1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 ans les années 1930. À l’occasion du colloque qui nous réunitb, je tiens à renouveler mes responsabilités dans cette affaire
2 algré lui dans le désordre de l’époque. […] Voici notre désordre. On ne peut plus penser sans buter aussitôt contre un dilemm
3 se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rie
4  ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditi
5 liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous , se croit encore tranquille. On ne le laissera plus tranquille bien l
6 histoire dure, — après tout ce n’est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour que l’homme reste h
7 a situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écrits figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ils revendiqu
8 espèce d’homme qui se hâte », écrivait Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’esp
9 e premier pas dans l’immédiat. Alors, n’acceptons- nous plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à no
10 plus un seul maître ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, —
11 re ? Ce serait oublier ceux qui nous ont appris à nous méfier des maîtres. Je viens de nommer Nietzsche, — Nietzsche qui, le
12 t la « réalité rugueuse »… « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus précédant le bon usage
13 « Et allons !… » — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. D’un abus précédant le bon usage Dès le début de l’action
14 eurs intellectuels embrigadés. D’où la colère qui nous prend, à Esprit comme à L’Ordre nouveau devant la rapide dévalori
15 devant la rapide dévalorisation d’un terme clé de notre doctrine personnaliste. D’où l’article que je publie dans L’Ordre nou
16 ité. Et cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’engagement. […] Les écrivains qui ont décidé tout
17 gements. » Conclusion J.-P. Sartre, auquel nous devons tant de thèses célèbres encore que radicalement contradictoire
18 ouvrière, écrit p. 316 du même volume : Rien ne nous assure que la littérature soit immortelle ; sa chance aujourd’hui, so
19 de retard — que le terme d’engagement ne fut pas notre invention, objectivement du moins. Voici le passage : Préoccupé par
20 rd, Paris, 1948. « L’ouvrier de 1947 a beaucoup à nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à
21 nous apprendre, il a vécu toutes les aventures de notre temps, à Moscou, à Budapest, à Munich, à Madrid, à Stalingrad, dans l
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
22 est aussi « la nostalgie d’une vie meilleure dont nos mythes perpétuent le souvenir et que d’autres peuples… auraient prése
23 que d’autres peuples… auraient préservée jusqu’à nos jours ». C’est la préférence accordée par principe aux « modèles » de
24 sation par son innocence et ses vertus simples ». Nous tenons enfin le Suisse au-dessus de tout soupçon ! L’éloge séculaire
25 cité sur la mortalité des civilisations : « C’est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération d’hom
26 talité des civilisations : « C’est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération d’hommes et le mode
27 intellectuelle qui en résulte doivent périr. » «  Nous autres tard venus de l’humanité » s’exclame J. Burckhardt au moment m
28 est un chant du cygne ». Ainsi désormais, jusqu’à nous , le pessimisme européen, entendons : le pessimisme des sages au sujet
29 on universelle tirent cet orgueil dont l’Évangile nous dit qu’il « va devant l’écrasement ». 2. Un autre aspect du pessimism
30 des constantes des prétentions intellectuelles de nos élites, des marquis moliéresques aux précieux du structuralisme de na
31 se fit l’Antiquité du peuple des Scythes, connu ( nous disent Boas et Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’il poursuit
32 a vraie tradition européenne, la seule qui puisse nous sauver de la tentation des despotismes asiates, des théocraties et id
33 triomphent désormais dans le tiers-monde mais que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de notre continent — le seul qui
34 que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de notre continent — le seul qui ne compte aujourd’hui ni dictature militaire
35 êmes de la liberté, j’entends l’union fédérale de nos peuples, au-delà des prétentions de l’État-nation ? 4. Sur le chapitr
36 core commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “ notre civilisation est construite sur le sang et le vol, ressemblant en cel
37 sujet de l’expansion américaine : « En Amérique, nous avons été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il
38 ns été témoins de la conquête du Mexique, et cela nous réjouit… Il est de l’intérêt de son propre développement que dans le
39 propre survie de l’Europe dépendent désormais de notre capacité à présenter au monde — sans chercher à le vendre et encore m
40 is, Presses universitaires de France, 1976. 6. «  Nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notr
41 6. « Nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jo
42 tons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollu
43 la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos t
44 fusils, notre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G
45 tre Évangile. » (p. 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et
46 . 6) On ajouterait de nos jours nos pollutions et nos technologies fauteuses de famines. 7. G. Boas et A. Lovejoy, Primit
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
47 e totalitaire mondial. En préparant ce colloqueg, nous avons décidé de prendre au sérieux les théories sur la « mort de l’ho
48 de mandarins en Sorbonne et au Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’elles eurent un temps, le symptôme cliniqu
49 l’image de Dieu, était mort, comment le saurions- nous  ? Personne n’a jamais dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu
50 les à écarter — mais on n’a écarté qu’un slogan — nous distinguons un dessein beaucoup moins mélodramatique et plus sérieux,
51  dont les « hommes nouveaux » de l’utopie dont on nous parlait hier, ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce
52 turel, l’homme de chair, pécheur, corrompu. C’est notre donné empirique livré au déterminisme biologique et à celui du péché.
