1
quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien
n’
avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temp
2
ré à nu ces prétentions, mais les États bourgeois
n’
ont plus guère à lui envier qu’un degré supérieur de logique dans l’ap
3
itoire ennemi. Je fais de la politique pour qu’on
n’
en fasse plus, ou plutôt pour qu’un jour des hommes comme moi qui n’on
4
u plutôt pour qu’un jour des hommes comme moi qui
n’
ont le goût ni des habiletés ni des contraintes qu’il y faut, puissent
5
ésordre de l’époque. […] Voici notre désordre. On
ne
peut plus penser sans buter aussitôt contre un dilemme absurde : ou b
6
écouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce
n’
était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvo
7
truche. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être
ne
l’est-elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Pla
8
uvelle révolution française. Leur anticapitalisme
n’
est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine m
9
tale d’une politique stalinienne ou fasciste, qui
ne
connaît plus d’autre autorité que la police, plus d’autre unité que l
10
t de signer quelques appels à l’Opinion publique,
n’
engagent à rien, personnellement. Il se peut que cela tranquillise des
11
ieusement nos angoisses ; il est certain que cela
n’
est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant qu
12
ses ; il est certain que cela n’est pas pratique,
ne
sert à rien et détourne d’agir au moins autant que de penser. Entre
13
e sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité
n’
est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de libert
14
rgeois, chez nous, se croit encore tranquille. On
ne
le laissera plus tranquille bien longtemps. Je proposais alors une t
15
s buts de ces institutions. Les buts, à mes yeux
n’
étaient pas la puissance et la production, mais « une politique à haut
16
a dictature, parce que le centre vivant d’un pays
n’
est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des
17
nisé. Le but de la société, c’est la personne. On
n’
y atteindra jamais que par une politique établie dès le départ à ce ni
18
nce imaginaire, fantasme typique du bourgeois qui
ne
sait pas qu’il est lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre
19
erminer l’axe de référence. La liberté de penser
ne
doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on l
20
ns idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’elle
n’
a plus de condition concrète. La pensée qui agit n’est pas libre, mais
21
’a plus de condition concrète. La pensée qui agit
n’
est pas libre, mais au contraire libératrice. Et c’est une tâche révol
22
xistes, pour que l’histoire dure, — après tout ce
n’
est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pou
23
e. Il me rappelle que la pensée en tant que telle
n’
est jamais séparable de sa création qui la sanctionne au double sens d
24
ndent et définissent une liberté de la pensée qui
n’
est au vrai qu’une assurance contre toute espèce de sanction. Il est c
25
ette liberté-là, garantie par les lois de l’État,
ne
sera jamais que servitude pour le penseur, s’il sait que la violence
26
e la seule autorité valable. La liberté de penser
n’
est réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de
27
mades extérieures, dont l’injustice ou la sottise
ne
confèrent pas nécessairement quelque héroïsme à leurs victimes accide
28
a perte », dit Kierkegaard. Penser avec les mains
ne
peut être en tout temps qu’une activité subversive, non moins qu’ordo
29
e immédiate à chaque progrès du discours et qu’il
n’
en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait dés
30
ès du discours et qu’il n’en sorte pas intact ! «
Ne
rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme q
31
qui se hâte », écrivait Nietzsche. Nous dirions :
Ne
rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme q
32
de refuser le premier pas dans l’immédiat. Alors,
n’
acceptons-nous plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous o
33
’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ils
n’
avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore
34
n nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il
n’
est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été
35
acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui
n’
ait été vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si
36
des « intellectuels » français. Mais si le monde
ne
s’en porte pas mieux, l’intelligence n’y gagne guère. […] Pour qu’une
37
le monde ne s’en porte pas mieux, l’intelligence
n’
y gagne guère. […] Pour qu’une pensée s’engage dans le réel, il ne fau
38
[…] Pour qu’une pensée s’engage dans le réel, il
ne
faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités
39
ensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il
ne
saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignore o
40
interne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce
n’
est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que
41
mer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce
n’
est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son
42
S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce
n’
est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici pl
43
n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce
n’
est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d
44
torité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce
n’
est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politi
45
e d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce
n’
est pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’e
46
libéralisme qui a répandu l’idée que l’engagement
ne
peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis
47
t ne peut être qu’un esclavage. La liberté réelle
n’
a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins
48
sse ouvrière, écrit p. 316 du même volume : Rien
ne
nous assure que la littérature soit immortelle ; sa chance aujourd’hu
49
pe sous toutes les apparences d’une dictature. Je
ne
cesserai pas pour si peu, de professer une notion de l’engagement qui
50
te-cinq ans de retard — que le terme d’engagement
ne
fut pas notre invention, objectivement du moins. Voici le passage :
51
u nom de la seule réalité de leur nation ou de je
ne
sais quelle « mondialité », je notai cette définition et la fis circu
52
on et la fis circuler mine de rien : « L’Européen
ne
serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans
53
hétique. Cent-cinquante pages seulement, mais qui
ne
laissent pas le sens critique du lecteur s’endormir une seconde ; soi
54
quement, c’est au mythe du Progrès inévitable que
ne
tardera pas à répondre le mythe du Déclin final de l’Occident. À l’op
55
ropéocentrisme fanatique et d’un progressisme qui
n’
admet aucune limitation, contestation, ou qualification, va s’opposer
56
dépend pour retrouver les chemins de la création
ne
se trouvent pas seulement dans les salles des musées d’ethnographie,
57
de l’Europe ou tout au moins de sa culture. Mais
ne
serait-ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouveau de l’aventure
58
quelle, par cet acte même il s’insère ? Peut-être
n’
est-il rien au monde de plus difficile à rejeter qu’une culture faite
59
en littérature et en philosophie comme en morale,
n’
est-il tout simplement que le pompier ? Voire celui qui entend faire p
60
ve ». Dans cette optique, l’explosion surréaliste
ne
m’apparaît nullement comme un moment caractéristique de « l’antieurop
61
0). Bien au contraire ! Les textes cités d’Aragon
ne
sont d’ailleurs typiques que de l’irresponsabilité congénitale du per
62
nnage. Ses insultes contre la Patrie et la France
ne
sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront quelques années
63
rance ne sont certes pas plus antieuropéennes que
ne
le seront quelques années plus tard les poèmes de « La Diane français
64
les mêmes publient des revues que pas un ouvrier
n’
aura jamais l’idée ou l’occasion d’ouvrir, pour ne rien dire de sa cap
65
n’aura jamais l’idée ou l’occasion d’ouvrir, pour
ne
rien dire de sa capacité de les comprendre. Mais il serait vain de ch
66
ui que toute la terre copie au xxe siècle. Et je
ne
cesserai de dresser cette image comme celle du modèle directeur de la
67
peu, à extirper de notre continent — le seul qui
ne
compte aujourd’hui ni dictature militaire ni règne d’un parti unique.
68
règne d’un parti unique. La véritable anti-Europe
ne
serait-elle pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dé
69
d’intention qu’une certaine gauche intellectuelle
ne
manquera pas, sinon d’instruire — elle ne le pourrait — du moins de s
70
ctuelle ne manquera pas, sinon d’instruire — elle
ne
le pourrait — du moins de suggérer qu’il y aurait lieu de l’instruire
71
aurait lieu de l’instruire contre l’auteur. « Je
ne
me fais pas ici le défenseur des politiques de conquête du passé ou d
72
mieux encore : « Terre de civilisation, l’Europe
n’
est pas à l’abri de tout soupçon. Je ne commettrai pas l’erreur de vou
73
, l’Europe n’est pas à l’abri de tout soupçon. Je
ne
commettrai pas l’erreur de vouloir la blanchir de toutes les fautes e
74
Molnar8 : « Pour Marx et Engels, la colonisation
n’
est au fond que l’épiphénomène ou le corollaire d’un processus histori
75
résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’elle
ne
cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se détourne de
76
cipation des citoyens à leurs propres destins. Il
ne
s’agit plus désormais, de projeter dans l’espace lointain ni dans le
77
la personne, est mort ou doit mourir bientôt, il
n’
y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on ne
78
il n’y aura plus d’Europe digne du nom ; et s’il
n’
y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront encore s’
79
pe digne du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on
ne
voit pas très bien comment pourront encore s’épanouir les personnes,
80
de la mort de Dieu entraînant la mort de l’homme
ne
peut être qu’une fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n
81
ausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il
n’
était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme,
82
si Dieu est mort, c’est qu’il n’était pas Dieu ;
n’
existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’image de D
83
c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il
ne
pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu, était mort, co
84
, était mort, comment le saurions-nous ? Personne
n’
a jamais dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu’il ment. La p
85
ort » sans démontrer par là qu’il ment. La phrase
ne
sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière
86
phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite,
ne
sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans faciles à écarter —
87
chacun de ces slogans faciles à écarter — mais on
n’
a écarté qu’un slogan — nous distinguons un dessein beaucoup moins mél
88
évi-Strauss), il sera rendu à l’innocence, car on
ne
condamne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’il n’était pas resp
89
damne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’il
n’
était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime,
90
t démontrer qu’il n’était pas responsable, que ce
n’
est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le domin
91
ss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’il
n’
est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du même
92
cessité pour le « vieil homme » de « mourir ». Il
n’
est question que de « dépouiller le vieil homme », de devenir une « no
93
nouveaux » de l’utopie dont on nous parlait hier,
ne
sont que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce que le « vieil h
94
ses prochains, car l’unicité même de sa vocation
ne
peut être assumée, agie, réalisée, que dans la réalité d’une communau
95
nctions différentes d’une seule entité, les Pères
ne
trouvaient pas de mot grec. Ils prirent alors le terme romain de pers
96
les Choses, explique que l’homme au sens moderne
ne
peut être pensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela, il ne dispo
97
ensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela, il
ne
disposait pas, nous dit-on, des instruments nécessaires pour penser «
98
’homme ». Pour Athanase et les Pères de Nicée, il
ne
s’agissait pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet est une cré
99
prit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’il
n’
a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse un peu aberrant
100
rtes (évidemment pour cette raison) : « Celui qui
ne
croit pas en Dieu ne peut pas faire de physique ». À toutes les école
101
cette raison) : « Celui qui ne croit pas en Dieu
ne
peut pas faire de physique ». À toutes les écoles qui annoncent la mo
102
, c’est-à-dire à l’évacuation du sujet humain. Il
n’
y a donc plus de sciences humaines possibles, n’y ayant plus d’homme,
103
l n’y a donc plus de sciences humaines possibles,
n’
y ayant plus d’homme, plus de sujet à examiner… Et c’est aussi le résu
104
une culture européenne. Ils en viennent à admirer
n’
importe quoi qu’on dit « sauvage » (mais où le dit-on hors de Paris ?)
