume, et fai
1139 ait brisé les féodaux et les communes, les grands et les moyens feudataires du royaume, et faisait travailler pour son com
1140 les grands et les moyens feudataires du royaume, et faisait travailler pour son compte exclusif un groupe de grands commi
1141 type — qui avaient pour charge unique d’organiser et de faire fonctionner le pouvoir royal : l’ensemble constituait l’État
1142 l’Empire, puis aux ministres des trois monarchies et des cinq républiques qui ont tenu son rôle en France jusqu’à nos jour
1143 octobre 1917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’il est. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoque
1144 pouvoir des soviets (conseils d’ouvriers, paysans et soldats). Les deux slogans fameux n’en ont pas moins servi à populari
1145 sion intéressée, entretenue dès le xviiie siècle et jusqu’à nous, entre les termes de nation, de patrie, de peuple, de pa
1146 s termes de nation, de patrie, de peuple, de pays et d’État est dénoncée par une très simple observation : on peut annexer
1147 eut annexer des peuples à une nation, ou des pays et territoires à un État ; mais on ne peut rien annexer à une patrie. f)
1148 e patrie. f) Mais c’est peut-être l’usage courant et si souvent abusif de l’adjectif national qui fait le mieux sentir la
1149 iétés foncières confisquées pendant la Révolution et vendues au profit de la nation. » C’est ce qu’on nomme aujourd’hui le
1150 es contribuables, ceux qui constituent la nation, et qui n’en ont jamais touché en retour un sou vaillant. « National » ve
1151 e, mais moins bien toléré… 5. Né de la guerre et pour la guerre74 Sur la foncière parenté de l’État-nation et de l
1152 re74 Sur la foncière parenté de l’État-nation et de la guerre — aujourd’hui de l’État totalitaire et de la guerre tota
1153 de la guerre — aujourd’hui de l’État totalitaire et de la guerre totale — tous les bons esprits sont d’accord, mais peu l
1154 appes, glorifie cette identification de la nation et de l’armée : « La conscription est le palladium de notre indépendance
1155 endance, parce que mettant la nation dans l’armée et l’armée dans la nation, elle fournit à la défense des ressources inép
1156 nialement bâclé par Bonaparte en vue de la guerre et de rien d’autre, c’est l’état de siège en permanence — qui sera dès 1
1157 1930 la formule des États totalitaires de Staline et de Mussolini. L’administration des hommes et des choses y est plus mé
1158 line et de Mussolini. L’administration des hommes et des choses y est plus mécanisée que dans n’importe quelle société hum
1159 t-à-dire mobilisable à tout moment, esprit, corps et choses, par la conscription d’abord, mais aussi par la presse, par l’
1160 la presse, par l’administration, par la fiscalité et plus tard par l’École. Reste l’économie industrielle, dont les premiè
1161 ns ne semblent pas organisées, mais aventureuses, et de type plutôt féodal, sans liens d’aucune sorte avec l’État en génér
1162 ne comportera plus seulement deux termes, l’État et la Guerre, mais un tiers médiateur : l’Industrie. L’État trouvera les
1163 , des impôts, des réquisitions de temps de guerre et des lois contre les cartels, servitudes compensées par l’apport du tr
1164 par l’apport du très gros client qu’est l’armée, et par la protection de la police, si généreusement accordée contre la «
1165 es atteintes les plus graves à la justice sociale et à l’intérêt général de la Nation. Voici leur enchaînement depuis un s
1166 Nation. Voici leur enchaînement depuis un siècle et demi : a) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chac
1167 L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chacune de ses étapes, en direction de la formule finale, qui sera
1168 ignent à étatiser plus strictement les ressources et la vie de la nation. Ce que les girondins commencent lorsqu’ils décla
1169 la « levée en masse », le Comité de salut public et la Terreur, qui correspondent aux aggravations successives de la guer
1170 nisant l’État-nation, d’abord en vue de la guerre et bientôt grâce à elle. b) Les nécessités d’une mobilisation rapide ent
1171 entraînent la centralisation de l’administration et des moyens de communication. Ainsi, dans le modèle jacobin, Paris dev
1172 oots, ce baron hollandais, Prussien de naissance, et grand inspirateur des jacobins. Condition d’une centralisation effica
1173 périssement ou la suppression des pouvoirs locaux et de la vie civique des provinces, obtenus par la division du pays en d
1174 ts arbitrairement découpés. c) Toutes les routes, et demain toutes les lignes de chemin de fer, et plus tard toutes les au
1175 es, et demain toutes les lignes de chemin de fer, et plus tard toutes les autoroutes, partent de la capitale et y ramènent
1176 ard toutes les autoroutes, partent de la capitale et y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles sont les voies de l’adm
1177 du commerce ; puis de l’armée, non de la culture, et moins encore de ce qu’on nommera tourisme au xxe siècle. d) Le dével
1178 es communications centralisées favorise, accélère et , enfin, nécessite le développement de l’industrie lourde, condition d
1179 puissance militaire. Laquelle à son tour appelle et favorise le développement de la technique et des recherches chimiques
1180 elle et favorise le développement de la technique et des recherches chimiques, physiques et biologiques… 6. Programmati
1181 technique et des recherches chimiques, physiques et biologiques… 6. Programmation de l’État-nation au xixe siècle
1182 at-nation au xixe siècle Industrie, technique et centralisation administrative exigent une discipline sans cesse accru
1183 e en uniforme, élèves des trois degrés, conscrits et fonctionnaires, et enfin (moralement), les lecteurs de journaux rédui
1184 es des trois degrés, conscrits et fonctionnaires, et enfin (moralement), les lecteurs de journaux réduits au seul Moniteur
1185 ntelligences par l’instruction publique, gratuite et obligatoire. Alignement des corps par la conscription militaire, univ
1186 corps par la conscription militaire, universelle et obligatoire. Alignement des curiosités par la grande presse et les RT
1187 e. Alignement des curiosités par la grande presse et les RTV que nourrissent les agences nationales. Alignement des compor
1188 agences nationales. Alignement des comportements et des réflexes par la Technique, fille de la Science, vraie religion du
1189 nt de résistances dans les élites traditionnelles et libérales, finit par s’imposer à tous les États de l’Europe à peu prè
1190 t aussi le départ de la colonisation systématique et du partage de l’Afrique entre les « Puissances ». École, Armée, Press
1191 ue entre les « Puissances ». École, Armée, Presse et Technique préparent donc à la guerre que les États-nations appellent,
1192 s États-nations appellent, par leur formule même, et souvent consciemment. Dans un premier temps, le potentiel belliqueux
1193 dépenser en Afrique noire, en Éthiopie, au Maroc et au Proche-Orient où Français, Britanniques et Allemands s’affrontent
1194 roc et au Proche-Orient où Français, Britanniques et Allemands s’affrontent avec des peuples mal armés, mais aussi et surt
1195 affrontent avec des peuples mal armés, mais aussi et surtout entre eux, parfois directement (Fachoda, Agadir), ou par proc
1196 » de 1945 à 1983). L’État-nation, né de la guerre et progressant par elle, comme elle par lui, conduit nécessairement à de
1197 qu’il prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux guerres mondiales. Après quoi, faute de guerres na
1198 me tout est disposé en vue de la guerre — esprits et corps autant qu’infrastructure industrielle — il se produit une recru
1199 minalité, de névroses, de psychoses, d’alcoolisme et d’usage de drogues de toute espèce, accompagnée d’une apathie civique
1200 èce, accompagnée d’une apathie civique croissante et en même temps d’une épidémie d’actes terroristes de moins en moins « 
1201 narchie : elle est alors nationalisation du crime et de la lutte contre le crime, ainsi récupéré d’un même mouvement pour
1202 a la guerre elle-même se retourner contre l’homme et , selon les plus grandes probabilités, l’éliminer. Dès aujourd’hui, le
1203 ts, dans les usines, dans les mers, sous la terre et dans les cieux. Mais loin de conférer au président le pouvoir le plus
1204 seuil de l’anéantissement de toutes les libertés et volontés civiques concentrées dans la liberté et dans la volonté d’un
1205 et volontés civiques concentrées dans la liberté et dans la volonté d’un seul individu. Jamais pareil cumul de pouvoirs d
1206 tre perdue d’un seul coup, sans retour, pour tous et par chacun. La masse des informations de tous les ordres, nécessaire
1207 transmission d’une décision prise hors de l’Homme et contre lui, par la mégamachine — qu’il a conçue. On sait — ou l’on de
1208 opres peuples, sur les États désunis de l’Europe, et sur l’anarchie du tiers-monde. Mais les conventions, même tacites, et
1209 tiers-monde. Mais les conventions, même tacites, et même vitales pour la santé des industries, le contrôle répressif des
1210 , le contrôle répressif des mouvements pacifistes et le brouillage des idéologies antagonistes, ne sont [pas] à l’abri des
1211 es, quelque chose agira sur l’index du grand chef et pèsera sur le bouton rouge, réduisant le monde en braises et cendres
1212 ur le bouton rouge, réduisant le monde en braises et cendres poussiéreuses — solvet saeclum in favilla. 8. Où le mal pe
1213 en est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse et son évolution, de contingences historiques, bien loin qu’il soit l’ac
1214 excès. Du temps de la montée de Hitler au pouvoir et du règne incontesté de Staline, un jeune mouvement personnaliste, L’
1215 roposition aujourd’hui bien connue : « Trop petit et trop grand à la fois. » En effet, les États-nations d’Europe sont à l
1216 trop grands pour animer réellement leurs régions et pour résoudre les problèmes spécifiques qui s’y posent. L’argument es
1217 une trentaine d’années sur ce point —, en Europe, et dans des déclarations plus récentes comme celle de Daniel Bell aux US
1218 i trop petits pour régler les affaires mondiales, et trop grands pour régler les affaires locales. » Dans ma Lettre ouver
1219 ttre ouverte aux Européens (1970), je retrouvais et développais ce thème : Regardons maintenant ces États-nations unitai
1220 nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verro
1221 op petits si on les regarde à l’échelle mondiale, et trop grands si l’on en juge à leur incapacité d’animer leurs régions,
1222 en juge à leur incapacité d’animer leurs régions, et d’offrir à leurs citoyens une participation réelle à la vie politique
1223 des empires véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou économique. Par
1224 rnement : sécuriser les membres d’une communauté, et assurer l’efficacité de sa participation dans les affaires du monde [
