1
enouveler mes responsabilités dans cette affaire,
et
à débrouiller ce que les journalistes, suivis par la critique, ont br
2
aliste avec ses deux revues principales, Esprit
et
L’Ordre nouveau . Mon premier livre publié à Paris, Politique de la
3
tient lieu de vertu politique à ce siècle débile
et
fiévreux ? On se demande alors de quoi je me mêle. Je réponds que je
4
urd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère,
et
par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activ
5
qu’il y faut, puissent quitter ce combat mauvais,
et
porter ailleurs leur violence. Ou plus exactement encore, si je fais
6
ou bien elle s’engage dans un conflit concret, —
et
découvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’
7
oir autre chose, pouvoir choisir ses résistances,
et
provoquer des adversaires plus nobles. Est-ce que tout se ramène à de
8
est la bêtise qui s’occupe des affaires publiques
et
tout finit en dictature : plus question de pensée libre, j’entends :
9
tique de l’autruche. L’issue fût-elle désespérée.
Et
peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau
10
Réactions, par leur volonté proclamée de rupture,
et
plus encore par leurs revendications constructives, révèlent peut-êtr
11
eut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ;
et
certains objectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de to
12
du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels,
et
si violemment accentué qu’il peut paraître suffisant pour définir un
13
ire. Le chapitre suivant s’intitule : « Ridicule
et
impuissance du clerc qui s’engage ». J’y montrais que la pensée bourg
14
s’engage ». J’y montrais que la pensée bourgeoise
et
universitaire tout entière s’était mise à l’école de Montaigne : « Le
15
écite », croyant ainsi tirer son épingle du jeu.
Et
c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée
16
Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine
et
de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise aboutit à la con
17
ité que la police, plus d’autre unité que l’État,
et
plus d’autres réalités que celles qui concernent la moitié inférieure
18
nt la moitié inférieure de l’homme. (Pour le cœur
et
la tête, on verra plus tard, disent-ils ; en attendant, ils les veule
19
ntellectuels prétendent « entrer dans l’action »,
et
cela se traduit par de généreux manifestes, des formules vagues, à pe
20
manifestes, des formules vagues, à peine sonores
et
toujours anti-quelque chose. Ni l’adhésion à un programme « résolumen
21
rtain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien
et
détourne d’agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueil
22
e de penser. Entre ces deux écueils, le ridicule
et
l’impuissance, existe-t-il encore un détroit navigable ? Existe-t-il
23
ité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, —
et
sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une e
24
la personne. Enfin de la traduire en institutions
et
coutumes. Ou, tout au moins, d’indiquer les limites, la formule et le
25
tout au moins, d’indiquer les limites, la formule
et
les buts de ces institutions. Les buts, à mes yeux n’étaient pas la
26
Les buts, à mes yeux n’étaient pas la puissance
et
la production, mais « une politique à hauteur d’homme » (expression q
27
ne humaine. C’est une politique dont chaque temps
et
chaque but se trouvent subordonnés à la défense et à l’affirmation de
28
t chaque but se trouvent subordonnés à la défense
et
à l’affirmation de la personne, module universel des institutions. Ce
29
ique s’oppose au gigantisme américain, soviétique
et
capitaliste ; elle s’oppose à l’émiettement social de la démocratie i
30
oitation de l’homme par ses créations, par l’État
et
par les bavards radiodiffusés. Elle refuse la dictature, parce que le
31
e en chacun des citoyens conscients, fussent-ils,
et
c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement humains :
32
r une politique établie dès le départ à ce niveau
et
dans cette vue. Le style engage C’est dans Penser avec les ma
33
Penser avec les mains , écrit l’année suivante,
et
publié en 19362, que la notion d’engagement se trouve référée aux sou
34
, c’est-à-dire du passage de l’acte à la personne
et
de la personne à la communauté. Trois citations tirées de la dernière
35
t n’est pas libre, mais au contraire libératrice.
Et
c’est une tâche révolutionnaire qui s’impose à la France actuelle : n
36
ui nous importe — mais pour le salut de la pensée
et
pour que l’homme reste humain, ou le devienne. […] Seule, détient le
37
ionne au double sens du mot. Les clercs défendent
et
définissent une liberté de la pensée qui n’est au vrai qu’une assuran
38
nser n’est réelle que chez un homme qui a reconnu
et
qui accepte le danger de penser. On serait parfois tenté de souhaiter
39
at à l’acte de penser, qui se forge ses fatalités
et
qui se crée ses propres risques et périls, si libéral que prétende êt
40
ses fatalités et qui se crée ses propres risques
et
périls, si libéral que prétende être le régime. « La supériorité véri
41
ans l’abstrait la volonté de s’ordonner à un but,
et
d’y soumettre ses moyens. Un style soumis à la rudesse nouvelle, non
42
, les figures. Que chaque phrase implique ce but,
et
le désigne par son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin et no
43
son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin
et
non plus à de bons modèles. Et qu’il rappelle à la situation, au lieu
44
s’ordonne à sa fin et non plus à de bons modèles.
Et
qu’il rappelle à la situation, au lieu de rappeler des sources. Que n
45
té éthique immédiate à chaque progrès du discours
et
qu’il n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pou
46
limpidité naît d’une ardente volonté d’expliquer
et
de justifier son intuition, rien qu’elle, dégagée de toute allusion i
47
la Saison, étreignant la « réalité rugueuse »… «
Et
allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus
48
nt devenu slogan se verra récupéré par les partis
et
par leurs intellectuels embrigadés. D’où la colère qui nous prend, à
49
yant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds
et
qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolut
50
dans le premier parc venu, à gauche ou à droite,
et
depuis lors y bêlent d’une voix aigre et anxieuse, tout en signant un
51
droite, et depuis lors y bêlent d’une voix aigre
et
anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé p
52
antité de manifestes. Ils ont signé pour le négus
et
contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples, et pour ses in
53
e lui ; pour le chef bien-aimé, Père des peuples,
et
pour ses innocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco et cont
54
ocentes victimes, vipères lubriques ; pour Franco
et
contre Franco ; contre Dollfuss et pour Schuschnigg ; pour Thaelmann,
55
; pour Franco et contre Franco ; contre Dollfuss
et
pour Schuschnigg ; pour Thaelmann, contre le Japon, à propos du tsar,
56
tes, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille
et
d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d
57
’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas
et
il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ig
58
ple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle
et
partisane d’une pensée que réside son engagement. C’est au contraire,
59
dans son élan premier, dans sa prise sur le réel
et
dans sa volonté de la transformer, donc finalement de le dominer. S’e
60
une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer
et
assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de sout
61
été les plus violemment engagés dans la réalité.
Et
cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’eng
62
mps dans les voies de « l’engagement » politique,
et
faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintena
63
rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés,
et
la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais dangers, c’e
64
des vrais dangers, c’est-à-dire des vraies luttes
et
des vrais engagements. » Conclusion J.-P. Sartre, auquel nous
65
ricain au service des ploutocrates internationaux
et
des démocraties de l’Ouest. Une idéologie de style nazi se retourne,
66
on seulement les premiers résistants, mais aussi,
et
du même mouvement, les premiers fédéralistes européens organisés.
67
par la charge d’idées philosophiques, politiques
et
sociales que la poésie de l’avenir aura à assumer, Lamartine esquisse
68
1837, le portrait d’un poète « responsable, actif
et
engagé ». Les trois épithètes s’éclairent réciproquement. Elles impl
69
il d’articles parus pour la plupart dans Esprit
et
L’Ordre nouveau , et de conférences sur les principaux thèmes du per
70
ur la plupart dans Esprit et L’Ordre nouveau ,
et
de conférences sur les principaux thèmes du personnalisme. 2. Pense
71
adrid, à Stalingrad, dans les maquis… » (p. 246).
Et
plus loin : « Le sort de la littérature est lié à celui de la classe
72
l’attitude de l’écrivain, de l’artiste, du savant
et
du militant qui consiste à prendre appui, en se définissant par rappo
73
s’agit d’une attitude spécifiquement européenne,
et
si peu étrangère ou extérieure à l’Europe que l’on peut lire dès la p
74
quelle « mondialité », je notai cette définition
et
la fis circuler mine de rien : « L’Européen ne serait-il pas cet homm
75
dans la mesure précise où il doute qu’il le soit,
et
prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel qu’il i
76
meilleure dont nos mythes perpétuent le souvenir
et
que d’autres peuples… auraient préservée jusqu’à nos jours ». C’est l
77
» de transformation ou de conservation culturelle
et
politique extraeuropéens. C’est enfin « la tendance à favoriser systé
78
enfin « la tendance à favoriser systématiquement
et
inconditionnellement les modes intellectuelles qui attribuent à l’Eur
79
fice de citations — d’Hérodote louant les Scythes
et
Tacite les Germains, par les pages célèbres de Montaigne et les « cla
80
les Germains, par les pages célèbres de Montaigne
et
les « clameurs » de Bartholomé de las Casas sur l’innocence et les so
81
eurs » de Bartholomé de las Casas sur l’innocence
et
les souffrances des Indiens, et par l’aimable mythologie du xviiie —
82
s sur l’innocence et les souffrances des Indiens,
et
par l’aimable mythologie du xviiie — le sage Égyptien, le philosophe
83
6 jusqu’aux diatribes exaspérées d’un Franz Fanon
et
de son préfacier Jean-Paul Sartre invitant à « tirer à vue » sur l’Eu
84
ons puériles de la civilisation par son innocence
et
ses vertus simples ». Nous tenons enfin le Suisse au-dessus de tout s
85
aux Demoiselles d’Avignon, au Sacre du Printemps.
Et
tout débouche au xxe siècle sur une crise non seulement de la cultur
86
l’idée même de culture, sur le divorce entre art
et
société, sur l’impuissance de la révolte en soi et la mise au pas de
87
t société, sur l’impuissance de la révolte en soi
et
la mise au pas de l’artiste dans la moitié du monde non européen… L’e
88
volution de 1956, qui a fait ses études en Suisse
et
professé dans une grande université américaine avant de revenir à Gen
89
rsitaire d’études européennes. Culture littéraire
et
politique, qui comprend à la fois, outre les domaines français, allem
90
à la fois, outre les domaines français, allemand
et
anglo-saxon, celui de l’Europe de l’Est, et qui a nourri deux ouvrage
91
emand et anglo-saxon, celui de l’Europe de l’Est,
et
qui a nourri deux ouvrages marquants sur les rapports de l’anarchie e
92
ouvrages marquants sur les rapports de l’anarchie
et
du marxisme avec l’esthétique. Cent-cinquante pages seulement, mais q
93
’on croyait bien connaître ou d’inconnus profonds
et
pittoresques ; soit par certaines ambiguïtés, par des raccourcis polé
94
t, se dit-on, d’au moins tripler ce mince volume,
et
surtout de lui donner des suites non plus seulement descriptives mais
95
nt descriptives mais normatives, programmatiques,
et
pour tout dire d’un mot dont l’auteur se méfie : plus « engagées ». L
96
l’optimisme d’un Saint-Simon, d’un Auguste Comte
et
d’un Marx, tous trois tenants d’un européocentrisme fanatique et d’un
97
ous trois tenants d’un européocentrisme fanatique
et
d’un progressisme qui n’admet aucune limitation, contestation, ou qua
98
pessimisme d’un Jacob Burckhardt, d’un Nietzsche
et
d’un Spengler ; à quoi l’on pourrait ajouter celui d’un Gobineau, pré
99
iers, qui savons que toute agglomération d’hommes
et
le mode de culture intellectuelle qui en résulte doivent périr. » « N
100
au moment même — relève l’auteur — « où Verlaine
et
les poètes du mouvement décadent transforment l’intuition de l’épuise
101
ns : le pessimisme des sages au sujet de l’Europe
et
de son avenir, va-t-il se nourrir aux mêmes sources dont les colonial
102
capitaines de l’expansion des machines, du béton
et
de la pollution universelle tirent cet orgueil dont l’Évangile nous d
103
cle : c’est le recours « au fond oublié, primitif
et
ancestral, d’un art européen archaïque ou de l’art pur, non médiatisé
104
ïque ou de l’art pur, non médiatisé, de l’Afrique
et
de l’Océanie » : années « nègres » de la peinture (de Matisse à Picas
105
ire du folklore russe, les sculptures du Cameroun
et
de la Nouvelle-Calédonie et les eaux-fortes issues des « palettes sau
106
culptures du Cameroun et de la Nouvelle-Calédonie
et
les eaux-fortes issues des « palettes sauvages » de Kandinsky, Franz
107
es « palettes sauvages » de Kandinsky, Franz Marc
et
Matisse ». À quoi s’ajoute bientôt l’engouement pour l’art enfantin :
108
ants du monde entier ». Dans ce mouvement profond
et
général de retour aux sources, André Reszler me paraît tenté de voir
109
moins de sa culture. Mais ne serait-ce pas aussi,
et
peut-être surtout, un renouveau de l’aventure occidentale dans son av
110
qu’une culture faite depuis des siècles de rejets
et
d’innovation. Peut-être le seul vrai anti-Européen en art comme en li
111
ul vrai anti-Européen en art comme en littérature
et
en philosophie comme en morale, n’est-il tout simplement que le pompi
112
tale du personnage. Ses insultes contre la Patrie
et
la France ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront qu
113
oire de Staline « toi qui fais lever le soleil ».
Et
je reste témoin, pour ma part, de l’attachement profond d’André Breto
114
e l’ésotérisme renaissant, au romantisme allemand
et
à la pensée libertaire, de Pélage à Fourier en passant par les cathar
115
, de Pélage à Fourier en passant par les cathares
et
les alchimistes. Sans compter sa passion pour la peinture qui, à l’en
116
ent européenne… Reste le paradoxe de la modernité
et
de l’avant-garde : dans les arts et dans la politique, il s’agit de t
117
la modernité et de l’avant-garde : dans les arts
et
dans la politique, il s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’
118
xxe siècle prônent l’art social, fait pour tous
et
« par tous » (selon l’oracle de Lautréamont). En tant qu’elles ambiti
119
polémique sur l’Europe, sa spécificité culturelle
et
la possibilité de son union politique, résultent toutes ou presque —
120
que l’Europe « réaliste » se plaît à ridiculiser
et
que l’Europe des États absolutistes puis des États-nations de type na
121
s frappants — à une Europe rêvée, « décentralisée
et
fédérative », qui prendrait ses modèles, plutôt que « du pouvoir cent
122
té du peuple des Scythes, connu (nous disent Boas
et
Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’il poursuit dans sa recherc
123
respect qu’ont pour elle les membres de la tribu,
et
non pas sur les lois ». Et voilà qui évoque une fois de plus l’exempl
124
s membres de la tribu, et non pas sur les lois ».
Et
voilà qui évoque une fois de plus l’exemple des premiers Confédérés,
125
e fois de plus l’exemple des premiers Confédérés,
et
de leur Suisse d’avant le secret des banques. C’est cette Europe fill
126
n, celui que toute la terre copie au xxe siècle.
Et
je ne cesserai de dresser cette image comme celle du modèle directeur
127
entation des despotismes asiates, des théocraties
et
idéocraties absolutistes qui triomphent désormais dans le tiers-monde
128
serait-elle pas celle des nationalistes de droite
et
de gauche qui dénoncent comme utopie ou idylle naïve les conditions m
129
peut-être trop bref, mais ses formulations denses
et
nettes sont de nature à couper court à tous les procès d’intention qu
130
nt. Je hais l’impérialisme sous toutes ses formes
et
je me méfie fondamentalement des messianismes religieux ou laïques pa
131
rreur de vouloir la blanchir de toutes les fautes
et
de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’elle pourrait encore commettr
132
s les fautes et de tous les crimes qu’elle a pu —
et
qu’elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “
133
l, “notre civilisation est construite sur le sang
et
le vol, ressemblant en cela à toutes les civilisations” » (p. 147). C
134
toutes les civilisations” » (p. 147). Ceci posé,
et
maintenu fermement dans les conclusions de son essai, André Reszler s
135
européens de gauche, l’opinion permanente de Marx
et
d’Engels. « Loin de porter sur le colonialisme une condamnation globa
136
ur le colonialisme une condamnation globale, Marx
et
Engels aperçoivent dans l’expansion territoriale de l’Angleterre, des
137
nous avons été témoins de la conquête du Mexique,
et
cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement qu
138
te de l’Algérie par la France de « fait important
et
heureux pour le progrès de la civilisation ». Ainsi que l’écrit Miklo
139
». Ainsi que l’écrit Miklos Molnar8 : « Pour Marx
et
Engels, la colonisation n’est au fond que l’épiphénomène ou le coroll
140
i l’Europe doit survivre en tant que civilisation
et
s’acquitter des dettes qu’elle a contractées envers le monde dans sa
141
bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée
et
qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se
142
détourne de l’Europe tout en reprenant ses idées
et
ses créations. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie
143
tions. Il emprunte sa philosophie de l’efficacité
et
sa folie centralisatrice. Il édifie des États puissants et jacobins q
144
ie centralisatrice. Il édifie des États puissants
et
jacobins qui défendent acariâtrement les frontières tracées par l’arb
145
industrielle incapable de maîtriser la pollution
et
qui provoque la rupture de l’équilibre écologique de la planète ». 5.
146
s’est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde
et
la propre survie de l’Europe dépendent désormais de notre capacité à
147
à présenter au monde — sans chercher à le vendre
et
encore moins à l’imposer — un modèle de fédération fondé sur les régi
148
éré. Il s’agit pour l’Europe de proposer au Monde
et
d’illustrer d’une manière convaincante, par une économie écologique e
149
manière convaincante, par une économie écologique
et
des institutions personnalistes, l’exemple salutaire du bon civilisé.
150
(p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions
et
nos technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et A. Lovejoy, Pr
151
s technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas
et
A. Lovejoy, Primitivism and related Ideas in Antiquity, New York, 196
152
ity, New York, 1965. 8. M. Molnar, Marx, Engels
et
la politique internationale, 10/18, Paris 1976. d. Rougemont Denis
153
ble ronde de l’Europe » ( Preuves , janvier 1954)
et
« Une prise de conscience européenne » ( Bulletin du Centre européen
154
bientôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ;
et
s’il n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront e
155
listes français, notamment Lévi-Strauss, Foucault
et
Lacan. Quoique ces théories puissent passer, — on l’a dit — pour un p
156
s, ou pour des exercices de mandarins en Sorbonne
et
au Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un
157
ymptôme clinique de quelque chose de plus profond
et
inquiétant. Il y eut d’abord l’annonce nietzschéenne de la mort de Di
158
mort de Dieu, reprise d’une manière systématique
et
polémique par Sartre au lendemain de la guerre et par Camus, puis par
159
et polémique par Sartre au lendemain de la guerre
et
par Camus, puis par Malraux qui en déduisit le premier la mort de l’h
160
constituée, qu’elle a propagées au monde entier,
et
qui se retournent aujourd’hui contre elle. On l’a dit hier : la nouve
161
pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir.
Et
si l’homme, fait à l’image de Dieu, était mort, comment le saurions-n
162
tinguons un dessein beaucoup moins mélodramatique
et
plus sérieux, que Lévi-Strauss exprime dans sa Pensée sauvage : celui
163
celui « de réintégrer la culture dans la nature »
et
finalement la vie dans l’ensemble des conditions physico-chimiques «
164
’homme personnel, de l’homme sujet de son langage
et
de sa pensée, donc de son action et de son destin, et finalement : de
165
e son langage et de sa pensée, donc de son action
et
de son destin, et finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’
166
e sa pensée, donc de son action et de son destin,
et
finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’on aura « traqué d
167
rnière expression obsède les analyses de Foucault
et
de Lévi-Strauss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’il n’est
168
fini par ce qu’il n’est pas, par ce qui le réduit
et
enfin le dissout, dissolvant du même coup son moi, sa fonction de suj
169
sociologique du terme, mais bien du christianisme
et
de son anthropologie, c’est-à-dire du modèle de la personne. À l’anth
170
sonne. À l’anthropologie évangélique, paulinienne
et
conciliaire, Lévi-Strauss avec une belle lucidité — et une bonne dose
171
nciliaire, Lévi-Strauss avec une belle lucidité —
et
une bonne dose d’humour noir — oppose ce qu’il appelle l’entropologie
172
procèdent les notions indissociables de personne
et
de communauté, tandis qu’à « l’entropologie » correspondent les notio
173
entropologie » correspondent les notions d’espèce
et
d’individu. Créativité, surprise, harmonisation, amour : c’est la nég
174
tiède de l’univers ». L’anthropologie évangélique
et
paulinienne a été la première à parler de la « mort de l’homme ». Pau
175
donné empirique livré au déterminisme biologique
et
à celui du péché. Un exemplaire de l’espèce, un individu. Et l’homme
176
du péché. Un exemplaire de l’espèce, un individu.
Et
l’homme nouveau ? Le même, mais converti, « mort à soi-même », réorie
177
me, mais converti, « mort à soi-même », réorienté
et
recréé par l’appel de sa vocation (c’est le même mot). Un but nouveau
178
par les grands débats conciliaires de Nicée (325)
et
de Chalcédoine (452). Ces deux conciles œcuméniques avaient à résoudr
179
rs de l’Église : comment définir le Père, le Fils
et
le Saint-Esprit que les évangiles présentent comme étant tous les tro
180
nes ou rôles : le Père, le Fils, le Saint-Esprit.
Et
ce fut la deuxième personne qui fournit le modèle de la personne huma
181
Elle était la coexistence en un seul être de Dieu
et
de l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme à l
182
oexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme.
Et
Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu et vrai homme à la fois ». C’est
183
l’Homme. Et Jésus-Christ fut déclaré « vrai Dieu
et
vrai homme à la fois ». C’est à partir de cette antinomie que les Pèr
184
é la réalité humaine. Entre les conciles de Nicée
et
de Chalcédoine, saint Augustin transpose à l’homme, créature de chair
185
t Augustin transpose à l’homme, créature de chair
et
d’esprit, à la fois immanent et transcendant, le « modèle », dirions-
186
créature de chair et d’esprit, à la fois immanent
et
transcendant, le « modèle », dirions-nous, de la deuxième personne de
187
de saint Victor, par Thomas d’Aquin, par Calvin,
et
il domine encore toute l’anthropologie chrétienne. Rejoignant le suj
188
nant que Michel Foucault, dans son livre Les Mots
et
les Choses, explique que l’homme au sens moderne ne peut être pensé q
189
scendental qu’on appelle l’homme ». Pour Athanase
et
les Pères de Nicée, il ne s’agissait pas d’un doublet, mais d’une uni
190
lui qui a fait de l’homme un « doublet » de chair
et
d’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’a plus su com
191
e chair et d’esprit. Il a si bien séparé le corps
et
l’âme qu’il n’a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse
192
fondamental du christianisme, de la christologie
et
de toutes les valeurs qui en ont été déduites (à tort ou à raison d’a
193
Lévi-Strauss l’affirmation de plus en plus nette
et
tranchante — je dirais totalitaire — du matérialisme le plus radical.
194
n’y ayant plus d’homme, plus de sujet à examiner…
Et
c’est aussi le résultat qu’obtient Foucault au terme (c’est à voir) d
195
s grave : elle refuse l’homme qui a fait l’Europe
et
dont l’Europe a pour mission de favoriser la reproduction, la recréat
196
par un profond ressentiment (au sens nietzschéen
et
schelerien) contre tout ce qui peut ressembler à une culture européen
197
» technologiques, des « nécessités » économiques,
et
des « exigences » de la défense nationale, ultima ratio de l’arbitrai
198
va sans dire parce qu’il n’osera jamais s’avouer
et
qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du str
199
que cette doctrine fasse des millions d’adeptes,
et
qui décident de ne rien faire parce que ça se débrouillera et n’est p
200
ent de ne rien faire parce que ça se débrouillera
et
n’est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose
201
is uniquement par des personnes, à la fois libres
et
responsables. Les conditions d’un renouveau de l’homme et de l’Europe
202
nsables. Les conditions d’un renouveau de l’homme
et
de l’Europe conjointement se déduisent presque inévitablement de ces
203
ne. Mais point de personne hors d’une communauté,
et
encore la faut-il assez petite pour que l’homme y soit un prochain, u
204
core les faudra-t-il ouvertes les unes aux autres
et
fédérées, compensant de la sorte, comme le remarquait Rousseau, les i
205
u, les inconvénients de la petitesse par l’union,
et
les inconvénients de la grandeur par la liberté et l’autogestion loca
206
t les inconvénients de la grandeur par la liberté
et
l’autogestion locale. (Tout cela dans le Contrat social et dans le Go
207
gestion locale. (Tout cela dans le Contrat social
et
dans le Gouvernement de la Pologne). Une anthropologie personnaliste
208
aujourd’hui n’est pas d’abord celle de l’économie
et
du libre-échange commercial, mais bien celle des chances de la vie, c
209
es de la vie, c’est-à-dire des chances de la paix
et
du maintien des libertés, donc du progrès des responsabilités civique
210
ce, de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne
et
de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Europe en général : — « L’
211
l’enlisement » — « Les Neuf ont étalé divergences
et
absence de volonté politique » — « Fallito del vertico europeo » — «
212
mmunauté économique européenne, ou Marché commun.
Et
qu’on essaie alors de montrer sérieusement soit les raisons de son éc
213
it les raisons de son échec relatif, soit en quoi
et
pourquoi l’institution aurait fait faillite et comment « Bruxelles, c
214
oi et pourquoi l’institution aurait fait faillite
et
comment « Bruxelles, c’est fini ! » équivaudrait à la mort de l’Europ
215
répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire
et
urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe
216
t pas « agoniser » puisqu’elle n’a jamais existé,
et
l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi longtemps que les États r
217
e, celle des Européens vivants, de leurs cultures
et
de leurs espoirs ? Mais alors comment pourrait-on avec un tel sang-fr
218
sang-froid, sans la moindre émotion dans la voix
et
parfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans la résignati
219
nation, voire de sournoisement jubilant, annoncer
et
accepter que tout cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas n
220
eurs pays, de leurs problèmes, de leurs souvenirs
et
de leurs espoirs, tels que douze siècles d’histoire commune et trois
221
spoirs, tels que douze siècles d’histoire commune
et
trois millénaires de cultures mêlées les ont formés, de l’Ibérie aux
222
’Ibérie aux Pays-Baltes, de l’Écosse aux Balkans,
et
de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’il soit bien entendu que cette chr
223
n vue d’harmoniser leurs politiques industrielles
et
commerciales. II. « La grande question » Les choses ont-elles v
224
tre jour Jean Daniel ? Oui, tout change, a changé
et
va changer bien plus encore, avec l’ouverture de la campagne pour l’é
225
h ! pour parler d’Europe, on parlera de l’Europe.
Et
même on la mettra à toutes les sauces, annonce ">Le Figaro du 6 n
226
? Cela, c’est du concret, du solide, du familier,
et
on s’y sent à l’aise10. Voyez plutôt. Il y a eu à Lille une « opérat
227
une « opération socialiste » consacrée à l’Europe
et
dont il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu
228
s) qui pour défendre « la vraie Europe » a sifflé
et
conspué l’Europe fédérale, pourtant admise par O. Guichard, mais auss
229
e que s’il n’y avait pas de querelle entre Rocard
et
Mitterrand, entre ces deux-là et Marchais, entre Debré et Giscard, ou
230
lle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-là
et
Marchais, entre Debré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne
231
rrand, entre ces deux-là et Marchais, entre Debré
et
Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne serait même pas mentionné
232
et Marchais, entre Debré et Giscard, ou Lecanuet
et
Chirac, l’Europe ne serait même pas mentionnée par la presse. Un fait
233
car on dirait que l’Allemagne reste indifférente,
et
l’on n’entend rien venir d’outre-Manche — l’Europe ne cesse d’être «
234
nscrit dans la nouvelle Constitution de l’Espagne
et
plus encore dans le projet de Constitution de la Belgique, et qui, so
235
re dans le projet de Constitution de la Belgique,
et
qui, sous le nom de dévolution, pose un problème majeur à la Grande-B
236
d’aller se faire élire en l’île de la Réunion !)
