1 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Contribution à une recherche éventuelle sur les sources de la notion d’engagement de l’écrivain (printemps 1978)
1 ersif, ce qui est à peu près le contraire du sens que les personnalistes donnèrent au terme dans les années 1930. À l’occas
2 sabilités dans cette affaire, et à débrouiller ce que les journalistes, suivis par la critique, ont brouillé, fabriqué, obs
3 elle. L’aveu paraîtra maladroit au seuil du livre que voici. Mais faut-il aimer davantage l’espèce d’adresse au jour le jou
4 n se demande alors de quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est
5 ler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère
6 ctivement aux empiètements dans son domaine de ce qu’ on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en effet l
7 e qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en effet la pensée, si petite qu’elle se fasse au réduit i
8 ée » que se veuille en effet la pensée, si petite qu’ elle se fasse au réduit intérieur, l’État moderne a su trouver les moy
9 imer. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’ elle saurait bien tourner, plus rusée que les bureaucrates. La brimade
10 dictions qu’elle saurait bien tourner, plus rusée que les bureaucrates. La brimade étatique est beaucoup plus perfide : ell
11 les États bourgeois n’ont plus guère à lui envier qu’ un degré supérieur de logique dans l’application du système. […] Je me
12 ends en attaquant. Je préfère porter cette guerre qu’ on me fait sur le territoire ennemi. Je fais de la politique pour qu’o
13 n’ont le goût ni des habiletés ni des contraintes qu’ il y faut, puissent quitter ce combat mauvais, et porter ailleurs leur
14 politique, c’est bien moins pour sauver le monde que pour accomplir les devoirs du clerc engagé malgré lui dans le désordr
15 iberté du rêveur impuissant, la même, exactement, qu’ on laisse aux prisonniers — ou bien elle s’engage dans un conflit conc
16 ge dans un conflit concret, — et découvre bientôt qu’ il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle
17 qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’ elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir choisir ses r
18 et provoquer des adversaires plus nobles. Est-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raiso
19 t se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des souf
20 s de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu
21 le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’ on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir. Mais c’est
22 ir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’ il faut dénoncer. C’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel d
23 il faut dénoncer. C’est pour aider à changer cela qu’ un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle
24 jourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce
25 utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en quelque façon au bien ou au mal de beaucoup.
26 passant outre à son dégoût, accepte le combat tel qu’ il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré
27 peut-être ne l’est-elle pas. […] Des groupes tels que l’Ordre nouveau, Esprit, Plans, Réactions, par leur volonté proclamée
28 un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’ il y trouve quelques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont
29 armi les intellectuels, et si violemment accentué qu’ il peut paraître suffisant pour définir un front unique, fût-il provis
30 impuissance du clerc qui s’engage ». J’y montrais que la pensée bourgeoise et universitaire tout entière s’était mise à l’é
31 t ainsi tirer son épingle du jeu. Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée par toute la pe
32 ou fasciste, qui ne connaît plus d’autre autorité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d’autres réalités q
33 ’autre autorité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui concernent la moitié
34 autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui concernent la moitié inférieure de l’homme. (Pour le cœur
35 e, n’engagent à rien, personnellement. Il se peut que cela tranquillise des consciences faiblement troublées ; il se peut q
36 des consciences faiblement troublées ; il se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain q
37 orter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins a
38 ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicule et l’impuissance, exi
39 n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’ une espèce de liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous,
40 eu d’hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le b
41 à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’ il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y
42 ciété, c’est la personne. On n’y atteindra jamais que par une politique établie dès le départ à ce niveau et dans cette vue
43 ins , écrit l’année suivante, et publié en 19362, que la notion d’engagement se trouve référée aux sources mêmes de toute c
44 re, fantasme typique du bourgeois qui ne sait pas qu’ il est lui-même le fantasme de l’ouvrier3. Tout mon livre repose sur l
45 ence. La liberté de penser ne doit pas signifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu
46 nifier que la pensée est libre au sens idéaliste, qu’ on lui donne vacance, ou qu’elle n’a plus de condition concrète. La pe
47 re au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’ elle n’a plus de condition concrète. La pensée qui agit n’est pas libr
48 vité, son poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la pensée en tant que telle n’est jamais séparable de sa création qui
49 issent une liberté de la pensée qui n’est au vrai qu’ une assurance contre toute espèce de sanction. Il est clair que cette
50 nce contre toute espèce de sanction. Il est clair que cette liberté-là, garantie par les lois de l’État, ne sera jamais que
51 , garantie par les lois de l’État, ne sera jamais que servitude pour le penseur, s’il sait que la violence de sa pensée fon
52 a jamais que servitude pour le penseur, s’il sait que la violence de sa pensée fonde la seule autorité valable. La liberté
53 torité valable. La liberté de penser n’est réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de penser. On se
54 r de penser. On serait parfois tenté de souhaiter qu’ en France l’activité de l’esprit redevienne passible de prison : cela
55 n peu de sérieux aux esprits libres. Je sais bien que ce vœu signifie pour beaucoup un appel aux « lois scélérates » ; pour
56 un appel aux « lois scélérates » ; pour d’autres, qu’ il témoigne d’un goût romantique du scandale ; enfin qu’il évoque surt
57 témoigne d’un goût romantique du scandale ; enfin qu’ il évoque surtout la « mise au pas » des dictatures. Mais ce sont là b
58 elque héroïsme à leurs victimes accidentelles. Ce que je veux dire, c’est que le danger de penser est immédiat à l’acte de
59 ictimes accidentelles. Ce que je veux dire, c’est que le danger de penser est immédiat à l’acte de penser, qui se forge ses
60 se crée ses propres risques et périls, si libéral que prétende être le régime. « La supériorité véritable produit elle-même
61 Penser avec les mains ne peut être en tout temps qu’ une activité subversive, non moins qu’ordonnatrice. […] De même que la
62 tout temps qu’une activité subversive, non moins qu’ ordonnatrice. […] De même que la personne se distingue de la masse, ma
63 umis à la rudesse nouvelle, non pas aux prudences que l’on sait. Un style né de la seule passion de s’engager. Que chaque p
64 it. Un style né de la seule passion de s’engager. Que chaque phrase indique la volonté d’atteindre un but, dont la nature c
65 mmande le choix des mots, le rythme, les figures. Que chaque phrase implique ce but, et le désigne par son allure même. Que
66 plique ce but, et le désigne par son allure même. Que le style s’ordonne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’il r
67 rdonne à sa fin et non plus à de bons modèles. Et qu’ il rappelle à la situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos é
68 à la situation, au lieu de rappeler des sources. Que nos écrits figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ils reven
69 its figurent les microcosmes de cet ordre nouveau qu’ ils revendiquent. Qu’ils illustrent, dans leur structure, visible ou s
70 ocosmes de cet ordre nouveau qu’ils revendiquent. Qu’ ils illustrent, dans leur structure, visible ou secrète, la dialectiqu
71 e, la dialectique joyeuse de la personne en acte. Que celui qui s’engage dans leur lecture éprouve de tout son être la prés
72 éthique immédiate à chaque progrès du discours et qu’ il n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrai
73 n’en sorte pas intact ! « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme qui se hâte », écrivait N
74 Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme qui demande à la lecture
75 é d’expliquer et de justifier son intuition, rien qu’ elle, dégagée de toute allusion impure ; Kierkegaard, si désespérément
76 désespérément soumis aux intermittences de la foi que l’ironie chez lui jaillit au point précis où soudain la joie cesse de
77 é de notre doctrine personnaliste. D’où l’article que je publie dans L’Ordre nouveau de juin 1938, dont voici quelques extr
78 utons enragés. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus de
79 t que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds et qu’ ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution
80 le réel, il ne faut pas et il ne saurait suffire qu’ elle se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi int
81 tilisation accidentelle et partisane d’une pensée que réside son engagement. C’est au contraire, dans sa démarche intime, d
82 m ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tacti
83 a liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le
84 vérité, c’est le libéralisme qui a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas
85 ui a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’ un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libér
86 avage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait. Les penseurs les
87 réalité. Et cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’engagement. […] Les écrivains qui ont décidé
88 manifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés égarés pour un temps
89 auquel nous devons tant de thèses célèbres encore que radicalement contradictoires, sur quelques-uns des problèmes importan
90 de ce siècle, ayant écrit p. 277 de Situations II que le sort de la littérature était lié à celui de la classe ouvrière, éc
91 crit p. 316 du même volume : Rien ne nous assure que la littérature soit immortelle ; sa chance aujourd’hui, son unique ch
92 ce qui me concerne, quarante-cinq ans de retard — que le terme d’engagement ne fut pas notre invention, objectivement du mo
93 ge d’idées philosophiques, politiques et sociales que la poésie de l’avenir aura à assumer, Lamartine esquisse, dès 1837, l
94 ris, 1972. 3. Cf. J.-P. Sartre, Situations II, «  Qu’ est-ce que la Littérature ? », Gallimard, Paris, 1948. « L’ouvrier de
95 3. Cf. J.-P. Sartre, Situations II, « Qu’est-ce que la Littérature ? », Gallimard, Paris, 1948. « L’ouvrier de 1947 a bea
2 1978, Cadmos, articles (1978–1986). L’Intellectuel contre l’Europe (été 1978)
96 s tentée de la mauvaise conscience européenne5. «  Qu’ est-ce que l’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’il tente
97 e la mauvaise conscience européenne5. « Qu’est-ce que l’antieuropéanisme ? » se demande l’auteur, lorsqu’il tente à la fin
98 lisations d’autres continents ». Par où l’on voit qu’ il s’agit d’une attitude spécifiquement européenne, et si peu étrangèr
99 nne, et si peu étrangère ou extérieure à l’Europe que l’on peut lire dès la p. 3 : « Je considère l’antieuropéanisme comme
100 les débats de la première table ronde de l’Europe que je présidai à Rome puis à Strasbourg, en 1954 je croise. Légèrement a
101 comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’ il le soit, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme uni
102 ontraire s’identifier soit avec l’homme universel qu’ il imagine, soit avec l’une des composantes du grand complexe européen
103 du grand complexe européen, dont il révèle ainsi qu’ il fait partie par le seul fait qu’il le conteste ? » L’antieuropéanis
104 l révèle ainsi qu’il fait partie par le seul fait qu’ il le conteste ? » L’antieuropéanisme, c’est aussi « la nostalgie d’un
105 illeure dont nos mythes perpétuent le souvenir et que d’autres peuples… auraient préservée jusqu’à nos jours ». C’est la pr
106 prise de citations souvent stupéfiantes d’auteurs qu’ on croyait bien connaître ou d’inconnus profonds et pittoresques ; soi
107 ourcis polémiques, ou par une profusion de thèses que l’on voudrait voir amplifiées, explicitées, discutées plus avant. Voi
108 Dans un raccourci brillant, André Reszler observe qu’ historiquement, c’est au mythe du Progrès inévitable que ne tardera pa
109 toriquement, c’est au mythe du Progrès inévitable que ne tardera pas à répondre le mythe du Déclin final de l’Occident. À l
110 ’est nous modernes, nous les premiers, qui savons que toute agglomération d’hommes et le mode de culture intellectuelle qui
111 selle tirent cet orgueil dont l’Évangile nous dit qu’ il « va devant l’écrasement ». 2. Un autre aspect du pessimisme europé
112 ’est-il rien au monde de plus difficile à rejeter qu’ une culture faite depuis des siècles de rejets et d’innovation. Peut-ê
113 osophie comme en morale, n’est-il tout simplement que le pompier ? Voire celui qui entend faire passer le prestige de son É
114 textes cités d’Aragon ne sont d’ailleurs typiques que de l’irresponsabilité congénitale du personnage. Ses insultes contre
115 la France ne sont certes pas plus antieuropéennes que ne le seront quelques années plus tard les poèmes de « La Diane franç
116 res avant-gardes ou les mêmes publient des revues que pas un ouvrier n’aura jamais l’idée ou l’occasion d’ouvrir, pour ne r
117 ples de ce continent. Le mythe du « bon sauvage » que l’Europe « réaliste » se plaît à ridiculiser et que l’Europe des État
118 e l’Europe « réaliste » se plaît à ridiculiser et que l’Europe des États absolutistes puis des États-nations de type napolé
119 t fédérative », qui prendrait ses modèles, plutôt que « du pouvoir centralisé de la France absolutiste », de « l’expérience
120 périence anarchiste des Hurons », voire de l’idée que se fit l’Antiquité du peuple des Scythes, connu (nous disent Boas et
121 nt Boas et Lovejoy)7 « pour la Voie communautaire qu’ il poursuit dans sa recherche du bonheur ». Toute leur vie sociale est
122 munale ». La justice y est basée « sur le respect qu’ ont pour elle les membres de la tribu, et non pas sur les lois ». Et v
123 cette Europe fille des cités grecques, bien plus que ses désirs projetés sur les Barbares, que je veux opposer au schéma d
124 en plus que ses désirs projetés sur les Barbares, que je veux opposer au schéma de l’État-nation, celui que toute la terre
125 je veux opposer au schéma de l’État-nation, celui que toute la terre copie au xxe siècle. Et je ne cesserai de dresser cet
126 qui triomphent désormais dans le tiers-monde mais que nous avons réussi, depuis peu, à extirper de notre continent — le seu
127 ture à couper court à tous les procès d’intention qu’ une certaine gauche intellectuelle ne manquera pas, sinon d’instruire
128 uire — elle ne le pourrait — du moins de suggérer qu’ il y aurait lieu de l’instruire contre l’auteur. « Je ne me fais pas i
129 anchir de toutes les fautes et de tous les crimes qu’ elle a pu — et qu’elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Ja
130 es fautes et de tous les crimes qu’elle a pu — et qu’ elle pourrait encore commettre. Comme le remarque Jacques Ellul, “notr
131 … Il est de l’intérêt de son propre développement que dans le futur (le Mexique) passe sous la tutelle des États-Unis ». Le
132 ureux pour le progrès de la civilisation ». Ainsi que l’écrit Miklos Molnar8 : « Pour Marx et Engels, la colonisation n’est
133 our Marx et Engels, la colonisation n’est au fond que l’épiphénomène ou le corollaire d’un processus historico-économique p
134 n tant que civilisation et s’acquitter des dettes qu’ elle a contractées envers le monde dans sa tentative de l’unifier sous
135 conduite, elle doit bien mieux résoudre l’énigme qu’ elle lui a posée et qu’elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le mon
136 en mieux résoudre l’énigme qu’elle lui a posée et qu’ elle ne cesse de se poser à elle-même. » Le monde, en effet, « se déto
137 oi j’entends : au service de la vocation mondiale qu’ elle s’est donnée dès la Renaissance. Le sort du monde et la propre su
3 1978, Cadmos, articles (1978–1986). Conditions d’un renouveau (automne 1978)
138 u Collège de France, nous avons vu dans le succès qu’ elles eurent un temps, le symptôme clinique de quelque chose de plus p
139 issait, on le voit, d’une théorie plus littéraire que philosophique ou religieuse, mais non moins révélatrice d’une certain
140 péenne au sujet des valeurs qui l’ont constituée, qu’ elle a propagées au monde entier, et qui se retournent aujourd’hui con
141 e Dieu entraînant la mort de l’homme ne peut être qu’ une fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’il n’était pas Die
142 ’une fausse nouvelle, car si Dieu est mort, c’est qu’ il n’était pas Dieu ; n’existant pas, il ne pouvait mourir. Et si l’ho
143 mais dit : « je suis mort » sans démontrer par là qu’ il ment. La phrase ne sera jamais dite, ou si elle est dite, ne sera p
144 es slogans faciles à écarter — mais on n’a écarté qu’ un slogan — nous distinguons un dessein beaucoup moins mélodramatique
145 in beaucoup moins mélodramatique et plus sérieux, que Lévi-Strauss exprime dans sa Pensée sauvage : celui « de réintégrer l
146 t finalement : de sa responsabilité. Du seul fait qu’ on aura « traqué dans ses derniers retranchements l’illusion de sa lib
147 ne condamne pas un prévenu si l’on peut démontrer qu’ il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le c
148 ’on peut démontrer qu’il n’était pas responsable, que ce n’est pas son moi qui a commis le crime, mais quelque chose qui le
149 -Strauss. L’homme s’y voit toujours défini par ce qu’ il n’est pas, par ce qui le réduit et enfin le dissout, dissolvant du
150 ité — et une bonne dose d’humour noir — oppose ce qu’ il appelle l’entropologie, c’est-à-dire la connaissance non de l’anthr
151 de l’anthropos mais de l’entropie, dont il admet que l’activité de l’homme occidental serait le facteur principal d’accroi
152 « vieil homme » de « mourir ». Il n’est question que de « dépouiller le vieil homme », de devenir une « nouvelle créature 
153  » de l’utopie dont on nous parlait hier, ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce que le « vieil homme » ?