1225 s devraient se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intér
1226 éficits accumulés par les États-nations européens et dont l’addition devrait suffire à les déclarer en faillite. Dans l’
1227 nement d’une nation est censé normalement assurer et qui représentent sa raison d’être. Dans leur état actuel de division,
1228 allégués en énergie sans menacer l’environnement et s’opposer par la police à l’exercice des droits démocratiques ; — ni
1229 enir ou guérir la pollution des lacs, des fleuves et des mers océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte co
1230 ide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre cri
1231 sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre crise ; — ni assurer l’appr
1232 pprovisionnement nécessaire en matières premières et en combustibles producteurs d’énergie ; — ni, finalement, tirer parti
1233 en capitaux, équipements, technologie, compétence et créativité. Faute de concertation à l’échelle continentale, et faute
1234 . Faute de concertation à l’échelle continentale, et faute d’institutions communes de type fédéral, nos États-nations, ret
1235 angers énumérés, dont certains sont irréversibles et donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre
1236 9. Où la Souveraineté nationale devient absolue et s’annule J’ai rappelé le transfert de la Souveraineté du Roi médi
1237 oys de Dieu, les règles de Justice naturelle, […] et finalement les loys fondamentales de l’Estat. » (Charles L’Oyseau, Tr
1238 orique de l’irréligion, de la positivité du droit et de la souveraineté du peuple » (p. 235) car « le peuple devenu souver
1239 profiteur d’un premier jacobinisme simplificateur et même terroriste. Ce jacobinisme a émancipé le Souverain, en renversan
1240 té du prince consiste dans son pouvoir « de poser et de casser les loys ». On touche à la souveraineté absolue : celle-là
1241 c’est l’État qui dispose du pouvoir par la police et par l’argent. Et l’on a vu (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres l
1242 dispose du pouvoir par la police et par l’argent. Et l’on a vu (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres limites que celles
1243 lui imposent dans le fait la pluralité des États et l’absurde égoïsme des autres. Exactement aussi bête que cela. Mais po
1244 oute vie indigène sur la terre, végétale, animale et humaine. 10. L’obstacle majeur à toute fédération des Européens
1245 absolutisée, étant ce que l’on vient de rappeler, et que personne ne peut contester de bonne foi, quel est l’obstacle maje
1246 apables, à l’évidence, d’ouvrir un nouvel avenir, et qui sont la fédération européennne au-delà des États-nations et l’aut
1247 fédération européennne au-delà des États-nations et l’autonomie des régions à l’intérieur des frontières étatiques — et s
1248 régions à l’intérieur des frontières étatiques — et souvent même à travers elles ? Réponse : — Cet empêchement majeur, i
1249 unisme nationaliste77 à l’extrême droite jacobine et du socialisme traditionnel à la droite « moderne » — c’est la Souvera
1250 c’est la Souveraineté nationale, inaliénable, une et indivisible, d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’elle n’a plus
1251 mis sa faculté de bloquer les issues souhaitables et possibles en fait. Certes « rien n’existe qui ne se manifeste ». Mais
1252 i ne se manifeste ». Mais une existence négative, et très active en tant que telle, est parfaitement concevable et vérifia
1253 ve en tant que telle, est parfaitement concevable et vérifiable : la Souveraineté nationale nous le fait voir en 1984 mieu
1254 montré — la Souveraineté a perdu toute substance et toute vertu novatrice ou positivement impérative. Elle n’est plus qu’
1255 plus toute-puissance, mais puissance de refuser, et bloquage de toute solution incompatible avec la prétention que l’on a
1256 encore : « Ou bien la nation française existe une et souveraine, ou bien elle n’est plus » (Lettre ouverte aux Français po
1257 neté absolue, laquelle s’oppose par sa définition et sa nature à toute espèce de pacte ou d’alliance de bonne foi, qui lim
1258 ême pot-pourri conceptuel, c’est vouloir, au fait et au prendre, l’une des trois solutions que voici : — une amicale des m
1259 Comment fonder l’union sur l’obstacle par essence et par définition à toute union sérieuse, tant soit peu contraignante, e
1260 oute union sérieuse, tant soit peu contraignante, et faisant prévaloir la solidarité jurée sur l’intérêt particulier et se
1261 oir la solidarité jurée sur l’intérêt particulier et ses fluctuations ? 11. L’idolâtrie de la Souveraineté nationale dé
1262 avait su établir un compromis entre la cité-État et la communauté impériale, première approche d’une communauté continent
1263 première approche d’une communauté continentale. Et il compare cette situation avec celle de l’Europe au lendemain de la
1264 itoyen envers la cité particulière où il était né et l’administration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce compro
1265 n’avait pas acquis une totale emprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il n’est pas nécessaire de souligner l’analogi
1266 e la souveraineté locale dans le monde hellénique et le problème correspondant dans le nôtre, aujourd’hui. Toutefois, à la
1267 n des États nationaux d’Occident où chaque pensée et sentiment politiques sont liés à un esprit de clocher et hypnotisés p
1268 iment politiques sont liés à un esprit de clocher et hypnotisés par le prestige d’un glorieux passé. Ce n’est pas sur ce p
1269 té locale sous la discipline d’une loi plus haute et préviendrait ainsi la calamité (sans cela inévitable) de notre anéant
1270 raineté nationale. Plus de trente ans plus tard, et à la veille d’élire un nouveau Parlement européen, tous les chefs des
1271 ils n’ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de tout soupç
1272 destin. Mais leur temps va passer inexorablement, et les crises mêmes qu’ils gèrent chacun à sa manière risquent de provoq
1273 Certains modèles de dépassement de l’État-nation et de la souveraineté nationale absolue semblent intéresser les jeunes g
1274 est pas faite seulement d’accidents, de victoires et défaites électorales, économiques, voire militaires au loin. Elle est
1275 groupuscules d’où sortent des formules nouvelles et des mots d’ordre initiant de proche en proche des changements d’attit
1276 n proche des changements d’attitudes, de devises, et subitement de finalités qui s’organisent en un système alternatif. On
1277 e part, fédéralistes de l’autre. Valeurs, modèles et comportements à la fois impliqués par chacun des systèmes comme condi
1278 s favorisés en retour par ce même fonctionnement, et inculqués dès lors par l’instruction publique et les médias. On a ten
1279 et inculqués dès lors par l’instruction publique et les médias. On a tenté de les ranger ici, schématiquement, sur deux c
1280 é incontestée Pluralité pacifique des communautés et des vocations. Accroissement du prestige national, du PNB et du pot
1281 ons. Accroissement du prestige national, du PNB et du potentiel militaire Garantie des libertés et des responsabilités c
1282 B et du potentiel militaire Garantie des libertés et des responsabilités civiques indissociables Moyens, valeurs, mots d
1283 es diversités, voire des contraires Réglementer et contraindre Stimuler et convaincre Rivalité Entraide Chacun pour
1284 contraires Réglementer et contraindre Stimuler et convaincre Rivalité Entraide Chacun pour soi Un pour tous, tous p
1285 ne. Exemple : orgueil national dans la colonne I, et solidarité vitale dans la colonne II, ne signifient pas que les citoy
1286 ue les citoyens d’un État-nation sont orgueilleux et ceux d’une fédération solidaires, mais signifie simplement, objective
1287 nde actuelle, la Savoie, la Bourgogne méridionale et le Nord du Dauphiné. (Note de l’auteur.) 69. Histoire générale de l
1288 oire générale de l’Europe, dirigée par G. Olivier et R. Mousnier, t. I, Des origines au début du xive siècle, Paris, PUF,
1289 IV. 71. Voir L’Avenir est notre affaire , 1977, et plus anciennement Vingt-huit siècles d’Europe , 1961, et Lettre ouv
1290 anciennement Vingt-huit siècles d’Europe , 1961, et Lettre ouverte aux Européens , 1970. 72. Cf. note 2 p. 92. 73. O
1291 déclarations d’hommes politiques de premier plan, et de tous les partis, je le répète, qui refusent à l’unanimité la fédér
1292 i refusent à l’unanimité la fédération européenne et l’autonomie des régions, sans prendre la peine d’en donner d’autres r
1293 un volume intitulé Demain la paix, paru en 1945, et signé Jacquier, on pouvait lire : « [La souveraineté nationale est] u
1294 en Kogon, l’ambassadeur néerlandais van Kleffens, et M. Löfstedt, recteur de l’Université de Lund), réunis en table ronde
1295 il de l’Europe, avec une trentaine de professeurs et publicistes, sous ma présidence, pour discuter les aspects culturels
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
1296 t pas plus cantonale qu’européenne, mais décisive et bien réelle, donc nationale. Cette unanimité des passions partisanes
1297 de Georges Marchais, il manque une petite chose, et c’est justement l’Europe, c’est-à-dire l’action commune entre les Éta
1298 a télévision française Simone Veil pour la droite et Lionel Jospin pour la gauche. Il en est résulté à l’évidence que ni l
1299 der. Pas un mot n’a été prononcé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur son contenu ni sur sa forme politique. « Pu
1300 us ou moins cohérentes avec leur image de combat, et laquelle allait, le 17 juin, « passer la barre des 50 % ». Dans les
1301 « La présentation du programme des conservateurs et des travaillistes pour les élections européennes a confirmé, le 21 ma
1302 -Bretagne ne reçoit pas sa ristourne pour 1983 ». Et elle exige le maintien du veto au Conseil des ministres de la CEE, ve
1303 ent européen est un pur prétexte à confrontations et rencontres sur d’autres thèmes. En France, en Allemagne, en Angleterr
1304 es thèmes. En France, en Allemagne, en Angleterre et en Italie, qui sont les quatre pays les plus importants de la Communa
1305 communistes, mais aussi aux chrétiens-démocrates et aux républicains qui multiplient les attaques et les critiques contre
1306 et aux républicains qui multiplient les attaques et les critiques contre les ministres sociaux-démocrates, accusés l’un d
1307 e la situation à la fois historique, diplomatique et géographique de la RFA identifie par la force des choses cet aspect n
1308 ix : c’est tout le problème de la défense commune et autonome des Européens qui se trouve ici posé dans son urgence dramat
1309 tio capitis à un régime de participation autonome et responsable à la souveraineté de l’Europe fédérée ? Il résulte de cet