105
nnie même, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce
n’
est pas vous qui parlez ou agissez — nous répètent les structuralistes
106
re du pouvoir, du ça qui va sans dire parce qu’il
n’
osera jamais s’avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en disp
107
pour l’en dispenser. Le danger du structuralisme
n’
est pas que cette doctrine fasse des millions d’adeptes, et qui décide
108
fasse des millions d’adeptes, et qui décident de
ne
rien faire parce que ça se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce
109
de ne rien faire parce que ça se débrouillera et
n’
est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose le
110
érer de leur éventuelle culpabilité. Car l’Europe
ne
se fera pas toute seule, ne sera jamais faite par le ça, mais uniquem
111
abilité. Car l’Europe ne se fera pas toute seule,
ne
sera jamais faite par le ça, mais uniquement par des personnes, à la
112
homme libre dans la société, cesser de dire qu’on
n’
y peut rien. Le civisme est le fait de la personne. Mais point de pers
113
villes millionnaires par exemple. Mais pour qu’on
n’
étouffe pas dans les petites unités, encore les faudra-t-il ouvertes l
114
a « mort de l’homme », le projet d’une Europe qui
ne
sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos co
115
il dérive nécessairement du christianisme (ce qui
n’
est pas le cas), mais pour s’il est commandé par Staline, par Mao ou s
116
urope « C’était fini ! » L’Europe en formation
ne
semble pas du tout mal vue des Européens, en ce sens qu’ils la consid
117
ement atteint. Faut-il en conclure que « L’Europe
n’
intéresse plus », comme le répètent depuis plusieurs années la plupart
118
ntéresse au sens fort les Européens d’aujourd’hui
n’
est pas d’abord celle de l’économie et du libre-échange commercial, ma
119
présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là
ne
peut pas « agoniser » puisqu’elle n’a jamais existé, et l’on peut dou
120
te Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’elle
n’
a jamais existé, et l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi longte
121
e émotion dans la voix et parfois même avec un je
ne
sais quoi de complaisant dans la résignation, voire de sournoisement
122
er que tout cela soit perdu, — comme si tout cela
n’
était pas nous ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres,
123
« L’Europe agonisante », c’est quelque chose qui
ne
les concerne en rien, personnellement. Ils en parlent comme on parle
124
me on parle de malheurs étrangers, de la mort qui
n’
arrive qu’aux autres. Mais sont-ils bien conscients du fait inéluctabl
125
re de l’Europe dont ils parlent. Cette « Europe »
ne
serait-elle qu’un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’une alli
126
économique ? Qu’une alliance d’États souverains ?
Ne
doit-elle pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs p
127
tion socialiste » consacrée à l’Europe et dont il
ne
faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour objet
128
pe, on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’il
n’
y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-là
129
Debré et Giscard, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe
ne
serait même pas mentionnée par la presse. Un fait demeure : en France
130
irait que l’Allemagne reste indifférente, et l’on
n’
entend rien venir d’outre-Manche — l’Europe ne cesse d’être « ennuyeus
131
’on n’entend rien venir d’outre-Manche — l’Europe
ne
cesse d’être « ennuyeuse » que si elle ranime les querelles de partis
132
Voilà donc la passion, mais où est l’Europe ? On
ne
voit plus que les partis. Qui va traiter des vrais problèmes ? S’avan
133
liques contre toute forme d’union de l’Europe qui
ne
soit pas l’Europe française. Pour Michel Debré, les choses sont simpl
134
ajeur à la Grande-Bretagne, le régionalisme donc,
ne
cesse d’être utopique, aux yeux de Michel Debré, que lorsqu’il révèle
135
fermement persuadé que les fédéralistes européens
ne
pensent qu’à ça : dépecer la France. « Les soi-disant régionalistes,
136
ce. « Les soi-disant régionalistes, déclame-t-il,
ne
sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’il exècre au point d’
137
çaux, bretons, lorrains, alsaciens, corses ». (Je
n’
ai jamais rien écrit de pareil, ni dans mon dernier livre, ici visé, n
138
aire bien la politique des fédéralistes, laquelle
ne
vise qu’à « démembrer la France » pour « faire l’Europe à la germaniq
139
e, en défaisant la France… En effet, si la France
n’
existait plus, comme tout serait simple ! » On notera que M. Debré n’a
140
mme tout serait simple ! » On notera que M. Debré
n’
a pas cité le titre du livre qu’il se borne à désigner comme mon « der
141
« L’Avenir, c’est notre affaire ! » Michel Debré
ne
pouvait tout de même pas leur révéler que ce titre était celui d’un l
142
-elles seulement verbales pour le moment, mais il
n’
y a pas d’illusions à se faire sur leur traduction en décrets, le cas
143
ébuts au Centre européen de la culture16. Et nous
ne
sommes heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous app
144
ions de l’islam »17. (Cette connaissance mutuelle
n’
aboutit pas au triomphe de l’un des partis, mais à l’entente, peut-êtr
145
anationalité (voir plus haut), le nom du deuxième
ne
peut même pas être prononcé : c’est l’ignoble perversion de « l’infra
146
e commandé par la Raison d’État et la Défense. Il
n’
y a plus de limite au vice, à l’anarchie, à l’infamie : « Dans le faux
147
Ces vices et ces vertus, à l’échelle de l’Europe,
ne
permettent plus, pour l’honnête homme, que la vision d’un continent e
148
attentat délibéré à l’intégrité de la France. Ils
n’
admettent guère qu’une confédération avec veto et possibilité de retra
149
identités. Les héritiers de cette France jacobine
ne
conçoivent pas que l’Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifi
150
obine ne conçoivent pas que l’Europe fédérée (ils
ne
savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation françai
151
faire de même de leur nation. C’est avouer qu’on
n’
a rien compris à la nature même du fédéralisme. C’est oublier, de plus
152
tre le Duché de Bretagne et la Couronne de France
n’
a nullement « défait » la Bretagne, — du moins tant que la France a re
153
les manuels d’histoire français du xixe siècle)
n’
a pas la moindre chance de se reproduire à l’échelle européenne : l’id
154
ma part, bien entendu. Pas plus d’ailleurs que je
n’
en avais donné au Nouvel Observateur qui, quelques mois auparavant, af
155
e fédérée : même avenir (printemps 1979)i Nous
ne
sommes pas réunis pour ébaucher un programme d’action militante, une
156
ique, traduisant des impératifs écologiques. Cela
ne
signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur n
157
erbach selon laquelle les philosophes, jusqu’ici,
n’
ont fait qu’interpréter le monde, alors qu’il s’agit désormais de le t
158
de le transformer ? Marx, auteur de cette thèse,
n’
a transformé le monde qu’à la mesure de ses moyens de philosophe, c’es
159
par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire, eux
n’
ont apparemment rien senti.) Enfin, une circulaire confidentielle de l
160
usse. En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie
n’
est pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’elle e
161
Stefani, sans l’aide desquelles la guerre de 1914
n’
eût pas été concevable. Développements presque aussitôt suivis par l’a
162
e au mot région. Il y a des régions ethniques qui
ne
correspondent à aucun État aujourd’hui existant : Catalogne, Euskadi,
163
l est facile de transposer en termes européens :
Ne
confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une
164
te. Ce que la famille peut faire, la municipalité
ne
doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne do
165
ire. Ce que la municipalité peut faire, les États
ne
doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernem
166
les États peuvent faire, le gouvernement fédéral
ne
doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la pl
167
es écologistes ; — s’il est vrai que ni la région
ne
se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci sans des régions à sa base
168
s’il est vrai enfin que les problèmes écologiques
ne
peuvent être résolus qu’à l’échelle régionale ou continentale, jamais
169
es Neuf21. Encore un mot sur mon titre-slogan. Je
n’
ai pas dit : même combat, mais bien : même avenir. Un combat peut être
170
Ce qu’il m’importait de souligner, c’est que nous
n’
aurons ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obteno
171
o-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous
n’
obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune de ces trois virtua
172
est qu’aucune de ces trois virtualités exigeantes
ne
peut se réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’elle est cel
173
ntreprise par le Shah avec l’aide des États-Unis,
ne
serait-elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie ratio
174
i soient moins attachées à leur identité que nous
ne
le sommes. Un sondage publié par la CEE de Bruxelles fin janvier 197
175
voit qu’en fait la France, très ancienne nation,
n’
a pas peur ; que la Grande-Bretagne, très ancienne nation, a presque a
176
identité dans une union européenne ». L’argument
ne
vaut strictement rien, ne traduit qu’ignorance et myopie historique.