154 er, ne sont que des sécularisations à bon marché. Qu’ est-ce que le « vieil homme » ? C’est l’homme naturel, l’homme de chai
155 t que des sécularisations à bon marché. Qu’est-ce que le « vieil homme » ? C’est l’homme naturel, l’homme de chair, pécheur
156 sa vocation ne peut être assumée, agie, réalisée, que dans la réalité d’une communauté. Le terme de personne a été élaboré
157 mment définir le Père, le Fils et le Saint-Esprit que les évangiles présentent comme étant tous les trois Dieu ? Pour ces t
158 citoyen, à son rôle dans la cité. Ils décidèrent que Dieu était une seule essence manifestée en trois personnes ou rôles :
159 me à la fois ». C’est à partir de cette antinomie que les Pères ont pensé la réalité humaine. Entre les conciles de Nicée e
160 t de ce colloque, je voudrais rappeler maintenant que Michel Foucault, dans son livre Les Mots et les Choses, explique que
161 , dans son livre Les Mots et les Choses, explique que l’homme au sens moderne ne peut être pensé que depuis le xviiie sièc
162 ue que l’homme au sens moderne ne peut être pensé que depuis le xviiie siècle. Avant cela, il ne disposait pas, nous dit-o
163 pour penser « ce doublet empirico-transcendental qu’ on appelle l’homme ». Pour Athanase et les Pères de Nicée, il ne s’agi
164 t d’esprit. Il a si bien séparé le corps et l’âme qu’ il n’a plus su comment les rejoindre, sinon par l’hypothèse un peu abe
165 steront limités. On pourrait faire observer aussi que , bien loin que la personne doive sa constitution à la science moderne
166 . On pourrait faire observer aussi que, bien loin que la personne doive sa constitution à la science moderne, c’est l’inver
167 rialisme le plus radical. Ce qui l’amène à écrire que l’effort de la science, des sciences humaines en particulier, doit ab
168 s de sujet à examiner… Et c’est aussi le résultat qu’ obtient Foucault au terme (c’est à voir) de ses recherches sur l’arché
169 ferais mon deuil des « sciences humaines » telles qu’ on essaie de les pratiquer aujourd’hui, mais « l’entropologie » struct
170 ’indicateur de tendances en partie inconscientes, que je crois dangereux pour l’Europe, destructeur du civisme dont nous pa
171 sans dire parce qu’il n’osera jamais s’avouer et qu’ il compte sur notre lâcheté pour l’en dispenser. Le danger du structu
172 dispenser. Le danger du structuralisme n’est pas que cette doctrine fasse des millions d’adeptes, et qui décident de ne ri
173 est pas leur affaire. Ce qui est dangereux, c’est que ça prédispose les Européens à un état de passivité, à une abdication
174 ir en homme libre dans la société, cesser de dire qu’ on n’y peut rien. Le civisme est le fait de la personne. Mais point de
175 érées. Je pense avoir ici rejoint les conclusions que nous espérions pouvoir tirer de ce colloque, en opposant à l’attitude
176 de ce colloque, en opposant à l’attitude mentale qu’ implique la théorie de la « mort de l’homme », le projet d’une Europe
177 ple : on sera contre le puritanisme si l’on pense qu’ il dérive nécessairement du christianisme (ce qui n’est pas le cas), m
4 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (hiver 1978)
178 ble pas du tout mal vue des Européens, en ce sens qu’ ils la considèrent en principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’
179 t en principe avec sympathie. Mais il faut avouer qu’ elle est peu vue. L’élimination des derniers droits de douane entre le
180 objectif pleinement atteint. Faut-il en conclure que « L’Europe n’intéresse plus », comme le répètent depuis plusieurs ann
181 en plus de place dans leurs colonnes ? Ou plutôt que l’Europe qui intéresse au sens fort les Européens d’aujourd’hui n’est
182 eux « agonise » ? Si c’est « L’Europe des Neuf », qu’ on l’appelle par son nom : la Communauté économique européenne, ou Mar
183 nauté économique européenne, ou Marché commun. Et qu’ on essaie alors de montrer sérieusement soit les raisons de son échec
184 ont les ministres nous répètent depuis trente ans qu’ elle est nécessaire et urgente, nous sommes en présence d’une fausse n
185 uisqu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’ elle voie le jour aussi longtemps que les États refuseront de rien céd
186 peut douter qu’elle voie le jour aussi longtemps que les États refuseront de rien céder de leur souveraineté nationale. S’
187 e de sournoisement jubilant, annoncer et accepter que tout cela soit perdu, — comme si tout cela n’était pas nous ? Aux yeu
188 ournalistes qui ont composé ces titres, on dirait que « L’Europe agonisante », c’est quelque chose qui ne les concerne en r
189 le de malheurs étrangers, de la mort qui n’arrive qu’ aux autres. Mais sont-ils bien conscients du fait inéluctable qu’ils s
190 Mais sont-ils bien conscients du fait inéluctable qu’ ils subiront le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ils soient po
191 subiront le sort concret de l’Europe, peu importe qu’ ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nati
192 nt bien moins la réalité vécue de notre continent qu’ une confusion générale des esprits quant à la vraie nature de l’Europe
193 dont ils parlent. Cette « Europe » ne serait-elle qu’ un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’une alliance d’États sou
194 t. Cette « Europe » ne serait-elle qu’un marché ? Qu’ une communauté économique ? Qu’une alliance d’États souverains ? Ne do
195 lle qu’un marché ? Qu’une communauté économique ? Qu’ une alliance d’États souverains ? Ne doit-elle pas être au contraire,
196 mes, de leurs souvenirs et de leurs espoirs, tels que douze siècles d’histoire commune et trois millénaires de cultures mêl
197 e aux Balkans, et de la Grèce à la Scandinavie ? Qu’ il soit bien entendu que cette chronique parlera de l’Europe vécue, ce
198 Grèce à la Scandinavie ? Qu’il soit bien entendu que cette chronique parlera de l’Europe vécue, celle des Européens, non d
199 du 6 novembre. Mais au fond, la grande question que se posent les états-majors des partis est la suivante : l’élection à
200 il ne faut surtout pas croire, nous assure-t-on, qu’ elle ait eu pour objet de « mettre sur orbite » le député-maire P. Mau
201 er d’Europe, on en a parlé ». Mais c’est à croire que s’il n’y avait pas de querelle entre Rocard et Mitterrand, entre ces
202 fait demeure : en France du moins — car on dirait que l’Allemagne reste indifférente, et l’on n’entend rien venir d’outre-M
203 e-Manche — l’Europe ne cesse d’être « ennuyeuse » que si elle ranime les querelles de partis. Voilà donc la passion, mais o
204 a passion, mais où est l’Europe ? On ne voit plus que les partis. Qui va traiter des vrais problèmes ? S’avance alors M. Mi
205 nation »13 jusqu’à l’espèce de délire obsidional que traduisent ses dernières déclarations publiques contre toute forme d’
206 cesse d’être utopique, aux yeux de Michel Debré, que lorsqu’il révèle ou plutôt trahit sa vraie nature de « complot contre
207 ntre la France ». M. Debré est fermement persuadé que les fédéralistes européens ne pensent qu’à ça : dépecer la France. « 
208 ersuadé que les fédéralistes européens ne pensent qu’ à ça : dépecer la France. « Les soi-disant régionalistes, déclame-t-il
209 sant régionalistes, déclame-t-il, ne sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’il exècre au point d’aller se faire él
210 , ne sont en fait que des séparatistes ! »14 (Mot qu’ il exècre au point d’aller se faire élire en l’île de la Réunion !) Et
211 rnier livre est dédicacé (sic) à tous les peuples qu’ écrase le colonialisme français : basques, provençaux, bretons, lorrai
212 n la politique des fédéralistes, laquelle ne vise qu’ à « démembrer la France » pour « faire l’Europe à la germanique ou à l
213 tait plus, comme tout serait simple ! » On notera que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’il se borne à désigner com
214 otera que M. Debré n’a pas cité le titre du livre qu’ il se borne à désigner comme mon « dernier livre ». Pour qui s’en éton
215 ines de milliers d’affiches bleu foncé assuraient que « L’Avenir, c’est notre affaire ! » Michel Debré ne pouvait tout de m
216 el Debré ne pouvait tout de même pas leur révéler que ce titre était celui d’un livre « infâme ». IV. Vertus et vices se
217 est exagéré est insignifiant ». Mais il est clair qu’ il y avait chez Debré tout autre chose que l’intention d’insulter un a
218 t clair qu’il y avait chez Debré tout autre chose que l’intention d’insulter un auteur mal pensant : c’est un blasphémateur
219 er un auteur mal pensant : c’est un blasphémateur qu’ il dénonçait, et il s’y voyait contraint par sa religion. Toute ripost
220 gion qui peut les expliquer. Telle est l’approche que nous avons préconisée dès nos débuts au Centre européen de la culture
221 es seuls. Ainsi Jean-Marie Benoist nous apprend «  que depuis des années l’état-major égyptien s’employait à mieux connaître
222 ître les racines de la civilisation hébraïque, et que des universitaires israéliens, conseillers du Prince, travaillaient à
223 le. Dans sa dernière Lettre mensuelle, il concède que l’avenir du Monde en l’an 2000, et même l’avenir de l’Europe puissent
224 ntéresser VGE. Mais c’est pour souligner aussitôt que seul l’avenir de la France de l’an 2000 importe véritablement : car c
225 Europe, ne permettent plus, pour l’honnête homme, que la vision d’un continent entièrement dominé par la nation gaulliste.
226 à l’intégrité de la France. Ils n’admettent guère qu’ une confédération avec veto et possibilité de retrait à tout moment de
227 itiers de cette France jacobine ne conçoivent pas que l’Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse
228 nt pas que l’Europe fédérée (ils ne savent pas ce que signifie ce terme) puisse faire à la nation française, dans son ensem
229 dans son ensemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’elle fit elle-même à ses provinces, dès 1789. La culpabilité ni
230 n ensemble synthétique actuel, autre chose que ce qu’ elle fit elle-même à ses provinces, dès 1789. La culpabilité niée et r
231 ontre l’Europe fédérée, dont on feint de redouter qu’ elle prétende « uniformiser » les diversités nationales (entendez : st
232 tc., Debré et ses amis s’imaginent, c’est normal, que l’Europe va faire de même de leur nation. C’est avouer qu’on n’a rien
233 ope va faire de même de leur nation. C’est avouer qu’ on n’a rien compris à la nature même du fédéralisme. C’est oublier, de
234 nullement « défait » la Bretagne, — du moins tant que la France a respecté ses engagements sacrés. Or c’est à ce traité d’u
235 engagements sacrés. Or c’est à ce traité d’union que correspondrait aujourd’hui un Pacte fédéral européen. 2. Lors de la N
236 tous les droits et à l’autonomie de leur province qu’ ils avaient pour mandat d’affermir. Pareille trahison (portée aux nues
237 nne : l’idée même en paraît plus grotesque encore qu’ impossible. (à suivre) 10. P. Thibon, Le Figaro , 6 novembre 1978
238 ion de ma part, bien entendu. Pas plus d’ailleurs que je n’en avais donné au Nouvel Observateur qui, quelques mois auparava
5 1979, Cadmos, articles (1978–1986). Écologie, régions, Europe fédérée : même avenir (printemps 1979)
239 des impératifs écologiques. Cela ne signifie pas que notre colloquej doive rester sans effets réels sur nous-mêmes et sur
240 effets réels sur nous-mêmes et sur ce qui vient. Que veut dire, en effet, la phrase fameuse des Thèses sur Feuerbach selon
241 n laquelle les philosophes, jusqu’ici, n’ont fait qu’ interpréter le monde, alors qu’il s’agit désormais de le transformer ?
242 x, auteur de cette thèse, n’a transformé le monde qu’ à la mesure de ses moyens de philosophe, c’est-à-dire en l’interprétan
243 c’est-à-dire en l’interprétant. 1. Un rite veut qu’ on commence par définir les termes d’un débat, ici Écologie et Politiq
244 ologie, et donc la plus courante, consiste à dire que c’est « une mode », ou encore : « Une tarte à la crème ! Ça signifie
245 Ça signifie tout et rien ! Autant de sens du mot que d’écologistes ! » (Je l’ai lu hier encore.) L’Écologie serait « une d
246 it aussi des écologistes adversaires du nucléaire qu’ ils ont été « traumatisés par Hiroshima. » (Les partisans du nucléaire
247 , mais Sakharov dit au contraire, selon Le Monde, qu’ ils sont payés par le gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit
248 gouvernement russe. En ce point, l’on s’aperçoit que l’écologie n’est pas jugée sur son mérite, mais sur les visées politi
249 ée sur son mérite, mais sur les visées politiques qu’ elle est censée traduire tout en les dissimulant. 2. Dans les écoles
250 vilèges et le confort des riches. (C’est aussi ce qu’ en pense le tiers-monde.) En fait, si nous prenons un peu de recul pou
251 ui vit de la Nature et en elle19. 3. Plutôt donc que de l’écologie comme science, nous considérons ici le souci écologique
252 s lors par plusieurs gouvernements. Il est normal que ce souci se soit manifesté d’abord en Europe, première partie du mond
253 ouci des premiers atteints par le mal industriel, qu’ ils ont d’ailleurs inventé. C’est le souci de ceux qui ont déchaîné la
254 pourrait dire, peut-être en simplifiant beaucoup, que nous sommes ici en présence d’une révolte de l’écologie contre l’écon
255 volonté de vivre contre la volonté de profit) et que le phénomène, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, a pris sou
256 ris soudain des proportions à ce point alarmantes que les gouvernements de nos États nationaux — si lié que soit leur sort
257 les gouvernements de nos États nationaux — si lié que soit leur sort à celui de la croissance industrielle — se sont vus co
258 istères de l’Environnement (signes des temps plus que remèdes efficaces, les titulaires de ces ministères sont les premiers
259 enne, a voulu se développer sur une tabula rasa — qu’ elle a créée au besoin — d’où ses liens de complicité essentielle avec
260 it de l’enfant est une tabula rasa ou maison vide qu’ il s’agit de « meubler » de certitudes simples, abstraites, géométriqu
261 . Il y en a d’autres. a) C’est au niveau régional que les mesures d’écologie concrètes peuvent et doivent être élaborées et
262 domaines ou des quartiers, destruction de forêts, que la conscience régionaliste alertée s’organise et entre en action. Voi
263 refusées, minimisées par l’État-nation qui a peur qu’ elles le divisent, il y a des exigences écologiques continentales, éga
264 fusées ou minimisées par l’État-nation qui a peur qu’ elles le dépassent. Le Rhin amène à la mer du Nord 60 millions de tonn
265 e, chaque pays pollue souverainement, et s’assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés… Même jeu qua
266 rainement, et s’assure que ce sera toujours moins que les trois autres additionnés… Même jeu quand il s’agit des mers et de
267 dentiquement à ce qui le dépasse tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’il s’oppose à presque tout ce qui existe
268 sse tant par en haut que par en bas, c’est-à-dire qu’ il s’oppose à presque tout ce qui existe ou voudrait exister indépenda
269 uropéens et régionalistes. 5. Mais je m’aperçois que je devrais préciser le sens que je donne au mot région. Il y a des ré
270 ais je m’aperçois que je devrais préciser le sens que je donne au mot région. Il y a des régions ethniques qui ne correspon
271 rontalières : deux douzaines environ sur la carte qu’ avait dressée pour le colloque tenu au Conseil de l’Europe en 1972, V.
272 éjà existantes, en formation, ou encore à créer — que je définis comme espaces de participation civique, régions assez peti
273 e à la voix d’un citoyen de s’y faire entendre et qu’ on puisse lui répondre. 6. Il s’agit donc, si l’on veut arriver à des
274 s, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos des Éta
275 n formulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’ il est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à
276 ité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que l
277 t faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce
278 t faire, les États ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire
279 reprendre en main leurs destins »20. Il est faux que le plus grand soit le plus efficace. E. F. Schumacher a démontré le c
280 ful. 7. Les relations d’interaction systématique que l’on vient de relever conduisent d’une manière nécessaire, à mon sens
281 e élection du Parlement européen. — S’il est vrai que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’on croyait perdue, s
282 que la cause européenne, qui semblait endormie ou qu’ on croyait perdue, s’est réveillée par l’intervention imprévue des rég
283 égionalistes et des écologistes ; — s’il est vrai que ni la région ne se fera sans l’Europe fédérée, ni celle-ci sans des r
284 ans des régions à sa base ; — s’il est vrai enfin que les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’à l’échelle régi
285 les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’ à l’échelle régionale ou continentale, jamais à l’échelle nationale ;
286 l’échelle nationale ; — alors il devient évident que les organisations écologistes devraient entrer au plus vite en relati
287 c’est fini. Un avenir adviendra certainement. Ce qu’ il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, n
288 inement. Ce qu’il m’importait de souligner, c’est que nous n’aurons ni éco-société, ni régions, ni Europe fédérée, si nous
289 i nous n’obtenons pas les trois à la fois ; c’est qu’ aucune de ces trois virtualités exigeantes ne peut se réaliser seule ;
290 ités exigeantes ne peut se réaliser seule ; c’est que l’avenir de chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’en cette
291 r de chacune d’elle est celui des deux autres, et qu’ en cette trinité réside l’espoir des Européens et de la Paix. 19. No
292 de la technologie rationaliste et du matérialisme qu’ elle favorise, contraire au Coran ? 20. The Ecologist, special on th
6 1979, Cadmos, articles (1978–1986). La chronique européenne de Denis de Rougemont (printemps 1979)
293 uelques preuves chiffrées. Et je ferai voir aussi que le général de Gaulle, invoqué rituellement par les uns et les autres,
294 pe des Neuf sont de jeunes nations. L’on comprend que celles-ci soient moins attachées à leur identité que nous ne le somme
295 celles-ci soient moins attachées à leur identité que nous ne le sommes. Un sondage publié par la CEE de Bruxelles fin jan
296 non 48 31 58 66 33 70 42 59 36 57 % On voit qu’ en fait la France, très ancienne nation, n’a pas peur ; que la Grande-
297 t la France, très ancienne nation, n’a pas peur ; que la Grande-Bretagne, très ancienne nation, a presque aussi peur que l’
298 tagne, très ancienne nation, a presque aussi peur que l’Irlande, très jeune nation (toutes les deux étant îles de surcroît)
299 . L’argument ne vaut strictement rien, ne traduit qu’ ignorance et myopie historique. II. Le « volapük » européen Du m
300 enfants seront modifiés, et il est vraisemblable que les inscriptions sur nos monuments seront traduites en « volapük ».
301 olapük ». À ces fantasmes, on ne saurait opposer que la réalité vérifiable des problèmes linguistiques posés par notre uni
302 oir. Mais il deviendra de moins en moins probable que la Communauté puisse s’offrir le luxe, de plus en plus ruineux, de tr
303 à l’absurde. Il semble donc réaliste de conclure que la CEE atteindra, dans ce domaine, à plus ou moins brève échéance, un
304 tes « principales », deviendra alors inévitable. Que l’anglais, le français et l’allemand s’imposeront alors, qui pourrait
305 el, ils ont tout dit, et le contraire, et tout ce qu’ il y a entre les deux. Quelques exemples, entre plusieurs centaines de
306 lques exemples, entre plusieurs centaines de ceux que cite Edmond Jouve dans ses deux énormes volumes sur Le Général de Gau
307 donner naissance à la fédération 24. » On précise que le suffrage universel aurait essentiellement pour objet de donner, de
308 éral, déclare à l’Assemblée nationale, en 1959, «  qu’ il s’est toujours montré partisan d’élections européennes ». En revanc
309 et dangereuse ». En 1961, il déclare à la Chambre qu’ il s’honore d’avoir été l’un des membres du groupe de travail F. Dehou
310 pétences de cette assemblée. C’est précisément ce que le communiqué de Bad-Godesberg a décidé, et voilà une décision que je
311 de Bad-Godesberg a décidé, et voilà une décision que je salue avec une vive satisfaction26. Mais comment accorder tout ce
312 ditions de cette Europe des régions dont le moins qu’ on puisse dire est qu’elle les « hérisse » selon l’expression de Pompi
313 e des régions dont le moins qu’on puisse dire est qu’ elle les « hérisse » selon l’expression de Pompidou, tandis qu’elle pa
314 à d’autres « infâme » et « criminelle ». On sait que le thème est celui qui nous a le plus constamment requis et préoccupé
315 igure même pas à l’index général 29. Il n’empêche que les principaux ténors de la doctrine — dont M. Debré est le plus souv
316 ontiers cité par Jouve — n’ont cessé de proclamer que le régionalisme assimilé au séparatisme était l’une des formes les pl
317 les régions. C’est sur cette grande idée nouvelle qu’ il a choisi de livrer la bataille décisive de son règne. Mais, en même
318 nce, cette « Princesse de légendes », cette Iseut que , tel Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’il s’en voit séparé 
319 e Iseut que, tel Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’il s’en voit séparé ? (D’où sa secrète, mais active connivence
320 Mort du général de Gaulle 31 plus de confirmation que l’historien le plus méfiant ne saurait en exiger. Jean Mauriac a noté
321 i est le seul plan qui me concerne, l’avenir dira que j’ai été renversé sur un projet qui était essentiel pour le pays. (p.