1310 e les prises de position des partis « nationaux » et des verts allemands, dans la préparation des élections du 17 juin, s’
1311 é, c’est la communauté de leurs vues sur l’Europe et même l’identité de leurs propositions ; c’est leur opposition, déclar
1312 arée dans les mêmes termes, aux partis classiques et à leurs discours partisans, nationalistes, politiciens, donc pratique
1313 s, politiciens, donc pratiquement antieuropéens ; et c’est enfin la convergence frappante de leurs propositions pour l’uni
1314 e de leurs propositions pour l’union de l’Europe, et cela qu’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simple
1315 comme « amoureux fous de l’Europe de la liberté » et appellent de leurs vœux la naissance du « citoyen européen » (qui, re
1316 ’ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajoutent (selon le Figaro , même date) : « Les régions, dans le
1317 tières nationales. » Ce qui rejoint les positions et propositions défendues dans toute la suite de nos études sur l’Europe
1318 es dans toute la suite de nos études sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscard
1319 uite de nos études sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se cro
1320 e notre environnement, à commencer par les forêts et océans qui font tout l’oxygène que respirent les êtres vivants — ces
1321 s verts français, qui regroupent la Confédération et le Parti écologiste, quatre priorités absolues sont formulées dans un
1322 L’Europe de la solidarité : le partage du travail et des revenus, non seulement comme moyen technique pour résorber le chô
1323 e confédérée. Une Europe indépendante, souveraine et dénucléarisée : une défense européenne basée sur la responsabilité de
1324 ions unies d’Europe face à l’Europe des marchands et des technocrates ». « La prééminence des États-nations est un frein a
1325 en l’absence toutefois des verts ouest-allemands et des écologistes luxembourgeois. Cette absence est due au refus de l’a
1326 a Green Alliance (Irlande), De Groenen (Pays-Bas) et deux groupes n’appartenant pas aux pays de la CEE : le Mk Miljopartie
1327 s aux pays de la CEE : le Mk Miljopartiet (Suède) et la Liste alternative (Autriche). Les verts européens viennent de pub
1328 les, les groupes ethniques, sur le non-alignement et la non-violence. Vers une politique de l’environnement, une politique
1329 les ou européennes. Vers une politique économique et sociale écologique. Pour une agriculture en équilibre avec la nature.
1330 parmi ces groupes l’Action fédéraliste socialisme et liberté (AFSL) qui insiste sur le fait que ses propositions sont « pa
1331 ur le fait que ses propositions sont « par nature et par définition, de caractère européen, et non pas inspirées par des i
1332 nature et par définition, de caractère européen, et non pas inspirées par des intérêts nationaux ». Elle se déclare « pou
1333 tie contre l’omnipotence d’un État technocratique et bureaucratique réside dans la répartition des pouvoirs en faveur de c
1334 s pouvoirs en faveur de communautés territoriales et politiques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de so
1335 communautés territoriales et politiques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’ind
1336 toriales et politiques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point
1337 ’indispensable point d’équilibre entre la liberté et l’autorité, entre les communautés intermédiaires et l’État, entre l’i
1338 l’autorité, entre les communautés intermédiaires et l’État, entre l’individu et le pouvoir ». De nombreux mouvements régi
1339 nautés intermédiaires et l’État, entre l’individu et le pouvoir ». De nombreux mouvements régionalistes se proposent de fo
1340 base fédérale ; — la représentativité des peuples et des régions au sein du Parlement de Strasbourg ; — l’adoption de l’EC
1341 défense européenne commune intégrée indépendante et la sanctuarisation de l’Europe, afin de préserver la paix ; — une pol
1342 de préserver la paix ; — une politique écologique et de protection de l’environnement communautaire ; — la défense des ide
1343 nement communautaire ; — la défense des identités et des patrimoines culturels ; — la possibilité pour chacun de « vivre e
1344 lturels ; — la possibilité pour chacun de « vivre et travailler au pays » ; — le droit pour tous les citoyens de s’exprime
1345 s concernent directement, grâce aux « référendums et à l’initiative populaire ». Voilà qui fait beaucoup de petits group
1346 ont unanimes dans leurs propositions européennes, et ceci corrigera cela, si les partis classiques persistent à ne rien vo
1347 lement européen : personne n’en parle ou presque, et seulement pour le dénigrer. Sauf l’un des rédacteurs de la remarquabl
1348 le lieu de la création, de la discussion publique et transparente d’une nouvelle politique. C’est le lieu de la formation
1349 ournalistes français, le 6 avril 1984, a confirmé et justifié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pou
1350 oyens ne peuvent comprendre que les États membres et leurs représentants, après s’être arrogé, au mépris des traités qui l
1351 des traités qui les lient, des pouvoirs exécutifs et législatifs exorbitants par rapport à l’intérêt commun et à l’équilib
1352 latifs exorbitants par rapport à l’intérêt commun et à l’équilibre démocratique, fassent preuve d’une si constante impérit
1353 qu’ils proclament, succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’ils pratiquent. Quant à la Tribune pour l’Europe, inf
1354 n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, longuement ovationnée par les parlementaires debout : « 
1355 ie sociale a fait son apparition au xixe siècle. Et si la démocratie européenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne n
1356 ette matière, se montrer généreuse, intelligente, et véritablement européenne. 82. Grands partis : il convient d’y ajou
1357 upuscule intitulé La 3e gauche, formé de « femmes et hommes de gauche » (« Communistes démocrates unitaires » et PSU), et
1358 de gauche » (« Communistes démocrates unitaires » et PSU), et qui annonce (dans Le Monde du 18 mai) que l’élection des dép
1359  » (« Communistes démocrates unitaires » et PSU), et qui annonce (dans Le Monde du 18 mai) que l’élection des députés au P
1360 donner à la gauche l’occasion de s’appuyer mieux et plus sur les forces qui l’ont portée au pouvoir ». L’Europe prétexte,
1361 ivile avec renonciation expresse à la fabrication et à l’emploi des armes nucléaires. 84. Bulletin du Centre européen de
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
1362 suis aperçu un peu tard, c’est-à-dire cette nuit et ce matin même, que j’avais accepté une tâche absolument impossible, c
1363 is ans, a été de loin le plus riche par le nombre et par l’importance des thèmes abordés. J’espère qu’il ne sera pas le de
1364 is thèmes qui nous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et
1365 l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et sa préparation, qui a occupé la première journée. Deuxième thème, la
1366 en des langues de bois diverses des gouvernements et de leurs experts, celles de certaines littératures, pas toutes, mais
1367 a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une journée extrêmement instructive, pour tout le monde je
1368 olloque. J’étais absolument à côté de la réalité. Et je crois que je n’étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le d
1369 it commencer à s’organiser en novembre à Budapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’il était la suite de la Conféren
1370 des personnes libres », c’est presque incroyable, et , d’autre part, les « fonctionnaires gouvernementaux » — faut-il compr
1371 st donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur l
1372 um, place publique où on réunit beaucoup de monde et où tout le monde peut parler, mais c’est celui qui crie le plus fort
1373 s ce côté-là dans ce qui va se passer à Budapest. Et puis, foire vient aussi de feria, jour férié, et là, cela voudrait di
1374 Et puis, foire vient aussi de feria, jour férié, et là, cela voudrait dire que ce forum, comme tous les forums de ce genr
1375 , ne fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thème de Budapest sera une discussion générale, donc un forum
1376 nt parlé avec beaucoup de pertinence, de réalisme et de sagesse, M. Lipatti, M. Acimovic, et aussi, le lendemain, M. Gross
1377 réalisme et de sagesse, M. Lipatti, M. Acimovic, et aussi, le lendemain, M. Grossrieder, M. Haber et M. Boldizsar. Ce der
1378 et aussi, le lendemain, M. Grossrieder, M. Haber et M. Boldizsar. Ce dernier sera l’un des hôtes, l’un des organisateurs
1379 ateurs de Budapest. Il nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nommer ont insisté là-dessus, de no
1380 s ce qui peut séparer, ne fût-ce qu’en apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils étaient d’accord, il n’y aur
1381 culture, qui est d’abord une question de langage. Et ceci nous a amenés, durant la deuxième journée, à une discussion qui
1382 trop modestement intitulée Byzance, ville d’art, et nous a projeté ensuite une série de diapositives d’une telle beauté q
1383 grand écran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez mont
1384 ntralisée où les doctrines politiques de l’empire et le culte de l’empereur exerçaient une influence décisive sur toute la
1385 aient une influence décisive sur toute la culture et l’idéologie. Vous avez souligné, de la sorte, une distinction typolog
1386 ction typologique importante entre la vie sociale et culturelle byzantine, et celle de l’Europe occidentale. Ce qui, selon
1387 nte entre la vie sociale et culturelle byzantine, et celle de l’Europe occidentale. Ce qui, selon vous, définit l’héritage
1388 randeur exprimée dans l’idéologie, la littérature et l’art, ne s’appliquait qu’à l’État, à l’empereur et à l’Église. Le pa
1389 l’art, ne s’appliquait qu’à l’État, à l’empereur et à l’Église. Le parallélisme est frappant avec des situations que nous
1390 nnaissons — en remplaçant l’Église par le Parti — et je crois que cette distinction entre deux types d’Europe va très loin
1391 es importantes sur le langage propre aux congrès, et ensuite, M. Georges Nivat nous a montré, par une analyse à mon sens a
1392 par une analyse à mon sens admirablement raffinée et portant sur une information très solide, les méfaits de la langue de
1393 ille, objectif, aimable, je tiens à le souligner, et d’autant plus qu’il en alla de même pour les réponses venues de l’aut
1394 de même pour les réponses venues de l’autre côté, et je crois que cela est tout à fait important. Il y a eu des moments où
1395 lence d’une qualité extrêmement dense, dirais-je, et puis tout s’est détendu quand notre président a pris la parole pour d
1396 us ayons eu le moindre échange. Je l’avais notée, et je vous ai lu mes notes juste après que le président soit intervenu.
