1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisi
2 e fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas . […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Plans, Réactions,
3 révolution française. Leur anticapitalisme n’est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste
4 ent nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que de pe
5 ces institutions. Les buts, à mes yeux n’étaient pas la puissance et la production, mais « une politique à hauteur d’homme
6 ature, parce que le centre vivant d’un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyen
7 inaire, fantasme typique du bourgeois qui ne sait pas qu’il est lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre repose s
8 l’axe de référence. La liberté de penser ne doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui donne
9 s de condition concrète. La pensée qui agit n’est pas libre, mais au contraire libératrice. Et c’est une tâche révolutionna
10 tionnaire qui s’impose à la France actuelle : non pas seulement pour le salut de l’Occident, ou comme disent les marxistes,
11 , pour que l’histoire dure, — après tout ce n’est pas cela qui nous importe — mais pour le salut de la pensée et pour que l
12 candale ; enfin qu’il évoque surtout la « mise au pas  » des dictatures. Mais ce sont là brimades extérieures, dont l’injust
13 ures, dont l’injustice ou la sottise ne confèrent pas nécessairement quelque héroïsme à leurs victimes accidentelles. Ce qu
14 oyens. Un style soumis à la rudesse nouvelle, non pas aux prudences que l’on sait. Un style né de la seule passion de s’eng
15 à chaque progrès du discours et qu’il n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’es
16 monde injuste, une occasion de refuser le premier pas dans l’immédiat. Alors, n’acceptons-nous plus un seul maître ? Ce ser
17 connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertem
18 ctuels » français. Mais si le monde ne s’en porte pas mieux, l’intelligence n’y gagne guère. […] Pour qu’une pensée s’engag
19 r qu’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle
20 e : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que réside
21 onc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorit
22 ger, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt qu
23 pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mo
24 . Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce
25 e mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est se l
26 peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en f
27 es les apparences d’une dictature. Je ne cesserai pas pour si peu, de professer une notion de l’engagement qui fut commune,
28 ans de retard — que le terme d’engagement ne fut pas notre invention, objectivement du moins. Voici le passage : Préoccup
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
29 circuler mine de rien : « L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure préc
30 l’impuissance de la révolte en soi et la mise au pas de l’artiste dans la moitié du monde non européen… L’essai témoigne d
31 t-cinquante pages seulement, mais qui ne laissent pas le sens critique du lecteur s’endormir une seconde ; soit par la surp
32 est au mythe du Progrès inévitable que ne tardera pas à répondre le mythe du Déclin final de l’Occident. À l’optimisme d’un
33 trouver les chemins de la création ne se trouvent pas seulement dans les salles des musées d’ethnographie, écrit Paul Klee 
34 ou tout au moins de sa culture. Mais ne serait-ce pas aussi, et peut-être surtout, un renouveau de l’aventure occidentale d
35 ltes contre la Patrie et la France ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront quelques années plus tard les p
36 avant-gardes ou les mêmes publient des revues que pas un ouvrier n’aura jamais l’idée ou l’occasion d’ouvrir, pour ne rien
37 qu’ont pour elle les membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et voilà qui évoque une fois de plus l’exemple des pr
38 i unique. La véritable anti-Europe ne serait-elle pas celle des nationalistes de droite et de gauche qui dénoncent comme ut
39 qu’une certaine gauche intellectuelle ne manquera pas , sinon d’instruire — elle ne le pourrait — du moins de suggérer qu’il
40 u de l’instruire contre l’auteur. « Je ne me fais pas ici le défenseur des politiques de conquête du passé ou du présent. J
41 encore : « Terre de civilisation, l’Europe n’est pas à l’abri de tout soupçon. Je ne commettrai pas l’erreur de vouloir la
42 st pas à l’abri de tout soupçon. Je ne commettrai pas l’erreur de vouloir la blanchir de toutes les fautes et de tous les c
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
43 du nom ; et s’il n’y a plus d’Europe, on ne voit pas très bien comment pourront encore s’épanouir les personnes, puisqu’on
44 uvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’
45 t mort, c’est qu’il n’était pas Dieu ; n’existant pas , il ne pouvait mourir. Et si l’homme, fait à l’image de Dieu, était m
46 ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera pas croyable. Derrière chacun de ces slogans faciles à écarter — mais on
47 , il sera rendu à l’innocence, car on ne condamne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’il n’était pas responsable, que
48 s un prévenu si l’on peut démontrer qu’il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais que
49 ntrer qu’il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le dominait. Ce
50 homme s’y voit toujours défini par ce qu’il n’est pas , par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du même coup so
51 i, du sujet, de la personne, je vois un rejet non pas de la religion en général, au sens sociologique du terme, mais bien d
52 entes d’une seule entité, les Pères ne trouvaient pas de mot grec. Ils prirent alors le terme romain de persona, qui avait