322 a réforme des régions, c’était le dernier service que je pouvais rendre à la France. (p. 54) Dans mes mémoires, j’expliquer
323 enu lui rendre visite le 16 juillet 1969 il redit que « partir sur le refus d’une grande réforme n’est pas mauvais » et il
324 ? Il y aurait beaucoup à nuancer, partant du fait qu’ en 1969, la plupart des régionalistes français s’opposèrent au projet
325 suffisant. Mais ce qui éclate à l’évidence, c’est que les « fidèles » gaullistes trahissent ouvertement le dernier Grand De
326 la cause des régions progresse au-delà de tout ce que nous pouvions espérer, il y a dix ans, lors de l’échec du référendum
327 ’échec du référendum gaullien. Rappelons d’abord que l’Allemagne fédérale a été divisée par les Alliés de 1945 en onze « L
328 ions semi-autonomes qui ne sont devenues réalités qu’ en 1970. Le régime régional a permis l’accession au pouvoir du parti c
329 le général de Gaulle a été le premier à déclarer que la formule de développement de son pays n’était plus la centralisatio
330 niveau réel : celui de la communauté civique plus qu’ ethnique. L’évolution de l’Espagne vers la régionalisation, au lendema
331 la nation espagnole », mais déclare à l’art. 137 que « l’État se compose de communes, de provinces et des communautés auto
332 nde, bruxelloise — mais au-delà de cette division que le xixe siècle eût imaginé sans peine, il prévoit beaucoup plus : la
333  sous-régions » formées de communes associées, et que l’on a proposé d’appeler des « fédérations de pays », de communes, de
334 e sur les problèmes de la régionalisation, termes que nous faisons nôtres, la région en Europe doit être définie comme le t
7 1979, Cadmos, articles (1978–1986). L’Europe comme invention de la culture (automne 1979)
335 des coutumes et des lois locales. Or, cette paix que seule procure l’unité essentielle dans la diversité de l’existence, D
336 fait gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’ il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume… ne
337 trie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Eur
338 ongrès de la paix et de la fédération des peuples qu’ il a traversés pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’accla
339 r le vocabulaire et les formules de base — telles que « solidarités de fait », « institutions communes », « marché commun »
340 « institutions communes », « marché commun »33 — qu’ on retrouvera dans tous les traités européens, des statuts du Conseil
341 ak. Mais c’est dans la généalogie des philosophes qu’ on voit s’annoncer au xviiie siècle le type de l’intellectuel au sens
342 fédéraliste s’il en fut, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États », comme la conquête, les guer
343 s et la hausse des prix, ne peuvent être enrayées que si la souveraineté absolue est enlevée aux Princes et passe aux Peupl
344 bsence de légalité, sources de guerres déclarées, que de renoncer, comme les individus, à leur liberté sauvage (anarchique)
345 fondeur et de l’universalité de l’idée européenne qu’ ils illustrent — en vain d’ailleurs, car déjà l’État nationaliste, par
346 de l’âme collective, en vue d’une guerre générale que personne ne veut, paraît-il, que tout prépare et qui éclatera le 1er
347 guerre générale que personne ne veut, paraît-il, que tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, durant le
348 stupidement vaniteux, mais non moins suicidaires. Qu’ il suffise de citer les noms allemands de Spengler, Thomas Mann et Key
349 ne, ni mieux consciente de ses raisons de l’être, qu’ à la veille de l’agression totalitaire : son impuissance à orienter ou
350 soit la politique des États-nations n’en apparaît que plus décourageante. La génération suivante, que l’on a baptisée celle
351 t que plus décourageante. La génération suivante, que l’on a baptisée celle des « non-conformistes des années 1930 », celle
352 des fascistes et des nazis34. Mais pour original qu’ il soit, pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance
353 34. Mais pour original qu’il soit, pour efficace qu’ il aille se révéler à travers la Résistance de neuf pays35, le mouveme
354 aux yeux du grand public et surtout des pouvoirs, qu’ en une poussière de ce qu’on nommera trente ans plus tard des « groupu
355 t surtout des pouvoirs, qu’en une poussière de ce qu’ on nommera trente ans plus tard des « groupuscules ». Survient la guer
356 Mais à mon premier retour en Europe, en 1946, ce que je découvre, c’est que le problème intellectuel prioritaire que propo
357 our en Europe, en 1946, ce que je découvre, c’est que le problème intellectuel prioritaire que proposent à leurs invités le
358 e, c’est que le problème intellectuel prioritaire que proposent à leurs invités les « Rencontres internationales de Genève 
359 début de septembre 1946, se produit quelque chose qu’ on n’avait pas vu depuis treize ans : non seulement Allemands et Franç
360 istants des pays de l’Axe, ou occupés par Hitler, qu’ ils ne connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinell
361 sions, la politique et l’économique. J’ai demandé qu’ on me donne une preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n
362 conomique. J’ai demandé qu’on me donne une preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n’est pas un simple ornemen
363 une preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’ elle n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que
364 u’elle n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je formerai rédige le Message initial ou final du c
365 n simple ornement. J’ai proposé que la commission que je formerai rédige le Message initial ou final du congrès, en formule
366 niens exceptés. Mais quelques noms si prestigieux qu’ ils soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape
367 de, ni comme en Allemagne la philosophie, mais ce que représente effectivement la liste des seize délégués français à la co
368 itié ou créé des institutions importantes, telles que le Centre européen de la culture, le Centre européen de recherches nu
369 vique européenne. Sur les vingt-trois résolutions qu’ elle a votées, vingt-et-une ont été suivies de réalisation : proportio
370 x qui étaient engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se trouvent désormais mobilis
371 une façon entièrement différente et de comprendre qu’ aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture française, pas
372 llandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres
373 s voulons que la culture française reste, il faut qu’ elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. C’est e
374 C’est en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’a
375 ité de culture n’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup p
376 ent. Dans un écrit du même auteur38, on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’elle est « en grand danger de crever », q
377 teur38, on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’ elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle «
378 tue », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’ elle « agonise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « 
379 en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’ elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « 
380  agonise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’ elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous
381 u de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malade
382 elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignons do
383 si du bon côté. Plus tard, le même Sartre déclare que seule « la prise du pouvoir par les travailleurs » sauvera la culture
384 ce à l’Europe, dans les années 1950 et 196039. Ce que demandent aujourd’hui les fédéralistes européens, c’est la coopératio
385 des actions doctrinales, pratiques et politiques, qu’ on peut attendre d’un intellectuel engagé. Ceux qui viennent appuyer l
386 rope ; mais, au contraire, ceux qui reconnaissent que l’Europe porte la plus lourde responsabilité dans la crise actuelle d
387 bilité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’ elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que
388 de de lui montrer un autre modèle de civilisation que celui de la croissance industrielle conduisant à la guerre atomique,
389 s d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui recommandent qu’ on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se présentent en Afrique, mais bi
390 x qui proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’un
391 que nous prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siè
392 conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’ une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est celui de so
393 fondamental que « nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est celui de son aménagement. Et q
394 érieux du siècle est celui de son aménagement. Et que l’Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abord elle parvient à l
395 vivre. Autrement, on ne la croira pas. Car ainsi que le disait le bon Dr Schweizer, « l’exemple n’est pas le meilleur moye
396 les… Après la guerre de 1939-1945 ne surnage plus que la NRF qui a perdu son aura d’avant-garde. Quelques revues, dans le
397 prit , qui dure encore, mais ne parle de l’Europe que pour mettre en garde contre les illusions et les dangers de l’européi
398 l’européisme, on ne trouve aujourd’hui en France que deux ou trois mensuels de modeste présentation, organes des fédéralis
399 uropéens, ou mondiaux. Rien n’est moins à la mode que l’Europe, sinon son union fédérale, dans les milieux intellectuels fr
400 uère représentée, jusqu’à l’époque carolingienne, que par les « cartes en T » (un T inscrit dans un cercle) dont elle figur
401 le mal, par. 256 : « Grâce aux divisions morbides que la folie des nationalistes a mises et met encore entre les peuples de
402 gnes qui prouvent de la manière la plus manifeste que l’Europe veut devenir une. Tous les hommes un peu profonds et d’espri
403 Tous les hommes un peu profonds et d’esprit large qu’ a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique le travail secret de leur
8 1980, Cadmos, articles (1978–1986). L’Université par l’Europe et vice versa (hiver 1979)
404 ue… Les universités naissantes sont des communes. Qu’ est-ce qu’une commune, au xiiie siècle ? C’est le corps des habitants
405 iversités naissantes sont des communes. Qu’est-ce qu’ une commune, au xiiie siècle ? C’est le corps des habitants d’une vil
406 eux de l’Évêque, ni même du Roi, mais ne relèvent que du pape, garant de leur autonomie. Chacune de ces entités groupe en u
407 és contre tous les seigneurs voisins. C’est ainsi que les trois « communes forestières » (Waldstätten en allemand) d’Uri, S
408 pire romain de nation germanique. Dans les pactes que concluent en 1291 les trois communes (aujourd’hui cantons), elles son
409 nt qualifiées d’universitates. Il est remarquable que dès le xiiie siècle les communes ou corporations du savoir deviennen
410 pour les désigner »40. Soulignons ici, fortement, que ces corporations par excellence, ces communes du savoir, autogérées,
411 rtants, il se trouve, c’est sans doute un hasard, que pas un seul durant ce demi-siècle n’est français. L’université, c’est
412 émique » — comme on dira lorsqu’elle ne sera plus qu’ un souvenir et une prétention — est à ce moment pleine et entière. L’E
413 ine et entière. L’Europe, qui ne s’appelle encore que la chrétienté, n’a jamais été plus européenne. II. De l’autonomie
414 contradictions, du sic et non, étant bien entendu que ces oppositions se situent à l’intérieur même de l’Université, et ne
415 cherche, est la négation même de cette Université que le Moyen Âge a inventée. » Je viens de citer Georges Gusdorf, profess
416 rable, L’Université en question 42 dont je déduis que l’Université médiévale demeure l’idéal asymptotique de tout ce que no
417 médiévale demeure l’idéal asymptotique de tout ce que notre époque croit avoir inventé sous le nom d’UER (unités d’enseigne
418 ités d’enseignements et de recherche), alors même qu’ elle détruit avec l’acharnement systématique et rancunier du bureaucra
419 n ; le moteur de cette involution étant le besoin qu’ éprouvent les clercs d’intervenir dans les luttes politiques et de s’a
420 attirer pour ce faire les faveurs du Prince, quel qu’ il soit, lequel en profite aussitôt pour décorer, récupérer, embrigade
421 es les unes des autres, les Facultés ne sont plus que des écoles professionnelles au service de l’État-nation et de certain
422 retour à la grande liberté médiévale. Mais quels que soient les mérites intrinsèques du projet de réforme d’Edgar Faure, u
423 e d’Edgar Faure, un fait demeure : il n’a conduit qu’ à l’éclatement définitif en instituts spécialisés de l’Université de P
424 d’« universités », alors qu’il ne s’agit en fait que de Facultés au sens qu’a gardé le terme dans le reste du monde. Chacu
425 s qu’il ne s’agit en fait que de Facultés au sens qu’ a gardé le terme dans le reste du monde. Chacune de ces Facultés désor
426 comme en fait, compte autant ou plus d’étudiants que la plupart des universités complètes dans les autres pays d’Europe. L
427 es parties, et la vertu totalisante qui est celle qu’ on doit atteindre d’une universitas studii est définitivement évacuée.
428 C’est pourtant dans le retour aux petites unités qu’ ici, tout comme dans les structures économiques, sociales et politique
429 fait échange des points de vue. Et je ne dis pas que les voies et moyens d’un tel « retour » soient facilement imaginables
430 » soient facilement imaginables, je dis seulement que la survie de la culture européenne dépendra de notre aptitude à optim
431 e des universités européennes sont donc les mêmes que celles dont dépendent le sauvetage de notre environnement, et celui d
432 n, je terminai ma description de la tour de Babel qu’ est devenue l’Université, juxtaposition de spécialistes dont aucun n’e
433 le jargon du voisin, par l’évocation d’une utopie qu’ on voulut bien considérer comme idyllique et rousseauiste. C’était qua
434 ionnelle, et démontrer d’une manière convaincante qu’ on éprouve l’impérieux désir d’intégrer l’expérience acquise dans un e
435 nterdisciplinaires. J’entends par là : les sujets qu’ il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre exclusif d’une de n
436 s facultés classiques. Voici quelques-uns de ceux que , pour ma part, je serais heureux de pouvoir étudier et discuter, si j
437 auté du milieu et paix) des disciplines farouches qu’ imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs prétendus d
438 ogance, tandis qu’elle s’interroge elle-même plus qu’ elle n’a jamais fait dans son histoire. Quant aux relations entre un t
439 de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs dét
440 qui a fait le Monde et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 40. Louis Halphen, in Aspects de l’Univ
441 sieurs « recteurs » français m’ont fait remarquer qu’ ils avaient dans l’État et donc sur la tribune officielle le même rang
442 at et donc sur la tribune officielle le même rang qu’ un préfet ou un général de division. On les croyait voués à la recherc
9 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Utopie, technique, État-nation (printemps 1980)
443 omme. » — judaïsme et christianisme : ces versets que tout homme cultivé en Occident connaît ou reconnaît quand on les cite
444 étranger et voyageur sur la Terre », ou déclarent que « dans les cieux est notre droit de cité » (notre politeuma, saint Pa
445 ine, a-topique de l’homme — et cela d’autant plus qu’ il est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’il demeure plus ani
446 u’il est plus spirituel ou libéré, d’autant moins qu’ il demeure plus animal ou attaché. 3. De fait, près de quatre siècles
447 mystique soufi Sohrawardi d’Alep (1155-1191). Ce qu’ il nomme en persan Nâ-kopââbâd signifie littéralement « le pays du Non
448 vénement de l’âme actuellement vécu, une aventure que dès maintenant il vit par une suite d’illuminations qu’il décrit, mer
449 s maintenant il vit par une suite d’illuminations qu’ il décrit, merveilleusement, comme autant de « clins d’œil hors du où 
450 mparer dans la tradition occidentale, chrétienne, qu’ aux « Nouveaux Cieux », à la « Nouvelle Terre », à la « Nouvelle Jérus
451 mesures d’anges », ou encore : « mesures humaines que l’ange utilisait » (selon les traductions). Il s’agit donc d’une cité
452 esque inévitable. Thomas More, en somme, n’a fait que placer dans le temps de l’Histoire et l’espace de la Terre une cité i
453 le temps venu, in illo tempore. Thomas More sait que le Royaume n’est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison do
454 Royaume n’est pas de ce monde, mais il sait aussi que l’Oraison dominicale dit, dans sa seconde demande : « Que Ton règne v
455 aison dominicale dit, dans sa seconde demande : «  Que Ton règne vienne ! », donc arrive, donc ait lieu dans notre histoire
456 rancis Bacon, mais c’est bien plutôt de Descartes que procède cette évolution. Descartes a été le lieu de cette métamorphos
457 à toutes les autres activités conçues auparavant, qu’ elle n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’elle échappe à la mortalit
458 vant, qu’elle n’est pas autorégulée, c’est-à-dire qu’ elle échappe à la mortalité. La technique en effet n’est régulée ni pa
459 s finalités génériques ou spirituelles. On dirait qu’ elle résulte du rêve de rendre notre vie, notre existence incorruptibl
460 ances naturelles. Elle ne bute contre ses limites qu’ au moment où l’action de l’homme sur les écosystèmes dont il fait part
461 vivant : il s’agit alors d’une hétérorégulation, que j’ai nommée ailleurs pédagogie des catastrophes. 6. Cette même attit
462 rme politique de la technocratie : l’État-nation. Qu’ est-ce que l’État-nation ? La mainmise d’un appareil administratif sur
463 que de la technocratie : l’État-nation. Qu’est-ce que l’État-nation ? La mainmise d’un appareil administratif sur un territ
464 ante et mouvante, ethnolinguistique et affective, qu’ on appelait autrefois la patrie (terre des pères) puis la nation (lieu
465 un carré de base centré sur Paris (Sieyès déplore qu’ en approchant des frontières — « mal compassées » eût dit Descartes —
466 es et des libertés provinciales, sous le prétexte qu’ elles s’appelaient « privilèges » ; de tuer tout civisme qui puisse s’
467 ant aux obsessions du médecin Pinel : il y a plus qu’ un parallélisme entre l’évolution de la psychologie, de la psychiatrie
468 rétablir par la guerre au-dehors la tranquillité qu’ il n’a plus au-dedans. » Napoléon achèvera ce modèle, né de la guerre
469 n de l’État-nation, comme on l’a dit. Je constate qu’ il fonctionne de plus en plus malaisément, voir la révolte des régions
470 pathétiques en Corse et en Bretagne. Je constate qu’ il nous mène inexorablement, par les mécanismes déments des souveraine
471 s inoffensives. Il y a bien près d’un demi-siècle que j’en parle. On me disait, il y a dix ans encore, que c’était de l’uto
472 j’en parle. On me disait, il y a dix ans encore, que c’était de l’utopie pure. Je réponds que la région dont je parle, et
473 encore, que c’était de l’utopie pure. Je réponds que la région dont je parle, et que je n’ai cessé de définir comme un « e
474 pure. Je réponds que la région dont je parle, et que je n’ai cessé de définir comme un « espace de participation civique »
475 ce n’est d’hier. Mais Toynbee a très bien montré que les utopies sont « statiques par hypothèse ». Elles sont, et je le ci
476 ’une sociologie descriptive imaginaire, et l’acte qu’ elles essaient de susciter est presque toujours la fixation à un certa
477 e dans un déclin qui doit finir en chute, à moins que le mouvement descendant puisse être artificiellement arrêté. Immobili
478 elles ne sont conçues dans une quelconque société que lorsque celle-ci a perdu toute espérance de progrès futur. » Toute ut
10 1980, Cadmos, articles (1978–1986). Madame de Staël et « l’esprit européen » (été 1980)
479 modernes, avoir l’esprit européen ». Cette phrase qu’ il me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi les plus
480 les plus souvent citées de Mme de Staël, sait-on qu’ elle ne figure que tout incidemment, à titre d’amicale mise en garde c
481 citées de Mme de Staël, sait-on qu’elle ne figure que tout incidemment, à titre d’amicale mise en garde contre l’excès d’or
482 ière. Et ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’ elle figure en exergue sur la médaille que la Monnaie, en 1966, consac
483 erreur qu’elle figure en exergue sur la médaille que la Monnaie, en 1966, consacrait au deuxième centenaire de son auteur.
484 d’un bout de l’Europe à l’autre ». On ne peut ici que citer : Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispe
485 ensée.47 Cette société des hommes de la pensée, qu’ elle ait pour champ la philosophie ou les lettres, les sciences physiq
486 e on pouvait s’y attendre, et je forme ici le vœu qu’ elle se réalise, sous le patronage de celle qui en eût été l’inspiratr
487 llemand, conduisent Mme de Staël par un mouvement qu’ on dirait simplement de sensibilité, à épouser et prolonger cette trad
488 nes à unir dans le respect et la force du divers, qu’ il s’agisse de sagesse ou de science, de religion et c’est l’œcuménism
489 Rien de plus étranger à ce mouvement de l’esprit que la volonté d’uniformisation que montrait dans le même temps Napoléon.