1397 ns ce siècle, dans leurs rapports avec le pouvoir et avec les oppositions ? On verrait peut-être que la langue de bois nat
1398 l’explosion antibourgeoise : Dada, le surréalisme et puis après la guerre, les tentatives de littérature purement objectiv
1399 toute idéologie. Le parallélisme est intéressant, et on a pu constater qu’il y avait des conflits parfois comparables des
1400 des conflits parfois comparables des deux côtés, et que la dialectique entre la langue de bois et la langue proprement li
1401 és, et que la dialectique entre la langue de bois et la langue proprement littéraire, même religieuse, comme Nivat l’a sou
1402 bien que, lors de ce débat, de l’exposé de Nivat et des réponses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons
1403 e. Il y avait quelque chose de nodal, de central, et j’ai eu l’impression de vivre un moment important : pour la première
1404 able, sans animosité dans la manière de discuter. Et tout cela, dans une conjoncture mondiale qui, justement, semble oppos
1405 comprendre, c’est un peu difficile à transmettre et c’est assez émouvant à vivre, je crois. Je crois que ce moment-là a e
1406 a tournait dans un petit cercle européocentrique, et que ce serait drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je croi
1407 les pays où elle régnait d’une manière endémique, et puis, ensuite, on s’est aperçu que cela détruisait des équilibres éco
1408 étruisait des équilibres écologiques millénaires, et créait des maux encore pires que la malaria, si bien qu’on a dû inter
1409 ialogue entre l’ensemble de la culture européenne et les différentes cultures qui se partagent le monde. Nous l’avons essa
1410 hé ou formé par ces trois sources : Athènes, Rome et Jérusalem, autrement dit, la philosophie grecque, les institutions ro
1411 a philosophie grecque, les institutions romaines, et le judéo-christianisme — la Loi et l’Évangile. Déjà, entre ces trois
1412 ions romaines, et le judéo-christianisme — la Loi et l’Évangile. Déjà, entre ces trois premières sources, que de « diversi
1413 quoi Rome était au fond incompatible avec Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais ce n’est pas tout. Il y a en plus de
1414 littérature, y compris l’opéra sont sortis de là, et le reste est sorti de la civilisation germanique, notamment les notio
1415 n germanique, notamment les notions de communauté et tout le droit communautaire qui est tellement important ; si l’on veu
1416 édérations, c’est à cela qu’il faut se rapporter. Et puis, ensuite, l’influence du monde arabe à travers l’Espagne, au Moy
1417 être M. Boldizsar. Il était onze heures du matin, et je l’ai noté. À cinq heures de l’après-midi, un autre orateur a parlé
1418 nne. Cela s’était passé très vite, vous le voyez, et il n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui é
1419 , définie comme ce qui admet un nombre non limité et sans cesse croissant de définitions toutes justes, c’est-à-dire capab
1420 es justes, c’est-à-dire capables d’être intégrées et exemplifiées par des œuvres et par des personnes. Il peut y en avoir
1421 s d’être intégrées et exemplifiées par des œuvres et par des personnes. Il peut y en avoir des millions, et cela sera just
1422 r des personnes. Il peut y en avoir des millions, et cela sera juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégre
1423 s celle qui doit donner, par ses diversités mêmes et par sa nécessité d’intégration personnelle, des mesures communes pour
1424 mme on est toujours tenté de le dire, littéraires et artistiques, mais peut-être plus encore scientifiques, technologiques
1425 t-être plus encore scientifiques, technologiques, et donc économiques aussi. Conformément à ses mesures fondamentales, cet
1426 gouvernements, mais de la liberté des personnes. Et voilà sans doute le sujet d’un autre colloque encore, pour ce groupe.
1427 e ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter c
1428 « [Conclusions] La culture commune des Européens et le débat Est-Ouest », Cadmos, Genève, p. 231-238. u. Ce texte est la
1429 , sur le thème « La culture commune des Européens et le débat Est-Ouest ».
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
1430 seul des quinze collaborateurs — cinq présidents et ex-présidents des républiques d’Italie, de l’Allemagne fédérale et de
1431 des républiques d’Italie, de l’Allemagne fédérale et de l’Autriche, trois ministres des Affaires étrangères et des Affaire
1432 Autriche, trois ministres des Affaires étrangères et des Affaires européennes, le secrétaire général du Conseil de l’Europ
1433 nes, le secrétaire général du Conseil de l’Europe et son secrétaire général adjoint, le président et vice-président de l’A
1434 e et son secrétaire général adjoint, le président et vice-président de l’Assemblée consultative, les présidents de la Cour
1435 Assemblée consultative, les présidents de la Cour et de la Commission européenne des droits de l’homme, et le substitut du
1436 e la Commission européenne des droits de l’homme, et le substitut du Secrétaire d’État du Vatican — à n’avoir jamais exerc
1437 ique sans précédent dans l’histoire de l’Europe » et « d’aberration maximale du siècle », le professeur Vedovato a donné à
1438 e d’État au pouvoir, dont la charge est de saisir et de créer toutes opportunités de se rapprocher d’un grand but politiqu
1439 politique — dans notre cas, l’union de l’Europe — et celle de l’homme de pensée militante, qui exige que les moyens précon
1440 xige que les moyens préconisés soient ceux du but et non du seul pouvoir à conserver. Celle qui répond de la politique des
1441 rver. Celle qui répond de la politique des États, et celle qui en réfère aux fins de l’homme. Je parlerai ici, après les c
1442 d’État, en pleine conscience des responsabilités et des limites spécifiques de ma charge, qui est d’un homme de pensée so
1443 rge, qui est d’un homme de pensée soucieux d’agir et d’un militant sans relâche de l’union fédérale de l’Europe. Les respo
1444 de pouvoir, s’ils échouent, se retirent purement et simplement — ou restent au pouvoir quitte à changer de buts. Mais les
1445 s font voir les buts, critiquent au nom des buts, et les rappellent en temps et hors de temps, quoi qu’il arrive. Je dirai
1446 quent au nom des buts, et les rappellent en temps et hors de temps, quoi qu’il arrive. Je dirai donc comment j’ai perçu et
1447 oi qu’il arrive. Je dirai donc comment j’ai perçu et vécu le problème du Conseil de l’Europe, selon ma vocation de penseur
1448 ma vocation de penseur militant. 2. Conception et naissance du Conseil de l’Europe Le Conseil de l’Europe a été conç
1449 il y avait pris part parmi les délégués français, et que bien des décisions qui ont fait l’histoire du xxe siècle furent
1450 fait l’histoire du xxe siècle furent prises ici. Et il ajoutait un peu plus tard à Strasbourg, devant le Parlement europé
1451 s forme, c’était au congrès de La Haye. J’y étais et j’y croyais. » Le congrès avait réuni, sous la présidence d’honneur d
1452 ill, 800 délégués des pays de l’Europe de l’Ouest et observateurs des pays frères de l’Est. Parmi eux siégeaient 16 ancien
1453 , des philosophes, des écrivains, des sociologues et des économistes, des prélats et des chefs syndicalistes, enfin les an
1454 , des sociologues et des économistes, des prélats et des chefs syndicalistes, enfin les animateurs des six grandes associa
1455 la commission culturelle du congrès. Organisateur et rapporteur de la commission, j’eus donc l’honneur d’en être aussi le
1456 péens L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de
1457 nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire d
1458 lement d’hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversai
1459 plus formidable adversaire. Entre ce grand péril et cette grande espérance, la vocation de l’Europe se définit clairement
1460 n leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté,
1461 ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine,
1462 pour la défense et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélit
1463 rême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lu
1464 tinent. Sur cette union, l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Europée
1465 ndue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens. 2. Nous voulons une Charte des droits de l’homme garantiss
1466 e garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique.