177
uropéenne ». L’argument ne vaut strictement rien,
ne
traduit qu’ignorance et myopie historique. II. Le « volapük » euro
178
nt traduites en « volapük ». À ces fantasmes, on
ne
saurait opposer que la réalité vérifiable des problèmes linguistiques
179
ême la présidence de la Commission par un anglais
n’
apporte pas de changement radical dans cette situation. En sera-t-il d
180
semblée européenne, le général est positif : « On
ne
fera pas l’Europe si on ne la fait pas avec les peuples et en les y a
181
ral est positif : « On ne fera pas l’Europe si on
ne
la fait pas avec les peuples et en les y associant23. ». « C’est un r
182
e, en termes curieux à rappeler aujourd’hui : Il
ne
faut pas mettre la charrue devant les bœufs : il importe d’abord d’ét
183
dou à Jacques Chirac et de Lipkowski à Debré, ils
n’
ont cessé de clamer, depuis dix ans, leur rejet indigné des régions au
184
s problèmes de l’Europe, de 1940 à 1960, le terme
ne
figure même pas à l’index général 29. Il n’empêche que les principaux
185
terme ne figure même pas à l’index général 29. Il
n’
empêche que les principaux ténors de la doctrine — dont M. Debré est l
186
us souvent et le plus volontiers cité par Jouve —
n’
ont cessé de proclamer que le régionalisme assimilé au séparatisme éta
187
aille décisive de son règne. Mais, en même temps,
n’
aurait-il pas choisi de se faire renvoyer par les Français à la rédact
188
e de légendes », cette Iseut que, tel Tristan, il
n’
aime jamais autant que lorsqu’il s’en voit séparé ? (D’où sa secrète,
189
s de confirmation que l’historien le plus méfiant
ne
saurait en exiger. Jean Mauriac a noté au jour le jour et parfois d’h
190
passé sous silence. Pour Philippe de Gaulle, il
n’
y avait pas de doute : l’intention du Général était de mettre la régio
191
marche, ce sera très bien, naturellement ; si ça
ne
marche pas, ce sera très bien aussi… (p. 19) Le 24 avril, au général
192
it que « partir sur le refus d’une grande réforme
n’
est pas mauvais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le reg
193
vais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je
ne
le regrette pas pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas, a
194
le regrette pas pour moi, mais pour la France qui
ne
connaîtra pas, avant longtemps, de vraies régions et qui va se vautre
195
ul, Haut-Adige ; et de régions semi-autonomes qui
ne
sont devenues réalités qu’en 1970. Le régime régional a permis l’acce
196
larer que la formule de développement de son pays
n’
était plus la centralisation, mais la région. L’organisation de 21 « r
197
i-régions. Jamais constitution d’un pays d’Europe
n’
aura proposé une meilleure approximation du modèle fédéraliste intégra
198
une unité. » En aucun cas, le découpage régional
ne
devra établir de frontière au travers d’une telle communauté. 3. La r
199
onomiste ou réductionniste de modèle marxiste. Il
n’
est pas né de quelque stade spécifique de l’économie, ni d’une géograp
200
omie, ni d’une géographie éminemment variable. Il
n’
est pas né de telle étape ou de telle conjoncture historique de l’Empi
201
onscience diffuse et très tardive de sa chute. Il
n’
est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes, de
202
lamer par ses légistes « empereur en son royaume…
ne
reconnaissant aucun supérieur sur ses terres », c’est-à-dire récusant
203
e tes intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu
n’
as pas souci de nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfrag
204
ments toujours plus lourds et la hausse des prix,
ne
peuvent être enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux
205
peut se concevoir. […] Aux yeux de la raison, il
n’
y a pas, pour des États entretenant des relations réciproques, d’autre
206
res, les frères Schlegel, dont l’européocentrisme
ne
le cède en rien à celui de Hegel ; puis à leur suite, Auguste Comte,
207
ective, en vue d’une guerre générale que personne
ne
veut, paraît-il, que tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. E
208
la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays
n’
aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de ses rai
209
si peu que ce soit la politique des États-nations
n’
en apparaît que plus décourageante. La génération suivante, que l’on a
210
pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV
n’
existe pas — auxquels se joindront généreusement parmi les aînés Jacqu
211
stance de neuf pays35, le mouvement personnaliste
ne
consiste encore, aux yeux du grand public et surtout des pouvoirs, qu
212
de septembre 1946, se produit quelque chose qu’on
n’
avait pas vu depuis treize ans : non seulement Allemands et Français,
213
des pays de l’Axe, ou occupés par Hitler, qu’ils
ne
connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinelli, Hen
214
uve que l’on prend la culture au sérieux, qu’elle
n’
est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je form
215
à Bruges et à Genève — où ils existent encore, et
n’
ont cessé de manifester, depuis trente ans, leur vitalité créatrice. P
216
. Mais quelques noms si prestigieux qu’ils soient
ne
font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des congrès f
217
», les Européens et les européistes d’aujourd’hui
n’
entendent plus comme en Grande-Bretagne « les beaux-arts », ni comme e
218
monde des libertés « formelles » où les majorités
ne
dépassent pas 100 %. Mais l’effet de Lausanne sur les « intellectuels
219
, sinon même négatif. Ceux qui étaient engagés là
n’
ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se
220
ent différente et de comprendre qu’aujourd’hui il
ne
peut plus être question d’une culture française, pas plus que d’une c
221
a culture française ; mais cette unité de culture
n’
aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas
222
mais cette unité de culture n’aura aucun sens et
ne
sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un ef
223
aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle
ne
se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour réa
224
nent appuyer la cause de la fédération européenne
ne
sont pas ceux qui se prévalent de la supériorité culturelle de l’Euro
225
nom de Progrès. Les vrais Européens d’aujourd’hui
ne
sont pas ceux qui recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’il
226
renions conscience du fait fondamental que « nous
n’
avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est ce
227
i d’abord elle parvient à le vivre. Autrement, on
ne
la croira pas. Car ainsi que le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemp
228
si que le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemple
n’
est pas le meilleur moyen d’agir sur les hommes, c’est le seul ». Ap
229
d’écoles nouvelles… Après la guerre de 1939-1945
ne
surnage plus que la NRF qui a perdu son aura d’avant-garde. Quelque
230
rkur à Stuttgart et Der Monat à Berlin. Plusieurs
ne
survivront pas à la dissolution du Congrès pour la liberté de la cult
231
depuis 1938 et d’ Esprit , qui dure encore, mais
ne
parle de l’Europe que pour mettre en garde contre les illusions et le
232
les illusions et les dangers de l’européisme, on
ne
trouve aujourd’hui en France que deux ou trois mensuels de modeste pr
233
déralistes français, européens, ou mondiaux. Rien
n’
est moins à la mode que l’Europe, sinon son union fédérale, dans les m
234
ais en cette fin des années 1970. 32. L’Europe
n’
était guère représentée, jusqu’à l’époque carolingienne, que par les «
235
on de juridiction, assurent leur propre police et
ne
dépendent ni des pouvoirs de la ville ni de ceux de l’Évêque, ni même
236
ille ni de ceux de l’Évêque, ni même du Roi, mais
ne
relèvent que du pape, garant de leur autonomie. Chacune de ces entité
237
r excellence, ces communes du savoir, autogérées,
n’
ont rien de national au sens actuel. La Sorbonne, qui sera le collège
238
un hasard, que pas un seul durant ce demi-siècle
n’
est français. L’université, c’est l’Europe. Les maîtres groupent autou
239
liberté académique » — comme on dira lorsqu’elle
ne
sera plus qu’un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine e
240
est à ce moment pleine et entière. L’Europe, qui
ne
s’appelle encore que la chrétienté, n’a jamais été plus européenne.
241
urope, qui ne s’appelle encore que la chrétienté,
n’
a jamais été plus européenne. II. De l’autonomie à l’étatisation
242
se situent à l’intérieur même de l’Université, et
ne
cessent de renaître, même lorsqu’une autorité interne ou externe a ét
243
trancher le débat… La grande époque du Moyen Âge
ne
se caractérise nullement par l’esprit d’orthodoxie politico-policière
244
emier. Séparées les unes des autres, les Facultés
ne
sont plus que des écoles professionnelles au service de l’État-nation
245
et de réforme d’Edgar Faure, un fait demeure : il
n’
a conduit qu’à l’éclatement définitif en instituts spécialisés de l’Un
246
à fait abusivement d’« universités », alors qu’il
ne
s’agit en fait que de Facultés au sens qu’a gardé le terme dans le re
247
qui est en fait échange des points de vue. Et je
ne
dis pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient facilement
248
versité, juxtaposition de spécialistes dont aucun
n’
entend plus le jargon du voisin, par l’évocation d’une utopie qu’on vo
249
oirement suivie d’une discussion réglée. Ici l’on
n’
impose pas une image du monde : on la cherche en commun, sans relâche.
250
utuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils
ne
peuvent appartenir à la même spécialité. Quant au contenu : seuls son
251
s tropicales, africaines, indaméricaines, etc. Il
n’
existe pas, ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’européologie.
