1
maladroit au seuil du livre que voici. Mais faut-
il
aimer davantage l’espèce d’adresse au jour le jour qui tient lieu de
2
r de colère, et par ailleurs le besoin de penser,
il
se voit obligé de répondre activement aux empiètements dans son domai
3
» que se veuille en effet la pensée, si petite qu’
elle
se fasse au réduit intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens
4
r. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’
elle
saurait bien tourner, plus rusée que les bureaucrates. La brimade éta
5
. La brimade étatique est beaucoup plus perfide :
elle
consiste, en principe, à exiger de l’intellectuel une adhésion sentim
6
nt le goût ni des habiletés ni des contraintes qu’
il
y faut, puissent quitter ce combat mauvais, et porter ailleurs leur v
7
xactement, qu’on laisse aux prisonniers — ou bien
elle
s’engage dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’il est soc
8
dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’
il
est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle av
9
’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’
elle
cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses résis
10
u politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait,
elle
avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses résistances, et provo
11
Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’
il
faut dénoncer. C’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel d’a
12
sant outre à son dégoût, accepte le combat tel qu’
il
lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce
13
goût, accepte le combat tel qu’il lui est offert,
elle
court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politiqu
14
risque à la politique de l’autruche. L’issue fût-
elle
désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels que
15
’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-
elle
pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Plans, Réactio
16
t, forme l’un de ses points de repère principaux.
Il
se peut qu’il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains obj
17
de ses points de repère principaux. Il se peut qu’
il
y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont co
18
i les intellectuels, et si violemment accentué qu’
il
peut paraître suffisant pour définir un front unique, fût-il provisoi
19
aître suffisant pour définir un front unique, fût-
il
provisoire. Le chapitre suivant s’intitule : « Ridicule et impuissan
20
ur le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-
ils
; en attendant, ils les veulent soumis.) Le peuple veut des programme
21
e, on verra plus tard, disent-ils ; en attendant,
ils
les veulent soumis.) Le peuple veut des programmes pratiques, mais se
22
ion publique, n’engagent à rien, personnellement.
Il
se peut que cela tranquillise des consciences faiblement troublées ;
23
anquillise des consciences faiblement troublées ;
il
se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il e
24
a dispense de porter sérieusement nos angoisses ;
il
est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d
25
x écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-t-
il
encore un détroit navigable ? Existe-t-il pour l’intellectuel une pos
26
xiste-t-il encore un détroit navigable ? Existe-t-
il
pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il
27
uel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car
il
y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autr
28
ectivistes nés de la maladie de la personne. Puis
il
s’agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de
29
gigantisme américain, soviétique et capitaliste ;
elle
s’oppose à l’émiettement social de la démocratie individualiste ; ell
30
ettement social de la démocratie individualiste ;
elle
s’oppose à l’exploitation de l’homme par ses créations, par l’État et
31
ons, par l’État et par les bavards radiodiffusés.
Elle
refuse la dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’est pas d
32
t être en chacun des citoyens conscients, fussent-
ils
, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement humain
33
eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’
il
peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y a
34
ophique ou littéraire, loin de se réduire — comme
elle
le fera chez Sartre, en 1948 — au service inconditionnel d’une classe
35
fantasme typique du bourgeois qui ne sait pas qu’
il
est lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre repose sur l’i
36
au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’
elle
n’a plus de condition concrète. La pensée qui agit n’est pas libre, m
37
e d’un conflit, c’est-à-dire la présence du réel.
Il
rend à ma pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappe
38
a pensée sa gravité, son poids, sa raison d’être.
Il
me rappelle que la pensée en tant que telle n’est jamais séparable de
39
qu’une assurance contre toute espèce de sanction.
Il
est clair que cette liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne s
40
, ne sera jamais que servitude pour le penseur, s’
il
sait que la violence de sa pensée fonde la seule autorité valable. La
41
appel aux « lois scélérates » ; pour d’autres, qu’
il
témoigne d’un goût romantique du scandale ; enfin qu’il évoque surtou
42
oigne d’un goût romantique du scandale ; enfin qu’
il
évoque surtout la « mise au pas » des dictatures. Mais ce sont là bri
43
istinguera par une double opposition : d’une part
il
opposera au conformisme la loi personnelle de l’homme, d’autre part,
44
isme la loi personnelle de l’homme, d’autre part,
il
opposera à l’évasion dans l’abstrait la volonté de s’ordonner à un bu
45
nne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’
il
rappelle à la situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écr
46
figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’
ils
revendiquent. Qu’ils illustrent, dans leur structure, visible ou secr
47
smes de cet ordre nouveau qu’ils revendiquent. Qu’
ils
illustrent, dans leur structure, visible ou secrète, la dialectique j
48
ique immédiate à chaque progrès du discours et qu’
il
n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait
49
lle de correction dans les démarches de l’esprit.
Il
faudrait en nommer quelques autres : Pascal, dont la phrase est brisé
50
’expliquer et de justifier son intuition, rien qu’
elle
, dégagée de toute allusion impure ; Kierkegaard, si désespérément sou
51
gnant la « réalité rugueuse »… « Et allons !… » —
Ils
nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus précédant le bon
52
rier 1934 fut une date de l’histoire littéraire :
elle
inaugura le temps des moutons enragés. Fatigués de leur innocence, vo
53
ue l’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’
ils
n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution enc
54
irs de chaleur d’une révolution encore lointaine,
ils
se sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et dep
55
euse, tout en signant une quantité de manifestes.
Ils
ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef bien-aimé, Père
56
d’un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref,
il
n’est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait
57
re. […] Pour qu’une pensée s’engage dans le réel,
il
ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalit
58
e pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et
il
ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignor
59
réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’
elle
se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne
60
t suffire qu’elle se soumette à des réalités dont
elle
ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’un parti, par exempl
61
se libérer et assumer les risques de sa liberté.
Il
peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’une pensée supp
62
ifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’
ils
étaient de vrais libéraux, irresponsables nés égarés pour un temps da
63
agement » politique, et faisant amende honorable.
Ils
étaient en rupture de bercail. Maintenant tout est rentré dans l’ordr
64
Les trois épithètes s’éclairent réciproquement.
Elles
impliquent en outre une quatrième épithète : « libre ». 1. Publié
65
« L’ouvrier de 1947 a beaucoup à nous apprendre,
il
a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à Budapest, à M
66
ps 1978, p. 17-25. b. Indiquer de quel colloque
il
s’agit. c. Rougemont en rend compte dans ce même numéro de Cadmos, p
67
’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’
il
tente à la fin de son essai d’en récapituler les données. C’est tout
68
ations d’autres continents ». Par où l’on voit qu’
il
s’agit d’une attitude spécifiquement européenne, et si peu étrangère
69
is circuler mine de rien : « L’Européen ne serait-
il
pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure
70
anifeste comme Européen dans la mesure précise où
il
doute qu’il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l
71
me Européen dans la mesure précise où il doute qu’
il
le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme unive
72
raire s’identifier soit avec l’homme universel qu’
il
imagine, soit avec l’une des composantes du grand complexe européen,
73
des composantes du grand complexe européen, dont
il
révèle ainsi qu’il fait partie par le seul fait qu’il le conteste ? »
74
grand complexe européen, dont il révèle ainsi qu’
il
fait partie par le seul fait qu’il le conteste ? » L’antieuropéanisme
75
évèle ainsi qu’il fait partie par le seul fait qu’
il
le conteste ? » L’antieuropéanisme, c’est aussi « la nostalgie d’une
76
sages au sujet de l’Europe et de son avenir, va-t-
il
se nourrir aux mêmes sources dont les colonialistes puis les grands c
77
le tirent cet orgueil dont l’Évangile nous dit qu’
il
« va devant l’écrasement ». 2. Un autre aspect du pessimisme européen
78
lles des musées d’ethnographie, écrit Paul Klee ;
elles
sommeillent également dans les chambres des enfants du monde entier »
79
tre la tradition dans laquelle, par cet acte même
il
s’insère ? Peut-être n’est-il rien au monde de plus difficile à rejet
80
, par cet acte même il s’insère ? Peut-être n’est-
il
rien au monde de plus difficile à rejeter qu’une culture faite depuis
81
térature et en philosophie comme en morale, n’est-
il
tout simplement que le pompier ? Voire celui qui entend faire passer
82
avant-garde : dans les arts et dans la politique,
il
s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’elles se veulent polit
83
il s’agit de tendances inconciliables. En tant qu’
elles
se veulent politiques, les avant-gardes du xxe siècle prônent l’art
84
ous » (selon l’oracle de Lautréamont). En tant qu’
elles
ambitionnent de faire la mode, d’autres avant-gardes ou les mêmes pub
85
rien dire de sa capacité de les comprendre. Mais
il
serait vain de chercher si pareille situation est conforme ou hostile
86
t conforme ou hostile à la tradition européenne :
elle
est tout simplement l’une des constantes des prétentions intellectuel
87
Boas et Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’
il
poursuit dans sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale est «
88
justice y est basée « sur le respect qu’ont pour
elle
les membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et voilà qui évoq
89
parti unique. La véritable anti-Europe ne serait-
elle
pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dénoncent comm
90
tellectuelle ne manquera pas, sinon d’instruire —
elle
ne le pourrait — du moins de suggérer qu’il y aurait lieu de l’instru
91
hir de toutes les fautes et de tous les crimes qu’
elle
a pu — et qu’elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacque
92
fautes et de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’
elle
pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “notre ci
93
de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit…
Il
est de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Me
94
ant que civilisation et s’acquitter des dettes qu’
elle
a contractées envers le monde dans sa tentative de l’unifier sous sa
95
dans sa tentative de l’unifier sous sa conduite,
elle
doit bien mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle ne c
96
nduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’
elle
lui a posée et qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde,
97
mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’
elle
ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se détourne
98
ope tout en reprenant ses idées et ses créations.
Il
emprunte sa philosophie de l’efficacité et sa folie centralisatrice.
99
phie de l’efficacité et sa folie centralisatrice.
Il
édifie des États puissants et jacobins qui défendent acariâtrement le
100
j’entends : au service de la vocation mondiale qu’
elle
s’est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre survie
101
rticipation des citoyens à leurs propres destins.
Il
ne s’agit plus désormais, de projeter dans l’espace lointain ni dans
102
smatique d’un bon sauvage ou d’un homme régénéré.
Il
s’agit pour l’Europe de proposer au Monde et d’illustrer d’une manièr
103
de la personne, est mort ou doit mourir bientôt,
il
n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on
104
ôt, il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’
il
n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront encore
105
ollège de France, nous avons vu dans le succès qu’
elles
eurent un temps, le symptôme clinique de quelque chose de plus profon
106
ux qui en déduisit le premier la mort de l’homme.
Il
s’agissait, on le voit, d’une théorie plus littéraire que philosophiq
107
nne au sujet des valeurs qui l’ont constituée, qu’
elle
a propagées au monde entier, et qui se retournent aujourd’hui contre
108
e entier, et qui se retournent aujourd’hui contre
elle
. On l’a dit hier : la nouvelle de la mort de Dieu entraînant la mort
109
e fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’
il
n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homm
110
t, c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas,
il
ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu, était mort,
111
s dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu’
il
ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas
112
qu’il ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si
elle
est dite, ne sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans facile
113
s « au sein desquelles — ajoute Michel Foucault —
elle
se perdra rapidement comme ce pli dans une nappe ou l’empreinte d’un
114
ements l’illusion de sa liberté » (Lévi-Strauss),
il
sera rendu à l’innocence, car on ne condamne pas un prévenu si l’on p
115
condamne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’
il
n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le cri
116
rauss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’
il
n’est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du mê
117
— et une bonne dose d’humour noir — oppose ce qu’
il
appelle l’entropologie, c’est-à-dire la connaissance non de l’anthrop
118
sance non de l’anthropos mais de l’entropie, dont
il
admet que l’activité de l’homme occidental serait le facteur principa
119
nécessité pour le « vieil homme » de « mourir ».
Il
n’est question que de « dépouiller le vieil homme », de devenir une «
120
entité, les Pères ne trouvaient pas de mot grec.
Ils
prirent alors le terme romain de persona, qui avait signifié d’abord
121
té transféré au citoyen, à son rôle dans la cité.
Ils
décidèrent que Dieu était une seule essence manifestée en trois perso
122
nne qui fournit le modèle de la personne humaine.
Elle
était la coexistence en un seul être de Dieu et de l’Homme. Et Jésus-
123
saint Victor, par Thomas d’Aquin, par Calvin, et
il
domine encore toute l’anthropologie chrétienne. Rejoignant le sujet
124
e pensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela,
il
ne disposait pas, nous dit-on, des instruments nécessaires pour pense
125
e l’homme ». Pour Athanase et les Pères de Nicée,
il
ne s’agissait pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet est une
126
t de l’homme un « doublet » de chair et d’esprit.
Il
a si bien séparé le corps et l’âme qu’il n’a plus su comment les rejo
127
’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’
il
n’a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse un peu aberr
128
i l’homme est un doublet empirico-transcendental,
il
mourra donc avec la science cartésienne. Les dégâts resteront limités
129
matière a été reconnue par Dieu, lui-même, puisqu’
il
s’est incarné en elle. Descartes (évidemment pour cette raison) : « C
130
ue par Dieu, lui-même, puisqu’il s’est incarné en
elle
. Descartes (évidemment pour cette raison) : « Celui qui ne croit pas
131
ion, c’est-à-dire à l’évacuation du sujet humain.
Il
n’y a donc plus de sciences humaines possibles, n’y ayant plus d’homm
132
te entraîne une conséquence beaucoup plus grave :
elle
refuse l’homme qui a fait l’Europe et dont l’Europe a pour mission de
133
ce qui peut ressembler à une culture européenne.