Et
il ajoute : « Un des grands auteurs supranationaux est Denis de Rouge
237
était celui d’un livre « infâme ». IV. Vertus
et
vices selon la religion nationaliste L’adjectif m’a d’abord fait
238
pensant : c’est un blasphémateur qu’il dénonçait,
et
il s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en
239
rreur exercée par l’État jacobin, ses dignitaires
et
sa police). Devant tout adversaire politique, idéologique, militaire,
240
délire apparent, cherchons le système de valeurs
et
de tabous, cherchons donc la religion qui peut les expliquer. Telle e
241
ès nos débuts au Centre européen de la culture16.
Et
nous ne sommes heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist
242
nnaître les racines de la civilisation hébraïque,
et
que des universitaires israéliens, conseillers du Prince, travaillaie
243
ifiée, de la Puissance divine, donc sans limites,
et
de la mission universelle de la nation une et indivisible. Dans sa de
244
es, et de la mission universelle de la nation une
et
indivisible. Dans sa dernière Lettre mensuelle, il concède que l’aven
245
e, il concède que l’avenir du Monde en l’an 2000,
et
même l’avenir de l’Europe puissent intéresser VGE. Mais c’est pour so
246
nt naïves : elles se réduisent en somme à l’unité
et
à l’indivisibilité de la République française, idéalement fermée et s
247
ité de la République française, idéalement fermée
et
sans dépendance de quiconque. Si elle s’ouvre, c’est pour rayonner, m
248
Si elle s’ouvre, c’est pour rayonner, manifester
et
imposer sa place naturelle dans le Monde, qui est la première, de Gau
249
sme. C’est le péché contre l’esprit des jacobins.
Et
le reste est fédéralisme, solidarité hypocrite permettant en réalité
250
ation, limitation des droits sacrés à l’insolence
et
au mensonge en service commandé par la Raison d’État et la Défense. I
251
mensonge en service commandé par la Raison d’État
et
la Défense. Il n’y a plus de limite au vice, à l’anarchie, à l’infami
252
t possible », dit la Logique de Vienne… Ces vices
et
ces vertus, à l’échelle de l’Europe, ne permettent plus, pour l’honnê
253
n’admettent guère qu’une confédération avec veto
et
possibilité de retrait à tout moment de chacun des membres, c’est-à-d
254
nse est gênante. Pour lui. La France des jacobins
et
de Napoléon est en effet le seul pays d’Europe qui ait imposé tout à
255
seul pays d’Europe qui ait imposé tout à la fois
et
par la force, dès 1792, une unité de langue, de droit, d’enseignement
256
nement, de fiscalité, d’aménagement du territoire
et
même de mémoire historique (via l’École) à toutes ses nationalités, a
257
me à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée
et
refoulée des jacobins, des centralisateurs, des nationalistes à l’end
258
primées dans leur culture comme dans leurs droits
et
libertés traditionnelles : Bretagne, Pays basque, Roussillon catalan,
259
is, Toulousain, Provence, Corse, Alsace, Lorraine
et
Flandres — se retourne naturellement en haine contre l’Europe fédérée
260
a Bretagne, l’Occitanie, la Provence, etc., Debré
et
ses amis s’imaginent, c’est normal, que l’Europe va faire de même de
261
traité d’Union de 1532 entre le Duché de Bretagne
et
la Couronne de France n’a nullement « défait » la Bretagne, — du moin
262
t 1789, les députés ayant confondu « privilèges »
et
« libertés » ont renoncé, sans nulle compétence pour ce faire, à tous
263
nulle compétence pour ce faire, à tous les droits
et
à l’autonomie de leur province qu’ils avaient pour mandat d’affermir.
264
ures , Éditions de la Baconnière, 1962, L’Europe
et
le Monde , Bulletin du CEC, 1965, mais aussi toute la collection des
265
L’Aventure occidentale de l’homme , Paris, 1957,
et
Les Chances de l’Europe , 1962. 17. Cf. Jean-Marie Benoist, « Le My
266
issent dans notre siècle entre le monde mécanique
et
le monde organique, entre la machine et le corps, entre les lois de l
267
mécanique et le monde organique, entre la machine
et
le corps, entre les lois de l’augmentation matérielle indéfinie et ce
268
e les lois de l’augmentation matérielle indéfinie
et
celles de la croissance naturelle, autoréglée, entre l’exploitation f
269
l’exploitation forcenée des « réussites » d’hier
et
l’aménagement de l’avenir désirable — expression qui définit une poli
270
uej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes
et
sur ce qui vient. Que veut dire, en effet, la phrase fameuse des Thès
271
e par définir les termes d’un débat, ici Écologie
et
Politique. Nous savons tous la vanité de ces définitions : trop facil
272
initions : trop faciles parce que trop nombreuses
et
déformables à souhait, au gré de l’ignorance ou de la malveillance. L
273
ance. La définition la plus facile de l’écologie,
et
donc la plus courante, consiste à dire que c’est « une mode », ou enc
274
ncore : « Une tarte à la crème ! Ça signifie tout
et
rien ! Autant de sens du mot que d’écologistes ! » (Je l’ai lu hier e
275
« une douce manie de rousseauistes épris d’idylle
et
entretenant la nostalgie du jardin d’Eden » (var. : « du retour aux c
276
jardin d’Eden » (var. : « du retour aux cavernes
et
de l’éclairage à la bougie ».) Ou au contraire : elle serait une « n
277
la fois l’agression industrielle contre la Nature
et
l’agression étatique contre la société coutumière. C’est le moment où
278
t dans nos pays les écoles primaires obligatoires
et
universelles : la conscription obligatoire et universelle ; la grande
279
res et universelles : la conscription obligatoire
et
universelle ; la grande presse (grâce à l’invention de la linotypie)
280
ande presse (grâce à l’invention de la linotypie)
et
les agences d’État : Wolf, Reuter, Havas, Stefani, sans l’aide desque
281
oclites : à la fois protection des petits oiseaux
et
lutte contre les avions supersoniques qui risquent d’endommager la co
282
d’endommager la couche d’ozone ; parcs nationaux
et
dénonciation des grands ensembles ; mesures contre la pollution des e
283
océans ; relations entre les taux de délinquance
et
le nombre des étages dans les HLM, etc. Aux yeux des politiciens de d
284
parti socialiste » ou de défendre les privilèges
et
le confort des riches. (C’est aussi ce qu’en pense le tiers-monde.) E
285
tre de rejet) contre la civilisation industrielle
et
ses agressions de plus en plus brutales contre la Nature et contre l’
286
essions de plus en plus brutales contre la Nature
et
contre l’homme qui vit de la Nature et en elle19. 3. Plutôt donc que
287
la Nature et contre l’homme qui vit de la Nature
et
en elle19. 3. Plutôt donc que de l’écologie comme science, nous cons
288
est manifesté avec force au lendemain d’Hiroshima
et
s’est constitué en mouvement de plus en plus nettement politique aprè
289
tement politique après la crise du pétrole (1973)
et
la politique du « tout nucléaire » préconisée dès lors par plusieurs
290
énature contre la Nature. De ceux qui ont inventé
et
produit une civilisation qui tend à détruire du même mouvement — comm
291
e sans frein — à la fois les écosystèmes naturels
et
les communautés humaines. L’Agression s’est produite d’abord en Europ
292
la volonté de vivre contre la volonté de profit)
et
que le phénomène, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, a pris
293
s maladies de civilisation (physiques, psychiques
et
psychosomatiques.) Mais en même temps que l’agression industrielle se
294
un principe de leurs développements concomitants,
et
demeure leur « horizon indépassable ». La civilisation industrielle,
295
es ethniques, culturelles, coutumières, de régler
et
de contraindre (non de stimuler et de convaincre). L’École primaire e
296
res, de régler et de contraindre (non de stimuler
et
de convaincre). L’École primaire est l’instrument par excellence de l
297
tudes simples, abstraites, géométriques, alignées
et
les préparant à devenir des recrues alignables. Je vois donc une prof
298
ure entre agression industrielle contre la Nature
et
agression stato-nationale contre les communautés locales ou ethniques
299
onal que les mesures d’écologie concrètes peuvent
et
doivent être élaborées et appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau,
300
logie concrètes peuvent et doivent être élaborées
et
appliquées : rivières, lacs, chutes d’eau, forêts, agriculture, archi
301
que la conscience régionaliste alertée s’organise
et
entre en action. Voilà donc le premier temps : l’exigence écologique
302
mesure compatible avec ma souveraineté nationale.
Et
l’on sait à quelles résistances de la capitale et de sa police se heu
303
Et l’on sait à quelles résistances de la capitale
et
de sa police se heurtent les tentatives de prises de responsabilités
304
, de Hollande, chaque pays pollue souverainement,
et
s’assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés…
305
es additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers
et
des océans menacés, des changements de climat, du pillage des ressour
306
l est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale)
et
trop grand (à l’échelle des régions) pour jouer encore son rôle d’Éta
307
donc l’obstacle commun aux solutions écologiques
et
régionales, d’où l’identité d’intérêts politiques entre régionalistes
308
dentité d’intérêts politiques entre régionalistes
et
écologistes, mais aussi entre fédéralistes européens et régionalistes
309
logistes, mais aussi entre fédéralistes européens
et
régionalistes. 5. Mais je m’aperçois que je devrais préciser le sens
310
u au Conseil de l’Europe en 1972, V. von Malchus,
et
qui chevauchent parfois les frontières de trois pays, des calottes du
311
(Norvège, Suède, Finlande) à l’Öresund (Danemark
et
Suède), à l’Euregio (Rhin-Ems et Gueldre), à la Regio Basiliensis (Su
312
resund (Danemark et Suède), à l’Euregio (Rhin-Ems
et
Gueldre), à la Regio Basiliensis (Suisse, France, RFA), et sur l’arc
313
e), à la Regio Basiliensis (Suisse, France, RFA),
et
sur l’arc alpin, aux régions Alpes-Adriatique (Italie, Autriche, Slov
314
Autriche, Slovène), lémano-alpine (Suisse-France)
et
Alpazur (France-Italie). Mais il y a surtout, à mon sens, les régions
315
ttre à la voix d’un citoyen de s’y faire entendre
et
qu’on puisse lui répondre. 6. Il s’agit donc, si l’on veut arriver à
316
des solutions écologiques, à restaurer, maintenir
et
développer des écosystèmes viables, de dépasser l’État-nation d’un mê
317
d’instituer en interaction permanente les régions
et
la fédération continentale. Le principe de répartition des pouvoirs e
318
ux accordé aux dimensions de la tâche considérée,
et
toujours en partant d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C
319
té peut faire, les États ne doivent pas le faire.
Et
ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas l
320
prononcent aujourd’hui la plupart des sociologues
et
politologues européens, et nombre d’hommes politiques responsables au
321
lupart des sociologues et politologues européens,
et
nombre d’hommes politiques responsables aux USA : la décentralisation
322
SA : la décentralisation de l’État, de l’économie
et
des activités culturelles leur paraît la condition même d’une renaiss
323
dition même d’une renaissance civique, économique
et
culturelle de leur pays. À part les guerres d’agression et les centra
324
elle de leur pays. À part les guerres d’agression
et
les centrales nucléaires, qui exigent les unes et les autres une cent
325
et les centrales nucléaires, qui exigent les unes
et
les autres une centralisation ombrageuse, tout marche mieux, sur une
326
lée par l’intervention imprévue des régionalistes
et
des écologistes ; — s’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’
327
en relation avec les organisations régionalistes
et
fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale. — en vue
328
régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays
et
à l’échelle continentale. — en vue d’établir un programme commun aux
329
établir un programme commun aux trois mouvements,
et
de prévoir des tactiques adaptées aux situations qui diffèrent d’une
330
ais bien : même avenir. Un combat peut être perdu
et
c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’il m’importait de
331
enir de chacune d’elle est celui des deux autres,
et
qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens et de la Paix. 19
332
qu’en cette trinité réside l’espoir des Européens
et
de la Paix. 19. Note de février 1979 : la révolte des chiites irani
333
phénomène de rejet de la technologie rationaliste
et
du matérialisme qu’elle favorise, contraire au Coran ? 20. The Ecol
334
pires exemples de délire nationaliste (gaullistes
et
communistes à l’envi) et par son peuple, les raisons les plus raisonn
335
nationaliste (gaullistes et communistes à l’envi)
et
par son peuple, les raisons les plus raisonnables de faire confiance
336
. Je le montrerai par quelques preuves chiffrées.
Et
je ferai voir aussi que le général de Gaulle, invoqué rituellement pa
337
néral de Gaulle, invoqué rituellement par les uns
et
les autres, leur donne à tous des raisons d’appeler ou de maudire l’u
338
CEE, votre pays risque-t-il de perdre sa culture
et
son originalité ? » B DK D F IRL I L NL GB CE oui
339
ne vaut strictement rien, ne traduit qu’ignorance
et
myopie historique. II. Le « volapük » européen Du même présiden
340
ngue sera éliminée ; sans nul doute les principes
et
les objectifs de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il es
341
fs de l’éducation de nos enfants seront modifiés,
et
il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront tr
342
pidement pris une position dominante dans les Six
et
il l’a conservée même depuis l’adhésion de trois pays qui sont, ou bi
343
dra alors inévitable. Que l’anglais, le français
et
l’allemand s’imposeront alors, qui pourrait le nier ? Il serait sage
344
primer couramment dans l’une de ces trois langues
et
comprendre l’une des deux autres. III. Du vain travail de citer d
345
tres. III. Du vain travail de citer de Gaulle
et
ses saints À propos de l’Europe, de la souveraineté nationale, et
346
propos de l’Europe, de la souveraineté nationale,
et
de l’élection de l’Assemblée européenne au suffrage universel, ils on
347
ropéenne au suffrage universel, ils ont tout dit,
et
le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Quelques exemples,
348
age universel, ils ont tout dit, et le contraire,
et
tout ce qu’il y a entre les deux. Quelques exemples, entre plusieurs
349
ses deux énormes volumes sur Le Général de Gaulle
et
la construction de l’Europe, 1940-1966 (884 p. et 972 p., Paris, 1967
350
et la construction de l’Europe, 1940-1966 (884 p.
et
972 p., Paris, 1967) : Sur l’élection au suffrage universel de l’Asse
351
as l’Europe si on ne la fait pas avec les peuples
et
en les y associant23. ». « C’est un référendum solennel de tous les E
352
ain Peyrefitte juge cette initiative « prématurée
et
dangereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’il s’honore d’avoir
353
t ce que le communiqué de Bad-Godesberg a décidé,
et
voilà une décision que je salue avec une vive satisfaction26. Mais c
354
de Michel Debré. À qui se fier ? IV. De Gaulle
et
les régions S’il est un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’
355
ensée du Général, c’est bien le sujet des régions
et
de l’Europe des régions : de Georges Pompidou à Jacques Chirac et de
356
es régions : de Georges Pompidou à Jacques Chirac
et
de Lipkowski à Debré, ils n’ont cessé de clamer, depuis dix ans, leur
357
idou, tandis qu’elle paraît à d’autres « infâme »
et
« criminelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus con
358
e est celui qui nous a le plus constamment requis
et
préoccupés ici même, comme en témoignent les cinq numéros spéciaux du
359
x du Bulletin du CEC qui a précédé Cadmos 28 ,
et
les deux volumes collectifs qui s’y sont ajoutés, de 1963 à 1979. La
360
sont censés rassembler tous les discours, propos
et
textes du Général et de ses proches touchant les problèmes de l’Europ
361
er tous les discours, propos et textes du Général
et
de ses proches touchant les problèmes de l’Europe, de 1940 à 1960, le
362
e la doctrine — dont M. Debré est le plus souvent
et
le plus volontiers cité par Jouve — n’ont cessé de proclamer que le r
363
t exposée pour la première fois dans son principe
et
dans ses développements immédiats lors du discours tenu par le Généra
364
ons, nouvelle formule de la prospérité nationale.
Et
ces régions, précisait-il, devaient « s’ouvrir » à leurs voisines, au
365
es de l’État : le Nord à la Belgique, la Lorraine
et
l’Alsace à la RFA, Rhône-Alpes à la Suisse, la Provence à l’Italie, l
366
e chute idéal. Le paladin de l’Europe des nations
et
d’une « certaine idée de la France » devenait aux yeux de l’Histoire
367
it en exiger. Jean Mauriac a noté au jour le jour
et
parfois d’heure en heure, les propos spontanés du Général et ses conf
368
d’heure en heure, les propos spontanés du Général
et
ses confidences (à l’Histoire ?) au cours de la semaine précédant le
369
néral était de mettre la régionalisation en place
et
de se retirer ensuite. (p. 18) Le 23 avril 1969, quatre jours avant
370
nuit même qui suit le rejet du oui au référendum,
et
la retraite à Colombey. Devant ses anciens collaborateurs, le Généra
371
édéralistes européens, participation des citoyens
et
petites unités régionales sont en étroite dépendance. Pour ma part, j
372
le refus d’une grande réforme n’est pas mauvais »
et
il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regrette pas pour moi,
373
connaîtra pas, avant longtemps, de vraies régions
et
qui va se vautrer dans la médiocrité ». (p. 115) Les véritables hérit
374
en se rangeant au parti jacobin, antifédéraliste
et
antieuropéen. V. État de l’évolution vers les régions en Europe de
375
ée de l’affaiblir. En fait, ce régime fédéraliste
et
régionaliste explique en bonne partie le « miracle » de la restaurati
376
miracle » de la restauration économique, sociale
et
politique de la RFA. L’Italie s’est dotée, en 1946, après la chute du
377
d’Aoste, Sardaigne, Sicile, Frioul, Haut-Adige ;
et
de régions semi-autonomes qui ne sont devenues réalités qu’en 1970. L
378
plusieurs provinces importantes de la Péninsule,
et
donné de la sorte les premières démonstrations — et les seules jusqu’
379
donné de la sorte les premières démonstrations —
et
les seules jusqu’ici — d’un pouvoir « communiste » non totalitaire. L
380
on, c’est-à-dire de la mainmise d’un État central
et
centralisateur sur les nations voisines, annexées et alignées sans ég
381
centralisateur sur les nations voisines, annexées
et
alignées sans égard pour leurs intérêts propres ni pour leurs identit
382
ni pour leurs identités culturelles, coutumières
et
linguistiques. En France, le général de Gaulle a été le premier à déc
383
devenu l’un des problèmes majeurs du Royaume-Uni,
et
l’évolution se prononce dans l’ensemble — avec des à-coups importants
384
ont montré les référendums de mars 1979 en Écosse
et
en pays de Galles — dans le sens d’une autonomie croissante des régio
385
ridicule d’avoir des assemblées pour les Écossais
et
pour les Gallois, et non pour les régions anglaises ». Ce qui situe l
386
assemblées pour les Écossais et pour les Gallois,
et
non pour les régions anglaises ». Ce qui situe le problème à son nive
387
la monarchie libérale, est sans doute exemplaire,
et
la meilleure annonciatrice du proche avenir européen. Contre toute at
388
nir européen. Contre toute attente des sceptiques
et
des réalistes du reste de l’Europe, l’Espagne a restitué en fait et e
389
u reste de l’Europe, l’Espagne a restitué en fait
et
en droit l’autonomie au gouvernement de la Catalogne, la Generalitat.
390
a Galice, de l’Aragon, de la province de Valence,
et
des Canaries. Surtout, la Constitution adoptée en 1978 reconnaît non
391
ticle 2 « le droit à l’autonomie des nationalités
et
des régions qui composent la nation espagnole », mais déclare à l’art
392
que « l’État se compose de communes, de provinces
et
des communautés autonomes qui seront constituées. Toutes ces entités
393
. 143 à 158 définissent en détail les compétences
et
droits des communautés autonomes à créer — exact équivalent des régio
394
s « sous-régions » formées de communes associées,
et
que l’on a proposé d’appeler des « fédérations de pays », de communes
395
, la Savoie, le Val d’Aoste, des parties de l’Ain
et
de l’Isère, seize institutions universitaires, deux aéroports interco
396
universitaires, deux aéroports intercontinentaux
et
80 % de la production horlogère du continent. Une partie seulement de
397
seulement de cette région, le bassin entre Alpes
et
Jura occupé par le canton de Genève, la Haute-Savoie et le pays de Ge
398
a occupé par le canton de Genève, la Haute-Savoie
et
le pays de Gex, est dotée d’une commission franco-suisse nommée par l
399
es en fonction dès 1975 dans la Regio Basiliensis
et
dans l’Euregio Nord. La région Alpazur (Côte d’Azur, provinces d’Impe
400
région Alpazur (Côte d’Azur, provinces d’Imperia
et
de Cuneo) bénéficie de l’appui de tous les élus départementaux (franç
401
’appui de tous les élus départementaux (français)
et
provinciaux (italiens). La région triestine présente la caractéristiq
402
au régional des ressortissants d’un pays de l’Est
et
de deux pays de l’Ouest. VI. Déclaration de Copenhague Adoptée
403
ar la troisième Convention sur la régionalisation
et
la décentralisation réunie par l’Institut danois : 1. L’organisation
404
ns est la condition d’un développement harmonieux
et
pacifique des peuples européens. 2. Selon les termes mêmes de la décl
405
lation une cohésion dans la poursuite d’objectifs
et
d’intérêts communs. C’est cette cohésion, autour d’un certain nombre
406
é elle-même, qui donne à celle-ci sa personnalité
et
le désir d’exister et d’être considérée comme une unité. » En aucun c
407
à celle-ci sa personnalité et le désir d’exister
et
d’être considérée comme une unité. » En aucun cas, le découpage régio
408
e universel d’une Assemblée régionale délibérante
et
l’existence d’un exécutif régional responsable devant elle. 4. Le pri
409
’applique à tous les domaines essentiels à la vie
et
au développement de la communauté. 5. Les accords et les conflits ent
410
au développement de la communauté. 5. Les accords
et
les conflits entre les régions, entre les régions et les États, entre
411
les conflits entre les régions, entre les régions
et
les États, entre les régions et l’Europe, font l’objet de procédures
412
entre les régions et les États, entre les régions
et
l’Europe, font l’objet de procédures de concertation et de conciliati
413
urope, font l’objet de procédures de concertation
et
de conciliation, incluant, en cas de nécessité, le recours à une Cour
414
en d’intervenir dans la politique de construction
et
de gestion de l’Europe. 22. Extrait de la brochure Pour une polit
415
égions IV , 1974 ; Les Régions transfrontalières
et
l’Europe , 1975. Voir également : Pour une métropole régionale : Aix
416
Étang de Berre , Éditions de la Baconnière, 1963,
et
par Charles Ricq et divers, La Région franco-genevoise : un exemple d
417
tions de la Baconnière, 1963, et par Charles Ricq
et
divers, La Région franco-genevoise : un exemple de coopération transf
418
omne 1979)l Le phénomène Europe, dans l’espace
et
le temps de planète, oppose une réaction de rejet quasi instantané à
419
romain, par exemple, mais plutôt de sa nostalgie
et
d’une prise de conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’e
420
sa nostalgie et d’une prise de conscience diffuse
et
très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque conve
421
uelque convergence miraculeuse d’Athènes, de Rome
et
de Jérusalem révélant une sorte d’idée platonicienne de l’Europe, com
422
t submergées par les coutumes ethniques, sociales
et
religieuses des Germains et des Celtes, des Vikings et des Ibères réo
423
s ethniques, sociales et religieuses des Germains
et
des Celtes, des Vikings et des Ibères réordonnées et composées bon an
424
ligieuses des Germains et des Celtes, des Vikings
et
des Ibères réordonnées et composées bon an mal an sous l’égide de l’É
425
des Celtes, des Vikings et des Ibères réordonnées
et
composées bon an mal an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans s
426
bon an mal an sous l’égide de l’Église d’Occident
et
dans ses hiérarchies romaines, puis évangélisées par des ordres irlan
427
s évangélisées par des ordres irlandais, italiens
et
burgondes, jusqu’à la résurgence hellénistique, puis grecque classiqu
428
résurgence hellénistique, puis grecque classique
et
hébraïque, de la Renaissance et de la Réforme. Création culturelle s
429
grecque classique et hébraïque, de la Renaissance
et
de la Réforme. Création culturelle s’il en fût, unité composée contr
430
ginatifs, du roi Georges Podiebrad à William Penn
et
du duc de Sully à Aristide Briand ; enfin des intellectuels au sens m
431
tellectuels au sens moderne, de Vico, Montesquieu
et
Rousseau jusqu’aux grands écrivains européens de la première moitié d
432
omme le premier Manifeste européen, philosophique
et
politique. C’est un appel à l’empereur Henri VII, qui vient se faire
433
rer l’unité des esprits dans la diversité normale
et
nécessaire des coutumes et des lois locales. Or, cette paix que seule
434
s la diversité normale et nécessaire des coutumes
et
des lois locales. Or, cette paix que seule procure l’unité essentiell
435
u monde en paix sous « le divin Auguste monarque,
et
Paul nomma cet état très heureux la plénitude des temps », la voici «
436
voici « déchirée par les ongles de la cupidité ».
Et
Dante s’écrie : Ô genre humain, de quelles luttes et querelles, de q
437
ante s’écrie : Ô genre humain, de quelles luttes
et
querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un mo
438
té ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes,
et
tu te perds en efforts contradictoires. Tu es malade en l’un et l’aut
439
en efforts contradictoires. Tu es malade en l’un
et
l’autre de tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas s
440
u es malade en l’un et l’autre de tes intellects,
et
aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nourrir l’intellect su
441
combien il est agréable de vivre avec des frères
et
d’être fondu en un. » Deux siècles et demi plus tard, le grand huma
442
es frères et d’être fondu en un. » Deux siècles
et
demi plus tard, le grand humaniste Æneas Sylvius Piccolomini, devenu
443
la chrétienté (christianitas) son nom légendaire
et
païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un
444
e générale, il le décrit comme un ensemble humain
et
historique, non plus vaguement géographique32 dont il détaille les co
445
2 dont il détaille les conditions ecclésiastiques
et
politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : cultu
446
itions ecclésiastiques et politiques, économiques
et
sociales, nous dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette
447
u sens large. Cette révolution dans la conception
et
l’approche du phénomène européen s’explique à l’évidence par le fait
448
at. Une fois de plus, c’est l’angoisse, la menace
et
le désastre qui ont suscité la prise de conscience de quelque chose d
449
e chose de grand qui nous englobe, qui peut périr
et
qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un gran
450
périr et qui attend de nous seuls sa renaissance.
Et
de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un homme de l’esprit, un poè
451
é. Dans son traité Sur la chute de Constantinople
et
la guerre contre les Turcs, pour la première fois dans l’Histoire, Pi
452
aison, dans notre siège, que nous sommes attaqués
et
tués. La tradition des poètes chantant l’Europe, ses merveilleuses d
453
s chantant l’Europe, ses merveilleuses diversités
et
sa passion de la liberté, se poursuit jusqu’au xixe siècle romantiqu
454
rd (Die Christenheit oder Europa) puis des Petöfi
et
des Mickiewicz, jusqu’aux admirables appels de celui qui fut sans dou
455
union européenne dans tous les congrès de la paix
et
de la fédération des peuples qu’il a traversés pendant vingt ans, env
456
d’un long tonnerre d’acclamations : Victor Hugo.
Et
au xxe siècle c’est encore un de nos plus grands poètes, Saint-John
457
la SDN en 1930. Ce texte va fixer le vocabulaire
et
les formules de base — telles que « solidarités de fait », « institut
458
e autre généalogie des relations entre la culture
et
l’Europe est celle des penseurs politiques imaginatifs. Elle va du ro
459
du roi de Bohême Georges Podiebrad, contemporain
et
rival de Pie II, par Sully, William Penn, Gentz, Burke, Saint-Simon,
460
cle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet
et
Paul-Henri Spaak. Mais c’est dans la généalogie des philosophes qu’on
461
ens actuel du terme : cela se passe entre Leibniz
et
Kant — Leibniz, auteur d’un projet d’Académie européenne ou fédératio
462
de la Russie le trait d’union entre l’Europe unie
et
la Chine, et enfin de divers projets œcuméniques. Et Kant, auteur du
463
le trait d’union entre l’Europe unie et la Chine,
et
enfin de divers projets œcuméniques. Et Kant, auteur du Projet de pai
464
la Chine, et enfin de divers projets œcuméniques.