252
tandis qu’elle s’interroge elle-même plus qu’elle
n’
a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un tel cent
253
Arts Combinatoria. Mais cet Institut de synthèse
ne
serait-il pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moi
254
hindouisme : le vrai spirituel, celui à qui rien
n’
appartient, n’appartient plus à rien. Il est le Réalisé, en complète i
255
le vrai spirituel, celui à qui rien n’appartient,
n’
appartient plus à rien. Il est le Réalisé, en complète indifférence au
256
naît quand on les cite, disent eux aussi : « Nous
n’
avons pas ici-bas de cité permanente », décrivent l’homme comme « étra
257
os), mais lieu réel de l’aventure spirituelle, on
ne
peut le comparer dans la tradition occidentale, chrétienne, qu’aux «
258
, mais presque inévitable. Thomas More, en somme,
n’
a fait que placer dans le temps de l’Histoire et l’espace de la Terre
259
in illo tempore. Thomas More sait que le Royaume
n’
est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit,
260
s l’ordre éthique, c’est-à-dire d’une décision de
ne
pas tenir compte des finalités, mais seulement des processus mécaniqu
261
les autres activités conçues auparavant, qu’elle
n’
est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalité. La t
262
lle échappe à la mortalité. La technique en effet
n’
est régulée ni par sa fonction ni par ses finalités génériques ou spir
263
intes de lieux et de dépendances naturelles. Elle
ne
bute contre ses limites qu’au moment où l’action de l’homme sur les é
264
« mal compassées » eût dit Descartes — les carrés
ne
puissent plus être bien réguliers). L’idée générale est de détruire l
265
lir par la guerre au-dehors la tranquillité qu’il
n’
a plus au-dedans. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre et de
266
dernière guerre. Jamais le lieu, jamais le topos
n’
aura été plus délibérément ignoré, arasé, rayé de la carte, jamais rég
267
nt ignoré, arasé, rayé de la carte, jamais régime
n’
aura été plus littéralement u-topique. Je suis loin d’annoncer la fin
268
Je réponds que la région dont je parle, et que je
n’
ai cessé de définir comme un « espace de participation civique », est
269
te, mais région signifie différence. « Une région
ne
se délimite pas, elle se reconnaît », disait vers la fin du siècle pa
270
e. Il définissait là le contraire de l’utopie. Il
n’
y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y
271
ons pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il
n’
y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour déclencher
272
s permet d’espérer. 7. Mon propos dans tout cela
n’
est guère politique, encore moins politologique. Il est proprement spi
273
ace donnés d’un modèle déduit d’aujourd’hui si ce
n’
est d’hier. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « sta
274
auquel aspirent la plupart des Utopies, car elles
ne
sont conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a perdu
275
s souvent citées de Mme de Staël, sait-on qu’elle
ne
figure que tout incidemment, à titre d’amicale mise en garde contre l
276
pour en faire la devise de l’œuvre entière. Et ce
n’
est point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue sur la m
277
ui pensent, d’un bout de l’Europe à l’autre ». On
ne
peut ici que citer : Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; i
278
’autre ». On ne peut ici que citer : Souvent ils
n’
ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à de grande
279
nt un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce
n’
est pas telle religion, telle opinion, tel genre d’études, c’est le cu
280
s sont vraiment le peuple de Dieu, ces hommes qui
ne
désespèrent pas encore de la race humaine, et veulent lui conserver l
281
religion, l’archéologie, l’histoire ou la poésie,
n’
évoque-t-elle pas le rêve de Thomas More, puis le projet plus détaillé
282
opéenne, à savoir de « fondre nos nations dans on
ne
sait quel magma informe ». Mme de Staël conçoit l’esprit européen com
283
sités, et nul homme quelque supérieur qu’il soit,
ne
peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de celui
284
ci encore, dans l’essai sur les traductions : Il
n’
y a pas de plus éminent service à rendre à la littérature que de trans
285
des opposés, richesse européenne par excellence,
n’
est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opp
286
enfin les vainqueurs et les vaincus ont fini par
n’
être plus qu’un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la rel
287
ontribué.50 Bien dira-t-on, mais la Réformation
n’
a-t-elle pas divisé, sans espoir, la chrétienté, Nord réformé, Sud cat
288
de Staël : Le protestantisme et le catholicisme
ne
viennent point de ce qu’il y a eu des papes et Luther. C’est une pauv
289
, la liberté peut exister, parce que les passions
ne
sont point excitées par aucun but, par aucun théâtre propre à les enf
290
maginée, ou révélée aux yeux de l’esprit. L’homme
n’
entreprend jamais qu’à partir de l’avenir. Sa liberté est toujours en
291
t le plus large du mot « culture » — Mme de Staël
n’
ait pu donner pour suite une Politique déduite de la culture. Un tel l
292
ur la fédération européenne. Certes, Mme de Staël
n’
a pas prévu que l’économie, au xxe siècle prendrait le pas non seulem
293
dans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours,
n’
eût pas préconisé l’union de l’Europe sur la base d’une Communauté éco
294
alité d’une union qui mérite le nom d’européenne,
ne
saurait être que l’homme lui-même, dans sa liberté responsable. L’hom
295
aractéristiques de l’être européen. La perception
n’
est pas un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-
296
sujet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre
n’
est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que
297
où esse est percipi (être, c’est être perçu) — je
ne
l’ai connu que par le biais d’une recherche sur l’Europe telle que l’
298
e sur les incroyants. Mais la religion chrétienne
n’
est pas plus uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses
299
a religion chrétienne n’est pas plus uniforme que
ne
le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses variétés rendent compte des
300
ablement, mais aussi la Pologne et la Hongrie. Je
ne
puis ici qu’indiquer l’importance historique de l’influence calvinien
301
e lourdement uniformisante des intérêts matériels
n’
arrive pas à imposer l’union. Le plus grand dénominateur commun des Eu
302
continent comme unité politique virtuelle — et il
n’
est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen
303
une perception plus dramatique, plus urgente que
n’
en ont ceux de l’Ouest. L’ouvrage commence par une lamentation sur la
304
à la puissance des chefs païens, si maintenant tu
ne
peux plus soutenir l’assaut de tes voisins ? Puis Podiebrad décrit l
305
autre Tchèque : Amos Comenius. Ce plan toutefois
n’
est à ses yeux qu’une partie de la tâche beaucoup plus vaste qu’expose
306
eignant, mais c’est un ordre actif et l’éducateur
ne
saurait accomplir sa tâche qu’en demeurant un instrument aux mains de
307
e processus formateur qui anime tous les êtres et
n’
est qu’un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou « pr
308
et le processus éducatif. C’est pourquoi celui-ci
n’
est pas limité à l’action de l’école et de la famille, mais est solida
309
été humaine est une société d’éducation, idée qui
ne
trouvera son expression positive qu’au cours du xixe siècle, mais qu
310
ts très jeune et son éducation sera négligée : il
ne
peut commencer des études latines qu’à 16 ans. Il va étudier la théol
311
ées consacrées à Comenius, entre 1881 et 1957. On
ne
saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été méconnu ou mal «
312
de l’Europe qui fut et qui est encore, plus qu’on
ne
le croit, celle des grands penseurs de l’Est. Il y a là, de la part d
313
toute sa vie pour la libération de sa patrie, et
n’
a cessé d’appeler à son aide l’Europe des peuples — celle des gouverne
314
tendre que lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz
n’
entend pas — sauf à la fin de sa vie — libération sociale ou liberté c
315
rable, poétique et politique indissolublement, je
ne
citerai ici que le Livre des Pèlerins polonais, diatribe politique en
316
J’ai appelé par la bouche de ces pèlerins, et tu
ne
m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où il y aura le sifflemen
317
celui qui se heurtera contre elle, il tombera et
ne
se relèvera point. Et du grand édifice politique européen il ne reste
318
point. Et du grand édifice politique européen il
ne
restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotisme étra
319
la barre sera frappée et refrappée si bien qu’on
ne
la reconnaîtra pas. Ce cri sera repris quinze ans plus tard par un a
320
tait… Honte à cette Europe silencieuse Et qui
n’
a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonné Ô
321
ous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres
n’
osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notr
322
m’oblige à le faire aux dépens de son libelle. Je
ne
discuterai pas le fond de l’ouvrage : il n’y en a guère. Une théologi
323
e. Je ne discuterai pas le fond de l’ouvrage : il
n’
y en a guère. Une théologie rudimentaire, qui nous ramène au Dieu plus
324
e bons amis m’ont conseillé le silence : ce livre
ne
vaut rien, laissez tomber. Comme si un livre avait besoin d’être bon
325
nt à des imbéciles. J’ai deux raisons majeures de
ne
pas me taire. La première est qu’il serait difficile de mieux fausser
326
e est qu’il serait difficile de mieux fausser que
ne
le fait B.-H. Lévy le problème du fascisme en général et de ses résur
327
sychologiques, ni les effets mortels du phénomène
ne
sont un seul instant définis ou invoqués par Lévy. On distingue mal c
328
compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns : il
n’
en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, ar
329
noirs, rouges ou bruns : il n’en dit mot et cela
ne
se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et tranchant
330
Mounier, d’Arnaud Dandieu et de Robert Aron, qui
ne
sont plus là pour rétablir la vérité sur leur œuvre et sur leur comba
331
leur œuvre et sur leur combat. Afin que ces amis
ne
soient plus impunément « livrés au caprice d’un gamin, jetés en proie
332
de reprises, sur la foi de citations dont pas une
n’
est honnête : la plupart signifiaient dans leur contexte tout à fait a
333
rd’hui ; celles qui sont correctement transcrites
ne
sont pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (le
334
ans leurs rosettes et leurs chapeaux melons… Cela
ne
peut pas être de moi, tout de même — qu’ai-je bien pu vouloir dire ?
335
de gros ventres et de chapeaux melons. La France
n’
est plus contemporaine des nations qui l’entourent et qui la menacent.
336
avec Bardèche ou Drieu, s’engage à « marcher avec
n’
importe quel type qui foutra ce régime par terre ». Le jeu des falsif
337
qualifiée d’« acquis définitif du personnalisme »
ne
figurant pas dans ce numéro d’ Esprit , l’auteur éprouve le besoin d’
338
’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il
n’
est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de ra
339
st pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je
n’
avais guère de raisons de m’intéresser aux démêlés entre Maurras et le
340
y a donc triple falsification : — la phrase citée
ne
figure pas dans Esprit ; — le « texte exact » cité en note ne la co
341
dans Esprit ; — le « texte exact » cité en note
ne
la corrobore nullement ; — au surplus, inventé ou pas, rien n’est de
342
re nullement ; — au surplus, inventé ou pas, rien
n’
est de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La démocrati
343
t VII La démocratie, selon les personnalistes,
ne
serait « qu’une curiosité exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni q
344
listes, ne serait « qu’une curiosité exotique qui
ne
vaut ni que l’on meure ni qu’on se mobilise pour elle — pauvre “mesur
345
, celle que donne la vérité. Notre mesure commune
ne
sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de se
346
as collective, extérieure à notre personne : cela
n’
a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on n
347
e personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle
ne
sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesur
348
nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on
ne
peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personne
349
r, enfin Kant… Les personnalistes des années 1930
n’
ont fait que réactualiser en termes du xxe siècle cette tradition cen
350
on centrale de l’Occident, au nom de laquelle ils
n’
ont cessé de condamner sans rémission toutes formes d’idéologies total
351
at totalitaire ? C’est, en définitive parce qu’il
n’
a pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de nou
352
itaires, ces expériences « trop simples » où l’on
n’
a pas compris que « seule a le droit de se vouloir totalitaire la véri
353
de moi, et cela change le sens du passage ; — je
n’
ai pas écrit : « qui rend compte de tout l’homme », mais bien : « qui
354
°. — les mots « révolutions avortées » qu’il cite
ne
figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond : — je ne
355
s mon livre. Et enfin une remarque de fond : — je
ne
parle pas du tout « d’expériences » totalitaires qui seraient « trop
356
t l’ensemble des décrets d’un tyran d’autre part,
ne
mérite pas le nom de philosophe. Citation XII Toutes les citati
357
? Question pathétique, mais oiseuse : l’Amérique
n’
est pas mentionnée ni même sous-entendue dans le passage cité ( L’Ordr
358
e à l’homme. Une fois de plus on dirait que Lévy
n’
a pas lu le contexte des citations qu’on lui aura fournies. Quel domma
359
nnément motivé dans sa dénonciation d’ennemis qui
n’
ont cessé d’être les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une
360
es articles, essais, pamphlets, chroniques que je
n’
ai cessé de publier de 1933 à 1939, tels que « L’Ère des religions »,
361
suis bien sûr qu’aucun auteur de langue française
n’
a publié autant de pages sur et contre Hitler. Vraiment, Lévy choisit
362
idéologie personnaliste au pouvoir ? Tout cela
ne
serait presque rien si, dans L’Express n° 1546 du 13 février 1981, Ra
363
n° 1546 du 13 février 1981, Raymond Aron lui-même
n’
avait donné son aval à ces calomnies. Il écrit en effet : Les idéolog
364
1930, de type communautaire, anti-individualiste,
n’
ont jamais débouché en dehors des cénacles de l’intelligentsia parisie
365
es premières pages de son article. Il a choisi de
n’
accorder créance à B.-H. Lévy que sur le point central de son pamphlet
366
faveur d’une catastrophe nationale. (On veut bien
ne
pas l’imputer à notre action directe. Merci.) Quelles idées ? Pourrai
367
s thèmes majeurs de nos revues. En leur nom, nous
ne
cessions de dénoncer le stato-nationalisme des « puissances » de l’Ou
368
onale » de juin 1940, comment se peut-il que nous
ne
l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résistance avec l’
369
« plumes autorisées » de L’Express, parce qu’ils
n’
ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les bu
370
ées » de L’Express, parce qu’ils n’ont pas connu,
n’
étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre comba
371
ecteurs et de téléspectateurs qui croiront (s’ils
ne
m’ont jamais lu) ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, qu
372
pondre de ces calomnies devant les tribunaux, ils
n’
auraient de chances de s’en tirer qu’en plaidant l’irresponsabilité au
373
té au moment où ils écrivaient. De quoi la preuve
ne
serait pas difficile à produire : ils n’avaient lu que le seul B.-H.