1467 entées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts,
1468 nt d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux profes
1469 dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œu
1470 s milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, supr
1471 œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir pour cette génération et celles qui la suivron
1472 x et gage d’un grand avenir pour cette génération et celles qui la suivront. L’ovation qui suivit la lecture du Message m
1473 principaux gouvernements de l’Europe de l’Ouest, et obtint d’eux, dès janvier 1950, une décision de principe favorable au
1474 son jugement. Déjà pourtant une déception perçait et très vite prévalut dans tous les groupes activement intéressés : on n
1475 sés : on nous donnait une Assemblée consultative, et nous l’avions voulue législative ; cette assemblée était formée de dé
1476 la culture » né, lui aussi, du congrès de La Haye et dont je suis le directeur désigné, nous débarquions à Strasbourg en a
1477 ière session, que des échanges de congratulations et de conseils de prudence. Mais 300 « jeunes Européens » ont décidé de
1478 été à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas une douzaine de poteaux frontières, en brandissant le dr
1479 ne sont pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du titre — mon siège est fait : il s’agit de modifier ess
1480 r essentiellement la formule même de l’Assemblée, et d’obtenir — fût-ce par un coup d’État européen — que cette Assemblée
1481 Je les rapporte ici telles que je les ai vécues, et dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’agit de mes Lettres aux
1482 Il s’agit de mes Lettres aux députés européens et de la réception qui leur fut réservée par l’Assemblée ; d’un projet d
1483 une quarantaine de membres de l’Assemblée du CE ; et enfin de la Marche sur Strasbourg, qui fit converger sur le Palais de
1484 l’Europe 6000 jeunes gens venus de tous nos pays et décidés à « bousculer les gouvernements », comme l’avait suggéré Paul
1485 avais écrit cinq Lettres aux députés européens , et j’avais obtenu de leur éditeur86 qu’il aille lui-même en placer une c
1486 commentaires sur l’opinion que les fédéralistes — et d’abord mes amis de l’UEF — pouvaient se former alors du Conseil de l
1487 tés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédér
1488 p jeune. Je lui propose quelques slogans nouveaux et quelques amendements à la sagesse des peuples : Petit à petit, Paris
1489 d la Corée. — La prudence est le vice des timides et la vertu des audacieux […]. Messieurs les députés, ce serait pure fol
1490 va de notre indépendance, qui vaut mieux quelles, et quelles sabotent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pa
1491 icultés ! L’opinion, par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se pre
1492 es pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous fair
1493 n ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait cons
1494 nformer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n
1495 ’Europe. Les partis présenteront leurs candidats. Et les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’intérêts professi
1496 candidats. Et les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvrier
1497 es d’intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation
1498 it provoquer87. La condition à la fois nécessaire et suffisante d’une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu
1499 ire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement aussi, selon l’issue des é
1500 . Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Ce
1501 supplierai de déclarer clairement à quel moment, et sous quelles conditions, cela cessera d’être prématuré. Si vous me di
1502 s aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire, et fédérez l’Euro
1503 espérance : méritez votre nom, faites-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à
1504 urope : une Assemblée élue au suffrage universel, et législative, la limitation des souverainetés nationales, et la mise e
1505 tive, la limitation des souverainetés nationales, et la mise en chantier d’un projet de Constitution fédérale. 2. Le nouv
1506 nt en passant « qu’il se fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est ». À la fin du concert, André Philip m’expo
1507 eune professeur à la Faculté de droit de Poitiers et fondateur d’une organisation d’activistes, les Volontaires d’Europe,
1508 jourd’hui de peser efficacement sur les décisions et sur les événements, qu’est-ce donc qui peut arrêter le monde sur la p
1509 ui paralysée par le sentiment de son impuissance, et par le défaitisme fataliste qui s’empare de ses populations. Il faut
1510 gués à Strasbourg rompent avec leur ordre du jour et avec leur statut, qu’ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’
1511 ils sentent que l’opinion publique les approuvera et les soutiendra […]. Nous sommes à Strasbourg un groupe qui avec des m
1512 roupe qui avec des moyens sérieux tente de lancer et de pousser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous ne sommes certes
1513 as admirer la convergence des exigences de Villey et des miennes ? À 1 h Raymond Silva m’apporte le projet de Serment rédi
1514 e Serment. Dadelsen vient de s’en aller à 3 h 15, et j’écris dans mon journal : « Le document peut-être capital de Strasbo
1515 . » Le 24 août : « À 11 h, Carlo Schmid, Retinger et d’autres à l’hôtel. Il semble que le Serment va rater, notre texte gr
1516 t : « À 11 h, à l’Assemblée, discussion véhémente et désespérée sur le Serment, très attaqué. » À 15 h, séance plénière de
1517 anque de France nous subventionne. À 23 h, Villey et sa femme au Café de France jusqu’à 1 h a.m. Vendredi 25 août : « À 10
1518 doute, décision remise à midi. » Départ pour Bâle et Genève à 11 h 30. Plus tard, par des voies privées — la presse n’en d
1519 le fait d’une importante fraction de l’Assemblée, et prit le nom de Conseil de vigilance. Sur une initiative dont, aujourd
1520 résents à Strasbourg en ce mois de novembre 1950, et beaucoup de jeunes, mais aussi des représentants des syndicats et du
1521 eunes, mais aussi des représentants des syndicats et du patronat — Georges Villiers, président du CNPF90, par exemple — oc
1522 con, en l’occurrence, séparant le palais du parc, et viennent siéger à l’Orangerie. À l’heure prévue, on vit entrer plusie
1523 . On entendit beaucoup de discours enthousiastes, et l’on finit par se mettre d’accord, lors de la dernière séance à laque
1524 iscussion d’une Constitution fédérale de l’Europe et l’obtention d’un accord de principe des gouvernements. On pouvait voi
1525 l ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeure. Je le répète : nos gouvernements ne voulaient p
1526 toute l’Europe en autocars à l’appel de l’UEF91, et sans respecter les frontières, restera le symbole joyeux de cette éta
1527 tte étape de la lutte pour une Europe des peuples et non pas des États. Je retrouve dans mes notes du 24 août : « Avec Mou
1528 la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l’y encour
1529 et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l’y encourage vivement. » Nous sommes à Strasbourg de nouve
1530 s sommes à Strasbourg de nouveau, Silva, Dadelsen et moi le 17 novembre, pour assister à trois congrès (UEF, NEI, MSEUE),
1531 pour assister à trois congrès (UEF, NEI, MSEUE), et pour participer à des travaux sur les instituts universitaires, le ci
1532 les instituts universitaires, le cinéma européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au
1533 eunes gens dès le 27 novembre, à l’appel de l’UEF et sous la responsabilité du professeur Mouskhély. Il m’avait averti de
1534 à l’Assemblée. Voilà qui nous promet, à Dadelsen et à moi, une nouvelle nuit de bon travail à l’Hôtel de la Maison-Rouge…
1535 fait bâtir une passerelle qui dominera la foule, et sur laquelle le président Paul-Henri Spaak, entouré des membres du bu
1536 l’Assemblée, doit recevoir le message des jeunes et lui répondre. Voici le discours qu’il entendra : Aux Délégués de l’A
1537 ût dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux frontières, symbole des souverainetés na
1538 es, symbole des souverainetés nationales néfastes et périmées dont nous espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nou
1539 us grand nombre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce
1540 ctement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos lenteurs et
1541 oits particuliers à vous parler, car vos lenteurs et vos hésitations, vos prudences que nous comprenons mal devant les cat
1542 es. Nous sommes ici pour proclamer des nécessités et un but. L’heure est venue pour vous d’accomplir l’acte révolutionnair
1543 clament les représentants de la nation européenne et qu’ils exigent dans une motion l’établissement d’une Constitution féd
1544 vieux pays envahis aujourd’hui par l’indifférence et le doute une grande espérance ; vous déchaînerez la marée d’enthousia
1545 tes répondent à vos discours. C’est sur vos actes et sur eux seuls que vous serez jugés. Prend place alors — pour être di
1546 jurons que, par tous les moyens en notre pouvoir et par toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous
1547 e patrie commune. L’Europe est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que
1548 s mesures décrétées en juin dernier par la France et l’Allemagne fédérale, qui ont eu l’audace de « simplifier les formali
1549 , lentement dégagées par l’histoire, des impasses et contradictions manifestes contenues dans le statut du Conseil de l’Eu
1550 inentale une initiative politique de belle allure et d’opportunité majeure : ce projet de Constitution européenne que nous
1551 par les ministres des six pays du Marché commun, et créant une Assemblée nouvelle, formée des membres de l’Assemblée Char
1552 uva constituée l’Assemblée ad hoc, dont le mandat et les tâches étaient définis par les résolutions de Luxembourg et par l
1553 étaient définis par les résolutions de Luxembourg et par l’art. 38 du traité instituant la CED… Elle tint sa première sess
1554 lle tint sa première session cinq jours plus tard et nomma une commission constitutionnelle chargée d’élaborer un avant-pr
1555 n constitutionnelle — dont le rédacteur principal et final fut le professeur et sénateur belge Fernand Dehousse ? Personne
1556 le rédacteur principal et final fut le professeur et sénateur belge Fernand Dehousse ? Personne, à ma connaissance, ne l’a
1557 te à nous avec toutes les apparences d’une nation et d’une fédération, se nomme elle-même en toute propriété de terme une
1558 qui ne tient sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’est proprement qu’un « exécutif » comparable à celui que prévoi
1559 e : par l’exemple irréfutable d’une confédération et /ou fédération qui existait bel et bien depuis plus d’un siècle, à la
1560 e confédération et/ou fédération qui existait bel et bien depuis plus d’un siècle, à la satisfaction générale, et dont la
1561 uis plus d’un siècle, à la satisfaction générale, et dont la recette n’était pas trop complexe : non pas « abandonner », m
1562 ssion d’experts nommée par les ministres des Six, et à faire rapport à ces ministres au printemps de 1954. Mais de renvoi
1563 , si bien conduite par les membres des assemblées et si bien tuée par les représentants des souverainetés nationales — qui
1564 nduits ? » Relisant cela dans un journal allemand et pour en vérifier la traduction, je me suis reporté à mes notes de jou
1565 ait pas sans relation avec cette parole de Spaak. Et en effet, en date du 23 août 1950, je trouve ce bref échange : P.-H.