Ils
en viennent à admirer n’importe quoi qu’on dit « sauvage » (mais où l
134
mettre en condition l’homme d’aujourd’hui pour qu’
il
accepte toute la mythologie moderne des « impératifs » technologiques
135
raire du pouvoir, du ça qui va sans dire parce qu’
il
n’osera jamais s’avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en d
136
ns dire parce qu’il n’osera jamais s’avouer et qu’
il
compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du structura
137
personne hors d’une communauté, et encore la faut-
il
assez petite pour que l’homme y soit un prochain, un semblable pour q
138
pas dans les petites unités, encore les faudra-t-
il
ouvertes les unes aux autres et fédérées, compensant de la sorte, com
139
: on sera contre le puritanisme si l’on pense qu’
il
dérive nécessairement du christianisme (ce qui n’est pas le cas), mai
140
istianisme (ce qui n’est pas le cas), mais pour s’
il
est commandé par Staline, par Mao ou simplement par Berlinguer. f.
141
1978, p. 100-105. g. Préciser de quel colloque
il
s’agit.
142
pas du tout mal vue des Européens, en ce sens qu’
ils
la considèrent en principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’ell
143
s la considèrent en principe avec sympathie. Mais
il
faut avouer qu’elle est peu vue. L’élimination des derniers droits de
144
n principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’
elle
est peu vue. L’élimination des derniers droits de douane entre les ne
145
ue, son premier objectif pleinement atteint. Faut-
il
en conclure que « L’Europe n’intéresse plus », comme le répètent depu
146
’est fini », dit la presse. Ou du moins le disait-
elle
jusqu’à l’annonce de l’élection du Parlement européen. Voici quelques
147
tres pose une question : de quelle Europe parlent-
ils
? Quelle est l’Europe qui selon eux « agonise » ? Si c’est « L’Europe
148
t entière, ce qui est très loin d’être évident. S’
il
s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou « confédérés »
149
les ministres nous répètent depuis trente ans qu’
elle
est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouve
150
: cette Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’
elle
n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi lon
151
qu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’
elle
voie le jour aussi longtemps que les États refuseront de rien céder d
152
n céder de leur souveraineté nationale. S’agirait-
il
enfin de l’Europe réelle, celle des Européens vivants, de leurs cultu
153
ose qui ne les concerne en rien, personnellement.
Ils
en parlent comme on parle de malheurs étrangers, de la mort qui n’arr
154
de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Mais sont-
ils
bien conscients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort concret d
155
s sont-ils bien conscients du fait inéluctable qu’
ils
subiront le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ils soient pour
156
iront le sort concret de l’Europe, peu importe qu’
ils
soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationa
157
esprits quant à la vraie nature de l’Europe dont
ils
parlent. Cette « Europe » ne serait-elle qu’un marché ? Qu’une commun
158
rope dont ils parlent. Cette « Europe » ne serait-
elle
qu’un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’une alliance d’États
159
ue ? Qu’une alliance d’États souverains ? Ne doit-
elle
pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays, de le
160
ux Balkans, et de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’
il
soit bien entendu que cette chronique parlera de l’Europe vécue, cell
161
. II. « La grande question » Les choses ont-
elles
vraiment changé depuis ces années presque nulles ? L’Europe a-t-elle
162
é depuis ces années presque nulles ? L’Europe a-t-
elle
cessé d’être « le mot le plus ennuyeux de la langue française » comme
163
nte : l’élection à l’assemblée européenne verra-t-
elle
ou non la confirmation de la poussée socialiste, du recul du PC, de l
164
ération socialiste » consacrée à l’Europe et dont
il
ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour obj
165
ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’
elle
ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le député-maire P. Mauroy,
166
urope, on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’
il
n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-
167
e — l’Europe ne cesse d’être « ennuyeuse » que si
elle
ranime les querelles de partis. Voilà donc la passion, mais où est l’
168
rente ans, M. Debré a beaucoup parlé de l’Europe,
il
a même écrit un ouvrage proposant de la faire non step by step ou « p
169
hill, mais « avec des bottes de sept lieues ! »12
Il
s’agissait alors, pour lui gaulliste, d’une Europe des États, c’est v
170
. 35). On propose aujourd’hui cette élection. Est-
il
comblé ? Il en tremble de rage au contraire, disons de sainte indigna
171
opose aujourd’hui cette élection. Est-il comblé ?
Il
en tremble de rage au contraire, disons de sainte indignation. Je rev
172
es sont simples, insupportablement simples, comme
elles
le sont toujours aux yeux de l’homme en colère. Le régionalisme, qui
173
re utopique, aux yeux de Michel Debré, que lorsqu’
il
révèle ou plutôt trahit sa vraie nature de « complot contre la France
174
France. « Les soi-disant régionalistes, déclame-t-
il
, ne sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’il exècre au poin
175
e sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’
il
exècre au point d’aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et i
176
aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et
il
ajoute : « Un des grands auteurs supranationaux est Denis de Rougemon
177
ds auteurs supranationaux est Denis de Rougemont.
Il
est Suisse, donc Européen à bon compte. » (Je me permets de signaler
178
ra que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’
il
se borne à désigner comme mon « dernier livre ». Pour qui s’en étonne
179
tout ce qui est exagéré est insignifiant ». Mais
il
est clair qu’il y avait chez Debré tout autre chose que l’intention d
180
un auteur mal pensant : c’est un blasphémateur qu’
il
dénonçait, et il s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte
181
sant : c’est un blasphémateur qu’il dénonçait, et
il
s’y voyait contraint par sa religion. Toute riposte est futile en par
182
religion. Toute riposte est futile en pareil cas.
Il
devient en revanche hautement intéressant de rechercher par quelle lo
183
stifié d’en venir à de telles extrémités (fussent-
elles
seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusions à se
184
ent-elles seulement verbales pour le moment, mais
il
n’y a pas d’illusions à se faire sur leur traduction en décrets, le c
185
t indivisible. Dans sa dernière Lettre mensuelle,
il
concède que l’avenir du Monde en l’an 2000, et même l’avenir de l’Eur
186
e cette religion simple, les vertus sont naïves :
elles
se réduisent en somme à l’unité et à l’indivisibilité de la Républiqu
187
lement fermée et sans dépendance de quiconque. Si
elle
s’ouvre, c’est pour rayonner, manifester et imposer sa place naturell
188
vice commandé par la Raison d’État et la Défense.
Il
n’y a plus de limite au vice, à l’anarchie, à l’infamie : « Dans le f
189
inent entièrement dominé par la nation gaulliste.
Ils
condamnent toute fédération comme attentat délibéré à l’intégrité de
190
mme attentat délibéré à l’intégrité de la France.
Ils
n’admettent guère qu’une confédération avec veto et possibilité de re
191
jacobine ne conçoivent pas que l’Europe fédérée (
ils
ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation fran
192
nsemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’
elle
fit elle-même à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée et refou
193
re l’Europe fédérée, dont on feint de redouter qu’
elle
prétende « uniformiser » les diversités nationales (entendez : stato-
194
s les droits et à l’autonomie de leur province qu’
ils
avaient pour mandat d’affermir. Pareille trahison (portée aux nues pa
195
ici, n’ont fait qu’interpréter le monde, alors qu’
il
s’agit désormais de le transformer ? Marx, auteur de cette thèse, n’a
196
de l’éclairage à la bougie ».) Ou au contraire :
elle
serait une « névrose d’Apocalypse ». On dit aussi des écologistes adv
197
aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu’
ils
ont été « traumatisés par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, e
198
ais Sakharov dit au contraire, selon Le Monde, qu’
ils
sont payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit qu
199
sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’
elle
est censée traduire tout en les dissimulant. 2. Dans les écoles prim
200
ires : celles-ci, bien sûr, sont « nécessaires »,
elles
sont « sûres », elles sont « propres ». Les enseignants ont à présent
201
sûr, sont « nécessaires », elles sont « sûres »,
elles
sont « propres ». Les enseignants ont à présenter ces brochures. Mais
202
rection le rappellerait aussitôt à l’ordre, car «
il
est interdit de faire de la politique à l’École ». D’où cette nouvell
203
préconisée dès lors par plusieurs gouvernements.
Il
est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première
204
i des premiers atteints par le mal industriel, qu’
ils
ont d’ailleurs inventé. C’est le souci de ceux qui ont déchaîné la Dé
205
d’abord en Europe, au xixe siècle puis aux USA.
Elle
s’étend à toutes les parties de la Terre où la civilisation européenn
206
e, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’
elle
a créée au besoin — d’où ses liens de complicité essentielle avec la
207
de l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’
il
s’agit de « meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriques
208
premier lien fondamental entre les deux réalités.
Il
y en a d’autres. a) C’est au niveau régional que les mesures d’écolog
209
usées, minimisées par l’État-nation qui a peur qu’
elles
le divisent, il y a des exigences écologiques continentales, égalemen
210
ées ou minimisées par l’État-nation qui a peur qu’
elles
le dépassent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonnes de
211
que les trois autres additionnés… Même jeu quand
il
s’agit des mers et des océans menacés, des changements de climat, du
212
tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’
il
s’oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépendamm
213
e siècle par les personnalistes à l’État-nation :
il
est à la fois trop petit (à l’échelle mondiale) et trop grand (à l’éc
214
faire entendre et qu’on puisse lui répondre. 6.
Il
s’agit donc, si l’on veut arriver à des solutions écologiques, à rest
215
e répartition des pouvoirs est des plus simples :
il
consiste à situer les pouvoirs de décision au niveau communautaire le
216
ormulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’
il
est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
217
autonomie, à reprendre en main leurs destins »20.
Il
est faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a
218
r la première élection du Parlement européen. — S’
il
est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’on croy
219
prévue des régionalistes et des écologistes ; — s’
il
est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-
220
rée, ni celle-ci sans des régions à sa base ; — s’
il
est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus
221
tinentale, jamais à l’échelle nationale ; — alors
il
devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au
222
est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’
il
m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni
223
réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’
elle
est celui des deux autres, et qu’en cette trinité réside l’espoir des
224
par le Shah avec l’aide des États-Unis, ne serait-
elle
pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste et d
225
la technologie rationaliste et du matérialisme qu’
elle
favorise, contraire au Coran ? 20. The Ecologist, special on the Fu
226
of America, Sept. 1977. 21. Dans certains pays,
il
existe un parti écologiste : Parti radical italien, Parti radical née
227
mps 1979, p. 5-12. j. Préciser de quel colloque
il
s’agit.
228
la question : « Dans la CEE, votre pays risque-t-
il
de perdre sa culture et son originalité ? » B DK D F
229
de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et
il
est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront tradu
230
ement pris une position dominante dans les Six et
il
l’a conservée même depuis l’adhésion de trois pays qui sont, ou bien
231
hangement radical dans cette situation. En sera-t-
il
de même quand de nouvelles adhésions se présenteront ? C’est à voir.
232
es adhésions se présenteront ? C’est à voir. Mais
il
deviendra de moins en moins probable que la Communauté puisse s’offri
233
du danois en turc ? Ici, on touche à l’absurde.
Il
semble donc réaliste de conclure que la CEE atteindra, dans ce domain
234
u moins brève échéance, une « masse critique » où
il
sera simplement impossible de maintenir le régime linguistique actuel
235
lemand s’imposeront alors, qui pourrait le nier ?
Il
serait sage de s’en tenir là, non pas à cause de la valeur intrinsèqu
236
éale est impossible, on choisit la plus pratique.
Il
suffirait alors que les fonctionnaires de la Communauté puissent s’ex
237
de l’Assemblée européenne au suffrage universel,
ils
ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’il y a entre les deux. Q
238
’usage par de Gaulle du terme fédération en 1953.
Il
se fera de plus en plus rare, cédant la place à « confédération ». Ma
239
l, déclare à l’Assemblée nationale, en 1959, « qu’
il
s’est toujours montré partisan d’élections européennes ». En revanche
240
initiative « prématurée et dangereuse ». En 1961,
il
déclare à la Chambre qu’il s’honore d’avoir été l’un des membres du g
241
dangereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’
il
s’honore d’avoir été l’un des membres du groupe de travail F. Dehouss
242
de cette assemblée au suffrage universel », mais
il
réitère ses conseils de prudence, en termes curieux à rappeler aujour
243
ence, en termes curieux à rappeler aujourd’hui :
Il
ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs : il importe d’abord d
244
ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs :
il
importe d’abord d’étendre les compétences de cette assemblée. C’est p
245
nait Bruère : La souveraineté nationale, assurait-
il
, est « un dogme périmé… Depuis cinquante ans, c’est une erreur… Nos d
246
ui se fier ? IV. De Gaulle et les régions S’
il
est un sujet sur lequel les gaullistes d’aujourd’hui se réclament ave
247
ompidou à Jacques Chirac et de Lipkowski à Debré,
ils
n’ont cessé de clamer, depuis dix ans, leur rejet indigné des régions
248
es régions dont le moins qu’on puisse dire est qu’
elle
les « hérisse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’elle paraît
249
risse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’
elle
paraît à d’autres « infâme » et « criminelle ». On sait que le thème
250
le terme ne figure même pas à l’index général 29.
Il
n’empêche que les principaux ténors de la doctrine — dont M. Debré es
251
destiné à « défaire » la France. Mais s’agissait-
il
bien de la doctrine du Général ? Celle-ci est exposée pour la premièr
252
a prospérité nationale. Et ces régions, précisait-
il
, devaient « s’ouvrir » à leurs voisines, au-delà des frontières de l’
253
régions. C’est sur cette grande idée nouvelle qu’
il
a choisi de livrer la bataille décisive de son règne. Mais, en même t
254
isive de son règne. Mais, en même temps, n’aurait-
il
pas choisi de se faire renvoyer par les Français à la rédaction de se
255
esse de légendes », cette Iseut que, tel Tristan,
il
n’aime jamais autant que lorsqu’il s’en voit séparé ? (D’où sa secrèt
256
, tel Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’
il
s’en voit séparé ? (D’où sa secrète, mais active connivence avec les
257
précurseur de l’ère nouvelle, celle des régions.