374
a preuve ne serait pas difficile à produire : ils
n’
avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’avaient cru, sur la foi de L’
375
ion, de telle manière qu’un lecteur d’aujourd’hui
ne
sachant que très peu ou rien des problèmes et des hommes de cette épo
376
de succès : déjà B.-H. Lévy a ses imitateurs. Je
n’
en donnerai qu’un seul exemple, faute de place. Car c’est seulement da
377
« élément de santé », une « hauteur de ton », qui
ne
sont pas, dit-il, des « énergies méprisables ». Oui, il en convient l
378
e reporte au texte de Mounier, on lit ceci : On
ne
combat pas l’explosion fasciste avec de larmoyantes fidélités démocra
379
s fidélités démocratiques, avec des élections qui
n’
ont même pas la force de déplacer un préfet de police, avec des indign
380
le monde entier. Tentation de facilité : quand on
n’
y voit plus clair du tout, quand on n’en peut plus, quand le monde dev
381
: quand on n’y voit plus clair du tout, quand on
n’
en peut plus, quand le monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’il
382
la coloration du texte. (Bien entendu E. Mounier
n’
a rien écrit de pareil, de près ni de loin, ni ici ni ailleurs. Menson
383
Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il
n’
en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit trop peu. L’article de
384
a « tentation » devient ici « fascination ». Elle
ne
menace plus le « monde entier » (déjà devenu « la douce terre de Fran
385
rance » chez Lévy), mais Mounier lui-même, lequel
n’
est plus antinazi, mais profasciste. CQFD. En effet, on pourrait en ra
386
le dynamisme, la jeunesse ardente de l’Allemagne
ne
troubleront plus tant les Français le jour où ils auront eux aussi co
387
vont plus loin dans la volonté de dialogue, — on
ne
disait pas encore détente — que ne l’ont jamais fait les « idéologues
388
dialogue, — on ne disait pas encore détente — que
ne
l’ont jamais fait les « idéologues des années 1930 » dénoncés aujourd
389
ond Aron comme « parafascistes ». Pour autant, je
ne
crois pas un instant que Raymond Aron ait jamais été « fasciste à la
390
euse » supposait une Révolution dont Raymond Aron
n’
a dit mot : La jeune génération du Reich ne peut faire autrement que
391
Aron n’a dit mot : La jeune génération du Reich
ne
peut faire autrement que de condamner et de combattre la tentative d’
392
ourd’hui… Le problème de l’union franco-allemande
ne
peut se poser sainement qu’à partir de la Révolution […] La jeunesse
393
t révolutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce
n’
est pas en acceptant le joug barbare de la guerre impérialiste, de la
394
nt la guerre comme un signe de dévirilisation. Il
n’
hésite pas à en voir la cause dans le relâchement des liens actuels de
395
Caillois, Leiris, étaient-ils donc fascistes ? Je
ne
pense pas : c’étaient des amis. À l’invitation de Bataille, je venais
396
ntifascisme « héroïque » du Collège de sociologie
ne
faisaient qu’un, ces quelques lignes de Roger Caillois, dans une lett
397
et les chemises ouvertes — serait-ce le sien ? Il
n’
y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on se
398
ne a été inventée par Mounier et que « son succès
ne
survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 février 1981. 62. Cf mon
399
la communauté où il vit. 64. De fait, la lettre
n’
est adressée qu’à E. Mounier, condisciple du scripteur à l’École norma
400
toires sudètes. Une cession purement diplomatique
n’
eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voul
401
t « réunies » (comme on dit) à la France. Mais il
ne
s’agit plus que d’ornements. En effet, dès la seconde moitié du xiie
402
faire sacrer par le pape de Rome : mais son rêve
n’
a duré que quatorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’ét
403
gibelins) remplira les trois siècles suivants et
ne
sera tranchée, en faveur du temporel, mais non de l’empire, que par l
404
France est « empereur en son royaume » et qu’« il
ne
reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de la suprémati
405
708 pages de ce livre, admirablement illustré, et
n’
y ai trouvé qu’une seule définition de l’État : « L’État classique opt
406
affirmer qu’il est le moteur de la croissance, il
n’
y a qu’un pas à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et voi
407
e progrès technique » (p. 60 de op. cit.). À cela
ne
se bornent pas leurs bienfaits : « Dialectes et genres de vie fort di
408
t de nation, qui sert ici à définir celui d’État,
n’
ait fait l’objet d’aucune définition aux pages précédentes de l’ouvrag
409
ce absolue et perpétuelle d’une république », qui
n’
appartient qu’au prince et non aux magistrats élus pour un temps déter
410
n, seule « source de toute autorité ». Ses droits
ne
sont que « privilèges » et révocables à tout instant par le souverain
411
évocables à tout instant par le souverain, lequel
n’
est pas obligé par la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce sera
412
à tous en général et à chacun en particulier, et
ne
la recevoir que de Dieu ». Or cette puissance ou souveraineté peut, s
413
seul a la souveraineté et que le reste du peuple
n’
y a que voir ; la démocratie ou l’estat populaire quand tout le peuple
414
que tous les mixtes de ces trois formes de l’État
ne
sont qu’erreur, et « formes corrompues ». Mais, dira-t-on, cette souv
415
dira-t-on, cette souveraineté donnée pour absolue
n’
est-elle donc incitée, régulée, protégée, humanisée par rien au monde
416
ue du prince — roi, peuple ou groupe privilégié —
n’
est limitée que par la volonté divine dont le « sentiment du prince »
417
i de suite pendant tout le chapitre. Le Moyen Âge
ne
parle guère que de royaumes et de peuples. Le xvie siècle élabore et
418
de Louis le Grand, s’il fait peu de cas du peuple
n’
en célèbre que mieux les nations — qui est leur dénomination lyrique (
419
e dire est « bon peuple », celui qui croit un peu
n’
importe quoi. Les nations, pour Bossuet, sont « fières », « indomptabl
420
on de soldats va combattre contre des peuples qui
ne
sont que citoyens », écrit Montesquieu dans ses Considérations sur le
421
manifestait vers l’extérieur : elle consistait à
ne
reconnaître « aucun supérieur sur ses terres », ni empire ni papauté.