53 immanent et transcendant, le « modèle », dirions- nous , de la deuxième personne de la Trinité. Ce modèle christologique, ant
54 xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas, nous dit-on, des instruments nécessaires pour penser « ce doublet empirico
55 gereux pour l’Europe, destructeur du civisme dont nous parlait ce matin Jacques Freymond. Tout ce qui réduit le sens de la r
56 nonyme. Ce n’est pas vous qui parlez ou agissez —  nous répètent les structuralistes —, c’est ça qui parle ou qui opère en vo
57 qu’il n’osera jamais s’avouer et qu’il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du structuralisme n’est pas q
58 s. Je pense avoir ici rejoint les conclusions que nous espérions pouvoir tirer de ce colloque, en opposant à l’attitude ment
59 ’une Europe qui ne sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemp
60 ne sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera co
61 e par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera contre le puritanis
62 nos mains, par nos esprits, par nos colères, par notre amour. 9. Exemple : on sera contre le puritanisme si l’on pense qu
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
63 epuis plusieurs années la plupart des journaux de nos pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colo
64 ns « unis » ou « confédérés », dont les ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous so
65 uis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pa
66 cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas nous  ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres, on dirait que
67 matiques reflètent bien moins la réalité vécue de notre continent qu’une confusion générale des esprits quant à la vraie natu
68 lle des problèmes vitaux de tous les habitants de notre « cap de l’Asie », non pas seulement de ceux des neuf pays dont les g
69 à l’Europe et dont il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le dé
70 de cette phrase excessive : « Quittons maintenant notre province, je veux dire notre nation »13 jusqu’à l’espèce de délire ob
71  Quittons maintenant notre province, je veux dire notre nation »13 jusqu’à l’espèce de délire obsidional que traduisent ses d
72 ni dans mon dernier livre, ici visé, ni ailleurs. Notre coléreux étourdi s’est visiblement trompé de titre.) Conclusion : « L
73 iches bleu foncé assuraient que « L’Avenir, c’est notre affaire ! » Michel Debré ne pouvait tout de même pas leur révéler que
74 gique, militaire, dont le langage ou la stratégie nous déconcertent par quelque excès, abus, ou délire apparent, cherchons l
75 qui peut les expliquer. Telle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre européen de la culture16. E
76 elle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre européen de la culture16. Et nous ne sommes heureuse
77 nos débuts au Centre européen de la culture16. Et nous ne sommes heureusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous
78 eusement plus les seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous apprend « que depuis des années l’état-major égyptien s’employait à m
79 . Paris, 1951, p. 28. 13. Op. cit., p. 29. 14. Nous citons ici les notes du discours de M. Debré, distribuées aux journal
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
80 Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)i Nous ne sommes pas réunis pour ébaucher un programme d’action militante, u
81 ’interpréter certains conflits qui sévissent dans notre siècle entre le monde mécanique et le monde organique, entre la machi
82 impératifs écologiques. Cela ne signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui
83 les termes d’un débat, ici Écologie et Politique. Nous savons tous la vanité de ces définitions : trop faciles parce que tro
84 coutumière. C’est le moment où s’instituent dans nos pays les écoles primaires obligatoires et universelles : la conscript
85 aussi ce qu’en pense le tiers-monde.) En fait, si nous prenons un peu de recul pour considérer le phénomène dans son ensembl
86 3. Plutôt donc que de l’écologie comme science, nous considérons ici le souci écologique, qui s’est manifesté avec force a
87 ment, donc à avoir subi l’agression mécanique. On nous dit : « Le souci écologique est un souci de riches ! » Non. C’est le
88 rait dire, peut-être en simplifiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’économie
89 ns à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissance
90 nisations régionalistes et fédéralistes dans tous nos pays et à l’échelle continentale. — en vue d’établir un programme com
91 ent. Ce qu’il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obt
92 ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune de ces trois vir
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
93 79)k Oui, c’est la France, parmi les Neuf, qui nous donne à la fois par certains de ses politiciens, les pires exemples d
94 les-ci soient moins attachées à leur identité que nous ne le sommes. Un sondage publié par la CEE de Bruxelles fin janvier
95 de l’avenir de la France dans une Europe unie : Nous risquons de voir sous nos yeux s’accomplir l’irrémédiable, c’est-à-di
96 ans une Europe unie : Nous risquons de voir sous nos yeux s’accomplir l’irrémédiable, c’est-à-dire la fusion de la France
97 ent, les industries vitales seront réparties sans notre accord ; naturellement, notre force nucléaire se trouvera petit à pet
98 ront réparties sans notre accord ; naturellement, notre force nucléaire se trouvera petit à petit démantelée ; naturellement,
99 rouvera petit à petit démantelée ; naturellement, notre langue sera éliminée ; sans nul doute les principes et les objectifs
100 les principes et les objectifs de l’éducation de nos enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions
101 et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront traduites en « volapük ». À ces fantasmes, on ne sa
102 vérifiable des problèmes linguistiques posés par notre union22. Le français a rapidement pris une position dominante dans l
103 e périmé… Depuis cinquante ans, c’est une erreur… Nos descendants associeront sans doute la notion de souveraineté national
104  criminelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupés ici même, comme en témoign
105 n essentielle à l’avenir de la France. » (p. 53) Nos lecteurs savent assez à quel point, pour les fédéralistes européens,
106 ause des régions progresse au-delà de tout ce que nous pouvions espérer, il y a dix ans, lors de l’échec du référendum gaull
107 r les problèmes de la régionalisation, termes que nous faisons nôtres, la région en Europe doit être définie comme le territ
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
108 — si on ose dire — de la défection générale dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dant
109 iastiques et politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette révolution dan
110 prise de conscience de quelque chose de grand qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. E
111 qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un
112 is dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à «  notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé.
113 oire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : M
114 intenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes a
115 Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. L
116 dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes cha
117 , dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe,
118 Victor Hugo. Et au xxe siècle c’est encore un de nos plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Lége
119 Donoso Cortès, jusqu’aux « pères de l’Europe » de notre siècle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet et Paul-Henri Sp
120 u Duce et du Führer, les plus grands écrivains de nos pays (à l’exception de quelques cas de nationalisme flamboyant comme
121 refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de
122 du congrès de Montreux, sera l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque cho
123 es conclusions. La deuxième solution est retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Lond
124 temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus,
125 el il définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelles : Peut-on défendre la culture française en ta
126 elle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons- nous donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette cultur
127 ne culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée
128 t en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’aura a
129 est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignons donc le
130 e faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que seule
131 i proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’une Ter
132 ous prenions conscience du fait fondamental que «  nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est