Il
gagnait sur tous les tableaux, en perdant son référendum. Cette hypot
258
ent passé sous silence. Pour Philippe de Gaulle,
il
n’y avait pas de doute : l’intention du Général était de mettre la ré
259
éral Lalande, chef de son état-major particulier,
il
confie : Même si j’échoue je serai gagnant, car, aux yeux de l’histo
260
it essentiel pour le pays. (p. 25) Le lendemain,
il
réitère, cette fois-ci à la RTF, devant tout le peuple français : Vo
261
tisfaction : celle d’avoir « réussi son départ ».
Il
disait par exemple : « J’ai pris la bonne sortie devant l’histoire, p
262
(p. 54) Dans mes mémoires, j’expliquerai pourquoi
il
fallait faire cette réforme… Elle était absolument nécessaire. C’étai
263
liquerai pourquoi il fallait faire cette réforme…
Elle
était absolument nécessaire. C’était une affaire fondamentale. (p. 13
264
Messmer venu lui rendre visite le 16 juillet 1969
il
redit que « partir sur le refus d’une grande réforme n’est pas mauvai
265
refus d’une grande réforme n’est pas mauvais » et
il
ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regrette pas pour moi, mai
266
la pensée gaullienne, sur le thème régional, sont-
ils
donc les fédéralistes européens ? Il y aurait beaucoup à nuancer, par
267
es régions se posent la question de leur taille :
elles
la voudraient « européenne », c’est-à-dire compétitive avec tel Land
268
le relais londonien. Mais, disent les Anglais, «
il
est ridicule d’avoir des assemblées pour les Écossais et pour les Gal
269
au gouvernement de la Catalogne, la Generalitat.
Elle
a approuvé en 1978 la « pré-autonomie » du Pays basque (Euskadi), de
270
st en voie d’élaboration depuis plusieurs années.
Il
prévoit une répartition des pouvoirs entre quatre régions — wallonne,
271
ision que le xixe siècle eût imaginé sans peine,
il
prévoit beaucoup plus : la répartition du pouvoir étatique à des « so
272
nnelles dans certains secteurs. On trouvera parmi
elles
une quinzaine de régions transrhénanes, dont cinq ou six déjà fonctio
273
istence d’un exécutif régional responsable devant
elle
. 4. Le principe de l’autonomie régionale s’applique à tous les domain
274
économiste ou réductionniste de modèle marxiste.
Il
n’est pas né de quelque stade spécifique de l’économie, ni d’une géog
275
conomie, ni d’une géographie éminemment variable.
Il
n’est pas né de telle étape ou de telle conjoncture historique de l’E
276
e conscience diffuse et très tardive de sa chute.
Il
n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes,
277
aissance et de la Réforme. Création culturelle s’
il
en fût, unité composée contre toute vraisemblance, irréductible à tou
278
t gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’
il
s’est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne r
279
es, au nom du Saint-Esprit, annoncent : « Combien
il
est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être f
280
Esprit, annoncent : « Combien il est bon, combien
il
est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. » Deux
281
et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale,
il
le décrit comme un ensemble humain et historique, non plus vaguement
282
istorique, non plus vaguement géographique32 dont
il
détaille les conditions ecclésiastiques et politiques, économiques et
283
», car tout y participe d’un même destin menacé.
Il
écrit : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre pa
284
rès de la paix et de la fédération des peuples qu’
il
a traversés pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’acclama
285
pe est celle des penseurs politiques imaginatifs.
Elle
va du roi de Bohême Georges Podiebrad, contemporain et rival de Pie I
286
t de paix perpétuelle (1795), texte fédéraliste s’
il
en fut, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des
287
1795), texte fédéraliste s’il en fut, dans lequel
il
démontre que les « tendances antisociales des États », comme la conqu
288
source de guerres ». La possibilité de réaliser (
il
s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’éte
289
le, peut se concevoir. […] Aux yeux de la raison,
il
n’y a pas, pour des États entretenant des relations réciproques, d’au
290
de l’Histoire dont l’Asie est le commencement ».
Elle
est le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil
291
e de soi » (Leçons de philosophie de l’Histoire).
Il
faudrait citer ici tous les philosophes romantiques allemands, Fichte
292
deur et de l’universalité de l’idée européenne qu’
ils
illustrent — en vain d’ailleurs, car déjà l’État nationaliste, par se
293
’une guerre générale que personne ne veut, paraît-
il
, que tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, dura
294
, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où
elle
est prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à
295
pidement vaniteux, mais non moins suicidaires. Qu’
il
suffise de citer les noms allemands de Spengler, Thomas Mann et Keyse
296
tellectuels » encore peu connus — et pour cause :
ils
ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront
297
fascistes et des nazis34. Mais pour original qu’
il
soit, pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance de
298
Mais pour original qu’il soit, pour efficace qu’
il
aille se révéler à travers la Résistance de neuf pays35, le mouvement
299
la Volga et d’Oslo à Athènes. L’Anti-Europe va-t-
elle
tout écraser ? L’effort des groupes personnalistes et de leurs camara
300
mps, menant une lutte commune et clandestine, est-
il
à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse, d
301
met, Campagnolo36, Jean Wahl et Jean Starobinski.
Il
s’agit de la première confrontation des intellectuels et de l’Europe
302
ns, le reste se perd, non dans le silence, hélas…
Il
en ira tout autrement du congrès fédéraliste de Montreux, un an plus
303
ants des pays de l’Axe, ou occupés par Hitler, qu’
ils
ne connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinelli,
304
e preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’
elle
n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je f
305
urés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où
ils
existent encore, et n’ont cessé de manifester, depuis trente ans, leu
306
300 et 400 aux deux autres) et c’est normal. Mais
elle
compte quelques-unes des gloires de la pensée du xxe siècle, comme B
307
ns exceptés. Mais quelques noms si prestigieux qu’
ils
soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des
308
ue européenne. Sur les vingt-trois résolutions qu’
elle
a votées, vingt-et-une ont été suivies de réalisation : proportion ce
309
u soutien de causes lointaines, comme le Vietnam.
Ils
abandonnent les problèmes prochains (et du prochain) aux soins — tour
310
tion successives de J.-P. Sartre. Sur ma demande,
il
avait envoyé à la conférence de Lausanne des fragments d’un long essa
311
sanne des fragments d’un long essai37 dans lequel
il
définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelle
312
rement différente et de comprendre qu’aujourd’hui
il
ne peut plus être question d’une culture française, pas plus que d’un
313
. Si nous voulons que la culture française reste,
il
faut qu’elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne
314
oulons que la culture française reste, il faut qu’
elle
soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. C’est en vi
315
’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si
elle
ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour
316
r38, on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’
elle
est « en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle « fai
317
», qu’elle est « en grand danger de crever », qu’
elle
« agonise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au p
318
grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’
elle
« fait eau de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « c’es
319
onise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’
elle
est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « en
320
sacrent à vue les Européens ». Car, ce faisant, «
ils
font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté. Plus
321
ité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’
elle
doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que celu
322
recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’
ils
se présentent en Afrique, mais bien plutôt ceux qui proposent, avec B
323
Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abord
elle
parvient à le vivre. Autrement, on ne la croira pas. Car ainsi que le
324
cartes en T » (un T inscrit dans un cercle) dont
elle
figurait le segment supérieur ou « domaine de Japhet », les deux autr
325
vers ce but unique le travail secret de leur âme…
Ils
ont en commun les mêmes aspirations les plus hautes et les plus profo
326
e plus haute. » 34. Pour les auteurs de thèses —
elles
se multiplient sur cette période — indiquons les numéros 5, 15 et 36
327
e le Centre européen de la culture », m’annonce-t-
il
, la Société européenne de culture, qui a son siège à Venise. 37. D’a
328
de l’Europe peut encore s’édifier et doit l’être.
Elle
s’est constituée au cours des siècles par la composition sans prémédi
329
ement parues dans des foyers très dispersés, d’où
elles
ont propagé à toutes les nations du continent des styles, des modes,
330
ges qui apparaissent à Bologne, Oxford et Paris :
ils
forment au sein de ces villes des entités en quelque sorte exterritor
331
c’est l’universitas magistrorum atque scholarium.
Elles
sont aussi des corporations du savoir : universitates studii et scien
332
es. Quant aux communes politiques ou économiques,
elles
relèvent de l’empereur (parfois du roi) et sont donc « immédiates à l
333
en 1291 les trois communes (aujourd’hui cantons),
elles
sont qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie
334
cantons), elles sont qualifiées d’universitates.
Il
est remarquable que dès le xiiie siècle les communes ou corporations
335
, qui est Écossais. Parmi les maîtres importants,
il
se trouve, c’est sans doute un hasard, que pas un seul durant ce demi
336
e le sic et non, la dialectique des scolastiques.
Ils
se réunissent dans des salles exiguës, déménagent de quartier, voire
337
à l’autre. Ainsi les professeurs de Bologne sont-
ils
choisis par les étudiants et révocables par eux seuls. Ces étudiants
338
La « liberté académique » — comme on dira lorsqu’
elle
ne sera plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment plein
339
s d’enseignements et de recherche), alors même qu’
elle
détruit avec l’acharnement systématique et rancunier du bureaucrate,
340
irer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’
il
soit, lequel en profite aussitôt pour décorer, récupérer, embrigader
341
vice de l’État-nation et de certaines industries.
Elles
préparent les jeunes gens à gagner leur vie, non plus à en comprendre
342
rojet de réforme d’Edgar Faure, un fait demeure :
il
n’a conduit qu’à l’éclatement définitif en instituts spécialisés de l
343
e l’Université de Paris, atteinte de gigantisme —
elle
comptait à l’époque près de 180 000 étudiants. L’ancienne Sorbonne a
344
ut à fait abusivement d’« universités », alors qu’
il
ne s’agit en fait que de Facultés au sens qu’a gardé le terme dans le
345
ue mutuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et
ils
ne peuvent appartenir à la même spécialité. Quant au contenu : seuls
346
rdisciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’
il
serait le plus malaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos
347
ons ou découvertes de la science et des arts sont-
elles
apparues ? Part de la gratuité, de la nécessité, des fins utilitaires
348
comment y suppléer par les arts. 5. Européologie.
Il
existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’
349
ions tropicales, africaines, indaméricaines, etc.
Il
n’existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’européologi
350
s spécifiques de notre civilisation, à l’heure où
elle
se répand d’une manière anarchique sur tous les continents de la plan
351
oge avec une anxiété mêlée d’arrogance, tandis qu’
elle
s’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire.
352
nce, tandis qu’elle s’interroge elle-même plus qu’
elle
n’a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un tel c
353
autres rajeunis… Comment baptiser l’entreprise ?
Elle
pourrait se réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont
354
inatoria. Mais cet Institut de synthèse ne serait-
il
pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, d
355
Université européenne ? Vraie université, puisqu’
elle
traiterait spécifiquement du général, en vue d’entretenir ou de forme
356
ge cohérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’
elle
aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la form
357
urs « recteurs » français m’ont fait remarquer qu’
ils
avaient dans l’État et donc sur la tribune officielle le même rang qu
358
’utopies est dans la nature de l’homme en tant qu’
il
est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des
359
est un être spirituel et pas seulement un animal.
Il
s’agit d’un des traits spécifiques de l’humain, selon les grandes rel
360
qui rien n’appartient, n’appartient plus à rien.
Il
est le Réalisé, en complète indifférence au monde et aux affaires du
361
fait détachement de tous liens. Sans feu ni lieu,
il
est comme Shiva le mendiant du Ciel et l’éternel errant. La Terre est
362
, a-topique de l’homme — et cela d’autant plus qu’
il
est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’il demeure plus anima
363
l est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’
il
demeure plus animal ou attaché. 3. De fait, près de quatre siècles a
364
stique soufi Sohrawardi d’Alep (1155-1191). Ce qu’
il
nomme en persan Nâ-kopââbâd signifie littéralement « le pays du Non-o
365
ctuellement vécu, une aventure que dès maintenant
il
vit par une suite d’illuminations qu’il décrit, merveilleusement, com
366
aintenant il vit par une suite d’illuminations qu’
il
décrit, merveilleusement, comme autant de « clins d’œil hors du où »4
367
ps, bien plus : sa venue marque la fin des temps,
elle
est dans « ce qui vient » de l’au-delà du temps. Il y a coupure, et r
368
du temps. Il y a coupure, et radicale. Pourtant,
elle
touche l’Histoire à sa fin, elle apparaît donc situable non dans l’Hi
369
icale. Pourtant, elle touche l’Histoire à sa fin,
elle
apparaît donc situable non dans l’Histoire, mais par rapport à l’Hist
370
s que l’ange utilisait » (selon les traductions).
Il
s’agit donc d’une cité idéale, transcendante, mais qui touche à l’His
371
e sait que le Royaume n’est pas de ce monde, mais
il
sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa seconde demande : «
372
-temps terrestre. Comment le chrétien résisterait-
il
toujours et partout au glissement de sens et d’attitude de la mystiqu
373
ue, sécrète son architecture, comment résisterait-
il
au glissement surtout — symbole de tous les autres — du spirituel véc
374
) et du temps : activité utopique par définition.
Elle
présente ceci de nouveau par rapport à toutes les autres activités co
375
outes les autres activités conçues auparavant, qu’
elle
n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalité. L
376
t, qu’elle n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’
elle
échappe à la mortalité. La technique en effet n’est régulée ni par sa
377
inalités génériques ou spirituelles. On dirait qu’
elle
résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibles,
378
eu du bois, des feuilles, de la paille et du lin,
elle
nous compose un environnement de métal, de verre, de minéraux et de p
379
hnique relève de l’utopie dans toute la mesure où
elle
vise à l’élimination des contraintes de lieux et de dépendances natur
380
ontraintes de lieux et de dépendances naturelles.