422
fois vers l’intérieur : elle consiste dès lors à
ne
reconnaître aucune autonomie sur son territoire : ni provinces, ni ré
423
État et ce qu’il est. Ces tautologies insistantes
ne
peuvent manquer d’évoquer le « Dieu seul parle bien de Dieu » de Pasc
424
de sacralisation stato-nationaliste. d) La nation
n’
était rien au départ de la Révolution, que la devise des révolutionnai
425
troupes françaises lors de la canonnade de Valmy
n’
avait pas plus de contenu objectif que le cri de guerre des bolchéviqu
426
-dire des habitants de l’Hexagone. « Ces Français
n’
ont aucun sens de la nationalité ! », écrit-il, de l’École de Brienne,
427
ers, paysans et soldats). Les deux slogans fameux
n’
en ont pas moins servi à populariser les deux dictatures. e) La confus
428
n, ou des pays et territoires à un État ; mais on
ne
peut rien annexer à une patrie. f) Mais c’est peut-être l’usage coura
429
ribuables, ceux qui constituent la nation, et qui
n’
en ont jamais touché en retour un sou vaillant. « National » veut crée
430
ommes et des choses y est plus mécanisée que dans
n’
importe quelle société humaine jusque-là. Tout y est militarisé, c’est
431
e industrielle, dont les premières manifestations
ne
semblent pas organisées, mais aventureuses, et de type plutôt féodal,
432
l’industrie anglaise. Mais ce régime « sauvage »
ne
durera pas longtemps : à partir de Napoléon, la dialectique de la Cro
433
oléon, la dialectique de la Croissance du Pouvoir
ne
comportera plus seulement deux termes, l’État et la Guerre, mais un t
434
fs, naguère détenus par des millions de citoyens,
n’
aura signifié pareille somme d’imperceptibles abandons individuels. Or
435
es, nécessaire pour former la décision fatidique,
n’
est sans doute déjà plus maîtrisable. L’index de la main droite du pré
436
îtrisable. L’index de la main droite du président
ne
sera plus que le dernier élément de transmission d’une décision prise
437
es du drame : ni la vraie guerre ni la vraie paix
ne
sauraient être tolérées dans le jeu qui assure le pouvoir des deux gr
438
tes et le brouillage des idéologies antagonistes,
ne
sont [pas] à l’abri des erreurs qualifiées d’« humaines » pour les mi
439
us grandes que celles de la paix. Mais nul calcul
n’
est garanti contre l’erreur quand des facteurs humains y entrent en co
440
t ce qui est né, il mourra donc. Mais on voudrait
ne
pas être entraîné dans sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation
441
aineté, refusent de se fédérer à l’Ouest, ou qui,
n’
ayant qu’une souveraineté surveillée, ne peuvent y renoncer à l’Est, f
442
, ou qui, n’ayant qu’une souveraineté surveillée,
ne
peuvent y renoncer à l’Est, force est de constater que les Européens,
443
s’ils s’en tiennent aux seules forces nationales,
ne
sont capables d’assurer, en fait, aucune des tâches que le gouverneme
444
ur état actuel de division, nos « souverainetés »
ne
peuvent en effet : — ni résister à la colonisation économique par les
445
, retranchés dans leurs souverainetés nationales,
ne
pourront échapper au cours des prochaines décennies aux dangers énumé
446
survivre. Elle doit survivre pour que l’humanité
ne
soit pas entraînée dans sa perte.76 9. Où la Souveraineté nation
447
955). « C’est une erreur de croire que l’Histoire
n’
a vu d’autre changement concernant la Souveraineté que son déplacement
448
raineté sans limites ni règles, dont nos ancêtres
n’
avaient pas l’idée. » (p. 216) « Quand on disait alors souverain, on e
449
gique. » Suivons ce guide dont la science assurée
ne
nuit jamais à l’impeccable élégance du propos. Il nous montre d’abord
450
erain doit être fidèle à sa mission divine : « Il
n’
est libre ni quant à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’il
451
ent l’âge classique : « Louis XIV dans sa majesté
n’
est qu’un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napoléon, profiteu
452
iècle. Cette liberté consiste pour le Souverain à
n’
être plus tenu par des règles ; désormais il formule les règles à sa g
453
t par l’argent. Et l’on a vu (chap. 8) que l’État
ne
connaît d’autres limites que celles que lui imposent dans le fait la
454
nt ce que l’on vient de rappeler, et que personne
ne
peut contester de bonne foi, quel est l’obstacle majeur qui paralyse
455
e, d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’elle
n’
a plus d’existence opérationnelle démontrable hormis sa faculté de blo
456
souhaitables et possibles en fait. Certes « rien
n’
existe qui ne se manifeste ». Mais une existence négative, et très act
457
et possibles en fait. Certes « rien n’existe qui
ne
se manifeste ». Mais une existence négative, et très active en tant q
458
er que le recours à la « souveraineté nationale »
ne
peut servir que les ennemis de tout régime fédéraliste. Car le Monde
459
vertu novatrice ou positivement impérative. Elle
n’
est plus qu’une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qui e
460
on donnée ou à trouver. La Souveraineté de l’État
ne
peut donc plus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce n’est plus
461
plus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce
n’
est plus toute-puissance, mais puissance de refuser, et bloquage de to
462
la prétention que l’on allègue arbitrairement. Ce
n’
est plus volonté, mais nolonté, qui est vouloir du non, vouloir du rie
463
ontemporains, c’est qu’ils affirment que leur but
n’
en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel
464
française existe une et souveraine, ou bien elle
n’
est plus » (Lettre ouverte aux Français pour la conquête de la France,
465
Français pour la conquête de la France, 1980). Il
ne
reste en fait que l’État qui puisse revendiquer la souveraineté absol
466
seules communautés où l’idolâtrie de la cité-État
n’
avait pas acquis une totale emprise sur le cœur et l’esprit des citoye
467
emprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il
n’
est pas nécessaire de souligner l’analogie entre le problème de la sou
468
ope où l’institution de la souveraineté nationale
n’
aura pas été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons
469
été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous
ne
pourrons attendre de salut d’aucun des États nationaux d’Occident où
470
ypnotisés par le prestige d’un glorieux passé. Ce
n’
est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut le
471
ermettra de donner plus de substance, avant qu’il
ne
soit trop tard, à l’organisation internationale ébauchée — réussira-t
472
internationale ébauchée — réussira-t-elle ? Rien
ne
permet de l’affirmer. Soyons seulement assurés que, si ces précurseur
473
urés que, si ces précurseurs-là échouent, l’œuvre
ne
sera jamais accomplie par les dévots pétrifiés de cette idole : la so
474
uvellent leurs serments sur tous les postes : ils
n’
ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et n’accompliront jamais ri
475
s n’ont rien accompli, l’Idole en soit témoin, et
n’
accompliront jamais rien. Eux, non ! Ils sont au-delà de tout soupçon
476
jeunes générations. Or, l’histoire de l’humanité
n’
est pas faite seulement d’accidents, de victoires et défaites électora
477
nité) Nota bene. 1. Dans les deux colonnes, il
n’
y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comport
478
es, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on
n’
y mentionne que les comportements requis pour que le système fonctionn
479
lonne I, et solidarité vitale dans la colonne II,
ne
signifient pas que les citoyens d’un État-nation sont orgueilleux et
480
uation ni plus ni moins complexe en fait que dans
n’
importe quel pays des Dix, mais qui devient ici plus lisible qu’ailleu
481
un sourire avant de remarquer : — Cette élection
n’
est guère plus importante qu’une cantonale » (Le Monde, 6 février). Ma
482
tard ? » Problèmes, on le voit, dont l’importance
n’
est pas plus cantonale qu’européenne, mais décisive et bien réelle, do
483
nale. Cette unanimité des passions partisanes qui
ne
s’obtient que dans les grands périls pour la patrie, n’implique aucun
484
btient que dans les grands périls pour la patrie,
n’
implique aucun accord sur la question de l’Europe, bien au contraire,
485
Giscard d’Estaing, ni M. Barre, ni même M. Chirac
ne
s’engagent vraiment derrière Mme Veil », Jacques Chirac réplique le l
486
ésulté à l’évidence que ni la droite ni la gauche
ne
considèrent l’Europe comme quelque chose qu’il faut unir d’abord. Ni
487
aut unir d’abord. Ni l’un ni l’autre des debaters
ne
semble avoir imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des
488
onale, l’union seule peut les y aider. Pas un mot
n’
a été prononcé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur son conte
489
pe… », disait un journaliste. Justement, personne
n’
en parlait. Il s’agissait de savoir si la gauche ou la droite étaient
490
pes ; pas un mot sur les sacrifices qu’aucun pays
ne
s’est dit prêt à consentir à l’œuvre, pourtant déclarée si « désirabl
491
l de 2 milliards de livres, « alors que le Labour
n’
avait pas été capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de
492
ressources de la Communauté si la Grande-Bretagne
ne
reçoit pas sa ristourne pour 1983 ». Et elle exige le maintien du vet
493
ions fédérées À l’heure où ceci est écrit, nul
ne
sait encore combien des listes annoncées par les petits partis, les m
494
énération « au sein de laquelle l’idée européenne
ne
se heurte pas trop à l’idée nationale, qu’elle transcende sans peine
495
de sans peine », réalise l’Europe « que nos pères
n’
ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajoutent (selo
496
nserver la nature pour que survivent les hommes »
n’
est pas un slogan de « gauchistes », « manipulés » ou non, mais pourra
497
(Irlande), De Groenen (Pays-Bas) et deux groupes
n’
appartenant pas aux pays de la CEE : le Mk Miljopartiet (Suède) et la
498
igera cela, si les partis classiques persistent à
ne
rien vouloir pour l’Europe, mais seulement à combattre leurs rivaux n
499
e renouvellement du Parlement européen : personne
n’
en parle ou presque, et seulement pour le dénigrer. Sauf l’un des réda
500
ération de politiciens européens pour lesquels ce
n’
est plus la guerre, mais bien la paix qui est le vrai cas d’urgence.