53 is le xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas , nous dit-on, des instruments nécessaires pour penser « ce doublet em
54 Athanase et les Pères de Nicée, il ne s’agissait pas d’un doublet, mais d’une unité. Le doublet est une création de la sci
55 blet est une création de la science moderne, mais pas du xviiie siècle : de Descartes. Car c’est bien lui qui a fait de l’
56 demment pour cette raison) : « Celui qui ne croit pas en Dieu ne peut pas faire de physique ». À toutes les écoles qui anno
57 aison) : « Celui qui ne croit pas en Dieu ne peut pas faire de physique ». À toutes les écoles qui annoncent la mort de l’h
58 ême, qui est le Tyran absolu, l’Anonyme. Ce n’est pas vous qui parlez ou agissez — nous répètent les structuralistes —, c’e
59 ’en dispenser. Le danger du structuralisme n’est pas que cette doctrine fasse des millions d’adeptes, et qui décident de n
60 rien faire parce que ça se débrouillera et n’est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose les Europ
61 r éventuelle culpabilité. Car l’Europe ne se fera pas toute seule, ne sera jamais faite par le ça, mais uniquement par des
62 lionnaires par exemple. Mais pour qu’on n’étouffe pas dans les petites unités, encore les faudra-t-il ouvertes les unes aux
63 de l’homme », le projet d’une Europe qui ne sera pas faite par ça mais par nos mains, par nos esprits, par nos colères, pa
64 ive nécessairement du christianisme (ce qui n’est pas le cas), mais pour s’il est commandé par Staline, par Mao ou simpleme
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
65 était fini ! » L’Europe en formation ne semble pas du tout mal vue des Européens, en ce sens qu’ils la considèrent en pr
66 se au sens fort les Européens d’aujourd’hui n’est pas d’abord celle de l’économie et du libre-échange commercial, mais bien
67 e d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’el
68 out cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas nous ? Aux yeux des journalistes qui ont composé ces titres, on dirai
69 Qu’une alliance d’États souverains ? Ne doit-elle pas être au contraire, l’ensemble des Européens, de leurs pays, de leurs
70 ous les habitants de notre « cap de l’Asie », non pas seulement de ceux des neuf pays dont les gouvernements se sont associ
71 » consacrée à l’Europe et dont il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’elle ait eu pour objet de « mettre sur o
72 uté-maire P. Mauroy, ou de contrer Michel Rocard. Pas du tout : À chaque instant de la géographie, de l’économie de l’hist
73 a parlé ». Mais c’est à croire que s’il n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces deux-là et Marchais
74 d, ou Lecanuet et Chirac, l’Europe ne serait même pas mentionnée par la presse. Un fait demeure : en France du moins — car
75 vrage proposant de la faire non step by step ou «  pas à pas » comme le voulait Churchill, mais « avec des bottes de sept li
76 proposant de la faire non step by step ou « pas à pas  » comme le voulait Churchill, mais « avec des bottes de sept lieues !
77 ontre toute forme d’union de l’Europe qui ne soit pas l’Europe française. Pour Michel Debré, les choses sont simples, insup
78 tout serait simple ! » On notera que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’il se borne à désigner comme mon « dernier
79 affaire ! » Michel Debré ne pouvait tout de même pas leur révéler que ce titre était celui d’un livre « infâme ». IV. V
80 seulement verbales pour le moment, mais il n’y a pas d’illusions à se faire sur leur traduction en décrets, le cas échéant
81 islam »17. (Cette connaissance mutuelle n’aboutit pas au triomphe de l’un des partis, mais à l’entente, peut-être, pour laq
82 (voir plus haut), le nom du deuxième ne peut même pas être prononcé : c’est l’ignoble perversion de « l’infranational », du
83 héritiers de cette France jacobine ne conçoivent pas que l’Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifie ce terme) pui
84 onçoivent pas que l’Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation française, dans so
85 manuels d’histoire français du xixe siècle) n’a pas la moindre chance de se reproduire à l’échelle européenne : l’idée mê
86 Sans nulle autorisation de ma part, bien entendu. Pas plus d’ailleurs que je n’en avais donné au Nouvel Observateur qui, qu
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
87 : même avenir (printemps 1979)i Nous ne sommes pas réunis pour ébaucher un programme d’action militante, une politique d
88 sant des impératifs écologiques. Cela ne signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et
89 En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie n’est pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’elle est cens
90 i, sans l’aide desquelles la guerre de 1914 n’eût pas été concevable. Développements presque aussitôt suivis par l’agressio
91 ue la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas
92 la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral
93 ts peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart des
94 uf21. Encore un mot sur mon titre-slogan. Je n’ai pas dit : même combat, mais bien : même avenir. Un combat peut être perdu
95 ni régions, ni Europe fédérée, si nous n’obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’aucune de ces trois virtualités exigea
96 e Shah avec l’aide des États-Unis, ne serait-elle pas un premier phénomène de rejet de la technologie rationaliste et du ma
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
97 t qu’en fait la France, très ancienne nation, n’a pas peur ; que la Grande-Bretagne, très ancienne nation, a presque aussi
98 sidence de la Commission par un anglais n’apporte pas de changement radical dans cette situation. En sera-t-il de même quan