Elle
ne bute contre ses limites qu’au moment où l’action de l’homme sur le
381
t où l’action de l’homme sur les écosystèmes dont
il
fait partie menace visiblement de déclencher des réactions en chaîne
382
réactions en chaîne de désintégration du vivant :
il
s’agit alors d’une hétérorégulation, que j’ai nommée ailleurs pédagog
383
et des libertés provinciales, sous le prétexte qu’
elles
s’appelaient « privilèges » ; de tuer tout civisme qui puisse s’oppos
384
tablir par la guerre au-dehors la tranquillité qu’
il
n’a plus au-dedans. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre et
385
géographiques, culturelles et sur des lieux dont
elle
ignore et nie les caractéristiques infiniment différentes, non compar
386
e l’État-nation, comme on l’a dit. Je constate qu’
il
fonctionne de plus en plus malaisément, voir la révolte des régions,
387
thétiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’
il
nous mène inexorablement, par les mécanismes déments des souveraineté
388
ifie différence. « Une région ne se délimite pas,
elle
se reconnaît », disait vers la fin du siècle passé le grand géographe
389
é le grand géographe français Vidal de la Blache.
Il
définissait là le contraire de l’utopie. Il n’y a pas deux régions pa
390
ache. Il définissait là le contraire de l’utopie.
Il
n’y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il
391
égions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et
il
n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour déclench
392
’est guère politique, encore moins politologique.
Il
est proprement spirituel. Toute utopie au sens de Thomas More, de Cam
393
que les utopies sont « statiques par hypothèse ».
Elles
sont, et je le cite : « des programmes d’action masqués sous le dégui
394
e sociologie descriptive imaginaire, et l’acte qu’
elles
essaient de susciter est presque toujours la fixation à un certain ni
395
prême auquel aspirent la plupart des Utopies, car
elles
ne sont conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a pe
396
e Staël et « l’esprit européen » (été 1980)o «
Il
faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phras
397
ernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’
il
me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi les plus s
398
s plus souvent citées de Mme de Staël, sait-on qu’
elle
ne figure que tout incidemment, à titre d’amicale mise en garde contr
399
en garde contre l’excès d’originalité qui, selon
elle
, empêcherait le génial Jean-Paul (Richter) d’être goûté hors de l’All
400
e. Et ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’
elle
figure en exergue sur la médaille que la Monnaie, en 1966, consacrait
401
ré sur les diverses significations du mot esprit.
Il
y en avait 29, dont une seule, la vingt et unième, paraissait pouvoir
402
esprit du corps ». L’esprit européen, me semble-t-
il
, pourrait se définir assez bien, dans l’œuvre de Mme de Staël, comme
403
ands livres, De la Littérature et De l’Allemagne,
elle
le décrit et elle l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’a
404
Littérature et De l’Allemagne, elle le décrit et
elle
l’illustre comme ce qui a tout d’abord la vertu d’associer les esprit
405
la Morale au-dessus de tous les intérêts, fussent-
ils
ceux de la Nation, de l’État, ou même des Sciences. 1. L’esprit euro
406
mente la Société des hommes de l’esprit, ou comme
elle
dit dans De l’Allemagne : « l’association de tous les hommes qui pens
407
à l’autre ». On ne peut ici que citer : Souvent
ils
n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à de gra
408
: Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ;
ils
sont dispersés souvent à de grandes distances l’un de l’autre ; mais
409
de grandes distances l’un de l’autre ; mais quand
ils
se rencontrent un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est p
410
is quand ils se rencontrent un mot suffit pour qu’
ils
se reconnaissent. Ce n’est pas telle religion, telle opinion, tel gen
411
vérité qui les réunit. Tantôt, comme les mineurs,
ils
creusent jusqu’au fond de la terre, pour pénétrer, au sein de l’étern
412
le nuit, les mystères du monde ténébreux ; tantôt
ils
s’élèvent au sommet du Chimboraço, pour découvrir au point le plus él
413
é du globe, quelques phénomènes inconnus ; tantôt
ils
étudient les langues de l’Orient pour y chercher l’histoire primitive
414
chercher l’histoire primitive de l’homme ; tantôt
ils
vont à Jérusalem pour faire sortir des ruines saintes une étincelle q
415
elle qui ranime la religion et la poésie ; enfin,
ils
sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas en
416
ée.47 Cette société des hommes de la pensée, qu’
elle
ait pour champ la philosophie ou les lettres, les sciences physiques
417
’archéologie, l’histoire ou la poésie, n’évoque-t-
elle
pas le rêve de Thomas More, puis le projet plus détaillé conçu et déc
418
n pouvait s’y attendre, et je forme ici le vœu qu’
elle
se réalise, sous le patronage de celle qui en eût été l’inspiratrice
419
émentarité des différences, voire des antinomies.
Il
est une tradition centrale de la philosophie européenne : celle qui d
420
à unir dans le respect et la force du divers, qu’
il
s’agisse de sagesse ou de science, de religion et c’est l’œcuménisme,
421
toutes auraient tort de se priver des lumières qu’
elles
peuvent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose de très singulie
422
ces diversités, et nul homme quelque supérieur qu’
il
soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit
423
Ceci encore, dans l’essai sur les traductions :
Il
n’y a pas de plus éminent service à rendre à la littérature que de tr
424
n moderne en était réduite à ses propres trésors,
elle
serait toujours pauvre ?49 La complémentarité des opposés, richesse
425
e, n’est pas seulement nationale et linguistique,
elle
est aussi dans l’opposition climatérique, historique, culturelle et s
426
e. Mais comment surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’
il
est vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoi
427
surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’il est vrai qu’
elle
plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon par ce
428
ne a été le lien des peuples du Nord et du Midi ;
elle
a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des mœurs opposées
429
des mœurs opposées ; et, rapprochant des ennemis,
elle
en a fait des nations dans lesquelles les hommes énergiques fortifiai
430
ué.50 Bien dira-t-on, mais la Réformation n’a-t-
elle
pas divisé, sans espoir, la chrétienté, Nord réformé, Sud catholique
431
ales qui se développent dans les nations parce qu’
elles
existent dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’un jour u
432
les existent dans chaque homme. Et plus loin :
Il
se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’universalité des c
433
pensées plus hautes dont la vertu se compose. Et
elle
a des mots très durs contre le phénomène de la nation au nouveau sens
434
on : Quand une réunion quelconque d’hommes, écrit-
elle
, « quand cette réunion, dis-je, s’appelle une nation, tout lui serait
435
tualité : c’est dans la préface De l’Allemagne qu’
elle
écrit : Les progrès des sciences rendent nécessaires les progrès de
436
orale, car en augmentant la puissance de l’homme,
il
faut fortifier le frein qui l’empêche d’en abuser.53 Méditons cela
437
olitique qu’on sent inspirée de Rousseau en ce qu’
elle
est tout à la gloire du petit État : La grandeur des États chez les
438
t, par aucun théâtre propre à les enflammer. D’où
elle
déduit que « si l’homme parvenait individuellement à dompter ses pass
439
ieux que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’
il
soit possible à l’homme de résoudre un problème humain, éthique, soci
440
vre dès sa publication en 1810. Mais combien faut-
il
regretter qu’à l’ouvrage sur l’Allemagne — qui est en réalité, un gra
441
sur la culture, mais sur la morale, et que c’est
elle
, non la morale, qui imposerait à la politique ses prétendus « impérat
442
’Europe sur la base d’une Communauté économique ;
elle
eût fondé plutôt la Communauté européenne de la culture. Car elle sav
443
lutôt la Communauté européenne de la culture. Car
elle
savait que « la circulation des idées est, de tous les genres de comm
444
s plus certains » — et comme Goethe l’a dit après
elle
: que la culture « accroît autant que l’échange des produits et denré
445
se et le bien-être général de l’humanité »56. Car
elle
savait surtout que la vraie finalité d’une union qui mérite le nom d’
446
en de l’amour qui tout embrasse, — pour cet homme
elle
eût proposé l’union fédérale de nos peuples, dans cet enthousiasme au
447
rale de nos peuples, dans cet enthousiasme auquel
elle
consacre les trois derniers chapitres de son chef-d’œuvre, et dont el
448
s derniers chapitres de son chef-d’œuvre, et dont
elle
dit qu’il est de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux,
449
hapitres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’
il
est de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux, parce « qu
450
iments celui qui rend le plus heureux, parce « qu’
il
réunit plus qu’aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même fo
451
le même foyer57 ». L’Europe de l’enthousiasme !
Il
était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que c
452
perception n’est pas un processus à sens unique :
elle
se constitue dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je
453
re, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’
ils
sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perçu)
454
compte des variétés de l’être européen, selon qu’
il
a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard,
455
ndes familles demeurant généralement catholiques.
Il
serait passionnant de reconstituer l’homologie des structures de réac
456
Gdansk contestataire des ouvriers de l’été 1980.
Il
semble que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le fait des
457
ation de l’Europe, ce qui est plus surprenant. Et
il
oppose le pape Pie II — qui était l’humaniste et poète Æneas Sylvius
458
) L’ouvrage est offert en 1463 à Louis XI, auquel
il
est dédié. Podiebrad compte bien faire participer à son traité les ro
459
s le pape et l’empereur en seront exclus. Bien qu’
il
ait échoué devant l’indifférence de Louis XI et la résistance de Pie
460
XI et la résistance de Pie II, au pouvoir duquel
il
entendait faire pièce, le projet de Podiebrad marque une date dans l’
461
rad marque une date dans l’histoire de l’Europe :
il
constitue en quelque sorte la première prise de conscience du contine
462
du continent comme unité politique virtuelle — et
il
n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Europ
463
e — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’
il
ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs reprises les hom
464
, gloire de l’univers, comment tout honneur s’est-
il
retiré de toi ? Comment a disparu ton éclat sans rival ? Où est la vi
465
mmune et d’une assistance mutuelle « sans même qu’
il
l’ait requise à notre collègue attaqué » ; enfin, d’un budget fédéral
466
dans ce titre du chap. II de la Panpaedie : « Qu’
il
est nécessaire d’élever par l’éducation tous les hommes à l’humanité.
467
ous les hommes à l’humanité. » Dans la préface qu’
il
a donnée aux Pages choisies de Comenius publiées par l’Unesco, Jean P
468
rents très jeune et son éducation sera négligée :
il
ne peut commencer des études latines qu’à 16 ans. Il va étudier la th
469
ne peut commencer des études latines qu’à 16 ans.
Il
va étudier la théologie en Allemagne, revient en Bohême pour y être p
470
eur de l’Église réformée des frères moraves (dont
il
deviendra plus tard l’évêque). L’insurrection de Bohême, qui marque l
471
ussi le début de ses malheurs et pérégrinations :
il
perd sa femme et ses jeunes enfants, puis il est expulsé de Bohême et
472
ns : il perd sa femme et ses jeunes enfants, puis
il
est expulsé de Bohême et se réfugie en Pologne, où les frères moraves
473
gne, où les frères moraves ont plusieurs centres.
Il
reprend le métier de maître, esquisse un premier grand projet de réfo
474
la pédagogie et par la conciliation des Églises.
Il
hésite un temps à accepter une invitation que lui adresse Richelieu à
475
de entreprendre la réforme des écoles de ce pays.
Il
y est bientôt suspect, en tant que Frère morave, aux yeux des luthéri
476
n tant que Frère morave, aux yeux des luthériens.
Il
se retire en Prusse-Orientale, puis pour un temps en Transylvanie. Re
477
ibliothèque et beaucoup de ses manuscrits. Enfin,
il
s’établit en Hollande où il finira ses jours, et où sera publiée aprè
478
es manuscrits. Enfin, il s’établit en Hollande où
il
finira ses jours, et où sera publiée après sa mort une première grand
479
ant à le bannir d’un pays à l’autre du continent.
Il
nous faut bien entendre que lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz n’
480
continent. Il nous faut bien entendre que lorsqu’
il
parle de Liberté, Mickiewicz n’entend pas — sauf à la fin de sa vie —
481
atribe politique en forme de poème, dans laquelle
il
élève la plainte de ceux de l’Est que l’Ouest abandonne, — le cri pro
482
royal invite les proscrits polonais à s’en aller.
Il
part pour Paris en 1832. C’est là qu’il écrira le Livre des Pèlerins,
483
en aller. Il part pour Paris en 1832. C’est là qu’
il
écrira le Livre des Pèlerins, qui s’adresse en partie à la France. Je
484
que la Liberté siégera dans la capitale du monde,
elle
jugera les nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’étais at
485
la capitale du monde, elle jugera les nations. Et
elle
dira à la première : Voilà que j’étais attaquée par les brigands, et
486
ef de voûte de l’édifice futur ; et celui sur qui
elle
tombera, elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tom
487
l’édifice futur ; et celui sur qui elle tombera,
elle
l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle, il tombera et ne se
488
, elle l’écrasera et celui qui se heurtera contre
elle
, il tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique eu
489
l’écrasera et celui qui se heurtera contre elle,
il
tombera et ne se relèvera point. Et du grand édifice politique europé
490
era point. Et du grand édifice politique européen
il
ne restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotisme é
491
e-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et
il
vous présentera un dos dur et froid, et la barre sera frappée et refr
492
s les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-
il
encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre
493
préconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française.
Il
s’est si bien gardé de l’appliquer qu’il m’oblige à le faire aux dépe
494
ançaise. Il s’est si bien gardé de l’appliquer qu’
il
m’oblige à le faire aux dépens de son libelle. Je ne discuterai pas l
495
elle. Je ne discuterai pas le fond de l’ouvrage :
il
n’y en a guère. Une théologie rudimentaire, qui nous ramène au Dieu p
496
a moindre proposition ni de doctrine ni d’action.