501
au lendemain de l’échec d’Athènes : Les citoyens
ne
peuvent comprendre que les États membres et leurs représentants, aprè
502
cherche systématique de l’unanimité. Les citoyens
ne
peuvent comprendre que les plus hauts représentants des États membres
503
iqué suivant : la reine Béatrix aux députés : il
n’
est de souveraineté qu’européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Majesté
504
cipe des votes à l’unanimité, principe que « nous
n’
accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, longue
505
e européenne doit voir le jour au xxe siècle, il
ne
nous reste plus que seize ans ! » « Une souveraineté européenne » —
506
» — encore qu’elle reste à définir — voilà ce que
ne
peuvent se permettre d’envisager nos États-nations, parvenus non sans
507
texte, une fois de plus. 83. « Défense commune »
ne
signifie pas nécessairement défense nucléaire centralisée, mais peut
508
r un colloque comme celui-ci où le plus important
ne
saurait être résumé. Les mots qui ont fusé de partout, les échanges r
509
je crois que j’ai entrepris quelque chose que je
ne
pourrai pas mener à bien. Alors, je vais être aussi peu objectif que
510
ue c’est le seul moyen de m’en tirer, au moins en
ne
m’ennuyant pas trop moi-même — je m’excuse pour le reste auprès de vo
511
r l’importance des thèmes abordés. J’espère qu’il
ne
sera pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pour une
512
des pistes à suivre ou à développer, plutôt qu’on
ne
l’a fait vraiment. Sur le Forum culturel, premier thème, je vous avou
513
me, je vous avouerai que j’ai tout appris ici. Je
n’
en savais rien. Quand j’ai vu cela sur le programme, quand j’ai vu que
514
solument à côté de la réalité. Et je crois que je
n’
étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été ext
515
e crois que je n’étais pas le seul. Sans cela, je
n’
oserais pas le dire. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ai
516
res gouvernementaux » — faut-il comprendre qu’ils
ne
sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité représentant six-cen
517
la totalité représentant six-cents personnes. Ce
n’
est donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par
518
c pas un colloque, on appelle cela un forum et ce
n’
est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la mani
519
zsar a proposé « dialogue multilatéral », mais il
n’
était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une con
520
que ce forum, comme tous les forums de ce genre,
ne
fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thème de Budap
521
ectuels vont d’instinct vers ce qui peut séparer,
ne
fût-ce qu’en apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils é
522
lieu à une discussion. S’ils étaient d’accord, il
n’
y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit es
523
, en effet, d’abord un langage commun, sinon cela
ne
servira absolument à rien. Chercher ce qui nous unit, surtout dans le
524
fet. Les vraies recherches sont sémiologiques, ou
ne
sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmemen
525
éparer Budapest, en étant absolument sûr que cela
ne
risquerait pas d’aboutir à des conclusions pratiques éventuellement d
526
tres. Mais avant d’en revenir à cette journée, je
ne
voudrais surtout pas oublier de mettre en valeur un intermède qui a o
527
rès avoir vu ces images sur un grand écran, qu’il
n’
y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel hommage
528
primée dans l’idéologie, la littérature et l’art,
ne
s’appliquait qu’à l’État, à l’empereur et à l’Église. Le parallélisme
529
d’Europe va très loin, d’autant plus loin qu’elle
ne
s’est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moins
530
re de l’Église orthodoxe. Je me suis demandé s’il
n’
y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai d’autres — de n
531
t soit intervenu. C’était en substance : pourquoi
ne
pas appliquer la méthode Georges Nivat aux littératures de l’Ouest, d
532
es de littérature purement objective, où l’auteur
ne
jouerait plus aucun rôle, ne défendrait aucun point de vue, la littér
533
jective, où l’auteur ne jouerait plus aucun rôle,
ne
défendrait aucun point de vue, la littérature sémiologique de Roland
534
le secret pour dénouer un conflit gigantesque. Je
ne
sais pas si je me fais bien comprendre, c’est un peu difficile à tran
535
s sur ce que nous avons fait aujourd’hui même. Je
ne
puis guère vous donner que des conclusions personnelles, auxquelles j
536
e des sources, qui est beaucoup plus grande qu’on
ne
veut bien le dire d’habitude. Tout le monde, dans les pays latins sur
537
ec Athènes et encore plus avec Jérusalem. Mais ce
n’
est pas tout. Il y a en plus des trois sources selon Valéry la source
538
lement, il y a la source slave, à laquelle Valéry
ne
fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’il a jamais lu Dostoïe
539
quelle Valéry ne fait pas la moindre allusion. Je
ne
sais pas s’il a jamais lu Dostoïevski, j’en doute parfois. La source
540
à partir du xixe , a été considérable pour nous,
ne
fût-ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xixe ,
541
de définitions, toutes justes. Le jeudi matin, je
ne
sais plus qui d’entre nous a dit qu’il connaissait quatre-vingts défi
542
ela s’était passé très vite, vous le voyez, et il
n’
y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était d
543
it que tout ce qui était définition de la culture
n’
était pas culture, il avait raison aussi. Donc, la culture européenne
544
cette seconde conclusion : la culture européenne
n’
est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’est pas la plus centrale
545
: la culture européenne n’est pas la plus belle,
n’
est pas la seule, n’est pas la plus centrale du monde, mais celle qui
546
enne n’est pas la plus belle, n’est pas la seule,
n’
est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses
547
sur ce colloque depuis trois jours. Je crois bien
n’
avoir jamais autant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous s
548
le substitut du Secrétaire d’État du Vatican — à
n’
avoir jamais exercé aucune charge publique. En soulignant dans son int
549
t dans son introduction au numéro ce que l’auteur
n’
avait pas hésité à qualifier de « cafouillage politique sans précédent
550
res qui empêchent ses biens de circuler, mais qui
ne
sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Auc
551
Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays
ne
peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Auc
552
e sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays
ne
peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. À
553
omique de notre temps. Jamais l’histoire du monde
n’
aura connu un si puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la gue
554
es libres. Jamais la guerre, la peur et la misère
n’
auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce
555
ût 1949 à Strasbourg. Faute d’un siège propre qui
ne
devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Universit
556
ncontré se trouve être Coudenhove-Kalergi, que je
n’
avais pas revu depuis New York, pendant la guerre, mais que j’avais co
557
lise ici ! » (Ce qui est légèrement excessif : je
ne
suis de loin pas le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle est e
558
elle est encore loin de se réaliser…) En fait, il
ne
va rien se passer à cette première session, que des échanges de congr
559
vec une cinquantaine de « délégués » — puisqu’ils
ne
sont pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du titre
560
ppante que je suis bien placé pour savoir qu’elle
ne
fut en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vécue
561
aire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien
ne
signifie pas grand-chose […]. Nous ne sommes pas « impatients », mais
562
er, ou bien ne signifie pas grand-chose […]. Nous
ne
sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on
563
e sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous
ne
voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempérame
564
rangs de perles du genre de Festina lente, Paris
ne
s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prude
565
s à la sagesse des peuples : Petit à petit, Paris
ne
s’est pas fait, mais par deux ou trois décisions, dont celle du baron
566
fossé. — Si votre œuvre est de longue haleine, il
n’
y a pas une minute à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui ne v
567
te à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui
ne
veut rien. — Chi va piano perd la Corée. — La prudence est le vice de
568
a, au prix de l’avenir de ce qui est. La question
n’
est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire aba
569
és illusoires — comment faire abandon de ce qu’on
n’
a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauva
570
e de pires, pour arrêter l’élan vers notre union.
N’
attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’éch
571
abotent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je
ne
suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple,
572
s voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple,
n’
est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’e
573
par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’on
ne
peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion,
574
. Messieurs les députés, vous le savez bien, vous
n’
êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simpl
575
sonnement très simple appuie cette suggestion. On
ne
fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils cour
576
ante que pourrait constituer notre fédération. On
n’
informera pas les peuples sans une propagande massive. Personne n’a le
577
les peuples sans une propagande massive. Personne
n’
a les moyens de la financer. La seule solution concevable, c’est une c
578
, de polémique européenne que nulle autre méthode
ne
saurait provoquer87. La condition à la fois nécessaire et suffisante
579
Qu’un but concret soit assigné à ses travaux. Je
n’
en vois pour ma part qu’un seul : discuter et voter un projet bien pré
580
us me dites enfin que c’est plus difficile que je
n’
ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si que
581
stérieux de nouveau « serment de Strasbourg ». Je
ne
sais pas encore de quoi il s’agit, mais des députés m’avertissent en
582
on texte, dont voici le passage essentiel : Nous
ne
le redirons jamais assez : toutes les nations de l’Europe occidentale
583
ons. Si dans les circonstances actuelles l’Europe
n’
est pas capable de se donner une voix dans le concert international, s
584
élégués des peuples européens réunis à Strasbourg
ne
font pas l’Europe cette année, qu’y seront-ils donc venus faire, sino
585
pousser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous
ne
sommes certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à
586
s demandons à nos amis de nous croire : le succès
n’
est pas exclu. Comment ne pas admirer la convergence des exigences de
587
nous croire : le succès n’est pas exclu. Comment
ne
pas admirer la convergence des exigences de Villey et des miennes ? À
588
30. Plus tard, par des voies privées — la presse
n’
en dira pas un mot — j’ai appris que la motion Jacquet avait été refus
589
mmodant en direction du Comité des ministres : il
ne
fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeure.
590
ises en demeure. Je le répète : nos gouvernements
ne
voulaient pas l’Europe unie. Ils ne croyaient au mieux qu’à une coali
591
gouvernements ne voulaient pas l’Europe unie. Ils
ne
croyaient au mieux qu’à une coalition contre Staline, dont ils s’imag
592
aierons demain, peut-être même de notre vie. Nous
ne
sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales.
593
aire tuer pour les souverainetés nationales. Nous
n’
accepterons de mourir que pour des raisons de vivre. Proclamez ces rai
594
nce, vous le savez aussi bien que nous : l’Europe
ne
se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’e
595
apporter le témoignage d’une foi encore intacte.
Ne
trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne p
596
re espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous
ne
pouvez plus multiplier les professions de foi européenne tout en recu
597
ement de la fédération européenne. Nous jurons de
ne
plus reconnaître, à partir d’aujourd’hui, les frontières. Nous déclar
598
chent » pour rien, pour l’idée… Je me trompe ? Je
ne
demande qu’à me tromper. 4. L’initiative politique échappe au Cons
599
e Fernand Dehousse ? Personne, à ma connaissance,
ne
l’a mieux fait en moins de mots que J.-P. de Dadelsen, dans le n° 1 d
600
à un pouvoir central93, strictement délimité, qui
ne
tient sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’est proprement qu
601
tient sa légitimité que de ses 22 mandants et qui
n’
est proprement qu’un « exécutif » comparable à celui que prévoit le pr
602
e, à la satisfaction générale, et dont la recette
n’
était pas trop complexe : non pas « abandonner », mais « dépasser » le
603
étonnante : « Laissons maintenant agir les Fous —
ne
voyez-vous pas où les Sages nous ont conduits ? » Relisant cela dans
604
mblait que j’allais y retrouver quelque chose qui
n’
était pas sans relation avec cette parole de Spaak. Et en effet, en da
605
Spaak : — Les fédéralistes veulent tout, mais ils
ne
tiennent pas compte des obstacles réels. Moi — Il faut des utopistes
606
t, s’agissant d’un groupement d’États-nations qui
ne
représente, par ses statuts et sa vocation spécifique, que les seuls
607
moitié des 21 qui forment l’Europe de l’Ouest. On
ne
saurait dire que cela répond, si peu que ce soit, au besoin de repens
608
est vrai que les préoccupations culturelles du CE
n’
ont guère pris force qu’à partir de 1953, c’est-à-dire là aussi à la s
609
u au nécessaire — et je dis halte ! Si la culture
n’
est pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qu
610
je dis halte ! Si la culture n’est pas première,
n’
est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en
611
première, n’est pas directrice et rectrice, elle
n’
est rien qui mérite qu’on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambitions
612
de l’Europe, inutile d’en parler ici. S’il entend
n’
affirmer que des généralités acceptables par des ministres représentan
613
On nous apprend d’abord que pour les ministres il
n’
y a pas une culture commune des Européens (formée au cours de trois mi
614
roblème crucial des régions transfrontalières (on
n’
avait pas osé le dire franchement, pudeur stato-nationaliste oblige) d
615
problème de la participation civique, notamment,
ne
trouve sa solution qu’au niveau de la région : le citoyen ne peut se
616
a solution qu’au niveau de la région : le citoyen
ne
peut se sentir libre, et être libre en vérité, que là seulement où il
617
les ressources. Tout le reste est littérature. Il
n’
y a pas de libertés sans responsabilités correspondantes, comme, en re
618
nsabilités correspondantes, comme, en retour, nul
n’
est tenu pour responsable de ses actes s’il ne les a pas commis librem
619
nul n’est tenu pour responsable de ses actes s’il
ne
les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour assass
620
’il ne les a pas commis librement : le bon soldat
n’
est pas tenu pour assassin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Da
621
ion : une urgence nouvelle Trente-cinq ans, ce
n’
est pas l’heure des bilans, mais d’une prise de conscience plus impéri
622
ris leur parti d’avoir passé un tiers de siècle à
ne
plus avancer, à parler de l’union sans la faire et à dire son urgence
623
pe chaque fois qu’on me le propose. Nulle part je
ne
vois dénoncer l’aberration maximale du siècle, je veux parler de l’ex
624
onstruction européenne » — situation que personne
n’
a prévue et moins encore voulue, mais qui consiste, au fait et au pren
625
deux assemblées sans nuls liens et dont les vœux
n’
ont guère de poids au regard des intérêts particuliers des États membr
626
parallèles — leur point de rencontre à l’infini —
ne
saurait prétendre à conduire une politique européenne, à invoquer, et
627
ues de chaque institution — la qualité des hommes
ne
faisant aucun doute, on l’a vu par les noms cités plus haut — la seul
628
allons enfin prendre conscience d’un scandale qui
n’
est pas, comme on semble le croire, un fait de nature, mais un cafouil
629
aujourd’hui, refuser cela ? Si le présent article
n’
avait d’autre utilité que de poser la question à nouveau, aujourd’hui,
630
e de poser la question à nouveau, aujourd’hui, je
n’
aurais pas perdu mon temps ni celui de mes lecteurs. P.-S. — Je lis
631
’Europe de demain. » En même temps, la Commission
ne
devra pas perdre de vue « que l’Europe comprend d’autres pays que les
632
! (note D. de R.) 94. Encore que le grand public
n’
y vît que du feu, les séances de l’Assemblée ad hoc se tenant à Strasb
633
re , à Genève. 101. Le Rapport de V. von Malchus
n’
en recense pas moins d’une cinquantaine dans toute l’Europe. v. Rou
634
tion involontaire due à une série de maladies. Ce
n’
est pas très facile à résumer : j’ai à peine recommencé à travailler.