Et
Kant, auteur du Projet de paix perpétuelle (1795), texte fédéraliste
465
ée des impôts, les armements toujours plus lourds
et
la hausse des prix, ne peuvent être enrayées que si la souveraineté a
466
i la souveraineté absolue est enlevée aux Princes
et
passe aux Peuples. (C’est la doctrine rousseauiste dans sa pureté.) L
467
nationale absolue, constitué sous Philippe le Bel
et
qui allait prendre sa forme la plus radicale lors de la substitution
468
xpressément dénoncé comme « absence de légalité »
et
« source de guerres ». La possibilité de réaliser (il s’agit de réal
469
i doit s’étendre progressivement à tous les États
et
les conduire à la paix perpétuelle, peut se concevoir. […] Aux yeux d
470
r s’accommoder de la contrainte publique des lois
et
former ainsi un « État des nations (civitas gentium) » croissant sans
471
lle est le lieu où se couche le soleil physique «
et
où se lève le soleil intérieur de la conscience de soi » (Leçons de p
472
Comte, qui attribue à l’Europe le rôle « d’agent
et
de théâtre de la révolution sociale la plus complète » du genre humai
473
de Proudhon, de Jacob Burckhardt, d’Ernest Renan
et
de Dostoïevski donnent une juste idée de la profondeur et de l’univer
474
stoïevski donnent une juste idée de la profondeur
et
de l’universalité de l’idée européenne qu’ils illustrent — en vain d’
475
l’État nationaliste, par ses écoles, ses casernes
et
ses journaux est en bon train de conditionner les esprits, les corps,
476
bon train de conditionner les esprits, les corps,
et
les réflexes de l’âme collective, en vue d’une guerre générale que pe
477
que personne ne veut, paraît-il, que tout prépare
et
qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, durant le premier tiers d
478
ue tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914.
Et
pourtant, durant le premier tiers du xxe siècle, jusqu’à l’irruption
479
régimes totalitaires du Père des peuples, du Duce
et
du Führer, les plus grands écrivains de nos pays (à l’exception de qu
480
de nationalisme flamboyant comme Kipling, Barrès
et
d’Annunzio) écrivent tous sur l’Europe, sur ses origines culturelles,
481
raliste d’union pour les diversités à sauvegarder
et
la fascination mortelle de nationalismes stupidement vaniteux, mais n
482
citer les noms allemands de Spengler, Thomas Mann
et
Keyserling ; français de Sorel, Valéry, Gide, Jules Romains et Romain
483
; français de Sorel, Valéry, Gide, Jules Romains
et
Romain Rolland ; anglais d’Hilaire Belloc, Christopher Dawson, T. S.
484
iot ; espagnols d’Ortega y Gasset, Unamuno, d’Ors
et
Madariaga ; italien de Croce ; autrichien de Hofmannstahl… — tous aut
485
ais majestueux sur l’Europe, son génie spécifique
et
ses névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires
486
névroses matérialistes, sa vocation universaliste
et
ses délires nationalistes ; et surtout, sur l’Europe comme patrie des
487
tion universaliste et ses délires nationalistes ;
et
surtout, sur l’Europe comme patrie des hommes libres et du refus de l
488
tout, sur l’Europe comme patrie des hommes libres
et
du refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura é
489
français, anglais, belges, hollandais, allemands
et
suisses, est animée par des « intellectuels » encore peu connus — et
490
mée par des « intellectuels » encore peu connus —
et
pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxqu
491
nnus — et pour cause : ils ont en moyenne 27 ans,
et
la TV n’existe pas — auxquels se joindront généreusement parmi les aî
492
nt généreusement parmi les aînés Jacques Maritain
et
Nicolas Berdiaev, Gabriel Marcel, puis Karl Jaspers. C’est cette géné
493
ateur de culture au service de la cité en général
et
de la Cité européenne plus particulièrement. Les deux revues principa
494
vues principales du mouvement en France, Esprit
et
L’Ordre nouveau , consacrent chacune plusieurs numéros spéciaux aux
495
s frontières nationales, du fédéralisme européen,
et
de l’Anti-Europe des fascistes et des nazis34. Mais pour original qu
496
lisme européen, et de l’Anti-Europe des fascistes
et
des nazis34. Mais pour original qu’il soit, pour efficace qu’il aill
497
iste ne consiste encore, aux yeux du grand public
et
surtout des pouvoirs, qu’en une poussière de ce qu’on nommera trente
498
l’occupation du continent des Pyrénées à la Volga
et
d’Oslo à Athènes. L’Anti-Europe va-t-elle tout écraser ? L’effort des
499
out écraser ? L’effort des groupes personnalistes
et
de leurs camarades européens dans les deux camps, menant une lutte co
500
ens dans les deux camps, menant une lutte commune
et
clandestine, est-il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bo
501
as vu depuis treize ans : non seulement Allemands
et
Français, Italiens et Anglais dialoguent, mais aussi démocrates et co
502
s : non seulement Allemands et Français, Italiens
et
Anglais dialoguent, mais aussi démocrates et communistes, poètes et p
503
iens et Anglais dialoguent, mais aussi démocrates
et
communistes, poètes et philosophes. Il y a là Benda, Bernanos, Flora,
504
ent, mais aussi démocrates et communistes, poètes
et
philosophes. Il y a là Benda, Bernanos, Flora, Guéhenno, Jaspers, Luk
505
lora, Guéhenno, Jaspers, Lukacs, Rougemont, Salis
et
Spender comme conférenciers ; et parmi leurs interlocuteurs désignés,
506
Rougemont, Salis et Spender comme conférenciers ;
et
parmi leurs interlocuteurs désignés, Jeanne Hersch, François Bondy, M
507
e Druon, Ernest Ansermet, Campagnolo36, Jean Wahl
et
Jean Starobinski. Il s’agit de la première confrontation des intellec
508
it de la première confrontation des intellectuels
et
de l’Europe à sauver. Beaucoup de choses significatives ont été dites
509
s sur le problème européen durant ces conférences
et
les débats publics qui les prolongeaient le lendemain. Presque tout l
510
rd. Où vont se retrouver, après six ans de guerre
et
de résistance, nombre de « non-conformistes des années 1930 » qui ava
511
é aux groupes de L’Ordre nouveau ou d’ Esprit ,
et
des camarades résistants des pays de l’Axe, ou occupés par Hitler, qu
512
idence d’honneur de Churchill, d’ailleurs présent
et
très souvent actif. On m’a chargé d’organiser la commission culturell
513
côté de ses deux autres commissions, la politique
et
l’économique. J’ai demandé qu’on me donne une preuve que l’on prend l
514
ngrès, chaque virgule du Message aux Européens ,
et
chaque alinéa du Rapport culturel. Ce dernier propose entre autres la
515
entre autres la création d’un Collège de l’Europe
et
d’un Centre européen de la culture : l’un et l’autre seront inaugurés
516
rope et d’un Centre européen de la culture : l’un
et
l’autre seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où
517
utre seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges
et
à Genève — où ils existent encore, et n’ont cessé de manifester, depu
518
rd à Bruges et à Genève — où ils existent encore,
et
n’ont cessé de manifester, depuis trente ans, leur vitalité créatrice
519
une centaine « d’intellectuels » d’Europe, jeunes
et
vieux. T. S. Eliot m’a répondu : « I feel that at the present time on
520
nt of this kind, however desperate the attempt. »
Et
Salvador de Madariaga : « Je donnerai volontiers (à la commission) un
521
use du congrès (150 personnes au plus, contre 300
et
400 aux deux autres) et c’est normal. Mais elle compte quelques-unes
522
onnes au plus, contre 300 et 400 aux deux autres)
et
c’est normal. Mais elle compte quelques-unes des gloires de la pensée
523
des historiens, des sociologues, des enseignants
et
des syndicalistes, un monsignor représentant le Vatican, un évêque re
524
un évêque représentant Canterbury, des sénateurs
et
députés de tous les partis, communistes staliniens exceptés. Mais que
525
ise à l’évidence : par « culture », les Européens
et
les européistes d’aujourd’hui n’entendent plus comme en Grande-Bretag
526
sse, André George, assistant de Louis de Broglie,
et
musicologue, Gabriel Marcel, écrivain et philosophe, Paul Montel, doy
527
Broglie, et musicologue, Gabriel Marcel, écrivain
et
philosophe, Paul Montel, doyen honoraire de la Faculté des sciences d
528
nationale française pour l’éducation, la science
et
la culture, Wladimir Porché, directeur général de la Radiodiffusion f
529
entifiques, littéraires, sociologues, philosophes
et
juristes, directeurs d’agences nationales de la presse ou de la radio
530
ales de la presse ou de la radio, hommes d’Église
et
syndicalistes. La Conférence culturelle de Lausanne a initié ou créé
531
Vietnam. Ils abandonnent les problèmes prochains (
et
du prochain) aux soins — tournés en dérision — des technocrates. Cett
532
re le problème d’une façon entièrement différente
et
de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une cult
533
e ; mais cette unité de culture n’aura aucun sens
et
ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un
534
p plus profond pour réaliser une unité économique
et
politique de l’Europe. Quelques années plus tard, tout a changé diam
535
qu’elle est « au plus bas », que « c’est la fin »
et
que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignon
536
ades de peur ». Joignons donc le FLN des Angolais
et
autres Balubas « qui massacrent à vue les Européens ». Car, ce faisan
537
, ce faisant, « ils font l’histoire de l’homme ».
Et
nous serons ainsi du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que
538
ture de l’Europe. Etc. Ces palinodies passionnées
et
hargneuses jalonnent l’évolution générale des « intellectuels » face
539
llectuels » face à l’Europe, dans les années 1950
et
196039. Ce que demandent aujourd’hui les fédéralistes européens, c’es
540
ans le détail, des actions doctrinales, pratiques
et
politiques, qu’on peut attendre d’un intellectuel engagé. Ceux qui vi
541
nsabilité dans la crise actuelle de civilisation,
et
qu’elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation
542
bien plutôt ceux qui proposent, avec Barbara Ward
et
René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « no
543
it fondamental que « nous n’avons qu’une Terre ».
Et
que le seul problème sérieux du siècle est celui de son aménagement.
544
e sérieux du siècle est celui de son aménagement.
Et
que l’Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abord elle parvient
545
hommes, c’est le seul ». Appendice : les revues
et
l’Europe À la génération des grands écrivains, poètes, essayistes
546
grands écrivains, poètes, essayistes, romanciers
et
philosophes des années 1900 à 1935, correspondent de grandes revues l
547
a Nouvelle Revue française (Paris) de J. Rivière
et
Gide puis Jean Paulhan ; Die Neue Rundschau (Francfort) de Thomas Man
548
nnes » à la fois dans leurs finalités culturelles
et
dans leurs pratiques internationales : traductions, débats à l’échell
549
vant-garde. Quelques revues, dans les années 1950
et
1960, reprennent le flambeau européen : Preuves et La Table ronde à
550
1960, reprennent le flambeau européen : Preuves
et
La Table ronde à Paris, Encounter à Londres, Tempo Presente à Rome, F
551
esente à Rome, Forum à Vienne, Merkur à Stuttgart
et
Der Monat à Berlin. Plusieurs ne survivront pas à la dissolution du C
552
t place de L’Ordre nouveau , disparu depuis 1938
et
d’ Esprit , qui dure encore, mais ne parle de l’Europe que pour mettr
553
ope que pour mettre en garde contre les illusions
et
les dangers de l’européisme, on ne trouve aujourd’hui en France que d
554
ments figurant le « domaine de Cham » (l’Afrique)
et
le « Domaine de Sem » (l’Asie). Mais dès les débuts du xive siècle e
555
m » (l’Asie). Mais dès les débuts du xive siècle
et
surtout au xve siècle se multiplient les cartes dites portulans, qui
556
Fragments posthumes. Voir aussi Par-delà le bien
et
le mal, par. 256 : « Grâce aux divisions morbides que la folie des na
557
s morbides que la folie des nationalistes a mises
et
met encore entre les peuples de l’Europe, grâce aux politiciens à la
558
e l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte
et
aux mains promptes qui règnent aujourd’hui avec l’aide du patriotisme
559
ne simple politique d’entracte — […] on méconnaît
et
on déforme mensongèrement les signes qui prouvent de la manière la pl
560
veut devenir une. Tous les hommes un peu profonds
et
d’esprit large qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le tra
561
t en commun les mêmes aspirations les plus hautes
et
les plus profondes ; c’est l’âme de l’Europe, de l’Europe une, qui, s
562
t sur cette période — indiquons les numéros 5, 15
et
36 de L’Ordre nouveau , 74 d’ Esprit , intitulés : « Lettre à Hitler
563
», « Notre Europe ». À quoi s’ajoutent chroniques
et
articles dans la plupart des numéros ordinaires. 35. Sur l’action de
564
e Frantz Fanon. 39. Cf. Appendice sur les revues
et
l’Europe. l. Rougemont Denis de, « L’Europe comme invention de la c
565
L’Université par l’Europe
et
vice versa (hiver 1979)m I. L’Université européenne : une commun
566
9)m I. L’Université européenne : une commune
et
une coopération La culture européenne est l’unité de base sur laqu
567
aquelle l’union de l’Europe peut encore s’édifier
et
doit l’être. Elle s’est constituée au cours des siècles par la compos
568
leurs religieuses — grecques, mazdéennes, romanes
et
judéo-chrétiennes — de procédures intellectuelles et juridiques, de m
569
judéo-chrétiennes — de procédures intellectuelles
et
juridiques, de monuments sacrés et d’œuvres d’art, plus tard de scien
570
ntellectuelles et juridiques, de monuments sacrés
et
d’œuvres d’art, plus tard de sciences, et d’écoles de pensée successi
571
sacrés et d’œuvres d’art, plus tard de sciences,
et
d’écoles de pensée successivement parues dans des foyers très dispers
572
ent des styles, des modes, des manières de sentir
et
d’agir dont l’extrême diversité peut apparaître, paradoxalement, comm
573
i va éclore dans les cités commerçantes des xiie
et
xiiie siècles, quand les collèges de guildes et les écoles d’évêchés
574
et xiiie siècles, quand les collèges de guildes
et
les écoles d’évêchés s’organiseront en universités, à Bologne dès 110
575
i des collèges qui apparaissent à Bologne, Oxford
et
Paris : ils forment au sein de ces villes des entités en quelque sort
576
ption de juridiction, assurent leur propre police
et
ne dépendent ni des pouvoirs de la ville ni de ceux de l’Évêque, ni m
577
és groupe en une seule communauté les enseignants
et
étudiants des trois degrés, les bacheliers, les maîtres et les docteu
578
nts des trois degrés, les bacheliers, les maîtres
et
les docteurs : c’est l’universitas magistrorum atque scholarium. Elle
579
des corporations du savoir : universitates studii
et
scientiarum, groupant la totalité des études et des sciences. Quant a
580
i et scientiarum, groupant la totalité des études
et
des sciences. Quant aux communes politiques ou économiques, elles rel
581
es, elles relèvent de l’empereur (parfois du roi)
et
sont donc « immédiates à l’empire », lequel devient le garant de leur
582
stières » (Waldstätten en allemand) d’Uri, Schwyz
et
Nidwald, qui commandent les abords du col du Gothard, reçoivent au xi
583
eux principales chaînes alpestres, la moitié nord
et
la moitié sud du Saint-Empire romain de nation germanique. Dans les p
584
contestation intellectuelle, c’est-à-dire le sic
et
non, la dialectique des scolastiques. Ils se réunissent dans des sall
585
s) c’est-à-dire en groupes désignés par l’origine
et
la langue — normande, allemande, flamande, anglaise, picarde, etc. La
586
re, douze à treize ans pour le grade de docteur. (
Et
l’on se plaint aujourd’hui de l’allongement des études !) Les règleme
587
’allongement des études !) Les règlements, les us
et
les coutumes, varient très largement d’une « communauté de savoir » à
588
urs de Bologne sont-ils choisis par les étudiants
et
révocables par eux seuls. Ces étudiants d’ailleurs sont d’âges très v
589
e on dira lorsqu’elle ne sera plus qu’un souvenir
et
une prétention — est à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui ne
590
uvenir et une prétention — est à ce moment pleine
et
entière. L’Europe, qui ne s’appelle encore que la chrétienté, n’a jam
591
arts libéraux, le trivium (grammaire, rhétorique
et
dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astr
592
le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique)
et
le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie) — qui ré
593
— qui réunissent au lieu de les séparer les arts
et
les sciences, et avec ses facultés dites supérieures, la théologie, l
594
au lieu de les séparer les arts et les sciences,
et
avec ses facultés dites supérieures, la théologie, le droit et la méd
595
acultés dites supérieures, la théologie, le droit
et
la médecine, l’université médiévale « correspond, dans son exigence m
596
édiévale est l’âge par excellence des oppositions
et
des contradictions, du sic et non, étant bien entendu que ces opposit
597
nce des oppositions et des contradictions, du sic
et
non, étant bien entendu que ces oppositions se situent à l’intérieur
598
ns se situent à l’intérieur même de l’Université,
et
ne cessent de renaître, même lorsqu’une autorité interne ou externe a
599
de citer Georges Gusdorf, professeur à Strasbourg
et
son petit livre admirable, L’Université en question 42 dont je déduis
600
inventé sous le nom d’UER (unités d’enseignements
et
de recherche), alors même qu’elle détruit avec l’acharnement systémat
601
e qu’elle détruit avec l’acharnement systématique
et
rancunier du bureaucrate, au nom de la neutralité du savoir pur et de
602
ureaucrate, au nom de la neutralité du savoir pur
et
de l’objectivité de la science, les finalités mêmes de l’institution.
603
es clercs d’intervenir dans les luttes politiques
et
de s’attirer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’il soit, le
604
ritoriaux ; perdra ses conditions d’universalité,
et
formera de plus en plus des magistrats, mais non des clercs. III.
605
ntral des trois degrés de l’enseignement officiel
et
à la réduction de cet enseignement à ce qui peut servir à la mobilisa
606
ême une garantie contre les théories pernicieuses
et
subversives de l’ordre social dans un sens ou dans un autre. Il y a t
607
corps destiné à régler les principes de la morale
et
de la politique. Telle fut l’Université de Paris et ensuite la Sorbon
608
de la politique. Telle fut l’Université de Paris
et
ensuite la Sorbonne ; telles sont, en Italie, les universités de Pavi
609
ont, en Italie, les universités de Pavie, de Pise
et
de Padoue ; en Allemagne, celles de Göttingen et d’Iéna ; en Espagne,
610
et de Padoue ; en Allemagne, celles de Göttingen
et
d’Iéna ; en Espagne, celle de Salamanque ; en Angleterre, celle d’Oxf
611
les premiers défenseurs de la cause de la morale
et
des principes de l’État, donneront les premiers l’éveil, et seront to
612
ncipes de l’État, donneront les premiers l’éveil,
et
seront toujours prêts à résister aux théories dangereuses des esprits
613
uses des esprits qui cherchent à se singulariser,
et
qui, de période en période, renouvellent ces vaines discussions qui,
614
lle, dont le grand Maître est le général en chef,
et
où les recteurs ont rang d’officiers supérieurs. »44 Le terme même d
615
ance durant la plus grande partie du xixe siècle
et
sera remplacé par celui de « Facultés », qui implique l’abandon de to
616
disciplinarité, de convergence des arts libéraux,
et
surtout de totalité, c’est-à-dire d’universitas au sens premier. Sépa
617
oles professionnelles au service de l’État-nation
et
de certaines industries. Elles préparent les jeunes gens à gagner leu
618
miné, a donc été reporté du tout sur les parties,
et
la vertu totalisante qui est celle qu’on doit atteindre d’une univers
619
t comme dans les structures économiques, sociales
et
politiques, l’on entrevoit la seule issue possiblement heureuse de no
620
tre crise. Petites unités autonomes de recherches
et
de contestation comparables aux collèges du Paris médiéval, permettan
621
rables aux collèges du Paris médiéval, permettant
et
favorisant l’échange interdisciplinaire qui est en fait échange des p
622
inaire qui est en fait échange des points de vue.
Et
je ne dis pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient faci
623
des points de vue. Et je ne dis pas que les voies
et
moyens d’un tel « retour » soient facilement imaginables, je dis seul
624
les dimensions de nos créations, de nos activités
et
de leurs cadres. Les conditions d’une renaissance des universités eur
625
nt dépendent le sauvetage de notre environnement,
et
celui de notre économie, la restauration du civisme, la paix elle-mêm
626
ur combiner les avantages des petites communautés
et
des grands moyens, tout se résume dans la formule de l’Europe des rég
627
ssemblée de la Conférence permanente des recteurs
et
vice-chanceliers d’Europe à Göttingen, je terminai ma description de
628
opie qu’on voulut bien considérer comme idyllique
et
rousseauiste. C’était quatre ans avant « les événements » de Mai 68.
629
D’où l’intérêt de relire après coup ces rêveries,
et
de les comparer, peut-être, à ce qui s’est fait par la suite à Floren
630
ais pas trop loin d’une ville de moyenne grandeur
et
de vie culturelle et sociale animée, une ou deux-centaines de maisons
631
ne ville de moyenne grandeur et de vie culturelle
et
sociale animée, une ou deux-centaines de maisons familiales, dispersé
632
deux-centaines de maisons familiales, dispersées,
et
un centre de type villageois : hôtels, auberges, marché, boutiques, c
633
hommes de synthèses » : professeurs de tous âges
et
de toutes spécialités, et futurs professeurs déjà gradués, d’une part
634
rofesseurs de tous âges et de toutes spécialités,
et
futurs professeurs déjà gradués, d’une part ; responsables de domaine
635
de domaines variés de la vie publique, économique
et
sociale, d’autre part. Condition générale d’admission : avoir prouvé
636
au moins du savoir, ou de la vie professionnelle,
et
démontrer d’une manière convaincante qu’on éprouve l’impérieux désir
637
nner une conférence, le soir, c’est à ses risques
et
périls : toute déclaration publique est obligatoirement suivie d’une
638
tique mutuelle. Deux meneurs de jeu par colloque,
et
ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Quant au contenu : se
639
our ma part, je serais heureux de pouvoir étudier
et
discuter, si j’avais à participer aux activités de la commune : 1. L
640
des cultures, notamment de la culture européenne,
et
la logique ou les contradictions de leur développement dans la vie pu
641
ctions de leur développement dans la vie publique
et
privée de l’unité culturelle en question. Le problème des possibles c
642
roblème des possibles convergences entre l’Orient
et
l’Occident, entre une certaine sagesse et une certaine puissance créa
643
’Orient et l’Occident, entre une certaine sagesse
et
une certaine puissance créatrice, formerait un centre particulier d’a
644
eraction des disciplines dans l’histoire ancienne
et
récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sous quelles conditions le
645
cienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure
et
sous quelles conditions les inventions ou découvertes de la science e
646
tions les inventions ou découvertes de la science
et
des arts sont-elles apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité,
647
tion débridée, de la foi, du doute, de la méthode
et
des contingences dans les progrès de la connaissance en Occident. 3.
648
nheur individuel (santé mentale, beauté du milieu
et
paix) des disciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos cont
649
ératifs prétendus de la croissance de production,
et
de l’aide aux « sous-développés » ? 4. Possibilité d’un langage unive
650
d’un langage universel, basé sur la cybernétique
et
sur la sémiologie de Saussure. Recherche générale de procédés de tran
651
translation des méthodes, démarches spécifiques,
et
résultats de diverses branches du savoir. Limites d’un tel langage, e
652
ses branches du savoir. Limites d’un tel langage,
et
comment y suppléer par les arts. 5. Européologie. Il existe dans la p
653
prudence, l’unification de leurs mesures sociales
et
la coordination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque e
654
ant aux relations entre un tel centre de synthèse
et
les universités existantes, on les imaginera sans peine. L’introducti
655
aucoup de professeurs à cet institut de recyclage
et
de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons
656
t de recyclage et de remise en question générale,
et
c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an,
657
vé l’Académie européenne comme Tommaso Campanella
et
Comenius, ou d’hommes qui méditaient sur la nécessité d’un langage co
658
’un langage commun aux sciences exactes, aux arts
et
à la théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Arts Co
659
théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz
et
son Arts Combinatoria. Mais cet Institut de synthèse ne serait-il pas
660
iversité, qui est la formule de notre grand passé
et
de notre avenir fédératif, le seul possible. L’Europe, c’est très peu
661
e, multipliés par une culture qui a fait le Monde
et
qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 40. Loui
662
s m’ont fait remarquer qu’ils avaient dans l’État
et
donc sur la tribune officielle le même rang qu’un préfet ou un généra
663
Rougemont Denis de, « L’Université par l’Europe
et
vice versa », Cadmos, Genève, hiver 1979, p. 31-39.
664
re de l’homme en tant qu’il est un être spirituel
et
pas seulement un animal. Il s’agit d’un des traits spécifiques de l’h
665
est le Réalisé, en complète indifférence au monde
et
aux affaires du monde, en parfait détachement de tous liens. Sans feu
666
u ni lieu, il est comme Shiva le mendiant du Ciel
et
l’éternel errant. La Terre est sa demeure, le Ciel son toit. — bouddh
667
est la nature originelle de l’homme. » — judaïsme
et
christianisme : ces versets que tout homme cultivé en Occident connaî
668
permanente », décrivent l’homme comme « étranger
et
voyageur sur la Terre », ou déclarent que « dans les cieux est notre
669
re droit de cité » (notre politeuma, saint Paul).