Il
s’agit uniquement, pour l’auteur, de dénoncer comme fascistes et nazi
497
et, le « socialisme national » d’Hitler, alors qu’
il
prévalait sur l’Europe. Je me propose de montrer dans le détail — c’e
498
s majeures de ne pas me taire. La première est qu’
il
serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le problè
499
’ont combattu les premiers, au face à face, quand
il
paraissait invincible. Ni les causes historiques et psychologiques, n
500
inis ou invoqués par Lévy. On distingue mal ce qu’
il
reproche en fin de compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns : il n
501
de compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns :
il
n’en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours,
502
tout à fait autre chose ou le contraire de ce qu’
il
veut y lire aujourd’hui ; celles qui sont correctement transcrites ne
503
es). Citations I et II Pour illustrer ce qu’
il
appelle la naissance du fascisme en France dans « une génération de f
504
vient de me procurer la photocopie de l’article.
Il
s’agit de deux pages de réponse à une enquête sur la jeunesse françai
505
vy.) Lévy disloque les termes de ma comparaison.
Il
les sépare par une douzaine de pages et cela change tout. Le premier
506
e, le second une déclaration d’amour aux nazis60.
Il
se garde, bien sûr, de rappeler que tout le contexte condamne sans ap
507
préciosité et vaut d’être suivi de très près, car
il
exemplifie la méthode de l’auteur. Les mots parfaitement incroyables
508
souci de précision, ici, touche au sublime !) : «
Il
semble que toutes les tentatives de résistance au conformisme social
509
e l’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus,
il
n’est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de
510
vaut ni que l’on meure ni qu’on se mobilise pour
elle
— pauvre “mesure morte” impossible à “ressusciter”12) » (p. 20-21). L
511
ns leur terme, au nom d’un acte de foi contraire.
Elles
veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du
512
Elles veulent la force et nous voulons la vérité.
Elles
veulent la force du grand nombre et nous voulons la force personnelle
513
notre personne : cela n’a pas de sens pour nous.
Elle
ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des me
514
eut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’
elle
sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se
515
sures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’
elle
sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations
516
lle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’
il
se possède dans ses relations actives avec ses prochains. C’est à nou
517
tions actives avec ses prochains. C’est à nous qu’
il
incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoudra en
518
Car notre force est personnelle, non collective.
Elle
réside dans les petits groupes, non dans l’État totalitaire. Elle a p
519
les petits groupes, non dans l’État totalitaire.
Elle
a pour formule réelle — même là où l’on refuse encore ce nom — la féd
520
vise, plus spécifiquement, l’individualisme ». S’
il
m’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était v
521
cifiquement, l’individualisme ». S’il m’avait lu,
il
eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la re
522
ndividualisme civiquement irresponsable. Ignore-t-
il
, comme J.-F. Revel61, que dans la distinction entre individu et perso
523
dition centrale de l’Occident, au nom de laquelle
ils
n’ont cessé de condamner sans rémission toutes formes d’idéologies to
524
es d’idéologies totalitaires. B.-H. Lévy ignore-t-
il
que la résultante de l’individualisme irresponsable est la masse aggl
525
lisme irresponsable est la masse agglomérée, — qu’
il
prend pour une « communauté » ? (J’ai écrit souvent dans les années 1
526
e l’État totalitaire fait son ciment ».) Ignore-t-
il
tout, enfin, de ce qui a été écrit, de Tocqueville à Hannah Arendt en
527
’État totalitaire ? C’est, en définitive parce qu’
il
n’a pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de
528
pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’
il
se permet de nous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et XI
529
e à comprendre le sens des trop rares ouvrages qu’
il
juge opportun d’attaquer. Car plutôt qu’à des livres connus et encore
530
ibles dans les bibliothèques, voire en librairie,
il
est remarquable que les notes bibliographiques de B.-H. Lévy renvoien
531
c les mains (p. 127), m’attribue ceci : Méritent-
elles
même le beau nom de totalitaires, ces expériences « trop simples » où
532
intaines°. — les mots « révolutions avortées » qu’
il
cite ne figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond :
533
onc selon B.-H. Lévy, antisémites ; non seulement
ils
sont anti-individualistes, donc antidémocratiques et donc fascistes ;
534
tidémocratiques et donc fascistes ; non seulement
ils
sont en « émoi » devant les bottes et les chemises ouvertes, donc naz
535
les chemises ouvertes, donc nazis ; non seulement
ils
se veulent plus totalitaires que les fascistes et les staliniens, mai
536
mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout,
ils
sont antiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t-elle commis [
537
ntiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t-
elle
commis […] pour qu’on puisse l’accuser et avec une telle outrance, de
538
des choses, matérialiste et abstraite à la fois.
Elle
donne la primauté à l’avoir sur l’être, à l’anonyme sur le personnel,
539
a personne concrète. Machiniste et productiviste,
elle
consacre la pire dégradation qu’une « civilisation » ait imposée à l’
540
de preuves de leur fascination par les nazis, est-
elle
révélatrice de ses propres complexes ? Ce disciple fervent d’Althusse
541
vent d’Althusser, ce partisan déclaré de Mao, a-t-
il
jamais expliqué son trajet du totalitarisme marxiste et du national-s
542
t pour achever de décrire la méthode de l’auteur,
il
est intéressant de relever non seulement ses citations fausses, mal i
543
nt, Lévy choisit mal ses nazis. C’est qu’en somme
il
ignore à peu près tout de la vraie nature — religieuse — du prétendu
544
remier modèle bien français du fascisme, ou comme
il
dit : « d’un fascisme aux couleurs de la France ». Mais celui-là préc
545
uleurs de la France ». Mais celui-là précisément,
il
l’a raté62. L’idéologie personnaliste au pouvoir ? Tout cela ne
546
lui-même n’avait donné son aval à ces calomnies.
Il
écrit en effet : Les idéologies des années 1930, de type communautai
547
hors des cénacles de l’intelligentsia parisienne.
Elles
ont accédé au pouvoir à la faveur d’une catastrophe nationale. Là enc
548
la faveur d’une catastrophe nationale. Là encore
elles
sont demeurées un mixte de traditionalisme et de parafascisme. En éc
549
x produit de la méthode de truquage des textes qu’
il
vient pourtant de dénoncer dans les premières pages de son article. I
550
dénoncer dans les premières pages de son article.
Il
a choisi de n’accorder créance à B.-H. Lévy que sur le point central
551
action directe. Merci.) Quelles idées ? Pourrait-
il
les rappeler ? La primauté de l’esprit sur les mythes collectifs et d
552
er des totalitarismes de l’Est. Raymond Aron peut-
il
croire que Vichy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-il vra
553
chy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-
il
vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditionaliste » ? C’était
554
établi » que dénoncera plus tard Esprit . Croit-
il
au contraire que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à c
555
ci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées auraient-
elles
« accédé au pouvoir » à Vichy ? Un politicien combinard comme Laval,
556
aval, un vieux militaire laïcard comme Pétain ont-
ils
vraiment puisé leur inspiration politique (Montoire et la collaborati
557
!) dans ces cénacles d’intellectuels parisiens qu’
ils
méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’il est vrai, comme l
558
méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’
il
est vrai, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées pe
559
strophe nationale » de juin 1940, comment se peut-
il
que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résist
560
son pour des idées dont L’Express nous apprend qu’
elles
étaient au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les nazis triomphants
561
rante de l’histoire ? Mais à quelles fins ? Ce qu’
il
importe de dénoncer ici, c’est l’injustice brutale qui fait qu’avec l
562
les « plumes autorisées » de L’Express, parce qu’
ils
n’ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les
563
de lecteurs et de téléspectateurs qui croiront (s’
ils
ne m’ont jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment,
564
rend compte avec ferveur du pamphlet de Lévy, et
il
écrit, à propos de l’avènement de Pétain : « Pêle-mêle les discours s
565
à répondre de ces calomnies devant les tribunaux,
ils
n’auraient de chances de s’en tirer qu’en plaidant l’irresponsabilité
566
er qu’en plaidant l’irresponsabilité au moment où
ils
écrivaient. De quoi la preuve ne serait pas difficile à produire : il
567
oi la preuve ne serait pas difficile à produire :
ils
n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’avaient cru, sur la foi de
568
s et des nazis. Ce lecteur innocent soupçonnera-t-
il
que l’impayable sérieux de notre jeune lévite est aussi une recette d
569
é », une « hauteur de ton », qui ne sont pas, dit-
il
, des « énergies méprisables ». Oui, il en convient lui-même, une « te
570
t pas, dit-il, des « énergies méprisables ». Oui,
il
en convient lui-même, une « tentation fasciste » plane sur la douce t
571
d le monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’
il
est commode de mettre tout le paquet dans les mains d’un homme, d’att
572
ue Lévy change la phrase de Mounier en un aveu («
il
en convient lui-même ») alors qu’il s’agit d’une constatation ; puis,
573
en un aveu (« il en convient lui-même ») alors qu’
il
s’agit d’une constatation ; puis, qu’il remplace « le monde entier »
574
alors qu’il s’agit d’une constatation ; puis, qu’
il
remplace « le monde entier » par « la douce terre de France », qui mo
575
pte du livre de Lévy et signale les attaques dont
il
a été l’objet, pour mieux prendre sa défense. La présence de Mounier
576
éologues » du fascisme à la française a, semble-t-
il
, particulièrement choqué… Et pourtant, les arguments de l’accusateur
577
les arguments de l’accusateur sont irrécusables.
Il
a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit
578
es. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement
il
n’en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit trop peu. L’article
579
non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’
il
en avait dit trop peu. L’article de 1934 où Mounier avoue « sa fascin
580
e. La « tentation » devient ici « fascination ».
Elle
ne menace plus le « monde entier » (déjà devenu « la douce terre de F
581
au « dynamisme » de la jeunesse allemande, mais
il
a oublié, dans sa hâte, quatre textes qui me paraissent bien plus ind
582
tables et précis dans l’acquiescement que ceux qu’
il
a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier ou de moi, textes destinés à :
583
ne troubleront plus tant les Français le jour où
ils
auront eux aussi conscience de leur volonté de vivre ». Plus témérair
584
té) : « Quant aux jeunes français et allemands, s’
ils
dépouillent les idées reçues, s’ils consentent à être eux-mêmes, je s
585
allemands, s’ils dépouillent les idées reçues, s’
ils
consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ils se comprennent e
586
consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’
ils
se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » Ces
587
joyeuse. » Ces phrases sont signées Raymond Aron.
Elles
vont plus loin dans la volonté de dialogue, — on ne disait pas encore
588
e. Et sur la présence de Maurice Clavel à Uriage.
Il
est vrai que c’est Clavel qui a lancé les « nouveaux philosophes ».
589
« nouveaux philosophes ». Post-scriptum II
Il
est étrange de relire aujourd’hui, dans le même numéro d’ Esprit , à
590
Lettre ouverte d’un jeune Allemand à la France ».
Elle
est signée Harro Schulze-Boysen, qui était alors l’animateur du Group
591
ous un prestigieux camarade de combat, et un ami.
Il
fut plus tard le chef du célèbre groupe clandestin L’Orchestre rouge.
592
étaient étroits. Lors d’une rencontre en Suisse (
il
avait réussi à se faire nommer dans la dernière délégation allemande
593
r dans la dernière délégation allemande à la SDN)
il
me montra les cicatrices des tortures que les nazis lui avaient infli
594
es que les nazis lui avaient infligées. Aviateur,
il
occupa un poste-clé dans l’état-major de Goering, d’où il transmit au
595
a un poste-clé dans l’état-major de Goering, d’où
il
transmit aux Russes, via Lucerne, en Suisse, des informations décisiv
596
ations décisives pour la défaite finale d’Hitler.
Il
était par sa mère le petit-fils de Bismarck. Post-scriptum III
597
l’héroïque sursaut de Bataille et de ses amis » —
il
s’agit de Roger Caillois et de Michel Leiris — les purs et durs du Co
598
1er novembre 1938, dans le numéro 74 d’ Esprit ,
ils
publient une « Déclaration du Collège de sociologie » sur la crise ma
599
les prolégomènes à la Seconde Guerre mondiale :
Il
faut retenir l’attitude de l’opinion publique américaine, qui a donné
600
evant la guerre comme un signe de dévirilisation.
Il
n’hésite pas à en voir la cause dans le relâchement des liens actuels
601
de fascisme. Bataille, Caillois, Leiris, étaient-
ils
donc fascistes ? Je ne pense pas : c’étaient des amis. À l’invitation
602
Si un auditeur avait pensé que c’était fasciste,
il
m’aurait attaqué ou aurait quitté la salle. Une certaine honnêteté ré
603
teté régnait alors dans le milieu intellectuel. S’
il
était nécessaire de prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau
604
ques lignes de Roger Caillois, dans une lettre qu’
il
m’adressait le 7 novembre 1938 au sujet de mon Journal d’Allemagne ,
605
es et les chemises ouvertes — serait-ce le sien ?
Il
n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on
606
té effective avec le prochain et la communauté où
il
vit. 64. De fait, la lettre n’est adressée qu’à E. Mounier, condisci
607
es Perrault, L’Orchestre rouge, Paris, 1967. 66.
Il
s’agit d’un « Air du mois » intitulé « Une page d’histoire » (en réal
608
totalitaire : l’impérialisme religieux ou social.