490 ement de l’esprit que la volonté d’uniformisation que montrait dans le même temps Napoléon. (Lecture des journaux interdite
491 ire.) Rien de plus étranger non plus à l’ambition que certains prêtent aux tenants de l’union européenne, à savoir de « fon
492 et toutes auraient tort de se priver des lumières qu’ elles peuvent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose de très sin
493 à ces diversités, et nul homme quelque supérieur qu’ il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’espr
494 de plus éminent service à rendre à la littérature que de transporter d’une langue à l’autre les chefs-d’œuvre de l’esprit h
495 nent. Je note ici, pour y revenir tout à l’heure, que le problème ainsi posé par Mme de Staël aux débuts du xixe siècle es
496 ent surmonter l’antinomie Nord-Sud, s’il est vrai qu’ elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon pa
497 oire ? Sinon par cela qui est plus profond encore que les racines, étant au principe même de notre histoire, par le christi
498 ainqueurs et les vaincus ont fini par n’être plus qu’ un même peuple dans les divers pays de l’Europe et la religion chrétie
499 ntisme et le catholicisme ne viennent point de ce qu’ il y a eu des papes et Luther. C’est une pauvre manière de considérer
500 C’est une pauvre manière de considérer l’histoire que de l’attribuer à des hasards. Le protestantisme et le catholicisme ex
501 t dans chaque homme. Et plus loin : Il se peut qu’ un jour un cri d’union s’élève et que l’universalité des chrétiens asp
502 Il se peut qu’un jour un cri d’union s’élève et que l’universalité des chrétiens aspire à professer la même religion théo
503 e, qui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui l’État-nation : Quand une réunion quelconqu
504 e nation serait alors synonyme de celui de légion que s’attribue le démon dans l’Évangile52 ». À cette affirmation de la pr
505 actualité : c’est dans la préface De l’Allemagne qu’ elle écrit : Les progrès des sciences rendent nécessaires les progrès
506 nucléaires et devant les manipulations génétiques qu’ on nous annonce pour demain. Mais j’en reviens à la critique de la nat
507 tion. Après Rousseau, Mme de Staël a très bien vu que plus la nation sera grande, plus grande sera la tentation de « sacrif
508 e. D’où se déduisent les éléments d’une politique qu’ on sent inspirée de Rousseau en ce qu’elle est tout à la gloire du pet
509 e politique qu’on sent inspirée de Rousseau en ce qu’ elle est tout à la gloire du petit État : La grandeur des États chez
510 théâtre propre à les enflammer. D’où elle déduit que « si l’homme parvenait individuellement à dompter ses passions, le sy
511 tème des gouvernements se simplifierait tellement qu’ on pourrait alors adopter comme praticable, l’indépendance complète, d
512 n des petits États est susceptible »55. Dira-t-on que c’est là supposer le problème résolu ? Oui certes, et le mathématicie
513  ? Oui certes, et le mathématicien répondra mieux que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’il soit possible à l’homme d
514 a mieux que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’ il soit possible à l’homme de résoudre un problème humain, éthique, so
515 e humain, éthique, social ou politique, autrement qu’ à partir de sa fin anticipée, imaginée, ou révélée aux yeux de l’espri
516 aux yeux de l’esprit. L’homme n’entreprend jamais qu’ à partir de l’avenir. Sa liberté est toujours en avant. Tout cela se
517 e, et les quelques phrases un peu plus explicites que je viens de citer suffisent à faire comprendre pourquoi Napoléon fit
518 blication en 1810. Mais combien faut-il regretter qu’ à l’ouvrage sur l’Allemagne — qui est en réalité, un grand traité de l
519 on européenne. Certes, Mme de Staël n’a pas prévu que l’économie, au xxe siècle prendrait le pas non seulement sur la cult
520 seulement sur la culture, mais sur la morale, et que c’est elle, non la morale, qui imposerait à la politique ses prétendu
521 endus « impératifs catégoriques » avec les succès que l’on sait : inflation et chômage en Occident, dictatures et famines d
522 munauté européenne de la culture. Car elle savait que « la circulation des idées est, de tous les genres de commerce, celui
523 certains » — et comme Goethe l’a dit après elle : que la culture « accroît autant que l’échange des produits et denrées la
524 dit après elle : que la culture « accroît autant que l’échange des produits et denrées la richesse et le bien-être général
525 énéral de l’humanité »56. Car elle savait surtout que la vraie finalité d’une union qui mérite le nom d’européenne, ne saur
526 n qui mérite le nom d’européenne, ne saurait être que l’homme lui-même, dans sa liberté responsable. L’homme européen, tel
527 ans sa liberté responsable. L’homme européen, tel que l’ont fait au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture
528 s chapitres de son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’ il est de tous les sentiments celui qui rend le plus heureux, parce « 
529 entiments celui qui rend le plus heureux, parce «  qu’ il réunit plus qu’aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même
530 i rend le plus heureux, parce « qu’il réunit plus qu’ aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même foyer57 ». L’Euro
531 ope de l’enthousiasme ! Il était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être : —
532 e crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être : — une tâche pour cette génération ! 47.
11 1981, Cadmos, articles (1978–1986). L’apport culturel de l’Europe de l’Est (printemps 1981)
533 dans un chassé-croisé du sujet et de l’objet. Ce que je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je suis, ni de
534 je perçois de l’autre n’est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire,
535 n’est pas indépendant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que je connais des
536 ant de ce que je suis, ni de ce que l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que je connais des apports de l’Est,
537 l’autre pense que je suis ou non… À vrai dire, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ils sont pour moi — au sens où
538 dire, ce que je connais des apports de l’Est, ce qu’ ils sont pour moi — au sens où esse est percipi (être, c’est être perç
539 rcipi (être, c’est être perçu) — je ne l’ai connu que par le biais d’une recherche sur l’Europe telle que l’ont vue, perçue
540 e par le biais d’une recherche sur l’Europe telle que l’ont vue, perçue et définie dans son ensemble les philosophes, les g
541 is la religion chrétienne n’est pas plus uniforme que ne le sont l’islam ou le bouddhisme, et ses variétés rendent compte d
542 ent compte des variétés de l’être européen, selon qu’ il a été formé par Byzance à l’Est ou par Rome à l’Ouest, et plus tard
543 is aussi la Pologne et la Hongrie. Je ne puis ici qu’ indiquer l’importance historique de l’influence calvinienne sur ces de
544 nées au xvie siècle où l’on put croire un moment que le passage à la Réforme des grandes familles de la noblesse, de la Sc
545 ntestataire des ouvriers de l’été 1980. Il semble que l’échec final de la Réforme en Pologne ait été le fait des luttes ent
546 xve siècle, dans la période de pré-Réformation, que sur ce fond religieux commun vont se détacher et s’affronter les égli
547 coup parlé du Plan d’union des royaumes chrétiens que le Français Pierre Dubois a écrit cinquante ans plus tôt. Podiebrad r
548 n traité les rois de Pologne et de Hongrie, ainsi que les ducs de Bourgogne et de Bavière ; mais le pape et l’empereur en s
549 elle — et il n’est pas indifférent à notre propos qu’ il ait été l’œuvre d’un Européen de l’Est : à plusieurs reprises les h
550 péen une perception plus dramatique, plus urgente que n’en ont ceux de l’Ouest. L’ouvrage commence par une lamentation sur
551 mence par une lamentation sur la misère du temps, qu’ on croirait écrite aujourd’hui : Ô Province dorée ! Ô chrétienté, glo
552 Où est la vigueur de ton peuple ? Où, le respect que toutes les nations te portaient ? Où, ta majesté royale ? Où ta gloir
553 ortaient ? Où, ta majesté royale ? Où ta gloire ? Que t’ont servi tant de victoires, si tu devais si vite être menée au tri
554 commune et d’une assistance mutuelle « sans même qu’ il l’ait requise à notre collègue attaqué » ; enfin, d’un budget fédér
555 aux dimensions d’un projet mystique, plus encore que politique, par un autre Tchèque : Amos Comenius. Ce plan toutefois n’
556 Amos Comenius. Ce plan toutefois n’est à ses yeux qu’ une partie de la tâche beaucoup plus vaste qu’exposent sa Didactica ma
557 eux qu’une partie de la tâche beaucoup plus vaste qu’ exposent sa Didactica magna ou Grande Didactique, et son traité de la
558 ime dans ce titre du chap. II de la Panpaedie : «  Qu’ il est nécessaire d’élever par l’éducation tous les hommes à l’humanit
559 n tous les hommes à l’humanité. » Dans la préface qu’ il a donnée aux Pages choisies de Comenius publiées par l’Unesco, Jean
560 ctif et l’éducateur ne saurait accomplir sa tâche qu’ en demeurant un instrument aux mains de la nature. L’éducation fait do
561 essus formateur qui anime tous les êtres et n’est qu’ un des aspects de ce vaste développement. À la descente ou « processio
562 ion, idée qui ne trouvera son expression positive qu’ au cours du xixe siècle, mais que Comenius a entrevue dans la perspec
563 ession positive qu’au cours du xixe siècle, mais que Comenius a entrevue dans la perspective de cette philosophie ; d’où l
564 tout à tous et à tous les points de vue », ainsi que l’union fondamentale de l’idéal éducatif et de l’idéal d’organisation
565 tionale… Le génie de Comenius est d’avoir compris que l’éducation est l’un des aspects des mécanismes formateurs de la natu
566 intégré le processus éducatif dans un système tel que ce processus en constitue même l’axe fondamental. À quel point ce gé
567 égligée : il ne peut commencer des études latines qu’ à 16 ans. Il va étudier la théologie en Allemagne, revient en Bohême p
568 ses. Il hésite un temps à accepter une invitation que lui adresse Richelieu à venir fonder en France un Collège pansophique
569 uvres. Dans la bibliographie de l’Unesco, je vois que la Didactica Magna, écrite en tchèque et traduite par l’auteur en lat
570 881 et 1957. On ne saurait donc se plaindre de ce que Comenius ait été méconnu ou mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. M
571 u mal « perçu » dans nos pays de l’Ouest. Mais ce que nous méconnaissons encore, trop souvent, c’est sans doute la percepti
572 uelle de l’Europe qui fut et qui est encore, plus qu’ on ne le croit, celle des grands penseurs de l’Est. Il y a là, de la p
573 de ce refus grincheux de l’Europe généreuse telle qu’ on l’a vue à l’Est, je vais vous donner un émouvant exemple, celui d’A
574 l’autre du continent. Il nous faut bien entendre que lorsqu’il parle de Liberté, Mickiewicz n’entend pas — sauf à la fin d
575 a toujours dans le mot de Liberté, beaucoup plus que ce qu’on y met de revendications précises — dangereusement plus ! De
576 ours dans le mot de Liberté, beaucoup plus que ce qu’ on y met de revendications précises — dangereusement plus ! De son œuv
577 et politique indissolublement, je ne citerai ici que le Livre des Pèlerins polonais, diatribe politique en forme de poème,
578 ans laquelle il élève la plainte de ceux de l’Est que l’Ouest abandonne, — le cri prophétique des victimes d’un Munich perp
579 s’en aller. Il part pour Paris en 1832. C’est là qu’ il écrira le Livre des Pèlerins, qui s’adresse en partie à la France.
580 a les nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’étais attaquée par les brigands, et je criai vers toi, nation, afin
581 jeté votre pierre de l’édifice européen, et voici que cette pierre deviendra la pierre angulaire et la clef de voûte de l’é
582 gyar ! Toi seul continues à combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais-nous ! Reconnais ton peupl
12 1981, Cadmos, articles (1978–1986). Un falsificateur vu de près (été 1981)
583 euve. Prudemment et pas à pas ». C’est la méthode que préconise B.-H. Lévy dans L’Idéologie française. Il s’est si bien gar
584 française. Il s’est si bien gardé de l’appliquer qu’ il m’oblige à le faire aux dépens de son libelle. Je ne discuterai pas
585 dimentaire, qui nous ramène au Dieu plus abstrait que transcendant de Léon Brunschwicg ou de Julien Benda ; nul projet poli
586 moins ceux qui s’avouèrent tels et l’affichèrent, que ceux qui furent vilipendés, condamnés et emprisonnés pour avoir comba
587 l’auteur. Faute de temps, je m’en tiendrai à ceux que je connais le mieux, qui sont les miens, leur exemple valant pour les
588 soin d’être bon pour faire du mal ! On va voir ce que celui-ci permet déjà d’écrire et de publier — pas seulement à des imb
589 sons majeures de ne pas me taire. La première est qu’ il serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le prob
590 mière est qu’il serait difficile de mieux fausser que ne le fait B.-H. Lévy le problème du fascisme en général et de ses ré
591 définis ou invoqués par Lévy. On distingue mal ce qu’ il reproche en fin de compte aux fascistes noirs, rouges ou bruns : il
592 xte tout à fait autre chose ou le contraire de ce qu’ il veut y lire aujourd’hui ; celles qui sont correctement transcrites
593 iques). Citations I et II Pour illustrer ce qu’ il appelle la naissance du fascisme en France dans « une génération de
594 ques d’autres pionniers du fascisme français tels que Thorez, Drieu, Romain Rolland, Aron et Dandieu, Mounier, Jean Giraudo
595 r, y cherche en vain la revue citée. En admettant que j’aie vraiment écrit ces mots, mais est-ce possible ? « “Engoncés” »
596 ons… Cela ne peut pas être de moi, tout de même — qu’ ai-je bien pu vouloir dire ? Probablement qu’entre un vieux sénateur r
597 me — qu’ai-je bien pu vouloir dire ? Probablement qu’ entre un vieux sénateur radical décoré et un jeune SA, le dialogue me
598 , dont notre presse aime à railler les uniformes, qu’ avons-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de
599 Tel est le fait. Et j’ajoutais un peu plus loin que le problème de la jeunesse française se posait en termes historiques
600 r aux nazis60. Il se garde, bien sûr, de rappeler que tout le contexte condamne sans appel fascisme, nazisme et stalinisme.
601 upre » et le « cloaque » de ce grand corps malade qu’ est le tout-État démocrate ; mais c’est la vieille gauche aussi bien,
602 récision, ici, touche au sublime !) : « Il semble que toutes les tentatives de résistance au conformisme social aient été p
603 t été paralysées après guerre par le double cadre que leur offrait l’héritage du passé : celui de l’Action française où on
604 ssions politiques et une idéologie périmée. » Ce que le lecteur peut vérifier, c’est que « le texte dit exactement » tout
605 érimée. » Ce que le lecteur peut vérifier, c’est que « le texte dit exactement » tout autre chose que ce que l’on a cité e
606 que « le texte dit exactement » tout autre chose que ce que l’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas d
607 le texte dit exactement » tout autre chose que ce que l’on a cité entre guillemets p. 19. Au surplus, il n’est pas de moi,
608 démocratie, selon les personnalistes, ne serait «  qu’ une curiosité exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni qu’on se mobil
609 serait « qu’une curiosité exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni qu’on se mobilise pour elle — pauvre “mesure morte” imp
610 riosité exotique qui ne vaut ni que l’on meure ni qu’ on se mobilise pour elle — pauvre “mesure morte” impossible à “ressusc
611 aru en 1936, mais cité dans sa réédition de 1972. Qu’ on se reporte à la page indiquée 140. Je viens de parler longuement de
612 ombre et nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérie
613 e peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’ elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il
614 mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’ elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relat
615 elations actives avec ses prochains. C’est à nous qu’ il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoudra e
616 nal. Lévy croit devoir préciser (note 12 p. 249) que « le texte vise, plus spécifiquement, l’individualisme ». S’il m’avai
617 ’avait lu, il eût remarqué, et peut-être compris, que ce qui était visé était la religion collectiviste, rançon fatale d’un
618 irresponsable. Ignore-t-il, comme J.-F. Revel61, que dans la distinction entre individu et personne se fonde la notion chr
619 ne se fonde la notion chrétienne de l’homme telle que l’ont élaborée les grands conciles, de Nicée à Chalcédoine, saint Aug
620 nt… Les personnalistes des années 1930 n’ont fait que réactualiser en termes du xxe siècle cette tradition centrale de l’O
621 d’idéologies totalitaires. B.-H. Lévy ignore-t-il que la résultante de l’individualisme irresponsable est la masse agglomér
622 dualisme irresponsable est la masse agglomérée, —  qu’ il prend pour une « communauté » ? (J’ai écrit souvent dans les années
623 es 1930 : « C’est avec la poussière des individus que l’État totalitaire fait son ciment ».) Ignore-t-il tout, enfin, de ce
624 n’a pas compris les causes du phénomène hitlérien qu’ il se permet de nous traiter de pronazis. Citations VIII, IX, X et
625 tale à comprendre le sens des trop rares ouvrages qu’ il juge opportun d’attaquer. Car plutôt qu’à des livres connus et enco
626 vrages qu’il juge opportun d’attaquer. Car plutôt qu’ à des livres connus et encore accessibles dans les bibliothèques, voir
627 iothèques, voire en librairie, il est remarquable que les notes bibliographiques de B.-H. Lévy renvoient pour la plupart à
628 ériences « trop simples » où l’on n’a pas compris que « seule a le droit de se vouloir totalitaire la vérité qui est totale
629 lointaines°. — les mots « révolutions avortées » qu’ il cite ne figurent pas dans mon livre. Et enfin une remarque de fond 
630 ation (au double sens d’ordonner et de totaliser) que Dieu adresse à l’homme, d’une part, — et l’ensemble des décrets d’un
631  ; non seulement ils se veulent plus totalitaires que les fascistes et les staliniens, mais encore, et enfin, et là c’est p
632 aliniens, mais encore, et enfin, et là c’est pire que tout, ils sont antiaméricains ! Ah ! l’Amérique ! Quel crime a-t-ell
633 elle outrance, de « consacrer la pire dégradation qu’ une civilisation ait imposée à l’homme »55) ? Question pathétique, ma
634 ( L’Ordre nouveau , n° 3), dont voici le texte : Que trouvons-nous, à l’origine permanente des erreurs qui, depuis vingt a
635 ns une certaine attitude humaine. Cette attitude, qu’ on appelle capitaliste, est, en réalité, pour qui va au fond des chose
636 productiviste, elle consacre la pire dégradation qu’ une « civilisation » ait imposée à l’homme. Une fois de plus on dirai
637 it imposée à l’homme. Une fois de plus on dirait que Lévy n’a pas lu le contexte des citations qu’on lui aura fournies. Qu
638 ait que Lévy n’a pas lu le contexte des citations qu’ on lui aura fournies. Quel dommage qu’un jeune homme aussi passionnéme
639 s citations qu’on lui aura fournies. Quel dommage qu’ un jeune homme aussi passionnément motivé dans sa dénonciation d’ennem
640 toujours cette cruelle incertitude —, le fait est que ce B.-H. Lévy, qui me traite à tout hasard de fasciste et de nazi, se
641 arler des articles, essais, pamphlets, chroniques que je n’ai cessé de publier de 1933 à 1939, tels que « L’Ère des religio
642 que je n’ai cessé de publier de 1933 à 1939, tels que « L’Ère des religions », « Le Bon vieux temps présent », « Les direct
643 es conférences à Leyden en 1948. Je suis bien sûr qu’ aucun auteur de langue française n’a publié autant de pages sur et con
644 tler. Vraiment, Lévy choisit mal ses nazis. C’est qu’ en somme il ignore à peu près tout de la vraie nature — religieuse — d
645 ueux produit de la méthode de truquage des textes qu’ il vient pourtant de dénoncer dans les premières pages de son article.