Et
surtout, les mystiques de l’Inde, de la Chine, de la Perse, de l’isla
670
la Perse, de l’islam, de la chrétienté médiévale
et
renaissante ont toutes des sentences, poèmes, prières ou oraisons jac
671
s sur la nature pérégrine, a-topique de l’homme —
et
cela d’autant plus qu’il est plus spirituel ou libéré, d’autant moins
672
ui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure,
et
radicale. Pourtant, elle touche l’Histoire à sa fin, elle apparaît do
673
endante, mais qui touche à l’Histoire, la termine
et
s’y substitue. 4. Le passage, le glissement de la Nouvelle Jérusalem
674
, n’a fait que placer dans le temps de l’Histoire
et
l’espace de la Terre une cité idéale inspirée du non-lieu transcendan
675
alem, anticipant ainsi sur ce qui doit se révéler
et
avoir lieu le temps venu, in illo tempore. Thomas More sait que le Ro
676
», donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire
et
notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien résisterait-il touj
677
stre. Comment le chrétien résisterait-il toujours
et
partout au glissement de sens et d’attitude de la mystique à l’histoi
678
rait-il toujours et partout au glissement de sens
et
d’attitude de la mystique à l’histoire, de « ce qui vient » sans fin
679
sation, la profanisation du non-lieu transcendant
et
de la cité spirituelle, son transfert de plus en plus abusif, dans le
680
plus en plus abusif, dans le temps de l’Histoire
et
dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiqu
681
stoire et dans l’espace de nos propriétés privées
et
de nos territoires étatiques. Tout cela va se produire dans l’époque
682
que même où se développent les sciences physiques
et
la technique, et à partir des mêmes attitudes mentales qui conduisent
683
veloppent les sciences physiques et la technique,
et
à partir des mêmes attitudes mentales qui conduisent logiquement à ce
684
entales qui conduisent logiquement à ces sciences
et
conditionnent ces techniques. 5. On parle toujours de Francis Bacon,
685
éenne qui a rendu possible la technique ; le lieu
et
la formulation d’une structure mentale mécaniste, géométrique, analyt
686
nt cette activité de l’homme en soi, indépendante
et
qui le rend indépendant du lieu (topos) et du temps : activité utopiq
687
ndante et qui le rend indépendant du lieu (topos)
et
du temps : activité utopique par définition. Elle présente ceci de no
688
ent : au lieu du bois, des feuilles, de la paille
et
du lin, elle nous compose un environnement de métal, de verre, de min
689
un environnement de métal, de verre, de minéraux
et
de plastique, bref de matériaux non biodégradables ; puis par la mult
690
tificiels ou artefacts, des gadgets électroniques
et
des appareils inusables et parfaitement immuns remplaçant reins ou pa
691
gadgets électroniques et des appareils inusables
et
parfaitement immuns remplaçant reins ou pancréas, mains ou jambes, bi
692
lle vise à l’élimination des contraintes de lieux
et
de dépendances naturelles. Elle ne bute contre ses limites qu’au mome
693
agogie des catastrophes. 6. Cette même attitude,
et
cette même mentalité névrotique vont rendre possible et bientôt néces
694
te même mentalité névrotique vont rendre possible
et
bientôt nécessaire la forme politique de la technocratie : l’État-nat
695
ise d’un appareil administratif sur un territoire
et
sa population, l’encadrement géométrique et le quadrillage policier d
696
toire et sa population, l’encadrement géométrique
et
le quadrillage policier d’une réalité vivante et mouvante, ethnolingu
697
et le quadrillage policier d’une réalité vivante
et
mouvante, ethnolinguistique et affective, qu’on appelait autrefois la
698
ne réalité vivante et mouvante, ethnolinguistique
et
affective, qu’on appelait autrefois la patrie (terre des pères) puis
699
a Révolution française, la communauté idéologique
et
passionnelle des républicains). Cela commence en 1789 avec le discour
700
otiques au sens premier — des réalités régionales
et
des libertés provinciales, sous le prétexte qu’elles s’appelaient « p
701
l’évolution de la psychologie, de la psychiatrie
et
de la pensée politique en cette fin du xviiie siècle.46 Tout cela v
702
s. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre
et
dessiné pour les besoins de la mobilisation la plus rapide par un Cen
703
réalités historiques, géographiques, culturelles
et
sur des lieux dont elle ignore et nie les caractéristiques infiniment
704
es, culturelles et sur des lieux dont elle ignore
et
nie les caractéristiques infiniment différentes, non comparables, c’e
705
rentes, non comparables, c’est-à-dire concrètes ;
et
cela, en vertu d’une préoccupation unique : la préparation à la guerr
706
on à la guerre nationale, le contrôle préfectoral
et
la levée des impôts au nom et au profit de la seule capitale et des s
707
ontrôle préfectoral et la levée des impôts au nom
et
au profit de la seule capitale et des seuls intérêts du parti qui s’e
708
s impôts au nom et au profit de la seule capitale
et
des seuls intérêts du parti qui s’est emparé des leviers de commande
709
Grande-Bretagne, ses échecs pathétiques en Corse
et
en Bretagne. Je constate qu’il nous mène inexorablement, par les méca
710
ions. Contre l’État-nation, expression implacable
et
proprement catastrophique de l’utopie technocratique, une seule parad
711
pie pure. Je réponds que la région dont je parle,
et
que je n’ai cessé de définir comme un « espace de participation civiq
712
x régions pareilles, ceci nous force au réalisme.
Et
il n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour décle
713
anella, de Fourier, est projection dans un avenir
et
dans un espace donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce n’est d’
714
ies sont « statiques par hypothèse ». Elles sont,
et
je le cite : « des programmes d’action masqués sous le déguisement d’
715
uisement d’une sociologie descriptive imaginaire,
et
l’acte qu’elles essaient de susciter est presque toujours la fixation
716
irituelle de la Nouvelle Jérusalem (Apoc. ch. III
et
XXII) est la promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous ir
717
sprit toujours instant, dynamisme pur de l’avenir
et
du futurum aeternum ; du dieu qui vient sans fin vers nous — Dieu à-v
718
a — hélas, beaucoup trop simplifié — au très haut
et
profond chef-d’œuvre d’Henry Corbin, En islam iranien, 4 vol., Gallim
719
Madame de Staël
et
« l’esprit européen » (été 1980)o « Il faut, dans nos temps modern
720
tte phrase qu’il me semble avoir toujours connue,
et
qui est en effet parmi les plus souvent citées de Mme de Staël, sait-
721
agne ? J’ignorais cela jusqu’à ces derniers jours
et
c’était bien. La postérité a eu raison de laisser éclore cette petite
722
rtant pour en faire la devise de l’œuvre entière.
Et
ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue su
723
sprit. Il y en avait 29, dont une seule, la vingt
et
unième, paraissait pouvoir s’appliquer à l’expression d’« esprit euro
724
esse « l’esprit de parti », « l’esprit national »
et
« l’esprit du corps ». L’esprit européen, me semble-t-il, pourrait se
725
long de ses deux grands livres, De la Littérature
et
De l’Allemagne, elle le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout
726
la Littérature et De l’Allemagne, elle le décrit
et
elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’associer les e
727
ersités nationales dans les lettres, les sciences
et
les mœurs ; comme une aspiration à l’œcuménisme entre catholiques et
728
e une aspiration à l’œcuménisme entre catholiques
et
protestants, et comme le règne, enfin, de la Morale au-dessus de tous
729
à l’œcuménisme entre catholiques et protestants,
et
comme le règne, enfin, de la Morale au-dessus de tous les intérêts, f
730
ines saintes une étincelle qui ranime la religion
et
la poésie ; enfin, ils sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qu
731
qui ne désespèrent pas encore de la race humaine,
et
veulent lui conserver l’empire de la pensée.47 Cette société des ho
732
hilosophie ou les lettres, les sciences physiques
et
naturelles ou la religion, l’archéologie, l’histoire ou la poésie, n’
733
e Thomas More, puis le projet plus détaillé conçu
et
décrit par Leibniz, d’une Académie de l’Europe ? L’idée vient d’en êt
734
du côté de Genève comme on pouvait s’y attendre,
et
je forme ici le vœu qu’elle se réalise, sous le patronage de celle qu
735
patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice
et
la présidente idéale, Germaine de Staël. 2. Au principe dynamique et
736
ale, Germaine de Staël. 2. Au principe dynamique
et
structurant de l’esprit européen, Madame de Staël retrouve le secret
737
onde le réel humain sur l’harmonie des contraires
et
la coïncidence des opposés, sur le principe des diversa non adversa,
738
opposés, sur le principe des diversa non adversa,
et
plus tard, — de J.-J. Rousseau aux personnalistes des années 1930 et
739
J.-J. Rousseau aux personnalistes des années 1930
et
aux fédéralistes actuels — sur l’unité dans la diversité. « Ce qui s’
740
sité. « Ce qui s’oppose coopère — dit Héraclite —
et
de ce qui diverge procède la plus belle harmonie. » Or, toutes les an
741
ie. » Or, toutes les analyses de nos tempéraments
et
de nos styles de création, anglais, français, italien et allemand, co
742
os styles de création, anglais, français, italien
et
allemand, conduisent Mme de Staël par un mouvement qu’on dirait simpl
743
qu’on dirait simplement de sensibilité, à épouser
et
prolonger cette tradition qui est celle de la vitalité de la culture
744
t celle de la vitalité de la culture occidentale,
et
qui conduit en tous domaines à unir dans le respect et la force du di
745
i conduit en tous domaines à unir dans le respect
et
la force du divers, qu’il s’agisse de sagesse ou de science, de relig
746
il s’agisse de sagesse ou de science, de religion
et
c’est l’œcuménisme, ou de politique et c’est le fédéralisme. Rien de
747
e religion et c’est l’œcuménisme, ou de politique
et
c’est le fédéralisme. Rien de plus étranger à ce mouvement de l’espri
748
ropéen comme un tableau dont les contrastes mêmes
et
les nuances aussi sont le message. Écoutons-là ! Les nations doivent
749
doivent se servir de guides les unes aux autres,
et
toutes auraient tort de se priver des lumières qu’elles peuvent mutue
750
e, le gouvernement, contribuent à ces diversités,
et
nul homme quelque supérieur qu’il soit, ne peut deviner ce qui se dév
751
t dans l’esprit de celui qui vit sur un autre sol
et
respire un autre air ; on se trouvera donc bien en tout pays d’accuei
752
nne par excellence, n’est pas seulement nationale
et
linguistique, elle est aussi dans l’opposition climatérique, historiq
753
l’opposition climatérique, historique, culturelle
et
surtout religieuse entre le nord et le midi du continent. Je note ici
754
e, culturelle et surtout religieuse entre le nord
et
le midi du continent. Je note ici, pour y revenir tout à l’heure, que
755
e même de notre histoire, par le christianisme, —
et
je cite : La religion chrétienne a été le lien des peuples du Nord e
756
gion chrétienne a été le lien des peuples du Nord
et
du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des
757
re, dans une opinion commune des mœurs opposées ;
et
, rapprochant des ennemis, elle en a fait des nations dans lesquelles
758
es fortifiaient le caractère des hommes éclairés,
et
les hommes éclairés développaient l’esprit des hommes énergiques. Ce
759
les siècles à l’accomplissement de ses desseins,
et
notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les
760
esseins, et notre existence passagère s’en irrite
et
s’en étonne : mais enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par n
761
irrite et s’en étonne : mais enfin les vainqueurs
et
les vaincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans les diver
762
u’un même peuple dans les divers pays de l’Europe
et
la religion chrétienne y a puissamment contribué.50 Bien dira-t-on,
763
poir, la chrétienté, Nord réformé, Sud catholique
et
orthodoxe ? Réponse de Mme de Staël : Le protestantisme et le cathol
764
xe ? Réponse de Mme de Staël : Le protestantisme
et
le catholicisme ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes et Lut
765
me ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes
et
Luther. C’est une pauvre manière de considérer l’histoire que de l’at
766
e de l’attribuer à des hasards. Le protestantisme
et
le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances
767
tions parce qu’elles existent dans chaque homme.
Et
plus loin : Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’u
768
: Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève
et
que l’universalité des chrétiens aspire à professer la même religion
769
professer la même religion théologique, politique
et
morale, mais avant que ce miracle soit accompli, tous les hommes qui
770
le soit accompli, tous les hommes qui ont un cœur
et
qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici r
771
ipe de toute morale européenne. Or, cette morale,
et
voilà la nouveauté très singulière à cette date de 1809 où le césaris
772
doit primer non seulement sur les intérêts privés
et
personnels, mais sur les intérêts publics et nationaux. Mme de Staël
773
ivés et personnels, mais sur les intérêts publics
et
nationaux. Mme de Staël précise : L’intérêt national lui-même doit ê
774
ux pensées plus hautes dont la vertu se compose.
Et
elle a des mots très durs contre le phénomène de la nation au nouveau
775
erme, qui est en train de se former sous ses yeux
et
que nous appelons aujourd’hui l’État-nation : Quand une réunion quelc
776
e de Staël ajoute une exigence encore plus neuve,
et
qui prend de nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans la pré
777
3 Méditons cela devant les centrales nucléaires
et
devant les manipulations génétiques qu’on nous annonce pour demain. M
778
n de « sacrifier la morale à l’intérêt national »
et
plus l’État se gardera de faire participer les citoyens aux affaires
779
État : La grandeur des États chez les modernes,
et
la concentration du pouvoir des monarques ont rendu pour ainsi dire,
780
nt capables de comprendre les affaires de la cité
et
d’y faire entre leur voix. « Dans l’enceinte des petits États, la li
781
’est là supposer le problème résolu ? Oui certes,
et
le mathématicien répondra mieux que moi sur ce point. Je doute d’aill
782
lit ou se relit en filigrane dans De l’Allemagne,
et
les quelques phrases un peu plus explicites que je viens de citer suf
783
t à faire comprendre pourquoi Napoléon fit saisir
et
détruire le livre dès sa publication en 1810. Mais combien faut-il re
784
e la culture européenne — au sens le plus moderne
et
le plus large du mot « culture » — Mme de Staël n’ait pu donner pour
785
non seulement sur la culture, mais sur la morale,
et
que c’est elle, non la morale, qui imposerait à la politique ses prét
786
iques » avec les succès que l’on sait : inflation
et
chômage en Occident, dictatures et famines dans le tiers-monde. Mme d
787
it : inflation et chômage en Occident, dictatures
et
famines dans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’eût pas pr
788
lui dont les avantages sont les plus certains » —
et
comme Goethe l’a dit après elle : que la culture « accroît autant que
789
lture « accroît autant que l’échange des produits
et
denrées la richesse et le bien-être général de l’humanité »56. Car el
790
que l’échange des produits et denrées la richesse
et
le bien-être général de l’humanité »56. Car elle savait surtout que l
791
fait au cours des siècles ses religions, ses lois
et
sa culture, le sens grec de la mesure, mais aussi de l’aventure, le s
792
ête spirituelle, plus tard un peu de folie slave,
et
le sens chrétien de l’amour qui tout embrasse, — pour cet homme elle
793
les trois derniers chapitres de son chef-d’œuvre,
et
dont elle dit qu’il est de tous les sentiments celui qui rend le plus
794
fluence des passions sur le bonheur des individus
et
des nations, 1796, Introduction, p. 19-20. 56. Op. cit., Tome XI, D
795
s traductions, 1814, Œuvres complètes, Tome XVII,
et
Goethe : Gespräche (zu Mickiewicz), 1829. o. Rougemont Denis de, «
796
1829. o. Rougemont Denis de, « Madame de Staël
et
“l’esprit européen” », Cadmos, Genève, été 1980, p. 5-11.
797
(printemps 1981)p À la fois terreau nourricier
et
floraison de ces variations religieuses, au sein d’une Curepente qui
798
rtir de sources au moins diverses : Athènes, Rome
et
Jérusalem, bien sûr, mais aussi les apports germaniques, celtiques, p
799
apports germaniques, celtiques, plus tard arabes,
et
enfin slaves, partout agissant mais inégalement. D’où l’unité, ou la
800
u la communauté de base de la culture européenne,
et
les diversités si caractéristiques de l’être européen. La perception
801
elle se constitue dans un chassé-croisé du sujet
et
de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce
802
echerche sur l’Europe telle que l’ont vue, perçue
et
définie dans son ensemble les philosophes, les géographes, les politi
803
e les philosophes, les géographes, les politiques
et
les poètes, et cela d’Hésiode à nos jours, au cours des 28 derniers s
804
es, les géographes, les politiques et les poètes,
et
cela d’Hésiode à nos jours, au cours des 28 derniers siècles. Demando
805
grand commun dénominateur entre l’Europe de l’Est
et
l’Europe de l’Ouest. Ni race, ni langue, ni conditions naturelles, gé
806
inateur entre les Européens de Gibraltar à Moscou
et
du cercle polaire à l’île de Chypre, c’est sans doute la religion chr
807
e Chypre, c’est sans doute la religion chrétienne
et
son empreinte même sur les incroyants. Mais la religion chrétienne n’
808
uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme,
et
ses variétés rendent compte des variétés de l’être européen, selon qu
809
formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest,
et
plus tard, brochant sur l’héritage commun de Rome, par Wittenberg ou
810
éforme de Luther dominant le Nord, les Allemagnes
et
la Scandinavie, et Réforme de Calvin pénétrant la France du Midi, l’E
811
minant le Nord, les Allemagnes et la Scandinavie,
et
Réforme de Calvin pénétrant la France du Midi, l’Espagne pour un temp
812
Espagne pour un temps bref, l’Écosse, la Hollande
et
la Rhénanie durablement, mais aussi la Pologne et la Hongrie. Je ne p
813
et la Rhénanie durablement, mais aussi la Pologne
et
la Hongrie. Je ne puis ici qu’indiquer l’importance historique de l’i
814
e des structures de réactions politiques au xvie
et
au xixe siècle, par exemple entre le Gdansk réformé des bourgeois pr
815
dansk réformé des bourgeois progressistes de 1560
et
le Gdansk contestataire des ouvriers de l’été 1980. Il semble que l’é
816
le fait des luttes entre luthériens, calvinistes
et
sociniens (antitrinitaires), entre factions ou sectes, comme c’est le
817
. Le plus grand dénominateur commun des Européens
et
les combinaisons spéciales de quatre confessions dans les pays de l’E
818
ns les pays de l’Est, annoncent à la fois l’unité
et
les antinomies persistantes entre nations de l’Est et de l’Ouest, du
819
es antinomies persistantes entre nations de l’Est
et
de l’Ouest, du Moyen Âge à la dernière guerre et de celle-ci à la pér
820
et de l’Ouest, du Moyen Âge à la dernière guerre
et
de celle-ci à la période post-stalinienne. Mais c’est déjà au xve si
821
que sur ce fond religieux commun vont se détacher
et
s’affronter les églises humaines au sein de l’Église du Christ, et pa
822
s églises humaines au sein de l’Église du Christ,
et
par exemple au xve siècle l’Église hussite de Bohême contre l’Église
823
nisation de l’Europe, ce qui est plus surprenant.
Et
il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste et poète Æneas Sylvi
824
il oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste
et
poète Æneas Sylvius Piccolomini — et qui fut le premier à parler de l
825
l’humaniste et poète Æneas Sylvius Piccolomini —
et
qui fut le premier à parler de l’Europe comme de « notre patrie » au
826
xploite des mines de charbon en Autriche voisine,
et
ce Marini lui a beaucoup parlé du Plan d’union des royaumes chrétiens
827
ans plus tôt. Podiebrad reprend l’idée de Dubois
et
en précise les conséquences politiques dans un gros ouvrage écrit en
828
s qui porte ce titre français : Traité d’alliance
et
confédération entre le Roy Louis XI, Georges roy de Bohême et la seig
829
tion entre le Roy Louis XI, Georges roy de Bohême
et
la seigneurie de Venise, pour résister au Turc. (Byzance est tombée q
830
faire participer à son traité les rois de Pologne
et
de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais le p
831
ne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne
et
de Bavière ; mais le pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’il
832
es ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais le pape
et
l’empereur en seront exclus. Bien qu’il ait échoué devant l’indiffére
833
u’il ait échoué devant l’indifférence de Louis XI
et
la résistance de Pie II, au pouvoir duquel il entendait faire pièce,
834
ce du continent comme unité politique virtuelle —
et
il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Eu
835
diebrad décrit longuement, en phrases redondantes
et
fleuries, les organes d’une véritable Confédération continentale, lim
836
emblée fédérale formée d’ambassadeurs des Princes
et
des communes, munis des plus larges pouvoirs et votant à la majorité
837
s et des communes, munis des plus larges pouvoirs
et
votant à la majorité simple ; d’une Cour de justice ; d’une procédure
838
e d’arbitrage international ; d’une armée commune
et
d’une assistance mutuelle « sans même qu’il l’ait requise à notre col
839
dernier article qui provoqua la colère de Pie II
et
l’échec du Plan de Podiebrad. Deux siècles plus tard, exactement, l’i
840
exposent sa Didactica magna ou Grande Didactique,
et
son traité de la « Panpaedie » (resté inédit de son vivant et dont le
841
é de la « Panpaedie » (resté inédit de son vivant
et
dont le manuscrit a été retrouvé à la veille de la dernière guerre da
842
l’esprit humain grâce au parallélisme de l’homme
et
de la nature, entraîne, par son ordre même, le processus éducatif. C’
843
le principe enseignant, mais c’est un ordre actif
et
l’éducateur ne saurait accomplir sa tâche qu’en demeurant un instrume
844
c le processus formateur qui anime tous les êtres
et
n’est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou «
845
rrespond la remontée au niveau du travail humain,
et
cette remontée préparant le retour millénaire fusionne en un même tou
846
même tout le développement spontané de la nature
et
le processus éducatif. C’est pourquoi celui-ci n’est pas limité à l’a
847
i celui-ci n’est pas limité à l’action de l’école
et
de la famille, mais est solidaire de la vie sociale tout entière : la
848
l’idée « pansophique » : « enseigner tout à tous
et
à tous les points de vue », ainsi que l’union fondamentale de l’idéal
849
insi que l’union fondamentale de l’idéal éducatif
et
de l’idéal d’organisation internationale… Le génie de Comenius est d’
850
es aspects des mécanismes formateurs de la nature
et
d’avoir ainsi intégré le processus éducatif dans un système tel que c
851
lus agitées. Comenius perd ses parents très jeune
et
son éducation sera négligée : il ne peut commencer des études latines
852
Trente Ans, marque aussi le début de ses malheurs
et
pérégrinations : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est
853
ses malheurs et pérégrinations : il perd sa femme
et
ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et se réfugie en Po
854
ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême
et
se réfugie en Pologne, où les frères moraves ont plusieurs centres. I
855
rojet de réforme du genre humain par la pédagogie
et
par la conciliation des Églises. Il hésite un temps à accepter une in
856
irs philosophiques, théologiques, scientifiques),
et
se décide finalement à aller plutôt en Suède entreprendre la réforme
857
en Pologne, d’où l’invasion suédoise le chassera,
et
au passage brûlera sa bibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enf
858
e chassera, et au passage brûlera sa bibliothèque
et
beaucoup de ses manuscrits. Enfin, il s’établit en Hollande où il fin
859
il s’établit en Hollande où il finira ses jours,
et
où sera publiée après sa mort une première grande édition de ses œuvr
860
je vois que la Didactica Magna, écrite en tchèque
et
traduite par l’auteur en latin, a été traduite depuis un siècle en fr
861
is, en anglais, en espagnol, en italien deux fois
et
en allemand cinq fois ! Par ailleurs, on donne une liste de 32 volume
862
des développées consacrées à Comenius, entre 1881
et
1957. On ne saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été mécon
863
opéen, de l’unité spirituelle de l’Europe qui fut
et
qui est encore, plus qu’on ne le croit, celle des grands penseurs de
864
a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays
et
tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’ingratitud
865
dans tous nos pays et tous nos milieux politiques
et
intellectuels, une espèce d’ingratitude qui a touché parfois à la tra
866
paysanne, devenu professeur au Collège de France
et
mort en Grèce, Mickiewicz a lutté toute sa vie pour la libération de
867
tté toute sa vie pour la libération de sa patrie,
et
n’a cessé d’appeler à son aide l’Europe des peuples — celle des gouve
868
ologne annexée par les Autrichiens, les Allemands
et
surtout les Russes. Liberté, pour lui, signifie liberté des peuples.
869
sement plus ! De son œuvre considérable, poétique
et
politique indissolublement, je ne citerai ici que le Livre des Pèleri
870
ns la capitale du monde, elle jugera les nations.
Et
elle dira à la première : Voilà que j’étais attaquée par les brigands
871
re : Voilà que j’étais attaquée par les brigands,
et
je criai vers toi, nation, afin d’avoir un morceau de fer pour défens
872
tion, afin d’avoir un morceau de fer pour défense
et
une poignée de poudre, et toi tu m’as donné un article de gazette. Ma
873
eau de fer pour défense et une poignée de poudre,
et
toi tu m’as donné un article de gazette. Mais cette nation répondra :
874
tte nation répondra : Quand m’avez-vous appelée ?
Et
la Liberté répondra : J’ai appelé par la bouche de ces pèlerins, et t
875
ndra : J’ai appelé par la bouche de ces pèlerins,
et
tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où il y aura le sif
876
servitude, là où il y aura le sifflement du knout
et
le cliquetis des ukases. Et la Liberté dira à la seconde nation : J’é
877
e sifflement du knout et le cliquetis des ukases.
Et
la Liberté dira à la seconde nation : J’étais dans la peine et la mis
878
dira à la seconde nation : J’étais dans la peine
et
la misère, et je t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et
879
onde nation : J’étais dans la peine et la misère,
et
je t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois et des secours,
880
t’ai demandé, ô nation, la protection de tes lois
et
des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la nation répond
881
nation, la protection de tes lois et des secours,
et
toi tu m’as jeté des ordonnances. Et la nation répondra : Madame quan
882
des secours, et toi tu m’as jeté des ordonnances.
Et
la nation répondra : Madame quand êtes-vous venue à moi ? Et la Liber
883
n répondra : Madame quand êtes-vous venue à moi ?
Et
la Liberté répondra : Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerin
884
Je suis venue à toi sous l’habit de ces pèlerins,
et
tu m’as méprisée ; va donc dans la servitude là où il y aura le siffl
885
servitude là où il y aura le sifflement du knout
et
le cliquetis des ukases. Je vous le dis en vérité, votre pèlerinage s
886
es ont rejeté votre pierre de l’édifice européen,
et
voici que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef de vo
887
ci que cette pierre deviendra la pierre angulaire
et
la clef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera,
888
ngulaire et la clef de voûte de l’édifice futur ;
et
celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera
889
; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera
et
celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se relèvera point
890
et celui qui se heurtera contre elle, il tombera
et
ne se relèvera point. Et du grand édifice politique européen il ne re
891
contre elle, il tombera et ne se relèvera point.
Et
du grand édifice politique européen il ne restera pas pierre sur pier
892
européen il ne restera pas pierre sur pierre. […]
Et
vous crierez au despotisme étranger comme à une enclume sourde : Ô de
893
uvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau.
Et
il vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et r
894
ions du marteau. Et il vous présentera un dos dur
et
froid, et la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reco
895
rteau. Et il vous présentera un dos dur et froid,
et
la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pa
896
era un dos dur et froid, et la barre sera frappée
et
refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas. Ce cri sera repris qu
897
qui lutta contre l’invasion russe, mais en vain,
et
Petőfi fut tué en combattant. Voici le début de son poème de 1848, in
898
ope se tait… Honte à cette Europe silencieuse
Et
qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonn
899
appel dramatique « Nous t’avons demandé des armes
et
tu nous as donné un article de gazette. » Mea culpa… Mais ce colloque
900
t enfin nous décider à percevoir la voix profonde
et
l’appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leur
901
par ordre. Dans l’ordre de la preuve. Prudemment
et
pas à pas ». C’est la méthode que préconise B.-H. Lévy dans L’Idéolog
902
ement, pour l’auteur, de dénoncer comme fascistes
et
nazis bien moins ceux qui s’avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux
903
tes et nazis bien moins ceux qui s’avouèrent tels
et
l’affichèrent, que ceux qui furent vilipendés, condamnés et emprisonn
904
hèrent, que ceux qui furent vilipendés, condamnés
et
emprisonnés pour avoir combattu, par leurs écrits et par leur engagem
905
emprisonnés pour avoir combattu, par leurs écrits
et
par leur engagement concret, le « socialisme national » d’Hitler, alo
906
! On va voir ce que celui-ci permet déjà d’écrire
et
de publier — pas seulement à des imbéciles. J’ai deux raisons majeure
907
ait B.-H. Lévy le problème du fascisme en général
et
de ses résurgences toujours possibles. À ce danger s’ajoute celui de
908
la nature du mal à combattre, insulte la mémoire
et
dénature les œuvres de ceux qui l’ont combattu les premiers, au face
909
paraissait invincible. Ni les causes historiques
et
psychologiques, ni les effets mortels du phénomène ne sont un seul in
910
ascistes noirs, rouges ou bruns : il n’en dit mot
et
cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et t
911
même pas dans le ton de son discours, arbitraire
et
tranchant, et pas un instant libéral. D’ailleurs, l’absence pathologi
912
le ton de son discours, arbitraire et tranchant,
et
pas un instant libéral. D’ailleurs, l’absence pathologique de toute t
913
r la mémoire d’Emmanuel Mounier, d’Arnaud Dandieu
et
de Robert Aron, qui ne sont plus là pour rétablir la vérité sur leur
914
nt plus là pour rétablir la vérité sur leur œuvre
et
sur leur combat. Afin que ces amis ne soient plus impunément « livrés
915
ont correctement transcrites ne sont pas de moi ;
et
deux sont de son invention. Voici les textes (les mots qui me sont at
916
s par l’auteur sont en italiques). Citations I
et
II Pour illustrer ce qu’il appelle la naissance du fascisme en Fra
917
engoncés dans leurs “faux cols”, leurs “rosettes”
et
leurs “chapeaux melons”1) ». La note1) renvoie à un article de moi pu
918
ite les déclarations non moins antiparlementaires
et
antidémocratiques d’autres pionniers du fascisme français tels que Th
919
çais tels que Thorez, Drieu, Romain Rolland, Aron
et
Dandieu, Mounier, Jean Giraudoux, etc. À la p. 30, nouvelle citation
920
ce du jeune nazi (« fier de son corps vigoureux »
et
« appuyé sur sa race ») et comparez l’émoi de Denis de Rougemont deva
921
son corps vigoureux » et « appuyé sur sa race »)
et
comparez l’émoi de Denis de Rougemont devant ces « jeunesses bottées,
922
-ce possible ? « “Engoncés” » dans leurs rosettes
et
leurs chapeaux melons… Cela ne peut pas être de moi, tout de même — q
923
blement qu’entre un vieux sénateur radical décoré
et
un jeune SA, le dialogue me semblait difficile. C’était exact. Un ami
924
e réponse à une enquête sur la jeunesse française
et
la guerre. Voici le passage incriminé — et disloqué, comme on va le v
925
nçaise et la guerre. Voici le passage incriminé —
et
disloqué, comme on va le voir — par Lévy : En face de jeunesses bott
926
l de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres
et
de chapeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qu
927
st plus contemporaine des nations qui l’entourent
et
qui la menacent. Tel est le fait. Et j’ajoutais un peu plus loin que
928
l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait.