Il
exigea d’entrer en armes dans les territoires sudètes. Une cession pu
609
que n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont
il
était le fondateur voulait le sacrifice sanglant (ou son symbole), le
610
ment « réunies » (comme on dit) à la France. Mais
il
ne s’agit plus que d’ornements. En effet, dès la seconde moitié du xi
611
s — la langue européenne, en quelque sorte — mais
elle
sera de moins en moins la langue des relations quotidiennes : étudian
612
atorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini,
il
s’était fait appeler « roi des Gaules, de la Germanie, de l’Italie et
613
lus tard (962) à restaurer la dignité impériale :
il
fonde, en sa qualité de roi de Germanie et d’Italie, ce qui va deveni
614
de France est « empereur en son royaume » et qu’«
il
ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de la suprém
615
. Dans son traité De Monarchia, qui date de 1308,
il
s’écrie : « Ô genre humain de quelles luttes et querelles, de quels n
616
ontrôle des hommes, l’enracinement au sol. » Faut-
il
en conclure que la double fonction de l’État serait donc la police d’
617
variable de 200, 500, 1000 %. De là à affirmer qu’
il
est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemm
618
à affirmer qu’il est le moteur de la croissance,
il
n’y a qu’un pas à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et
619
-on, cette souveraineté donnée pour absolue n’est-
elle
donc incitée, régulée, protégée, humanisée par rien au monde contre l
620
e « sentiment du prince » est le seul interprète…
Elle
est donc pratiquement sans limites. 3. Confusion générale des conc
621
s textes du temps. Le siècle de Louis le Grand, s’
il
fait peu de cas du peuple n’en célèbre que mieux les nations — qui es
622
t proclame la République une et indivisible. Puis
elle
vote à six voix de majorité sur 721 votants (soit 366 pour la mort, 3
623
sans appel ni délai. « Louis doit mourir parce qu’
il
faut que la patrie vive », avait proclamé Robespierre. Louis en appel
624
lic chargé d’un pouvoir exécutif de dictature, qu’
il
exercera jusqu’en 1795 ; — à cette date, création d’un Directoire de
625
ur sa personne tous les pouvoirs, — et cela fait,
il
sera élu empereur, en 1804, sous le nom de Napoléon Ier. II. Diale
626
eraineté royale se manifestait vers l’extérieur :
elle
consistait à ne reconnaître « aucun supérieur sur ses terres », ni em
627
supérieur sur ses terres », ni empire ni papauté.
Elle
se double, en 1793, d’une souveraineté une et indivisible qui se mani
628
le qui se manifeste cette fois vers l’intérieur :
elle
consiste dès lors à ne reconnaître aucune autonomie sur son territoir
629
st savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’
il
soit royal au xviie siècle, bourgeois dès 1793, ou prétendument « ou
630
917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’
il
est. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoquer le « Di
631
lchéviques en 1917 : Les soviets partout ! — mais
il
a gagné la journée. Bonaparte faisait peu de cas du concret de la nat
632
ais n’ont aucun sens de la nationalité ! », écrit-
il
, de l’École de Brienne, au grand chef corse Paoli73. Quant à Lénine,
633
nne, au grand chef corse Paoli73. Quant à Lénine,
il
détruisit en fait le pouvoir des soviets (conseils d’ouvriers, paysan
634
soit de mieux assurer l’indépendance de l’État. »
Il
est bien évident que les « transferts » sont en fait des achats faits
635
emier la loi constitutive de l’État-nation lorsqu’
il
écrit : « Les nations divisées en elles-mêmes cherchent par la guerre
636
de la France est forgé à chaud… L’État est tout…
Il
est militaire dans son principe, dans ses maximes, dans son esprit, d
637
la nation dans l’armée et l’armée dans la nation,
elle
fournit à la défense des ressources inépuisables. » Le modèle de soci
638
ans liens d’aucune sorte avec l’État en général :
il
suffit de penser à l’industrie anglaise. Mais ce régime « sauvage » n
639
la nation. Ce que les girondins commencent lorsqu’
ils
déclarent la guerre à l’Europe des rois pour remédier aux troubles in
640
n, d’abord en vue de la guerre et bientôt grâce à
elle
. b) Les nécessités d’une mobilisation rapide entraînent la centralisa
641
pitale et y ramènent. Comme dans l’Empire romain,
elles
sont les voies de l’administration d’abord, non du commerce ; puis de
642
éon l’avait prévue dès son accession au pouvoir :
il
entendait tout mettre en uniforme, élèves des trois degrés, conscrits
643
L’État-nation, né de la guerre et progressant par
elle
, comme elle par lui, conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu
644
n, né de la guerre et progressant par elle, comme
elle
par lui, conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu’il prépare
645
conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu’
il
prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux guer
646
et corps autant qu’infrastructure industrielle —
il
se produit une recrudescence « inexplicable » de délinquance juvénile
647
étrangère — vient mettre un terme à l’anarchie :
elle
est alors nationalisation du crime et de la lutte contre le crime, ai
648
s progrès de l’armement d’en face. On m’assure qu’
il
existe dans le monde l’équivalent de 4 tonnes de TNT par habitant. Il
649
nde l’équivalent de 4 tonnes de TNT par habitant.
Il
semblait, vers 1977, que les USA pouvaient tuer tous les hommes exist
650
de l’Homme et contre lui, par la mégamachine — qu’
il
a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une conv
651
dans son histoire, l’Homme dispose des moyens qu’
il
faut. Les probabilités d’une catastrophe globale sont plus grandes qu
652
lution, de contingences historiques, bien loin qu’
il
soit l’accomplissement d’une nécessité naturelle, définitive, inéluct
653
éfinitive, inéluctable. Comme tout ce qui est né,
il
mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort… Les
654
ns maintenant ces États-nations unitaires tels qu’
ils
sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seules
655
ns une participation réelle à la vie politique qu’
ils
prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seuls,
656
à la vie politique qu’ils prétendent monopoliser.
Ils
sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petit
657
ée par les barrages antimissiles des deux grands.
Ils
sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi a
658
ussi pour répondre au défi du tiers-monde… Enfin,
ils
sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires vérita
659
a satellisation politique ou économique. Par quoi
ils
manquent doublement à la fonction de tout gouvernement : sécuriser le
660
cipation dans les affaires du monde […]. Parce qu’
ils
sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle
661
se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’
ils
sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’oc
662
continentale ; et parce qu’ils sont trop grands,
ils
devraient se fédéraliser à l’intérieur. À l’occasion des premières «
663
’Est, force est de constater que les Européens, s’
ils
s’en tiennent aux seules forces nationales, ne sont capables d’assure
664
donc mortels. L’Europe doit s’unir pour survivre.
Elle
doit survivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte
665
t concernant la Souveraineté que son déplacement.
Elle
a surtout vu la construction de cette Souveraineté sans limites ni rè
666
ne nuit jamais à l’impeccable élégance du propos.
Il
nous montre d’abord « le passage d’une souveraineté relative, la mona
667
ouverain doit être fidèle à sa mission divine : «
Il
n’est libre ni quant à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’
668
on divine : « Il n’est libre ni quant à la fin qu’
il
poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. » Il doit respecter la l
669
t à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’
il
emploie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de Di
670
il poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. »
Il
doit respecter la loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il
671
a loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin,
il
est lié par ses devoirs envers le peuple qui obéit. « Trois ordres de
672
uple » (p. 235) car « le peuple devenu souverain,
il
est contradictoire qu’il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge c
673
peuple devenu souverain, il est contradictoire qu’
il
se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge classique : « Louis XIV da
674
ain à n’être plus tenu par des règles ; désormais
il
formule les règles à sa guise… » (p. 237) Jean Bodin l’avait déjà déc
675
de la Révolution française vont conférer à ce qu’
ils
nomment la nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ils incarn
676
a nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’
ils
incarnent. D’où, de nos jours, les définitions courantes de la souve
677
frontières étatiques — et souvent même à travers
elles
? Réponse : — Cet empêchement majeur, inlassablement invoqué par les
678
isible, d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’
elle
n’a plus d’existence opérationnelle démontrable hormis sa faculté de
679
toute vertu novatrice ou positivement impérative.
Elle
n’est plus qu’une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qu
680
urs des « hommes d’État » contemporains, c’est qu’
ils
affirment que leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils n
681
leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe :
ils
nous répètent comme Michel Debré qu’un « bon Européen » est celui qui
682
ation française existe une et souveraine, ou bien
elle
n’est plus » (Lettre ouverte aux Français pour la conquête de la Fran
683
ux Français pour la conquête de la France, 1980).
Il
ne reste en fait que l’État qui puisse revendiquer la souveraineté ab
684
emière approche d’une communauté continentale. Et
il
compare cette situation avec celle de l’Europe au lendemain de la Deu
685
mission du citoyen envers la cité particulière où
il
était né et l’administration politique plus vaste que Rome avait créé
686
ale emprise sur le cœur et l’esprit des citoyens.
Il
n’est pas nécessaire de souligner l’analogie entre le problème de la
687
t la création du Conseil de l’Europe, avec lequel
il
allait entrer en contact81 — Toynbee posait la question décisive : C
688
s permettra de donner plus de substance, avant qu’
il
ne soit trop tard, à l’organisation internationale ébauchée — réussir
689
organisation internationale ébauchée — réussira-t-
elle
? Rien ne permet de l’affirmer. Soyons seulement assurés que, si ces
690
renouvellent leurs serments sur tous les postes :
ils
n’ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et n’accompliront jamais
691
témoin, et n’accompliront jamais rien. Eux, non !
Ils
sont au-delà de tout soupçon de fédéralisme clandestin. Mais leur tem
692
va passer inexorablement, et les crises mêmes qu’
ils
gèrent chacun à sa manière risquent de provoquer en s’aggravant des p
693
ectorales, économiques, voire militaires au loin.
Elle
est déterminée par ces prises de conscience imprévisibles, survenant
694
umanité) Nota bene. 1. Dans les deux colonnes,
il
n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comp
695
tés morales des habitants des pays considérés. 2.
Il
se trouve que les « vertus » de la colonne II sont chrétiennes, celle
696
socialiste français Victor Considérant, en 1848.
Il
fut aussi le titre de la revue de A. Gramsci : Ordine Nuovo (1919-192
697
interrogé sur l’élection du Parlement européen, «
il
avait eu un sourire avant de remarquer : — Cette élection n’est guère
698
e pour la France », car « avant de faire l’Europe
il
faut refaire la France » (Claude Labbé pour le RPR), tandis que Le Mo
699
r l’ascension de M. Le Pen ? — Mme Veil placera-t-
elle
l’opposition au-dessus de la barre des 50 % ? — La gauche peut-elle c
700
au-dessus de la barre des 50 % ? — La gauche peut-
elle
combler une partie de son retard ? » Problèmes, on le voit, dont l’im
701
e Veil (UDF) déclare à propos de Chirac (RPR) : «
Il
se fout de l’Europe ! » Cependant que Lionel Jospin estime « qu’à l’E
702
ospin estime « qu’à l’Europe de Georges Marchais,
il
manque une petite chose, et c’est justement l’Europe, c’est-à-dire l’
703
l pour la droite et Lionel Jospin pour la gauche.
Il
en est résulté à l’évidence que ni la droite ni la gauche ne considèr
704
he ne considèrent l’Europe comme quelque chose qu’
il
faut unir d’abord. Ni l’un ni l’autre des debaters ne semble avoir im
705
un journaliste. Justement, personne n’en parlait.
Il
s’agissait de savoir si la gauche ou la droite étaient plus ou moins
706
ait pas été capable de décrocher un seul penny ».
Elle
se propose de « bloquer l’accroissement des ressources de la Communau
707
etagne ne reçoit pas sa ristourne pour 1983 ». Et
elle
exige le maintien du veto au Conseil des ministres de la CEE, veto «
708
ous donne une grande puissance ». Moyennant quoi,
elle
affirme que l’engagement du Parti conservateur en faveur de la Commun
709
hement contre la CEE. 3. Le cas de l’Italie
Il
a été très précisément exposé dans un article du Corriere della Sera
710
quatre pays les plus importants de la Communauté,
il
a constitué très nettement, sinon exclusivement, une occasion d’évalu
711
ce. (M. Craxi a d’ailleurs refusé la démission qu’
ils
lui offraient.) 4. Le cas de la RFA Là encore, un problème « n
712
siles américains sur le territoire allemand. Mais
il
se trouve que la situation à la fois historique, diplomatique et géog
713
uve ici posé dans son urgence dramatique83. Faut-
il
aller vers un rétablissement de la pleine souveraineté de l’Allemagne
714
le parapluie américain — ou bien la RFA pourra-t-
elle
saisir sa chance de passer directement de son régime actuel de provis
715
sponsable à la souveraineté de l’Europe fédérée ?
Il
résulte de cette situation que les prises de position des partis « na
716
tions du 17 juin, s’identifient objectivement, qu’
ils
le veuillent ou non, avec des prises de position soit pour l’Europe «
717
propositions pour l’union de l’Europe, et cela qu’
ils
se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simplement considé
718
la qu’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’
ils
soient simplement considérés comme tels. Quelques exemples. Les jeune
719
sance du « citoyen européen » (qui, reconnaissent-
ils
, suppose « une véritable révolution des mentalités ») acceptant « le
720
t « le concept d’une Europe fédérale ». Pour eux,
il
va sans dire que « la revendication européenne devra s’accompagner à
721
nne, une autre partie à la dimension régionale ».
Ils
expriment l’espoir que leur génération « au sein de laquelle l’idée e
722
enne ne se heurte pas trop à l’idée nationale, qu’
elle
transcende sans peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ont pas s
723
t pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et
ils
ajoutent (selon le Figaro , même date) : « Les régions, dans le cadr
724
jadis une « Internationale écologiste », mais qu’
il
serait plus exact, en l’occurrence, de baptiser la Première interrégi
725
t non pas inspirées par des intérêts nationaux ».
Elle
se déclare « pour une France fédérale dans une Europe fédérée ». Elle
726
ur une France fédérale dans une Europe fédérée ».
Elle
affirme donc, elle aussi, que « la suprême garantie contre l’omnipote
727
ale dans une Europe fédérée ». Elle affirme donc,
elle
aussi, que « la suprême garantie contre l’omnipotence d’un État techn
728
nt déjà des députés dans leur parlement national.
Ils
sont très fortement minoritaires dans leur pays, mais ils sont unanim
729
très fortement minoritaires dans leur pays, mais
ils
sont unanimes dans leurs propositions européennes, et ceci corrigera
730
sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’
il
faut pour être une superpuissance, sauf la volonté. » L’un des França
731
onté. » L’un des Français lui dit : — C’est dur !