99 it le nier ? Il serait sage de s’en tenir là, non pas à cause de la valeur intrinsèque (littéraire, par exemple) de ces tro
100 européenne, le général est positif : « On ne fera pas l’Europe si on ne la fait pas avec les peuples et en les y associant2
101 itif : « On ne fera pas l’Europe si on ne la fait pas avec les peuples et en les y associant23. ». « C’est un référendum so
102 rmes curieux à rappeler aujourd’hui : Il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs : il importe d’abord d’étendre les
103 l’Europe, de 1940 à 1960, le terme ne figure même pas à l’index général 29. Il n’empêche que les principaux ténors de la do
104 ve de son règne. Mais, en même temps, n’aurait-il pas choisi de se faire renvoyer par les Français à la rédaction de ses mé
105 s silence. Pour Philippe de Gaulle, il n’y avait pas de doute : l’intention du Général était de mettre la régionalisation
106 e sera très bien, naturellement ; si ça ne marche pas , ce sera très bien aussi… (p. 19) Le 24 avril, au général Lalande, c
107 Pour ma part, j’ai toujours défini la région non pas comme une ethnie d’abord, ou comme une entité économique, mais comme
108 « partir sur le refus d’une grande réforme n’est pas mauvais » et il ajoute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regrette p
109 oute, — amer, cette fois-ci — « Je ne le regrette pas pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas, avant longtemps,
110 as pour moi, mais pour la France qui ne connaîtra pas , avant longtemps, de vraies régions et qui va se vautrer dans la médi
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
111 te ou réductionniste de modèle marxiste. Il n’est pas né de quelque stade spécifique de l’économie, ni d’une géographie émi
112 ni d’une géographie éminemment variable. Il n’est pas né de telle étape ou de telle conjoncture historique de l’Empire roma
113 nce diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes, de Rome e
114 intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfragables 
115 se concevoir. […] Aux yeux de la raison, il n’y a pas , pour des États entretenant des relations réciproques, d’autre moyen
116 se : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront généreusement parmi les aînés Jacques Maritai
117 mbre 1946, se produit quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis treize ans : non seulement Allemands et Français, Italiens
118 e, ou occupés par Hitler, qu’ils ne connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinelli, Henri Brugmans, Eugen
119 e l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je formerai ré
120 uelques noms si prestigieux qu’ils soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des congrès fondateurs
121 ertés « formelles » où les majorités ne dépassent pas 100 %. Mais l’effet de Lausanne sur les « intellectuels européens » e
122 n même négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se trouven
123 et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour réaliser une uni
124 uyer la cause de la fédération européenne ne sont pas ceux qui se prévalent de la supériorité culturelle de l’Europe ; mais
125 rogrès. Les vrais Européens d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se prés
126 e parvient à le vivre. Autrement, on ne la croira pas . Car ainsi que le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemple n’est pas l
127 le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemple n’est pas le meilleur moyen d’agir sur les hommes, c’est le seul ». Appendice
128 rt et Der Monat à Berlin. Plusieurs ne survivront pas à la dissolution du Congrès pour la liberté de la culture (1950-1966)
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
129 ts, il se trouve, c’est sans doute un hasard, que pas un seul durant ce demi-siècle n’est français. L’université, c’est l’E
130 « Facultés » Tout cela nous mène à la mise au pas napoléonienne des écoles, c’est-à-dire à la suppression des universit
131 t en fait échange des points de vue. Et je ne dis pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient facilement imagina
132 ou d’une large rivière, en pleine campagne, mais pas trop loin d’une ville de moyenne grandeur et de vie culturelle et soc
133 suivie d’une discussion réglée. Ici l’on n’impose pas une image du monde : on la cherche en commun, sans relâche. Au sein d
134 les, africaines, indaméricaines, etc. Il n’existe pas , ni hors d’Europe ni en Europe, de chaires d’européologie. Certes, l’
135 toria. Mais cet Institut de synthèse ne serait-il pas idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, depui
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
136 de l’homme en tant qu’il est un être spirituel et pas seulement un animal. Il s’agit d’un des traits spécifiques de l’humai
137 nd on les cite, disent eux aussi : « Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente », décrivent l’homme comme « étranger et v
138 n trouve l’exact équivalent grammatical, mais non pas du tout spirituel, dans les œuvres du mystique soufi Sohrawardi d’Ale
139 lo tempore. Thomas More sait que le Royaume n’est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa
140 ’ordre éthique, c’est-à-dire d’une décision de ne pas tenir compte des finalités, mais seulement des processus mécaniques o
141 utres activités conçues auparavant, qu’elle n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalité. La techniqu
142 notre vie, notre existence incorruptibles, — non pas du tout moralement, par conversion personnelle ou purification du moi
143 signifie différence. « Une région ne se délimite pas , elle se reconnaît », disait vers la fin du siècle passé le grand géo
144 définissait là le contraire de l’utopie. Il n’y a pas deux régions pareilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas
145 reilles, ceci nous force au réalisme. Et il n’y a pas une seule région réelle qui soit assez grande pour déclencher une gue
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
146 mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est pas telle religion, telle opinion, tel genre d’études, c’est le culte de
147 le peuple de Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore de la race humaine, et veulent lui conserver l’empire de la pe
148 éologie, l’histoire ou la poésie, n’évoque-t-elle pas le rêve de Thomas More, puis le projet plus détaillé conçu et décrit
149 ore, dans l’essai sur les traductions : Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à la littérature que de transporter
150 pposés, richesse européenne par excellence, n’est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans l’opposition
151 Bien dira-t-on, mais la Réformation n’a-t-elle pas divisé, sans espoir, la chrétienté, Nord réformé, Sud catholique et o
152 a fédération européenne. Certes, Mme de Staël n’a pas prévu que l’économie, au xxe siècle prendrait le pas non seulement s
153 prévu que l’économie, au xxe siècle prendrait le pas non seulement sur la culture, mais sur la morale, et que c’est elle,
154 le tiers-monde. Mme de Staël, de nos jours, n’eût pas préconisé l’union de l’Europe sur la base d’une Communauté économique
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
155 ristiques de l’être européen. La perception n’est pas un processus à sens unique : elle se constitue dans un chassé-croisé
156 et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis
157 les incroyants. Mais la religion chrétienne n’est pas plus uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses variété
158 ent uniformisante des intérêts matériels n’arrive pas à imposer l’union. Le plus grand dénominateur commun des Européens et
159 ent comme unité politique virtuelle — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’il ait été l’œuvre d’un Européen de l’E
160 processus éducatif. C’est pourquoi celui-ci n’est pas limité à l’action de l’école et de la famille, mais est solidaire de
161 e lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz n’entend pas — sauf à la fin de sa vie — libération sociale ou liberté civique en
162 pelé par la bouche de ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va donc en servitude, là où il y aura le sifflement du knou
163 du grand édifice politique européen il ne restera pas pierre sur pierre. […] Et vous crierez au despotisme étranger comme à
164 ppée et refrappée si bien qu’on ne la reconnaîtra pas . Ce cri sera repris quinze ans plus tard par un autre grand poète, l
165 … Honte à cette Europe silencieuse Et qui n’a pas conquis sa liberté ! Lâches, les peuples t’ont abandonné Ô Magya
166 is ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te f
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
167 r ordre. Dans l’ordre de la preuve. Prudemment et pas à pas ». C’est la méthode que préconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie f
168 e. Dans l’ordre de la preuve. Prudemment et pas à pas  ». C’est la méthode que préconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie françai
169 faire aux dépens de son libelle. Je ne discuterai pas le fond de l’ouvrage : il n’y en a guère. Une théologie rudimentaire,
170 hwicg ou de Julien Benda ; nul projet politique ; pas la moindre proposition ni de doctrine ni d’action. Il s’agit uniqueme
171 que celui-ci permet déjà d’écrire et de publier — pas seulement à des imbéciles. J’ai deux raisons majeures de ne pas me ta
172 à des imbéciles. J’ai deux raisons majeures de ne pas me taire. La première est qu’il serait difficile de mieux fausser que
173 u bruns : il n’en dit mot et cela ne se sent même pas dans le ton de son discours, arbitraire et tranchant, et pas un insta
174 ton de son discours, arbitraire et tranchant, et pas un instant libéral. D’ailleurs, l’absence pathologique de toute trace
175 ouzaine de reprises, sur la foi de citations dont pas une n’est honnête : la plupart signifiaient dans leur contexte tout à
176 celles qui sont correctement transcrites ne sont pas de moi ; et deux sont de son invention. Voici les textes (les mots qu
177 s rosettes et leurs chapeaux melons… Cela ne peut pas être de moi, tout de même — qu’ai-je bien pu vouloir dire ? Probablem
178 « acquis définitif du personnalisme » ne figurant pas dans ce numéro d’ Esprit , l’auteur éprouve le besoin d’étayer son in
179 cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de moi, étant signé E. M. et non D. R. (Je n’avais guère de raisons d
180 riple falsification : — la phrase citée ne figure pas dans Esprit  ; — le « texte exact » cité en note ne la corrobore nul
181 la corrobore nullement ; — au surplus, inventé ou pas , rien n’est de moi dans ce cafouillage. Citations VI et VII La
182 que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour n
183 ollective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peu
184 ne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mortes
185 le ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’e
186 otalitaire ? C’est, en définitive parce qu’il n’a pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’il se permet de nous tra
187 res, ces expériences « trop simples » où l’on n’a pas compris que « seule a le droit de se vouloir totalitaire la vérité qu
188 oi, et cela change le sens du passage ; — je n’ai pas écrit : « qui rend compte de tout l’homme », mais bien : « qui rend c
189 s « révolutions avortées » qu’il cite ne figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond : — je ne parle pas du
190 re. Et enfin une remarque de fond : — je ne parle pas du tout « d’expériences » totalitaires qui seraient « trop simples »