133 les frontières », « L’Europe sans la France », «  Notre Europe ». À quoi s’ajoutent chroniques et articles dans la plupart de
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
134 évale demeure l’idéal asymptotique de tout ce que notre époque croit avoir inventé sous le nom d’UER (unités d’enseignements
135 II. De l’Université aux « Facultés » Tout cela nous mène à la mise au pas napoléonienne des écoles, c’est-à-dire à la sup
136 entrevoit la seule issue possiblement heureuse de notre crise. Petites unités autonomes de recherches et de contestation comp
137 ue la survie de la culture européenne dépendra de notre aptitude à optimaliser les dimensions de nos créations, de nos activi
138 de notre aptitude à optimaliser les dimensions de nos créations, de nos activités et de leurs cadres. Les conditions d’une
139 à optimaliser les dimensions de nos créations, de nos activités et de leurs cadres. Les conditions d’une renaissance des un
140 s mêmes que celles dont dépendent le sauvetage de notre environnement, et celui de notre économie, la restauration du civisme
141 le sauvetage de notre environnement, et celui de notre économie, la restauration du civisme, la paix elle-même : UER, région
142 alaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de nos facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que, pour ma part, je
143 isciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs prétendus de la croissance de production
144 ts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme, de sinologie, d’is
145 rdination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères sp
146 uasi ethnographique des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique su
147 era sans peine. L’introduction, si désirable dans nos mœurs universitaires, d’une année sabbatique de type américain, perme
148 emise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés
149 ale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés reviendraient à leur
150 l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul possible. L’Europe,
151 té, qui est la formule de notre grand passé et de notre avenir fédératif, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
152 nel, chez Thomas More, de cité idéale succédant à nos misères. J’essaierai de m’en tenir au sens étymologique, littéral, d’
153 reconnaît quand on les cite, disent eux aussi : «  Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente », décrivent l’homme comme « é
154 la Terre », ou déclarent que « dans les cieux est notre droit de cité » (notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les mystiq
155 t que « dans les cieux est notre droit de cité » ( notre politeuma, saint Paul). Et surtout, les mystiques de l’Inde, de la Ch
156 ision, évoquant le monde physique ; mais le texte nous dit : « mesures d’hommes, qui sont aussi mesures d’anges », ou encore
157 règne vienne ! », donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire et notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien résiste
158 donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire et notre espace-temps terrestre. Comment le chrétien résisterait-il toujours e
159 , dans le temps de l’Histoire et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiques. Tout cela va se p
160 et dans l’espace de nos propriétés privées et de nos territoires étatiques. Tout cela va se produire dans l’époque même où
161 lles. On dirait qu’elle résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibles, — non pas du tout moralement, pa
162 rait qu’elle résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibles, — non pas du tout moralement, par conversio
163 bois, des feuilles, de la paille et du lin, elle nous compose un environnement de métal, de verre, de minéraux et de plasti
164 e-prothèse. Ainsi par peur de la mort choisissons- nous l’inanimé, contre la vie toujours mortelle. L’aventure technique relè
165 60 États-nations qui l’ont copié siègent à l’ONU. Nous sommes ici en présence d’une utopie réalisée non seulement à la lettr
166 tiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’il nous mène inexorablement, par les mécanismes déments des souverainetés nat
167 utopie. Il n’y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit a
168 uerre atomique, mettant fin au genre humain. Ceci nous permet d’espérer. 7. Mon propos dans tout cela n’est guère politique
169 ique du terme, est projection à terme indéfini de nos refus d’un présent exécré. Mais l’utopie spirituelle de la Nouvelle J
170 promesse, acceptée par la foi, de ce qui vient à nous irrésistiblement, comme la réalité même du temps, du mouvement de l’E
171 uturum aeternum ; du dieu qui vient sans fin vers nous — Dieu à-venir. 45. J’emprunte tout cela — hélas, beaucoup trop sim
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
172 ’esprit européen » (été 1980)o « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’il me semb
173 plus belle harmonie. » Or, toutes les analyses de nos tempéraments et de nos styles de création, anglais, français, italien
174 Or, toutes les analyses de nos tempéraments et de nos styles de création, anglais, français, italien et allemand, conduisen
175 nants de l’union européenne, à savoir de « fondre nos nations dans on ne sait quel magma informe ». Mme de Staël conçoit l’
176 i qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon par cela qui est plus profond encore que les racines
177 encore que les racines, étant au principe même de notre histoire, par le christianisme, — et je cite : La religion chrétienn
178 s siècles à l’accomplissement de ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin les vainq
179 obéissent doivent se respecter mutuellement.51 Nous voici renvoyés au respect absolu de la différence en tant que telle,
180 ui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui l’État-nation : Quand une réunion quelconque d’h
181 e une exigence encore plus neuve, et qui prend de nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans la préface De l’Allemag
182 ires et devant les manipulations génétiques qu’on nous annonce pour demain. Mais j’en reviens à la critique de la nation. Ap
183 et famines dans le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’eût pas préconisé l’union de l’Europe sur la base d’une Comm
184 ur cet homme elle eût proposé l’union fédérale de nos peuples, dans cet enthousiasme auquel elle consacre les trois dernier
185 Il était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être : — une tâche pour cette géné
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
186 les politiques et les poètes, et cela d’Hésiode à nos jours, au cours des 28 derniers siècles. Demandons-nous d’abord quel
187 ours, au cours des 28 derniers siècles. Demandons- nous d’abord quel est le plus grand commun dénominateur entre l’Europe de
188 ui fut le premier à parler de l’Europe comme de «  notre patrie » au roi de Bohême Georges Podiebrad, qui est le premier à par
189 litique virtuelle — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs rep
190 stance mutuelle « sans même qu’il l’ait requise à notre collègue attaqué » ; enfin, d’un budget fédéral, alimenté d’ailleurs
191 ue Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souvent,
192 l « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souvent, c’est sans doute la perception de
193 Est. Il y a là, de la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’in
194 e la part de l’opinion dans tous nos pays et tous nos milieux politiques et intellectuels, une espèce d’ingratitude qui a t
195 tte méconnaissance de l’Europe véritable, qui est notre fait, de ce refus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’on l’a vue
196 à le bannir d’un pays à l’autre du continent. Il nous faut bien entendre que lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz n’enten
197 ranger comme à une enclume sourde : Ô despotisme, nous t’avons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du
198 s t’avons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid,
199 vons servi, adoucis-toi, ouvre-toi, pour que nous nous cachions du marteau. Et il vous présentera un dos dur et froid, et la
200 ombattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur nous , Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’ose
201 é, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais- nous  ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser
202 que d’autres n’osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Lib
203 nt même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que t
204 erser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne
205 e plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Nous avons entendu le même cri, en octobre 1956, lorsque
206 Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Nous avons entendu le même cri, en octobre 1956, lorsque le dernier poste
207 capable de répondre un dernier appel dramatique «  Nous t’avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. 