635
ue j’ai créé en 1948 et inauguré en 1950. Mais je
ne
vais pas le laisser, l’abandonner en chemin comme un pauvre enfant. I
636
fleur. J’étais fasciné par ce genre de chose, je
ne
faisais que ça. J’étais décidé à devenir chimiste, j’ai été jusqu’à l
637
mpris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce
n’
était pas là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent vraime
638
mes. Alors c’est devenu ma nouvelle obsession, je
ne
faisais que cela et je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrir
639
nouvelle obsession, je ne faisais que cela et je
ne
pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chose que de la po
640
aisant de la littérature. C’était très mal vu. Je
n’
ai plus fait que ça depuis lors. Après ses études universitaires en le
641
sponsabilités en leur donnant le sentiment qu’ils
ne
sont pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma philosop
642
mes, les deux adjectifs étant absolument liés. Je
n’
en ai jamais démordu, de cette théorie-là qui est fondamentale pour to
643
libre dans la mesure où il est responsable. S’il
ne
peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est p
644
e responsable de son rôle dans la vie civique, il
n’
est pas libre. De même qu’en justice, on sait très bien que si vous av
645
crime et que votre avocat peut démontrer que vous
n’
étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous n’êtes pas tenu non plu
646
n’étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous
n’
êtes pas tenu non plus pour responsable. Voilà une chose fondamentale
647
tance qui ait été créé en Europe, heureusement il
n’
a jamais eu à entrer en fonction contre les Allemands. Alors que nous
648
nsure. Il m’a dit : « Tu peux être tranquille, ça
ne
passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’est pas du tout neu
649
e passera jamais, c’est beaucoup trop violent, ce
n’
est pas du tout neutre. » Le lundi matin, je suis arrivé à mon bureau
650
le chef de la Justice de l’armée a déclaré que je
ne
tombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’il ne voulait pas s’o
651
ombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’il
ne
voulait pas s’occuper de la chose. Le général Guisan m’a donné alors
652
en Valais. Tout ce que je vous demande, c’est de
ne
pas vous afficher dans les rues de Berne avec une petite femme à chaq
653
r. La guerre entre le Japon et les États-Unis. Je
n’
ai donc pas pu revenir en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’
654
s disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il
n’
y aura qu’une chose à faire, c’est une fédération européenne. Je n’ava
655
hose à faire, c’est une fédération européenne. Je
n’
avais pas du tout d’argent pour rentrer, aucun job ni rien, et voilà q
656
des États-nations, il perd sa responsabilité. Il
ne
peut plus être un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nou
657
mois, aboutirait à la fin de toute vie sur terre,
ne
serait-ce que par l’apparition de ce qu’on appelle « l’hiver nucléair
658
e l’on doit rechercher en faisant une société, ce
n’
est pas la puissance, mais c’est la liberté et la responsabilité liées
659
ur de libération et de dépassement pour l’homme ?
Ne
peut-il devenir facteur de destruction de l’autre et de soi-même ? Qu
660
’amour et du mariage. L’amour dans le mariage, ce
n’
est pas une passion égoïste, purement physique, sexuelle, ou romantiqu
661
st l’amour que l’on subit, l’amour romantique. Ce
n’
est pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif où
662
le choix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce
n’
est pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je voudrais donc qu’on rétabl
663
de saint Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce
n’
est pas l’amour sentimental, c’est l’amour-action, l’amour du prochain
664
n fait, j’étais délivré d’un poids énorme, car je
n’
avais pas encore écrit une ligne ! Je pensais à mon livre tout le temp
665
e ! Je pensais à mon livre tout le temps, mais je
n’
avais rien écrit. C’est dans un état de fièvre et de concentration ext
666
dit : « Voilà, ou bien j’y passe toute ma vie, je
ne
fais rien d’autre, ou bien j’écris comme cela me vient et puis on ver
667
es mois avant la guerre. La société d’aujourd’hui
n’
est pas à tort nommée « société de masse » : l’individu s’y dilue, il
668
, il faut absolument de petites communautés. Nous
ne
sommes pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralisés,
669
sse de fédéralisme poussé encore plus loin que ce
n’
est le cas aujourd’hui, où une tendance centralisatrice apparaît en Su
670
communautés en sont la condition. Ces communautés
ne
doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas viv
671
e doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles
ne
pourraient pas vivre. Aucune communauté n’est suffisante en soi, ne p
672
elles ne pourraient pas vivre. Aucune communauté
n’
est suffisante en soi, ne peut constituer une petite autarcie : elles
673
vivre. Aucune communauté n’est suffisante en soi,
ne
peut constituer une petite autarcie : elles doivent communiquer entre
674
rontières absolument arbitraires, en morceaux qui
ne
correspondent à rien. Il faut d’abord concevoir, imaginer, et ensuite
675
une question de dimension de la communauté. Vous
ne
pouvez pas être responsable quand la communauté compte 55 millions d’
676
te 55 millions d’habitants, ou 300 millions. Vous
n’
êtes responsable qu’à l’échelle de la commune ou de la région, là où l
677
e fédérer les régions et aboutir à une Europe qui
ne
soit pas une coalition d’États surarmés, pour être assez forte contre
678
ujours à la même chose, vous voyez qu’en somme on
ne
peut pas m’accuser de manquer de cohérence, on pourrait m’accuser peu
679
e suite, uniquement parce que ça va rapporter. On
ne
se doute pas qu’on est en train de détruire ainsi la société. Alors i
680
la dernière guerre du genre humain, après quoi il
n’
y aurait plus personne pour en parler. Éviter la guerre, concrètement,
681
es et les Américains sont très contents comme ça,
ne
vont pas s’envoyer de bombes atomiques l’un sur l’autre. Cela arrange
682
ois, dans le fond très bien, beaucoup mieux qu’on
ne
le croit, et c’est l’Europe qui risque d’être victime de leur politiq
683
e d’être leur otage ou leur champ de bataille. Ce
ne
serait pas le cas si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car i
684
l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il
n’
y a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut être mangé à la sa
685
veut être mangé à la sauce des États-nations, on
ne
s’unira jamais. Regardez les difficultés actuelles dans le Marché com
686
cultés actuelles dans le Marché commun : personne
ne
veut faire de sacrifices. Ce que les hommes feraient entre eux, les É
687
. Ce que les hommes feraient entre eux, les États
ne
veulent pas le faire. Je vous livre simplement ces chiffres : les Rus
688
Russes et les Américains additionnés. Alors qu’on
ne
vienne pas me dire que l’Europe est écrasée entre les deux Grands. El
689
s deux Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle
n’
est pas unie. Donc la première chose à faire, c’est une union européen
690
pour assurer la paix et empêcher la guerre. Mais
ne
croyez-vous pas qu’il est utopique de penser que les pays de l’Est pe
691
les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europe ? Ils
ne
demandent que ça. J’en ai des preuves quasi quotidiennes : j’ai de bo
692
éenne se réalisera. J’en ai à certains égards. Je
ne
veux pas dire que je suis optimiste. J’ai intitulé un de mes premiers
693
par « pessimisme actif » ? Cela veut dire que je
ne
crois pas que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous. Si on
694
imiste : si on laisse les choses aller — et elles
ne
pourraient qu’aller plus mal vers la catastrophe totale — en revanche
695
ulture. Eh bien, on lui attribue cette phrase, je
ne
sais pas s’il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers
696
rmément œuvré pour cela : je me dis donc que cela
n’
a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, e
697
if est dans tous les journaux. Vous pouvez ouvrir
n’
importe quel journal, vous verrez que l’on vous parle de la mort des f
698
dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On
ne
voulait pas nous croire, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’impos
699
ère de se nourrir, de la manière d’attaquer ou de
ne
pas attaquer la nature, et je pense que la cause écologique a fait de
700
n petit peu impérialiste pour soi-même. Cela nous
ne
pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de li
701
veut prendre sur soi-même. Voilà, je crois que je
n’
ai rien à ajouter là-dessus. J’ai formulé les grands buts que doivent
702
rix la puissance sur les autres, la puissance qui
ne
peut mener qu’à la mort et à la catastrophe ? Ou voulons-nous la libe
703
naliste commet ici une erreur, car Robert Schuman
ne
fut pas présent en 1948 à La Haye.