191 le des décrets d’un tyran d’autre part, ne mérite pas le nom de philosophe. Citation XII Toutes les citations précéde
192 stion pathétique, mais oiseuse : l’Amérique n’est pas mentionnée ni même sous-entendue dans le passage cité ( L’Ordre nouve
193 l’homme. Une fois de plus on dirait que Lévy n’a pas lu le contexte des citations qu’on lui aura fournies. Quel dommage qu
194 eur d’une catastrophe nationale. (On veut bien ne pas l’imputer à notre action directe. Merci.) Quelles idées ? Pourrait-il
195 uin 1940, comment se peut-il que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résistance avec l’École d’Uriag
196 mes autorisées » de L’Express, parce qu’ils n’ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de n
197 L’Express, parce qu’ils n’ont pas connu, n’étant pas nés, la réalité de nos problèmes, et les buts de notre combat. Lévy f
198 nt où ils écrivaient. De quoi la preuve ne serait pas difficile à produire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l
199 t de santé », une « hauteur de ton », qui ne sont pas , dit-il, des « énergies méprisables ». Oui, il en convient lui-même,
200 au texte de Mounier, on lit ceci : On ne combat pas l’explosion fasciste avec de larmoyantes fidélités démocratiques, ave
201 démocratiques, avec des élections qui n’ont même pas la force de déplacer un préfet de police, avec des indignations de sé
202 au jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit trop peu. L’article de 1934 où Moun
203 [allait]… bien au-delà des quelques extraits non pas tronqués, mais trop limités que propose L’Idéologie française. La « 
204 loin dans la volonté de dialogue, — on ne disait pas encore détente — que ne l’ont jamais fait les « idéologues des années
205 comme « parafascistes ». Pour autant, je ne crois pas un instant que Raymond Aron ait jamais été « fasciste à la française 
206 lutionnaire, c’est-à-dire supranational. Ce n’est pas en acceptant le joug barbare de la guerre impérialiste, de la lutte d
207 rre comme un signe de dévirilisation. Il n’hésite pas à en voir la cause dans le relâchement des liens actuels de la sociét
208 Leiris, étaient-ils donc fascistes ? Je ne pense pas  : c’étaient des amis. À l’invitation de Bataille, je venais de présen
209 emises ouvertes — serait-ce le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on se reporte à
210 le sien ? Il n’y en a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’on se reporte à mon Journal d’Allemagne , r
211 entée par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 février 1981. 62. Cf mon essai « Les j
212 sudètes. Une cession purement diplomatique n’eût pas compté à ses yeux. La religion dont il était le fondateur voulait le
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
213 il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et voici pour l’arm
214 nique » (p. 60 de op. cit.). À cela ne se bornent pas leurs bienfaits : « Dialectes et genres de vie fort divers viennent a
215 les à tout instant par le souverain, lequel n’est pas obligé par la loi70, acte unilatéral et non contrat. « Ce serait crim
216 françaises lors de la canonnade de Valmy n’avait pas plus de contenu objectif que le cri de guerre des bolchéviques en 191
217 ans et soldats). Les deux slogans fameux n’en ont pas moins servi à populariser les deux dictatures. e) La confusion intére
218 le, dont les premières manifestations ne semblent pas organisées, mais aventureuses, et de type plutôt féodal, sans liens d
219 ie anglaise. Mais ce régime « sauvage » ne durera pas longtemps : à partir de Napoléon, la dialectique de la Croissance du
220 brouillage des idéologies antagonistes, ne sont [ pas ] à l’abri des erreurs qualifiées d’« humaines » pour les minimiser, d
221 e qui est né, il mourra donc. Mais on voudrait ne pas être entraîné dans sa mort… Les signes du déclin de l’État-nation se
222 e. Elle doit survivre pour que l’humanité ne soit pas entraînée dans sa perte.76 9. Où la Souveraineté nationale devie
223 ns limites ni règles, dont nos ancêtres n’avaient pas l’idée. » (p. 216) « Quand on disait alors souverain, on entendait si
224 ins, c’est qu’ils affirment que leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré qu’u
225 ommunautés où l’idolâtrie de la cité-État n’avait pas acquis une totale emprise sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il n’
226 se sur le cœur et l’esprit des citoyens. Il n’est pas nécessaire de souligner l’analogie entre le problème de la souveraine
227 l’institution de la souveraineté nationale n’aura pas été érigée en objet de vénération idolâtre. Nous ne pourrons attendre
228 sés par le prestige d’un glorieux passé. Ce n’est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever les
229 s générations. Or, l’histoire de l’humanité n’est pas faite seulement d’accidents, de victoires et défaites électorales, éc
230 lidarité vitale dans la colonne II, ne signifient pas que les citoyens d’un État-nation sont orgueilleux et ceux d’une fédé
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
231  » Problèmes, on le voit, dont l’importance n’est pas plus cantonale qu’européenne, mais décisive et bien réelle, donc nati
232 crise nationale, l’union seule peut les y aider. Pas un mot n’a été prononcé sur la nécessité et l’urgence de l’union, sur
233 . Dans les autres pays des Dix, même processus : pas un mot sur l’urgence de l’union ; pas un mot sur sa forme : fédératio
234 processus : pas un mot sur l’urgence de l’union ; pas un mot sur sa forme : fédération ou amicale des misanthropes ; pas un
235 forme : fédération ou amicale des misanthropes ; pas un mot sur les sacrifices qu’aucun pays ne s’est dit prêt à consentir