208 dramatique « Nous t’avons demandé des armes et tu nous as donné un article de gazette. » Mea culpa… Mais ce colloque, au-del
209 loque, au-delà de toute neutralité, devrait enfin nous décider à percevoir la voix profonde et l’appel séculaire de nos frèr
210 ercevoir la voix profonde et l’appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leurs gardiens ! p. Rougem
211 et l’appel séculaire de nos frères de l’Est : car nous sommes aussi leurs gardiens ! p. Rougemont Denis de, « L’apport cu
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
212 l n’y en a guère. Une théologie rudimentaire, qui nous ramène au Dieu plus abstrait que transcendant de Léon Brunschwicg ou
213 é d’un effort de « dénonciation » qui, au lieu de nous faire mieux comprendre la nature du mal à combattre, insulte la mémoi
214 jeunesses bottées, nu-tête, chemise ouverte, dont notre presse aime à railler les uniformes ». Je lis cela, monte au grenier
215 jeunesses bottées, nu-tête, chemise ouverte, dont notre presse aime à railler les uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un att
216 tre presse aime à railler les uniformes, qu’avons- nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventr
217 Charles Dulot comme agnostique sympathisant avec nos positions. En fin de numéro, deux notes intitulées « Ceux qui ont com
218 « mesure nationale-socialiste ». Et j’écris : Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de
219 acte de foi contraire. Elles veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nous vou
220 vérité. Elles veulent la force du grand nombre et nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure
221 la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne :
222 sure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus
223 eure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous . Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter
224 ses relations actives avec ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoud
225 x conflit de l’individu et de la masse. […] — Car notre force est personnelle, non collective. Elle réside dans les petits gr
226 causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de nous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et XI Mais voilà qui
227 is voilà qui est plus grave encore et révèle chez notre auteur une incapacité fondamentale à comprendre le sens des trop rare
228 abord des “révolutions avortées”58) ». Reportons- nous aux pages citées dans mon livre. Quelques remarques de forme tout d’a
229 veau , n° 3), dont voici le texte : Que trouvons- nous , à l’origine permanente des erreurs qui, depuis vingt ans, nous ont v
230 ine permanente des erreurs qui, depuis vingt ans, nous ont valu la guerre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une
231 nt valu la guerre, le chômage et les dictatures ? Nous trouvons une certaine attitude humaine. Cette attitude, qu’on appelle
232 sa dénonciation d’ennemis qui n’ont cessé d’être les nôtres depuis bien avant sa naissance, montre une carence, non moins pathéti
233 rophe nationale. (On veut bien ne pas l’imputer à notre action directe. Merci.) Quelles idées ? Pourrait-il les rappeler ? La
234 racisme déclaré ? C’étaient les thèmes majeurs de nos revues. En leur nom, nous ne cessions de dénoncer le stato-nationalis
235 nt les thèmes majeurs de nos revues. En leur nom, nous ne cessions de dénoncer le stato-nationalisme des « puissances » de l
236 ut-il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-il vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditiona
237 à la revue de Gramsci, Ordine Nuovo ? Et comment nos idées auraient-elles « accédé au pouvoir » à Vichy ? Un politicien co
238 i, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées personnalistes aient « accédé au pouvoir » à Vichy et cela « à
239 nationale » de juin 1940, comment se peut-il que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résistance avec
240 ignais. Chefs de file du mouvement personnaliste, nous avons tous été condamnés à de la prison pour des idées dont L’Express
241 mnés à de la prison pour des idées dont L’Express nous apprend qu’elles étaient au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les
242 ec les nazis triomphants. Tragique aveuglement de notre part ? Ou de la part de Vichy ? Ou falsification délirante de l’histo
243 s n’ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lévy figurera pour des semain
244 nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lévy figurera pour des semaines sur la liste des best-sellers
245 mes et des hommes de cette époque, en déduise que nous adhérions plus ou moins consciemment aux doctrines des fascistes et d
246 ocent soupçonnera-t-il que l’impayable sérieux de notre jeune lévite est aussi une recette de succès : déjà B.-H. Lévy a ses
247 unier ou de moi, textes destinés à : 1° démontrer notre « fascination » par Hitler, par le « dynamisme », la « vitalité », « 
248 Lévy sur des textes beaucoup plus discutables que les nôtres — surtout isolés de leur contexte, selon sa méthode habituelle. Et su
249 L’Ordre nouveau . Harro Schulze-Boysen était pour nous un prestigieux camarade de combat, et un ami. Il fut plus tard le che
250 ront réellement capables de servir leur pays. […] Nous luttons tous, en effet, pour une cause commune ! Un an avant, dans l
251 e intitulé « Cause commune » où je me reportais à notre rencontre décisive au congrès des jeunesses révolutionnaires d’Europe
252 révolutionnaires d’Europe, à Francfort, en 1932. Nos liens d’amitié et d’action étaient étroits. Lors d’une rencontre en S
253 les eût distingués, voire opposés radicalement à nos critiques de la démocratie trahie par les parlementaires, par l’améri
254 C’est beaucoup plus « Collège de sociologie » que notre déclaration même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû
255 aration même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en suis un peu honteux. (Je fais surtout allusion
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
256 de Byzance, sera le premier à nommer « l’Europe, notre patrie » : la conscience naît en général du sentiment d’une menace qu
257 , Pierre Mesnard écrit que le problème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelons l’État, à savoir la nation
258 lème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelons l’État, à savoir la nation organisée » (p. 480), ou encore :
259 peut, selon Jean Bodin et ses disciples (jusqu’à nous  !), résider dans trois Estats (et trois seulement) ou « trois sortes
260 signer après ses victoires la nation française. » Nous rejoignons le sens donné au mot nation par la Révolution française.
261 se, à la formation du premier État moderne, et de nos jours à l’État-nation, « libéral » ou totalitaire. Je rappellerai ici
262 publiques qui ont tenu son rôle en France jusqu’à nos jours), cet État pourrait dire, non sans injustice d’ailleurs pour le
263 oi. c) Il y a continuité de l’État de Louis XIV à nos jours, si l’on en croit les très curieuses définitions de « l’État cl
264 er le « Dieu seul parle bien de Dieu » de Pascal… Nous sommes en plein délire de sacralisation stato-nationaliste. d) La nat
265 ssée, entretenue dès le xviiie siècle et jusqu’à nous , entre les termes de nation, de patrie, de peuple, de pays et d’État
266 ité impitoyable de ces confusions. Prenons encore nos exemples dans Littré, indicateur bien plus naïf, donc plus révélateur
267 e l’armée : « La conscription est le palladium de notre indépendance, parce que mettant la nation dans l’armée et l’armée dan
268 nt pour un nouveau bond en avant du PNB. 7. Où nous mène cette évolution ? Le stade suprême de la sacralisation de l’É
269 de décrire paraît inévitable, irréversible. Mais nous voyons que l’État-nation, qui en est le moteur, dépend lui-même, dans
270 e fédéraliste de l’État-nation. On le retrouve de nos jours dans les écrits de J. Buchmann, de Robert Lafont, d’Hervé Laven
271 concret, non plus dans leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits
272 ent au niveau des empires véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou écono
273 raison d’être. Dans leur état actuel de division, nos « souverainetés » ne peuvent en effet : — ni résister à la colonisati
274 de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre crise ; — ni assurer l’approvisionnement nécessaire en matières premi
275 et faute d’institutions communes de type fédéral, nos États-nations, retranchés dans leurs souverainetés nationales, ne pou
276 e cette Souveraineté sans limites ni règles, dont nos ancêtres n’avaient pas l’idée. » (p. 216) « Quand on disait alors sou
277 nuit jamais à l’impeccable élégance du propos. Il nous montre d’abord « le passage d’une souveraineté relative, la monarchie