646 e. Il a choisi de n’accorder créance à B.-H. Lévy que sur le point central de son pamphlet : la dénonciation du personnalis
647 alitarismes de l’Est. Raymond Aron peut-il croire que Vichy ait adopté un seul instant nos thèses ? Croit-il vraiment que
648 té un seul instant nos thèses ? Croit-il vraiment que L’Ordre nouveau ait été « traditionaliste » ? C’était le nom de la
649 vers 1848, par opposition au « désordre établi » que dénoncera plus tard Esprit . Croit-il au contraire que L’ON ait ét
650 noncera plus tard Esprit . Croit-il au contraire que L’ON ait été « parafasciste », comme l’eût été à ce compte-là la re
651 in !) dans ces cénacles d’intellectuels parisiens qu’ ils méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’il est vrai, comm
652 d’intellectuels parisiens qu’ils méprisaient plus que personne ? Mais surtout : s’il est vrai, comme l’écrit noir sur blanc
653 vrai, comme l’écrit noir sur blanc Raymond Aron, que nos idées personnalistes aient « accédé au pouvoir » à Vichy et cela
654 ophe nationale » de juin 1940, comment se peut-il que nous ne l’ayions pas su ? Mounier passant ouvertement à la Résistance
655 : l’admirateur « ému » selon Lévy de l’Adversaire que je désignais. Chefs de file du mouvement personnaliste, nous avons to
656 prison pour des idées dont L’Express nous apprend qu’ elles étaient au pouvoir à Vichy, donc en accord avec les nazis triomp
657 élirante de l’histoire ? Mais à quelles fins ? Ce qu’ il importe de dénoncer ici, c’est l’injustice brutale qui fait qu’avec
658 dénoncer ici, c’est l’injustice brutale qui fait qu’ avec l’appui des mass médias, de la publicité éditoriale et du goût pa
659 ateurs qui croiront (s’ils ne m’ont jamais lu) ce qu’ écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’étais « parafasciste
660 ce qu’écrit Lévy confirmé par Aron, et notamment, que j’étais « parafasciste » et pronazi. Mieux encore : dans un périodiqu
661 ribunaux, ils n’auraient de chances de s’en tirer qu’ en plaidant l’irresponsabilité au moment où ils écrivaient. De quoi la
662 erait pas difficile à produire : ils n’avaient lu que le seul B.-H. Lévy — et l’avaient cru, sur la foi de L’Express. Po
663 es été choisies, sans exception, de telle manière qu’ un lecteur d’aujourd’hui ne sachant que très peu ou rien des problèmes
664 le manière qu’un lecteur d’aujourd’hui ne sachant que très peu ou rien des problèmes et des hommes de cette époque, en dédu
665 oblèmes et des hommes de cette époque, en déduise que nous adhérions plus ou moins consciemment aux doctrines des fascistes
666 t des nazis. Ce lecteur innocent soupçonnera-t-il que l’impayable sérieux de notre jeune lévite est aussi une recette de su
667 éjà B.-H. Lévy a ses imitateurs. Je n’en donnerai qu’ un seul exemple, faute de place. Car c’est seulement dans le détail pr
668 place. Car c’est seulement dans le détail précis qu’ on peut déceler le procédé — si contagieux chez les critiques, on va l
669 ) À la page 32 de son livre, Lévy s’indigne de ce qu’ Emmanuel Mounier lui-même, le « chrétien », l’« homme de gauche », cè
670 uand le monde devient si obscur et si lourd, ah ! qu’ il est commode de mettre tout le paquet dans les mains d’un homme, d’a
671 En comparant les deux citations, on voit d’abord que Lévy change la phrase de Mounier en un aveu (« il en convient lui-mêm
672  ») alors qu’il s’agit d’une constatation ; puis, qu’ il remplace « le monde entier » par « la douce terre de France », qui
673 rs. Mensonge pur.) Tel étant le procédé, voici ce que vont faire les suiveurs. Dans la Quinzaine littéraire du 16 mars 1981
674 ur sont irrécusables. Il a eu beau jeu de montrer que non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’il en avait dit tro
675 ue non seulement il n’en avait pas trop dit, mais qu’ il en avait dit trop peu. L’article de 1934 où Mounier avoue « sa fasc
676 ques extraits non pas tronqués, mais trop limités que propose L’Idéologie française. La « tentation » devient ici « fascin
677 plus indiscutables et précis dans l’acquiescement que ceux qu’il a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier ou de moi, textes de
678 scutables et précis dans l’acquiescement que ceux qu’ il a cités d’Aron et Dandieu, de Mounier ou de moi, textes destinés à 
679 2° illustrer la volonté affichée, tant à Esprit qu’ à L’Ordre nouveau , d’opposer aux révolutions fasciste, nazie et comm
680 ils consentent à être eux-mêmes, je suis bien sûr qu’ ils se comprennent et se réconcilient dans une fraternité joyeuse. » C
681 de dialogue, — on ne disait pas encore détente — que ne l’ont jamais fait les « idéologues des années 1930 » dénoncés aujo
682 cistes ». Pour autant, je ne crois pas un instant que Raymond Aron ait jamais été « fasciste à la française ». Je m’étonne
683 par Lévy sur des textes beaucoup plus discutables que les nôtres — surtout isolés de leur contexte, selon sa méthode habitu
684 présence de Maurice Clavel à Uriage. Il est vrai que c’est Clavel qui a lancé les « nouveaux philosophes ». Post-script
685 sa « Lettre ouverte » qui montrent aussi durement que possible que la « fraternité joyeuse » supposait une Révolution dont
686 uverte » qui montrent aussi durement que possible que la « fraternité joyeuse » supposait une Révolution dont Raymond Aron
687 jeune génération du Reich ne peut faire autrement que de condamner et de combattre la tentative d’union entre la France et
688 union franco-allemande ne peut se poser sainement qu’ à partir de la Révolution […] La jeunesse européenne doit apprendre à
689 ces excès intolérables un front unique de combat, que les jeunes se montreront réellement capables de servir leur pays. […]
690 la SDN) il me montra les cicatrices des tortures que les nazis lui avaient infligées. Aviateur, il occupa un poste-clé dan
691 iris — les purs et durs du Collège de sociologie. Que disaient ces auteurs qui les eût distingués, voire opposés radicaleme
692 ’amour et la guerre ». Si un auditeur avait pensé que c’était fasciste, il m’aurait attaqué ou aurait quitté la salle. Une
693 eu intellectuel. S’il était nécessaire de prouver que le « fascisme » de L’Ordre nouveau et l’antifascisme « héroïque » d
694  héroïque » du Collège de sociologie ne faisaient qu’ un, ces quelques lignes de Roger Caillois, dans une lettre qu’il m’adr
695 uelques lignes de Roger Caillois, dans une lettre qu’ il m’adressait le 7 novembre 1938 au sujet de mon Journal d’Allemagne
696 66 C’est beaucoup plus « Collège de sociologie » que notre déclaration même : certains paragraphes disent ce que nous auri
697 déclaration même : certains paragraphes disent ce que nous aurions dû dire. J’en suis un peu honteux. (Je fais surtout allu
698 is un peu honteux. (Je fais surtout allusion à ce que vous dites du côté rituel de l’entrée en armes.)67 58. Job 16.11
699 des années 1930 , Le Seuil, 1969. 60. « L’émoi » que Lévy m’attribue si bizarrement devant les bottes et les chemises ouve
700 n a pas traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ ici. Qu’on se reporte à mon Journal d’Allemagne , repris dans Journa
701 traces dans mes textes, pas plus ailleurs qu’ici. Qu’ on se reporte à mon Journal d’Allemagne , repris dans Journal d’une
702 çais ». 61. J.-F. Revel semble croire, en effet, que la doctrine de la personne a été inventée par Mounier et que « son su
703 rine de la personne a été inventée par Mounier et que « son succès ne survécut pas à son auteur ». L’Express, 13 février 19
704 ence de B.-H. Lévy, est assez cultivé pour savoir que condamner l’individualisme, « cette maladie de l’individu », c’est co
705 où il vit. 64. De fait, la lettre n’est adressée qu’ à E. Mounier, condisciple du scripteur à l’École normale. 65. Cf. Gil
13 1984, Cadmos, articles (1978–1986). L’État-nation contre l’Europe : Notes pour une histoire des concepts (printemps 1984)
706 comme on dit) à la France. Mais il ne s’agit plus que d’ornements. En effet, dès la seconde moitié du xiie siècle, une dou
707 double évolution se dessine. Le latin, tant parlé qu’ écrit, devient de plus en plus la langue savante de l’enseignement et
708 de l’enseignement et celle de la liturgie, ainsi que la langue des relations entre « nationalités » différentes — la langu
709 crer par le pape de Rome : mais son rêve n’a duré que quatorze ans. En 792 déjà, dans les Libri Karolini, il s’était fait a
710 hée, en faveur du temporel, mais non de l’empire, que par les premiers royaumes nationaux, le français, l’anglais, plus tar
711 e. Les légistes de Philippe le Bel vont proclamer que le roi de France est « empereur en son royaume » et qu’« il ne reconn
712 roi de France est « empereur en son royaume » et qu’ « il ne reconnaît aucun supérieur sur ses terres » : ce rejet de la su
713 nom usuel, jusqu’au milieu du xve siècle, de ce que Pie II, au lendemain de la chute de Byzance, sera le premier à nommer
714 , 1966), M. Pierre Chaunu annonce d’entrée de jeu que « la civilisation classique a été la civilisation de l’État » et que
715 on classique a été la civilisation de l’État » et que « c’est au xviie siècle que l’État moderne se constitue ». Mais sur
716 ation de l’État » et que « c’est au xviie siècle que l’État moderne se constitue ». Mais sur quelles bases, et selon quell
717 e livre, admirablement illustré, et n’y ai trouvé qu’ une seule définition de l’État : « L’État classique opte pour l’essent
718 mes, l’enracinement au sol. » Faut-il en conclure que la double fonction de l’État serait donc la police d’abord, et l’art
719 on variable de 200, 500, 1000 %. De là à affirmer qu’ il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’un pas à franchir prude
720 er qu’il est le moteur de la croissance, il n’y a qu’ un pas à franchir prudemment. » Voilà pour les finances. Et voici pour
721 es dans l’affrontement des États. » (p. 68) « Or, que serait l’Europe sans ses nations ? » (p. 69) Et voilà justifiées par
722 ssbach au sommet de cette ascension : 1757. C’est que « l’État, malheureusement, s’écrit mieux encore dans l’Europe classiq
723 t mieux encore dans l’Europe classique au pluriel qu’ au singulier » (p. 69). Mais quoi ? Sans pluralité des États, comment
724 que, dès l’année 1576. Dans cette somme admirable qu’ est L’Essor de la philosophie politique au xvie siècle, Pierre Mesnar
725 e politique au xvie siècle, Pierre Mesnard écrit que le problème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelon
726 problème dont Bodin nous propose l’étude est « ce que nous appelons l’État, à savoir la nation organisée » (p. 480), ou enc
727 a nation formée en État ». Là encore, je m’étonne que le concept de nation, qui sert ici à définir celui d’État, n’ait fait
728 perpétuelle d’une république », qui n’appartient qu’ au prince et non aux magistrats élus pour un temps déterminé. Le citoy
729 « source de toute autorité ». Ses droits ne sont que « privilèges » et révocables à tout instant par le souverain, lequel
730 ral et à chacun en particulier, et ne la recevoir que de Dieu ». Or cette puissance ou souveraineté peut, selon Jean Bodin
731 chie s’appelle quand un seul a la souveraineté et que le reste du peuple n’y a que voir ; la démocratie ou l’estat populair
732 a la souveraineté et que le reste du peuple n’y a que voir ; la démocratie ou l’estat populaire quand tout le peuple ou la
733 oy au reste du peuple ». Et de montrer longuement que tous les mixtes de ces trois formes de l’État ne sont qu’erreur, et «
734 les mixtes de ces trois formes de l’État ne sont qu’ erreur, et « formes corrompues ». Mais, dira-t-on, cette souveraineté
735 roi, peuple ou groupe privilégié — n’est limitée que par la volonté divine dont le « sentiment du prince » est le seul int
736 uristes mêmes. On en trouverait autant d’exemples qu’ il y a d’emplois de ces vocables dans les œuvres connues de l’époque.
737 ces vocables dans les œuvres connues de l’époque. Qu’ un seul suffise : dans L’Esprit des lois (Livre XIXe, chap. XXVII), Mo
738 ant tout le chapitre. Le Moyen Âge ne parle guère que de royaumes et de peuples. Le xvie siècle élabore et précise la noti
739 rand, s’il fait peu de cas du peuple n’en célèbre que mieux les nations — qui est leur dénomination lyrique (« en vers : de
740 subtiles et précises nuances, qui en disent plus que les définitions, comme dans cette phrase de Rousseau : « Grandeur des
741 l’État, et moins encore du peuple, dont le mieux qu’ on puisse dire est « bon peuple », celui qui croit un peu n’importe qu
742 ldats va combattre contre des peuples qui ne sont que citoyens », écrit Montesquieu dans ses Considérations sur les Romains
743 el ni délai. « Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive », avait proclamé Robespierre. Louis en appelle à la N
744 public chargé d’un pouvoir exécutif de dictature, qu’ il exercera jusqu’en 1795 ; — à cette date, création d’un Directoire d
745 c’est savoir au profit de qui travaille l’État. » Qu’ il soit royal au xviie siècle, bourgeois dès 1793, ou prétendument « 
746 la Révolution d’octobre 1917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’il est. Ces tautologies insistantes ne peuvent m
747 e 1917, l’État seul sait ce que veut l’État et ce qu’ il est. Ces tautologies insistantes ne peuvent manquer d’évoquer le « 
748 a nation n’était rien au départ de la Révolution, que la devise des révolutionnaires : le Vive la Nation clamé par les trou
749 ade de Valmy n’avait pas plus de contenu objectif que le cri de guerre des bolchéviques en 1917 : Les soviets partout ! — m
750 , indicateur bien plus naïf, donc plus révélateur que les définitions savantes. On y lit : « National : qui concerne la nat
751 ion et vendues au profit de la nation. » C’est ce qu’ on nomme aujourd’hui les nationalisations, ainsi définies par le Petit
752 r l’indépendance de l’État. » Il est bien évident que les « transferts » sont en fait des achats faits par l’État à son pro
753 sou vaillant. « National » veut créer l’illusion que chacun en bénéficiera. « Étatisé » serait juste, mais moins bien tolé
754 ion des hommes et des choses y est plus mécanisée que dans n’importe quelle société humaine jusque-là. Tout y est militaris
755 tudes compensées par l’apport du très gros client qu’ est l’armée, et par la protection de la police, si généreusement accor
756 totalitaire. L’un donne naissance à l’autre, soit que l’État tente d’éliminer les dissensions internes par le recours à l’u
757 ns internes par le recours à l’union sacrée, soit que les « nécessités de la guerre » contraignent à étatiser plus strictem
758 ctement les ressources et la vie de la nation. Ce que les girondins commencent lorsqu’ils déclarent la guerre à l’Europe de
759 prompt d’un bout de la France à l’autre », ainsi que le dit Anarcharsis Cloots, ce baron hollandais, Prussien de naissance
760 l’armée, non de la culture, et moins encore de ce qu’ on nommera tourisme au xxe siècle. d) Le développement des communicat
761 nt des curiosités par la grande presse et les RTV que nourrissent les agences nationales. Alignement des comportements et d
762 e, Presse et Technique préparent donc à la guerre que les États-nations appellent, par leur formule même, et souvent consci
763 ui, conduit nécessairement à de nouveaux conflits qu’ il prépare sous le nom de défense de la Paix. Et ce seront les deux gu
764 osé en vue de la guerre — esprits et corps autant qu’ infrastructure industrielle — il se produit une recrudescence « inexpl
765 les progrès de l’armement d’en face. On m’assure qu’ il existe dans le monde l’équivalent de 4 tonnes de TNT par habitant.
766 nnes de TNT par habitant. Il semblait, vers 1977, que les USA pouvaient tuer tous les hommes existants environ 32 000 fois,
767 index de la main droite du président ne sera plus que le dernier élément de transmission d’une décision prise hors de l’Hom
768 rs de l’Homme et contre lui, par la mégamachine — qu’ il a conçue. On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’une co
769 . On sait — ou l’on devrait avoir enfin compris — qu’ une convention tacite lie les deux personnes du drame : ni la vraie gu
770 ois dans son histoire, l’Homme dispose des moyens qu’ il faut. Les probabilités d’une catastrophe globale sont plus grandes
771 lités d’une catastrophe globale sont plus grandes que celles de la paix. Mais nul calcul n’est garanti contre l’erreur quan
772 acteurs humains y entrent en compte. Le processus qu’ on vient de décrire paraît inévitable, irréversible. Mais nous voyons
773 paraît inévitable, irréversible. Mais nous voyons que l’État-nation, qui en est le moteur, dépend lui-même, dans sa genèse
774 évolution, de contingences historiques, bien loin qu’ il soit l’accomplissement d’une nécessité naturelle, définitive, inélu
775 rdons maintenant ces États-nations unitaires tels qu’ ils sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs seul
776 s leurs seules prétentions. Nous verrons aussitôt que tous, sans exception, sont à la fois trop petits si on les regarde à
777 oyens une participation réelle à la vie politique qu’ ils prétendent monopoliser. Ils sont trop petits pour se défendre seul
778 refusent de se fédérer à l’Ouest, ou qui, n’ayant qu’ une souveraineté surveillée, ne peuvent y renoncer à l’Est, force est
779 euvent y renoncer à l’Est, force est de constater que les Européens, s’ils s’en tiennent aux seules forces nationales, ne s
780 nt capables d’assurer, en fait, aucune des tâches que le gouvernement d’une nation est censé normalement assurer et qui rep
781 ineté (Paris, 1955). « C’est une erreur de croire que l’Histoire n’a vu d’autre changement concernant la Souveraineté que s
782 vu d’autre changement concernant la Souveraineté que son déplacement. Elle a surtout vu la construction de cette Souverain
783 ssion divine : « Il n’est libre ni quant à la fin qu’ il poursuit, ni quant aux moyens qu’il emploie. » Il doit respecter la
784 uant à la fin qu’il poursuit, ni quant aux moyens qu’ il emploie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de
785 loie. » Il doit respecter la loi de Nature autant que celles de Dieu. Enfin, il est lié par ses devoirs envers le peuple qu
786 le peuple devenu souverain, il est contradictoire qu’ il se lie lui-même. » (p. 234) Survient l’âge classique : « Louis XIV
787 âge classique : « Louis XIV dans sa majesté n’est qu’ un révolutionnaire qui a réussi : un premier Napoléon, profiteur d’un
788 touche à la souveraineté absolue : celle-là même que les Comités de la Révolution française vont conférer à ce qu’ils nomm
789 tés de la Révolution française vont conférer à ce qu’ ils nomment la nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ils inc
790 t la nation — qui est le Peuple soumis à l’État — qu’ ils incarnent. D’où, de nos jours, les définitions courantes de la so
791 la police et par l’argent. Et l’on a vu (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres limites que celles que lui imposent dans l
792 (chap. 8) que l’État ne connaît d’autres limites que celles que lui imposent dans le fait la pluralité des États et l’absu
793 que l’État ne connaît d’autres limites que celles que lui imposent dans le fait la pluralité des États et l’absurde égoïsme
794 absurde égoïsme des autres. Exactement aussi bête que cela. Mais pouvant entraîner sous peu l’extinction de toute vie indig
795 e la Souveraineté nationale absolutisée, étant ce que l’on vient de rappeler, et que personne ne peut contester de bonne fo
796 olutisée, étant ce que l’on vient de rappeler, et que personne ne peut contester de bonne foi, quel est l’obstacle majeur q
797 divisible, d’autant plus absolutisée, sacralisée, qu’ elle n’a plus d’existence opérationnelle démontrable hormis sa faculté
798 nationale nous le fait voir en 1984 mieux encore qu’ en 1979, à l’occasion des élections européennes. Mais vous auriez tort
799 ions européennes. Mais vous auriez tort de penser que le recours à la « souveraineté nationale » ne peut servir que les enn
800 rs à la « souveraineté nationale » ne peut servir que les ennemis de tout régime fédéraliste. Car le Monde du 30 avril 1984
801 éraliste. Car le Monde du 30 avril 1984 m’apprend que les adversaires des armes nucléaires poussent l’audace jusqu’à l’invo
802 eur tour : les juristes des Pays-Bas « prétendent qu’ un accueil de missiles américains constituerait une violation de la so
803 trice ou positivement impérative. Elle n’est plus qu’ une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qui exempte de to
804 ent impérative. Elle n’est plus qu’une prétention que l’on invoque à titre de tabou, ce qui exempte de toute raison donnée
805 a Souveraineté de l’État ne peut donc plus servir qu’ à refuser ce que l’on déteste. Ce n’est plus toute-puissance, mais pui
806 e l’État ne peut donc plus servir qu’à refuser ce que l’on déteste. Ce n’est plus toute-puissance, mais puissance de refuse
807 de toute solution incompatible avec la prétention que l’on allègue arbitrairement. Ce n’est plus volonté, mais nolonté, qui
808 scours des « hommes d’État » contemporains, c’est qu’ ils affirment que leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : il
809 es d’État » contemporains, c’est qu’ils affirment que leur but n’en est pas moins l’union de l’Europe : ils nous répètent c
810 e l’Europe : ils nous répètent comme Michel Debré qu’ un « bon Européen » est celui qui — comme eux — « veut, en fonction d’
811 conquête de la France, 1980). Il ne reste en fait que l’État qui puisse revendiquer la souveraineté absolue, laquelle s’opp
812 limiterait l’absolu de sa Souveraineté. Prétendre que l’on veut l’Europe des nations, l’Europe des États, voire l’Europe de
813 au fait et au prendre, l’une des trois solutions que voici : — une amicale des misanthropes ; — un mariage qui garantisse
814 en commun des chacuns pour soi.79 Toutes choses que l’on peut dire ou écrire, mais non point pratiquer, pour des raisons
815 fait sienne la thèse solidement établie qui veut que la décadence du monde hellénique ait résulté « de l’incapacité de ceu
816 était né et l’administration politique plus vaste que Rome avait créée. Ce compromis était psychologiquement possible dans
817 ’Histoire grecque, nous sommes en droit d’espérer que notre problème occidental actuel trouvera sa solution — pour autant q
818 Ce n’est pas sur ce plan psychologique épiméthéen que notre société peut lever les yeux dans l’espérance d’y découvrir quel