236 illiards de livres, « alors que le Labour n’avait pas été capable de décrocher un seul penny ». Elle se propose de « bloque
237 de la Communauté si la Grande-Bretagne ne reçoit pas sa ristourne pour 1983 ». Et elle exige le maintien du veto au Consei
238 Parlement britannique par la CEE ». Là, vraiment, pas d’ambiguïté (au sens courant de l’expression) : le Labour est franche
239 récision est ici synonyme de cruauté, mais certes pas pour l’Italie plus que pour les autres. De l’Irlande à la Grèce, le
240 u sein de laquelle l’idée européenne ne se heurte pas trop à l’idée nationale, qu’elle transcende sans peine », réalise l’E
241 s peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils ajoutent (selon le F
242 r la nature pour que survivent les hommes » n’est pas un slogan de « gauchistes », « manipulés » ou non, mais pourrait être
243 Groenen (Pays-Bas) et deux groupes n’appartenant pas aux pays de la CEE : le Mk Miljopartiet (Suède) et la Liste alternati
244 et par définition, de caractère européen, et non pas inspirées par des intérêts nationaux ». Elle se déclare « pour une Fr
245 ois de plus. 83. « Défense commune » ne signifie pas nécessairement défense nucléaire centralisée, mais peut aussi impliqu
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
246 ue j’ai entrepris quelque chose que je ne pourrai pas mener à bien. Alors, je vais être aussi peu objectif que possible dan
247 ul moyen de m’en tirer, au moins en ne m’ennuyant pas trop moi-même — je m’excuse pour le reste auprès de vous tous. Il me
248 rtance des thèmes abordés. J’espère qu’il ne sera pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pour une continua
249 leurs experts, celles de certaines littératures, pas toutes, mais enfin il y en a beaucoup d’autres que nous pourrions exa
250 à côté de la réalité. Et je crois que je n’étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été extrêmement
251 e je n’étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a été extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que
252 é représentant six-cents personnes. Ce n’est donc pas un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nou
253 un colloque, on appelle cela un forum et ce n’est pas par hasard. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de
254 roposé « dialogue multilatéral », mais il n’était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une conversation
255 discussion. S’ils étaient d’accord, il n’y aurait pas de colloques. Mais, en fait, chercher ce qui nous unit est, dans le c
256 vraies recherches sont sémiologiques, ou ne sont pas « de pointe ». Nous avons eu, d’abord, le rapport extrêmement intéres
257 t, en étant absolument sûr que cela ne risquerait pas d’aboutir à des conclusions pratiques éventuellement dangereuses pour
258 n revenir à cette journée, je ne voudrais surtout pas oublier de mettre en valeur un intermède qui a occupé, je crois, tout
259 va très loin, d’autant plus loin qu’elle ne s’est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore moins ethniques
260 ussie venait en majorité de l’Asie centrale, mais pas de Byzance, il s’agit donc d’une transmission purement culturelle com
261 ise orthodoxe. Je me suis demandé s’il n’y aurait pas là un premier sujet —je vous en trouverai d’autres — de nouveau collo
262 oit intervenu. C’était en substance : pourquoi ne pas appliquer la méthode Georges Nivat aux littératures de l’Ouest, dans
263 t pour dénouer un conflit gigantesque. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, c’est un peu difficile à transmettre e
264 ènes et encore plus avec Jérusalem. Mais ce n’est pas tout. Il y a en plus des trois sources selon Valéry la source germani
265 il y a la source slave, à laquelle Valéry ne fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’il a jamais lu Dostoïevski, j’e
266 aléry ne fait pas la moindre allusion. Je ne sais pas s’il a jamais lu Dostoïevski, j’en doute parfois. La source slave, à
267 out ce qui était définition de la culture n’était pas culture, il avait raison aussi. Donc, la culture européenne peut-être
268 seconde conclusion : la culture européenne n’est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’est pas la plus centrale du mond
269 culture européenne n’est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit do
270 ’est pas la plus belle, n’est pas la seule, n’est pas la plus centrale du monde, mais celle qui doit donner, par ses divers
271 munes pour l’ensemble des activités humaines, non pas seulement, comme on est toujours tenté de le dire, littéraires et art
272 nce, je dirais des modes d’emploi, au service non pas de la puissance des États, des gouvernements, mais de la liberté des
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
273 on introduction au numéro ce que l’auteur n’avait pas hésité à qualifier de « cafouillage politique sans précédent dans l’h
274 rmée de délégués représentant les parlements, non pas de députés élus représentant « les forces vives de toutes nos nations
275 se trouve être Coudenhove-Kalergi, que je n’avais pas revu depuis New York, pendant la guerre, mais que j’avais connu dès 1
276 qui est légèrement excessif : je ne suis de loin pas le seul à avoir préconisé « l’idée », laquelle est encore loin de se
277 cinquantaine de « délégués » — puisqu’ils ne sont pas vraiment députés, régulièrement élus et donc dignes du titre — mon si
278 l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose […]. Nous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. N
279 n ne signifie pas grand-chose […]. Nous ne sommes pas « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite
280 s « impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempérament, comme no
281 perles du genre de Festina lente, Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mè