278 ple soumis à l’État — qu’ils incarnent. D’où, de nos jours, les définitions courantes de la souveraineté nationale dans le
279 cevable et vérifiable : la Souveraineté nationale nous le fait voir en 1984 mieux encore qu’en 1979, à l’occasion des électi
280 de la « Nation », en réalité : de l’État — comme nous l’avons montré — la Souveraineté a perdu toute substance et toute ver
281 but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré qu’un « bon Européen » est celui qui — co
282 ry 80, le plus grand philosophe de l’Histoire, en notre siècle, Arnold Toynbee, fait sienne la thèse solidement établie qui v
283 onde hellénique et le problème correspondant dans le nôtre , aujourd’hui. Toutefois, à la lumière de l’Histoire grecque, nous som
284 i. Toutefois, à la lumière de l’Histoire grecque, nous sommes en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouve
285 toire grecque, nous sommes en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouvera sa solution — pour autant qu’on p
286 a pas été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons attendre de salut d’aucun des États nationaux d’Occident
287 ’est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever les yeux dans l’espérance d’y découvrir quelque fo
288 drait ainsi la calamité (sans cela inévitable) de notre anéantissement dans un conflit fatal. (p. 349-350) Puis, faisant all
289 e tentative — pour bâtir un édifice politique qui nous permettra de donner plus de substance, avant qu’il ne soit trop tard,
290 édécesseurs de Louis XIV. 71. Voir L’Avenir est notre affaire , 1977, et plus anciennement Vingt-huit siècles d’Europe , 1
291 is des pages 101 à 110 de mon livre L’Avenir est notre affaire , paru en 1977. 75. Le titre de sa revue qui parut de 1933 à
292 onale est] un dogme périmé… depuis cinquante ans. Nos descendants associeront sans doute la notion de souveraineté national
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
293 — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notre société » (S. Veil) ou « la condition d’une société plus juste » (tou
294 mble avoir imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des chances de surmonter sa crise nationale, l’union seule p
295 to au Conseil des ministres de la CEE, veto « qui nous donne une grande puissance ». Moyennant quoi, elle affirme que l’enga
296 e transcende sans peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajout
297 et propositions défendues dans toute la suite de nos études sur l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre aff
298 l’Europe et les régions 84 et dans L’Avenir est notre affaire . « Jeunes giscardiens » : on se croirait à droite. « Les Ver
299 titre de conservateur. Quant aux destructeurs de notre environnement, à commencer par les forêts et océans qui font tout l’o
300 vie : de cette contrée, la plus polluée du monde, nous voulons faire la championne du monde de la dépollution. L’Europe de l
301 péens viennent de publier leur programme commun : nous en donnons ici les titres de chapitres. Vers la paix en Europe fondé
302 e l’équilibre écologique, qui assure les bases de notre vie par-delà les frontières nationales ou européennes. Vers une polit
303 ns Bretagne), qui annonce ainsi son programme : NOUS VOULONS : — la construction des États-Unis d’Europe, sur une base féd
304 é aux aspects positifs du PE — oui, tout arrive — nous sommes heureux de citer : Le Parlement européen est le lieu de la cr
305 principe des votes à l’unanimité, principe que «  nous n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, lon
306 é, principe que « nous n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclure, longuement ovationnée par les parl
307 uropéenne doit voir le jour au xxe siècle, il ne nous reste plus que seize ans ! » « Une souveraineté européenne » — encor
308 voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager nos États-nations, parvenus non sans peine à ce qu’ils considèrent comme
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
309 onclusions solennelles que l’on pourrait tirer de nos débats, que je crois que j’ai entrepris quelque chose que je ne pourr
310 tous. Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a été de loin le plus riche pa
311 t peut-être plus importants, les trois thèmes qui nous ont le plus longuement retenus et qui ont été dans l’ordre : le thème
312 première journée. Deuxième thème, la sémantique : nous avons consacré toute une journée à l’examen des langues de bois diver
313 outes, mais enfin il y en a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une journée extrêmement instructive
314 érations sur le Forum culturel 1984-1985, c’était notre ami Boldizsar qui avait choisi ce thème, je me suis dit : est-ce qu’o
315 r l’année prochaine ? Je croyais qu’il parlait de notre colloque. J’étais absolument à côté de la réalité. Et je crois que je
316 is pas le dire. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que le Forum culturel dont il était question allait
317 appelle cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de désigner cette ch
318 le cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de désigner cette chose,
319 comme tous les forums de ce genre, ne fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thème de Budapest sera une dis
320 té en Europe. De cette discussion, de ces thèmes, nous ont parlé avec beaucoup de pertinence, de réalisme et de sagesse, M.
321 des hôtes, l’un des organisateurs de Budapest. Il nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nommer ont
322 que je viens de nommer ont insisté là-dessus, de nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare
323 isté là-dessus, de nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suit
324 surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suite que j’ai toujours eu quelque m
325 pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est, dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut
326 dans le cas présent, la seule voie praticable. Il nous faut trouver, en effet, d’abord un langage commun, sinon cela ne serv
327 ela ne servira absolument à rien. Chercher ce qui nous unit, surtout dans le domaine de la culture, qui est d’abord une ques
328 qui est d’abord une question de langage. Et ceci nous a amenés, durant la deuxième journée, à une discussion qui a roulé su
329 sont sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmement intéressant, très détaillé,
330 rois, tout l’après-midi du jeudi : Mme Oudaltsova nous a fait une communication trop modestement intitulée Byzance, ville d’
331 op modestement intitulée Byzance, ville d’art, et nous a projeté ensuite une série de diapositives d’une telle beauté que ce
332 série de diapositives d’une telle beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images su
333 telle beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’il n’y
334 and écran, qu’il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, M
335 avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame. Dans votre introduction, traitant de la culture
336 parallélisme est frappant avec des situations que nous connaissons — en remplaçant l’Église par le Parti — et je crois que c
337 autres — de nouveau colloque. Mais j’en reviens à notre deuxième thème, la sémantique. M. Grossrieder nous a donc appris mill
338 tre deuxième thème, la sémantique. M. Grossrieder nous a donc appris mille choses importantes sur le langage propre aux cong
339 propre aux congrès, et ensuite, M. Georges Nivat nous a montré, par une analyse à mon sens admirablement raffinée et portan
340 ense, dirais-je, et puis tout s’est détendu quand notre président a pris la parole pour dire que les propos de Georges Nivat
341 s eu la même idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu le moindre échange. Je l’avais notée, et je vous ai lu mes n
342 de bois nationaliste, de classe, bourgeoise dans notre cas, a provoqué des réactions littéraires parfois violentes, parfois
343 it chez ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous , nous appelions cela l’explosion antibourgeoise : Dada, le surréalism
344 z ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous, nous appelions cela l’explosion antibourgeoise : Dada, le surréalisme et p
345 e débat, de l’exposé de Nivat et des réponses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être le
346 ses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être le nœud du problème qui se posait à ce colloqu
347 e plus grand péril jamais encouru par l’humanité. Nous avons eu l’impression qu’autour de cette table, quelque chose se noua
348 Je crois que ce moment-là a entièrement justifié notre colloque. Il y a eu une extrême richesse aussi, ce jour-là, dans les
349 ose de tout à fait important. Le grand danger que nous avons couru au cours des trente dernières années, en tenant nos collo