Elle
, souriant : — Non, c’est vrai. Le président du mouvement européen, G
732
tion avec les défis majeurs du temps présent. […]
Il
est temps que le réalisme, garant du futur qu’ils proclament, succède
733
Il est temps que le réalisme, garant du futur qu’
ils
proclament, succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’ils prati
734
, succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’
ils
pratiquent. Quant à la Tribune pour l’Europe, information du Parlem
735
pour l’Europe, information du Parlement européen,
elle
publie en tête de son numéro du 17 février 1984, le bref communiqué s
736
muniqué suivant : la reine Béatrix aux députés :
il
n’est de souveraineté qu’européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Maje
737
mander un accroissement de vos compétences », a-t-
elle
dit aux députés, en ajoutant que la Communauté devrait rompre avec le
738
atie européenne doit voir le jour au xxe siècle,
il
ne nous reste plus que seize ans ! » « Une souveraineté européenne »
739
! » « Une souveraineté européenne » — encore qu’
elle
reste à définir — voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager no
740
os États-nations, parvenus non sans peine à ce qu’
ils
considèrent comme leur « souveraineté absolue ». Seule une reine inco
741
véritablement européenne. 82. Grands partis :
il
convient d’y ajouter un groupuscule intitulé La 3e gauche, formé de «
742
— je m’excuse pour le reste auprès de vous tous.
Il
me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble de
743
par l’importance des thèmes abordés. J’espère qu’
il
ne sera pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pour
744
de certaines littératures, pas toutes, mais enfin
il
y en a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été u
745
à un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu’
il
parlait de notre colloque. J’étais absolument à côté de la réalité. E
746
nous tous. J’ai appris que le Forum culturel dont
il
était question allait commencer à s’organiser en novembre à Budapest
747
Budapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’
il
était la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle avait donné nais
748
ique, qui a déjà eu lieu, puis ce Forum culturel.
Il
s’agit, si j’ai bien compris, d’une réunion intergouvernementale, for
749
rt, les « fonctionnaires gouvernementaux » — faut-
il
comprendre qu’ils ne sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité
750
nnaires gouvernementaux » — faut-il comprendre qu’
ils
ne sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité représentant six-
751
ldizsar a proposé « dialogue multilatéral », mais
il
n’était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une
752
un des hôtes, l’un des organisateurs de Budapest.
Il
nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nomme
753
pparence, et peut donner lieu à une discussion. S’
ils
étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, cher
754
er lieu à une discussion. S’ils étaient d’accord,
il
n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit
755
t, dans le cas présent, la seule voie praticable.
Il
nous faut trouver, en effet, d’abord un langage commun, sinon cela ne
756
après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’
il
n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel homm
757
ypes d’Europe va très loin, d’autant plus loin qu’
elle
ne s’est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moi
758
majorité de l’Asie centrale, mais pas de Byzance,
il
s’agit donc d’une transmission purement culturelle comme on dit aujou
759
iaire de l’Église orthodoxe. Je me suis demandé s’
il
n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai d’autres — d
760
ble, je tiens à le souligner, et d’autant plus qu’
il
en alla de même pour les réponses venues de l’autre côté, et je crois
761
comme celle de Ramuz qui s’est fait une langue qu’
il
voulait absolument purifiée de toute idéologie. Le parallélisme est i
762
vat l’a souligné, était un phénomène universel qu’
il
fallait étudier de près. Voilà encore un autre colloque à préparer po
763
rque de Luis Diez del Corral, sur l’impression qu’
ils
ont ressentie à Madrid en lisant tous les jours les communiqués de pr
764
me en parlant des réactions du tiers-monde, car s’
il
est urgent de définir la culture commune des Européens, c’est pour pr
765
s immenses auparavant dévastées par les insectes,
il
a atténué ou presque supprimé les risques de malaria dans les pays où
766
supprimé les risques de malaria dans les pays où
elle
régnait d’une manière endémique, et puis, ensuite, on s’est aperçu qu
767
été centré sur la culture européenne. Là-dessus,
il
m’est difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait
768
l’on veut faire des fédérations, c’est à cela qu’
il
faut se rapporter. Et puis, ensuite, l’influence du monde arabe à tra
769
de jeunesse, que je crois que Hans Mayer connaît,
il
en a parlé l’an dernier… Finalement, il y a la source slave, à laquel
770
ne fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’
il
a jamais lu Dostoïevski, j’en doute parfois. La source slave, à parti
771
u xxe siècle. Ce qu’on peut dire sur l’Europe, s’
il
faut définir d’un mot sa culture, c’est que c’est une culture qui acc
772
matin, je ne sais plus qui d’entre nous a dit qu’
il
connaissait quatre-vingts définitions de la culture européenne, c’éta
773
lture européenne, c’était peut-être M. Boldizsar.
Il
était onze heures du matin, et je l’ai noté. À cinq heures de l’après
774
. Cela s’était passé très vite, vous le voyez, et
il
n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui étai
775
ait définition de la culture n’était pas culture,
il
avait raison aussi. Donc, la culture européenne peut-être, en premièr
776
exemplifiées par des œuvres et par des personnes.
Il
peut y en avoir des millions, et cela sera juste dans la mesure où ce
777
colloque encore, pour ce groupe. Mais, bien plus,
il
me semble que c’est là, en quelque sorte, le sujet de tous les colloq
778
quelque sorte, le sujet de tous les colloques qu’
il
vaut la peine d’organiser sur le modèle de celui-ci. Ce qui me paraît
779
l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe.
Il
s’agit du n° 3 de 1984 consacré au 35e anniversaire du Conseil de l’E
780
sacré au 35e anniversaire du Conseil de l’Europe.
Il
émane du seul des quinze collaborateurs — cinq présidents et ex-prési
781
ent au sommaire. 1. Les deux responsabilités
Il
existe deux manières d’être responsable. Celle de l’homme d’État au p
782
Les responsables politiques, hommes de pouvoir, s’
ils
échouent, se retirent purement et simplement — ou restent au pouvoir
783
les rappellent en temps et hors de temps, quoi qu’
il
arrive. Je dirai donc comment j’ai perçu et vécu le problème du Conse
784
t l’histoire du xxe siècle furent prises ici. Et
il
ajoutait un peu plus tard à Strasbourg, devant le Parlement européen
785
, la vocation de l’Europe se définit clairement.
Elle
est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la div
786
la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’
il
cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pou
787
e qu’il cherche, la voie des libertés organisées.
Elle
est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’ill
788
qui ne devait être inauguré que l’année suivante,
elle
se tint à l’Université, sous la présidence rassurante d’Édouard Herri
789
Charlemagne, nous l’aurons dans dix ans », me dit-
il
en me serrant la main. Quelques marches plus haut, Léon Maccas, délég
790
aquelle est encore loin de se réaliser…) En fait,
il
ne va rien se passer à cette première session, que des échanges de co
791
0 « jeunes Européens » ont décidé de manifester :
ils
ont été à la frontière franco-allemande toute proche et ont jeté bas
792
ct avec une cinquantaine de « délégués » — puisqu’
ils
ne sont pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du ti
793
us et donc dignes du titre — mon siège est fait :
il
s’agit de modifier essentiellement la formule même de l’Assemblée, et
794
s frappante que je suis bien placé pour savoir qu’
elle
ne fut en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vé
795
écues, et dans l’ordre où j’en pris connaissance.
Il
s’agit de mes Lettres aux députés européens et de la réception qui
796
uropéens , et j’avais obtenu de leur éditeur86 qu’
il
aille lui-même en placer une copie sur chaque pupitre de « délégué »
797
ncipe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’
il
faut aller lentement dans tous les cas […]. Vous allez me parler, je
798
ficultés accumulées sur votre route vers l’unité.
Elles
sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonte
799
un fossé. — Si votre œuvre est de longue haleine,
il
n’y a pas une minute à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui n
800
z-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Europe !
Il
y va de notre indépendance, qui vaut mieux quelles, et quelles sabote
801
qui vaut mieux quelles, et quelles sabotent […].
Ils
nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces d
802
ûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans
elle
. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écou
803
it qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’
ils
se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les so
804
le. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’
ils
ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craint
805
Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’
ils
courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédé
806
professionnels, syndicats patronaux et ouvriers.
Il
en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation
807
le campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’
elle
comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement auss
808
selon l’issue des élections. En d’autres termes,
il
faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Q
809
ré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’
il
faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de S
810
proposerai de l’obtenir de Staline. Car en Europe
il
y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’
811
faites-vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’
il
en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettre
812
nt de Strasbourg ». Je ne sais pas encore de quoi
il
s’agit, mais des députés m’avertissent en passant « qu’il se fera trè
813
t, mais des députés m’avertissent en passant « qu’
il
se fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est ». À la fin
814
é Philip m’expose enfin l’affaire en dix minutes.
Il
s’agit d’un projet conçu par Daniel Villey, jeune professeur à la Fac
815
donner une voix dans le concert international, si
elle
s’enlise dans cette division qui l’empêche aujourd’hui de peser effic
816
peut arrêter le monde sur la pente fatale où déjà
il
s’est engagé ? Si les délégués des peuples européens réunis à Strasbo
817
urg ne font pas l’Europe cette année, qu’y seront-
ils
donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, consomme
818
itisme fataliste qui s’empare de ses populations.
Il
faut que les délégués à Strasbourg rompent avec leur ordre du jour et
819
t avec leur ordre du jour et avec leur statut, qu’
ils
renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’ils jurent de demeurer en
820
u’ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’
ils
jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ils aient donné à l’Europ
821
u’ils jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’
ils
aient donné à l’Europe une constitution fédérale qui sera soumise à l
822
oit être la date d’un second serment qui l’unira.
Il
est très difficile d’espérer que jamais les gouvernements européens c
823
cte fédéral. En revanche, des députés réunis ici,
il
est permis d’attendre un acte de courage, s’ils sentent que l’opinion
824
i, il est permis d’attendre un acte de courage, s’
ils
sentent que l’opinion publique les approuvera et les soutiendra […].
825
h, Carlo Schmid, Retinger et d’autres à l’hôtel.
Il
semble que le Serment va rater, notre texte grignoté par Paul Reynaud
826
s aux députés de l’Assemblée dont on attendait qu’
ils
traversent l’avenue de l’Europe, le Rubicon, en l’occurrence, séparan
827
eraient de siéger à Strasbourg aussi longtemps qu’
il
le faudrait pour faire voter par l’Assemblée la mise en discussion d’
828
ccommodant en direction du Comité des ministres :
il
ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeu
829
nos gouvernements ne voulaient pas l’Europe unie.
Ils
ne croyaient au mieux qu’à une coalition contre Staline, dont ils s’i
830
au mieux qu’à une coalition contre Staline, dont
ils
s’imaginaient d’ailleurs que « l’aide américaine » les dispenserait d
831
4 août : « Avec Mouskhély, mise au point de ce qu’
il
appelle la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous
832
t sous la responsabilité du professeur Mouskhély.
Il
m’avait averti de son projet dès fin août. Il me demande aujourd’hui
833
ly. Il m’avait averti de son projet dès fin août.
Il
me demande aujourd’hui de rédiger le texte du message que le porte-pa
834
des jeunes et lui répondre. Voici le discours qu’
il
entendra : Aux Délégués de l’Assemblée consultative du Conseil de l’
835
t les représentants de la nation européenne et qu’
ils
exigent dans une motion l’établissement d’une Constitution fédérale.
836
e tout en reculant aussitôt devant les mesures qu’
elles
commandent. Libre à certains de refuser l’Europe, mais alors qu’ils l
837
bre à certains de refuser l’Europe, mais alors qu’
ils
le disent clairement. Nous avons le droit d’attendre que vos actes ré
838
retiens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’
elle
serait aujourd’hui simplement impensable : ils exigeraient de « passe
839
u’elle serait aujourd’hui simplement impensable :
ils
exigeraient de « passer à la télé », ce qui est facile, mais aussi de
840
ue nous avions en vain espéré de Strasbourg. Mais
il
naquit d’une décision prise, à Luxembourg, par les ministres des six
841
urg et par l’art. 38 du traité instituant la CED…
Elle
tint sa première session cinq jours plus tard et nomma une commission
842
it terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’
elle
fit ponctuellement. Comment caractériser en peu de mots l’originalité
843
1 du Courrier fédéral 92 daté d’avril 1953 : S’
il
fallait à tout prix expliquer le projet selon le vocabulaire ancien q
844
rojet selon le vocabulaire ancien que précisément
il
dépasse, on dirait que la Communauté proposée est une confédération d
845
dispensable, de fonctionner comme une fédération.
Il
est utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à no
846
rainetés sans en aucune façon les « abandonner »,
ils
ont donné naissance à un pouvoir central93, strictement délimité, qui
847
ra finalement condamné par le rejet de la CED, qu’
il
était censé « chapeauter » avec la CECA. Cette belle initiative, si
848
les Communautés économiques européennes ou CEE :
elle
eût, de toute manière, échappé à la sphère politique du Conseil de l’
849
me suis reporté à mes notes de journal de 1950 :
il
me semblait que j’allais y retrouver quelque chose qui n’était pas sa
850
-H. Spaak : — Les fédéralistes veulent tout, mais
ils
ne tiennent pas compte des obstacles réels. Moi — Il faut des utopist
851
ne tiennent pas compte des obstacles réels. Moi —
Il
faut des utopistes qui affirment le but, cela seul rend possible bien
852
ignait enfin les fédéralistes, mais en même temps
il
s’en allait. Pour tous ceux qui avaient mis leur espoir dans l’avenir
853
lles, et plus européens encore par les espoirs qu’
ils
mettent dans un avenir d’union qui traduirait en libertés proprement
854
un même mouvement l’Europe et sa culture commune.