819 ne permet de l’affirmer. Soyons seulement assurés que , si ces précurseurs-là échouent, l’œuvre ne sera jamais accomplie par
820 mps va passer inexorablement, et les crises mêmes qu’ ils gèrent chacun à sa manière risquent de provoquer en s’aggravant de
821 Nota bene. 1. Dans les deux colonnes, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comportements
822 colonnes, il n’y a que des « vertus », en ce sens qu’ on n’y mentionne que les comportements requis pour que le système fonc
823 ue des « vertus », en ce sens qu’on n’y mentionne que les comportements requis pour que le système fonctionne. Exemple : or
824 rité vitale dans la colonne II, ne signifient pas que les citoyens d’un État-nation sont orgueilleux et ceux d’une fédérati
825 idaires, mais signifie simplement, objectivement, que le système requiert, pour fonctionner, soit l’affirmation de l’orguei
826 es habitants des pays considérés. 2. Il se trouve que les « vertus » de la colonne II sont chrétiennes, celles de la colonn
827 ens , 1970. 72. Cf. note 2 p. 92. 73. On sait que le père de Napoléon, le général Charles-Marie Bonaparte, avait comman
828 urope , Stock, Paris, 1979. 77. « Si l’on estime qu’ être opposé à tout abandon de souveraineté, c’est être nationaliste, a
14 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Chronique européenne : La préparation des élections européennes (printemps 1984)
829 e une situation ni plus ni moins complexe en fait que dans n’importe quel pays des Dix, mais qui devient ici plus lisible q
830 l pays des Dix, mais qui devient ici plus lisible qu’ ailleurs, parce que le nationalisme y chante à livre ouvert ses thèmes
831 er : — Cette élection n’est guère plus importante qu’ une cantonale » (Le Monde, 6 février). Mais tous les chefs des grands
832 traditionnels allaient déclarer d’une seule voix qu’ au contraire « l’enjeu des élections européennes était d’abord nationa
833 ’abord national » (Georges Marchais, pour le PC), que « la bataille pour l’Europe était d’abord une bataille pour la France
834 litique, résumant parfaitement les interrogations que fait naître la perspective du scrutin européen, à savoir : Jusqu’où p
835 voit, dont l’importance n’est pas plus cantonale qu’ européenne, mais décisive et bien réelle, donc nationale. Cette unanim
836 nanimité des passions partisanes qui ne s’obtient que dans les grands périls pour la patrie, n’implique aucun accord sur la
837 ai problème se réduit à savoir si l’Europe — quel que soit son régime — unitaire ou fédéraliste — sera « le rempart de notr
838 C’est dans le débat des partis, tant de la droite que de la gauche, que l’argument européen retrouve un intérêt relatif. In
839 t des partis, tant de la droite que de la gauche, que l’argument européen retrouve un intérêt relatif. Interrogée par le jo
840 l’Europe ! » Cependant que Lionel Jospin estime «  qu’ à l’Europe de Georges Marchais, il manque une petite chose, et c’est j
841 té d’identité » (Le Monde, 17 mai). Mais pour peu que Lionel Jospin ironise sur la droite : « Ni M. Giscard d’Estaing, ni M
842 Mme Veil », Jacques Chirac réplique le lendemain que la droite doit « se défoncer » pour que la liste de Simone Veil fasse
843 in pour la gauche. Il en est résulté à l’évidence que ni la droite ni la gauche ne considèrent l’Europe comme quelque chose
844 auche ne considèrent l’Europe comme quelque chose qu’ il faut unir d’abord. Ni l’un ni l’autre des debaters ne semble avoir
845 n ni l’autre des debaters ne semble avoir imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des chances de surmonter sa c
846 debaters ne semble avoir imaginé que si l’on veut que chacun de nos pays ait des chances de surmonter sa crise nationale, l
847 des misanthropes ; pas un mot sur les sacrifices qu’ aucun pays ne s’est dit prêt à consentir à l’œuvre, pourtant déclarée
848 les élections européennes a confirmé, le 21 mai, que les deux grands partis considèrent la consultation du 14 juin comme u
849 grande puissance ». Moyennant quoi, elle affirme que l’engagement du Parti conservateur en faveur de la Communauté est san
850 me de cruauté, mais certes pas pour l’Italie plus que pour les autres. De l’Irlande à la Grèce, le Parlement européen est
851 ce de toute passion manifeste. (On pourrait dire que le discours politicien est un hommage que les nationalismes les plus
852 it dire que le discours politicien est un hommage que les nationalismes les plus obtus rendent à l’idéal européen.) En Ital
853 sance. (M. Craxi a d’ailleurs refusé la démission qu’ ils lui offraient.) 4. Le cas de la RFA Là encore, un problème
854 ins sur le territoire allemand. Mais il se trouve que la situation à la fois historique, diplomatique et géographique de la
855 l’Europe fédérée ? Il résulte de cette situation que les prises de position des partis « nationaux » et des verts allemand
856 lections du 17 juin, s’identifient objectivement, qu’ ils le veuillent ou non, avec des prises de position soit pour l’Europ
857 eraineté fédérale du continent. C’est donc en RFA que va se jouer le sort prochain du projet Europe. II. Les jeunes mou
858 leurs candidats à l’élection du 17 juin. Mais ce que l’on voit se définir avec la plus grande netteté, c’est la communauté
859 rs propositions pour l’union de l’Europe, et cela qu’ ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ils soient simplement cons
860 cela qu’ils se disent de gauche ou de droite, ou qu’ ils soient simplement considérés comme tels. Quelques exemples. Les je
861 ’une Europe fédérale ». Pour eux, il va sans dire que « la revendication européenne devra s’accompagner à terme d’une reven
862 la dimension régionale ». Ils expriment l’espoir que leur génération « au sein de laquelle l’idée européenne ne se heurte
863 opéenne ne se heurte pas trop à l’idée nationale, qu’ elle transcende sans peine », réalise l’Europe « que nos pères n’ont p
864 ’elle transcende sans peine », réalise l’Europe «  que nos pères n’ont pas su faire ». ( Le Monde , 4-5 mars 1984.) Et ils a
865 par les forêts et océans qui font tout l’oxygène que respirent les êtres vivants — ces destructeurs sont des industriels,
866 uoi l’on ajoutera, selon Le Monde du 7 mars 1984, que « les verts entendent plaider pour les régions unies d’Europe face à
867 nt désormais un programme commun, créant ainsi ce qu’ on eût appelé jadis une « Internationale écologiste », mais qu’il sera
868 elé jadis une « Internationale écologiste », mais qu’ il serait plus exact, en l’occurrence, de baptiser la Première interré
869 que les écologistes ouest-allemands souhaitaient que le rassemblement fût ouvert à tous. Les huit partis membres de l’alli
870 cière semble encore loin d’être assurée. (On sait que le dépôt d’une garantie remboursable de 4,6 millions de francs frança
871 ialisme et liberté (AFSL) qui insiste sur le fait que ses propositions sont « par nature et par définition, de caractère eu
872 Europe fédérée ». Elle affirme donc, elle aussi, que « la suprême garantie contre l’omnipotence d’un État technocratique e
873 iales et politiques autonomes et responsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point d’éq
874 esponsables, et que c’est dans ce type de société que se situe l’indispensable point d’équilibre entre la liberté et l’auto
875 sur l’Europe Tout le monde semble avoir oublié que l’enjeu du 17 juin est le renouvellement du Parlement européen : pers
876 fié sa déclaration récente : « L’Europe a tout ce qu’ il faut pour être une superpuissance, sauf la volonté. » L’un des Fran
877 c d’Athènes : Les citoyens ne peuvent comprendre que les États membres et leurs représentants, après s’être arrogé, au mép
878 e l’unanimité. Les citoyens ne peuvent comprendre que les plus hauts représentants des États membres s’abaissent à des quer
879 défis majeurs du temps présent. […] Il est temps que le réalisme, garant du futur qu’ils proclament, succède à l’irréalism
880 […] Il est temps que le réalisme, garant du futur qu’ ils proclament, succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’ils pr
881 ent, succède à l’irréalisme égoïste et suicidaire qu’ ils pratiquent. Quant à la Tribune pour l’Europe, information du Par
882 ne Béatrix aux députés : il n’est de souveraineté qu’ européenne Le jeudi 16 février 1984, Sa Majesté la reine Béatrix des P
883 députés européens. La reine a insisté sur l’idée que les solutions communautaires doivent primer sur les options étroiteme
884 pétences », a-t-elle dit aux députés, en ajoutant que la Communauté devrait rompre avec le principe des votes à l’unanimité
885 vec le principe des votes à l’unanimité, principe que « nous n’accepterions jamais dans nos pays respectifs ». Et de conclu
886 oir le jour au xxe siècle, il ne nous reste plus que seize ans ! » « Une souveraineté européenne » — encore qu’elle reste
887 ans ! » « Une souveraineté européenne » — encore qu’ elle reste à définir — voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisage
888 nne » — encore qu’elle reste à définir — voilà ce que ne peuvent se permettre d’envisager nos États-nations, parvenus non s
889 r nos États-nations, parvenus non sans peine à ce qu’ ils considèrent comme leur « souveraineté absolue ». Seule une reine i
890 et PSU), et qui annonce (dans Le Monde du 18 mai) que l’élection des députés au PE « peut donner à la gauche l’occasion de
15 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
891 u tard, c’est-à-dire cette nuit et ce matin même, que j’avais accepté une tâche absolument impossible, celle de résumer un
892 échanges rapides, c’est tellement plus important que les conclusions solennelles que l’on pourrait tirer de nos débats, qu
893 nt plus important que les conclusions solennelles que l’on pourrait tirer de nos débats, que je crois que j’ai entrepris qu
894 olennelles que l’on pourrait tirer de nos débats, que je crois que j’ai entrepris quelque chose que je ne pourrai pas mener
895 e l’on pourrait tirer de nos débats, que je crois que j’ai entrepris quelque chose que je ne pourrai pas mener à bien. Alor
896 ts, que je crois que j’ai entrepris quelque chose que je ne pourrai pas mener à bien. Alors, je vais être aussi peu objecti
897 er à bien. Alors, je vais être aussi peu objectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’aurais à dire sur l’ense
898 jectif que possible dans mes conclusions, dans ce que j’aurais à dire sur l’ensemble de ce colloque. Je crois que c’est le
899 is à dire sur l’ensemble de ce colloque. Je crois que c’est le seul moyen de m’en tirer, au moins en ne m’ennuyant pas trop
900 e pour le reste auprès de vous tous. Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble depuis trois ans
901 ous tous. Il me semble que ce colloque, des trois que nous avons vécus ensemble depuis trois ans, a été de loin le plus ric
902 et par l’importance des thèmes abordés. J’espère qu’ il ne sera pas le dernier. Je vais faire des propositions précises pou
903 as toutes, mais enfin il y en a beaucoup d’autres que nous pourrions examiner, et cela a été une journée extrêmement instru
904 diqué des pistes à suivre ou à développer, plutôt qu’ on ne l’a fait vraiment. Sur le Forum culturel, premier thème, je vous
905 e Forum culturel, premier thème, je vous avouerai que j’ai tout appris ici. Je n’en savais rien. Quand j’ai vu cela sur le
906 uand j’ai vu cela sur le programme, quand j’ai vu que certains avaient choisi comme thème le Forum culturel, considérations
907 ui avait choisi ce thème, je me suis dit : est-ce qu’ on prépare déjà un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu’il par
908 déjà un forum pour l’année prochaine ? Je croyais qu’ il parlait de notre colloque. J’étais absolument à côté de la réalité.
909 tais absolument à côté de la réalité. Et je crois que je n’étais pas le seul. Sans cela, je n’oserais pas le dire. Cela a é
910 été extrêmement utile pour nous tous. J’ai appris que le Forum culturel dont il était question allait commencer à s’organis
911 e à Budapest et se tiendrait en 1985. J’ai appris qu’ il était la suite de la Conférence d’Helsinki, laquelle avait donné na
912 tionnaires gouvernementaux » — faut-il comprendre qu’ ils ne sont ni des personnes, ni libres ? — la totalité représentant s
913 cette chose, ce « machin » aurait dit un général que vous connaissez. Il y a eu toutes sortes de propositions. M. Boldizsa
914  dialogue multilatéral », mais il n’était pas sûr que cela pouvait se dire. D’autres ont suggéré « une conversation ». Quan
915 i de feria, jour férié, et là, cela voudrait dire que ce forum, comme tous les forums de ce genre, ne fera rien. Nous avons
916 e fera rien. Nous avons donc appris tout cela, et que le thème de Budapest sera une discussion générale, donc un forum cult
917 l nous a surtout recommandé, et plusieurs de ceux que je viens de nommer ont insisté là-dessus, de nous occuper surtout de
918 nous occuper surtout de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suite que j’ai toujou
919 e qui nous sépare. Je vous avouerai tout de suite que j’ai toujours eu quelque méfiance pour cette approche du problème. Le
920 nt d’instinct vers ce qui peut séparer, ne fût-ce qu’ en apparence, et peut donner lieu à une discussion. S’ils étaient d’ac
921 ressant, très détaillé, de M. Grossrieder, sur ce que j’appellerai irrévérencieusement « la langue de bois de Madrid », c’e
922 , pour préparer Budapest, en étant absolument sûr que cela ne risquerait pas d’aboutir à des conclusions pratiques éventuel
923 uite une série de diapositives d’une telle beauté que cela nous a réduits au silence. Nous avons décidé, après avoir vu ces
924 dé, après avoir vu ces images sur un grand écran, qu’ il n’y avait plus rien à ajouter et nous avons levé la séance : bel ho
925 r et nous avons levé la séance : bel hommage à ce que vous nous aviez montré, Madame. Dans votre introduction, traitant de
926 qui me paraissent aller très loin. Vous montriez qu’ à la différence de l’Europe morcelée du Moyen Âge, Byzance est restée
927 éologie, la littérature et l’art, ne s’appliquait qu’ à l’État, à l’empereur et à l’Église. Le parallélisme est frappant ave
928 Le parallélisme est frappant avec des situations que nous connaissons — en remplaçant l’Église par le Parti — et je crois
929 en remplaçant l’Église par le Parti — et je crois que cette distinction entre deux types d’Europe va très loin, d’autant pl
930 x types d’Europe va très loin, d’autant plus loin qu’ elle ne s’est pas faite du tout pour des raisons géographiques, encore
931 imable, je tiens à le souligner, et d’autant plus qu’ il en alla de même pour les réponses venues de l’autre côté, et je cro
932 les réponses venues de l’autre côté, et je crois que cela est tout à fait important. Il y a eu des moments où l’on sentait
933 quand notre président a pris la parole pour dire que les propos de Georges Nivat lui avaient suggéré d’appliquer à l’Ouest
934 ent suggéré d’appliquer à l’Ouest la même analyse que Nivat venait d’appliquer à l’Est. Cela m’a frappé d’autant plus que j
935 ’appliquer à l’Est. Cela m’a frappé d’autant plus que j’avais eu la même idée en même temps que lui, sans que nous ayons eu
936 ir et avec les oppositions ? On verrait peut-être que la langue de bois nationaliste, de classe, bourgeoise dans notre cas,
937 s parfois violentes, parfois comparables à celles que Nivat soulignait chez ce qu’on a appelé les dissidents russes — nous,
938 comparables à celles que Nivat soulignait chez ce qu’ on a appelé les dissidents russes — nous, nous appelions cela l’explos
939 parallélisme assez remarquable, le même phénomène que Nivat a souligné : pour échapper à l’idéologie, le retour à la littér
940 e, comme celle de Ramuz qui s’est fait une langue qu’ il voulait absolument purifiée de toute idéologie. Le parallélisme est
941 arallélisme est intéressant, et on a pu constater qu’ il y avait des conflits parfois comparables des deux côtés, et que la
942 s conflits parfois comparables des deux côtés, et que la dialectique entre la langue de bois et la langue proprement littér
943 Nivat l’a souligné, était un phénomène universel qu’ il fallait étudier de près. Voilà encore un autre colloque à préparer
944 de ce débat, de l’exposé de Nivat et des réponses que nos deux délégués soviétiques ont faites, nous avons touché peut-être
945 ncouru par l’humanité. Nous avons eu l’impression qu’ autour de cette table, quelque chose se nouait, qui pouvait, en même t
946 c’est assez émouvant à vivre, je crois. Je crois que ce moment-là a entièrement justifié notre colloque. Il y a eu une ext
947 emarque de Luis Diez del Corral, sur l’impression qu’ ils ont ressentie à Madrid en lisant tous les jours les communiqués de
948 qués de presse sur les discussions : l’impression que tout cela tournait dans un petit cercle européocentrique, et que ce s
949 ournait dans un petit cercle européocentrique, et que ce serait drôlement reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je crois qu
950 nt reçu ou mal reçu dans le tiers-monde. Je crois que , là, vous avez touché, cher ami, quelque chose de tout à fait importa
951 e chose de tout à fait important. Le grand danger que nous avons couru au cours des trente dernières années, en tenant nos
952 laissant entendre : attendez, vous allez voir ce que l’on va faire… C’est un exercice absolument stérile. Je pense que vou
953 e… C’est un exercice absolument stérile. Je pense que vous avez posé le doigt sur le vrai problème en parlant des réactions
954 opéens, c’est pour prendre mieux conscience de ce que l’Europe a fait dans le reste du monde, en diffusant sans la moindre
955 ière endémique, et puis, ensuite, on s’est aperçu que cela détruisait des équilibres écologiques millénaires, et créait des
956 ques millénaires, et créait des maux encore pires que la malaria, si bien qu’on a dû interdire le DDT. Je crois que cet exe
957 ia, si bien qu’on a dû interdire le DDT. Je crois que cet exemple symbolise un des aspects de ce qu’a déchaîné sur le monde
958 is que cet exemple symbolise un des aspects de ce qu’ a déchaîné sur le monde la civilisation occidentale. Je vois là un nou
959 es, au CEC, cela avait l’air prometteur. Je pense que c’est une chose à reprendre. Le troisième thème a été centré sur la c
960 m’est difficile de dégager des conclusions sur ce que nous avons fait aujourd’hui même. Je ne puis guère vous donner que de
961 it aujourd’hui même. Je ne puis guère vous donner que des conclusions personnelles, auxquelles je suis arrivé déjà depuis u
962 s, sur la culture commune des Européens. Je pense que ce qui distingue notre culture européenne, c’est la diversité extraor
963 dinaire des sources, qui est beaucoup plus grande qu’ on ne veut bien le dire d’habitude. Tout le monde, dans les pays latin
964 vangile. Déjà, entre ces trois premières sources, que de « diversités », de valeurs antinomiques, d’où tensions créatrices
965 si l’on veut faire des fédérations, c’est à cela qu’ il faut se rapporter. Et puis, ensuite, l’influence du monde arabe à t
966 i essayé de le montrer dans un livre de jeunesse, que je crois que Hans Mayer connaît, il en a parlé l’an dernier… Finaleme
967 e montrer dans un livre de jeunesse, que je crois que Hans Mayer connaît, il en a parlé l’an dernier… Finalement, il y a la
968 du xixe , a été considérable pour nous, ne fût-ce que par l’influence des romanciers russes de la fin du xixe , puis de la
969 puis de la musique des débuts du xxe siècle. Ce qu’ on peut dire sur l’Europe, s’il faut définir d’un mot sa culture, c’es
970 ope, s’il faut définir d’un mot sa culture, c’est que c’est une culture qui accepte un nombre non limité de définitions, to
971 udi matin, je ne sais plus qui d’entre nous a dit qu’ il connaissait quatre-vingts définitions de la culture européenne, c’é
972 n’y a aucune raison de s’arrêter. Un autre a dit que tout ce qui était définition de la culture n’était pas culture, il av
973 re, pour ce groupe. Mais, bien plus, il me semble que c’est là, en quelque sorte, le sujet de tous les colloques qu’il vaut
974 en quelque sorte, le sujet de tous les colloques qu’ il vaut la peine d’organiser sur le modèle de celui-ci. Ce qui me para
975 moins excuser, ou simplement lever les scrupules que je devrais avoir à vous présenter des conclusions aussi exorbitantes,
976 es tous beaucoup amusés et je suis donc convaincu que nous serons tous très heureux de répéter cela dans les mêmes conditio
977 ter cela dans les mêmes conditions, aussi souvent que possible. Merci Jacques Freymond ! t. Rougemont Denis de, « [Concl
16 1985, Cadmos, articles (1978–1986). Trente-cinq ans d’attentes déçues, mais d’espoir invaincu : le Conseil de l’Europe (été 1985)
978 : le Conseil de l’Europe (été 1985)v L’article que l’on va lire a paru d’abord dans la Rivista di Studi Politici Interna
979 En soulignant dans son introduction au numéro ce que l’auteur n’avait pas hésité à qualifier de « cafouillage politique sa
980 t celle de l’homme de pensée militante, qui exige que les moyens préconisés soient ceux du but et non du seul pouvoir à con
981 i fut le siège de notre manifestation fondatrice, qu’ il y avait pris part parmi les délégués français, et que bien des déci
982 y avait pris part parmi les délégués français, et que bien des décisions qui ont fait l’histoire du xxe siècle furent pris
983 age aux Européens . J’avais obtenu de haute lutte que ce message fût rédigé par la commission culturelle du congrès. Organi
984 de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut d’une union librement consentie
985 de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’ il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses p
986 si pour en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union, l’Europe jo
987 lui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples d
988 rtés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3. Nous voulons une Cou
989 ute d’un siège propre qui ne devait être inauguré que l’année suivante, elle se tint à l’Université, sous la présidence ras
990 mier rencontré se trouve être Coudenhove-Kalergi, que je n’avais pas revu depuis New York, pendant la guerre, mais que j’av
991 pas revu depuis New York, pendant la guerre, mais que j’avais connu dès 1928, alors qu’étudiant à Vienne je corrigeais les
992 europa. J’ai rencontré peu d’hommes aussi directs que Coudenhove : « L’Europe Charlemagne, nous l’aurons dans dix ans », me