350 u au cours des trente dernières années, en tenant nos colloques, ou en créant des instituts pour l’étude de la culture euro
351 s, sans le moindre sens des cultures différentes, notre civilisation scientifico-technique. Je prends le DDT comme exemple ty
352 DDT comme exemple typique de cette ambivalence de notre science. Au début, le DDT a sauvé des récoltes immenses auparavant dé
353 s différentes cultures qui se partagent le monde. Nous l’avons essayé il y a quelques années, au CEC, cela avait l’air prome
354 t difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujourd’hui même. Je ne puis guère vous donner que des con
355 mune des Européens. Je pense que ce qui distingue notre culture européenne, c’est la diversité extraordinaire des sources, qu
356 slave, à partir du xixe , a été considérable pour nous , ne fût-ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xix
357 stes. Le jeudi matin, je ne sais plus qui d’entre nous a dit qu’il connaissait quatre-vingts définitions de la culture europ
358 ures fondamentales, cette culture commune devrait nous imposer des systèmes de prudence, je dirais des modes d’emploi, au se
359 ais autant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous s
360 utant ri au cours d’un exercice de ce genre. Nous nous sommes tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons
361 ous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter cela dans les mêmes conditions, a
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
362 de se rapprocher d’un grand but politique — dans notre cas, l’union de l’Europe — et celle de l’homme de pensée militante, q
363 Chevaliers — le Ridderzaal — qui fut le siège de notre manifestation fondatrice, qu’il y avait pris part parmi les délégués
364 circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
365 r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
366 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
367 oderne. À défaut d’une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
368 nion librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
369 oit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées
370 s édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
371 politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
372 rce est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en él
373 t l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les
374 our en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union, l’Europe joue so
375 ce à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union, l’Europe joue son destin et celui de la p
376 de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous , Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce
377 peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les rés
378 ivants, qui résument les résolutions adoptées par notre congrès : 1. Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son éten
379 t les résolutions adoptées par notre congrès : 1. Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre cir
380 irculation des hommes, des idées et des biens. 2. Nous voulons une Charte des droits de l’homme garantissant les libertés de
381 le libre exercice d’une opposition politique. 3. Nous voulons une Cour de justice capable d’appliquer les sanctions nécessa
382 nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4. Nous voulons une Assemblée européenne où soient représentées les forces vi
383 où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de to
384 ées les forces vives de toutes nos nations. 5. Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
385 enons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Égli
386 l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos mili
387 s nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicau
388 ns nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et
389 n public, dans nos partis, dans nos Églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements
390 dans tous les groupes activement intéressés : on nous donnait une Assemblée consultative, et nous l’avions voulue législati
391  : on nous donnait une Assemblée consultative, et nous l’avions voulue législative ; cette assemblée était formée de délégué
392 és élus représentant « les forces vives de toutes nos nations ». Cela changeait tout. Mais l’homme est ainsi fait : curiosi
393 de La Haye et dont je suis le directeur désigné, nous débarquions à Strasbourg en août 1949, pour la première session de l’
394 directs que Coudenhove : « L’Europe Charlemagne, nous l’aurons dans dix ans », me dit-il en me serrant la main. Quelques ma
395 Palais de l’Europe 6000 jeunes gens venus de tous nos pays et décidés à « bousculer les gouvernements », comme l’avait sugg
396 fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose […]. Nous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’
397 ous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempér
398 par doctrine, par manie ou par tempérament, comme nous le reprochent certains qui, par principe ceux-là, ont décidé une fois
399 dire en style familier, ces éternelles prudences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre pre
400 f qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en u
401 aites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux quelles, et quelles sabotent […]. Ils no
402 vaut mieux quelles, et quelles sabotent […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces diffic
403 et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massiv
404 icats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation, de polémique europée
405 le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un régime
406 salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espéranc
407 rte son texte, dont voici le passage essentiel : Nous ne le redirons jamais assez : toutes les nations de l’Europe occident
408 eront-ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espoir, consommer le suicide du Conseil de l’Europe, sonner p
409 trasbourg peut réveiller la volonté de vivre dans notre Europe aujourd’hui paralysée par le sentiment de son impuissance, et
410 on publique les approuvera et les soutiendra […]. Nous sommes à Strasbourg un groupe qui avec des moyens sérieux tente de la
411 t de pousser l’idée d’un serment du Jeu de Paume. Nous ne sommes certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandon
412 mes certes rien moins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Com
413 oins qu’assurés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Comment ne pas admi
414 rés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Comment ne pas admirer la conver
415 si disponible que merveilleusement intelligent89, nous travaillons jusqu’à 3 h du matin : reprenons le texte Jacquet (les « 
416 res à l’hôtel. Il semble que le Serment va rater, notre texte grignoté par Paul Reynaud, les Hollandais, les Allemands. Carlo
417 r 98 voix sur 98 présents le patronage du CE pour notre Centre européen de la culture. Guy Mollet me promet de faire le néces
418 faire le nécessaire pour que la Banque de France nous subventionne. À 23 h, Villey et sa femme au Café de France jusqu’à 1
419 urs survivants de l’événement pourront sans doute nous le rappeler), un bâtiment sis dans le parc, en face du Palais de l’Eu
420 de Villey et mes mises en demeure. Je le répète : nos gouvernements ne voulaient pas l’Europe unie. Ils ne croyaient au mie
421 che sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l’y encourage vivem
422 c Brugmans et Silva. Je l’y encourage vivement. » Nous sommes à Strasbourg de nouveau, Silva, Dadelsen et moi le 17 novembre
423 instituts universitaires, le cinéma européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au moins
424 versitaires, le cinéma européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au moins 3000 jeunes
425 sera chargé de présenter à l’Assemblée. Voilà qui nous promet, à Dadelsen et à moi, une nouvelle nuit de bon travail à l’Hôt
426 ve du Conseil de l’Europe Au mois d’août dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux fron
427 dernier, nous étions trois-cents à Wissembourg et nous avons brûlé les poteaux frontières, symbole des souverainetés nationa
428 ouverainetés nationales néfastes et périmées dont nous espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nous voici six-mille a
429 us espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nous voici six-mille accourus vers Strasbourg de tous les horizons du cont
430 érentes, c’est la jeunesse européenne entière que nous avons conscience de représenter ici. Si une nouvelle fois, mais en pl
431 Si une nouvelle fois, mais en plus grand nombre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison
432 nd nombre, nous avons forcé les frontières, et si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nou
433 s, et si nous sommes ici devant votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire
434 t votre maison — la nôtre aussi — c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire entendre par vous directement
435 c’est parce que nous voulons être bien assurés de nous faire entendre par vous directement. Vous avez le devoir d’écouter no
436 r vous directement. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos len
437 ment. Vous avez le devoir d’écouter notre voix et nous avons des droits particuliers à vous parler, car vos lenteurs et vos
438 os lenteurs et vos hésitations, vos prudences que nous comprenons mal devant les catastrophes qui s’approchent — c’est nous
439 devant les catastrophes qui s’approchent — c’est nous les jeunes qui les paierons demain, peut-être même de notre vie. Nous
440 jeunes qui les paierons demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souveraineté
441 les paierons demain, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés national
442 tre même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de m
443 ous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’accepterons de mourir que pour des raisons de vivre. Proclamez ces
444 tatut d’impuissance, vous le savez aussi bien que nous  : l’Europe ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encor
445 urope ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’est donc la sagesse même qui vous commande l’au
446 vous commande l’audace. Vous connaissez mieux que nous la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour
447 s la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici pour proclamer des nécessités et un but. L’heure est venue
448 d’accomplir l’acte révolutionnaire qui seul peut nous sauver. Nous demandons que les délégués conscients des dangers imméd
449 ’acte révolutionnaire qui seul peut nous sauver. Nous demandons que les délégués conscients des dangers immédiats se procla
450 e cet acte simple, vous sentirez monter vers vous notre ferveur ; vous rendrez à nos vieux pays envahis aujourd’hui par l’ind
451 z monter vers vous notre ferveur ; vous rendrez à nos vieux pays envahis aujourd’hui par l’indifférence et le doute une gra
452 housiasme qui balaiera devant vous les obstacles. Nous venons ici vous apporter le témoignage d’une foi encore intacte. Ne t
453 moignage d’une foi encore intacte. Ne trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne pouvez plus multipl
454 ncore intacte. Ne trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne pouvez plus multiplier les professions
455 l’Europe, mais alors qu’ils le disent clairement. Nous avons le droit d’attendre que vos actes répondent à vos discours. C’e
456 us : ce sera le troisième de la saison ! Serment Nous jurons que, par tous les moyens en notre pouvoir et par toutes les fo
457 Serment Nous jurons que, par tous les moyens en notre pouvoir et par toutes les forces que nous donne la légitimité de notr
458 ens en notre pouvoir et par toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur de no
459 toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur de nous-mêmes à l’avènement de la
460 forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur de nous-mêmes à l’avènement de la fédération
461 -mêmes à l’avènement de la fédération européenne. Nous jurons de ne plus reconnaître, à partir d’aujourd’hui, les frontières
462 onnaître, à partir d’aujourd’hui, les frontières. Nous déclarons que nous défendrons l’Europe, mais seulement comme une patr
463 d’aujourd’hui, les frontières. Nous déclarons que nous défendrons l’Europe, mais seulement comme une patrie commune. L’Europ
464 me une patrie commune. L’Europe est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce q
465 atrie commune. L’Europe est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que ces j
466 est présente pour nous et nous le prouverons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que ces jeunes d’alors pensent
467 is aussi des frais de voyage, ce qui l’est moins. Nous vivions l’époque héroïque des gens — jeunes de tout âge — qui « march
468 ajeure : ce projet de Constitution européenne que nous avions en vain espéré de Strasbourg. Mais il naquit d’une décision pr
469 opos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous avec toutes les apparences d’une nation et d’une fédération, se nomme
470 nt agir les Fous — ne voyez-vous pas où les Sages nous ont conduits ? » Relisant cela dans un journal allemand et pour en vé
471 part des diversités mêmes qui font la richesse de notre civilisation, le prépare beaucoup mieux que la CEE à « commencer par
472 ’exemple hélas parfait d’une situation de ce type nous a été récemment fourni par l’épisode de la Déclaration européenne sur
473 rticipation ». Ils affirment que « la finalité de nos sociétés est de permettre à chacun de s’épanouir dans la liberté et l
474 et avec la construction à venir de son Union. On nous apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas une culture commu
475 vrai, la signification principale du document… On nous apprend ensuite que le fondement premier de ces cultures est une trad
476 administrative et décisionnelle de la plupart de nos États européens empêche de prendre en compte et à plus forte raison d
477 nité de l’Occident, Jupiter changé en Taureau. On nous dit qu’Europe aujourd’hui risque à nouveau d’être séduite, cette fois
478 qui exige une réponse immédiate est de savoir si nous allons enfin prendre conscience d’un scandale qui n’est pas, comme on
479 re. Il me dit : « Monsieur, vous êtes l’homme qui nous oblige tous à méditer. » Puis, au service de presse, Robert Bichet, c
480 deux jours après, Spaak descendant l’escalier de notre hôtel : « Je les ai lues, enfin ! » Moi : « Quoi ? » — « Vos fameuses
481 voyons ! Comme vous êtes pessimiste ! Comme vous nous arrangez ! » Le 24 août, Victor Larock (rapporteur général) me cite t
482 : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’il nous adresse… », puis le sénateur Casati, à propos du Centre européen de l
483 éler journées des dupes, hélas. 89. Il deviendra notre collaborateur le plus actif au Centre européen de la culture, dès la
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
484 r, le philosophe allemand. Et puis avec mes amis, nous avons très vite fondé des groupes de pensée autour d’une idée de l’ho
485 ndividu, ce que Marx appelait l’individu atomisé. Nous avions repris un peu de cette critique-là, tout en étant très antimar
486 , tout en étant très antimarxistes pour le reste. Nous avons alors fondé les groupes personnalistes qui continuent aujourd’h
487 de commun évidemment avec le mouvement fasciste. Nous avons développé des théories sur l’actualité, sur l’évolution du mond
488 l’évolution du monde, de l’Europe en particulier. Nous nous sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise é
489 lution du monde, de l’Europe en particulier. Nous nous sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise était
490 sommes tout de suite situés en dehors des partis. Notre devise était « ni gauche, ni droite, mais en avant, devant les problè
491 ni droite, mais en avant, devant les problèmes ». Nos idées ont joué un certain rôle dans le développement politique frança
492 oppement politique français, à cette époque. Puis nous avons développé des théories politiques constructives, curieusement s
493 a centralisation. Il est vrai qu’il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avait un Russe, il y avait des Alleman
494 t un Russe, il y avait des Allemands, un Italien. Nous avions beaucoup d’amis, presque des disciples déjà, en Angleterre, en
495 e des disciples déjà, en Angleterre, en Belgique. Nous avons alors élaboré, d’une manière encore très théorique, une concept
496 qu’il fallait fédérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce terme d’État-nation qui est utilisé maintenant un peu
497 nation qui est utilisé maintenant un peu partout. Nous avons dénoncé cette nouvelle tyrannie moderne qui consiste dans le fa
498 le tyrannie moderne qui consiste dans le fait que nos sociétés sont dirigées par l’État, c’est-à-dire par des corps de fonc
499 mentale sur laquelle repose toute la critique que nous avons fait de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas m
500 tiques en Europe, après la tragédie de la guerre. Nous étions en train de voir la guerre des nations, des États-nations, se
501 s staliniens en Russie, faire tous la même chose. Nous nous opposions à tout cela, la personne, l’homme libre et responsable
502 liniens en Russie, faire tous la même chose. Nous nous opposions à tout cela, la personne, l’homme libre et responsable étan
503 , la personne, l’homme libre et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la