Et
j’ajoutais un peu plus loin que le problème de la jeunesse française
929
celui de « la destruction des tyrannies racistes
et
collectivistes au nom de la personne, seul fondement de l’universel »
930
paraison. Il les sépare par une douzaine de pages
et
cela change tout. Le premier terme devient une déclaration de guerre
931
le contexte condamne sans appel fascisme, nazisme
et
stalinisme. Citations III, IV et V Pour accréditer l’idée parti
932
isme, nazisme et stalinisme. Citations III, IV
et
V Pour accréditer l’idée particulièrement aberrante d’une collusio
933
lusion entre le personnalisme, l’Action française
et
Romain Rolland dans un culte commun du fascisme, Lévy cite le fameux
934
(1933) intitulé « Rupture entre l’ordre chrétien
et
le désordre établi ». Mounier et Maritain s’y exprimaient comme catho
935
l’ordre chrétien et le désordre établi ». Mounier
et
Maritain s’y exprimaient comme catholiques, André Philip et moi comme
936
n s’y exprimaient comme catholiques, André Philip
et
moi comme protestants, Nicolas Berdiaev comme orthodoxe, et Charles D
937
me protestants, Nicolas Berdiaev comme orthodoxe,
et
Charles Dulot comme agnostique sympathisant avec nos positions. En fi
938
, bien sûr, qui fustige avec ardeur le « stupre »
et
le « cloaque » de ce grand corps malade qu’est le tout-État démocrate
939
t la vieille gauche aussi bien, celle de Barbusse
et
de Rolland, qui chante les « cuisses dures d’une dictature qui chevau
940
s dures d’une dictature qui chevauche les peuples
et
les libère des clôtures de la pseudo-démocratie ». C’est les nouveaux
941
utta courageusement contre la démocratie libérale
et
parlementaire » et dont la « critique » est, malgré ses « troubles or
942
contre la démocratie libérale et parlementaire »
et
dont la « critique » est, malgré ses « troubles origines », un « acqu
943
s », un « acquis définitif du personnalisme7) » ;
et
c’est la jeune droite qui, avec Bardèche ou Drieu, s’engage à « march
944
eu des falsifications s’élève ici à la préciosité
et
vaut d’être suivi de très près, car il exemplifie la méthode de l’aut
945
utta courageusement contre la démocratie libérale
et
parlementaire, mais au profit d’un conformisme traditionaliste compro
946
néreuses dans de vagues compromissions politiques
et
une idéologie périmée. » Ce que le lecteur peut vérifier, c’est que
947
u surplus, il n’est pas de moi, étant signé E. M.
et
non D. R. (Je n’avais guère de raisons de m’intéresser aux démêlés en
948
raisons de m’intéresser aux démêlés entre Maurras
et
le Vatican.) Il y a donc triple falsification : — la phrase citée ne
949
n’est de moi dans ce cafouillage. Citations VI
et
VII La démocratie, selon les personnalistes, ne serait « qu’une cu
950
de parler longuement de la « mesure soviétique »
et
de la « mesure nationale-socialiste ». Et j’écris : Si nous condamno
951
tique » et de la « mesure nationale-socialiste ».
Et
j’écris : Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, a
952
’un acte de foi contraire. Elles veulent la force
et
nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nou
953
la vérité. Elles veulent la force du grand nombre
et
nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre m
954
soudra en création le vieux conflit de l’individu
et
de la masse. […] — Car notre force est personnelle, non collective. E
955
use encore ce nom — la fédération, non la masse ;
et
non la tyrannie d’un seul et non le gigantisme national. Lévy croit
956
tion, non la masse ; et non la tyrannie d’un seul
et
non le gigantisme national. Lévy croit devoir préciser (note 12 p. 2
957
dividualisme ». S’il m’avait lu, il eût remarqué,
et
peut-être compris, que ce qui était visé était la religion collectivi
958
. Revel61, que dans la distinction entre individu
et
personne se fonde la notion chrétienne de l’homme telle que l’ont éla
959
Augustin entre les deux, plus tard Thomas d’Aquin
et
les frères de Saint-Victor, enfin Kant… Les personnalistes des années
960
dividu dont le symptôme est l’absence de civisme,
et
la centralisation étatique en route vers l’État totalitaire ? C’est,
961
ous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X
et
XI Mais voilà qui est plus grave encore et révèle chez notre auteu
962
, X et XI Mais voilà qui est plus grave encore
et
révèle chez notre auteur une incapacité fondamentale à comprendre le
963
tun d’attaquer. Car plutôt qu’à des livres connus
et
encore accessibles dans les bibliothèques, voire en librairie, il est
964
plupart à des petites revues publiées entre 1932
et
la guerre. Un nombre infime de lecteurs d’aujourd’hui en possèdent en
965
’aujourd’hui en possèdent encore des collections,
et
la plupart sont introuvables, sauf à la Bibliothèque nationale. Ce pr
966
u rabais. Les révolutions triomphantes sont aussi
et
d’abord des “révolutions avortées”58) ». Reportons-nous aux pages ci
967
e », l’adjectif « beau » est de Lévy, non de moi,
et
cela change le sens du passage ; — je n’ai pas écrit : « qui rend com
968
mais bien : « qui rend compte du tout de l’homme
et
de ses fins les plus lointaines°. — les mots « révolutions avortées »
969
tées » qu’il cite ne figurent pas dans mon livre.
Et
enfin une remarque de fond : — je ne parle pas du tout « d’expérience
970
ion entre la sommation (au double sens d’ordonner
et
de totaliser) que Dieu adresse à l’homme, d’une part, — et l’ensemble
971
aliser) que Dieu adresse à l’homme, d’une part, —
et
l’ensemble des décrets d’un tyran d’autre part, ne mérite pas le nom
972
sont anticapitalistes, donc contre l’Argent-roi,
et
donc selon B.-H. Lévy, antisémites ; non seulement ils sont anti-indi
973
sont anti-individualistes, donc antidémocratiques
et
donc fascistes ; non seulement ils sont en « émoi » devant les bottes
974
seulement ils sont en « émoi » devant les bottes
et
les chemises ouvertes, donc nazis ; non seulement ils se veulent plus
975
ls se veulent plus totalitaires que les fascistes
et
les staliniens, mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils
976
que les fascistes et les staliniens, mais encore,
et
enfin, et là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Am
977
scistes et les staliniens, mais encore, et enfin,
et
là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Amérique !
978
e a-t-elle commis […] pour qu’on puisse l’accuser
et
avec une telle outrance, de « consacrer la pire dégradation qu’une ci
979
is vingt ans, nous ont valu la guerre, le chômage
et
les dictatures ? Nous trouvons une certaine attitude humaine. Cette a
980
ité, pour qui va au fond des choses, matérialiste
et
abstraite à la fois. Elle donne la primauté à l’avoir sur l’être, à l
981
à l’irresponsable sur le responsable, à la masse
et
à l’individu abstrait sur la personne concrète. Machiniste et product
982
idu abstrait sur la personne concrète. Machiniste
et
productiviste, elle consacre la pire dégradation qu’une « civilisatio
983
s personnalistes à leurs adversaires de toujours,
et
de déceler dans leurs critiques et leurs refus autant de preuves de l
984
s de toujours, et de déceler dans leurs critiques
et
leurs refus autant de preuves de leur fascination par les nazis, est-
985
ais expliqué son trajet du totalitarisme marxiste
et
du national-socialisme chinois au capitalisme libéral et à la défense
986
ational-socialisme chinois au capitalisme libéral
et
à la défense de l’Argent comme symbole de la démocratie ? Citation
987
’une psychanalyse de ces palinodies inexpliquées,
et
pour achever de décrire la méthode de l’auteur, il est intéressant de
988
-H. Lévy, qui me traite à tout hasard de fasciste
et
de nazi, se garde bien de citer un seul de mes ouvrages intégralement
989
seul de mes ouvrages intégralement antifascistes
et
antinazis, de Politique de la personne (1934) à La Part du diable
990
e langue française n’a publié autant de pages sur
et
contre Hitler. Vraiment, Lévy choisit mal ses nazis. C’est qu’en somm
991
e — du prétendu « socialisme national » d’Hitler,
et
de ses profondes analogies avec le jacobinisme, premier modèle bien f
992
elles sont demeurées un mixte de traditionalisme
et
de parafascisme. En écrivant cela, le président du comité de rédacti
993
tion du personnalisme en tant que « communautaire
et
anti-individualiste » (Lévy), c’est-à-dire, dans la traduction au moi
994
oins très libre de Raymond Aron « traditionaliste
et
parafasciste »63. On a bien entendu : les idées d’ Esprit et de L’O
995
ste »63. On a bien entendu : les idées d’ Esprit
et
de L’Ordre nouveau , c’est-à-dire de Mounier, de Robert Aron et Arna
996
nouveau , c’est-à-dire de Mounier, de Robert Aron
et
Arnaud Dandieu, d’Alexandre Marc, de moi-même, ont « accédé au pouvoi
997
La primauté de l’esprit sur les mythes collectifs
et
de la personne sur l’État-nation ? Le minimum vital ? Le service civi
998
ce compte-là la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ?
Et
comment nos idées auraient-elles « accédé au pouvoir » à Vichy ? Un p
999
aiment puisé leur inspiration politique (Montoire
et
la collaboration, le Vel’ d’Hiv’ et l’antisémitisme, l’État central,
1000
que (Montoire et la collaboration, le Vel’ d’Hiv’
et
l’antisémitisme, l’État central, exerçant son commandement « de haut
1001
ersonnalistes aient « accédé au pouvoir » à Vichy
et
cela « à la faveur » de la « catastrophe nationale » de juin 1940, co
1002
ligé de fuir dans un camp de réfugiés en Suisse ;
et
moi, officier à l’état-major général de l’armée suisse, organisant en
1003
ment de résistance à la fois civile (ouvertement)
et
militaire (clandestinement) dans l’ignorance où je me trouvais d’être
1004
appui des mass médias, de la publicité éditoriale
et
du goût parisien de créer une école de pensée tous les deux ans, ou à
1005
nu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes,
et
les buts de notre combat. Lévy figurera pour des semaines sur la list
1006
la liste des best-sellers. L’Express qui avalise
et
amplifie ses calomnies, a tiré ce numéro à 649 950 exemplaires. Avec
1007
cles louangeurs publiés dans la presse littéraire
et
la complaisance des médias cela fait un bon million de lecteurs et de
1008
e des médias cela fait un bon million de lecteurs
et
de téléspectateurs qui croiront (s’ils ne m’ont jamais lu) ce qu’écri
1009
nt jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron,
et
notamment, que j’étais « parafasciste » et pronazi. Mieux encore : da
1010
Aron, et notamment, que j’étais « parafasciste »
et
pronazi. Mieux encore : dans un périodique nommé Lu, un professeur ag
1011
ni, rend compte avec ferveur du pamphlet de Lévy,
et
il écrit, à propos de l’avènement de Pétain : « Pêle-mêle les discour
1012
uriféraires, bien connus, les Drieu, de Rougemont
et
autres Doriot et Darquier de Pellepoix : recours à la Terre, rappel d
1013
connus, les Drieu, de Rougemont et autres Doriot
et
Darquier de Pellepoix : recours à la Terre, rappel de la Race, éloge
1014
t, amour de la Nation… » Au cas où ce professeur,
et
quelques autres qui se sont mis dans le même cas, auraient à répondre
1015
duire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy —
et
l’avaient cru, sur la foi de L’Express. Post-scriptum I Les cit
1016
hui ne sachant que très peu ou rien des problèmes
et
des hommes de cette époque, en déduise que nous adhérions plus ou moi
1017
ou moins consciemment aux doctrines des fascistes
et
des nazis. Ce lecteur innocent soupçonnera-t-il que l’impayable série
1018
n », l’« homme de gauche », cède au grand vertige
et
reconnaisse aux fascismes un « élément de santé », une « hauteur de t
1019
n’en peut plus, quand le monde devient si obscur
et
si lourd, ah ! qu’il est commode de mettre tout le paquet dans les ma
1020
les mains d’un homme, d’attendre les mots d’ordre
et
d’y obéir aveuglément sous l’alcool de discours héroïques ! Mais tent
1021
s 1981, Louis Seguin rend compte du livre de Lévy
et
signale les attaques dont il a été l’objet, pour mieux prendre sa déf
1022
rançaise a, semble-t-il, particulièrement choqué…
Et
pourtant, les arguments de l’accusateur sont irrécusables. Il a eu be
1023
textes qui me paraissent bien plus indiscutables
et
précis dans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron et Dandieu,
1024
ans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron
et
Dandieu, de Mounier ou de moi, textes destinés à : 1° démontrer notre
1025
uveau , d’opposer aux révolutions fasciste, nazie
et
communiste, une révolution de la liberté dont la France serait respon
1026
dans la complicité) : « Quant aux jeunes français
et
allemands, s’ils dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à êtr
1027
eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent
et
se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces phrases sont signé
1028
és de leur contexte, selon sa méthode habituelle.
Et
sur la présence de Maurice Clavel à Uriage. Il est vrai que c’est Cla
1029
pe Gegner (Les Adversaires) profondément antinazi
et
lié de près à L’Ordre nouveau . Harro Schulze-Boysen était pour nous
1030
tait pour nous un prestigieux camarade de combat,
et
un ami. Il fut plus tard le chef du célèbre groupe clandestin L’Orche
1031
e rouge. Les nazis l’ont décapité à la hache, lui
et
sa femme, pendant la guerre65. Je citerai quelques phrases de sa « Le
1032
du Reich ne peut faire autrement que de condamner
et
de combattre la tentative d’union entre la France et l’Allemagne d’au
1033
de combattre la tentative d’union entre la France
et
l’Allemagne d’aujourd’hui… Le problème de l’union franco-allemande ne
1034
…] La jeunesse européenne doit apprendre à penser
et
surtout à agir sur un plan anticapitaliste et révolutionnaire, c’est-
1035
ser et surtout à agir sur un plan anticapitaliste
et
révolutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce n’est pas en acceptan
1036
’Europe, à Francfort, en 1932. Nos liens d’amitié
et
d’action étaient étroits. Lors d’une rencontre en Suisse (il avait ré
1037
de Bismarck. Post-scriptum III B.-H. Lévy
et
ses suiveurs opposent aux personnalistes d’ Esprit et de L’Ordre no
1038
s suiveurs opposent aux personnalistes d’ Esprit
et
de L’Ordre nouveau « l’ultime, l’héroïque sursaut de Bataille et de
1039
uveau « l’ultime, l’héroïque sursaut de Bataille
et
de ses amis » — il s’agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les
1040
le et de ses amis » — il s’agit de Roger Caillois
et
de Michel Leiris — les purs et durs du Collège de sociologie. Que dis
1041
de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs
et
durs du Collège de sociologie. Que disaient ces auteurs qui les eût d
1042
s parlementaires, par l’américanisme d’imitation,
et
par l’individualisme bourgeois destructeur de toute vraie communauté
1043
de sociologie » sur la crise mal dénouée à Munich
et
sur les prolégomènes à la Seconde Guerre mondiale : Il faut retenir
1044
donné la mesure de l’inconscience, du pharisaïsme
et
d’un certain don-quichottisme platonique qui paraît de plus en plus c
1045
me individualisme bourgeois par L’Ordre nouveau
et
par Esprit était une preuve de fascisme ; la critique de l’Amérique
1046
au Collège de sociologie le chapitre de L’Amour
et
l’Occident traitant de « L’amour et la guerre ». Si un auditeur avai
1047
de L’Amour et l’Occident traitant de « L’amour
et
la guerre ». Si un auditeur avait pensé que c’était fasciste, il m’au
1048
prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau
et
l’antifascisme « héroïque » du Collège de sociologie ne faisaient qu’
1049
30 » celle qui lança dès 1932 les revues Esprit
et
L’Ordre nouveau . Cf la thèse bien connue de J.-L. Loubet del Bayle
1050
Lévy m’attribue si bizarrement devant les bottes
et
les chemises ouvertes — serait-ce le sien ? Il n’y en a pas traces da
1051
octrine de la personne a été inventée par Mounier
et
que « son succès ne survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 févrie
1052
brune », dans L’Ordre nouveau de décembre 1936,
et
sous le même titre, les pages de mon Journal d’Allemagne, datées d’av
1053
us de toute solidarité effective avec le prochain
et
la communauté où il vit. 64. De fait, la lettre n’est adressée qu’à
1054
’an 2000) paru dans la NRF du 1er janvier 1938,
et
repris dans les traductions en espagnol (Buenos Aires) et en hollanda
1055
s dans les traductions en espagnol (Buenos Aires)
et
en hollandais du Journal d’Allemagne . Cf. p. 346 à 348 de la réédit
1056
pe. Mais alors Hitler démasqua l’aspect original (
et
non plus jacobin) de la dictature totalitaire : l’impérialisme religi
1057
ècle prend un sens très précis, désignant au sein
et
autour des universités où l’enseignement et les discussions se font e
1058
sein et autour des universités où l’enseignement
et
les discussions se font en latin, les communautés d’étudiants étrange
1059
Picardie », « la vénérable nation de Normandie »,
et
« la constante nation de Germanie ». L’ensemble des universités médié
1060
li au-dessus des autorités du pays ou de la ville
et
dépendant de la seule autorité ecclésiastique. Dans le même temps, l’
1061
des provinces espagnoles, italiennes, allemandes
et
flamandes, nouvellement « réunies » (comme on dit) à la France. Mais
1062
plus en plus la langue savante de l’enseignement
et
celle de la liturgie, ainsi que la langue des relations entre « natio
1063
la langue des relations quotidiennes : étudiants
et
maîtres, entre eux, usent couramment de langues vulgaires, cependant
1064
étend en Angleterre, où l’on use aussi du normand
et
des vieux langages celtes : bas allemand, moyen et haut allemand auto
1065
t des vieux langages celtes : bas allemand, moyen
et
haut allemand autour desquels se réalise la cristallisation ; castill
1066
esquels se réalise la cristallisation ; castillan
et
catalan ; toscan et padouan, napolitain, sicilien, etc. En France, en
1067
a cristallisation ; castillan et catalan ; toscan
et
padouan, napolitain, sicilien, etc. En France, en Italie, en Allemagn
1068
es littératures en langues vulgaires apparaissent
et
se développent69. 2. Des royaumes aux États, par la Souveraineté
1069
ien avait tenté de renouveler l’imperium romanum,
et
son roi franc avait tenu à se faire sacrer par le pape de Rome : mais
1070
ler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie
et
des provinces voisines ». Un autre Germain, Otton Ier le Grand, réuss
1071
e Germain, Otton Ier le Grand, réussira un siècle
et
demi plus tard (962) à restaurer la dignité impériale : il fonde, en
1072
iale : il fonde, en sa qualité de roi de Germanie
et
d’Italie, ce qui va devenir sous ses descendants le Saint-Empire roma
1073
pe latin ou de l’empereur germanique (les guelfes
et
les gibelins) remplira les trois siècles suivants et ne sera tranchée
1074
les gibelins) remplira les trois siècles suivants
et
ne sera tranchée, en faveur du temporel, mais non de l’empire, que pa
1075
is, plus tard le castillan, entre la fin du xiie
et
les débuts du xiiie siècle. Les légistes de Philippe le Bel vont pro
1076
le roi de France est « empereur en son royaume »
et
qu’« il ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de l
1077
erres » : ce rejet de la suprématie de l’empereur
et
de celle du pape, symboles de la christianitas — qui est alors le seu
1078
absolue, des rois, puis des royaumes, des nations
et
aujourd’hui des États. Dante sera le témoin consterné de cette profon
1079
, il s’écrie : « Ô genre humain de quelles luttes
et
querelles, de quels naufrages dois-tu être agité ! Tu es devenu un mo
1080
par Philippe le Bel contre le pape Boniface VIII,
et
qui sera bientôt suivi de la « captivité babylonienne de l’Église » e
1081
quer l’avènement de l’ère des nations souveraines
et
rivales succédant à l’ère de la christianitas, seul nom usuel, jusqu’
1082
rer son caractère absolu, inviolable, inaliénable
et
pour tout dire : sacré, de cette usurpation par les royaumes des pouv
1083
us sans conteste par la papauté pour le spirituel
et
par l’empire pour le temporel, nonobstant la longue querelle née de l
1084
ation classique a été la civilisation de l’État »
et
que « c’est au xviie siècle que l’État moderne se constitue ». Mais
1085
t moderne se constitue ». Mais sur quelles bases,
et
selon quelles définitions ? J’ai lu les 708 pages de ce livre, admira
1086
es 708 pages de ce livre, admirablement illustré,
et
n’y ai trouvé qu’une seule définition de l’État : « L’État classique
1087
fonction de l’État serait donc la police d’abord,
et
l’art de métamorphoser l’homme en légume ? Les moyens de l’État, selo
1088
moyens de l’État, selon Chaunu, sont les finances
et
les armées. « Entre 1600 et 1760, l’État classique voit ses moyens ac
1089
nu, sont les finances et les armées. « Entre 1600
et
1760, l’État classique voit ses moyens accrus dans une proportion var
1090
à franchir prudemment. » Voilà pour les finances.
Et
voici pour l’armée : « Entre 1600 et 1760, les armées de l’Europe cla
1091
es finances. Et voici pour l’armée : « Entre 1600
et
1760, les armées de l’Europe classique quintuplent en nombre, connais
1092
multiplication par cent de leur puissance de feu
et
surtout changent radicalement de méthode et de technique. » Certes, l
1093
e feu et surtout changent radicalement de méthode
et
de technique. » Certes, le coût des armes décuple, mais « les armées
1094
ais « les armées renforcent la cohésion des États
et
sont un facteur décisif de progrès technique » (p. 60 de op. cit.). À
1095
a ne se bornent pas leurs bienfaits : « Dialectes
et
genres de vie fort divers viennent aussi [par le recrutement] se conf
1096
que serait l’Europe sans ses nations ? » (p. 69)
Et
voilà justifiées par le bien des États les guerres de succession de P
1097
s de succession de Pologne, d’Espagne, d’Autriche
et
la guerre de Sept Ans, sans oublier l’écrasante défaite subie par Sou
1098
ferait-on ces guerres qui demeurent les premières
et
dernières justifications de ces armées dont on vient d’exalter les bi
1099
uvrage. En réalité, l’étude de Jean Bodin est bel
et
bien celle de la souveraineté, de « la puissance absolue et perpétuel
1100
lle de la souveraineté, de « la puissance absolue
et
perpétuelle d’une république », qui n’appartient qu’au prince et non
1101
d’une république », qui n’appartient qu’au prince
et
non aux magistrats élus pour un temps déterminé. Le citoyen est « fra
1102
autorité ». Ses droits ne sont que « privilèges »
et
révocables à tout instant par le souverain, lequel n’est pas obligé p
1103
el n’est pas obligé par la loi70, acte unilatéral
et
non contrat. « Ce serait crime de lèse-majesté d’opposer le droit rom
1104
n, dans l’esprit des légistes de Philippe le Bel,
et
relançant ce « mouvement ininterrompu vers la définition d’une souver
1105
inition de la souveraineté, « puissance de donner
et
de casser la loi, sous laquelle sont compris tous les autres droits [
1106
strats, imposer ou exempter les sujets de charges
et
subsides, hausser ou baisser le titre, valeur et pied des monnoyes, d
1107
et subsides, hausser ou baisser le titre, valeur
et
pied des monnoyes, donner la loi à tous en général et à chacun en par
1108
ied des monnoyes, donner la loi à tous en général
et
à chacun en particulier, et ne la recevoir que de Dieu ». Or cette pu
1109
loi à tous en général et à chacun en particulier,
et
ne la recevoir que de Dieu ». Or cette puissance ou souveraineté peut
1110
puissance ou souveraineté peut, selon Jean Bodin
et
ses disciples (jusqu’à nous !), résider dans trois Estats (et trois s
1111
ples (jusqu’à nous !), résider dans trois Estats (
et
trois seulement) ou « trois sortes de républiques, à savoir la monarc
1112
épubliques, à savoir la monarchie, l’aristocratie
et
la démocratie : la monarchie s’appelle quand un seul a la souverainet
1113
narchie s’appelle quand un seul a la souveraineté
et
que le reste du peuple n’y a que voir ; la démocratie ou l’estat popu
1114
and la moindre partie a la souveraineté en corps,
et
donne loy au reste du peuple ». Et de montrer longuement que tous les
1115
neté en corps, et donne loy au reste du peuple ».
Et
de montrer longuement que tous les mixtes de ces trois formes de l’Ét
1116
de ces trois formes de l’État ne sont qu’erreur,
et
« formes corrompues ». Mais, dira-t-on, cette souveraineté donnée pou
1117
aire ? Bodin répond par sa doctrine de la justice
et
du « sentiment de la justice » qui oblige le prince à s’acquitter en
1118
libre, cette nation (deux fois), puis cet État —
et
ainsi de suite pendant tout le chapitre. Le Moyen Âge ne parle guère
1119
itre. Le Moyen Âge ne parle guère que de royaumes
et
de peuples. Le xvie siècle élabore et précise la notion de souverain
1120
e royaumes et de peuples. Le xvie siècle élabore
et
précise la notion de souveraineté pour définir l’État, nom qui appara
1121
classique mélange un peu tout, non sans subtiles
et
précises nuances, qui en disent plus que les définitions, comme dans
1122
randeur des nations, étendue des États : première
et
principale cause des malheurs du genre humain. » La grandeur est un a
1123
n attribut de la nation, bien sûr, non de l’État,
et
moins encore du peuple, dont le mieux qu’on puisse dire est « bon peu
1124
ises aux vautours », toujours nées pour la guerre
et
la domination, et non pour le bonheur du peuple. Le lien originel ent
1125
», toujours nées pour la guerre et la domination,
et
non pour le bonheur du peuple. Le lien originel entre guerre et natio
1126
bonheur du peuple. Le lien originel entre guerre
et
nation se retrouve même chez les auteurs les plus modérés de l’époque
1127
tesquieu dans ses Considérations sur les Romains.