1566 sûr le dramatique problème des droits de l’homme, et de la Cour de justice « capable d’appliquer les sanctions nécessaires
1567 ns deux autres domaines qui, par leur nature même et par ma profession, me requièrent plus personnellement : la culture en
1568 èrent plus personnellement : la culture en Europe et le problème des régions, que je voudrais faire le point des possibili
1569 rais faire le point des possibilités spécifiques, et comme prédestinées, du Conseil de l’Europe. On a souvent cité, ces d
1570 ’Europe. On a souvent cité, ces derniers temps — et surtout depuis les « échecs » subis par la CEE à Athènes et à Bruxell
1571 depuis les « échecs » subis par la CEE à Athènes et à Bruxelles — le mot un peu désabusé de Jean Monnet à la fin d’une ca
1572 tait à refaire, je commencerais par la culture. » Et l’on a vu la CEE soutenir discrètement des congrès comme celui, tout
1573 des congrès comme celui, tout récent, de Venise, et celui qui se prépare pour l’automne à Rome. Il y a là des réactions d
1574 ’États-nations qui ne représente, par ses statuts et sa vocation spécifique, que les seuls intérêts économiques, et cela d
1575 n spécifique, que les seuls intérêts économiques, et cela dans 10 pays seulement, c’est-à-dire un peu moins de la moitié d
1576 brasser l’unité millénaire des 21 pays de l’Ouest et des 8 pays de l’Est, non moins européens par leurs traditions culture
1577 moins européens par leurs traditions culturelles, et plus européens encore par les espoirs qu’ils mettent dans un avenir d
1578 ncipes qui ont formé d’un même mouvement l’Europe et sa culture commune. Il est vrai que les préoccupations culturelles du
1579 ache surtout à la défense des libertés politiques et qu’il représente la totalité des peuples de l’Ouest du continent, don
1580 d’initiation, d’instauration, de mise en marche ; et que le concept de culture soit pris au sens actif de création (non de
1581 nt) ; au sens actif d’évaluation, d’établissement et de maintien des valeurs caractéristiques qui orientent une civilisati
1582 ncer par la culture, c’est assurer dès le départ, et rétablir avec vigilance la primauté des fins que se donne une société
1583 ce la primauté des fins que se donne une société, et la conformité de ces fins proclamée avec des moyens politiques et les
1584 de ces fins proclamée avec des moyens politiques et les activités économiques qu’elle met en œuvre à leur service. La plu
1585 nt que les Européens s’unissent pour les défendre et les illustrer : ce fut la table ronde de l’Europe, réunie à Rome en o
1586 ea sous les lambris dorés du Palais Aldobrandini, et la séance de clôture se tint au Capitole. Pendant une semaine, devant
1587 semaine, devant une vingtaine d’hommes de culture et de publicistes, nommés par les gouvernements des États membres, sept
1588 nements des États membres, sept éminents penseurs et hommes d’État européens (que j’eus l’honneur de présider) avaient été
1589 nds thèmes historiques, religieux, philosophiques et politiques au sens premier du terme, de l’unité fondamentale des Euro
1590 s légendaires de la Résistance en Allemagne nazie et dans ses camps, le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund
1591 recteur de l’Université de Lund, Robert Schuman, et l’historien Arnold Toynbee.w Des groupes d’études prirent la suite d
1592 n Franco Valsecchi ; un groupe questions sociales et économiques, rapporteur l’économiste anglais Peter Wiles ; et un grou
1593 es, rapporteur l’économiste anglais Peter Wiles ; et un groupe sciences, avec notamment le grand physicien nucléaire Lew K
1594 auquel on doit de fécondes études sur l’éducation et la propagation des études européennes dans les écoles aux trois degré
1595 par moi) au processus de développement économique et social. Ce qui revient à « ajouter » un peu de superflu au nécessair
1596 à « ajouter » un peu de superflu au nécessaire — et je dis halte ! Si la culture n’est pas première, n’est pas directrice
1597 culture n’est pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC li
1598 urtant proposée par elle dans sa session de 1978) et décidait … d’élaborer une Déclaration européenne sur les objectifs c
1599 is en compte dans leur politique en tous domaines et de contribuer ainsi à une prise de conscience par les Européens de l’
1600 à une consultation des instances gouvernementales et non gouvernementales concernées ; 3. de recueillir parallèlement l’av
1601 ations, d’avant-projets rédigés, critiqués, limés et réduits selon les exigences nationales, le nouveau projet soumis au C
1602 es ministres de la Culture) fut à nouveau rejeté, et c’est une troisième version que les hauts fonctionnaires acceptèrent
1603 ionnaires acceptèrent finalement en janvier 1984, et présentèrent à la ratification de leurs ministres réunis à Berlin en
1604 tent les États membres, mais aussi les citoyennes et citoyens à concentrer leurs efforts pour : — développer le patrimoine
1605 r leurs efforts pour : — développer le patrimoine et la création97 — développer les aptitudes humaines — assurer la libert
1606 permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté et l’attachement solidaire aux droits de l’homme »98 et qu’« un tel épan
1607 l’attachement solidaire aux droits de l’homme »98 et qu’« un tel épanouissement passe par la culture qui constitue le fact
1608 s sociétés avec les facteurs sociaux, économiques et technologiques ». Tout cela, bel et bon (quoique mal dit en français)
1609 , économiques et technologiques ». Tout cela, bel et bon (quoique mal dit en français). Les intentions de MM. les ministre
1610 oyens « le plein exercice de la liberté de pensée et d’expression » et surtout la possibilité de « participer à la définit
1611 xercice de la liberté de pensée et d’expression » et surtout la possibilité de « participer à la définition des choix qui
1612 — je pense notamment au choix du nucléaire civil et militaire, que l’action des gouvernements s’efforce sans relâche de s
1613 nt sur une tradition séculaire d’humanisme laïque et religieux, source de leur attachement inaliénable à la liberté et aux
1614 urce de leur attachement inaliénable à la liberté et aux droits de l’homme… »99 En trois lignes, voici tranchés — à tort
1615 me… »99 En trois lignes, voici tranchés — à tort et à travers — trois problèmes majeurs de la culture dans ses rapports a
1616 ure dans ses rapports avec l’Europe de l’Histoire et avec la construction à venir de son Union. On nous apprend d’abord qu
1617 des sources dont on connaît la profonde diversité et les interactions créatrices), mais seulement des cultures européennes
1618 ssues de l’Aufklärung, de la révolution jacobine, et surtout de Karl Marx, ont toutes fait et font encore preuve d’un atta
1619 acobine, et surtout de Karl Marx, ont toutes fait et font encore preuve d’un attachement « inaliénable » à la liberté et a
1620 uve d’un attachement « inaliénable » à la liberté et aux droits de l’homme ? Les régions. Le cas de la division du CE qu
1621 nime la Conférence permanente des pouvoirs locaux et régionaux est à peu près l’inverse du précédent. Ici, l’on est parti
1622 arti non des mythes sacro-saints de l’État-nation et de la souveraineté nationale absolue, mais au contraire des besoins h
1623 esoins mêmes que la centralisation administrative et décisionnelle de la plupart de nos États européens empêche de prendre
1624 nos États européens empêche de prendre en compte et à plus forte raison de satisfaire. On est parti de ces besoins les mi
1625 a reconnu rapidement les causes d’insuffisances, et de malfonctionnement, ainsi que les remèdes possibles, généralement à
1626 èdes possibles, généralement à portée de la main. Et peu à peu l’on est passé de l’échelle communale à la région, selon la
1627 imensions des tâches nécessaires ou souhaitables, et selon les moyens nouveaux qu’offraient les inventions technologiques,
1628 ne complexité telle que l’État les niait purement et simplement, faute de concevoir la possibilité de les maîtriser. Une p
1629 alie, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Espagne et même en France, comme un des développements majeurs, politique, socia
1630 oppements majeurs, politique, social, économique, et surtout civique, du xxe siècle finissant. Une troisième Conférence d
1631 ant. Une troisième Conférence des pouvoirs locaux et régionaux va se tenir en octobre à Borken (RFA) et permettra de faire
1632 t régionaux va se tenir en octobre à Borken (RFA) et permettra de faire le point des progrès accomplis au cours des derniè
1633 progrès accomplis au cours des dernières années, et de l’évolution très prometteuse qui se dessine dans l’invention de re
1634 ne dans l’invention de relations socioéconomiques et culturelles et de statuts juridiques d’un type nouveau, au sein de ré
1635 tion de relations socioéconomiques et culturelles et de statuts juridiques d’un type nouveau, au sein de régions définies
1636 s définies à la fois par la géographie, la langue et la culture, les traditions et les ressources naturelles, mais divisée
1637 ographie, la langue et la culture, les traditions et les ressources naturelles, mais divisées en deux ou en trois apparten
1638 s par des partages arbitraires au gré des guerres et des traités. Le plus remarquable, en l’occurrence, c’est que la régio
1639 e la région : le citoyen ne peut se sentir libre, et être libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer
1640 dans un milieu dont il connaît bien les problèmes et les ressources. Tout le reste est littérature. Il n’y a pas de libert
1641 e plus avancer, à parler de l’union sans la faire et à dire son urgence tout en la renvoyant à quelque session ultérieure.