504 et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf, a écl
505 re la guerre de trente-neuf, a éclaté. Et là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différentes nationalit
506 Et là tout notre mouvement s’est dissout puisque nous étions de différentes nationalités. Je fus tout de suite mobilisé en
507 ntrer en fonction contre les Allemands. Alors que nous étions en train d’organiser cette Ligue du Gothard avec des gens que
508 rganiser cette Ligue du Gothard avec des gens que nous avions pris à droite et à gauche conformément à ma philosophie « ni g
509 ce qu’on pourrait faire si Hitler était battu, si nous pourrions rentrer en Europe. J’avais beaucoup d’amis de tous les pays
510 ous les pays européens, réfugiés là-bas, avec qui nous nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une
511 es pays européens, réfugiés là-bas, avec qui nous nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une chose
512 réfugiés là-bas, avec qui nous nous disions : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’une chose à faire, c’est un
513 Jaspers, le philosophe marxiste hongrois Lukacs. Nous étions neuf conférenciers, dont j’étais le plus jeune, et j’ai parlé
514 t de Denis de Rougemont il y a toujours eu, comme nous l’avons vu, l’homme, en tant que personne libre et responsable, par o
515 me à la société, à quels dangers est-il exposé ? Notre mouvement, qui s’appelait « mouvement personnaliste », a porté toute
516 l’on pense que la société est le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au service de l’homme, doit l
517 n citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appelait « 
518 nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appelait « les non-conformistes des années 1930 ». C’est là
519 e un sujet, un homme libre et responsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me répète, il faut que la socié
520 ctive, il faut absolument de petites communautés. Nous ne sommes pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralis
521 la direction de l’État et de ses fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abor
522 fonctionnaires. Nous sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’e
523 sommes faits pour vivre dans notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu
524 s notre commune, dans notre famille d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu j’ai retrouvé ma tradition s
525 entralisatrice apparaît en Suisse, tendance qu’il nous faut combattre. Si les finalités sont liberté, responsabilité, amour
526 communs. Par exemple, il y a une communauté qu’il nous faut restaurer : je pense à la région où j’habite, celle du lac Léman
527 t les habitants en Savoie, dans le pays de Gex où nous sommes, à Genève, dans le canton de Vaud et celui du Valais, ont des
528 a voix d’un homme peut se faire entendre. Donc il nous faut recréer cela, et puis ensuite fédérer les régions et aboutir à u
529 mon action ? Eh bien, je me suis dit : puisqu’il nous faut partir d’une finalité de l’homme et des valeurs les plus commune
530 plus communes aux Européens, cela veut dire qu’il nous faut partir de la culture. Je conçois la culture comme l’ensemble des
531 sultat de sa vision d’une Europe nouvelle. Une de nos premières activités issues du congrès de La Haye fut de mettre ensemb
532 gie avec le Centre européen de la culture. Ce fut notre première création. Puis, sous l’égide de l’Unesco, le CERN a passé au
533 CERN a passé aux gouvernements, sortant ainsi de nos mains : mais nous en avions fait la conception première. Ensuite nous
534 gouvernements, sortant ainsi de nos mains : mais nous en avions fait la conception première. Ensuite nous avons créé de nom
535 us en avions fait la conception première. Ensuite nous avons créé de nombreuses associations, très différentes les unes des
536 e coopération européenne sur un plan bien précis. Nous avons fait aussi de nombreuses incursions dans le domaine de l’éducat
537 ses incursions dans le domaine de l’éducation, en nous disant que si on veut faire l’Europe il faut d’abord faire des Europé
538 nationalistes, mais des Européens qui sachent que nous avons des valeurs communes qui nous viennent de Rome, d’Athènes, de J
539 i sachent que nous avons des valeurs communes qui nous viennent de Rome, d’Athènes, de Jérusalem, de la Germanie, des Celtes
540 ’est fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce
541 a que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimensions
542 nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimensions nécessaires à notre vie politique, notre vie civ
543 cela qui nous donne les dimensions nécessaires à notre vie politique, notre vie civique, notre vie active de tous les jours.
544 les dimensions nécessaires à notre vie politique, notre vie civique, notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous av
545 ssaires à notre vie politique, notre vie civique, notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre
546 notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre depuis maintenant presque quarante ans. Il y a e
547 que quarante ans. Il y a eu des hauts et des bas. Nous avons traversé une crise assez forte ces dernières années. Cela m’a o
548 ttre sur pied quelque chose de plus ambitieux que notre Centre, c’est-à-dire une espèce de fédération des efforts déployés en
549 il y a là une tâche immense pour la culture, que nous pourrions réaliser sous une forme beaucoup plus vaste que celle de no
550 r sous une forme beaucoup plus vaste que celle de notre Centre européen de la culture, ce qui me permettrait de me retirer et
551 gement européen. Quel avenir ? Denis de Rougemont nous laisse un dernier livre : L’Avenir est notre affaire , un livre cour
552 mont nous laisse un dernier livre : L’Avenir est notre affaire , un livre courageux, percutant, critiquant violemment les po
553 en lui un sentiment de solitude et d’amertume. Il nous dit : « Toute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inv
554 oute action doit avoir pour fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est at
555 fin l’homme ; c’est à nous d’inventer l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est attelé avec passion aura pour
556 s qu’ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Ouest. C’est par la culture qu’on arrivera à les r
557 s que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous . Si on veut que les choses avancent dans le sens de la paix, c’est su
558 hoses avancent dans le sens de la paix, c’est sur nous que cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste
559 a paix, c’est sur nous que cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste : si on laisse les choses aller
560 ut éviter que la préparation à la guerre détruise notre nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été
561 la préparation à la guerre détruise notre nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premi
562 re nature, notre environnement, et par conséquent notre santé. J’ai été dans les premiers rangs des écologistes, il y a de ce
563 cela quinze, vingt ans. On se moquait beaucoup de nous . On nous appelait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos », et ce
564 ze, vingt ans. On se moquait beaucoup de nous. On nous appelait les « écolos », ce qui rime avec « rigolos », et cela suffis
565 qui rime avec « rigolos », et cela suffisait pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissai
566 pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journaux. Vous
567 l’on vous parle de la mort des forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On ne
568 forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire, et au
569 rticles il y a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’impose dans le monde e
570 une réalité qui s’impose dans le monde entier. On nous parle de la manière de se nourrir, de la manière d’attaquer ou de ne
571 ssi un petit peu impérialiste pour soi-même. Cela nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de
572 our soi-même. Cela nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de liberté et un certain désir de
573 nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de liberté et un certain désir de puissance, il faut
574 simultanément, les personnes et la société. C’est nous qui devons faire ce premier choix : voulons-nous à tout prix la puiss
575 nous qui devons faire ce premier choix : voulons- nous à tout prix la puissance sur les autres, la puissance qui ne peut men
576 ner qu’à la mort et à la catastrophe ? Ou voulons- nous la liberté et ses risques ? x. Rougemont Denis de, « [Entretien] D
577 , dans sa quatre-vingtième année. L’interview que nous vous présentons a été réalisé à la fin septembre par M. Guido Ferrari