Et
voici qui résume tout cela dans Littré (1865) : « La grande nation, n
1128
tion, nom donné d’abord à la France républicaine,
et
dont l’empereur Napoléon Ier se servit pour désigner après ses victoi
1129
at-nation J’ai écrit ailleurs71 les émergences
et
quelques-unes des conséquences historiques du phénomène sociologique
1130
onséquences historiques du phénomène sociologique
et
/ou religieux qui devait aboutir, pendant la Révolution française, à l
1131
rançaise, à la formation du premier État moderne,
et
de nos jours à l’État-nation, « libéral » ou totalitaire. Je rappelle
1132
mbinée avec les armements nucléaires, biologiques
et
chimiques (guerre ABC) peut entraîner la fin du genre humain. Étapes
1133
e au suffrage universel, destitue le roi en 1792,
et
proclame la République une et indivisible. Puis elle vote à six voix
1134
tue le roi en 1792, et proclame la République une
et
indivisible. Puis elle vote à six voix de majorité sur 721 votants (s
1135
ère annule « l’appel de Louis Capet à la Nation »
et
défend à qui que ce soit d’y donner suite, à peine d’être poursuivi c
1136
a concentrer sur sa personne tous les pouvoirs, —
et
cela fait, il sera élu empereur, en 1804, sous le nom de Napoléon Ier
1137
. Elle se double, en 1793, d’une souveraineté une
et
indivisible qui se manifeste cette fois vers l’intérieur : elle consi
1138
V, le roi par excellence, avait brisé les féodaux
et
les communes, les grands et les moyens feudataires du royaume, et fai
1139
ait brisé les féodaux et les communes, les grands
et
les moyens feudataires du royaume, et faisait travailler pour son com
1140
les grands et les moyens feudataires du royaume,
et
faisait travailler pour son compte exclusif un groupe de grands commi
1141
type — qui avaient pour charge unique d’organiser
et
de faire fonctionner le pouvoir royal : l’ensemble constituait l’État
1142
l’Empire, puis aux ministres des trois monarchies
et
des cinq républiques qui ont tenu son rôle en France jusqu’à nos jour
1143
octobre 1917, l’État seul sait ce que veut l’État
et
ce qu’il est. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoque
1144
pouvoir des soviets (conseils d’ouvriers, paysans
et
soldats). Les deux slogans fameux n’en ont pas moins servi à populari
1145
sion intéressée, entretenue dès le xviiie siècle
et
jusqu’à nous, entre les termes de nation, de patrie, de peuple, de pa
1146
s termes de nation, de patrie, de peuple, de pays
et
d’État est dénoncée par une très simple observation : on peut annexer
1147
eut annexer des peuples à une nation, ou des pays
et
territoires à un État ; mais on ne peut rien annexer à une patrie. f)
1148
e patrie. f) Mais c’est peut-être l’usage courant
et
si souvent abusif de l’adjectif national qui fait le mieux sentir la
1149
iétés foncières confisquées pendant la Révolution
et
vendues au profit de la nation. » C’est ce qu’on nomme aujourd’hui le
1150
es contribuables, ceux qui constituent la nation,
et
qui n’en ont jamais touché en retour un sou vaillant. « National » ve
1151
e, mais moins bien toléré… 5. Né de la guerre
et
pour la guerre74 Sur la foncière parenté de l’État-nation et de l
1152
re74 Sur la foncière parenté de l’État-nation
et
de la guerre — aujourd’hui de l’État totalitaire et de la guerre tota
1153
de la guerre — aujourd’hui de l’État totalitaire
et
de la guerre totale — tous les bons esprits sont d’accord, mais peu l
1154
appes, glorifie cette identification de la nation
et
de l’armée : « La conscription est le palladium de notre indépendance
1155
endance, parce que mettant la nation dans l’armée
et
l’armée dans la nation, elle fournit à la défense des ressources inép
1156
nialement bâclé par Bonaparte en vue de la guerre
et
de rien d’autre, c’est l’état de siège en permanence — qui sera dès 1
1157
1930 la formule des États totalitaires de Staline
et
de Mussolini. L’administration des hommes et des choses y est plus mé
1158
line et de Mussolini. L’administration des hommes
et
des choses y est plus mécanisée que dans n’importe quelle société hum
1159
t-à-dire mobilisable à tout moment, esprit, corps
et
choses, par la conscription d’abord, mais aussi par la presse, par l’
1160
la presse, par l’administration, par la fiscalité
et
plus tard par l’École. Reste l’économie industrielle, dont les premiè
1161
ns ne semblent pas organisées, mais aventureuses,
et
de type plutôt féodal, sans liens d’aucune sorte avec l’État en génér
1162
ne comportera plus seulement deux termes, l’État
et
la Guerre, mais un tiers médiateur : l’Industrie. L’État trouvera les
1163
, des impôts, des réquisitions de temps de guerre
et
des lois contre les cartels, servitudes compensées par l’apport du tr
1164
par l’apport du très gros client qu’est l’armée,
et
par la protection de la police, si généreusement accordée contre la «
1165
es atteintes les plus graves à la justice sociale
et
à l’intérêt général de la Nation. Voici leur enchaînement depuis un s
1166
Nation. Voici leur enchaînement depuis un siècle
et
demi : a) L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse et en chac
1167
L’État-nation est lié à la guerre dans sa genèse
et
en chacune de ses étapes, en direction de la formule finale, qui sera
1168
ignent à étatiser plus strictement les ressources
et
la vie de la nation. Ce que les girondins commencent lorsqu’ils décla
1169
la « levée en masse », le Comité de salut public
et
la Terreur, qui correspondent aux aggravations successives de la guer
1170
nisant l’État-nation, d’abord en vue de la guerre
et
bientôt grâce à elle. b) Les nécessités d’une mobilisation rapide ent
1171
entraînent la centralisation de l’administration
et
des moyens de communication. Ainsi, dans le modèle jacobin, Paris dev
1172
oots, ce baron hollandais, Prussien de naissance,
et
grand inspirateur des jacobins. Condition d’une centralisation effica
1173
périssement ou la suppression des pouvoirs locaux
et
de la vie civique des provinces, obtenus par la division du pays en d
1174
ts arbitrairement découpés. c) Toutes les routes,
et
demain toutes les lignes de chemin de fer, et plus tard toutes les au
1175
es, et demain toutes les lignes de chemin de fer,
et
plus tard toutes les autoroutes, partent de la capitale et y ramènent
1176
ard toutes les autoroutes, partent de la capitale
et
y ramènent. Comme dans l’Empire romain, elles sont les voies de l’adm
1177
du commerce ; puis de l’armée, non de la culture,
et
moins encore de ce qu’on nommera tourisme au xxe siècle. d) Le dével
1178
es communications centralisées favorise, accélère
et
, enfin, nécessite le développement de l’industrie lourde, condition d
1179
puissance militaire. Laquelle à son tour appelle
et
favorise le développement de la technique et des recherches chimiques
1180
elle et favorise le développement de la technique
et
des recherches chimiques, physiques et biologiques… 6. Programmati
1181
technique et des recherches chimiques, physiques
et
biologiques… 6. Programmation de l’État-nation au xixe siècle
1182
at-nation au xixe siècle Industrie, technique
et
centralisation administrative exigent une discipline sans cesse accru
1183
e en uniforme, élèves des trois degrés, conscrits
et
fonctionnaires, et enfin (moralement), les lecteurs de journaux rédui
1184
es des trois degrés, conscrits et fonctionnaires,
et
enfin (moralement), les lecteurs de journaux réduits au seul Moniteur
1185
ntelligences par l’instruction publique, gratuite
et
obligatoire. Alignement des corps par la conscription militaire, univ
1186
corps par la conscription militaire, universelle
et
obligatoire. Alignement des curiosités par la grande presse et les RT
1187
e. Alignement des curiosités par la grande presse
et
les RTV que nourrissent les agences nationales. Alignement des compor
1188
agences nationales. Alignement des comportements
et
des réflexes par la Technique, fille de la Science, vraie religion du
1189
nt de résistances dans les élites traditionnelles
et
libérales, finit par s’imposer à tous les États de l’Europe à peu prè
1190
t aussi le départ de la colonisation systématique
et
du partage de l’Afrique entre les « Puissances ». École, Armée, Press
1191
ue entre les « Puissances ». École, Armée, Presse
et
Technique préparent donc à la guerre que les États-nations appellent,
1192
s États-nations appellent, par leur formule même,
et
souvent consciemment. Dans un premier temps, le potentiel belliqueux
1193
dépenser en Afrique noire, en Éthiopie, au Maroc
et
au Proche-Orient où Français, Britanniques et Allemands s’affrontent
1194
roc et au Proche-Orient où Français, Britanniques
et
Allemands s’affrontent avec des peuples mal armés, mais aussi et surt
1195
affrontent avec des peuples mal armés, mais aussi
et
surtout entre eux, parfois directement (Fachoda, Agadir), ou par proc
1196
» de 1945 à 1983). L’État-nation, né de la guerre
et
progressant par elle, comme elle par lui, conduit nécessairement à de
1197
qu’il prépare sous le nom de défense de la Paix.
Et
ce seront les deux guerres mondiales. Après quoi, faute de guerres na
1198
me tout est disposé en vue de la guerre — esprits
et
corps autant qu’infrastructure industrielle — il se produit une recru
1199
minalité, de névroses, de psychoses, d’alcoolisme
et
d’usage de drogues de toute espèce, accompagnée d’une apathie civique
1200
èce, accompagnée d’une apathie civique croissante
et
en même temps d’une épidémie d’actes terroristes de moins en moins «
1201
narchie : elle est alors nationalisation du crime
et
de la lutte contre le crime, ainsi récupéré d’un même mouvement pour
1202
a la guerre elle-même se retourner contre l’homme
et
, selon les plus grandes probabilités, l’éliminer. Dès aujourd’hui, le
1203
ts, dans les usines, dans les mers, sous la terre
et
dans les cieux. Mais loin de conférer au président le pouvoir le plus
1204
seuil de l’anéantissement de toutes les libertés
et
volontés civiques concentrées dans la liberté et dans la volonté d’un
1205
et volontés civiques concentrées dans la liberté
et
dans la volonté d’un seul individu. Jamais pareil cumul de pouvoirs d
1206
tre perdue d’un seul coup, sans retour, pour tous
et
par chacun. La masse des informations de tous les ordres, nécessaire
1207
transmission d’une décision prise hors de l’Homme
et
contre lui, par la mégamachine — qu’il a conçue. On sait — ou l’on de
1208
opres peuples, sur les États désunis de l’Europe,
et
sur l’anarchie du tiers-monde. Mais les conventions, même tacites, et
1209
tiers-monde. Mais les conventions, même tacites,
et
même vitales pour la santé des industries, le contrôle répressif des
1210
, le contrôle répressif des mouvements pacifistes
et
le brouillage des idéologies antagonistes, ne sont [pas] à l’abri des
1211
es, quelque chose agira sur l’index du grand chef
et
pèsera sur le bouton rouge, réduisant le monde en braises et cendres
1212
ur le bouton rouge, réduisant le monde en braises
et
cendres poussiéreuses — solvet saeclum in favilla. 8. Où le mal pe
1213
en est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse
et
son évolution, de contingences historiques, bien loin qu’il soit l’ac
1214
excès. Du temps de la montée de Hitler au pouvoir
et
du règne incontesté de Staline, un jeune mouvement personnaliste, L’
1215
roposition aujourd’hui bien connue : « Trop petit
et
trop grand à la fois. » En effet, les États-nations d’Europe sont à l
1216
trop grands pour animer réellement leurs régions
et
pour résoudre les problèmes spécifiques qui s’y posent. L’argument es
1217
une trentaine d’années sur ce point —, en Europe,
et
dans des déclarations plus récentes comme celle de Daniel Bell aux US
1218
i trop petits pour régler les affaires mondiales,
et
trop grands pour régler les affaires locales. » Dans ma Lettre ouver
1219
ttre ouverte aux Européens (1970), je retrouvais
et
développais ce thème : Regardons maintenant ces États-nations unitai
1220
nations unitaires tels qu’ils sont dans leur être
et
leur agir concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verro
1221
op petits si on les regarde à l’échelle mondiale,
et
trop grands si l’on en juge à leur incapacité d’animer leurs régions,
1222
en juge à leur incapacité d’animer leurs régions,
et
d’offrir à leurs citoyens une participation réelle à la vie politique
1223
des empires véritables qui dominent notre monde,
et
surtout pour résister à la satellisation politique ou économique. Par
1224
rnement : sécuriser les membres d’une communauté,
et
assurer l’efficacité de sa participation dans les affaires du monde [
1225
s devraient se fédérer à l’échelle continentale ;
et
parce qu’ils sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intér
1226
éficits accumulés par les États-nations européens
et
dont l’addition devrait suffire à les déclarer en faillite. Dans l’
1227
nement d’une nation est censé normalement assurer
et
qui représentent sa raison d’être. Dans leur état actuel de division,
1228
allégués en énergie sans menacer l’environnement
et
s’opposer par la police à l’exercice des droits démocratiques ; — ni
1229
enir ou guérir la pollution des lacs, des fleuves
et
des mers océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte co
1230
ide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine
et
sa passion de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre cri
1231
sa lutte contre la famine et sa passion de copier
et
de s’approprier les causes mêmes de notre crise ; — ni assurer l’appr
1232
pprovisionnement nécessaire en matières premières
et
en combustibles producteurs d’énergie ; — ni, finalement, tirer parti
1233
en capitaux, équipements, technologie, compétence
et
créativité. Faute de concertation à l’échelle continentale, et faute
1234
. Faute de concertation à l’échelle continentale,
et
faute d’institutions communes de type fédéral, nos États-nations, ret
1235
angers énumérés, dont certains sont irréversibles
et
donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre. Elle doit survivre
1236
9. Où la Souveraineté nationale devient absolue
et
s’annule J’ai rappelé le transfert de la Souveraineté du Roi médi
1237
oys de Dieu, les règles de Justice naturelle, […]
et
finalement les loys fondamentales de l’Estat. » (Charles L’Oyseau, Tr
1238
orique de l’irréligion, de la positivité du droit
et
de la souveraineté du peuple » (p. 235) car « le peuple devenu souver
1239
profiteur d’un premier jacobinisme simplificateur
et
même terroriste. Ce jacobinisme a émancipé le Souverain, en renversan
1240
té du prince consiste dans son pouvoir « de poser
et
de casser les loys ». On touche à la souveraineté absolue : celle-là
1241
c’est l’État qui dispose du pouvoir par la police
et
par l’argent. Et l’on a vu (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres l
1242
dispose du pouvoir par la police et par l’argent.
Et
l’on a vu (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres limites que celles
1243
lui imposent dans le fait la pluralité des États
et
l’absurde égoïsme des autres. Exactement aussi bête que cela. Mais po
1244
oute vie indigène sur la terre, végétale, animale
et
humaine. 10. L’obstacle majeur à toute fédération des Européens
1245
absolutisée, étant ce que l’on vient de rappeler,
et
que personne ne peut contester de bonne foi, quel est l’obstacle maje
1246
apables, à l’évidence, d’ouvrir un nouvel avenir,
et
qui sont la fédération européennne au-delà des États-nations et l’aut
1247
fédération européennne au-delà des États-nations
et
l’autonomie des régions à l’intérieur des frontières étatiques — et s
1248
régions à l’intérieur des frontières étatiques —
et
souvent même à travers elles ? Réponse : — Cet empêchement majeur, i
1249
unisme nationaliste77 à l’extrême droite jacobine
et
du socialisme traditionnel à la droite « moderne » — c’est la Souvera
1250
c’est la Souveraineté nationale, inaliénable, une
et
indivisible, d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’elle n’a plus
1251
mis sa faculté de bloquer les issues souhaitables
et
possibles en fait. Certes « rien n’existe qui ne se manifeste ». Mais
1252
i ne se manifeste ». Mais une existence négative,
et
très active en tant que telle, est parfaitement concevable et vérifia
1253
ve en tant que telle, est parfaitement concevable
et
vérifiable : la Souveraineté nationale nous le fait voir en 1984 mieu
1254
montré — la Souveraineté a perdu toute substance
et
toute vertu novatrice ou positivement impérative. Elle n’est plus qu’
1255
plus toute-puissance, mais puissance de refuser,
et
bloquage de toute solution incompatible avec la prétention que l’on a
1256
encore : « Ou bien la nation française existe une
et
souveraine, ou bien elle n’est plus » (Lettre ouverte aux Français po
1257
neté absolue, laquelle s’oppose par sa définition
et
sa nature à toute espèce de pacte ou d’alliance de bonne foi, qui lim
1258
ême pot-pourri conceptuel, c’est vouloir, au fait
et
au prendre, l’une des trois solutions que voici : — une amicale des m
1259
Comment fonder l’union sur l’obstacle par essence
et
par définition à toute union sérieuse, tant soit peu contraignante, e
1260
oute union sérieuse, tant soit peu contraignante,
et
faisant prévaloir la solidarité jurée sur l’intérêt particulier et se
1261
oir la solidarité jurée sur l’intérêt particulier
et
ses fluctuations ? 11. L’idolâtrie de la Souveraineté nationale dé
1262
avait su établir un compromis entre la cité-État
et
la communauté impériale, première approche d’une communauté continent
1263
première approche d’une communauté continentale.
Et
il compare cette situation avec celle de l’Europe au lendemain de la
1264
itoyen envers la cité particulière où il était né
et
l’administration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce compro
1265
n’avait pas acquis une totale emprise sur le cœur
et
l’esprit des citoyens. Il n’est pas nécessaire de souligner l’analogi
1266
e la souveraineté locale dans le monde hellénique
et
le problème correspondant dans le nôtre, aujourd’hui. Toutefois, à la
1267
n des États nationaux d’Occident où chaque pensée
et
sentiment politiques sont liés à un esprit de clocher et hypnotisés p
1268
iment politiques sont liés à un esprit de clocher
et
hypnotisés par le prestige d’un glorieux passé. Ce n’est pas sur ce p
1269
té locale sous la discipline d’une loi plus haute
et
préviendrait ainsi la calamité (sans cela inévitable) de notre anéant
1270
raineté nationale. Plus de trente ans plus tard,
et
à la veille d’élire un nouveau Parlement européen, tous les chefs des
1271
ils n’ont rien accompli, l’Idole en soit témoin,
et
n’accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de tout soupç
1272
destin. Mais leur temps va passer inexorablement,
et
les crises mêmes qu’ils gèrent chacun à sa manière risquent de provoq
1273
Certains modèles de dépassement de l’État-nation
et
de la souveraineté nationale absolue semblent intéresser les jeunes g
1274
est pas faite seulement d’accidents, de victoires
et
défaites électorales, économiques, voire militaires au loin. Elle est
1275
groupuscules d’où sortent des formules nouvelles
et
des mots d’ordre initiant de proche en proche des changements d’attit
1276
n proche des changements d’attitudes, de devises,
et
subitement de finalités qui s’organisent en un système alternatif. On
1277
e part, fédéralistes de l’autre. Valeurs, modèles
et
comportements à la fois impliqués par chacun des systèmes comme condi
1278
s favorisés en retour par ce même fonctionnement,
et
inculqués dès lors par l’instruction publique et les médias. On a ten
1279
et inculqués dès lors par l’instruction publique
et
les médias. On a tenté de les ranger ici, schématiquement, sur deux c
1280
é incontestée Pluralité pacifique des communautés
et
des vocations. Accroissement du prestige national, du PNB et du pot
1281
ons. Accroissement du prestige national, du PNB
et
du potentiel militaire Garantie des libertés et des responsabilités c
1282
B et du potentiel militaire Garantie des libertés
et
des responsabilités civiques indissociables Moyens, valeurs, mots d
1283
es diversités, voire des contraires Réglementer
et
contraindre Stimuler et convaincre Rivalité Entraide Chacun pour
1284
contraires Réglementer et contraindre Stimuler
et
convaincre Rivalité Entraide Chacun pour soi Un pour tous, tous p
1285
ne. Exemple : orgueil national dans la colonne I,
et
solidarité vitale dans la colonne II, ne signifient pas que les citoy
1286
ue les citoyens d’un État-nation sont orgueilleux
et
ceux d’une fédération solidaires, mais signifie simplement, objective
1287
nde actuelle, la Savoie, la Bourgogne méridionale
et
le Nord du Dauphiné. (Note de l’auteur.) 69. Histoire générale de l
1288
oire générale de l’Europe, dirigée par G. Olivier
et
R. Mousnier, t. I, Des origines au début du xive siècle, Paris, PUF,
1289
IV. 71. Voir L’Avenir est notre affaire , 1977,
et
plus anciennement Vingt-huit siècles d’Europe , 1961, et Lettre ouv
1290
anciennement Vingt-huit siècles d’Europe , 1961,
et
Lettre ouverte aux Européens , 1970. 72. Cf. note 2 p. 92. 73. O
1291
déclarations d’hommes politiques de premier plan,
et
de tous les partis, je le répète, qui refusent à l’unanimité la fédér
1292
i refusent à l’unanimité la fédération européenne
et
l’autonomie des régions, sans prendre la peine d’en donner d’autres r
1293
un volume intitulé Demain la paix, paru en 1945,
et
signé Jacquier, on pouvait lire : « [La souveraineté nationale est] u
1294
en Kogon, l’ambassadeur néerlandais van Kleffens,
et
M. Löfstedt, recteur de l’Université de Lund), réunis en table ronde
1295
il de l’Europe, avec une trentaine de professeurs
et
publicistes, sous ma présidence, pour discuter les aspects culturels
1296
t pas plus cantonale qu’européenne, mais décisive
et
bien réelle, donc nationale. Cette unanimité des passions partisanes
1297
de Georges Marchais, il manque une petite chose,
et
c’est justement l’Europe, c’est-à-dire l’action commune entre les Éta
1298
a télévision française Simone Veil pour la droite
et
Lionel Jospin pour la gauche. Il en est résulté à l’évidence que ni l
1299
der. Pas un mot n’a été prononcé sur la nécessité
et
l’urgence de l’union, sur son contenu ni sur sa forme politique. « Pu
1300
us ou moins cohérentes avec leur image de combat,
et
laquelle allait, le 17 juin, « passer la barre des 50 % ». Dans les
1301
« La présentation du programme des conservateurs
et
des travaillistes pour les élections européennes a confirmé, le 21 ma
1302
-Bretagne ne reçoit pas sa ristourne pour 1983 ».
Et
elle exige le maintien du veto au Conseil des ministres de la CEE, ve
1303
ent européen est un pur prétexte à confrontations
et
rencontres sur d’autres thèmes. En France, en Allemagne, en Angleterr
1304
es thèmes. En France, en Allemagne, en Angleterre
et
en Italie, qui sont les quatre pays les plus importants de la Communa
1305
communistes, mais aussi aux chrétiens-démocrates
et
aux républicains qui multiplient les attaques et les critiques contre
1306
et aux républicains qui multiplient les attaques
et
les critiques contre les ministres sociaux-démocrates, accusés l’un d
1307
e la situation à la fois historique, diplomatique
et
géographique de la RFA identifie par la force des choses cet aspect n
1308
ix : c’est tout le problème de la défense commune
et
autonome des Européens qui se trouve ici posé dans son urgence dramat
1309
tio capitis à un régime de participation autonome
et
responsable à la souveraineté de l’Europe fédérée ? Il résulte de cet
1310
e les prises de position des partis « nationaux »
et
des verts allemands, dans la préparation des élections du 17 juin, s’
1311
é, c’est la communauté de leurs vues sur l’Europe
et
même l’identité de leurs propositions ; c’est leur opposition, déclar
1312
arée dans les mêmes termes, aux partis classiques
et
à leurs discours partisans, nationalistes, politiciens, donc pratique
1313
s, politiciens, donc pratiquement antieuropéens ;
et
c’est enfin la convergence frappante de leurs propositions pour l’uni
1314
e de leurs propositions pour l’union de l’Europe,
et
cela qu’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simple
1315
comme « amoureux fous de l’Europe de la liberté »
et
appellent de leurs vœux la naissance du « citoyen européen » (qui, re
1316
’ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.)
Et
ils ajoutent (selon le Figaro , même date) : « Les régions, dans le
1317
tières nationales. » Ce qui rejoint les positions
et
propositions défendues dans toute la suite de nos études sur l’Europe
1318
es dans toute la suite de nos études sur l’Europe
et
les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscard
1319
uite de nos études sur l’Europe et les régions 84
et
dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se cro
1320
e notre environnement, à commencer par les forêts
et
océans qui font tout l’oxygène que respirent les êtres vivants — ces
1321
s verts français, qui regroupent la Confédération
et
le Parti écologiste, quatre priorités absolues sont formulées dans un
1322
L’Europe de la solidarité : le partage du travail
et
des revenus, non seulement comme moyen technique pour résorber le chô
1323
e confédérée. Une Europe indépendante, souveraine
et
dénucléarisée : une défense européenne basée sur la responsabilité de
1324
ions unies d’Europe face à l’Europe des marchands
et
des technocrates ». « La prééminence des États-nations est un frein a
1325
en l’absence toutefois des verts ouest-allemands
et
des écologistes luxembourgeois. Cette absence est due au refus de l’a
1326
a Green Alliance (Irlande), De Groenen (Pays-Bas)
et
deux groupes n’appartenant pas aux pays de la CEE : le Mk Miljopartie
1327
s aux pays de la CEE : le Mk Miljopartiet (Suède)
et
la Liste alternative (Autriche). Les verts européens viennent de pub
1328
les, les groupes ethniques, sur le non-alignement
et
la non-violence. Vers une politique de l’environnement, une politique
1329
les ou européennes. Vers une politique économique
et
sociale écologique. Pour une agriculture en équilibre avec la nature.
1330
parmi ces groupes l’Action fédéraliste socialisme
et
liberté (AFSL) qui insiste sur le fait que ses propositions sont « pa
1331
ur le fait que ses propositions sont « par nature
et
par définition, de caractère européen, et non pas inspirées par des i
1332
nature et par définition, de caractère européen,
et
non pas inspirées par des intérêts nationaux ». Elle se déclare « pou
1333
tie contre l’omnipotence d’un État technocratique
et
bureaucratique réside dans la répartition des pouvoirs en faveur de c
1334
s pouvoirs en faveur de communautés territoriales
et
politiques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de so
1335
communautés territoriales et politiques autonomes
et
responsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’ind
1336
toriales et politiques autonomes et responsables,
et
que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point
1337
’indispensable point d’équilibre entre la liberté
et
l’autorité, entre les communautés intermédiaires et l’État, entre l’i
1338
l’autorité, entre les communautés intermédiaires
et
l’État, entre l’individu et le pouvoir ». De nombreux mouvements régi
1339
nautés intermédiaires et l’État, entre l’individu
et
le pouvoir ». De nombreux mouvements régionalistes se proposent de fo
1340
base fédérale ; — la représentativité des peuples
et
des régions au sein du Parlement de Strasbourg ; — l’adoption de l’EC
1341
défense européenne commune intégrée indépendante
et
la sanctuarisation de l’Europe, afin de préserver la paix ; — une pol
1342
de préserver la paix ; — une politique écologique
et
de protection de l’environnement communautaire ; — la défense des ide
1343
nement communautaire ; — la défense des identités
et
des patrimoines culturels ; — la possibilité pour chacun de « vivre e
1344
lturels ; — la possibilité pour chacun de « vivre
et
travailler au pays » ; — le droit pour tous les citoyens de s’exprime
1345
s concernent directement, grâce aux « référendums
et
à l’initiative populaire ». Voilà qui fait beaucoup de petits group
1346
ont unanimes dans leurs propositions européennes,
et
ceci corrigera cela, si les partis classiques persistent à ne rien vo
1347
lement européen : personne n’en parle ou presque,
et
seulement pour le dénigrer. Sauf l’un des rédacteurs de la remarquabl
1348
le lieu de la création, de la discussion publique
et
transparente d’une nouvelle politique. C’est le lieu de la formation
1349
ournalistes français, le 6 avril 1984, a confirmé
et
justifié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’il faut pou
1350
oyens ne peuvent comprendre que les États membres
et
leurs représentants, après s’être arrogé, au mépris des traités qui l
1351
des traités qui les lient, des pouvoirs exécutifs
et
législatifs exorbitants par rapport à l’intérêt commun et à l’équilib
1352
latifs exorbitants par rapport à l’intérêt commun
et
à l’équilibre démocratique, fassent preuve d’une si constante impérit
1353
qu’ils proclament, succède à l’irréalisme égoïste
et
suicidaire qu’ils pratiquent. Quant à la Tribune pour l’Europe, inf
1354
n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ».
Et
de conclure, longuement ovationnée par les parlementaires debout : «
1355
ie sociale a fait son apparition au xixe siècle.