1642 . Je lis pas mal d’études sur la CEE de Bruxelles et ses problèmes. Je suis de près les activités culturelles et régionali
1643 blèmes. Je suis de près les activités culturelles et régionalistes du CE, et j’y participe chaque fois qu’on me le propose
1644 les activités culturelles et régionalistes du CE, et j’y participe chaque fois qu’on me le propose. Nulle part je ne vois
1645 la va sans dire, buts toujours différés sine die, et cela va tellement mieux en le taisant… J’appelle aberration maximale
1646 européenne » — situation que personne n’a prévue et moins encore voulue, mais qui consiste, au fait et au prendre, à conf
1647 t moins encore voulue, mais qui consiste, au fait et au prendre, à confier l’union à deux organisations dépourvues de tout
1648 vocation multiple : politique, juridique, sociale et culturelle, mais sans autres pouvoirs que de propositions, et la seco
1649 e, mais sans autres pouvoirs que de propositions, et la seconde à vocation unique, économique, mais dotée de quelques pouv
1650 s, par le droit de veto d’un des membres) ; l’une et l’autre en fin de compte dépendant des États constamment susceptibles
1651 igne du nom, mais deux assemblées sans nuls liens et dont les vœux n’ont guère de poids au regard des intérêts particulier
1652 gard des intérêts particuliers des États membres. Et surtout, point de constitution qui unifie les efforts et les rende co
1653 out, point de constitution qui unifie les efforts et les rende convergents. Ni l’une ni l’autre des deux organisations par
1654 à conduire une politique européenne, à invoquer, et d’abord à faire naître un vrai civisme européen ; et, but suprême, à
1655 d’abord à faire naître un vrai civisme européen ; et , but suprême, à assurer le maintien de la paix continentale. Quels q
1656 s que l’on porte sur les trente-cinq années du CE et les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’il en soit des qualités et d
1657 années de la CEE, quoi qu’il en soit des qualités et des défauts intrinsèques de chaque institution — la qualité des homme
1658 plus haut — la seule question qui demeure ouverte et qui exige une réponse immédiate est de savoir si nous allons enfin pr
1659 r le faire ? Je vois seulement ce qui est urgent, et qui commande le reste : — il s’agit d’unifier les actions parallèles
1660 il s’agit d’unifier les actions parallèles du CE et de la CEE, — et de les rendre convergentes, sous le signe d’une Const
1661 fier les actions parallèles du CE et de la CEE, — et de les rendre convergentes, sous le signe d’une Constitution répondan
1662 dant aux nécessités de l’unité dans la diversité, et de l’union des autonomies, régionales plus encore que nationales, — a
1663 d, mais bien des libertés concrètes des citoyens, et donc de leurs responsabilités. Le projet de la Constitution rédigé pa
1664 intéresse tout à la fois la Communauté européenne et le Conseil de l’Europe. » La CEE a constitué un « Comité ad hoc sur l
1665 ctuellement existantes sont adaptées aux réalités et aux exigences de l’Europe de demain. » En même temps, la Commission n
1666 ière aux relations entre la Communauté européenne et le Conseil de l’Europe. » 85. Ces six organisations étaient alors 
1667 hill), le Comité pour l’Europe unie (Raoul Dautry et René Courtin), la Ligue économique de coopération européenne (Paul va
1668 liste pour les États-Unis d’Europe (André Philip) et , last but not least, l’Union européenne des fédéralistes (Henri Brugm
1669 ndys, jeune ancien ministre anglais des Armements et gendre de Churchill, et le Secrétaire général, le Polonais Joseph Ret
1670 tre anglais des Armements et gendre de Churchill, et le Secrétaire général, le Polonais Joseph Retinger, qui avait été « l
1671 ye ». 86. Mon ami Richard Heyd, directeur d’Ides et Calendes, Neuchâtel, Suisse. 87. Note de 1984. On aura reconnu là l
1672 « Vos lettres, mon cher, je les sais par cœur ! » Et deux jours après, Spaak descendant l’escalier de notre hôtel : « Je l
1673 fédéralistes, dont Henri Brugmans, Alexandre Marc et Raymond Silva avaient été les fondateurs, relayés en 1948 par Henri F
1674 elayés en 1948 par Henri Frenay, Altiero Spinelli et moi-même. C’est un des responsables de l’UEF, le professeur Mouskhély
1675 ître d’œuvre de cette opération hautement risquée et réalisée sans la moindre bavure. 92. Publié par le Centre européen d
1676 oc se tenant à Strasbourg, au Palais de l’Europe, et le jeu des ministres des Six passant inaperçus au regard du grand enj
1677 . 96. Voir la brochure de 44 p. éditée par le CE et intitulée Déclaration européenne sur les objectifs culturels, 4e Conf
1678 ir les textes des Rapports soumis à la Conférence et sa Déclaration finale dans le numéro d’été 1972 du Bulletin du Centr
1679 rend compte dans un article de la revue Preuves et du Bulletin du Centre européen de la culture entre autres.
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
1680 s thèmes d’essai que je peux terminer rapidement, et puis deux livres très importants pour moi, qu’il faudra que je réécri
1681 domaines, littéraire, métaphysique ou politique. Et puis, à part cela, j’ai encore mes activités européennes. Je compte m
1682 ntre européen de la culture que j’ai créé en 1948 et inauguré en 1950. Mais je ne vais pas le laisser, l’abandonner en che
1683 je compte trouver du côté du Conseil de l’Europe et de plusieurs organismes gouvernementaux ou privés. Je voudrais, avant
1684 faire dans la vie, comme on le fait à cet âge-là, et j’ai décidé que j’allais devenir chimiste. Pourquoi ? Parce que j’ava
1685 végétales ou biologiques en mélangeant des acides et des bases dans des espèces de crèmes qu’il fabriquait avec de la coll
1686 i été fasciné par cela, je me suis mis à l’imiter et à essayer de refaire des plantes. Je faisais des crèmes que je compos
1687 livres, je les mettais au fond d’une éprouvette, et avec une stupéfaction que vous pouvez imaginer — surtout à cet âge-là
1688 je voyais de petites cellules se former, monter, et cela faisait finalement une longue plante qui poussait en deux ou cin
1689 ngue plante qui poussait en deux ou cinq minutes, et quand elle arrivait en haut de l’éprouvette cela donnait une sorte de
1690 natives, on était dans les choses plus sérieuses. Et puis je suis entré au gymnase scientifique de Neuchâtel à 16 ans, tro
1691 ématiques par semaine. J’en ai beaucoup souffert, et je me suis mis, pour essayer de compenser cette erreur d’aiguillage a
1692 enu ma nouvelle obsession, je ne faisais que cela et je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chose que de
1693 vais vulgaire d’écrire des articles, par exemple. Et voilà qu’un beau jour, comme je faisais beaucoup de sport, j’étais pa
1694 ssais, qui était La Semaine littéraire, à Genève, et j’ai reçu trois jours après au Gymnase de Neuchâtel, qui avait la mêm
1695 pourquoi j’avais tant de peine à faire des maths et de la chimie. Je les trahissais en faisant de la littérature. C’était
1696 lors. Après ses études universitaires en lettres et philosophie, Denis de Rougemont est parti pour Paris, où il a travail
1697 is, où il a travaillé auprès de maisons d’édition et écrit les premières œuvres qui lui ont immédiatement valu la notoriét
1698 es d’écoles de pensée nouvelles. C’était en 1931, et jusqu’à la guerre, il y a eu neuf années tout à fait extraordinaires,
1699 J’ai découvert Heidegger, le philosophe allemand. Et puis avec mes amis, nous avons très vite fondé des groupes de pensée
1700 inuent aujourd’hui encore dans la revue Esprit , et une autre petite revue à laquelle j’étais plus étroitement attaché, q
1701 opposition à l’individu, d’homme à la fois libre et responsable, les deux termes, les deux adjectifs étant absolument lié
1702 e si vous avez commis une grave faute ou un crime et que votre avocat peut démontrer que vous n’étiez pas libre quand vous
1703 s fruits dans pas mal de domaines de la politique et de la vie des idées politiques en Europe, après la tragédie de la gue
1704 opposions à tout cela, la personne, l’homme libre et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et r
1705 nt notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et là tout
1706 c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différen
1707 é à Berne à l’état-major, dans la section « Armée et foyer », qui s’occupait des liaisons entre l’armée et la population e
1708 oyer », qui s’occupait des liaisons entre l’armée et la population et aussi du moral des troupes. Je m’y suis senti à l’ai
1709 upait des liaisons entre l’armée et la population et aussi du moral des troupes. Je m’y suis senti à l’aise, car je pouvai
1710 thard avec des gens que nous avions pris à droite et à gauche conformément à ma philosophie « ni gauche ni droite, mais en
1711 n 1940, mon ordonnance est entrée dans mon bureau et m’a dit : « Mon premier-lieutenant, on vient d’entendre qu’Hitler est
1712 penser à mon article. Il était en première page, et le titre en était : « À cette heure où Paris exsangue voile sa face d
1713 e heure où Paris exsangue voile sa face de nuages et se tait. » Je me dis : « Bon c’est un peu sentimental », sans penser
1714 oduirait un déchaînement dans le grand état-major et chez le général. J’ai été mis aux arrêts immédiatement pour atteinte
1715 mmédiatement pour atteinte à la neutralité suisse et même bien pire : j’étais accusé de mettre en péril la sécurité de la
1716 la Ligue du Gothard, mais cela devenait difficile et risqué parce qu’elle comptait des membres clandestins dans l’armée. S
1717 n Suisse, on m’a donné un passeport diplomatique, et allez ouste, départ avec toute ma famille (ma première femme et deux
1718 , départ avec toute ma famille (ma première femme et deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyss
1719 première femme et deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyssée que d’arriver en Amérique en ca
1720 . Il y eut Pearl Harbor. La guerre entre le Japon et les États-Unis. Je n’ai donc pas pu revenir en Europe. J’ai passé six
1721 revenir en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’ai dû m’y débrouiller. Denis de Rougemont est resté aux États-Unis
1722 itié avec André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst et Matta et d’autres exilés : Alexis Léger, Boris Souvarine, Jacques Mar
1723 André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst et Matta et d’autres exilés : Alexis Léger, Boris Souvarine, Jacques Maritain, Co
1724 éger, Boris Souvarine, Jacques Maritain, Consuelo et Antoine de Saint-Exupéry. En 1944, il reçoit un « fellowship » de la
1725 du tout d’argent pour rentrer, aucun job ni rien, et voilà que je reçois un beau jour, au début de l’année 1946, il y a de
1726 ppelait « Rencontres internationales de Genève », et m’offrait de passer un mois en Suisse. C’était vraiment un « godsend 
1727 onférence pour les « Rencontres internationales » et l’ai donnée le jour même de mes 40 ans, le 8 septembre 1946. Cela a t
1728 t, entre autres, pour la France, Georges Bernanos et Julien Benda, pour l’Allemagne le philosophe Karl Jaspers, le philoso
1729 s neuf conférenciers, dont j’étais le plus jeune, et j’ai parlé des maladies de l’Europe, de la mauvaise mine que je lui t
1730 on engagement européen à quarante ans exactement, et le soir de mes 40 ans. Au centre de l’intérêt de Denis de Rougemont i
1731 s l’avons vu, l’homme, en tant que personne libre et responsable, par opposition à l’individu anonyme perdu dans la masse.