993 il ne va rien se passer à cette première session, que des échanges de congratulations et de conseils de prudence. Mais 300
994 d’obtenir — fût-ce par un coup d’État européen — que cette Assemblée soit élue. 3. L’année de la grande contestation
995 anifestations, très diverses tant par leur nature que par leur importance politique, mais dont la convergence m’apparaît au
996 ce m’apparaît aujourd’hui d’autant plus frappante que je suis bien placé pour savoir qu’elle ne fut en rien concertée. Je l
997 plus frappante que je suis bien placé pour savoir qu’ elle ne fut en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les a
998 fut en rien concertée. Je les rapporte ici telles que je les ai vécues, et dans l’ordre où j’en pris connaissance. Il s’agi
999 s européens , et j’avais obtenu de leur éditeur86 qu’ il aille lui-même en placer une copie sur chaque pupitre de « délégué 
1000 ues extraits de ces Lettres , qui en diront plus que de longs commentaires sur l’opinion que les fédéralistes — et d’abord
1001 ront plus que de longs commentaires sur l’opinion que les fédéralistes — et d’abord mes amis de l’UEF — pouvaient se former
1002 impatients », mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’ on aille vite par doctrine, par manie ou par tempérament, comme nous l
1003 principe ceux-là, ont décidé une fois pour toutes qu’ il faut aller lentement dans tous les cas […]. Vous allez me parler, j
1004 […]. Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est
1005 rainetés illusoires — comment faire abandon de ce qu’ on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce
1006 nion, par exemple, n’est pas mûre, et chacun sait qu’ on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opi
1007 sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est qu’ ils se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé d’écouter. Tous les
1008 elle. » C’est qu’ils se prennent pour l’opinion, qu’ ils ont négligé d’écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs cra
1009 l’Europe sans informer ses peuples, et du danger qu’ ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre f
1010 danger qu’ils courent, et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples
1011 d’agitation, d’émulation, de polémique européenne que nulle autre méthode ne saurait provoquer87. La condition à la fois né
1012 telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’ elle comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement
1013 sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu, et que leur sort peut changer, matériellement aussi, selon l’issue des élect
1014 ’issue des élections. En d’autres termes, il faut que le Parlement issu des élections ait quelque chose à faire. Qu’un but
1015 ent issu des élections ait quelque chose à faire. Qu’ un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part q
1016 assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’ un seul : discuter et voter un projet bien précis de Constitution fédé
1017 en septembre, à Strasbourg […]. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déclarer clairement à quel mom
1018 , cela cessera d’être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’on vous laisse du temps, je vous
1019 aturé. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’ il faut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de
1020 ous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’ on vous laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir de Staline. C
1021 r en Europe il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser dans ma candeur n
1022 . Si vous me dites enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air de le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai
1023 que chose au monde est plus difficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisé
1024 fficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces q
1025 e notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un régime social déficient, le chômage étendu, la ruine
1026 en septembre, à Strasbourg. Dans les Lettres que je viens de citer, qui firent du bruit88, j’avais repris, en y ajouta
1027 agit, mais des députés m’avertissent en passant «  qu’ il se fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est ». À la fi
1028 en passant « qu’il se fera très probablement » et que « Paul Reynaud en est ». À la fin du concert, André Philip m’expose e
1029 g » s’engageraient à rester en session jusqu’à ce qu’ une Constitution fédérale de l’Europe soit décidée. Philip ajoute qu’i
1030 fédérale de l’Europe soit décidée. Philip ajoute qu’ il y aura un dîner après-demain pour arrêter les modalités de l’action
1031 cacement sur les décisions et sur les événements, qu’ est-ce donc qui peut arrêter le monde sur la pente fatale où déjà il s
1032 is à Strasbourg ne font pas l’Europe cette année, qu’ y seront-ils donc venus faire, sinon éteindre ce qui nous reste d’espo
1033 ataliste qui s’empare de ses populations. Il faut que les délégués à Strasbourg rompent avec leur ordre du jour et avec leu
1034 pent avec leur ordre du jour et avec leur statut, qu’ ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’ils jurent de demeurer
1035 , qu’ils renouvellent le Serment du Jeu de Paume, qu’ ils jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ils aient donné à l’Eu
1036 , qu’ils jurent de demeurer en session jusqu’à ce qu’ ils aient donné à l’Europe une constitution fédérale qui sera soumise
1037 ment qui l’unira. Il est très difficile d’espérer que jamais les gouvernements européens concluent entre eux un pacte fédér
1038 rmis d’attendre un acte de courage, s’ils sentent que l’opinion publique les approuvera et les soutiendra […]. Nous sommes
1039 du Jeu de Paume. Nous ne sommes certes rien moins qu’ assurés de réussir. Mais nous demandons à nos amis de nous croire : le
1040 mon Message aux Européens (congrès de La Haye) que je voudrais combiner avec celui du Serment à récrire cette nuit. Dès
1041 Jean-Paul de Dadelsen, toujours aussi disponible que merveilleusement intelligent89, nous travaillons jusqu’à 3 h du matin
1042 Schmid, Retinger et d’autres à l’hôtel. Il semble que le Serment va rater, notre texte grignoté par Paul Reynaud, les Holla
1043 25 août : « À 10 h, à l’Assemblée, Jacquet me dit que le Serment aura lieu sans doute, décision remise à midi. » Départ pou
1044 es — la presse n’en dira pas un mot — j’ai appris que la motion Jacquet avait été refusée. Tout simplement. 3. Le Conseil
1045 rvés aux députés de l’Assemblée dont on attendait qu’ ils traversent l’avenue de l’Europe, le Rubicon, en l’occurrence, sépa
1046 jureraient de siéger à Strasbourg aussi longtemps qu’ il le faudrait pour faire voter par l’Assemblée la mise en discussion
1047 mité des ministres : il ne fut pas mieux apprécié que le défi de Villey et mes mises en demeure. Je le répète : nos gouvern
1048 ient pas l’Europe unie. Ils ne croyaient au mieux qu’ à une coalition contre Staline, dont ils s’imaginaient d’ailleurs que
1049 contre Staline, dont ils s’imaginaient d’ailleurs que « l’aide américaine » les dispenserait de prendre les risques. 4. La
1050 u 24 août : « Avec Mouskhély, mise au point de ce qu’ il appelle la Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nou
1051 Marche sur Strasbourg, idée qui lui est venue et que nous discutons en déjeunant avec Brugmans et Silva. Je l’y encourage
1052 le cinéma européen, et notre CEC. On nous apprend que tout est prêt en vue de l’accueil d’au moins 3000 jeunes gens dès le
1053 emande aujourd’hui de rédiger le texte du message que le porte-parole des jeunes sera chargé de présenter à l’Assemblée. Vo
1054 age des jeunes et lui répondre. Voici le discours qu’ il entendra : Aux Délégués de l’Assemblée consultative du Conseil de
1055 ationales néfastes et périmées dont nous espérons que vous hâterez la fin. Aujourd’hui, nous voici six-mille accourus vers
1056 différentes, c’est la jeunesse européenne entière que nous avons conscience de représenter ici. Si une nouvelle fois, mais
1057 ar vos lenteurs et vos hésitations, vos prudences que nous comprenons mal devant les catastrophes qui s’approchent — c’est
1058 rainetés nationales. Nous n’accepterons de mourir que pour des raisons de vivre. Proclamez ces raisons, faites l’Europe ! A
1059 urope ! Au rythme actuel de vos travaux, enfermés que vous êtes dans un statut d’impuissance, vous le savez aussi bien que
1060 qui vous commande l’audace. Vous connaissez mieux que nous la politique, ses possibilités, ses servitudes. Nous sommes ici
1061 nnaire qui seul peut nous sauver. Nous demandons que les délégués conscients des dangers immédiats se proclament les repré
1062 ment les représentants de la nation européenne et qu’ ils exigent dans une motion l’établissement d’une Constitution fédéral
1063 enne tout en reculant aussitôt devant les mesures qu’ elles commandent. Libre à certains de refuser l’Europe, mais alors qu’
1064 disent clairement. Nous avons le droit d’attendre que vos actes répondent à vos discours. C’est sur vos actes et sur eux se
1065 os discours. C’est sur vos actes et sur eux seuls que vous serez jugés. Prend place alors — pour être dit après la réponse
1066 le troisième de la saison ! Serment Nous jurons que , par tous les moyens en notre pouvoir et par toutes les forces que no
1067 moyens en notre pouvoir et par toutes les forces que nous donne la légitimité de notre but, nous consacrerons le meilleur
1068 tir d’aujourd’hui, les frontières. Nous déclarons que nous défendrons l’Europe, mais seulement comme une patrie commune. L’
1069 ons par nos actes. On reste curieux de savoir ce que ces jeunes d’alors pensent aujourd’hui, c’est-à-dire trente-quatre an
1070 rs deux pays, membres de la CEE… Mais surtout, ce que je retiens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’elle serait aujou
1071 je retiens de cette Marche sur Strasbourg, c’est qu’ elle serait aujourd’hui simplement impensable : ils exigeraient de « p
1072 r rien, pour l’idée… Je me trompe ? Je ne demande qu’ à me tromper. 4. L’initiative politique échappe au Conseil de l’Eur
1073 té majeure : ce projet de Constitution européenne que nous avions en vain espéré de Strasbourg. Mais il naquit d’une décisi
1074 evait terminer ses travaux le 26 février 1953, ce qu’ elle fit ponctuellement. Comment caractériser en peu de mots l’origina
1075 connaissance, ne l’a mieux fait en moins de mots que J.-P. de Dadelsen, dans le n° 1 du Courrier fédéral 92 daté d’avril
1076 x expliquer le projet selon le vocabulaire ancien que précisément il dépasse, on dirait que la Communauté proposée est une
1077 aire ancien que précisément il dépasse, on dirait que la Communauté proposée est une confédération d’États, mais capable, d
1078 fédération. Il est utile à ce propos de rappeler que la Suisse, qui se présente à nous avec toutes les apparences d’une na
1079 e propriété de terme une « Confédération ». C’est que la souveraineté au sens strict continue à résider dans les 22 cantons
1080 strictement délimité, qui ne tient sa légitimité que de ses 22 mandants et qui n’est proprement qu’un « exécutif » compara
1081 té que de ses 22 mandants et qui n’est proprement qu’ un « exécutif » comparable à celui que prévoit le projet de Communauté
1082 proprement qu’un « exécutif » comparable à celui que prévoit le projet de Communauté européenne. La quadrature du cercle
1083 , les ministres feront si bien traîner les choses que le projet tout entier se verra finalement condamné par le rejet de la
1084 verra finalement condamné par le rejet de la CED, qu’ il était censé « chapeauter » avec la CECA. Cette belle initiative, s
1085 é à mes notes de journal de 1950 : il me semblait que j’allais y retrouver quelque chose qui n’était pas sans relation avec
1086 la culture en Europe et le problème des régions, que je voudrais faire le point des possibilités spécifiques, et comme pré
1087 sente, par ses statuts et sa vocation spécifique, que les seuls intérêts économiques, et cela dans 10 pays seulement, c’est
1088 i forment l’Europe de l’Ouest. On ne saurait dire que cela répond, si peu que ce soit, au besoin de repenser le problème eu
1089 urelles, et plus européens encore par les espoirs qu’ ils mettent dans un avenir d’union qui traduirait en libertés propreme
1090 ement l’Europe et sa culture commune. Il est vrai que les préoccupations culturelles du CE n’ont guère pris force qu’à part
1091 upations culturelles du CE n’ont guère pris force qu’ à partir de 1953, c’est-à-dire là aussi à la suite de la série de refu
1092 à aussi à la suite de la série de refus d’évoluer qu’ on vient d’évoquer, survenus dans le domaine propre du CE, qui est le
1093 l’économique. Car on sent bien que le double fait que le Conseil de l’Europe s’attache surtout à la défense des libertés po
1094 e surtout à la défense des libertés politiques et qu’ il représente la totalité des peuples de l’Ouest du continent, donc de
1095 de notre civilisation, le prépare beaucoup mieux que la CEE à « commencer par la culture ». Encore faut-il que le verbe co
1096 EE à « commencer par la culture ». Encore faut-il que le verbe commencer soit pris ici dans toute la force de son sens d’in
1097 nitiation, d’instauration, de mise en marche ; et que le concept de culture soit pris au sens actif de création (non de con
1098 , et rétablir avec vigilance la primauté des fins que se donne une société, et la conformité de ces fins proclamée avec des
1099 es moyens politiques et les activités économiques qu’ elle met en œuvre à leur service. La plus remarquable réalisation du C
1100 exigences d’une culture des valeurs qui méritent que les Européens s’unissent pour les défendre et les illustrer : ce fut
1101 ept éminents penseurs et hommes d’État européens ( que j’eus l’honneur de présider) avaient été chargés d’introduire les gra
1102 irectrice et rectrice, elle n’est rien qui mérite qu’ on s’en soucie. Si le CDCC limite ses ambitions à refaire l’Unesco à l
1103 , inutile d’en parler ici. S’il entend n’affirmer que des généralités acceptables par des ministres représentant non point
1104 nées, au mois de mai 1980, sur la base d’un texte que l’on m’avait demandé de préparer. Un an plus tard — les documents ori
1105 e de commissions nationales aussi « souveraines » que leurs fonctionnaires sont anonymes — la Conférence des ministres de l
1106 à nouveau rejeté, et c’est une troisième version que les hauts fonctionnaires acceptèrent finalement en janvier 1984, et p
1107 ministres réunis à Berlin en mai de cette année. Que dit ce document ? En substance, les ministres « invitent les États me
1108 té — promouvoir la participation ». Ils affirment que « la finalité de nos sociétés est de permettre à chacun de s’épanouir
1109 ttachement solidaire aux droits de l’homme »98 et qu’ « un tel épanouissement passe par la culture qui constitue le facteur
1110 tamment au choix du nucléaire civil et militaire, que l’action des gouvernements s’efforce sans relâche de soustraire au dé
1111 me borne à citer ici le deuxième : « Considérant que les cultures européennes sont fondées notamment sur une tradition séc
1112 ion à venir de son Union. On nous apprend d’abord que pour les ministres il n’y a pas une culture commune des Européens (fo
1113 n principale du document… On nous apprend ensuite que le fondement premier de ces cultures est une tradition d’« humanisme
1114 s millénaire, comme on sait). Faut-il en conclure que les nations où ont prévalu les cultures « humanistes laïques » issues
1115 e — à l’échelle de la commune — ces besoins mêmes que la centralisation administrative et décisionnelle de la plupart de no
1116 s d’insuffisances, et de malfonctionnement, ainsi que les remèdes possibles, généralement à portée de la main. Et peu à peu
1117 res ou souhaitables, et selon les moyens nouveaux qu’ offraient les inventions technologiques, notamment les ordinateurs, ca
1118 e tenir compte de réalités d’une complexité telle que l’État les niait purement et simplement, faute de concevoir la possib
1119 ités. Le plus remarquable, en l’occurrence, c’est que la région est désormais en mesure d’apporter des réponses concrètes a
1120 ipation civique, notamment, ne trouve sa solution qu’ au niveau de la région : le citoyen ne peut se sentir libre, et être l
1121 ne peut se sentir libre, et être libre en vérité, que là seulement où il est en mesure d’assumer des responsabilités réelle
1122 ience plus impérieuse des vraies urgences, celles qu’ aggrave aujourd’hui l’appel du but trop souvent différé : l’union de l
1123 ’Occident, Jupiter changé en Taureau. On nous dit qu’ Europe aujourd’hui risque à nouveau d’être séduite, cette fois-ci par
1124 : l’enlèvement d’Europe par un escargot. Avouons que les choses ont empiré depuis. On dirait que les Européens, désormais,
1125 ouons que les choses ont empiré depuis. On dirait que les Européens, désormais, ont pris l’habitude du sur-place ; qu’ils o
1126 ns, désormais, ont pris l’habitude du sur-place ; qu’ ils ont pris leur parti d’avoir passé un tiers de siècle à ne plus ava
1127 nte de la « construction européenne » — situation que personne n’a prévue et moins encore voulue, mais qui consiste, au fai
1128 sociale et culturelle, mais sans autres pouvoirs que de propositions, et la seconde à vocation unique, économique, mais do
1129 surer le maintien de la paix continentale. Quels que soient les jugements que l’on porte sur les trente-cinq années du CE
1130 aix continentale. Quels que soient les jugements que l’on porte sur les trente-cinq années du CE et les vingt-sept années
1131 ne occasion privilégiée de la prise de conscience que j’appelle ? Vers quoi tend cette prise de conscience ? Qui va prendre
1132 de l’union des autonomies, régionales plus encore que nationales, — au bénéfice final non pas de la puissance orgueilleuse
1133 a ? Si le présent article n’avait d’autre utilité que de poser la question à nouveau, aujourd’hui, je n’aurais pas perdu mo
1134 temps, la Commission ne devra pas perdre de vue «  que l’Europe comprend d’autres pays que les démocraties de l’Europe occid
1135 rdre de vue « que l’Europe comprend d’autres pays que les démocraties de l’Europe occidentale » (…) « On peut imaginer que
1136 de l’Europe occidentale » (…) « On peut imaginer que la Commission Colombo va consacrer une attention particulière aux rel
1137 Note de 1984. On aura reconnu là le raisonnement que tinrent les partisans de l’Europe unie pour faire élire en 1979 la pr
1138 cours : « D. de R. dans les Lettres pathétiques qu’ il nous adresse… », puis le sénateur Casati, à propos du Centre europé
1139 Philip, G. Vedel, V. Veronese, etc. 93. Ajoutons que le pouvoir fédéral, en retour, garantit expressément la souveraineté
1140 raineté des cantons ! (note D. de R.) 94. Encore que le grand public n’y vît que du feu, les séances de l’Assemblée ad hoc
1141 D. de R.) 94. Encore que le grand public n’y vît que du feu, les séances de l’Assemblée ad hoc se tenant à Strasbourg, au
17 1986, Cadmos, articles (1978–1986). Denis de Rougemont tel qu’en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)
1142 Denis de Rougemont tel qu’ en lui-même… [Entretien] (printemps 1986)x y Monsieur de Rougemont,
1143 r : j’ai à peine recommencé à travailler. Mais ce que je dois faire maintenant, c’est terminer douze livres dont certains s
1144 n bonne partie écrits, ce sont des thèmes d’essai que je peux terminer rapidement, et puis deux livres très importants pour
1145 nt, et puis deux livres très importants pour moi, qu’ il faudra que je réécrive presque entièrement, bien que j’aie déjà cen
1146 eux livres très importants pour moi, qu’il faudra que je réécrive presque entièrement, bien que j’aie déjà cent, cent-cinqu
1147 u mon grand âge, du Centre européen de la culture que j’ai créé en 1948 et inauguré en 1950. Mais je ne vais pas le laisser
1148 chemin comme un pauvre enfant. Il faut absolument que je mette sur pied avec de nouveaux collaborateurs, avant de m’en alle
1149 rès ambitieux, européen, de plus grande extension que le seul Centre de Genève, grâce à des appuis que je compte trouver du
1150 que le seul Centre de Genève, grâce à des appuis que je compte trouver du côté du Conseil de l’Europe et de plusieurs orga
1151 ssayiste, homme politique ? Je vous dirai d’abord que quand je suis sorti de l’enfance, lorsque j’avais 14-15 ans, j’ai com
1152 j’avais 14-15 ans, j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire dans la vie, comme on le fait à cet âge-là, et j’ai dé
1153 ie, comme on le fait à cet âge-là, et j’ai décidé que j’allais devenir chimiste. Pourquoi ? Parce que j’avais lu par hasard
1154 es acides et des bases dans des espèces de crèmes qu’ il fabriquait avec de la colle. J’ai été fasciné par cela, je me suis
1155 yer de refaire des plantes. Je faisais des crèmes que je composais longuement, d’après ce qu’il m’indiquait dans ses livres
1156 es crèmes que je composais longuement, d’après ce qu’ il m’indiquait dans ses livres, je les mettais au fond d’une éprouvett
1157 u fond d’une éprouvette, et avec une stupéfaction que vous pouvez imaginer — surtout à cet âge-là où les questions de crois
1158 tais fasciné par ce genre de chose, je ne faisais que ça. J’étais décidé à devenir chimiste, j’ai été jusqu’à lire de gros
1159 çons de chimie sérieuses au gymnase, j’ai compris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma vocation. C
1160 j’ai compris que je m’étais entièrement fourvoyé, que ce n’était pas là ma vocation. Ces trois ans avant mon bachot furent
1161 c’est devenu ma nouvelle obsession, je ne faisais que cela et je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chos
1162 ne faisais que cela et je ne pouvais pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chose que de la poésie. Enfin, je trouvais
1163 pas imaginer que l’on pouvait écrire autre chose que de la poésie. Enfin, je trouvais vulgaire d’écrire des articles, par
1164 aire d’écrire des articles, par exemple. Et voilà qu’ un beau jour, comme je faisais beaucoup de sport, j’étais passionné de
1165 asmé par cette lecture (surtout quand j’ai appris que Montherlant jouait au goal — moi j’étais presque toujours goal-keeper
1166 moi j’étais presque toujours goal-keeper, plutôt que centre avant), que je me suis mis à écrire un article sur son livre.