Et
si la démocratie européenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne n
1356
ette matière, se montrer généreuse, intelligente,
et
véritablement européenne. 82. Grands partis : il convient d’y ajou
1357
upuscule intitulé La 3e gauche, formé de « femmes
et
hommes de gauche » (« Communistes démocrates unitaires » et PSU), et
1358
de gauche » (« Communistes démocrates unitaires »
et
PSU), et qui annonce (dans Le Monde du 18 mai) que l’élection des dép
1359
» (« Communistes démocrates unitaires » et PSU),
et
qui annonce (dans Le Monde du 18 mai) que l’élection des députés au P
1360
donner à la gauche l’occasion de s’appuyer mieux
et
plus sur les forces qui l’ont portée au pouvoir ». L’Europe prétexte,
1361
ivile avec renonciation expresse à la fabrication
et
à l’emploi des armes nucléaires. 84. Bulletin du Centre européen de
1362
suis aperçu un peu tard, c’est-à-dire cette nuit
et
ce matin même, que j’avais accepté une tâche absolument impossible, c
1363
is ans, a été de loin le plus riche par le nombre
et
par l’importance des thèmes abordés. J’espère qu’il ne sera pas le de
1364
is thèmes qui nous ont le plus longuement retenus
et
qui ont été dans l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest et
1365
l’ordre : le thème du Forum culturel de Budapest
et
sa préparation, qui a occupé la première journée. Deuxième thème, la
1366
en des langues de bois diverses des gouvernements
et
de leurs experts, celles de certaines littératures, pas toutes, mais
1367
a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner,
et
cela a été une journée extrêmement instructive, pour tout le monde je
1368
olloque. J’étais absolument à côté de la réalité.
Et
je crois que je n’étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le d
1369
it commencer à s’organiser en novembre à Budapest
et
se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’il était la suite de la Conféren
1370
des personnes libres », c’est presque incroyable,
et
, d’autre part, les « fonctionnaires gouvernementaux » — faut-il compr
1371
st donc pas un colloque, on appelle cela un forum
et
ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur l
1372
um, place publique où on réunit beaucoup de monde
et
où tout le monde peut parler, mais c’est celui qui crie le plus fort
1373
s ce côté-là dans ce qui va se passer à Budapest.
Et
puis, foire vient aussi de feria, jour férié, et là, cela voudrait di
1374
Et puis, foire vient aussi de feria, jour férié,
et
là, cela voudrait dire que ce forum, comme tous les forums de ce genr
1375
, ne fera rien. Nous avons donc appris tout cela,
et
que le thème de Budapest sera une discussion générale, donc un forum
1376
nt parlé avec beaucoup de pertinence, de réalisme
et
de sagesse, M. Lipatti, M. Acimovic, et aussi, le lendemain, M. Gross
1377
réalisme et de sagesse, M. Lipatti, M. Acimovic,
et
aussi, le lendemain, M. Grossrieder, M. Haber et M. Boldizsar. Ce der
1378
et aussi, le lendemain, M. Grossrieder, M. Haber
et
M. Boldizsar. Ce dernier sera l’un des hôtes, l’un des organisateurs
1379
ateurs de Budapest. Il nous a surtout recommandé,
et
plusieurs de ceux que je viens de nommer ont insisté là-dessus, de no
1380
s ce qui peut séparer, ne fût-ce qu’en apparence,
et
peut donner lieu à une discussion. S’ils étaient d’accord, il n’y aur
1381
culture, qui est d’abord une question de langage.
Et
ceci nous a amenés, durant la deuxième journée, à une discussion qui
1382
trop modestement intitulée Byzance, ville d’art,
et
nous a projeté ensuite une série de diapositives d’une telle beauté q
1383
grand écran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter
et
nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez mont
1384
ntralisée où les doctrines politiques de l’empire
et
le culte de l’empereur exerçaient une influence décisive sur toute la
1385
aient une influence décisive sur toute la culture
et
l’idéologie. Vous avez souligné, de la sorte, une distinction typolog
1386
ction typologique importante entre la vie sociale
et
culturelle byzantine, et celle de l’Europe occidentale. Ce qui, selon
1387
nte entre la vie sociale et culturelle byzantine,
et
celle de l’Europe occidentale. Ce qui, selon vous, définit l’héritage
1388
randeur exprimée dans l’idéologie, la littérature
et
l’art, ne s’appliquait qu’à l’État, à l’empereur et à l’Église. Le pa
1389
l’art, ne s’appliquait qu’à l’État, à l’empereur
et
à l’Église. Le parallélisme est frappant avec des situations que nous
1390
nnaissons — en remplaçant l’Église par le Parti —
et
je crois que cette distinction entre deux types d’Europe va très loin
1391
es importantes sur le langage propre aux congrès,
et
ensuite, M. Georges Nivat nous a montré, par une analyse à mon sens a
1392
par une analyse à mon sens admirablement raffinée
et
portant sur une information très solide, les méfaits de la langue de
1393
ille, objectif, aimable, je tiens à le souligner,
et
d’autant plus qu’il en alla de même pour les réponses venues de l’aut
1394
de même pour les réponses venues de l’autre côté,
et
je crois que cela est tout à fait important. Il y a eu des moments où
1395
lence d’une qualité extrêmement dense, dirais-je,
et
puis tout s’est détendu quand notre président a pris la parole pour d
1396
us ayons eu le moindre échange. Je l’avais notée,
et
je vous ai lu mes notes juste après que le président soit intervenu.
1397
ns ce siècle, dans leurs rapports avec le pouvoir
et
avec les oppositions ? On verrait peut-être que la langue de bois nat
1398
l’explosion antibourgeoise : Dada, le surréalisme
et
puis après la guerre, les tentatives de littérature purement objectiv
1399
toute idéologie. Le parallélisme est intéressant,
et
on a pu constater qu’il y avait des conflits parfois comparables des
1400
des conflits parfois comparables des deux côtés,
et
que la dialectique entre la langue de bois et la langue proprement li
1401
és, et que la dialectique entre la langue de bois
et
la langue proprement littéraire, même religieuse, comme Nivat l’a sou
1402
bien que, lors de ce débat, de l’exposé de Nivat
et
des réponses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons
1403
e. Il y avait quelque chose de nodal, de central,
et
j’ai eu l’impression de vivre un moment important : pour la première
1404
able, sans animosité dans la manière de discuter.
Et
tout cela, dans une conjoncture mondiale qui, justement, semble oppos
1405
comprendre, c’est un peu difficile à transmettre
et
c’est assez émouvant à vivre, je crois. Je crois que ce moment-là a e
1406
a tournait dans un petit cercle européocentrique,
et
que ce serait drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je croi
1407
les pays où elle régnait d’une manière endémique,
et
puis, ensuite, on s’est aperçu que cela détruisait des équilibres éco
1408
étruisait des équilibres écologiques millénaires,
et
créait des maux encore pires que la malaria, si bien qu’on a dû inter
1409
ialogue entre l’ensemble de la culture européenne
et
les différentes cultures qui se partagent le monde. Nous l’avons essa
1410
hé ou formé par ces trois sources : Athènes, Rome
et
Jérusalem, autrement dit, la philosophie grecque, les institutions ro
1411
a philosophie grecque, les institutions romaines,
et
le judéo-christianisme — la Loi et l’Évangile. Déjà, entre ces trois
1412
ions romaines, et le judéo-christianisme — la Loi
et
l’Évangile. Déjà, entre ces trois premières sources, que de « diversi
1413
quoi Rome était au fond incompatible avec Athènes
et
encore plus avec Jérusalem. Mais ce n’est pas tout. Il y a en plus de
1414
littérature, y compris l’opéra sont sortis de là,
et
le reste est sorti de la civilisation germanique, notamment les notio
1415
n germanique, notamment les notions de communauté
et
tout le droit communautaire qui est tellement important ; si l’on veu
1416
édérations, c’est à cela qu’il faut se rapporter.
Et
puis, ensuite, l’influence du monde arabe à travers l’Espagne, au Moy
1417
être M. Boldizsar. Il était onze heures du matin,
et
je l’ai noté. À cinq heures de l’après-midi, un autre orateur a parlé
1418
nne. Cela s’était passé très vite, vous le voyez,
et
il n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui é
1419
, définie comme ce qui admet un nombre non limité
et
sans cesse croissant de définitions toutes justes, c’est-à-dire capab
1420
es justes, c’est-à-dire capables d’être intégrées
et
exemplifiées par des œuvres et par des personnes. Il peut y en avoir
1421
s d’être intégrées et exemplifiées par des œuvres
et
par des personnes. Il peut y en avoir des millions, et cela sera just
1422
r des personnes. Il peut y en avoir des millions,
et
cela sera juste dans la mesure où ce seront des personnes qui intégre
1423
s celle qui doit donner, par ses diversités mêmes
et
par sa nécessité d’intégration personnelle, des mesures communes pour
1424
mme on est toujours tenté de le dire, littéraires
et
artistiques, mais peut-être plus encore scientifiques, technologiques
1425
t-être plus encore scientifiques, technologiques,
et
donc économiques aussi. Conformément à ses mesures fondamentales, cet
1426
gouvernements, mais de la liberté des personnes.
Et
voilà sans doute le sujet d’un autre colloque encore, pour ce groupe.
1427
e ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés
et
je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter c
1428
« [Conclusions] La culture commune des Européens
et
le débat Est-Ouest », Cadmos, Genève, p. 231-238. u. Ce texte est la
1429
, sur le thème « La culture commune des Européens
et
le débat Est-Ouest ».
1430
seul des quinze collaborateurs — cinq présidents
et
ex-présidents des républiques d’Italie, de l’Allemagne fédérale et de
1431
des républiques d’Italie, de l’Allemagne fédérale
et
de l’Autriche, trois ministres des Affaires étrangères et des Affaire
1432
Autriche, trois ministres des Affaires étrangères
et
des Affaires européennes, le secrétaire général du Conseil de l’Europ
1433
nes, le secrétaire général du Conseil de l’Europe
et
son secrétaire général adjoint, le président et vice-président de l’A
1434
e et son secrétaire général adjoint, le président
et
vice-président de l’Assemblée consultative, les présidents de la Cour
1435
Assemblée consultative, les présidents de la Cour
et
de la Commission européenne des droits de l’homme, et le substitut du
1436
e la Commission européenne des droits de l’homme,
et
le substitut du Secrétaire d’État du Vatican — à n’avoir jamais exerc
1437
ique sans précédent dans l’histoire de l’Europe »
et
« d’aberration maximale du siècle », le professeur Vedovato a donné à
1438
e d’État au pouvoir, dont la charge est de saisir
et
de créer toutes opportunités de se rapprocher d’un grand but politiqu
1439
politique — dans notre cas, l’union de l’Europe —
et
celle de l’homme de pensée militante, qui exige que les moyens précon
1440
xige que les moyens préconisés soient ceux du but
et
non du seul pouvoir à conserver. Celle qui répond de la politique des
1441
rver. Celle qui répond de la politique des États,
et
celle qui en réfère aux fins de l’homme. Je parlerai ici, après les c
1442
d’État, en pleine conscience des responsabilités
et
des limites spécifiques de ma charge, qui est d’un homme de pensée so
1443
rge, qui est d’un homme de pensée soucieux d’agir
et
d’un militant sans relâche de l’union fédérale de l’Europe. Les respo
1444
de pouvoir, s’ils échouent, se retirent purement
et
simplement — ou restent au pouvoir quitte à changer de buts. Mais les
1445
s font voir les buts, critiquent au nom des buts,
et
les rappellent en temps et hors de temps, quoi qu’il arrive. Je dirai
1446
quent au nom des buts, et les rappellent en temps
et
hors de temps, quoi qu’il arrive. Je dirai donc comment j’ai perçu et
1447
oi qu’il arrive. Je dirai donc comment j’ai perçu
et
vécu le problème du Conseil de l’Europe, selon ma vocation de penseur
1448
ma vocation de penseur militant. 2. Conception
et
naissance du Conseil de l’Europe Le Conseil de l’Europe a été conç
1449
il y avait pris part parmi les délégués français,
et
que bien des décisions qui ont fait l’histoire du xxe siècle furent
1450
fait l’histoire du xxe siècle furent prises ici.
Et
il ajoutait un peu plus tard à Strasbourg, devant le Parlement europé
1451
s forme, c’était au congrès de La Haye. J’y étais
et
j’y croyais. » Le congrès avait réuni, sous la présidence d’honneur d
1452
ill, 800 délégués des pays de l’Europe de l’Ouest
et
observateurs des pays frères de l’Est. Parmi eux siégeaient 16 ancien
1453
, des philosophes, des écrivains, des sociologues
et
des économistes, des prélats et des chefs syndicalistes, enfin les an
1454
, des sociologues et des économistes, des prélats
et
des chefs syndicalistes, enfin les animateurs des six grandes associa
1455
la commission culturelle du congrès. Organisateur
et
rapporteur de la commission, j’eus donc l’honneur d’en être aussi le
1456
péens L’Europe est menacée, l’Europe est divisée,
et
la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de
1457
nos destinées, la plus grande formation politique
et
le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire d
1458
lement d’hommes libres. Jamais la guerre, la peur
et
la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversai
1459
plus formidable adversaire. Entre ce grand péril
et
cette grande espérance, la vocation de l’Europe se définit clairement
1460
n leur vrai génie, qui est celui de la diversité,
et
dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté,
1461
ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense
et
pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine,
1462
pour la défense et pour l’illustration des droits
et
des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélit
1463
rême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme,
et
sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lu
1464
tinent. Sur cette union, l’Europe joue son destin
et
celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Europée
1465
ndue à la libre circulation des hommes, des idées
et
des biens. 2. Nous voulons une Charte des droits de l’homme garantiss
1466
e garantissant les libertés de pensée, de réunion
et
d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique.
1467
entées les forces vives de toutes nos nations. 5.
Et
nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts,
1468
nt d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers
et
en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux profes
1469
dans nos Églises, dans nos milieux professionnels
et
syndicaux, les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œu
1470
s milieux professionnels et syndicaux, les hommes
et
les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, supr
1471
œuvre de salut public, suprême chance de la paix
et
gage d’un grand avenir pour cette génération et celles qui la suivron
1472
x et gage d’un grand avenir pour cette génération
et
celles qui la suivront. L’ovation qui suivit la lecture du Message m
1473
principaux gouvernements de l’Europe de l’Ouest,
et
obtint d’eux, dès janvier 1950, une décision de principe favorable au
1474
son jugement. Déjà pourtant une déception perçait
et
très vite prévalut dans tous les groupes activement intéressés : on n
1475
sés : on nous donnait une Assemblée consultative,
et
nous l’avions voulue législative ; cette assemblée était formée de dé
1476
la culture » né, lui aussi, du congrès de La Haye
et
dont je suis le directeur désigné, nous débarquions à Strasbourg en a
1477
ière session, que des échanges de congratulations
et
de conseils de prudence. Mais 300 « jeunes Européens » ont décidé de
1478
été à la frontière franco-allemande toute proche
et
ont jeté bas une douzaine de poteaux frontières, en brandissant le dr
1479
ne sont pas vraiment députés, régulièrement élus
et
donc dignes du titre — mon siège est fait : il s’agit de modifier ess
1480
r essentiellement la formule même de l’Assemblée,
et
d’obtenir — fût-ce par un coup d’État européen — que cette Assemblée
1481
Je les rapporte ici telles que je les ai vécues,
et
dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’agit de mes Lettres aux
1482
Il s’agit de mes Lettres aux députés européens
et
de la réception qui leur fut réservée par l’Assemblée ; d’un projet d
1483
une quarantaine de membres de l’Assemblée du CE ;
et
enfin de la Marche sur Strasbourg, qui fit converger sur le Palais de
1484
l’Europe 6000 jeunes gens venus de tous nos pays
et
décidés à « bousculer les gouvernements », comme l’avait suggéré Paul
1485
avais écrit cinq Lettres aux députés européens ,
et
j’avais obtenu de leur éditeur86 qu’il aille lui-même en placer une c
1486
commentaires sur l’opinion que les fédéralistes —
et
d’abord mes amis de l’UEF — pouvaient se former alors du Conseil de l
1487
tés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe,
et
non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédér
1488
p jeune. Je lui propose quelques slogans nouveaux
et
quelques amendements à la sagesse des peuples : Petit à petit, Paris
1489
d la Corée. — La prudence est le vice des timides
et
la vertu des audacieux […]. Messieurs les députés, ce serait pure fol
1490
va de notre indépendance, qui vaut mieux quelles,
et
quelles sabotent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pa
1491
icultés ! L’opinion, par exemple, n’est pas mûre,
et
chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se pre
1492
es pas de vrais députés, car les vrais sont élus,
et
vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous fair
1493
n ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples,
et
du danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait cons
1494
nformer ses peuples, et du danger qu’ils courent,
et
de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n
1495
’Europe. Les partis présenteront leurs candidats.
Et
les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes d’intérêts professi
1496
candidats. Et les mouvements fédéralistes aussi.
Et
les groupes d’intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvrier
1497
es d’intérêts professionnels, syndicats patronaux
et
ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation
1498
it provoquer87. La condition à la fois nécessaire
et
suffisante d’une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu
1499
ire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu,
et
que leur sort peut changer, matériellement aussi, selon l’issue des é
1500
. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discuter
et
voter un projet bien précis de Constitution fédérale de l’Europe. Ce
1501
supplierai de déclarer clairement à quel moment,
et
sous quelles conditions, cela cessera d’être prématuré. Si vous me di
1502
s aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse
et
d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire, et fédérez l’Euro
1503
espérance : méritez votre nom, faites-vous élire,
et
fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à
1504
urope : une Assemblée élue au suffrage universel,
et
législative, la limitation des souverainetés nationales, et la mise e
1505
tive, la limitation des souverainetés nationales,
et
la mise en chantier d’un projet de Constitution fédérale. 2. Le nouv
1506
nt en passant « qu’il se fera très probablement »
et
que « Paul Reynaud en est ». À la fin du concert, André Philip m’expo
1507
eune professeur à la Faculté de droit de Poitiers
et
fondateur d’une organisation d’activistes, les Volontaires d’Europe,
1508
jourd’hui de peser efficacement sur les décisions
et
sur les événements, qu’est-ce donc qui peut arrêter le monde sur la p
1509
ui paralysée par le sentiment de son impuissance,
et
par le défaitisme fataliste qui s’empare de ses populations. Il faut
1510
gués à Strasbourg rompent avec leur ordre du jour
et
avec leur statut, qu’ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’
1511
ils sentent que l’opinion publique les approuvera
et
les soutiendra […]. Nous sommes à Strasbourg un groupe qui avec des m
1512
roupe qui avec des moyens sérieux tente de lancer
et
de pousser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous ne sommes certes
1513
as admirer la convergence des exigences de Villey
et
des miennes ? À 1 h Raymond Silva m’apporte le projet de Serment rédi
1514
e Serment. Dadelsen vient de s’en aller à 3 h 15,
et
j’écris dans mon journal : « Le document peut-être capital de Strasbo
1515
. » Le 24 août : « À 11 h, Carlo Schmid, Retinger
et
d’autres à l’hôtel. Il semble que le Serment va rater, notre texte gr
1516
t : « À 11 h, à l’Assemblée, discussion véhémente
et
désespérée sur le Serment, très attaqué. » À 15 h, séance plénière de
1517
anque de France nous subventionne. À 23 h, Villey
et
sa femme au Café de France jusqu’à 1 h a.m. Vendredi 25 août : « À 10
1518
doute, décision remise à midi. » Départ pour Bâle
et
Genève à 11 h 30. Plus tard, par des voies privées — la presse n’en d
1519
le fait d’une importante fraction de l’Assemblée,
et
prit le nom de Conseil de vigilance. Sur une initiative dont, aujourd
1520
résents à Strasbourg en ce mois de novembre 1950,
et
beaucoup de jeunes, mais aussi des représentants des syndicats et du
1521
eunes, mais aussi des représentants des syndicats
et
du patronat — Georges Villiers, président du CNPF90, par exemple — oc
1522
con, en l’occurrence, séparant le palais du parc,
et
viennent siéger à l’Orangerie. À l’heure prévue, on vit entrer plusie
1523
. On entendit beaucoup de discours enthousiastes,
et
l’on finit par se mettre d’accord, lors de la dernière séance à laque
1524
iscussion d’une Constitution fédérale de l’Europe
et
l’obtention d’un accord de principe des gouvernements. On pouvait voi
1525
l ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey
et
mes mises en demeure. Je le répète : nos gouvernements ne voulaient p
1526
toute l’Europe en autocars à l’appel de l’UEF91,
et
sans respecter les frontières, restera le symbole joyeux de cette éta
1527
tte étape de la lutte pour une Europe des peuples
et
non pas des États. Je retrouve dans mes notes du 24 août : « Avec Mou
1528
la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue
et
que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l’y encour
1529
et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans
et
Silva. Je l’y encourage vivement. » Nous sommes à Strasbourg de nouve
1530
s sommes à Strasbourg de nouveau, Silva, Dadelsen
et
moi le 17 novembre, pour assister à trois congrès (UEF, NEI, MSEUE),
1531
pour assister à trois congrès (UEF, NEI, MSEUE),
et
pour participer à des travaux sur les instituts universitaires, le ci
1532
les instituts universitaires, le cinéma européen,
et
notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au
1533
eunes gens dès le 27 novembre, à l’appel de l’UEF
et
sous la responsabilité du professeur Mouskhély. Il m’avait averti de
1534
à l’Assemblée. Voilà qui nous promet, à Dadelsen
et
à moi, une nouvelle nuit de bon travail à l’Hôtel de la Maison-Rouge…
1535
fait bâtir une passerelle qui dominera la foule,
et
sur laquelle le président Paul-Henri Spaak, entouré des membres du bu
1536
l’Assemblée, doit recevoir le message des jeunes
et
lui répondre. Voici le discours qu’il entendra : Aux Délégués de l’A
1537
ût dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg
et
nous avons brûlé les poteaux frontières, symbole des souverainetés na
1538
es, symbole des souverainetés nationales néfastes
et
périmées dont nous espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nou
1539
us grand nombre, nous avons forcé les frontières,
et
si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce
1540
ctement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix
et
nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos lenteurs et
1541
oits particuliers à vous parler, car vos lenteurs
et
vos hésitations, vos prudences que nous comprenons mal devant les cat
1542
es. Nous sommes ici pour proclamer des nécessités
et
un but. L’heure est venue pour vous d’accomplir l’acte révolutionnair
1543
clament les représentants de la nation européenne
et
qu’ils exigent dans une motion l’établissement d’une Constitution féd
1544
vieux pays envahis aujourd’hui par l’indifférence
et
le doute une grande espérance ; vous déchaînerez la marée d’enthousia
1545
tes répondent à vos discours. C’est sur vos actes
et
sur eux seuls que vous serez jugés. Prend place alors — pour être di
1546
jurons que, par tous les moyens en notre pouvoir
et
par toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous
1547
e patrie commune. L’Europe est présente pour nous
et
nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que
1548
s mesures décrétées en juin dernier par la France
et
l’Allemagne fédérale, qui ont eu l’audace de « simplifier les formali
1549
, lentement dégagées par l’histoire, des impasses
et
contradictions manifestes contenues dans le statut du Conseil de l’Eu
1550
inentale une initiative politique de belle allure
et
d’opportunité majeure : ce projet de Constitution européenne que nous
1551
par les ministres des six pays du Marché commun,
et
créant une Assemblée nouvelle, formée des membres de l’Assemblée Char
1552
uva constituée l’Assemblée ad hoc, dont le mandat
et
les tâches étaient définis par les résolutions de Luxembourg et par l
1553
étaient définis par les résolutions de Luxembourg
et
par l’art. 38 du traité instituant la CED… Elle tint sa première sess
1554
lle tint sa première session cinq jours plus tard
et
nomma une commission constitutionnelle chargée d’élaborer un avant-pr
1555
n constitutionnelle — dont le rédacteur principal
et
final fut le professeur et sénateur belge Fernand Dehousse ? Personne
1556
le rédacteur principal et final fut le professeur
et
sénateur belge Fernand Dehousse ? Personne, à ma connaissance, ne l’a
1557
te à nous avec toutes les apparences d’une nation
et
d’une fédération, se nomme elle-même en toute propriété de terme une
1558
qui ne tient sa légitimité que de ses 22 mandants
et
qui n’est proprement qu’un « exécutif » comparable à celui que prévoi
1559
e : par l’exemple irréfutable d’une confédération
et
/ou fédération qui existait bel et bien depuis plus d’un siècle, à la
1560
e confédération et/ou fédération qui existait bel
et
bien depuis plus d’un siècle, à la satisfaction générale, et dont la
1561
uis plus d’un siècle, à la satisfaction générale,
et
dont la recette n’était pas trop complexe : non pas « abandonner », m
1562
ssion d’experts nommée par les ministres des Six,
et
à faire rapport à ces ministres au printemps de 1954. Mais de renvoi
1563
, si bien conduite par les membres des assemblées
et
si bien tuée par les représentants des souverainetés nationales — qui
1564
nduits ? » Relisant cela dans un journal allemand
et
pour en vérifier la traduction, je me suis reporté à mes notes de jou
1565
ait pas sans relation avec cette parole de Spaak.
Et
en effet, en date du 23 août 1950, je trouve ce bref échange : P.-H.