Il
est vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ont guère pris fo
855
urtout à la défense des libertés politiques et qu’
il
représente la totalité des peuples de l’Ouest du continent, donc de l
856
a CEE à « commencer par la culture ». Encore faut-
il
que le verbe commencer soit pris ici dans toute la force de son sens
857
moyens politiques et les activités économiques qu’
elle
met en œuvre à leur service. La plus remarquable réalisation du Conse
858
ronde de l’Europe, réunie à Rome en octobre 1953.
Elle
siégea sous les lambris dorés du Palais Aldobrandini, et la séance de
859
des travaux de Rome. D’une manière significative,
ils
se divisèrent en un groupe civilisation, rapporteur le philosophe Gab
860
t pas première, n’est pas directrice et rectrice,
elle
n’est rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambiti
861
l’échelle de l’Europe, inutile d’en parler ici. S’
il
entend n’affirmer que des généralités acceptables par des ministres r
862
ration européenne sur les objectifs culturels 96.
Il
s’agissait, à l’origine, de proposer une Charte européenne de la cult
863
jetait l’idée d’une Charte (pourtant proposée par
elle
dans sa session de 1978) et décidait … d’élaborer une Déclaration eu
864
’importance des valeurs culturelles. À cette fin,
ils
ont invité le Comité des ministres du Conseil de l’Europe à demander
865
surer la liberté — promouvoir la participation ».
Ils
affirment que « la finalité de nos sociétés est de permettre à chacun
866
n. On nous apprend d’abord que pour les ministres
il
n’y a pas une culture commune des Européens (formée au cours de trois
867
ux est deux fois millénaire, comme on sait). Faut-
il
en conclure que les nations où ont prévalu les cultures « humanistes
868
bre, et être libre en vérité, que là seulement où
il
est en mesure d’assumer des responsabilités réelles, dans un milieu d
869
des responsabilités réelles, dans un milieu dont
il
connaît bien les problèmes et les ressources. Tout le reste est litté
870
et les ressources. Tout le reste est littérature.
Il
n’y a pas de libertés sans responsabilités correspondantes, comme, en
871
r, nul n’est tenu pour responsable de ses actes s’
il
ne les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour ass
872
désormais, ont pris l’habitude du sur-place ; qu’
ils
ont pris leur parti d’avoir passé un tiers de siècle à ne plus avance
873
du CE et les vingt-sept années de la CEE, quoi qu’
il
en soit des qualités et des défauts intrinsèques de chaque institutio
874
osophique, c’est-à-dire de contestation, pourra-t-
il
être une occasion privilégiée de la prise de conscience que j’appelle
875
t ce qui est urgent, et qui commande le reste : —
il
s’agit d’unifier les actions parallèles du CE et de la CEE, — et de l
876
de la Constitution fédérale de la Suisse (1848),
il
préconise un Pouvoir fédéral né d’une délégation de souveraineté des
877
ût, à l’université, L. Benvenuti, député italien (
il
sera plus tard secrétaire général du CE), dont les interventions rapp
878
portées par Le Monde m’ont paru de premier ordre.
Il
me dit : « Monsieur, vous êtes l’homme qui nous oblige tous à méditer
879
rs : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’
il
nous adresse… », puis le sénateur Casati, à propos du Centre européen
880
laient se révéler journées des dupes, hélas. 89.
Il
deviendra notre collaborateur le plus actif au Centre européen de la
881
et puis deux livres très importants pour moi, qu’
il
faudra que je réécrive presque entièrement, bien que j’aie déjà cent,
882
r, l’abandonner en chemin comme un pauvre enfant.
Il
faut absolument que je mette sur pied avec de nouveaux collaborateurs
883
acides et des bases dans des espèces de crèmes qu’
il
fabriquait avec de la colle. J’ai été fasciné par cela, je me suis mi
884
crèmes que je composais longuement, d’après ce qu’
il
m’indiquait dans ses livres, je les mettais au fond d’une éprouvette,
885
te qui poussait en deux ou cinq minutes, et quand
elle
arrivait en haut de l’éprouvette cela donnait une sorte de champignon
886
éponse immédiate du directeur (sans doute croyait-
il
que j’étais un jeune professeur d’université). Je me suis révélé ains
887
phie, Denis de Rougemont est parti pour Paris, où
il
a travaillé auprès de maisons d’édition et écrit les premières œuvres
888
la France est le pays même de la centralisation.
Il
est vrai qu’il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avai
889
ique, une conception de l’Europe, d’une Europe qu’
il
fallait fédérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce terme
890
s responsabilités en leur donnant le sentiment qu’
ils
ne sont pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma philo
891
mes livres : l’homme est libre dans la mesure où
il
est responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans l
892
est libre dans la mesure où il est responsable. S’
il
ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’es
893
être responsable de son rôle dans la vie civique,
il
n’est pas libre. De même qu’en justice, on sait très bien que si vous
894
tique que nous avons fait de la société actuelle.
Elle
a porté des fruits dans pas mal de domaines de la politique et de la
895
États-nations, se préparer ; les totalitaires, qu’
ils
soient de gauche ou de droite, les fascistes italiens, les nazis alle
896
sistance qui ait été créé en Europe, heureusement
il
n’a jamais eu à entrer en fonction contre les Allemands. Alors que no
897
anuscrit à mon beau-frère qui était à la censure.
Il
m’a dit : « Tu peux être tranquille, ça ne passera jamais, c’est beau
898
ette de Lausanne sans plus penser à mon article.
Il
était en première page, et le titre en était : « À cette heure où Par
899
e tombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’
il
ne voulait pas s’occuper de la chose. Le général Guisan m’a donné alo
900
pétez. » J’ai répété comme on doit le faire, puis
il
m’a dit, comme on doit le faire aussi : « Avez-vous des observations
901
s cette insolence, on a bu un verre ensemble puis
il
m’a dit : « Alors vous avez bien compris : à partir de maintenant, vo
902
, mais cela devenait difficile et risqué parce qu’
elle
comptait des membres clandestins dans l’armée. Si bien que quand la F
903
Rougemont est resté aux États-Unis jusqu’en 1946.
Il
donne des cours à l’École libre des hautes études, puis entre à l’Off
904
des, puis entre à l’Office of War Information, où
il
devint le principal rédacteur de la « Voix de l’Amérique », en langue
905
e la « Voix de l’Amérique », en langue française.
Il
fréquente alors le groupe des surréalistes exilés, se lie d’amitié av
906
n, Consuelo et Antoine de Saint-Exupéry. En 1944,
il
reçoit un « fellowship » de la Fondation Bollingen qui lui permet d’é
907
nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe,
il
n’y aura qu’une chose à faire, c’est une fédération européenne. Je n’
908
port de l’homme à la société, à quels dangers est-
il
exposé ? Notre mouvement, qui s’appelait « mouvement personnaliste »
909
rce que, dans ce monde immense des États-nations,
il
perd sa responsabilité. Il ne peut plus être un citoyen libre et resp
910
nse des États-nations, il perd sa responsabilité.
Il
ne peut plus être un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que
911
que pour l’Europe. Les dangers sont innombrables,
ils
proviennent tous de la même cause, car dans le monde des États-nation
912
américaines, à la demande de la Maison-Blanche :
il
est parfaitement établi aujourd’hui qu’une guerre atomique, même loca
913
quoi ? Parce que l’homme a oublié les finalités :
il
croit que la finalité c’est la puissance. Or, la finalité c’est évide
914
monde, les puissances d’argent, manipulent comme
ils
le veulent, mais comme un sujet, un homme libre et responsable, ce qu
915
appelons une personne. Donc, et là je me répète,
il
faut que la société soit faite pour l’homme, et non le contraire. Les
916
te vers autrui. Mais comment ce sentiment devient-
il
un facteur de libération et de dépassement pour l’homme ? Ne peut-il
917
bération et de dépassement pour l’homme ? Ne peut-
il
devenir facteur de destruction de l’autre et de soi-même ? Quand on p
918
’on est en train de fabriquer, le choix est fait.
Il
est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vrai amour.
919
ecevoir un manuscrit d’un jeune colonel français.
Il
s’agit d’un livre qui s’appelle La France et son armée. » L’auteur s’
920
mmée « société de masse » : l’individu s’y dilue,
il
est difficile d’en comprendre les mécanismes, d’y faire ses choix en
921
issance de cause. À quelle condition l’homme peut-
il
se sentir véritablement citoyen ? Comment l’homme peut-il réaliser da
922
ntir véritablement citoyen ? Comment l’homme peut-
il
réaliser dans la vie quotidienne les principes que vous énoncez ? Pou
923
re et responsable, et aimer d’une manière active,
il
faut absolument de petites communautés. Nous ne sommes pas faits pour
924
e centralisatrice apparaît en Suisse, tendance qu’
il
nous faut combattre. Si les finalités sont liberté, responsabilité, a
925
utés ne doivent pas être fermées sur elles-mêmes,
elles
ne pourraient pas vivre. Aucune communauté n’est suffisante en soi, n
926
en soi, ne peut constituer une petite autarcie :
elles
doivent communiquer entre elles, elles ont des intérêts communs. Par
927
petite autarcie : elles doivent communiquer entre
elles
, elles ont des intérêts communs. Par exemple, il y a une communauté q
928
autarcie : elles doivent communiquer entre elles,
elles
ont des intérêts communs. Par exemple, il y a une communauté qu’il no
929
ts communs. Par exemple, il y a une communauté qu’
il
nous faut restaurer : je pense à la région où j’habite, celle du lac
930
ue ces régions ont en commun depuis des siècles),
il
faudrait arriver à faire une sorte d’unité nouvelle, définie par l’ha
931
traires, en morceaux qui ne correspondent à rien.
Il
faut d’abord concevoir, imaginer, et ensuite réaliser de proche en pr
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réelles s’unissant peu à peu, librement. C’est à
elles
de choisir avec qui elles veulent s’unir, se fédérer, se confédérer,
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peu, librement. C’est à elles de choisir avec qui
elles
veulent s’unir, se fédérer, se confédérer, comme les Suisses l’ont fa
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ù la voix d’un homme peut se faire entendre. Donc
il
nous faut recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions et abouti
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rme mon action ? Eh bien, je me suis dit : puisqu’
il
nous faut partir d’une finalité de l’homme et des valeurs les plus co
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es plus communes aux Européens, cela veut dire qu’
il
nous faut partir de la culture. Je conçois la culture comme l’ensembl
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et des valeurs communes à tous les Européens, qu’
ils
soient Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont beauc
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Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses.
Ils
ont beaucoup de choses en commun depuis des siècles, depuis des millé
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cles, depuis des millénaires, et c’est de cela qu’
il
faut partir, c’est là-dessus qu’il faut bâtir. Non pas sur l’obsessio
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est de cela qu’il faut partir, c’est là-dessus qu’
il
faut bâtir. Non pas sur l’obsession de fabriquer des armes qui pourro
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séance de clôture lit le Message aux Européens qu’
il
a été chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » cha
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sage aux Européens qu’il a été chargé de rédiger.
Il
ouvre à Genève un « Bureau d’études » chargé d’organiser la Conférenc
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ion, en nous disant que si on veut faire l’Europe
il
faut d’abord faire des Européens, et non pas de petits Français, de p
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ué en lui un sentiment de solitude et d’amertume.
Il
nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous
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l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle
il
est attelé avec passion aura pour titre La Morale du But , la politi
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it la dernière guerre du genre humain, après quoi
il
n’y aurait plus personne pour en parler. Éviter la guerre, concrèteme
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ment, cela leur permet de dominer le tiers-monde.
Ils
s’entendent, je crois, dans le fond très bien, beaucoup mieux qu’on n
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si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car
il
n’y a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut être mangé à la
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ricains 230, total 490 millions. Les Européens, s’
ils
s’unissent tous, non seulement ceux de l’Ouest, mais ceux de l’Est, R
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ceux de l’Est, Russes exclus, savez-vous combien
ils
seraient ? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes et les Amér
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e que l’Europe est écrasée entre les deux Grands.
Elle
se sent écrasée parce qu’elle n’est pas unie. Donc la première chose
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re les deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’
elle
n’est pas unie. Donc la première chose à faire, c’est une union europ
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et empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’
il
est utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europ
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que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europe ?
Ils
ne demandent que ça. J’en ai des preuves quasi quotidiennes : j’ai de
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es quasi quotidiennes : j’ai de bons amis là-bas,
ils
m’écrivent souvent, me téléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu
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me téléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu’
ils
sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Oues
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ous que cela repose, c’est sur notre action. Donc
il
faut être pessimiste : si on laisse les choses aller — et elles ne po
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e pessimiste : si on laisse les choses aller — et
elles
ne pourraient qu’aller plus mal vers la catastrophe totale — en revan
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tiques, qui disaient encore il y a trente ans : «
Il
faut faire l’Europe sur des réalités solides, réalistes, économiques
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i voulaient baser l’Europe sur l’économie. Lorsqu’
il
me parlait un peu, de temps en temps, de ce que je faisais, il me reg
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un peu, de temps en temps, de ce que je faisais,
il
me regardait avec un sourire condescendant, l’air de penser : il y a
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n, on lui attribue cette phrase, je ne sais pas s’
il
l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’
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ette phrase, je ne sais pas s’il l’a écrite, mais
elle
a été souvent citée ces derniers mois : « Si c’était à recommencer, j
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données. Il y a le grand problème de l’écologie.
Il
faut éviter que la préparation à la guerre détruise notre nature, not
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déjà deux objectifs immenses, et pour y parvenir
il
faut donner aux hommes d’aujourd’hui l’idée que leur sort dépend d’eu
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d’aujourd’hui l’idée que leur sort dépend d’eux.
Il
faut dire aux hommes : « Vous devez choisir maintenant, est-ce que vo
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ésir de liberté et un certain désir de puissance,
il
faut le reconnaître. J’en suis venu à résumer cette idée dans mon der
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part et la liberté de l’autre. Dans les deux cas,
il
s’agit d’un pouvoir. La puissance, écoutez bien cela, car toute ma pe