1732 oute sa réflexion sur l’homme, but de la société, et non pas l’inverse, comme on a l’air de le croire dans les sociétés to
1733 onsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à tr
1734 0 ». C’est là le fondement de tout ce que j’écris et de toute mon action politique pour l’Europe. Les dangers sont innombr
1735 tomique, même localisée entre deux ou trois pays, et qui durerait un ou deux mois, aboutirait à la fin de toute vie sur te
1736 s le veulent, mais comme un sujet, un homme libre et responsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me rép
1737 onsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me répète, il faut que la société soit faite pour l’homme, et n
1738 , il faut que la société soit faite pour l’homme, et non le contraire. Les deux grandes finalités que l’on doit rechercher
1739 ce n’est pas la puissance, mais c’est la liberté et la responsabilité liées, comme je l’ai dit, et l’amour. L’amour est u
1740 té et la responsabilité liées, comme je l’ai dit, et l’amour. L’amour est un des grands thèmes de Denis de Rougemont. Au p
1741 ce sentiment devient-il un facteur de libération et de dépassement pour l’homme ? Ne peut-il devenir facteur de destructi
1742 peut-il devenir facteur de destruction de l’autre et de soi-même ? Quand on parle d’amour, on parle de beaucoup de choses
1743 e de beaucoup de choses complètement différentes, et quelquefois tout à fait opposées. Je suis arrivé, en écrivant mon liv
1744 s. Je suis arrivé, en écrivant mon livre L’Amour et l’Occident , à mettre cela au clair, en prenant l’exemple de l’amour
1745 re cela au clair, en prenant l’exemple de l’amour et du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’est pas une passion égoïste
1746 oïste, purement physique, sexuelle, ou romantique et littéraire. Cela, c’est l’amour sentimental, c’est l’amour que l’on s
1747 tif où l’homme est actif pour le bien de la femme et la femme pour le bien de l’homme par ses actions quotidiennes, toute
1748 tandis que l’amour sérieux, vécu tous les jours, et qui est un véritable amour — on veut le bien de l’autre — passe pour
1749 le dire), comme finalité suprême à toute société et à toute vie humaine, en même temps ces trois choses : la liberté, ins
1750 esponsabilité civique vis-à-vis de la communauté, et l’amour considéré comme action. Et là je rejoins, si vous le voulez,
1751 la communauté, et l’amour considéré comme action. Et là je rejoins, si vous le voulez, les fondements mêmes du christianis
1752 s circonstances avez-vous écrit le livre L’Amour et l’Occident  ? Eh bien, c’était dans les deux ou trois premières année
1753 . J’y ai bien appris ce qu’était l’amour-passion, et à quelles catastrophes cela pouvait mener. J’ai éprouvé le besoin d’é
1754 commencé à l’écrire dans un état de concentration et de passion littéraire considérables. Au moment, prévu par le contrat,
1755 ais. Il s’agit d’un livre qui s’appelle La France et son armée. » L’auteur s’appelait le colonel de Gaulle. Alors j’ai rép
1756 n’avais rien écrit. C’est dans un état de fièvre et de concentration extraordinaires que je m’y suis mis. J’ai écrit ce l
1757 rien d’autre, ou bien j’écris comme cela me vient et puis on verra bien le résultat. » Je commençais un peu à débrouiller
1758 mençais un peu à débrouiller mes idées là-dessus, et en trois mois j’ai bouclé le livre qui a paru en 1939, quelques mois
1759 r servir les finalités suprêmes de l’homme, libre et responsable, et aimer d’une manière active, il faut absolument de pet
1760 alités suprêmes de l’homme, libre et responsable, et aimer d’une manière active, il faut absolument de petites communautés
1761 -nations centralisés, sous la direction de l’État et de ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commun
1762 notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu j’ai retrouvé ma tradition suisse de fédéralis
1763 où nous sommes, à Genève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des intérêts communs. De tout ce qui concerne le
1764 dent à rien. Il faut d’abord concevoir, imaginer, et ensuite réaliser de proche en proche une Europe basée sur des communa
1765 l’homme puisse être un homme, un cadre de liberté et de responsabilité. La responsabilité, c’est concrètement une question
1766 e faire entendre. Donc il nous faut recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions et aboutir à une Europe qui ne soit
1767 recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions et aboutir à une Europe qui ne soit pas une coalition d’États surarmés,
1768 tes américaines, mais pour pouvoir vivre ensemble et faire son métier d’homme. Voilà la base de ce que je peux appeler la
1769 squ’il nous faut partir d’une finalité de l’homme et des valeurs les plus communes aux Européens, cela veut dire qu’il nou
1770 conçois la culture comme l’ensemble des finalités et des valeurs communes à tous les Européens, qu’ils soient Français, Da
1771 ommun depuis des siècles, depuis des millénaires, et c’est de cela qu’il faut partir, c’est là-dessus qu’il faut bâtir. No
1772 social, une société où l’homme puisse être libre et responsable et pratiquer l’amour d’une manière active. J’en reviens t
1773 ciété où l’homme puisse être libre et responsable et pratiquer l’amour d’une manière active. J’en reviens toujours à la mê
1774 onformément à ma doctrine, était de l’engagement, et non pas de la théorie pure. J’ai tout de suite commencé à travailler
1775 rt Schumanz, grande figure du Mouvement européen, et de nombreuses personnalités de premier plan. Denis de Rougemont y pré
1776 Denis de Rougemont y présente le Rapport culturel et lors de la séance de clôture lit le Message aux Européens qu’il a été
1777 avec 40 festivals européens, un festival d’Israël et un festival du Japon où on joue de la musique européenne. C’est une r
1778 ire l’Europe il faut d’abord faire des Européens, et non pas de petits Français, de petits Suisses, de petits Allemands, d
1779 Athènes, de Jérusalem, de la Germanie, des Celtes et plus tard des Arabes, et à partir du xixe siècle des Russes aussi av
1780 la Germanie, des Celtes et plus tard des Arabes, et à partir du xixe siècle des Russes aussi avec leurs grands romancier
1781 ec leurs grands romanciers, Tolstoï, Dostoïevski, et leurs grands musiciens. Il y a toute une évolution qui est commune à
1782 n trésor commun qui s’est fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous de
1783 ntenant presque quarante ans. Il y a eu des hauts et des bas. Nous avons traversé une crise assez forte ces dernières anné
1784 e la culture, ce qui me permettrait de me retirer et de finir les douze livres dont je vous parlais en débutant. Voilà pou
1785 nt, critiquant violemment les pouvoirs politiques et économiques, sourds aux véritables exigences de liberté de l’homme. U
1786 s, qui a provoqué en lui un sentiment de solitude et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme 
1787 rale. Je suis entièrement persuadé que les Russes et les Américains sont très contents comme ça, ne vont pas s’envoyer de
1788 fond très bien, beaucoup mieux qu’on ne le croit, et c’est l’Europe qui risque d’être victime de leur politique. L’Europe,
1789  ? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes et les Américains additionnés. Alors qu’on ne vienne pas me dire que l’E
1790 égions, pour sauver la paix, pour assurer la paix et empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’il est utopique de pen
1791 st par la culture qu’on arrivera à les rapprocher et à les détacher de l’emprise de la dictature soviétique. Là j’ai de l’
1792 être pessimiste : si on laisse les choses aller — et elles ne pourraient qu’aller plus mal vers la catastrophe totale — en
1793 n revanche on doit être optimiste si on est actif et si on peut mesurer les progrès de cette action. Par exemple, je suis
1794 tres viennent maintenant à cette idée des valeurs et des finalités communes de la culture. Pour être plus concret, plus pr
1795 fait des progrès immenses. J’en suis très content et je suis optimiste parce que j’ai énormément œuvré pour cela : je me d
1796 uerre détruise notre nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premiers rangs des écol
1797 ait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos », et cela suffisait pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous
1798 vrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journaux. Vous pouvez ouvr
1799 a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’impose dans le monde entier. On n
1800 nière d’attaquer ou de ne pas attaquer la nature, et je pense que la cause écologique a fait des progrès gigantesques dans
1801 n de la nature sont déjà deux objectifs immenses, et pour y parvenir il faut donner aux hommes d’aujourd’hui l’idée que le
1802 us avons tous en nous un certain désir de liberté et un certain désir de puissance, il faut le reconnaître. J’en suis venu
1803 eux grandes finalités qui se partagent l’humanité et qui fonctionnent dans tout homme, la puissance d’une part et la liber
1804 tionnent dans tout homme, la puissance d’une part et la liberté de l’autre. Dans les deux cas, il s’agit d’un pouvoir. La
1805 près en même temps, simultanément, les personnes et la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-no
1806 tres, la puissance qui ne peut mener qu’à la mort et à la catastrophe ? Ou voulons-nous la liberté et ses risques ? x.
1807 et à la catastrophe ? Ou voulons-nous la liberté et ses risques ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien] Denis de Rougem
1808 nu à en rendre le contenu dans toute la fraîcheur et la spontanéité du langage parlé. C’est dans la maison de Denis de Rou