1566
sûr le dramatique problème des droits de l’homme,
et
de la Cour de justice « capable d’appliquer les sanctions nécessaires
1567
ns deux autres domaines qui, par leur nature même
et
par ma profession, me requièrent plus personnellement : la culture en
1568
èrent plus personnellement : la culture en Europe
et
le problème des régions, que je voudrais faire le point des possibili
1569
rais faire le point des possibilités spécifiques,
et
comme prédestinées, du Conseil de l’Europe. On a souvent cité, ces d
1570
’Europe. On a souvent cité, ces derniers temps —
et
surtout depuis les « échecs » subis par la CEE à Athènes et à Bruxell
1571
depuis les « échecs » subis par la CEE à Athènes
et
à Bruxelles — le mot un peu désabusé de Jean Monnet à la fin d’une ca
1572
tait à refaire, je commencerais par la culture. »
Et
l’on a vu la CEE soutenir discrètement des congrès comme celui, tout
1573
des congrès comme celui, tout récent, de Venise,
et
celui qui se prépare pour l’automne à Rome. Il y a là des réactions d
1574
’États-nations qui ne représente, par ses statuts
et
sa vocation spécifique, que les seuls intérêts économiques, et cela d
1575
n spécifique, que les seuls intérêts économiques,
et
cela dans 10 pays seulement, c’est-à-dire un peu moins de la moitié d
1576
brasser l’unité millénaire des 21 pays de l’Ouest
et
des 8 pays de l’Est, non moins européens par leurs traditions culture
1577
moins européens par leurs traditions culturelles,
et
plus européens encore par les espoirs qu’ils mettent dans un avenir d
1578
ncipes qui ont formé d’un même mouvement l’Europe
et
sa culture commune. Il est vrai que les préoccupations culturelles du
1579
ache surtout à la défense des libertés politiques
et
qu’il représente la totalité des peuples de l’Ouest du continent, don
1580
d’initiation, d’instauration, de mise en marche ;
et
que le concept de culture soit pris au sens actif de création (non de
1581
nt) ; au sens actif d’évaluation, d’établissement
et
de maintien des valeurs caractéristiques qui orientent une civilisati
1582
ncer par la culture, c’est assurer dès le départ,
et
rétablir avec vigilance la primauté des fins que se donne une société
1583
ce la primauté des fins que se donne une société,
et
la conformité de ces fins proclamée avec des moyens politiques et les
1584
de ces fins proclamée avec des moyens politiques
et
les activités économiques qu’elle met en œuvre à leur service. La plu
1585
nt que les Européens s’unissent pour les défendre
et
les illustrer : ce fut la table ronde de l’Europe, réunie à Rome en o
1586
ea sous les lambris dorés du Palais Aldobrandini,
et
la séance de clôture se tint au Capitole. Pendant une semaine, devant
1587
semaine, devant une vingtaine d’hommes de culture
et
de publicistes, nommés par les gouvernements des États membres, sept
1588
nements des États membres, sept éminents penseurs
et
hommes d’État européens (que j’eus l’honneur de présider) avaient été
1589
nds thèmes historiques, religieux, philosophiques
et
politiques au sens premier du terme, de l’unité fondamentale des Euro
1590
s légendaires de la Résistance en Allemagne nazie
et
dans ses camps, le Dr Einar Löfstedt, recteur de l’Université de Lund
1591
recteur de l’Université de Lund, Robert Schuman,
et
l’historien Arnold Toynbee.w Des groupes d’études prirent la suite d
1592
n Franco Valsecchi ; un groupe questions sociales
et
économiques, rapporteur l’économiste anglais Peter Wiles ; et un grou
1593
es, rapporteur l’économiste anglais Peter Wiles ;
et
un groupe sciences, avec notamment le grand physicien nucléaire Lew K
1594
auquel on doit de fécondes études sur l’éducation
et
la propagation des études européennes dans les écoles aux trois degré
1595
par moi) au processus de développement économique
et
social. Ce qui revient à « ajouter » un peu de superflu au nécessair
1596
à « ajouter » un peu de superflu au nécessaire —
et
je dis halte ! Si la culture n’est pas première, n’est pas directrice
1597
culture n’est pas première, n’est pas directrice
et
rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC li
1598
urtant proposée par elle dans sa session de 1978)
et
décidait … d’élaborer une Déclaration européenne sur les objectifs c
1599
is en compte dans leur politique en tous domaines
et
de contribuer ainsi à une prise de conscience par les Européens de l’
1600
à une consultation des instances gouvernementales
et
non gouvernementales concernées ; 3. de recueillir parallèlement l’av
1601
ations, d’avant-projets rédigés, critiqués, limés
et
réduits selon les exigences nationales, le nouveau projet soumis au C
1602
es ministres de la Culture) fut à nouveau rejeté,
et
c’est une troisième version que les hauts fonctionnaires acceptèrent
1603
ionnaires acceptèrent finalement en janvier 1984,
et
présentèrent à la ratification de leurs ministres réunis à Berlin en
1604
tent les États membres, mais aussi les citoyennes
et
citoyens à concentrer leurs efforts pour : — développer le patrimoine
1605
r leurs efforts pour : — développer le patrimoine
et
la création97 — développer les aptitudes humaines — assurer la libert
1606
permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté
et
l’attachement solidaire aux droits de l’homme »98 et qu’« un tel épan
1607
l’attachement solidaire aux droits de l’homme »98
et
qu’« un tel épanouissement passe par la culture qui constitue le fact
1608
s sociétés avec les facteurs sociaux, économiques
et
technologiques ». Tout cela, bel et bon (quoique mal dit en français)
1609
, économiques et technologiques ». Tout cela, bel
et
bon (quoique mal dit en français). Les intentions de MM. les ministre
1610
oyens « le plein exercice de la liberté de pensée
et
d’expression » et surtout la possibilité de « participer à la définit
1611
xercice de la liberté de pensée et d’expression »
et
surtout la possibilité de « participer à la définition des choix qui
1612
— je pense notamment au choix du nucléaire civil
et
militaire, que l’action des gouvernements s’efforce sans relâche de s
1613
nt sur une tradition séculaire d’humanisme laïque
et
religieux, source de leur attachement inaliénable à la liberté et aux
1614
urce de leur attachement inaliénable à la liberté
et
aux droits de l’homme… »99 En trois lignes, voici tranchés — à tort
1615
me… »99 En trois lignes, voici tranchés — à tort
et
à travers — trois problèmes majeurs de la culture dans ses rapports a
1616
ure dans ses rapports avec l’Europe de l’Histoire
et
avec la construction à venir de son Union. On nous apprend d’abord qu
1617
des sources dont on connaît la profonde diversité
et
les interactions créatrices), mais seulement des cultures européennes
1618
ssues de l’Aufklärung, de la révolution jacobine,
et
surtout de Karl Marx, ont toutes fait et font encore preuve d’un atta
1619
acobine, et surtout de Karl Marx, ont toutes fait
et
font encore preuve d’un attachement « inaliénable » à la liberté et a
1620
uve d’un attachement « inaliénable » à la liberté
et
aux droits de l’homme ? Les régions. Le cas de la division du CE qu
1621
nime la Conférence permanente des pouvoirs locaux
et
régionaux est à peu près l’inverse du précédent. Ici, l’on est parti
1622
arti non des mythes sacro-saints de l’État-nation
et
de la souveraineté nationale absolue, mais au contraire des besoins h
1623
esoins mêmes que la centralisation administrative
et
décisionnelle de la plupart de nos États européens empêche de prendre
1624
nos États européens empêche de prendre en compte
et
à plus forte raison de satisfaire. On est parti de ces besoins les mi
1625
a reconnu rapidement les causes d’insuffisances,
et
de malfonctionnement, ainsi que les remèdes possibles, généralement à
1626
èdes possibles, généralement à portée de la main.
Et
peu à peu l’on est passé de l’échelle communale à la région, selon la
1627
imensions des tâches nécessaires ou souhaitables,
et
selon les moyens nouveaux qu’offraient les inventions technologiques,
1628
ne complexité telle que l’État les niait purement
et
simplement, faute de concevoir la possibilité de les maîtriser. Une p
1629
alie, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Espagne
et
même en France, comme un des développements majeurs, politique, socia
1630
oppements majeurs, politique, social, économique,
et
surtout civique, du xxe siècle finissant. Une troisième Conférence d
1631
ant. Une troisième Conférence des pouvoirs locaux
et
régionaux va se tenir en octobre à Borken (RFA) et permettra de faire
1632
t régionaux va se tenir en octobre à Borken (RFA)
et
permettra de faire le point des progrès accomplis au cours des derniè
1633
progrès accomplis au cours des dernières années,
et
de l’évolution très prometteuse qui se dessine dans l’invention de re
1634
ne dans l’invention de relations socioéconomiques
et
culturelles et de statuts juridiques d’un type nouveau, au sein de ré
1635
tion de relations socioéconomiques et culturelles
et
de statuts juridiques d’un type nouveau, au sein de régions définies
1636
s définies à la fois par la géographie, la langue
et
la culture, les traditions et les ressources naturelles, mais divisée
1637
ographie, la langue et la culture, les traditions
et
les ressources naturelles, mais divisées en deux ou en trois apparten
1638
s par des partages arbitraires au gré des guerres
et
des traités. Le plus remarquable, en l’occurrence, c’est que la régio
1639
e la région : le citoyen ne peut se sentir libre,
et
être libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer
1640
dans un milieu dont il connaît bien les problèmes
et
les ressources. Tout le reste est littérature. Il n’y a pas de libert
1641
e plus avancer, à parler de l’union sans la faire
et
à dire son urgence tout en la renvoyant à quelque session ultérieure.
1642
. Je lis pas mal d’études sur la CEE de Bruxelles
et
ses problèmes. Je suis de près les activités culturelles et régionali
1643
blèmes. Je suis de près les activités culturelles
et
régionalistes du CE, et j’y participe chaque fois qu’on me le propose
1644
les activités culturelles et régionalistes du CE,
et
j’y participe chaque fois qu’on me le propose. Nulle part je ne vois
1645
la va sans dire, buts toujours différés sine die,
et
cela va tellement mieux en le taisant… J’appelle aberration maximale
1646
européenne » — situation que personne n’a prévue
et
moins encore voulue, mais qui consiste, au fait et au prendre, à conf
1647
t moins encore voulue, mais qui consiste, au fait
et
au prendre, à confier l’union à deux organisations dépourvues de tout
1648
vocation multiple : politique, juridique, sociale
et
culturelle, mais sans autres pouvoirs que de propositions, et la seco
1649
e, mais sans autres pouvoirs que de propositions,
et
la seconde à vocation unique, économique, mais dotée de quelques pouv
1650
s, par le droit de veto d’un des membres) ; l’une
et
l’autre en fin de compte dépendant des États constamment susceptibles
1651
igne du nom, mais deux assemblées sans nuls liens
et
dont les vœux n’ont guère de poids au regard des intérêts particulier
1652
gard des intérêts particuliers des États membres.
Et
surtout, point de constitution qui unifie les efforts et les rende co
1653
out, point de constitution qui unifie les efforts
et
les rende convergents. Ni l’une ni l’autre des deux organisations par
1654
à conduire une politique européenne, à invoquer,
et
d’abord à faire naître un vrai civisme européen ; et, but suprême, à
1655
d’abord à faire naître un vrai civisme européen ;
et
, but suprême, à assurer le maintien de la paix continentale. Quels q
1656
s que l’on porte sur les trente-cinq années du CE
et
les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’il en soit des qualités et d
1657
années de la CEE, quoi qu’il en soit des qualités
et
des défauts intrinsèques de chaque institution — la qualité des homme
1658
plus haut — la seule question qui demeure ouverte
et
qui exige une réponse immédiate est de savoir si nous allons enfin pr
1659
r le faire ? Je vois seulement ce qui est urgent,
et
qui commande le reste : — il s’agit d’unifier les actions parallèles
1660
il s’agit d’unifier les actions parallèles du CE
et
de la CEE, — et de les rendre convergentes, sous le signe d’une Const
1661
fier les actions parallèles du CE et de la CEE, —
et
de les rendre convergentes, sous le signe d’une Constitution répondan
1662
dant aux nécessités de l’unité dans la diversité,
et
de l’union des autonomies, régionales plus encore que nationales, — a
1663
d, mais bien des libertés concrètes des citoyens,
et
donc de leurs responsabilités. Le projet de la Constitution rédigé pa
1664
intéresse tout à la fois la Communauté européenne
et
le Conseil de l’Europe. » La CEE a constitué un « Comité ad hoc sur l
1665
ctuellement existantes sont adaptées aux réalités
et
aux exigences de l’Europe de demain. » En même temps, la Commission n
1666
ière aux relations entre la Communauté européenne
et
le Conseil de l’Europe. » 85. Ces six organisations étaient alors
1667
hill), le Comité pour l’Europe unie (Raoul Dautry
et
René Courtin), la Ligue économique de coopération européenne (Paul va
1668
liste pour les États-Unis d’Europe (André Philip)
et
, last but not least, l’Union européenne des fédéralistes (Henri Brugm
1669
ndys, jeune ancien ministre anglais des Armements
et
gendre de Churchill, et le Secrétaire général, le Polonais Joseph Ret
1670
tre anglais des Armements et gendre de Churchill,
et
le Secrétaire général, le Polonais Joseph Retinger, qui avait été « l
1671
ye ». 86. Mon ami Richard Heyd, directeur d’Ides
et
Calendes, Neuchâtel, Suisse. 87. Note de 1984. On aura reconnu là l
1672
« Vos lettres, mon cher, je les sais par cœur ! »
Et
deux jours après, Spaak descendant l’escalier de notre hôtel : « Je l
1673
fédéralistes, dont Henri Brugmans, Alexandre Marc
et
Raymond Silva avaient été les fondateurs, relayés en 1948 par Henri F
1674
elayés en 1948 par Henri Frenay, Altiero Spinelli
et
moi-même. C’est un des responsables de l’UEF, le professeur Mouskhély
1675
ître d’œuvre de cette opération hautement risquée
et
réalisée sans la moindre bavure. 92. Publié par le Centre européen d
1676
oc se tenant à Strasbourg, au Palais de l’Europe,
et
le jeu des ministres des Six passant inaperçus au regard du grand enj
1677
. 96. Voir la brochure de 44 p. éditée par le CE
et
intitulée Déclaration européenne sur les objectifs culturels, 4e Conf
1678
ir les textes des Rapports soumis à la Conférence
et
sa Déclaration finale dans le numéro d’été 1972 du Bulletin du Centr
1679
rend compte dans un article de la revue Preuves
et
du Bulletin du Centre européen de la culture entre autres.
1680
s thèmes d’essai que je peux terminer rapidement,
et
puis deux livres très importants pour moi, qu’il faudra que je réécri
1681
domaines, littéraire, métaphysique ou politique.
Et
puis, à part cela, j’ai encore mes activités européennes. Je compte m
1682
ntre européen de la culture que j’ai créé en 1948
et
inauguré en 1950. Mais je ne vais pas le laisser, l’abandonner en che
1683
je compte trouver du côté du Conseil de l’Europe
et
de plusieurs organismes gouvernementaux ou privés. Je voudrais, avant
1684
faire dans la vie, comme on le fait à cet âge-là,
et
j’ai décidé que j’allais devenir chimiste. Pourquoi ? Parce que j’ava
1685
végétales ou biologiques en mélangeant des acides
et
des bases dans des espèces de crèmes qu’il fabriquait avec de la coll
1686
i été fasciné par cela, je me suis mis à l’imiter
et
à essayer de refaire des plantes. Je faisais des crèmes que je compos
1687
livres, je les mettais au fond d’une éprouvette,
et
avec une stupéfaction que vous pouvez imaginer — surtout à cet âge-là
1688
je voyais de petites cellules se former, monter,
et
cela faisait finalement une longue plante qui poussait en deux ou cin
1689
ngue plante qui poussait en deux ou cinq minutes,
et
quand elle arrivait en haut de l’éprouvette cela donnait une sorte de
1690
natives, on était dans les choses plus sérieuses.
Et
puis je suis entré au gymnase scientifique de Neuchâtel à 16 ans, tro
1691
ématiques par semaine. J’en ai beaucoup souffert,
et
je me suis mis, pour essayer de compenser cette erreur d’aiguillage a
1692
enu ma nouvelle obsession, je ne faisais que cela
et
je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chose que de
1693
vais vulgaire d’écrire des articles, par exemple.
Et
voilà qu’un beau jour, comme je faisais beaucoup de sport, j’étais pa
1694
ssais, qui était La Semaine littéraire, à Genève,
et
j’ai reçu trois jours après au Gymnase de Neuchâtel, qui avait la mêm
1695
pourquoi j’avais tant de peine à faire des maths
et
de la chimie. Je les trahissais en faisant de la littérature. C’était
1696
lors. Après ses études universitaires en lettres
et
philosophie, Denis de Rougemont est parti pour Paris, où il a travail
1697
is, où il a travaillé auprès de maisons d’édition
et
écrit les premières œuvres qui lui ont immédiatement valu la notoriét
1698
es d’écoles de pensée nouvelles. C’était en 1931,
et
jusqu’à la guerre, il y a eu neuf années tout à fait extraordinaires,
1699
J’ai découvert Heidegger, le philosophe allemand.
Et
puis avec mes amis, nous avons très vite fondé des groupes de pensée
1700
inuent aujourd’hui encore dans la revue Esprit ,
et
une autre petite revue à laquelle j’étais plus étroitement attaché, q
1701
opposition à l’individu, d’homme à la fois libre
et
responsable, les deux termes, les deux adjectifs étant absolument lié
1702
e si vous avez commis une grave faute ou un crime
et
que votre avocat peut démontrer que vous n’étiez pas libre quand vous
1703
s fruits dans pas mal de domaines de la politique
et
de la vie des idées politiques en Europe, après la tragédie de la gue
1704
opposions à tout cela, la personne, l’homme libre
et
responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et r
1705
nt notre but. Finalement ce que nous avions prévu
et
redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et là tout
1706
c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a éclaté.
Et
là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différen
1707
é à Berne à l’état-major, dans la section « Armée
et
foyer », qui s’occupait des liaisons entre l’armée et la population e
1708
oyer », qui s’occupait des liaisons entre l’armée
et
la population et aussi du moral des troupes. Je m’y suis senti à l’ai
1709
upait des liaisons entre l’armée et la population
et
aussi du moral des troupes. Je m’y suis senti à l’aise, car je pouvai
1710
thard avec des gens que nous avions pris à droite
et
à gauche conformément à ma philosophie « ni gauche ni droite, mais en
1711
n 1940, mon ordonnance est entrée dans mon bureau
et
m’a dit : « Mon premier-lieutenant, on vient d’entendre qu’Hitler est
1712
penser à mon article. Il était en première page,
et
le titre en était : « À cette heure où Paris exsangue voile sa face d
1713
e heure où Paris exsangue voile sa face de nuages
et
se tait. » Je me dis : « Bon c’est un peu sentimental », sans penser
1714
oduirait un déchaînement dans le grand état-major
et
chez le général. J’ai été mis aux arrêts immédiatement pour atteinte
1715
mmédiatement pour atteinte à la neutralité suisse
et
même bien pire : j’étais accusé de mettre en péril la sécurité de la
1716
la Ligue du Gothard, mais cela devenait difficile
et
risqué parce qu’elle comptait des membres clandestins dans l’armée. S
1717
n Suisse, on m’a donné un passeport diplomatique,
et
allez ouste, départ avec toute ma famille (ma première femme et deux
1718
, départ avec toute ma famille (ma première femme
et
deux enfants qui avaient 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyss
1719
première femme et deux enfants qui avaient 5 ans
et
5 mois). Cela a été toute une odyssée que d’arriver en Amérique en ca
1720
. Il y eut Pearl Harbor. La guerre entre le Japon
et
les États-Unis. Je n’ai donc pas pu revenir en Europe. J’ai passé six
1721
revenir en Europe. J’ai passé six ans en Amérique
et
j’ai dû m’y débrouiller. Denis de Rougemont est resté aux États-Unis
1722
itié avec André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst
et
Matta et d’autres exilés : Alexis Léger, Boris Souvarine, Jacques Mar
1723
André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst et Matta
et
d’autres exilés : Alexis Léger, Boris Souvarine, Jacques Maritain, Co
1724
éger, Boris Souvarine, Jacques Maritain, Consuelo
et
Antoine de Saint-Exupéry. En 1944, il reçoit un « fellowship » de la
1725
du tout d’argent pour rentrer, aucun job ni rien,
et
voilà que je reçois un beau jour, au début de l’année 1946, il y a de
1726
ppelait « Rencontres internationales de Genève »,
et
m’offrait de passer un mois en Suisse. C’était vraiment un « godsend
1727
onférence pour les « Rencontres internationales »
et
l’ai donnée le jour même de mes 40 ans, le 8 septembre 1946. Cela a t
1728
t, entre autres, pour la France, Georges Bernanos
et
Julien Benda, pour l’Allemagne le philosophe Karl Jaspers, le philoso
1729
s neuf conférenciers, dont j’étais le plus jeune,
et
j’ai parlé des maladies de l’Europe, de la mauvaise mine que je lui t
1730
on engagement européen à quarante ans exactement,
et
le soir de mes 40 ans. Au centre de l’intérêt de Denis de Rougemont i
1731
s l’avons vu, l’homme, en tant que personne libre
et
responsable, par opposition à l’individu anonyme perdu dans la masse.
1732
oute sa réflexion sur l’homme, but de la société,
et
non pas l’inverse, comme on a l’air de le croire dans les sociétés to
1733
onsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre
et
responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à tr
1734
0 ». C’est là le fondement de tout ce que j’écris
et
de toute mon action politique pour l’Europe. Les dangers sont innombr
1735
tomique, même localisée entre deux ou trois pays,
et
qui durerait un ou deux mois, aboutirait à la fin de toute vie sur te
1736
s le veulent, mais comme un sujet, un homme libre
et
responsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me rép
1737
onsable, ce que nous appelons une personne. Donc,
et
là je me répète, il faut que la société soit faite pour l’homme, et n
1738
, il faut que la société soit faite pour l’homme,
et
non le contraire. Les deux grandes finalités que l’on doit rechercher
1739
ce n’est pas la puissance, mais c’est la liberté
et
la responsabilité liées, comme je l’ai dit, et l’amour. L’amour est u
1740
té et la responsabilité liées, comme je l’ai dit,
et
l’amour. L’amour est un des grands thèmes de Denis de Rougemont. Au p
1741
ce sentiment devient-il un facteur de libération
et
de dépassement pour l’homme ? Ne peut-il devenir facteur de destructi
1742
peut-il devenir facteur de destruction de l’autre
et
de soi-même ? Quand on parle d’amour, on parle de beaucoup de choses
1743
e de beaucoup de choses complètement différentes,
et
quelquefois tout à fait opposées. Je suis arrivé, en écrivant mon liv
1744
s. Je suis arrivé, en écrivant mon livre L’Amour
et
l’Occident , à mettre cela au clair, en prenant l’exemple de l’amour
1745
re cela au clair, en prenant l’exemple de l’amour
et
du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’est pas une passion égoïste
1746
oïste, purement physique, sexuelle, ou romantique
et
littéraire. Cela, c’est l’amour sentimental, c’est l’amour que l’on s
1747
tif où l’homme est actif pour le bien de la femme
et
la femme pour le bien de l’homme par ses actions quotidiennes, toute
1748
tandis que l’amour sérieux, vécu tous les jours,
et
qui est un véritable amour — on veut le bien de l’autre — passe pour
1749
le dire), comme finalité suprême à toute société
et
à toute vie humaine, en même temps ces trois choses : la liberté, ins
1750
esponsabilité civique vis-à-vis de la communauté,
et
l’amour considéré comme action. Et là je rejoins, si vous le voulez,
1751
la communauté, et l’amour considéré comme action.
Et
là je rejoins, si vous le voulez, les fondements mêmes du christianis
1752
s circonstances avez-vous écrit le livre L’Amour
et
l’Occident ? Eh bien, c’était dans les deux ou trois premières année
1753
. J’y ai bien appris ce qu’était l’amour-passion,
et
à quelles catastrophes cela pouvait mener. J’ai éprouvé le besoin d’é
1754
commencé à l’écrire dans un état de concentration
et
de passion littéraire considérables. Au moment, prévu par le contrat,
1755
ais. Il s’agit d’un livre qui s’appelle La France
et
son armée. » L’auteur s’appelait le colonel de Gaulle. Alors j’ai rép
1756
n’avais rien écrit. C’est dans un état de fièvre
et
de concentration extraordinaires que je m’y suis mis. J’ai écrit ce l
1757
rien d’autre, ou bien j’écris comme cela me vient
et
puis on verra bien le résultat. » Je commençais un peu à débrouiller
1758
mençais un peu à débrouiller mes idées là-dessus,
et
en trois mois j’ai bouclé le livre qui a paru en 1939, quelques mois
1759
r servir les finalités suprêmes de l’homme, libre
et
responsable, et aimer d’une manière active, il faut absolument de pet
1760
alités suprêmes de l’homme, libre et responsable,
et
aimer d’une manière active, il faut absolument de petites communautés
1761
-nations centralisés, sous la direction de l’État
et
de ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commun
1762
notre famille d’abord, dans notre petite région,
et
c’est là que peu à peu j’ai retrouvé ma tradition suisse de fédéralis
1763
où nous sommes, à Genève, dans le canton de Vaud
et
celui du Valais, ont des intérêts communs. De tout ce qui concerne le
1764
dent à rien. Il faut d’abord concevoir, imaginer,
et
ensuite réaliser de proche en proche une Europe basée sur des communa
1765
l’homme puisse être un homme, un cadre de liberté
et
de responsabilité. La responsabilité, c’est concrètement une question
1766
e faire entendre. Donc il nous faut recréer cela,
et
puis ensuite fédérer les régions et aboutir à une Europe qui ne soit
1767
recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions
et
aboutir à une Europe qui ne soit pas une coalition d’États surarmés,
1768
tes américaines, mais pour pouvoir vivre ensemble
et
faire son métier d’homme. Voilà la base de ce que je peux appeler la
1769
squ’il nous faut partir d’une finalité de l’homme
et
des valeurs les plus communes aux Européens, cela veut dire qu’il nou
1770
conçois la culture comme l’ensemble des finalités
et
des valeurs communes à tous les Européens, qu’ils soient Français, Da
1771
ommun depuis des siècles, depuis des millénaires,
et
c’est de cela qu’il faut partir, c’est là-dessus qu’il faut bâtir. No
1772
social, une société où l’homme puisse être libre
et
responsable et pratiquer l’amour d’une manière active. J’en reviens t
1773
ciété où l’homme puisse être libre et responsable
et
pratiquer l’amour d’une manière active. J’en reviens toujours à la mê
1774
onformément à ma doctrine, était de l’engagement,
et
non pas de la théorie pure. J’ai tout de suite commencé à travailler
1775
rt Schumanz, grande figure du Mouvement européen,
et
de nombreuses personnalités de premier plan. Denis de Rougemont y pré
1776
Denis de Rougemont y présente le Rapport culturel
et
lors de la séance de clôture lit le Message aux Européens qu’il a été
1777
avec 40 festivals européens, un festival d’Israël
et
un festival du Japon où on joue de la musique européenne. C’est une r
1778
ire l’Europe il faut d’abord faire des Européens,
et
non pas de petits Français, de petits Suisses, de petits Allemands, d
1779
Athènes, de Jérusalem, de la Germanie, des Celtes
et
plus tard des Arabes, et à partir du xixe siècle des Russes aussi av
1780
la Germanie, des Celtes et plus tard des Arabes,
et
à partir du xixe siècle des Russes aussi avec leurs grands romancier
1781
ec leurs grands romanciers, Tolstoï, Dostoïevski,
et
leurs grands musiciens. Il y a toute une évolution qui est commune à
1782
n trésor commun qui s’est fait en deux-mille ans,
et
c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous de
1783
ntenant presque quarante ans. Il y a eu des hauts
et
des bas. Nous avons traversé une crise assez forte ces dernières anné
1784
e la culture, ce qui me permettrait de me retirer
et
de finir les douze livres dont je vous parlais en débutant. Voilà pou
1785
nt, critiquant violemment les pouvoirs politiques
et
économiques, sourds aux véritables exigences de liberté de l’homme. U
1786
s, qui a provoqué en lui un sentiment de solitude
et
d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme
1787
rale. Je suis entièrement persuadé que les Russes
et
les Américains sont très contents comme ça, ne vont pas s’envoyer de
1788
fond très bien, beaucoup mieux qu’on ne le croit,
et
c’est l’Europe qui risque d’être victime de leur politique. L’Europe,
1789
? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes
et
les Américains additionnés. Alors qu’on ne vienne pas me dire que l’E
1790
égions, pour sauver la paix, pour assurer la paix
et
empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’il est utopique de pen
1791
st par la culture qu’on arrivera à les rapprocher
et
à les détacher de l’emprise de la dictature soviétique. Là j’ai de l’
1792
être pessimiste : si on laisse les choses aller —
et
elles ne pourraient qu’aller plus mal vers la catastrophe totale — en
1793
n revanche on doit être optimiste si on est actif
et
si on peut mesurer les progrès de cette action. Par exemple, je suis
1794
tres viennent maintenant à cette idée des valeurs
et
des finalités communes de la culture. Pour être plus concret, plus pr
1795
fait des progrès immenses. J’en suis très content
et
je suis optimiste parce que j’ai énormément œuvré pour cela : je me d
1796
uerre détruise notre nature, notre environnement,
et
par conséquent notre santé. J’ai été dans les premiers rangs des écol
1797
ait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos »,
et
cela suffisait pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous
1798
vrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions
et
qui paraissait subversif est dans tous les journaux. Vous pouvez ouvr
1799
a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire,
et
aujourd’hui c’est une réalité qui s’impose dans le monde entier. On n
1800
nière d’attaquer ou de ne pas attaquer la nature,
et
je pense que la cause écologique a fait des progrès gigantesques dans
1801
n de la nature sont déjà deux objectifs immenses,
et
pour y parvenir il faut donner aux hommes d’aujourd’hui l’idée que le
1802
us avons tous en nous un certain désir de liberté
et
un certain désir de puissance, il faut le reconnaître. J’en suis venu
1803
eux grandes finalités qui se partagent l’humanité
et
qui fonctionnent dans tout homme, la puissance d’une part et la liber
1804
tionnent dans tout homme, la puissance d’une part
et
la liberté de l’autre. Dans les deux cas, il s’agit d’un pouvoir. La
1805
près en même temps, simultanément, les personnes
et
la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-no
1806
tres, la puissance qui ne peut mener qu’à la mort
et
à la catastrophe ? Ou voulons-nous la liberté et ses risques ? x.
1807
et à la catastrophe ? Ou voulons-nous la liberté
et
ses risques ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien] Denis de Rougem
1808
nu à en rendre le contenu dans toute la fraîcheur
et
la spontanéité du langage parlé. C’est dans la maison de Denis de Rou