282 gesse des peuples : Petit à petit, Paris ne s’est pas fait, mais par deux ou trois décisions, dont celle du baron Haussmann
283 affaires cessantes. — On peut tout faire en deux pas , sauf franchir un fossé. — Si votre œuvre est de longue haleine, il n
284 — Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. — Tout est prématuré, pour celui qui ne veut rie
285 prix de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abandon de
286 pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’échelle de l’Eu
287 […]. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez ces difficultés ! L’opinion, par exemple, n’est pa
288 z ces difficultés ! L’opinion, par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’i
289 eurs les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement dé
290 t très simple appuie cette suggestion. On ne fera pas l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et d
291 rrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massive. Personne n’a les moyens de l
292 de nouveau « serment de Strasbourg ». Je ne sais pas encore de quoi il s’agit, mais des députés m’avertissent en passant «
293 i dans les circonstances actuelles l’Europe n’est pas capable de se donner une voix dans le concert international, si elle
294 des peuples européens réunis à Strasbourg ne font pas l’Europe cette année, qu’y seront-ils donc venus faire, sinon éteindr
295 ndons à nos amis de nous croire : le succès n’est pas exclu. Comment ne pas admirer la convergence des exigences de Villey
296 s croire : le succès n’est pas exclu. Comment ne pas admirer la convergence des exigences de Villey et des miennes ? À 1 h
297 tard, par des voies privées — la presse n’en dira pas un mot — j’ai appris que la motion Jacquet avait été refusée. Tout si
298 trer plusieurs dizaines de députés, conduits d’un pas alerte par Paul Reynaud, saluant des deux bras levés : réminiscence i
299 en direction du Comité des ministres : il ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeure. Je le r
300 re. Je le répète : nos gouvernements ne voulaient pas l’Europe unie. Ils ne croyaient au mieux qu’à une coalition contre St
301 pe de la lutte pour une Europe des peuples et non pas des États. Je retrouve dans mes notes du 24 août : « Avec Mouskhély,
302 main, peut-être même de notre vie. Nous ne sommes pas prêts à nous faire tuer pour les souverainetés nationales. Nous n’acc
303 e savez aussi bien que nous : l’Europe ne se fera pas dans le délai très court qui nous est encore imparti. C’est donc la s
304 e témoignage d’une foi encore intacte. Ne trompez pas notre espérance, on nous a trop souvent dupés ! Vous ne pouvez plus m
305 satisfaction générale, et dont la recette n’était pas trop complexe : non pas « abandonner », mais « dépasser » les souvera
306 t dont la recette n’était pas trop complexe : non pas « abandonner », mais « dépasser » les souverainetés au moyen d’un org
307 Laissons maintenant agir les Fous — ne voyez-vous pas où les Sages nous ont conduits ? » Relisant cela dans un journal alle
308 ue j’allais y retrouver quelque chose qui n’était pas sans relation avec cette parole de Spaak. Et en effet, en date du 23
309 écessaire — et je dis halte ! Si la culture n’est pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérit
310 s halte ! Si la culture n’est pas première, n’est pas directrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’on s’en soucie.
311 s apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas une culture commune des Européens (formée au cours de trois millénair
312 crucial des régions transfrontalières (on n’avait pas osé le dire franchement, pudeur stato-nationaliste oblige) du type de
313 ssources. Tout le reste est littérature. Il n’y a pas de libertés sans responsabilités correspondantes, comme, en retour, n
314 tenu pour responsable de ses actes s’il ne les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour assassin pour av
315 les a pas commis librement : le bon soldat n’est pas tenu pour assassin pour avoir mitraillé sur ordre l’ennemi. Dans ce d
316 une urgence nouvelle Trente-cinq ans, ce n’est pas l’heure des bilans, mais d’une prise de conscience plus impérieuse de
317 la renvoyant à quelque session ultérieure. Je lis pas mal d’études sur la CEE de Bruxelles et ses problèmes. Je suis de prè
318 enfin prendre conscience d’un scandale qui n’est pas , comme on semble le croire, un fait de nature, mais un cafouillage po
319 us encore que nationales, — au bénéfice final non pas de la puissance orgueilleuse d’un Troisième Grand, mais bien des libe
320 r la question à nouveau, aujourd’hui, je n’aurais pas perdu mon temps ni celui de mes lecteurs. P.-S. — Je lis dans le nu
321 e demain. » En même temps, la Commission ne devra pas perdre de vue « que l’Europe comprend d’autres pays que les démocrati
322 . 101. Le Rapport de V. von Malchus n’en recense pas moins d’une cinquantaine dans toute l’Europe. v. Rougemont Denis d
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
323 nvolontaire due à une série de maladies. Ce n’est pas très facile à résumer : j’ai à peine recommencé à travailler. Mais ce
324 créé en 1948 et inauguré en 1950. Mais je ne vais pas le laisser, l’abandonner en chemin comme un pauvre enfant. Il faut ab
325 e je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent vraiment épouva
326 bsession, je ne faisais que cela et je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chose que de la poésie. Enfin,
327 lités en leur donnant le sentiment qu’ils ne sont pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma philosophie polit
328 ans la mesure où il est responsable. S’il ne peut pas être responsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre.