1167 e toujours goal-keeper, plutôt que centre avant), que je me suis mis à écrire un article sur son livre. Je l’ai envoyé à un
1168 livre. Je l’ai envoyé à une revue, la seule revue que je connaissais, qui était La Semaine littéraire, à Genève, et j’ai re
1169 u Gymnase de Neuchâtel, qui avait la même adresse que l’Université, une réponse immédiate du directeur (sans doute croyait-
1170 nse immédiate du directeur (sans doute croyait-il que j’étais un jeune professeur d’université). Je me suis révélé ainsi à
1171 ttérature. C’était très mal vu. Je n’ai plus fait que ça depuis lors. Après ses études universitaires en lettres et philoso
1172 l y a eu neuf années tout à fait extraordinaires, qu’ on appelle maintenant dans plusieurs livres qui ont paru en France « l
1173 e, en tant que personne, opposée à l’individu, ce que Marx appelait l’individu atomisé. Nous avions repris un peu de cette
1174 st le pays même de la centralisation. Il est vrai qu’ il y avait parmi nous des Européens de partout… il y avait un Russe, i
1175 éorique, une conception de l’Europe, d’une Europe qu’ il fallait fédérer au-delà des nationalismes. Nous avons forgé ce term
1176 uvelle tyrannie moderne qui consiste dans le fait que nos sociétés sont dirigées par l’État, c’est-à-dire par des corps de
1177 eurs responsabilités en leur donnant le sentiment qu’ ils ne sont pas responsables. J’ai commencé à poser les bases de ma ph
1178 i vous avez commis une grave faute ou un crime et que votre avocat peut démontrer que vous n’étiez pas libre quand vous l’a
1179 te ou un crime et que votre avocat peut démontrer que vous n’étiez pas libre quand vous l’avez commis, vous n’êtes pas tenu
1180 ondamentale sur laquelle repose toute la critique que nous avons fait de la société actuelle. Elle a porté des fruits dans
1181 es États-nations, se préparer ; les totalitaires, qu’ ils soient de gauche ou de droite, les fascistes italiens, les nazis a
1182 bre et responsable étant notre but. Finalement ce que nous avions prévu et redouté, c’est-à-dire la guerre de trente-neuf,
1183 d’organiser cette Ligue du Gothard avec des gens que nous avions pris à droite et à gauche conformément à ma philosophie «
1184 t : « Mon premier-lieutenant, on vient d’entendre qu’ Hitler est entré dans Paris. » Comme j’avais habité Paris pendant douz
1185 e me suis mis à écrire à toute vitesse deux pages que j’ai envoyées à la Gazette de Lausanne . Le lendemain, dimanche 16 j
1186 est un peu sentimental », sans penser une seconde que cela produirait un déchaînement dans le grand état-major et chez le g
1187 ce qui était vraiment l’accusation la plus grave que l’on pouvait porter contre quelqu’un à l’époque. Finalement le chef d
1188 lement le chef de la Justice de l’armée a déclaré que je ne tombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’il ne voulait p
1189 e ne tombais sous le coup d’aucune loi militaire, qu’ il ne voulait pas s’occuper de la chose. Le général Guisan m’a donné a
1190 isan m’a donné alors une punition personnelle, ce que seul le chef de l’armée a le droit de faire. Cela m’a été annoncé par
1191 êtes au fort de Saint-Maurice en Valais. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas vous afficher dans les rues de Berne
1192 ien que quand la Fondation Pro Helvetia a proposé que j’aille en Amérique pour un bref voyage faire jouer à la « World’s Fa
1193 nt 5 ans et 5 mois). Cela a été toute une odyssée que d’arriver en Amérique en cargo, en 1940. Il y eut Pearl Harbor. La gu
1194 n entendu, à New York, je pensais sans cesse à ce qu’ on pourrait faire si Hitler était battu, si nous pourrions rentrer en
1195  : si nous pouvons rentrer en Europe, il n’y aura qu’ une chose à faire, c’est une fédération européenne. Je n’avais pas du
1196 ’argent pour rentrer, aucun job ni rien, et voilà que je reçois un beau jour, au début de l’année 1946, il y a de cela just
1197 is où j’ai passé un premier mois à voir un peu ce qu’ était devenue l’Europe après ces années d’occupation. Puis je suis all
1198 rlé des maladies de l’Europe, de la mauvaise mine que je lui trouvais en rentrant après cinq ans d’Amérique. Sans que je m’
1199 ire dans les sociétés totalitaires, où l’on pense que la société est le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la so
1200 est le but de l’homme. Nous avons toujours pensé que la société est au service de l’homme, doit l’être. Or c’est exactemen
1201 re un citoyen libre et responsable. Voilà tout ce que nous disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appela
1202 disions dans les années 1930 à trente-neuf, nous que l’on appelait « les non-conformistes des années 1930 ». C’est là le f
1203 s années 1930 ». C’est là le fondement de tout ce que j’écris et de toute mon action politique pour l’Europe. Les dangers s
1204 lie l’essentiel, c’est-à-dire les finalités de ce que l’on fait. Par exemple, on invente ce qui permet de faire des bombes
1205 -Blanche : il est parfaitement établi aujourd’hui qu’ une guerre atomique, même localisée entre deux ou trois pays, et qui d
1206 ait à la fin de toute vie sur terre, ne serait-ce que par l’apparition de ce qu’on appelle « l’hiver nucléaire ». Cela on l
1207 ur terre, ne serait-ce que par l’apparition de ce qu’ on appelle « l’hiver nucléaire ». Cela on le sait. Pourquoi ? Parce qu
1208 rce que l’homme a oublié les finalités : il croit que la finalité c’est la puissance. Or, la finalité c’est évidemment la l
1209 omme, de l’homme considéré non pas comme un objet que l’État ou les puissants de ce monde, les puissances d’argent, manipul
1210 comme un sujet, un homme libre et responsable, ce que nous appelons une personne. Donc, et là je me répète, il faut que la
1211 s une personne. Donc, et là je me répète, il faut que la société soit faite pour l’homme, et non le contraire. Les deux gra
1212 , et non le contraire. Les deux grandes finalités que l’on doit rechercher en faisant une société, ce n’est pas la puissanc
1213 e. Cela, c’est l’amour sentimental, c’est l’amour que l’on subit, l’amour romantique. Ce n’est pas l’amour dans le mariage,
1214 romantique. Ce n’est pas l’amour dans le mariage, que je décris comme l’amour actif où l’homme est actif pour le bien de la
1215 ssion, glorifié par la littérature, c’est l’amour que l’on subit, qui aboutit généralement à des catastrophes, recherché co
1216 yeuse ou vivre une vie catastrophique comme celle qu’ on est en train de fabriquer, le choix est fait. Il est facile. D’aill
1217 du tout ennuyeux, le vrai amour. Je voudrais donc qu’ on rétablisse comme but de la société (cela a l’air grandiloquent de l
1218 de mon premier mariage. Je sortais d’une jeunesse que l’on aurait qualifiée, en milieu bourgeois, d’un peu orageuse. J’y ai
1219 urgeois, d’un peu orageuse. J’y ai bien appris ce qu’ était l’amour-passion, et à quelles catastrophes cela pouvait mener. J
1220 tat de fièvre et de concentration extraordinaires que je m’y suis mis. J’ai écrit ce livre en trois mois, un gros livre de
1221 il réaliser dans la vie quotidienne les principes que vous énoncez ? Pour servir les finalités suprêmes de l’homme, libre e
1222 le d’abord, dans notre petite région, et c’est là que peu à peu j’ai retrouvé ma tradition suisse de fédéralisme poussé enc
1223 ion suisse de fédéralisme poussé encore plus loin que ce n’est le cas aujourd’hui, où une tendance centralisatrice apparaît
1224 ance centralisatrice apparaît en Suisse, tendance qu’ il nous faut combattre. Si les finalités sont liberté, responsabilité,
1225 érêts communs. Par exemple, il y a une communauté qu’ il nous faut restaurer : je pense à la région où j’habite, celle du la
1226 du lac, de sa santé, de sa protection (problèmes que ces régions ont en commun depuis des siècles), il faudrait arriver à
1227 bitants, ou 300 millions. Vous n’êtes responsable qu’ à l’échelle de la commune ou de la région, là où la voix d’un homme pe
1228 et faire son métier d’homme. Voilà la base de ce que je peux appeler la révolution personnaliste, à laquelle j’ai consacré
1229 s les plus communes aux Européens, cela veut dire qu’ il nous faut partir de la culture. Je conçois la culture comme l’ensem
1230 tés et des valeurs communes à tous les Européens, qu’ ils soient Français, Danois, Roumains, Bulgares ou Suisses. Ils ont be
1231 siècles, depuis des millénaires, et c’est de cela qu’ il faut partir, c’est là-dessus qu’il faut bâtir. Non pas sur l’obsess
1232 c’est de cela qu’il faut partir, c’est là-dessus qu’ il faut bâtir. Non pas sur l’obsession de fabriquer des armes qui pour
1233 J’en reviens toujours à la même chose, vous voyez qu’ en somme on ne peut pas m’accuser de manquer de cohérence, on pourrait
1234 er peut-être d’en avoir trop dans les détails. Ce que j’ai fait, conformément à ma doctrine, était de l’engagement, et non
1235 la séance de clôture lit le Message aux Européens qu’ il a été chargé de rédiger. Il ouvre à Genève un « Bureau d’études » c
1236 où j’habite. Je suis entouré par un grand anneau que le CERN construit maintenant, qui a 27 km de long. Cela s’est appelé
1237 ns dans le domaine de l’éducation, en nous disant que si on veut faire l’Europe il faut d’abord faire des Européens, et non
1238 its nationalistes, mais des Européens qui sachent que nous avons des valeurs communes qui nous viennent de Rome, d’Athènes,
1239 ui s’est fait en deux-mille ans, et c’est de cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, p
1240 cela que nous devons vivre maintenant, pour cela que nous devons travailler, parce que c’est cela qui nous donne les dimen
1241 que, notre vie active de tous les jours. Voilà ce que nous avons fait au Centre depuis maintenant presque quarante ans. Il
1242 r mettre sur pied quelque chose de plus ambitieux que notre Centre, c’est-à-dire une espèce de fédération des efforts déplo
1243 ent parce que ça va rapporter. On ne se doute pas qu’ on est en train de détruire ainsi la société. Alors il y a là une tâch
1244 lors il y a là une tâche immense pour la culture, que nous pourrions réaliser sous une forme beaucoup plus vaste que celle
1245 rions réaliser sous une forme beaucoup plus vaste que celle de notre Centre européen de la culture, ce qui me permettrait d
1246 c’est à nous d’inventer l’avenir », nous confiant que l’œuvre à laquelle il est attelé avec passion aura pour titre La Mor
1247 e. Quel avenir, Monsieur de Rougemont ? Je dirais que le premier problème, c’est d’éviter la guerre, parce que ce serait la
1248 une Europe fédérale. Je suis entièrement persuadé que les Russes et les Américains sont très contents comme ça, ne vont pas
1249 je crois, dans le fond très bien, beaucoup mieux qu’ on ne le croit, et c’est l’Europe qui risque d’être victime de leur po
1250 commun : personne ne veut faire de sacrifices. Ce que les hommes feraient entre eux, les États ne veulent pas le faire. Je
1251 en ils seraient ? 535 millions, c’est-à-dire plus que les Russes et les Américains additionnés. Alors qu’on ne vienne pas m
1252 ns additionnés. Alors qu’on ne vienne pas me dire que l’Europe est écrasée entre les deux Grands. Elle se sent écrasée parc
1253 ix et empêcher la guerre. Mais ne croyez-vous pas qu’ il est utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Eur
1254 s ne croyez-vous pas qu’il est utopique de penser que les pays de l’Est peuvent s’unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça
1255 ’Est peuvent s’unir à l’Europe ? Ils ne demandent que ça. J’en ai des preuves quasi quotidiennes : j’ai de bons amis là-bas
1256 t, me téléphonent, traduisent mes livres. Je sais qu’ ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’O
1257 nt mes livres. Je sais qu’ils sont plus Européens que beaucoup d’entre nous dans l’Europe de l’Ouest. C’est par la culture
1258 us dans l’Europe de l’Ouest. C’est par la culture qu’ on arrivera à les rapprocher et à les détacher de l’emprise de la dict
1259 de l’espoir. Vous me demanderez si j’ai l’espoir que cette fédération européenne se réalisera. J’en ai à certains égards.
1260 a. J’en ai à certains égards. Je ne veux pas dire que je suis optimiste. J’ai intitulé un de mes premiers articles politiqu
1261 mais je souligne peut-être plus le mot « actif » que le mot « pessimiste ». Qu’entendez-vous par « pessimisme actif » ? Ce
1262 plus le mot « actif » que le mot « pessimiste ». Qu’ entendez-vous par « pessimisme actif » ? Cela veut dire que je ne croi
1263 ez-vous par « pessimisme actif » ? Cela veut dire que je ne crois pas que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous.
1264 isme actif » ? Cela veut dire que je ne crois pas que les utopies vont se réaliser comme ça, sans nous. Si on veut que les
1265 vont se réaliser comme ça, sans nous. Si on veut que les choses avancent dans le sens de la paix, c’est sur nous que cela
1266 avancent dans le sens de la paix, c’est sur nous que cela repose, c’est sur notre action. Donc il faut être pessimiste : s
1267 laisse les choses aller — et elles ne pourraient qu’ aller plus mal vers la catastrophe totale — en revanche on doit être o
1268 qu’il me parlait un peu, de temps en temps, de ce que je faisais, il me regardait avec un sourire condescendant, l’air de p
1269 entaine d’années. Je suis optimiste quand je vois que le rôle de la culture est de plus en plus reconnu, que beaucoup de mi
1270 e rôle de la culture est de plus en plus reconnu, que beaucoup de ministres viennent maintenant à cette idée des valeurs et
1271 j’ai énormément œuvré pour cela : je me dis donc que cela n’a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme
1272 cela : je me dis donc que cela n’a pas été perdu, que je peux, dans ma politique du pessimisme actif, en souligner les succ
1273 a le grand problème de l’écologie. Il faut éviter que la préparation à la guerre détruise notre nature, notre environnement
1274 ait pour nous couvrir de ridicule. Aujourd’hui ce que nous disions et qui paraissait subversif est dans tous les journaux.
1275 pouvez ouvrir n’importe quel journal, vous verrez que l’on vous parle de la mort des forêts, chose que nous avions annoncée
1276 que l’on vous parle de la mort des forêts, chose que nous avions annoncée dans tous nos articles il y a déjà quinze ans. O
1277 quer ou de ne pas attaquer la nature, et je pense que la cause écologique a fait des progrès gigantesques dans le monde ent
1278 ir il faut donner aux hommes d’aujourd’hui l’idée que leur sort dépend d’eux. Il faut dire aux hommes : « Vous devez choisi
1279 hommes : « Vous devez choisir maintenant, est-ce que vous voulez être libres, ou préférez-vous faire partie d’une nation p
1280 pensée s’y résume, la puissance, c’est le pouvoir qu’ on veut prendre sur autrui, la liberté, c’est le pouvoir qu’on veut pr
1281 prendre sur autrui, la liberté, c’est le pouvoir qu’ on veut prendre sur soi-même. Voilà, je crois que je n’ai rien à ajout
1282 qu’on veut prendre sur soi-même. Voilà, je crois que je n’ai rien à ajouter là-dessus. J’ai formulé les grands buts que do
1283 à ajouter là-dessus. J’ai formulé les grands buts que doivent se fixer à peu près en même temps, simultanément, les personn
1284 ce sur les autres, la puissance qui ne peut mener qu’ à la mort et à la catastrophe ? Ou voulons-nous la liberté et ses risq
1285 nt Denis de, « [Entretien] Denis de Rougemont tel qu’ en lui-même… », Cadmos, Genève, printemps 1985, p. 7-23. y. La rédact
1286 1985, dans sa quatre-vingtième année. L’interview que nous vous présentons a été réalisé à la fin septembre par M. Guido Fe
1287 illy, en France, à quelques kilomètres de Genève, que l’interview s’est déroulé. Ce document apparaît aujourd’hui comme un