329 onsable de son rôle dans la vie civique, il n’est pas libre. De même qu’en justice, on sait très bien que si vous avez comm
330 que votre avocat peut démontrer que vous n’étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous n’êtes pas tenu non plus pour re
331 z pas libre quand vous l’avez commis, vous n’êtes pas tenu non plus pour responsable. Voilà une chose fondamentale sur laqu
332 la société actuelle. Elle a porté des fruits dans pas mal de domaines de la politique et de la vie des idées politiques en
333 era jamais, c’est beaucoup trop violent, ce n’est pas du tout neutre. » Le lundi matin, je suis arrivé à mon bureau à sept
334 le coup d’aucune loi militaire, qu’il ne voulait pas s’occuper de la chose. Le général Guisan m’a donné alors une punition
335 Valais. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas vous afficher dans les rues de Berne avec une petite femme à chaque b
336 re entre le Japon et les États-Unis. Je n’ai donc pas pu revenir en Europe. J’ai passé six ans en Amérique et j’ai dû m’y d
337 aire, c’est une fédération européenne. Je n’avais pas du tout d’argent pour rentrer, aucun job ni rien, et voilà que je reç
338 réflexion sur l’homme, but de la société, et non pas l’inverse, comme on a l’air de le croire dans les sociétés totalitair
339 t la liberté de l’homme, de l’homme considéré non pas comme un objet que l’État ou les puissants de ce monde, les puissance
340 doit rechercher en faisant une société, ce n’est pas la puissance, mais c’est la liberté et la responsabilité liées, comme
341 et du mariage. L’amour dans le mariage, ce n’est pas une passion égoïste, purement physique, sexuelle, ou romantique et li
342 mour que l’on subit, l’amour romantique. Ce n’est pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif où l’homme
343 oix est fait. Il est facile. D’ailleurs, ce n’est pas du tout ennuyeux, le vrai amour. Je voudrais donc qu’on rétablisse co
344 nt Jean : « Dieu est amour. » Évidemment ce n’est pas l’amour sentimental, c’est l’amour-action, l’amour du prochain. C’est
345 j’étais délivré d’un poids énorme, car je n’avais pas encore écrit une ligne ! Je pensais à mon livre tout le temps, mais j
346 s avant la guerre. La société d’aujourd’hui n’est pas à tort nommée « société de masse » : l’individu s’y dilue, il est dif
347 absolument de petites communautés. Nous ne sommes pas faits pour vivre dans de grands États-nations centralisés, sous la di
348 en sont la condition. Ces communautés ne doivent pas être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucune c
349 être fermées sur elles-mêmes, elles ne pourraient pas vivre. Aucune communauté n’est suffisante en soi, ne peut constituer
350 ion de dimension de la communauté. Vous ne pouvez pas être responsable quand la communauté compte 55 millions d’habitants,
351 r les régions et aboutir à une Europe qui ne soit pas une coalition d’États surarmés, pour être assez forte contre les atta
352 aut partir, c’est là-dessus qu’il faut bâtir. Non pas sur l’obsession de fabriquer des armes qui pourront se vendre extrême
353 la même chose, vous voyez qu’en somme on ne peut pas m’accuser de manquer de cohérence, on pourrait m’accuser peut-être d’
354 ment à ma doctrine, était de l’engagement, et non pas de la théorie pure. J’ai tout de suite commencé à travailler pour cré
355 urope il faut d’abord faire des Européens, et non pas de petits Français, de petits Suisses, de petits Allemands, de petits
356 quement parce que ça va rapporter. On ne se doute pas qu’on est en train de détruire ainsi la société. Alors il y a là une
357 s Américains sont très contents comme ça, ne vont pas s’envoyer de bombes atomiques l’un sur l’autre. Cela arrange très bie
358 eur otage ou leur champ de bataille. Ce ne serait pas le cas si l’Europe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a pas
359 pe était unie, c’est-à-dire fédérée, car il n’y a pas d’autre moyen d’union véritable. Si on veut être mangé à la sauce des
360 s hommes feraient entre eux, les États ne veulent pas le faire. Je vous livre simplement ces chiffres : les Russes sont 260
361 les Américains additionnés. Alors qu’on ne vienne pas me dire que l’Europe est écrasée entre les deux Grands. Elle se sent
362 Grands. Elle se sent écrasée parce qu’elle n’est pas unie. Donc la première chose à faire, c’est une union européenne, une
363 a paix et empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’il est utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l
364 ssimisme actif » ? Cela veut dire que je ne crois pas que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous. Si on veut que
365 Eh bien, on lui attribue cette phrase, je ne sais pas s’il l’a écrite, mais elle a été souvent citée ces derniers mois : « 
366 ent œuvré pour cela : je me dis donc que cela n’a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, en sou
367 os articles il y a déjà quinze ans. On ne voulait pas nous croire, et aujourd’hui c’est une réalité qui s’impose dans le mo
368 de se nourrir, de la manière d’attaquer ou de ne pas attaquer la nature, et je pense que la cause écologique a fait des pr
369 impérialiste pour soi-même. Cela nous ne pouvons pas le cacher. Nous avons tous en nous un certain désir de liberté et un
370 commet ici une erreur, car Robert Schuman ne fut pas présent en 1948 à La Haye.